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QUATRIÈME CONGRÈS
INTERNATIONAL
D'HYGIÈNE
ET DE
DÉMOGRAPHIE
Genève. — Imprimerie Sciiuchardt
■ ■»
QUATRIÈME CONGRÈS
INTERNATIONAL
HYGIÈNE
KT Di:
DÉMOGRAPHIE
GENÈVE
(t)V 4 Al' !) SEl'TKMBKK 1882)
COMPTKS KKNDUS KT MÉMOIRES
l'UllLIllS PAR
M. le D' P.-L. DUNANT, professeur
NECRKTAIRË (GÉNÉRAL
Avec le concours de IV. les SecréUires-adjoiBts et Secrétaires des SectioBS.
TOME I
ORtîANlSATlOX — SKAX(.'KH (;KXhJlALKiS — PRKMIKKK HKCTIOX
APPEXDICK
GENÈVE
II. G.KIO un. r. J H H A f R E K h 1 T El H
LIBRAIKR T»K l/i;NlVlîrtSJTli ...
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QUATRIÈME
CONGRÈS MËRMTIOML DMIll
ET DE
DEjMOGRAPHIE
CIRCULAIRE DU COMITÉ D'ORGANISATION
Genève, jan\ier 1882.
Monsieur,
Le troisième congrès international d*h;giéne, réuni à Turin en 1880 a désigné
par acclamation la ville de Genève pour siège du quatrième congrès.
Le Haut Conseil Fédéral Suisse, les Autorités et la population de Genève ont
accepté avec empressement cette décision honorable pour leur patrie, et se préparent
à faire le meilleur accueil aux hygiénistes étrangers et nationaux qui viendront
assister à cette réunion scientifique.
Le Congrès se réunira du 4 au 9 septembre 1882.
Le Comité genevois, chargé de son organisation par le Conseil d'État, aspire à le
rendre digne des précédents congrès de Bruxelles, Paris et Turin.
Appuyé sur le Comité national suisse, il fait appel à toutes les personnes qui, pai*
leurs travaux, leur situation ou leur compétence spéciale, concourent à établir ou à
appliquer les règles de l'hygiène.
Il a décidé, d'accord avec la Commission internationale issue du Congrès de
démographie de Paris en 1878, qu'une Section de démographie sera adjointe
au Congrès d'hygiène.
6 ORCULAïaE DU COMITÉ D*OROAXI8ATION.
Que les hygiénistes et les démographes de tous pays se préparent donc à appor-
ter an Congrès de Genève le concours de leurs lumières et leur part de travaO.
Ils peuvent dès maintenant se faire inscrire comme membres et recevoir les
publications du Congrès (voir l'article 3 du règlement ci-joint).
Ils sont invités, de même que les Sociétés scientifiques et les Corps sanitaires, à
soumettre le plus tôt possible au Comité d'organisation les questions qu'ils croi-
raient utile de traiter dans cette réunion internationale.
Plusieurs travaux sont déjà annoncés, et quand la liste en sera complète, le
Comité les fera connaître en attirant spécialement l'attention sur les questions qui
lui paraîtront présenter l'intérêt le plus actuel.
Une Exposition de publications, de plans, dessins et objets de toute nature se
rapportant à l'hygiène ou à la démographie, sera ouverte à Genève du 1®'' au 15
septembre. Les auteurs, les inventeurs et les fabricants de toute nationalité sont
invités à faire connaître au plus tôt leur intention d'y prendre part.
Le Comité s'efforcera d'obtenir une réduction du prix de transport sur les lignes
de chemin de fer pour les membres du Congrès et pour les objets destinés à Texpo-
sition.
Dans l'espérance que vous voudrez bien honorer le Congrès de Genève de votre
participation active, nous vous adressons. Monsieur, nos salutations empressées.
Pour te Comité d'organisation.
Le Prùident, Le Secrétaire général,
H.-Cl. Lombard. P.-L. Dunant.
Tontes les oommiuiieations relatlTes an Consrrés doivent être adressées
à M. le D' Prof. DUHAHTy secrétaire général, à Genève.
.^ Avis important. MM. les Rédacteurs de journaux et de revues périodiques
sont priés de reproduire la présente circulaire.
RÈGLEMENT GÉNéRÂL.
RÈGLEMENT GÉNÉRAL
DU QUATRIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL D'HYGIÈNE
Art. I. Le quatrième Congrès international d*hygiène se réunira h Genève, du
4 au 9 septembre 1882, sous les auspices du Haut Conseil Fédéral Suisse et des
Autorités du canton et de la \ille de Genève.
Art. 2. Le but de ce Congrès est de réunir les savants de tous les pays qui
voudront discuter les questions se rattachant aux progrès de Fhygiène et aux
intérêts de la santé publique.
Les gouvernements, les municipalités, les administrations, les Universités, les
Académies, les Sociétés scientifiques, les Conseils de santé et autres autorités sani-
taires sont invités à prêter leur concours à cette œuvre et à s*y faire représenter
par des délégués.
MEMBRES
Art. 3. Le Congrès se composera de médecins, d'hygiénistes, de pharmaciens,
de chimistes, de physiciens, de météorologistes, d'ingénieurs, d'architectes, d'insti-
tuteurs, de vétérinaires, de membres des conseils d'hygiène, étrangers ou nationaux,
qui se seront fait inscrire et auront versé une cotisation de 20 francs. Ils recevront
un exemplaire du compte rendu des travaux de la session.
Cette cotisation sera versée par Messieurs les adhérents en même temps qu'ils
enverront leur adhésion, et par les participants au moment où ils retireront leur carte.
Le secrétariat reçoit dès à présent les adhésions (avec mention des titres et
l'adresse aussi exacte que possible), afin d'être à même d'envoyer les publications
du Congrès.
Les inscriptions et la distribution des cartes aux membres participants se feront
le 3 septembre de midi à cinq heures ; le 4 septembre de neuf heures du matin à
midi, et les autres jours de huit à neuf heures du matin dans les locaux du Congrès
(Université).
8 BEOLEMENT GÉNÉRAL.
TRAVArX
Art. 4. Les travaux du Congrès embrasseront :
L*hygiéne générale et internationale.
La prophylaxie des épidémies et la police sanitaire.
La démographie et la statistique médicale.
L'hygiène professionnelle et industrielle.
Les applications à Thygiène de la physique, de la chimie, de l'architecture et de
Fart de Tingénieur.
L*hygiène de l'enfance ; l'hygiène éducatrice et scolaire.
L'hygiène privée (hygiène alimentaire, falsifications, eaux potables, hygiène des
sens, etc.
L'hygiène publique (villes, campagnes, hôpitaux, armées, etc.).
L'hygiène vétérinaire.
Le nombre des sections entre lesquelles seront répartis les travaux sera fixé plus
tard.
Une Exposition de publications et d'objets se rapportant h l'hygiène et â la démo-
graphie aura lieu pendant la durée du Congrès.
Art. 5. Les sujets de discussion seront choisis par le comité d'après les propo-
sitions que les hygiénistes étrangers et nationaux, les autorités sanitaires et les
corps scientifiques sont invités à lui soumettre dès à présent.
Art. 6. Des rapporteurs désignés d'avance par le Comité feront l'exposé des
questions qui leur auront été départies. Cet exposé se terminera par un résumé qui
servira de base à la discussion et qui sera autant que possible communiqué d'avance
aux membres du Congrès.
Art. 7. Les membres qui désireront faire une communication devront en donner
connaissance au Comité, quinze jours au moins avant l'ouverture du Congrès. Le
Comité décidera de l'opportunité des communications et de l'ordre suivant lequel
elles seront faites.
- Art. 8. Le règlement, les programmes et les résumés des rapports seront
publiés en français et en allemand.
SÉANCES
Art. 9. Le Congrès se réunira deux fois par jour : une première fois pour les
travaux des sections, une seconde fois pour ceux de l'Assemblée générale.
Art. 10. Les séances de l'Assemblée générale seront consacrées :
io A la communication des procès- verbaux et rapports des sections, et le cas
échéant, à la discussion de ces derniers.
2o A des conférences ou à des communications sur des questions d*int4^rét
général.
RÈGLEMENT GÉNÉRAL. 9
3<> Dans la séance générale d'ouverture, le Congrès nommera son bureau défi-
nitif qui se composera d*un président, de deux vice-présidents, d'un nombre indé-
terminé de présidents honoraires, d'un secrétaire général et de deux secrétaires de
séances.
Art. 11. Les sections discuteront en première ligne les questions portées à leur
ordre du jour. Le Comité constituera leurs bureaux provisoires, mais elles éliront
leurs bureaux définitifs (un président, deux vice-présidents, deux secrétaires).
Art. 12. Sauf autorisation de l'assemblée (ou de la section), le même orateur ne
pourra parler plus de deux fois sur le même sujet; et la durée des discours, coro-
iRunications, mémoires ou rapports ne dépassera pas quinze minutes.
Art. 13. Tous les travaux, lus ou présentés au Congrès (soit dans les sections,
soit devant l'Assemblée générale), seront déposés sur le bureau et immédiatement
recueillis par les secrétaires. Le Comité d'organisation, qui reprendra ses fonctions
après la session pour procéder à la publication des actes du Congrès, décidera de
l'insertion partielle ou totale ou de la non-insertion de chacun d'eux dans le compte
rendu.
Art. 14. Bien que la langue officielle du Congrès soit le français, les membres
seront admis à s'exprimer en d'autres langues. Dans ce cas, si le désir en est
exprimé, le sens de leurs paroles sera traduit sommairement par l'un des membres
présents à la réunion.
Art. 15. Le Président dirige les séances et les débats suivant le mode adopté
dans les assemblées délibérantes en général. Il arrête les ordres du jour en se con-
certant avec le bureau.
10 COMITÉ d'organisation.
COMTÉ D'0R6ANISATI0N A 6ENÈVE
Président : D»" H.-CI. Lombard, Vice-Préadeiit du Congrès international des
iyciences médicales à Genève en 1877.
Vice-Président : D»" J.-L. Prévost, Professeur de thérapeutique. Doyen de la
Faculté de médecine.
Secrétaire général : D' P.-L. Dinant, Professeur d'hygiène.
Secrétaires adjoints ; D»" A. D*Espine, Professeur de pathologie interne.
D"" G. Haltenhoff, Privat-docent d'ophthalmologie.
Membres : D»" V. Gaitier, Médecin en chef de rinfirmerie Butini.
D^" Ji'LLiARD, père, ex-Médecin Inspecteur de la salubrité publique.
Prof. Denis Monmer, Professeur de chimie biologique.
Dr E. Rapin, ancien Président de la Société médicale.
Comité national suisse*
MEMBRES REPRÉSENTANT LES INSTITUTIONS FEDERALES
MM.
Colonel D^" Ziegler, à Berne, Médecin en chef deTarmée fédérale.
D^ KuMMEH, à Berne, Directeur du Bureau fédéral de statistique.
Prof. Lasius, à Zurich, Professeur d'architecture à l'Ecole polytechnique.
D*" F. SciiULER, à Mollis, Inspecteur fédéral des fabriques.
Colonel Zangger, à Zurich, Vétérinaire en chef de larmée fédérale.
D' SoNDEREGGER, à St-Gall, Vicc-Présideut de la Commission sanitaire.
D' A. BuRCKHARDT-MÉRiAN, h Bâlc, Secrétaire de la Commission médic^ile.
D>^ A. D'EspiNE, à Genève, Membre de la Commission médicale.
D' Ph. DE LA Harpe, à Lausanne, Membre des Commissions sanitaire et médicale.
D^* J.-J. KuMMER, à Aarwangen, Membre des Commissions sanitaire et médicale.
D^* Lotz, à Bâle, Membre de la Commission sanitaire.
D' A. Steiger, à Lucerne, Membre de la Commission médicale.
D*" Zehnder, à Zurich, Membre des Commissions sanitaire et médicale.
D^* Castella, à Fribourg, Membre de la Commission médicale.
COMITÉ d'oBGâXISATION. 11
MEMBRES REPRÉSENTANT LES INSTITUTIONS CANTONALES
Canton d'Argovle.
D*^ ScHAiTELBL'EL, Membre de la Commission sanitaire du canton.
D>r ZiiRCHER, à Âarau.
Canton d'Appenzell.
D'' ScHL>ePFER, à Hérisau, Secrétaire de la Commission sanitaire.
Canton de BAle.
D** F. GôTTiSHEiM, Professeur d'hygiène.
D' LoTz, Président de la Société médicale de Bâie- Ville.
D>^ J. PiccARD, Professeur de chimie, Chimiste officiel de TÉtat.
D^ RippMANN, Président de la Société médicale de Bâle-Campagne.
D** A. SociN, Professeur de clinique chirurgicale.
Canton de Berne.
Di* E. Bourgeois, Président du Collège de santé.
D^ Ad Christener, Membre de la Commission municipale de santé.
D^* Ch. Girard, Secrétaire du Collège de santé.
D«* Th. KocHER, Professeur de clinique chirurgicale.
[K LiCHTHEiM, Professeur de clinique médicale.
D^* Er. Pfxûger, Professeur d*ophthalmologie.
b^ Al. Wyttenbach, Président de la Commission municipale de santé.
Canton de Fribourg.
D*" BoÉCHAT, Membre de la Commission de santé.
D'' Castella, Président de la Société de médecine.
Canton de Genève.
M. H. BouRRiT, Architecte, Professeur d'architecture.
M. E. Briquet, Ingénieur, Fabncant d'appareils de chauffage.
Prof. D. CoLLADON, Ingénieur, Correspondant de TAcadémie des Sciences de Paris.
D' H. Gosse, Professeur de médecine légale, Membre du Conseil administratif de
la ville de Genève.
M. G. MoYNiER, Président du Comité international de la Croix-Rouge.
Prof. L. Soret, Professeur de physique médir^ïle. Recteur de l'Université.
D^" A. Vincent, Médecin Inspecteur de la salubrité publique.
Canton de Glaris.
Dr F. Fritzsche, Médecin de l'Hôpital de Claris, Membre de la Commiss. de Santé.
D»" F. ScHULER. Inspecteur fédéral des fabriques.
Canton des Grisons.
Dr J.-F. Kaiser, Président du Conseil de santé.
Dr E. Kellenberger, Vice-Président du Conseil de santé.
12 COMITÉ d'organisation.
Canton de Luceme.
D
D
Franz Brun, Médecin de district.
Gustave Nager, Médecin de district.
Canton de NeuchAtel.
E. Favarger, Membre de la Commission de santé.
L. Guillaume, Vice- Président de la Commission de santé.
L. RouLET, Conseiller d'Étal.
Canton de 8t-Gall.
ÂMBùHL, Médecin cantonal.
CuRTi, Conseiller d'État, Président du Conseil de santé.
SoNDEREGGER, Membre du Conseil de santé.
Canton de Bchaffhouse.
Emile Joos, Conseiller d'Etat, Directeur des affaires sanitaires.
RiTZMANN, Président de la Société médicale.
Canton de Boleure.
Auguste KoTTMANN, Médcciu en chef de l'Hôpital de Soleure.
Lang, Professeur et Recteur de l'École cantonale.
Canton du Tessin.
Carlo Papi, Chirurgien en chef de l'Hôpital de Lugano.
Giovanni Reali, Député au Conseil des Etats.
Canton de Thurgovie.
0. Kappeler, Médecin en chef de l'Hôpital cantonal à Mimsterlingen.
E. Reiffer, à Frauenfeld.
Canton de Vaud.
DE CÉRENviLLE, Médecin en chef de l'Hôpital cantonal.
Marc DuFOi'R, Professeur d'hygiène, Médecin de l'Hôpital ophthalmiquc.
Fr. FoREL, Professeur d'anatomie comparée.
MoRAx, Membre du Conseil de santé.
Recordon, Vice-Président du Conseil de santé.
Canton du Valais.
C.-L. BoNviN, Vice-Président du Conseil de santé.
Ladé, à Martigny.
Canton de Zoug.
Arnold, à Zoug.
HuRLiMANN, à Untera-geri, Président de la Société de médecine.
Canton de Zurich.
F. HoRNER, Professeur de clinique oplithalmologique.
Oscar Wyss, Professeur d'hygiène.
D'' Zeh.nder. Membre du Conseil de santé.
D
D
D
D
D
D
D
D
D
D
D
D
D
D
D
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D
D
D
D
D
D
D
D
D
PROCiRAMME
BUREAU CENTRAL PROVISOIRE
Président : D' H. -Cl. Lombard.
Vice-Présidents : Prof. Prévost, D»" V. Gautier, D"" Regordon (à Lau-
sanne).
Secrétaire-général : Prof. Dunant.
Secrétaires-adjoints : Prof. D'Espine, D»" Haltexhoff, D"" Picot.
SÉANCES GÉNÉRALES
Lundi 4 septembre*
(A 2 heures.)
SÉANCE d'ouverture
Discours du président et de plusieurs délégués.
Rapport de M. leD'FAUVEL, Inspecteur général des services
sanitaires de France, Président de la Commission nommée par le
3"* Congrès international d'hygiène pour formuler un programme
de concours pour un prix de 2500 francs, institué par le Conseil
Provincial de Turin à l'effet de récompenser un Ouvrage tUUe à
Vhygïène des populations des campagnes.
Mardi 5 septembre*
Be Vatténuation des virus. — M. Pasteur, membre de l'Aca-
démie des Sciences, à Paris.
14 PROGRAMME.
MittuTOch 6. September.
ERSTE FRAGE
Uéber die Ansteckungsfàhigkeit der Lungenschivindmcht vofn
Standpunkt der GeschicMe und der ôffenttichen Gemndheitspflege.
D' CoRRADi, Prof, in Pavia.
SCHLUSSSiETZE
1. Der Glaube an die Ansteckungsfàhigkeit der Lungenschwindsucht stammt
ans dem hohen Alterthum. Er hat sich seit Jahrhunderten bewahrt, nicht nur als
eine allgemein verbreitete Ansicht, sondern als eine wissenschaftliche Lehre.
2. In der zweiten Hâlfte des vorigen Jahrhunderts erreichte dieser Glaube
seinen Hôhepunkt, wahrscheinlich weil die Krankheit sich haufiger wie je vorher
zeigte.
An verschiedenen Orten war der Staat gezwungen, im Interesse der ôffentlichen
Gesundheit gegen die Yerbreitung des Phthisiscontagium einzuschreiten, und
Massregeln zu ergreifen.
8. Hingegen verlor in der ersten H&lfte unseres Jahrhunderts der Glaube an
die Ansteckungsfàhigkeit der Schwindsucht an Anhângern. Die anatomisch-patho-
logischen Nachforschungon waren den âtiologischen Fragen vorangeeilt.
4. £rst in diesen letzten Jahren nahm die experimentelle Pathologie die Frage
wieder auf und suchte die Lehre von der Ansteckungsfàhigkeit durch die Erfolge
der Ueberimpfiing tuherculôser Produkte zu stûtzen. Man glaubte noch weiter
gehen zu kônnen und versuchte den Nachweis. dass das Krankheitsgift in einem
mikroscopischen Organismus, einem Baccillus bestehe.
5. Die klinische Beobachtung muss die von dem Experiment so klargestellte
Frage nun lôsen. Es ist Aufgabe der Pathologie noch viele andere Fragen zu
lôsen, welche sich ans der Lehre vom parasitftren Wesen der Tuberculose ergeben
und dièse Lehre mit den Thatsachen der Prfidisposition und der Erblichkeit in
Einklang zu setzen.
7. Ist die Ansteckung oder Uebertragung môglich, so wird sie jedoch nur unter
gewissen noch zu erforschenden Bedingungen stattfinden.
7. Einstweilen hat sich die Hygiène gegenûber der Schwindsucht wie einer ver-
dftchtigen Krankheit gegenûber zu verhalten : das heisst einer Krankheit welche
unter bestimmten Bedingungen ûbertragungsf&hig ist.
8. Man muss namentlich die aus dem Zusammenwohnen hervorgehenden Be-
ziehungen berûcksichtigen. Je weniger eng und je kûrzer sich dieselben gestalten,
je mehr wird man die Wirkungen der Infectionsheerde abschwfichen, selbst wenn
man letztere nicht vertilgen kônnte. Zugleich werden dabei die Ausdûnstungen
vermindert, welche, abgesehen von jeder specifischen Wirkung, durch SchwâchuBg
des Organismus zur Phthisis prftdisponiren.
9. Obgleich es nicht sicher erwiesen ist, dass die Tuberculose durch Nahrungs-
mittel ûbertragen werden kônne, wird es indessen vorsichtig sein, Fleisch und
Milch von schwindsQchtigen Thieren zu vermeiden.
10. Man wird in Zukunft mit der grôssten Sorgfalt die Qualitàt der Kuhpocken-
oder humanisirten Lymphe berûcksichtigen, welche als Schutzmittel gegen die
Blattem eingeimpft wird. Die Anlage ausschliesslicher Krankenh&user oder min-
destens isolirter Abtheilungen fur Schwindsûchtige wird lebhaft empfohlen.
12. Die Ergebnisse der neueren Forschungen und Untersuchungen, welche die
Bedingungen und Wege der Uebertragiing der Tuberculose zu ermitteln trach-
teïi, werden zu den besonderen gegen aiese Uebertragung gerichteten prophylac-
tischen Massregeln fûhren.
13. Welcher Ansicht man auch in Betreff des Wesens der Lungenschwindsucht
PROGRAMME. 15
Mercredi 6 septembre*
PREMIÈRE QUESTION
La contagion de la phthisie pulmonaire au point de vue de
r histoire et de l'hygiène publique. D' Prof. A. Corradi, à
Pavie.
CONCLUSIONS
1. La croyance à la contagion de la phthisie ou consomption pulmonaire remonte
à la plus haute antiquité. Elle s'est maintenue à travers les siècles non seulement
comme une opinion vulgaire, mais aussi comme une doctrine scientifique.
2. Dans la seconde moitié du siècle dernier, cette croyance arrive à son apogée;
probablement parce que la maladie se montra avec une fréquence qu'elle n'avait
pas encore atteinte dans le passé. L'Etat, en plusieurs lieux, fut obligé d'intervenir
et de prendre des mesures dans l'intérêt de la santé publique, et dans le but
d'empêcher la diffusion du contage phthisique.
S. Au contraire, dans la première moitié de notre siècle, la doctrine de la
contagiosité perdit du terrain, les recherches anatomo-pathologiques ayant pris
le devant sur les questions étiologiques.
4. Ce n'est que dans ces dernières années que la pathologie expérimentale a
repris la question et a tâché de donner à la doctrine de la contagion l'appui des
résultats de l'inoculation des produits tuberculeux. On est allé plus loin encore,
et on a cru pouvoir démontrer que le principe virulent de la maladie est
représenté par un microphyte, par un bacUlus.
5. L'observation clinique doit trancher la question que vient de poser si nette-
ment l'expérimentation : c'est à la pathologie de résoudre bien d'autres questions
que soulève la doctrine de la nature parasitaire de la tuberculose, et de mettre
d'accord cette doctrine avec le fait de la prédisposition et de l'hérédité.
6. Mais si la contagion ou la transmission est possible, elle ne se fera que dans
des conditions qui restent encore à déterminer.
7. En attendant, l'hygiène doit se régler vis-à-vis de la phthisie comme elle
ferait pour une maladie suspecte, c'est-à-dire capable de se communiquer ou de se
transmettre sous certaines conditions.
8. On doit surtout avoir égard aux rapports qu'établit la cohabitation : en les
rendant moins intimes et prolongés, on atténuera les effets des foyers d'infections,
quand même on ne les pourrait détruire; et en même temps on éloignera ces
exhalaisons, qui, en dehors de toute action spécifique, en affaiblissant l'organisme,
le prédisposent à la phthisie.
9. Quoiqu'il ne soit pas sûrement démontré que les aliments peuvent communi-
quer la tuberculose, néanmoins il sera prudent de s'abstenir des viandes et du lait
des animaux phthisiques.
10. 11 faudra dorénavant avoir le plus grand soin de la qualité de la lymphe
vaccinale ou humanisée qu'on inocule dans la prophylaxie de la petite vérole.
11. L'institution d'hôpitaux exclusifs, ou au moins de pavillons séparés pour les
phthisiques est vivement recommandée.
12. Les résultats des nouvelles études qu'on invoque et des recherches dirigées
dans le but de déterminer dans quelles conditions et par quelles voies la tuber-
culose se transmet, nous indiqueront les mesures prophylactiques plus particulières
qu'il £audra adopter.
13. Quelle que soit l'opinion qu'on professe au si^et de la nature de la phthisie
pulmonaire, personne ne doutera des avantages qu'apportera dans la lutte la résis-
tanee orpamque : c'est pour cela qu'une des plus grandes entraves à la diffusion
de ce fléau de la civilisation doit jaillir de la pratique de l'hygiène qui assure le
bien-être physique et moral des populations.
16 PROGRAMME.
huldige, niemand wird die Vortheile bezweifeln, welche die Widerstandskraft des
Organùtmus in dem Kampfe gegen dieselbe bietet. Daher muss sich aus der Praxis
der Gesundheitspflege, welche das kôrperliche und sittliche Wohl der Vôlker
sichert, eines der stàrksten Hindernisse ftir die Verbreitung dieser Geissel der
Culturvolker von selbst ergeben.
ZWEITE FRAGE
Thesen iiber Fenencolonien. Aufgestellt von D' G. Varren-
TRAPP, Sanitiltsrath in Frankfurtam Main.
Die sogenannten Feriencolonien haben sich nach einer, wenn auch erst kurzen,
doch von vielen Seiten ûbereinstimmend lautenden Erfahrang als ein werthvolles
Mittel zur Kràftigung von in ihrer kôrperlichen Entwicklung zurûckgebliebenen
oder gestôrten Kindern erwiesen.
Unter « Feriencolonien » versteht man die Aussendung von krânklichen armen
Schulkindern wàlirend der Zeit ihrer Sommerferien, also wàhrend 3-4 Wochen, in
Gruppen von 10-15 Kindern getheilt, unter Leitung je eines Lehrers oder einer
Lehrerin, auf das Land in gesunde Gegend, wo môglich auf Bergeshdhe oder an
das Meeresufer, wo sie in gesunden, geràumigen, luftigen Wohnungen, bei reich-
licher nahrhafter Kost untergebracht und zu môglichst vieler Bewegung in freier
Luft angehalten werden.
Eine solche Versetzung aus engen Stadttheilen, dumpfen oft feuchten Wohnun-
gen in frische Luft, Reinlichkeit, verstàndige Leitung làsst schon à priori einen
gûnstigen Einfluss vermuthen. Vielfach bezweifelt waren nur dabei, ob ein solcher
Aufenthalt von 2 bis 4 Wochen (400-750 Stunden) irgend einen nachweisbaren oder
gar dauemden Erfolg haben konne.
Die Erfahrung von 4-5 schweizer und von einem Dutzend deutscher Ferienco-
lonien (vom Jahr 1877 bis zum Jahre 1880 an) hat ergeben, dass die Kinder nicht
nur an Frische des Aussehens und der Bewegung, sondem speziell auch an Gewicht
(durchschnittlich um 1-3 Pfund) wie an Kôrpergrôsse (um 1-2 Centimeter) zuge-
nommen, welche Zunahme wesentlich stârker ist als sonst bei gleichaltrigen Kindern
in gleichem Zeitraum beobachtet wird. Ueber die Zunahme des Brustumfangs, deren
genaue Messung zumal bei dieser Klasse von Kindern ûberhaupt mancherlei
iSchwierigkeiten darbietet, kann bei der bis jetzt geringenZahl solcher Messungen
noch nichts zuverlàssiges gesagt werden. — Auch auf die sittliche Haltung der
Kinder haben nach dem Urtheil der Lehrer, die Feriencolonien einen gûnstigen
Einfluss gezeigt.
Es ist festzuhalten, dass in solche Feriencolonien nur krânkliche, arme, brave
Schulkinder aufzunehmen sind, nicht aber kranke Kinder, oder solche welche im
ersten Stadium der Reconvalescenz von schweren Erkrankungen stehen. Filr dièse
Kategorien sind allzu verschiedene Massregeln erforderlich, um sie in Voreini-
gung anwenden zu kônnen. Kranke und Reconvalescenten verlangen eine sorgf&l-
tige individualisirende Pflege, eine dauernde oder doch sehr hâutige Beobachtung
seitens eines Aiztes, Anwendung geeigneter, zeitweise vielleicht wechselnder
Heilmittel (Arzneien, Bàder, etc.). In Feriencolonien filr krânkliche Kinder fâllt,
wenn die Aufmerksamkeit des Lehrers nicht zu sehr zersplittert werden soll,
solche individualisirende Behandlung weg; aile Kinder sollen eine gleichm&ssige
krâftige Kost erhalten, môglichst viele Bewegung in freier anregender Luft
machen, ohne allzu àngstlich vor jeder etwas rauheren Witterung gehûtet zu
werden, Gehen, Laufen, Turnen, Baden. Eine solche gleichmâssige Fûhrung und
Leitung einer grôsseren Zahl von Kindern durch eine^i liehrer ist fur kranke Kin-
der nicht geeignet; fur sie muss in Kinderheilanstalten mit besonders darauf
gerichteter Pflege gesorgt werden.
PROORAMME. 17
DEUXIÈME QUESTION
Quelques réflexions sur les colonies d'écoliers en vacances.
D' G. Varrentrapp, conseiller sanitaire à Francfort-sur-Mein.
Les « colonies d'écoliers en vacances » sont reconnues depuis quelque temps
comme un puissant agent pour fortifier les enfants délicats et malades.
Par « colonies en vacances » on entend l'envoi d'écoliers maladifs à la campagne
pendant toute la durée de leurs congés, c'est-à-dire pendant trois à quatre
semaines.
On les envoie par groupes de dix ou quinze, sous la direction d'un maître ou
d^one maltresse, dans une contrée salubre, si possible à la montagne, ou au bord
de la mer; il faut aussi que leur demeure soit saine, spacieuse et bien aérée, leur
nourriture abondante et fortifiante.
Les enfants prennent beaucoup d'exercice en plein air.
Le contraste de la vie que ces enfants mènent dans leurs demeures sombres et
hnmides, avec une existence saine et principalement en plein air fait dès l'abord
augurer favorablement du résultat. Mais ce séjour n'est pas long, il est de deux à
qoatre semaines (400 à 750 heures) et l'on se demande si le oien obtenu sera
durable.
L'expérience faite sur quatre à cinq colonies suisses et environ une douzaine de
colonies allemandes a démontré que les enfants avaient gagné non seulement une
apparence plus saine, mais que leur poids avait augmenté (de 1 à 3 livres) ils
avaient aussi grandi de 1 à 2 centimètres ; cette augmentation est plus forte que
celle que l'on a observée chez des enfants du même âge, pendant le même espace
de temps. Il est difficile de dire si il y a eu un développement dans la poitrine de
ces enfants; on a cherché à s'en assurer, mais sans arriver à aucun résultat positif.
Les « colonies de vacances » ont eu, d'après le témoignage des professeurs, une
bonne influence sur la tenue des enfants.
Il faut se souvenir que l'on n'envoie dans ces « colonies de vacances » que des
enfants maladifs, pauvres et non vicieux, mais il ne s'agit pas d'enfants vraiment
malades, ou d'enfants qui soient encore sous l'influence de graves maladies. Pour
ces derniers il faut un traitement particulier, ils ne peuvent pas être en compagnie
des autres.
Les enfants vraiment malades ont besoin de la surveillance d'un médecin, il leur
faut des remèdes appropriés à leur état, des bains, etc., etc. Dans les « colonies de
vacances » il ne peut être question d'une surveillance aussi spéciale, les enfants ne
doivent pas avoir peur d'un changement un peu brusque dans la température, il
leur faut de la gymnastique, des bains et beaucoup d'exercice, conditions dans les-
quelles des enfants malades ne peuvent aller à la campagne sous la direction d'un
ieul maître.
18 PROORAMICE.
Fpeita§^ 8. September.
Ueher die hj/gienischen , physiologischen und therapeutischen Etn-
flûsse des Hôhendimas, D' H. -Cl. Lombard, in Genf.
SCHLUSSSiETZE
1. Die ungenttgende Menge Sauerstoff, Folge der Verdûnnung der Luft in hôhe-
ren Gegenden, kann Erstickung verursachen, wenn nicht durch ïlinathmung von
Sauerstoff dagegen angekàmpft wird.
2. Die Hauptursache der Bergkrankheit ist die Abnahme athmosph&rischen
Sauerstoff» in einem Augenblick, wo ausserordentliclie Muskelanstrengung eipe
grôssere Menge Sauerstoff erfordert. Die ungenûgende Menge des Sauerstoffs ist
auch die Ursache der Muskelschmerzen und bedingt die Nothwendigkeit sofor-
tigen Ausruhens.
3. Athniung und Bhitkreislauf werden um so mehr beschleunigt, je hôher man
sich ûber die Meeresfiftche erhebt. Zugleich steigt die Ausathmung der Kohlen-
sàure bis zu einer gewissen Hôhengrenze die man ungefâbr zwischen 1500 und
2000 Meter annehmen kann, wàhrend sie darûber hinaus im directen Verhftltniss
zur Hôhe wieder abnimmt.
4. Ueber 2000 Meter Hfthe erzeugt die ungenûgende Menge Sauerstoff, troU
beschleunigter Athmung und Blutcirculation, eine constitutionnelle Blutarmuth
welche Herr D' Jourdannet mit dem Namen Anoxyhàmie bezeichnet.
5. In Folge der stàrkeren Verdauung und Muskelanstrengung, sowie der Tem-
peraturabnabme wird in der Hôhenluft die Ausathmung der Kohlensfture ver-
mehrt und beschleunigt.
6. Der Hôhenaufenthalt bewirkt nicht nur hftufigere, sondem auch tiefere
Athemzûge, woraus eine Vermehrung des Rauminhalts und des Umfangs des
Brustkorbs erfolgt.
7. Der zeitweîlige oder fortw&hrende Aufenthalt in mittlerer Hôhe, unter
2000 Meter, wirkt belebend auf aile Funktioncn.
8. Die hohen und mittleren Gebirgsgegenden haben einen prophylactischen und
therapeutischen Einfluss auf die Lungenschwindsucht.
Zur Discussion angemeldet : D' Paul Bert in Paris, Prof, an
d. Faculté des Sciences; D' W. Marcet, Mitglied der kOnigl.
Gesellschaft in London; D"* R. Meyer-Huni, Privat-Docent an d.
Universitat Zttrich.
Sonnabend 9. September.
SCHLUSS-SITZUNG
Von den pradischen MiUdn zur VerhiUung der Blindheit.
D' Haltenhoff, Privat-Docent fttr Augenheilkunde in Genf.
Der Conpress wird das Programm einer Preisaufirabe Ul>er dies" Frajre festsetzen
und das mtornalionale Preisgericht ernennen. Die Society for the Prévention of
PB06RAMME. 19
Vendredi 8 septembre.
Influences hygiéniques, physiologiques et thérapeutiques des alti-
tudes. D' H.-Cl. Lombard, à Genève.
• C0NCLU8I0KS
1. L'insuffisance de Poxygène qui résulte de la dilatation de l'atmosphère des
hautes régions peut amener l'asphyxie, si elle n'est pas combattue par des inhala-
tions d'oxygène.
2. Le mal de montagne a pour cause essentielle la diminution de l'oxygène
atmosphérique, alors que les contractions musculaires extraordinaires en récla-
ment une quantité supplémentaire. C'est l'insuffisance de l'oxygène qui cause les
douleurs musculaires et oblige à un repos immédiat.
S. La respiration et la circulation deviennent plus rapides à mesure qu'on s'élève
au-dessus du niveau des mers. En même temps, l'exhalation de l'acide carbonique
augmente jusqu'à une certaine limite, que l'on peut fixer approximativement entre
1500 et 2000 mètres, tandis qu'au delà elle diminue en raison directe de l'alti-
tude.
4. Au-dessus de 2000 mètres, malgré que la circulation et la respiration soient
accélérées, l'insuffisance de l'oxygène contenu dans une atmosphère dilatée
développe une anémie constitutionnelle que le D^ Jourdannet a qualifiée du nom
5. Dans les altitudes, la digestion^ l'exercice musculaire et l'abaissement de la
température augmentent et accélèrent l'exhalation de l'acide carbonique.
6. Le séjour des altitudes rend les inspirations non seulement plus fréquentes,
mais aussi plus profondes, d'où résulte une augmentation de la capacité et de la
circonférence thoracique.
7. Un séjour temporaire ou permanent des altitudes moyennes situées au des-
sous de 2000 mètres, exerce une action stimulante sur toutes les fonctions.
8. Les hautes et moyennes altitudes ont une influence prophylactique et théra-
peutique sur la phtisie pulmonaire.
Orateurs inscrits : D' Paul Bert, à Paris, professeur à la Fa-
culté des Sciences; D' W. Marcet, membre de la Société royale
de Londres; D' Meyer-Huni, privat-docent à l'Université de
Zurich.
Samedi 9 septembre.
SÉANCE DE CLOTURE
Des moyens pratiques de prévenir la cécité. D' Haltenhoff,
privai docent d'ophthalmologie à l'Université de Genève.
Le Congrès fixera le programme et nommera le jury international d'un concours
sur cette question. La Society far the Prévention of BlxndnesSy de Londres, a dépos(>
20 PBOORAMME.
Blindne^s in London hinterlegte eine Samme von 2000 Fr. als Preis fOr die beste
Abhandlung in englischer, deutscher, franz(isi$cher oder italienischer Sprache, und
schlâgt, in Uebereinstimmang mit dem Organisât ionscomi té des Ck)ngresses, folgen-
des Programm vor :
1. Ursachen der Blindheit.
a. ËinflQsse der Erblirhkeit, Krankheiten der Eltem, blatsverwandte Ehen, etc.
6. Augenkrankheiton der Kindheit, diverse EntzUndangen.
c. Schal- und Lphrzeit. Progressive Myopie, etc.
d. Aligemeine Krankheiten. Diathesen, verschiedene Fieber, Intoxicatio-
nen. etc.
e. Einfluss der Berufsarten. Unfâile und Verwundnngen, sympathische Augen-
entzQndnn^en.
f. Sociale und klimatische EinflUsse; ansteckende Augenleiden ; nngesunde,
ttberiUJlte, schlecht erleuchtete Wohnrâuine.
g. Mangelhafte oder ganz felilende Behandlung der Augenleiden.
2. F(lr jede dieser Gruppen von Blindlieitsursachen sind die practischsten Yor-
bengungs-Massregeln anzugeben.
a. Massre^eln der Gesetzgebung.
6. Hygienisché und professionnelle Massregeln.
c. Pâdagogische Massregeln.
d. Aerztliche und philanthropische Massregeln.
SEKTIONS-SITZUNGEN
ERSTE SECTION
ALLGEMEINE, INTERNATIONALE UND ŒFFENTLICHE
HYGIENE
PROVISORISCHER VORSTAND
Primdent : Prof.-D' Revilliod.
Vice-Pràsidenten : D' B.xrde, D»" Roulet (Neuenburg), D' Vincent.
SchriflfUhrer : D»" Gœtz, D' Ferrière.
ERSTE FRAGE
JEtidogie und Prophylaocis des AbdominaUtfphus. D' Jules
Arnould, Militârarzt erster Klasse, Professor der Hygiène an
der medic. Facultât in Lille.
SCHLUSSSJBTZE
Â. JBtiolog^ie.
1. Wesen der Krankheit. Nach Auftreten und Verlauf gehôrt der Typhus zu
PROGRAMME. 21
t
une somme de dOOO francs, destinée à récompenser l'aaieur du meilleur mémoire
écrit en anglais, en allemand, en français on en italien, et elle propose, d*accord avec
le Comité a organisation du Congrès, le programme suivant :
i . Étude des causes de la cécité.
a. Causes héréditaires. Maladies des parents, mariages c )nsanguins, etc.
b. Maladies oculaires de Tenfance. Ophthalmies diverses.
c. Période d*éeole et d'apprentissage, myopie progressive, etc.
d. Bialadies générales. Diathèses, fièvres diverses, intoxications, etc.
e. Influences professionnelles. Blessures et accidents. Ophthalmie sympathique.
f. Influences sociales et climatériques. Ophthalmies contagieuses. Encombre-
ment. Logements insalubres. Éclairage défectueux.
g. Absence de traitement on traitement défectueux des affections oculaires.
2. Étudier pour chacune de ces catégories de causes les moyens de prévention les
plus pratiques.
a. Législatifs.
b. Hvgiéniques et professionnels.
r. Éducatifs.
d. Médicaux et philanthropiques.
SÉANCES DES SECTIONS
PREMIÈRE SECTION
HYGIÈNE GÉNÉRALE, INTERNATIONALE
ET ADMINISTRATIVE
BUREAU PROVISOIRE
Président : Prof.-D»" Revillioo.
Vice-Présidents : D' Barde, D*" Rollet (à Neuchâlel), D"" Vincent.
Secrétaires : D' Gœtz, D*" Ferrtère.
PREMIÈRE QUESTION
J^ioiogie et prophylaxie de la fièvre typhoïde. D' Jules Arnould,
médecin principal de 1" classe de l'armée, professeur d'hygiène
à la Faculté de médecine de Lille.
CONCLUSIONS
A. Étiolog^ie.
1. QUESTION DE NATURE. — La fièTTe typhoïde a les allures des maladies spécifi-
22 PROGRAMME.
den specifischen Ërkrankungen, von denen eine Anzahl nachgewiesener Maassen
parasit&rer Art sind. Als solche entsteht der Typhus niemals yon selbst, noch
durch gewôhniiche Wirkung der âusseren Agentien. Man ist logisch berechtigt ihn
zvL den parasit&ren Krankheiten zu rechnen, jedoch ist dies gegenwftrtig noch nicht
als vollst&ndig erwiesene Thatsache hinzustellen, theils wegen der abweichenden
Meinungen der Forscher ûber den Typus der vermeintlichen Typhusparasiten,
theils wegen der Unsicherheit der durch Ueberimpfung auf Thiere erhaltenen
klinischen Resultate, besonders aber wegen der bei den Aerzten herrschenden
wohlberechtigten Zweifel ûber die Fâhigkeit der Thiere am menschlichen Typhus
zu erkranken.
Nâtûrliche Medien. — Die fur Aufbewahrung und eventuell Erzeugung des
Typhusgiftes in Betracht kommenden Medicn sind :
a. Der Boden, unter gewissen Bedingungen der Be^chaifenheit, Durchfeuchtung
und infectiôsen S&ttigung, doch eher dessen Oberflâche als dessen Tiefe, sodass
der Boden durch irgend einen anderen Infectionstrâger ersetzt werden kann
und nicht als nothwendige Uebcrgangsstation des Krankheiterregenden Agens
ercheint ;
6. Das Wasser, jedoch wahrscheinlich wàhrend kurzer Zeit und unter der Vor-
aussetzung eines gewissen Grades organischer Verunreinigung;
c. Die Ijuft, dies wird durch die Fàlle von directer Uebertragung bcwiesen und
kann auch mittelbar aus der Thatsache geschlossen werden, dass Strassenluft
mehr Keime (Microben) als Feldluft, Wohnungsluft deren mehr als Strassenluft
enthâlt. Doch werden die vom Kranken im feuchten Zustand ausgeworfenen
Krankheitsprodukte des Typhus erst dann fur die Luft vollk(»mmen infectiôs,
wenn sie Zeit gehabt haben zu vertrocknen und pulverig zu werden. Denn
die Luft wirkt specifisch Krankheit erregend nur als Trâgerin bestimmter infec-
tiôser Keime, und nicht durch die ihr môglicherweise beigemengten Ausdûnstun-
gen, wie Gase, D&mpfe, Gertiche, selbst wenn dieselben von Abtritten oder Abzugs-
kanàlen herrûhren;
d. Der Mensch und die von ihm gebraucJUen Gegenstànde, wenigstens als indif-
férente Oberflachen und Sammelpl&tze fur die Krankheitskeime dienend, wie dies
fiir die Keime der Variola und anderer specifischen Krankheiten bekannt ist.
Ausserdem làsst sich nach dem Verlaufe vieler, mit gastrischen Stôrungen und
Durchf&llen beginnenden £])idemien, dem entschiedenen Ëinfluss der gewôhn-
lichsten âussereren Umstândeauf den Ausbruch gewisser Typhusfâlle, den zeitlich
und ràumlich von jedem Typhushcerde entfernt und ohne nachweisliche Ein-
schleppung entstehenden Epidemien, mit Wahrscheinlich keit annehmen, dass der
Mensch selbst in seinen Verdauungs- oder Athmungswegen das Typhusgift in
latentem Zustande verschleppen kann, ohne unmittelbare Entwicklung, doch mit
Bewahrung der Fâhigkeit desselben, nach geraumer Zeit, unter dem Ëinfluss depri-
mirender Bedingungen sich zu vermehren und weiter zu verbreiten ;
€, Die Nahrungsmittély als éventuelle Tràger der Keime, jedoch ohne dass
genûgende Beweise vorlàgen, dass die Keime innert derselben sich vermehren kôn-
nen. Dieser Weg der Uebertragung ist nur fur die Milch erwiesen, welche in dem
Falle dieselbe Rolle wie das Wasser spielt und vielleicht nur durch ihren Wasser-
gehalt dazu befâhigt ist.
Das Wesen der dem Genuss verdorbenen Fleisches zugeschriebenen Typhusepi-
demien bleibt streitig.
3. Empfjînglichkeit. — Fur Abdominaltyphus besteht eine complexe und
positive Empfjinglichkeit, nicht eine einfache und négative, wie fur Variola. Die
Bedingungen derselben sind :
1<* Noch nicht von Typhus befallen gewesen zu sein ;
2^ Das Alter von 16 bis 40 Jahren (die grôsste Hâufigkeit fâllt auf 20 bis
25 Jahre) doch ohne absoluten Ausschluss niederen oder hôheren Alters ;
3<> Mangelnde Ange^ Ohnung an typhogene Verhàltnisse ;
4° Der Ëinfluss der Verunreinigung von Luft, Boden und Wasser, wie sie durch
die gewôhnlichen Verhàltnisse der Menschenansammlungen hervorgebracht wird :
fauliger Boden und dessen Ausdûnstungen, durch Cloakenstoffe verunreinigtes
Trinkwasser, durch thierische Producte septisch gewordene Luft, in Folge des
Zusammenlebens, der Anhâufung, des Einstrômens von Fàcalgasen in die Woh-
nungen, der innem und âusseren Unreinlichkeit der Hàuser ;
PROGRAMME. 23
ques, pour an certain nombre desquelles la nature parasitaire est démontrée. £n
tant que spécifique, elle n'est jamais ni spontanée, ni engendrée de Taction banale
des agents extérieurs. Il est rationnel de la compter au nombre des maladies
parasitaires; mais on ne saurait, actuellement, regarder le fait comme complète-
ment acquis, en présence des divergences des expérimentateurs sur le type du
paraaite supposé, — de l'incertitude des résultats cliniques obtenus par l'inocula-
tion aux animaux, — et surtout des doutes légitimes qui régnent chez les médecins
à l'égard de l'aptitude à la fièvre typhoïde des espèces animales autres que
l'homme.
2. Milieux naturels. — Les milieux de conservation et, éventuellement, de
reproduction de l'agent typhogènc sont :
a. Le soly dans de certaines conditions de structure, d'humectation et de satu-
ration infectieuse; mais plutôt à la surface que dans la profondeur; de telle sorte
que le sol puisse être remplacé par un support de toute autre nature et n'est pas
un lieu de passage nécessaire de .l'agent pathogène;
b. L'eau; mais probablement pendant peu de temps et à la condition d'un cer-
tain degré de souillure organique;
c. Vair, comme le prouvent les faits de contagion directe (cas intérieurs) et
comme on peut l'induire de cette notion : que l'air des rues renferme plus de
microbes que l'air des champs, et l'air des habitations plus que celui des rues.
Mais, les produits pathologiques de la fièvre typhoïde quittant le malade à l'état
humide ne sont complètement aptes à infecter Tair qu'après le temps nécessaire à
leur dessiccation et leur pulvérulence. L'air n'agit, en effet, spécifiquement, que
comme véhicule de corpuscules infectieux déterminés et non par les émanations
dont il peut être pénétré, gaz, vapeurs, odeurs, lors même que ces émanations
proviendraient de latrines ou d'égouts;
d. L'homme et les objets à son usage, au moins à titre de surfaces indifférentes
et de réceptacles pareils à ceux que l'on sait recueillir les germes de la variole ou
d'autres maladies spécifiques. — En outre, la marche d'un grand nombre d'épidé-
mies, que l'on voit débuter par des embarras gastriques et des diarrhées, — l'in-
fluence décisive de circonstances extérieures, banales, sur l'éclosion de certains cas
de fièvre typhoïde; les épidémies nées à distance, dans le temps et dans l'espace,
de tout foyer, et sans importation apparente, portent à croire que l'homme lui-
même peut véhiculer, dans ses voies digestives ou respiratoires, l'agent typhogène
à l'état latent, sans développement immédiat, mais conservant l'aptitude à se
multiplier et à devenir envahissant, après un temps assez long ; sous l'infiuence
de conditions déprimantes;
e. Les aliments, en tant que supports éventuels, mais sans que rien prouve
suffisamment qu'ils puissent être un milieu de multiplication. La véhiculation n'est
démontrée que pour le lait, qui, dans ce cas, joue le même rôle que l'eau et n'agit
peut-être que par l'eau. La nature des épidémies typhoïdes, attribuée à l'usage
de viandes altérées reste discutable.
3. Réceptivité. — La réceptivité pour la fièvre typhoïde est complexe et
positive, au lieu d'être simple et négative comme la réceptivité pour la variole.
— Elle est constituée par :
1* L'absence d'atteinte antérieure;
2? L'âge de 16 à 40 ans (la plus grande fréquence est entre 20 et 25 ans), sans
exclusivisme rigoureux;
3® La non-accoutumance aux milieux typhpgènes.
4** L'influence bancUe de la souillure des milieux, telle qu'elle résulte des condi-
tions ordinaires de la vie des groupes :
Sol putride avec ses exhalaisons.
Eau de boisson imprégnée d'immondices,
Air animalisé, septique, de la vie en commun, de l'encombrement, des habita-
tions assaillies par les émanations fécales, des locaux malpropres au dedans et à
la périphérie:
5*» Les fatigues, les excés^ \q^ passions tristes;
6* L'usage d'aliments putrides.
Les circonstances précisées dans les trois derniers numéros peuvent se résumer
sons le titre de Conditions dépressives. Celles du 4** ont une telle importance qu'il
faut leur reconnaître une adaptation spéciale. Elles semblent parfois primer
24 PROGRAMME.
5^ Anstrengungen, Ausschweifungen, deprimirende Gemûthsaffecte;
6<^ Genuss fauliger Nahrungsstoffe.
Die drei zuletzt angefûhrten Rubriken lassen sich unter dem Titel der < depres-
siven Bedingungen » zusammenfassen. Die unter 4° genannten sind so wichtig, dass
man in ihnen einc specielle Anpassung erkennen muss. Sie scheinen sogar zuweilen
die Wirkung des typhuserregenden Agens zu ûbertreffen, so dass manche Epide-
miologen sie in der iEtiologie einfach an Stelle des letzteren setzen.
4. Ëpidemisches Vorkommen. — Gegenwàrtig scheint der Abdominaltyphos die
frûheren Volkskrankheiten, Pest, Flecktyphus, etc., verdrângt zu haben. Er
herrscht in allen Schichten der Bevôlkerung, auf dem Lande wie in den St&dten,
an den verschiedenartigsten Orten, bei allen Menschenraçen. Geographisch
kommt er ûberall vor. Die civilisirte Menschheit durchlebt eben eine Période von
Oberherrschaft des Abdominaltyphus : eine ohne Daszwischentreten des soge-
nannten « genius epidemicus » wohi erklàrliche Thatsache.
B. Prophylazls.
5. Die pROPHYLAxis des Abdominaltyphus soll stattfinden :
1<* Vor dek Epidemien. Sie betrifft :
a. Die dos Typhtisgift herqenden Medien, Schutz des Bodens bewohnter Orte
gegen voraussichtliches Ëindringen des Giftes, durch allgemeines Reinhalten der
Strassen, Aufhebung aller Fficalstoffbehftlter innert des Hauses, Drainining des
Bodens, sofortige Entfernung der Auswurfstoffe. — Versorgung der l&ndlichen
oder st&dtischen Ortschaften mit weither geleitetem Quellwasser, wobei die Lei-
tung das Wasser auf seinem ganzen Yerlauf gegen jede Yerunreinigung schfltzen
muss. — Beim Bau der Hâuser, namentlich der Colectiv-Wohnungen, ist auf
Schutz derselben vor stagnirendem Luftstaube, auf Sicherung totaler Luftemeoe-
rung zu achten.
5. Die Bedingungen der Empffingîichkeit. — Gegen 1® und 2® (siehe oben)
vermôgen wir nichts ; was 3*» betrifft, darf die Acclimatisirung an Typhusmiasmen
nicht versucht werden. Gegen die anderen Bedingungen bieten sich aile Hûlfsmittel
der allgemeinen Gesundlieitspflege dar. Besonders tinden dieselben auf die mili-
tfirischen und gewerblichen Mcnschenanhâufungen Anwendung, kônnen jedoch
ihren ganzen Nutzen nur in den Handen einer àrztlichen Leitung der ôffentlichen
Gesundheitspflege entfalten (beim Militâr vertritt dièse die àrztliche Leitung des
Heeressanitfttswesens). Man soll nicht vergessen dass hcutigcn Tages das Tvphus-
gift und die Typhusempfânglichkeit fast ûberall bestehen, dièse Seuche erfordert
also grossartige Leistungen der ôffentlichen Hygiène.
2* Wjehrend der Epidemien. Dièse Prophylaxis betrifft : c. Das Typhusgift. —
Man behandle es wie einen v irklichen Parasiten, ftberall wo dasselbe vermuthet
wird. Allgemeine und specielle Desinficirungs-Massregeln.
d, Den Menschen. — Die Isolirung der Erkrankten ist nicht streng indicirt,
wftre aber sicherer als der freie Verkehr. — Entfernung der unzweifelhaft em-
pfânglichcn Individuen. — Evacuirung der Typhusheerde. — Schonung und Unter-
stûtzung der aus solchen Heerden gekommcnen Individuen.
Zur Discussion angemeldet : D' de Cérenville, Ober-Arzt des
Kanton's-SpitaFs in Lausanne,
ZWEITE FRAGE
Ueher den Akoholismus. D' A.-L. Roulet, Regierungsrath in
Neuenburg.
SCHLUSSSJETZE
1. Der Missbrauch des ^thylalcohols, sowie der selbst m&ssige Gebrauch hôherer
PROGRAMME. 25
l'action du moteur typhogène, au point que certains épidémiologistes les substi-
tuent simplement à celui-ci, dans Tétiologie.
4. Éfidémicitè. — La fièvre typhoïde, dans l'époque actuelle, semble avoir
remplacé les maladies populaires d'autrefois, la peste, le typhus exanthématique,
etc. Elle règne sur toutes les classes, à la ville et à la campagne, dans les loca-
lités les plus diverses, sur toutes les races d'hommes. Géographiquement, elle est
nbiqnitaire. — Le monde civilisé traverse, en ce moment, un « règne » de fièvre
typhoïde. Le fait est explicable sans l'intervention du < génie épidémique. »
B. Prophylaxie.
5. La PROPETLAxiE de la fièvre typhoïde doit s'adresser : 1** Avant les ^pio^mies .
a. Aux milieux de conservation de l'agent typhogène. — Protéger le sol des lieux
habités contre la pénétration à prévoir de cet agent : par la propreté générale
des rues, la suppression des récipients de matières fécales dans la maison, le
drainage du sol, l'évacuation immédiate des matières excrémentitielles. — Appro-
visionner les centres urbains ou ruraux d'eau de source, amenée de loin, par des
conduites qui l'abritent sur tout son parcours contre toute souillure. — Construire
les habitations, et particulièrement les habitations collectives de façon à les pré-
server de la stagnation des poussières atmosphériques; leur assurer le renouvelle-
ment de l'air par grands déplacements.
h. Aux facteurs de la réceptivité. — Nous ne pouvons rien sur les deux premiers
(Yoy. plus haut); contre le troisième, on ne doit pas essayer l'acclimatement au
miasme typhoïde. Contre les autres, nous avons les ressources de l'hygiène géné-
rale. Celles-ci doivent être plus spécialement appliquées aux groupes militaires et
aux groupes industriels. Elles n'ont de chances de l'être avec efficacité qu'entre
les mains d'une Direction médicale de la santé publique, reproduite dans l'ordre
militaire par la Direction médicale de la santé de l'armée. Ne pas oublier que le
germe et la réceptivité typhoïdes sont aigourd'hui un peu partout; il y a un vaste
effort à tenter en hygiène publique.
2^ Pendant les épidémies ; c. A Vagent typhogène, — Le traiter comme un para-
site réel partout où on le soupçonne. Désinfection générale et spéciale.
d. A Vhomme. — L'isolement des malades n'est pas rigoureusement indiqué,
mais serait plus sûr que la libre pratique. — Éloigner des malades les personnes
le plus sûrement douées de réceptivité. — Évacuer les foyers. — Ménager et sou-
tenir ceux qui en proviennent.
Orateur inscrit : D' de Cérenville, médecin en chef de l'Hô-
pital cantonal à Lausanne.
SECONDE QUESTION
Sur Valcoolisme. D' A.-L. Roulet, conseiller d'État à Neu-
chàtel.
CONCLUSIONS
1. L'abus de l'alcool éthylique ou l'usage même modéré d'alcools plus élevés
26 PBOORÂMMK.
Alcohole der monoatomischen Reihe, besonders des Amylalcohols erzeugt eîne
acute oder chronische Yergiftung, eine unter dem Namen Alcoholismus bekannte
Krankheit.
Die individuellen und socialen Wirkungen des Alcoholismus sind wohl bekannt;
es wftre jedoch erwûnscht, durch eine genaue und gleichmftssige Statistik in den
verschiedenen Culturlândem folgende Punkte festzustellen :
a. Die allj&hrlich in jedem Lande verbrauchte Menge eines jeden gegohrenen
oder destillirten alcoholischen Getrânkes.
b. Die Qualit&t dieser verschiedenen Getrânke betreffs ihres Alcoholgehaltes,
das heisst die Yerh<nisse ihres Inhaltes an ^tbylalkohol und an hOheren Alko-
holen der monoatomischen Reihe.
c. Die j&hrliche Statistik der dem Alcoholismus und den durch ihn erzeugten
verschiedenen Specialkrankheiten zuffeschriebenen Todesfalle.
d. Die jâhrliche Statistik der durch Alcoholismus verursachten Falle von Geis-
teskrankheiten.
e. Die jâhrliche Statistik der Yerbrechen und Vergehen, welche durch die
unter dem Einfluss der acuten oder chronischen Alkoholvergiftuug beiindlichen
Individuen begangen werden.
/. Die jâhrliche Statistik der Fftlle von Befreiung vom Militardieust, welche
dem Alcoholismus zuzuschreiben sind, sei es dass derselbe auf den Dienstpflich-
tigen unmittelbar oder mittelbar durch erblichen Einfluss gewirkt habe.
2. Es ist Pflicht der Gesellschaft die Geissel des Alcoholismus energisch zu
bek&mpfen, was sowohl durch Einschreiten des Staates als durch Einwirkung der
Individuen oder freier Yereine geschehen muss.
Yom Staate sind hauptsâchlich folgende Mittel anzuwenden :
a. Steuern auf die Production und den Yerkauf der destillirten Getr&nke, und
zwar um so hôhere Steuern je mehr unrcine Alkohole sie enthalten.
h. Hôhere Gewerbesteuern fUr die Detailh&ndler, welche neben gegohrenen auch
destillirte Getr&nke verkaufen.
c, Strengc Ueberwachung sowohl der gegohrenen als destillirten dem Publicum,
verkauften Getrânke und hohe Strafen gegen den Yerkauf verdorbener oder
gefâlschter Getrânke.
d, Strenge Gesètzgebung betreifs der dem Publicum geôffneten Anstalten^ wo
gegohrene oder destillirte Getrânke consumirt \\erden.
e, Bestrafung der ôifentlichen Trunkenheit.
Die Einwirkung von Einzelnen und von Yereinen wird sich besonders in folgen-
den Richtungen entfalten :
a. Bildung von Gesellschaften zum Zweck der Bekâmpfung des Missbrauchs
alkoholischer Getrânke, sowohl durch das von den Mitgliedern gegebene persôn-
liche Beispiel, als durch Propaganda zu Gunsten der Mâssigkeit.
b. Bildung von Spar- Yereinen.
c. Bildung von Yereinen zur Yerschaflfung von gesunden und wohlfeilen
Wohnungen, von Consumvereinen zum Ankauf der Xahrungsmittel, von Backerei-
und Metzgereivereinen, von Yolkskiichen und Sparherden.
d. Ermuthigungen fur die Fabrikation gesunder, wohlfciler und guter Getrânke.
e. Yerôffentlichung von Flugschriften und populâren Buchern, welche die
schâdlichen Wirkungen der alkoholischen Getrânke und die Yorzûge der Mâssig-
keit hervorheben.
f. Einrichtung von Anstalten, welche die Schenkwirthschaften ersetzen und
besonders der Arbeiterclasse andere Zerstreuungen als die der Kncipe bieten
kônnen.
3. Jedoch wird der Kampf gegen den Alcoholismus nur dann ernstliche Erfolge
haben, wenn es gelingt jede andere Alcoholart als den ^iCthylalcohol voUstândig
vom Handel auszuschliessen. Zu diesem Zwecke ist es nôthig :
a. Ein chemisches Reagens zu besitzen, welches genau und rasch in irgend
einer alcoholischen Flûssigkeit die darin enthaltene Menge nicht athylischen
Alkohols zu dosiren erlaubt.
b. Jede Bereitungsweise von Alkohol zu verbietcn, welche nicht eine vollkom-
mene Rectificirung der erhaltenen Produkte sichert.
Folglich ist es Pflicht des Staates und der gegen den Alcoholismus kâmpfenden
Yereine die Erforschung eines spedellen Reagens fur die hôheren Alcohole der
de la série monoatomique, spécialement Pusage de Palcool amylique, détermine
un empoisonnement aigu on chronique, une maladie connue sous le nom d'àkoo-
lisme.
Les effets individuels et sociaux de l'alcoolisme sont bien connus; toutefois il
serait désirable qu'une statistique exacte et uniforme fût dressée dans les divers
pays civilisés, pour établir :
a. la quantité de chacune des boissons alcooliques, fermentées ou distillées,
consommée annuellement dans chaque pays;
h. la qualité de ces diverses boissons au point de vue alcoolique, c'est-à-dire les
proportions dans lesquelles elles contiennent l'alcool éthylique et les alcools plus
, élevés de la série monoatomique;
^ c. la statistique annuelle des décès que l'on peut attribuer à l'alcoolisme et aux
I diverses maladies spéciales dont il est la cause ;
I d. la statistique annuelle des cas d'aliénation mentale causés par l'alcoolisme;
ï e, la statistique annuelle des crimes et délits commis par des individus sous
4 l'influence alcoolique aiguë ou chronique;
f, la statistiqne annuelle des cas d'exemption du service militaire que l'on peut
attribuer à l'alcoolisme, agissant soit directement sur le jeune homme exempté,
soit indirectement par l'influence héréditaire.
2. La société a le devoir de lutter énerdquement contre le fléau de l'alcoolisme.
Elle doit le faire autant par l'action de l'Etat que par celle des individus et des
associations libres.
Les moyens à employer par l'Etat sont essentiellement les suivants :
a. impôts sur la fabrication et la vente des boissons distillées, qui seront
d'autant plus élevés que ces boissons contiendront plus d'alcools impurs;
6. droits de patente plus élevés pour les débits qui vendront, à côté des bois-
sons fermentées, des boissons distillées;
c. surveillance sévère des boissons, tant fermentées que distillées, qui sont
vendues au public, et pénalités élevées frappant les vendeurs de boissons altérées
ou falsifiées;
d. législation sévère relative aux établissements ouverts au public pour la
consommation des boissons fermentées ou distillées ;
e. répression de l'ivresse publique habituelle et volontaire.
L'action des individus et des associations libres s'exercera principalement dans
les directions suivantes :
d. formation de sociétés ayant pour but de combattre l'abus des boissons
alcooliques, tant par l'exemple donné par leurs membres que par la propagande
en faveur de la tempérance;
h. formation de sociétés d'épargne et de prévoyance;
e. formation de sociétés ayant pour but de fournir des logements salubres et
à bon marché, de sociétés coopératives pour l'achat des denrées alimentaires, de
boulangeries et boucheries sociales, de cuisines populaires et de fourneaux écono-
miques;
d. encouragements pour la fabrication de boissons saines, économiques et de
bonne qualité;
e. puolication de brochures et ouvrages populaires faisant ressortir les funestes
effets de l'abus des alcooliques et les avantages de la tempérance;
f. organisation d'institutions qui puissent remplacer les débits de boissons, et
procurer, spécialement à la classe ouvrière, des délassements autres que ceux du
cabaret.
3. Toutefois, la lutte contre l'alcoolisme n'aboutira à des résultats sérieux que
lorsqu'on aura pu exclure absolument du commerce tout alcool autre que l'alcool
éthylique.
A cet effet il est nécessaire :
a. de posséder un réactif chimique qui nous permette de doser exactement et
rapidement, dans un liquide alcoolique quelconque, la quantité d'alcool non éthy-
lique qui y est contenue;
h. d'interdire toute fabrication d'alcool qui n'assurerait pas une rectification
parfaite des produits obtenus.
En conséquence, il est du devoir des Etats et des sociétés libres qui luttent
contre Palcoolisme d'encourager la recherche d'un réactif spécial pour les alcools
28 PROORAMHE.
monoatomischen Reihe iind die Aufsuchung und praktische Anwendung verroll-
kommneter Yerfahren der Alkoholfabrikation auf jede Weise zu unterstûtzeu.
(Nota. Dièse Schlasssatze sind zum Theil der Âbbandlimg ûber den AleoolUmw in der Sehweit
entnommeii, welcbe im Sept 1881 gemeinscbaftlich mit Herm StaaUrath Comtesse derscbwei-
zerisoben gemeinnûtzlicben Gesellscbaft vorgelegt wnrde.)
Zur Discussion angemeldet : D' Challand, dirigirender Arzt
der Cantonalen Irrenanstait Céry bei Lausanne.
DRITTE FRAGE
Der Einfluss d^s Mecca-Pilgerzugs auf die Verbreitung der
Choiera in JEuropa und im besonderen die Choiera- Epidémie von
1S81. D' A. Proust, in Paris, Mitglied der Académie de Méde-
cine und des ôflfentlichen Gesundheits-Collegiura von Frankreich.
SCHLUSSSiETZE
1. Der nach Mecca stattfindende Pilgerzug hat einen offenbaren Einfluss auf
die Verbreitung der Choiera in Ëuropa.
2. Die Choiera entsteht nicht spontan im Hedjaz, und hat daselbst nicht seinen
ursprûnglichen Sitz. Die Reisenden Niebuhr und Rurkhardt, welche Arabien vor
dem 1831 erfolgten Einzug der Choiera besuchten, beschreiben die dort gewôhnlich
herrschenden Krankheiten, ohne die Existenz der Choiera zu erw&hnen. Wenn
das He4jaz keinen ursprûnglichen Heerd darstellt und die Choiera sich dort nur
als eingeschleppte Krankheit zeigt, bildet hingegen Mecca einen âusserst gûnstigen
Roden ftir die Verstârkung, Verbreitung und Zerstreuung der Seuche.
3. Die Gefahr der Ëinschleppung ist heut zu Tage viel betrâchtlicher, seitdom
die Segelboote durch die Dampfschifffahrt ersetzt worden sind. Die gegen neue
Einfâlle der Choiera in Europa zu ergreifenden Massregeln wurden von der Con-
ferenz zu Constantinopel angegeben und von der Wiener Conferenz gebilligt. Sie
bezwecken den Schutz Ëuropa's vor Ëinschleppung der Seuche durch die Schiff-
fahrt.
£in Theil dieser Massregeln geht der Abfahrt der Pilger voran und besteht
haupts&chlich in der Anwendung des < Native passenger Act » in Indien : im
Augenblicke der Abfahrt ôndet eine Inspection statt, um sicher zu sein dass an
Rord weder UeberfûUung herrscht, nocli Cholerakranke sich befinden. Die Ver-
proviantirunff mit Wasser und Lebensmitteln muss ftir die Ueberfahrt^genûgend
sein und jeder Eingeschiffte muss eine gentigende Summe besitzen^um seine
Redûrfnisse w&hrend der Pilgerreise zu bestreiten.
4. Wenn trotz aller vor der Abreise ergriflFenen Vorsichtsmassregeln und der in
Mecca angeordneten hygienischen V-orschriften die Choiera daselbst doch ans-
bricht, 80 muss im Rothen Meer ein ganzes System von Ueberwachungs- und
Yertheidigungsmitteln organisirt werden, hauptsâchlich um Aegypten zu schûtzen,
welches man als Wall gegen die Ëinschleppung der Choiera in Ëuropa betrachten
kann. Der Verkehr Aegypten's mit allen mediterranen Staaten ist dermassen ent-
vrickelt, dass der Durchseuchung dièses Landes die Ëinschleppung im ganzen Mit-
telmeerbecken auf dem Fusse folgen wûrde, wie es 1865 geschah.
5. Die Massregeln brauchen nicht ftir aile im Rothen Meere segelnden Schiffe die
gleichen zu sein, man muss einen sehr bedeutenden Unterschied machen zwischen
den grossen indischen Postdampfern, welche unter ausgezeichneten hygienischen
Yerh<nissen, mit einem amtlich angestellten Arzte an Rord, in Suez anlangen,
PROGRAMME. 29
élevés de la série monoatomique et de favoriser de toute manière la recherche et
la mise à exécution de procédés perfectionnés pour la fabrication de Palcool.
{Nota. Ces oonclasioiis sont en partie empruntées ao mémoire sur l'alcoolisme en Suisse que
j'ai présenté avec M le conseiller d'Etat Comtesse, A la Société suisse d'Utilité publique en
septembre 1881.)
Orateur inscrit : D' Challand, médecin directeur de l'Asile
de Céry près Lausanne.
TROISIÈME QUESTION
Du rôle du pèlerinage de la Mecque sur la propagation du cho-
léra en Europe^ et en particulier de V épidémie cholérique de 1881.
M. le D' A. Proust, à Paris, membre de l'Académie de médecine
et du Comité d'hygiène publique de France.
CONCLUSIONS
1. Le pèlerinage qui a lieu chaque année à la Mecque a une influence évidente
sur la propagation du choléra en Europe.
2. Le choléra ne naît pas spontanément dans le Hedjaz, il n'y a pas un foyer
originel. Les voyageurs Niebuhr, Rurkhardt, qui ont visité l'Arabie avant l'inva-
sion de 1831 décrivent les maladies qu'on y observe habituellement et n'y mention-
nent pas l'existence du choléra. Mais si le Ue^jaz n'est pas un foyer originel, si le
choléra ne s'y montre que lorsqu'il a été importé, la Mecque est un milieu, et un
milieu très favorable au renforcement, à la propagation et à la dissémination de
l'épidémie.
3. Le danger de l'importation est aujourd'hui beaucoup plus considérable,
depuis que la navigation à vapeur a remplacé les bâtiments à voile. Les mesures
à employer contre de nouvelles invasions du choléra en Europe ont été recom-
mandées par la Conférence de Constantinople et approuvées par la Conférence de
Vienne. Elles ont pour but de préserver l'Europe contre le retour du choléra par
la voie maritime.
Les unes précèdent le départ des pèlerins, et consistent surtout dans l'applica-
tion dans l'Inde du Native Passenger Act; il y a inspection au moment du départ
pour s'assurer qu'il n'y a à bord ni encombrement, ni aucun passager atteint de
choléra. L'approvisionnement d'eau et de vivres doit être suffisant pour le voyage
et tout individu embarqué doit posséder une somme suffisante pour pourvoir à ses
besoins pendant le pèlerinage.
4. Si, malgré les précautions prises avant le départ et les prescriptions hygiéniques
exécutées à la Mecque, le choléra s'y développe, il importe d'organiser dans la
mer Rouge tout un système de surveillance et de défense ayant pour principal
objectif la protection de l'Egypte, considérée comme barrière contre l'importation
dn choléra en Europe. Les relations de ce pays avec tous les États méditerranéens
sont telles, en effet, que si l'Egypte était envahie, tout le bassin de la Méditerra-
née le serait bientôt comme en 1865.
5. Ces mesures ne doivent pas être les mêmes pour tous les bateaux qui naviguent
dans la mer Rouge, et on doit établir une très grande différence entre les grands
paquebots qui arrivent de l'Inde à Suez dans d'excellentes conditions hygiéniques,
ayant un médecin commissionné à bord; et les navires à pèlerins, qui sont dans
une situation tout opposée.
Ces mesures ne sauraient donc être préjudiciables qu'au trafic coupable qui
exploite les malheureux pèlerins de leur départ de Djeddah jusqu'à Suez.
30 PROGRAMME.
und den in ganz entgegengesetzten Yerhàltnissen befindlichen Pilgerschiffen.
Besagte Masaregeln kônnten alto nur jeoen Schiffen nachtraglich sein, welche
die un^lOcklichen Pilger von Djeddah bis Suez bringen und dabei meist auf
iinredliche Weiae ausbeuten.
6. Seit der Epidémie von 1865 haben dieselben drei praktische Proben bestan-
den, welche jedesmal von Erfolg gekrônt waren, nârolich 1872, 1877 nnd 1881.
Die Choiera zeigte sich Anfangs August 1881 in Aden. Von £nde Septem-
ber an wttthete sie in Mecca, wo sie durch die Pilger von demselben Schiffe, wel-
ches die Seuche nach Aden gebracht, eingeschleppt worden war. Zuerst waren in
Mecca nur einzelne Choleraf&lle; als aber die Pilger fOr die Feste versammelt
waren, nahm die Seuche eine betrâchtliche Entwicklung. Nach einigem Zôgem der
œgyptischen Regierung wurde zu El Ouedj eine Quarantaine angeordnet; Ende
November war das Lager fertiggestellt, mehrere ankomroenden Pilger-Zûge
brachten die Choiera dahin, und die Seuche erlosch erst nach ungefâhr einem
Monat. Die Pilger durften erst dann nach ihrer Heimath zurûckreisen und in den
H&fen, wo sie landeten, wurde kein Cholerafall beobachtet. So wurde durch die
vom intemationalen Gesundheitsrath in Alexandria angeordneten Massregeln
der Fortschritt der Seuche gehemmt und Europa blieb von der Choiera ver-
schont.
7. Es lîegt also im Interesse Europa's an dem im Rothen Meer eingerichteten Ver-
theidigungssystem fest zu halten und darauf zu dringen, dass die Quarantaine bel
RQckkehr der Pilger aus Mecca in dem von Suez 350 Meilen entfemten El Ouedj
Rtattfinde. Dem intemationalen Gesundheitsrath zu Alexandria, welcher aus
Delegirten der verschiedenen europftischen Staaten besteht und dessen Beschlûsse
denen einer von so schweren und hftufigen Krisen betroffenen und gegenwartig von
Kriegsobersten beherrschten Regierung weitaus ûberlegen sind, muss von Europa
die nôthige Autoritât gesichert werden.
VIERTE FRAGE
Uéberdie Mucorinen : D'Lichtheim, Prof, der inneren Medicin
an der Unîversitftt Bem.
FUNFTE FRAGE
Ueber das gdhe Fieber in seinen Beziéhungen zur internatich
nalen Hygiène. D' Layet, Prof, der Hygiène an der med. Facul-
tftt in Bordeaux.
SCHLUSSSJETZE
1. Ohne Europa unmittelbar zu bedrohen, gehôrt das gelbe Fieber zu den inter-
nationalen Seuchen, welche in Folge der wachsenden Yervielfâltigung der inter-
nationalen Verkehrswege zu immer grôsserer Yerbreitung neigen.
2. Sowie die Choiera von Osten her Europa ûberzog, nachdem sie etappenweise
vorgeschritten und der Reihe nach verschiedene Endemie-Herde in Asien beschla-
gen, 80 bereitet sich das gelbe Fieber vor, von Westen her nach Europa einzudrin-
gen, indem es successive an immer neuen Herden in America auftritt und die Gren-
zen seines Einschleppungsgebietes immer mehr erweitert.
3. Die klimatischen, geographischen und Raçen-Bedingungen, welche anfânglich
als wesentliche Factoren fur das Auftreten und die progressive Yerbreitung des
gelben Fiebera galten, sind nicht mehr als solche zu betrachten. So besitzen die
PROGRAMME. 31
6^ Elles ont été, depuis Tépidémie de 1865, soumises à trois épreuves pratiques,
qui, trois fois, ont été couronnées de succès, en 1872, 1877, et l'an dernier.
Au commencement d'août 1881, en effet, le choléra se montra à Aden. Dès la
fin de septembre, il se manifesta à la Mecque où il fut importé par les pèlerins
provenant du même navire qui avait communiqué la maladie à Aden. Il n'y eut
d'abord à la Mecque que quelques cholériques; mais lorsque les pèlerins furent
rassemblés au moment des fêtes, l'épidémie prit un développement considérable.
Après quelques tergiversations du gouvernement égyptien, une quarantaine fut
établie à £1 Ouec^; les campements y furent prêts vers la fin de novembre; cer-
tains arrivages y apportèrent le choléra et la maladie ne s'y éteignit qu'après un
mois environ. Les pèlerins purent bientôt partir pour leur destination définitive et
aucnn cas de choléra ne fut constaté dans les ports où ils abordèrent.
Ainsi, grâce aux mesures prises par le conseil international d'Alexandrie, l'épi-
démie fut arrêtée et nous fûmes préservés du choléra.
7. L'Europe a donc intérêt à maintenir le système défensif installé dans la mer
Bouge, en insistant sur ce point, que la quarantaine des pèlerins à leur retour de
la Mecque doit avoir lieu à El Ouedj qui est situé à 350 milles de Suez; elle doit
fortifier le conseil sanitaire international d'Alexandrie qui est une commission
internationale composée des délégués des différents états de l'Europe, et dont les
décisions sont bien supérieures à celles d'un gouvernement qui a souvent traversé
des crises redoutables et qui subit en ce moment le régime des Colonels.
QUATRIÈME QUESTION
Sur les Mucorinées : D' Lichtheim, professeur de clinique
médicale à l'Université de Berne.
CINQUIÈME QUESTION
La fièvre jaune devant V hygiène internationale. D' Layet,
professeur d'hygiène à la Faculté de médecine de Bordeaux.
CONCLUSION
1. La fièvre jaune, sans menacer immédiatement l'Europe, tend, comme tout
fléau épidémique international, à accroître son domaine avec la multiplicité tou-
jours plus grande des voies de communication internationales.
2. De méipe que le choléra a envahi l'Europe par l'Orient en procédant par
étapes et par la création successive de foyers endémiques asiatiques; de même la
fièvre jaune prélude à l'invasion de l'Europe par l'Occident, par la création
successive de foyers endémiques américains et par une extension toujours crois-
sante de ses limites d'importation.
3. Les conditions de climat, de situation géographique et de race qui parais-
saient être, au début, essentielles aux manifestations de la fièvre jaune ont cessé
d'être des facteurs inéluctables dans son évolution progressive. Ainsi les latitudes
élevées, l'intérieur des continents, les races colorées n'ont plus vis-à*vis de la
32 PROGRAMME.
hohen Breitengrade, die continentalen Binnenlftnder, die farbigen Menschenraçen
keine Immunit&t mehr gegen das gelbe Fieber, wie man nach den Erfahnmgen
der ersten Zeiten glaubte aimehmen zu mûssen.
4. Das Fortschreiten des gelben Fiebers in America folgt den Hauptverkehn-
wegen zu See und Fluss. Wie die Choiera, sah man das gelbe Fieber die Menschen-
wanderungen begleiten, den Heeres- und Handelstransporten sich anschliessen.
5. Das gelbe Fieber ist schon verschiedentlich in Europa erschienen. Die
Seuche trat mehrmals in den sûdlichen Gegenden dièses Continents auf. Mehrere
Maie scheiterte sie, so zu sagen, in den Lazarethen der l&ngs seiner atlantischen
Kttsten gelegenen Handels- und Kriegshâfen.
6. Nichts berechtigt zu der Behauptung, das gelbe Fieber kônne nicht eines
Tags auch in Europa eindringen.
7. Die friihzeitigen Schutzmassregdn sind stets in ihren Erfolgen wirksamer und
in ihrer Anwendung weniger stôrend, als die spot ergriffenen Sehutzmassrtgdn.
8. Es ist daher Pflicht eines internationalen Congresses europ&ischer Hygie-
niker, sich mit der so wichtigen Frage der Yerbreitung des gelben Fiebers zu
beschftftigen, und zu heurtheUeny ob nicht fur Europa der Zeitpunkt gekomtnen set
eine Vereinbarung mit America zu treffen, hehufa des Studium^s und der Einrich-
tung eines internationalen Sanitatsdienstes zur speciellen Verfolgung der Fortschritte
des gelben FUbers,
Zur Discussion angemeldet : D' Formento, Delegirter desGe-
sundheitsraths des Staates Louisiana, in Neu-Orleans; D' Bourru,
Prof, der Hygiène an der Marine ârztlichen Schule in Rochefort.
SECHSTE FRAGE
Von der ifUernationalen Prophylaxis. D'DA Silva Amado, Prof,
der Hygiène an der Universitat Lissabon.
SCHLCSSSiETZE
1. Die Grundlage jedes rationellen Systems internationaler Prophylaxis muss
auf der Schôpfung einer Kôperschaft Ton internationalen Sanit&ts&rzten beruhen.
Dieselben sollen von ansteckenden Seuchen endemisch heimgesuchten Ortschaften
bewohnen und sich an die Orte begeben wo sich eine Epidémie derselben Art
entwickelt.
2. Die Befugnisse dieser Aerzte werden sein :
a. Die betreffenden Krankheiten zu erforschen;
b. Den Regierungen in deren amtlichen Dienste sie stehen regelm&ssige
Berichte zu erstatten ;
c. Die Consulen bei der Sanit&tsvisite zu unterstûtzen, welcher die Schiffe im
Abgangshafen unterworfen sein sollen, vordem man ihnen das Gesundheitpatent
ausliefert.
3. Die Quarantainen, wie sie gegenw&rtig bestehen, sind fur die ôffentliche
Gesundheit so ziemlich nutzlos und fur die Handelsinteressen hôchst nachtheilig,
denn die Zeitdauer derselben ist filr eine richtig angestellte Desinficirung zu
lang, dagegen fur den Ablauf der Incubationsperiode ansteckender Seuchen zu
kurz.
4. Die yermeintliche chemische Desinficirung des Reisegep&cks und der Waaren,
wie sie in den Lazarethen geiibt wird, ist in Wirklichkeit nur eine mehr oder
minder ungenûgende Ltiftung zu nennen.
5. Jede Quarantaine ftir Personen soll auf 24 Stunden beschr&nkt werden, eine
genUgende Zeit um die Reisenden und die Mannschaft zu untersuchen um sich
zu versichern ob unter ihnen yerd&chtige Kranke sind und das Gep&ck durch
Erhitzung zu desinficiren.
PROGRAMME. 33
fièrre jaune Pimmunité que l'expérience des premiers temps leur a pu faire
attribuer.
4. En Amérique, la fièyre jaune suit dans ses progrès les principales voies de
communication maritimes et fluviales. Comme le choléra, on l'a vue s'attacher aux
mouvements humains, s'avancer avec les transports militaires ou commerciaux.
5. La fièvre jaune a déjà fait diverses apparitions en Europe. Elle a sévi dans
les contrées méridionales de ce continent; à plusieurs reprises, elle est venue
s'échouer, pour ainsi dire, dans les lazarets de ports de commerce ou de guerre
situés sur toute l'étendue de son littoral atlantique.
6. Rien ne peut autoriser à affirmer que la fièvre jaune ne saurait envahir
l'Europe un jour.
7. Les mesures de préservation anticipée amènent toujours des résultats plus
efficaces, et présentent toigours un caractère moins vexatoire que les mesures de
préservation tardice,
8. C'est pourquoi un Congrès international d'hygiénistes européens a le devoir
de s'occuper d'une question aussi importante que celle de l'extension de la fièvre
jaune et de juger si le moment n*est pas venu pour VEurope de s^entefidre avec
PAmériquc afin d'étudier et d'étciblir un service sanitaire international visant
spécialement les progrès de ce fléau épidémique.
Orateurs inscrits : D' Formento, membre délégué du Board of
Health ofthe State ofLouisiana à la Nouvelle-Orléans. D' BOURRU,
professeur d'hygiène à l'École de médecine navale à Rochefort.
SIXIÈME QUESTION
De la prophylaxie internationale. D' da Silva-Amado, Prof,
d'hygiène à l'Université de Lisbonne.
CONCLUSIONS
1. La base de tout svstème rationnel de prophylaxie internationale doit s'ap-
puyer sur la création d'un corps de médecins sanitaires internationaux, résidant
dans les localités où il y a des endémies pestilentielles, et qui devront se porter
là où une épidémie de même nature se développera.
2. Ces médecins auront pour mission :
aj Étudier ces maladies.
b) Donner des avis uniformes à tous les gouvernements dont ils seront les fonc-
tionnaires.
ej Aider les consuls dans la visite sanitaire qui doit être faite aux navires dans
le port de départ, avant que l'on délivre la patente de santé.
3. Les quarantaines, telles qu'elles sont établies maintenant, sont à peu près
inutiles pour la santé publique et très préjudiciables aux intérêts commerciaux ;
car le temps que dure la quarantaine est trop long pour une désinfection bien
dirigée, et trop court pour l'écoulement de la période d'incubation des maladies
pestilentielles.
4. La prétendue désinfection chimique des bagages et des marchandises qu'on
pratique dans les lazarets n'est en réalité qu'une aération plus ou moins insuffi-
sante.
5. Toute quarantaine pour les personnes doit être limitée à 24 heures, temps
suffisant pour examiner les voyageurs et les équipages, pour voir s'il y a parmi
eux des malades suspects, et pour désinfecter les bagages par la chaleur.
34 PROORAMME.
SIKBENTE FRAGË
Prophylaxis der Pdlagra. — D' J. Félix, Prof, der Hygiène
an der Universitftt Bucharest.
ACHTE FRAGE
Die Crrundsàùse der Gesundheits-VerwaUung in England, —
D' AcLAND, Prof, an der Universitat Oxford.
Zur Discussion angemeldet : D' Edwin Chadwick, emerit.
Vorstand des Gesandheitsraths von London.
Die iTALiENiscHE Gesellschaft for Hygiène wird eine
Sammlung von Documenten uber die Sanitats-Einrichtungen des
Kônigreichs Italien vorlegen.
NEUNTE FRAGE
VerwaUung der ôffentlichen Gesundheit in den verschiedefien
Staaten, Mnrichtung , Personal^ Ausgabenj Vorbereitende Studie^t,
Spécial' Aemler . — Herr A. J. Martin, 2, General-Secretâr der
Société de médecine publique in Paris.
ZEHNTE FRAGE
Uéber den umhentUchen Buhetag vont Standpunkt der Gemnd-
heit^ege. D' Hjegler in Basel.
SCHLUSSSJSTZE
1. Der menschliche Organismus ist so eingerichtet, dass er von sieben Tagen je
einen zur Erholung von leiblicher und geistiger Arbeit bedarf.
Der wOchentlicbe Erholungstag ist dem Menschen um so nothwendiger, je
anstrengender oder je einfôrmiger die Arbeit nnd je mehr dieselbe mit gesand-
heitsscb&dlichen Einnûssen verbunden ist.
Der Mangel des wôchentlichen Ruhetages schâdigt auf mancherlei Weise
Gesundheit und Arbeitskraft und fûhrt allm&hlig zu unheilbarem Siechthum, zu
frûher Erwerbsunfâhigkeit und vorzeitigem Te de. Ausserdem wird durch unaus-
PROGRAMME. 35
SEPTIÈME QUESTION
Prqphylaocie de la Pellagre. — D' J. Félix, professeur d'hy-
giène à l'Université de Bucharest.
HUITIÈME QUESTION
Les principes de V administration sanitaire en Angleterre. —
D' ACLAND, professeur à l'Université d'Oxford.
Orateur inscrit : D' Edwin Chadwick, ancien président du
Bureau d'hygiène à Londres.
La Société italienne d'hygiène présentera un recueil de
documents sur les institutions sanitaires en Italie.
NEUVIÈME QUESTION
Administration de la santé publique dans les divers Etats. Orga-
nisation^ personnel ^ budget, études préparatoires y services spéciaux.
— M. A.-J. Martin, à Paris, secrétaire général adjoint de la
Société de médecine publique.
DIXIÈME QUESTION
Le repos hebdomadaire au point de vue hygiénique. D' H^GLER,
à Bâle.
CONCLUSIONS
1. L'homme est organisé de telle manière qu'il a besoin d'un jour par semaine
pour se reposer du travail corporel et intellectuel.
L'absence de repos hebdomadaire peut produire des désordres pathologiques :
U dûnination des forces, une langueur progressive et incurable, l'incapacité de
tzwrail et la mort prématurée.
Ce repos est d'autant plus nécessaire à l'individu que le travail est plus fatigant,
pins monotone et qu'il s'accomplit dans des conditions moins favorables à la santé.
Le travail continu a aussi pour effets : le manque de sécurité dans les services
36 PROGRAMME.
gesetzte Arbeit der Trunksucht Yorschub geleistet, die ôffentliche Sicherheit im
Yerkehrsdienst beeintrâchtigt und das Familienleben gestôrt.
2. Damit der wôchentliche Ruhetag seiner hygienischen Bestimmung entspreche,
genûgt es nicht, dass der Arbeiter an irgend einem von sieben Tagen seine Arbeit
einstelle, sondern es muss dieser Erholungstag so viel als immer môglich fur Aile
gleichzeitig und dadurch auch àusserlich ruhiger und stiller sein als andere Tage.
Dieser Tag muss wirklich der Wiederherstellung der verbraucbten Kraft
ffewidmet und desshalb Kôrper und Geist anders beschâftigt werden als w&hrend
der Arbeitstage, in reinerer Luft, reinerer Kleidung und Wohnung. Als dem
gesundheitlichen Punkte entgegenwirkend muse sowohl indolente, stumpfe Ruhe,
als besonders aucb der Missbrauch alkoholischer Getrânke und jede Yergeudung
der Kr&fte bei aufregenden Lustbarkeiten vermieden werden.
3. Der lY. internationale Congress fur Gesundheitspflege, abgehalten in Genf
im September 1882, empfiehlt den Regierungen und Verwaltungen, den Direc-
tionen der Eisenbabnen, Posten und anderer ôffentlichen Yerkehrsanstalten, den
Leitem industrieller und commercieller Unternehmungen und Werkstâtten aufs
angelegentlichste, so viel als immer môglich allen von ihnen abh&ngigen Menschen
in jeder Woche einen vollen Tag der Ruhe zu gewâhren oder zu verschaifen und
zur Erfiillung seines gesundheitlichen Zweckes nach den oben ausgesprochenen
Grundsâtzen beizutragen.
ZWEITE SECTION
ŒFFENTLICHE HYGIENE, MILITiER-HYGIENE
SPITAL-HYGIENE
PROVISORISCHER VORSTAND
Pràsident : D»" Piachaud.
Vice^Pràsidenten : Prof. D*" Gosse, Prof. D»" Oscar Wyss (Zurich),
D^ Maunoir.
Schriftfiihrer : D»" E. Chenevière, D"* A. Mayor.
ERSTE FRAGE
Desinficirung der Krankenzimmer nach ansteckenden Krank-
heiten. D' Valun, Professer der Hygiène am Val-de-Grâce, Re-
dactor der Bevtie d'hygiène.
SCHLVSSSiBTZE
1. An jedem Orte sollte durch Polizeiyerordnungen die Desinficinmg des Kran—
kenzimmers und der vom Kranken benntzten Gegenstànde bei folgenden Krank—
heiten befohlen werden : Blattem, Scharlach, Masem, Diphtheritis, Deot3rphii89.
Flecktyphus, Choiera, Kindbettfieber. Die Desinficirung ist ganz besonders*
geboten in Gasthôfen, Logirh&usem und ûberhaupt von einer grôsseren AnzahJ.
Menschen gemeinschaftlich bewohnten Hâusem.
PROGRAMME. . 37
de transport, le penchant pour les boissons et les excès alcooliques, et la ruine de
la vie de famille.
2. Pour que le repos hebdomadaire atteigne son but hygiénique, il ne suffit pas
que le travailleor suspende son travail un jour quelconque de la semaine; il faut
que le jour du repos soit autant que possible le même pour tous, afin qu'il soit un
jour plus tranquille, plus paisible que les autres jours.
n faut que ce jour-là soit réellement employé à réparer les forces dépensées, et
que le corps et l'esprit aient d'autres occupations que les jours ouvrables. Ce jour
doit se passer dans un air plus pur, dans des habits et des chambres plus propres;
il faut éviter tout repos insalubre, indolent, apathique, l'usage abusif des boissons
alcooliques et la dissipation des forces par les divertissements excitants et mal-
sains.
3. En conséquence, le IV"« Congrès international d'Hygiène, réuni à Genève en
septembre 1882, recommande de la manière la plus pressante aux gouvernements
et aux administrations, aux directions des chemins de fer, des postes et des autres
services publics, aux sociétés industrielles et commerciales, aux chefs d'atelier,
d'accorder ou de faire accorder, autant que possible, à tous ceux qui sont sous
leur dépendance, la liberté d'un jour de repos par semaine, et de concourir à son
but hygiénique d'après les principes ci-dessus (exprimés.
DEUXIÈME SECTION
HYGIÈNE PUBLIQUE, MILITAIRE ET HOSPITALIÈRE
BUREAU PROVISOIRE
Président : D» Piachald.
Vice-Présidents : Prof. D' Gosse, Prof. D»* Oscar Wyss (à Zurich),
D>' Maunoir.
Secrétaires : D' E. Chenevière, D' A. Mayor.
PREMIÈRE QUESTION
De la désinfection de la chambre des malades à la suite des affec-
fms contagieuses. D' Vallin, à Paris, professeur d'hygiène au
Val-de-Grâce, rédacteur en chef de la Revue d'hygiène.
CONCLUSIONS
1. Dans toute localité, des règlements de police devraient assurer la désinfection
^ la chambre et des objets contaminés par une personne atteinte d'une des mala-
des suivantes : variole, scarlatine, rougeole, diphtérie, fièvre typhoïde, typhus
P^échial, choléra, infection puerpérale. Cette désinfection est particulièrement
nécessaire dans les hôtelleries, les garnis, les maisons communes à un grand nom-
bre de locataires.
38 PROGRAMME.
2. Bedingungen dieser Massregeln sind : Anzeigepflicht fur aile ansteckenden
Krankheitsf&lle, Anstellung von mit Ausfûhrung und Ueberwachung derselben
betraaten Bearoten, und Strafbestimmangen fur Unterlassung.
3. Die Yerordnungen mûssen kurz und genau abgefasst und von Instructionen
begleitet sein, welche jedem Bewobner eines Ton einer ansteckenden Krankheit
heimgesuchten Hauses eingeh&ndigt werden und bei Gefahr einer solchen zur reich-
lichen Vertheilung koramen mûssen.
Dièse Instructionen kônnten folgende Empfehlungen enthalten, welche ver-
schieden sein werden, je nacbdem der Kranke das Zimmer noch bewohnt, oder
aber es in Folge Ton Heilung, Ton Tod oder Ton Wegzug Terlassen hat.
A. Massregeln vor und wàhrend der Krankheit.
4. Das Krankenzimmer soll von der ûbrigen Wohnung getrennt sein, ohne Yer-
bindung mit andem bewohnten Zimraern. Der Yerschluss der Thûren durch mit
desinficirender LOsung getrânkte Gardinen oder Vorh&nge kann nur geringe
Dienste leisten. Evacuirung der anstossenden Zimmer ist vorzuziehen.
5. Vor oder bei Ankunft des Krankcn mûssen aile nicht absolut nôthigen Gegen-
stànde, welche leicht inficirbar sind, aus dem Zimmer entfernt werden, um deren
sp&tere Desinficirung oder Zerstôrung zu vermeiden (Gardinen, Thûrvorhànge,
Teppiche, mit Stoff ûberzogene oder gepolsterte Môbel, Kleiderschrànke, etc.).
6. Die Zahl der Besucher und der Pfleger ist auf das Minimum zu beschrànken.
Letztere sollten stets ûber ihrer Kleidung eine Art Ueberwurf oder langen Schutz-
rock aus leicht zu waschendem Leinen tragen, um ihre Kleider vor jeder Verun-
reinigung zu bewahren. Im Falle sie vorûbergehend das Zimmer zu verlassen
genôthigt sind, mûssen sie diesen Rock ausziehen und ihn im Zimmer zurûck-
lassen. Jeder Besucher soll sich die H&nde mit einer Thymollôsung (2 %o) oder
einer âhnlichen Lôsung waschen.
7. Die vom Kranken benutzte Kôrper- und Bettwâschc, das Verbandzeug, etc.,
muss sofort in ein im Krankenzimmer oder dessen Nebenr&umen stehendes Becken
getaucht werden, welches eine desinficirende Lôsung enth<, wofûr Chlorzink-
lôsung (10 Gr. auf ein Liter) sehr geeignet erscheint. Doch mûssten diesem Salz
einige Gramm unreiner Carbolsdure zugesetzt sein um Yergiftungen vorzubeugen.
Nach einigen Stunden Eintauchens wird die W&sche ausgerungen und unmittelbar
zum Auskochen geschickt. Das Yerbandzeug, die 8chw&mme, Instrumente, Rôh-
ren, etc., mûssen auf gleiche Weise desinficirt werden.
8. Die Entleerungen der Kranken mûssen in eigene, fortwâhrend bereit gehal-
tene und mit einer gewissen Menge desinficirender Lôsung gefûllte Gef&sse auf-
genommen werden : 2 procentige Chlorzinklôsung, 5 procentige Lôsung von
Eisenvitriol, Chlorkalk, Schwefels&ure oder Salzsaure.
9. Der Boden muss behufs tftglicher Entfernung des Staubes mit feuchtem Sande
bestreut werden. In Krankheiten mit Schuppenabschûlferung (Blattern, Schar-
lach) ist es gerathen den Boden fortwâhrend mit einer dûnnen Schicht Sand bedeckt
zu halten, welcher durch Beimischung eines zugleich antiseptischen und hygrosco-
pischen Saizes, wie Gblorzink oder Calium chloratum pyrolignosum, feuclit bleibt.
Der Kebricbt soll alltaglich im Krankenzimmer selbst verbrannt werden.
10. U&ufiges Ausklopfen und Ausschûtteln der Bettdecken und Matrazen ist zu
vermeiden. Es ist besser das Bettzeug von Zeit zu Zeit zu erneuem und jedesmal
einem grûndlichen Reinigungsprocess zu unterwerfen. Die mit H&cksel gefûllten
Sâcke leisten in solchen Fàllen grosse Dienste, sie liefem ein gutes Lager und sind
leicht zu Terbrennen, sobald sie verunreinigt sind.
11. Es ist vortheilhaft im Krankenzimmer fortw&hrend ein lebhaftes und helles
Feuer zu unterhalten, durch welches die Zimmerluft erneuert und theilweîse
gereinigt, die Yerbreitung der Miasmen nach aussen verhindert wird. Continuir-
liche Yentilation durch ein Luftloch oder eine oflfene Scheibe im obersten Theil
des Fensters wird die Reinigung und Desinficirung der Zimmerluft begûnstigen.
12. In gewissen F&llen ist es nûtzlich gegen die Wànde und in die Luft des Zim-
mers desinficirende Flûssigkeit zu zerst&uben. (Thymollôsung 2%o mit geringem
Alcoholzusatz, 1 procentige Carbollôsung, etc.).
13. Die Wftnde sollten wenigstens zweimal wôchentlich mit einem Schwamm
oder Tuch, in die gleiche Lôsung getaucht, abgewischt werden.
PROGRAMME. 39
2. Ces dispositions impliquent la déclaration obligatoire des cas de maladie con-
tagieuse, la création d'agents d'exécution et de surveillance, et la sanction de
pâalités en cas d'infraction aux arrêtés.
3. Les arrêtés doivent être brefs et précis. Ils doivent être accompagnés
d'instructions destinées à être mises avec prodigalité entre les mains de toute
personne habitant une maison où est survenu un cas de maladie contagieuse, par-
tout où il y a un danger de ce genre à éviter ou des mesures à prendre.
Les instructions pourraient contenir les recommandations suivantes, qui varient
selon que le malade habite encore sa chambre, ou selon qu'il l'a quittée par gué-
rison, mort, ou éloignement.
A. Mesures avcmt et pendant la maladie.
4. La chambre destinée au malade doit être choisie isolée de l'appartement,
sans communication avec d'autres chambres habitées. L'occlusion des issues, à
Taide de portières ou de rideaux imprégnés d'une solution désinfectante, ne peut
rendre que des services restreints; l'évacuation des chambres voisines est une
mesure préférable.
5. Avant l'arrivée du malade ou dès son arrivée, on doit éloigner de la chambre
tous les objets d'une imprégnation facile qui ne sont pas d'une absolue nécessité,
afin de ne pas avoir à les désinfecter ou à les détruire plus tard (rideaux, por-
tières, tapis, meubles couverts en étoffes et rembourrés, garde-robe du malade, etc.).
6. Il faut réduire au strict nécessaire le nombre des visiteurs et des garde-
malades; ces derniers devraient toujours porter par-dessus leurs vêtements une
sorte de robe, houppelande ou sarrau en toile facile à laver, afin de protéger leurs
vêtements de toute souillure profonde. Dans le cas où ils seraient forcés de quitter
momentanément la chambre, ils devraient quitter ce vêtement et le suspendre à
l'intérieur. Tout visiteur devrait s'astreindre à se laver les mains avec une solu-
tion de thymol à 2 pour mille, ou autre.
7. Le linge de corps et de literie sali par le malade, le linge de pansement, etc.,
doit être plongé immédiatement dans un bassin, laissé en permanence dans la salle
ou ses dépendances, et contenant une solution désinfectante : le chlorure de zinc,
à la dose de 10 grammes par litre, convient très bien à cet effet; mais le. sel lui-
même devrait être additionné de quelques grammes d'acide phénique impur, pour
écarter tout danger d'empoisonnement. Après quelques heures d'immersion, le
linge serait exprimé et envoyé directement à la lessive. Les objets de pansement
(éponges, instruments, canules, etc.) doivent être désinfectés de la même façon.
8. Les déjections des malades doivent être reçues dans des vases contenant en
permanence et par avance une certaine quantité de liquide désinfectant : solution
de chlorure de zinc à 2 pour cent, de sulfate de fer, de chlorure de chaux, d'acide
solfurique ou chlorhydrique à 5 pour cent.
9. U faut relever chaque jour les poussières qui recouvrent le sol en y projetant
avant le balavage du sablon humide : dans les cas de maladie à desquamation
(variole, scarlatine), il est utile de laisser en permanence sur le plancher de la
chambre une mince couche de sablon maintenu humide par un sel à la fois anti-
septique et hygrométrique comme le chlorure de zinc ou le chlorure de calcium
pyroligneux.
Chaque jour, les produits du balayage seront brûlés dans un foyer allumé dans
la chambre même du malade.
10. L'on doit éviter de battre et de secouer fréquemment les couvertures et les
matelas du malade ; il est préférable de renouveler la literie de temps en temps,
et d'en soumettre les pièces à une épuration sérieuse. Les sacs remplis de balle
d'avoine rendent dans ce cas de grands services ; ils constituent un bon couchage,
et il est facile de les détruire par le feu dès qu'ils sont souillés.
11. 11 est avantageux d'entretenir en permanence dans la chambre des malades
un feu vif et clair, pour renouveler l'air, empêcher la diffusion des miasmes au
dehors, et purifier en partie l'air souillé de l'enceinte : une ventilation continue
par une ventouse ou un carreau ouvert à la partie la plus élevée de la chambre
concourra à l'assainissement et à la désinfection.
12. Dans certains cas, il sera utile de projeter sur les parois et dans l'atmos-
phère de la chambre un nuage d'une solution désinfectante pulvérisée (solution de
40 PROGRAMME,
14. Den Xutzen und dieUnschâdlicbkeitgewisserGasentwickelungen imKranken-
zimmer, wie Sauerstoffgas, Ozon, Stickstoffâther oder ^thylnitrit, schweflige
S&ure, salpetrige Sfture, in kleinen fortw&hrend erneuerten Mengen bat die Erfab-
ruDg nocb nicbt genûgend bewiesen. Doch Ifisst sich von diesen >Iitte1n scbon jetzt
eîn gewisser Nutzen fur Desinficining und Zerstôrung der Miasmen annebmen.
15. Im Todesfalle muss die Leicbe mit einer starken, 5 bis 10 procentigen
Cblorzinklôsung gewascben, das Leichentucb mit derselben Lôsung angefeucbtet
werden. Die Leicbe wird im Sarge mit stark carbolisirten Sflgespftbnen bedeckt.
Der bermetiscb verscblossene Sarg muss bis zur Fortscbaffung der Leicbe in dem
Sterbezimmer bleiben.
B. Massregeln nach Evincuirung des Zimmers,
16. Jedes Zimmer, welcbes von einem Kranken bewobnt war, der an einer der
oben genannten Krankheiten litt, muss der Desinficirung unterworfen werden.
17. Die practiscbste und wirksamste Metbode der Desinficirung bestebt in Râu-
cherung.
18. Eine sebr m&cbtige Desinficirung crzielt man durcb rascbe Entwicklung
grosser Mengen von Untersalpetersâure (Kupferspàbne 300, Salpetersâure
1500 Gr., Wasser 2 Liter, fttr 50 Cubikmeter Raum). Doch ist dies Mittel fur
Personen und Gegenstftnde gefiibrlicb und kann nur in vollstfindig ausgeleerten
Ràumen und in scbweren Infectionsfflllen gebraucbt werden.
19. Langsame und lang fortgesetzte Entwickelung von Stickstoffoxyden und
salpetriger S&ure mit Hûlfe der Krystalle der Bleikammern (Scbwelelsaures Nitro-
syl) scheint sebr vortbeilbaft, docb muss weitere Erfabrung den Nachweis ibres
ifutzens und ibrer Unscbadlicbkeit liefern.
20. Gegenwfirtig ist nocb die schweflige S&ure das practiscbste, zuverl&ssigste,
wohlfeilste und fur das Mobiliar unscb&dlicbste Desinfectionsmittel fur Wohnun-
gen. In die feuchte Luft des woblverscblossenen Zimmers werden die Verbren-
nungsproducte von 30 Gr. Scbwefel auf 1 Cubikmeter Raum entwickelt; in 24 Stun-
den ist die Procedur beendigt.
21. Nach dieser Rfiucberung mûssen nackte Wfinde abgekratzt und mit einfa-
chem Kalkwasser, obne Zusatz von Kreide oder Leim geweisst werden. Die Fir-
nisse werden mit Chlorkalklôsung gewascben, Tapeten wo môglicb vollstttndig ab-
gerissen und ersetzt.
22. Die meisten Woll- und Seidenstoffe ertragen obne erbeblicbe Sch^digung die
Rftucberungen mit schwefliger Sàure von obiger Concentration, welcbe einem
Gebalt von 1 Volumen Sâure auf 50 Volumina Luft entspricht.
23. Derartige Stoflfe und Gewebe (Vorbânge, Kleidungs8tUcke,Teppicbe) mûssen
in dem Zimmer so aufgeb&ngt werden, dass die S&ure leichten Zutritt bat. Die
Matrazen und Decken werden auf BOcken oder Stdhlen ausgebreitet, die Matra-
zen dabei soviel wie môglicb aufgezupft, ibr Inbalt an Wolle und Rosshaar ge-
bôrig erôffnet und gelockert.
24. Gef&rbte Leinen- und Baumwollstoffe, sowiegewissescblechtgef&rbteSeiden-
und Wollstoflfe kônnen durcb die schweflige Sâure leiden; von solchen Stoffén
mâche man nicbt zu dicbte Pftcke und trage sie in ein Tuch geschlagcn fort, um aie
erhitzter Luft zu 110** C. auszusetzen.
25. Zablreicbe Versuche baben gezeigt, dass dièse wôbrend 2 Stunden fortge-
setzte Erbitzung, sowie namentlich Dampf zu 100® C. die Stoffe nicbt beschftdigt
und die Krankbeitskeime fast aile tôdtet. Die Sporcn allein widersteben einer
Temperatur von 130'*, sowie einer sebr concentrirten schwefligen Sâure.
26. In allen grôsseren St&dten sollten stehende Heizrâume oder Desinficirungs-
anstalten eingerichtet werden, wie deren mehrore in Paris, London, Brûssel
bestebcn. Einstweilen liessen sich fast fiberall tragbare Apparate scbnell ber-
ricbten, nach dem erfindungsreichen Muster, welcbes in Marseille benutzt wird
und mit dessen Hûlfe die Gesundbeitsbeamten in den Wobnungen sebst aile ver-
d&chtigen Gegenst nde desinficiren.
27. Die Matrazen, welche sehr bâufig der Sammelbeerd gefàbrlicber Contagion
sind, mûssen vor dem gewôbnlichen Auskâmmen und der zu meist geûbten nur
illusorischen Reinigung, dem Dampfe oder trocken erhitzter Luft (zu 100® C.) aus-
gesetzt werden.
PROORAMME. 41
thymol légèrement alcoolisée, à 2 pour mille; d'acide phénique, à 1 pour cent, etc.).
18. Les murailles devraient, au moins deux fois par semaine, être essuyées avec
une éponge ou un linge humecté de la même solution.
14. L'expérience n'a pas encore démontré suffisamment l'efficacité et l'innocuité
du dégagement, dans la chambre occupée par le malade, du gaz oxygène, de
l'oaone, de Péther azoteux ou azotite d'éthyle, de l'acide sulfureux et de l'acide
azoteux à doses faibles et continues. Toutefois ces moyens paraissent dès à présent
capables de rendre des services au point de vue de la désinfection et de la destruc-
tion des miasmes.
15. £n cas de décès, le cadavre doit être lavé avec une solution forte de chlo-
rure de zinc (5 à 10 pour cent), et enveloppé dans un drap humecté avec le même
liquide. Le corps sera recouvert de sciure de bois fortement phéniquée, et le cer-
cueil hermétiquement fermé devra rester dans la chambre où s'est terminée la
maladie, jusqu'au moment de la levée du corps.
B. Mesures à prendre quand la chambre est évacuée.
16. Toute chambre qui a été occupée par un malade atteint d'une des affections
énnmérées ci-dessus doit être soumise à la désinfection.
17. Les fumigations constituent la méthode de désinfection la plus pratique et
la plus efficace.
18. Le dégagement rapide de grandes quantités d'acide hypoazotique (tournure
de enivre, 300 grammes, acide azotique, 1,500 grammes, eau, 2 litres, pour 50 mètres
cubes) est un moyen très puissant, mais dangereux pour les personnes et les objets;
il ne peut être employé que dans les locaux complètement nus et en cas de souil-
lure profonde.
19. Le dégagement lent et prolongé d'oxydes nitreux et d'acide azoteux pro-
prement dit, à l'aide des cristaux des chambres de plomb (sulfate de nitrosyle),
parait avoir de grands avantages, mais une expérience plus longue est nécessaire
pour donner la preuve de son efficacité et de son innocuité.
20. Dans l'état actuel, l'acide sulfureux est encore le moyen le plus pratique, le
moins infidèle, le moins offensif pour le mobilier, le plus économique, pour obtenir
la désinfection des appartements contaminés.
L'opération doit se faire en dégageant dans l'air très humide de la chambre
bien close le produit de la combustion de 30 (trente) grammes de soufre par mètre
cube. L'opération est terminée au bout de 24 heures.
21. Après cette fumigation, les murailles, si elles sont nues, devront être grat-
tées et blanchies à l'eau de chaux simple, sans addition de craie, ni de colle ; les
peintures seront lavées à l'eau seconde ; les papiers de tenture seront autant que
possible arrachés et remplacés.
22. La plupart des étoffes de laine et de soie supportent sans altération appré-
ciable les fumigations d'acide sulfureux faites à la dose susdite, qui porte le titre
de la dilution de l'acide dans l'air à 1 volume pour 50.
23. Ces étoffes et tissus (rideaux, vêtements, tapis), doivent rester suspendus
dans la chambre, de manière à rendre facile l'accès de l'acide sulfureux. Les
matelas et les couvertures seront de la même façon étalés sur des tréteaux ou des
sièges; les matelas seront autant que possible défaits, la laine et le crin seront
largement ouverts et soulevés.
24. Les tissus teints de toile et de coton, certaines étoffes de soie et de laine
mal teintes pourraient être altérées par l'acide sulfureux. Il est alors nécessaire
de faire de ces objets des paquets peu serrés, de les envelopper d'une toile pour
les emporter, et de les soumettre à de l'air chauffé à -[-110° C.
25. Des expériences nombreuses ont montré que cette température continuée
pendant 2 heures, et surtout que la vapeur à 4- 1^° ^t n'altèrent pas les tissus
et détruisent la presque totalité des germes morbides. Les spores seules résistent
à la température de 4- 130° comme aussi à l'acide sulfureux très concentré.
26. Il est désirable qu'on introduise dans tous les grands centres de population
des étuves fixes ou des lazarets de désinfection, comme il eu existe plusieurs spé-
cimens à Londres, Berlin, Bruxelles, Paris. En attendant, l'on peut improviser
presque partout des étuves épuratives, suivant le modèle ingénieux qui fonctionne
à Marseille, et à l'aide duquel les agents viennent à domicile désinfecter tous les
objets suspects.
42 ÇR(X}BAMMË.
28. Der Inbalt von Strohs icken muss durch das Feuer zerstôrt, die Ueberiûge
gekocht und gebaucbt werden.
29. Werthlose oder allzu sehr verunreinigte Kleider werden ebenfalls ver-
brannt. Es ist jedoch fast immer vortheilhafter, weniger kostspieli;; und ebenso
sicher, sie durch Dampf und Hitze zu desinficiren.
30. Die Beamten mQssen aich dberzeugen, dass kein inficirter Geg^nstand oder
Kleidungsstûck versteckt, resp. der Desinficirung entzogen worden ist.
31. Fikr Kleider und andere Gegenstftnde, welche zu Desinôcirungszwecken ser-
stôrt werden mussten, kônnen die Besitzer entschlidigt werden.
32. Das desinficirte Zimmer musa wenigstens acht Tage lang unbewobnt, wàh-
rend dieser Zeit mûssen die Fenster Tag und Nacbt geôffnet bleiben.
33. Die Aborte der Wohnungen mûssen desinficirt werden, in die Abtrittsr6hre
wird eine concentrirte ËisenvitrioUdsung (10%), oder noch besser, schwerer
Steinkohlentbeer (5-25 Lit. fOr eine Grube mittlerer Grosse) geworfen. Der Abtritta-
raum wird ebenso, wie der Nachttisch, durch Verbrennen einer gewissen Menge
Schwefel desinficirt.
34. Uni die Ansffthrung dieser Massregeln zu sicbern, sollten in den Polizei-
wachtposten Ablagen der nôthigsten Desinfectionsmittel bestehen, welche Unbe-
mittelten im Nothfall unentgeltlich verabreicht wttrden.
Zur Discussion angemeldet : D' V. Fatio in Genf.
ZWEITE FRAGE
Veberpersanliche Desinficirung. D' Sonderegger in St. Gai
len, Vice-Prâsident der eidgen. Sauitftts-Commission.
f
DRITTE FRAGE
Ueber Leichenverbrennung . D' G. PiNi in Mailand, Berichter-
statter der vom 3 . internationalen Congress fttr Hygiène ernann-
ten Commission.
VIERTE FRAGE
Von der Wahl des Bodens fur Begràbnissflàtze. D' GossE,
Prof, der gerichtlichen Medicin an der Universitât Genf.
PROGRAMME. 43
27. Les matelas, qui sont très souvent le réceptacle de contages dangereux, doi-
vent être traités soit par la vapeur, soit par l'air chaud et sec à -f-110, avant
d'être soumis au cardage banal et à l'épuration illusoire dont on se contente trop
souvent.
28. Le contenu des paillasses doit être détruit par le feu, les enveloppes doivent
être lessivées à l'eau bouillante.
29. Les vêtements sans valeur ou trop profondément souillés seront également
détruits par le feu ; mais il est presque toujours plut avantageux, plus économique
et presque aussi sûr de les exposer à la vapeur ou à la chaleur.
30. Les agents devront s'assurer qu'aucun objet ou vêtement contaminé n'a été
caché ou soustrait à la désinfection.
3L Des indemnités pourront être accordées aux personnes dont les vêtements
ou d'autres objets auront dû être détruits en vue de la désinfection.
32. La chambre désinfectée devra être laissée inoccupée pendant 8 jours au
moins ; les fenêtres en seront tenues ouvertes nuit et jour pendant ce temps.
33. Les latrines de l'appartement devront être désinfectées par la projection à
travers le tuyau de chute d'une solution concentrée de sulfate de fer (5 kil. pour
50 kil. d'eau), ou mieux de 5 à 25 litres d'huile lourde de houille, pour une fosse
de moyenne dimension.
Les cabinets des latrines, ainsi que les tables de nuit, seront désinfectés en y
faisant brûler une certaine quantité de soufre.
34. Pour assurer la désinfection, il serait désirable qu'il y eût dans les postes
de police des dépôts de désinfectants les plus nécessaires, lesquels pourraient être
tlélivrés gratuitement aux indigents en cas d'urgence.
Orateur inscrit : M. V. Fatio, à Genève, docteur es sciences.
DEUXIÈME QUESTION
De la désinfection des personnes. D' Sonderegger, à Saint-
Gall, Président de la Commission médicale suisse.
TROISIÈME QUESTION
De la crémation. D' G. PiNi, à Milan, Rapporteur de la Com-
mission internationale nommée par le 3™* Congrès international
d'hygiène.
QU.\TRIÈME QUESTION
Du choix d'un terrain pour un cimetière. D"^ Gosse, prof, de
médecine légale à l'Université de Genève.
44 PROGRAMME.
FUNFTE FRAGE
Medicinisch'Statistische Studien ûhei- die SterblichJceit in den
Armeen. D' G. Sormani, Prof. d. Hyg. an d. Univers. Pavia.
SCHLU8SSATZE
Die Nachforschungen ttber die Sterblichkeit und die Todes-Ursachen in den
europâischen Armeen ergeben folgendes Résultat :
1. Die Kurye der Sterblichkeit der Armeen folgt mit einem gewissen Parai le-
lismus derjenigen der Bevôlkerung desselben Landes im allgemeinen.
2. Die Sterblichkeit beim Milit&r muss geringer sein, wie diejenige der m&nn-
lichen Bevôlkerung gleichen Alters. Das Gegentheil muss als eine anormale
Thatsache betrachtet werden und verlangt die Anwendung energischer Mass-
regeln.
3. Die Militftr-Behôrden sind verpflichtet aile von der Hygiène empfohlenen
Massregeln anzunehmen und vorzuschreiben, um das Leben und die Gesundheit
der dem Heere angehôrigen M&nner zu schtttzen.
4. Die mit Ordnung und Wahrheitsliebe verfasste ftrztliche Statistik der
Armeen muss die ârztlichen und Verwaltungsbehôrden ûber die im Interesse der
milit&rischen und ôffentlichen GesundbeitspSege anzuwendenden Massregeln auf-
kl&ren. Richtig verstanden wird dieselbe Statistik auch dazu dienen den flin-
fluss und die Wirkungen der angewendeten Massregeln, sowie den Grad ihrer
Nûtzlichkeit festzustellen.
5. Sobald eine Statistik der Ërkrankungen und der Todesursachen einem hygie-
nischen Zweck dienen soll, mûssen die Thatsachen mit Hûlfe eines œtiologischen
Critériums gesammelt werden. Es wttrde sehr ntttzlich sein, wenn die Gesundheits-
Statistiken aller Armeen dieselbe Classificirung auf setiologischer Grundlage
befolgten.
6. Die in diesen letzten Jahren verôffentlicbten Gesundheits-Statistiken hatten
zuerst das Verdienst die Aufmerksamkeit der Gesetzgeber auf die ausserordent-
liche Sterblichkeit der Armeen zu lenken. In Folge dieser Thatsachen wurden
Massregeln ergriffen, welche bereits die Sterblichkeit vermindert haben.
7. Die neuesten Statistiken zeigen folgende Krankheiten als die in den ver-
schiedenen Armeen vorherrschenden :
a. In der italienischen Armée die acuten und chronischen Krankheiten der Ath-
mungsorgane, die Tuberculose; sodann Abdominaltyphus, Maseru, Malaria, Fieber
und Malariacachexie, und die Krankheiten der chylopoëtischen Organe.
5. In der franzôsischen Armée zuerst Abdominaltyphus, dann tuberculose Lun-
genschwindsucht und die acuten Krankheiten der Athmungsorgane.
c. In der oesterreichischen Armée zuerst die acuten Krankheiten der Athmungs-
organe, dann die chronischen Ërkrankungen derselben Organe, die tuberculose
Lungenschwindsucht, der Abdominaltyphus und endlich die Blattern und der
Selbstmord.
d. In der cnglischen Armée zuerst scrophulôse und tuberculose Krankheiten,
die Krankheiten der Athmungsorgane und des Herzens; sodann die Leiden der
Harn-Organe und die Verungliickungen.
e. In der deutschen Armée erreichen die Todesfàlle durch Selbstmord und Ver-
ungliickung eine verhâltnissmftssig grôssere Zahl wie in den anderen Armeen,
aber Tod(;sfâlle durch Krankheiten sind in der preussischen Armée weniger
hàufig wie in allen anderen.
8. Verwaltung und Militàràrzte mûssen immer vor Allem eine Verminderung der
Krankheiten erstreben, welche die meisten Todesfàlle verursachen. Es ist keine
Utopie anzunehmen, dass manche Todesursachen, wie Scrophulôse, Blattern,
Masern, Scharlachfieber, Malariainfection, Scorbut, Alcoolismus, Syphilis u. s. w.,
gônzlich oder fast gànzlich aus den Armeen verschwinden kônnen.
PROGRAMME. 45
CINQUIÈME QUESTION
Études de statistique médicale sur la mortalité dans les armées.
D' J. SORMANI, prof, d'hygiène à l'Université de Pavie.
CONCLUSIONS
D'après les recherches sur la mortalité et sur les causes de décès dans les
armées européennes on peut conclure que :
1. La courbe de la mortalité dans les armées suit avec un certain parallélisme,
la courbe de la mortalité générale de la population du même pays.
2. La mortalité chez les militaires doit être inférieure à la mortalité de la
population mâle aux âges correspondants. Lorsque la première est supérieure ou
égale à la seconde, cela doit être considéré comme un fait anormal, qui exige
Tadoption de mesures urgentes.
3. Les autorités militaires ont le devoir d'adopter et de prescrire toutes les
mesures conseillées par l'hygiène, afin de protéger et de sauvegarder la santé et
la vie des hommes inscrits à Peffectif des armées.
4. La statistique médicale des armées, rédigée avec ordre et vérité, doit servir
à éclairer les autorités médicales et administratives sur les mesures d'hygiène
militaire et d'hygiène publique qu'il convient d'adopter. Cette même statistique,
justement interprétée, est aussi utile pour contrôler l'influence des mesures adop-
tées, et pour en constater les effets et le degré d'utilité.
5. Lorsqu'une statistique de la morbidité et des causes de décès doit servir dans
un but hygiénique, ses éléments doivent être recueillis avec un critérium étiologl-
que. n serait très utile que toutes les statistiques sanitaires des armées suivissent
la même classification des maladies basée sur l'étiologie.
6. Les statistiques sanitaires des armées dressées pendant ces dernières années
ont eu les premières le mérite d'attirer l'attention des législateurs sur l'excessive
mortalité des armées. C'est sous l'impression des faits qu'elles ont révélés, qu'ont
été adoptées des mesures qui ont diminué le contingent de la mortalité.
7. Les statistiques récentes démontrent que les maladies qui prédominent
dans chaque armée sont les suivantes :
a) Dans l'armée italienne les maladies aiguës et chroniques des organes de la
respiration, et la tuberculose ; ensuite la fièvre typhoïde, la rougeole, les fièvres
et la cachexie paludéenne, les maladies des organes chilopoïetiques.
h) Dans l'armée française, en premier lieu la fièvre typhoïde, puis la phthisie
tuberculeuse et les maladies aiguës des organes de la respiration.
c) Dans l'armée autrichienne, les maladies aiguës des organes respiratoires,
ensuite, les maladies chroniques des mêmes organes, la phthisie tuberculeuse, la
fièvre typhoïde ; enfin la variole et le suicide.
d) Dans l'armée anglaise les maladies scrofuleuses et tuberculeuses; puis les
maladies des organes de la respiration et les maladies de cœur ; les affections des
organes uropoïétiques et les décès par suite d'accidents.
e) Dans l'armée allemande, les décès par suite d'accidents et par suicides ont
des chiffres élevés comparativement à la mortalité des autres armées. Mais les
décès par maladies sont moins fréquents dans l'armée prussienne, que dans toute
autre armée.
8. L'administration et les médecins militaires doivent toujours chercher à obte-
nir avant tout une diminution des maladies qui causent le plus grand nombre de
décès dans une armée. — Ce n'est pas une utopie de croire que maintes causes
de décès, comme les manifestations de la scrofule, la variole, la rougeole, la scar-
latine, les infections paludéennes, le scorbut, l'alcoolisme, la syphilis, etc., peuvent
entièrement ou presque entièrement disparaître des armées.
Messieurs les membres du Congrès qui font partie des armées européennes sont
priés de bien vouloir communiquer à la section, quelles sont les mesures adoptées
46 PROGRAMME.
Die Mitglieder des Congresses, welche zu europâischen Armeen gehôren, sind
gebeten der Section die von ihren respectiven Regieningen zum Schutze der
Gesundheit der Truppen und Verminderung der Heeres-Sterblichkeit angenomme-
nen Massregeln gûtigst mitzutbeilen.
SECHSTE FRAGE
Die Folgen der fehlerhaftm Fussbekleidung undxhre BeMmpfung.
Oberst D' Ziegler, in Bern, Oberfeldarzt der Armée.
SCHLUSSSJETZE
1. Die gewôhnlicben Schuhe und Stiefel, sowobl paarig als unpaarig, entspre-
chen dem Bau des Fusses nicht.
2. Das Tragen dieser Fussbekleidungen erzeugt nothwendig und direkt eine
falscbe Zehenstellung; indirekt erzeugt oder begûnstigt es eine Menge Gebrechen,
welcbe dem Menschen Leiden bereiten und seine pbysiscbe Leistnng^f&higkeit
herabsetzen.
3. Dièse Gebrecben Termindern jàbrlich die Zabi der diensttauglichen Rekm-
ten um 5 bis 6 %.
4. Dieser Uebelstand kann nur durcb eine naturgemàsse Pflege und Bekleidung
des Fusses vom Tragen der ersten Fussbekleidung an beseitigt werden.
6. Die Grundbedingung einer naturgem&ssen Fusspflege bildet, ausser der
Stftrkung der FOsse durcb kaltes Waschen, eine Fussbekleidung, welche die
natûrliche Form des Fusses erh< statt sie zu beeintr&chtigen. Vom Strurapf
muss das N&mlicbe yerlangt werden.
6. Um einer naturgem&ssen Fussbekleidung an Stelle der fehlerbaften allge-
meinen Eingang zu verschaffen, empfieblt sich haupts&chlich :
a. Belehrung sowobl des Publikums als der Scbubmacher ûber die Wirkongen
der gewôbnlicben Fussbekleidungen und ûber die Kennzeicben des natnrgemftssen
oder rationellen Scbubwerks.
h. Spezialunterweisung der Scbubmacher hierûber und zwar zonftchst der Mili-
t&rscbubmacher.
c. Einfflbrung Ton rationellem Schuhwerk in allen Anstalten, in welchen das-
selbe durcb den Staat, die Gemeinden oder sonst aus ôffentlicben MitteUi geliefert
wird (Armée, Waisenb&user, Erziehungs-, Versorgungs- und Strafanstalten, etc.)-
d, Moralische und finanzielle Unterstûtzung der Schubgesch&fte weldie dem
Publikum wirklicb rationelles Schuhwerk liefem; Zwang der ûbrigen durch die
Konkurrenz, den gleichen Weg einzuschlagen.
Zur Discussion angetneidet : D' J. Reverdin, Professor an der
Universitftt Geuf.
SIEBENTE FRAGE
Die See-Sanatoria fur scrophulose und radiUische Kinder.
D» Abmaingaud, Professor an der medicinischen Facultat in Bor-
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PROGRAMME. 47
par leurs Gouvernements respectifs pour protéger la santé des troupes, et pour
diminuer la mortalité dans les armées.
SIXIÈME QUESTION
Les effets de la chaussure vicieuse et les moyens de les prévenir.
Colonel D' Ziegler, à Berne, médecin en chef de l'armée fédé-
rale.
CONCLUSIONS
1. Les chaussures ordinaires, soit paires, soit impaires, sont construites contrai-
rement à l'architecture du pied humain.
2. L'usage de ces chaussures engendre nécessairement et directement le dépla-
cement des orteils ; indirectement, il engendre ou favorise une quantité d'infirmités
qui troublent le bien-être de Phomme et dégradent sa valeur phvsique.
3. Ces infirmités sont la cause d'un déchet annuel de 5 à 6 > sur le recrute-
ment.
4. Pour obvier à ces inconvénients, l'hygiène des pieds doit être observée dès le
port de la première chaussure de l'enfant.
5. La base de toute hygiène rationnelle du pied, c'est, outre Pusage de l'eau
froide pour laver et fortifier les pieds, une chaussure qui conserve la forme natu-
relle du pied au lieu de la dégrader. Le bas doit remplir la même condition.
6. Pour remplacer dans l'usage général la chaussure vicieuse par la chaussure
rationnelle, les moyens suivants serviront le plus utilement :
aj Instruction, tant du public que des cordonniers, sur les effets de la chaus-
sure ordinaire et sur les signes distinctifs d'une chaussure hygiénique ou ration-
nelle.
h) Enseignement spécial des cordonniers à ce sujet, en commençant par les
cordonniers militaires.
cj Introduction de la chaussure rationnelle dans tous les établissements chaussés
par l'État, les communes ou des fonds publics (armée, orphelinats, pensionnats,
hospices, pénitenciers, etc.).
dj Encouragement moral et financier des établissements de cordonnerie qui
fournissent au public de bonnes chaussures rationnelles ; contrainte des autres,
par la concurrence, à suivre la même voie.
Oraimr inscrit : D' J. Reverdin, professeur à l'Université de
Genève.
SEPTIÈME QUESTION
Les sanatoria maritimes pour les enfants scroftdeux et rachitiques.
D' Armaingaud, professeur agrégé à la Faculté de médecine de
Bordeaux .
CONCLUSIONS
1. Par le noml)re immense des victimes qu'elle fait dans toutes les régions du
globe, la scroful? est un des plus grands fléaux qui affligent rhumanité ; en consé-
Suence, la destruction do cette maladie est une des questions les plus dignes de
xer Inattention des hygiénistes.
48 PROGRAMME.
arn Meeresstrande und der Gebrauch der Seebâder von so mâchtiger Wirkung çegen
die Entwicklung der Serophulosis siiid. dass durch allgemeine Anwendung aieses
Mittels die scrophulosen Leiden und deren Folgen in grossartigem Massstaabe sich
vermindern unu die Kraft und Gesundheit der Bevoikerungen erheblich gesteigerl
wUrden.
3. Die Seebad-Heiianslaiton, welche seit einipen Jahren in verschiedenen Làn-
dern Europa's gegriindot wurden, sind znr Erreichung dièses Zweckes noch ganz
ungcnUgend.
4. In Folge dièses Mis<^verhàltnisses zwischen deni erstrebten Ziele und den
gegenwârtig dazu verwendbaren Mittein niuss ailes aufgebotpn werden, um die in
den sclion heslehenden Anstalten erreichten Erfolge, sowohi als die Sicherheit und
Einfachheit dieser Heilniethode l)ekannt zu inachen und dern allgenieinen Publicnm
die Nothwendigkeit der Vennehrung der Soebadanstalten zu tieweisen. Réfèrent
fordert also die Mitglieder des (longresses anf, die Millel zu berathen durch welche
am Beslen die offenlliche Moinnng auf dièse Frage gelenkt. die slaatliche und Pri-
vatwohlthatitrkeit f(ir diesen Zweck begeistert W(»rden ddrfte.
o. Folgenue Punkle werden der Aufinerksanikeil und deui Xachdenken der Hygie-
niker speciell enipfolden :
a. Mit wolchen Milteln liisst sich eine genaue oder weeigstens genUgende Statistik
der Serophulosis in Pezug auf Morbidilat, Sterblichkeit und geographische Ver-
theilung, aussprdem fOr iodes Land eine vergleichende Statistik nacn Gegenden.
Pro\inzen und kleinertn Bezirken erlangen? Hier wird besonders appellirt an die
.Erzte und Gesundheitscollegien der von Serophulosis ain Meisten geplagten Gegen-
den undStâdtebehufsErlangung von Docuinenten Uber die speciellen wirthschaft-
lichen, socialen, gewerblichen etc. Ursachen, w^elche in den oetreffenden Grlen die
aussergewohniiche llîlufigkeit der Serophulosis erkiàren ktinnen.
h. Die Anzeigen und Gegenanzeigen der inaritiinen Behandlung sind noch nicht
mil genilgender Scharfe erforscht, einige der bekannten Gegenanzeigen noch nicht
genUgend von den praktisclien Arzten berQcksichtigt. Man niuss unter den Scro-
Ehelleiden solche unterscheiden, welche zngleich' die (]ur durch Seeluft und See-
àder, und solche welche nur Seeluft ohne Bâder brauchen. Man muss die verschie-
denen Zonen der euro|)iiis(!hen Ktlsten, in Betreff ihrer verschiedenartigen Einwir-
kung auf gleichartige Scrophel leiden vergleichen, speciell die Stitionen erforschen
welche soibst scrophulosen SchwindsUchtigen zu untersagen sind, ebenso die-
jenigen welche als Sanatoria fUr Schwindsdchtige, wie fdr Scrophulflse, sel es
nur als Sonnneraufenthalt, sei es aïs Winterstationen. oder ftlr das ganze Jahr Ver-
wendung tinden konnen.
6. Einer der wicbtigsten Punkte wiire der Vergleich des italienischen Systems
(Aufenthalt von sechs Wochen bis hdchstens drei Monaten) mit dem franzô-
sisiîhen (ein oder niehrere Jahre). Die statistischen Daten der betreffenden Anstalten
waren hierzu nothwendig.
7. Uui das Werk der See-Sanatoria zu ergânzen und um Récidive, sowie die
Wiederkehr der in Tuberculosis umgewandelten Diathese im Jtinglingsalter zu ver-
meiden, ist es wichtig nach der Heilung der Kinder nur so wenige als mOglich den
stadiischen und gowerblichpn Centren zurilckzugoben und den practischten Mittein
nachzuforschen, um die gnisstmoglichste Anzahl dieser Kinder den lândlichen und
marilimen Berufsarten zuzuwenden.
Zur Discussion angemddet : D' G. PiNi, Arzt der Anstalt fur
Rachitische in Mailand, D' D'Espine, Professer der Pathologie
an der Universitât Genf.
ACHTE FRAGE
Ueher SpUnl-Baracken. D' G. Julliard, Prof, der chirurgi
schen Klinik an der Universit&t Genf.
PROOBAMME. 49
S. Il est auioard'hui acquis à la science smitaire que le séjour prolongé des bords
de la mer, et rasage des eaux chlorurées sodiques constituent des moyens curatifs
el préventifs d*une efficacité si puissante contre la scrofule, que, s*ils étaient mis à la
portée da plus grand nombre, on verrait diminuer dans de telles proportions les
manifestations diverses de cette maladie, et celles dont elle peut être' considérée
comme le générateur, que la validité physique des populations en serait accrue.
3. Les établissements maritimes qui ont été créés depuis quelques années dans
plusieurs pays d'Europe sont insuffisants pour répondre au but k atteindre.
4. En présence de cette disproportion entre le but poursuivi et les moyens actuel-
ieroent mis en (euvn% rien ne doit être négligé poui' faire connaître les résultats
obtenus dans les établissements qui fonctionnent déjà, la sûreté et la simplicité des
moyens à employer, et la nécessité de multiplier les sanatoria maritimes. En consé-
quence, le rapporteur appelle les réflexions des membres du Congrès sur les meil-
lears moyens de susciter un mouvement d'opinion et de stimuler la bienfaisance
pobliaue'et particulière.
5. il attire leur attention en vue des discussions du Congrès :
a. Sur les moyens d'obtenir une statistique exacte ou suffisamment approximative
de la scrofule (mortalité et morbidité), avec sa distribution gé (graphique, et. pour
chaque pays, une statistique comparative suivant les régions, les provinces, les cir-
conscriptions plus limitées. Il est fait spécialement appel aux médecins et aux mem-
bres des conseils d'hygiène des pays les plus chargés de scrofule, pour obtenir des
doconients relatifs aux causes spéciales, soit d'ordre économique et social, soit
d'ordres mésologique et professionnel, qui peuvent expliquer dans ces localités la
fréquence excessive de la maladie.
6. L'étude des indications et contre-indications du traitement marin n'a pas encore
été faite avec une précision suffisante ; quelques-unes des contre -indications déjà
établies ne sont pas asvsez connues des médecins praticiens. Il y a lieu de distinguer
les manifestations scrofuleuses qui demandent à la fois l'aérothérapie et l'hydrothé-
rapie marines, de celles qui ne comportent aue l'atmosphère maritime, à l'exclusion
da bain ; de comparer les différentes zones uu littoral européen au point de vue des
différences d'action sur les accidents scrofuleux de même forme, d'indiquer des sta-
tions qui doivent être interdites aux phtisiques, même scrofuleux, de celles qui
peavent être utilisées comme sanatoria pour les phtisiques, comme pour les scro-
roleox, soit comme résidences d'été seulement, soit pour l'hiver exclusivement, soit
comme résidence permanente.
6. La comparaison du système italien (séjour restreint de six semaines à trois mois
aa maximum) au système français (d'un an à plusieurs années) serait un des points
les plas utiles à traiter. Il est fait appel aux documents statistiques italiens qui per-
mettraient de comparer, dans leurs détails, les deux modus factendi.
7. Il importe, après la guérison des enfants, pour compléter l'œuvre des sanatoria
maritimes et pour éviter les récidives ainsi que le retour de la diathèse transformée
en tuberculose à l'époque de l'adolescence, de ne rendre au milieu urbain et indus-
triel que le plus petit nombre possible de ses jeunes victimes, et de rechercher les
moyens pratiques d'en déverser le plus grand nombre dans les professions maritimes
ou agricoles.
Orateurs inscrits : D' G. PiNi, médecin de l'Institut des rachi-
tiques de Milan, D' D'Espinë, professeur de pathologie interne à
la Faculté de médecine de Genève.
HUITIÈME QUESTION
Baraquements hospitaliers. D' G. JuLLLiRD, professeur de
clinique chirurgicale à l'Université de Genève.
4
50 PBOORAMMii*.
NEUNTE FRAGE
Uéber Infectianen im Spital und zumal in Kinderspitàlem .
D' Oscar Wyss, Prof, der Hygiène an der Universitat Zurich.
8CHLU8SSÀTZ
In Kinderspit&lern ist eine môglichst weitgehende strenge Isolirung aller mit
anstcckenden Krankheiten Behafteten aDzustreben, sofem man solche Anstaltea
nicht in den Misscredit von Seucheheerden bringen will.
ZEHNTE FRAGE
Ptophylaxis der Diphtheritis. D' H. Henrot, Professor in
Reims.
SCHLUSSSiETZE
1. Die Sterblichkeit durch Dipbteritis nimmt in Frankreicb und in mebreren
Gegenden Europa's in erschreckender Weise zu.
2. Es bestebt ein wissenschaftliches Mittel die Ansteckung durcb die Athem-
wege fur Infectionskrankheiten und besonders Diphtberitis zu verhindem, n&mlich
durch den Respirator von antiseptischer Watte. Dieser h< am Eingang von
Mund und Nase die Contagiumselemente auf, indem er die Luft reinigt und filtrirt,
sowie der Kohlcnfilter das Wasser. Es ist Pflicht des Arztes den Gebrauch dièses
Schutzapparates den Scbûlern, Wàrtern und andem Personen zu befehlen, welche
durcb ibre Berufspflichten gezwungen sind an seiner Statt auf einein so gefâbr-
lichen Posten, wie zum Beispiel in einem durch Diphtheritis inficirten Krankensaal
zu Terbleiben.
3. Die Diphtheritis ist nur desshalb in den letzten Jabren so verbeerend aufge-
treten, weil man sie unvollst&ndig bebandelt und die bàufig wiederholten antisep-
tischen Bepinselungen, haupts&cnlich wegen der Gefahr dieser Procedur fur den
Operirenden, yemachl&ssigt bat.
Mit einem Schutzapparat, wie der Watterespirator oder jcder andere dem glei-
chen Zwecke entsprecbende Apparat, erzielt man folgende Vortheile :
a. Die ôrtliche Bebandlung der Diphtheritis rûckt wieder auf den ibr gebûbren-
den ersten Platz. Sie wird die Heilung einer viel grôsseren Anzabl Patienten
ermôglicben.
b. In den Spit&lem werden die Ober&rzte den jfiben Todesfftllen durch ûber-
tragene Diphtheritis, welche so hftufig und so grausam das ftrztlicbe Personal
befallen, ein Ende setzen.
c. Die antiseptische Bebandlung der Athemwege wird in der inneren Medicin
einen ebenso bedeutenden Fortschritt herbeifûhren wie der Lister'scbe Verband
in der Chirurgie.
PROORAMME. 51
NEUVIÈME QUESTION
De Vinfedion à Vhopitàl et spécialement dans les hôpitaux d'en-
fants, D' Oscar Wyss, professeur d'hygiène à l'Université de
Zurich.
CONCLUSION
Dans les hôpitaux d'enfants, on doit s'efforcer d'appliquer l'isolement rigoureux
et dans la mesure la plus étendue, à tous les malades atteints d'affection conta-
gieuse, afin de ne pas faire à ces établissements une réputation d'être des foyers
d'épidémie.
DIXIÈME QUESTION
Prophylaxie de la diphtérie. D' H. Henrot, professeur à Reims.
CONCLUSION
1. La mortalité par la diphtérie augmente dans des proportions inquiétantes en
France et dans plusieurs contrées de l'Europe.
2. Il existe un moyen scientifique d'empêcher la contagion des maladies infec-
tieuses, et particulièrement de la diphtérie par les voies respiratoires, c'est l'emploi
du respirateur à ouate antiseptique ; celui-ci arrête à l'entrée des fosses nasales
et de la bouche, les éléments figurés de contagion, en tamisant l'air et en le puri-
fiant, comme le filtre de charbon purifie l'eau. Le médecin a le devoir d'imposer
l'usage d'un appareil protecteur, aux élèves, aux infirmiers et aux autres personnes
que, par nécessité de profession, il est obligé de mettre en ses lieu et place à un
poste dangereux, dans une salle infectée de diphtérie, par exemple.
3. La diphtérie n'est devenue si meurtrière dans ces dernières années que parce
qu'on la soigne mal, et qu'on néglige les badigeonnages antiseptiques du pharynx
souvent répétés, à cause de la gravité qu'ils présentent pour l'opérateur.
Avec un appareil protecteur, le respirateur à ouate ou tout autre appareil rem-
plissant le même but :
a. Le traitement local de la diphtérie reprendra la place prépondérante qu'il
doit avoir ; il permettra la guérison d'un beaucoup plus grand nombre de malades.
b. Les chefs de service dans les hôpitaux préviendront ces morts prématurées
qui viennent si souvent et si cruellement frapper le corps médical.
c. Le pansement antiseptique des voies respiratoires apportera en médecine un
progrès aussi considérable que le pansement de Lister en chirurgie.
52 PROGRAMME.
ELFTE FRAGE
Uéber Krankenwàiierschulen. D' Bourne ville in Paris, Re-
dactor des Progrès médical, Arzt am Hospice de Bicêtre.
Auf den Vorschlag hin, welchen wir die Ehre hatten in einer der Sitzungen des
internationalen Congresses fur Gesundheitspflege in Turin, im Jahre 1880, vorzu-
tragen, wurde beschlossen dass der n&chste Congress, welcher 1882 in Genf tagen
wird, in seine Fragen ûber die Hygiène der Krankenhâuser die Prûfung der Ein-
richtung von KranJcenwàrterschtden heiderlei Geschlechts aufnehmen soUte.
Es handelt sich hier um in gewissen Lândern, wie in der Schweiz, schon langer
bestehende Anstalten, aber auch um solche jUngeren Ursprungs in anderen
Lândern, unter andern Frankreich, Belgien, Italien. Es wâre also sehr intéressant
die Einrichtungen dieser verschiedenen Schulen zu kennen und genaue Ermitte-
lungen ûber folgendo Punkte zu haben :
Geschichte der Krankenwàrterschulen. — Unterrichts-Programme. — Eintritts-
bedingungen fur die Schtiler. — Diplôme. — Lehrkràfte. — Den Zôglingen bewil-
ligte Vortheile. — Ueber Krankenwàrter und Krankenw&rterinnen. — Gehalte
und Pensionen. — Krankenwàrter in der Stadt, etc.
Die Obliegenheiten der Krankenwàrter und W&rterinnen in Krankenhâusem,
Versorgungsanstalten und Asylen sind wichtig genug um die voile Aufînerksam-
keit der Congressmitglieder zu verdienen. Sie sind nicht nur damit betraut die
àrztlichen Vorschriften auszufûhren und die augenblickliche Pflege zu besorgen,
sondern auch aile von der Gesundheitslehre verlangten Vorschilften zu befolgen.
Wir sind ûberzeugt, dass die Discussion ttber die von allen Seiten herbeige-
brachten Documente praktische Entschlttsse von unzweifelhaftem Nutzen fur die
Krankenhausverwaltungen anregen dûrfte.
DRITTE SECTION
BEZIEHUNGEN DER GESUNDHEITSPFLEGE
ZUR PHYSIK, CHEMIE, BAUKUNDE UND
INGENIEURWISSENSCHAFT.
HYGIENE DER BERUFSARTEN UND GEWERBE.
PROVISORISCHER VORSTAND
Priiêident : Prof. D. Mo.nnier.
Vice-Prasidenlen : D' Chem. E. Ador, Tcrrettim, Ingénieur, Mitglied
des Verwallungsraths der Sladt Genf, E. Reverdin, Architect, Apothe-
ker Habel, Vorstand der Société de Pharmacie.
Schriflliihrer : D"" C. L. Wartmann, D' H. Cl. Lombard.
PROOBAHME. 53
ONZIÈME QUESTION
Les Ecoles d'infirmiers. D' Bourneville, rédacteur du Progrès
médical, à Paris, médecin de l'Hospice de Bicêtre. .
Sur la proposition que nous avons eu l'honneur de faire à Tune des séances du
Congrès international d'Hygiène de Turin en 1880, il a été décidé que le futur
Congrès, dont la réunion aurait lieu à Genève en 1882, inscrirait, parmi les ques-
tions relatives à l'hygiène hospitalière, l'examen de Vorganisation des écoles d'hifir-
«tiers pour les deux sexes.
n s'agit là d'institutions déjà anciennes dans certains pays, la Suisse, par exem-
ple ; mais de création récente dans d'autres contrées, entre autres la $>ance, la
Belgique, l'Italie. Il y aurait donc un grand intérêt à connaître l'organisation de
ces écoles et à avoir des renseignements précis sur les points suivants :
Historique des Écoles d'infirmiers. — Programme de l'enseignement. — Condi-
tions d'admission des élèves. — Diplômes. — Quels sont les professeurs? —
Avantages accordés aux élèves. — Des infirmiers et des infirmières. — Traite-
ments, pensions de retraite. — Garde-malades de la ville, etc.
Le rôle des infirmiers et des infirmières dans les hôpitaux, les hospices et les
asiles est assez important pour mériter l'attention des membres du Congrès. Ce
sont enx, en effet, qui sont chargés d'exécuter non seulement les prescriptions
médicales, de donner des soins immédiats aux malades, mais encore d'exécuter
tontes les prescriptions exigées par l'hygiène.
Nous avons la conviction que de la discussion des documents apportés de tous
les côtés découleront des résolutions pratiques qui seront d'une utilité incontes-
table pour les administrations hospitalières.
TROISIÈME SECTION
APPLICATIONS A L'HYGIÈNE DE LA PHYSIQUE,
DE LA CHIMIE, DE L'ARCHITECTURE
ET DE L'ART DE L'INGÉNIEUR.
HYGIÈNE PROFESSIONNELLE ET INDUSTRIELLE.
BUREAU PROVISOIRE
Président ; M. D. Monnier, professeur.
Vice-Prêtidents : MM. E. Adok, chimiste, Turrettim, ingénieur, membre
du Conseil administratif de la Ville de Genève, E. Reverdin, archi-
tecte, Habel, président de la Société de pharmacie.
Secrétaires : D' C.-L. Wartmann, D' H.-CI. Lombard.
54 PBOOBAlOifi.
ERSTE FRAGE
JauchehéhëUer und Abfûhrungskanâle. A. Durand-Clayk,
Ober-Ingenieur des Strassen- und Brûckenbaus, Professor an der
École des Ponts et Chaussées und der École des Beaux-Arts in
Paris.
Zur Discussion angemeldet : D' J. Teissier, ausserordentl. Pro-
fessor an der medicinischen FacuItAt in Lyon; D' Th. MOORE, în
Golumbia (Ver. Staaten).
ZWEITE FRAGE
Von den dnfachen, gesunden und woUf&ien Heizungs- und
Lufterneuerungsmitteln fur Arbeiterumhmmgen. Herr Lasius,
Prof, der Architectur am eidgenOssischen Poly technicum .
DRITTE FRAGE
Ueber einige Punkte der Hygiène der Privai- Wohnungen,
Herr H. Bourrit (Genf), gewes. Prof, der Architectur an der
Académie in Lausanne.
VIERTE FRAGE
Von den Vergiftungen durch tagliches Mnfuhren Jdeiner Mengen
toxischer Stoffe. D' Brouardel, Prof, der gerichtlichen Medicin
an der medicinischen Facultât in Paris, Mitglied des Gesundheits-
raths von Frankreich.
FUNFTE FRAGE
Aetiologie und Prophylaxis der Blmergiflung . D' Armand Gau-
tier, Director der chemischen Arbeiten an der medicischen
Facultât in Bordeaux.
PROGRAMME. 55
PREMIÈRE QUESTION
Les vidanges etleségoûts. M. A, Durand-Claye, à Paris, ingé-
nieur en chef des Ponts et Chaussées, professeur à TËcole des
PoDts et Chaussées et à TÉcole des Beaux- Arts.
Orateurs inscrits : D' J. Teissier, professeur agrégé à la
Faculté de médecine de Lyon ; D' Th. Moore, à Columbia (États-
Unis).
DEUXIÈME QUESTION
Des moyens simples, salubres et économiques de chauffage et de
renouvellement d'air pour les habitations ouvrières. M. Lasius,
à Zurich, professeur d'architecture à l'École polytechnique fédé-
rale.
TROISIÈME QUESTION
Quelques points d'hygiène des habitations privées. M. H. BOUR-
RIT, à Genève, ancien professeur d'architecture à l'Académie de
Lausanne.
QUATRIÈME QUESTION
Des intoxications par les produits ingérés journellement à petites
doses. D' Brouardel, professeur de médecine légale à la
Faculté de médecine de Paris, membre du Comité consultatif d'hy-
giène de France.
CINQUIÈME QUESTION
L'intoxication saturnine, étidogie et prophylaxie. D' Armand
Gautier, à Paris, chef des travaux chimiques à la Faculté de
médecine de Paris, membre de l'Académie de médecine.
56 .PROGRAMME.
SECHSTE FRAGE
ZuR Trinkwasserfrage : A. Einfluss der natûrlichen Eiie
aufdie Trinkwàsser . D' Rollet, Prof, der Hygiène an der medi
cin. Facultat in Lyon.
B. Mîttheilung der internationalen Gesdlschaft fur Trinkwàsser
Herr Président JiEGER in Amsterdam.
SIEBENTE FRAGE
Uèber die FàvUniss der thierischen Stoffe und die Producte der
selben. D' Armand Gautier in Paris.
ACHTE FRAGE.
Von den Var- und Nachtheilen der Durchdringlichkeit {Permea
bUHal) der Wandungen in bewohnten Gebâuden. Herr Emile Tre
LAT, Architekt, Professor am Conservatoire des Arts et Métiers
Director der Bauschule.
NEUNTE FRAGE.
Von den meteorologiscJien' Untersuchungen in ihren Beziehunge
zur Hygiène. D' Pagliani, Professor der Hygiène an der Univer
sit&t zu Turin.
VIERTE SECTION
HYGIENE DES KINDESALTERS. PRIVAT-HYGIENE.
VETERINiER-HYGIENE.
PROVISORISCHER VORSTAND
Priuident : D' Duval.
Vice-Pràsidenten : Prof.-D' Olivet, Prof.-D' Pflûger (Rern), A. Boi
viER, Sekretâr des Unterrichts-Deparlement's, Henry, Kantonsthieran
Schrififuhrer : D*" Golay, D^ Girard.
PROGRAMME. 57
SIXIÈME QUESTION
Eau potable. A. Influence des filtres naturels sur les eaux
poléles. D' ROLLET, professeur d'hygiène à la Faculté de méde-
cJDe de Lyou.
B. Communication de V Association internationale pour l'eau
potable. M. J^ger, président, à Amsterdam.
SEPTIÈME QUESTION
De la putréfaction des matières animales et des produits qui en
dérivent. D' Armand Gautier.
HUITIÈME QUESTION
Les avantages et les inconvénients de la perméabilité des parois
dans les constructions habitées. M. Emile Trelat, architecte,
professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, directeur de
l'École d'architecture.
NEUVIÈME QUESTION
Les recherches météorologiques et Vhygihie. D' Pagliani, pro-
fesseur d'hygiène à l'Université de Turin.
QUATRIÈME SECTION
HYGIÈNE I)K L'ENFANCE. HYGIÈNE PRIVÉE.
HYGIÈNE VÉTÉRINAIRE
BUREAU PROVISOIRE
Préiident : D*" Du val.
Vice-Présidents : Proï.'D^ Olivkt, prof.-D"^ Pfluger (à Berne), A. Bou-
vier, secrétaire de rinstruclion publique, Henry, vétérinaire cantonal.
Secrétaires : D»" Golay, D^ Girard.
58 PROGRAMME.
ERSTE FRAGE
Vom Einfluss der Schtdprogramme aufdie Gesundheit der Kin-
der. D' H. Kuborn, Prof, der Physiologie und Hygiène an der
Staats-Normalschule in Ltittich, Prftsident der kOnigl. Gesell-
schaft fttr Offentliche Medicin in Belgien.
1. Yor dem 6. oder 7. Lebensjahr beruht die Erziehung ganz auf anschaaender
Erkenntniss. Das Gedflchtniss ûberwiegt entschieden, wie auch in der fol-
genden Période. Das Kind darf keinerlei Schuldisciplin unterworfen werden; das
Erziehungssystem der Kindergàrten ist von letzterer ziemlich frei, die Gesund-
heit des Kindes wird in denselben keinen anderen Gefahren ausgesetzt als die
ûberhaupt dièse Lebensperiode bedrohen kônnen. In diesem Aller werden am
leichtesten fremde Sprachen durch das Gehdr erlemt.
2. Der Ëintritt in die Primarschule soll nicht vor dem zurûckgelegten 7. Jahre
stattfinden. Fur die Reihenfolge der Lehrgegenstftnde soll der Fortschritt der
geistigen Fâhigkeiten, in Yerbindung mit dem der kôrperlichen Entwicklang
massgebend sein.
3. In der Période von 7. zum 13. oder 14. Jahre haben die Erzieher die drei-
fache Entwicklung des Kôrpers, des Geistes und des Gemûths zu ûberwachen und
nach den GrundsAtzen der Physiologie und Gesundheitslehre zu harmonischer
Gestaltung zu leiten. Jedes Erziehungsprogramm, in welchem eines dieser Gnind-
Elemente des menschlichen Organismus vernachl&ssigt wird, muss als ongenflgend
oder gefâhriich betrachtet werden.
4. Der Sauerstoff ist der unentbehrliche Stimulus der Gehirnfunctionen. Xicht
bloss die kôrperliche Kraft, auch die Thatkraft und der Verstand werden ge-
schwftcht, wenn der dem Gehirn zugefiihrte Sauerstoff, resp. die in die Lungen
aufgenommene Athemluft an Menge oder Reinheit verliert.
5. Die durch gespannte Aufmerksamkeit oder fortgesetztes Arbeiten erzeagte
Ueberreizung des Gehirns fûhrt zuletzt, nach einer von Constitution und Aller
abhângigen, mehr oder weniger langen Zeit, einen Zustand der Blutarmuth sowohl
im Gehirn als im ganzen Kôrper hervor.
6. Die Wirkungen der geistigen Ueberanstrengung wâhrend des hier in Frage
kommenden Lebensabschnitts sind fast immer unheilbar.
7. Der bestdndige und beschleunigte Sauerstoffverbrauch, welchen die Em&h-
rung des liberm&ssig angestrengten Gehirns erfordert, sowie das Wesen dieser
Anstrengungen selbst, kônnen nur auf Kosten der allgemeinen Ernàhrung und der
organischen Verrichtungen stattfinden.
8. Die durch diesen Verlust bedingten Stôrungen der vasomotorischen Sphftre
fQhren zuletzt zur Hirnanâmie und zur YerkQmmerung der geistigen Ffthigkeiten;
h&ufig zu allgemeiner Blutarmuth und zu Bleichsucht, zu krankhafter Reizbarkeit
des Nervensystems, zu Neurosen, besonders Chorea, und bei jungen M&dchen zu
Schwierigkeiten der Menstrualfunctionen.
9. Zu lange fortgesetztes Sitzen auf den Schulbànken begQnstigt in's Besondere
die Ablagerungen von Tuberkeln in den Lungenspitzen.
10. Durch hierûber angestellte Yersuche wurde physikalisch erwiesen, dass die
geiiftige Abspannung (d. h. ErmAdung) in Yerbindung steht mit Schwftchung des
Unterscheidungsvermôgens fCir kleine psycho-physische Unterschiede, mit Schwà-
chung des Gednchtnisses und Auftreten psychischer Ueberreizung.
11. Der pathologische Einfluss der Jahreszeiten auf die Schularbeit ist durch
die Thatsache bewiesen, dass die fieberhaften entztindlichen Krankheiten vorzugs-
weise bei Kindern und JQnglingen wahrend der grossen Hitze im Juni und Juli
auftreten, und zwar mehr aïs im August, wâhrend der Klassenferien und der ver-
minderten Schulaufgaben.
12. Wegen des Nachtheils der zu Hause verfertigten Schulaufgaben soUten die-
PROORAM2dE. 59
PREMIÈRE QUESTION
De Vinflmnce des programmes scolaires sur la santé des enfants.
D' H. KUBORN, professeur de physiologie et d'hygiène à l'école
normale de l'État, à Liège, président de la Société royale de
médecine publique de Belgique.
1. Avant l'âge de 6 ou 7 ans, l'éducation est tout intuitive. La mémoire, ainsi
que dans la période suivante, a une prépondérance marquée. L'enfant ne doit être
astreint à aucune discipline scolaire, et on peut à peine donner ce nom aux pro-
cédés éducatifs mis en œuvre dans les Jardins d^enfants. Sa santé n'y subit d'au-
tres atteintes que celles qui résultent de la période de la vie qu'il traverse. C'est
l'âge le plus propice à l'apprentissage par audition des langues étrangères.
2. L'âge de l'entrée à l'école primaire doit être fixé à 7 ans. Le progrès des
facultés intellectuelles de l'enfant, mis en rapport avec son développement physique,
dicte l'ordre de succession dans lequel les matières doivent lui être enseignées.
3. La physiologie et l'hygiène, pour la période de 7 à 13 ou 14 ans, imposent
aux éducateurs de l'enfance la triple direction du développement harmonique du
corpsy de l'esprit et des sentiments. Tout programme d'éducation qui prendrait en
moindre considération l'un de ces éléments constitutifs de l'organisation humaine,
doit être réputé insuffisant ou dangereux.
4. L'oxygène est l'excitant vital des fonctions cérébrales. Non seulement la
force physique, mais l'énergie et l'intelligence sont d'autant plus affaiblies que
l'apport d'oxygène au cerveau, c'est-à-dire d'air pur transmis par la voie pulmo-
naire est en moindre quantité ou qualité.
5. La surexcitation cérébrale produite par une attention ou des travaux trop
soutenus finit, après un temps variable selon la constitution et l'âge des siyets,
par amener un état d'anémie du cerveau ou de l'économie tout entière.
6. Les effets de l'entraînement intellectuel, pendant la période que nous consi-
dérons, sont presque toujours sans remède.
7. L'appel incessant et accéléré d'oygène que nécessite la nutrition du cerveau
trop longtemps sollicité et l'acte de cette sollicitation lui-même, ne peuvent se faire
qu'au détriment de la nutrition générale et par la déchéance des fonctions orga-
niques.
8. Les troubles dans l'action vaso-motrice amenés par ce mouvement finissent
par conduire à l'anémie cérébrale et à l'étiolement des facultés intellectuelles ;
fréquemment à l'anémie et à la chlorose, à la susceptibilité nerveuse, aux névroses,
spécialement à la chorée, et en sus, chez les filles, à l'établissement difficile de
la fonction cataméniale.
9. La station trop prolongée sur les bancs favorise particulièrement les dépôts
tuberculeux aux sommets des poumons.
10. Les expériences instituées ont démontré physiquement que la lassitude intd-
leeludU esX en relation avec l'affaiblissement de la faculté de distinguer de petites
différences psycho-physiques avec l'affaiblissement de la mémoire et l'apparition
d'une surexcitation psychique.
11. L'influence pathologique des saisons sur le travail scolaire est démontrée
par ce fait que les affections inflammatoires fébriles se manifestent de préférence
chez les enfants et les adolescents pendant la période des grandes chaleurs de
juin et de juillet, plutôt que pendant le mois d'août, époque de la cessation des
cours et du ralentissement dans les études.
12. Les inconvénients des tâches à faire à domicile doivent faire supprimer
celles-ci pour les élèves des divisions inférieures et les réduire à une heure pour
les autres.
13. £n dehors du sommeil, la balance des forces physiques et du développe-
ment intellectuel doit être tenue dans la relation suivante : 7 et 8 ans = 4 heures
bU PBOQRAUMK.
aelben fût die Scliâler der unteren Klassen iji Wcgfall kommeti und fQr iSt
Anderen auf 1 Stunde tiglich beachr&nkt werileo.
13. AbgeBtibeD vod der Schlafzeit, musa zwiscben KôrperpSegt^ uod geistîga
Auabildung folgendes Verhaltniss besle'ien ; 7. und 8. Lelienajabr = 4 Siundcs
Schule : 0 Stunden Ruhe und KOrperUbungen ; !l. und 10. Jahr = 5-6 : *J.t, 1
12, Jahr = 6 oder 7 : 8 '/i-9 >■
14. Da selbst bei den Uteren Kindern, die Aiifmerksamkeit in der Suhiile nicht
Unger als hûchstens 1 '.'i Stimde in Spannung bleiben kann, iind Kùrperbewegna-
gen das beste Mittel aind um sie wieder zu wecknn, so mUBS die Klaite nacb
dieser Zeit unterbrocben nerden.
15. Dieae Unterbrechungen werden am bestcn zn Spielen iind TumObnng*»
benutzt, lias Turiien krâfiigt nicht blosB daa Muskel- und Knoch en System, nnd
wirkt den diir.b fehlerliafte Haltung erzeugttn Verkrûniinungen entgegen, boo-
dern ea atarkt aucb das Kerven System, begUnstigl die sittlichen EigenBchaftes
der ManDszucht, der Featigkeit und der Geîatesgegenwart. Das TonieD ist filr die
'M&dcben gerode so unentbebriich als filr die Knaben. Es bildet ein wirkeanei
Mittel ziir Bek&mpfung der ncrvOaen Rcizbarkeit, ncuropathischen Zastiaii,
Cblorosis und Chorea, Neigung zur l'bthisis, Keime der Scrofuloais, kurz aHaf
jener bei Schutkindern so bâufig sicb r^ntwick''!niJea bedroblicben oder latenUo
Krankheitszustànde.
Dein allgemeinen, padagogigchen (nicht auf Schaulust abgeaebenen) Tm
muas im Scbulprngramin seine bestimmte Stellung als obligatorisches Fac]| "
wiesen werden. Zwei Turnstuuden von je 15 Mlnulen tSglicii filr die jQf
eine Ton 25 Minuten fur die alteren ScbOler, stheinen fUr die Erreicb"
Zweckes genOgend.
16. PUr die Pflege und Entwickinng des Gesiehtssinns, des (îeliarsinii
œsthetischen Aniagen, der Stimm^ mQssen Gesang- iind ZeichenuiiteirictiB
falls im Schulprogramm Aufnabme finden.
17. Unterbrecliung dea Unterrichta wflhrend mehrerer Wochet ,
beatimmte Ferienzeit, ercheint vom Standpuiikt der GesundheiispflegeB
nothwendig ïùi den Lehrer wie fur die Schûler. Allwùchentliche Ferien t
2 balben Tagen entspreeben demselben Zneck und kûnuen aussenlcm z
gSngen und Ausflllgen nQtzlicb vernendet werden.
18. Zweck der ganzen Schulerziehung ist : i1as Kind denken zti lernel
Temunft durcb Einpritgung und Anschauungen zu kraftigen, seinen vr
dnrch Beobachtung der sinnlich wabrnehnibaren Gegenstânde zu ùben, z
seine sittlicben Aniagen zu beben, und durcb geignete Uebungen die harmol
Entwicklung seiner Organe zu begnnstigen und zwar auf solche Weise, daa"
das geistige Elément durcb faische Anpaasung in die Entwicklung des C
selbst, sowie des ganzen Organismus, stôrend eingreife.
19. Der Lebrer ist nur sebr sp!lt und unvoUkommen im Staude, die StOrnngel
in der Gesundbeit des Kindes wabrzunehmen : nauientlicb gilt dles von dr" "**
rungen, welche aicb aus den Beziebung^n des Verstands und des GemQtfas z
perlicben Antage ergeben, und welcbe erat olfen zum Vorscbein kommen, nach-
dem sie den Organistnua ernailîcb und tief geacbâdigt baben. Daber ist ea nôthig
und selbst unentbebriich, die Einrichtungen der Scbuie durcb eine officielle und
regelmiissige ilrzillchc Ueberwachung zu vervollstandigen.
ZWEITE FRAfJE
Ueber die Nothwendigkdt der Ernennung von Schularzten in
aUen L&nàern nnd ûbrr Hae OUiegenheiten. D' Hermann Cohk,
Prof, der Augenlieilkande an der TJniversitat Breslau.
1. Vor Allem ist eine umfasaende «taatlkhe hygienische Révision aller jetzt
benQtzten ôffentliclien und Privat-Schullokale scblennigst notbwendig.
PROOBAIIUE.
61
11 et 12 ans
<i'école: 9 de repos et exercices — 9 et 10 ans — 6 ou 6 : :
= G ou 7:8 Vi ou 9 '/i-
14. L'attention il l'école ne pouvant être soutenue, au maximum, au delà d'une
heure et demie pour lea élèves les plus Agés, et le meilleur moyen de la réveiller
étant l'exercice, il convient de suspendre la classe après ce laps de temps.
16. Les jeux et exercit£9 gymnaatiques constituent le moyen le plus propre
d'utiliser ces relAches. Car non seulement la gjninastique fortifie le système
mosculo-osseux et combat lea défectuosités résultant des attitudes, mais elle for-
tifie le système nerveux, luspire l'esprit de discipline, la fermeté et la présence
d'esprit. Elle est tout aussi indispensable aux filles qu'aux garçons, E le est un
moyen puissant pour combattre cette susceptibilité nerveuse, ces états névro-
paÂiques, chlorose et chorée, ces tendances à la phtisie, ces germes de scrofules,
'.outes ces imminences morbides qui affectent souvent les enfants des écoles.
La gymnastique générale, éducative, non acrobatique, iloit avoir sa place mar-
'" ' imnie scolaire, comme branche obligatoire.
■ de 15 minutes par jonr, pour les plus jeunes, une seule séance
r les plui âgés suffisent pour atteindre le but qu'on se propose.
le la woB, de l'ouïe, des facultés esthétiques, celle de la voix
^ du chant et du dessin fassent partie de l'enseignement à l'école.
|pn de cours pendant une série de plusieurs semaines, c'est-à-
ur l'institnteur et les élèves, d'une nécessité évidente au
'. Des demi-jours de congé une ou deux fois par semaine,
[ Af. vue, pourront être en outre fructueusement utilisés pour
it à penser, fortifier sa raison en y burinant des notions
>ace sur les objets qui frappent ses sens, en mémo temps
moral, favoriser par des exercices a{jpropriés le déve-
iniquf Ile ses organes de telle fn^ou que l'élément mental ne
faii>sp .iilaptation, pervertir ou enrayer l'évolution du cerveau
celle de tout l'or^^anisme, tel doit être le but de l'éducation scolaire.
troubles qui pourraient être apportés dans la santé des enfants, notam-
^ox qui résultent des rapports de l'intelligence et des sentimeuts avec la
Itîon physique, lesquels n'apparaissent manifestement qu'après avoir profon-
altéré l'écouoniie, ne peuvent être constatés que très tardivement et incom-
De là, comme complément indispensable de l'œuvre
'olaire. l'établissement d'une inspection médicale officielle et
DEUXIÈME QUESTION
De la nécessité de mmmer dans tous les pays des médecins sco-
Imres et de leurs fonctions obligatoîres. D' H. Cohn, professeur
d'ophthalmologie à l'UniTersité de Breslau.
COHCLCSiONS
1. L'Etat doit, avant tout, procéder à une intpeetion hy^ênique officielle et
complète de tous les locaux d'écoles publiques ou privées, actnellement
employés.
62 PROGRAMME.
2. Der Staat ernennt einen Beichs- oder Minvtterial'Schularzt^ welcher im Minis-
terium, und ftir jede Provinz (Kanton, Département) einen RegierungS'Schukirzt,
welcher im Regierungs-Schul-Collegium der Provinz Sitz und Stimme haben muss.
3. Bei Beginn der hygienischen Reform muss der Reçierungs-Sduilarzt s&mmt-
liche Schulen seiner Provinz revidiren und unbarmherzig aUe Klassen êMiessm,
welche zu finster oder sonst der Gesundheit sch&dlich sind, faHs sich nicht sofort
ausreichende Verbesserungen ausfûhren lassen.
4. Die Schule kann die Gesundheit schàdigen; daher muss jede Schule einen
Schularzt haben.
5. Als Schularzt kann jeder praJctische Arzt von dem Schulvorstande gewihit
werden.
6. Der Schularzt muss Sitz und Stimme im Schulvorstande haben ; seine hygie-
nischen Anordnungen miissen ausgefûhrt werden.
7. Stossen dieselben auf Widerstand, so hat sich der Schularzt an denBegierungi-
Schularzt zu wenden, welcher die Schule schliessen kann.
8. Demselben Schularzte sind niemals mehr als tausend Schulkinder zu ûber-
weisen.
9. Der Schularzt muss bei Neubauten den Bauplatz und den Bauplan hygieniBch
begutachten und den Neubau hygienisch ûberwachen. Seinen Anordnungen
betreffs der Zahl, Lage und Grosse der Fenster, der Heiz- und Ventilations-Ën-
richtungen, der Aborte sowie der Subsellien muss Folge gegeben werden.
10. Der Schularzt muss bei Beginn jedes Semesters in jeder Klasse aile Kinder
messen und sie an Subsellien placiren, die ihrer Grosse entsprechen.
11. Der Schularzt muss alljâhrlich die Refraction der ^u^en jedes Schulkindes
bestimmen.
12. Der Schularzt hat die Pflicht, in Zimmern^ welche dunkU Plàtze haben, die
Zahl der Schûler zu beschrânken, femer SchulmobUiar, welches die Schûler zun
Krummsitzen zwingt, und Schuîbûcher, welche schlecht gedruckt sind, zu ent-
fernen. •
13. Der Schularzt hat das Recht jeder Unterrichtsstunde beizuwohnen ; er muss
mindestens monatlich einmcU aile Klassenzimmer wâhrend des Unterrichts besu-
• chen und besonders auf die Beleuchtung, Ventilation, sowie Heizung der Zimmer
und auf die Haltung der Kinder achten.
14. Der Schularzt muss bei Aufstellung des Lehrplanes zugezogen werden.
15. Dem Schularzte muss jede ansteckende Erkrankung eines Schulkindes gemel-
det werden. Er darf dasselbe erst dann wieder zum Schulbesuche zulassen, wenn
er sich sélbat ûberzeugt hat, dass jede Gefahr der Ansteckung beseitigt ist und
dass die Bûcher, Hefte und Kleider des Kindes grûndlich desinficirt worden sind.
16. Der Schularzt muss, wenn der vierte TheU der Schûler von einer ansteckei^
den Krankheit befallen ist, die Klasse schliessen.
17. Jeder Schularzt muss ûber aile hygienischen Verkommnisse und namentlich
ûber die Verânderungen der Augen der Schûler ein Journal fûhren und es all-
jâhrlich dem Regierungs-Schularzte einreichen.
18. Die Berichte der Regierungs-Schularzte kommen an den Beiehs- oder
Landes- Schularzt, der alljâhrlich einen Gesammtûberblick ûber die Hygiène der
Schulkinder des Reiches (oder Landes) verôffentlicht.
DRITTE FRAGE
Ueber die BehancUung der parasUâren HautkrankheUen ofe
Ergànzung dei* àrzttkhen Schulinspeclxon. D' J. Gibert, in Havre.
PROGRABfME. 63
2. Le gouYernement nomme P un médecin scolaire supérieur, ayant voix consul-
tÎTe et délibérative au ministère de l'instruction publique; 2^ pour chaque pro-
nce (canton, département), un médecin scolaire provincial, siégeant dans la com-
ission scolaire de la circonscription.
3. Au début de la réforme hygiénique des écoles^ le médecin scolaire procédera
l'inspection de toutes les écoles de sa province, et fera fermer rigoureusement
»utes les classes trop sombres ou insalubres pour une cause quelconque, à moins
lie des améliorations suffisantes ne puissent y être immédiatement exécutées.
4. Chaque école peut exercer des influences nuisibles sur la santé, donc chaque
;o/e doit avoir son médecin scolaire.
5. Tout médecin praticien peut être désigné à ces fonctions par l'autorité
:olaire.
6. Le médecin scolaire doit siéger avec voix consultative et délibérative auprès
e l'autorité scolaire, qui est tenue d'exécuter ses prescriptions hygiéniques.
7. Si l'autorité scolaire résiste à ses prescriptions, le médecin scolaire local
adresse au médecin scolaire provincial, lequel a le droit de faire fermer l'école.
8. Le même médecin scolaire ne doit jamais avoir à veiller sur plus d'un millier
'écoliers.
9. £n cas de construction nouvelle, le médecin scolaire donnera son préavis
ygiénique sur l'emplacement et sur les plans des bâtiments, et surveillera la
onstruction. On devra se conformer à ses prescriptions relativement au nombre,
la position et aux dimensions des fenêtres, aux appareils de chauffage et de
entilation, aux lieux d'aisances, et à l'ameublement des classes.
10. Le médecin scolaire doit mesurer tous les élèves au commencement de
haque semestre, et les placer dans les bancs-pupitres, conformément à la taille
e chacun.
11. Il devra déterminer chaque année l'état de réfraction des yeux de tous les
lèves.
12. Le médecin scolaire doit réduire le nombre des élèves dans les classes où
xistent des places sombres ; il doit aussi faire changer les bancs-pupitres défec-
lieux qui causent une attitude vicieuse de l'élève, ainsi que des livres scolaires mal
mprimés.
13. Le médecin scolaire a le droit d'assister à toutes les leçons; il doit visiter
outes les classes au moins une fois par mois pendant l'enseignement, et porter
•rincipalement son attention sur l'éclairage, la ventilation et le chauffage des
ailes, ainsi que sur l'attitude des élèves.
14. Il doit être consulté pour l'élaboration des programmes d'enseignement,
15. Toute maladie contagieuse d'un élève doit être notifiée au médecin scolaire.
1 n'accordera l'autorisation de revenir à l'école qu'après s'être assuré par lui-
dême que tout danger de contagion a disparu et que les effets de l'enfant (livres,
ahiers, vêtements, etc.), ont été désinfectés à fond.
16. Lorsque le quart des élèves d'une classe est atteint d'une maladie conta-
ieuse, le médecin scolaire doit ordonner la fermeture de la classe.
17. Chaque médecin scolaire consignera dans un registre tous les faits intéres-
ant l'hygiène de l'école, et notamment les changements observés dans la vision
les élèves. Ce registre sera soumis chaque année au médecin scolaire provincial.
18. Les Rapports des médecins scolaires provinciaux seront remis au médecin
colaire supérieur qui publiera chaque année un aperçu général de l'hygiène des
coles du pays.
TROISIÈME QUESTION
Du traitement des maladies parasitaires de la peau, comme
:oroUaire de V inspection médicale des écoles. D' J. Gibert, au
îavre.
64 PROGRAMME.
VIERTE FRAGE
Ueber gewisse Vrsachen, wdche die Erziéhung der Kinder
erschweren. D' J. voN Sikorsky, Privat-Docent fttr Psychiatrie in
St. Petersburg.
FUNFTE FRAGE
Bemerkungen ttBER ScHULH YGIÈNE . A. Schulen des Kantons
Bern, D' PflUger, Prof, der Augenheilkunde an der Universitât
Berii.
B. Schulen der Stadi Lausanne, D' Joël, Arzt des Kinderspi-
tals in Lausanne.
SECHSTE FRAGE
Ueber die Kôrperverkrûmmungen tvâJirend der Schuheit,
D' Dally, in Paris, Professor an der École d'Anthropologie, Mit-
glied der Commission ftir Schulhygiene.
SIEBENTE FRAGE
Internationale Verhiitung der Hundswuth. D' G. van Overbeek
DE Meyer, Prof, der Hygiène und der gerichtlichen Medicin
an der Universitât Utrecht.
Zur môgllchsten Yerhûtung der Ausbreitung der Wuth wûrde es angemessen
sein :
1. So viel wie môglich die Zabi der herumschweifenden Hunde zu vermindem
durch Einfûhrung einer ziemlich hohen Hundesteuer und durch Tôdten der nicht
eingeschriebenen Hunde, welche Massregel zugleich die Ueberwachung des
Gesetzes erleichtert, viele Kosten erspart, und die Zabi der sogenannten Haus-
hunde, das beist die Zabi der zum Betriebe eines Gewerbes nicbt benôthigten
Hunde, ermâssigt.
2° Aile auf ôffentlicben Wegen, in ôffentlicben Transportmitteln und in ôffent-
licben Yersammlungsorten befindlicben Hunde unscbâdlicb zu macben durch
Statuirung des steten Tragens von zweckmâssigen Maulkôrben.
3^ Sofort und vollstftndig einzusperren jeden tollen oder verdàchtigen Hond,
welcber nicbt auf der Stelle getôdtet worden ist, nebst strengem Yerbote einen
solcben Hund nacb seiner Einsperrung zu transportiren ; das Besteben der Krank-
beit feststellen zu lassen durcb einen Tbierarzt oder Arzt; die Stelle der Ein-
sperrung dem Publicum durcb ein Kennzeicben bekannt zu macben; die Dauer
der Einsperrung eines der Tollwutb verd&cbtigen Hundes mindestens 4 Monate
FSOCOUIIME. 65
QUATRIÈME QUESTION
Des causes qui rendent les enfants difficiles dans leur éducation.
D' J. DE SiKORSKY à St-Pétersbourg, privât docent de psychia-
trie.
CINQUIÈME QUESTION
QUELQUES OBSERVATIONS SUR L'HYGIÈNE SCOLAIRE : A. EcdcS
du canton de Berne. D' Pfluger, professeur d'ophthalmologie à
rUniversité de Berne.
B. Écoles de la ville de Lausanne. D' Joël, médecin de l'Hô-
pital des enfants à Lausanne.
SIXIÈME QUESTION
Sur les déformations du corps pendant la période scolaire.
D' Dally, à Paris, professeur à l'École d'anthropologie, membre
de la Commission d'hygiène des écoles.
SEPTIÈME QUESTION
Prophylaxie internationale de la rage. D' G. van Overbeek DE
Meyer, professeur d'hygiène et de médecine légale à l'Université
d'Utrecht.
Pour combattre efficacement la propagation de la rage il faut :
1. Diminuer autant que possible le nombre des chiens vagabonds en frappant
les propriétaires de chiens d'un impôt assez élevé et en faisant tuer les chiens
non inscrits; cette mesure facilite le contrôle, épargne beaucoup de frais, et diminue
le nombre des chiens àomestiques non destinés au travail.
2. Rendre inoffensifs tous les chiens qui se trouvent sur la voie publique, dans
les voitures ou autres moyens publics de transport et dans les lieux publics de
réunion, en imposant le port obligatoire permanent d'un bon modèle de muselière.
3. Isoler immédiatement et complètement tout chien enragé ou suspect, qui
n'est pas tué sur place, avec défense absolue de le transporter après sa séques-
tration ; Caire constater la maladie par un vétérinaire ou un médecin; indiquer au
public le lieu de séquestration par un signe distinctif ; fixer la durée de la séques-
tration absolue du chien suspect à 4 mois au moins ; tuer sans délai le chien dont
la rage est constatée; désinfecter autant que possible les lieux infectés ou sus-
pects ; recommander, dans l'intérêt de la personne mordue, de ne pas tuer tout de
suite le chien suspect, mais de le faire isoler et observer, s'il est possible.
66 PROGRAMME.
fortzusetzen; den Hund, dessen Wuth constatirt ist, sofort zu vertilgen; 80 viel
wie môglich die inficirten gder verdftchtigen Stellen zu desinfiziren; im Intéresse
der gebissenen Person den wuthverdàchtigen Hund wo mOglich nicht sofort zu
tôdten, aber zur Constatining der Krankheit einzusperren.
40 Die Polizeibeamten zu erm&chtigen die in Uebertretung befîindenen Hunde,
welche sie nicht in Yerwahrung nehmen konnten ohne der Gefahr ausgesetzt zu
sein gebissen zu werden, auf der Stelle zu tôdten.
6« Einen Jeglichen zu ennftchtigen jeden fremden Hund, den Er ohne Maul-
korb auf seinen Grundstûcken findet, zu tôdten.
6<> Dièse Massregeln in's Gesammt und gleichfôrmig einzufûhren in allen civi-
lisirten Staaten Kraft eines internationalen Vertrages, wobei jedoch gestattet
wird: a. Zeitliche und persônliche Freistellungen des Anlegens des MauUcorbes zu
ertheilen zu Gunsten von Hirten- und J&gerhunden, insofem die betreffende
Gegend zur Zeit gànzlich frei von WuthfâUenist; 6. Eine etwaige Ermftssigung
der Steuer fur gewisse Classen von zum Betriebe eines Gewerbes benôthigten
Hunden.
ACHTE FRAGE
JEtiologie des Bcizes. Herr Galtier, Professer des Sanitatspo-
lizei an der Veterinftr-Schule in Lyon.
NEUNTE FRAGE
Ueher KuhmUch als Ersatz der Frauenmilch. D' Albrecht, in
Neuenburg, Privat-Docent an der Universitftt Bern.
SCHLUSSFOLGERUNGEN
1. Frische Kuhmilch ist der einzige oZ/^/etnein verwendbare Ersatz der Mutte^
milch.
2. Aile Kindem&hrprftparate, woher sie auch stammen und wie ihre Zusam-
mensetzung immer sein mag, kônnen nur in beschr&nktem Masse die frische Kuh-
milch ersetzen.
8. Damit letztere* den Anforderungen, Welche man an ein Nahrungsmittel fOr
Sftuglinge stellt, entspreche, muss sie von stets gleichmàsaiger und unveràndedieher
Zusammensetzung sein und so unversehrt aïs môglich zur Yerwendung kommen.
4. Zu diesem Behufe ist die Erfûllung gewisser Productionsbedingungen nôthig
im Sinne des von den Milchcuranstalten eingenommenen Standpunktes.
5. Dicse Bedingungen bestehen in :
a. Der sorgfftitigen Auswahl der Kûhe;
h, Der ausschliesslichen Fûtterung mit Trockenfutter;
c. Der Stallhygiene, und
d. Der sich an das Meiken unmittelbar anschliessenden Besorg^ng der Milch.
6. Da solche Milch theurer zu stehen kommt als gewôhnliche Marktmilch, so
muss armen Familien durch Beitrftge deren Beschaffung ermôglicht werden.
7. In deiyenigen Orten, wo in ansgiebiger Weise Curmilch zur Yerwendung
kommt, hat die Statistik eine Abnahme der Kindersterblichkeit nachgewiesen.
PBOORAUME. 67
4. Autoriser les agents de police à tuer sur place les chiens en contravention
dont ils ne peuvent pas s'emparer sans risquer d'être mordus.
5. Autoriser chacun à tuer tout chien étranger qui se trouve non muselé sur son
terrain.
6. Décréter cet ensemble de mesures d'une manière uniforme dans tous les
pays civilisés, par convention internationale, tout en permettant : a. une dispense
temporaire et individuelle du port obligatoire de la muselière en faveur des chiens
de bergers et de chasse, tant qu'il n'y a aucun cas de rage dans les environs ;
b. Une diminution de l'impôt en faveur de certaines classes de chiens de travail.
HUI riÉME QUESTION
Êtioiogie de la morve. M. Galth
taire à l'Ecole vétérinaire de Lyon.
NEUVIÈME QUESTION
Du lait de vache comme succédané du lait de femme.
ly Albrecht, à Neuchâtel, Privat-docent à l'Université de
Berne.
CONCLUSIONS
1. Le lait de vache frais est le seul succédané du lait maternel qui puisse être
d'un emploi général dans l'allaitement artificiel.
2. Tous les produits lactés, quelles que soient leur provenance et leur compo-
sition, ne peuvent qu'imparfaitement remplacer le lait de vache frais.
3. Ce dernier, pour répondre aux exigences de l'alimentation des enfants en
bas-âge, doit être d'une composition constante et invariable dans ses éléments et
exempt de toute altération.
4. Pour arriver à ce résultat, il est indispensable de remplir certaines condi-
tions, indiquées par les vacheries modèles.
5. Ces conditions sont :
a. Le choix scrupuleux des vaches.
h. Le fourrage sec.
c. Une hygiène bien entendue de l'étable.
d. Les soins à donner au lait sitôt après la traite.
6. Le lait produit dans ces conditions étant préférable, mais plus cher que du
lait ordinaire, il convient d'aider les familles pauvres à se le procurer.
7. n a été démontré par la statistique que dans les localités possédant des
vacheries modèles, la mortalité des enfants en bas-âge a notablement diminué.
68 PBOQ&AIOCB.
FUNFTE SECTION
DEMOGRAPHIE UND MEDICINAL-STATISTIK
PROVISORISCHER VORSTAND
Prasident : Direclor Klmmer (in Bern).
Viee-Pràsidenten : Prof. Alph. de Candolle, Prof. Dameth, Prof. Kin-
KELiN (in Basel), D*" Chervin (in Paris).
Schriftfùhrer : Herr Ci'ttat.
ERSTE FRAGE
Wesen und Grenzen der Démographie. Herr EOROSI, Direk-
tor des stiLdtischen statistischen Bureau's in Buda-Pest.
ZWEITE FRAGE
Profframm fur Vorlesungen ûber Démographie. D' Bertillon,
Professer an der Ecole d'Anthropologie und Chef der st&dtischen
Statistik in Paris.
DRITTE FRAGE
Bestimmung der ZeiteinheUen, die bei demograpfiischen Arbeiten
zu Orunde z^u legen sind. Herr Kinkelin, Prof essor an der Uni-
versit&t Basel, Pr&sident der schweiz. statistischen Gesellschaft.
VIERTE FRAGE
Projekt eines internatio>ialen demographischen Jahrhuches.
D' Chervin, Direktor der Annales de Démographie in Paris.
PSOGRAIIME. SO
CINQUIÈME SECTION
DÉMOGRAPHIE ET STATISTIQUE SANITAIRE
BUREAU PROVISOIRE
PréiidefU : H. Kummer, à Berne.
Vice-Présidents : Prof, de Candolle, prof. Dameth, prof. Kinkeun, à
Bâie, D^* Cheryin, à Paris.
Secrétaire : M. Cuttat.
PREMIÈRE QUESTION
Nature et limites de la démographie. M. EôrOsi, directeur du
Bureau communal de statistique de Buda-Pesth.
DEUXIÈME QUESTION
Br^amme de Venseifffiemmt de la démographie. M. Ber-
TiLLON, professeur à l'École d'anthropologie, chef de la Statis-
tique monicipale de la ville de Paris.
TROISIÈME QUESTION
Fixation des unités de temps pour la coordination des travaux
démographiques. M. KmKRiJN, professeur à l'Université de Bàle,
président de la Société suisse de statistique.
QUATRIÈME QUESTION
Anmuiàre démographique international. D' Cheryin , directeur
des Annales de démographie à Paris.
70 PROORAHME.
FUNFTE FRAGE
Statistik der Auswanderung . Herr BoDio, Direktor des kOnig-
lich italienischen statistischen Bureau's in Rom.
SECHSTE FRAGE
Die àrzûiche Bescheinigung der Todesursachen ; MUtd und
Wege zwr Enreichung môglichster VoUstàndigkeU und Genauigkét
derselben. l)"" LoTZ, in Basel, Mitglied der eidgenOss. Sanit&ta-
kommission.
SIEBENTE FRAGE
Véber die JErsteilung eines inlernationàlen, einheUlichen sanitât-
statistischen BiiUetins, Herr D' Janssens, Inspektor des stad-
tischen Sanitfttswesens in Brttssei, Direktor des BuIUtin de statis-
tique sanitaire comparée.
ACHTE FRAGE
Die MoRTALiT-ŒiT IN DER ScHWEiz : A. AUgemeine schweize-
rische MortàUtâtstabéUe.
B. Die Sterblichkeit nach den Berufsarten. Herr Kummeb,
Direktor des eidgenOss. statistischen Bureau's in Bem.
NEUNTE FRAGE
Die Kinder sterblidikeU. Herr Durrer, Revisor ain eidgenOss.
statistischen Bureau in Bem.
ZEHNTE FRAGE
Einfluss der LeibensmUtdpreise auf die Bewegung der BevâBce-
rung. Herr Huber, Chef des kantonalen statistischen BOreau's
PBOORAMME. 71
CINQUIÈME QUESTION
StxUislique de Vémigration. M. BoDio, directeur de la statis-
tique du royaume d'Italie, à Rome.
SIXIÈME QUESTION
Ckmstataiiûn médicale des décès. Voies et moyens pour la géné-
raliser et la perfectionner. D' LoTZ à Bâle, membre de la Commis-
sion sanitaire fédérale.
SEPTIÈME QUESTION
Btdietin de statistique sanitaire uniforme pour toutes les nations.
D' Janssens, inspecteur en chef du service de santé de la ville de
Bruxelles, directeur du Bulletin de statistique sanitaire comparée.
HUITIÈME QUESTION
Mortalité en Suisse. A. Tahk de mortalité générale.
B. Mortalité d'après les professions. M. Kummer, directeur du
Bureau fédéral de statistique à Berne.
NEUVIÈME QUESTION
Calcul de mortalité sur les décès du premier âge. M. Durrer,
reviseur du Bureau fédéral de statistique à Berne.
DIXIÈME QUESTION
Mouvement de population en rapport avec le prix des vivres.
M. HuBEB, directeur du Bureau cantonal de statistique à Zurich,
72 PBOOBAMMX.
in Zurich; und Herr Muhlemann, Director des kantonalen sta-
tistischen Bureau's in Bern.
ELFTE FRAGE
MnheiUiche FeststeUu/ng der TolksjsàhlungsresuUatH. Herr Ko-
ROSI, Direktor des stftdtischeii statistischen Bureau's in Buda-Pest
ZWŒLFTE FRAGE
Uéber die unehdichen Gébwten in der SchweiM. Herr D' La-
dame, Direktor des kantonalen Waisenhauses in Dombresson
(Neuenburg).
PBOGRiLHME. 73
et M. MilHLEMANN, directeur du Bureau cantonal de statistique
à Berne.
ONZIÈME QUESTION
Dépouillement uniforme des données fournies par les recensements
de la population. M. EOrOsi, à Buda-Pesth.
DOUZIÈME QUESTION
Des enfants illégitimes en Suisse. D' Ladame, directeur de
l'Orphelinat cantonal à Dombresson, près Neuchâtel.
74 LISTE OÉNiRALE DES MEMBRES DU COKORÈS.
LISTE GÉNÉRALE
DES
DU CONGRÈS
D' F.-R.-S. AcLAND, à Oxford, professeur.
M. E. Ador, à Genève, chimiste.
M. G. Ador, à Genève, avocat.
D' Albenois, à Marseille, directeur du bureau de démographie.
D' Albrecht, à Neuchâtel.
M. Aixîlave, à Paris, docteur en droit.
D' Alix, à Toulouse, médecin principal de !'• classe.
M. £. Alulrd, à Paris, architecte.
D' Ambuhl, à Saint-Gall, chimiste cantonal.
M. Ph. Andrk£, à Berne, pharmacien.
D' L. Appia, à Genève.
D' L. Arène, à Hyères.
D' A. Armainoaud, à Bordeaux, professeur agrégé.
M. Armstrono, à Londres.
D' Arnold, à Zoug.
D' J. Arnould, à LiDe, professeur d'hygiène à la Faculté de Médecine.
D' AuGRos, à Maisons-sur-Seine.
D' J. Badan, à Genève, médecin des prisons.
M. J.-B. Baille, à Paris, adjoint au maire.
D' J.-M. Balestreri, à Gênes, médecin du grand hôpital.
D' G. Ballotta, à Lugo di Romagna.
D' Bambas, à Athènes, professeur d'hygiène.
D' A. Barde, à Genève, médecin de rhôpital ophthalmique.
M. H. Bardy, à Saint-Dié (Vosges), pharmacien, secrétaire du Conseil
d'hygiène.
LISTE. GÉHÂR4LE DES MEMBRES DU CONOKÈS. 75
D' Barett, à Nice.
VI. A. Baron, à Genève, avocat.
VI. Bastard, à Grenëve, pharmacien.
VI. E. Batault, à Genève.
D' Baylon, à Genève.
[)' G. DE Beauvais, à Paris, secrétaire général de la Société de méde-
cine de Paris.
D' Becker, à Berlin, directeur de l'office impérial de statistique.
D' J. Beddoe, à Bristol.
VI. Bedot, à Genève, naturaliste.
[)' Beeli, à Davos.
\1. Ch. Bellamy, à Genève, juge.
y N. Belogolowoy, à PétersDourg, président de la Commission sani-
taire.
[>' A. Bena VENTE, à Madrid.
D' C. Berarducci, à Pérouse, médecin de l'asile des aliénés.
0' Bergeon, à Lyon.
ifl. Berlier, à Paris, ingénieur civil.
y Bernet, à Genève.
tf . Amadeo Bert, à Gènes, professeur.
y Paul Bert, à Paris.
y Bertillon, à Paris, professeur à l'Ecole d'anthropologie.
if. BERTILX.ON fils, à Paris.
tf . F. Bezançon, à Paris, chef de division à la Préfecture de poKce.
tf . G. BiDDELL, à Londres.
d . S. BiELER, à Lausanne, vétérinaire, membre du Conseil de santé.
)' 0. BiLLETER, à Neuchâtel, professeur de chimie.
)' Alfred BiNET, à Genève.
)' Paul BiNET, h Paris.
)' BioNDETTi, à Paris.
)' BizoT, à Genève.
y R. Blache, à Paris.
)' R. Blasius, à Braunschweig, professeur d'hygiène.
il. P. Blondel, à Paris, architecte.
tl. L. BoDio, à Rome, directeur de la statistique du royaume d'Italie.
y R. Bœckh, à Berlin, directeur de la statistique de la ville de Berlin.
)' L. Bœhm, à Magdebourg, conseiller médical.
)' P. Bœrner, à Berlin.
ri. Ch. BoissoNNAs, à Genève, architecte.
ri. D. BoNCiNELLi, à Venise, avocat,
)' Bonmariaoe, à Bruxelles, professeur d'hygiène.
)' BoNNAFONT, à Paris.
)' BoNNARD, à Lausanne.
y Ch.-L. BoNviN, à Sion, vice-président du Conseil de santé.
)' A. BoREL, à Neuchâtel.
1. Bosch-Menos, à Barcelone, ingénieur des ponts et chaussées.
tl. Bossi, à Genève, ingénieur de l'entreprise du tunnel du Gothard.
i. Bourcier Saint-Chaffray, consul général de France, à Genève.
)' BouRDiN, à Paris, ex-président de la Société de statistique.
)' E. Bourgeois, à Berne, président du Collège de santé.
f . L. BouRGET, à Genève.
y BouRNEviLLE, à Paris, rédacteur du Progrès médical.
1. H. BouRRiT, à Genève, architecte.
)' H. Bourru, à Rochefort.
76 USTE GÉNÉRALE DE8 MEMBRES DU 0ONOEÈ8.
M. A. Bouvier, à Genève, secrétaire de rinstruction publique.
D' Emilie Bovell Sturge, à Londres.
D' Bradel, à Sofia, directeur de THôpital.
M. E. Briquet, à Genève, ingénieur.
D' A. Brot, à Genève.
M. Gh. Brot, à Milan, membre de la Société italienne d'hygiène.
D' P. Brouardel^ à Paris, professeur de médecine légale.
D' Brouogimer, à Wahlen (Argovie), président delà Société de médecine.
D' J. Brugnoli, à Bologne, professeur de pathologie interne.
M. Albert Brun, à Genève.
D' Auguste Brun, à Genève.
D' F. 6run, à Luceme.
M. Jacques Brun, à Genève, professeur.
D' Brunnër, k Albisbrunn.
D' Burckardt-Mérian, h Bâle, professeur d'otiatrique.
D' N. Cabello, à Madrid, membre du Conseil supérieur de santé de la
marine.
M. A. DE Candolle, à Genève, professeur, membre de l'Académie des
Sciences.
M. G. DE Candolle, à Genève, président de la Société de physique et
d'histoire naturelle.
D' Van Cappelle, à La Haye.
D' E. Casalis, à Basutoland.
P' Castetjla, k Fribourg, président de la Société de médecine.
D' E. CASTELO-Serra, à Madrid.
D' Cazenave (de la Roche), aux Eaux-Bonnes.
D' DE Cérenville, à Lausanne, médecin en chef de THôpital cantonal.
M. L. Cernesson, à Paris, architecte.
M. E. Chadwick, à Londres, ancien président du Bureau d'hygiène.
D' Challand, à Lausanne, médecin en dief de l'établissement de Cery.
M. Emile Challand, à Genève, assistant de la clinique chirurgicale.
M. Chamberlain, à Genève, chimiste.
M. Chambrelent, à Bordeaux, interne des hôpitaux.
M. Chapuis, à Genève, pharmacien.
M. M. Chauvet, à Genève, ancien conseiller d'État.
D' A. Chene\têre, à Genève.
D' E. Chenevière, à Genève.
D' A. Chervin, à Paris, directeur des Annales de démographie.
M. Cheysson, à Paris, ingénieur.
D' A. Christener, à Berne, membre de la Conmiission municipale.
D' DE Cristoforis, à Milan.
M. J. CiARET, à Genève.
D' Solis Cohen, à Philadelphie.
D' H. CoHN, à Breslau, professeur d'ophthalmologie.
D' L. Colin, à Paris, professeur à l'École du Val-de-Grâce.
M. D. CoLLADON, à Genève, ingénieur-professeur.
D' CoLLiEx, à Turin.
D' CoRDÈs, à Genève.
D' V. CoRNiL, à Paris, professeur.
LISTE OÉKÉBALR DES MEMBRES DU C0NGBÈ8. 77
M. Corot, à Paris, ingénieur.
D' A. CoRRADi, à Pavie, professeur de matière médicale.
M. A.-G. Gossi, à Madrid.
D' Couette, à Lyon, médecin aide-major.
M. E. Court, à Yverdon, pharmacien,
D' C.-W. CovERKTON, à Ontario, membre du Board of Health.
D' L. DE CsATARY, à Buda-Pesth, membre du Conseil général d'hygiène,
M. Da CuiKHA Belem, à Lisbonne.
D' CuRTi, de Saint-Gall, président du Conseil de santé.
D* CuRTVALLis, à Stockholm.
D' G. CusTER, à Rheineck (Saint-Gall).
M. CuTTAT, à Berne, du Bureau fédéral de statistique.
D' Dally, à Paris, profiesseur à l'école d'anthropologie.
D' Damaschino, à Taris, professeur agrégé.
M. Dameth, à Genève, professeur de statistique à l'Université.
M. Darier à Genève, interne des hôpitaux.
M. Albert Darier, à Genève.
D' David, à Versoix.
M. L. DE LA Rive, à Genève.
D' Delcomixète, à Nancy, professeur à l'Ecole de pharmacie.
M. A. Delpech, à Paris, mterne des hôpitaux.
M. F. Demaurex, à Genève, fabricant d instruments de chirurgie.
M. De Meuron, à Genève, ingénieur.
D' F. De Pury, à Neuchâtel.
M. E. Des Gouttes, à Genève, ingénieur.
D' Des Guin, à Anvers, membre de l'Académie.
D' Deshayes, à Rouen, membre du Conseil d'hygiène.
D' A. D'Ebpine, à Genève, professeur de pathologie interne.
M. De Thérésopolis, à Rio-de-Janeiro.
D' De Valcourt, à Cannes.
D' DiAs DE SoRiA, à Bordeaux.
M. DiAz-CovARRUBiAs, à Mexico.
D' W. DouGLAs-HoGo, à Paris, pharmacien.
D' G. Drouineau, à La Rochelle, secrétaire du conseil d'hygiène.
D' Dubois, à Berne.
D' J. DuBRisAY, à Paris, membre du comité consultatif d'hygiène.
D' M. DuFOUR, à Lausanne, médecin de l'hôpital ophthalmique.
D' E. Dufresne, à Genève.
D' DuMUR, k Evian.
M. A. DuNANT, à Genève, procureur général.
D' P.-L. DuNANT, à Genève, professeur d'hygiène.
M. DuPLEssis, à Paris, vétérinaire principal.
D' Dupont, à Lausanne, chirurgien en chef de l'hôpital.
M. Durakd-Claye, k Paris, ingénieur en chef des ponts et chaussées,
professeur.
D' Phil. Durajhtb, à Gr^iève.
M. Durrrr, à Berne, reviseur du Bureau fédéral de statistique.
D' A. DuvAL, à Genève, médecin de l'Hôpital des enfanta.
M. C.-D. DuvERDY, à Paris, avocat.
78 LISTE OSHÉRALE DES liEMBRES DU OONORÈS.
M. Enoel-Dolfus, à Dornach, manufacturier.
D' G. Ennes, à Lisbonne.
D' H. EuLENBERG, à Berlin, conseiller médical supérieur.
D' P. Fabre, à Commentry.
D' Falquet, à Genève.
D' G. Faralli, à Florence.
M. V. Fatio, à Genève, docteur es sciences.
D' Fauvel, à Paris, inspecteur général du service sanitaire.
D' E. Favaroer, à Neuchfttel, membre de la commission de santé.
M. A. Favre, à Genève, professeur.
D' Favre, à Neuchâtel.
D' J. FÉLIX, à Bucharest, professeur, membre du Conseil médical.
D' Fernandez, à Rome.
D' F. Ferrière, à Genève.
jy D.-F. Fetscherin, directeur de l'asile de Saint-Urban (Luceme).
D'FiEuzAL, à Paris.
M. A. FiuMi, à Assise, vétérinaire.
M. P. Fleury, à Marans, pharmacien de 1" classe, membre du Conseil
d'hygiène.
D' Fleury, k Saint-Etienne.
D' Flotard, à Evian.
D' Fol, à Genève, professeur.
D' F. FoREL, à Morges, professeur.
D' F. FoRMEKTo, à New-Orléans, membre du Board of Health.
D' F. Fritzsché, à Glaris, médecin de l'hôpital.
M. L. FuLPius, à Genève, architecte.
D' L. Gaillard, à Paris.
D' L. Galassi, professeur à l'Université de Rome.
M. Ch. Galopin, à Genève, professeur.
M- Galtier, à Lyon, professeur de police sanitaire.
D' P. GAMBERna, à Bologne, professeur de dermatologie.
D' Gariel, à Paris, professeur agrégé.
D' A. Gautier, à Paris.
M. E. Gautier, à Genève, colonel.
jy Léon Gautier, à Genève.
D"" V. Gautier, à Genève, médecin en chef de l'infirmerie Butini.
D' H. Gelabert, à Barcelone, rédacteur de la Hygiène para todos,
M. E. Geneste, à Paris, ingénieur.
D' V. Georgbwitz, à Belgrade.
D' J. Gibert, au Havre.
IfIBTE OIÈNÉRALE DES MWMBRES DU CONGRÈS. 79
D' GiNÉ Y Partages, à Barcelone, professeur de clinique chirurgicale.
M. Ch. Girard, à Paris, chef du laboratoire municipal d'analyses.
B' Ch. Girard, à Berne, secrétaire du Collège de santé.
ly H. Girard, à Genève.
D' Glatz, à Champel-sur-Arve, Genève.
D' GoDEFROY, à Versailles.
M. G. Gœgg, à Genève, pharmacien.
D' Gœtz, à Genève, secrétaire de la Société médicale.
D' GoLAY, à Genève.
M. GoLTz, à Berlin.
D' H. Gosse, h Genève, professeur de médecine légale.
D' F. GôiTisHEiM, à BâJe, professeur d'hygiène.
D' H. GouDET, à Genève.
D' G. Grant, à New-York.
D' J. Gray, à New-York.
M. P.-L. Gremaud, à Genève.
M. F.-R. Gruber, à Vienne, architecte et professeur.
D' Henri Guexeau de Mussy, à Paris membre de TAcadémie de
médecine.
D' A. GuiLLEBEAu, à Bomo, professeur à l'Ecole vétérinaire.
jy GuiLLERBJET, à Caunos.
M. GuTTSTADT, à BorUu.
H
M. Habel, à Genève, pharmacien, président de la Société de pharmacie.
D' ILsGLER, à Bâle.
M. Haid;, à Genève, Dharmacien.
M. Haldbkwang, à Genève, pharmacien.
D' Haltenhoff, à Genève, Privat-docent d'ophthalmologie.
D' E. Hart, à Londres, éditeur du Sanitary Record.
D' E. Haughton, à Londres.
D' Hauptmann, à Gleiwitz (Silésie).
D' BLkusAMMAKK, k Lausauno.
D' P. Hauser, à Séville.
D' 0. Heer, à Lausanne.
D' H. Henrot, à Reims, professeur d'hygiène.
M. Henry, à Genève, vétérinaire cantonS.
M. Ch. Herscher, à Paris, ingénieur.
ly Herzen, à Lausanne.
D' A. Hess, à Londres.
D' J.-B. HuAR Y Haro, à Rome.
D' HiLT, à Genève.
D' HiNCKEs-BiRD, à Londres.
D' HiRscH, k Potsdam.
D. F. HoFMANN, à Leipzig, professeur à l'Institut hygiénique.
D' F. HoRNER, à Zurich, çrofesseur de clinique ophthalmologique.
M. A. HovELACQUE, à Paris, directeur de la Beinie de linguistique.
D' H. HuART, à Bruxelles, médecin du Bureau d'hygiène".
D' Huc-Mazelet, à Morges.
D' HûRLiMANN, à Zoug, président de la Société médicale.
M. C. HussoN, k Toul, pnarmacien, membre du Conseil d'hygiène.
80 LOTS OÉHÉRALB DES MEMBRES DU OOHOBAS.
D' Jacquemet, à Montpellier, professeur à la Faculté de médecine.
M. J.-G. J^GER, à Amsterdam, président de rAssociation pour Teau
potable.
D' JiE(4ER, à Stuttgard.
D' P. Jaillard, à Paris, pharmacien.
D' Jaxssens, à Bruxelles, inspecteur du service de santé.
D' Joël, à Lausanne, médecin de l'Hôpital des enfants.
M. A. JoLTRAiN, h Paris, secrétaire de la Société d'hygiène.
M. Ch. JoLY, h Paris, vice-président de la Société d'norticulture.
M. JoRDANOFF, à Sofia.
D' JuiLLER^vT, à Lausanne.
D' JuLLiARD père, à Genève, ex-médecin-inspecteur de la salubrité
publique.
D' G. JuLUARD fils, à Genève, professeur de clinique chirurgicale.
D' J.-F. Kaiser, à Coire (Grisons), président du Conseil de santé.
M. Kampmanx, à Genève, pharmacien.
M. H. KiKKEus, à Bâle, professeur de mathématiques à l'Université.
M. KiRscHOF, à Leer (Hanovre).
D' R. KocH, à Berlin, professeur.
D' KocHER, à Berne, professeur de clinique chirurgicale.
M. A. KoECHiix-ScuwARTz, à Paris, maire du 8"** arrondissement.
M. J. KôRôsi, à Buda-Pesth, directeur du Bureau communal de statis-
tique.
D"" KosciAKiEwicz, à Rive-de-Gier.
D' A. KoTTMANN, à Soleure, médecin en chef de l'hôpital.
D' G. Krauss, à Darmstadt.
D' A. Kruche, à Marbach (Bade).
D' H. KuBORN, à Seraing-Liège, professeur, président de la Sodété de
médecine publique.
M. KuMMER, à Berne, directeur du Bureau fédéral de statistique.
D' J.-J. KraMER, à Aarwangen (Berne), membre de la commission sani-
taire fédérale.
D' Kupfer-Kerxen, à Berne, membre du Collège de santé.
D' Lacassaoke, à Lyon, professeur de médecine légale
D' Lachenal, à Genève.
M. p. Lackner, à Berlin, assistant à l'office statistique de la ville
D' Lad^e, à DombresBon (Neuchâtel), médecin de TorpheUnat '
D' Lade, à Martigny. ^
LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DU CONGRES. 81
y E. DE LA Harpe, à Lausanne, membre de la Société française d'hy-
giène.
y A. Lai^im, à Stockholm.
y E. Landowski, à Paris.
y F. Laxg, à Soleure, professeur à l'école cantonale.
-)' Laxglet, à Reims, airecteur du bureau d'hygiène.
tf . Lasius, à Zurich, professeur d'architecture à l'École polytechnique.
)' Laskowski, à Genève, professeur à la Faculté de médecine.
y A.-A. Launay, au Havre, directeur du bureau municipal d'hygiène.
y Layet, à Bordeaux, professeur d'hvgiène.
^I. A. Le Cointe, à Genève, membre au conseil administratif.
y Leenharot, à Montpellier.
y Leudet, à Rouen, du'ecteur de l'École de médecine.
d. R. Leudet, à Paris, élève des hôpitaux.
)' Levisson, à Copenhague.
tf. Ll\gre, à Bruxelles, lieutenant-général.
y LiciiTHEiM, à Berne, professeur de clinique médicale.
y G. DE LiGXEROLLEs, à Paris.
y LiKATcuEFF, h Saiut-Pétersbourg, président de la commission sani-
taire de la municipalité.
^L Alexandre Likatcheff, à Munich.
J. P. Lixdell, à Stockholm, secrétaire do la Société pour la crémation.
y H. LiouviLLE, à Paris, député.
J. A. Loir, à Lyon, doyen de la Faculté des sciences.
tf . A. Loir fils, à Arbois, assistant de M. Pasteur.
)' LoisEAU, à Paris, membre du conseil municipal de Paris.
)' H.-Cl. Lombard, h Genève, Président du Congrès.
)' H.-Ch. Lombard, h Genève.
kl. Alex. Lombard, à Genève, président de la Société pour la sanctifi-
cation du dimanche.
tf . F. Lombard, h Genève.
il. LoMMEL, à Lausanne, ingénieur.
)' E. Long, à Genève, ancien médecin en chef de l'hôpital cantonal.
)' E. LoRENT, à Bremen, président du Conseil de santé.
)' LoTz, à Bâle, président de la Société médicale.
J. LoYsoN, président honoraire de la Cour d'appel, à Lyon.
)' LvBEusKi fils, à Varsovie, délégué de la Société médicale de Varsovie,
médecin du consulat général de France.
)' LuMxiczER, à Buda-Pestn, professeur de chirurgie h l'Université,
président du Conseil général d'hygiène.
J. LuNGE, à Zurich, professeur de chimie appliquée à l'École polytech-
nique fédérale.
M
)' G.-A. Maccas, à Athènes, professeur de clinique médicale.
iL V. Maggioli, à Rome, professeur.
I. Malbran'cue, à Rouen, pharmacien, membre du Conseil centi'al
d'hygiène.
)' Malief, à Kazan, professeur de l'Université.
A. Ivan Maijeff (Russie).
il. Ch. Mallet, à Genève.
6
82 LISTE GÉNÉRALE DES MEMBHE8 DU CONGRES.
M. E. Marbeau, à Paris, président de la Société des crèches.
D' Mahcet, à Londres.
D"" F. Mar(;ary, à Turin, i)remier chiiiirgien de l'hôpital Saint-Jean.
D' E. Marchlvfava, à Rome, professeur.
D' Ant. Marro, h Turin.
M. A.-J. Martin, à Paris, secrétaire général adjoint de la Société de
médecine publique.
M. Alex. Martin, à Genève, professeur.
D' E. Martin, à Genève.
D' E. Masson, à Carouge (Genève).
M. Masson, à Paris, ingénieur.
M. I). Matak, à Bucharest, ingénieur directeur des travaux de la \ille.
D' Matzinger, à Bâle.
M. Ch. Maunoir, à Paris, secrétaire de la Société de géographie.
I)'' P. MAuxt>iR, il Genève, chirurgien de l'Hôpital des enfants.
D' E. Mauriac, à Bordeaux.
D' A. Mayor, à Genève.
M. Mégevand, h Genève, étudiant en médecine.
D' Meinert, à Berlin.
D' R. Mendez, à Barcelone, professeui* d'hygiène.
D' Mercier, à Coi)pet.
M. Merle-d'Aubkîné, à Genève, ingénieur du service des eaux de la
ville.
D' Mermod, à Yverdon.
D' Métral, à La Belette (Genève).
D' R. Meyer-Hitni, à Zunch, privat-docent à l'Université.
M. L. MicHELi, à Genève, vice-président du Comité de la Croix-Rouge.
M. M. Mkuieli, à Genève, botaniste.
D' MiNiAT, à ClareiLS-Montreux.
D' P. MiQUEL, à Paris, micrographe à l'Observatoire de Montsouris.
M. E. MiTTENDORKF, à Genèvc.
M. D. MoNNiER, à Genève, professeur de chimie biologique.
D"" B. MoNTEJo, à Madrid.
D' A. MoNTEVERDi, à Ci'émone, médecin en chef de l'Hôpital civil.
D' MoRiCAND, à Paris.
D' J. MoRAx, à Morjjes, membre du Conseil de santé.
D' E. MoRRA, à Turin.
D' MoRRAUD, à Paris.
D' F. MouAT, à Londres, local government inspecter.
M. G. MoYNiKR, à Genève, président du Comité international de la
Croix-Rouge.
M. MunLEMANN, à Berne, directeur du Bureau cantonal de statistique.
D' Mi:ller, à Ballaigues ( Vaud).
M. Mi:ller, à Genève, pharmacien.
D*" R. DE Musgrave-Clav, à Pau.
N
D' G. Nager, à Lucerne, médecin de district.
D' H. Napias, à Paris.
D' Neinjiaus, à Châtcl-Saint-Denis.
Comte L. Xesselrode, à Saint-Pétersbourg, docteur en droit.
LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DU CONORËS. 83
T)' NiCAisE, à Paris, professeur agrégé à la Faculté.
D' Nicolas, à Neuchâtel.
I)*^ NoTTix, à Paris.
Barou A. Novellis, à Rome.
M. E. Odier, à Genève, avocat.
D' OuvET, à Genève, professeur de psychiatrie.
D' Oltramare, à Genève.
M. Ottinger, à Paris.
D' VAX OvERBEEK DE Meyer, à Utreclit, professeur d'hygiène à l'Uni-
versité
D' F. OviLo, k Madrid.
D' H. Pacchiotti, à Turin, professeur.
D' L. PAGLLiNi, à Turin, professeur d'hygiène à l'Université.
D' Pamard, à Avignon, chii*urgien en chef de l'hôpital.
D' DE Paou, à Tuiîn.
D' C. Papi, à Lugano, chirurgien de l'hôpital de Lugano.
M. J.-M. Paris, à Genève, instituteur.
D' G. Parola, à Cuneo.
M. Parvillée, à Paris.
D' Pasta, à Monte Generoso (Tessin).
M. Pasteitr, à Paris, membre de l'Institut.
D' A. Pasteitr, à Genève.
M. L. Perozzo, à Rome, inspecteur de la statistique générale.
D' E.-R. Perrin, à Paris, membre de la commission des logements
insalubres.
D*^ Z. Petresco, à Bucharest, colonel, médecin principal de l'armée
roumaine.
D' Pkeiffer, à Weimar, Medicinalrath.
D' E. Pfluger, à Berne, professeur d'ophthalmologie.
D' F.-J.-E. Philbert, à firides-les-Bains.
D' PiACHAUD, à Genève.
D' P. PiANA, à Lugo di Romagne, ingénieur.
D' J. PicoARD, à Bâle, professeur de chiniie.
D' C. Picot, à Genève, médecin de l'hôpital du Prieuré.
M. G. P1CIT.T, à Genève, avocat.
D' Pietra-Santa, à Paris.
D' Pkjeolet, à Bruxelles, professeur à l'Université.
M. PiNX'HiA, à Turin.
I)"^ G. PiNi, à Milan, membre du Conseil de santé.
M. A.-G. P()GOL\Ni, à Padoue, avocat.
D' L. PoiscARRÉ, à Nancy, professeur.
M. PoppE, à Genève, phannacien.
M. Ch. Porta, à Turin.
D' P0RTI8, à Turin.
S4 LISTE GÉSÉBALE DES MEMBRES DC OOSGSES.
I>' Pravaz. à Lyon.
D' PREsiiRiEBER, à Paris.
!>' J.-L. Prévost, à Genêvf . professeur de thérapeutique.
D' A. pROL>T. à Paris, membre du comité consulutif d'hygiène de France.
M. QuESTix, à Pari>, directeur de l'assistance publique.
D' G. QuiRico, à Rome.
M. Rabot, à Vers*iilles. phannacien de première classe.
D' E. Rapin, à Genève, membre du Comité d'organisation.
D' Rapix, à Lausanne.
D' E. Raseri, à Cuneo. in>i)ecteur de la statistique générale.
M. E. Raymoxdaii», de Limoges, [professeur à TEcole de Médecine.
D' Recordox, à Lausanne. \ice-président du Conseil de santé.
D*^ Redari), à Genève, professeur.
D' V. Remixck, à Bruxelles, médecin des hôpitaux.
M. E. Reverdix, à Genève, architecte.
D' J. Reverdix, à Genève, professeur de pathologie interne.
D' L. Revilliod, à Genève, professeur de clinique interne.
M. Richard du Caxtal, à Paris.
D' P. RiGOT, à Paris.
M. A. Rilliet, à Genève, chimiste. . , , ,
D' RippMAXx, à Sissach ( Bâle-Campagne), président de la Société de
médecine.
D' Rist, à Nyon.
D' Ritzmaxx, à Schaffhouse, président de la Société de médecine.
D' J.-E. RocHARD, à Paris, inspecteur général et président du Conseil
supérieur de la marine. , ,
M. L.-L. RociLVT, à Genève, président central de la Société suisse de
tempérance».
D*" A. RoGivi'E, à Lausanne.
D*" Rollet, à Lvon, professeur d'hvgiène.
D*^ M. Roth, h Londres, secrétaire 'honoraire de la Société pour la pré-
vention de la cécité.
D' L. Roulet, ù Neuchâtel, conseiller d'État.
I)*^ RoiTSTAND. <\ Cannes,
M. F. Rorx, à Nyon, phannacien.
M. L. Roux, à Lausanne, professeur de physique à l'Ecole industrielle.
I)*" RuYscH, à Maastricht, inspecteur du service sanitaire.
M. A. Rycuxeu, à Neuchâteî, architecte.
M. G. Salomox, à Paris, ingénieur civil des mines,
I)** Samelsox, à Manchester.
U8TE OÉX£R\LE DES MEMBRES DU CONGRÈS. 85
M. E. Sarasin, à Genève, secrétaire de la Société de physique et d'his-
toire naturelle.
M. ScALA, h Nice, architecte.
M. Ch. ScHiECK, à Genève, architecte.
D' Sgiuff, h Genève, professeur h la Faculté de médecine.
D' E. ScHiFF, à Vienne (Autriche).
D' E. ScHMiNGTON, à Copcnhague.
D' F. ScHULER, à Mollis (Glaris), inspecteur fédéral des fabriques.
D' A. Secret AN, à Lausanne.
D' L. Secretan, h Lausanne.
D' Ch. Secret an-Mayor, à Lausanne.
D' L. Severini, à Pérouse, professeur de psychologie à l'Université.
D' Siegel, à Leijjzig.
Jy SiGG, à Andelnngen (Zurich).
D' J. DE SiKORSKi, à Pétersbourg, privat-docent de psychiatrie.
D' J.-J. da SiLVA Amado, de Lisbonne, professeur a'hygiène, directeur
du Bureau d'hygiène.
D' J. SioRDET, à Menton.
M. A. Smith, à Londres, correspondant de la presse scientifique anglaise.
D' J. Smith, à Londres.
D' A. SociN, h Bâle, professeur de clinique chii'urgicale.
D' SoGNiFJs, à Nancy, directeur du Bureau d'hygiène.
D' SoNDEREGGER, à Saint-Gall, vice-président de la Commission de santé
fédérale.
M. L. SoRET, à Genève, professeur de physique médicale.
D' J. Sormani, à Pavie, professeur d'hygiène à l'Université.
D' J. SoYKA, à Munich, privat-docent a l'Institut hygiénique.
D' Squarini, h Novare, chirurgien du Grand-Hôpital.
I>' Steiger, à Montreux.
D' Stierlin, à Schaflfhouse, membre de la Direction sanitaire du canton.
I^' A. Sturge, de Londres.
M. SuzoR (comte Paul de), à Pétersbourg, architecte de la ville.
D' J. Teissier, à Lyon, professeur agrégé.
D' Texier, à Alger, professeur directeur de l'École de médecine.
M. E. Thomas, à Genève.
M. Casimir Tollet, à Paris, ingénieur civil.
D' D. ToscANi, à Rome, professeur de médecine légale à l'Université.
M. E. Trjéiat, à Paris, architecte, professeur, président de la Société
des ingénieurs civils.
M. G. Trélat, à Paris.
j^' Tschatskine, à Odessa.
M. Th. Turrettini, à Genève, ingénieur, membi^e du Conseil Adminis-
tratif.
1^' Yalentin, à Berne.
"I, Vallery-Radot, à Arbois.
SÉANCE D'OUVERTURE
DU 4 SEPTEMBRE
La séance est ouverte à deux heures dans l'Aula de l'Université.
M. le D' H.-Cl. Lombard occupe le fauteuil de la présidence.
Près de lui sont placés :
M. Schenk, conseiller fédéral, délégué par le Haut Conseil fédéral
uisse;
M. Héridier, conseiller d'État, délégué par le Conseil d'État de la
épublique et canton de Genève ;
M. Le Cointe, membre du Conseil administratif, délégué par les Auto-
Drités municipales de la ville de Genève ;
M. Pacchiotti, président du Congrès de Turin ;
M. Fauvel, président de la Commission pour le Concours sur l'hygiène
es campagnes.
Ainsi que Messieurs les membres du Bureau provisoire : D" J.-L. Pre-
ost et Gautier, vice-présidents; M. P.-L. Dunant, secrétaire général;
► ''Espine, Haltenhoff et Picot, secrétaires adjoints.
M. le président Lombard ouvre la séance et donne successivement la
arole aux orateurs annoncés à l'ordre du jour.
Discours de M. SCHENK, conseiller fédéral, délégué
par le Haut Conseil Fédéral suisse.
Messieurs,
Depuis plusieurs années la Suisse est devenue le théâtre des congrès
internationaux : de ceux surtout qui ont pour but une cause généreuse,
réalisable et humanitaire.
90 8ÉANCE d'ouverture.
Nous sommes heureux et fiers de voir notre pays choisi pour ces cou-
grès internationaux, et nous nous demandons si c'est à notre situatioD
centrale seulement que nous devons l'honneur de vous recevoir aujour-
d'hui.— Nous ne le pensons pas, il doit y avoir autre chose qu'une
question géographique dans le choix de la Suisse pour votre réunion.
Nous nous flattons de l'idée que votre estime pour notre pays est pour
une part dans l'honneur que vous nous faites et aussi certainement,
parce que vous êtes assurés que vous trouverez chez nous non seulement
des sympathies pour votre cause, mais aussi des champions convaincus,
travaillant avec zèle dans le domaine que vous cultivez.
Mais en somme, quels que soient vos motifs, Messieurs, nous nous
trouvons honorés par votre présence et nous vous souhaitons, à vous,
Messieurs les délégués des pouvoirs étrangers, et à vous, membres du
Congrès, au nom du Conseil Fédéral, la plus sincère et la plus cordiale
bienvenue dans la patrie des Haller, des Tissot, des Tronchin et des
Coindet.
La ville qui vous reçoit aujourd'hui a eu l'honneur de réunir le Con-
grès de la Société de la Croix-Rouge, qui, se basant sur les principes
élémentaires de l'humanité, devait assurer une protection et des secours
aux blessés après la bataille.
Notons encore, — souvenir honorable pour notre pays, — que c'est
à Genève que se réunissait le tribunal arbitral chargé de trancher la
question dite de l'Alabama, qui évita une guen-e entre les deux plus
grandes puissances du monde.
Le Congrès qui s'ouvre aujourd'hui poursuit un but analogue à celui
qui donna naissance à la Société de la Croix-Rouge ; aussi lui portons-
nous le plus grand intérêt car le but du Congrès d'hygiène et de démo-
graphie est l'amélioration des conditions de l'existence, — améUoratiou
qui est à la base du progrès matériel, intellectuel et moral des individus
et des sociétés.
A ce point de vue, nous nous félicitons. Messieurs, de la réunion du
congrès international d'hygiène et de démographie dans notre pays, car,
à en juger par le résultat des travaux de nos statisticiens, nous avons
encore en Suisse beaucoup à apprendre des hygiénistes des autres pays
qui nous ont devance^ dans la police sanitaire et l'hygiène publique et
privée.
Le tAux de la mortalité est encore beaucoup trop élevé dans nos can-
tons et la proportion des décès est loin d'être le 17 pour mille habitants.
Dans certains cantons elle varie de 25 h 29 pour mille ; dans les autres
entre 20 et 25 décès pour mille habitants.
Comme ailleurs, c'est dans les premières années de la vie que l'homme
8KÂNCE d'ouverture. 91
paie un fort tribut à la mort. Les maladies qui sont la cause principale
de ces nombreux décès parmi les enfants sont attribués par les hygié-
nistes suisses à la mauvaise alimentation, ainsi qu'aux soins incomplets
ou irrationnels.
Nous attendons de vos discussions, Messieurs, quels sont les moyens
préventifs pour diminuer cette mortalité excessive.
Une autre catégorie d'affections évUahles est celle des maladies zymo-
tiques qui, en Suisse, enlèvent chaque année de nombreux individus, dont
une partie, étant dans la force de l'âge, laissent après eux des orphelins
à la charge de l'assistance publique.
D'autres causes importantes de décès, indiqués sur les tableaux mor-
tuaires sont la phthisie pulmonaire, l'alcoohsme, le suicide et d'autres
maladies qui figurent au programme du Congrès et qui sont toutes, dans
une certaine mesure, également èvitables.
Bien que l'hygiène ait été en honneur chez les peuples de l'antiquité
et que nous ayons des raisons d'admettre que les lois sanitaires de Moïse
ont contribué à donner au peuple juif la vitalité remarquable qui lui est
particulière, il n'en est pas moins vrai que c'est à notre siècle, dans une
période relativement récente, qu'appartient l'honneur de l'avoir de
nouveiiu mise en évidence et d'avoir signalé ses heureux effets.
Quoique tous soient d'accord que la santé est le premier des biens, un
petit nombre seulement se conforme aux sages lois de l'hygiène et la
majorité, — nous l'avouons avec regret, — est encore esclave des pré-
jugés du passé.
Mais, — solidaires les uns des autres, — les bienfaits de l'hygiène
démontrés par la démographie, ne se répandront partout que lorsque
chacun, comprenant les effets et les causes, se fera un devoir d'obéir aux
lois de la science, pour lui-même et son prochain.
Puisse le Congrès d'hygiène et son exposition, que nous saluons
aujourd'hui, contribuer à dissiper les erreurs et à éclairer l'opinion
publique. Puisse votre œuvre généreuse et qui s'annonce sous de si
heureux auspices, apporter sa pierre à l'édifice toujours inachevé du
progrès humain.
C'est dans cet espoir, Messieurs, que nous vous souhaitons encore une
fois la bienvenue sur le sol helvétique.
92 SÉANCE d'ouverture.
Discours de M. M. HÉMDIER, président du ConseU d'État,
délégué de la république et canton de Genève.
Messieure,
Au nom de la république et canton de Genève, l'un des vingt-deux
cantons souverains de la Confédération suisse, comme délégué à ces fins
de son gouvernement, je souhaite la bienvenue à tous les hommes de
science qui participent au 4— Congrès international d'hygiène et de
démographie. Je les salue et leur présente les vœux sincères que le peu-
ple genevois forme pour la réussite de cette belle œuvre internationale.
Le choix de notre antique cité pour la tenue de ce Congrès est un hon-
neur pour Genève, qui se fait gloire d'une renommée scientifique qu'elle
vise à développer et à perpétuer, par la vie nouveUe qu'elle vient d'infu-
ser à son instruction publique, à son ancienne Académie, transformée
en Université, sur un terrain neutre, à la frontière de grands États euro-
péens.
Le congrès d'hygiène revêt le caractère international, parce que la
science ne saurait s'arrêter aux frontières des États.
Les congrès internationaux pour l'avancement des sciences sont un
hommage rendu au progrès social.
Ils font graduellement disparaître les imperfections et les vices de
notre civilisation moderne par la lumière qu'ils ne cessent de répandre,
battant en brèche les fléaux de l'humanité, l'ignorance, la routine, k
fanatisme, la tyrannie et la guerre.
Quels bienfaits ont déjà résulté des divers congrès tenus à Grenève !
Bappelons entre autres, à un point de vue spécial : le Congrès de
secours pour les militaires blessés, de 1864; le Congrès des scienceî
médicales, de 1877. Rappelons encore l'arbitrage de TAlabama, de 1872
qui a écarté la guen-e entre l'Angleterre et les États-Unis, pour le plu
grand bien de l'humanité, à laquelle une voie nouveUe était ouverte pou
régler pacifiquement les différends qui surviennent entre les nations.
L'humanité a reçu et recevra encore beaucoup de bienfaits de 1
science hygiénique.
L'hygiène, cette branche importante de la médecine, se rapporte e
SÉANCE d'ou\'erture. 93
i aux conditions de la santé ; elle indique à l'homme comment il doit
ronsener.
Lussi, cette science fondée sur Tobsen'ation de la nature était -elle en
ineur chez les Sages de l'antiquité dans l'Inde et l'Egypte, dans la
?ce et à Rome où elle avait sa place dans les codes civils et religieux
ces peuples.
.e moyen âge avec sa longue suite de siècles d'ignorance, alors que
i méprisait le corps pour ne s'attacher qu'à l'âme, où l'on respectait
inie saints des préjugés et des coutumes vicieuses, négligea l'hygiène;
Il fut souvent cruellement puni.
,es temps modernes ont relevé cette science. Rousseau, citoyen de
lève, améliora l'éduc^ition du corps. De nos jours, la chimie et la phy-
le éclairent de plus en plus cette matière qui progresse activement.
.'État de Genève a des raisons majeures de vouer son attention à la
nce hygiénique; la santé publique l'intéresse au plus haut degré,
.'hygiène privée concerne toute la population, indiquez-lui la voie,
ne tardera pas à reconnaître la vérité de cette maxime :
L'esprit est sain dans un corps sain.
'ous travaillons, d'autre part, à faciliter l'hygiène privée par la diffu-
i de l'instruction, par l'amélioration des conditions sociales, en recher-
nt les moyens qui peuvent faire prospérer l'industrie et le commerce,
ibattant ainsi l'ignorance et la misère qui sont les plus grands enne-
de votre science.
'ratiquons aussi l'hygiène morale. Tous les peuples doivent y travail-
; là aussi, il faut extirper les miasmes délétères.
Jue les peuples apprennent à se connaître, afin de se conserver et de
perfectionner.
lue le soleil de la science et de la vérité éclaire tout l'univers, sans
:inction de races ou de langues, afin que peuples et individus puissent
re de plus en plus dans des conditions meilleures de paix et de pros-
ité.
'ai dit.
114 SÉANCE D'on^ERTrRE.
Discours de M. LE GOINTE,
délégué par le Conseil administratif de la ville de Genève.
Messieurs,
C'est au double point de vue de riioniieur que vous voulez bieu nous
faire et du bénéfice que nous retirerons de vos délibérations que je salue
au nom de la ville de Genève le quatrième Congrès international d'hy-
giène.
Nous vous remercions, Messieurs, du privilège que vous nous avez
accordé en choisissant notre ville entre bien d'autres pour sen'ir de lieu
de réunion aux délégués de nationalités très diverses.
Genève a été le berceau de cette magnifique conception philanthropi-
que de la Croix-Rouge, de cette organisation volontaire qui, ne pouvaut
prévenir le terrible fléau de la guerre, a voulu du moins en atténuer
les effets meurtriei's, et en a fait reconnaître par les diverses puissances
la neutralité des établissements hospitaliers, des blessés et du personnel
sanitaire.
Quelques années plus tard, l'arbitrage international dit de l'Alabama
se tenait dans une des salles de notre hôtel de ville , et Genève se
réjouissait d'avoir été associée à cet événement, qui tranchait par une
solution pacifique le^ différends de deux puissances de premier ordre.
Il y a cinq ans. Messieurs, que le Congrès périodique des sciences
médicales s'ouvrait daas cette même salle oîi nous nous trouvons ; des
hommes éminents constataient, dans des travaux consciencieux, le pro-
grès de ces sciences si bienfaisantes pour l'humanité.
Et vous. Messieurs, embrassant dans un cercle plus large encore que
vos devanciers tout ce qui se rapporte au bien-être matériel, vous vene^
à votre tour constituer par vos travaux un nouveau titre de gloire à
notre modeste cité.
Sous vos auspices, les sciences d'oi)servations, les méthodes expéri-
mentales, les sciences dites exactes, toutes viennent apporter leur con-
tingent pour instruire l'humanité.
Les faits isolés se condensent par vos soins, vous en faites surgir les
lois générales qui, une fois admises, concourent à l'amélioration de la
vie sociale.
6EAXCE D OUVERTITRE. 95
Animés de sentiments pui'ement philanthropiques, vous recherchez eu
Jehoi-s (le toute distinction de nationalité les véritables intérêts de clas-
ses ouvrières si nombreuses et si intéressantes par le travail incessant
auquel elles doivent se Uvrer. En affermissant leur santé, en rendant
leur m(^deste demeure moins triste à habiter, en donnant à nos campa-
gnes comme à nos villes, aux adultes comme aux enfants, les instruc-
tions capables d'assurer leur bien-être, vous voulez augmenter les forces
corporelles, et, par cela même, vous multipliez les forces morales et
intellectuelles de l'individu.
C'e^t à l'économiste, au pédagogue, à l'industriel, au philanthrope, à
l'administrateur public que votre science s'adresse et, sous ce rapport,
les autorités nmnicipales sont au premier rang de celles qui doivent bé-
néficier du résultat de vos travaux.
Vous ne serez donc pas étonnés que notre Conseil ait accueilli avec la
plus grande faveur la nouvelle de la réunion de votre Congrès au milieu
de nous.
Dans votre programme, du reste, figurent des questions qui sont pour
nous pleines d'actualité.
L'alcoolisme fait des ravages toujours plus considérables dans nos
populations rui'ales et urbaines ; enseignez-nous, Messieurs, les moyens
de combattre cet ennemi du foyer domestique.
La question du repos hebdomadaire a pour ainsi dire droit de nais-
sance à Genève.
Nos institutions démocratiques, basées sur le respect de la liberté
individuelle, ont aboli toutes restrictions légales à ce sujet. 11 est d'au-
tant plus nécessaire d'éclairer librement aussi nos populations sur leurs
véritables intérêts hygiéniques.
Nous voyons figurer parmi vos tractandas, la question des égoûts, et
quoique au premier abord notre position topographique paraisse au plus
haut point favorable à l'assainissement de notre ville et de ses fau-
bourgs, nous serons heureux d'entendre l'opinion des honunes spéciaux
et émiuents qui siègent au milieu de nous.
Mais, Messieurs, le temps pendant lequel il m'est permis de vous
entretenir n'est pas proportionné aux sentiments qui animent envei's
vous la ville de Genève, il a été plutôt mesuré à la petitesse de notre
territoire, j'ai donc hâte de terminer.
Qu'il me soit cependant pennis de vous exprimer encore un désir.
Vous, mes chers concitoyens et vous. Messieurs, qui ne ferez qu'un trop
court séjour au milieu de nous, pendant votre session, vous parcourerez
nos rues, vous visiterez nos écoles, vous inspecterez nos établissements
publics et votre attention se portera tout naturellement sur les sujets
96 SÉANCE d'ouvertitke^
habituels de vos études. Vous trouverez sans doute au point de vue de
l'hygiène matière à obser>^ation.
Je \iens vous le demander, Messieurs, faites-nous part en toute fran-
chise de vos remarques et de vos conseils.
Vous trouverez chez nous un petit peuple fier sans doute des institu-
tions qu'il s'est données et qu'il a su consen'er, mais vous rencontrerez
partout le sentiment unanime, qu'il y a toujours des progrès à accom-
plir. Notre devise Post tenehras lux vous en est un sûr garant, nous
voulons la lumière sur tout et partout.
L'autorité municipale, au nom de laquelle j'ai l'honneur de parler,
vous sera reconnaissante, si par votre intermédiaire elle parvient à amé-
liorer en quelque mesure les services dont elle est chargée.
Notre ferme volonté est d'être utile à nos concitovens, nous voulons
que notre passage aux affaires soit marqué par des progrès dans le bien-
être général.
Nous chercherons à profiter autant que possible des enseignements que
vous nous apporterez.
Puisse Messieurs, le quatrième Congrès d'hygiène, suivant en cela les
traces de ses prédécesseuis, résoudre d'une manière satisfaisante les
questions qui lui sont présentées.
Puisse-t-ii ainsi contribuer au soulagement de l'himianité.
Puisse enfin la ville de Genève profiter abondamment de vos travaux.
Messieurs, je vous souhaite à tous la bienvenue.
Discours d'ouverture de M. le docteur H.-Cl. LOBSBARD,
président du Comité d'organisation.
Messieurs et très honorés confrères en hygiène et en démc-
graphie,
Nous vous remercions d'avoir répondu en aussi grand nombre à notre
appel et nous vous souhaitons la bienvenue dans notre ville.
Ne vous attendez pas à des réceptions royales et à des fêtes somp-
8ÉANCE d'ouverture. 97
tueuses comme vous en avez eu à Turin et contentez-vous de l'accueil
cordial que nous vous ofirons en notre nom comme organisateurs du
Congrès et au nom des Autorités fédérales, cantonales et municipales
qui ont assumé la responsabilité de vous réunir à Genève après le vote
unanime du Congrès de Turin.
Nous appelons de tous nos vœux le concours de vos lumières et de
votre bienveillance pour élucider les nombreuses questions contenues
dans le programme que nous avons préparé pour ce quatrième Congrès
des sciences hygiéniques et démographiques.
Mais avant de les aborder, permettez-moi de vous soumettre quelques
observations sur les progrès hygiéniques qui ont été accomplis dans la
ville qui a l'honneur de vous recevoir.
Il n'est pas dans ma pensée de blâmer nos ancêtres pour n'avoir pas
adopté tous les perfectionnements des temps modernes. Us ne sont pas
non plus responsables des conditions anti-hygiéniques qui résultent de la
construction d'une ville enfermée dans des fortifications et dont les
maisons devaient compenser par la hauteur l'exiguïté de l'espace qui
leur était réservé. En outre, les rues étaient étroites et sinueuses, bor-
dées de hautes maisons dont les habitants étaient entassés dans des
logements où l'air et le soleil ne pénétraient que difficilement. Une seule
rue faisait exception par sa largeur, mais elle était obstruée par des
baraques de foire devenues permanentes et par des dômes qui empê-
chaient l'air et la lumière de circuler dans les cinq ou six étages de ces
maisons dont l'ensemble constituait la principale artère du commerce.
Tout cela est, fort heureusement, dans le domaine du passé, mais
suffit à expliquer conmient, il y a cinquante ans, l'on rencontrait dans
nos rues de nombreux rachitiques, scrofuleux ou goitreux ; tandis qu'ac-
tuellement ces infirmités sont devenues jusqu'à un certain point excep"
tionnelles.
Ce n'était pas seulement l'intérieur de la ville qui présentait de nom-
breuses imperfections : c'étaient aussi les rives du lac et le cours du
IUi6ne qui étaient bordés de constructions informes dont l'aspect n'était
rien moins qu'agréable, en même temps que l'absence de quais laissait
pénétrer jusque dans les rues l'eau du lac avec tous les débris tombés
des maisons riveraines.
U n'en est plus ainsi maintenant, comme vous avez pu le voir en par-
courant nos quais bordés de maisons élégantes et ornés de jardins..
L'origine, l'historique de cette transformation mérite d'être rappelée
à nos jeunes générations.
Un Américain, nommé Church, fut très surpris de ne trouver aucun
bateau à vapeur naviguant sur notre lac, tandis qu'il y en avait déjà
7
98 sihANCE D'om'ERTURE.
sur presque tous les lacs et les rivières de son pays. Persuadé, en véri-
table Américain, du succès d'une telle entreprise, il mit, sans tarder, la
main à l'œuvre et nous dota d'un premier bateau à vapeur qui ne tarda
pas à être suivi de plusieurs autres. Dès lors, la vue des informes con-
structions qui bordaient les rives du lac devint intolérable et l'on ne
tarda pas à les remplacer par des maisons neuves, en même temps que
la grève caillouteuse cédait la place h de vastes quais.
M ais la transformation la plus importante, au point de vue hygiéni-
que, c'e st, sans contredit, le comblement des fossés et la démolition des
fortifications qui ont permis de tracer des rues larges et des places spa-
cieuses oti l'air et la lumière circulent librement et oîi l'on a vu s'élever
un grand nombre de maisons particulières, ainsi que des édifices publics,
comme celui oti nous avons l'honneur de vous recevoir et qui contient
non seulement les salles destinées aux cours de l'Université, mais encore
un musée d'histoire naturelle et une bibliothèque publique.
Cet agrandissement a permis aux habitants de s'élargir, de telle
manière que ceux qui vivaient entassés dans une seule pièce, en occu-
pent deux maintenant, et que ceux qui se trouvaient à l'étroit dans deux
pièces en occupent quatre maintenant. En outre, la banlieue et les envi-
rons de la ville se sont couverts de maisonnettes entourées d'un jardin,
oïl les citadins viennent respirer l'air vivifiant de la campagne après les
fatigues de l'atelier ou du comptoir. Et quant à ceux qui ne peuvent
s'éloigner de la ville, nos édiles leur ont procuré la jouissance de cinq
ou six parcs et jardins, où l'on voit chaque jour la jeunesse prendre ses
ébats et les vieillards se chauffer au soleil.
Après ces quelques détails topographiques sur la Genève ancienne et
nouvelle, examinons les conditions hygiéniques qui résultent de l'air que
l'on respire, de l'eau que l'on boit et de la nourriture que Ton con-
somme à Genève.
En premier lieu : la colline sur laquelle la ville est bâtie s'élève en
amphithéâtre de telle manière que l'air y est constanmient renouvelé
par les vents qui soufflent dans le sens de la vallée du Léman, c'est-à-
dire du nord-est au sud-ouest ; mais avec une forte prédominance des
premiers, c'est-à-dire de la bise.
Tous ceux qui ont séjourné au milieu de nous connaissent ces rafales
qui soulèvent la poussière des rues et les vagues de notre lac. Elle5 sont
parfois très désagréables et peuvent contribuer au développement des
névralgies et des inflammations. Mais il ne faut pas trop en médire,
puisque, d'autre part, elles exercent une influence favorable à l'égard
des épidémies dont elles empêchent l'apparition ou arrêtent le dévelop-
pement, comme nous avons pu le constater lorsque le choléra nous visita
SEANCE d'ouverture. 99
pour la première et dernière fois, et, qu'au lieu de se propager, il dis-
parut en peu de jours sous l'influence d'une forte bise. Il en fut do
même alors qu'une forte épidémie de grippe avait atteint un développe-
ment extraordinaire et qu'il suffit d'une bise qui vint à souffler pour la
faire cesser presque instantanément.
Bien différente est l'action des vents du sud-ouest qui amènent la
pluie et combattent la sécheresse caractéristique de notre climat ; con-
tribuant ainsi à diminuer le nombre ou la gravité des maladies et, par
conséquent, aussi la mortalité qui est moins prononcée par les temps
humides que lorsqu'il fait sec.
L'eau que nous buvons est d'une pureté et d'une limpidité remarqua-
Ides, comme vous avez pu le voir en visitant notre port et le fleuve qui
passe sous nos ponts; le Rhône est chargé de sable et de limon lorsqu'il
entre dans le lac à Villeneuve ; tandis qu'à sa sortie il est transparent
comme du cristal et d'un bleu si foncé que le célèbre chimiste, Sir Hum-
phrey Davy, qui est venu finir ses jours dans notre ville, avait un instant
attribué cette coloration à la présence de l'iode qui, si elle eût existé
dans de telles proportions, aurait dès longtemps empoisonné tous ceux
qui la buvaient.
Cette eau, puisée dans le Rhône à sa sortie du lac, est distribuée dans
la ville par deux puissantes machines hydrauUques dans des proportions
supérieures à celles que reçoivent les habitants de presque toutes les
grandes villes.
Vous avez sans doute eu connaissance des plaintes qui ont été expri-
mées sui' la pureté de cette eau, craintes qui sont parvenues jusqu'en
Angleterre, oîi le physicien Tyndall faisait un jour une leçon sur les eaux
potables des principales villes d'Europe ; lorsqu'il en vint h montrer
celle de Genève, il s'exprima d'une telle façon que j'ose à peine le répé-
ter, par respect pour mes concitoyens : Ces stupides Genevois, qui se
plaignent de leur eau ; ils ne savent pas que c'est la plus pure de V Eu-
rope/
Toutes les analyses qui ont été faites dans ces derniers temps ont
donné les mêmes résultats ; c'est en particulier la conclusion du profes-
seur de Marignac, qui déclare qu'il y a peu de tilles qui puissent se
flatter d'être, sous ce rapport, dans des conditions aussi favorables que
celle de Oenève.
Nous serions heureux si ces témoignages scientifiques encourageaient
nos concitoyens à en faire un plus grand usage et à ne pas remplacer
cette boisson saine et inoffensive par des liqueurs alcooliques dont les
ravages se font senth- chaque jour davantage dans notre population. Ce
fléau de l'alcoolisme fait tous les jours un plus grand nombre de vie-
100 SÉANCE d' OUVERTURE.
times ; comme nous eu avons malheureusement la preuve par le fait que
le nombre des alcooliques admis dans les salles de THôpital est actuel-
lement aussi considérable dans une seule aunée qu'il Tavait été pen-
dant Tensemble des treize années de mon service dans l'ancien hôpital;
et tout en faisant la part d'une notable augmentation du nombre
de^ habitantes, il n'est pourtant pas treize fois plus considérable que
précédemment. D'où Ton est forcément amené k considérer cette
énorme augmentation comme un triste progrès dans Tabus d^ boissons
alcooliques.
Vous excuserez cette excursion dans le domaine pathologique par le
désir que j'éprouve de soumettre cette question humanitaire aux hygié-
nistes réunis en ce lieu, atin qu'ils y donnent leur plus sérieuse atten-
tion.
En passant de la boisson à Valinientatiouj nous pouvons affirmer que
celle des habitants de notre viUe est à la fois abondante, substantielle et
de bonne qualité.
En ce qui regarde la viande de boucherie, j'ai trouvé dans un tableau
pubUé par un docteur allemand que Genève occupe un rang très hono-
rable quant à la consonmiation annuelle. Je puis continuer cette conclu-
sion par mes observations personnelles ; alors que je visitais un grand
nombre de ménages dans la classe ouvrière, je trouvais le plus souvent
sur leur table un menu très appétissant composé de viande, soupe et
légume, exactement comme chez les bourgeois les plus aisés.
Il est bien probable que cette alimentation substantielle contribue à
la rareté actuelle du rachitisme et des maladies scrofuleuses qui étaient
si répandues précédemment.
Conmie on le voit, les conditions hygiéniques de notre ville, en ce qui
regarde l'air, l'eau, l'alimentation et les logements sont relativement
bonnes; mais cela ne suffit pas pour former des citoyens robustes et
capables de supporter la fatigue ; il faut en outre exercer une surveil-
lance judicieuse et persévérante sur le développement des jeunes géné-
rations ; non seulement en les fortifiant par des exercices gymnastiques
qui sont obligatoires pour tous les enfants de nos écoles ; mais aussi en
veillant soigneusement à ce que les salles d'école soient bien éclairées et
assez vastes pour que l'air en soit pur et facilement renouvelé. Enfin,
l'on doit choisir des bancs d'école disposés de manière à prévenir les
déformations.
Mais ce n'est pas tout : il faut encore travailler à rétablir les santés
délabrées par une nourriture non appropriée à leur âge, au moyen des
institutions destinées à la protection de l'enfance; et pour la jeunesse,
au moyen de séjours de montagne ou sur les bords de la mer.
8ÉAKCE d'ouverture. 101
Ceux d'entre vous qui ont visité nos villes suisses auront remarqué
los splendides bâtiments d'écoles, qui sont de véritables palais, destinés
ion pas à des rois ou à des empereurs, mais à ceux qui composeront le
3euple souverain, de qui émanent tous les pouvoirs dans nos républiques
tielvétiques.
Ces bâtiments scolaires renferment des locaux destinés à tous les
legrés de l'instruction pour les deux sexes : primaire, secondaire, clas-
dque, industrielle et artistique. Depuis les écoles enfantines jusqu'à
université où nous sommes réunis et où l'on donne un enseignement
ittéraire, théologique, scientifique et juridique ; sans parler des bâti-
ments spéciaux, destinés à l'étude de la médecine, de la chimie, de la
M^ience dentaire, de l'art appliqué à l'industrie et à l'horlogerie; cette
lemière est destinée à former des ouvriers capables de maintenir notre
mcienne réputation comme fabricants de chronomètres et de montres
le précision.
Après cette reMie des ressources hygiéniques, scientifiques et indus-
trielles que renferment notre ville, nous compléterons cette énumératioii
3n signalant les hôpitaux destinés au soulagement des malades et à l'in-
5truction des étudiants en médecine.
L'Hôpital cantonal contient environ deux cent cinquante lits, dont
une partie est réservée aux cliniques médicale et chirurgicale. La Mater-
nité, où l'on professe la gynécologie. Il existe, outre ces établissements
publics, quatre hôpitaux entretenus par la charité privée, où l'on soigne
les enfants malades, les adultes des deux sexes et les maladies des yeux.
Ce dernier est dû à la générosité du baron de Rothschild, qui a, en
Dutre, fait constiniire un splendide asile, situé au milieu d'un beau parc,
pour y recevoir les convalescents dont la santé a besoin d'être raffermie
avant de reprendre leurs occupations de tous les jours.
TeUes sont les ressources qu'offre notre ville pour maintenir la santé
m pour la rétablir lorsqu'elle a été ébranlée par les privations ou la
maladie. Mais si nous avons déjà beaucoup fait à cet égard, nous devons
reconnaître qu'il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les condi-
tions matérielles qui nous entourent. Nous espérons que vos lumières
pourront nous aider dans la noble tâche qui consiste à doter nos conci-
toyens de tous les avantages que procure une sage application des lois
le l'hygiène. Et parmi ceux-ci, il en est un qui est éminemment désira-
ble et que désignait un de nos confrères par le mot de persepolis ; c'est-
à-dire le percement de nouvelles rues au travers des quartiei-s populeux
le notre ancienne ville. Nous avons déjà mis la main à l'œuvre et abattu
plusieiu^ rues étroites ou malsaines; d'autres projets sont encore à
l'étude ; mais nous sommes venus nous heurter devant des obstacles
102 SÉANCE d'ouverture.
financiers presque insurmontables, car nous ne possédons pas les res-
sources dont disposait le baron Hausmann ; en sorte que nous devons
attendre des jours meilleurs pour mettre en pratique ce qui serait si
désirable pour la santé et le bien-être de nos concitoyens.
En attendant que nous puissions réaliser ce nouveau progrès, nous
sommes heureux de constater que Grenève occupe une place honorable
quant à la salubrité, puisque la mortalité de la première année y est pins
faible que partout ailleurs et qu'un joiuiial de notre ville disait, il y a
peu de jours, que la mortalité générale avait été dernièrement moins
élevée à Genève que dans la plupart des villes européennes.
Ainsi donc, vous voyez que, sans atteindre à la perfection qui n'est
pas de ce monde, nous faisons tous nos efforts pour que nos concitoyens
jouissent de ce qui peut être considéré comme le dernier mot de
l'hygiène :
Métis sana in corpore aano.
Rapport de M. le D^'prof. P.-L. DUNÂNT, secrétaire général,
sur l'organisation du Congrès.
Messieurs,
Le comité m'a chargé de vous rendre compte de la manière dont a été
organisé le congrès qui nous rassemble.
Ceux d'entre vous, Messieurs, qui assistaient à la séance de clôture
du Congrès de 1880 à Turin, savent avec quel empressement fut accueil-
lie par l'assemblée tout entière, la proposition faite par M. le conseiller
D' Froben, de Saint-rétersbourg, et appuyée par M. le D'' Liouville, de
Paris, de choisir la ville de Genève comme siège du Congrès de 1882.
M. le D' Dunant, délégué du département fédéral de l'intérieur, ayant
consulté télégraphiquement son gouvernement sur cette proposition, en
reçut la réponse que le Conseil d'Etat genevois l'acceptait avec plaisir.
M. Dunant invita alors au nom de la Suisse entière les représentants de
SÉANCE d'ouverture. 103
toutes les nations à venir nombreux à Genève, et leur promit le meilleur
accueil.
Un comité d'organisation de 9 membres fut constitué de la manière
suivante. Le Conseil d'État désigna pour en faire partie, M. Dunant,
professeur d'hygiène à l'école de médecine ; M. Prévost, professeur et
doyen de la Faculté de médecine, et M. le D' Julliard père, médecin
inspecteur de la salubrité. La Société médicale désigna trois de ses
membres, MM. les Docteurs H.-Cl. Lombard, V. Gautier et Rapin, et
rinstitut national genevois désigna de son côté aussi trois de ses
membres, MM. le professeur D'Espine, D' Haltenhoff et professeur
D. Monnier.
Le premier soin du comité d'organisation fiit de former un comité
national Suisse, pour associer toutes les parties de la Confédération à
l'honneur de recevoir le Congrès. Deux délégués du comité, MM. les
professeurs Dunant et Prévost se rendirent dans ce but à Berne, et firent
décider par l'assemblée générale des médecins suisses faisant partie du
Central-Verein et de la Société romande, que tous les membres de la
commission médicale entreraient dans le comité national. Celui-ci fut
complété par l'adjonction de représentants des autres institutions fédé-
rales et par les délégués des sociétés médicales ou des autorités sani-
taires des cantons.
La seconde préoccupation du comité d'organisation fut d'adjoindre
au Congrès d'hygiène mie section spéciale de démographie. L'idée d'as-
socier ces deux sciences, pour une réunion internationale unique, fiit
émise pendant le congrès de Turin. Elle fut immédiatement approuvée
par MM. Bertillon et Bodio et successivement par tous les autres mem-
bres de la commission issue du congrès de démographie de Paris, en
1878. — Le bureau fédéral de statistique à Berne, les bureaux de statis-
tique de quelques États et de plusieurs villes, ainsi que la Société suisse
de statistique, promirent leur active collaboration aux travaux de cette
section, dont l'existence se trouva dès lors assurée.
Pour l'élaboration du règlement, les statuts des précédents congrès
d'hygiène servirent de modèle général. D y a été cependant introduit
quelques modifications.
La langue française a été déclarée, conformément à ce qui s'est fait
pour tous les congrès d'hygiène, langue oflicielle du Congrès. Mais, les
deux tiers de la Suisse parlant l'allemand, le comité, dans son désir de
donner à l'organisation du congrès un caractère éminemment national,
a publié en deux langues le règlement et le progranmie , et il a décidé
que les orateurs pourraient prendre la parole en diverses langues. Les
mémoires pourront aussi être publiés en d'autres langues qu'en français.
104 8ÉAKCE d'oUVERTUBE.
Pour pouvoir faire face aux dépenses, le comité s'est adressé aux au-
torités fédérales, cantonales et municipales, qui ont bien voulu voter des
sommes importantes pour le Congrès. Mais, à côté de cela, chaque
membre, sans aucune exception, a été appelé à verser une cotisation de
vingt francs, en échange de laquelle il recevra un exemplaire du compte-
rendu du congrès.
Une circulaire, parue le 1" janvier 1882 et répandue à 2000 exem-
plaires, porta les faits et les décisions qui viennent d'être rappelés, à la
connaissance du public et des membres des congrès antérieurs. Une
invitation à participer au Congrès a été imprimée en quatre langues et
a été envoyée aux journaux raédicAUx et politiques de Suisse, de France,
d'Angleterre, d'Allemagne et d'Italie.
Dans la composition du programme, le comité, sans s'y croire absolu-
ment obligé et en réservant pour lui et ses successeurs une assez grande
liberté d'action, a tenu à faire figurer plusieurs questions que le
Congrès de Turin avait léguées à celui de Genève. Il y a ajouté quelques
questions dont il a fait choix, à cause de leur actualité. Il a enfin
adressé un appel à un certain nombre de notabilités scientifiques pour
les inviter à venir traiter des sujets sur lesquels leur compétence est
universellement reconnue.
Pour la section de démographie, M. Chervin a proposé un programme
qui a été soumis, avec les adjonctions et les modifications du comité,
aux membres de la Commission internationale. C'est d'après les
réponses qu'il a reçues que le comité a aiTêté le programme de cette
section.
Ce sera à vous. Messieurs, de juger si le comité a réussi dans son
œuvre laborieuse de préparation des tractandas. Pour lui, il ne remplit
qu'un strict devoir en exprimant sa Sincère reconnaissance aux hommes
distingués de différentes nationalités qui ont accepté avec empressement
et amabilité ses ouvertures et qui viennent aujourd'hui nous honorer de
leur visite et nous faire part de leiu*s travaux.
Nous avons le regret de vous annoncer que quatre de nos rapporteurs,
MM. Bertillon, Cohn, Kuborn et Lasius, sont retenus loin de nous par
la maladie et ne pourront venir soutenu* eux-mêmes les conclusions de
leurs rapports. La discussion devra néanmoins en avoir lieu et nous
sommes persuadés qu'elles ne resteront pas stériles.
En dehors des séances générales qui auront lieu à 2 heures de l'après-
midi, les travaux du Congrès ont été répartis entre cinq sections. Vous
trouverez peut-être avantage à scinder quelques unes d'entre elles en
sous-sections. Chaque membre du Congrès est prié de s'inscrire demain
matin à 9 heures à Touvei-ture des séances de sections, auprès de celles
SÉANCE d'ouverture. 105
lont il désire être membre, afin que les bureaux définitifs puissent être
lonstitués sans perte de temps. D'après l'article 13 du Règlement, tous
es travaux lus ou présentés au Congrès, soit dans les sections, soit dans
'assemblée générale, seront déposés sur le bureau et immédiatement
ecueillis par les secrétaires. Des mesures ont été prises pour que toutes
es communications orales faites devant le Congrès soient aussi immé-
liatement mises par écrit par les orateurs eux-mêmes, et recueillies par
lOI. les secrétaires sous peine de ne pas figurer au compte rendu.
La carte de membre qui vous a été remise donne entrée à l'exposition
l'hygiène. Malgré son développement bien modeste, elle présente un
éel intérêt scientifique et elle mérite d'attirer votre attention. Vous
ui ferez certainement plus d'une visite. Grâce aux envois faits par
dusieurs des principaux bureaux de statistique d'Europe, la démogra-
phie y occupe une large place. L'exposition de la ville de Paris présente
in ensemble hors ligne ; et ses ingénieurs, MM. Durand-Claye, Corot et
klasson, ainsi que M. A. J. Martin, ont droit à une mention spéciale
)Our la part qu'ils ont à sa réussite. Le comité d'organisation exprime
oute sa reconnaissance à MM. Briquet et Demaurex pour la peine
lu'ils ont prise pour installer et mener à bien, dans tous ses détails,
:ette exposition, dans le court espace des quinze jours qui se sont écoulas
lq)uis que le concours musical a quitté les locaux qu'elle occupe.
Pendant la durée du Congrès, des conférences auront lieu dans le
ocal de l'exposition à 5 heures du soir, sur les objets exposés par la
ille de Paris et par Messieurs les délégués du Conseil municipal de cette
ille. Quelques séances de démonstration de divers appareils auront
încore lieu à 8 heures du matin. C'est ainsi que mercredi, à 8 heures
lu matin rue de CandoUe, devant l'Université, les sapeurs -pompiers
exécuteront des manœuvres avec cinq échelles pour sauvetage en cas
l'incendie, de modèles différents.
Des réductions sur les prix de transport de Messieurs les membres du
]k)ngrès et des objets destinés à l'exposition ont été consenties par les
chemins de fer de Suisse, de France et de la Haute-Italie ; elles ont été
issez importantes pour que nous en remercions les compagnies. Les six
H'andes compagnies françaises ont accordé, sous certaines conditions,
me réduction de 50 7o> soit retour gratuit, de Genève en un point quel-
x>fique de la France et de ses frontières. La compagnie de la Haute-
talie a accordé un rabais de 30 % ^ Taller comme au retour. Les com-
)agnies suisses, auxquelles les règlements ne permettent pas des réduc-
ioDS aussi fortes, ont délivré des billets d'aller et retour valables pour
louze jours, avec rabais de 20 ®/,.. Les objets d'exposition ont uniformé-
nent obtenu de ces mêmes compagnies la réduction de 50 7m soas forme
le retour gratuit.
106 SÉANCE d'OUV£&TUR£.
Euiin, Messieurs, pour terminer sa tâche, le Comité a ajouté à Vùrin
du jour général qui vous a été distribué, Tindication des fêtes et récep-
tions officielles du Congrès.
Aujourd'hui, à 8 heures du soir, réception par le Conseil administratif
de la ville de Genève, au foyer du théâtre.
Demain mardi, à 7 heures, soirée offerte par M. le prof. Alphonse de
Candolle, dans sa campagne du Vallon.
Mercredi, à 5 heures, visite à l'établissement hydrothérapique de
Champel-sur-Arve, collation offerte par la Direction.
Jeudi, excursion sur le lac Léman, départ à 9 heures, du Jardin
Anglais, bateau le Mont-Blanc. Collation offerte par la Société des eaux
minérales d'Évian. Dîner offert au Kursaal de Montreux. Les membres
qui désirent y prendre part devront s'inscrire avant ce soir. En cas de
mauvais temps. Tordre du jour du jeudi sera remplacé par celui du ven-
dredi, et Texcursion sera remise au vendredi.
Vendredi, à 8 heures du soir, réception offerte par le Comité d'orga-
nisation au château de M"' Eynard, rue Calabri.
Enfin samedi, à 8 heures du soir, banquet d'adieu, par souscription,
à l'Hôtel National, quai du Léman.
Sur la demande du Comité, le Haut Conseil fédéral suisse a invité les
différentes nations à se faire représenter au Congrès par des délégués.
Plusieurs États ont répondu à cet appel.
En outre, un grand nombre de Sociétés nous ont officiellement
annoncé des délégués.
Ce sont, d'après l'ordre dans lequel ils ont été inscrits au secrétariat:
IDÉLÉa^TIONS
I. Délégués des Gouvernements.
France.
A. Délégués du Ministère de V Instruction publique : MM. les doc-
teurs Fauvel, inspecteur général des services sanitaires ; Proust, mem-
bre du Comité consultatif d'hygiène ; Léon Couk, professeur au Val-de-
Grâce; Pasteur, de l'Institut. — Délégué spécial : M. A.-J. Martin.
B. Ministère du Commerce : MM. Fauvel et Proust.
C. Ministère de la guerre : MM. D' Vallix, professeur d'hygiène au
Val-de-Grâce ; Jaillard, pharmacien principal ; Duplessis, vétérinaire
principal de 1" classe.
SÉANCE D^OUVERTURE. 107
D. Ministère de la marine : M. le D' Jules Rochard, président du
Conseil supérieur de santé, de la marine.
E. Ministère de VagricidUire : M. Galtier, professeur de police
sanitaire à TÉcole vétérinaire de Lyon.
F. Ministère de V Intérieur : MM. les D" Liouvillb, député ; Emile
Vidal, médecin des hôpitaux.
Italie.
M. le commandeur A. Corradi, professeur d'hygiène à l'Université
de Pavie ; M. le commandeur prof. L. Bodio, directeur de la Statistique
du royaume. '
Espagne.
A. Délégués du Ministère de la guerre : MM. les D" Bonifacio Mon-
TEjo RoBLEDO ; Felipe Ovilo-Canales,
B. Ministère de la marine : D' Vicente Cabeltx)-Bruller.
C. Ministère de V Instruction publique : D' Juan Giné y Partaoas,
professeur à la Faculté de médecine de Barcelone.
Roumanie.
D' Félix, professeur d'hygiène à l'Université de Bucharest; D' Pe-
TREsco, colonel, médecin principal de l'armée pour le Ministère de la
guerre.
Hongrie.
D' L. DE CsATARY, Secrétaire du Conseil général d'hygiène publique.
Pays-Bas.
D* Van OvERBEEK DE Meyer, professeur d'hygiène à l'Université
d'Utrecht.
Serbie.
D' Vladan Georgewitch, chef de la section sanitaire au Ministère de
rintérieur.
Suède.
B' Axel Lahh.
106 SÉANCE d'ouverture.
Mexique.
M. Francisco Dias Covarrubias ; D' Juan Huar y Haro.
Portugal.
D' Da Silva-Amado, professeur d'hygiène à l'Université de Lisbo
délégué du gouvernement; Antonio da Cunha Belem, et Guilh(
José Enxess, médecin major, délégués du ministère de la guerre.
Bulgarie.
D' Bradel, directeur de l'Hôpital civil; D' Jordan Jordanof, ch
gien d'armée.
Canada.
D' Co\'ERNTON, membre du Board of Health.
Suisse.
D' SoNDEREOGER, vice-présidcut de la Commission sanitaire fédé
Belgique.
M. le lieutenant-général Liagre, président de la Commission cen
de statistique; D' Janssens, inspecteur du service de santé de la vil
BruxeUes ; D' Vi^minckx, secrétaire du Conseil supérieur d'hygièw
Brésil.
M. le baron de Theresopolis.
Equateur.
D' Don Ricardo Valdevieso.
Colombie .
D' Aristidès Gutierrez, secrétaire de légation à Londres.
II. Délégués des Municipalités.
Ville de Reims : D' Henrot, professeur d'hygiène.
Ville de Bucharest : D' J. Feux, professeur d'hygiène; D' Mj
ingénieur.
SEAlîCE D^OUVERTU&E. 109
Ville de Genève : M. Théodore Turrettiki, iDgénieur, et Ad. Ls
>iNTE, membres du Conseil administratif.
\iUe de Paris : D' Bourneville; M. Cernesson, architecte; M. Du-
kXD-CLAYE, ingénieur; D' Loiseau; D' Napias.
Ville de Lausanne : D' Joël, médecin de THôpital des Enfants;
[. Louis Roux, conseiller municipal.
Ville de Neuchâtel : M. Billeter, professeur de chimie.
Ville de Rome : D' Toscani, professeur de médecine légale à l'Uni-
srsité.
Ville de Séville : D' Hauser.
Ville de Lisbonne : M. le prof, da Silva-Akado.
Ville de Nancy : M. le D' Sognies, chef du Bureau d'hygiène de la
ne.
Ville de Turin : M. le sénateur, professeur Pacchiotti.
Ville de Bruxelles : M. le D' Janssens, directeur du Bureau d'hygiène.
Ville de Bordeaux : M. le D' Layet, professeur d'hygiène à la Faculté
B médecine.
Ville de Buda-Pesth : M. J. Kôrôsi, directeur du Bureau communal
L€ statistique.
III. Institutions sanitaires officielles.
Conseiller d'État chargé de le Direction sanitaire du canton de Schafif-
MHise : MM. les D" Ritzmann, et Stierlin.
Département de santé du canton de Soleure : MM. les D" Aug.
toTTMASN; Laxo, professcur.
Conseil de santé du canton des Grisons : MM. les D" Kaiser ; Kel-
«exberger.
Commission sanitaire du canton de Saint-Gall : MM. les D" Curti,
conseiller d'État ; Sondereoger, et âmbuhl.
Collège de santé du canton de Berne : MM. les D" Bourgeois, prési-
lent; Girard, secrétaire.
Commission municipale de santé de la ville de Berne : MM. les doc-
îurs Albert Wyttenbach; Adolphe Christener.
Conseil de santé de l'État de Louisiane : M. le D' Formento, mem-
re du Conseil.
Conseil d'hygiène publique et de salubrité du département de la
âne : MM. Gautier, chef des travaux cliniques à la Faculté de méde-
œ de Paris; D' Brouardel, professeur de médecine légale à la
110 SÉANCE d'ouverture.
Faculté de médecine de Paris ; Bezancox, chef de division à la P^éfe^
ture de police.
Préfecture de police de Paris : M. Girard, chef du laboratoire muni-
cipal d'analyse.
Administration de l'assistance publique à Paris : MM. Questk,
directeur; D" Damaschino, Nicaise, médecins des hôpitaux.
Conseil d'hygiène et de salubrité delà Seine-Inférieure : MM. D'Leu-
DET, directeur de l'École de médecine de Rouen ; Deshayes, membre
du Conseil d'hygiène ; Malbranche, pharmacien.
Conseil d'hygiène de la Charente-Inférieure : M. le D' Drouinkaïï,
secrétaire du Conseil; M. Paul Fleury, pharmacien de !'• classe.
Conseil d'hygiène du département de Vaucluse : M. le D' Pamard,
chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu.
Direction générale de bienfaisance et de salubrité d'Espagne : M. le
D' Alberto Gines y Corio.
Collège des médecins de Magdebourg : M. le D' Boehm, conseiller
médical.
Conseil d'hygiène de Meurthe-et-Moselle : M. le D' Delcominetï,
professeur à TÉcole de pharmacie.
Conseil d'hygiène de la Gironde : M. le D' Armaingaud, professeur
agrégé.
Bureau d'hygiène de Bruxelles : MM. les D" Bonmariage, médecin
divisioimaire ; Huart, médecin du Bureau.
Hospice civil du Havre : M. le D' Launay, directeur du Bureau
d'hygiène.
La députation statistique de la ville de Berlin : Professeur Bœckh,
directeur du bureau statistique.
IV. Académies et Sociétés savantes.
Académie de médecine de Paris : MM. les D" Fauvel, Proust, Léon
Colin.
Faculté de médecine du canton de Berne : D' Kocher, professeur de
clinique chirurgicale ; D' Lichtheim, professeur de clinique médicale.
Faculté de médecine de Lille : D' Arnoui.d, professeur d'hygiène.
Institut royal lombard des sciences : Prof. A. Corradi.
École de médecine d'Alger : D' Texier, professeur de pathologie
interne.
Université de Turin et Académie royale de médecine de cette ville :
D' Pagliani, professeur d'hygiène.
SEANCE D OUVERTURE. 111
Académie royale de médecine de Rome : Prof. Ettore Marchiafava ;
rof. David Toscani.
Académie de médecine de New-York : D' Joseph Wiener.
Société royale de médecine publique de Belgique : D' Pigeolet, séua-
mr ; D' Wiluême, membre de la Commission médicale du Hainaut ;
[. Vax Gael, chef de biu*eau au Ministère de l'Intérieur.
Société de médecine du canton de Fribourg : D' Castella, président ;
>' Boéchat, vice-président.
Société de médecine du canton de Neuchâtel : D' Guillaume, D' Fa-
àRGER.
Société médicale du canton de Lucerne : D' Franz Brun, D' Gustav
lAGER.
Société médicale de Bâle-Campagne : D' Rippmann.
Société vaudoise de médecine : MM. les D" Morax ; de Céren\ille.
Société des médecins du canton de Zurich : D' P. Zehnder ; Prof,
iscar Wy88.
Société de médecine du canton deZoug : MM. les D" Arnold; Huru-
ANN.
Société médicale du canton de Berne : M. le D' Dubois ; M. le prof.
'fluger.
Société médicale de Bâle-Ville : M. le D' Lotz.
Société des médecins argoviens : MM. les D" Brouggisser; Wagner.
Société française d'hygiène : MM. IcsD^Bonnafond, vice-président;
^tra-Santa, secrétaire général ; Joltraik, secrétaire.
Société pédagogique italienne : M. le D' Pini.
Société de médecine de Parâ : MM. les D" de Beauvais, secrétaire
:énéral ; Perrin.
Société médicale de Reims : MM. les D" Henrot, président ; Lan-
ilet, secrétaire.
Société médicale des hôpitaux de Paris : MM. les D" Damaschino ;
IDAL.
Société de médecine publique et d'hygiène professionnelle de Paris :
tM. le Prof. Brouardel, président; D' Vidai., D' Vallin, D' Liou\ille,
[. Durand-Claye, vice-présidents; D' Napias, secrétaire général;
[. A.-J. Martin, secrétaire général adjoint.
Société espagnole d'hygiène : D' Vicente Cabello ; D' Jean Vilanova,
rofesseur à l'Université de Madrid ; D' Bonifacio Montejo.
Société des ingénieurs ' civils de Paris: MM. E. Trélat, architecte-
résident; Charles Hercher, ingénieur; Bossi, ingénieur de Tentre-
rise du tunnel du Gothard ; D. Colladon, professeur, correspondant
3 TAcadémie des sciences ; Merle d'Aubigné, ingénieur des eaux de
112 SÉANCE u'orVËRTURE.
la ville de Genève; De Meuron, iugénieur; Denis Monnieb, professeur;
Raoul PiCTET, professeur; Th. Turrettixi, ingénieur.
Société royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles:
D' PiGEOLET, sénateur.
École polytechnique fédérale : D' Lunoe, professeur de chimie appli-
quée.
Société suisse de statistique : M. le prof. Kinkelin, président ;
M. Kummer, directeur du bureau fédéral.
Association française par Tavancement des sciences : MM. Alglave,
professeur agrégé à la Faculté de droit de Paris ; D' Drouineau, chirur-
gien des hôpitaux civils de La Rochelle ; D' Gariel, membre de l'Aca-
démie de médecine, ingénieur ; D' Texier, directeur de l'école de méde-
cine d'Alger ; M. Tréiat, architecte secrétaire de l'association; D' Vkb-
xEi IL, professeur à la Faculté de médecine de Paris.
Académie de médecine de Turin et Université de Turin : Professeur
L. Paguasi.
Société italieime d'hygiène, section de Turin : Prof. Paoijaki.
Société d'hygiène de Bordeaux : M. Jules Chambrelent.
Société de la Croix-Rouge de Buda-Pesth : D' Alexandre Lumniczer.
Société des crèches de Paris : D' René Blaoue.
Société contre l'abus du tabac : M. D*^ Boitrdin.
Association des dames de la Charente-Inférieure : D' Drouineau.
Association sanitaire des dames de Londres : D" Mathias Roth.
Athénée Vénitien : M. Boncinelli.
Société d'hygiène de Florence : D' G. Varalu.
Académie physico-médico-statistique de Milan : Prof. Corradi.
Société d'hygiène de Milan : Prof. Corradi ; D"" Pini.
Académie de Bucharest : Prof. J. Félix.
Société médico-chirurgicale de Bologne : Prof. G. Brugnoli.
Société d'hygiène de Bordeaux : D' prof. Layet.
Députation provinciale de Turin ; M. E. Pixchia.
Société de crémation de Milan : D' Fusi.
Société de crémation de Gènes : M. A. Bert.
Société de crémation de Paris : MM. Kœchlin-Schwartz, président;
G. Salomon, secrétaire général ; D' Napias et D' Bourneville, secré-
taires.
Tel est Messieurs, en résumé, la manière dont a été préparé le qua-
trième Congrès international d'hygiène.
Le Comité d'organisation, en déposant ses pouvoirs, espère que les
travaux qu'il vous a annoncés seront discutés d'une manière fructueuse
SEANCE d'ouverture. 113
[K)ur le bien de Thumaaité et contribueront à développer le goût des
recherches sérieuses d'hygiène et de statistique.
U peut ajouter que la population genevoise tout entière suivra avec
un \if intérêt nos discussions et la marche de nos travaux, et qu'elle se
joint à lui pour vous souhaiter la bienvenue.
M. le D' Lombard dépose les pouvoirs du Comité d'organisation entre
les mains de l'Assemblée et l'engage à constituer son Bureau définitif.
Sur la proposition de M. le D' sénateur Pacchiotti, le Bureau provi-
soire e^t maintenu et confirmé à titre définitif.
M. Lombai'd désigne alors MM. les présidents d'honneur et prie
MM. Pacchiotti et Fauvel de bien vouloir prendre la parole, conformé-
ment à l'ordre du jour.
Présidents d'honneur du Congrès.
France. MM. Fauvel, Pasteur et Brouardkl.
Italie. MM. CoRRADi, Bodio et Pacchiotti.
Alletnagne. MM. Eulenberg, Goltz et Varrentrapp.
Espagne, MM. Monte jo et Gink y Part ag as.
Pays-Bas. M. van Overbeek de Meyer.
Hongrie. M. L. de Csatary.
Suède. M. Axel Lamm.
Portugal. M. da Silva-Amado.
Roumanie. M. Félix.
Serbie. M. Vladan Georgewitch.
Bulgarie. M. Bradel.
Mexique. M. Dias Covarrubias.
Cxfiada. M. Covernton.
Suisse. M. SONDEREGGER.
Belgique. M. le général Liagre.
Brésil. M. Baron de Théresdpolis.
États-Unis. M. Formento.
8
114 SÉAKCfi d'0VV£RTUR£.
Discours de M. le profeMeur PÂCCHIOTTI, président du
Congrès de Turin.
Messieurs,
D y a deux ans un éminent hygiéniste français, à qui l'Europe doit
une vive reconnaissance pour la découverte des vrais moyens de se défen-
dre contre les invasions jadis si fréquentes des épidémies cholériques, le
savant M. Fauvel, au nom du deuxième Congrès international d'hygiène
de Paris, transmettait au troisième, qui avait lieu à Turin, « le flambeau,»
disait-il, « qui doit éclairer nos études pacifiques, tel qu'il l'avait reçu
du premier Congrès de Bruxelles, » créateur de cette beUe institution si
utile à la science et à l'humanité.
Je viens aujourd'hui à mon tour, mais avec beaucoup moins d'autorité
et d'éloquence, transmettre ce même flambeau, tel que je l'ai reçu, au
(juatrième Congrès de Genève, c'est-à-dire à la quatrième session d'une
vaste assemblée destinée à une longue existence, toujours robuste, tou-
jours jeune, au milieu de tant de changements d'hommes, de temps et
d'événements.
En vérité, on peut bien dire de nos Congrès, qu'ils se suivent et l'eçoi-
vent en avançant des forces nouveUes, comme la renommée décrite par
le poète latin :
MobilitaU viget, viresque adquirit eundo.
Et déjà celui-ci nous promet un éclatant succès par le vaste pro-
gramme, l'Exposition splendide et les préparatifs de l'excellent Comité
d'organisation et parce que nous avons bien commencé par rélection si
unanime, si applaudie de notre président bien aimé, M. Lombard.
Cette assemblée a bien compiîs qu'il n'y a pas parmi nous un autre
homme, qui, par ses beaux ouvrages d'hygiène, par ses recherches et ses
études, par sa brillante intelligence qui est en rapport direct avec sa
vigoureuse constitution, par sa longue expérience des hommes et des
choses, son grand cœur, son esprit, son caractère et ses vertus, repré-
sente mieux Thygiène vivante, palpitante, agissante, — l'hygiène physi-
que, intellectuelle et morale, — l'hygiène dans ses théories et dans
8KAXCK d'oUVERTLHE. U5
ies applications à la vie, — Thygièue dans tout ce qui est bon, grand et
)eau.
Sous votre haute autorité, M. le président, sous votre terme direction
tous marcherons vers le succès, en répétant les vers que le Dante chan-
ait à Virgile.
Te duca, te maestro, te Signore.
Messieurs, quand la dernière assemblée générale de Turin eut à choi-
lir une ville pour siège du quatrième Congrès, tous les cœurs, tous les
«prits se tournèrent vers la Suisse, vers Genève. Cette élection a été
laluée par une immense acclamation. C'était en vérité le meilleur choix
lu monde.
U n'y a peut-être pas de pays qui parle avec plus d'éloquence à notre
?sprit et nous raconte mieux les gloires de l'hygiène.
La Suisse n'est-elle pas le rêve des gens qui ont le cœur brisé, ou le cer-
veau tourmenté par la lutte pour l'existence, et qui courent à la recher-
che du repos du corps, du calme de l'esprit, de la santé perdue au milieu
des convulsions d'une >ie agitée par les affaires, les passions, les fati-
gues, les études, les ambitions inassouvies?
N'est-ce pas la Suisse qui reçoit avec tant de gi'âce, déloyauté et d'hos-
pitalité toute l'Europe qui airive ici par centaines de milliei-s en lui
demandant les moyens de retremper ses forces sur les cimes superbes
des gigantesques montagnes, où l'on respire à pleins poumons un air
pur, vivifiant, aux bords de ses lacs et de ses lieuves, sous ses forêts de
sapins et sur ses charmantes prairies, aux pieds des cascades féeriques,
aux sources des eaux minérales, dans les nombreux établissements de
bains de toutes sortes, sui* tant de points magnifiques oti la nature se
montre grandiose, sublime, et où l'honmie se sent monter toujours plus
haut, vers un grand idéal, et selon la poésie de Longfellow : ExreUiorf
La Suisse est le poème des jeunes gens qui s'aiment et le refuge de
ceux qui, ayant trop aimé, sont désillusionnés de la vie ; c'est le rendez-
vous des convalescents et le lieu de repos de tous les affligés de la terre
im ont besoin de croire et d'espérer.
Ici tout parle à l'imagination et excite l'enthousiasme, même des
liommes les plus froids. Ici on oublie les misères de la vie pour repren-
ire, comme Antée de la mythologie, de nouvelles forces et recommen-
»r son œuvre avec une nouvelle énergie.
Ici, toutes les beautés de la nature contribuent à faire de la Suisse un
Miys privilégié, où se déroule une idylle gracieuse à la fois et grandiose,
pii rend l'homme plus fort, plus sain, plus heureux.
118 SÉANCE D^OUVERTUBR.
jardins, — ville imposante par ton hygiène, ta propreté et râégaoce de
tes rues, le grandiose de tes palais et la magnificence de tes mom-
ments, — ô Oenève, Athènes de la Suisse, pour la gén^euse hospitalité
que tu nous donnes, reçois Thoramage de notre reconnaissance.
Discours de M. A. FÂUVEL, président d'honneur.
Messieurs,
Ma première parole devant vous doit être un remerciement pour le
témoignage d'estime que vous venez de me donner en me nommant Tun
des présidents d'honneur de ce Congrès.
Je n'y vois pas seulement un témoignage personnel, mais j'y vois sur-
tout un acte de haute sympathie pour le pays dont je suis l'un des
représentants à ce Congrès ; pour la France, que tant de liens littéraires
et scientifiques rattachent à TiUusti'e cité de Genève.
Vos savants, vos Uttérateui-s, vos artistes sont accueillis eu frères
pai-mi nous ; et quand je vois dans cette assemblée le nombre des méde-
cins distingués de Genève qui ont étudié parmi nous, j'ai peine à croire
que les liens dont je parle aient de la tendance à se relâcher ; mais ce
que j'affirme, c'est que notre plus grand désir, à nous Français, est de
les consolider, quelles que soient les divergences passagères dans la
direction de nos études. Je dis : divergences passagères, parce que j'ai
la conviction qu'il ne s'écoulera pas longtemps avant que l'étude des
sciences médicales ne soit en harmonie partout en Europe. On expéri-
mente beaucoup aujourd'hui, et quand la déception sur certains points
sera venue, la science, enrichie par de nouvelles méthodes, reprendra sou
cours natm-el.
L'hygiène qui nous réunit aujourd'hui est d'ailleurs un excellent
terrain pour une entente. L'hygiène est partout à l'ordre du jour en
Europe, et la nécessité d'y accorder une très grande part dans la vie
sociale des peuples deviendra de plus en plus urgente à mesure que les
principes démocratiques feront des progrès, quelle que soit d'ailleurs la
forme du gouvernement.
SÉANCE d'OUVERTTTÏE. 119
Pour wms surtout, démocraties répubHcaines oti les bienfaits de la
science doivent profiter à tous, c'est un devoir irapériettx de poursuite
avec énergie toutes les applications de l'hygiène sous peine de déca-
dence.
A cet égard, il ne saurait y avoir de dissidence entre nous. Nous pou-
vons donc travailler en commun.
Je n'insiste pas davantage et je passe à la communication que je dois
faire au sujet du prix institué par la députation provinciale de Turin.
Messieurs,
La députation provinciale de Turin voulant apporter sa part de sym-
pathie et de concours matériel au troisième Congrès international d'hy-
giène qui s'est réuni dans cette ville en 1880, a, par une délibération en
date du 4 septembre 1879, institué un prix de 25C)0 livres italiennes
pour être décerné, à l'occasion du quatrième Congrès international
d'hygiène, à l'auteur du meilleur livre sur Vhygiène des populations des
campagnes.
Ce témoignage de sympathie fut annoncé au Congrès de Turin dans
sa séance d'ouverture par son illustre président, le professeur Pacchiotti,
et fut accueilli par de chaleureux remerciments. A l'issue de la même
séance une commission internationale fut nommée pour former le jury
de ce concours.
Elle était primitivement composée de :
MM. EuLENBKRG, dc Berlin.
Fauvel, de Paris.
Félix, de Bucharest.
Froben, de Saint-Pétersbourg.
LioiivxLLE, de Paris.
Pacchiotti, de Turin.
Petresco, de Bucharest.
Van OvERBEEK DE Meyer, d^Utrecht.
Vladan Georoewitch, de Belgrade.
DuNAîiT» de Genève.
La commission composée des membres présents à Turin se réunit
immédiatement et, après avoir choisi pour président le D' Fauvel, de
Paris, elle adopta le programme suivant :
1* Les hygiénistes de tous les pays peuvent concourir pour le prix de
2500 livres, institué par la députation provinciale de Turin, par des
ouvrages manuscrits ou imprimés en langue française ou italienne.
120 SÉAKCE D^OUVERTURE.
2^ Le jury est composé de délégués de tous les gouyernements repré-
sentés au troisième Congrès international d'hygiène.
S"" Le jury siégera à Paris et sa réunion sera annoncée en temps utfle.
Les ouvrages destinés au concours seront adressés à M. Fauvel, à Paris.
Tous les ouvrages devront être remis au jury avant le 31 octobre 1881.
4** Le rapport du jury sera lu à la séance d'atwertrtre du quatrième
congrès international d'hygiène.
5** Dans le cas où le prix ne serait pas décerné, la valeur en resterait
à la députatiou provinciale de Turin.
fi** Les ouvrages qui n'auront pas été récompensés seront retirés par
leurs auteurs dans les trois mois qui suivront la publication du rapport
du jury, sans qu'il ait été fait mention de ces ouvrages dans le dit rap-
port.
T'* L'auteur de l'ouvrage récompensé devra, sil'ouvrage est manuscrit,
le faii-e imprimer, en conservant la propriété littéraire et tous les droits
de l'auteur.
Il sera cependant prié d'en envoyer un exemplaire aux 60 conseiDers
provinciaux et aux soixante conseillers municipaux de Turin.
Ce programme, élaboré un peu hâtivement, sans le concours de tous
les délégués désignés comme membres du jury et sans qu'on eût calculé
la possibilité de son exécution sur tous les points, n'a pu être suivi dans
toute sa rigueur. Au moment de sa rédaction, on ignorait encore quel
devait être le siège du quatrième congrès international d'hygiène.
Les ouvrages présentés au concours, sauf ceux d'un des compétiteurs
ne paiTinreut pas dans le délai fixé ; mais comme ce retard n'avait aucun
inconvénient, par suite de l'impossibilité de réunir le jury avant l'épo-
que du quatrième congrès qui devait avoir lieu à Genève, nous n'y avons
pas attaché une grande importance.
En effet, nous reconnûmes que les articles 3 et 4 du programme étaient
inexécutables, qu'il était impossible de convoquer le jury à Paris et que
procéder par correspondance entraînerait des lenteurs et des difficultés
inséparables d'un tel mode de communication.
Le Comité central de Paris, composé de MM. Fauvel, Liouville, et
Martin comme secrétaire, se vit donc dans l'obligation de demander une
modification aux articles 3 et 4 du progranmie, et, à cet eiïet, d'obtenir
l'autorisation de tous les membres du juiy et de la députation provin-
ciale de Turin.
En conséquence, par une lettre en date du 25 mai 1882, comme pré-
sident du jury, me fondant sur les motifs énumérés plus haut, je pro-
posai à chacun de nos collègues et à M. le Président de la députation
provinciale de Turin de modifier les stipulations des articles 8 et 4 du
programme primitif de la manière suivante :
SÉANCE D^OUVEBTURE. 121
Le jury, au lieu dé se réunir à Paris, se coaistituerait à Genève le
4 septembre, afin de prendre connaissance des ouvrages présentés au
concours, de nommer le rapporteur du prix, de telle sorte que la déci-
sion du jury pût être proclamée à la séance de clôture du Congrès.
H était entendu qu'à la séance d'ouverture serait présenté, par le
président du Jury, un simple exposé des conditions du prix et des
modifications apportées ultérieurement au programme primitivement
adopté.
La députation provinciale de Turin, en même temps qu'elle était
priée de nous faire connaître son avis, était invitée à se faire représenter
aux séances de la commission par une ou plusieurs personnes de son
choix, afin de bien marquer notre déférence pour les intentions des
donateurs.
La réponse ne se fit pas attendre. M. le Préfet, président de la dépu-
tation provinciale de Turin, nous informa le 22 juin que, par délibération
du Conseil provincial du 7 juin, avec procès-verbal à l'appui, nos propo-
sitions avaient été acceptées et que detix de ses membres, MM. l'avocat
Emile Pinchia et le D' Ernest Bechis, étaient chargés de représenter
le Conseil provincial aux séances de la commission du prix.
Nous avons le regret de dire que deux de nos collègues du Jury ont
omis de répondre à notre invitation, MM. Eulenberg, de Berlin et van
Overbeek de Meyer, d'Utrecht.
Des réponses favorables à nos propositions nous ont été adressées par
MM. Félix, Pacchiotti, Vladan Georgewitz, Petresco, qui, avec les mem-
bres de la délégation de Paris et M. le professeur Dunant, constituent
jusqu'à présent un Jury composé de six membres, auxquels la Commis-
sion, une fois constituée, jugera peut-être convenable de proposer l'ad-
jonction de plusieurs autres membres pour remplacer les absents.
Par un sentiment que tout le monde comprendra, nous ne ferons pas
connaître publiquement ici les noms des compétiteurs ; nous nous con-
tenterons de dire qu'ils sont au nombre de trois et que leurs ouvrages
ont un grand intérêt.
Telle est. Messieurs, la situation dont j'ai dû vous rendi-e compte
pour obéir à mon mandat.
Il ne me reste plus qu'à prier M. le Président d'inviter les membres
du Jury ici présents à se réunh* à l'issue de cette séance pour se consti-
tuer, et à remercier l'assemblée de la bienveillante attention qu'elle a
prêtée à cet aride compte rendu, prouvant par là combien elle est sym-
pathique à l'objet de ce concours.
122 séANCE d'ouverture.
Après ces discours, M. Lombard offre la parole à Messieurs les prési-
dents d'honneui*.
M. le ly Corradf, délégué du Gouvernement italien, pronooce
l'allocution suivante :
Le gracieux accueil que nous venons de recevoir resserre les liens
d'amitié entre notre patrie et la Suisse. Et ces liens pour l'Italie sont de
vieille date.
On élevait jadis la jeunesse suisse dans nos anciennes universités ; la
Schola helvvtica était un vigoureux rejeton de la Schola italica. D'ail-
leurs, vos villes, vos vallons s'ouvraient à nos proscrits, qui venaient
chez vous se mettre à Tabri des persécutions politiques et religieuses.
Nulle dette ne fut jamais mieux payée: l'hospitalité récompensait l'in-
struction, le cœur l'esprit.
Cette liaison s'est fortifiée par les intérêts commerciaux ; mais, avant
que les montagnes fussent percées, avant que le tumiel du Gothard
reliât les plaines de la Lombardie, les montagnes du Piémont et les
rivages de la Ligurie avec les lacs de la Suisse, les deux peuples s'ai-
maient par l'amour de la science, par Tamour de la liberté.
L'Université à laquelle j'appartiens a un motif tout particulier de
reconnaissance.
Un médecin de Lausanne, dans la seconde moitié du siècle dernier, a
enseigné la clinique médicale à Pavie : il succédait à Borsieri et il était
suivi par les deux Frank, qui, je crois, étaient plutôt italiens qu'al-
lemands, tant ils ont aimé leur nouvelle patrie. Tissot, maître chéri,
homme d'esprit et de cœur, est un des plus sympathiques vulgarisateurs
de la science : on pourrait presque le dire fondateur de la médecine
populaire, comme Jean-Pierre Frank l'est sans contredit de l'hygiène
publique moderne.
Je rai)pelle ces noms illustres, ces anciens collègues, pour vous témoi-
gner que le souvenir des bienfaits reçus est toujours vif en nous ; je les
rappelle, parce que j'aime à croire que leurs mânes se réjouiront de
nous voir ici rassemblés nous occuper de ces mêmes études qu'ils ont
si passionnément cultivées.
Puissent nos travaux, que nous allons commencer sous de si heureux
auspices, répondre à nos désirs : que le peuple sache et voie que le but
de la science est le bien-être physique et moral de la société ; qu'il en
suive les conseils, que les gouvernements nous aident à les mettre en
pratique et alors les bénéfices de Thygiène seront aussi grands que sa
puissance.
silSCX D'0UV£ftTUH£. 123
Eafia, qu'il me soit permis d'exprimer ma satisfaction de représenter
ici non seidement l'Italie, mais la Société italienne d'hygiène. Cette
société qui est tout à fait priTée, mais en même temps sous le haut
patronage du Boî, tous prouve combien les questions d'hygiène nous
intéressent en Italie. Cette jeune institution est fière de se raffermir
dans ce Congrès. Que votre bienveillance soit un encouragement à ses
efforts!
D'ailleurs sa bannière est la vôtre, c'est le progrès de la science au
profit de rhumanité.
M. le D' TWku Overbeek de lleyer» délégué du Gouvernement des
Pays-Bas, prononce le discours suivant :
Messieurs,
Comme délégué du gouvernement des Pays-Bas, il m'importe de
témoigner ici de son profond intérêt pour tout ce qui se fait et ce qui se
dit dans nos congrès, car lui aussi il a l'intime conviction que l'un des
premiers devoirs de tout gouvernement est de s'instruire sur tout ce qui
a rapport à l'amélioration de la santé publique, et de s'occuper con-
stamment de tout ce qui peut contribuer à prolonger la vie moyenne de
ses citoyens, à leur rendre cette vie autant que possible utile et heureuse,
à leur donner des bras solides et des tètes bien disposées à l'étude.
Mais, comme tout autre gouvernement qui a été aux prises avec la
réalité, il connaît toutes les difficultés qui surgissent, quand il veut se
mettre à l'œuvre soit pour régler par une bonne législation sanitaire ce
qui peut être imposé tout de suite, soit pour protéger ce que le progrès
indique comme utile et pour préparer et porter les esprits à accepter ce
qui reste à fistire dans l'intérêt public. Il y a, en effet, d'une part beaucoup
d'incertitudes et de controverses, parce que notre science est jeune,
l'observation extrêmement compliquée et par cela même hérissée de
difficultés; d'autre part beaucoup d'opposition, parce que tout le monde
n'est pas encore pénétré de la haute nécessité des mesures sanitaires, et
malheureusement aussi parce qu'il y a en jeu beaucoup de réputations
de personnes qui, en matière d'hygiène publique, ont poussé à des
dépenses énormes, sans avoir bien réfléchi s'ils étaient sûrs du succès.
Or, quelle institution pourrait être meilleure que celle des congrès
internationaux d'hygiène pour discuter toutes ces grandes questions de
la médecine publique? Assurément il n'y en a pas. A ces congrès, ceux
qui consacrent leur vie à l'étude de l'hygiène et en consé({uence au bien-
124 siiANCE d'ouvebture.
être de rhumanité, se rencontrent sur un terrain neutre, où les intérêts
personnels et les dissidences se taisent devant la profonde conviction que
d'une discussion loyale, courtoise et approfondie, pourront jaillir des flots
de lumière. Dans nos congrès, chacun apporte son expérience personnelle,
compare ses obser\'ations à ce qu'on a observé ailleurs sous le même
rapport, mais en des circonstances souvent fort différentes et substi-
tuant quelquefois fort heureusement l'expérimentation à l'observatioD.
De cette manière, on peut éviter la partialité et l'on a de bonnes chan-
ces de trouver la vérité. De cette manière aussi, nous pouvons trouver
Viinion qui centuplera nos forces et qui nous fera triompher des obsta-
cles.
Puisse le quatrième Congrès international d'hygiène continuer cette
œuvre de haute utilité sociale, si dignement commencée à Bruxelles, si
brillamment continuée à Paris et à Turin ! Fort de la haute compétence
des savants qui ont préparé et organisé ce quatrième Congrès, mon
gouvernement n'en doute pas !
M. le D' de Csatary (de Buda-Pesth), délégué du Ministère de l'In-
térieur du Royaume de Hongrie, s'exprime en ces termes :
Messieurs,
Je remplis avec le plus vif plaisir mon devoir en saluant le Congrès au
nom du Ministre de commerce, d'agriculture et d'industrie de la Hon-
grie ; les questions importantes mises à l'ordre du jour intéressent spé-
cialement le ressort de ce ministère. Veuillez donc agréer, Messieurs,
tous ses vœux pour le meilleur succès de nos délibérations. Soyez aussi
salués au nom des hygiénistes du royaume de la Hongrie, qui, séparés
par une grande distance, ne pouvaient pas se présenter en grand nom-
bre dans cette ville hospitalière, mais qui néanmoins poursuivent avec
le plus grand intérêt nos travaux.
M. le D*" Vladan Georg^eMritch, délégué du Gouvernement de
Serbie, prononce le discours suivant :
Messieurs,
En prenant la parole dans une Assemblée des princes de la science, je
BÉA:»C£ t>'0UV£RT(TRR. 125
suis bien heureux d'avoir reçu le mandat de la part du Gouvernement
de S. M. le Roi de Serbie de présenter au !¥"*• Congrès international
d'hygiène et au pays hospitalier qui nous reçoit avec tant d'amabilité,
les hommages du Gouvernement et les saints fraternels de la nation
serbe.
Le plus jeune royaume de l'Europe est fier de rentrer après la résur-
rection politique dans le concert scientifique des nations civilisées. Notre
nouvel État est encore trop jeune pour pouvoir présenter à ce concert
autre chose que sa bonne volonté de marcher avec la civilisation, et de
rattraper le temps perdu dans l'esclavage politique.
Quand, au XTV"* siècle, un grand péril, l'Islamisme, menaçait la civili-
sation naissante de l'Europe, c'étaient les empires : serbe, grec et bul-
gare, les royaumes de Roumanie et de Hongrie, qui, étant aux avant-
postes de la civilisation, l'ont défendue jusqu'à leur mort politique. Les
États chrétiens de l'Orient ont succombé dans cette lutte, mais ils ont
brisé la force de l'Islamisme, ils ont sauvé l'Europe centrale et occiden-
lale pour la civilisation, pour le progrès humain.
Pour ce sacrifice de notre indépendance politique, pour la vie de
martyrs que nos nations ont supportée dans l'esclavage pendant des
siècles, les grandes nations civilisées nous récompensent, à présent, que
nous recommençons notre vie politique, par le concours de leurs lumiè-
res, par leurs sympathies, elles nous aident à marcher avec elles dans la
voie du progrès humain.
Au nom de la Serbie je remercie les grandes nations civilisatrices de
leur concours généreux. Convaincu que les remerciements doivent con-
sister dans des œuvres qui prouvent nos efforts sincères de profiter de
leur concours, je vous demande. Messieurs, la permission de déposer sur
la table du Congrès les « Lois Sanitaires de la Serbie, » qui vous prou-
veront peut-être que nous avons fait le possible pour profiter au mieux
de vos lumières.
M. le D' Varrentrapp, de Francfort, parle au nom des hygiénistes
allemands et s'exprime dans sa langue. Il rappelle que depuis longtemps
les jeunes Allemands connaissent et aiment le chemin de la Suisse, où
ils viennent profiter de ses excellentes écoles, surtout depuis la création
de l'École polytechnique fédérale et le grand développement des Uni-
versités suisses. Ces écoles ont su aussi attirer d'Allemagne un grand
nombre de savants travailleurs, qui s'y sont distingués dans l'enseigne-
ment académique et sont devenus célèbres; d'autre part, beaucoup de
savants suisses ont aussi été appelés comme professeurs dans les Uni-
126 8KAXCË DU MARDI '5 SEPTEMBRE.
vei-sités allemandes. Au point de vue de Thygiène publique, les Alle-
mands peuvent encore beaucoup apprendre de la Suisse, surtout de
quelques cantons, tels que Zurich, Bâle, Schaffhouse, etc., dout le8
institutions sanitaires sont admirablement développées et prouvent que
les Suisses, vivant sous le régime républicain, savent aussi imposer des
restrictions à leur liberté individuelle dans Tintérèt de Thygièue.
#
Après ces paroles si bienveillantes pour la Suisse, la séance est levée.
Le Secrétaire,
D' Haltenhoff.
SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE
Présiibiire de M. le D"" LoMBAnn
La séance est ouverte à deux heures et demie. La salle et les tribunes
sont combles.
M. D'EspiNK, secrétaire adjoint, donne lecture du procès-verbal delà
séance générale du 4 septembre, qui est adopté.
M. D USANT, secrétaii-e général, fait connaître les délégations nou-
velles parvenues depuis la veille. Il annonce les ouvrages reçus par le
Congrès, en particulier le volume « L'étude et les progrès de l'Hygiène en
France de 1878 à 1882 » publié par la Société de médecine publique et
d'hygiène professionnelle.
M. Pacchiotti paie un juste tribut d'éloges à cet ouvrage, édité spé-
cialement poui' le Congrès de Genève. Il émet le vœu que dans les con-
grès futurs tous les États suivent ce bel exemple.
La parole est donnée à M. Pasteur pour la lecture de sou rapport sur
Tatténuation des virus. De chaleureux applaudissements accompagnent
M. Pasteur à la tribune et sa communication est écoutée avec le plus
vif intérêt au milieu d'un profond silence.
PASTEUR. — DE l' ATTÉNUATION DES VIRUS. 127
DE L'ATTÉNUATION DES VIRUS
Par M. PASTSÏÏB
Arec la collaboration de MM. Chambeblakd, Roux et Thuillicr.
Messieurs,
Le comité dii'ecteur de ce Congrès, sachant que je devais passer le
temps des vacances dans le Jura, à quelques heures de votre belle ville de
Genève, a eu l'obligeance de me convier à vous faire une communication
sur r atténuation des virus. J'ai accepté avec empressement, heui'euxde
me trouver un instant l'hôte d'un peuple ami de la France, ami des bons
comme des mauvais jours. Je nounîssais d'ailleui*s l'espoir de me
rencontrer ici avec des contradicteurs de mes travaux de ces dernières
années. Si les congrès sont un terrain de rapprochement et de conci-
liation, ils sont au même degré un terrain de discussions courtoises.
Nous sommes tous animés d'une passion supérieure, la passion du
progrès et de la vérité.
Messieurs,
Vous savez que nos connaissances sur les viiiis se sont enrichies
récemment de données précieuses qui ont pris naissance dans les
recherches que j'ai publiées en 1880, sur le microbe de la maladie dite
choléra des poules.
Un virus, alors même qu'il est constitué par un microbe, peut, sans
un changement très marqué dans sa morphologie générale, être atténué
dans sa virulence, conserver celle-ci dans des cultures, produire des
germes, et sous son nouvel état, communiquer une maladie passagère,
capable de présen'^er de la maladie mortelle, propre à l'action de ce
virus dans son état de nature'.
Cette précieuse modification peut se produire par une simple exposi-
tion du virus à l'oxygène de l'air. Cette action de l'oxygène est d'ailleurs
variable avec la température à laquelle elle s'exerce et avec le mUieu
qui contient le virus et dans lequel il a pris naissance.
Ces faits, constatés d'abord pour le microbe du choléra des poules, ont
128 8ÉANCE DU MARDI 5 6EPTJCMBBS.
été étendus depuis au microbe du charbon dans une série d'études ob
j'ai eu pour collaborateurs MM. Chamberland et Roux. Vers la tempé-
rature de |- 16° comme aussi vers celle de + 43** centigrades (tempé-
ratures qui sont voisines de celles où la culture du bacillus est impos-
sible), ce bacillus ne forme plus de spores dans divers bouillons de cul-
ture, le bouillon de poules, par exemple. Son exposition au contact de
Tair à ces températures, particulièrement à celle de -H 42** et 4- 43'
Tatténue progressivement, de jour en jour, jusqu'à supprimer chez lui
toute virulence, et bientôt même le fait périr, en le rendant impropre à
toute culture*.
La preuve certaine que c'est à Toxygène de l'air qu'il faut attribuer
l'attéimation du microbe du choléra des poules a été donnée par ud
moyen fort simple. D suffit de comparer les effets de cultures conser-
vées à Tabri de l'oxygène avec ceux de cultures semblables, exposées à
l'influence de Tair. Celles-ci périssent en quelques mois, après avoir
passé par des phases diverses d'atténuation, tandis que les cultures con-
servées à l'abri de l'air, en tubes clos, se montrent pour ce microbe en-
core très virulentes après plusieurs anuées.
Les propriétés du bacillus anthracis ou microbe du charbon diffèrent
à beaucoup d'égai'ds de celles du microbe du choléra des poules. Ces
^ 11 est remarquable cependant que les microbes atténués du charbon et lean
germes n^ont pas la même stabilité que ceux de la bactéridie du charbon naturel
des terres ou des animaux charbonneux. 11 y a tels microbes et tels germes da
charbon atténués qui périssent en quelques mois, tandis que depuis le 21 mars 1877,
c'est-à-dire depuis plus de 5 ans, j'essaie chaque année la vie et la viralence de
germes naturels formés originairement dans une solution minérale dite de Pasteur,
par semence d'une gouttelette de sang d'un mouton mort 8p<mt(mèment da charbon
et que la virulence d'origine est en apparence toujours égale. Ces germes tuent
encore des moutons en moins de 48 heures.
* On trouve dans un mémoire d'un élève du D' Koch, M: Lœffler {RecueU des
travaux de V Office sanitaire allemand, qui a paru à la fin de l'année 1681), ce qui
suit :
« La fameuse expérience de Pouilly-le-Fort, dont le résultat a été surprenant,
est accueilli avec réserve non sans raison. Et, en effet, la base de la découverte
de Pasteur est que le bacillus anthracis ne produit plus de spores à 42-43° dans le
bouillon neutralisé de poulet. Or, Koch a démontré qu'il fournit des spores tout
aussi vigoureusement à 43°, à condition de les cultiver à plat, au lieu de les culti-
ver on profondeur dans des ballons. >
A quoi veut-on en venir dans le laboratoire de M. Koch par ces insinuations ?
Qu'importe que M. Koch, dans des expériences autrement disposées que les nôtres,
croie obtenir des résultats différents! En quoi cela peut-il infirmer nos conclusions?
En vérité se serait-on attendu à un pareil jugement sur le succès éclatant de
l'expérience de Pouilly-le-Fort?
PASTEUB. — DE l' ATTÉNUATION DES VIRUS. 129
différences font qu'il se prête moins bien que son congénère à des obser-
vations de la nature de celles dont je vieus de parler concernant l'action
de l'oxygène. Cela est dû à cette circonstance que le microbe du char-
boDf sous sa forme de filaments, meurt promptement, en tube fermé à
l'abri du contact de l'air. On peut tourner la difficulté et mettre encore
en évidence l'influence de l'air sur la virulence du microbe charbonneux
par l'artifice suivant : Supposons, pour fixer les idées, qu'on ensemence
un bouillon et qu'on le distribue en tubes fermés qu'on place ensuite à
42"* — éS"*, et qu'il y ait mort des tubes en 6 jours, ce dont on s'assure
aisément en ensemençant tous les jours un des tubes. Rien ne s'oppose
à ce qu'on fasse avec la culture du 5"* jour, veille de la mort des tubes
fermés, une nouvelle culture également à l'abri de l'air, laquelle sera
mise h son tour à 42^* — 43** . Si la nouvelle culture meurt encore en 6 jours,
on pourra en préparer une troisième qui sera toujours distribuée ensuite,
en tubes fermés, et dont la semence sera prise dans la culture du
5"* jour et ainsi de suite. En même temps qu'on procède à ces séries de
cultures successives mises à l'abri de l'air, on prépare des cultures
parallèles en flacons, au contact de l'air.
Comparons alors les virulences des tubes fermés avec les virulences
des cultures, des mêmes jours, qui auront été exposées au contact de
l'air. On constate que les virulences des cultures exposées à l'air sont de
plus en plus atténuées et ne peuvent donner la mort à des cobayes,
tandis que celles des cultures en tubes fermés les font périr '.
* Le 6 ayril 1881, on distribue en tubes fermés un bouillon ensemencé par le
baeiUus anthrctcis yinilent; une partie du bouillon est mise en culture à Pair. Le
11 avril les tubes fermés ne cultivent plus : le bacillus est mort, réduit en granu-
lations sans vie. On sème la culture du 10, c'est-à-dire de la veille, dans du
bouillon qu'on distribue en tubes fermés ensuite à la lampe. On fait également
une culture au contact de l'air.
Le 16 avril, les tubes fermés ne cultivent plus, on sème la culture du 15, c'est-
à-dire celle de la veille, et on distribue en tubes fermés et aussi en un flacon au
contact de l'air.
Le 23 avril, les tubes fermés ne cultivent plus. On continue ces cultures d'après
la même méthode.
Le 7 mai, on inocule à des cobayes les cultures issues d'un tube fermé du
21 avril, d'un tube fermé du 28 avril, d'un tube fermé du 29 avril. En même temps
on inocule à des cobayes les cultures au contact de l'air des flacons des mêmes
jours, 21, 28, 29 avril.
Le 12 mai, on trouve morts les cobayes aux cultures en tubes fermés, tandis
qne ceox aox cultures en flacons ouverts se portent très bien et n'ont pas cessé
d'être bien portants les jours suivants.
Par on virus charbonneux virulent, la mort des cobayes arrive en 48 heures,
trois jours au plus. Dans l'exemple que je cite, elle n'est arrivée que le cinquième
9
130 8ËANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
L'action de l'oxygène de Tair dans l'atténuation du microbe charbon-
neux est donc tout aussi incontestable que poui* le microbe du choléra
des poules. L'influence de l'oxygène poui- l'atténuation du microbe char-
bonneux se traduit encore par une particularité remarquable. On sait
que M. Toussaint a annoncé Tatténuation de ce microbe par le seul
effet de la chaleur, et qu'on peut avoir par ce moyen des bactéridies
vaccinales ; mais nous avons reconnu que ces bactéridies ne gardent
pas dans leurs cultures leur atténuation d'origine. Déjà la première
culture du sang chauffé redevient virulente et mortelle. Les bactéridies
atténuées par l'oxygène conservent au contraire leur atténuation dans
leurs cultures.
Cette différence a une grande importance et c'est à elle en partie qu'il
faut attribuer la difficulté d'obtenir des vaccins charbonneux pratique-
ment utilisables par la méthode de M. Toussaint. Nous ne partageons
pas du tout l'opinion contraire émise récemment par M. Chauveau dans
une note présentée à l'Académie des sciences. D'autre part, il n'y a rien
de moins sûr et régulier, quelque précaution qu'on prenne, que l'effet
de la chaleur sui- du sang charbonneux, même lorsqu'elle s'exerce en
petite épaisseur et à température fixe.
L'objet principal de la communication que j'ai l'honneur de vous faire
est de fournil' de nouveaux exemples d'atténuation par Toxygène de l'air
ot de démontrer que nous avons affaire à une méthode générale d'atté-
nuation de certains virus. Je commence parmi microbe qui s'est mon-
tré pour la première fois dans une ciixonstance aussi intéressante que
curieuse.
jour; c'est la preuve que la virulence s'était un peu affaiblie en tubes fermés, et
que la température avait dû contribuer en quelque chose à l'atténuation. Toutefois,
la grande et principale part revient à l'oxygène.
Le D' Btichner a annoncé que le hacUlus anihracis peut se transformer par cul-
tures successives en hacUlus du foin, à voile chagriné. J'ai fait 130 cultures suc-
cessives en humeur aqueuse de l'œil, sans jamais avoir vu trace de cette trans-
formation. Mais l'action de l'oxygène de l'air, comme on peut le penser a provo-
qué une atténuation très lente de la virulence, assez difficile à reconnaître. Elle
a échappé au D*" Koch, ainsi que les modifications morphologiques du microbe,
modifications faibles^ mais néanmoins assez prononcées pour qu'à la longue il
ne forme plus de germes. Le D*" Koch n'a pas compris que pour apprécier de très
petites diminutions de virulence, il ne faut pas s'adresser uniquement à des souris
ou à des cobayes, mais à des animaux plus réfractaires. Une foule d'individus
d'une race donnée seront tués à peu près dans les mêmes conditions et le même
temps par des cultures successivoy pouvant avoir cependant des virulences diver-
ses. (Voir sur ce point également la note de la page 675 des Comptes rendttfi de
r Académie des Sciences, tome 91, année 1880. Pasteur, De Vatténuation du virus
du choléra des poules.)
PASTEUR. — DE l'aTTÉNLATIOX DES VIRL'S. 131
J'ai eu également pour collaborateurs, dans les études dont je vais
vous parler. MM. Chamberland et Roux, et en outre, et plus particuliè-
rement M. Thuillier. C'est en leur nom et au mien que je parle.
Le 10 décembre 1880, je fus convié par M. le D' Lannelongue, chi-
nirgien de Thôpital Sainte-Eugénie, à visiter un pauvre enfant de cinq
ans, atteint d'hydrophobie. Il avait été mordu au visage un mois aupa-
ravant par un chien enragé. Quatre heures après sa mort, qui arriva le
11 décembre, nous avons inoculé deux lapins avec des mucosités du
palais, délayées dans Teau. Les lapins périrent en moins de trente-six
heures. Dans leur sang, nous reconnûmes un microbe spécial, cultivable
à l'état de pureté et dont les cultures successives donnaient la mort aux
lapins, toujours avec présence du même microbe dans le sang.
Les lésions cadavériques consistent dans une dilatation partielle du
.système veineux, dans un gonflement et une rougeur lie de vin des gan-
glions de l'aine, des aisselles, de la trachée. Celle-ci est toujours hémor-
rhagique. Un peu de salive mouille les lèvres et s'écoule de leur commis-
sure. Les poumons, généralement œdémateux, sont quelquefois hépa-
tisés. Au point dïnoculation, faite sous la peau de l'abdomen, dans le
tissu cellulaire, celui-ci est légèrement œdémateux et emphysémateux.
Dans une expérience où on a cherché l'instant de l'apparition de
l'organisme viinilent dans le sang, on a vu que, neuf heures après l'ino-
culation, le sang ensemencé cultivait le microbe de la maladie, sans que
celui-ci fût encore visible au microscope ; que douze heures après l'ino-
culation, on le rencontrait à l'aide de cet instrument. La fièvre a apparu
en même temps que le microbe s'est montré : la mort arriva après
trente-cinq heures d'inoculation. La température ne descendit au-des-
sous de 40° que deux heures avant la mort. L'animal pesait 1^,920 au
moment de l'inoculation; 1^,730 au moment de la mort. Diminution de
190 grammes en trente-cinq heures.
La salive des lapins morts transmet invariablement la maladie à de
nouveaux lapins.
Les cobayes adultes supportent parfaitement l'inoculation de ce
microbe ; mais il tue en deux ou trois joui's les cobayes de quelques
jours d'âge. En poursuivant les inoculations de cobaye à cobayes jeu-
nes, la virulence s'exalte et ou arrive facilement à tuer des cobayes de
1, 2, 3, 4 mois Chez les premiers cobayes, le tissu cellulaire autour
du point dïnoculation offre un œdème baigné de sérosité sanguinolente
et souvent épaisse et gélatiniforme ; les muscles sous-jacents sont larda-
cés, purulents, épaissis. D est remarquable qu'à mesure que s'élève le
numéro d'ordre de l'animal inoculé dans des inoculations successives,
les lésions changent de caractère. La dégénérescence gélatineuse des
132 SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
tissus cellulaires, la purulence des muscles sous-jacents, disparaissent
pour être remplacées par une forte rougeur de ces muscles. Dans ces con-
ditions spéciales d'exaltation de la virulence, on croirait voir un cobaye
mort de septicémie aiguë. L'organisme microscopique se trouve abon-
damment dans les muscles, assez rarement au contraire dans le sang et
souvent en si petite quantité qu'il n'y est pas toujours visible au micros-
cope. Il y a comme un changement d'habitat du microbe par suite de
l'augmentation de la virulence '. Ici se présente une circonstance fort
digne d'intérêt : lorsque le microbe a été accru de virulence par passages
à travers des cobayes, il se montre au contraire moins efficace si on
vient à le reporter sur des lapins. Ce n'est pas le seul microbe qui se
comporte ainsi.
Nous avons fait connaître l'existence de ce microbe à l'Académie de
médecine de Paris le 18 janvier 1881.
On vit bien alors tous les services que la microbie peut rendre à la
médecine étiologique. En même temps que nous faisions l'étude de ce
microbe pathogène, M. le D' Maurice Ilaynaud, de très regrettable
mémoire, se livrait également de son côté, avec M. le D' Lannelongue,
à des expériences de contagion aux lapins do la salive de l'enfant hydro-
phobe de Sainte-Eugénie. Comme nous, il obtenait la mort des sujets
inoculés; mais tout entier à l'observation clinique, laissant de côté l'ac-
tion possible de microbes qui auraient pu s'introduire dans le corps des
lapins en même temps que le virus rabique, il concluait que c'était la
rage qu'il communiquait aux lapins, a Jusqu'à preuve du contraire, »
disait-il, « nous croyons que c'est bien de la rage que sont morts nos
lapins. »
M. Galtier a annoncé qu'il avait transmis la rage du chien au lapin
et a donné 18 jours comme moyenne de la durée d'incubation. Les
lapins de M. le D' Maurice Raynaud mouraient beaucoup plus vite :
la moyenne de la dui-ée, entre l'instant de l'inoculation et la mort,
n'était que de quarante-cinq heures. Cette différence n'était pas faite
pour arrêter la conclusion de M. Maurice Raynaud. Comme dans se^
expériences il s'agissait de la transmission de la rage, non du chien>
* Le D*" Koch et ses élèves (Recueil des travaux de V Office sanitaire aUemcmdy
Berlin, 1881), sur la foi d'expériences mal dirigées, méconnaissent le fait de viru-
lence progressive, indiqué d'abord par MM. Coze et Feltz et mis plus tard en
pleine lumière par le D"* Davaine dans un cas particulier. Par nombre de nos
expériences sur les conditions de l'atténuation et du retour à la virulence, on sait
aujourd'hui, non seulement que MM. Coze, Feltz et Davaine ont vu juste, mais que
le cas particulier qu'ils ont étudié est loin d'être isolé.
PÂ8TEUB. — DE l'atténuation DES VIRUS. 133
mais de l*homme, au lapin, il attribuait la différence des durées d'incu-
bation à cette circonstance. — Déjà antérieurement, le 27 octobre 1879,
M. Maurice Raynaud annoncerait avoir, par des inoculations de salive,
transmis la rage de l'homme aux lapins. Cette première conclusion
n'était pas plus exacte que celle que je viens de rappeler. Ce n'est pas
qu'il ne soit très facile de communiquer la rage de l'homme, soit au
chien, soit au lapin, — nous l'avons fait souvent — mais déjà à cette épo-
que M. Maurice Raynaud n'avait eu entre les mains, à son insu, que
des lapins morts du nouveau microbe.
Toutefois, si la mort rapide des lapins dans ces diverses expériences
était due à un microbe tout nouveau, on pouvait se demander si le
microl)e n'avait pas quelque relation cachée avec le véritable microbe de
la rage. N'était-ce pas une circonstance étrange que cette salivation
chez nos lapins et la facile provocation de la maladie et de la mort par
leur salive, inoculée à de nouveaux lapins ?
En outre, n'était-il pas très intéressant de rechercher si l'on retrou-
verait cette même virulence de la salive de l'enfant, mort hydrophobe à
St-Eugénie, chez d'autres salives d'enragés. L'occasion se présenta
bientôt de lever ces doutes.
Le 23 février 1881, M. Percheron, vétérinaire, me signala une enfant
de six ans, présentant tous les symptômes de la rage. Elle avait été, elle
aussi, mordue un mois auparavant au visage par un chien enragé. Sa
mort arriva ce même jour, 23 février, à 4 heures du soir. Le lendemain,
24 février, on recueillit un peu de nmcus salivaire et on en inocula deux
lapins, l'un sous l'abdomen par la seringue Pravaz, l'autre à la face par
la lancette. Ce dernier n'éprouva rien. Le premier mourut après 3 jours.
Son sang offrait en abondance notre nouveau microbe, avec sa virulence
habitueUe.
Au même moment, un ouvrier forgeron, âgé de 49 ans, mordu par un
chien enragé, quatre mois et demi auparavant, mourut le 22 février, à la
Pitié, dans le service de M. le D' Brouardel. Une heure et demie après
sa mort, on inocula plusieurs lapins avec la salive de la bouche et le
mucus du palais. D'autres lapins avaient été déjà inoculés par la salive,
mais prise avant la mort, la veille et quelques heures auparavant, par
MM. les D" Brouardel et Dujardin-Beaumetz. Grâce à l'obligeance de
ces savants médecins, je pus m'assurer que non seulement les lapins que
j^avais inoculés, mais quelques-uns de ceux qui leur avaient servi
étaient morts par le même microbe qui nous occupe.
Une étude attentive et prolongée des effets de l'inoculation delà salive
rabique humaine à des lapins permet de constater trois genres de mort :
La mort par le nouveau microbe;
134 8ËANCE Di: MARDI ') SEPTEMBRE.
La mort par des désordres purulents très abondants, avec décollements
de la peau; accidents d'ordre septique;
Enfin la mort par la vraie rage propre au lapin. Celle-ci a toujours
une incubation assez longue et s'accuse invariablement par des paraly-
sies des membres, qui durent 24, 48, 72 heures avant la mort. L'aptitude
à mordre n'existe jamais, pour ainsi dire, dans la rage du lapin. J'en ai
vu cependant un exemple mais un seul sur des centaines de cas.
La mort par les désordres purulents peut arriver en quelques jours,
comme en plusieurs semaines. Dans ce cas il est rare qu'il y ait para-
lysie.
La mort par le nouveau microbe est toujours rapide, à moins qu'il n'y
ait des complications purulentes, auquel cas la mort peut être retar-
dée de plusieurs jours.
En résumé, la salive de personnes enragées contient, outre le virus
rabique non caractérisé encore par un microbe cultivable, un virus formé
par un microbe spécial, qu'on peut cultiver facilement et des microbes
divers capables d'amener la mort par des productions exagérées de pus,
des désordres locaux excessifs et quelquefois l'introduction dans le sang
de microbes communs.
Dans la salive des enfants morts de la 'rage le nouveau microbe parait
assez fréquent et abondant pour amener la mort des lapins avec plus de
rapidité que ne le feraient le virus rabique, ou les microbes auteurs des
désordres puiulents et putrides.
Le nouveau microbe découvert dans les salives des personnes atteintes
d'hydiophobie n'existe-t-il que dans cette sorte de salive ? Cette
question s'offrait naturellement à l'esprit. C'était même la première
à résoudre si l'on voulait s'assurer d'une relation cachée entre ce
microbe et celui de la rage. Au cas où le nouveau microbe existerait
dans des salives quelconques, il est évident qu'il serait indépendant du
virus rabique.
Des observations auxquelles nous nous sommes livrés, il est résulté
que la salive des personnes adultes, mortes de maladies diverses, ne
contenait pas le nouveau microbe, ou plutôt qu'il a été masqué dans nos
expériences par l'abondance des microbes propres à faire du pus ; qu'au
contraire la salive d'enfants morts de maladies diverses a amené la mort
des lapins par le microbe dont il s'agit, qu'enfin on l'a retrouvé encore
dans des salives de personnes en pleine santé • .
^ Le nouveau microbe n'a donc aucune relation avec le virus rabique. Par les
détails dans lesquels je suis entré, on voit assez que ce n'était pas chose facile de
se mouvoir sans faillir dans tous les faits que le texte ci-dessus élucide. J'oserais
PASTEUR. — DE l' ATTÉNUATION DES VIRUS. 135
•
Le microbe de la salive dont je viens de vous entretenir est le troi-
sième microbe virulent dont nous avons essayé l'atténuation par l'action
de l'oxygène de l'air. Je désire vous la présenter : elle est encore inédite
et fort intéressante par divers détails de son histoire. Vous savez déjà
ce qui arrive aux cultures du microbe du choléra des poules quand on
passe d'une culture à celle qui la suit, sans mettre entre ces cultures un
long inter\'alle. La virulence de la deuxième culture reproduit la \iru-
lence de la première sans changement appréciable et il en ast ainsi des
cultures successives. Ce n'est que quand on laisse s'écouler un temps
plus ou moins long entre deux cultures consécutives qu'on observe une
diminution dans la virulence. En d'autres termes, il semble que l'oxy-
gène de l'air n'a d'influence pour atténuer une culture que si celle-ci est
achevée. Tant que l'oxygène est employé à la vie, aux actes de la nutri-
tion du microbe, son influence atténuante ne s'exerce pas d'une manière
sensible. Elle n'est pas tout à fait nulle, mais elle échappe à des obser-
vations ordinaires.
Notre microbe de la salive se comporte comme le microbe du choléra
des poules . Si on fait se succéder ses cultures de douze en douze heures,
on retrouve dans toutes les cultures la même virulence, c'est-à-dire que
si nous prenons le lapin pour critérium de la vii'ulence, ces animaux
meurent aussi facilement, aussi promptement par les dernières cultures
que par les premières.
M. Thuillier a eu la patience de faire dans ces conditions deux séries
de quatre-vingts cultures, et la quatre-vingtième tuait les lapins aussi
nte que les premières *. Pour accuser des diflérences, il eût fallu sacrifier
des nombres considérables de lapins ou opérer sur des animaux plus
réfractaires au virus.
Si nous comparons maintenant des cultures successives eu les laissant
séjourner plus ou moins de temps au contact de l'air, avant de passer de
Tune à l'autre, par ensemencement, les choses, à certains égards, sont
tout autres que pour le choléra des poules. Les cultures périssent très
vite. On est tout surpris de voir qu'en essayant d'ensemencer une cul-
dlre que jamais, dans mes recherches antérieures, je n'avais poussé plus loin le
respect des principes de la méthode expérimentale.
Chose étrange néanmoins, on m'a fait dire, notamment le recueil allemand déjà
cité, que le microhe de la rage n'était autre que notre microhe de la salive. C'est
là une assertion toute gratuite : c'est le contraire que nous avons établi.
* Une des séries a été faite dans le ride. Ce microbe aérobie est-il également
anaérobie? La culture dans le vide ne se fait-elle pas par l'oxygène de l'air fixé
snr certaines matières oxydables du bouillon? C'est à voir. Ce qui est certain,
c'est que le bouillon de culture se décolore en partie.
136 SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
ture dans un nouveau bouillon, le plus souvent, déjà après deux ou trois
jours d'attente de la culture mère, il y a stérilité complète et la mort
d'une culture arrive d'autant plus rapidement qu'elle a un numéro
d'ordre plus élevé. Une culture ensemencée directement par le sang
virulent \it de six à douze ou quinze jours. Si avec cette culture on ense-
mence une seconde culture, avec celle-ci une troisième et ainsi de suite
on constate une prompte dimiimtion de la durée de la vie et de la viru-
lence des cultures. La huitième vivra trois à quatre jours quand la dou-
zième vivra trente heures, la vingt-cinquième, vingt-six heures, la qua-
rante-huitième et les suivantes, de vingt à vingt-deux heures environ.
Ces cultures inoculées aux lapins à la fin de leur vie, ne les tuent pas
toujoui's, et il est facile alors de constater que parmi les lapins, inoculés
dans ces conditions, beaucoup résistent ensuite à des inoculations viru-
lentes. La maladie ne récidive donc pas, du moins pendant longtemps.
Cependant la rapidité avec laquelle meurent les cultures rend très diffi-
cile de saisir le moment précis où l'ensemencement de la culture donnera
un vaccin convenable. Il faudrait pouvoir allonger beaucoup la dui-ée de
la vie des cultures. On y parvient aisément en composant le milieu de
culture avec du bouillon et du sang de lapin. Le bouillon qui convient à
la culture du microbe est celui de veau. Les bouillons de poule, de lapin,
de bœuf, de mouton y sont impropres. Deux parties de bouillon de veau
et une partie de sang pur de lapin donnent, par ensemencement de sang
viiiileut ou d'une culture en bouillon, môme d'ordre élevé, des cultures
qui ont jusqu'à quarante ou cinquante jours de durée. Dans les dix der-
niers jours les cultures de bouillon ensemencées avec ce mélange sanguin
fonnent une série de cultui'es de virulences graduées, toutes vaccinales à
divers degrés.
C'est encore l'action de l'oxygène de l'air qui modifie la culture et en
atténue progi'essivement la virulence. La preuve est facile à donner par
le moyen qui nous a déjà servi, c'est-à-dire, par la comparaison des cul-
tures faites et conservées au contact de l'air avec celles en tubes fermés
ou dans le vide. Tandis qu'une culture faite et conservée à l'air périt en
quelques jours en bouillon de veau, la même culture faite et conservée
en tube fermé ou dans le vide est encore vii-ulente après trois et quatre
mois, peut-être davantage. D'ailleurs, lorsqu'il y a mort en tubes fermés,
la virulence se conserve jusqu'au moment de la mort.
Nous voilà donc en possession de trois microbes aérobies qu'on peut
atténuer par une même méthode qui se prête en outre à la préparation
facile de leurs vaccins : le microbe du choléra des oiseaux de basse-cour ;
le microbe du charbon ; le microbe de la salive, particulièrement de la
salive des hydrophobes. Si j'en ajoute un quatrième dans cette comniu-
PA8TEUH. — DE l' ATTÉNUATION DES VIRUS. 137
Dication, je pense que ce nouvel exemple suffira à vous convaincre,
comme je le suis moi-même, qu'une méthode générale rationnelle,
nullement empirique, d'atténuation et de préparation de beaucoup de
vaccins est trouvée.
Il s'agit encore d'im virus nouveau rencontré pour la première fois
dans les conditions suivantes :
L'année 1881 fut marquée à Paris par une épizootie très sérieuse de
ce genre d'aflFection qui est connu sous le nom Aq fièvre typhoïde des che-
vaux. La seule compagnie des omnibus de Paris a perdu plus de 1500
chevaux. Nous avons commencé quelques recherches sur cette maladie
qui^ malheureusement pour nos expériences, n'a pas repam en 1882.
En inoculant à des lapins la matière écumeuse sortant parles naseaux
au moment de la mort d'un cheval atteint de l'affection dont il s'agit,
les lapins périrent et leur sang présenta un microbe nouveau, encore, en
forme de 8, avec un étranglement allongé. Ce microbe communique aux
lapins une véritable fièvre typhoïde qui les tue en moins de vingt-quatre
heures. Les poumons sont généralement hépatisés avec pleurésie. Les
plaques de Peyer sont tuméfiées et quelquefois framboisées et hémorrha-
giques. La plaque de la valvule iléo-cœcalc est toujours très tuméfiée et
plus souvent hémorrhagique que celles de l'intestin. Les reins quelque-
fois hémorrhagiques. Le foie souvent un peu pâle. L'animal est très
rapidement dans un état comateux prononcé. Déjà après quatre heures
d'inoculation, la fièvre s'accuse par une élévation de la température de
plus de P, même quand la mort n'arrive qu'après trente-six heures. Les
péritonites sont assez fréquentes * .
' L'étude de ce quatrième microbe présente un nouvel exemple de changement
de Tirulence pour une race d'animaux après qu'il y a eu acclimatation, si l'on peut
ainsi dire, dans une autre race.
En juillet 1881, alors que l'organisme microscopique avait passé par un petit
nombre de lapins qu'il ne tuait qu'en deux ou trois jours, les inoculations amenaient
la mort des cobayes en cinq ou huit jours. Le point d'inoculation était œdémateux
avec un peu de pus au centre; les ganglions tuméfiés et hémorrhagiques; les pou-
mons hépatisés avec pleurésie; les intestins souvent couverts de fausses membranes;
quelquefois péricardite. Rate arrondie sur les bords et friable. Plaques de Peyer
ayant l'aspect de barbe, rasée depuis deux jours. Le microbe dans le sang.
En juillet 1882, après passage du microbe par beaucoup de lapins, l'inoculation
aux cobayes n'amène plus qu'un abcès local, s'ouvrant spontanément et dont le
pus, rempli du microbe, amène la mort du lapin en moins de vingt heures. En
résumé, par passages nombreux à travers le lapin, le microbe a acquis une viru-
lence plus grande vis-à-vis du lapin, en la perdant vis-à-vis du cobaye. — En juillet
1882^ les lapins meurent même par V^oo de goutte de sang virulent. Ils meurent
aussi très facilement par des repas infectieux ou si on les place dans des cages où
sont morts d'autres lapins par ce microbe.
138 8KANCE DU M AUDI 5 SEPTEMBRE.
L'atténuation de ce microbe a lieu quand on expose ses cultures dans
du bouillon au contact de Tair : mais elle est très difficile à saisir, parce
que la période pendant laquelle elle se montre est suivie presque immé-
diatement par la mort du microbe. En d'autres termes, si l'on fait une
culture de ce microbe et qu'on l'abandonne à elle-même au contact de
•
l'air, en essayant chaque jour sa virulence, colle-ci se montre toujours
mortelle pour les lapins jusqu'à ce que tout à coup en quelque sorte, on
trouve morte la culture, c'est-à-dire, ne pouvant plus se cultiver et sans
action aucune sur les animaux. Dans les cultures au contact de l'air, le
microbe passe de la vii-ulenco à la mort en quinze à trente jours, si on le
laisse à 35^ Au contraire, développé à So'* et laissé à la température
ambiante, les cultures se conservent vivantes six à huit mois et plus.
Dans le vide, les cultures se conservent viiiilentes au moins un an, soit à
l'étuve, soit à la température ordinaire.
Pour arriver à saisir et à lixer Tatténuation, on a eu recours à l'arti-
fice suivant, qui rappelle celui que nous avons employé tout à l'heure
pour démontrer que c'est bien à l'oxygène de l'air qu'est due l'atténua-
tion du microbe du charbon à 43' . On fait une culture à l'aide du sang
virulent d'un lapin mort et on l'abandonne à elle-même. Chaque jour on
l'easemence dans un nouveau flacon de bouillon, de façon à avoir autant
de cultures que de jours de repos de la première culture mère. U arrive
un moment oii la semence prise dans cette culture mère se montre stérile.
Arrivé à ce point, on reprend comme culture mère d'une nouvelle série
de cultures quotidiennes la culture faite la veille de la mort de la pre-
mière cultui'e mère. La seconde culture mère meurt à son tour; ou refait
alors une nouvelle série de cultures quotidiennes, en prenant pour cul-
ture mère la culture féconde de la veille de la mort de la deuxième cul-
ture mère et ainsi de suite.
Par cette méthode, on finit par avoir des cultures qui n'entraînent
plus la mort des lapins, et se bornent à provoquer des abcès guérissables,
dont le développement est quelquefois énorme. A ce moment, il est facile
de constater qu'on a affaire à des cultures vaccinales, c'est-à-dire que les
lapins guéris supportent sans accidents les cultures les plus virulentes
de l'organisme microscopique de la fièvre typhoïde des lapins. Les cul-
tures vaccinales faites à courts intervalles conservent la virulence vacci-
nale. La preuve de l'influence de l'oxygène de l'air dans l'atténuation
est encore donnée par les cultures dans le vide ou à l'abri de l'air. Elles
Le lecteur remarquera que dans le texte ci-dessus je ne décide en rien la ques-
tion de savoir si le microbe dont je parle, malgré son origine, a une part quelconque
à la production de l'affection dite fièvre typhoïde des chevaiur.
PA8TEUH. — DE l' ATTÉNUATION DES VIRUS. 139
conservent leur virulence et ne meurent qu'après un temps très long en
manifestant leur virulence jusqu'au moment de la mort des cultures.
En résumé, on ne peut douter que nous possédons une méthode géné-
rale d'atténuation, dont l'application doit seulement être modifiée selon
les exigences des propriétés physiologiques des divers microbes. Les
principes généraux sont trouvés et on ^le saurait se refuser à croire que
l'avenir, dans cet ordre de recherches, est riche des plus grandes espé-
rances.
Mais, si éclatante que soit la vérité démontrée, elle n'a pas toujours
le privilège d'être facilement acceptée. J'ai rencontré en France et à
l'étranger des contradicteurs obstinés.
Permettez-moi de choisir parmi eux celui dont le mérite personnel a
le plus de droits à notre attention. Je veux parler du D' Koch, de Ber-
lin. Il y a un an parut, à Berlin, le Recueil des travaux de V Office
sanitaire allemand. Mes travaux y sont attaqués avec une étrange viva-
cité par le D' Koch et ses élèves. On trouve des choses vraiment surpre-
nantes dans certains mémoires de ce recueil. On y insinue en divers pas-
sages que M. Pasteur ne sait pas cultiver les microbes à l'état de pu-
reté; qu'il ne peut savoir si ses travaux sont exempts de causes d'er-
reurs, parce qu'il ignore la manière de reconnaître les micro-organis-
mes; qu'il a entraîné toute une école à publier « des faits incroyables
comme cultures » On y dénonce que la façon usitée par moi pour
inoculer consiste à injecter sous la peau une ou plusieurs seringues de
liquide; que je n'ai jamais eu entre les mains la septicémie pure, sans
complication d'autres maladies; que j'ai mal appliqué le mot de septicé-
mie; que lui, M. Koch, est bien plus dans la vérité en l'appelant œdème
malin; que M. Pasteur ne sait pas reconnaître le vibrion septique quoi-
qu'il l'ait découvert Dans l'expérience du charbon donné aux poules
par le seul fait d'abaisser leur température après inoculation, le doc-
teur Koch, qui ne trouve rien de remarquable dans cette expérience,
demande si les poules refroidies qui ont pris le charbon n'étaient pas
des poules capables de le prendre naturellement, parce que, dit-il, un
auteur allemand, en inoculant le charbon à des poules, a eu 11 fois sur
31 des résultats positifs. C'est là une assertion que le D' Koch aurait
pu se donner la peine de contrôler avant de s'en faire une arme contre
la vérité d'observations très exactes.
Les élèves du D' Koch ont encore renchéri sur leur maître. On trouve,
par exemple, dans leurs mémoires, que la seule garantie certaine de la
pureté des cultures est le contrôle incessant au moyen du microscope,
ce qui est impossible avec les cultures de Pasteur. Voici qui est plus fort
encore : il s'agit de l'atténuation des virus. C'est M. LœfBer qui parle :
140 SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
« Quand, dans les expériences de Gaflfky, les cultures ont présenté une
action incertaine, « low atténuation du mrus, » il existait toujours uue
adultération par des organismes très analogues, à croissance rapide, mais
non pathogénique. » M. Lœffler est cependant plus indulgent que son
maître et que son collègue, M. Gaffky ; il me fait l'honneur de dire qu'il
est disposé à croire que mes cultures étaient pures. Mais sait-on dans
la pensée de l'auteur, ce qui a pu m 'induire en erreur? C'est que l'adul-
tération de mes cultures commençait avec la vaccination. « L'air d'un
laboratoire, dit-il, consacré depuis de longues années à des recherches
bactérologiquos, est rempli d'une masse énorme de germes, un germe
n'a-t-il pas pu se déposer sur l'aiguille à vacciner, pénétrer dans le
ballon, d'autant mieux qu'il fallait essayer fréquemment la virulence
des cultures? Voilà ce qui m'aura fait admettre l'atténuation du virus
du cholira des poules. Ce n'est pas tout : quand je crois avoir entre les
mains des poules vaccinées, l'auteur s'imagine que j'ai pu prendre, pour
de telles poules, des poules qui tout simplement étaient réfractaires au
choléra des poules. Enfin, l'auteur ne croit pas que j'aie opéré comme
je l'ai dit sur 80 poules dans certaines de mes expériences, parce que
j'aurais dépensé trop d'argent. C'est \Tai, pour établir le grand fait de
l'atténuation de la virulence, l'État m'a permis de ne pas compter.
Peut-être, dans cette assemblée, quelques pei-sonnes partagerit-elles
les opinions de mes contradicteurs. Qu'elles me permettent de les invi-
ter de prendre la parole. Je serais heureux de les éclairer.
NOTE ADDITIONNELLE
C'est sur les trois points suivants que le D*^ Koch et ses élèves ont particulière-
ment insisté dans leurs critiques :
I. l'atténuation des virus et la vaccination
Pour ces observateurs ces découvertes n'existent pas. Elles sont lettre morte.
Lorsque j'eus pris connaissance de leurs désobligeantes diatribes, sans prendre la
peine de leur répondre, je m'empressai de préparer les choses de façon à ce qu'ils
eussent sous les yeux la preuve de leurs méprises. Je fis ce que j'ai fait souvent
pour les contradictions auxquelles toutes mes recherches ont donné lieu.
Le grand intérêt agricole du sujet m'en donna les moyens. A ma demande, M. le
Ministre d'agriculture de Prusse nomma une commission qui fut composée de :
MM. BEYfcR, membre du Conseil supérieur du gouvernement, président;
D' ViRCHow, professeur, conseiller intime médical;
C** ZiETEN-ScHWERiN, de Wustrau ;
PA8TEUS. — DE l' ATTÉNUATION DES VIRUS. 141
D' Daxxakn, professeur, directeur de l'Ecole vétérinaire de Hanovre ;
ZiMMERMANV, de Beukeudorf ;
RiMPAu, de Schlaustedt ;
(Emler, vétérinaire départemental ;
D' RoLOFF, directeur de l'Ecole vétérinaire de Berlin;
D*" MûLLER, professeur de cette école ;
et sous la surveillance de laquelle, avec Taide de M. Thuillier, kttaché à mon
laboratoire, furent faites des expériences de vaccination charbonneuse sur une
grande échelle.
Le rapport de la Commission, confié au prof. Millier, vient de paraître à Berlin,
n est intitulé : Ejrpériences sur Vaction des inoculations contre le sang de rate^
par la méthode de Pasteur, faites par ordre de M. le Ministre de l'agriculture rfes
domaines et des forêts sur des animaux des races bovine et aviné du domaine de
Paekisch. — Berlin, 1882.
Le D*" Koch et ses élèves doivent maintenant savoir à quoi s'en tenir sur la
découverte de l'atténuation du virus.
II. LA SEPTICÉMIE
Lorsque, en 1877, j'ai abordé Tétude du charbon, avec la collaboration de
M. Joubert, les esprits étaient encore très partagés sur le rôle de la bactéridie
dans cette affection. Tous les doutes au contraire sur ce microbe, envisagé comme
caose exclusive du mal, tombèrent après la publication de notre note du 30 avril
1877. (Etude sur la maladie charbonneuse, par MM. Pasteur et Joubert. Comptes
rndus de V Académie des sciences, tome 84, 1877). On pourrait à la rigueur invo-
quer pour preuve de ce que j'avance le passage suivant du D*" Koch, dans un
mémoire du recueil déjà cité. Après avoir considéré les démonstrations de notre
note comme superflues, il s'exprime ainsi :
< Déjà le premier travail de Pasteur (il s'agit précisément de cette note du
« SO avril, 1877) qui tendait à démontrer que les bacilles sont vraiment la cause
< de Paffection présentait ce caractère Or, Brauell (en démontrant que le sang
' du fœtus n'est pas virulent), Davaine (en montrant que le sang dilué au millio-
< nième ne perdait pas sa puissance), Tiegel et Klebs (en annonçant que le sang,
< débarrassé des bactéries par la filtration, devenait inoifensif) avaient suffisam-
c ment démontré cela Il est vrai, ajoute Koch, que l'on pouvait objecter que
< pour rendre le sang charbonneux virulent, les bacilles devaient exister, mais
« que cette infection résultait, non de l'action des microbes, mais d'un poison spé-
« cial qui y reste adhérent. Au fond et au point de vue pratique, cette objection
« n'avait aucune importance. »
M. Znber, ^professeur au Val de Grâce, qui a résumé pour la Revue d'hygiène
de M. Vallin, le mémoire du prof. Koch, joint à cette citation les remarques sui-
vantes:
Comme les opinions peuvent différer ! Nous pensions et beaucoup de monde avec
nous que cette objection était d^une importance capitale, et nous reprochions précisé-
142 8ÉÂKCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
ment atix auteurs qui sont cités plus )Mut, d'opérer sur un liquide complexe par dts
procédés compliquée qui rendaient les résultats douteux. Cest pour cela que twus
avions salué avec joie les expériences au moyen des cultures à la vingtièn^^ à la qna-
rantième... génération, parce que le résultat était débarrassé de toutes les complica-
tions gênantes et paraissait clair et net à tous les yeux. (Zuber, Revue dhygiknt,
20 février 1882).
Une autre preuve des doutes qui s'emparaient des meilleurs esprits, touchant le
rôle des bactéridies est donnée par un passage de M. Chauveau dans son travail
sur les virus; je regrette de ne pouvoir le citer, n'ayant pas le texte sous les
yeux.
Ce qu'on ne doit pas omettre surtout c'est la note présentée à la Société de bio-
logie par M. Paul Bert, à la veille, pour ainsi dire, de notre note du 30 avril, le
13 janvier 1877, postérieure par conséquent aux travaux de Brauell, de Davaine,
de Tiegel et Klebs, de Koch lui-même :
« Je puis, disait M. Paul Bert, faire périr la bactéridie de la goutte de sang par
*> l'oxygène comprimé, inoculer ce qui reste et reproduire la maladie et la mort.
« sans que la bactéridie se montre. Donc les bactéridies ne sont ni la cause ni
« l'eflfet nécessaire de la maladie charbonneuse. Celle-ci est due à un virus. »
Est-ce que cette expérience de M. Paul Bert ne venait pas à l'appui des assertions
de MM. Jaillard et Leplat, dans la discussion qu'ils soutinrent contre le docteur
Davaine devant l'Académie des sciences?
Je le demande à M. Koch : au nom de quel argument aurait-il pu, à ce moment,
protester contre les faits avancés par M. Paul Bert ? Ce qui est certain, c'est que
personne ne s'en est avisé.
Bref, dans toutes les obscurités que je rappelle, d*où est venue la lumière,
sinon des notes que nous avons publiées les 30 avril, 16 et 17 juillet 1877 (Voir
les deux dernières, également dans les Comptes résidus de V Académie des sciences^
Pasteur et Joubert, tome 85, pages 61 et 101).
Dans ces notes, complétées par celle du 30 avril 1878 (Comptes rendtts de V Aca-
démie des sciences et Bulletin Académie de médecine, intitulée : La théorie des ger-
mes), et faite en collaboration avec MM. Joubert, Chamberland et Roux, la
découverte du vibrion septique proprement dit n'a-t-elle pas mis en évidence les
erreurs commises jusque-là? Comment I ce vibrion est isolé, étudié dans ses pro-
priétés, démontré être afiaérobie, cultivé à l'état de pureté dans des cultures suc-
cessives à l'aide du vide, atténué même ou rendu à sa virulence, et le D** Kocli ne
craint pas d'écrire que « Pasteur n'a jamais eu devant les yeux la septicémie infec-
tieuse dans sa forme non compliquée, » alors que nous avons donné d'une part le
moyen infaillible d'avoir la maladie et proposé pour séparer le vibrion septique
de la bactéridie charbonneuse, ce procédé si simple de semer le sang qui renferme
ces deux microbes: 1° dans le vide; 2*^ au contact de l'air. Dans le premier cas on
recueille le vibrion septique pur, parce qu'il est anaérobie ; dans le second cas la
bactéridie se multiplie seule, parce qu'elle est aérobie exclusivement. Contraire-
ment à la vérité, Koch pré tond que, pour obtenir cette maladie, j'injecte sous la
peau d'un animal une ou plusieurs seringues de liquide putride, mode d'opérer
dont je ne me suis jamais servi dans aucune de mes recherches.
PASTEUR. — DE l'aTTÉXITATION DES VIRUS. 143
C'est à croire que le D' Koch ne lisait mes communications que dans les traves-
tissements de M. Collin d'Alfort.
Sur quoi peut encore s'appuyer M. Koch pour critiquer le mot septicémie et le
remplacer par celui (Vœdème mnlin, dénomination qui eût été impardonnable dans
le sujet, puisque chacun sait qu'en France l'expression œdème malin désigne une
des formes du charbon chez l'homme ? n'eût-il pas été convenable de sa part de
conserver à une maladie qui venait d'être nettement caractérisée, le nom que
lui avaient donné ceux à qui l'on devait la connaissance des propriétés fonda-
mentales du microbe qui l'engendre ?
Notre septicémie est-elle bien la maladie dite de la vache, par le D*" Davaine ?
Je ne l'ai point vérifié par des épreuves directes. Cela paraissait être, puisque
MM. Jaillard et Leplat qui, en définitive, l'ont signalée les premiers, tout en
méconnaissant sa véritable nature, l'avaient obtenue à l'aide d'un sang charbon-
neux venant d'une vache morte spontanément à Chartres, du satig de rate. De même,
M. Paul Bert l'avait vue dans les mêmes conditions. Toutefois, dans une des réu-
nions tenues dans mon laboratoire par la commission de l'Académie de médecine
nommée sur ma demande, le !•' février 1881, lorsque je mis sous les yeux de la
commission des cobayes morts de la septicémie décrite dans les notes que j'ai déjà
mentionnées de 1877 et 1878, je demandai au D' Davaine, qui était un des mem-
bres de la commission, s'il reconnaissait là la septicémie qu'il avait étudiée. Non,
me répondit M. Davaine, je n'avais pas ces inflammations intenses de tous les
muscles de l'abdomen, des bras et des cuisses. Ceci n'intéresse en quoi que ce soit
l'exactitude de nos études sur la septicémie aiguë, si facile à caractériser par ses
origines, puisqu'on la trouve invariablement, par exemple, dans un cadavre d'ani-
mal charbonneux (de mouton, de préférence), naturellement associée au charbon
quand le cadavre a été abandonné à lui-même pendant 15 à 30 heures, suivant la
température extérieure. Le procédé de M. Davaine pour obtenir la septicémie
qu'il a décrite n'avait pas la même certitude, comme je l'ai déjà fait remarquer
autrefois quand, avec les conseils de M. Davaine lui-même, j'avais essayé de
reproduire la septicémie à l'aide de sang de bœuf abandonné dans une étuve pen-
dant un temps variable. Quoi qu'il en soit, il serait fort à désirer que M. Davaine
fixât, par la nature du microbe de la maladie, la maladie qu'il a étudiée.
m. EÔLE DES VERS DE TERRE.
Une de nos recherches parait avoir eu, plus que toutes les autres, le don de
blesser le sens observateur du D' Koch, c'est celle relative au rôle des vers de
terre dans l'étiologie du charbon. II le prend même sur le ton plaisant. Ah ! voilà
une découverte de M. Pasteur, dit-il, que personne ne s'avisera de lui contester !
n s'indigne même qu'en Allemagne « elle ait eu des admirateurs. »
Quoi de mieux démontré cependant que le rôle des vers de terre, et quelle
suite logique dans les démonstrations !
Tout d'abord nous reconnaissons que des spores de bactéridies ajoutées aux
aliments peuvent faire périr des moutons, mais pas en totalité, même lorsque les
repas sont répétés;
144 8KANC£ DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
Nous constatons ensuite que les lésions chez nos animaux morts sont celles des
animaux morts spontanément;
L'idée se présente alors naturellement que le charbon spontané peut être dû à
des contagions par spores, répandues sur les aliments, au parcage ou dans Tétable;
l'idée aussi se présente également de la nécessité de rechercher quelle pouv&it
être l'origine de ces spores ;
La première étude expérimentale consistait évidemment à rechercher si ces
spores ne pouvaient provenir des cadavres enfouis charbonneux dans les champs;
Alors on démontre en premier lieu que du sang charbonneux répandu sur de la
terre arrosée d'urine s'y cultive et donne très promptement des spores ; puis on
constate la présence des spores charbonneuses à la surface des terres des fosses
et leur absence partout ailleurs ; à trois reprises, en deux ans, on trouve des spores
de charbon dans la terre de la surface d'une fosse où on avait enfoui une vache
entière non dépecée;
Kntin, on constate que la terre autour d'un cadavre charbonneux enfoui depuis
deux ans est remplie de spores du parasite du charbon. J'ai expliqué comment
cela pouvait avoir lieu, quoique jamais les spores ne se forment dans le cadavre
(Voir Bulletin de VAcadému de médecine, novembre 1879).
Mais la terre est un tiltre très puissant, même pour les germes les plus ténus,
comme l'avaient démontré nos expériences antérieures (Pasteur et Joubert) sur U
pureté absolue des eaux de source. Comment donc peuvent remonter à la surface
des fosses les germes charbonneux?
Chose intéressante, dans nos recherches sur la présence des germes du charbon
dans la terre de la surface des fosses, pour faciliter les décantations de nos terres
mises en suspension dans l'eau et afin de recueillir les particules les plus peti-
tes, nous avions eu recours aux excréments des vers de terre. Cette circonstance
nous suggéra l'idée de s'assurer si ces excréments n'étaient pas précisément les
auteurs du transport des germes des profondeurs à la surface. Les expériences
les plus précises, les plus multipliées donnèrent raison à cette vue préconçue. Bien
plus, par l'emploi de certains antiseptiques qui s'opposent au développement
de la foule de germes de microbes d'espèces variées que renferme la terre, nous
avons réussi, tout en respectant la germination des germes du charbon, à cultiver
les excréments des vers de terre et à en faire sortir de belles cultures de la bac-
téridie à l'état de pureté. Les préceptes les plus simples ont pu être édictés en toute
connaissance de cause pour la prophylaxie de la terrible affection, à la suite de
cet ensemble de faits si logiquememt déduits. Combien tout cela a laissé loin les
quelques vues émises par Koch au sujet de l'étiologie du charbon! Depuis la décou-
verte des spores du charbon par le D"^ Koch, on ne pouvait avoir que des vues à
priori au sujet de leur rôle dans Tétiologie. En reconnaissant pour la première
fois dans mes Etudes sur la nudadie des vers à soie l'existence de spores dans des
vibrions, j'avais prouvé que la poussière de ces germes conservait sa vitalité et son
pouvoir de germination pendant plusieurs années. Cette circonstance devait sug-
gérer la pensée qu'il en serait de même des spores charbonneuses; mais là s'arrê-
taient les coivjectures.
En résumé, pas une des critiques du Recueil allemand de 1881 qui renferme les
DE l'aTTÉNUATTOX DK8 V1RV8. 145
traTAux du D' Koch et de ses élèves ne reste debout. Ces critiques n'ont fait que
mettre en lumière une foule d'erreurs et d'inexpériences de leurs auteurs.
M. le prof. R. Koch, de Berlin, monte ensuite à la tribune et prononce,
en allemand, l'allocution suivante, qui est immédiatement reproduite en
français par M. Haltenhoff :
« Ayant appris par le programme du Congrès que M. Pasteur parle-
rait aujourd'hui sur l'atténuation des vinis, je me suis rendu à la séance
dans l'espoir d'apprendre quelque fait nouveau sur un sujet qui m'inté-
resse à un si haut degré. Je dois avouer en ce moment que j'ai été déçu
dans mon attente et qu'il n'y a dans la communication de M. Pasteur
aujourd'hui rien de neuf. Je ne crois pas utile (zweckmàssig) de répon-
dre ici aux attaques de M. Pasteur et cela pour deux raisons : d'abord,
parce que les points en litige ne rentrent qu'indirectement dans le
domaine de l'hygiène proprement dite et ensuite parce que ne sachant
pas bien le français et M. Pasteur ne sachant pas assez l'allemand, nous
ne pourrions engager ici une discussion fi-uctueuse. Je me réserve de
répondre à M. Pasteur par la voie des journaux médicaux » {Applaii-
dissements).
M. Pasteur répond à M. Koch que s'il avait pu bien suivre la lecture
qui vient d'être faite, il se serait aisément convaincu que des faits nou-
veaux ont été signalés aujourd'hui. M. Pasteur attendra tranquillement
la réplique de M. Koch et se réserve aussi de lui répondre s'il y a lieu.
M. SoRMANi donné lecture de la note suivante :
« La découverte de M. Pasteur a rempli le monde scientifique de sa
renommée, et a ouvert un nouveau champ d'étude et d'observation.
L'Italie a accueilli cette découverte comme un bienfait pour Thygiène
humaine et vétérinaire, pour l'agriculture, pour la richesse nationale,
comme pour la science.
« Membre de la commission qui a surveillé les expériences sur la vac-
cination charbonneuse à Milan, et président de la commission qui les a
exécutées à Pavie, je vous donnerai brièvement les conclusions des tra-
vaux qui ont été accomplis en Italie.
a Dès le commencement de l'année courante, M. le ministre de l'agri-
culture a envoyé M. le professeur Perroncito à Paris, pour apprendre
la méthode des vaccinations charbonneuses d'après les indications dh*ec-
tes de M. Pasteur. M. Perroncito a immédiatement commencé des
expériences : les écoles vétérinaires de Milan, de Turin, de Bologne,
de Pise, ont fait de même. A Pavie nous avons nous-même entrepris des
vaccinations charbonneuses. Au premier moment les expériences n'ont
pas toutes donné les résultats les plus favorables. Dans quelques cas les
10
14G SÉANCE DIT MARDI 5 SEPTEMBRE.
animaux sont morts par suite de la vaccination ; dans quelques autres
les animaux vaccinés et revaccinés sont morts pendant l'expérience de
contrôle. Il faut chercher les raisons de ces accidents : Une première
faute est d'avoir employé le vaccin des bœufis pour vacciner les petits
animaux, comme les lapins, les cobayes, les rats blancs et les moutons,
qui sont le réactif le plus sensible du vii-us charbonneux. Ce qui est vac-
cin pour un animal résistant, comme par exemple le cheval, est poison
pour un animal de plus faible résistance, et il le tue. Ce n'est pas seule-
ment la quantité, qu'il faut préciser, c'est surtout la qualité, quoique la
quantité soit aussi un élément qu'il ne faut pas négliger.
« Un second écueil a été l'épreuve de contrôle. On a vu mourir des
animaux revaccinés. Mais si nous cherchons bien l'histoire de ces ani-
maux, nous trouvons qu'en général ils n'ont pas eu de manifestation
fébrile après les vaccinations. On pouvait les considérer comme animaux
non vaccinés, parce qu'ils n'ont pas ressenti les eflfets ordinaires de la
vaccination.
« A Bologne, suivant la relatio]i du professeur Gotti, sur six brebis
vaccinées quatre sont mortes. Mais si nous cherchons dans la table des
températures qui ont été enregistrées après les deux vaccinations, nous
trouvons précisément que les deux brebis dont la température a dépassé
41 degrés, ont seules survécu. Toutes les autres, dont la température
après vaccination n'est pas montée à 41 degrés, sont mortes. De ce fait
on peut conclure, qu'on doit toujours mesurer la température des ani-
maux après chaque vaccination, et surtout après la seconde, et qu'il faut
revaciner une troisième fois tous les animaux qui n'ont pas eu un accès
de fièvre bien manifeste. C'est un des derniers préceptes donnés par
M. Pasteur.
a Dans quelques cas on a obtenu, comme à l'école vétérinaire de Turin,
la mort de presque tous les animaux dans l'expérience de contrôle. D
faut croire qu'on a peut-être inoculé, avec le virus charbonneux, le virus
septique ; et comme celui-ci est plus fort que le premier, dans la lutte il
reste vainqueur. Les animaux, quoique vaccinés et résistant au bactère
du charbon, restent parfois victimes du bactère de la septicémie.
« Aucun de ces accidents n'est survenu, ni dans les expériences
exécutées par le professeur Perroncito, à Turin, dans la villa Rizzetti
et à Strambino, ni dans les expériences, que nous avons dirigées à
Pavie. Nous opérions toujours le thermomètre et le microscope à la
main.
« Nous avons cependant heurté contre un autre écueil. C'était le troi-
sième cas possible. Les animaux vaccinés ne sont morts, ni pendant la
vaccination, ni après les épreuves de contrôle ; mais, hélas, ne sont pas
DE L ATTENUATION DES VIKUS. 147
uon plus mortes après les épreuves de coutrôle les bêtes vierges de vac-
cinatioQ et de charbon !
« Lorsqu'on expérimentait sur les bêtes ovines, Texpérience réussis-
sait bien et avec facilité. Mais lorsqu'on expérimentait sur les bêtes bovi-
nes, le résultat du contrôle était presque toujours la guérison des victi-
mes, n est vrai que les victimes désignées ont toujours une fièvre très
forte, et éprouvent une réaction locale, une tumeur phlegraoneuse, mais
elles ne meurent pas, du moins dans la généralité des cas.
« Ce même résultat a été obtenu par M. Pasteur qui, dans ses expé-
riences de contrôle, a vérifié la résistance des bêtes bovines au charbon
■
artificiellement inoculé.
« Le charbon artificiellement inoculé n'est pas si grave pour les bœufis
que le charbon spontané.
« Cela peut tenir à deux causes :
« L'organe premièrement aflfecté pendant le charbon naturel est tou-
jours l'intestin, l'estomac, ou un autre organe interne, indispensable à
la vie, tandis que l'inoculation du virus artificiel est faite dans le tissu
cellulaire sous-cutané.
« Les animaux, dans l'état de nature, s'infectent de charbon, en rai-
son de leur disposition à cette maladie, disposition qui, pour d'autres
animaux de la même espèce, est faible ou nulle. Mais dans l'expérimen-
tation on ne peut pas choisir les animaux les plus disposés, on prend au
hasard.
« Les animaux, qui ont guéri après cette maladie locale et générale
sont devenus réfi-actaires au charbon. C'est la preuve manifeste que la
maladie antérieure était bien du charbon.
a Je peux donc déclarer que les expériences sur la vaccination char-
bonneuse ont eu en Italie le succès d'un vrai contrôle scientifique, accom-
pli avec la plus rigoureuse méthode, sans enthousiasme aveugle, et sans
idées préconçues et trompeuses ; mais avec le résultat le plus satisfai-
sant.
a La vaccination charbonneuse forme désormais une des plus belles
gloires de la France scientifique, et de M. Pasteub, son fils immortel. »
M. Balestreri déclare ne connaître ni le choléra des poules, ni le
charbon ; aussi se placera-t-il au point de vue purement médical, en
prenant pour exemple la fièvre typhoïde et en cherchant comment la
théorie des microbes peut être utilisée dans la thérapeutique. Le microbe
n'est pas la maladie ; il faut pour qu'elle éclate, l'appropriation du milieu
à la vie du microbe. Si ce milieu n'existe pas, le microbe reste inoffensif ;
s'il est détruit, le microbe meurt. Or, en médecine, comme on ne peut pas
atténuer le microbe, tous les efforts de la thérapeutique doivent porter
148 SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
sur la modification du milieu, en fortifiant la sauté générale et la réac-
tion de rorgauisme humain contre les organismes inférieurs.
M. le prof. Layet, de Bordeaux, prend la parole pour protester contre
l'assertion de M. Koch, que la question de l'atténuation des virus n'au-
rait qu'un rapport très indirect avec l'hygiène.
M. Pasteur répond à M. Balestreri que la question pour la fièvre
typhoïde est encore ouverte et que les progrès accomplis dans l'étiologie
d'autres maladies infectieuses permettent d'attendre avec confiance uue
réponse des travaux à venir. Toutes les hypothèses sont permises sur le^
relations entre les maladies infectieuses et les microbes ; ainsi on pour-
rait admettre, d'après l'analogie du charbon, que certains microlics
pathogènes aérobies périssent, parce que d'autres microbes inoff'eusifr,
ont plus d'affinité qu'eux pour l'oxygène et le leur enlèvent ; mais dans
des questions aussi graves, ne discutons que sur des faits et laissons là
les hypothèses.
M. Pasteur tient à faire quelques remarques sur les communicatious
de M. le professeur Sormani. D'abord, il ne savait pas que le vaccin
envoyé par lui avait été essayé sur des lapins et des cobayes, qui sont
des '^réactifs beaucoup trop sensibles ; il faut toujours proportionner la
force du virus-vaccin à l'animal en expérience, et les vaccins envoyés en .
Italie étaient seulement propres aux races ovine et bovine ; rien de plus
facile que d'en obtenir pour les lapins et cobayes.
Ensuite, une expérience de vaccination à Turin a mal réussi ; cet insuc-
cès s'explique tout naturellement, car c'est avec le sang d'un mouton
ayant succombé au charbon depuis plus de 24 heures que Tinoculatioa
a été faite. On a inoculé dans ce cas le vibrion septique en même temps
que la bactéridie, et comme la première tue beaucoup plus rapidement
que le second, il est évident que les animaux ont succombé à la septicé-
mie.
Il peut de même aniver pour la vaccination humaine, quand elle est
faite sans précautions, qu'on inocule différents virus, qui évoluent chacun
pour leur propre compte. Il faut prendre les plus grandes précautions
pour les vaccinations charbonneuses, surtout quand on opère sui* une
espèce aussi sensible que la race chevaline. M. Pasteur a vu dans une
série de vaccinations faites toute une journée sur des moutons, la der-
nière sur un cheval, celle-ci se terminer par lamort septique de l'animal,
parce que l'on s'était servi pour cette dernière vaccination du reste
d'un tube qui était resté débouché et utilisé tout le jour.
En résumé, il faut de gi-andes précautions dans la technique de la vac-
cination et il faut adapter la force du virus à l'espèce sur laquelle on
opère. En tous cas, les chiffres statistiques sont aujourd'hui très oncou-
s
t
ÉTIOLOOIE DE LA PHTUISIE PULMONAIRE. 149
rageants pour la méthode, puisque parmi les animaux vaccinés, il ne
meurt de l'inoculation virulente que 1 mouton sur 300, et 1 bœuf (ou
animal de la race bovine) sur 2000.
La séance est levée à quatre heures et demie.
Le secrétaire adjoint.
Prof. D'EsPiXE.
SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE
Présidence de M. Eilenbhrg.
Le procès verbal de la séance générale du 5 septembre est lu et adopté.
Le secrétaire général exprime au nom des exposants le désir qu'il soit
rédigé un rapport sur l'exposition. Le bureau propose qu'il soit adjoint
dans ce but à la conmiission qui a organisé l'exposition, cinq membres
étrangers. L'assemblée adopte cette proposition et charge le bureau de
faire ces nominations.
M. Lombard prie M. le D' Eulenberg, de Berlin, de présider la séance.
M. Eulenberg accepte avec remerciements et déclare que l'hygiène
est une science internationale qui n'admet aucune distinction de natio-
nalité (Applaudissements).
Le bureau donne la parole à M. Corradi, qui présente son rapport sur
la pbtbisie pulmonaire dont il remet le résumé suivant :
ÉTIOLOGIE DE LA PHTHISIE PULMONAIRE
AU POINT DE VUE DE L'HfSTOïKE ET DE L'HYGIÈNE PUBLIQUE
Par M. le D*^ A. COBBADI,
Professeur ù, l'Cniversiié de Pavie.
Le sujet dont nous allons nous occuper est très impoi-tant, parce qu'il
renferme des questions qui, bien que relatives à une maladie spéciale.
] 50 SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
embrassent le domaine entier de la pathologie et dans leurs applications
remuent le champ de Thygiène publique et de la police médicale.
Le mouvement actuel des études physio-pathologiques donne un inté-
rêt particulier à notre sujet, et l'on ne peut jamais mieux se demander
si la phthisie pulmonaire est contagieuse, qu'à l'époque actuelle, qui non
seulement met en vue la propriété de se transmettre que possèdent bien
des maladies, mais nous indique et nous montre les moyens par lesquels
la transmission a lieu.
Le soupçon et même la croyance que la phthisie est contagieuse
remonte à la plus haute antiquité; on a voulu en voir des traces dans le
premier livre des Epidémies d'Hippocrate. Aristote, Alexandi'e d'Aphro-
disie et GaUen n'émettent aucun doute sur ce sujet et ainsi leur opinion
s'est continuée dans les écoles des Arabes et dans celles de la renais-
sance.
On croyait généralement que le commerce avec les phthisiques donnait
le même mal, et il était passé en dicton que la phthisie, la gale et le feu
sacré, entre autres maux, nobis contagia prœstant. Les temps plus pro-
ches du nôtre ne changèrent pas ce courant des idées ; et l'on peut même
dire que c'est dans le siècle dernier que cette opinion acquit le plus de
crédit. EUe était soutenue d'un côté par la grande autorité de Morgagni,
et de l'autre par la police médicale qui en Italie et ailleurs, peut-être
alarmée par une plus grande fréquence de la maladie, cherchait les
moyens d'arrêter la marche de la contagion. L'excès de ces mesures
sanitaires, par lesquelles on arrivait à considérer la phthisie comme
aussi virulente que la peste et la petite vérole, excita, cela va sans dii-e,
une réaction, et par conséquent la vieille croyance perdit du terrain.
D'ailleurs les médecins étaient plus attentifs aux travaux de l'anatomie
pathologique qu'aux recherches de l'étiologie.
Toutefois le doute sur la contagiosité subsistait toujours, quoique les
esprits fussent moins enclins à l'admettre, et qu'on mit plus de rigueur
dans l 'appréciation des faits . A cet égard il est à noter que Laënnec, bien que
peu contagioniste, ne niait pas la possibilité de la contagion de la phthisie,
et Andral en commentant Laënnec ne craignait pas de dire qu'il n'était
pas sage de nier absolument cette contagion. 11 croyait même nécessaire
de faire prendre quelques précautions aux personnes qui ont des rap-
ports journaliers avec les phthisiques, surtout dans les derniers temps
de leur maladie.
Les expériences de M. Villemin ouvrirent un nouveau champ à l'étude
de la transmissibilité de la phthisie, et les recherches de M. Koch de cette
année même vont jusqu'à déterminer l'agent, le microbe, de cette trans-
mission. Qu'il soit permis à un Italien de féliciter les deux grandes ua-
ÉTIOLOGIE DE ïJl PHTH18IË PULMONAIRE. 151
lions pour les efiForts de leurs savants à éclairer ce point si important de
la pathologie expérimentale lequel, quand il serait pleinement assuré,
aurait, nous le répétons, des résultats plus étendus qu'on ne pouirait le
croire au premier abord.
Mon travail se distingue naturellement eu deux parties : l'une tient à
l'histoire de la question, l'autre aux mesures que l'hygiène publique
devrait adopter vis-à-vis de la contagiosité de la phthisie. A la question
historique se rattachent les quatre premières conclusions (voir page 15).
Je ne crois pas que ce soit ici le lieu de nous arrêter à les discuter ; ce
serait trop long, car je devrais lire beaucoup d'extraits, je devrais pré-
senter plusieurs documents tout à fait nouveaux et d'autres rares et
très peu connus. A mon regret je mets de côté cette partie, rien ne
m'étant aussi cher que les études historiques ; et s'il y a quelque mérite
à se contenir dans ses propres penchants, j'espère que vous me saurez
gré de ma résolution et m'accorder votre bienveillance pour la seconde
partie, que je vais aborder, si vous le permettez, tout de suite : d'ail-
leurs c'est celle qui présente le plus d'intérêt et a en même temps
Tattrait de l'actualité.
Mais avant d'entamer la discussion sur les neuf dernières conclusions,
qu'il me soit permis de présenter quelques considérations qui serviront
à mieux déterminer la valeur de ces conclusions.
L'hygiène est avant tout une science d'application, et ses progrès ne
sont pas une course haletante après des nouveautés, mais une sage
application au profit de la santé privée et publique des découvertes de la
physique, de la chimie, des études de la physiologie, de la pathologie et
de toutes les autres branches des sciences médicales et naturelles.
Est-ce que les résultats de la pathologie expérimentale, relativement
à la transmissibilité de la phthisie, sont arrivés à résoudre avec certitude
la question et à imposer par conséquent les règles à suivre dans la pra-
tique eu conformité de la doctrine ? Pas encore ; la pathologie expéri-
mentale pendant qu'elle recherche, éclaire ou résout un problème, sou-
lève des difficultés auxquelles on ne pensait point, fait naître des doutes
qui auparavant n'apparaissaient pas. Elle ne peut résoudre elle-même
ces nouvelles questions qu'elle a fait poindre. Par exemple l'observation
clinique seule pourra mettre d^accord la nature parasitaire de la tuber-
culose, telle que les expériences la laissent supposer, avec le fait de la
prédisposition et de l'hérédité. Et quand même cette nature parasitaire
serait mise hors de doute , il resterait à voir dans quelles conditions la
contagion ou la transmission de la phthisie se fait chez l'homme ; si la
maladie est toujours contagieuse et au même degré dans toutes ses
périodes. Tout cela ne peut être déterminé que parrobservation clinique.
152 SÉANCE Di: MEttCREDI 6 âEITKMUUE.
L'hygiène ne pouirait donc aujourd'hui appliquer à la phthisie unepro-
2)!'!/laxie spéciale, parce qu'elle ignore la nature de son contage, les con-
ditions et les circonstances particulières dans lesquelles ou par lesquelles la
contagion se fait. D'autre part il serait téméraire de ne pas tenir compte
do la possibilité de cette transmission, d'autant plus que chaque jour elle
nous paraît se renforcer de preuves nouvelles, de telle sorte qu'il n'est
))lus pennis de refuser de s'en occuper. Sans attendre davantage, il sera
donc prudent d'insister sur les règles d'hygiène générale. Quelle que
soit l'opinion qu'il professe au sujet do la nature de la phthisie, pas un
médecin ne les voudra négliger, parce qu'elles éloignent des causes affai-
blissantes et par conséquent morbifiques , ou bien elles donnent cette
résistance organique, qui dans l'ignorance où nous sommes des raisons
plus intimes, nous paraît être la meilleure sauvegarde contre une maladie,
laquelle trouve malheureusement dans l'état de notre civilisation le ter-
rain le plus favorable pour s'étendre et se développer de plus en plus.
A ces précautions hygiéniques se rattachent les 9"% 10"' et 11"* con-
clusions. Bien qu'elles aient un caractère général, elles sont de nature à
pouvoir opposer une digue contre la. diffusion du contage qu'on redoute.
Peut-être quelqu'un jugera-t-il la 11"* conclusion trop avancée et moins
réservée que les autres. Mais l'institution d'hôpitaux exclusifs pour les
phthisiques ou de pavillons séparés (qu'on ne fait ici que recommander)
a été déjà suggérée, prônée et même mise à exécution, en dehors de toute
idée de contagion, uniquement dans un but thérapeutique et par motif
d'économie et d'hygiène hospitalière. Les phthisiques exigent un traite-
ment à beaucoup d'égards tout à fait spécial, et leur régmie ne s'arrange
pas bien de l'ordinaire des autres malades soignés dans les hôpitaux.
Il faut enfin observer que bien que la prophylaxie de la tuberculose pul-
monaire doive suivre la voie que la pathologie expérimentale lui indique,
elle ne tombera jamais dans les exagérations des siècles derniers. Elle se
gardera d'y tomber par la considération que le régime des maladies con-
tagieuses ne peut être uniforme, la nature du contage n'étant pas égale
dans tous les cas ; las voies de transmission et les circonstances qui la
favoiTsent n'étant pas les mêmes non plus. Ce serait donc une erreur de
prendre comme type absolu de maladie contagieuse le choléra ou la petite
vérole, et il serait pire encore d'appliquer à la phthisie les mesures sani-
taires qu'exigent ces deux maladies, essentiellement communicables et
infectieuses. L'expérience du passé, qui n'en est que l'histoire, doit
nous montrer la bonne route et nous empêcher de faire des faux-pas.
M. le D' Leudet lit à propos du rapport de M. Corradi la communi-
cation suivante :
ÉTIOLOOIK DE LA PUTHI8IE PULMONAIRE. 153
Comme l'a dit notre illustre compatriote Claude Bernard, c'est la
clinique qui donne les indications à la médecine expérimentale ; c'est la
clinique encore qui confirme ou intinne les résultats de la médecine ex-
péi-imeutale.
C'est au point de vue de la médecine pratique que j 'ai étudié plusieurs
questions dont la solution est encore douteuse, et qui ont trait à la propa-
gation de la tuberculose par contagion.
Dans ce but, j'ai noté avec soin depuis 28 ans les maladies constitu-
tionnelles ou diathésiques observées chez les membres de 133 familles.
J'ai pu, grâce à cette circonstance que mon père était avant moi le
médecin d'un grand nombre de ces familles, avoir des renseignements
certains sur la santé de 3, 4 et même 5 générations successives. Les
résultats statistiques que je donnerai ici, s'ils ne s'appuient pas sur des
chiffres élevés, ont au moins l'avantage de s'appuyer sur des bases cer-
taines.
Je dois dire tout d'abord, que la tuberculose est à Rouen d'une grande
fréquence; j'ignore la fréquence réeUe de la tuberculose dans toute la
population, mais le relevé de tous les malades soignés dans ma division
del'Hôtel-DieudeRouen, depuis *28 ans, donne, pour la tuberculose,
de 32 à 33 7o de la mortalité générale .
Je crois qu'à Rouen, comme dans beaucoup de grandes villes, la tuber-
culose est moins fréquente et surtout moins grave dans la classe aisée
que dans la classe ouvrière.
La première question que j'ai cherché à résoudre est celle de la con-
tagion maritale. J'ai étudié, à ce point de vue, l'état de santé de
56 ménages, appartenant tous à la classe aisée. Dans ces 56 ménages,
15 fois le mari était tuberculeux et la femme saine, au moment du mariage
ou plus ou moins longtemps après ; 41 fois la femme était au contraire
la seule atteinte de la tuberculose.
Dans les 15 ménages où le mari était le premier atteint, 5 fois»
c'est-à-dire dans le tiers des cas, la femme fut atteinte de la même
affection. De ces 5 femmes, l'une avait une déviation rachidienne et
ne devint tuberculeuse que 10 ans après la mort de son mari, une autre
avait perdu une sœur, morte quelques années auparavant de tubercules
pulmonaires, enfin une troisième avait perdu une tante de mère de la
même maladie.
On peut donc conclure de cet exposé que^ dans un ménage, la tuber-
culose se développe assez souvent chez la femme, quand le mari est
tuberculeux. D'après mon observation la proportion de^ cas développés
du mari à la femme dans ces conditions serait assez élevée ; toutefois il
^t juste d'observer que, dans ces conditions, l'hérédité pourrait être
154 SEANCE DU MERCBEDI 6 SEPTEMBRE.
invoquée comme circonstance favorable au développement de la phthisie
chez les deux cinquièmes des femmes.
D'autre fois, au moment du mariage ou quelque temps après l'union,
la phthisie s'est manifestée d'abord chez la femme. J'ai constaté ce fait
dans 41 ménages ; 3 fois seulement le mari devint tuberculeux ; encore
faut-il noter que l'un de ces tuberculeux avait perdu une sœur de la
même affection.
Mes résultats statistiques viennent donc à l'appui de la proposition
émise pai* plusieurs auteurs : que dans le mariage, la contagion est plus
fréquente de l'homme à la femme que de la femme à l'homme.
En poursuivant ce même ordre de recherches , il serait intéressant
d'étudier l'état de santé des enfants issus de ces mariages dans le cas de
tuberculose primitive chez l'homme et chez la femme, et surtout dans le
cas oîi l'épouse d'un tuberculeux semblait réfractaire à la contagion.
Or de 5 femmes devenues tuberculeuses après le mariage avec un
tuberculeux, 4 eurent des enfants, une seule eut 2 enfants morts de
tubercules.
J'ai noté que 10 femmes mariées à des tuberculeux, ne contractèrent
pas la maladie ; 9 d'entre elles eurent des enfants, et sur ces
9 femmes, 5 eurent un ou plusieurs enfants qui succotnbèrent à la
phthisie. Je me hâte d'ajouter que ces femmes, qui ont porté dans leur
sein des enfants procréés par un père tuberculeux, ont échappé à la
maladie, quelques-unes depuis 10, 15 et 20 ans.
Ce fait ne me paraît pas favorable à la question de la contagion, il
appelle de nouvelles recherches.
La fréquence de la Uthalité d'un des conjoints dans les premières
années du mariage est un fait qui a frappé beaucoup d'observateurs,
parmi lesquels je citerai Virchow. Est-ce à cette opinion qu'il faut attri-
buer ce singulier procès, dont parle Walshe, fait par une jeune épouse,
à son mari tuberculeux, parce que ce dernier se refusait à accomplir
le mariage. Cette dame n'était certes pas contagioniste. La cause fut
portée devant les juges anglais qui refusèrent de se prononcer. L'appel
allait être porté devant la chambre des lords, lorsque le mari mourut.
La simultanéité de Vapparition de la tuberculose chez plusieurs
membres d'une même famille s'observe assez fréquemment. Dans 25
familles, j'ai vu plusieurs personnes : frères, sœurs, père et mère montrer,
dans l'espace de un à quatre ans, le développement de tubercules chez
plusieurs personnes ; ainsi parmi ces 25 familles sur 133 observées, c'est-
à-dire à peu près dans 1 sur 6, 15 présentèrent, dans l'intervalle indiqué,
2 tuberculeux ; 6 familles, 3 tuberculeux ; 5 familles, 4 tuberculeux.
L'hérédité pouvait être invoquée comme cause prédisposante, dans 12
cas sur 25, c'est-à-dire dans moins de la moitié des cas.
ETIOLOOIE D£ LÀ PHTHISIE PULMONAUUS. 155
J'ajouterai que, presque tous les sujets atteints ainsi à peu d'intervalle,
étaient frères, sœurs ou parents ; que presque tous étaient des adoles-
cents ou des adultes.
Une circonstance qui mérite d'être signalée, c'est que dans 7 des 25
familles dont plusieurs membres furent frappés à peu d'intervaUe de
tuberculose, les personnes atteintes ne demeuraient pas dans la même
maison, quelques-unes même dans des villes différentes, ce qui réduirait
les cas de contagion possible à 18 famiUes sur 133, c'est-à-dire à une
proportion beaucoup moindre.
Conclusions pathologiques. V Dans le mariage, la contagion de la
tuberculose du mari à la femme semble plus fréquente que de la femme
au mari.
2"* La femme non contaminée par un mari tuberculeux peut donner
le jour à des enfants qui meurent phthisiques , sans qu'elle même soit
atteinte ultérieurement de la même maladie.
3* Le mariage de gens tuberculeux hâte souvent la termination fatale
de la maladie.
4* Le développement, à peu d'intervalle, de la tuberculose chez divers
membres d'une même famille est assez fréquent ; même en dehors de la
prédisposition héréditaire.
Conclusions hygiéniques. V Le mariage d'un tuberculeux avec un
autre individu sain doit être déconseillé.
2* La dispersion des enfants dans une famille entachée de tuberculose
est avantageuse.
3* L'isolement des tuberculeux est le plus souvent imposisible à réaliser ;
le tuberculeux en effet, non seulement au début, mais même souvent à
une époque avancée de la maladie, peut remplir des occupations même
pénibles et cela pendant un nombre d'années quelquefois considérable.
4* L'isolement réel de tous les malades n'est donc pas réalisable,
même dans les hôpitaux.
M. Valun dit que la contagiosité de la tuberculose de l'homme à
l'homme, sans inoculation directe, n'est encore qu'une hypothèse vrai-
semblable, n est donc prématuré de faire de la réglementation à outrance ;
il suffit d'éveiller l'attention du public et des médecins sur la possi-
bilité du danger. Quant à la création d'hôpitaux d'isolement pour les
phthisiques, par crainte de la contagion, isolons d'abord les varioleux,
les diphthéritiques, qui trop souvent encore sont couchés dans les salles
communes des hôpitaux d'enfants. Ce qu'il faut, c'est créer des hopices
ou des lieux de retraite pour les phthisiques, loin des villes, sur le litto-
ral méditerranéen, près des stations d'hiver, afin que les tuberculeux
15G SÉANCE DU MERCREDI G SEPTEMBRE.
ir encombrent plus les hôpitaux destinés aux maladies aiguës, et où leur
état s'aggrave au lieu de s'améliorer.
M. CoRRADi répond que les différences entre lui et M. Vallin sont moin-
dres qu'il ne paraît, et n'ont trait qu'à l'érection des hôpitaux spéciaux
pour les phthisiques. M. Vallin admet que ces hôpitaux seront utiles
comme des hospices oîi les poitrinaires recevront un meilleur traitement,
eh bien qu'on laisse de côté l'idée et qu'on accepte le bienfait. D'ailleurs,
il ne faut pas mettre la phthisie au même niveau, l'elativement à la
contagiosité, que la petite vérole et le choléra; elle n'a pas certainement
la diffusion de la rougeole, et si elle se transmet, elle le fait dans
certaines conditions qui doivent être déterminées par Tobservation cli-
nique. Dans l'état de doute oii nous sommes aujourd'hui sur cette
question, et en attendant que les nouvelles études nous éclairent à ce
sujet et nous indiquent des mesures prophylactiques plus particulières,
on doit s'attacher aux prescriptions de l'hygiène générale : nul doute
qu'il y ait avantage à empêcher, ou au moins à déconseiller les mariages
entre les phthisiques ou les prédisposés à la phthisie; nul doute qu'il y
ait avantage à éloigner les exhalaisons putrides, à assainir les maisons,
à mettre, en un mot, en pratique, tout ce qui peut accroître la résistance
organique.
M. le D' LuBELSKi. Déjà, en 1878, à l'époque du Congrès de Paris,
nous avons fait pressentir que les travaux de laboratoires corroborent
pleinement les résultats de l'observation clinique, et nous avons atth^
l'attention de nos collègues sur la tradition fort répandue en Pologne,
que l'usage d'effets de literie et d'habillement provenant des phthisiques
contribuait beaucoup à la propagation de cette maladie (Congrès inter-
national d'hygiène de Paris, I, p. 738).
Les conclusions du professeur Corradi donnent entièrement raison à
ce que nous venons de signaler ; il n'est pas cependant toujours possible
à l'hygiéniste et même au médecin traitant, d'empêcher la propagation
de la phthisie, faite par la distribution des effets contaminés, après la
mort du malade, à des parents pauvres ou à titre d'offrande en exécution
d'un vœu. Il faudrait, pour cela, une loi formelle ordonnant leur désin-
fection préalable et même leur destruction, et ce serait entrer trop avant
dans la vie privée.
D'autre part, il serait intéressant d'élucider jusqu'à quel point les
sueurs des phthisiques peuvent contribuer à répandre le germe du mal.
La question a déjà été soulevée par M. le D' Musgrave-Claye (de Pau),
et à ce point de vue, nous croyons que la création d'hôpitaux exclusifis
dont parle le professeur Corradi demande une circonspection extrême.
L'agglomération des phthisiques, même dans une seule famille, étant
ETIOLOOIE DE LA PHTHI8IE PULMONAIRE. 157
notoirement nuisible, nous croyons qu*une dissémination non seulement
par groupes, mais même individuelle pourrait, cœterisparihus, produire
des résultats satisfaisants.
Nos collègues nous renseigneront probablement sur les effets obtenus
soit dans les hôpitaux de phthisiques existant en Angleterre, soit dans
rfle de Madère et dans d'autres sanatoria ejuifdern generis; mais nous le
répétons encore ime fois, des salles d'hôpital pour les phthisiques, faci-
litant l'agglomération de ces malades, même en accordant la plus grande
place à V hygiène, nous rappelleraient trop les léproseries du moyen âge,
où tout malade était à l'avance condamné à mourir.
Nous croyons donc que le système des petits pavillons (Tollet), divisés
en petits dortoirs à panneaux mobiles soigneusement aérés et chauffés,
avec un peu d'humidité dans l'atmosphère ambiante et peut-être quel-
ques arbres balsamiques (Textor) répondrait aux exigences du traite-
ment, surtout si l'on tiic soigneusement les malades d'après le degré
de la maladie.
Les forêts de sapin, telles que nous en avons dans le nord, et les autres
arbres balsamiques, même V Eucalyptus globulus, des effets antifébriles
duquel on nous a parlé à Turin, seront bons; mais il faut que le malade
puisse changer de linge tous les jours, plusieurs fois par jour même, en
un mot, chaque fois que la transpiration l'exige. Et encore, nous ne
parlons ici que de l'effet des sueurs d'individu à individu, sariS parler de
leur effet immédiat sur le malade lui-même. La literie doit également
être changée et nettoyée tous les matins, peut-être même plus souvent
encore ; or, demandons-nous, quel est l'hôpital qui sera assez riche pour
avoir deux, trois et quatre literies de rechange par malade ?
Pour nous, l'isolement individuel pour la nuit est un facteur sine qua
non dans le traitement de laphthisie. Le jour, le malade peut rester à
l'air libre, si le temps le permet.
M. Adolphe Smith fait remarquer qu'en Angleterre les dernières con-
clusions de M. le professeur Corradi étaient acceptées bien des années
avant la découverte du bacillus. Sur 100 personnes qui meurent eu
Angleterre, 26 morts peuvent être attribuées aux maladies respirât oii-es.
Mais les hygiénistes anglais ont toujours affirmé que ce chiffre devait
diminuer avec les améliorations dans les logements en général. Nous
respirons en moyenne 9000 litres d'air par jour. Mais les deux tiers de
notre temps nous le passons à l'intérieur des maisons, bureaux, fabriques,
ateliers, etc. Nous respirons donc 6000 litres d'air plus ou moins con-
taminé par les produits de l'encombrement, de l'éclairage, et surtout
par les émanations de matières organiques en décomposition provenant
des égoûts, fosses, etc. Quand nos maisons seront mieux ventilées et
158 SÉANCE DV MERCREDI G SEPTEMBRE.
mieux protégées contre ces émanations méphitiques, nous aurons moins
de phthisiques. Du reste, en France, les casernes construites d'après le
système ToUet, ont pleinement démontré ce fait. Grâce à une meilleure
aération, les maladies de refroidissement n'ont été que de 20 pour 1000
chez les soldats logés dans les casernements ToUet, tandis que la moyenne
de malades pour l'armée entière est de 40 pour 1000.
Convaincu que le mauvais drainage des villes prédispose les populations
à la phthisie, je demanderai la permission de suggérer l'idée de faire des
expériences avec l'air et l'eau des égoûts. Il serait d'une utilité toute
pratique de rechercher si cet air et cette eau, soit isolément, soit simul-
tanément, se prêtent au développement du hadllus de la phthisie. Peut-
être trouverons-nous que ce germe maltaisant voyage plus facilement de
maison en maison et garde sa vitalité néfaste plus longtemps grâce à
ces voies souterraines, à ces tuyaux de chutes où les gaz méphitiques
ne sont pas suffisamment dilués par une ventilation puissante.
Quoi qu'il en soit, l'on pourrait dès à présent prendre les mêmes pré-
cautions vis-à-vis do l'expectoration des phthisiques que celles que l'on
emploie, en Angleterre du moins, relativement aux déjections des
typhiques. Les typhoïsants ne sont pas autorisés à se servir des lieux ;
ils doivent faire usage d'un vase spécial oii avec de forts desinfectants on
détruit les germes avant de jeter ces matières dangereuses dans les
conduits qui mènent à l'égoût public.
En un mot, et quelle que soit la caractéristique du badllus, c'est sur
l'hygiène que nous devons compter pour arriver à une notable réduction
dans le nombre des poitrinaires.
M. Landowski craint bien qu'à force de rechercher les causes de la
phthisie dans les questions de détail, nous ne fassions fausse route.
Ces causes sont très complexes, on peut les résumer de la façon sui-
vante : toute cause, quelle que soit sa nature, qui tend à étioler l'or-
ganisme, aboutit généralement à la phthisie. Elle attaque, il est vrai,
l'habitant des grandes villes exposé aux émanations délétères des égoûts,
mais elle frappe aussi l'Arabe nomade au milieu de ses troupeaux , le
nègre dans les plaines du Soudan et le Lapon dans les solitudes glacées
du pôle nord. Ainsi voilà une affection que nous connaissons , puisque
nous savons que chaque fois que l'organisme présente un terrain favorable
au développement du baccillus tuberculeux, la maladie se déclare ; mais
nous ne savons quels moyens opposer à cette éclosiori .
L'éminent professeur Corradi propose comme moyens prophylactiques :
V l'empêchement du mariage pour les tuberculeux; 2** la création
d'hôpitaux d'isolement pour les phthisiques. Je ne saurais partager cette
manière de voir.
ÉTIOLOGIE DE LA PHT1I18IE PCLMOXAIRE. 159
Pour les mariages des tuberculeux. — Le médecin seul peut être appelé
à apprécier Tétat des poumons des futurs conjoints, mais parles devoirs
de sa profession il lui est interdit de révéler, à qui que ce soit, l'état
sanitaire qui lui a été confié, et qui, par ce fait, devient un secret pro-
fessionnel.
Pour la création des maisons d'isolement, ce moyen ne me paraît pas
plus pratique. En effet, autant l'isolement est indiscutable pour les
maladies contagieuses à marche rapide comme la variole, la diphthérie,
etc., autant son application me paraît impossible pour la phthisie. En
effet, qui voudra condamner à un internement de plusieurs années sou-
vent, un des malades de cette catégorie ? A quelle phase de la maladie
l'isolement devra-t-il être appliqué ? De quelle façon saisir le tuberculeux
qui n'a pas encore eu besoin de consulter un médecin? Enfin dans les
cas même oîi la guérison paraîtra le plus complète, pourra-t-on affirmer
qu'il ne reste aucun baccillus capable de renouveler la contagion ? De
fait on arrive ainsi à condamner le malheureux tuberculeux à un empri-
sonnement hospitalier perpétuel. Comme conséquence pour moi l'emploi
de ces moyens prophylactiques est tout à fait impossible.
A mou sons, d'après ce que nous savons sur l'influence de la contagion
et des causes déprimantes sur le développement de la phthisie , la pro-
phylaxie doit surtout tendre à relever le degré de résistance physique du
peuple des villes et des campagnes. En première ligne nous avons tout
ce qui touche à l'éducation des enfants. Ce n'est pas à des hygiénistes
aussi compoteuts que vous, que j'ai besoin d'exposer l'immense impor-
tance de l'hydrothérapie, de la gymnastique, etc. pour arriver à ce ré-
sultat. Seulement il faut que nous nous montrions sévères pour l'appli-
cation de tous ces moyens d'hygiène prophylactique, et c'est à nous qu'il
appartient de faire comprendre aux familles et aux gouvernements
l'importance de l'application de ces moyens pour l'amélioration des races
humaines.
M. Félix. La question de la contagion de la phthisie pulmonaii'e
n'est pas encore assez mûre, assez avancée, pour être résolue déjà
aujourd'hui. Comment mettre d'accord avec l'idée de la contagion la
transmission de « l'habitus phthysicus » de la conformation spéciale du
squelette du phthysique , acquise par hérédité ? le fait que la phthisie
saute une génération pour affecter la deuxième ? Loin de nier la con-
tagiosité de cette maladie, je la considère encore comme douteuse. Mais
ce n'est pas pour cette observation que j'ai pris la parole ; je voulais
répondre à M. Smith qui accuse de nouveau les pauvres gaz des égoûts.
J'oppose aux observations de M. Smith la statistique de mon pays. Nous
avons la phthisie dans des communes rurales qui n'ont pas d'égoûts,
IGO 8fiANC£ DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
nous Tavons dans les parties non canalisées de Bucharest plus souvent
que dans les parties canalisées du centre de notre capitale. Je me per-
mets encore d'attirer l'attention du Congrès siu* le fait que l'humidité
des maisons favorise la naissance de la phthisie qui est à Bucharest plus
fréquente dans les maisons humides que dans les habitations sèches.
M. Albrecut estime qu'on ne doit jamais permettre le mariage d'une
femme qui pourrait transmettre par l'allaitement la phthisie à ses
enfants.
Vu l'heure avancée la suite de la discussion est ajournée.
Le président donne la parole à M. Varrestrapp qui lit en allemand
son rapport dont M. Haltenhoff donne immédiatement une traduction
résumée et que M. Mittendorf met en français pour l'impression.
LES COLONIES D'ÉCOLIERS EN VACANCES
Par H. le D*^ VABBBNTBAPP,
Conseiller sanitaire à Francfort.
Messieurs,
Si je me suis permis, en réponse à l'honorable appel de votre Comité,
de vous exposer les résultats obtenus par les Colonies d'écoliers en
vacances, je l'ai fait parce que le sujet est neuf, bien que cette œuvre
se soit répandue très rapidement en Allemagne et en Suisse ; mais elle
est presque inconnue ailleurs et les résultats de cette organisation n'ont
pas encore été exposés. C'est ce que je désire faire aujourd'hui.
A mesure que l'on a mieux reconnu l'importance de la médecine pré-
ventive, l'attention s'est portée sur l'enfance et sur les moyens à
employer, soit pour lui conserver la santé à l'école et à la maison, soit
pour s'opposer aux premiers symptômes de troubles ou à un simple arrêt
dans le développement normal. Nous ne parlerons maintenant que de ce
qui a été imaginé récemment pour favoriser le développement physique
des enfants pauvres fréquentant les écoles. C'est en première ligne,
l'envoi de ces enfants, pendant les vacances d'été, dans un air pur,
autant que possible sur quelque montagne ou au bord de la mer, avec
emploi des bains de mer ou des bains salins, lorsque cela est indiqué.
Dans ce but, il a été créé depuis un assez grand nombre d'années,
d'abord en Angleterre, des hôpitaux maritimes au profit des enfants
LES COLONIES d'ÉCOUERS EN VACANCES. 161
délicats et surtout des scrofuleux. La France et la Belgique ont imité
cet exemple. Dans ces derniers temps, c'est l'Italie qui a voué les plus
grands soins à cette organisation, car elle possède presque dans chaque
province un hôpital maritime disposé pour recevoir plusieurs centaines
d'en&nts. Ces hôpitaux sont entretenus principalement par les contri-
butions annuelles des communes. L'Allemagne commence à suivre cet
exemple, surtout grâce aux efiForts du professeur Beneke, et l'organisa-
tion d'hôpitaux d'enfants dans les localités de bains salins a pris récem-
ment un grand essor dans ce pays.
D'autre part, on a vu paraître dans ces dernières années ce qu'on
a appelé des Colonies de vacances (Feriencolonien). Elles ont pour but
de placer des écoliers pauvres et maladifs des villes sous la suiveilhuice
d'excellents régents et régentes pour les envoyer, loin de leurs demeu-
res sombres et étroites, respirer sur la montagne ou au bord de la mer
un air pur, avec les avantages combinés d'une nourriture simple mais
abondante et d'exercices corporels journaliers.
Des enfants sains et robustes, vivant du reste dans des conditions
favorables, sont souvent aflfaiblis par un long semestre d'études. Il en
est de même de personnes fortes de santé et qui, fatiguées par un tra-
vail intellectuel prolongé, sont obligées de chercher de nouvelles forces
dans un changement momentané de leur genre de vie. Le succès sera
plus grand encore, par le contraste, chez des enfants chétifis de la classe
pauvre, qui habitent des demeures malsaines et qui n'ont souvent qu'une
nourriture misérable et insuffisante.
Ces vues théoriques ont été confirmées par l'expérience. Les essais
faits pendant plusieurs années dans un certain nombre de villes ont
prouvé qu'un séjour de 3 à 4 semaines, dans de bonnes conditions,
exerce sur les enfants une influence non seulement passagère, mais véri-
tablement durable. C'est ce que nous allons prouver par des faits.
Disons d'abord quelques mots de V organisation des colonies. C'est un
{sût remarquable qu'elle se trouve être la même au nord et au sud de
l'Allemagne, dans les villes industrielles et commerçantes comme dans
les autres, et cela sur les points suivants: On a reconnu que l'âge de 8
à 14 ans était celui dans les limites duquel il convenait de se renfermer;
des enfants plus jeunes réclament trop de soins et ne peuvent être asso-
ciés sans inconvénient à d'autres plus âgés. En général les jeunes filles
paraissent avoir plus besoin d'un séjour fortifiant que les garçons, déjà
par cette considération que pendant leurs heures de repos quotidien et
pendant leurs vacances, elles sont retenues à la maison par divers soins
et en particulier parla surveillance de frères ou de sœurs plus jeunes,
taudis que les garçons s'ébattent librement sur la voie publique.
11
162 SÉANCE DU MËKCRKDI G SEPTEMBRE.
Quant au choix des rohns, voici comment il se fait : On s'adresse aux
autorités scolaires pour obtenu' par le moyeu des régents et régentes la
liste des enfants auxquels le bienfait d'un séjour de montagne paraît le
plus nécessaire. Ces enfants sont soumis à une inspection médicale
qui a pour but d'apprécier l'état général de la santé, en observant l'ap-
parence extérieure, Tétat de nutrition, le poids et la grandeur du corps,
le développement de la poitrine. On choisit ensuite définitivement ceux
qui paraissent le plus qualifiés par leur état maladif, et cela dans les limi-
tes tracées par les ressources financières dont on dispose. Dfaut exclure
les enfants positivement malades (les scrofuleux sont réservés pour les
bains salins), ceux qui souffrent des yeux et auxquels le grand jour, le
vent et la poussière seraient nuisibles, ceux qui mouillent leur lit, les
épileptiques, les choréiques, etc.
Les enfants admis sont divisés on colonies de 10, 12, 15 et au maxi-
mum de 20 sujets qui sont placés sous le direction d'un régent ou d une
régente. Il est préférable, lorsque cela se peut, de réunir en une même
colonie les enfants d'une même école avec leur régent. Ce dernier voit
sa tâche faciUtée lorsqu'il connaît déjà ses élèves. Il est souvent avan-
tageux de grouper des enfants d'âges différents, surtout les jeunes filles
qui peuvent se rendre des services mutuels.
En ce qui concerne le choix et la position du surveillant, on n'e^tpas
arrivé à un mode d'agir très général. ïlvidemment, le régent doit être
un homme fort et plein d'entrain, affectionné aux enfants et à l'œuvre
spéciale qui lui est confiée. Quelques Comités lui ont adjoint sa femme
pour donner aux colons le sentiment de la vie de famille. Dans le cas de
colonies nombreuses de 20 à 40 élèves, on a parfois associé deux régents
pour rendre la tâche plus facile, tandis qu'ailleurs on estimait qu'un
seul régent serait i)lus actif dans sa surveillance, deux maîtres risquant
de se laisser distraii-e, à la promenade surtout, par le charme de la con-
versation. Sur ce point, les expériences ne sont pas encore assez con-
cluantes. A Francfort, on ne place qu'un maître à la tête de chaque
colonie, mais on lui laisse l'entière et constante responsabilité de son
groupe.
L'équipement des enfants mérite l'attention. Il faut qu'ils emportent
un costume complet à côté de celui qu'ils ont sur eux. Les souliers sur-
tout doivent être forts et en bon état. Si le Comité prête son concours
financier pour le trousseau, il ne doit le faire qu'avec prudence pour
éviter que les parents ne cherchent à envoyer leurs enfants à la monta-
gne dans le but unique de les faire habiller gratuitement.
Le séjour h la montagne doit être un vrai temps de vacances où rien
ne rappelle l'école et les études. Il faut avoir en vue le développement
LES COLONIES d'ÉCOLIERS EN VACANCES. 163
physique des enfants et pour cela les faire vivre le plus possible en plein
air, les habituer aux ablutions froides et aux bains de rivière, les occuper
à la marche, à la gymnastique et à divers jeux, selon les facultés de cha-
cun. Les jours de pluie donneront du temps pour la lecture, léchant, la
correspondance avec les parents, l'arrangement des plantes et des ani-
maux recueillis pour former des collections. L'enfant qui sort des mes
bruyantes d'une ville sait bien peu de chose des beautés de la création,
des charmes de la rase campagne, des splendeurs d'une belle matinée
ou d'un magnifique coucher de soleil, de la variété et de l'utilité des
animaux et des plantes. Le maître devra se servir des facultés d'obser-
tiou et de jugement de ses élèves pour ouvrir à leurs sens ce monde
nouveau pour eux, et, pour étendre, tout en fortifiant leur corps, leur
horizon intellectuel bien autrement qu'on ne pourrait le faire dans la
salle d'école. D'autre part, les occasions ne manqueront pas pour don-
ner à l'enfant des habitudes d'obéissance, de support à l'égard de ses
camarades, de politesse avec chacun, de bonne tenue à table et à la pro-
menade, d'ordre et de propreté dans sa chambre et dans ses vêtements.
Il faut vraiment féliciter le maître d'avoir un si beau champ à cultiver
et cela dans de si bonnes conditions de succès.
Le choix du lieu de séjour doit être fait avec soin. Il ne faut pas qu'il
soit trop près de la ville, car les visites des parents seraient trop fré-
quentes, ni trop loin à cause des frais de transport. L'endroit ne doit
pas être visité d'ordinaire ou habité par les touristes et le^ étrangers et
autant que possible il doit être à proximité des forêts. Il doit offrir de la
sécurité au point de vue des accidents et une bonne nourriture, en par-
ticulier de la viande fraîche et du lait pur. La maison d'habitation sera
dans une position salubre avec des chambres claires, grandes et gaies.
On veillera à ce que les chambres k coucher ou dortoirs aient en mini-
mum une capacité de 10 mètres cubes par enfant. Il est bon que le maî-
tre aît une chambre indépendante d'où il puisse surveiller les enfants
pendant la nuit et il est nécessaire de s'assurer d'une grande salle pour
réunir les enfants en cas de mauvais temps. On poun'a obtenir à cet effet
une salle à l'école dans la maison conmmnale, ou dans une auberge, à
défaut des autres. Le Comité de Francfort a facilement trouvé ce qu'il
désirait sous ce rapport.
Les enfants doivent recevoir de la viande fraîche au moins 5 à 6 fois
par semaine. Le matin et le soir, on leur donnera du lait et du pain ; à
10 heures et à 4 heures encore du pain. Dans certains cas le café sera
préféré pour le déjeuner et pour le repas du soir, la soupe, la salade, etc.
A dîner, il doit y avoir très souvent du légume. Il est utile de fixer
d'avance et par écrit les conditions alimentaires, et le Comité de Franc-
164 aÉAKCE DU MEBCREDI 6 SEPTEMBRE.
fort a vu avec plaisir adopter ailleurs les modèles de convention dont il
se sert lui-même, soit avec les mattres de pension, soit avec les régents
qu'il choisit, ainsi que les formulaires d'inscription dont les diverses
rubriques doivent être remplies lors de Tinscription des enfants ou à la
visite médicale.
A côté des colonies proprement dites, telles que nous venons de les
décrire, on a fait d'autres essais, notamment en Danemark. Depuis une
dizaine d'années, on a placé un nombre toujours croissant d'enfants des
écoles danoises chez d'honnêtes petits cultivateurs. Le plus souvent on
n'en recevait sous chaque toit que 2 ou 8, qui étaient accueillis comme
(les membres de la famille et associés aux petits travaux de la maison ou
des champs. Ordinairement on payait une petite indemnité de pension,
mais plusieurs étaient reçus gratuitement chez des propriétaires aisés ou
riches. Les chemins de fer et les bateaux transportaient les enfants gra-
tis et les journaux ouvraient libéralement leurs colonnes à toutes les
communications relatives à cette œuvre, de telle sorte que les frais
étaient presque nuls. On peut même dire qu'elle est devenue dans ce pays
un intérêt national, car, dans ces dernières années, environ 7000 enfants
ont été placés annuellement à la campagne pendant quelques semaines.
En Allemagne, c'est Haml)Ourg, et tout particulièrement «l'Associa-
tion bienfaisante des écoles, » qui a suivi cette voie. Eu 1876, elle chercha
à placer gratuitement des écoliers maladifs pendant quelques semaines
chez quelques paysans honnêtes et bien disposés.
De 1876à 1881 l'essai fut fait successivement avec 7, 11 , 12, 19, 14 et 11
enfants ; mais pour donner plus d'extension à l'œuvre, on fit également
un appel public en offrant une modeste indemnité, telle que 10 à 15
marcs pour un séjour de 2 à 3 semaines. Des ecclésiastiques, des insti-
tuteurs ou d'autres personnes qualifiées eurent l'obligeance de donner
des conseils sur le choix des localités et des familles, et se chargèrent
de la surveillance fréquente des colonies. On cherchait autant que pos-
sible 10 à 25 familles, capables de recevoh* chacune deux ou trois enfants
dans la même localité, de manière à faciliter la tâche des inspecteurs
volontaires. Plus de 700 enfants ont été, suivant ce mode, placés à la
campagne pendant les 6 dernières années.
Brème a suivi l'exemple de Hambourg, surtout par les soins de M.
Reddersen, maître d'école réale.
A Berne (Suisse), on a organisé les colonies un peu différemment. Les
enfants ont été réunis en groupes de 40 environ et logés dans des mai-
sons louées pour cet usage. A leur tête, ou a placé un régent et sa
fenmie, comme directeurs, avec charge de s'occuper du matériel, de
réunir les objets de literie, la batterie de cuisine et les denrées alimen-
LES COLONIES d'ÉCOLIERS EX VACANCES. 165
taires. Un autre régent comme aide (une régente pour les colonies de
jeunes filles), et une cuisinière complétaient le personnel.Les repas étaient
ainsi ordonnés : matin et soir, pain et lait. A midi, 4 fois par semaine de
la viande avec un ou deux légumes ; deux fois par semaine, du riz aux
œufs avec des fruits secs. Tous les jours une soupe au bouillon ou à la
farine. Du pain à discrétion. Les cuisinières seules étaient payées. Eu
1880, on forma ainsi une colonie de 52 jeunes filles et une autre de 45
garçons, avec 3 jeunes filles pour aider à la cuisine et aux ouvrages
d'aiguille. En 1881, la première colonie compta 50 garçons; la deuxième
48 jeunes filles ; la troisième 32 jeunes filles de 6 à 15 ans et 16 garçons
de 6 à 9 ans. Des voitures en nombre suffisant furent offertes gratuite-
ment pour le transport des colons.
Barmen a imaginé encore autre chose. Les enfants maladifs qui ne
pouvaient être envoyés, ni aux bains salins, ni à la campagne, étaient
reçus dans im vaste local (salle d'école ou de gymnastique) ; on leur
donnait, matin et soir, du pain et du lait en abondance ; à midi, ils
dînaient chez leurs parents et l'intervalle des repas était consacré à de
longues promenades sous la direction de régents. Barmen projette en
outre de fonder un hôpital pour enfants scrofuleux aux bains deKônigs-
bom.
Elberjeld a organisé de même une cure de lait pour 130 enfants
en 1881 et pour 220, en ISS2. DusseldorfWhiten 1881 pour 20 enfants
et leur a donné aussi le dîner.
La première colonie d'écoliers en vacances fut formée, en 1876, par
M. le pasteur Bion de Zurich. En Allemagne, c'est Francfort qui
commença l'œuvre et qui la fit promptemcnt connaître par ses rapports
annuels. Elle se répandit dans un grand nombre de villes : en 1879 à
Dresde, Stuttgart et Vienne; en 1880, à Barmen, Berlin, Cologne,
Leipzig; en 1881, à Breslau, Chemnitz, Dusseldorf, Elberfeld, Hanovre,
Carlsruhe, Kônigsberg, Lubeck, Magdebourg et Nuremberg. (En 1881,
la même œuvre fut fondée à Milan.)
Déjà en 1876, 7 enfants pauvres furent reçus gratuitement chez des
paysans des environs de Hamhourg; à côté de ces pensionnaires à titre
gratuit, il a été envoyé ces dernières années à la campagne un bien plus
grand nombre d'enfants, pour lesquels on a payé une légère indemnité
de pension. Brème sl aussi imité cet exemple en 1880.
Eu Suisse, l'œuvre a été fondée en 1878 à Bâle ; en 1879 à Berne et
à Oenève : en 1880 à NeuchâteL
Hambourg a, comme Zurich à l'origine, placé les enfants pendant
14 jours, mais dans la suite, comme à Zurich aussi, la durée du séjour a
été portée à 3 semaines. Il en a été de même à Dresde, Leipzig, Magde-
166 SÉANCE DU MERCBEDI 6 8EPTRMBRE.
bourg et Nuremberg. Les autres villes ont adopté une durée de 23 à 29
jours (v. tableau n* 1 .)
Les dépenses ont beaucoup varié suivant les villes. Pour les 16 villes
allemandes qui ont organisé de vraies colonies, la dépense par jour et
par enfant (tous frais compris) a été de 1 marc 30 à 2 marcs 90, soit uiie
moyenne de 2 marcs environ. Cette moyenne doit tendre sans doute à
diminuer, car la rubrique des frais d'installation, d'achat de matériel;
disparaîtra complètement ou peu s'en faut. A Hambourg, la dépense
est restée dans les limites de 0,30 à 1 marc 03 ; à Barmen, elle a été de
80 pf. environ ; à Zurich, de 1 fr. 71 à 2 fr. 54 ; à Bâle, de 2 fr. 30; à
Berne, de 1 fr. 10 à 1 fr. 30 ; à Genève, de 1 fr. 95 à 2 fr. 55 ; à Milau,
de 2 fr. 28. Les frais sont notablement accrus par les honoraires accordés
aux surveillants des colonies. On leur a donné à Cologne et Francfort,
120 marcs ; à Brunswick et Nuremberg, 100 marcs ; à Magdebourg, 90;
à Berlin, 81 (3 marcs par jour); à Dusseldorf, Hanovre, Carlsruhe et
Leipzig, 75; à Dresde, 63 (3 marcs par jour) ; ailleurs de 60 à 50. (V. le
tableau n** 3.)
En Suisse, sauf à Genève, les régents n'ont pas reçu d'honoraires.
La pension payée pour les enfants varie entre 1 marc et 1 marc 20.
Nous possédons plus ou moins complètement les rapports de 22 villes
allemandes qui représentent une activité de 40 années dans leur ensem-
ble. En voici le tableau auquel nous ajoutons cinq villes suisses et une
itaUenne.
Tfttal
fiifiito
Sae
YUles
hrée
dfs aniofs
plar/s
Car^ns
Filks
noB ioii^ié
fi allemandes.
1-6 ans
W)
4144
19?1
2074
149
5 suisses. . .
i-6ans
16
1780
802
958
20
ï italienne. .
1 an
1
60
60
28
37
3984
2783
3032
i69
Des observations faites sur environ 6000 enfants, surtout lorsqu'elles
ont été obtenues par la même méthode et qu'elles concordent en divers
lieux, nous permettent de porter un jugement valable sur le succès de
V entreprise. Le but poursuivi était, comme on l'a dit plus haut, de forti-
fier des enfants faibles et maladifis, par un séjour dans un air pur, avec
exercice corporel et nourriture abondante et saine. L'expérience a
prouvé que ce but avait été atteint. Dans toutes les colonies, le sommeil
et l'appétit des enfants ont été excellents ; à la fin du séjour on a pu
constater leur bonne mine et l'accroissement de leurs forces ; tels qui
étaient, après leur arrivée, fatigués par une marche d'une heure ou d'une
LES COLONIES d'ÉCOUERS EN VACANCES. 107
durée moindre encore, sont devenus plus ou moins rapidement capables
de faire des promenades de plusieurs heures.
Pour apprécier cette amélioration de l'état physique, on a eu l'idée,
à Francfort en premier lieu, de peser les enfants au début et à la fin du
séjour, et de comparer le résultat de ces pesées avec l'augmentation
normale d'un enfant soumis aux conditions régulières de la vie ; on les
a classés pour cela suivant l'âge et le sexe. On a ainsi constaté ce fait
réjouissant qu'ils avaient pour le grand nombre dépassé de 4 à 8 fois
l'augmentation normale. Cette expérience a d'autant plus de valeur que
presque toutes les colonies ont suivi la méthode indiquée par Francfort
et ont fourni des résultats analogues.
On s'est demandé si cette augmentation de poids représentait un
accroissement durable de force, ou si elle n'était que le produit d'une
accumulation de matière, sans grande valeur et sans durée. Pour nous
en rendre compte, nous avons fait quatre semaines après le retour une
troisième pesée, puis une quatrième après quatre nouvelles semaines. A
notre grande satisfaction, d'autres colonies imitèrent cette épreuve et
Bre^lau la répéta même après six mois. Le résultat de ces observations
fut celui-ci : pendant lès 4 premières semaines après le retour, l'augmen-
tation de poids fut faible et se changea même quelquefois en une petite
diminution ; mais au bout de la deuxième période de 4 semaines, on put
de nouveau constater chez presque tous les enfants une notable et rapide
augmentation.
En prenant la moyenne de chaque colonie, on trouve que l'accroisse-
ment de poids a été de 2 kil. 12 à Dusseldorf ; de 2 kil. 25 à Barmen; de
4 kil. 69 à Cologne. Dans les autres colonies, le minimum observé a été
1 fois de 62 gr.; 1 fois de 79 gr.; 3 fois de 93 à 98 gr.; 42 fois la moyemie
oscilla entre 1 et 2 kil. Dans l'ensemble elle est de 1 kil. 32 pour les
garçons, de 1 kil. 48 pour les jeunes filles. (Si l'on ajoute Cologne, ces
chifi&'es se changent en 1 kil. 44 et 1 kil. 63. Nous n'avons encore pu
comprendre la cause de la supériorité considérable de poids dans les
trois colonies rhénanes. (V. le tableau n"* 2.)
L'augmentation de poids a été un peu plus faible dans les colonies
suisses, parce que le séjour y a été moins long qu'en Allemagne.
Dans plusieurs colonies allemandes on a fait tardivement quelques
observations sur la croissance de la taiUe des enfants ; on a à peine
trouvé une augmentation de deux centimètres pendant les trois mois.
Du reste les observations n'ont été jusqu'ici ni assez précises, ni eu
nombre suffisant. Quelques colonies ont voulu étudier aussi le dévelop-
pement de la poitrine et la capacité puhnonaire, mais on peut se
demander s'il n'est pas bien difficile d'arriver à des résultats un peu
168 SKAKCE DU MERCRKDI 6 SEPTEMBRE.
prjcis et qui répondent à la peine que Ton se donne pour y arriver.
Milan a essayé récemment de constater l'accroissement de force rousca-
laire.
Il faut mentionner, outre les expériences déjà décrites, un autre fait
que les colonies de vacances nous ont révélé, c'est que les enfants qui
craignent l'eau et surtout l'eau froide arrivent promptementàaimer les
ablutions et les bains froids. Cela leur donne le goût de la propreté
corporelle et même celui de Tordre en général. De plus, grâce à la sur-
veillance constante de régents et de régentes bien qualifiés pour leur
tâche, les allures et la conduite générale des enfants se transformât,
ils gagnent eu politesse, en support mutuel et ils s'attachent d'une
manière plus intime à leurs maîtres. A leur retour à l'école, on recon-
nait bien souvent qu'ils se comportent mieux et qu'ils montrent un plus
grand intérêt pour l'étude.
Les expériences multiples qui ont été faites permettent donc d'établir
que les colonies de vacances ont répondu complètement aux espérances
qu'elles avaient fait naître, tant au point de vue physique qu'au point
de vue édiœatifou moral. Cela ne doit pas nous empêcher de poursuivre
l'amélioration de l'œuvre dans ses détails. L'intérêt général qu'elle a
excité a provoqué des tentatives analogues et dignes d'être appréciées.
Toutefois il faut savoir mettre chaque chose à sa place et ne pas établir
des comparaisons entre des moyens divers qui ne s'excluent pas, mais
qui demandent à être employés à propos. Les bains de mer ou les bains
salins sont d'une efficacité incontestable pour les scrofules et quelques
autres maladies, mais on ne saurait les appliquer aux colonies dans leur
ensemble ; de tels bains ne sont souvent ni nécessaires, ni opportuns.
Quelques personnes recherchent plus encore dans ces colonies les
avantages de l'éducation morale que les avantages purement hygiéni-
ques. Nous ne nions pas la grande valeur de l'influence morale, mais s'il
s'agissait avant tout de réformer des caractères et de fa-re œuvre
morale, on peut se demander si la forme donnée à l'entreprise ne devrait
pas être modifiée. Le but essentiel de l'institution telle qu'elle a été
conçue à l'origine, à Francfort et à Zurich, soit par des médecins, soit
par des ecclésiastiques, a été de fortifier la santé physique ; mais les
soins moraux n'en sont pas pour cela négligés, comme nous l'avons
rappelé dans tous les rapports du Comité de Francfort.
Il nous a été fait une opposition sans motifs suffisants par ceux qui
préféreraient placer le^ enfants séparément dans des familles à la cam-
pagne. Il est évident qu'il n'y a rien à redire à ce mode lorsqu'on trouve
des familles de petits ou grands propriétaires à peu de distance de la
ville, avec les garanties d'une sui'veillance suffisante. On fera bien de
LES COLONIES d'ÉCOLIERS EX VACAKCES. 1B9
persévérer dans ce système et même de le développer en l'améliorant.
Mais il ne faut pas prétendre qu'il soit le meilleur et le seul bon. En tous
cas, cette méthode mérite la plus grande attention, ne fût-ce que poui*
ce motif qu'elle entraîne des dépenses moindres de moitié, ce qui per-
mettra de procurer un séjour bienfaisant à un nombre double d'enfants.
Que l'on ne perde pas de vue cette question et que l'on se donne partout
la peine de chercher un nombre suffisant de familles de paysans quali-
fiées pour cela, et auxquelles on remettrait en toute confiance deux ou
trois enfants pendant quelques semaines. Là ob il y a un grand nombre
de petits et grands propriétaires ruraux, on pourrait encore trouver
facilement les familles désirées ; mais dans le voisinage des villes, lorsque
les localités rurales sont habitées par des ouvriers qui viennent chaque
jour pour gagner leur pain en ville, les circonstances ne sont pas favo-
rables.
Deux erreurs capitales sont à signaler chez ceux qui manifestent une
préférence exagérée pour le système dont nous venons de parler. Ils
paraissent croire : !• que toutes les familles citadines qui confient leurs
enfants aux colonies de vacances offrent un intérieur mal ordonné et
insupportable ; 2* que les familles des villageois présentent par cela
même le tableau idéal de la vie simple, convenable, laborieuse et sobre.
Or, les exceptions ne manquent pas dans les deux sens. D'un autre côté,
on ne saurait estimer trop haut l'influence bénie d'un instituteur intelli-
gent. En quatre semaines, surtout si la colonie n'est pas trop nombreuse,
il pourra obtenir des résultats pédagogiques bien plus considérables
qu'une famille de paysans, qui ne pourra jamais vouer à l'enfant pen-
«ionnaire qu'im temps et une attention limités. En outre, le contact de
camarades bien surveillés et bien dirigés constitue un excellent moyen
d'éducation.
Ces questions, d'ailleurs, se trouvent déjà discutées à fond dans les
procès-verbaux de la conférence des colonies de vacances, tenue à Berlin
en novembre 1881, et dans le rapport de « l'Association bienfaisante des
Écoles de Hambourg, » pour 1881. Ce qui a été dit de mieux sur le
système familial se trouve dans divers mémoires de M. Reddersen.
L'exemple de Berne mérite certainement une attention particulière ;
on s'y est efforcé de réunir les avantages de la surveillance directe des
enfants par d'excellents maîtres avec les conditions de pension les plus
économiques. Les détails donnés ci-dessus d'après le deuxième et le
troisième rapport bernois, paraissent favorables à cette expérience.
Mais on peut se demander si l'on pourrait trouver ailleurs des locaux
appropriés, des instituteurs qualifiés pour la direction matérielle, et le
même concours empressé qui a procuré des voitures gratuites pour le
168 8KAKCK DU MEBCRKDI 6 SEPTEMBRE.
pricis et qui répondent à la peine que Ton se donne pour y arriver.
Milan a essayé récemment de constater l'accroissement de force muscu-
laire.
Il faut mentionner, outre les expériences déjà décrites, un autre fait
que les colonies de vacances nous ont révélé, c'est que les enfants qui
craignent l'eau et surtout l'eau froide arrivent promptement à aimer les
ablutions et les bains froids. Cela leur donne le goût de la propreté
corporelle et même celui de Tordre en général. De plus, grâce à la sur-
veillance constante de régents et de régentes bien qualifiés pour leur
tâche, les allures et la conduite générale des enfants se transforment,
ils gagnent en politesse, en support mutuel et ils s'attachent d'une
manière plus intime à leurs maîtres. A leur retour à l'école, on recon-
naît bien souvent qu'ils se comportent mieux et qu'ils montrent un plus
grand intérêt pour l'étude.
Les expériences multiples qui ont été faites permettent donc d'établir
que les colonies de vacances ont répondu complètement aux espérances
qu'elles avaient fait naître, tant au point de vue physique qu'au point
de vue éducatif ou maral. Cela ne doit pas nous empêcher de poursuivre
l'amélioration de l'œuvre dans ses détails. L'intérêt général qu'elles
excité a provoqué des tentatives analogues et dignes d'être appréciées.
Toutefois il faut savoir mettre chaque chose à sa place et ne pas établir
des comparaisons entre des moyens divers qui ne s'excluent pas, mais
qui demandent à être employés à propos. Les bains de mer ou les bains
salins sont d'une efficacité incontestable pour les scrofules et quelques
autres maladies, mais on ne saurait les appliquer aux colonies dans leur
ensemble ; de tels bains ne sont souvent ni nécessaires, ni opportuns.
Quelques personnes recherchent plus encore dans ces colonies les
avantages de l'éducation morale que les avantages purement hygiéni-
ques. Nous ne nions pas la grande valeur de l'influence morale, mais s'il
s'agissait avant tout de nSfonner des caractères et de fa-re œuvre
morale, on peut se demander si la forme donnée à l'entreprise ne devrait
pas être modifiée. Le but essentiel de l'institution telle qu'elle a été
conçue à l'origine, à Francfort et à Zurich, soit par des médecins, soit
par des ecclésiastiques, a été de fortifier la santé physique ; mais les
soins moraux n'en sont pas pour cela négligés, comme nous l'avons
rappelé dans tous les rapports du Comité de Francfort.
Il nous a été fait une opposition sans motifs suffisants par ceux qui
préféreraient placer les enfants séparément dans des familles à la cam-
pagne. Il est évident qu'il n'y a rien à redire à ce mode lorsqu'on trouve
des familles de petits ou grands propriétaires à peu de distance de la
ville, avec les garanties d'une sui'veillance suffisante. On fera bien de
LES COLONIES d'eCOLIERS EX VACAKCES. 1B9
lersévérer dans ce système et même de le développer en Taméliorant.
lais il ne faut pas prétendre qu'il soit le meilleur et le seul bon. En tous
as, cette méthode mérite la plus grande attention, ne fût-ce que pour
e motif qu'elle entraîne des dépenses moindres de moitié, ce qui per-
lettra de procurer un séjour bienfaisant à un nombre double d'enfants.
Jue l'on ne perde pas de vue cette question et que l'on se donne partout
% peine de chercher un nombre suffisant de familles de paysans quali-
lées pour cela, et auxquelles on remettrait en toute confiance deux ou
rois enfants pendant quelques semaines. Là où il y a un grand nombre
le petits et grands propriétaires iniraux, on pourrait encore trouver
Rcilement les familles désirées ; mais dans le voisinage des villes, lorsque
es localités rurales sont habitées par des ouvriers qui viennent chaque
our pour gagner leur pain en ville, les circonstances ne sont pas favo-
*ables.
Deux erreurs capitales sont à signaler chez ceux qui manifestent une
préférence exagérée pour le système dont nous venons de parler. Ils
paraissent croire : !• que toutes les familles citadines qui confient leurs
snfants aux colonies de vacances offrent un intérieur mal ordonné et
insupportable ; 2** que les familles des villageois présentent par cela
même le tableau idéal de la vie simple, convenable, laborieuse et sobre.
Or, les exceptions ne manquent pas dans les deux sens. D'un autre côté,
on ne saurait estimer trop haut l'influence bénie d'un instituteur intelli-
gent. En quatre semaines, surtout si la colonie n'est pas trop nombreuse,
il pourra obtenir des résultats pédagogiques bien plus considérables
qu'une famille de paysans, qui ne pourra jamais vouer à l'enfant pen-
sionnaire qu'un temps et une attention limités. En outre, le contact de
camarades bien surveillés et bien dirigés constitue un excellent moyen
d'éducation.
Ces questions, d'ailleurs, se trouvent déjà discutées à fond dans les
procès-verbaux de la conférence des colonies de vacances, tenue à Berlin
en novembre 1881, et dans le rapport de « l'Association bienfaisante des
Écoles de Hambourg, y> pour 1881. Ce qui a été dit de mieux sur le
système familial se trouve dans divers mémoires de M. Reddersen.
L'exemple de Berne mérite certainement une attention particulière ;
on s'y est efforcé de réunir les avantages de la surveillance directe des
enfants par d'excellents maîtres avec les conditions de pension les plus
anémiques. Les détails donnés ci-dessus d'après le deuxième et le
troisième rapport bernois, paraissent favorables à cette expérience.
Mais on peut se demander si l'on pourrait trouver ailleurs des locaux
appropriés, des instituteurs qualifiés pour la direction matérielle, et le
même concours empressé qui a procuré des voitures gratuites pour le
170 SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
transport des enfants et amené des dons abondants en pain, pommes
de terre, viandes et denrées diverses, faits par les boulangers, bou-
chers, etc.
On le voit, il s'agit non seulement d'étendre à un plus grand nombre
de villes et d'enfants une œuvre déjà sanctionnée par l'expérience, mais
encore d'en approfondir et d'en améliorer sur bien des points l'organi-
sation intérieure.
En finissant, je me permets de revenir sur les résultats physiques des
colonies pour présenter une courte remarque. Pour le poids et la crois-
sance du corps, j'ai fait une comparaison entre les résultats obtenus et
les chiffres correspondants fournis par Quételet. Tous les autres rappor-
teurs ont suivi cet exemple. Je les prierai de faire un pas de plus et de
prendre à l'avenir pour termes de comparaison les chiffres de Bowditch,
(1863-1867), de Charles Roberts (Anthropométrie 1878), et de Beneke
(1881); ils sont beaucoup plus nombreux et partant plus sûrs à con-
sulter.
Messieurs! Je ne vous ai rien apporté de bien nouveau, rien qui
puisse exciter l'émotion ou une rivalité quelconque ; mais je vous ai
parlé d^une bonne œuvre qui, en six ans, a embrassé six mille enfants et
a eu partout un succès, surprenant ; une bonne œuvre qui mérite d'être
imitée partout. Mon vœu est que vous cherchiez tous, de retour dans vos
foyers, à faire quelque chose de semblable, l'été prochain.
1.1» COLOHIE8 d'ÉCOUEBS EH VACAXCKS.
171
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Milan
1881
2.28 ,
LES C0L0X1R8 d'kCOLIERS EX VÂCAXCEB. 175
M. de Cristoforis se déclare complètement de l'avis de M. Varren-
trapp. Il dit qu'à Milan il a pu fonder une société pour les enfants déli-
cats pauvres appelée: Société per la cura climatica aifanciulli poveri^
gravili, appartenenti aile classi comunali.
La société de Milan envoie les enfants sur les montagnes de 800 à
10()0 mètres au-dessus du niveau de la mer, ils y restent 30 jours. La
société italienne obtient des résultats plus satisfaisants que celle de
Francfort, parce que les enfants de la ville de Milan sont plus faibles
que ceux des villes situées près des montagnes, dos fleuves, etc.
La cuj-e climatique des enfants faibles doit être considérée sous un
aspect s})écial. Sans nier qu'elle ait aussi pour but de préparer de bons
organismes pour avoir de bons soldats, de fortes mères de famille, la
cure climatique doit être considérée comme un moyen préventif de la
tuberculose acquise et de la méningite tuberculeuse, deux maladies
que les jeunes enfants délicats contractent avec facilité à cause de leur
faiblesse organique.
M. Pixi dit: Le professeur Varrentrapp a soulevé la question de
savoir, si le temps de 20 à 30 joure de séjour de campagne pour les colo-
nies scolaires est suffisant. Je crois que un mois suffit, à la condition
que les colonies scolaires servent exclusivement pour des enfants affai-
blis, mais non pour des malades. Il est nécessaire de conserver à cette
institution un caractère tout à fait transitoire et non permanent. 11
saint de prévenir et non de guérir, et dans ce cas 30 jours d'une vie
active, hygiénique, avec bonne nouniture et bon air, suffisent pour ren-
dre des forces à des enfants débilités i)ar l'école et par le séjour dans
une habitation malsaine. A cette condition seulement les colonies sco-
laires fleuriront, parce qu'elles coûteront peu et profiteront ainsi à un
grand nombre d'enfants. Si elles devenaient des institutions permanentes,
elles épuiseraient vite les ressources offertes par la bienfaisance publi-
que, perdraient leur caractère, et ne seraient plus des institutions pro-
phylactiques, mais de vrais hospices curatifs.
M. Vidal, vice-président de la société de médecine publique de Paris,
remercie en cette qualité M. Varrentrapp pour son très intéressant
rapport et pour les renseignements utiles qu'y trouvera la Société de
médecine publique, laquelle s'occupe actuellement de la question qui y
^t traitée.
M. MiTTEXDORFF, Secrétaire du Comité genevois pour l'envoi à la
montagne d'enfants pauvres et maladifs lit la note suivante :
L'œu\Te des « Feriencolonien » (Colonies d'écoliere en vacances)
s'est fondée à Genève en 1879. Elle a procuré le bienfait d'un séjour de
montagne à 203 enfants pendant ses 4 premières années d'existence,
comme cela résulte du tableau suivant :
176 SEANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
1879 20 jeunes garçons. 1881 26 garçons 57 jeunes filles.
1880 27 jeunes filles. 1882 33 » 40 » 9
Les résultats ont été satisfaisants sous le double rapport de la santé
et de la discipline.
Les pesées ont été faites au début et à la fin du séjour, par M. le
professeur Dunant, avec la plus rigoureuse exactitude, en 1879; mais
celles des années subséquentes, faites par les maîtres et mattresses,
n'ont pas la même valeur scientifique. Voici cependant le tableau de
l'augmentation moyenne, telle qu'elle ressort de ces pesées :
1879 0 kil. 576 gram. 1881 1 kil. 722 gram. (garçons). 0 kil. 950 (filles).
1880 0 kil. 888 » 1882 0 kil. 625 » » 0 kil. 800 »
Le séjour étant de 22 joui'S, si Ton fixe à 2 kil. 500 gram. l'augmen-
tation normale de poids pendant 1 an ,^, elle serait de 135 gram. pour
22 jours. Les garçons auraient ainsi en 1882 dépassé 4 fois et demie, et
les jeunes tilles 6 fois et demie l'augmentation normale.
Un élément important dans l'organisation des colonies est la dépense.
L'expérience acquise a permis à notre Comité de réduire progressive-
ment le prix de revient de chaque pensionnaire. Il a été dépensé, tous
frais compris, par jour et par enfant :
En 1879 2 fr. 55 cent. 1881 1 fr. 95 cent.
1880 2 » 16 » 1882 1 fr. 52 »
Cette forte diminution dans les dépenses provient soit de ce que nous
avons réussi à trouver des pensions à des prix inférieurs à ceux des pre-
mières années, sans que pour cela la nourriture et l'installation aient
laissé à désirer, soit de ce que nous avons réparti un certain nombre
de nos enfants, choisis parmi les plus jeunes, dans quelques familles et
cela sans surveillance spéciale d'un régent ou d'une régente.
Le système suivi d'ordinaire et qui consiste à installer une colonie de
vingt enfants environ dans une seule maison, sous la surveillance d'un
maître, nous a paru trop dispendieux, parce qu'il exige de l'hôte des
frais supplémentaires assez considérables ; nous préférons, lorsque cela
se peut, répartir les membres d'une colonie dans 3 ou 4 familles d'un
même village, un régent ou une régente étant chargé d'exercer une sur-
veillance générale sui- ces petits groupes et de les réunir après chaque
repas pour la promenade, les jeux ou les travaux eu commun. L'unité
de la colonie est ainsi sauvegardée d'une manière suffisante, et d'autre
part, le prix de pension peut être fortement réduit par les familles
d'agriculteurs, qui n'ont dès lors à leur charge qu'un supplément de
nourriture dont la plus grande partie consiste en produits du sol.
LES COLONIES d'ÉCOLIERS EN VACANCES. 177
Toutefois, nous n'adoptous pas ce système d'une manière absolue et
lOus croyons qu'il convient de se laisser guider dans chaque cas, comme
iuis chaque pays, par les circonstances locales et par les éléments si
ivers qui constituent l'organisation d'une colonie d'enfants. Notre prin-
ipal objectif est d'accroître le chiffre de nos pensionnaires, sans rien
acrifier des conditions matérielles et de la surveillance morale sans les-
[uelles le séjour à la montagne ne produirait pas les bons résultats
[u'on est en droit d'en attendre.
Cette œuvre qui, comme le constate l'excellent rapport de M. le
)' Varrentrapp, a déjà poussé de nombreuses racines en Allemagne et
•n Suisse, mérite d'être encouragée, car elle est une des formes les plus
itiles de l'assistance par le secours qu'elle prête aux familles peu aisées,
îii prévenant des maladies ou un état de débilité, source de grandes
dépenses, et en assurant pour l'avenir à une fraction de la jeune géné-
ration un capital de santé qui lui sera bien précieux.
M. LuBELSKi, je viens appuyer de tout mon cœur ce que notre célèbre
collègue le D' Varrentrapp nous dit à propos de l'importance des colo-
nies d'écoliers en vacances; dont l'idée primitive revient à TôpflFer, c'est
à dire, à un Suisse. Qu'il me soit permis de relater en quelques mots ce
qui a été fait sous ce rapport dans mon pays, en Pologne, et à Varsovie
en particulier.
Ainsi que j'ai eu l'honneur de le du-e au Congrès de Turin, quelques
tentatives isolées dans cette direction ayant démontré l'influence salu-
taire de l'envoi des enfants par groupes à la campagne, au mois de mars
1882, M. Markiewiez, médecin à Varsovie et hygiéniste justement estimé,
s'est mis à la tète d'un comité de personnes de bonne volonté. Il publia
une brochure qui fut vendue et distribuée au profit de l'œuvre et éveilla
à bien les sympathies du public, qu'au mois de juin 1882, on put déjà
expédier un premier groupe de jeunes voyageurs. Le chiffre total de ces
derniers tut de 54, dont 32 garçons et 22 filles, âgés de huit à treize ans.
C'étaient, en grande partie des enfants d'ouvriers et de petits employés,
des élèves des salles d'asile et d'écoles primaires, en partie rachitiques
et scrofuleux. Deux surveillantes et trois surveillants accompagnèrent
chacun un groupe de dix à douze petits voyageurs, qui restèrent en
Dioyenne trente jours en villégiature.
Nous enregistrons avec plaisir l'hospitalité accordée gratuitement à
ces jeunes gens par différents propriétaires fonciers, ainsi que la bien-
veillance des compagnies de chemins de fer, qui toutes, à l'exception de
•a grande ligne de Varsovie à St-Pétersbourg, leur assurèrent des billets
de libre parcours. Le public fit des dons nombreux en argent et en effets ;
12
178 8ÉAKCE DU VENDREDI 8 8EPTEHBRE.
ce qui manquait fut acheté avec des rabais considérables. Vingt-cinq
confrères se chargèrent de visiter les enfants au moment de leur
départ ; d'autres leur accordèrent leurs soins empressés pendant leur
séjour à la campagne. Les surveillants reçurent des instructions hygié-
niques et pédagogiques et durent présenter des rapports.
Le retour des enfants fut salué par la plus vive sympathie du public
Ils avaient bonne mine, et leur poids avait augmenté de 600 à 2800
grammes. Les frais (sans compter ce qui a été fourni par des donateurs
généreux, se sont élevés à près de quinze cents roubles soit (d'après le
taux du change actuel) à près de 3,800 francs.
Tout malade contagieux (teigne, ophtalmie scrofuleuse, etc.) ayant été
éliminé au préalable, il n'y a pas eu de maladie grave ou de cas de
décès.
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau la brochure du D' Markîewiez,
créateur de l'œuvre, et je me réserve de publier ultérieurement un tra-
vail plus étendu sur ce sujet dans la Revue d'hygiène de notre savant
collègue Vallin.
Qu'il me soit permis d'ajouter encore quelques mots. Pour nous au-
tres, habitants de contrées plates et éloignées de la mer, les colonies de
ce genre ont une importance tout à fait exceptionnelle, en ce sens,
qu'elles remplacent en quelque sorte les sanatoria maritimes dont plu-
sieurs confrères nous ont entretenus à Turin.
Le dernier mot de la question serait peut-être de transformer tous les
internats des grandes villes en colonies écoles, ce qui diminuerait sensi-
blement les difficultés de l'hygiène scolaire.
La séance est levée à quatre heures et demie.
SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE
l^résidence de M. Formento.
Le procès-verbal de la séance générale du 7 septembre est lu et adopté.
Le secrétaire général annonce la perte douloureuse que vient de faire
rUniversité de Genève, par la mort de M. Plantamour, professeur
8EANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE. 179
astronomie, membre correspondant de rAcadémie des sciences de
iris. Il propose que les séances de section commencent demain samedi
huit heures et soient suspendues en signe de deuil, à onze heures, au
oment où seront rendus les honneurs funèbres. Adopté.
U annonce également que les membres étrangers adjoints à la
mmission de l'exposition, qui présentera demain son rapport, sont :
M. Overbeek de Meyer (d'Utrecht), A.-J. Martin (de Paris), Pagliani
e Turin), Wasserfuhr (de Strasbourg), et Vallin (de Paiîs).
Le Congrès a reçu les ouvrages suivants :
Vallin, Des désinjectants et de la désinfection.
Moynier, La croix rouge; son passé et son avenir.
Le président invite M. le D' Formento, de la Nouvelle-Orléans, àpré-
der la séance.
U propose que des remerciements soient votés à la Société des eaux
Évian, à la conmiune de Montreux et à M. le D' Challand, président
i la Société vaudoise de médecine, pour les aimables et magnifiques
K^ptions que le Congrès a reçues, hier à Evian et à Montreux.
Adopté avec acclamations.
Le secrétaire général annonce qu'il a reçu de M. le président de la
^emière section du Congrès, l'avis que M. le D' de Csatary désirait
^velopper en séance générale son projet de convention hygiénique
temationale. M. de Csatary étant déjà parti, ses principales conclu-
ons résumées dans une brochure qui a été distribuée aux membres du
ongrès, seront imprimées dans le compte rendu.
Conclusions de M. de Csatary :
1. Tous les États doivent garantir mutuellement par des lois égales la bonne
lalité des aliments et des boissons exportés.
2. Les traités de commerce ne pourront jamais contenir des mesures en contra-
iction avec les exigences de l'hygiène publique.
8. La question de l'alimentation publique doit être considérée comme interna-
onale, par conséquent, toute difficulté doit cesser, dès qu'il ne s'agit pas de la
rohibition par des raisons hygiéniques.
4. Il faut étal)lir des lois rigoureuses et semblables contre les fraudes et les
dsifications.
5. La science ne doit jamais servir de subterfuge aux intérêts commerciaux et
olitiques.
Pour ne pas rester dans la voie stérile d'une dissertation théorique, j'essayerai
e tracer les éléments de cette convention :
180 SEANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
1
La convention hygiénique internationale a pour but d'établir des lois égales
pour tout ce qui concerne le maintien et la protection de la santé publique.
II
Pourront faire partie de cette convention tous les États qui ont établi des lois
égales, relativement aux affaires de l'hygiène publique.
IIÏ
Les États concluants aboliront toute difticulté relativement à la libre circula-
tion et au commerce.
IV
Un comité de surveillance internationale, constitué des délégués des États con-
cluants, surveillera le maintien exact des dispositions hygiéniques internationales.
Dans le cas que le Congrès actuel accepte les principes de cette convention, j'ai
l'honneur de proposer :
Que le Congrès d'hygiène, actuellement rassemblé à Genève, nomme an Comité
de sept ou neuf membres, pour établir les articles spéciaux de la convention ; que
l'œuvre de ce Comité soit soumise à la discussion du Congrès suivant et après les
décisions prises, présentée aux gouvernements des états comme l'avis des experts
en matière d'hygiène publique.
Le président donne la parole successivement à MM. Lombard, Paul
Bert et Marcet pour traiter, conformément au programme, la question
des influences des altitudes.
INFLUENCES HY^GIÉNIQUES, PROPHYLACTIQUES
ET THÉRAPEUTIQUES DES ALTITUDES
Par le D*^ H.-Cl. LOMBABD
L'influence favorable des séjours de montagne était universellement
reconnue, lorsqu'il y a vingt-six ans, je publiai mes premières obser-
vations sur le climat des montagnes considéré au point de mie fnédical.
Mais, dès lors, cette question des altitudes a fixé l'attention d'un grand
nombre de savants, qui ont cherché à l'élucider par des expériences de
laboratoire et par des observations recueillies pendant le^ ascensions ou
les séjours dans les hautes régions de notre globe.
L'un des premiers, en date, est le D' Jourdanet qui a profité d'un
INFLUENCES DES ALTITUDES. 181
séjour prolongé sur le plateau de rAnahuac, à l'altitude moyenne de deux
mille mètres, pour étudier les influences physiologiques, pathologiques et
thérapeutiques du climat des altitudes. En second lieu, nous devons
mentionner le professeur Paul Bert qui a vérifié expérimentalement les
observations du D' Jourdanet et leur a donné la sanction de son incon-
testable autorité scientifique. H ne s'est pas contenté de très nombreuses
vivisections, mais il a réimi tous les documents relatifs aux effets produits
par uu séjour temporaire ou prolongé dans les altitudes et il est résulté
de cet inmiense travail personnel et bibliographique, un ouvrage classique
publié en 1877 sur la pression barométrique.
Avant même que cette question fût étudiée dans les laboratoires, les
médecins praticiens avaient conseillé le séjour des altitudes aux personnes
aftaiblies, nerveuses, menacées ou atteintes par la tuberculose ; s'ap-
puyant, pour cette dernière maladie, sur l'immunité des altitudes à
l'égard de la phthisie pulmonaire, ils avaient établi des sanatoria dans
les régions élevées de l'Europe, de l'Amérique et de l'Asie. Dès lors, on
peut dire que l 'aérothérapie climatérique des altitudes devenait l'une
des plus précieuses conquêtes de la médecine moderne. Après le D'
Jourdanet, l'un des praticiens français à qui sont dûs les plus grands
progrès de cette question thérapeutique ; c'est le professeur D' Jaccoud
qui a visité la plupart des sanaioria destinés au phthisiques et a fait pro-
fiter les étudiants et le public du résultat de sa grande expérience sur ce
sujet dans ses leçons sur la curabiUté et le traitement de la phthisie
jmlmonairej publiées en 1881.
Examinons d'abord la question théorique, d'après les nombreuses
expériences du professeur Bert, qui a démontré de la manière la plus
évidente qu'en soumettant des animaux à une faible pression baromé-
trique, il en résulte une diminution constante de l'oxygène contenu dans
le sang, diminution qui correspond exactement au degré de raréfaction
atmosphérique ; en sorte qu'en la poussant jusqu'à une limite incompa-
tible avec le maintien de la vie, l'asphyxie résulte de l'insuffisance de
l'oxygène. Ces expériences de laboratoire ont reçu la plus douloiu-euse
confirmation par la mort des aéronautes Sivel et Crocé-Spinelli, parvenus
à l'altitude d'environ 8600 mètres, et par la pert^ de connaissance qui
mit Glaisher à deux doigts de la mort, lorsqu'il avait atteint 8858
mètres.
n est vrai que le professeur Bert a pu supporter le séjour dans un air
dilaté jusqu'à la pression de 248 millimètres, c'est-à-dire à la hauteui-
du Mont Everest, soit 8840 mètres. Mais si l'atmosphère était alors plus
raréfiée que celle oîi ont péri les deux aéronautes, elle n'était pas aussi
refroidie et de plus l'expérience était surveillée par deux amis qui
182 SÉANCE DU VENDRKDI 8 SEPTEMBRE.
pouvaient l'observer dans le cylindre oîi il était renfermé avec des sacs
d'oxygène, qu'il a respiré en quantité suffisante ; tandis que les deux
infortunés aéronautes n'ont pu porter à leur bouche les tubes d'oxy-
gène, paralysés qu'ils étaient par le commencement de l'asphyxie.
Quel est l'état physiologique qui résulte d'une diminution de l'oxy-
gène? C'est ce qu'ont démontré les nombreuses expériences du professeur
Bert en établissant d'une manière irréfutable qu'il arrive un moment
où l'hémoglobine ne peut plus s'assimiler l'oxygène ; le sang devenu
presque veineux ne pouvant plus stimuler le bulbe et les centres nerveux,
la respiration et la circulation s'arrêtent et produisent ainsi la mort par
asphyxie.
Mais ce n'est pas seulement dans les hautes couches de l'atmosphère
que l'on observe des accidents dus à la diminution de l'oxygène ; c'est
également à des altitudes moins considérables que siu-viennent certains
malaises désignés sous le nom de Mal de montagne^ dont les caractères
sont bien connus ; c'est-à-dire l'accélération du pouls et de la respi-
ration ; des vertiges, de la céphalalgie ; souvent aussi de l'assoupissement
et une telle faiblesse musculaire que tout mouvement devient impossible
sans un repos immédiat qui, il est vrai, restaure les forces aussi prompte-
ment qu'elles avaient disparu. Ces symptômes atteignent quelquefois
une telle intensité que si l'on veut persister dans la marche ascension-
nelle, la vie est menacée et la mort survient ; ainsi qu'on l'a souvent
observé, aussi bien sur les hommes que sur les bêtes de somme, dans les
hautes régions de l'Himalaya et de la Cordillère sud-américaine.
Bien des hypothèses ont été émises sur la cause physiologique du niai
(le montagne; quelques voyageurs l'ont attribué aux exhalations d'azote
par les champs de neige ; d'autres aux émanations de certaines plantes
odoriférantes très répandues dans les montagnes du Thibet ; d'autres
enfin en accusent les vapeurs minérales que l'on respire dans la CordD-
lère américaine. Mais, pour nous, grâce aux travaux récents des physio-
logistes et des alpinistes, nous n'hésitons pas à considérer la raréfaction
de l'air et par conséquent de l'oxygène comme la cause essentielle du
mal de moyitugne ; ce dont on a la démonstration dans l'analyse des
symptômes caractéristiques de ce genre de malaise.
En premier lieu, tous les observateurs s'accordent à reconnaître que
la respiration et la circulation s'accélèrent, en proportion directe de
l'altitude et de l'intensité des mouvements. Il est évident que les inspi-
rations doivent être plus rapides et plus profondes, à mesure que l'air
dilaté contient moins d'oxygène. En même temps, les combustions qui
résultent des contractions musculaires exagérées, diminuent encore
l'oxygène contenu dans le sang, en sorte qu'il arrive un moment où la
INFLUENCES DE8 ALTITUDES. 183
marche devient impossible et où un repos immédiat et momentané
devient absolument nécessaire.
En même temps que la circulation et la respiration sont accélérées
par le mouvement dans une atmosphère dilatée, la température du
corps tend à s'élever, ainsi que Ta démontré le professeur Forel, con-
trairement aux premières observations de MM. Lortet et Marcet pen-
dant l'ascension du Mont-Blanc.
Les phénomènes physico-chimiques de la respiration chez les ascen-
sionnistes ou pendant un séjour plus ou moins prolongé dans les alti-
tudes, jouent un rôle important dans le développement du mal de mon-
tagne, ainsi que dans la constitution physique des habitants temporaires
ou permanents de ces hautes régions. Cette question a été l'objet de
nombreuses observations faites à diverses altitudes; en particulier
par les docteurs Mermod et Marcet pour des séjours teuiporaires et par
le D' Jourdanet pour les habitants permanents des altitudes.
Et d'abord pour les séjours temporaires, les docteurs Mermod et
Marcet ont démontré que le volume d'air inspiré dimiime avec l'alti-
tude. Les observations du D' MerHaod ont été faites à Strasbourg (142 m. )
et à Sainte-Croix (1100 m.). Celles du D' Marcet ont commencé au
bord du lac de Genève (375 m.) et continuées au sommet du Breit-
horn (3572 m.), au Col du Géant (3362 m.) et sur le Pic de Téné-
riffe (3710 m.). Il résulte des faits observés par ces deux savants que
l'exhalation de l'acide carbonique est plus active à de faibles altitudes,
comme Sainte-Croix, qu'au niveau du lac de Genève: tandis qu'en
s'élevant jusqu'au sommet du Pic de TénériflFe ou jusqu'au Col du
Géant, l'on constate une diminution très sensible dans l'exhalation
de l'acide carbonique comparée au volume de l'air inspiré. Il est donc
très probable que cette influence des altitudes sur la quantité d'oxygène
transformé en acide carbonique constitue un des éléments qui amènent
le développement du mal de montagyie.
Lorsqu'il s'agit, non plus d'un séjour temporaire qui modifie les
fonctions de la respiration et de la circulation, mais d'une habitation
permanente dans les altitudes, on observe des modifications très impor-
tantes dans ces mêmes fonctions, en même temps que des change-
ments dans la forme du corps et dans la composition du sang. C'est
cette double vérité qui a été mise en lumière par le D' Jourdanet sur le
plateau de l'Anahuac, à l'altitude moyenne de 2000 mètres ; il a démon-
tré de la manière la plus évidente, et, contrairement aux assertions du
D' Coindet, que l'amplitude et la fréquence des inspirations qui résultent
de l'altitude ne suffisaient pas à compenser la diminution de l'oxygène
dans l'atmosphère dilatée de Mexico, et il en a déduit par une conclu-
184 SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
siou parfaitement justifiée et qu'ont confirmé les expériences du profes-
seur Bert, qu'il en résultait une anémie spéciale aux habitants des
hautes régions ; état qu'il a désigné par le nom d'^anoxyhémie qui a été
dès lors universellement adopté.
Le second fait qu'a signalé le D*^ Jourdanet, c'est le développement
de la poitrine à la suite d'une respiration plus profonde et plus fréquente
pour compenser Tinsuflisance de Toxygène dans l'atmosphère raréfiée
des altitudes du Mexique, du Pérou et de la Bolivie. Les Indiens qui
habitent ces hautes régions ont un thorax très proéminent^ tout à fiiit
disproportionné avec leur taille ordinairement peu élevée. La même,
observation a été faite en Europe après un séjour de quelques mois à
des altitudes de 12 à 1500 mètres. Le D' Armieux a reconnu que la cir-
conférence du thorax était notablement augmentée chez des infirmiers
militaires qui avaient passé cinq ou six mois à Barèges, à l'altitude de
1250 mètres. Le D*^ Th. Williams a confinné cette observation sur des
malades qui avaient séjourné tout l'hiver à Davos (1556 m.). Il est vrai
que pour ceux qui ont vécu à des altitudes moyennes, comme celles dont
nous venons de parler, l'ampleur et l'accélération des inspirations oa^
pu, jusqu'à un certain point, compenser l'insuffisance de l'oxygène daB*
une atmosphère dilatée.
Nous devons encore signaler deux observations faites par le D' Mam^^
à de grandes altitudes. La première concenie la digestion qui est beai
coup plus rapide, en même temps que l'exhalation de l'acide carboniqi
est augmentée sous son influence. La seconde se rapporte à l'influence^
de la température sur l'exhalation de l'acide carbonique qui augmentr^^
avec le froid et diminue avec la chaleur. Le même obser>'ateur a signaT- '^
l'influence du mouvement sur l'exhalation de l'acide carbonique dans 1.
plaine et sur la hauteur. L'exercice la rendait plus abondante dans k
plaine ; tandis que sur la hauteur elle diminuait très rapidement sou^^
l'influence du repos musculaire ; en sorte que le corps se refroidissai'
promptement et qu'au lieu d'un sommeil réparateur, l'on se réveillai'
glacé et oppressé, aussi bien au Col du Géant (3863 m.) que dans letr-^
hautes régions des Andes ou de l'Himalaya.
Nous pouvons maintenant résumer les conditions physiologiques d'i
séjour temporaire ou permanent dans les altitudes et en déduire h
conséquences thérapeutiques qui ont conduit les praticiens à choisir
hautes régions comme sanatoria pour combattre ou prévenir certaines^^
maladies. Mais avant de les désigner plus spécialement nous devons
distinguer l'influence des altitudes moyennes situées au-dessous d(
deux mille mètres, de celle qui résulte de l'habitation temporaire oi
pennanente dans les régions qui dépassent cette limite.
INFLUENCES DES ALTITUDES. 185
I. Altitudes moyennes (de 1000 à 2000 mètres). — Les recherches
physiologiques des docteurs Mermod et Marcet nous ont appris que
TexhalatioD de Tacide carbonique était plus active dans les altitudes
moyennes, comme Sainte-Croix, à onze cents mètres, en même temps
que la respiration, la circulation et la digestion étaient plus rapides ;
d'où l'on peut conclure qu'un séjour dans les stations situées entre
mille et deux mille mètres favorise l'assimilation et imprime à toutes
les fonctions une grande activité qui contribue au rétablissement de la
santé, ainsi qu'on l'observe journellement dans le^ nombreux sanatoria
européens, asiatiques et américains.
L'influence des stations de cette catégorie se manifeste, en premier
Ueu, sur les organes de la respiration qui prennent une plus grande
activité, de manière à rendre les inspirations, non seulement plus
fréquentes, mais encore plus profondes, ce qui développe les portions
du poumon .restées inactives à un niveau inférieur ; l'on constate alors
que les vésicules du sommet se dilatent au point d'établir un contact
plus immédiat avec l'air atmosphérique et par conséquent avec l'oxy-
gène.
En second lieu : la circulation devenant plus active, le sang se porte
vers la périphérie, la peau et les muqueuses prennent une teinte plus
colorée qui conduit à une pigmentation plus intense, aussi bien dans les
régions soustraites au contact de l'air qu'à celles qui y sont exposées ;
comme le prof. Jaccoud l'a observé sur lui-même à la suite d'un séjour
à Saint-Moritz (1786") dans la haute Engadine.
En troisième lieu : nous avons mi que l'exhalation de l'acide carboni-
que pendant la digestion était plus rapide dans les altitudes ; l'on com-
prend dès lors comment Tassimilation devient plus facile et plus com-
plète, ce qui contribue à restaurer les forces et à favoriser l'activité
musculaire, de manière à développer un changement dans la proportion
des tissus musculaires et graisseux, ceux-ci diminuant, en même temps
que les muscles augmentent en volume et en capacité motrice, ainsi que
le D' Jaccoud l'a observé sur lui-même et sur ses malades. Il est enfin
ixne dernière conséquence du séjour des altitudes qui consiste dans ime
plus grande activité de l'assimOation, sous l'influence d'une basse tem-
pérature qui est habituelle dans la plupart des stations sanitaires. En
résumé, nous pouvons conclure avec le D' Jaccoud (op. cit., p. 376) que
les cUmats d'altitude h pression basse ont une action régénératrice
directe, non seulement sur la constitution, mais encore sur le mode
fonctionnel et circulatoire des poumons, en sorte que ces climats exer-
cent une influence prophylactique et thérapeutique àTégard delaphthi-
8ie pulmonaire.
18G SEANCE DU VENDREDI 8 8EPTEMBRE.
Il a été constaté par des documents nombreux et irrécusables que
cette maladie diminue de fréquence à mesure que Ton s'élève au-
dessus du niveau des mers. C'est, en particulier, le résultat de l'en-
quête faite en Suisse par une commission dont j'avais l'honneur de
faire partie et dont les résultats ont été publiés par le D' MuUer de
Winterthur.
La limite de l'immunité phthisique varie avec le climat, elle est de
1500 à 1600 mètres en Suisse, tandis qu'elle ne dépasse pas 557 mètres
en Silésie, d'après le D' Brehmer ; c'est à peu près celle d'autres régions
du nord de l'Allemagne et de la Scandinavie. Il était donc naturel que
l'on mît à profit cette influence favorable du climat des altitudes pour
obtenir la guérison des phthisiques, ainsi que cela est pratiqué dès long-
temps au Mexique et au Pérou, où cette classe de malades est envoyée
sur les hauteurs. Tandis que ce n'est que tout dernièrement que l'on a
pensé à établir en Europe des sanatoria pour les phthisiquei^. Le D' Gas-
taldi, de Turin, l'avait conseillé il y a déjà trente ans. Le D' Brehmer
l'a mis en pratique à Gôrbersdorf (557") ; en outre les D" Unger et
Spengler ont fondé à Davos (1556") un sanatorium dont l'importance
augmente tous les jours, comme nous le verrons plus loin. Il en est de
même pour l'Engadine où existent plusieurs stations sanitaires, entre
autres: Pontresina (ISOS"), Saint-Moritz (1786») etSamaden (1742-)
qui réunissent la plupart des conditions favorables aux phthisiques.
Nous signalerons ces deux vallées européennes comme types du climat
des altitudes moyennes et nous y ajouterons quelques détails sur la sta-
tion sanitaire de Denver, située sur la pente orientale des Montagnes
rocheuses dans l'Amérique du Nord.
§ 1. Davos. Cette station est à l'altitude de 1556 mètres dans une
vallée des Alpes Rhétiennes. Orientée du nord-est au sud-ouest, elle est
abritée des vents du nord par la chaîne du Rhœtikon et ouverte au midi ;
de manière à permettre l'accès des rayons solaires pendant une grande
partie de la journée. En outre, l'air est habituellement sec et les brouil-
lards sont à peu près inconnus, d'où il résulte que l'atmosphère est dia-
thermale et transparente, laissant pénétrer librement les rayons du
soleil qui réchauffent le sol et permettent le séjour en plein air pendant
la journée des malades, c'est-à-dire de neuf à quatre heures.
La neige est en permanence depuis octobre jusqu'en avril, mais,
comme l'air est sec et qu'il ne dégèle pas, elle reste pulvérulente et ne
s'attache pas aux chaussures et aux vêtements. Le froid e^t très rigou-
reux pendant l'hiver, puisque la température moyenne est de — S^'GS,
c'est-à-dire près de six degrés au-dessous de zéro et qu'en janvier, eUe
dépasse les huit degrés ( — 8° 18). Et cependant les malades supportent
INFLUENCES DES ALTITUDES. 187
très bien ce climat presque sibérien, non seulement peudant le jour,
mais aussi pendant la nuit, où le guichet supérieur des fenêtres reste
ouvert, et qu'en outre, ils sont presque tous soumis à un traitement
hydrothérapique assez complet.
n n'y a pas bien longtemps qu'une telle méthode de traitement appli-
quée à des phthisiques eût été considérée comme ime véritable barbarie,
et cependant les bons effets que Ton en obtient tous les jours sont telle-
ment satisfaisants que les malades s'y rendent chaque année en plus
grand nombre et que pendant l'hiver dernier, ils ont atteint le chiffire
de huit œnts.
C'est en 1862 que le D' Spengler signalait au D' Mayer-Ahrens l'ab-
sence de phthisiques dans la vallée de Davos et en tirait la conséquence
que ce climat pouvait exercer une influence favorable sur la marche de
la tuberculose. Cette supposition a été complètement véritiée par l'expé-
rience des vingt années écoulées depuis lors, puisque des centaines de
malades ont obtenu une grande amélioration dans leurs souffrances et
que plusieurs ont pu quitter Davos après une complète guérison. L'une
des premières qui mérite d'être signalée est celle du D' Unger qui,
après avoir fait un séjour inutile à Gôrbersdorf, se rendit à Davos où il
s'est complètement rétabli et y demeure depuis seize à dix-huit ans.
J'ai eu le privilège de l'ausculter et j'ai constaté qu'il existe encore des
traces d'anciennes cavernes au sonmiet des poumons, mais avec les
apparences d'une santé parfaite. Le D' Spengler a observé les mêmes
heureux effets du séjour de Davos chez un grand nombre de malades
qui ont vu disparaître la fièvre, la toux et tous les symptômes caracté-
ristiques de la tuberculose. Il a reconnu que les hémoptysies diminuent
de fréquence et de gravité ; en même temps que les bronchites aiguës ne
se montrent que très rarement. En outre, la circonférence thoracique
était très notablement augmentée ; la même observation a été signalée
par le D' Th. Williams chez des malades dont il avait mesuré la poitrine
avant et après un séjour de plusieurs mois à Davos.
§ 2. UEngadine. C'est la plus haute vallée de l'Europe qui soit habi-
tée pendant toute l'année par une nombreuse population. L'Engadine
est orientée du nord-ouest au sud-est ; elle est située entre deux chaînes
de montagnes et dominée par des pics très élevés où se forment plusieurs
glaciers qui descendent jusque dans la vallée. Le cUmat de la haute
Engadine est encore plus rigoureux que celui de Davos, puisque la tem-
pérature moyenne de l'hiver est de — 7°70pour les trois stations de
Saint-Moritz (1855»), de Pontresina (1808"-), et de Samaden (1742"). La
neige y séjourne pendant sept à huit mois et ne fond qu'au printemps.
L^atmosphère y est moins transparente que celle de Davos, mais encore
188 SEANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
très lumineuse ; les brouillards sont rares et la sécheresse prédomine ;
ce qui permet aux malades un long séjour en plein air.
L'immunité phthisique existe au même degi'é qu'à Davos ; peut-être
même avec plus d'avantages en conséquence d'une plus grande raréfac-
tion de l'air proportionnée à l'altitude de l'Engadine. Aussi cette vaUée
est-elle de plus en plus recherchée comme séjour d'hiver par les phthisi-
ques, qui trouvent dans les splendides hôtels ouverts toute l'année, des
ressources en logement et en noui'riture aussi confortables qu'ils peu-
vent le désirer. Quelques-uns qui ont retrouvé la santé ont construit des
maisons pour s'y fixer définitivement. D'autres qui étaient menacés de
phthisie héréditaire se sont bien trouvés de passer plusieurs hivers dans
l'Engadine. C'est donc avec confiance que nous pouvons conseiller ce
séjour pour prévenir ou guéiir la tuberculose.
§ 3. Denrer, Cette station sanitaire est située dans l'État de Colo-
mdo sur le vei-sant oriental des Montagnes rocheuses à Touest des
États-Unis. C'est là que le D' Denison, après y avoir constaté l'immu-
nité phthisique, a établi une station sanitaire qui jouit déjà d'une
grande réputation, puisque plus de deux cents phthisiques y ont séjourne
pendant une grande partie de l'année et qu'en additionnant la durée
totale de leur séjour à Denver, l'on anive au chiffre très i*espectable de
trois cent cinquante années. L'altitude est un peu plus grande que celle
de Davos, puisqu'elle atteint 1635 mètres.
La température est assez rigoureuse en décembre où elle atteint
— 3°, 35 et en janvier où eUe est de— 4°, 80. La moyenne hivernale est
d'un demi-degré au-dessous de zéro (—0°, 59): celles du printemps et de
l'automne sont assez tempérées : 10%18 et 9°, 87, tandis qu'en été l'on a
21°, 43. La température moyenne de l'année atteint près de dix degrés
(9°, 87). L'atmosphère est très lumineuse pendant l'hiver, à cause de
Tabsenc^ de brouillards et de la sécheresse qui est prononcée ; aussi les
rayons solaires sont-ils très chauds en toute saison , ce qui permet aux
malades de séjourner longtemps en plein air, d'autant plus que les cou-
rants aériens sont assez modérés.
Le D' Denison attribue les bons effets de ce climat à sa sécheresse,
à sa clarté, ainsi qu'à la rigueur de la température ; mais, avant tout,
à la raréfaction de l'air qui résulte de l'altitude et qui exerce une
influence prophylactique et thérapeutique sur la phthisie, surtout dans
la première période quand elle s'accompagne de symptômes inflamma-
toires ou hémorragiques. Un séjour prolongé est absolument nécessaire
pour obtenir une guérison définitive, surtout lorsque la maladie est déjà
très avancée, ou que l'amélioration se fait attendre.
La ville de Denver est reliée aux États de l'est par des chemins de
INFLUENCES DES ALTITUDES. 189
fer ; elle oflEre toutes les conditions favorables en logements et nourri-
ture dans ses vastes et nombreux hôtels *.
Comme on le voit les stations de Davos, de l'Engadine et de Denver
peuvent être considérées comme types des climats favorables au trai-
tement des phthisiques. Elles ont, en outre de Taltitude, des caractères
communs qui constituent leur influence thérapeutique : c'est-à-dire, la
sécheresse et la clarté de l'atmosphère, la fixité de la température qui
est rigoureuse pendant plusieurs mois.
n. Grandes altitudes (deux à quatre mille mètres). — Nous ne
possédons pas en Europe des stations médicales qui dépassent la limite
de deux mille mètres ; car on ne peut ranger sous cette dénomination les
hôtels et les hospices situés dans ces hautes régions. Les hôtels ne sont
visités que par des touristes et seulement pendant deux ou trois mois de
Tété, alors que les grandes chaleurs régnent dans les plaines sous-
jacentes. Quelques-uns ont cependant été choisis comme séjours de
montagne pendant quelques semaines et paraissent avoir exercé une
influence favorable pour fortifier des personnes débilitées ; mais il n'est
pas à ma connaissance que des phthisiques y aient séjourné pendant
tout l'été, à plus forte raison pendant l'hiver, puisqu'aucune de ces
pensions n'est ouverte toute l'année.
Voici, du reste, l'altitude de quelques-uns de ces hôtels : celui du
Faulhorn (2620 m.), de l'Aegishorn (2500 m.), du Riefel (2490 m.), de la
Jungfrau (2487 m.), du Niesen (2384 m.), du Klinsenhorn (2222 m.), et
de Bellevue (2111 m.) sur le Pilate; de l'Alpenrose (2064 m.) et du
Belalp (2052 m.).
Les hospices élevés par la charité chrétienne sur le passage des
voyageurs sont, au contraire, toujours ouverts pour les recevoir et les
héberger; souvent même pour leur porter secours lorsqu'ils sont
en détresse, au milieu d'un tourbillon de neige ou ensevelis sous des
avalanches. C'est alors que des chiens bien dressés savent les décou-
vrir et leur oflBrir des cordiaux qu'ils portent à leur cou. C'est, en parti-
culier, le cas pour les hospices du grand et du petit Saint-Bernard
(2478 m. et 2250 m.). Celui du Saint-Gothard (2075 m.), est devenu
moins nécessaire depuis l'ouverture du grand tunnel, cependant le
directeur nous disait tout dernièrement qu'il y séjournerait pendant
l'hiver afin de recevoir les passagers que l'exiguité de leurs ressources
pécuniaires empêcheraient de profiter du chemin de fer. L'hospice du
' D' Ch. Denison, Rocky mountains health resorts. An analytic study of high
altitades in relation to the arrest of chronic pulmonary disease. In-8<*, Boston,
1880.
190 8ÉAKCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
Simplou (2004 m.), a été souvent couseillé comme station sanitaire
pendant Tété et mis à profit par quelques malades soufireteux ou débi-
lités.
Mais c'est en Asie et dans les deux Amériques que l'on trouve
de nombreux sanatoria situés à de grandes altitudes. Les Indes orien-
tales en comptent plusieurs situés sur les pentes de THimalaya, des
Ghattes et dse Nligherri. C'est là que les colons européens viennent
respirer un air moins brûlant que celui des plaines. Le plus élevé est
sans contredit le sanatorium de Dittinghur (4700 m.) qui atteint presque
à la hauteur du Mont-Blanc (4801 m.) ; ensuite viennent, quoiqu'à une
grande distance, Darjeling (2442 m.), Murree (2280 m.), Simla(2135m.)
et Nynee Tal (2074 m.) qui a été dernièrçment ravagé par un éboule-
ment. Toutes ces stations sont situées sur les pentes méridionales de
l'Himalaya, au milieu des forêts de rhododendrons et de la végétation la
plus luxuriante. Le climat en est tempéré et très salubre, quoiqu<
n'étant pas à l'abri des fièvres ; ces stations n'en constituent pas moin^
une précieuse ressource pour les Européens épuisés par leur séjour dan^
un climat brûlant. L'atmosphère y estj)lut6t humide que sèche, malgré
l'altitude et la température diurne y est modérée, tandis que les nuits^
sont assez fraîches et réclament des précautions contre les refroidisse- -
ments. Les pluies sont fréquentes et abondantes. La limite inférieure
des neiges est à 3700 mètres sur le versant méridional, où sont situées
toutes ces stations sanitaires. La plus réputée est Simla, où la tempéra-
ture annueDe est de 14*,30, celle de l'hiver étant 8*,3, du printemps
15% 1, de l'été 19*3 et de l'automne 14%7. D'où l'on voit que le climat
de Shnla est aussi tempéré que celui du centre de l'Europe.
A l'extrémité méridionale des Ghattes, se trouve le sanatorium d'Ou-
tacamund (2391 m.) dont la température moyenne est presque exacte-
ment celle de Simla, c'est-à-dire 14'*,20, mais l'hiver y est plus chaud et
atteint 11%80 ; décembre ayant 10%02 ; l'automne 14*03 et l'été 16*,27,
soit un peu moins qu'à Simla.
Outacamund est une précieuse ressource pour les colons européens de
Pondichéry et de Madras sur les côtes orientales, ainsi que pour ceux
qui habitent Mangalore, Cannanore et Calicut sur la côte occidentale.
L'on trouve dans cette station tout le confort désirable pour des mala-
des et des convalescents.
L'île de Ceylan possède Une chaîne de montagnes avec des sommités
qui atteignent 2523 mètres ; la plus célèbre est le pic d'Adam (2260 m.) ;
on trouve non loin de cette sommité un plateau qui est très recherché
conmie sanatorium^ celui de Neuera-Allia (1893 m.).
Les possessions néerlandaises des îles de la Sonde, sont très riches eu
INFLUENCES DES ALTITUDES. 191
stations sanitaires où les colons hollandais vont chercher un climat
moins brûlant et moins insalubre que celui des plaines ; elles sont situées
dans la zone fraîche à des altitudes qui varient entre 2340 et 3250
mètres, la températui-e en est fort agréable. Ce climat des altitudes
eierce une influence très favorable sur les fébricitants, les anémiques
et les personnes atteintes des maladie^s du foie qui sont si fréquentes
dans les basses terres.
Les deux Amériques sont très riches en stations utilisées comme
wnaioria. Dans TAmérique du Nord, on trouve le vaste plateau de
rAnahuac qui constitue les terras Jrias ou terres froides du Mexique. Son
altitude moyenne dépasse 2000 mètres ; la ville de Puebla est à 2150 m.
et celle de Mexico à 2277 mètres. Le D' Jourdanet avait constaté la fré-
quence de ]a phthisie dans les terras calientes ou terres chaudes voisines
de la mer et après s'être transporté sur le plateau, il a souvent observé
1^ immunité dont jouissent ses habitants à Tégard de la phthisie; en
même temps que les bons etets produits par ce séjour sur les malades
^vernis des régions basses, qui échangeaient le séjour des plaines contre
celui des altitudes. C'est là qu'il a constaté l'existence de ïanoxyhémie
oliez les habitants de ce haut plateau, et qu'il a considéré la diminution
d« l'oxygène par suite de la raréfaction de l'air comme une sorte de
rfièfe respiratoire qui exerce une influence favorable pour prévenir et
Siiérir la phthisie.
L'Amérique du Sud compte un grand nombre de villes situées à des
uiveaux très élevés, c'est en particulier le cas de Quito (2908 m.), dans
la république de l'Equateur et de Santa-Fé-de-Bogota (2641 m.) dans
la Nouvelle-Grenade. Le Pérou et la Bolivie sont habités à de plus
grandes altitudes encore, comme par exemple, Petosi (4166 m.), Cala-
marca (4141 m.), la Paz (3780 m.), Micuicampa (3618 m.) et laPlata
(2844 m.)- C'est dans ces villes que les docteurs envoient les phthi-
siques des régions côtières. Les avantages de cette méthode sont si bien
reconnus que le gouvernement péruvien a fondé dans la ville de Jauja
(3048 m.) un sanatorium pour les phthisiques où, d'après le D' Fuentes,
les 79 Vo seraient guéris après un séjour de trois à six mois. J'ai pu con-
stater, par mes propres observations, les heureux effets des altitudes
chez une dame de Lima qui avait été guérie d'une phthisie assez
avancée par le séjour dans les hautes régions de la Cordillère. Le
D' Th. Williams en cite un exemple encore plus frappant, celui d'un
horloger suisse dont le père et la mère étaient morts phthisiques et
qui fut atteint de la même maladie, pour laquelle on lui conseilla de
se rendre dans un pays plus chaud que les montagnes neuchâteloises ;
il se rendit à Panama où le mal empira, et fut alors dirigé vers Quito
192 SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
(2908 m.), OÙ il retrouva la santé et reprit des forces au point de pouvoir
faire des ascensions considérables ; aussi après un séjour de six mois,
crut-il pouvoir retourner à Panama, mais sa maladie y reparut conune
auparavant ; il fut alors dirigé sur les altitudes du Pérou et de la Boli-
vie ; et se rendit, d'abord à la ville d'Arequipa (2392 m.) et plus tarda
la Paz (3780 m.) oii il ressentit de nouveau les bons effets du climat des
altitudes, et se croyant définitivement guéri, il revint en Europe; mais
la maladie reprit avec une telle intensité qu'il ne tarda pas à succom-
ber *. Il est peu d'exemples aussi frappants de l'influence thérapeutique
du climat des grandes altitudes que celui dont nous venons de raconter
les émouvantes péripéties. Mais ce cas n'est point isolé et nous pour-
rions en citer d'autres aussi probants, qui ont été observés par les
docteurs Archibald Smith et WaLshe en confiiination des observations
du D"" Jourdanet sur ce sujet.
Nous pouvons donc considérer l'influence thérapeutique des alti-
tudes sur la phthisie comme un fait définitivement acquis à la science,
puisqu'il est confirmé par des observateurs dignes de foi, aussi bien dans
l'ancien que dans le nouveau monde. Et nous terminons ici l'étude du
sujet que nous nous étions proposé sur les influences hygiéniques phy-
siologiques, prophylactiques et thérapeutiques des altitudes.
Conclusions. — l** L'insuflBsance de l'oxygène qui résulte de la dila-
tation de l'atmosphère des hautes régions peut amener l'asphyxie, si
elle n'est pas combattue par des inhalations d'oxygène.
2*" Le inal de montagne a pour cause essentielle la diminution de
l'oxygène atmosphérique, alors que les contractions musculaires néces-
sitées par la marche ascensionnelle en réclament une quantité supplé-
mentaire. C'est également l'insuflisance de l'oxygène qui cause les
douleurs musculaires et oblige à un repos immédiat.
4"" La respiration et la circulation deviennent plus rapides à mesure
que l'on s'élève au-dessus du niveau des mers. En même temps, l'exha-
lation de l'acide carbonique augmente jusqu'à une certaine limite que
l'on peut fixer approximativement entre 1500 et 2000 mètres, tandis
qu'au delà, elle diminue en raison directe de l'altitude.
4* Au-dessus de 2000 mètres, malgré que la circulation et la respira-
tion soient accélérées, l'insuffisance de l'oxygène contenu dans une
atmosphère dilatée développe une anémie constitutionnelle que le
D' Jourdanet a qualifiée du nom (ïanoxyhémie.
5** Dans les altitudes, la digestion, l'exercice musculaire et l'abaisse-
* D' Th. Williams, The mfluetice of climat in the prévention and treatment of
pulmonary consomption. In- 12 London 1877.
INFLDEKCB8 DES ALTITUDES. 193
ment de la température, augmentent et accélèrent Texhalation de Tacide
carbonique.
6* Le séjour des altitudes rend les inspirations non seulement plus
fréquentes, mais aussi plus profondes, d'où résulte une augmentation
de la capacité et de la circonférence thoraciques.
l"" Un séjour temporaire ou permanent des altitudes moyennes, au-
dessous de 2000 mètres exerce une action stimulante sur toutes les fonc-
tions.
S"" Les grandes et moyennes altitudes ont une influence prophylactique
et thérapeutique sur la phthisie pulmonaire.
Discours de M. Paul Bert*.
Après avoir remercié le Président de l'assemblée devant laquelle il va
parler, de la bienveillance avec laquelle on Ta accueilli au Congrès, et
après avoir rappelé que les opinions émises par M. Lombard sur la
question des altitudes sont également les siennes, M. P. Bert s'exprime
en ces termes :
Lorsque j'ai commencé à m'occuper de cette question de Tinfluence
des altitudes sur l'organisme humain, je me suis vite aperçu qu'elle était
fort complexe, et que cette complexité résultait surtout de ce que jus-
qu'alors elle avait été encombrée par des récits et des explications venant
de tous les points de la science. Les voyageurs, les médecins, les hygié-
nistes, les physiciens, les hommes politiques s'en étaient occupés et cha-
cun d'eux avaient fourni des explications en rapport avec son genre
d'esprit, dont les unes contenaient une part de vérité, dont d'autres
étaient vraisemblables ; aucune d'ailleurs ne reposant sur une base scien-
tifique solide.
La plus célèbre de ces explications est la suivante, que vous connaissez
déjà :
Le corps humain, disait-on, supporte de la part de l'atmosphère un
poids de tant de kilogrammes, si l'on monte à telle hauteur, on se trouve
déchaîné d'une partie de ce poids égal à tant de kilogrammes, et dès lors
les fluides intérieurs qui luttent à l'état normal contre cette énorme
pression, s'échappent au dehors, donnant naissance à la série des acci-
dents connus sous le nom de mal des montagnes.
Or aujourd'hui, cette explication si séduisante ne saurait plus être
' Reproduit d'après la Semaine médicale du 14 septembre 1882.
13
194 SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
admise. La preuve la plus évidente en a été fournie par cette expérience
dans laquelle je me suis soumis à une diminution très grande de la pres-
sion extérieure, diminution telle que la vie pouvait être considérée comme
impossible, et en constatant cependant que même dans cette atmosphère
j'éprouvais un bien-être relatif, à la condition de respirer une certaine
quantité d'oxygène.
Si cette expérience suffit pour éliminer la vieille théorie mécanique du
mal des montagnes, elle peut également servir à rejeter toutes les théo-
ries secondaires, telles que celles qui font dériver le malaise d'émana-
tions spéciales provenant des flancs de la montagne, émanation d'anti-
moine dans les Andes, d'acide carbonique h Pamyr, etc.. Il en est de
même des explications basées sui* l'influence électrique de l'atmosphère.
Non, toutes ces explications un peu recherchées ne sont pas exactes,
et l'explication véritable est la plus simple du monde, elle est la consé-
quence de l'expérience dont je viens de vous parler.
Dans le sang qui circule dans nos veines, se trouve une certaine quan-
tité de gaz, panni lesquels nous trouvons surtout l'oxygène et l'acid**
carbonique. Cet oxygène, dont la présence est absolument nécessaire a
l'entretien de la vie, est intimement lié à la matière colorante titii
imprègne les globules du sang. Cette union est le résultat d'une coni'bi'
naisou.
La connaissance de cette dernière circonstance a fait croire penda^^^
longtemps que la suppression de la pression extérieure ne pouvait avoii'
aucune influence sur l'oxygène de cette combinaison, mais c'était là uU^
nouvelle erreur. Il est aujourd'hui parfaitement démontré que certaiu^
combinaisons peu stables, comme celle de l'oxygène avec la matière
colorante du sang ou hémoglobine sont influencées par les modifica-
tions de la pression extérieure. Rien d'étonnant, dès lors, qu'avec une
baisse barométrique notable, cette hémoglobine abandonne une certaine
quantité de son oxygène, et que l'homme ou l'animal soumis à cette
décompression éprouve tous les symptômes propres à l'asphyxie.
Puisque nous connaissons la cause du phénomène, il nous sera facile
d'en éviter la manifestation. Le remède, en efiFet, se trouve facilement;
il suflBt de faire le raisonnement suivant :
En subissant une décompression équivalente à une demi-atmosphère,
par exemple, l'hémoglobine perd la moitié de son oxygène, et l'asphyxie
en est la conséquence; mais si, en même temps que cette décompression
se produit, on fait respirer à l'homme ou à l'animal un air contenant
deux fois plus d'oxygène que n'en contient l'air normal, l'équilibre va se
rétablir, et les phénomènes asphyxiques disparaîtront.
Voilà ce que nous indique le raisonnement ; l'expérience démontre que
telle est bien, en effet, la vérité.
INFLUENCES DES ALTITUDES. 195
Lorsqu^OQ se place, comme je l'ai fait, daus une cloche fennée, et
que peu à peu on supprime Tair de la cloche, on constate tout d'abord
uoe diminution de la sensibilité générale : l'ouïe est amoindrie, la vision
de même, on a la plus grande difficulté à efiFectuer le moindre travaU
intellectuel. Il m'est arrivé, dans ces conditions, de ne pouvoir faire la
multiplication d'un nombre simple par trois. Si alors on respire un
simple mélange d'oxygène et d'air en proportion convenable, immédia-
tement, comme par un coup de baguette, les sens se réveillent ; il semble
que l'on sort d'un éblouissement, d'une syncope. Les battements du
cœur sont ramenés à leur rythme normal, la respiration qui était accé-
lérée se ralentit, on éprouve en un mot le bien-être le plus complet.
C'est après m'être assuré du résultat de ces expériences sur moi-même,
que j'ai engagé quelques amis à m'imiter, et parmi ceux-ci se sont
trouvés Sivel et Crocé-Spinelli qui, peu de temps après, devaient périr
victimes de leur dévouement à la science (Ai)plaudis8emenis). Ces expé-
riences, ils les firent avec une véritable témérité. Je'me rappelle avoir vu
un jour Crocé-Spinelli que j'observais à travers une lucarne pousser
l'expérience pi*esquc jusqu'à l'asphyxie ; il était violacé, et je me dispo-
sais h ouvrir le robinet destiné à faire rentrer l'air pur, lorsque je le vis
porter à sa bouche le tube du ballon d'oxygène. Comme par enchante-
Dient, il reprit son aspect normal, la teinte violacée de sa peau dispainit
subitement, et il put reprendre le travail qu'il exécutait.
Quelques minutes après je l'interrogeai, lui demandant pourquoi il
avait tant tardé à utiliser le moyen qu'il avait à sa portée.
— J'ai voulu aller jusqu'au moment- oîi j'ai complètement cessé d'y
voir clair, me répondit-il. C'est lorsque j'ai été aveugle que j'ai pris de
Voxygène. Ma vue s'est rétablie instantanément (f^enèation).
C'est après avoir renouvelé un ceilain nombre de fois ces expériences,
que ces hommes courageux résolurent de gagner en ballon des parties
de l'atmosphère inexplorée jusqu'alors, afin d'y faire les études météo-
rologiques qui sont si intéressantes à ces hauteurs.
Leur premier voyage se fit sans encombre ; je leur avais donné une
quantité suflBsante d'oxygène. Us descendirent après avoir atteint 6000
à 7000 mètres sans avoir été nullement incommodés.
Quelques mois plus tard, ils repartirent i)our remonter jJus haut.
Malheureusement, je n'étais pas là, et j'appris leur décision de s'embar-
quer avec 150 litres d'oxygène. Je leur écrivis immédiatement que la
quantité était insufiSsante, et ma lettre leur arriva au moment du départ.
Au lieu d'augmenter leur provision, ils décidèrent qu'ils l'économise-
raient jusqu'à la dernière extrémité. Voici dès lors ce qui arriva, ainsi
que cela a été raconté depuis par Tissandier, le survivant de cet
efl^yable drame :
196 8KANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
A un moment donné, se sentant sur le point d'asphyxier, ils voulurent
saisir le tube d'oxygène qui était à leur portée, au-dessus de leur tète;
mais il était trop tard, ils n'en eurent pas ]a force, et s'évanouirent. Peu
après, le ballon redescendait, et le réservoir d'oxygène revenait comme
il était parti, contenant 150 litres de gaz.
Je suis heureux de vous raconter ces faits qui, jusqu'à ce jour, ont été
présentés d'une manière erronée, quoique de bonne foi.
Mais l'influence de ces hautes altitudes, si intéressantes pour les
physiologistes, vous intéressent peu, vous autres hygiénistes. Le mont
Everest, qui s'élève à 8840 mètres est complètement inaccessible, et ce
n'est guère qu'à des altitudes de 1000 à 2000 mètres que vous étudiez
l'action de l'air raréfié sur Torganisme humain. C'est surtout de ces
altitudes que vient de vous parler M. Lombard, et ce qu'il vous en a dit
ne me paratt pas discutable.
Le séjour à des altitudes de 1000 h 1500 mètres est très favorable à
l'homme : il en résulte un léger accroissement de la cavité thoracique,
la quantité d'oxygène contenue dans l'hémoglobine n'éprouve pas une
bien notable modification, aloi*s cependant que le sang se débarrasse
plus facilement de l'acide carbonique qu'il contient.
Les choses se passent-t-elles de même à de plus hautes altitudes
^3 à 4000 mètres) et comment se fait-il que des populations tout entières
vivent et vivent très bien à de semblables hauteurs, alors que les voya-
geurs et les animaux qui y viennent de passage éprouvent des accidents
très graves, susceptibles même d'amener la mort ? Conmient se fait-il
que l'Européen qui arrive à La Paz ne peut faire vingt à trente pas
sans se reposer, et qu'il est tout essoufflé sur la mule qui le porte, alors
que cette mule et le péon qui l'accompagne trottent à côté l'un de
l'autre, sans avoir le moindre sentiment de la diminution de pression
de l'atmosphère?
Cela peut reconnaître des causes multiples :
On peut supposer tout d'abord que, par le seul fait de l'habitude, ces
hommes font un usage meilleur de leur force. On s'accoutume à toutes
les gymnastiques et les exercices qui au début fatiguaient beaucoup parce
qu'ils exigeaient un déploiement considérable d'énergie musculaire,
deviennent bientôt faciles et ne s'accompagnent plus de fatigue notable.
C'est la même chose qui se produit au sommet des Andes. Le voya-
geur qui y vient pour la première fois dépense énormément de force pour
obtenir un résultat que l'Indien obtient avec une énergie musculaire
beaucoup moindre. Rien d'étonnant dès lors que la quantité d'oxygène
absorbée par l'Européen soit insuffisante, alors que celle absorbée par
l'Indien lui suffit largement.
INFLUENCES DES ALTITUDES. 197
Ajoutez à cela que, peu à peu, le thorax des races qui s'accliniateut
r ces hauts plateaux, s'agrandit notablement, et que par suite, la
lantité d'air qu'ils inspirent pendant un temps donné, est supérieure
celle qu'inspire pendant le même temps un homme de la plaine.
Une troisième hypothèse peut être faite, c'est que l'activité de la dénu-
ition sur les hauts plateaux est moindre que dans les plaines, et que,
\T conséquent la quantité d'acide carbonique en poids rendue par
lomme dans un temps donné y est moindre aussi. Il suffirait, pour
en convaincre, de recueillir et d'analyser l'air expiré dans un temps
)nné sur le Thibet, par exemple. Cela serait facile à faire, et je serais
îureux que le retentissement que ne peuvent manquer d'avoir les tra-
lux de ce Congrès, engageât un jour un voyageur des hauts plateaux
nous fournir les éléments de cette vérification.
Mais ces raisons ne sont pas les seules, et Ton peut se demander
Qcore si le sang de l'Indien des Andes n'acquiert pas, au bout d'un
îrtain temps, des propriétés spéciales qui le rendent propre à absor-
Br une quantité d'oxygène plus grande que celle absorbée par le sang
î l'Européen.
Cette opinion n'est pas une simple hypophèse, il m'a été donné d'en
^montrer la réalité, grâce à une remarque faite par M. Jolyet de Bor-
éaux, d'après laquelle le sang, fût-0 putréfié, lorsqu'il est exposé à l'air
>re, absorbe toujours la même quantité d'oxygène.
Port de cette remarque, je me suis fait envoyer du sang d'un animal
^dimaté à La Paz, localité située à 4000 mètres au-dessus du niveau
5 la mer, et comparant la quantité d'oxygène qu'il peut absorber lors-
l'on l'agite à l'air, avec celle absorbée par le sang d'un même animal
lé dans nos climats, j'ai constaté que Thémogiobine de ce dernier avait
[| pouvoir d'absorption moindre. Le sang de nos animaux absorbe
), 12 7o de son poids d'oxygène, tandis que le sang de La Paz en absorbe
^ et 20 7o.
Ainsi donc, lorsque l'homme ou les animaux domestiques se fixent
ans ces régions élevées et que, au bout d'ime série de générations suc-
essives, ils sont arrivés à l'acclimatement, leur sang étant à ce moment
his riche en hémoglobine, est capable d'absorber une plus grande quan-
ité d'oxygène.
Ces résultats sont consolants pour l'avenir de nos races humaines.
Vous n'ignorez pas que les astronomes nous menacent d'une mort qui
our être éloignée n'en est pas moins fatale. Ils nous disent que par ce
eul fait que le feu central va s'éteignant, l'air qui nous environne
lagnera les profondeurs du globe et que, la pression atmosphérique
liminuant, un moment viendra où elle sera insuffisante pour l'entretien
198 8KANC£ Di: VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
de la vie. Je ne mets pas en doute ces prédictions pessimistes, mais la
gravité s\*\\ trouve singulièrement attéimée par les considérations que
je viens de vous développer. Il se produira pour nos descendants, ce qui
se produit pour les habitants des Cordillères : au fur et à mesure que la
pression barométrique baissera, leur sang se mettra en harmonie avec
le miUeu ambiant, et la facilité avec laquelle il absorbe Toxygène de
l'air augmentera, et la vie continuera à être possible, bien longtemps
après que nos calculs, basés sur ce que nous observons sur nous-mêmes,
l'auront déclarée impossible (AjyphiKdissements nombreux et rnpélh
8f(r touii les baiicy.
DiHeouPM de M. W. Mareet.
Monsieur le Président,
Messieurs,
Permettez-moi d'abord de vous remtîrcier de l'honneur que vous me
faites en me permettant de vous adresser quelques mots au sujet du
mémoire important que nous venons d'entendre. Cependant, après le
discours éloquent et plein d'intérêt de l'orateur distingué qui m'a pré-
cédé, j'ose à peine prendre la parole; et si ce n'était que l'étude de
l'influence de la hauteur sur le cori)s de l'homme est pour moi un sujet
du plus haut intérêt, dont je me suis occupé depuis plusieurs années, je
n'aurais pas cru devoir occuper une place qu'un autre aurait mieux
remplie.
L(î corps est un laboratoire, soit une usine dans lequel une force
imique met tout en mouvement, cette force ce n'est ni l'eau, ni la
vapeur, mais c'est la vie. Comme toute autre force, celle-ci agit par une
transformation de chaleur ; ainsi donc le premier effet de la force vitale
est de créer de la chaleur, et cette chaleur s'obtient par un phénomène
de combustion soit d'oxydation. Le charbon du corps est brûlé par l'oxy-
gène de l'air, et la chaleur obtenue se convertit en grande partie eu mou-
vement. Toutes les fonctions de la vie demandent donc de la chaleur, et
cette chaleur se mesure par le dosage du carbone brûlé, ou de l'acide
carbonique produit. Détenniner le poids ou le volume de Pacide carbo-
nique qu'émet le corps pendant la vie ast donc un des travaux les plus
importants dans les recherches physiologiques. Il est vrai que les procé-
dés en usage pour atteindre ce but sont du domaine de la chimie,
mais ils n'en sont pas moins indispensables à l'étude des fonctions ani-
males. Magendie et mon professeur très regretté M. Claude Bernard ont
INFLUENCES DES ALTITUDES. 199
été appelés à teàre usage de moyens chimiques dans les travaux physio-
logiques dont ils ont doté la science, et M. Dumas, le secrétaire perpé-
tuel de TAcadémie, dont le nom est toujoui"S accompagné de la vénéra-
tion qui lui est due, s'est trouvé parmi les premiers à montrer les
méthodes à suivre pour ce genre d'étude. En Allemagne, Lehmanii,
Brûcke, Fick et Wislescenius, et bien d'autres; en Angleterre, Parkes et
de Chaumont se sont distingués dans le domaine de la physiologie et xle
l'hygiène, par des travaux relevant de la chimie ; et les belles recherches
de M. Paul Bert ont contribué éminemment à démontrer l'importance
des analyses chimiques pour l'étude des fonctions de la vie.
Sur les huit conclusions du mémoire de M. le D' Lombard, nous n'en
trouvons pas moins de cinq basées sur des travaux de nature chimique,
il n'est donc plus besoin d'insister sur la valeur de ce genre de travail.
La première conclusion du mémoire dont il s'agit « que l'insuffi-
sance de l'oxygène qui résulte de la dilatation de l'atmosphère dc^s
hautes régions peut amener l'asphyxie si elle n'est pas combattue par dos
inhalations d'oxygène » coule de source. Il est intéressant de constater
à ce sujet que MM. Sivel et Crocé-Spinelli dans la malheureuse ascen-
sion en ballon, le 22 mai-s 1874, où ils moururent asphyxés à une hauteur
de 8600 mètres, et M. Glaisher lorsqu'il perdit connaissance à une
altitude de 8839 mètres, ont atteint à peu près les limites de l'air respi-
rable que M. Paul Bert constatait plus tard en opérant sur des animaux
en vases clos, soit une dépression de 210 à 230 mm. Si au lieu d'am( -
oer les animaux brusquement sous l'influence de cette basse pression on
les privait d'air très graduellement, il devenait possible de reculer la
limite de la vie jusqu'à 170 à 180 mnh de pression. Rendre de l'oxygène
au corps sera le seul moyen de combattre l'asphyxie causée par la dila-
tation de l'air à de grandes hauteurs, mais il s'agit de savoir quelle sei a
la méthode la plus avantageuse à suivre pour obtenir ce résultat. Dans
certains cas, on pourra emporter de l'oxygène comprimé, et des sacs
pour servir à l'inspiration du gaz, mais si l'on désire atteindre une
grande hauteur sur les montagnes, un pareil moyen sera d'un usa^e
difficile et en tous cas peu pratique. Lorsque M. Whymper partit pour
son fameux voyage d'exploration dans la chaîne des Andes, ayant sur-
tout pour but l'ascension du Chimborazo, du Cotopaxi et d'autres son\-
mités considérées comme inaccessibles, j'eus l'occasion de lui suggérer
d'emporter du chlorate de potasse pour servir à combattre le mal de
montagne. J'avais entendu dire à sir Douglas Forsyth , un voyageur
bien connu pour son expédition à Kashgar, qu'en traversant les monta-
gnes de Cashmir à une hauteur de 5974 mètres, il avait fait usage avec
succès du chlorate de potasse contre le mal de montagne et de là l'idée
que j'eus l'avantage de transmettre à M. Whymper.
200 BiAHGB DU VENDREDI 8» SEPTEKBBS.
On sait que le chlorate de potasse ou chlorate potassique chaufié
libère de Toxygène et se transforme finalement en chlorure de potas-
sium ; il était donc à croire que le corps humain très avide d^oxygëne
décomposerait le chlorate de potasse ingéré dans Testomac et s'appro-
prierait Toxygëne, tout en produisant de la chaleur. Du reste cette
substance est maintenant d'un emploi très fréquent en médecine.
M. Whymper usa du chlorate de potasse à plusieurs reprises pendant
son ascension du Chimborazo, dont le point culminant se trouTe
à 6253 mètres au-dessus de la mer, et assure s'en être très bien trouyé,
lorsqu'à une hauteur considérable il éprouvait une très grande gêne
dans la respiration ; il me fit même l'honneur de reconnaître en termes
extrêmement aimables le soulagement qu'il avait éprouvé par ce moyen.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de prendre du chlorate potassique
pour combattre le mal de montagne, mais cette substance est d'un
transport facile en paquets d'environ 50 centigrammes, et je tiens tout
particulièrement à recommander l'essai de ce remède à tous ceux qui
souffrent à de grandes hauteurs.
La deuxième conclusion du D' Lombard est je crois parfaitement
démontrée : Le mal de montagne a pour cause essentielle la diminution
de l'oxygène atmosphérique. Il serait intéressant de constater la tempé-
rature du corps d'une personne soufrant de ce mal ; je crois très pro-
bable que l'on observerait un refroidissement marqué. Il m'est arrivé
tout dernièrement d'être témoin d'un cas de ce mal chez un homme
souJBfrant d'une affection avancée du cœur. La hauteur était d'environ
2400 mètres seulement et le sujet de cette attaque avait 50 ans. Les
•
souffrances de ce malheureux furent extrêmement aiguës, je soulageai
le mal de tête intense par des applications d'eau froide, mais il survint
des contractions violentes des doigts et des poignets qui ne disparurent
que quand le malade commença à redescendre. Je dois avouer qu'ayant
reconnu l'état du cœur, je fus extrêmement inquiet, d'autant plus que !«
malheureux se sentait mourir; mais tous les symptômes disparurent
avec une rapidité incroyable, quelque mètres plus bas.
Quant à la troisième conclusion, je continue à me trouver d'accord
avec le D' Lombard. La respiration et la circulation deviennent plu0
rapides à mesure que l'on s'élève au-dessus du niveau des mers. Je crois
cependant d'après mes observations que la fréquence respiratoire ne
s'accélère pas en proportion de l'accroissement de la hauteur, et qu'il
existe une tendance à une augmentation subite des respirations à partir
d'une certaine altitude ; cette altitude varierait suivant les individus. D
est probable aussi que dans les hauteurs moyennes la fréquence respi-
ratoire augmentée d'abord, retrouve plus tard son état usuel, et j'ai
IHFLUENCE8 DES ALTITUDES. 201
tout lieu de croire que Thabitude, qui au fond régit le nombre des res-
pirations par minute, prend le dessus. Je tiens, par exemple, d'un méde-
cin établi à Davos que le nombre des respirations de ses malades dans
un temps donné s'accroît à leur arrivée dans cette vallée, puis après
quelques semaines revient à un chiffi:^ normal.
L^exhalaison de Tacide carbonique augmente jusqu'à une certaine
limite de hauteur, suivant les conclusions que nous discutons, mais j'ai
li«i de croire que l'excès de combustion dont il s'agit s'observe seule-
ment dans les zones tempérées ou froides, ou en tous cas est beaucoup
plus faible sous les tropiques. H serait aussi probablement moins marqué
sur le versant méridional des Alpes, dont le climat est plus chaud que
sur le versant nord. La limite de 1500 à 2000 mètres proposée par le
!> Lombard me paraît assez juste en général pour les Alpes, puisque
l'hospice du Grand Saint-Bernard à 2478 mètres doit être considéré au-
dessus de cette limite, la santé des moines du Saint-Bernard est le plus
souvent, comme ils me l'ont dit eux-mêmes, sérieusement compromise
après un ou deux ans de séjour dans cet asile et même souvent plus tôt.
Lesreligieuxsonttous dansla vigueur de l'âge et jouissent d'une excellente
santé avant leur établissement à l'hospice, mais le mauvais climat de
cette localité uni h la légèreté de l'air, développe chez eux une disposition
à la bronchite, au rhumatisme et aux affections gastriques, et ils se
trouvent souvent obligés de rentrer dans leurs foyers. Il est cependant
remarquable que ces moines du Saint-Bernard ne paraissent pas con-
tracter la phthisie, les inflammations puhnonaires auxquelles ils sont
sujets restent franchement inflammatoires.
L'augmentation de l'acide carbonique, expiré des poumons à mesure
que l'on s'élève, fut observée par le D' Mermod pour une différence d'al-
titude de 142 à 1 100 mètres et publiée dans un mémoire intéressant qui
parut en 1877 dans le Bulletin de la Société vatidoise des Sciences
naturelles. Depuis 1875, je m'étais occupé de l'influence de l'altitude
sur la respiration, et au printemps de 1878, je communiquai à la
Sodété royale de Londres un premier travail sur ce sujet. Un second
suivit le premier en 1879, un troisième en 1880, et l'année dernière je
publiai un résumé de toutes ces recherches dans les Archives de la
Bibliothèque universelle.
Une première série d'expériences porte sur des différences d'altitudes
de 373 mètres à 4171 mètres, soit le sommet du Breithom; une seconde
de 373 mètres à 3362 mètres, soit le Col du Géant; enfin dans une troi-
sième série d'expériences je m'occupai de la quantité d'acide carbonique
expirée à 0 mètre, c'ast-à-dire au bord de la mer et à 3580 mètres, le
pied du cône le plus élevé du Pic de Ténériffe. De plus, de nombreuses
séries d'expériences furent faites à des stations intermédiaires.
202 SÉANCE DU VKNDRKUI 8 SEPTiIMBRE.
Les travaux au sommet du Breithorn ne donnèrent pas un résultat aussi
satisfaisant que je Tavais espéré. Je montais à cette station de plus de
4100 mètres de hauteur le matin, depuis le Col de Saint-Théodule, avec
nos instruments, et je redescendais dans l'après-midi ou le soir, c'est
ainsi que je fis trois fois l'ascension de cette montagne, pendant huit
jours que je passai au Col. Comme je ne pouvais séjourner nuit et jour
au point culminant du Breithorn, il ne m'était guère possible de me con-
sidérer dans un état physiologique normal sur cett« haute sommité, mais
il n'en fut pas de même pour le Col du Géant, à 3862 mètres d'éléva-
tion, où je restai trois jours de suite avec les nuits pendant l'été de 1878.
J'avais avec moi un jeune compagnon, M. Elle David, remplissant les
fonctions de préparateur du professeur de physique à l'université do
Grenève, et qui me seconda avec une grande intelligence dans mes travaux.
L'influence de la hauteur se tit clairement sentir chez chacun de nous;
mais au lieu d'une augmentation de Tacide carbonique exhalé, on con-
stata une diminution très marquée dans le poids de ce gaz. Voici les
chittres obtenus. Sur moi-même, la moyenne de quatorze expériences
faites près de Genève, au bord du lac, me donna l'expiration deOgr.
538 de COa par minute à une température de 18 ,4 C. et un temps
moyen de 2 h. 81) m. après un repas. Au sommet du Col de Géant à
une hauteur de 33H2 m., à une température moyenne de 5**, 3 et un
temps moyen de 2 h. 5 m. après avoir mangé, la quantité de COj que
j'exi)irai dans douze expériences montait à 0 gr. 435 ; la dififéreuciî
en moins s'élevait donc à 103 milligrammes, c'est-à-dire que j'expire
19 7o de moins de COj au sommet du Col du Géant qu'à Genève.
Mon compagnon un jeune homme de 25 ans expirait normalement
beaucoup plus de CO2 que moi, mais comme dans mon cas il en rendait
notablement moins au Col du Géant qu'à Genève; voici les chiffra
que j'obtins sm* lui. Près de Genève, altitude 373 m., moyenne de di^
expériences 0 gr. 776 de CO^ expiré par minute à une températar<î
moyenne de 14", 2 C. et à 2 heures 56 m. en moyenne après un repa^
Au sommet du Col du Géant 3362 m., moyenne de douze expérience
0 gr. 609 COa, différence 0 gr. 170 en moins pour cette altitude, soit ur>
diminution du 21,8 Vu dans l'acide carbonique expii'é, résultat qui ^
rapproche extrêmement de celui que j'obtins sur moi-même.
Nous nous ressentions tous deux au sommet du Col du Géant (^
l'abaissement de la pression barométrique et du froid qui contrastai
péniblement avec une chaleur de 28" que nous venions de quitter
Courmayeur. Nous n'étions pas dans les conditions voulues pour résii^
ter au froid, ce que du reste montrent clairement les analyses de TaL
que nous expirions. Il est cependant très possible qu'au bout de quel
INFLUENCES DES ALTITUDES. 203
e temps nous aurions pu nous acclimater plus ou moins et que le
^2 expiré aurait augmenté de quantité sans cependant égaler celui que
lis produisions dans la plaine sous des conditions d'existence normale.
Je que je tiens surtout à démontrer, et c'est je crois le résultat capi-
des travaux que j'ai entrepris au sujet de l'influence de la hauteur
* les phénomènes chimiques de la respiration, c'est que dans les hau-
irs on respire moins d'air poui* exhaler un certain poids d'acide car-
aique que dans la plaine. Voici mes résultats en chiffres.
1 Genève, une moyenne obtenue avant les ascensions dont il sei*a
îstion à l'instant, donna 13,9 litres d'air expiré pour l gr. de CO,
idis que la moyenne d'expériences faites à l'hospice du Grand Saint-
rnard, au Col Saint-Théodule et au sonunet du Breithorn comprenant
5 hauteurs entre 2478 m. et 4171 m. donna seulement 11,05 litres
lir expiré pour 1 gr. do COj à la place de 13,9 litres, c'est-à-dire,
e différence de 20 7u ^n moins.
\u Col du Géant, au lieu de 15,4 litres d'air par minute pour 1 gr.
COj que j'expirais à Genève avant de partir pour cette course, le
lumedecetair s'était abaissé jusqu'à 12,6 litres, équivalant à une
Férence de 18 Vu de moins, tandis que mou compagnon qui respirait
îenève 13,9 litres d'air pour produire 1 gr. de CO, n'en expirait plus
3 12,6 m. au sommet du Col, soit 8 7o de moins.
Sur l'île de Ténériffe au bord de la mer il me fallait 12 litres d'air
xr produire 1 gr. de CO2, tandis qu'au pied du cône terminal du pic,
st-à-dire à 3580 m. de hauteur, ce volume d'air était tombé à 10,3
•es, c'est-à-dire avait baissé de 14 7«.« Je fis un bivouac de trois semai-
i sur ce pic, en sorte que je me trouvais dans les conditions normales
ces altitudes. Pendant ce temps, j'étais en bonne santé et jouissant
m excellent appétit, tout en ayant suffisamment de provisions pour y
avenir. J'avais pour compagnon un guide de Chamouix qui m'avait
é souvent dans ces expériences ; notre travail commençait le matin de
ine heure et continuait jusqu'au coucher du soleil,
lalgré la réduction du poids de l'air que je respirais près du sommet
pic pour produire 1 gr. de COj, il fut constaté que le poids absolu de
2 expiré par minute n'augmenta dans mou cas que d'une quantité
t à fait insignifiante, et quand à mon compagnon il expirait plus de
I au bord de la mer que près du sommet du pic. Il paraîtrait donc
! dans les pays chauds l'acide carbonique n'augmente pas sensible-
ut avec la hauteur, au moins jusqu'à une certaine altitude.
les résultats dans les Alpes se trouvent parfaitement d'accord avec
X obtenus par le D' Mermod pour une dififérence d'altitude peu con-
^ble, soit 976 mètres. D'après ses chiffres, j'ai calculé qu'à la station
204 8EANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
la plus basse il expirait 14,61 litres d'air pour 1 gr. de CO^ et à la plus
élevée seulement 13,11 litres pour le même poids de ce gaz, c'est-à-dire
10 7o de moins.
Il est donc bien positif que l'altitude dans les Alpes facilite la respira-
tion, en d'autres termes que Tair passe plus librement au travers du
tissu pulmonaire dans le sang, qu'aux stations des plaines.
Des recherches très intéressantes de M. Paul Bert ont démontré
récemment que le sang d'animaux envoyés à Paris de La Paz en Bolivie
à une altitude de 3700 mètres, secoué avec deTair, absorbait un volume
d'oxygène presque double de celui qu'absorbait le sang d'animaux
de même espèce nés et domiciliés à Paris, et M. Bert en conclut que le
sang expédié de la Paz était plus riche en hémoglobine, le principe de
ce liquide qui absorbe l'oxygène. Il paraîtrait aussi en conclure qu'après
un certain laps de temps, peut-être plusieurs générations, le sang
devient capable d'entretenir les fonctions animales à ces grandes hau-
teurs au même ^egré de développement que dans la plaine, malgré la
raréfaction de l'air.
Le résultat de mes expériences s'explique apparemment en partie
seulement par celui qu'a obtenu M. Bert. En effet, dans mon cas on ne
pouvait admettre ce qui s'appelle V acclimatation^ et il me semble plus
naturel de conclure simplement de mes expériences, que l'air passait
plus facilement dans le sang au travers du tissu pulmonaire, que dans la
plaine.
Pour moi cette loi est de nature à expliquer clairement l'inmiunité
phthisique à une certaine altitude et de plus l'influence salutaire des
hauteurs comme moyen hygiénique de combattre la phthisie.
Lorsqu'un poitrinaire se rend à Davos pour y passer l'hiver, il trouve
en général, peu après son arrivée, que sa respiration est devenue plus facile,
son appétit est amélioré, ses forces augmentent et il se montre chez lui
un bien-être qu'il avait méconnu dans la plaine, c'est la cinquième con-
clusion dn D' Lombard. L'heureux changement dont il s'agit tient évi-
demment k une augmentation d'oxydation ; et comme l'air passe plus
facilement au travers des poumons du malade, l'état anormal dans
lequel ils se trouvent n'oppose plus le même obstacle à l'oxydation du
sang que dans la plaine.
La sixième conclusion du D"" Lombard est basée sur les travaux inté-
ressants du D"" C.-T. Williams de Londres. Sans doute, l'augmentation
de la capacité thoracique des poitrinaires après leur séjour à Davos est
un résultat très satisfaisant, il reste à savoir si le sang continue à
absorber de Toxygène à proportion de l'air respiré, et surtout si cette
augmentation de volume du thorax persiste longtemps dans la plaine.
INFLUENCES DES AI«TITUDES. 205
Il va sans dire que d'autres circonstances heureuses s'ajoutent à
celles-ci pour les poitrinaires, pendant un séjour d'hiver à Davos, comme
la sécheresse et la pureté de l'air, l'innocuité des germes contenus
dans l'atmosphère, l'abri des vents et la température directe des
rayons du soleil, qui est plus élevée en hiver au milieu des neiges de
cette vallée qu'elle l'est sur les bords riants de la Méditerranée.
Mais un point sur lequel on n'a pas assez insisté est l'effet de la lumière
solaire vive à cette hauteur, surtout loraque le sol est recouvert de
neige. En 1855, M. Moleschott constatait, en opérant sur des grenouilles,
que ces animaux lorsqu'ils étaient exposés à la lumière émettaient (pour
100 gr. de poids en 24 heures) 0 gr. 654 d'acide carbonique et dans
l'obscurité seulement 0 gr. 522, la température n'ayant augmenté que
de 2°, 9 ce qui ne pouvait avoir exercé aucune influence. Dans d'autres
expériences il trouve l'augmentation de COa dans une brillante lumière
de 1 à 1,18. Il n'y a donc aucun doute que la forte lumière des stations
alpestres en hiver tend à augmenter le développement du COj chez les
poitrinaires qui séjournent dans ces localités.
Je ne veux pas médire, bien entendu, des stations du midi, telles que
celles de la Rivière qui offrent un refuge charmant et avantageux à cer-
taines classes de poitrinaires, mais ce n'est ni l'occasion, ni le moment
de m'en occuper.
Mes remarques sur les conclusions 7 et 8 du D' Lombard sont tout natu-
rellement contenues dans les observations que je viens de présenter ;
f les hautes et moyennes altitudes ont une influence prophylactique et
thérapeutique sur la phthisie pulmonaire. » C'est la question de l'inmiu-
nité phthisique que l'auteur distingué du mémoire que nous discutons a
traité d'une manière aussi complète que concluante.
Très certainement, Messieurs, le monde lui doit un tribut de recon-
naissance, pour la persévérance et l'habileté avec lesquelles il a traité
l'influence des climats de montagne. Ces mêmes qualités, notre vénéra-
ble Président les a montrées dans les nombreux travaux dont il a doté la
médecine, et notamment dans son récent ouvrage qui sera longtemps le
livre classique sur la climatologie médicale.
M. Cazenave de la Roche fait déposer sur le bureau une note sur la
valeur curative des altitudes.
La séance est levée à quatre heures et demie.
206 »KANC1£ DU BAMKDl 9 SEPTEMBRE.
SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE
Présidencp de M. Lombard
Le procàs-verbal de la séance générale du 8 septembre est lu et
adopté.
M. de SiLVA Amado dépose sui* le bureau quelques rapports et règle-
ments sur les affaires sanitaires du Portugal et de la ville de Lisbonne.
Le secrétaire général transmet aux membres du Congrès les remer-
ciments de la famille Plantamour pour la part qu'ils ont prise à son
deuil.
Il annonce qu'il a reçu de M. le D"" Henri Liouville la nouvelle delà
mort de son oncle, M. Joseph Liouville, membre de l'Institut et du
Bureau dus longitudes, que des liens scientifiques unissaient à plusieurs
membres du congrès et surtout au professeur Plantamour. M. Duuant
rappelle à cette occasion que lorsque le Genevois Sturm était candidat à
l'Académie des sciences, Joseph Liouville, qui était en présentation
comme lui, se retira spontanément pour assurer l'élection de son émule
et ami Sturm.
M. le Président du Congrès a reçu de M. le D"" Challand, président
de la Société vaudoise de médecine, la lettre suivante en réponse au
télégramme qui lui a été adressé hier.
Monsieur le Président,
Je viens de recevoir votre télégramme et vous remercie vivement des
paroles si aimables que vous nous envoyez. Mes collègues de la Société
vaudoise de médecine et moi, sommes très honorés et très heureux de
recevou* un pareil témoignage de satisfaction.
Mais c'est nous qui vous sommes redevables, car en nous demandant
de participer à la récei)tion du Congrès c'était nous faire un grand
honneur.
Si nous avons pu atteindre le but que nous nous proposions, nous en
sommes très fiers, mais nous le répétons, lorsqu'on a l'honneur de race-
PRÉVENTION DE LA CKCITÉ. 207
r des hôtes aussi distingués, on ne saurait trop faire pour se mettre
i hauteur de sa tâche.
iTeuillez, Monsieur le Président, recevoir l'expression de mes senti-
uts les plus distingués.
D' Th. ClLALLAND.
jausanue, 8 septembre 1881.
^9. parole est donnée à M. le D' Haltenhoff pour la lecture de son
►port sur la cécité :
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ
Par M le D^ HALTENHOFF,
Privat-docent d'ophtlmlmulogie à l'Utiiversitë de Qenôve.
Messieurs,
Vlalgré les progrès considérables qu'a faits de nos jours la connaissance
5 maladies des yeux et de leur traitement, le nombre des aveugles est
^re très grand, même dans les pays les plus civilisés. Nous ne possédons
^re, à la vérité, que des donné<Hs fort incomplètes sur la fréquence
la cécité chez les diverses nations du globe. Mais pour la majorité des
ats de TEurope et pour les États-Unis de l'Amérique du Nord, les
tistiqutîs existantes suffisent pour nous convaincre que la cécité est
fléau encore très répandu. En se basant sur ces chiffres, un statis-
en de Munich, M. Mayr, est arrivé à une proportion moyenne de 87
ividus aveugles pour ino,0()0 habitants. Mais il faut rappeler que ces
ffres, empruntés presque tous aux recensements généraux des popu-
mis des divers pays, sont forcément incomplets. D'autre part, plusieurs
inds pays moins avancés en civilisation et oîi la cécité est notoirement
s fréquente, ne figurent absolument pas dans ces statistiques. Je citerai
Turquie d'Asie et d'Europe, l'Algérie et TÉgypte, la Russie enfin,
it quelques provinces sont gravement infestées. La Finlande est la
le partie de cet empii-e pour laquelle existe un relevé statistique
ftplet des cas de cécité : la proportion des aveugles y atteint le chiffre
270 sur 100,(My) habitants. Pour la Norwège c'est à peu près la moitié,
ir le Mecklembourg et la France le tiers, pour la Suisse un peu moins
tiers de ce chiffre. Si l'on tient compte de ces faits, on peut affirmer
lé crainte, que le rapport général d'un aveugle sur mille habitants est
^babiement encore inférieur à la réalité. Ce rapport nous donnerait
208 SÉANCE DU 8AMEDI 9 8SPTSMBRE.
pour la population actuelle de TEurope, un total approximatif de
311,000 aveugles en Europe seulement. Il me semble que ce chiffre est
Targument le plus éloquent que Ton puisse évoquer en £eiyeur du droit,
que je réclame en ce moment, d'attirer sur la question de la cécité Tat-
tention bienveillante du Congrès.
Ce sont, à n'en pas douter, des remarques statistiques de ce genre,
qui ont déterminé un certain nombre de médecins et de philanthropes
anglais à fonder, il y a trois aos à peine, une association spéciale pour
combattre le fléau de la cécité. La Société your la prévention delacédté
et pour r amélioration physique du sort des aveugles^ société qui a son
siège à Londres, poursuit son noble but par divers moyens. Un des
principaux est de répandre à profusion des instructions courtes et popu-
laires sur les causes principales des maladies et des accidents affectant
l'organe visuel, et sur les moyens de les éviter. Je mets sous vos yeux
quelques-unes de tîes publications ; elles ont été traduites en plusieurs
langues et portent l'empreinte de cet admirable sens pratique qui carac-
térise la race anglo-saxonne.
L'un des fondateurs et le trésorier actuel de la société, M. le docteur
Roth, que nous avons le plaisir de voir parmi nous, a su intéresser à son
œuvre les hygiénistes français, puis le troisième Congrès international
d'Hygiène, réuni à Turin en 1880. Il leur a exposé le but de l'association
qu'il représentait et élaboré, avec le concours de la Société française
d'hygiène, une série de questions relatives à l'étude des causes de la
cécité. Le congrès de Turin, justement impressionné par l'importance
du sujet, décida de recommander au prochain congrès international
d'hygiène la discussion détaillée des causes et des moyens préventifs de
la cécité.— Par l'initiative de M. le D*^ Roth, les membres de la Socieiy
for the prévention of blindness réunirent entre eux une somme de 2000
francs, destinée à récompenser l'auteur du meilleur mémoire sur ce siyet,
écrit en anglais, français, allemand ou italien. Inspirés par une pensée
généreuse et une largeur d'idées à laquelle vous ne me laisserez pas seul
rendre l'hommage mérité, les membres de la société n'ont pas voulu
borner à l'Angleterre les bienfaits possibles de leur entreprise. Ils ont
tenu à associer à cette œuvre les représentants de toutes les nations
civilisées et ont placé le concours sur les causes et les moyens préventifs
de la cécité sous le patronage du IV*" Congrès international d'Hygiène*.
' Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que la Société de l'Œuyre
internationale pour l'amélioration du sort des aveugles, a Pintention de décerner
éventuellement un ou plusieurs seconds prix, sur la désignation du Jury. Ces
récompenses seraient distribuées à la fête du centenaire de la première institution
d'aveugles, fondée par Haûy, qui sera célébrée à Paris en 1884.
(La Rédaction^
PRéVENTIOK DE LA. CÉCITÉ. 209
U va sans dire, Messieurs, que je o'ai pas à traiter devant vous ex
professa le vaste et fécond sujet proposé aux recherches et aux labeurs
des concurrents de tous pays. A cet égard, le vœu du congrès de Turin
ne saurait être rempli à la lettre. Mon rôle est plus modeste et, il £eiut
le dire, moins difficile aussi. Je dois vous entretenir du progranmie pro-
posé pour le concours par les généreux donateurs, d'accord avec le comité
d'organisation du Congrès.
Ce programme est le suivant :
1. Étude des caases de la cécité :
a. Causes héréditaires. Maladies des parents, mariages consanguins, etc.
h. Maladies oculaires de l'enfance. Ophtalmies diverses.
c. Période d'école et d'apprentissage, myopie progressive, etc.
d. Maladies générales. Diathèses, fièvres diverses, intoxications, etc.
e. Influences professionnelles. Blessures et accidents. Ophtalmie sympathique.
/*. Influences sociales et climatériques. Ophtalmies contagieuses. Encombre-
ment. Logements insalubres. Éclairage défectueux, etc.
g. Absence de traitement ou traitement défectueux des aflfections oculaires.
2. Étudier poar ohaoane de ces catégories de causes les moyens de pré-
vention les pins pratiqaes :
a. Législatifs.
h. Hygiéniques et professionnels.
c. Éducatifs.
d. Médicaux et philanthropiques.
Avant de rechercher les moyens pratiques pour la prévention de la
cécité, il importe d'en bien élucider les causes, et de faire, si pos-
sible, la part de chacune d'elles. U faut connattre à fond Tennemi que
Ton veut combattre ; cette connaissance seule vaut parfois une première
victoire. La question des causes de la cécité envisagées au point de vue
de la prophylaxie a été traitée ces dernières années par plusieurs auteurs
très compétents. Les recensements que j'ai cités tout à Theurene donnent
en général aucun renseignement à ce sujet. Exceptons-en les statistiques
assez détaillées sur les aveugles du Mecklembourg et de la Finlande,
statistiques faites par les soins et sous la direction de médecins oculistes
qui en ont publié les résultats (Zehender à Bostock, von Becker à Hel-
singfors; voyez aussi les recherches du D' Katz sur la cécité dans les
districts de Dusseldorf, Potsdam et Francfort s/0). D'excellents docu-
ments pour l'étude des causes de la cécité ont été fournis par les relevés
statistiques des hôpitaux et des cliniques spéciales, où tous les cas de
cécité ont été notés soigneusement, avec Tindication de leur nature
pathologique et de leurs causes (Bremer à Kiel, Seidelmann à Breslau,
14
210 8RANC£ DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
Stolte à Greifswald, Landesberg à Elberfeld, Hirschberg etUbthoffà
Berlin). Or les travaux auxquels je fais allusion sont unanimes à établir
que la cécité incurable de naissance est relativement assez rare (3 pour
cent, d'après le professeur Hirschberg) et que la grande majorité des
aveugles le sont devenus par des maladies inflammatoires des parties
extérieures des yeux, le plus souvent à la suite de suppuration de ces
parties. L'observation des sujets recueillis dans les établissements de
jeunes aveugles confirme ces données de la pratique médicale. Au pre-
mier rang des maladies qui occasionnent une cécité irrémédiable se place
Tophtalmie purulente des nouveau-nés, qui dans certains pays fournit
le tiers ou la moitié des jemies aveugles. Un auteur cité par notre con-
citoyen le D' Appia dans son excellent opuscule Sur la prophylaxie de
la cécité au point de vue des ophtalmies contagieuses et épidèmiques,
le D' Daumas à Paris, a même trouvé sur 1 178 aveugles par lui observés,
817, soit plus de 68 pour cent, de cécités causées par cette redoutable
affection des premières semaines de la vie. Or le mode de production de
cette ophtalmie a fait l'objet d'études récentes qui ont notablement
éclairci son étiologie, et les mesures prophylactiques adoptées depuis
quelque temps dans plusieurs maternités de l'Allemagne ont fait tomber
les chiffres, soit de sa fréquence, soit de sa gravité, bien au-dessous de
tout ce qui avait été observé auparavant. L'importante monographie du
D"" Haussmanu (de Berlin) sur V infection conjonctivale des nouveau-nés
contient à ce sujet les détails les plus convaincants. Comparées à l'oph-
thalmie des nouveaux-nés, les autres maladies oculaires de l'enfance ne
fournissent qu'un faible contingent de pertes totales de la vue. Mais
l'importance des lésions oculaires permanentes acquises à cet âge est
singulièrement aggravée par les difficultés qui en résultent pour l'édu-
cation physique, morale et intellectueUe. Les concurrents devront donc
traiter avec un soin particulier les faits se rattachant au § 1, 6^ du pro-
granmie en s'entourant de toutes les lumières que des travaux nombreux
ont jetées sur ce chapitre.
Les inflammations oculaires suppuratives amenées par l'influence des
agents extérieurs ou des contages purulents chez l'adulte sont aussi delà
plus haute importance. Les progrès tout récents, à peine ébauchés encore
de la médecine étiologique fondée sur la théorie des germes, nous font
entrevoir pour la plupart d'entre elles une cause déterminante qui leur
serait conmiune avec l'ophtalmie des nouveau-nés; on sait que le
même microbe se retrouve dans le pus conjonctival du nouveau-né,
dans le pus uréthral de la blennorrhagie, dans le mucopus vaginal, soit
pendant, soit en dehora de la période puerpérale, et dans la conjonc-
tivite gonorrhéique. Néanmoins, au point de vue pratique, il parait utile
PREVENTION DE LA CÉCITÉ. 211
de traiter à part les ophtalmies de la première enfance, vu les particu-
larités qu'elles présentent et les mesures spéciales d'hygiène préventives
qu'elles réclament.
A propos des affections de Tenfance, les concurrents feront peut-être
bien d'élargir le sens un peu trop strict du mot cécité. Car une vision
réduite permettant encore de se conduire, mais excluant la distinction
nette des objets usuels, degré de vision que les parents ou les employés
de recensement ne songent pas à inscrire sous la rubrique cécité, met
reniant dans un état d'incapacité qui, au point de vue éducatif et pro-
fessionnel, équivaut presque à la perte de la vision : dès l'instant que
reliant est incapable de se livrer aux jeux de son âge, qu'il ne peut suivre
les écoles, qu'il a besoin d'une méthode d'instruction spéciale, obligée, de
feire abstraction de sa fonction visuelle, il n'est pas loin de tomber pour
le reste de sa vie dans cet état de dépendance plus ou moins complète
qui est le triste apanage de la cécité. N'oublions jamais que l'œil est à
la fois le plus indispensable et le plus délicat de nos instruments de
travail et que quelque taches au centre de la cornée sufl&sent trop souvent
pour marquer un être humain du sceau de l'infirmité et le condamner
à une position fort inférieure dans la lutte pour l'existence. A ce point
de vue encore, la période de la vi^ scolaire et de l'apprentissage (§ 1, c^^
du progranmie) sera digne de toute l'attention des concurrents. La
question de la myopie scolaire, en particulier, qui a inspiré tant de beaux
travaux depuis les mémorables recherches du D' Hermann Cohn, est
en connexion intime avec le problème de la prophylaxie de la cécité. Car
il est absolument prouvé que la cécité absolue ou relative d'un œil (c'est-
à-dire limitée aux parties centrales de la rétine) est une conséquence
fréquente de la myopie progressive développée ou commencée dans le
jeune âge. Plusde 10 pour cent des yeux impropres au service observés par
Cohn et analysés par son élèveSeidelmann, Té talent pour cause de myopie
progressive. Dans la statistique de Hirschberg, qui n'a compté que les
yeux absolument perdus pour la vision, le vice de conformation myopique
forme le 6 poiu* cent des causes de cécité. Cette période de la vie, si dan-
gereuse pour un grand nombre d'organes visuels, surtout quand la pré-
disposition héréditaire s'allie à l'action du travail oculaire forcé et des
autres causes nocives qui sont du ressort de l'hygiène visuelle, méritait
bien aussi d'être indiquée par un paragraphe spécial de l'étiologie, de
même qu'eUe offiîra un terrain propice pour l'application la plus large
des mesures prophylactiques.
Je ne m'étendrai pas, Messieurs, sur le paragraphe suivant (§ 1, cT)
relatif aux accidents oculaires causés par des maladies constitutionnelles
aiguës ou chroniques, des intoxications, des infections diverses, etc. Ce
212 aÉAKCB DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
chapitre, un des plus vastes et des plus intéressants de Tophtalmologie
moderne, le devient chaque jour davantage. Aussi ne faudra-t-il point
s'aventurer dans ce dédale de faits sans le til conducteur de l'observation
pratique, qui nous montre une gradation bien marquée dans la fréquence
relative des lésions visuelles graves à la suite de ces affections si variées de
l'organisme entier ou de ses appareils principaux. Celles de ces affections
auxquelles l'individu peutsurvivre seront seules à considérer ; mais parmi
elles plusieurs sont des causes de cécité assez importantes : la scrofule
et la syphilis parmi les diathèses, les affections typhoïdes, la rougeole,
la scarlatine et, bien en tête de toutes les fièvres éruptives, la variole.
Avant la découverte de Jenner la variole enlevait la vue à des centaines
et des milliers d'enfants, de jeunes gens et d'adultes dans la force de
l'âge * ; à notre époque encore elle a pu fournir jusqu'à 9 pour cent des
yeux aveugles dans une des principales cliniques de Berlin (Hirschberg,
Étiohgie de la cécité^ 1873). Quel bon argument à ajouter à tant d'autres
en faveur de la vaccination obligatoire. N'oublions pas de mentionner
l'alcoolisme qui amène assez souvent la perte relative et même parfois
totale de la fonction visuelle. Une partie des atrophies optiques se
rattache à cette affection, la plus fréquente de toutes les intoxications.
Les pertes de la vision par blessurei^ et accidents sont le plus souvent
liées aux occupations professionnelles et forment, avec l'ophtalmie sym-
pathique qui peut en résulter, un groupe assez bien défini et d'une
grande importance pratique (§ 1, e). En effet, ces cas forment le 10 et
jusqu'au 24 pour cent de certaines statistiques de cécité et concernent
d'habitude de jeunes individus ou des hommes dans la force de l'&ge.
La prédisposition à certaines maladies oculaires graves est aussi sou-
vent influencée par la profession. A cet égard, de même qu'au point de
vue des excès d'accommodation et de la myopie progressive, cette caté-
gorie de causes ne paraît pas absolument tranchée. Mais il est bkn
entendu qu'un programme de ce genre ne prétend pas à l'absolu et
doit seulement jalonner la direction principale que pourront suivre avec
fhiit les concurrents.
Le rôle de la contagiosité et des conditions hygiéniques et sociales qui
favorisent la transmission des ophtalmies à sécrétion externe et en font
un vrai fléau pour certaines populations sous les climats les plus divers,
* Avant Pintroduction de la vaccination obligatoire en Prusse, 35 pour cent des
cas de cécité étaient dus à la variole. Cette proportion est aujourd'hui réduite
à 2 pour cent. Voyez D*^ Steffan Was kônnen tcir, etc. discours tenu au IV"*
Ck>ngrès des Instituteurs d'aveugles, sur la question de la prophylaxie. Franc-
fort s/M., 1882.
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ. 213
fournira Tobjet d'une étude très intéressante au point de vue de la
cécité. La plus redoutable de toutes ces maladies ^st sans contredit le
trachome ou inflammation granulaire chronique des paupières qui
exerce ses ravages en Finlande et aUleurs sur les côtes de la Baltique, dans
le midi de la Russie, où elle ne paratt pas respecter, comme dans nos
régions, les pays montagneux (d'après le D' Reich, plus de 11 pour cent
des soldats de l'armée du Caucase en seraient atteints). EUe est très
répandue, bien que d'une façon inégale, dans tous les pays du Levant
et sur les côtes de la Méditerranée. Notre éminent collègue, M. le D'
Sormani, m'a permis de mettre sous vos yeux cette carte du royaume
d'Itahe représentant la fréquence de la cécité distribuée par provinces
d'après le recensement de 1871. Quel dommage qu'il n'existe pas encore
dans ce pays, où pratiquent tant d'oculistes distingués, une statistique
des causes de la cécité. Peut-être le trachome est-il le principal coupable
qui noircit certaines provinces avec 150 aveugles pour 100,000 habitants.
Des recherches ultérieures devront éclaircir ce point. Heureusement les
progrès de l'hygiène générale et de la civilisation, avec ses nombreux
moyens prophylactiques nous font espérer dans l'avenir une diminution
de cette terrible aflection, contre laquelle, une fois développée, les
médecins ont à soutenu* une lutte, hélas, fort inégale.
On nous reprochera peut-être de n'avoir pas admis une rubrique
spéciale poiu* les aflFections de l'âge, c'est-à-dire liées aux régressions
séniles de l'organisme. Les statistiques montrent en effet que la moitié
environ des aveugles existant dans un pays ont atteint ou dépassé l'âge
de 50 ans (Zehender). Je ferai remarquer d'abord que beaucoup d'indi-
vidus tombés aveugles dans la première enfance deviennent fort vieux,
que la cécité par eUe-même ne raccourcit pas la vie, assure même par-
fois une existence calme, domestique, à l'abri des périls de la vie active.
Il est vrai que les cataractes et les glaucomes foui-nissent dans la vieil-
lesse un grand nombre de cécités. Mais les premières sont curables à
toute époque ; quant aux diverses formes de glaucome, depuis l'immor-
telle découverte de notre maître Albrecht de Grœfe, on ne peut plus les
considérer comme des causes nécessaires de cécité, puisqu'elles guéris-
sent généralement quand elles sont opérées à temps. Ces cas de cécité
sénile rentrent donc de plein droit dans le § 1 , çr (absence de traitement
ou traitement défectueux des aflFections oculaires) qui s'applique à
toutes les aflFections oculaires en général , mais tout spécialement aux
maladies curables par opérations. Le glaucome a fourni de 4 à 15
pour cent des cas de cécité incurable observés dans les cliniques. La
plupart du temps, c'est la négligence du malade qui l'a empêché de se
présenter à temps pour l'opération. C'est là une de ces aflFections trat-
214 BiANCE DU SAMEDI 9 8EPTEMBBE.
tresses où le médecin se prend à bénir Tapparition des douleurs , 8^
motif dans bien des cas qui tire le malade de son apathie et le décide à
se faire soigner, souvent trop tard, malheureusement, pour sauver la
fonction visuelle. S'il n'y avait que des médecins dans cette assemblée,
j ^ajouterais ici une remarque qui déchargerait les pauvres glaucomateux
d'une partie de leur responsabilité, mais je reviendrai sur ce point à
propos des moyens préventifs.
Les détails dans lesquels je suis entré à propos de Tétiologie de la
cécité me forcent d'être très bref sur la prophylaxie. Répandre dans
les masses du peuple les saines et simples notions de l'hygiène générale
et aussi de l'hygiène des yeux, est une tâche qui incombe partout aux
gouvernements comme aux philanthropes et aux hygiénistes. U est évi-
dent que l'on n'est jamais mieux gardé que par soi-même, pourvu que
Ton sache se garder ; or pour savoir, il faut avoir appris. Les mesures
de précaution les plus diverses, se rapportant aux nombreuses catégories
de causes énumérées plus haut, devront être indiquées en détail parles
concurrents, mais ils n'oublieront pas que les mesures obligatoires,
même les plus rationnelles, même appuyées de pénalités, sont peu suivies
et le plus souvent mal exécutées, par des gens qui ne les comprennent
pas ou qui n'en voient pas la nécessité.
Les moyens éducatifis destinés à prévenir la cécité et mieux encore
à prévenir les maladies qui menacent de cécité, formeront donc un cha-
pitre important de cette étude de prophylaxie. La mère de famille,
le chef d'ateUer, l'ouvrier agricole ou industriel, l'instituteur à tous les
degrés de l'école, devraient connaître les dangers qui menacent les yeux
et la manière de les éviter. L'enseignement hygiénique donné à toutes
les classes de la société est un desideratum de tout système complet
d'instruction.
La Société pour la prévention de la cécité est entrée résolument dans
cette voie par ses publications populaires et gratuites, mais les gouverne-
ments sont encore mieux placés que les particuliers pour travailler dans
ce sens. Plusieurs États de l'Europe, le royaume de Saxe entre autres,
justement effrayés de la quantité d'aveugles fournis par l'ophthalmie des
nouveau-nés, ont adopté des ordonnances et des instructions spéciales
pour les garde-malades et les sages-femmes appelées à donner leurs soins
à ces petits êtres trop souvent victimes de l'incurie, de l'ignorance et
des préjugés de ces personnes. L'immense majorité de ces cas étant
parfaitement curables, eUes encourent la plus grave responsabilité en ne
pas appelant inunédiatement le médecin. Il en est de cette maladie des
yeux comme de beaucoup d'autres, que tout médecin praticien peut guérir
et souvent prévenir par des moyens simples et sûrs. Mais pour cela n'est-il
PBâVENTIOK DE LA CÉCITÉ. 215
pas indispensable que le médecin ait appris à connaître de près ces affec-
tions inflammatoires delà conjonctive, delà cornée, etc. , d'une observation
si quotidienne, ainsi que les moyens detraitement qu'il faut lem* opposer ?
La même remarque s'applique aux affections que j'ai citées plus haut,
en particulier, aux diverses formes du glaucome. Aussi ne saurait-on trop
insister sur la nécessité de donner à tous les étudiants en médecine une
instruction ophtalmologique suffisante. Le plus modeste praticien de
village, surtout s'il est éloigné des centres oii se trouvent les spécialistes,
est précisément celui qui a le plus besoin de notions exactes sur les
maladies oculaires courantes. Pour la plupart d'entre elles, agir tôt,
c'est agir bien. Les cas fréquents qui réclament les soins d'un spécialiste
doivent être reconnus à temps. Que de malheurs sont évités aux gens
du peuple et aux campagnards lorsqu'ils ont le bonheur de posséder au
milieu d'eux un médecin attentif et suffisamment éclairé sur ces mala-
dies du plus précieux de nos sens. Aussi les auteurs d'un mémoire com-
plet sur la prophylaxie auront-ils à s'occuper de la position faite à
l'étude des aflfections oculaires dans les écoles médicales des divers pays
et dans les programmes des examens professionnels.
Je m'arrête. Messieurs, bien que je n'aie pu qu'effleurer mon sujet,
j'espère vous avoir convaincus de l'importance du concours proposé par
l'honorable société que M. le D' Roth représente au milieu de nous.
Quand on entend des ophtabnologistes distingués déclarer hautement
que sur mille cas de cécité, il n'y en a pas même le quart qu'on puisse
considérer comme tout à fait inévitables, tandis que la moitié ou plus
eussent pu être évités avec plus ou moins de certitude par un traite-
ment prophylactique ou curatif , on se prend à espérer que les efforts des
philanthropes qui combattent la cécité, conmie un des plus grands maux
sociaux, économiques et individuels, aboutiront dans un temps peu éloi-
gné de nous, à diminuer notablement le nombre de ses victimes. J'ai dit.
A la suite de ce Rapport, le jury international pour l'examen des
travaux du concours sur les causes et les moyens préventifis de la cécité
a été composé comme suit :
Pour l'Allemagne : D' Hermann Cohn, professeur d'ophtalmologie
(Breslau), D' Varrentrapp, conseiller sanitaire (Franc-
fort s/M.).
Pour l'Angleterre : D' Math. Roth , D' Streatfield , professeur
d'ophtalmologie (Londres).
Pour la France : D' Fieuzal, médecin de l'hospice des Quinze-Vingts
(Paris), D' Layet, professeur d'hygiène (Bordeaux).
Pour l'Italie : D' Reymond, professeur d'ophtalmologie (Turin),
D* SoRMANi, professeur d'hygiène (Pavie).
216 SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
Pour les Pays-Bas : D' Snellen, professeur d'ophtalmologie (Utrecht).
Pour la Suisse : D' Appia (Genève), D' Dufour, médecin de Thôpital
ophtalmique (Lausanne), et D' Haltenhoff, privat-docent
d'ophtalmologie (Genève). Ce dernier a été désigné comme
secrétaire du jury.
MM. Varhentrapp et Appia ayant refusé de faire partie du jury, ont
été remplacés par MM. les D" R. Berlin, professeur d'ophtalmologie
(Stuttgart), et Coursserant, membre de la Société française d'hygiène
(Paris).
Discours de M. le D' Fleuzal,
Médecin m chef de THospicc national des Qainse-Vinpto.
Prophylaxie de la cécité à la clinique ophtalmologique des Quinze- Vingts. -
Hygiène et thérapeutique usuelle des ophtalmies accompagnées de sécrétion. -
Moyens pratiques à propager pour arrêter les ravages causés par Pophtalmie
purulente. — Note à inscrire sur le livret dit de famille.
L'importance que le Congrès attache à l'étude des causes de la cécité
et aux moyens pratiques de la prévenir, nous fournit une occasion
naturelle d'appeler votre bienveillante attention sur un point particulier
de cet intéressant sujet.
Nous ne doutons pas que les efforts combinés des éminents collègues
que vous venez d'entendre et de tous ceux qui, comme nous, ont à cœur
de contribuer à réaliser le programme, élaboré d'un commun accord par
le Comité d'organisation et par la Société « for the prévention of
blindness » de Londres, n'amènent le Congrès à voter des résolutions de
nature à diminuer les ravages exercés sur la société tout entière par
les maladies des yeux.
U est hors de doute pour nous qu'une observation plus scrupuleuse
des préceptes de l'hygiène, d'une part, et que des soins médicaux mieui
donnés, d'autre part, pourraient atténuer considérablement la gravité
de la plupart d'entre elles.
Placé à la tète de la clinique nationale des Quinze- Vingts, nous avons
maintes fois pu constater qu'à ce double point de vue, il est, non seule-
ment possible, mais facile de faire mieux ; aussi avons-nous résolu de
porter devant vous l'exposé sommaire des moyens que nous employons
quotidiennement, pour contribuer de tout notre pouvoir à mettre le
public eu garde contre deux écueils, également funestes pour lui :
r Traitement énergique, mal institué ;
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ. 217
2* Emploi intempestif de collyres qui sont à sa portée.
Nous nous empressons de reconnaître en ce qui concerne ce dernier
int que les malades, avant de consulter un médecin, sont naturelle-
ment portés à faire usage d'une eau recommandée, soit par des charla-
us, soit même par des amis bien intentionnés qui, ayant été guéris
une ophtalmie par une eau, une poudre ou une pommade, en
nseiHent d'abord l'emploi, sans se préoccuper de savoir si la maladie
l'ils se proposent de guérir est de même nature, ou si eUe ne sera pas
:aspérée et souvent rendue incurable, par une intervention qu'on
^ait cru naïvement devoir être tout au moins inoflfensive.
Le dicton populaire en vertu duquel, ce qui ne fait pas de bien ne
lirait faire de mal, devrait à notre avis être retourné, et le public
ors se persuaderait que si la recette qu'on lui conseille ne fait pas de
3n, elle peut par contre, dans certain cas, faire le plus grand mal. On
îttrait aiusi peu à peu les malades en garde contre eux-mêmes et, de
chef, on rendrait à la société un signalé service.
Quant au danger résultant d'un traitement énergique mal institué,
us avons recueilli des faits en grand nombre qui sont de nature à
cuver qu'il n'est que trop réel, et il vous appartient de porter à la
érapeutique blâmable que nous vous dénonçons dans le cours de ce
avail, un coup dont elle ne se relèvera pas. Il vous suffira pour cela
I contribuer, avec l'autorité qui s'attache à vos décisions, à vulgariser
împloi des moyens que nous avons l'honneur de soumettre à votre
tprobation après les avoir, nous-même, consciencieusement appliqués.
Un congrès d'hygiène ne saurait trop s'intéresser assurément à tout
qui a trait à la prophylaxie de la cécité, surtout lorsqu'on regard du
ifl&^ considérable d'aveugles que révèlent les statistiques, on considère
e les causes de cécité affligeant l'espèce humaine n'ont rien d'abso-
nent fatal. D y a plus, on peut affirmer que la plupart des maladies
i amènent la cécité sont susceptibles, sinon d'être prévenues, du
uns d'être combattues et arrêtées dans leur évolution avant d'avoir
3duit la perte de la vision.
Pour s'en convaincre il suffit de jeter un coup d'œil sur la statistique
3 causes de la cécité que nous avons dressée, en prenant pour base le
rsonnel d'aveugles, au nombre de trois cents, qui composent Thospice
tional des Quinze-Vingts, en 1874*.
Dans notre compte rendu clinique de cette époque nous les avons
jBsées, par ordre de fréquence sous les cinq chefis suivants :
Clinique ophtalmologique de V hospice des Quinze- Vingts, Paris, Delahaye.
Fieuzal.
218 SÉANCE DU 8AMEDI 9 SEPTEMBRE.
l** Cécité par ophtalmie purulente 32 Vo
2' Cécité par irido choroldite 30 7.
S*» Amaurotique (par atrophie) 19 ®/o
4*» Traumatique 9,8 «/o
ô** post-opératoire 7,6 Vu
Les moyennes données par les auteurs qui se sont occupés de Tétio-
logie de la cécité ne s'éloignent pas sensiblement des résultats fournis
par Texamen que nous avons fait des aveugles des Quinze-Vingts, aussi,
bien que notre statistique ne repose que sur un nombre restreint d'aveo-
gles, sommes-nous autorisé à la regarder comme juste et bien établie.
D'autre part, la statistique générale de la France de 1876 accuse
pour la France et l'Algérie le chiffre énorme de 31,631 aveugles, parmi
lesquels on compte environ 25,000 indigents.
L'État, par l'intermédiaire de l'hospice national des Quinze-Viagts,
distribue des secours à 2,000 seulement d'entre eux. Quant aux 23,000
restants, ils attendent de la charité publique les secours que l'État est
impuissant à leur donner.
C'est pour faire cesser cet ordre de choses attristant, mais solidement
établi depuis des siècles, que sur nos instances et grâce à la pressante
initiative de M. Péphau, le philanthrope directeur de l'hospice, le gou-
vernement de la République a consenti à faire ce qu'aucun autre n'avait
tenté avant lui, à savoir : étendre la charité d'une façon intelligente eu
donnant gratuitement des soins spéciaux à tous ceux qui, parmi ces
indigents frappés de cécité ou seulement de maladies oculaires, sont
encore susceptibles de guérison, soit par une opération, soit par un
traitement approprié.
La pensée qui a présidé à la création de la clinique nationale ophtal-
mologique en faveur des malades atteints d'affections curables, a,
pourrait-on dire, véritablement et eflFectivement organisé la prophylaxie
de la cécité, dans un bâtiment annexe de celui qui a pour but de
recueillir et de mettre à l'abri du besoin les aveugles incurables. C'est,
en quelque sorte, un commencement d'exécution du programme porté
à notre ordre du jour et mis en pratique à Paris depuis le 1*' jan-
vier 1881, aussi ne saurions-nous mieux faire que de porter à votre
connaissance, quelques renseignements que nous extrayons du rapport
encore inédit, que nous avons adressé à M. le Ministre de l'Inté-
rieur, dès la fin du 1" exercice dans le courant de cette année.
La clinique nationale, ouverte depuis le 1" janvier 1881, se recrute:
V parmi les aveugles de tout le territoire qui sont en instance pour
obtenir la pension des Quinze-Vingts ;
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ. 219
armi les malades atteints d'affections oculaires de toute nature
it amener la cécité ;
Infin, elle donne des consultations à tous les malades qui se pré-
t pour une affection oculaire quelconque.
3 le cours.de la première année de son fonctionnement, du 1*' jan-
81 au 1" janvier 1882, nous avons relevé :
[alades nouveaux inscrits, 6,946 ; moyenne des malades nouveaux
ir, 23 ; nombre des consultations par jour, 108.
ombre des admissions à la clinique, 349 ; durée moyenne du
15.
Inumération des maladies observées :
Maladies des voies lacrymales 299
» des paupières 954
» de la conjonctive 1439
» de la cornée 2104
» de l'iris 178
» de la choroïde 289
» du corps vitré 109
» du cristallin 599
» de la rétine 214
» de la papille 310
» des nerfs 110
» des muscles 168
» de la sclérotique 26
» de Torbite 6
» du globe oculaire 93
>^ de la réfraction et accommodation 563
Totar746T
les 6946 malades, inscrits à la clinique, 549 ont subi diverses
ons et doivent être divisés en deux catégories :
[alades hospitaliers à la clinique , 349 ; sur lesquels ont été pra-
397 opérations.
es 349 malades reçus à la clinique :
197 ont subi 228 opérations de cataracte.
94
»
111
»
d'irédectomie.
45
»
45
))
d'énucléation.
3
))
3
))
de sclérotomie.
2
»
2
»
de Sœmish.
2
6
349
2(
6^
~397
excision de staphylomes.
opérations de strabisme (ayant exception-
neUement séjourné à la clinique).
220 SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
2* D'autres opérations dont le nombre s'élève à plus de 340, sans
compter les petites opérations, telles que chalazions, ouverture d'abcès,
kystes des bords des paupières, etc., dont plusieurs u^ont même pas été
relevées, ont été pratiquées sur les malades du dehors qui se sont pré-
sentés à la. clinique.
Opérations diverses :
Iridectomie 111
Sclérotomie 16
Opération de Sœmish 2
Paracentèses 27
Excision de staphylomes 3
Enucléation 45
Transplantation du sol ciliaire 5
Suture de Gaillard 11
Voies lacrymales 260
Strabisme 28
Les opérations d'iridectomie, pratiquées cent onze fois pour des mala-
dies de diverse nature, ont donné 90 fois un résultat bon, 12 fois un
résultat médiocre, et 9 fois seulement un résultat nul.
Les opérations de sclérotomie, pratiquées seize fois, ont donné :
10 fois un résultat bon,
4 » médiocre,
2 » nul.
Les opérations de cataracte, pratiquées deux cent vingt-huit fois sur
197 malades, ont donné :
110 fois un résultat très bon,
74 » bon,
17 » médiocre,
27 h nul,
en somme, 184 résultats bons, 17 médiocres et 27 nuls, à répartir entre
197 aveugles.
De sorte qu'en définitive, dans cette première année, en ne considérant
que la catégorie des cécités dues à la cataracte, nous avons réduit à une
vingtaine en\1ron, sur 197, le nombre des infortunés qui, réglementaire-
ment, avaient droit à la pension des Quinze-vingts, tandis que 180
environ, sur le même nombre, doivent à notre institution exclusivement
d'avoir recouvré la vision.
C'est en chiffres exacts, 80,70 % de succès,
7,46 7o de résultats médiocres,
11,84 7o d'insuccès.
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ. 221
Cette statistique bien qu'inférieure à celle que nous avons obtenue
ans les comptes rendus, concernant notre clinique particulière, n'en
oit pas moins être regardée comme très encourageante, si on veut bien
mir compte des conditions fâcheuses dans lesquelles se trouvent les
lalades qui se présentent à la clinique des Quinze-vingts, car ils y vien-
ent de tous les points de la France, après avoir, pour la plupart, essayé
ednement de se faire admettre dans les cliniques particulières, et acculés
es lors à la nécessité de demander des secours d'aveugles sur les fonds
e THospice.
Dans ces conditions, nous devons nous estimer heureux d'avoir réussi
mettre 80 Vo au moins de nos opérés, en état de pouvoir renoncer à se
lire porter sur la liste des candidats à la pension des Quinze-Vingts.
11,84: 7o en leur qualité d'incurables restent seuls, sur ce nombre, h
istifier des conditions requises, mais si charitablement on y ajoute les
,46 V„ qui n'ont obtenu qu'un résultat médiocre, cela fait à peine 20 7o
ni n'ont pu tirer profit de la création nouvelle et qui restent aveugles
)mme auparavant.
La proportion est bien autrement élevée pour ceux qui se sont pré-
mtés à la clinique, atteints d'affections externes ou profondes, dont les
rogrès, quand ils ne sont pas arrêtés, conduisent à la cécité, soit par-
elle, soit totale, et que nous avons eu la satisfaction de mener à bien,
ans le plus grand nombre de cas.
Les faits contenus dans le rapport dont nous venons de résumer briève-
lent une partie, nous autorisent pleinement à dire que nous avons
tteint, dans la limite du possible, le but visé par la création de la clinique,
savoir : la prévention de la cécité et justifié la demande que nous avions
ppelée de tous nos vœux dès 1874.
Parmi les causes de cécité que nous avons établies, il en est une sur
iquelle nous désirons plus particulièrement attirer l'attention du Cou-
res ; c'est ceUe qui occupe le premier rang par ordre de fréquence et
ue nous avons à cœur de faire descendre au dernier, ainsi que cela
evrait être et serait, sans aucun doute, si des notions plus justes
taient répandues sur la manière de prévenir et de combattre les mala-
ies qui l'occasionnent.
En d'autres teimes, la prophylaxie et le traitement de l'ophtalmie
urulente et en général de toutes les ophtalmies à sécrétion qui sont et
îFont toujours soignées, en immense majorité par des médecins non
[>écialistes, imposent au Congrès, dans un intérêt de préservation sociale,
i propagation des moyens qui lui auront été démontrés les meilleurs
our arrêter les progrès de ces terribles affections.
Le Congrès^ dont les débats sont appelés à avoir un si légitime reten-
222 SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
tissement, ne saurait à notre avis rendre un plus grand service qu'en
prenant sous son patronage et en propageant dans le corps médical les
moyens thérapeutiques simples que nous avons adoptés ; il contribuerait
ainsi à répandre parmi les médecins, sur un sujet de si grande impor-
tance, des notions exactes, comme ils en possèdent déjà sur tant d'au-
tres points. Car on ne saurait contester que Tensemble des connais-
sances réunies par le corps médical, ne fasse de nos confrères, en toute
occasion, les agents les plus passionnément dévoués à combattre les
fléaux qui frappent Thumanité.
Mais, hélas ! l'éducation médicale au point de vue des maladies des
yeux a jusqu'ici été beaucoup trop négligée, bien plus, elle est encore
trop souvent, il faut le reconnaître, donnée d'une manière insuffisante.
Nous nous sommes aperçus nous-méme de ces lacunes, lorsqu'après
avoir pratiqué pendant une dizaine d'années la médecine générale, nous
avons voulu nous Uvrer à l'étude et à la pratique des maladies des yeux.
Aussi, pénétré de l'importance qu'il y a à répandre dans le public médi-
cal des idées justes à la place de celles qui ont cours, nous espéron»
vous démontrer qu'il y a mieux à faire qu'à conseiller aux médecins
l'emploi des moyens mis en usage avec succès par les spécialistes.
Du reste le titre que nous avons donné à notre conmiunicatiou montre
clairement que notre but n'est pas de décrire une méthode nouvelle de
traitement de l'ophtalmie purulente, ni de rappeler celles qui se trou-
vent décrites dans tous les traités classiques des maladies des yeux ;
car ce ne sont pas les méthodes qui manquent, mais plutôt les moyens
de les faire adopter par l'universalité des médecins.
Une raison s'oppose à ce que ces méthodes soient jamais employées
par la généralité des médecins et cette raison est tirée de la nature
même des choses. S'il est, en effet, une pratique qui s'impose dans le
traitement des ophtahnies purulentes, c'est assurément, ainsi que le
recommandent avec tant de raison les oculistes, de savoir retourner les
paupières pour toucher la muqueuse des culs de sac, soit avec le crayon
mitigé de nitrate d'argent et dépotasse, soit avec la solution de nitrate
d'argent, à titres divers, en neutralisant aussitôt l'action du caustique
quoiqu'il soit qui a été porté directement sur la muqueuse. Or combien
parmi les médecins, habitant des localités dépourvues de spécialistes,
sont exercés à cette pratique, en général facile et simple, mais difficile,
délicate et fort dangereuse dans certaines formes d'ophtalmies, accom-
pagnées d 'œdème des paupières et dans lesquelles précisément il importe
surtout d'y être habile.
Depuis longtemps les oculistes sont parvenus à réduire à un mini-
mum négligeable les complications de cette terrible maladie, aussi
n'est-ce pas pour eux que nous parlons en ce moment, mais bien pour
PRÉVENTION DE LÀ CECITE. 223
les médecins qui sont en définitive appelés à soigner Timmense majo-
rité des malades, enfants ou adultes, atteints d'ophtalmies, non seule-
ment dans les centres où peuvent se trouver des oculistes, mais et à
plus forte raison dans les villes ou vUlages qui en sont dépourvus.
H semble donc qu'il n'y aurait qu'à suivre scrupuleusement les pré-
ceptes formulés dans les traités classiques, mais ici commence la diffi-
culté, car nous sommes obligés de faire parmi les praticiens deux parts
fort inégales, l'une très minime, comprenant les médecins qui ont fré-
quenté des cliniques et se sont exercés manuellement à la pratique qui
consiste à retourner les paupières sans danger pour le malade et ceux,
malheureusement les plus nombreux, qui ont suivi pendant quelques
mois ou seulement quelques semaines une clmique spéciale ou même qui
n'ont jamais eu l'occasion d'apprendre les maladies des yeux, autre-
ment qu'à la consultation des chirurgiens des hôpitaux.
Rappelons en quelques mots ce qui se passe dans les services qui
reçoivent les malades atteints d'ophtalmie purulente. Ainsi que chacun
peut s'en assurer dans une visite faite aux hôpitaux d'enfants, ce sont
les sœurs qui sont chargées de faire les pansements des petits malades,
et qui promènent le crayon entre les paupières écartées, mais non métho-
diquement retournées. Le chef de service, retenu dans les saUes par les
naalades atteints d'aflfections générales, soit en médecine, soit en chi-
rurgie, n'a pas le temps de s'occuper de ceux dont nous parlons qui,
séparés des autres à cause de la nature contagieuse de leur mal, et ne
Pï'ésentant d'ailleurs rien de particulièrement attachant dans leur aspect
extérieur sont rarement visités par le chef. Qu'en résulte-t-il, c'est que
lorsque ces enfants guérissent de leur ophtalmie, ils n'ont qu'une gué-
ïison imparfaite et que les mieux partagés d'entre eux s'en tirent avec
Une perforation qui s'accompagne de leucome et de synéchies, alors qu'il
est démontré par tous les oculistes que cette maladie, lorsqu'elle est
bien soignée, doit presque toujours se terminer sans entraîner à sa
suite des accidents si pleins de dangers pour l'avenir.
Voilà, sans exagération, ce qui se passe pour les malades atteints
d'ophtalmie purulente qui sont admis dans les hôpitaux d'enfants;
quant aux services chirurgicaux, à la consultation desquels se présen-
tent en trop grand nombre des malades atteints de cette affection, il est
rare qu'on fasse autre chose que la prescription d'un collyre, à base de
nitrate d'argent, de sulfate de zinc, de cuivre ou de tout autre sel métal-
lique, à instiller par gouttes et dont l'usage devient fort dangereux
toutes les fois que la cornée et, à plus forte raison, l'iris ou la choroïde
sont compris dans le processus inflammatoire.
Si telle est la pratique suivie par les mattres dans les hôpitaux et
que nous ne faisons que reproduire scrupuleusement ici, il ne faut pas
224 SEANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
s'étonner que les praticiens formés à cette école, et j'affirme que ce
sont de beaucoup les plus nombreux, ne puissent jamais arriver dans leur
clientèle à mettre en pratique les préceptes formulés par les oculistes.
C'est précisément parce que nous avons la conviction que les trois
quarts au moins des tareff, consécutives à la médication instituée contre
l'ophtalmie purulente, pourraient être évitées en renonçant aux collyres
métalliques, instillés par gouttes, que nous nous sommes appliqué à les
remplacer par une médication essentiellement désinfectante, prophylac-
tique, toujours inoffensive et souvent curative dans l'ophtalmie purulente
elle-même, et dans toutes les ophtalmies qui s'accompagnent de sécré-
tion purulente ou muco-purulentc.
Nous nous croyons donc suffisamment fondé à demander la proscrip-
tion de ces collyres instillés par gouttes, et nous conjiu'ons nos confrères
de ne jamais les employer, avant de s'être assurés qu'il n'existe pas la
plus petite desquamation épithéliale de la cornée. La kératite la plus
superficielle, à plus forte raison une kératite intersticielle ou séreuse,
un iritis ou une lésion quelconque des membranes profondes, en contre-
indiquent formellement l'emploi.
Malheureusement les moyens de s'assurer de l'intégrité des membra-
nes ne sont pas à la portée du plus grand nombre ; l'éclairage oblique,
l'examen ophtalmoscopique, alors même qu'ils pourraient être sérieuse-
ment faits par les médecins, ne sont pas praticables dans la plupart des
cas qui en réclament l'emploi.
Ai)rès nous être bien convaincu de ces difficultés et de l'urgence de
mettre un terme à cette thérapeutique meurtrière, nous sommes arrivé
à conseiller, comme méthode générale, l'emploi des simples désinfectants
qui agissent à titre hygiénique et prophylactique, dans l'ophtalmie puru-
lente à son début, et aussi à titre curatif lorsqu'elle est en voie d'évolu-
tion. Il nous suffira de mettre sous vosyeux un tableau renfermant le nom-
bre et la proportion des malades atteints d'ophtahnies, pouvant être
victorieusement combattues par les moyens que nous préconisons, pour
porter la conviction dans les esprits les plus réfractaires.
Nous avons pensé à cet effet qu'il y avait intérêt à grouper ensemble
le nombre de malades qui se sont présentés à notre consultation pendant
une période de dix ans, pour y être soignés d'affections dans le traite^
ment desquelles nous avons introduit une modification capitale et de
vous faire connaître les résultats que nous avons obtenus, en simplifiant
la médication.
Le tableau suivant renferme le nombre de malades, atteints de con-
jonctivite avec ses diverses formes, et de kératites, acccompagnées de
sécrétion, qui se sont présentés à notre clinique depuis le !•' juillet 1872,
jusqu'au 1" juillet 1882.
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220 8ÉAXCE nu SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
Pendant cette période de dix ans nous avons employé durant les
six premières aimées le traitement classique, qui consiste à retourner les
paupières et à cautériser les culs-de-sac, en neutralisant aussitôt le
caustique employé.
Les catarrhes conjouctivaux et les ophtalmies purulentes étaient traités
par la cautérisation tous les deux jours, si ce n'est dans quelques cas
exceptionnels où la cautérisation avait lieu tous les jours. Lies granula-
tions étaient touchées de la même façon avec le sous-acétate de plomb,
ot tour à toui* nous avons employé le sulfate de cuivre, la pierre divine,
Tacide phénique cristallisé, etc. Par cette méthode de traitement, les
malades venaient à la consultation pendant une moyenne de douze à
quinze jours pour le cataiThe conjonctival aigu, pendant trois à quatre
semaines pour une ophtalmie purulente simple, aiguë et pendant ud
temps indéterminé, au moins deux mois, pour les granulations aiguës ;
quant aux foraes chroniques de ces diverses ophtalmies, il serait
diflScile d'en établir la durée d'une façon précise.
Cette méthode, en usage chez la plupart des oculistes, a été la nôtre
pendant six ans, au bout desquels nous avons été amené à la modifier
j)ar suite d'une cruelle expérience personnelle et de la constatation bien
évidente de faits de contagion observés à notre clinique. Nous avons eu
plusieurs fois à regretter que des malades, en traitement pour un simple
catarrhe, aient contracté des ophtalmies graves, car il est à remarquer
qu'une ophtalmie bénigne peut donner lieu, selon la préparation du
terrain sur lequel se fait la contamination, à une ophtalmie des plus
malignes.
D'autre part, quelques faits bien observés ayant ébranlé chez nous la
croyance à la nécessité ou même seulement à l'utilité des cautérisations
substitutives dans tous les cas, nous avons commencé par traiter sur le
même malade un œil par l'ancien procédé, tandis que l'autre, atteint de
la même maladie, était soigné seulement par des lavages désinfectants ;
choisissant d'abord des ophtalmies catarrhales avec sécrétion, puis
bientôt de vraies ophtiilmies purulentes, nous n'avons pas tardé à
acquérir cette conviction tout à fait inespérée que le plus grand nombre
(les ophtahnies purulentes que nous traitions par la cautérisation tous
les deux jours, et qui dans toutes les cliniques auraient été traitées de
même, pouvaient dans beaucoup de cas guérir par de simples lotions
faites avec un liquide désinfectant.
Celui que nous avons employé de préférence est l'acide phénique
à V250 coupé avec moitié eau tiède; Tacide borique à Vioo ©st prescrit
par nous de préférence, lorsqu'il y a une tendance à l'eczéma ou à
l'herpès des paupières. La même médication a été appliquée aux granu-
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ. 227
lations et bientôt Tcacide phéiiique est devenu entre nos mains l'agent
principal de toute thérapeutique appliquée aux formes sécrétantes des
dphtalmies.
Nous avons eu la satisfaction de constater que par cette méthode de
traitement nos malades guérissaient dans un temps à peu près équivalent,
m leur évitant des souffrances, des dangers de contagion, et ce qui a
bien aussi son importance, des pertes de temps considérables ; si bien
(|ue depuis Tinstitution de la nouvelle méthode, le nombre des malades
se présentant pour les pansements est chez nous réduit à trois ou quatre
par joui-, au lieu d'une cinquantaine envii'on.
Quant au nombre de myriades inscrits pour les mêmes maladies,
depuis que nous avons institué ce traitement, il est facile de voii* en
consultant le tableau ci-dessus, que sa progression a toujours été crois-
sante. On est donc bien obligé d'accorder aux faits que nous avançons
et qui sont journellement constatés par le personnel du service de la
clinique, une importance réelle.
Ce n'est pas ici le lieu de produii*e à l'appui de nos assertions, des
observations démontrant l'utilité de la thérapeutique que nous avons
inaugurée il y a plus de quatre ans et dont les résultats sont tous les
jours plus encourageants *.
Nous avons, en avril 1880, lu à la Société des médecins des bureaux de
bienfaisance de Paris, un mémoire dans lequel nous dénoncions, avec
preuvas à l'appui, les dangers de la thérapeutique à outrance dont
les ophtalmies en général sont l'objet, et tout en mettant en garde nos
confrères contre de pareils errements nous les engagions à suivre la
voie que noas venions d'ouvrir.
A cette époque, nous taisions ressortir combien il importe de modifier
la méthode employée par la plupart des médecins, depuis les plus hauts
placés dans les facultés, jusqu'aux plus humbles praticiens de campagne.
Nous montrions par des exemples que la plupart des taies, des leucomes
ou des staphylomes entraînant l'exemption du service militaire, ne
reconnaissaient le plus souvent pas d'autre cause qu'une ophtalmie mal
soignée.
Vous le voyez, le mal acquiert une portée sociale considérable et il est
urgent d'y mettre un terme.
La statistique des causes de cécité que nous avons dressée sur les
pensionnaires des Quinze-Vingts, donne pour l'ophtalmie purulente une
moyenne de 32 Vo î N'est-ce pas là un résultat navrant, quand on a la
certitude que des soins bien donnés dans cette maladie feraient tomber
cette proportion à 2 ou 3 %.
^ Voir notre troisième compte rendu clinique chez Delahaye^ Paria lô^^.
228 8KAXCK DU HAMKDl U SËl'TËMBRK.
Le nombre de malades atteints d'ophtalmie à sécrétion, soignés avec
succès par la méthode que nous appellerons volontiers méthode des
Quinze-Vingts, s'élève d'après notre tableau depuis une période de
quatre ans au chiffre considérable de (»,354, c'est la justification écla-
tante de la division que nous avoiLs cru devoir introduire dans les
ophtalmies externes, au point de vue de l'hygiène et de la thérapeutique.
Nous ne saurions trop conseiller l'emploi de notre méthode à tous nos
confrères non spécialistes, et nous pouvons affirmer que s'ils l'adoptent,
ils ne seront jamais dans l'embarras que leur cause souvent la prescrip-
tion de collyres métalliques à instiller par gouttes ; nous pouvons en
même temps assurer qu'on ne leur reprochera jamais à bon droit, de
n'avoh* point assez agi dans la crainte de dépasser le but.
A notre avis, l'acide phénique ne doit jamais être prescrit dans les
maladies des yeux aux doses auxquelles il est généralement employé
en chirurgie pour détruire les microbes; c'est pour avoir cherché à
l'employer dans ce but, à des doses beaucoup trop concentrées, que la
plupart des oculistes Font rejeté de leur pratique, ou ne lui ont pas
accordé la place que selon nous il mérite si justement d'occuper dans la
thérapeutique oculaire.
Nous affirmons que même h '/m,,, il est encore un modificateur très
actif de la sécrétion purulente et qu'il n'est pas, comme on s'est plu à
le dire, l'équivalent de simples soins de propreté.
Nous ajoutons qu'il est dans cette proportion de beaucoup préférable
à l'alcool ou à l'eau alcoolisée, et en général à tous les collyres dits
collyres forts ; en outre il se trouve partout, il est inoflfensif, très bon
marché et facile à employer, soit par les parents des petits malades,
soit par les malades eux-mêmes, dans l'inunense majorité des cas. Nous
ne pourrions dire autant de la plupart des antiseptiques.
C'est plus qu'il n'en faut pour assurer la fortune des désinfectants
appliqués à la thérapeutique des ophtalmies à sécrétion.
Cette indication, commune à un grand nombre d'ophtalmies du
segment antérieur du globe oculaire, nous a suggéré lïdée, que nous
croyons pratiquement utile pour la généralité des médecins, de diviser
celles-ci en ophtabnies à sécrétion et en ophtalmies sans sécrétion;
celles-ci sont le plus souvent accompagnées de rougeui*, de douleur et de
photophobie avec larmoiement, et ne doivent jamais être traitées par
des collyres à base métallique ; ce sont des kératites, insterstitielles ou
profondes, des iiitis, ou même des iridocyclites qui ne peuvent qu'être
exaspérées par les collyres métalliques : les mydriatiques et les myotiques
eux-mêmes doivent toujours être donnés avec la plus grande circon-
spection et subordonnés à l'emploi de compresses chaudes, de pavot ou
PRÉVENTION DE LA CÉCITÉ. 229
de camomille, et de modificateurs généraux indiqués par la diathèse,
sous la dépendance de laquelle se fait la localisation oculaire.
Les ophtalmies à sécrétion seront toutes heureusement modifiées, par
les lavages fréquents (toutes les heures) avec l'eau phéniquée(Vj5u cou-
pée par moitié avec de Teau tiède).
Ici se i-ange toute la série que nous donnons dans notre tableau statis-
tique : paiTOi les ophtalmies catarrhales aiguës , les trois quarts au
moins guériront par ces seuls lavages, à peu près dans le même temps
que si on les cautérisait méthodiquement. C'est dans celles-ci que les
collyres à base de nitrate d'argent, instillés par gouttes, sont les
moins dangereux, tant que la cornée n'est pas desquamée ; ce sont encore
les formes si fréquentes, puisqu'il y en a d'après le tableau 0,107, qu'on
peut impunément traiter par des collyres quelconques, qui servent à
entretenir la croyance en l'action bienfaisante des caustiques cathéré-
tiques et substitutife ; mais pour peu qu'il y ait sous jeu une légère iritis,
ou même simplement une desquamation limitée de l'épithélium coméen
{\m passent inaperçues, l'ophtalmie cataiThale simple se transforme
aussitôt en une iritis. Celle-ci à son tour peut devenir rapidement fatale
l>ar la fonnation de synéchies qu'un traitement approprié sera ultérieure-
ment impuissant à rompre, et qui nécessiteront plus tard une opération
<riridectomie seule capable de mettre fin aux récidives d'une maladie que
le traitement a exasi)érée, quand il ne l'a pas créée de toutes pièces.
Le.s ophtalmies pumlentes doivent, selon leur forme, être rangées
sous deux chefis principaux ; les unes, les plus nombreuses, sont comme
les ophtalmies catarrhales, justiciables du traitement par les désinfec-
tants; les autres, heureusement rares, sont graves d'emblée ; elles sont
malignes, qu'elles appartiennent ou non aux formes pseudo- membra-
neuses ou diphtéritiques, ou qu'elles reconnaissent une origine blen-
norrhagique ; elles ne guériront jamais, même entre les mains des ocu-
listes les plus soigneux, sans faire courir les plus grands risques à
l'organe qui en est atteint. Heureux ceux qui verront l'ophtalmie puru-
lente maligne se tenniner par une simple perforation.
Les soins les plus assidus et les plus intelligents ne parviendront pas
toujours à limiter la perte de substance de la cornée et à produire un
simple leucome adhérent. Ce sera par la combinaison de moyens sage-
ment employés, tels que la cautérisation des paupières retournées, la
glace, les irrigations désinfectantes, les scarifications, etc., que les ocu-
listes parviendront, à grand peine, à mener à bien une ophtalmie de
cette espèce ; mais que deviendra-t-elle sous l'influence de l'instillation
par gouttes, entre les paupières, d'un collyre au nitrate d'argent, tel
que les ••/„„, des médecins le conseilleront dans ce cas ; la cornée déjà
230 SÉANCE mi SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
serrée par le chémosis conjonctival ue tardera pas à perdre l'épithélium
qui la protège et dans l'espace de quelques heures uu sillon se creusent
en forme de coup d'ongle sur son limbe, et bientôt la nécrose étant
devenue totale, l'œil se videra de tout son contenu et l'atrophie du globe
sera la conséquence de la cautérisation sans cesse renouvelée sur une
partie déjà en voie de transformation nécrobiotique.
Si au contraire ne pouvant, faute de l'expérience nécessaire, retourner
les paupières pour les cautériser méthodiquement et faire le traitement
préconisé par les oculistes dans ces cas, et qui seul pourrait triompher
de cette maladie, le médecin se borne à prescrire des lotions désinfec-
tantes renouvelées toutes les heures, nous n'hésitons pas k proclamer
qu'on aui'a plus de chances, par ce simple traitement, de voir la maladie
se terminer alors, non plus par une nécrose totale de la cornée, mais pai*
une perforation plus ou moins limitée sur un des secteurs périphérique^^
de cette membrane ; si bien que finalement un simple leucome adhérent
justiciable d'une iridectomie succédera à cette perforation, et l'on n'aura
que très exceptionnellement à déplorer la perte irrémédiable del'orgaue
atteint, par formation d'un staphylome total ou même d'une phthisie du
globe, sans compter qu'on n'aura pas couru le danger de faire soi-même
une perforation en essayant de retourner les paupières, manœuvTe qui
dans ces cas demande les plus minutieuses précautions.
Le traitement des ophtalmies granuleuses par les irrigations ou les
pulvérisations d'eau phéniquée à Vasu. coupée par moitié avec de Teian
tiède, nous a donné des résultats que la méthode par le sous-acétate de
plomb, ou les cautérisations légères avec le sulfate de cuivre, la pierre
divine, ne nous avaient pas encore fourni. Cependant nous reconnaissons^
volontiers que ces divers moyens ne sont pas à dédaigner, et il va sans
dire que nous les employons nous-même à l'occasion, de même que nous-
mettons en œuvre un traitement général approprié pour venir à bout
d'ophtalmies si rebelles à toute médication.
Dans les conjonctivites et les kératites phlycténulaires , les abcès
superficiels de la cornée, nous employons avec un très remarquable
succès l'eau phéniquée avec adjonction de collyre d'ésérine (à 0,05 pour
10 grammes d'eau distillée), deux ou trois gouttes par jour pendant
quelques jours, supprimant quelques jours et recommençant ainsi jusqu'il
guérison. Le collyre d'atropine à la même dose et employé de la même
façon, remplace le collyre d'ésérine, dès que nous avons affaire à une
kératite profonde (séreuse avec iritis). Nous ne saurions trop recom-
mander à nos confrères de faire bénéficier leurs malades de cette théra-
peutique simple, hygiénique pouvons-nous dire, que nous avons employée
sur une très large échelle avec des résultats tout à fait satisfaisants, et
PRÉVENTION DE IJl CÉCITÉ. 231
nous coiDsidéroDS que rien n'est plus important que de répandre la notion,
qu'avec l'eau phéniquée employée largement on peut prévenir la con-
tagion de l'ophtalmie purulente et dans certains cas même la guérir.
Quant à la prophylaxie de l'ophtalmie des nouveaux-nés, on a con-
seillé l'emploi de douches vaginables phéniquées, avant et pendant
l'accouchement, et aussi, le croirait-on, Iti csuténsaXion préventive àes
paupières retournées ! Nous nous permettons de réprouver entièrement
ce dernier moyen que nous trouvons injustifiable, mais nous n'oserions
pas affirmer qu'il n'aura pas d'imitateurs.
Nous ajoutons peu foi à la contagion directe de la mère à l'enfant,
par la souillure des yeux lors du passage, et nous croyons bien plutôt h
l'origine catarrhale de l'ophtalmie des nouveaux-nés, et aussi à l'influence
des manipulations dont le nouveau-né est la victime dès sa soilie du sein
maternel ; c'est là qu'il faut, à notre avis, rechercher la cause d'une
ophtalmie catarrhale qui selon, les prédispositions de l'enfant et aussi et
surtout selon les remèdes employés pour la combattre, sera ou une
ophtalmie bénigne ou une ophtalmie grave, à durée variable, quelque-
fois fort longue malgré les soins les plus judicieusement donnés, mais qui
devra toujours guérir si elle est bien soignée .
Dans le courant de septembre 1880, le directeur de l'hospice des
Quinze-Vingts, préoccupé de propager les idées de prophylaxie et de
thérapeutique contenues dans le mémoire que nous avions présenté à la
Société des médecins des bureaux de bienfaisance, obtint du ministère
de l'intérieur l'insertion au Journal des commiuies, d'une note rap-
pelant les précautions ci-dessus indiquées, pour prévenir les eflfets désas-
treux de l'ophtalmie purulente.
Cette note ministérielle pour la rédaction de laquelle nous n'avons
nullement été consulté, a soulevé, dans les gazettes et dans les sociétés
médicales de tous les pays, des polémiques diverses ; elle a eu le privi-
lège de porter l'attention des personnes compétentes sur une question
qui doit à juste titre préoccuper, non seulement les médecins soucieux
de bien faire, mais aussi les hommes d'Etat, sous le patronage desquels
se trouvent placés les établissements de bienfaisance.
Le D' Brière du Havre, le D' Terson de Toulouse, le D' Galézowski de»
Paris à la Société de médecine publique, ont tour à tour saisi le public
des moyens à employer pour diminuer les ravages de l'ophtalmie puru-
lente.
Le D' Brière a déjà obtenu qu'au Havre, où existe un bureau d'hygiène,
les parents fiissent mis en garde contre les dangers de l'ophtalmie puru-
lente par la remise d'une note à toute personne venant à la mairie
faire la déclaration de naissance.
232 SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPl'KMBRE.
La Société de médecme de Toulouse, sur la proposition du D' Terson.
a émis le vœu qu'une pareille note fût affichée dans les bureaux de Tétat
civil de toutes les mairies et qu'en outre elle fût ajoutée au livret dit de
famille.
Le D' Galézowski a demandé avec juste raison que le médecin préposé
à la constatation des naissafices tût tenu de prévenir les parents de la
nature bénigne ou maligne de ^'ophtalmie des nouveaux-nés, afin de
mettre ceux-ci en garde contre les dangei*s d'une maladieque trop souvent
on laisse s'aggraver par ignorance ou incurie.
Nous ne pouvons que donner une entière approbation à ces propo-
sitions, à la condition expresse toutefois que cette note soit succincte et
qu'elle indique des moyens pratiques, faciles à exécuter, aussi bien dans
les communes les plus reculées et les plus privées de secoui^s médicaux
que dans les grands centrer de population. C'est assez dire que la note
ne doit pas avoir la prétention d'indiquer le traitement méthodique des
ophtalmies punilente^, mais bien les moyens prophylactique* à mettre
en œuvre ; elle doit surtout viser le danger qu'il y a à laisser sans
soins une maladie essentiellement curable quand elle est soignée dès le
début.
Si nous avions eu l'honneiu* d'être consulté, lors de la rédaction de la
note ministérielle dite des Quinze-Vingts, nous nous serions bien gardé
de la présenter comme un moyen de traitement de l'ophtalmie purulente,
et nous eussions évité de parler de l'emploi de l'atropine ou de l'ésérine
dont l'indication ne peut être fournie que parl'intervention d'un médecin ;
elle n'aurait mentionné que les pansements antiseptiques, tels que nous
les avons mis en usage nous-même au grand avantage des malades, parce
que dans notre esprit, c'est surtout à l'entourage qu'il importe de faire
connaître les moyens prophylactiques et curatifs de ces terribles aflFec-
tions.
D faut, hélas ! bien des années pour déraciner des préjugés et pour
faire renoncer à des habitudes séculaires qu'il serait pourtant si impor-
tant d'arriver h détruire ; selon nous et d'accord avec les savants con-
frères dont nous venons de citer les noms, le meilleui* moyen d'atteindre
le but serait aussi la rédaction d'un avis officiel rappelant les dangei-s
de l'ophtalmie pm-ulente, qui serait remis soils forme de note aux pei-
sonnes venant faire la déclaration de naissance. Cette note pourrait
figurer sur le livi'et de famille et être conçue en ces termes :
Avis aux parents. Pour prévenu- les dangei-s de l'ophtalmie purulente»
il faut laver les yeux de Tenfant nouveau-né avec un linge propre,
trempé dans l'eau phéniquée à •/j,^, coupée avec moitié eau tiède.
PRÉVEXTION DE LA CÉCITÉ. 23.-»
autant plus fréquemment que les paupières sei^ont elles-mêmes plus
)Uées, et qu'il sortira de leur intérieur une matière plus abondante
>it séreuse, soit purulente.
Lorsque les paupières seront gonflées, on ajoutera à ces lotions fré-
ueiites des applications de compresses froides ou même glacées pendant
uelques heures par jour, et on veillera à ce que le pus ne séjourne pas
ntre les paupières.
A cet effet, on les écartera toutes les heures et on fera pénétrer dans
e cul-de-sac, le liquide désinfectant toujours porté à une température
iède.
L'eau phéniquée à '/js,,, l'eau boriquée à V1..01 1^ benzoate de soude,
e thymol à la même dose, ou tout autre désinfectant suffisamment dilué
)0ur ne pas être irritant, peuvent être employés indifféremment.
NB. n est interdit à toute sage-femme de formuler un collyre quel-
M)nque.
Les parents qui préfèrent suivre les conseils qui leur seront donnés
en dehors de cet avis, seront seuls responsables des complications que
les moyens sus-indiqués sont de nature à prévenir.
Lorsque ces moyens hygiéniques ne suffisent pas à tarir la sécrétion
purulente et à guérir la maladie des yeux, on doit prendre conseil d'un
homme compétent et on a ainsi toutes les chances de voir ce qu'on croit
souvent être un simple roti'p d'air, se terminer par la guérison, au lieu
d'exposer l'enfant qui en est atteint à une cécité partielle qui peut trop
souvent devenir complète et incurable.
Le médecin de l'état civil pourrait êtie invité en constatant la nais-
^nce, à déclarer si le nouveau-né est atteint d'ophtalmie simple, ou au
Contraire d'ophtalmie grave, et si les parents peuvent se borner aux soins
hygiéniques ou s'ils doivent au contraire recourir à un traitement plus
'înergique.
Ces précautions hygiéniques s'appliquent à toutes les maladies des
^eux qui s'accompagnent de sécrétion. Celles-ci sont le plus souvent
contagieuses.
Nous n'hésitons pas à déclarer qu'un pareil avis serait appelé à rendre
ilus de ser\'ices que tel autre indiquant par exemple la manière de soigner
néthodiquement, comme le font les oculistes, les conjonctivites puru-
entes, granuleuses, ou simplement catarrhales, en retournant les pau-
Mères et touchant avec précaution les culs-de-sac avec le crayon mitigé,
.a pierre divine, le sous-acétate de plomb, etc.
L'insertion au livret de famille de la notice ci-dessus a été demandée,
dès le mois d'avril 1882, k la i)réfecture de la Seine par l'intemiédiaire
234 8ÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
(le M. le directeur de l'hospice des Quinze- Vingt s. Il n'est pas douteux
que la commission spéciale de statistique municipale qui en a été smsiei
ne l'accueille favorablement si le Congrès d'hygiène veut bien la prendre
sous son puissant patronage.
M. le D"" RoTu, de Londres, s'exprime ainsi :
Les orateurs qui viennent de parler ont dit tout ce que je voulais dire,
excepté que sur trois cas de cécité deux sont produits par l'ignorance
et la négligence.
L'ignorance se rencontre parmi les mères, les instituteurs et les insti-
tutrices, les ouvriers et finalement aussi parmi les médecins. H faut
donc neutraliser l'eflFet de l'ignorance par l'instruction de cette classe de
personnes. J'ajoute quelques mots sur les dépenses causées par la cédté.
Les 300,000 aveugles en Europe coûtent 100,000,000 (cent millions) de
francs par an. Si on retranche le tiers du premier nombre conmie repré-
sentant les vieillards et les enfants aveugles; restent encore 200,0(K)
aveugles qui sont perdus comme force productive, de telle sorte qu'une
seconde somme additionnelle de cent millions de francs par an se trouve
aussi perdue.
La moyenne de dui-ée de la vie est à peu près de 33 ans. Les 300,0(K)
aveugles auront donc procuré pendant la durée de leur vie une perte
totale de six milliards six cents millions de francs. Si cette perte immense
pouvait être épargnée, on préviendrait en même temps la misère d'un
très grand nombre de malheureux. Les personnes qui ne sont ni hygié-
nistes, ni philanthropes, mais simplement des économistes et des politi-
ques s'intéresseront donc à cette grande œuvre de la prévention delà
cécité, pour empêcher la perte des gi-andes sommes dont je viens de
parler.
Il ne me reste plus qu'à exprimer en mon nom et au nom delà, Society
for the Prévention of BUndness mes remerciements au Comité organi-
sateur de ce congrès pour avoh* porté cette question dans le programme.
U faut aussi que je remercie la Société française d'hygiène, la Société
itaUenne d'hygiène et plusieurs collègues à Londres, à Vienne et à
Genève, qui m'ont aidé dans la préparation du programme.
l'uyoiène des campaones. 235
PROCLAMATION
DU
Prix institué par la Députation provinciale de Turin
AU NOM DU JURY DU CONCOURS
PAR
M. F AU V EL, Président.
Avant de proclamer la décision du juiy, le président fait une rectifi-
cation à regard de M. Overbeek de Meyer qui a été à tort signalé comme
n'ayant pas répondu à la lettre du président. M. Overbeek de Meyer a
répondu, mais sa lettre a été égarée.
M. Eulenberg de Berlin qui n'avait pas répondu s'est présenté et a
été admis à prendre part aux délibérations du jury.
Enfin hier le président a reçu de M. Froben un télégramme de Saint-
Pétersbourg annonçant que, ne pouvant assister au Congrès, il lui remet-
tait sa voix, mais ce télégramme nous étant parvenu après la décision
prise par le jury il n'a pas été possible de donner suite à la demande de
M. Froben.
En définitive, le jury composé de neuf membres s'est prononcé à
ronanimité pour accorder le prix à M. le D' Layet, professeur d'hygiène
à la Faculté de médecine de Bordeaux.
Le jury a chargé M. le D' Félix de Bucarest de présenter le rapport
par lequel sa décision est motivée.
Je prie M. le président d'accorder la parole à M. le D' Félix pour
donner lecture de ce rapport.
Messieurs,
Dans sa dernière séance, à laquelle assistaient MM. A. Fauvel, prési-
dent, P. Dunant, H. Eulenberg, J. Félix, V. Georgevitch, H. Liouville,
van Overbeek de Meyer, H. Pacchiotti, Z. Petresco et E. Pinchia, délé-
gué du Conseil provincial de Turin, comme secrétaire, le Jury du con-
cours institué par le Conseil provincial de Turin au sujet de l'ouvrage le
phis utile à l'hygiène des campagnes, m'a fait l'honneur de me charger
28() 8ÉAKCK DU SAMEDI 9 8£1>TKMBRK.
(le rendre compte des résultat? du concours: je viens aujourd'hui
ra'acquitter de ce devoir.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler les indications que notre érainent
président, M. Fauvel, a fournies dans la première séance générale du
Congrès actuel, et qu'il a renouvelées dans nos deux séances. Comme il
vous l'a appris, trois auteurs se sont présentés au concours; quels que
soient les mérites que nous aimons à reconnaître chez deux des concu^
rents, il ne paraît pas possible que les ouvrages qu'ils nous ont pré-
sentés puissent être comparés à celui du troisième candidat, M. le D'A.
Layet, professeur d'hygiène à la Faculté de médecine de Bordeaux. D
s'agit en effet, pour les deux premiei's, de travaux n'embrassant qu'un
petit côté de l'importante question soulevée et ne donnant que des
développements élémentaires aux diverses parties de ce vaste sujet:
sans doute leur utilité est grande, et les colons algériens auxquels l'un
d'eux s'adresse, comme l'instruction et l'éducation rurales qu'a eu en
vue le second, ne peuvent que retirer grand profit de cette lecture et
des enseignements qui s'en dégagent. Cependant vous me permettreK,
Messieurs, de ne pas m'y an*èter davantage, puisque le concours, que
nous sommes appelés à juger a été l'occasion d'un ouvrage aussi impor-
tant et aussi complet que celui de M. le D' A. Layet.
Vous avez tous lu, sans doute, cette étude de la vie matérielle des
campagnards en Europe, qui ne néglige aucune des particularités si
diverses du sujet et s'occupe aussi bien des individus que du milieu et
des conditions variées dans lesquelles s'écoule leur existence. M. Layet
en effet, examine successivement aussi bien les habitations, les vête-
ments, l'alimentation, tout ce qui intéresse le milieu intérieur du paysan,
que la salubrité du pays et du voisinage des habitations. De plus, il
passe en revue les travaux et les maladies des campagnards, après avoir
tout d'abord éclairé par des recherches démographiques du plus haut
intérêt le problème qu'il avait à résoudre. Il faut en effet savoir en pre-
mier lieu ce qu'il en est au juste de cette vie à la campagne, de sod
influence sur la population et de l'importance qu'acquiert son abandon
sur la vitalité et la force générale du pays. Le livre de M. Layet est
rempli à cet égard de recherches originales et précieuses. D n'est pas
seulement un guide pour les médecins et pour les administrateurs que
ces graves sujets préoccupent à si juste titre, puisqu'on a pu dire en
toute vérité que « les paysans sont les racines de l'arbre national, » il
est aussi une remarquable étude de médecine sociale, au vrai sens du
mot, d'hygiène par conséquent, telle que nous l'entendons aujourd'hui.
Nous ne saurions donc tro]) faire remarquer combien l'œuvre qui nous
est soumise, par l'élévation de son style et de ses pensées, par le carac-
l'hYCUÊNE des CAM1»AGNE8. 237
tère rigoureusement scientifique et précis des recherches et des ensei-
gnements qu'elle renferme, par la solution si judicieuse qu'elle propose,
feit honneur non seulement à son auteur mais encore au Conseil provin-
cial de Turin qui a pris Tinitiative de ce concours.
En décernant le prix à M. le D' A. Layet, nous félicitons le Conseil
provincial de Turin de ce que sa libérale générosité a produit un résul-
tat aussi satisfaisant et nous pouvons lui certifier que le travail que nous
le prions de récompenser est vraiment digne de ses préoccupations
humanitaires.
D'autre part, le jury est heureux de reconnaître dans le lauréat de ce
concours le professeur distingué et dévoué qui a créé l'enseignement de
l'hygiène à la Faculté de médecine de Bordeaux, en donnant à cet ensei-
gnement le programme si complet que nous avons tous chaleureusement
applaudi au Congrès international d'hygiène de Turin, et qui est à la
tête des progrès de l'hygiène publique dans une des plus importantes
parties de la France.
Le conseil provincial de Turin, en instituant ce concours, pouvait sans
doute susciter quelques travaux élémentaires sur la question ; il a la
bonne fortune d'avoir suggéré et d'avoir à couronner l'œuvre achevée
d'un maître.
En conséquence nous vous proposons. Messieurs, d'adopter la conclu-
sion suivante :
Le jury du concours institué par le conseil provincial de Turin, lors
du Congrès international d'hygiène de Turin, à TefiFet de décerner, au
Congrès international d'hygiène de Genève en 1882, un prix de 2500 lires
italiennes à l'auteur du meilleur ouvrage utile à l'hygiène des popula-
tions des campagnes, déclare que le livre de M. le D' A. Layet, profes-
seur d'hygiène à la Faculté de médecine de Bordeaux, sous le titre de
« Hygiène et maladies des paysans, Paris 1882 » satisfait complètement
aux conditions du concours et en conséquence le jury lui décerne le prix.
Approuvé dans la séance du 8 septembre 1882.
Fauvel, D' Vladan Georoévitch, D' Eulenueru, Pac-
cmoTTi, D' Féijx, Henri Liouviu^e, D' Petkesco,
V.-O. de Meyer, P.-L. Ditnant.
En conséquence, ajoute M. Fauvel, je suis chargé comme président
du jury, de déclarer devant le congrès, que le prix de 2500 lires italien-
nes institué par la députation provinciale de Turin en faveur du meil-
238 8KANCE DU SAMEDI 0 SEPTEMBRE.
leur ouvrage sur l'hygiène des populations rurales, est accordé à M. le
D*^ Layet, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux.
Cette déclaration est accueillie par les applaudissements unanimes de
l'assemblée et M. Layet reçoit les félicitations de tous.
M. A.-J. Martin lit au nom de la commission internationale le rapport
suivant :
liAPPORT
SUR
L'EXPOSITION INTERNATIONALE D'HYGIÈNE
Au nom d'une Commission composée de
MM. Briquet, Boorrit, Demanrex, Danant, Pagliani, Bapin, Vallin,
Van Overbeek de Meyer, Vasserfahr
ET
A.-J. MARTIN, Rapporteur.
Messieui-s,
Sur la proposition qui lui en a été faite, le bureau du Comité général
du Congi*ès international d'hygiène de Genève en 1882, a chargé hier
une commission, composée de MM. Briquet, Bourrit, Demaurex,
Dunant et Rapin, membres de la sous-commission de l'Exposition, aux-
quels ont été adjoints par désignation spéciale MM. Pagliani, Vallin,
Van Overbeek de Meyer, Vasserfuhr et A.-J. Martin, de vous présenter
un rapport sommaire sur l'Exposition internationale d'hygiène annexée
au Congrès ; au nom de cette commission, j'ai l'honneur de vous pré-
senter les résultats de ses délibérations.
La commission, Messieurs, s'est trouvée tout d'abord dans l'obliga-
tion de donner à son rapport un caractère en quelque sorte général ;
l'Exposition en effet ne comporte pas de récompenses spéciales, comme
il arrive le plus souvent dans les œuvres de ce genre, et nous ne sau-
RAPPORT 8UR l'eXPOSITION d'hYGIÈNE. 239
rions faire office de jury sans sortir des limites que le programme nous
a imposées ; nous ne pouvons en conséquence que vous signaler certains
points spéciaux de cette Exposition concernant les progrès de la direc-
tion actuelle des recherches de la science sanitaire ; nous devrons ensuite
fiûre ressortir l'enseignement qui s'en dégage, et vous présenter enfin
quelques conclusions qui puissent être soumises à vos suffrages si auto-
risés.
L'Exposition actuelle, que vous avez tous visitée. Messieurs, à plu-
sieurs reprises, a été préparée dans des conditions bien difficiles, il
importe tout d'abord de le déclarer. Elle ne pouvait offrir à la majo-
rité des exposants les satisfactions matérielles auxquelles ils sont géné-
ralement habitués, et il était avant tout nécessaire de faire comprendre
à ceux-ci l'intérêt, plus grand assurément pour eux, qu'ils étaient
appelés à retirer de l'examen des savants éminents en tant de spécia-
lités différentes que l'étude de l'hygiène réunissait en Congrès interna-
tional à Genève. A cette difficulté s'en adjoignaient plusieurs autres,
telles que l'état de la législation suisse sur les brevets d'invention, la
Irièveté du temps assigné pour la préparation des envois et les disposi-
tions déjà prises dans certains autres pays voisins. Les expositions fré-
quemment renouvelées sont en effet devenues une nécessité de notre
civilisation actuelle, telle que l'ont faite l'amélioration et les facilités de
la vie ainsi que les incessants progrès scientifiques en notre siècle ; en
1880, une Exposition nationale à Bruxelles réunissait un grand nombre
d'objets intéressant l'hygiène, de même à Milan en 1881, à Zurich et à
Turin l'année prochaine. Mais c'est surtout à Berlin qu'une collection
d'appareils, d'instruments et de travaux d'hygiène, collection des plus
importantes et des plus remarquables, avait été réunie dans ces derniers
mois, lorsqu'un implacable incendie réduisit en cendres, dans l'espace
de quelques heures et à la veille de l'ouverture, les travaux sanitaires
de plusieurs générations de l'Allemagne. Votre commission, Messieui-s,
a voulu consigner à cette place l'expression de ses vifs regrets pour ce
malheur public ; elle fait des vœux pour que l'Exposition d'hygiène qui
se prépare sur le même emplacement pour le printemps de 1883,
réponde aux courageux et persévérants efforts de ses organisateurs, et
permette de réunir de nouveau l'ensemble si complet, qui a été si mal-
heureusement et si promptemeut anéanti. (Vive adhésion.)
Les circonstances ne semblaient donc pas favorables pour l'organisa-
tion d'une exposition, même restremte, consacrée à l'hygiène à l'occa-
sion de notre Congrès ; le comité d'organisation, confiant dans cette
admirable marche en avant de l'hygiène publique dont nos réunions
bisannuelles enregistrent les étapes chaque fois mieux remplies, n'a pas
24() SÉANCE DU MAMËDI 9 8EPTEMBRK.
craint cependant de faire appel de divers côtés à tous ceux dont les
objets et les travaux rentraient dans le programme qu'U avait tracé.
Vous avez pu voir, Messieurs, comment il avait été répondu à cet appel;
vous avez surtout reconnu, il nous semble, avec quel zèle et quel dévoue-
ment, avec quel goût et quelle clarté l'Exposition a été disposée dansk
magnifique établissement obligeamment prêté par l'administration mili-
taire ; aussi le comité d'organisation, et plus particulièrement MM. Du-
nant. Briquet, Demaurex, Boissonnas et Massip, ont-fls droit à tonte
notre reconnaissance. (Très bien !)
Combien n'avez-vous pas été frappés en effet de l'intérêt qui s'atta-
che à la réunion, même momentanée, de tout ce qui a quelque rapport
avec l'amélioration et la préservation de la santé î Sans doute, la part
n'a pas été fait<?, pour cette fois encore, à l'hygiène seule, et diva?
exposants n'ont pu se résoudre à ne plus glisser quelques produits plus
commerciaux que vraiment hygiéniques sur les tables et les murs d'une
Exposition aussi spéciale; telle qu'elle est cependant, celle-ci offire
du moins cette particularité, à laquelle maints exemples même récents
donnent encore plus de valeur, à savoir que la très grande majorité des
objets exposés a pour but unique des préoccupations exclusivement rela-
tives à la santé.
L'ensemble de l'exposition de la ville de Paris et du département de
la Seine occupe, vous le savez. Messieurs, la plus large place dans cette
Exposition ; elle en remplit près de la moitié. Vous savez avec quelle
intelligence, quel art et quel goût elle a été disposée par M. Durand-
Claye et MM. les ingénieurs Masson et Corot. Ce que vous y ayez sur-
tout distingué sans nul doute, ce sont les progrès considérables réalisés
depuis plusieurs années pour la salubrité de la ville de Paris, afin d'assu-
rer à ses habitants de tous âges et de toutes conditions les améliorations
sanitaires qui font l'objet de la constante sollicitude de ses édiles et de
son administration. Mais cette partie de l'Exposition, quel que fût l'intérêt
de ses détails, valait surtout par la réunion de ses diverses parties dans
une même intention ; c'était en quelque sorte un diramutif de ce que
doit être désormais une exposition d'hygiène. (Très bieti !)
Assurément il n'est pas inutile de connaître ce qui convient le mieux
li notre alimentation ou à notre défense contre les variations atmosphé-
riques ; de même il faut savoir apprécier quelles seront, pour les diverses
situations de la vie, ce qu'un illustre habitant des environs de Genève
appelait il y a déjà longtemps, les commodités de l'existence. Mais com-
bien il importe davantage de rechercher et de voir comment nous pou-
vons augmenter notre résistance organique, comment de l'air et de l'eau
purs peuvent et doivent être mis constamment à notre disposition et
RAPPORT SUR i/eXPOSITION d'hYGIÊKE. 241
:omment nous pouvons lutter avec succès contre tant de maladies
lont on peut dire aujourd'hui que Thygiène apprend et parvient désor-
nais à les faire éviter.
L'hygiène de l'enfant à la naissance bénéficiera, nous n'en pouvons
louter, de cet appareil singulier, construit par M. Odile Martin à la
lemande de M. le professeur Tarnier, afin de placer les enfants non
încore à terme ou trop faibles au milieu d'une température constante ;
«tte mère artificielle, conmie on l'a appelée avec quelque exagération,
i donné déjà des résultats satisfaisants et la commission espère qu'ils se
»ntiimeront pendant les périodes si difficiles du premier âge. De même,
1 serait injuste de ne pas signaler les succès obtenus par M. le profes-
leur Parrotpoui l'alimentation directe au pis de l'ânesse desenfants syphi-
itiques dans la nouvelle Nourricerie de l'Hospice des Enfants-Assistés
i Paris. Nous appelons aussi l'attention sur la judicieuse installation de
a Laiterie modèle de Lancy, dans la banlieue de Genève; l'alimenta-
iou des animaux à Taide d'une nourriture spéciale et constante, les
iispositions si salubres des bâtiments, leur méticuleux entretien de pro-
)reté permettent d'y obtenir l'intégrité de ce liquide précieux, mais si
;usceptible aux influences atmosphériques, et dont on ne saurait trop
airveiller le commerce. Les intéressants essais présentés par le direc-
:eur de cet établissement, M. Haccius, sur la coagulation de diverses
îspèces de lait, soulèvent de multiples questions dans le détail des-
quelles nous ne pouvons entrer et qui montrent tout au moins de quelle
)bscui-ité est encore entouré, au point de vue de l'hygiène, le problème
le Talimentation ailificielle, dans les cas aussi rares que possible oii
»lle-ci doit remplacer l'allaitement maternel ; ces recherches indiquent
:outefois, et nous tenons à le constater ici, dans quelle voie scientifique
'administration de cet établissement s'est engagée.
La commission rappelle aussi les bienfaits obtenus dans la population
le la ville du Havre par le Dispensau-e pour enfants malades de M. le
y Gibert, et elle aime à signaler le mérite et l'intérêt des plans exposés
)ar M. Blondel pour la constiniction à Mulhouse d'un Dispensaire des
)lus complets, également pour les enfants.
L'hygiène scolaire, en dehors des plans et modèles d'écoles des villes
le Paris et de Genève, écoles qui sont depuis quelques années comme le
uxe de ces deux cités, et des plans plus ou moins analogues de quelques
îlles moins importantes, était surtout représentée par divers modèles
le bancs et de tables. Sans vouloir émettre une opinion formelle, que le
caractère de l'Exposition ne lui permet pas de formuler, la commission
ient à faire remarquer que la plupart de ces modèles sont conformes
LUX règles spéciales posées par les hygiénistes qui se sont le plus parti-
16
244 8KAXCE DU KAMRDI 9 8KPTEA1IIRE.
Les hôpitaux dont les plans sont exposés répondent presque tous au
système de M. ToUet, dont nous voyons la réalisation la plus complète
dans ce nouvel hôpital en construction à Montpellier, où seront épar-
pillés sur une surface de neuf hectares des pavillons pour 600 malades,
élevés suffisamment au-dessus du sol pour disposer sous les planchers de
vastes promenoirs couverts, ainsi que les emplacements dastinés à rece-
voir les appareils de chauffage ; de plus, cet étAblissement comprend
trois pavillons d'isolement, une maternité, une infirmerie de maternité
et une étuve à désinfection.
Nous n'avons pas à vous décrire le système de M. ToUet ; nous ajou-
terons seulement qu'il marque conune une date dans l'hLstoire des
progrès de l'hygiène hospitalière, car il permet la dissémination et l'Iso-
lement des malades et substitue aux lourds et coûteux édifices anciens,
si encombrés de matériaux, des constructions moins coûteuses, aérées
et salubres. Nous en dirions autant du type très remarquable présenté
par M. Tollet pour la construction d'un casernement de cavalerie. Cet
ingénieur a d'ailleurs fait ses preuves dans les divers hôpitaux et casernes
qu'il a déjà construits en France et à l'étranger; c'est également
d'après ses données que se construisent les nouveaux hôpitaux si bien
conçus par M. le D' Ballotta et M. l'architecte Piana pour la ville de
Lugo di Romagna en Italie, et l'hôpital du Havre, en France, dont on a
pu voir les plans à l'Exposition. Mentionnons également les excellents
pavillons d'été, présentés par l'administration de l'hôpital cantonal if^
(ienève et les modèles et dessins d'une ambulance mobile démontable
que l'Association des dames de la Charente-Inférieiu'e a soumis à votr^^
examen.
On a pu voir à l'Exposition et nous ne devons pas les oublier, quelqueé==
détails d'hygiène hospitalière offi'ant un très grand intérêt, aujourd'huri
(lue l'on exige à si juste titre pour les salles de malades et les malade^
eux-mêmes la propreté la plus complète et la destruction aussi radicale
que possible de tous les germes infectieux dont les recherches scienti-^
fiques les plus rigoureuses apprennent chaque jour davantage à se pré-^
munir ; à ce titre, la table à opérations de M. le D' Julliard marque un»-
incontestable progrès, parla facilité de son nettoiement, sur le mobilie
de couchage, généralement encore adopté pour cet usage ; quant à.
l 'étuve à désinfection de MM. Geneste et Herscher, il nous suffira d^
dire qu'elle a recueilli les suffrages unanimes de la Société de médecine^
publique de Paris.
Avant d'entrer dans le local de l'Exposition, vous avez remarqué
deux voitures pour le transport des malades, l'une pour les contagieux
que la ville de Paris a fait récemment construire sur le modèle de la
RAPPORT SUR l'exposition d'hygiène. 245
ville de Bruxelles dont nous avons retrouvé la photographie sur les
murs de TExposition, et l'autre présentée par M. Keller. Ces voitures
ne dénotent pas seulement la réalisation d'une mesure depuis longtemps
réclamée par l'hygiène, car celle-ci ne saurait comprendre qu'un con-
tagieux soit transporté à l'hôpital dans la voiture où chacun pourra
retrouver, comme cela est arrivé si souvent, le genne de la maladie ;
mais de plus, les voitui*es exposées indiquent une recherche sagace des
conditions que des véhicules de ce genre doivent remplir. Celle de
M. Keller est plus spacieuse sans que le poids en paraisse augmenté ; le
modèle de la ville de Paris porte un appareil de chauflFage d'un grand
intérêt pratique. Néaimioins la commission pense que les voitures de
tmusport pour les malades atteints d'aflfections transmissibles pourraient
être construites avec plus de simplicité, tout en ayant autant de confort,
et qu'il est nécessaire de les établir de telle sorte qu'ell(»s puissent faci-
lement passer par l'étuve à désinfection. (Très bien !)
Une annexe de l'Exposition comprenait une ambulance cpmplète du
département militaire fédéral suisse ; ayant la bonne fortune de nous
trouver au berceau de la Croix Rouge, nous ne saurions émettre sur
cette partie si intéressante et si remarquable de l'Exposition aucune
opinion particulière ; la commission remercie le département militaire
fédéral d'avoir bien voulu montrer de nouveau avec quel souci de la vie
du soldat en campagne son matériel est institué ; et si la commission a
été heureuse de constater l'excellent état de celui-ci, elle se permet aussi
de féliciter ceux qui l'ont organisé d'appartenir à une nation dans laquelle
ce matériel a de si rares occasions d'être utilisé (ApjilaKdissenients).
Nous tenons aussi à remercier M. le médecin en chef Ziegler d'avoii*
exposé cette importante collection de chaussui^es des diverses années de
l'Europe et ces spécimens d'empreintes et de profils de pieds de recrues, à
propos desquels une discussion très intéressante s'estélevée dansl'unedes
sections du Congrès ; cette question est vraiment grave, non seulement
au point de vue de la marche du soldat, mais elle importe également à
l'intégrité du point d'appui du squelette ; aussi la réforme de la chaus-
sure doit-elle être inscrite à tous les Congrès d'hygiène ; puisse-t-elle
lutter avec succès contre l'influence de la mode, toujours si puissante et
comme innée chez l'une et l'autre moitiés du genre humain.
Parmi les appareils de secours, la commission signale l'intérêt que
présente la boîte de secours pour les blessés envoyée par la nouvelle
« Union des femmes de France. » Elle mentionne aussi le four nouveau
pour la cuisson du pain des troupes en campagne, de MM. Geneste et
Herscher, les respirateurs de M. le D' Kegnard et de M. GaUbert et
l'appareil de M. le D' Michel pour prévenir les accidents chez les ouvriers
246 8ÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
travaillant dans Tair comprimé, ainsi que de nombreux appareils de
sauvetage, parmi lesquels Tensemble si remarquable de M. Lieb (de
Biberach), les diverses échelles portatives dont Tune envoyée par cet
exposant; un porte-amarres fort ingénieux de M. Giron ; les flambeaux
inextinguibles de M. Hedmann, etc. ; ces appareils ont été expérimentés
devant vous, et l'état-major du corps des sapeurs-pompiers de Genève
ne manquera pas assurément de i*eudre compte de ces essais avec une
compétence que la commission ne saurait avoir.
Avant de continuer cette courte revue, qu'il nous soit pennis de remer-
cier aussi les fabricants qui ont bien voulu répondre à l'appel du comité eu
exposant de nombreux appareils et instruments de science et de chirur-
gie, qui, s'ils ne s'adressent pas directement à l'hygiène, n'en ont pas
moins présenté un grand intérêt pour la plupart d'entre nous; on y a en
particulier remarqué l'importance de plus en plus grande prise par les
pansements antiseptiques, poui' le plus grand profit de la salubrité des
hôpitaux, ainsi que les nombreux instruments imaginés par M. le D'
Burq tant pour l'étude de la respiration que pour assurer à la pratique
de la vaccination, à l'aide de ces nouvelles vaccineuses. une «extension et
à la fois une sécurité plus grandes.
L'Exposition offrait enfin, au point de vue de l'hygiène et de l'assai-
nissement des villes, un intérêt tout particulier, grâce au très remar-
quable ensemble envoyé parla ville de Paris, grâce aussi aux plans si com-
plets qu'avait présentés la ville de Lille et à un certain nombre de plans
plus restreints adressés par quelques autres villes, notamment par Pra-
gue et Milan.
L'hygiène urbaine, surtout en ce qui se rapporte à l'évacuation de.s
immondices, a donné lieu à une discussion trop brillante et trop appro-
fondie dans l'une des sections du Congrès pour que nous ayons à y reve-
nir ici ; les divei-s appareils exposés, soit par M. Amoudruz pour prati-
quer la vidange hydraulique suivant un procédé particulier à la ville de
Genève, soit par M. Fatio, par MM. Meyer-Buette pour la désinfection
des fosses, les siphons à réservoir de M. Guinier, les closets de M. Goux.
etc., offrent tous un intérêt assez grand pour qu'on puisse espérer de
bons résultats de leur pratique, lorsque celle-ci sera prolongée. D faut
la sanction de l'expérience pour juger de tels procédés ; aussi la commis-
sion ne saurait-elle empiéter sur les discussions des sections du Congrès
k cet égard. Mais ce qu'elle retient tout d'abord de l'exposition de la
ville de Paris, c'est surtout comme la révélation des moyens multiples
qu'une ville possède pour pratiquer et assurer son assainissement. C'ast
ainsi que l'analyse de l'air et des eaux, l'étude des variations de sou
atmosphère sont pratiqués, à chaque minute pour ainsi dire, avec tant
RAPPORT SUR l'exposition d'hyoiène. 247
de sagacité et de zèle, nous le savons tous ici, à TObservatoire de Mont-
souris par MM. Marié-Davy et Miquel ; d'autre part, vous avez pu com-
parer de nombreux appareils d'élévation, de réserve et de distribution
publique pour les eaux potables et les eaux d'arrosage, les appareils de
nettoyage, les divers types d'urinoirs sur la voie publique, les appareils
de vidange, les égouts et les nombreux outils nécessaires à leur curage ;
M. Durand-Claye vous a enfin montré par un très intéressant modèle
comment il entendait la transformation d'une fosse fixe en écoulement
direct à l'égout et il a également fait ressortir par divers appareils et
par des exemples aussi concluants à la vue qu'au toucher, exemples qui
n'étaient pas la partie la moins recherchée de l'Exposition, les indiscu-
tables résultats obtenus à l'aide de l'épuration des eaux d'égout par le
sol dans la presqu'île de Gennevilliers. (Très bitn ! Très bien !)
La prophylaxie a trouvé également matière à de précieuses études
dans l'exposition détaillée des instruments employés, sous l'active et
dévouée direction de M. Charles Girard, au Laboratoire municipal de
chimie de la Préfecture de police, pour les recherches des falsifications
des substances alimentaii-es, de même que dans les projets de postes de
secours, de kiosques avertisseurs présentés à votre examen par cette
même administration; les installations frigorifiques de MM. Carré,
Mignon et Rouard à la Morgue, dues aux efforts de M. Brouard et pla-
cées sous son habile et savante dii*ection, installations frigorifiques grâce
auxquelles toute odeur putride a disparu dans cet établissement, niéri-
tent, ne fût-ce qu'à ce point de vue, une attention toute spéciale dans
une réunion consacrée à l'hygiène. (Bravos !)
Enfin M. le directeur de l'Assistance publique à Paris a bien voulu
attirer l'attention par divers plans, modèles et documents d'un haut
intérêt, sur les ressources que son administration possède pour les secours
aux malades et sur ses efforts en faveur de l'hygiène hospitalière ; vous
aurez remarqué à cet égard, comme installations nouvelles, la nourricerie
du Dépôt des Enfants-Assistés et la couveuse de la Maternité. (Très
bien !)
Cette exposition de la ville de Paris, coroborée par les plans des tra-
vaux publics entrepris à Lille, par ceux de l'écoulement direct à l'égoût
avec irrigation récemment réalisé dans une toute petite ville de la Silé-
sie, à Buntzlau, est, vous l'avez tous proclamé. Messieurs, à plusieurs
reprises, d'une très grande portée et d'un très haut enseigne ment.
L'assainissement de la mort, qui comporte en premier lieu, au point
de vue de l'hygiène, l'anéantissement aussi prompt que possible des
débris cadavériques, soit par l'incinération, soit par l'inhumation en
terrains appropriés, était également représenté à l'Exposition ; on a pu
248 8ÉANCK DU SAMKDI H SEPTEMBRE.
y consulter avec intérêt des plans de crématoires, notamment ceux
envoyés par M. Siemens pour l'Allemagne et par la Société de Milan, la
maison mortuaire de Lucques en Italie et les plans de cimetières que
M. Gosse montrait à Tappui des opinions très appréciées qu'il a émises,
dans Tune des sections, sur le choix d'un terrain pour cet usage.
L'hygiène, grâce assurément à l'institution des Congrès internationaux,
a désormais sa place assurée dans notre organisation sociale et vous avez
été frappés des nombreuses applications que les progrès des diverses
sciences lui peimettaient déjà d'avoir. Vous en avez eu également la
preuve dans les nombreux documents qui garnissaient de longues tables
de l'Exposition et oîi vous avez reconnu les travaux de démographie, ce
flambeau, cet éclaireur de l'hygiène, des services de Bruxelles, deBuda-
Pesth, de Paris, de Rome, de Turin, de Berlin, de Berne, de Copenhague,
de New-York, etc., en même temps que vous avez eu la satisfaction d'y
retrouver les noms des Janssens, desBertillon, des Kôrôsi, des Lombard,
des Dunant, des Kummer, des Eulenberg, des Bodio, des Pagliani, des
Sormani, des Toscani, des Parola,des Haiiser, des Blasius. des Félix, etc.
Vous avez aussi pu étudier avec fruit les si remarquables tableaux de
la criminalité en France dus à MM. les docteurs Lacassagne et Couette,
tableaux faisant connaître toute une voie nouvelle de recherches fécondes
dans laquelle est entré le savant professeur de médecine légale de la
Faculté de médecine de Lvon. (Bravos.)
Il nous est impossible d'insister sur les travaux si nombreux pré-
sentés sur la géographie médicale au point de vue des épidémies par
MM. Janssens, Sormani, Boun-u, Delcominète, etc. ; les comptes renduî?
du Congrès les enregistreront pour la section où ils auront été présentés,
de même que les délibérations des diverses Sociétés d'hygiène dont le
nombre s'accroît de plus en plus.
Toutefois la commission nous a imposé l'obligation de signaler à votre
attention, dans Tespoir que cet exemple sera suivi par les divers pays
dans les prochains Congrès internationaux d'hygiène, le volume qui vous
a été distribué sur l'étude et les progrès de l'hygiène en France depuis
quatre années, volume publié par la Société de médecine publique .et d'hy-
giène professionnelle de Paris à l'occasion du Congrès actuel. (îVè«&ie?j/j
Nous n'en attendons qu'avec plus d'impatience l'ouvrage analogue
préparé également pour le Congi*ès par la Société italienne d'hygiène et
qui va bientôt vous être envoyé ; des retards tout matériels l'ont seuk
emporté sur l'activité et le dévouement bien connus de son bureau et
particulièrement de son infatigable secrétaire général, le D' Fini ; soyez
assurés, Messieurs, que vous ne perdrez rien à attendre. (Très bien !)
Chaque jour de nouvelles administrations sanitaires sont crées sur
RAPPORT SUR l'expohition d'hygiène. 249
îvers points de l'Europe et de suite ces administrations, fortes des tra-
lux de leurs devancières, sont à même de rendre de nombreux services ;
?puis le Congrès de Turin, nous avons ainsi à mentionner l'organisation
^^finitive des services d'hygiène à Berlin pour l'Empire allemand, à
Washington pour les Etats-Unis, à Rome^ au Havi-e, à Nancy et à Reims,
ir le modèle et d'après les résultats si favorables des bureaux d'hygiène
î Bruxelles et de Turin, ainsi qu'un service de statistique municipale à
aris. Vous avez pu voir entin, Messieurs, avec quelle générosité, quel
?le et quelle compétence le Conseil municipal de cette dernière ville
efforçait d'y réaliser les améliorations sanitaires, zèle et compétence
ont vous avez eu des preuves en écoutant les conférences — manifesta-
ion si significative et si digne d'imitation — qu'ont eu l'obligeance de
lous faire sur divei'ses branches de l'administration de la ville MM. les
onseillers municipaux Cernesson, Bourneville et Loiseau, MM. les D"
Sapias, Durand-Claye et Ch. Girard qui, chacun dans la sphère de leurs
attributions respectives, rendent des services constants à l'organisation
îiaaitaire de Paris. L'Exposition, grâce à ces commentaires si éloquents
et d'une compétence si reconnue, doit à nos collègues une grande part
de son succès ; la Commission vous propose de leur en adresser toutes
vos félicitations. (Vifs applaudissements,)
Cette exposition en eflFet, Messieurs, a eu un très grand succès que
nous tenons à constater en teiminant ; car en dehors des nombreuses
visites que les membres du Congrès lui ont faites, elle a été chaque jour
parcoiunie par un grand nombre de personnes ; et si vous nous permettez
l'emprunter aux chiffres l'éloquence qu'on se plaît à leur attribuer, nous
^ous signalons la journée d'avant-hicr jeudi, où une recette de près de
500 francs a été effectuée, représentant un millier de visiteurs ; si bien
lue, contrairement à ses prévisions, le Comité d'organisation a aujour-
i'hui la certitude de couvrir ses frais en très grande partie, sinon en
otaUté. Il faut faire honneur, Messieurs, pensons-nous, de ce très
•emarquable succès à la population genevoise, au développement que ses
diles ont donné à l'instruction et au désh- d'apprendre, et aussi au
haleureux appel que ses représentants lui adressaient dans là séance
'ouverture du Congrès, lorsqu'ils lui faisaient si bien comprendre dans
iiel but nous étions ici réunis. (Très bien ! Très bien !)
H est un souhait que vous avez assurément tous fait. Messieurs, en écou-
mt ce compte rendu, déjà trop prolongé et cependant si succinct ; c'est
l'un tel moyen d'enseignement soit vulgarisé ; vous penserez sans doute
vec la commission que les prochains Congrès internationaux d'hygiène ne»
luraient manquer de réunir des Expositionssemblables, plus développées
icore, et qu'il convient en outre de prendre modèle sur l'exemple ainsi
250 8EANCE DV SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
donné pour créer auprès de toutes les chaires spéciales d'enseignement de
l'hygiène, dans les Écoles, Facultés et Universités, des collections de ce
genre. (Bravos.)
Les instruments exposés par M. le D' Bertin-Sans, qu'il vient d'ima-
giner pour le Musée d'hygiène créé et annexé par lui à son cours dek
Faculté de médecine de Montpellier, y trouveraient assurément aussi
leur place aussi bien que les boîtes du musée scolaire de leçons de choses
de M. le D' Safifray, sorte de petit musée d'hygiène propre à éveiller dans
ce but l'intelligence des enfants et à stimuler à cet égard le zèle des
instituteurs.
Vous partagerez enfin l'avis de la commission, Messieurs, en insistant
de tous côtés sur l'ui-gence et la nécessité de musées municipaux
d'hygiène, afin qu'on puisse partout trouver réunies en un centre com-
mun , disposé à cet eflfet, les multiples résultats déjà acquis par les
recherches et les méthodes de l'hygiène ainsi que les preuves de la mise
en œuvre en quelque sorte des services d'assainissement, de prophylaxie
et de salubrité dans les villes et les campagnes. Ces musées d'hygière
doivent aussi devenir une institution permanente, convenablement dotée;
tel est le vœu de la commission ; elle croit ainsi répondre à vos coustanLs
eflForts, pour le plus grand profit de l'instruction populaire et des progrès
de l'hygiène, cette sauvegarde de la vie humaine, cette science de la paL\,
dont l'action n'a pas d'autre but, pour tous les peuples, que la vitalité
et la prospérité nationale. (Applaudissements prolongés,)
M. le D' Bœrnek (de Berlin) prend la parole pour annoncer à l'as-
semblée que le désastre qui a détruit à Berlin, en mai 1882, les bâtiments
de l'Exposition d'hygiène et une grande partie des produits exposés,
n'empêchera pas que l'Exposition ait lieu. Surmontant tout décourage-
ment, le comité s'est immédiatement remis à l'œuvre. De nouvelles et
solides constructions s'élèvent déjà et l'Exposition s'ouvrira au printemps
de 1888. Ce sera un véritable monument hygiénique international et le
D' Bœruer demande à tous ses collègues de lui accorder leur bienveillant
appui.
L'assemblée toute entière accueille avec de chaleureux applaudisse-
ments cette déclaration et le président se fait son interprète en expri-
mant, au nom de tous, sa sympathie pour le désastre éprouvé et sou
admiration pour l'énergie de ceux qui n'ont pas hésité à poursuivre la
réalisation de cette grande entreprise.
CnilMATION. — FALSIFICATION». 251
V«a« en Ikvenr de la crémation fkeoliative*
La deuxième section du Congrès, sur la proposition de MM. Kœchlin-
icuwAJSTz et PiNi a, après débats, voté à runanimité moins une voix le
rœu suivant que cette section demande à rassemblée générale de bien
rouloir appuyer de son vote.
Le quatrième Congrès international d'hygiène de Grenève, confirmant
es vœux des précédents congrès internationaux d'hygiène, demande à
louveau que tous les gouvernements, rendant hommage aux principes
le liberté et se conformant aux lois de Thygiène, fassent disparaître les
obstacles légisiatife qui dans certains pays s'opposent encore à la cré-
mation/oct^Jto^it'e des cadavres.
Incidemment il attire l'attention des gouvernements sur l'avantage
de la crémation en cas de graves épidémies.
Ce vœu est mis aux voix et adopté.
Proposition relative A la lUsifieation des denrées
alimentaires.
La troisième section soumet à l'assemblée générale la proposition sui-
vante :
«Après la communication faite par le professeur Brouardel, sur l'in-
toxication par des produits ingérés journeUement à petites doses,
« Considérant : que la falsification des denrées alimentaires, utilisant
les découvertes les plus récentes de la chimie, est entrée dans une ère
véritablement scientifique et qu'elle est industriellement soutenue par
de grands capitaux ;
« que les pénaUtés opposées anciennement à ces falsifications ne
répondent plus à l'état actuel, et sont à peu près illusoires ;
« que les intérêts de protection des diverses nations sont absolument
soUdaires, qu'il y a danger à ce que l'état de la législation permette à
ces industries poursuivies dans un pays de trouver un refuge dans le
pays voisin,
<c propose qu'au prochain Congrès, la question soit mise de nouveau
i l'ordre du jour ; que les représentants des diverses nations apportent
es textes des législations en vigueur chez elles, de façon à pouvoir étu-
lier les mesures à prendre d'une façon internationale contre un danger
ntemational. »
Cette proposition est mise aux voix et adoptée.
252 8KAKCK Dr SAMKDI \) SRPTKIIBRE.
Propositions concernant les étAbllsiiemento iii»ritlmcs p9wt
les onfknts scrofnlcnx et rachltlqncs.
La deuxième section transmet les propositions suivantes que, sur la
demande de M. le D' Armain(}aui), elle a adoptées à Tunanimité :
l'* « Le Congrès international d'hygiène, considérant que les établis-
sements maritimes pour les enfant.*^ scrofuleux et rachitiques, ont déjà
rendu de très grands services, tant au point de vue prophylactique
qu'au point de vue curatif, invite le^ divors États et les admivistratiom
liOspituUères à multipUer ces étahlissements et à en favoriser h
création par tons les moyens dont ils disposent.
2** « Dans le but de rendre permanente et continue Taction du
Congrès, en ce qui concerne cette question, elle sera maintenue h
Tordre du jour du prochain Congrès international, mais en outre, le
Congrès actuel, en séance générale, désignera un rapporteur qui sera
chargé, pendant les deux années qui précéderont la prochaine session,
d'entrer en relation avec les médecins en chef de tous les établissement^
maritimes actuellement existants en Europe: il recueillera ainsi les
données statistiques exprimant les résultats obtenus dans chacun de ces
établissements, et soumettra à la prochaine réunion du Congi'ès un
travail d'ensemble ré.sumant et coordonnant tous ces documenta. >•
Cette proposition est mise aux voix et adoptée.
M. le D' ARMAix(JAn) est désigné pour préparer sur c^tte question un
travail d'ensemble.
Sur la proposition de M. Lubelski, les établissements pour enfant^
malades, qui ont été institués en certains pays dans les forêts balsami-
ques, sont compris dans le vœu précédent.
Choix du lieu de réunion du prochain Congrès.
M. le Président demande s'il n'existe pas déjà quelque engagement
concernant le siège du Congrès de 1884.
M. PACcnioTTi confirme qu'au Congrès de Turin, une propositi(Hi
avait été faite en faveur de l'une des villes de la Hollande, et qu'une
sorte d'obligation morale fut prise envers ce pays, lorsque Genève fut
désignée jiour le Congrès de 1882.
LIEU DE REUNION DU PROCHAIN CONGRÈS. 258
L*assemblée exprime alors le vœu que la prochaine réunion ait lieu
m Hollande.
M. Van OvERBEEK DE Meyer, qui a été sondé la veille par le Comité,
prend la parole pour dire qu'il a télégraphié à La Haye, et qu'en
l'absence du conseil de la ville il n'a pu avoir de réponse officielle, mais
ine réponse officieuse assez encourageante pour qu'il invite les
membres du Congrès à La Haye dans deux ans.
Cette nouvelle est accueillie avec de vifs applaudissements.
A la suite des échanges habituels de remerctments et de félicitations
au président, au secrétaire général et aux divers organisateurs du
Congrès et apràs un vote do remerctments à TÉtat et à la Ville de
Genève pour leur cordiale hospitalité, M. le président déclare la session
close.
DEUXIÈME PARTIE
SÉANCES DES SECTIONS
PREMIÈRE SECTION
HYGIÈNE GÉNÉRALE, INTERNATIONALE
ET ADMINISTRATIVE
SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE
Présidence de M. le professeur Revilliod.
ie président souhaite la bienvenue aux membres de la section.
i'ordre du jour appelle la nomination du bureau définitif.
iur la proposition de M. le D' Proust, le bureau provisoire est con-
lé dans se^ fonctions.
L Pamard propose à la section de voter des remerciements au profes-
r Baccelli, de Rome, qui a présidé la première section au Congrès de
rin. Ces remerciements sont votés par acclamation.
i. Proust devant partir avant le jour fixé pour sa communication sur
ifluence du pèlerinage de La Mecque au 2)omtde vue de la propaga-
\ du choléra, M. Arnould lui cède son tour de parole.
J ROLE DU PÈLERINAGE DE LA MECQUE SUR LA
PROPAGATION DU CHOLÉRA EN EUROPE
ET Ex\ PARTICULIER DE L'ÉPIDÉMIE CHOLÉRIQUE DE 1881
Par le D' PEOUST,
Membre de l'Académie do médecine et du Comité d'Hygiène publique de France.
/épidémie cliolériquc de 1881 et les événements dont TÉgypte est
:héâtre en ce moment, donnent à la question du pèlerinage de la Mcc-
17
25S 8ÉAXCE Df MARDI 5 SKPIEMBRE.
que et à la propagation du choléra eu Europe par la luer Rouge une
grande actualité. Des inquiétudes très légitimes s'élèvent, en eflfet, à pro-
pos de l'expédition anglaise en Egypte ; elles sont motivées par la nou-
velle très justement alaiTuante que Taniiée anglaise est renforcée paruu
contingent de troupes venant de riude.On dit même que des cas de cho-
léra ont éclaté à iVlexandrie et peut-être dans le corps expéditionnaiiv.
Nous savons que dès le. mois de juillet, au moment où il eut connais-
sance de la coopération des troupes indiennes pour la guerre d'Egypte,
le gouvernement français, sous Tinspii'ation de M. Fauvel, a proposé au
Foreign OflSce une série de mesures convergeant toutes vers un même
but : fenner l'entrée de la mer Rouge à tout transport ayant le choléra
à bord.
La question du pèlerinage de la Mecque, comme cause d'importation
du choléra en Em-ope, a été posée pour la première fois par l'épidémie
de 1865. Trois fois depuis cette époque, en 1872, en 1877 et en 1881,1e
choléra s'est montré à la Mecque et nous avons dû à la sagesse des
mesures prescrites et appliquées que l'Eui'ope ait été épargnée. Ce sont
ces mesures dont je voudrais entretenii* le Congrès. Je dii'ai auparavant
quelques mots du pèlerinage.
Tout musuhnan doit accomplir, au moins une fois dans sa vie, ces céré-
monies que prescrit le Coran, et qui se célèbrent à la Mecque, parce
que cette ville est considérée comme le berceau du prophète. Le voyage
doit être effectué durant les trois dernière mois de l'année, mais l'en-
combrement est tel que l'année nouvelle commence et que souvent le
mois de Moharem est écoulé avant que la population soit revenue à sou
chiffre normal de 80,000.
La ville de la Mecque étant située au milieu des terres, les pèlerins qui
s'y rendent, soit par la route de mer, soit par caravane, sont forcés
d'accomplir par terre et sous un soleil brûlant un trajet assez long. La
boisson se compose d'une somme d'eau relativement faible transportée
à dos de chameau. On ne saurait tenir compte de celle des oasis trop
peu abondante et vendue à un prix excessif. De plus le simoun est affreu-
sement pénible ; enfin, à l'approche de la ville sainte, l'obserN^ation de
certaines pratiques consacrées vient rendre encore plus fâcheuse la situa-
tion du pèlerin.
L'arrivée à la Mecque est le signal des grandes dévotions.
Les fêtes se prolongent pendant trois ou quatre jours.
Malgré la foule innombrable qui assiège la grande mosquée, les sept
circumambulations de la Kaaha sont exécutées en commençant à la
célèbre Tienne Noire encastrée dans les constructions du temple, et que
les Arabes supposent apportée du ciel à Abraham par les anges.
PÈLERINAGE DE LA MECQUE. 259
La seconde solennité a pour objet .l'ascension du mont Arajat où se
it la prédication. Quelquefois entre la Mecque et la montagne lespèle-
ns succombent à^la soif et à la fatigue. Tout musulman mort pendant
pèlerinage est déclaré martyr. Il se développe durant la prédication
w état d'enthousiasme et d'exaltation pendant lequel les clameurs de
assistance, se mêlant aux cris du prédicateur, paraissent rappeler le
[vroxysme d'excitation des derviches hurleurs de Constantinople. Le
îtoui- est l'objet d'une cohue effroyable ; car il faut avoir quitté la
lontagne avant le coucher du soleil.
Les Hadjis se rendent alors dans le vallon de Minah où plusieurs mil-
ers d'animaux, moutons, chameaux et bœufs sont égorgés dans un
léme instant. Jusqu'en 1856, nous dit Buiton, l'enfouissement de ces
nimaux était dérisoux» et les lieux du sacrifice devenaient sous Tiii-
uence d'un soleil ardent promptement pestilentiels.
A cet égard, de grandes améliorations ont été apportées ; des abat-
3Ù^ ont été constmits, des fosses destinées à recevoir les débris des
nimaux ont été creusées. Enfin la désijifection se pratique avec une
olution de sulfate de fer.
Nous ne sommes pas fixés sur le nombre total des pèlerins qui pren-
ent part aux cérémonies et qui paraît avoir pu varier depuis 100,000
usqu'à 180,000.
Le grand shérif qui perçoit un impôt sur chaque pèlerin peut seul
léterminer ces chiffres.
Il y a d'ailleui-s peu d'années que la lumière s'est faite sur l'accomplis-
ement de ces solennités. Jusqu'en 1831 un véritable mystère planait
ur les lieux saints de l'islamisme où les Européens ne pouvaient péné-
rer sous peine de mort.
Les circonstances du pèlerinage, le nombre des pèlerins, les ressources
ju'offraient le Hedjaz et les villes saintes, étaient pour la plupart igno-
és même du monde musulman de Constantinople. Nous connaissons
es récits faits par Burkhardt en 1814 et plus récemment par Burton
ur leurs périlleux voyages.
Il suffit d'ailleurs de se rappeler le massacre, postérieui* à la guerre
[Orient, à Djeddah, seul port où les Européens fussent tolérés, pour con-
evoir à quel degré ces foyers du fanatisme étaient alors inaccessibles à
'influence européenne.
Après 1831, et surtout depuis 1847, on apprit à Constantinople parle
écit des pèlerins venant de la Mecque que souvent le choléra sévissait
rendant le pèlerinage. Le retour des caravanes suscita même à diverses
•éprises des inquiétudes en Egypte et à Damas ; mais les craintes ces-
aient à l'arrivée des Hadjis, qui racontaient les première ravages de la
260 SÉANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
maladie, puis sa complète disparition après un certain temps de marche
à travers le désert.
Quoiqu'il en soit nous savons aujourd'hui que le choléra asiatique
s'est montré à plusieurs reprises dans le Hedjaz en 1835, en 1846, en
1848, en 1859 et presque continuellement de 1859 à 1865. On l'y a vu
apparaître encore en 1872, en 1877 et en 1881.
Mais ici une question se présente : Le choléra naît-il spontanément
dans le Hedjaz ? A-t-il un foyer originel dans ce pays ? Or, les voyageurs
Niebuhr et Burkhardt qui ont visité l'Arabie avant l'invasion de 1831
décrivent les maladies qu'on y observe habituellement et n'y mention-
nent pas l'existence du choléra.
Au contraire, on a pu établir que chaque fois que cette maladie a paru
dans le Hedjaz, elle y a été importée, et l'on a pu montrer que toujours
elle a succédé à l'amvée des pèlerins hindous. L'observation a été ren-
due surtout évidente pour l'épidémie de 1865 ; quelques auteurs l'avaient
considérée comme ayant eu son origine dans le Hedjaz, niant par consé-
quent l'importation de l'Inde.
Or il a été absolument démontré que les premiers cas de choléra qui
se sont déclarés à la Mecque et à Djeddah y ont été consécutifis à l'arrivée
des pèlerins hindous transportés par des navires ayant eu le choléra à
bord. Ainsi donc, nous le répétons, le Hedjaz n'est point un foyer origi-
nal de choléra, il est un milieu, milieu très favorable, il est vrai, au ren-
forcement, à la propagation et à la dissémination de l'épidémie.
Pour que l'explosion ait lieu dans le Hedjaz, il faut qu'une étincelle,
partie du dehors, vienne y jaillir, et cette étincelle le Hedjaz la reçoit
de l'Inde.
Il nous reste maintenant à déterminer les mesures qui doivent empê-
cher la propagation du choléra en Europe.
Ces mesures s'imposent chaque année, avec une nécessité d'autant
plus pressante, depuis que les Hedjis ont recours à la navigation à
vapeur.
Autrefois, en effet, les pèlerins arrivaient en caravane. Ceux qui
venaient de l'Inde étaient transportés par des bâtiments à voile ; dans
les deux cas le trajet était long et la maladie avait le temps de s'étein-
dre. Aujourd'hui les conditions sont bien changées, le pèlerinage est
devenu plus facile, par suite plus nombreux, et surtout la très brusque
rapidité du retour nous met en présence d'un péril plus menaçant.
Les mesures qu'il nous reste h exposer sont l'œuvre de la Conférence
de Constantmople. Elles sont relatées, avec tous les détails que le sujet
comporte, dans l'important rai)port de M. Fauvel. Elles doivent être
appliquées avant, pendant et ai)rès la célébration du pèlerinage.
PÈLERINAGE DE LA MECQUE. 261
Les premières précèdent le départ. Parmi les pèlerins qui se rendent à
a Mecque venant les uns d'Asie, les autres d'Europe ou d'Afrique, les
)lus redoutables sont les pèlerins hindous. Nous savons, en effet, que
)our venir de l'Inde en Europe, le choléra n'a suivi jusqu'ici que deux
roies ; Tune, qui a été observée en 1823, en 1830, et en 1847 est la route
le terre. Elle traverse l'Afghanistan, passe en Perse et gagne l'Europe
)ar la mer Casi)ienne. La seconde est la route de mer ; le choléra pro-
r(*nant de l'Inde panient à la mer Rouge et atteint l'Egypte. Dès lors,
tout le bassin de la Méditerranée est envahi aussitôt que menacé ; c'est
a marche qu'a suivie l'épidémie de 1865, épidémie qui modifia singuliè-
rement les idées acceptées jusque là sur la transmission du choléra et
lui motiva, sur la proposition du gouvernement français, la réunion de
la Conférence de Constantinople.
Cette marche nouvelle du liéau fit du pèlerinage de la Mecque un dan-
ger redoutable pour l'Europe.
U faut également remarquer que jamais le choléra asiatique n'a été
transporté par les paquebots-postes qui font le service de l'Inde à la
Méditerranée. Toujours les agents de cette importation ont été les pèle-
rins. La route qu'ils suivent poui* se rendre h la Mecque est donc un
point à déterminer du plus haut intérêt.
Quatre classes doivent être distinguées à cet égard :
La première comprenant tous les pèlerins qui, partis soit de l'Inde,
soit de la mer d'Oman ou du golfe Persique gagnent la mer Rouge par
Aden ; dans la seconde, seront comptés tous ceux qui ayant eu le bassin
de la Méditerranée pour point de départ, atteignent la mer Rouge par
Port-Saïd et Suez.
Enfin la troisième classe sera formée par les pèleiins qui viennent du
Uttoral oriental ou occidental de la mer Rouge.
Les pèlerins appartenant à l'une ou à l'autre de ces trois classes, ont
un seul et même objectif : Djeddah qui est l'échelle de la Mecque.
Enfin, un quatrième et dernier groupe est constitué parles caravanes
qui se divisent en caravanes d'Egypte, dites caravane du tapis^ la cara-
vane de Syrie ou caravane de Damas, enfin la caravane de Mésopota-
mie ou caravane de Bagdad.
La première classe des pèlerins, c'est-à-dire de ceux qui pénètrent
par le sud de la mer Rouge doit être l'objet de l'observation la plus
sévère. Une série de mesures préventives applicables au point de départ
dans l'Inde a été préconisée par la Conférence de Constantinople ; elles
ont été prises en sérieuse considération par le gouvernement anglais.
Une observation sévère à Aden pennet de vérifier si les mesures pres-
crites n'ont pas été enfreintes.
262 8KASCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
Enfin, le gouvernement turc vient d'installer une quarantaine à l'île
de Camaran, située dans la partie sud de la mer Rouge, au voisinage
d'Hodeïda.
Les mesures prescrites dans l'Inde consistent surtout dans l'applica-
tion du « Native Passenger Act » ; il y a inspection au moment du départ
pour s'assurer qu'il n'y a à bord ni encombrement ni aucun passager
atteint du choléra.
L'approvisionnement d'eau et de vivres doit être suffisant pour le
voyage et tout individu embarqué doit posséder une somme suffisante
pour pourvoir à ses besoins pendant le pèlerinage.
Si, malgré les précautions prises avant le départ et les prescriptions
hygiéniques exécutées à la Mecque, le choléra s'y développe, il importe
d'organiser dans la mer Rouge tout un système de surveillance et de
défense ayant pour principal objectif la protection de l'Egypte, considérée
comme barrière contre l'importation du choléra en Europe. Les rela-
tions de ce pays a\ec tous les Etats méditerranéens sont telles en effet,
que si l'Egypte est envahie, tout le bassin de la Méditerranée le serait
bientôt comme en 1865.
Ces mesures ne sauraient d'ailleurs n'être préjudiciables qu'au trafic
coupable qui exploite les malheureux pèlerins dès leur départ de Djeddah
jusqu'à Suez.
Elles ont été depuis l'épidémie de 1865, soumises à trois épreuves pra-
tiques, qui trois fois ont été couronnées de succès, en 1872, en 1877 e
l'an dernier.
Au commencement d'août 1881, en effet, le choléra semontraàAden
Dès la fin de septembre il se manifesta à la Mecque oîi il fiit importé^^^
par les i)èlerins provenant du même navire qui avait communiqué la
maladie à Aden. Il n'y eut d'abord à la Mecque que quelques choléri-
ques ; mais, lorsque les pèlerins furent rassemblés au moment des fêtes,
l'épidémie prit un développement considérable.
Après quelques tergiversations du gouvernement ég)T)tien, une qua-
rantaine fut établie à El Ouedj ; les campements y furent prêts vers la
fin de novembre ; certains arrivages y apportèrent le choléra et la mala-
die n'y dispai-ut qu'au bout d'un mois environ. Aucun départ n'était
permis avant que le choléra ne fut complètement éteint dans les campe-
ments quarantenaii'es. Grâce à ces mesures l'épidémie fut anéantie. Les
pèlerms purent bientôt partir pour leur destination définitive et aucun
cas de choléra ne fut constaté dans les i)orts oîi ils abordèrent.
L'Europe a donc intérêt à maintenir le système défensif, installé dans
la mer Rouge, en insistant sur ce point que la quarantaine des pèlerins
à leur retour de la Mecque doit avoir lieu h El Ouedj qui est situé à
PKLERIXA(3E DK LA MECQUE. 203
350 milles de Suez, de préférence h Djebel Tor qui en est plus rappro-
ché. L'on ne saurait admettre un instant le choix des Sources de Moïse,
point trop voisin de Suez, pour qu'il soit possible d'y établir une qua-
rantaine sérieuse. Djebel Tor et surtout les Sources de Moïse ne peuvent
être considérés que comme une seconde étape d'observation après une
première purification à El Ouedj.
Ces mesures ont surtout pour but d'empêcher le retoiu* direct par
mer des pèlerins à Suez.
Quant aux caravanes elles ne sont pas dangereuses. Celles qui se diri-
gent vers le Nord c'est-à-dire vers rEgyi)te, la Syrie ou la Mésopotamie
suivent pendant quelque temps un même itinéraire. Toutes vont à
Médine, oii se trouve le tombeau du prophète et après quelques jours de
marche s'engagent dans les montagnes.
Si les pèlerins partent avec le choléra, la maladie s'éteint bientôt. Un
grand désert est, en effet, le meilleur de tous les obstacles à la propa-
gation du choléra. Un espace aussi considéral)le n'est jamais franchi
par la maladie.
En résumé, l'intérêt de l'Europe doit être d'entourer le retour des
pèlerins vers Suez d'un ensemble de mesures de surveillance dont Tob-
jectif sera la protection de l'Egypte ; l'Egypte préservée, nous défend
43ontre l'importation du choléra, si elle est envahie nous n'avons plus de
barrière qui puisse arrêter le fléau arrivant en Europe et afin que ces
mesures soient prescrites par une autorité compétente, nous devons
fortifier le conseil sanitaire international d'Alexandrie qui est une
c!îoramission composée de délégués des divers Etats de l'Europe.
Discours de M. Fauvel.
Je ne veux rien ajouter à l'historique si complet que M. le D' Proust
"^ient de présenter des pèlerinages de La Mecque, des épidémies de cho-
léra qui souvent s'y développent, des dangers qui en résultent pour
l'Europe et des mesures mises en usage, avec succès, pour s'opposer
À l'invasion de la maladie en Egypte, notamment pendant le dernier
7)èlerinage en 1881.
Je désire seulement dire quelques mots d'une question pleine d'actua-
lité qui nous préoccupe beaucoup, celle de savoir si l'Egypte et l'Europe
après avoir échappé au choléra cette année par le fait du pèlerinage de
La Mecque ne sont pas sous le coup d'une invasion par l'arrivée en
Egypte des troupes anglaises venant de l'Inde.
'-J
204 SKAXC'E DU M AUDI 5 8EFTEMBRË.
Vous savez, Messieurs, que la mer Rouge est la voie maritime saÎTie ■-'^^
par le choléra venant des Indes pour pénétrer en Europe, et que ■ '^■
rÉgypte est la bamère à oppos(»r à la marche du fléau. Une fois l"'-^
l'Egypte envahie, aucun obstacle sérieux ne s'opposera plusàTintro- ■'•'^^
duction de la maladie dans la Méditerranée, sur un point ou un autre,
et alors nous venons probal)l(»ment se reproduire ce qui est anivé en
1865 oii toute rEuroi)e a été envahie.
L'ftgypt(; est donc la clef de la situation qu'il faut défendre par tous
les moyens possibles. C'est ce que comprit parfaitement la conférence
d(î Constantinoi)le en instituant les ni(».sures défensives qui ont été appli-
quées jusqu'à ce jour, avec un tel succès que le choléra n'a plus reparu
en ïigypte depuis 1805,
Nous pouvions donc nous féliciter d'avoir, encore une fois cette année,
échappé au fléau, loi-sque sont survenus les événements d'Egypte et
l'intervention ani^laisc qui a eu pour résultat de remettre le fonction-
nement des institutions sanitaires d'Egypte entre les mains de l'auto-
rité militaire anglaise, car le Conseil dont on a parlé n'a plus aucuue
autorité.
Au mois de juillet dernier, dès que j'appris que l'intervention anglais^
était décidée, et que des troupes venant de l'Inde devaient faire partie
^de l'expédition, je vis le danger qui pouvait en résulter, au point de vn^
de l'importation du choléra en Egypte, et je m'empressai d'appete^
l'attention du ministre dont je relève sur ce danger et en même temp^
d'indiquer les mesures propres à le conjui'er.
J'étais d'autant plus autorisé h agir ainsi que je connaissais la doctrin. ^
professée et i)ratiquée par les autorités sanitaires dans l'Inde. Doctrin- ^
qui consiste à considérer comme exempte du danger de l'importation d
choléra les ports de l'Inde oii cette maladie existant à l'état endémiqu
ne se manifeste que par un i)etit nombre de cas, réservant l'existenc-
du danger aux éi)oqu(»s où la maladie règne épidémiquement. Or V
rience nous a appris que cette doctrine est en contradiction avec
faits, qui nous ont montré mainte fois que le danger tenait surtout a
conditions particulièrement mauvaises des individus ou groupes d'ind
vidus venant s'embarquer dans ces ports, ainsi des pèlerins, de^corp'
de troupes constituent toujours un danger d'importation même quan
le choléra ne se manifeste que par un petit nombre de malades au por" ^
d'embarquement : tel a été le cas pour Bombay l'année dernière.
Dans cette prévision le gouvernement de la République française
devoir appeler l'attention du gouvernement anglais sur ce danger et 1
suggérer les mesures qui, à notre avis, étaient de nature à le conjurer—
Ces mesures étaient les suivantes : 1" que tout navire chargé de tro
PÈLERINAGE DE LA MECQUE. 265
pes venant de Tliide ne fut admis à pénétrer dans la raer Rouge qu'après
une visite médicale pratiquée à Aden et ayant constaté le bon état sani-
taire du navire; et que au contraii-e, tout navire suspect ou contaminé
fut retenu en quarantaine à Aden jusqu'à entière désinfection ; 2** que
tout navire autorisé à pénétrer dans la mer Rouge fut, à son arrivée, sou-
fnis à une nouvelle visite médicale après laquelle, en cas d'iibsence
'oraplète d'accidents cholériques il serait admis en libre pratique, et en
as de suspicion, envoyé faire quarantaine à Tor. Ces instructions pro-
osées au gouvernement anglais dans le coui-s du mois de juillet donne-
nt lieu à un accusé de réception sans autre réponse.
Elles étaient d'une application facile et conçues tout autant dans
ntérêt des troupes anglaises que dans celui de l'Europe.
En a-t-il été tenu compte ? nous l'ignorons. Toujours est-il que depuis
elque^ jours les journaux publient des nouvelles alarmantes desquelles
résulterait que des cas de choléra auraient eu lieu à bord de navires
argés de troupes venant de l'Inde et même que la maladie se serait
inifestée parmi les troupes débarquées.
Ces bruits sans doute ne doivent pas être acceptés sans confirmation,
r ils sont présentés d'une manière confuse et incohérente, et de plus
proviennent de sources qui ne méritent pas une grande confiance,
lis, vraies ou fausses, ces nouvelles doivent attirer l'attention. Il faut
"'on sache bien que si l'Egypte est envahie par le choléra, d'abord
rmée anglaise aura beaucoup à en souiïrir, puis l'Egypte, et le
ssin de la Méditerranée, quoiqu'on fasse, n'échappera pas à l'inva-
m.
On attribue à l'autorité anglaise une réponse contre laquelle je m'élève.
le aurait objecté que les nécessités de la guerre s'opposaient à ce que
; mesures recommandées fussent prises. Or je demande si, en pareil
s, le premier devoir de l'autorité militaire n'est pas d'épargner un
sastre à l'armée qu'elle commande.
Quoi qu'il en soit dans une telle conjoncture il importe qu'il soit bien
ibli que si le choléra envahit l'Egypte cène sera pas par l'insuffisance
s moyens d'action dont on disposait, mais par la négligence à mettre
pratique ces moyens dont l'efficacité est démontrée.
En tout cas, j'ai tenu à montrer que le gouvernement de la Républi-
e française avait fait le possible pour éloigner le danger qui menace
lurope, laissant à qui de droit la responsabilité des événements.
M. Oijvo lit un rapport unprimé traitant de l'influence des pèlerinages
irocains à la Mecque sur la propagation du choléra dont le résumé
nclut que : a le Maroc, qui par ses circonstances spéciales est un des
206 8KANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
a les pays plus prédisposés h voir se développer toute maladie épidé-
« niique, et plus particulièrement le choléra, manque des vrais moyens
« pour éviter son invasion. Ce péril est évident et constant, tant par
« suite du pèlerinage que par les mauvaises conditions dans lesquelles
« les habitants de cette région l'effec^tuent, ce qui est une menace con-
« tinuelle pour les autres nations : car s'il est certain que le choléra en
« Egypte serait plus périlleux pour les nations méditerranéennes que
« s'il se présentait au Maroc, la crainte ne doit pas en être moindre
« pour cela. Il est nécessaire donc que les puissances intéressées obli-
« gent l'État du Maroc h établir des lois sanitaires qui soient en harmo-
« nie avec les connaissances de l'hygiène moderne. Le Conseil sani-
« taire du Maroc doit jouir pour ce qui concerne cette question d'une
« complète indépendance et les personnes compétentes doivent avoir
« dans cette assemblée une participation plus directe que jusqu'ici. Des
« médecins doivent y siéger de droit et pouvoir opposer leur veto à telles
« décisions anti-scientitiques qui y seraient formulées et deviendraient
« un danger pour la prophylaxie internationale. — En tous les cas,
« comme il n'est pas probable qu'on admette de longtemps dans le
« Mogrel) des précautions hygiéniques suffisantes pour éviter l'inva-
« sion du choléra, on ne doit permettre le passage du canal de Suez à
« aucun navire transportant des « Hadjis » à destination du Maroc sans
« s'assurer que le navire se conforme aux prescriptions sanitaires et que
a l'équipage est dans l'état de santé requis. »
M. le D' Bradel approuve les conclusions de MM. les D'* Proust
et Fauvel et désire communiquer quelques détails sur les pèlerins
revenant en Bulgarie. La Bulgarie contient cinq à six cent mille habi-
tants turcs, parmi lesquels plusieurs milliers font chaque année le
pèlerinage ; au retour ils passent tous par Varna. Quelques pèlerins
morts dans cette ville au mois de mars de cette année ont présenté
des symptômes suspects du côté des intestins sans qu'on puisse affirmer
qu'ils aient eu le choléra. De nombreuses caisses remplies de vête-
ments des pèlerins furent trouvées exhalant une telle fétidité qu'on
eut grand peine à obtenir des employés pour les ouvrir ; il est fort à pré-
sumer que la désinfection n'en avait pas été faite. Les consuls étrangers
ont télégraphié qu'il n'y avait pas de choléra h Varna, mais ils n'ont
pas constaté les faits qui précèdent. L'orateur conclut avec MM. Fauvel
et Proust qu'il ne faut plus laisser la surveillance sanitaire aux gouver-
nements locaux, mais que les médecins doivent être consultés en pre-
mier lieu.
M. Fauvel. La question soulevée par l'honorable préopinant a beau-
coup occupé l'Orient, Constantinople et même l'Europe. Le bruit s'était
PÈLERINAGE DE LA MECQUE. 267
répandu que le choléra venait d'être importé à Varna et l'on avait même
imposé une quarantaine rigoureuse aux provenances de la Turquie. J'en
ai eu la relation par le Conseil sanitaire international de Constanti-
nople et par les rapports de nos consuls. Je ferai remarquer en passant
que le Conseil de Constantinople n'est pas une institution turque mais
qu'il se compose de délégués des divers pays européens. A Varna l'ad-
ministration sanitaire ottomane, possède en vertu des traités diploma-
tiques, le droit d'y avoir un agent, le gouvernement bulgare conteste
ce droit, mais je n'ai pas l'intention d'insister sur cette question politi-
que. Lorsque la nouvelle dont je parle parvint à Constantinople, le Con-
seil eiwoya immédiatement un médecin très distingué pour vérifier le
fait. De l'examen auquel il se livra, il résulta que pas une personne n'y fut
atteinte du choléra ; les décès qui survinrent atteignirent des' pèlerins
épuisés par le voyage. Cependant M. le D' Bradel vient de signaler un
fait très important, c'est celui de caisses remplies d'objets sales et puants,
apportées par les pèlerins ; assurément il n'est pas contestable qu'il fal-
lait à tout prix les désinfecter, supprimer ces objets et je loue M. Bradel
d'avoir pris les mesures nécessaires à ce sujet. Un point toutefois reste
à éclaicir : ces caisses provenaient, nous dit-on d'Arabie ; cependant les
pèlerins qui les apportaient avaient d'abord subi une quarantaine à El-
Ouedj avec désinfection, puis à Tor où une nouvelle désinfection avait
été pratiquée ; ils avaient dû enfin franchir le canal de Suez en quaran-
taine et être soumis aune nouvelle visite sanitaire, soit à Beyrouth, soit
à Smyrne. Dans ces conditions, est-il imaginable que ces caisses n'aient
pas été ouvertes et désinfectées? S'il n'en a pas été ainsi, il s'agissait
là d'une contravention très grave. Permettez-moi donc, Messieurs, de
mettre en doute qu'elles aient pu arriver intactes depuis l'Arabie jusqu'à
Varna.
M. FÉLIX. On a exprimé aux différents Congrès le vœu que le bureau
s'entendît avec les délégués pour l'organisation de précautions sanitai-
res ; on n'a rien fait de plus jusqu'ici que d'étendre le nombre des par-
ticipants à la convention. Le devoir de notre assemblée est qu'on réalise
enfin cette commission, qui doit écarter les susceptibilités de certains
gouvernements. Le professeur Félix propose en conséquence a que la
« première section du Congrès d'hygiène émette le vœu que le bureau
« du Congrès intervienne auprès des différents gouvernements et prin-
•< cipalement auprès du gouvernement d'Autriche-Hongrie qui a déjà
« pris une fois l'initiative à cet égard, pour la réalisation de l'idée d'une
<c commission scientifique internationale et permanente des épidémies. »
M. DE CsATARY. Plusicurs États ont des lois plus ou moins complètes
en hygiène, en première ligne il faut nommer l'Italie, la Hongrie et la
268 8KANCE DU MARDI 5 SEPTEMBRE.
Serbie. Mais les lois ne sont pas exécutées avec la précision que Thygièue | ^
exige pour l'observation de la santé. Le D' de Csatary propose en con-
séquence que le Congrès d'hygiène, actuellement rassemblé à Genève,
nomme un comité de sept ou neuf membres pour établir les articles spé-
ciaux d'une convention hygiénique internationale. D demande que sa pro-
position après discussion en comité soit soumise à l'assemblée générale -
M. IlAYMONDAnD sc rallie h l'avis exprimé par M. leD' de Csatarjsur
l'utilité d'une convention sanitaire internationale d'autant plus qu'il y
a à ajouter quelque chose à ce qui se fait actuellement dans le sens de^
la protection contre les épidémies cholériques. MM. Proust et Fauvelout
exposé les avantages des commissions sanitaires quand elles fonctionnent
régulièrement, mais il reste un danger permanent dans rexistenœ de
foyers endémiques en différents points de l'Inde. Ce sont ces foyers qu'i
faut attaquer au moyen de commissions permanentes résidant dans
localités et y étudiant les conditions de développement du choléra. Uim_
autre moyen utile serait de provoquer la formation d'ambulances sani —
tailles analogues à celles que Genève a eu l'honneur de susciter poui~
l'administration des secours aux militaires blessés. Les frais de ces insti —
tutions devraient être payés par voie de dons volontaires. L'orateur pro —
pose donc à la section d'émettre un avis dans ce sens : 1** «ajouter au.^:
commissions sanitaires existantes destinées à barrer le passage aux épi —
démies de choléra, des commissions résidant aux foyers épidémiques et:
tendant à faii'e disparaître ces foyers. 2** Provoquer la formation d'am-
bulances sanitaires destinées à compléter le système de secours aux mala-
des en temps d'épidémie.
M. le D' Fauvel s'associe d'autant plus volontiers aux vœux émis que
toutes les études faites dans ce sens ont été exposées dans l'ouvrage qai
traite de la convention de Constantinople. Seulement, quand il s'est 9l?J
de nommer la commission pour l'Inde, le gouvernement anglais a répondu
qu'il était maître chez lui et savait ce qu'il avait à faire ; et en effet il ^
été fait beaucoup, autant qu'il était possible. Mais comment assainir 1^
Gange, dont l'envergure est de quatre-vingts Ueues à son delta. C'est
désirable, mais ce n'est guère possible. Du reste si on canalisait le Gang^
on n'obtiendrait pas la disparition du choléra, car il est endémique dsit^
d'autres ports, oîi l'on n'observe jamais de grandes épidémies ; ce so^^^
les pèlerinages qui comptent jusqu'à un mUlion et plus de pèlerins (|.^^
sont les principaux foyers de propagation. C'est ce qui a eu lieu l'ana
dernière ; quelques cas isolés à Bombay ont été le point de départ d'u
épidémie qui a fait de grands ravages dans le Pundjab. — L'orate"»-*^
pense que tout ce qui a pu être fait a été fait, et que cela n'aboutirar ^
rien de porter la question h la séance générale.
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 269
M. le Président fait observer que la proposition de M. le D' de Csatary
passera à la séance générale avec le procès-verbal de cette séance.
M. Arnol^.d lit la première partie de sa communication, portée à Tor-
dre du jour, sur la. fièvre typhoïde, mais vu l'heure avancée la suite en
?st remise h demain .
La séance est levée à midi.
Les secrétaires :
D' Gœtz.
D' Ferrikre.
SÉANCE DU MEflCREDI 6 SEPTEMBRE
Présidence de M. le D"* Barde.
Ixî procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
Ikl. le Président donne la liste des Présidents d'honneur pour la pre-
lière section. Ce sont :
MM. Arnould, de Lille.
Hirsch, de Berlin.
Lichtheim, de Berne.
Ovilo, de Madrid.
Proust, de Paris.
Roulet, de Neuchâtel.
Toscani, de Rome.
Xa parole est à M. Arnould pour la contiimation de sa lecture sur la
èvre typhoïde.
étiologie et prophylaxie de la fièvre
typhoïde
Rapport par le D>^ Jules ABNOULD
Prof, sseur d'hygiène û la Faculté do médeciue de Lille.
Le sujet actuel est de ceux qui doivent constamment occuper la méde-
• ine publique et qui méritent le mieux de provoquer les féconds échanges
270 8ËAKCË DV MEUCKËDI G 8EPTKUBRK.
(ridées pour lesquels out été institués les congrès iiiteriiatioiiaux
d'hygiène.
LsLjiène tt/pliaïde^ aujourd'hui la plus ubiquitaire probablement de
toutes les maladies infectieuses, enlève, chaque année, de 2 à 10 ou 12
habitants par 10,000, ou même davantage encore, à la population
urbaine des deux mondes ; elle n'en coûte guène moins à la populatiou
des campagnes, sauf que les coups sont un peu autrement répartis. Ses
victimes appartiennent, avec une préférence extraordinaire, à Télément
jeune des groupes, c'est-à-dire à celui qui, n'ayant encore fait que
dépenser sur l'avoir commun, se trouve atteindre à la période de force
et de rendement en travail. C'est dire que les armies modernes paient
un tribut cinq à six fois plus grand, toutes proportions gardées, que
l'ensemble de la population, puisque les armées représentent la meil-
leure pan, dans la catégorie d'âge de 20 à 25 ans, de la moitié mascu-
line des nations '.
En effet, la mortalité typhoïde aux armées est actuellement de h) à
80 pour 10,000 d'eff'ectif.
Chaque décès, perte définitive des 20 ou 25 ans qu'il a fallu pom- éle-
ver un homme, suppose 6 ou 7 malades ; c'est-à-dire, dans tous les cas,
une perte de 6 à 7 fois 2 ou 3 mois de travail, avec les dépenses de méde-
cins, de médicaments, d'aliments spéciaux, de garde-malades, etc., aux-
quelles on n'échappe jamais entièrement, même avec l'intervention de
l'assistance publique» D'ailleurs, l'assistance publique aussi impose à la
masse de lourds sacrifices.
Quelqu'un a dit cette parole énergique mais vraie : le cadavre d'uue
victune de la fièvre typhoïde fait presque l'effet d'un meurtre. C'est
chose navrante, en vérité, de devoir descendre à la tombe un organisme
jeune, dans son plein épanouissement, chez qui tous les appareils étaient
aptes à un fonctionnement parfait. La thérapeutique, à ce que l'on pré-
tend de nos jours, lutte brillamment contre le fléau et obtient, en ce
moment même, de beaux triomphes (bains froids, acide phénique). Il
semble, au fond, que ces succès soient encore assez modestes et relatifs;
les statistiques funèbres sont moins chargées qu'autrefois, et il est pos-
sible qu'on doive en faire honneur aux nouvelles méthodes de traitement.
Mais il serait infiniment préférable de supprimer les malades ou tout au
moins d'en diminuer considérablement le nombre. Tel est le but, incon-
testablement plus sérieux et supérieur, de l'hygiène.
' Voy. Statistique médicale de Varmèe. Paris, 1862-1879. — Colin (héoïi)^ Rapport
sur la fièvre typhoïde dans V armée. Période triennale 1877-1879. (Kec. de mém. de
iiiéd. niilit., 8« série, XXXVIII, 1882.) — Htatistisclier Sanitàt^-Bericht uber die
Kônigl, Preussische Année und dos XIII Armée- Corps far die vier Rapportjahre
vom 1. April 1874 bL<i zum 3L Marz 1878.
ÉTIOLOGI£ ET PROPHYLAXIE UE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 271
ette lutte de Thygièiie contre réclosion et le développement épidé-
ue de la fièvre typhoïde ne date pas d'hier. Elle a dû marcher un
à tâtons, ou même guidée par des théories incomplètes ou inexactes,
ils qu'en aient été les résultats, et il en est d'heureux, cette expé-
Lce déjà longue ne sera point perdue et servira de base à des procè-
de plus en plus sûrs. •
[ serait bien désirable que l'organisation de la défense contre le tiéau
osât sur une formule étiologique simple et absolue. Nous y arriverons
t-étrc quelque jour. Mais, jusqu'à l'heui'e présente, les doctrines sont
ibreuses, variées, sinon divergentes, ayant toutes des faits pour elles,
moins à première vue, et parfois strictement vraies pour le temps et
ieu auxquels elles s'appliquent, parce que, malheureusement, elles
ut i)as cherché à embrasser l'universalité des cas. L'étiologie de la
Te typhoïde, jusqu'aujourd'hui, a l'air d'être extraordinairement
iplexe, quoique Ton sente bien qu'il ne doit pas en être ainsi dans la
uro des choses.
fous chercherons, dans cet exposé, à diminuer le plus possible cette
iiplexité extérieure et apparente, en élaguant après mention les for-
les inacceptables dans l'état actuel de nos connaissances, en fusion-
it les doctrines qui ne divergent que pour la forme, en conciliant celles
n'ont l'air de se séparer qu'en raison de la différence du point de
) étiologique auquel les auteurs se sont placés, enfin en ajoutant au
naine de ces études quelques faits qui, sans altérer les acquisitions
ûennes, les élargissent, les complètent et permettent d'entrevoir de
js près la formule générale. Remarquons dès maintenant que, parfois,
1 a pris pour des doctrines étiologiques des formules qui n'étaient
3 des portions de doctrine et que l'on a regardé comme opposées des
îories qui étaient simplement parallèles ou, même, ne formaient qu'une
lie théorie, exprimée de façon différente. Par exemple, les partisans de
biologie typhoïde par l'eau de boisson ne nient point, en général, la
5sibilité de la transmission par l'air ; et réciproquement. Les sagaces
teurs des observations de fièvre typhoïde transmise par le lait sont
même bien près de se confondre avec les fidèles de la véhiculation
r l'eau.
Article 1.
Genèse de la flùvre typhoïde.— Spontanéité, parasitisme.
La fièvre typhoïde, sans conteste possible et de l'accord de tout le
onde, est une maladie spk.ijiquc. Elle a, comme les autres spécifiques.
272 REANCE DU MERCREDI 6 8EPTEMliR£.
une période crincubation ; les cas se i-essemblent essentiellement, dans
le temps et dans Tespace, et seraient reconnus parle vulgaire aussi aisé-
ment que la variole si, dans la typhoïde, l'éruption n'était surtout
interne ; une première atteinte confère généralement l'immunité ; enfin,
la maladie est transmissible ou même contagieuse, sous des réserves que
nous aurons l'occasion d'indiquer.
1. Aujourd'hui, maUidie spécifique équivaut h peu près à maladie à
germes ; l'invariabilité des espèces paraissant se confondre avec l'idée
de reproduction par semence. Il n'en était pas ainsi naguères ; peut-être
même y a-t-il encore des médecins de grande valeur qui ne tiennent pas
ces termes pour synonymes. Chauffard * proclamait la spécificité de la
lièvre typhoïde, mais affirmait la possibilité de la réalisation de son agent
spécifique dans l'économie par la seule spontanéité de Torgaidsme, dans
de certaines conditions ; il ne pensait nullement être partisan pour cela
de la génération spontanée, même en qualifiant de « germe » cet agent
spécifique, attendu qu'il ne lui prêtait aucune existence propre :1e germe
morbide était, pour lui, la « représentation virtuelle, non d'un être,
mais d'un mode. »
A notre époque, ceci paraît une sorte d'abus de langage, ou tout au
moins une formule étrangement métaphysique relativement au sujet. D
n'y a, cependant, pas encore six années écoulées depuis que Chauffard
redisait à l'Académie de médecine sa conception des maladies spécifi-
ques et surtout sa défiance envers les doctrines parasitaires, un peu
pressées il est vrai et non sans côtés faibles.
Je m'arrête un moment sur ces opinions de Chauflfard, parce qu'elles
ont été la forme la plus élevée et la plus nette de la théorie d'une fièvre
typhoïde spontanée et autochthone, entièrement faite par réconomie
humaine, les agents extérieurs n'intervenant que pour imprimer à celle-
ci sa modalité vitale. Certes, une telle doctrine aplanit bien des difficul-
tés ; les divergences et presque les contradictions étiologiques, auxquelles
se heurte incessamment l'observation, disparaissent devant ce rôle sou-
verain de la spontanéité organique, qui est pour ainsi dire maîtresse de
se laisser ou de no pas se laisser influencer par les causes externes et
qui peut faire une sorte de choix parmi celles qui auront prise sur l'éco-
nomie. Malheureusement, tout cela ne nous renseigne guère ; nous ne
comprenons pas le mystère par lequel des causes banales impressionnent
spécifiquement nos organes et nos fonctions ; ni comment, sous l'action
de causes de même nature banale, l'économie fait tantôt l'agent spéci-
* Chauffard, Etiolofjie de la fièvre typhoïde. (Bull, de VAcad. de méd., 1877,
l«'-29 mai).
ÉTIOLOOIE ET PROPHYIAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 273
5que de la lièvre typhoïde, tantôt celui de la diphtérie, tantôt un autre
?t quelquefois rien. Et, si l'organisme est tout dans Téclosion des mala-
lies, à quelle circonstance extérieure la prophylaxie va-t-elle s'adresser ?
k l'air, au sol, à l'eau, aux aliments, aux immondices ? Et que devient
l'hygiène ?
Chauffard a été impitoyablement logique. Il a traité d'utopie « mal-
saine » l'espoir manifesté par W. Budd et par M. Guéneau de Mussy
« d'arriver à mettre sous nos pieds les fléaux naturels. » « Si la fièvre
typhoïde sort de notre spontanéité vivante, si nous l'engendrons en nous-
mêmes et de notre sang, si elle surgit de toutes les conditions sociales
et nécessaires qui nous enveloppent, nous nous bercerions de chimères en
pensant qu'elle disparaîtra d'au milieu de nous... ; c'est de l'utopie et
de la déclamation de croire et de dire que nous pouiTons l'étouffer un
jour. » Ainsi, le vitalisme a conduit au fatalisme. Il est peut-être vrai
qu'en pratique nous n'étoufferons pas la fièvre typhoïde ; mais que l'on
ne conteste pas, au moins, que la chose est possible théoriquement et
partiellement. Une doctrine qui paralyse l'hygiène et décourage les cher-
cheurs aura diflicilement des adeptes parmi les savants de notre époque.
2. D'autres médecins, en nombre respectable et non moins considéra-
bles par le talent, peuvent être rattachés à l'école spontanéiste, mais
avec une variante sérieuse. L'agent spécifique, pour ces auteurs, est
généralement extérieur à l'homme, mais s'est développé spontanément
dans quelque milieu putride, d'où il vient injecter l'économie. Rien
n'empêche que cet agent porte le nom de miasme, ou même de germe, h
condition que l'on n'entende point par ces mots un germe figuré, un
être vivant ; tous les auteurs qui se rattachent à cette conception se
heurtent nécessairement — et s'arrêtent — à la génération spontanée.
Du reste, aucun d'eux n'est très explicite sur la nature ou les propriétés
de cet agent spécifique ; seulement, la plupart admettent qu'une fois
introduit chez l'homme, l'agent primitivement infectieux peut devenir
contagieux, c'est-à-dire que, né hors de l'homme, il trouve dans l'éco-
nomie les conditions de sa multiplication et de sa reproduction, a La
fièvre typhoïde, dit M. Léon Colin ', nait par infection, spontanément,
-t par contagion, spécifiquement. » D'où l'épithète d' infectio-canta-
ïieuse, donnée à la maladie, pour exprimer d'un mot cette manière de
^mprendre l'étiologie générale.
On peut, je crois, ranger dans cette école spontanéiste de conciliation,
-t sauf des nuances qu'il serait un peu long de faire ressortir, les auto-
rttés suivantes :
* De la fièvre typhùide dans Vannée^ Paris, 1878, p. 173.
18
274 8ÉANCK DU MKRCRËIil G 8KPTKMBBË.
a. Murcliisou, père de la théorie pifthoginùqne, très antipathique à la
contagion vraie delà lièvre typhoïde, et dont voici la formule: « Elle (la
fièvre typhoïde) peut naître indépendamment d'un cas antérieur par la
fermentation des matières fécales, et peut-être par la fennentation
d'autres formes de matières organiques \ »
h. M. Léon Colin, notre éminent ami et l'homme qui a le plus soi-
gneusement étudié la fièvre typhoïde au point de vue épidémiologique*.
Nous avons, quelques lignes plus haut, reproduit sa pensée doctrinale.
Il impolie de noter ici que la théorie de M. L. Colin est plus large encore
que celle de Murchison, et probablement la i)lus large de toutes celles
qui ont pour pohit de départ la spontanéité. La genèse de l'agent tj'phoï-
gène peut s'accomplir, selon lui, non seulement dans les foyers excré-
mentiels, mais dans tout foyer de putréfaction animale et jusque daiis
la putridité sans désignation précise (lue crée la vie en commun, la con-
densation des grands groupes, rencombrement ; soit qu'une seule de
ces circonstances ait agi, soit qu'elles aient exercé leur infiiuence toutes
à la fois.
c. M. le professeur Juccoud, qui, dans la discussion de 1877, au sein
de l'Académie de médecine, accumula lOG faits, recueillis entre ISfiô et
1875, en i^s^wr A^Vorigiyie Jkale de la fièvre typhoïde*. «L'origine
fécale de la fièvre typhoïde est au nombre des vérités étiologiques les
mieux établies ; en fait, cette origine, et V origine par transmission, voilà
ce qui est de plus positij, de pins démontré et de plus démontrable dans
cette question si importante. » Il est vrai que, cinq semaines après avoir
prononcé ces paroles, M. Jaccoud, qui, dans l'intervalle, avait eu l'hon-
neur d'un entretien avec M. Pasteur, jetait carrément par dessus l)ord
la théorie de Murchison, dont on aurait pu le prendre pour un des par-
tisans, et déclarait que les matières fécales communes ne sont point
typhogéniques ; pour qu'elles aient cette propriété, il faut qu'elles diffè-
rent par quelque chose des matières ordinaires ; ce quelque chase, c'est
le poison typhoïde. )> Mais M. Jaccoud ne parle pas encore de germe, ni
de parasite, ne renie pas son attachement à l'idée de Vanto-infediGih
de Stich, que M. Guéneau de Mussy et M. Léon Colin continuent à lui
reconnaître ; (?t, enfin, ne fait aucune difficulté de répartir ses 105 faits
» Murchison (Charles), .1 1 réalise on continued fevers ofOreatBritain, Deuxième
édition. Lontlon, 187:J. Et traduction française par le l)"" Lutaud. Paris, 1878,
p. 1)7.
* Colin (Léon), loc. cit. vt Traite des maladies épidémiques, Paris, 1870, p. G2S
<»t suiv.
* Jaccoud (S.), Étiolofjie de la fièrre typhoïde. (Bail, de V Académie de médecinCy
1877, 13 mars et 17 avril.)
ÉTIOLOGIE ET PBOPHYLAXIK DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 275
I
crépidémies d'origine fécale eu trois catégories dont Tune comprend
45 cas douteux, l'autre 36 faits avec déjections spécifiques présentes et
dont une troisième est constituée de 24 faits dans lesquels les déjections
spécifiques « ont été positivement absentes. »
d. Un grand nombre de médecins militaires français, cités dans le
rapport de M. Léon Colin pour la période 1877-1879. Nos collègues
accusent d'une façon expresse, ici les latrines, les égouts, la vidange,
ailleurs les fumiers, les tranchées faites dans le sol urbain pour la pose
de tuyaux de gaz d'éclairage, et jusqu'aux détritus accumulés dans la
gouttière des toits, ou ceux que les lavages entraînent sous les plan-
chers. D'habitude, les auteurs de ces communications n'agitent même
pas la question de l'apport antérieur de germes dans cette putridité
banale ; quelquefois, ils affirment qu'il a été impossible de songer à une
pareille importa.tion *.
ff. Nous pourrions bien ajouter à la liste des partisans de la sponta.
néité, quoique ce témoignage ait plutôt une valeur rétrospective, la
grande majorité des médecins des épidémies en France et les auteurs
des rapports de la Commission des épidémies à l'Académie de médecine.
Dans ces documents, à côté de quelques mentions formelles de la conta-
gion, on trouve très régulièrement la formule de l'étiologie par les éma-
nations du sol putride, des fossés et canaux vaseux, des fumiers, des
équarrissages, par la malpropreté des habitations, l'encombrement, la
misère, l'alimentation défectueuse '^ Briquet, en 1807, concluant après
discussion à l'origine spontanée de la fièvre typhoïde poui* un certain
nombre de cas, était certainement encore, à cette époque, l'interprète
de l'opinion la plus générale. Il est vrai que le déclin du règne de cette
doctrine allait commencer.
On remarquera aisément que cette nuance doctrinale, qui paraît se
distinguer de celle de Chauffard en ce qu'elle place au dehors de l'orga-
nisme le milieu oii prend naissance l'agent spécifique, savoir les foyers
putrides, est cependant ramenée très près de la précédente et se trouve
obligée, comme elle, à sacrifier l'élaboration extérieure à la suprématie
de l'organisme, dans les cas assez communs où le foyer putride, dans
lequel s'ast formé l'agent infectieux, est douteux ou introuvable. Alors,
c'est qu'une circonstance de caractère vague, une simple disposition
morale, la nostalgie par exemple, a déterminé la persistance, dans le
* Colio (Léon), Rapport sur la fie cre typhoïde dan^ V armée. Vêriode triennale,
1877-70. (Rec. de mém. de mcd. md., Troisième série, XXXVIII, 1882).
* Voy. Arnould (Jules), France (Pathologie) in Dictionn. encyclop. des sciences
médic. Paris, 1879.
276 8ÉAXCE DU MERCREDI G SEPTEMBRE.
tube digestif, des matériaux de décomposition putride, destinés norma-
lement à être éliminés ; il se trouve là un foyer putride interne et qui
n'est que virtuellement étranger à Torganisme ; l'agent infectieux s'y
forme comme il aurait pu le faire dans une fosse d'aisance (Stich, Jac-
coud, Peter, L. Colin). On n'est pas très loin, en somme, de déclarer,
comme Chauffard, que les influences diverses, mais univoques de l'eucora-
brement, de la putridité, de certaines perturbations nutritives, ont pour
effet conmiun de mettre en jeu, dans le même mode, la réactivité de
l'économie ; la flèvre typhoïde en serait l'expression habituelle. — C'est
donc l'organisme qui fait la maladie ; les agents extérieurs ne sont que
les excitateurs des forces organiques. — Il faut bien l'entendre ainsi des
cas dans lesquels M. L. Colin voit s'accomplir la « transformation » d'une
lièvre palustre en une fièvre typhoïde. Il est clair que le savant profes-
seur n'a jamais voulu dire qu'un germe réel, ou un principe défini quel-
conque, se transforme en un autre tout différent, un grain de blé en un
grain d'avoine.
3. Quelques savants sont restés réfractaires à l'idée que les bactéries
et vibrions sont les représentants et les agents de la nocuité des matiè-
res putrides. En 1853, A. Stich faisait connaître que toute matière
fécale, même provenant d'un animal sain, renferme un « poison
putride; » l'extrait filtré de matières fécales empoisonne même l'animal
d'oîi elles proviennent, pour\ai que le poison ait été introduit dans les
veines ; par l'estomac, le liquide fécal n'est toxique qu'autant qu'il pro-
vient d'une autre espèce, ou d'animaux de la même espèce, mais mala-
des. Les effets de cet empoisonnement ont toujours paru à l'auteur être
une inflammation catarrhale de la muqueuse intestinale, avec tuméfac-
tion des glandes de l'intestin, du foie et de la rate, lorsque la quantité
d'extrait fécal administré était considérable ; l'introduisait-on dans le
sang par petites doses répétées, les lésions intestinales ressemblaient
fort à celles de la fièvre typhoïde '. Panum (1874), Arnold Hiller (1875-
1876), par des moyens variés, ont obtenu, de liquides ou de viandes^
putréfiés, des poisons qui n'étaient nullement représentés par des orga-
nismes microscopiques. Le poison putride de Hiller offrait cette particu-
larité étrange qu'il se multipliait chez l'animal en expérience et que sa
toxicité augmentait de génération en génération chez les victimes ; à la
dixième, 1 cent-vingtième de goutte de la solution de ce poison dans la
glycérine tuait un lapin en 52 heures. Les accidents pathologiques étaient
la fièvre, la dyspnée, la dissolution du sang, la diarrhée ; les lésions,
l'inflammation de l'intestin, du foie, de la rate et des reins.
* Stich (A.), Ueber die Wirkung putmUr Stoffe im Blut (Charité-Annàlen, III^
2, 1853).
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 277
D y a probablement encore fort loin de ces apparences à la fièvre
tj-phoïde qui, du reste, est le privilège de notre espèce. Les expérimen-
tateurs eux-mêmes n'ont pas prétendu avoir ainsi découvert Tagent
tvphoïgène. Mais, en supposant leurs expériences irréfutables, il n'est
pas absolument illogique d'admettre que la genèse de la fièvre typhoïde
au sein des foyei-s putrides est aussi la formation, par des phénomènes
purement chimiques, d'un poison que divers véhicules apporteraient
ensuite à l'économie. Sander \ sans s'en expliquer longuement, accepte
c^tte manière de voir et, dans tous les cas, se refuse à entrer dans la
théorie parasitaire pour ce qui concerne les maladies issues de la putri-
dité. En parlant des causes de la fièvre typhoïde spécialement, il se sert
toujours du mot Gijt (poison) et jamais de Kehn (germe).
Cette théorie du poison typhoïque a bien plus de précision que la pré-
cédente, qui e^t obligée de garder un silence a])solu sur la nature de
l'agent qu'elle prétend naître dans les foyers putrides. Malheureusement,
la fièvre typhoïde, en clinique, ne ressemble guère à un empoisonne-
ment. De plus, on découvre aujourd'hui des poisons de l'albumine décom-
posée, les ptomaïnes (A. Gautier, Selmi), qui pourraient bien donner la
clef des expériences de Panum et de Hiller ; ce ne sont pas, à la vérité, des
microorganismes, mais ils produisent sur l'économie tout autre chose
que des maladies infectieuses. Disons, toutefois, que ces « poisons
putrides y> et, peut-être, les ptomaïnes, font involontairement songer aux
épidémies d'origine alimentaire d'Andelfingen, de Kloten, etc., suppo-
sées typhoïdes par les uns, mais très contestées par d'autres. Nous
aurons l'occasion d'y revenir ; ce n'est pas l'un des points les moins épi-
neux de cette vaste question.
4. A l'époque actuelle, il n'est presque plus permis de regarder la
fièvre typhoïde autrement que comme une maladie parasitaire, par con-
séquent jamais spontanée. Cela ne signifie pas encore absolument le
« développement continu » de l'espèce et la filiation immédiate des cas;
ceci est une autre loi à dégager ; mais, désormais, le point de départ de
toute discussion semble devoir être l'existence d'un germe réel et inva-
riable, essentiellement étranger à l'économie, dont l'introduction et la
multiplication dans nos tissus ou notre sang sont la raison plus ou moins
du'ecte des troubles cliniques et anatomiques, et vis-à-vis duquel les
puissances de l'organisme se réduisent à la préparation d'un milieu de
culture humain, d'une liqueur nutritive « adéquate » chez l'individu.
Dans le champ de l'observation naturelle, l'origine du dogme nouveau
' Sander (Friedrich), Uandhuch der off'eitUchen Ges'indheitspflege. Leipzig. 1877.
p. 37 et suiv. ! ..._,
278 SÉANCE DU MERCREDI f> SEPTEMBRE.
remonte aux faits de contagion typhoïde, si nettement aperçus par Gen-
dron, Piedvache, W. Budd, etc. Dans le domaine de rexpériraeutatiou
et des recherches de microbotanique, il a été tout d'abord une conclu-
sion par analogie des faits acquis dans l'histoire de quelques maladies,
propres à d'autres espèces animales plutôt qu'à l'homme. Je ne sais
même si on ne le présentait pas déjà dès le moment où fut établi le rôle
immense des microorganismes dans les fermentations ; c'est dans ce
temps là que W. Farr consacrait par la qualification de « zyraotiques »
l'assimilation secrètement entrevue des phénomènes morbides avec celui
dont la connaissance se révêlait à la chimie sous un jour tout nouveau.
Les maladies infectieuses dont l'origine parasitaire est hors de doute,
— et desquelles on a cru pouvoir conclure à l'origine parasitaire de toutes
les autres infectieuses, — ne sont pas encore en grand nombre. Il en est
jusqu'à trois de cet ordre : le charbon, le choléra des poules et la pèhrine
des vers à soie. On remarque tout de suite que deux de ces maladies sont
étrangères à l'homme et que le charbon môme n'est qu'accidentel dans
notre espèce. Nous n'en faisons pas, aux expérimentateurs, un reproche
qui tomberait tout d'abord sur un savant français, le plus illustre de
tous. Ils ont eu les meilleures raisons du monde défaire porter leurs pre-
mières tentatives sur des affections pour lesquelles les animaux leur
offraient des sujets aptes à la maladie expérimentale comme à la
maladie naturelle. Il est évident que l'inaptitude connue des ani-
maux à l'infection malariale, à la fièvre typhoïde, etc., est d'avance
une cause de défiance vis-à-vis des résultats que pourront annoncer
les expérimentateiu^ qui pensent avoir reporté sur des lapins l'agent
spécifique de la malaria, comme MM. Klebs et Tommasi Crudeli»
ou celui de la fièvre typhoïde, comme Birch-Hirschfeld, Jules Guérin
et de plus modernes, dont il va être parlé. Dans les résultats, sauf
que les animaux en meurent et qu'il y a des bactéries dans leurs
organes, la maladie provoquée ne ressemble guère à la fièvre malariale
ou à la typhoïde. On expérimentera peut-être quelque jour sur des ani-
maux plus rapprochés de l'homme, sur des singes, ou sur des animaux
préparés d'avance par des procédés analogues à ceux par lesquels
M. Pasteur a vaincu l'antipathie de la poule pour l'infection charbon-
neuse. Les difficultés sont grandes. Aussi la fièvre typhoïde n'est entrée
sérieusement dans le laboratoire que bien après la pébrine et le charbon,
l'histoire de son microbe est à peine née et l'existence même de ce para-
site ne dépasse guère la valeur d'une induction.
Ce n'est pas que l'on n'ait point encore vu de parasites chez les typhoï-
diques. On en a vu trop, au contraire, et trop de variétés ; c'est même
cela qui nous autorise à dire que le vrai germe, le réel « Bacillns ti/phn-
KTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 279
SUS » n'est pas encore démontré. Sans doute, les récentes études sur ce
pomt ont fourni « quelques résultats vraiment remarquables » et la direc-
tion donnée aux recherches est bonne * ; mais que nous sommes encore
loin de la netteté avec laquelle se présente aujourd'hui l'histoire de la
Bactéridie charbonneuse et de la précision de son rôle dans le dévelop-
pement du sang de rate dos moutons (pourvu, toutefois, qu'une autre
espèce?, la Bactérie du charbon stjmptoniatique^ ne vienne pas jeter
quelque trouble dans les faits acquis !) Voici, du reste, brièvement, oii
nous en sommes relativement au microbe de la lièvre typhoïde.
Il ne servirait à rien, dans cet historique, de remonter à la découverte
malheureuse du D' Klein et à ce champignon si semblable au Crenothrix
pob/spora de Cohn, que l'auteur reniait au moment même oii M. H. Gué-
neau de Mussy le présentait en France. Je crois également que l'on peut
passer sous silence les vues hardies de l'honorable physicien John Tyn-
dall, sur la « panspermie typhoïde » et les nuages bactériels; indépen-
damment du vague parfait dans lequel nous laissent de telles assertions,
il a paru certain à M. Miquel que le savant Anglais n'avait pas pu se
mettre à l'abri de graves causes d'eiTcur dans ses recherches sur les
corpuscules aériens ^
Les travaux récents de MM. L. Letzerich (Braunfels,) Edvv. Klebs
(Prague), J. Eberth (Zurich), Guido Tizzoni (Catane), Brautlecht
(Brunswick), Robert Koch (Berlin), etc., ont un tout autre caractère '\
Je cite ces noms dans un ordre quelconque, parce qu'il serait difficile
de (lire à qui appartient la priorité. M. Klebs dit avoir eu l'occasion de
contrôler les premières recherches de M. Letzerich, qui remontent à
187C ; sa communication personnelle * date de 1880 ; mais il nous apprend
que depuis plusieurs années déjà, dans son laboratoire et à son instiga-
tion, ses élèves, Fischl, Eppinger, Chomjakoff, avaient fixé divers points
importants de l'histoire duparasitisme typhoïde. D'autre part, M. Eberth,
dont le premier mémoire * apam aussi en 1880, rappelle que v. Reckling-
' Ziiber (C.) et Du Cazal (L.), Du rôle pathogéniqne des microbes. (Revue des
sciences médicalei^, 1881); Zuber (C.) Ferments et maladies. {Gazette hehdomad.
1882, ii« 13, p. 203).
* Miquel (Pierre), Etude géturale sur les bactéries de VatmosjMre, {Annuaire de
Montsouris pour 1881, p. 40(j et suiv).
' Voy. une très bonne analyse de la plupart de ces communications dans la
Herue de médecine, 1881, p. 954 et 1019.
* Klebs (Edwin), Der Ileotyphus eine Schistomycose. (Archiv f. expert m. Patliolo-
gie und Pharmakologie, XII, p. 231, 1880).
* Kberth (G. J.) Die Organismen in den Organen bei l'gphus abdomitmlis. (Ardiiv.
f. patholog. Anatomie und Physiologie und fur Klin. Medicin, von Rud. Virchow ;
LXXXr, p. 58. 1880).
280 SÉANCE D\: MERCREDI G SEPTEMBRE.
hausen, en 1871, et lui-même en 1872, avaient signalé la présence de
masses de micrococci clans des foyers purulents sur des tyi)hoïdique8.
Enfin, M. Robert Kocli, qui croit pouvoir prononcer entre les longues
bacilles de Klebs et les bacilles courtes d'Eberth *, déclare aussi qu'il
possédait les photographies de celles-ci avant qu'Eberth eut publié ses
constatations.
Il serait stérile d'analyser ces mémoires. Nous nous bornerons à y
prendre ce que l'on nous apprend de la forme du parasite, de son siège,
de son acti\ité pathogénique.
a. FonïU'8 du parasite, — M. Letzerich décrit à peu près constam-
ment des micrococci isolés, en colonies ou en chaînettes, fort semblables
à ceux de la diphtérie et de la pneumonie infectieuse ', mais qui, dans
les cultures, atteignent à une taille deux à trois fois plus grande que les
micrococci de ces dernières, de même que les chaînettes typhoïdes sont
du double plus longues et plus de deux fois plus larges. Ce n'est que tout
récemment (1881) que l'auteur parle de bâtonnets dans les veinules pul-
monaires et, en post-script um, annonce qu'il a pu observer les filaments^
avec spores, décrits par M. Klebs.
Le professeur de Prague * voit, au contraire, le « Baeilhis typhosm »
sous la fonue de filaments de grande taille, 50 micromillim. de long sur
0,2 de micromillim. de large, sans segmentation ni ramification. Lorsque
les spores y apparaissent, les filaments peuvent atteindre un demi-
micromillimètre de diamètre ; les spores y sont rangées l'une derrière
l'autre, sur un rang et très rapprochées. Avant d'atteindre à cet état,
le Bacillus typhosus forme des bâtonnets plus courts, qui peuvent égale-
ment renfermer des spores, habituellement terminales ; le passage à
l'état de filament est préparé par un stade de bâtonnets sans sjiores,
disposés en rang, qui proviennent vraisemblablement de la segmenta-
tion en travers des bâtonnets qui s'allongent. La forme en filaments se
trouve aussi bien à l'état de mycélium épais dans les tissus (intestin,
larynx) qu'à l'état de filaments simples, parallèles, en boucles ou en
spirale, dans les vaisseaux. Il est vraisemblable, mais non absolument
certain, que des spores ovales, libres, se rencontrent dans quelques tis-
sus nécrosés. Elles y sont plutôt isolées qu'en amas. Les bâtonnets
* Koch (Hol)ert) : Zar Untersuchung von palhof/enen Orgnnismen (Mittheilungen
aiis dem Kaiserlichen Gesundheitsamte^ von I)*^ Strnck, 1, j). 45. 1881).
' Letzerich (L.) : l'ntersuchunffen iiher die morphologUchen Unterschiede einiger
pathogenen Schisfomyceten. (Archiv f. experimcnt. Pathologie itnd Pharmakologie,
XII, p. :]51. 1880.
* Klebs (Etlwin) : Der Bacillus des AhdomiualiyphuH mid der typhose Process.
(Archiv. f. esp. Piithoïog. und Phanmik., XIII, p. 381, 1881).
ÉTIOLOiJïfe ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TVPHOIDK. 281
courts d'Eberth et les amas de microcoques de Fischel pourraient être
regardés comme les premiers stades de développement de ces spores.
On voit encore, dans quelques cas, dans l'intestin, le poumon, les embo-
lies capillaires des reins, du myocarde, des formations de micrococci ;
mais c'est une complication de l'infection bacillaire et probablement un
processus septique. — Nous avons sous les yeux les dessins dont M. Klebs
a accompagné son travail ; on y voit des microcoques en colonies, des
bâtonnets droits et couils, des bâtonnets droits et longs, des filaments
flexueux tels que ceux qui portent plus spécialement le titre de vibrions,
les uns sans spores, d'autres avec des spores l'une derrière l'autre. Il
^t difficile, à moins d'être très versé dans ces études, de trouver à ces
organismes des caractères un peu distinctifs.
M. Eberth S avec des précautions que nous ne pouvons exposer en
détail, en se servant de l'acide acétique concentré pour éclaircir les
coupes et en se bornant à étudier, non les organismes isolés, mais les
colonies petites ou grandes, est arrivé à se rendre très bien compte de
l'aspect des amas de corpuscules trouvés dans l'épaisseur des glandes
lymphatiques et de la rate. Il pense que la désignation de microcoqties
ne convient pas à ces corpuscules, non plus qu'à ceux qu'ont décrits
Sokoloff (187G) et Fischl (1878) ; ce ne sont point, en réalité, des cor-
puscules sphériques, comme on poiurait le croire, si on ne les examine
<liae dans l'épaisseur des amas ; lorsqu'on a soin de faire porter Texa-
mm sur les bords de la colonie, oii les organismes sont moins seiTcs, on
reconnaît, à un grossissement assez fort, qu'il ne s'agit guère d'auti*e
oliose que de bâtonnets. Ceux-ci sont à peu près de la grandeur des
Bacilles effilées que l'on trouve dans le sang putride, avec cette diflfé-
i^nce que les premiers ressemblent quelquefois plutôt à des ovoïdes
^niincis ou à des fuseaux écouiiés qu'à de véritables cylindres. Les
extrémités en sont arrondies. Quelques corpuscules ovoïdes apparaissent
^ côté des bâtonnets. Souvent, des Bacilles vues perpendiculairement
donnent l'illusion de corps semblables à des microcoque^, de même dia-
inètre que les Bacilles. L'auteur n'a jamais vu, en pareil cas, de cocci
sphériques incontestables. Ces bacilles typhoïdes ont les contours moins
accentués que celles de la putréfaction ; leur contenu est homogène,
^uf de rares cas oii l'on y aperçoit un à trois corpuscules semblables à
^6s spores. Un caractère distinctif sur lequel flberth insiste spéciale-
^ôiit, c'est que les Bacilles typhoïdes se colorent très faiblement i)ar le
* ïlberth (C. J.) : loc. cit. et : Xeue Untersuchungen iiber âen Bacillus des Ahdo-
^^^^<€Uyphus. {Archh f.pathoîoffischc Anatomie und Phi/siologie, \on^\u\.\irchow.
^^ XXIII, p. 480. 1881).
282 8ÉANCE DV MERCREDI (> SEPTEMBRE.
violet de méthyle, qui colore au contraire facilement et d'une façon
intense les bactéries et les raicrocoques du sang putréfié et des parties
nécrosées de l'intestin. — Les figures annexées aux mémoires représen-
tent des bactéries grosses et courtes, parfois réunies bout à bout en
couples, quelquefois coudées, à extrémités an'ondies, quelques-une5 ren-
fermant un corpuscule plus brillant qui fait Teffet d'une spore.
M. Robert Koch, sans prétendre que Ton puisse dès maintenant déter-
miner d'une façon précise le rôle des divers organismes vis-à-vis du
typhus abdominal, déclare cependant que les bacilles grosses et courtes
d'Eberth sont les seules qui paraissent avoir des rapports spécifiques
avec cette maladie. Les microcoques ne sont point d'une constatation
habituelle et ressemblent infiniment à ceux qui se présentent secondai-
rement au soin des tissus dans toute autre maladie. Les bacilles allongés
de Klebs appartiennent aux parties mortifiées et rentrent probablement
dans la classe des bactéries banales qui se développent volontiers sur
un terrain préparé par les bactéries pathogènes, comme l'auteur Ta
observé dans un cas de charbon chez l'homme ; c'est encore un parasi-
tisme secondaire. Restent les bacilles d'Eberth, rencontrées dans la pro-
fondeur des tissus. M. Robert Koch possédait précisément depuis deux
ans, quand Éberth publia son premier travail, des photographies dans
lesquelles on reconnaît ce même organisme, développé dans les mêmes
conditions que celui du professeur de Zurich.
Un pharmacien de Wendebourg près Brunswick, M. Brautlecht * a
examiné, dans des conditions qui laissent beaucoup à penser, un orga-
nisme qu'il regarde comme le parasite typhoïde. Il lui assigne les carac-
tères suivants. Dans l'eau qui le contient, on aperçoit des filaments, Ae&
bâtonnets, des cocci libres ou en amas ; par la culture, on obtient u*^
feutrage de filaments délicats, dont quelques-uns sont plus ou moiii^
nettement articulés, et qui se fragmentent bientôt en bâtonnets plix^
•
courts ; ceux-ci se résolvent eux-mêmes en cocci réunis en chapelets, qi>^
s'agglomèrent en amas, en petites colonies, ou s'éparpillent isolément^ -
Après une succession de cultures, les longs filaments disparaissent ; o:^^
ne retrouve plus que des bâtonnets courts, de taille variable, qui se résol^
vent en cocci comme précédemment. Des cocci, en revanche, se refot —
ment des bâtonnets, soit par bourgeonnement des spores (les cocci, daim:^
ce cas), soit par formation à l'intérieur de celles-ci. Il n'est pas certaiïi
que cet organisme jouisse de mouvements spontanés. L'auteur neT^
pas mesuré exactement ; mais il estime qu'il est une fois aussi épais que
» Brantleclit (J.) : Pathofjene Bdctenaceen im Trinktcasser hei Epidemieen vt>n
Typhus abdominalis. (Virchoic'H Archiv. iXXXlV, p. 80,1881).
\
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 283
bacilles de la septicémie de Koch ; une fois et demie autant que des
îilles pathogènes découvertes par Brautlecht lui-même dans l'urine
m malade atteint de typhus tacheté ; moitié moins gros que le Bade-
im termo et pas plus du tiers du Bacillus suhtilis.
I. Siège du parasite. — M. Letzerich a d'abord reconnu les cocci
•hogènes dans le sang, à l'état isolé ; puis dans le tissu conjonctif et
)arenchyme du foie, dans le rein (canalicules et lymphatiques), dans
3aisseur de l'intestin, dans les cellules des follicules, dans la rate,
is le poumon (cellules et tissu conjonctif périalvéolaire). — M. Klebs
t son Bacillus typJwsus dans les glandes deLieberktihn, dans le tissu
jonctif qui les avoisine, sous les couches d'infiltration celluleuse ; les
sses nécrosées de l'intestin sont remplies de filaments feutrés. Il l'a
rouvé une fois dans les mailles de la pie-mère, d'autres fois dans le
imon, dans les foyers emboliques du rein ; il pense qu'il y adesbacil-
dans toute plaque de Peyer, tant que le processus est en voie de
eloppement. M. Eppinger avait constaté les bâtonnets et filaments
is les cartilages du larynx, dans des cas accompagnés d'ulcération de
appareil. — Fischel, Sokoloff, ont trouvé leurs microccocci dans les
ndes lymphatiques et dans la rate. — M. Eberth ne rencontre ses
puscules spécifiques que dans l'épaisseur (et non à la surface) des
ndes et de la rate. — Les figures microphotographiques de M. Koch
iportent des parasites dans les reins, le foie, la rate. — M. Braut-
it n'a examiné de bacilles que dans l'eau et dans les cultures,
sotons que la présence des organismes regardés comme pathogènes
été constatée par Eberth (1" mémoire) que dans la moitié des cas ;
?mble qu'on les trouve plutôt dans la période d'augment que dans la
ladie confirmée ; ce qui contredit l'aflinité que le professeur Klebs
r attribue pour les escharres. Enfin, le professeur de Zurich n'a rien
ivé, ou n'a vu rien de pareil aux bactéries typhoïdes, dans diverses
res maladies, même de celles qui, comme la phthisic, comportent aussi
ulcérations intestinales.
, Activité pathpgénique des microorganismes typhoïdes. — C'est près-
î toujours sur des lapins, naturellement, mais malheureusement pour
doctrine, que l'on a essayé les bacilli supposés typhoïdes et plus ou
ins isolés par la culture à l'état de pureté. M. Brautlecht, avec '/2 ^
de centimètre cube de liquide de culture en injection sous-cutanée à
5 lapins, détermine, surtout chez les animaux âgés, la diarrhée, le
périssement et la mort, avec catarrhe intestinal, tuméfaction de la
:e et des glandes méseiitériques, plaques de Peyer tuméfiées, jaunes,
:iculées, rarement des eschares. Chose bizarre, les bacilli qui se trou-
nt, en été, à la surface des algues vertes, donnent les mêmes résultats
284 Si^AXCR DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
et, quant aux bacilles récoltées des eaux dites typhogènes, elles finissent
par perdre leurs propriétés spécifiques par la culture ! — Le professeur
Letzerich a cultivé sur la gélatine les cocci obtenus de selles ou de cra-
chats de typhoïsants et qu'il suppose être le microbe de la fièvre typhoïde;
il a inoculé à des lapins les produits de culture et a provoqué chez ces
animaux les mêmes désordres que M. Brautlecht. — Klebs, qui u'a
qu'une médiocre confiance dans les microcoques de Letzerich non plus
que dans la source à laquelle il les emprunte, rapporte trois séries d'ex-
périences de son élève, le D' Chomjakoff, dans lesquelles des bacilles
typhoïques de culture (sur la gélatine), filtrées ou non, incorporées à de
la colle de poisson, à du bouillon de muscles humains, ont été injectées
dans le péritoine de lapins. Les animaux ont présenté aussitôt après
une élévation de température qui a atteint son maximum le troisième
jour ; la mort est survenue chez tous du troisième au quatrième jour,
deux fois avec de la diarrhée. Les lésions qui peuvent paraître en rapport
avec l'injection ont été : la rougeur et le volume des glandes de Peyer,
l'augmentation de volume de la rate, l'infiltration cellulaire du tissu
interstitiel dans les plaques tuméfiées ; la présence de microcoques resta
douteuse, mais la péritonite était d'autant plus évidente que Ton avait
poussé moins loin les générations de culture. Dans une quatrième expé-
rience, l'injection fut faite sous la peau avec le sédiment des selles typhoï-
des, à la façon d'Eberth ; les résultats varièrent peu, sauf l'absence de
la péritonite. Une cinquième et une sixième expérience, avec le sédiment
lavé au phosphate de soude, ou chauffé à GO, 70 et 100 degrés, eurent
lieu par injection ou en mêlant le liquide aux aliments des animaux. On
obtint encore le gonflement de la rate et des plaques de Peyer, quelque-
fois des microcoques sous la muqueuse. Enfin, le professeur lui-même fit,
sur des lapins, un cochon d'Inde et un pigeon, soit avec des liquides de
culture, soit avec le contenu de l'intestin d'un lapin victime d'une expé-
rience antérieure, des essais, dans lesquels il ne parait pas avoir cherché
une reproduction approchée de la fièvre typhoïde de l'homme, mais
plutôt le moyen de constater la régénération et la multiplication de son
Bacillus tf/phosus. A son point de vue, les résultats sont déclarés satis-
faisants, quoique bons à poursuivre et à soumettre à de nouvelles étu-
des. Ils sont fort incomplets et même embarrassants, au point de \Tie
clinique ; ce qui explique peut-être que l'auteur néglige de s'inquiéter
spécialement de ce dernier. — M. Tizzoni, ayant extrait par filtration
les matières insolubles d'une eau accusée d'être typhogène, injecta cet
extrait à des chiens et obtint à la fois des lésions d'aspect typhoïde et
des microcoques accompagnés d'un fin mycélium rameux. Klebs tient
8(^8 résultats pour démonstratifs, mais, ajoute-t-il, ses constatations
microscoi)iques auraient besoin d'être contrôlées.
KTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 285
Gardons-nous de jeter le moindre discrédit sur ces travaux, dont l'ins-
piration est absolument légitime et scientifique et l'exécution aussi déli-
cate que méritoire. Mais, avouons-le, les conquêtes récentes n'atteignent
pas au delà de ceci : que, dans nn certain nombre de cas de Jièire
ti/pho'/de, des microorganismes se rencontrent dans le sang, dans des
tissns et des organes, qui n'en renjerment point à Vétat normal, — D est
bon de rappeler que le tube digestif et les voies aériennes présentent
seuls des Bactériens, chez les animaux en santé'. — Pour ce qui est
de la nature, de l'origine et du rôle de ces microbes, nous restons dans
une désagi'éable perplexité, en présence des histologistes et microgi'a-
phes, qui ne concordent pas entre eux et, surtout, obtiennent des résul-
tats cliniques dans lesquels nous ne reconnaissons pas la physionomie
de notre fièvre typhoïde.
Au fond, pour nous médecins, la forme et l'individualité botanique des
microbes typhogènes ont infiniment moins d'importance que leur origine
et leurs effets pathologiques. Le monde des microbes est le véritable
domaine et le triomphe du transformisme. Ces organismes modifient
leur forme spontanément et selon le milieu dans lequel ils vivent (Ray
Lankester, A. Giard, Fokker, Nâgeli, etc.) ; ils paraissent surtout chan-
ger de propriétés en changeant d'habitat. P. Grawitz pense avoir obtenu
par la culture des moisissures vulgaires, Eurotium et Pénicillium, des
produits de deux ordres, moi-phologiquement identiques, mais dont les
uns constituent des champignons pathogènes d'une haute malignité, tan-
lis que les autres peuvent circuler impunément dans le sang des ani-
maux ^ Le D' Fiessinger (d'Ëpinal), dans le même temps, distinguait
iussi les spores de moisissures incomplètement cultivées et bénignes et
es mêmes spores devenues maUgnes par la culture complète. Il arrivait
nême que l'injection de ces dernières à des lapins suscitait des ulcéra-
ions des follicules clos de l'intestin, principalement à la fin de l'intestin
çrêle ; d'où l'auteur conclut que la fièvre typhoïde peut bien être pro-
iuite par une moisissure vulgaire, dont les spores seraient devenues
nalignes en conséquence d'une culture spontanée ; quand la culture est
incomplète, il n'y a que des embarras gastriques ; lorsqu'à la faveur de
'été, la culture est suflSsamment avancée, les cas de fièvre typhoïde
>ont nets et graves.
On sait que H. Buchner prétend ramener, par un nombre suffisant de
' Voy. Miquel (?) : Becherches microscopiques sur les Bactéries de Vair et du sol
Annuaire de Montsouris pour 1882, p .494).
* Grawitz (Paul) : Ueher Schimmelvegetatùmen im thierischen Organismus (Vir-
liow'8 Archiv. LXXXI, p. 355, 1880).
280 8ÉAX(;E du MKRCR£D1 6 SEPTËMBBE.
cultures, la Bactéridie charbonneuse à la Bactéridie du foin, et récipro-
quement, faire acquérir à celle-ci, par un autre genre de cultures, l'ap-
titude à produire le sang de rate. Ce vulgaire BacilUts suhUlis a peut-
être d'autres propriétés encore, quMl révèle lorsque Toccasion lui en est
fournie. M. Weniich (de Berlin) affirme tout simplement l'identité de ce
saprophyte, qui fourmille dans le gros intestin de l'homme, avec les
« Typhus desmohacUtridies, » rencontrées par Klein , Klebs, Ebertb,
dans les glandes intestinales et les organes atteints secondairement '. 0-
bacilliLs, inoffensif tant qu'il ne quitte pas le gros intestin, dont la texture
est faite pour que le parasite ne i)uisse en franchir la paroi, peut, à la
faveur de circonstances très variables, gagner l'intestin grêle, qui n'est
l)as armé contre lui de la même fa(;on : il pénètre par les glandes, s'y
nmltiplie en foyers qui deviennent l'occasion d'eschares, s'infiltre dans
l'épaisseur de la paroi intestinale, gagne secondairement la rate, le foie,
les reins. La théorie expliquerait à la fois la genèse des cas de fièvre
typhoïde, les origines si diverses de la maladie, ses allures cliniques, les
rechutes, les désordres anatomiques. Il s'agit simplement d'un cas par-
ticulier de ce que l'on appelle, en microbotanique, « hétérotop'w, » J'ai
hâte de dire que \qs résultats de (îrawltz ((xaffRv), de Buchner, et la
théorie de Wernich sont très contestés.
Nous ne sommes pas au bout de nos étonnements. L'étude de^ micro-
bes n'est qu'à ses débuts et leur riMe en pathologie est probablement la
partie la plus épineuse de leur histoire. Les merveilleuses découvertes
que nous avons entendu proclamer dans ces dernières années, — je parle
de celles que l'on peut regarder comme acquises, — sont juste suffisantes
h nous laisser entrevoir combien nous sommes éloignés d'une lumière
complète et de lois invariables. L'année dernière (18S1 ), nous apprenions
de M. Pasteur lui-même que la salive des individus en santé l'enferme un
microl)e capable de provoquer chez le lapin et le chien une maladie
a nouvelle, » que Mauric^e Raynaud et M. Lannelongue obtenaient par
rinoculation de la salive d'individus morts de la rage — et prenaient
l)our la rage même. D'autre part, les faits se succèdent et se pressent,
dans lesquels les variations expérimentales de l'activité des viinis font
pressentir leurs variations spontanées. Sans parler des résultats cités
plus haut, est-ce que les magnifiques succès de M. Pasteur dans l'atté-
nuation de quelques virus ; ceux qu'obtiennent MM. Arloing, Corneviu,
et Thomas par un simple changement dans le mode d'introduction du
* Wernicli (A) : Die Entwicklumj der organisirten Krankheitsgifte. Berlin, 1881N
p. 89-97. — Du même : Ueher die Aufyaben der ôffentl. Gesundheitspfiege gegen-
ïiher dem Ahdominaltyphus. (D'" Vierteljahrsclir, f. ôflf. Gesundh. Xllf.p. 513, 1881).
KTIOLOGIE ET PROPHï'LAXlE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 287
î bactériel ; la singulière exaspération de la vimlence du tuber-
éalisée à Taide d'une succession de cultures et d'inoculations par
mssaint et M. H. Martin, ne sont pas autant de preuves de
îine flexibilité vitale des raicroorganismes et de leur aptitude
le indéfinie à varier de propriétés selon les conditions du milieu et
influence de certains agents extérieurs V
e prétends point que ceci doive nous ramener à la considération
ive des influences générales extérieures, d'une part, à celle de la
puissance de l'organisme humain d'autre part. Seulement, cette
î étude conserve une importance telle, dans le cas particulier, que
e pouvons nous y dérober. Le parasite de la fièvre typhoïde existe
toute apparence; mais, en pratique, ce n'ast guère plus qu'un
^ raison. On ne saurait encore en connaître directement l'origine,
)itudes ni les propriété.s ; force nous est de continuer à demander
ervation naturelle les conditions dans lesquelles il pourrait se con-
, s'il existe, se propager, se multiplier, ou au contraire, étrecora-
Art. II.
Les milieux naturels de Tagent typhogène.
S nous servons, dans le titre de cet article, d'un terme aussi vague
•ssible, conforme à l'incertitude qui règne encore dans la science
lus propre, selon nous, à n'éveiller aucune susceptibilité doctri-
1 nous sera impossible, cependant, tout en ne qualifiant point ici
t pathogène de parasite, de ne pas raisonner quelquefois dans
thèse d'un parasitisme réel, que l'on peut, d'ailleurs, enore moins
l'aflirmer.
t probable que l'agent typhogène est sorti primitivement de quel-
ilieu extérieur à l'homme; il n'est donc pas impossible que le même
reproduise aujourd'hui. Mais il serait tout à fait stérile de remon-
on origine dans le temps ; l'agent typhogène existe et il vient des
3S, telle est la base sur laquelle nous devons raisonner et qui est,
te, admise à peu près partout. Sous quelle forme vient-il des mala-
1 est encore inutile de discuter sur ce point ; l'agent typhogène
is les produits pathologiques, c'est-à-dire dans les déjections alvi-
s malades, puisque les selles expulsent au dehors une partie de ce
irnissent les glandes intestinales ulcérées. Il faut regarder aussi
î très prob<able que la matière infectante se trouve, à certains
its, dans l'urine et dans les produits d'expectoration, puisqu'il
288 8ÉANCE DU MERCREDI G 8EPTEMBRE.
y a de la néphrite et de la bronchite infectieuse. Je n'affirmerais pas
qu'elle n'est jamais dans les excrétions de la peau.
Une fois qu'il a quitté le malade, où se trouve l'agent typhogène?
Dans quoi peut-il se conserver, capable d'activité, se multiplier peut-
être ; par conséquent d'où peut-il sortir?
V Le sol. — Théoriquement, qu'il soit une bacille quelconque ou
une molécule de toute autre nature, l'agent typhogène arrive d'une
façon presque nécessaire aux couches superficielles du sol et même
dans sa profondeur. Les déjections des malades, les eaux qui ont seni
à laver leurs linges, les impuretés rejetées de la maison qui les abritait,
atteignent naturellement le sol, si l'on n'y met de sérieux obstacles. Que
d'autres produits gagnent l'atmosphère, ils ont encore toutes les chances
du monde d'être ramenés au sol par la pluie ou la neige. Enfin, les cada-
vres de typhoïsants sont, comme les autres, confiés à la terre, dans des
conditions d'enfouissement plus ou moins parfaites.
Mais ces souillures spécifiques sont régulièrement accompagnées
d'une souillure banale plus abondante encore. C'est même là où celle-ci
est au plus haut degré que la première se réalisera le plus sûrement, à
l'occasion ; Tune et l'autre relevant de la même incurie sanitaire. Aussi
a-t-il été facile, à celle des doctrines spontanéistes qui fait naître la fiè-
vre typhoïde de la putridité banale, de rencontrer ordinairement celle-ci
et d'en faire ressortir l'importance. De même, paraît-on avoir souvent
raison lorsqu'on présente le sol comme le milieu de maturation néces-
saire du germe typhoïde, milieu d'autant plus approprié qu'il est déjà
pénétré de putridité.
Sans faire de théorie d'emblée, essayons de suivre les destinées de
l'agent typhogène dans le sol.
Lorsque des déjections typhoïques se trouvent h la surface du sol, ou
bien elles s'y dessèchent, ou bien elles sont entraînées par la pluie dans
la profondeur. Dans le premier cas, la matière desséchée a des chances
de prendre l'état pulvérulent, de retourner à l'atmosphère sous l'action
du moindre vent et de redevenir dangereuse sans avoir été réellement
influencée par le sol. Dans le second, elle pénètre avec l'eau plus ou
moins aisément et plus ou moins profondément selon la perméabilité du
sol, et surtout à la faveur des crevasses qui résultent de la prolongation
des sécheresses. La pluie, en effet, n'entraîne pas aussi facilement les
corpuscules solides, les éléments figurés des matières fécales, que les
éléments solubles.
L'épaisseur des premières couches terrestres renferme des quantités
prodigieuses de microbes et spécialement de bacilles ; 700 à 900 mille
microbes par gramme de terre, à 20 centimètres de profondeur, selon
KTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE L\ FIÈVRE TYPHOÏDE. 289
. Miquel ; les neuf dixièmes sont des bacilles. Mais cette effroyable
oportion prouve-t-elle également l'abondance des bacilles pathogènes ?
ouve t-elle même une réelle putridité? On ne saurait le dire. D n'y
pas plus de microbes, il y en a même moins, dans une terre irriguée
l'eau d'égout que dans une autre. Les microorganismes sont chargés
écisément de la décomposition des matières azotées et, parmi eux,
trouve le ferment nitrique (Schlœsing et Mûntz), qui est un agent
assainissement. Celui-ci est tué, au contraire, quand la sursatura-
m organique du sol déborde et l'étouffé. Le sol, comme d'autres
ilieux, n'est adéquat pour la culture spontanée des microbes qu'à un
int déterminé de pénétration fécale, que nous ne connaissons pas.
le deviennent les microorganismes pathogènes, mêlés aux déchets
ganiques, dans le sol ? Nous n'en savons rien. Le ferment nitrique fait-
périr l'agent typhogène en altérant le milieu dans lequel celui-ci est
pposé devoir se conserver et pulluler ? Je ne crois pas qu'on ait jamais
sayé de le savoir et il est permis de s'étonner que certaines Écoles,
iîs brillantes et très dignes des applaudissements de l'hygiène, n'aient
s cherché à s'assurer de ce que deviennent les germes du choléra et
la fièvre typhoïde dans le sol, qui joue un rôle si prépondérant dans
ir doctrine étiologique. A vrai dire, il n'est pas certain que le mot
çerme » {Keim) sigaifie un parasite positif, dans la bouche de M. de
îttenkofer et de ses élèves, bien que, pour son ami M. v. Nâgeli, la
itière infectieuse ne puisse être qu'un Schizomycète ' .
Cependant, les germes typhogènes se trouvent certainement dans le
l, à un moment donné, grâce aux infiltrations des fosses d'aisance et
fût-ce que par les cadavres des victimes, que l'on dépose en
rre. Nous savons, d'autre part, que les corpuscules-germes de la
ctéridie charbonneuse (non les bacilles elles-mêmes) vivent en
nne intelligence, dans des conditions semblables, avec des germes dif-
•ents, en particulier avec le vibrion septique. Qu'est-ce qui ramènera
germes typhogènes à la surface ? Les vers de terre, ces véhiculateurs
\k contestés pour ce qui concerne le charbon (R. Koch) ? Encore fau-
Voici, d'après M. Wernich, un aperçu des doctrines de Munich. Le germe
rbide X et le substrat Y, qui doit fournir le lieu et le temps, se réunissent quel-
5 part pour former Z, le véritable germe. Cette réunion peut^ avoir lieu dans le
ps humain ou au dehors. Pettenkofer penche pour la réunion « ectanthrope, »
i3 regarde la réunion « endanthrope » comme possible aussi. M. v. Nâgeli n'ad-
t pas ce dernier mode (monohkistique) ; « il y a, dit-il, deux champignons, qui ne
ivent se réunir en un germe morbide que hors du corps de l'homme (mode
iastique); » l'un est le germe fourni par le malade, l'autre le champignon mias-
tique (MiasmenpUz).
19
2î)0 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 0 SErrEMBRE.
drait-il qu'il y eut des vers de teiTe en toute saison et sur tous les ter-
rains (y compris les navires), comme il y a de la fièvre typhoïde sur tous
les terrains et eu toute saison. Un véhicule tout trouvé, c'est l'ah* du
sol, qui ast soumis à des échanges incessants avec l'air atmosphérique.
On sait quels services nous ont rendus les Écoles allemandes, dans
l'étude de ce fait physique considérable, qui a évidemment, avec la
santé, des rapports de plus d'une sorte. Appliquer ces notions précieuses
à l'étiologie de la fièvre typhoïde et de quelques autres infectieuses
était bien tentant. Les gaz du sol, ramenés \ la surface par toutes les
conditions qui réalisent un appel du dedans au dehors, devaient rap-
])orter aussi les molécules infectieases de l'épaisseur des couches super-
ficielles ; ces gaz étaient d'autant plus abondants que l'imprégnation
organique du sol se prêtait plus largement aux combustions lentes et à
la formation de CO^ ; les oscillations verticales de la nappe souterraine
influaient puissamment sur le phénomène par les variations du degré
d'humectation des couches pénétrées de détritus, par l'appel à l'oxygène
extérieur, etc. ; la dépression barométrique (A. Vogt) favorisait l'ascen-
sion des gaz du sol, mais l'agent d'aspiration le plus important et sur-
tout le i)lus redoutable était la température intérieure des habitations,
qui introduisait dans nos appartements l'air du sol et tout ce qu'il est
capable de charrier.
Cette ingénieuse théorie est probablement exacte pour certains cas et
nous lui serions très indulgent, si elle ne s'associait à l'idée du passage
nécessaire de l'agent typhogène par le sol. A priori, dès que la fiè\TC
typhoïde naît d'un agent extérieur, d'un germe si l'on veut, il est àpré-
voii' que des milieux et des supports divers pourront lui ser\1r de récep-
tacle et de véhicule, à la condition de ne i)0sséder rien qui lui soit anti-
pathique ; l'observation prouvera qu'il en est ainsi et que l'agent typho-
gène n'a pas besoin d'un milieu de maturation déterminé et, même, se
passe de tout intermédiaire.
Il est démontré (Ilenk, Miquel), qu'un courant d'air très faible, tra-
versant le sol, peut en ramener des germes et soulever les poussières de
la surface, si la terre est sèche. Humide, la terre ne laisse rien passer
que l'air microscopiquement pur, mais pouvant renfermer des gaz étraiv
gers. Or, il est certain que la fièvre typhoïde ne naît pas des gaz (i^
combustions organiques, fussent-ils mal odorants ou même toxique^*
Avec la théorie de la véhiculation par l'air du sol, on pourra se trouva'
plus d'une fois embarrassé, car les épidémies typhoïdes ne sont pas tout^
en été ou en automne. L'École de Munich accepterait volontiers le bli-^
dage du sol de nos demeures, en vue de nous préserver de la réasce ^J
sion des gaz telluriques : si l'on adopte cette pratique, il sera enco ^^
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 291
rudent de ne pas laisser par-dessus le blindage les mêmes choses
on aura irrévocablement isolées par-dessous.
e sol qui a reçu des germes morbides devait les rendre régulière-
à l'eau ou à l'atmosphère, si surtout il était ce substrat, presque
ensable à leur maturation et à leur multiplication, que suggère
ttenkofer, las champs d'irrigation actuels, adoptés par tant de
pour l'évacuation et l'utilisation de leurs immondices, seraient de
blés magasins de virus, comme M. Pasteur l'a fait craindre, et
tueraient un effroyable danger pour les localités environnantes,
les cultivateurs de ces champs, pour les consommateurs des
es produites à l'aide de ce fertile engraissement. — Pourtant, je
as entendu dire que la fièvre t)rphoïde maltraitât spécialement les
ilteurs de Craigentinny, de Beddington-farm, des Marcites de
; les habitants de Gennevilliers se sont plaints (ou l'on s'est plaint
îux) de fièvres intermittentes et point de fièvre typhoïde; ceux de
Il (Dantzig) sont enchantés d'être au voisinage des «Rieselfelder, »
rigation du domaine d'Osdorf (Berlin) n'empêche pas les villages
îhterfelde et de Maiîenfeld de prospérer, les 2000 jeunes gens de
3 des Cadets de Lichterfelde de se porter aussi bien que nos
•Cyriens *. Autour de Lille on arrose les champs, d'une façon
le d'ailleurs, avec l'engrais humain liquéfié ; quelques villages sont
oie à la fièvre typhoïde ; seulement, ce n'est pas la population
)le qui commence les épidémies et paie le plus lourd tribut, ce sont
oupes d'ouvriers des diverses industries, Belges pour la plupart,
t entassés dans une malpropreté complète des personnes et des
s ; mais cette malpropreté est de source banale et n'intéresse pas
plus que d'autres milieux.
is songeons involontairement ici à la formule de M. Léon Colin,
v^ement à la production du miasme de la malaria. On dirait, en ce
)ncerne la fièvre typhoïde, que le sol imprégné de putridité, lors
I que celle-ci eût été fécondée par des germes spécifiques patho-
, n'est dangereux que quand la putridité est immobile et aban-
îB à eUe-même. La culture rend un tel sol inoffensif. J'aimerais
. croire que les germes typhogènes sont une illusion que d'accepter
d'un amoncellement de ces germes dans les terrains irrigués à
d'égout.
, amoncellement serait-il produit par le dépôt des cadavres de
Idiques ? Des recherches de M. Miquel, faites à l'occasion de la
Dy. Durand-Claye (Alf.), Les travaux d^ assainissement de Damig, BerUn,
u (Revue d'hygiène, III, 1881).
I
292 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
question des cimetières de Paris ', montrent que les cadavres enfouis
dans les champs des morts, avec tous les bactériens imaginables,
n'influencent nullement, sous le rapport de la quantité de microbes»
l'air qui passe par-dessus les tombes. De même, l'eau qui sort ies
champs d'irrigation est presque privée de microgermes : « Il n'existe
pas à Paris d'eau potable qui l'emporte en pureté microscopique sur
l'eau du drain d'Asnières destiné à rejeter à la Seine le résidu des eaux
d'égout filtrées à travers les jardins et les champs irrigués de la pres-
qu'île de Gennevilliers. » Et, cependant, le sol lui-même, irrigué ou
non, renferme près d'un million de bactéries par gramme de terre!
Nous pourrions bien être au début d'une époque dans laquelle il
faudra modifier profondément des théories qui paraissaient naguère
solidement établies et ralliaient d'illustres partisans. Que faut-il penser
aujourd'hui de l'influence de cette putridité par trop évidente et intolé-
rable qui s'étale au long des rues sans égouts de certaines villes, dans
les fossés ouvertes qui servent d'égouts à d'autres, dans les recoins à
immondices, les courettes fangeuses des groupes d'habitations ouvrières,
au pourtour des habitations de village avec les fumiers permanents, les
mares à puiin, la fiente humaine dispersée partout V Le sol y est telle-
ment souillé qu'il atteint la sursaturation putride et que l'eau des puits
voisins est inipotable. La même chose arrive du sol des villes où persiste
la généralisation des fosses fixes non étanches et la coutume des puits
absorbants. Tout cela est horriblement malpropre, par conséquent d'une
haute insalubrité ; reste à savoir si la fièvre typhoïde en peut naître.
U faut renoncer, je pense, à l'en faire naître spontanément. Donc, il
faut que la putridité banale ait reçu la fécondation par les matières
typhoïdes. Que les germes contenus dans ces matières aient pullulé ou
non, ils ne s'échapperont point par évaporatiou de la masse putride,
tant qu'elle gardera de l'humidité. Infiltrés dans le sol, ils n'en revien-
dront qu'avec les difficultés et le^ intermittences que nous venons de
dire. D semble bien plus simple de se passer de cette oscillation embar-
rassée et douteuse, de germes qui s'enfoncent d'abord pour remonter
ensuite, et de penser qu'au moment de la sécheresse (qui amve plus tôt
à la surface que dans l'épaissseur), les matières infectieuses, restées
superficielles, deviennent pulvérulentes et chargent l'atmosphère de
bactéries, parmi lesquelles des corpuscules pathogènes.
Dans les conditions ordinaires, même avec un sol favorable, les molé-
cules infectieuses ne s'échappent pas, aussi aisément qu'on le suppose,
* Ville de Paris, Commission d'assainissement des cimetières. Rapports et pièces^
justificatives. Paris, 1881. — Annuaire de Montsouris pour 1882, p. 454.
ETIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVKE TYPHOÏDE. 293
e répaisseur des couches terrestres. La preuve en est que la fièvre
rphoïde redouble étonnamment d'intensité, dans une même ville,
>rsque des tranchées, des remuements de terre exécutés pour des
-avaux publics, mettent brusquement à nu ces couches, imprégnées au
>ug des âges (Nancy, Francfort). Ce qui était profondeur devient
iirface : ce qui était humide se dessèche ; voilà où est le danger.
Le sol, dans son épaisseur, se présente plutôt comme une protection
ue comme une menace vis-à-vis de la pureté de l'air. Il en est
utrement de la surface. Celle-ci pénètre l'air de microbes aussi bien
ue de poussières minérales, dans le moment où elle est dépourvue de
humidité, qui est le plus puissant moyen de fixation des microbes. Nous
omprendrons peut-être mieux ainsi qu'avec aucune h)rpothèse la loi
? excicerbation estivo-autonmale de M. Ern. Besnier, si confonne à ce
ait considérable des recrudescences de bactéries aériennes, dix-neuf
ois sur vingt, annonçant dans le laboratoire de M. Miquel l'imminence
l'une crue des décès par maladies épidémiques, que va relever dans
^aris M. Bertillon. Notons que la fièvre typhoïde est toujours en tête
les maladies qui contribuent le plus à créer ces coïncidences et que les
iauts sommets de chacune des courbes, celle des bactéries et celle des
lécès épidémiques, tombent de part et d'autre sur les mois d'été et
ipécialement sur juillet et août.
On ne paraît pas admettre, dans l'école de M. v. Pettenkofer, que les
corpuscules pathogènes puissent être charriés par la nappe souterraine
lUsqu'à l'eau des puits, comme le veut Liebermeister. L'adhérence des
iiicrobes à la terre humide justifie cette opinion ; en outre, comme nous
.e verrons, les bactéries pathogènes ne se plaisent pas dans Teau. Mais
il y a un procédé d'éloignement des immondices qui peut mettre direc-
tement dans la nappe souterraine les excrétions typhoïdes ; ce sont les
puits absorbants. Quoi qu'il arrive ultérieurement de l'eau de boisson,
Q semble que cette circonstance puisse entraîner très largement l'imbi-
bition du sol par les souillures banales ou spécifiques, à la faveur das
déplacements de la nappe souterraine, lorsque cette nappe repose, à une
faible profondeur, sur une couche imperméable et que son mouvement
se trouve être entravé par une circonstance accidentelle. M. Gibert met
au compte d'un mécanisme pareil l'épidémie du Havre de 1880 à 1881 ".
Les puisards ou hétoires des quartiers hauts se vidaient autrefois à la
mer par la nappe souterraine ; dans les derniers temps, on a fait des
égouts qui ont en quelque sorte opéré un barrage entre les puisards et
' Gibert, Une épidémie de fièvre typhoïde au Havre (Revue d^hygiène, III, sep-
tembre 1881).
294 SECTION I. — SEANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
la mer ; le sol s'est trouvé imprégné de matières organiques et pénétré
d'humidité. De là, une explosion de fièvre typhoïde se manifestant dans
le quartier réputé jusque-là le plus sain de la ville.
L'explication de M. Gibert est plausible. On a trouvé d'autres raisons
pour la fièvre typhoïde du quartier Léopold à BruxeUes (1869), et pour
celle des quartiers hauts de Croydon (1875). Cet étrange fléau atteint, à
leur tour, les habitations saines, riches, haut placées, après les quartiers
malpropres, pauvres, en terrain déprimé. Tant mieux pour l'étiologie,
si l'on peut prouver, dans les deux cas, que la souillure du sol a été le
fait dominant, identique de part et d'autre, et que c'a été la seule
condition pathogénétique. Malheureusement, c'est ce qui paratt difficile.
Quoi qu'il en soit, je crois utile de reproduire actuellement la formule
la plus récente que je connaisse de la théorie telliirique de l'étiologie
typhoïde. Je l'emprunte à M. le D' Port, de Munich *.
1 . La fièvre typhoïde est dans la dépendance la plus étroite du sol ;
elle naît primitivement ou par impoi'tation sur le sol morbide * et, par
contre, ne saurait être transportée sur un sol non morbide ;
2. Même sur un sol morbide, tous les individus ne sont pas atteints;
une certaine disposition de l'économie est indispensable pour contracter
la maladie ;
3. Un sol imperméable est indéfiniment à l'abri; un sol poreux devient
surtout transitoirement morbide par un assèchement inaccoutumé ;
4. Les substances dangereuses, qui se forment dans le sol malade, ne
sont point apportées à l'homme par l'eau de boisson, mais par l'air qui
s'échappe du sol ;
5. La maladie ne se répand point par les émanations des latrines ;
6. Comme il n'est pas en notre pouvoir d'empêcher le transport de la
matière pathogène ou de changer la disposition des individus, il ne reste^
à l'activité de la prophylaxie qu'à pratiquer un traitement approprié du
sol.
On le voit ; il faut blinder nos rues et le sol qui supporte nos demeures»
Pour être bon, ce n'est pas précisément commode à réaliser. Je ne sai^
* Port, Zur Aetiologie des Abdominaltyphus (Vortrag gehalten im Âerztlichen
Verein MUnchens, am 7 April 1880).
' Le mot allemand est SiecJûiaft, difficile à traduire en français et qui pourrait
se rendre aussi par infecté, mUismatique, patlwgene (mieux : pathogone). Il se relie
à la théorie diblastique de v. Nàgeli, suivant laquelle le sol morbide (siechhafl) ,.
ou souillé banalement, provoque chez les habitants une infection miammatiquer
sans laquelle le germe contagieux, provenant du malade, ne peut se développer
(J. Soyka: Ueber die Natur und die Verhreitungsiceise der Infectionserregery
Mftnchen, 1881).
KTIOLOfllE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 295
'il est absolument impossible d'entraver le transport de la matière
pathogène ; mais je crois que nous avons quelque piise sur les « dispo-
itions » individuelles et je serais désolé qu'il en fût autrement. Si encore
lous savions exactement en quoi consiste cet état a morbide » du sol ! Ce
l'est qu'après Téclosion de la fièvre typhoïde qu'on peut être sûr que le
<A était malade. C'est bien tard.
Il manque donc, à cette théorie, une démonstration expérimentale de
)remière importance. Néanmoins, elle est simple et il est superflu de
aire remarquer qu'elle est conforme h une vaste catégorie de faits et,
out d'abord, à ceux que relèvent à Munich des savants aussi distingués
[ue MM. Port, J. Soyka, Fried. Renk et d'autres. Un détail devrait lui
tttirer aujourd'hui encore bien des sympathies, c'est que M. Port, qui
;e reconnaît d'ailleurs un profane en microbotanique, ne se prononce
)as sur la nature du moteur typhogène et ne paraît pas tenir au parasi-
isme ; il se sert volontiers du terme : « substance dangereuse, » qui ne
^tarait effaroucher personne. Enfin, il accorde si franchement la prépon-
lérance de la disposition individuelle qu'on se demande pourquoi il ne
-allie pas un certain nombre de spontanéistes.
Je suis tenté de croire que cette idée, sur laquelle insiste tant l'auteur,
^ue le sol est l'intermédiaire nécessaire entre le malade, producteui' de
.'agent infectieux, et l'homme sain, destiné h recevoir la maladie, fait
un grand tort à cette théorie dont la base est légitime et la pathogénie
logique. Hors de Munich, la plupart des observateurs s'aperçoivent
:|u'une doctrine aussi exclusive les mettrait, à chaque instant, dans de
sérieux embarras.
Les observations présentées par M. Port à l'appui de sa thèse sont-
plies suffisamment démonstratives ? L'épidémie de Gerlachsheim (Bade)
prouve que la fièvre typhoïde n'est pas contagieuse à la façon de la
variole, parce que la localité a été occupée successivement, mais avec
des intervalles de temps, par des foyers que séparaient les uns des autres
ies groupes de maisons épargnées. Pareil fait n'est point rare, l'auteur
le dit avec raison, et il est certain aussi que la typhoïde n'est pas conta-
^euse de la même façon que la variole. Mais, est-ce que les groupes de
maisons atteintes étaient seuls bâtis sur un sol poreux et malade, les
fiutres étant sur le roc resté pur ? On ne le dit pas. On cite des moitiés
le casernes envahies par la fièvre typhoïde, l'autre moitié restant
indemne, et cela prouve bien qu'on peut boire, dans tout un régiment, la
même eau sans partager les mêmes atteintes morbides ; mais le soi était-
il blindé sous la caserne à droite et perméable à gauche et, l'année pro-
chaine, la fièvre ne passera-t-elle pas à l'aile qu'elle a respectée cette
année ?
296 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
Si le sol est le même sous les deux ailes d'une même caserne, ou,
dans un village, sous les groupes de maisons envahies et sous les autres,
c'est peut-être que les dispositions des habitants ont primé la puissance
du sol et de Tagent typhogène ; ou bien, comme je le croirais plus volon-
tiers, c'est qu'il y avait, dans les groupes atteints, un ensemble de cir-
constances fâcheuses, de souillures des hommes et des choses, qui n'exis-
tait pas au même degré chez les groupes indemnes. M. le D' Alison, de
1870 à 1878, a observé , dans le canton de Baccarat (Meurthe-et-MoseDe),
une série nombreuse d'épidémies de villages, fort semblables h celle de
Gerlachsheim * ; ainsi qu 'il arrive pour les petites localités, il a pu le
plus souvent retrouver le contage et constater aussi que ce contage peut
se conserver pendant des mois et plus d une année, sans occasionner de
nouveaux cas. Dans quoi se conservait-Il ? Dans la putridité des fumiers,
des fosses à purin, des puits négligés, dans le sol à la rigueur et surtout
à sa surface ; mais aussi dans l'habitation même et « principalement
dans les vêtements » (Obs. XIII), comme il a bien fallu le conclure, des
cas oïl la famille buvait, à la fontaine communale, une eau irréprochable,
avait transporté le produit de ses déjections dans des champs éloignés
de la maison, et enlevé plusieurs fois (depuis le premier cas) le fumier et
le purin. Par ailleurs, M. Alison reconnaît l'énorme influence, pour
créer la disposition, des émanations putrides et de la consommation
d'une eau « souillée par des matières organiques, » au point que, parfois,
« ce n'est pas le contage mais bien la putridité qui a été le facteur pré-
pondérant de la maladie. » C'est, je crois, de cette façon large qu'il faut
comprendre l'influence du sol ; sa nature, l'état de sa surface, ne sont
point choses indifférentes ; mais elles agissent rarement seules et ne sont
jamais nécessaires.
Qu'il soit germe ou autre chose, l'agent typhogène est une matière et
non un pur dynanisme. Il trouve évidemment des conditions plus pro-
pres à l'anéter pour un temps dans le sol dont la surface est perméable
jusqu'à une certaine profondeur que dans le granité, à la surface duquel
les corps de petites dimensions glissent et sont entraînés par les pluies.
En d'autres termes, les sols pennéables sont aptes à se laisser pénétrer
par la putridité ; le granité ne l'est pas. Mais y a-t-il au monde une sur-
face quelconque que le séjour des humains ne puisse parvenir à salir
plus ou moins, à un jour donné ? Non. Et le granité se trouve, en réa-
lité, moins favorable h l'éclosion de la fièvre tj'phoïde, mais point abso-
lument réfractaire. C'est ainsi qu'il faut comprendre les réflexions pré-
* Alison, Étiologie de la fihre typhoïde dam les campagties {Archives gén. de
wéd., 7* série, V., 1880).
ÉTIOLOfllE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 297
tentées à ce sujet par M. Mague, à l'Académie de médecine, en 1865.
Sur 757 épidémies, l'auteur en relevait 564 sur les terrains de forma-
tion récente, 129 sur des terrains mixtes et 64 sur les terrains primitifs
ou de transition. Si les rapports envoyés à l'Académie comprenaient
toutes les épidémies, on pourrait voir ici l'expression d'une loi qui existe
peut-être. Les faits ne prouveraient pas moins que la fièvre typhoïde
peut prendre sur tous les terrains, encore qu'elle ait une prédilection
pour les formations jeunes, et que la formule de Munich est bien trop
absolue.
Les hygiénistas de cette école, d'ailleurs très brillante, tiennent tou-
jours aux rapports qu'il y a entre la fièvre typhoïde et les oscillations de
la nappe souterraine. Le parallélisme entre la chute de celle-ci et l'as-
cension de celle-là est vrai à Munich et s'appuie sui' des observations
exactes, poursuivies avec une persévérance digne d'éloges. Ces rapports
n'ont pas été trouvés les mêmes partout ; mais encore, pour observer la
nappe souterraine, faut-il qu'il y en ait une, ou au moins une qui soit
accessible. M. L. Colin fait remarquer qu'il est aussi difficile d'atteindre
la nappe souten*aine que son influence typhogène, à la caserne de Man-
sourah (Constantine) et au château de Montbéliard, bâti sur un rocher
imperméable et taillé à pic, qui ont eu néanmoins leurs épidémies. Et
quelle influence a pu avoir la nappe souterraine dans les épidémies de
fièvre typhoïde des navires (Friedel, Hirsch, etc.)?
Dans la réalité des choses, la fièvi*e typhoïde se montre sur tous les
continents, dans tous les pays, sur les montagnes et les plateaux, dans
les vallées et les plaines, par conséquent sur des sols très divers, ainsi
que le prouve la revue géographique si complète de Hirsch * ; mais,
comme les plaines et les vallées, à sol argileux, alluvial, poreux et fertile,
sont bien plus fréquentées par notre espèce que les roches cristallines de
la montagne, il est certain d'avance que l'on trouvera beaucoup plus
d'épidémies typhoïdes dans les premières (sol perméable) que sur les
secondes (sol imperméable).
D m'a semblé, au reste, que M. Port n'accorde point à l'abaissement
ie la nappe souterraine une influence mystérieuse et que cet abaissement
îst surtout, dans la question actuelle, l'expression de la sécheresse,
^.lors, nous sommes bien près de nous entendre. La sécheresse peut se
Faire sentir sur tous les sols possibles, avec ou sans nappe souterraine.
Je ne crois pas que jamais, là oii des hommes habitent sur un sol cris-
tallin, la surface terrestre soit absolument nue comme la pierre et lisse
' Hirsch (A.), Handbnch derhistorisch-geographischen Pathologie; 2^ Bearbeitung.
Stuttgart, 1881.
298 sEcrnos i. — skaxck du mercredi 6 septembre.
comme uu marbre taillé ; il y a toujours un peu de terre végétale super-
posée au roc, autour des habitations ; ne fût-ce que le résultat de Teffri-
tement des granités. Cette terre est, comme d'autres, susceptible d'hu-
midité et de sécheresse, capable de recevoir à sa surtace et dans ime
certaine épaisseur des choses putrides et des germes ; par conséquent,
de les rendre avec la poussière, dans la saison favorable. Oîi sont les
distinctions à faire entre les sols habités, au point de vue de l'aptitude
à devenir malades ?
Il convient, d'ailleurs, de distinguer les cas dans lesquels l'influence
du sol peut s'exercer.
A la fin de septembre 1874, quelques milliers d'hommes (IV* corps de
l'armée française) viennent camper près de Pontgouin (Eure-et-Loir),
aux bords de l'Eure, sur un sol poreux mais peu perméable, constitué
par l'argile superposée à la craie et d'une fâcheuse réputation depuis
les pertes en ouvriers que causèrent, de 1684 à 1688, les travaux tentés
par Louis XIV pour amener les eaux de l'Eure à Versailles. Quinze jours
après, et à la suite d'une pluie persistante, la fièvre typhoïde éclatait
sur toutes les troupes du camp. Il est évident que le rôle du sol a été, là,
complètement nul et, surtout, que le sol n'a pas été cet intermédiaire né-
cessaire, ce substrat dans lequel le germe typhoïde doit mûrir, selon l'idée
de Pettenkofer, pour être apte à infecter les individus réceptifs. Si l'on
retranche des 15 jours le temps de l'incubation chez les premiers mala-
des, il restera 4 ou 5 jours au plus pour la culture spontanée du germe ;
encore faut-il supposer qu'il ait été semé dès l'arrivée des troupes et sur
tous les points du camp, puisque tous les régiments ont été pris à la fois.
Autant vaut abandonner cette idée d'un passage des germes par le sol.
C'est ce qu'a fait M. Régnier, l'historien de cette curieuse épidémie '.
Et que penser de l'influence du sol dans cette grande et regrettable
expérience que la récente expédition de Tunisie a procurée à l'étiologie
de la fièvre typhoïde ? Presque toutes les troupes, sauf celles qui avaient
déjà quelque temps de séjour en Algérie et l'habitude de l'Afrique,
payèrent un lourd tribut au fléau, dès la fin de mai 1881. On avait
apporté de France les germes, plus ou moins latents ; au besoin, on les
eût trouvés en Algérie même. Mais peut-on songer qu'ils aient pu attein-
dre le sol et y fructifier suffisamment pour infecter des troupes absolu-
ment mobiles, qui ne passaient jamais guère plus de 24 heures au même
campement? Ce à quoi l'on devait s'attendre de la part du sol de la
Tunisie, en juin et juillet, c'étaient les fièires malariales^ les vraies tel-
' Régnier, Iai fièvre typhoïde au camp de Pontgouin (Eure-et-Loir). Kecherches
étiologiques. (Bec. de mém. de méd. mUit., 3* ser. XXXII, p. 177).
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 299
luriques, et les affections climatiques. On crut même pendant quelque
temps que telle était la nature des maladies qui éprouvaient Tannée»
jusqu'à ce que les autopsies pratiquées par de nombreux médecins, spé-
cialement par mon savant ami M. Kelsch, qui en a noté une centaine^
eussent démontré les lésions anatomiques de la fièvre typhoïde.
Il y a, pourtant, une circonstance dans laquelle on comprend aisé-
ment l'influence du sol sur les épidémies typhoïdes : c'est quand celles-ci
éclatent àl'occasion et au voisinage de tranchées et de remuements de terre
dans l'intérieur des villes. Cette fois, il est diflicile de ne pas apercevoir
une relation de cause à effet. Le sol des villes est dans ces conditions d'im-
mobilité et de sursaturation putride que nous avons signalées précédem-
ment comme possibleset positivement dangereuses; ilyalànon seulement
les infiltrations occasionnées par les dépôts incessants à la surface, mais
encore celles qui se produisent plus inévitablement peut-être par les
fosses d'aisance, les égouts borgnes, les puits perdus. Nous n'avons
aucune peine à admettre, avec M. Varrentrapp, que la haute mortalité
typhoïde de l'année 1874, à Francfort (7,9 décès typh. p. 10,000 hab.),
ait été due aux travaux mêmes de canalisation, exécutés dans ce temps-
là, au sein des vieux quartiers, imprégnés d'immondices séculaires *. De
même, il est apparent que M. Daga est dans le vrai en établissant une
relation entre les travaux de canalisation et de terrassement qui ont eu
lieu à Nancy et les épidémies qui, depuis 1875, frappent chaque année
la garnison ou la population de cette ville % bien que Nancy ait quelques
lacunes d'hygiène à se reprocher. — M. Léon Colin a cité quelques autres
laits analogues. Mais il me semble apercevoir une différence capitale
entre eux et ceux que l'on attribue aux émanations d'un sol putride,
d'ailleurs non ouvert ; la terre du fond, ramenée à la surface, est pleine
de germes qui ne se détacheront pas tant qu'elle restera humide (l'hu-
mectation est peut-être le côté le plus positif des arrosages au chlorure
de chaux), mais qui se mêleront aux poussières atmosphériques dès que
ce terreau urbain se desséchera sous les rayons du soleil.
Pour conclure : le sol peut recevoir et rendre l'agent typhogène ; mais
il n'est pas un lieu de passage nécessaire pour cet agent d'infection. La
porosité du sol est favorable à l'éclosion des épidémies de fièvre, mais
l'état de la surface étant le point étiologique le plus important, les sols
imperméables n'y sont point réfractaires. Des surfaces tout autres peu-
vent même en recevoir, en garder et en transmettre les germes.
• Varrentrapp (G.), Offener Brief an Herm D" Erhardt (D. Vierte^jahrsschr. f.
ôff. GesuncUieitspfllege, XII, 1880).
' Daga, Mémoire sur la fièvre typhoïde qui a réjné à Nancy pendant les années
1878-1879 {Bec, de mém. de méd. mUitaire. 3« série, XXXVIII, p. 113, 1882).
300 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
2" L'eau. — Il y a deux manières, pour Tagent typhogène, de se
mêler à l'eau, et, par conséquent, d'être rapporté à rhommeparles
voies digestives, avec l'eau que nous consommons en boisson .
Je ne reprendrai pas cette question de principe, pour laquelle je me
suis passionné autrefois outre mesure, de savoir si les voies digestives
sont la porte d'entrée habituelle des virus et des miasmes. Je crois tou-
jours que les voies aériennes sont beaucoup plus favorables à Tintroduc-
tion de la plupart de ces molécules infectantes ; mais il y a assez de &its
à l'appui de la pénétration par la voie gastrique pour que je cesse de
discuter celle-ci. Cet élément du problème n'a d'ailleurs qu'une impor-
tance secondaire.
Si l'agent typhogène est quelquefois dans notre eau, il devient dange-
reux de ce fait. Mais comment peut-il y arriver et, quand il y est, s'y
conserve-t-il V
D peut y arriver directement, par la projection de matières fécales,
d'uiines typhoïdes, dans les cours ou réservoirs d'eau, par le lavage à
ces eaux de linges ou autres objets ayant servi à des typhoïsants : ou bien,
indirectement, par la filtration dans le sol jusqu'à l'eau des puits, prises
ou conduites d'eaux, rivières, etc., de déjections typhoïques déposées à
la surface ou projetées dans des récipients non étanches.
Le premier mode est, assurément, très possible. Il ne compromet
guère les puits ; mais beaucoup des cours d'eau qui traversent les villes
reçoivent, systématiquement ou sans qu'on le veuille, une proportion
considérable des déjections de typhoïsants. Ceux qui en reçoivent le
moins sont les fleuves des villes qui ont appliqué rigoureusement la
vidange intégrale aux égouts avec l'épuration agricole. — Le second
mode est d'une réalisation moins facile ; la filtration à travers le sol
prête toujours aux arrière-pensées que j'ai déjà indiquées ; cependant,
elle est probable dans les endroits où des fosses mal étanchées avoisinent
de très près des puits sans maçonnerie. Quant aux communications entre
les fosses ou égouts et les conduites d'eau, elles sont possibles, mais ce
n'est, en général, que par suite d'accidents.
L'intérêt de la question est de savoir comment le germe typhoïde se
comporte dans l'eau. A priori^ il est improbable que l'eau, et une eau
quelconque, soit un bon milieu de conservation de n'importe quels ger-
mes ou même d'une matière organique différente. On sait combien il
est délicat de trouver la vraie liqueur de culture de chaque espèce de
microbes ; si l'eau pure en alimente normalement une, il est à prévoir
qu'elle sera réfractaire ou mortelle pour la plupart des autres. Il n'en
est plus de même s'il s'agit d'une eau sale, renfermant des substances
minérales alcalines, de l'anmioniaque, ou simplementdes détritus de pro-
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 301
venance animale. Une telle eau peut être le liquide nounîcier de beau-
coup de bactéries ; M. Miquel assure que mêrae les eaux potables en
renferment des myriades, mais cela ne nous apprend rien de la présence
des bactéries pathogènes. En outre, une eau sale se purifie spontané-
ment, si elle appartient à un cours d'eau, et change de propriétés par
suite d'oxydations et de réductions spontanées, s'il s'agit d'un puits. 11 y
a donc des chances pour qu'elle ne soit pas indéfiniment la liqueur adé-
quate de la même espèce de microbes, a Les champignons contages, dit
Nâgeli, ne peuvent garder leur activité propre dans l'eau que pendant
un temps assez court. Ils y trouvent d'autant moins de nourriture que
l'eau est plus pure. Dans une eau de source tout à fait pure, ils sont rapi-
dement altérés par épuisement. Même dans une eau qui contient de la
matière nutritive et où ils peuvent se multiplier vigoureusement, ils sont
bientôt envahis par une dégénérescence qui les ramène à l'état de scbi-
zomycètes banals. On ne saurait donc affirmer que la contamination par
l'intermédiaire de l'eau de boisson soit impossible, mais elle doit être si
rare qu'on peut ne pas en tenir compte. C'est comme les accidents de
chemin de fer, qui n'empêchent personne de voyager. »
D'ailleurs, je viens de lo dire, les eaux de puits et même les eaux les
plus immobiles, ne sont pas toujours impures de la même façon ni au
même degré. Les phénomènes chimiques spontanés font varier assez
rapidement leur composition. Le développement même, à un certain
moment, des bactéries de la putréfaction est quelquefois un mode
d'assainissement; on connaît des eaux d'étangs qui, troubles et laiteuses
par fermentation, à une époque de l'année, se clarifient ensuite d'elles-
mêmes et sont bonnes à boire. Quant à l'eau des fleuves, il leur faut un
extraordinaire degré de souillure pour qu'elle ne se trouve pas purifiée
spontanément après quelques kilomètres de parcours; c'est la vase de
précipitation qui gêne et non l'impureté de l'eau. On ne remarque pas
que la fièvre typhoïde soit plus commune dans les localités en aval des
grandes villes que dans celles en amont et, d'une façon générale, si tou-
tes les villes échelonnées le long des fleuves souffrent de la maladie, on
peut bien dire que, comme pour la fièvre jaune et le choléra, les fleuves
n'ont en ceci que le rôle de grandes routes, permettant les échanges en
amont aussi bien qu'en aval.
Rappelons que M. Miquel a été jfrappé de l'extrême rareté des ndcro-
bes dans l'eau qui sort des champs d'irrigation de Gennevilliers et que
la commission d'assainissement des cimetières a constaté la pureté et
l'innocuité de celle des puits creusés au milieu des tombes.
En pratique, il y a néanmoins une multitude de faits à Tappui de la
propagation typhoïde par l'eau de boisson. Je laisse de côté poui* le
:-J()2 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI () SEPTEMBRE.
nioineut les exemples dans lesquels on n'a point accusé la souillure spé-
cifique du liquide. En Allemagne, où M. Wolfeteiner (de Munich) sou-
tient énergiquement la Trinkwassertheorie, M. Hirsch déclare qu'en
présence de tant d'observations, on ne saurait plus élever un doute légi-
time et qu'il faudrait renoncer à tout essai d'argumentation, s'il n'y
avait rien à conclure pour l'étiologie de la maladie de ces récits dans
lesquels le lien est évident entre l'action de la substance nuisible et le
développement de la fièvre typhoïde.
Ces récits, on les trouve un peu dans tous les auteurs et je craindrais
d'allonger inutilement ce rapport en en refaisant la liste. J'en ai ras-
semblé quelques-uns dans des travaux antérieurs* ; M. Jaccoud en a cité
un bon nombre dans son discouiT? à l'Académie de médecine, en 1877;
M. L. Colin en rapporte d'autres, empruntés à la médecine de l'arraée,
relativement rares et dans lesquels il n'est pas toujours question d'une
eau positivement souillée par des selles de typhoïsants, mais plutôt
d'une souillure banale. Enfin, M. Hirsch en résume sept appartenant à
ces dix dernières années et empruntés aux journaux anglais, allemands,
américains, sans compter les épidémies propagées par le lait, qu'il regarde
comme devant être aussi mises à la charge de l'eau, il n'est pas besoin
de dire pourquoi. L'eau ni le lait ne sont aussi souvent incriminés, spé-
cifiquement du moins, en France qu'en Allemagne et surtout en Angle-
terre. Cependant, la communication récente de M. Baraduc à la Société
de médecine publique de Paris* et la thèse d'un de mes élèves de Lille'
prouvent que nous ne laissons pas absolument aux étrangers le monopole
de ces imputations.
On peut, ce semble, conserver des doutes vis-à-vis des épidémies dans
lesquelles, comme celle de Lausen, près de Bâle (D' Hàgler, 1872), il
faut admettre que les corpuscules typhogènes ont franchi à travers le
sol une distance considérable ; et à l'égard de celles qui, comme l'épidé-
mie du village de Les Monts (Baraduc), n'éclatent que six mois après la
chute des déjections t}T)hoïdiques dans le réservoir des eaux potables. Je
note, d'ailleurs, que les premiers malades de cette localité, ceux qui
avaient fourni les germes destinés à éclore six mois plus tard, avaient
pris la maladie on ne sait où. — On fera bien encore de ne pas se borner
* Arnould (Jules), L'eau de boisson cotisiderée comme véhicule des miasmes et de*
virus (Gazette méd. de Paris, 1874). — Étiologie de la fièvre typhoïde (Ibid., 1875).
— Nouveaux éléments d'hygiène (Paris, 1881, p. 514 et 903).
' Baraduc (Léon), Contribution à Vétioîogie de la fièvre typhoide {BuU, soc. de
méd.publiq.y III, 1880, p. 368).
• Baelde (F.-P.), De la fièvre typhoide à la campagne. Thèse de Lille. 2"»* série,
n« 30, 1882.
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVBE TYPHOÏDE. 303
icuser par induction la communication des fosses ou des égouts avec
conduites d'eau; il a semblé à M. Lissauer que cette faute avait été
mise par Tbonorable G. Buchanan à propos de la fameuse épidémie
>oydon (1875). « Quelle part, dit M. Lissauer, après avoir examiné
•appoints, faut-il assigner, dans l'éclosion et la propagation de l'épi-
ie, à rintroduction des gaz d'égout dans les maisons et quelle part
communication de la conduite d'eau avec la canalisation destinée
immondices? On peut d'autant moins le déterminer que ces deux
ses sont purement hypothétiques et n'ont pas été effectivement
îrvées dans un seul cas'. » — Enfin, j'avoue n'avoir pas une con-
ce extrême dans l'argument qui consiste à prouver que la fièvre
loïde est sortie de tel puits ou de telle conduite d'eau par ce fait que
idémie a cessé loi*squ'une administration, émue sur le tard, a fermé
>uits ou cette conduite. Très généralement, cette mesure intervient
s que les coups du fléau ont été nombreux et étendus; qui sait s'il
^ait pas, alors, épuisé la réceptivité de la population et n'allait pas
• tout seul?
et argument est, d'ailleui-s, dangereux pour la théorie même. En
3, une épidémie, qui n'était pas la première, régnait sur la garnison
a forteresse de Marienberg, près de Wurzbourg. Le point est assez
é et l'eau d'alimentation des troupes n'était point prise à la distri-
ion de la ville, mais à un puits situé au pied de la colline. On sup-
% que la fièvre typhoïde sortait de là, on fenna le puits et l'on fit
ticiper la garnison à l'eau de la ville. L'épidémie n'en continua que
)lus belle et même s'aggrava. De même, sept mois après la cessation
a première, une nouvelle épidémie, plus grave encore, ressaisit cette
nison qui buvait une eau sans soupçon,
e crains donc qu'on n'ait apporté, çà et là, des preuves qui n'en sont
ou sont très discutables. Mais je ne nie nullement que la propaga-
i pai* l'eau n'ait eu heu quelquefois, puisque je la reconnais essentiel-
ent possible. Il convient aussi de remarquer que les faits relevés par
Hirsch sont bien choisis et aussi démonstratif que possible; le
ant épidémiologiste ne s'est pas borné à enregistrer l'interprétation
dogique des observateurs, il a mis en vue les détails caractéristiques.
ans en particulier l'épidémie de Caterham et de Red Hill, comté de
Tey, en 1879. Celle-ci fut si brusque que, dans l'espace de 15 jours,
Lissauer, Ueher die Thàtigkeit des engliaclien Gesundheitsamtes, seit dem Jahre
). Nach den Public Health Reports of the Médical Officer of the Privy Council
Local Government Board (D. Vierteljahrsschr. f, ôff. Gesundheitspflege, IX
7). — Arnould (Jules), Origine et prophylaxie de la fièvre typhoïde, etc. {Gazette^
ie. de Paris, 1877, p. 438}.
304 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
47 individus eu 35 maisons à Caterham, 132 en 96 maisons à Red Hill
tombèrent malades. L'approvisionnement d'eau dans ces deux localités
se faisait soit à une conduite d'eau installée à Caterham, soit à des puits
particuliers et à des citernes. Des 558 maisons de Caterham, 419 pre-
naient leur eau à la distribution commune; des 1700 de Red Hill, 924
s'abreuvaient à la même source. L'enquête médicale sur cette épidémie,
conduite par Thorne, montra que la maladie, d'aillem-s inconnue daiL«^
les deux bourgades depuis de longues années, avait sévi sans distinctiou
aussi bien dans les élégantes villas que dans les chaumières; qu'il ue
pouvait y être question de la nociveté banale des fosses d'aisance, des
canaux d'évacuation, attendu que les deux localités ont des systèmes
très variables d'éloignemeut des immondices et que les maisons pounues
de water-closets n'ont pas été mieux partagées que celles à fosses fixes,
à fosses mobiles ou closets à la terre. En revanche, il fut acquis que, des
47 premiers malades de Caterham, 45 habitaient dans des maisons appro-
visionnées d'eau par la conduite de distribution et que les deux autres,
non seulement étaient venus dans ces maisons, mais y avaient fait un
large usage de l'eau de la conduite. De même, à Red Hill, de 96 maisons
envahies, 91 faisaient exclusivement usage de l'eau de la distribution;
les 5 autres en usaient plus ou moins. Voici, selon Thorne, comment la
contamination de l'eau s'était produite : la compagnie, à qui apparte-
nait l'entreprise de distribution d'eau de Caterham, avait entrepris, au
commencement de janvier, des travaux de terrassement en vue de par-
faire l'utilisation des sources qui alimentaient la conduite, et un puits
d'une certaine profondeur avait été creusé perpendiculairement à cett^
conduite. Parmi les ouvriers occupés au fond de celui-ci, se trouvait un
honmie, comme on le sut plus tard, qui avait été infecté à Croydon, où
régnait alors la lièvre typhoïde, et qui, pendant les premiers jours de sa
maladie, se rendit encore au travail du fond. Obligé à des évacuations
intestinales profuses et fréquentes, ce malheureux ne pouvait, à chaque
fois, remonter à la surface ; il cédait au besoin dans le fond même et ses
déjections arrivaient directement dans la conduite. L'explosion de l'épi-
démie eut lieu simultanétnent à Caterham et à Red Hill et précisément
14 jours après la contamination de la conduite d'eau selon le mode qui
vient d'être indiqué *.
Je note en passant que cet intervalle de 14 jours, en même temps
qu'il lève la difficulté qu'on éprouverait d'admettre une conservation
* Cette relation est empruntée par M. A. Hirsch au Ninth annucU Report oflhe
Médical officer of the Local Government Board, 1879-1880. — Le D' Edw. Ballard
s'est occupé du même fait dans Tfie Bntish medicai Journal, 17 janvier 1880.
ËTIOIX)OIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 305
[>rolongée du principe typhogène dans Teau, prouve aussi que cet agent,
3U ce germe, n'a pas besoin de Tincubation lente, de la maturation dans
iD milieu intermédiaire, que lui ont attribuées les théories de Budd, de
Pettenkofer, etc. Ces 14 jours sont tout juste le temps nécessaire à
[^arrivée du contagium aux voies digestives des individus et à Tincuba-
tion chez Thomme d'une maladie qui, à plusieurs égards, ressemble aux
[contagieuses incontestées. Le même intervalle se retrouve dans une
observation analogue, due à Proels (1880), et relative à la petite ville de
Nabburg (Haut-Palatinat). — Cela ressemble bien, quant au temps et
$aiif un véhicule qui n'a pas de propriétés spéciales, à une contagion
directe; pourquoi ne voudrait-on pas que le même germe pût être
Apporté par Tair, sans transition, lorsqu'au lieu de tomber dans l'eau
il arrive immédiatement dans l'immense et universel véhicule atmosphé-
rique.
Du reste, nous arrivons à ce nouvel aspect de la question. Pour com-
pléter la discussion actuelle, joignons à la transmission typhoïde par
l'eau la transmission par le lait, pour tous les cas dans lesquels c'était
encore, en réalité, l'eau que l'on accusait, à propos du lait consommé.
Cette eau préalablement contaminée s'introduit avec le lait, dit-on, soit
parce qu'on s'en est servi pour le lavage des récipients de ce liquide ali-
mentaire, soit simplement parce que les laitiers, suivant une antique
tradition, ont étendu leur marchandise sans même prendre la précau-
tion de choisir l'eau qu'ils vendent au prix du lait. Ce qui vient d'être
dit suffit à démontrer que ce mode de transmission est possible, mais
sous les mêmes réserves que la véhiculation par l'eau et peut-être avec
plus encore. J'ajouterai que les méritoires recherches dans cette direc-
tion de nos confrères anglais (W. Taylor^ Edw. Ballard, Hart, Corfield,
Cameron, etc.) semblent finir par le^ entraîner un peu loin ; M. Oglesby
racontait récemment {British medic. Journal, 1880), sous la rubrique :
« Tf/ph&id fever and Milk, » une histoire si singulière que M. Vallin, en
rendant compte de l'article, conclut sans hésiter : o il ne peut être ici
question de fièvre typhoïde. » Il y aurait aussi beaucoup à dire des obser-
vations de l'honorable M. Cameron, dans lesquelles les fièvres typhoïdes
d'origine lactée n'oftraient ni diarrhée ni taches ; et de cette doctrine :
« que la matière rejetée du corps d'un malade souffrant de la diarrhée
« et ayant les plaques caractéristiques donne naissance à des fièvres sim-
« pies, sans diarrhée ni plaques, et vice-ver sa^. » Il ne faudrait pas beau-
coup insister dans cette voie pour ruiner la spécificité de la fièvre
^ Cameron (C. A.), Épidémie de fièvre typlwide propagée par le lait à Dublin
Bévue d^hygiène, 1, 1879, p. 526 et 614).
20
306 SECTION I. — SÉANCE Dr MERCREDI G SEPTEMBRE.
typhoïde. On comprend que notre Comité consultatif d'hygiène se soit
refusé à apprécier de tels accidents et une telle étiologie.
Je pense reproduire l'exacte physionomie des faits observés en disant,
l)our conclure, que l'eau qui a reçu des matières typhoïdes, peut rigou-
reusement transmettre la fièvre typhoïde par les voies digestives; mais
qu'elle n'est i)oint un milieu favorable pour l'agent typhogène et que ce
mode de transmission est douteux quand l'agent contagionnant a dû
séjourner longtemps dans l'eau ou parcourir des distances notables à
travers le sol.
8° L'air. — Les produits morbides, dans la fièvre typhoïde, c'est-à-dire
la matière qui renferme d'abord l'agent spécifique, sont les déjections
intestinales d(»s malades, l'urine à une certaine date, les produits de
l'expectoration et, peut-être, les sécrétions de la peau, y compris la
sueur.
Voilà tout d'abord un ensemble de conditions peu favorables à la dis-
sémination immédiate des molécules typhogènes dans l'atmosphère. Ce
n'est pas ici comme avec la variole, la rougeole, la scarlatine, ou la
poussière des croûtes, du furfur épidermique, de la desquamation, se
répand dans Tair des locaux et peut-être au dehors, au moindre mouve-
ment des malades, avec une extrême facilité et sans qu'il soit besoin
d'une préparation ultérieure. L'agent typhogène est expulsé par inter-
mittences, incorporé à une gangue himiide, quelquefois formant une
masse assez considérable et de quelque \iscosité ; si cet agent est un
microbe, celui-ci ne pourra s'en détacher qu'après dessication de la
masse et au moment où elle atteindra, au moins partiellement, la pul-
vérulence. M. Miquel, comme Nftgeli, démontre que l'air, autour d'une
masse putride et répandant à distance des odeurs insupportables, est
microscopiquement pur, tant que cette masse est humide. On peut bien
être certain qu'il en est à cet égard des bactéries pathogènes comme
des bactéries de la putréfaction.
Peut-être que là est le secret de l'innocuité des selles fraîches et
l'explication de la rareté des cas dans lesquels la fièvre typhoïde se mon-
tre immédiatement contagieuse. Le malade n'est pas immédiatement
dangereux, puisqu'il ne met immédiatement rien dans l'air, que des
odeurs, qui ne sauraient être pathogènes. Ainsi s'expliquent le petit
nombre des « cas intérieurs, » l'immunité, relative toutefois, des infir-
miers, des étudiants en médecine. MM. von Pettenkofer et Lieber-
meister ont cm que l'agent typhogène était astreint à accomplir sa
maturation dans un substrat intonnédiaire (le sol) ; W. Budd a imaginé
que la graine typhoïde est enfermée dans une capsule dont la déhiscence
n'a lieu que sous l'action de la putréfaction. Tout cela me paratt prou-
KTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 307
ver une seule chose, à savoii* que, d'ordinaire les produits morbides spé-
cifiques des typhoïsants ne sont pas tout de suite capables d'infecter
l'entourage sain. Et c'est la vérité. Seulement je ne pense pas que les
mécanismes indiqués soient réellement ceux qui mettent en liberté les
germes et les rendent capables de nuire.
On a beaucoup insisté sur les 5144 malades de Murchison, traités au
contact de 3555 typhoïsants, dans un espace de neuf années, et dont
aucun ne contracta la lièvre typhoïde.
J'ai, moi-même, relevé les observations, de proportion moindre, mais
de même sens, du professeur Lindwui-m, de MM. Vallin, E. Besnier,
Lereboullet, etc., pour montrer que la fièvre typhoïde n'est pas conta-
gieuse comme la variole, ce qui est plus que jamais mon opinion. D se
peut, c'est même probable, que l'agent pathogène soit plus actif dans
celle-ci que dans celle-là ; mais ne va-t-on pas trouver une bonne part
de l'explication de cette contagiosité faible dans ce fait, que les germes
typhogènes quittent le malade dans un état tel qu'ils n'ont aucune
chance de se mêler immédiatement à l'atmosphère? Dans des salles
d'hôpital bien tenues, lorsque les selles des fiévreux sont éloignées sans
retard, que les linges salis sont enlevés au fur et à mesure, que les
malades eux-mêmes sont déban-assés avec l'eau tiède et l'éponge de
leiu^ propres souillures, que les parquets, la literie, les ustensiles, sont
l'objet desoins de propreté méticuleux, il n'y a place nulle part pour la
dessiccation des produits qui renferment les genues, il n'y a aucune
occasion de formation de poussière et, par conséquent, l'atmosphère des
malades n'est point dangereuse.
Mais Ton conçoit que c'est là une situation délicate, dans laquelle la
moindre négligence franchit les limites de la sécurité. Est-il possible,
par exemple, que les vieux planchers crevassés et disjoints de certaines
i>alles d'hôpital ne reçoivent pas, pour les garder, quelques parcelles des
déjections ou des excrétions typhoïdes ? Deux ou trois jours plus tard,
ces crevasses rendront en poussière ce qu'elles ont reçu la veille. On n'a
pas toujours soin d'enlever les draps des malades à évacuations involon-
taii-es, aussitôt qu'on s'aperçoit de la souillure et pendant que ces draps
sont encore humides; quelques heures plus tard, les matières se sont
desséchées sur la toile et ces linges deviennent d'un maniement redou-
table pour ceux qui les transportent.
En fait la contagiosité directe et immédiate est loin d'être inouie.
Murchison lui-même cite des infirmiers ou garde-malades qui en ont
été victimes. M. L. Colin, naturellement sur la réserve vis-à-vis de ce
mode de propagation, est forcé néainnoins de l'admettre pour un cer-
tain nombre de cas : son Rapport de 18S2 est particulièrement intéres-
308 SECTION I. — sâAXCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
saut à cet égard ; on y voit le fait des a cas intérieurs » et de la conta-
mination spéciale des infirmiers, mis hors de doute par le témoignage
de médecins militaires de la plus grande valeur : MM. Daga (Nancy),
Roudet (Rennes), Hémard, Longet, Orion, Barberet, Burlureaux et
Chouet, Weill. Mon excellent ami, M. Breton (Valenciennes), a relevé
dans ses notes, à mon intention, 3 cas intérieurs et 8 atteintes d'infir-
miers de salles, dans l'épidémie de 1880 ; 1 cas intérieur et 4 atteintes
d'infirmiers dans celle de 1881 ; ces cinq derniers « sont tombés malades
15 à 20 jours après l'entrée à l'hôpital du dernier typhique de la garni-
son et alors que les troupes qui la composaient étaient toutes campées
hors des murs. » Pour ma part, au commencement de 1881, j'ai observé
dans mes salles de l'hôpital militaire de Lille six cas intérieurs (en y
comprenant 2 infirmiers), d'autant plus surprenants qu'il n'y avait pas
d'épidémie dans la garnison et que cette succe^ion précipitée de 6 cas
hospitaliers n'avait eu pour graine que 2 cas du dehors, tout à fait iso-
lés ^ Il y eut même cette particularité curieuse que l'un des infirmiers,
déjà atteint de seconde main, et placé dans une salle reposée depuis six
mois, parut transmettre, au vingt-cinquième jour de sa maladie, la
fièvre typhoïde à son vis-à-vis de Ut, couché à l'hôpital (pour autre
chose) depuis 21 jours ; si l'on défalque chez celui-ci le temps de l'inva-
sion et celui de l'incubation, on reconnaîtra qu'il a dû être contaminé
dès les premiers jours de son arrivée et sans que le poison morbide ait
eu beaucoup le temps d'accompUr sa maturation où que ce soit *.
Un des faits les plus avérés, les plus clairs, c'est que le séjour d'une
fraction de troupes en proie à la fièvre typhoïde porte à un degré extrême
l'infection spécifique des locaux oîi cette troupe s'abrite, les convertit
en foyers et que, quels que soient les aliments, le sol et les alentours,
l'air de cette caserne est pestilentiel. M. L. Colin recommande en con-
séquence, de la façon la plus pressante et avec infiniment de raison,
d'abandonner d'abord cette atmosphère ; c'est le premier élément de la
prophylaxie et un élément si puissant que son application suffit souvent
seule pour couper court à l'épidémie, sans qu'on ait changé rien autre
chose que l'air. Or, un seul malade dans une pièce fait en petit ce
qu'une troupe fait dans la caserne. Il faut donc bien que l'air renferme
et transporte quelquefois le contage typhoïde.
On a voulu voir (moi-même, peut-être) une différence capitale entre
* Arnould (Jules), Sur la contagion de la fihvre typhoïde (BidUtin médical du^
Nord, 1881, p. 343).
• M. le D' Mareschal a vu, à l'hôpital de Montmédy (1876-1877), des faits sem-
blables aux nôtres : deux cas à la caserne en engendrant six à l'hôpital (Léon
Colin, Bapport, 1882) .
KTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 309
cxîtte formation de foyers, cette propagation par infection, et la conta-
gion véritable, que l'on suppose s'exercer communément sans intermé-
diaire (bien que ce soit probablement le cas le plus rare). Il est facile
d'apercevoir, derrière cette formule, l'idée de la spontanéité typhoïde,
de la genèse dans la putridité banale extérieurement à l'homme ; ou
encore la. théorie du passage nécessaire de l'agent typhogène dans un
milieu de maturation, qui pourrait, cette fois, être l'air d'une maison
ou d'une pièce habitée. Je crois bien que l'on peut rompre avec ces ter-
giversations. Une maison, une caserne devient foyer quand des malades
y ont mis le contage qu'ils possèdent et disséminent ; cette infection
n'est qu'une contagion retardée ; et l'on ne doit pas refuser ce dernier
titre à une transmission qui se fait par l'air, puisque c'est souvent par
cette même route que les squames de la variole opèrent la filiation épi-
<lémique de cette maladie.
Je ne sais pourquoi, d'ailleurs, on s'évertue d'un côté à montrer que
la iièvre typhoïde est aussi peu contagieuse que possible dans les hôpi-
taux, alors que, d'un autre, dans toute épidémie de ville ou de village,
chacun cherche l'importation. Ce n'est pas l'un des aspects les moins
bizarres de l'histoire, déjà si variée, du typhus abdominal. Or, l'impor-
tation est, à chaque instant, dénoncée et, parfois, avec des caractères
qui ne laissent pas que de révéler une grande subtilité de la part de
l'agent typhogène. Non seulçjneut on trouve des récits dans lesquels
un typhoïsant effectif, anîvé malade d'une ville dans son village (c'est
toujours dans les villages que l'on voit les faits les plus nets à cet égard),
fait éclater la maladie dans sa famille, 8 ou 10 jours après son arrivée ;
mais encore on rencontre des épidémies apportées par un individu qui a
passé quelques heures dans une maison du village voisin, où régnait la
fièvre typhoïde. M. Alison en rapporte des exemples très frappants.
D y a bon nombre de relations de médecins militaires français dans les-
quelles on voit un régiment aux prises avec la fièvre typhoïde transmet-
tre bientôt l'épidémie à un autre corps, indemne jusque-là, et dont il
vient partager la caserne ou le campement. D'autres fois, ce sont des
personnes en relations journalières avec la caserne, mais habitant au
•dehors, qui sont atteintes du fléau, seules de toute la population civile.
Les élèves du Lycée de Lyon (1874) n'ont point fait d'épidémies chez
leurs parents, hors de Lyon ; mais ceux dont les familles habitaient la
ville, ont visiblement propagé le mal dans celles-ci en y rentrant. Je
mets de côté, pour ne pas obscurcir le problème, l'extension de la
maladie d'un individu à son entourage, dans la même maison ; on peut
toujours objecter, en pareil cas, que tous les membres de la famille se
«ont trouvés sous la même influence et que l'expression de l'influence
commune n'a fait que retarder chez quelques-uns.
310 SECTION I. — SKAXCE DU MERCREDI G SEPTEMBRE.
Certes, je n'oublie point qu'en une foule de circonstances les cas
importés sont restés stériles et qu'il y a des villages dont les habitants,
s'ils veulent avoir la lièvre typhoïde, sont obligés d'aller la prendre en
ville ; on ne saurait la leur apporter. Mais ceci est simplement reconnaî-
tre la valeur capitale de la préparation du terrain vivant, de l'adapta-
tion de l'économie. Je l'exposerai en son lieu et, dès maintenant, je
proclame qu'aucune maladie n'a plus grand besoin de cette adaptation
des sujets que la lièvre typhoïde. Mais qu'est-ce que cela prouve ? Une
semence excellente, semée sur le roc, peut ne pas germer et n'en être
I)as moins très apte à la fécondité par elle-même.
Mais, maintenant que le fait de la transmission à bref délai, sans
intermédiaire nécessaire autre que l'air atmosphérique, commun aux
malades et aux individus contaminés, est établi pratiquement d'une façon
aussi satisfaisante que la théorie pouvait l'indiquer, nous allons essayer
de déterminer le genre de véhiculation dont l'air se charge et renforcer
encore, par exclusion, cette idée déjà émise que l'ah" se fait le moyen de
la contagion en charriant des molécules réelles, sèches, peut-être des
microbes pathogènes. On devine qu'il s'agit d'abord du rôle des éfm-
nat'ums et spécialement (sinon exclusivement) des émanatiom fécaksoii
excrémentitielles de toute nature.
Cette question est autrement grave qu'une pure question* de doctrine.
Persomie n'ignore que de sa solution dépendent soit la justification et
l'extension d'énormes travaux d'édilité et d'hygiène publique, soit la
condamnation d'un vaste système d'assainissement déjà en vigueur sur
une foule de points et l'obligation de chercher autre chose de plus com-
pliqué probablement et de plus coûteux.
Tout d'abord, il faut dire que j'entends, ^rv émanations, les gaz et
les vapeurs et toute particule organique inaccessible à nos moyens d'in-
vestigation, comme celles qui nous font percevoir des odeurs, sans que
nous saisissions la matière qui les porte ; — que je ne distingue pas entre
les émanations des masses excrémentitielles, qui ont positivement re(;u
des déjections typhoïdes, et celles des masses stercorales oîi cet ense-
mencement est incertain, parce que je crois cet ensemencement bien
plus commun qu'on ne peut le constater ; — qu'enfin je modifie, en ce
moment, une opinion que j'ai expiimée autrefois, alors que, bien con-
vaincu du rôle de la véhiculation atmosphérique, je ne le comprenais
pas comme les lumières modernes permettent de le connaître, et que,
probablement aussi, je croyais l'agent typhogène plus impalpable et
plus mystérieux qu'il n'est.
Que de faits n'y a-t-il pas en faveur de Tétiologie par les émanations!
Ils absorbaient naguère pr(?sque toute l'étiologie, jusqu'à ce que la
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. Hll
éhiculation par l'eau, le lait, et les fièvres supposées typhoïdes d'ori-
iiie alimentaire, fussent venues en réduire le domaine. A vrai dire, les
roupes humains ont fatalement leurs excréments auprès d'eux, pen-
ant un temps plus ou moins long et dans des conditions qui deviennent
éplorables avec une facilité malheureuse ; il n'est que trop inévitable
'être frappé de cette insalubrité ; on la trouverait en coïncidence avec
ueiques autres épidémies encore, et je crois niême qu'on en a parfois
rofité. Ce fléau-là est de la campagne comme de la ville; il est
iirtout celui des habitations collectives, casernes, pensions, cou-
ents, etc.
Murchison a accumulé les exemples, môme quand ils sont discutables,
e fièM-es typhoïdes écloses sous l'influence d'émanations, aiguës si
3 puis dire, provenant de fosses, de cloaques, d'égouts négligés.
I. Brouardel n'a pas dédaigné d'en reproduire quelques-uns \ W. Budd,
rriesinger, pensaient que l'air peut amener, des masses fécales, le poi-
on typhoïde, quand ce n'est pas l'eau. Les médecins militaires français,
ités par M. Léon Colin, en majorité peut-être, attribuent les épidémies
ux exhalaisons de latrines mal tenues (il n'y en a guère d'autres dans
os vieilles casernes), d'égouts à ciel ouvert, non curés, de ruisseaux, de
3ssés qui reçoivent les excréments de la population. Il n'est pas rare
ue l'on cherche un rapi)ort étroit entre les émanations fécales, ou
lême simplement putrides, et la partie de la caserne qui a été la pre-
lière ou le plus rudement frappée. Je n'étonnerai personne en ajoutant
ue parfois on le trouve. M. Woillez, dans son rapport sur les épidémies
ui ont régné en France en 1873 ', faisait remarquer avec un soin parti-
ulier que, dans une épidémie de la caserne de Coui-bevoie, attribuée
ux émanations d'égout, la maladie avait été moins sévère au deuxième
tage qu'au premier, au troisième moins qu'au deuxième, etc., comme
i l'on avait été d'autant moins atteint qu'on s'élevait plus au-dessus
u foyer des exhalaisons.
Il est absolument certain que, des centaines de fois, telle ou telle
aserne a été soumise à des exhalaisons pareilles ou pires, sans que la
èvre typhoïde éclatât. En 1^58-1859, pendant les chaleurs, la Tamise
esséchée abandonnait sur ses rives le produit des égouts de Londres;
n assimilait cotte détresse à une calamité nationale : «L'Inde est
évoltée et la Tamise pue, » écrivait un étranger sarcastique. Néan-
loins, ainsi que W. Budd l'objectait à Miu-chison, on ne vit jamais
* Brouardel, Infection produite dan^ V intérieur de Paris {Cominisffion de Vassai-
issement de Paris. Imprimerie nationale, 1881).
■ Bulletin de V Académie de médecine, 1875, n" 2, séance du 12 janvier.
812 SECTION I. — 8ÉAKCE DU MKBCREDI 6 8RPTEMBSE.
moins de fièvres typhoïdes à Londres que pendant ces deux années ^Ce8
faits négatifs paraissent n'impressionner personne. Us ont pourtant leur
valeur.
En Angleterre, ou met spécialement en cause les égouts, puisqu'il n'y
a plus de fosses fixes dans la plupart des villes. C'est là, aussi, que
W. Budd a répété cette parole, déjà dite, je crois, par von Gietl, « que
l'égout est la continuation de l'intestin;» perspective d'ailleurs moins
redoutable qu'on n'a paru le penser. En France, on a encore le loisir
d'incriminer les latrines, mais l'on s'est mis de même à accuser les
égouts, comme nos voisins. Pur procès de tendance, puisque nos villes,
ou bien n'ont pas les égouts qu'il leur faudrait, ou bien ne s'en servent
pas pour l'évacuation intégrale des excréments. Ce qui n'empêche pas
notre armée, qui habite ces villes, d'avoir une mortalité typhoïde plus
élevée que l'année allemande ; ni Paris, qui pratique à peine la vidange
à l'égout, d'avoir environ deux fois plus de décès typhoïdes que Londres
et Bruxelles.
En 1877, à l'occasion de quelques paroles de M. H. Bouley sur l'inno-
cuité des émanations fécales et particulièrement de l'air des égouts,
M. N. Guéneau de Mussy, dans une intention louable assurément, crut
devoir traduire au moins en « appréheiusion, » chez nous, les accusations
formelles dont se remplissaient la presse et les rapports anglais. Cette
tentative aboutit, comme on sait, à une discussion briUante, mais qui
s'était beaucoup élargie. C'est alors que M. Jaccoud, s'attachant à une
formule, un peu trop haute, croyons-nous, pour être très instructive,
démontra « V origine J école » de la fièvre typhoïde par des exemples dans
lesquels on retrouve l'origine fécale banale à côté de l'origine spécifi-
que, la véhiculation par l'eau de boisson à côté de la genèse par les
émanations de latrines. Nous n'avons besoin de retenii* en ce moment que
les faits de ce dernier ordre.
Us ont aujourd'hui une extraordinaire puissance, ces faits et les autres
qui leur ressemblent. En Angleterre et en Allemagne, dans les points
où la canalisation souteiraine des villes est complète, oii tous les cabi-
nets d'aisance sont des ivater-^losets et oîi l'on se débarrasse des masses
excrémentitielles des habitants par quelque système rationnellement
institué, ils sont la base de vives critiques, d'amers reproches et, proba-
blement, d'inquiétude dans le public et chez les administrations. L'hono-
rable Georges Buchanan, autrefois l'apologiste du drainage urbain, le
dénonce comme une source d'émanations typhogènes, aujourd'hui qu'il
* Voyez Guéneau de Mussy (Noël), Eecherclves historiques et critiques sur VétidO'
gie et la prophylaxie de la fièvre typhoïde. Paris, 1877, page 53.
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVBE TYPHOÏDE. H13
occupe le poste éroinent de Médical officer du Local Oot-ernnient Board.
La doctrine a un nom; elle s'appelle la « Setvergases Theory; » elle
•embarrasse grandement les hygiénistes de Munich et de Francfort et,
depuis dix-huit mois, à Paris, entre les mains de M. le professeur
Brouardel, elle tient en suspens les décisions administratives et les tra-
vaux des ingénieurs ; elle se met en travers de la merveilleuse canalisa-
tion de notre capitale, des irrigations à l'eau d'égout et de ces créations
il'hygiène municipale que les étrangers admirent, — avec raison, car
j'estime que c'est aussi beau que l'Opéra (dans son genre).
Je n'ai pas h défendre les égouts, qui se défendent d'eux-mêmes. Il en
faudra toujours ; il n'est pas question de les remplacer, d'ailleurs, mais
de les compliquer. Jusqu'à présent, les complications essayées n'ont été
rien de plus que des complications. Si l'on en trouve une quelque jour
qui remplisse le but cherché, d'éloigner les matières fécales de l'habita-
tion sans communication avec l'air ni avec le sol, je la mets bien au défi
d'empêcher les égouts de recevoir néanmoins une énorme quantité de
matière azotée, y compris les germes morbides, s'il y a des germes. Ce
qui les laissera tout aussi dangereux que par le passé, s'ils sont dange-
reux. De telle sorte que la question est toujours, non pas de savoir ce
qui arrive dans les égouts, mais d'avoir de bons égouts qui véhiculent
au dehors rapidement et intégralement ce qui leur est versé.
A Munich, on a paru admettre que les gaz du sol sont capables d'intro-
duire le poison typhogène dans nos habitations ; en France, nous avons,
tant que nous avons pu, attribué la fièvre typhoïde aux exhalaisons féca-
les ou putrides, sans trop nous soucier de savoir ce que pouvaient bien
être ou ce que pouvaient contenir ces exhalaisons. De part et d'autre,
nous avons été très complaisants pour les « émanations typhogènes. »
Nous en sommes aujourd'hui quelque peu victimes. Le moment ast venu
d'analyser et de faire les distinctions nécessaires. Il semble que l'on s'en
acquitte avec un certain zèle, en Allemagne et à Paris.
Je ne saurais analyser les mémoires récents de M. M. Soyka et Renk
(Munich), v. Rozsahegyi (Buda-Pest), Yarrentrapp (Francfort-s.-M.),
Alf. Durand-Claye (Paris) et le Rapport de M. Brouardel lui-même, qui
contient de si curieux enseignements et des preuves éclatantes... contre
sa propre opinion '. Je dois me borner à en extraire les faits les plus nou-
* Voyez Soyka (J.), Kritik der gegen die Schwemmkanalimtion erhobenen Ein-
icânde, Mûnchen, 1880. — Renk (Friedrich), Die Kanalgase, deren hygienische
Bedeutung und tedinische Behandlung. Mûnchen, 1882. — Soyka (J.), von Rozsa-
hegyi (Aladar), Renk (F.), etc., Ueber Chnalgase cUs Verhreiter epidemischer Krank-
heiten und ûber Bichtung und Stàrke des Luftzuges in den Siden (Verhandlungen
aus der neunten Versammlung des « Deutschen Vereins fur ôffentliche Gesund-
314 8KCTI0S I. — SKANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
veaux et les plus propres à démontrer Tinanité (au moins en principe)
des accusations portées contre les égouts, en ce qui concerne le sujet
actuel.
a. Ce qu'il y a de plus positif et de moins contesté dans l'air expoî^é
aux émanations fécales (et, à cet égard, on peut, avec M. Renk, ne pas
distinguer l'air des fosses de celui des égouts), ce sont de^ gaz étrangers
à Fatmosphère, ammoniaque, hydrogène sulfuré, hydrogènes carbonés,
et une augmentation de la proportion normale d'acide carbonique.
Quand il y a de l'oxyde de carbone dans l'air d'égout, c'est par unefiiite
de gaz d'éclairage. L'ammoniaque, l'hydrogène sulfuré, et même l'acide
carbonique, ne sont point bons à respirer; mais il est absolument certain
que ce n'est pas cela qui engendre la fièvre typhoïde. Bien mieux, quand
il s'agit des égouts, l'ammoniaque et l'hydrogène sulfuré, les plus
dangereux de tous, n'existent même pas. Les recherches de M. Wurtz,
l'éminent collaborateur de M. Brouardel, sont, à cet égard, aussi rassu-
rantes qu'instinctives. Sans doute, les eaux d'égout se décomposent en
vasedos et au repos ; mais ce n'est point là leur vocation naturelle.
« Les eaux d'égout sont en contact avec l'air et lorsque les surfaces se
renouvellent constamment par le mouvement naturel de l'eau, comme
cela a lieu dans le grand collecteur et dans beaucoup d'autres égouts,
l'oxygène de l'air s'oppose à la réduction des sulfates (source de l'hydro-
gène sulfuré), ou oxyde sans cesse les sulfures produits. » M. Brouardel,
dans sa méritoire enquête, n'a perçu l'odeur d'aucun gaz fétide, n'a
trouvé aucune trace d'hydrogène sulfuré, aux bouches d'égout ni dans
les galeries qu'il a parcourues. En revanche, on entendit se plaindre de
l'odeur des égouts les habitants des rues Feydeau et Saint-Marc, qui
n'ont pas d'égout et sont infectées par le vomissement dans le ruisseau
des gargouilles d'eaux ménagères.
Il y a échange d'air entre les égouts et l'atmosphère des rues ; c'est
incontestable et même fort heureux. Ce qui ne légitimerait pas, toute-
fois, le même échange avec l'air de la maison '. Mais qu'est-ce que l'air
heitspflego » zu Wien am 15. Sei>tember 1881). — Brouardel, loc. citât. — Duraml-
Claye (Alfred), Assainissement de l*aris. Observations des Ingénieurs, etc. Saint-
Germain, 1881.
' La masse d'air enfermée dans nos habitations est relativement immobile; la
dilution de gaz étrangers y est très restreinte. l)\>ù la nécessité d'obturateurs très
efficaces sous la lunette des latrines. M. Lissauer (de Danzig) a consacré à ce dis-
positif une étude remarquable. Cependant, les accidents morbides, qu'il attribue
au reflux de l'air des tuyaux de chute et des égouts dans la maison, ne ressem-
blent nullement à la lièvre typhoïde (Lissauer, Ueher dos Eindringeti von Cand-
gase in die Wohnraume; in D. Vierteljahrssdir, f. iiff, Gesiindfieitspfleye, XIII,
p. 341, 1881). ;
KTI0IX)U1E ET PROPHYLAXIE DK LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 315
les égouts peut mettre de fâcheux au dehors, en fait de gaz, puisqu'il
n'en renferme pas d'ofFensife.
Il y a plus, c'est que l'air des égouts n'a pas toujours la tendance que
['on croit à s'élever en hauteur, en raison de la faible densité qu'il doit à
sa saturation par la vapeur d'eau. M. Buchanan n'a pas hésité à rappro-
cher lapréférence de la fièvre typhoïde pour les quartiers hauts deCroydon
; 1875) de cette ascension supposée des gaz dans les égouts comme dans
iine cheminée d'appel; il ne s'agissait plus d'odeurs; les gaz inodores
étaient les plus dangereux, et les petits égouts étaient les plus coupables,
[)uisqu'ils «sont les plus éloignés du point déclive de tout le système.
Malheureusement, voilà que M. A. v. Rozsahegyi démontre que la masse
le l'air dans les égouts ne monte pas, mais suit par adhérence le coui'ant
le Peau, c'est-à-dire chemine de haut en bas.
On ne saurait, certainement, innocenter les latrines avec fosses, de
l'accusation d'engendrer des gaz fétides et malsains. Mais autre chose
3St de prouver que cette influence a causé la fièvre typhoïde. Je crois qu'on
il jugé d'intuition et qu'on n'y a pas regardé de très près. Le D' Port
?'est astreint depuis déjà de longues années à recueillir, chambre par
chambre, l'histoire avec la distribution topographique de toutes les épi-
lémies typhoïdes des sept casernes de Munich ; jamais il n'a acquis la
preuve ((ue la maladie affectionnât le voisinage des latrines; c'est plutôt
le contraire. A Vienne, M. Krttgkula a reconnu les mômes particularités
ians les épidémies de caserne en 1877. D'autre part, Budd a suflisamment
Éait ressortir l'innocuité, sous le rapport de la fièvre typhoïde, de l'aban-
ion et de l'accumulation des immondices dans un grand nombre de loca-
lités irlandaises; M. Jaccoud a rapporté des remarques analogues de son
séjour au Brésil.
Je connais l'argument : qu'un fait positif prouve plus que cent faits
négatifs. Il ne faudrait pourtant pas en user sans limites.
b. On n'a pas examiné optiquement, que nous sachions, l'air renfenné
sous les voûtes des fosses fixes ni celui des habitations particulières qui
souffrent positivement des émanations fécales. Mais celui des égouts a
été soumis aux procédés modernes de recherches des corpuscules micros-
copiques. Lewis et Cunningham, Miflet, Cohn, Fried. Renk, y ont
constaté la présence de Bactéries, de Spores, mais ont été frappés du
peu d'abondance de ces organismes dans un milieu que l'on supposait
l priori très impur. M. Miquel, dont les procédés ont atteint un haut
legré de précision, nous révèle que; l'air des égouts, au grand collecteur
lu boulevard de Sébastopol, renferme en moyenne 880 bactéries par
mètre cube; c'est-à-dire huit à neuf fois plus que l'air du parc de
Montsouris, mais pas beaucoup plus que celui de la rue de Rivoli, qui en
316 SECTION I. — SiCANCK DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
a même présenté 1520 du ]*' au 7 novembre ; trois fois moins que Tair
des maisons, particulières de Paris, qui en ont de 2000 à 3000, et beau-
coup moins que Tair des hôpitaux, oU l'on en compte de 7000 à 8000. H
n'est pas encore permis de prendre la proportion de bactériens pour
mesure de la salubrité de Tair ; lors même que cela se pourrait Cèdre, le
nombre des bactériens ne prouverait rien quant à leur spécificité précise.
Mais, des données qui précèdent, nous pouvons au moins conclure que,
sous le rapport des corpuscules en suspension, l'atmosphère des égouts
ne diffère pas sensiblement de celle des rues qui communiquent avec
les galeries souterraines. On en a déjà donné l'explication ; c'est que le
contenu des égouts, largement atteint par l'air et en mouvement, n'est
pas un milieu favorable aux phénomènes de réduction et de putréfaction,
dont les bactéries sont probablement les agents ; mais, surtout, c'est
que l'atmosphère des égouts est à peu près toujours sursaturée de
vapeur d'eau et que les microbes, les particules de toute nature et même
l'acide sulfhydrique, sont incessamment précipités sur les parois du
canal. On a, d'autre part, démontré bien des fois (Nâgeli, Miquel,
Wernich, Buchoer, Pumpelly, etc.) que les liquides putrides n'émettent
aucun germe, aucun microbe, dans l'air qui passe à leur surface, si 1^
courant n'est pas assez fort pour agiter le liquide ou si le mouvement d-^
celui-ci ne projette point de gouttelettes dans l'air. Cette immobilité
serait le cas des matières de fosses, si les gaz qui s'y forment n'étaier^^
capables de crever en bulles à la surface ; dans les égouts, il est rar^*^
que le courant soit assez fort pour pulvériser de l'eau hors de la mas^-^
liquide.
c. Un résultat d'observation, qui frappera les hygiénistes médecine
plus encore que les merveilleuses découvertes des microbotanistes, c'est "i
que la plupart des villes qui se sont donné une canalisation convenable;^ -.
et s'en sont servies pour l'évacuation intégrale des immondices, ont w^
baisser les chiffres de leur mortalité typhoïde, tandis que celles qui n'on^
pas d 'égouts ou ne se servent de ceux qu'elles ont que pour l'évacuatioi^
des eaux ménagères, des eaux de rues et de la pluie, ont toujours Im^
fièvre typhoïde à un degré regrettable de fréquence et de gravité. L^
D' John Simon, alors Médical officer du Privy Council, comparant la.
mortalité typhoïde des villes anglaises avant les travaux de canalisatioa
à la mortalité de même cause après les travaux, constate un abaissement
souvent énorme (de 21,3 à 8,6 à Merthyr-Tydfil ; de 23,5 à 10,25 k
Brynmaw) de la proportion des décès chez 21 d'entre elles; trois seule-
ment, de faible population, Penzance, Chelmsford, Worthing, avaient
éprouvé une très légère élévation des chiffres funéraires. M. Soyka £edt
remarquer que Croydon même, dont les accidents de 1875 ont servi à
KTIOLOOI£ £T PROPHYI«AXIR DE LA F1EVR£ TYPHOIDK.
817
M. Buchanan de prétexte à une agitation malencontreuse, avait vu son
chiffre de 150 décès typhoïdes pour 100,000 hab. avant les travaux,
tomber à 55 (John Simon) après, puis à 30 pour 100,000 hab. pendant
les cinq années qui précédèrent l'épidémie de 1875; que celle-ci ollo-
même ne coûta pas plus de 125 décès pour 100,000 hab.; d'ob il est
clair que la ville a gagné considérablement à être canalisée. Londres,
pour 100,000 hab., a une mortalité typhoïde moyenne de 26,45;
Bruxelles (1872-1880), de 42,66; Paris (1872-1879), 53,35. Pourtant,
cette dernière capitale se sert le moins possible de ses égouts pour
révacuation des excréments, tandis que les deux autres pratiquent
ce tout à Végout si décrié.
D'après un tableau graphique, que M. Soyka a pu tracer sur les indi-
cations du D' Liévin, Dantzig avait, de 1864 à 1871, une mortalité
typhoïde variant entre 70 et 126 pour 100,000 hab.; de 1872 à 1880,
après les admirables travaux que Ton sait, la mortalité typhoïde a baissé
régulièrement de 70 à 7 (1874, 50 décès pour 100,000 hab.; — 1H75,
32; 1876, 25; 1877, 25; 1878, 19; 1876, 17; 1880, 7,4).
Francfort à commencé Tinstallation générale des water-closets en
1872. Voici, d'après M. G. Varrentrapp, sa mortalité typhoïde :
Période
de 5 Aiis.
1856-
1861-
1866-
1871-
1876-
1860
1865
1870
1875
1879
Population
Déoès de
moyenne.
fièvre typboVde.
72,700
315
80,000
200
82,000
273
97,000
351
120,500
102
Proportion poar
100,600 hablUnte
85
50
m
72
21
Hambourg, Berlin, ont progressé dans le même sens. La léthaliti'9
typhoïde de Berlin serait d'environ 36 pour 100,000 hab.
lia ville de Munich a des rues canalisées dans le faubourg Max-Ludwig
( T'errasse) et dans le Thaï (vallée) ; d'autres, munies de vieux canaux c»t
une troisième classe, la plus nombreuse, sans canaux. M. Soyka repré-
sente, dans le tableau ci-dessous, la mortalité typhoïde comparer; de
cbaque groupe de rues et les progrès réalisés dans ces dernières annér^s :
CAS MORTELS
vm rtÉnnui rrrmMvm
p. 100,000 hftb. et per en.
VimSVTlOH
GROUPES DE RUES
\ 39 rues canaliséet war la Ter-
17 rues canalisées dans le ThaL
77 rues à TÎeox ftananx
320
ISSS-ISffO l87i^lM0
77
140
115
92
54
84
m
e7
71^
liMrrkpRortà IMO-lWf
Aw*"^ ^mme4't;n HMMPIMO;
2S
56
19
25
25/>
29/i
4^1,0
m fi
27,1
26^
318 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
Les rues canalisées sont donc celles dans lesquelles Tamélioration est
le plus sensible; celle-ci se fait particulièrement remarquer dans le
Thnl, qui a été jusqu'ici le foyer de la fièvre typhoïde à Munich et dont
la canalisation ne remonte qu'à 1870, tandis que celle de la Terrasse
date de ISGG. A vrai dire, les égouts de Munich sont loin d'être ouverts
sur tous les points à la vidange intégrale ; ce qui, pas plus qu'ailleurs,
n'allège sensiblement la richasse azotée de leur contenu. Mais cette cir-
constance môme est en faveur du tout à Végout, si Ton rapproche la
mortalité typhoïde moyenne de Munich, 71,8 pour 100,000 hab., de
celle de Londres, Bruxelles, Dantzig. Quant à l'amélioration apparente
des rues sans canaux, il faut remarquer que celles-ci sont généralement
des rues neuves; c'est même pour a>Ia qu'elles n'ont pas encore de
canaux.
Je ne connais point la mortalité typhoïde de Stuttgart, d'Augsbourç,
de Roclidale, qui ont des égouts, mais pratiquent la vidange suivant
quelqu'un des systèmes les plus vantés, par conséquent ont l'air de ne
point laisser pénétrer dans les canaux les déjections des malades. Hei-
d(»lberg, où M. Mittermaier vante spécialement l'usage des fosses mobi-
les, a une mortalité générale élevée, 27,35 pour 1000 hab.; dans cette
mortalité, la fièvre typhoïde prend à son compte (1877-1880) 4,4 pour
100 de tous les décès, tandis qu'elle n'assume que 2,7 pour 100 de toute
la mortalité dans les 17 villes de la province du Haut-Rhin (Varreu-
trapp). Amsterdam, où fonctionne le système de Liernur, a une morta-
lité générale peu favorable, 28,73 pour 1000, mais dont je ne puis rien
conclure pour la fièvre typhoïde *.
Dans les campagnes, on n'a que trop l'occasion de dénoncer les éma-
nations fécales : mais, du moins, les égouts sont hors de cause. Cepen-
dant, M. Finkelnburg, comparant les villes et les campagnes dans la
province du Rhin, trouve à peine une différence entre les unes et les
autres, sous le rapport de laléthalité typhoïde : villes, 47 décès typhoïdes
pour 100,000 hab., campagnes, 44. — A l'heure qu'il est, dans le dépar-
tement du Nord, où les villages sont des centres industriels, plus petits
mais aussi insalubres que ceux des grandes villes, la fièvre typhoïde est
moins sévère à la population urbaine qu'à celle de ces \îllages, qu'on
appelle encore « population rurale » par habitude (Pilât, Baelde). Or, les
petites localités et les chefs-lieux ont également des fosses fixes et des
promenades d'engrais humains à travers les rues, peut-être un peu plus
* Dans une Etude (le démographie de M. le prof. Layet, je lis : Amsterdam, 137
décès typhoïdes pour 100,0(X) hab. Ce chiflfre m'étonne et aussi celui de Paris, 157,
qui est voisin.
KTIOLOGIE ET PROPUVIAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 319
malpropres dans les premières que dans les seconds ; la différence capi-
tale est que les villages n^ont pas d'égouts.
Avant de conclure, je tiens à déclarer que je reconnais une énorme
influence sanitaire aux émanations fécales et généralement à toutes les
émanations putrides ; une influence que ne doivent nous faire oublier à
aucun prix les précieuses découvertes de l'aéroscopie. Seulement, il
paraît diflScile d'admettre que, comme telles, elles déterminent directe-
ment la fièvre typhoïde. Qu'elles soient gaz, vapeurs, essences ou molé-
cules impalpables, je ne connais qu'un fluide parfaitement inoffensif et
bon à respirer, à savoir ce mélange d'oxygène et d'azote que la nature
a préparé pour tous les animaux; tout ce qui s'y ajoute est inutile ou
nuisible. Mais il apparaît assez que l'influence de ces éléments étrangers
doit être générale, s'exercer sur l'ensemble de la vitalité et non dans un
sens exclusif. Le mauvais air dépiime les individus et prépare la dégé-
nérescelice des races; il abrège l'existence, désarme l'économie vis-à-vis
des fléaux épidémiques, restreint les limites de sa résistance; il pèse
certainement sur la mortalité générale, mais point d'une façon directe
sur une maladie spécifique quelconque, pas plus sur la flèvre tyi)hoïde
que sur d'autres. Cette formule, je pense, ne diminue pas la gravité de
ce facteur étiologique.
Dans ces conditions, comment l'air est-il le milieu et le véhicule du
moteur de la fièvre typhoïde? Il Test, ce me semble, par ce fait qu'il
charrie les poussières visibles et invisibles. Laissons de côté la part de
ces poussières qui est purement minérale, mais dirigeons notre attention
sur celle qui est organisée, vivante; non point que toutes les poussières
vivantes soient des gennes pathogènes, ni que l'abondance du germe
typhogène soit en raison directe de l'abondance générale des organismes
microscopiques de l'air, ni même que cet agent soit certainement un
corpuscule germe ou une spore de quelque bacille ; mais parce que cet
agent, qui n'est ni un gaz ni une vapeur, ne peut qu'être une particule
organique, vivante ou non, mais, dans tous les cas, comprise dans ces
poussières organiques et fort voisines d'elles à tous les égards.
Il y a plus de ces poussières, plus de microbes, dans l'air des habita-
tions que dans celui de la rue, plus dans l'air des rues que dans celui
des parcs urbains ou de la campagne. Il y en a plus lorsque la chaleur
et la sécheresse succèdent à la pluie ; et, je pense que l'on en trouverait
un nombre remarquablement élevé, à la ville et à la campagne, au pour-
tour immédiat de la maison, là où la surface du sol reçoit le plus large-
ment les déchets de la vie des habitants. Notons, encore une fois, que
les oscillations de la courbe, qui inscrit les recrudescences numériques
des bactéries, se montrent, à Paris, en con-espondance presque exacte
820 8KCTI0K I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
avec la courbe qui représente les exacerbations des fléaux épidémiques
de nos contrées, la lièvre typhoïde en première ligne.
Après tout, nous introduisons dans notre économie 8000 à 9000 litres
d'air pendant que nous buvons deux litres d'eau. Et il est démontré,
d'autre part, que les poussières ténues, les microbes spécialement, péné-
trent sans difficulté dans notre arbre aérien jusqu'à la paroi des vésicu-
les, où elles peuvent être reprises par les globules lymphatiques. Le
professeur Klebs, avec raison, ne fait aucune difficulté d'admettre
l'entrée de l'agent typhogène par les poumons et il serait extraordinaire
de voir soulever une objection contre ce mécanisme, précisément à pro-
pos d'une maladie dont la bronchite et la broncho-pneumonie sont
partie intégrante et l'une des premières manifestations cliniques, dans
la plupart des cas.
4** L'homme et les oiuets a sox usage. — Dès que la fièvre typhoïde
est transmissible de l'homme malade à l'homme sain, ce que personne
ne conteste ; qu'elle l'est sans intermédiaire nécessaire et que nous avons
vu l'air atmosphérique lui servir parfois de véhicule immédiat, conune il
le fait le plus souvent pour la variole, il est assez oiseux de se demander
si le malade régénère l'agent typhogène. Cette régénération est évi-
dente; tout ce que l'on peut faire, c'est d'obscurcir ce fait capital avec
les questions de véhicule, soit à la sortie de l'économie malade, soit à
l'entrée de l'économie saine. Or, quel que soit le produit pathologique
dans lequel est renfermé l'agent contagionnant, celui-ci procède du
malade et doit suivre la destinée de ces produits pathologiques eux-
mêmes. Et, si nous admettons que ceux-ci peuvent atteindre et conta-
miner le sol, les eaux, l'air, il va de soi que les objets qu'il rencontrera
sur sa route et qui se substitueront partiellement à l'un de ces milieux,
sont également aptes, à un degré plus ou moins élevé, à recueillir et à
garder une part de la matière spécifiquement dangereuse.
Les vêtements, les linges, la literie des malades, sont incontestable-
ment des réceptacles de matière typhogène; la preuve est que tout le
monde s'en défie, ce qui est fort bien pensé. Je suis encore disposé à
croire que les matières qui souillent les étoffes ou le linge sont plus dan-
gereuses, desséchées, qu'humides ou placées dans l'eau avec les effets
eux-mêmes. Les infirmiers qui recueillent ces effets, les rangent, les
reprennent et les mettent en paquets pour être envoyés au blanchissage,
sont plus exposés que les blanchisseuses elles-mêmes, qui travaillent au
mouillé. Cependant, Griesinger signalait la fréquence de la fièvre
typhoïde parmi les blanchisseuses des hôpitaux.
Les planchers, les meubles, toutes les surfaces et tous les recoins oii
peuvent se déposer des poussières, sont aptes à garder et à rendre les
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 321
i^orpuscules typhogones. Us se conservent très bien sur les navires, où le
sol est en planches et où Teau est à Tabri de toute contamination.
Cette conservation du contage dans les locaux habités et sur les objets
inanimés qu'ils renferment me paraît expliquer, sans difficulté, la réap-
parition de la fièvre typhoïde, d'année en année, en été le plus souvent,
dans la même ville, le même quartier, la même caserne, sévissant sur
les réceptifs nouveaux ou sur ceux qui ont échappé Tannée précédente.
Nous avons, dans la région du nord, une demi-douzaine de casernes très
mauvaises, où cette réapparition annuelle est presque la règle. C'est la
reviviscence des germes. On peut interrompre cette tradition fatale en
modifiant profondément les conditions des locaux. Ce qui est arrivé pour
la caserne du 84"^ de ligne, à Avesues, qui avait tous les ans son épidé-
mie estivale depuis 1875. A l'occasion de l'épidémie de 1881, les cham-
bres ont été sérieusement désinfectées à l'acide sulfureux, blanchies à la
chaux : des fosses mobiles ont été substituées aux fosses fixes ; le rem-
pai-t, qui privait d'air et de soleil tout le rez-de-chaussée, a été abattu.
Malgré l'arrivée des réservistes en septembre et de près de 500 recrues
en novembre 1881, l'année 1882 s'est passée sans alerte. C'est pourtant
toujours le même sol, quoique, à \Tai dire, il soit plus respecté qu'aupa-
ravant.
Notons, en passant, cette persistance des germes typhogènes, à l'état
latent, mais toujours capables d'activité, pendant près d'un an. Il est
probable que ce dangereux sommeil peut durer plus longtemps encore et
ceci n'est point spécial à la typhoïde; on ne sait, pour aucuue maladie
infectieuse, quel est le terme au bout duquel les germes, recelés dans
des locaux, des effets, cessent spontanément d'être aptes à la revivis-
cence.
Car naturellement les effets et la surface extérieure du corps des per-
sonnes qui entourent le malade ou séjournent dans son atmosphère sont
capables de participer aux éclaboussures des produits pathologiques,
selles, urines, crachats, sueurs, et surtout de collectionner mie part des
poussières pathogènes qui flottent dans l'aii* des locaux où sont couchés
depuis plusieurs jours des typhoïsants. C'est cet air que l'on regarde
comme infecté et infectieux et c'est là ce que l'on a appelé le danger de
la fréquentation des Joyers.
Les conséquences de cette fréquentation sont aisément saisissables,
lorsque l'individu qui s'y est confié est réceptif; il contracte la fièvre
typhoïde pour son propre compte et personne ne peut douter qu'il n'en
lit reçu les germes dans l'atmosphère infectée. Mais n'est-il pas possi-
>le qu'un siyet non réceptif, les ayant pris tout aussi bien, les trans-
)orte quelquefois et devienne le véhicule, l'intermédiaire inconscient,
21
322 SECTION I. — 8ÉANCË DU MERCREDI G 8KPTKLMBBE.
de la contamination d'autres personnes, réceptives celles-là, au contact
desquelles il pourra se trouver ensuite ? Et, en continuant cette idée,
est-il invraisemblable que des objets inertes puissent être de même des
réceptacles et des intermédiaires, de telle sorte qu'un individu sain
reçoive de ces objets la fièvre typhoïde, sans avoir eu de rapports per-
sonnels avec des typhoïsants, sans en connaître, sans même soupçonner
d'où le mal peut lui venir V
M. Alison a recueilli et commenté plusieurs faits dans lesquels il est
visible que le contage typhoïde, resté attaché à la maison, aux vêtements
mêmes, sans qu'il y ait lieu d'admettre un foyer dans le sol, les foss^
ou l'eau de boisson, se réveillait après six mois, un an et davantage. On
ne trouve pas, chez les observateurs, d'exemple dans lesquels un indi-
vidu, ayant séjourné dans un milieu typhoïde, ait rapporté la maladie
dans un groupe sain sans en être atteint lui-même. Cette constatation
n'est pas aussi facile qu'on pourrait croire, pour diverses raisons, mais
surtout parce que l'on cherche d'abord dans une autre direction la cause
des cas actuels. Pourtant, on aurait pu l'observer dans quelqu'une de
ces circonstances oîi un lycée, un séminaire, un pensionnat, est licencié
parce qu'une épidémie s'est abattue sur l'établissement. N'a-t-on jamais
vu qu'un de ces élèves, restant indemne, répandit la fièvre typhoïde
dans sa famille? J'en serais bien étonné; mais j'ai en vain cherché la
solution de cette question.
Après tout, la fièvre typhoïde est transportable ; par conséquent, elle
est capable des mêmes méfaits que les autres maladies transportables.
Elle n'a pas d'habitude, la rapidité et l'intensité de contagion de la
variole ; aussi est-il plus difficile de saisir chez elle le mode et l'intermé-
diaire de la transmission. Mais on ne retrouve pas, non plus, les pères
de tous les cas de variole ; cependant on ne doute point que ceux des
varioleux actuels, qui n'ont jamais été au contact d'un varioleux anté-
rieur, n'aient trouvé le germe du mal dans quelque appartement, dans
des effets à usage, dans les plis du manteau d'un visiteur, d'un médecin
peut-être et, s'il le faut, sur un siège au théâtre ou sur les coussins
d'une voiture publique. Je suis persuadé que si l'on supposait un jour
au contagium typhoïde la propriété de pouvoir être, de la même façon,
dispersé et repris, le nombre des cas dits spontanés paraîtrait moins
surprenant et que l'on arriverait même à substituer à cette expression
celle de cas d'origine inconnue *, qui n'exclut point l'importation, même
alors qu'on ne peut la saisir.
^ M. Baelde (thèse citée, p. 52) se demande s'il n'a pas apporté lui-même la fiè-
vre typhoïde à une femme restée sans aucune relation avec le premier foyer de
ETIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 323
Il existe un certain nombre d'exemples très frappants d'épidémies
typhoïdes pour lesquelles on a pu, avec quelque apparence de raison,
supposer l'éclosion spontanée. Ce n'est guère dans notre Europe com-
merciale et agitée, où les relations entre humains sont incessantes et infi-
nies, qu'il faut chercher de pareils faits. M. Hirsch les emprunte à des
îles peu visitées des navires, à des côtes inabordables pendant une grande
partie de l'année, à l'île Norfolk, à l'Ascension, au Grœnland, à l'Islande,
AUX îles Fidji. Ces territoires étroits et isolés sont d'ailleurs assez loin
de tout pays habité pour que l'on se demande comment le germe typho-
gène a pu être conservé dans les effets à usage des navigateurs pendant
une longue traversée. Malgré les apparences et malgré l'opinion des
observateurs mêmes, M. Hirsch n'hésite pas à regarder ces épidémies
comme étant encore d'importation ; il s'agit seulement de germes restés
latents pendant une longue période *.
La même chose arrive du choléra, de la peste, de la fièvre jaune ; si
elle est moins commune, dit l'éminent épidémiologiste, c'est que ces
derniers fléaux ne sont pas ubiquitaires comme la fièvre typhoïde ; ils
ne peuvent s'implanter que sur des points du globe qui réalisent pour
un temps les conditions que le germe trouvait à son berceau ; quand ces
conditions s'altèrent ou se suspendent, les germes meurent et la maladie
lie peut reparaître que par une nouvelle importation.
Si reculée qu'elle soit, l'importation typhoïde est donc logiquement
certaine, dans ces cas obscurs. Elle l'est encore, dans ces épidémies de
village, dans lesquelles, presque au même moment, apparaissent plu-
sieurs cas de fièvre typhoïde, en des maisons séparées les unes des autres
par une distance notable, sans qu'on retrouve la trace de communica-
tions antérieures des habitants entre eux, non plus que d'une importa-
tion quelconque pour celles-ci ni pour celles-là. Cette physionomie des
débuts a caractérisé l'épidémie de Marcq-en-Barœul, racontée par M.
Baelde, et ce sont des faits du même genre que les auteui's mettent à
profit pour montrer qu'il n'y a point de filiation des cas les uns des
autres, mais que la typhoïde éclot simultanément sur tous les points où
le terrain lui a été favorable.
l'épidémie de Marcq-en-Barœul. Cette femme tomba malade quinze jours après
avoir été soignée d'une fausse couche par ce médecin qui, à la même date, visitait
les premiers typhoïsants.
' On ne saurait qualifier de « née sur place » une épidémie qui éclate dans une
commune où la fièvre typhoïde a régné l'année précédente, et bien qu'il n'y ait pas
€u de nouvelle importation, comme M. Ch. Pilât le signale pour la commune de
Linselles (Nord), en 1879. La seconde épidémie est simplement le réveil des ger-
mes de la première.
324 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBBK.
II faut bien aussi admettre rimportation pour répidémie de la MaisoD
d'arrêt de Lille, en 1879. Voici coranient elle se présenta. Un détemu
qui était là depuis plus de trois mois, tomba malade de tiè\Te typhoïde,
à la lin de décembre 1878, alors que la maladie ne régnait pas épidémi-
quement dans la ville et que, depuis dix ans, elle ne s'était pas montrée
à la prison. Cet individu est mis h part, à rinfirmerie, le 23 décembrel878.
Trois et quatre mois plus tard, fin mars et tin avril 1879, éclatent trois,
puis treize autres cas *. Ceux-ci sont regardés comme la propagation de
l'épidémie, dont le premier cas était le commencement, et, en effet, il
ne répugne nullement que l'agent typhogène issu du premier malade se
soit retrouvé pour infecter, trois mois plus tard, des détenus même
arrivés après l'époque à la(|uelle le précédent accomplissait son évolu-
tion morbide. Mais ce premier malade lui-même, oii avait-il pris les
germes et dans quoi les avait-il conservés, s'il les appoitait du dehors,
dès l'arrivée?
Dans le cas des îles lointaines, citées par M. Hirsch, il est apparent
(lue les navires importateurs n'étaient pas arrivés avec des malades et
n'en avaient pas eu en route; sans cela, l'origine du mal dans les fles
se rattacherait trop clairement aux relations des insulaires avec l'équi-
page malade, ou le navire infecté, pour qu'on soit obligé dft se rejeter
sur l'éclosion spontanée. C'est donc quelque compartiment du vaisseau,
imprégné de molécules typhogènes depuis si longtemps qu'on ne s'en
souvient plus, ou ce sont les vêtements des passagers et des matelots, ou
des marchandises provenant de foyers typhoïdes (comme pour la tièvre
jaune), ou des objets inanimés quelconques, qui ont transfrété l'agent
typhogène et l'ont répandu sur une terre vierge. Ce n'est point impossible,
dans les conditions ordinaires de la navigation. C'est, cependant, déjà
un peu délicat. Mais ce mode de transport devient tout à fait étonnant
quand il repose sur des hommes qui se déplacent en plein air, ne por-
tant avec eux presque aucun objet « susceptible, » et changeant même
de vêtements avant d'arriver au point qui sera le théâtre d'une épidémie.
On conçoit que la perspective d'accepter la transmission simple, dans
des circonstances oii le mécanismQ en est si douteux et si obscur, ait fait
verser les médecins dans les théories de la spéciticité indirecte et condi-
tionnelle, ou même dans la spontanéité.
U faut bien reconnaître que tous les éléments de l'étiologie typhoïde
peuvent varier, que tous les véhicules reconnus de l'agent typhogène
^ Hallez (Louis), Rapport sur une épidémie de fièvre typhoïde à la Maison d'arrêt
de Lille (Travaux du Conseil central de salubrité du Dép*. du Nord en 1878.Lille>
1879).
ETIOLOGIK ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 325
euvent manquer l'un ou l'autre ou plusieurs à la fois. Celui qui reste le
lus souvent et manque le moins, c'est l'homme. La même chose se
asse chez les autres contagieuses ; mais ici, l'homme n'est véhicule
u'à titre de malade ou en jouant le même rôle que les objets inertes,
^eut-être que, vis-à-vis de la typhoïde, sa participation au transport des
ermes est plus étendue, plus durable, plus active.
J'ai le regret d'augmenter encore la surabondance déjà malheureuse
es théories ; mais je ne saurais m'empécher d'exposer ici une idée qui
le poursuit, sur laquelle, d'ailleurs, j'appelle le contrôle et que je suis
Têt à sacrifier pour une meilleure, à savoir qu'il existe un véhicule
ssez habituel et efficace de l'agent typhogène et qui ne serait autre
ue l'homme lui-même, en tant qu'organisme et avant toute maladie,
bstraction faite des objets inanimés à son usage, y compris ceux qu'il
ransporte avec lui. Voici les raisons de cette manière de voir.
L'agent t>T)hogène n'a pas une activité propre d'une très grande
iitensité. En comparant la fièvre typhoïde à la variole, il saute aux yeux
[ue la réceptivité pour celle-ci est simple, si je puis dire ; il suffit pour
'avob' d'un état négatif : n'être ni variole ni vacciné ; tandis que la
éceptivité typhoïde est compliquée et a un caractère si positif qu'elle se
Lioutre, à chaque instant, comme supérieure à l'activité propre du con-
age et plus importante que la présence même de celui-ci. L'individu
éceptif qui a absorbé les corpuscules varioligènes aura ou n'aura pas
\ variole ; mais s'il l'a, ce sera dans l'espace d'une douzaine de jours
nviron et, en règle générale, sous la forme d'une maladie complète, ne
prêtant pas à l'indécision dans le diagnostic. Celui qui a respiré dans
iD milieu imprégné de miasme typhogène, n'aura la fièvre typhoïde
[ue sous conditions, à une époque très variable et, parfois, si retardée
|ue M. Léon Colin regarde presque comme une loi que les « cas inté-
ieurs, » chez les personnes au voisinage des malades, ne se présentent
[u'à la fin des épidémies, après un séjour prolongé auprès des malades
!t lorsque l'infection des locaux est arrivée à un haut degré. Loi-squ'il
"agit d'un groupe, il est possible que l'épidémie éclate tout d'un coup
>ar des cas pressés et parfaitement accentués : mains c'est le mode le
dus rare. L'immense majorité des rapports de nos collègues de l'armée
ont foi que l'on voit, pour ainsi dire, naître et grandir l'épidémie. Un
'«rtain nombre d'hommes éprouvent un simple accablement vertigi-
leux de quelques jours du durée ; d'autres ont de l'embarras gastrique,
le la diarrhée, pendant une huitaine de jours, et n'auront pas autre
:hose. Puis, d'autres arrivent, chez qui l'embarras gastrique fait place
\ une fièvre typhoïde confirmée ; enfin, la plupart des malades sont
itteints de vraies fièvres typhoïdes, qui vont généralement en augmeu-
326 SECTION I. — 8£ANC£ DU M£RCR£DI 6 SEPTEMBRE.
tant de nombre et de gra\ité jusqu'à une certaine période. Tous ont
respiré le même miasme ; pourtant ils traduisent Timprégnation par des
modes divers, quelques-uns par des formes avortées, d'une spécificité
douteuse ; d'autres ne le traduisent pas du tout. C'est donc que l'acti-
vité du moteur typhogène n'a rien d'absolu et, puisqu'il est invraisem-
blable qu'il change de propriétés dans un même lieu et dans un tempa
si court, c'est que les individus peuvent le porter avec eux et en eux
pendant assez longtemps, sans qu'il se manifeste. Est-il nécessaire qu'il
se fasse une sorte d'accumulation des germes, ou bien ces germes, aptes
à l'évolution complète, même en petite quantité, attendent-ils que l'éco-
nomie soit devenue un milieu adéquat ? Les deux cas sont possibles. Mais
le secoud est bien plus conforme aux données scientifiques et à l'obser-
vation, pounu que l'on pratique celle-ci dans des conditions dégagées
des circonstances qui obscurcissent le problème et prêtent aux illusions.
Combien de fois n'a-t-on pas accusé les Jatigues excessives, ou les
simples excès, d'avoir causé la fièvre typhoïde ! Est-ce que les auteurs
étaient absolument dans le faux ? Oui, s'ils ont entendu que les fatigues
ou les excès étaient des typhogènes directs et exclusifis, tenant lieu de
tout moteur spécifique ; non, s'ils ont voulu dire que des hommes, d'ail-
leui's porteui-s de l'agent typhogène, n'auraient pas eu la fièvre typhoïde
s'ils étaient restés au repos et dans des habitudes régulières.
J'ai eu l'occasion, il y a un an, d'assister à un exemple des plus
Irappants de cette manifestation, en quelque sorte exaspérée, de
l'imprégnation typhoïde sous l'influence de circonstances banales. Un
de mes élèves, le D' Jacques Andt, en a consigné le récit dans sa thèse
inaugurale *, sur mes indications. Le 84* régiment d'infanterie, caserne
à Avesnes (Nord), avait subi, depuis plusieurs années, des poussées de
fièvre typhoïde, auxquelles la population civile prenait peu de part. En
1881, selon les renseignements que je dois à l'obligeance de M. le
D' Perrin, alors médecin-major du corps, la fièvre reparut, sous forme
de cas disséminés et rares, du 10 mai au 20 juin, ne constituant pas une
épidémie. Du 20 juin au 7 juillet, le jégiment alla, par fractions succès-
sives de deux compagnies, faire des exercices de tir à grande distance
près de la forêt de Mormal (Landrecies), c'est-à-dire à une vingtaine de
kilomètres. Ces 20 kilomètres étaient faits à pied, à l'aller et au retour;
la troupe était casernée à Landi-ecies et rentrait le quatrième ou le cin-
quième jour, pour être remplacée par deux autres compagnies. La
température était remarquablement élevée.
* Andt (Jacques), Bemarqiies aur Vétwlogie de la fiècre typfioïde d'après quelques
épidémies modernes. Thèse de Lille, 1882.
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE ÎJi FIÈVRE TYPHOÏDE. :^27
Il D*y avait là rien de bien extraordinaire pour des compagnies
dMnfanterie et l'on devait s'attendre à ce que cette promenade en plein
air atténuât sensiblement l'influence typhoïde qui pesait sur le régiment.
C'est le contraire qui arriva. A la rentrée des compagnies, les cas bien
accentués se précipitèrent, entourés conmie toujours d'embarras gastri-
ques, de diarrhées, d'états vertigineux, de fébricules. Les deux compa-
gnies du premier départ avaient eu 1 cas avant ; elles en eurent 3 après
leur rentrée; celles du deuxième départ n'en avaient pas eu avant,
elles en eurent 6 après ; celles de la troisième fraction, partie le 27 juin
et rentrée le 30, n'avait eu aucun cas en juin ; elles en eurent 12, du
2 au 10 juillet; la quatrième fraction, 1 cas avant son départ, 10 après
sa rentrée (dont 8 du 5 au 24 juillet). Par comparaison, les deux compa-
gnies du cinquième départ, qui furent absentes du 4 au 7 juillet, avaient
eu 4 cas, très espacés, dans le courant de juin, 2 cas en juillet
avant le départ, 2 pendant les exercices de tir; elles en eurent
0 après, du 9 au 18 juillet. En tout, il y a 10 cas avant ou pendant les
exercices et 38 après.
Ce serait raisonner à rebours que d'attribuer aucun d(î ces cas aux
fatigues du moment, puisque les troupes partaient avec les germes pris
à Avesnes. Mais on peut, de ce qui s'est passé, conclure : d'abord, que
les bonunes ont porté avec eux ces germes ; puis, que sans les exercices,
qui ne leur ont certes pas donné une nouvelle dose de miasme, un
certain nombre d'entre eux eussent porté ces gennes plus longtemps
sans en rien éprouver, ou même les eussent gardés impunément.
Ce n'est point un caractère particulier à la fièvre typhoïde, que les
individus imprégnés portent avec eux l'agent pathogène; on porte le
germe de toutes les maladies spécifiques pendant un certain temps, dit
d'incubation, et nous n'avons pas la naïveté d'appeler l'attention sur un
fait si connu, d'ailleurs nécessaire. Mais, pendant l'incubation de la
variole, le germe ne reste point inerte et tel qu'il était au jour de
l'absorption ; il se multiplie, accomplit une certaine phase de son évolu-
tion vitale, pénètre de proche eu proche tout l'organisme. Il ne paraît
pas en être nécessairement ainsi pour ce qui est du germe de la fièvre
typhoïde; celui-ci semble pouvoir se développer plus ou moins tôt, plus
ou moins vite, plus ou moins complètement, selon les dispositions de
réconomie qui, réellement, le maîtrisent.
Or, si nous admettons que des circonstances, positives ou négatives,
peuvent retarder de 8 jours, de 15 jours, ou davantage la période de
multiplication de l'agent typhogène, sans qu'il soit annulé définitivement,
ou tué, après les 10 ou 15 jours que l'on a jusqu'aujourd'hui assignés à
l'incubation de la fièvre typhoïde, il faut bien avouer que nous ne savons
328 8ECTI0X 1. — SEANCE I)C MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
pas pendant combien de temps cet agent peut se consen'er dans l'éco-
nomie, à rétat latent, sans manifester des propriétés de diffusion, oa
d'envahissement, comme on dit. II se conserve longtemps en poussière,
sur les meubles, dans les effets, dans les fentes des planchers, dans les
fumiers, le sol putride, se multipliant ou non (on n'en sait rien), mais
toujours capable d'un réveil de vitalité et du pouvoir d'envahir l'écono-
mie humaine ; qui sait s'il ne se conserve pas de même, au fond des
vésicules pulmonaires, à la façon des poussières charbonneuses que nous
inspirons tous, dans nos villes manufacturières du Nord, et dont nous
Jie soupçonnons la présence qu'une fois par an, ou moins souvent encore,
quand un gros rhume nous procure l'occasion d'expulser, avec les
mucosités bronchiques, une part du charbon qui a encombre » nos voies
aériennes? — On connaît bien déjà certains corpuscules pathogènes qui
se conservent ainsi, en silence et sans pullulation, dans quelque compar-
timent de l'économie, pour revivre tardivement ; ainsi, les moteurs de la
fiè\Te intermittente. Beaucoup de personnes, qui ont eu, ou même qui
n'ont pas eu la fièvre en Afrique, présentent de francs accès quand elles
sont en France, en pays nullement palustre, un an ou deux plus tard.
Théorie pure, tout ceci; j'en con\iens sans difficulté. Mais comme,
avec cette théorie, on s'explique aisément l'éclosion de cette épidémie
du camp de Pontgouin, chez des troupes parties en bonne santé de leurs
garnisons, mais sortant des villes, de casernes dans lesquelles il ne
serait pas difficile de trouver des germes, laissés par des épidémies
antérieures, et dont les soldats avaient respiré une part ! Comme on
s'explique ce premier typhoïsant de la maison d'arrêt de Lille, tombé
malade trois mois après son incarcération, qui n'avait eu aucune relation
avec un foyer, ni même avec des personnes ou des objets suspects ',
pendant tout ce temps, mais qui avait, d'une façon à peu près certaine,
traversé auparavant des milieux contaminés ! Et tant d'autres premiers
typhoïsants, qui surgissent dans des localités indemnes depuis un temps
immémorial, qui ne se rappellent pas depuis combien de temps ils sont
allés en \îlle, et pour lesquels on ne trouve pas d'importateur !
On supposera, peut-être, qu'en pareil cas il y a eu un intermédiaire de
transmission, une chose inanimée, ou une personne que l'on ne soupçonne
point, parce qu'elle a apporté la fièvi*e sans l'avoir elle-même. Ce mode
* Les détenus condamnés à plus d'un mois quittent leurs vêtements d'entrée
pour prendre le costume de la i)rison. Le premier malade était dans ce cas et,
probablement aussi, ses co-détenus, dans le même quartier. D'autre part, l'enquête
n'a point révélé qu'il fût entré à la prison d'individu relevant de fièvre typhoïde,
postérieurement au 15 septembre, époque de l'incarcération de celui qid devait
être le premier malade.
ÉTIOLOGIIC ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 329
est possible. Mais, outre qu'il est peu sûr, quand il s'agit d'un contage
^ussi peu énergique que celui de la fièvre typhoïde, on recule devant
ridée qu'il puisse s'exercer uniformément sur des masses. Si Ton n'a
recours à l'hypothèse du transport de germes k l'état latent chez
l'homme, j'avoue ne rien comprendre à l'épidémie, d'une large et rapide
diffusion, qui a éprouvé naguère l'armée française de l'expédition de
Tunisie.
Nous n'avons pas de données très explicites sur les débuts, les allures
et le nombre des malades de cette épidémie ; le seul document officiel
qui ait paru, à ma connaissance, est le rapport de M. le D' Baudouin, à
cette époque médecin en chef de la province de Constantine, et qui date
du 23 juillet 1881. L'épidémie n'avait pas encore pris fin ; mais la suite
a pour nous moins d'importance que le commencement . Du reste, au
10 juillet (en moins de trois mois), les troupes de la province de Cons-
tantine et celles de Tunisie avaient fourni 572 cas et 77 décès ; ce qui
nous paraît suffisant pour établir dès lors l'existence d'une véritable
épidémie.
On sait que les troupes de l'expédition venaient de points très divers
du territoire de la métropole et quelques-unes de la province de Cons-
tantine. Le Rapport assure que certaines fractions de ces dernières
avaient la fièvre typhoïde d'avance et l'on a pensé que le 142* de ligne,
venant de Perpignan, oii il avait la maladie, a pu l'apporter avec lui.
Mais tous les corps envoyés de France n'étaient pas dans le même cas ;
il est évident que l'on a mis en route, le plus possible, des troupes saines.
D'ailleurs, les épidémies de fièvre typhoïde sont de celles qui s'éteignent
par l'abandon du foyer et, en fait, on n'a point vu la fièvre typhoïde
suivre les troupes dans leur voyage, ni éclater épidémiquement, k
l'arrivée. « Jusqu'au 20 mai, dit le Rapport, l'état sanitaire s'est main-
tenu excellent, » sauf ce qui existait dans la province de Constantine,
comme d'habitude, et sauf les cas de fièvre typhoïde qui commençaient,
dès la fin d'avril, à se présenter particulièrement dans la brigade de
Brem, entrée en Tunisie par Souk-Ahras et Ghardimaou et dont faisait
partie le 142*. Pour cette brigade, les éléments de propagation directe
ou indirecte ne manquaient pas et nous la laisserions de côté si elle était
seule en cause. Voici oii se pose la question intéressante. « Les fièvres
typhoïdes étaient observées en même temps (fin de mai) dans les autres
ambulances, mais en nombre beaucoup moindre et ne permettant pas de
qualifier la maladie par le mot ëpidhnUine (cela n'allait pas tarder) ;
ainsi, à l'ambulance de la brigade Logerot, à celle de Tabarka, à celle
de la brigade Bréart, à Djedeïda, à celle de Bizerte, à celle de la
brigade Caillot, à celle du grand quartier général, à celle de la l)ri-
380 SECTION I. — 8KANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
gade (le cavalerie, à celle de la brigade Galland (8 et 11 juiu), au
Kelf(lOjuin). »
Peut-on supposer que quelques cas isolés, dans un petit nombre de
régiments, aient pu réussir à constituer des foyers auxquels se serait
rapidement infectée toute l'armée, malgré la vaste dissémination des
corps, malgré leur mobilité incessante, malgré leur présence habituelle
en plein air, hors de tout abri fixe ? — De filiation des cas les uns des
autres, il ne saurait en être question, en face de la simultanéité des
bouffées épidémiques. — Je pense que les cas isolés, constatés dans
certains corps, sont plutôt les témoijis de la présence des germes chez la
plupart des individus du groupe, que les auteurs de ceux qui allaient se
manifester si largement sm* les brigades. D est bon, pour la démonstra-
tion, de noter les régiments qui sont partis et arrivés sans malades;
mais, lors même que chacun d'eux aurait eu, au début de la campagne,
un cas positif, j'accepterais difficilement que celui-là, dans les conditions
où l'on se trouvait, ait été capable d'engendrer une infection presque
générale, en un mois ou six semaines. Supposez, au contraire, que les
arrivants de France aient quitté leurs casernes avec des germes typhoï-
des dans leur fourniment, mais surtout dans leurs poumons, d'où ils ne
s'échappent pas au grand air, il devient facile de comprendre qu'au bout
de quelques semaines la manifestation d'une épidémie, tout d'abord très
étendue, soit possible, même sans les conditions qui favorisent d'ordi-
naire la formation des foyers. Il suffira pour cela d'une circonstance qui
supplée le foyer; la rupture, au détriment de l'économie, de l'équilibre
dans la lutte pour l'existence entre l'homme et le parasite.
Ces épidémies multiples et simultanées débutaient selon le mode que
nous avons signalé plus haut ; on les voyait naître et se former, eût-on
dit, dans l'école spontanéiste. « Dans la dernière décade de mai, les
4*mharra8 gastriques se montrèrent partout, d'abord plus nombreux,
puis plus rebelles, puis accompagnés de fièvre appelée soit emhafras
gastrique fébrile, soit/ïètre rémittente, soUfièvre continue L'embar-
i-as gastrique a été le début de presque toutes les fièvres typhoïdes
observées ; mais la plupart des embarras gastriques ne sont pas devenus
des fièvres typhoïdes. »
Il semble que l'on suive la capitulation, c'est-à-dire l'adaptation des
économies. Je ne sais s'il y avait, sous le ciel africain, quelque chose de
particulièrement favorable au développement du moteur typhogène en
soi, mais il est aisé de remarquer comment ce ciel impressionne les nou-
veaux venus. Les expérimentateurs ont trouvé le moyen d'atténuer les
virus, d'où l'on peut conclure à la possibilité de leur atténuation spon-
tanée ; mais, ce que l'on connaît de plus sûr, en fait de procédés de sens
ETIOLOGIK ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 381
inverse, c'est-à-dire pour rexaspération de la virulence, c'est de trouver
le milieu de culture le plus parfaitement approprié. L'homme, dans de
certains cas, sans le vouloir, se fait lui-même ce milieu de culture. C'est
même comme cela que M. Bouley comprend la genèse du typhus des
camps.
Je crois que cette préparation s'est réalisée chez les troupes de
Tunisie et que les germes typhoïdes qui en ont profité existaient généra-
lement, au préalable, dans l'économie des individus. Comment, sans
cela, la fièvre aurait-elle éclaté, au même moment, parmi tant de
colonnes séparées les unes des autres ?
Les troupes ont subi des alternances pénibles de pluies et de
chaleur; mais, la pluie et la chaleur (la chaleur surtout), qui dépri-
ment les hommes et favoiisent les agents pathogènes, ne créent pas
ceux-ci.
Les colonnes ont occupé des sols assez divers, probablement : la vallée
de la Medjerda et les montagnes des Khroumii*s, les rives du golfe de
Bizerte, les dunes de La Gpulette, le plateau de Zaghouan, les mines de
Cailhage. Le sol était plutôt vierge de souillures humaines, puisque l'on
campait et que l'on évitait, avec assez de raison, d'occuper les maisons
arabes. Cette fois, au moins, pas d'égouts, pas de fosses fixes, pas
d'émanations fécales, putrides, ni d'infiltrations. Il est possible que le,s
Jhiillées n'aient pas toujours été exécutées avec soin, mais elles servaient
peu de temps, on avançait chaque jour, et si, par hasard, quelques
germes ont été confiés au sol du camp, on repartait avant qu'ils aient
eu le temps de mûrir. On commit la faute, quelquefois, de laisser
reprendre à une colonne l'emplacement qu'une précédente venait de
quitter; mais, pour qu'il y ait transmission par ce procédé, il faut que
la première colonne ait d'abord laissé des déjections spécifiques. En tout
cas, cette première n'a elle-même rien trouvé ; or, les colonnes de tête,
par des chemins différents, ont été atteintes conmie les autres et au
même moment. En réalité, si l'on s'attendait à voir se manifester
rinfluence du sol africain, ce n'était pas sous forme de fièvre typhoïde ;
et l'on fut quelque temps h croire qu'il s'agissait de rémittentes ou de
I>seudo-continues palustres ; on usa largement du sulfate de quinine, et
rétonnement ne fut pas médiocre lorsque des autopsies nombreuse?»
furent venues imposer le diagnostic.
Les soldats, à cette époque, avaient peu de relations avec les Arabes.
Du reste, les Arabes n'avaient peut-être pas la fièvre typhoïde; le typhus
tacheté leur est plus familier.
Les eaux consommées furent souvent détestables et les aliments
ont pu n'être pas toujours sans reproche. Mais les eaux, banalement
H':V2 SECTION I. — sfUNCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
impures, ne donnent pas la fièvre typhoïde, non plus que les aliinettts
avariés. C'est tout au plus une prépai'ation.
Y a-t-il eu confinement de l'air sous la tente ? C'est peu probable,
avec la mobilité de tous les jours. Je me doute même que, dès les cha-
leurs, les soldats ont été bien plus souvent hors des tentes qu'à l'inté-
rieur. En fait, il résulte de quelques renseignements privés dont je
dispose, que ce n'est point pendant les stations de quelques jours sous la
tente, mais pendant les marches, que les cas de fièvre se multipliaient.
Ce qui enlève encore de sa valeur à l'idée que tel ou tel cas sporadique,
pendant la première période de l'expédition (cinq à six semaines), ait pu
former un foyer pour la généralisation ultérieure de l'épidémie.
Si les soldats n'ont pas trouvé les germes typhoïdes en Tunisie, si les
quelques cas isolés du début n'ont pas suflS à créer une généralisation
épidémique, c'est que les individus portaient ces germes sur eux. Dans
leurs vêtements V Ce n'est point impossible ; mais après ce long voyage,
cette agitation et l'aération incessante, sans le moindre séjour sous des
abris fixes, l'explication est peut-être un peu^subtile. Alors, c'est qu'ils
les avaient en eux-mêmes, non pas dans le sang d'abord, mais dans les
anfractuosités du tube digestif ou, sui-tout, dans les divisions extrêmes
des voies aériennes, que nous savons êti*e très aptes à recevoir et à
garder les poussières.
Dans un travail antérieur (1875), j'ai cité l'épidémie observée à
Aumale (Algérie) en 1865 par M. Masse, chez des troupes qui, à peine
<lébarquées à Alger, avaient été dirigées vers le sud pour contribuer à la
répression des Ouled-Sidi-Cheik. L'auteur ne trouve, dans l'étiologie, ni
foyer, ni sol putride, ni atmosphère infectée. « Ces hommes, dit-il, rapi-
dement transportés dans de^ latitudes auxquelles ils n'étaient pa.s
habitués, y avaient eu à soufliir non seulement l'influence du climat
nouveau, mais encore les privations sans nombre qui sont le partage
ordinaire du soldat en campagne. » Comme les privations, ni les climats,
ne sont des germes, c'est que les soldats les avaient sur eux. D est vrai-
semblable que la même pathogénie est applicable à la fièvre typhoïde,
étudiée par M. Frison, à Ténès, en août 1866, sur des compagnies qui
rentraient de la chasse aux sauterelles, et qui éclata « quelques jours
après leur retour. »
On cherchera plus loin (Art. III), quelles circonstances peuvent réveil-
ler ces germes latents, ou, ce qui revient au même, désarmer contre eux
l'économie. Citons encore, avant de quitter cet aspect de l'étiologie,
deux exemples empruntés au dernier rapport de M. L. Colin (1882) et qu'il
n'est guère possible d'expliquer autrement que par la théorie actuelle-
ment proposée : a p L'épidémie relatée par M. Marmonnier, et qui attei-
ETIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 388
gnit un détachement provenant d'une garnison indemne et cantonné
depuis deux mois, sans relations avec les centres voisins, vu la difficulté
d'accès du lieu occupé, dans un hameau (La Bordelière, près Grenoble),
où l'affection était inconnue ; 2? l'épidémie observée à Uzès par M. Fars-
sac, dans des conditions d'isolement et de salubrité antérieure analo-
gues aux précédentes, conditions brusquement troublées par l'infection
d'une écurie provisoire mal entretenue. »
Si personne n'a apporté à ces détachements les germes typhogènes,
c'est donc qu'ils les ont faits ? — k moins qu'ils ne les aient pris et gar-
dés d*une caserne antérieurement occupée par eux. — Je crois qu'au-
jounl'hui nul n'oserait se ranger du côté de la première alternative.
Que la garnison qui a fourni le détachement fût indemne au départ df^
celui-ci, cela ne crée pas une difficulté ; nous savons parfaitement que
les germes de l'épidémie de l'année dernière peuvent rester huit, dix
mois et plus, sans se réveiller ; s'ils se réveillent un jour pour les indivi-
dus qui les respirent sur place, je ne vois pas pourquoi ils ne feraient pas
de même chez d'autres, qui, les ayant respires huit ou dix mois, sont
partis avec. II y a même, dans cette situation, un argument en faveur
de la manière de voir que je propose. Si un régiment a eu la fièvre
typhoïde en juin de cette année, il est clair que les recrues réceptives,
qui viendront en novembre, n'attendront pas l'été prochain pour absor-
ber, n'importe comment, les germes laissés par l'épidémie précédente ;
elles les absorberont dès les premiei's jours et les garderont ; cependant,
elles n'auront très probablement la fièvre typhoïde que l'année pro-
chaine, à la bonne saison. Est-il plus rationnel de supposer que les ger-
mes laissés sur les murs, dans les fentes des planchers, voire dans les
latrines, auront eu besoin de tout ce temps pour mûrir et devenu* actifs
(on sait, du reste, qu'ils n'en ont pas besoin), ou bien d'admettre qu'à
la faveur d'un état convenable de l'économie, des germes absorbés depuis
longtemps et présents en elle ont trouvé le moment de leur aptitude à
l'envahissement ?
On voudra bjen remarquer que cette théorie ne se confond point avec
celle de M. Wernich, qui suppose que le Bacillus subtilis, toujours pré-
sent dans le gros intestin de l'homme, est le parasite capable d'acquérir
l'aptitude à l'envahissement et, par là, de devenir l'agent typhogène, à
la faveur de diverses circonstances extérieures. Une telle conception
nous paraît au contraire et indépendamment de sa hardiesse, inadmissi-
ble en raison de ce fait qu'elle supprime à peu près la spécificité, qu'elle
annule le rôle de la transmission typhoïde et de l 'absolution pulmo-
naire de Tagent infectieux. La nôtre ne change rien aux idées courantes
et ne néglige aucune des lois conquises par l'épidémiologie ; elle ne fait
3:i4 SECTION I. — SÉANCE DIT MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
que les élargir. En outre, nous ne prétendons nullement que tous les
hommes possèdent en eux Tagent typhogèue, ni que œux qui Font une
fois, pour avoir respiré dans un foyer, le portent toujours ou même le
portent longtemps. A vrai dire, il est impossible d'essayer Tindication
d'un terme h cet état. Je n'affirme point qu'une bactérie quelconque
puisse devenir typhogène, mais j'admets que la bactérie typbogènepeut
exister chez l'homme, pendant un temps durable, sans manifester de
propriétés d'envahissement. C'est un transformisme qui ne s'applique
même pas aux espèces, mais simplement aux propriétés d'êtres d'ailleurs
invariables. Il n'est pas plus téméraire que les vues de M. Pasteur, rela-
tivement aux oscillations spontanées, d'atténuation ou de renforcement,
d'activité des virus, et il l'est moins que cette idée de M. Bouley (Le
prof/rh eu médecine par V expérimentation, Paris 1882) que Thomme
doit porter dans sou canal intestinal les germes des microbes d'où
dépend le typhus des camps, ces germes ne devenant dangereux que par
la misère physiologique dans laquelle se trouvent les individus.
Nous l'avouons sans embarras, tout ce côté de la question est aussi
épineux que le reste des caractères épidémiologiques de la lièvre t)T)holde
et mérite d'être repris. Cette étude est très délicate, en raison de la fai-
ble intensité et des variations imprévues des propriétés de l'agent typho-
gène. Il n'est guère de lois communes k toutes les maladies spécifiques,
ainsi que le remarque si justement M. Léon Colin (article Quarantaines
du Di<:tiouu. vncyclopéd,). On a l'habitude de considérer comme inof-
fensifs les passagers d'un navire de provenance suspecte^ qui pendant
10, 12 jours de mer, n'a eu aucun cas de peste, de choléra, de fièvre
jaune ; on étend même, à tort, ce brevet d'innocuité au navire, aux mar-
chandises et autres objets inanimés , susceptibles. Rien ne prouve que
l'homme provenant d'un foyer typhoïde, s'U n'a pas eu la maladie
pendant les dix ou quinze jours qui l'en séparent, soit à l'abri lui-même
d'abord et ultérieurement inoffensif pour les autres. Nous venons même
de voir que le contraire est possible. Il ne faut pas s'en étonner, de la
part d'une affection qui se distingue si fort des autres et dont la vulgarité
même n'est qu'une immense occasion d'incertitudes.
5** Les aliments. — J'ai ouvert ce dernier paragraphe, non pour répé-
ter que les aliments, à titre de supports accidentels, peuvent recueillir
et transporter des molécules typhogènes, ni pour rentrer dans la discus-
sion des faits allégués au sujet de la propagation par le lait ; mais pour
tenir compte de la récente épidémie de Kloten, qui, par son importance
et par la valeur des observateurs, mérite qu'on s'en occupe, en rappe-
lant celles qui s'en rapprochent plus ou moins.
Comme supports indifférents, les aliments ne jouent probablement
KTIOLOGIE KT PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. r>35
qu'un rôle excessivement limité, surtout quand il s'agit de ceux que Ton
mange cuits. D'ailleurs, on ne les met pas en cause, dès qu'ils sont intrin-
sèquement sains. Le lait paratt surtout avoir été chargé de méfaits,
qu'il £aut reporter à l'eau, au moins quand l'observation est bonne.
Cependant, ce liquide est, comme on dit vulgairement, « très suscepti-
ble ; » il a une sorte d'aflBnité pour les gennes et il existe certaines obser-
vations desquelles il résulterait qu'il a été quelquefois, par lui-même,
le véhicule de la scarlatine. Il pourrait rendre le même oflSce à la lièvre
typhoïde ; mais il semble prudent d'attendre de nouveaux témoignages et
de laisser tomber l'espèce d'entraînement qui règne depuis quelques
années en Angleterre, à l'égard de cette origine des maladies infectieu-
ses; bien que, hâtons-nous de le dire, cet entraînement, qui embarrasse
les formules doctrinales, ait ce côté éminemment hygiénique de provo-
quer les mesures de protection du lait.
L'épidémie de Kloten (canton de Zurich) eut lieu au commencement
de juin 1878 '. Le 31 mai de cette année-là, une fête musicale réunissait
dans cette petite localité une foule considérable d'individus des deux
sexes, membres de sociétés musicales ou simples auditeurs. Dès le second
jour après la fête, le 3% le 4* jour, mais surtout à partir du 5' jusqu'au
9% un grand nombre de personnes des villages environnants et des visi-
teurs plus éloignés tombèrent malades. Au bout de trois semaines, on
en comptait jusqu'à 660. Les accidents revêtaient la forme soit de
t-atarrhe gastrique aigu y soit de typhus ahdatninaL L'enquête, instituée
par la direction sanitaire, démontra qu'il ne s'était réalisé aucune des
causes ordinaires de la fièvre typhoïde (eau de boisson souillée, sol infecté,
etc.)^ mais qu'il s'agissait d'infection par des viandes. Les viandes con-
sommées par les malades, à peu d'exception près, avaient été du veau,
eu ragoût, rôti ou en saucisses. U fut reconnu que, parmi les viandes
fournies pour la solennité, se trouvait celle d'un veau âgé de quelques
jours, malade, et que l'on avait pour cette raison soustrait à l'inspection
de l'abattoir, en le tuant un peu avant la fête, de sorte que la
chair en était déjà putride. Certaines portions de ce veau, consommées
par des personnes qui ne vinrent pas à la fête de Kloten, les rendirent
néanmoins malades comme les autres. Or, cette viande, pesant (sans os)
21 kil. 500, avait été mise dans le même local que les quartiers des autres
' Walder, Ueher die Typhmepidemie von Kloten {Berlin. KUn, Wodiensdmftj
n'» 39-40, 1878). — Wyss (Oscar), Die Typliusepidemie von Kloten (Blntter fur
Gesundheitspflege, n"* 13, 14, 17, 1878). — Huguenin, Ueber die lyphusepidemie
in Kloten ((Jorrespondemblatt fUr Schiceizer Aerzte, 1879). — Zuber (Ch.), De la
fièvre iyphcUde due à V ingestion de viandes altérées {Becue d'Hygiène^ I, p. 280,
1879).
:>3() HECTION 1. — 8ÉANCË DU MERCREDI 6 8£PT£lfBR£.
veaux, déposée sur les mêmes tables, coupée avec les mêmes couteaux;
iVoii Toccasion pour toutes ces viandes de s'infecter à leur tour et de
répandre reni])oisonnement chez les consommateurs, à la faveur d'un
mode de cuisson qui n'annulait point Tagent pathogène. Les personnes
atteintes ne furent pas uniquement des chanteurs ou des amateurs veuui*
à Kloten, mais encore quelques autres qui avaient pris de la viande chez
le boucher de Kloten ou chez le boucher de Seebach, en relation avecle
précédent, et des enfants qui se réunirent huit jours après, dans une
fête de jeunesse, sous les mêmes baraques qui avaient abrité les chan-
teurs. Les accidents à forme de catarrhe gastrique se montrèrent les pre-
miei-s, puis vinrent en plus grand nombre ceux de fièvre typhoïde carac-
térisée.
M. Walder observa 250 de ces malades, parmi lesquels 25 enfants:
121 cas lui parurent être des fièvres typhoïdes légitimes, c'est-à-dire
d'une durée de plus de 16 jours ; 129, des typhus abortife, durant moins
de 10 jours. Dans les cas légitimes, il y eut les troubles digestifs, la diar-
rhée le plus souvent mais non toujours, le météorisme, la sensibilité iha-
que, une éiiiption rosée discrète, le gonflement de la rate, la langue
caractéristique, les troubles sensoriels spéciaux, parfois de la bronchite.
On vit apparaître des fièvres typhoïdes « secondaires » (ou de propaga-
tion), dont 45 sur 55 avaient eu des rapports directs avec les patients,
ou avaient manié leur linge. On compta 74 de ces cas secondaires contre
668 fièvres primitives. — La mortalité fut singulièrement peu élevée ;
6 cas mortels. Les autopsies, pratiquées avec soin, permirent de consta-
ter les signes anatomo-pathologiques ordinaires de la fièvre typhoïde,
spécialement le gonflement typhoïque des plaques de Peyer et les ulcé-
rations intestinales.
11 ne se montra pas d'accidents pareils chez les pei'sonnes qui n'avaient
pas mangé de viande; celles qui avaient accompagné ce fatal repas
d'une quantité notable de vin n'eurent rien ou n'eurent que peu de
chose.
Tels sont les faits. La plupart des observateurs n'ont pas hésité à y
reconnaître la fièvre typhoïde, d'une part en raison des phénomènes
cliniques et des lésions anatomiques, d'autre part et surtout à cause de
la fécondité que montrèrent les cas de première invasion et de l'appa-
rence de propagation épidémique qui les suivit. Sans doute, on peut
être étoimé de la brusque explosion de certains cas (le lendemain de la
fête), de la grande quantité de cas avortés et presque sans fièvre, de la
faible mortalité ; mais on pourrait trouver l'explication de ces anomalies
dans l'étrangeté du véhicule et du mode d'introduction de l'agent
typhogène, dont la voie ordinaire d'entrée dans l'économie est le pou-
KTIOLOOIE ET PROPHYIiAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 337
mon, non Testoinac ; on sait que la variole inoculée est plus légère, plus
limitée, que la variole contractée suivant le mode en quelque sorte phy-
siologique, par rinspiration de poussières varioleuses.
Seulement, la relation de ces fièvres typhoïdes en masse avec la mala-
die d'un veau renverse toutes nos idées. Jamais, en effet, on n'a observé,
chez les ruminants, d'affection pareUle à la fièvre typhoïde de Thomme ;
M. Walder lui-même n'a pu reporter de Thomme au veau la maladie
qu'il suppose avoir été communiquée par le veau h l'homme. Le profes-
seur Bollinger, qui a répété ces tentatives, est arrivé aux mêmes résul-
tats négatifis ', aussi bien que les expérimentateurs, dit-D, qui ont nourri
de selles de typholsants des ruminants, des porcs, des singes, ou qui ont
iigecté du sang typhoïde de l'homme à ces mêmes animaux. A vrai dire,
si les ruminants étaient aptes à la fièvre typhoïde, ils auraient toutes
les jEEU^ilités du monde de la contracter dans les épidémies qui courent la
campagne.
Ce n'est pas la première fois, selon Bollinger, que l'on reconnaît aux
empoisonnements alimentaires des caractères cliniques et anatomiques
qui rappellent la fièvre typhoïde. A son avis, les empoisonnements de
Kloten pourraient être une forme particulière à' infection mycosiqxœ,
laquelle posséderait une grande analogie et une extrême affinité avec la
fièvre typhoïde, ou même en serait une variété ; de même que d'autres
intoxications alimentaires ont reproduit les traits du choléra nostras,
voire du choléra asiatique.
M. Huguenin a cherché à établir une sorte de compromis entre les
opinions en suggérant qu'il faut voir, dans les accidents de Kloten, deux
ordres de faits : une première catégorie ne comprendrait que des intoxi-
cations putrides, se manifestant sous forme de catarrhe gastrique ; une
seconde serait constituée par de vraies fièvres typhoïdes, dont les unes
seraient entées sur l'état putride et dont les autres seraient nées des
premières. L'auteur s'appuie sur le principe connu, que les substances
putrides sont le meilleur élément de développement du poison tjrpholde.
L'incertitude est, comme on voit, assez grande et bien justifiée. Si
j'avais à émettre une opinion, je déclarerais probablement qu'aucun des
accidents directement issus de l'alimentation putride n'a été une fièvre
typhoïde légitime ; quant aux fièvres dites secondaires, elles ont pu être
une simple coïncidence, car les empoisonnements de quelques-uns ne
pouvaient conférer l'immunité typhoïde à l'entourage ; ou bien résulter
du transport et du réveil de quelques germes latents, à la faveur de ce
^ Bollinger (0), Ueher Fleisdivergiftimg, intestinale Sepsis und Abdominàltyphus
(Yortrag gehalten im AerztHclien Yerein zu Mûnchen am 28. April 1880). |
22
338 SECTION I. — SÉANCE Di: MERCREDI G SEPTEMBRE.
grand reniuemeiit populaire, et aussi parce que la présence de malades
quelconques nuit à Tair des appartements et compromet la résistance
des individus sains qui respirent cet air. Les empoisonnés ont ressemblé,
assez mal d'ailleurs, à des typholsants et Ton a constaté dans de rares
autopsies la tuméfaction des plaques de Peyer ; cela prouve, une fois de
plus, que la natui*e est pauvre de moyens de manifester sa soufi&'ance,
mais rien au delà. Il y a, du reste, de véritables genres pathologiques,
dans lesquels les espèces se touchent sans se confondre. L'épidémie de
Kloten a fourni l'occasion d'observer, dit M. Bollinger, quelqu'une des
espèces que l'on peut appeler parallèles ou même parentes de la fièvre
typhoïde, mais non le réel typhus abdominal.
A Andelfingen, en 1841, eu Suisse déjà et à l'occasion d'une réunion
musicale dans laquelle il fut consommé de la viande de veau, 450 per-
sonnes avaient éprouvé des accidents pareils à ceux qui devaient se répé-
ter à Kloten ; 10 en moururent. La même controverse qu'aujourd'hui
s'éleva. Griesinger, 0. Wyss et Zehnder, tenant pour la fièvre typh(»lde,
Liebermeister, Lebert, Kôhler, Biermer, restant sur le terrain de l'em-
poisonnement putride (seytische gastro-mteritis Biermer). — ABirmens-
torf, toujours dans le canton de Zurich, en juillet 1879, l'épidémie de
Kloten se renouvela en petit (8 malades), également à la suite de l'usage
d'une viande de veau (Huguenin). Enfin, comme s'il régnait une
influence particulière sur les veaux du pays de Zurich, 0. Wyss et Nieri-
ker, en 1880, observaient de nouveau des fièvres typhoïdes chez un
grand nombre de personnes (2 autopsies) après des repas dont cette
chair malencontreuse avait fait la base !
Tout ceci finit par devenir bien étrange. Tant de malheurs dans le
pays de Zurich, alors qu'on ne voit rien de pareil autre part ! Est-ce
que l'étiologie n'est pas suffisamment perspicace ici ou bien est-ce qu'elle
s'égarerait là-bas ?
En juillet 1879, à Chemnitz, à l'occasion d'un marché annuel, 243
personnes, qui avaient consommé de la viande provenant d'une même
boucherie, principalement à l'état de saucisses, tombèrent malades peu
après *. M. Flinzer, qui raconte l'épidémie, lui trouve aussi quelques-
uns des caractères de la fièvre typhoïde, y compris l'infiltration des
glandes intestinales chez ceux qui succombèrent. H en conclut cepen-
dant, non au typhus eutérique, mais à une mycose intestinale, peut-être
de nature charbonneuse. Huber (de Leipzig) avait émis un avis à peu
' Flinzer, Die Massenerkra}iknngen in Chefnnitz und Umgegend am 22 und 23
Juli 1879 (Vierteljahrsschrift fur gerichtîiche Medicin und ôff, SanUâtsujesen. Neue
Folge, XXXIV, 1881).
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 339
près semblable * sur une épidémie du même genre, survenue à Wurzen
en juillet 1877 (206 malades), tandis que Butter, autre observateur des
mêmes désastres, crott simplement à un empoisonnement septique, ce
qui est aussi Topinion de M. Bollinger.
Il suffit à notre sujet d'avoir montré combien peu satisfaisante et
combien peu sûre est l'assimilation des manifestations typhoïdes d'origine
alimentaire avec la fièvre typhoïde classique. Il serait plus imprudent
que jamais de se prononcer dans ce sens, aujourd'hui que les études sur
les poisons développés spontanément dans les matières azotées putrides
ouvrent tout un horizon lumineux et permettent de prévoir l'instaura-
tion prochaine d'une vaste classe de maladies, avec ses genres et ses
espèces. Je ne veux ajouter qu'un mot, quoiqu'il s'adresse à un passé
déjà lointain ; c'est que la fameuse histoire du navire VArgo, qui a servi
à Boudin de preuve en faveur de la véhiculation du poison palustre par
l'eau de boisson, et que M. L. Colin, d'après le D' Léonard, rapporte à
la fièvre typhoïde, pourrait n'avoir été qu'un ensemble d'empoisonne-
ments alimentaires. J'ai appris, de la bouche d'une personne très com-
])ètente et très digne de foi, que les troupes embarquées sur ce trop
célèbre navire avaient été, par suite de cii'constances qu'il est inutile de
reproduire, principalement alimentées, pendant la traversée, de froma-
ges pourris. VoDà donc toujours un fait à retrancher de l'avoir de la
Trinkimssertheorie.
En terminant cet article, nous pouvons conclure que l'agent typho-*
gène est susceptible de conservation dans le sol, h l'intérieur et à la
surface, dans l'eau, dans l'air, sur n'importe quel support indifférent,
dans les objets à l'usage de l'homme et chez l'homme lui-même, sauf
des différences notables dans les chances de conservation que lui assure
chacun de ces milieux ; qu'il peut être véhiculé par l'eau et certains
liquides alimentaires, par l'air atmosphérique et par l'homme ou les
objets à son usage. Cette doctrine va paraître fort large ; c'est une sorte
de combinaison des théories diverses et opposées qui se sont fait jour
jusqu'ici. Je n'en suis pas embarrassé. D a bien fallu tenir compte des
faits d'observation irréprochables. Or, il en existe à l'appui de chacun
des modes de conservation que nous venons d'étudier, pris à part. Mais
ne voit-on pas que de cette manière, l'observation épidémiologique elle-
même conduit à reconnaître, à l'origine de la fièvre typhoïde, des ger-
mes pathogènes réels ? Supposons que nous ayons vu les bactéries typho-
gènes comme on voit tous les jours les bacUles charbonneuses ; personne
* Haber (Cari) und Butter, Die Massenerkrankung in Wurzen im JtUi 1877
{ArMv, der HeOkunde, B. XIX, 1877).
340 SECTION I. — SEANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
ne douterait que ces bactéries, ou surtout leurs spores, ne puissent se
conserver dans le sol, à sa surface, sur quelque autre support que les
produits pathologiques auraient atteint, être transportées par Teau, par
l'air, par les objets inertes. Un seul caractère (et encore) distinguerait
les germes typhogènes, à savoir l'aptitude à rester longtemps, au sdn
de l'organisme humain, sans se développer et attendant le moment de
l'adéquation spontanée du milieu vivant.
Article III.
La réceptivité pour la fièvre typhoïde.
1. Ce ne serait pas le lieu de s'arrêter longuement, dans ce travail,
sur les principes bien connus et parfaitement établis qui fixent les rap-
ports de la fièvre typhoïde avec Vâf/e des sujets. Tout le monde saitqae
la période pendant laquelle la fièvre typhoïde se présente le plus fréquem-
ment est entre 20 et 30 ans. Les livres de Murchison, de Griesinger, de
M. L. Colin, renferment à cet égard tous les renseignements désirables.
Y a-t-il une réelle et spéciale aflinité de la typhoïde pour l'âge indi-
qué ? Sans doute ; puisque l'enfance est remarquablement à l'abri,
même dans les foyers actifs. Mais on coimaît des épidémies qui ont frappé
d'une façon égale les enfants et la jeunesse ; d'autres, comme celle de
TtfaryleboneClSTS), qui ont réservé presque exclusivement leurs coups
à l'enfance ; il est vrai que celle-ci passe pour avoir été propagée par le
lait. En général, dans les localités où les épidémies ne reparaissent
qu'après d'assez longues années, les enfants payent un assez lourd tri-
but ; ainsi, dans les grands villages de l'arrondissement de Lille, de 1878
à 1881. Tandis qu'ils sont relativement très épargnés dans les grandes
villes où la typhoïde est à l'état d'endémie à exacerbations annuelles.
Quant aux vieillards, ils ne sont nullement réfractaires, s'ils ne sont
couverts par une atteinte antérieure. M. Vallin {in trad. de Griesinger)
cite, d'après Parkes, certain village où, de temps immémorial, la fièvre
typhoïde n'avait régné ; elle s'y développa, un jour ; tmis les habitants
fiirent atteints, les vieux comme jeunes. On voit souvent, dans les villa-
ges français (Colin), la reproduction plus ou moins approchée de cette
observation.
2. La réceptivité, sauf des nuances, reste donc absolue tant que l'in-
dividu n'a pas eu la maladie. C'est là ce que j'ai appelé réceptivité sim-
pie ou négative. Elle est, à cet égard, la même pour la fièvre typhoïde
que pour la variole, qu'on peut toujours avoir, si on ne l'a eue précé-
demment ou si l'on n'est protégé par une vaccination encore efficace.
ÉTIOIX>OIE £T PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TTPHOIDE. 341
Mais il ue faut que cela, c'est-à-dire, un état négatif, pour être capa-
ble de la variole; du moins, ignorons-nous complètement ce qui a pu
valoir Timmunité à quelques rares individus qui, bien que s'étant expo-
sés à la contagion variolique, y out échappé sans être protégés par la
vaccine ou l'atteinte antérieure. Pour être apte à la fièvre typhoïde, au
contraire, il faut, en outre de la réceptivité simple, une sorte de prépa-
ration de réconomie par des influences que nous allons étudier ; ce qui
m'a fait dire antérieurement que la réceptivité pour la typhoïde est
complexe et positive. Si je ne craignais de multiplier les mots, je propo-
serais volontiei'S de désigner ce caractère si essentiel de la réceptivité
typhoïde par le terme de disposition, que les Allemands empruntent à
notre langue, pour indiquer peut-être la réceptivité native, mais sur-
tout, m'a-t-il semblé, pour signifier la réceptivité acquise et accidentelle.
La réceptivité simple apparaît chez les individus. Un villageois, d'une
commune en santé, va visiter, dans la localité voisine, des parents ou
des amis qui ont la fièvre typhoïde ; il la rapporte chez lui, pour lui-
même et quelquefois pour d'autres. Le fait se réalise assez souvent, dans
ces conditions ou d'analogues, pour que l'on s'exagère le rôle de la
réceptivité simple. Ces exemples prouvent uniquement qu'elle existe et
qu'elle peut, à la rigueur, suffire.
La réceptivité complexe se remarque chez les groupes. C'est là qu'on
peut observer longuement un ensemble d'ûidividus, jouissant à coup
8Ûr, chacun pour soi, de la réceptivité simple, et chez qui, néanmoins,
il est impossible ou très difficile de faire surgir une épidémie, cette
manifestation de la réceptivité du groupe, malgré les occasions répétées
de transplantation typhoïde. Puis, un jour, dans cette môme collectivité,
la fièvre apparaît plus ou moins brusquement. Parfois, il est survenu
quelque changement dans les habitudes ou les conditions communes de
la vie ; le plus souvent, il n'y a rien de particulier, si ce n'est qu'une
lacune d'hygiène, déjà de vieille date, est devenue de plus en plus pro-
fonde, plus funeste, ou que l'occasion lui a été donnée de faire sentir
mieux ses fâcheux effets. Combien de villages, peuplés d'une masse d'in-
dividus doués de réceptivité simple, en relations avec une ville oii la
fièvre typhoïde est endémique, ayant même quelques cas sporadiques
chez eux, restent de longues années sans atteindre à l'épidémie ! Com-
bien de casernes, de lycées, sont dans le même cas ! Depuis six ans, la
garnison de Lille ne m'a pas fourni l'occasion d'observer une épidémie
de fièvre typhoïde ; cependant, elle reçoit, chaque année, des recrues ;
il y a toujours de la fièvre typhoïde en ville et même des épidémies de
quartier : les réservistes, à ma connaissance, en ont introduit quelques
cas ; bien plus, la garnison elle-même (un peu plus de 3,000 hommes) en
342 SECTION I. — 8ËANCE DU MERCBEDI 6 8CPTRUBRE.
a eu des cas isolés et successifis, au point que je pouvais écrire, Tannée
dernière : a j'ai presque toujours eu, dans mes salles, an typholsantoa
deux, rarement davantage au même moment. L'un venait remplacer
l'autre. » En tout, cela ne faisait guère plus de cinq ou six cas dans
Tannée. A quel moment notre garnison sera-t-elle réceptive ? Je vou-
drais qu'elle ne le fût jamais.
Tous les ans, Tannée reçoit des recrues : c'est un noyau de jeunes
gens éminemment réceptifs. Beaucoup pénètrent dans des casernes han-
tées antérieurement par la fièvre typhoïde, dans des villee qui Tont
peut-être encore. Il arrive parfois, selon la judicieuse remarque de
M. Léon Colin, que ces jeunes soldats réveillent les germes latents et
font reparaître une épidémie que Ton pouvait croire éteinte ; ils sont
« le réactif » de la salubrité du lieu. Est-ce tout de suite, dans les quinze
jours, qu'ils ont la fièvre typhoïde ? Cela se passe quelquefois ainsi, mais
c'est le cas le plus rare ; les cas ne se précipitent qu'au bout d'un mois,,
six semaines ou davantage. Actuellement, les recrues, en France, sont
incorporées en novembre ; or, il nous semble que la plupart des épidé-
mies de Tarmée sont de mai à juillet. C'est donc que la réceptivité sim-
ple ne suflSsait pas et qu'il a fallu préparer quelque chose de plus.
Dans les villes qui ont la fièvre typhoïde, l'épidémie se localise dans
certains quartiers ; ceux qui restent indemnes, cette année, n'en sont
pas plus sûrs de ne pas être envahis. Tannée prochaine. Dans les villa-
ges, même localisation à des maisons ou à des groupes de maisons dis-
tants les uns des autres, mais entourés d'habitations qui restent indem-
nes jusqu'à nouvel oi*dre, malgré les relations accoutumées entre voisins.
Enfin, dans les casernes elles-mêmes, il est très commun qu'une seule aile
du bâtiment soit frappée (caserne de Neustift d'après Buxbaum ; caserne
des Anglais, à Douai, en 1879, d'après Sockeel, etc.), l'autre n'ayant pas
de malades, quoiqu'il n'y ait aucune tentative d'isolement ; de même
que les épidémies de prison se trouvent limitées à un quartier de Téta-
blissement (maison d'arrêt de Lille : deux dortoirs).
On ne manque pas, sans doute, de trouver toujours une raison pour
expliquer le fâcheux privilège du point envahi. L'argument habituel est
Vinfluence de la localité, dût-on faire des sous-localités dans ce qui
paraissait déjà l'expression la plus simple de la localité. Je crois et j'es-
père montrer que Ton reporte trop volontiers aux milieux extérieure
l'influence décisive sur l'activité de l'agent typhogène ; quelques-uns de
ces milieux ne sont pas capables de l'influence supposée. En revanche,
tous ont prise sur l'homme et, ce qu'il y a de plus certain, c'est leur
puissance relativement à ses dispositions morbides, à sa réceptivité,
pour le cas particulier. Lorsqu'on voit un infirmier soigner pendant sk
ÉnOLOOIR ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVBE TYPHOÏDE. 343
mois OU un an des typholques, et ne tomber malade à son tour qu'après
ce laps de temps, il faut bien croire que cet homme a été protégé jus-
que-là par le défaut de réceptivité positive et que, s'il s'est opéré quel-
que part un changement, au moment où il a donné prise au contage,
c'est surtout dans sa vitalité personnelle. Les corpuscules pathogènes? il
les a dans ses poumons ou son intestin^ depuis longtemps peut-être ; la
fiu^lté d'envahissement, ces corpuscules [la possédaient virtuellement ;
il ne manquait qu'une chose, à savoir que l'économie s'y prêtât. Ce qui
est arrivé, probablement à la suite d'une circonstance fort banale, ne
fût-ce que la fatigue contractée à soigner des malades. Quand un même
village a successivement deux ou trois réveils annuels d'une épidémie
typhoïde, rien n'est plus commun (Alison, Baelde) que de voir tomber
malades, à la deuxième ou h la troisième reprise épidémique, quelques
individus qui, un an auparavant, s'étaient trouvés impunément dans un
foyer, avaient eux-mêmes soigné des parents malades. Ils ont donc
acquis une aptitude qu'ils n'avaient pas, — ou perdu quelque chose de
la résistance qu'ils possédaient.
3. Que ce changement de disposition chez l'homme provienne des
modifications que les propriétés du milieu opèrent eu lui, ou de celles
que ce milieu imprime à l'activité de l'agent typhogène, ne le discu-
tons pas encore. Mais notons que l'alternative se pose déjà en face de
cet élément de la réceptivité, si solidement établi par M. L. Colin : la
non accoutumance aux milieux typliogènes, La préservation par l'ac-
coutumance se présente sous deux aspects. On s'habitue au contage, ou
l'on s'habitue à ces influences qui paraissent être décisives sur son déve-
loppement dans l'économie. Dans le premier cas, c'est une sorte de
Mithridatisme pathologique, une vaccination spontanée par absorption
du miasme h petites doses prolongées. Dans le second, c'est une accom-
modation de l'économie à des milieux médiocres ou altérés, à un sol
putride, à un air fade et animalisé, à une eau impure, etc., de telle
sorte qu'il ne survienne pas, de ce fait, de troubles de nutrition, à moins
de paroxysmes dans la putridité des milieux, et que les intéressés échap-
pent ainsi le plus habituellement à l'action prédisposante de ces condi-
tions banales. Les deux modes sont possibles, peut-être, et même
susceptibles de se réaliser simultanément. Cependant, j'incline à atta-
cher plus d'importance au second et je soupçonne que c'est aussi le sen-
timent de mon éminent ami, M. L. Colin, attendu que le savant epidé-
miologiste admet, pour certains cas, la genèse parfaite de l'agent
typhogène dans les milieux putrides, spécialement dans l'atmosphère
des locaux encombrés. On n'est vacciné pour une maladie que par une
atteinte, si légère qu'elle soit, de cette maladie ; et M. Colin ne croit pas
344 SECTION I. — SEANCE DU MERCREDI 6 SEPTUIBBE.
que les citadins aient conquis Timmunité par atteinte antérieure, à
beaucoup près aussi souvent qu'ils se montrent réfraetaires. L'^
d'une vaccination se maintient quelque temps ; au contraire, des jeans
gens, originaii*es de Paris, ayant simplement passé les vacances à la
campagne, c'est-à-dire ayant échangé pour un air tonique Tair putiîd^
de la grande ville, prennent la fièvre typhoïde en y rentrant, comme
pourrait le faire un fantassin débarqué de son village. On sait aussi que
les indigènes de Yera-Cruz perdent l'immunité contre le vomito es
s'absentant pour aller en Europe. Les Parisiens de Paris ne sont pas
réfraetaires au germe de la tièvre typhoïde, ils le prouvent tous ks
jours ; mais ils sont bien moins influencés par l'air urbain que les arri-
vants de la campagne. Respirer cet air septique n'est plus pour eux im
trouble. L'expérience de M. Pasteur sur l'inoculation du charbon à la
poule montre sufiisamment qu'un virus, inoffensif pour un oiseau en état
de vitalité normale, se développe jusqu'à être mortel chez le même
oiseau, lorsqu'on vient à troubler profondément une des fonctions capi-
tales de la nutrition (ici c'est la température).
La fièvi*e typhoïde est aujourd'hui si répandue et les campagnes sont
si près d'équilibrer les villes dans les statistiques funéraires de ce fléau,
que je me demande en quel endroit un jeune homme de 21 ans peut
avoir vécu jusque-là pour n'avoir jamais respiré quelques corpuscules
typhogènes. Néaimioins, il est parfaitement certain que les recrues des
régiments, que les soldats au-dessous d'un an de service, toute propor-
tion gardée, fournissent plus de malades que les autres. La remarque de
M. L. Colin est inattaquable, à cet égard, et sa conclusion absolument
logique ; qu'ils doivent ce fâcheux privilège à leur qualité de nouveaux-
venus. Seulement il est permis de croire que ce qui leur était le plus
étranger jusque-là, ce n'était pas Tagent typhogène, mais l'air urbain
et surtout l'atmosphère de la vie en commun, abstraction faite des molé-
cules spécitiques que cet air peu contenir.
4. Maintenant, je dis que les milieux putrides, sol infecté, air anima-
lisé, eaux impures, qui ne sauraient être de^ moteurs, tant que la souil-
lui'e est banale, sont bien plutôt les excitateurs de la réceptivité, ou
même les autemvs de la réceptivité complexe et positive, que les condi-
tions nécessaires ou les régénératem's de l'activité de l'agent typhogène.
En d'autres termes, ces circonstances extérieures sont essentiellement
en l'apport avec l'homme, et leur rôle capital, d'ailleurs suffisant, vis-à-
vis de l'agent spécifique, est de fournir à celui-ci un milieu passif de
conservation.
En effet, r personne n'a démontré l'évolution vitale ni la multiplica-
tion des germes typhoïdes dans les milieux putrides ; les conceptions
ÉTIOLOQIX ST PB0PH7LAXIE DE LA. FIÈVRE TYPHOÏDE. 345
de W. Budd, de von Pettenkofer, à cet égard, ne sont que d'ingénieuses
hypothèses ; — 2* le développement des germes hors de rhomme n'est pas
nécessan^, soit devant la pathologie, soit devant Thistoire naturelle ; —
3* Tobservation prouve que les germes typhoïdes se conservent souvent
aflleors que dans ces milieux, dans des réceptacles indifférents, sans
rien perdre de leur activité ; — 4"* chacun des milieux mis en cause peut
être remplacé par un autre et tous peuvent être remplacés par la véhi-
culation humaine.
D'autre part, nous avons déjà vu, et nous le redirons encore, que cer-
taines conditions absolument propres à Tindividu, telles que le surme-
nage, peuvent être les causes déterminantes de la fièvre typhoïde, sans
qu'il soit possible de découvrir d'autres milieux de conservation des ger-
mes que l'homme lui-même. Quand il y a tant de déterminantes étiolo-
giques diflférentes et capables de se suppléer, c'est qu'aucune d'elles
n'est nécessaire et que toutes agissent par un caractère commun, lequel
est la véritable origine et la raison de la détermination morbide. Ce
caractère commun est évidemment, ici, un trouble de nutrition dans le
sens dépi*essif. Le définir plus exactement est impossible jusqu'à nouvel
ordre et, d'ailleurs inutile. Mais un trouble de nutrition n'est jamais le
générateur d'un agent pathogène de la nature des contages. D'autre
part, son action se limite forcément à l'homme qui en est affecté et
n'atteint point les choses extérieures. La logique veut donc que toutes
les circonstances qui le provoquent, milieux putrides, dépression physi-
que ou morale, impressionnent uniformément l'homme et non autre
chose, au point de vue de l'éclosion des épidémies typhoïdes, c'est-à-
dire créent ou élèvent la réceptivité typhoïde des individus et non la
fécondité pathogénique des milieux ou l'activité des germes. Au fond,
l'activité d'un germe quelconque grandit dans la même mesure que
l'économie s'y prête et affaiblit la résistance. Le résultat définitif est le
même que si le germe se multipliait et se fortifiait réellement. Seule-
ment, ce serait une illusion que d'hitervertir ainsi les rôles et, ce qui est
plus grave, on se trouverait parfois en face de faits dans lesquels le
milieu de maturation manque totalement ; d'où la tentation de se reje-
ter dans la doctrine quelque peu fataliste de la génération spontanée des
maladies spécifiques.
5. Le sol putride, les souillures de l'atmosphère et des eaux, mais
surtout la première de ce>s conditions, qui entraîne les deux autres,
constituent ce que l'on appelle la localité apte à la fièvre typhoïde. Il
convient de rendre ce témoignage aux éminents hygiénistes de Munich,
qu'ils ont fait ressortir autant qu'il soit possible, par de vastes et soi-
gneuses observations aussi bien que par l'étude directe des milieux,
346 8ECTI05 I. — 8KAXCË DV MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
réiiorme importance de la localité, dans réclosion de la fiène typhoïde,
principalement à Tétat épidémique. Mettons de c6té l'exclusivisme
auquel il est toujours facile de se laisser entraîner, quand on appartient
à une école vivace et brillante ; élargissons quelque peu la doctrine qm
attache au sol la vitalité des germes typhoïdes et les fEÛt sortir de terre
avec les gaz de la profondeur. Et nous nous trouverons en conformité,
sur quelques points au moins, avec la grande majorité des observateois.
surtout des observateurs de la campagne (Alison, Pilât, Baelde). Ce
n'est pas une erreur ni une illusion que cette affirmation si commone
des rapports du sol putride avec la fièvre typhoïde. Les bactéries typho-
gènes sont-elles dans ce terrain, avec les bactéries de la putréfaction et
quelques autres V Je ne sais et ne conteste point que cela soit. Mais, à
coup sûr, si des germes viennent à être apportés d'une façon quelcon-
que aux hommes qui vivent sur un tel sol, dans les effluves de la putri-
dite, ces germes seront bien reçus et auront toutes chances de prospé-
rer à bref délai, sans intennédiaire. L'expérience est là.
Si, au lieu des effluves d'un sol infecté, des hommes ont respiré les
émanations des latrines, des fumiers, d'égouts malpropres, engorgés,
ou simplement Tair fétide des dortoirs de casernes, de pensionnats,
pénétré d'excrétions humaines, cutanées et autres, je crois qu'il y aura
équivalence parfaite et que les individus seront tout prêts à accueillir
encore l'agent pathogène, d'où qu'il vienne, et sauf la protection rela-
tive de l'accoutumance à une telle atmosphère. Après tout, bien qu'il
n'y ait pas de fièvre typhoïde partout oîi il y a des latrines mal tenues,
de l'air odorant et animalisé ; bien que l'on en voie, en revanche, dans
des conditions opposées, il est impossible de ne pas croire que ces qua-
lités putrides de l'air étaient à un degré particulièrement élevé là où
tant de personnes les signalent, ni d'être frappé des rapports constatés
par les médecins militaires entre les allures des épidémies typhoïdes et
les oscillations de la densité de la population des casernes ; les épidémies
reparaissant le plus volontiers (non toujours) peu après le moment où
des besoins divers ont poussé à la condensation des groupes. Ceux des
médecins, qui sont restés partisans de la spontanéité, nous ont rendu ce
service de mettre admirablement en relief le redoutable pouvoir de l'air
miasmatique banal ; nous n'avons qu'à recueillir les preuves qu'ils out
accumulées, ne risquant point d'attribuer à cet air la puissance créa-
trice qu'il n'a pas, puisque nous savons d'autre part qu'il n'est point
typhogène sans l'apport d'un germe et que, même avec le germe, il
n'est pas indispensable.
Pourquoi l'air miasmatique banal favorise-t-il à ce point les progrès de
l'agent typhogène? Nous n'en savons rien. Henle, qui est, je crois,
ÉTIOLOOIE ET PROPHYIAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 347
Fauteur de TexpressioD : maladies contagieuses-miasmatiques^ suggérait
ridée que des circonstances vulgaires, d'alimentation, de météorologie,
provoquant chez les individus une diarrhée banale, celle-ci déterminait
dans rintestin une modification de nutrition, qui en fait le terrain appro-
prié au développement d'êtres dont la présence est la condition de
Texanthème intestinal. Une maladie non contagieuse, comme la fièvre
intermittente, pouvait aussi réaliser, dans le sang ou les humeurs, ces
modifications qui rendent l'individu apte à recevoir un contage véritable.
On sait que M. Léon Colin admet que cette même fièvre intermittente
est capable d'engendrer, dans l'économie, l'étofiFe putride d'où la fièvre
typhoïde sortira, comme elle le fait d'une autre sorte de putridité. D'où
une véritable transformation de la fièvre malariale en fièvre typhoïde
que M. Wernich accepte, en l'interprétant selon sa doctrine de l'évolu-
tion typliogène du Baûllus suhtili-s. M. v. Nâgeli adapte à la situation
la théorie diblastique. Il y a deux champignons; l'un, miasmatique, pro-
cédant de la putréfaction vulgaii'e; l'autre, germe morbide. Quand il,
viennent à se rencontrer, de leur réunion ou de leur réaction l'un sui*
l'autre, naît le contage. Or, cette réunion peut avoir lieu hors de
l'homme (ectogène, ectanthrope), ou dans le corps même de l'homme
(endanthrope). Le premier cas n'est autre chose que la doctrine préférée
de M. de Pettenkofer. Dans le second, qu'il ne repousse pas absolument
(théorie monoblastique), le champignon-miasme préparerait les humeurs
de l'économie, l'intestin peut-être, à se prêter au développement du
champignon-contage. C'est le cas qui s'appliquerait à l'influence mias-
matique banale. Malheureusement, tout ceci est fort entaché du carac-
tère d'hypothèse et l'on n'a constaté directement ni ces phénomènes
curieux dans le sol, ni ces modifications dans l'économie, ni leurs traces
symptomatiques.
Tout en faisant cette objection à la théorie diblastique, M. Wernich a
émis l'opinion que la présence des gaz de la putréfaction dans le sang
fait de ce hquide un milieu nourricier des germes typhoïdes, de même
que le passage de ces gaz à travers des liqueui's de culture stérilisées les
rend beaucoup plus aptes à la puUulation des bactéries que des liqueurs
pareilles, qui n'ont pas subi le même traitement*. M. Hans Buchner
répond que cet effet des gaz de la putréfaction sur les liqueurs de culture
tient simplement à ce que ces gaz rendent les liqueurs alcaUnes, par
l'ammoniaque qu'ils renferment. En ajoutant un peu d'ammoniaque,
sans aucun gaz, aux liquides de culture, on obtient le même effet '. Je ne
* Wernich (A.), DesinfectionsUhre zum praktiacheti Gebraucfi, 2'« Aufiage. Wien
und Leipzig, 1882.
* Bachner (Hans), Ueber die Bedingungen des Uébergangs von Pilzen in die
Mh SKCnOK I. — 8KANXE DI' MEBCBEDI 6 SEPTEMBKE.
voux pas rentrer dans le débat en ce qui concerne les cultures ; mais te
argument/s de M. Buchner me paraissent un peu trop fortement teintés
de chimie. Certainement, l'agent typhogène n'est pas un gaz: certaine-
ment encore, il n'est pas de gaz dont le sang ne se débarrasse et les
exi»érienc#!K de M. Wemicb ne démontn?nt pas suffisamment qu'il y ait
de^ ga/ quHconques particulièrement favorables à la végétation des
champignons inff'rieurs. Mais il n'en reste pas moins acquis, pour tom
médecin, qu'il <\st mauvais à l'homme de respirer avec Tair des giz
étrangers et qu'il (*st particuliên'ment fâcheux de respirer les gaz de li
putréfaction, sinon à cause de leur toxicité dans le sens de la chimie, au
moins à cause d'éléments spéciaux qu'ils entratnent avec eux, qui échap-
IK;nt à l'analyse, mais non tout à fait à nos sens. Cela ne crée pas li
fièvre typhoïde, nous l'avons suffisamment répété; la fièvre typhoïde
n'est probablement pas la seule maladie à laquelle ces effluves impurs
préparent les groupes; l'action de l'air putride sur la réceptivité typhoïde
n'est jioint fatiile, puisqu'elle manque souvent son effet, même alors que
l'on p(mt supposer la présence des germes spécifiques; mais il est impos-
sible, (>n face <les milliers de faits observés, de la préférence marquée du
fléau ])Our le.s habitations malpropres, encombrées, mal aérées, de ne pas
iToire qu(î l'air aninialisé, putride, est un puissant agent de réceptivité,
cntnî autres.
Les eaux sales, prises en boisson, produisent à tout le moins un effet
analogue; c'(;st la puti'idité violemment introduite dans le tube digestif,
<|ui ne iK»ut moins faire que réagir d'abord. Il est difficile de nier absolu-
ment que l'eau puisse véhiculer l'agent pathogène; mais celle qui le
possède est sale par là même, puisque c'est par l'infiltration de déjec-
tions typhoïdes qu'elle l'a reçu. On jKîUt se demander si l'accompague-
ment putride du genne n'est pas la circonstance qui décide son implan-
tation dans l'économie. En sui)posant que l'affirmative soit la vérité, il
<^st bien clair que las eaux banal(»ment putrides prépareront de même le
tube digestif et toute l'économie pour la réussite de germes pris
n'importe oii, voire i)our les germes latents que des individus portent
avec eux. On serait téméraire, à notre avis, de nier que l'eau fétide de
l'Eure ait agi do cette façon dans l'épidémie du camp de Pontgouin, que
les eaux saunifttres et organiques de Tunisie aient eu ce rôle indirect
dans la fièvre typhoïde du con)s expéditionnaire. M. L. Colin, qui doute
<lu rfile de l'eau, comme agent spécifique de propagation, y voit volon-
tiera « une cause banale, cnuse qui i)roduit une véritable sollicitation
J^ft ufid uher dit' EimUlniuiPig dert(elhen (Vortrag gchalten im Aerztl. Verein zu
Manchon, ant 17. Novembcr 1880).
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 349
le vers rintestin, sollicitation dangereuse dans les périodes épidé-
;'...» £t M. Alison' : a Dans certains cas, il arrive que le typhoïde
pendant les quinze jours, par exemple, qui ont précédé sa maladie,
1 des émanations putrides et boit une eau souUlée par des matiè-
paniques en putréfaction. Or, comme le contage, chez ce malade,
t être soupçonné d'avoir plus d'activité que lorsque la maladie
son maximum épidémique, et que les autres conditions, indivi-
;, telluriques ou atmosphériques, n'ont pas changé, nous pouvons
er que ce n'est pas le contage mais bien la putridité qui a été le
* prépondérant de la maladie. »
3st, apparenmient, le sens qu'il faut attacher, au terme de localité,
on parle de localités réceptives ou de localités réfractaires à la
typhoïde. Il n'y a pas de localité réfractaire, puisque son immu-
'pend de choses que l'homme peut changer; il y a seulement un
I qui n'est pas prêt. Au sein de celui-ci, les cas importés resteront
s pendant un certain temps ; mais personne ne peut répondre que
mité soit indéfinie. U suffit quelquefois d'histaller deux ou trois
oldats (Marmonnier, Farssac, mL. Colin), dans une localité qu'on
supposer réfractaire jusque-là, pour voir crouler l'immunité,
.près ce qui vient d'être dit du rôle indirect des eaux organique-
souillées, il suffira, sans doute, d'un simple rapprochement poui*
laître que des aliments putrides seraient au besoin, capables d'opé-
is l'économie la même préparation ou, si l'on veut, la même solli-
n. En admettant qu'il y ait eu de vraies fièvres typhoïdes parmi
^idents d'Andelfingen, de Kloten, de Birmenstorf et parmi les
3s de l'Argo, on aurait la clef de l'étiologie par la surexcitation
le, au moyen d'un trouble digestif aigu, de la réceptivité des grou-
ur des germes typhoïdes dont il est toujours légitime de supposer
»nce.
ien ne nous semble démontrer, qu'il faut rapporter à l'homme
qu'aux milieux de conservation des germes l'action préparante
iiillures diverses, mieux que les faits dans lesquels les observateurs
trouvé à incriminer autre chose que des fatigues^ des excès, un
\oral triste. Ici, tous les éléments étiologiques retentissent sur
ne exclusivement ; les fatigues, les excès, les chagrins, ne peuvent
Lcer en quoi que ce soit le sol, l'air ou les eaux, non plus que les
rs pathogènes.
lin (Léon), De la fièvre typhoïde dans Varmée. Paris, 1878, p. 125. — Du
De Vingestion des eaux marécageuses cotnme cause de la dyssenterie et des
mtermittentes. Paris, 1872.
e. cU. p. 329.
850 8ECTI0X I. — 8ËANXE DC MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
Pamii les exemples (coUectife, comme toujours, dans TarméeK relevés
par M. L. Colin, notons répidémie des artilleurs, à Vincennes, au moÊ
d'août 1874, parce que celle-ci présente d'elle-même sa contre-épreare.
Les recrues n'étaient arrivées qu'en avril; l'éducation militaire devait.
néanmoins, être terminée pour l'inspection générale, en août; aosâ la
poussait-on vivement (exercices à pied, équitation, manœuvres de force).
La fièvnî typhoïde éclata épidémiquement. Le 12^ d'artillerie, qui comp-
tait 359 recrues, eut 79 malades; 43 de ceux-ci étaient des recrues. Pen-
dant ce temps-là, une compagnie d'ouvriers d'administration, casemée
au milieu des artilleurs et, en raison de ses occupations, ne quittant le
fort, c'est-à-dire le foyer épidémique, ni jour ni nuit, resta à peu prfe
indemne. Ces hommes ne faisaient, pour leur service militaire, autre
chose que ce qu'ils avaient fait toute leur vie, charronnage, menuiserie,
serrurerie; ils ne différaient des artilleurs que par le maintien d'un
séjour dangereux et par l'absence de fatigues exceptionnelles.
Mais il y a des observations encore plus vastes et plus frappantes. Je
crois que l'épidémie de Tunisie est essentiellement la démonstration en
grand de l'influence des circonstances dépressives sur la réceptivité
typhoïde et rien ne pouvait mieux fournir cette démonstration, aussi
isolée que possible de toutes les autres conditions que l'on a coutume de
désigner, comme ayant rempli le champ de l'étiologie indirecte. Les
soldats envoyés de France n'étaient pas des recrues, mais ils étaient
assez jeunes (tous le sont aujourd'hui) pour ressentir vivement le trouble
de la mise en campagne, les tristesses du dépaysement, les appréhen-
sions de l'inconnu et de dangers probables ; peu d'entre eux possédaient
cet art de « se débrouiller, » qui caractérisait autrefois le troupier fran-
çais; les exercices journaliers de l'éducation militaire, en garnison,
ni même les grandes manœuvres avec la pratique du cantonnement,
ne les avaient préparés à la guerre d'Afrique, si différente de toute
autre et dans laquelle on n'a à sa disposition que les ressources
qu'on porte avec soi, nourriture et abris; puis, l'on tombait soudai-
nement sous un climat oîi tout est excessif, oîi l'on passe des pluies
torrentielles aux ardeurs d'un soleil torride. Et l'on marchait, néan-
moins. L'elBFort physique était de tous les jours et la tension morale était
sans trêve. C'est à la faveur de cette disposition très générale que les
germes apportés de France, dans les organismes individuels plus que
dans l'équipement, trouvèrent les économies désarmées et purent attein-
dre à leur développement complet.
« Les épidémies de fièvre typhoïde, dit Ern. Besnier, sont des épidé-
mies locales; leurs exacerbations sont absolument locales également. >
C'est bon pour une ville, une caserne, un lycée, une prison. Mais que
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 351
devient la localité quand il s'agit, comme en Tunisie, de groupes qui se
déplacent incessamment? Il ne faut plus dire que les épidémies de fièvre
typhoïde sont locales^ mais qu'elles sont personnelles, en comprenant ici
une persofinalité collective, celle des groupes (J. Andt.)* Et quand on se
rappelle qu'il faut surtout voir, en cette occasion, le réveil de germes
présents dans les organes mêmes des individus, on comprend que j'aie
pu écrire autrefois cette formule, que m'imposait l'observation et que
M. L. Colin a remarquée : « Le principe de la fièvre typhoïde se révèle
à chaque instant comme tellement Inonain qu'on ne peut guère le con-
cevoir en dehors et indépendant de l'homme. » Ces faits sont d'une por-
tée considérable, à notre avis, et pourraient être un terrain de concilia-
tion entre les doctrines opposées. Sans être jamais spontanée, on
comprend comment la fièvre typhoïde peut revêtir parfois les apparences
d'une maladie autochtone. Il suffit que le germe ait été chez l'homme
depuis assez longtemps pour que l'on ait oublié qu'il est venu du dehors»
et que l'homme ait fait lui-même, à sa propre économie, les conditions
nécessaires au développement du geime.
L'épidémie de Tunisie, elle aussi, a eu sa contre-épreuve, o M. Duche-
min a remarqué qu'elle frappait les artilleurs et les soldats du génie
renapit de France plutôt que les soldats d'Afrique, leurs voisins » {Rap-
port Baudouin). Cette observation, répétée sur d'autres points, m'a été
confirmée de vive voix par l'un des médecins du corps expéditionnaire,
les mieux en situation de se rendre compte du caractère des faits *.
Ajoutons ce complément remarquable : à savoir que ces troupes, déjà
vieilles en Afrique, présentaient, comme d'habitude, les diverses formes
climatériques et palustres, tandis que les soldats de France n'avaient
que la fièvre typhoïde. Ils n'avaient pas le temps d'avoir autre chose.
^ On devait se demander, et nous l'avons fait, si le parasite typhogène, apporté
par les troupes de France, chez les individus ou dans des objets inertes, n'avait pas
trouvé en Algérie des conditions particulièrement favorables à son développement
et à l'élévation de son activité, par exemple la température atmosphérique. Indé-
pendamment des autres circonstances qui s'opposent à l'idée d'une culture de ce
parasite en dehors de l'homme, l'immunité des troupes algériennes nous parait
péremptoire. La chaleur a excité l'activité du parasite pour elles aussi bien que
pour les autres ; toutes les circonstances extérieures imaginables ont fait de même.
Il n'y a eu qu'une différence, à savoir l'effet produit chez les non-acclimatés et
qui est resté faible ou nol chez les acclimatés. Le point capital est donc toigours
la disposition individuelle, organique ; et le vrai milieu de culture du typhogène,
c'est encore l'homme.
.']52 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
Article IV.
Caractères épidémiques de la fièvre typhoïde
Nous ne saurions avoir Tintention de reprendre, en ce moment,
Texposé de tous les caractères épidémigues de la fièvre typhoïde. Ds soot
généralement connus et il suffirait de renvoyer aux auteurs. Ce que je
cherche à mettre généralement en vue, c'est la place qu^a prise, de dos
jours, la fièvre typhoïde dans le cadre des maladies populaires, sob
universalité, son uhujuitè. Nous espérons établir ces caractères, d'une
incontestable importance, sur des faits qui ne sont pas inconnus, mù&
dont le rapprochement dans ce sens n'a pas encore été opéré d'une
façon suffisante.
1. L'entrée de la fièvi'e typhoïde sur la scène pathologique ne date
pas de Louis, dont l'œuvre a été surtout de simplification et d'unification,
ni de Prost, qui montra l'un des premiers la lésion intestinale, ni de
Rœderer et Wagler, ni de Morgagni, ni de Sydenham. Je serais disposé
à admettre qu'elle est fort ancieime, aussi ancienne que l'histoire. Bien
des circonstances, faciles à comprendre, ont pu la faire méconnaître ou
confondre avec d'autres espèces. Il y a cinquante ans, on aurait encore
pu croire qu'elle se révélait pour la première fois sur divers points de la
France, alors qu'il s'agissait simplement du progrès des doctrines de
l'École de Paris. Cependant, on peut soupçonner qu'elle était beaucoup
moins commune qu'aujourd'hui, non par ce que l'on sait d'elle, mais par
ce que les historiens et les médecins disent de positif sur d'autres espèces
morbides.
Laissons de côté le moyen âge, pour raison d'obscurité notoire. Il
reste certain que deux grandes épidémies ont occupé, dans notre Europe,
ou plutôt dans le monde civilisé, l'espace compris entre le mUieu du
Xyme s,\èc\e et la fin du XVIU"" ; la i)este et le typhus eocanthématiqm.
Sans doute, les auteurs nous ont transmis moins des descriptions que
des récits et des nécrologes. Mais la peste et le typhus sont d'un dia-
gnostic assez facile; la première, à cause des bubons; le second, par
l'exanthème pétéchial. D est possible que les chroniqueurs aient abusé
du mot peste, en l'entendant parfois comme le correspondant grec
Xot[i6c; mais la confusion n'était, apparemment, qu'entre la peste véri-
table et le typhus. Peste, pestis, febris fnaligna pestilens, sont autant
d'expressions qui doivent bénéficier au typhus, toutes les fois qu'il y a
doute. Le typhus fut certainement commun dans ces temps de guerres,
de sièges et de famines incessantes. Le pourpre, les fièvres malignes et
ETIOLOUIE ET PROPHYLAXIK DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. /)53
pourprées, les fièvres continues, malignes et venimeuses, me font l'effet
d'avoir été du typhus bien plus que de la tièvre typhoïde; l'exanthème
pétéchial et hémon'hagique méritant mieux que les taches rosées le titre
de « pourpre » et pouvant servir au vulgaire à caractériser la maladie.
La contagion de ces formes paraît aussi avoir été plus nette qu'elle n'est
dans la fièvre typhoïde.
Or, la fièvre typhoïde apparaît aujourd'hui avec une fréquence et une
extension géographique qui croissent comme le domaine de la peste et
du typhus diminue.
La peste, sauf le retour offensif d'Astrakhan et de Wetlianka (1878),
a disparu d'Europe et ne survit, dans le reste du monde, qu'en des
points assez espacés, très peu mêlés au mouvement moderne.
Le typhus est infiniment plus rare qu'autrefois. Il se confine de plus
en plus dans ses foyers de Pologne, de Haute-Silésie, d'Irlande. Celui
d'Algérie n'a plus fait parler de lui depuis 1868. Dans la guerre russo-
turque de 1877-78, alors que des peuplades primitivement pénétrées de
typhus se sont agglomérées et heurtées, il s'est montré, comme autrefois,
la maladie des camps, ainsi que nous avons pu en juger par l'analyse
qu'a publiée M. W. Roth du Rapport de la commission d'assainissement
de l'armée du Danube*. Mais on avait pu croire la tradition rompue
pendant la guerre de 1870-71 ; bien que l'invasion germanique ait mêlé
aux masses armées des bataillons de Polonais et de Silésiens, la présence
du typhus tacheté resta douteuse chez les troupes allemandes, tandis
que la fièvre typhoïde i)rit la tête des maladies de guerre ^ Il en fut de
même parmi les soldats français et chez les assiégés de Paris et de Metz.
Enfin, c'est encore par la fièvre typhoïde que se traduisent les lacunes
d'hygiène de notre récente expédition de Tunisie, bien que l'armée
occupât une terre à laquelle le typhus passait naguère pour familier.
Ne voit-on pas, dans les prisons, une reproduction de cette sorte de
substitution nosologique ? Parmi les causes de l'épidémie de 1878 à la
maison d'arrêt de Lille, M. L. Hallez signale la malpropreté, mais
surtout V encombrement; la prison, bâtie pour 300 détenus, en renferme
de 450 à 550; le cubage y est de 7 à 10 m. cub. par tête. D'autre part,
la Flandre a été, à son heure, ensemencée de typhus {fièvre de
famine, 1847). Dans des conditions pareilles, c'était jadis le typhus et
• Erismann (Friedrich), Die Demnfectionsarheiten auf dem Kriegschaupîatze der
europàischen Tûrkei wàhrend des russisch-tûrkischen Feldzugs 1877-78. Bericht
n. 8. w. besprochen von D^ W. Roth (D. Vierteljahr, f. ôff. Gesundheitspflegej
XII, p. 447. 1882).
* Virchow (Rud.), Gesammeite AbJiandlungen aus dem Gebiete der ôff. Medicin
und der Seuchehlehre, Berlin, 1879, t. II, p. 153 et 179.
23
354 SKCTIOX I . — KKAX( K 1)1' MKHCRKl»! G BKPTKIIHRK.
non la tièvie typhoïde, qui éclatait dans les prisons de Reims (ISH^I,
d'Amiens ( ls4S), de Strasbourg (1855), de Nancy (1855).
Même en faisant une exception pour Tlrlande et une autre pour
Torient de TEurope, il est difficile de ne pas reconnaître que la fièvre
typhoïde déplace h^ typhus et qu'elle surgit dans des conditions que l'on
trouvait plutôt, autrefois, à Torigine de celui-ci. Même en admettant les
incertitudes et l(»s erreurs de diagnostic des siècles passés et du commen-
cement <lu siècle actuel, il semble bien qu'elle ait acquis un degré de
souveraineté qu'elle n'avait pas jadis.
Est-ce encore un hasard que la tièvre typhoïde, jMîndant l'été et
l'automne de 1881, ait pris la place des fièvres malariales chez les
troupes de l'expédition de Tunisie.
On ne voit point cette progression lente, continue, et cette prise de
possession de la pathologie, de la part des maladies dont les gennes sont
incapables de s'humaniser. Le choléra, bien qu'il ait montré une étrange
souplesse d'adaptation h toutes les latitudes et à toutes les familte
humaines, reste en réalité étranger à l'homme. Hors de l'Inde (et encore),
il n'apparaît que par larges bouffées épidémiques, toujours violent, niak
non durable. Il y a de fortes raisons de croire qu'il n'est point réfractaire
à l'acclimatement en Europe; cependant, il va en s'épuisant, même
quand il paraît y avoir pris pied. Ce qui est sérieusement à craindre, ce
sont les importations nouvelles d'Asie. Pourtant, il meurt en route, si on
le fait attendre quelques jours au lazaret ou s'il est obligé de traverser
le désert pour arriver jusqu'aux centres réceptifs. Les précautions
sanitaires, prises sur les routes maritimes, sont encore assez imparfaites,
assez souvent éludées, pour ne nous mettre guère à l'abri contre lui,
s'il avait l'aptitude à s'identifier avec l'homme, qui distingue la fièvre
typhoïde. Celle-ci, au moins, ne répugne pas aux routes de terre.
2. La fièvre typhoïde est extraordinairement ubiquitaire. Cela ressort
de la vaste et savante revue géographique que l'on devra lire dans la
nouvelle édition du livre de M. Hirsch. Dei)uis les -les glacées qui con-
finent au cercle polaire (Islande, les Féroë) jusqu'à l'équateur, des
gi-ands continents aux îlots perdus des archipels océaniens, tout ce qui
participe au mouvement commercial ou social de l'époque actuelle
connaît la fièvre typhoïde. Jamais les relations humaines n'ont propagé
plus sûrement et plus unifonnément un fléau. Celui-ci fait partie du
monde moderne, comme l'alcool et le tabac. On a été quelque temps à
croire que certaines latitudes, certains sols, pouvaient lui être antipathi-
(jnes. Morehead ne la reconnaissait pas aux Indes et en avait conclu à
son inaptitude à s'acclimater sous les tropiques. Nos devanciers en
Algérie ne croyaient pas à la fièvre typhoïde chez les acclimatés et les
KTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 355
indigènes ; Boudin avait élevé sur cette idée sa théorie de l'antagonisme
entre l'impaludisme et la fièvre typhoïde. En 1868, avec mon ami
Kolsch, nous avions quelque peine à faire passer des observations, qui
pourtant n'étaient pas les premières, de vraie fièvre typhoïde chez de
\ieux Africains *. Depuis lors, la maladie est devenue absolument
vulgaire en Algérie, de même que les médecins anglais de llnde, et
Morehead lui-même, la signalent de toutes paits dans la grande
presqu'île asiatique.
Est-ce que les premiers observateui's avaient mal vu et avaient commis
les graves confusions que M. Hirscli soupçonne, victimes toujours de
cette terminologie multiforme qui a causé tant de malentendus ? Il y a
ou de cela, probablement, mais point dans de si vastes proportions
qu'on pourrait croire. A l'heure qu'il est, nos sens médicaux bénéficient
de lumières péniblement acquises et tombées dans le domaine public ;
mais nos devanciers étaient aussi perspicaces que nous, puisque c'est à
eux que nous devons ces conquêtes. Il serait fort présomptueux de notre
part de supposer qu'ils auraient pu méconnaître la fièvre typhoïde si,
sous leurs yeux, elle avait pris la tête des maladies communes, comme
cela se passe aujourd'hui. C'est donc qu'elle était pour le moins rare,
4iu''elle ne se présentait pas sous forme de faisceaux de cas morbi-
des, tranchant sur la pathologie du pays, et qu'il semblait plus simple
<le rattacher à quelqu'une des tonnes climatiques et telluriques ces
incidents peut-être exceptionnels, enchevêtrés aux autres affections et
leur ressemblant forcément par certains côtés.
lia fièvre typhoïde, depuis 1830, s'est étendue et généralisée aux
Indes et en Algérie, comme elle l'a fait d'abord en Europe. C'est ce qui
nous paraît ressortir de la méditation impartiale des faits.
:>. Les villes et les campagnes sont sujettes à la fièvre typhoïde à peu
près dans des proportions égales. Il se peut que les localités vraiment
rurales, habitées par des agriculteurs et des vignerons, gardent encore
quelque avantage : ce qui, même, paraît douteux après les statistiques
de James Stark en Ecosse, de M. Finkelnburg dans la province du
Rhin *, et après les recherches de M. le prof. Layet \ Mais les grands
villages peuplés d'ouvriei-s de l'industrie, comme il s'en trouve beaucoup
autour de Lille, sont des foyers aussi tenaces et probablement plus
* Arnould (J.) et Kelsch (A.), Becherches sur la fièvre typhoïde eti Algérie
<Rec. de mém. de méd. milit. 3*" série, XX, 1868).
* Finkelnburg, Ueber den hygieinischen Gegensatz von Stadt und Land (Central-
Matt fftr allgemeinc Gesundhcitspflege, I, p. 12. 1882).
* Layet (Alexandre), Hygiène et maladies des paysans, Paris, 1882, p. 478.
85G SECTION I. — ttÉAXCK DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
actifs que les capitales. On y est plus uniformémeat négligent et mal-
propre.
Parallèlement, elle frappe tour à tour les quartiers i)auvres et les
demeures riches, voire seigneuriales, comme à Croydon en 1852, à
Philadelphie en 1876, en divers points de Nord-Amérique, à Calcutta,
etc. A Bi-uxelles, en 18()8, « les quartiers les plus beaux et les plus aérés,
comme le (|uartier Léopold, furent les plus maltraités, » dit M. Noël
Guéneau de Mussy. C'e^t encore cet auteur qui nous dit la nature de
la « maladie du prince de Galles, » qui émut si fort l'Angleterre, il y a
quelques années, pendant que lord Chesterfield en mourrait. Aequo pede
puisât pauperum tahrrnas ref/umques turres.
Rappelons enfin que la fièvre typhoïde ne respecte absolument aucun
âge.
Il est difficile de démontrer qu'il y ait des maladies « nouvelles, » non
plus que des maladie.^ éteintes (je ne parle pas des intoxications). MaL^,
à coup sûr, on distingue sans peine, dans Thistoire des fléaux épidémi-
ques, de grandes oscillations, des phases séculaires d'extraordinaire
activité, suivies de longues accalmies. Il y a eu le long règne de la peste,
celui du typhus, du choléra. Le monde paraît traverser aujourd'hui un
règne dejièrre typhoïde (J. Andt), avec cette particularité qu'il est peu
de fléaux populaires qui aient jamais affecté une ubiquité plus complète.
Nous n'avons, heureusement, plus besoin de nous rejeter sur le qnkl
divinum, le « génie épidémique, » ou toute autre conception aussi stérile^
pour comprendre ces oscillations dans la vitahté des espèces morbides.
Deux circonstances peuvent faire varier cette vitalité. Nous les connais-
sons pour divers cas, sans en avoir encore fait l'application à la fièvre
typhoïde. Mais il est pennis d'entrevoir que les lois sont les mêmes ici
qu'ailleui's. La vitalité des gennes et des bactéries dépend de l'adapta-
tion des milieux de cultui'e ; supposons que la fièvre typhoïde ressorte
au parasitisme, les bactéries typhogènes se développeront avec plus ou
moins de vigueur, selon Tadaptation des milieux que nous avons étudiée
et selon le degré de la réceptivité humaine, que nous savons complexe.
On pourrait presque dii*e que cette deuxième condition rentre dans la
première. Je la conserve néanmoins pour maintenir la distinction entre
les influences extérieures et les dispositions de l'organisme.
Or, il est possible de reconnaître à notre époque quelques caractères
qui la distinguent des siècles passés. La population s'est accrue à peu
près dans tous les pays d'Europe; les nouveaux continents ont re(;u les
familles et les habitudes européennes ; les grandes villes se multiplient
et celles qui étaient déjà grandes le deviennent davantage. La Vie ex
COMMUN prend des proportions inouïes ; nous l'avons partout, à l'école^
ÉTIOLO(iIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 357
à la caserne, à l'atelier; les couvents, qui en avaient autrefois le mono-
pole, ne diminuent pas sensiblement. Tout le monde va à l'école; les
armées sont innombrables; l'industrie agglomère des légions plus nom-
breuses encore. Aussi, la souillure du sol et des eaux est-elle à son
conil)le sur les points occupés par ces masses denses, les parois des
habitations sont-elles pénétrées de molécules putrides et l'air intérieur
est-il voué h la septicité. D'ailleurs, un mouvement immense et général,
grâce à l'activité industrielle et commerciale et à la perfection des
modes de locomotion, brasse le genre humain, uniformise les manières
de vivre, mêle les contages ; de telle sorte que les campagnes qui béné-
ficiaient jadis de leur isolement, malgré la souillure de leur sol et la
malpropreté de leurs habitations, ne trouvent même pas une compensa-
tion dans le dépeuplement qu'elles subissent au profit des villes.
Partout où existe la réceptivité, on peut compter que la transplantation
<les germes ne sera pas longtemps à faire défaut.
Remarquons, d'autre part, qu'aucun germe ne révèle la même force
d'adhésion h l'homme que le germe typhogène. Cette diff'usion univer-
selle, que nous constatons aujourd'hui, ne s'expliquerait pas bien si les
choses extérieures étaient seules capables de le transporter. Admettons,
au contraire, la fixation des germes à l'état latent chez l'homme et nous
ne serons plus étonnés de voir la maladie suivre l'homme civilisé
partout, s'implanter dans tous les groupes au fur et à mesure qu'ils
entrent dans les habitudes sociales modernes. Sauf l'interprétation
spontanéiste. Chauffard jugeait exactement quand il disait qu' a eUe
surgit de toutes les conditions sociales et nécessaires qui nous enve-
loppent. ))
Nous n'en concluons point, toutefois, avec Chauffard, qu'il faille se
résigner à subir ce fléau, comme il le faudrait s'il sortait simplement de
« notre spontanéité vivante. » Il n'y a pas lieu, certainement, de réagir
contre l'état social actuel; ce seraient des efforts perdus et, du reste,
mauvais. Mais il est permis de chercher le moyen de rompi'c le lien qui
rattache la putridité des milieux aux allures de la civilisation. On a
marché dans le progrès sans songer aux [)récautions protectrices qui
pourraient devenir nécessaires ; il était difficile, à vrai dire, de soupçon-
ner d'avance le danger. Maintenant que l'expérience se fait tous les
joui's, on est éclairé et, probablement, il n'est pas encore trop tard pour
organiser la défense rétrospectivement.
858 SECTION I. — SÉANCE Dr MERCREDI 6 8EPTEKBBE.
Artici.e V
Prophylaxie.
Après les développements, trop longs à notre gré et, cependant, à
peine en rapport avec l'importance du sujet, qui ont été consacrés à
rétiologie, il nous sera permis de nous restreindre dans l'indication des
principes et des procédés prophylactiques. Ils sortent d'eux-mêmes de
l'étude précédente et il n'y a ^uère qu'à les formuler.
Nous distinguerons : la prophylaxie avant les épidémies; c'est la plus
générale, et celle qui doit être continue ; et la prophyla^rie pendiwt h>^
épidémies, qui est urgente et actuelle.
V Avant les épidémies dejièvre typhoïde.
La prophylaxie générale, en dehors des épidémies, doit viser :
a. Les milieux de conservation de Vagent typhogène, — U ne serait
probal)lement i)as utile de i)rescrire aux populations le choix, pour y
installer leurs demeures d'un sol imperméable. L'emplacement des
villes est décidé par des considérations dans lesquelles l'hygiène tient
peu de place; dans l'avenir, on ne nous écouterait pas ; dans le présent,
les villes sont oii elles sont, et nous n'avons qu'à trouver pour elles la
meilleure fa^on de vivre sur le sol qu'elles possèdent, lors même qu'il
serait désavantageux. Du reste, le sol imperaiéable, garantie douteuse
dès le début, est destiné à ne i)lus être une protection à la longue. —
Pour cette raison et pour beaucoup d'autres, le blindage du sol, qui
serait i)eut-être louable en théorie, n'est pas à conseiller en pratique.
Tant qu'il y aura des épidémies de lièvre typhoïde, le sol des heux
habités sera menacé de la ])énét ration des germes. Le mieux est donc de
faire qu'ils y arrivent le moins possible, ou, s'ils l'atteignent en quelque
point, qu'ils n'y n'stent pas. Puisque les germe^ssout vraisemblablement
dans les déjections et les excrétions des malades, la conséquence pi'e-
mièrc de ce principe est la suppression absolue de tout récipient creusé
dans le sol, destiné à contenir d'une façon durable les matières excré-
mentitielles; c'est la condamnation des puits absorbants et des fosses
fixes (dont l'étanchéité n'est jamais certaine). Quel que soit le mode
d'évacuation des matières fécales, on ne i)erdi'a pas de vue que d'autres
produits morbides encore, l'urine peut-être et, ilans tous les cas, l'eau
qui a servi à laver les malades et leurs linges, peuvent renfermer l'agent
pathogène; le ruisseau des villes sans égout ou qui, ayant des égouts,
n'y vei'sent pas directement les eaux ménagères, est aussi dangereux
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIIÎVRE TYPHOIUE. MÔO
que la fosse fixe; il Test même davantage, s'il se dessèche et fournit une
surface pulvérulente à l'action des courants d'air. Je suis disposé k atta-
cher une importance extrême à la propreté des rues; dans des villes de
province déjà d'une certaine tuille, la police est fort indulgente et, en pro-
tégeant assez bien les grandes voies, tolère que des immondices de toute
nature séjournent dans les rues écartées, sur les terrains à bâtir. I/enlè-
vement des boues après la pluie ou la neige mérite que les municipalités
s'imposent de sérieux sacrifices d'argent; on ne sait ce qu'elles renfer-
ment, ces boues ; mais elles n'attendent que le moment de devenir pous-
sières. L'hygiène voit toujours avec plaisir l'eau, la meilleure possible,
couler largement dans les ruisseaux de rue et, pendant l'été, des arrosa-
ges fréquents, faire tomber la ])oussière des chfiussées, surtout de celles
qui sont revêtues de macadam ((41es se raréfient) ; j'esthnc que ce sont
des mesures capables aussi de fixer à la surface bien des germes, y com-
])ris ceux de la fièvre typhoïde.
L'appro\isionnement d'eau par les sources éloignées des grands cen-
tres est une règle générale. Il peut passer pour une i)rotection i)articu-
iière en ce qui concerne la fièvre typhoïde et l'on ne saurait, même dans
le doute, mettre absolument de côté les exemples cités par M. Wolf-
steiner, de villes qui n'ont pu se débarrasser d'elle qu'en s'approvision-
nant à des sources in-éprochables '. Il va sans dire que la pureté origi-
nelle de l'eau doit être maintenue jusqu'à destination, par des conduites
d'amenée absolument indiflérentes à Tétat du sol sur tout leur ])arcours
et, dans les villes, inaccessibles h toute infiltration de liquides sus])ects,
à toute pénétration de gaz. A Lille, on a cru bien faire de laisser sans
radier le canal qui amène les eaux des sources au réservoir inférieur ;
cette disposition pemiet d'ajouter au produit des sources les eaux du
sous-sol, filtrant de bas en haut; on s'est aperçu, depuis, que ce supplé-
ment apporte quelquefois, dans l'eau de distribution, une part de ce qui
a été déposé sur les champs, engrais, vinasses de betteraves, entraînés
par les fortes pluies. S'il y a des germes pathogèn(*s dans les engrais,
voilà les eaux redevenues douteuses.
Le milieu atmosphérique trouve déjà des garanties dans la propreté
des rues, qui lui épargne relativement les poussières et les microbes.
Beaucoup des microbes du dehors pénètrent, dans les habitations et y
restent, parce que le mouvement de l'air n'est jamais suffisamment libre
dans nos demeures. Comm(% d'autre part, la maison elle-même fournit
' Wolfsteiner, Ztir AetiohHjie des Abdominal typhus {Zur Aetioloffie der Infec-
Honskrankheiten mit hesonderer Beriicksichtigmig der Pilztheorie. Miinchen, 1881,
p. 147 et 8uiv.).
800 8ECTU»X I. — 8KAXCE DU MERCREDI G SErTElf BRE.
s(;s poussières et que, panni celles-ci, à Toccasion, se trouve la poussicfe
(1(» produits patholofîiques déposés sur les planchers, les murs, certains
meubles, ol)j(?t^ de literie, etc., Tair intérieur est, non seulement plus
ricin» en microlxîs que Tair extérieur, mais aussi plus riche en microrga-
nisines pathoî^ènes. Il y a donc un intérêt de premier ordre, vis-à-vis de
tout(\^ les maladies épidémiques, mais principalement vis-à-vis de la
fièvre typhoïde, dont les j)roduits pathologiques sont primitivement
humid(»s, à constniire (h\s habitations dont les parois et les planchers,
ces derniers surtout, se laissent difficilement pénétrer par les liquides et
l)uissent, au b(»soin, être lavés sans détérioration. Les lavages à grande
eau ne sont pas nécessaires ; les linges ou éponges mouillés suffisent. Le
moins possible d'encoignures, de rebords, de meubles inutiles, qui sont
autant de sui)ports (h\s ])oussières, rarement visités et mis à net. Des
ouvertures hautes et larges, «'ouvrant de jdusieurs côté,^ opposés, de
façon i\ i)ouvoir frécpu^mment donner accès aux courants du dehors, pré-
v(»nir la stagnation des germes produits au dedans et identifier au nioias
Tair des a])part(Mnents avec C(»lui de la rue, qui est toujours plus pur. —
Ces conseils ne seront pas toujours entendus des particuliers; ils
d(n'rai(»nt l'être, au moins, des administrations en ce qui concerne les
logements collectifs, écoles, caserniîs, hôpitaux, ateliei's de TÉtat. C'est
aussi dans ces logcMuents collectifs qu(» le besoin de protection se pré-
senti» le plus fré(iuomm(Mit et est h? plus impérieux. Il est bien certain
que les médecins militaires de tous pays n'obtiendi'ont jamais des succès
proportionnés h leurs efl'orts, tant qu'ils devront lutter contre la fièvre
typhoïde dans les vieilles c<isernes de Vauban, ou celles qu'on a bâties
sur l(î mémo modèle, énormes, mal aérées ot mal éclairées, avec super-
position d'étages, enchevêtrement de coui-s et de couloirs et surtout les
latrines à la turque sur fosses fixes. Ili^ureusement, celles-ci disparaissent
peu h peu.
Il est difficile, dans les conditions actuelles, d'empêcher que les habi-
tants des vilhîs ou des villages pénètrent jamais dans de^ locaux où des
g(îrmes typhoïdes se trouvent déposés ou fiottants, depuis un temps plus
ou moins long. Mais il est ])ossible de licencier un lycée, un pensionnat,
de déplacer un régiment, quand la fièvre typhoïde éclate dans une caserne
ou une maison d'éducation. Les individus restés sains auront d'autant
plus de chances de ne i)as emmagasiner de germes dans leurs vêtements
ou dans leur personne qu'ils auront plus tôt quitté les locaux où ces ger-
mes sont vei'sés. L'évacuation des casernes est un des moyens de prophy-
laxie auxquels M. Léon Colin, avec raison, tient le plus. Nous l'avons
nous-même toujours conseillé quand Tautorité militaire nous a donné
l'occasion de dire notre avis. — On devra, dans des cas pareils, suppo-
ETI0L06IE ET PROPHYLAXIE DE lA FIÈVRE TYPHOÏDE. 3()1
ser toujours qu'une bonne partie des hommes non atteints en apparence
[)ortent déjà des germes latents et, en conséquence, se garder d'élever
eur réceptivité par des marches, des fatigues.
h. Les facteurs de la réceptivité. — Nous ne pouvons rien contre la
•éceptivité simple, tant que Ton n'aura pas procuré à l'homme le virus
:ypho'ideattém(é, comme les ruminants ont l'heureuse chance de pouvoir
îéiiéticier de l'atténuation du virus charbonneux, et les éleveui-s par con-
:re-coup. Nous ne pouvons, sur l'âge des hidividus, rien autre chose
lu'attendre les modifications qui se font toutes seules et fatalement.
La réceptivité selon l'âge est, en somme, la plus haute expression de
a réceptivité simi)le. Or, celle-ci est notablement atténuée par Vaccon-
\umance aux milieux typhogenes, soit qu'on l'entende de l'assuétude à
'agent spécifique, soit que l'on ait seulement en vue l'acclimatement
iux conditions banales qui ont coutume d'exagérer la réceptivité. Faut-il
rechercher de parti pris cette sorte de vaccination typhoïde spontanée?
N'en point, attendu qu'elle n'est ni complètement efficace, ni surtout,
durable. Chez les nouveaux arrivants des villes, elle ne s'obtient qu'à la
5uite d'une coûteuse sélection. Chez les individus nés dans la ville et qui
n'en sont pfis sortis, elle est réelle et sérieuse, mais au prix de quelles
fâcheuses compensations! Il serait plutôt à désirer qu'on fit tout le pos-
sible pour déban-asser les villes de l'atmosphère infectée (banalement ou
spécifiquement) et que l'on restreignit la tendance des populations rura-
les à affluer vei's les centres urbains.
Il nous reste à lutter contre les facteui*s de réceptivité que l'on peut
comprendre sous ces deux chefs : influence hanale des milieux putrides;
conditions physiques ou morales dépressives.
A vrai dire, c'est le but et le rôle de l'hygiène générale. La genèse de
la fièvre typhoïde n'est qu'un incident particulier et grave dans le vaste
faisceau des motifs qui imposent aux groupes humains la propreté du
sol, des eaux, de l'air, des habitations et des ])ersonnes. Inutile de redire
que la situation est plus spécialement urgente en ce qui concerne les
collectivités vouées à la vie en commun, écoliers, ouvriers, soldats et
marins. Les choses sont-elles ce qu'elles pourraient être? Il s'en faut.
Les règlements, cependant, les ordonnances, les conseils, les administra-
tions ne manquent pas. Mais le progrès ne se réalise que dans les pays
où l'administration de la santé publique n'est point confondue avec des
attributions politiques ou commerciales, entre les mains de fonctionnai-
res d'une compétence de hasard. Nous savons quels semces a rendus à
l'Angleterre son Conseil supérieur de santé et tout ce grand mécanisme
qui atteint du centre à la périphérie, n'ayant d'autre but que l'hygiène
publique et possédant les moyens d'action nécessah'es, quand il s'agit
804 8E(TI()N I. — SÉANCE VV MERCREDI 6 8EPTEIIBRE.
on conseiller, au moins à la campagne, de les enfouir à une profondeur
égaUî à celle où l'on place les cadavres? Les produits de l'expectoration,
semblent devoir subir le même traitement que les précédents.
Les cadavres doivent être mis en bière, enveloppés de linjîes qu'on
aura saturés d'une solution savonneuse (15 gr. de savon noir ou vert
dans 10 litr. d'eau tiède); le cercueil sera garni de sciure de boû? impré-
gnée d'acide phénique.
Les draps souillés d'évacuations involontaires, les linges qui ont servi
à laver le malade, lo^ pièces du pansement des eschares, doivent être
enlevés encore humides ou s'ils sont secs, réunis en paquet avec la pré-
Ciiution de ne pas les secouer, afin d'éviter d'en répandre les poussières.
On les déposera, sans les transporter, dans un baquet contenant sufiSsam-
miMit du liquide savonneux indiqué plas haut et dont la formule est don-
née par M. Wernich. Le malade sera toujours lotionné h l'eau savon-
neuse tiède, avec l'éponge ou un linge fin, que l'on traitera comme les
dra])s souillés. Il faudrait agir de même à l'égard des couvertures et
matelas, s'ils venaient à être imprégnés de produits typhoïques. Les
eaux de lavage ne doivent point ensuite être versées dans la rue ni au
pourtour de la maison; le mieux est qu'elles gagnent l'égout ou les
champs ou même un fleuve assez puissant pour tenir dans une extrême
dilution les matières organiques qui lui sont confiées.
Il serait très désirable, et cela peut se faire dans les hôpitaux, que
toutes les pièces de vêtement et de literie, qui ont servi aux typhoïsants,
fussent passées à l'étuve à désinfection avant d'être remises en service.
Les pièces sans valeur devraient même être brûlées.
Les locaux dans lesquels il y a eu des malades, spécialement les cham-
bres de casernes que l'on a pu regarder comme des foyers, doivent être
soumis h la désinfection par l'acide sulfureux, selon les règles établies,
avec toutes les pièces du mobilier qui ne risquent pas d'être détériorées
par cet agent.
(L Sur V homme. — Avec les précautions qui viennent d'être indiquées,
le typhoïsant est peu dangereux pour les voisins. Nous savons même
qu'il l'est rarement, quelles que soient les mesures prises. Cependant, il
faut toujours tenir compte de la réceptivité des groupes et il est visible
qu'un typhoïsant, inoffensif au milieu d'individus non préparés, constitue
un élément d'extension épidémique loi'squ'il reste dans une aggloméra-
tion réceptive. Il est donc de la prudence la plus élémentaire de faire
sortir les typhoïsants du milieu des individus sains, quand ils appartien-
nent à une collectivité. Mais on ne saurait probablement ériger en fo^
mule Visolement de ces malades, dans des hôpitaux spéciaux, conune
c'est si légitime pour les varioleux.
ETlOLOtiU: ET PROPHYLAXIK DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. .1^5
Ce serait pourtant une mesure excellente, en de certaines occasions.
Au moins faut-il éviter de laisser au contact des typhoïsants un grand
uombre d'individus que Ton peut supposer très réceptifs, des jeunes gens
atteints de maladies banales, des infirmiers jeunes et n'ayant pas encore
eu la lièvre typhoïde. Les infirmiers et les médecins auront des vêtements
spéciaux pour le service des salles et d'autres pour aller au dehors ; ils
s'imposeront de fréquentes lotions savonneuses des mains et de la face.
M. Wernich recommande aux infirmiers la propreté de la bouche; le
baciUn8 suhtilis s'arrête volontiers dans cette cavité et Ton a vu des
fièvres ty])hoïdes commencer par une angine. M. Netter, autrefois, van-
tait le gargarisme acidulé comme prophylactique, et môme comme un
moyen de juguler le mal au début.
Il n'est pas démontré que la réunion d'un certain nombre de typhoï-
sauts dans un même local puisse aggraver la fièvre typhoïde», de chacun
d'eux, pas plus que l'agglomération des varioleux n'entraîne l'hyperva-
riolisation pour aucun. Mais le grand nombre des typhoïsants dans une
salle élèvera toujoui^s le degré de souillure banale du milieu, favorable
au développement des germes et à leur transplantation sur des individus
sains. D'autres malades quelconques avec des typhoïsants, si la popula-
tion de la salle devient troi) nombreuse et trop dense, foraient le même
eflfet. C'est dans tous les cas, une indication de soigner les typhoïsants
dans des salles spacieuses, à un petit nombre de lits, les fenêtres ouver-
tes totalement ou en partie, selon la saison. Ce procédé m'a donné d'heu-
reux résultats.
Répétons qu'on ne protège jamais mieux les individus menacés qu'en
leur faisant abandonner les foyers et en s'empressant de soutenii* et
d'élever leur vitalité. L'équilibre entre les forces de résistance de
l'économie et celles de l'ennemi latent est incertain ; il faut porter le
secours du côté de l'économie.
RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS
A. ÉTIOLOGIE
L Question de nature. — La fièvre typhoïde a les allures des
maladies spécifiques^ pour un certain nombre desquelles la nature para-
sitaire est démontrée. En tant que spécifique, elle n'est ni spontanée,
ni eogendrée de l'action banale des agents extérieurs. U est rationnel
de la compter au nombre des maladies parasitaires ; mais on ne saurait,
actuellement, regarder le fait comme complètement acquis, en présence
des divergences des expérimentateurs sur le type du parasite supposé^
3(i(; 8KCTI0N I. — SÉANCE UU MERCAEDI 6 SEPTEMBRE.
(le l'incertitude des résultats cliniques obtenus par l'inoculât ion aux
animaux et, surtout, des doutes légitimes qui régnent chez les médecins
quant à l'aptitude à la fièvre typhoïde des espèces animales autres que
l'homme.
IL L(*s MILIEUX NATiiREi^ de consoiTatiou et, éventuellement, de
r(»l)roduction de l'agent typhogène sont :
a. Lv sol, dans de certaines conditions de structure, d'humectatioii
et de saturation infectieuse, mais plutôt à sa surface que dans la profon-
deur ; de telle sorte que le sol puisse être remplacé par un support de
toute autre nature et qu'il n'est pas un lieu de passage né<*essairp
de l'agent typhogène :
1). L'emi ; mais probablement pendant peu de temps et h la condition
d'un certain degré de souillure organique ;
c. Uair, comme le prouvent quelques faits de contagion directe (cas
intérieurs) et comme on peut l'induire de ce fait que l'air des mes
renferme plus de microbes que l'air des champs, et l'air des habitations
plus que celui des rues. Mais les produits pathologiques de la fièvre
typhoïde quittant le malade à l'état humide ne sont complètement
aptes à infecter l'air qu'après le temps nécessaire à leur dessiccation et
leur pulvérulence. L'air n'agit, en effet, spécifiquement que comme
véhicule de corpuscules infectieux et non par les émanations dont il
peut être pénétré, gaz, vapeurs, odeurs, lors même que ces émanations
proviendraient des égouts.
d. Lliomme d les ohjets à son iisaf/c^ au moins à titre de surfaces
banales et de réceptacles pareils à ceux que l'on sait recueillir les
germes de la variole ou d'autres maladies spécifiques. En outre, la
marche d'un grand nombre d'épidémies, que l'on voit débuter par des
embarras gastriques et des diarrhées, l'influence décisive des circon-
stances extérieures, vulgaires, sur l'éclosion de certains cas de fièvre
typhoïde, les épidémies nées à distance, sous le rapport du temps et de
l'espace, de tout foyer et sans importation apparente, portent à croire
que l'homme lui-même peut véhiculer, dans ses voies digestives ou
respiratoires, l'agent typhogène à l'état latent, sans développement
inmiédiat, mais conservant l'aptitude à se multiplier et à devenir
envahissant, assez longtemps après, sous l'influence de conditions
déprimantes.
e. Les aliments, en tant que supports éventuels, mais sans que rien
prouve suffisamment qu'ils puissent être un milieu de multiplication. La
véhiculation n'est démontrée que pour le lait, qui, dans ce cas, joue le
même rôle que l'eau et n'agit peut-être que par l'eau. La nature de»
épidémies typhoïdes, nées de l'usage de viandes altérées, reste douteuse.
ÉTIOI/XÏIE ET PROPHYLAXIE DE lA FIÈVRE TYPHOÏDE. 867
III. La Réceptivité pour la fièvre typhoïde est camplexe et positive
LU lieu d'être simple et négative comme la réceptivité pour la variole,
îlle est constituée :
V Par V absence (V atteinte antérieure ;
2** Par Vâfje de 16 à 40 ans (la plus grande fréquence est entre 20 et
!.') ans) ;
8* Par la non-avcoutinnance aux milieux typhogènes;
4" Par rinfluence banale de la souillnre des milieux naturels, telle
|u"olle résulte des conditions ordinaires de la vie des groupes humains ;
Sol putride, avec ses exhalaisons,
Eau de boisson imprégnée d'immondices,
Air animalisé de la vie en commun, de l'encombrement, des h«abita-
:i<)ns exposées «aux émanations fécales, des locaux malpropres au dedans
?t 11 lu périphérie» ;
.V Par lesfatif/ues, les excès, les 2)assions tristes;
Ci* Par l'usage d'aliments putrides.
Les circonstances précisées dans les trois derniers numéros peuvent
se résumer sous le titre de Conditions dépressives. Celles du 4* ont une
telle importance qu'elles semblent primer parfois l'action spécifique du
moteur typhogène et que certains épidémiologistes les substituent sim-
plement à celui-ci dans l'étiologie.
IV. Épii)émi(?ité. — La fièvre typhoïde, dans l'époque actuelle,
semble avoir remplacé les maladies populaires d'autrefois, spécialement
la peste et le typhus. Elle règne sur toutes les classer, à la ville et h la
campagne, dans les localités les plus diverses, sur toutes les races
d'hommes, (iéographiquement, elle est uhiquitaire. — Le monde
civilisé paraît traverser, en ce moment, un « règne de fièvre typhoïde. »
Le fait est, d'ailleurs, exphcable sans l'intervention du génie épidémique.
B. PROPHYLAXIE
V. La PROPHYLAXIE doit s'adresser;
l* Avant les épidémies: a. — Auv milieux de conservation de
Tagent typhogène. — Protéger le sol des lieux habités contre la péné-
tration à prévoir de cet agent : propreté générale des rues, suppression
des récipients de matières fécales dans l'habitation, drainage du sol,
évacuation immédiate des matières excrémentitielles. — Approvisionner
les centres urbains ou ruraux d'eau de source, amenée de loin par des
conduites qui l'abritent sur tout son parcours contre toute souillure. —
Construire les habitations, et particulièrement les habitations collec-
tives, de façon à les préserver de la stagnation des poussières atmosphé-
riques, leur assurer le renouvellement de l'air par grands déplacements.
3(>8 SECTION I. — SÉAXCK DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
b. — Aux facteurs de la réceptivité. — Nous ne pouvons rien sur ks
deux premiers (Voy. plus haut); contre le troisième, on ne doit pas
essuyer racclimatenient au miasme typhoïde. Contre le^ autres, nous
avons toutes les ressources de Thygiène générale. Celles-ci doivent être
plus spécialement appliquées aux groupes militaires et aux groupes
industriels. Elles n'ont des chances de rêtre avec eflScacité qu'entre les
mains d'une Direction médicale ds lu santé publique^ reproduite, dans
l'ordre militaire, par la Direction médicale du service de santé de
l'armée. — Le germe et la réceptivité typhoïdes sont aujourd'hui uq
pou partout ; il y a un vaste effort à tenter en hygiène publique.
2** Pendant les épidémies : c. — A V agent typhogene, — Le traiter
comme un parasite réel, partout oii on le soupçonne. Désinfection
générale et spéciale.
d. — .1 r homme. — L'isolement des malades n'est pas rigoureuse-
ment indiqué, mais serait plus sûr que la libre pr«atique. — Éloigner les
individus le plus sûrement réceptifs. — Évacuer les foyers. — Ménajrer
et soutenir ceux qui en proviennent.
Ui.HeourH de H* le IV de Cérenville,
Médecin en chef de TUôpital de Lausanne.
Depuis longtemps la fièvre typhoïde a trouvé à Lausanne un terrain
favorable à son développement et à sa propagation. Des publications de
mon vénéré prédécesseur, le D' Jean de la Harpe, il ressort qu'en 1886
déjà, cette maladie y avait un caractère endémique, et que l'Hôpital
Cantonal (pendant la période de 1836 à 1850) en recevait, bon an mal
an, une quarantaine de cas, dont bon nombre de la ville. Les recherches
que j'ai faites de mon côté dans nos registres de clinique pour les vingt
dernières années, de 1863 à 1882, indiquent une moyenne annuelle de
72 cas.
La fièvre typhoïde intéresse donc au premier chef le canton de Vaud,
sa capitale, son corps médical, aussi cela a-t-il été pour nous une heu-
reuse aubaine que de trouver à l'ordre du jour du Congrès d'hygiène, et
d'entendre résumer avec autant de lucidité que d'autorité, par M. Ar-
nould, la question de l'étiologie et de la prophylaxie de cette redoutable
affection.
Dès l'achèvement de ma dixième année de service hospitalier, en 1881,
je me suis proposé de résumer les observations auxquelles pouvaient
donner lieu les épidémies, d'intensité variable, très sérieuses suivant les
années, que j'ai vu passer sous mes yeux pendant cette période. Cette
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 369
enquête m^a confirmé certaines conclusions soupçonnées, auxquelles je
n'avais pu jusqu'à présent donner Tappui des chiffres, conclusions qui
m'ont paru mériter quelque intérêt dans la question multiple et souvent
controversée de l'étiologie de la fièvre typhoïde. J'ai cru devoir les sou-
mettre à la section d'hygiène générale du Congrès.
Je me suis, dans cette première étude, limité étroitement à la recher-
che des causes générales de la fièvre typhoïde pour la vUle de Lausanne.
Si les épidéndes de quartiers et de maisons présentent des côtés étiolo-
giques qui les rapprochent de celles, plus aisées à analyser, qui naissent
dans les campagnes, dans leurs allures générales elles s'en écartent sur
certains points qui les rendent particulièrement intéressantes. Alors que
les épidémies des campagnes arrivent facilement à s'expliquer par des
causes locales, les épidémies qui ont frappé notre agglomération lausan-
noise pendant un certain nombre d'années, s'intei'prètent au contraire
par des causes générales sur lesquelles selon nous, on n'a pas assez
insisté jusqu'à présent.
J'ai donc, pour le moment du moins, négligé l'étude étiologique de la
fièvre typhoïde de nos campagnes, et je renvoie à un très intéressant
travail, resté malheureusement inachevé, de notre regretté confrère le
D' Philippe de la Harpe'.
J'ai établi mon enquête de la manière suivante :
J'ai pris pour base le service de médecine de l'Hôpital Cantonal, lais-
sant complètement de côté les renseignements qu'eût pu me fournir la
statistique mortuah'e de la ville, indices d'une valeur très variable et
très incertaine du nombre approximatif des cas traités en dehors de
l'hôpital. Une tentative d'enquête faite par la Société de médecine il y
a quelques années ayant échoué, j'ai pensé qu'il valait mieux ne faire
usage que d'un des éléments numériques, très certain, et permettant
une appréciation comparative des maxima et des minima, plutôt que
d'introduire dans mon travail un élément variable. On peut admettre du
reste que si le rapport qui existe entre le nombre des malades admis à
l'hôpital, et le chiJBfre des malades de la ville varie suivant la gravité des
épidémies, cet écart n'est cependant pas très grand, et que ces deux
éléments restent approximativement comparables.
J'ai relevé, de notre registre de clinique et du registre d'inscription
de l'économat, l'un contrôlant l'autre, la série des fièvres typhoïdes
nées à Lausanne, j'y ai ajoutés celles nées à Ouchy, car ce village vit
sous le même régime que la capitale et, au point de vue de la fièvre
' Propagation de la fièvre typhoïde par contagion dans le canton de Yaud.
BuUeUn de la Sociéié wiudoise de médecine, 1867.
24
370 SECTION 1. — SEANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
typhoïde, eu dépeiid. J'ai obtenu ainsi pour une période de vingt ans (de
1863 à 1882), un chiffre de 960 cas.
Il fallait nécessairement chercher un rapport comparable, pour k
suite des années, entre le chiffre annuel des typhoïdes et le chiffre delà
population, pour cela j'ai rapporté au chiffre de 25,500, représentant la
plus forte population de Lausanne-ville et d'Ouchy, le chiffre annuel des
fièvres typhoïdes. C'est ce qui explique l'écart que présentant le^ séries
exprimées dans le coui-s de mon travail, et les chiffres rapportés sur le
j^-aphique, avec le total indiqué ci-dessus.
Je renverrai souvent le lecteur au tracé graphique de la planche ci-
jointe ; il lui j)emiettra de se rendre compte aisément de la marche
générale et des oscillations de l'endémie, de ses rapports avec Taccrois-
sement de la provision d'eau.
Pour des raisons que développera la suite de mon travail, je divise en
trois périodes les vingt années d'observations sur lesquelles s'appuie cet
exposé :
1" période: de 1863 h 1872 inclusivement, avec une moyenne annuelle
de 57 cas.
En 1868 66 cas
1869 47
1870 59
1871 62
1872 56
^■* période : de 1872 à 1876 inclusivement, période à maximum,
moyenne annuelle de 112 cas, soit :
En 1873 76 cas En 1875 101 cas
1874 187 1876 70
3"^* période : de 1876 à 1882, caractérisée par une décroissance rapide
et régulière de l'intensité de l'endémie. Moyenne 20,5.
En 1877 38 cas En 1880 14 cas
1878 14 1881 17
1879 29 1882 10
De ces trois périodes, la première représente sensiblement, et en
tenant compte de l'accroissement de la population, le régime moyen de
l'endémie typhoïde tel qu'il existait depuis fort longtemps. Les pubUca-
En 1863
56 cas
1864
22
1865
70
1866
102
1867
32
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 371
lions de M. le D' de la Harpe père nous permettent de conclure dans ce
sens pour les années 1836 à 1850, et il est même probable que de 1850 à
1863, il en a été à peu près de même.
La seconde période est caractérisée comme période à maximum par
une ascension brusque, un point culminant de 187 cas, ce qui est consi-
dérable ; elle laisse encore loin derrière elle, pendant sa décroissance, la
moyenne de la période précédente.
La troisième période enfin s'accuse nettement décroissante, non seu-
lement lorsqu'elle est comparée à la précédente, mais, ce qui est très
important, vis-à-vis de l'ancienne endémie d'avant 1873.
Cela posé, je veux rechercher si l'histoire du développement de la
ville de Lausaime, les développements qui s'y sont opérées, peuvent
nous rendre compte eu quelque mesure des oscillations de la courbe
t}'phoIde, aussi bien des recrudescences des deux premières périodes,
que de la décroissance régulière qui caractérise la troisième.
J'ai eu recours pour cela à l'obligeance de M. F. de Crousaz, ingénieur
(le la ville, auquel je dois des renseignements très exacts, tirés des
registres des comptes de la ville, sur la succession des travaux qui ont
été exécutés de 1865 à 1882, sous la dii-ection du Bureau des travaux
municipaux. M. Van Muyden, gérant de la Société des eaux de Lausanne,
a bien voulu aussi me fournir des notes sur l'historique de la question
des eaux et les chiffres y relatifs. Je tiens à leur exprimer à tous deux
ma reconnaissance.
I. Un rapport de causalité étraii relie V accroissenieiit de la fièvre
tf/phoïde et Vactitnté des travaux de canalisation, fouilles, creusages et
cmistmctions, exécutés à Lausanne.
La population de la ville de Lausanne et du bourg d'Ouchy, de
18,000 habitants en 1863, s'élève de 300 âmes par au, en 1872 elle
atteint le chiffre de 21,000 âmes. De 1872 à 1876, avec un accroissement
annuel de 1000 âmes, elle s'élève à 25,500, pour osciller autour de ce
chiffre avec des variations insignifiantes, jusqu'à ce jour.
Les causes de l'accroissement de la population sont inutiles à déve-
lopper ici; il nous sufiit d'établir qu'il s'est fait sentir doublement, au
point de vue de l'hygiène : par une augmentation de densité dans les
habitations existantes, pour la première année ; pour les suivantes, par
une vive recrudescence dans l'activité des constructions. Plusieurs rues
ont été créées, d'anciennes rues ont été transformées et une foule de
maisons isolées construites dans les années 1870 à 1877.
Les travaux entrepris par l'autorité municipale ont pris un vaste
essor à partir de l'année 1865. Tout en désirant éviter de tomber dans
372 SECTION I. — SÉAN'CE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
trop de détails, je dois nécessairement, pour la démonstration de ma
thèse, énumérer avec certains développements la succession des entre-
prises les plus importantes qui ont marqué dans la période de 1865 à
1880 de notre activité municipale.
En 1805 on entreprend les travaux de voûtage de la Louve. En 1866
commence au Casino la construction de la route de la gare, poursurrie
tout Tété. Les fouilles furent attaquées à la fin sur tout le parcours de
la ville à la Rasude, sur une longueur de 1200 mètres et sur une profon-
deur qui atteignit jusqu'à 5 mètres, dans des terrains imprégnés de
matières organiques et très fétides par places. On se souvient que les
prairies dans lesquelles furent exécutées une partie de ces fouilles ont
ser\i pendant longtemps de dépôts de fumiers, et qu'on y découvrit des
étangs d>aux souterraines qui rendirent fort compliquée la construction
des habitations de l'avenue de la gare.
En 1867, les bouleversements de terrain étaient achevés. Cette année-
là, il n'y eut que quelques canalisations, coulisses, repavages divers,
mais pas de travaux majeurs.
En décembre seulement commença, pour se poursuivre en 1868, la
canalisation importante qui amena en ville l'eau des Cases. En 186S
aussi la rue de la Louve fut voûtée jusqu'à la place de la Maison de ville.
Au dire de M. Tingénieur, ce travail remua dans un sol de nature sus-
pecte des terres d'une extrême fétidité.
En 1869, voûtage du Flon on Pépinet, dans la Place Centrale actuelle.
Ces tronçons de voûtage du Flon et de la Louve à la Palud, occupent
avec la pose des conduits des eaux de la ville, l'année 1870-1871.
En 1S72 rien de saillant.
L'année 1873 ast marquée par les premiers travaux d'une série d'en-
treprises de grande importance, continuées en 1874, à savoir : 1** la
reprise de la route de la Rasude à la gare, avec les complications que
Ton sait, éboulements, affaissements, creusage de galeries pour l'écou-
lement des nappes d'eau souterraines, extraction de masses de terre
considérables ; 2° le radier de la voûte du Flon, exécuté à partir des
tanneries Mercier à la jonction de la Louve. Ce dernier travail, de même
que le voûtage du Flon en aval du Pont, bouleversa un sol fétide et
amena des émanations si nauséabondes que les terres des fouilles durent
être désinfectées.
Une troisième entreprise, le creusage de la vaste tranchée du Lau-
sanne-Ouchy, le transport des terres et leur dépôt à Ouchy, commencée
en 1873, a rempli toute l'année 1874; ce travail énorme a eu pour
théâtre une région rendue très suspecte par les infiltrations des eaux
d'égoûts qui depuis un temps immémorial s'y déversaient librement.
ÉTIOLOOIE ET PROPHYI.AXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 373
En 1875 et 1876 ces travaux se poursuivent, en concurrence avec
d^autres de moindre importance (canalisations et aqueducs) mais les
grandes fouilles sont terminées.
Le voûtage du Flon est achevé de la gare du Pneumatique aux tanne-
ries Mercier.
Pendant la troisième période de 1877 à ce jour, nous avons vu, avec
les travaux de coulissage et de pavage des rues, la constiiiction de
PHôpital cantonal, du Tribunal fédéral avec les terrassements de Mont-
benon, le premier en amont de la ville, dans des terrains non habités, le
second sur une colline qui jamais n'a servi de lieu de dépôt de terres
souillées par les déjections de la ville. En 1878-79 en revanche, la con-
struction de la route de Couvaloup a nécessité des creusages profonds et
dans un sol mauvais ; elle peut être comparée aux travaux de voûtage
de la partie inférieure de la vallée du Flon.
L'enquête dont je viens de donner un aperçu sommaire peut se résu-
mer en quelques lignes. De même que dans toute ville de quelque impor-
tance, il y a eu de tout temps à Lausanne un coui'ant de travaux d'en-
tretien, de coulissage, de pavage, de constructions privées et publiques;
dans certaines années il est sur\enu des besoins nouveaux, résultant de
Taccroissement de la population, d'une plus grande sollicitude pour les
besoins de l'agglomération, d'une édilité plus éclairée, d'une préoccupa-
tion moins serrée à l'égard des finances communales, ou du désir de
créer du travail à la classe ouvrière. Les uns et les autres de ces motifs
ont suscité à Lausanne une recrudescence de travaux urbains dans les
années 1865-1866, 1868, 1873 à 1882, dans des conditions et des propor-
tions variables.
Si maintenant nous étudions les oscillations de la courbe de fréquence
des fièvres typhoïdes à Lausanne, nous pouvons nous convaincre que
précisément les années marquées par des travaux importants, nécessi-
tant des fouilles plus ou moins profondes et étendues, figurent sans
exception avec une recrudescence de l'endémie. En 1866 par exemple,
une épidémie fort grave frappa, d'après les notes de Phil. de la Harpe,
environ 600 personnes. En 1867, pas de fouilles, peu de typhoïdes. En
1868, nouvelle poussée. Les années les plus mauvaises, 1873 à 1876, qui
<^nvoyèrent à l'hôpital 434 cas de typhoïde, ont vu se succéder sans
interruption les bouleversements de terrains, les fouilles, les transports
de terres sur une vaste échelle.
L'ascension de la courbe typhoïde commence dans l'hiver 1872, conti-
nue régulièrement et atteint son apogée en août 1874. En 1875 elle
commence à baisser, mais ce n'est qu'en 1876, alors que les travaux
sont entrés dans la période des maçonneries, que les fouilles et les tran-
374 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
chées sont terminées, ce n'est qu'à ce moment que les allures de Tendé-
mie se modifient puissamment, et que le nombre des cas va s'abaissant
dans une progression régulière jusqu'à ce jour. Et même dans la troi-
sième période, période de déclin (1877 à 1882) nous retrouvons nne
exacerbation en 1879 (2î) cas) précisément à l'époque où s'entreprend la
correction de la route de Couvaloup dans les conditions indiquées plus
haut.
La fièvre typhoïde, disons-nous, a toujours régné à Lausanne plus ou
moins, jusqu'à ces dernières années. J'entrerai plus loin dans quelques
détails sur les causes probables des conditions endémiques. Je cherche
ici à me rendre compte des causes des recrudescences des épidémies
graves, qui ont à diverses reprises grandement effrayé notre population.
Or, aucune des influences qui peuvent être invoquées comme causes
du niveau habituel ne suffit pour rendre compte des bonds, des singu-
lières oscillations de la courbe typhoïde dans certaines années, ni
l'égoût, ni la pollution des eaux, ni la contagion. Il faut nécessairement
admettre une cause agissant simultanément sur un grand nombre
de points, frappant les quartiers sains, les habitations de luxe, con-
struites avec intelligence, munies d'eau de bonne qualité, possédant des
lieux d'aisances bien installés et des conduites neuves, jouissant de l'air
et de la lumière dans des conditions satisfaisantes. On est forcé de
chercher le véhicule de ce poison subtil dans l'air, et facilement amené
à fixer son origine dans le bouleversement du sol, dans les fouilles qui
mettent à la surface des germes accumulés par l'infiltration lente de5
détritus liquides, qui restent neutres et inofiTensife aussi longtemps qu'ils
sont recouverts, à l'abri de l'air, et qu'ils ne sont pas desséchés.
Les arffumeyits que nous invoquons à l'appui de cette idée sont les
suivants :
V La coïncidence constante, indiquée plus haut, des années à épidé-
mies et des années marquées par une plus grande activité des travaux
publics et privés.
2** La gravité de nos épidémies, qui s'est montrée d'autant plus
redoutable que les terrains soulevés et remués ont été trouvés plus
fétides, qu'ils donnaient le jour à une odeur plus nauséabonde, d'autant
plus aussi qu'ils ont été attaqués dans les régions déclives de la ville,
qui de temps immémorial ont servi à l'écoulement des eaux d'égoût,
(quartier de Georgette, la Rasude, le plateau de Mont-Riond, la vallée
du Flon).
3** Le fait que dans les années à typhoïde que l'on peut qualifier de
« moyennes, » le maxiinum des cas tombe presque toujours sur les mois
de juillet à octobre, alors que le régime épidémique exceptionnel que
ÉTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 375
lous supposons provoqué par les bouleversements des terrains se carac-
érîse par des recrudescences d'hiver et de printemps.
Ces conclusions sont loin d'être absolument neuves, les bouleverse-
nents du sol ont déjà été, à fréquentes reprises, accusés de pouvoir
produire la fièvre typhoïde. L'histoire des vingt dernières années est
«pendant, à cet égard, trop importante pour qu'il ne soit pas intéres-
ant de relever ces faits. Elle a son importance par le contraste entre
'immobilité relative dans laquelle l'agglomération lausannoise a vécu
lendant de longues années, et le développement très rapide qui a suivi
lans un laps de temps de courte durée. Le rapprochement de ces deux
K)ints de comparaison, l'exactitude des données fournies par les regis-
res de notre hôpital, aboutissent, ce me semble, à une conclusion
acceptable. En 1866, puis-je ajouter, une épidémie très grave sévit dans
a ville de Grandson, en corrélation presque ceitaine avec de vastes
ravaux de démolition. A Vevey, me dit M. le D' Guisan, les années
L865et 1872 ont vu naître, à la suite de corrections d'égoûts et de cana-
isation, des épidémies sérieuses. La même explication est invoquée
jour un des arrondissements de Paris où la fièvre typhoïde sévit avec le
>lus de fureur.
II. Exposé somynaire de quelques causes perïnanentes et habituelles
ie la fièvre typhoïde à Lausanne, dans les années moyennes.
J'ai indiqué dans ce qui précède les influences auxquelles peuvent et
loivent s'attribuer dans une large mesure les épidémies qui ont frappé
aotre population pendant les deux dernières décades. Je désire mainte-
aant résumer les causes principales qui me paraissent rendre compte de
'existence constante de la typhoïde à Lausanne pendant cette même
[période d'observation.
Je les résume sans les développer, espérant pouvoii* traiter ce cha-
pitre ultérieurement avec plus de détails, à l'aide des nombreux maté-
riaux rassemblés par feu le D' de la Harpe, et qui s'ajouteront à ceux
jue je possède déjà.
1* Tout d'abord, il est permis de négliger d'une façon absolue,
^ce aux conditions de configuration, de structure géologique et de sol,
l'influence de la nappe d'eau souterraine (Grundwasser) qui joue dans
l'autres localités un rôle important dans la question de la fièvre
typhoïde.
Le Grundwasser existe sans doute à Lausanne, mais c'est une nappe
siobile et courante, qui ne varie pas sensiblement dans son niveau. Bien
oin d'absorber et de rendre plus tard dans l'atmosphère les germes
morbides dont elle peut se pénétrer par infiltration, elle les charrie au
376 SECTION I. — 8KAXCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
loin. A cet égard, Lausanne se rapproche de nombre de vill^ suisses où
sévit la typhoïde et où la question du Gnindwasser est absolument
secondaire.
2** L'un des deux couîs d'eau qui traversent la ville de Lausanne, 1<*
Flon, a joué sans aucun doute un rôle important dans la production et
la dissémination de la fièvre typhoïde. Ce n'est pas sans raison que les
trois rues paraUèles à ce méchant ruisseau ont fourni une forte propor-
tion de fièvres, de niOnie que les habitations qui le bordent à sa sortie
immédiate de la ville. Jusqu'en 1875, époque du transfert de l'Hôpital au
Champ-de-rair, les déjections de cette agglomération de malades abou-
tissaient au Flon. Cet égoût naturel, utile assurément tant que Lausanne
ne possédait qu'une faible quantité d'e>au potable et d'eaux de senice,
devenait fort dangereux pendant les mois secs ; le produit des canaux
de vidange s'accumulait sur ses bords sans être entraîné, s'y desséchait,
et contaminait aisément l'air atmosphérique. La dissémination des
miasmes était encore favorisée par l'orientation du cours d'eau et des
rues qui le bordent, dans le sens des vents principaux.
3** La souillure des eaux potables suit de près dans l'ordre d'énergie
des causes d'insalubrité. Certaines fontaines de notre ville ont joui d'une
réputation notoirement détestable. Une de ces sources naissant dans
une prairie en pente situées aux portes de la ville et fréquemment char-
gée de dépôts de terres et de débris de toute espèce, a fourni à une
nombreuse clientèle une eau de mauvais goût. Nous avons fréquemment
remarqué des cas de fièvre typhoïde chez les personnes qui en faisaient
un usage habituel.
Le quartier du Maupas, gravement visité par la fièvre, ne recevait^
pas d'eau courante et s'alimentait pendant longtemps d'eau de puits,
alors que les égoûts remplacés par des fosses perdues, manquaient
absolument.
Cela nous mènerait trop loin de passer en revue les exemples nombreu?^
que nous fourniraient nos notes, du rôle joué par la contamination det^
eaux potables sur la production de la fièvre typhoïde. C'est un fait
acquis et dont il est presqu'inutile d'accumuler les preuves. Je n'eu
veux citer que deux exemples d'un caractère de grande précision.
Le village d'Ouchy, port de Lausanne sur le lac Léman, a toujours,
plus ou moins, soufl'ert d'une fièvre typhoïde endémique. En 1874, ce
petit bourg envoyait à l'Hôpital cantonal vingt-huit cas. Les causes de
l'endémie étaient mal connues et mal dégagées, il y avait cependant de
fortes présomptions pour admettre que les eaux de boisson pouvaient
être incriminées. Les deux sources principales du village provenaient
des terrains d'alluvion lacustre qui s'élèvent jusqu'à mi-hauteur de
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ÉTIOLOOIE ET PKOPHrLAXIE DE lA FIEX'BE TYPHOÏDE. 377
ausanne. Il est certain que ces terrains recevaient par filtration les
lux des prés dans lesquels se déversaient de temps immémorial les
;oûts d'une partie de la ville, située en amont. Depuis longtemps aussi,
!S habitations de cette région ont acquis leur renom d'insalubrité. Â
eirtir du moment où Ton se décida à couper les eaux des fontaines et à
s remplacer par l'eau de la ville, l'endémie a baissé rapidement ; de
378 à 1882 l'Hôpital ne reçut que trois cas de typhoïde nés à Ouchy,
lors que les cinq années antérieures figuraient pour soixante-trois cas.
Une propriété située à quelques minutes à l'ouest de Lausanne est visi-
te depuis plusieurs années par des cas tantôt sporadiques, tantôt épidé-
liques, en général graves, de typhoïde. En 1880, éclate une épidémie
Kîale plus grave que les précédentes. Un singulier hasard vint en
flairer l'origine. L'eau d'une des fontaines amenée, de l'autre côté de
L vallée du Flon, dans une conduite iiTéprochable du reste, prit un
eau jour un goût manifeste d'acide phénique. On apprit qu'une per-
)nne habitant une maison située au Maupas, sur le fonds de terre d'où
>rt l'eau consonmiée à plusieurs cent mètres de là, avait une fièvre
y-phoïde et que le médecin qui la soignait faisait désinfecter les latrines
vec de l'acide phénique. Depuis longtemps, évidemment, une infiltra-
on envoyait dans la source du purin de latrines, et si cette année-là
épidémie locale, ainsi transmise, offrait plus de gravité, c'est quel'infil-
ration avait lieu avec du purin chargé de virus typhoïde, incomplète-
lent désinfecté. Cette observation, très importante, sera, je crois,
ubliéc par une plume autorisée, je ne fais que la citer sommaire-
lent.
4"" Les exemples de contagion ne sont pas rares à Lausanne. Ce
iode de dissémination de la fièvre typhoïde doit être pris en considéra-
ion dans rénumération des causes de cette affection. A l'Hôpital canto-
al, pour les dix dernières années, la contagion figure dans notre
tatistique pour une proportion de 3,2 7u-
ni. Assainissement actuel de la ville de Lausanne. Ses rapports avec
'accroissement de la provision d'eau.
Pour la première partie de ce travail, j 'ai exposé les impressions sui'
3S causes générales et les causes accidentelles d'une endémie qui a causé
. la capitale vaudoise un mal incalculable. Je dois avouer que je ne me
lisse pas senti le courage, pas même le droit, de livrer ces conclusions à
i publicité, si je ne m'étais trouvé en mesure d'apporter des nouvelles
beaucoup plus rassurantes pour l'avenir. L'étude des allures de la
ièvre typhoïde dans les dernières années de notre période d'observa-
ion, nous permet en effet de prouver par des chiffres que la situation a
378 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
changé d'nne manière complète, et que la ville de Lausanne peut être
considérée, avec infiniment de probabilité, comme purgée de son fléau.
Je renvoie au tracé graphique, il rend la démonstration de cette
thèse aussi évidente que possible. Si Ton compare les trois subdivisions
de ce tracé, la première, de 1863 à 1872 (moyenne annuelle de 57 cas
hospitaliers), la seconde de 1872 à 1876 (moyenne de 108 cas), avec la
troisième (de 18 cas seulement), on est bien forcé de reconnaître dans
sa bénignité, non seulement un arrêt des causes qui ont amené rénorme
aggravation accidentelle de 1872 à 1876, mais encore un assainissement
important réalisé sur l'état endémique de la première période, qui
représente lui-même, très probablement, d'après les notes du D' Jean
de la Harpe, l'état endémique approximatif des 30 années antérieures.
Les 18 cas annuels des sl\ dernière-s années représentent un minimum
au-dessous duquel il n'est guère permis d'espérer descendre, pour une
ville de l'importance de Lausanne.
Par quels agents cet assainissefnent d'une agglomération de 25,000
âmes a-t'il été réalisé ? telle est la question qui se pose et que je vais
chercher à développer.
Les conditions intérieures sont améliorées, mais dans certains quar-
tiers seulement. Ailleurs, dans les quartiers inférieurs par exemple, les
maisons sont, comme par le passé, habitées par une population ouvrière
dense, l'aération y est défectueuse, les logements insalubres, les latrines
banales, les conduits très négligés.
En revanche, deux transformations d'une haute portée ont été réa-
lisées, à savoir :
le vmtofje des cours d'eau urbains, la construction d'un radier sous
la voûte du Flon,
rapport d'une quantité d'etiu considérdble.
Je ne puis entrer dans les détails relativement aux travaux de voû-
tage et à l'établissement du radier. La description technique de ce beau
travail fera sans doute un jour l'objet d'une publication spéciale.
On ne saurait trop insister, en revanche, sur l'importance qu'a eue
pour Lausanne la transformation du régime des eaux, avec laquelle
ramélioration des conditions hygiéniques de la ville marche absolument
parallèle. Qu'il me soit permis en conséquence de donner ici un bref
historique de cette situation. •
En 1865, les eaux d'alimentation de la ville de Lausanne provenant
des source^s du Jorat et des fontaines, représentaient une quantité de
51 litres par habitant et par jour *.
* Rapport de majorité, présenté au Conseil communal par M. l'architecte
RouoB, 1881.
ETIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEV&E TYPHOÏDE. 379
En 1867, des acquisitions nouvelles élevèrent un peu la livraison.
En 1874 *, le volume d'eau distribué à Lausanne aux services publics
ît privés était ofiBciellement évalué à 1741 litres par minute, équivalant
K)ur une population de 28,000 habitants, à 90 litres par tête et par 24
leures.
Ce volume était tombé sensiblement au-dessous de ce chiffre pendant
in ou deux étés particulièrement secs.
Dès 1875, la Société de Pierre Ozaire distribue, dans la partie méri-
liouale et orientale de la ville, des eaux de sources, jaugeant 540 litres
»ar minute.
La Compagnie du Chemin de fer de Lausanne-Ouchy dérive depuis
'année 1876 une partie des eaux du ruisseau du Grenet, déversées
l'abord dans le lac de Bret, fonctionnant comme bassin de réception
égulateur. Elle estime être en mesure de fournir à la ville un volume
le 9800 litres par minute, dont 2600 litres résen'és à la traction de ses
roies ferrées, et l'excédent mis à la disposition du public comme eau
notrice, industrielle et agricole à l'exclusion des usages ménagers.
Ik)Dduite libre de 14 kilomètres.
La Société des Eaux de Lausamie enfin, alimente la ville d'eau pota-
ble depuis l'année 1878. La ville lui a concédé son service hydraulique,
m lui imposant comme condition d'amener dans le réservoir municipal
m volume d'eau de 2700 litres par minute, par la dérivation de la
source du Pont-de-Pierre, sur Montreux, située à 31 kilomètres de
Lausanne.
Actuellement cette provision d'eau représente en
eaux potables 240 litres,
eaux motrices et industrielles, 345 litres,
585 litr. par habitant et 24 heures.
Ce chiffre doit en fait être considéré comme notablement au-dessous
de la réalité, puisqu'il est calculé sur le chiffre total de la population de
la commune, très étendue comme on sait, et non sur le chiffre réel des
consommateurs, soit des habitants de la ville, d'Ouchy, et de la ban-
lieue immédiate.
Aujourd'hui, plus de la moitié des immeubles habités reçoivent Tean
potable de la Société des Eaux, dont la livraison représente 5105 litres
par minute, ou 7371 mètres cubes en 24 heures. Les eaux industrielles
ont gratuitement soulagé le service des eaux potables, en se substituant
h elles dans une partie de la ville pour les bouches à eau d'incendie et
' Notes sur la distribution d'eau de Lausanne, communiquées par M. A. Yak
380 SECTION I. — SÉANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
l'aiTOsage des rues, elles amènent une quantité d'eau fort considérable
dans les canalisations et jouent un rôle important dans l'irrigation des
égoûts.
Or, revenant au tracé graphique, nous y remarquons une coïncidence
exacte entre l'ascension de la ligne indiquant la progression de la quan-
tité d'eau offerte à la consommation, et la chute de la courbe typhoïde.
Elle nous montre clairement que depuis l'année où la livraison d'eau a
cessé d'être insuffisante, et où elle s'est élevée de 150 litres à 585 Utres,
le chiffre des typhoïdes s'est abaissé dans une proportion rapide et
régulière. Elle nous fait voir aussi qu'il ne s'agit pas seulement d'un
retour à la moyenne antérieure de 1863 à 1872, après extinction du
régime épidémique exceptionnel qui a frappé les années 1873 à 1876,
mais réellement c'est un régime nouveau qui s'est établi, comme nous
le montre la comparaison de la troisième période avec la première.
11 faut bien reconnaître là l'intervention d'agents modificateurs puis-
sants, dont l'influence a été régulière et soutenue pendant une série
d'années .suffisante pour pouvoir se formuler et pour écarter la supposi-
tion d'une illusion ou d'une singulière coïncidence.
Les causes de l'assainissement de Lausanne sont multiples. Évidem-
ment le perfectionnement des égoûts, l'achèvement du voûtage des
<îours d'eau, ont joué un rôle important; nous croyons toutefois que
l'influence dominante revient à l'augmentation de la quantité des eaux,
et cela par un double mécanisme. L'eau agit en effet tout d'abord
comme moyen d'assainissement des maisons dans lesquelles elle est
répandue, maintient propres les conduits de lavoirs et de latrines, et
entraîne rapidement dans l'égoût les matières solides. L'égoût principal
lui-même reçoit ces nombreux filets d'eau de vidange, qui forment par
leur réunion une masse suffisante pour balayer convenablement les
résidus, pour les baigner, les empêcher de se dessécher sur les bords,
de devenir pulvéïnilents et de pouvoir refluer, en le souillant, avec le
courant d'air qui rentre dans les ramifications des canaux des habita-
tions et dans les bouches des rues.
L'accroissement au sextuple de la provision d'eau mise à la disposi-
tion de l'agglomération lausannoise a provoqué la suppression de nom-
breux puits, dont s'alimentaient certains quartiers privés de fontaines,
et détruit du même coup une importante source d'infection. Elle a
permis de même de couper quelques fontaines suspectes et de les rem-
placer par des ramifications des conduites d'eau de la ville, obtenant
ainsi dans un délai très court , pour citer un exemple, l'assainissement
du village d'Ouchy et du quartier du Maupas, qui consommaient une
^au tarée par les infiltrations du sol.
énOLOOlË ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 381
L'étude à laquelle nous venons de nous livrer, et dont nous voudrions
avoir établi les conclusions avec plus de clarté encore, nous démontre
donc que, heureusement appuyée par l'initiative privée d'hommes
entreprenants auxquels nous ne saurions trop rendre hommage, la
direction municipale a réussi à améliorer l'état sanitaire de Lausanne
dans une mesure très importante, à abattre une redoutable endémie.
Ce beau succès de l'hygiène publique pourrait nous rendre plus exi-
geants; si la fièvre typhoïde est actuellement en décroissance, elle
existe cependant encore. Nous pourrions espérer de la voir un jour
vaincue, nous en avons en main les moyens, il ne s'agit que de les
appliquer plus sévèrement. Nous voudrions voir un jour nos mstitutions
sanitaires complétées, transformées, nous voudrions leur voir conférer,
comme cela a lieu dans d'autres villes et dans d'autres pays, une auto-
rité réelle, alors que chez nous tout semble se liguer pour les rabaisser
et les entraver dans leure intentions les meilleures. Nous voudrions voh-
naître une commission sanitaire active, munie des pouvoirs nécessaires
pour étudier l'origine locale des épidémies, pour proposer la visite et la
réforme des logements insalubres. Nous voudrions voir la législation
élaborer des moyens de contraindre les propriétaires d'immeubles
habités, à user des ressources mises à leur disposition et à alimenter
ces immeubles d'une quantité d'eau déterminée, de soumettre l'entre-
tien régulier des conduits de vidange des maisons particulières et des
établissements publics aune surveillance réglée, d'exiger, après consta-
tation motivée, les réparations et constructions nécessaires à cet effet.
Et qu'on se persuade bien que par de l'énergie dans Taccomplisse-
ment de ces mesures, on arriverait à combattre plus activement que
par des règlements d'isolement, non seulement la fièvre typhoïde, mais
aussi d'autres épidémies dangereuses, la diphtérie d'abord, les maladies
éruptives et aussi jusqu'à un certain point la plaie des villes, la phtisie
pulmonaire.
Je m'arrête ici, espérant reprendre un jour sous une autre face,
l'étude de la fièvre typhoïde à Lausanne. Je sens le besoin de réclamer
l'indulgence pour la longueur de cet article. Mon excuse repose sur
l'intérêt de cette question, sur l'importance générale de toute consi-
iération touchant l'hygiène publique, entraînant avec elle la démons-
tration d'un progrès réalisé et celle du pouvoir que peut déployer une
K)ciété bien organisée contre les agents destructeurs qui menacent les
sigglomérations urbaines.
382 SECTION 1. — SÉANCE l)V MEKCBEDI 6 SEPTEMBRE.
Dificours de M. le D' Proust.
M. Proust, après avoir fait la critique de diverses théories actuelle-
ment admises sur Tétiologie de la fièvre typhoïde (spontanée, tellurique,
pythogénique, spécifique), demande la nomination d'une conimissmi
internationale sckntifique, chargée d'élaborer un programme de la
fièvre typhoïde, de façon que les recherches ultérieures, étant faites
d'après un i)lan uniforme, les membres des futurs congrès d'hygiène
puissent déterminer définitivement la véritable étiologie de cette mala-
die. Il cite comme exemple, et comme pouvant servir de base un pro-
gramme quMl a rédigé et qui a été adopté par le Conseil supérieur
d'hygiène de France. La Commission nommée examine ce programme,
lui fera subir les modifications qu'eUe jugera convenables, et après avoir
adopté un programme définitif l'approuvera avec dififérents hygiénistes
de l'Eiu'ope.
Il ajoute :
(( Toute prophylaxie de cette maladie sera, en effet, évidemment vaine
tant que son étiologie ne sera pas assise sur des bases rigoureusement
scientifiques; or, Tétiologie delà fièvre typhoïde ne peut être définitive-
ment fixée que par un grand nombre d'observations prises à la cam-
pagne.
Dans ce but et afin que les recherches fussent faites d'après un plan
uniforme, nous avons demandé au Comité d'hygiène, et plus tard au
Congrès international de Turin, qu'une sorte de programme ou de
questionnaire fût adressé à tous les membres des Conseils d'hygiène.
Nous donnons ici ce programme.
Nous appelons Tattention du Congrès avec d'autant plus d'ardeur que,
dans le dossier des épidémies en France, un certain nombre d'observa-
teurs semblent ne pas s'être doutés des questions qui ont été posées.
Les faits qu'ils .signalent, fort intéressants quelquefois à des points de
vue diff*érents, sont dépourvus de toute valeur relativement au point
fondamental de la question, l'étiologie de la makdie.
Sans attribuer à la théorie du fécalisme une importance exagérée, il
faut toutefois que le groupement d'un nombre imposant de faits vienne
l'aflBrmer ou la condamner absolument. Or, si, comme nous le deman-
dons, un mouvement nouveau est donné, en France et dans toute
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE. 383
TEurope, aux travaux d'enquête, nous croyons qu'après deux ou trois
ans l'opinion sera, sur cette doctrine, complètement édifiée.
PROGRAMME DE LA FIEVRE TYPHOÏDE,
Un cas de fièvre typhoïde éclate dans une ville ou dans un village ;
plusieurs questions doivent être posées et résolues :
!• A-t-il existé précédemment dans ce village ou dans les environs des
cas de ûèvre typhoïde ?
A quelle époque ?
Et combien ?
Préciser l'époque du dernier cas.
Si la maladie a été transmise, il sera utile de déterminer le mode de
transmission.
(Matières des déjections, linges souillés par ces matières, eifets à
usage, literie, transmission de malade à malade, etc.)
2* S'il n'a pas existé précédemment de fièvre typhoïde dans le village
ou dans les environs, on devra rechercher si le premier malade vient
d'un pays où règne la fièvre typhoïde ou s'il a été en rapport avec un
individu arrivant d'un pays oU règne cette maladie ?
3" Avant de conclure que la fièvre typhoïde est née spontanément
dans le pays, ces deux questions devront être résolues négativement.
D faudra ensuite préciser l'état des localités, des eaux et de l'individu
Im-mêrae.
A. Examen des localités ;
Nature du terrain ;
Système des fosses d'aisances ? Trou à la turque.
Peut-il y avoir infiltration ? ou bien, au contraire, les fosses sont-elles
étanches ?
Les matières sont-elles envoyées au ruisseau, à l'égout ?
État des ruisseaux ?
— des égouts ?
— des eaux stagnantes ?
— des mares ?
Y a-t-il des amas d'immondices, de matières putréfiées ?
B. Examen des eaux.
Quelle est l'origine de l'eau potable ? (Puits, citernes.)
Quels sont ses caractères ?
A-t-elle pu être infectée par une infiltration de fosses d'aisances ?
Dans ce cas nettement préciser, si la fosse d'aisances a reçu ou non
MECTION I. — SKAXCK 1>U UERCREDt 6 8
depuis plus ou moins loo^tonips des matières proveuant d'un !■■
atteint de fièvre typiiolilc !
C. ExamcD de t'iudividu.
Y a-t-il de raggloiiiératioii? do l'encombremeut V
Y a-t-il ini des fatigue-s physiques excessives ?
Y a-t-il eu des vniotîous mondes dépressives ï
Y a-t-il eu un cliaugcinciit d'habitudes, de régime ?
Entiu y a-t-il eu des eircoiistauccs particulières d'alimi
d'iusuflisjince, soitd'alisorptiou de matières animales, etc.
Ces diverst-s conditions des localités, des eaux et de rindÎTidi'
elles récentes, ou existaient-elles depuis longtemps ? Peui
invoquéc^'S comme c^uso du développement de la malailie
ItiHfoarH de 31, le 11' i^oj'ka»
M. SovKA, de Munich, prononcfl en ullemand le discours
(traduit en français par M. le D' Errriérk, de Genève)
d
Le professeur Aniould a ahonlé, dans son rapport complet etiMJ
les i-elations ([ui cNistent entre le tjiihus abdomiual et certaines m
tions du terrain; j'ajouterai ([uclques mots t>ur h'S nouvelles obstmil
faites k ra]ipui de cette thèse. Bulil et Pettenkofer par leurs ot)M
tions systématiques faites de \f^'A> h 1872, sont airivés h recoiuuttre
l'exteiLsioii du typhus est en rapport direct avec les oscillations du iill
de la nap]ie d'eau souterraine, de sorte qu'un abaissement durabU
« cette iiap])(- u amène une augmentation dans le uombre des cal
typhus, tandis que Télêvation do ce niveau coïncide avec uuedimiinl
dans le nombre des cas de wtte maladie.
Néanmoins il ne paraît pas que l'on puisse considérer directemeH
niveau de L-i nappe comme la cause des oscillations du typhus, i
bien plutôt certains phénomènes se produisant dans le sol et qui son
rapport avec l'humidité du t».'rraiii ; le niveau de la nappe d'eau aou
raine [icut toutefois être considéré comme la mesure véritable des vi
tions d'humectation des couches do ten-ain plus superficielles.
Je présente ici un tjibleau qui indique ces rapports pour Ha
depuis l'année IBOG jusqu'au milieu de l'année ]8>^2, et qui rqirési
en même temps les variations mensuelles dans la fréquence du ty]
Ainsi que la hauteur de la nappe d'eau souterraine. Ces deux COtt
suivent avec une régularité parfaite un chemin opposé; une chute c
nappe d'eau souterraine représente et précède une ascension d
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BTIOLOOIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE, 385
sourbe du typhus et vice-versa, autrement dit quand la nappe d'eau
I* Abaisse, le typhus augmente de fréquence, et quand le niveau de la
tiappe s'élève le typhus diminue.
fait s'observe non seulement sur les courbes d'une seule année,
aussi sur des périodes plus longues. Ainsi les années 1858 à 61,
à 68, et 1876 à 78 présentent en somme une élévation assez mar-
de la nappe d'eau avec une fréquence relativement faible de cas
de typhus, et inversement les périodes de 1856 à 58. 1862 à 64 et 1869 à
"ÏS présentent un abaissement plus ou moins constant du niveau de l'eau
«oxiterraine et en même temps de fortes épidémies de typhus.
l»a conconmiittance va même plus loin, ainsi les années 1S58, 1866 et
1872, pendant lesquelles on a observé les niveaux les plus bas de la
'to.ppe souterraine, sont celles pendant lesquelles on a vu les plus fortes
épidémies de typhus, et inversement, les années 1867, 1876, 1881, où le
^'A'veau de la nappe d'eau a été le plus élevé, ont présenté la plus faible
^ïiortalité par le typhus.
Des observations analogues ont été faites dans d'autres endroits, ainsi
^ Berlin, à Paris (1876), à Vienne, à Clermont-Ferrand, etc., etc. ; ces
Observations sont une preuve de l'inexactitude de l'objection quel-
quefois formulée admettant que ce fait se vérifierait seulement à
Munich.
n ne m'est pas possible, en raison du temps qui m'est accordé, d'abor-
der la question de la cause de ces phénomènes, qu'il me soit permis seu-
lement d'attirer l'attention sur un point spécial. Un regard jeté sur
cette courbe montre que le typhus est actuellement en décroissance
progressive. Cette décroissance, qui naturellement n'exclut pas les
oscillations périodiques, est d'autant plus manifeste que ce tableau
n'indique que les nombres absolus des cas de mort par typhus, tandis
que, comme l'indique la courbe supérieure, la population a sensi-
blement augmenté (depuis 1856 de 77 7o); la mortalité relative du
typhus a donc diminué encore bien plus que ne semble l'indiquer le
tracé.
L'extension du typhus à Munich présente d'autre part des variations
non seulement quant au temps, mais aussi quant à l'espace envahi,
comme il est facile de le reconnaître par un plan géologique. L'unifor-
mité remarquable de la formation géologique de ce terrain expUque
pourquoi c'est surtout à Munich que les observations sur le niveau de la
nappe souterraine donnent un tableau aussi exact du degré d'humidité
des couches de terrain plus superficielles.
Une vallée peu large s'étend le long des bords de l'Isar, sur un des
côtés elle est immédiatement limitée par une élévation, tandis que de
25
386 SECTION I. — SÉANCE DU MEBCBEDI G SEPTEMBBS.
r autre elle est séparée de la colline par une sorte de terrasse. Les cou-
ches de terrain sont plus ou moins les mêmes. La couche inférieure est
formée par une terre glaise imperméable appelée a Flinz, » au-dessus de
laquelle, s'étend une couche de cailloux d'alluvion, qui très peu épaisse
dans la vallée, sur la terrasse et la colline prend une épaisseur de
plusieurs mètres. La nappe d'eau souterraine s'accumule sur la glaise
après avoir facilement filtré à travers la couche très perméable des
cailloux, et s'écoule ainsi vers l'Isar (comme on a pu le voir sur le chema
présenté à la séance).
La relation qui existe à Munich entre l'extension du typhus et l'état
du terrain est en conséquence telle que ce sont spécialement la vallée
et les parties avoisinantes de la terrasse qui présentent les épidé-
mies les plus tenaces, les plus étendues, et se reproduisant le plus
facilement.
Quant au retrait du typhus, il se produit suivant un mode tout à fait
l)articulier ; on peut établir un paraUèle exact entre ce retrait et le phé-
nomène de purification et d'irrigation du terrain tel qu'il est produit
par la canalisation. Cette canalisation a été commencée à Munich en
1866 et effectuée d'abord dans un quartier situé en partie sur la hau-
teur, en partie sur le plateau ; en 1872 on a procédé à la canalisation d'us
(]uartier situé dans la vallée.
Par rapport à la canalisation nous pouvons distinguer en tout quatre
coupes de rues.
1*' groupe : rues canalisées depuis 1866 sur la colline et la terrasse.
2"^ groupe : rues canalisées depuis 1872 dans la vallée. 3~ groupe : rues
ayant des canaux vieux, très insuffisants, pour la plupart perméables,
situées dans la vallée. 4""* groupe : rues sans canaux situées en partie
près de cours d'eau, en partie sur la hauteur.
Si maintenant l'on compare deux périodes de typhus des dermëres
années, par exemple de 1866 à 75 et de 1875 à 80, on observe une dimmo-
tion du typhus dans ces quatre groupes de rues, mais la diminution n'est
pas égale, et se trouve être la plus marquée dans les quartiers les {to
canalisés. La comparaison la plus intéressante est celle qu'on peut établir
entre les groupes 2 et 3, soit entre les rues récemment canalisées dans la
vallée et les rues, situées aussi pour la plupart dans la vallée, mais canali*
sées avec de vieux canaux perméables ces deux groupes sont très semUa-
blés pour ce qui tient à la nature du terrain, à la population et à la posi-
tion, cependant le rapport quant à la diminution du typhus est tout diffé-
rent. Dans les rues oîi il y a des canaux vieux et mauvais, rues où le terrais
est malpropre et le drainage insuffisant, la proportion de r^resâon di
typhus est de 26,5 7o» tandis qu'elle est arrivée à 55,3 Vo^ c'est à-dire k
ÉTIOLOGIE ET PROPHYI-AXIE DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE. 387
plus du double du chiffre précédent, pour les mes récemment canali-
sées dans la vallée * .
Encore quelques mots pour terminer à propos des épidémies de mai-
sons qui semblent présenter un désaccord avec ce qui a été dit de Tim-
jjortance étiologique du terrain. D y a quelques années déjà, j'ai donné
sur ce point l'explication suivante*. U faut remarquer pour ce qui
regarde le développement du typhus, ainsi que cela ressort d'observa-
tions isolées et très soigneusement recueillies, qu'il ne faut pas conce-
voir l'expression de terrain dans un sens trop restreint, n'entendant
par là que le sol sur lequel repose la maison. Le lieu dans lequel le
germe maladif se développe et se multiplie se trouve en dehors du
corps humain, mais il peut, suivant les circonstances, se trouver dans la
maison même, peut-être dans la paroi ou autre part; cela ne veut pas
dire toutefois que chaque maison, chaque paroi, puisse devenir im
foyer de typhus, mais seulement que la cause partant du terrain peut,
.suivant les circonstances, se concentrer et se localiser dans certaines
maisons ou dans certaines parties de la maison. Peut-être bien des
épidémies dans des locaux récemment bâtis proviennent-elles de cette
cause; cette influence peut se produire une ou deux années après
la construction pour se reproduire de même lors de la démolition de
la maison. De là proviennent souvent ces épidémies si tenaces de
maisons ou de chambres, dans lesquelles le geime semble s'être localisé
sur certains points. Un travail qui paraît actuellement de M. le D' Em-
merich ' est destiné à apporter quelque lumière dans cette question ; il
traite des substances et impuretés qui se trouvent dans les terrains sur
lesquels sont bâties nos maisons, et de leurs relations avec les maladies
infectieuses. Des recherches analogues devront être établies pour expli-
quer les épidémies sur les vaisseaux.
Quant à la proposition de M. le prof. Proust d'établir sur le typhus
des recherches communes basées sur certaines questions précises, je m'y
rattache avec d'autant plus de plaisir qu'une initiative analogue a été
prise il y a plusieurs années déjà à Munich par Pettenkofer, Port et
d'autres.
^ Soyka, Recherches sur la canalisation. Zeitschrift f. Biologie, Bd. 17.
' Bygienisehe Bepue, Viertéljahrschrift f, prakt. Heilkunde, 143, 1679.
3 Zeitschrift fur Biologie, 18.
388 SECTION I. — SÉANCE DV MERCREDI G SEPTEMBRE.
DiHCOurs de lU. Duplesfiis.
De lajièire iyyhoide du cheval considérée au point de vue
de son anahgie avec la fièvre typhoïde de V homme.
Messieurs, permettez-moi de dire quelques mots de la fièvre typhoïde
chez le cheval, dans Tespoir d'être utile à l'étude des causes et de la
prophylaxie de cette affection chez l'homme.
Depuis plus de 30 années, les vétérinaires militaires de France ont
définitivement inscrit la fièvre typhoïde du cheval au nombre des mala-
dies contagieuses dont cet animal est atteint ; et depuis lors de très nom-
breux faits observés à la suite d'épizooties fréquentes ont confirmé la
réalité de cette affection et la justesse de cette dénomination.
Voici les principales épizooties de fièvre typhoïde chez le cheval dont
nous avons été témoin :
1849, en Lorraine. Cette affection a régné sur près de 3,000 chevaux
de troupe, alors qu'elle régnait aussi sur les hommes.
1851, à Lyon. Sur 4,000 chevaux il en a été de même.
1855, en Alsace. Les chevaux de toute la contrée en étaient atteints,
alors que le choléra et la fièvre typhoïde régnaient avec une grande
intensité sur les habitants. 180 chevaux d'un régiment ont succombé à
cette épizootie.
Des deux côtés ces affections étaient très virulentes, et nous avons vu
des chevaux qui mouraient après 2 heures d'intoxication avec quelques
vomissements répétés ; fait physiologique anormal chez le cheval, en rai-
son de la conformation anatomique de son estomac.
En 1856. Malgré un changement de garnison à longue distance, les
chevaux d'un régiment de cavalerie présentèrent encore de nombreux
cas de fièvre typhoïde par suite de réceptivité latente de la maladie
chez quelques-uns. Il en fut de même chez les hommes.
En 1859, à Lyon. La fièvre typhoïde de l'homme et celle du cheval
régnèrent simultanément dans plusieurs régiments de troupes à cheval.
En 1867, à Rennes. Sur 2,300 chevaux de troupe réunis; 1,320 furent
atteints de fièvre typhoïde suraiguë ; 107 périrent. La maladie avait
débuté par des chevaux logés à 3 mètres de distance de la rivière la
Vilaine, qui venait d'être mise à sec pour le curage de son lit ; or en
tout temps cette rivière est déjà considérée comme malsaine par les
habitants.
ÉTIOLOGIE ET PROPHYLAXIE DE LA FIÈVBE TYPHOÏDE. 389
En 1876 à Angers, dans un régiment de cuirassiers la fièvre typhoïde
de riiomme et celle du cheval sévissaient en même temps et cela dans
une caserne non terminée et dont le sol et le sous-sol étaient le récepta-
cle de nombreux inmiondices.
En 1881, sur un eflFectif de 130,000 chevaux, 17,000 chevaux ont été
atteints de fièvre typhoïde sous forme bénigne ; 244 seulement en sont
morts ; Tisolement de tous les chevaux suspects a eu une grande
influence pour arrêter la marche de cette épizootie.
Pour nous Français la fièvre typhoïde du cheval c'est l'influenza des
Allemands et des Anglais, avec cette distinction que nous ne la généra-
lisons pas, mais la localisons au contraire sur les principaux organes
splanchniques.
C'est une maladie infectieuse et contagieuse.
Les germes morbides provenant d'eaux stagnantes altérées peuvent
lui donner naissance. Elle se propage par la contagion surtout sous l'in-
fluence de l'agglomération des animaux.
La fièvre typhoïde du cheval présente la plus grande analogie avec la
fièvre typhoïde de l'homme, au point de vue de ses symptômes, de sa
marche, de ses terminaisons et surtout des lésions ulcéreuses des intes-
tins, qui quoique moins fréquentes chez le cheval, et pour cause, n'en
existent pas moins parfois.
Nous sommes certains que ces deux aflFections si souvent concommit-
tantes sont identiques ; ce que le génie de Pasteur démontrera bientôt.
Pour l'une comme pour l'autre les mesures prophylactiques doivent
être les mêmes, il faut d'abord éviter que les matières excrémentitielles,
qui sont une des principales causes de leur propagation, puissent avoir
cette fâcheuse influence.
En résumé, Messieurs, l'étiologie de la fièvre typhoïde du cheval bien
étudiée, permettra de mieux préciser la nature de cette affection chez
l'homme ; et de faire connaître, définitivement peut-être, les meilleurs
moyens de la prévenir et de la guérir.
M. Arnould ajoute que l'observation faite par M. de Cérenville sur la
coïncidence de recrudescence de l'épidémie avec les travaux d'assainisse-
ment, a été aussi observée à Francfort par Varrentrapp. D en a été de
même à Nancy. Cette coïncidence s'explique ou bien par le fait qu'il y
avait dans le sol des germes emmagasinés et mis au jour, ou bien il n'y
a pas eu autre chose que l'influence banale de l'air imprégné de sub-
stances organiques spécifiques ou non. Quant au questionnaire que
M. Proust désire voir généralement employé, la pensée en est fort bonne ;
3îK) 8KCTI0X I. — 8KANCE DU MERCREDI 6 SEPTEMBRE.
mais les questionnaires servent malheureusement peu à cause d'osé
organisation vicieuse. En France on a séparé du Conseil d'hygiène le
médecin des épidémies ; il faudrait que tout le Conseil fût composé de
médecins des épidémies.
M. le D' Landowski désire faire une observation. Dans son remar-
quable travail M. le professeur Arnould, de Lille, dit que chaque fois que
l'on exécute, dans une ville, des travaux exigeant que l'on fouille pro-
fondément le sol, l'apparition de la fièvre typhoïde coïncide avec l'exécu-
tion de ces travaux, et que sa violence est en raison directe de leur
importance. Il explique ce fait par l'hypothèse que les microbes spédfi-
ques de la fièvre typhoïde sont alors déterrés en quantité considérable
et qu'en se répandant dans l'air avec la poussière ils forment un foyer
d'infection.
A ce sujet M. Landowski croit devoir faire remarquer que Tinfluence
nocive de ces grands travaux sur la santé des ouvriers est comme depuis
longtemps et chacun sait le terrible tribut que dans les pays neufe, les
premiers colons paient à l'endémie provoquée par le défrichement du
sol. Mais ces endémies, fièvres intermittentes, fièvres pernicieuses, fiè-
vres typhoïdes, doivent à son avis, être attribuées à la mise au jour de
quantités considérables de matières organiques putrifiées et enfouies
depuis longtemps, favorisant selon le milieu climatérique et tellurique,
le développement de tel ou tel microbe, plutôt qu'à la mise à nu d'uu
microbe spécifique préexistant.
M. leD' Henri Gueneau de Mussy, membre de l'Académie de médecine
de Paris, et de la Commission des épidémies, présente son rapport pour
l'année 1880, d'après lequel Isijihre typhoïde s'est montrée dans pres-
que tous les départements français. Rarement épidémique, elle a régné
sous forme de petits foyers endémiques dont la cause a le plus souvent
pu être attribuée à de mauvaises conditions hygiéniques, altération des
eaux potables, ou émanations méphitiques prouvant que la maladie spé-
cifique peut avoir été acquise par la voie respiratoire.
D'autres fois, la cause extérieure n'est pas bien saisissable.
L'encombrement, la mauvaise alimentation, le surcroît de fatigues et
de privations, auxquels ont été soumis des militaires non accoutumés,
ont été les seules causes appréciables d'épidémies de casernes.
Pour d'autres autorités médicales, la fièvre typhoïde peut n'être
qu'une « transformation de la fièvre paludéenne que la quinine n'a pu
arrêter. »
Cependant M. Gueneau de Mussy se rattache à la théorie de Budd
d'après lequel les substances organiques en putréfaction, les matières
fécales en particulier, ne sauraient donner lieu au germe typhoïde, mais
L^ALCOOLISMË. 391
constitueraient le milieu de culture le plus favorable à son développe-
ment.
Vu l'heure avancée la communication de M. le D"" Roulet sur l'alcoo-
lisme est renvoyée à vendredi et la séance est levée à midi.
Les secrétaires :
D' Gautier. D' Ferrière.
D' Gœtz. D"" Gremaud.
SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE
Présidence de M. le D*" ViNr.ENT.
La séance est ouverte h neuf heures et un quart .
Le procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. le D' Roulet donne lecture de son rapport sur l'alcoolisme.
L'ALCOOLISME
Par M. le D*^ A.-L. BOULET,
CoDBeillor d'État, à Nonobâtcl (Suisse).
Le Comité d'organisation du Congrès a pensé que parmi les questions
importantes qui font l'objet de nos délibérations une place devait être
accordée à l'étude de l'alcoolisme, de ce fléau qui suivant l'expression
de Tifisot ne produit pas des épidémies, mais tue en détail, par tous les
temps et partout. L'hygiéniste, dont les préoccupations s'étendent à
tout ce qui peut porter préjudice à la santé, tant des individus que du
corps social tout entier, ne saurait se désintéresser de la lutte à entre-
prendre contre les abus des boissons alcooliques. Les résultats indi\i-
duels et sociattt de cet abus sont devenus tels à notre époque que par-
tout les honunes qui ont quelque souci du bien public sont à la recherche
des moyens les plus eflScaces pour y porter remède et que les gouverne-
392 SECTION I. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
ments examinent si les quelques mesures qu^ils ont prises jusqu'ici sont
suffisantes pour empêcher Talcoolisme de multiplier le nombre de ses
victimes. S'il était besoin d'une preuve nouvelle de rimportance et de
l'actualité du sujet que nous abordons aujourd'hui, nous la trouverions
dans le fait qu'en 1878 s'est réuni à Paris, lors de l'Exposition univer-
selle, un congrès international, pareil au nôtre, ayant pour but uni-
que l'étude des questions relatives à l'alcoolisme. Ce congrès a tenu une
2* session à Bruxelles en 1880.
Nous n'avons pas la prétention, pendant le court espace de temps qui
nous est réservé, de traiter devant vous, même en résumé, les questions
nombreuses que soulève l'étude d'un semblable sujet. Nous nous borne-
rons à vous présenter quelques conclusions qui résument Topinion que
nous nous faisons de la question de l'alcoolisme dans l'état actuel de nos
connaissances. L'abondance de documents dont nous disposons nous
aurait sans doute pennis de vous présenter un travail d ^ensemble sur
l'état de la question de l'alcoolisme dans les divers pays civilisés ; mais
ce travail aurait dépassé considérablement les limites qui nous sont assi-
gnées, et de plus il a été si bien fait par notre honorable collègue M. le
conseiller sanitaire D' A. Baer, médecin principal du pénitencier de
Plôtzensee, à Berlin, que je ne puis que m'en référer à l'ouvrage publié
par lui sous le titre des AlcohoUsmus^ seine Verhreitung iind $eine
Wirkung auf den individuvllen nnd sociales Organismns, sotrie die
Mittel, iJm zu hekcimpfen.
Ceci dit, nous abordons immédiatement la discussion des quelques
conclusions que nous avons eu Thonneur de vous adresser avec le pro-
gramme du Congrès.
l. U abus de V alcool éthylique ou V usage même modéré d'alcoolsphi
élevés de la série mmioatomique, spécialement Vusage de Valcool amyli-
que, détermine un empoisonnement aigu ou chronique, vne maladie
connue sous le nom d"" alcoolisme.
U est généralement admis. Messieurs, surtout depuis les travaux de
Lallemand, Perrin et Duroy, que les alcools et l'alcool éthylique en par-
ticulier ne subissent aucune transformation pendant leur passage dans
le corps et qu'ils sont éliminés en nature, par le poumon, par la peau et
par les reins. Tout au plus discute-t-on encore sur un point : la légère
différence constatée dans les expériences entre la quantité d'alcool ingé-
rée et la quantité excrétée provient-elle de Tinsuffisance des procédés
expérimentaux ou cette faible quantité a-t-elle été oxydée dans le corps?
Nous penchons volontiers pour cette seconde alternative, qui nous ren-
drait compte d'une manière rationnelle de l'action excitante et stimu-
lante de l'alcool éthylique dilué, i)ris h faible dose. Cette action serait
l'alcoolisme. 393
due, non à l'alcool lui-même^ mais aux premiers produits d'oxydation,
aldéhyde et acide acétique.
Quoi qu'il en soit les alcools rentrent essentiellement dans la catégorie
des substances toxiques et médicamanteuses, telles que les a caractéri-
sées Claude Bernard en ces termes : « Toutes les substances qui, à rai-
« son de leur constitution physique ou chinique, ne peuvent entrer dans
« la composition de notre sang, ne sauraient pénétrer dans notre orga-
« nisme, où elles ne doivent pas rester, sans y causer des désordres
« passagers ou durables. »
Nous savons que l'alcool, qui à faible dose agit comme stimulant, agit
à dose plus élevée ou fréquemment répétée comme un anesthésique et
un narcotique. D ralentit le mouvement d'assimilation et de désassimi-
lation qui constitue la nutrition, favorise les transformations granulo-
graisseuses dans les organes et produit à la longue des lésions caracté-
ristiques de l'alcoolisme chronique. L'alcool ne peut être considéré
comme un aliment puisqu'il traverse l'organisme sans fournir de force
vive par sa combustion lente ; son seul mérite au point de vue alimen-
taire serait donc de ralentir le mouvement de désassimilation ; mais ce
résultat n'est obtenu que par un trouble dans le fonctionnement normal
des éléments anatomiques, trouble qui, s'il est fréquemment répété,
finit par provoquer des altérations permanentes de structure de ces
éléments.
Les recherches de plusieurs savants en particulier celles de MM. Dujar-
din-Beaumetz et Rabuteau, ont démontré que la puissance toxique des
divers alcools n'est pas égale. Tandis que la dose toxique moyenne par
kilg. du poids du corps de l'animal empoisonné est de 8 gr. pour l'alcool
éthylique, elle est de moitié moindre pour l'alcool propylique, du quart
pour l'alcool butylique et ne s'élève qu'à 1 gr. 70 pour l'alcool amylique.
Ce sont les doses toxiques pour Talcool pur ; l'alcool dilué, s'absorbant
plus facilement, est toxique à des doses inférieures de 0 gr. 25 à 0 gr.
75. On peut donc admettre comme une loi démontrée « que les alcools
« de la série monoatomique dont la formule générale est C» Hjn t- j 0
« sont d'autant plus toxiques qu'ils contiennent un plus grand nombre
« de fois le groupe CHj, autrement dit, que leur poids moléculaire est
« plus élevé. » Ces alcools lourds s'éliminent plus diflScilement que l'al-
cool étylique et par leur présence dans l'organisme causent assez rapide-
ment les lésions bien connues de l'alcoolisme chronique.
De ces recherches nous déduisons les conséquences suivantes :
L'alcool éthylique, tel qu'il est contenu dans le vin ou dans l'eau-de-
vie de vin, ne produit les désordres persistants caractérisant l'alcoolisme
chronique, que lorsqu'il est consommé habituellement en excès, que
394 SECTION 1. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRK.
ceux qui le consomment sont fréquemment en état d^ivresse. Les ako(ds
d'un poids moléculaire supérieur, qui accompagnent Talcool éthylîqQe
dans les eaux-de-vie industrielles du commerce, obtenues principalemeot
par la fermentation et la distillation des céréales, de la betterave et de
la pomme de terre, produisent les lésions caractéristiques deralcoolisme
chronique, alors même qu'elles ne sont consommées qu'à dose modàée
et que ceux qui en font usage ne sont pas fréquemment en état d'ivresse.
Ces déductions auxquelles nous conduit l'analyse des effets todqaes
des divers alcools sont coiToborées par l'observation directe et la CMn-
paraison qui a pu être établie entre les pays qui consomment l'alcool de
vin et ceux qui en sont réduits à l'usage des alcools industriels. Les
tableaux statistiques que M. le D' Lunier a établis en comparant te
divers départements de la France démontrent que les effets iudividuds
et sociaux de l'alcoolisme sont beaucoup plus marqués dans les départe-
ments qui consomment des alcools industriels.
Nous ne pensons pas. Messieurs, devoir vous retracer ici le tableau
pathologique de l'alcoolisme aigu et chronique. Chacun de nous l'a pré-
sent à l'esprit. Nous ne vous rappellerons non plus que pour mémoire
les effets individuels et sociaux de cette maladie. L'empoisonnement lent
par les alcools avons-nous dit ailleurs, conduit l'homme à une mort pré-
maturée après avoir détruit ses forces, iniiné sa santé, perverti ses facul-
tés intellectuelles et morales. L'alcoolisme est une cause fréquente de
folie et de suicide. L'alcoolisme produit souvent par la misère, est à sou
tour cause de celle-ci. Il conduit les familles h leur ruine physique et
morale, peuple les hôpitaux, les orphelinats et les pénitenciers. Son
influence délétère s'exerce de génération en génération, par transmis-
sion hériditaire, et conduit à l'abâtardissement des populations chez
lesquelles il s'est implanté. L'alcoolisme n'a commencé à exercer ses
ravages qu'à une époque relativement récente et s'est développé à
mesure que l'usage des alcools industriels devenait plus général. Les
contrées vinicoles, productrices et consommatrices de \in et d'eau-de-
vie de vin, ont été longtemps égargnées. Mais à mesure que le dévelop-
pement des voies de communication, en facilitant l'exportation des vins,
a donné une grande extension au commerce de ce produit, on n'a plus
fait d'eau-de-vie de vin, et pour la remplacer les distillateurs ont eu
recours aux alcools industriels pour fabriquer des produits ayant l'appa-
rence d'eau-de-vie de vin. On s'est servi également d'alcools industriels
pour viner les vins, c'est-à-dire pour augmenter leur teneur d'alcool,
pour alcooliser la bière afin d'en faciliter l'exportation. Enfin les alcools
industriels ont été employés pour la fabrication de toutes pièces des vins
destinés à remplacer ceux que la vigne, détruite par le phylloxéra, ne
l'alcoolisme. 395
pouvait plus fournir à la consommation. Les nombreuses liqueurs, de
dénominations diverses, qui s'étalent sur les comptoirs des marchands de
vins, sont également fabriquées avec des alcools industriels. Partout oîi
cela est possible, le fabricant de vins, eaux-de-vies et liqueurs emploie les
alcools les moins coûteux, c'est-à-dire ceux dont la rectification est la
moins complète et qui par conséquent contiennent une plus grande pro-
portion d'alcools autres que l'alcool éthylique.
D résulte de cet ensemble de faits que la plus grande partie des bois-
sons alcooliques ofifertes à la consommation ordinaire du public contien-
nent en proportions plus ou moins grandes ces alcools éminemment toxi-
ques et d'un poids moléculahre supérieur h celui de l'alcool éthylique. Le
vin naturel, la bière ou le cidre naturels, les eaux-de-vie devin, de marc
de raisins ou de fruits naturelles sont de plus en plus rares et d'un prix
de plus en plus élevé. Les alcools toxiques entrent toujours davantage
dans la consommation journalière du grand public. Aussi ne devons-nous
pas nous étonner de voir les effets de l'alcoolisme augmenter autour de
nous. Partout oîi nous disposons de statistiques bien établies et complè-
tes, nous constatons une augmentation de la consommation des boissons
alcooliques, principalement des eaux-de-vie et liqueurs, hors de propor-
tion avec l'accroissement simultané de la population. En même temps
nous constatons également une augmentation dans le nombre des décès
causés par l'alcoolisme, dans le nombre des cas d'aliénation mentale pro-
voqués par la même cause, dans le nombre des crimes et délits commis
par des individus en état d'ivresse ou atteints d'alcoolisme chronique ;
enfin dans les pays où le service militaire est obligatoire et où tous les
jeunes gens sont examinés au point de vue de l'aptitude pour ce service,
on remarque sans peine que le nombre des jeunes gens aptes au service
militaire diminue, et si l'on en recherche les causes, on verra que l'usage
inconsidéré des eaux-de-vie et liqueurs soit par les parents, soit par les
enfants dès leur bas âge, entre pour une bonne part dans cet affaiblisse-
ment de la race.
L est nécessaire, pour que les pouvoirs publics se décident à prendre
des mesures énergiques contre l'abus des alcools et pour que l'opinion
publique ratifie les mesures prises, que des statistiques exactes et dres-
sées d'une manière uniforme dans les divers pays civilisés établissent
d^une manière incontestable les relations qui existent entre la consom-
mation d'alcool, la qualité de l'alcool consommé et les principaux effets
délétères de l'alcoolisme. Dans les pays qui soumettent les boissons
alcooliques à des droits d'importation et de fabrication, il est facile
d'établir la quantité consommée annuellement. Nous estimons que cette
quantité doit être évaluée pour toutes ces boissons et que le titre de
396 SECTION I. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
chacune d'elles, soit le 7o d'alcool qu'elle contient, doit être établi, afin
que les comparaisons puissent porter sur la quantité d'alcool absolu con-
sommé dans un pays, abstraction faite du degré de dilution et de la forme,
sous laquelle il est consommé. Même là oîi il n'existe aucun droit sur les
vins, bières et cidres, il devrait être possible, dans l'intérêt de la statis-
tique, de prendre les mesures nécessaires pour apprécier exactement la
quantité de ces boissons qui entrent dans la consommation. Naturelle-
ment il faudra, en établissant cette statistique, prendre garde aux dou-
bles emplois. Lorsque les boissons passent par un ou deux intermédiaires
entre le producteur et le consommateur, la statistique, pour être exacte,
devra faire abstraction de ces intermédiaires. Nous pensons que le plus
simple sera d'établir cette statistique chez le producteur et à l'importa-
tion, tout en n'oubliant pas que les producteurs emploient une bonne
partie des alcools importés et que celle-ci ne doit pas être comptée à
double.
D va sans dire que la quantité d'alcool exporté devra être déduite des
quantités importées et produites dans le pays ; mais ceci ne présente
aucune diflSculté. Il en est autrement pour la quantité employée conune
moyen de chauffage pour les besoins de diverses industries, pour la
fabrication de produits qui ne sont pas destinés à la consommation. On
pourra bien solliciter des déclarations des industriels et artisans, mais
comment établir la quantité d'esprit de vin employé comme combusti-
ble usuel dans certains ménages ? Ce ne sera jamais que d'une manière
très approximative et toute statistique de la consommation des alcools
devra tenir compte de cette cause d'erreur.
Un second point dont il serait essentiel que la statistique pût s'occu-
per est la qualité alcoolique des boissons consommées. U s'agirait de
déterminer non pas seulement le titre alcoolique de ces boissons, mais
encore la proportion dans laquelle elles contiennent les alcools autres
que l'acool éthylique. Nous ne nous dissimulons pas que cette exigence
nécessitera des recherches plus minutieuses que la simple constation du
titre alcoolique d'un liquide. Nous pensons même que l'on ne pourra
arriver à réaliser pratiquement cette détermination que lorsqu'on sera
en possession d'un moyen d'analyse quantitative à la fois simple et
rapide. Jusqu'à présent nous ne possédons que des procédés de labora-
toire. M. Stenberg, professeur à Stockholm, a bien préconisé l'emploi
de l'acide sulfurique, qui noircit les alcools autres que l'alcool éthylique ;
mais il est nécessaire de ramener la boisson alcoolique examinée à un
titre déterminé, de plus l'acide sulfurique noircissant d'autres subtances
que les alcools, il y a là une cause d'erreur qui ne peut que difficile-
ment être écartée. M. Savalle, chimiste à Paris, a appliqué pratique-
l'alcoolisme. 397
lent le procédé Stenberg à l'axamen des eaux-de-vie et alcools du com-
lerce; en établissant une échelle de verres colorés correspondante à
3S quantités déterminées d'alcool amylique, on peut, par la comparai-
)n de la coloration du verre avec celle obtenue par le traitement d'un
Icool du commerce avec Tacide sulfiirique, déterminer la quantité d'al-
)ol amylique contenue daos Talcool examiné. Mais il faut que cet alcool
)it incolore, ramené à un titre déterminé et qu'il ne contienne aucune
latière organique capable d'être noircie par l'acide sulfurique. On voit
ue ce procédé est trop susceptible d'erreurs pour être absolument
îcommandable.
Voilà pour la statistique de la quantité et de la qualité des alcools
3iisonmiés. Relativement à la statistique des effets de l'alcoolisme, nous
e voudrions pas l'étendre au delà de quatre rubriques; si nous
oulions pousser plus loin nos investigations, nous aborderions des
omaines (suicide, mortalité infantile, paupérisme, etc.) dans lesquels
alcoolisme peut bien être un des facteurs principaux, mais sans qu'il
ait possible de déterminer exactement la part qu'il doit assumer.
Relativement à la statistique des décès, nous exprimons le désir que
on ne se contente pas d'indiquer l'alcoolisme comme cause du décès
)rsque la mort est survenue dans le delirium tremens. Nous savons que
eaucoup d'aflFections de l'estomac, que les cirrhoses, les dégénérescences
théromateuses et graisseuses, la maladie de Bright, reconnaissent
rès souvent comme cause unique l'alcoolisme. Nous savons également
ue le delirium tremens survenant comme complication des blessures,
es pneumonies, des rhumatismes articulaires et d'autres maladies
iguês et fébriles est très fréquemment une cause directe du décès.
Tous estimons en conséquence que pour établir d'une façon correcte la
art de l'alcoolisme dans la moi-talité générale, il est nécessaire qu'à
5té de la maladie indiquée comme cause de mort une annotation spéciale
ésigne si l'alcoolisme a causé soit la maladie, soit les accidents qui ont
ntratné la mort au cours d'une maladie aiguë. Les médecins vérifica-
Qwrs des décès, qui en Suisse sont assez généralement des médecins
raitants, ont naturellement la tendance de ménager la susceptibilité
es familles et hésitent à inscrire l'alcoolisme comme cause du décès du
lalade qu'ils ont traité. Si à côté d'une maladie, déterminée par les
^ions organiques produites par Talcoolisme, le médecin pouvait en
iscrivant un signe convenu, par exemple un A majuscule, indiquer
alcoolisme comme cause réelle de la maladie et du décès, on pourrait
tablir ime statistique beaucoup plus conforme à l'état réel des faits que
elle dont nous disposons actuellement.
Les maisons de santé établissent déjà la statistique des cas d'aliéna-
398 SECTION I. — SÉANCE DV VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
tioii qui doivent être attribués à Talcoolisme. Il sufBj'a de centralisa ces
renseignements dans chaque État pour établir une statistique générale.
Les directions des prisons et des pénitenciers relèvent dans beaucoup
<1 'endroits les causes qui ont amené les détenus dans ces établissements.
L'alcoolisme entre pour une larg part dans ces causes. Mais ce relevé
ne nous paraît pas suffisant : il faudrait que les statistiques judiciaires
relatent exactement le nombre de condamnations, de simple poUc€,
correctionnelles ou criminelles qui ont été rendues contre des individus,
soit en état d'ivresse, soit ivrognes d'habitude, atteints d'alcoolisme
aigu ou chronique.
Enfin il serait désirable qu'une annotation spéciale désignât les cas
d'exemption du service militaire qui doivent être attribués à l'alcoolisme,
soit chez les ascendants, soit chez l'exempté lui-même. Cette annotation
*^ur les registres de recrutement permettrait d'établir une statistique
importante au point de vue des effets de l'alcooUsme sur le développe-
ment de la race humaine.
Nous résumons lo^ divers désirs que nous venons d'exprimer dans les
conclusions suivantes :
Les effets hidividuels et sociaux de V alcoolisme sont bien connus;
toutefois il serait désirable qu'une statistique exacte et uniforme fût
dressée dans les divers pays civilisés pour établir :
V La QUANTITÉ de chacune des boissons alcooliques, fermentées ou
distillées, consommée annuellement dans chaque pays.
2° La QUALITÉ de ces diverses boissons au point de vue alcûolique,
cest-à'dire la proportion dans laquelle elles contiennent V alcool éthyU-
que et les alcools plus élevés de la série monoatomique;
3** La statistique annuelle des décès que Von peut attribuer à Vaicoo-
lisme et aux diverses maladies spéciales dont il est cause ;
4** La statistique annuelle des cas d'aliénatiofi mentale causés par
V alcoolisme;
5*" La statistique annuelle des (TÎmes et délits commis par de$
individus sous V influence alcoolique aiguë ou chronique ;
6* La statistique annuelle des cas d'exemption du service mUiUàre
que Von peut attribuer à V alcoolisme^ agissant soit directement sur le
jeune homme exempté, soit indirectemetit par influence héréditaire.
En présence des résultats sociaux de l'alcoolisme, il nous paraît
inutile. Messieurs, de discuter longuement la question, qui a été
soulevée par des publicistes sérieux, de savoir si l'État a le droit et le
devoir de lutter contre ce fléau. Certains économistes, individualistes à
l'excès, dénient à l'État le droit d'empêcher les citoyens de s'empoi-
sonner avec de mauvais alcools eux et leur famille. Tout au plus
l'alcoolisme. 399
accordent-ils à l'État le droit d'avertir les citoyens et de s'opposer à la
vente des substances trop manifestement nuisibles et falsifiées. Nous
estimons que ces publicistes se trompent, même en partant du point de
vue qu'ils défendent, consistant à dire que l'État est institué uniquement
pour la garantie de la liberté individuelle. Même à ce point de vue qui, h
notre avis, restreint beaucoup trop le rôle de l'État, nous devons con-
stater que la liberté individuelle des citoyens est directement menacée
par les victimes de l'alcoolisme et que ce malheureux fléau, en remplis-
sant nos hôpitaux, nos hospices d'aliénés, nos maisons de travail et de
correction, nos prisons et nos pénitenciers, intéresse très directement
l'État, obligé d'agrandir et de multiplier ces divers établissements
publics. A moins qu'on ne veuille empêcher absolument toute mesure
préventive de sécurité publique, on ne peut empêcher l'État de se pré-
munir contre les envahissements de l'alcoolisme.
Nous ne pensons pas du reste que l'État soit tout-puissant dans la
lutte à conduire contre l'alcoolisme. Sans l'action des individus et des
sociétés libres, l'État sera impuissant, d'autant plus que les mesures
qu'il prendra ne seront sanctionnées par l'opinion publique qu'autant
que celle-ci aura été formée par la libre discussion dans la presse et dans
les réunions publiques, par une propagande active qui ne rentre pas
dans le rôle de l'État.
Nous estimons que l'État doit intervenir essentiellement pour sur-
veiller les endroits publics où se vendent au détail ces boissons, enfin
pour réprimer l'ivresse scandaleuse et l'ivrognerie habituelle.
De plus, l'État, en imposant les boissons alcooliques dangereuses
par leui' qualité ou par leur concentration de manière à ce que leur bas
prix ne rende pas impossible la concurrence des boissons saines et peu
alcooliques, favorisera indirectement la consommation du vin, de la
bière et du cidre au détriment des eaux-de-vie et Uqueurs. L'usage des
boissons fermentées étant moins dangereux que celui des boissons
distillées, il est utile, puisque cela est possible, de restreindre la vente
des secondes pour favoriser celle des premières. Si l'on nous objecte que
nous attentons à la liberté d'industrie, nous répondrons qu'il est
certaines industries insalubres qui, par l'atteinte continuelle qu'elles
portent à la liberté des citoyens, méritent d'être contenues dans de
justes limites.
Nous avons résumé nos conclusions relativement à la lutte h entre-
prendre contre l'alcoolisme comme suit :
La société a le devoir de lutter énergiquement contre le fléau de
l'alcoolisme. Elle doit le faire autant par V action de VÈtat que par
celle des individus et des associations libres.
400 SECTION I. — SÉANCE DU VENDBEDI 8 SEPTEMBRE.
Les moyens à employer par VÊtat sont essentiellement les suivanU:
P Impois sur la fabrication et la vente des boissons distillées, qui
seront d* autant plus élevée que ces boissons contiendront plus d'alcooU
impurs;
2" Droits de patente plus élevés pour les débits qui vendront^ à coté
des boissons fermentées, des boissons distillées ;
3* Surveillance sévère des boissons, tayit fermentées que distilléeSy qui
sont vendues au public, et pénalités élevées frappant les vendeurs de
boissons altérées ou falsifiées ;
4* Législation sévère relative aux établissements ouverts au public
pour la consommation des boissons fermentées ou distillées ;
5** Répression de V ivresse publique habituelle et volontaire. L'action
des individus et des associations libres s'exercera principalement dans
les directions suivantes:
a. Formation de sociétés ayant pour but de combattre l'abus da
boissons alcooliques, tant par V exemple dojiné par leurs membres que
par la propagande en faveur de la tempérance;
b. Fornuition de sociétés d'épargne et de j^révogatu^e ;
c. Formation de sociétés ayant pour but de fournir des logemenU
salubres et à bon marché, de sociétés coopératives pour Vachat des
denrées alimentaires, de boulangeries et boucheries sociales, de cuisinc$
popidaires et de fourneaux économiques ;
d. Encouragements pour la fabrication de boissons saines, économi-
ques et de bonne qualité ;
e. Publication de brochures et ouvrages populaires faisant ressortir
les funestes effets de l'abus des alcooliques et les avantages de la tempe-
rance ;
f. Organisation d'institutions qui puissent remplacer les débits de
boissons et procurer, spécialement à la classe ouvrière, des délassemenU
autres que ceux du cabaret.
Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire, Messieurs, de développer
davantage devant vous les conclusions que nous venons de formuler.
Tout au plus est-il nécessaire de vous donner quelques mots d'explica-
tions pour caractériser le point de vue auquel nous nous plaçons.
Les impôts, sous la forme de droits de douane, de taxes sur la fabri-
cation indigène, de droits de patente, doivent à notre avis avoir pour but
unique de restreindre la consommation des boissons distillées. Nous
exempterions volontiers les boissons fermentées, sauf à ce qu'elles
supportent les frais d'examen et d'expertise nécessaires pour constater
leur qualité. Dès qu'il sera pratiquement possible de constater rapide-
ment la quantité d'alcools lourds, impurs, contenus dans une eau-de-vie,
l'alcoolisme. 401
nous proposons de frapper les alcools et eaux-de-vie impurs, et par cela
même moins coûteux, d'une taxe qui rende leur prix au moins égal à
celui des alcools les mieux rectifiés.
Les progrès de la chimie industrielle ont permis aux falsificateurs et
aux fabricants de denrées alimentaires d'altérer de diverses manières les
produits qu'ils livrent à la consommation. C'est h la chimie scientifique
à venir réparer les méfaits de la chimie industrielle. Partout des labora-
toires d'analyse devraient pennettre aux autorités de punir les indus-
triels qui spéculent au détriment de la santé publiciue.
L'expérience a démontré que l'ivrognerie se cache volontiers dans des
débits de boissons étroits, mal ventilés, dissinmlés dans les ruelles écar-
tées oîi toute surveillance est difficile. 11 est nécessaire que les autorités
soient très exigeantes envers les débitants de boissons, tant au point de
vue de la morahté de ces débitants qu'à celui de l'hygiène des débits.
Nous n'aborderons pas la question fort discutable de la limitation du
nombre des débits d'après le chiffre de la population ; partout où l'opi-
nion publique sera favorable à cette mesure, celle-ci peut avoir des avan-
tages.
Relativement à la répression de l'ivresse publique, c'est également
rétat de l'opinion publique et des mœurs qui indiqueront au législateur
ce qu'il est possible de faire. En tout cas, l'ivresse scandaleuse, causant
un désordre public, devrait être réprimée dans tout pays civilisé. Ce qui
est encore plus nécessaire, c'est de s'occuper de ces alcooliques chroni-
ques qui, sans être jamais ivres d'une façon scandaleuse, sont un danger
perpétuel pour leur famille et pour la société. Sans parler du désordre et
de la misère dans lesquels tombe une famille affligée d'un chef alcooli-
que, nous insisterons sur le fait que ces malheureux ont toujours un état
mental plus ou moins anormal, sont affectés d'hallucinations de nature
triste, et sont sujets à des accès d'emportement dangereux pour eux et
pour les autres. L'Amérique et l'Angleterre ont ouvert des asiles à ces
malheureux; ils s'y rendent volontairement, mais ne peuvent en sortir
librement qu'après y avoir passé un certain temps. Ces hospices d'ivro-
gnes, si on peut les appeler ainsi, ont donné de bons résultats et il est
désirable qu'on en établisse partout.
Relativement à l'action des individus et des sociétés, nous dii-ons
qu'un des buts principaux à se proposer est de relever la condition maté-
rielle des classes pauvres. Beaucoup ne sont conduits à boire que par
rinsuffisance de leur nourriture. Ils boivent pour tromper leur faim. La
misère et l'ivrognerie forment un vrai cercle vicieux ; chacune est à la
fois cause et effet. S'attaquer à l'ivrognerie seule n'est pas suffisant, il
faut combattre aussi la misère et toutes les causes qui la provoquent.
26
402 8KCT10X I. — 8KAXCK DU VEXDKKDl 8 ttEPTKMBRE.
Nous estinioas que l'exemple de la tempérance, donné surtout paniers
hommes en vue, est salutaire. Il faut que les habitudes de certains pays,
dans lesquels on ne peut traiter aucune affaire que le verre en mains,
soient modifiées; elles no le seront que par l'exemple donné de haut. A
ce point de vue, nous ne pouvons qu'applaudir aux efforts de ceux qui
s'abstiennent délibérément de toute boisson distillée. Nous pensons
même que dans certains pays l'abstinence complète de boissons fermen-
tées ou distillées peut être d'un bon exemple. Toutefois, nous ne pouvons
nous associer aux sociétés d'abstinence totale, aux néphaliens, pour les
raisons suivantes : Nous rencontrons l'usage des boissons alcooliques chez
toutes les nations, aussi loin que nous pouvons remonter dans rhistoire:
toutes les peuplades sauvages connues emploient des excitants, le plus sou-
vent alcooliques. La loi de Mahomet, qui proscrivait les boissons fermeu-
tées, n'a pu, malgré sa sanction religieuse, prévaloir contre Tappétit
inné de l'honmie pour les excitants. L'expérience nous apprend qw*
d'autres excitants viennent peu à peu remplacer l'alcool dans les socié-
tés qui l'ont banni de leur sein. Ce sera le café, le thé ; ce sera même
l'éther, l'opium; ce seront d'autres excitants cérébraux, qui, pour n'étn'
pas ingérés, n'en ont pas mohis une action puissante sur le système ner-
veux. Nous avouons que, partisans sincères du précepte hygiénique :
(( Usez de tout, n'abusez de rien, » nous nous tenons en défiance contn^
toute exagération et que, partisans sincères de la tempérance, nous
trouvons Tabstinence excessive.
Ceci dit, Messieui*s, nous terminerons ce trop long exposé, dans
\v([ue\ nous n'avons pu que résumer des faits et des opinions déjà connus,
par le développement des deux dernières conclusions auxquelles nous a
conduit l'étude de la question de l'alcoolisme.
D'après les recherches sur l'action des alcools que nous avons résumées
au début de ce travail, il est démontré qu'une boisson alcoolique est
d'autant plus dangereuse qu'elle contient des alcools plus élevés dans la
série dont la formule est Cn Hj»-{-j 0. Un grand avantage sera donc
obtenu dans le combat contre l'alcoolisme, lorsqu'on aura pu éliminer de
la consommation les boissons contenant ces alcools.
Tour atteindie ce résultat, à notre avis décisif dans la lutte que nous
devons poursuivre, il faut deux conditions. La première, c'est de pouvoir
reconnaître facilement, rapidement, pratiquement, la présence et la
quantité de ces alcools lourds dans un liquide alcoolique quelconque. La
seconde, c'est de pouvoir séparer facilement et rapidement, par des pro-
cédés industriels pratiques, l'alcool éthylique de tous les autres alcools.
L'État ne peut poursuivre par de lourds impôts Talcool amylique et ses
congénères que s'il peut les reconnaître et las doser; il ne peut lesintcr-
L ALCOOLISME. 403
dire absolument que s'il existe ua procédé pratique et économique qui
l)ennette de les éliminer complètement lors de la fabrication de Talcool.
Ceux qui luttent contre l'alcoolisme, sociétés privées et autorités, ont
donc le devoir d'encourager les recherches scientifiques et industrielles
qui donneront la solution des problèmes que nous avons énoncés.
Nous avons vu que les procédés actuels ne nous permettent pas encore
de doser rapidement les alcools lourds. Il faudrait arriver à trouver une
matière colorante, qui, iuattaquée par l'alcool éthylique, fût modifiée
par les autres alco:)ls. En un mot, si nous possédions pour le dosage des
alcools lourds un procédé analogue aux procédés hydrotimétriques pour
le dosage des sels de chaux ou dos nitrites et nitrates contenus dans les
eaux potables, aux procédés employés pour le dosage du sucre par les
liqueurs cupro-potassiques, nous serions satisfaits et considérerions la
qu*\stion comme résolue. Est-elle insoluble V C'est aux chimistes de
ré])ondre, et c'est aux États, aux sociétés de tempérance qu'il appar-
tient de stimuler leur zèle. Des encouragements devraient être égale-
ment accordés à tous ceux qui introduisent des perfectionnements dans
la fabrication des alcools, de façon à les produire purs, exempts de toute
autre alcool que l'alcool éthylique. Récemment deux procédés pour la
rectification des alcools ont été publiés.
Le premier est celui de M. Naudin, qui est mis en pratique près de
Kouen. Il est basé sur l'emploi de l'électricité : une pile par laquelle
passent les flegmes (alcools impui'S) à rectifier décompose en partie
Teau de ces flegmes ; l'hydrogène naissant se porte sur les aldéhydes,
qui, d'après M. Naudin, sont la cause essentielle du mauvais goût des
alcools bruts, et les change en alcools correspondants. Nous voyons
que le procédé de M. Naudin détmit bien le mauvais f/ont, mais n'éli-
mine pas les alcools autres que l'alcool éthylique. Toutefois, pour les
alcools de betterave, M. Naudin est obligé de les soumettre à une
seconde action électrique ; il les fait passer par des appareils électro-
lyseurs actionnés par une machine dynamo-électrique. Les alcools amy-
lique, butilique et propylique sont-ils détruits dans cette seconde opé-
ration, c'est ce que l'analyse des produits obtenus pourrait seule nous
apprendre. L'auteur se borne à dire que ces alcools de betterave sont
égaux aux meilleurs alcools bon goût du commerce. Or nous savons que
coux-ci contiennent encore des alcools toxiques.
Le second procédé, employé dans l'usine de la rue des Immeubles-
Industriels, à Paris, a été découvert par M. le professeur Raoul Pictet,
de Genève. Il est essentiellement basé sur la loi suivante, établie par
M. Pictet. « Pour une même solution d'alcool et d'eau, c'est aux basses
« températures que les vapeurs émises par le mélange contiennent la
r »
404 SECTION I. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
a plus folle proportion d'alcool. » Partant de ce principe, M. Pictet a
résolu le problème de provoquer Tébullition de l'alcool, dans le vide, à
de très basses températures et d'entretenir l'ébullition sans changer la
température i)endant l'opération. 11 en résulte que l'alcool éthylique (1L>-
tillant à une basse température et sous une pression presque nulle, dis-
tille à peu près seul, sans être accompagné des alcools plus lourds qui
ne s'évaporent qu'à une température plus élevée. Le même appai*eil
entretient deux distillations successives. La condensation, h faible pres-
sion, se fait à des températures de 25° à 30° de froid, provoquées par
l'évaporation de l'anhydride sulfureux (machine à glace Raoul Pictet).
La distillation dans la première chaudière s'opère à des températures
variant entre 50° et 00° de chaud, dans la seconde à des températures
variant entre 5° de chaud et 10° de froid ; le réfrigérant à anhydride
sulfureux pouvant produire jusqu'à 40° et même 50° de froid, on dis-
pose pour la distillation d'un écart de températui'e entre les divers
récipients pouvant s'élever jusqu'à 100°. Grâce à cette disposition, ou
peut retirer directement de l'appareil des alcools marquant 08 et 90
degrés à l'alcoomètre centésimal. Les résultats obtenus peuvent se
résumer comme suit : le procédé de distillation de M. Raoul Pictet per-
met d'obtenir à peu de frais et par une double distillation dans un .seul
et même appareil l'alcool éthylique presque entièrement pur, débarrassé
des alcools plus lourds et mélangé à une très faible quantité d'eau. Nous
ne possédons pas d'analyses des produits do la fabrication de M. Pictet
qui nous permettent de juger si l'alcool éthylique ainsi obtenu est ahso'
lumeyd pur ou dans quelle proportion y sont encore contenus les alcools
plus lourds ; il est permis de déduire théoriquement du mode de distil-
lation employé que ces alcools ne peuvent s'y rencontrer qu'en quantités
très faibles. Le procédé Pictet n'est pas encore employé depuis assez
longtemps pour qu'on puisse porter un jugement définitif sur la portée
pratique de cette innovation. Mais ce que nous pouvons reconnaître,
c'est que les données théoriques et expérimentales sur lesquelles il se
fonde sont de la plus haute importance au point de vue de la rectifica-
cation des alcools.
Que ce soit le procédé Pictet ou tel autre qui amve à nous doter
d'alcools purs (et l'on sait ce que nous entendons par là) à un prix égal
ou inférieur à celui des mauvais alcools mis en vente aujourd'hui, lors-
que les marchands n'auront plus l'excuse du bon marché pour offrir eu
vente des produits chargés d'alcool amylique, l'État pourra inter\'enir
pour défendre absolument la vente d'alcools impurs. Lorsqu'on veut
interdire un produit dont la fabrication offre des dangers, ou qui par
lui-même est jusqu'à un certain point dangereux, il ne suffit pas de le
l'alcoolismk. 405
prohiber ; il faut, si c'est un produit nécessaire, le remplacer par un
autre qui offre moins de dangers. C'est ainsi que Ton a pu interdire le
])lanc de céruse alors qu'il a été remplacé par le blanc de zinc. Mais
rinterdiction pure et simple ne conduit à rien : nous en avons fait l'expé-
rience en Suisse à propos des allumettes phosphoriques. On ne détruit
bien que ce qu'on remplace. Loi*sque nous pouiTons remplacer les alcools
que fournit actuellement l'industrie par des alcools absolument purs et
d'un prix égal, nous aurons tout pouvoir pour interdire la distillation
telle qu'elle se pratique actuellement. Nous aurons fait faire un grand
l)as à la solution pratique de la question de l'alcoolisme. Il est donc
nécessaire d'encourager par tous les moyens les inventeurs qui perfec-
tionneront les procédés actuels de distillation.
Nous formulons nos dernières conclusions comme suit :
Toutefois, la lutte contre V alcoolisme n'aboutira à des résultats sérieux
que lorsqu'on aurapu exclure absolument du commerce tout alcool autre
que r alcool éihylique..
A cet effet il est nécessaire :
1** de posséder un réactif chimique qui nous permette de doser exacte-
ment et rapidement, dans un liquide alcoolique quelconque, la quantité
4V alcool non éthylique qui y est contenue ;
2* d'interdire toute fabrication d'alcool qui n* assurerait pas une rec-
tification parfaite des produits obtenus.
En coyuéquence, il est du devoir des États et des sociétés Ulrres qui
luttent contreV alcoolisme d'^encourayer la recherche d'un réactif spécial
]}our les alcools élevés de la série monoatomique et défavoriser de toute
manière la recherche et lu mise à exécution de procédés perfectionnés
pour la fabrication de V alcool.
Permettez-moi en terminant, Messieui-s, de formuler le vœu que la
question de l'alcoolisme, aloi-s même qu'elle est discutée dans des con-
grès spéciaux, continue à figurer à l'ordre du jour des prochains congràs
■d'hygiène. D est nécessaire que tous les hommes éminents qui prennent
part à nos congrès voient leur attention incessamment sollicitée vers
cette question si importante pour l'avenir de notre civilisation. Newton
résolvait des questions difficiles en y pensant toujours, que les hygiénis-
tes pensent toujours au fléau de l'alcool et ils découvriront aussi le
moyen d'y remédier dans la mesure du possible.
400 SECTION I. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
DiseouPH de M. le D** Challan ',
Directeur et médecin en chef de l'Asile cantonal des aliénés du Bois de Cery prés Lausanne.
Messieurs,
Eu preuaut part à la discussiou sur le mémoire présenté par M. Bou-
let, au Congrès d'hygiène, notre but a été de fournir quelques données
sur œrtains points spéciaux, plutôt que d'entrer dans beaucoup de
détails sur l'alcoolisme en général. A cet effet, nous nous sommes occupé
à dessein principalement de^ faits relatifs à la Suisse et surtout au avii-
ton de Vaud.
Le temps limité que nous avons à notre disposition ne nous pennt't-
trait pas d'ailleurs d'entrer dans de grands développements, mais nous
pensons qu'il est utile que chacun fournisse les renseignements qu'il
peut puiser dans sa sphère d'action. Il ne sera pas difficile, plus tard,
de les grouper et d'en déduire des considérations générales pour arriver
à un but réellement pratique.
Nous noas occuperons en premier lieu de quelques données statisti-
ques et spécialement de celles relatives aux cas d'aliénation mentale
causés par l'abus de l'alcool. Nous aurons ensuite à examiner, si cer-
tains symptômes de l'alcoolisme constatés chez les malades de nos asiles»
présentent des différences avec ceux observés autrefois, puis à voir si
ces modifications dans l'aspect clinique de la maladie ne peuvent pas
être rapportées à la nature des boissons consommées actuellement dans
notre pays. Nous aurons donc aussi à nous occuper de ces boissons
elles-mêmes et enfin nous discuterons d'une manière générale quelques-
uns des moyens à employer pour combattre Talcoolisme.
A. De quelques statistiques à établir. — Dans toute la Suisse, l'opi-
nion publique s'est préoccupée depuis une dizaine d'années des progrès
sans cesse croissants de Talcoolisme. On a cherché en premier lieu à se
rendre compte des quantités de boissons consommées, du nombre des
individus atteints, et ce but a été poui-suivi par divers gouvernements
et diverses sociétés. La société suisse d'Utilité publique s'en est occu-
pée particulièrement, et dans plusieurs de ses sections il a été lu d'inté-
ressants mémoires sur ce sujet. Citons par exemple ceux de M. Frank
Lombard (Des restrictions légales à la consommation et à la vente des
spiritueux)^ de M. Constant Bodenheûner (L'alcoolisme en Suisse au
point de vue économique et. fiscal). Dans son assemblée générale de 18^1,
la société suisse d'Utilité publique avait mis cette question à l'ordre du
i/alcoolt8me. 407
jour, et a entendu le travail très consciencieux et très complet do
MM. Roulet et Contesse (Ualcoolisme en Suisse et les moyens d'en
combattre les progrès, publié dans le journal de la société suissse d'Uti-
lité publique 1881). Le Conseil fédéral suisse reçut par arrêté du Con-
seil national, le mandat « d'examiner s'il n'y aurait pas lieu de prendre
par voie d'entente des gouvernements cantonaux des mesures pour res-
treindre la consommation croissante et excessive de l'alcool, puis à pré-
senter un rapport et des propositions à cet égard. »
Par Fuite, le Conseil fédéral a adressé une circulaire à plusieurs
sociétés médicales et autres, dans le but d'arriver à une étude complète
de la question. U s'agit donc, non d'une étude faite, mais de chercher
les meilleurs moyens de préparer cette étude. Les statistiques établies
jusqu'à aujourd'hui sont loin d'être complètes, mais chacun s'est occupé
dans son ressort d'arriver à des chiffres aussi concluants que possible.
La société des médecins aliénistes suisses a décidé dans ses dernières
réunions de 1880 et 1881 d'établir pour tous les cas d'aliénation mentale
des bulletins statistiques uniformes qui seraient adoptés dans les asiles
publics de la Suisse. Les chiffres concernant l'alcoolisme représenteront
donc très approximativement la progression croissante ou décroissante
<les cas de maladies dues à l'alcool.
Il est évident que cette statistique n'indiquera pas d'une manière
absolue le nombre des alcooliques en Suisse, parce qu'il y en a toujours
un trè^ grand nombre qui n'entrent pas dans les asiles d'aliénés. Beau-
coup de cas aigus sont traités dans les hôpitaux ordinaires. Ces cas
cependant pourraient être facilement ajoutés aux précédents, mais un
grand nombre d'autres maUades sont soignés chez eux et il est évidem-
ment très difficile d'obtenir pour ces derniers des renseignements
exacts, leurs familles tenant plutôt à cacher ces maladies qu'à les faiie
connaître. Puis il y a beaucoup d'alcooliques qui boivent en secret, et
lorsqu'ils deviennent malades, la famille attribue à de toutes autres
causes les désordres causés par l'alcool.
Il faut tenir compte encore des cas de psychose qui sont traités dans
les asiles sous d'autn^s dénominations que celle d'alcoolisme, mais qui
ont cependant pour étiologie principale les excès alcooliques, par exem-
ple certains cas de délire systématisé, de paralysie générale, de démence
secondaire, etc.
La statistique annuelle des cas d'aliénation mentale causés par l'al-
coolisme devra donc comprendre :
P Les alcooliques admis comme tels dans les asiles publics et privés.
2** Les cas dérivés de l'alcoolisme, mais entrés sous une autre déno-
mination.
40S sp:ctiox i. — séance du vendredi 8 septembre.
/)" Los cas traités daus les hôpitaux.
4" Les cas traités par les médecins à domicile, ainsi que ceux dont ils
l)euvent avoir connaissance. (Cette dernière rubrique sera toujours
nécessairement incertaine. )
')*» Il faudrait encore ajouter la statistique portant sur l'hérédité,
c'est-à-dire sur les maladies psychiques et les dégénérescences en géné-
ral dues à l'abus des l)oissons alcooliques chez les ascendants directs des
malades. Cette dernière rubrique pourrait faire même l'objet d'une
étude spéciale.
En tous cas, il nous semble (lu'il serait très désirable que, non seule-
miMit en Suisse, mais dans d'autres pays, on adoi)tât une méthode uni-
forme. Nous espérons qu'en Suisse au moins, l'adoption générale des
bulletins statistiques aboutira à des résultats réellement pratiques et
aussi concluants que possible.
Passant maintenant à quelques chiifres spéciaux, nous donnerons en
premier lieu le tableau des alcooliques entrés dans les asiles publics de
la Suisse, pendant les années 1877-1881, soit pendant 5 ans.
Voici ce tableau que nous devons h Tobligeance de M. le D' Fetscherin,
médecin-directeur de l'Asile de Saint-Urbain, canton de Luceme, qui
s'est beaucoup occui)é de cette question depuis nombre d'années.
CANTONS.
ASILES.
NOMBRE DES ENTREES.
Zurich,
\ liurgliozli, . Inrurahles \
f Klieinail, V et chroniques.;^
141
5
Borne,
Waldaii,
44
Lucerno,
Saint-t"rl)ain,
92
Frihourg,
Marsens,
73
Soleure,
IJosegg,
42
Bâle-Vine,
Asile des aliénés.
177
Saint-Gall,
Saint-Birnions])erg,
80
Arpovie,
Ko-nigstoldon,
78
Tliurgovie,
Mùnsterlingen,
60
»
St-Kalharinenthal, (incurahlup.)
1
Vaud,
CVrv,
»
104
Xmichâtel
J'réfargier,
26
Cienèvc,
Hôjiital cantonal (Manque 2 ans 1S80-81).
175
1098
Le total des admissions de tous les cas d'aliénation mentale dans ces
douze asiles, ascende à 7,700 ; ce qui donne une proportion pour les
alcooliques relativement à l'ensemble des cas de 14,26 pour 100.
Il faut remarquer que, dans ce tableau, deux années de Genève man-
quent, et on peut admettre avec M. Fetscherin que, vu la proportion
des cas traités pendant trois ans à THôpital cantonal de cette ville, la
l'alcoousme. ' 409
proportion de 14,20 pour 100 devrait être portée à 16 pour 100 des
admissions totales, si les chiffres de ces deux années nous étaient connus.
Il est à noter que l'Hôpital cantonal de Genève figure dans ce tableau,
parce que l'Hospice des Vernets, qui est l'asile des aliénés de ce canton,
ne reçoit pas en général des alcooliques.
Cette proportion de 16 pour 100 est même beaucoup plus élevée, si
l'on considère certains asiles spéciaux. C'est ainsi que nous trouvons
dans la thèse do M. W. de Speyr (die alcoolischen Geisteskranheiten
ini Basler Irrenhaus) que pendant les trois années 1876-1878, sur 364
admissions à l'Asile de Bâle il y a eu 110 alcooliques, soit le 30,2 pour 100
des admissions générales.
Le tableau est encore plus effrayant si l'on ne prend que les admis-
sions dans le service des hommes, oîi, sur 214 entrées, nous trouvons
100 alcooliques soit le 46,7 pour 100. Les femmes ont un chiffre relati-
vement élevé, puisque chez elles l'alcoolisme est infiniment plus rare ;
cependant, il y a eu 10 alcooliques sur 150 femmes admises, soit le
6,6 pour 100.
Si maintenant on ajoute à cette proportion les malades entrés pour
d'autres maladies mentales, mais chez lesquels l'abus de l'alcool a été
un des facteurs importants de la maladie, on trouve qu'il y a parmi
ceux-ci 34 hommes sur 114 et 8 femmes sur 110, soit le 29,8 pour 100
pour les hommes, et le 5,7 pour 100 pour les femmes, ce qui élèverait
encore notablement la proportion, si ces derniers cas étaient ajoutés aux
autres.
Nous donnons maintenant le tableau des cas d'alcoolisme entrés
dans notre asile de Cery depuis l'ouverture de l'asile, soit depuis le
22 mai 1873 à 1881. Ce tableau montre que la progression a été tou-
jours croissante, sauf pour l'année 1878.
Si nous comparons par exemple les années 1874 et 1881, nous trou-
vons qu'il y a eu durant la première, 10 alcoohques sur 146 admissions,
.soit le 6,8 pour 100, tandis qu'en 1881 nous avons 30 alcooliques sur
148 malades entrés, ce qui nous donne une proportion de 21,6 pour 100,
c'est-à-dire un nombre triple. En 1882, jusqu'au 30 août, nous avons
21 alcooliques (20 hommes et 1 femme) sur 125 admissions, soit environ
le 17 pour 100. Si nous prenons seulement les hommes, nous arrivons
au chiffre de 20 cas d'alcoolisme sur 71 admissions, soit le 28 pour 100.
410
8KCTI0N I. — SKANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
ASILE DE CEHY
TAHLKAII DKS ALCdOLIQl'KS DK 187J (22 MAI) A 1881 I.Vr.U'SlVKMENT.
ENTHÉES
SORTIES
UES MALADES
ANNÉES
1
Hommes i Femmes
1
TOTAL
i Goéris
i
; liore's
1
SUtiM-
nairet
loris
1
Eitréfi Mh
■ 187J (22 mai)
1
4
4
1
— 1
1
91 ; 70
1S74
9 i
1
10
:\
' 3
1
1 !
146 {{{
; 187o
11
\\
14
m
/
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—
3 1
129 , li7
' I87G
11
1
12
4
i :j
I
1 1
127 1 m
1877
15
K>
12
1 «
1 i
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1 1878
8
1
9
4
1 l
1
127 i lii
' 1879
\:\
4
17
«
1 i
: 2
I
140 117
; 18H()
28
4
M
17
7
2
169 175
1881
27
:\
30
19
8
j —
:\
US , m
120
17
143
t
1
1
1237 115 i
Nous avons donc de 1873 à 18s l (abstraction faite de 1882 dont nous
avons parlé plus haut) 1287 malades entrés (se subdivisant en 655 hom-
mes et 582 femmes) parmi lesquels il y a 143 alcooliques (126 hommes
et 17 femmes), ce qui donne une moyenne de 11,5 pour 100, par coust*-
quent inférieure au chiffre de 16 pour 100 indi(iué précédemment pour
la totalité de la Suisse. M<ilheureusement, cette movenne n'est iiifé-
rieure que parce que le nombre des femmes est relativement restreint.
(17 sur 582, soit le 3 pour 100 environ) tandis que pour les homnit?s
nous arrivons au chiffre de 126 alcooliques sur 655 entrées, soit le 19,2
pour 100, et nous venons de voir que pour 1882 cette moyenne atteint
déjà le 28 pour 100.
Les chiffres seraient encore plus élevés, si nous tenions compte du
petit tableau suivant, oii sont indiqués poui* les années 1876-81, les
malades classés sous d'autres rubriques, mais chez lesquels Tabus do
l'alcool a joué un rôle étiologique important. Nous avons éliminé tous
les cas où d'autres causes avaient contribué également à la production
de la maladie.
Voici ces quelques chiffres :
Ani:é<-fl.
Homme.4.
F.'inracs.
Total
187(>
4
0
4
1877
2
0
2
1878
5
1
(>
187i)
•>
0
2
1H80
2
2
4
iHftl
7
1
8
•}'}
2G
l'alcoolisme. 411
'e serait donc encore 2G malades (22 hommes et 4 femmes) que l'on
rrait ajouter au total des alcooliques traités à l'asile. Dans ce der-
• tableau on remarque en outre qu'il manque 3 années (1873-1875)
îes cas n'ont pas été relevés.
'ous sommes encore à môme de donner, d'après les indications qui
s ont été fournies par M. le Dii'ecteur de notre Hôpital cantonal
ud), les chifl'res des alcooliques traités dans cet établissement peu-
t les mêmes années, soit de 1873 à 1881. On voit par là que, si tous
alcooliques du canton étaient traités dans notre asile, la proportion
lit plus que doublée, puisque nous aurions pour 1397 admissions,
alcooliques, soit le 21,7 pour 100. En prenant les hommes seule-
it, le nombre des admissions aurait été de 805, sur lesquelles ii y
ait eu 276 alcooliques, soit le 34 pour 100.
e sont surtout les cas de delirium tremens qui entrent à l'hôpital,
dis que dans notre asile ce sont principalement les cas de folie
>olique et les cas chroniques.
ALCOOLIQUES SOIGNÉS A L'HOPITAL CANTONAL
NOMBRE DES CAS
AltM.
1873
10 hommes.
I.S74
14
V
lfS75
17
»
ISTO
15
»
lf*77
li)
V
IS7.S
14
»
1879
18
»
IHhO
2:5
»
1881
20
»
150 hommes.
1 femme.
4
1
1
1
Total lOO malades.
1
1
10 femmes.
J'eus ne nous étendrons pas davantage sur les statistiques en général,
is avons indiqué sommairement ce qui a été fait en Suisse et de quelle
iiière on pourrait procéder pour arriver à une connaissance complète
faits. Cependant les quelques chiffres que nous venons de citer suffi-
t h démontrer que l'alcoolisme, bien loin de diminuer dans notre
s, tend malheureusement à augmenter d'une manière inquiétant!»,
lous aurions voulu pouvoir nous occuper aussi de la statistique des
nés et délits et des cas d'exemption de service militaire, mais il ne
is a pas été possible encore de réunir les données suffisantes. Ces
:istiques, fort importantes assurément, devront évidemment être
es. Dans notre pays, il serait facile d'amver à ce but par l'intenné-
ire des commissions sanitaires pour le recrutement ; pour les crimi-
?, par les directeurs de pénitenciers, juges d'instruction, magistrats
412 SECTION 1. — SKASO: DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
judiciaires, etc. Il faudrait cntin établir en tous cas d'une façon cx)m-
pR'te les statistiques si bien commencées par MM. Contesse et Roulet
l»our la Suisse, statistiques que nous ne pouvons pas passer en revue et
pour lesquelles nous renvoyons à leur mémoire déjà cité.
B. Des modifications survenues dans les accidents patholoffi/jne^ dm
à V influence de V alcool. — Cette seconde question, sur laquelle nous
nous proposons de nous arrêter quelques iiLstants, est aussi d'une grande
importance. Noas avons pu remarquer d'une manière générale, que les
accidents dus à Tinfluence de l'alcool sont d'une nature beaucoup plus
grave aujourd'hui qu'il y a un certain nombre d'années.
Notre canton est un pays actuellement vinicole. De tout temps, il faut
le reconnaître, la sobriété n'a pjis été une des qualités dominantes de
nos populations : mais il est un fait incontestable, c'est que de nos jours,
la consommation du vin a été remplacée en partie dans beaucoup d'en-
droits par celle des eaux-de-vie de mauvaise qualité. 11 n'y a pas si long-
temps que, dans nos contrées, l'usage de ces alcools était presque
inconnu. On ne consommait, surtout dans la campagne, que de faibles
quantités d'eau-de-vie de cerises (kirsch), de pommes, de poires, de gen-
tiane, délie, de marc, etc., fabriquées surtout à la maison et qui souvent
même étaient plutôt utilisées comme remède que comme boisson. On
citait dans les villages les gens qui buvaient des liqueurs ; aujourd'hui,
dans certains endroits, on cite plutôt ceux qui n'en boivent pas. La
liqueur d'absinthe était aussi d'un usage moins répandu. Dans nos vUles,
la consommation des boissons alcooliques a toujours été beaucoup plus
considérable.
Ce n'est pas d'aujourd'hui seulement que l'on a cherché chez nous à
combattre le fléau de l'ivrognerie ; on a constaté également de tout temps
des accidents assez graves dus à l'abus du vin, alcoolisme aigu, deltrium
tremens, désordres physiques, etc. ; mais les lésions proprement dites
de l'alcoolisme chronique étaient rares. Aujourd'hui à côté des gens
adonnés à l'ivrognerie, nous voyons quantité de gens qui sans se griser
s'empoisonnent cependant d'une façon continue en buvant chaque jour
des quantités même faibles d'eaux-de-vie très toxiques.
D'après les cas que nous avons pu observer dans ces dernières années,
nous avons fréquemment rencontré des différences déjà dans l'alcoolisme
aigu ; l'ivresse même était souvent beaucoup plus violente ; l'individu
plus irritable, souvent même furieux. Le^ effets de l'alcool se dissipaient
beaucoup plus lentement, parfois l'ivresse prenait un caractère analo-
gue aux accidents décrits par Percy sous le nom d'ivresse convulsive,
qui forme, suivant d'autres auteurs, M. Magnan par exemple, n'est
l'alcoousme. 413
qu'un violent accès maniaque différent do TivTesse ordinaire et dû à des
boissons frelatées. M. Speyr dans sa thèse cite aussi deux exemples de
cette forme d'ivresse ; pour l'un des cas il admet encore une autre cause
et le rattache aux psychoses transitoires.
Le delirium tremens apparaît plus vite, souvent même après des excès
moins souvent répétés qu'autrefois, et les cas de mort, par suite d'ivresse
ont certainement augmenté. Il faut donc que l'agent toxique soit beau-
coup plus redoutable.
L'alcoolisme chronique e^t devenu aussi chez nous une maladie fré-
quente et présente un caractère particulier, surtout dans ses manifesta-
tions psychiques. Nous avons par exemple observé beaucoup de cas où
le délire était plus intense, avec des hallucinations continuelles dont le
caractère était presque toujours particulièrement effrayant. Le malade
était habituellement d'aspect farouche, ne supportant pas qu'on lui parle,
et trè§ bruyant pendant la nuit. D'autres fois, il était comme stupide
ou profondément hébété, ne sortant de cette sorte de stupeur que pour
passer souvent à une extrême violence. L'incohérence des idées toujours
excessive, il semblait que l'ijitelUgence était complètement pervertie. Le
tremblement de la langue et des mains, fortement accentué. L'insonmie
toujours très difficile à combattre ; l'action des narcotiques ou des cal-
mants peu marquée ou bien il fallait en employer des quantités consi-
dérables. Le caractère du délire de persécution extrêmement prononcé.
La haine ^e^sentie contre leur famille (les maris contre leurs femmes
surtout) très marquée. Chez plusieurs d'entre eux nous n'avons pas
observé de caractère professionnel du délire ; il semblait que le trouble
de l'intelligence était tellement profond que les idées délirantes devaient
être très confuses. Les pupilles très dilatées, parfois inégales. Les trou-
bles de seQgibilité généralement très accentués, l'anesthésie parfois
complète ; les troubles sensoriaux, surtout ceux de la vue et de l'ouïe
aussi très intenses ; fréquemment tendance au suicide.
Ces malades étaient assez souvent aussi très malpropres, mangeaient
d'une façon dégoûtante, se salissaient fréquemment et allaient parfois
jusqu'à avaler leurs excréments: il semblait alors qu'ils avaient atteint
le dernier degré de la démence. Les désordres physiques atteignaient
la plupart des organes et étaient ceux que l'on retrouve indiqués dans
tous les auteurs qui se sont occupés de cette question.
Il arrive assez souvent que des malades sont envoyés à l'asile avec dia-
gnostic de paralysie générale, mais avec un examen attentif, on peut
reconnaître qu'il ne s'agit en réalité que de malades atteints d'alcoolisme
chronique. Ceux-ci ont parfois, comme les paralytiques au début, des
idées de grandeur, la démarche hésitante, l'embarras de la parole etc.,
411 8KCTI0X I. — 8KAXCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
et le diaji:nostic est parfois assez difficile à faire. Ou sait du reste que la
l)aralysie «générale peut avoir i)armi ses causes principales les excès
alcooliques.
li'L^sue (les cas d'alcoolisme chronique que nous avons ol)St»rvés a été
souvent la démence secondaire, quelquefois une amélioration relative qui
a pu menu? parfois être assez accentuée, pour faire croire à une guérison
apparente. Dans quelques cas, malheureusement très rares, la ^érison
a été ('omi)lète.
La mort est aussi une des terminaisons fréquentes de ces cas. Ce sont
surtout les lésions pulmonaires et tout particulièrement la phthisie qui
nous ont donné le plus p^rand nombre de décès. Beaucoup de nos collè-
gues, pratiquant dans le canton ont fait cette môme remarque. Les «autres
dégénénîscences ainsi que la cirrhose ont été plus rarement constatées
comme cause innnédiate de mort. Dans le tableau que nous avons douné
auparavant, les guérisons ont porté surtout sur les cas de délire alcooli-
<|ue simple avec lésions i)hysiques peu avancées.
Il y a (juelques années, les cas graves étaient infiniment moins nom-
breux. On constatait Ix^aucoup plus souvent le delirium tremsns, le
délire alcoolique aigu et dans les cas qui tendaient a devenir chroui-
(pies, une excitation en générîil moins forte, des idées délirantes moins
accentuées, quelquefois gaies, avec des moments lucides plus fréquents;
t'u résumé une gravité beaucoup moins grande dans tous les symptômes.
On comi>rendra que nous devions passer rapidement sur tous Ci»s
points. Nous n'avons voulu qu'indiquer très sommairement les diffé-
rences constatées entre beaucoup de cas actuels et ceux que nous
avions l'habitude d'observer autrefois. Nous devions rechercher quelles
étaient les causes de cette aggravation, et nous croyons que panni
c<»lles-ci il faut placer au premier rang la différence des boissons
consommées actuellement.
C. Nature (les hoissoyis consommées dans le pays. — D existe à
Lausanne d(»puis 1878 un laboratoire destiné au contrôle des boissons
consommées dans le pays. Ce laboratoire est dirigé par M. Bischoff.
professeur de chimie, qui a eu Tobligeance de nous communiquer
quelques-unes de ses recherches. Nous aurons l'occasion de les indiquer
plus loin.
On consomme dans notre canton surtout des vins blancs qui ont cKi
dans le pays. Ces vins, ou du moins les principaux d'entre eux, sont
sains, et contiennent simi)lement de l'alcool vinique et une quantité
variable (mais toujours excessivement faible) de différents éthers
composés, entre autres d'éther cenanthylique dont il est à peine néces-
l'alcoolisme. 415
silire de tenir compte dans l'analyse. Ces éthers se trouvent aussi dans
les vins rouges.
L'éther œnanthylique, composé compl(»xe de divere alcools et de
divers acides élevés de la série grasse, ne paraît pas avoir une influence
toxique spéciale, c'est du moins ce qui résulte des recherches de
ilM. Lussana et Albertoni. Nous trouvons cette dernière indication
dans l'excellent ouvrage de MM. Dujardin-Beaumetz et Audigé
(Recherches expérimentales sur la puissance toxique des alcools).
ANALYSES
de q u'l(|nes siiis du canton de Vaiul de 18S1. faites au lahonitoiri
du ('ontnVe d^s hois'^ons.
DÉSIGNATION
^ E
o ^
c c
o >
< =
o
o
c
c
c
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c
o. £
Si ^
Diillier 10,1
CInnjrins 10.^
T;irl«';.'nii!s lO.i
Crocliet H)A
Malesserl 1().:J
St-Prex blanr, 9.()
Id. roujj» 10,0
Bmvillars.. 8,8
(Champagne 7.3
i )r)w blanc \Ki
Id. rouî,'e 9,9
Lausmne * 9.4
Id. « 9,r>
Bmd?reUes !!!!!!! ifÛ
lUez iO,:i
K:)esses 10.0
Tr.»ytorrens 10.4
i'heiiaux 9.7
! Dôzalev (vitle)* 11,7
Id. * V... 11,1
Id. 11.0
Kivaz 10,!2
riiexbres 9,7
Burijjnon* 10.8
r.orseaux 9.3
Id 10,0
Monlreux 10,i
Villeneuve * 10,8
Id. • 10,3
' Yvorne 10,2
Id. ' 11.0
; Aizie 10,0
H\ » 9,7
H a
8.il
8.37
8,37
8.39
7.7:2
8,0 i
7.0 <
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7.9t)
7,04
8;2i
8.29
8,04
8,37
7,S0
9,44
8,95
8.87
8,21
7.80
8,70
7,48
8,04
8,21
8.70
8.29
8,21
8,87
8.54
7.80
17.72
19.(H
18,:)()
20.6S
17.80
13.8)
^4.12
18.80
14.14
16.24
24,84
19,08
18.20
18.10
21,04
13;:)2
19.-
13.()4
13;(K';
15.51)
16,90
16,0S
17,04
14.70
18.44
18.92
i).;>2
18.92
16.16
18,8t)
23.08
16;32
15;24
16^40
1.08
1,6S
1.32
1,3^
1,32
1.28
2,4S
1,68
1,56
1,20
2.20
1,48
1.52
1.52
1,50
1,24
1,32
1.54
1,40
1.92
1.84
1.89
1.65
1,56
1,72
1,56
1.4S
1 ;52
1,60
1.56
1,44
1.36
1.27
1,42
2.48
2,6 V
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2.8 <
2,70
2,SS
2.8S
3 4<)
3.57
3,12
3.8^
3,13
2 86
3.24
2,8-^
2,76
3.12
3.2)
2,68
2,56
2,93
3,84
2,8H
3.32
2.98
2.90
2,8 -J
2,4S
2,35
102
12.5
9.3
io;3
9.3
9.3
1L7
10.5
9.7
10.1
13,7
10.3
lOJ
10,5
11,4
9.3
10.7
8.0
8.5
9:4
9,2
9.0
8.6
9.5
10.4
11.5
8.6
8 5
8.0
10.8
13.2
8,5
7,8
8,9
I > Bon-Abri. — « Villars. — » Paleyrcs. --
— • Clos des Moines. — ^ Clos du Hocher.
* Pris en décembre. — * Vignes de l'Hospice.
— 8 Chiôtres.
41 fi * SECTION I. — SKANCK Dr VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
Nous donnons ci-dessus le tableau (publié il y a quelque temps dé^)
Avs analyses dcî quelques vins du canton, analyses faites par M. le pro- § i
fesseur Bischotf. •
On a attribué quelquefois aux vins blancs une action toxique spéciale.
Quant à nous, nous avons remarqué que les vins de notre pays avaient
tout au plus une action excitante légèrement plus forte que celle dfô
vins roup:es. Le fi:oût spécial des vins blancs porte plus facUement à eu
faire à jeun une consommation plus forte. C'est cette deniière circou-
stance qui pourrait peut-être expliquer leur action plus intense et avoir
fait imxUyo ridée qu'ils produisent plus d'accidents que les vins rouges.
En outre, ces derniers étant plus astringents seraient moins facilement
absorbés et i)ar conséquent mieux supportés à force et à doses égales.
Tant qu'on s'est borné dans notre canton à consommer surtout les
vins du pays, des cas d'alcoolisme chronique étaient rares, et comme
l'ont très bien fait remarquer plusieurs auteurs, entre autres M. Lunier
et M. Ilabuteau, l'alcoolisme chronique serait pour ainsi dire inconuu si
l'on ne consonmiait que des vins purs.
Malheureusement, par suite d'une série de mauvaises années et pour
d'autres causes encore, nos vins ont considérablement haussé de prix,
et la consommation des vins fabricpés et autres boissons (telles que les
mauvaises eaux-de-vie) a notablement augmenté. Les vins fabriqués avec
des raisins secs ne sont pas toujoui-s très toxiques, ils sont souvent de
mauvaise qualité et peu agi'éables à boire, mais ils ne deviennent dan-
gereux qu'autant qu'on y ajoute certains alcools. Or, précisément,
comme le but à atteindre est de fournir une boisson assez forte, mais
bon marché, on emploie spécialement pour cela les alcools élevés de la
série, souvent non rectifiés et dont la puissance toxique a été si bien
mise en lumicre par les travaux de MM. Dujardin-Beaumetz et Audigé.
La fabrication des vins augmente énormément chaque année dans
notre pays. Il serait important de déterminer exactement quelle est la
quantité des alcools qu'on y ajoute et quelle est leur nature.
Le vinage des vins ne se pratique guère chez nous sur les vins du
canton, ou si on y ajoute de l'alcool, c'est en quantité si faible qu'il
n'y a i)as lieu d'en tenir compte. M. le professeur Bischoff a examiné
beaucoup de vins qu'il a trouvés plus ou moins mauvais, mais sans
pouvoir constater un vinage spécial.
Par contre, il s'est introduit dans notre pays une grande quantité de
ces mauvaises eaux-de-vie contenant beaucoup de fusel (composé com-
plexe d'alcools et d'éthers élevés dans la série) et qui sont vendus à des
prix excessivement bas, jusqu'à 00 et même 30 centimes le litre. Les
l'alcoolisme. 417
eaux-de-vies vendues à un prix plus élevé, sont rectifiées avec divers
appareils, enti-e autres celui de M. Raoul Pictet. Elles sont ordinaire-
ment à peu près débarrassées du fiisel, mais contiennent encore de l'al-
cool butylique et amylique.
Les bons cognacs du reste contiennent toujours de l'alcool propylique,
qui peut-être leur donne la finesse de goût. Ce serait la gousse de raisin
qui fournirait surtout cet alcool. Le cognac absolument rectifié par l'ap-
pareil de M. Pictet, contient, d'après M. Bischoflf, moins de ces alcools,
mais est aussi moins agréable au goût.
L'eau-de-vie de cerises (kirsch) fabriquée dans notre pays, ne contient
que des traces de fùrfiirol et de fiisel. Cette quantité augmente cepen-
dant, si l'on surchauffe un peu à la distillation, mais néanmoins la quan-
tité n'en est pas assez considérable pour pouvoir amener des accidents
sérieux. Il faut ajouter que cette liqueur étant habituellement chère (4 fr.
le litre), la consommation en est relativement restreinte, et ce n'est que
ians les mauvaises imitations que l'on trouve des produits dangereux.
On distille aussi maintenant beaucoup plus qu'autrefois de l'eau-de-
vie de marc de raisin, contenant, d'après M. Bischoif, beaucoup de fiisel
at de fiirfiirol, lorsqu'elles ne sont pas parfaitement rectifiées. M. Dujar-
lin-Beaumetz attribue à cette eau-de-vie même rectifiée une puissance
toxique supérieure à celle de l'alcool éthylique ou vi nique. Cette eau-de-
vie peut contenir, si elle n'est pas distillée avec des appareils perfection-
nés, une huile particulière, appelée huile de raisin, dans laquelle on trouve
ie l'alcool heptylique, de l'alcool octylique ainsi que de l'alcool propyli-
jue et amylique. L'alcool œnanthylique ou heptylique aurait une action
toxique différente de celle de l'alcool éthylique et il augmente la puis-
sance toxique de ce dernier, lorsqu'il est mélangé avec lui. D'après
M. Basset, cité par M. Dujardin-Beaumetz, une ivresse plus féroce et des
accidents cérébraux graves seraient dus à la présence de cette huile de
raisin.
La distiOation d'eau-de-vie de pommes de terre n'est pas beaucoup
pratiquée, dans notre canton, mais bien dans d'autres parties de la Suisse
3t surtout dans le canton de Berne. Elle contient, comme on sait, surtout
ie l'alcool amylique dont la puissance toxique est si considérable.
L'alcool méthylique n'est pas usité chez nous et n'a par conséquent
pas été constaté dans nos boissons. Quant à l'acétone, il a été rarement
employé dans la fabrication des vins ; du reste il les défigure trop.
La consommation des eaux-de-vie en général s'est accrue d'une façon
extraordinaire dans toute la Suisse, puisque M. Bodenheimer, dans ses
^culs, l'estime à 20 millions de litres par an. Nous n'entrerons pas à
'jet égard dans plus de détails, tous ces faits ayant été déjà établis, pour
27
418 SECTION 1. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
ce ([xii concerne la Suisse dans les rapports de M. Bodenbeiiuer, de
MM. Uoulet et Comtesse, de M. Lombard, etc.
En ce qui concerne notre canton, la question a été soumise au Grand
Conseil, afin de se rendre un compte exact de l'étendue du mal et des
moyens d'y remédier. Depuis l'établissement du contrôle des boissons,
une quantité de fraudes ont pu être dévoilées, cependant les inspections
n'ont pu être suffisanmient étendues, pour remédier à tout le mal.
La bière, soit fabriquée dans le pays, soit importée, entre maintenant
pour une bonne part dans la consommation habituelle. Nous avons aussi
cherché à savoir, si surtout dans les l)ières importées il n'y avait pas
également des alcools toxiques. On n'a rien constaté chimiquement jus-
qu'ici. 11 est possible et même propable que l'on ajoute parfois à la bière,
soit pour la faire voyager, soit pour la conserver, une certaine quantité
d'alcool qui sera nécessairement pris dans les alcools bon marché, par
conséquent plus impurs et plus toxiques.
Si cela n'a pas été constaté chimiquement dans le laboratoire de Lau-
sanne, nous avons pu cependaiit remarquer à plusieurs de ces bières
importées certains effets spéciaux, qui indiquaient qu'elles devaient bien
réellement contenir une dose d'alcool plus considérable, par exemple
une excitation assez marquée qui ne se produirait pas avec des quantités
même beaucoup plus considérables de bière bien fabriquée, de la cépha-
algie avec une ceilaine constriction aux tempes, un arrière-goût à la
gorge, un léger catarrhe stomacal, etc. Cependant nous ne croyons pas
que la consommation de cette boisson pourrait réellement conduire à
l'alcoolisme chronique, au moins dans notre pays.
Quant aux autres falsitica,tions que la bière peut subir ailleurs, nous
n'avons pas à nous en occuper, les bières que l'on fabrique chez nous
étant généralement de bonne qualité.
Les vins rouges consommés dans le pays viennent surtout de l'étran-
ger. Là, on a constaté parfois un vinage assez fort, avec des alcools de
mauvaise qualité et des falsifications nombreuses. L'importation nous
amène une quantité de mélanges sous le nom de vins rouges, mais nous
ne croyons pas non plus que c'est là qu'il faille chercher la cause de
l'aggravation de l'alcoolisme chez nous, qui, en dehors des causes mora-
les et sociales, doit bien être imputé à la consommation toujours plus
forte des mauvaises eaux-de-vie.
Le vermouth et l'absinthe sont aussi des liqueiurs dont la consomma-
tion augmente chaque jour. Le vermouth n'a pas été étudié très spécia-
lement, mais bien l'absinthe.
L'absinthisme joue donc aussi dans notre pays un certain rôle à côté de
l'alcoolisme chronique. Les travaux que nous avons faits autrefois avec
l'alcoolismk. 41 î>
LOtre maître et ami, M. Magnau, nous avaient déjà démontré qu'il se
»roduit des accidents couvulsifs graves que nous avions désignés sous le
koiii d'épilepsie absinthique. M. Lancereau et plus récemment M. Léon
îautier ont étudié la question surtout au point de vue des accidentés
hrouiques. Us ont noté dans ces cas une grande impressionnabilité, des
lallucinations de la vue et de l'ouïe, plus effrayantes encore que celles
le l'alcoolisme, des phénomènes douloureux, entre autres de l'hyperal-
çésie dans la région ovarienne, les extrémités et le rachis, des troubles
leiisitifs et moteurs, etc. La mort par phthisie pulmonaire était souvent
a terminaison de l'absinthisme. Ces auteurs ont cru voir que les acci-
leuts convulsife se rapprochaient plutôt des convulsions hystériques ;
nais sans vouloir mettre en doute les faits avancés par ces deux auteurs,
es observations que nous avons pu dès lors faire à Cery, ainsi que celles
lui nous ont été communiquées par d'autres confrères, nous ont confirmé
lans notre manière de voir, à savoir que ces accidents convulsife avaient
ine analogie beaucoup plus frappante avec l'épilepsie ([u'avec l'hysté-
•ie. Nous regrettons que le peu de temps qui nous est accordé pour trai-
ter cette question ne nous permette pas de les relater ici.
Nous avons enfin cherché à savoir si l'aggravation de l'alcoolisme
ivait amené une progression croissante des cas de paralysie générale,
maladie relativement rare dans notre pays. Nous n'avons pas constaté
|ue le nombre des cas ait augmenté dans ces dernières années.
A notre grand regret, nous devons laisser de côté l'étude des causes
morales et sociales qui peuvent avoir contribué chez nous â l'extension
le l'alcoolisme chronique. Cette étude nous entrainerait bien au delà
fies limites fixées. On pourra juger cependant quelle influence un boule-
versement social peut avoir sur Taugmentation des excès alcooliques
par l'exemple suivant :
MM. Magnan et Bouchereau ont constaté, dans la statistique des
alcooliques entrés au bureau des admissions à Saint-Anne (Paris) pen-
dant les mois de mars à juin 1870 et les mois correspondants de 1871,
que, après la Commune de Paris, la proportion des alcooliques monta
dans le mois de mai 1871 jusqu'à 48 pour 100 ; tandis qu'en 1870, à la
même époque elle atteignait le 26,92 pour 100 du nombre total des
admissions, soit à peu près la moitié moins.
D. De quelques moyens propres à cotnlaitre Valc^isme. — M. le
ly Roulet, dans les conclusions de son travail, cite une série de moyens
propres à combattre les progrès toigours croissants de l'alcoolisme. Ces
moyens ont été très bien développés dans le mémoire qu'il a présenté
ivec M. Comtesse à la Société suisse d'utilité publique en septem-
420 SECTION I. — SEANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
bre 1881. Ils se subdivisent en moyens employés par TÉtat et en
moyens employés par les individus et les associations. Répéter tous ces
points en détail pourrait paraître superflu et inopportun, et nous insis-
terons seulement sur quelques-uns qui nous paraissent le plus propres à
atteindre le but.
Un des premiers serait rétablissement par TÉtat de contrôle»
multiples, c'est-à-dire de laboratoires dans lesquels les boissons fermen-
tées ou distillées puissent être analysées avec soin par des hommes^
spéciaux. Nous savons qu'il en existe de semblables dans divers pays et
plusieurs grandes villes et que Ton a déjà découvert une quantité
innombrable de falsifications et de sophistications de tous genres.
Nous avons eu déjà Toccasion de dire qu'im contrôle semblable existe
dans notre pays depuis 1878. Or, les services qu'il a rendus sont déjà
très considérables. Outre les boissons examinées d'office, chaque per-
sonne peut facilement et à très peu de frais faire examiner celles qui loi
paraissent douteuses.
U serait désirable que ces institutions se multiplient de plus en plus
et qu'il en existât non seulement dans toute agglomération importante,
mais que les produits consommés dans tout le pays, puissent y être
facilement envoyés. Nous ne demandons pas que chacune des boissons^
débitées dans le pays, soit préalablement examinée, cela serait d'une
impossibilité absolue, mais nous voudrions que chaque fois que l'État
le désire ou qu'un particulier le demande, un examen pût avoir lieu sans
difficultés.
Il faudrait qu'il existât également des Commissions d'inspectiou
chargées de visiter de temps à autre les diflérents débits, de recueillir
les boissons et de les transmettre aux divers contrôles. Ces inspections
devraient être les plus fréquentes possibles, le plus souvent elles
devraient être faites d'une façon inattendue et pas toujours par le>
mêmes personnes et dans les mêmes endroits. Ces conmfiissions auraient
non seulement pour but de rechercher elles-mêmes les boissons dans les
différents débits, mais aussi de faire connaître l'existence de ces con-
trôles et d'engager les consommateurs à faire examiner les boissons qui
leur sont vendues. Il est certain que l'on ne pourra pas ainsi découTrir
toutes les fraudes, mais lorsque les fabricants et débitants de liqu^irs
dangereuses, falsifiées ou altérées, se sentiront sous le coup d'une
menace continuelle, ils seront moins tentés de se livrer à leur fabricatiou
nuisible. Il va sans dire que, non seulement des peines sévères doivent
être instituées, mais il faut que les produits de mauvaise nature soient
détruits et que la fabrication soit rendue impossible. Après un petit
nombre de contraventions, il faudrait que ces distilleries et ces déUts
l'alcoousme. 421
puissent être fermés pour un temps plus ou moins long. L'interdiction
absolue de fabriquer, ou de vendre des boissons distillées ou fermentées,
serait faite à un individu qui, ayant été déjà une fois Tobjet d'une inter-
diction temporaire, serait de nouveau pris en contravention.
On pourrait nous faire l'objection que ces inspections nécessiteront un
I>ersonnel considérable, mais nous ne croyons pas que cela soit absoUu-
ment nécessaire. U suffit que les inspections soient faites consciencieu-
sement et parmi les personnes chargées de les faire, on peut employer
nombre d'agents chargés déjà d'autres fonctions.
Ces contrôles ne sont donc pas un moyen nouveau, mais comme nous
les croyons très utiles, nous voudrions qu'on les établit en plus grand
nombre possible dans chaque pays.
Un second moyen consisterait à restreindi*e considérablement le
nombre des débits de boissons, surtout de ceux où l'on vend des boissons
<listillée8. n existe par exemple une quantité de petits établissements
<j[ui ne sont ni des cafés, ni des auberges, et où l'on vend journellement
<l'énormes quantités de spiritueux. Ce sont en général de petits maga-
sins, petites épiceries, etc., où l'on vend n'importe quoi. Il est vrai
<lu'on ne pwt pas consommer les liqueurs surplace, mais on les emporte
•chez soi et le mal n'en est que plus grand. Dans notre pays en particu-
lier, il en existe une quantité considérable et l'on peut certainement
affirmer qu'ils sont une des causes principales de la propagation de
l'alcoolisme. Us ne paient guère que des patentes insignifiantes et
échappent facilement à tout contrôle.
En établissant dans tout pays, où cela n'existe pas encore, un système
<le patentes extrêmement élevées pour le débit de ces boissons, on en
diminuerait certainement beaucoup le nombre. Les fraudes, c'est-à-dire
le fait de se soustraire à la patente devraient également être punies très
rigoureusement. Si le nombre de ces établissements diminuait, les
moyens de contrôle et de surveillance en seraient d'autant plus faciles.
Nous voudrions pouvoir appuyer l'idée de M. Roulet, lorsqu'il propose
d'établur des impôts sur les boissons distillées, impôts devant être
d'autant plus élevés que les alcools sont plus impurs. Mais nous nous
demandons s'il ne serait pas extrêmement difficile d'examiner tous ces
alcools et de constater leur degré d'impureté. Etablir un impôt basé sur
la proportion des impuretés des alcools semble un système très compli-
qué. Le contrôle serait excessivement difficile sinon impossible. Nous
comprendrions même qu'on frappât de droits très élevés la vente de
certains alcools, par exemple les alcools élevés de la série.
Dans certains pays les droits sont excessivement forts, mais chez nous
il n'en est malheureusement pas ainsi. — Là où nous sommes car c<)atte.
422 BECTION I. — 8KANCE DV VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
d'accord avec l'auteur du mémoire, c'est lorsqu'il demande que les
débits de boissons ne puissent être ouverts qu'autant qu'Os présentent
certaine^s conditions de salubrité, c'est-à-dire de ventilation, d'espace,
de lumière, etc. En pratique cependant, cela présentera aussi de im
grandes difficultés.
Nous sommes de son avis aussi, quand il demande que Tautorisation
d'ouvrir des débits de boissons ne soit accordée qu'à des gens présentant
certaines garanties de moralité et d'honorabilité. Or, pour les petii<
établissements du moins, c'est souvent le contraire qui arrive ; nous
avons pu le constater souvent. Quand un individu ne sait plus qu'entre-
prendre, qu'il a échoué dans toutes ses entreprises, il se hâte d'ouvrir
un petit cabaret où il peut continuer ses habitudes de fainéantise et
peut même se faire payer à boire par ses clients. On peut juger combien
un individu pareil aura de scrupules, lorsqu'il s'agira de vendre des
boissons frelatées ou nuisibles. Nous voudrions aussi que les débitanfe^
fussent limités dans la vente aux enfants, aux gens en état d'ivresse
manifeste, etc., et que partout où cela n'existe pas, une loi donnât à cet
égard des instructions sévères en rendant responsables les tenanciers de
ces débits.
Quant à l'ivresse, nous avons depuis longtemps soutenu la thèse
qu'elle ne doit qu'exceptionnellement, en cas de délit, être considérée
comme une circonstance atténuante. Pour nous, nous admettons qu'un
individu qui se met habituellement et volontairement en état d'ivresse,
lors même quïl sait qu'il peut devenir violent et commettre des actes
répréhensibles, ne peut nullement être considéré comme irresponsable,
s'il commet un crime ou un délit pendant ce temps-là. Il est d'autant
plus coupable qu'il s'est exposé volontairement à le commettre. Noas
considérons ce fait plutôt comme une circonstance aggravante. Il faut
en tout cas réagir énergiquement contre la tendance qu'on a générale-
ment d'admettre que l'ivresse excuse tout.
Quant à la répression de l'ivresse, nous sommes d'accord avec l'auteur
qu'elle ne doit être punie qu'autant qu'elle cause vraiment un scandale
public.
Tous les moyens que nous avons indiqués sont en définitive plutôt des
moyens de répression, mais malgré la plus active surveillance on serait
loin d'atteindre le but si l'on n'avait pas une compensation à offrir aux
gens que l'on veut faire renoncer à leurs mauvaises habitudes. Et ici
l'action de l'État peut être très efficace. Ce moyen consiste à favoriser
de tout son pouvoir la production de boissons saines, agréables et éco-
nomiques. Nous ne voulons pas du tout dire que l'État doive se mettre
en lieu et place du producteur ; il doit simplement le faciliter lorsqu'il
i/alcdousmr. 428
•
livre au public des boissons saines et de bonne qualité (vin, bière, cidre,
etc.) Lies taxes sur ce genre de boissons devront être aussi faibles que
possible. Si la production du pays est insuffisante, il faut faciliter Tim-
portation de bons produits étrangers en abaissant les tarifs, sans toute-
fois nuii'e à la production nationale.
Nous croyons que le fait d'encourager vivement, soit avec l'aide de
l'État, soit par l'initiative des individus et des sociétés, la production
des boissons saines et à bon marché (bière, cidre) est un des plus puis-
sants moyens d'arriver au résultat. La fabrication de la bière devrait
surtout être encouragée, mais en même temps très surveillée à cause
des nombreuses falsifications possibles.
Tous les moyens indiqués par M. Roulet concernant l'action des indi-
vidus et des associations libres peuvent avoii* d'excellents résultats,
surtout celles qui ont pour but d'améliorer les conditions sociales
de l'individu. Moins il y a de marasme dans les affaires, plus l'alcoolisme
diminue. En effet, si l'alcoolisme engendre la misère, oh peut dire aussi
([ue le contraire est parfaitement vrai.
Quant aux sociétés de tempérance, nous croyons que si l'intention est
louable, le but qu'elles se proposent n'est pas souvent atteint. L'excès
dans un sens ne corrige pas l'excès dans l'autre sens. Dans notre pays ,
les sociétés comme celles qui existent en Angleterre iraient droit à
rencontre du but proposé. Nous sommes de ceux qui croient qu'il vaut
mieux habituer les gens à l'usage modéré qu'à vouloir les forcer à
l'abstinence complète.
Un moyen qui a été aussi essayé est celui de fonder des cafés dits de
tempérance où l'on vend à des prix relativement très bas des boissons
non alcooliques et généralement de très bonne qualité. Nous avons vu
plusieurs de ces établissements qui fonctionnaient très bien et donnaient
de bons résultats. Mais pour pouvoir livrer de très bonnes consomma-
tions à un prix aussi modéré, il fallait que ces établissements fussent
soutenus par des fonds spéciaux, ne pouvant pas vivre de leurs propres
ressources. Si nos renseignements sont exacts, il en est ainsi pour la
plupart de ceux que nous avons visités. Au point de vue pratique, ce
n'est pas un moyen qui puisse se généraliser, parce qu'il n'y a pas
d'équilibre entre le rendement et les dépenses occasionnées. Si, au con-
traire, ces établissements pouvaient subsister par eux-mêmes, on ne
saurait trop les recommander.
Quant aux autres moyens préconisés par les associations et sociétés
qui se sont occupées de la question, tels que conférences, brochures,
formation de sociétés de prévoyance, d'épargne, etc., ils auront certai-
nement une influence des plus heureuses, mais nous ne voulons pas
entrer en discussion sur ce sujet déjà tellemeul èlMdxfe.
424 SECTION I. — 8KAKCE DU VSimREDI 8 SEPTSafBBE.
Enfin, M. Roulet voudrait que Ton pût arriver à exclure du eon-
merce tout autre alcool que Talcool éthylique, que Ton pût parvenir!
trouver un réactif qui permette de doser exactement et rapidement dans
un liquide alcx)olique quelconque la quantité d'alcool non éthylique.
U serait en effet très heureux de posséder ce réactif, mais de l'avis de
beaucoup de chimistes la question est extrêmement difficile à résoudre.
Le dosage exact et rapide est presque impossible. Voici quelques-uns des
moyens qui ont été employés jusqu'ici pour chercher le fiisel.
P Procédé Chevalier. — Mélange à parties égales d'alcool et d'acide
sulfiirique concentré. Le mélange brunit par suite de la carbonisation
d'une matière huileuse qui y e^t contenue. Peu employé.
2** Procédé Edouard Adam. — On emploie l'action du nitrate d'ar-
gent et de la lumière. Il se forme lorsqu'il y a du fusel un précipité noir
occasionné par la présence de l'huile spéciale.
3** Procédé Stmi. — On place du chlorure de calcium réduit en petits
morceaux dans un bocal et on l'humecte avec l'alcool amylique. On le
recouvre d'une plaque de verre et bientôt après on remarque le goût
d'huile de pommes de terre.
4" Procédé Jorrissoyi. — On ajoute à l'alcool amylique quelques gout-
tes d'aniline et 4 à 5 gouttes d'acide chlorhydrique étendu de son volume
d'eau, on agite le mélange; s'il y a du fiisel, il se produit une belle colo-
ration rouge.
5** Procédé Casali. — En évaporant un alcool impur sur de l'acétate
de soude desséché et traitant le résidu par Tacide sulfiirique, on développe
ainsi une odeur de fraise ou de poire.
Les procédés suivants m'ont été indiqués obligeamment par M. Brun,
professeur de pharmacologie à l'Université de Grenève.
6** L'alcool est étendu de son volume d'éther rectifié pur, le tout addi-
tionné d'un égal volume d'eau, l'étber surnage alors tenant en dissolu-
tion l'alcool amylique qu'il laisse à Tévaporation et que ses caractères
permettent de reconnaître. Ce procédé est usité dans le commerce,
mais si les alcools sont rectifiés, la réaction n'est pas sensible, il faut,
pour qu'elle se produise, une assez grande quantité d'alcool amyUque.
T* V\\ alcool du commerce contenant du fiisel se colore en rouge
avec une liqueur composée de trois parties d'alcool pur et d'une d'acide
sulfurique concentré. L'alcool du vin ou du blé rectifié reste incolore.
8** Le réactif suivant est très sensible et a permis à M. Brun de con-
stater la présence du fiisel dans le sang contenu dans le cœur d'un indi-
vidu ramassé mort sur la voie publique ; on trouva à côté de lui une
bouteille à peu près vide qui.contenait encore une petite quantité d'eau-
l/ ALCOOLISME. 425
de-vie chargée d'alcool amylique. C^est ainsi que M. Brun fut amené à
nechercher le fiisel dans le sang de cet individu.
M. le professeur Brun fit les opérations suivantes :
1" Une première distillation.
2** Rectification sur du chlorure de calcium.
3* Distillation avec de l'acide sulfurique et de l'acide acétique con-
centré.
n se produisit alors de l'éther amylacétique ayant une bonne odeur
ie poire.
M. Brun ne croit pas que d'autres cas de ce genre aient été cités,
c'est-à-dire où l'alcool amylique ait été retrouvé dans le sang.
En outre, M. le professeur Bischoff nous a indiqué un moyen proposé
par M. Hayer. n consiste à mélanger l'alcool avec la glycérine; on le
laisse évaporer ensuite sur un papier à filtrer ; l'alcool pur s'évapore et
le fusel reste. On peut ahisi en constater la présence.
Tous ces moyens sont plus ou moins rapides, mais ils n'indiquent pas
quelle est la dose exacte du fusel. Espérons néanmoins que les progrès
toujours croissants de la chimie permettront de trouver un réactif sûr
pour arriver au but désiré.
En résumé, nous estimons que les moyens les plus pratiques pour
combattre l'alcoolisme sont :
1'' Contrôler suffisamment la qualité des boissons vendues et punir
sévèrement les fraudes.
2* Restreindre les débits de boissons distillées en élevant considéra-
blement les patentes.
3* Frapper d'impôts très élevés la fabrication des alcools autres que
l'alcool éthylique.
4* Favoriser de toute manière, la fabrication de boissons véritable-
ment saines et économiques, agir surtout en abaissant considérablement
les tarife et les taxes de consommation pour ce genre de boissons.
Les autres moyens que nous avons cités, quoique ayant une grandi;
importance, n'ont peut-être pas une action aussi sûre et aussi énergi-
que ; mais appliqués avec les premiers, ils auront certainement une
influence et une efficacité très réelles pour aiTêter la marche envahis-
jante de cette gangrène sociale qu'on appelle l'alcoolisme.
420 SECTION I. — 8ÉAXCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
DiHCourfn flt^ M. le baron de Thérésopolif».
Mossieui*s ,
En qualité de délégué du gouverneraent du Brésil, je ue pourrais pas
me soustraire à la tâche agréable d'exprimer l'immense et sincère satis-
faction dont le Brésil a été saisi par le fait de Taimable invitation du
Gouvernement fédéral suisse, à se faire représenter et à prendre part à
cette grande fête de civilisation et de progrès.
Mille remercîments de la part du gouvernement de Brésil qui donne son
adhésion plénière à cette œuvre grandiose: le Congrès d'hygiène, qui doit
aboutir tinalement, il faut l'espérer, à une convention hygiénique mter-
nationale, laquelle pourra poser les bases, et régler les intérêts du com-
merce et de l'émigration, en faisant disparaître la crainte d'une insalu-
brité imaginaire, ou du moins exagérée, dont on a trop souvent
calomnié le Brésil.
Les intérêts qui lient la Suisse au Brésil sont immenses et, outre les
intérêts du commerce, il y a ceux de la colonisation, de l'émigration, et
conséquemment les liens sacrés de la famille.
Je fais donc des vœux bien sincères pour que les liens se resserrent de
plus en plus entre le Brésil et votre République modèle, votre charmant
pays qui nous est sympathique sous tous les rapports, et qui pour moi
personnellement est le pays de mes rêves î
Ne possédant pas. Messieurs, la verve éloquente du professeur Pac-
chiotti, je me bornerai à donner mon adhésion aux charmants sentiments
qu'il a su exprimer sur la Suisse.
Or une bonne entente sur les préceptes de l'hygiène entre les pays
civilisés, une convention internationale serait le moyen le plus puissant
de rassurer les Européens qui auraient la pensée d'aller chercher une
nouvelle patrie dans les lointaines^ les belles, riches et hospitalières
régions du Brésil, oîi ils n'auraient pas de peine à retrouver une nouvelle
Suisse, une nouvelle Allemagne, un nouveau Tyrol, une nouvelle patrie
tinalement.
Les émigrants ne s'y rendraient point alors en aveugles, mais par-
faitement rassurés sur leur avenir sanitaire.
Je suis heureux et |fier d'être en ce moment l'organe d'un pays de
liberté et de progros, comme l'est la Suisse elle-même, d'un pays qui
vit sous des institutions libérales, et dont les destinées sont confiées à
l/ ALCOOLISME. 427
i prince, en qui l'Europe se plait à reconnaître le philosophe et le
vant.
Qu'il me soit permis de saluer la Suisse et le Congrès international
hygiène au nom de mon Souverain, le membre de l'Académie des
iences de France, le président d'honneur de la Société d'hygiène de
iris, notre très éminent collègue.
Flatté du bienveillant accueil, qu'on nous a fait à Genève, et de tou-
s les délicatesses dont on a comblé les membres du Congrès, car, il
mt bien V avouer, il ne serait guère possible de recevoir l'étranger plus
fréablement ; sous le charme encore des brillants discours prononcés
ins notre séance d'ouverture, et de la parole éloquente de notre sym-
itbique président, M. le D' Lombard; inspiré par les sentiments
imanitaires et patriotiques les plus élevés, je ne resterai pas sourd
i généreux appel qu'on a fait à l'observation et à l'expérience des
embres du Congrèi?, pour atténuer, dans les limites du possible, le
■and fléau qui les épouvante par ses progrès alarmants : Valcoo-
nnef
Eh bien. Messieurs ! le ,Brésil répondra par l'organe de son délégué
l'appel humanitaire et patriotique des grandes autorités de la Suisse,
: notamment de M. Le Cointe, délégué du Conseil Administratif de la
Ue de Genève, qui nous a dit : « L'alcoolisme fait des ravages toujours
us considérables dans nos populations rurales et urbaines ; enseignez-
3us, Messieurs, les moyens de combattre cet ennemi du foyer domes-
que. »
Le moyen, Messieurs, est aussi simple que puissant !...
L'alcoolisme, dont les effets individuels et sociaux sont bien connus,
lurce inépuisable de grandes souffrances physiques, de grandes cala-
ités morales, est tout simplement le fruit funeste d'un vice radical
éducation physique, et d'un régime de la première enfance.
On ne naît point ivrogne, on le devient. Mais l'alcoolisme une fois
abli, il est presque impossible de le supprimer.
Il faut l'éviter, et par de beaux exemples de tempérance, et par une
pophylaxie savante ; mais il ne faut guère songer à le guérir.
On y réussira bien rarement hélas !
Eh bien ! confiez-nous le trop plein de votre population, le surplus
3 vos enfants, de ces bras laborieux, dont regorge votre charmant
lys ; envoyez-les là-bas, oîi ils deviendront les enfants chéris de l'État,
ms un régime de liberté et de progrès, comme celui de la Suisse, et
)us aurez en échange le grand remède demandé, le prophylactique
lissant contre le mal qui vous épouvante ; il vous arrivera préparé par
s propres mains de vos enfants expatriés.
428 SECTION I. — 8EAKCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
Notre doctrine vous semblera peut-être étrange à force d'être simple,
mais elle est pouilant vraie î
Le café, Messieurs, est incontestablement le prophylactique de Takoo-
lisme, ainsi que du morpbinisme.
Élevez vos enfants dans Tamour, j'allais dure dans la passion et dans
l'usage habituel du café ; donnez-leur dès la première enfance du cafi
au lait, et plus tard une demi-tasse de bon café noir après chaque repas,
encouragez-les par l'exemple en prenant habituellement de cette \m-
son saine et parfumée, fournissez leur la bonne eau des sources de vos
belles montagnes, et vous aurez rarement l'alcoolisme et jamais le nor-
phinisme. Pourvu néanmoins que vous donniez à vos enfants du > rai café,
de cette graine merveilleuse du coffœa arabica, tel que vous l'enverra le
Brésil , et jamais de ces mélanges étranges de chicorée , qu'on a pu
dénommer en France le café national, par opposition au vrai cafe,
qu'on nommerait alors le café exotique; et d'autres mélanges encore,
qui, sans être positivement nuisibles à la santé, masquent cependant et
nuUifient les effets bienfaisants du café, en lui enlevant en même temps
le goût et le parfum.
Je prétends, Messieurs, qu'il y a en réalité un antagonisme physiolo-
gique entre le café, d'un côté, les alcooliques et l'opium de l'autre.
L'usage habituel du café rend l'organisme de l'homme bien moins
susceptible, parfois réfractaire aux insultes de l'alcoolisme. C'est à
l'action préventive du café que j'entends devoir rattacher l'étonnante
tempérance de mes compatriotes, qui va dans de nombreuses familles
jusqu'à l'avei-sion absolue pour les boissons alcooliques. Les miens sont
du nombre !
Grands amateurs du café, les Brésiliens ! Grands buveurs d'eAU ! et
pourtant pas mauvais sujets du tout î...
Constatez le fait par vous-mêmes; vous ne verrez jamais un grand
buveur de café aimer passionnément les boissons alcooliques ; par con-
tre, j'ai constamment observé que les grands buveurs, et en particulier
les ivrognes, consomment rarement du café.
De quel droit honorez-vous du nom de cafés des établissements dans
lesquels on débite tout ce qui peut vous empoisonner en fait de mauvais
produits alcooliques, mais jamais une bonne tasse de café ?
C'est alarmant! dans ces établissements, comme dans les meùr
leurs hôtels, on entend crier de tous côtés « Garçon, une absinthe!
un vermouth ! un kirsch ! un cognac ! un bock ! » mais rarement « une
demi-tasse de café noir î » même après le repas !
Je les salue fraternellement ceux-là qui en demandent ! Ce sont des
hygiénistes convaincus, tant qu'ils n'empoisonnent pas la boisson
^
l'alcoolisme. 429
ilutaire par raddition d'un mauvais alcool. C'est dommage qu'on ne
(ur délivre pas de vrai, de bon café sans sophistication ; car ils ne tar-
eraient pas à devenir des membres enragés des sociétés de tempé-
ftnce!
Voilà la plaie, Messieurs ! qu'il s'agit d'adoucir ! Prenez du café,
mvent du café ; n'y mélangez pas de mauvais alcool, et vous aimerez
lodérement la bière, le bon vin, et d'autre liqueurs saines, animées
ar l'alcool éthylique, dont vous pourrez user très agréablement, et qui
e vous seront alors nullement nuisibles.
Ce sont les excès qu'il faut corriger; c'est l'usage des mauvais
Icools qu'il faut supprimer absolument, car ils vous empoisonnent.
La vulgarisation du café est donc un élément de civilisation. Et l'on
eut juger de la tempérance des habitants d'une contrée, par la quan-
ité de café qui se consonune en boisson.
Pourquoi ne pas rendre obligatoire dans les maisons d'éducation,
usage du café noir après les repas ?
Boisson saine, et d'un parfum délicieux, très agréable au goût, l'infu-
ion de café est par ses éléments hydro-carbonés une excellente liqueur
Bspiratoire. Par ses principes azotés la caféine, sans être positivement
ourrissante, relève l'organisme ; elle l'excite et aide puissamment
» fonctions digestives. Le café n'a jamais les effets dépressife, hypos-
inisants secondaires des alcooliques.
C'est une erreur, mères de famille, de croire que vos enfants seront
lieux nourris, et deviendront plus sains et plus forts par l'usage pré-
laturé du vin !
Voulez-vous d'autres preuves encore eu faveur de l'excellence du
ftfé, comme prophylactique de l'alcoolisme ?
Literrogeons toujours l'observation.
Parmi les émigrants de différentes nationalités, qui nous arrivent
u Brésil, il se trouve toujours quelques victimes de l'alcooUsme. Eh
îen ! rien que le changement des conditions hygiéniques de nourriture,
usage du café et de notre excellente eau, comme on en trouve rare-
lent, l'exemple peut-être des Brésiliens, qui peuvent être considérés
omme une société générale de tempérance, et l'exemple aussi des con-
itoyens, et de leurs cnfans qu'ils retrouvent en Amérique, et qui con-
aissent à peine l'alcoolisme, sufGusent assez souvent pour adoucir leurs
abitudes, sinon pour les corriger entièrement.
Les enfants des émigrants, nés dans l'Amérique du Sud, ne se dou-
ent que par exception à l'alcoolisme, malgré le funeste exemple de
nrs parents, parfois récalcitrants. Élevés dans l'usage quotidien du
ifé, ils sont aussi sobres que leurs compatriotes d'adoption ; ils sont
430 SECTION I. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
doux de caractère, très laborieux, généralement d'une probité et d'une
loyauté in'éprocbables. Physiquement ils sont superbes ; ceux qui pro-
viennent du croisement des Européens et en particulier des Suisses et
des Allemands avec les Brésiliens, sont vraiment remarquables par leur
développement physique et intellectuel.
Cette splendide race, très laborieuse et moralisée, constitue une
partie brillante, et déjà très nombreuse de notre population industrielle
et agricole.
Mais, arrêtons-nous ! A quoi bon fatiguer encore votre bienveillante
attention avec le récit des nombreuses observations que je pourrais
développer ici devant vous pour mettre en évidence l'action civilisatrice
du café, et ses effets prophylactiques certains contre Valax>lisme'i
En conclusion donc, Messieurs, l'usage habituel du café constitue
bien, à mon avis, la prophylaxie do l'alcoolisme et du morphinisme;
comme la belladone est très certainement l'antidote physiologique, l'an-
tagoniste de l'opium.
Le rapport de M. le D' A.-L. Roulet, conseiller d'État à Neuchâtel,
est un travail admirablement conçu ; ses conclusions nettes et condses
représenteraient les bases d'un code aussi satisfaisant que possible de
police médicale et d'hygiène privée sur l'alcoolisme, si son savant auteur
voulait bien compléter son article d sur les moyens à employer par
l'État, par les simples mots suivants :
« et partUndièremcnt pour la torréfaction et le débit du bon café,
qui cofistitue la plus saine et la plus hygiéynque boisson contre V alcoo-
lisme. »
Sans cette addition, il serait fort à craindre que les mesures proposées
par le philanthi'ope conseiller demeurent inefficaces.
M. Alglave, professeur de science financière à la Faculté de droit de
PariF, propose un moyen nouveau emprunté à l'intervention fiscale de
l'État que presque tout le monde invoque aujourd'hui. Il commence par
limiter le problème aux points sur lesquels une solution pratique peut
être espérée dans les conditions sociales et industrielles d'aujourd'hui.
On a fondé en Suisse une société qui a pris pour emblème une croix bleue
comme pendant à la fameuse croix rouge, emblème de la convention de
Genève qui protège à la guerre les blessés et ceux qui les soignent. Cette
société de la Croix bleue, qui a un caractère semi-religieux, voudrait
obtenir l'abstinence complète de toute boisson alcoolique. Elle a établi
des café« de tempérance, oîi la bière, le cidre et le vin sont aussi rigou-
l'alcoousme. 431
reusemeut proscrits que l'alcool de pommes de terre. Il est difficile de
croire qu'on parvienne jamais à y amener un bien grand nombre d'ivro-
gnes, et, malgré quelques succès partiels, l'exemple des sociétés de tem-
pérance américaines et britanniques ne permet guère de croire au succès.
Le baron de Thérésopolis, a préconisé des mesures propres à favoiiser
l'usage du café. On n'en voit guère d'autres que la suppression de l'im-
pôt, et le café ne mérite que des éloges, pourvu qu'on ne maintienne pas
rhabitude d'y verser du cognac. L'exemple de l'Angleterre et même de
la Russie prouve d'ailleurs que le goût des boissons chaudes (thé ou
café), s'allie fort bien avec l'amour de l'eau-de-vie. Le développement
de l'usage du café risquera donc de faire moins de mal à l'alcoolisme
que de bien aux plantations américaines.
L'augmentation des taxes frappant les alcools paraît fort en faveur
parmi les Suisses, qui ont chez eux des taxes fort légères ou même qui
n'en ont pas du tout dans certains cantons. Mais les droits sont très
élevés en Russie ; en Angleterre ils dépassent 400 fr. par hectolitre et
aux États-Unis ils sont montés un instant jusqu'à 747 fr., ce qui n'em-
pêche pas ces trois pays de tenir, comme on l'a vu, un rang tout à fait
distingué dans l'échelle de l'alcoolisme. D'ailleurs, les économistes ont
depuis longtemps établi que l'aggravation des taxes sur une marchandise
entraîne une diminution dans la qualité, c'est-à-dire qu'on aurait bien
des chances ici de favoriser davantage encore la diffusion des alcools
impurs.
Ce sont ces alcools impurs, chargés d'alcools butylique, propylique,
amylique, etc., qui sont la cause principale, sinon unique, de l'alcoo-
lisme. M. Alglave croit donc qu'on supprimerait ce mal en grande partie,
si on parvenait à les écarter. Poursuivre ces alcools comme falsifiés, cela
paraît difficile, car ils sont le produit naturel de la distillation des bette-
raves, des céréales, des pommes de terre, distillation qu'on ne peut pas
non plus interdire en présence des ravages du phylloxéra, les vignobles
ne suffisant même plus à la production du vin nécessaire. Ce qui est pos-
sible, c'est d'exiger leur purification, à titre de mesure de salubrité, ou
de les frapper de droits différentiels, comme le demande M. Roulet.
Mais, pour cela, il faudrait que la loi déterminât un degré d'impureté
acceptable et qu'on prouvât la contravention par l'analyse de chaque
bouteille suspecte. Jamais un gouvernement ne pourrait faire accepter
une surveillance aussi vexatoire, ni trouver assez d'employés chimistes
pour y suffire. La seule chose possible serait l'analyse des alcools par
grandes masses, avec un moyen de s'assurer qu'on ne les altérerait plus
ensuite. C'est pricisément ce que réalise le système de monopole mitigé
de Talcool proposé par M. Alglave, et dont les résultats fiscaux seraient
432 8£CriON I. — SÉANCE \}{] VENDREDI 8 SEPTEMBRE.
considérables. D'après ce projet, le monopole de TÉtat ne porterait que
sur la dernière vente en gros. L'État achèterait les alcools, aa moyen
d'adjudications nombreuses et fréquentes^ et chaque livraison C(mipreQ-
drait par exemple 25 ou 50 hectolitres. Une seule analyse permettnit
de constater le degré de pureté de ce^ 50 hectolitres d'alcools, qui fsmt-
uissent 25,000 demi-litres de liqueurs au titre ordinaire et remplacenit
par conséquent les 25,000 analyses nécessaires dans le système actud.
Si délicate que soit la recherche des alcools élevés, on pourrait donc y
apporter tous les soins nécessaires pour les atteindre. Cela fidt, les
liqueurs seraient mises dans des bouteilles disposées avec des précautiois
particulières pour éviter la fraude. Les débitants ou les particuliers
seraient obligés d'acheter ces liqueurs à l'État, à un prix fixe. Quayot
aux liqueurs plus iines ou déclarées telles, l'État se bornerait à les rece-
voir dans ses bouteilles après les avoir analysées pour s'assurer qu'elles
ne contiennent pas d'alcools dangereux, et le fabricant les vendrait
ensuite le prix qu'il voudrait, après avoir payé l'impôt, bien entendu.
Toute bouteille porterait doue sur elle-même sa quittance, ce qui dimi-
nuerait beaucoup les vexations qu'entraîne le régime actuel des bois-
sons ; en même temps on pourrait les demander et les faire voyager
aussi simplement qu'une carte postale.
Je n'insiste pas sur le côté administratif et financier, puisque c'est le
point de vue hygiénique qui doit nous préoccuper seul en ce moment
Ce système permettrait d'obliger l'industrie à perfectionner ses procé-
dés de rectification pour éliminer les alcools dangereux. Dans l'état
actuel des choses, les procédés nouveaux ne peuvent se faire accepter
que s'ils n'augmentent pas beaucoup les frais de fabrication, car l'ache-
teur (95 fois sur 100, c'est un débitant), peu préoccupé de donner une
eau-de-vie plus pure à ses clients, ne tiendrait pas compte au pro-
ducteur de l'augmentation de son prix de revient : il continuerait à ne
se préoccuper que du bon marché. L'État pourrait, au contraire, oSnr
une prime considérable pour les alcools dépassant le degré de pureté
exigé, et il élèverait ensuite ce degré de pureté au fiir et à mesure des
progrès scientifiques constatés.
Dans ces conditions, l'industrie ferait des progrès rapides ; car si obl
ne peut plus songer à se restreindre aujourd'hui aux alcools provenant
de la vigne, on peut faire un choix parmi les autres substances capables
de fournir de l'alcool. Par exemple, le riz et le tafia des cannes à sucre
fournissent des liqueurs bien plus pures que les pommes de terre, les
betteraves ou le seigle. Aujourd'hui le fabricant est obligé de faire son
choix au point de vue de l'économie de la production ; l'État l'obligerait
au contraire à choisir au point de vue de la pui*eté. U en est de même
l'alcoolisme. • 433
our la rectificatioii : aujourd'hui, dès qu'une impureté ne se révèle
lus par une mauvaise odeur, le fabricant n'a plus d'intérêt à la faire
isparaître ; il n'en serait plus de même quand il aurait affaire à l'État,
chetant avec le contrôle de l'analyse chimique la plus rigoureuse.
I Comme on ne peut avoir qualité pour juger ses propres idées, je me
orne à cette indication, aussi brève que possible, des conséquences
ygiéniques d'un système fiscal qui aurait particulièrement poui* but de
ennettre la suppression de notre système d'impôts indirects, beaucoup
pop compliqué et trop vexatoire.
M. le pasteur Rochat, de Genève, fait observer que la question de
alcoolisme tient au domaine moral et au domaine économique autant
u'au domaine physiologique ; la question ne peut pas être résolue dans
n seul de ces domaines. M. Rochat ne nie pas que le café puisse être
n antagoniste de l'alcool, mais il pense que le cas de l'honorable orateur
ui a précédé lui est peut-être particulier, que du reste l'eau est chez
DUS d'une très bonne digestion. L'Angleterre évalue à 60 à 80 mille
ersonnes les victimes de l'alcoolisme, pour la Suisse cette évaluation .
onne un chiffre de 2800 personnes; cette statistique représente un
ombre extraordinaire de victimes, plus que n'en ont fait les plus fortes
pidémies et les guerres.
Qu'y a-t-il d'autre à faire contre ce danger social, sinon que de
étruire une erreur très répandue, la nécessité qu'il y aurait à user
.^alcooliques pour maintenir la santé. Les sociétés de tempérance ont
rouvé que d'anciens alcoolistes peuvent s'abstenir absolument de
oissons; en Suisse l'on a obtenu ce résultat chez 800 ou 400 buveurs.
'ramelan, village dans le Jura bernois est un exemple remarquable du
on résultat de l'abstinence, 200 personnes y ont renoncé aux boissons
Icooliques, 100 personnes au moins sur ce nombre étaient des buveurs ;
industrie y a repris, ce que confirme l'augmentation considérable des
Qvois postaux ; et les terres, fortement dépréciées ces dernières années,
sont achetées par les tempérants. — A la Salpétrière, à Paris, le
K Martin a fait une étude sur le rapport qui existe entre l'alcoolisme
hez les parents et l'épilepsie chez les enfants. Sur 83 enfants épilepti-
ues, 60 fois on a trouvé l'alcoolisme chez Tun des parents ; dans ces
0 &milles il y avait 300 enfants, dont 141 étaient morts en bas âge et
0 épileptiques ; un cinquième seulement des enfants étaient sains.
M. Rochat présente en conséquence à l'examen de la V* section la
roposition suivante :
La première section du quatrième Congrès international d'hygiène,
sq^pée des ravages causés par l'alcoolisme et du fait que la consomma-
on toujours croissante des boissons alcooliques provient en partie des
4:i4 SECTION I. — SÉANCE DU VENDREDI 8 SEFFEUBRE.
idées fausses ou exagérées qui ont cours dans la population sur ractien
fortifiante de ces boissons et sur l'absolue nécessité de leur usage poor
ia conservation de la santé ;
Déclare que, sans vouloir condamner l'usage du vin et de la bière,
lorsque ces boissons sont prises avec modération, et tout en résenrail
IHitilité de l'alcool comme médicament dans des cas spéciaux :
I. L'usage des boissons enivrantes n'est pas iiécessaire dans TaliBiai-
tation ordinaire et que la santé la plus parfaite est compatible avec
l'abstinence de ces boissons ;
IL L'habitude de donner des boissons alcooliques et surtout de l'eau-
de-vie et des liqueurs aux enfants dans le but de les fortifier est funeste
à leur santé et à leur développement futur.
IIL L'un des meilleurs moyens de guérir les maladies qui résuh^ot
de l'alcool est l'abstinence absolue du poison qui est la cause de k
maladie.
rV. Les médecins devraient user de la plus grande prudence en pres-
crivant de l'alcool comme remède à des ivrognes guéris, car c'est te
exposer à une rechute presque certaine.
M. le D' Dou(JLA8-HoG(î fait remarquer que si une catégorie de frau-
deurs est supprimée par le moyen proposé par M. Roulet, il reste tou-
jours le détaillant qui falsifiera l'alcool acheté pur en gros.
Il s'agit donc de combattre la falsification d'une substance alimentaire.
Pour atteindre ce but, lil. le D' Douglas-Hogg est d'avis qu'il faut ioam
une plus grande extension aux institutions destinées à réprimer Tadul-
tération des aliments, c'est-à-dire installer de nombreux laboratoires où
seraient examinés les prélèvements faits chez les débitants par des
inspecteurs spéciaux ; enfin sanctionner les constatations des premiers
par une pénalité sévère.
Les résultats déjà obtenus en suivant cette voie sont singalièr^neat
encourageants. On l'a vu en Angleterre depuis la promulgation de
la loi. The adultération offood act, 1872. De 26 7o qu'était alors U
moyenne des échantillons falsifiés, elle est tombée à 16 Vo (statistique
de 1881).
A Paris, quoique le laboratoire municipal n'ait été ouvert qu^au mois
(le mars 1881 , les moyennes relevées jusqu'à ce jour ont déjà permis de
constater une certaine diminution dans la proportion des aliments adul-
térés.
De 60 % on est airivé à 50 Vo- Ce sont là des faits intéressants pour
tous ceux qui ont souci de la santé publique et, à un point de vue plus
élevé, de la probité commerciale d'un pays.
L^ALCOOIJ8M£. 435
En conséquence M. le D' Douglas-Hogg propose au congrès de s'asso-
ier au vœu suivant :
Considérant :
Que la santé publique est de joui* en jour plus gravement compromise
ar le nombre et la natui*e des substances alimentaires falsifiées ;
Que ce déplorable état de choses provient de l'insuffisance de la légis-
iition touchant l'inspection des denrées et de l'inefficacité des mesures
nises pour assurer par une sanction inévitable l'exécution des lois exis-
aiites sur la matière ;
Nous émettons le vœu :
r Que les pouvoirs édictent des lois dans le but de punir sévèrement
es falsifications des substances alimentaires :
2* Qu'ils créent un sei-vice d'inspection sous la dépendance d'une
lirection centrale, spécialement chargée de constater les contraventions
>révues par les lois, décrets et ordonnances sur les substances alimen-
:aires;
3* Qu'ils installent de nombreux laboratoires d'analyse destinés à
fc'érifier la pureté et la qualité des prélèvements effectués par les inspec-
teurs.
M. le D' Haughton, de Londres, dit que la question de l'alcoolisme
préoccupe beaucoup les esprits en Angleterre, la « Salvation Army » a pris
cette tâche à cœur ; mais l'orateur ne pense pas que ce mouvement soit
lurable; le « Brittish médical, » qui compte plus de 1000 médecins, a fait
sur cette question une étude spéciale. M. le D' Haughton a été étonné
de voir ici des médecins même boire des liqueurs sans eau. Le remède à
l'alcoolisme est difficile h appliquer, facile à dire. Dans beaucoup
d'endroits on manque d'eau ou l'on a de la mauvaise eau. Les filtres
sont abominables quand ils sont substitués à l'eau des bonnes sources.
Pour avoir de la bonne eau il faut de l'argent, sans bonne eau on
n'obtiendra pas la répression de l'alcoolisme.
M. le PBKfly[D£NT annonce que quelques orateurs étant encore inscrits
sur la question de l'alcoolisme, le sujet en sera repris demain matin à
B heures, au début de la séance.
La séance est levée à midi moins 10 miimte^.
Les Secrétaires :
D' E. Gœtz.
D' Ferrière.
436 SECTION 1. — BÊANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE
Présidence de M. le Prof. Revilliod et de M. le D*" Roulet.
La séance est ouverte à 8 heures.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
SUITE DE LA DISCUSSION SUR L'ALCOOLISME
M. Frank Lombard estime que Texamen des mesures restrictives et
réglementaires doit suivre la constatation des mauvais effets hygiéniques
de l'alcool.
En ce qui concerne la Suisse où la consommation abusive va croissant,
les sociétés d'Utilité publique et une Commission gouvernementale fédé-
rale poursuivent le but de la réduction des abus. Mais pour pouvoir
restreindre la vente au détail il faut modifier la Constitution fédérale qui
interdit toute entrave au commerce et à l'industrie.
Les moyens moraux ne suffisent pas quoique l'action préventive
exercée par les cafés économiques et les sociétés de tempérance soit un
facteur important dans la lutte.
n faut une restriction légale allant jusqu'à la prohibition dont l'appli-
cation donne de bons résultats aux États-Unis (un des pays oii ou
respecte le plus la liberté individuelle).
Le moyen proposé par M. le professeur Alglave, le monopole gouver-
nemental, n'a pas en Russie donné des résultats favorables ; il a été une
source d'abus et de corruption dans l'administration. Ne faudrait-il pas
recommander plutôt le système suédois de la mise en régie des boissons
qui a résolu le problème d'enlever aux débitants l'avantage commercial
qu'ils ont à vendre de l'alcool impur, leur bénéfice étant d'autant plus
grand que l'alcool est moins pur. Le système dit de Gothenburg consiste
à mettre en régie, entre les mains d'une compagnie la vente des boissons;
cette compagnie étant constituée en vue dç réduire la vente des spiri-
l'alcoolisme. 437
tueux. A la suite d'une enchère elle devient propriétaire des comptoii*s
3t s'interdit tout bénéfice au delà des frais d'exploitation. La municipa-
lité tire profit des sommes perçues lesquelles sont parfois considérables.
Outre les moyens préventifs et légaux il y a les moyens fiscaux qui
présentent une grande importance, droits sur l'importation, sur le débit
?t la vente, patentes, etc. Viennent ensuite les moyens répressife, inter-
nement, retraite obligatoire ou volontaire, aggravation des pénalités pour
les délits commis en état d'ivresse.
M. F. Lombard présente les deux tableaux suivants qu'il a rédigés
d'après les données qu'il a pu réunir :
SECTION I. —
BÉAKCK DU BAHZDI 9 SEPTEMBRE.
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440 SECTIOX I. — SÉANCE DU 8AMEDI 9 SEPTEMBRE.
M. le D' Landowski parle de l'ivrognerie qui sévit en Russie comme
un véritable fléau, et qu'il croit due à l'existence du monopole de
l'alcool. Dans ce pays l'ivrogne est vénéré comme le fou chez les Arabes.
Les paysans qui n'ont pas d'argent pour s'enivrer simulent l'ivresse
par des poses et des gestes burlesques pour ne pas être regardés comme
des « libres penseurs ; » c'est ainsi qu'ils appellent les gens sobres.
L'orateur ne pense donc pas que le remède à l'alcoolisme soit l'établis-
sement du monopole.
M. le D' LuBELSKi s'exprime ainsi : On dit vulgairement : a être saoul
comme un Polonais » et bien, M. le D' Rothe (de Varsovie), médecin en
chef des aliénés a prouvé, chiffres en main, qu'on buvait beaucoup
moins en Pologne que dans certains départements français (Ain). Sou
travail, que je traduis en français^ sera bientôt publié. En attendant je
me borne h citer que l'ivrognerie chez nous varie suivant les races :
1. Ruthènes, 2. Polonais, 3. Juifs, 4. Tatares et vieux-croyants russes,
domiciliés en Pologne depuis des siècles et auxquels la loi religieuse
défend de boire. Pour les autres détails je m'associe à ce qu'a dit le
D' Landowski.
M. le D' RouLET tient à répondi-e en quelques mots aux proposi-
tions formulées par MM. les orateurs qui ont pris la parole sur cette
question. M. le professem* Alglave, dans son très intéressant discours,
nous propose de faire de l'État l'intermédiaire entre le producteur et le
consommateur d'alcool. Le but, c'est de supprimer la vente des alcools
impurs. Je crois arriver au même but par la prohibition de la vente de
ces alcools impurs. Les deux moyens peuvent être bons ; Tun peut être
approprié aux circonstances particulières d'un pays, l'autre aux circons-
tances d'un autre. En Suisse, le procédé de M. Alglave a été appliqué
dans le canton de Berne, à Hindelbank, oii M. Bodeuheimer, alors
directeur de l'intérieur, avait fondé une distillerie d'État. Cette distil-
lerie a été des plus impopulaires. En Suisse nous prétérerons une armée
d'inspecteurs des boissons, qui empêchent l'intoxication du peuple à
une armée d'employés qui vendraient de l'alcool aux citoyens au nom de
l'État.
M. le baron de Thérésopolis croit que le café est un aliment ; il n'est
qu'un excitant comme l'alcool, ayant il est vrai une autre action. Est-il
absolument inoffensif V C'est une question qui doit être réservée ; il est
probable que Tusage abusif du café, du thé et des excitants du même
ordie produit également des accidents nerveux.
Je puis me rallier aux deux premières conclusions de M. le pasteur
Rochat ; mais les deux dernières devraient encore être discutées et appar-
tiennent plutôt au domaine de la thérapeutique qu'à celui de l'hygiène.
LE REPOS HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE HYGIÉNIQUE. 441
M. le baron de Théresopoijs, permettez-moi, Messieurs, de faille
quelques légères réflexions sur le dernier discours de M. Roulet. Con-
trairement à son avis, je pense que le café tout en étant une boisson
excitante et respiratoire n'a pas du tout les inconvénients des boissons
alcooliques, dont les effets sont en définitive déprimants. Le café est bien
certainement un peu nourrissant.
Je crains fort que les mesures de répression soient à peu près inefiicaces,
je crois plutôt à Tinfluence bienfaisante des sociétés de tempérance, à
l'influence efGicace de Texemple. Les mesures de prohibition complète
adoptées par la Nouvelle- Angleterre où Ton considère les boissons alcoo-
liques comme des moyens thérapeutiques, n'ont cependant pas donné
de grands résultats. Prenez donc le mal à son origine, approvisionnez-
vous d'eau de qualité supérieure, élevez vos enfants dans l'usage habi-
tuel du café, engagez les gouvernements des différents Ëtats à réduire
considérablement, voire même à supprimer les impôts par trop lourds sur
le café, de manière à le mettre à la portée de tout le monde ; vulgarisez,
nationalisez l'usage du café, et vous n'aurez pas d'ivrognes.
LE REPOS HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE
HYGIÉNIQUE
Par M. le D' HJEOLEB, médecin à Bfile.
Messieurs,
L'hygiène a pour but de protéger la santé de tous et surtout de ceux
qui ne peuvent pas se protéger eux-mêmes ; en conséquence elle a à éta-
blir les règles d'après lesquelles doivent s'équilibrer le travail et le repos,
en vue d'empêcher l'exploitation spoliatrice des forces et de la santé des
ouvriers.
Les efforts qu'elle fera dans ce sens ne pourront pas rester sans suc-
cès, si, en évitant d'inventer elle-même des lois, elle applique à la santô
les lois naturelles et respecte les bornes que la nature a mises au
travail. Elle a déjà réussi à faire apprécier une répartition plus juste
du travail et à procurer à des milliers d'ouvriers le sommeil de la nuit
qui leur est tout aussi nécessaire que le pain quotidien.
Mais il reste à l'hygiène à rendre évident aux yeux de tous que les
intervalles de repos pendant le travail de la semaine, et le repos ordi-
naire de la nuit, ne répondent qu'aux besoins de récréation les plus
immédiats, mais qu'ils ne suffisent pas à rétablir d'une manière durable
442 SECTION 1. — SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
l'élasticité du corps et de Tesprit ; elle doit prouver aussi que ni un
sommeil prolongé, ni la diminution des heures de travail, ni une noum-
ture plus substantielle et, encore moins, Tusage des boissons alcooliqtts
ne peuvent remplacer un jour régulier de repos après une semaine de
travail.
L'homme est orf/anisé de telle manière qu'il a besoin de se reposerun
jour sur sept de son travail corporel ou inteliectueL Ce u^est point là
un dogme inventé par les hommes, mais une loi naturelle qui ne peut-
être violée sans préjudice pour la santé ; c'est une des lois les importantes
pour le bien-être des individus et des peuples et aussi Tune des mieni
prouvées. Car, pour ceux qui ignorent les expériences que la physido-
gie et la pathologie nous fournissent, il leur reste toujours les expériek-
res contenues dans V histoire de Vhumanité ; ce sont là des faits incon-
testables à l'appui de cette vérité que l'homme ne peut se passer du repos
hebdomadaire.
Un besoin physique et intellectuel qui se retrouve partout et à travers
tous les siècles ne peut qu'être l'expression d'une loi absolue de la nature.
De bonne heure les hommes s'en sont rendu compte. Législateurs en
même temps que médecins, les prêtres enregistraient dans leurs livres
sacrés les règles de l'hygiène. C'est ainsi que Moïse, hygiéniste pré-
voyant, sage et énergique, a sanctionné d'anciennes traditions, des cou-
tumes qui satisfaisaient aux besoins de notre nature, et les a formulées
en lois religieuses, en vertu de ce principe que toute loi naturelle est
divine et doit relier l'homme à Dieu.
Le repos du septième jour, partout où il a été institué par la législa-
tion, apparaît comme le signe de la victoire de la civilisation sur la bar-
barie. Fruit de la civilisation naissante, il a été eu même temps le garant
(les progrès à venir ; il a créé des habitudes d'ordre et de sociabilité; il
a aidé aux hommes à diviser le temps et il a exercé une très grande
influence sui* les institutions politiques, les mœurs et les religions des
peuples. Si la nation juive a conservé avec ténacité le repos hebdoma-
daire et l'a même légué aux nations modernes, ce n'est pas seulement une
l)reuve de la base morale de cette institution, mais aussi une des causes
l)rincipales de la vitalité sans exemple dont cette nation a fait preuve
malgré sa dispersion. — Les Indous,lesChinois, les Perses, les Chaldéens,
les Égy tiens et même les Péruviens ont aussi célébré un jour sur sept.
Mais, chez la plupart de ces peuples, les nombreuses fêtes irrégulières
qui amenaient avec elles, outre la cessation de travail, tout un ensemble
de sacrifices, de jeux, de banquets et qui dégénéraient souvent en orgies,
tirent peu h peu disparaître la célébration régulière du repos hebdoma-
daire.
LE BEP08 HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE HYGIÉNIQUE. 443
Il y a encore actuellement des peuples entiers qui n'ont pas ce jour
lie repos, mais c'est à la fois une cause et un signe visible de décadence.
Les Chinois et les Indous ne se développent plus ; ils sont au contraire
rimage vivante de Ténervement corporel et spirituel. La première Répu-
blique française, méconnaissant entièrement la haute valeur et surtout
le caractère hygiénique du septième jour, n'a pas réussi à le remplacer
d'une manière durable par le décadi, pas même en peimettant, en outre,
de se reposer l'après-midi du cinquième jour. Aucun décret ne put préva-
loir contre la grande loi de la nature qui réclame un jour de repos sur sept.
Cette loi que l'histoire de l'humanité a inscrite dans la mémoire des
peuples en traits ineffaçables, nous la voyons confirmée aussi par Vohser'
vaiion physiologique et par Vexpérience pathologique. L'animal lui-
même ne supporte pas un travail de tous les jours, et nous voyons —
pour ne citer qu'un seul exemple entre beaucoup — que les chevaux
de fiacres qui marchent tous les jours rapportent, par suite de leur
épuisement précoce, un bénéfice inférieur à celui que produisent des
chevaux auxquels on laisse un jour de repos sur sept. Si donc les animaux
qui sont associés aux travaux de l'homme ne peuvent conserver leur
vigueur qu'à la condition de renouveler périodiquement leurs forces,
en serait-il autrement de l'homme civilisé en qui la vie acquiert bien
plus d'intensité et dont les forces sont mises à l'épreuve d'une manière
beaucoup plus continue et plus sérieuse V Car, lors même que nos mem-
bres ne sont plus en action, notre esprit ne cesse pas de penser et cela
augmente considérablement la dépense des forces de notre organisme
physique.
Je laisse de côté les expériences physiologiques prouvant la nécessité
du repos en général, mais je ne puis omettre celles qui montrent
que le repos ordinaire dans le cornant de la journée de travail et
le sommeil dé la nuit ne sufiisent pas pour le rétablissement des forces.
Les belles et nombreuses expériences faites par des physiologistes dis-
tingués, les professeurs Pettenkofer et Voit, ont permis de calculer exac-
tement la quantité de substance qu'un corps vivant s'assimile par l'air
et par la nourriture, ainsi que ce qu'il perd dans un temps déterminé,
suivant le genre d'alimentation qu'il reçoit, la durée du repos dont il
jouit ou la nature du travail qui lui est imposé. Ces expériences ont été
{eûtes avec l'appareil à respiration bien vérifié, entre autres sur la per-
sonne d'un ouvrier vigoureux, nourri comme le sont généralement les
ouvriers (nourriture mixte) et chargé de tourner une roue autour de
laquelle s'enroulait une chaîne supportant un poids de 25 kilogrammes.
En déduisant de sa journée les interruptions occasionnées par les repas
et de courts moments de repos, il restait 9 heures d'un travail pénible.
444 SECTION I. — SÉANCE DU 8ÂMEDI 9 SEPTEMBRE.
A la tin de la journée, cet homme se mettait au lit, fatigué comme s'il
avait fait une grande marche. Tout cela se passait dans une chambre
en verre hennétiquement fermée, dont l'air était analysé avant et après
l'expérience, et contrôlé à l'orifice des tuyaux ; l'ouvrier était pesé à son
entrée et à sa sortie, ses aliments étaient chimiquement analysés : en un
mot, toutes les conditions d'une expérience exacte et complètiî étaient
réunies. Eh bien ! le résultat de cette expérience a été que, pendant
une journée de travail, cet homme a dépensé, sous forme d'acide carbo-
nique, lî»2 grammes d'oxygène de plus qu'il n'a pu en aspirer dans le
même espace de temps. Pour couvrir ce déficit, il n'avait pas fallu moins
du 20 Vo de la provision d'oxygène contenue dans son corps.
Il est de plus prouvé que, pendant la nuit et le repos, Thomme aspire
plus d'oxygène qu'il n'en exhale sous forme d'acide carbonique, de sorte
que, pendant le repos, il emmagasine des provisions d'oxygène supérieu-
res à la quantité nécessaire poiu* la combustion des substances carbohy-
dratées (de la graisse, du sucre, etc.) et ce sui-plus sert à remplacer et à
réparer les pertes d'oxygène qui s'étaient faites, malgré une bonne
nutrition, par le travail des muscles et des nerfs. Le repos diminue la
dépense d'acide carbonique et, par là même, épargne le carbone, tout en
nous permettant d'amasser une provision d'oxygène nécessaire au renou-
vellement des forces physiques. Il est donc vrai de dire que le repos est
une nourriture indispensable.
Même dans cette provision d'oxygène due au repos de la nuit, il se
produit, après chaque jom* de travail, un déficit qui, suivant l'intensité
du travail, la nourriture et l'état des muscles et des forces, s'élève
— d'après le^ expériences de MM. Pettenkofer et Voit — de 10 à 20 Vo
de notre provision entière d'oxygène. Au bout d'une semaine, il en
résulte un épuisement complet, l'appauvrissement du sang, le relâche-
ment des muscles, et la fatigue du système nerveux. Pour empêcher ce
déficit et prévenir la ruine de la santé, il faut le repos hebdomadaii'e
régulier et complet. Le travailleur y a droit. Il n'est pas plus juste de
lui contester ce droit que de lui refuser la lumière du soleil et l'air indis-
pensable à toute créature vivante. Lorsqu'un patron — et je demande
que l'on veuille bien ici ne pas penser seulement aux grands fabricants,
mais aussi aux i)etits, aux chefs des métiers de toute espèce, aiLx entre-
prises de chemin de fer et de construction, et, avant tout, au despote le
plus exigeant de tous, l'inexorable public — lorsqu'un patron, dis-je,
réclame, semaine après semaine, le sacrifice de la santé, et de la
vie de ses subordonnés, l'hygiène a le droit, bien plus, le devoir impé-
rieux de protester, et la législation doit prendre sous sa protection de
telles victimes.
LE REPOS HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE HTGrëKIQUE. 445
Rien ne peut remplacer le jour du repos, pas même la nourriture la
plus fortifiante, bien moins encore les boissons alcooliques ; car la nour-
riture renouvelle en nous la provision de carbone et d'azote, mais ne
nous donne pas l'oxygène dont nous avons besoin. Il ne peut être
amassé dans nos muscles en quantité suffisante que par le repos. Le con-
densateur, cet instrument dont sont pourvues les machines à vapeur, fait
défaut au corps humain ; aussi celui-ci ne peut-il emmagasiner qu'une
quantité restreinte d'oxygène. Nous remplaçons le carbone lorsqu'il
commence à nous faire défaut, en prenant des aliments en quantité plus
ou moins grande. Quant à l'oxygène, il nous est impossible de nous en
procurer plus que la respiration ne peut nous en fournil* et plus que les
muscles, notre principal magasin d'oxygène, ne peuvent en contenir.
Le sentiment de fatigue qui, par un travail pénible, se fait sentir
déjà bien avant la fin de la semaine, et qui ne peut être surmonté que
par le secours de toute notre volonté, a donc une base réelle et exige le
repos d'un jour plein et entier. La nuit, ainsi que nous l'avons vu, n'y
suffit pas ; aussi les expériences physiologiques déjà mentionnées prou-
vent-elles que le travail réparateur de notre laboratoire chimique et
vital est de beaucoup augmenté et complété par l'influence active du
système nerveux, du cerveau, de la vie psychique et des organes des
sens, influences que le grand jour nous procure bien plus que la nuit.
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Si nous représentons graphiquement par une courbe (n** 1) le niveau
de force des difierents âges de la vie humaine depuis la naissance jusqu'à
la mort, et que nous en analysions une partie de plus près (fig. n° 2),
J)inumenc^
446 8KCTIOK I. — SÉANCE VV HAMEDI 9 SEPTEMBRE.
nous verrous que la ligne n'est pas aussi régulière qu'il le semblait à
«Ustance, mais qu'elle s'élève et s'abaisse chaque jour suivant les alter-
natives de travail et de repos dont se compose notre vie.
La nourritui'e, un bon air, le repos relèvent le niveau de uos forces,
taudis qu'un travail sérieux le fait nécessairement descendre. Sans doute
le sommeil do la nuit répan' une partie des pertes que nous avons âdttt
pendant la journée, mais il ne sufGit pas pour combler entièrement le
4léticit qui s'est produit pendant les heures de travail. Il en résulte que
notre ligne ne se retrouve pas, le matin, à la même hauteui* que 24^h.
auparavant. Le niveau de nos forces baisse de jour en jour, et cette
baiss(* est d'autant plus i)i'ononcée que le travail est plus pénible, le
repos de la nuit moins long, la nourriture moins substantielle, l'air que
nous respirons de jour et de nuit moins pur, la tenue du corps moiDS
convenable et que le travailleui* est plus exposé à des influences phyâ-
(lues et psychiques nuisibles et déprimantes. Si donc nous prolongions la
ligne, nous aurions, dans le cas d'un travail sans repos hebdomadaire,
une descente rajiide, incapacité au travail, dépérissement et mort pré-
maturée (tig. 1 et 2, b) ; dans le cas contraire, le niveau de nos forces
se maintiendrait pendant des années à peu près à la même hauteur et
ne s'abaisserait qu'insensil)lement à mesure que les organes vîtauxs'af-
faibliraient; mais elle n'atteindrait que tard le point correspondant à la
mort (lig. 1 et 2, a).
Le physiologiste Flourens évalue à cent ans la durée Jiortnale de la vie
<run homme qui accorderait à ses divers organes la juste mesure de
travail et de repos. Et un confrère américain, le docteur Mussey, se
fondant sur beaucoup d'observations, est arrivé à la certitude que le
repos d'un jour sur sept augmente de sept années la durée d'une vie de
cinquante ans. Dans tous les cas, nous verrions beaucoup plus de
vieillards, et surtout de vieillards vigoureux, si les lois de la nature
n'étaient pas généralement violées et si nos populations profitaient
mieux du jour oîi elles pourraient goûter un repos véritable.
La loi du repos hebdomadaire, comme toutes les lois de l'économie et
de la force, trouve la preuve de sa vérité et de sa nécessité, non seule-
ment dans la physiologie du mouvement des substances chimiques
nécessaires au rétablissement de l'énergie et de l'élasticité musculaire
et nerveuse, mais tout autant dans la physiologie spéciale et dans la
pathologie des organes corporels.
Ainsi des poumons ne peuvent pas fonctionner normalement et doivent
nécessairement devenu* malades, si, après avoir été exposés six jours
consécutifs à l'air vicié dcî l'atelier ou à la poussière nuisible de la
l)lupart des métiers et fabriques, ou après avoir été comprimés toute une
LE BEP08 HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE HYOIKNIQUE. 447
smaine par une tenue penchée en avant comme celles des bureaucrates,
es tailleurs et des couturières, ces organes n'ont pas un jour entier pour
e dilater pleinement dans un air pur, avant que des stases sanguines
a des produits morbides s'y soient iixés et que les muscles de la respi-
ation aient perdu leur élasticité. — De même les stagnations et troubles
ans la circulation du myig, les varices, les stases abdominales, les
émorroldes, toutes les conséquences qui résultent des professions séden-
finres, et toutes les lésions des voies de la circulation qui sont dues à des
ttitudes forcées ou à un travail toujours le même et mettent toujours
n jeu les mêmes organes, doivent être équilibrées et contrebalancées
ar les promenades prolongées au grand air et la position horizontale.
*our que l'harmonie des forces naturelles et la belle attitude verticale
»ar laquelle l'homme se distingue des autres créatures, soient conservées,
'attitude forcément courbée doit avoir son jour de relèvement. L'owi
atîgué par un travail assidu et souvent par un éclairage défectueux, a
lesoiii de se reposer par la contemplation de la belle nature ; et Vonïe,
i l'on ne veut pas risquer de la perdre par l'ébranlement habituel et
ntense des nerfs acoustiques produit par le bruit incessant de l'atelier,
loit avoir, eUe aussi, son jour de calme et de retraite.
Enfin, pour le système nerveux, je n'ai qu'à l'appeler le sentiment de
àtigue et d'épuisement et, à la suite, le dégoût que nous inspirent même
les occupations favorites ; l'incapacité de continuer le travail ordinaire,
le calculer, de fixer son attention, l'impossibilité de penser logiquement,
le vouloir, de supporter courageusement les diflicultés de la vie et de
«nserver des aspirations idéales. Le travail de la semaine, si l'on ne
'en affranchit jamais, ébranle les nerfs, émousse les sens, nuit à l'intel-
igence, au point de transformer un individu en un simple zéro. Tandis
[ue des hommes éminents comme Palmerston et Gladstone ont témoi-
^é que leur énergie corporelle et intellectuelle, admirablement soutenue,
nalgré les travaux qui leur incombaient, était due, avant tout, à la stricte
observation du repos hebdomadaire, il serait d'autre part, facile, si le
emps le permettait, de dresser une liste d'hommes distingués dont on
)eut dire que le manque de repos les a perdus, et de rappeler des obser-
vations faites sur des ailisans et des penseurs qui, devenus incapables
le tout travail à la suite d'excès de fatigue, sont tombés à la charge de
a bienfaisance publique ; enfin, on pourrait en citer d'autres qui, pour
a même raison, ont été atteints de surexcitation et d'aifections ner-
euses, de mélancolie, de paralysie progressive, cette maladie de notre
iècle, d'idées de suicide ou d'autres formes de l'aliénation mentale.
C'est dans le droit au repos et à la récréation, dans la liberté de
louvoir se décharger un jour par semaine du joug du travail et des
448 SECTION 1. — SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
chaînes pesantes de la suppression de la volonté individuelle, c'est daiu^
le droit d'être maître d'une partie de son temps, de ses membres et de
sa personne, que réside le perfectionnement physique et moral des tra-
vailleurs et le relèvement de la dignité humaine.
En se plaçant même au point de vue de Viitilité sociale qui e^t le but
de rhygiène publique, on peut affirmer que la prospérité matérielle et
morale des individus et des nations dépend en grande partie de leur jour
de repos, qui est la condition de la conservation des forces. Le grand
historien Macaulay disait un jour à la Chambre des communes : « Bien
que depuis des siècles nous nous reposions un jour sur sept, il est certain
que nous n'en sommes pas plus pauvres ; nous sommes, au contraire, pIuF
riches. Ce jour de repos n'est pas un jour perdu. Quand le travail est
suspendu, quand la chaiTue repose immobile dans le sillon, quand la
Bourse est silencieuse, quand la fumée des cheminées cesse de monter
dans les airs, il s'accomplit une œuvre aussi importante pour la richesse
du pays, que toutes celles qui ont eu lieu dans les jours les plus chargés
d'occupation. L'homme, cette machine des machines, répare et renou-
velle ses forces en se reposant, de telle sorte qu'il retourne au travaille
lundi avec l'esprit plus lucide, le cœur plus satisfait, et une vigueur
physique toute nouveUe. »
Ce relèvement par le repos est d'autant plus nécessaire que le traxml
est plus pénible et surtout 2)lus uniforim, comme c'est le cas chfâ
l'ouvrier de nos grandes industries, qui reste attaché pendant de longues
heures à un emploi très uniforme, lequel met en jeu toujours le même
groupe de muscles et de nerfs. L'ouvrier des fabriques ne peut pas,
comme le laboureur ou même comme beaucoup d'artisans, adapter
l'intensité et le genre de travail à sa disposition corporelle du moment,
n n'est dans, la grande machine, qu'une roue qui doit continuer à
tourner avec une nécessité mécanique jusqu'à l'heure fixée. Une telle
manière de travailler nécessite, le plus souvent, une grande résistance
corporelle et, par conséquent, elle exige une récréation et un repos suffi-
sants et de plus, une nourriture meilleure et plus substantielle que ne le
permet ordinairement le salaire.
Si ces conditions ne lui sont pas accordées, l'ouvrier est tenté de
subvenir à l'insuffisance de ses forces corporelles et intellectuelles, par
l'effet trompeur de Veau-de-vÀe. Il y recourt d'autant plus volontiers
qu'elle lui fait oubher momentanément les misères d'une vie monotone
et que, par ses effets, il croit vaincre momentanément sa lassitude et
son incapacité au travail. L'ouvrier dont les forces sont surmenées et qui
n'espère pas acquérir un jour un bien propre, améliorer sa position,
et qui n'entrevoit pas un avenir satisfaisant pour ses enfants ou uii
LE BEPÔfil HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE HYCilKNIQUE. 449
vantage futur quelconque, se dégrade très facilement par la fréquenta-
ion do cabaret et l'usage de l'eau-de-vie. Alors, il ne perd pas seulement
i demi-journée de repos à laquelle il se voit très souvent réduit et la
Dumée entière suivante, la « Saint-Lundi, » chargée des famées de
ivresse, mais il sacrifie encore à cette excitation factice le reste de
3rces et de santé que l'excès de travail lui avait laissé. H dissipe souvent
n quelques heures son salaire de la semaine et l'argent qu'attendait la
^mme pour payer les vêtements et le pain des enfants. — L'hygiène
ait aujourd'hui que l'eau-de-vie est le plus terrible ennemi de la santé
le nos populations et que le repos hebdomadaire est l'un des moyens
le lutter contre les penchants pour cette funeste boisson.
Il est incontestable aussi que, sans excès alcooliques, le manque de
epos amène par le déclin i-apide des forces physiques et intellectuelles,
LU état d'infirmités, rincajyacité an travail^ la ruine de V aisance et du
ien-èire matériel et, en même temps aussi, la ruine de la rie de famille
tde la moralité. Tout cela est de la plus haute importance pour la
anté privée et publique. Quel est le médecin qui ne pouiTait raconter le
Irame de ces vies qui, commencées avec une santé florissante, une jeu-
lesse vigoureuse, pleine d'espérance, de bonne volonté et de plaisir au
ravail, laissent bientôt entrevoir les suites d'un travail fébrile et inces-
ant, c'est-à-dire, une fatigue continuelle, un malaise général, la perte
le l'entrain au travail, les joues pâles, la physionomie décomposée, le
[os courbé ou la poitrine enfoncée, la force de résistance brisée, le
nécontentement et le murmure sur les lèvres, un corps exténué, chétif
1 usé avant le temps. Un peu plus tard, on voit encore apparaître la
ihthisie pulmonaire, la perte de la vue ou des forces corporelles, le
nanque complet d'élasticité, le tremblement, les vertiges, l'irritabilité
it autres affections nerveuses, les paralysies partielles ou générales, et,
i la suite de tout cela, l'incapacité au travail, la perte des ressources
natérielles, la diminution de l'ordre, do la propreté, de la moralité et du
K)nheur dans la famille, les enfants livrés à la mendicité, la femme au
lésordre et à la misère et l'ouvrier lui-même, après s'être traîné péni-
>lement quelques années, voué à une mort prématurée à l'hôpital.
Il est très difficile de prouver dans chaque cas particulier que ces
ristes résultats soient toujours et exclusivement les suites du manque
le repos. Mais si l'on voit se répéter souvent ce drame dans ses diffé-
entes variations et toujours sous les mêmes influences, on ne peut
"empêcher de croire que beaucoup d'infirmités, de maladies et de morts
nticipées, dont les causes ne paraissent pas très évidenteis, sont dues à
e système de travail forcé.
Les conséquences d'une telle manière de travailler ne se bornent pas
450 8KGTIOK I. — 8ÉAKCK DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
seulement à Tindividu qui y est soumis et à sa famille, à ses enfiinb» et
descendants qui portent en eux la faiblessse et la constitution chétive
qu'il leur a léguées ; mais elles menacent souvent aussi un public plus
éloigné. Comme dans les fabriques, et partout oU les rouages et les
machines entraînent et mutilent facilement l'ouvrier qui s'en approche
sans Tattention nécessaire, il est de fait que les accidents sont bien plus
fi*équents lorsque le manque de repos hebdomadaire émousse les sens et
l'intelligence et les rend moins attentife et plus indolents; de même
aussi, mais avec une portée bien plus grande et plus funeste, les
exigences excessives du service prolongé, imposé au personnel générale-
ment insuffisant des chemins de fer, sont la cause fréquente des catas-
trophes et des accidents qui y surviennent. En examinant les procès-
verbaux dressés après ces acddents et les actes des tribunaux, on arrive
à la conviction que les directeurs et inspecteurs qui exploitent parfois à
Texcès les forces de leura employés pour augmenter les dividendes des
actionnaires, sont plus coupables que ce modeste garde-voie ou aiguil-
leur qui, pour avoir un salaire médiocre et une pauvre nourriture,
assuma une lourde responsabilité, est resté cloué à sa place dès le
commencement du jour et jusqu'à une heure avancée de la nuit, sans
repos hebdomadaire, et finalement a mal tourné son aiguille. Ils sont
plus coupables aussi que ce chef de gare qui, surexcité et énervé par uu
service fatigant et sans relâche, avait donné à un train le signal du
départ, sans réfléchir qu'un autre arrivait d'une direction opposée, et sur
la même voie. Ces employés avaient fait leurs preuves depuis des années;
mais la fatigue excessive avait troublé momentanément leur intelligence
et les avait privés de la présence d'esprit nécessaire, et cela par la faute
de ceux qui ne leur avaient pas accordé et ordonné un repos indispensa-
ble. Et c'est onlinairement à de tels subordonnés que les peines les plus
sévères sont infligées après de semblables catastrophes.
A d'autres points do vue aussi, le sort des employés des services
pubhcs, des chemins de fer, de la police, de la poste, des télégraphe5,
est déplonable. Un travail continu et monotone, l'irrégularité d'une >ie
exposée aux influences variables de tous les temps, d'une nourri-
ture souvent malsaine, l'excitation produite par les boissons alcoo-
liques, l'impossibilité de jouir de leur famille, les nombreux désa-
gréments qu'ils ont avec le public, et, par-dessus tout, la privation du
repos hebdomadaii-e, d'un jour régulier qui les élève à des aspirations
dignes d'hommes libres : tout cela fait que ces employés, et surtout les
conducteurs des chemins de fer et les facteurs de la poste, sont ordinai-
rement vite épuisés. Ils deviennent incapables de faire leur service», et
sont souvent même impropres h d'autres travaux, dételle manière qu'ils
IJC BSIHW HEBiM)MADAIRE AU POINT UK VUK HYGIENIQUE. 451
>ut usés au physique et au moral bien avant le temps. Dans la plupait
e leurs ffunilles, que j'ai eu à visiter comme médecin, j'ai trouvé bien
lus de misère et de mécontentement que de joie ; partout j'ai entendu
?tte même plainte, que leur malheur était dû en grande paitie à la pri-
Eitiou d'un jour entier, régulier et commun de repos par semaine et
ne leur service pénible, interrompu seulement par des heui*es de chô-
lage passées dans des cabarets et loin de leur intérieur, ne ruinait
AS uniquement leur santé, mais rendait aussi impossible pour eux la vie
e famille, l'ordre, l'hygiène domestique et le relèvement moral.
Permettez-moi, Messieui*», de terminer par quelques conseils et indi-
itious pratiques. Pour que le repos hebdomadaire remplisse son grand
ut hygiénique, il est nécessaire :
1* Que le jour du repos soit, autant que possible, HtnidtuHévt le niênw
mr touë. Poui" ne jamais inten'ompre le travail et pour diminuer la
?rte de temps et des forces motrices, on a essayé dans quelques grandes
<ines et fabriques d 'adopter un système d'après lequel certains ouvriers
' reposaient le lundi, d'autres le mardi et ainsi de suite. Mais ces essais
ont pas réussi, parce que les diiîérentes branches de travail dépendent
s uiies des autres, et que le jour de repos qui n'est pas le même
)ur tous, qui ne nécessite pas l'habit de fête et ne porte pas une
npmute générale de propreté, de calme, d'élévation physique et spi-
tuelle, expose Touvrier aux dangers du lundi-bleu. Nous sommes tel-
nient solidaires les uns des autres que nous ne pouvons pas nous repo-
T d'une manière complète si le jour de repos n'est pas, autour de
3U8, commun à tous et, par cela même, un jour de joies pures.
Il jour plus calme et plus tranquille que les autres. (J'est pourquoi dès
origine de toute civilisation les hommes ont compris ([u'un jour de
f|)os après six jours de travail est une nécessité poui* la nature humaine;
s ont aa^si accepté cette loi que le jour de repos doit être le même
3ur tous et ne ])eut pas être laissé à l'arbitraire des individus.
2* Il faut un jour vntivr vt romphi de re]>os pour répondre îiux besoins
liysiologique.s (lue nous avons constatés, et cela d'autant plus que le
•avail est i)lus fatigant et plus uniforme et que les forces sont moindres,
elui qui travaille de la tête a donc bien tort de renvoyer à ce jour sa
)n*espondance ])arti('ulière et le règlement de comptes qui ne rentrent
[is précisément dans son travail quotidien. S'il n(î détache pas son
çprit du cercle des calculs et des spéculations, s'il ne donne pas une
mt autre diiection k ses pensées, non seulement il prive son cerveau
un repos indispensable, mais aussi il devient incapable d'aspirations
ipérieures oii Tesprit retrouve sa noblesse et sa Uberté. Une demi-
uniée de repos suffit (Micore moins aux ouvriers pour rétablir l'élasti-
452 SECTION I. — 8ËAXCK DU S.VMEDI 9 SEPTEMBRE.
ticité de leui-s forces. Le patron ne devrait donc pas se contenter de ne
demander, le jour du repos, aucun ti'avail de ses subordonnés ; mais il
est même de son devoir de renvoyer des ateliers tout travailleur qui
par mauvais calcul, par préjugé ou autres idées fausses voudrait $7
tenir ce jour-là, ne fût-ce que pour quelques heures. On doit aussi con-
vaincre les ouvriers que c'est de leur santé, de leurs forces physique*
et intellectuelles, de leur moralité, de leur liberté et dans l'intérêt
de leurs femmes et de leui's enfants qu'on cherche à leur conserver
ce jour et que dans les contrats avec leurs patrons ils doivent se résen er
le jour du repos tout entier.
8" Il faut avoir soin aussi que le repos hebdomadaire soit iraimetd
employé à de bonnes récréations, c'est-à-dire que le corps et l'esprit
aient une autre occupation qu'aux jours ouvrables, une occupation facile,
volontaire, agréable et gaie, dans un air pur, avec des habits propres et
dans une demeure nettoyée et en ordre. A cet effet, on doit recomman-
der de congédier les ouvriers de meilleure heure la veiUe du jour de
repos (comme cela se pratique en Angleterre et comme l'ordonne aussi
la loi suisse sur les fabriques) et leur faciliter les bains et autres mosui-es
de propreté, pour que ces soins hygiéniques très essentiels leur soient
possibles et que les occupations souvent pénibles de nettoyage, de
récurage, de raccommodage et de repassage ne tombent pas sur le jour
du repos et ne le rendent pas illusoire.
Panni les influences nuisibles, qui menacent les ouvriers le jour de
repos, surtout s'ils en ont employé la première moitié au travail, il faut
mentionner Vinaction complète, indolente, dans des habits malpro-
pres, sur un lit et dans une chambre étroite. Cette oisiveté que nous
avons souvent constatée ne satisfait pas au besoin de grand air qu'ont
les poumons ; elle ne stimule pas non plus la circulation du sang et elle
ne développe pas les forces morales. Le véritable repos ne consiste pas
à ne rien faire, mais à changer d'occupation.
Mais c'est surtout contre un autre danger du jour de repos qu'il s'agit
de lutter ; nous voulons parler des excès d^s boissons alcooliques qui
dénaturent si souvent le jour de récréation, et de toutes ces joies
bruyantes et excitantes qui épuisent le corj)» et fatiguent l'esprit, au
lieu (le le reposer, de ce« fêtes déréglées et de ces plaisirs passionnés
qui ne laissent après eux que le vide et le dégoût et qui rappellent les
bacchanales et les saturnales des temps de décadence des peuples anciens.
Poui* que les ouvriers soient préservés de ces aberrations, il faut leur
offrir le jour du repos des distractions plus saines, une nourriture
intellectuelle véritable, des salles de lecture, des bibliothèques, musées,
conférences publiques et gratuites, jardins botaniques et zoologiques, et
LE REPOS HEBDOMADAIRE AU POINT DE VUE HYGIENIQUE. 45^
e culte public lui-même, afin de relever autant que possible la vie morale
t intellectuelle.
Ost, avant tout, la vie de famille qui doit être considérée comme uu
évier des plus importants de l'hygiène du jour de repos. Rien n'est plus
propre à délasser un homme fatigué que la liberté et la franche gaieté
lu foyer domestique, la joie naïve des enfants, les promenades en famille
laii8 la campagne, et, en général, la vie cordiale et l'harmonie avec les
;iens.
Le repos hebdomadaire est une question de la plus haute importance
lux points de vue social, moral, humanitaire et surtout hygiénique. Mais
•e serait une hygiène bien incomplète et bien stérile que celle qui négli-
;erait la santé morale, la santé de l'âme, si nécessaire elle-même à la
>anté durable du corps. A l'âme aussi il faut un jour entier de repos et de
liberté, pour qu'elle puisse s'orienter, se rendre compte d'où elle
vient et oii elle va. Fatiguée du train de la vie ordinaire, elle a besoin
l'un asile tranquille où elle puisse se reposer, se rafraîchir, se purifier,
recouvrer sa noblesse native et reprendre courage. L'hygiène de Vâme,
la culture des intérêts supérieurs de la vie, la recherche de la paix inté-
rieure dans l'harmonie avec Dieu peut et doit couronner l'hygiène du
jour du repos.
Je conclus qu'un jour entier et commun de l'epos hebdomadaire est
rinstitution la plus nécessaire pour la conservation de la santé et de la
vigueur du corps et de l'esprit, c'est une condition essentielle d'apti-
tude au travail et de vie prolongée, un gage de prospérité matérielle et
de moralité pour l'individu, un élément indispensable de l'hygiène
publique et de force pour la nation.
Il est du devoir de tous ceux qui apprécient l'importance du repos
hebdomadaire, de créer et d'entretenir dans l'opinion publique, parleur
propre exemple et par tous les moyens en leur pouvoir, le sentiment
des avantages réels qui résultent d'un jour régulier de repos, et de faire
de la propagande pour cette caisse d'épargne des forces, de la santé et
de la moralité de l'homme.
Ce serait procurer un grand bienfait à des miUiers d'ouvriers et donner
un élan salutaire au progrès humanitaire et sanitaire, que de faire uil
chaleureux appel aux gouvernements et aux hommes influents de toutes
les municipalités, aux sociétés d'utilité publique, aux directeurs des
chemins de fer et autres services publics, aux chefs d'ateliers, d'éta;blis-
sements industriels et d'entreprises commerciales, afin que le repos
hebdomadaire régulier et complet soit considéré comme une loi impé-
rieuse de la nature humaine, que ce jour soit accordé, autant que possible,
à tout individu placé sous la dépendance d'autrui, et que tous ceux qui
454 8ECTI0K I. — 8ÉANCE DU SAMEDI 9 SHeTRilfiRB.
ont quelque autorité et quelque influence contribuent de leur mieux à ce
que ce jour soit observé selon les principes mentionnés précédemment.
Pour arriver h une base aussi solide qu'étendue de cette question au
point de vue hygiénique et, en même temps, pour gagner des collabora-
teurs convaincus, il serait aussi à désirer qu'on prît Tinitiative d'une
enquête scientifique sur les effets du travail non interrompu par le repos
bebdomadaire ; effets qui ne peuvent être constatés valablement que par
la collaboration de beaucoup d'observateurs de tous pays, médecins,
che£s d'ateliers et d'administrations, amis du peuple et des ouvriers.
Aux médecins on pourrait demander :
1. Avez-vous remarqué que les personnes sans repos hebdomadaire
suffisant étaient plus souvent indisposées ou malades que celles qui
jouissent de ce jour de repos ?
Qu'elles étaient plus souvent, plus longtemps et plus vite incapables de
travail ?
Que leur vie durait moins longtemps ?
Qu'elles étaient, généralement, plus adonnées à l'eau-de-vie V
Que leurs familles étaient plus souvent exposées à la misère ?
2. Quelles formes de maladies avez-vous surtout pu constater chez ces
personnes?
8. Quelles sont les influences qui font moins facilement supporter le
manque de repos hebdomadaire : influences de l'âge, du sexe, de Fétat
des forces, de la nourriture, du genre du travaU, sédentaire ou accompli
debout, travail intellectuel ou travaU des ouvriers et employés de chemins
de fer, de la poste et des télégraphes ?
4. Avez-vous remarqué qu'un demi-jour de repos par semaine, ou un
jour après deux ou trois semaines, leur suffit, à la longue, sans diminution
anormale de leurs forces ?
5. Avez-vous remarqué que le jour du repos lorsqu'il n'est pas simul-
tané et le même pour tous, remplit entièrement son but hygiénique ?
Ces mêmes questions seraient aussi adressées aux chefs d'ateliers,
d'administrations et de services publics. Ceux-ci pourraient donner des
renseignements précis sur l'aptitude au travaU et la valeur du travail
des personnes privées du repos hebdomadaire comparées à d'autres qui
en jouissent, sur la disposition psychique, la bonne volonté, le contente-
ment, le bien-être matériel, la vie de famille, la fréquence de l'alcoolisme
parmi les uns et les autres et sur la manière plus ou moins hygiénique
dont les ouvriers et ouvrières emploient ordinairement leur jour de
repos.
M. le D*^ Napias, tout en admettant la nécessité du repos périodique
LE REPOS IIKBDOMADAIUK AU POINT DE VCE HYOléXIQUE. 455
pour tout homme qui travaille, croit que les couclusions du rapport du
D' Haegler sont inspirées par des préoccupations étrangères à l'hygiène.
Il croit de plus qu'il est impossible d'arriver à faire reposer tout le
monde en même temps. Les employés de chemins de fer, en particulier,
doivent pour ainsi dire avoir plus d'ouvrage qu'à l'ordinaire le jour où
les autres travailleurs prennent un repos hygiénique.
Il n'y a aucune preuve physiologique pour que la période du repos
soit le septième jour. Les exigences sociales et professionnelles sont en
contradiction absolue avec la notion d'un jour de repos absolu pour tout
le monde.
M. Hou(jHT()N s'exprime en anglais. Se« paroles sont traduites par
M. le secrétaire. Les personnes, ditril, qui ont de l'éducation doivent
chercher le repos non dans la cessation complète du travail, mais dans
la variété du travail. La religion chrétienne ne prescrit pas le repos du
sabbat dans toute la rigueur judaïque. Londres possède deux sociétés
opposées et elles ont discuté ce si^et publiquement. Mais le peuple de
son côté a décidé la chose pour lui-même, en ce sens qu'il ne veut pas
plus être privé de récréations rationnelles qu'empêché de profiter des
consolations de la religion. Le juste milieu est la voie à suivre en ce sens
que la loi doit empêcher les cris des rues, le passage dans les rues de
chars lourdement chargés, mais la faculté doit être accordée à qui le
veut, d'atteindre facilement la campagne, laquelle est également favora-
ble aux méditations religieuses et au repos corporel.
M. le prof. CoRKADi est d'une manière générale d'accord avec M. le
D' Hœgler : un jour de repos apràs six de travail est nécessaire. Mais il
y a quelques observations à faire. La question hygiénique se lie à la
question économique ; le salaire de la semaine est-il pour tous, et sur-
tout pour les femmes sufiisant pour permettre de ne rien faire, de ne
rien gagner le dimanche ou dans tout autre jour de repos V D'ailleui-s il
n'est pas possible de mettre à l'écart les nécessités de la vie sociale;
d'arrêter par exemple les chemins de fer qui doivent nous conduire à la
campagne pour nous reposer et pour y respirer un air plus pur. Le jour
du repos, de même qu'il ne peut être le même pour tous, ne peut être
al)solu. Il peut arriver des accidents qui obligent à travailler le jour
consacré au repos ; par exemple dans le cas d'inondation. Il y a aussi
des travaux agricoles et même des manipulations industrielles qui ne
permettraient pas un délai. Il faut donc nous limiter à recommander un
jour de repos non pas d'une manière absolue, mais autant qu'il sera
possible. En outre, il faut donner aux classes ouvrières les moyens de
profiter de ce jour de repos ; car, il ne faut pas l'oublier, la question
hygiénique est en même temps une question économique et par consé*
quent elle est plus complexe qu'on ne le croit.
4.'»(» HKCTION I. — «KAXCE DV 8.VMKDI 9 8l!:i*TEMUKE.
M. le D' Fkts( HEKix (lit que riioiiorable M. Napias nous a pariédeh
(litticulté (robserver le diiimiiche à Paris et danis^ les grandes vilki.
C'est facile à comprendre ; aussi le D' Fetscheriii ne voudrait pas da
loi.s rigoureuses pour le jour du repos. Mais il croit devoir insistor m
la nécessité d'un jour de repos généi-al pour les ouvriers, pour ceux de
la (*ainpagne surtout, et pour la famille. Le bien-être de la famille est
un moyen puissant d'hygiène. Comme aliéniste qui, depuis 23 ans, a to
bien (les misènvs dans les asiles, il sent surtout le besoin d'un jour de
re]:()s général pour soutenir la santé physique et psychique de lafiunille.
Il soutiiMit entièrement les conclusions du D' Ha?gler.
Le ïy ViXv;Exr uv Ci-aix d(^sirerait connaître exactement le but de
Tenquéte que M. le D' Haegler nous propose de faire. S'il veut uouspe^
suader seulement que le repos aprè,s le travail est nécessaire ou même
indisi)ensable, je puis lui assurer que nous sommes tous ici convaincus.
Mais cette preuve une fois faite, nous proposera- 1 -il, comme ses condft-
sions m(î le font craindre, d'imposer ce repos indispensable par démons-
tration V Aloi-s je lui demande comment il prétend le réglementer. Sen-
t-il le mèjiie pour les paysans et pour les ouvriers, pour le,s profess^us
et i)Our les élèves, pour les maîtres et pour les domestiques.
Déjà M. Hiegler admet des excei)tions. Qu'il me permette de lui dire
qu(» c'est précisément en faveur de ces exceptions et de ces excepdo]»
seules qu'il {larle. Ce repos en effet chacun le considère à ce point comme
excellent, que tous 1<* prendraient volontiers au moment opportun. Mal-
heureusement notre civilisation impose à quelques-uns d'entre nous une
lutte si lourde pour l'existence (pie le rei)OS nous devient impossible, et
c'est par là que la questioji est écoHomique comme le disait très bieu
M. le i)roteseeur Corradi. Je ne parle pas ici des employés qui presque
partout se reposent environ un jour sur huit en moyenne, je ne parie
pas des paysans qui daiLs la presque totalité des cas ont aussi leur repos
lie])domadaire ; ni des enfants, ni des étudiants qui ont des vacances,
ni des soldats qui ont des congés. Je i)arle des ouvriers, et de tous ceux
qui en général traraUknt pour rirre; ceux-là. croyez-le bien, prendront
du repos aussi souvent qu'il leur sera possible de le faire. S'ils travail-
lent sans relâche, soyez certains qu'alors ils sont placés entre le labeur
et la faim. Quelle loi oserait leur imposer un repos plus préjudiciable à
leur santé que le travail V
( -ertes nous sommes tous d'accord ici. Le repos, le repos régulier, le
rei)os fréquent est hygiéniciuement utile, il est nécessaire, il est indis-
pensable. Mais ce n'est pa^javec une loi qu'on modifiera les causes com-
plexes du surmenage d'une certaine partie de nos populations. La ques-
tion est plus vaste, elle touche à des points que le Congrès d'hygiène
n'a i)as à étudier.
Planche 111.- Page 457
Lith. G.Brumm , Genève
41
. 1
/
LA FIÈVRE JAUXE. 457
J'estime eu conséquence que l'enquête proposée par M. le D' Hœgler
n'aurait aucun résultat pratique parce qu'elle ne nous apprendrait que
des faits qui déjà nous sont parfaitement connus.
LA FIÈVRE JAUNE DEVANT L'HYGIÈNE
INTERNATIONALE
M. le D' et prof. Layet de Bordeaux, rapporteur sur cette question,
n'a malheureusement pas pu nous remettre le texte de son discours. Ses
^conclusions, qui faisaient partie du programme du Congrès, et qui ont
5ervi de base à la discussion, se trouvent reproduites dans le présent
volume, pages 31 à 33. M. Layet a démontré avec l'aide d'une carte
géographique (voir planche III), la création de foyers successifs (piîmi-
tifs, secondaires et tertiaires) de la fièvre jaune dans sa marche envahis-
^anie vers l'Europe.
Di«!»coups de M. le D' FormeiitOy
de la Nouvelle-Orléans.
LA FIÈVRE JAUNE. NATURE DE LA MALADIE. ÉTIOLOGIE.
MESURES PRÉVENTIVES.
La fiè\Te jaune est, comme vous le savez. Messieurs, une maladie d'un
yi>€ spécial. Elle est d'origine exotique. Primitivement développée
A IIS les régions tropicales de l'Amérique, surtout dans les îles du Golfe
u Mexique et de la mer des Antilles, ce n'est qu'exceptionnellenaent
a ''elle s'est étendue aux autres contrées du Nouveau-Monde, et en
lui-ope. La fièvre jaune est essentiellement une maladie de l'hémisphère
ce î dental; on ne l'a jamais observée dans les Indes orientales ni en
'liiiie. Il semble que ce fut vers la fin du XV"" siècle ou le commence-
lent du XVI"' siècle, que la maladie se montra pour la première fois à
m
a-tnt-Domingue et à Porto-Rico. Les auteurs qui ont écrit sur les expé-
itions de Colomb, rapportent que peu de temps après son second
ébarquement à Saint-Domingue, en 1493, ses troupes moururent en
^^nd nombre d'une maladie alors inconnue, pendant laquelle, ceux qui
'^ étaient aiîectés devenaient d'un jaune safran. On conçoit combien, il
^^ difficile de rien préciser à l'égard de la première apparition de la
458 SEtniON 1. — 8£A2kCE DU 8AMKUI 9 8KPTKMURF.
fièvre jauue dans un pays qui venait à peine d'être découvert, à une
époque d'ignorance générale. Quoi qu'il en soit, pendant plus d'un siè-
cle après la découverte de rAmérique, on ne trouve nulle part la moia-
dre allusion à une maladie ressemblant à la fièvre jaune. En 1635, ou
observa et Ton décrivit, dans Ttle de la Guadeloupe, une épidémie qai res-
semble à la fièvre jaune. Pendant le XVII"* siècle on observa la maladie
le long des côtes de TAtlantique ; elle s'étendit jusqu'à Boston en 1693.
Kn 1700, elle sévit à New-York. En 1761, la maladie se fixa d'uue
manière permanente à la Havane, et elle y a régné depuis lors. Au com-
mencement de ce siècle, elle atteignit le 47"^ degré de latitude nord, eo
Amérique, et traversant les mers, elle se déclara aux Iles Canaries, à
Livourne, Barcelone, Gibraltar, Lisbonne, etc. Jusque-là elle n'avait
sévi que dans les ports de mer ou dans des endroits peu éloignés de la
mer. Depuis 1853, année où elle fit de si grands ravages en Louisiane, h
fièvre jaune s'étendit dans les villes et les campagnes de rintérieurà
de grandes distances de la mer. Ce fait fut surtout observé pendant
les épidémies de 1858, 1867 et 1878. Les nombreux et faciles moyens de
conmiunicatioii par ten*e et par eau, chemins de fer, bateaux à vapeur,
etc., qui existent de nos jours eultre les diftérentes parties du pays
rendent compte, jusqu'à un certain point, de ce fait. Cependant,
depuis le commencement du siècle, la maladie ne s'est montrée qu'à
de rares intervalles, et d'une façon accidentelle dans les villes du nord
des États-Unis, et en Europe. Son foyer permanent et central est
aujourd'hui localisé dans certaines contrées du Golfe du Mexique,
particulièrement à la Vera-Ci-uz et à la Havane. Elle y sévit presque
toute l'année. Elle n'a fait sou appaiîtion au Brésil que vers Tauiiée
1850, mais depuis lors elle y règne d'une façon constante pendant les
mois d'été.
Pendant longtemps on avait cru que la fièvre jaune ne se montrait
jamais à une élévation de 2500 pieds au-dessus du niveau de la mer :
mais depuis peu, elle a été observée à Caracas, à aOOO pieds de hauteur, et
en 1854 et 1856 à Cuzco à une hauteur de 12,000 pieds. Cependant le
plus ou moins d'élévation dans le même degré de latitude, a une très
grande influence sur le développement de la makdie ; ainsi, tandis
qu'elle est endémique à Vera-Cruz, port de mer peu élevé, elle est pre^
que entièrement inconnue dans l'intérieur, à une certaine élévation. A la
Jamaïque, à Saint-Domingue, les montagnes sont entièrement à l'abri
du fléau qui sévit sur la côte (Jones).
A part les conditions telluro-atmosphériques spéciales aux l'égious tro-
picales ou semi-tropicales de l'Amérique, où la maladie est endémique
et pemianonte ; certaines conditions générales sont nécessaires au déve-
LA FIÈVRE JAUNE. 459
oppenient de la fièvre jauue dans les pays où elle ne se montre qu'acci-
lentellement, c'est-à-dire où elle est importée du dehors. Ces principa-
es conditions sont une température élevée (Sb"* F.) et prolongée, une
prande humidité, un certain degré de densité de population, une nom-
ireuse population d'étrangers ou de non acclimatés, une situation peu
ïloignée de la mer et de peu d'élévation, ou bien de fréquents rap-
K>rts avec un port de mer, etc., enfin toutes les autres causes d'insalu-
irité locale, mauvais drainage, mauvais pavage, malpropreté des rues,
oaisons, latrines, etc., encombrement, manque d'air, d'eau, de soins,
rhygiëue publique et privée, etc. Cependant, chose curieuse à noter, la
Dalpropreté ne joue pas un rôle aussi important qu'on devrait le suppo-
er raisonnablement, dans le développement et la propagation de la mala-
lie. Nous avons souvent vu à la Nouvelle-Orléans, les quartiers les plus
iropres, les plus riches, être les premiers et parfois les seuls envahis (cas
le la famille du général Hood, en 1879) ; et la maladie, importée des
Antilles, a fait des ravages en 1862 et 64, à Nassau, lie de rochers élevés,
lont les rues sont lavées par de fréquentes et copieuses pluies, où la
K>ussière et la malpropi*eté sont inconnues.
Quant à la cause, réelle, déterminante, efficiente de la fiëvi*e jaune,
^11 s'accorde généFalement à admettre qu'elle consiste en un principe
Qorbide, jusqu'ici mal défini, en un germe, ou organisme, infiniment
letit, d'origine animale probablement, germe vivant dans l'air, sus-
«ptible de se reproduire et de se transporter d'une région à l'autre,
îelon qu'il trouve ou non dans le milieu où il est transporté, les condi-
ious nécessaires à sa vie, à sa nutrition et à son développement, il
e reproduit, se propage, crott et se multiplie à l'infini, ou bien s'étiole
ît meurt. Le microscope n'a pas encore démontré d'une façon positive
a présence de ce germe, mais ne tardera pas à le Caire selon toute pro-
labilité. Tout porte du reste à l'admettre, l'analogie, les démonstra-
ioiis physiques de germes ou organismes vivants dans une foule de
naladies, suivant les expériences si connues, si probantes de Pasteur,
le Tyndal, etc. On ne saurait admettre aigourd'hui la doctrine de la
génération spontanée, pas plus celle des maladies que de quoique ce
4)it d'organique, de vivant. La fièvre jauue de même que la rage canine,
a fièvre typhoïde, la variole, la scarlatine, la diphtérie, natt d'une
ause spéciale, toujours la même, susceptible de se communiquer et de
e propager. Cette cause, ce poison du sang est un corps vivant, un
jerme organique, puisque — c'est là la diiSférence capitale entre un
organisme vivant et une matière inorganique morte — son développe-
it sa croissance n'ont lieu que sous certaines conditions spéciales, detem-
lérature, d'humidité, etc. Ce poison, comme d'autres \^\sav\& \siQv\^vte^s
46<) 8KCTI0N I. — 8KAXCF' DU SAMEDI 9 8EPTËMBRK.
possède une grande résistance à Taction du temps et d'autres circon-
stances adverses. II peut demeurer longtemps à Tétat dorma4]t, atten-
dant une occasion favorable, un milieu propice à son développement:
comme le prouvent tant de faits bien constatés d'introduction de k
maladie, dans une localité où elle a'avait jamais existé auparavant, à la
suite du déchargement d'un navire, ou de marchaudises provenant
d'une région infectée, bien éloignée parfois; par exemple rintroduction
de la fièvre jaune à Saint-Nazaire par VAnne-Mariey venant de la
Havane, en 1860 ; et en 1878 h Madrid, pai* une caisse de vêtements de
soldats arrivant de l'tle de Cuba (voir la relation si intéressante^ si
instructive de Melin). Ne connaissons-nous pas d'autres faits de même
nature, tout aussi extraordinaires, aussi curieux, mais qui causent sans
doute moins d'étonnemeat, de surprise, parce que nous les voyons se
reproduire plus souvent sous nos yeux,, par exemple : la durée si prolon-
gée de la période de somnolence, de repos, d'inertie, de certaines semen-
ces, de certains ovules. N'a-t-on pas vu germer et se développer de no?
jours des grains de blé qui provenaient d'une momie d!Egypte, enter-
rée depuis plusieurs siècles V .
Pour ne parler que d'un parasite bien connu, surtout depuis les admi-
rables travaux de Pasteur, le hacillas anthracis, le germe du charbon
ou fièvre splénique, ne sait-on pas que ce poison contenu dans les.cuirs
des animaux infectés, résiste parfois à l'ébuUition prolongée, à la chaux
vive, aux différentes préparations nécessaires pour arriver à tanner le
cuir ?
Nous lisons dans VEnq/clopédie de Ziemssen, ce fait rapporté par
Bollinger : six moi^ après la mort d'un animal charbonneux, son cuir,
trempé dans une mare d'eau, infecta vingt moutons qui furent lavés
dans cette eau, un sellier qui travailla ce cuir, et deux chevaux qui
portèrent un harnais fait de ce cuir ! Bollinger affirme qu'une tempérar
ture de glace ne fait qu'engourdir et assoupir ce poison du charbon (de
même que pour d'autres a bactéries saprogéniques, ».) sans pour cela
détruire sa vitalité qui renaît si le germe est soumis de nouveau à une
température plus élevée.
Pasteur a innoculé avec succès la maladie avec des germes cultivés par
lui artificiellement depuis deux ans. En 1879, il annonça à l'Académie de
médecine de Paris que le « charbon, la septicémie, le choléra des poules,
existent à l'état de germe. en bouteille dans son laboratoire depuis
deux ans. A volonté ces gennes peuvent de nouveau produire l'infection
et la mort. » Depuis lors il a mis également en bouteille le poison de la
rage. Il a démontré que ces différents germes exigent pour se développer
des conditions et un milieu différents ; par exemple les bactéries du
LA FIKVRK JAUNE. 461
charbon se développèrent mieux dans Une infusion de houblon, tandis
que les organismes qui produisent le choléra des poules n'y croîtront
pas, mais au contraire se développeront d'une façon splendide dans du
bouillon de poulet.
Le professeur James Law, de l'Université de Cornell, prouve que le
poison du charbon résiste à une température de 300** F. de même qu'à
une température bien au-dessous de zéro. Le temps et même la putré-
&ction ne semblent avoir aucune influence sur ce mystérieux et subtil
poison. Il a vu, et ceci confirme l'expérience de Pasteur, des prairies h
pâturage sur lesquelles étaient morts bien des années auparavant des
animaux infectés, retenir leurs qualités infectueuses pendant un grand
nombre d'années successives. Il a vu ces prairies fournir un foin qui a
continué à infecter des animaux nourris à distance de cet endi'oit!
iThaille, N. 0. MeiL-JournaU oct, 1880). Une des particularités du
poison, notées par Pasteur, c'est que certains animaux ne sont pas
susceptibles d'être infectés, les oiseaux, par exemple, chez eux la tempé-
rature de leur sang est trop élevée. Il réduisit cette température de 39°,
la normale, à 25"", en maintenant l'animal dans un bain froid, et alors il
put les innoculer avec succès et les vit mourir en 36 heures.
Ces remarques s'appliquent également bien à certains poisons ou
principes morbides, dont la nature organique est admise par analogie, en
Tabsence de preuves réelles. On sait que les poisons qui produisent la
variole, la scarlatine et la rougeole sont doués à un degré extrême d'une
puissance de résistance aux agents extérieui^s, d'une puissance conserva-
trice parfois incroyable. On a cité des exemples de transmission de ces
maladies contagieuses, après un laps de temps de mois et d'années; par
exemple de fossoyeurs atteints pour avoir exhumé des cadavres de
varioleux, morts depuis plusieurs mois.
Le poison ou germe du choléra est peut-être de toutes les maladies
transmissibles, mais non susceptibles d'être inoculées, celui qui a le plus de
rapports avec le germe de la fièvre jaune. Tous les deux sont d'une grande
ténacité ; sous l'influence de certaines causes, changement de latitude
par exemple (fait surtout observé sur les navh-es), on les voit dispai*attre
pour reparaître quelques mois, on dit même quelques années après.
Pour ce qui est de la fièvre jaune, on a vu les germes de la maladie
demeurer à l'état latent pendant bien des mois, dans les cales ou autres
parties des navires , et même dans certains vêtements contenus dans
des malles ; puis un beau jour, lorsque ces germes étaient répandus à
Tair libre, sortaient pour ainsi dire de leurs prisons, on les a vu produire
de terribles accidents.
On peut en citer des exemples nombreux et récents, entre autres celui
4(î2 SECTION I. — 8KAKCE DU 8AIIEm 9 8EPTEMBRK.
(lu Steamer des États-Unis Plymoulh. Ce navire se trouvait en croisière
dans les parages de Saint-Thomas et de Santa-Cruz où sévissait la fièvre
jaune en octobre 1878. U fit du charbon à Saint-Thomas le 21 octobre.
Du 25 octobre au 7 novembre, il y eut sept cas de fièvre jaune à bord,
et puis tout rentra dans Tordre. Le Plymouth revint aux États-Unis le
30 novembre et à partir de cette date jusqu'au 15 mars 1879, il demeura
à Portsmouth et à Boston, points à Textrémité nord des États-Unis, au
milieu des glaces et des neiges. Étant sur le dock, h Boston, le navii-e
fiit fùmigué trois fois, au moyen du gaz acide sulfureux. A cet effet,
cent livres desou&*e furent brûlés chaque fois (Boston Médical Journal).
Presque toutes les provisions furent enlevées du navire. A Tintérieur il
se formait de la glace dans presque toutes les parties du navire ; mais,
c'est là l'explication de mystère, le gardien, pour se mettre à l'abri du
froid, tenait allumé un poêle pendant presque toute la durée de sou
séjour sur le dock. Le 15 mars 1879, le Plymouth repaitait pour les
Antilles. Peu de temps api*ès, dans une tempête, les écoutilles dui^nt être
abattues, l'entrepont devint d'une chaleur et d'une humidité insupporta-
bles ; le 21 et le 22, il se déclara deux cas de fièvre jaune, ce furent les
seuls cas, vei-s 27"* 40' de latitude nord, le navire fut dirigé vers le nord
et la maladie disparut. Dans ce cas le poison de la fièvre jaune semble
être resté à l'état latent, à l'état somnolent pendant quatre mois et
demi î On s'explique que le froid excessif auquel fut soumis le steamer
dans le port de Boston, ne détruisit pas, ne tua pas tous les germes de
la maladie, par le fait de la présence presque constante d'un poêle
allumé, précisément dans une partie du navire oii l'on put constater
que certaines i)outres ou planches se trouvaient fortement endommagées
et pounies.
Pour ce qui est de la transmissibilité de la fièvre jaune dans une loca-
lité pai-faitement saine jusque-là, au moyen d'effets, vêtements, etc. et
cela plus ou moins de temps après que ces effets avaient servi, nous
pourrions citer un grand nombre d'exemples tout à fait concluants.
Pour ne pas abuser de votre patience, nous nous contenterons de vous
rappeler un ou deux faits rapportés dans un mémoire du D' Chaille,
'( On Poison of Jellow Fever. » r Le fait du D' C.-M. Smith, de Fi-anklin
( Louisiane ), dans lequel une malle qui contenait des effets d'une personne
morte de la fièvre jaune deux ans auparavant, fut ouverte dans une
localité oii jamais la maladie ne s'était montrée, et donna lieu à des cas
de fièvie jaune, et cela dans des circonstances qui ne permettent pas de
douter que la cause de cette maladie ne provint de la malle. En 1850,
une malle renfennant des vêtements d'un M. Lane, mort de la fièvi-e
jaune en 1853 (année terrible), à quelques milles de Pensacola (Floride),
LA FIÈVRE JAl'XE. 4Go
et qui avait été déposée pendant deux ans dans un entrepôt ou magasin,
fut ouverte, dans une maison à 45 milles nord de Pensacola, à Brooklin
(A)abama), en présence de plusieurs personnes. Deux ou trois jours après,
six de ces personnes tombèrent malades et moururent de vomissement
noir. Le D' Rochester rapporte qu' « en septembre 1856, un navire
infecté, de Cuba, était détenu à la quarantaine de Staten Island (New-
York). Plusieurs passagers étaient morts ; d'autres étaient malades k
bord. Des objets de literie et des vêtements furent jetés par-dessus bord.
Bay Ridge, lieu de villégiature délicieux, se trouve de l'autre côté de
la baie, à un mille environ de l'endroit oii le navire était à l'ancre. Les
vents et la marée poussèrent ces objets sur la plage, en face de la rési-
dence de M. le colonel Ch. Princes, citoyen respectable et âgé. Pendant
sa promenade matinale habituelle, il découvrit ces objets, s'en approcha
et les examina du bout de sa canne, sans les toucher autrement ; il
n'avait aucun soupçon de leur provenance. Quatre jours après il tombait
malade, et mourait dans l'espace d'une semaine de la fièvre jaune. »
Comme nous l'avons dit, le poison de la fièvre jaune présente dans
certains pas une force de résistance extraordinaire au temps et aux
agents extérieui's. C'est pour avoir méconnu ce fait, et n'avoir pas assez
étudié toutes les circonstances se rattachant à l'apparition des premiers
cas, dans certaines localités, qu'on a, bien à tort parfois, admis l'origine
spontanée de la maladie, qu'on a cru à l'apparition de novo de la fièvre
jaune. La connaissance de faits semblables à ceux que nous avons
rapportés, et qui démontrent que les gennes peuvent demeurer pendant
longtemps à l'état latent, en dormant, rendent suflisamment compte de
ces cas de soi-disant origine spontanée.
Un fait généralement reconnu et admis par tous les auteurs est celui
de la portabilité ou trausmissibilité de la maladie ; il est aujourd'hui
trop bien établi pour que nous nous livrions ici à une longue discussion.
Il suflSt de rappeler le fait de l'introduction de la fièvre jaune dans l'île
de l'Ascension en 1828, à Saint-Nazaire en 1861, à Madrid en 1878 (par
des soldats de retour de l'île de Cuba) ; il suffit de rappeler que dans
notre dernière terrible épidémie, aux États-Unis en 1878, on a pu
distinctement remonter à la cause et tracer le mode d'introduction de
la maladie, daiLS des localités jusque-là parfaitement à l'abri de l'inva-
sion, par les chemins de fer, les grandes voies de communication, parles
personnes et surtout par les marchandises et bagages. Jamais, en cette
occasion, on ne vit la maladie se développer dans des localités de l'inté-
rieur, en dehors de tout rapport, de toute communication avec les
grandes voies commerciales, ou qui n'avaient reçu aucune marchandise
provenant de lieux infectés. En cela « le Shot gun quarantine » (quarau-
4t)4 8ECTI0N I. — SI^IAXCE DU BAME^)! 9 SEPTEMBRE.
taille à coups de fusil) eut un succès complet. L'expérience a démoutré
que dans quelques cas, la maladie a pu être importée par un individu
sain, provenant d'un endroit infecté; elle a démontré également que
les marchandises, certains articles poreux, surtout les laines, éto£fes,bois,
etc. sont plus dangereux que les personnes. Si l'on prend le mot conta-
gieux dans son sens le plus large, contagion indirecte ou intermédiaire,
on peut dire que la fièvre jaune est une maladie vontagwtise... Mais
pour parler avec précision, nous dirons plutôt qu'eUe est transmissihk,
iransporiahle, infectieuse,,, réservant le mot contagion pour les cas de
maladies transmissihles par simple contact immédiat avec la personne
malade, et oii le poison se reproduit dans l'organisme malade lui-même.
La fièvre jaune se transmet plus par infection que par contagion. Ce n'est
pas ici une simple question de mots. On comprendra les résultats prati-
ques qui découlent de cette proposition, lorsque nous étudierons les diffé-
rentes mesures prophylactiques à prendre contre les personnes et contre
les etfeis et marchandises, surtout marchandises de certaine qualité,
étoffes de laine, vêtements, etc.
Autre fait à noter. On a souvent remarqué la longueur de temps qu'il
a fallu aux cas de seconde catégorie pour se reproduire, après l'intro-
duction dans une localité des premiers cas, deux, trois semaines et plas.
Ce phénomène ne pourrait-il pas s'expliquer, en admettant que les
premiers cas provenaient d'un germe vivant importé en nature plus
actif, plus vivace, et qu'il a fallu plus de temps pour le développement
d'une seconde récolte de germes dans un terrain moins propice. Cette
théorie expliquerait aussi, il nous semble, pourquoi le poison de la
maladie s'affaiblit et cesse de se reproduire dans les zones tempérées, et
pourquoi le froid le paralyse et le tue.
Un dernier fait digne de remarque, c'est l'influence des courants
atmosphériques sur la diffusion du poison. Le plus souvent, cette diffu-
sion ne s'étend pas à une grande distance. Elle est parfois nulle, comme
le prouvent plusiem-s observations à Vera-Cruz, à la Havane et ailleurs.
Le fait le plus curieux peut-être est celui qui a été observé au fort
Barrancas (Floride). Les soldats qui occupaient, comme caserne, l'étage
supérieur du fort, à 50 pieds au-dessus de la plaine, jouirent d'une immu-
nité complète, alors que la maladie faisait des ravages au Navy-Gard,
situé au pied du fort. Les navires, à l'ancre dans le port extérieur de La
Havane sont rarement affectés. Cependant quelques faits bien concluants,
comme celui observé à Saint-Nazaire par Mélin, de cet individu frappé
de la fièvre jaune, alors qu'il travaillait sur le quai, sous le vent de
l'Anne-Marie, dont les écoutilles venaient d'être enlevées, et alors qu'il
n'avait eu aucune commmiication avec ce navire ou son équipage,
LA FIÈVRE JAUNE. 4(55
prouvent que le poison ou germe peut être porté par le vent à une dis-
tance de 260 mètres. Le D' Vanderpod, médecin de la Quarantaine de
New-York, affirme qu'il a vu des exemples de transmission par le vent à
une distance de plus de 1000 pieds. Certaines autorités sanitaires consi-
dèrent une distance de 50 à 60 pieds, au vent d'un navire infecté, comme
suffisant pour mettre à l'abri un navire non infecté ; mais il est sans
doute plus prudent de recommander un plus grand éloignement. En
présence d'une influence si limitée, de la part des vents, comme moyen
de propager la maladie, on comprend que l'on ne saurait guère admettre
la théorie des « vagues épidémiques » de fièvre jaune, vagues ou ondu-
lations aériennes, au moyen desquelles on a voulu expliquer conmient une
épidémie, partie de Rio Janeiro en 1849, avait pu s'étendre graduellement
le long des côtes de l'Amérique du Sud, des Antilles et des États-Unis
pour arriver h Norfolk (Virginie) en 1855.
Nous avons dit au commencement de ce mémoire que la fièvre
jaune est une maladie d'origine exotique dont le point de départ et
rhabitat naturel semblent être les îles, et les contrées avoisinantes, du
golfe du Mexique. L'exactitude de cette proposition, ne saurait être mise
en doute en ce qui concerne l'Europe et les ports de mer du nord des
États-Unis. Malheureusement pour la ville que j'ai l'honneur de repré-
senter en cette assemblée, les faits ne semblent pas la justifier entière-
ment ; il existe encore quelques doutes et des divergences d'opinion au
sujet de l'apparition et du mode de développement de la fièvre jaune en
Louisiane.
La Nouvelle-Orléans située, comme vous le savez, sur le fleuve
Mississipi, à 100 milles de son embouchure, sur un terrain bas et plat,
protégée contre les inondations du fleuve (qui se reproduisent très fré-
quemment le long de ces rives) par une levée d'une douzaine de pieds,
entourée de marécages, et dans des conditions locales et générales de
salubrité qui laissent beaucoup à désirer, se trouve sur le 30"" degré de
latitude à peu près sur la ligne nord de ce qu'il est convenu d'appeler
la zone de fièvre jaune. Cette zone s'étend de 40** N. à 30** S. La ques-
tion de savoir si la fièvre jaune s'y développe d'une façon spontanée,
sans importation nouvelle du dehors, si elle y est endémique et origi-
naire ; ou bien si la maladie, qui y règne fréquemment mais non d'une
façon constante, est toujours et dans tous les cas le résultat d'une impor-
tation étrangère. Cette question n'est pas définitivement résolue à
l'heure qu'il est, les médecins de la localité sont divisés en nombre à
peu près égal sur cette question. Les anciens médecins, Stone, Fenner,
Dowler, etc., jusqu'à il y a environ 25 ans, se rangeaient presque tous
à l'opinion qui croit h l'origine lo(jale de la maladie. Il y a fort peu de
4fill HECTIOX I. — HKAXCE DV 8AIIË1>I D 8KPTEA1BRE.
temps, eu 1879, un comité spécial nommé par rAssociation médicale et
chirurgicale de la Nouvelle-Orléans, publiait un rapport sur la fièvre
jaune, et sur les meilleurs moyens de prévenir son apparition à la Nou-
velle-Orléans, dans lequel il est dit : « Nous croyons que la fièvre jaune
est une maladie spécifique, dépendant d'une cause spécifique (ou mieux
spéciale), exotique dans son origine, aujourd'hui acclimatée, donieêtiquk
{(lomestUated), et qui n'a pas besoin d'une nouvelle importation pour
produire soit des cas sporadiques, soit des épidémies. » Voilà les parti-
sans de l'origine locale. D'un autre côté, beaucoup de nos célébrités
médicales, entre autres le D' Faget, mon collègue du Bureau de santé
d'Etat, et dont je regrette vivement l'absence aujourd'hui, le D'
Chaillé, le D' Choppin, notiv ancien président du Conseil de santé,
le D' Jones — notre président actuel qui ne partageait pas entièrement
cette manière de voir autrefois — et la majorité du Bureau actud,
croient que la fièvre jaune à la Nouvelle-Orléans est toujours, ou dans
l'immense majorité des cas, le fait et le i-ésultat d'une nouvelle impor-
tation de germes de la maladie, des Antilles et de la Havane surtout.
(( Le Bui'eau de santé de la Louisiane, dit le D' Choppin dans son rap-
port pour Tannée 1877, accepte la théorie que la fièvre jaune est une
maladie zymotique, contagieuse (ou mieux infectieuse) dans sa nature
par la multiplication de ses germes, qui n'infectent d'abord qu'à une
courte distance ; les germes se répandent en surfaces. De même que
l'orange, la banane et la canne à sucre, cette maladie est exotique, les
Antilles sont son berceau. »
Cette opinion, fornmlée de la sorte, est encore l'opinion officielle du
Bureau de santé de l'État de la Louisiane, et c'est sur cette opinion,
sur ces données que ce Bureau a fondé toutes les mesures préventives
qui ont été rigoureusement mises à exécution, depuis sa réorganisation
en 1880, et qui ont donné jusqu'ici de bons résultats. J'ai dit que telle
était et est encore Topinion oflicielle de notice Coaseil de santé, relative-
ment à la fièvre jaune. Cette opinion n'empêche pas plusieurs médecins
du dit Bureau, et parmi eux celui qui a l'honneur de siéger parmi vous
aujourd'hui, de croii-e et d'admettre qu'une nouvelle importation étran-
gère, du dehors, n'est pas toujours absolument nécessaire pour que la
fièvre jaune se développe à la Nouvelle-Orléans. Nous avons, par exem-
ple, et iissez souvent des hivei-s sans glace, ou avec très i)eu de glace, à
peine un huitième de pouce d'épaissem* et une seule fois peut-être dans
le cours de l'hiver. Or, vous savez que le froid, la glace seule tue les
germes de la maladie, dans les pays semi-tropicaux oîi se montre la fiè-
vi-e jaune. S'il n'y a pas de glace, de vraie glace, la maladie ne fait que
disparaître momvutanùment ; ses germes semblent s'assouj)ir, s'endonnir
ijl fièvre jaunk. 467
poiulaut les mois froids et à moins qu'ils n'aient été détiiiits par d'au-
tres moyens, des désinfectants par exemple, les mêmes germes, peuvent
se développer plus tard, sous rinfluence de la chaleur, de l'humidité, de
causes diverses favorables à son développement. Voilà un cas oîi une
nouvelle importation de la maladie, du dehors, ne paraît pas devoir être
nécessaire. Ne pouiTait-on pas admettre également que la fièvre jaune
introduite pour la première fois, en 1796, à la Nouvelle-Orléans, où elle
a trouvé des conditions particulières de terrain, d'atmosphère, de cha-
leur, d'humidité analogues à celles du pays d'où elle venait, s'y est
pour ainsi dire, jusqu'à un ceitain point arcliniatée et y a élu domicile ;
seulement les conditions particulières de la localité, étant moins favora-
bles, moins actives, moins puissantes, moins constantes que dans les
Antilles, la maladie s'y est légèrement modifiée, sinon dans son essence,
du moins dans son degré de virulence ; ses gennes ont dégénéré, ont
l>erdu leur fécondité, leur puissance, en sorte qu'il n'ont pu produire,
depuis loi*s, que des cas sporadiques, isolés, plus ou moins nombreux,
mais n'atteignant jamais les proportions d'une épidémie. U est avéré,
en effet, que toutes les épidémies meurtrières qui ont régné à la Nou-
velle-Orléans et dans d'autres localités des Etats-Unis ont été dues à
l'importation. Elles ont pu, dans tous les cas, être clairement tracées
jusqu'à leur source, et leur point de départ, et leur mode d'introduc-
tion dans le pays ont pu être démontrés d'une fa(;on positive. En dehors
de ces années épidémiques (dues à l'importation), il est quelques années,
bien connues parmi nous, où sans cause connue^ sans importation, la
fièvre jaune s'est montrée d'une façon sporadique, sans jamais prendre
de grandes proportions, ni causer une grande mortalité. On pourra
peut-être, pour expliquer le fait dont nous parlons, invoquer l'absence
ou la présence de causes générales de cette atmosphère épidémique, de ce
éjuid divinnm auquel le i)ère de la médecine attribuait toute maladie
épidémique. Tout en reconnaissant cette cause mystérieuse, générale,
et en lui accordant une large part dans toute épidémie, le fait d'une
épidémie meurtrière de fièvTe jaune se déclarant à la suite de cas d'im-
portation bien constatés, a été trop souvent observé à la Nouvelle-Or-
léans pour qu'il puisse y avoir le moindre doute à cet égard. Jamais,
nous n'avons vu les cas spontanés, sporadiques non douteux, être suivis
d'épidémie.
Pendant une période de 61 ans, de 1817 à 1878, la fièvre jaune s'est
montrée, plus ou moins, tous les ans à la Nouvelle-Orléans, excepté
pendant 4 années, de 1862 à 1865. Pendant ces 4 années (guerre de
sécession), la ville était au pouvoir des troupes fédérales, toute opération
commerciale était suspendue, et les conditions sanitaires locales se
4r>8 8ECTIOS I. — SÉAXCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
trouvaient bien améliorées, grâce aux rigoureuses mesares de po&»
sanitaire instituées par les commandants militaires. Chose cnmse!
pas de cas de fièvre jaune pendant ces quatre années, malgré la pré-
sence d'un grand nombre de soldats du nord, non acclimatés.
La plus meurtrière de toutes nos épidémies de fièvre jaune a été ceOe
de 1853. Cette année-là, le nombre des décès, par cette maladie, s'flert
à 7849, premier cas le 22 mai ; puis vient l'épidémie de 1858, quitouné
4855 décès, premier cas en juin ; puis en troisième lieu, répidémie de
1878, 4056 décès par fièvre jaune sur un total de 10,318 décès, poariuie
population de 210,000 âmes. Conmie en 1858, premier cas le 22 mai. Fois
l'épidémie de 1867 qui a causé 3107 victimes, premier cas, lelOjniiL
On doit remarquer qu'il a existé une période d'exemption comparative
de 1) ans entre les épidémies de 1858 et de 1867, et une autre période de
11 ans entre celles de 1867 et de 1878. Les épidémies de 1853, 1858, 1867
et 1878 ont eu pour point de départ les navires du port, et sont du»
sans le moindre doute à l'importation. En 1853, les premiers cas ae
déclarèrent sur l'équipage des navires Augusta et Northamptan, qui
arrivaient des Antilles. En 1858 les premiers cas eurent lieu sur un
navire nouvellement arrivé de l'île de St-Thomas, alors infectée.
En 1878, ce fut le steamer EmilyB Souder qui introduisit la fièvre
jaune à la Nouvelle-Orléans et de là dans toute la vallée du Missi2Ssi{H.
Ce na\ire, arriva de la Havane le 22 mai, et 2 jours après le commissaire
Clarck, et EUiott un des mécaniciens, tombaient malades.
En 1873, la barque espagnole Valparaiso quitta la Havane le 15 juin,
arriva à la quarantaine le 24, fut détenue 2 jours, puis relâchée et arriva
dans le port le 26 juin. Son second, Auna, tomba malade de fièvre jaune
le 2 juillet. Il est clair que si cette barque venant de la Havane eût été
mise en observation pendant 10 jours entiers, à la quarantaine, comme
cela se pratique aujourd'hui, la Nouvelle-Orléans, mais surtout Memphis
et Shreveport (villes de l'intérieur) eussent été épargnées par le fléau.
A la Nouvelle-Orléans, il n'y eut que 388 cas, mais 266 décès ! à Memphis
et Shreveport, qui se trouvaient du reste dans de détestables conditions
sanitaires la mortalité fut effrayante. Il parait évident, d'après des docu-
ments oflSciels, que la Nouvelle-Orléans ne fut sauvée d'une épitiémif
terrible, cette année-là, que grâce aux mesures sanitaires énergiques
adoptées par son Bureau de sauté.
De 1847 à 1878, pour une période de 32 ans, le nombre total de worts
par la fièvre jaune s'élève à 30,984. Si l'on divise ces 32 ans en périodes de
10 années, on trouve que de 1847 h 1856, il y a eu 4 grandes épidémies
(1847, 53, 54 et 55) et que pendant ces 10 ans, il est mort à la Nouvelle-
Orléans 17,444 personnes de la fièvre jaune.
LA FIÈVRE JAUKE. 409
De 1857 à 66, une seule grande épidémie eu 1858, et 5,347 morts.
De 1867 à 1876, une seule épidémie en 1867, et un total de décès,
I>eudant les 10 ans, de 4,136.
En 1877, un seul cas qui a passé la quarantaine en trompant le
médecin. En 1878, l'épidémie s'étend dans toute la vallée du Mississipi,
et occasionne, comme nous l'avons dit, 4056 décès.
En 1880 et 1881 , on constate une absence complète de toutes maladies
contagieuses et infectieuses, de la fièvre jaune particulièrement, malgré
le fait de VExcelsior, Ce résultat est sans doute dû à la température peu
élevée (excepté en juin 1881 où la chaleur fut excessive), et aux pluies
Abondantes que nous avons eues ces deux étés. Il faut aussi tenir
compte des mesures rigoureuses de quarantaine et de la stricte exécution
des lois sanitaires adoptées par notre Bureau de santé actuel. Les
années 1880 et 1881 sont parmi les plus remarquablement saines que
Ton compte dans les annales de l'État de la Louisiane ; la mortalité géné-
rale, ces deux années-là, n'a été, relativement à la population que de
26 pour 1000, par année ; il n'y a que Tannée 1868 qui a immédiate-
ment suivi l'année épidémique 1867, et l'année 1879 succédant à la
grande épidémie de 1878, qui offrent une mortalité générale moindre ;
c*esj-à-dire 24 pour 1000 par an en 1879 (le chifift^ le moins élevé
que nous ayons jamais eu à la Nouvelle-Orléans) et 25 pour 1000 par an
en 1868.
Si l'on parcourt les statistiques de l'Hôpital de charité (le seul grand
hôpital général à la Nouvelle-Orléans), on remarque une diminution
notable dans le nombre de cas de fièvi'e jaune traités à cet hôpital
depuis 34 ans, en tenant compte, bien entendu, de l'augmentation,
remarquable de la population, qui de 41,000 en 1820, a atteint le
chiffre de 216,000 en 1880. Cette obsen^ation s'accorde, du reste, avec
les chiffres donnés plus haut, qui prouvent que dans les trois périodes de
10 ans chacune, comprises entre les années 1847 et 1878, le nombre de
décès par la fièvre jaune a été gi*aduellement en diminuant.
Ce résultat est encourageant et est dû, sans doute, aux deux faits
suivants: à une amélioration rwtahle dans les conditions sanitaires
locales de la ville (pavage, drainage, inigation, etc.) et à des mesures de
quarantaine, en même temps plus rigoureuses et plas rationnelles. Il
faut aussi tenir compte des progrès remarquables qui ont été faits depuis
quelques années dans les conditions sanitaires des navires, dont un grand
nombre sont aujourd'hui des steamers en fer, et dans l'hygiène des
matelots, sous le rapport de l'alimentation, des vêtements, du loge-
ment, etc.
Le Bureau de santé de la Louisiane, réorganisé sous Thabile adminis-
470 8KCTI0N I. — 8KANCE DU KAMEDI 9 SEPTEMBRE.
tration du gouverneur L. Alfred Wiltz, et qui se trouve aujourd'hui
chargé de Texécution des lois sanitaires de TÉtat, s'est imposé la tâche
difficile de résoudre le problème suivant :
1** Améliorer, perfectionner par tous les moyens possibles, les condi-
tions sanitaires de la Nouvelle-Orléans.
2** S'opposer à l'introduction de maladies pestilentielles importées
du dehors, par la stricte application de mesures de quarantaine
rigoureuses, et cependant compatibles, autant que possible, avec les
justes exigences du commerce.
On comprendra sans peine les difficultés, les obstacles de toute sorte,
que ce Bureau a eu et am*a, pendant de longues années encore, à sur-
monter, lorsqu'on réfléchit que cette ville de 225,000 ftmes, couvre une
surface de près de 20 milles caiTés, et n'a environ qu'un sixième de ses
rues pavées. Elle renferme un très grand nombre de maisons en bois et
à un seul étage ; elle est bâtie sur un terrain plat, marécageux, de
quelques pieds d'épaisseur, sans pente naturelle suffisante pour l'écoule-
ment des eaux des canaux et des ruisseaux de l'intérieur et des environs.
Elle ne possède ni égouts, ni conduits souterrains ; son système de
latrines est déplorable, attendu le peu de profondeur des fosses, la
nature poreuse et absorbante du sol, et la nécessité fréquente, constante
de les vider. La Nouvelle-Orléans, enfin, située sur les bords du plus
grand fleuve du monde, manque d'une quantité d'eau suffisante pour
tous les besoins domestiques, etc.
Les principales mesures sanitaires indispensables pour rendre la
ville de la Nouvelle-Orléans une des villes les plus saines des États-l^nis
et du monde entier, celles sur lesquelles le Bureau de santé insiste d'une
manière toute spéciale, et dont quelques-unes, hâtons-nous de le dire,
ont déjà été réalisées, en tout ou en partie, sont les suivantes :
V Le nettoyage systématique et sanitaire des canaux de dessèche-
ment qui déversent les eaux de la ville dans le lac Ponchartrain , sur les
derrières de la ville.
2*" L'irrigation (Flushing) de tous les fossés ou rigoles de rues au
moyen d'un fort courant d'eau du fleuve lancé par de puissantes
pompes à vapeur.
3** Un système d'égoutij et de drainage combinés, le système de
Waring plus particulièrement, ce qui permettrait :
a. L'abolition complète du système de latrines actuel, avec leurs fosifes
et toutes leurs conséquences pernicieuses.
b. Le dessèchement et l'assainissement du sol, sur lequel est bâtie la
ville.
4** Un système de Water-Works étendu, puissant, complet, qui assure
lA FIÈVRE. JAUNE. 471
à toutes les maisons, à tous les habitants de la ville, une quantité d'eau
potable inimitée. Les Water-Works actuels, qui tirent l'eau du fleuve,
vont être considérablement augmentés, et de plus, il se forme en
eu ce moment une nouvelle compagnie qui doit conduire en ville au
moyen d'aqueducs sous le lac Pontchartrain, les eaux abondantes et
salubres du Bogue Falaga provenant des pinières situées au delà du lac.
5*" Le pavage en pierres plates (le seul qui convienne sur un sol mou
et poreux) de toutes les rues de la ville.
6"* Le remblai des teiTains en ville et aux environs, au moyen de
graviers ou de sable du fleuve, et leur exhaussement au-dessus du
niveau des mers.
T Le versement au moyen de barges (chalands) à vapeur, dans le
courant du fleuve (4 milles à l'heure) au-dessous de la ville, de toutes les
immondices des rues, des cours, des fabriques, etc.
S** L'éloignement de la ville, de tout cimetière, abattoir, manufac-
ture ou usine nuisible, etc.
Telles sont quelques-unes des principales mesures de salubrité publi-
que que l'intérêt de la communauté exige sans retard.
Dans l'application des lois et règlements de quarantaine, que nous
imposaient les différents actes de la législation en vigueur à Tépo-
que de la réorganisation du Bureau de santé d'État, celui-ci a tâché de
concilier, autant que faire se pouvait, les exigences de la santé publique
et les intérêts du commerce. Ces lois de quarantaine avaient été bien
souvent modifiées, soumises à différentes interprétations, suivant la
pression de l'opinion publique du moment. Elles avaient subi l'influence
de la prépondérance variable du jour ; c'était tantôt la peur, la panique,
comme, par exemple, au lendemain de quelque épidémie, tantôt l'intérêt
purement commercial qui décidait de la mise à exécution des mesures
sanitaires, ou de quarantaine. Le corps médical lui-même, qu'on aurait
voulu pouvoir considérer comme juge compétent en pareille matière,
divisé d'opinion et livré à des doctrines contradictoires, se montrait pai*-
foLs partisan ardent de la quarantaine, parfois fortement oppasé à toute
mesure restrictive.
Le Bureau actuel, mettant à profit le gi-and pouvoir discrétionnaire
que lui laissait la loi organique créant la quarantaine, pénétré de ses
devoirs, de ses obligations et de sa responsabilité, adopta, dès le début
de sa réorganisation le code de lois sanitaires et de quarantaine dont
nous avons l'honneur de vous présenter ici quelques exemplaires,
et dont nous vous donnerons dans ce travail quelques extraits
seulement. Son premier soin fut de mettre en état les diffërent(»s
stations de quarantaine, jusque-là fort négligées, qui protègent les
472 SECTION I. — SÉANCE DU SAM£DI 9 SEPTEMBRE.
approches de la ville ; celle du Mississipi à 25 milles de son emboa-
cbure est la principale. Une des mesures les plus importantes, adc^tée
et mise en vigueur pour la première fois par ce Bureau, fiit un système
de règlements applicables aux navires dans le port de la Nouvelle-
Orléans, et aussi aux navires faisant le commerce des ports étrangers,
sujets à la fièvre jaune, soit dans ces dits ports, soit dans leur par-
cours en mer, et pendant leur séjour à la quarantaine. Pour la première
fois dans les annales sanitaires de la ville, on reconnut officiellement
le fait qu'une maladie exotique pouvait être introduite en ville par le
commerce des lacs et canaux qui relient la Nouvelle-Orléans aux ports
américains et étrangers des côtes du golfe du Mexique (Bilexi, Pensacola,
Pascagoula ou il se fait un grand commerce de bois de na^âre avec les
Antilles, etc.), aussi bien que par le fleuve Mississipi. Pour la première
fois, on se mit en garde contre toute source de danger d'infection, soit
sur nos devants (Mississipi), soit sur nos derrières par les lacs. La sta-
tion de quarantaine du Mississipi fut séparée, agrandie, améliorée et le
coût de ces réparations se monta à la somme de 7000 dollars. CeUe des
Rigolets qui protège la Nouvelle-Orléans contre l'introduction de la
maladie par la voie des lacs Borgne et Pontchartrain, ainsi que la sta-
tion de l'Atchafalaya furent mis en état et confiés à des officiers vigilants
et capables ; les goélettes, steamers et petites embarcations, faisant le
commerce de bois avec Pascagoula et autres ports de la côte (Mississipi
Sound) où souvent ils se trouvent en contact immédiat avec d'autres
goélettes venant de la Havane pour y charger du bois furent soumis à
une rigoureuse observation. En outre tous ces navires, une fois arrivés
jusqu'au centre de la ville de la Nouvelle-Orléans par le vieux et le nou-
veau bassin, après avoir subi l'inspection à la quarantaine furent encore
soumis pendant toute la durée de leur séjour, à une stricte surveillance.
Nos inspecteurs sanitaires furent chargés de s'assurer journellement de
l'état sanitaire de tous les navires du port dans le fleuve et dans les bas-
sins. Cette précaution, cette surveillance, complètement négligées autre-
fois, est l'œuvre du Bureau de santé actuel.
Une des premières mesures adoptées par notre Bureau fut encore de
mettre de côté le système de quarantaine géographique, par lequel toute
une immense zone de pays, comprise entre telle et telle latitude, était
considérée comme infectée, et mise aveuglément en quarantaine, sans
distinction aucune et alors que, dans cette zone il se trouvait bien des
endroits oîi la fièvre jaune n'a jamais existé, par exemple, les îles de
Ruatan. Ce système était irrationnel et injuste et faisait un tort immense
à notre commerce du Mexique et de l'Amérique centrale. Dans les
diverses proclamations de quarantaine, lancées par le gouverneur de
LA FIÈVRE JAUNE. *^ 473
iltat, à la demande du Bureau de santé, ou bien par le Bureau lui-
ènie (la loi lui confère ce pouvoir), on eut soin d'établir que tel ou tel
»rt spécifié, actuellement infecté, était seul mis en quarantaine, et non
1 autre, qui bien que situé dans la même zone, se trouvait dans d'ex-
lien tes conditions sanitaires. Grâce aux renseignements exacts obtenus
ir nos consuls et agents, la proclamation pouvait être modifiée selon les
rconstances. Du reste, comme nous le verrons plus loin, en dehors de
ute proclamation de quarantaine, et en toute saison de Tannée, il est
i devoir des médecins de quarantaine d'inspecter tout navire arrivant
la station, et de prendre à son égard les mesures préventives que la
tuation comporte. Ainsi, dernièrement le steamer Nure^nberg arrivé
î Brème, avec un grand nombre d'émigrants, et ayant quelques cas de
kriole à bord, fut retenu à la quarantaine pendant plusieurs semaines,
squ'à ce que tous les passagers fussent vaccinés, le navire désinfecté,
migé, nettoyé, etc., pendant que les malades étaient soignés à l'hôpital
î la quarantaine.
Les extraits suivants, tirés de nos lois et règlements de quarantaine,
)nneront une idée des mesures préventives prises par le Bureau de
nté contre l'introduction des maladies contagieuses et infectieuses et
ront connaître les détails de notre système. Mais disons d'abord, comme
ïsultat général, qu'avant l'établissement de la quarantaine en Loui-
ane, c'est-à-dire de 1812 à 1833 (21 ans) il y eut 12 épidémies de fièvre
une de 1833 à 1855 (22 ans) il y eût encore 12 épidémies, tandis que
î 1855, époque à laquelle on établit la quarantaine jusqu'à ce jour (27
is) il n'y a eu que trois épidémies! Je ne cite ici que les principales
étions des différents actes législatifs qui ont trait à la quarantaine.
Section 2. Le Bureau de santé d'État a le pouvoir de fixer la période
3 détention pour les navires qui se trouvent soumis à la quarantaine ;
î décider en quoi consistera cette quarantaine, et de mettre en vigueur
s mesures prescrites ; de faire des lois et des règlements pour l'ordre et
, police dans les limites des stations de quarantaine ; d'imposer des
mendes, de punir pour les contraventions ; de faire des contrats pour les
Misses, etc ; d'établir des règlements pour la conduite des médecins de
iiarantaine, des assistants et employés ; d'employer des infirmiers, et
itres personnes nécessaires et de fixer leurs appointements.
Section 3. Le Bureau de santé a le pouvoir, en cas de nécessité
rgénte, de lancer des proclamations de quarantaine sans en référer au
ouverneur, et d'adopter les mesures nécessaires pour leur mise à exé-
ition.
Section 4. Tout navire arrivant à la quarantaine, sera visité aussi
itc que possible par le médecin, entre les heures du lever et du coucher
474 *" SECTION I. — BKAN'CK DR 8AMEI>I 9 SEPTEMBRE.
du soleil. Le médecin inspectera avec soin toutes les parties du navire,
et exigera du capitaine, sous serment, une réponse catégorique, endiriAi-
cata, à l'interrogatoire suivant : ce même interrogatoire sera exigé par
les inspecteurs sanitaires des navires dans le port, des capitaines et
médecins de bord :
Port nu station : Date de ringpectîon :
1. Nom du navire.
2. Nom du capitaine ou maître.
3. Tonnage ou classe du navire.
4. Sa provenance.
T). Combien de jours de voyage.
r>. A quels ports avez-vous touché !
7. Y avait-il des maladies contagieuses ou infectieuses dans le port
d'où vous êtes parti !
8. Quelles étaient ces maladie.s.
\). Y avait-il des maladies contagieuses ou infectieuses dans les ports
oîi vous avez relâcbéV
10. Quelles étaient-elles !
1 1 . Avez-vous pris du fret ou des passagers dans ces ports.
12. Donnez des détails.
13. Avez-vous une patente de santé.
14. La produire.
15. Pendant la traversée, quels cas de maladie avez-vous eus à bord!
16. A quelles dates !
17. Avez-vous eu des morts.
18. De quelles causes, et à quelles dates.
10. Avez-vous actuellement des malades ou des morts.
2<). La lièvre-jaune, la variole, le choléra ou la peste ont-ils jamais
existé sur ce navire.
21. Quand?
22. Quel est le nombre de vos officiers.
23. De l'équipage.
24. De vos passagers?
25. Quelle est votre cargaison.
26. Le nom du consignataire.
27. Quelle est la condition sanitaire actueUe du navire, de la cargaison,
de l'équipage et des passagers ?
28. Avez-vous un médecin?
29. Son nom.
30. Produire ses rapports.
Signature du capitaine. Témoins.
LA FIÈVRE JAUNE. 475
En duplicata, une copie sera conservée à la station de quarantaine,
Tautre transmise au président du conseil de santé.
Section 5. Désinfection, fumigation et purification de navires prove-
nant de ports oii la fièvre jaune règne habituellement.
Section 6. Ces navires seront détenus aux stations de quarantaine au
moins 72 heures.
Section 7. Si la fièvre jaune, le choléra, la variole ou le typhus exis-
taient à Tétat épidémique dans le port d'où est parti le navire, ou dans
un port dans lequel il aurait relâché, la période de détention ne sera pas
de moins de 10 jours, à partir de la date à laquelle le navire a été exposé
à rinfection.
Naiires infectés. Ordonnances et règlements applicables aux navires
infectés qui se trouvent à la quarantaine.
Section 9. Lorsque la fièvre jaune, le choléra, la variole, le typhus
ou autre maladie infectieuse ou contagieuse viendra à se déclarer
à bord d'un navire soit dans le trajet, soit pendant sa détention à la
station de quarantaine, ce navire sera soumis aux règles suivantes :
A. Les malades seront débarqués et traités à Thôpital de quarantaine.
B. Le linge, les vêtements, les objets de literie, les effets des hommes
d'équipage et des passagers, tant bien portants que malades, seront
exposés à Tair, ventilés, purifiés, désinfectés et fumigés.
C. Les écoutilles seront ouvertes largement; la cabine et la cale, les
cabinets, et tous les effets, tapis, rideaux, etc., seront fumigés par le
gaz acide sulfureux, projeté au moyen d'une forte pression; toutes les
parties du navire non peintes seront grattées, fourbies, nettoyées, ven-
tilées, fumigées et désinfectées.
D. Les eaux du navire, pompées avec soin, seront renouvelées avec de
l'eau pure jusqu'à ce qu'elles deviennent parfaitement claires et sans
odeur, et la solution suivante de sulfate de fer (couperose) et d'acide
carbolique, n* 5 de Calvert sera versée dans la cale.
Sulfate de fer 50 livres.
Acide carbolique 2 gallons.
Eau 50 gallons.
Cette solution désinfectante, que l'on peut préparer sans peine à bord
du navire, dans l'espace d'une demi-heure, sera employée en outre pour
laver les closets, l'entrepont, les logements des matelots, etc., etc.
E. La quantité de soufre brûlé pour fumîger un navire, dépendra de
la dimension et de la capacité de celui-ci, de la nature de sa cargaison.
47(i SECTION I. — 8ÉANCR DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
de ses conditions hygiéniques. On calcule que deux livres de soufre au
moins seront brûlées pour chaque 1000 pieds cubes d'espace ; le nombre
de ces fumigations variera selon Tétat du navire, de Téquipage, des pas-
sagers et de la cargaison.
F. Dans les cas extrêmes, on emploiera les moyens suivants : le déchar-
gement et même l'ouverture des colis, le lavage au moyen de désinfec-
tants, des personnes et des articles de lingerie, la destruction par le fea
de certaines marchandises, le sabordement et l'immersion du navire, la
vapeur d'eau simple, à-f lOO"* c, ou saturée de vapeurs désinfectantes,
projetée dans toutes les parties du navire, etc.
G. Tous les effets qui auraient été en contact avec des personnes
affectées de maladies contagieuses ou infectieuses seront brûlés ou soa-
mis à une ébullition prolongée dans une solution de sulfate de zinc et de
sel commun, dans la proportion de 4 onces de sulfate de zinc et de
2 onces de sel par gallon.
Section 10. Traite du déchargement du navire (point essentiel) et de
sa complète désinfection.
Section 1 1 . Concerne les malades retenus aux stations de quarantaine.
Section 15. Classification des marchandises et effets plus ou moins
dangereux.
Section 21. Règlements indiquant la conduite des pilotes, capitaines
de remorqueurs.
Plusieurs sections additionnelles prescrivent les mesures à prendre
pour les navires, pendant leur séjour dans le port de la Nouvelle-Orléans ,
et dans d'autres ports, et pendant leur traversée (aller et retour).
Conclusions.
1. La fièvre jaune est une maladie spécifique, sui generis dont le
berceau permanent se trouve dans les îles et régions avoisinantes du
golfe du Mexique.
2. La théorie qui rend le mieux compte de son mode de développe-
ment et de sa propagation est ceUe des germes ou microbes.
8. Les véhicules ordinaires de la maladie sont les effets et les mar-
chandises, et surtout la cale des navires.
4. La fièvre jaune peut être classée parmi les maladies qu'on peut
prévenir (préventables diseases).
'i. La maladie s'est étendue assez souvent au delà de son domaine
habituel, de sa zone géographique, pour attirer l'attention des gouver-
nements et des hygiénistes des pays les plus exposés par leurs relations
commerciales, et pour leur faire chercher les mesures préventives les plus
eflîcaces, et les plus pratiques.
UÉOORAPHIE DE LA FIEVRE JAUNE. 477
6. Pour être réellement efficaces, les mesures préventives doivent
être basées sur la connaissance des faits relatifs au développement de la
fièvre jaune dans les pays où elle est endémique, sur la connaissance des
causes de cette endémicité, des conditions sanitaires générales et locales
de ces pays et des lieux A'^ embarquement de la maladie.
7. Les navires véhicules habituels de la fièvre jaune, devraient être
l'objet d'études spéciales ; on devrait surtout s'appliquer h connaître le
mode de construction, de ventilation, les conditions sanitaires les plus
aptes à empêcher, ou du moins à diminuer les dangers d'infection pen-
dant leur séjour dans un port infecté.
8. Un résultat général et pratique, d'utilité réelle, ne peut être obtenu
que par un code sanitaire international, aussi uniforme que possible et
qui concilierait, autant qu'il est possible de le faire, la protection de la
salubrité publique et les exigences du commerce.
NOTE SUR LA GÉOGRAPHIE DE LA FIÈVRE JAUNE
ET SUR LES MOYENS D'ARRÊTER SES EXPANSIONS ÉPIDÉMIQUES
Par H. le L' H. BOURRU,
Professeur â'bygidne et de pathologie exotique d l'école de médecine navale de Rochefort.
Depuis bientôt un siècle, la fièvre jaune a pris dans le monde un
grand mouvement d'expansion. Tout d'abord répandue sur les côtes
orientales de rAmérique du nord, puis au sud de l'Europe, les navires
la portèrent encore à la côte d'Afrique et dans l'Amérique méridionale
qui fut envahie à l'ouest comme à l'est, jusqu'au 35"** parallèle.
Ce mouvement d'expansion se propage incessanunent et s'étendra
partout où il ne sera pas combattu.
Depuis un demi-siècle, les pays, les premiers envahis, l'Europe, les
États-Unis du nord, ont appris à l'arrêter et l'arrêtent en effet.
Le littoral du golfe du Mexique aura plus de peine, étant plus rap-
proché du foyer. J'ai la confiance que les États-Unis du sud y réussi-
ront pourtant parce qu'ils ne reculeront devant aucune mesure néces-
saire \
Ailleurs on reste inactif, et la fièvre jaune, autrefois épidémique.
* Dans V Atlas des épidémies que j'ai exposé, les cartes consacrées à la fièvre
jaune me paraissent montrer exactement les progrès et les arrêts de sa marcUe.
478 8E(TIOS I. — 8ÉAKCK DU 8AMISD1 9 SEFFEMBRE.
peu à peu devient endémique. Telle elle est aujourd'hui au Brésil, aux
colonies européennes de la côte occidentale d'Afrique.
A Rio- Janeiro, à Bahia, la première importation est de 1849 ; il sera
possible de déraciner une endémie de si fratche date, si on empêche
rigoureusement toute importation nouvelle.
A la côte d'Afrique, on pourra se débarrasser aussi de la fièvre jaune
parce qu'elle y est étrangère.
Pour les îles Canaries, du cap Vert, Ascension, rien n'est mieux
démontré.
Pour le Sénégal, nous possédons aussi les circonstances de transport
des épidémies.
A la Côte d'Or, sur ti^ois épidémies, la première est demeurée sans
renseignements, et dans la dernière, l'importation a été démontrée.
A l'île de Fernando-Po, c'est l'opinion des médecins espagnols que la
fièvre jaune n'y prend jamais naissance, et nous connaissons en effet
plusieui*s importations incontestables.
Au Congo, l'expédition anglaise de Tuckey, en 1816, reçut la fièvre
jaune d'un négrier de« Antilles.
A Saiut-Pol Loanda comme à Fernando-Po, c'est du Brésil et de Cuba
que vient la fièvre jaune.
Pour les colonies anglaises nous avons peu de documents. A Sainte-
Marie de Bathurst cependant, nous connaissons plusieurs faits d^impor-
tation. En 1878, le gouverneur établit une quarantaine pour les prove-
nances de Corée et du Sénégal, ce qui indique la croyance à l'origine
étrangère de la fièvre jaune.
C'est Topinion des médecins anglais contemporains, pour Sierra-
Leone. Autrefois, cette colonie recevait tous les noirs saisis sur les
navires négriers ; provenance suspecte toujours î
Ce trafic des navires négriers, obligés à dissimuler leur navigation,
leur chargement, leurs maladies n'est-il pas éminemment propre à
transmettre les épidémies, et en même temps, à dérouter les recherches
scientifiques ?
Aujourd'hui, les cas bien constatés d'importation se multiplient à
mesure que l'observation devient plus claii*voyante et plus attentive.
Au surplus, comment admettre l'endémicité en un point quelconque
de la côte, quand tant d'autres tout proches ne peuvent en être soup-
çonnés ? Quand, au pays des Ashantis, des quarantaines sévères ont
prései*vé l'armée anglaise? Quant au Gabon, juste sous l'équateur, la
fièvre jaune est absolument inconnue? Mais le Gabon ne trafique qu'avec
l'Europe; Loanda, Fernando-Po, Sierra-Leone sont en relation de cha-
(|ue jour avec l'Amérique.
GËOGRAPHU: D£ LA FIEVRE JACKE. 479
Que dire eucore de préteadus foyers d'endémie qui demeui'ent cin-
quante ans sans maladie? (Gorée et Saint-Louis, de 1778 à 1830; Sierra-
Leone, douze ans de 1847 à 1859.) Qui, colonisés, .habités depuis un
siècle et demi, ne connaissaient pas encore la fièvre jaune V (Sénégal,
lG26àl778.)
Je conclus que partout, le golfe américain excepté, la fièvre jaune est
étrangère et importée. Il appartient donc à chaque pays de s'en pré-
server.
Cette nécessité, chaque jour devient plus impérieuse : les relations se
multiplient à l'infini, les traversées deviennent merveilleusement rapi-
des ; pai* suite, les assauts de la fièvre jaune deviennent plus nombreux,
plus pressants.
L'année dernière, dans la France seulement, Dunkerque, le Havre
ont reçu des navires contaminés, Saint-Na^aire qui ne l'avait pas reçue
depuis vingt ans, Pauillac qui ne l'avait jamais reçue, ont vu, dans
leurs lazarets, des voyageurs mourir de la fièvre jaune.
Le service sanitaire vigilant a réussi à arrêter les épidémies, y réus-
sira-t-il toujours V
Lisbonne (1857), Barcelone (1870) Saint-Nazaire lui-même (1861)
n'ont-ils donc pas été sui^pris?
Et qui donc veille au loin pour renseigner nos médecins sanitaii*es V
Des agents consulaires absolument incompétents et sans responsabilité.
Pour moi, il me paraît certain qu'un jour ou l'autre, arrivera un
navire de grande marche, en patente nette, sans malades, sans décès,
qui, de sa cale ouverte, jettera la fièvre jaune dans le port, dans la
ville? Car c'est là le mode particulier de transmission de cette maladie.
Peut-être compte-t-on sur le climat ? New- York, Boston, Québec ont
eu des fièvi'es jaunes sévères ot ces villes sont sous les isothermes de
Liverpool, Copenhague, Stockholm même.
L'Europe est donc menacée de la fièvre jaune.
Hors d'Europe, les colonies de l'Atlantique reçoivent ses fréquentes
et terribles visites. Elle s'étend sûrement partout où elle n'est pas
arrêtée.
Elle remontera le Niger et le Congo comme elle a fait du Mississipi,
du Guadalquivir, du Paraguay, du Sénégal. Comme elle a franchi le cap
Horn, portée de Rio-Janeiro à Lima, elle franchira le cap de Bonne-
Espérance, désolant cette belle colonie du Cap. Dans la mer des Indes,
les riches comptoii-s européens des côtes et des îles offiîront à ses
gennes un teiTaiu fertile qu'ils partageront avec les germes du cho-
léra.
Pendant ce temps, l'isthme de Panama, barrière puissante, s'ouvrant
480 SECTION I. — SÉANCE DU 8A2d£Dl 9 SEPTEMBRE.
au fléau, lui donnera libre carrière sur les côtes du Pacifique et eu
Océanie.
La science, qui a repoussé la peste et aiTète le choléra, liCissera-t-eUe
ainsi le champ libre à la fièvre jaune?
Il faut donc une entente internationale, non pas pour imposer une loi
sanitaire identique à tous les pays, mais .pour s'avertir les uns les autres
du danger.
Pour préparer et faciliter cette entente, rien ne serait plus profitable
qu'une large enquête sur les épidémies antérieures, par une mission
autorisée, qui irait, sur place, recueillir les renseignements. C'est ce
qui a été fait pour le choléra avec une autorité, un talent incontes-
tables.
Pour le choléra, les résultats ont été décisifs ; ils le seraient pour la
fièvre jaune. Ils éclaireraient la science et les gouvernements.
Cette question est universelle; elle intéresse l'humanité entière. C'est
pour cela qu'elle devait être portée devant cette solennelle réunion des
hygiénistes de tous pays.
M. le D' Jules Rochard, inspecteur général du service de santé de la
marine, dit : Après avoir entendu les intéressantes communications de
MM. les docteurs Layet et Formento, vous ne pensez pas. Messieurs, que
je vous présente une nouveUe étude sur la fièvre jaune.
Des propositions de M. Layet, il en est deux seulement que je tiens à
discuter ; celle qui a trait aux dangers qui menacent l'Europe ; celle qui
a pour but l'adoption de mesures internationales pour coi^urer ces
dangers.
Il est certain que la fièvre jaune a notablement accru, depuis le com-
mencement du siècle, les proportions de son domaine géographique ; que
cet accroissement continue et qu'il est en rapport avec le développement
de la navigation et la brièveté des traversées. La dernière épidémie,
celle qui continue encore a été très grave. EUe a remonté à l'intérieur
du contment américain jusqu'à des latitudes qu'elle n'avait pas encore
atteintes ; elle a dépassé en altitude les limites qu'elle avait jusqu'id
respectées et on Ta vue régner à Caracas à plus de 1000 mètres au-dessus
du niveau de l'océan.
Les races colorées elles-mêmes n'ont pas été complètement épargnées.
Cette gravité exceptionnelle est de nature à faire réfléchir les popula-
tions de l'Europe qui sont en rapport avec le nouveau monde. L'Espa-
gne et le Portugal notamment ont été à diverses reprises assez cruelle-
ment éprouvés pour que leurs craintes et les mesures de précaution dont
ils s'entourent soient complètement justifiées.
0£OORAPHI£ DE LA FIÈVRE JAUNE. 481
La France plus élevée en latitude a moins à craindre et jusqu'ici,
lorsque la fièvre jaune y a été importée, elle s'est éteinte sur place et
sans rayonnement. En sera-t-il toujours ainsi ? H serait téméraire de
l'affirmer. Pendant les chaleurs toirides qui régnent quelquefois, aux
mois de juillet et d'août, dans le centre de la France et notamment à
Paris, s'il arrivait à Saint-Nazaire un paquebot ayant la fièvre jaune à
son bord et qu'on ne prît pas de mesures sanitaires rigoureuses, rien ne
prouve que la maladie n'an*iverait pas d'un bond jusqu'à Paris, par le
premier train de chemin de fer et on n'ose pas penser aux ravages
qu'elle ferait dans cette population de deux millions d'âmes, n'yrégnftt-
elle que huit jours.
En ce qui a trait aux mesures internationales, je ne partage pas
l'avis des deux collègues qui m'ont précédé.
Les maladies infectieuses pénètrent par deux voies au sein des popu-
lations, la voie de terre et la voie de mer. La première est pour long-
temps encore interdite à la fièvre jaune. Le seul point par lequel elle
puisse nous menacer est le Sénégal. S'il était en rapport avec l'Algérie,
nous aurions tout à craindre ; mais le désert les sépare et protège notre
belle colonie africaine. Peut-être un jour des conmiunications s'établi-
ront-elles, à travers les sables, entre ces deux régions, mais le temps
est loin encore oii elles pourront constituer un danger. D'ici là, nous
n'avons à redouter que les provenances maritimes et celles-là se prêtent
plus facilement à la prophylaxie. Les mesures quarantenaires prescrites
par le règlement sanitaire de 1876 ont fixé de la façon la plus complète
et la plus avantageuse les moyens de prévenir cette invasion. Il suffit
d'en continuer l'application rigoureuse pour écarter ce danger.
Quant à une conférence internationale, quant à la formation d'un
conseil analogue à ceux qui ont été établis à Constantinople et à Alexan-
drie en prévision du choléra, je ne les crois pas nécessaires. Dans le
Levant conmie en Egypte, l'Europe a devant elle des populations inca-
pables de la prémunir, sur l'intervention desquelles nous ne pouvons pas
compter pour tenir fermées les portes par lesquelles passent les épidé-
mies, il a fallu que les nations extérieures s'entendissent entre elles pour
se préserver et qu'elles imposassent leur contrôle et leur action aux gou-
vernements musulmans. Pour la fièvre jaune rien de semblable. Il n'y a
pas de population intermédiaire à surveiller, pas d'issue à tenir fermée ;
il n'y a que la grande route de la mer et les ports auxquels elle abou-
tit. Dans ces ports, chaque nation exerce sa surveillance, comme elle
l'entend au mieux de ses intérêts, sans qu'il existe entre eUes aucune
espèce de solidarité et sans qu'il y ait besoin par conséquent d'en venii*
à une entente commune.
482 SECTION I. — 8KANC£ DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
M. le D*^ Fauvel s'associe aux considérations de M. le docteur
Kochard à tous les points de vue.
M. le baron de Thékkhopolis applaudit aux observations faites. Il y a
ou en 1849 le^^ premiers cas de lièvre jaune au Brésil ; débarqué à Rio de
Janeiro il a été lui-même un des pi*emiers atteints. La tiëvre jaune n'est
pas endémique au Brésil, et l'on prend au Portugal des mesures trop
sévères pour les vaisseaux venant du Brésil. La France de son côté ne
présente pas des conditions favorables au développement de la maladie.
Quant au développement de la fièvre jaune dans les montagnes du Bré-
sil, il n'en connaît pas un seul exemple ; on voit des personnes arriver
atteintes à la montagne, mais elles n'y propagent pas la contagioD.
M. le baron de Thérésopolis se déclare très partisan de la quarantaine ;
il estime que le Brésil arrivera à éteindre le foyer. La fièvre jaune suit
une marche absolument réglée et peut ainsi mieux être combattue que le
choléra qui a des caprices (M. le docteur Fauvel : dans l'esprit de ceux
qui l'ont décrit, car en réalité il a des lois. ) L'orateur termine en décla-
rant que bientôt le Brésil cessera d'être un foyer secondaire de conta-
gion pom* la fièvre jaune.
M. le Président annonce qu'il y a encore deux orateurs inscrits sur
ce sujet, et en outre plusieurs autres travaux à l'ordre du jour. L pro-
pose en conséquence qu'il y ait séance supplémentaire cette après-midi
à 8 Va h. après la séance générale pour épuiser l'ordre du jour. Adopté.
La séance est levée à 11 heures moins 5 minutes.
Les secrétaires :
I)' Fkrkièrk.
D' L. Gautier,
LA FIÈVRE JAUNE. 483
SEANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE
(Séance de relevée.)
Présidence de M. le professeur Revilliod.
Le procès-verbal de la séance du matin est lu et adopté.
CONTINUATION DE LA DISCUSSION SUR LA
FIÈVRE JAUNE
M. le prof, da Silva Amado, directeur du bureau d'hygiène de Lis-
bonne, appuie le point de vue exposé dans la communication de M. le
prof. Layet ; le foyer du Sénégal est un danger pour plusieurs pays,
comme l'indique fort bien la carte de M. Layet. M. le prof, da Silva
Amado pense que la fièvre jaune se propagera sur la cote occidentale de
l'Amérique, puis l'Australie et l'Asie seront menacées; il est à craindre
que la fièvre jaune soit la maladie la plus grave du siècle qui suivra. Il
faut donc tout mettre en jeu pour contrarier sa marche ; or un seul peu-
ple ne peut le faire, il faut pour y arriver une fédération. C'est un fait
acquis que la fièvre jaune tend à se propager dans les ports de mer plus
que dans l'intérieur des terres, dans les parties basses plus que dans
les parties élevées ; il faut croire qu'il y a là une loi. Les germes de la
fièvre jaune présentent deux conditions principales : ils sont diflîciles à
détruire et lents à se développer; toute la prophylaxie delà fièvre jaune
consiste à stériliser les germes. On a dit qu'il y a des pays peu menacés,
ce n'est pas certain, et il y a des réserves à faire sur ce point; ainsi tou-
tes les villes de la côte orientale de l'Amérique du nord ont été atteintes
' par la maladie ; or quelles sont les différences de climats entre ces villes
et celles de la côte française ? Les conditions climatériques y sont à peu
près les mêmes, et les races y sont les mêmes aussi ; on y voit des Anglais
et des Français. On a dit aussi qu'on avait des règlements sanitaires dans
lesquels tout est prévu ; il est douteux cependant que le règlement fran-
çais de 1876, soit à même d'empêcher le développement de la fièvre
484 SECTION 1. — 8BC0NDE SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
jaune dans les ports français. Un vaisseau contaminé arrive dans on
port, étes-voussûr qu'il n'introduira pas la maladie? Les voyageurs qm
se tiennent dans la partie haute du navire n'ont pas été malades c'est
vrai, mais la maladie se tient dans la cale; croyant le vaisseau doq
infecté, on ne désinfectera pas les marchandises ni le bâtiment. On peal
aussi croire le vaisseau indemne parce que l'équipage aurait déjà eu une
première atteinte de la maladie. On ne peut donc pas affirmer qu'on
vaisseau n'est pas infecté parce qu'il ne s'y est produit aucun cas de
Aèvre jaune ; et le germe morbide qu'il transporte pourrait ainsi tomber
un jour dans un endroit favorable à son développement. Le règlement
doit donc être amélioré. Les meilleurs moyens pour détruire la ikws
jaune sont la désinfection et la destruction. Pour annihiler le genne, il
n'y a que l'a^^^ainissement; celui des bâtiments est le plus important Les
règlements contiennent beaucoup de détails, mais ce ne sont guère que
des paroles, et la visite est en général faite d'une manière superficielle.
Au Portugal, le gouvernement a chargé les consuls de faire la visite
sanitaire; dans les autres pays, c'est le gouvernement du point de
départ qui délivre les patentes. Mais les consuls ne sont en général pts
compétents, et la visite n'est encore qu'une simple formalité; du reste,
les autorités du point de départ ne permettent pas une visite très exacte.
Jusqu'ici le Portugal n'a pas eu à cet égard de froissements, mais ks
États-Unis en ont eu avec la Havane ; ces froissements ont été la cause
de la conférence diplomatique de Washington qui n'est du reste pas
arrivée à la solution demandée par les États-Unis. Les États-Unis
demandaient en effet que les consuls pussent visiter tout ce qui, sur le
vaisseau, pourrait leur donner une idée sur l'état sanitaire du pays; ce
qui revient à dire qu'il aurait fallu leur laisser tout voir, des archives
entre autres; du reste, les consuls sont souvent des commerçants et
auraient ainsi intérêt à faire servir leur curiosité dans un but personnel;
la réclamation des Américains était donc inacceptable. Qu'y a-t-il donc
à faire? Vous suspectez l'autorité locale, eh bien, nommez comme ins-
pecteur un médecin, qui soit en même temps du port de départ et du
port de destination, ainsi vous aurez un expert à l'abri des préoccupa-
tions politiques. Le gouvernement des États-Unis a appuyé à peu près
cette manière de voir, il a créé des inspecteurs dans les ports de desti-
nation î mais ils ne sont pas du point de départ et différents gouverne-
ments, entre autres, celui d'Espagne, ont protesté contre cette mesure.
Cependant le gouvernement espagnol vient d'adopter la même orga-
nisation dans ses ports. La solution du problème serait d'avoir des
inspecteurs médicaux internationaux qui n'auraient d'autre intérêt que
celui de dire la vérité. Cette manière de voir est différente de celle des
LA FIÈVBE JAUNE. 485
conseils de santé internationaux, qui a été proposée tout à Theure. Nous
ne voulons pas des conseils, nous voulons des experts.
M. le D' Cabrllo, de Madrid, prend ensuite la parole. Messieurs,
(lit-il, ce n'est pas ma pratique personnelle, ni mon séjour dans des
localités oîi sévit la fièvre jaune que je veux faire valoir pour attirer
votre attention, je veux seulement me baser sur l'énorme tribut que la
marine espagnole paie à ce fléau. En effet, je viens de faire, à la seconde
section, une communication dans laqueUe je démontre, d'après les docu-
ments officiels du ministère de la marine, que dans les cinq hôpitaux
que nous possédons à Cuba, les 82 % de la mortalité totale sont pro-
duits par la fièvre jaune.
Ce chiffre compris dans ceux de mortalité générale de nos seize hôpi-
taux d'Espagne, de Cuba, des Philippines et de Guinée, élève à 48 °/o
de la mortalité totale le produit de la fièvre jaune. Il est légitime que
supportant de pareilles pertes, nous nous occupions de tout ce qui a trait
à cette question. A propos des ravages causés par cette maladie, je
pourrais vous citer le fait qu'il a fallu renouveler, pendant les fortes
épidémies jusqu'à deux ou trois fois le personnel de certains bâtiments
de notre marine. La frégate française La Gloire s'est trouvée dans le
même cas, lors de l'expédition du Mexique.
En 1870, la fièvre jaune fut importée à Buenos-Ayres, la mortalité et
la panique furent extraordinaires, à ce point que dans une ville de
200,000 âmes, il ne resta, au plus fort de l'épidémie, par suite de l'émi-
gration, que 40 à 50.000 habitants.
Cette population, cependant si réduite, fournit néanmoins une morta-
lité quotidienne de 700 décès pendant quelques jours. Cette mortalité
est la plus forte qu'on connaisse dans les temps modernes.
Je suis donc d'accord avec les conclusions de M. le D' Layet, et à pro-
pos de la sixième proposition que « rien ne peut autoriser à affirmer que
la fièvre jaune ne saurait envahir l'Europe un jour, » j'ajoute que cha-
que jour nous nous opposons à l'envahissement par nos lazarets et nos
quarantaines.
Quant à la troisième proposition il est malheureusement vrai, que
chaque jour nous voyons disparaître ce que jusqu'alors on avait consi-
déré comme des immunités de race, de situation géographique, etc. , et les
médecins navigateurs doivent chaque jour insister dans ce sens, pour
détruire les préjugés répandus dans des ouvrages classiques dus à des
auteurs qui n'ont pas étudié par eux-mêmes cette maladie.
M. le D' Formento de la Nouvelle-Orléans, vient avec des faits inté-
ressants démontrer la non existence de cette soi-disant immunité; et il
attache une grande importance à la cale des navires dans la ttavLWs\N&-
486 SECTION I. — SECONDE SÉANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
sioii de cette affection. A ce propos j'ajouterai qu'une frégate de guerre,
ayant longtemps stationné à la Havane, et présentant dans sa sentioe
une grande quantité de boue épaisse, noirâtre et fétide, fut par ordre du
commandant, entièrement nettoyée. Cette opération fut la cause d'une
épidémie de fièvre jaune, parce que malgré l'avis du médecin du bord,
on ne prit pas des précautions nécessaires de désinfection énergique et
d'évacuation de l'équipage.
Il y a quelques années, dans le petit port de Posages, près de Sau-
Sebastian, arriva un bâtiment infecté de fièvre jaune qui échoua au
port ; les hommes subirent la quarantaine de rigueur et le bâtiment
resta à moite submergé; trois ans après, il fut retiré et démoli, ou
trouva alors dans sa cale une grande quantité de cette boue noirâtre
dont nous venons de parler, dont le maniement détermina le début d'une
épidémie de fièvre jaune.
Les premiers atteints furent des menuisiers employés à cette opé-
ration.
Les D" Rochard et Fauvel, dont l'avis est d'une grande importance
dans cette question, sont d'accord avec le D' Layet au sujet de la fièvre
jaune, mais ils ne jugent pas nécessaire une entente internationale, con-
sidérant comme suffisantes les lois françaises actuelles.
Pour M. Fauvel, c'est un progrès, étant donné le peu d'importance
qu'il a attaché à la fièvre jaune au Congrès de Turin. Une seule voix
discordante s'est fait entendre, ceUe de M. le baron de Thérésopolis qui,
comme tous les indigènes des pays dans lesquels sévit la fièvre jaune n*y
attache pas grande importance. En effet, j'ai vu à Rio de Janeiro de^
malades atteints de fièvre jaune, réunis à des patients atteints d'autres
affections médicales dans les salles communes des hôpitaux. Une autre
fois que je devais aller avec l'escadre, de Montevideo à Rio de Janeiro,
je demandai à un commandant de la marine brésilienne quel était l'état
sanitaire de ce dernier port, d'oîi il venait d'amver; il me répondit :
n'ayez aucune crainte de la fièvre jaune, il y a peu de chose, et il ne
meurt que des étrangers.
En résumé, je suis d'accord sur tous les points avec le D' Layet,
même sur la convenance d'établir un service sanitaire international,
mais je crains qu'il reste à l'état de théorie, car nous savons que la
commission internationale des épidémies, décrétée à Vienne, demain»
encore à l'état d'un simple desideratum pour tout le monde.
Chaque peuple intéressé doit donc agir isolément. En Espagne, la
direction sanitaire de nos ports est toujours accordée à des médecins, et
la nouvelle loi exige qu'ils aient navigué et qu'ils connaissent les mala-
dies exotiques. Nous désirons que la même organisation se crée dans
LA FIÈVRE JAUN£. 487
tous les pays, et nous sommes étonnés qu'eu Italie, pays modèle poul-
ies lois sanitaires, les directeurs de santé des ports ne soient pas des
médecins.
La nouvelle loi sanitaire espagnole décrète la création de deux délé-
gués sanitaires pour rAmérique. Si dans chaque pays, la même institu-
tion était décrétée, nous aurions une commission internationale, telle
que le désire M. Layet.
Le D' Layet est heureux que sa communication ait soulevé une dis-
cussion à laquelle ont pris part des personnes aussi compétentes. Nous
avons en effet entendu des représentants de l'Europe menacée et de
l'Amérique menaçante. Il reconnaît avec le baron de Thérésopolis que
le Brésil est un foyer secondaire, mais au point do vue de l'Europe
c'est une notion insignifiante. Peu nous importe que nous recevions la
maladie d'un foyer piîmitif ou d'un foyer secondaire. Il répète que les
mesures de prévention hâtives sont moins vexatoires et plus efficaces
que les mesures de préservation tardive^s. Marseille qui a été si souvent
victime des épidémies de TOrient est aujom-d'hui parfaitement organisée
pour se défendre. Bordeaux et les ports de l'Océan sont beaucoup moins
bien préparés et il y a là quelque chose à fau-e. L'Espagne plus menacée
a pris récennnent, comme l'a dit l'orateur précédent, des mesures dont
l'efficacité ne tardera pas à être démontrée. La question de la fièvn»
jaune est moins mûre que celle du choléra. L'Europe s'y attend moins,
mais il n'y en a pas moins là un danger. L'orateur termine en se décla-
rant partisan du séjour dans les pays menaçants de médecins sanitaires
formant un premier cordon de préservation en avant du réseau quaran-
tenaire.
M. le baron de Thkrksofolis prend la parole. Messieurs, dit-il, M. le
professeur Layet nous a fait suivre, et toucher, pour ainsi dii'e, du bout
du doigt, les foyers primitifs, les foyers secondaires et jusqu'aux foyers
tertiaires d'irradiation de la fièvre jaune ; le Sénégal, Saint-Louis,
Dakar, Corée ; et s'est efforcé de démontrer combien il est à craindre
que le fléau envahisse un jour l'Europe.
M. le professeur da Silva Amado a tenté d'établir que la base de tout
système rationnel de prophylaxie internationale doit s'appuyer sur la
création d'un corps de médecins sanitaires internationaux, résidant dans
les localités où il y a des endémies pestilentielles, et devant se transpor-
ter là où une épidémie de même nature viendrait à se développer.
Je dois reconnaître à mon grand regret que depuis la fâcheuse impor-
tation en 1849, le Brésil, ou plutôt nos villes maritimes comprises entre
Santos et Bahia, ont pu devenir des foyers secondaires d'irradiation de
la fièvre jaune.
488 SECTION I. — SECONDE SÉANCE DU SAMEDI 9 8EPTJCICBSE.
Nullement endémique au Brésil, ce fléau, quel que puisse être d'ail-
leurs son germe, a pu trouver dans la thermalité de certaines de noB
régions, et dans les conditions hygiéniques de quelques villes maritimes
les élément<^ favorables à son développement. Il a pu sévir plus d'une
fois, soit par suite de nouvelles irradiations des foyers primitife, soit
par suite de révolution de son germe spécial.
Convaincu, comme tous les hygiénistes, que les mesures de préserva-
tion anticipée amènent toujours des résultats plus efficaces et présentent
toujours un caractère moins vexatoire que les maures de préservation
tardives, je ne peux m'empêcher, vu la nature essentiellement infec-
tieuse du mal, d'applaudir aux mesures prophylactiques que vous pro-
posez. Il faut éviter l'irradiation du fléau ; il faut vous prémunir surtout
contre les foyers tertiaires des colonies d'Afrique, dont vous n'êtes éloi-
gnés que par une traversée de six à huit jours. Les visites sanitaires
rîgoureuses, les quarantaines, les cordons sanitaires, les lazarets et sur-
tout les bous procédés de désinfection ; tous les moyens enfin, qui pourront
vous aider à atteindre un but humanitaire tel que la préservation de la
fièvre jaune, seront pleinement justifiés et l'humanité vous en saura
gré.
Vous venez d'entendre le professeur Layet : « La fièvre jaune a d^à
fait diverses apparitions en Europe. Elle a sévi dans les contrées méri-
dionales de ce coyitinent ; à plusieurs reprises elU est venue s^ échouer,
pour ainsi dire, dans le^ lazarets des ports de commerce ou de guerre
situés sur toute Vétendue de son littoral atlantique. Mais n'exagéroos
pas les choses ; ne nous laissons point entraîner, par excès de zèle, à des
mesure absurdes et vexatoires pour les passagers et pour le commerce :
tâchons plutôt d'arriver à une honyte eiitente internationale pour tout ce
qui concerne l'hygiène.
Oui, Messieurs, le moment est arrivé de vous entendre avec l'Améri-
que afin d'instituer dans l'intérêt commun des nations, un service sani-
taire international visant spécialement les progrès de la fièvre jaune.
Il est temps maintenant de relever le crédit sanitaire du Brésil, et de
protester contre la réputation d'insalubrité qu'on lui a faite.
Il y a certes des points limités de notre littoral, qu'il serait imprudent
à l'émigrant d'aborder, loi-sque le fléau sévit, et dans la saison des for-
tes chaleurs, de décembre à fin mars ; mais du mois d'avril à novembre
on peut y arriver en toute sûreté, surtout si l'émigrant prend le soin
de s'élever sur les montagnes et de fuir les bords de la mer.
Contrairement à l'avis de M. le professeur Layet, Y immunité des
latitudes élevées, de l'intérieur des continents, et des races colorées vis-
à-vis de la fièvre jaune n'est nullement démentie au Brésil.
LA FIÈVRE JAUNE. 489
La petite épidémie qui a sévi il y a bientôt deux ans à Vassouras,
ville de Tintérieur, dont je ne pourrais point préciser l'altitude en ce
moment, a semblé plutôt de nature typhique.
Du reste elle s'est éteinte promptement sur place, sans que les popu-
lations voisines aient pris la moindre mesure préservatrice.
Le fléau de la fièvre jaune a généralement respecté le rempart infran-
chissable de la Cordillère de nos belles montagnes, et les régions inté-
rieures, d'une salubrité étonnante malgré nos voies ferrées et routières
qui se multiplient journellement.
Du reste, les habitants de Rio comme ceux de Santos, et d'autres
lieux sont parfaitement rassurés. Us savent bien que dès qu'ils se reti-
rent sur les montagnes voisines, à Pétropolis, à Thérésopolis, à Fri-
bourg, à la Tijuco ou qu'ils remontent de Santos à Saint-Paul par la
voie ferrée du Cubatâo, ils se trouvent entièrement à l'abri du fléau.
On a vu, maintes fois, la maladie éclater, à ces altitudes, sur des indi-
vidus arrivant d'un foyer d'infection ; mais jamais elle n'a pu se propager
quelqu'ait pu être d'ailleurs la terminaison de ces cas isolés, la guérison
ou la mort.
Les individus des races colorées et notamment les Africains, sans être
absolument indemnes de la fièvre jaune n'en sont atteints que par excep-
tion, et ordinairement avec une moindi'e gravité.
Les habitudes de sobriété et de tempérance constituent un préserva-
tif puissant contre le fléau.
J'ai insisté sur les détails précédents parce que je tenais surtout à
rassurer les Européens, ou du moins à amoindrir dans les limites de la
vérité et de la raison, leurs craintes exagérées au sujet de l'émigration
pour le Brésil.
Les travaux d'assainissement exécutés dans ces derniers temps dans
nos villes maritimes, et surtout à Rio de Janeiro ; la construction de
galeries, et d'égouts pour les eaux pluviales et autres ; le dessèchement
des marais ; l'extinction de grands foyei*s d'infection, grâce au meilleur
entretien des plages et aux mesures sanitaires concernant les habitations
des ouvriers et des classes pauvres ; la plantation d'arbres sur les places
publiques et finalement le grandiose aprovisionnement d'eau potable de
qualité supérieure ; ont déjà commencé à produire des fruits bienfai-
sants ; la fièvie jaune s'est bornée dans ces trois dernières années à
quelques cas sporadiques.
. n nous reste néanmoins pas mal à faire encore pour assaiiiii* la grande
capitale, nous faisons des vœux pour que les sentiments patriotiques et
humanitaires de ceux qui nous gouvernent soient tenus en éveil par les
réclamations incessantes du corps médical brésilien et, en particulier,
4î)0 SECTION 1. — SECONDE SEANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
(le ses organes officiels, toujours infatigables, à leur indiquer la voie du
progrès et des améliorations sanitaires. Il est temps et il &ut que nos
édilités multiplient leurs efforts pour corriger les vices radicaux de nos
habitations et de nos rues étroites, par l'ouverture de grandes artères
pour l'aération de nos villes et notamment de la capitale, où une popuh-
(le 350,000 âmes environ se trouve confinée dans des rues étroites, et
quelquefois insalubres. La construction d'un quai, bordant les plages de
Rio de Janeiro et de Nietheray, aussi étendu que possible, me semUe-
rait le complément indispensable des travaux d'assainissement.
Par ces travaux à l'aide d'un service sanitaire rigoureusement mené,
qui nous mette à l'abri de nouvelles irradiations des foyers primitif, il
est permis d'espérer que nous pourrons finalement éteindre les germes
du fléau exotique, qui porte une si grave atteinte à nos intérêts de
commerce et d'émigration.
Avant de conclure. Messieurs, qu'il me soit permis d'élever une voix
de protestation au nom des intérêts internationaux contre la manière
arbitraire, et parfois très vexatoire, dont se trouvent organisées daus
les ports du Portugal les mesur(»s de préservation anticipée contre les
bâtiments provenant du Brésil.
Règle générale ; dès que le mois de février est arrivé, et dès que le
thermomètre atteint 27° C. le lazaret de Lisbonne entre en fonctions;
la quarantaine se trouve établie malgré la patente de santé, la caria
limpa des navires ; c'est-à-dire en l'absence du moindre cas suspect pen-
dant la traversée ; malgré les conditions sanitaires notoirement non
snsfiectes des ports de provenance ; et alors que ces mêmes bâtiments,
arrivant deux ou trois jours après aux ports de la Manche, de la Gasco-
gne ou de la Méditerranée, entrent en libre pratique, et débarquent
leurs passagers au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, à
peine d'observation.
Nous faisons appel au Gouvernement portugais ; nous espérons de ses
lumières l'amoindrissement d'une pratique, aussi inutilement vexatoire
dans la plui-alité des cas, et en désaccord avec les principes de la science.
Pratique évidemment insuffisante lorsque le germe infectieux de la fiè-
vre jaune existe réellement dans les cales des navires et dans les mar-
chandises y contenues. Pratique inutile parce qu'une période d'observa-
tion de vingt-quatre à quarante-huit heures, est bien suffisante pour
l'examen des voyageurs et des équipages, pour vérifier s'il y a parmi
eux des malades suspects et pour désinfecter les bagages, il n'est nulle-
ment besoin d'enfermer les passagers dans un lazaret, lorsque d'ailleurs
aucun indice d'infection n'a été aperçu à bord. Pratique insuffisante
oncore en cas de malades constatés à bord, car, dès que l'observation
LA FIÈVRK JAUNE. 491
démontre que la période d'incubation du germe de la fièvre jaune peut
durer quatorze jours et plus, il deviendrait nécessaire d'établir une
quarantaine bien plus prolongée, l'isolement complet du navire, le
«léchargement et la désinfection des marchandises et des cales.
Nous espérons voir bientôt s'amoindrir les rigueurs des quarantaines
de Lisbonne. Nous sommes d'autant plus confiants, que nous venons
d'entendre, avec plaisir, les conclusions de notre honoré confrère le
délégué du Portugal, M. le professeur da Silva Amado, proclamer en
toute compétence, que : « Les quarantaines telles qu'elles sont établies
maintenant, sont à peu près inutiles pour la santé publique et très préju-
diciables aux intérêts commerciaux ; car le temps que dure la quaran-
taine est trop long pour une désinfection bien dirigée et trop court
pour l'écoulement de la période d'incubation des maladies pestilen-
tielles. »
M. le D' FoRMENTo, de la Nouvelle-Orlé^nSj formule ensuite la propo-
sition suivante qui est adoptée par l'assemblée : « La première section
du Congrès d'hygiène de Genève, après une longue discussion, émet le
vœu que la question de la fièvre jaune considérée comme un fléau inter-
national devienne désormais un sujet d'étude et un objet de préoccupa-
tion pour toutes les nations maritimes d'Europe comme d'Amérique et que
cette question soit portée de nouveau à l'ordre du jour du prochain Con-
grès d'hygiène, en demandant aux nations intéressées de foui'nir tous
les documents qui peuvent servir à éclairer la question. »
M. le D"" Félix, de Bucharest, est appelé ensuite à faire sa communi-
cation sur la prophylaxie de la pellagre. Vu l'heure avancée l'orateur
se contente de lire les conclusions de son travail qu'il distribue ensuite
sous forme de brochure à tous las membres présents.
CoNCLrsiox.
1. L'étiologie de la Pellagre n'est pas encore assez claire. Ce qui est
bien constaté, c'est le rapport entre l'alimentation prédominante avec
le mais et cette maladie.
Le maïs non altéré, même lorsqu'il est consommé comme aliment
exclusif sous forme de cruchade, bouillie, polenta ou mamaliga, ne pro-
duit pas la Pellagre.
La cause déterminante de la Pellagre endémique est probablement
une intoxication par le maïs avarié, consommé sous forme de bouillie.
Le principe toxique n'est pas encore suflisamment connu. La misère
physiologique semble agir comme cause prédisposante.
492 SECTION I. — SECONDE SEANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
2. La prophylaxie de la Pellagre exige que Ton bannisse delà consom-
mation les farines de mais altérées, en y substituant des aliments saine,
et que Ton améliore les autres conditions hygiéniques des populaticHis
rurales.
Pour atteindre ce but les gouvernements ont besoin du concmns
sincère des administrations locales du département, du district, de la
commune, des prêtres, des instituteurs, des médecins.
Aux gouvernements incombe le devoir de créer des lois qui auront
pour but le relèvement physique et moral des paysans et de surveiller
Texécution de ces lois, de venir matériellement au secours des proprié-
taires ruraux les plus pauvres par des institutions de crédit agricole, et
de faciliter aux paysans sans propriété les moyens de devenir proprié-
taires. Il appartient aux administrations locales autonomes d'améliorer
rhygiène publique des communes rurales par des ordonnances et règle-
ments relatifs à la salubrité des habitations, par la surveillance sanitaire
des aliments et des boissons. Les prêtres et les instituteurs doivent
donner au paysan une bonne éducation morale, Tencourager au travafl
et à l'économie, Tédifier sur les conséquences de la par^se et de l'ivro-
gnerie, et rinstruire sur la culture rationnelle du sol, aussi bien que sor
rélevage du bétail. Il faut enfin que les médecins répandent parmi les
populations inirales des notions élémentaires d'hygiène et qu'ils expli-
quent aux paysans les règles cardinales pour la conservation de lenr
santé et de celle de leur famille.
DE LA PROPHYLAXIE INTERNATIONALE
Par M. le D' DA 8IL7A AMADO,
Profeasenr d'hygiène à Lisbonne.
Pour Tapplication du système quarantenaire il faut :
1 ** Savoir si un navire qui arrive dans un port est en conditions d'ap-
porter des germes de maladies pestilentielles ;
2** Établir des pratiques de désinfection capables de détruire les ger-
mes de ces maladies.
Pour arriver à la résolution du premier problème on a inventé les
patentes de santé.
Le règlement du port de Lisbonne du 20 décembre 1695, indiquait les
personnes aptes à délivi*er les patentes de santé. Il y en avait qui
étaient délivrées par les autorités sanitaires des poits de départ, d'au-
DE LA PROPHYLAXIE INTERNATIONALE. 493
très Tétaient par les envoyés du gouvernement portugais dans les pays
étrangers. Dans les ports français de l'Océan c'étaient les recteurs des
collèges des jésuites, ou leurs procureurs ; en Algérie c'était le vicaire
;énéral ; dans les États Berbères c'étaient généralement des religieux.
Ce règlement montrait la valeur différente qu'avaient ces patentes
suivant la personne qui les signait, et faisait remarquer la propension
les autorités locales à cacher autant que possible le développement dejs
!t)ldémies, pour ne pas nuire au commerce de leur pays.
Tous les navires qui arrivaient dans le port de Lisbonne devaient être
munis d'une patente de santé. On exceptait seulement ceux provenant
le Terre-Neuve à cargaison de morue, et ceux provenant de Norwège à
cargaison de poisson salé et de bois.*
La conférence sanitaire de Paris a établi les principes qui devraient
être adoptés par les diverses nations maritimes, et a formulé un projet
le convention diplomatique. On y prescrivit que l'application des mesu-
res de quarantaine sera réglée, à l'avenir, d'après la déclaration officiel-
lement faite par l'autorité sanitaire instituée au port de départ, que la
maladie existe réellement. La cessation de ces mesures se déterminera
sur une semblable déclaration que la maladie est éteinte, après toutefois
l'expiration d'un délai fixé à trente jours pour la peste, à vingt jours
pour la fièvre jaune et à dix jours pour le choléra.
On établit que les patentes de santé seront délivrées au nom du gou-
^rernement territorial par l'autorité sanitaire, qu'elles pourront être
misées par les consuls, et feront foi dans tous les ports des nations liées
par la convention.
On prescrivit des mesures d'observation, surveillance et constatation
le l'état sanitaire du pays au port de départ; la vérification et la consta-
tation de l'état hygiénique des bâtiments, de leurs cargaisons, des vivres,
le la santé des équipages, des renseignements sur la santé des passa-
gers : et tout cela devait être consigné dans les patentes de santé.
Quel intérêt pourrait avoir l'autorité sanitaire locale à remplir scru-
puleusement des devoirs si lourds dans les ports de grand mouvement
commercial ? Cette autorité serait-elle plus loyale envers les pays de
iestination des navh'es qu'envers son propre pays, quand celui-ci peut
ivoir un intérêt à cacher son véritable état sanitaire ? Les gouverne-
ments se réservent généralement le droit de déclarer officiellement
l'existence des épidémies dans leurs territoires, et les autorités, qui en
lépendent, doivent se borner à transmettre les nouvelles officielles, qui
îont toujours tardives, et ne paraissent que quand le danger n'est plus
louteux pour personne.
Si toutes les visites sanitaires doivent être faites par les autorités
494 8SCTION I. — 4KC0NDE 8EAKCË DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
locales accompagnées seulement des consuls de la nation h laquelle
appartient le navire ; quelle valeur peut avoir le visa du consul du pays
de destination V
Si l'on prescrit que l'application et la cessation des mesures de qua-
rantaine seront toujours réglées par les déclarations officielles faites par
les autorités sanitaires instituées au port de départ, et si l'on ajoute
que les patentes de santé délivrées par les mêmes autorités feront foi
dans tous les ports, à quoi bon la concession des visas des consuls du
pays de destination, concession qui semble contraire au système adopté
par la conférence ?
Quoique la convention formulée par la conférence de Paris, ne ftt
ratifiée que par la France et la Sartlaigne, et plus tard par l'Italie, Tin-
iluence de ses conclusions n'a pas été moins grande, puisque elles ont
été généralement adoptées par toutes les nations maritimes.
La conférence de Constantinople, très importante sous le point de vue
de la prophylaxie du choléra, ne toucha pas aux principes sus-men-
tiennes.
La conférence de Vienne voulut remplacer le système quarantenaiie,
par celui auquel on donna le nom de révision, ou d'inspectiofi sanitairt
rigoureuse.
Ce système n'avait en vue que le choléra. Les patentes de sauté
étaient remplacées par la déclaration sous serment du capitaine du
navire. On ne s'occupa plus des mesures au port de départ, et ou se
limita à recommander une visite médicale à bord des navires dans le
port de destination, pour savoii* s'il y avait des hommes de l'équipage,
ou des passagers attaqués de choléra. Dans ce cas ils devraient être
immédiatement transportés dans un lazaret ; tandis que les personues
saines après avoir été assujetties à une désinfection, aussi bien que leurs
vêtements et effets à usage, seraient admises en libre pratique.
Le dualisme qui se révéla dans cette conféi'ence obligea à admettre
simultanément les deux systèmes, celui de la quarantaine et celui de
l'inspection sanitaire.
Dans le système quarantenaire approuvé par la conférence de Vienne,
on n'a pas changé ce qui avait été fommlé à l'égard des patentes de
sauté par la conférence de Paris, ou se limita à changer la durée du
temps d'observation dans le lazaret. La conférence de Paris avait éta-
bli que, pour le choléra, les navires provenant de ports oîi régnerait
cette maladie, la quarantaine d'observation serait de cinq jours y com-
pris le temps de la travei*sée ; et pour les provenances de lieux voisins
ou intermédiaires, notoirement compromis, la quarantaine serait de
trois jours y compris la durée de la traversée.
DE LA PROPHYLAXIE INTERNATIONAUX. 495
La conférence de Constantinople décida que la quarantaine applicable
ux personnes venant d'un lieu contaminé serait de dix jours pleins
oniptés du moment de l'entrée au lazaret.
La conférence de Vienne distingua les provenances de ports infectés,
elon que les navires étaient réellement infectés, ou simplement sus-
•ects. S'ils étaient infectés la période d'observation serait de sept jours
ileins à dater de l'isolement des personnes dans un lazaret. S'ils
l'étaient que suspects, parce que l'autorité sanitaire aurait la preuve
uffisante qu'aucun cas de choléra ou de nature suspecte n'aurait eu
Leu à bord durant la traversée, la durée de l'obseiTation serait de trois
k sept jours à dater de l'inspection médicale. Si dans ces conditions la
reversée avait duré au moins sept jours, l'observation serait réduite à
!4 heures pour les constatations et les désinfections qui pourraient être
ugées nécessaii'es.
La conférence de Washington s'occupa d'une des plus importantes
[uestions pratiques de la prophylaxie internationale : l'inspection médi-
ale du navire dans le port de départ par des agents intéressés au main-
ien des bonnes conditions sanitaires du port de destination.
Le règlement portugais de police sanitaire maritime, du 12 novembre
874, prescrit que ce sont les consuls qui doivent déUvrer les patentes
le santé, et qu'ils adresseront au capitaine, aussi bien qu'à l'équipage
it aux passagers, toutes les questions nécessaires pour connaître l'état
lygiénique du bâtiment. Ce règlement impose aux consuls le devoir de
isiter et inspecter les navires dans le port de départ.
La loi du 2 juin 1879 des États-Unis de l'Amérique a adopté les
némes préceptes.
Le règlement français du 22 février 1876 enjoint à tous les agents de
a France au dehors de se tenir bien informés de l'état sanitah'e du pays
>ù ils résident et de transmettre au gouveniement français les rensei-
gnements qui importeront h la police sanitaire et à la santé publi-
[ue, et s'il y a péril, ils doivent en même temps avertir l'autorité
rançaise la plus voisine, ou la plus à la portée des^lieux qu'ils jugeraient
nenacés.
La patente de santé à l'étranger pour les navires français à destina-
ion de France est délivrée par le consul finançais du port de départ, et
eulement à défaut de consul par l'autorité locale.
Pour les navires étrangers à destination de France la patente de santé
}eiit être délivrée par l'autorité locale, mais dans ce cas, elle doit
(tre visée dans sa teneur par le consul français. La patente de santé
rançaise doit mentionner l'état sanitaire du pays de provenance, et
particulièrement la présence ou l'absence des maladies qui motivent des
496 8ECT10N I. — SECONDE SEANCE DU SAMEDI 9 SEPTEMBRE.
précautions sanitaires, et indiquer Tétat hygiénique et sanitaire du bord
au moment du départ.
La loi espagnole du 28 novembre 1855 prescrit que le bâtiment muni
d'une patente de santé, qui ne serait pas visée par le consul espagnol
du port de départ, quoique cette patente fût nette, serait soumis au
régime de la patente brute.
Tout cela montre qu'en Espagne, comme en Portugal, comme en
France, comme aux États-Unis, et conune dans plusieurs autres pays oo
attache une grande importance aux déclarations des consuls des pays
de destination sur Tétat sanitaire du port de départ et du bâtiment au
moment de quitter ce port.
En effet un navire, qui fait une traversée, peut être considéré comme
une maison, une rue, un quartier d'une ville, qui s'en détache pour aller
se réunir à une autre.
Qui consentirait à admettre dans une ville saine, une maison ou une
rue empestée, sous prétexte qu'on la désinfecterait plus tard ?
Quelques germes seulement admis à bord peuvent se multiplier s'ils
y trouvent un bon terrain, et devenir, pendant le voyage, mille fois plus
dangereux, à cause du foyer épidémique qu'ils y formeront.
Il est évident que la meilleure manière d'éviter la propagation des
maladies pestilentielles c'est d'améliorer les conditions du milieu dans
lequel les germes peuvent se trouver, et par conséquent il faut tenir les
bâtiments dans le meilleur état hygiénique, quand ils partent d'un pays
oii régnent des maladies épidémiques. La visite sanitaire faite dans le
port de départ est donc d'une utilité incontestable. Toutefois le système
des patentes, délivrées par les consuls, ou des visas apposés par ces
mêmes agents est encore de bien peu de valeur, et peut souvent être
considéré comme ayant pour but la perception d'un émolument consu-
laire, ou bien comme une simple formalité, et voici les motifs :
1" Les consuls ne sont pas, en général, compétents pour bien appré-
cier toutes les circonstances qui peuvent aider h avoir une idée juste sur
l'état sanitaire d'une ville ou d'un bâtiment.
2° On peut refuser aux consuls les moyens pour apprécier l'état sani-
taire du pays où ils sont accrédités, et pour inspecter les navires.
Quand le gouvernement des États-Unis invita les puissances mariti-
mes à la conférence de Washington, son principal désir était certai-
nement d'obtenir, par une convention diplomatique, le droit d'avoir des
patentes de sûreté délivrées par ses consuls, et que ses agents pussent
faire les inspections et prendre les informations nécessaires pour rensei-
gner les autorités sanitaires des ports américains et le conseil national
de santé. La conférence de Washington refusa cette concession, peut-
DE LA PROPllYIAXIE IKTEBKATiONALE. 497
être, pai' crainte de voir diminuées les attributions des autorités dans
les ports de départ. Ce refus rendit stérile tout ce qui a été réglé
sur les mesures qui doivent être prises dans le port de départ des
navires.
Je reconnais la gravité de la concession de laisser examiner aux con-
suls étrangers tout ce qu'ils voudraient, sous prétexte de prendre des
renseignements sur la santé publique ; mais si l'autorité locale du port
de départ est mise en suspicion dans le port de destination, parce que
les intérêts des deux ports sont opposés, et si le consul de la nation à
laquelle appartient le port de destination ne peut pas donner des ren-
seignements sûrs, quelle valeur peuvent avoir les patentes de santé,
quelle que soit d'ailleurs la teneur de ces documents, ou le nombre des
risa f
Dans les cas ordinaires, c'est-à-dire dans les pays oîi il n'y a pas des
endémies, et quand ils ne sont pas menacés du développement d'une
épidémie pestilentielle, tout cela passe sans grand inconvénient; mais
dans les ports oii régnent fréquemment des épidémies, ou quand ils sont
menacés de l'invasion d'une épidémie, il faut des soins particuliers, si
on ne veut pas courir les risques de l'importation d'une maladie pesti-
lentielle, ou si on ne veut pas prendre des mesures inutiles.
Autrefois ou considérait toujours comme suspects de peste tous les
États Berbères, tout le Levant, la Turquie et l'Egypte, et on mettait en
quaruitaine tous les bâtiments venant de ces pays.
Pourrait-on, aujourd'hui, faire do même en prétextant le manque
d'informations sûres. L'activité commerciale actuelle ne le permet-
trait pas.
Je ne vois qu'un moyen de sortir de cet embarras : c'est d'avoir une
aatorité scientifique, un véritable expert appartenant en même temps
au port de destination et au port de départ; et pour cela il faut établir
un corps de médecins sanitaires internationaux résidant dans les locali-
tés oii il y a des endémies pestilentielles, et qui devront se porter là oii
on craint qu'une épidémie de môme natiu^ se soit développée.
Par ce moyen, les patentes de santé donneraient des avis unifoimes à
tous les gouvernements. Il arrive maintenant que les divers consuls qui
doivent viser une même patente de santé donnent des avis différents, de
sorte que les passagers venant de l'Amérique du sud et touchant à Lis-
bonne, à Vigo et à Bordeaux sont soumis à la quarantaine dans le port
de Lisbonne et ne le sont pas dans les ports de Vigo et de Bordeaux, ou
vice versa, ce qui donne des résultats absurdes. C'est ainsi que les voya-
geurs qui sont détenus dans le lazaret de Lisbonne sont souvent visités
par leurs compagnons qui sont allés jusqu'à Vigo, oii ils ont été admis
498 HECmOK I. — 8ECONDE 8KANGK DU SAMEDI 9 8BPTEMBRE.
en libre pratique, et d'où ils sont rentrés, après quelques heures, en
Portugal.
Il y aui*ait évidemment avantage à avoir de véritables spécialistes en
épidémiologie qui résideraient dans les pays berceaux des grandes épi-
démies, et qui feraient beaucoup pour TextinctioD de ces fléaux de Thii-
manité.
Les visites sanitaires des bfttiments seraient une chose sérieuse, tout
en pouvant être faites rapidement.
Il y aurait ainsi une double inspection sanitaire rigoureuse, TunefEÛte
dans le port de départ, et l'autre dans le port de destination, de sorte
que la quarantaine perdrait le côté le plus odieux et le moins utile pour
les intérêts sanitaires, je veux parler de la période de Tisolement des
persoimei? en bon état de santé.
Je ne comprends pas la quarantaine, comme un moyen rationnel
d'isolement des passagers qui arrivent de pays contaminés ou suspects,
si on n'a pas en vue le temps d'incubation des maladies que Ton veut
écarter.
Si la durée de l'incubation du choléra peut être d'une semaine, et
plus encore, pourquoi établir une quarantaine variable de un à sept
jours pleins poui* les passagers arrivant dans un navire infecté de cho-
léra, comme le prescrit le règlement français ? Je dirai la même chose
pour la tièvre jaune, puisqu'on presciit dans ce règlement une quaran-
taine dans les ports de l'Océan de trois à sept jours pour les personnes
non malades arrivées sur un navire infecté de cette maladie.
D'abord je trouve qu'il y a un inconvénient réel dans cette incertitude
sui* la durée de la quarantaine, puisque tout dépend de l'appréciation de
l'autorité sanitaire ; ensuite je crois que le temps de la quarantaine éta-
bli dans ces limites n'est en rapport ni avec le temps de l'incubation de
la maladie, ni avec les besoins de la désinfection.
Voici ce que l'expérience a montré dans le lazaret de Lisbonne:
Depuis 1849 jusqu'à 1881, 114,124 personnes y ont été admises, et pres-
que toutes venaient de pays infectés ou suspects de fièvre jaune.
Parmi ces passagers on en observa 29 atteints de fièvre jaune, dont
18 étaient déjà malades à leur arrivée, tandis que pour les 11 autres la
maladie n'a été reconnue qu'après l'admission dans le lazaret :
Dans ces 11 cas la maladie s'est montrée :
5 fois dans le premier jour ; 2 fois dans le second jour ; 1 fois dans le
troisième joui' ; 2 fois dans le quatrième jour ; 1 fois dans le sixième
jour.
Ce dernier cas a été douteux.
Jamais la maladie ne s'est communiquée à d'autres passagers, ou à
DE LX PBOPHY1.AXIK INTERNATIONALE. 499
des employés du lazaret ; mais la maladie s'est manifestée plusieurs fois
sur des pei-sonnes employées à la désinfection des bâtiments.
Tous ces faits nous enseignent que c'est le navire, et surtout la cale
qui sont dangereux. Si Ton fait une inspection sanitaire rigoureuse du
bâtiment qui arrive d'un port infecté ou suspect, pour bien apprécier ses
conditions sanitaires, si l'on fait transporter tous les passagers dans un.
lazaret, pour les y tenir en observation pendant vingt-quatre heures, et
isoler seulement ceux qui ont une maladie tant soit peu suspecte ; et si
pendant ce temps-là on procède à une désinfection réeUe de tout le linge
et autres objets susceptibles d'imprégnation, on réussira bien mieux à
empêcher l'importation des maladies pestilentielles, qu'en isolant pen-
dant plusieurs jours tous les voyageurs, et en faisant en môme temps
une désinfection aussi routinière qu'inutile.
Si les expériences de laboratoire ont démontré que ce sont des micro-
bes qui sont les principaux agents des maladies zymotiques, et si ces
microbes résistent aux agents chimiques les plus énergiques, l'observa-
tion confirme ces vues, car on connaît un grand nombre d'exemples de
navires qui, après avoir été désinfectés par des moyens considérés conmie
très efficaces, ont été toutefois le théâtre de nouvelles épidémies, sans
qu'il y eût une autre importation de germes. Cela prouve évidemment
l'inefficacité des désinfectants chimiques qu'on emploie ordinairement
dans les lazarets pour détruire les germes de la fièvre jaune. Si les navi-
res ne sont pas toujours bien désinfectés, que dire de la désinfection du
linge, des effets, des marchandises, qui sont désinfectés généralement
avec des gaz tellement dilués, que les tissus ne sont pas altérés dans
leur texture, dans leur couleur et dans leurs autres qualités. Dans ces
conditions tout porte à croire que les germes n 'en souffrent aucun dan-
ger, qu'ils ne s'aperçoivent pas même qu'on leur en veut.
Si on a comparé les lazarets aux filtres qui retiennent des impuretés,
les lazarets à longue période d'isolement et à désinfection illusoire sont
des filtres troués : tâchons donc de les mettre en état de bien séparer et
de bien détruire toutes les impuretés capables de transmettre les épidé-
mies.
Les Secrétaires :
L. (tAUTIER.
P.-L. Gremai'I).
APPENDICE
I
STATISTIQUE DES MEMBRES DU CONGRÈS
Le Congrès d'hygiène et de démographie de Genève a bien mérité le
nom d'international par le chiffre respectable des pays représentés, par
le nombre de ses adhérents et par la valeur des hommes de science de
toute nationalité qii'il a réunis.
Ses 528 membres adhérents se répartissent entre 33 États :
Algérie.
Danemark.
Portugal.
Alsace.
Equateur.
Prusse.
Angleterre.
Espagne.
Roumanie.
Autriche.
États-Unis.
Russie.
Bade.
France.
Saxe.
Basutoland.
Grèce.
Serbie.
Bavière.
Hongrie.
Suède.
Belgique.
Italie.
Suisse.
Brésil.
Mexique.
Turquie.
Bulgarie.
Pays-Bas.
Villes hanséatiques
Canada.
Pologne.
Wurtemberg.
Le nombre des membres participants, qui ont concoiuii à ses tra-
vaux, a été de 452.
Suisses 207 (dont : Genevois 131, autres Suisses romands 40, Suisses
de langue allemande 36).
Français, 114.
Américains du Nord
,6.
Roumains, 2.
Italiens, 43.
Portugais,
3.
Brésilien, 1.
Allemands, 23.
Suédois,
3.
Grec, 1.
Anglais, 11.
Autrichiens,
2.
Hollandais, 1.
Espagnols, 11.
Bulgares,
2.
Mexicain, 1 .
Russes, 8.
Danois,
2.
Polonais, 1.
Belges, 7.
Hongrois,
2.
Serbe, 1 .
504 APPENDICE.
II
SEMES DE DÉMONSTRATION
Dans le loail de l'Exposition MM. les délégués du Conseil municipal
de Paris ont eu l'obligeance de faire la démonstration des objets exposés
I)ar la ville de Paiis. Ces conférences du plus haut intérêt, ont été très
appréciées et ont notablement augmenté pour tous les auditeurs la part
d'instniction qu'ils ont pu retirer de l'Exposition.
Ces conférences ont eu lieu tous les jours à 5 heures du soû\
Lundi 4 septembre. M. Cemesson. Chauffage et ventilation des édi-
tices.
Mardi 5 septembr(\ D'^ BonrnevUle et Loisean. Hôpitaux, asiles,
maternités.
Mercredi fJ septembre. D' Najtias. Logements insalubre^^. Secours
aux blessés.
Vendredi 8 septembre. M. Durand-iJluye. Eaux, égouts, vidanges.
Samedi 0 septembre. M. (HrarcL Analyse des aliments.
D'autres démonstrations qui ont attiré un nombreux public ont aussi
été faites tous les matins à 8 heures sur divers sujets intéressant l'hy-
giène ou le sauvetage.
Mardi 5 septembre. M. Darier. Appareils respiratoires.
Mercredi 6 septembre. Manœuvres par le cori)S des sapeurs-pompiers,
de cinq échelles de modèles différents, pour sauvetage en cas d'incendie.
Vendredi 8 septembre;. D*" Marcet. Spirographe.
Samedi i) septembre. Prof. Monnier, Méthanomètre automatique,
analyseur et avertisseur des fuites de gaz.
IVot4^ de ni. A. Darier de Genève Hur nen appareils
respira toireii.
M. Darier présente quelques appareils respiratoires, modèles variés
d'un même système, construits dans le but de procurer aux i)ersonnes
APPENDICE. 505
délicates ou malades auxquelles rinhalation d'air froid est nuisible, un
moyen de respirer un air toi\^ours tempéré.
Ces appareils sont composés de tubes formant ceinture, plastron,
cape, etc., ou d'un simple sachet ou réservoir avec prise d'air et tuyau
d'inhalation. Us se placent aussi près que possible de là peau, de
manière à récolter la chaleur naturelle du corps pour la transmettre
ensuite à l'aii' qui les traversera pendant l'inhalation.
Après avoir décrit sommairement chaque appareil, M. Darier s'arrête
à celui qui semble devoir réunir le plus d'avantages et en fait une descrip-
tion complète : ce respirateur, dont le corps principal mesure 0,12 sur
0,055, se place sur la poitrine ou sous l'aisselle. Son tube de prise d'air
touche celui d'inhalation et lui est parallèle, la prise d'air est donc située
près de l'embouchure, disposition qui paraît être la plus commode. H est
construit entièrement en caoutchouc. Des parois intérieures maintien-
nent récartement des deux faces du sachet ; un ou plusieurs trous tra-
versant le sachet entre les parois intérieures en augmentent la surface
de chauflfe ; enfin une fente latérale permet l'introduction de matières
médicamenteuses ou d'une simple éponge imbibée d'eau.
Pour donner une idée de la chaleur que peut fournir ce genre de res»
pirateur, M. Darier avait fait installer un appareil réfrigérant, procu-
rant un air à la température de — 14° centigrades. Un thermomètre
placé dans cet appareil en indiquait la température, un autre placé près
de l'embouchure du respirateur marquait celle de l'air au moment de
rinspiration, c'est-à-dire après son passage dans le respirateur. L'expé-
périence qui fut faite séance tenante, donna le résultat suivant :
Température de l'air h son entrée dans les conduites du respirateur
— 14° centigrades.
Température de l'aii* à sa sortie des conduites du respirateur -h 23°
centigrades.
Soit une diflférence de 37° centigrades.
Ce résultat est supérieur à ceux déjà obtenus par M. Darier et men-
tionnés dans sa notice * .
* Voici ces résultats :
Température extérieure
en
degrés centigrades.
Tempérmtare de l'air
dans l'appareil
pendant l'inhalation.
fl(î
-1-27 'i
1-11
t- 26
H «
-f-24
- 1
i-22
— 4
f 16 1- 18
— (î
1- 10 1 18
506 APPENDICE.
Disons en passant que le modèle qui a servi à cette expérience est de
construction récente, qu'il n'a pu, comme les précédents, être essayé
pendant [riiiver ; ce fait qui change les conditions de rexpérimentatiou
peut, dans une faible mesure, expliquer certaines différences dans les
résultats. Passant ensuite à la description des dessins exposés, M. Darier
indique des perfectionnements qui pourraient être apportés à la con-
struction de nouveaux modèles. Ces dessins que nous ne pouvons repro-
duire ici, montrent le respirateur muni d'un régulateur et d'une boîte
ou récipient, pouvant servir à la fois, de filtre et de chambre pour les
médicaments, ainsi qu'un modèle s'adaptant spécialement à la tête.
Eniin, répondant aux questions posées par quelques personnes de
l'auditoire, entre autres à celles de M. le D' Daily de Paris sur k
applications thérapeutiques de l'appareil, M. Darier exprime l'espoir
que ces applications soient dirigées par des spécialistes.
Ce que l'inventeur tenait surtout à déiçontrer dans cett« séance,
c'est la possibilité non seulement de chauff^er l'air avec l'appareil qu'il
a l'honneur de présenter au Congrès, mais de le chauffer suffisamment
pour permettre à certains malades de sortir dans la rue, par les hivers
les plus rigoureux, sans cesser de respirer un air dont la température
sera semblable à celle de l'été.
Le Mauvetutfj^e A l'ExpoMltion d'hygiène ',
Par M. J. WEIBSL,
Capitainc-in^^nieor du baUiUon dos upeurs-iK>mpien de la villo de OeoèTe.
A Foccasion du Congrès d'hygiène qui a eu lieu à Genève du 4 au i»
septembre, une exposition d'objets relatife aux questions traitées par le
Congrès a été organisée dans le vaste manège des bâtiments militaires,
k Plainpalais. Bien que l'exposition n'eût été annoncée que très modeste-
ment et, pour ainsi dire, sans aucune publicité, le nombre des objets en-
voyés a dépassé toute attente; grâce au zèle du Comité de l'exposition,
et particulièrement au dévouement de M. E. Briquet, ingénieur, mem-
bre du Comité chargé spécialement de l'organisation de l'exposition,
tout a été mis en place pour le jour d'ouverture et présenté aux membres
du Congrès et au public dans les meilleures conditions d'arrangement
* Extrait du journal La Défense, organe des sapeurs-pompiers de la Suisse
romande.
APPENDICE. 507
qu'il fût possible d'obtenir ; aussi peut-on affirmer que [le succès a été
complet.
Le sauvetage est très voisin de l'hygiène ; tous deux ont pour but de
conserver la vie et d'éloigner autant que possible toute cause de danger ;
mais tandis que l'hygiène cherche à discerner les causes plus ou moins
lentes qui menacent la santé, et tend à les combattre par des mesures
préventives, le sauvetage se trouve en face de dangers imminents, qui
exigent une action rapide et énergique.
A ce titre, l'exposition internationale d'hygiène a ouvert ses portes
aux appareils de sauvetage ; le nombre des exposants de cette catégorie
n'a pas été très considérable, mais plusieurs des objets exposés présen-
taient un intérêt sérieux ; nous essaierons de rendre compte à nos lec-
teurs des observations que nous avons faites.
L'assortiment le plus complet d'objets relatife à l'équipement des sa-
peurs-pompiers et au sauvetage est celui exposé par M. Lieb, de Bibe-
rach. Nous mentionnerons des casques de diverses formes, des porte-
mousquetons, des hachettes et différents objets d'équipement. Des flam-
beaux à pétrole ou à néoline sont représentés dans toutes les grandeurs :
les uns légers, à mains, d'autres plus grands, à réflecteur; d'autres
enfin, de dimensions considérables, sont destinés à être fixés sur un tré-
pied. Nous remarquons des lanternes pourvues d'une disposition très
simple qui nous a paru en même temps très pratique : la calotte supé-
rieure de la lanterne qui reçoit la chaleur de la flamme est en fer-blanc
recouvert d'un feutre épais.
M. Lieb expose un appareil ingénieux pour permettre à un veilleur
d'indiquer rapidement et exactement l'emplacement d'un incendie
signalé pendant la nuit. Une lunette est posée par son milieu dans une
genouillère fixée sur un support, qui permet de diriger la lunette dans
toutes les directions. La lunette est munie d'un indicateur qui s'appro-
che d'une cuvette concave, du milieu de laquelle part le support de la
lunette. Si l'on a eu soin d'inscrire dans la cuvette à l'endroit visé par
l'indicateur, le nom de la localité sur laquelle la lunette est braquée, il
suffira au veilleur de lire directement le nom qui correspond à la pointe
de l'indicateur.
Nous adresserons une question à M. Lieb : pourquoi fixe-t-il son indi-
cateur à la moitié de la lunette qui se trouve entre l'œil de l'observateur
et le support? Cette position a l'inconvénient de faire correspondre les
points les plus élevés de l'horizon aux points les plus bas de la cuvette ;
les cercles les plus vastes de l'horizon correspondent aux cercles les plus
restreints de la cuvette. Toute la carte tracée dans la cuvette se trouve
renversée.
508 APPENDICE.
Si le constructeur plaçait son indicateur sur la partie de la lunette qui
est entre le support et l'objectif, tout rentrerait dans l'ordre : la carte
tracée dans la cuvette ne serait plus renversée, les grands cercles do
l'hori/on coiTespondraient aux grands cercles de la cuvette, il en serait
de même des hauteurs.
M. Lieb expose dans la cour un drap de sauvetage très solidemeut
travaillé ; fait en forte toile, renforcé par des sangles qui le traversent eu
croix et en diagonale et qui en font tout le tour, muni de solides poignées,
tout paraît combiné de manière à assurer la solidité de cet engin assez
dangereux pour que l'usage en doive être réservé aux cas extrêmes.
Un sac de sauvetage présente les mêmes qualités de solidité dans les
matériaux et dans leur mise eu œuvre.
La pièce principale de l'exposition de M. Lieb est sans contredit son
échelle de sauvetage en deux pièces, montée sur trois roue^.
Le« deux plus grandes de ces roues sont éloignées de 2 mètres l'une
de l'autre: la largeur totule de leur voie est de 2 mètres 36 cent. Elles
présentent ceci de particulier, qu'elles sont montées sur un essieu sur
lequel le châssis portant l'échelle peut osciller; l'inclinaison transversale
du châssis sur l'essieu s'obtient au moyen d'un arbre placé au-dessus,
muni d'une roue à poignée et de deux pignons d'angle engrenant sur
deux écrous tournant en sens inverse et dont l'un monte sur sa vis pen-
dant que l'autre descend.
La troisième roue est plus petite que les précédentes, elle est à pivot,
placée sous l'avant du châssis ; lorsque l'échelle est montée, cette roue
se trouve soulevée par l'action de griffes qui calent, arrêtent et en par-
tie supportent le tout.
La distance de l'axe de la petite roue à l'essieu d'airière est de 2 mè-
tres 00 centimètres.
L'échelle, en deux pièces, est supportée parun chevalet dont le dres-
sage se fait mécaniquement, au moyen d'une vis qui tire sur le sommet
du chevalet et le force à se relever ; la vis elle-même est actionnée par
un treuil à deux manivelles.
Aussitôt le dressage opéré, le déploiement se fait avec une grande
rapidité par un autre treuil, à deux manivelles à cliquet ; la deuxième
pièce glisse le long de la première et vient s'arrêter à sa place de déploie-
ment en reposant sur deux parallèles très bien combinés. Elle atteint
alors une hauteur de 17 mètres 50 centimètres.
Lorsque Téchelle est dressée et déployée, deux griiîes latérales à vis
fixées aux côtés du châssis et deux autres griffes, portées par des bras
ou glissoirs fixés au bas de l'échelle, assurent la position du tout. Elle
repose alors (Mitièronient sur le chevalet^ tandis que la deuxième partie
APPENDICE. 509
porte sur la première pièce par ses parachutes, sans qu'aucun cordage
contribue à maintenir l'échelle en place.
Disons tout de suite que la stabilité de l'échelle est parfaite ; tout son
poids agit sur le châssis outre les poids d'appui de celui-ci, de sorte
qu'aucun mouvement de bascule ne tend à se produire. Le pied de l'échelle
est à 28 cent, en dehors de l'axe de la petite roue, le pied du chevalet
est éloigné de 57 cent, de l'essieu des grandes roues, en dedans du
châssis.
Toute l'échelle paraît très soignée dans sa construction ; les bois, de
choix, sont simplement passés au copal, ce qui permet d'en constater la
qualité. Le chevalet est d'une construction légère et solide, bien entre-
toisé; les échelles sont munies de tirants en fer, le châssis est très bien
disposé, enfin des appareils indicateurs permettent de vérifier à première
vue l'aplomb de l'échelle et son inclinaison, qu'on peut faire varier à vo-
lonté.
Le seul inconvénient de cette échelle est la place qu'elle occupe au
hangar : 2 mètres 8î> cent, de largeur, sur environ 10 mètres de lon-
gueur ; sur ces 10 mètres, la moitié à peu sera assez haut pour qu'il soit
possible d'utiliser le.sol qui se trouve au-dessous, pour des objets peu
élevés. La place occupée par cet engin peut aussi être gênante pour pas-
ser dans des rues étroites.
A part ce défaut, l'échelle Lieb se recommande par une construction
très bien raisonnée, très soignée et combinée de manière à rendre Je ser-
vice rapide et sûr.
M. Paolo Porta, 4)ien connu du corps de sapeurs-pompiers de la ville
de Genève, auquel il a livré une grande échelle de 20 mètres de haut,
expose une échelle de dimensions plus restreintes, portée sur deux roues,
qui atteint 16 mètres de hauteur.
Les deux roues ont un écartement de 1 mètre 40 cent., une largeur
totale de la voie de 1 mètre 54 cent. ; le train est en outi*e maintenu par
. quatre pieds, dont deux placés à ÎK) cent, en arrière de l'axe des roues,
et les deux autres à 1 mètre 45 cent, en avant. Plus en avant encore que
ces derniers se trouvent suspendus à deux bras en fer de 1 mètre de long
des contrepoids en fonte.
On connaît le montage de l'échelle Porta. Les pièces placées sur le
char, sont toutes déposées à terre, puis chacune d'elle est assujettie à la
précédente par un coin chassé à coups de maillet, ensuite par quatre
tirants, savoir deux de chaque côté, l'un droit, l'autre oblique, qui
relient fortement et soutiennent, en la raidissant, la pièce qu'on vient
d'ajouter à celle qui l'a précédée. Ce montage est fait horizontalement,
chaque pièce, assez légère, est élevée à peu près à la hauteur de la tête
510 APPENDICE.
des hommes de service. Après le montage, le di-essage s'opère tout d'une
pièce à l'aide d'un treuil, dont la corde maintient réchelle dans sa posi-
tion d'inclinaison.
La construction de l'échelle Porta lui assure une grande rigidité; les
tirants en fer placés de chaque côté forment comme une main-couranti'
qui facilite la montée. L'échelle Porta entièrement repliée sur son train,
occupe peu de place au hangar, elle passe parfaitement par les rues les
plus étroites, mais elle a l'inconvénient d'exiger à proximité du point oii
elle doit entrer en action, un emplacement assez étendu pour son mon-
tage. On peut lui reprocher, eu outre, la mise en place d'un assez grand
nombre d'organes, dont la manœuvre exacte de chacun d'eux est indis-
pensable pour la sécurité finale.
Un essai comparatif a été fait le 6 septembre, en présence de MM. les
membres du Congrès et sous les ordres du commandant Liodet ; il com-
prenait non seulement les deux échelles exposées, mais, encore une
échelle de Fischer et Stahl, à Nuremberg, appartenant à la ville de
Carouge, la grande échelle Porta et l'échelle genevoise, ces deux der-
nières faisaient partie du matériel de la viDe de Genève.
Chacune de ce^ échelles a été manœuvrée successivement; on a ob-
sen'é, pour chacune d'elles, le temps qui s'est écoulé depuis le comman-
dement de commencer la manœuvre jusqu'à l'entier déploiement de
l'échelle, ensuite le temps dès le commencement de la manœuvre jusqu'à
ce que le caporal d'ascension fftt parvenu au sommet, puis jusqu'à
ce qu'il fût redescendu, enfin jusqu'au reploiement de l'échelle.
Ce sont les résultats de ces opérations, avec les indications relatives
au poids de chaque échelle et au nombre d'hommes nécessaires pour la
manœuvre, que nous consignons dans le tableau ci-dessous.
I Hauteur de l'échelle développée et, , i
dressée ; i^^OO , 17",50 i6™,0() i 20«,00 24-.00
I Poids de l'échelle 1452 kil.|873 kil. 700 kil.'«!»0 kil.'44O0'kii.
. Nombre d'hommes pria manœuvre.' ^ 5 Ti 10 6
' Temps écoulé du commenc<»ment à
la fin du dressage de PtHihelle. . . i 0~,40* i i-.ÎS» : 2».o5- , 3» 3»,Î0-
I la fin de l'ascension du caporal.. ! ()"'.r)0' i™,50» 2",55» 5" 3»,45"
' la fin de la desrente du caporal. . i™.20- ■ 2»,i5- ' 3",30- ' 6-.30- ' 4«.aO-
I lafindureploiomentderéchelle.l i"».45" | 2» 30- l 5»,i0" \ d»,40» | 7«45-
i . I _ . ._ ._i I I !
APPENDICE. 51 1
U faut remarquer que pour l'échelle Porta, grand modèle, la durée de
la descente du caporal a été relativement longue, parce qu'il n'est pas
redei^cendu par les échelons, mais au contraire il est resté au som-
met de l'échelle et celle-ci a été abaissée à l'horizontale, avec le poids
du caporal à son extrémité, dans le but de faire voir la stabilité de
l'engin.
Les deux premières échelles sont en deux pièces seulement ; les deux
échelles Porta sont : Tune en six, l'autre en huit pièces s'ajoutant les
unes aux autres horizontalement, enfin l'échelle genevoise se dresse et
se déploie mécaniquement.
Si l'on considère l'instant où le caporal a atteint le sommet de l'échelle
conmie celui oîi l'engin est en service utile, on constate que le temps qui
s'est écoulé depuis le commencement de la manœuvre jusqu'à ce mo-
ment, a été pour les différentes échelles essayées de 50 secondes, 1 mi-
nute 50 secondes, 2 minutes 55 secondes, 5 minutes et 3 minutes 45
secondes. On voit par ces chiffres que notre vieille échelle genevoise ne
s'est pas trop mal comportée, surtout si l'on tient compte de sa hauteui*
de 21 mètres et de sa solidité à toute épreuve.
Nous compléterons ce que nous avons à dire des échelles, en mention-
nant le joli modèle de l'échelle genevoise, qui figure à l'exposition d'hy-
giène, il est dû au travail patient et exact du capitaine Péclier.
Nous n'avons pas à faire aux lecteurs de La Défense l'éloge de l'inté-
ressante étude de MM. H. Mestral et C.-G. Schaeck sur les nœuds et
amarrages; un joli tableau renfermant différents nœuds de cordages
reproduit en nature, sous les yeux des visiteurs, les dessins si complets
que nous avons donnés.
La maison A. Vairoly, de Genève, successeur de M™* V* Deleiderrier,
expose des extincteurs Zuber, ainsi qu'un pied destiné à supporter l'ex-
tincteur quand on ne s'en sert pas. Ces utiles appareils sont bien con-
struits et soigneusement conditionnés.
M. Sandreuter, de Bâle, expose égalemement un extmcteur sembla-
ble, du moins extérieurement, aux extincteurs Zuber exposés par M. A.
Vairoly; nous ignorons s'il s'agit d'une autre agence de la maison Zuber
ou d'une copie de ces appareils. Ce même exposant a présenté un flam-
bleau à pétrole. A défaut de prospectus ou d'explications verbales, il est
difficile de se rendre compte de ce que ces objets présentent d'original
ou de supérieur à d'autres semblables.
Nous avons remarqué un petit modèle d'appareil dû à M. le capitaine
Giron, destiné à porter un objet d'un faible poids, une maille, par exem-
ple, à une grande hauteur. C'est une série de tubes placés les uns dans
les autres qui se déploient par Taction de cordages agissant d'une ma-
512 APPENDICE.
nière analogue à ceux qui produisent le déploiement de Téchelle gene-
voise. Le tube inférieur s'assujettit dans la rue sur un trépied, le tube
supérieur s'élève et se dirige vers la fenêtre oii se trouvent les personnes
auxquelles il s'agit de porter secours.
M. H.-X. Heidelberger, mécanicien à Soleure, expose des porte-mous-
quetons dont il a fait contrôler la résistance à l'établissement fédéral
d'essais pour la résistance des matériaux, à Zurich. Ces pièces sont très
bien travaillées, il en est de même d'anneaux à vis, de hachettes, etc.,
présentés par le même exposant.
Nous croyons avoir parcouru avec nos lecteurs tous les objets relatifs
au sauvetage faisant partie de l'exposition d'hygiène; comme on le voit,
le travail et l'invention suisses n'y occupent, en ce qui concerne le sau-
vetage, qu'une place secondaire. Espérons que cette faible représenta-
tion n'est due qu'au fait que l'exposition a été très peu connue, et fai-
sons des vœux pour que l'exposition nationale, qui va s'ouvrir en 1883 à
Zurich, nous montre plus au complet l'œuvre de nos industriels.
APPENDICE. 513
m
FÈTËS ET EXCURSIONS
Sur ce sujet le Comité ne croit pouvoii- mieux faire que de laisser la
parole à un membre étranger, en reproduisant un article, des plus bien-
veillants pour Genève et la Suisse, qui a paru le 20 septembre 1882 dans
la Revue (Vhygiène, de Paris, et dont le Rédacteur en chef est M, le
D"" E. Vallin, professeur d'hygiène à Tftcole du Val-de-Grâce, secrétaire
du Comité consultatif d'hygiène publique.
« Les organisateui-s du Congrès n'ont pas oublié que l'on étaitàl'époque
des vacances, et que beaucoup venaient à Genève non seulement pour
continuer le rude travail de l'année, mais aussi pour se distraire et pren-
dre un repos relatif.
Le lundi 4 septembre, à 8 heures du soir, le Conseil administratif de
la ville de Genève souhaitait la bienvenue à ses hôtes dès le premier jour
de leui' aiTivée, en donnant une très belle fête dans la magnifique salle
du Nouveau-Théâtre.
C'était la meilleure manière poiu* les membres du Congrès de se
reconnaître ; nous avons renoué connaissance avec un grand nombre de
collègues, que nous avions appris à apprécier aux Congrès antérieurs de
Paris et de Turin, et qui, de tous les pays de l'Europe, s'étaient empres-
sés d'accourir à ce nouveau rendez-vous.
A part un petit nombre d'exceptions, tous les représentants de l'hy-
giène étaient là, délégués des gouvernements (88), des municipalités (21),
des institutions sanitaires publiques (34), des Académies et Sociétés sa-
vantes (93), des journaux, ou adhérents volontaires et libres, concourant
tous à un but commun et assurément désintéressé : l'amélioration de la
santé publique par l'hygiène. Un nombre inaccoutumé de dames, parti-
culièrement de Françaises, qui avaient accompagné leurs pères ou leurs
maris, assistaient à cette fête, conune à toutes les autres, et transfor-
maient cette réception officielle en une soirée charmante. On se serait
cru à l'Opéra de Paris, d'autant plus que le Nouveau-Théâtre de Genève
514 APPENDICK.
reproduit avec beaucoup de bonheur les dispositions et l'apparence exté-
rieure de rOpéra de M. Charles Garnier. Un exceUent orchestre, où
d'habiles solistes se sont fait remarquer, a jusqu'à une heure avancée
contribué à donner beaucoup d'animation à cette fête, pendant que des
buflfets somptueusement servis permettaient de déguster les crus les plus
renommés de la Suisse et d'apprécier le talent des Vatels de Genève.
Le mardi soir, 5 septembre, c'était un savant éminent, héritier d'un
nom illustre dont il a su soutenir l'éclat, c'était le vénérable professeur
Â. de Candolle qui donnait une magnifique hospitalité à tous les mem-
bres du Congî'ès, dans sa jolie propriété du Vallon, située à quelque
kilomètres de Genève. Un service de voitures soigneusement préparé
amenait dès 7 heures du soir un grand concoui's d'invités dans cette
rhannante maison de campagne^ dont le parc était illuminé à giorno.
Nous ne parlerons ni du souper ni des raffinements du service, mais
nous devons rendre hommage à la grâce charmante avec laquelle la mat-
tresse du logis recevait ses hôtes. Contemporaine et amie d'un grand
nombre de personnages politiques et de savants illustres, M"* de Can-
dolle a fait de son salon pendant de longues années, le centre de réunion
de^s hommes éminents et des esprits libéraux qui ont traversé Genève
dans les circonstances les plus diverses.
Nous avons eu l'honneur et le plaisir d'admii-er la vivacité de ses sou-
venii^s, d'entendre ses appréciations fines et humouristiques sui- les hom-
mes et les choses, d'un temps qui est déjà loin de nous et nous pensions
en l'écoutant à ces femmes d'élite dont l'influence et les salons ont tenu
une si grande place dans la société polie du xvm"* siècle et au conmien-
cement du nôtre. Â 10 heures du soir, on quittait à regret cette maison
hospitalière, où tant de savants en Europe ont été accueillis, et où se
conserve la tradition d'un nom dont la ville de Genève a tant le droit
d'être fière.
La direction de l'établissement hydrothérapique de Champel avait
invité les membres du Congrès à visiter le mercredi soii*, à 5 heures,
l'établissement important où l'on utilise l'eau très froide de l'Arve, qui,
comme on le sait, se jette dans le Rhône im peu au-dessous de Genève.
Un certain nombre de membres s'étaient rendus à cette invitation, et
ont été retenus dans les jardins une partie de la soirée par une collation
et un concert. La fête, paraît-il, a été très gaie, très familière, et l'on
s'y est délassé, au frais et à sou aise, des fatigues de la joui'née.
Parmi les souvenirs les plus vifs qu'emportent les membres du Con-
grès de Genève, est certainement celui de l'excursion sur le Léman et
de la fête qui leur a été offerte à Évian et à Montreux, le jeudi 7 septem-
bre. Cette journée a été remplie par une délicieuse promenade, d'une
I
APPKNDICE. 515
extrémité à Tautie du lac^ où tous les membres du Congrès, et uu grand
nombre de dames qui les accompagnaient, se trouvaient réunis sur le
Mont'Blwic^ le plus vaste paquebot de la flotille du Léman. Bien que la
vue des gi'ands sommets des Alpes fût masquée par des nuages, le temps
a permis d'admirer les sites délicieux de la rive française, Thonon, Am-
phion, Évian, où la Société fermière des eaux a offert à tous les mem-
bres du Congrès une magjiifique collation à l'heure du déjeuner, l'entrée
du Rhône et le fond du lac, les vignes, les bosquets couverts de fleurs,
les chalets pittoresques de Vernex, Clarens, le château des Crêtes oîi
M. P. Bert allait rejoindre M. Gambetta, le donjon romantique de Chil-
ien, et enfin les coteaux riants de Montreux, où pendant l'hiver la tem-
pérature reste si douce et la végétation si fleurie, que des colonies de
Français, de Suisses, d'Anglais et de Russes, viennent y passer la saison
froide, comme on le fait à Nice, à Cannes, à Pau ou à Arcachon.
On vient de terminer à Montreux un magnifique kursaal, une sortes
de casino comprenant salle de spectacle, de concert, de lecture, de jeux,
etc., et qui peut rivaliser avec les plus beaux établissements de ce genre,
dans nos stations thermales. Après un excellent dîner, donné dans la
salle de spectacle qui réunissait déjà plusieurs centaines de congressistes
et dans les salles voisines, après des toasts portés par les diverses auto-
rités du canton de Vaud, de la commune de Montreux, et par les orga-
nisateurs de la fête *, tout le monde remonta à bord, le Mont-Blanc se
mit en panne au milieu du lac en face de Montreux et la nuit étant
venue il nous fut donné d'assister à l'une des plus admirables fêtes
qu'on ait vues jusqu'ici sur le lac de Genève.
De Villeneuve à Vevey, sur une longueur de plusieui's kilomètres, un
cordon non inten'ompu de lanternes vénitiennes dessinait le bord du
lac, et reflétait sa lumière sur la nappe miroitante: sur le fond noir du
ciel se détachaient des feux d'artifice qui s'élevaient de toutes les cimes
de montagnes et qui se croisaient à Montreux, Veytaux, Vernex, Cla-
rens. Des feux de Bengale, allumée à profusion, éclairaient de lueurs
rouges, vertes ou blanches, les chalets, les églises et les arbres étages
8ur le flanc des montagnes : le Kursaal de Montreux prenait sous ces
teintes puissantes, et grâce à son architecture byzantine, l'aspect d'une
mosquée de Constantinople brûlée par le soleil d'Orient.
On se figure diflBcilement l'admirable spectacle fourni par ces som-
bres et hautes montagnes dont les cimes et les flancs s'illuminaient toui*
^ Les organisateurs de la splendide fête de Montreux étaient M. le 1)' Challaud,
président de la Société vaudoise de médecine, et M. Mayor-Vautier, député au
Conseil National.
516 APPENDIOK.
à tour, et par cette immense nappe d'e^u que les feux de la rive inon-
daient de lumière. Sur une étendue de plusieurs kilomètres, les munici-
palités et les habitations particulières rivalisaient de zèle pour faire
honneur au Congrès, et c'est à î) heures seulement que le Mont-Blanc
a pu se remettre en route, traviîrser en deux heures et demie les 18 lieues
du lac et débarquer à Genève à miimit moins un quart. »
APPENDICE. 517
IV
CATALOGUE DES OBJETS EXPOSES
PRËIUËRE PARTIE
Catelopii smicial de l'Euosilioi de la n de Pens
KT DV
DÉPARTEMENT DE LA SEINE
I
DIRECTION DES TRAVAUX DE PARIS
M. VERGNIAUD, Secrétaire général.
M. ALPHAND, Directeur des Travaux de Paris.
A. SERVICE DE LA STATISTIQUE MUNICIPALE
Chef du service : M. le IK BERTILLON
1 . — Plan fjfénéral de Parlfn lavé sur chÀeifliIfli, comprenant
le» bols de Boulofj^ne et de VincenneH. Echelle de Vioooo*
2. — Collection des bulletins hebdomadalFes du Service de
la statistique municipale.
Années 188()-1H81. 1 volume.
3. — Annuaire statistique.
Année 1880. 1 volume.
518 APPENDICE.
4. — ClFculaireH et ImpriinéM divers pour renpieif^eiiiento*
1 volume.
5. — Imprimés Htatistiques. Marian^eH. IVaisiMances. Déf^éft
et mort-néH.
1 volume.
(). — Cartes de morbidité.
Type (le carnets avec souches distribués aux médecins de Paris.
B. ANALYSE DE L'AIR ET DES EAUX
Obskkvatoikk de MoxTsorRiH. — Directeur : M. MARIÉ-DAVY
7. — Annuaire de l'observatoire de IMontsoaris.
7 volumes (187r>7()-77-78-79-S0 et 81).
8. — Instruments types de météorologie.
((. Baromètre.
h. Thermomètre.
c. Hygromètre ejircgistreur.
(L — d'appartement.
9. — Appareils pour l'analyse microfj^raphique de l'air et
de l'eau.
a. Ballon de 1 litre pour tiltratiou sur le plâtre des liqueurs nutriti-
ves à stériliser à froid.
h. Ballon de 1 litre scellé et renfermant une liqueur stérilisée à
froid.
c. Ballon de 1 litre scellé et renfermant une liqueur stériUsée à
chaud.
d. Petits ballons pour ensemencement, les uns non ensemencés, les
autres ensemencés et fertilisés.
e. Tube avec trompe et compteur.
./*. Petits ballons d ensemencement
avec trompe et compteur.
10. — Observatoire de Montsouris. Photographie.
1 c^dre.
1" Bâtiment central.
2° Instruments extérieurs.
:>" KiosQue de l'exposition météorologique.
4*» Mât (te l'anémomètre.
11. — Diafjf rammes relatifs à, la mortalité parisienne et à
la microg^raphie comparées.
1 cadre.
C. EAUX
M. COUCHE, ingénieui' en chef des Ponts et Chaussées.
12. — Carte g^éolofj^ique du bassin de la Seine montrant le
APPKNDICE. 519
tracé défi aqiif^uepi de la Vanne et de la Dhnis et du
canal de rOnFc«|.
1 cadi'e.
], — Vues photofjfpaphlquefi de la dérivation de la Vanne
et de la c^onstruction dem réHcrvoirs de Montroug^.
l cadre.
4. — Plan fjfénéral du canal de l'Ourcq indiquant le tracé
de la dérivation dcH eaux. Echelle de Viooo.»-
1 cadre.
3. — MachincM élévatoires. 5 cadres.
a. Usine à vapeur de Chaillot.
h, — d'Aasterlitz.
c. — do Saint-Ouen, de TOurcq et de Méiiilinontant.
d. — de Maisons-Alfort et de Port-à-l' Anglais.
e. Usine hydraulique de Saint-Maur et d'Isles-les-Meldeuses.
(î. — RéMcrvoirH. 5 cadres.
a. Réservoirs de Montrouge : l" Phm de la partie suj)érieure;
2** Plan de la partie inférieure; 8** Coupe.
h. Réservoirs de Passy et de Ménilmontant.
r . — du Télégraphe et de Charonne,
7. — Plan g^énéral de la ville de Pariw donnant le réseau
dcM conduitcH de dÎNtribution au Vsuooo- 1 P^^^ ^^ 1 albuin.
a. Plan général asssemblé.
h. Plan général relié on album.
1^. — AppareiKflediHtribution pnbliqu€\ G cadres et 1 album.
a. Tuyaux de petits diamètres,
ft. — moyens et consoles,
r. — de grands diamètres.
(L Soupapes, châssis, robinets en bronze k boisseau pour piises
d'eau, supports pour robinets vannes.
(\ Robinets varmes cle tous les diamètres en usa^.
f. Prise d'eau en charge. Bouches d'arrosage. Bouches sous trot-
toir. Borne fontaine.
f/. Portefeuille général du service des eaux relié en album.
9. — Robinet vanni» j^yHténie Herdcvin fie O^SO de «lia-
mètre.
Modèle grandeui* d'exécution.
0. — Bouche d'eau sou» trottoir. (Ces bouches servent i^ Tarro-
sage à la lance et au lavage des niisseaux.)
Modèle grandeur d'exécution.
1. — Bouche d'arro8a||;e.
Modèle grandeur d'exécution.
2. — Prise d'eau en charge. (Ces appareils permettent de fain^
les piTses pour le service des particuliei*s sans vider les conduites ni
rompre la charge.)
Mod!èle grandeur d'exécution.
620 APPKNDICE.
23. — flointfi de tuyaux coupés pour montrer Im disposi-
tion dec» joints.
Modèles grandeurs d'exécution. Diamètre, 0",60.
a. Joints à emboîtement. Mode d'assemblage spécial aux conduites
jilacées en terre.
h. Joints à bagues. Mode d'assemblage spécial aux conduites plac^
en galerie.
24. — Tuyaux de 0,06, 0,tO et 0,eO assemblés.
Modèles grandeurs d'exécution.
25. — Distribution de l'eau dans les habitations. 2 panneaux.
MM. Gaget-Gauthier et C'% entrepreneurs de la Compagnie géné-
rale des eaux.
a. Abonnement à 1(1 jau<^e.
r Robinet de prise eii charge de 0,020.
2° Appareil de jauge de 0,020 avec bouche à clef en fonte.
:{" Robinet d'arrêt de 0,050.
4" Robinet de 0,01.3 pour décharge de la colonne.
5" Robinet flotteur de 0,020.
0° Réservoir en zinc.
7" Branchement de culshic».
b. Abonnement au compteur,
1" Robinet de prise en charge.
2" Robinet d'arrôt de 0,20.
8" Compteur de 0,020. Système Michel.
4° Robinet d'arrêt de 0,020 après le compteur.
5" Robinet de 0,013 pour décuarge de la colonne montante et pui-
sage dans la cave pendant l'hiver.
6" Récipient d'air pour éviter ou atténuer les coups de bélier.
7** Branchement de cuisine.
8" Autre branchement de cuisine pour les abonnements d'étage à
robinet libre.
20. — Compteur Michel.
Modèle grandeur d'exécution.
27. — Documents. 2 volumes.
a. Not(» du Directeur sur la situation du service des eaux et égouti>.
— 1879.
/>. Note sur la question de^ eaux, par M. l'Ingénieur en chef Couche.
— 1881.
I). ASSAINISSEMENT DE VOIE PUBLIQUE
MM. ALLAHI) et BARABANT, ingén. en chef des Ponts et Chaussées.
1" Nettof/a(/e et arrosof/e,
28. — Pnnoplies des outils et instruments en usan^ pour
le service du nettoiement et de rnrrosag^ de In voie
publique.
Modèles réduits à moitié de grandeur naturelle.
APPENDICE. 521
n. Collection de balais de l)Ouleau ou piazava et de lave-places pour
le nettoyage de la voie publique et des halles, postes de police,
urinoirs, etc.
?>. Collection de rabots, râteaux, ratissoires, raclettes, pour le gi'at-
tage des chaussées et trottoirs et l'ébouage des chaussées ou
trottoirs asphaltés ou bitumés,
c. Appareils de puisage sur bouches sous trottoii-s.
//. Collection d'appareils d'ïirrosage à la lance sur la voie publique.
e. Collection do clefs pour la manœuvre des appareils de puisage et
d'arrosage.
J\ Collection de tuyaux pour le remplissage des tonneaux d'arrose-
ment.
g. Collection de pelles, grattoirs, fourches.
29. — ChasHe-iieifi^o À traction de cheval.
Modèle au Vs-
/iO. — Grue pivotante pour le Ncrvice dcH HalleM centrales
avec waiponnetH.
//. Dessin sur cadre.
h. Modèle au*/,.
:n. — BalayeuMc mécanique.
a. Dessin sur cadre.
h. Modèle au Vs-
32. — Tonneau crarroHement.
ti. Dessin.
h. Modèle au Vs-
3:>. — Désinfectant» employéH pour le Hervice du nettoie-
ment.
Collection composée des principaux désinfectants en usage, d'acides,
d'huiles, de graisses, etc.
84. — DocumentH : a. Rapport sur l'assainissement des Halles cen-
trales par M. Lalanue, Inspecteur général des Ponts et Chaussées.
h. Note sur le nettoiement de la voie publique par M. Vaissière,
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.
2" Vidanges sur lu roie puhUquf
85. — Types d'urinoirti Hur la voie publique. — 1 cadre com-
prenant tous les types on usage.
8H. — ChaletM de néccHNité. — Système Bérenger.
Dessin.
87. — Appareil» Goux. — Compagnie des Vidanges mUitwes.
a. Modèle complet d'un édicule. Ce modèle est appliqué sur les
berges des quais delà Seine et du bassin de La Villette.
h. Echantillon d absorbant,
r. Echantillon d'engrais.
d. Modèle de siège.
r\ Notice sur le système de vidanges par fosses mobiles Goux.
522 appendict:.
Ë. ASSAINISSEMENT DES MAISONS ET ÉDIFICES
V (Jliauffage et ventilation.
8H. — Hôtel-Dieu.
S) cadres. — M. Diet, architecte.
39. — ]\'ouvel Hôtel de Ville de Pari».
1 cadre. MM. Ballue et Deperthes, architectes. — MM. Geneste,
Herscher et 0% entrepreneurs.
40. — Maifion de répression de Nanterre*
1 cadre. — M. Hermant, architecte. — MM. Geneste, Herscher et
C'% entrepreneurs.
41. — Collège municipal Rollin*
1 cadre. — M. Roger, architecte. — MM. Geneste, Herscher et C",
entrepreneurs.
42. — École de l'avenue DuqueHne.
1 cadre. — M. Roger, architecte. — MM. Geneste, Herscher et 0*,
entrepreneui*s.
4o. — Asile Sainte- Anne.
8 cadres. — M. Que«tel, architecte. — M. Anceau (maison d'Hame-
lincourt), entrepreneui*.
44. — Dépôt de police.
1 cadi-e. — MM. Duc et Damnet, architectes. — M. Chibout, entre-
preneur (maison Duvoir-Leblanc).
1 modèle.
45. — Clinique d'accouchement.
7 cadres. — M. Ginain, architecte. — MM. Gaillard et Haillot,
entrepreneurs.
40, — Documents.
Système Geneste et Herscher, chaufl'age et ventilation des écoles.
2" Vidanges.
47. — Vidange. — Système actuel.
1 cadre.
48. — Vidange. — Système de l'écoulement direct à Tégout.
1 cadre.
49. — Installation type d'une tinette filtre.
o Dessins.
50. — Tinette.
Modèle.
51 . — Type de cuvette avec siphon automoteur.
APPENDICE. 523
52. — Siphon fermé pour eaux ménagères et pluvialei^.
Modèle.
58. — Reg^ard clavette.
Modèle.
54. — Siphon coupe-air.
55. — Écoulement direct à. l'égout.
Modèle.
56. — Siphon à. couvercle ordinaire.
Modèle.
57. — Siphon à. couvercle à. vift.
Modèle.
5^5. — Vue du Dépoloir de la Villette.
Aquarelle.
59. — Courbet Htatistiquetu représentant le mouvement des
matièrefn au Dépotoir de la Villette.
1 cadi*e.
60. — Documents.
Album statistique du Dépotoii- de la Villette.
>)" Logements insalubres,
61. — Rapports généraux sur les travaux de la Commis-
sion des logements insalubres de 1851 à. 1876.
1 volume.
62. — IVotes et rapports divers.
1 volume.
63. — Traité pratique de la législation sur les logements
insalubres par HI. «lourdan, chef de bureau.
1 volume.
F. ÉGOUTS
M. HUMBI^OT, ingénieur eu chef.
64. — Plan général de la Ville de Paris donnant les égouts
construits, échelle de Vsono 1 pl^ï^ ^^ 1 album.
a. Plan général assemblé.
6. Plan général relié en album.
65. — Plan type de statistique des égouts.
1 cadre. — Echelle de V'sooo-
66. — Types des égouts de Paris.
1 cadre. — Echelle de V2o-
524 APPENDICE.
()7. — Types d*égout.
5 modèles au V,„.
a. Grand collecteur.
b. Type n** 5. '
r. Type n° 5. — Jonction des égouts h rails.
(L Type n*» 12.
r. Type n° 14.
()S. — Siphon du pont de l'Aima.
a. Modèle.
h. Appareil de démonstration.
c. Profil en long.
Ce siphon sert à passer le^ eaux d'égout de Paiis de la rive gauche
à la rive droite de la Seine pour les amener au débouché commun
de Clichy.
()9. — Appareils de chasse et de curaf^. — 2 c^adren.
a. Wagon-vanne et bateau-vanne.
h. Vanne de retenue et drague.
70. — Bateau-vanne*
Modèle au Vs-
71. — HTa^on- vanne.
Modèle au Vs-
72. : — HTag^n à. bascule.
Modèle au Vs-
1;\. — Petits wsLgonn.
Modèle au Va-
74. — Barrières mobiles autour des trappes de regard.
Modèles grandeur d'exécution.
75. — Outils du enragée à. main.
1 panoplie. — Modèle grandeur d'exécution.
G. ASSAINISSEMENT DE LA SEINE
M. A. DURAND-CLAYE, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.
76. — Plan général à l'échelle de V?o().»o-
l cadre. — Ce plan donne les principaux collecteurs, les dérivations,
l'usine» élévatoire, les irrigations de Gennevilliers et rextension
des irrigations sur les terrains domaniaux d'Achères.
77. — Hchema donnant la distance des principales Iticali-
tés aux terrains domaniaux d'Achères et à. la plaine
de Gennevilliers.
1 Cadre.
78. — Plan des irrigations de la plaine de Gennevilliers.
1 Cadre.
APPENDICE. 525
). — Usine élévatoire.
a. Vue extérieure. Photographie.
h. Vue intérieure. Aquarelle.
r. Machine de 150 chevaux. Vue avant. Photographie.
d. id. Vue arrière. id.
r. Machine de 250 chevaux. Vue avant. id.
J\ id. Vue arrière. id.
fj. Chaudières. Vue d'un groupe. id.
). — Diagramme de l'eau élevée avec def^min type den
pompes.
3 Cadres, a. Pompes.
b. Diagramme de Teau élevée de 1862 à 1877.
r. — — — 1878 à 1882.
. — Mode de construction des conduites*
Modèle à l'échelle de 0,15 par mètre.
î. — Diagramme des surfaces irriguées avec types des
conduites.
3 Cadres, a. Conduites.
h. Diagramme des surfaces irriguées de 1862 à 1877.
<;. — — — 1878 à 1882.
I. — Tube de démonstration pour l'épuration des eaux
d'égout par le sol.
k — Type du mode des cultures.
Aquarelle.
). — %'ue perspective de la plaine de Gennevilliers.
Aquarelle.
I. — Dessin de produits* Betteraves*
2 Cadres.
'. — Échantillons d'eau d'ég^out et d'eau de la nappe.
;. — Collection de légumes et produits des irrigations à.
l'eau d'égout.
), — Documents*
a. Pièces officielles : décisions ministérielles, etc.
h. Rapports du Conseil nmnicipal.
V. Rapports divers des ingénieurs.
(l. Enquête de 1876.
e. Documents administratifs,
y. id anglais.
g. Commission d'études.
V Rapport de la 1'* sous-commission. M. Vilmorin.
2^* Rapport de la 3™" sous-commission. M. Orsat.
h. Pièces (îiverses.
2. Albums statistiques.
52r» APPEKDICK.
II
ASSISTANCE PUBLIQUE
M. QUENTIN, directeur.
1K). — Hôpital de Illéiiilmoiitaiit. — M. Billon, architecte.
Dessins, 4 châssis :
a. Plan général.
h. Coupe transvei-sale.
r. — longitudinale.
d. Vue perspective.
91. — Hôpital de Berk-mur-mer. — M. Lavkzzari, architecte.
Dessins, 3 châssis :
a. Plan général.
h. Coupe longitudinale,
f . Fa(;ade, côté des dunes.
\V1, — Noarricerie du dépôt.
Dessins, 2 châssis :
a. Coupe transversale et façade.
h. Plan.
î)3. — ANile d'aliénés de Ville-Ëvrapd. — M. Makkchai., archi-
tecte.
Dessins, 2 châssis :
a. Vue perspective et plan.
//. Domaine.
94. — A«île d'aliénés de Vauduse. — M. Makéc^hal. architecte.
Dessin, 5 châssis :
a. Bâtiments. Exploitation agricole.
/>. Plan général.
^' ^ Vues perspectives.
(\ Coupe transversale.
95. — Pavillon Tarnier.
Modèl<\
90. — Documents t
a. Service des aliénés. Rapports 1867 à 1876. 7 volumes.
?^ Rapports sur l'assistance aux enfants moralement abandonnés.
1 volume.
r. Rapports sur le service des enfants moralement abandonnés.
1 volume.
cL Renseignements statistiques sur la population indigente d'après
le recensement de 1880. 1 volume.
(.. Rapport sur les enfants assistés de la Seine. 1 volume,
y. Budjet de 1882.
r/. Photographies d'anciens documents.
APPENDICE. 527
m
PREFECTURE DE POLICE
M. CAMKSCASSE, préfet de police.
'. — Plan do rinNtallalion dem commissariats de police.
\. — Plan de Tinstallation des postes de secours.
). — Tente de secours avec boite de secours, brancards.
Modèles grandeurs d'exécution.
H). — Voiture pour le transport des varioleu^i:.
Modèle grandeur d'exécution.
)1. — Installations frigorifiques de la Morgue.
Dessins au Vm- MM. Mk^non et Rouart, constructeurs.
)2. — Avertisseurs Petit.
)r>. — Instruments employés au laboratoire municipal*
M. Girard, directeur.
a. Appareils à photographie microscopique.
h, Colorimètre.
r, Spectroscope disposé pour l'étincelle.
//. Appareil à électrolyse.
r. — à doser les alcools dans les vins, cidres et bières.
f, — à épuisement, thé, café, chocolat.
//. Burette à almientation.
//. Pipette à remplissage automatique pour lait, vins, etc.
/. Cage à dessiccation.
j. Trompe ordinaire avec cloche à vide.
k. Trompe à mercure (pompe, 6 chutes et jauge). .
l. Album de photograpnie microscopique,
w. Photographies de divers appareils.
04. — Documents.
a. Collections des ordonnances de police de 1800 à 1881.
h. Statistique sur la protection de l'enfance et sur la prostitution
depuis 1870.
r. Conseil d'hygiène publique et de salubrité : Rapports généraux
1862-1871, 1872-1877 ; Rapports divers.
(L Notice sur l'organisation des secours publics.
528 AP1»ESDU^K.
IV
ENSEIGNEMENT
M. CARiaOT, directeur. — M. DUPLAN, sous-directeur.
105. — ÉiMile maternelle.
Mo<lèl(\
10(). — École primaire.
Modèle.
107. — École de d«^HHiii.
Modèl(\
DEUXIÈME PARTIE
Â. PLANS DIVERS. TABLEAUX STATISTIQUES.
MODÈLES
lOs. — Rietschel et Henneberg (Berlin). — Plan de rétablisse-
ment de bains publics de la ville de Brème.
lOî). — Bourrit et Simmler, architectes (Genève). — Plans de
l'Ecole de chimie de Genève.
110. — C. Haocius (Lancy près Genève). — Plan de la laiterie modèle
de Lancy.
m. — Direction de i'hôpital d'enfants & Bà.le. —Plans de cet
hôpital.
112. — Ville du Havre. M. SiegMed, maire.
a. Plan du nouvel hôpital.
h. Plans d'un dispensaire d'enfants malades.
1 13. — Li. Sautter, architecte (Genève),
rt. Plans d'un asile à Fernex (Ain).
h. Plans d'une école à Saint-Genix (Ain).
114. — Fr. Airagfhi, ingénieur (Milan). — Plans de canalisation dans
la banlieue de Milan.
115. — Enn^el-DoUfufeifii (Dornach), et Blondel, architecte (Paris).
Plans de dispensaire avec école de rachitiques.
11(). — M. Cliauvet, président du Conseil d'administration de la
Métairie. — Plans de l'asile d'aliénés de la Métairie, près Nyon
(Vaud).
117. — Administration de l'Hôpitai Cantonal (Genève). —
Plans d'un pavillon d'été.
118. — Direction de» Sanitœt«iivef»enH (Zurich). — Plans d'hô-
pitaux.
1 19. — Ed. Veccliiato, architecte (Padoue). — Plans de théâtre.
120. — Doericli (Bunzlau, Silésie). —Plans des canalisations de la
ville de Bunzlau.
121. — B. Trélat, architecte (Paris). — Plans d'écolas.
5H0 APPENDICE.
122. — E. VaiiilreiiiiT (Paris). — Plans d'un lycée.
128. — C. Tollet, ingénieur-architecte (Paris). — Plans <le l'hôpital
(le Montpellier.
124. — C. S«*h«pek-«iaqiica, architecte ((xeuève). — Plans d'un péni-
tencier.
125. — G«miomI<s HopHC'hop et C*% constructeurs d'appareils de
chauffage (Paris). — Plans d'installations concernant la ventilation
ot le chauffage d'édifices publics et privés.
126. — D' H. GoMH€^ (Genève). — Plans de cimetières.
127. — P. Plana, architecte, et IK G. Ballotta (Lugo, Italie). —
Plans du nouvel hôpital de Lugo.
128. — l¥oibel. Bric|iiot et C*% constinicteurs d'appareils de chauf-
fage (Genève). — Plans d'édifices chauffés et ventilés.
129. — Alb. llarior, architecte (Genève). — Plans de l'école du
Petit-Saconnex (Genève).
130. — E. Sc^hpœiiep, architecte (Genève).
a. Modèle de glacière ^our boucherie.
h. Projet de cave glacière à ventilation naturelle.
181. — Fp. SiemeuM (Dresde). — Modèle de four crématoire.
182. — •!. Rounopt (Berlin.) — Dessin et description d'un nouveau
procédé pour la cuisson des aliments.
188. — C.-F. li%^<>bor (Loi[)zig). — Modèle de couverture en ciment
ligneux.
134. — V. Amoudriix (Genève). — Procédé de vidange hydraulique.
Plan et texte.
135. — Th. Giiiiiior, fabricant (Paris). — Plans d'un réservoir avec
siphon.
136. — Société cl<* méilefiiio publique ot d'hygiène proff
HionnoUo (Paris). — Vitrine contenant des publications. Voir le
N'' 807.
187. — H.-^. Pir«iu (Verviers, Belgique). — Plans d'un appareil à
crémation.
188. — A. Giiidiiii, ingénieur (Milan). — Plans d'appareils créma-
toires.
189. — A, Mifhc^l, médecin principal de la marine (Cherbourg). —
Dessin d'un appareil pour prévenir les accidents chez les ouvriers
travaillant dans l'air comprimé.
14(). — C Sfhieek- Jaquet, architecte (Genève). — Modèle de chne-
tière-nécropole.
141. — Id- Cercueils.
142. — AMNOciation den damei^ de la Chapent^-IniKneure
(La Rochelle). — Modfe\e et à^^çÂw^ ^' wsifcxvîL'^w^^. Bvochures.
APPENDICi!:. 531
U:>. — €jiene»t4*, Hei*tM;her et C'% coustructeui'S d'appar(?ils de
chauffage (Paris). — Plans d'uu four pour la cuisson du pain des
troupes en campagne. Modèle de Tarmée française.
144. — Sapeup»-poiiipîep» de Geiièwe. — Modèle de Téchelle dite
Genevoise.
14;"). — Laca^Nagne, professeur à la faculté de médecine de Lyon. —
Tableaux et cartes ae la criminalité en France. 1 vol.
14(). — JF. Kaftan, ingénieur (Prague). — Projet de canalisation pour
la ville de Prague.
147. — A. Duraiid-Claye, ingénieur en chef des ponts et chaussées
(Paris). — Tableau relatif à Paccroissemeut de la population dans
les départements de Seine et Seiue-et-Oise.
145. — ]IIoy«^r, Buelte et C'*' (Paris). — Dessins d'appareils désinfec-
tants.
14*.^ — Société HiiiMHe pour l'obHorvation dn dimanche. —
Tableau.
150. — Société contre l'abns du taliac (Paris). — Tableaux.
loi. — JL. DalloHta (Turin). Plan de canalisation.
152. — JF.-U. Kern*M Verla^ (Max Muller), libraires (Breslau). —
Tableau.
15:>. — Fr. Bùcltl, opticien (Berne). — Dessins des altérations du
cerveau.
154. — Bureau «itatiiitiqne de la ville de Berlin. D' Bôckh.
directeur. — Tableaux divers.
155. — Ci. MaMfPfton, libraire (Paris). — Tableaux d'anatomie.
15f). — D' P. Jaillard (Paris). — Tableiiux météorologiques relatifs à
Alger.
157. — D' fI.-C\ Lombard (Genève). — Cartes de géographie
médicale.
158. — D' P. -11. Dunant (Genève). — Tableaux démographiques.
159. — Département de l'Instruction publique (Genève). —
Tableaux d'anatomie.
160. ~ Ph. Suchard (Neuchâtel). — Plans de bains.
161. — Deutwchcr Samariter-Verein (Kiel). — Objets servant à
enseigner l'application des bandages et appareils.
161 a. — Bureaux d'hyi^^iène (Bruxelles). — Tableaux démogra-
phiques.
161 h, — m. Kœnin^er, assistant du bureau de statistique de Munich.
— Tableaux de statistique médicale.
161 c, — Statistique générale du royaume d'Italie (Rome),
L. Bodio, directeur. — Documents statistiques (voir xs.^ ^84V
5H2 A1M»KX1)1CE.
161 d. — l^eiété pour la prévention de la cécité ( Londres I. —
Modèles de gymnastique pour les aveugles.
1(U V, — ë. KoroHi (Buda-Pesth, Honfçrie). — Diagrammes.
161 /. — Minifitère des Travaux publicci de France. —
Tablfîaux relatifs à rassainissemont des Landes de Gascogne et des
Dombes.
B. MOBILIER SCOLAIRE
l(i2. — Ville du Havre. M. Siegfried, maire. — Pupitres d'école.
163. - D' E. Dall> (Paris). — Pupitres d'école.
164. — FankhauN€»r (Burgdorf, Berne). — Mobilier scolaire.
165. — Département de rinHtruction publique de Bâle-
Ville. — Mobilier d'école.
166. — El»»«»er (Mannlieim, Bade). — Mobilier d'école.
167. — O. André, ingénieur (Neuilly, Seine). — Mobilier d'école.
168. — Pénitencier <*antonal neuchà.teloiM. — Bancs et pupitres.
169. — École Hecondair«^ vtt Hiipérieure dem jeune» filles
(Genève). — Pupitre et chaises.
170. — Ville de Lille. — Mobilier scolaire.
171. -— D' Soenneken, fabricant (Bonn). — Support pour empêcher
la mauvaise tenue en lisant et en écrivant. Plumes. Porte-plumes.
C. MOBILIER ET ACCESSOIRES
1 72. — A. Mauchain, sculpteur (Genève). — Tables à transforma-
tions pour personnes alitées.
17:>. — PaHchoud et Dallivim^k (Genève). — Meubles divers. Appa-
reils de gymnastique.
174. — JF. Millier, fabricant de lampes (Rorschach, Saint-Gall). —
Lampes pour pianos et pianinos.
175. — A. de meuron et Cuénod, ingénieurs (Genève). — Meuble
renfennant les instruments nécessaires au traitement électro-
médical.
176. — Hachette et C'% éditeurs (Paris). — Boîtes du musée scolaire
de leçons de choses du D'^ Saflfray.
177. — T. PerMonne (Bruxelles). — Meubles divers.
178. — Annulé.
APPENDICE. 533
179. — F. Demaurex, fabricant d'appareils et d'iiistrument« de chi-
rurgie (Genève). — Meubles et appareils divers. Modèles.
180.-11. l¥elti (Berne). — Meubles divers pour malades.
181. — F. de C^oppet (Lausanne). — Lit de jardin démontable.
182. — Jaquerod frèreH, serruriers (Genève). — Lit en fer.
183. — C. Reidenbach, ferblantier (Berne). — Appareils d'hydrothé-
rapie.
184. — Parent, fabricant de meubles (Genève). — Fauteuils.
185. — Quick, ébéniste (Genève). — Table pour malades.
18r). — P. Ritter (Lugano). — Table.
D. APPAREILS DE TRANSPORT
187. — H. Vincent (Paris). — Fauteuils.
188. — K. Keller, fabricant de voitures (Zurich). — Voiture pour le
transport des malades.
189. — D' Ruysch (Miestricht, Hollande). — Voiture pour le trans-
port des blessés.
190. — H. Vincent (Paris). -— Voiture pour le transport des blessés*
191. — Département militaire fédéral nnimue. — Ambulance
(Exi)08ition spéciale dans le Pavillon, rue des Casernes. Voir les
détails à la fin du Catalogue).
E. APPAREILS DE CHAUFFAGE
192. — H.-J. Piron (Verviers, Belgique). — Poêles divers.
193. — Ruer et C^ (Saint -Etienne, Loire). — Appareils de chauffage.
194. — Godefiroy (Versailles). — Poêle mobile.
195. — Ancelin et Gillet, ingénieurs (Paris ). — Appareils de chauf-
fage à longue durée.
196. — l¥eibel, Briquet et C**, constructeurs d'appareils de chauf-
fage (Genève). — Calorifère.
197. — A. Morei (Paris). — Appareils pour le chauffage des voitures.
F. APPAREILS DE SAUVETAGE
198. — F. HeideHier^er, mécanicien (Soleure). — Appareils de sau-
vetage pour pompiers.
5H6 API'KNDICK.
242. — s. Favpo, fabricant d'instruments de chirurgie (Paris). —
Caisse de secours, bottes d'instruments, trousses.
248. — Kampmaïui, pharmacien (Oenève). — Inhalateui-s.
244. — J. Schrœl«»p, professeur de gymnastique (Genève). — l><»ux
tourniquets.
245. — ScMîiété de lempéraiioo ((ienève). — Bain-marie ambulant
pour café, thé et chocolat.
24(i. — Chaiilran ((ieuève). — Filtre.
247. — L. Artaria, opticien (Clenève). — I)ivei*s objets d'optique.
248. — Kfihiie ((lenôve). — Filtre.
24i». — MiUelfeitraMH, frères (Magdebourg, Tinsse). — Appareils pour
l'analyse du lait.
2r)0. — M.-V. IVic*oiicl (Paris). — Appareil h triturer la viande.
II. VÊTEMENTS. ÉTOFFES
251. — Fabrique inl ornai i«inale d'ohJetM de |Muifi«*nieiit
(SchaflFliouse). — Charpies, gazes, appareils divers.
252. — C. Rumpf (BAlo). — Tissus et articles confectionnés en crêpe
de santé.
2;*):». — C. 1II«*5B t*i filH, fabricants (Fribourg, Bade). — Vêtements en
tilets de soie, de coton et de laine.
204. — fl. Ti«»plîn, teinturier (Paris). — Flacons de goudronine.
Spécimens d'étoffes imbibées de goudronine.
20'). — Vv«' Bidaiix, corsotière (Berne). — Coi'sets-ceintui'es.
250. — Sehmidl et Sieic^riHi, négociants (Genève). — Vêtements eu
crêpe de santé.
L CHAUSSURES
2r>7. — M"^ JLc^iisB-Collior (Stuttgart). — Chaussui'es.
258. — F. 8tadlor, cordonnier (Genève). — Chaussures rationneUes.
251). — L.. BamiiK-CoUler (Lausaime). — Chaussures.
260. — Reinlu^er, cordonnier (Stuttgart). — Chaussures.
201. — Département militaire fédéral tiuiiifie. — Spécimens
de chaussures en usage dans différentes années.
201 a, — Roth (Londres). — Chaussures.
APPENDICE. 537
K. ALIMENTS. BOISSONS
2f>2. — lii. GalliRiii, liquoristo (Milan). — Boisson oucaly])tine Baz-
zoni.
268. — Soc*iét^ Carne Piipa (Brème). — Conserves diverses.
264. — Marc-hier frèrew et C* (Privas, Ardèche). — Poudres pour
boissons hygiéniques, Coco de Calabre, Cerisette, Philotésine.
265. — €. Baxzciiii, professeur (Milan). — Pain-viande, pain phos-
pho-ferrugineux.
206. — Société pri^niièrc pour Texploitation clii lait alpin
MuîHHe. — Lait concentré sans aucune addition.
267. — tf . Rlhet. (Lausanne). — Chocolats.
26.S. — A. Dennier (Interlaken, Berne). — Bitter, Soda-Bitler.
2(iîL — M. Marbaeh (Berne). — Bitter.
270. — C. Peclraxzini (Codogno, Italie). — Panettone hygiénique.
271. — C. Serardy, conliseur (Privas, Ardèche). — Bonbons divers.
272. — The Swînn Milk C« (Gossau, Saint-Ciall). — Lait pur con-
centré sans addition.
27:î. — C. Hehœk-Jaciiiet (Genève). — Confitures hygiéniques aux
tomates.
274. — C.-W^. Heliuniaelier (Stockholm). — Pain hygiénique.
275. — Demnie frérew, liquoristes (Berne). — Vins et liqueurs de
gingembre.
L. LITTÉRATURE
27^). — Burc^au fédéral dc^ HlatLstique (Berne).
a. Die Brwegune der Bcvôlkerung. l876-77-78-7î)-80. 5 vol.
/). Mouvement de la population de la Suisse. 1876-77-78-7î)-80.
5 vol.
r. Examen pédagogiqiie. 1875-77-78-79-80-81-82. 7 voL
d. Bulletin nebdomadaire des naissances et décès. 1876-77-78-79-
1880-81. 6 voL
p. Recensement du bétail. 1876. 1 vol.
y. Recensement fédéral. 1880. 1 vol.
/y. Eidgenôssische Bevôlkerung. 1880. 1 vol.
277. — D"^ So^nieH (Nancv). — Bulletin administratif de la ville de
Nancv. 1S80-81.
538 APPENDICE.
278. — L.ihrairieDalp( Berne).
a, Ulustrirte Vierteljahrsschrift der aerzilichen Polytechnik. 1881-
1882.
h. Schulgesundheitapfle^e.
279. — D' CaHtella (Fribourg).
a. Le monde de la science. 1878-79-80.
//. Le cimetière de Fribourg. 1 br.
r. La médecine cantonale. 1 br.
d. L'obésité. 1 vol.
t\ Sources minérales et Bains du lac Noir.
/'. Causeries populaires sur l'hygiène.
//. Brochures diverses.
280. — The Soeiet> for Pi^oventioii of BliiMlne^M (Londres).
Rapports et brochures.
281. — D' M. Bot h (Londres).
a. On the Neglect of Phvsical Education and Hygiène.
h, Filements Physical Fiducation.
r. Scientific Physical Education,
rf. Médical Inspection of ail Schools.
(\ Rational Gymnastic.
f. Great MortaliU' of Chiidren.
g, The fever — Er
/*. School hyjriene.
•taun^
. The fever — Erdens.
I. School hyjriene.
i. Quatre fouilles-modèles gymnastique.
282. — LiadîeN' Samtap> AsNoelatioii (Londres). — Collection de
traités sur Thygiène et Téducation.
283. — D' Rham (Schaflhouse). — Ernfthrung, Ge^undheits- und
Krankenpflege.
284. — IVorlh of Eiiiçlaiid Siic-hool FuriiiHhinff; C^*" (Darlington).
— Modèles de mobiliers scolaires.
285. — D' Bobrie. — L'Islande et sa pathologie.
286. — D' GuUHtadt (Berlin). — Flecktyphus und Rttckfallfieber in
Preussen. 1 br.
287. — Sehorr*»!- (Saint-(iall). — Heizungund Ventilation der Schul-
hàuser.
288. — D' C^h. liiiraifl (Berne). - Bericht ttber die Blattern-Epi-
demie.
289. — W H il 1*1 ima II II (Zouji). — Sanitarische Rekruten-Musteruug
in der Schweiz.
290. — D' Polaillon (Paris). — Statistique de la Maternité de
(,-ochin.
2î)l. — D' Apiiiaîiifl^aiid (Bordeaux).
a. Fièvre jaune à Bordeaux.
h. Institutions d'hygiène publique,
c. Un cas de scléroaermie.
APPENDICE. 539
d. Action de l'eau froide sur la fièvre typhoïde.
e. Une petite épidémie d'hystérie à Bordeaux.
/. Etuves publiques à Bordeaux.
//. Projets d'organisation de la médecine publique.
>2. — D' Giiisc^ppe Badaloiii (Bologne). — Del Perman^anato di
Potassa.
)3. — D' Sormani (Pavie). — La prophylaxie des maladies véné-
riennes. La géographie médicale de Titane. Une carte.
H. — D' RoUot (Lyon). — Anciens foyers de syphilis.
^5. — D' Giovanni Tonino (Turin).
a, Ricordi del Manicomio di Macerata.
h. La Ginnastica e Ipazzi.
m. — Ediirin CiiadDvick.
a. Sanitary progress. 1881-82.
h. Circulation ou stagnation.
r. Attributions du Ministère de la santé publique.
)1. — D' Cazenave de la Roche.
a. Des Eaux-Bonnes.
h. Climatologie (fragments).
('. Action des Eaux-Bonnes.
d. Lacune dans les études médicales.
)S. — D' Emilie Bovell-Stui*Ke (Paris). — Mémoire sur un cas
de phtisie.
M). — D' G. Sapolini (Milan).
a, La Rabbia.
b. Giunga al centre acustico.
K). — Boonewyn (Lcelles).
a. Malades empoisonnés par eux-mêmes.
h. Répression aes falsifications des denrées alimentaires, l br.
)1 . — Dui*and-Claye, Alfred (Paria).
a. Stations agronomiques.
b. L'aménagement des eaux.
r. Voûtes sphériques.
)2. — D' Ovîlo (Madrid). — Pèlerinages marocains h la Mecque.
)3. — D' Eklund (Stockholm).
a. Bidrag.
b. Den miasmatiskt-kontagiôsa Lungsotens.
r. La nouvelle caserne de recrues de Skeppsholni.
)4. — Société suiMMe de tempérance (Genève). — La ( 'roix-Bleue.
)5. — Sareey (Paris). — Les odeurs de Paris.
)6. — Direction f^ianitaire du canton de Zurich.
a. Bericht ti. d. Verwaltung des Medicinalwesens. 1870-187^».
b. Lois et règlements sanitaires.
54() APPENDICE.
8()7. — Board of Health (Louisiana). — Rapports annuels. î8H(v-
1881.
*M)S. — Health Offleer Oakland, California. — Rapport annuel.
1880.
809. — D' FanMiauftier (Burgdorf). — Ueber Schulgesundheits-
pllege, 1880 (voir mobilier scolaire).
HIO. — D' BlaMiu» (Brunswick).
a . Der Gesundheitszustaud der S tadte des Herzogth . Braunschweig.
1879-1881.
h. Die Schulen des Herzogth. Braunschweig.
r. Contrôle der Nahrungsmittel.
d. Système der Stàdtereinigung.
e. Technische Hochschule Carolo-Wilhelmina, Programni.
./'. Schrift-Proben.
HU. — D' Martlnex de Aii^uiano (Saragosse). — Tratado com-
pleto de Higiene comparada. 1875.
M 12. — Préfecture de police de Pari».
a. Rapports sur les travaux du Conseil d'hygiène publique de la
Seine. 1862-1877.
b. Rapport de M. Delpech sur les ruches d'abeilles.
r. Rapport de M. Lalanne sur les puisards.
(l. Rapport de MM. Léon Colin et Fasteur sur les étuves publiques.
e. Rapport de M. de Luynes sur les appareils frigorifiques de la
Morgue.
./. Rapport de M. Colin sur la variole à laquelle ont succombé les
Esquimaux en 1880.
//. Rapport de M. Bourneville sur Tinsalubrité de la cité Doré.
//. Rapport de M. Armand Gautier sur l'intoxication saturnine à
Paris.
/. Rapport de M. Armand Gautier sur la fabrication de la céruse à
Clichy.
A'. Rapport de M. Bouchardat sur la marche de la variole à Paris
depuis 1860.
ï. Rapport de M. Lagneau sur les maladies épidémiques à Paris en
1870-1880.
m. Note sur l'organisation du scr\Mee des secours publics dans le
département de la Seine.
n. Rapport de M. Dujardin-Beaumetz sur la rage.
o. Résumé des travaux des Commissions d'hygiène en 1880.
8i:(. — Société HiiiHHe pour Tohiiiervatioii du dimanche.—
Publications et tableaux.
HU. — D' JuliuH zur IVieden (Landsberg). — Der Eisenbahn-
Transport. 1882.
H15. — D' Faralli (Florence). — L'idrologia et la Climatologia. 1881-
1882.
:J16. — D' Deeroix (Paris). — De la guérison de la rage. Brochure.
317. — D' firnc-^Mt Hart (Londres). — The Sanitary Record.
APPENDICE. 541
818. — O' Hau»ep (Séville). — Estudias medico-topograficas de
Sevilla.
31îi. — Fritz Enf^el (Wiesbaden). — Central-Stelle fttr den Versand
natûrlicher Mineralwasser.
820. — BoncineUi A. et K* (Venise).
a. Igiene e Medicina Navale.
h. Tre Proposte al tertio Congresso internationale d'Igiene.
821 . — Hufifion (Toul).
a. Alimentation animale.
h. Le lait, la crème et le beurre.
c. Le café.
d. Le vin.
822. — D' KlawLIni-oth (Stockholm). — AllmànnaHelsotillstàndeti
Stockholm.
823. — D' Bernard (Cannes). — Constitution médicale de Cannes.
824. — D' Ziiinis (Athènes).
a. De la dentition.
h. Mortalité chez les enfants trouvés.
825. — Prof. Zampa (Bologne).
a. La demograiia italiana.
//. Atlas.
326. — D' AlbenoîM (Marseille). — Bulletin mensuel de démographie.
827. — D' Le Roy de Méricourt (Paris). — Archives de médecine
navale.
828. — Tiirininfi: (Londres).
a, Food and Nutrition.
h, Health, Well-Being and industrial success.
82ÎI. — Bernîer (Angre, Belgique). — Anciens registres paroissiaux
(8 registres).
880. — »' E.-R. Perrin (Paris).
a. Un cas de microcéphalie.
h. Latrines scolaires.
r. Travail des enfants employés dans l'industrie.
d. Rapport sur les logements insalubres.
881. — John Beddoe (Leeds).
a. Of the stature and bulk of Man in the british Isles.
h. On the Headform of the Danes.
r. On certain crania desinterred at St. Werburgh's Bristol.
rf. On the physical characteristics of the Jewish race.
I'. On anthropological colour phenomena in Belgium and elsewhere.
/. TheKeltsoflreland.
g. The progress of public Health.
882. — D' G. Pini (Milan).
a. U nuovo Istituto pei rachitici in Milano.
h. L'Acqua potabile a Milano.
542 APPENDICE.
33H. — - Société d'utilité pubUqiie^Oenève). — (gestion de l'émi-
gration.
334. — Torelli (Rome). — Bonificamento délie Regioiii di Malaria.
335. — InHtruction publique (Fribourg).
a. Règlement pour la construction des maisons d'école.
h. Directions relatives aux bancs d'école.
336. — Société d'hyiçlène ( Lausanne ). — Publications de la Société.
337. — D' Favre(Lyon).
a. Du Daltonisme.
h, La Dyschromatopsie.
338. — Lommel (Lausanne); — Influence de la chaleur souterraine
dans l'exécution des tunnels.
339. — D' Galli (Brescia). — Igiene rurale.
34(), — D' 1%'oill (Châlons). — Éléments d'hygiène poui- les écoles
primaires.
341. — D' Heiii-ot (Reims).
a. Respirateur à ouate antiseptique.
h. L'hygiène et l'assistance publique.
342. — D' Fet^eherin (Saint-Urbain). — Les asiles publics d'aUénés
en Suisse.
343. — Prof. Pflfifi^ei* (Berne). — Statistik der Schulhygiene in den
Primarschulen.
344. — ConimiMMion Manitaire de Saint-Gall. — 3 rapports
annuels. — Règlements.
345. — Bardy (Saint-Dié).
a. Météorologie vosgienne.
/;. Travaux du Conseil d'hygiène de Saint-Dié.
34(). — Oi*t4^« (Paris). — Procédés de coloration des organismes
microsco])iques vivants.
347. — Pietra Sauta t^t IVauHciuty (Paris). — La crémation.
34S. — Bœekh (Berlin).
a. Statistischès Jahrbuch der Stadt Berlin. Achter Jahrgang. 1880.
//. Ver(')ffentlichungen des statistischen Bureaus.
c. Die Rerliner Volkszàhlung 1875.
34Î). — «leffrieM (Boston). — Color Chait forthe primary Education.
(tableau, 2 br. et disques de couleurs).
350. — D' G. CuMtei* (Rheineck).
a. Catalogue de littérature sur l'hygiène scolaire (2 cahiers manus-
crits).
h. Die Sâuglinf^sterblichkeit im Kanton Saint-Gall.
r. Kindersterblichkeit und Schutzpockenimpfimg.
(I. 6 tableaux statistiques manuscrits.
APPKXDllîK. 543
851. — A. Chepbuliex (Genève).
a. Clia8. Gymnastique. 1 vol. et atlas.
h. Guillaume. Hygiène amlaire.
c. Lombard. Climat de montagnes.
d. Idem. Stations médicales,
e. MovNiKR. Cmivention de Genève.
./'. Idem. Guerre et charité,
g, TiACHAui). En attendant le médecin.
II. West. Comment on soigne les enfants,
i. Ai'PiA. Le chirurgien à l'ambulance-
:{r)2 — D' Van Cappelle (La Haye). — Vijfjahrig Overzigt van deu
Sterfte.
853. — «Iiinte municipale do Venise.
a. Studi et proposte per la sestemazione del servizio sanitario.
b. Riforma dellTIfficio sanitario municipale.
354. — H. Geopg (Genève).
a. Magnus, Farben z. Schôpfung.
b. Idem., Farbenblindheit.
c. Idem., Tafel z. Erziehung d. Farbensinnes.
d. Arnould. Nouveaux éléments d'hygiène. 1881.
355. — Bureau d'hyi^ène de Bruxelles.
Tableatur sur toile.
a. Diagramme indiquant par semaine les rapports Utnt. Lan;,
constatés entre la température, la natalité et la
mortalité générale et spéciale (1875 à 1879) 1 . OG 1 . 08
h. Diagramme indiquant la nuptialité, la natalité
et la mortalité comparée des principaux pays de
l'Europe ' 0 . 65 1.17
r. Accroissement géométrique annuel de la popula-
tion dans les pnncipales contrées de l'Europe de
18()5 à 1877 0.65 1 . 17
d. Carte topographique de drainage de la distribu-
tion d'eau de Bruxelles. . • 1.06 0.78
(\ Tableau mensuel de décès prélevés par la variole
pendant une période de 15 années (1865-1878). . . 0.79 1 .36
f. Diagramme mdiquant la répartition par mois des
décès du premier âge (1" année de vie subdivisée
par trimestres) pendant la période décennale de
1864 à 1873. 0.72 1 . 16
//. Diagramme indiquant la répartition par mois
des décès de l'âge adulte et de 1 âge sénile pendant
la période décennale 1864 à 1873 0. 72 1 . Ifi
// . Diagramme indiquant la répartition par âge des
décès annuels causés par la variole pendant la
l)ériode duo-décennale 1864-1875 et pendant les
années 1876-1877 0.85 0.93
i. Diagramme indiquant la moyenne annuelle des
décès dus aux principales maladies zymotiques
pendant chacune des 6 périodes quinquennales
comprises de 1851 à 1878 O.œ 0. 71
j. Tableau indiquant le nombre de décès fourni par
1000 vivants de chaque sexe et de chaque âge
(période de 1864-73) \.^ ^•'^'^
>
544 APPKXDn'K.
A*. Carte indiquant la mortalité générale annuelle
dans les six divisions urbaines et les huit commu-
nes-faubourgs de l'agglomération bruxelloise de
1875 à 1879 0.73 0.70
/. Diagramme indiquant par mois la répartition
moyenne et les proportions relatives des princi-
paux mouvements ae la population enregistrés
pendant les 11 premières années (1867 à 1877). . . 0. 92 0.92
m. Tribut mortuaire prélevé sur les individus âgés
de 20 à 40 ans : 1 *" par les maladies épidémiques
et zymotiques ; 2** pntisie pulmonaire ; 3' autres
causesde décès 0.77 1.4<)
n. Diagramme indiquant les taux de mortalité rele-
vés pour la phtisie pulmonaire sur 1000 habitants
de cnaque catégorie d'âge, de sexe et d'état civil
pendant la période décemiale 1864à 1873 0.7S llî)
<>. Relevé topographique des décès causés annuelle-
ment par la variole et la fièvre typhoïde, période
de 1874 à 1879 0.G3 0.76
/>. Épidémie cholérique (1866) 0. 66 0.82
7. Densité de la population bruxelloise.— Recense-
ment de 1877 0. 73 0.70
r. Tableau analytique des décès classés par mois,
par années, par âges, par sexes, par état civil,
etc., etc. (1864-1873) 0.50 0.:^
X. Démograpliie comparée des principales villes de
la Belgique et de l'étranger 0. 70 0.70
t. Densité comparée de la population des provinces
belges en 1830 et en 1880 0.54 0.46
/(. Plan d'ensemble des travaux de la Senne 0.52 O.fiP»
Tahleaiuc encadrés.
a. Densité de la population dans les différentes sub-
divisions de Tagglomération bruxelloise en 1874. 0.36 0.28
h. Diagramme indiquant le contingent mensuel des
décès prélevés par la variole, la nèvre scarlatine,
la rougeole, etc. (1864-1873) 0.41 0.5o
(\ Voiture-hamac pour le transport des blessés, etc. 0 . 50 0 . 58
il. Voiture-hamac pour le transport des blessés et
appareil pour fractures 0.50 0.5^
^\ Organisation du service d'hygiène publique 0.53 0.3fi
y. Épidémie typhoïde de 1869. Tableau graphique
inaiauant les corrélations constatées entre le
nomore des décès et les principales circonstances
météorologiques de chaque jour 0. 32 0.25
ff. Voiture spéciale pour le transport des personnes
atteintes de malaaies contagieuses 0.30 0.3S
//. Dépôt mortuaire de la ville de Bruxelles 0.45 0.36
Volumes reliés.
a. Prophylaxie contre la propagation des maladies contagieuses
et spécialement de la variole, par le D' Janssens, 1 volume.
h. Hygiène des écoles (1*^ et 2°* parties), 2 vol.
a. Annuaire démographique (1862 à 1881), 19 vol.
//. Bulletin hebdomadaire de statistique démographique et sani-
taire comparée ( 1H70-1881), 12 vol.
APPENDICE. 545
r. Salubrité comparée de la ville de Bruxelles, 1 vol.
(I, Manuel des premiers secours eu cas d'accident, par M. le D'
Buy s, 1 vol.
(\ Collection d'imprimés pour l'enquête sanitaire prescrite en cas
de maladies contagieuses, 1 vol.
./. Inspection hygiénique (imprimés des écoles), l vol.
//. 1)0 Tinspection hygiénique et médicale dans les écoles, 1 vol.
Volumes brochés.
il. Plans types pour la construction, etc., des écoles, 1 vol.
//. Conseils aux mères de famille, 1 vol.
r. Hygiène scolaire.
iL Écoles (le garde-malades (Rapport de M. le D' Hauchamps),
1 volume.
')(}. ii, 31 aH.son, éditeur (Paris).
a. Bkrtiij.on. Démo(/ra^)kieJir/t(rér de la France, — Etude sta-
tistique de la population française, avec tableaux graphiques
traduisant les principales conclusions. Mortalité selon 1 âge, le
sexe, rétat-civil, etc., en chaque département, et pour la
France entière comi)arée aux pays étrangers. 1 atlas in-4'' avec
r>8 cartes, 20 fr.
Ik Bektillon. Conclasions statistiques contre les détracteurs de
la vaccine, — Essai sur la durée comparative de la vie humaine
au XVIII'"- et au XIX*"' siècles. 1 vol. gr. in-18, 2 fr.
r. Drouixeai:. Des conditions sanitaiy'es des ouvriers des grands
chantiers, — Etude pré^sentée à la Société de médecine publi-
(jue. 1 vol. in-cS, 1 fr. 50.
d, i)Roi;ixp:Ar. De Vassisfaitcc aux Jilles-mères et enfants ahayi-
donnes, — Ktude suivie» de tableaux synoptiques. 1 vol. in-8°,
2 francs.
c, DuonxKAr. Organisation départementale de la médecine
imhli(jue. — Personnel, direction, contrôle, conseils techni-
ques, (»tc. 1 vol. in-8, 2 fr. 50.
./. DiJCLArx. Ferments et maladies. — Etudes des ferments.
Etude des maladies homcpogènes. Cours professé à la Sor-
bonne. l vol. in-H**, G fr.
//. LA('AssA(iNK. Précis d'hygiène privée et sociaU. — Modifica-
tions physiques, chimiques, biologiques et sociologiques. 1 vol.
in-is diamant, cartonné à l'anglaise, 7 fr.
//. Lacassac^nk. Précis de médecine judiciaire, — Droits et obli-
gations du médecin dans la société et devant la justice. Ques-
tions générales pouvant se présenter dans toute procédure, et
lelatives à la personne vivante. Questions relatives à la mort,
ciu cadavre, aux taches, aux empreintes. Attentats contre la
personne, etc. 1 vol. iu-18 diamant, cart. à l'anglaise, 7 fr. 50.
/. Layk'I'. Hygiène et maladies des paysans, — Etude sur la vie
matérielle des campagnards en Europe. 1 vol. in-12, 7 fr.
/. Mk(;nix. Les parasites et les maladies parasitaires chez
l'homme, les animaux domestiques et les animaux sauvages
avec lesquels ils peuvent être en contact. 1 vol. in-8° avec
1 atlas, 2 vol., 20 fr.
/. . Nai»ias. Manuel d'hygiène industriellej comprenant la léris-
lation frai^aise et étrangère et les prescriptions les plus habi-
tuelles des Conseils d'hygiène et de salubrité relatives aux
546 APPENDICE.
ôtablissenientis insalubres, iiicoinino(le« et dangereux. 1 vol.
in-8% 12 fr.
/. Proust. Ttaité dliyfjihie. — Anthropologie, démographie,
hygiène des villes et des campagnes. Climatologie, maladies
Mrulentes et miasmatiques ; etioiogie et prophylaxie, hygiène
internationale. 1 vol. gr. in-8*', 18 fr.
m. Ricorx. La démographie figurée de VAlpérie, — Etude sta-
tistique des populations européennes qui habitent l'Algérie,
avec 12 tableaux graphiques traduisant les principales conclu-
sions. 1 vol. gr. in-8° 9 fr.
//. P. Gekvais, membre de l'Institut, et H. Gervais, aide-natu-
raliste au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Nouvelkif
planches mifrales d'histoire naturelle. — Cette collection est
divisée en G2 planches : la Zooloaie en comprend 34 et vaut
102 fr. ; la Botayiique en comprend 14 et vaut 42 fr. ; la Géolo-
gie en comprend 14 et vaut 42 fr. ; chaque planche est vendue
séparément 3 fr. 50, et, avec un exemplaire du texte explicatif
correspondant, 4 fr. ; la collection complète (62 planches et
texte) se vend 180 fr.
Planches vendues montées. — Chaque planche est fournie,
montée sur toile, avec gorge et rouleau, moyennant un
supplément de 3 JFrancs par feuille.
Chaque acquéreur d'une collection reçoit gratuitement un
exemplaire du texte explicatif.
0. Annales de démographie internationale. — Recueil trimestriel
publié sous la direction de M. le I> Arthui- Chervin. Années
1877 à 1881. 4 vol. Prix de l'année : 30 fr.
p. Revue dlrggiène et de police sanitaire. — Organe de la
Société de médecine publique et d'hygiène, publiée par M. le
D' Vallin. Années 187ÎÏ-80-H1. 3 vol. Prix de Tannée: 20 fr.
({. Revue internatimiale de renseignement. — Pubhée par la
Société d'enseignement supérieur, rédacteur en chef: M. le
D' Ed. Dreyfus-JBrisac. Année 1881, formant 2 vol., 14 fr.
r. Société de médeciyie publique et d'hygiène professionnelle. —
Bulletins de la Société publiés en 1879-80-81. 3 vol. Prix de
chaque volume : 10 fr.
s. La Nature. - Revue illustrée des sciences et de leurs anplica-
tions aux arts et à l'industrie, publiée par M. Gaston Tissan-
dier, avec le concours de nombreux collaborateurs. 2 vol. nar
année. Année 1873 à 1882. 18 vol. Prix du volume : broché,
10 fr. ; cartonné, 13 fr. 50.
357. — Bureau Hanitaire de l'Kmpipe d'AUemafi^ne (Berlin).
a. Publications des années 1877 à 1881.
/). Mémoire sur les obligations et les buts que se propose le
Bureau sanitaire de l'Empire, et sur les moyens par lesquels il
espère les remplir. 1 vol.
c. Résultats de la statistique dans les établissements hospitaliers
de l'empire d'Allemagne pour Tannée 1877. 1 vol.
d. Mémoire sur les apparitions de la peste bovine en Allemagne
pendant les années 1872 à 1877, et sur les expériences recueil-
lies dans l'application des mesures pour la prévention et la
répression de cette épizootie. 1 vol.
e. Ikiatériaux techniques à l'appui d'mi projet de règlement sur
le commerce et l'usage du pétrole. 1 vol
s. -
Ain'EXDicK. 547
f. Propositions tx^udaiit à moditior la promièro édition do la Phar-
macopcoa geimanica. 1 vol.
//. Remarques sur les décisions prises par la commission chargée
(le réviser la Pharmacop(i»a gerraanica dans ses séances du 15
au 25 octobre. 1 vol.
//. Collection des travaux qui ont été faits par les membres de la
sous-commission C de la Commission pour la ré^ision de la
Pharm. germ., par suite de ses résolutions du 25 octobre 1880,
et qui sont destinés à servir de base aux délibérations futures.
l volume.
/. Travaux du Bureau sanitaire de PEmpire. l*ubliées par le
D*" Struck, conseiller intime supérieur du gouvernement, dii-ec-
teur du Bureau sanitaire de l'Empire. 1 vol.
Travaux c^iivoyéH par la ville de Lille.
a, Atlas n" 1. Long. 1"',05, larg. 0'",75. — Flan di* la mile dv
Lille en 1745 : une feuille d'ensemble, :>0 feuilles divisionnaires.
h, Atlas n* 2. Long. l'",06, larg. 0™,8a. — Plan de la trille de
Lille en 1838 indiquant les percements et les alignements pro-
jetés ou réalisés jusqu'en 1878 : une feuille de tête, une feuille
(Pensemble, 80 feuilles division naii*es.
r. Atlas n° 8. Long. 1"',0G, larg. 0",88. — Plan des communes
annexées à la ville de Lille en 1860 indic^uant les percements
et les alignements proietés ou réalisés jusqu'en 1H78 : une
feuille de tête, une feuille d'ensemble, 40 feuilles divisionnaires
de 2", 12 de long, sur 0",83 de haut.
(L Atlas n" 4. Long. l^.OG, larg. 0™,8H. — Travaux divers exé-
cutés dans la ville de Lille agrandie dui-ant la période de 1860
à 1878 : 1. Feuille de tête. 2. Plan général de l'état des lieux
en 1858. 8. Plan général de l'état aes lieux en 1878. 4. Plan
général des jardins et promenades. 5. Plan des squares. 6. Plan
général du réseau des égoûts. 7. Sections diverses des égoûts
(le Lille. 8. Plan général des tramways urbains. î). Détails de
la consti-uction. 10. Détails de la construction. 11. Matériel
roulant. 12. Plan général des tramways suburbains. 18. Plan
général du port Vauban et des Docks. 14. Détails de construc-
tion du port Vauban. 15. Plan et détails de construction de
l'école de natation. IG. Plan des terrains militaires vendus par
la \ille.
c. Atlas n" 5. — Vues photographiques des principaux travaux
exécutés dans la ville de Lille agrandie durant la période de
1860 à 1878 : 1. Rue Nationale. 2. Rue de la Gare pendant la
'démolition. 8. Rue de la Gare en 1878. 4. Place ae la Gare
pendant la démolition. 5. Rue des Manneliers avant son élar-
gissement. 6. Rue des Manneliers après sou élargissement.
7. Grand 'Place (entrée de la rue Nationale). 8. Bourse de Com-
merce. 9. Boulevard de la Liberté. 10. Boulevard Vauban.
11. Jardin Vauban (entrée principale). 12. Jardin Vauban (vers
la rue Beauharnais). 13. Jardin Vauban (grotte). 14. Jardin de
la Citadelle. 15. Passerelle de la Haute-Deûle. 16. Passerelle du
Ramponeau. 17. Square Daubenton. 18. Jardin d'arboricul-
ture. 19. Square Saint-Sauveur. 20. Square de Jussieu. 21.
Palais Rameau. 22. Jardin zoologique d'acclimatation (grande
])elouse ). 23. Jardin zoologique d'acclimatation (lac des cygnes).
54S APPKXim'K.
24. Jardin zoologique d'acclimatation (rocher des otaiios). 25.
Jardin zoologique d'acclimatation (lanterne de Diogène). 2ii.
Cité ouvrière (fondation du Bureau de Bienfaisance). 27. Cité
ouvrière (Compagnie immobilière). 28. Halles centrale:». 29.
Marché Saint-Nicolas. :U). Temple protestant. 31. E^lLse Saiut-
Michel. '^2. Eglise Saint-Maurice. 33. Fontaine Vallon. U.
Nouvel Hôtel de la Préfecture (taçade principale). 35. Nouvel
Hôtel de la Préfectui-e (façade vers le jardin). 36. Hôpital
Sainte-Eugénie (façade principale). 37. Hôpital Saint-Eugénie
(façade place des Postes). 3S. Institut industriel. 39. Docks et
Magasins généraux. 40. Ancienne porte de Paris. 41. Porte de
Iloubaix avant son élargissement. 42. Porte de Roubak
après son élargissement. 43. Porte de Valenciennes (nouvelle
enceinte).
./'. Volume N" 1. — 1" partie : Notice historique sur la transfor-
mation de la ville de Lille. — 2"^ partie : Renseignements sta-
tistiques : Chapitre!. Voies publiques. Chapitre H. Egout^.
Chapitre HI. Jardins, promenades et plantations. Chapitre IV.
Construction de maisons. Chapitre V. Transports en commun.
— Tramways urbains.
//. Volimie n" 2. - Règlements relatifs à la voirie.
A. Volumes n"* 3 et 4. — Ouvrage sur la distribution d'eau.
/. Liasse comprenant 13 pièces relatives aux types de Groupej>
scolaires et d'un (xymnase.
y. Quatre tables à 2 places i^our école.
35î). — II' H.-€i. Lomlmrd (Oenève).
1 . Influence physiologiaue des (juatre saisons.
2. Influence morbide (les mois et des saisons : A. Echelle de la
morbidité h Genève. — B. Echelle de la salubrité à Genève.—
C. Echelles comparées de la morbidité, de l'humidité et de la
température à (lenève.
3. Cartes de la salubrité et de la mortalité en Europe : him\
bleue ; printemps, verte ; été, violette ; autotnne, sépia. —
A. Carte de la mortalité. — B. (îarte de la salubrité.
4. Carte sanitaire de la Suisse : Phtisie pulmonaire, bleue :
Choléra asiatique, verte ; Crétinisme, rouge ; Malaria, jaune.
ô. Carte de la malaria en Europe.
(i. (Jarte de la malaria en France.
7. Carte de la malaria aux Etats-Unis.
s. Tableau de la mortalité de la malaria et des lièvres rémitten-
tes en Europe et aux Etats-Unis.
M. Mortalité mensuelle et trimestrielle de quelques pays : A. Is-
lande, B. Norwège, C. Suède, D. Danemark, E. Hollande,
F. Belgique, G. Ecosse, H. France, I. Espagne, K. Etats-Unis.
10. Mortalité mensuelle et trimestrielle rfe quelcjnes provinces
italiennes: A. Aoste, B. Gènes, C. Chiavari, D. Savone.
E. ('agliari, F. Grossetto.
11. Mortalité mensuelle et trimestrielle de quelques villes ita-
liennes : A. Turin, B. Milan, C. Padoue, D. Venise, E. Rome,
F. Naples, G. Palerme.
1 2. Mortalité mensuelle et trimestrielle de qiielques villes du nord,
et du centre de l'Europe: A. Stockholm au XVHI"" siècle,
B. Stockholm au XIX'"" siècle. C. Amsterdam, D. Bruxelles,
APPEXDIOK. 54f>
E.Londres, F. Edimbourg, G. Glascow, H. Paris, I. Lyon,
K. Briaiiçon, L. Montpellier, M. Nîmes, N. Narbonne, 0. Saint-
Gilles, P. Marseille, Q. Nice.
i:>. Mortalité mensuelle et trimestrielle de quelques Etats et
villes des Etats-Unis : A. Etat du Massachussetts, B. Etat du
Mississipi, C. Etat de la Géorgie, D. Etat de la Floride, E. Etat
du Texas à Test du Colorado, F. Ville de New-York, G. Ville
de Philadelphie.
14. Comparaison de la raortaHté à différentes époques : A. Ville
et canton de Genève du XVU'"'^ au XIX"** siècle; B. Ville
de Rochefort au XVIIl"" siècle ; C. Ville de Rochefort au
XIX"'^ siècle; D. Ville do Rochefort au XVIII"" et au
XIX"" siècle.
IT). Mortalité mensuelle et trimestrielle des nouveau-nés (0 jour
i\ un mois) dans différents pays : A. Royaume de Hollande,
B. Province de Zélande (Hollande), C. Province de Groningue,
I). Province de Nice (France), E. Province d'Albengal Piémont),
F. Province de Turin (Piémont), G. Province d'Aoste (Piémont),
H. Province de Gènes (Piémont), I. Province du Levant (Pié-
mont.)
IG. Mortalité mensuelle et trimestrielle des enfants âgés de six à
douze mois en différents pays : A. Zélande (Hoillande), B. Savoie
(France), C. Province du Levant (Piémont), D. Province de
Cagliari (Sardaigne).
17 Mortalité mensuelle et trimestrielle de Pile de Cuba : A. Mor-
talité comparée des races blanche et de couleur.
18. Traité de climatologie médicale, 4 vol. in-8° et un atlas avec
25 cartes coloriées, 1877 à 1880.
V.K Les stations sanitaires au bord de la mer et dans les monta-
gnes. Broch. in-8". 1880.
SO. Du climat des montagnes considéré au point de vue médical.
3™*^ édition.
21. Les stations médicales des Pyrénées et des Alpes comparées
entre elles.
NB. Ces deux derniers volumes sont dans l'c^xposition de l'éditeur,
M. Clierbuliez.
:\m. — Société fraii^^iftie d'Hygiène (Paris).
n, (i volumes formant la collection du Journal d'hygiène.
h, l recueil des publications diverses de la Société"^.
r. l recueil des brochures d« l'hygiène de 1" et la 2*** enfance.
'il, 1 paquet d'instmments envoyés par M. Barnouvin, membre
de la Société.
:>H1. — C'hoquet (Paris). — Hygiène du typographe.
:;62. — D' Félix (Bucharest).
((. Rapport général, 1875-76-77-79-Sl.
h, Instructiuni populare.
:U)8. — Ville de Bucharest.
a. Annuaire statistique, 1879-18S0.
h. Topographie, édihces et population.
r. Administration communale.
:i(;4. — Koroi^i (Buda-Pest).
a. Moitalité, 1872-7:J.
h. Mortalité, 1874-75.
r, Ilew^nsenient, 1881.
(l. Plan du dépouillement de recensenieiit.
e. Projet de recensement du monde.
J. 2 tableaux statistiques.
/{65. — .Reliiiann (Ratiboise). — Atlas météorologique de Ratibore.
H66. — Kafton (Prague).
a. Plan de canalisation de Prague.
//. Description de la canalisation.
('. Reinigung und Entwâsserung der Stâdte.
:W}1, — S'oeiété de niédeciiie publique et d'hyfi^iène profeK-
Mionnelle de PariM.
Les tomes I, II, III et IV du Bulletin de la Société de médeciue
publique et d'hygiène professionnelle de Paris ;
Les annuaires pour 1879, 1880, 1881 et 1882 de la même Société:
I/étude et les progrès de Phygiène en France de 1878 à 1882,
par MM. H. Napias et A.-J. Martin, secrétaires généraux d»*
ta Société, ouvrage publié par la Société à l'occasion du Con-
grès international d'nygiène et de démogi'aphie de Genève :
Les tirages à part suivants :
De l'évacuation des vidanges dans la ville de Paris : 1** rapport
de M. Henri Gueiieau de Mussy sur l'évacuation des vidangeas
hors des habitations et discussion ; 2' rapport de M. Eimle
Trélat sur l'évacuation des vidanges par la voie ])ublique et
discussion ; H" rapport de M. Hudelot sur le système de viclan?*^
par aspiration pneumatique de M. Berlier.
Contribution à l'etiologie de la lièvre typhoïde, par M. Baraduc.
Sur les maisons de santé pour les buveure habituels (Habituai
Drunkard's Houses) en Angleterre et en Amérique, par
M. Borthelot.
De la création de maisons mortuaires à Paris, par M. du Mesnil
et rapport par MM. Lafollve et Napias.
Etuvcs à désinfection par l air chaud, note de M. Vallin et rap-
port de M. Hei'scher.
Bases et organisation d'une Société de médecine publique, allo-
cution de M. Lacassagne, secrétaire général à la première
réunion de la Société.
Le gaz d'éclairage devant l'hygiène, par M. Layet.
Essai d'organisation de la médecine publique en France : rapport
sur la création d'une Direction de la santé publique ; rapport
sur des projets de re vision de la loi du 18 avril 185() sur le^
logements insalubres, par M. A-J. Martin.
De la prophylaxie du scorbut dans la marine marchande, par
M. Mathelfn.
Des parasites et des maladies parasitaii*es transmissibles à
l'homme par les viandes de boucnerie, par M. Mé^nin.
Les établissements de bains fi'oids à Paris ; dispositions prisées
dans les différents pays de l'Europe pour protéger la santé des
enfants travaillant dans l'industrie ; notes sur l organisation de
l'enseignement de la médecine publique, par M. Napias.
APPENDICE. 551
Des latrines scolaires, car M. Perrin et rapport par M. Riant.
Des déformations scolaires de la colonne vertébrale, rapport sur
une communication de M. Daily, par M. Thorens.
Hygiène de la vue dans les écoles et discussion ; distribution de
la lumière dans le.s écoles et aménagement de Tinsolation des
classes et discussion ; rapport sur la réforme du casernement
en France; rapport sur le nouveau casernement de Bourges,
par M. Emile Trélat.
Rapport sur les mesures de police sanitaire applicables à la pro-
phylaxie de la variole, par M. Vidal.
:>«]8. — V€»cchiato (Padoue). — Projet de casino pour société.
:»f)î». — D' Meeretan (Lausanne). — Tableau statistique de la ville de
Lausanne.
370. — D' Boéchat (Fribourg).
a. Les ennemis de l'enfance.
h. L'homme et l'alcool.
:M\. — D' Cohn (Breslau).
a, Electrisc&es Licht, 3 V.
h. Die Augen.
r. (jlimmerschùtzbrillen.
rf. Diagnoso Farbenblindheit.
e. Augen von 10,060 Schulkindern.
/'. Metallarbeiter.
ft. Hygiène des Auges.
h. Studien ttber angeborene Farbenblindheit.
/. Blindenstatistik.
j. Schulhygiene.
k, Schuihàuser und Schultische.
l. Die Taubstiunmheit.
m, Kurzsichtigkeit.
372. — Jaillai*il (Paris).
a. Atlas météorologique.
h. Un tableau météorologique.
07:;. — \y Boiirrii (Kochefort). — Atlas des épidémies de peste.
374. — W F.-L.. Dunant (Genève).
a. Publications démographiques.
h. Tableau des mouvements comparés de la population genevoise.
c. Plan des égouts de la ville de Grenève.
(L Plan des abattoirs de la ville de Genève.
e. Collection de plans et photographies d'écoles.
375. — Victor Fatio (^Genève).
a. Désinfection par l'acide sulfureux.
/>. Des véhicules.
(\ Des plantes, des collections d'histoire naturelle, etc.
d. La guerre aux parasites.
e. Des eaux.
/. Nettoyage du réservoir du bois de la Bâtie.
//.* Appareils siphonoïdes avec transvaseur spécial.
552 APPKNDICK.
370. — II' dlelTrieM (Boston).
a. Color-Names, Color-Blindness.
h, ('olor-Chart for the priman- éducation.
r. ( -arto et modèle.
877. — Rariiy (Limoges). — Cons(iils crhygiène i)u])lique. Is80-ls81.
878. — Moyiiior (Genève).
(t. La croix rouge. 1 vol. 1>:«S2.
h. Bulletin intcTnational de la croix rouge.
87î). — ».-R. IH«4iiert (Berlin).
(z. Année- und Volksniihrung. 2 vol.
h, Volks- und Ar])eiterk(lclien.
r. Speise- und NjUirstoflFtafi»ln (cartes).
:>80. — Département ilt» rinHtrii€*ti€in publique (Bâle).
a. Schulgesundheitspflege.
h. Bericht der Koniinisslon fUr Scliulbaunonnalien.
r. Schulgebilude (notice).
881 . — Société vaiidoiM«» fraiçriciilliire, — Atlas sur les construc-
tions agricoles.
882. — ■>' F«vîiie (Paris). — Dispensaire des enfants malades.
883. — EiiKei-llolifiiM ( Dornach). — Plan du Dispensaire pour enfants
malades.
884. — Dlpe€*tioii île MliitiMtiqiic» H^éiiérale du royaume d'Ita-
lie.
a. Album de photographies des stéréognammes et des classifica-
teurs.
h. Sanità pubblica.
r. Monografia di Roma e campagna.
(I. Istnizioni ginnastiche.
(\ Bonificazioni.
./'. Società di mutuo soccorso.
//. Sui lavori dei fanciuUi et délie donne.
h. Archivio di statistica. Statistica dei pensionati.
i. Annali di statistica.
j. Un stéréogramme en cuivre,
/r. Un stéréogramme des mariages classitiés par âges.
/. Stéréogramme de la probabilité de se marier aux différents âges.
>w. Atlas de démographie.
885. — Société vaudoi^e d'aérien it lire (Lausanne).
a. Un volume des bâtiments agricoles.
h. Un atlas idem.
r. Dessin des poumons malades.
88(i. — So€-iété franvaÎMt» de tempérance (Paris). — î) vol. et
2 br. sur Tabus des boissons.
887. — II' O. "WyHH (Zurich). — 10 vol. Bh'ltter fUr (îesundheitspflege.
8HS. — II' Parola (Cunéo).
a. (ieografia nosoiogica.
h. Vaccination. 2 vol.
APPEXUICE. 558
M. MATÉRIEL SANITAIRE DES ARMÉES
\H\), — Département niilitaipe fédéral MuiMMe
a. Fourgon de réserve du matériel A, ir 11.
h. Fourgon de réserve du matériel B, n" 12.
<\ Fourgon d'ambulance n** 57.
(L Char à blessés w** 41.
i\ Equipement d'un wagon-lazaret.
/'. Caisse sanitaire d'infanterie.
V/. Caisse sanitaire pour armes spéciales avec havi-esac,
//. Havresac sanitaire.
/. Paire de havresacs sanitaires, nouveau modèle.
y. Sacoche de médecin.
A'. Boulgue d'infirmier.
/. Sacoche de brancardier.
m. Bidon.
)i. Manuel des infirmiei-s (»t brancardiers.
Ti^BLE
Pagei.
Circulaire du Coinitô d'organisation 5
Règlement général 7
(Comité d'organisation 10
(k)mité national suisse 10
Programme 13
Liste générale des membres du (Congrès 74
PREMIÈRE PARTIE
AHSEMBLËK8 GENERALES
Séance d'oayer tare, landi 4 septembre 89
Discours de M. Schenk, conseiller fédéral 89
Discours de M. Héridier, conseiller d'Etat 92
Disix)urs de M. Le Cointe, conseiller administratif de la ville de Genève. 94
Discours de M. Lombard, président du Comité d'organisation 96
Kapport de M. Dunant. secrétaire général sur l'organisation du Congrès. 102
Liste des délégués 106
Nomination du Comité définitif et des présidents d'honneur 113
Discours de M. Paccbiotli 114
Discours de M. Fauvel il8
Discours de M. (^orradi 1Î2
Discours de M. van Overbeek de Meyer 123
Discours de M. de Csatarj- 124
Discours de M. Vladan George>\ itch 124
Discours de M. Varrentrapp 12o
Séance dn mardi 5 septembre 126
Atténuation des virus, ^AT M . Pasteur 127
Discussion : MM. Koch, Pasteur, Sormani, Balestreri, Layet, Pasteur. . 145
Séance dn mercredi 6 septembre 149
Étiol^ie de la phtisie pulmof Mire, par M. Corradi 149
Discussion : MM. Leudet. Vallin, Corradi. Lubelski. Smith, Landowski.
Félix. Albrecht io2
Colonies d' écoliers en vacances, par M. Varrentrapp 160
Discussion : MM. de Cristoforis, Pini, Vidal, Mittendortf, Lubelski . . 175
\
550 TABLK.
Séance du vendredi 8 septembre i78
(loitvt^ntion hygiénique internatiolialo. |)nr M. do Csatan I7îi
Influences hygiéniques, jirophifhirtitfnes et thèraitentiffiies des nititudrx.
par M. H. -Cl. Lombard. IW
Discours de M. Paul BoH !!»:i
Discours de M . W. Marre! 198
Séance du samedi 9 septembre ^Ki
Prétention de la cérité. (loueours ou\ert par la Sorietij for the Prétention
ofhlindness^ par M. Halteidioll' ^)7
Discours de M. Fieuzal. 21fi
Disi'ours de M. Hoîh 234
Proclamation du prix iuslitué par la Députation provinciale de Turin, au
sujel de Touvra^re le plus utile à Thygiène des campagnes. — M. Fan-
vel, président du jury, et M. Félix, rapporteur i'^
Rapport sur l'Exposition internationale d'hygiène de (ienève, parM. A.-J.
Martin, rapporteur de la (iOumiission 2*)H
(communication de- M. Bo*rner, sur TKxpositifm d'hygiène ii Berlin . . . 251)
V(Mi en faveur de la erémati(m faculUitive 2oi
Proposition relative à la falsitication des denrées alimentaires H^i
J*roposition concernant les éU)blissements|N)ur enfants scrofuleux et raclii-
tiques i»'>i
(ihoix du lieu de réunion du pro:*hain Congrès 2o2
DEUXIÈME PARTIE
8ÉANXEB D£8 8ECTI0NB
Première section
Séance dn mardi 6 septembre io7
Rôle du jtèlerinage de la Mecque sur la propa/fation du chidéra en Ettroj^e.
par M. Proust 457
Discours de M. Fau\el 26.*<
Discussion : MM. Ovilo. Bradai. Fau\el. Félix. deC^atary. Kaymondaud.
Fauvel * . . * îtto
Séance dn mercredi 6 septembre 269
Étiologie et prophylaxie de la fiécre tyiMide. par M. Arnould 269
Discours de M. de Orenvi Ile IWï8
Discours de M . Proust i)83
Discours de M. Sovka ^184
Discours de M. Duplessis Ii88
Discussicm : MM. Arnould. Lando>^ ski. II. (îueneau de Muss\ *X^
Séance dn vendredi 8 septembre \V^i
IA4/roo/Miwe, par M. Boulet 391
Discours de M. Challand WXî
Discours de M . de Thénsofmlis ^26
Discussion : MM. Algla\e. Hochât. Donglass-Mogg. llaii«.'hton VîMl
ri<
l'ABLK. 557
Pages.
Séance da samedi 9 septembre ï'M\
Siiito (le la discussion sur Talcoolisino : MM. F. Loiuhard, Laiiduwski,
Lubelski, Koulet, de Thérôsopolis W6
Le repm heMommUiire nu imint de rue hyifiênitfue, par M. Ha'jrler. . . i41
Discussion: MM. Napias. Haujrliton, (lorradi. Fetscherin, Vincenl du
Olaux \ii\
La /ièvre jaune (ierant l'Iiifffiène iiitenmtionaie, par M. Layot 457
Discours d«* M. Formento 'w7
\ote sur in tfiuMjrajMe d4; la fièvre jaune , \}iir yi. Bourru 477
Discussion: MM. Rochard, Fauvel. de ïhénîsopolis 4S()
Séance de relevée dn samedi 9 septembre ïH:\
Suilede la iliscussion sur la fièvre jaune. — MM. da Sil\a-Arnado, (l;d)ello,
Lavet. de Thérésopoiis, Fornienlo W\
Proposition de M. Forniento que la question soi! port»M' à Tordre du jour
du prochain (lonjrrès d'hy^'iène 491
Proiihyla.rie de la itellaijre., par M. Félix 491
De la prnpbifla.vie itUernatioufile, par M. da Silva-Arnado 495
AI^PENDICE
I. Slatislique d»'s nieuilin's du Con^Tès ,H)[\
M. St'ances de démonstration 'M)\
Not' sur les appan'ils respiratoin's de M. Darier fii)ï
Note sur le sinivetaj^e à rEx[)osition d'hy^riène. par M. Weilx'l. . . . oO()
III. Fêtes et excursions 5il{
IV. (!alalo«ïue <le l'Kxposition d'hvfriène ol7
i