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Full text of "Comptes rendus et mémoires publiés par m. le dr P.-L. Dunant .."

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QUATRIÈME  CONGRÈS 


INTERNATIONAL 


D'HYGIÈNE 


ET   DE 


DÉMOGRAPHIE 


Genève.  —  Imprimerie  Sciiuchardt 


■  ■» 


QUATRIÈME  CONGRÈS 


INTERNATIONAL 


HYGIÈNE 


KT  Di: 


DÉMOGRAPHIE 


GENÈVE 


(t)V  4  Al'  !)  SEl'TKMBKK  1882) 


COMPTKS    KKNDUS    KT    MÉMOIRES 


l'UllLIllS     PAR 


M.  le  D'  P.-L.  DUNANT,  professeur 

NECRKTAIRË   (GÉNÉRAL 

Avec  le  concours  de  IV.  les  SecréUires-adjoiBts  et  Secrétaires  des  SectioBS. 


TOME  I 


ORtîANlSATlOX    —   SKAX(.'KH    (;KXhJlALKiS   —    PRKMIKKK    HKCTIOX 

APPEXDICK 


GENÈVE 

II.     G.KIO  un.      r.  J  H  H  A  f  R  E      K  h  1  T  El    H 

LIBRAIKR   T»K   l/i;NlVlîrtSJTli  ... 


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QUATRIÈME 

CONGRÈS  MËRMTIOML  DMIll 


ET   DE 


DEjMOGRAPHIE 


CIRCULAIRE   DU  COMITÉ  D'ORGANISATION 


Genève,  jan\ier  1882. 


Monsieur, 


Le  troisième  congrès  international  d*h;giéne,  réuni  à  Turin  en  1880  a  désigné 
par  acclamation  la  ville  de  Genève  pour  siège  du  quatrième  congrès. 

Le  Haut  Conseil  Fédéral  Suisse,  les  Autorités  et  la  population  de  Genève  ont 
accepté  avec  empressement  cette  décision  honorable  pour  leur  patrie,  et  se  préparent 
à  faire  le  meilleur  accueil  aux  hygiénistes  étrangers  et  nationaux  qui  viendront 
assister  à  cette  réunion  scientifique. 

Le  Congrès  se  réunira  du  4  au  9  septembre  1882. 

Le  Comité  genevois,  chargé  de  son  organisation  par  le  Conseil  d'État,  aspire  à  le 
rendre  digne  des  précédents  congrès  de  Bruxelles,  Paris  et  Turin. 

Appuyé  sur  le  Comité  national  suisse,  il  fait  appel  à  toutes  les  personnes  qui,  pai* 
leurs  travaux,  leur  situation  ou  leur  compétence  spéciale,  concourent  à  établir  ou  à 
appliquer  les  règles  de  l'hygiène. 

Il  a  décidé,  d'accord  avec  la  Commission  internationale  issue  du  Congrès  de 
démographie  de  Paris  en  1878,  qu'une  Section  de  démographie  sera  adjointe 
au  Congrès  d'hygiène. 


6  ORCULAïaE  DU  COMITÉ  D*OROAXI8ATION. 

Que  les  hygiénistes  et  les  démographes  de  tous  pays  se  préparent  donc  à  appor- 
ter an  Congrès  de  Genève  le  concours  de  leurs  lumières  et  leur  part  de  travaO. 

Ils  peuvent  dès  maintenant  se  faire  inscrire  comme  membres  et  recevoir  les 
publications  du  Congrès  (voir  l'article  3  du  règlement  ci-joint). 

Ils  sont  invités,  de  même  que  les  Sociétés  scientifiques  et  les  Corps  sanitaires,  à 
soumettre  le  plus  tôt  possible  au  Comité  d'organisation  les  questions  qu'ils  croi- 
raient utile  de  traiter  dans  cette  réunion  internationale. 

Plusieurs  travaux  sont  déjà  annoncés,  et  quand  la  liste  en  sera  complète,  le 
Comité  les  fera  connaître  en  attirant  spécialement  l'attention  sur  les  questions  qui 
lui  paraîtront  présenter  l'intérêt  le  plus  actuel. 

Une  Exposition  de  publications,  de  plans,  dessins  et  objets  de  toute  nature  se 
rapportant  à  l'hygiène  ou  à  la  démographie,  sera  ouverte  à  Genève  du  1®''  au  15 
septembre.  Les  auteurs,  les  inventeurs  et  les  fabricants  de  toute  nationalité  sont 
invités  à  faire  connaître  au  plus  tôt  leur  intention  d'y  prendre  part. 

Le  Comité  s'efforcera  d'obtenir  une  réduction  du  prix  de  transport  sur  les  lignes 
de  chemin  de  fer  pour  les  membres  du  Congrès  et  pour  les  objets  destinés  à  Texpo- 
sition. 

Dans  l'espérance  que  vous  voudrez  bien  honorer  le  Congrès  de  Genève  de  votre 
participation  active,  nous  vous  adressons.  Monsieur,  nos  salutations  empressées. 

Pour  te  Comité  d'organisation. 

Le  Prùident,  Le  Secrétaire  général, 

H.-Cl.  Lombard.  P.-L.  Dunant. 


Tontes  les  oommiuiieations  relatlTes  an  Consrrés  doivent  être  adressées 
à  M.  le  D'  Prof.  DUHAHTy  secrétaire  général,  à  Genève. 


.^  Avis  important.  MM.  les  Rédacteurs  de  journaux  et  de  revues  périodiques 

sont  priés  de  reproduire  la  présente  circulaire. 


RÈGLEMENT  GÉNéRÂL. 


RÈGLEMENT  GÉNÉRAL 


DU  QUATRIÈME  CONGRÈS  INTERNATIONAL  D'HYGIÈNE 


Art.  I.  Le  quatrième  Congrès  international  d*hygiène  se  réunira  h  Genève,  du 
4  au  9  septembre  1882,  sous  les  auspices  du  Haut  Conseil  Fédéral  Suisse  et  des 
Autorités  du  canton  et  de  la  \ille  de  Genève. 

Art.  2.  Le  but  de  ce  Congrès  est  de  réunir  les  savants  de  tous  les  pays  qui 
voudront  discuter  les  questions  se  rattachant  aux  progrès  de  Fhygiène  et  aux 
intérêts  de  la  santé  publique. 

Les  gouvernements,  les  municipalités,  les  administrations,  les  Universités,  les 
Académies,  les  Sociétés  scientifiques,  les  Conseils  de  santé  et  autres  autorités  sani- 
taires sont  invités  à  prêter  leur  concours  à  cette  œuvre  et  à  s*y  faire  représenter 
par  des  délégués. 

MEMBRES 

Art.  3.  Le  Congrès  se  composera  de  médecins,  d'hygiénistes,  de  pharmaciens, 
de  chimistes,  de  physiciens,  de  météorologistes,  d'ingénieurs,  d'architectes,  d'insti- 
tuteurs, de  vétérinaires,  de  membres  des  conseils  d'hygiène,  étrangers  ou  nationaux, 
qui  se  seront  fait  inscrire  et  auront  versé  une  cotisation  de  20  francs.  Ils  recevront 
un  exemplaire  du  compte  rendu  des  travaux  de  la  session. 

Cette  cotisation  sera  versée  par  Messieurs  les  adhérents  en  même  temps  qu'ils 
enverront  leur  adhésion,  et  par  les  participants  au  moment  où  ils  retireront  leur  carte. 

Le  secrétariat  reçoit  dès  à  présent  les  adhésions  (avec  mention  des  titres  et 
l'adresse  aussi  exacte  que  possible),  afin  d'être  à  même  d'envoyer  les  publications 
du  Congrès. 

Les  inscriptions  et  la  distribution  des  cartes  aux  membres  participants  se  feront 
le  3  septembre  de  midi  à  cinq  heures  ;  le  4  septembre  de  neuf  heures  du  matin  à 
midi,  et  les  autres  jours  de  huit  à  neuf  heures  du  matin  dans  les  locaux  du  Congrès 
(Université). 


8  BEOLEMENT  GÉNÉRAL. 

TRAVArX 

Art.  4.  Les  travaux  du  Congrès  embrasseront  : 

L*hygiéne  générale  et  internationale. 

La  prophylaxie  des  épidémies  et  la  police  sanitaire. 

La  démographie  et  la  statistique  médicale. 

L'hygiène  professionnelle  et  industrielle. 

Les  applications  à  Thygiène  de  la  physique,  de  la  chimie,  de  l'architecture  et  de 
Fart  de  Tingénieur. 

L*hygiène  de  l'enfance  ;  l'hygiène  éducatrice  et  scolaire. 

L'hygiène  privée  (hygiène  alimentaire,  falsifications,  eaux  potables,  hygiène  des 
sens,  etc. 

L'hygiène  publique  (villes,  campagnes,  hôpitaux,  armées,  etc.). 

L'hygiène  vétérinaire. 

Le  nombre  des  sections  entre  lesquelles  seront  répartis  les  travaux  sera  fixé  plus 
tard. 

Une  Exposition  de  publications  et  d'objets  se  rapportant  h  l'hygiène  et  â  la  démo- 
graphie aura  lieu  pendant  la  durée  du  Congrès. 

Art.  5.  Les  sujets  de  discussion  seront  choisis  par  le  comité  d'après  les  propo- 
sitions que  les  hygiénistes  étrangers  et  nationaux,  les  autorités  sanitaires  et  les 
corps  scientifiques  sont  invités  à  lui  soumettre  dès  à  présent. 

Art.  6.  Des  rapporteurs  désignés  d'avance  par  le  Comité  feront  l'exposé  des 
questions  qui  leur  auront  été  départies.  Cet  exposé  se  terminera  par  un  résumé  qui 
servira  de  base  à  la  discussion  et  qui  sera  autant  que  possible  communiqué  d'avance 
aux  membres  du  Congrès. 

Art.  7.  Les  membres  qui  désireront  faire  une  communication  devront  en  donner 
connaissance  au  Comité,  quinze  jours  au  moins  avant  l'ouverture  du  Congrès.  Le 
Comité  décidera  de  l'opportunité  des  communications  et  de  l'ordre  suivant  lequel 
elles  seront  faites. 

-  Art.  8.  Le  règlement,  les  programmes  et  les  résumés  des  rapports  seront 
publiés  en  français  et  en  allemand. 

SÉANCES 

Art.  9.  Le  Congrès  se  réunira  deux  fois  par  jour  :  une  première  fois  pour  les 
travaux  des  sections,  une  seconde  fois  pour  ceux  de  l'Assemblée  générale. 

Art.  10.  Les  séances  de  l'Assemblée  générale  seront  consacrées  : 

io  A  la  communication  des  procès- verbaux  et  rapports  des  sections,  et  le  cas 
échéant,  à  la  discussion  de  ces  derniers. 

2o  A  des  conférences  ou  à  des  communications  sur  des  questions  d*int4^rét 
général. 


RÈGLEMENT  GÉNÉRAL.  9 

3<>  Dans  la  séance  générale  d'ouverture,  le  Congrès  nommera  son  bureau  défi- 
nitif qui  se  composera  d*un  président,  de  deux  vice-présidents,  d'un  nombre  indé- 
terminé de  présidents  honoraires,  d'un  secrétaire  général  et  de  deux  secrétaires  de 
séances. 

Art.  11.  Les  sections  discuteront  en  première  ligne  les  questions  portées  à  leur 
ordre  du  jour.  Le  Comité  constituera  leurs  bureaux  provisoires,  mais  elles  éliront 
leurs  bureaux  définitifs  (un  président,  deux  vice-présidents,  deux  secrétaires). 

Art.  12.  Sauf  autorisation  de  l'assemblée  (ou  de  la  section),  le  même  orateur  ne 
pourra  parler  plus  de  deux  fois  sur  le  même  sujet;  et  la  durée  des  discours,  coro- 
iRunications,  mémoires  ou  rapports  ne  dépassera  pas  quinze  minutes. 

Art.  13.  Tous  les  travaux,  lus  ou  présentés  au  Congrès  (soit  dans  les  sections, 
soit  devant  l'Assemblée  générale),  seront  déposés  sur  le  bureau  et  immédiatement 
recueillis  par  les  secrétaires.  Le  Comité  d'organisation,  qui  reprendra  ses  fonctions 
après  la  session  pour  procéder  à  la  publication  des  actes  du  Congrès,  décidera  de 
l'insertion  partielle  ou  totale  ou  de  la  non-insertion  de  chacun  d'eux  dans  le  compte 
rendu. 

Art.  14.  Bien  que  la  langue  officielle  du  Congrès  soit  le  français,  les  membres 
seront  admis  à  s'exprimer  en  d'autres  langues.  Dans  ce  cas,  si  le  désir  en  est 
exprimé,  le  sens  de  leurs  paroles  sera  traduit  sommairement  par  l'un  des  membres 
présents  à  la  réunion. 

Art.  15.  Le  Président  dirige  les  séances  et  les  débats  suivant  le  mode  adopté 
dans  les  assemblées  délibérantes  en  général.  Il  arrête  les  ordres  du  jour  en  se  con- 
certant avec  le  bureau. 


10  COMITÉ   d'organisation. 


COMTÉ  D'0R6ANISATI0N  A  6ENÈVE 

Président  :  D»"  H.-CI.  Lombard,  Vice-Préadeiit  du  Congrès  international  des 

iyciences  médicales  à  Genève  en  1877. 
Vice-Président  :  D»"  J.-L.  Prévost,  Professeur  de  thérapeutique.  Doyen  de  la 

Faculté  de  médecine. 
Secrétaire  général  :  D'  P.-L.  Dinant,  Professeur  d'hygiène. 
Secrétaires  adjoints  ;  D»"  A.  D*Espine,  Professeur  de  pathologie  interne. 

D""  G.  Haltenhoff,  Privat-docent  d'ophthalmologie. 
Membres  :  D»"  V.  Gaitier,  Médecin  en  chef  de  rinfirmerie  Butini. 

D^"  Ji'LLiARD,  père,  ex-Médecin  Inspecteur  de  la  salubrité  publique. 
Prof.  Denis  Monmer,  Professeur  de  chimie  biologique. 
Dr  E.  Rapin,  ancien  Président  de  la  Société  médicale. 


Comité  national  suisse* 

MEMBRES  REPRÉSENTANT  LES  INSTITUTIONS  FEDERALES 

MM. 
Colonel  D^"  Ziegler,  à  Berne,  Médecin  en  chef  deTarmée  fédérale. 
D^  KuMMEH,  à  Berne,  Directeur  du  Bureau  fédéral  de  statistique. 
Prof.  Lasius,  à  Zurich,  Professeur  d'architecture  à  l'Ecole  polytechnique. 
D*"  F.  SciiULER,  à  Mollis,  Inspecteur  fédéral  des  fabriques. 
Colonel  Zangger,  à  Zurich,  Vétérinaire  en  chef  de  larmée  fédérale. 
D'  SoNDEREGGER,  à  St-Gall,  Vicc-Présideut  de  la  Commission  sanitaire. 
D'  A.  BuRCKHARDT-MÉRiAN,  h  Bâlc,  Secrétaire  de  la  Commission  médic^ile. 
D>^  A.  D'EspiNE,  à  Genève,  Membre  de  la  Commission  médicale. 
D'  Ph.  DE  LA  Harpe,  à  Lausanne,  Membre  des  Commissions  sanitaire  et  médicale. 
D^*  J.-J.  KuMMER,  à  Aarwangen,  Membre  des  Commissions  sanitaire  et  médicale. 
D^*  Lotz,  à  Bâle,  Membre  de  la  Commission  sanitaire. 
D'  A.  Steiger,  à  Lucerne,  Membre  de  la  Commission  médicale. 
D*"  Zehnder,  à  Zurich,  Membre  des  Commissions  sanitaire  et  médicale. 
D^*  Castella,  à  Fribourg,  Membre  de  la  Commission  médicale. 


COMITÉ  d'oBGâXISATION.  11 

MEMBRES  REPRÉSENTANT  LES  INSTITUTIONS  CANTONALES 

Canton  d'Argovle. 

D*^  ScHAiTELBL'EL,  Membre  de  la  Commission  sanitaire  du  canton. 
D>r  ZiiRCHER,  à  Âarau. 

Canton  d'Appenzell. 

D''  ScHL>ePFER,  à  Hérisau,  Secrétaire  de  la  Commission  sanitaire. 

Canton  de  BAle. 
D**  F.  GôTTiSHEiM,  Professeur  d'hygiène. 
D'  LoTz,  Président  de  la  Société  médicale  de  Bâie- Ville. 
D>^  J.  PiccARD,  Professeur  de  chimie,  Chimiste  officiel  de  TÉtat. 
D^  RippMANN,  Président  de  la  Société  médicale  de  Bâle-Campagne. 
D**  A.  SociN,  Professeur  de  clinique  chirurgicale. 

Canton  de  Berne. 
Di*  E.  Bourgeois,  Président  du  Collège  de  santé. 
D^  Ad  Christener,  Membre  de  la  Commission  municipale  de  santé. 
D^*  Ch.  Girard,  Secrétaire  du  Collège  de  santé. 
D«*  Th.  KocHER,  Professeur  de  clinique  chirurgicale. 
[K  LiCHTHEiM,  Professeur  de  clinique  médicale. 
D^*  Er.  Pfxûger,  Professeur  d*ophthalmologie. 
b^  Al.  Wyttenbach,  Président  de  la  Commission  municipale  de  santé. 

Canton  de  Fribourg. 

D*"  BoÉCHAT,  Membre  de  la  Commission  de  santé. 
D''  Castella,  Président  de  la  Société  de  médecine. 

Canton  de  Genève. 
M.  H.  BouRRiT,  Architecte,  Professeur  d'architecture. 
M.  E.  Briquet,  Ingénieur,  Fabncant  d'appareils  de  chauffage. 
Prof.  D.  CoLLADON,  Ingénieur,  Correspondant  de  TAcadémie  des  Sciences  de  Paris. 
D'  H.  Gosse,  Professeur  de  médecine  légale,  Membre  du  Conseil  administratif  de 

la  ville  de  Genève. 
M.  G.  MoYNiER,  Président  du  Comité  international  de  la  Croix-Rouge. 
Prof.  L.  Soret,  Professeur  de  physique  médir^ïle.  Recteur  de  l'Université. 
D^"  A.  Vincent,  Médecin  Inspecteur  de  la  salubrité  publique. 

Canton  de  Glaris. 
Dr  F.  Fritzsche,  Médecin  de  l'Hôpital  de  Claris,  Membre  de  la  Commiss.  de  Santé. 
D»"  F.  ScHULER.  Inspecteur  fédéral  des  fabriques. 

Canton  des  Grisons. 
Dr  J.-F.  Kaiser,  Président  du  Conseil  de  santé. 
Dr  E.  Kellenberger,  Vice-Président  du  Conseil  de  santé. 


12  COMITÉ  d'organisation. 


Canton  de  Luceme. 


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Franz  Brun,  Médecin  de  district. 
Gustave  Nager,  Médecin  de  district. 

Canton  de  NeuchAtel. 

E.  Favarger,  Membre  de  la  Commission  de  santé. 

L.  Guillaume,  Vice- Président  de  la  Commission  de  santé. 

L.  RouLET,  Conseiller  d'Étal. 

Canton  de  8t-Gall. 

ÂMBùHL,  Médecin  cantonal. 

CuRTi,  Conseiller  d'État,  Président  du  Conseil  de  santé. 

SoNDEREGGER,  Membre  du  Conseil  de  santé. 

Canton  de  Bchaffhouse. 
Emile  Joos,  Conseiller  d'Etat,  Directeur  des  affaires  sanitaires. 
RiTZMANN,  Président  de  la  Société  médicale. 

Canton  de  Boleure. 

Auguste  KoTTMANN,  Médcciu  en  chef  de  l'Hôpital  de  Soleure. 
Lang,  Professeur  et  Recteur  de  l'École  cantonale. 

Canton  du  Tessin. 
Carlo  Papi,  Chirurgien  en  chef  de  l'Hôpital  de  Lugano. 
Giovanni  Reali,  Député  au  Conseil  des  Etats. 

Canton  de  Thurgovie. 

0.  Kappeler,  Médecin  en  chef  de  l'Hôpital  cantonal  à  Mimsterlingen. 

E.  Reiffer,  à  Frauenfeld. 

Canton  de  Vaud. 

DE  CÉRENviLLE,  Médecin  en  chef  de  l'Hôpital  cantonal. 

Marc  DuFOi'R,  Professeur  d'hygiène,  Médecin  de  l'Hôpital  ophthalmiquc. 

Fr.  FoREL,  Professeur  d'anatomie  comparée. 

MoRAx,  Membre  du  Conseil  de  santé. 

Recordon,  Vice-Président  du  Conseil  de  santé. 

Canton  du  Valais. 

C.-L.  BoNviN,  Vice-Président  du  Conseil  de  santé. 

Ladé,  à  Martigny. 

Canton  de  Zoug. 

Arnold,  à  Zoug. 

HuRLiMANN,  à  Untera-geri,  Président  de  la  Société  de  médecine. 

Canton  de  Zurich. 

F.  HoRNER,  Professeur  de  clinique  oplithalmologique. 
Oscar  Wyss,  Professeur  d'hygiène. 

D''  Zeh.nder.  Membre  du  Conseil  de  santé. 


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PROCiRAMME 


BUREAU  CENTRAL  PROVISOIRE 

Président  :  D'  H. -Cl.  Lombard. 

Vice-Présidents  :  Prof.  Prévost,  D»"  V.  Gautier,  D""  Regordon  (à  Lau- 
sanne). 
Secrétaire-général  :  Prof.  Dunant. 
Secrétaires-adjoints  :  Prof.  D'Espine,  D»"  Haltexhoff,  D""  Picot. 


SÉANCES  GÉNÉRALES 


Lundi  4  septembre* 

(A  2  heures.) 

SÉANCE    d'ouverture 

Discours  du  président  et  de  plusieurs  délégués. 

Rapport  de  M.  leD'FAUVEL,  Inspecteur  général  des  services 
sanitaires  de  France,  Président  de  la  Commission  nommée  par  le 
3"*  Congrès  international  d'hygiène  pour  formuler  un  programme 
de  concours  pour  un  prix  de  2500  francs,  institué  par  le  Conseil 
Provincial  de  Turin  à  l'effet  de  récompenser  un  Ouvrage  tUUe  à 
Vhygïène  des  populations  des  campagnes. 

Mardi  5  septembre* 

Be  Vatténuation  des  virus.  —  M.  Pasteur,  membre  de  l'Aca- 
démie des  Sciences,  à  Paris. 


14  PROGRAMME. 


MittuTOch  6.  September. 

ERSTE  FRAGE 

Uéber  die  Ansteckungsfàhigkeit  der  Lungenschivindmcht  vofn 
Standpunkt  der  GeschicMe  und  der  ôffenttichen  Gemndheitspflege. 
D'  CoRRADi,  Prof,  in  Pavia. 

SCHLUSSSiETZE 

1.  Der  Glaube  an  die  Ansteckungsfàhigkeit  der  Lungenschwindsucht  stammt 
ans  dem  hohen  Alterthum.  Er  hat  sich  seit  Jahrhunderten  bewahrt,  nicht  nur  als 
eine  allgemein  verbreitete  Ansicht,  sondern  als  eine  wissenschaftliche  Lehre. 

2.  In  der  zweiten  Hâlfte  des  vorigen  Jahrhunderts  erreichte  dieser  Glaube 
seinen  Hôhepunkt,  wahrscheinlich  weil  die  Krankheit  sich  haufiger  wie  je  vorher 
zeigte. 

An  verschiedenen  Orten  war  der  Staat  gezwungen,  im  Interesse  der  ôffentlichen 
Gesundheit  gegen  die  Yerbreitung  des  Phthisiscontagium  einzuschreiten,  und 
Massregeln  zu  ergreifen. 

8.  Hingegen  verlor  in  der  ersten  H&lfte  unseres  Jahrhunderts  der  Glaube  an 
die  Ansteckungsfàhigkeit  der  Schwindsucht  an  Anhângern.  Die  anatomisch-patho- 
logischen  Nachforschungon  waren  den  âtiologischen  Fragen  vorangeeilt. 

4.  £rst  in  diesen  letzten  Jahren  nahm  die  experimentelle  Pathologie  die  Frage 
wieder  auf  und  suchte  die  Lehre  von  der  Ansteckungsfàhigkeit  durch  die  Erfolge 
der  Ueberimpfiing  tuherculôser  Produkte  zu  stûtzen.  Man  glaubte  noch  weiter 
gehen  zu  kônnen  und  versuchte  den  Nachweis.  dass  das  Krankheitsgift  in  einem 
mikroscopischen  Organismus,  einem  Baccillus  bestehe. 

5.  Die  klinische  Beobachtung  muss  die  von  dem  Experiment  so  klargestellte 
Frage  nun  lôsen.  Es  ist  Aufgabe  der  Pathologie  noch  viele  andere  Fragen  zu 
lôsen,  welche  sich  ans  der  Lehre  vom  parasitftren  Wesen  der  Tuberculose  ergeben 
und  dièse  Lehre  mit  den  Thatsachen  der  Prfidisposition  und  der  Erblichkeit  in 
Einklang  zu  setzen. 

7.  Ist  die  Ansteckung  oder  Uebertragung  môglich,  so  wird  sie  jedoch  nur  unter 
gewissen  noch  zu  erforschenden  Bedingungen  stattfinden. 

7.  Einstweilen  hat  sich  die  Hygiène  gegenûber  der  Schwindsucht  wie  einer  ver- 
dftchtigen  Krankheit  gegenûber  zu  verhalten  :  das  heisst  einer  Krankheit  welche 
unter  bestimmten  Bedingungen  ûbertragungsf&hig  ist. 

8.  Man  muss  namentlich  die  aus  dem  Zusammenwohnen  hervorgehenden  Be- 
ziehungen  berûcksichtigen.  Je  weniger  eng  und  je  kûrzer  sich  dieselben  gestalten, 
je  mehr  wird  man  die  Wirkungen  der  Infectionsheerde  abschwfichen,  selbst  wenn 
man  letztere  nicht  vertilgen  kônnte.  Zugleich  werden  dabei  die  Ausdûnstungen 
vermindert,  welche,  abgesehen  von  jeder  specifischen  Wirkung,  durch  SchwâchuBg 
des  Organismus  zur  Phthisis  prftdisponiren. 

9.  Obgleich  es  nicht  sicher  erwiesen  ist,  dass  die  Tuberculose  durch  Nahrungs- 
mittel  ûbertragen  werden  kônne,  wird  es  indessen  vorsichtig  sein,  Fleisch  und 
Milch  von  schwindsQchtigen  Thieren  zu  vermeiden. 

10.  Man  wird  in  Zukunft  mit  der  grôssten  Sorgfalt  die  Qualitàt  der  Kuhpocken- 
oder  humanisirten  Lymphe  berûcksichtigen,  welche  als  Schutzmittel  gegen  die 
Blattem  eingeimpft  wird.  Die  Anlage  ausschliesslicher  Krankenh&user  oder  min- 
destens  isolirter  Abtheilungen  fur  Schwindsûchtige  wird  lebhaft  empfohlen. 

12.  Die  Ergebnisse  der  neueren  Forschungen  und  Untersuchungen,  welche  die 
Bedingungen  und  Wege  der  Uebertragiing  der  Tuberculose  zu  ermitteln  trach- 
teïi,  werden  zu  den  besonderen  gegen  aiese  Uebertragung  gerichteten  prophylac- 
tischen  Massregeln  fûhren. 

13.  Welcher  Ansicht  man  auch  in  Betreff  des  Wesens  der  Lungenschwindsucht 


PROGRAMME.  15 


Mercredi  6  septembre* 

PREMIÈRE  QUESTION 

La  contagion  de  la  phthisie  pulmonaire  au  point  de  vue  de 
r histoire  et  de  l'hygiène  publique.  D'  Prof.  A.  Corradi,  à 
Pavie. 

CONCLUSIONS 

1.  La  croyance  à  la  contagion  de  la  phthisie  ou  consomption  pulmonaire  remonte 
à  la  plus  haute  antiquité.  Elle  s'est  maintenue  à  travers  les  siècles  non  seulement 
comme  une  opinion  vulgaire,  mais  aussi  comme  une  doctrine  scientifique. 

2.  Dans  la  seconde  moitié  du  siècle  dernier,  cette  croyance  arrive  à  son  apogée; 
probablement  parce  que  la  maladie  se  montra  avec  une  fréquence  qu'elle  n'avait 
pas  encore  atteinte  dans  le  passé.  L'Etat,  en  plusieurs  lieux,  fut  obligé  d'intervenir 
et  de  prendre  des  mesures  dans  l'intérêt  de  la  santé  publique,  et  dans  le  but 
d'empêcher  la  diffusion  du  contage  phthisique. 

S.  Au  contraire,  dans  la  première  moitié  de  notre  siècle,  la  doctrine  de  la 
contagiosité  perdit  du  terrain,  les  recherches  anatomo-pathologiques  ayant  pris 
le  devant  sur  les  questions  étiologiques. 

4.  Ce  n'est  que  dans  ces  dernières  années  que  la  pathologie  expérimentale  a 
repris  la  question  et  a  tâché  de  donner  à  la  doctrine  de  la  contagion  l'appui  des 
résultats  de  l'inoculation  des  produits  tuberculeux.  On  est  allé  plus  loin  encore, 
et  on  a  cru  pouvoir  démontrer  que  le  principe  virulent  de  la  maladie  est 
représenté  par  un  microphyte,  par  un  bacUlus. 

5.  L'observation  clinique  doit  trancher  la  question  que  vient  de  poser  si  nette- 
ment l'expérimentation  :  c'est  à  la  pathologie  de  résoudre  bien  d'autres  questions 
que  soulève  la  doctrine  de  la  nature  parasitaire  de  la  tuberculose,  et  de  mettre 
d'accord  cette  doctrine  avec  le  fait  de  la  prédisposition  et  de  l'hérédité. 

6.  Mais  si  la  contagion  ou  la  transmission  est  possible,  elle  ne  se  fera  que  dans 
des  conditions  qui  restent  encore  à  déterminer. 

7.  En  attendant,  l'hygiène  doit  se  régler  vis-à-vis  de  la  phthisie  comme  elle 
ferait  pour  une  maladie  suspecte,  c'est-à-dire  capable  de  se  communiquer  ou  de  se 
transmettre  sous  certaines  conditions. 

8.  On  doit  surtout  avoir  égard  aux  rapports  qu'établit  la  cohabitation  :  en  les 
rendant  moins  intimes  et  prolongés,  on  atténuera  les  effets  des  foyers  d'infections, 
quand  même  on  ne  les  pourrait  détruire;  et  en  même  temps  on  éloignera  ces 
exhalaisons,  qui,  en  dehors  de  toute  action  spécifique,  en  affaiblissant  l'organisme, 
le  prédisposent  à  la  phthisie. 

9.  Quoiqu'il  ne  soit  pas  sûrement  démontré  que  les  aliments  peuvent  communi- 
quer la  tuberculose,  néanmoins  il  sera  prudent  de  s'abstenir  des  viandes  et  du  lait 
des  animaux  phthisiques. 

10. 11  faudra  dorénavant  avoir  le  plus  grand  soin  de  la  qualité  de  la  lymphe 
vaccinale  ou  humanisée  qu'on  inocule  dans  la  prophylaxie  de  la  petite  vérole. 

11.  L'institution  d'hôpitaux  exclusifs,  ou  au  moins  de  pavillons  séparés  pour  les 
phthisiques  est  vivement  recommandée. 

12.  Les  résultats  des  nouvelles  études  qu'on  invoque  et  des  recherches  dirigées 
dans  le  but  de  déterminer  dans  quelles  conditions  et  par  quelles  voies  la  tuber- 
culose se  transmet,  nous  indiqueront  les  mesures  prophylactiques  plus  particulières 
qu'il  £audra  adopter. 

13.  Quelle  que  soit  l'opinion  qu'on  professe  au  si^et  de  la  nature  de  la  phthisie 
pulmonaire,  personne  ne  doutera  des  avantages  qu'apportera  dans  la  lutte  la  résis- 
tanee  orpamque  :  c'est  pour  cela  qu'une  des  plus  grandes  entraves  à  la  diffusion 
de  ce  fléau  de  la  civilisation  doit  jaillir  de  la  pratique  de  l'hygiène  qui  assure  le 
bien-être  physique  et  moral  des  populations. 


16  PROGRAMME. 

huldige,  niemand  wird  die  Vortheile  bezweifeln,  welche  die  Widerstandskraft  des 
Organùtmus  in  dem  Kampfe  gegen  dieselbe  bietet.  Daher  muss  sich  aus  der  Praxis 
der  Gesundheitspflege,  welche  das  kôrperliche  und  sittliche  Wohl  der  Vôlker 
sichert,  eines  der  stàrksten  Hindernisse  ftir  die  Verbreitung  dieser  Geissel  der 
Culturvolker  von  selbst  ergeben. 


ZWEITE  FRAGE 

Thesen  iiber  Fenencolonien.  Aufgestellt  von  D'  G.  Varren- 
TRAPP,  Sanitiltsrath  in  Frankfurtam  Main. 

Die  sogenannten  Feriencolonien  haben  sich  nach  einer,  wenn  auch  erst  kurzen, 
doch  von  vielen  Seiten  ûbereinstimmend  lautenden  Erfahrang  als  ein  werthvolles 
Mittel  zur  Kràftigung  von  in  ihrer  kôrperlichen  Entwicklung  zurûckgebliebenen 
oder  gestôrten  Kindern  erwiesen. 

Unter  «  Feriencolonien  »  versteht  man  die  Aussendung  von  krânklichen  armen 
Schulkindern  wàlirend  der  Zeit  ihrer  Sommerferien,  also  wàhrend  3-4  Wochen,  in 
Gruppen  von  10-15  Kindern  getheilt,  unter  Leitung  je  eines  Lehrers  oder  einer 
Lehrerin,  auf  das  Land  in  gesunde  Gegend,  wo  môglich  auf  Bergeshdhe  oder  an 
das  Meeresufer,  wo  sie  in  gesunden,  geràumigen,  luftigen  Wohnungen,  bei  reich- 
licher  nahrhafter  Kost  untergebracht  und  zu  môglichst  vieler  Bewegung  in  freier 
Luft  angehalten  werden. 

Eine  solche  Versetzung  aus  engen  Stadttheilen,  dumpfen  oft  feuchten  Wohnun- 
gen in  frische  Luft,  Reinlichkeit,  verstàndige  Leitung  làsst  schon  à  priori  einen 
gûnstigen  Einfluss  vermuthen.  Vielfach  bezweifelt  waren  nur  dabei,  ob  ein  solcher 
Aufenthalt  von  2  bis  4  Wochen  (400-750  Stunden)  irgend  einen  nachweisbaren  oder 
gar  dauemden  Erfolg  haben  konne. 

Die  Erfahrung  von  4-5  schweizer  und  von  einem  Dutzend  deutscher  Ferienco- 
lonien (vom  Jahr  1877  bis  zum  Jahre  1880  an)  hat  ergeben,  dass  die  Kinder  nicht 
nur  an  Frische  des  Aussehens  und  der  Bewegung,  sondem  speziell  auch  an  Gewicht 
(durchschnittlich  um  1-3  Pfund)  wie  an  Kôrpergrôsse  (um  1-2  Centimeter)  zuge- 
nommen,  welche  Zunahme  wesentlich  stârker  ist  als  sonst  bei  gleichaltrigen  Kindern 
in  gleichem  Zeitraum  beobachtet  wird.  Ueber  die  Zunahme  des  Brustumfangs,  deren 
genaue  Messung  zumal  bei  dieser  Klasse  von  Kindern  ûberhaupt  mancherlei 
iSchwierigkeiten  darbietet,  kann  bei  der  bis  jetzt  geringenZahl  solcher  Messungen 
noch  nichts  zuverlàssiges  gesagt  werden.  —  Auch  auf  die  sittliche  Haltung  der 
Kinder  haben  nach  dem  Urtheil  der  Lehrer,  die  Feriencolonien  einen  gûnstigen 
Einfluss  gezeigt. 

Es  ist  festzuhalten,  dass  in  solche  Feriencolonien  nur  krânkliche,  arme,  brave 
Schulkinder  aufzunehmen  sind,  nicht  aber  kranke  Kinder,  oder  solche  welche  im 
ersten  Stadium  der  Reconvalescenz  von  schweren  Erkrankungen  stehen.  Filr  dièse 
Kategorien  sind  allzu  verschiedene  Massregeln  erforderlich,  um  sie  in  Voreini- 
gung  anwenden  zu  kônnen.  Kranke  und  Reconvalescenten  verlangen  eine  sorgf&l- 
tige  individualisirende  Pflege,  eine  dauernde  oder  doch  sehr  hâutige  Beobachtung 
seitens  eines  Aiztes,  Anwendung  geeigneter,  zeitweise  vielleicht  wechselnder 
Heilmittel  (Arzneien,  Bàder,  etc.).  In  Feriencolonien  filr  krânkliche  Kinder  fâllt, 
wenn  die  Aufmerksamkeit  des  Lehrers  nicht  zu  sehr  zersplittert  werden  soll, 
solche  individualisirende  Behandlung  weg;  aile  Kinder  sollen  eine  gleichm&ssige 
krâftige  Kost  erhalten,  môglichst  viele  Bewegung  in  freier  anregender  Luft 
machen,  ohne  allzu  àngstlich  vor  jeder  etwas  rauheren  Witterung  gehûtet  zu 
werden,  Gehen,  Laufen,  Turnen,  Baden.  Eine  solche  gleichmâssige  Fûhrung  und 
Leitung  einer  grôsseren  Zahl  von  Kindern  durch  eine^i  liehrer  ist  fur  kranke  Kin- 
der nicht  geeignet;  fur  sie  muss  in  Kinderheilanstalten  mit  besonders  darauf 
gerichteter  Pflege  gesorgt  werden. 


PROORAMME.  17 


DEUXIÈME  QUESTION 

Quelques   réflexions  sur  les  colonies   d'écoliers  en  vacances. 
D'  G.  Varrentrapp,  conseiller  sanitaire  à  Francfort-sur-Mein. 

Les  «  colonies  d'écoliers  en  vacances  »  sont  reconnues  depuis  quelque  temps 
comme  un  puissant  agent  pour  fortifier  les  enfants  délicats  et  malades. 

Par  «  colonies  en  vacances  »  on  entend  l'envoi  d'écoliers  maladifs  à  la  campagne 
pendant  toute  la  durée  de  leurs  congés,  c'est-à-dire  pendant  trois  à  quatre 
semaines. 

On  les  envoie  par  groupes  de  dix  ou  quinze,  sous  la  direction  d'un  maître  ou 
d^one  maltresse,  dans  une  contrée  salubre,  si  possible  à  la  montagne,  ou  au  bord 
de  la  mer;  il  faut  aussi  que  leur  demeure  soit  saine,  spacieuse  et  bien  aérée,  leur 
nourriture  abondante  et  fortifiante. 

Les  enfants  prennent  beaucoup  d'exercice  en  plein  air. 

Le  contraste  de  la  vie  que  ces  enfants  mènent  dans  leurs  demeures  sombres  et 
hnmides,  avec  une  existence  saine  et  principalement  en  plein  air  fait  dès  l'abord 
augurer  favorablement  du  résultat.  Mais  ce  séjour  n'est  pas  long,  il  est  de  deux  à 
qoatre  semaines  (400  à  750  heures)  et  l'on  se  demande  si  le  oien  obtenu  sera 
durable. 

L'expérience  faite  sur  quatre  à  cinq  colonies  suisses  et  environ  une  douzaine  de 
colonies  allemandes  a  démontré  que  les  enfants  avaient  gagné  non  seulement  une 
apparence  plus  saine,  mais  que  leur  poids  avait  augmenté  (de  1  à  3  livres)  ils 
avaient  aussi  grandi  de  1  à  2  centimètres  ;  cette  augmentation  est  plus  forte  que 
celle  que  l'on  a  observée  chez  des  enfants  du  même  âge,  pendant  le  même  espace 
de  temps.  Il  est  difficile  de  dire  si  il  y  a  eu  un  développement  dans  la  poitrine  de 
ces  enfants;  on  a  cherché  à  s'en  assurer,  mais  sans  arriver  à  aucun  résultat  positif. 
Les  «  colonies  de  vacances  »  ont  eu,  d'après  le  témoignage  des  professeurs,  une 
bonne  influence  sur  la  tenue  des  enfants. 

Il  faut  se  souvenir  que  l'on  n'envoie  dans  ces  «  colonies  de  vacances  »  que  des 
enfants  maladifs,  pauvres  et  non  vicieux,  mais  il  ne  s'agit  pas  d'enfants  vraiment 
malades,  ou  d'enfants  qui  soient  encore  sous  l'influence  de  graves  maladies.  Pour 
ces  derniers  il  faut  un  traitement  particulier,  ils  ne  peuvent  pas  être  en  compagnie 
des  autres. 

Les  enfants  vraiment  malades  ont  besoin  de  la  surveillance  d'un  médecin,  il  leur 
faut  des  remèdes  appropriés  à  leur  état,  des  bains,  etc.,  etc.  Dans  les  «  colonies  de 
vacances  »  il  ne  peut  être  question  d'une  surveillance  aussi  spéciale,  les  enfants  ne 
doivent  pas  avoir  peur  d'un  changement  un  peu  brusque  dans  la  température,  il 
leur  faut  de  la  gymnastique,  des  bains  et  beaucoup  d'exercice,  conditions  dans  les- 
quelles des  enfants  malades  ne  peuvent  aller  à  la  campagne  sous  la  direction  d'un 
ieul  maître. 


18  PROORAMICE. 


Fpeita§^  8.  September. 

Ueher  die  hj/gienischen ,  physiologischen  und  therapeutischen  Etn- 
flûsse  des  Hôhendimas,  D'  H. -Cl.  Lombard,  in  Genf. 

SCHLUSSSiETZE 

1.  Die  ungenttgende  Menge  Sauerstoff,  Folge  der  Verdûnnung  der  Luft  in  hôhe- 
ren  Gegenden,  kann  Erstickung  verursachen,  wenn  nicht  durch  ïlinathmung  von 
Sauerstoff  dagegen  angekàmpft  wird. 

2.  Die  Hauptursache  der  Bergkrankheit  ist  die  Abnahme  athmosph&rischen 
Sauerstoff»  in  einem  Augenblick,  wo  ausserordentliclie  Muskelanstrengung  eipe 
grôssere  Menge  Sauerstoff  erfordert.  Die  ungenûgende  Menge  des  Sauerstoffs  ist 
auch  die  Ursache  der  Muskelschmerzen  und  bedingt  die  Nothwendigkeit  sofor- 
tigen  Ausruhens. 

3.  Athniung  und  Bhitkreislauf  werden  um  so  mehr  beschleunigt,  je  hôher  man 
sich  ûber  die  Meeresfiftche  erhebt.  Zugleich  steigt  die  Ausathmung  der  Kohlen- 
sàure  bis  zu  einer  gewissen  Hôhengrenze  die  man  ungefâbr  zwischen  1500  und 
2000  Meter  annehmen  kann,  wàhrend  sie  darûber  hinaus  im  directen  Verhftltniss 
zur  Hôhe  wieder  abnimmt. 

4.  Ueber  2000  Meter  Hfthe  erzeugt  die  ungenûgende  Menge  Sauerstoff,  troU 
beschleunigter  Athmung  und  Blutcirculation,  eine  constitutionnelle  Blutarmuth 
welche  Herr  D'  Jourdannet  mit  dem  Namen  Anoxyhàmie  bezeichnet. 

5.  In  Folge  der  stàrkeren  Verdauung  und  Muskelanstrengung,  sowie  der  Tem- 
peraturabnabme  wird  in  der  Hôhenluft  die  Ausathmung  der  Kohlensfture  ver- 
mehrt  und  beschleunigt. 

6.  Der  Hôhenaufenthalt  bewirkt  nicht  nur  hftufigere,  sondem  auch  tiefere 
Athemzûge,  woraus  eine  Vermehrung  des  Rauminhalts  und  des  Umfangs  des 
Brustkorbs  erfolgt. 

7.  Der  zeitweîlige  oder  fortw&hrende  Aufenthalt  in  mittlerer  Hôhe,  unter 
2000  Meter,  wirkt  belebend  auf  aile  Funktioncn. 

8.  Die  hohen  und  mittleren  Gebirgsgegenden  haben  einen  prophylactischen  und 
therapeutischen  Einfluss  auf  die  Lungenschwindsucht. 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D'  Paul  Bert  in  Paris,  Prof,  an 
d.  Faculté  des  Sciences;  D'  W.  Marcet,  Mitglied  der  kOnigl. 
Gesellschaft  in  London;  D"*  R.  Meyer-Huni,  Privat-Docent  an  d. 
Universitat  Zttrich. 


Sonnabend  9.  September. 


SCHLUSS-SITZUNG 


Von  den  pradischen  MiUdn  zur   VerhiUung  der  Blindheit. 
D'  Haltenhoff,  Privat-Docent  fttr  Augenheilkunde  in  Genf. 

Der  Conpress  wird  das  Programm  einer  Preisaufirabe  Ul>er  dies"  Frajre  festsetzen 
und  das  mtornalionale  Preisgericht  ernennen.  Die  Society  for  the  Prévention  of 


PB06RAMME.  19 


Vendredi  8  septembre. 


Influences  hygiéniques,  physiologiques  et  thérapeutiques  des  alti- 
tudes. D'  H.-Cl.  Lombard,  à  Genève. 


•         C0NCLU8I0KS 

1.  L'insuffisance  de  Poxygène  qui  résulte  de  la  dilatation  de  l'atmosphère  des 
hautes  régions  peut  amener  l'asphyxie,  si  elle  n'est  pas  combattue  par  des  inhala- 
tions d'oxygène. 

2.  Le  mal  de  montagne  a  pour  cause  essentielle  la  diminution  de  l'oxygène 
atmosphérique,  alors  que  les  contractions  musculaires  extraordinaires  en  récla- 
ment une  quantité  supplémentaire.  C'est  l'insuffisance  de  l'oxygène  qui  cause  les 
douleurs  musculaires  et  oblige  à  un  repos  immédiat. 

S.  La  respiration  et  la  circulation  deviennent  plus  rapides  à  mesure  qu'on  s'élève 
au-dessus  du  niveau  des  mers.  En  même  temps,  l'exhalation  de  l'acide  carbonique 
augmente  jusqu'à  une  certaine  limite,  que  l'on  peut  fixer  approximativement  entre 
1500  et  2000  mètres,  tandis  qu'au  delà  elle  diminue  en  raison  directe  de  l'alti- 
tude. 

4.  Au-dessus  de  2000  mètres,  malgré  que  la  circulation  et  la  respiration  soient 
accélérées,  l'insuffisance  de  l'oxygène  contenu  dans  une  atmosphère  dilatée 
développe  une  anémie  constitutionnelle  que  le  D^  Jourdannet  a  qualifiée  du  nom 

5.  Dans  les  altitudes,  la  digestion^  l'exercice  musculaire  et  l'abaissement  de  la 
température  augmentent  et  accélèrent  l'exhalation  de  l'acide  carbonique. 

6.  Le  séjour  des  altitudes  rend  les  inspirations  non  seulement  plus  fréquentes, 
mais  aussi  plus  profondes,  d'où  résulte  une  augmentation  de  la  capacité  et  de  la 
circonférence  thoracique. 

7.  Un  séjour  temporaire  ou  permanent  des  altitudes  moyennes  situées  au  des- 
sous de  2000  mètres,  exerce  une  action  stimulante  sur  toutes  les  fonctions. 

8.  Les  hautes  et  moyennes  altitudes  ont  une  influence  prophylactique  et  théra- 
peutique sur  la  phtisie  pulmonaire. 

Orateurs  inscrits  :  D'  Paul  Bert,  à  Paris,  professeur  à  la  Fa- 
culté des  Sciences;  D' W.  Marcet,  membre  de  la  Société  royale 
de  Londres;  D'  Meyer-Huni,  privat-docent  à  l'Université  de 
Zurich. 


Samedi  9  septembre. 


SÉANCE   DE  CLOTURE 


Des  moyens  pratiques  de  prévenir  la  cécité.  D'  Haltenhoff, 
privai  docent  d'ophthalmologie  à  l'Université  de  Genève. 

Le  Congrès  fixera  le  programme  et  nommera  le  jury  international  d'un  concours 
sur  cette  question.  La  Society  far  the  Prévention  of  BlxndnesSy  de  Londres,  a  dépos(> 


20  PBOORAMME. 

Blindne^s  in  London  hinterlegte  eine  Samme  von  2000  Fr.  als  Preis  fOr  die  beste 
Abhandlung  in  englischer,  deutscher,  franz(isi$cher  oder  italienischer  Sprache,  und 
schlâgt,  in  Uebereinstimmang  mit  dem  Organisât ionscomi té  des  Ck)ngresses,  folgen- 
des  Programm  vor  : 

1.  Ursachen  der  Blindheit. 

a.  ËinflQsse  der  Erblirhkeit,  Krankheiten  der  Eltem,  blatsverwandte  Ehen,  etc. 
6.  Augenkrankheiton  der  Kindheit,  diverse  EntzUndangen. 

c.  Schal-  und  Lphrzeit.  Progressive  Myopie,  etc. 

d.  Aligemeine   Krankheiten.   Diathesen,    verschiedene    Fieber,    Intoxicatio- 
nen.  etc. 

e.  Einfluss  der  Berufsarten.  Unfâile  und  Verwundnngen,  sympathische  Augen- 
entzQndnn^en. 

f.  Sociale  und  klimatische  EinflUsse;  ansteckende  Augenleiden  ;  nngesunde, 
ttberiUJlte,  schlecht  erleuchtete  Wohnrâuine. 

g.  Mangelhafte  oder  ganz  felilende  Behandlung  der  Augenleiden. 

2.  F(lr  jede  dieser  Gruppen  von  Blindlieitsursachen  sind  die  practischsten  Yor- 
bengungs-Massregeln  anzugeben. 

a.  Massre^eln  der  Gesetzgebung. 

6.  Hygienisché  und  professionnelle  Massregeln. 

c.  Pâdagogische  Massregeln. 

d.  Aerztliche  und  philanthropische  Massregeln. 


SEKTIONS-SITZUNGEN 

ERSTE  SECTION 

ALLGEMEINE,  INTERNATIONALE  UND  ŒFFENTLICHE 

HYGIENE 

PROVISORISCHER  VORSTAND 

Primdent  :  Prof.-D'  Revilliod. 

Vice-Pràsidenten  :  D'  B.xrde,  D»"  Roulet  (Neuenburg),  D'  Vincent. 

SchriflfUhrer  :  D»"  Gœtz,  D'  Ferrière. 

ERSTE  FRAGE 

JEtidogie  und  Prophylaocis  des  AbdominaUtfphus.  D'  Jules 
Arnould,  Militârarzt  erster  Klasse,  Professor  der  Hygiène  an 
der  medic.  Facultât  in  Lille. 

SCHLUSSSJBTZE 

Â.  JBtiolog^ie. 
1.  Wesen  der  Krankheit.  Nach  Auftreten  und  Verlauf  gehôrt  der  Typhus  zu 


PROGRAMME.  21 

t 

une  somme  de  dOOO  francs,  destinée  à  récompenser  l'aaieur  du  meilleur  mémoire 
écrit  en  anglais,  en  allemand,  en  français  on  en  italien,  et  elle  propose,  d*accord  avec 
le  Comité  a  organisation  du  Congrès,  le  programme  suivant  : 
i .  Étude  des  causes  de  la  cécité. 

a.  Causes  héréditaires.  Maladies  des  parents,  mariages  c  )nsanguins,  etc. 

b.  Maladies  oculaires  de  Tenfance.  Ophthalmies  diverses. 

c.  Période  d*éeole  et  d'apprentissage,  myopie  progressive,  etc. 

d.  Bialadies  générales.  Diathèses,  fièvres  diverses,  intoxications,  etc. 

e.  Influences  professionnelles.  Blessures  et  accidents.  Ophthalmie  sympathique. 

f.  Influences  sociales  et  climatériques.  Ophthalmies  contagieuses.  Encombre- 
ment. Logements  insalubres.  Éclairage  défectueux. 

g.  Absence  de  traitement  on  traitement  défectueux  des  affections  oculaires. 

2.  Étudier  pour  chacune  de  ces  catégories  de  causes  les  moyens  de  prévention  les 
plus  pratiques. 

a.  Législatifs. 

b.  Hvgiéniques  et  professionnels. 
r.  Éducatifs. 

d.  Médicaux  et  philanthropiques. 


SÉANCES  DES  SECTIONS 

PREMIÈRE  SECTION 

HYGIÈNE  GÉNÉRALE,  INTERNATIONALE 

ET  ADMINISTRATIVE 


BUREAU  PROVISOIRE 

Président  :  Prof.-D»"  Revillioo. 

Vice-Présidents  :  D'  Barde,  D*"  Rollet  (à  Neuchâlel),  D""  Vincent. 

Secrétaires  :  D'  Gœtz,  D*"  Ferrtère. 

PREMIÈRE  QUESTION 

J^ioiogie  et  prophylaxie  de  la  fièvre  typhoïde.  D' Jules  Arnould, 
médecin  principal  de  1"  classe  de  l'armée,  professeur  d'hygiène 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Lille. 

CONCLUSIONS 

A.  Étiolog^ie. 
1.  QUESTION  DE  NATURE.  —  La  fièTTe  typhoïde  a  les  allures  des  maladies  spécifi- 


22  PROGRAMME. 

den  specifischen  Ërkrankungen,  von  denen  eine  Anzahl  nachgewiesener  Maassen 
parasit&rer  Art  sind.  Als  solche  entsteht  der  Typhus  niemals  yon  selbst,  noch 
durch  gewôhniiche  Wirkung  der  âusseren  Agentien.  Man  ist  logisch  berechtigt  ihn 
zvL  den  parasit&ren  Krankheiten  zu  rechnen,  jedoch  ist  dies  gegenwftrtig  noch  nicht 
als  vollst&ndig  erwiesene  Thatsache  hinzustellen,  theils  wegen  der  abweichenden 
Meinungen  der  Forscher  ûber  den  Typus  der  vermeintlichen  Typhusparasiten, 
theils  wegen  der  Unsicherheit  der  durch  Ueberimpfung  auf  Thiere  erhaltenen 
klinischen  Resultate,  besonders  aber  wegen  der  bei  den  Aerzten  herrschenden 
wohlberechtigten  Zweifel  ûber  die  Fâhigkeit  der  Thiere  am  menschlichen  Typhus 
zu  erkranken. 

Nâtûrliche  Medien.  —  Die  fur  Aufbewahrung  und  eventuell  Erzeugung  des 
Typhusgiftes  in  Betracht  kommenden  Medicn  sind  : 

a.  Der  Boden,  unter  gewissen  Bedingungen  der  Be^chaifenheit,  Durchfeuchtung 
und  infectiôsen  S&ttigung,  doch  eher  dessen  Oberflâche  als  dessen  Tiefe,  sodass 
der  Boden  durch  irgend  einen  anderen  Infectionstrâger  ersetzt  werden  kann 
und  nicht  als  nothwendige  Uebcrgangsstation  des  Krankheiterregenden  Agens 
ercheint  ; 

6.  Das  Wasser,  jedoch  wahrscheinlich  wàhrend  kurzer  Zeit  und  unter  der  Vor- 
aussetzung  eines  gewissen  Grades  organischer  Verunreinigung; 

c.  Die  Ijuft,  dies  wird  durch  die  Fàlle  von  directer  Uebertragung  bcwiesen  und 
kann  auch  mittelbar  aus  der  Thatsache  geschlossen  werden,  dass  Strassenluft 
mehr  Keime  (Microben)  als  Feldluft,  Wohnungsluft  deren  mehr  als  Strassenluft 
enthâlt.  Doch  werden  die  vom  Kranken  im  feuchten  Zustand  ausgeworfenen 
Krankheitsprodukte  des  Typhus  erst  dann  fur  die  Luft  vollk(»mmen  infectiôs, 
wenn  sie  Zeit  gehabt  haben  zu  vertrocknen  und  pulverig  zu  werden.  Denn 
die  Luft  wirkt  specifisch  Krankheit  erregend  nur  als  Trâgerin  bestimmter  infec- 
tiôser  Keime,  und  nicht  durch  die  ihr  môglicherweise  beigemengten  Ausdûnstun- 
gen,  wie  Gase,  D&mpfe,  Gertiche,  selbst  wenn  dieselben  von  Abtritten  oder  Abzugs- 
kanàlen  herrûhren; 

d.  Der  Mensch  und  die  von  ihm  gebraucJUen  Gegenstànde,  wenigstens  als  indif- 
férente Oberflachen  und  Sammelpl&tze  fur  die  Krankheitskeime  dienend,  wie  dies 
fiir  die  Keime  der  Variola  und  anderer  specifischen  Krankheiten  bekannt  ist. 
Ausserdem  làsst  sich  nach  dem  Verlaufe  vieler,  mit  gastrischen  Stôrungen  und 
Durchf&llen  beginnenden  £])idemien,  dem  entschiedenen  Ëinfluss  der  gewôhn- 
lichsten  âussereren  Umstândeauf  den  Ausbruch  gewisser  Typhusfâlle,  den  zeitlich 
und  ràumlich  von  jedem  Typhushcerde  entfernt  und  ohne  nachweisliche  Ein- 
schleppung  entstehenden  Epidemien,  mit  Wahrscheinlich keit  annehmen,  dass  der 
Mensch  selbst  in  seinen  Verdauungs-  oder  Athmungswegen  das  Typhusgift  in 
latentem  Zustande  verschleppen  kann,  ohne  unmittelbare  Entwicklung,  doch  mit 
Bewahrung  der  Fâhigkeit  desselben,  nach  geraumer  Zeit,  unter  dem  Ëinfluss  depri- 
mirender  Bedingungen  sich  zu  vermehren  und  weiter  zu  verbreiten  ; 

€,  Die  Nahrungsmittély  als  éventuelle  Tràger  der  Keime,  jedoch  ohne  dass 
genûgende  Beweise  vorlàgen,  dass  die  Keime  innert  derselben  sich  vermehren  kôn- 
nen.  Dieser  Weg  der  Uebertragung  ist  nur  fur  die  Milch  erwiesen,  welche  in  dem 
Falle  dieselbe  Rolle  wie  das  Wasser  spielt  und  vielleicht  nur  durch  ihren  Wasser- 
gehalt  dazu  befâhigt  ist. 

Das  Wesen  der  dem  Genuss  verdorbenen  Fleisches  zugeschriebenen  Typhusepi- 
demien  bleibt  streitig. 

3.  Empfjînglichkeit.  —  Fur  Abdominaltyphus  besteht  eine  complexe  und 
positive  Empfjinglichkeit,  nicht  eine  einfache  und  négative,  wie  fur  Variola.  Die 
Bedingungen  derselben  sind  : 

1<*  Noch  nicht  von  Typhus  befallen  gewesen  zu  sein  ; 

2^  Das  Alter  von  16  bis  40  Jahren  (die  grôsste  Hâufigkeit  fâllt  auf  20  bis 
25  Jahre)  doch  ohne  absoluten  Ausschluss  niederen  oder  hôheren  Alters  ; 

3<>  Mangelnde  Ange^  Ohnung  an  typhogene  Verhàltnisse  ; 

4°  Der  Ëinfluss  der  Verunreinigung  von  Luft,  Boden  und  Wasser,  wie  sie  durch 
die  gewôhnlichen  Verhàltnisse  der  Menschenansammlungen  hervorgebracht  wird  : 
fauliger  Boden  und  dessen  Ausdûnstungen,  durch  Cloakenstoffe  verunreinigtes 
Trinkwasser,  durch  thierische  Producte  septisch  gewordene  Luft,  in  Folge  des 
Zusammenlebens,  der  Anhâufung,  des  Einstrômens  von  Fàcalgasen  in  die  Woh- 
nungen,  der  innem  und  âusseren  Unreinlichkeit  der  Hàuser  ; 


PROGRAMME.  23 

ques,  pour  an  certain  nombre  desquelles  la  nature  parasitaire  est  démontrée.  £n 
tant  que  spécifique,  elle  n'est  jamais  ni  spontanée,  ni  engendrée  de  Taction  banale 
des  agents  extérieurs.  Il  est  rationnel  de  la  compter  au  nombre  des  maladies 
parasitaires;  mais  on  ne  saurait,  actuellement,  regarder  le  fait  comme  complète- 
ment acquis,  en  présence  des  divergences  des  expérimentateurs  sur  le  type  du 
paraaite  supposé,  —  de  l'incertitude  des  résultats  cliniques  obtenus  par  l'inocula- 
tion aux  animaux,  —  et  surtout  des  doutes  légitimes  qui  régnent  chez  les  médecins 
à  l'égard  de  l'aptitude  à  la  fièvre  typhoïde  des  espèces  animales  autres  que 
l'homme. 

2.  Milieux  naturels.  —  Les  milieux  de  conservation  et,  éventuellement,  de 
reproduction  de  l'agent  typhogènc  sont  : 

a.  Le  soly  dans  de  certaines  conditions  de  structure,  d'humectation  et  de  satu- 
ration infectieuse;  mais  plutôt  à  la  surface  que  dans  la  profondeur;  de  telle  sorte 
que  le  sol  puisse  être  remplacé  par  un  support  de  toute  autre  nature  et  n'est  pas 
un  lieu  de  passage  nécessaire  de  .l'agent  pathogène; 

b.  L'eau;  mais  probablement  pendant  peu  de  temps  et  à  la  condition  d'un  cer- 
tain degré  de  souillure  organique; 

c.  Vair,  comme  le  prouvent  les  faits  de  contagion  directe  (cas  intérieurs)  et 
comme  on  peut  l'induire  de  cette  notion  :  que  l'air  des  rues  renferme  plus  de 
microbes  que  l'air  des  champs,  et  l'air  des  habitations  plus  que  celui  des  rues. 
Mais,  les  produits  pathologiques  de  la  fièvre  typhoïde  quittant  le  malade  à  l'état 
humide  ne  sont  complètement  aptes  à  infecter  Tair  qu'après  le  temps  nécessaire  à 
leur  dessiccation  et  leur  pulvérulence.  L'air  n'agit,  en  effet,  spécifiquement,  que 
comme  véhicule  de  corpuscules  infectieux  déterminés  et  non  par  les  émanations 
dont  il  peut  être  pénétré,  gaz,  vapeurs,  odeurs,  lors  même  que  ces  émanations 
proviendraient  de  latrines  ou  d'égouts; 

d.  L'homme  et  les  objets  à  son  usage,  au  moins  à  titre  de  surfaces  indifférentes 
et  de  réceptacles  pareils  à  ceux  que  l'on  sait  recueillir  les  germes  de  la  variole  ou 
d'autres  maladies  spécifiques.  —  En  outre,  la  marche  d'un  grand  nombre  d'épidé- 
mies, que  l'on  voit  débuter  par  des  embarras  gastriques  et  des  diarrhées,  —  l'in- 
fluence décisive  de  circonstances  extérieures,  banales,  sur  l'éclosion  de  certains  cas 
de  fièvre  typhoïde;  les  épidémies  nées  à  distance,  dans  le  temps  et  dans  l'espace, 
de  tout  foyer,  et  sans  importation  apparente,  portent  à  croire  que  l'homme  lui- 
même  peut  véhiculer,  dans  ses  voies  digestives  ou  respiratoires,  l'agent  typhogène 
à  l'état  latent,  sans  développement  immédiat,  mais  conservant  l'aptitude  à  se 
multiplier  et  à  devenir  envahissant,  après  un  temps  assez  long  ;  sous  l'infiuence 
de  conditions  déprimantes; 

e.  Les  aliments,  en  tant  que  supports  éventuels,  mais  sans  que  rien  prouve 
suffisamment  qu'ils  puissent  être  un  milieu  de  multiplication.  La  véhiculation  n'est 
démontrée  que  pour  le  lait,  qui,  dans  ce  cas,  joue  le  même  rôle  que  l'eau  et  n'agit 
peut-être  que  par  l'eau.  La  nature  des  épidémies  typhoïdes,  attribuée  à  l'usage 
de  viandes  altérées  reste  discutable. 

3.  Réceptivité.  —  La  réceptivité  pour  la  fièvre  typhoïde  est  complexe  et 
positive,  au  lieu  d'être  simple  et  négative  comme  la  réceptivité  pour  la  variole. 
—  Elle  est  constituée  par  : 

1*  L'absence  d'atteinte  antérieure; 

2?  L'âge  de  16  à  40  ans  (la  plus  grande  fréquence  est  entre  20  et  25  ans),  sans 
exclusivisme  rigoureux; 

3®  La  non-accoutumance  aux  milieux  typhpgènes. 

4**  L'influence  bancUe  de  la  souillure  des  milieux,  telle  qu'elle  résulte  des  condi- 
tions ordinaires  de  la  vie  des  groupes  : 

Sol  putride  avec  ses  exhalaisons. 

Eau  de  boisson  imprégnée  d'immondices, 

Air  animalisé,  septique,  de  la  vie  en  commun,  de  l'encombrement,  des  habita- 
tions assaillies  par  les  émanations  fécales,  des  locaux  malpropres  au  dedans  et  à 
la  périphérie: 

5*»  Les  fatigues,  les  excés^  \q^  passions  tristes; 

6*  L'usage  d'aliments  putrides. 

Les  circonstances  précisées  dans  les  trois  derniers  numéros  peuvent  se  résumer 
sons  le  titre  de  Conditions  dépressives.  Celles  du  4**  ont  une  telle  importance  qu'il 
faut  leur  reconnaître  une  adaptation  spéciale.  Elles  semblent  parfois  primer 


24  PROGRAMME. 

5^  Anstrengungen,  Ausschweifungen,  deprimirende  Gemûthsaffecte; 

6<^  Genuss  fauliger  Nahrungsstoffe. 

Die  drei  zuletzt  angefûhrten  Rubriken  lassen  sich  unter  dem  Titel  der  <  depres- 
siven  Bedingungen  »  zusammenfassen.  Die  unter  4°  genannten  sind  so  wichtig,  dass 
man  in  ihnen  einc  specielle  Anpassung  erkennen  muss.  Sie  scheinen  sogar  zuweilen 
die  Wirkung  des  typhuserregenden  Agens  zu  ûbertreffen,  so  dass  manche  Epide- 
miologen  sie  in  der  iEtiologie  einfach  an  Stelle  des  letzteren  setzen. 

4.  Ëpidemisches  Vorkommen.  —  Gegenwàrtig  scheint  der  Abdominaltyphos  die 
frûheren  Volkskrankheiten,  Pest,  Flecktyphus,  etc.,  verdrângt  zu  haben.  Er 
herrscht  in  allen  Schichten  der  Bevôlkerung,  auf  dem  Lande  wie  in  den  St&dten, 
an  den  verschiedenartigsten  Orten,  bei  allen  Menschenraçen.  Geographisch 
kommt  er  ûberall  vor.  Die  civilisirte  Menschheit  durchlebt  eben  eine  Période  von 
Oberherrschaft  des  Abdominaltyphus  :  eine  ohne  Daszwischentreten  des  soge- 
nannten  «  genius  epidemicus  »  wohi  erklàrliche  Thatsache. 

B.  Prophylazls. 

5.  Die  pROPHYLAxis  des  Abdominaltyphus  soll  stattfinden  : 
1<*  Vor  dek  Epidemien.  Sie  betrifft  : 

a.  Die  dos  Typhtisgift  herqenden  Medien,  Schutz  des  Bodens  bewohnter  Orte 
gegen  voraussichtliches  Ëindringen  des  Giftes,  durch  allgemeines  Reinhalten  der 
Strassen,  Aufhebung  aller  Fficalstoffbehftlter  innert  des  Hauses,  Drainining  des 
Bodens,  sofortige  Entfernung  der  Auswurfstoffe.  —  Versorgung  der  l&ndlichen 
oder  st&dtischen  Ortschaften  mit  weither  geleitetem  Quellwasser,  wobei  die  Lei- 
tung  das  Wasser  auf  seinem  ganzen  Yerlauf  gegen  jede  Yerunreinigung  schfltzen 
muss.  —  Beim  Bau  der  Hâuser,  namentlich  der  Colectiv-Wohnungen,  ist  auf 
Schutz  derselben  vor  stagnirendem  Luftstaube,  auf  Sicherung  totaler  Luftemeoe- 
rung  zu  achten. 

5.  Die  Bedingungen  der  Empffingîichkeit.  —  Gegen  1®  und  2®  (siehe  oben) 
vermôgen  wir  nichts  ;  was  3*»  betrifft,  darf  die  Acclimatisirung  an  Typhusmiasmen 
nicht  versucht  werden.  Gegen  die  anderen  Bedingungen  bieten  sich  aile  Hûlfsmittel 
der  allgemeinen  Gesundlieitspflege  dar.  Besonders  tinden  dieselben  auf  die  mili- 
tfirischen  und  gewerblichen  Mcnschenanhâufungen  Anwendung,  kônnen  jedoch 
ihren  ganzen  Nutzen  nur  in  den  Handen  einer  àrztlichen  Leitung  der  ôffentlichen 
Gesundheitspflege  entfalten  (beim  Militâr  vertritt  dièse  die  àrztliche  Leitung  des 
Heeressanitfttswesens).  Man  soll  nicht  vergessen  dass  hcutigcn  Tages  das  Tvphus- 
gift  und  die  Typhusempfânglichkeit  fast  ûberall  bestehen,  dièse  Seuche  erfordert 
also  grossartige  Leistungen  der  ôffentlichen  Hygiène. 

2*  Wjehrend  der  Epidemien.  Dièse  Prophylaxis  betrifft  :  c.  Das  Typhusgift.  — 
Man  behandle  es  wie  einen  v  irklichen  Parasiten,  ftberall  wo  dasselbe  vermuthet 
wird.  Allgemeine  und  specielle  Desinficirungs-Massregeln. 

d,  Den  Menschen.  —  Die  Isolirung  der  Erkrankten  ist  nicht  streng  indicirt, 
wftre  aber  sicherer  als  der  freie  Verkehr.  —  Entfernung  der  unzweifelhaft  em- 
pfânglichcn  Individuen.  —  Evacuirung  der  Typhusheerde.  —  Schonung  und  Unter- 
stûtzung  der  aus  solchen  Heerden  gekommcnen  Individuen. 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D'  de  Cérenville,  Ober-Arzt  des 
Kanton's-SpitaFs  in  Lausanne, 


ZWEITE  FRAGE 

Ueher  den  Akoholismus.  D'  A.-L.  Roulet,  Regierungsrath  in 
Neuenburg. 

SCHLUSSSJETZE 

1.  Der  Missbrauch  des  ^thylalcohols,  sowie  der  selbst  m&ssige  Gebrauch  hôherer 


PROGRAMME.  25 

l'action  du  moteur  typhogène,  au  point  que  certains  épidémiologistes  les  substi- 
tuent simplement  à  celui-ci,  dans  Tétiologie. 

4.  Éfidémicitè.  —  La  fièvre  typhoïde,  dans  l'époque  actuelle,  semble  avoir 
remplacé  les  maladies  populaires  d'autrefois,  la  peste,  le  typhus  exanthématique, 
etc.  Elle  règne  sur  toutes  les  classes,  à  la  ville  et  à  la  campagne,  dans  les  loca- 
lités les  plus  diverses,  sur  toutes  les  races  d'hommes.  Géographiquement,  elle  est 
nbiqnitaire.  —  Le  monde  civilisé  traverse,  en  ce  moment,  un  «  règne  »  de  fièvre 
typhoïde.  Le  fait  est  explicable  sans  l'intervention  du  <  génie  épidémique.  » 

B.  Prophylaxie. 

5.  La  PROPETLAxiE  de  la  fièvre  typhoïde  doit  s'adresser  :  1**  Avant  les  ^pio^mies  . 
a.  Aux  milieux  de  conservation  de  l'agent  typhogène.  —  Protéger  le  sol  des  lieux 
habités  contre  la  pénétration  à  prévoir  de  cet  agent  :  par  la  propreté  générale 
des  rues,  la  suppression  des  récipients  de  matières  fécales  dans  la  maison,  le 
drainage  du  sol,  l'évacuation  immédiate  des  matières  excrémentitielles.  —  Appro- 
visionner les  centres  urbains  ou  ruraux  d'eau  de  source,  amenée  de  loin,  par  des 
conduites  qui  l'abritent  sur  tout  son  parcours  contre  toute  souillure.  —  Construire 
les  habitations,  et  particulièrement  les  habitations  collectives  de  façon  à  les  pré- 
server de  la  stagnation  des  poussières  atmosphériques;  leur  assurer  le  renouvelle- 
ment de  l'air  par  grands  déplacements. 

h.  Aux  facteurs  de  la  réceptivité.  —  Nous  ne  pouvons  rien  sur  les  deux  premiers 
(Yoy.  plus  haut);  contre  le  troisième,  on  ne  doit  pas  essayer  l'acclimatement  au 
miasme  typhoïde.  Contre  les  autres,  nous  avons  les  ressources  de  l'hygiène  géné- 
rale. Celles-ci  doivent  être  plus  spécialement  appliquées  aux  groupes  militaires  et 
aux  groupes  industriels.  Elles  n'ont  de  chances  de  l'être  avec  efficacité  qu'entre 
les  mains  d'une  Direction  médicale  de  la  santé  publique,  reproduite  dans  l'ordre 
militaire  par  la  Direction  médicale  de  la  santé  de  l'armée.  Ne  pas  oublier  que  le 
germe  et  la  réceptivité  typhoïdes  sont  aigourd'hui  un  peu  partout;  il  y  a  un  vaste 
effort  à  tenter  en  hygiène  publique. 

2^  Pendant  les  épidémies  ;  c.  A  Vagent  typhogène,  —  Le  traiter  comme  un  para- 
site réel  partout  où  on  le  soupçonne.  Désinfection  générale  et  spéciale. 

d.  A  Vhomme.  —  L'isolement  des  malades  n'est  pas  rigoureusement  indiqué, 
mais  serait  plus  sûr  que  la  libre  pratique.  —  Éloigner  des  malades  les  personnes 
le  plus  sûrement  douées  de  réceptivité.  —  Évacuer  les  foyers.  —  Ménager  et  sou- 
tenir ceux  qui  en  proviennent. 

Orateur  inscrit  :  D'  de  Cérenville,  médecin  en  chef  de  l'Hô- 
pital cantonal  à  Lausanne. 


SECONDE  QUESTION 

Sur  Valcoolisme.  D'  A.-L.  Roulet,  conseiller  d'État  à  Neu- 
chàtel. 

CONCLUSIONS 

1.  L'abus  de  l'alcool  éthylique  ou  l'usage  même  modéré  d'alcools  plus  élevés 


26  PBOORÂMMK. 

Alcohole  der  monoatomischen  Reihe,  besonders  des  Amylalcohols  erzeugt  eîne 
acute  oder  chronische  Yergiftung,  eine  unter  dem  Namen  Alcoholismus  bekannte 
Krankheit. 

Die  individuellen  und  socialen  Wirkungen  des  Alcoholismus  sind  wohl  bekannt; 
es  wftre  jedoch  erwûnscht,  durch  eine  genaue  und  gleichmftssige  Statistik  in  den 
verschiedenen  Culturlândem  folgende  Punkte  festzustellen  : 

a.  Die  allj&hrlich  in  jedem  Lande  verbrauchte  Menge  eines  jeden  gegohrenen 
oder  destillirten  alcoholischen  Getrânkes. 

b.  Die  Qualit&t  dieser  verschiedenen  Getrânke  betreffs  ihres  Alcoholgehaltes, 
das  heisst  die  Yerh&ltnisse  ihres  Inhaltes  an  ^tbylalkohol  und  an  hOheren  Alko- 
holen  der  monoatomischen  Reihe. 

c.  Die  j&hrliche  Statistik  der  dem  Alcoholismus  und  den  durch  ihn  erzeugten 
verschiedenen  Specialkrankheiten  zuffeschriebenen  Todesfalle. 

d.  Die  jâhrliche  Statistik  der  durch  Alcoholismus  verursachten  Falle  von  Geis- 
teskrankheiten. 

e.  Die  jâhrliche  Statistik  der  Yerbrechen  und  Vergehen,  welche  durch  die 
unter  dem  Einfluss  der  acuten  oder  chronischen  Alkoholvergiftuug  beiindlichen 
Individuen  begangen  werden. 

/.  Die  jâhrliche  Statistik  der  Fftlle  von  Befreiung  vom  Militardieust,  welche 
dem  Alcoholismus  zuzuschreiben  sind,  sei  es  dass  derselbe  auf  den  Dienstpflich- 
tigen  unmittelbar  oder  mittelbar  durch  erblichen  Einfluss  gewirkt  habe. 

2.  Es  ist  Pflicht  der  Gesellschaft  die  Geissel  des  Alcoholismus  energisch  zu 
bek&mpfen,  was  sowohl  durch  Einschreiten  des  Staates  als  durch  Einwirkung  der 
Individuen  oder  freier  Yereine  geschehen  muss. 

Yom  Staate  sind  hauptsâchlich  folgende  Mittel  anzuwenden  : 

a.  Steuern  auf  die  Production  und  den  Yerkauf  der  destillirten  Getr&nke,  und 

zwar  um  so  hôhere  Steuern  je  mehr  unrcine  Alkohole  sie  enthalten. 
h.  Hôhere  Gewerbesteuern  fUr  die  Detailh&ndler,  welche  neben  gegohrenen  auch 

destillirte  Getr&nke  verkaufen. 

c,  Strengc  Ueberwachung  sowohl  der  gegohrenen  als  destillirten  dem  Publicum, 
verkauften  Getrânke  und  hohe  Strafen  gegen  den  Yerkauf  verdorbener  oder 
gefâlschter  Getrânke. 

d,  Strenge  Gesètzgebung  betreifs  der  dem  Publicum  geôffneten  Anstalten^  wo 
gegohrene  oder  destillirte  Getrânke  consumirt  \\erden. 

e,  Bestrafung  der  ôifentlichen  Trunkenheit. 

Die  Einwirkung  von  Einzelnen  und  von  Yereinen  wird  sich  besonders  in  folgen- 
den  Richtungen  entfalten  : 

a.  Bildung  von  Gesellschaften  zum  Zweck  der  Bekâmpfung  des  Missbrauchs 
alkoholischer  Getrânke,  sowohl  durch  das  von  den  Mitgliedern  gegebene  persôn- 
liche  Beispiel,  als  durch  Propaganda  zu  Gunsten  der  Mâssigkeit. 

b.  Bildung  von  Spar- Yereinen. 

c.  Bildung  von  Yereinen  zur  Yerschaflfung  von  gesunden  und  wohlfeilen 
Wohnungen,  von  Consumvereinen  zum  Ankauf  der  Xahrungsmittel,  von  Backerei- 
und  Metzgereivereinen,  von  Yolkskiichen  und  Sparherden. 

d.  Ermuthigungen  fur  die  Fabrikation  gesunder,  wohlfciler  und  guter  Getrânke. 

e.  Yerôffentlichung  von  Flugschriften  und  populâren  Buchern,  welche  die 
schâdlichen  Wirkungen  der  alkoholischen  Getrânke  und  die  Yorzûge  der  Mâssig- 
keit hervorheben. 

f.  Einrichtung  von  Anstalten,  welche  die  Schenkwirthschaften  ersetzen  und 
besonders  der  Arbeiterclasse  andere  Zerstreuungen  als  die  der  Kncipe  bieten 
kônnen. 

3.  Jedoch  wird  der  Kampf  gegen  den  Alcoholismus  nur  dann  ernstliche  Erfolge 
haben,  wenn  es  gelingt  jede  andere  Alcoholart  als  den  ^iCthylalcohol  voUstândig 
vom  Handel  auszuschliessen.  Zu  diesem  Zwecke  ist  es  nôthig  : 

a.  Ein  chemisches  Reagens  zu  besitzen,  welches  genau  und  rasch  in  irgend 
einer  alcoholischen  Flûssigkeit  die  darin  enthaltene  Menge  nicht  athylischen 
Alkohols  zu  dosiren  erlaubt. 

b.  Jede  Bereitungsweise  von  Alkohol  zu  verbietcn,  welche  nicht  eine  vollkom- 
mene  Rectificirung  der  erhaltenen  Produkte  sichert. 

Folglich  ist  es  Pflicht  des  Staates  und  der  gegen  den  Alcoholismus  kâmpfenden 
Yereine  die  Erforschung  eines  spedellen  Reagens  fur  die  hôheren  Alcohole  der 


de  la  série  monoatomique,  spécialement  Pusage  de  Palcool  amylique,  détermine 
un  empoisonnement  aigu  on  chronique,  une  maladie  connue  sous  le  nom  d'àkoo- 
lisme. 

Les  effets  individuels  et  sociaux  de  l'alcoolisme  sont  bien  connus;  toutefois  il 
serait  désirable  qu'une  statistique  exacte  et  uniforme  fût  dressée  dans  les  divers 
pays  civilisés,  pour  établir  : 

a.  la  quantité  de  chacune  des  boissons  alcooliques,  fermentées  ou  distillées, 
consommée  annuellement  dans  chaque  pays; 

h.  la  qualité  de  ces  diverses  boissons  au  point  de  vue  alcoolique,  c'est-à-dire  les 
proportions  dans  lesquelles  elles  contiennent  l'alcool  éthylique  et  les  alcools  plus 
,  élevés  de  la  série  monoatomique; 

^  c.  la  statistique  annuelle  des  décès  que  l'on  peut  attribuer  à  l'alcoolisme  et  aux 

I  diverses  maladies  spéciales  dont  il  est  la  cause  ; 

I  d.  la  statistique  annuelle  des  cas  d'aliénation  mentale  causés  par  l'alcoolisme; 

ï  e,  la  statistique  annuelle  des  crimes  et  délits  commis  par  des  individus  sous 

4  l'influence  alcoolique  aiguë  ou  chronique; 

f,  la  statistiqne  annuelle  des  cas  d'exemption  du  service  militaire  que  l'on  peut 
attribuer  à  l'alcoolisme,  agissant  soit  directement  sur  le  jeune  homme  exempté, 
soit  indirectement  par  l'influence  héréditaire. 

2.  La  société  a  le  devoir  de  lutter  énerdquement  contre  le  fléau  de  l'alcoolisme. 
Elle  doit  le  faire  autant  par  l'action  de  l'Etat  que  par  celle  des  individus  et  des 
associations  libres. 

Les  moyens  à  employer  par  l'Etat  sont  essentiellement  les  suivants  : 
a.  impôts  sur  la  fabrication  et  la  vente  des  boissons  distillées,  qui  seront 
d'autant  plus  élevés  que  ces  boissons  contiendront  plus  d'alcools  impurs; 

6.  droits  de  patente  plus  élevés  pour  les  débits  qui  vendront,  à  côté  des  bois- 
sons fermentées,  des  boissons  distillées; 

c.  surveillance  sévère  des  boissons,  tant  fermentées  que  distillées,  qui  sont 
vendues  au  public,  et  pénalités  élevées  frappant  les  vendeurs  de  boissons  altérées 
ou  falsifiées; 

d.  législation  sévère  relative  aux  établissements  ouverts  au  public  pour  la 
consommation  des  boissons  fermentées  ou  distillées  ; 

e.  répression  de  l'ivresse  publique  habituelle  et  volontaire. 
L'action  des  individus  et  des  associations  libres  s'exercera  principalement  dans 

les  directions  suivantes  : 

d.  formation  de  sociétés  ayant  pour  but  de  combattre  l'abus  des  boissons 
alcooliques,  tant  par  l'exemple  donné  par  leurs  membres  que  par  la  propagande 
en  faveur  de  la  tempérance; 

h.  formation  de  sociétés  d'épargne  et  de  prévoyance; 

e.  formation  de  sociétés  ayant  pour  but  de  fournir  des  logements  salubres  et 
à  bon  marché,  de  sociétés  coopératives  pour  l'achat  des  denrées  alimentaires,  de 
boulangeries  et  boucheries  sociales,  de  cuisines  populaires  et  de  fourneaux  écono- 
miques; 

d.  encouragements  pour  la  fabrication  de  boissons  saines,  économiques  et  de 
bonne  qualité; 

e.  puolication  de  brochures  et  ouvrages  populaires  faisant  ressortir  les  funestes 
effets  de  l'abus  des  alcooliques  et  les  avantages  de  la  tempérance; 

f.  organisation  d'institutions  qui  puissent  remplacer  les  débits  de  boissons,  et 
procurer,  spécialement  à  la  classe  ouvrière,  des  délassements  autres  que  ceux  du 
cabaret. 

3.  Toutefois,  la  lutte  contre  l'alcoolisme  n'aboutira  à  des  résultats  sérieux  que 
lorsqu'on  aura  pu  exclure  absolument  du  commerce  tout  alcool  autre  que  l'alcool 
éthylique. 

A  cet  effet  il  est  nécessaire  : 

a.  de  posséder  un  réactif  chimique  qui  nous  permette  de  doser  exactement  et 
rapidement,  dans  un  liquide  alcoolique  quelconque,  la  quantité  d'alcool  non  éthy- 
lique qui  y  est  contenue; 

h.  d'interdire  toute  fabrication  d'alcool  qui  n'assurerait  pas  une  rectification 
parfaite  des  produits  obtenus. 

En  conséquence,  il  est  du  devoir  des  Etats  et  des  sociétés  libres  qui  luttent 
contre  Palcoolisme  d'encourager  la  recherche  d'un  réactif  spécial  pour  les  alcools 


28  PROORAMHE. 

monoatomischen  Reihe  iind  die  Aufsuchung  und  praktische  Anwendung  verroll- 
kommneter  Yerfahren  der  Alkoholfabrikation  auf  jede  Weise  zu  unterstûtzeu. 

(Nota.  Dièse  Schlasssatze  sind  zum  Theil  der  Âbbandlimg  ûber  den  AleoolUmw  in  der  Sehweit 
entnommeii,  welcbe  im  Sept  1881  gemeinscbaftlich  mit  Herm  StaaUrath  Comtesse  derscbwei- 
zerisoben  gemeinnûtzlicben  Gesellscbaft  vorgelegt  wnrde.) 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D'  Challand,  dirigirender  Arzt 
der  Cantonalen  Irrenanstait  Céry  bei  Lausanne. 


DRITTE  FRAGE 

Der  Einfluss  d^s  Mecca-Pilgerzugs  auf  die  Verbreitung  der 
Choiera  in  JEuropa  und  im  besonderen  die  Choiera- Epidémie  von 
1S81.  D'  A.  Proust,  in  Paris,  Mitglied  der  Académie  de  Méde- 
cine und  des  ôflfentlichen  Gesundheits-Collegiura  von  Frankreich. 

SCHLUSSSiETZE 

1.  Der  nach  Mecca  stattfindende  Pilgerzug  hat  einen  offenbaren  Einfluss  auf 
die  Verbreitung  der  Choiera  in  Ëuropa. 

2.  Die  Choiera  entsteht  nicht  spontan  im  Hedjaz,  und  hat  daselbst  nicht  seinen 
ursprûnglichen  Sitz.  Die  Reisenden  Niebuhr  und  Rurkhardt,  welche  Arabien  vor 
dem  1831  erfolgten  Einzug  der  Choiera  besuchten,  beschreiben  die  dort  gewôhnlich 
herrschenden  Krankheiten,  ohne  die  Existenz  der  Choiera  zu  erw&hnen.  Wenn 
das  He4jaz  keinen  ursprûnglichen  Heerd  darstellt  und  die  Choiera  sich  dort  nur 
als  eingeschleppte  Krankheit  zeigt,  bildet  hingegen  Mecca  einen  âusserst  gûnstigen 
Roden  ftir  die  Verstârkung,  Verbreitung  und  Zerstreuung  der  Seuche. 

3.  Die  Gefahr  der  Ëinschleppung  ist  heut  zu  Tage  viel  betrâchtlicher,  seitdom 
die  Segelboote  durch  die  Dampfschifffahrt  ersetzt  worden  sind.  Die  gegen  neue 
Einfâlle  der  Choiera  in  Europa  zu  ergreifenden  Massregeln  wurden  von  der  Con- 
ferenz  zu  Constantinopel  angegeben  und  von  der  Wiener  Conferenz  gebilligt.  Sie 
bezwecken  den  Schutz  Ëuropa's  vor  Ëinschleppung  der  Seuche  durch  die  Schiff- 
fahrt. 

£in  Theil  dieser  Massregeln  geht  der  Abfahrt  der  Pilger  voran  und  besteht 
haupts&chlich  in  der  Anwendung  des  <  Native  passenger  Act  »  in  Indien  :  im 
Augenblicke  der  Abfahrt  ôndet  eine  Inspection  statt,  um  sicher  zu  sein  dass  an 
Rord  weder  UeberfûUung  herrscht,  nocli  Cholerakranke  sich  befinden.  Die  Ver- 
proviantirunff  mit  Wasser  und  Lebensmitteln  muss  ftir  die  Ueberfahrt^genûgend 
sein  und  jeder  Eingeschiffte  muss  eine  gentigende  Summe  besitzen^um  seine 
Redûrfnisse  w&hrend  der  Pilgerreise  zu  bestreiten. 

4.  Wenn  trotz  aller  vor  der  Abreise  ergriflFenen  Vorsichtsmassregeln  und  der  in 
Mecca  angeordneten  hygienischen  V-orschriften  die  Choiera  daselbst  doch  ans- 
bricht,  80  muss  im  Rothen  Meer  ein  ganzes  System  von  Ueberwachungs-  und 
Yertheidigungsmitteln  organisirt  werden,  hauptsâchlich  um  Aegypten  zu  schûtzen, 
welches  man  als  Wall  gegen  die  Ëinschleppung  der  Choiera  in  Ëuropa  betrachten 
kann.  Der  Verkehr  Aegypten's  mit  allen  mediterranen  Staaten  ist  dermassen  ent- 
vrickelt,  dass  der  Durchseuchung  dièses  Landes  die  Ëinschleppung  im  ganzen  Mit- 
telmeerbecken  auf  dem  Fusse  folgen  wûrde,  wie  es  1865  geschah. 

5.  Die  Massregeln  brauchen  nicht  ftir  aile  im  Rothen  Meere  segelnden  Schiffe  die 
gleichen  zu  sein,  man  muss  einen  sehr  bedeutenden  Unterschied  machen  zwischen 
den  grossen  indischen  Postdampfern,  welche  unter  ausgezeichneten  hygienischen 
Yerh&ltnissen,  mit  einem  amtlich  angestellten  Arzte  an  Rord,  in  Suez  anlangen, 


PROGRAMME.  29 

élevés  de  la  série  monoatomique  et  de  favoriser  de  toute  manière  la  recherche  et 
la  mise  à  exécution  de  procédés  perfectionnés  pour  la  fabrication  de  Palcool. 

{Nota.  Ces  oonclasioiis  sont  en  partie  empruntées  ao  mémoire  sur  l'alcoolisme  en  Suisse  que 
j'ai  présenté  avec  M  le  conseiller  d'Etat  Comtesse,  A  la  Société  suisse  d'Utilité  publique  en 
septembre  1881.) 

Orateur  inscrit  :  D'  Challand,  médecin  directeur  de  l'Asile 
de  Céry  près  Lausanne. 


TROISIÈME  QUESTION 

Du  rôle  du  pèlerinage  de  la  Mecque  sur  la  propagation  du  cho- 
léra en  Europe^  et  en  particulier  de  V épidémie  cholérique  de  1881. 
M.  le  D' A.  Proust,  à  Paris,  membre  de  l'Académie  de  médecine 
et  du  Comité  d'hygiène  publique  de  France. 

CONCLUSIONS 

1.  Le  pèlerinage  qui  a  lieu  chaque  année  à  la  Mecque  a  une  influence  évidente 
sur  la  propagation  du  choléra  en  Europe. 

2.  Le  choléra  ne  naît  pas  spontanément  dans  le  Hedjaz,  il  n'y  a  pas  un  foyer 
originel.  Les  voyageurs  Niebuhr,  Rurkhardt,  qui  ont  visité  l'Arabie  avant  l'inva- 
sion de  1831  décrivent  les  maladies  qu'on  y  observe  habituellement  et  n'y  mention- 
nent pas  l'existence  du  choléra.  Mais  si  le  Ue^jaz  n'est  pas  un  foyer  originel,  si  le 
choléra  ne  s'y  montre  que  lorsqu'il  a  été  importé,  la  Mecque  est  un  milieu,  et  un 
milieu  très  favorable  au  renforcement,  à  la  propagation  et  à  la  dissémination  de 
l'épidémie. 

3.  Le  danger  de  l'importation  est  aujourd'hui  beaucoup  plus  considérable, 
depuis  que  la  navigation  à  vapeur  a  remplacé  les  bâtiments  à  voile.  Les  mesures 
à  employer  contre  de  nouvelles  invasions  du  choléra  en  Europe  ont  été  recom- 
mandées par  la  Conférence  de  Constantinople  et  approuvées  par  la  Conférence  de 
Vienne.  Elles  ont  pour  but  de  préserver  l'Europe  contre  le  retour  du  choléra  par 
la  voie  maritime. 

Les  unes  précèdent  le  départ  des  pèlerins,  et  consistent  surtout  dans  l'applica- 
tion dans  l'Inde  du  Native  Passenger  Act;  il  y  a  inspection  au  moment  du  départ 
pour  s'assurer  qu'il  n'y  a  à  bord  ni  encombrement,  ni  aucun  passager  atteint  de 
choléra.  L'approvisionnement  d'eau  et  de  vivres  doit  être  suffisant  pour  le  voyage 
et  tout  individu  embarqué  doit  posséder  une  somme  suffisante  pour  pourvoir  à  ses 
besoins  pendant  le  pèlerinage. 

4.  Si,  malgré  les  précautions  prises  avant  le  départ  et  les  prescriptions  hygiéniques 
exécutées  à  la  Mecque,  le  choléra  s'y  développe,  il  importe  d'organiser  dans  la 
mer  Rouge  tout  un  système  de  surveillance  et  de  défense  ayant  pour  principal 
objectif  la  protection  de  l'Egypte,  considérée  comme  barrière  contre  l'importation 
dn  choléra  en  Europe.  Les  relations  de  ce  pays  avec  tous  les  États  méditerranéens 
sont  telles,  en  effet,  que  si  l'Egypte  était  envahie,  tout  le  bassin  de  la  Méditerra- 
née le  serait  bientôt  comme  en  1865. 

5.  Ces  mesures  ne  doivent  pas  être  les  mêmes  pour  tous  les  bateaux  qui  naviguent 
dans  la  mer  Rouge,  et  on  doit  établir  une  très  grande  différence  entre  les  grands 
paquebots  qui  arrivent  de  l'Inde  à  Suez  dans  d'excellentes  conditions  hygiéniques, 
ayant  un  médecin  commissionné  à  bord;  et  les  navires  à  pèlerins,  qui  sont  dans 
une  situation  tout  opposée. 

Ces  mesures  ne  sauraient  donc  être  préjudiciables  qu'au  trafic  coupable  qui 
exploite  les  malheureux  pèlerins  de  leur  départ  de  Djeddah  jusqu'à  Suez. 


30  PROGRAMME. 

und  den  in  ganz  entgegengesetzten  Yerhàltnissen  befindlichen  Pilgerschiffen. 
Besagte  Masaregeln  kônnten  alto  nur  jeoen  Schiffen  nachtraglich  sein,  welche 
die  un^lOcklichen  Pilger  von  Djeddah  bis  Suez  bringen  und  dabei  meist  auf 
iinredliche  Weiae  ausbeuten. 

6.  Seit  der  Epidémie  von  1865  haben  dieselben  drei  praktische  Proben  bestan- 
den,  welche  jedesmal  von  Erfolg  gekrônt  waren,  nârolich  1872, 1877  nnd  1881. 

Die  Choiera  zeigte  sich  Anfangs  August  1881  in  Aden.  Von  £nde  Septem- 
ber  an  wttthete  sie  in  Mecca,  wo  sie  durch  die  Pilger  von  demselben  Schiffe,  wel- 
ches  die  Seuche  nach  Aden  gebracht,  eingeschleppt  worden  war.  Zuerst  waren  in 
Mecca  nur  einzelne  Choleraf&lle;  als  aber  die  Pilger  fOr  die  Feste  versammelt 
waren,  nahm  die  Seuche  eine  betrâchtliche  Entwicklung.  Nach  einigem  Zôgem  der 
œgyptischen  Regierung  wurde  zu  El  Ouedj  eine  Quarantaine  angeordnet;  Ende 
November  war  das  Lager  fertiggestellt,  mehrere  ankomroenden  Pilger-Zûge 
brachten  die  Choiera  dahin,  und  die  Seuche  erlosch  erst  nach  ungefâhr  einem 
Monat.  Die  Pilger  durften  erst  dann  nach  ihrer  Heimath  zurûckreisen  und  in  den 
H&fen,  wo  sie  landeten,  wurde  kein  Cholerafall  beobachtet.  So  wurde  durch  die 
vom  intemationalen  Gesundheitsrath  in  Alexandria  angeordneten  Massregeln 
der  Fortschritt  der  Seuche  gehemmt  und  Europa  blieb  von  der  Choiera  ver- 
schont. 

7.  Es  lîegt  also  im  Interesse  Europa's  an  dem  im  Rothen  Meer  eingerichteten  Ver- 
theidigungssystem  fest  zu  halten  und  darauf  zu  dringen,  dass  die  Quarantaine  bel 
RQckkehr  der  Pilger  aus  Mecca  in  dem  von  Suez  350  Meilen  entfemten  El  Ouedj 
Rtattfinde.  Dem  intemationalen  Gesundheitsrath  zu  Alexandria,  welcher  aus 
Delegirten  der  verschiedenen  europftischen  Staaten  besteht  und  dessen  Beschlûsse 
denen  einer  von  so  schweren  und  hftufigen  Krisen  betroffenen  und  gegenwartig  von 
Kriegsobersten  beherrschten  Regierung  weitaus  ûberlegen  sind,  muss  von  Europa 
die  nôthige  Autoritât  gesichert  werden. 


VIERTE  FRAGE 

Uéberdie  Mucorinen  :  D'Lichtheim,  Prof,  der  inneren  Medicin 
an  der  Unîversitftt  Bem. 


FUNFTE  FRAGE 

Ueber  das  gdhe  Fieber  in  seinen  Beziéhungen  zur  internatich 
nalen  Hygiène.  D'  Layet,  Prof,  der  Hygiène  an  der  med.  Facul- 
tftt  in  Bordeaux. 

SCHLUSSSJETZE 

1.  Ohne  Europa  unmittelbar  zu  bedrohen,  gehôrt  das  gelbe  Fieber  zu  den  inter- 
nationalen  Seuchen,  welche  in  Folge  der  wachsenden  Yervielfâltigung  der  inter- 
nationalen  Verkehrswege  zu  immer  grôsserer  Yerbreitung  neigen. 

2.  Sowie  die  Choiera  von  Osten  her  Europa  ûberzog,  nachdem  sie  etappenweise 
vorgeschritten  und  der  Reihe  nach  verschiedene  Endemie-Herde  in  Asien  beschla- 
gen,  80  bereitet  sich  das  gelbe  Fieber  vor,  von  Westen  her  nach  Europa  einzudrin- 
gen,  indem  es  successive  an  immer  neuen  Herden  in  America  auftritt  und  die  Gren- 
zen  seines  Einschleppungsgebietes  immer  mehr  erweitert. 

3.  Die  klimatischen,  geographischen  und  Raçen-Bedingungen,  welche  anfânglich 
als  wesentliche  Factoren  fur  das  Auftreten  und  die  progressive  Yerbreitung  des 
gelben  Fiebera  galten,  sind  nicht  mehr  als  solche  zu  betrachten.  So  besitzen  die 


PROGRAMME.  31 

6^  Elles  ont  été,  depuis  Tépidémie  de  1865,  soumises  à  trois  épreuves  pratiques, 
qui,  trois  fois,  ont  été  couronnées  de  succès,  en  1872,  1877,  et  l'an  dernier. 

Au  commencement  d'août  1881,  en  effet,  le  choléra  se  montra  à  Aden.  Dès  la 
fin  de  septembre,  il  se  manifesta  à  la  Mecque  où  il  fut  importé  par  les  pèlerins 
provenant  du  même  navire  qui  avait  communiqué  la  maladie  à  Aden.  Il  n'y  eut 
d'abord  à  la  Mecque  que  quelques  cholériques;  mais  lorsque  les  pèlerins  furent 
rassemblés  au  moment  des  fêtes,  l'épidémie  prit  un  développement  considérable. 
Après  quelques  tergiversations  du  gouvernement  égyptien,  une  quarantaine  fut 
établie  à  £1  Ouec^;  les  campements  y  furent  prêts  vers  la  fin  de  novembre;  cer- 
tains arrivages  y  apportèrent  le  choléra  et  la  maladie  ne  s'y  éteignit  qu'après  un 
mois  environ.  Les  pèlerins  purent  bientôt  partir  pour  leur  destination  définitive  et 
aucnn  cas  de  choléra  ne  fut  constaté  dans  les  ports  où  ils  abordèrent. 

Ainsi,  grâce  aux  mesures  prises  par  le  conseil  international  d'Alexandrie,  l'épi- 
démie fut  arrêtée  et  nous  fûmes  préservés  du  choléra. 

7.  L'Europe  a  donc  intérêt  à  maintenir  le  système  défensif  installé  dans  la  mer 
Bouge,  en  insistant  sur  ce  point,  que  la  quarantaine  des  pèlerins  à  leur  retour  de 
la  Mecque  doit  avoir  lieu  à  El  Ouedj  qui  est  situé  à  350  milles  de  Suez;  elle  doit 
fortifier  le  conseil  sanitaire  international  d'Alexandrie  qui  est  une  commission 
internationale  composée  des  délégués  des  différents  états  de  l'Europe,  et  dont  les 
décisions  sont  bien  supérieures  à  celles  d'un  gouvernement  qui  a  souvent  traversé 
des  crises  redoutables  et  qui  subit  en  ce  moment  le  régime  des  Colonels. 


QUATRIÈME  QUESTION 

Sur  les  Mucorinées  :  D'   Lichtheim,  professeur  de  clinique 
médicale  à  l'Université  de  Berne. 


CINQUIÈME  QUESTION 

La  fièvre  jaune  devant  V hygiène  internationale.   D'  Layet, 
professeur  d'hygiène  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux. 

CONCLUSION 

1.  La  fièvre  jaune,  sans  menacer  immédiatement  l'Europe,  tend,  comme  tout 
fléau  épidémique  international,  à  accroître  son  domaine  avec  la  multiplicité  tou- 
jours plus  grande  des  voies  de  communication  internationales. 

2.  De  méipe  que  le  choléra  a  envahi  l'Europe  par  l'Orient  en  procédant  par 
étapes  et  par  la  création  successive  de  foyers  endémiques  asiatiques;  de  même  la 
fièvre  jaune  prélude  à  l'invasion  de  l'Europe  par  l'Occident,  par  la  création 
successive  de  foyers  endémiques  américains  et  par  une  extension  toujours  crois- 
sante de  ses  limites  d'importation. 

3.  Les  conditions  de  climat,  de  situation  géographique  et  de  race  qui  parais- 
saient être,  au  début,  essentielles  aux  manifestations  de  la  fièvre  jaune  ont  cessé 
d'être  des  facteurs  inéluctables  dans  son  évolution  progressive.  Ainsi  les  latitudes 
élevées,  l'intérieur  des  continents,  les  races  colorées  n'ont  plus  vis-à*vis  de  la 


32  PROGRAMME. 

hohen  Breitengrade,  die  continentalen  Binnenlftnder,  die  farbigen  Menschenraçen 
keine  Immunit&t  mehr  gegen  das  gelbe  Fieber,  wie  man  nach  den  Erfahnmgen 
der  ersten  Zeiten  glaubte  aimehmen  zu  mûssen. 

4.  Das  Fortschreiten  des  gelben  Fiebers  in  America  folgt  den  Hauptverkehn- 
wegen  zu  See  und  Fluss.  Wie  die  Choiera,  sah  man  das  gelbe  Fieber  die  Menschen- 
wanderungen  begleiten,  den  Heeres-  und  Handelstransporten  sich  anschliessen. 

5.  Das  gelbe  Fieber  ist  schon  verschiedentlich  in  Europa  erschienen.  Die 
Seuche  trat  mehrmals  in  den  sûdlichen  Gegenden  dièses  Continents  auf.  Mehrere 
Maie  scheiterte  sie,  so  zu  sagen,  in  den  Lazarethen  der  l&ngs  seiner  atlantischen 
Kttsten  gelegenen  Handels-  und  Kriegshâfen. 

6.  Nichts  berechtigt  zu  der  Behauptung,  das  gelbe  Fieber  kônne  nicht  eines 
Tags  auch  in  Europa  eindringen. 

7.  Die  friihzeitigen  Schutzmassregdn  sind  stets  in  ihren  Erfolgen  wirksamer  und 
in  ihrer  Anwendung  weniger  stôrend,  als  die  spot  ergriffenen  Sehutzmassrtgdn. 

8.  Es  ist  daher  Pflicht  eines  internationalen  Congresses  europ&ischer  Hygie- 
niker,  sich  mit  der  so  wichtigen  Frage  der  Yerbreitung  des  gelben  Fiebers  zu 
beschftftigen,  und  zu  heurtheUeny  ob  nicht  fur  Europa  der  Zeitpunkt  gekomtnen  set 
eine  Vereinbarung  mit  America  zu  treffen,  hehufa  des  Studium^s  und  der  Einrich- 
tung  eines  internationalen  Sanitatsdienstes  zur  speciellen  Verfolgung  der  Fortschritte 
des  gelben  FUbers, 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D'  Formento,  Delegirter  desGe- 
sundheitsraths  des  Staates  Louisiana,  in  Neu-Orleans;  D' Bourru, 
Prof,  der  Hygiène  an  der  Marine  ârztlichen  Schule  in  Rochefort. 


SECHSTE  FRAGE 

Von  der  ifUernationalen  Prophylaxis.  D'DA  Silva  Amado,  Prof, 
der  Hygiène  an  der  Universitat  Lissabon. 

SCHLCSSSiETZE 

1.  Die  Grundlage  jedes  rationellen  Systems  internationaler  Prophylaxis  muss 
auf  der  Schôpfung  einer  Kôperschaft  Ton  internationalen  Sanit&ts&rzten  beruhen. 
Dieselben  sollen  von  ansteckenden  Seuchen  endemisch  heimgesuchten  Ortschaften 
bewohnen  und  sich  an  die  Orte  begeben  wo  sich  eine  Epidémie  derselben  Art 
entwickelt. 

2.  Die  Befugnisse  dieser  Aerzte  werden  sein  : 

a.  Die  betreffenden  Krankheiten  zu  erforschen; 

b.  Den  Regierungen  in  deren  amtlichen  Dienste  sie  stehen  regelm&ssige 
Berichte  zu  erstatten  ; 

c.  Die  Consulen  bei  der  Sanit&tsvisite  zu  unterstûtzen,  welcher  die  Schiffe  im 
Abgangshafen  unterworfen  sein  sollen,  vordem  man  ihnen  das  Gesundheitpatent 
ausliefert. 

3.  Die  Quarantainen,  wie  sie  gegenw&rtig  bestehen,  sind  fur  die  ôffentliche 
Gesundheit  so  ziemlich  nutzlos  und  fur  die  Handelsinteressen  hôchst  nachtheilig, 
denn  die  Zeitdauer  derselben  ist  filr  eine  richtig  angestellte  Desinficirung  zu 
lang,  dagegen  fur  den  Ablauf  der  Incubationsperiode  ansteckender  Seuchen  zu 
kurz. 

4.  Die  yermeintliche  chemische  Desinficirung  des  Reisegep&cks  und  der  Waaren, 
wie  sie  in  den  Lazarethen  geiibt  wird,  ist  in  Wirklichkeit  nur  eine  mehr  oder 
minder  ungenûgende  Ltiftung  zu  nennen. 

5.  Jede  Quarantaine  ftir  Personen  soll  auf  24  Stunden  beschr&nkt  werden,  eine 
genUgende  Zeit  um  die  Reisenden  und  die  Mannschaft  zu  untersuchen  um  sich 
zu  versichern  ob  unter  ihnen  yerd&chtige  Kranke  sind  und  das  Gep&ck  durch 
Erhitzung  zu  desinficiren. 


PROGRAMME.  33 

fièrre  jaune  Pimmunité  que  l'expérience  des  premiers  temps  leur  a  pu  faire 
attribuer. 

4.  En  Amérique,  la  fièyre  jaune  suit  dans  ses  progrès  les  principales  voies  de 
communication  maritimes  et  fluviales.  Comme  le  choléra,  on  l'a  vue  s'attacher  aux 
mouvements  humains,  s'avancer  avec  les  transports  militaires  ou  commerciaux. 

5.  La  fièvre  jaune  a  déjà  fait  diverses  apparitions  en  Europe.  Elle  a  sévi  dans 
les  contrées  méridionales  de  ce  continent;  à  plusieurs  reprises,  elle  est  venue 
s'échouer,  pour  ainsi  dire,  dans  les  lazarets  de  ports  de  commerce  ou  de  guerre 
situés  sur  toute  l'étendue  de  son  littoral  atlantique. 

6.  Rien  ne  peut  autoriser  à  affirmer  que  la  fièvre  jaune  ne  saurait  envahir 
l'Europe  un  jour. 

7.  Les  mesures  de  préservation  anticipée  amènent  toujours  des  résultats  plus 
efficaces,  et  présentent  toigours  un  caractère  moins  vexatoire  que  les  mesures  de 
préservation  tardice, 

8.  C'est  pourquoi  un  Congrès  international  d'hygiénistes  européens  a  le  devoir 
de  s'occuper  d'une  question  aussi  importante  que  celle  de  l'extension  de  la  fièvre 
jaune  et  de  juger  si  le  moment  n*est  pas  venu  pour  VEurope  de  s^entefidre  avec 
PAmériquc  afin  d'étudier  et  d'étciblir  un  service  sanitaire  international  visant 
spécialement  les  progrès  de  ce  fléau  épidémique. 

Orateurs  inscrits  :  D'  Formento,  membre  délégué  du  Board  of 
Health  ofthe  State  ofLouisiana  à  la  Nouvelle-Orléans.  D' BOURRU, 
professeur  d'hygiène  à  l'École  de  médecine  navale  à  Rochefort. 


SIXIÈME  QUESTION 

De  la  prophylaxie  internationale.  D'  da  Silva-Amado,  Prof, 
d'hygiène  à  l'Université  de  Lisbonne. 

CONCLUSIONS 

1.  La  base  de  tout  svstème  rationnel  de  prophylaxie  internationale  doit  s'ap- 
puyer sur  la  création  d'un  corps  de  médecins  sanitaires  internationaux,  résidant 
dans  les  localités  où  il  y  a  des  endémies  pestilentielles,  et  qui  devront  se  porter 
là  où  une  épidémie  de  même  nature  se  développera. 

2.  Ces  médecins  auront  pour  mission  : 
aj  Étudier  ces  maladies. 

b)  Donner  des  avis  uniformes  à  tous  les  gouvernements  dont  ils  seront  les  fonc- 
tionnaires. 

ej  Aider  les  consuls  dans  la  visite  sanitaire  qui  doit  être  faite  aux  navires  dans 
le  port  de  départ,  avant  que  l'on  délivre  la  patente  de  santé. 

3.  Les  quarantaines,  telles  qu'elles  sont  établies  maintenant,  sont  à  peu  près 
inutiles  pour  la  santé  publique  et  très  préjudiciables  aux  intérêts  commerciaux  ; 
car  le  temps  que  dure  la  quarantaine  est  trop  long  pour  une  désinfection  bien 
dirigée,  et  trop  court  pour  l'écoulement  de  la  période  d'incubation  des  maladies 
pestilentielles. 

4.  La  prétendue  désinfection  chimique  des  bagages  et  des  marchandises  qu'on 
pratique  dans  les  lazarets  n'est  en  réalité  qu'une  aération  plus  ou  moins  insuffi- 
sante. 

5.  Toute  quarantaine  pour  les  personnes  doit  être  limitée  à  24  heures,  temps 
suffisant  pour  examiner  les  voyageurs  et  les  équipages,  pour  voir  s'il  y  a  parmi 
eux  des  malades  suspects,  et  pour  désinfecter  les  bagages  par  la  chaleur. 


34  PROORAMME. 


SIKBENTE  FRAGË 


Prophylaxis  der  Pdlagra.  —  D'  J.  Félix,  Prof,  der  Hygiène 
an  der  Universitftt  Bucharest. 


ACHTE  FRAGE 

Die  Crrundsàùse  der  Gesundheits-VerwaUung  in  England,  — 
D'  AcLAND,  Prof,  an  der  Universitat  Oxford. 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D'  Edwin  Chadwick,  emerit. 
Vorstand  des  Gesandheitsraths  von  London. 

Die  iTALiENiscHE  Gesellschaft  for  Hygiène  wird  eine 
Sammlung  von  Documenten  uber  die  Sanitats-Einrichtungen  des 
Kônigreichs  Italien  vorlegen. 


NEUNTE  FRAGE 

VerwaUung  der  ôffentlichen  Gesundheit  in  den  verschiedefien 
Staaten,  Mnrichtung ,  Personal^  Ausgabenj  Vorbereitende  Studie^t, 
Spécial' Aemler .  —  Herr  A.  J.  Martin,  2,  General-Secretâr  der 
Société  de  médecine  publique  in  Paris. 


ZEHNTE  FRAGE 

Uéber  den  umhentUchen  Buhetag  vont  Standpunkt  der  Gemnd- 
heit^ege.  D'  Hjegler  in  Basel. 

SCHLUSSSJSTZE 

1.  Der  menschliche  Organismus  ist  so  eingerichtet,  dass  er  von  sieben  Tagen  je 
einen  zur  Erholung  von  leiblicher  und  geistiger  Arbeit  bedarf. 

Der  wOchentlicbe  Erholungstag  ist  dem  Menschen  um  so  nothwendiger,  je 
anstrengender  oder  je  einfôrmiger  die  Arbeit  nnd  je  mehr  dieselbe  mit  gesand- 
heitsscb&dlichen  Einnûssen  verbunden  ist. 

Der  Mangel  des  wôchentlichen  Ruhetages  schâdigt  auf  mancherlei  Weise 
Gesundheit  und  Arbeitskraft  und  fûhrt  allm&hlig  zu  unheilbarem  Siechthum,  zu 
frûher  Erwerbsunfâhigkeit  und  vorzeitigem  Te  de.  Ausserdem  wird  durch  unaus- 


PROGRAMME.  35 


SEPTIÈME  QUESTION 

Prqphylaocie  de  la  Pellagre.  —  D'  J.  Félix,  professeur  d'hy- 
giène à  l'Université  de  Bucharest. 


HUITIÈME  QUESTION 

Les  principes  de  V administration  sanitaire  en  Angleterre.  — 
D' ACLAND,  professeur  à  l'Université  d'Oxford. 

Orateur  inscrit  :  D'  Edwin  Chadwick,  ancien  président  du 
Bureau  d'hygiène  à  Londres. 

La  Société  italienne  d'hygiène  présentera  un  recueil  de 
documents  sur  les  institutions  sanitaires  en  Italie. 


NEUVIÈME  QUESTION 

Administration  de  la  santé  publique  dans  les  divers  Etats.  Orga- 
nisation^ personnel  ^  budget,  études  préparatoires  y  services  spéciaux. 
—  M.  A.-J.  Martin,  à  Paris,  secrétaire  général  adjoint  de  la 
Société  de  médecine  publique. 


DIXIÈME  QUESTION 

Le  repos  hebdomadaire  au  point  de  vue  hygiénique.  D' H^GLER, 
à  Bâle. 

CONCLUSIONS 

1.  L'homme  est  organisé  de  telle  manière  qu'il  a  besoin  d'un  jour  par  semaine 
pour  se  reposer  du  travail  corporel  et  intellectuel. 

L'absence  de  repos  hebdomadaire  peut  produire  des  désordres  pathologiques  : 
U  dûnination  des  forces,  une  langueur  progressive  et  incurable,  l'incapacité  de 
tzwrail  et  la  mort  prématurée. 

Ce  repos  est  d'autant  plus  nécessaire  à  l'individu  que  le  travail  est  plus  fatigant, 
pins  monotone  et  qu'il  s'accomplit  dans  des  conditions  moins  favorables  à  la  santé. 

Le  travail  continu  a  aussi  pour  effets  :  le  manque  de  sécurité  dans  les  services 


36  PROGRAMME. 

gesetzte  Arbeit  der  Trunksucht  Yorschub  geleistet,  die  ôffentliche  Sicherheit  im 
Yerkehrsdienst  beeintrâchtigt  und  das  Familienleben  gestôrt. 

2.  Damit  der  wôchentliche  Ruhetag  seiner  hygienischen  Bestimmung  entspreche, 
genûgt  es  nicht,  dass  der  Arbeiter  an  irgend  einem  von  sieben  Tagen  seine  Arbeit 
einstelle,  sondern  es  muss  dieser  Erholungstag  so  viel  als  immer  môglich  fur  Aile 
gleichzeitig  und  dadurch  auch  àusserlich  ruhiger  und  stiller  sein  als  andere  Tage. 

Dieser  Tag  muss  wirklich  der  Wiederherstellung  der  verbraucbten  Kraft 
ffewidmet  und  desshalb  Kôrper  und  Geist  anders  beschâftigt  werden  als  w&hrend 
der  Arbeitstage,  in  reinerer  Luft,  reinerer  Kleidung  und  Wohnung.  Als  dem 
gesundheitlichen  Punkte  entgegenwirkend  muse  sowohl  indolente,  stumpfe  Ruhe, 
als  besonders  aucb  der  Missbrauch  alkoholischer  Getrânke  und  jede  Yergeudung 
der  Kr&fte  bei  aufregenden  Lustbarkeiten  vermieden  werden. 

3.  Der  lY.  internationale  Congress  fur  Gesundheitspflege,  abgehalten  in  Genf 
im  September  1882,  empfiehlt  den  Regierungen  und  Verwaltungen,  den  Direc- 
tionen  der  Eisenbabnen,  Posten  und  anderer  ôffentlichen  Yerkehrsanstalten,  den 
Leitem  industrieller  und  commercieller  Unternehmungen  und  Werkstâtten  aufs 
angelegentlichste,  so  viel  als  immer  môglich  allen  von  ihnen  abh&ngigen  Menschen 
in  jeder  Woche  einen  vollen  Tag  der  Ruhe  zu  gewâhren  oder  zu  verschaifen  und 
zur  Erfiillung  seines  gesundheitlichen  Zweckes  nach  den  oben  ausgesprochenen 
Grundsâtzen  beizutragen. 


ZWEITE  SECTION 

ŒFFENTLICHE  HYGIENE,  MILITiER-HYGIENE 

SPITAL-HYGIENE 

PROVISORISCHER  VORSTAND 

Pràsident  :  D»"  Piachaud. 

Vice^Pràsidenten  :    Prof.  D*"  Gosse,    Prof.  D»"  Oscar  Wyss  (Zurich), 

D^  Maunoir. 
Schriftfiihrer  :  D»"  E.  Chenevière,  D"*  A.  Mayor. 

ERSTE  FRAGE 

Desinficirung  der  Krankenzimmer  nach  ansteckenden  Krank- 
heiten.  D'  Valun,  Professer  der  Hygiène  am  Val-de-Grâce,  Re- 
dactor  der  Bevtie  d'hygiène. 

SCHLVSSSiBTZE 

1.  An  jedem  Orte  sollte  durch  Polizeiyerordnungen  die  Desinficinmg  des  Kran— 
kenzimmers  und  der  vom  Kranken  benntzten  Gegenstànde  bei  folgenden  Krank— 
heiten  befohlen  werden  :  Blattem,  Scharlach,  Masem,  Diphtheritis,  Deot3rphii89. 
Flecktyphus,  Choiera,  Kindbettfieber.  Die  Desinficirung  ist  ganz  besonders* 
geboten  in  Gasthôfen,  Logirh&usem  und  ûberhaupt  von  einer  grôsseren  AnzahJ. 
Menschen  gemeinschaftlich  bewohnten  Hâusem. 


PROGRAMME.  .  37 

de  transport,  le  penchant  pour  les  boissons  et  les  excès  alcooliques,  et  la  ruine  de 
la  vie  de  famille. 

2.  Pour  que  le  repos  hebdomadaire  atteigne  son  but  hygiénique,  il  ne  suffit  pas 
que  le  travailleor  suspende  son  travail  un  jour  quelconque  de  la  semaine;  il  faut 
que  le  jour  du  repos  soit  autant  que  possible  le  même  pour  tous,  afin  qu'il  soit  un 
jour  plus  tranquille,  plus  paisible  que  les  autres  jours. 

n  faut  que  ce  jour-là  soit  réellement  employé  à  réparer  les  forces  dépensées,  et 
que  le  corps  et  l'esprit  aient  d'autres  occupations  que  les  jours  ouvrables.  Ce  jour 
doit  se  passer  dans  un  air  plus  pur,  dans  des  habits  et  des  chambres  plus  propres; 
il  faut  éviter  tout  repos  insalubre,  indolent,  apathique,  l'usage  abusif  des  boissons 
alcooliques  et  la  dissipation  des  forces  par  les  divertissements  excitants  et  mal- 
sains. 

3.  En  conséquence,  le  IV"«  Congrès  international  d'Hygiène,  réuni  à  Genève  en 
septembre  1882,  recommande  de  la  manière  la  plus  pressante  aux  gouvernements 
et  aux  administrations,  aux  directions  des  chemins  de  fer,  des  postes  et  des  autres 
services  publics,  aux  sociétés  industrielles  et  commerciales,  aux  chefs  d'atelier, 
d'accorder  ou  de  faire  accorder,  autant  que  possible,  à  tous  ceux  qui  sont  sous 
leur  dépendance,  la  liberté  d'un  jour  de  repos  par  semaine,  et  de  concourir  à  son 
but  hygiénique  d'après  les  principes  ci-dessus  (exprimés. 


DEUXIÈME  SECTION 


HYGIÈNE  PUBLIQUE,  MILITAIRE  ET  HOSPITALIÈRE 


BUREAU  PROVISOIRE 

Président  :  D»  Piachald. 

Vice-Présidents  :   Prof.  D'  Gosse,   Prof.  D»*  Oscar  Wyss  (à   Zurich), 

D>'  Maunoir. 
Secrétaires  :  D'  E.  Chenevière,  D'  A.  Mayor. 

PREMIÈRE  QUESTION 

De  la  désinfection  de  la  chambre  des  malades  à  la  suite  des  affec- 
fms  contagieuses.  D'  Vallin,  à  Paris,  professeur  d'hygiène  au 
Val-de-Grâce,  rédacteur  en  chef  de  la  Revue  d'hygiène. 

CONCLUSIONS 

1.  Dans  toute  localité,  des  règlements  de  police  devraient  assurer  la  désinfection 
^  la  chambre  et  des  objets  contaminés  par  une  personne  atteinte  d'une  des  mala- 
des suivantes  :  variole,  scarlatine,  rougeole,  diphtérie,  fièvre  typhoïde,  typhus 
P^échial,  choléra,  infection  puerpérale.  Cette  désinfection  est  particulièrement 
nécessaire  dans  les  hôtelleries,  les  garnis,  les  maisons  communes  à  un  grand  nom- 
bre de  locataires. 


38  PROGRAMME. 

2.  Bedingungen  dieser  Massregeln  sind  :  Anzeigepflicht  fur  aile  ansteckenden 
Krankheitsf&lle,  Anstellung  von  mit  Ausfûhrung  und  Ueberwachung  derselben 
betraaten  Bearoten,  und  Strafbestimmangen  fur  Unterlassung. 

3.  Die  Yerordnungen  mûssen  kurz  und  genau  abgefasst  und  von  Instructionen 
begleitet  sein,  welche  jedem  Bewobner  eines  Ton  einer  ansteckenden  Krankheit 
heimgesuchten  Hauses  eingeh&ndigt  werden  und  bei  Gefahr  einer  solchen  zur  reich- 
lichen  Vertheilung  koramen  mûssen. 

Dièse  Instructionen  kônnten  folgende  Empfehlungen  enthalten,  welche  ver- 
schieden  sein  werden,  je  nacbdem  der  Kranke  das  Zimmer  noch  bewohnt,  oder 
aber  es  in  Folge  Ton  Heilung,  Ton  Tod  oder  Ton  Wegzug  Terlassen  hat. 

A.  Massregeln  vor  und  wàhrend  der  Krankheit. 

4.  Das  Krankenzimmer  soll  von  der  ûbrigen  Wohnung  getrennt  sein,  ohne  Yer- 
bindung  mit  andem  bewohnten  Zimraern.  Der  Yerschluss  der  Thûren  durch  mit 
desinficirender  LOsung  getrânkte  Gardinen  oder  Vorh&nge  kann  nur  geringe 
Dienste  leisten.  Evacuirung  der  anstossenden  Zimmer  ist  vorzuziehen. 

5.  Vor  oder  bei  Ankunft  des  Krankcn  mûssen  aile  nicht  absolut  nôthigen  Gegen- 
stànde,  welche  leicht  inficirbar  sind,  aus  dem  Zimmer  entfernt  werden,  um  deren 
sp&tere  Desinficirung  oder  Zerstôrung  zu  vermeiden  (Gardinen,  Thûrvorhànge, 
Teppiche,  mit  Stoff  ûberzogene  oder  gepolsterte  Môbel,  Kleiderschrànke,  etc.). 

6.  Die  Zahl  der  Besucher  und  der  Pfleger  ist  auf  das  Minimum  zu  beschrànken. 
Letztere  sollten  stets  ûber  ihrer  Kleidung  eine  Art  Ueberwurf  oder  langen  Schutz- 
rock  aus  leicht  zu  waschendem  Leinen  tragen,  um  ihre  Kleider  vor  jeder  Verun- 
reinigung  zu  bewahren.  Im  Falle  sie  vorûbergehend  das  Zimmer  zu  verlassen 
genôthigt  sind,  mûssen  sie  diesen  Rock  ausziehen  und  ihn  im  Zimmer  zurûck- 
lassen.  Jeder  Besucher  soll  sich  die  H&nde  mit  einer  Thymollôsung  (2  %o)  oder 
einer  âhnlichen  Lôsung  waschen. 

7.  Die  vom  Kranken  benutzte  Kôrper-  und  Bettwâschc,  das  Verbandzeug,  etc., 
muss  sofort  in  ein  im  Krankenzimmer  oder  dessen  Nebenr&umen  stehendes  Becken 
getaucht  werden,  welches  eine  desinficirende  Lôsung  enth&lt,  wofûr  Chlorzink- 
lôsung  (10  Gr.  auf  ein  Liter)  sehr  geeignet  erscheint.  Doch  mûssten  diesem  Salz 
einige  Gramm  unreiner  Carbolsdure  zugesetzt  sein  um  Yergiftungen  vorzubeugen. 
Nach  einigen  Stunden  Eintauchens  wird  die  W&sche  ausgerungen  und  unmittelbar 
zum  Auskochen  geschickt.  Das  Yerbandzeug,  die  8chw&mme,  Instrumente,  Rôh- 
ren,  etc.,  mûssen  auf  gleiche  Weise  desinficirt  werden. 

8.  Die  Entleerungen  der  Kranken  mûssen  in  eigene,  fortwâhrend  bereit  gehal- 
tene  und  mit  einer  gewissen  Menge  desinficirender  Lôsung  gefûllte  Gef&sse  auf- 
genommen  werden  :  2  procentige  Chlorzinklôsung,  5  procentige  Lôsung  von 
Eisenvitriol,  Chlorkalk,  Schwefels&ure  oder  Salzsaure. 

9.  Der  Boden  muss  behufs  tftglicher  Entfernung  des  Staubes  mit  feuchtem  Sande 
bestreut  werden.  In  Krankheiten  mit  Schuppenabschûlferung  (Blattern,  Schar- 
lach)  ist  es  gerathen  den  Boden  fortwâhrend  mit  einer  dûnnen  Schicht  Sand  bedeckt 
zu  halten,  welcher  durch  Beimischung  eines  zugleich  antiseptischen  und  hygrosco- 
pischen  Saizes,  wie  Gblorzink  oder  Calium  chloratum  pyrolignosum,  feuclit  bleibt. 

Der  Kebricbt  soll  alltaglich  im  Krankenzimmer  selbst  verbrannt  werden. 

10.  U&ufiges  Ausklopfen  und  Ausschûtteln  der  Bettdecken  und  Matrazen  ist  zu 
vermeiden.  Es  ist  besser  das  Bettzeug  von  Zeit  zu  Zeit  zu  erneuem  und  jedesmal 
einem  grûndlichen  Reinigungsprocess  zu  unterwerfen.  Die  mit  H&cksel  gefûllten 
Sâcke  leisten  in  solchen  Fàllen  grosse  Dienste,  sie  liefem  ein  gutes  Lager  und  sind 
leicht  zu  Terbrennen,  sobald  sie  verunreinigt  sind. 

11.  Es  ist  vortheilhaft  im  Krankenzimmer  fortw&hrend  ein  lebhaftes  und  helles 
Feuer  zu  unterhalten,  durch  welches  die  Zimmerluft  erneuert  und  theilweîse 
gereinigt,  die  Yerbreitung  der  Miasmen  nach  aussen  verhindert  wird.  Continuir- 
liche  Yentilation  durch  ein  Luftloch  oder  eine  oflfene  Scheibe  im  obersten  Theil 
des  Fensters  wird  die  Reinigung  und  Desinficirung  der  Zimmerluft  begûnstigen. 

12.  In  gewissen  F&llen  ist  es  nûtzlich  gegen  die  Wànde  und  in  die  Luft  des  Zim- 
mers  desinficirende  Flûssigkeit  zu  zerst&uben.  (Thymollôsung  2%o  mit  geringem 
Alcoholzusatz,  1  procentige  Carbollôsung,  etc.). 

13.  Die  Wftnde  sollten  wenigstens  zweimal  wôchentlich  mit  einem  Schwamm 
oder  Tuch,  in  die  gleiche  Lôsung  getaucht,  abgewischt  werden. 


PROGRAMME.  39 

2.  Ces  dispositions  impliquent  la  déclaration  obligatoire  des  cas  de  maladie  con- 
tagieuse, la  création  d'agents  d'exécution  et  de  surveillance,  et  la  sanction  de 
pâalités  en  cas  d'infraction  aux  arrêtés. 

3.  Les  arrêtés  doivent  être  brefs  et  précis.  Ils  doivent  être  accompagnés 
d'instructions  destinées  à  être  mises  avec  prodigalité  entre  les  mains  de  toute 
personne  habitant  une  maison  où  est  survenu  un  cas  de  maladie  contagieuse,  par- 
tout où  il  y  a  un  danger  de  ce  genre  à  éviter  ou  des  mesures  à  prendre. 

Les  instructions  pourraient  contenir  les  recommandations  suivantes,  qui  varient 
selon  que  le  malade  habite  encore  sa  chambre,  ou  selon  qu'il  l'a  quittée  par  gué- 
rison,  mort,  ou  éloignement. 

A.  Mesures  avcmt  et  pendant  la  maladie. 

4.  La  chambre  destinée  au  malade  doit  être  choisie  isolée  de  l'appartement, 
sans  communication  avec  d'autres  chambres  habitées.  L'occlusion  des  issues,  à 
Taide  de  portières  ou  de  rideaux  imprégnés  d'une  solution  désinfectante,  ne  peut 
rendre  que  des  services  restreints;  l'évacuation  des  chambres  voisines  est  une 
mesure  préférable. 

5.  Avant  l'arrivée  du  malade  ou  dès  son  arrivée,  on  doit  éloigner  de  la  chambre 
tous  les  objets  d'une  imprégnation  facile  qui  ne  sont  pas  d'une  absolue  nécessité, 
afin  de  ne  pas  avoir  à  les  désinfecter  ou  à  les  détruire  plus  tard  (rideaux,  por- 
tières, tapis,  meubles  couverts  en  étoffes  et  rembourrés, garde-robe  du  malade,  etc.). 

6.  Il  faut  réduire  au  strict  nécessaire  le  nombre  des  visiteurs  et  des  garde- 
malades;  ces  derniers  devraient  toujours  porter  par-dessus  leurs  vêtements  une 
sorte  de  robe,  houppelande  ou  sarrau  en  toile  facile  à  laver,  afin  de  protéger  leurs 
vêtements  de  toute  souillure  profonde.  Dans  le  cas  où  ils  seraient  forcés  de  quitter 
momentanément  la  chambre,  ils  devraient  quitter  ce  vêtement  et  le  suspendre  à 
l'intérieur.  Tout  visiteur  devrait  s'astreindre  à  se  laver  les  mains  avec  une  solu- 
tion de  thymol  à  2  pour  mille,  ou  autre. 

7.  Le  linge  de  corps  et  de  literie  sali  par  le  malade,  le  linge  de  pansement,  etc., 
doit  être  plongé  immédiatement  dans  un  bassin,  laissé  en  permanence  dans  la  salle 
ou  ses  dépendances,  et  contenant  une  solution  désinfectante  :  le  chlorure  de  zinc, 
à  la  dose  de  10  grammes  par  litre,  convient  très  bien  à  cet  effet;  mais  le. sel  lui- 
même  devrait  être  additionné  de  quelques  grammes  d'acide  phénique  impur,  pour 
écarter  tout  danger  d'empoisonnement.  Après  quelques  heures  d'immersion,  le 
linge  serait  exprimé  et  envoyé  directement  à  la  lessive.  Les  objets  de  pansement 
(éponges,  instruments,  canules,  etc.)  doivent  être  désinfectés  de  la  même  façon. 

8.  Les  déjections  des  malades  doivent  être  reçues  dans  des  vases  contenant  en 
permanence  et  par  avance  une  certaine  quantité  de  liquide  désinfectant  :  solution 
de  chlorure  de  zinc  à  2  pour  cent,  de  sulfate  de  fer,  de  chlorure  de  chaux,  d'acide 
solfurique  ou  chlorhydrique  à  5  pour  cent. 

9.  U  faut  relever  chaque  jour  les  poussières  qui  recouvrent  le  sol  en  y  projetant 
avant  le  balavage  du  sablon  humide  :  dans  les  cas  de  maladie  à  desquamation 
(variole,  scarlatine),  il  est  utile  de  laisser  en  permanence  sur  le  plancher  de  la 
chambre  une  mince  couche  de  sablon  maintenu  humide  par  un  sel  à  la  fois  anti- 
septique et  hygrométrique  comme  le  chlorure  de  zinc  ou  le  chlorure  de  calcium 
pyroligneux. 

Chaque  jour,  les  produits  du  balayage  seront  brûlés  dans  un  foyer  allumé  dans 
la  chambre  même  du  malade. 

10.  L'on  doit  éviter  de  battre  et  de  secouer  fréquemment  les  couvertures  et  les 
matelas  du  malade  ;  il  est  préférable  de  renouveler  la  literie  de  temps  en  temps, 
et  d'en  soumettre  les  pièces  à  une  épuration  sérieuse.  Les  sacs  remplis  de  balle 
d'avoine  rendent  dans  ce  cas  de  grands  services  ;  ils  constituent  un  bon  couchage, 
et  il  est  facile  de  les  détruire  par  le  feu  dès  qu'ils  sont  souillés. 

11.  11  est  avantageux  d'entretenir  en  permanence  dans  la  chambre  des  malades 
un  feu  vif  et  clair,  pour  renouveler  l'air,  empêcher  la  diffusion  des  miasmes  au 
dehors,  et  purifier  en  partie  l'air  souillé  de  l'enceinte  :  une  ventilation  continue 
par  une  ventouse  ou  un  carreau  ouvert  à  la  partie  la  plus  élevée  de  la  chambre 
concourra  à  l'assainissement  et  à  la  désinfection. 

12.  Dans  certains  cas,  il  sera  utile  de  projeter  sur  les  parois  et  dans  l'atmos- 
phère de  la  chambre  un  nuage  d'une  solution  désinfectante  pulvérisée  (solution  de 


40  PROGRAMME, 

14.  Den  Xutzen  und  dieUnschâdlicbkeitgewisserGasentwickelungen  imKranken- 
zimmer,  wie  Sauerstoffgas,  Ozon,  Stickstoffâther  oder  ^thylnitrit,  schweflige 
S&ure,  salpetrige  Sfture,  in  kleinen  fortw&hrend  erneuerten  Mengen  bat  die  Erfab- 
ruDg  nocb  nicbt  genûgend  bewiesen.  Doch  Ifisst  sich  von  diesen  >Iitte1n  scbon  jetzt 
eîn  gewisser  Nutzen  fur  Desinficining  und  Zerstôrung  der  Miasmen  annebmen. 

15.  Im  Todesfalle  muss  die  Leicbe  mit  einer  starken,  5  bis  10  procentigen 
Cblorzinklôsung  gewascben,  das  Leichentucb  mit  derselben  Lôsung  angefeucbtet 
werden.  Die  Leicbe  wird  im  Sarge  mit  stark  carbolisirten  Sflgespftbnen  bedeckt. 
Der  bermetiscb  verscblossene  Sarg  muss  bis  zur  Fortscbaffung  der  Leicbe  in  dem 
Sterbezimmer  bleiben. 

B.  Massregeln  nach  Evincuirung  des  Zimmers, 

16.  Jedes  Zimmer,  welcbes  von  einem  Kranken  bewobnt  war,  der  an  einer  der 
oben  genannten  Krankheiten  litt,  muss  der  Desinficirung  unterworfen  werden. 

17.  Die  practiscbste  und  wirksamste  Metbode  der  Desinficirung  bestebt  in  Râu- 
cherung. 

18.  Eine  sebr  m&cbtige  Desinficirung  crzielt  man  durcb  rascbe  Entwicklung 
grosser  Mengen  von  Untersalpetersâure  (Kupferspàbne  300,  Salpetersâure 
1500  Gr.,  Wasser  2  Liter,  fttr  50  Cubikmeter  Raum).  Doch  ist  dies  Mittel  fur 
Personen  und  Gegenstftnde  gefiibrlicb  und  kann  nur  in  vollstfindig  ausgeleerten 
Ràumen  und  in  scbweren  Infectionsfflllen  gebraucbt  werden. 

19.  Langsame  und  lang  fortgesetzte  Entwickelung  von  Stickstoffoxyden  und 
salpetriger  S&ure  mit  Hûlfe  der  Krystalle  der  Bleikammern  (Scbwelelsaures  Nitro- 
syl)  scheint  sebr  vortbeilbaft,  docb  muss  weitere  Erfabrung  den  Nachweis  ibres 
ifutzens  und  ibrer  Unscbadlicbkeit  liefern. 

20.  Gegenwfirtig  ist  nocb  die  schweflige  S&ure  das  practiscbste,  zuverl&ssigste, 
wohlfeilste  und  fur  das  Mobiliar  unscb&dlicbste  Desinfectionsmittel  fur  Wohnun- 
gen.  In  die  feuchte  Luft  des  woblverscblossenen  Zimmers  werden  die  Verbren- 
nungsproducte  von  30  Gr.  Scbwefel  auf  1  Cubikmeter  Raum  entwickelt;  in  24  Stun- 
den  ist  die  Procedur  beendigt. 

21.  Nach  dieser  Rfiucberung  mûssen  nackte  Wfinde  abgekratzt  und  mit  einfa- 
chem  Kalkwasser,  obne  Zusatz  von  Kreide  oder  Leim  geweisst  werden.  Die  Fir- 
nisse  werden  mit  Chlorkalklôsung  gewascben,  Tapeten  wo  môglicb  vollstttndig  ab- 
gerissen  und  ersetzt. 

22.  Die  meisten  Woll-  und  Seidenstoffe  ertragen  obne  erbeblicbe  Sch^digung  die 
Rftucberungen  mit  schwefliger  Sàure  von  obiger  Concentration,  welcbe  einem 
Gebalt  von  1  Volumen  Sâure  auf  50  Volumina  Luft  entspricht. 

23.  Derartige  Stoflfe  und  Gewebe  (Vorbânge,  Kleidungs8tUcke,Teppicbe)  mûssen 
in  dem  Zimmer  so  aufgeb&ngt  werden,  dass  die  S&ure  leichten  Zutritt  bat.  Die 
Matrazen  und  Decken  werden  auf  BOcken  oder  Stdhlen  ausgebreitet,  die  Matra- 
zen  dabei  soviel  wie  môglicb  aufgezupft,  ibr  Inbalt  an  Wolle  und  Rosshaar  ge- 
bôrig  erôffnet  und  gelockert. 

24.  Gef&rbte  Leinen-  und  Baumwollstoffe,  sowiegewissescblechtgef&rbteSeiden- 
und  Wollstoflfe  kônnen  durcb  die  schweflige  Sâure  leiden;  von  solchen  Stoffén 
mâche  man  nicbt  zu  dicbte  Pftcke  und  trage  sie  in  ein  Tuch  geschlagcn  fort,  um  aie 
erhitzter  Luft  zu  110**  C.  auszusetzen. 

25.  Zablreicbe  Versuche  baben  gezeigt,  dass  dièse  wôbrend  2  Stunden  fortge- 
setzte Erbitzung,  sowie  namentlich  Dampf  zu  100®  C.  die  Stoffe  nicbt  beschftdigt 
und  die  Krankbeitskeime  fast  aile  tôdtet.  Die  Sporcn  allein  widersteben  einer 
Temperatur  von  130'*,  sowie  einer  sebr  concentrirten  schwefligen  Sâure. 

26.  In  allen  grôsseren  St&dten  sollten  stehende  Heizrâume  oder  Desinficirungs- 
anstalten  eingerichtet  werden,  wie  deren  mehrore  in  Paris,  London,  Brûssel 
bestebcn.  Einstweilen  liessen  sich  fast  fiberall  tragbare  Apparate  scbnell  ber- 
ricbten,  nach  dem  erfindungsreichen  Muster,  welcbes  in  Marseille  benutzt  wird 
und  mit  dessen  Hûlfe  die  Gesundbeitsbeamten  in  den  Wobnungen  sebst  aile  ver- 
d&chtigen  Gegenst  nde  desinficiren. 

27.  Die  Matrazen,  welche  sehr  bâufig  der  Sammelbeerd  gefàbrlicber  Contagion 
sind,  mûssen  vor  dem  gewôbnlichen  Auskâmmen  und  der  zu  meist  geûbten  nur 
illusorischen  Reinigung,  dem  Dampfe  oder  trocken  erhitzter  Luft  (zu  100®  C.)  aus- 
gesetzt  werden. 


PROORAMME.  41 

thymol  légèrement  alcoolisée,  à  2  pour  mille;  d'acide  phénique,  à  1  pour  cent,  etc.). 
18.  Les  murailles  devraient,  au  moins  deux  fois  par  semaine,  être  essuyées  avec 
une  éponge  ou  un  linge  humecté  de  la  même  solution. 

14.  L'expérience  n'a  pas  encore  démontré  suffisamment  l'efficacité  et  l'innocuité 
du  dégagement,  dans  la  chambre  occupée  par  le  malade,  du  gaz  oxygène,  de 
l'oaone,  de  Péther  azoteux  ou  azotite  d'éthyle,  de  l'acide  sulfureux  et  de  l'acide 
azoteux  à  doses  faibles  et  continues.  Toutefois  ces  moyens  paraissent  dès  à  présent 
capables  de  rendre  des  services  au  point  de  vue  de  la  désinfection  et  de  la  destruc- 
tion des  miasmes. 

15.  £n  cas  de  décès,  le  cadavre  doit  être  lavé  avec  une  solution  forte  de  chlo- 
rure de  zinc  (5  à  10  pour  cent),  et  enveloppé  dans  un  drap  humecté  avec  le  même 
liquide.  Le  corps  sera  recouvert  de  sciure  de  bois  fortement  phéniquée,  et  le  cer- 
cueil hermétiquement  fermé  devra  rester  dans  la  chambre  où  s'est  terminée  la 
maladie,  jusqu'au  moment  de  la  levée  du  corps. 

B.  Mesures  à  prendre  quand  la  chambre  est  évacuée. 

16.  Toute  chambre  qui  a  été  occupée  par  un  malade  atteint  d'une  des  affections 
énnmérées  ci-dessus  doit  être  soumise  à  la  désinfection. 

17.  Les  fumigations  constituent  la  méthode  de  désinfection  la  plus  pratique  et 
la  plus  efficace. 

18.  Le  dégagement  rapide  de  grandes  quantités  d'acide  hypoazotique  (tournure 
de  enivre,  300  grammes,  acide  azotique,  1,500  grammes,  eau,  2  litres,  pour  50  mètres 
cubes)  est  un  moyen  très  puissant, mais  dangereux  pour  les  personnes  et  les  objets; 
il  ne  peut  être  employé  que  dans  les  locaux  complètement  nus  et  en  cas  de  souil- 
lure profonde. 

19.  Le  dégagement  lent  et  prolongé  d'oxydes  nitreux  et  d'acide  azoteux  pro- 
prement dit,  à  l'aide  des  cristaux  des  chambres  de  plomb  (sulfate  de  nitrosyle), 
parait  avoir  de  grands  avantages,  mais  une  expérience  plus  longue  est  nécessaire 
pour  donner  la  preuve  de  son  efficacité  et  de  son  innocuité. 

20.  Dans  l'état  actuel,  l'acide  sulfureux  est  encore  le  moyen  le  plus  pratique,  le 
moins  infidèle,  le  moins  offensif  pour  le  mobilier,  le  plus  économique,  pour  obtenir 
la  désinfection  des  appartements  contaminés. 

L'opération  doit  se  faire  en  dégageant  dans  l'air  très  humide  de  la  chambre 
bien  close  le  produit  de  la  combustion  de  30  (trente)  grammes  de  soufre  par  mètre 
cube.  L'opération  est  terminée  au  bout  de  24  heures. 

21.  Après  cette  fumigation,  les  murailles,  si  elles  sont  nues,  devront  être  grat- 
tées et  blanchies  à  l'eau  de  chaux  simple,  sans  addition  de  craie,  ni  de  colle  ;  les 
peintures  seront  lavées  à  l'eau  seconde  ;  les  papiers  de  tenture  seront  autant  que 
possible  arrachés  et  remplacés. 

22.  La  plupart  des  étoffes  de  laine  et  de  soie  supportent  sans  altération  appré- 
ciable les  fumigations  d'acide  sulfureux  faites  à  la  dose  susdite,  qui  porte  le  titre 
de  la  dilution  de  l'acide  dans  l'air  à  1  volume  pour  50. 

23.  Ces  étoffes  et  tissus  (rideaux,  vêtements,  tapis),  doivent  rester  suspendus 
dans  la  chambre,  de  manière  à  rendre  facile  l'accès  de  l'acide  sulfureux.  Les 
matelas  et  les  couvertures  seront  de  la  même  façon  étalés  sur  des  tréteaux  ou  des 
sièges;  les  matelas  seront  autant  que  possible  défaits,  la  laine  et  le  crin  seront 
largement  ouverts  et  soulevés. 

24.  Les  tissus  teints  de  toile  et  de  coton,  certaines  étoffes  de  soie  et  de  laine 
mal  teintes  pourraient  être  altérées  par  l'acide  sulfureux.  Il  est  alors  nécessaire 
de  faire  de  ces  objets  des  paquets  peu  serrés,  de  les  envelopper  d'une  toile  pour 
les  emporter,  et  de  les  soumettre  à  de  l'air  chauffé  à  -[-110°  C. 

25.  Des  expériences  nombreuses  ont  montré  que  cette  température  continuée 
pendant  2  heures,  et  surtout  que  la  vapeur  à  4- 1^°  ^t  n'altèrent  pas  les  tissus 
et  détruisent  la  presque  totalité  des  germes  morbides.  Les  spores  seules  résistent 
à  la  température  de  4- 130°  comme  aussi  à  l'acide  sulfureux  très  concentré. 

26.  Il  est  désirable  qu'on  introduise  dans  tous  les  grands  centres  de  population 
des  étuves  fixes  ou  des  lazarets  de  désinfection,  comme  il  eu  existe  plusieurs  spé- 
cimens à  Londres,  Berlin,  Bruxelles,  Paris.  En  attendant,  l'on  peut  improviser 
presque  partout  des  étuves  épuratives,  suivant  le  modèle  ingénieux  qui  fonctionne 
à  Marseille,  et  à  l'aide  duquel  les  agents  viennent  à  domicile  désinfecter  tous  les 
objets  suspects. 


42  ÇR(X}BAMMË. 

28.  Der  Inbalt  von  Strohs  icken  muss  durch  das  Feuer  zerstôrt,  die  Ueberiûge 
gekocht  und  gebaucbt  werden. 

29.  Werthlose  oder  allzu  sehr  verunreinigte  Kleider  werden  ebenfalls  ver- 
brannt.  Es  ist  jedoch  fast  immer  vortheilhafter,  weniger  kostspieli;;  und  ebenso 
sicher,  sie  durch  Dampf  und  Hitze  zu  desinficiren. 

30.  Die  Beamten  mQssen  aich  dberzeugen,  dass  kein  inficirter  Geg^nstand  oder 
Kleidungsstûck  versteckt,  resp.  der  Desinficirung  entzogen  worden  ist. 

31.  Fikr  Kleider  und  andere  Gegenstftnde,  welche  zu  Desinôcirungszwecken  ser- 
stôrt  werden  mussten,  kônnen  die  Besitzer  entschlidigt  werden. 

32.  Das  desinficirte  Zimmer  musa  wenigstens  acht  Tage  lang  unbewobnt,  wàh- 
rend  dieser  Zeit  mûssen  die  Fenster  Tag  und  Nacbt  geôffnet  bleiben. 

33.  Die  Aborte  der  Wohnungen  mûssen  desinficirt  werden,  in  die  Abtrittsr6hre 
wird  eine  concentrirte  ËisenvitrioUdsung  (10%),  oder  noch  besser,  schwerer 
Steinkohlentbeer  (5-25  Lit.  fOr  eine  Grube  mittlerer  Grosse)  geworfen.  Der  Abtritta- 
raum  wird  ebenso,  wie  der  Nachttisch,  durch  Verbrennen  einer  gewissen  Menge 
Schwefel  desinficirt. 

34.  Uni  die  Ansffthrung  dieser  Massregeln  zu  sicbern,  sollten  in  den  Polizei- 
wachtposten  Ablagen  der  nôthigsten  Desinfectionsmittel  bestehen,  welche  Unbe- 
mittelten  im  Nothfall  unentgeltlich  verabreicht  wttrden. 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D'  V.  Fatio  in  Genf. 


ZWEITE  FRAGE 

Veberpersanliche  Desinficirung.  D' Sonderegger  in  St.  Gai 
len,  Vice-Prâsident  der  eidgen.  Sauitftts-Commission. 

f 

DRITTE  FRAGE 

Ueber  Leichenverbrennung .  D'  G.  PiNi  in  Mailand,  Berichter- 
statter  der  vom  3 .  internationalen  Congress  fttr  Hygiène  ernann- 
ten  Commission. 


VIERTE  FRAGE 

Von  der  Wahl  des  Bodens  fur  Begràbnissflàtze.  D'  GossE, 
Prof,  der  gerichtlichen  Medicin  an  der  Universitât  Genf. 


PROGRAMME.  43 

27.  Les  matelas,  qui  sont  très  souvent  le  réceptacle  de  contages  dangereux,  doi- 
vent être  traités  soit  par  la  vapeur,  soit  par  l'air  chaud  et  sec  à  -f-110,  avant 
d'être  soumis  au  cardage  banal  et  à  l'épuration  illusoire  dont  on  se  contente  trop 
souvent. 

28.  Le  contenu  des  paillasses  doit  être  détruit  par  le  feu,  les  enveloppes  doivent 
être  lessivées  à  l'eau  bouillante. 

29.  Les  vêtements  sans  valeur  ou  trop  profondément  souillés  seront  également 
détruits  par  le  feu  ;  mais  il  est  presque  toujours  plut  avantageux,  plus  économique 
et  presque  aussi  sûr  de  les  exposer  à  la  vapeur  ou  à  la  chaleur. 

30.  Les  agents  devront  s'assurer  qu'aucun  objet  ou  vêtement  contaminé  n'a  été 
caché  ou  soustrait  à  la  désinfection. 

3L  Des  indemnités  pourront  être  accordées  aux  personnes  dont  les  vêtements 
ou  d'autres  objets  auront  dû  être  détruits  en  vue  de  la  désinfection. 

32.  La  chambre  désinfectée  devra  être  laissée  inoccupée  pendant  8  jours  au 
moins  ;  les  fenêtres  en  seront  tenues  ouvertes  nuit  et  jour  pendant  ce  temps. 

33.  Les  latrines  de  l'appartement  devront  être  désinfectées  par  la  projection  à 
travers  le  tuyau  de  chute  d'une  solution  concentrée  de  sulfate  de  fer  (5  kil.  pour 
50  kil.  d'eau),  ou  mieux  de  5  à  25  litres  d'huile  lourde  de  houille,  pour  une  fosse 
de  moyenne  dimension. 

Les  cabinets  des  latrines,  ainsi  que  les  tables  de  nuit,  seront  désinfectés  en  y 
faisant  brûler  une  certaine  quantité  de  soufre. 

34.  Pour  assurer  la  désinfection,  il  serait  désirable  qu'il  y  eût  dans  les  postes 
de  police  des  dépôts  de  désinfectants  les  plus  nécessaires,  lesquels  pourraient  être 
tlélivrés  gratuitement  aux  indigents  en  cas  d'urgence. 

Orateur  inscrit  :  M.  V.  Fatio,  à  Genève,  docteur  es  sciences. 


DEUXIÈME  QUESTION 

De  la  désinfection  des  personnes.  D'  Sonderegger,  à  Saint- 
Gall,  Président  de  la  Commission  médicale  suisse. 

TROISIÈME  QUESTION 

De  la  crémation.  D'  G.  PiNi,  à  Milan,  Rapporteur  de  la  Com- 
mission internationale  nommée  par  le  3™*  Congrès  international 
d'hygiène. 

QU.\TRIÈME  QUESTION 

Du  choix  d'un  terrain  pour  un  cimetière.  D"^  Gosse,  prof,  de 
médecine  légale  à  l'Université  de  Genève. 


44  PROGRAMME. 


FUNFTE  FRAGE 

Medicinisch'Statistische  Studien  ûhei-  die  SterblichJceit  in  den 
Armeen.  D'  G.  Sormani,  Prof.  d.  Hyg.  an  d.  Univers.  Pavia. 

SCHLU8SSATZE 

Die  Nachforschungen  ttber  die  Sterblichkeit  und  die  Todes-Ursachen  in  den 
europâischen  Armeen  ergeben  folgendes  Résultat  : 

1.  Die  Kurye  der  Sterblichkeit  der  Armeen  folgt  mit  einem  gewissen  Parai  le- 
lismus  derjenigen  der  Bevôlkerung  desselben  Landes  im  allgemeinen. 

2.  Die  Sterblichkeit  beim  Milit&r  muss  geringer  sein,  wie  diejenige  der  m&nn- 
lichen  Bevôlkerung  gleichen  Alters.  Das  Gegentheil  muss  als  eine  anormale 
Thatsache  betrachtet  werden  und  verlangt  die  Anwendung  energischer  Mass- 
regeln. 

3.  Die  Militftr-Behôrden  sind  verpflichtet  aile  von  der  Hygiène  empfohlenen 
Massregeln  anzunehmen  und  vorzuschreiben,  um  das  Leben  und  die  Gesundheit 
der  dem  Heere  angehôrigen  M&nner  zu  schtttzen. 

4.  Die  mit  Ordnung  und  Wahrheitsliebe  verfasste  ftrztliche  Statistik  der 
Armeen  muss  die  ârztlichen  und  Verwaltungsbehôrden  ûber  die  im  Interesse  der 
milit&rischen  und  ôffentlichen  GesundbeitspSege  anzuwendenden  Massregeln  auf- 
kl&ren.  Richtig  verstanden  wird  dieselbe  Statistik  auch  dazu  dienen  den  flin- 
fluss  und  die  Wirkungen  der  angewendeten  Massregeln,  sowie  den  Grad  ihrer 
Nûtzlichkeit  festzustellen. 

5.  Sobald  eine  Statistik  der  Ërkrankungen  und  der  Todesursachen  einem  hygie- 
nischen  Zweck  dienen  soll,  mûssen  die  Thatsachen  mit  Hûlfe  eines  œtiologischen 
Critériums  gesammelt  werden.  Es  wttrde  sehr  ntttzlich  sein,  wenn  die  Gesundheits- 
Statistiken  aller  Armeen  dieselbe  Classificirung  auf  setiologischer  Grundlage 
befolgten. 

6.  Die  in  diesen  letzten  Jahren  verôffentlicbten  Gesundheits-Statistiken  hatten 
zuerst  das  Verdienst  die  Aufmerksamkeit  der  Gesetzgeber  auf  die  ausserordent- 
liche  Sterblichkeit  der  Armeen  zu  lenken.  In  Folge  dieser  Thatsachen  wurden 
Massregeln  ergriffen,  welche  bereits  die  Sterblichkeit  vermindert  haben. 

7.  Die  neuesten  Statistiken  zeigen  folgende  Krankheiten  als  die  in  den  ver- 
schiedenen  Armeen  vorherrschenden  : 

a.  In  der  italienischen  Armée  die  acuten  und  chronischen  Krankheiten  der  Ath- 
mungsorgane,  die  Tuberculose;  sodann  Abdominaltyphus,  Maseru,  Malaria,  Fieber 
und  Malariacachexie,  und  die  Krankheiten  der  chylopoëtischen  Organe. 

5.  In  der  franzôsischen  Armée  zuerst  Abdominaltyphus,  dann  tuberculose  Lun- 
genschwindsucht  und  die  acuten  Krankheiten  der  Athmungsorgane. 

c.  In  der  oesterreichischen  Armée  zuerst  die  acuten  Krankheiten  der  Athmungs- 
organe, dann  die  chronischen  Ërkrankungen  derselben  Organe,  die  tuberculose 
Lungenschwindsucht,  der  Abdominaltyphus  und  endlich  die  Blattern  und  der 
Selbstmord. 

d.  In  der  cnglischen  Armée  zuerst  scrophulôse  und  tuberculose  Krankheiten, 
die  Krankheiten  der  Athmungsorgane  und  des  Herzens;  sodann  die  Leiden  der 
Harn-Organe  und  die  Verungliickungen. 

e.  In  der  deutschen  Armée  erreichen  die  Todesfàlle  durch  Selbstmord  und  Ver- 
ungliickung  eine  verhâltnissmftssig  grôssere  Zahl  wie  in  den  anderen  Armeen, 
aber  Tod(;sfâlle  durch  Krankheiten  sind  in  der  preussischen  Armée  weniger 
hàufig  wie  in  allen  anderen. 

8.  Verwaltung  und  Militàràrzte  mûssen  immer  vor  Allem  eine  Verminderung  der 
Krankheiten  erstreben,  welche  die  meisten  Todesfàlle  verursachen.  Es  ist  keine 
Utopie  anzunehmen,  dass  manche  Todesursachen,  wie  Scrophulôse,  Blattern, 
Masern,  Scharlachfieber,  Malariainfection,  Scorbut,  Alcoolismus,  Syphilis  u.  s.  w., 
gônzlich  oder  fast  gànzlich  aus  den  Armeen  verschwinden  kônnen. 


PROGRAMME.  45 


CINQUIÈME  QUESTION 

Études  de  statistique  médicale  sur  la  mortalité  dans  les  armées. 
D' J.  SORMANI,  prof,  d'hygiène  à  l'Université  de  Pavie. 

CONCLUSIONS 

D'après  les  recherches  sur  la  mortalité  et  sur  les  causes  de  décès  dans  les 
armées  européennes  on  peut  conclure  que  : 

1.  La  courbe  de  la  mortalité  dans  les  armées  suit  avec  un  certain  parallélisme, 
la  courbe  de  la  mortalité  générale  de  la  population  du  même  pays. 

2.  La  mortalité  chez  les  militaires  doit  être  inférieure  à  la  mortalité  de  la 
population  mâle  aux  âges  correspondants.  Lorsque  la  première  est  supérieure  ou 
égale  à  la  seconde,  cela  doit  être  considéré  comme  un  fait  anormal,  qui  exige 
Tadoption  de  mesures  urgentes. 

3.  Les  autorités  militaires  ont  le  devoir  d'adopter  et  de  prescrire  toutes  les 
mesures  conseillées  par  l'hygiène,  afin  de  protéger  et  de  sauvegarder  la  santé  et 
la  vie  des  hommes  inscrits  à  Peffectif  des  armées. 

4.  La  statistique  médicale  des  armées,  rédigée  avec  ordre  et  vérité,  doit  servir 
à  éclairer  les  autorités  médicales  et  administratives  sur  les  mesures  d'hygiène 
militaire  et  d'hygiène  publique  qu'il  convient  d'adopter.  Cette  même  statistique, 
justement  interprétée,  est  aussi  utile  pour  contrôler  l'influence  des  mesures  adop- 
tées, et  pour  en  constater  les  effets  et  le  degré  d'utilité. 

5.  Lorsqu'une  statistique  de  la  morbidité  et  des  causes  de  décès  doit  servir  dans 
un  but  hygiénique,  ses  éléments  doivent  être  recueillis  avec  un  critérium  étiologl- 
que.  n  serait  très  utile  que  toutes  les  statistiques  sanitaires  des  armées  suivissent 
la  même  classification  des  maladies  basée  sur  l'étiologie. 

6.  Les  statistiques  sanitaires  des  armées  dressées  pendant  ces  dernières  années 
ont  eu  les  premières  le  mérite  d'attirer  l'attention  des  législateurs  sur  l'excessive 
mortalité  des  armées.  C'est  sous  l'impression  des  faits  qu'elles  ont  révélés,  qu'ont 
été  adoptées  des  mesures  qui  ont  diminué  le  contingent  de  la  mortalité. 

7.  Les  statistiques  récentes  démontrent  que  les  maladies  qui  prédominent 
dans  chaque  armée  sont  les  suivantes  : 

a)  Dans  l'armée  italienne  les  maladies  aiguës  et  chroniques  des  organes  de  la 
respiration,  et  la  tuberculose  ;  ensuite  la  fièvre  typhoïde,  la  rougeole,  les  fièvres 
et  la  cachexie  paludéenne,  les  maladies  des  organes  chilopoïetiques. 

h)  Dans  l'armée  française,  en  premier  lieu  la  fièvre  typhoïde,  puis  la  phthisie 
tuberculeuse  et  les  maladies  aiguës  des  organes  de  la  respiration. 

c)  Dans  l'armée  autrichienne,  les  maladies  aiguës  des  organes  respiratoires, 
ensuite,  les  maladies  chroniques  des  mêmes  organes,  la  phthisie  tuberculeuse,  la 
fièvre  typhoïde  ;  enfin  la  variole  et  le  suicide. 

d)  Dans  l'armée  anglaise  les  maladies  scrofuleuses  et  tuberculeuses;  puis  les 
maladies  des  organes  de  la  respiration  et  les  maladies  de  cœur  ;  les  affections  des 
organes  uropoïétiques  et  les  décès  par  suite  d'accidents. 

e)  Dans  l'armée  allemande,  les  décès  par  suite  d'accidents  et  par  suicides  ont 
des  chiffres  élevés  comparativement  à  la  mortalité  des  autres  armées.  Mais  les 
décès  par  maladies  sont  moins  fréquents  dans  l'armée  prussienne,  que  dans  toute 
autre  armée. 

8.  L'administration  et  les  médecins  militaires  doivent  toujours  chercher  à  obte- 
nir avant  tout  une  diminution  des  maladies  qui  causent  le  plus  grand  nombre  de 
décès  dans  une  armée.  —  Ce  n'est  pas  une  utopie  de  croire  que  maintes  causes 
de  décès,  comme  les  manifestations  de  la  scrofule,  la  variole,  la  rougeole,  la  scar- 
latine, les  infections  paludéennes,  le  scorbut,  l'alcoolisme,  la  syphilis,  etc.,  peuvent 
entièrement  ou  presque  entièrement  disparaître  des  armées. 

Messieurs  les  membres  du  Congrès  qui  font  partie  des  armées  européennes  sont 
priés  de  bien  vouloir  communiquer  à  la  section,  quelles  sont  les  mesures  adoptées 


46  PROGRAMME. 

Die  Mitglieder  des  Congresses,  welche  zu  europâischen  Armeen  gehôren,  sind 
gebeten  der  Section  die  von  ihren  respectiven  Regieningen  zum  Schutze  der 
Gesundheit  der  Truppen  und  Verminderung  der  Heeres-Sterblichkeit  angenomme- 
nen  Massregeln  gûtigst  mitzutbeilen. 

SECHSTE  FRAGE 

Die  Folgen  der  fehlerhaftm  Fussbekleidung  undxhre  BeMmpfung. 
Oberst  D'  Ziegler,  in  Bern,  Oberfeldarzt  der  Armée. 

SCHLUSSSJETZE 

1.  Die  gewôhnlicben  Schuhe  und  Stiefel,  sowobl  paarig  als  unpaarig,  entspre- 
chen  dem  Bau  des  Fusses  nicht. 

2.  Das  Tragen  dieser  Fussbekleidungen  erzeugt  nothwendig  und  direkt  eine 
falscbe  Zehenstellung;  indirekt  erzeugt  oder  begûnstigt  es  eine  Menge  Gebrechen, 
welcbe  dem  Menschen  Leiden  bereiten  und  seine  pbysiscbe  Leistnng^f&higkeit 
herabsetzen. 

3.  Dièse  Gebrecben  Termindern  jàbrlich  die  Zabi  der  diensttauglichen  Rekm- 
ten  um  5  bis  6  %. 

4.  Dieser  Uebelstand  kann  nur  durcb  eine  naturgemàsse  Pflege  und  Bekleidung 
des  Fusses  vom  Tragen  der  ersten  Fussbekleidung  an  beseitigt  werden. 

6.  Die  Grundbedingung  einer  naturgem&ssen  Fusspflege  bildet,  ausser  der 
Stftrkung  der  FOsse  durcb  kaltes  Waschen,  eine  Fussbekleidung,  welche  die 
natûrliche  Form  des  Fusses  erh&lt  statt  sie  zu  beeintr&chtigen.  Vom  Strurapf 
muss  das  N&mlicbe  yerlangt  werden. 

6.  Um  einer  naturgem&ssen  Fussbekleidung  an  Stelle  der  fehlerbaften  allge- 
meinen  Eingang  zu  verschaffen,  empfieblt  sich  haupts&chlich  : 

a.  Belehrung  sowobl  des  Publikums  als  der  Scbubmacher  ûber  die  Wirkongen 
der  gewôbnlicben  Fussbekleidungen  und  ûber  die  Kennzeicben  des  natnrgemftssen 
oder  rationellen  Scbubwerks. 

h.  Spezialunterweisung  der  Scbubmacher  hierûber  und  zwar  zonftchst  der  Mili- 
t&rscbubmacher. 

c.  Einfflbrung  Ton  rationellem  Schuhwerk  in  allen  Anstalten,  in  welchen  das- 
selbe  durcb  den  Staat,  die  Gemeinden  oder  sonst  aus  ôffentlicben  MitteUi  geliefert 
wird  (Armée,  Waisenb&user,  Erziehungs-,  Versorgungs-  und  Strafanstalten,  etc.)- 

d,  Moralische  und  finanzielle  Unterstûtzung  der  Schubgesch&fte  weldie  dem 
Publikum  wirklicb  rationelles  Schuhwerk  liefem;  Zwang  der  ûbrigen  durch  die 
Konkurrenz,  den  gleichen  Weg  einzuschlagen. 

Zur  Discussion  angetneidet  :  D' J.  Reverdin,  Professor  an  der 
Universitftt  Geuf. 

SIEBENTE  FRAGE 

Die  See-Sanatoria  fur  scrophulose  und  radiUische   Kinder. 
D»  Abmaingaud,  Professor  an  der  medicinischen  Facultat  in  Bor- 

*■ 

SVHLL'SSSATZS 

■5iJ?!^i'^l"'''''.1°'^.J^^.'  '''^''  Qpfef '»  a»en  Lândern  der  Erde,  bildet 
»tap|tadom  «ne  der  twnnœten  Geissein  der  Menschheit.  Die  ZerstSrung  dièses 

■■ft^.  ifflr' .""!®  4"  ïf^hhiMswUrdiesten  Fragen  fOr  die  Hyrieniker 
l»btlie«t6  eu  m  der  Heilkuncfe  fesJsteUder  âiz,  dass  lângeres  Weilen 


I 


■(A£.k.. 


PROGRAMME.  47 

par  leurs  Gouvernements  respectifs  pour  protéger  la  santé  des  troupes,  et  pour 
diminuer  la  mortalité  dans  les  armées. 


SIXIÈME  QUESTION 

Les  effets  de  la  chaussure  vicieuse  et  les  moyens  de  les  prévenir. 
Colonel  D'  Ziegler,  à  Berne,  médecin  en  chef  de  l'armée  fédé- 
rale. 

CONCLUSIONS 

1.  Les  chaussures  ordinaires,  soit  paires,  soit  impaires,  sont  construites  contrai- 
rement à  l'architecture  du  pied  humain. 

2.  L'usage  de  ces  chaussures  engendre  nécessairement  et  directement  le  dépla- 
cement des  orteils  ;  indirectement,  il  engendre  ou  favorise  une  quantité  d'infirmités 
qui  troublent  le  bien-être  de  Phomme  et  dégradent  sa  valeur  phvsique. 

3.  Ces  infirmités  sont  la  cause  d'un  déchet  annuel  de  5  à  6  >  sur  le  recrute- 
ment. 

4.  Pour  obvier  à  ces  inconvénients,  l'hygiène  des  pieds  doit  être  observée  dès  le 
port  de  la  première  chaussure  de  l'enfant. 

5.  La  base  de  toute  hygiène  rationnelle  du  pied,  c'est,  outre  Pusage  de  l'eau 
froide  pour  laver  et  fortifier  les  pieds,  une  chaussure  qui  conserve  la  forme  natu- 
relle du  pied  au  lieu  de  la  dégrader.  Le  bas  doit  remplir  la  même  condition. 

6.  Pour  remplacer  dans  l'usage  général  la  chaussure  vicieuse  par  la  chaussure 
rationnelle,  les  moyens  suivants  serviront  le  plus  utilement  : 

aj  Instruction,  tant  du  public  que  des  cordonniers,  sur  les  effets  de  la  chaus- 
sure ordinaire  et  sur  les  signes  distinctifs  d'une  chaussure  hygiénique  ou  ration- 
nelle. 

h)  Enseignement  spécial  des  cordonniers  à  ce  sujet,  en  commençant  par  les 
cordonniers  militaires. 

cj  Introduction  de  la  chaussure  rationnelle  dans  tous  les  établissements  chaussés 
par  l'État,  les  communes  ou  des  fonds  publics  (armée,  orphelinats,  pensionnats, 
hospices,  pénitenciers,  etc.). 

dj  Encouragement  moral  et  financier  des  établissements  de  cordonnerie  qui 
fournissent  au  public  de  bonnes  chaussures  rationnelles  ;  contrainte  des  autres, 
par  la  concurrence,  à  suivre  la  même  voie. 

Oraimr  inscrit  :  D'  J.  Reverdin,  professeur  à  l'Université  de 
Genève. 


SEPTIÈME  QUESTION 

Les  sanatoria  maritimes  pour  les  enfants  scroftdeux  et  rachitiques. 
D'  Armaingaud,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine  de 
Bordeaux . 

CONCLUSIONS 

1.  Par  le  noml)re  immense  des  victimes  qu'elle  fait  dans  toutes  les  régions  du 
globe,  la  scroful?  est  un  des  plus  grands  fléaux  qui  affligent  rhumanité  ;  en  consé- 

Suence,  la  destruction  do  cette  maladie  est  une  des  questions  les  plus  dignes  de 
xer  Inattention  des  hygiénistes. 


48  PROGRAMME. 

arn  Meeresstrande  und  der  Gebrauch  der  Seebâder  von  so  mâchtiger  Wirkung  çegen 
die  Entwicklung  der  Serophulosis  siiid.  dass  durch  allgemeine  Anwendung  aieses 
Mittels  die  scrophulosen  Leiden  und  deren  Folgen  in  grossartigem  Massstaabe  sich 
vermindern  unu  die  Kraft  und  Gesundheit  der  Bevoikerungen  erheblich  gesteigerl 
wUrden. 

3.  Die  Seebad-Heiianslaiton,  welche  seit  einipen  Jahren  in  verschiedenen  Làn- 
dern  Europa's  gegriindot  wurden,  sind  znr  Erreichung  dièses  Zweckes  noch  ganz 
ungcnUgend. 

4.  In  Folge  dièses  Mis<^verhàltnisses  zwischen  deni  erstrebten  Ziele  und  den 
gegenwârtig  dazu  verwendbaren  Mittein  niuss  ailes  aufgebotpn  werden,  um  die  in 
den  sclion  heslehenden  Anstalten  erreichten  Erfolge,  sowohi  als  die  Sicherheit  und 
Einfachheit  dieser  Heilniethode  l)ekannt  zu  inachen  und  dern  allgenieinen  Publicnm 
die  Nothwendigkeit  der  Vennehrung  der  Soebadanstalten  zu  tieweisen.  Réfèrent 
fordert  also  die  Mitglieder  des  (longresses  anf,  die  Millel  zu  berathen  durch  welche 
am  Beslen  die  offenlliche  Moinnng  auf  dièse  Frage  gelenkt.  die  slaatliche  und  Pri- 
vatwohlthatitrkeit  f(ir  diesen  Zweck  begeistert  W(»rden  ddrfte. 

o.  Folgenue  Punkle  werden  der  Aufinerksanikeil  und  deui  Xachdenken  der  Hygie- 
niker  speciell  enipfolden  : 

a.  Mit  wolchen  Milteln  liisst  sich  eine  genaue  oder  weeigstens  genUgende  Statistik 
der  Serophulosis  in  Pezug  auf  Morbidilat,  Sterblichkeit  und  geographische  Ver- 
theilung,  aussprdem  fOr  iodes  Land  eine  vergleichende  Statistik  nacn  Gegenden. 
Pro\inzen  und  kleinertn  Bezirken  erlangen?  Hier  wird  besonders  appellirt  an  die 
.Erzte  und  Gesundheitscollegien  der  von  Serophulosis  ain  Meisten  geplagten  Gegen- 
den  undStâdtebehufsErlangung  von  Docuinenten  Uber  die  speciellen  wirthschaft- 
lichen,  socialen,  gewerblichen  etc.  Ursachen,  w^elche  in  den  oetreffenden  Grlen  die 
aussergewohniiche  llîlufigkeit  der  Serophulosis  erkiàren  ktinnen. 

h.  Die  Anzeigen  und  Gegenanzeigen  der  inaritiinen  Behandlung  sind  noch  nicht 
mil  genilgender  Scharfe  erforscht,  einige  der  bekannten  Gegenanzeigen  noch  nicht 
genUgend  von  den  praktisclien  Arzten  berQcksichtigt.   Man  niuss  unter  den  Scro- 

Ehelleiden  solche  unterscheiden,  welche  zngleich'  die  (]ur  durch  Seeluft  und  See- 
àder,  und  solche  welche  nur  Seeluft  ohne  Bâder  brauchen.  Man  muss  die  verschie- 
denen Zonen  der  euro|)iiis(!hen  Ktlsten,  in  Betreff  ihrer  verschiedenartigen  Einwir- 
kung  auf  gleichartige  Scrophel leiden  vergleichen,  speciell  die  Stitionen  erforschen 
welche  soibst  scrophulosen  SchwindsUchtigen  zu  untersagen  sind,  ebenso  die- 
jenigen  welche  als  Sanatoria  fUr  Schwindsdchtige,  wie  fdr  Scrophulflse,  sel  es 
nur  als  Sonnneraufenthalt,  sei  es  aïs  Winterstationen.  oder  ftlr  das  ganze  Jahr  Ver- 
wendung  tinden  konnen. 

6.  Einer  der  wicbtigsten  Punkte  wiire  der  Vergleich  des  italienischen  Systems 
(Aufenthalt  von  sechs  Wochen  bis  hdchstens  drei  Monaten)  mit  dem  franzô- 
sisiîhen  (ein  oder  niehrere  Jahre).  Die  statistischen  Daten  der  betreffenden  Anstalten 
waren  hierzu  nothwendig. 

7.  Uui  das  Werk  der  See-Sanatoria  zu  ergânzen  und  um  Récidive,  sowie  die 
Wiederkehr  der  in  Tuberculosis  umgewandelten  Diathese  im  Jtinglingsalter  zu  ver- 
meiden,  ist  es  wichtig  nach  der  Heilung  der  Kinder  nur  so  wenige  als  mOglich  den 
stadiischen  und  gowerblichpn  Centren  zurilckzugoben  und  den  practischten  Mittein 
nachzuforschen,  um  die  gnisstmoglichste  Anzahl  dieser  Kinder  den  lândlichen  und 
marilimen  Berufsarten  zuzuwenden. 

Zur  Discussion  angemddet  :  D'  G.  PiNi,  Arzt  der  Anstalt  fur 
Rachitische  in  Mailand,  D'  D'Espine,  Professer  der  Pathologie 
an  der  Universitât  Genf. 


ACHTE  FRAGE 

Ueher  SpUnl-Baracken.  D'  G.  Julliard,  Prof,  der  chirurgi 
schen  Klinik  an  der  Universit&t  Genf. 


PROOBAMME.  49 

S.  Il  est  auioard'hui  acquis  à  la  science  smitaire  que  le  séjour  prolongé  des  bords 
de  la  mer,  et  rasage  des  eaux  chlorurées  sodiques  constituent  des  moyens  curatifs 
el  préventifs  d*une  efficacité  si  puissante  contre  la  scrofule,  que,  s*ils  étaient  mis  à  la 
portée  da  plus  grand  nombre,  on  verrait  diminuer  dans  de  telles  proportions  les 
manifestations  diverses  de  cette  maladie,  et  celles  dont  elle  peut  être'  considérée 
comme  le  générateur,  que  la  validité  physique  des  populations  en  serait  accrue. 

3.  Les  établissements  maritimes  qui  ont  été  créés  depuis  quelques  années  dans 
plusieurs  pays  d'Europe  sont  insuffisants  pour  répondre  au  but  k  atteindre. 

4.  En  présence  de  cette  disproportion  entre  le  but  poursuivi  et  les  moyens  actuel- 
ieroent  mis  en  (euvn%  rien  ne  doit  être  négligé  poui'  faire  connaître  les  résultats 
obtenus  dans  les  établissements  qui  fonctionnent  déjà,  la  sûreté  et  la  simplicité  des 
moyens  à  employer,  et  la  nécessité  de  multiplier  les  sanatoria  maritimes.  En  consé- 
quence, le  rapporteur  appelle  les  réflexions  des  membres  du  Congrès  sur  les  meil- 
lears  moyens  de  susciter  un  mouvement  d'opinion  et  de  stimuler  la  bienfaisance 
pobliaue'et  particulière. 

5.  il  attire  leur  attention  en  vue  des  discussions  du  Congrès  : 

a.  Sur  les  moyens  d'obtenir  une  statistique  exacte  ou  suffisamment  approximative 
de  la  scrofule  (mortalité  et  morbidité),  avec  sa  distribution  gé  (graphique,  et.  pour 
chaque  pays,  une  statistique  comparative  suivant  les  régions,  les  provinces,  les  cir- 
conscriptions plus  limitées.  Il  est  fait  spécialement  appel  aux  médecins  et  aux  mem- 
bres des  conseils  d'hygiène  des  pays  les  plus  chargés  de  scrofule,  pour  obtenir  des 
doconients  relatifs  aux  causes  spéciales,  soit  d'ordre  économique  et  social,  soit 
d'ordres  mésologique  et  professionnel,  qui  peuvent  expliquer  dans  ces  localités  la 
fréquence  excessive  de  la  maladie. 

6.  L'étude  des  indications  et  contre-indications  du  traitement  marin  n'a  pas  encore 
été  faite  avec  une  précision  suffisante  ;  quelques-unes  des  contre -indications  déjà 
établies  ne  sont  pas  asvsez  connues  des  médecins  praticiens.  Il  y  a  lieu  de  distinguer 
les  manifestations  scrofuleuses  qui  demandent  à  la  fois  l'aérothérapie  et  l'hydrothé- 
rapie marines,  de  celles  qui  ne  comportent  aue  l'atmosphère  maritime,  à  l'exclusion 
da  bain  ;  de  comparer  les  différentes  zones  uu  littoral  européen  au  point  de  vue  des 
différences  d'action  sur  les  accidents  scrofuleux  de  même  forme,  d'indiquer  des  sta- 
tions qui  doivent  être  interdites  aux  phtisiques,  même  scrofuleux,  de  celles  qui 
peavent  être  utilisées  comme  sanatoria  pour  les  phtisiques,  comme  pour  les  scro- 
roleox,  soit  comme  résidences  d'été  seulement,  soit  pour  l'hiver  exclusivement,  soit 
comme  résidence  permanente. 

6.  La  comparaison  du  système  italien  (séjour  restreint  de  six  semaines  à  trois  mois 
aa  maximum)  au  système  français  (d'un  an  à  plusieurs  années)  serait  un  des  points 
les  plas  utiles  à  traiter.  Il  est  fait  appel  aux  documents  statistiques  italiens  qui  per- 
mettraient de  comparer,  dans  leurs  détails,  les  deux  modus  factendi. 

7.  Il  importe,  après  la  guérison  des  enfants,  pour  compléter  l'œuvre  des  sanatoria 
maritimes  et  pour  éviter  les  récidives  ainsi  que  le  retour  de  la  diathèse  transformée 
en  tuberculose  à  l'époque  de  l'adolescence,  de  ne  rendre  au  milieu  urbain  et  indus- 
triel que  le  plus  petit  nombre  possible  de  ses  jeunes  victimes,  et  de  rechercher  les 
moyens  pratiques  d'en  déverser  le  plus  grand  nombre  dans  les  professions  maritimes 
ou  agricoles. 

Orateurs  inscrits  :  D'  G.  PiNi,  médecin  de  l'Institut  des  rachi- 
tiques  de  Milan,  D'  D'Espinë,  professeur  de  pathologie  interne  à 
la  Faculté  de  médecine  de  Genève. 


HUITIÈME  QUESTION 

Baraquements  hospitaliers.   D'  G.  JuLLLiRD,  professeur  de 
clinique  chirurgicale  à  l'Université  de  Genève. 

4 


50  PBOORAMMii*. 


NEUNTE  FRAGE 

Uéber  Infectianen  im  Spital  und  zumal  in  Kinderspitàlem . 
D'  Oscar  Wyss,  Prof,  der  Hygiène  an  der  Universitat  Zurich. 

8CHLU8SSÀTZ 

In  Kinderspit&lern  ist  eine  môglichst  weitgehende  strenge  Isolirung  aller  mit 
anstcckenden  Krankheiten  Behafteten  aDzustreben,  sofem  man  solche  Anstaltea 
nicht  in  den  Misscredit  von  Seucheheerden  bringen  will. 


ZEHNTE  FRAGE 

Ptophylaxis  der  Diphtheritis.  D'  H.  Henrot,  Professor  in 
Reims. 

SCHLUSSSiETZE 

1.  Die  Sterblichkeit  durch  Dipbteritis  nimmt  in  Frankreicb  und  in  mebreren 
Gegenden  Europa's  in  erschreckender  Weise  zu. 

2.  Es  bestebt  ein  wissenschaftliches  Mittel  die  Ansteckung  durcb  die  Athem- 
wege  fur  Infectionskrankheiten  und  besonders  Diphtberitis  zu  verhindem,  n&mlich 
durch  den  Respirator  von  antiseptischer  Watte.  Dieser  h&lt  am  Eingang  von 
Mund  und  Nase  die  Contagiumselemente  auf,  indem  er  die  Luft  reinigt  und  filtrirt, 
sowie  der  Kohlcnfilter  das  Wasser.  Es  ist  Pflicht  des  Arztes  den  Gebrauch  dièses 
Schutzapparates  den  Scbûlern,  Wàrtern  und  andem  Personen  zu  befehlen,  welche 
durcb  ibre  Berufspflichten  gezwungen  sind  an  seiner  Statt  auf  einein  so  gefâbr- 
lichen  Posten,  wie  zum  Beispiel  in  einem  durch  Diphtheritis  inficirten  Krankensaal 
zu  Terbleiben. 

3.  Die  Diphtheritis  ist  nur  desshalb  in  den  letzten  Jabren  so  verbeerend  aufge- 
treten,  weil  man  sie  unvollst&ndig  bebandelt  und  die  bàufig  wiederholten  antisep- 
tischen  Bepinselungen,  haupts&cnlich  wegen  der  Gefahr  dieser  Procedur  fur  den 
Operirenden,  yemachl&ssigt  bat. 

Mit  einem  Schutzapparat,  wie  der  Watterespirator  oder  jcder  andere  dem  glei- 
chen  Zwecke  entsprecbende  Apparat,  erzielt  man  folgende  Vortheile  : 

a.  Die  ôrtliche  Bebandlung  der  Diphtheritis  rûckt  wieder  auf  den  ibr  gebûbren- 
den  ersten  Platz.  Sie  wird  die  Heilung  einer  viel  grôsseren  Anzabl  Patienten 
ermôglicben. 

b.  In  den  Spit&lem  werden  die  Ober&rzte  den  jfiben  Todesfftllen  durch  ûber- 
tragene  Diphtheritis,  welche  so  hftufig  und  so  grausam  das  ftrztlicbe  Personal 
befallen,  ein  Ende  setzen. 

c.  Die  antiseptische  Bebandlung  der  Athemwege  wird  in  der  inneren  Medicin 
einen  ebenso  bedeutenden  Fortschritt  herbeifûhren  wie  der  Lister'scbe  Verband 
in  der  Chirurgie. 


PROORAMME.  51 


NEUVIÈME  QUESTION 

De  Vinfedion  à  Vhopitàl  et  spécialement  dans  les  hôpitaux  d'en- 
fants, D'  Oscar  Wyss,  professeur  d'hygiène  à  l'Université  de 
Zurich. 

CONCLUSION 

Dans  les  hôpitaux  d'enfants,  on  doit  s'efforcer  d'appliquer  l'isolement  rigoureux 
et  dans  la  mesure  la  plus  étendue,  à  tous  les  malades  atteints  d'affection  conta- 
gieuse, afin  de  ne  pas  faire  à  ces  établissements  une  réputation  d'être  des  foyers 
d'épidémie. 


DIXIÈME  QUESTION 
Prophylaxie  de  la  diphtérie.  D'  H.  Henrot,  professeur  à  Reims. 

CONCLUSION 

1.  La  mortalité  par  la  diphtérie  augmente  dans  des  proportions  inquiétantes  en 
France  et  dans  plusieurs  contrées  de  l'Europe. 

2.  Il  existe  un  moyen  scientifique  d'empêcher  la  contagion  des  maladies  infec- 
tieuses, et  particulièrement  de  la  diphtérie  par  les  voies  respiratoires,  c'est  l'emploi 
du  respirateur  à  ouate  antiseptique  ;  celui-ci  arrête  à  l'entrée  des  fosses  nasales 
et  de  la  bouche,  les  éléments  figurés  de  contagion,  en  tamisant  l'air  et  en  le  puri- 
fiant, comme  le  filtre  de  charbon  purifie  l'eau.  Le  médecin  a  le  devoir  d'imposer 
l'usage  d'un  appareil  protecteur,  aux  élèves,  aux  infirmiers  et  aux  autres  personnes 
que,  par  nécessité  de  profession,  il  est  obligé  de  mettre  en  ses  lieu  et  place  à  un 
poste  dangereux,  dans  une  salle  infectée  de  diphtérie,  par  exemple. 

3.  La  diphtérie  n'est  devenue  si  meurtrière  dans  ces  dernières  années  que  parce 
qu'on  la  soigne  mal,  et  qu'on  néglige  les  badigeonnages  antiseptiques  du  pharynx 
souvent  répétés,  à  cause  de  la  gravité  qu'ils  présentent  pour  l'opérateur. 

Avec  un  appareil  protecteur,  le  respirateur  à  ouate  ou  tout  autre  appareil  rem- 
plissant le  même  but  : 

a.  Le  traitement  local  de  la  diphtérie  reprendra  la  place  prépondérante  qu'il 
doit  avoir  ;  il  permettra  la  guérison  d'un  beaucoup  plus  grand  nombre  de  malades. 

b.  Les  chefs  de  service  dans  les  hôpitaux  préviendront  ces  morts  prématurées 
qui  viennent  si  souvent  et  si  cruellement  frapper  le  corps  médical. 

c.  Le  pansement  antiseptique  des  voies  respiratoires  apportera  en  médecine  un 
progrès  aussi  considérable  que  le  pansement  de  Lister  en  chirurgie. 


52  PROGRAMME. 


ELFTE  FRAGE 

Uéber  Krankenwàiierschulen.  D'  Bourne ville  in  Paris,  Re- 
dactor  des  Progrès  médical,  Arzt  am  Hospice  de  Bicêtre. 

Auf  den  Vorschlag  hin,  welchen  wir  die  Ehre  hatten  in  einer  der  Sitzungen  des 
internationalen  Congresses  fur  Gesundheitspflege  in  Turin,  im  Jahre  1880,  vorzu- 
tragen,  wurde  beschlossen  dass  der  n&chste  Congress,  welcher  1882  in  Genf  tagen 
wird,  in  seine  Fragen  ûber  die  Hygiène  der  Krankenhâuser  die  Prûfung  der  Ein- 
richtung  von  KranJcenwàrterschtden  heiderlei  Geschlechts  aufnehmen  soUte. 

Es  handelt  sich  hier  um  in  gewissen  Lândern,  wie  in  der  Schweiz,  schon  langer 
bestehende  Anstalten,  aber  auch  um  solche  jUngeren  Ursprungs  in  anderen 
Lândern,  unter  andern  Frankreich,  Belgien,  Italien.  Es  wâre  also  sehr  intéressant 
die  Einrichtungen  dieser  verschiedenen  Schulen  zu  kennen  und  genaue  Ermitte- 
lungen  ûber  folgendo  Punkte  zu  haben  : 

Geschichte  der  Krankenwàrterschulen.  —  Unterrichts-Programme.  —  Eintritts- 
bedingungen  fur  die  Schtiler.  —  Diplôme.  —  Lehrkràfte.  —  Den  Zôglingen  bewil- 
ligte  Vortheile.  —  Ueber  Krankenwàrter  und  Krankenw&rterinnen.  —  Gehalte 
und  Pensionen.  —  Krankenwàrter  in  der  Stadt,  etc. 

Die  Obliegenheiten  der  Krankenwàrter  und  W&rterinnen  in  Krankenhâusem, 
Versorgungsanstalten  und  Asylen  sind  wichtig  genug  um  die  voile  Aufînerksam- 
keit  der  Congressmitglieder  zu  verdienen.  Sie  sind  nicht  nur  damit  betraut  die 
àrztlichen  Vorschriften  auszufûhren  und  die  augenblickliche  Pflege  zu  besorgen, 
sondern  auch  aile  von  der  Gesundheitslehre  verlangten  Vorschilften  zu  befolgen. 

Wir  sind  ûberzeugt,  dass  die  Discussion  ttber  die  von  allen  Seiten  herbeige- 
brachten  Documente  praktische  Entschlttsse  von  unzweifelhaftem  Nutzen  fur  die 
Krankenhausverwaltungen  anregen  dûrfte. 


DRITTE  SECTION 

BEZIEHUNGEN  DER  GESUNDHEITSPFLEGE 

ZUR  PHYSIK,  CHEMIE,  BAUKUNDE  UND 

INGENIEURWISSENSCHAFT. 

HYGIENE  DER  BERUFSARTEN  UND  GEWERBE. 

PROVISORISCHER  VORSTAND 

Priiêident  :  Prof.  D.  Mo.nnier. 

Vice-Prasidenlen  :  D'  Chem.  E.  Ador,  Tcrrettim,  Ingénieur,  Mitglied 

des  Verwallungsraths  der  Sladt  Genf,  E.  Reverdin,  Architect,  Apothe- 

ker  Habel,  Vorstand  der  Société  de  Pharmacie. 
Schriflliihrer  :  D""  C.  L.  Wartmann,  D'  H.  Cl.  Lombard. 


PROOBAHME.  53 


ONZIÈME  QUESTION 

Les  Ecoles  d'infirmiers.  D'  Bourneville,  rédacteur  du  Progrès 
médical,  à  Paris,  médecin  de  l'Hospice  de  Bicêtre.     . 

Sur  la  proposition  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  faire  à  Tune  des  séances  du 
Congrès  international  d'Hygiène  de  Turin  en  1880,  il  a  été  décidé  que  le  futur 
Congrès,  dont  la  réunion  aurait  lieu  à  Genève  en  1882,  inscrirait,  parmi  les  ques- 
tions relatives  à  l'hygiène  hospitalière,  l'examen  de  Vorganisation  des  écoles  d'hifir- 
«tiers  pour  les  deux  sexes. 

n  s'agit  là  d'institutions  déjà  anciennes  dans  certains  pays,  la  Suisse,  par  exem- 
ple ;  mais  de  création  récente  dans  d'autres  contrées,  entre  autres  la  $>ance,  la 
Belgique,  l'Italie.  Il  y  aurait  donc  un  grand  intérêt  à  connaître  l'organisation  de 
ces  écoles  et  à  avoir  des  renseignements  précis  sur  les  points  suivants  : 

Historique  des  Écoles  d'infirmiers.  —  Programme  de  l'enseignement.  —  Condi- 
tions d'admission  des  élèves.  —  Diplômes.  —  Quels  sont  les  professeurs?  — 
Avantages  accordés  aux  élèves.  —  Des  infirmiers  et  des  infirmières.  —  Traite- 
ments, pensions  de  retraite.  —  Garde-malades  de  la  ville,  etc. 

Le  rôle  des  infirmiers  et  des  infirmières  dans  les  hôpitaux,  les  hospices  et  les 
asiles  est  assez  important  pour  mériter  l'attention  des  membres  du  Congrès.  Ce 
sont  enx,  en  effet,  qui  sont  chargés  d'exécuter  non  seulement  les  prescriptions 
médicales,  de  donner  des  soins  immédiats  aux  malades,  mais  encore  d'exécuter 
tontes  les  prescriptions  exigées  par  l'hygiène. 

Nous  avons  la  conviction  que  de  la  discussion  des  documents  apportés  de  tous 
les  côtés  découleront  des  résolutions  pratiques  qui  seront  d'une  utilité  incontes- 
table pour  les  administrations  hospitalières. 


TROISIÈME  SECTION 

APPLICATIONS  A  L'HYGIÈNE  DE  LA  PHYSIQUE, 

DE  LA  CHIMIE,  DE  L'ARCHITECTURE 

ET  DE  L'ART  DE  L'INGÉNIEUR. 

HYGIÈNE  PROFESSIONNELLE  ET  INDUSTRIELLE. 

BUREAU  PROVISOIRE 

Président  ;  M.  D.  Monnier,  professeur. 

Vice-Prêtidents  :  MM.  E.  Adok,  chimiste,  Turrettim,  ingénieur,  membre 
du  Conseil  administratif  de  la  Ville  de  Genève,  E.  Reverdin,  archi- 
tecte, Habel,  président  de  la  Société  de  pharmacie. 

Secrétaires  :  D'  C.-L.  Wartmann,  D'  H.-CI.  Lombard. 


54  PBOOBAlOifi. 

ERSTE  FRAGE 

JauchehéhëUer  und  Abfûhrungskanâle.  A.  Durand-Clayk, 
Ober-Ingenieur  des  Strassen-  und  Brûckenbaus,  Professor  an  der 
École  des  Ponts  et  Chaussées  und  der  École  des  Beaux-Arts  in 
Paris. 

Zur  Discussion  angemeldet  :  D' J.  Teissier,  ausserordentl.  Pro- 
fessor an  der  medicinischen  FacuItAt  in  Lyon;  D' Th.  MOORE,  în 
Golumbia  (Ver.  Staaten). 

ZWEITE  FRAGE 

Von  den  dnfachen,  gesunden  und  woUf&ien  Heizungs-  und 
Lufterneuerungsmitteln  fur  Arbeiterumhmmgen.  Herr  Lasius, 
Prof,  der  Architectur  am  eidgenOssischen  Poly technicum . 


DRITTE  FRAGE 

Ueber  einige  Punkte  der  Hygiène  der  Privai-  Wohnungen, 
Herr  H.  Bourrit  (Genf),  gewes.  Prof,  der  Architectur  an  der 
Académie  in  Lausanne. 

VIERTE  FRAGE 

Von  den  Vergiftungen  durch  tagliches  Mnfuhren  Jdeiner  Mengen 
toxischer  Stoffe.  D'  Brouardel,  Prof,  der  gerichtlichen  Medicin 
an  der  medicinischen  Facultât  in  Paris,  Mitglied  des  Gesundheits- 
raths  von  Frankreich. 

FUNFTE  FRAGE 

Aetiologie  und  Prophylaxis  der  Blmergiflung .  D'  Armand  Gau- 
tier, Director  der  chemischen  Arbeiten  an  der  medicischen 
Facultât  in  Bordeaux. 


PROGRAMME.  55 

PREMIÈRE  QUESTION 

Les  vidanges  etleségoûts.  M.  A,  Durand-Claye,  à  Paris,  ingé- 
nieur en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  professeur  à  TËcole  des 
PoDts  et  Chaussées  et  à  TÉcole  des  Beaux- Arts. 

Orateurs  inscrits  :  D'  J.  Teissier,  professeur  agrégé  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Lyon  ;  D'  Th.  Moore,  à  Columbia  (États- 
Unis). 

DEUXIÈME  QUESTION 

Des  moyens  simples,  salubres  et  économiques  de  chauffage  et  de 
renouvellement  d'air  pour  les  habitations  ouvrières.  M.  Lasius, 
à  Zurich,  professeur  d'architecture  à  l'École  polytechnique  fédé- 
rale. 

TROISIÈME  QUESTION 

Quelques  points  d'hygiène  des  habitations  privées.  M.  H.  BOUR- 
RIT,  à  Genève,  ancien  professeur  d'architecture  à  l'Académie  de 
Lausanne. 

QUATRIÈME  QUESTION 

Des  intoxications  par  les  produits  ingérés  journellement  à  petites 
doses.  D'  Brouardel,  professeur  de  médecine  légale  à  la 
Faculté  de  médecine  de  Paris,  membre  du  Comité  consultatif  d'hy- 
giène de  France. 

CINQUIÈME  QUESTION 

L'intoxication  saturnine,  étidogie  et  prophylaxie.  D'  Armand 
Gautier,  à  Paris,  chef  des  travaux  chimiques  à  la  Faculté  de 
médecine  de  Paris,  membre  de  l'Académie  de  médecine. 


56  .PROGRAMME. 

SECHSTE  FRAGE 

ZuR  Trinkwasserfrage  :  A.  Einfluss  der  natûrlichen  Eiie 
aufdie  Trinkwàsser .  D'  Rollet,  Prof,  der  Hygiène  an  der  medi 
cin.  Facultat  in  Lyon. 

B.  Mîttheilung  der  internationalen  Gesdlschaft  fur  Trinkwàsser 
Herr  Président  JiEGER  in  Amsterdam. 

SIEBENTE  FRAGE 

Uèber  die  FàvUniss  der  thierischen  Stoffe  und  die  Producte  der 
selben.  D'  Armand  Gautier  in  Paris. 

ACHTE  FRAGE. 

Von  den  Var-  und  Nachtheilen  der  Durchdringlichkeit  {Permea 
bUHal)  der  Wandungen  in  bewohnten  Gebâuden.  Herr  Emile  Tre 
LAT,  Architekt,  Professor  am  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers 
Director  der  Bauschule. 

NEUNTE  FRAGE. 

Von  den  meteorologiscJien'  Untersuchungen  in  ihren  Beziehunge 
zur  Hygiène.  D'  Pagliani,  Professor  der  Hygiène  an  der  Univer 
sit&t  zu  Turin. 


VIERTE  SECTION 

HYGIENE  DES  KINDESALTERS.  PRIVAT-HYGIENE. 

VETERINiER-HYGIENE. 

PROVISORISCHER  VORSTAND 

Priuident  :  D'  Duval. 

Vice-Pràsidenten  :  Prof.-D'  Olivet,  Prof.-D'  Pflûger  (Rern),    A.  Boi 
viER,  Sekretâr  des  Unterrichts-Deparlement's,  Henry,  Kantonsthieran 
Schrififuhrer  :  D*"  Golay,  D^  Girard. 


PROGRAMME.  57 

SIXIÈME  QUESTION 

Eau  potable.  A.  Influence  des  filtres  naturels  sur  les  eaux 
poléles.  D'  ROLLET,  professeur  d'hygiène  à  la  Faculté  de  méde- 
cJDe  de  Lyou. 

B.  Communication  de  V Association  internationale  pour  l'eau 
potable.  M.  J^ger,  président,  à  Amsterdam. 

SEPTIÈME  QUESTION 

De  la  putréfaction  des  matières  animales  et  des  produits  qui  en 
dérivent.  D'  Armand  Gautier. 

HUITIÈME  QUESTION 

Les  avantages  et  les  inconvénients  de  la  perméabilité  des  parois 
dans  les  constructions  habitées.  M.  Emile  Trelat,  architecte, 
professeur  au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  directeur  de 
l'École  d'architecture. 

NEUVIÈME  QUESTION 

Les  recherches  météorologiques  et  Vhygihie.  D'  Pagliani,  pro- 
fesseur d'hygiène  à  l'Université  de  Turin. 


QUATRIÈME  SECTION 

HYGIÈNE  I)K  L'ENFANCE.    HYGIÈNE  PRIVÉE. 

HYGIÈNE  VÉTÉRINAIRE 

BUREAU  PROVISOIRE 

Préiident  :  D*"  Du  val. 

Vice-Présidents  :  Proï.'D^  Olivkt,  prof.-D"^  Pfluger  (à  Berne),  A.  Bou- 
vier, secrétaire  de  rinstruclion  publique,  Henry,  vétérinaire  cantonal. 
Secrétaires  :  D»"  Golay,  D^  Girard. 


58  PROGRAMME. 


ERSTE  FRAGE 

Vom  Einfluss  der  Schtdprogramme  aufdie  Gesundheit  der  Kin- 
der.  D'  H.  Kuborn,  Prof,  der  Physiologie  und  Hygiène  an  der 
Staats-Normalschule  in  Ltittich,  Prftsident  der  kOnigl.  Gesell- 
schaft  fttr  Offentliche  Medicin  in  Belgien. 

1.  Yor  dem  6.  oder  7.  Lebensjahr  beruht  die  Erziehung  ganz  auf  anschaaender 
Erkenntniss.  Das  Gedflchtniss  ûberwiegt  entschieden,  wie  auch  in  der  fol- 
genden  Période.  Das  Kind  darf  keinerlei  Schuldisciplin  unterworfen  werden;  das 
Erziehungssystem  der  Kindergàrten  ist  von  letzterer  ziemlich  frei,  die  Gesund- 
heit des  Kindes  wird  in  denselben  keinen  anderen  Gefahren  ausgesetzt  als  die 
ûberhaupt  dièse  Lebensperiode  bedrohen  kônnen.  In  diesem  Aller  werden  am 
leichtesten  fremde  Sprachen  durch  das  Gehdr  erlemt. 

2.  Der  Ëintritt  in  die  Primarschule  soll  nicht  vor  dem  zurûckgelegten  7.  Jahre 
stattfinden.  Fur  die  Reihenfolge  der  Lehrgegenstftnde  soll  der  Fortschritt  der 
geistigen  Fâhigkeiten,  in  Yerbindung  mit  dem  der  kôrperlichen  Entwicklang 
massgebend  sein. 

3.  In  der  Période  von  7.  zum  13.  oder  14.  Jahre  haben  die  Erzieher  die  drei- 
fache  Entwicklung  des  Kôrpers,  des  Geistes  und  des  Gemûths  zu  ûberwachen  und 
nach  den  GrundsAtzen  der  Physiologie  und  Gesundheitslehre  zu  harmonischer 
Gestaltung  zu  leiten.  Jedes  Erziehungsprogramm,  in  welchem  eines  dieser  Gnind- 
Elemente  des  menschlichen  Organismus  vernachl&ssigt  wird,  muss  als  ongenflgend 
oder  gefâhriich  betrachtet  werden. 

4.  Der  Sauerstoff  ist  der  unentbehrliche  Stimulus  der  Gehirnfunctionen.  Xicht 
bloss  die  kôrperliche  Kraft,  auch  die  Thatkraft  und  der  Verstand  werden  ge- 
schwftcht,  wenn  der  dem  Gehirn  zugefiihrte  Sauerstoff,  resp.  die  in  die  Lungen 
aufgenommene  Athemluft  an  Menge  oder  Reinheit  verliert. 

5.  Die  durch  gespannte  Aufmerksamkeit  oder  fortgesetztes  Arbeiten  erzeagte 
Ueberreizung  des  Gehirns  fûhrt  zuletzt,  nach  einer  von  Constitution  und  Aller 
abhângigen,  mehr  oder  weniger  langen  Zeit,  einen  Zustand  der  Blutarmuth  sowohl 
im  Gehirn  als  im  ganzen  Kôrper  hervor. 

6.  Die  Wirkungen  der  geistigen  Ueberanstrengung  wâhrend  des  hier  in  Frage 
kommenden  Lebensabschnitts  sind  fast  immer  unheilbar. 

7.  Der  bestdndige  und  beschleunigte  Sauerstoffverbrauch,  welchen  die  Em&h- 
rung  des  liberm&ssig  angestrengten  Gehirns  erfordert,  sowie  das  Wesen  dieser 
Anstrengungen  selbst,  kônnen  nur  auf  Kosten  der  allgemeinen  Ernàhrung  und  der 
organischen  Verrichtungen  stattfinden. 

8.  Die  durch  diesen  Verlust  bedingten  Stôrungen  der  vasomotorischen  Sphftre 
fQhren  zuletzt  zur  Hirnanâmie  und  zur  YerkQmmerung  der  geistigen  Ffthigkeiten; 
h&ufig  zu  allgemeiner  Blutarmuth  und  zu  Bleichsucht,  zu  krankhafter  Reizbarkeit 
des  Nervensystems,  zu  Neurosen,  besonders  Chorea,  und  bei  jungen  M&dchen  zu 
Schwierigkeiten  der  Menstrualfunctionen. 

9.  Zu  lange  fortgesetztes  Sitzen  auf  den  Schulbànken  begQnstigt  in's  Besondere 
die  Ablagerungen  von  Tuberkeln  in  den  Lungenspitzen. 

10.  Durch  hierûber  angestellte  Yersuche  wurde  physikalisch  erwiesen,  dass  die 
geiiftige  Abspannung  (d.  h.  ErmAdung)  in  Yerbindung  steht  mit  Schwftchung  des 
Unterscheidungsvermôgens  fCir  kleine  psycho-physische  Unterschiede,  mit  Schwà- 
chung  des  Gednchtnisses  und  Auftreten  psychischer  Ueberreizung. 

11.  Der  pathologische  Einfluss  der  Jahreszeiten  auf  die  Schularbeit  ist  durch 
die  Thatsache  bewiesen,  dass  die  fieberhaften  entztindlichen  Krankheiten  vorzugs- 
weise  bei  Kindern  und  JQnglingen  wahrend  der  grossen  Hitze  im  Juni  und  Juli 
auftreten,  und  zwar  mehr  aïs  im  August,  wâhrend  der  Klassenferien  und  der  ver- 
minderten  Schulaufgaben. 

12.  Wegen  des  Nachtheils  der  zu  Hause  verfertigten  Schulaufgaben  soUten  die- 


PROORAM2dE.  59 


PREMIÈRE  QUESTION 

De  Vinflmnce  des  programmes  scolaires  sur  la  santé  des  enfants. 
D' H.  KUBORN,  professeur  de  physiologie  et  d'hygiène  à  l'école 
normale  de  l'État,  à  Liège,  président  de  la  Société  royale  de 
médecine  publique  de  Belgique. 

1.  Avant  l'âge  de  6  ou  7  ans,  l'éducation  est  tout  intuitive.  La  mémoire,  ainsi 
que  dans  la  période  suivante,  a  une  prépondérance  marquée.  L'enfant  ne  doit  être 
astreint  à  aucune  discipline  scolaire,  et  on  peut  à  peine  donner  ce  nom  aux  pro- 
cédés éducatifs  mis  en  œuvre  dans  les  Jardins  d^enfants.  Sa  santé  n'y  subit  d'au- 
tres atteintes  que  celles  qui  résultent  de  la  période  de  la  vie  qu'il  traverse.  C'est 
l'âge  le  plus  propice  à  l'apprentissage  par  audition  des  langues  étrangères. 

2.  L'âge  de  l'entrée  à  l'école  primaire  doit  être  fixé  à  7  ans.  Le  progrès  des 
facultés  intellectuelles  de  l'enfant,  mis  en  rapport  avec  son  développement  physique, 
dicte  l'ordre  de  succession  dans  lequel  les  matières  doivent  lui  être  enseignées. 

3.  La  physiologie  et  l'hygiène,  pour  la  période  de  7  à  13  ou  14  ans,  imposent 
aux  éducateurs  de  l'enfance  la  triple  direction  du  développement  harmonique  du 
corpsy  de  l'esprit  et  des  sentiments.  Tout  programme  d'éducation  qui  prendrait  en 
moindre  considération  l'un  de  ces  éléments  constitutifs  de  l'organisation  humaine, 
doit  être  réputé  insuffisant  ou  dangereux. 

4.  L'oxygène  est  l'excitant  vital  des  fonctions  cérébrales.  Non  seulement  la 
force  physique,  mais  l'énergie  et  l'intelligence  sont  d'autant  plus  affaiblies  que 
l'apport  d'oxygène  au  cerveau,  c'est-à-dire  d'air  pur  transmis  par  la  voie  pulmo- 
naire est  en  moindre  quantité  ou  qualité. 

5.  La  surexcitation  cérébrale  produite  par  une  attention  ou  des  travaux  trop 
soutenus  finit,  après  un  temps  variable  selon  la  constitution  et  l'âge  des  siyets, 
par  amener  un  état  d'anémie  du  cerveau  ou  de  l'économie  tout  entière. 

6.  Les  effets  de  l'entraînement  intellectuel,  pendant  la  période  que  nous  consi- 
dérons, sont  presque  toujours  sans  remède. 

7.  L'appel  incessant  et  accéléré  d'oygène  que  nécessite  la  nutrition  du  cerveau 
trop  longtemps  sollicité  et  l'acte  de  cette  sollicitation  lui-même,  ne  peuvent  se  faire 
qu'au  détriment  de  la  nutrition  générale  et  par  la  déchéance  des  fonctions  orga- 
niques. 

8.  Les  troubles  dans  l'action  vaso-motrice  amenés  par  ce  mouvement  finissent 
par  conduire  à  l'anémie  cérébrale  et  à  l'étiolement  des  facultés  intellectuelles  ; 
fréquemment  à  l'anémie  et  à  la  chlorose,  à  la  susceptibilité  nerveuse,  aux  névroses, 
spécialement  à  la  chorée,  et  en  sus,  chez  les  filles,  à  l'établissement  difficile  de 
la  fonction  cataméniale. 

9.  La  station  trop  prolongée  sur  les  bancs  favorise  particulièrement  les  dépôts 
tuberculeux  aux  sommets  des  poumons. 

10.  Les  expériences  instituées  ont  démontré  physiquement  que  la  lassitude  intd- 
leeludU  esX  en  relation  avec  l'affaiblissement  de  la  faculté  de  distinguer  de  petites 
différences  psycho-physiques  avec  l'affaiblissement  de  la  mémoire  et  l'apparition 
d'une  surexcitation  psychique. 

11.  L'influence  pathologique  des  saisons  sur  le  travail  scolaire  est  démontrée 
par  ce  fait  que  les  affections  inflammatoires  fébriles  se  manifestent  de  préférence 
chez  les  enfants  et  les  adolescents  pendant  la  période  des  grandes  chaleurs  de 
juin  et  de  juillet,  plutôt  que  pendant  le  mois  d'août,  époque  de  la  cessation  des 
cours  et  du  ralentissement  dans  les  études. 

12.  Les  inconvénients  des  tâches  à  faire  à  domicile  doivent  faire  supprimer 
celles-ci  pour  les  élèves  des  divisions  inférieures  et  les  réduire  à  une  heure  pour 
les  autres. 

13.  £n  dehors  du  sommeil,  la  balance  des  forces  physiques  et  du  développe- 
ment intellectuel  doit  être  tenue  dans  la  relation  suivante  :  7  et  8  ans  =  4  heures 


bU  PBOQRAUMK. 

aelben  fût  die  Scliâler  der  unteren  Klassen  iji   Wcgfall  kommeti  und  fQr  iSt 
Anderen  auf  1  Stunde  tiglich  beachr&nkt  werileo. 

13.  AbgeBtibeD  vod  der  Schlafzeit,  musa  zwiscben  KôrperpSegt^  uod  geistîga 
Auabildung  folgendes  Verhaltniss  besle'ien  ;  7.  und  8.  Lelienajabr  =  4  Siundcs 
Schule  :  0  Stunden  Ruhe  und  KOrperUbungen  ;  !l.  und  10.  Jahr  =  5-6  :  *J.t,  1 
12,  Jahr  =  6  oder  7  :  8  '/i-9  >■ 

14.  Da  selbst  bei  den  Uteren  Kindern,  die  Aiifmerksamkeit  in  der  Suhiile  nicht 
Unger  als  hûchstens  1  '.'i  Stimde  in  Spannung  bleiben  kann,  iind  Kùrperbewegna- 
gen  das  beste  Mittel  aind  um  sie  wieder  zu  wecknn,  so  mUBS  die  Klaite  nacb 
dieser  Zeit  unterbrocben  nerden. 

15.  Dieae  Unterbrechungen  werden  am  bestcn  zn  Spielen  iind  TumObnng*» 
benutzt,  lias  Turiien  krâfiigt  nicht  blosB  daa  Muskel-  und  Knoch  en  System,  nnd 
wirkt  den  diir.b  fehlerliafte  Haltung  erzeugttn  Verkrûniinungen  entgegen,  boo- 
dern  ea  atarkt  aucb  das  Kerven System,  begUnstigl  die  sittlichen  EigenBchaftes 
der  ManDszucht,  der  Featigkeit  und  der  Geîatesgegenwart.  Das  TonieD  ist  filr  die 
'M&dcben  gerode  so  unentbebriich  als  filr  die  Knaben.  Es  bildet  ein  wirkeanei 
Mittel  ziir  Bek&mpfung  der  ncrvOaen  Rcizbarkeit,  ncuropathischen  Zastiaii, 
Cblorosis  und  Chorea,  Neigung  zur  l'bthisis,  Keime  der  Scrofuloais,  kurz  aHaf 
jener  bei  Schutkindern  so  bâufig  sicb  r^ntwick''!niJea  bedroblicben  oder  latenUo 
Krankheitszustànde. 

Dein  allgemeinen,  padagogigchen    (nicht  auf  Schaulust  abgeaebenen)  Tm 
muas  im  Scbulprngramin  seine  bestimmte  Stellung  als  obligatorisches  Fac]|  " 
wiesen  werden.  Zwei  Turnstuuden  von  je  15  Mlnulen  tSglicii  filr  die  jQf 
eine  Ton  25  Minuten  fur  die  alteren  ScbOler,  stheinen  fUr  die  Erreicb" 
Zweckes  genOgend. 

16.  PUr  die  Pflege  und  Entwickinng  des  Gesiehtssinns,  des  (îeliarsinii 
œsthetischen  Aniagen,  der  Stimm^  mQssen  Gesang-  iind  ZeichenuiiteirictiB 
falls  im  Schulprogramm  Aufnabme  finden. 

17.  Unterbrecliung   dea  Unterrichta   wflhrend   mehrerer   Wochet , 
beatimmte  Ferienzeit,  ercheint  vom  Standpuiikt  der  GesundheiispflegeB 
nothwendig  ïùi  den  Lehrer  wie  fur  die  Schûler.  Allwùchentliche  Ferien  t 
2  balben  Tagen  entspreeben  demselben  Zneck  und  kûnuen  aussenlcm  z 
gSngen  und  Ausflllgen  nQtzlicb  vernendet  werden. 

18.  Zweck  der  ganzen  Schulerziehung  ist  :  i1as  Kind  denken  zti  lernel 
Temunft  durcb  Einpritgung  und  Anschauungen  zu  kraftigen,  seinen  vr 
dnrch  Beobachtung  der  sinnlich  wabrnehnibaren  Gegenstânde  zu  ùben,  z 
seine  sittlicben  Aniagen  zu  beben,  und  durcb  geignete  Uebungen  die  harmol 
Entwicklung  seiner  Organe  zu  begnnstigen  und  zwar  auf  solche  Weise,  daa" 
das  geistige  Elément  durcb  faische  Anpaasung  in  die  Entwicklung  des  C 
selbst,  sowie  des  ganzen  Organismus,  stôrend  eingreife. 

19.  Der  Lebrer  ist  nur  sebr  sp!lt  und  unvoUkommen  im  Staude,  die  StOrnngel 
in  der  Gesundbeit  des  Kindes  wabrzunehmen  :  nauientlicb  gilt  dles  von  dr"  "** 
rungen,  welche  aicb  aus  den  Beziebung^n  des  Verstands  und  des  GemQtfas  z 
perlicben  Antage  ergeben,  und  welcbe  erat  olfen  zum  Vorscbein  kommen,  nach- 
dem  sie  den  Organistnua  ernailîcb  und  tief  geacbâdigt  baben.  Daber  ist  ea  nôthig 
und  selbst  unentbebriich,  die  Einrichtungen  der  Scbuie  durcb  eine  officielle  und 
regelmiissige  ilrzillchc  Ueberwachung  zu  vervollstandigen. 


ZWEITE  FRAfJE 
Ueber  die  Nothwendigkdt  der  Ernennung  von  Schularzten  in 
aUen  L&nàern  nnd  ûbrr  Hae  OUiegenheiten.  D'  Hermann  Cohk, 
Prof,  der  Augenlieilkande  an  der  TJniversitat  Breslau. 


1.  Vor  Allem   ist  eine  umfasaende  «taatlkhe  hygienische  Révision  aller  jetzt 
benQtzten  ôffentliclien  und  Privat-Schullokale  scblennigst  notbwendig. 


PROOBAIIUE. 


61 

11  et  12  ans 


<i'école:  9  de  repos  et  exercices  —  9  et  10  ans  —  6  ou  6  :  : 
=  G  ou  7:8  Vi  ou  9  '/i- 

14.  L'attention  il  l'école  ne  pouvant  être  soutenue,  au  maximum,  au  delà  d'une 
heure  et  demie  pour  lea  élèves  les  plus  Agés,  et  le  meilleur  moyen  de  la  réveiller 
étant  l'exercice,  il  convient  de  suspendre  la  classe  après  ce  laps  de  temps. 

16.  Les  jeux  et  exercit£9  gymnaatiques  constituent  le  moyen  le  plus  propre 
d'utiliser  ces  relAches.  Car  non  seulement  la  gjninastique  fortifie  le  système 
mosculo-osseux  et  combat  lea  défectuosités  résultant  des  attitudes,  mais  elle  for- 
tifie le  système  nerveux,  luspire  l'esprit  de  discipline,  la  fermeté  et  la  présence 
d'esprit.  Elle  est  tout  aussi  indispensable  aux  filles  qu'aux  garçons,  E  le  est  un 
moyen  puissant  pour  combattre  cette  susceptibilité  nerveuse,  ces  états  névro- 
paÂiques,  chlorose  et  chorée,  ces  tendances  à  la  phtisie,  ces  germes  de  scrofules, 
'.outes  ces  imminences  morbides  qui  affectent  souvent  les  enfants  des  écoles. 
La  gymnastique  générale,  éducative,  non  acrobatique,  iloit  avoir  sa  place  mar- 

'"  ' imnie  scolaire,  comme  branche  obligatoire. 

■  de  15  minutes  par  jonr,  pour  les  plus  jeunes,  une  seule  séance 

r  les  plui  âgés  suffisent  pour  atteindre  le  but  qu'on  se  propose. 

le  la  woB,  de  l'ouïe,  des  facultés  esthétiques,  celle  de  la  voix 

^  du  chant  et  du  dessin  fassent  partie  de  l'enseignement  à  l'école. 

|pn  de  cours  pendant  une  série  de  plusieurs  semaines,  c'est-à- 

ur  l'institnteur  et  les  élèves,  d'une  nécessité  évidente  au 

'.  Des  demi-jours  de  congé  une  ou  deux  fois  par  semaine, 

[  Af.  vue,  pourront  être  en  outre  fructueusement  utilisés  pour 


it  à  penser,  fortifier  sa  raison  en  y  burinant  des  notions 

>ace  sur  les  objets  qui  frappent  ses  sens,  en  mémo  temps 

moral,  favoriser  par  des  exercices  a{jpropriés  le  déve- 

iniquf  Ile  ses  organes  de  telle  fn^ou  que  l'élément  mental  ne 

faii>sp  .iilaptation,  pervertir  ou  enrayer  l'évolution  du  cerveau 

celle  de  tout  l'or^^anisme,  tel  doit  être  le  but  de  l'éducation  scolaire. 

troubles  qui  pourraient  être  apportés  dans  la  santé  des  enfants,  notam- 

^ox  qui  résultent  des  rapports  de  l'intelligence  et  des  sentimeuts  avec  la 

Itîon  physique,  lesquels  n'apparaissent  manifestement  qu'après  avoir  profon- 

altéré  l'écouoniie,  ne  peuvent  être  constatés  que  très  tardivement  et  incom- 

De  là,  comme  complément  indispensable  de  l'œuvre 

'olaire.  l'établissement  d'une  inspection  médicale  officielle  et 


DEUXIÈME  QUESTION 

De  la  nécessité  de  mmmer  dans  tous  les  pays  des  médecins  sco- 
Imres  et  de  leurs  fonctions  obligatoîres.  D' H.  Cohn,  professeur 
d'ophthalmologie  à  l'UniTersité  de  Breslau. 

COHCLCSiONS 

1.  L'Etat  doit,  avant  tout,  procéder  à  une  intpeetion  hy^ênique  officielle  et 
complète  de  tous  les  locaux  d'écoles  publiques  ou  privées,  actnellement 
employés. 


62  PROGRAMME. 

2.  Der  Staat  ernennt  einen  Beichs-  oder  Minvtterial'Schularzt^  welcher  im  Minis- 
terium,  und  ftir  jede  Provinz  (Kanton,  Département)  einen  RegierungS'Schukirzt, 
welcher  im  Regierungs-Schul-Collegium  der  Provinz  Sitz  und  Stimme  haben  muss. 

3.  Bei  Beginn  der  hygienischen  Reform  muss  der  Reçierungs-Sduilarzt  s&mmt- 
liche  Schulen  seiner  Provinz  revidiren  und  unbarmherzig  aUe  Klassen  êMiessm, 
welche  zu  finster  oder  sonst  der  Gesundheit  sch&dlich  sind,  faHs  sich  nicht  sofort 
ausreichende  Verbesserungen  ausfûhren  lassen. 

4.  Die  Schule  kann  die  Gesundheit  schàdigen;  daher  muss  jede  Schule  einen 
Schularzt  haben. 

5.  Als  Schularzt  kann  jeder  praJctische  Arzt  von  dem  Schulvorstande  gewihit 
werden. 

6.  Der  Schularzt  muss  Sitz  und  Stimme  im  Schulvorstande  haben  ;  seine  hygie- 
nischen Anordnungen  miissen  ausgefûhrt  werden. 

7.  Stossen  dieselben  auf  Widerstand,  so  hat  sich  der  Schularzt  an  denBegierungi- 
Schularzt  zu  wenden,  welcher  die  Schule  schliessen  kann. 

8.  Demselben  Schularzte  sind  niemals  mehr  als  tausend  Schulkinder  zu  ûber- 
weisen. 

9.  Der  Schularzt  muss  bei  Neubauten  den  Bauplatz  und  den  Bauplan  hygieniBch 
begutachten  und  den  Neubau  hygienisch  ûberwachen.  Seinen  Anordnungen 
betreffs  der  Zahl,  Lage  und  Grosse  der  Fenster,  der  Heiz-  und  Ventilations-Ën- 
richtungen,  der  Aborte  sowie  der  Subsellien  muss  Folge  gegeben  werden. 

10.  Der  Schularzt  muss  bei  Beginn  jedes  Semesters  in  jeder  Klasse  aile  Kinder 
messen  und  sie  an  Subsellien  placiren,  die  ihrer  Grosse  entsprechen. 

11.  Der  Schularzt  muss  alljâhrlich  die  Refraction  der  ^u^en  jedes  Schulkindes 
bestimmen. 

12.  Der  Schularzt  hat  die  Pflicht,  in  Zimmern^  welche  dunkU  Plàtze  haben,  die 
Zahl  der  Schûler  zu  beschrânken,  femer  SchulmobUiar,  welches  die  Schûler  zun 
Krummsitzen  zwingt,  und  Schuîbûcher,  welche  schlecht  gedruckt  sind,  zu  ent- 
fernen.  • 

13.  Der  Schularzt  hat  das  Recht  jeder  Unterrichtsstunde  beizuwohnen  ;  er  muss 
mindestens  monatlich  einmcU  aile  Klassenzimmer  wâhrend  des  Unterrichts  besu- 

•  chen  und  besonders  auf  die  Beleuchtung,  Ventilation,  sowie  Heizung  der  Zimmer 
und  auf  die  Haltung  der  Kinder  achten. 

14.  Der  Schularzt  muss  bei  Aufstellung  des  Lehrplanes  zugezogen  werden. 

15.  Dem  Schularzte  muss  jede  ansteckende  Erkrankung  eines  Schulkindes  gemel- 
det  werden.  Er  darf  dasselbe  erst  dann  wieder  zum  Schulbesuche  zulassen,  wenn 
er  sich  sélbat  ûberzeugt  hat,  dass  jede  Gefahr  der  Ansteckung  beseitigt  ist  und 
dass  die  Bûcher,  Hefte  und  Kleider  des  Kindes  grûndlich  desinficirt  worden  sind. 

16.  Der  Schularzt  muss,  wenn  der  vierte  TheU  der  Schûler  von  einer  ansteckei^ 
den  Krankheit  befallen  ist,  die  Klasse  schliessen. 

17.  Jeder  Schularzt  muss  ûber  aile  hygienischen  Verkommnisse  und  namentlich 
ûber  die  Verânderungen  der  Augen  der  Schûler  ein  Journal  fûhren  und  es  all- 
jâhrlich dem  Regierungs-Schularzte  einreichen. 

18.  Die  Berichte  der  Regierungs-Schularzte  kommen  an  den  Beiehs-  oder 
Landes- Schularzt,  der  alljâhrlich  einen  Gesammtûberblick  ûber  die  Hygiène  der 
Schulkinder  des  Reiches  (oder  Landes)  verôffentlicht. 


DRITTE  FRAGE 


Ueber  die  BehancUung  der  parasUâren  HautkrankheUen  ofe 
Ergànzung  dei*  àrzttkhen  Schulinspeclxon.  D' J.  Gibert,  in  Havre. 


PROGRABfME.  63 

2.  Le  gouYernement  nomme  P  un  médecin  scolaire  supérieur,  ayant  voix  consul- 
tÎTe  et  délibérative  au  ministère  de  l'instruction  publique;  2^  pour  chaque  pro- 
nce  (canton,  département),  un  médecin  scolaire  provincial,  siégeant  dans  la  com- 
ission  scolaire  de  la  circonscription. 

3.  Au  début  de  la  réforme  hygiénique  des  écoles^  le  médecin  scolaire  procédera 
l'inspection  de  toutes  les  écoles  de  sa  province,  et  fera  fermer  rigoureusement 
»utes  les  classes  trop  sombres  ou  insalubres  pour  une  cause  quelconque,  à  moins 
lie  des  améliorations  suffisantes  ne  puissent  y  être  immédiatement  exécutées. 

4.  Chaque  école  peut  exercer  des  influences  nuisibles  sur  la  santé,  donc  chaque 
;o/e  doit  avoir  son  médecin  scolaire. 

5.  Tout  médecin  praticien  peut  être  désigné  à  ces  fonctions  par  l'autorité 
:olaire. 

6.  Le  médecin  scolaire  doit  siéger  avec  voix  consultative  et  délibérative  auprès 
e  l'autorité  scolaire,  qui  est  tenue  d'exécuter  ses  prescriptions  hygiéniques. 

7.  Si  l'autorité  scolaire  résiste  à  ses  prescriptions,  le  médecin  scolaire  local 
adresse  au  médecin  scolaire  provincial,  lequel  a  le  droit  de  faire  fermer  l'école. 

8.  Le  même  médecin  scolaire  ne  doit  jamais  avoir  à  veiller  sur  plus  d'un  millier 
'écoliers. 

9.  £n  cas  de  construction  nouvelle,  le  médecin  scolaire  donnera  son  préavis 
ygiénique  sur  l'emplacement  et  sur  les  plans  des  bâtiments,  et  surveillera  la 
onstruction.  On  devra  se  conformer  à  ses  prescriptions  relativement  au  nombre, 

la  position  et  aux  dimensions  des  fenêtres,  aux  appareils  de  chauffage  et  de 
entilation,  aux  lieux  d'aisances,  et  à  l'ameublement  des  classes. 

10.  Le  médecin  scolaire  doit  mesurer  tous  les  élèves  au  commencement  de 
haque  semestre,  et  les  placer  dans  les  bancs-pupitres,  conformément  à  la  taille 
e  chacun. 

11.  Il  devra  déterminer  chaque  année  l'état  de  réfraction  des  yeux  de  tous  les 
lèves. 

12.  Le  médecin  scolaire  doit  réduire  le  nombre  des  élèves  dans  les  classes  où 
xistent  des  places  sombres  ;  il  doit  aussi  faire  changer  les  bancs-pupitres  défec- 
lieux  qui  causent  une  attitude  vicieuse  de  l'élève,  ainsi  que  des  livres  scolaires  mal 
mprimés. 

13.  Le  médecin  scolaire  a  le  droit  d'assister  à  toutes  les  leçons;  il  doit  visiter 
outes  les  classes  au  moins  une  fois  par  mois  pendant  l'enseignement,  et  porter 
•rincipalement  son  attention  sur  l'éclairage,  la  ventilation  et  le  chauffage  des 
ailes,  ainsi  que  sur  l'attitude  des  élèves. 

14.  Il  doit  être  consulté  pour  l'élaboration  des  programmes  d'enseignement, 

15.  Toute  maladie  contagieuse  d'un  élève  doit  être  notifiée  au  médecin  scolaire. 
1  n'accordera  l'autorisation  de  revenir  à  l'école  qu'après  s'être  assuré  par  lui- 
dême  que  tout  danger  de  contagion  a  disparu  et  que  les  effets  de  l'enfant  (livres, 
ahiers,  vêtements,  etc.),  ont  été  désinfectés  à  fond. 

16.  Lorsque  le  quart  des  élèves  d'une  classe  est  atteint  d'une  maladie  conta- 
ieuse,  le  médecin  scolaire  doit  ordonner  la  fermeture  de  la  classe. 

17.  Chaque  médecin  scolaire  consignera  dans  un  registre  tous  les  faits  intéres- 
ant  l'hygiène  de  l'école,  et  notamment  les  changements  observés  dans  la  vision 
les  élèves.  Ce  registre  sera  soumis  chaque  année  au  médecin  scolaire  provincial. 

18.  Les  Rapports  des  médecins  scolaires  provinciaux  seront  remis  au  médecin 
colaire  supérieur  qui  publiera  chaque  année  un  aperçu  général  de  l'hygiène  des 
coles  du  pays. 


TROISIÈME  QUESTION 

Du  traitement  des  maladies  parasitaires  de  la  peau,  comme 
:oroUaire  de  V inspection  médicale  des  écoles.  D'  J.  Gibert,  au 
îavre. 


64  PROGRAMME. 

VIERTE  FRAGE 

Ueber  gewisse  Vrsachen,  wdche  die  Erziéhung  der  Kinder 
erschweren.  D' J.  voN  Sikorsky,  Privat-Docent  fttr  Psychiatrie  in 
St.  Petersburg. 

FUNFTE  FRAGE 

Bemerkungen  ttBER  ScHULH YGIÈNE .  A.  Schulen  des  Kantons 

Bern,  D'  PflUger,  Prof,  der  Augenheilkunde  an  der  Universitât 
Berii. 

B.  Schulen  der  Stadi  Lausanne,  D'  Joël,  Arzt  des  Kinderspi- 
tals  in  Lausanne. 

SECHSTE  FRAGE 

Ueber  die  Kôrperverkrûmmungen  tvâJirend  der  Schuheit, 
D'  Dally,  in  Paris,  Professor  an  der  École  d'Anthropologie,  Mit- 
glied  der  Commission  ftir  Schulhygiene. 

SIEBENTE  FRAGE 

Internationale  Verhiitung  der  Hundswuth.  D' G.  van  Overbeek 
DE  Meyer,  Prof,  der  Hygiène  und  der  gerichtlichen  Medicin 
an  der  Universitât  Utrecht. 

Zur  môgllchsten  Yerhûtung  der  Ausbreitung  der  Wuth  wûrde  es  angemessen 
sein  : 

1.  So  viel  wie  môglich  die  Zabi  der  herumschweifenden  Hunde  zu  vermindem 
durch  Einfûhrung  einer  ziemlich  hohen  Hundesteuer  und  durch  Tôdten  der  nicht 
eingeschriebenen  Hunde,  welche  Massregel  zugleich  die  Ueberwachung  des 
Gesetzes  erleichtert,  viele  Kosten  erspart,  und  die  Zabi  der  sogenannten  Haus- 
hunde,  das  beist  die  Zabi  der  zum  Betriebe  eines  Gewerbes  nicbt  benôthigten 
Hunde,  ermâssigt. 

2°  Aile  auf  ôffentlicben  Wegen,  in  ôffentlicben  Transportmitteln  und  in  ôffent- 
licben  Yersammlungsorten  befindlicben  Hunde  unscbâdlicb  zu  macben  durch 
Statuirung  des  steten  Tragens  von  zweckmâssigen  Maulkôrben. 

3^  Sofort  und  vollstftndig  einzusperren  jeden  tollen  oder  verdàchtigen  Hond, 
welcber  nicbt  auf  der  Stelle  getôdtet  worden  ist,  nebst  strengem  Yerbote  einen 
solcben  Hund  nacb  seiner  Einsperrung  zu  transportiren  ;  das  Besteben  der  Krank- 
beit  feststellen  zu  lassen  durcb  einen  Tbierarzt  oder  Arzt;  die  Stelle  der  Ein- 
sperrung dem  Publicum  durcb  ein  Kennzeicben  bekannt  zu  macben;  die  Dauer 
der  Einsperrung  eines  der  Tollwutb  verd&cbtigen  Hundes  mindestens  4  Monate 


FSOCOUIIME.  65 

QUATRIÈME  QUESTION 

Des  causes  qui  rendent  les  enfants  difficiles  dans  leur  éducation. 
D' J.  DE  SiKORSKY  à  St-Pétersbourg,  privât  docent  de  psychia- 
trie. 

CINQUIÈME  QUESTION 
QUELQUES  OBSERVATIONS  SUR  L'HYGIÈNE  SCOLAIRE  :  A.  EcdcS 

du  canton  de  Berne.  D'  Pfluger,  professeur  d'ophthalmologie  à 
rUniversité  de  Berne. 

B.  Écoles  de  la  ville  de  Lausanne.  D'  Joël,  médecin  de  l'Hô- 
pital des  enfants  à  Lausanne. 

SIXIÈME  QUESTION 

Sur  les  déformations  du  corps  pendant  la  période  scolaire. 
D'  Dally,  à  Paris,  professeur  à  l'École  d'anthropologie,  membre 
de  la  Commission  d'hygiène  des  écoles. 

SEPTIÈME  QUESTION 

Prophylaxie  internationale  de  la  rage.  D'  G.  van  Overbeek  DE 
Meyer,  professeur  d'hygiène  et  de  médecine  légale  à  l'Université 
d'Utrecht. 

Pour  combattre  efficacement  la  propagation  de  la  rage  il  faut  : 

1.  Diminuer  autant  que  possible  le  nombre  des  chiens  vagabonds  en  frappant 
les  propriétaires  de  chiens  d'un  impôt  assez  élevé  et  en  faisant  tuer  les  chiens 
non  inscrits;  cette  mesure  facilite  le  contrôle,  épargne  beaucoup  de  frais,  et  diminue 
le  nombre  des  chiens  àomestiques  non  destinés  au  travail. 

2.  Rendre  inoffensifs  tous  les  chiens  qui  se  trouvent  sur  la  voie  publique,  dans 
les  voitures  ou  autres  moyens  publics  de  transport  et  dans  les  lieux  publics  de 
réunion,  en  imposant  le  port  obligatoire  permanent  d'un  bon  modèle  de  muselière. 

3.  Isoler  immédiatement  et  complètement  tout  chien  enragé  ou  suspect,  qui 
n'est  pas  tué  sur  place,  avec  défense  absolue  de  le  transporter  après  sa  séques- 
tration ;  Caire  constater  la  maladie  par  un  vétérinaire  ou  un  médecin;  indiquer  au 
public  le  lieu  de  séquestration  par  un  signe  distinctif  ;  fixer  la  durée  de  la  séques- 
tration absolue  du  chien  suspect  à  4  mois  au  moins  ;  tuer  sans  délai  le  chien  dont 
la  rage  est  constatée;  désinfecter  autant  que  possible  les  lieux  infectés  ou  sus- 
pects ;  recommander,  dans  l'intérêt  de  la  personne  mordue,  de  ne  pas  tuer  tout  de 
suite  le  chien  suspect,  mais  de  le  faire  isoler  et  observer,  s'il  est  possible. 


66  PROGRAMME. 

fortzusetzen;  den  Hund,  dessen  Wuth  constatirt  ist,  sofort  zu  vertilgen;  80  viel 
wie  môglich  die  inficirten  gder  verdftchtigen  Stellen  zu  desinfiziren;  im  Intéresse 
der  gebissenen  Person  den  wuthverdàchtigen  Hund  wo  mOglich  nicht  sofort  zu 
tôdten,  aber  zur  Constatining  der  Krankheit  einzusperren. 

40  Die  Polizeibeamten  zu  erm&chtigen  die  in  Uebertretung  befîindenen  Hunde, 
welche  sie  nicht  in  Yerwahrung  nehmen  konnten  ohne  der  Gefahr  ausgesetzt  zu 
sein  gebissen  zu  werden,  auf  der  Stelle  zu  tôdten. 

6«  Einen  Jeglichen  zu  ennftchtigen  jeden  fremden  Hund,  den  Er  ohne  Maul- 
korb  auf  seinen  Grundstûcken  findet,  zu  tôdten. 

6<>  Dièse  Massregeln  in's  Gesammt  und  gleichfôrmig  einzufûhren  in  allen  civi- 
lisirten  Staaten  Kraft  eines  internationalen  Vertrages,  wobei  jedoch  gestattet 
wird:  a.  Zeitliche  und  persônliche  Freistellungen  des  Anlegens  des  MauUcorbes  zu 
ertheilen  zu  Gunsten  von  Hirten-  und  J&gerhunden,  insofem  die  betreffende 
Gegend  zur  Zeit  gànzlich  frei  von  WuthfâUenist;  6.  Eine  etwaige  Ermftssigung 
der  Steuer  fur  gewisse  Classen  von  zum  Betriebe  eines  Gewerbes  benôthigten 
Hunden. 


ACHTE  FRAGE 

JEtiologie  des  Bcizes.  Herr  Galtier,  Professer  des  Sanitatspo- 
lizei  an  der  Veterinftr-Schule  in  Lyon. 

NEUNTE  FRAGE 

Ueher  KuhmUch  als  Ersatz  der  Frauenmilch.  D'  Albrecht,  in 
Neuenburg,  Privat-Docent  an  der  Universitftt  Bern. 

SCHLUSSFOLGERUNGEN 

1.  Frische  Kuhmilch  ist  der  einzige  oZ/^/etnein  verwendbare  Ersatz  der  Mutte^ 
milch. 

2.  Aile  Kindem&hrprftparate,  woher  sie  auch  stammen  und  wie  ihre  Zusam- 
mensetzung  immer  sein  mag,  kônnen  nur  in  beschr&nktem  Masse  die  frische  Kuh- 
milch ersetzen. 

8.  Damit  letztere*  den  Anforderungen,  Welche  man  an  ein  Nahrungsmittel  fOr 
Sftuglinge  stellt,  entspreche,  muss  sie  von  stets  gleichmàsaiger  und  unveràndedieher 
Zusammensetzung  sein  und  so  unversehrt  aïs  môglich  zur  Yerwendung  kommen. 

4.  Zu  diesem  Behufe  ist  die  Erfûllung  gewisser  Productionsbedingungen  nôthig 
im  Sinne  des  von  den  Milchcuranstalten  eingenommenen  Standpunktes. 

5.  Dicse  Bedingungen  bestehen  in  : 

a.  Der  sorgfftitigen  Auswahl  der  Kûhe; 

h,  Der  ausschliesslichen  Fûtterung  mit  Trockenfutter; 

c.  Der  Stallhygiene,  und 

d.  Der  sich  an  das  Meiken  unmittelbar  anschliessenden  Besorg^ng  der  Milch. 

6.  Da  solche  Milch  theurer  zu  stehen  kommt  als  gewôhnliche  Marktmilch,  so 
muss  armen  Familien  durch  Beitrftge  deren  Beschaffung  ermôglicht  werden. 

7.  In  deiyenigen  Orten,  wo  in  ansgiebiger  Weise  Curmilch  zur  Yerwendung 
kommt,  hat  die  Statistik  eine  Abnahme  der  Kindersterblichkeit  nachgewiesen. 


PBOORAUME.  67 

4.  Autoriser  les  agents  de  police  à  tuer  sur  place  les  chiens  en  contravention 
dont  ils  ne  peuvent  pas  s'emparer  sans  risquer  d'être  mordus. 

5.  Autoriser  chacun  à  tuer  tout  chien  étranger  qui  se  trouve  non  muselé  sur  son 
terrain. 

6.  Décréter  cet  ensemble  de  mesures  d'une  manière  uniforme  dans  tous  les 
pays  civilisés,  par  convention  internationale,  tout  en  permettant  :  a.  une  dispense 
temporaire  et  individuelle  du  port  obligatoire  de  la  muselière  en  faveur  des  chiens 
de  bergers  et  de  chasse,  tant  qu'il  n'y  a  aucun  cas  de  rage  dans  les  environs  ; 
b.  Une  diminution  de  l'impôt  en  faveur  de  certaines  classes  de  chiens  de  travail. 


HUI  riÉME  QUESTION 


Êtioiogie  de  la  morve.  M.  Galth 
taire  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Lyon. 


NEUVIÈME  QUESTION 

Du  lait  de  vache  comme  succédané  du  lait  de  femme. 
ly  Albrecht,  à  Neuchâtel,  Privat-docent  à  l'Université  de 
Berne. 

CONCLUSIONS 

1.  Le  lait  de  vache  frais  est  le  seul  succédané  du  lait  maternel  qui  puisse  être 
d'un  emploi  général  dans  l'allaitement  artificiel. 

2.  Tous  les  produits  lactés,  quelles  que  soient  leur  provenance  et  leur  compo- 
sition, ne  peuvent  qu'imparfaitement  remplacer  le  lait  de  vache  frais. 

3.  Ce  dernier,  pour  répondre  aux  exigences  de  l'alimentation  des  enfants  en 
bas-âge,  doit  être  d'une  composition  constante  et  invariable  dans  ses  éléments  et 
exempt  de  toute  altération. 

4.  Pour  arriver  à  ce  résultat,  il  est  indispensable  de  remplir  certaines  condi- 
tions, indiquées  par  les  vacheries  modèles. 

5.  Ces  conditions  sont  : 

a.  Le  choix  scrupuleux  des  vaches. 
h.  Le  fourrage  sec. 

c.  Une  hygiène  bien  entendue  de  l'étable. 

d.  Les  soins  à  donner  au  lait  sitôt  après  la  traite. 

6.  Le  lait  produit  dans  ces  conditions  étant  préférable,  mais  plus  cher  que  du 
lait  ordinaire,  il  convient  d'aider  les  familles  pauvres  à  se  le  procurer. 

7.  n  a  été  démontré  par  la  statistique  que  dans  les  localités  possédant  des 
vacheries  modèles,  la  mortalité  des  enfants  en  bas-âge  a  notablement  diminué. 


68  PBOQ&AIOCB. 


FUNFTE  SECTION 


DEMOGRAPHIE  UND  MEDICINAL-STATISTIK 


PROVISORISCHER  VORSTAND 

Prasident  :  Direclor  Klmmer  (in  Bern). 

Viee-Pràsidenten  :  Prof.  Alph.  de  Candolle,  Prof.  Dameth,  Prof.  Kin- 

KELiN  (in  Basel),  D*"  Chervin  (in  Paris). 
Schriftfùhrer  :  Herr  Ci'ttat. 


ERSTE  FRAGE 

Wesen  und  Grenzen  der  Démographie.  Herr  EOROSI,  Direk- 
tor  des  stiLdtischen  statistischen  Bureau's  in  Buda-Pest. 

ZWEITE  FRAGE 

Profframm  fur  Vorlesungen  ûber  Démographie.  D'  Bertillon, 
Professer  an  der  Ecole  d'Anthropologie  und  Chef  der  st&dtischen 
Statistik  in  Paris. 


DRITTE  FRAGE 

Bestimmung  der  ZeiteinheUen,  die  bei  demograpfiischen  Arbeiten 
zu  Orunde  z^u  legen  sind.  Herr  Kinkelin,  Prof  essor  an  der  Uni- 
versit&t  Basel,  Pr&sident  der  schweiz.  statistischen  Gesellschaft. 

VIERTE  FRAGE 

Projekt  eines  internatio>ialen  demographischen  Jahrhuches. 
D'  Chervin,  Direktor  der  Annales  de  Démographie  in  Paris. 


PSOGRAIIME.  SO 


CINQUIÈME  SECTION 

DÉMOGRAPHIE  ET  STATISTIQUE  SANITAIRE 


BUREAU  PROVISOIRE 

PréiidefU  :  H.  Kummer,  à  Berne. 

Vice-Présidents  :  Prof,  de  Candolle,  prof.  Dameth,  prof.  Kinkeun,  à 

Bâie,  D^*  Cheryin,  à  Paris. 
Secrétaire  :  M.  Cuttat. 


PREMIÈRE  QUESTION 

Nature  et  limites  de  la  démographie.  M.  EôrOsi,  directeur  du 
Bureau  communal  de  statistique  de  Buda-Pesth. 

DEUXIÈME  QUESTION 

Br^amme  de  Venseifffiemmt  de  la  démographie.  M.  Ber- 
TiLLON,  professeur  à  l'École  d'anthropologie,  chef  de  la  Statis- 
tique monicipale  de  la  ville  de  Paris. 

TROISIÈME  QUESTION 

Fixation  des  unités  de  temps  pour  la  coordination  des  travaux 
démographiques.  M.  KmKRiJN,  professeur  à  l'Université  de  Bàle, 
président  de  la  Société  suisse  de  statistique. 

QUATRIÈME  QUESTION 

Anmuiàre  démographique  international.  D'  Cheryin  ,  directeur 
des  Annales  de  démographie  à  Paris. 


70  PROORAHME. 


FUNFTE  FRAGE 

Statistik  der  Auswanderung .  Herr  BoDio,  Direktor  des  kOnig- 
lich  italienischen  statistischen  Bureau's  in  Rom. 


SECHSTE  FRAGE 

Die  àrzûiche  Bescheinigung  der  Todesursachen  ;  MUtd  und 
Wege  zwr  Enreichung  môglichster  VoUstàndigkeU  und  Genauigkét 
derselben.  l)""  LoTZ,  in  Basel,  Mitglied  der  eidgenOss.  Sanit&ta- 
kommission. 

SIEBENTE  FRAGE 

Véber  die  JErsteilung  eines  inlernationàlen,  einheUlichen  sanitât- 
statistischen  BiiUetins,  Herr  D'  Janssens,  Inspektor  des  stad- 
tischen  Sanitfttswesens  in  Brttssei,  Direktor  des  BuIUtin  de  statis- 
tique  sanitaire  comparée. 

ACHTE  FRAGE 

Die  MoRTALiT-ŒiT  IN  DER  ScHWEiz  :  A.  AUgemeine  schweize- 
rische  MortàUtâtstabéUe. 

B.  Die  Sterblichkeit  nach  den  Berufsarten.  Herr  Kummeb, 
Direktor  des  eidgenOss.  statistischen  Bureau's  in  Bem. 

NEUNTE  FRAGE 

Die  Kinder sterblidikeU.  Herr  Durrer,  Revisor  ain  eidgenOss. 
statistischen  Bureau  in  Bem. 


ZEHNTE  FRAGE 

Einfluss  der  LeibensmUtdpreise  auf  die  Bewegung  der  BevâBce- 
rung.  Herr  Huber,  Chef  des  kantonalen  statistischen  BOreau's 


PBOORAMME.  71 


CINQUIÈME  QUESTION 


StxUislique  de  Vémigration.  M.  BoDio,  directeur  de  la  statis- 
tique du  royaume  d'Italie,  à  Rome. 

SIXIÈME  QUESTION 

Ckmstataiiûn  médicale  des  décès.  Voies  et  moyens  pour  la  géné- 
raliser et  la  perfectionner.  D' LoTZ  à  Bâle,  membre  de  la  Commis- 
sion sanitaire  fédérale. 


SEPTIÈME  QUESTION 

Btdietin  de  statistique  sanitaire  uniforme  pour  toutes  les  nations. 
D'  Janssens,  inspecteur  en  chef  du  service  de  santé  de  la  ville  de 
Bruxelles,  directeur  du  Bulletin  de  statistique  sanitaire  comparée. 


HUITIÈME  QUESTION 

Mortalité  en  Suisse.  A.  Tahk  de  mortalité  générale. 
B.  Mortalité  d'après  les  professions.  M.  Kummer,  directeur  du 
Bureau  fédéral  de  statistique  à  Berne. 


NEUVIÈME  QUESTION 

Calcul  de  mortalité  sur  les  décès  du  premier  âge.  M.  Durrer, 
reviseur  du  Bureau  fédéral  de  statistique  à  Berne. 

DIXIÈME  QUESTION 

Mouvement  de  population  en  rapport  avec  le  prix  des  vivres. 
M.  HuBEB,  directeur  du  Bureau  cantonal  de  statistique  à  Zurich, 


72  PBOOBAMMX. 

in  Zurich;  und  Herr  Muhlemann,  Director  des  kantonalen  sta- 
tistischen  Bureau's  in  Bern. 


ELFTE  FRAGE 

MnheiUiche  FeststeUu/ng  der  TolksjsàhlungsresuUatH.  Herr  Ko- 
ROSI,  Direktor  des  stftdtischeii  statistischen  Bureau's  in  Buda-Pest 

ZWŒLFTE  FRAGE 

Uéber  die  unehdichen  Gébwten  in  der  SchweiM.  Herr  D'  La- 
dame,  Direktor  des  kantonalen  Waisenhauses  in  Dombresson 
(Neuenburg). 


PBOGRiLHME.  73 

et  M.  MilHLEMANN,  directeur  du  Bureau  cantonal  de  statistique 
à  Berne. 


ONZIÈME  QUESTION 

Dépouillement  uniforme  des  données  fournies  par  les  recensements 
de  la  population.  M.  EOrOsi,  à  Buda-Pesth. 

DOUZIÈME  QUESTION 

Des  enfants  illégitimes  en  Suisse.  D'  Ladame,  directeur  de 
l'Orphelinat  cantonal  à  Dombresson,  près  Neuchâtel. 


74  LISTE  OÉNiRALE  DES  MEMBRES  DU  COKORÈS. 


LISTE  GÉNÉRALE 


DES 


DU    CONGRÈS 


D' F.-R.-S.  AcLAND,  à  Oxford,  professeur. 

M.  E.  Ador,  à  Genève,  chimiste. 

M.  G.  Ador,  à  Genève,  avocat. 

D'  Albenois,  à  Marseille,  directeur  du  bureau  de  démographie. 

D'  Albrecht,  à  Neuchâtel. 

M.  Aixîlave,  à  Paris,  docteur  en  droit. 

D'  Alix,  à  Toulouse,  médecin  principal  de  !'•  classe. 

M.  £.  Alulrd,  à  Paris,  architecte. 

D'  Ambuhl,  à  Saint-Gall,  chimiste  cantonal. 

M.  Ph.  Andrk£,  à  Berne,  pharmacien. 

D'  L.  Appia,  à  Genève. 

D'  L.  Arène,  à  Hyères. 

D'  A.  Armainoaud,  à  Bordeaux,  professeur  agrégé. 

M.  Armstrono,  à  Londres. 

D'  Arnold,  à  Zoug. 

D' J.  Arnould,  à  LiDe,  professeur  d'hygiène  à  la  Faculté  de  Médecine. 

D' AuGRos,  à  Maisons-sur-Seine. 


D' J.  Badan,  à  Genève,  médecin  des  prisons. 
M.  J.-B.  Baille,  à  Paris,  adjoint  au  maire. 
D' J.-M.  Balestreri,  à  Gênes,  médecin  du  grand  hôpital. 
D'  G.  Ballotta,  à  Lugo  di  Romagna. 
D'  Bambas,  à  Athènes,  professeur  d'hygiène. 
D'  A.  Barde,  à  Genève,  médecin  de  rhôpital  ophthalmique. 
M.  H.  Bardy,  à  Saint-Dié  (Vosges),  pharmacien,  secrétaire  du  Conseil 
d'hygiène. 


LISTE.  GÉHÂR4LE  DES  MEMBRES  DU  CONOKÈS.  75 

D'  Barett,  à  Nice. 

VI.  A.  Baron,  à  Genève,  avocat. 

VI.  Bastard,  à  Grenëve,  pharmacien. 

VI.  E.  Batault,  à  Genève. 

D'  Baylon,  à  Genève. 

[)'  G.  DE  Beauvais,  à  Paris,  secrétaire  général  de  la  Société  de  méde- 
cine de  Paris. 

D'  Becker,  à  Berlin,  directeur  de  l'office  impérial  de  statistique. 

D' J.  Beddoe,  à  Bristol. 

VI.  Bedot,  à  Genève,  naturaliste. 

[)'  Beeli,  à  Davos. 

\1.  Ch.  Bellamy,  à  Genève,  juge. 

y  N.  Belogolowoy,  à  PétersDourg,  président  de  la  Commission  sani- 
taire. 

[>'  A.  Bena VENTE,  à  Madrid. 

D'  C.  Berarducci,  à  Pérouse,  médecin  de  l'asile  des  aliénés. 

0'  Bergeon,  à  Lyon. 

ifl.  Berlier,  à  Paris,  ingénieur  civil. 

y  Bernet,  à  Genève. 

tf .  Amadeo  Bert,  à  Gènes,  professeur. 

y  Paul  Bert,  à  Paris. 

y  Bertillon,  à  Paris,  professeur  à  l'Ecole  d'anthropologie. 

if.  BERTILX.ON  fils,  à  Paris. 

tf .  F.  Bezançon,  à  Paris,  chef  de  division  à  la  Préfecture  de  poKce. 

tf .  G.  BiDDELL,  à  Londres. 

d .  S.  BiELER,  à  Lausanne,  vétérinaire,  membre  du  Conseil  de  santé. 

)'  0.  BiLLETER,  à  Neuchâtel,  professeur  de  chimie. 

)'  Alfred  BiNET,  à  Genève. 

)'  Paul  BiNET,  h  Paris. 

)'  BioNDETTi,  à  Paris. 

)'  BizoT,  à  Genève. 

y  R.  Blache,  à  Paris. 

)'  R.  Blasius,  à  Braunschweig,  professeur  d'hygiène. 

il.  P.  Blondel,  à  Paris,  architecte. 

tl.  L.  BoDio,  à  Rome,  directeur  de  la  statistique  du  royaume  d'Italie. 

y  R.  Bœckh,  à  Berlin,  directeur  de  la  statistique  de  la  ville  de  Berlin. 

)'  L.  Bœhm,  à  Magdebourg,  conseiller  médical. 

)'  P.  Bœrner,  à  Berlin. 

ri.  Ch.  BoissoNNAs,  à  Genève,  architecte. 

ri.  D.  BoNCiNELLi,  à  Venise,  avocat, 

)'  Bonmariaoe,  à  Bruxelles,  professeur  d'hygiène. 

)'  BoNNAFONT,  à  Paris. 

)'  BoNNARD,  à  Lausanne. 

y  Ch.-L.  BoNviN,  à  Sion,  vice-président  du  Conseil  de  santé. 

)'  A.  BoREL,  à  Neuchâtel. 

1.  Bosch-Menos,  à  Barcelone,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées. 

tl.  Bossi,  à  Genève,  ingénieur  de  l'entreprise  du  tunnel  du  Gothard. 

i.  Bourcier  Saint-Chaffray,  consul  général  de  France,  à  Genève. 

)'  BouRDiN,  à  Paris,  ex-président  de  la  Société  de  statistique. 

)'  E.  Bourgeois,  à  Berne,  président  du  Collège  de  santé. 

f .  L.  BouRGET,  à  Genève. 

y  BouRNEviLLE,  à  Paris,  rédacteur  du  Progrès  médical. 

1.  H.  BouRRiT,  à  Genève,  architecte. 

)'  H.  Bourru,  à  Rochefort. 


76  USTE  GÉNÉRALE  DE8  MEMBRES  DU  0ONOEÈ8. 

M.  A.  Bouvier,  à  Genève,  secrétaire  de  rinstruction  publique. 

D' Emilie  Bovell  Sturge,  à  Londres. 

D'  Bradel,  à  Sofia,  directeur  de  THôpital. 

M.  E.  Briquet,  à  Genève,  ingénieur. 

D' A.  Brot,  à  Genève. 

M.  Gh.  Brot,  à  Milan,  membre  de  la  Société  italienne  d'hygiène. 

D' P.  Brouardel^  à  Paris,  professeur  de  médecine  légale. 

D'  Brouogimer,  à  Wahlen  (Argovie),  président  delà  Société  de  médecine. 

D'  J.  Brugnoli,  à  Bologne,  professeur  de  pathologie  interne. 

M.  Albert  Brun,  à  Genève. 

D'  Auguste  Brun,  à  Genève. 

D' F.  6run,  à  Luceme. 

M.  Jacques  Brun,  à  Genève,  professeur. 

D'  Brunnër,  k  Albisbrunn. 

D'  Burckardt-Mérian,  h  Bâle,  professeur  d'otiatrique. 


D' N.  Cabello,  à  Madrid,  membre  du  Conseil  supérieur  de  santé  de  la 

marine. 
M.  A.  DE  Candolle,  à  Genève,  professeur,  membre  de  l'Académie  des 

Sciences. 
M.  G.  DE  Candolle,  à  Genève,  président  de  la  Société  de  physique  et 

d'histoire  naturelle. 
D'  Van  Cappelle,  à  La  Haye. 
D' E.  Casalis,  à  Basutoland. 

P'  Castetjla,  k  Fribourg,  président  de  la  Société  de  médecine. 
D' E.  CASTELO-Serra,  à  Madrid. 
D'  Cazenave  (de  la  Roche),  aux  Eaux-Bonnes. 
D' DE  Cérenville,  à  Lausanne,  médecin  en  chef  de  THôpital  cantonal. 
M.  L.  Cernesson,  à  Paris,  architecte. 

M.  E.  Chadwick,  à  Londres,  ancien  président  du  Bureau  d'hygiène. 
D'  Challand,  à  Lausanne,  médecin  en  dief  de  l'établissement  de  Cery. 
M.  Emile  Challand,  à  Genève,  assistant  de  la  clinique  chirurgicale. 
M.  Chamberlain,  à  Genève,  chimiste. 
M.  Chambrelent,  à  Bordeaux,  interne  des  hôpitaux. 
M.  Chapuis,  à  Genève,  pharmacien. 
M.  M.  Chauvet,  à  Genève,  ancien  conseiller  d'État. 
D' A.  Chene\têre,  à  Genève. 
D'  E.  Chenevière,  à  Genève. 

D' A.  Chervin,  à  Paris,  directeur  des  Annales  de  démographie. 
M.  Cheysson,  à  Paris,  ingénieur. 

D' A.  Christener,  à  Berne,  membre  de  la  Conmiission  municipale. 
D'  DE  Cristoforis,  à  Milan. 
M.  J.  CiARET,  à  Genève. 
D'  Solis  Cohen,  à  Philadelphie. 
D'  H.  CoHN,  à  Breslau,  professeur  d'ophthalmologie. 
D'  L.  Colin,  à  Paris,  professeur  à  l'École  du  Val-de-Grâce. 
M.  D.  CoLLADON,  à  Genève,  ingénieur-professeur. 
D'  CoLLiEx,  à  Turin. 
D'  CoRDÈs,  à  Genève. 
D'  V.  CoRNiL,  à  Paris,  professeur. 


LISTE  OÉKÉBALR  DES  MEMBRES  DU  C0NGBÈ8.  77 

M.  Corot,  à  Paris,  ingénieur. 

D' A.  CoRRADi,  à  Pavie,  professeur  de  matière  médicale. 

M.  A.-G.  Gossi,  à  Madrid. 

D'  Couette,  à  Lyon,  médecin  aide-major. 

M.  E.  Court,  à  Yverdon,  pharmacien, 

D'  C.-W.  CovERKTON,  à  Ontario,  membre  du  Board  of  Health. 

D'  L.  DE  CsATARY,  à  Buda-Pesth,  membre  du  Conseil  général  d'hygiène, 

M.  Da  CuiKHA  Belem,  à  Lisbonne. 

D' CuRTi,  de  Saint-Gall,  président  du  Conseil  de  santé. 

D*  CuRTVALLis,  à  Stockholm. 

D'  G.  CusTER,  à  Rheineck  (Saint-Gall). 

M.  CuTTAT,  à  Berne,  du  Bureau  fédéral  de  statistique. 


D'  Dally,  à  Paris,  profiesseur  à  l'école  d'anthropologie. 

D'  Damaschino,  à  Taris,  professeur  agrégé. 

M.  Dameth,  à  Genève,  professeur  de  statistique  à  l'Université. 

M.  Darier  à  Genève,  interne  des  hôpitaux. 

M.  Albert  Darier,  à  Genève. 

D'  David,  à  Versoix. 

M.  L.  DE  LA  Rive,  à  Genève. 

D'  Delcomixète,  à  Nancy,  professeur  à  l'Ecole  de  pharmacie. 

M.  A.  Delpech,  à  Paris,  mterne  des  hôpitaux. 

M.  F.  Demaurex,  à  Genève,  fabricant  d  instruments  de  chirurgie. 

M.  De  Meuron,  à  Genève,  ingénieur. 

D' F.  De  Pury,  à  Neuchâtel. 

M.  E.  Des  Gouttes,  à  Genève,  ingénieur. 

D'  Des  Guin,  à  Anvers,  membre  de  l'Académie. 

D'  Deshayes,  à  Rouen,  membre  du  Conseil  d'hygiène. 

D' A.  D'Ebpine,  à  Genève,  professeur  de  pathologie  interne. 

M.  De  Thérésopolis,  à  Rio-de-Janeiro. 

D'  De  Valcourt,  à  Cannes. 

D' DiAs  DE  SoRiA,  à  Bordeaux. 

M.  DiAz-CovARRUBiAs,  à  Mexico. 

D' W.  DouGLAs-HoGo,  à  Paris,  pharmacien. 

D'  G.  Drouineau,  à  La  Rochelle,  secrétaire  du  conseil  d'hygiène. 

D'  Dubois,  à  Berne. 

D'  J.  DuBRisAY,  à  Paris,  membre  du  comité  consultatif  d'hygiène. 

D' M.  DuFOUR,  à  Lausanne,  médecin  de  l'hôpital  ophthalmique. 

D' E.  Dufresne,  à  Genève. 

D' DuMUR,  k  Evian. 

M.  A.  DuNANT,  à  Genève,  procureur  général. 

D' P.-L.  DuNANT,  à  Genève,  professeur  d'hygiène. 

M.  DuPLEssis,  à  Paris,  vétérinaire  principal. 

D'  Dupont,  à  Lausanne,  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital. 

M.  Durakd-Claye,  k  Paris,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées, 

professeur. 
D' Phil.  Durajhtb,  à  Gr^iève. 

M.  Durrrr,  à  Berne,  reviseur  du  Bureau  fédéral  de  statistique. 
D' A.  DuvAL,  à  Genève,  médecin  de  l'Hôpital  des  enfanta. 
M.  C.-D.  DuvERDY,  à  Paris,  avocat. 


78  LISTE  OSHÉRALE  DES  liEMBRES  DU  OONORÈS. 


M.  Enoel-Dolfus,  à  Dornach,  manufacturier. 

D'  G.  Ennes,  à  Lisbonne. 

D'  H.  EuLENBERG,  à  Berlin,  conseiller  médical  supérieur. 


D' P.  Fabre,  à  Commentry. 

D'  Falquet,  à  Genève. 

D'  G.  Faralli,  à  Florence. 

M.  V.  Fatio,  à  Genève,  docteur  es  sciences. 

D'  Fauvel,  à  Paris,  inspecteur  général  du  service  sanitaire. 

D'  E.  Favaroer,  à  Neuchfttel,  membre  de  la  commission  de  santé. 

M.  A.  Favre,  à  Genève,  professeur. 

D'  Favre,  à  Neuchâtel. 

D' J.  FÉLIX,  à  Bucharest,  professeur,  membre  du  Conseil  médical. 

D'  Fernandez,  à  Rome. 

D'  F.  Ferrière,  à  Genève. 

jy  D.-F.  Fetscherin,  directeur  de  l'asile  de  Saint-Urban  (Luceme). 

D'FiEuzAL,  à  Paris. 

M.  A.  FiuMi,  à  Assise,  vétérinaire. 

M.  P.  Fleury,  à  Marans,  pharmacien  de  1"  classe,  membre  du  Conseil 

d'hygiène. 
D'  Fleury,  k  Saint-Etienne. 
D'  Flotard,  à  Evian. 
D'  Fol,  à  Genève,  professeur. 
D'  F.  FoREL,  à  Morges,  professeur. 

D' F.  FoRMEKTo,  à  New-Orléans,  membre  du  Board  of  Health. 
D'  F.  Fritzsché,  à  Glaris,  médecin  de  l'hôpital. 
M.  L.  FuLPius,  à  Genève,  architecte. 


D'  L.  Gaillard,  à  Paris. 

D'  L.  Galassi,  professeur  à  l'Université  de  Rome. 

M.  Ch.  Galopin,  à  Genève,  professeur. 

M-  Galtier,  à  Lyon,  professeur  de  police  sanitaire. 

D'  P.  GAMBERna,  à  Bologne,  professeur  de  dermatologie. 

D'  Gariel,  à  Paris,  professeur  agrégé. 

D'  A.  Gautier,  à  Paris. 

M.  E.  Gautier,  à  Genève,  colonel. 

jy  Léon  Gautier,  à  Genève. 

D""  V.  Gautier,  à  Genève,  médecin  en  chef  de  l'infirmerie  Butini. 

D'  H.  Gelabert,  à  Barcelone,  rédacteur  de  la  Hygiène  para  todos, 

M.  E.  Geneste,  à  Paris,  ingénieur. 

D'  V.  Georgbwitz,  à  Belgrade. 

D'  J.  Gibert,  au  Havre. 


IfIBTE  OIÈNÉRALE  DES  MWMBRES  DU  CONGRÈS.  79 

D'  GiNÉ  Y  Partages,  à  Barcelone,  professeur  de  clinique  chirurgicale. 

M.  Ch.  Girard,  à  Paris,  chef  du  laboratoire  municipal  d'analyses. 

B'  Ch.  Girard,  à  Berne,  secrétaire  du  Collège  de  santé. 

ly  H.  Girard,  à  Genève. 

D'  Glatz,  à  Champel-sur-Arve,  Genève. 

D' GoDEFROY,  à  Versailles. 

M.  G.  Gœgg,  à  Genève,  pharmacien. 

D'  Gœtz,  à  Genève,  secrétaire  de  la  Société  médicale. 

D'  GoLAY,  à  Genève. 

M.  GoLTz,  à  Berlin. 

D' H.  Gosse,  h  Genève,  professeur  de  médecine  légale. 

D'  F.  GôiTisHEiM,  à  BâJe,  professeur  d'hygiène. 

D' H.  GouDET,  à  Genève. 

D'  G.  Grant,  à  New-York. 

D'  J.  Gray,  à  New-York. 

M.  P.-L.  Gremaud,  à  Genève. 

M.  F.-R.  Gruber,  à  Vienne,  architecte  et  professeur. 

D'  Henri  Guexeau  de  Mussy,  à  Paris  membre  de   TAcadémie  de 

médecine. 
D'  A.  GuiLLEBEAu,  à  Bomo,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire. 
jy  GuiLLERBJET,  à  Caunos. 
M.  GuTTSTADT,  à  BorUu. 


H 

M.  Habel,  à  Genève,  pharmacien,  président  de  la  Société  de  pharmacie. 

D' ILsGLER,  à  Bâle. 

M.  Haid;,  à  Genève,  Dharmacien. 

M.  Haldbkwang,  à  Genève,  pharmacien. 

D'  Haltenhoff,  à  Genève,  Privat-docent  d'ophthalmologie. 

D'  E.  Hart,  à  Londres,  éditeur  du  Sanitary  Record. 

D' E.  Haughton,  à  Londres. 

D'  Hauptmann,  à  Gleiwitz  (Silésie). 

D'  BLkusAMMAKK,  k  Lausauno. 

D'  P.  Hauser,  à  Séville. 

D'  0.  Heer,  à  Lausanne. 

D' H.  Henrot,  à  Reims,  professeur  d'hygiène. 

M.  Henry,  à  Genève,  vétérinaire  cantonS. 

M.  Ch.  Herscher,  à  Paris,  ingénieur. 

ly  Herzen,  à  Lausanne. 

D' A.  Hess,  à  Londres. 

D' J.-B.  HuAR  Y  Haro,  à  Rome. 

D' HiLT,  à  Genève. 

D' HiNCKEs-BiRD,  à  Londres. 

D'  HiRscH,  k  Potsdam. 

D.  F.  HoFMANN,  à  Leipzig,  professeur  à  l'Institut  hygiénique. 

D'  F.  HoRNER,  à  Zurich,  çrofesseur  de  clinique  ophthalmologique. 

M.  A.  HovELACQUE,  à  Paris,  directeur  de  la  Beinie  de  linguistique. 

D'  H.  HuART,  à  Bruxelles,  médecin  du  Bureau  d'hygiène". 

D'  Huc-Mazelet,  à  Morges. 

D' HûRLiMANN,  à  Zoug,  président  de  la  Société  médicale. 

M.  C.  HussoN,  k  Toul,  pnarmacien,  membre  du  Conseil  d'hygiène. 


80  LOTS  OÉHÉRALB  DES  MEMBRES  DU  OOHOBAS. 


D'  Jacquemet,  à  Montpellier,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine. 
M.  J.-G.  J^GER,  à  Amsterdam,  président  de  rAssociation  pour  Teau 

potable. 
D'  JiE(4ER,  à  Stuttgard. 
D' P.  Jaillard,  à  Paris,  pharmacien. 
D'  Jaxssens,  à  Bruxelles,  inspecteur  du  service  de  santé. 
D'  Joël,  à  Lausanne,  médecin  de  l'Hôpital  des  enfants. 
M.  A.  JoLTRAiN,  h  Paris,  secrétaire  de  la  Société  d'hygiène. 
M.  Ch.  JoLY,  h  Paris,  vice-président  de  la  Société  d'norticulture. 
M.  JoRDANOFF,  à  Sofia. 
D'  JuiLLER^vT,  à  Lausanne. 
D'  JuLLiARD  père,  à  Genève,  ex-médecin-inspecteur  de  la  salubrité 

publique. 
D' G.  JuLUARD  fils,  à  Genève,  professeur  de  clinique  chirurgicale. 


D'  J.-F.  Kaiser,  à  Coire  (Grisons),  président  du  Conseil  de  santé. 
M.  Kampmanx,  à  Genève,  pharmacien. 

M.  H.  KiKKEus,  à  Bâle,  professeur  de  mathématiques  à  l'Université. 
M.  KiRscHOF,  à  Leer  (Hanovre). 
D'  R.  KocH,  à  Berlin,  professeur. 
D'  KocHER,  à  Berne,  professeur  de  clinique  chirurgicale. 
M.  A.  KoECHiix-ScuwARTz,  à  Paris,  maire  du  8"**  arrondissement. 
M.  J.  KôRôsi,  à  Buda-Pesth,  directeur  du  Bureau  communal  de  statis- 
tique. 
D""  KosciAKiEwicz,  à  Rive-de-Gier. 
D'  A.  KoTTMANN,  à  Soleure,  médecin  en  chef  de  l'hôpital. 
D'  G.  Krauss,  à  Darmstadt. 
D'  A.  Kruche,  à  Marbach  (Bade). 

D'  H.  KuBORN,  à  Seraing-Liège,  professeur,  président  de  la  Sodété  de 
médecine  publique. 

M.  KuMMER,  à  Berne,  directeur  du  Bureau  fédéral  de  statistique. 

D'  J.-J.  KraMER,  à  Aarwangen  (Berne),  membre  de  la  commission  sani- 
taire fédérale. 

D'  Kupfer-Kerxen,  à  Berne,  membre  du  Collège  de  santé. 


D'  Lacassaoke,  à  Lyon,  professeur  de  médecine  légale 

D'  Lachenal,  à  Genève. 

M.  p.  Lackner,  à  Berlin,  assistant  à  l'office  statistique  de  la  ville 

D'  Lad^e,  à  DombresBon  (Neuchâtel),  médecin  de  TorpheUnat    ' 

D'  Lade,  à  Martigny.  ^ 


LISTE  GÉNÉRALE  DES  MEMBRES  DU  CONGRES.  81 

y  E.  DE  LA  Harpe,  à  Lausanne,  membre  de  la  Société  française  d'hy- 
giène. 

y  A.  Lai^im,  à  Stockholm. 

y  E.  Landowski,  à  Paris. 

y  F.  Laxg,  à  Soleure,  professeur  à  l'école  cantonale. 

-)'  Laxglet,  à  Reims,  airecteur  du  bureau  d'hygiène. 

tf .  Lasius,  à  Zurich,  professeur  d'architecture  à  l'École  polytechnique. 

)'  Laskowski,  à  Genève,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine. 

y  A.-A.  Launay,  au  Havre,  directeur  du  bureau  municipal  d'hygiène. 

y  Layet,  à  Bordeaux,  professeur  d'hvgiène. 

^I.  A.  Le  Cointe,  à  Genève,  membre  au  conseil  administratif. 

y  Leenharot,  à  Montpellier. 

y  Leudet,  à  Rouen,  du'ecteur  de  l'École  de  médecine. 

d.  R.  Leudet,  à  Paris,  élève  des  hôpitaux. 

)'  Levisson,  à  Copenhague. 

tf.  Ll\gre,  à  Bruxelles,  lieutenant-général. 

y  LiciiTHEiM,  à  Berne,  professeur  de  clinique  médicale. 

y  G.  DE  LiGXEROLLEs,  à  Paris. 

y  LiKATcuEFF,  h  Saiut-Pétersbourg,  président  de  la  commission  sani- 
taire de  la  municipalité. 

^L  Alexandre  Likatcheff,  à  Munich. 

J.  P.  Lixdell,  à  Stockholm,  secrétaire  do  la  Société  pour  la  crémation. 

y  H.  LiouviLLE,  à  Paris,  député. 

J.  A.  Loir,  à  Lyon,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences. 

tf .  A.  Loir  fils,  à  Arbois,  assistant  de  M.  Pasteur. 

)'  LoisEAU,  à  Paris,  membre  du  conseil  municipal  de  Paris. 

)'  H.-Cl.  Lombard,  h  Genève,  Président  du  Congrès. 

)'  H.-Ch.  Lombard,  h  Genève. 

kl.  Alex.  Lombard,  à  Genève,  président  de  la  Société  pour  la  sanctifi- 
cation du  dimanche. 

tf .  F.  Lombard,  h  Genève. 

il.  LoMMEL,  à  Lausanne,  ingénieur. 

)'  E.  Long,  à  Genève,  ancien  médecin  en  chef  de  l'hôpital  cantonal. 

)'  E.  LoRENT,  à  Bremen,  président  du  Conseil  de  santé. 

)'  LoTz,  à  Bâle,  président  de  la  Société  médicale. 

J.  LoYsoN,  président  honoraire  de  la  Cour  d'appel,  à  Lyon. 

)'  LvBEusKi  fils,  à  Varsovie,  délégué  de  la  Société  médicale  de  Varsovie, 
médecin  du  consulat  général  de  France. 

)'  LuMxiczER,  à  Buda-Pestn,  professeur  de  chirurgie  h  l'Université, 
président  du  Conseil  général  d'hygiène. 

J.  LuNGE,  à  Zurich,  professeur  de  chimie  appliquée  à  l'École  polytech- 
nique fédérale. 


M 

)'  G.-A.  Maccas,  à  Athènes,  professeur  de  clinique  médicale. 

iL  V.  Maggioli,  à  Rome,  professeur. 

I.  Malbran'cue,  à  Rouen,  pharmacien,  membre  du  Conseil  centi'al 

d'hygiène. 
)'  Malief,  à  Kazan,  professeur  de  l'Université. 
A.  Ivan  Maijeff  (Russie). 
il.  Ch.  Mallet,  à  Genève. 

6 


82  LISTE  GÉNÉRALE  DES  MEMBHE8   DU   CONGRES. 

M.  E.  Marbeau,  à  Paris,  président  de  la  Société  des  crèches. 

D'  Mahcet,  à  Londres. 

D""  F.  Mar(;ary,  à  Turin,  i)remier  chiiiirgien  de  l'hôpital  Saint-Jean. 

D'  E.  Marchlvfava,  à  Rome,  professeur. 

D'  Ant.  Marro,  h  Turin. 

M.  A.-J.  Martin,  à  Paris,  secrétaire  général  adjoint  de  la  Société  de 

médecine  publique. 
M.  Alex.  Martin,  à  Genève,  professeur. 
D'  E.  Martin,  à  Genève. 
D'  E.  Masson,  à  Carouge  (Genève). 
M.  Masson,  à  Paris,  ingénieur. 

M.  I).  Matak,  à  Bucharest,  ingénieur  directeur  des  travaux  de  la  \ille. 
D'  Matzinger,  à  Bâle. 

M.  Ch.  Maunoir,  à  Paris,  secrétaire  de  la  Société  de  géographie. 
I)''  P.  MAuxt>iR,  il  Genève,  chirurgien  de  l'Hôpital  des  enfants. 
D'  E.  Mauriac,  à  Bordeaux. 
D'  A.  Mayor,  à  Genève. 
M.  Mégevand,  h  Genève,  étudiant  en  médecine. 
D'  Meinert,  à  Berlin. 

D'  R.  Mendez,  à  Barcelone,  professeui*  d'hygiène. 
D'  Mercier,  à  Coi)pet. 
M.  Merle-d'Aubkîné,  à  Genève,  ingénieur  du  service  des  eaux  de  la 

ville. 
D'  Mermod,  à  Yverdon. 
D'  Métral,  à  La  Belette  (Genève). 
D'  R.  Meyer-Hitni,  à  Zunch,  privat-docent  à  l'Université. 
M.  L.  MicHELi,  à  Genève,  vice-président  du  Comité  de  la  Croix-Rouge. 
M.  M.  Mkuieli,  à  Genève,  botaniste. 
D'  MiNiAT,  à  ClareiLS-Montreux. 

D' P.  MiQUEL,  à  Paris,  micrographe  à  l'Observatoire  de  Montsouris. 
M.  E.  MiTTENDORKF,  à  Genèvc. 

M.  D.  MoNNiER,  à  Genève,  professeur  de  chimie  biologique. 
D""  B.  MoNTEJo,  à  Madrid. 

D'  A.  MoNTEVERDi,  à  Ci'émone,  médecin  en  chef  de  l'Hôpital  civil. 
D'  MoRiCAND,  à  Paris. 

D' J.  MoRAx,  à  Morjjes,  membre  du  Conseil  de  santé. 
D'  E.  MoRRA,  à  Turin. 
D'  MoRRAUD,  à  Paris. 

D'  F.  MouAT,  à  Londres,  local  government  inspecter. 
M.  G.  MoYNiKR,  à  Genève,  président  du  Comité  international  de  la 

Croix-Rouge. 
M.  MunLEMANN,  à  Berne,  directeur  du  Bureau  cantonal  de  statistique. 
D'  Mi:ller,  à  Ballaigues  (  Vaud). 
M.  Mi:ller,  à  Genève,  pharmacien. 
D*"  R.  DE  Musgrave-Clav,  à  Pau. 


N 


D'  G.  Nager,  à  Lucerne,  médecin  de  district. 

D'  H.  Napias,  à  Paris. 

D'  Neinjiaus,  à  Châtcl-Saint-Denis. 

Comte  L.  Xesselrode,  à  Saint-Pétersbourg,  docteur  en  droit. 


LISTE  GÉNÉRALE  DES  MEMBRES  DU  CONORËS.  83 

T)'  NiCAisE,  à  Paris,  professeur  agrégé  à  la  Faculté. 

D'  Nicolas,  à  Neuchâtel. 

I)*^  NoTTix,  à  Paris. 

Barou  A.  Novellis,  à  Rome. 


M.  E.  Odier,  à  Genève,  avocat. 

D'  OuvET,  à  Genève,  professeur  de  psychiatrie. 

D'  Oltramare,  à  Genève. 

M.  Ottinger,  à  Paris. 

D'  VAX  OvERBEEK  DE  Meyer,  à  Utreclit,  professeur  d'hygiène  à  l'Uni- 

versité 
D'  F.  OviLo,  k  Madrid. 


D'  H.  Pacchiotti,  à  Turin,  professeur. 

D'  L.  PAGLLiNi,  à  Turin,  professeur  d'hygiène  à  l'Université. 

D'  Pamard,  à  Avignon,  chii*urgien  en  chef  de  l'hôpital. 

D'  DE  Paou,  à  Tuiîn. 

D'  C.  Papi,  à  Lugano,  chirurgien  de  l'hôpital  de  Lugano. 

M.  J.-M.  Paris,  à  Genève,  instituteur. 

D'  G.  Parola,  à  Cuneo. 

M.  Parvillée,  à  Paris. 

D'  Pasta,  à  Monte  Generoso  (Tessin). 

M.  Pasteitr,  à  Paris,  membre  de  l'Institut. 

D'  A.  Pasteitr,  à  Genève. 

M.  L.  Perozzo,  à  Rome,  inspecteur  de  la  statistique  générale. 

D' E.-R.  Perrin,  à  Paris,  membre  de  la  commission  des  logements 

insalubres. 
D*^  Z.  Petresco,  à  Bucharest,  colonel,  médecin  principal  de  l'armée 

roumaine. 
D'  Pkeiffer,  à  Weimar,  Medicinalrath. 
D'  E.  Pfluger,  à  Berne,  professeur  d'ophthalmologie. 
D'  F.-J.-E.  Philbert,  à  firides-les-Bains. 
D'  PiACHAUD,  à  Genève. 
D' P.  PiANA,  à  Lugo  di  Romagne,  ingénieur. 
D'  J.  PicoARD,  à  Bâle,  professeur  de  chiniie. 
D'  C.  Picot,  à  Genève,  médecin  de  l'hôpital  du  Prieuré. 
M.  G.  P1CIT.T,  à  Genève,  avocat. 
D'  Pietra-Santa,  à  Paris. 

D'  Pkjeolet,  à  Bruxelles,  professeur  à  l'Université. 
M.  PiNX'HiA,  à  Turin. 

I)"^  G.  PiNi,  à  Milan,  membre  du  Conseil  de  santé. 
M.  A.-G.  P()GOL\Ni,  à  Padoue,  avocat. 
D'  L.  PoiscARRÉ,  à  Nancy,  professeur. 
M.  PoppE,  à  Genève,  phannacien. 
M.  Ch.  Porta,  à  Turin. 
D'  P0RTI8,  à  Turin. 


S4  LISTE  GÉSÉBALE  DES  MEMBRES  DC  OOSGSES. 

I>'  Pravaz.  à  Lyon. 

D'  PREsiiRiEBER,  à  Paris. 

!>'  J.-L.  Prévost,  à  Genêvf .  professeur  de  thérapeutique. 

D' A.  pROL>T.  à  Paris,  membre  du  comité  consulutif  d'hygiène  de  France. 


M.  QuESTix,  à  Pari>,  directeur  de  l'assistance  publique. 
D'  G.  QuiRico,  à  Rome. 


M.  Rabot,  à  Vers*iilles.  phannacien  de  première  classe. 

D'  E.  Rapin,  à  Genève,  membre  du  Comité  d'organisation. 

D'  Rapix,  à  Lausanne. 

D'  E.  Raseri,  à  Cuneo.  in>i)ecteur  de  la  statistique  générale. 

M.  E.  Raymoxdaii»,  de  Limoges,  [professeur  à  TEcole  de  Médecine. 

D'  Recordox,  à  Lausanne.  \ice-président  du  Conseil  de  santé. 

D*^  Redari),  à  Genève,  professeur. 

D'  V.  Remixck,  à  Bruxelles,  médecin  des  hôpitaux. 

M.  E.  Reverdix,  à  Genève,  architecte. 

D'  J.  Reverdix,  à  Genève,  professeur  de  pathologie  interne. 

D'  L.  Revilliod,  à  Genève,  professeur  de  clinique  interne. 

M.  Richard  du  Caxtal,  à  Paris. 

D'  P.  RiGOT,  à  Paris. 

M.  A.  Rilliet,  à  Genève,  chimiste.  . ,  ,  , 

D'  RippMAXx,  à  Sissach  ( Bâle-Campagne),  président  de  la  Société  de 
médecine. 

D'  Rist,  à  Nyon. 

D'  Ritzmaxx,  à  Schaffhouse,  président  de  la  Société  de  médecine. 

D'  J.-E.  RocHARD,  à  Paris,  inspecteur  général  et  président  du  Conseil 
supérieur  de  la  marine.  ,       , 

M.  L.-L.  RociLVT,  à  Genève,  président  central  de  la  Société  suisse  de 
tempérance». 

D*"  A.  RoGivi'E,  à  Lausanne. 

D*"  Rollet,  à  Lvon,  professeur  d'hvgiène. 

D*^  M.  Roth,  h  Londres,  secrétaire 'honoraire  de  la  Société  pour  la  pré- 
vention de  la  cécité. 

D'  L.  Roulet,  ù  Neuchâtel,  conseiller  d'État. 

I)*^  RoiTSTAND.  <\  Cannes, 

M.  F.  Rorx,  à  Nyon,  phannacien. 

M.  L.  Roux,  à  Lausanne,  professeur  de  physique  à  l'Ecole  industrielle. 

I)*"  RuYscH,  à  Maastricht,  inspecteur  du  service  sanitaire. 

M.  A.  Rycuxeu,  à  Neuchâteî,  architecte. 


M.  G.  Salomox,  à  Paris,  ingénieur  civil  des  mines, 
I)**  Samelsox,  à  Manchester. 


U8TE  OÉX£R\LE  DES  MEMBRES  DU  CONGRÈS.  85 

M.  E.  Sarasin,  à  Genève,  secrétaire  de  la  Société  de  physique  et  d'his- 
toire naturelle. 
M.  ScALA,  h  Nice,  architecte. 
M.  Ch.  ScHiECK,  à  Genève,  architecte. 
D'  Sgiuff,  h  Genève,  professeur  h  la  Faculté  de  médecine. 
D'  E.  ScHiFF,  à  Vienne  (Autriche). 
D'  E.  ScHMiNGTON,  à  Copcnhague. 

D'  F.  ScHULER,  à  Mollis  (Glaris),  inspecteur  fédéral  des  fabriques. 
D'  A.  Secret  AN,  à  Lausanne. 
D'  L.  Secretan,  h  Lausanne. 
D'  Ch.  Secret an-Mayor,  à  Lausanne. 

D'  L.  Severini,  à  Pérouse,  professeur  de  psychologie  à  l'Université. 
D'  Siegel,  à  Leijjzig. 
Jy  SiGG,  à  Andelnngen  (Zurich). 

D'  J.  DE  SiKORSKi,  à  Pétersbourg,  privat-docent  de  psychiatrie. 
D'  J.-J.  da  SiLVA  Amado,  de  Lisbonne,  professeur  a'hygiène,  directeur 

du  Bureau  d'hygiène. 
D'  J.  SioRDET,  à  Menton. 

M.  A.  Smith,  à  Londres,  correspondant  de  la  presse  scientifique  anglaise. 
D'  J.  Smith,  à  Londres. 

D' A.  SociN,  h  Bâle,  professeur  de  clinique  chii'urgicale. 

D'  SoGNiFJs,  à  Nancy,  directeur  du  Bureau  d'hygiène. 

D' SoNDEREGGER,  à  Saint-Gall,  vice-président  de  la  Commission  de  santé 
fédérale. 

M.  L.  SoRET,  à  Genève,  professeur  de  physique  médicale. 

D' J.  Sormani,  à  Pavie,  professeur  d'hygiène  à  l'Université. 

D' J.  SoYKA,  à  Munich,  privat-docent  a  l'Institut  hygiénique. 

D'  Squarini,  h  Novare,  chirurgien  du  Grand-Hôpital. 

I>'  Steiger,  à  Montreux. 

D'  Stierlin,  à  Schaflfhouse,  membre  de  la  Direction  sanitaire  du  canton. 

I^'  A.  Sturge,  de  Londres. 

M.  SuzoR  (comte  Paul  de),  à  Pétersbourg,  architecte  de  la  ville. 


D'  J.  Teissier,  à  Lyon,  professeur  agrégé. 

D'  Texier,  à  Alger,  professeur  directeur  de  l'École  de  médecine. 

M.  E.  Thomas,  à  Genève. 

M.  Casimir  Tollet,  à  Paris,  ingénieur  civil. 

D'  D.  ToscANi,  à  Rome,  professeur  de  médecine  légale  à  l'Université. 

M.  E.  Trjéiat,  à  Paris,  architecte,  professeur,  président  de  la  Société 
des  ingénieurs  civils. 

M.  G.  Trélat,  à  Paris. 

j^'  Tschatskine,  à  Odessa. 

M.  Th.  Turrettini,  à  Genève,  ingénieur,  membi^e  du  Conseil  Adminis- 
tratif. 


1^'  Yalentin,  à  Berne. 

"I,  Vallery-Radot,  à  Arbois. 


SÉANCE  D'OUVERTURE 


DU  4  SEPTEMBRE 


La  séance  est  ouverte  à  deux  heures  dans  l'Aula  de  l'Université. 

M.  le  D'  H.-Cl.  Lombard  occupe  le  fauteuil  de  la  présidence. 

Près  de  lui  sont  placés  : 

M.  Schenk,  conseiller  fédéral,  délégué  par  le  Haut  Conseil  fédéral 
uisse; 

M.  Héridier,  conseiller  d'État,  délégué  par  le  Conseil  d'État  de  la 
épublique  et  canton  de  Genève  ; 

M.  Le  Cointe,  membre  du  Conseil  administratif,  délégué  par  les  Auto- 
Drités  municipales  de  la  ville  de  Genève  ; 

M.  Pacchiotti,  président  du  Congrès  de  Turin  ; 

M.  Fauvel,  président  de  la  Commission  pour  le  Concours  sur  l'hygiène 
es  campagnes. 

Ainsi  que  Messieurs  les  membres  du  Bureau  provisoire  :  D"  J.-L.  Pre- 
ost  et  Gautier,  vice-présidents;  M.  P.-L.  Dunant,  secrétaire  général; 
►  ''Espine,  Haltenhoff  et  Picot,  secrétaires  adjoints. 


M.  le  président  Lombard  ouvre  la  séance  et  donne  successivement  la 
arole  aux  orateurs  annoncés  à  l'ordre  du  jour. 


Discours  de  M.  SCHENK,  conseiller  fédéral,  délégué 
par  le  Haut  Conseil  Fédéral  suisse. 


Messieurs, 

Depuis  plusieurs  années  la  Suisse  est  devenue  le  théâtre  des  congrès 
internationaux  :  de  ceux  surtout  qui  ont  pour  but  une  cause  généreuse, 
réalisable  et  humanitaire. 


90  8ÉANCE    d'ouverture. 

Nous  sommes  heureux  et  fiers  de  voir  notre  pays  choisi  pour  ces  cou- 
grès  internationaux,  et  nous  nous  demandons  si  c'est  à  notre  situatioD 
centrale  seulement  que  nous  devons  l'honneur  de  vous  recevoir  aujour- 
d'hui.—  Nous  ne  le  pensons  pas,  il  doit  y  avoir  autre  chose  qu'une 
question  géographique  dans  le  choix  de  la  Suisse  pour  votre  réunion. 
Nous  nous  flattons  de  l'idée  que  votre  estime  pour  notre  pays  est  pour 
une  part  dans  l'honneur  que  vous  nous  faites  et  aussi  certainement, 
parce  que  vous  êtes  assurés  que  vous  trouverez  chez  nous  non  seulement 
des  sympathies  pour  votre  cause,  mais  aussi  des  champions  convaincus, 
travaillant  avec  zèle  dans  le  domaine  que  vous  cultivez. 

Mais  en  somme,  quels  que  soient  vos  motifs,  Messieurs,  nous  nous 
trouvons  honorés  par  votre  présence  et  nous  vous  souhaitons,  à  vous, 
Messieurs  les  délégués  des  pouvoirs  étrangers,  et  à  vous,  membres  du 
Congrès,  au  nom  du  Conseil  Fédéral,  la  plus  sincère  et  la  plus  cordiale 
bienvenue  dans  la  patrie  des  Haller,  des  Tissot,  des  Tronchin  et  des 
Coindet. 

La  ville  qui  vous  reçoit  aujourd'hui  a  eu  l'honneur  de  réunir  le  Con- 
grès de  la  Société  de  la  Croix-Rouge,  qui,  se  basant  sur  les  principes 
élémentaires  de  l'humanité,  devait  assurer  une  protection  et  des  secours 
aux  blessés  après  la  bataille. 

Notons  encore,  —  souvenir  honorable  pour  notre  pays,  —  que  c'est 
à  Genève  que  se  réunissait  le  tribunal  arbitral  chargé  de  trancher  la 
question  dite  de  l'Alabama,  qui  évita  une  guen-e  entre  les  deux  plus 
grandes  puissances  du  monde. 

Le  Congrès  qui  s'ouvre  aujourd'hui  poursuit  un  but  analogue  à  celui 
qui  donna  naissance  à  la  Société  de  la  Croix-Rouge  ;  aussi  lui  portons- 
nous  le  plus  grand  intérêt  car  le  but  du  Congrès  d'hygiène  et  de  démo- 
graphie est  l'amélioration  des  conditions  de  l'existence,  —  améUoratiou 
qui  est  à  la  base  du  progrès  matériel,  intellectuel  et  moral  des  individus 
et  des  sociétés. 

A  ce  point  de  vue,  nous  nous  félicitons.  Messieurs,  de  la  réunion  du 
congrès  international  d'hygiène  et  de  démographie  dans  notre  pays,  car, 
à  en  juger  par  le  résultat  des  travaux  de  nos  statisticiens,  nous  avons 
encore  en  Suisse  beaucoup  à  apprendre  des  hygiénistes  des  autres  pays 
qui  nous  ont  devance^  dans  la  police  sanitaire  et  l'hygiène  publique  et 
privée. 

Le  tAux  de  la  mortalité  est  encore  beaucoup  trop  élevé  dans  nos  can- 
tons et  la  proportion  des  décès  est  loin  d'être  le  17  pour  mille  habitants. 
Dans  certains  cantons  elle  varie  de  25  h  29  pour  mille  ;  dans  les  autres 
entre  20  et  25  décès  pour  mille  habitants. 

Comme  ailleurs,  c'est  dans  les  premières  années  de  la  vie  que  l'homme 


8KÂNCE    d'ouverture.  91 

paie  un  fort  tribut  à  la  mort.  Les  maladies  qui  sont  la  cause  principale 
de  ces  nombreux  décès  parmi  les  enfants  sont  attribués  par  les  hygié- 
nistes suisses  à  la  mauvaise  alimentation,  ainsi  qu'aux  soins  incomplets 
ou  irrationnels. 

Nous  attendons  de  vos  discussions,  Messieurs,  quels  sont  les  moyens 
préventifs  pour  diminuer  cette  mortalité  excessive. 

Une  autre  catégorie  d'affections  évUahles  est  celle  des  maladies  zymo- 
tiques  qui,  en  Suisse,  enlèvent  chaque  année  de  nombreux  individus,  dont 
une  partie,  étant  dans  la  force  de  l'âge,  laissent  après  eux  des  orphelins 
à  la  charge  de  l'assistance  publique. 

D'autres  causes  importantes  de  décès,  indiqués  sur  les  tableaux  mor- 
tuaires sont  la  phthisie  pulmonaire,  l'alcoohsme,  le  suicide  et  d'autres 
maladies  qui  figurent  au  programme  du  Congrès  et  qui  sont  toutes,  dans 
une  certaine  mesure,  également  èvitables. 

Bien  que  l'hygiène  ait  été  en  honneur  chez  les  peuples  de  l'antiquité 
et  que  nous  ayons  des  raisons  d'admettre  que  les  lois  sanitaires  de  Moïse 
ont  contribué  à  donner  au  peuple  juif  la  vitalité  remarquable  qui  lui  est 
particulière,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  c'est  à  notre  siècle,  dans  une 
période  relativement  récente,  qu'appartient  l'honneur  de  l'avoir  de 
nouveiiu  mise  en  évidence  et  d'avoir  signalé  ses  heureux  effets. 

Quoique  tous  soient  d'accord  que  la  santé  est  le  premier  des  biens,  un 
petit  nombre  seulement  se  conforme  aux  sages  lois  de  l'hygiène  et  la 
majorité,  —  nous  l'avouons  avec  regret,  —  est  encore  esclave  des  pré- 
jugés du  passé. 

Mais,  —  solidaires  les  uns  des  autres,  —  les  bienfaits  de  l'hygiène 
démontrés  par  la  démographie,  ne  se  répandront  partout  que  lorsque 
chacun,  comprenant  les  effets  et  les  causes,  se  fera  un  devoir  d'obéir  aux 
lois  de  la  science,  pour  lui-même  et  son  prochain. 

Puisse  le  Congrès  d'hygiène  et  son  exposition,  que  nous  saluons 
aujourd'hui,  contribuer  à  dissiper  les  erreurs  et  à  éclairer  l'opinion 
publique.  Puisse  votre  œuvre  généreuse  et  qui  s'annonce  sous  de  si 
heureux  auspices,  apporter  sa  pierre  à  l'édifice  toujours  inachevé  du 
progrès  humain. 

C'est  dans  cet  espoir,  Messieurs,  que  nous  vous  souhaitons  encore  une 
fois  la  bienvenue  sur  le  sol  helvétique. 


92  SÉANCE  d'ouverture. 


Discours  de  M.  M.  HÉMDIER,  président  du  ConseU  d'État, 
délégué  de  la  république  et  canton  de  Genève. 


Messieure, 

Au  nom  de  la  république  et  canton  de  Genève,  l'un  des  vingt-deux 
cantons  souverains  de  la  Confédération  suisse,  comme  délégué  à  ces  fins 
de  son  gouvernement,  je  souhaite  la  bienvenue  à  tous  les  hommes  de 
science  qui  participent  au  4—  Congrès  international  d'hygiène  et  de 
démographie.  Je  les  salue  et  leur  présente  les  vœux  sincères  que  le  peu- 
ple genevois  forme  pour  la  réussite  de  cette  belle  œuvre  internationale. 

Le  choix  de  notre  antique  cité  pour  la  tenue  de  ce  Congrès  est  un  hon- 
neur pour  Genève,  qui  se  fait  gloire  d'une  renommée  scientifique  qu'elle 
vise  à  développer  et  à  perpétuer,  par  la  vie  nouveUe  qu'elle  vient  d'infu- 
ser à  son  instruction  publique,  à  son  ancienne  Académie,  transformée 
en  Université,  sur  un  terrain  neutre,  à  la  frontière  de  grands  États  euro- 
péens. 

Le  congrès  d'hygiène  revêt  le  caractère  international,  parce  que  la 
science  ne  saurait  s'arrêter  aux  frontières  des  États. 

Les  congrès  internationaux  pour  l'avancement  des  sciences  sont  un 
hommage  rendu  au  progrès  social. 

Ils  font  graduellement  disparaître  les  imperfections  et  les  vices  de 
notre  civilisation  moderne  par  la  lumière  qu'ils  ne  cessent  de  répandre, 
battant  en  brèche  les  fléaux  de  l'humanité,  l'ignorance,  la  routine,  k 
fanatisme,  la  tyrannie  et  la  guerre. 

Quels  bienfaits  ont  déjà  résulté  des  divers  congrès  tenus  à  Grenève  ! 
Bappelons  entre  autres,  à  un  point  de  vue  spécial  :  le  Congrès  de 
secours  pour  les  militaires  blessés,  de  1864;  le  Congrès  des  scienceî 
médicales,  de  1877.  Rappelons  encore  l'arbitrage  de  TAlabama,  de  1872 
qui  a  écarté  la  guen-e  entre  l'Angleterre  et  les  États-Unis,  pour  le  plu 
grand  bien  de  l'humanité,  à  laquelle  une  voie  nouveUe  était  ouverte  pou 
régler  pacifiquement  les  différends  qui  surviennent  entre  les  nations. 

L'humanité  a  reçu  et  recevra  encore  beaucoup  de  bienfaits  de  1 
science  hygiénique. 

L'hygiène,  cette  branche  importante  de  la  médecine,  se  rapporte  e 


SÉANCE  d'ou\'erture.  93 

i  aux  conditions  de  la  santé  ;  elle  indique  à  l'homme  comment  il  doit 
ronsener. 

Lussi,  cette  science  fondée  sur  Tobsen'ation  de  la  nature  était -elle  en 
ineur  chez  les  Sages  de  l'antiquité  dans  l'Inde  et  l'Egypte,  dans  la 
?ce  et  à  Rome  où  elle  avait  sa  place  dans  les  codes  civils  et  religieux 
ces  peuples. 

.e  moyen  âge  avec  sa  longue  suite  de  siècles  d'ignorance,  alors  que 
i  méprisait  le  corps  pour  ne  s'attacher  qu'à  l'âme,  où  l'on  respectait 
inie  saints  des  préjugés  et  des  coutumes  vicieuses,  négligea  l'hygiène; 
Il  fut  souvent  cruellement  puni. 

,es  temps  modernes  ont  relevé  cette  science.  Rousseau,  citoyen  de 
lève,  améliora  l'éduc^ition  du  corps.  De  nos  jours,  la  chimie  et  la  phy- 
le  éclairent  de  plus  en  plus  cette  matière  qui  progresse  activement. 
.'État  de  Genève  a  des  raisons  majeures  de  vouer  son  attention  à  la 
nce  hygiénique;  la  santé  publique  l'intéresse  au  plus  haut  degré, 
.'hygiène  privée  concerne  toute  la  population,  indiquez-lui  la  voie, 
ne  tardera  pas  à  reconnaître  la  vérité  de  cette  maxime  : 

L'esprit  est  sain  dans  un  corps  sain. 

'ous  travaillons,  d'autre  part,  à  faciliter  l'hygiène  privée  par  la  diffu- 
i  de  l'instruction,  par  l'amélioration  des  conditions  sociales,  en  recher- 
nt  les  moyens  qui  peuvent  faire  prospérer  l'industrie  et  le  commerce, 
ibattant  ainsi  l'ignorance  et  la  misère  qui  sont  les  plus  grands  enne- 
de  votre  science. 

'ratiquons  aussi  l'hygiène  morale.  Tous  les  peuples  doivent  y  travail- 
;  là  aussi,  il  faut  extirper  les  miasmes  délétères. 
Jue  les  peuples  apprennent  à  se  connaître,  afin  de  se  conserver  et  de 
perfectionner. 

lue  le  soleil  de  la  science  et  de  la  vérité  éclaire  tout  l'univers,  sans 
:inction  de  races  ou  de  langues,  afin  que  peuples  et  individus  puissent 
re  de  plus  en  plus  dans  des  conditions  meilleures  de  paix  et  de  pros- 
ité. 
'ai  dit. 


114  SÉANCE    D'on^ERTrRE. 


Discours  de  M.  LE  GOINTE, 
délégué  par  le  Conseil  administratif  de  la  ville  de  Genève. 

Messieurs, 

C'est  au  double  point  de  vue  de  riioniieur  que  vous  voulez  bieu  nous 
faire  et  du  bénéfice  que  nous  retirerons  de  vos  délibérations  que  je  salue 
au  nom  de  la  ville  de  Genève  le  quatrième  Congrès  international  d'hy- 
giène. 

Nous  vous  remercions,  Messieurs,  du  privilège  que  vous  nous  avez 
accordé  en  choisissant  notre  ville  entre  bien  d'autres  pour  sen'ir  de  lieu 
de  réunion  aux  délégués  de  nationalités  très  diverses. 

Genève  a  été  le  berceau  de  cette  magnifique  conception  philanthropi- 
que de  la  Croix-Rouge,  de  cette  organisation  volontaire  qui,  ne  pouvaut 
prévenir  le  terrible  fléau  de  la  guerre,  a  voulu  du  moins  en  atténuer 
les  effets  meurtriei's,  et  en  a  fait  reconnaître  par  les  diverses  puissances 
la  neutralité  des  établissements  hospitaliers,  des  blessés  et  du  personnel 
sanitaire. 

Quelques  années  plus  tard,  l'arbitrage  international  dit  de  l'Alabama 
se  tenait  dans  une  des  salles  de  notre  hôtel  de  ville ,  et  Genève  se 
réjouissait  d'avoir  été  associée  à  cet  événement,  qui  tranchait  par  une 
solution  pacifique  le^  différends  de  deux  puissances  de  premier  ordre. 

Il  y  a  cinq  ans.  Messieurs,  que  le  Congrès  périodique  des  sciences 
médicales  s'ouvrait  daas  cette  même  salle  oîi  nous  nous  trouvons  ;  des 
hommes  éminents  constataient,  dans  des  travaux  consciencieux,  le  pro- 
grès de  ces  sciences  si  bienfaisantes  pour  l'humanité. 

Et  vous.  Messieurs,  embrassant  dans  un  cercle  plus  large  encore  que 
vos  devanciers  tout  ce  qui  se  rapporte  au  bien-être  matériel,  vous  vene^ 
à  votre  tour  constituer  par  vos  travaux  un  nouveau  titre  de  gloire  à 
notre  modeste  cité. 

Sous  vos  auspices,  les  sciences  d'oi)servations,  les  méthodes  expéri- 
mentales, les  sciences  dites  exactes,  toutes  viennent  apporter  leur  con- 
tingent pour  instruire  l'humanité. 

Les  faits  isolés  se  condensent  par  vos  soins,  vous  en  faites  surgir  les 
lois  générales  qui,  une  fois  admises,  concourent  à  l'amélioration  de  la 
vie  sociale. 


6EAXCE   D  OUVERTITRE.  95 

Animés  de  sentiments  pui'ement  philanthropiques,  vous  recherchez  eu 
Jehoi-s  (le  toute  distinction  de  nationalité  les  véritables  intérêts  de  clas- 
ses ouvrières  si  nombreuses  et  si  intéressantes  par  le  travail  incessant 
auquel  elles  doivent  se  Uvrer.  En  affermissant  leur  santé,  en  rendant 
leur  m(^deste  demeure  moins  triste  à  habiter,  en  donnant  à  nos  campa- 
gnes comme  à  nos  villes,  aux  adultes  comme  aux  enfants,  les  instruc- 
tions capables  d'assurer  leur  bien-être,  vous  voulez  augmenter  les  forces 
corporelles,  et,  par  cela  même,  vous  multipliez  les  forces  morales  et 
intellectuelles  de  l'individu. 

C'e^t  à  l'économiste,  au  pédagogue,  à  l'industriel,  au  philanthrope,  à 
l'administrateur  public  que  votre  science  s'adresse  et,  sous  ce  rapport, 
les  autorités  nmnicipales  sont  au  premier  rang  de  celles  qui  doivent  bé- 
néficier du  résultat  de  vos  travaux. 

Vous  ne  serez  donc  pas  étonnés  que  notre  Conseil  ait  accueilli  avec  la 
plus  grande  faveur  la  nouvelle  de  la  réunion  de  votre  Congrès  au  milieu 
de  nous. 

Dans  votre  programme,  du  reste,  figurent  des  questions  qui  sont  pour 
nous  pleines  d'actualité. 

L'alcoolisme  fait  des  ravages  toujours  plus  considérables  dans  nos 
populations  rui'ales  et  urbaines  ;  enseignez-nous,  Messieurs,  les  moyens 
de  combattre  cet  ennemi  du  foyer  domestique. 

La  question  du  repos  hebdomadaire  a  pour  ainsi  dire  droit  de  nais- 
sance à  Genève. 

Nos  institutions  démocratiques,  basées  sur  le  respect  de  la  liberté 
individuelle,  ont  aboli  toutes  restrictions  légales  à  ce  sujet.  11  est  d'au- 
tant plus  nécessaire  d'éclairer  librement  aussi  nos  populations  sur  leurs 
véritables  intérêts  hygiéniques. 

Nous  voyons  figurer  parmi  vos  tractandas,  la  question  des  égoûts,  et 
quoique  au  premier  abord  notre  position  topographique  paraisse  au  plus 
haut  point  favorable  à  l'assainissement  de  notre  ville  et  de  ses  fau- 
bourgs, nous  serons  heureux  d'entendre  l'opinion  des  honunes  spéciaux 
et  émiuents  qui  siègent  au  milieu  de  nous. 

Mais,  Messieurs,  le  temps  pendant  lequel  il  m'est  permis  de  vous 
entretenir  n'est  pas  proportionné  aux  sentiments  qui  animent  envei's 
vous  la  ville  de  Genève,  il  a  été  plutôt  mesuré  à  la  petitesse  de  notre 
territoire,  j'ai  donc  hâte  de  terminer. 

Qu'il  me  soit  cependant  pennis  de  vous  exprimer  encore  un  désir. 

Vous,  mes  chers  concitoyens  et  vous.  Messieurs,  qui  ne  ferez  qu'un  trop 
court  séjour  au  milieu  de  nous,  pendant  votre  session,  vous  parcourerez 
nos  rues,  vous  visiterez  nos  écoles,  vous  inspecterez  nos  établissements 
publics  et  votre  attention  se  portera  tout  naturellement  sur  les  sujets 


96  SÉANCE  d'ouvertitke^ 

habituels  de  vos  études.  Vous  trouverez  sans  doute  au  point  de  vue  de 
l'hygiène  matière  à  obser>^ation. 

Je  \iens  vous  le  demander,  Messieurs,  faites-nous  part  en  toute  fran- 
chise de  vos  remarques  et  de  vos  conseils. 

Vous  trouverez  chez  nous  un  petit  peuple  fier  sans  doute  des  institu- 
tions qu'il  s'est  données  et  qu'il  a  su  consen'er,  mais  vous  rencontrerez 
partout  le  sentiment  unanime,  qu'il  y  a  toujours  des  progrès  à  accom- 
plir. Notre  devise  Post  tenehras  lux  vous  en  est  un  sûr  garant,  nous 
voulons  la  lumière  sur  tout  et  partout. 

L'autorité  municipale,  au  nom  de  laquelle  j'ai  l'honneur  de  parler, 
vous  sera  reconnaissante,  si  par  votre  intermédiaire  elle  parvient  à  amé- 
liorer en  quelque  mesure  les  services  dont  elle  est  chargée. 

Notre  ferme  volonté  est  d'être  utile  à  nos  concitovens,  nous  voulons 
que  notre  passage  aux  affaires  soit  marqué  par  des  progrès  dans  le  bien- 
être  général. 

Nous  chercherons  à  profiter  autant  que  possible  des  enseignements  que 
vous  nous  apporterez. 

Puisse  Messieurs,  le  quatrième  Congrès  d'hygiène,  suivant  en  cela  les 
traces  de  ses  prédécesseuis,  résoudre  d'une  manière  satisfaisante  les 
questions  qui  lui  sont  présentées. 

Puisse-t-ii  ainsi  contribuer  au  soulagement  de  l'himianité. 

Puisse  enfin  la  ville  de  Genève  profiter  abondamment  de  vos  travaux. 
Messieurs,  je  vous  souhaite  à  tous  la  bienvenue. 


Discours  d'ouverture  de  M.  le  docteur  H.-Cl.  LOBSBARD, 
président  du  Comité  d'organisation. 


Messieurs  et  très  honorés  confrères  en  hygiène  et  en  démc- 
graphie, 

Nous  vous  remercions  d'avoir  répondu  en  aussi  grand  nombre  à  notre 
appel  et  nous  vous  souhaitons  la  bienvenue  dans  notre  ville. 
Ne  vous  attendez  pas  à  des  réceptions  royales  et  à  des  fêtes  somp- 


8ÉANCE    d'ouverture.  97 

tueuses  comme  vous  en  avez  eu  à  Turin  et  contentez-vous  de  l'accueil 
cordial  que  nous  vous  ofirons  en  notre  nom  comme  organisateurs  du 
Congrès  et  au  nom  des  Autorités  fédérales,  cantonales  et  municipales 
qui  ont  assumé  la  responsabilité  de  vous  réunir  à  Genève  après  le  vote 
unanime  du  Congrès  de  Turin. 

Nous  appelons  de  tous  nos  vœux  le  concours  de  vos  lumières  et  de 
votre  bienveillance  pour  élucider  les  nombreuses  questions  contenues 
dans  le  programme  que  nous  avons  préparé  pour  ce  quatrième  Congrès 
des  sciences  hygiéniques  et  démographiques. 

Mais  avant  de  les  aborder,  permettez-moi  de  vous  soumettre  quelques 
observations  sur  les  progrès  hygiéniques  qui  ont  été  accomplis  dans  la 
ville  qui  a  l'honneur  de  vous  recevoir. 

Il  n'est  pas  dans  ma  pensée  de  blâmer  nos  ancêtres  pour  n'avoir  pas 
adopté  tous  les  perfectionnements  des  temps  modernes.  Us  ne  sont  pas 
non  plus  responsables  des  conditions  anti-hygiéniques  qui  résultent  de  la 
construction  d'une  ville  enfermée  dans  des  fortifications  et  dont  les 
maisons  devaient  compenser  par  la  hauteur  l'exiguïté  de  l'espace  qui 
leur  était  réservé.  En  outre,  les  rues  étaient  étroites  et  sinueuses,  bor- 
dées de  hautes  maisons  dont  les  habitants  étaient  entassés  dans  des 
logements  où  l'air  et  le  soleil  ne  pénétraient  que  difficilement.  Une  seule 
rue  faisait  exception  par  sa  largeur,  mais  elle  était  obstruée  par  des 
baraques  de  foire  devenues  permanentes  et  par  des  dômes  qui  empê- 
chaient l'air  et  la  lumière  de  circuler  dans  les  cinq  ou  six  étages  de  ces 
maisons  dont  l'ensemble  constituait  la  principale  artère  du  commerce. 

Tout  cela  est,  fort  heureusement,  dans  le  domaine  du  passé,  mais 
suffit  à  expliquer  conmient,  il  y  a  cinquante  ans,  l'on  rencontrait  dans 
nos  rues  de  nombreux  rachitiques,  scrofuleux  ou  goitreux  ;  tandis  qu'ac- 
tuellement ces  infirmités  sont  devenues  jusqu'à  un  certain  point  excep" 
tionnelles. 

Ce  n'était  pas  seulement  l'intérieur  de  la  ville  qui  présentait  de  nom- 
breuses imperfections  :  c'étaient  aussi  les  rives  du  lac  et  le  cours  du 
IUi6ne  qui  étaient  bordés  de  constructions  informes  dont  l'aspect  n'était 
rien  moins  qu'agréable,  en  même  temps  que  l'absence  de  quais  laissait 
pénétrer  jusque  dans  les  rues  l'eau  du  lac  avec  tous  les  débris  tombés 
des  maisons  riveraines. 

U  n'en  est  plus  ainsi  maintenant,  comme  vous  avez  pu  le  voir  en  par- 
courant nos  quais  bordés  de  maisons  élégantes  et  ornés  de  jardins.. 

L'origine,  l'historique  de  cette  transformation  mérite  d'être  rappelée 
à  nos  jeunes  générations. 

Un  Américain,  nommé  Church,  fut  très  surpris  de  ne  trouver  aucun 
bateau  à  vapeur  naviguant  sur  notre  lac,  tandis  qu'il  y  en  avait  déjà 

7 


98  sihANCE    D'om'ERTURE. 

sur  presque  tous  les  lacs  et  les  rivières  de  son  pays.  Persuadé,  en  véri- 
table Américain,  du  succès  d'une  telle  entreprise,  il  mit,  sans  tarder,  la 
main  à  l'œuvre  et  nous  dota  d'un  premier  bateau  à  vapeur  qui  ne  tarda 
pas  à  être  suivi  de  plusieurs  autres.  Dès  lors,  la  vue  des  informes  con- 
structions qui  bordaient  les  rives  du  lac  devint  intolérable  et  l'on  ne 
tarda  pas  à  les  remplacer  par  des  maisons  neuves,  en  même  temps  que 
la  grève  caillouteuse  cédait  la  place  h  de  vastes  quais. 

M  ais  la  transformation  la  plus  importante,  au  point  de  vue  hygiéni- 
que, c'e  st,  sans  contredit,  le  comblement  des  fossés  et  la  démolition  des 
fortifications  qui  ont  permis  de  tracer  des  rues  larges  et  des  places  spa- 
cieuses oti  l'air  et  la  lumière  circulent  librement  et  oîi  l'on  a  vu  s'élever 
un  grand  nombre  de  maisons  particulières,  ainsi  que  des  édifices  publics, 
comme  celui  oti  nous  avons  l'honneur  de  vous  recevoir  et  qui  contient 
non  seulement  les  salles  destinées  aux  cours  de  l'Université,  mais  encore 
un  musée  d'histoire  naturelle  et  une  bibliothèque  publique. 

Cet  agrandissement  a  permis  aux  habitants  de  s'élargir,  de  telle 
manière  que  ceux  qui  vivaient  entassés  dans  une  seule  pièce,  en  occu- 
pent deux  maintenant,  et  que  ceux  qui  se  trouvaient  à  l'étroit  dans  deux 
pièces  en  occupent  quatre  maintenant.  En  outre,  la  banlieue  et  les  envi- 
rons de  la  ville  se  sont  couverts  de  maisonnettes  entourées  d'un  jardin, 
oïl  les  citadins  viennent  respirer  l'air  vivifiant  de  la  campagne  après  les 
fatigues  de  l'atelier  ou  du  comptoir.  Et  quant  à  ceux  qui  ne  peuvent 
s'éloigner  de  la  ville,  nos  édiles  leur  ont  procuré  la  jouissance  de  cinq 
ou  six  parcs  et  jardins,  où  l'on  voit  chaque  jour  la  jeunesse  prendre  ses 
ébats  et  les  vieillards  se  chauffer  au  soleil. 

Après  ces  quelques  détails  topographiques  sur  la  Genève  ancienne  et 
nouvelle,  examinons  les  conditions  hygiéniques  qui  résultent  de  l'air  que 
l'on  respire,  de  l'eau  que  l'on  boit  et  de  la  nourriture  que  Ton  con- 
somme à  Genève. 

En  premier  lieu  :  la  colline  sur  laquelle  la  ville  est  bâtie  s'élève  en 
amphithéâtre  de  telle  manière  que  l'air  y  est  constanmient  renouvelé 
par  les  vents  qui  soufflent  dans  le  sens  de  la  vallée  du  Léman,  c'est-à- 
dire  du  nord-est  au  sud-ouest  ;  mais  avec  une  forte  prédominance  des 
premiers,  c'est-à-dire  de  la  bise. 

Tous  ceux  qui  ont  séjourné  au  milieu  de  nous  connaissent  ces  rafales 
qui  soulèvent  la  poussière  des  rues  et  les  vagues  de  notre  lac.  Elle5  sont 
parfois  très  désagréables  et  peuvent  contribuer  au  développement  des 
névralgies  et  des  inflammations.  Mais  il  ne  faut  pas  trop  en  médire, 
puisque,  d'autre  part,  elles  exercent  une  influence  favorable  à  l'égard 
des  épidémies  dont  elles  empêchent  l'apparition  ou  arrêtent  le  dévelop- 
pement, comme  nous  avons  pu  le  constater  lorsque  le  choléra  nous  visita 


SEANCE    d'ouverture.  99 

pour  la  première  et  dernière  fois,  et,  qu'au  lieu  de  se  propager,  il  dis- 
parut en  peu  de  jours  sous  l'influence  d'une  forte  bise.  Il  en  fut  do 
même  alors  qu'une  forte  épidémie  de  grippe  avait  atteint  un  développe- 
ment extraordinaire  et  qu'il  suffit  d'une  bise  qui  vint  à  souffler  pour  la 
faire  cesser  presque  instantanément. 

Bien  différente  est  l'action  des  vents  du  sud-ouest  qui  amènent  la 
pluie  et  combattent  la  sécheresse  caractéristique  de  notre  climat  ;  con- 
tribuant ainsi  à  diminuer  le  nombre  ou  la  gravité  des  maladies  et,  par 
conséquent,  aussi  la  mortalité  qui  est  moins  prononcée  par  les  temps 
humides  que  lorsqu'il  fait  sec. 

L'eau  que  nous  buvons  est  d'une  pureté  et  d'une  limpidité  remarqua- 
Ides,  comme  vous  avez  pu  le  voir  en  visitant  notre  port  et  le  fleuve  qui 
passe  sous  nos  ponts;  le  Rhône  est  chargé  de  sable  et  de  limon  lorsqu'il 
entre  dans  le  lac  à  Villeneuve  ;  tandis  qu'à  sa  sortie  il  est  transparent 
comme  du  cristal  et  d'un  bleu  si  foncé  que  le  célèbre  chimiste,  Sir  Hum- 
phrey  Davy,  qui  est  venu  finir  ses  jours  dans  notre  ville,  avait  un  instant 
attribué  cette  coloration  à  la  présence  de  l'iode  qui,  si  elle  eût  existé 
dans  de  telles  proportions,  aurait  dès  longtemps  empoisonné  tous  ceux 
qui  la  buvaient. 

Cette  eau,  puisée  dans  le  Rhône  à  sa  sortie  du  lac,  est  distribuée  dans 
la  ville  par  deux  puissantes  machines  hydrauUques  dans  des  proportions 
supérieures  à  celles  que  reçoivent  les  habitants  de  presque  toutes  les 
grandes  villes. 

Vous  avez  sans  doute  eu  connaissance  des  plaintes  qui  ont  été  expri- 
mées sui'  la  pureté  de  cette  eau,  craintes  qui  sont  parvenues  jusqu'en 
Angleterre,  oîi  le  physicien  Tyndall  faisait  un  jour  une  leçon  sur  les  eaux 
potables  des  principales  villes  d'Europe  ;  lorsqu'il  en  vint  h  montrer 
celle  de  Genève,  il  s'exprima  d'une  telle  façon  que  j'ose  à  peine  le  répé- 
ter, par  respect  pour  mes  concitoyens  :  Ces  stupides  Genevois,  qui  se 
plaignent  de  leur  eau  ;  ils  ne  savent  pas  que  c'est  la  plus  pure  de  V Eu- 
rope/ 

Toutes  les  analyses  qui  ont  été  faites  dans  ces  derniers  temps  ont 
donné  les  mêmes  résultats  ;  c'est  en  particulier  la  conclusion  du  profes- 
seur de  Marignac,  qui  déclare  qu'il  y  a  peu  de  tilles  qui  puissent  se 
flatter  d'être,  sous  ce  rapport,  dans  des  conditions  aussi  favorables  que 
celle  de  Oenève. 

Nous  serions  heureux  si  ces  témoignages  scientifiques  encourageaient 
nos  concitoyens  à  en  faire  un  plus  grand  usage  et  à  ne  pas  remplacer 
cette  boisson  saine  et  inoffensive  par  des  liqueurs  alcooliques  dont  les 
ravages  se  font  senth-  chaque  jour  davantage  dans  notre  population.  Ce 
fléau  de  l'alcoolisme  fait  tous  les  jours  un  plus  grand  nombre  de  vie- 


100  SÉANCE    d' OUVERTURE. 

times  ;  comme  nous  eu  avons  malheureusement  la  preuve  par  le  fait  que 
le  nombre  des  alcooliques  admis  dans  les  salles  de  THôpital  est  actuel- 
lement aussi  considérable  dans  une  seule  aunée  qu'il  Tavait  été  pen- 
dant Tensemble  des  treize  années  de  mon  service  dans  l'ancien  hôpital; 
et  tout  en  faisant  la  part  d'une  notable  augmentation  du  nombre 
de^  habitantes,  il  n'est  pourtant  pas  treize  fois  plus  considérable  que 
précédemment.  D'où  Ton  est  forcément  amené  k  considérer  cette 
énorme  augmentation  comme  un  triste  progrès  dans  Tabus  d^  boissons 
alcooliques. 

Vous  excuserez  cette  excursion  dans  le  domaine  pathologique  par  le 
désir  que  j'éprouve  de  soumettre  cette  question  humanitaire  aux  hygié- 
nistes réunis  en  ce  lieu,  atin  qu'ils  y  donnent  leur  plus  sérieuse  atten- 
tion. 

En  passant  de  la  boisson  à  Valinientatiouj  nous  pouvons  affirmer  que 
celle  des  habitants  de  notre  viUe  est  à  la  fois  abondante,  substantielle  et 
de  bonne  qualité. 

En  ce  qui  regarde  la  viande  de  boucherie,  j'ai  trouvé  dans  un  tableau 
pubUé  par  un  docteur  allemand  que  Genève  occupe  un  rang  très  hono- 
rable quant  à  la  consonmiation  annuelle.  Je  puis  continuer  cette  conclu- 
sion par  mes  observations  personnelles  ;  alors  que  je  visitais  un  grand 
nombre  de  ménages  dans  la  classe  ouvrière,  je  trouvais  le  plus  souvent 
sur  leur  table  un  menu  très  appétissant  composé  de  viande,  soupe  et 
légume,  exactement  comme  chez  les  bourgeois  les  plus  aisés. 

Il  est  bien  probable  que  cette  alimentation  substantielle  contribue  à 
la  rareté  actuelle  du  rachitisme  et  des  maladies  scrofuleuses  qui  étaient 
si  répandues  précédemment. 

Conmie  on  le  voit,  les  conditions  hygiéniques  de  notre  ville,  en  ce  qui 
regarde  l'air,  l'eau,  l'alimentation  et  les  logements  sont  relativement 
bonnes;  mais  cela  ne  suffit  pas  pour  former  des  citoyens  robustes  et 
capables  de  supporter  la  fatigue  ;  il  faut  en  outre  exercer  une  surveil- 
lance judicieuse  et  persévérante  sur  le  développement  des  jeunes  géné- 
rations ;  non  seulement  en  les  fortifiant  par  des  exercices  gymnastiques 
qui  sont  obligatoires  pour  tous  les  enfants  de  nos  écoles  ;  mais  aussi  en 
veillant  soigneusement  à  ce  que  les  salles  d'école  soient  bien  éclairées  et 
assez  vastes  pour  que  l'air  en  soit  pur  et  facilement  renouvelé.  Enfin, 
l'on  doit  choisir  des  bancs  d'école  disposés  de  manière  à  prévenir  les 
déformations. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  :  il  faut  encore  travailler  à  rétablir  les  santés 
délabrées  par  une  nourriture  non  appropriée  à  leur  âge,  au  moyen  des 
institutions  destinées  à  la  protection  de  l'enfance;  et  pour  la  jeunesse, 
au  moyen  de  séjours  de  montagne  ou  sur  les  bords  de  la  mer. 


8ÉAKCE    d'ouverture.  101 

Ceux  d'entre  vous  qui  ont  visité  nos  villes  suisses  auront  remarqué 
los  splendides  bâtiments  d'écoles,  qui  sont  de  véritables  palais,  destinés 
ion  pas  à  des  rois  ou  à  des  empereurs,  mais  à  ceux  qui  composeront  le 
3euple  souverain,  de  qui  émanent  tous  les  pouvoirs  dans  nos  républiques 
tielvétiques. 

Ces  bâtiments  scolaires  renferment  des  locaux  destinés  à  tous  les 
legrés  de  l'instruction  pour  les  deux  sexes  :  primaire,  secondaire,  clas- 
dque,  industrielle  et  artistique.  Depuis  les  écoles  enfantines  jusqu'à 
université  où  nous  sommes  réunis  et  où  l'on  donne  un  enseignement 
ittéraire,  théologique,  scientifique  et  juridique  ;  sans  parler  des  bâti- 
ments spéciaux,  destinés  à  l'étude  de  la  médecine,  de  la  chimie,  de  la 
M^ience  dentaire,  de  l'art  appliqué  à  l'industrie  et  à  l'horlogerie;  cette 
lemière  est  destinée  à  former  des  ouvriers  capables  de  maintenir  notre 
mcienne  réputation  comme  fabricants  de  chronomètres  et  de  montres 
le  précision. 

Après  cette  reMie  des  ressources  hygiéniques,  scientifiques  et  indus- 
trielles que  renferment  notre  ville,  nous  compléterons  cette  énumératioii 
3n  signalant  les  hôpitaux  destinés  au  soulagement  des  malades  et  à  l'in- 
5truction  des  étudiants  en  médecine. 

L'Hôpital  cantonal  contient  environ  deux  cent  cinquante  lits,  dont 
une  partie  est  réservée  aux  cliniques  médicale  et  chirurgicale.  La  Mater- 
nité, où  l'on  professe  la  gynécologie.  Il  existe,  outre  ces  établissements 
publics,  quatre  hôpitaux  entretenus  par  la  charité  privée,  où  l'on  soigne 
les  enfants  malades,  les  adultes  des  deux  sexes  et  les  maladies  des  yeux. 
Ce  dernier  est  dû  à  la  générosité  du  baron  de  Rothschild,  qui  a,  en 
Dutre,  fait  constiniire  un  splendide  asile,  situé  au  milieu  d'un  beau  parc, 
pour  y  recevoir  les  convalescents  dont  la  santé  a  besoin  d'être  raffermie 
avant  de  reprendre  leurs  occupations  de  tous  les  jours. 

TeUes  sont  les  ressources  qu'offre  notre  ville  pour  maintenir  la  santé 
m  pour  la  rétablir  lorsqu'elle  a  été  ébranlée  par  les  privations  ou  la 
maladie.  Mais  si  nous  avons  déjà  beaucoup  fait  à  cet  égard,  nous  devons 
reconnaître  qu'il  reste  encore  beaucoup  à  faire  pour  améliorer  les  condi- 
tions matérielles  qui  nous  entourent.  Nous  espérons  que  vos  lumières 
pourront  nous  aider  dans  la  noble  tâche  qui  consiste  à  doter  nos  conci- 
toyens de  tous  les  avantages  que  procure  une  sage  application  des  lois 
le  l'hygiène.  Et  parmi  ceux-ci,  il  en  est  un  qui  est  éminemment  désira- 
ble et  que  désignait  un  de  nos  confrères  par  le  mot  de  persepolis  ;  c'est- 
à-dire  le  percement  de  nouvelles  rues  au  travers  des  quartiei-s  populeux 
le  notre  ancienne  ville.  Nous  avons  déjà  mis  la  main  à  l'œuvre  et  abattu 
plusieiu^  rues  étroites  ou  malsaines;  d'autres  projets  sont  encore  à 
l'étude  ;  mais  nous  sommes  venus  nous  heurter  devant  des  obstacles 


102  SÉANCE    d'ouverture. 

financiers  presque  insurmontables,  car  nous  ne  possédons  pas  les  res- 
sources dont  disposait  le  baron  Hausmann  ;  en  sorte  que  nous  devons 
attendre  des  jours  meilleurs  pour  mettre  en  pratique  ce  qui  serait  si 
désirable  pour  la  santé  et  le  bien-être  de  nos  concitoyens. 

En  attendant  que  nous  puissions  réaliser  ce  nouveau  progrès,  nous 
sommes  heureux  de  constater  que  Grenève  occupe  une  place  honorable 
quant  à  la  salubrité,  puisque  la  mortalité  de  la  première  année  y  est  pins 
faible  que  partout  ailleurs  et  qu'un  joiuiial  de  notre  ville  disait,  il  y  a 
peu  de  jours,  que  la  mortalité  générale  avait  été  dernièrement  moins 
élevée  à  Genève  que  dans  la  plupart  des  villes  européennes. 

Ainsi  donc,  vous  voyez  que,  sans  atteindre  à  la  perfection  qui  n'est 
pas  de  ce  monde,  nous  faisons  tous  nos  efforts  pour  que  nos  concitoyens 
jouissent  de  ce  qui  peut  être  considéré  comme  le  dernier  mot  de 
l'hygiène  : 

Métis  sana  in  corpore  aano. 


Rapport  de  M.  le  D^'prof.  P.-L.  DUNÂNT,  secrétaire  général, 

sur  l'organisation  du  Congrès. 

Messieurs, 

Le  comité  m'a  chargé  de  vous  rendre  compte  de  la  manière  dont  a  été 
organisé  le  congrès  qui  nous  rassemble. 

Ceux  d'entre  vous,  Messieurs,  qui  assistaient  à  la  séance  de  clôture 
du  Congrès  de  1880  à  Turin,  savent  avec  quel  empressement  fut  accueil- 
lie par  l'assemblée  tout  entière,  la  proposition  faite  par  M.  le  conseiller 
D'  Froben,  de  Saint-rétersbourg,  et  appuyée  par  M.  le  D''  Liouville,  de 
Paris,  de  choisir  la  ville  de  Genève  comme  siège  du  Congrès  de  1882. 

M.  le  D'  Dunant,  délégué  du  département  fédéral  de  l'intérieur,  ayant 
consulté  télégraphiquement  son  gouvernement  sur  cette  proposition,  en 
reçut  la  réponse  que  le  Conseil  d'Etat  genevois  l'acceptait  avec  plaisir. 
M.  Dunant  invita  alors  au  nom  de  la  Suisse  entière  les  représentants  de 


SÉANCE    d'ouverture.  103 

toutes  les  nations  à  venir  nombreux  à  Genève,  et  leur  promit  le  meilleur 
accueil. 

Un  comité  d'organisation  de  9  membres  fut  constitué  de  la  manière 
suivante.  Le  Conseil  d'État  désigna  pour  en  faire  partie,  M.  Dunant, 
professeur  d'hygiène  à  l'école  de  médecine  ;  M.  Prévost,  professeur  et 
doyen  de  la  Faculté  de  médecine,  et  M.  le  D'  Julliard  père,  médecin 
inspecteur  de  la  salubrité.  La  Société  médicale  désigna  trois  de  ses 
membres,  MM.  les  Docteurs  H.-Cl.  Lombard,  V.  Gautier  et  Rapin,  et 
rinstitut  national  genevois  désigna  de  son  côté  aussi  trois  de  ses 
membres,  MM.  le  professeur  D'Espine,  D'  Haltenhoff  et  professeur 
D.  Monnier. 

Le  premier  soin  du  comité  d'organisation  fiit  de  former  un  comité 
national  Suisse,  pour  associer  toutes  les  parties  de  la  Confédération  à 
l'honneur  de  recevoir  le  Congrès.  Deux  délégués  du  comité,  MM.  les 
professeurs  Dunant  et  Prévost  se  rendirent  dans  ce  but  à  Berne,  et  firent 
décider  par  l'assemblée  générale  des  médecins  suisses  faisant  partie  du 
Central-Verein  et  de  la  Société  romande,  que  tous  les  membres  de  la 
commission  médicale  entreraient  dans  le  comité  national.  Celui-ci  fut 
complété  par  l'adjonction  de  représentants  des  autres  institutions  fédé- 
rales et  par  les  délégués  des  sociétés  médicales  ou  des  autorités  sani- 
taires des  cantons. 

La  seconde  préoccupation  du  comité  d'organisation  fut  d'adjoindre 
au  Congrès  d'hygiène  mie  section  spéciale  de  démographie.  L'idée  d'as- 
socier ces  deux  sciences,  pour  une  réunion  internationale  unique,  fiit 
émise  pendant  le  congrès  de  Turin.  Elle  fut  immédiatement  approuvée 
par  MM.  Bertillon  et  Bodio  et  successivement  par  tous  les  autres  mem- 
bres de  la  commission  issue  du  congrès  de  démographie  de  Paris,  en 
1878.  —  Le  bureau  fédéral  de  statistique  à  Berne,  les  bureaux  de  statis- 
tique de  quelques  États  et  de  plusieurs  villes,  ainsi  que  la  Société  suisse 
de  statistique,  promirent  leur  active  collaboration  aux  travaux  de  cette 
section,  dont  l'existence  se  trouva  dès  lors  assurée. 

Pour  l'élaboration  du  règlement,  les  statuts  des  précédents  congrès 
d'hygiène  servirent  de  modèle  général.  D  y  a  été  cependant  introduit 
quelques  modifications. 

La  langue  française  a  été  déclarée,  conformément  à  ce  qui  s'est  fait 
pour  tous  les  congrès  d'hygiène,  langue  oflicielle  du  Congrès.  Mais,  les 
deux  tiers  de  la  Suisse  parlant  l'allemand,  le  comité,  dans  son  désir  de 
donner  à  l'organisation  du  congrès  un  caractère  éminemment  national, 
a  publié  en  deux  langues  le  règlement  et  le  progranmie ,  et  il  a  décidé 
que  les  orateurs  pourraient  prendre  la  parole  en  diverses  langues.  Les 
mémoires  pourront  aussi  être  publiés  en  d'autres  langues  qu'en  français. 


104  8ÉAKCE    d'oUVERTUBE. 

Pour  pouvoir  faire  face  aux  dépenses,  le  comité  s'est  adressé  aux  au- 
torités fédérales,  cantonales  et  municipales,  qui  ont  bien  voulu  voter  des 
sommes  importantes  pour  le  Congrès.  Mais,  à  côté  de  cela,  chaque 
membre,  sans  aucune  exception,  a  été  appelé  à  verser  une  cotisation  de 
vingt  francs,  en  échange  de  laquelle  il  recevra  un  exemplaire  du  compte- 
rendu  du  congrès. 

Une  circulaire,  parue  le  1"  janvier  1882  et  répandue  à  2000  exem- 
plaires, porta  les  faits  et  les  décisions  qui  viennent  d'être  rappelés,  à  la 
connaissance  du  public  et  des  membres  des  congrès  antérieurs.  Une 
invitation  à  participer  au  Congrès  a  été  imprimée  en  quatre  langues  et 
a  été  envoyée  aux  journaux  raédicAUx  et  politiques  de  Suisse,  de  France, 
d'Angleterre,  d'Allemagne  et  d'Italie. 

Dans  la  composition  du  programme,  le  comité,  sans  s'y  croire  absolu- 
ment obligé  et  en  réservant  pour  lui  et  ses  successeurs  une  assez  grande 
liberté  d'action,  a  tenu  à  faire  figurer  plusieurs  questions  que  le 
Congrès  de  Turin  avait  léguées  à  celui  de  Genève.  Il  y  a  ajouté  quelques 
questions  dont  il  a  fait  choix,  à  cause  de  leur  actualité.  Il  a  enfin 
adressé  un  appel  à  un  certain  nombre  de  notabilités  scientifiques  pour 
les  inviter  à  venir  traiter  des  sujets  sur  lesquels  leur  compétence  est 
universellement  reconnue. 

Pour  la  section  de  démographie,  M.  Chervin  a  proposé  un  programme 
qui  a  été  soumis,  avec  les  adjonctions  et  les  modifications  du  comité, 
aux  membres  de  la  Commission  internationale.  C'est  d'après  les 
réponses  qu'il  a  reçues  que  le  comité  a  aiTêté  le  programme  de  cette 
section. 

Ce  sera  à  vous.  Messieurs,  de  juger  si  le  comité  a  réussi  dans  son 
œuvre  laborieuse  de  préparation  des  tractandas.  Pour  lui,  il  ne  remplit 
qu'un  strict  devoir  en  exprimant  sa  Sincère  reconnaissance  aux  hommes 
distingués  de  différentes  nationalités  qui  ont  accepté  avec  empressement 
et  amabilité  ses  ouvertures  et  qui  viennent  aujourd'hui  nous  honorer  de 
leur  visite  et  nous  faire  part  de  leiu*s  travaux. 

Nous  avons  le  regret  de  vous  annoncer  que  quatre  de  nos  rapporteurs, 
MM.  Bertillon,  Cohn,  Kuborn  et  Lasius,  sont  retenus  loin  de  nous  par 
la  maladie  et  ne  pourront  venir  soutenu*  eux-mêmes  les  conclusions  de 
leurs  rapports.  La  discussion  devra  néanmoins  en  avoir  lieu  et  nous 
sommes  persuadés  qu'elles  ne  resteront  pas  stériles. 

En  dehors  des  séances  générales  qui  auront  lieu  à  2  heures  de  l'après- 
midi,  les  travaux  du  Congrès  ont  été  répartis  entre  cinq  sections.  Vous 
trouverez  peut-être  avantage  à  scinder  quelques  unes  d'entre  elles  en 
sous-sections.  Chaque  membre  du  Congrès  est  prié  de  s'inscrire  demain 
matin  à  9  heures  à  Touvei-ture  des  séances  de  sections,  auprès  de  celles 


SÉANCE    d'ouverture.  105 

lont  il  désire  être  membre,  afin  que  les  bureaux  définitifs  puissent  être 
lonstitués  sans  perte  de  temps.  D'après  l'article  13  du  Règlement,  tous 
es  travaux  lus  ou  présentés  au  Congrès,  soit  dans  les  sections,  soit  dans 
'assemblée  générale,  seront  déposés  sur  le  bureau  et  immédiatement 
ecueillis  par  les  secrétaires.  Des  mesures  ont  été  prises  pour  que  toutes 
es  communications  orales  faites  devant  le  Congrès  soient  aussi  immé- 
liatement  mises  par  écrit  par  les  orateurs  eux-mêmes,  et  recueillies  par 
lOI.  les  secrétaires  sous  peine  de  ne  pas  figurer  au  compte  rendu. 

La  carte  de  membre  qui  vous  a  été  remise  donne  entrée  à  l'exposition 
l'hygiène.  Malgré  son  développement  bien  modeste,  elle  présente  un 
éel  intérêt  scientifique  et  elle  mérite  d'attirer  votre  attention.  Vous 
ui  ferez  certainement  plus  d'une  visite.  Grâce  aux  envois  faits  par 
dusieurs  des  principaux  bureaux  de  statistique  d'Europe,  la  démogra- 
phie y  occupe  une  large  place.  L'exposition  de  la  ville  de  Paris  présente 
in  ensemble  hors  ligne  ;  et  ses  ingénieurs,  MM.  Durand-Claye,  Corot  et 
klasson,  ainsi  que  M.  A.  J.  Martin,  ont  droit  à  une  mention  spéciale 
)Our  la  part  qu'ils  ont  à  sa  réussite.  Le  comité  d'organisation  exprime 
oute  sa  reconnaissance  à  MM.  Briquet  et  Demaurex  pour  la  peine 
lu'ils  ont  prise  pour  installer  et  mener  à  bien,  dans  tous  ses  détails, 
:ette  exposition,  dans  le  court  espace  des  quinze  jours  qui  se  sont  écoulas 
lq)uis  que  le  concours  musical  a  quitté  les  locaux  qu'elle  occupe. 

Pendant  la  durée  du  Congrès,  des  conférences  auront  lieu  dans  le 
ocal  de  l'exposition  à  5  heures  du  soir,  sur  les  objets  exposés  par  la 
ille  de  Paris  et  par  Messieurs  les  délégués  du  Conseil  municipal  de  cette 
ille.  Quelques  séances  de  démonstration  de  divers  appareils  auront 
încore  lieu  à  8  heures  du  matin.  C'est  ainsi  que  mercredi,  à  8  heures 
lu  matin  rue  de  CandoUe,  devant  l'Université,  les  sapeurs -pompiers 
exécuteront  des  manœuvres  avec  cinq  échelles  pour  sauvetage  en  cas 
l'incendie,  de  modèles  différents. 

Des  réductions  sur  les  prix  de  transport  de  Messieurs  les  membres  du 
]k)ngrès  et  des  objets  destinés  à  l'exposition  ont  été  consenties  par  les 
chemins  de  fer  de  Suisse,  de  France  et  de  la  Haute-Italie  ;  elles  ont  été 
issez  importantes  pour  que  nous  en  remercions  les  compagnies.  Les  six 
H'andes  compagnies  françaises  ont  accordé,  sous  certaines  conditions, 
me  réduction  de  50  7o>  soit  retour  gratuit,  de  Genève  en  un  point  quel- 
x>fique  de  la  France  et  de  ses  frontières.  La  compagnie  de  la  Haute- 
talie  a  accordé  un  rabais  de  30  %  ^  Taller  comme  au  retour.  Les  com- 
)agnies  suisses,  auxquelles  les  règlements  ne  permettent  pas  des  réduc- 
ioDS  aussi  fortes,  ont  délivré  des  billets  d'aller  et  retour  valables  pour 
louze  jours,  avec  rabais  de  20  ®/,..  Les  objets  d'exposition  ont  uniformé- 
nent  obtenu  de  ces  mêmes  compagnies  la  réduction  de  50  7m  soas  forme 
le  retour  gratuit. 


106  SÉANCE    d'OUV£&TUR£. 

Euiin,  Messieurs,  pour  terminer  sa  tâche,  le  Comité  a  ajouté  à  Vùrin 
du  jour  général  qui  vous  a  été  distribué,  Tindication  des  fêtes  et  récep- 
tions officielles  du  Congrès. 

Aujourd'hui,  à  8  heures  du  soir,  réception  par  le  Conseil  administratif 
de  la  ville  de  Genève,  au  foyer  du  théâtre. 

Demain  mardi,  à  7  heures,  soirée  offerte  par  M.  le  prof.  Alphonse  de 
Candolle,  dans  sa  campagne  du  Vallon. 

Mercredi,  à  5  heures,  visite  à  l'établissement  hydrothérapique  de 
Champel-sur-Arve,  collation  offerte  par  la  Direction. 

Jeudi,  excursion  sur  le  lac  Léman,  départ  à  9  heures,  du  Jardin 
Anglais,  bateau  le  Mont-Blanc.  Collation  offerte  par  la  Société  des  eaux 
minérales  d'Évian.  Dîner  offert  au  Kursaal  de  Montreux.  Les  membres 
qui  désirent  y  prendre  part  devront  s'inscrire  avant  ce  soir.  En  cas  de 
mauvais  temps.  Tordre  du  jour  du  jeudi  sera  remplacé  par  celui  du  ven- 
dredi, et  Texcursion  sera  remise  au  vendredi. 

Vendredi,  à  8  heures  du  soir,  réception  offerte  par  le  Comité  d'orga- 
nisation au  château  de  M"'  Eynard,  rue  Calabri. 

Enfin  samedi,  à  8  heures  du  soir,  banquet  d'adieu,  par  souscription, 
à  l'Hôtel  National,  quai  du  Léman. 

Sur  la  demande  du  Comité,  le  Haut  Conseil  fédéral  suisse  a  invité  les 
différentes  nations  à  se  faire  représenter  au  Congrès  par  des  délégués. 
Plusieurs  États  ont  répondu  à  cet  appel. 

En  outre,  un  grand  nombre  de  Sociétés  nous  ont  officiellement 
annoncé  des  délégués. 

Ce  sont,  d'après  l'ordre  dans  lequel  ils  ont  été  inscrits  au  secrétariat: 


IDÉLÉa^TIONS 

I.  Délégués  des  Gouvernements. 

France. 

A.  Délégués  du  Ministère  de  V Instruction  publique  :  MM.  les  doc- 
teurs Fauvel,  inspecteur  général  des  services  sanitaires  ;  Proust,  mem- 
bre du  Comité  consultatif  d'hygiène  ;  Léon  Couk,  professeur  au  Val-de- 
Grâce;  Pasteur,  de  l'Institut.  —  Délégué  spécial  :  M.  A.-J.  Martin. 

B.  Ministère  du  Commerce  :  MM.  Fauvel  et  Proust. 

C.  Ministère  de  la  guerre  :  MM.  D'  Vallix,  professeur  d'hygiène  au 
Val-de-Grâce  ;  Jaillard,  pharmacien  principal  ;  Duplessis,  vétérinaire 
principal  de  1"  classe. 


SÉANCE    D^OUVERTURE.  107 

D.  Ministère  de  la  marine  :  M.  le  D' Jules  Rochard,  président  du 
Conseil  supérieur  de  santé,  de  la  marine. 

E.  Ministère  de  VagricidUire  :  M.  Galtier,  professeur  de  police 
sanitaire  à  TÉcole  vétérinaire  de  Lyon. 

F.  Ministère  de  V Intérieur  :  MM.  les  D"  Liouvillb,  député  ;  Emile 
Vidal,  médecin  des  hôpitaux. 

Italie. 

M.  le  commandeur  A.  Corradi,  professeur  d'hygiène  à  l'Université 
de  Pavie  ;  M.  le  commandeur  prof.  L.  Bodio,  directeur  de  la  Statistique 
du  royaume.  ' 

Espagne. 

A.  Délégués  du  Ministère  de  la  guerre  :  MM.  les  D"  Bonifacio  Mon- 
TEjo  RoBLEDO  ;  Felipe  Ovilo-Canales, 

B.  Ministère  de  la  marine  :  D'  Vicente  Cabeltx)-Bruller. 

C.  Ministère  de  V Instruction  publique  :  D'  Juan  Giné  y  Partaoas, 
professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Barcelone. 

Roumanie. 

D' Félix,  professeur  d'hygiène  à  l'Université  de  Bucharest;  D'  Pe- 
TREsco,  colonel,  médecin  principal  de  l'armée  pour  le  Ministère  de  la 

guerre. 

Hongrie. 

D' L.  DE  CsATARY,  Secrétaire  du  Conseil  général  d'hygiène  publique. 

Pays-Bas. 

D*  Van  OvERBEEK  DE  Meyer,  professeur  d'hygiène  à  l'Université 
d'Utrecht. 

Serbie. 

D'  Vladan  Georgewitch,  chef  de  la  section  sanitaire  au  Ministère  de 
rintérieur. 

Suède. 
B'  Axel  Lahh. 


106  SÉANCE    d'ouverture. 

Mexique. 

M.  Francisco  Dias  Covarrubias  ;  D' Juan  Huar  y  Haro. 

Portugal. 

D'  Da  Silva-Amado,  professeur  d'hygiène  à  l'Université  de  Lisbo 
délégué  du  gouvernement;  Antonio  da  Cunha  Belem,  et  Guilh( 
José  Enxess,  médecin  major,  délégués  du  ministère  de  la  guerre. 

Bulgarie. 

D'  Bradel,  directeur  de  l'Hôpital  civil;  D'  Jordan  Jordanof,  ch 
gien  d'armée. 

Canada. 

D'  Co\'ERNTON,  membre  du  Board  of  Health. 

Suisse. 

D'  SoNDEREOGER,  vice-présidcut  de  la  Commission  sanitaire  fédé 

Belgique. 

M.  le  lieutenant-général  Liagre,  président  de  la  Commission  cen 
de  statistique;  D'  Janssens,  inspecteur  du  service  de  santé  de  la  vil 
BruxeUes  ;  D'  Vi^minckx,  secrétaire  du  Conseil  supérieur  d'hygièw 

Brésil. 

M.  le  baron  de  Theresopolis. 

Equateur. 

D' Don  Ricardo  Valdevieso. 

Colombie . 

D'  Aristidès  Gutierrez,  secrétaire  de  légation  à  Londres. 

II.  Délégués  des  Municipalités. 

Ville  de  Reims  :  D'  Henrot,  professeur  d'hygiène. 
Ville  de  Bucharest  :  D' J.  Feux,  professeur  d'hygiène;  D'  Mj 
ingénieur. 


SEAlîCE    D^OUVERTU&E.  109 

Ville  de  Genève  :  M.  Théodore  Turrettiki,  iDgénieur,  et  Ad.  Ls 
>iNTE,  membres  du  Conseil  administratif. 

\iUe  de  Paris  :  D'  Bourneville;  M.  Cernesson,  architecte;  M.  Du- 
kXD-CLAYE,  ingénieur;  D'  Loiseau;  D'  Napias. 
Ville  de  Lausanne  :  D'  Joël,  médecin  de  THôpital  des  Enfants; 
[.  Louis  Roux,  conseiller  municipal. 
Ville  de  Neuchâtel  :  M.  Billeter,  professeur  de  chimie. 
Ville  de  Rome  :  D'  Toscani,  professeur  de  médecine  légale  à  l'Uni- 
srsité. 

Ville  de  Séville  :  D'  Hauser. 
Ville  de  Lisbonne  :  M.  le  prof,  da  Silva-Akado. 
Ville  de  Nancy  :  M.  le  D'  Sognies,  chef  du  Bureau  d'hygiène  de  la 

ne. 

Ville  de  Turin  :  M.  le  sénateur,  professeur  Pacchiotti. 
Ville  de  Bruxelles  :  M.  le  D'  Janssens,  directeur  du  Bureau  d'hygiène. 
Ville  de  Bordeaux  :  M.  le  D'  Layet,  professeur  d'hygiène  à  la  Faculté 
B  médecine. 

Ville  de  Buda-Pesth  :  M.  J.  Kôrôsi,  directeur  du  Bureau  communal 
L€  statistique. 


III.  Institutions  sanitaires  officielles. 

Conseiller  d'État  chargé  de  le  Direction  sanitaire  du  canton  de  Schafif- 
MHise  :  MM.  les  D"  Ritzmann,  et  Stierlin. 

Département  de  santé  du  canton  de  Soleure  :  MM.  les  D"  Aug. 
toTTMASN;  Laxo,  professcur. 

Conseil  de  santé  du  canton  des  Grisons  :  MM.  les  D"  Kaiser  ;  Kel- 
«exberger. 

Commission  sanitaire  du  canton  de  Saint-Gall  :  MM.  les  D"  Curti, 
conseiller  d'État  ;  Sondereoger,  et  âmbuhl. 

Collège  de  santé  du  canton  de  Berne  :  MM.  les  D"  Bourgeois,  prési- 
lent;  Girard,  secrétaire. 

Commission  municipale  de  santé  de  la  ville  de  Berne  :  MM.  les  doc- 
îurs  Albert  Wyttenbach;  Adolphe  Christener. 
Conseil  de  santé  de  l'État  de  Louisiane  :  M.  le  D'  Formento,  mem- 
re  du  Conseil. 

Conseil  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  du  département  de  la 
âne  :  MM.  Gautier,  chef  des  travaux  cliniques  à  la  Faculté  de  méde- 
œ  de  Paris;  D'  Brouardel,  professeur  de  médecine  légale  à  la 


110  SÉANCE    d'ouverture. 

Faculté  de  médecine  de  Paris  ;  Bezancox,  chef  de  division  à  la  P^éfe^ 
ture  de  police. 

Préfecture  de  police  de  Paris  :  M.  Girard,  chef  du  laboratoire  muni- 
cipal d'analyse. 

Administration  de  l'assistance  publique  à  Paris  :  MM.  Questk, 
directeur;  D"  Damaschino,  Nicaise,  médecins  des  hôpitaux. 

Conseil  d'hygiène  et  de  salubrité  delà  Seine-Inférieure  :  MM.  D'Leu- 
DET,  directeur  de  l'École  de  médecine  de  Rouen  ;  Deshayes,  membre 
du  Conseil  d'hygiène  ;  Malbranche,  pharmacien. 

Conseil  d'hygiène  de  la  Charente-Inférieure  :  M.  le  D'  Drouinkaïï, 
secrétaire  du  Conseil;  M.  Paul  Fleury,  pharmacien  de  !'•  classe. 

Conseil  d'hygiène  du  département  de  Vaucluse  :  M.  le  D'  Pamard, 
chirurgien  en  chef  de  l'Hôtel-Dieu. 

Direction  générale  de  bienfaisance  et  de  salubrité  d'Espagne  :  M.  le 
D' Alberto  Gines  y  Corio. 

Collège  des  médecins  de  Magdebourg  :  M.  le  D'  Boehm,  conseiller 
médical. 

Conseil  d'hygiène  de  Meurthe-et-Moselle  :  M.  le  D'  Delcominetï, 
professeur  à  TÉcole  de  pharmacie. 

Conseil  d'hygiène  de  la  Gironde  :  M.  le  D'  Armaingaud,  professeur 
agrégé. 

Bureau  d'hygiène  de  Bruxelles  :  MM.  les  D"  Bonmariage,  médecin 
divisioimaire  ;  Huart,  médecin  du  Bureau. 

Hospice  civil  du  Havre  :  M.  le  D'  Launay,  directeur  du  Bureau 
d'hygiène. 

La  députation  statistique  de  la  ville  de  Berlin  :  Professeur  Bœckh, 
directeur  du  bureau  statistique. 


IV.  Académies  et  Sociétés  savantes. 

Académie  de  médecine  de  Paris  :  MM.  les  D"  Fauvel,  Proust,  Léon 
Colin. 

Faculté  de  médecine  du  canton  de  Berne  :  D'  Kocher,  professeur  de 
clinique  chirurgicale  ;  D'  Lichtheim,  professeur  de  clinique  médicale. 

Faculté  de  médecine  de  Lille  :  D'  Arnoui.d,  professeur  d'hygiène. 

Institut  royal  lombard  des  sciences  :  Prof.  A.  Corradi. 

École  de  médecine  d'Alger  :  D'  Texier,  professeur  de  pathologie 
interne. 

Université  de  Turin  et  Académie  royale  de  médecine  de  cette  ville  : 
D'  Pagliani,  professeur  d'hygiène. 


SEANCE    D  OUVERTURE.  111 

Académie  royale  de  médecine  de  Rome  :  Prof.  Ettore  Marchiafava  ; 
rof.  David  Toscani. 

Académie  de  médecine  de  New-York  :  D'  Joseph  Wiener. 

Société  royale  de  médecine  publique  de  Belgique  :  D'  Pigeolet,  séua- 
mr  ;  D'  Wiluême,  membre  de  la  Commission  médicale  du  Hainaut  ; 
[.  Vax  Gael,  chef  de  biu*eau  au  Ministère  de  l'Intérieur. 

Société  de  médecine  du  canton  de  Fribourg  :  D'  Castella,  président  ; 
>'  Boéchat,  vice-président. 

Société  de  médecine  du  canton  de  Neuchâtel  :  D'  Guillaume,  D'  Fa- 

àRGER. 

Société  médicale  du  canton  de  Lucerne  :  D'  Franz  Brun,  D'  Gustav 

lAGER. 

Société  médicale  de  Bâle-Campagne  :  D'  Rippmann. 
Société  vaudoise  de  médecine  :  MM.  les  D"  Morax  ;  de  Céren\ille. 
Société  des  médecins  du  canton  de  Zurich  :  D'  P.  Zehnder  ;  Prof, 
iscar  Wy88. 
Société  de  médecine  du  canton  deZoug  :  MM.  les  D"  Arnold;  Huru- 

ANN. 

Société  médicale  du  canton  de  Berne  :  M.  le  D'  Dubois  ;  M.  le  prof. 
'fluger. 

Société  médicale  de  Bâle-Ville  :  M.  le  D'  Lotz. 

Société  des  médecins  argoviens  :  MM.  les  D"  Brouggisser;  Wagner. 

Société  française  d'hygiène  :  MM.  IcsD^Bonnafond,  vice-président; 
^tra-Santa,  secrétaire  général  ;  Joltraik,  secrétaire. 

Société  pédagogique  italienne  :  M.  le  D'  Pini. 

Société  de  médecine  de  Parâ  :  MM.  les  D"  de  Beauvais,  secrétaire 
:énéral  ;  Perrin. 

Société  médicale  de  Reims  :  MM.  les  D"  Henrot,  président  ;  Lan- 
ilet,  secrétaire. 

Société  médicale  des  hôpitaux  de  Paris  :  MM.  les  D"  Damaschino  ; 

IDAL. 

Société  de  médecine  publique  et  d'hygiène  professionnelle  de  Paris  : 
tM.  le  Prof.  Brouardel,  président;  D'  Vidai.,  D'  Vallin,  D'  Liou\ille, 
[.  Durand-Claye,  vice-présidents;  D'  Napias,  secrétaire  général; 
[.  A.-J.  Martin,  secrétaire  général  adjoint. 

Société  espagnole  d'hygiène  :  D' Vicente  Cabello  ;  D' Jean  Vilanova, 
rofesseur  à  l'Université  de  Madrid  ;  D' Bonifacio  Montejo. 

Société  des  ingénieurs ' civils  de  Paris:  MM.  E.  Trélat,  architecte- 
résident;  Charles  Hercher,  ingénieur;  Bossi,  ingénieur  de  Tentre- 
rise  du  tunnel  du  Gothard  ;  D.  Colladon,  professeur,  correspondant 
3  TAcadémie  des  sciences  ;  Merle  d'Aubigné,  ingénieur  des  eaux  de 


112  SÉANCE    u'orVËRTURE. 

la  ville  de  Genève;  De  Meuron,  iugénieur;  Denis  Monnieb,  professeur; 
Raoul  PiCTET,  professeur;  Th.  Turrettixi,  ingénieur. 

Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de  Bruxelles: 
D' PiGEOLET,  sénateur. 

École  polytechnique  fédérale  :  D'  Lunoe,  professeur  de  chimie  appli- 
quée. 

Société  suisse  de  statistique  :  M.  le  prof.  Kinkelin,  président  ; 
M.  Kummer,  directeur  du  bureau  fédéral. 

Association  française  par  Tavancement  des  sciences  :  MM.  Alglave, 
professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  droit  de  Paris  ;  D'  Drouineau,  chirur- 
gien des  hôpitaux  civils  de  La  Rochelle  ;  D'  Gariel,  membre  de  l'Aca- 
démie de  médecine,  ingénieur  ;  D'  Texier,  directeur  de  l'école  de  méde- 
cine d'Alger  ;  M.  Tréiat,  architecte  secrétaire  de  l'association;  D'  Vkb- 
xEi  IL,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Paris. 

Académie  de  médecine  de  Turin  et  Université  de  Turin  :  Professeur 
L.  Paguasi. 

Société  italieime  d'hygiène,  section  de  Turin  :  Prof.  Paoijaki. 

Société  d'hygiène  de  Bordeaux  :  M.  Jules  Chambrelent. 

Société  de  la  Croix-Rouge  de  Buda-Pesth  :  D' Alexandre  Lumniczer. 

Société  des  crèches  de  Paris  :  D'  René  Blaoue. 

Société  contre  l'abus  du  tabac  :  M.  D*^  Boitrdin. 

Association  des  dames  de  la  Charente-Inférieure  :  D'  Drouineau. 

Association  sanitaire  des  dames  de  Londres  :  D"  Mathias  Roth. 

Athénée  Vénitien  :  M.  Boncinelli. 

Société  d'hygiène  de  Florence  :  D'  G.  Varalu. 

Académie  physico-médico-statistique  de  Milan  :  Prof.  Corradi. 

Société  d'hygiène  de  Milan  :  Prof.  Corradi  ;  D""  Pini. 

Académie  de  Bucharest  :  Prof.  J.  Félix. 

Société  médico-chirurgicale  de  Bologne  :  Prof.  G.  Brugnoli. 

Société  d'hygiène  de  Bordeaux  :  D' prof.  Layet. 

Députation  provinciale  de  Turin  ;  M.  E.  Pixchia. 

Société  de  crémation  de  Milan  :  D' Fusi. 

Société  de  crémation  de  Gènes  :  M.  A.  Bert. 

Société  de  crémation  de  Paris  :  MM.  Kœchlin-Schwartz,  président; 
G.  Salomon,  secrétaire  général  ;  D'  Napias  et  D'  Bourneville,  secré- 
taires. 

Tel  est  Messieurs,  en  résumé,  la  manière  dont  a  été  préparé  le  qua- 
trième Congrès  international  d'hygiène. 

Le  Comité  d'organisation,  en  déposant  ses  pouvoirs,  espère  que  les 
travaux  qu'il  vous  a  annoncés  seront  discutés  d'une  manière  fructueuse 


SEANCE    d'ouverture.  113 

[K)ur  le  bien  de  Thumaaité  et  contribueront  à  développer  le  goût  des 
recherches  sérieuses  d'hygiène  et  de  statistique. 

U  peut  ajouter  que  la  population  genevoise  tout  entière  suivra  avec 
un  \if  intérêt  nos  discussions  et  la  marche  de  nos  travaux,  et  qu'elle  se 
joint  à  lui  pour  vous  souhaiter  la  bienvenue. 


M.  le  D' Lombard  dépose  les  pouvoirs  du  Comité  d'organisation  entre 
les  mains  de  l'Assemblée  et  l'engage  à  constituer  son  Bureau  définitif. 

Sur  la  proposition  de  M.  le  D'  sénateur  Pacchiotti,  le  Bureau  provi- 
soire e^t  maintenu  et  confirmé  à  titre  définitif. 

M.  Lombai'd  désigne  alors  MM.  les  présidents  d'honneur  et  prie 
MM.  Pacchiotti  et  Fauvel  de  bien  vouloir  prendre  la  parole,  conformé- 
ment à  l'ordre  du  jour. 


Présidents  d'honneur  du  Congrès. 

France.  MM.  Fauvel,  Pasteur  et  Brouardkl. 

Italie.  MM.  CoRRADi,  Bodio  et  Pacchiotti. 

Alletnagne.  MM.  Eulenberg,  Goltz  et  Varrentrapp. 

Espagne,  MM.  Monte jo  et  Gink  y  Part ag as. 

Pays-Bas.  M.  van  Overbeek  de  Meyer. 

Hongrie.  M.  L.  de  Csatary. 

Suède.  M.  Axel  Lamm. 

Portugal.  M.  da  Silva-Amado. 

Roumanie.  M.  Félix. 

Serbie.  M.  Vladan  Georgewitch. 

Bulgarie.  M.  Bradel. 

Mexique.  M.  Dias  Covarrubias. 

Cxfiada.  M.  Covernton. 

Suisse.  M.  SONDEREGGER. 

Belgique.  M.  le  général  Liagre. 
Brésil.  M.  Baron  de  Théresdpolis. 
États-Unis.  M.  Formento. 


8 


114  SÉAKCfi    d'0VV£RTUR£. 


Discours  de  M.  le  profeMeur  PÂCCHIOTTI,  président  du 

Congrès  de  Turin. 


Messieurs, 

D  y  a  deux  ans  un  éminent  hygiéniste  français,  à  qui  l'Europe  doit 
une  vive  reconnaissance  pour  la  découverte  des  vrais  moyens  de  se  défen- 
dre contre  les  invasions  jadis  si  fréquentes  des  épidémies  cholériques,  le 
savant  M.  Fauvel,  au  nom  du  deuxième  Congrès  international  d'hygiène 
de  Paris,  transmettait  au  troisième,  qui  avait  lieu  à  Turin,  «  le  flambeau,» 
disait-il,  «  qui  doit  éclairer  nos  études  pacifiques,  tel  qu'il  l'avait  reçu 
du  premier  Congrès  de  Bruxelles,  »  créateur  de  cette  beUe  institution  si 
utile  à  la  science  et  à  l'humanité. 

Je  viens  aujourd'hui  à  mon  tour,  mais  avec  beaucoup  moins  d'autorité 
et  d'éloquence,  transmettre  ce  même  flambeau,  tel  que  je  l'ai  reçu,  au 
(juatrième  Congrès  de  Genève,  c'est-à-dire  à  la  quatrième  session  d'une 
vaste  assemblée  destinée  à  une  longue  existence,  toujours  robuste,  tou- 
jours jeune,  au  milieu  de  tant  de  changements  d'hommes,  de  temps  et 
d'événements. 

En  vérité,  on  peut  bien  dire  de  nos  Congrès,  qu'ils  se  suivent  et  l'eçoi- 
vent  en  avançant  des  forces  nouveUes,  comme  la  renommée  décrite  par 
le  poète  latin  : 

MobilitaU  viget,  viresque  adquirit  eundo. 

Et  déjà  celui-ci  nous  promet  un  éclatant  succès  par  le  vaste  pro- 
gramme, l'Exposition  splendide  et  les  préparatifs  de  l'excellent  Comité 
d'organisation  et  parce  que  nous  avons  bien  commencé  par  rélection  si 
unanime,  si  applaudie  de  notre  président  bien  aimé,  M.  Lombard. 

Cette  assemblée  a  bien  compiîs  qu'il  n'y  a  pas  parmi  nous  un  autre 
homme,  qui,  par  ses  beaux  ouvrages  d'hygiène,  par  ses  recherches  et  ses 
études,  par  sa  brillante  intelligence  qui  est  en  rapport  direct  avec  sa 
vigoureuse  constitution,  par  sa  longue  expérience  des  hommes  et  des 
choses,  son  grand  cœur,  son  esprit,  son  caractère  et  ses  vertus,  repré- 
sente mieux  Thygiène  vivante,  palpitante,  agissante,  —  l'hygiène  physi- 
que, intellectuelle  et  morale,  —  l'hygiène  dans  ses  théories  et  dans 


8KAXCK    d'oUVERTLHE.  U5 

ies  applications  à  la  vie,  —  Thygièue  dans  tout  ce  qui  est  bon,  grand  et 
)eau. 

Sous  votre  haute  autorité,  M.  le  président,  sous  votre  terme  direction 
tous  marcherons  vers  le  succès,  en  répétant  les  vers  que  le  Dante  chan- 
ait  à  Virgile. 

Te  duca,  te  maestro,  te  Signore. 

Messieurs,  quand  la  dernière  assemblée  générale  de  Turin  eut  à  choi- 
lir  une  ville  pour  siège  du  quatrième  Congrès,  tous  les  cœurs,  tous  les 
«prits  se  tournèrent  vers  la  Suisse,  vers  Genève.  Cette  élection  a  été 
laluée  par  une  immense  acclamation.  C'était  en  vérité  le  meilleur  choix 
lu  monde. 

U  n'y  a  peut-être  pas  de  pays  qui  parle  avec  plus  d'éloquence  à  notre 
?sprit  et  nous  raconte  mieux  les  gloires  de  l'hygiène. 

La  Suisse  n'est-elle  pas  le  rêve  des  gens  qui  ont  le  cœur  brisé,  ou  le  cer- 
veau tourmenté  par  la  lutte  pour  l'existence,  et  qui  courent  à  la  recher- 
che du  repos  du  corps,  du  calme  de  l'esprit,  de  la  santé  perdue  au  milieu 
des  convulsions  d'une  >ie  agitée  par  les  affaires,  les  passions,  les  fati- 
gues, les  études,  les  ambitions  inassouvies? 

N'est-ce  pas  la  Suisse  qui  reçoit  avec  tant  de  gi'âce,  déloyauté  et  d'hos- 
pitalité toute  l'Europe  qui  airive  ici  par  centaines  de  milliei-s  en  lui 
demandant  les  moyens  de  retremper  ses  forces  sur  les  cimes  superbes 
des  gigantesques  montagnes,  où  l'on  respire  à  pleins  poumons  un  air 
pur,  vivifiant,  aux  bords  de  ses  lacs  et  de  ses  lieuves,  sous  ses  forêts  de 
sapins  et  sur  ses  charmantes  prairies,  aux  pieds  des  cascades  féeriques, 
aux  sources  des  eaux  minérales,  dans  les  nombreux  établissements  de 
bains  de  toutes  sortes,  sui*  tant  de  points  magnifiques  oti  la  nature  se 
montre  grandiose,  sublime,  et  où  l'honmie  se  sent  monter  toujours  plus 
haut,  vers  un  grand  idéal,  et  selon  la  poésie  de  Longfellow  :  ExreUiorf 

La  Suisse  est  le  poème  des  jeunes  gens  qui  s'aiment  et  le  refuge  de 
ceux  qui,  ayant  trop  aimé,  sont  désillusionnés  de  la  vie  ;  c'est  le  rendez- 
vous  des  convalescents  et  le  lieu  de  repos  de  tous  les  affligés  de  la  terre 
im  ont  besoin  de  croire  et  d'espérer. 

Ici  tout  parle  à  l'imagination  et  excite  l'enthousiasme,  même  des 
liommes  les  plus  froids.  Ici  on  oublie  les  misères  de  la  vie  pour  repren- 
ire,  comme  Antée  de  la  mythologie,  de  nouvelles  forces  et  recommen- 
»r  son  œuvre  avec  une  nouvelle  énergie. 

Ici,  toutes  les  beautés  de  la  nature  contribuent  à  faire  de  la  Suisse  un 
Miys  privilégié,  où  se  déroule  une  idylle  gracieuse  à  la  fois  et  grandiose, 
pii  rend  l'homme  plus  fort,  plus  sain,  plus  heureux. 


118  SÉANCE    D^OUVERTUBR. 

jardins,  —  ville  imposante  par  ton  hygiène,  ta  propreté  et  râégaoce  de 
tes  rues,  le  grandiose  de  tes  palais  et  la  magnificence  de  tes  mom- 
ments,  —  ô  Oenève,  Athènes  de  la  Suisse,  pour  la  gén^euse  hospitalité 
que  tu  nous  donnes,  reçois  Thoramage  de  notre  reconnaissance. 


Discours  de  M.  A.  FÂUVEL,  président  d'honneur. 


Messieurs, 

Ma  première  parole  devant  vous  doit  être  un  remerciement  pour  le 
témoignage  d'estime  que  vous  venez  de  me  donner  en  me  nommant  Tun 
des  présidents  d'honneur  de  ce  Congrès. 

Je  n'y  vois  pas  seulement  un  témoignage  personnel,  mais  j'y  vois  sur- 
tout un  acte  de  haute  sympathie  pour  le  pays  dont  je  suis  l'un  des 
représentants  à  ce  Congrès  ;  pour  la  France,  que  tant  de  liens  littéraires 
et  scientifiques  rattachent  à  TiUusti'e  cité  de  Genève. 

Vos  savants,  vos  Uttérateui-s,  vos  artistes  sont  accueillis  eu  frères 
pai-mi  nous  ;  et  quand  je  vois  dans  cette  assemblée  le  nombre  des  méde- 
cins distingués  de  Genève  qui  ont  étudié  parmi  nous,  j'ai  peine  à  croire 
que  les  liens  dont  je  parle  aient  de  la  tendance  à  se  relâcher  ;  mais  ce 
que  j'affirme,  c'est  que  notre  plus  grand  désir,  à  nous  Français,  est  de 
les  consolider,  quelles  que  soient  les  divergences  passagères  dans  la 
direction  de  nos  études.  Je  dis  :  divergences  passagères,  parce  que  j'ai 
la  conviction  qu'il  ne  s'écoulera  pas  longtemps  avant  que  l'étude  des 
sciences  médicales  ne  soit  en  harmonie  partout  en  Europe.  On  expéri- 
mente beaucoup  aujourd'hui,  et  quand  la  déception  sur  certains  points 
sera  venue,  la  science,  enrichie  par  de  nouvelles  méthodes,  reprendra  sou 
cours  natm-el. 

L'hygiène  qui  nous  réunit  aujourd'hui  est  d'ailleurs  un  excellent 
terrain  pour  une  entente.  L'hygiène  est  partout  à  l'ordre  du  jour  en 
Europe,  et  la  nécessité  d'y  accorder  une  très  grande  part  dans  la  vie 
sociale  des  peuples  deviendra  de  plus  en  plus  urgente  à  mesure  que  les 
principes  démocratiques  feront  des  progrès,  quelle  que  soit  d'ailleurs  la 
forme  du  gouvernement. 


SÉANCE    d'OUVERTTTÏE.  119 

Pour  wms  surtout,  démocraties  répubHcaines  oti  les  bienfaits  de  la 
science  doivent  profiter  à  tous,  c'est  un  devoir  irapériettx  de  poursuite 
avec  énergie  toutes  les  applications  de  l'hygiène  sous  peine  de  déca- 
dence. 

A  cet  égard,  il  ne  saurait  y  avoir  de  dissidence  entre  nous.  Nous  pou- 
vons donc  travailler  en  commun. 

Je  n'insiste  pas  davantage  et  je  passe  à  la  communication  que  je  dois 
faire  au  sujet  du  prix  institué  par  la  députation  provinciale  de  Turin. 

Messieurs, 

La  députation  provinciale  de  Turin  voulant  apporter  sa  part  de  sym- 
pathie et  de  concours  matériel  au  troisième  Congrès  international  d'hy- 
giène qui  s'est  réuni  dans  cette  ville  en  1880,  a,  par  une  délibération  en 
date  du  4  septembre  1879,  institué  un  prix  de  25C)0  livres  italiennes 
pour  être  décerné,  à  l'occasion  du  quatrième  Congrès  international 
d'hygiène,  à  l'auteur  du  meilleur  livre  sur  Vhygiène  des  populations  des 
campagnes. 

Ce  témoignage  de  sympathie  fut  annoncé  au  Congrès  de  Turin  dans 
sa  séance  d'ouverture  par  son  illustre  président,  le  professeur  Pacchiotti, 
et  fut  accueilli  par  de  chaleureux  remerciments.  A  l'issue  de  la  même 
séance  une  commission  internationale  fut  nommée  pour  former  le  jury 
de  ce  concours. 

Elle  était  primitivement  composée  de  : 

MM.  EuLENBKRG,  dc  Berlin. 
Fauvel,  de  Paris. 
Félix,  de  Bucharest. 
Froben,  de  Saint-Pétersbourg. 
LioiivxLLE,  de  Paris. 
Pacchiotti,  de  Turin. 
Petresco,  de  Bucharest. 
Van  OvERBEEK  DE  Meyer,  d^Utrecht. 
Vladan  Georoewitch,  de  Belgrade. 
DuNAîiT»  de  Genève. 

La  commission  composée  des  membres  présents  à  Turin  se  réunit 
immédiatement  et,  après  avoir  choisi  pour  président  le  D'  Fauvel,  de 
Paris,  elle  adopta  le  programme  suivant  : 

1*  Les  hygiénistes  de  tous  les  pays  peuvent  concourir  pour  le  prix  de 
2500  livres,  institué  par  la  députation  provinciale  de  Turin,  par  des 
ouvrages  manuscrits  ou  imprimés  en  langue  française  ou  italienne. 


120  SÉAKCE    D^OUVERTURE. 

2^  Le  jury  est  composé  de  délégués  de  tous  les  gouyernements  repré- 
sentés au  troisième  Congrès  international  d'hygiène. 

S""  Le  jury  siégera  à  Paris  et  sa  réunion  sera  annoncée  en  temps  utfle. 
Les  ouvrages  destinés  au  concours  seront  adressés  à  M.  Fauvel,  à  Paris. 
Tous  les  ouvrages  devront  être  remis  au  jury  avant  le  31  octobre  1881. 

4**  Le  rapport  du  jury  sera  lu  à  la  séance  d'atwertrtre  du  quatrième 
congrès  international  d'hygiène. 

5**  Dans  le  cas  où  le  prix  ne  serait  pas  décerné,  la  valeur  en  resterait 
à  la  députatiou  provinciale  de  Turin. 

fi**  Les  ouvrages  qui  n'auront  pas  été  récompensés  seront  retirés  par 
leurs  auteurs  dans  les  trois  mois  qui  suivront  la  publication  du  rapport 
du  jury,  sans  qu'il  ait  été  fait  mention  de  ces  ouvrages  dans  le  dit  rap- 
port. 

T'*  L'auteur  de  l'ouvrage  récompensé  devra,  sil'ouvrage  est  manuscrit, 
le  faii-e  imprimer,  en  conservant  la  propriété  littéraire  et  tous  les  droits 
de  l'auteur. 

Il  sera  cependant  prié  d'en  envoyer  un  exemplaire  aux  60  conseiDers 
provinciaux  et  aux  soixante  conseillers  municipaux  de  Turin. 

Ce  programme,  élaboré  un  peu  hâtivement,  sans  le  concours  de  tous 
les  délégués  désignés  comme  membres  du  jury  et  sans  qu'on  eût  calculé 
la  possibilité  de  son  exécution  sur  tous  les  points,  n'a  pu  être  suivi  dans 
toute  sa  rigueur.  Au  moment  de  sa  rédaction,  on  ignorait  encore  quel 
devait  être  le  siège  du  quatrième  congrès  international  d'hygiène. 

Les  ouvrages  présentés  au  concours,  sauf  ceux  d'un  des  compétiteurs 
ne  paiTinreut  pas  dans  le  délai  fixé  ;  mais  comme  ce  retard  n'avait  aucun 
inconvénient,  par  suite  de  l'impossibilité  de  réunir  le  jury  avant  l'épo- 
que du  quatrième  congrès  qui  devait  avoir  lieu  à  Genève,  nous  n'y  avons 
pas  attaché  une  grande  importance. 

En  effet,  nous  reconnûmes  que  les  articles  3  et  4  du  programme  étaient 
inexécutables,  qu'il  était  impossible  de  convoquer  le  jury  à  Paris  et  que 
procéder  par  correspondance  entraînerait  des  lenteurs  et  des  difficultés 
inséparables  d'un  tel  mode  de  communication. 

Le  Comité  central  de  Paris,  composé  de  MM.  Fauvel,  Liouville,  et 
Martin  comme  secrétaire,  se  vit  donc  dans  l'obligation  de  demander  une 
modification  aux  articles  3  et  4  du  progranmie,  et,  à  cet  eiïet,  d'obtenir 
l'autorisation  de  tous  les  membres  du  juiy  et  de  la  députation  provin- 
ciale de  Turin. 

En  conséquence,  par  une  lettre  en  date  du  25  mai  1882,  comme  pré- 
sident du  jury,  me  fondant  sur  les  motifs  énumérés  plus  haut,  je  pro- 
posai à  chacun  de  nos  collègues  et  à  M.  le  Président  de  la  députation 
provinciale  de  Turin  de  modifier  les  stipulations  des  articles  8  et  4  du 
programme  primitif  de  la  manière  suivante  : 


SÉANCE    D^OUVEBTURE.  121 

Le  jury,  au  lieu  dé  se  réunir  à  Paris,  se  coaistituerait  à  Genève  le 
4  septembre,  afin  de  prendre  connaissance  des  ouvrages  présentés  au 
concours,  de  nommer  le  rapporteur  du  prix,  de  telle  sorte  que  la  déci- 
sion du  jury  pût  être  proclamée  à  la  séance  de  clôture  du  Congrès. 

H  était  entendu  qu'à  la  séance  d'ouverture  serait  présenté,  par  le 
président  du  Jury,  un  simple  exposé  des  conditions  du  prix  et  des 
modifications  apportées  ultérieurement  au  programme  primitivement 
adopté. 

La  députation  provinciale  de  Turin,  en  même  temps  qu'elle  était 
priée  de  nous  faire  connaître  son  avis,  était  invitée  à  se  faire  représenter 
aux  séances  de  la  commission  par  une  ou  plusieurs  personnes  de  son 
choix,  afin  de  bien  marquer  notre  déférence  pour  les  intentions  des 
donateurs. 

La  réponse  ne  se  fit  pas  attendre.  M.  le  Préfet,  président  de  la  dépu- 
tation provinciale  de  Turin,  nous  informa  le  22  juin  que,  par  délibération 
du  Conseil  provincial  du  7  juin,  avec  procès-verbal  à  l'appui,  nos  propo- 
sitions avaient  été  acceptées  et  que  detix  de  ses  membres,  MM.  l'avocat 
Emile  Pinchia  et  le  D'  Ernest  Bechis,  étaient  chargés  de  représenter 
le  Conseil  provincial  aux  séances  de  la  commission  du  prix. 

Nous  avons  le  regret  de  dire  que  deux  de  nos  collègues  du  Jury  ont 
omis  de  répondre  à  notre  invitation,  MM.  Eulenberg,  de  Berlin  et  van 
Overbeek  de  Meyer,  d'Utrecht. 

Des  réponses  favorables  à  nos  propositions  nous  ont  été  adressées  par 
MM.  Félix,  Pacchiotti,  Vladan  Georgewitz,  Petresco,  qui,  avec  les  mem- 
bres de  la  délégation  de  Paris  et  M.  le  professeur  Dunant,  constituent 
jusqu'à  présent  un  Jury  composé  de  six  membres,  auxquels  la  Commis- 
sion, une  fois  constituée,  jugera  peut-être  convenable  de  proposer  l'ad- 
jonction de  plusieurs  autres  membres  pour  remplacer  les  absents. 

Par  un  sentiment  que  tout  le  monde  comprendra,  nous  ne  ferons  pas 
connaître  publiquement  ici  les  noms  des  compétiteurs  ;  nous  nous  con- 
tenterons de  dire  qu'ils  sont  au  nombre  de  trois  et  que  leurs  ouvrages 
ont  un  grand  intérêt. 

Telle  est.  Messieurs,  la  situation  dont  j'ai  dû  vous  rendi-e  compte 
pour  obéir  à  mon  mandat. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  prier  M.  le  Président  d'inviter  les  membres 
du  Jury  ici  présents  à  se  réunh*  à  l'issue  de  cette  séance  pour  se  consti- 
tuer, et  à  remercier  l'assemblée  de  la  bienveillante  attention  qu'elle  a 
prêtée  à  cet  aride  compte  rendu,  prouvant  par  là  combien  elle  est  sym- 
pathique à  l'objet  de  ce  concours. 


122  séANCE  d'ouverture. 

Après  ces  discours,  M.  Lombard  offre  la  parole  à  Messieurs  les  prési- 
dents d'honneui*. 


M.  le  ly  Corradf,  délégué  du  Gouvernement  italien,  pronooce 
l'allocution  suivante  : 

Le  gracieux  accueil  que  nous  venons  de  recevoir  resserre  les  liens 
d'amitié  entre  notre  patrie  et  la  Suisse.  Et  ces  liens  pour  l'Italie  sont  de 
vieille  date. 

On  élevait  jadis  la  jeunesse  suisse  dans  nos  anciennes  universités  ;  la 
Schola  helvvtica  était  un  vigoureux  rejeton  de  la  Schola  italica.  D'ail- 
leurs, vos  villes,  vos  vallons  s'ouvraient  à  nos  proscrits,  qui  venaient 
chez  vous  se  mettre  à  Tabri  des  persécutions  politiques  et  religieuses. 

Nulle  dette  ne  fut  jamais  mieux  payée:  l'hospitalité  récompensait  l'in- 
struction, le  cœur  l'esprit. 

Cette  liaison  s'est  fortifiée  par  les  intérêts  commerciaux  ;  mais,  avant 
que  les  montagnes  fussent  percées,  avant  que  le  tumiel  du  Gothard 
reliât  les  plaines  de  la  Lombardie,  les  montagnes  du  Piémont  et  les 
rivages  de  la  Ligurie  avec  les  lacs  de  la  Suisse,  les  deux  peuples  s'ai- 
maient par  l'amour  de  la  science,  par  Tamour  de  la  liberté. 

L'Université  à  laquelle  j'appartiens  a  un  motif  tout  particulier  de 
reconnaissance. 

Un  médecin  de  Lausanne,  dans  la  seconde  moitié  du  siècle  dernier,  a 
enseigné  la  clinique  médicale  à  Pavie  :  il  succédait  à  Borsieri  et  il  était 
suivi  par  les  deux  Frank,  qui,  je  crois,  étaient  plutôt  italiens  qu'al- 
lemands, tant  ils  ont  aimé  leur  nouvelle  patrie.  Tissot,  maître  chéri, 
homme  d'esprit  et  de  cœur,  est  un  des  plus  sympathiques  vulgarisateurs 
de  la  science  :  on  pourrait  presque  le  dire  fondateur  de  la  médecine 
populaire,  comme  Jean-Pierre  Frank  l'est  sans  contredit  de  l'hygiène 
publique  moderne. 

Je  rai)pelle  ces  noms  illustres,  ces  anciens  collègues,  pour  vous  témoi- 
gner que  le  souvenir  des  bienfaits  reçus  est  toujours  vif  en  nous  ;  je  les 
rappelle,  parce  que  j'aime  à  croire  que  leurs  mânes  se  réjouiront  de 
nous  voir  ici  rassemblés  nous  occuper  de  ces  mêmes  études  qu'ils  ont 
si  passionnément  cultivées. 

Puissent  nos  travaux,  que  nous  allons  commencer  sous  de  si  heureux 
auspices,  répondre  à  nos  désirs  :  que  le  peuple  sache  et  voie  que  le  but 
de  la  science  est  le  bien-être  physique  et  moral  de  la  société  ;  qu'il  en 
suive  les  conseils,  que  les  gouvernements  nous  aident  à  les  mettre  en 
pratique  et  alors  les  bénéfices  de  Thygiène  seront  aussi  grands  que  sa 
puissance. 


silSCX    D'0UV£ftTUH£.  123 

Eafia,  qu'il  me  soit  permis  d'exprimer  ma  satisfaction  de  représenter 
ici  non  seidement  l'Italie,  mais  la  Société  italienne  d'hygiène.  Cette 
société  qui  est  tout  à  fait  priTée,  mais  en  même  temps  sous  le  haut 
patronage  du  Boî,  tous  prouve  combien  les  questions  d'hygiène  nous 
intéressent  en  Italie.  Cette  jeune  institution  est  fière  de  se  raffermir 
dans  ce  Congrès.  Que  votre  bienveillance  soit  un  encouragement  à  ses 
efforts! 

D'ailleurs  sa  bannière  est  la  vôtre,  c'est  le  progrès  de  la  science  au 
profit  de  rhumanité. 


M.  le  D'  TWku  Overbeek  de  lleyer»  délégué  du  Gouvernement  des 
Pays-Bas,  prononce  le  discours  suivant  : 

Messieurs, 

Comme  délégué  du  gouvernement  des  Pays-Bas,  il  m'importe  de 
témoigner  ici  de  son  profond  intérêt  pour  tout  ce  qui  se  fait  et  ce  qui  se 
dit  dans  nos  congrès,  car  lui  aussi  il  a  l'intime  conviction  que  l'un  des 
premiers  devoirs  de  tout  gouvernement  est  de  s'instruire  sur  tout  ce  qui 
a  rapport  à  l'amélioration  de  la  santé  publique,  et  de  s'occuper  con- 
stamment de  tout  ce  qui  peut  contribuer  à  prolonger  la  vie  moyenne  de 
ses  citoyens,  à  leur  rendre  cette  vie  autant  que  possible  utile  et  heureuse, 
à  leur  donner  des  bras  solides  et  des  tètes  bien  disposées  à  l'étude. 

Mais,  comme  tout  autre  gouvernement  qui  a  été  aux  prises  avec  la 
réalité,  il  connaît  toutes  les  difficultés  qui  surgissent,  quand  il  veut  se 
mettre  à  l'œuvre  soit  pour  régler  par  une  bonne  législation  sanitaire  ce 
qui  peut  être  imposé  tout  de  suite,  soit  pour  protéger  ce  que  le  progrès 
indique  comme  utile  et  pour  préparer  et  porter  les  esprits  à  accepter  ce 
qui  reste  à  fistire  dans  l'intérêt  public.  Il  y  a,  en  effet,  d'une  part  beaucoup 
d'incertitudes  et  de  controverses,  parce  que  notre  science  est  jeune, 
l'observation  extrêmement  compliquée  et  par  cela  même  hérissée  de 
difficultés;  d'autre  part  beaucoup  d'opposition,  parce  que  tout  le  monde 
n'est  pas  encore  pénétré  de  la  haute  nécessité  des  mesures  sanitaires,  et 
malheureusement  aussi  parce  qu'il  y  a  en  jeu  beaucoup  de  réputations 
de  personnes  qui,  en  matière  d'hygiène  publique,  ont  poussé  à  des 
dépenses  énormes,  sans  avoir  bien  réfléchi  s'ils  étaient  sûrs  du  succès. 

Or,  quelle  institution  pourrait  être  meilleure  que  celle  des  congrès 
internationaux  d'hygiène  pour  discuter  toutes  ces  grandes  questions  de 
la  médecine  publique?  Assurément  il  n'y  en  a  pas.  A  ces  congrès,  ceux 
qui  consacrent  leur  vie  à  l'étude  de  l'hygiène  et  en  consé({uence  au  bien- 


124  siiANCE  d'ouvebture. 

être  de  rhumanité,  se  rencontrent  sur  un  terrain  neutre,  où  les  intérêts 
personnels  et  les  dissidences  se  taisent  devant  la  profonde  conviction  que 
d'une  discussion  loyale,  courtoise  et  approfondie,  pourront  jaillir  des  flots 
de  lumière.  Dans  nos  congrès,  chacun  apporte  son  expérience  personnelle, 
compare  ses  obser\'ations  à  ce  qu'on  a  observé  ailleurs  sous  le  même 
rapport,  mais  en  des  circonstances  souvent  fort  différentes  et  substi- 
tuant quelquefois  fort  heureusement  l'expérimentation  à  l'observatioD. 
De  cette  manière,  on  peut  éviter  la  partialité  et  l'on  a  de  bonnes  chan- 
ces de  trouver  la  vérité.  De  cette  manière  aussi,  nous  pouvons  trouver 
Viinion  qui  centuplera  nos  forces  et  qui  nous  fera  triompher  des  obsta- 
cles. 

Puisse  le  quatrième  Congrès  international  d'hygiène  continuer  cette 
œuvre  de  haute  utilité  sociale,  si  dignement  commencée  à  Bruxelles,  si 
brillamment  continuée  à  Paris  et  à  Turin  !  Fort  de  la  haute  compétence 
des  savants  qui  ont  préparé  et  organisé  ce  quatrième  Congrès,  mon 
gouvernement  n'en  doute  pas  ! 


M.  le  D'  de  Csatary  (de  Buda-Pesth),  délégué  du  Ministère  de  l'In- 
térieur du  Royaume  de  Hongrie,  s'exprime  en  ces  termes  : 

Messieurs, 

Je  remplis  avec  le  plus  vif  plaisir  mon  devoir  en  saluant  le  Congrès  au 
nom  du  Ministre  de  commerce,  d'agriculture  et  d'industrie  de  la  Hon- 
grie ;  les  questions  importantes  mises  à  l'ordre  du  jour  intéressent  spé- 
cialement le  ressort  de  ce  ministère.  Veuillez  donc  agréer,  Messieurs, 
tous  ses  vœux  pour  le  meilleur  succès  de  nos  délibérations.  Soyez  aussi 
salués  au  nom  des  hygiénistes  du  royaume  de  la  Hongrie,  qui,  séparés 
par  une  grande  distance,  ne  pouvaient  pas  se  présenter  en  grand  nom- 
bre dans  cette  ville  hospitalière,  mais  qui  néanmoins  poursuivent  avec 
le  plus  grand  intérêt  nos  travaux. 


M.  le  D*"  Vladan  Georg^eMritch,  délégué  du  Gouvernement  de 
Serbie,  prononce  le  discours  suivant  : 

Messieurs, 
En  prenant  la  parole  dans  une  Assemblée  des  princes  de  la  science,  je 


BÉA:»C£   t>'0UV£RT(TRR.  125 

suis  bien  heureux  d'avoir  reçu  le  mandat  de  la  part  du  Gouvernement 
de  S.  M.  le  Roi  de  Serbie  de  présenter  au  !¥"*•  Congrès  international 
d'hygiène  et  au  pays  hospitalier  qui  nous  reçoit  avec  tant  d'amabilité, 
les  hommages  du  Gouvernement  et  les  saints  fraternels  de  la  nation 
serbe. 

Le  plus  jeune  royaume  de  l'Europe  est  fier  de  rentrer  après  la  résur- 
rection politique  dans  le  concert  scientifique  des  nations  civilisées.  Notre 
nouvel  État  est  encore  trop  jeune  pour  pouvoir  présenter  à  ce  concert 
autre  chose  que  sa  bonne  volonté  de  marcher  avec  la  civilisation,  et  de 
rattraper  le  temps  perdu  dans  l'esclavage  politique. 

Quand,  au  XTV"*  siècle,  un  grand  péril,  l'Islamisme,  menaçait  la  civili- 
sation naissante  de  l'Europe,  c'étaient  les  empires  :  serbe,  grec  et  bul- 
gare, les  royaumes  de  Roumanie  et  de  Hongrie,  qui,  étant  aux  avant- 
postes  de  la  civilisation,  l'ont  défendue  jusqu'à  leur  mort  politique.  Les 
États  chrétiens  de  l'Orient  ont  succombé  dans  cette  lutte,  mais  ils  ont 
brisé  la  force  de  l'Islamisme,  ils  ont  sauvé  l'Europe  centrale  et  occiden- 
lale  pour  la  civilisation,  pour  le  progrès  humain. 

Pour  ce  sacrifice  de  notre  indépendance  politique,  pour  la  vie  de 
martyrs  que  nos  nations  ont  supportée  dans  l'esclavage  pendant  des 
siècles,  les  grandes  nations  civilisées  nous  récompensent,  à  présent,  que 
nous  recommençons  notre  vie  politique,  par  le  concours  de  leurs  lumiè- 
res, par  leurs  sympathies,  elles  nous  aident  à  marcher  avec  elles  dans  la 
voie  du  progrès  humain. 

Au  nom  de  la  Serbie  je  remercie  les  grandes  nations  civilisatrices  de 
leur  concours  généreux.  Convaincu  que  les  remerciements  doivent  con- 
sister dans  des  œuvres  qui  prouvent  nos  efforts  sincères  de  profiter  de 
leur  concours,  je  vous  demande.  Messieurs,  la  permission  de  déposer  sur 
la  table  du  Congrès  les  «  Lois  Sanitaires  de  la  Serbie,  »  qui  vous  prou- 
veront peut-être  que  nous  avons  fait  le  possible  pour  profiter  au  mieux 
de  vos  lumières. 


M.  le  D'  Varrentrapp,  de  Francfort,  parle  au  nom  des  hygiénistes 
allemands  et  s'exprime  dans  sa  langue.  Il  rappelle  que  depuis  longtemps 
les  jeunes  Allemands  connaissent  et  aiment  le  chemin  de  la  Suisse,  où 
ils  viennent  profiter  de  ses  excellentes  écoles,  surtout  depuis  la  création 
de  l'École  polytechnique  fédérale  et  le  grand  développement  des  Uni- 
versités suisses.  Ces  écoles  ont  su  aussi  attirer  d'Allemagne  un  grand 
nombre  de  savants  travailleurs,  qui  s'y  sont  distingués  dans  l'enseigne- 
ment académique  et  sont  devenus  célèbres;  d'autre  part,  beaucoup  de 
savants  suisses  ont  aussi  été  appelés  comme  professeurs  dans  les  Uni- 


126  8KAXCË   DU  MARDI '5  SEPTEMBRE. 

vei-sités  allemandes.  Au  point  de  vue  de  Thygiène  publique,  les  Alle- 
mands peuvent  encore  beaucoup  apprendre  de  la  Suisse,  surtout  de 
quelques  cantons,  tels  que  Zurich,  Bâle,  Schaffhouse,  etc.,  dout  le8 
institutions  sanitaires  sont  admirablement  développées  et  prouvent  que 
les  Suisses,  vivant  sous  le  régime  républicain,  savent  aussi  imposer  des 

restrictions  à  leur  liberté  individuelle  dans  Tintérèt  de  Thygièue. 

# 

Après  ces  paroles  si  bienveillantes  pour  la  Suisse,  la  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire, 
D'  Haltenhoff. 


SÉANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE 


Présiibiire  de  M.  le  D""  LoMBAnn 


La  séance  est  ouverte  à  deux  heures  et  demie.  La  salle  et  les  tribunes 
sont  combles. 

M.  D'EspiNK,  secrétaire  adjoint,  donne  lecture  du  procès-verbal  delà 
séance  générale  du  4  septembre,  qui  est  adopté. 

M.  D USANT,  secrétaii-e  général,  fait  connaître  les  délégations  nou- 
velles parvenues  depuis  la  veille.  Il  annonce  les  ouvrages  reçus  par  le 
Congrès,  en  particulier  le  volume  «  L'étude  et  les  progrès  de  l'Hygiène  en 
France  de  1878  à  1882  »  publié  par  la  Société  de  médecine  publique  et 
d'hygiène  professionnelle. 

M.  Pacchiotti  paie  un  juste  tribut  d'éloges  à  cet  ouvrage,  édité  spé- 
cialement poui'  le  Congrès  de  Genève.  Il  émet  le  vœu  que  dans  les  con- 
grès futurs  tous  les  États  suivent  ce  bel  exemple. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Pasteur  pour  la  lecture  de  sou  rapport  sur 
Tatténuation  des  virus.  De  chaleureux  applaudissements  accompagnent 
M.  Pasteur  à  la  tribune  et  sa  communication  est  écoutée  avec  le  plus 
vif  intérêt  au  milieu  d'un  profond  silence. 


PASTEUR.  —  DE  l' ATTÉNUATION  DES  VIRUS.  127 


DE  L'ATTÉNUATION  DES  VIRUS 

Par  M.  PASTSÏÏB 
Arec  la  collaboration  de  MM.  Chambeblakd,  Roux  et  Thuillicr. 


Messieurs, 

Le  comité  dii'ecteur  de  ce  Congrès,  sachant  que  je  devais  passer  le 
temps  des  vacances  dans  le  Jura,  à  quelques  heures  de  votre  belle  ville  de 
Genève,  a  eu  l'obligeance  de  me  convier  à  vous  faire  une  communication 
sur  r atténuation  des  virus.  J'ai  accepté  avec  empressement,  heui'euxde 
me  trouver  un  instant  l'hôte  d'un  peuple  ami  de  la  France,  ami  des  bons 
comme  des  mauvais  jours.  Je  nounîssais  d'ailleui*s  l'espoir  de  me 
rencontrer  ici  avec  des  contradicteurs  de  mes  travaux  de  ces  dernières 
années.  Si  les  congrès  sont  un  terrain  de  rapprochement  et  de  conci- 
liation, ils  sont  au  même  degré  un  terrain  de  discussions  courtoises. 
Nous  sommes  tous  animés  d'une  passion  supérieure,  la  passion  du 
progrès  et  de  la  vérité. 

Messieurs, 

Vous  savez  que  nos  connaissances  sur  les  viiiis  se  sont  enrichies 
récemment  de  données  précieuses  qui  ont  pris  naissance  dans  les 
recherches  que  j'ai  publiées  en  1880,  sur  le  microbe  de  la  maladie  dite 
choléra  des  poules. 

Un  virus,  alors  même  qu'il  est  constitué  par  un  microbe,  peut,  sans 
un  changement  très  marqué  dans  sa  morphologie  générale,  être  atténué 
dans  sa  virulence,  conserver  celle-ci  dans  des  cultures,  produire  des 
germes,  et  sous  son  nouvel  état,  communiquer  une  maladie  passagère, 
capable  de  présen'^er  de  la  maladie  mortelle,  propre  à  l'action  de  ce 
virus  dans  son  état  de  nature'. 

Cette  précieuse  modification  peut  se  produire  par  une  simple  exposi- 
tion du  virus  à  l'oxygène  de  l'air.  Cette  action  de  l'oxygène  est  d'ailleurs 
variable  avec  la  température  à  laquelle  elle  s'exerce  et  avec  le  mUieu 
qui  contient  le  virus  et  dans  lequel  il  a  pris  naissance. 

Ces  faits,  constatés  d'abord  pour  le  microbe  du  choléra  des  poules,  ont 


128  8ÉANCE  DU  MARDI  5  6EPTJCMBBS. 

été  étendus  depuis  au  microbe  du  charbon  dans  une  série  d'études  ob 
j'ai  eu  pour  collaborateurs  MM.  Chamberland  et  Roux.  Vers  la  tempé- 
rature de  |-  16°  comme  aussi  vers  celle  de  +  43**  centigrades  (tempé- 
ratures qui  sont  voisines  de  celles  où  la  culture  du  bacillus  est  impos- 
sible), ce  bacillus  ne  forme  plus  de  spores  dans  divers  bouillons  de  cul- 
ture, le  bouillon  de  poules,  par  exemple.  Son  exposition  au  contact  de 
Tair  à  ces  températures,  particulièrement  à  celle  de -H  42**  et  4- 43' 
Tatténue  progressivement,  de  jour  en  jour,  jusqu'à  supprimer  chez  lui 
toute  virulence,  et  bientôt  même  le  fait  périr,  en  le  rendant  impropre  à 
toute  culture*. 

La  preuve  certaine  que  c'est  à  Toxygène  de  l'air  qu'il  faut  attribuer 
l'attéimation  du  microbe  du  choléra  des  poules  a  été  donnée  par  ud 
moyen  fort  simple.  D  suffit  de  comparer  les  effets  de  cultures  conser- 
vées à  Tabri  de  l'oxygène  avec  ceux  de  cultures  semblables,  exposées  à 
l'influence  de  Tair.  Celles-ci  périssent  en  quelques  mois,  après  avoir 
passé  par  des  phases  diverses  d'atténuation,  tandis  que  les  cultures  con- 
servées à  l'abri  de  l'air,  en  tubes  clos,  se  montrent  pour  ce  microbe  en- 
core très  virulentes  après  plusieurs  anuées. 

Les  propriétés  du  bacillus  anthracis  ou  microbe  du  charbon  diffèrent 
à  beaucoup  d'égai'ds  de  celles  du  microbe  du  choléra  des  poules.  Ces 


^  11  est  remarquable  cependant  que  les  microbes  atténués  du  charbon  et  lean 
germes  n^ont  pas  la  même  stabilité  que  ceux  de  la  bactéridie  du  charbon  naturel 
des  terres  ou  des  animaux  charbonneux.  11  y  a  tels  microbes  et  tels  germes  da 
charbon  atténués  qui  périssent  en  quelques  mois,  tandis  que  depuis  le  21  mars  1877, 
c'est-à-dire  depuis  plus  de  5  ans,  j'essaie  chaque  année  la  vie  et  la  viralence  de 
germes  naturels  formés  originairement  dans  une  solution  minérale  dite  de  Pasteur, 
par  semence  d'une  gouttelette  de  sang  d'un  mouton  mort  8p<mt(mèment  da  charbon 
et  que  la  virulence  d'origine  est  en  apparence  toujours  égale.  Ces  germes  tuent 
encore  des  moutons  en  moins  de  48  heures. 

*  On  trouve  dans  un  mémoire  d'un  élève  du  D'  Koch,  M:  Lœffler  {RecueU  des 
travaux  de  V  Office  sanitaire  allemand,  qui  a  paru  à  la  fin  de  l'année  1681),  ce  qui 
suit  : 

«  La  fameuse  expérience  de  Pouilly-le-Fort,  dont  le  résultat  a  été  surprenant, 
est  accueilli  avec  réserve  non  sans  raison.  Et,  en  effet,  la  base  de  la  découverte 
de  Pasteur  est  que  le  bacillus  anthracis  ne  produit  plus  de  spores  à  42-43°  dans  le 
bouillon  neutralisé  de  poulet.  Or,  Koch  a  démontré  qu'il  fournit  des  spores  tout 
aussi  vigoureusement  à  43°,  à  condition  de  les  cultiver  à  plat,  au  lieu  de  les  culti- 
ver on  profondeur  dans  des  ballons.  > 

A  quoi  veut-on  en  venir  dans  le  laboratoire  de  M.  Koch  par  ces  insinuations  ? 
Qu'importe  que  M.  Koch,  dans  des  expériences  autrement  disposées  que  les  nôtres, 
croie  obtenir  des  résultats  différents!  En  quoi  cela  peut-il  infirmer  nos  conclusions? 

En  vérité  se  serait-on  attendu  à  un  pareil  jugement  sur  le  succès  éclatant  de 
l'expérience  de  Pouilly-le-Fort? 


PASTEUB.  —  DE  l' ATTÉNUATION  DES  VIRUS.  129 

différences  font  qu'il  se  prête  moins  bien  que  son  congénère  à  des  obser- 
vations de  la  nature  de  celles  dont  je  vieus  de  parler  concernant  l'action 
de  l'oxygène.  Cela  est  dû  à  cette  circonstance  que  le  microbe  du  char- 
boDf  sous  sa  forme  de  filaments,  meurt  promptement,  en  tube  fermé  à 
l'abri  du  contact  de  l'air.  On  peut  tourner  la  difficulté  et  mettre  encore 
en  évidence  l'influence  de  l'air  sur  la  virulence  du  microbe  charbonneux 
par  l'artifice  suivant  :  Supposons,  pour  fixer  les  idées,  qu'on  ensemence 
un  bouillon  et  qu'on  le  distribue  en  tubes  fermés  qu'on  place  ensuite  à 
42"* — éS"*,  et  qu'il  y  ait  mort  des  tubes  en  6  jours,  ce  dont  on  s'assure 
aisément  en  ensemençant  tous  les  jours  un  des  tubes.  Rien  ne  s'oppose 
à  ce  qu'on  fasse  avec  la  culture  du  5"*  jour,  veille  de  la  mort  des  tubes 
fermés,  une  nouvelle  culture  également  à  l'abri  de  l'air,  laquelle  sera 
mise  h  son  tour  à  42^* — 43** .  Si  la  nouvelle  culture  meurt  encore  en  6  jours, 
on  pourra  en  préparer  une  troisième  qui  sera  toujours  distribuée  ensuite, 
en  tubes  fermés,  et  dont  la  semence  sera  prise  dans  la  culture  du 
5"*  jour  et  ainsi  de  suite.  En  même  temps  qu'on  procède  à  ces  séries  de 
cultures  successives  mises  à  l'abri  de  l'air,  on  prépare  des  cultures 
parallèles  en  flacons,  au  contact  de  l'air. 

Comparons  alors  les  virulences  des  tubes  fermés  avec  les  virulences 
des  cultures,  des  mêmes  jours,  qui  auront  été  exposées  au  contact  de 
l'air.  On  constate  que  les  virulences  des  cultures  exposées  à  l'air  sont  de 
plus  en  plus  atténuées  et  ne  peuvent  donner  la  mort  à  des  cobayes, 
tandis  que  celles  des  cultures  en  tubes  fermés  les  font  périr  '. 


*  Le  6  ayril  1881,  on  distribue  en  tubes  fermés  un  bouillon  ensemencé  par  le 
baeiUus  anthrctcis  yinilent;  une  partie  du  bouillon  est  mise  en  culture  à  Pair.  Le 
11  avril  les  tubes  fermés  ne  cultivent  plus  :  le  bacillus  est  mort,  réduit  en  granu- 
lations sans  vie.  On  sème  la  culture  du  10,  c'est-à-dire  de  la  veille,  dans  du 
bouillon  qu'on  distribue  en  tubes  fermés  ensuite  à  la  lampe.  On  fait  également 
une  culture  au  contact  de  l'air. 

Le  16  avril,  les  tubes  fermés  ne  cultivent  plus,  on  sème  la  culture  du  15,  c'est- 
à-dire  celle  de  la  veille,  et  on  distribue  en  tubes  fermés  et  aussi  en  un  flacon  au 
contact  de  l'air. 

Le  23  avril,  les  tubes  fermés  ne  cultivent  plus.  On  continue  ces  cultures  d'après 
la  même  méthode. 

Le  7  mai,  on  inocule  à  des  cobayes  les  cultures  issues  d'un  tube  fermé  du 
21  avril,  d'un  tube  fermé  du  28  avril,  d'un  tube  fermé  du  29  avril.  En  même  temps 
on  inocule  à  des  cobayes  les  cultures  au  contact  de  l'air  des  flacons  des  mêmes 
jours,  21,  28,  29  avril. 

Le  12  mai,  on  trouve  morts  les  cobayes  aux  cultures  en  tubes  fermés,  tandis 
qne  ceox  aox  cultures  en  flacons  ouverts  se  portent  très  bien  et  n'ont  pas  cessé 
d'être  bien  portants  les  jours  suivants. 

Par  on  virus  charbonneux  virulent,  la  mort  des  cobayes  arrive  en  48  heures, 
trois  jours  au  plus.  Dans  l'exemple  que  je  cite,  elle  n'est  arrivée  que  le  cinquième 

9 


130  8ËANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

L'action  de  l'oxygène  de  Tair  dans  l'atténuation  du  microbe  charbon- 
neux est  donc  tout  aussi  incontestable  que  poui*  le  microbe  du  choléra 
des  poules.  L'influence  de  l'oxygène  poui-  l'atténuation  du  microbe  char- 
bonneux se  traduit  encore  par  une  particularité  remarquable.  On  sait 
que  M.  Toussaint  a  annoncé  Tatténuation  de  ce  microbe  par  le  seul 
effet  de  la  chaleur,  et  qu'on  peut  avoir  par  ce  moyen  des  bactéridies 
vaccinales  ;  mais  nous  avons  reconnu  que  ces  bactéridies  ne  gardent 
pas  dans  leurs  cultures  leur  atténuation  d'origine.  Déjà  la  première 
culture  du  sang  chauffé  redevient  virulente  et  mortelle.  Les  bactéridies 
atténuées  par  l'oxygène  conservent  au  contraire  leur  atténuation  dans 
leurs  cultures. 

Cette  différence  a  une  grande  importance  et  c'est  à  elle  en  partie  qu'il 
faut  attribuer  la  difficulté  d'obtenir  des  vaccins  charbonneux  pratique- 
ment utilisables  par  la  méthode  de  M.  Toussaint.  Nous  ne  partageons 
pas  du  tout  l'opinion  contraire  émise  récemment  par  M.  Chauveau  dans 
une  note  présentée  à  l'Académie  des  sciences.  D'autre  part,  il  n'y  a  rien 
de  moins  sûr  et  régulier,  quelque  précaution  qu'on  prenne,  que  l'effet 
de  la  chaleur  sui-  du  sang  charbonneux,  même  lorsqu'elle  s'exerce  en 
petite  épaisseur  et  à  température  fixe. 

L'objet  principal  de  la  communication  que  j'ai  l'honneur  de  vous  faire 
est  de  fournil'  de  nouveaux  exemples  d'atténuation  par  Toxygène  de  l'air 
ot  de  démontrer  que  nous  avons  affaire  à  une  méthode  générale  d'atté- 
nuation de  certains  virus.  Je  commence  parmi  microbe  qui  s'est  mon- 
tré pour  la  première  fois  dans  une  ciixonstance  aussi  intéressante  que 
curieuse. 


jour;  c'est  la  preuve  que  la  virulence  s'était  un  peu  affaiblie  en  tubes  fermés,  et 
que  la  température  avait  dû  contribuer  en  quelque  chose  à  l'atténuation.  Toutefois, 
la  grande  et  principale  part  revient  à  l'oxygène. 

Le  D'  Btichner  a  annoncé  que  le  hacUlus  anihracis  peut  se  transformer  par  cul- 
tures successives  en  hacUlus  du  foin,  à  voile  chagriné.  J'ai  fait  130  cultures  suc- 
cessives en  humeur  aqueuse  de  l'œil,  sans  jamais  avoir  vu  trace  de  cette  trans- 
formation. Mais  l'action  de  l'oxygène  de  l'air,  comme  on  peut  le  penser  a  provo- 
qué une  atténuation  très  lente  de  la  virulence,  assez  difficile  à  reconnaître.  Elle 
a  échappé  au  D*"  Koch,  ainsi  que  les  modifications  morphologiques  du  microbe, 
modifications  faibles^  mais  néanmoins  assez  prononcées  pour  qu'à  la  longue  il 
ne  forme  plus  de  germes.  Le  D*"  Koch  n'a  pas  compris  que  pour  apprécier  de  très 
petites  diminutions  de  virulence,  il  ne  faut  pas  s'adresser  uniquement  à  des  souris 
ou  à  des  cobayes,  mais  à  des  animaux  plus  réfractaires.  Une  foule  d'individus 
d'une  race  donnée  seront  tués  à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions  et  le  même 
temps  par  des  cultures  successivoy  pouvant  avoir  cependant  des  virulences  diver- 
ses. (Voir  sur  ce  point  également  la  note  de  la  page  675  des  Comptes  rendttfi  de 
r Académie  des  Sciences,  tome  91,  année  1880.  Pasteur,  De  Vatténuation  du  virus 
du  choléra  des  poules.) 


PASTEUR.  —  DE  l'aTTÉNLATIOX  DES  VIRL'S.  131 

J'ai  eu  également  pour  collaborateurs,  dans  les  études  dont  je  vais 
vous  parler.  MM.  Chamberland  et  Roux,  et  en  outre,  et  plus  particuliè- 
rement M.  Thuillier.  C'est  en  leur  nom  et  au  mien  que  je  parle. 

Le  10  décembre  1880,  je  fus  convié  par  M.  le  D'  Lannelongue,  chi- 
nirgien  de  Thôpital  Sainte-Eugénie,  à  visiter  un  pauvre  enfant  de  cinq 
ans,  atteint  d'hydrophobie.  Il  avait  été  mordu  au  visage  un  mois  aupa- 
ravant par  un  chien  enragé.  Quatre  heures  après  sa  mort,  qui  arriva  le 
11  décembre,  nous  avons  inoculé  deux  lapins  avec  des  mucosités  du 
palais,  délayées  dans  Teau.  Les  lapins  périrent  en  moins  de  trente-six 
heures.  Dans  leur  sang,  nous  reconnûmes  un  microbe  spécial,  cultivable 
à  l'état  de  pureté  et  dont  les  cultures  successives  donnaient  la  mort  aux 
lapins,  toujours  avec  présence  du  même  microbe  dans  le  sang. 

Les  lésions  cadavériques  consistent  dans  une  dilatation  partielle  du 
.système  veineux,  dans  un  gonflement  et  une  rougeur  lie  de  vin  des  gan- 
glions de  l'aine,  des  aisselles,  de  la  trachée.  Celle-ci  est  toujours  hémor- 
rhagique.  Un  peu  de  salive  mouille  les  lèvres  et  s'écoule  de  leur  commis- 
sure. Les  poumons,  généralement  œdémateux,  sont  quelquefois  hépa- 
tisés.  Au  point  dïnoculation,  faite  sous  la  peau  de  l'abdomen,  dans  le 
tissu  cellulaire,  celui-ci  est  légèrement  œdémateux  et  emphysémateux. 

Dans  une  expérience  où  on  a  cherché  l'instant  de  l'apparition  de 
l'organisme  viinilent  dans  le  sang,  on  a  vu  que,  neuf  heures  après  l'ino- 
culation, le  sang  ensemencé  cultivait  le  microbe  de  la  maladie,  sans  que 
celui-ci  fût  encore  visible  au  microscope  ;  que  douze  heures  après  l'ino- 
culation, on  le  rencontrait  à  l'aide  de  cet  instrument.  La  fièvre  a  apparu 
en  même  temps  que  le  microbe  s'est  montré  :  la  mort  arriva  après 
trente-cinq  heures  d'inoculation.  La  température  ne  descendit  au-des- 
sous de  40°  que  deux  heures  avant  la  mort.  L'animal  pesait  1^,920  au 
moment  de  l'inoculation;  1^,730  au  moment  de  la  mort.  Diminution  de 
190  grammes  en  trente-cinq  heures. 

La  salive  des  lapins  morts  transmet  invariablement  la  maladie  à  de 
nouveaux  lapins. 

Les  cobayes  adultes  supportent  parfaitement  l'inoculation  de  ce 
microbe  ;  mais  il  tue  en  deux  ou  trois  joui's  les  cobayes  de  quelques 
jours  d'âge.  En  poursuivant  les  inoculations  de  cobaye  à  cobayes  jeu- 
nes, la  virulence  s'exalte  et  ou  arrive  facilement  à  tuer  des  cobayes  de 

1,  2,  3,  4  mois Chez  les  premiers  cobayes,  le  tissu  cellulaire  autour 

du  point  dïnoculation  offre  un  œdème  baigné  de  sérosité  sanguinolente 
et  souvent  épaisse  et  gélatiniforme  ;  les  muscles  sous-jacents  sont  larda- 
cés,  purulents,  épaissis.  D  est  remarquable  qu'à  mesure  que  s'élève  le 
numéro  d'ordre  de  l'animal  inoculé  dans  des  inoculations  successives, 
les  lésions  changent  de  caractère.  La  dégénérescence  gélatineuse  des 


132  SÉANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

tissus  cellulaires,  la  purulence  des  muscles  sous-jacents,  disparaissent 
pour  être  remplacées  par  une  forte  rougeur  de  ces  muscles.  Dans  ces  con- 
ditions spéciales  d'exaltation  de  la  virulence,  on  croirait  voir  un  cobaye 
mort  de  septicémie  aiguë.  L'organisme  microscopique  se  trouve  abon- 
damment dans  les  muscles,  assez  rarement  au  contraire  dans  le  sang  et 
souvent  en  si  petite  quantité  qu'il  n'y  est  pas  toujours  visible  au  micros- 
cope. Il  y  a  comme  un  changement  d'habitat  du  microbe  par  suite  de 
l'augmentation  de  la  virulence  '.  Ici  se  présente  une  circonstance  fort 
digne  d'intérêt  :  lorsque  le  microbe  a  été  accru  de  virulence  par  passages 
à  travers  des  cobayes,  il  se  montre  au  contraire  moins  efficace  si  on 
vient  à  le  reporter  sur  des  lapins.  Ce  n'est  pas  le  seul  microbe  qui  se 
comporte  ainsi. 

Nous  avons  fait  connaître  l'existence  de  ce  microbe  à  l'Académie  de 
médecine  de  Paris  le  18  janvier  1881. 

On  vit  bien  alors  tous  les  services  que  la  microbie  peut  rendre  à  la 
médecine  étiologique.  En  même  temps  que  nous  faisions  l'étude  de  ce 
microbe  pathogène,  M.  le  D'  Maurice  Ilaynaud,  de  très  regrettable 
mémoire,  se  livrait  également  de  son  côté,  avec  M.  le  D'  Lannelongue, 
à  des  expériences  de  contagion  aux  lapins  do  la  salive  de  l'enfant  hydro- 
phobe  de  Sainte-Eugénie.  Comme  nous,  il  obtenait  la  mort  des  sujets 
inoculés;  mais  tout  entier  à  l'observation  clinique,  laissant  de  côté  l'ac- 
tion possible  de  microbes  qui  auraient  pu  s'introduire  dans  le  corps  des 
lapins  en  même  temps  que  le  virus  rabique,  il  concluait  que  c'était  la 
rage  qu'il  communiquait  aux  lapins,  a  Jusqu'à  preuve  du  contraire,  » 
disait-il,  «  nous  croyons  que  c'est  bien  de  la  rage  que  sont  morts  nos 
lapins.  » 

M.  Galtier  a  annoncé  qu'il  avait  transmis  la  rage  du  chien  au  lapin 
et  a  donné  18  jours  comme  moyenne  de  la  durée  d'incubation.  Les 
lapins  de  M.  le  D'  Maurice  Raynaud  mouraient  beaucoup  plus  vite  : 
la  moyenne  de  la  dui-ée,  entre  l'instant  de  l'inoculation  et  la  mort, 
n'était  que  de  quarante-cinq  heures.  Cette  différence  n'était  pas  faite 
pour  arrêter  la  conclusion  de  M.  Maurice  Raynaud.  Comme  dans  se^ 
expériences  il  s'agissait  de  la  transmission  de  la  rage,  non  du  chien> 


*  Le  D*"  Koch  et  ses  élèves  (Recueil  des  travaux  de  V Office  sanitaire  aUemcmdy 
Berlin,  1881),  sur  la  foi  d'expériences  mal  dirigées,  méconnaissent  le  fait  de  viru- 
lence progressive,  indiqué  d'abord  par  MM.  Coze  et  Feltz  et  mis  plus  tard  en 
pleine  lumière  par  le  D"*  Davaine  dans  un  cas  particulier.  Par  nombre  de  nos 
expériences  sur  les  conditions  de  l'atténuation  et  du  retour  à  la  virulence,  on  sait 
aujourd'hui,  non  seulement  que  MM.  Coze,  Feltz  et  Davaine  ont  vu  juste,  mais  que 
le  cas  particulier  qu'ils  ont  étudié  est  loin  d'être  isolé. 


PÂ8TEUB.  —  DE  l'atténuation  DES  VIRUS.  133 

mais  de  l*homme,  au  lapin,  il  attribuait  la  différence  des  durées  d'incu- 
bation à  cette  circonstance.  —  Déjà  antérieurement,  le  27  octobre  1879, 
M.  Maurice  Raynaud  annoncerait  avoir,  par  des  inoculations  de  salive, 
transmis  la  rage  de  l'homme  aux  lapins.  Cette  première  conclusion 
n'était  pas  plus  exacte  que  celle  que  je  viens  de  rappeler.  Ce  n'est  pas 
qu'il  ne  soit  très  facile  de  communiquer  la  rage  de  l'homme,  soit  au 
chien,  soit  au  lapin,  —  nous  l'avons  fait  souvent  —  mais  déjà  à  cette  épo- 
que M.  Maurice  Raynaud  n'avait  eu  entre  les  mains,  à  son  insu,  que 
des  lapins  morts  du  nouveau  microbe. 

Toutefois,  si  la  mort  rapide  des  lapins  dans  ces  diverses  expériences 
était  due  à  un  microbe  tout  nouveau,  on  pouvait  se  demander  si  le 
microl)e  n'avait  pas  quelque  relation  cachée  avec  le  véritable  microbe  de 
la  rage.  N'était-ce  pas  une  circonstance  étrange  que  cette  salivation 
chez  nos  lapins  et  la  facile  provocation  de  la  maladie  et  de  la  mort  par 
leur  salive,  inoculée  à  de  nouveaux  lapins  ? 

En  outre,  n'était-il  pas  très  intéressant  de  rechercher  si  l'on  retrou- 
verait cette  même  virulence  de  la  salive  de  l'enfant,  mort  hydrophobe  à 
St-Eugénie,  chez  d'autres  salives  d'enragés.  L'occasion  se  présenta 
bientôt  de  lever  ces  doutes. 

Le  23  février  1881,  M.  Percheron,  vétérinaire,  me  signala  une  enfant 
de  six  ans,  présentant  tous  les  symptômes  de  la  rage.  Elle  avait  été,  elle 
aussi,  mordue  un  mois  auparavant  au  visage  par  un  chien  enragé.  Sa 
mort  arriva  ce  même  jour,  23  février,  à  4  heures  du  soir.  Le  lendemain, 
24  février,  on  recueillit  un  peu  de  nmcus  salivaire  et  on  en  inocula  deux 
lapins,  l'un  sous  l'abdomen  par  la  seringue  Pravaz,  l'autre  à  la  face  par 
la  lancette.  Ce  dernier  n'éprouva  rien.  Le  premier  mourut  après  3  jours. 
Son  sang  offrait  en  abondance  notre  nouveau  microbe,  avec  sa  virulence 
habitueUe. 

Au  même  moment,  un  ouvrier  forgeron,  âgé  de  49  ans,  mordu  par  un 
chien  enragé,  quatre  mois  et  demi  auparavant,  mourut  le  22  février,  à  la 
Pitié,  dans  le  service  de  M.  le  D'  Brouardel.  Une  heure  et  demie  après 
sa  mort,  on  inocula  plusieurs  lapins  avec  la  salive  de  la  bouche  et  le 
mucus  du  palais.  D'autres  lapins  avaient  été  déjà  inoculés  par  la  salive, 
mais  prise  avant  la  mort,  la  veille  et  quelques  heures  auparavant,  par 
MM.  les  D"  Brouardel  et  Dujardin-Beaumetz.  Grâce  à  l'obligeance  de 
ces  savants  médecins,  je  pus  m'assurer  que  non  seulement  les  lapins  que 
j^avais  inoculés,  mais  quelques-uns  de  ceux  qui  leur  avaient  servi 
étaient  morts  par  le  même  microbe  qui  nous  occupe. 

Une  étude  attentive  et  prolongée  des  effets  de  l'inoculation  delà  salive 
rabique  humaine  à  des  lapins  permet  de  constater  trois  genres  de  mort  : 

La  mort  par  le  nouveau  microbe; 


134  8ËANCE  Di:  MARDI  ')  SEPTEMBRE. 

La  mort  par  des  désordres  purulents  très  abondants,  avec  décollements 
de  la  peau;  accidents  d'ordre  septique; 

Enfin  la  mort  par  la  vraie  rage  propre  au  lapin.  Celle-ci  a  toujours 
une  incubation  assez  longue  et  s'accuse  invariablement  par  des  paraly- 
sies des  membres,  qui  durent  24, 48,  72  heures  avant  la  mort.  L'aptitude 
à  mordre  n'existe  jamais,  pour  ainsi  dire,  dans  la  rage  du  lapin.  J'en  ai 
vu  cependant  un  exemple  mais  un  seul  sur  des  centaines  de  cas. 

La  mort  par  les  désordres  purulents  peut  arriver  en  quelques  jours, 
comme  en  plusieurs  semaines.  Dans  ce  cas  il  est  rare  qu'il  y  ait  para- 
lysie. 

La  mort  par  le  nouveau  microbe  est  toujours  rapide,  à  moins  qu'il  n'y 
ait  des  complications  purulentes,  auquel  cas  la  mort  peut  être  retar- 
dée de  plusieurs  jours. 

En  résumé,  la  salive  de  personnes  enragées  contient,  outre  le  virus 
rabique  non  caractérisé  encore  par  un  microbe  cultivable,  un  virus  formé 
par  un  microbe  spécial,  qu'on  peut  cultiver  facilement  et  des  microbes 
divers  capables  d'amener  la  mort  par  des  productions  exagérées  de  pus, 
des  désordres  locaux  excessifs  et  quelquefois  l'introduction  dans  le  sang 
de  microbes  communs. 

Dans  la  salive  des  enfants  morts  de  la 'rage  le  nouveau  microbe  parait 
assez  fréquent  et  abondant  pour  amener  la  mort  des  lapins  avec  plus  de 
rapidité  que  ne  le  feraient  le  virus  rabique,  ou  les  microbes  auteurs  des 
désordres  puiulents  et  putrides. 

Le  nouveau  microbe  découvert  dans  les  salives  des  personnes  atteintes 
d'hydiophobie  n'existe-t-il  que  dans  cette  sorte  de  salive  ?  Cette 
question  s'offrait  naturellement  à  l'esprit.  C'était  même  la  première 
à  résoudre  si  l'on  voulait  s'assurer  d'une  relation  cachée  entre  ce 
microbe  et  celui  de  la  rage.  Au  cas  où  le  nouveau  microbe  existerait 
dans  des  salives  quelconques,  il  est  évident  qu'il  serait  indépendant  du 
virus  rabique. 

Des  observations  auxquelles  nous  nous  sommes  livrés,  il  est  résulté 
que  la  salive  des  personnes  adultes,  mortes  de  maladies  diverses,  ne 
contenait  pas  le  nouveau  microbe,  ou  plutôt  qu'il  a  été  masqué  dans  nos 
expériences  par  l'abondance  des  microbes  propres  à  faire  du  pus  ;  qu'au 
contraire  la  salive  d'enfants  morts  de  maladies  diverses  a  amené  la  mort 
des  lapins  par  le  microbe  dont  il  s'agit,  qu'enfin  on  l'a  retrouvé  encore 
dans  des  salives  de  personnes  en  pleine  santé  • . 


^  Le  nouveau  microbe  n'a  donc  aucune  relation  avec  le  virus  rabique.  Par  les 
détails  dans  lesquels  je  suis  entré,  on  voit  assez  que  ce  n'était  pas  chose  facile  de 
se  mouvoir  sans  faillir  dans  tous  les  faits  que  le  texte  ci-dessus  élucide.  J'oserais 


PASTEUR.  —  DE  l' ATTÉNUATION  DES  VIRUS.  135 

• 

Le  microbe  de  la  salive  dont  je  viens  de  vous  entretenir  est  le  troi- 
sième microbe  virulent  dont  nous  avons  essayé  l'atténuation  par  l'action 
de  l'oxygène  de  l'air.  Je  désire  vous  la  présenter  :  elle  est  encore  inédite 
et  fort  intéressante  par  divers  détails  de  son  histoire.  Vous  savez  déjà 
ce  qui  arrive  aux  cultures  du  microbe  du  choléra  des  poules  quand  on 
passe  d'une  culture  à  celle  qui  la  suit,  sans  mettre  entre  ces  cultures  un 
long  inter\'alle.  La  virulence  de  la  deuxième  culture  reproduit  la  \iru- 
lence  de  la  première  sans  changement  appréciable  et  il  en  ast  ainsi  des 
cultures  successives.  Ce  n'est  que  quand  on  laisse  s'écouler  un  temps 
plus  ou  moins  long  entre  deux  cultures  consécutives  qu'on  observe  une 
diminution  dans  la  virulence.  En  d'autres  termes,  il  semble  que  l'oxy- 
gène de  l'air  n'a  d'influence  pour  atténuer  une  culture  que  si  celle-ci  est 
achevée.  Tant  que  l'oxygène  est  employé  à  la  vie,  aux  actes  de  la  nutri- 
tion du  microbe,  son  influence  atténuante  ne  s'exerce  pas  d'une  manière 
sensible.  Elle  n'est  pas  tout  à  fait  nulle,  mais  elle  échappe  à  des  obser- 
vations ordinaires. 

Notre  microbe  de  la  salive  se  comporte  comme  le  microbe  du  choléra 
des  poules .  Si  on  fait  se  succéder  ses  cultures  de  douze  en  douze  heures, 
on  retrouve  dans  toutes  les  cultures  la  même  virulence,  c'est-à-dire  que 
si  nous  prenons  le  lapin  pour  critérium  de  la  vii'ulence,  ces  animaux 
meurent  aussi  facilement,  aussi  promptement  par  les  dernières  cultures 
que  par  les  premières. 

M.  Thuillier  a  eu  la  patience  de  faire  dans  ces  conditions  deux  séries 
de  quatre-vingts  cultures,  et  la  quatre-vingtième  tuait  les  lapins  aussi 
nte  que  les  premières  *.  Pour  accuser  des  diflérences,  il  eût  fallu  sacrifier 
des  nombres  considérables  de  lapins  ou  opérer  sur  des  animaux  plus 
réfractaires  au  virus. 

Si  nous  comparons  maintenant  des  cultures  successives  eu  les  laissant 
séjourner  plus  ou  moins  de  temps  au  contact  de  l'air,  avant  de  passer  de 
Tune  à  l'autre,  par  ensemencement,  les  choses,  à  certains  égards,  sont 
tout  autres  que  pour  le  choléra  des  poules.  Les  cultures  périssent  très 
vite.  On  est  tout  surpris  de  voir  qu'en  essayant  d'ensemencer  une  cul- 


dlre  que  jamais,  dans  mes  recherches  antérieures,  je  n'avais  poussé  plus  loin  le 
respect  des  principes  de  la  méthode  expérimentale. 

Chose  étrange  néanmoins,  on  m'a  fait  dire,  notamment  le  recueil  allemand  déjà 
cité,  que  le  microhe  de  la  rage  n'était  autre  que  notre  microhe  de  la  salive.  C'est 
là  une  assertion  toute  gratuite  :  c'est  le  contraire  que  nous  avons  établi. 

*  Une  des  séries  a  été  faite  dans  le  ride.  Ce  microbe  aérobie  est-il  également 
anaérobie?  La  culture  dans  le  vide  ne  se  fait-elle  pas  par  l'oxygène  de  l'air  fixé 
snr  certaines  matières  oxydables  du  bouillon?  C'est  à  voir.  Ce  qui  est  certain, 
c'est  que  le  bouillon  de  culture  se  décolore  en  partie. 


136  SÉANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

ture  dans  un  nouveau  bouillon,  le  plus  souvent,  déjà  après  deux  ou  trois 
jours  d'attente  de  la  culture  mère,  il  y  a  stérilité  complète  et  la  mort 
d'une  culture  arrive  d'autant  plus  rapidement  qu'elle  a  un  numéro 
d'ordre  plus  élevé.  Une  culture  ensemencée  directement  par  le  sang 
virulent  \it  de  six  à  douze  ou  quinze  jours.  Si  avec  cette  culture  on  ense- 
mence une  seconde  culture,  avec  celle-ci  une  troisième  et  ainsi  de  suite 
on  constate  une  prompte  dimiimtion  de  la  durée  de  la  vie  et  de  la  viru- 
lence des  cultures.  La  huitième  vivra  trois  à  quatre  jours  quand  la  dou- 
zième vivra  trente  heures,  la  vingt-cinquième,  vingt-six  heures,  la  qua- 
rante-huitième et  les  suivantes,  de  vingt  à  vingt-deux  heures  environ. 

Ces  cultures  inoculées  aux  lapins  à  la  fin  de  leur  vie,  ne  les  tuent  pas 
toujoui's,  et  il  est  facile  alors  de  constater  que  parmi  les  lapins,  inoculés 
dans  ces  conditions,  beaucoup  résistent  ensuite  à  des  inoculations  viru- 
lentes. La  maladie  ne  récidive  donc  pas,  du  moins  pendant  longtemps. 
Cependant  la  rapidité  avec  laquelle  meurent  les  cultures  rend  très  diffi- 
cile de  saisir  le  moment  précis  où  l'ensemencement  de  la  culture  donnera 
un  vaccin  convenable.  Il  faudrait  pouvoir  allonger  beaucoup  la  dui-ée  de 
la  vie  des  cultures.  On  y  parvient  aisément  en  composant  le  milieu  de 
culture  avec  du  bouillon  et  du  sang  de  lapin.  Le  bouillon  qui  convient  à 
la  culture  du  microbe  est  celui  de  veau.  Les  bouillons  de  poule,  de  lapin, 
de  bœuf,  de  mouton  y  sont  impropres.  Deux  parties  de  bouillon  de  veau 
et  une  partie  de  sang  pur  de  lapin  donnent,  par  ensemencement  de  sang 
viiiileut  ou  d'une  culture  en  bouillon,  môme  d'ordre  élevé,  des  cultures 
qui  ont  jusqu'à  quarante  ou  cinquante  jours  de  durée.  Dans  les  dix  der- 
niers jours  les  cultures  de  bouillon  ensemencées  avec  ce  mélange  sanguin 
fonnent  une  série  de  cultui'es  de  virulences  graduées,  toutes  vaccinales  à 
divers  degrés. 

C'est  encore  l'action  de  l'oxygène  de  l'air  qui  modifie  la  culture  et  en 
atténue  progi'essivement  la  virulence.  La  preuve  est  facile  à  donner  par 
le  moyen  qui  nous  a  déjà  servi,  c'est-à-dire,  par  la  comparaison  des  cul- 
tures faites  et  conservées  au  contact  de  l'air  avec  celles  en  tubes  fermés 
ou  dans  le  vide.  Tandis  qu'une  culture  faite  et  conservée  à  l'air  périt  en 
quelques  jours  en  bouillon  de  veau,  la  même  culture  faite  et  conservée 
en  tube  fermé  ou  dans  le  vide  est  encore  vii-ulente  après  trois  et  quatre 
mois,  peut-être  davantage.  D'ailleurs,  lorsqu'il  y  a  mort  en  tubes  fermés, 
la  virulence  se  conserve  jusqu'au  moment  de  la  mort. 

Nous  voilà  donc  en  possession  de  trois  microbes  aérobies  qu'on  peut 
atténuer  par  une  même  méthode  qui  se  prête  en  outre  à  la  préparation 
facile  de  leurs  vaccins  :  le  microbe  du  choléra  des  oiseaux  de  basse-cour  ; 
le  microbe  du  charbon  ;  le  microbe  de  la  salive,  particulièrement  de  la 
salive  des  hydrophobes.  Si  j'en  ajoute  un  quatrième  dans  cette  comniu- 


PA8TEUH.  —  DE  l' ATTÉNUATION  DES  VIRUS.  137 

Dication,  je  pense  que  ce  nouvel  exemple  suffira  à  vous  convaincre, 
comme  je  le  suis  moi-même,  qu'une  méthode  générale  rationnelle, 
nullement  empirique,  d'atténuation  et  de  préparation  de  beaucoup  de 
vaccins  est  trouvée. 

Il  s'agit  encore  d'im  virus  nouveau  rencontré  pour  la  première  fois 
dans  les  conditions  suivantes  : 

L'année  1881  fut  marquée  à  Paris  par  une  épizootie  très  sérieuse  de 
ce  genre  d'aflFection  qui  est  connu  sous  le  nom  Aq  fièvre  typhoïde  des  che- 
vaux. La  seule  compagnie  des  omnibus  de  Paris  a  perdu  plus  de  1500 
chevaux.  Nous  avons  commencé  quelques  recherches  sur  cette  maladie 
qui^  malheureusement  pour  nos  expériences,  n'a  pas  repam  en  1882. 

En  inoculant  à  des  lapins  la  matière  écumeuse  sortant  parles  naseaux 
au  moment  de  la  mort  d'un  cheval  atteint  de  l'affection  dont  il  s'agit, 
les  lapins  périrent  et  leur  sang  présenta  un  microbe  nouveau,  encore,  en 
forme  de  8,  avec  un  étranglement  allongé.  Ce  microbe  communique  aux 
lapins  une  véritable  fièvre  typhoïde  qui  les  tue  en  moins  de  vingt-quatre 
heures.  Les  poumons  sont  généralement  hépatisés  avec  pleurésie.  Les 
plaques  de  Peyer  sont  tuméfiées  et  quelquefois  framboisées  et  hémorrha- 
giques.  La  plaque  de  la  valvule  iléo-cœcalc  est  toujours  très  tuméfiée  et 
plus  souvent  hémorrhagique  que  celles  de  l'intestin.  Les  reins  quelque- 
fois hémorrhagiques.  Le  foie  souvent  un  peu  pâle.  L'animal  est  très 
rapidement  dans  un  état  comateux  prononcé.  Déjà  après  quatre  heures 
d'inoculation,  la  fièvre  s'accuse  par  une  élévation  de  la  température  de 
plus  de  P,  même  quand  la  mort  n'arrive  qu'après  trente-six  heures.  Les 
péritonites  sont  assez  fréquentes  * . 

'  L'étude  de  ce  quatrième  microbe  présente  un  nouvel  exemple  de  changement 
de  Tirulence  pour  une  race  d'animaux  après  qu'il  y  a  eu  acclimatation,  si  l'on  peut 
ainsi  dire,  dans  une  autre  race. 

En  juillet  1881,  alors  que  l'organisme  microscopique  avait  passé  par  un  petit 
nombre  de  lapins  qu'il  ne  tuait  qu'en  deux  ou  trois  jours,  les  inoculations  amenaient 
la  mort  des  cobayes  en  cinq  ou  huit  jours.  Le  point  d'inoculation  était  œdémateux 
avec  un  peu  de  pus  au  centre;  les  ganglions  tuméfiés  et  hémorrhagiques;  les  pou- 
mons hépatisés  avec  pleurésie;  les  intestins  souvent  couverts  de  fausses  membranes; 
quelquefois  péricardite.  Rate  arrondie  sur  les  bords  et  friable.  Plaques  de  Peyer 
ayant  l'aspect  de  barbe,  rasée  depuis  deux  jours.  Le  microbe  dans  le  sang. 

En  juillet  1882,  après  passage  du  microbe  par  beaucoup  de  lapins,  l'inoculation 
aux  cobayes  n'amène  plus  qu'un  abcès  local,  s'ouvrant  spontanément  et  dont  le 
pus,  rempli  du  microbe,  amène  la  mort  du  lapin  en  moins  de  vingt  heures.  En 
résumé,  par  passages  nombreux  à  travers  le  lapin,  le  microbe  a  acquis  une  viru- 
lence plus  grande  vis-à-vis  du  lapin,  en  la  perdant  vis-à-vis  du  cobaye.  —  En  juillet 
1882^  les  lapins  meurent  même  par  V^oo  de  goutte  de  sang  virulent.  Ils  meurent 
aussi  très  facilement  par  des  repas  infectieux  ou  si  on  les  place  dans  des  cages  où 
sont  morts  d'autres  lapins  par  ce  microbe. 


138  8KANCE  DU  M  AUDI  5  SEPTEMBRE. 

L'atténuation  de  ce  microbe  a  lieu  quand  on  expose  ses  cultures  dans 
du  bouillon  au  contact  de  Tair  :  mais  elle  est  très  difficile  à  saisir,  parce 
que  la  période  pendant  laquelle  elle  se  montre  est  suivie  presque  immé- 
diatement par  la  mort  du  microbe.  En  d'autres  termes,  si  l'on  fait  une 
culture  de  ce  microbe  et  qu'on  l'abandonne  à  elle-même  au  contact  de 

• 

l'air,  en  essayant  chaque  jour  sa  virulence,  colle-ci  se  montre  toujours 
mortelle  pour  les  lapins  jusqu'à  ce  que  tout  à  coup  en  quelque  sorte,  on 
trouve  morte  la  culture,  c'est-à-dire,  ne  pouvant  plus  se  cultiver  et  sans 
action  aucune  sur  les  animaux.  Dans  les  cultures  au  contact  de  l'air,  le 
microbe  passe  de  la  vii-ulenco  à  la  mort  en  quinze  à  trente  jours,  si  on  le 
laisse  à  35^  Au  contraire,  développé  à  So'*  et  laissé  à  la  température 
ambiante,  les  cultures  se  conservent  vivantes  six  à  huit  mois  et  plus. 
Dans  le  vide,  les  cultures  se  conservent  viiiilentes  au  moins  un  an,  soit  à 
l'étuve,  soit  à  la  température  ordinaire. 

Pour  arriver  à  saisir  et  à  lixer  Tatténuation,  on  a  eu  recours  à  l'arti- 
fice suivant,  qui  rappelle  celui  que  nous  avons  employé  tout  à  l'heure 
pour  démontrer  que  c'est  bien  à  l'oxygène  de  l'air  qu'est  due  l'atténua- 
tion du  microbe  du  charbon  à  43' .  On  fait  une  culture  à  l'aide  du  sang 
virulent  d'un  lapin  mort  et  on  l'abandonne  à  elle-même.  Chaque  jour  on 
l'easemence  dans  un  nouveau  flacon  de  bouillon,  de  façon  à  avoir  autant 
de  cultures  que  de  jours  de  repos  de  la  première  culture  mère.  U  arrive 
un  moment  oii  la  semence  prise  dans  cette  culture  mère  se  montre  stérile. 
Arrivé  à  ce  point,  on  reprend  comme  culture  mère  d'une  nouvelle  série 
de  cultures  quotidiennes  la  culture  faite  la  veille  de  la  mort  de  la  pre- 
mière cultui'e  mère.  La  seconde  culture  mère  meurt  à  son  tour;  ou  refait 
alors  une  nouvelle  série  de  cultures  quotidiennes,  en  prenant  pour  cul- 
ture mère  la  culture  féconde  de  la  veille  de  la  mort  de  la  deuxième  cul- 
ture mère  et  ainsi  de  suite. 

Par  cette  méthode,  on  finit  par  avoir  des  cultures  qui  n'entraînent 
plus  la  mort  des  lapins,  et  se  bornent  à  provoquer  des  abcès  guérissables, 
dont  le  développement  est  quelquefois  énorme.  A  ce  moment,  il  est  facile 
de  constater  qu'on  a  affaire  à  des  cultures  vaccinales,  c'est-à-dire  que  les 
lapins  guéris  supportent  sans  accidents  les  cultures  les  plus  virulentes 
de  l'organisme  microscopique  de  la  fièvre  typhoïde  des  lapins.  Les  cul- 
tures vaccinales  faites  à  courts  intervalles  conservent  la  virulence  vacci- 
nale. La  preuve  de  l'influence  de  l'oxygène  de  l'air  dans  l'atténuation 
est  encore  donnée  par  les  cultures  dans  le  vide  ou  à  l'abri  de  l'air.  Elles 


Le  lecteur  remarquera  que  dans  le  texte  ci-dessus  je  ne  décide  en  rien  la  ques- 
tion de  savoir  si  le  microbe  dont  je  parle,  malgré  son  origine,  a  une  part  quelconque 
à  la  production  de  l'affection  dite  fièvre  typhoïde  des  chevaiur. 


PA8TEUH.  —  DE  l' ATTÉNUATION  DES  VIRUS.  139 

conservent  leur  virulence  et  ne  meurent  qu'après  un  temps  très  long  en 
manifestant  leur  virulence  jusqu'au  moment  de  la  mort  des  cultures. 

En  résumé,  on  ne  peut  douter  que  nous  possédons  une  méthode  géné- 
rale d'atténuation,  dont  l'application  doit  seulement  être  modifiée  selon 
les  exigences  des  propriétés  physiologiques  des  divers  microbes.  Les 
principes  généraux  sont  trouvés  et  on  ^le  saurait  se  refuser  à  croire  que 
l'avenir,  dans  cet  ordre  de  recherches,  est  riche  des  plus  grandes  espé- 
rances. 

Mais,  si  éclatante  que  soit  la  vérité  démontrée,  elle  n'a  pas  toujours 
le  privilège  d'être  facilement  acceptée.  J'ai  rencontré  en  France  et  à 
l'étranger  des  contradicteurs  obstinés. 

Permettez-moi  de  choisir  parmi  eux  celui  dont  le  mérite  personnel  a 
le  plus  de  droits  à  notre  attention.  Je  veux  parler  du  D'  Koch,  de  Ber- 
lin. Il  y  a  un  an  parut,  à  Berlin,  le  Recueil  des  travaux  de  V Office 
sanitaire  allemand.  Mes  travaux  y  sont  attaqués  avec  une  étrange  viva- 
cité par  le  D'  Koch  et  ses  élèves.  On  trouve  des  choses  vraiment  surpre- 
nantes dans  certains  mémoires  de  ce  recueil.  On  y  insinue  en  divers  pas- 
sages que  M.  Pasteur  ne  sait  pas  cultiver  les  microbes  à  l'état  de  pu- 
reté; qu'il  ne  peut  savoir  si  ses  travaux  sont  exempts  de  causes  d'er- 
reurs, parce  qu'il  ignore  la  manière  de  reconnaître  les  micro-organis- 
mes; qu'il  a  entraîné  toute  une  école  à  publier  «  des  faits  incroyables 

comme  cultures »  On  y  dénonce  que  la  façon  usitée  par  moi  pour 

inoculer  consiste  à  injecter  sous  la  peau  une  ou  plusieurs  seringues  de 
liquide;  que  je  n'ai  jamais  eu  entre  les  mains  la  septicémie  pure,  sans 
complication  d'autres  maladies;  que  j'ai  mal  appliqué  le  mot  de  septicé- 
mie; que  lui,  M.  Koch,  est  bien  plus  dans  la  vérité  en  l'appelant  œdème 
malin;  que  M.  Pasteur  ne  sait  pas  reconnaître  le  vibrion  septique  quoi- 
qu'il l'ait  découvert Dans  l'expérience  du  charbon  donné  aux  poules 

par  le  seul  fait  d'abaisser  leur  température  après  inoculation,  le  doc- 
teur Koch,  qui  ne  trouve  rien  de  remarquable  dans  cette  expérience, 
demande  si  les  poules  refroidies  qui  ont  pris  le  charbon  n'étaient  pas 
des  poules  capables  de  le  prendre  naturellement,  parce  que,  dit-il,  un 
auteur  allemand,  en  inoculant  le  charbon  à  des  poules,  a  eu  11  fois  sur 
31  des  résultats  positifs.  C'est  là  une  assertion  que  le  D'  Koch  aurait 
pu  se  donner  la  peine  de  contrôler  avant  de  s'en  faire  une  arme  contre 
la  vérité  d'observations  très  exactes. 

Les  élèves  du  D'  Koch  ont  encore  renchéri  sur  leur  maître.  On  trouve, 
par  exemple,  dans  leurs  mémoires,  que  la  seule  garantie  certaine  de  la 
pureté  des  cultures  est  le  contrôle  incessant  au  moyen  du  microscope, 
ce  qui  est  impossible  avec  les  cultures  de  Pasteur.  Voici  qui  est  plus  fort 
encore  :  il  s'agit  de  l'atténuation  des  virus.  C'est  M.  LœfBer  qui  parle  : 


140  SÉANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

«  Quand,  dans  les  expériences  de  Gaflfky,  les  cultures  ont  présenté  une 
action  incertaine,  «  low  atténuation  du  mrus,  »  il  existait  toujours  uue 
adultération  par  des  organismes  très  analogues,  à  croissance  rapide,  mais 
non  pathogénique.  »  M.  Lœffler  est  cependant  plus  indulgent  que  son 
maître  et  que  son  collègue,  M.  Gaffky  ;  il  me  fait  l'honneur  de  dire  qu'il 
est  disposé  à  croire  que  mes  cultures  étaient  pures.  Mais  sait-on  dans 
la  pensée  de  l'auteur,  ce  qui  a  pu  m 'induire  en  erreur?  C'est  que  l'adul- 
tération de  mes  cultures  commençait  avec  la  vaccination.  «  L'air  d'un 
laboratoire,  dit-il,  consacré  depuis  de  longues  années  à  des  recherches 
bactérologiquos,  est  rempli  d'une  masse  énorme  de  germes,  un  germe 
n'a-t-il  pas  pu  se  déposer  sur  l'aiguille  à  vacciner,  pénétrer  dans  le 
ballon,  d'autant  mieux  qu'il  fallait  essayer  fréquemment  la  virulence 
des  cultures?  Voilà  ce  qui  m'aura  fait  admettre  l'atténuation  du  virus 
du  cholira  des  poules.  Ce  n'est  pas  tout  :  quand  je  crois  avoir  entre  les 
mains  des  poules  vaccinées,  l'auteur  s'imagine  que  j'ai  pu  prendre,  pour 
de  telles  poules,  des  poules  qui  tout  simplement  étaient  réfractaires  au 
choléra  des  poules.  Enfin,  l'auteur  ne  croit  pas  que  j'aie  opéré  comme 
je  l'ai  dit  sur  80  poules  dans  certaines  de  mes  expériences,  parce  que 
j'aurais  dépensé  trop  d'argent.  C'est  \Tai,  pour  établir  le  grand  fait  de 
l'atténuation  de  la  virulence,  l'État  m'a  permis  de  ne  pas  compter. 

Peut-être,  dans  cette  assemblée,  quelques  pei-sonnes  partagerit-elles 
les  opinions  de  mes  contradicteurs.  Qu'elles  me  permettent  de  les  invi- 
ter de  prendre  la  parole.  Je  serais  heureux  de  les  éclairer. 


NOTE  ADDITIONNELLE 

C'est  sur  les  trois  points  suivants  que  le  D*^  Koch  et  ses  élèves  ont  particulière- 
ment insisté  dans  leurs  critiques  : 

I.  l'atténuation  des  virus  et  la  vaccination 

Pour  ces  observateurs  ces  découvertes  n'existent  pas.  Elles  sont  lettre  morte. 
Lorsque  j'eus  pris  connaissance  de  leurs  désobligeantes  diatribes,  sans  prendre  la 
peine  de  leur  répondre,  je  m'empressai  de  préparer  les  choses  de  façon  à  ce  qu'ils 
eussent  sous  les  yeux  la  preuve  de  leurs  méprises.  Je  fis  ce  que  j'ai  fait  souvent 
pour  les  contradictions  auxquelles  toutes  mes  recherches  ont  donné  lieu. 

Le  grand  intérêt  agricole  du  sujet  m'en  donna  les  moyens.  A  ma  demande,  M.  le 
Ministre  d'agriculture  de  Prusse  nomma  une  commission  qui  fut  composée  de  : 

MM.  BEYfcR,  membre  du  Conseil  supérieur  du  gouvernement, président; 
D'  ViRCHow,  professeur,  conseiller  intime  médical; 
C**  ZiETEN-ScHWERiN,  de  Wustrau  ; 


PA8TEUS.  —  DE  l' ATTÉNUATION  DES  VIRUS.  141 

D'  Daxxakn,  professeur,  directeur  de  l'Ecole  vétérinaire  de  Hanovre  ; 

ZiMMERMANV,  de  Beukeudorf  ; 

RiMPAu,  de  Schlaustedt  ; 

(Emler,  vétérinaire  départemental  ; 

D'  RoLOFF,  directeur  de  l'Ecole  vétérinaire  de  Berlin; 

D*"  MûLLER,  professeur  de  cette  école  ; 

et  sous  la  surveillance  de  laquelle,  avec  Taide  de  M.  Thuillier,  kttaché  à  mon 
laboratoire,  furent  faites  des  expériences  de  vaccination  charbonneuse  sur  une 
grande  échelle. 

Le  rapport  de  la  Commission,  confié  au  prof.  Millier,  vient  de  paraître  à  Berlin, 
n  est  intitulé  :  Ejrpériences  sur  Vaction  des  inoculations  contre  le  sang  de  rate^ 
par  la  méthode  de  Pasteur,  faites  par  ordre  de  M.  le  Ministre  de  l'agriculture  rfes 
domaines  et  des  forêts  sur  des  animaux  des  races  bovine  et  aviné  du  domaine  de 

Paekisch.  —  Berlin,  1882. 
Le  D*"  Koch  et  ses  élèves  doivent  maintenant  savoir  à  quoi  s'en  tenir  sur  la 

découverte  de  l'atténuation  du  virus. 

II.   LA    SEPTICÉMIE 

Lorsque,  en  1877,  j'ai  abordé  Tétude  du  charbon,  avec  la  collaboration  de 
M.  Joubert,  les  esprits  étaient  encore  très  partagés  sur  le  rôle  de  la  bactéridie 
dans  cette  affection.  Tous  les  doutes  au  contraire  sur  ce  microbe,  envisagé  comme 
caose  exclusive  du  mal,  tombèrent  après  la  publication  de  notre  note  du  30  avril 
1877.  (Etude  sur  la  maladie  charbonneuse,  par  MM.  Pasteur  et  Joubert.  Comptes 
rndus  de  V Académie  des  sciences,  tome  84,  1877).  On  pourrait  à  la  rigueur  invo- 
quer pour  preuve  de  ce  que  j'avance  le  passage  suivant  du  D*"  Koch,  dans  un 
mémoire  du  recueil  déjà  cité.  Après  avoir  considéré  les  démonstrations  de  notre 
note  comme  superflues,  il  s'exprime  ainsi  : 

<  Déjà  le  premier  travail  de  Pasteur  (il  s'agit  précisément  de  cette  note  du 
«  SO  avril,  1877)  qui  tendait  à  démontrer  que  les  bacilles  sont  vraiment  la  cause 

<  de  Paffection  présentait  ce  caractère Or,  Brauell  (en  démontrant  que  le  sang 

'  du  fœtus  n'est  pas  virulent),  Davaine  (en  montrant  que  le  sang  dilué  au  millio- 

<  nième  ne  perdait  pas  sa  puissance),  Tiegel  et  Klebs  (en  annonçant  que  le  sang, 

<  débarrassé  des  bactéries  par  la  filtration,  devenait  inoifensif)  avaient  suffisam- 
c  ment  démontré  cela Il  est  vrai,  ajoute  Koch,  que  l'on  pouvait  objecter  que 

<  pour  rendre  le  sang  charbonneux  virulent,  les  bacilles  devaient  exister,  mais 
«  que  cette  infection  résultait,  non  de  l'action  des  microbes,  mais  d'un  poison  spé- 
«  cial  qui  y  reste  adhérent.  Au  fond  et  au  point  de  vue  pratique,  cette  objection 
«  n'avait  aucune  importance.  » 

M.  Znber,  ^professeur  au  Val  de  Grâce,  qui  a  résumé  pour  la  Revue  d'hygiène 
de  M.  Vallin,  le  mémoire  du  prof.  Koch,  joint  à  cette  citation  les  remarques  sui- 
vantes: 

Comme  les  opinions  peuvent  différer  !  Nous  pensions  et  beaucoup  de  monde  avec 
nous  que  cette  objection  était  d^une  importance  capitale,  et  nous  reprochions  précisé- 


142  8ÉÂKCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

ment  atix  auteurs  qui  sont  cités  plus  )Mut,  d'opérer  sur  un  liquide  complexe  par  dts 
procédés  compliquée  qui  rendaient  les  résultats  douteux.  Cest  pour  cela  que  twus 
avions  salué  avec  joie  les  expériences  au  moyen  des  cultures  à  la  vingtièn^^  à  la  qna- 
rantième...  génération,  parce  que  le  résultat  était  débarrassé  de  toutes  les  complica- 
tions gênantes  et  paraissait  clair  et  net  à  tous  les  yeux.  (Zuber,  Revue  dhygiknt, 
20  février  1882). 

Une  autre  preuve  des  doutes  qui  s'emparaient  des  meilleurs  esprits,  touchant  le 
rôle  des  bactéridies  est  donnée  par  un  passage  de  M.  Chauveau  dans  son  travail 
sur  les  virus;  je  regrette  de  ne  pouvoir  le  citer,  n'ayant  pas  le  texte  sous  les 
yeux. 

Ce  qu'on  ne  doit  pas  omettre  surtout  c'est  la  note  présentée  à  la  Société  de  bio- 
logie par  M.  Paul  Bert,  à  la  veille,  pour  ainsi  dire,  de  notre  note  du  30  avril,  le 
13  janvier  1877,  postérieure  par  conséquent  aux  travaux  de  Brauell,  de  Davaine, 
de  Tiegel  et  Klebs,  de  Koch  lui-même  : 

«  Je  puis,  disait  M.  Paul  Bert,  faire  périr  la  bactéridie  de  la  goutte  de  sang  par 
*>  l'oxygène  comprimé,  inoculer  ce  qui  reste  et  reproduire  la  maladie  et  la  mort. 
«  sans  que  la  bactéridie  se  montre.  Donc  les  bactéridies  ne  sont  ni  la  cause  ni 
«  l'eflfet  nécessaire  de  la  maladie  charbonneuse.  Celle-ci  est  due  à  un  virus.  » 

Est-ce  que  cette  expérience  de  M.  Paul  Bert  ne  venait  pas  à  l'appui  des  assertions 
de  MM.  Jaillard  et  Leplat,  dans  la  discussion  qu'ils  soutinrent  contre  le  docteur 
Davaine  devant  l'Académie  des  sciences? 

Je  le  demande  à  M.  Koch  :  au  nom  de  quel  argument  aurait-il  pu,  à  ce  moment, 
protester  contre  les  faits  avancés  par  M.  Paul  Bert  ?  Ce  qui  est  certain,  c'est  que 
personne  ne  s'en  est  avisé. 

Bref,  dans  toutes  les  obscurités  que  je  rappelle,  d*où  est  venue  la  lumière, 
sinon  des  notes  que  nous  avons  publiées  les  30  avril,  16  et  17  juillet  1877  (Voir 
les  deux  dernières,  également  dans  les  Comptes  résidus  de  V Académie  des  sciences^ 
Pasteur  et  Joubert,  tome  85,  pages  61  et  101). 

Dans  ces  notes,  complétées  par  celle  du  30  avril  1878  (Comptes  rendtts  de  V Aca- 
démie des  sciences  et  Bulletin  Académie  de  médecine,  intitulée  :  La  théorie  des  ger- 
mes), et  faite  en  collaboration  avec  MM.  Joubert,   Chamberland  et  Roux,  la 
découverte  du  vibrion  septique  proprement  dit  n'a-t-elle  pas  mis  en  évidence  les 
erreurs  commises  jusque-là?  Comment  I  ce  vibrion  est  isolé,  étudié  dans  ses  pro- 
priétés, démontré  être  afiaérobie,  cultivé  à  l'état  de  pureté  dans  des  cultures  suc- 
cessives à  l'aide  du  vide,  atténué  même  ou  rendu  à  sa  virulence,  et  le  D**  Kocli  ne 
craint  pas  d'écrire  que  «  Pasteur  n'a  jamais  eu  devant  les  yeux  la  septicémie  infec- 
tieuse dans  sa  forme  non  compliquée,  »  alors  que  nous  avons  donné  d'une  part  le 
moyen  infaillible  d'avoir  la  maladie  et  proposé  pour  séparer  le  vibrion  septique 
de  la  bactéridie  charbonneuse,  ce  procédé  si  simple  de  semer  le  sang  qui  renferme 
ces  deux  microbes:  1°  dans  le  vide;  2*^  au  contact  de  l'air.  Dans  le  premier  cas  on 
recueille  le  vibrion  septique  pur,  parce  qu'il  est  anaérobie  ;  dans  le  second  cas  la 
bactéridie  se  multiplie  seule,  parce  qu'elle  est  aérobie  exclusivement.  Contraire- 
ment à  la  vérité,  Koch  pré  tond  que,  pour  obtenir  cette  maladie,  j'injecte  sous  la 
peau  d'un  animal  une  ou  plusieurs  seringues  de  liquide  putride,  mode  d'opérer 
dont  je  ne  me  suis  jamais  servi  dans  aucune  de  mes  recherches. 


PASTEUR.  —  DE  l'aTTÉXITATION  DES  VIRUS.  143 

C'est  à  croire  que  le  D'  Koch  ne  lisait  mes  communications  que  dans  les  traves- 
tissements de  M.  Collin  d'Alfort. 

Sur  quoi  peut  encore  s'appuyer  M.  Koch  pour  critiquer  le  mot  septicémie  et  le 
remplacer  par  celui  (Vœdème  mnlin,  dénomination  qui  eût  été  impardonnable  dans 
le  sujet,  puisque  chacun  sait  qu'en  France  l'expression  œdème  malin  désigne  une 
des  formes  du  charbon  chez  l'homme  ?  n'eût-il  pas  été  convenable  de  sa  part  de 
conserver  à  une  maladie  qui  venait  d'être  nettement  caractérisée,  le  nom  que 
lui  avaient  donné  ceux  à  qui  l'on  devait  la  connaissance  des  propriétés  fonda- 
mentales du  microbe  qui  l'engendre  ? 

Notre  septicémie  est-elle  bien  la  maladie  dite  de  la  vache,  par  le  D*"  Davaine  ? 
Je  ne  l'ai  point  vérifié  par  des  épreuves  directes.  Cela  paraissait  être,  puisque 
MM.  Jaillard  et  Leplat  qui,  en  définitive,  l'ont  signalée  les  premiers,  tout  en 
méconnaissant  sa  véritable  nature,  l'avaient  obtenue  à  l'aide  d'un  sang  charbon- 
neux venant  d'une  vache  morte  spontanément  à  Chartres,  du  satig  de  rate.  De  même, 
M.  Paul  Bert  l'avait  vue  dans  les  mêmes  conditions.  Toutefois,  dans  une  des  réu- 
nions tenues  dans  mon  laboratoire  par  la  commission  de  l'Académie  de  médecine 
nommée  sur  ma  demande,  le  !•'  février  1881,  lorsque  je  mis  sous  les  yeux  de  la 
commission  des  cobayes  morts  de  la  septicémie  décrite  dans  les  notes  que  j'ai  déjà 
mentionnées  de  1877  et  1878,  je  demandai  au  D'  Davaine,  qui  était  un  des  mem- 
bres de  la  commission,  s'il  reconnaissait  là  la  septicémie  qu'il  avait  étudiée.  Non, 
me  répondit  M.  Davaine,  je  n'avais  pas  ces  inflammations  intenses  de  tous  les 
muscles  de  l'abdomen,  des  bras  et  des  cuisses.  Ceci  n'intéresse  en  quoi  que  ce  soit 
l'exactitude  de  nos  études  sur  la  septicémie  aiguë,  si  facile  à  caractériser  par  ses 
origines,  puisqu'on  la  trouve  invariablement,  par  exemple,  dans  un  cadavre  d'ani- 
mal charbonneux  (de  mouton,  de  préférence),  naturellement  associée  au  charbon 
quand  le  cadavre  a  été  abandonné  à  lui-même  pendant  15  à  30  heures,  suivant  la 
température  extérieure.  Le  procédé  de  M.  Davaine  pour  obtenir  la  septicémie 
qu'il  a  décrite  n'avait  pas  la  même  certitude,  comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer 
autrefois  quand,  avec  les  conseils  de  M.  Davaine  lui-même,  j'avais  essayé  de 
reproduire  la  septicémie  à  l'aide  de  sang  de  bœuf  abandonné  dans  une  étuve  pen- 
dant un  temps  variable.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  serait  fort  à  désirer  que  M.  Davaine 
fixât,  par  la  nature  du  microbe  de  la  maladie,  la  maladie  qu'il  a  étudiée. 

m.   EÔLE  DES  VERS  DE  TERRE. 

Une  de  nos  recherches  parait  avoir  eu,  plus  que  toutes  les  autres,  le  don  de 
blesser  le  sens  observateur  du  D'  Koch,  c'est  celle  relative  au  rôle  des  vers  de 
terre  dans  l'étiologie  du  charbon.  II  le  prend  même  sur  le  ton  plaisant.  Ah  !  voilà 
une  découverte  de  M.  Pasteur,  dit-il,  que  personne  ne  s'avisera  de  lui  contester  ! 
n  s'indigne  même  qu'en  Allemagne  «  elle  ait  eu  des  admirateurs.  » 

Quoi  de  mieux  démontré  cependant  que  le  rôle  des  vers  de  terre,  et  quelle 
suite  logique  dans  les  démonstrations  ! 

Tout  d'abord  nous  reconnaissons  que  des  spores  de  bactéridies  ajoutées  aux 
aliments  peuvent  faire  périr  des  moutons,  mais  pas  en  totalité,  même  lorsque  les 
repas  sont  répétés; 


144  8KANC£  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

Nous  constatons  ensuite  que  les  lésions  chez  nos  animaux  morts  sont  celles  des 
animaux  morts  spontanément; 

L'idée  se  présente  alors  naturellement  que  le  charbon  spontané  peut  être  dû  à 
des  contagions  par  spores,  répandues  sur  les  aliments,  au  parcage  ou  dans  Tétable; 
l'idée  aussi  se  présente  également  de  la  nécessité  de  rechercher  quelle  pouv&it 
être  l'origine  de  ces  spores  ; 

La  première  étude  expérimentale  consistait  évidemment  à  rechercher  si  ces 
spores  ne  pouvaient  provenir  des  cadavres  enfouis  charbonneux  dans  les  champs; 

Alors  on  démontre  en  premier  lieu  que  du  sang  charbonneux  répandu  sur  de  la 
terre  arrosée  d'urine  s'y  cultive  et  donne  très  promptement  des  spores  ;  puis  on 
constate  la  présence  des  spores  charbonneuses  à  la  surface  des  terres  des  fosses 
et  leur  absence  partout  ailleurs  ;  à  trois  reprises,  en  deux  ans,  on  trouve  des  spores 
de  charbon  dans  la  terre  de  la  surface  d'une  fosse  où  on  avait  enfoui  une  vache 
entière  non  dépecée; 

Kntin,  on  constate  que  la  terre  autour  d'un  cadavre  charbonneux  enfoui  depuis 
deux  ans  est  remplie  de  spores  du  parasite  du  charbon.  J'ai  expliqué  comment 
cela  pouvait  avoir  lieu,  quoique  jamais  les  spores  ne  se  forment  dans  le  cadavre 
(Voir  Bulletin  de  VAcadému  de  médecine,  novembre  1879). 

Mais  la  terre  est  un  tiltre  très  puissant,  même  pour  les  germes  les  plus  ténus, 
comme  l'avaient  démontré  nos  expériences  antérieures  (Pasteur  et  Joubert)  sur  U 
pureté  absolue  des  eaux  de  source.  Comment  donc  peuvent  remonter  à  la  surface 
des  fosses  les  germes  charbonneux? 

Chose  intéressante,  dans  nos  recherches  sur  la  présence  des  germes  du  charbon 
dans  la  terre  de  la  surface  des  fosses,  pour  faciliter  les  décantations  de  nos  terres 
mises  en  suspension  dans  l'eau  et  afin  de  recueillir  les  particules  les  plus  peti- 
tes, nous  avions  eu  recours  aux  excréments  des  vers  de  terre.  Cette  circonstance 
nous  suggéra  l'idée  de  s'assurer  si  ces  excréments  n'étaient  pas  précisément  les 
auteurs  du  transport  des  germes  des  profondeurs  à  la  surface.  Les  expériences 
les  plus  précises,  les  plus  multipliées  donnèrent  raison  à  cette  vue  préconçue.  Bien 
plus,  par  l'emploi  de  certains  antiseptiques   qui  s'opposent  au  développement 
de  la  foule  de  germes  de  microbes  d'espèces  variées  que  renferme  la  terre,  nous 
avons  réussi,  tout  en  respectant  la  germination  des  germes  du  charbon,  à  cultiver 
les  excréments  des  vers  de  terre  et  à  en  faire  sortir  de  belles  cultures  de  la  bac- 
téridie  à  l'état  de  pureté.  Les  préceptes  les  plus  simples  ont  pu  être  édictés  en  toute 
connaissance  de  cause  pour  la  prophylaxie  de  la  terrible  affection,  à  la  suite  de 
cet  ensemble  de  faits  si  logiquememt  déduits.  Combien  tout  cela  a  laissé  loin  les 
quelques  vues  émises  par  Koch  au  sujet  de  l'étiologie  du  charbon!  Depuis  la  décou- 
verte des  spores  du  charbon  par  le  D"^  Koch,  on  ne  pouvait  avoir  que  des  vues  à 
priori  au  sujet  de  leur  rôle  dans  Tétiologie.  En  reconnaissant  pour  la  première 
fois  dans  mes  Etudes  sur  la  nudadie  des  vers  à  soie  l'existence  de  spores  dans  des 
vibrions,  j'avais  prouvé  que  la  poussière  de  ces  germes  conservait  sa  vitalité  et  son 
pouvoir  de  germination  pendant  plusieurs  années.  Cette  circonstance  devait  sug- 
gérer la  pensée  qu'il  en  serait  de  même  des  spores  charbonneuses;  mais  là  s'arrê- 
taient les  coivjectures. 

En  résumé,  pas  une  des  critiques  du  Recueil  allemand  de  1881  qui  renferme  les 


DE  l'aTTÉNUATTOX  DK8  V1RV8.  145 

traTAux  du  D' Koch  et  de  ses  élèves  ne  reste  debout.  Ces  critiques  n'ont  fait  que 
mettre  en  lumière  une  foule  d'erreurs  et  d'inexpériences  de  leurs  auteurs. 


M.  le  prof.  R.  Koch,  de  Berlin,  monte  ensuite  à  la  tribune  et  prononce, 
en  allemand,  l'allocution  suivante,  qui  est  immédiatement  reproduite  en 
français  par  M.  Haltenhoff  : 

«  Ayant  appris  par  le  programme  du  Congrès  que  M.  Pasteur  parle- 
rait aujourd'hui  sur  l'atténuation  des  vinis,  je  me  suis  rendu  à  la  séance 
dans  l'espoir  d'apprendre  quelque  fait  nouveau  sur  un  sujet  qui  m'inté- 
resse à  un  si  haut  degré.  Je  dois  avouer  en  ce  moment  que  j'ai  été  déçu 
dans  mon  attente  et  qu'il  n'y  a  dans  la  communication  de  M.  Pasteur 
aujourd'hui  rien  de  neuf.  Je  ne  crois  pas  utile  (zweckmàssig)  de  répon- 
dre ici  aux  attaques  de  M.  Pasteur  et  cela  pour  deux  raisons  :  d'abord, 
parce  que  les  points  en  litige  ne  rentrent  qu'indirectement  dans  le 
domaine  de  l'hygiène  proprement  dite  et  ensuite  parce  que  ne  sachant 
pas  bien  le  français  et  M.  Pasteur  ne  sachant  pas  assez  l'allemand,  nous 
ne  pourrions  engager  ici  une  discussion  fi-uctueuse.  Je  me  réserve  de 
répondre  à  M.  Pasteur  par  la  voie  des  journaux  médicaux  »  {Applaii- 
dissements). 

M.  Pasteur  répond  à  M.  Koch  que  s'il  avait  pu  bien  suivre  la  lecture 
qui  vient  d'être  faite,  il  se  serait  aisément  convaincu  que  des  faits  nou- 
veaux ont  été  signalés  aujourd'hui.  M.  Pasteur  attendra  tranquillement 
la  réplique  de  M.  Koch  et  se  réserve  aussi  de  lui  répondre  s'il  y  a  lieu. 

M.  SoRMANi  donné  lecture  de  la  note  suivante  : 

«  La  découverte  de  M.  Pasteur  a  rempli  le  monde  scientifique  de  sa 
renommée,  et  a  ouvert  un  nouveau  champ  d'étude  et  d'observation. 
L'Italie  a  accueilli  cette  découverte  comme  un  bienfait  pour  Thygiène 
humaine  et  vétérinaire,  pour  l'agriculture,  pour  la  richesse  nationale, 
comme  pour  la  science. 

«  Membre  de  la  commission  qui  a  surveillé  les  expériences  sur  la  vac- 
cination charbonneuse  à  Milan,  et  président  de  la  commission  qui  les  a 
exécutées  à  Pavie,  je  vous  donnerai  brièvement  les  conclusions  des  tra- 
vaux qui  ont  été  accomplis  en  Italie. 

a  Dès  le  commencement  de  l'année  courante,  M.  le  ministre  de  l'agri- 
culture a  envoyé  M.  le  professeur  Perroncito  à  Paris,  pour  apprendre 
la  méthode  des  vaccinations  charbonneuses  d'après  les  indications  dh*ec- 
tes  de  M.  Pasteur.  M.  Perroncito  a  immédiatement  commencé  des 
expériences  :  les  écoles  vétérinaires  de  Milan,  de  Turin,  de  Bologne, 
de  Pise,  ont  fait  de  même.  A  Pavie  nous  avons  nous-même  entrepris  des 
vaccinations  charbonneuses.  Au  premier  moment  les  expériences  n'ont 
pas  toutes  donné  les  résultats  les  plus  favorables.  Dans  quelques  cas  les 

10 


14G  SÉANCE  DIT  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

animaux  sont  morts  par  suite  de  la  vaccination  ;  dans  quelques  autres 
les  animaux  vaccinés  et  revaccinés  sont  morts  pendant  l'expérience  de 
contrôle.  Il  faut  chercher  les  raisons  de  ces  accidents  :  Une  première 
faute  est  d'avoir  employé  le  vaccin  des  bœufis  pour  vacciner  les  petits 
animaux,  comme  les  lapins,  les  cobayes,  les  rats  blancs  et  les  moutons, 
qui  sont  le  réactif  le  plus  sensible  du  vii-us  charbonneux.  Ce  qui  est  vac- 
cin pour  un  animal  résistant,  comme  par  exemple  le  cheval,  est  poison 
pour  un  animal  de  plus  faible  résistance,  et  il  le  tue.  Ce  n'est  pas  seule- 
ment la  quantité,  qu'il  faut  préciser,  c'est  surtout  la  qualité,  quoique  la 
quantité  soit  aussi  un  élément  qu'il  ne  faut  pas  négliger. 

«  Un  second  écueil  a  été  l'épreuve  de  contrôle.  On  a  vu  mourir  des 
animaux  revaccinés.  Mais  si  nous  cherchons  bien  l'histoire  de  ces  ani- 
maux, nous  trouvons  qu'en  général  ils  n'ont  pas  eu  de  manifestation 
fébrile  après  les  vaccinations.  On  pouvait  les  considérer  comme  animaux 
non  vaccinés,  parce  qu'ils  n'ont  pas  ressenti  les  eflfets  ordinaires  de  la 
vaccination. 

«  A  Bologne,  suivant  la  relatio]i  du  professeur  Gotti,  sur  six  brebis 
vaccinées  quatre  sont  mortes.  Mais  si  nous  cherchons  dans  la  table  des 
températures  qui  ont  été  enregistrées  après  les  deux  vaccinations,  nous 
trouvons  précisément  que  les  deux  brebis  dont  la  température  a  dépassé 
41  degrés,  ont  seules  survécu.  Toutes  les  autres,  dont  la  température 
après  vaccination  n'est  pas  montée  à  41  degrés,  sont  mortes.  De  ce  fait 
on  peut  conclure,  qu'on  doit  toujours  mesurer  la  température  des  ani- 
maux après  chaque  vaccination,  et  surtout  après  la  seconde,  et  qu'il  faut 
revaciner  une  troisième  fois  tous  les  animaux  qui  n'ont  pas  eu  un  accès 
de  fièvre  bien  manifeste.  C'est  un  des  derniers  préceptes  donnés  par 
M.  Pasteur. 

a  Dans  quelques  cas  on  a  obtenu,  comme  à  l'école  vétérinaire  de  Turin, 
la  mort  de  presque  tous  les  animaux  dans  l'expérience  de  contrôle.  D 
faut  croire  qu'on  a  peut-être  inoculé,  avec  le  virus  charbonneux,  le  virus 
septique  ;  et  comme  celui-ci  est  plus  fort  que  le  premier,  dans  la  lutte  il 
reste  vainqueur.  Les  animaux,  quoique  vaccinés  et  résistant  au  bactère 
du  charbon,  restent  parfois  victimes  du  bactère  de  la  septicémie. 

«  Aucun  de  ces  accidents  n'est  survenu,  ni  dans  les  expériences 
exécutées  par  le  professeur  Perroncito,  à  Turin,  dans  la  villa  Rizzetti 
et  à  Strambino,  ni  dans  les  expériences,  que  nous  avons  dirigées  à 
Pavie.  Nous  opérions  toujours  le  thermomètre  et  le  microscope  à  la 
main. 

«  Nous  avons  cependant  heurté  contre  un  autre  écueil.  C'était  le  troi- 
sième cas  possible.  Les  animaux  vaccinés  ne  sont  morts,  ni  pendant  la 
vaccination,  ni  après  les  épreuves  de  contrôle  ;  mais,  hélas,  ne  sont  pas 


DE  L  ATTENUATION  DES  VIKUS.  147 

uon  plus  mortes  après  les  épreuves  de  coutrôle  les  bêtes  vierges  de  vac- 
cinatioQ  et  de  charbon  ! 

«  Lorsqu'on  expérimentait  sur  les  bêtes  ovines,  Texpérience  réussis- 
sait bien  et  avec  facilité.  Mais  lorsqu'on  expérimentait  sur  les  bêtes  bovi- 
nes, le  résultat  du  contrôle  était  presque  toujours  la  guérison  des  victi- 
mes, n  est  vrai  que  les  victimes  désignées  ont  toujours  une  fièvre  très 
forte,  et  éprouvent  une  réaction  locale,  une  tumeur  phlegraoneuse,  mais 
elles  ne  meurent  pas,  du  moins  dans  la  généralité  des  cas. 

«  Ce  même  résultat  a  été  obtenu  par  M.  Pasteur  qui,  dans  ses  expé- 
riences de  contrôle,  a  vérifié  la  résistance  des  bêtes  bovines  au  charbon 

■ 

artificiellement  inoculé. 

«  Le  charbon  artificiellement  inoculé  n'est  pas  si  grave  pour  les  bœufis 
que  le  charbon  spontané. 

«  Cela  peut  tenir  à  deux  causes  : 

«  L'organe  premièrement  aflfecté  pendant  le  charbon  naturel  est  tou- 
jours l'intestin,  l'estomac,  ou  un  autre  organe  interne,  indispensable  à 
la  vie,  tandis  que  l'inoculation  du  virus  artificiel  est  faite  dans  le  tissu 
cellulaire  sous-cutané. 

«  Les  animaux,  dans  l'état  de  nature,  s'infectent  de  charbon,  en  rai- 
son de  leur  disposition  à  cette  maladie,  disposition  qui,  pour  d'autres 
animaux  de  la  même  espèce,  est  faible  ou  nulle.  Mais  dans  l'expérimen- 
tation on  ne  peut  pas  choisir  les  animaux  les  plus  disposés,  on  prend  au 
hasard. 

«  Les  animaux,  qui  ont  guéri  après  cette  maladie  locale  et  générale 
sont  devenus  réfi-actaires  au  charbon.  C'est  la  preuve  manifeste  que  la 
maladie  antérieure  était  bien  du  charbon. 

a  Je  peux  donc  déclarer  que  les  expériences  sur  la  vaccination  char- 
bonneuse ont  eu  en  Italie  le  succès  d'un  vrai  contrôle  scientifique,  accom- 
pli avec  la  plus  rigoureuse  méthode,  sans  enthousiasme  aveugle,  et  sans 
idées  préconçues  et  trompeuses  ;  mais  avec  le  résultat  le  plus  satisfai- 
sant. 

a  La  vaccination  charbonneuse  forme  désormais  une  des  plus  belles 
gloires  de  la  France  scientifique,  et  de  M.  Pasteub,  son  fils  immortel.  » 

M.  Balestreri  déclare  ne  connaître  ni  le  choléra  des  poules,  ni  le 
charbon  ;  aussi  se  placera-t-il  au  point  de  vue  purement  médical,  en 
prenant  pour  exemple  la  fièvre  typhoïde  et  en  cherchant  comment  la 
théorie  des  microbes  peut  être  utilisée  dans  la  thérapeutique.  Le  microbe 
n'est  pas  la  maladie  ;  il  faut  pour  qu'elle  éclate,  l'appropriation  du  milieu 
à  la  vie  du  microbe.  Si  ce  milieu  n'existe  pas,  le  microbe  reste  inoffensif  ; 
s'il  est  détruit,  le  microbe  meurt.  Or,  en  médecine,  comme  on  ne  peut  pas 
atténuer  le  microbe,  tous  les  efforts  de  la  thérapeutique  doivent  porter 


148  SÉANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

sur  la  modification  du  milieu,  en  fortifiant  la  sauté  générale  et  la  réac- 
tion de  rorgauisme  humain  contre  les  organismes  inférieurs. 

M.  le  prof.  Layet,  de  Bordeaux,  prend  la  parole  pour  protester  contre 
l'assertion  de  M.  Koch,  que  la  question  de  l'atténuation  des  virus  n'au- 
rait qu'un  rapport  très  indirect  avec  l'hygiène. 

M.  Pasteur  répond  à  M.  Balestreri  que  la  question  pour  la  fièvre 
typhoïde  est  encore  ouverte  et  que  les  progrès  accomplis  dans  l'étiologie 
d'autres  maladies  infectieuses  permettent  d'attendre  avec  confiance  uue 
réponse  des  travaux  à  venir.  Toutes  les  hypothèses  sont  permises  sur  le^ 
relations  entre  les  maladies  infectieuses  et  les  microbes  ;  ainsi  on  pour- 
rait admettre,  d'après  l'analogie  du  charbon,  que  certains  microlics 
pathogènes  aérobies  périssent,  parce  que  d'autres  microbes  inoff'eusifr, 
ont  plus  d'affinité  qu'eux  pour  l'oxygène  et  le  leur  enlèvent  ;  mais  dans 
des  questions  aussi  graves,  ne  discutons  que  sur  des  faits  et  laissons  là 
les  hypothèses. 

M.  Pasteur  tient  à  faire  quelques  remarques  sur  les  communicatious 
de  M.  le  professeur  Sormani.  D'abord,  il  ne  savait  pas  que  le  vaccin 
envoyé  par  lui  avait  été  essayé  sur  des  lapins  et  des  cobayes,  qui  sont 
des  '^réactifs  beaucoup  trop  sensibles  ;  il  faut  toujours  proportionner  la 
force  du  virus-vaccin  à  l'animal  en  expérience,  et  les  vaccins  envoyés  en  . 
Italie  étaient  seulement  propres  aux  races  ovine  et  bovine  ;  rien  de  plus 
facile  que  d'en  obtenir  pour  les  lapins  et  cobayes. 

Ensuite,  une  expérience  de  vaccination  à  Turin  a  mal  réussi  ;  cet  insuc- 
cès s'explique  tout  naturellement,  car  c'est  avec  le  sang  d'un  mouton 
ayant  succombé  au  charbon  depuis  plus  de  24  heures  que  Tinoculatioa 
a  été  faite.  On  a  inoculé  dans  ce  cas  le  vibrion  septique  en  même  temps 
que  la  bactéridie,  et  comme  la  première  tue  beaucoup  plus  rapidement 
que  le  second,  il  est  évident  que  les  animaux  ont  succombé  à  la  septicé- 
mie. 

Il  peut  de  même  aniver  pour  la  vaccination  humaine,  quand  elle  est 
faite  sans  précautions,  qu'on  inocule  différents  virus,  qui  évoluent  chacun 
pour  leur  propre  compte.  Il  faut  prendre  les  plus  grandes  précautions 
pour  les  vaccinations  charbonneuses,  surtout  quand  on  opère  sui*  une 
espèce  aussi  sensible  que  la  race  chevaline.  M.  Pasteur  a  vu  dans  une 
série  de  vaccinations  faites  toute  une  journée  sur  des  moutons,  la  der- 
nière sur  un  cheval,  celle-ci  se  terminer  par  lamort  septique  de  l'animal, 
parce  que  l'on  s'était  servi  pour  cette  dernière  vaccination  du  reste 
d'un  tube  qui  était  resté  débouché  et  utilisé  tout  le  jour. 

En  résumé,  il  faut  de  gi-andes  précautions  dans  la  technique  de  la  vac- 
cination et  il  faut  adapter  la  force  du  virus  à  l'espèce  sur  laquelle  on 
opère.  En  tous  cas,  les  chiffres  statistiques  sont  aujourd'hui  très  oncou- 


s 


t 


ÉTIOLOOIE   DE   LA   PHTUISIE   PULMONAIRE.  149 

rageants  pour  la  méthode,  puisque  parmi  les  animaux  vaccinés,  il  ne 
meurt  de  l'inoculation  virulente  que  1  mouton  sur  300,  et  1  bœuf  (ou 
animal  de  la  race  bovine)  sur  2000. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 

Le  secrétaire  adjoint. 

Prof.  D'EsPiXE. 


SÉANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE 


Présidence  de  M.  Eilenbhrg. 


Le  procès  verbal  de  la  séance  générale  du  5  septembre  est  lu  et  adopté. 

Le  secrétaire  général  exprime  au  nom  des  exposants  le  désir  qu'il  soit 
rédigé  un  rapport  sur  l'exposition.  Le  bureau  propose  qu'il  soit  adjoint 
dans  ce  but  à  la  conmiission  qui  a  organisé  l'exposition,  cinq  membres 
étrangers.  L'assemblée  adopte  cette  proposition  et  charge  le  bureau  de 
faire  ces  nominations. 

M.  Lombard  prie  M.  le  D' Eulenberg,  de  Berlin,  de  présider  la  séance. 

M.  Eulenberg  accepte  avec  remerciements  et  déclare  que  l'hygiène 
est  une  science  internationale  qui  n'admet  aucune  distinction  de  natio- 
nalité (Applaudissements). 

Le  bureau  donne  la  parole  à  M.  Corradi,  qui  présente  son  rapport  sur 
la  pbtbisie  pulmonaire  dont  il  remet  le  résumé  suivant  : 


ÉTIOLOGIE  DE  LA  PHTHISIE  PULMONAIRE 
AU  POINT  DE  VUE  DE  L'HfSTOïKE  ET  DE  L'HYGIÈNE  PUBLIQUE 

Par  M.  le  D*^  A.  COBBADI, 

Professeur  ù,  l'Cniversiié  de  Pavie. 


Le  sujet  dont  nous  allons  nous  occuper  est  très  impoi-tant,  parce  qu'il 
renferme  des  questions  qui,  bien  que  relatives  à  une  maladie  spéciale. 


]  50  SÉANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

embrassent  le  domaine  entier  de  la  pathologie  et  dans  leurs  applications 
remuent  le  champ  de  Thygiène  publique  et  de  la  police  médicale. 

Le  mouvement  actuel  des  études  physio-pathologiques  donne  un  inté- 
rêt particulier  à  notre  sujet,  et  l'on  ne  peut  jamais  mieux  se  demander 
si  la  phthisie  pulmonaire  est  contagieuse,  qu'à  l'époque  actuelle,  qui  non 
seulement  met  en  vue  la  propriété  de  se  transmettre  que  possèdent  bien 
des  maladies,  mais  nous  indique  et  nous  montre  les  moyens  par  lesquels 
la  transmission  a  lieu. 

Le  soupçon  et  même  la  croyance  que  la  phthisie  est  contagieuse 
remonte  à  la  plus  haute  antiquité;  on  a  voulu  en  voir  des  traces  dans  le 
premier  livre  des  Epidémies  d'Hippocrate.  Aristote,  Alexandi'e  d'Aphro- 
disie  et  GaUen  n'émettent  aucun  doute  sur  ce  sujet  et  ainsi  leur  opinion 
s'est  continuée  dans  les  écoles  des  Arabes  et  dans  celles  de  la  renais- 
sance. 

On  croyait  généralement  que  le  commerce  avec  les  phthisiques  donnait 
le  même  mal,  et  il  était  passé  en  dicton  que  la  phthisie,  la  gale  et  le  feu 
sacré,  entre  autres  maux,  nobis  contagia  prœstant.  Les  temps  plus  pro- 
ches du  nôtre  ne  changèrent  pas  ce  courant  des  idées  ;  et  l'on  peut  même 
dire  que  c'est  dans  le  siècle  dernier  que  cette  opinion  acquit  le  plus  de 
crédit.  EUe  était  soutenue  d'un  côté  par  la  grande  autorité  de  Morgagni, 
et  de  l'autre  par  la  police  médicale  qui  en  Italie  et  ailleurs,  peut-être 
alarmée  par  une  plus  grande  fréquence  de  la  maladie,  cherchait  les 
moyens  d'arrêter  la  marche  de  la  contagion.  L'excès  de  ces  mesures 
sanitaires,  par  lesquelles  on  arrivait  à  considérer  la  phthisie  comme 
aussi  virulente  que  la  peste  et  la  petite  vérole,  excita,  cela  va  sans  dii-e, 
une  réaction,  et  par  conséquent  la  vieille  croyance  perdit  du  terrain. 
D'ailleurs  les  médecins  étaient  plus  attentifs  aux  travaux  de  l'anatomie 
pathologique  qu'aux  recherches  de  l'étiologie. 

Toutefois  le  doute  sur  la  contagiosité  subsistait  toujours,  quoique  les 
esprits  fussent  moins  enclins  à  l'admettre,  et  qu'on  mit  plus  de  rigueur 
dans  l 'appréciation  des  faits .  A  cet  égard  il  est  à  noter  que  Laënnec,  bien  que 
peu  contagioniste,  ne  niait  pas  la  possibilité  de  la  contagion  de  la  phthisie, 
et  Andral  en  commentant  Laënnec  ne  craignait  pas  de  dire  qu'il  n'était 
pas  sage  de  nier  absolument  cette  contagion.  11  croyait  même  nécessaire 
de  faire  prendre  quelques  précautions  aux  personnes  qui  ont  des  rap- 
ports journaliers  avec  les  phthisiques,  surtout  dans  les  derniers  temps 
de  leur  maladie. 

Les  expériences  de  M.  Villemin  ouvrirent  un  nouveau  champ  à  l'étude 
de  la  transmissibilité  de  la  phthisie,  et  les  recherches  de  M.  Koch  de  cette 
année  même  vont  jusqu'à  déterminer  l'agent,  le  microbe,  de  cette  trans- 
mission. Qu'il  soit  permis  à  un  Italien  de  féliciter  les  deux  grandes  ua- 


ÉTIOLOGIE  DE   ïJl  PHTH18IË   PULMONAIRE.  151 

lions  pour  les  efiForts  de  leurs  savants  à  éclairer  ce  point  si  important  de 
la  pathologie  expérimentale  lequel,  quand  il  serait  pleinement  assuré, 
aurait,  nous  le  répétons,  des  résultats  plus  étendus  qu'on  ne  pouirait  le 
croire  au  premier  abord. 

Mon  travail  se  distingue  naturellement  eu  deux  parties  :  l'une  tient  à 
l'histoire  de  la  question,  l'autre  aux  mesures  que  l'hygiène  publique 
devrait  adopter  vis-à-vis  de  la  contagiosité  de  la  phthisie.  A  la  question 
historique  se  rattachent  les  quatre  premières  conclusions  (voir  page  15). 
Je  ne  crois  pas  que  ce  soit  ici  le  lieu  de  nous  arrêter  à  les  discuter  ;  ce 
serait  trop  long,  car  je  devrais  lire  beaucoup  d'extraits,  je  devrais  pré- 
senter plusieurs  documents  tout  à  fait  nouveaux  et  d'autres  rares  et 
très  peu  connus.  A  mon  regret  je  mets  de  côté  cette  partie,  rien  ne 
m'étant  aussi  cher  que  les  études  historiques  ;  et  s'il  y  a  quelque  mérite 
à  se  contenir  dans  ses  propres  penchants,  j'espère  que  vous  me  saurez 
gré  de  ma  résolution  et  m'accorder  votre  bienveillance  pour  la  seconde 
partie,  que  je  vais  aborder,  si  vous  le  permettez,  tout  de  suite  :  d'ail- 
leurs c'est  celle  qui  présente  le  plus  d'intérêt  et  a  en  même  temps 
Tattrait  de  l'actualité. 

Mais  avant  d'entamer  la  discussion  sur  les  neuf  dernières  conclusions, 
qu'il  me  soit  permis  de  présenter  quelques  considérations  qui  serviront 
à  mieux  déterminer  la  valeur  de  ces  conclusions. 

L'hygiène  est  avant  tout  une  science  d'application,  et  ses  progrès  ne 
sont  pas  une  course  haletante  après  des  nouveautés,  mais  une  sage 
application  au  profit  de  la  santé  privée  et  publique  des  découvertes  de  la 
physique,  de  la  chimie,  des  études  de  la  physiologie,  de  la  pathologie  et 
de  toutes  les  autres  branches  des  sciences  médicales  et  naturelles. 

Est-ce  que  les  résultats  de  la  pathologie  expérimentale,  relativement 
à  la  transmissibilité  de  la  phthisie,  sont  arrivés  à  résoudre  avec  certitude 
la  question  et  à  imposer  par  conséquent  les  règles  à  suivre  dans  la  pra- 
tique eu  conformité  de  la  doctrine  ?  Pas  encore  ;  la  pathologie  expéri- 
mentale pendant  qu'elle  recherche,  éclaire  ou  résout  un  problème,  sou- 
lève des  difficultés  auxquelles  on  ne  pensait  point,  fait  naître  des  doutes 
qui  auparavant  n'apparaissaient  pas.  Elle  ne  peut  résoudre  elle-même 
ces  nouvelles  questions  qu'elle  a  fait  poindre.  Par  exemple  l'observation 
clinique  seule  pourra  mettre  d^accord  la  nature  parasitaire  de  la  tuber- 
culose, telle  que  les  expériences  la  laissent  supposer,  avec  le  fait  de  la 
prédisposition  et  de  l'hérédité.  Et  quand  même  cette  nature  parasitaire 
serait  mise  hors  de  doute ,  il  resterait  à  voir  dans  quelles  conditions  la 
contagion  ou  la  transmission  de  la  phthisie  se  fait  chez  l'homme  ;  si  la 
maladie  est  toujours  contagieuse  et  au  même  degré  dans  toutes  ses 
périodes.  Tout  cela  ne  peut  être  déterminé  que  parrobservation  clinique. 


152  SÉANCE  Di:  MEttCREDI  6  âEITKMUUE. 

L'hygiène  ne  pouirait  donc  aujourd'hui  appliquer  à  la  phthisie  unepro- 
2)!'!/laxie  spéciale,  parce  qu'elle  ignore  la  nature  de  son  contage,  les  con- 
ditions et  les  circonstances  particulières  dans  lesquelles  ou  par  lesquelles  la 
contagion  se  fait.  D'autre  part  il  serait  téméraire  de  ne  pas  tenir  compte 
do  la  possibilité  de  cette  transmission,  d'autant  plus  que  chaque  jour  elle 
nous  paraît  se  renforcer  de  preuves  nouvelles,  de  telle  sorte  qu'il  n'est 
))lus  pennis  de  refuser  de  s'en  occuper.  Sans  attendre  davantage,  il  sera 
donc  prudent  d'insister  sur  les  règles  d'hygiène  générale.  Quelle  que 
soit  l'opinion  qu'il  professe  au  sujet  do  la  nature  de  la  phthisie,  pas  un 
médecin  ne  les  voudra  négliger,  parce  qu'elles  éloignent  des  causes  affai- 
blissantes et  par  conséquent  morbifiques ,  ou  bien  elles  donnent  cette 
résistance  organique,  qui  dans  l'ignorance  où  nous  sommes  des  raisons 
plus  intimes,  nous  paraît  être  la  meilleure  sauvegarde  contre  une  maladie, 
laquelle  trouve  malheureusement  dans  l'état  de  notre  civilisation  le  ter- 
rain le  plus  favorable  pour  s'étendre  et  se  développer  de  plus  en  plus. 

A  ces  précautions  hygiéniques  se  rattachent  les  9"%  10"'  et  11"*  con- 
clusions. Bien  qu'elles  aient  un  caractère  général,  elles  sont  de  nature  à 
pouvoir  opposer  une  digue  contre  la.  diffusion  du  contage  qu'on  redoute. 
Peut-être  quelqu'un  jugera-t-il  la  11"*  conclusion  trop  avancée  et  moins 
réservée  que  les  autres.  Mais  l'institution  d'hôpitaux  exclusifs  pour  les 
phthisiques  ou  de  pavillons  séparés  (qu'on  ne  fait  ici  que  recommander) 
a  été  déjà  suggérée,  prônée  et  même  mise  à  exécution,  en  dehors  de  toute 
idée  de  contagion,  uniquement  dans  un  but  thérapeutique  et  par  motif 
d'économie  et  d'hygiène  hospitalière.  Les  phthisiques  exigent  un  traite- 
ment à  beaucoup  d'égards  tout  à  fait  spécial,  et  leur  régmie  ne  s'arrange 
pas  bien  de  l'ordinaire  des  autres  malades  soignés  dans  les  hôpitaux. 

Il  faut  enfin  observer  que  bien  que  la  prophylaxie  de  la  tuberculose  pul- 
monaire doive  suivre  la  voie  que  la  pathologie  expérimentale  lui  indique, 
elle  ne  tombera  jamais  dans  les  exagérations  des  siècles  derniers.  Elle  se 
gardera  d'y  tomber  par  la  considération  que  le  régime  des  maladies  con- 
tagieuses ne  peut  être  uniforme,  la  nature  du  contage  n'étant  pas  égale 
dans  tous  les  cas  ;  las  voies  de  transmission  et  les  circonstances  qui  la 
favoiTsent  n'étant  pas  les  mêmes  non  plus.  Ce  serait  donc  une  erreur  de 
prendre  comme  type  absolu  de  maladie  contagieuse  le  choléra  ou  la  petite 
vérole,  et  il  serait  pire  encore  d'appliquer  à  la  phthisie  les  mesures  sani- 
taires qu'exigent  ces  deux  maladies,  essentiellement  communicables  et 
infectieuses.  L'expérience  du  passé,  qui  n'en  est  que  l'histoire,  doit 
nous  montrer  la  bonne  route  et  nous  empêcher  de  faire  des  faux-pas. 

M.  le  D'  Leudet  lit  à  propos  du  rapport  de  M.  Corradi  la  communi- 
cation suivante  : 


ÉTIOLOOIK   DE   LA   PUTHI8IE   PULMONAIRE.  153 

Comme  l'a  dit  notre  illustre  compatriote  Claude  Bernard,  c'est  la 
clinique  qui  donne  les  indications  à  la  médecine  expérimentale  ;  c'est  la 
clinique  encore  qui  confirme  ou  intinne  les  résultats  de  la  médecine  ex- 
péi-imeutale. 

C'est  au  point  de  vue  de  la  médecine  pratique  que  j 'ai  étudié  plusieurs 
questions  dont  la  solution  est  encore  douteuse,  et  qui  ont  trait  à  la  propa- 
gation de  la  tuberculose  par  contagion. 

Dans  ce  but,  j'ai  noté  avec  soin  depuis  28  ans  les  maladies  constitu- 
tionnelles ou  diathésiques  observées  chez  les  membres  de  133  familles. 
J'ai  pu,  grâce  à  cette  circonstance  que  mon  père  était  avant  moi  le 
médecin  d'un  grand  nombre  de  ces  familles,  avoir  des  renseignements 
certains  sur  la  santé  de  3,  4  et  même  5  générations  successives.  Les 
résultats  statistiques  que  je  donnerai  ici,  s'ils  ne  s'appuient  pas  sur  des 
chiffres  élevés,  ont  au  moins  l'avantage  de  s'appuyer  sur  des  bases  cer- 
taines. 

Je  dois  dire  tout  d'abord,  que  la  tuberculose  est  à  Rouen  d'une  grande 
fréquence;  j'ignore  la  fréquence  réeUe  de  la  tuberculose  dans  toute  la 
population,  mais  le  relevé  de  tous  les  malades  soignés  dans  ma  division 
del'Hôtel-DieudeRouen,  depuis  *28  ans,  donne,  pour  la  tuberculose, 
de  32  à  33  7o  de  la  mortalité  générale . 

Je  crois  qu'à  Rouen,  comme  dans  beaucoup  de  grandes  villes,  la  tuber- 
culose est  moins  fréquente  et  surtout  moins  grave  dans  la  classe  aisée 
que  dans  la  classe  ouvrière. 

La  première  question  que  j'ai  cherché  à  résoudre  est  celle  de  la  con- 
tagion maritale.  J'ai  étudié,  à  ce  point  de  vue,  l'état  de  santé  de 
56  ménages,  appartenant  tous  à  la  classe  aisée.  Dans  ces  56  ménages, 
15  fois  le  mari  était  tuberculeux  et  la  femme  saine,  au  moment  du  mariage 
ou  plus  ou  moins  longtemps  après  ;  41  fois  la  femme  était  au  contraire 
la  seule  atteinte  de  la  tuberculose. 

Dans  les  15  ménages  où  le  mari  était  le  premier  atteint,  5  fois» 
c'est-à-dire  dans  le  tiers  des  cas,  la  femme  fut  atteinte  de  la  même 
affection.  De  ces  5  femmes,  l'une  avait  une  déviation  rachidienne  et 
ne  devint  tuberculeuse  que  10  ans  après  la  mort  de  son  mari,  une  autre 
avait  perdu  une  sœur,  morte  quelques  années  auparavant  de  tubercules 
pulmonaires,  enfin  une  troisième  avait  perdu  une  tante  de  mère  de  la 
même  maladie. 

On  peut  donc  conclure  de  cet  exposé  que^  dans  un  ménage,  la  tuber- 
culose se  développe  assez  souvent  chez  la  femme,  quand  le  mari  est 
tuberculeux.  D'après  mon  observation  la  proportion  de^  cas  développés 
du  mari  à  la  femme  dans  ces  conditions  serait  assez  élevée  ;  toutefois  il 
^t  juste  d'observer  que,  dans  ces  conditions,  l'hérédité  pourrait  être 


154  SEANCE  DU  MERCBEDI  6  SEPTEMBRE. 

invoquée  comme  circonstance  favorable  au  développement  de  la  phthisie 
chez  les  deux  cinquièmes  des  femmes. 

D'autre  fois,  au  moment  du  mariage  ou  quelque  temps  après  l'union, 
la  phthisie  s'est  manifestée  d'abord  chez  la  femme.  J'ai  constaté  ce  fait 
dans  41  ménages  ;  3  fois  seulement  le  mari  devint  tuberculeux  ;  encore 
faut-il  noter  que  l'un  de  ces  tuberculeux  avait  perdu  une  sœur  de  la 
même  affection. 

Mes  résultats  statistiques  viennent  donc  à  l'appui  de  la  proposition 
émise  pai*  plusieurs  auteurs  :  que  dans  le  mariage,  la  contagion  est  plus 
fréquente  de  l'homme  à  la  femme  que  de  la  femme  à  l'homme. 

En  poursuivant  ce  même  ordre  de  recherches ,  il  serait  intéressant 
d'étudier  l'état  de  santé  des  enfants  issus  de  ces  mariages  dans  le  cas  de 
tuberculose  primitive  chez  l'homme  et  chez  la  femme,  et  surtout  dans  le 
cas  oîi  l'épouse  d'un  tuberculeux  semblait  réfractaire  à  la  contagion. 

Or  de  5  femmes  devenues  tuberculeuses  après  le  mariage  avec  un 
tuberculeux,  4  eurent  des  enfants,  une  seule  eut  2  enfants  morts  de 
tubercules. 

J'ai  noté  que  10  femmes  mariées  à  des  tuberculeux,  ne  contractèrent 
pas  la  maladie  ;  9  d'entre  elles  eurent  des  enfants,  et  sur  ces 
9  femmes,  5  eurent  un  ou  plusieurs  enfants  qui  succotnbèrent  à  la 
phthisie.  Je  me  hâte  d'ajouter  que  ces  femmes,  qui  ont  porté  dans  leur 
sein  des  enfants  procréés  par  un  père  tuberculeux,  ont  échappé  à  la 
maladie,  quelques-unes  depuis  10,  15  et  20  ans. 

Ce  fait  ne  me  paraît  pas  favorable  à  la  question  de  la  contagion,  il 
appelle  de  nouvelles  recherches. 

La  fréquence  de  la  Uthalité  d'un  des  conjoints  dans  les  premières 
années  du  mariage  est  un  fait  qui  a  frappé  beaucoup  d'observateurs, 
parmi  lesquels  je  citerai  Virchow.  Est-ce  à  cette  opinion  qu'il  faut  attri- 
buer ce  singulier  procès,  dont  parle  Walshe,  fait  par  une  jeune  épouse, 
à  son  mari  tuberculeux,  parce  que  ce  dernier  se  refusait  à  accomplir 
le  mariage.  Cette  dame  n'était  certes  pas  contagioniste.  La  cause  fut 
portée  devant  les  juges  anglais  qui  refusèrent  de  se  prononcer.  L'appel 
allait  être  porté  devant  la  chambre  des  lords,  lorsque  le  mari  mourut. 

La  simultanéité  de  Vapparition  de  la  tuberculose  chez  plusieurs 
membres  d'une  même  famille  s'observe  assez  fréquemment.  Dans  25 
familles,  j'ai  vu  plusieurs  personnes  :  frères,  sœurs,  père  et  mère  montrer, 
dans  l'espace  de  un  à  quatre  ans,  le  développement  de  tubercules  chez 
plusieurs  personnes  ;  ainsi  parmi  ces  25  familles  sur  133  observées,  c'est- 
à-dire  à  peu  près  dans  1  sur  6,  15  présentèrent,  dans  l'intervalle  indiqué, 
2  tuberculeux  ;  6  familles,  3  tuberculeux  ;  5  familles,  4  tuberculeux. 

L'hérédité  pouvait  être  invoquée  comme  cause  prédisposante,  dans  12 
cas  sur  25,  c'est-à-dire  dans  moins  de  la  moitié  des  cas. 


ETIOLOOIE   D£  LÀ   PHTHISIE   PULMONAUUS.  155 

J'ajouterai  que,  presque  tous  les  sujets  atteints  ainsi  à  peu  d'intervalle, 
étaient  frères,  sœurs  ou  parents  ;  que  presque  tous  étaient  des  adoles- 
cents ou  des  adultes. 

Une  circonstance  qui  mérite  d'être  signalée,  c'est  que  dans  7  des  25 
familles  dont  plusieurs  membres  furent  frappés  à  peu  d'intervaUe  de 
tuberculose,  les  personnes  atteintes  ne  demeuraient  pas  dans  la  même 
maison,  quelques-unes  même  dans  des  villes  différentes,  ce  qui  réduirait 
les  cas  de  contagion  possible  à  18  famiUes  sur  133,  c'est-à-dire  à  une 
proportion  beaucoup  moindre. 

Conclusions  pathologiques.  V  Dans  le  mariage,  la  contagion  de  la 
tuberculose  du  mari  à  la  femme  semble  plus  fréquente  que  de  la  femme 
au  mari. 

2"*  La  femme  non  contaminée  par  un  mari  tuberculeux  peut  donner 
le  jour  à  des  enfants  qui  meurent  phthisiques ,  sans  qu'elle  même  soit 
atteinte  ultérieurement  de  la  même  maladie. 

3*  Le  mariage  de  gens  tuberculeux  hâte  souvent  la  termination  fatale 
de  la  maladie. 

4*  Le  développement,  à  peu  d'intervalle,  de  la  tuberculose  chez  divers 
membres  d'une  même  famille  est  assez  fréquent  ;  même  en  dehors  de  la 
prédisposition  héréditaire. 

Conclusions  hygiéniques.  V  Le  mariage  d'un  tuberculeux  avec  un 
autre  individu  sain  doit  être  déconseillé. 

2*  La  dispersion  des  enfants  dans  une  famille  entachée  de  tuberculose 
est  avantageuse. 

3*  L'isolement  des  tuberculeux  est  le  plus  souvent  imposisible  à  réaliser  ; 
le  tuberculeux  en  effet,  non  seulement  au  début,  mais  même  souvent  à 
une  époque  avancée  de  la  maladie,  peut  remplir  des  occupations  même 
pénibles  et  cela  pendant  un  nombre  d'années  quelquefois  considérable. 

4*  L'isolement  réel  de  tous  les  malades  n'est  donc  pas  réalisable, 
même  dans  les  hôpitaux. 

M.  Valun  dit  que  la  contagiosité  de  la  tuberculose  de  l'homme  à 
l'homme,  sans  inoculation  directe,  n'est  encore  qu'une  hypothèse  vrai- 
semblable, n  est  donc  prématuré  de  faire  de  la  réglementation  à  outrance  ; 
il  suffit  d'éveiller  l'attention  du  public  et  des  médecins  sur  la  possi- 
bilité du  danger.  Quant  à  la  création  d'hôpitaux  d'isolement  pour  les 
phthisiques,  par  crainte  de  la  contagion,  isolons  d'abord  les  varioleux, 
les  diphthéritiques,  qui  trop  souvent  encore  sont  couchés  dans  les  salles 
communes  des  hôpitaux  d'enfants.  Ce  qu'il  faut,  c'est  créer  des  hopices 
ou  des  lieux  de  retraite  pour  les  phthisiques,  loin  des  villes,  sur  le  litto- 
ral méditerranéen,  près  des  stations  d'hiver,  afin  que  les  tuberculeux 


15G  SÉANCE  DU  MERCREDI  G  SEPTEMBRE. 

ir  encombrent  plus  les  hôpitaux  destinés  aux  maladies  aiguës,  et  où  leur 
état  s'aggrave  au  lieu  de  s'améliorer. 

M.  CoRRADi  répond  que  les  différences  entre  lui  et  M.  Vallin  sont  moin- 
dres qu'il  ne  paraît,  et  n'ont  trait  qu'à  l'érection  des  hôpitaux  spéciaux 
pour  les  phthisiques.  M.  Vallin  admet  que  ces  hôpitaux  seront  utiles 
comme  des  hospices  oîi  les  poitrinaires  recevront  un  meilleur  traitement, 
eh  bien  qu'on  laisse  de  côté  l'idée  et  qu'on  accepte  le  bienfait.  D'ailleurs, 
il  ne  faut  pas  mettre  la  phthisie  au  même  niveau,  l'elativement  à  la 
contagiosité,  que  la  petite  vérole  et  le  choléra;  elle  n'a  pas  certainement 
la  diffusion  de  la  rougeole,  et  si  elle  se  transmet,  elle  le  fait  dans 
certaines  conditions  qui  doivent  être  déterminées  par  Tobservation  cli- 
nique. Dans  l'état  de  doute  oii  nous  sommes  aujourd'hui  sur  cette 
question,  et  en  attendant  que  les  nouvelles  études  nous  éclairent  à  ce 
sujet  et  nous  indiquent  des  mesures  prophylactiques  plus  particulières, 
on  doit  s'attacher  aux  prescriptions  de  l'hygiène  générale  :  nul  doute 
qu'il  y  ait  avantage  à  empêcher,  ou  au  moins  à  déconseiller  les  mariages 
entre  les  phthisiques  ou  les  prédisposés  à  la  phthisie;  nul  doute  qu'il  y 
ait  avantage  à  éloigner  les  exhalaisons  putrides,  à  assainir  les  maisons, 
à  mettre,  en  un  mot,  en  pratique,  tout  ce  qui  peut  accroître  la  résistance 
organique. 

M.  le  D'  LuBELSKi.  Déjà,  en  1878,  à  l'époque  du  Congrès  de  Paris, 
nous  avons  fait  pressentir  que  les  travaux  de  laboratoires  corroborent 
pleinement  les  résultats  de  l'observation  clinique,  et  nous  avons  atth^ 
l'attention  de  nos  collègues  sur  la  tradition  fort  répandue  en  Pologne, 
que  l'usage  d'effets  de  literie  et  d'habillement  provenant  des  phthisiques 
contribuait  beaucoup  à  la  propagation  de  cette  maladie  (Congrès  inter- 
national d'hygiène  de  Paris,  I,  p.  738). 

Les  conclusions  du  professeur  Corradi  donnent  entièrement  raison  à 
ce  que  nous  venons  de  signaler  ;  il  n'est  pas  cependant  toujours  possible 
à  l'hygiéniste  et  même  au  médecin  traitant,  d'empêcher  la  propagation 
de  la  phthisie,  faite  par  la  distribution  des  effets  contaminés,  après  la 
mort  du  malade,  à  des  parents  pauvres  ou  à  titre  d'offrande  en  exécution 
d'un  vœu.  Il  faudrait,  pour  cela,  une  loi  formelle  ordonnant  leur  désin- 
fection préalable  et  même  leur  destruction,  et  ce  serait  entrer  trop  avant 
dans  la  vie  privée. 

D'autre  part,  il  serait  intéressant  d'élucider  jusqu'à  quel  point  les 
sueurs  des  phthisiques  peuvent  contribuer  à  répandre  le  germe  du  mal. 
La  question  a  déjà  été  soulevée  par  M.  le  D'  Musgrave-Claye  (de  Pau), 
et  à  ce  point  de  vue,  nous  croyons  que  la  création  d'hôpitaux  exclusifis 
dont  parle  le  professeur  Corradi  demande  une  circonspection  extrême. 
L'agglomération  des  phthisiques,  même  dans  une  seule  famille,  étant 


ETIOLOOIE  DE   LA   PHTHI8IE   PULMONAIRE.  157 

notoirement  nuisible,  nous  croyons  qu*une  dissémination  non  seulement 
par  groupes,  mais  même  individuelle  pourrait,  cœterisparihus,  produire 
des  résultats  satisfaisants. 

Nos  collègues  nous  renseigneront  probablement  sur  les  effets  obtenus 
soit  dans  les  hôpitaux  de  phthisiques  existant  en  Angleterre,  soit  dans 
rfle  de  Madère  et  dans  d'autres  sanatoria  ejuifdern  generis;  mais  nous  le 
répétons  encore  ime  fois,  des  salles  d'hôpital  pour  les  phthisiques,  faci- 
litant l'agglomération  de  ces  malades,  même  en  accordant  la  plus  grande 
place  à  V hygiène,  nous  rappelleraient  trop  les  léproseries  du  moyen  âge, 
où  tout  malade  était  à  l'avance  condamné  à  mourir. 

Nous  croyons  donc  que  le  système  des  petits  pavillons  (Tollet),  divisés 
en  petits  dortoirs  à  panneaux  mobiles  soigneusement  aérés  et  chauffés, 
avec  un  peu  d'humidité  dans  l'atmosphère  ambiante  et  peut-être  quel- 
ques arbres  balsamiques  (Textor)  répondrait  aux  exigences  du  traite- 
ment, surtout  si  l'on  tiic  soigneusement  les  malades  d'après  le  degré 
de  la  maladie. 

Les  forêts  de  sapin,  telles  que  nous  en  avons  dans  le  nord,  et  les  autres 
arbres  balsamiques,  même  V Eucalyptus  globulus,  des  effets  antifébriles 
duquel  on  nous  a  parlé  à  Turin,  seront  bons;  mais  il  faut  que  le  malade 
puisse  changer  de  linge  tous  les  jours,  plusieurs  fois  par  jour  même,  en 
un  mot,  chaque  fois  que  la  transpiration  l'exige.  Et  encore,  nous  ne 
parlons  ici  que  de  l'effet  des  sueurs  d'individu  à  individu,  sariS  parler  de 
leur  effet  immédiat  sur  le  malade  lui-même.  La  literie  doit  également 
être  changée  et  nettoyée  tous  les  matins,  peut-être  même  plus  souvent 
encore  ;  or,  demandons-nous,  quel  est  l'hôpital  qui  sera  assez  riche  pour 
avoir  deux,  trois  et  quatre  literies  de  rechange  par  malade  ? 

Pour  nous,  l'isolement  individuel  pour  la  nuit  est  un  facteur  sine  qua 
non  dans  le  traitement  de  laphthisie.  Le  jour,  le  malade  peut  rester  à 
l'air  libre,  si  le  temps  le  permet. 

M.  Adolphe  Smith  fait  remarquer  qu'en  Angleterre  les  dernières  con- 
clusions de  M.  le  professeur  Corradi  étaient  acceptées  bien  des  années 
avant  la  découverte  du  bacillus.  Sur  100  personnes  qui  meurent  eu 
Angleterre,  26  morts  peuvent  être  attribuées  aux  maladies  respirât oii-es. 
Mais  les  hygiénistes  anglais  ont  toujours  affirmé  que  ce  chiffre  devait 
diminuer  avec  les  améliorations  dans  les  logements  en  général.  Nous 
respirons  en  moyenne  9000  litres  d'air  par  jour.  Mais  les  deux  tiers  de 
notre  temps  nous  le  passons  à  l'intérieur  des  maisons,  bureaux,  fabriques, 
ateliers,  etc.  Nous  respirons  donc  6000  litres  d'air  plus  ou  moins  con- 
taminé par  les  produits  de  l'encombrement,  de  l'éclairage,  et  surtout 
par  les  émanations  de  matières  organiques  en  décomposition  provenant 
des  égoûts,  fosses,  etc.  Quand  nos  maisons  seront  mieux  ventilées  et 


158  SÉANCE  DV  MERCREDI  G  SEPTEMBRE. 

mieux  protégées  contre  ces  émanations  méphitiques,  nous  aurons  moins 
de  phthisiques.  Du  reste,  en  France,  les  casernes  construites  d'après  le 
système  ToUet,  ont  pleinement  démontré  ce  fait.  Grâce  à  une  meilleure 
aération,  les  maladies  de  refroidissement  n'ont  été  que  de  20  pour  1000 
chez  les  soldats  logés  dans  les  casernements  ToUet,  tandis  que  la  moyenne 
de  malades  pour  l'armée  entière  est  de  40  pour  1000. 

Convaincu  que  le  mauvais  drainage  des  villes  prédispose  les  populations 
à  la  phthisie,  je  demanderai  la  permission  de  suggérer  l'idée  de  faire  des 
expériences  avec  l'air  et  l'eau  des  égoûts.  Il  serait  d'une  utilité  toute 
pratique  de  rechercher  si  cet  air  et  cette  eau,  soit  isolément,  soit  simul- 
tanément, se  prêtent  au  développement  du  hadllus  de  la  phthisie.  Peut- 
être  trouverons-nous  que  ce  germe  maltaisant  voyage  plus  facilement  de 
maison  en  maison  et  garde  sa  vitalité  néfaste  plus  longtemps  grâce  à 
ces  voies  souterraines,  à  ces  tuyaux  de  chutes  où  les  gaz  méphitiques 
ne  sont  pas  suffisamment  dilués  par  une  ventilation  puissante. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'on  pourrait  dès  à  présent  prendre  les  mêmes  pré- 
cautions vis-à-vis  do  l'expectoration  des  phthisiques  que  celles  que  l'on 
emploie,  en  Angleterre  du  moins,  relativement  aux  déjections  des 
typhiques.  Les  typhoïsants  ne  sont  pas  autorisés  à  se  servir  des  lieux  ; 
ils  doivent  faire  usage  d'un  vase  spécial  oii  avec  de  forts  desinfectants  on 
détruit  les  germes  avant  de  jeter  ces  matières  dangereuses  dans  les 
conduits  qui  mènent  à  l'égoût  public. 

En  un  mot,  et  quelle  que  soit  la  caractéristique  du  badllus,  c'est  sur 
l'hygiène  que  nous  devons  compter  pour  arriver  à  une  notable  réduction 
dans  le  nombre  des  poitrinaires. 

M.  Landowski  craint  bien  qu'à  force  de  rechercher  les  causes  de  la 
phthisie  dans  les  questions  de  détail,  nous  ne  fassions  fausse  route. 

Ces  causes  sont  très  complexes,  on  peut  les  résumer  de  la  façon  sui- 
vante :  toute  cause,  quelle  que  soit  sa  nature,  qui  tend  à  étioler  l'or- 
ganisme, aboutit  généralement  à  la  phthisie.  Elle  attaque,  il  est  vrai, 
l'habitant  des  grandes  villes  exposé  aux  émanations  délétères  des  égoûts, 
mais  elle  frappe  aussi  l'Arabe  nomade  au  milieu  de  ses  troupeaux ,  le 
nègre  dans  les  plaines  du  Soudan  et  le  Lapon  dans  les  solitudes  glacées 
du  pôle  nord.  Ainsi  voilà  une  affection  que  nous  connaissons ,  puisque 
nous  savons  que  chaque  fois  que  l'organisme  présente  un  terrain  favorable 
au  développement  du  baccillus  tuberculeux,  la  maladie  se  déclare  ;  mais 
nous  ne  savons  quels  moyens  opposer  à  cette  éclosiori . 

L'éminent  professeur  Corradi  propose  comme  moyens  prophylactiques  : 
V  l'empêchement  du  mariage  pour  les  tuberculeux;  2**  la  création 
d'hôpitaux  d'isolement  pour  les  phthisiques.  Je  ne  saurais  partager  cette 
manière  de  voir. 


ÉTIOLOGIE   DE   LA  PHT1I18IE   PCLMOXAIRE.  159 

Pour  les  mariages  des  tuberculeux. — Le  médecin  seul  peut  être  appelé 
à  apprécier  Tétat  des  poumons  des  futurs  conjoints,  mais  parles  devoirs 
de  sa  profession  il  lui  est  interdit  de  révéler,  à  qui  que  ce  soit,  l'état 
sanitaire  qui  lui  a  été  confié,  et  qui,  par  ce  fait,  devient  un  secret  pro- 
fessionnel. 

Pour  la  création  des  maisons  d'isolement,  ce  moyen  ne  me  paraît  pas 
plus  pratique.  En  effet,  autant  l'isolement  est  indiscutable  pour  les 
maladies  contagieuses  à  marche  rapide  comme  la  variole,  la  diphthérie, 
etc.,  autant  son  application  me  paraît  impossible  pour  la  phthisie.  En 
effet,  qui  voudra  condamner  à  un  internement  de  plusieurs  années  sou- 
vent, un  des  malades  de  cette  catégorie  ?  A  quelle  phase  de  la  maladie 
l'isolement  devra-t-il  être  appliqué  ?  De  quelle  façon  saisir  le  tuberculeux 
qui  n'a  pas  encore  eu  besoin  de  consulter  un  médecin?  Enfin  dans  les 
cas  même  oîi  la  guérison  paraîtra  le  plus  complète,  pourra-t-on  affirmer 
qu'il  ne  reste  aucun  baccillus  capable  de  renouveler  la  contagion  ?  De 
fait  on  arrive  ainsi  à  condamner  le  malheureux  tuberculeux  à  un  empri- 
sonnement hospitalier  perpétuel.  Comme  conséquence  pour  moi  l'emploi 
de  ces  moyens  prophylactiques  est  tout  à  fait  impossible. 

A  mou  sons,  d'après  ce  que  nous  savons  sur  l'influence  de  la  contagion 
et  des  causes  déprimantes  sur  le  développement  de  la  phthisie ,  la  pro- 
phylaxie doit  surtout  tendre  à  relever  le  degré  de  résistance  physique  du 
peuple  des  villes  et  des  campagnes.  En  première  ligne  nous  avons  tout 
ce  qui  touche  à  l'éducation  des  enfants.  Ce  n'est  pas  à  des  hygiénistes 
aussi  compoteuts  que  vous,  que  j'ai  besoin  d'exposer  l'immense  impor- 
tance de  l'hydrothérapie,  de  la  gymnastique,  etc.  pour  arriver  à  ce  ré- 
sultat. Seulement  il  faut  que  nous  nous  montrions  sévères  pour  l'appli- 
cation de  tous  ces  moyens  d'hygiène  prophylactique,  et  c'est  à  nous  qu'il 
appartient  de  faire  comprendre  aux  familles  et  aux  gouvernements 
l'importance  de  l'application  de  ces  moyens  pour  l'amélioration  des  races 
humaines. 

M.  Félix.  La  question  de  la  contagion  de  la  phthisie  pulmonaii'e 
n'est  pas  encore  assez  mûre,  assez  avancée,  pour  être  résolue  déjà 
aujourd'hui.  Comment  mettre  d'accord  avec  l'idée  de  la  contagion  la 
transmission  de  «  l'habitus  phthysicus  »  de  la  conformation  spéciale  du 
squelette  du  phthysique ,  acquise  par  hérédité  ?  le  fait  que  la  phthisie 
saute  une  génération  pour  affecter  la  deuxième  ?  Loin  de  nier  la  con- 
tagiosité de  cette  maladie,  je  la  considère  encore  comme  douteuse.  Mais 
ce  n'est  pas  pour  cette  observation  que  j'ai  pris  la  parole  ;  je  voulais 
répondre  à  M.  Smith  qui  accuse  de  nouveau  les  pauvres  gaz  des  égoûts. 
J'oppose  aux  observations  de  M.  Smith  la  statistique  de  mon  pays.  Nous 
avons  la  phthisie  dans  des  communes  rurales  qui  n'ont  pas  d'égoûts, 


IGO  8fiANC£  DU  MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

nous  Tavons  dans  les  parties  non  canalisées  de  Bucharest  plus  souvent 
que  dans  les  parties  canalisées  du  centre  de  notre  capitale.  Je  me  per- 
mets encore  d'attirer  l'attention  du  Congrès  siu*  le  fait  que  l'humidité 
des  maisons  favorise  la  naissance  de  la  phthisie  qui  est  à  Bucharest  plus 
fréquente  dans  les  maisons  humides  que  dans  les  habitations  sèches. 

M.  Albrecut  estime  qu'on  ne  doit  jamais  permettre  le  mariage  d'une 
femme  qui  pourrait  transmettre  par  l'allaitement  la  phthisie  à  ses 
enfants. 

Vu  l'heure  avancée  la  suite  de  la  discussion  est  ajournée. 

Le  président  donne  la  parole  à  M.  Varrestrapp  qui  lit  en  allemand 
son  rapport  dont  M.  Haltenhoff  donne  immédiatement  une  traduction 
résumée  et  que  M.  Mittendorf  met  en  français  pour  l'impression. 


LES  COLONIES  D'ÉCOLIERS  EN  VACANCES 

Par  H.  le  D*^  VABBBNTBAPP, 

Conseiller  sanitaire  à  Francfort. 


Messieurs, 

Si  je  me  suis  permis,  en  réponse  à  l'honorable  appel  de  votre  Comité, 
de  vous  exposer  les  résultats  obtenus  par  les  Colonies  d'écoliers  en 
vacances,  je  l'ai  fait  parce  que  le  sujet  est  neuf,  bien  que  cette  œuvre 
se  soit  répandue  très  rapidement  en  Allemagne  et  en  Suisse  ;  mais  elle 
est  presque  inconnue  ailleurs  et  les  résultats  de  cette  organisation  n'ont 
pas  encore  été  exposés.  C'est  ce  que  je  désire  faire  aujourd'hui. 

A  mesure  que  l'on  a  mieux  reconnu  l'importance  de  la  médecine  pré- 
ventive, l'attention  s'est  portée  sur  l'enfance  et  sur  les  moyens  à 
employer,  soit  pour  lui  conserver  la  santé  à  l'école  et  à  la  maison,  soit 
pour  s'opposer  aux  premiers  symptômes  de  troubles  ou  à  un  simple  arrêt 
dans  le  développement  normal.  Nous  ne  parlerons  maintenant  que  de  ce 
qui  a  été  imaginé  récemment  pour  favoriser  le  développement  physique 
des  enfants  pauvres  fréquentant  les  écoles.  C'est  en  première  ligne, 
l'envoi  de  ces  enfants,  pendant  les  vacances  d'été,  dans  un  air  pur, 
autant  que  possible  sur  quelque  montagne  ou  au  bord  de  la  mer,  avec 
emploi  des  bains  de  mer  ou  des  bains  salins,  lorsque  cela  est  indiqué. 
Dans  ce  but,  il  a  été  créé  depuis  un  assez  grand  nombre  d'années, 
d'abord  en  Angleterre,  des  hôpitaux  maritimes  au  profit  des  enfants 


LES  COLONIES  d'ÉCOUERS  EN  VACANCES.  161 

délicats  et  surtout  des  scrofuleux.  La  France  et  la  Belgique  ont  imité 
cet  exemple.  Dans  ces  derniers  temps,  c'est  l'Italie  qui  a  voué  les  plus 
grands  soins  à  cette  organisation,  car  elle  possède  presque  dans  chaque 
province  un  hôpital  maritime  disposé  pour  recevoir  plusieurs  centaines 
d'en&nts.  Ces  hôpitaux  sont  entretenus  principalement  par  les  contri- 
butions annuelles  des  communes.  L'Allemagne  commence  à  suivre  cet 
exemple,  surtout  grâce  aux  efiForts  du  professeur  Beneke,  et  l'organisa- 
tion d'hôpitaux  d'enfants  dans  les  localités  de  bains  salins  a  pris  récem- 
ment un  grand  essor  dans  ce  pays. 

D'autre  part,  on  a  vu  paraître  dans  ces  dernières  années  ce  qu'on 
a  appelé  des  Colonies  de  vacances  (Feriencolonien).  Elles  ont  pour  but 
de  placer  des  écoliers  pauvres  et  maladifs  des  villes  sous  la  suiveilhuice 
d'excellents  régents  et  régentes  pour  les  envoyer,  loin  de  leurs  demeu- 
res sombres  et  étroites,  respirer  sur  la  montagne  ou  au  bord  de  la  mer 
un  air  pur,  avec  les  avantages  combinés  d'une  nourriture  simple  mais 
abondante  et  d'exercices  corporels  journaliers. 

Des  enfants  sains  et  robustes,  vivant  du  reste  dans  des  conditions 
favorables,  sont  souvent  aflfaiblis  par  un  long  semestre  d'études.  Il  en 
est  de  même  de  personnes  fortes  de  santé  et  qui,  fatiguées  par  un  tra- 
vail intellectuel  prolongé,  sont  obligées  de  chercher  de  nouvelles  forces 
dans  un  changement  momentané  de  leur  genre  de  vie.  Le  succès  sera 
plus  grand  encore,  par  le  contraste,  chez  des  enfants  chétifis  de  la  classe 
pauvre,  qui  habitent  des  demeures  malsaines  et  qui  n'ont  souvent  qu'une 
nourriture  misérable  et  insuffisante. 

Ces  vues  théoriques  ont  été  confirmées  par  l'expérience.  Les  essais 
faits  pendant  plusieurs  années  dans  un  certain  nombre  de  villes  ont 
prouvé  qu'un  séjour  de  3  à  4  semaines,  dans  de  bonnes  conditions, 
exerce  sur  les  enfants  une  influence  non  seulement  passagère,  mais  véri- 
tablement durable.  C'est  ce  que  nous  allons  prouver  par  des  faits. 

Disons  d'abord  quelques  mots  de  V organisation  des  colonies.  C'est  un 
{sût  remarquable  qu'elle  se  trouve  être  la  même  au  nord  et  au  sud  de 
l'Allemagne,  dans  les  villes  industrielles  et  commerçantes  comme  dans 
les  autres,  et  cela  sur  les  points  suivants:  On  a  reconnu  que  l'âge  de  8 
à  14  ans  était  celui  dans  les  limites  duquel  il  convenait  de  se  renfermer; 
des  enfants  plus  jeunes  réclament  trop  de  soins  et  ne  peuvent  être  asso- 
ciés sans  inconvénient  à  d'autres  plus  âgés.  En  général  les  jeunes  filles 
paraissent  avoir  plus  besoin  d'un  séjour  fortifiant  que  les  garçons,  déjà 
par  cette  considération  que  pendant  leurs  heures  de  repos  quotidien  et 
pendant  leurs  vacances,  elles  sont  retenues  à  la  maison  par  divers  soins 
et  en  particulier  parla  surveillance  de  frères  ou  de  sœurs  plus  jeunes, 
taudis  que  les  garçons  s'ébattent  librement  sur  la  voie  publique. 

11 


162  SÉANCE   DU  MËKCRKDI   G  SEPTEMBRE. 

Quant  au  choix  des  rohns,  voici  comment  il  se  fait  :  On  s'adresse  aux 
autorités  scolaires  pour  obtenu'  par  le  moyeu  des  régents  et  régentes  la 
liste  des  enfants  auxquels  le  bienfait  d'un  séjour  de  montagne  paraît  le 
plus  nécessaire.  Ces  enfants  sont  soumis  à  une  inspection  médicale 
qui  a  pour  but  d'apprécier  l'état  général  de  la  santé,  en  observant  l'ap- 
parence extérieure,  Tétat  de  nutrition,  le  poids  et  la  grandeur  du  corps, 
le  développement  de  la  poitrine.  On  choisit  ensuite  définitivement  ceux 
qui  paraissent  le  plus  qualifiés  par  leur  état  maladif,  et  cela  dans  les  limi- 
tes tracées  par  les  ressources  financières  dont  on  dispose.  Dfaut  exclure 
les  enfants  positivement  malades  (les  scrofuleux  sont  réservés  pour  les 
bains  salins),  ceux  qui  souffrent  des  yeux  et  auxquels  le  grand  jour,  le 
vent  et  la  poussière  seraient  nuisibles,  ceux  qui  mouillent  leur  lit,  les 
épileptiques,  les  choréiques,  etc. 

Les  enfants  admis  sont  divisés  on  colonies  de  10,  12,  15  et  au  maxi- 
mum de  20  sujets  qui  sont  placés  sous  le  direction  d'un  régent  ou  d  une 
régente.  Il  est  préférable,  lorsque  cela  se  peut,  de  réunir  en  une  même 
colonie  les  enfants  d'une  même  école  avec  leur  régent.  Ce  dernier  voit 
sa  tâche  faciUtée  lorsqu'il  connaît  déjà  ses  élèves.  Il  est  souvent  avan- 
tageux de  grouper  des  enfants  d'âges  différents,  surtout  les  jeunes  filles 
qui  peuvent  se  rendre  des  services  mutuels. 

En  ce  qui  concerne  le  choix  et  la  position  du  surveillant,  on  n'e^tpas 
arrivé  à  un  mode  d'agir  très  général.  ïlvidemment,  le  régent  doit  être 
un  homme  fort  et  plein  d'entrain,  affectionné  aux  enfants  et  à  l'œuvre 
spéciale  qui  lui  est  confiée.  Quelques  Comités  lui  ont  adjoint  sa  femme 
pour  donner  aux  colons  le  sentiment  de  la  vie  de  famille.  Dans  le  cas  de 
colonies  nombreuses  de  20  à  40  élèves,  on  a  parfois  associé  deux  régents 
pour  rendre  la  tâche  plus  facile,  tandis  qu'ailleurs  on  estimait  qu'un 
seul  régent  serait  i)lus  actif  dans  sa  surveillance,  deux  maîtres  risquant 
de  se  laisser  distraii-e,  à  la  promenade  surtout,  par  le  charme  de  la  con- 
versation. Sur  ce  point,  les  expériences  ne  sont  pas  encore  assez  con- 
cluantes. A  Francfort,  on  ne  place  qu'un  maître  à  la  tête  de  chaque 
colonie,  mais  on  lui  laisse  l'entière  et  constante  responsabilité  de  son 
groupe. 

L'équipement  des  enfants  mérite  l'attention.  Il  faut  qu'ils  emportent 
un  costume  complet  à  côté  de  celui  qu'ils  ont  sur  eux.  Les  souliers  sur- 
tout doivent  être  forts  et  en  bon  état.  Si  le  Comité  prête  son  concours 
financier  pour  le  trousseau,  il  ne  doit  le  faire  qu'avec  prudence  pour 
éviter  que  les  parents  ne  cherchent  à  envoyer  leurs  enfants  à  la  monta- 
gne dans  le  but  unique  de  les  faire  habiller  gratuitement. 

Le  séjour  h  la  montagne  doit  être  un  vrai  temps  de  vacances  où  rien 
ne  rappelle  l'école  et  les  études.  Il  faut  avoir  en  vue  le  développement 


LES  COLONIES  d'ÉCOLIERS   EN  VACANCES.  163 

physique  des  enfants  et  pour  cela  les  faire  vivre  le  plus  possible  en  plein 
air,  les  habituer  aux  ablutions  froides  et  aux  bains  de  rivière,  les  occuper 
à  la  marche,  à  la  gymnastique  et  à  divers  jeux,  selon  les  facultés  de  cha- 
cun. Les  jours  de  pluie  donneront  du  temps  pour  la  lecture,  léchant,  la 
correspondance  avec  les  parents,  l'arrangement  des  plantes  et  des  ani- 
maux recueillis  pour  former  des  collections.  L'enfant  qui  sort  des  mes 
bruyantes  d'une  ville  sait  bien  peu  de  chose  des  beautés  de  la  création, 
des  charmes  de  la  rase  campagne,  des  splendeurs  d'une  belle  matinée 
ou  d'un  magnifique  coucher  de  soleil,  de  la  variété  et  de  l'utilité  des 
animaux  et  des  plantes.  Le  maître  devra  se  servir  des  facultés  d'obser- 
tiou  et  de  jugement  de  ses  élèves  pour  ouvrir  à  leurs  sens  ce  monde 
nouveau  pour  eux,  et,  pour  étendre,  tout  en  fortifiant  leur  corps,  leur 
horizon  intellectuel  bien  autrement  qu'on  ne  pourrait  le  faire  dans  la 
salle  d'école.  D'autre  part,  les  occasions  ne  manqueront  pas  pour  don- 
ner à  l'enfant  des  habitudes  d'obéissance,  de  support  à  l'égard  de  ses 
camarades,  de  politesse  avec  chacun,  de  bonne  tenue  à  table  et  à  la  pro- 
menade, d'ordre  et  de  propreté  dans  sa  chambre  et  dans  ses  vêtements. 
Il  faut  vraiment  féliciter  le  maître  d'avoir  un  si  beau  champ  à  cultiver 
et  cela  dans  de  si  bonnes  conditions  de  succès. 

Le  choix  du  lieu  de  séjour  doit  être  fait  avec  soin.  Il  ne  faut  pas  qu'il 
soit  trop  près  de  la  ville,  car  les  visites  des  parents  seraient  trop  fré- 
quentes, ni  trop  loin  à  cause  des  frais  de  transport.  L'endroit  ne  doit 
pas  être  visité  d'ordinaire  ou  habité  par  les  touristes  et  le^  étrangers  et 
autant  que  possible  il  doit  être  à  proximité  des  forêts.  Il  doit  offrir  de  la 
sécurité  au  point  de  vue  des  accidents  et  une  bonne  nourriture,  en  par- 
ticulier de  la  viande  fraîche  et  du  lait  pur.  La  maison  d'habitation  sera 
dans  une  position  salubre  avec  des  chambres  claires,  grandes  et  gaies. 
On  veillera  à  ce  que  les  chambres  k  coucher  ou  dortoirs  aient  en  mini- 
mum une  capacité  de  10  mètres  cubes  par  enfant.  Il  est  bon  que  le  maî- 
tre aît  une  chambre  indépendante  d'où  il  puisse  surveiller  les  enfants 
pendant  la  nuit  et  il  est  nécessaire  de  s'assurer  d'une  grande  salle  pour 
réunir  les  enfants  en  cas  de  mauvais  temps.  On  poun'a  obtenir  à  cet  effet 
une  salle  à  l'école  dans  la  maison  conmmnale,  ou  dans  une  auberge,  à 
défaut  des  autres.  Le  Comité  de  Francfort  a  facilement  trouvé  ce  qu'il 
désirait  sous  ce  rapport. 

Les  enfants  doivent  recevoir  de  la  viande  fraîche  au  moins  5  à  6  fois 
par  semaine.  Le  matin  et  le  soir,  on  leur  donnera  du  lait  et  du  pain  ;  à 
10  heures  et  à  4  heures  encore  du  pain.  Dans  certains  cas  le  café  sera 
préféré  pour  le  déjeuner  et  pour  le  repas  du  soir,  la  soupe,  la  salade,  etc. 
A  dîner,  il  doit  y  avoir  très  souvent  du  légume.  Il  est  utile  de  fixer 
d'avance  et  par  écrit  les  conditions  alimentaires,  et  le  Comité  de  Franc- 


164  aÉAKCE  DU  MEBCREDI  6  SEPTEMBRE. 

fort  a  vu  avec  plaisir  adopter  ailleurs  les  modèles  de  convention  dont  il 
se  sert  lui-même,  soit  avec  les  mattres  de  pension,  soit  avec  les  régents 
qu'il  choisit,  ainsi  que  les  formulaires  d'inscription  dont  les  diverses 
rubriques  doivent  être  remplies  lors  de  Tinscription  des  enfants  ou  à  la 
visite  médicale. 

A  côté  des  colonies  proprement  dites,  telles  que  nous  venons  de  les 
décrire,  on  a  fait  d'autres  essais,  notamment  en  Danemark.  Depuis  une 
dizaine  d'années,  on  a  placé  un  nombre  toujours  croissant  d'enfants  des 
écoles  danoises  chez  d'honnêtes  petits  cultivateurs.  Le  plus  souvent  on 
n'en  recevait  sous  chaque  toit  que  2  ou  8,  qui  étaient  accueillis  comme 
(les  membres  de  la  famille  et  associés  aux  petits  travaux  de  la  maison  ou 
des  champs.  Ordinairement  on  payait  une  petite  indemnité  de  pension, 
mais  plusieurs  étaient  reçus  gratuitement  chez  des  propriétaires  aisés  ou 
riches.  Les  chemins  de  fer  et  les  bateaux  transportaient  les  enfants  gra- 
tis et  les  journaux  ouvraient  libéralement  leurs  colonnes  à  toutes  les 
communications  relatives  à  cette  œuvre,  de  telle  sorte  que  les  frais 
étaient  presque  nuls.  On  peut  même  dire  qu'elle  est  devenue  dans  ce  pays 
un  intérêt  national,  car,  dans  ces  dernières  années,  environ  7000  enfants 
ont  été  placés  annuellement  à  la  campagne  pendant  quelques  semaines. 

En  Allemagne,  c'est  Haml)Ourg,  et  tout  particulièrement  «l'Associa- 
tion bienfaisante  des  écoles,  »  qui  a  suivi  cette  voie.  Eu  1876,  elle  chercha 
à  placer  gratuitement  des  écoliers  maladifs  pendant  quelques  semaines 
chez  quelques  paysans  honnêtes  et  bien  disposés. 

De  1876à  1881  l'essai  fut  fait  successivement  avec  7, 11 ,  12, 19, 14  et  11 
enfants  ;  mais  pour  donner  plus  d'extension  à  l'œuvre,  on  fit  également 
un  appel  public  en  offrant  une  modeste  indemnité,  telle  que  10  à  15 
marcs  pour  un  séjour  de  2  à  3  semaines.  Des  ecclésiastiques,  des  insti- 
tuteurs ou  d'autres  personnes  qualifiées  eurent  l'obligeance  de  donner 
des  conseils  sur  le  choix  des  localités  et  des  familles,  et  se  chargèrent 
de  la  surveillance  fréquente  des  colonies.  On  cherchait  autant  que  pos- 
sible 10  à  25  familles,  capables  de  recevoh*  chacune  deux  ou  trois  enfants 
dans  la  même  localité,  de  manière  à  faciliter  la  tâche  des  inspecteurs 
volontaires.  Plus  de  700  enfants  ont  été,  suivant  ce  mode,  placés  à  la 
campagne  pendant  les  6  dernières  années. 

Brème  a  suivi  l'exemple  de  Hambourg,  surtout  par  les  soins  de  M. 
Reddersen,  maître  d'école  réale. 

A  Berne  (Suisse),  on  a  organisé  les  colonies  un  peu  différemment.  Les 
enfants  ont  été  réunis  en  groupes  de  40  environ  et  logés  dans  des  mai- 
sons louées  pour  cet  usage.  A  leur  tête,  ou  a  placé  un  régent  et  sa 
fenmie,  comme  directeurs,  avec  charge  de  s'occuper  du  matériel,  de 
réunir  les  objets  de  literie,  la  batterie  de  cuisine  et  les  denrées  alimen- 


LES  COLONIES  d'ÉCOLIERS  EX  VACANCES.  165 

taires.  Un  autre  régent  comme  aide  (une  régente  pour  les  colonies  de 
jeunes  filles),  et  une  cuisinière  complétaient  le  personnel.Les  repas  étaient 
ainsi  ordonnés  :  matin  et  soir,  pain  et  lait.  A  midi,  4  fois  par  semaine  de 
la  viande  avec  un  ou  deux  légumes  ;  deux  fois  par  semaine,  du  riz  aux 
œufs  avec  des  fruits  secs.  Tous  les  jours  une  soupe  au  bouillon  ou  à  la 
farine.  Du  pain  à  discrétion.  Les  cuisinières  seules  étaient  payées.  Eu 
1880,  on  forma  ainsi  une  colonie  de  52  jeunes  filles  et  une  autre  de  45 
garçons,  avec  3  jeunes  filles  pour  aider  à  la  cuisine  et  aux  ouvrages 
d'aiguille.  En  1881,  la  première  colonie  compta  50  garçons;  la  deuxième 
48  jeunes  filles  ;  la  troisième  32  jeunes  filles  de  6  à  15  ans  et  16  garçons 
de  6  à  9  ans.  Des  voitures  en  nombre  suffisant  furent  offertes  gratuite- 
ment pour  le  transport  des  colons. 

Barmen  a  imaginé  encore  autre  chose.  Les  enfants  maladifs  qui  ne 
pouvaient  être  envoyés,  ni  aux  bains  salins,  ni  à  la  campagne,  étaient 
reçus  dans  im  vaste  local  (salle  d'école  ou  de  gymnastique)  ;  on  leur 
donnait,  matin  et  soir,  du  pain  et  du  lait  en  abondance  ;  à  midi,  ils 
dînaient  chez  leurs  parents  et  l'intervalle  des  repas  était  consacré  à  de 
longues  promenades  sous  la  direction  de  régents.  Barmen  projette  en 
outre  de  fonder  un  hôpital  pour  enfants  scrofuleux  aux  bains  deKônigs- 
bom. 

Elberjeld  a  organisé  de  même  une  cure  de  lait  pour  130  enfants 
en  1881  et  pour  220, en  ISS2. DusseldorfWhiten  1881  pour  20  enfants 
et  leur  a  donné  aussi  le  dîner. 

La  première  colonie  d'écoliers  en  vacances  fut  formée,  en  1876,  par 
M.  le  pasteur  Bion  de  Zurich.  En  Allemagne,  c'est  Francfort  qui 
commença  l'œuvre  et  qui  la  fit  promptemcnt  connaître  par  ses  rapports 
annuels.  Elle  se  répandit  dans  un  grand  nombre  de  villes  :  en  1879  à 
Dresde,  Stuttgart  et  Vienne;  en  1880,  à  Barmen,  Berlin,  Cologne, 
Leipzig;  en  1881,  à  Breslau,  Chemnitz,  Dusseldorf,  Elberfeld, Hanovre, 
Carlsruhe,  Kônigsberg,  Lubeck,  Magdebourg  et  Nuremberg.  (En  1881, 
la  même  œuvre  fut  fondée  à  Milan.) 

Déjà  en  1876,  7  enfants  pauvres  furent  reçus  gratuitement  chez  des 
paysans  des  environs  de  Hamhourg;  à  côté  de  ces  pensionnaires  à  titre 
gratuit,  il  a  été  envoyé  ces  dernières  années  à  la  campagne  un  bien  plus 
grand  nombre  d'enfants,  pour  lesquels  on  a  payé  une  légère  indemnité 
de  pension.  Brème  sl  aussi  imité  cet  exemple  en  1880. 

Eu  Suisse,  l'œuvre  a  été  fondée  en  1878  à  Bâle  ;  en  1879  à  Berne  et 
à  Oenève  :  en  1880  à  NeuchâteL 

Hambourg  a,  comme  Zurich  à  l'origine,  placé  les  enfants  pendant 
14  jours,  mais  dans  la  suite,  comme  à  Zurich  aussi,  la  durée  du  séjour  a 
été  portée  à  3  semaines.  Il  en  a  été  de  même  à  Dresde,  Leipzig,  Magde- 


166  SÉANCE  DU  MERCBEDI   6  8EPTRMBRE. 

bourg  et  Nuremberg.  Les  autres  villes  ont  adopté  une  durée  de  23  à  29 
jours  (v.  tableau  n*  1 .) 

Les  dépenses  ont  beaucoup  varié  suivant  les  villes.  Pour  les  16  villes 
allemandes  qui  ont  organisé  de  vraies  colonies,  la  dépense  par  jour  et 
par  enfant  (tous  frais  compris)  a  été  de  1  marc  30  à  2  marcs  90,  soit  uiie 
moyenne  de  2  marcs  environ.  Cette  moyenne  doit  tendre  sans  doute  à 
diminuer,  car  la  rubrique  des  frais  d'installation,  d'achat  de  matériel; 
disparaîtra  complètement  ou  peu  s'en  faut.  A  Hambourg,  la  dépense 
est  restée  dans  les  limites  de  0,30  à  1  marc  03  ;  à  Barmen,  elle  a  été  de 
80  pf.  environ  ;  à  Zurich,  de  1  fr.  71  à  2  fr.  54  ;  à  Bâle,  de  2  fr.  30;  à 
Berne,  de  1  fr.  10  à  1  fr.  30  ;  à  Genève,  de  1  fr.  95  à  2  fr.  55  ;  à  Milau, 
de  2  fr.  28.  Les  frais  sont  notablement  accrus  par  les  honoraires  accordés 
aux  surveillants  des  colonies.  On  leur  a  donné  à  Cologne  et  Francfort, 
120  marcs  ;  à  Brunswick  et  Nuremberg,  100  marcs  ;  à  Magdebourg,  90; 
à  Berlin,  81  (3  marcs  par  jour);  à  Dusseldorf,  Hanovre,  Carlsruhe  et 
Leipzig,  75;  à  Dresde,  63  (3  marcs  par  jour)  ;  ailleurs  de  60  à  50.  (V.  le 
tableau  n**  3.) 

En  Suisse,  sauf  à  Genève,  les  régents  n'ont  pas  reçu  d'honoraires. 

La  pension  payée  pour  les  enfants  varie  entre  1  marc  et  1  marc  20. 

Nous  possédons  plus  ou  moins  complètement  les  rapports  de  22  villes 
allemandes  qui  représentent  une  activité  de  40  années  dans  leur  ensem- 
ble. En  voici  le  tableau  auquel  nous  ajoutons  cinq  villes  suisses  et  une 
itaUenne. 


Tfttal 

fiifiito 

Sae 

YUles 

hrée 

dfs  aniofs 

plar/s 

Car^ns 

Filks 

noB  ioii^ié 

fi  allemandes. 

1-6  ans 

W) 

4144 

19?1 

2074 

149 

5  suisses.  .  . 

i-6ans 

16 

1780 

802 

958 

20 

ï  italienne.  . 

1  an 

1 

60 

60 

28 

37 

3984 

2783 

3032 

i69 

Des  observations  faites  sur  environ  6000  enfants,  surtout  lorsqu'elles 
ont  été  obtenues  par  la  même  méthode  et  qu'elles  concordent  en  divers 
lieux,  nous  permettent  de  porter  un  jugement  valable  sur  le  succès  de 
V entreprise.  Le  but  poursuivi  était,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  de  forti- 
fier des  enfants  faibles  et  maladifis,  par  un  séjour  dans  un  air  pur,  avec 
exercice  corporel  et  nourriture  abondante  et  saine.  L'expérience  a 
prouvé  que  ce  but  avait  été  atteint.  Dans  toutes  les  colonies,  le  sommeil 
et  l'appétit  des  enfants  ont  été  excellents  ;  à  la  fin  du  séjour  on  a  pu 
constater  leur  bonne  mine  et  l'accroissement  de  leurs  forces  ;  tels  qui 
étaient,  après  leur  arrivée,  fatigués  par  une  marche  d'une  heure  ou  d'une 


LES  COLONIES   d'ÉCOUERS  EN  VACANCES.  107 

durée  moindre  encore,  sont  devenus  plus  ou  moins  rapidement  capables 
de  faire  des  promenades  de  plusieurs  heures. 

Pour  apprécier  cette  amélioration  de  l'état  physique,  on  a  eu  l'idée, 
à  Francfort  en  premier  lieu,  de  peser  les  enfants  au  début  et  à  la  fin  du 
séjour,  et  de  comparer  le  résultat  de  ces  pesées  avec  l'augmentation 
normale  d'un  enfant  soumis  aux  conditions  régulières  de  la  vie  ;  on  les 
a  classés  pour  cela  suivant  l'âge  et  le  sexe.  On  a  ainsi  constaté  ce  fait 
réjouissant  qu'ils  avaient  pour  le  grand  nombre  dépassé  de  4  à  8  fois 
l'augmentation  normale.  Cette  expérience  a  d'autant  plus  de  valeur  que 
presque  toutes  les  colonies  ont  suivi  la  méthode  indiquée  par  Francfort 
et  ont  fourni  des  résultats  analogues. 

On  s'est  demandé  si  cette  augmentation  de  poids  représentait  un 
accroissement  durable  de  force,  ou  si  elle  n'était  que  le  produit  d'une 
accumulation  de  matière,  sans  grande  valeur  et  sans  durée.  Pour  nous 
en  rendre  compte,  nous  avons  fait  quatre  semaines  après  le  retour  une 
troisième  pesée,  puis  une  quatrième  après  quatre  nouvelles  semaines.  A 
notre  grande  satisfaction,  d'autres  colonies  imitèrent  cette  épreuve  et 
Bre^lau  la  répéta  même  après  six  mois.  Le  résultat  de  ces  observations 
fut  celui-ci  :  pendant  lès  4  premières  semaines  après  le  retour,  l'augmen- 
tation de  poids  fut  faible  et  se  changea  même  quelquefois  en  une  petite 
diminution  ;  mais  au  bout  de  la  deuxième  période  de  4  semaines,  on  put 
de  nouveau  constater  chez  presque  tous  les  enfants  une  notable  et  rapide 
augmentation. 

En  prenant  la  moyenne  de  chaque  colonie,  on  trouve  que  l'accroisse- 
ment de  poids  a  été  de  2  kil.  12  à  Dusseldorf  ;  de  2  kil.  25  à  Barmen;  de 
4  kil.  69  à  Cologne.  Dans  les  autres  colonies,  le  minimum  observé  a  été 
1  fois  de  62  gr.;  1  fois  de  79  gr.;  3  fois  de  93  à  98  gr.;  42  fois  la  moyemie 
oscilla  entre  1  et  2  kil.  Dans  l'ensemble  elle  est  de  1  kil.  32  pour  les 
garçons,  de  1  kil.  48  pour  les  jeunes  filles.  (Si  l'on  ajoute  Cologne,  ces 
chifi&'es  se  changent  en  1  kil.  44  et  1  kil.  63.  Nous  n'avons  encore  pu 
comprendre  la  cause  de  la  supériorité  considérable  de  poids  dans  les 
trois  colonies  rhénanes.  (V.  le  tableau  n"*  2.) 

L'augmentation  de  poids  a  été  un  peu  plus  faible  dans  les  colonies 
suisses,  parce  que  le  séjour  y  a  été  moins  long  qu'en  Allemagne. 

Dans  plusieurs  colonies  allemandes  on  a  fait  tardivement  quelques 
observations  sur  la  croissance  de  la  taiUe  des  enfants  ;  on  a  à  peine 
trouvé  une  augmentation  de  deux  centimètres  pendant  les  trois  mois. 
Du  reste  les  observations  n'ont  été  jusqu'ici  ni  assez  précises,  ni  eu 
nombre  suffisant.  Quelques  colonies  ont  voulu  étudier  aussi  le  dévelop- 
pement de  la  poitrine  et  la  capacité  puhnonaire,  mais  on  peut  se 
demander  s'il  n'est  pas  bien  difficile  d'arriver  à  des  résultats  un  peu 


168  SKAKCE   DU  MERCRKDI  6  SEPTEMBRE. 

prjcis  et  qui  répondent  à  la  peine  que  Ton  se  donne  pour  y  arriver. 
Milan  a  essayé  récemment  de  constater  l'accroissement  de  force  rousca- 
laire. 

Il  faut  mentionner,  outre  les  expériences  déjà  décrites,  un  autre  fait 
que  les  colonies  de  vacances  nous  ont  révélé,  c'est  que  les  enfants  qui 
craignent  l'eau  et  surtout  l'eau  froide  arrivent  promptementàaimer  les 
ablutions  et  les  bains  froids.  Cela  leur  donne  le  goût  de  la  propreté 
corporelle  et  même  celui  de  Tordre  en  général.  De  plus,  grâce  à  la  sur- 
veillance constante  de  régents  et  de  régentes  bien  qualifiés  pour  leur 
tâche,  les  allures  et  la  conduite  générale  des  enfants  se  transformât, 
ils  gagnent  eu  politesse,  en  support  mutuel  et  ils  s'attachent  d'une 
manière  plus  intime  à  leurs  maîtres.  A  leur  retour  à  l'école,  on  recon- 
nait  bien  souvent  qu'ils  se  comportent  mieux  et  qu'ils  montrent  un  plus 
grand  intérêt  pour  l'étude. 

Les  expériences  multiples  qui  ont  été  faites  permettent  donc  d'établir 
que  les  colonies  de  vacances  ont  répondu  complètement  aux  espérances 
qu'elles  avaient  fait  naître,  tant  au  point  de  vue  physique  qu'au  point 
de  vue  édiœatifou  moral.  Cela  ne  doit  pas  nous  empêcher  de  poursuivre 
l'amélioration  de  l'œuvre  dans  ses  détails.  L'intérêt  général  qu'elle  a 
excité  a  provoqué  des  tentatives  analogues  et  dignes  d'être  appréciées. 
Toutefois  il  faut  savoir  mettre  chaque  chose  à  sa  place  et  ne  pas  établir 
des  comparaisons  entre  des  moyens  divers  qui  ne  s'excluent  pas,  mais 
qui  demandent  à  être  employés  à  propos.  Les  bains  de  mer  ou  les  bains 
salins  sont  d'une  efficacité  incontestable  pour  les  scrofules  et  quelques 
autres  maladies,  mais  on  ne  saurait  les  appliquer  aux  colonies  dans  leur 
ensemble  ;  de  tels  bains  ne  sont  souvent  ni  nécessaires,  ni  opportuns. 

Quelques  personnes  recherchent  plus  encore  dans  ces  colonies  les 
avantages  de  l'éducation  morale  que  les  avantages  purement  hygiéni- 
ques. Nous  ne  nions  pas  la  grande  valeur  de  l'influence  morale,  mais  s'il 
s'agissait  avant  tout  de  réformer  des  caractères  et  de  fa-re  œuvre 
morale,  on  peut  se  demander  si  la  forme  donnée  à  l'entreprise  ne  devrait 
pas  être  modifiée.  Le  but  essentiel  de  l'institution  telle  qu'elle  a  été 
conçue  à  l'origine,  à  Francfort  et  à  Zurich,  soit  par  des  médecins,  soit 
par  des  ecclésiastiques,  a  été  de  fortifier  la  santé  physique  ;  mais  les 
soins  moraux  n'en  sont  pas  pour  cela  négligés,  comme  nous  l'avons 
rappelé  dans  tous  les  rapports  du  Comité  de  Francfort. 

Il  nous  a  été  fait  une  opposition  sans  motifs  suffisants  par  ceux  qui 
préféreraient  placer  le^  enfants  séparément  dans  des  familles  à  la  cam- 
pagne. Il  est  évident  qu'il  n'y  a  rien  à  redire  à  ce  mode  lorsqu'on  trouve 
des  familles  de  petits  ou  grands  propriétaires  à  peu  de  distance  de  la 
ville,  avec  les  garanties  d'une  sui'veillance  suffisante.  On  fera  bien  de 


LES  COLONIES  d'ÉCOLIERS  EX  VACAKCES.  1B9 

persévérer  dans  ce  système  et  même  de  le  développer  en  l'améliorant. 
Mais  il  ne  faut  pas  prétendre  qu'il  soit  le  meilleur  et  le  seul  bon.  En  tous 
cas,  cette  méthode  mérite  la  plus  grande  attention,  ne  fût-ce  que  poui* 
ce  motif  qu'elle  entraîne  des  dépenses  moindres  de  moitié,  ce  qui  per- 
mettra de  procurer  un  séjour  bienfaisant  à  un  nombre  double  d'enfants. 
Que  l'on  ne  perde  pas  de  vue  cette  question  et  que  l'on  se  donne  partout 
la  peine  de  chercher  un  nombre  suffisant  de  familles  de  paysans  quali- 
fiées pour  cela,  et  auxquelles  on  remettrait  en  toute  confiance  deux  ou 
trois  enfants  pendant  quelques  semaines.  Là  ob  il  y  a  un  grand  nombre 
de  petits  et  grands  propriétaires  ruraux,  on  pourrait  encore  trouver 
facilement  les  familles  désirées  ;  mais  dans  le  voisinage  des  villes,  lorsque 
les  localités  rurales  sont  habitées  par  des  ouvriers  qui  viennent  chaque 
jour  pour  gagner  leur  pain  en  ville,  les  circonstances  ne  sont  pas  favo- 
rables. 

Deux  erreurs  capitales  sont  à  signaler  chez  ceux  qui  manifestent  une 
préférence  exagérée  pour  le  système  dont  nous  venons  de  parler.  Ils 
paraissent  croire  :  !•  que  toutes  les  familles  citadines  qui  confient  leurs 
enfants  aux  colonies  de  vacances  offrent  un  intérieur  mal  ordonné  et 
insupportable  ;  2*  que  les  familles  des  villageois  présentent  par  cela 
même  le  tableau  idéal  de  la  vie  simple,  convenable,  laborieuse  et  sobre. 
Or,  les  exceptions  ne  manquent  pas  dans  les  deux  sens.  D'un  autre  côté, 
on  ne  saurait  estimer  trop  haut  l'influence  bénie  d'un  instituteur  intelli- 
gent. En  quatre  semaines,  surtout  si  la  colonie  n'est  pas  trop  nombreuse, 
il  pourra  obtenir  des  résultats  pédagogiques  bien  plus  considérables 
qu'une  famille  de  paysans,  qui  ne  pourra  jamais  vouer  à  l'enfant  pen- 
«ionnaire  qu'im  temps  et  une  attention  limités.  En  outre,  le  contact  de 
camarades  bien  surveillés  et  bien  dirigés  constitue  un  excellent  moyen 
d'éducation. 

Ces  questions,  d'ailleurs,  se  trouvent  déjà  discutées  à  fond  dans  les 
procès-verbaux  de  la  conférence  des  colonies  de  vacances,  tenue  à  Berlin 
en  novembre  1881,  et  dans  le  rapport  de  «  l'Association  bienfaisante  des 
Écoles  de  Hambourg,  »  pour  1881.  Ce  qui  a  été  dit  de  mieux  sur  le 
système  familial  se  trouve  dans  divers  mémoires  de  M.  Reddersen. 

L'exemple  de  Berne  mérite  certainement  une  attention  particulière  ; 
on  s'y  est  efforcé  de  réunir  les  avantages  de  la  surveillance  directe  des 
enfants  par  d'excellents  maîtres  avec  les  conditions  de  pension  les  plus 
économiques.  Les  détails  donnés  ci-dessus  d'après  le  deuxième  et  le 
troisième  rapport  bernois,  paraissent  favorables  à  cette  expérience. 
Mais  on  peut  se  demander  si  l'on  pourrait  trouver  ailleurs  des  locaux 
appropriés,  des  instituteurs  qualifiés  pour  la  direction  matérielle,  et  le 
même  concours  empressé  qui  a  procuré  des  voitures  gratuites  pour  le 


168  8KAKCK   DU  MEBCRKDI  6  SEPTEMBRE. 

pricis  et  qui  répondent  à  la  peine  que  Ton  se  donne  pour  y  arriver. 
Milan  a  essayé  récemment  de  constater  l'accroissement  de  force  muscu- 
laire. 

Il  faut  mentionner,  outre  les  expériences  déjà  décrites,  un  autre  fait 
que  les  colonies  de  vacances  nous  ont  révélé,  c'est  que  les  enfants  qui 
craignent  l'eau  et  surtout  l'eau  froide  arrivent  promptement  à  aimer  les 
ablutions  et  les  bains  froids.  Cela  leur  donne  le  goût  de  la  propreté 
corporelle  et  même  celui  de  Tordre  en  général.  De  plus,  grâce  à  la  sur- 
veillance constante  de  régents  et  de  régentes  bien  qualifiés  pour  leur 
tâche,  les  allures  et  la  conduite  générale  des  enfants  se  transforment, 
ils  gagnent  en  politesse,  en  support  mutuel  et  ils  s'attachent  d'une 
manière  plus  intime  à  leurs  maîtres.  A  leur  retour  à  l'école,  on  recon- 
naît bien  souvent  qu'ils  se  comportent  mieux  et  qu'ils  montrent  un  plus 
grand  intérêt  pour  l'étude. 

Les  expériences  multiples  qui  ont  été  faites  permettent  donc  d'établir 
que  les  colonies  de  vacances  ont  répondu  complètement  aux  espérances 
qu'elles  avaient  fait  naître,  tant  au  point  de  vue  physique  qu'au  point 
de  vue  éducatif  ou  maral.  Cela  ne  doit  pas  nous  empêcher  de  poursuivre 
l'amélioration  de  l'œuvre  dans  ses  détails.  L'intérêt  général  qu'elles 
excité  a  provoqué  des  tentatives  analogues  et  dignes  d'être  appréciées. 
Toutefois  il  faut  savoir  mettre  chaque  chose  à  sa  place  et  ne  pas  établir 
des  comparaisons  entre  des  moyens  divers  qui  ne  s'excluent  pas,  mais 
qui  demandent  à  être  employés  à  propos.  Les  bains  de  mer  ou  les  bains 
salins  sont  d'une  efficacité  incontestable  pour  les  scrofules  et  quelques 
autres  maladies,  mais  on  ne  saurait  les  appliquer  aux  colonies  dans  leur 
ensemble  ;  de  tels  bains  ne  sont  souvent  ni  nécessaires,  ni  opportuns. 

Quelques  personnes  recherchent  plus  encore  dans  ces  colonies  les 
avantages  de  l'éducation  morale  que  les  avantages  purement  hygiéni- 
ques. Nous  ne  nions  pas  la  grande  valeur  de  l'influence  morale,  mais  s'il 
s'agissait  avant  tout  de  nSfonner  des  caractères  et  de  fa-re  œuvre 
morale,  on  peut  se  demander  si  la  forme  donnée  à  l'entreprise  ne  devrait 
pas  être  modifiée.  Le  but  essentiel  de  l'institution  telle  qu'elle  a  été 
conçue  à  l'origine,  à  Francfort  et  à  Zurich,  soit  par  des  médecins,  soit 
par  des  ecclésiastiques,  a  été  de  fortifier  la  santé  physique  ;  mais  les 
soins  moraux  n'en  sont  pas  pour  cela  négligés,  comme  nous  l'avons 
rappelé  dans  tous  les  rapports  du  Comité  de  Francfort. 

Il  nous  a  été  fait  une  opposition  sans  motifs  suffisants  par  ceux  qui 
préféreraient  placer  les  enfants  séparément  dans  des  familles  à  la  cam- 
pagne. Il  est  évident  qu'il  n'y  a  rien  à  redire  à  ce  mode  lorsqu'on  trouve 
des  familles  de  petits  ou  grands  propriétaires  à  peu  de  distance  de  la 
ville,  avec  les  garanties  d'une  sui'veillance  suffisante.  On  fera  bien  de 


LES  COLONIES  d'eCOLIERS  EX  VACAKCES.  1B9 

lersévérer  dans  ce  système  et  même  de  le  développer  en  Taméliorant. 
lais  il  ne  faut  pas  prétendre  qu'il  soit  le  meilleur  et  le  seul  bon.  En  tous 
as,  cette  méthode  mérite  la  plus  grande  attention,  ne  fût-ce  que  pour 
e  motif  qu'elle  entraîne  des  dépenses  moindres  de  moitié,  ce  qui  per- 
lettra  de  procurer  un  séjour  bienfaisant  à  un  nombre  double  d'enfants. 
Jue  l'on  ne  perde  pas  de  vue  cette  question  et  que  l'on  se  donne  partout 
%  peine  de  chercher  un  nombre  suffisant  de  familles  de  paysans  quali- 
lées  pour  cela,  et  auxquelles  on  remettrait  en  toute  confiance  deux  ou 
rois  enfants  pendant  quelques  semaines.  Là  où  il  y  a  un  grand  nombre 
le  petits  et  grands  propriétaires  iniraux,  on  pourrait  encore  trouver 
Rcilement  les  familles  désirées  ;  mais  dans  le  voisinage  des  villes,  lorsque 
es  localités  rurales  sont  habitées  par  des  ouvriers  qui  viennent  chaque 
our  pour  gagner  leur  pain  en  ville,  les  circonstances  ne  sont  pas  favo- 
*ables. 

Deux  erreurs  capitales  sont  à  signaler  chez  ceux  qui  manifestent  une 
préférence  exagérée  pour  le  système  dont  nous  venons  de  parler.  Ils 
paraissent  croire  :  !•  que  toutes  les  familles  citadines  qui  confient  leurs 
snfants  aux  colonies  de  vacances  offrent  un  intérieur  mal  ordonné  et 
insupportable  ;  2**  que  les  familles  des  villageois  présentent  par  cela 
même  le  tableau  idéal  de  la  vie  simple,  convenable,  laborieuse  et  sobre. 
Or,  les  exceptions  ne  manquent  pas  dans  les  deux  sens.  D'un  autre  côté, 
on  ne  saurait  estimer  trop  haut  l'influence  bénie  d'un  instituteur  intelli- 
gent. En  quatre  semaines,  surtout  si  la  colonie  n'est  pas  trop  nombreuse, 
il  pourra  obtenir  des  résultats  pédagogiques  bien  plus  considérables 
qu'une  famille  de  paysans,  qui  ne  pourra  jamais  vouer  à  l'enfant  pen- 
sionnaire qu'un  temps  et  une  attention  limités.  En  outre,  le  contact  de 
camarades  bien  surveillés  et  bien  dirigés  constitue  un  excellent  moyen 
d'éducation. 

Ces  questions,  d'ailleurs,  se  trouvent  déjà  discutées  à  fond  dans  les 

procès-verbaux  de  la  conférence  des  colonies  de  vacances,  tenue  à  Berlin 

en  novembre  1881,  et  dans  le  rapport  de  «  l'Association  bienfaisante  des 

Écoles  de  Hambourg,  y>  pour  1881.  Ce  qui  a  été  dit  de  mieux  sur  le 

système  familial  se  trouve  dans  divers  mémoires  de  M.  Reddersen. 

L'exemple  de  Berne  mérite  certainement  une  attention  particulière  ; 
on  s'y  est  efforcé  de  réunir  les  avantages  de  la  surveillance  directe  des 
enfants  par  d'excellents  maîtres  avec  les  conditions  de  pension  les  plus 
anémiques.  Les  détails  donnés  ci-dessus  d'après  le  deuxième  et  le 
troisième  rapport  bernois,  paraissent  favorables  à  cette  expérience. 
Mais  on  peut  se  demander  si  l'on  pourrait  trouver  ailleurs  des  locaux 
appropriés,  des  instituteurs  qualifiés  pour  la  direction  matérielle,  et  le 
même  concours  empressé  qui  a  procuré  des  voitures  gratuites  pour  le 


170  SÉANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

transport  des  enfants  et  amené  des  dons  abondants  en  pain,  pommes 
de  terre,  viandes  et  denrées  diverses,  faits  par  les  boulangers,  bou- 
chers, etc. 

On  le  voit,  il  s'agit  non  seulement  d'étendre  à  un  plus  grand  nombre 
de  villes  et  d'enfants  une  œuvre  déjà  sanctionnée  par  l'expérience,  mais 
encore  d'en  approfondir  et  d'en  améliorer  sur  bien  des  points  l'organi- 
sation intérieure. 

En  finissant,  je  me  permets  de  revenir  sur  les  résultats  physiques  des 
colonies  pour  présenter  une  courte  remarque.  Pour  le  poids  et  la  crois- 
sance du  corps,  j'ai  fait  une  comparaison  entre  les  résultats  obtenus  et 
les  chiffres  correspondants  fournis  par  Quételet.  Tous  les  autres  rappor- 
teurs ont  suivi  cet  exemple.  Je  les  prierai  de  faire  un  pas  de  plus  et  de 
prendre  à  l'avenir  pour  termes  de  comparaison  les  chiffres  de  Bowditch, 
(1863-1867),  de  Charles  Roberts  (Anthropométrie  1878),  et  de  Beneke 
(1881);  ils  sont  beaucoup  plus  nombreux  et  partant  plus  sûrs  à  con- 
sulter. 

Messieurs!  Je  ne  vous  ai  rien  apporté  de  bien  nouveau,  rien  qui 
puisse  exciter  l'émotion  ou  une  rivalité  quelconque  ;  mais  je  vous  ai 
parlé  d^une  bonne  œuvre  qui,  en  six  ans,  a  embrassé  six  mille  enfants  et 
a  eu  partout  un  succès,  surprenant  ;  une  bonne  œuvre  qui  mérite  d'être 
imitée  partout.  Mon  vœu  est  que  vous  cherchiez  tous,  de  retour  dans  vos 
foyers,  à  faire  quelque  chose  de  semblable,  l'été  prochain. 


1.1»  COLOHIE8  d'ÉCOUEBS  EH  VACAXCKS. 


171 


Tablbau  fTATUnqUB  ■*  1* 


COLONIES   D'ÉCOLIERS   EN   ALLEMAGNE 


CarçMi. 

rdles. 

Tbtal. 

Gibiiet. 

SqMT. 

Barmen .... 

1880 

7 

17 

24 

2 

25  jours. 

• 

i88i 

51 

64 

115 

9 

25 

BruDSwick. . 

1881 

» 

20 

42 

2 

27 

Brème 

1880 

12 

12 

24 

24 

• 

1881 

56 

63 

119 

> 

Breslan 

1881 

45 

53 

98 

8 

25 

Chemnitx... 

1881 

15 

23 

38 

3 

28 

Dresde 

1879 

40 

36 

76 

6 

20 

• 

1880 

75 

77 

152 

10 

20 

> 

1881 

99 

111 

210 

14 

21 

DosseldorfT . 

1881 

37 

60 

97 

6 

25 

Elberfeld.  . . 

1881 

— 

75 

26 

Francfort. . . 

1878 

97 

— 

97 

8 

25 

• 

1879 

85 

48 

133 

11 

> 

> 

1880 

89 

76 

165 

13 

> 

» 

1881 

89 

90 

179 

15 

»  'Ycomprislespensionnaires 

Hambourg.. 

1876 

7* 

14       à  titre  gratuit 7 

> 

1877 

4 

10 

25 

14                                       ii 

> 

1878 

15 

29 

56 

14                                        iî 

• 

1879 

41 

69 

129 

14                                        19 

• 

1880 

94 

114 

21                                        14 

• 

1881 

159 

203 

373 

21                               (74)    11 

Hanovre 

1881 

55 

60 

115 

6 

29 

Carlsmhe. . . 

1881 

20 

12 

32 

3 

23 

Kiel 

1881 

20 

— 

20 

1 

20 

Cologne.  . . . 

1880 

26 

34 

60 

5 

27 

» 

1881 

61 

59 

120 

6 

28 

Kfinigsberg , 

1881 

17 

42 

59 

5 

27 

l^ipag 

1880 

66 

64 

130 

8 

21 

» 

1881 

79 

100 

179 

11 

21 

Ubeck 

1881 

12 

20 

32 

3 

28 

liagdebonrg. 

1881 

33 

32 

65 

6 

21 

Nuremberg  . 

1881 

46 

14 

60 

5 

21 

Stuttgart . . . 

1879 

U 

11 

65 

5 

25 

» 

1880 

55 

45 

100 

9 

» 

• 

1881 

56 

45 

101 

9 

> 

Vienne 

1879 

20 

— 

20 

• 

B 

1880 

20 

23 

43 

» 

» 

1881 

22 

38 

60 

> 

Beriin 

1880 

50 

59 

109 

8 

27 

• 

1881 

87 
1921 

141 
2074 

228 
4144 

16 

» 

172 


siAHCB  DU  MERCREDI  6  BEPTEHBRE. 


rdiei  iiiiMi. 

CtrçoiB. 

FiDei. 

TfttiL 

Moiiei. 

SêjHTi 

Zurich 

1876 

34 

34 

68 

3 

14 

1877 

39 

94 

3 

» 

1878 

43 

53 

96 

4 

• 

1879 

48 

66 

114 

5 

20 

1880 

45 

71 

116 

4 

21 

1881 

57 

90 

147  + 

20    5 

19 

Bâle 

.     1878 
1879 

73 
86 

73 

88 

146 
174 

12 
14 

14 

» 

1880 

92 

96 

188 

15 

• 

1881 

112 

99 

211 

18 

i 

Berne 

.     1879 

1880 

45 

55 

100 

20 

1881 

66 

80 

146 

9 

20 

Genève  

.     1879 

20 

— 

20 

2 

15 

1880 

— 

27 

27 

1 

22 

1881 

26 

57 

a3 

4 

22 

Neuch&tel.  . . . 

.     1881 

16 

14 

30 

— 

— 

802 

958 

1760  + 

20 

Milan 

.     1881 

60 

^^^ 

60 

2 

30 

UCB  COI/)NtEB  d'ÊCOUKBS  EH  VkCÀSCBB. 

COLONIES  D'ÉCOLIERS 

Augmentations  d«  polda. 


173 

1.  ■•  1. 


S0m7iE»KIL0C. 


XniHFl  A  HAIIHVl 


.1.75 

.  i,r 

.1,80 


.1.. 


wldorlT. 
frfeld . . 
neforl. . 


1881  . 
IS81  1 

1878  1 

1879  0 


I  1.33  1.3 
g  1,94  1,4 
D  1,38  1.5 
1  1,»|1.5 


itbourg .  I 

Isruhe. .  I 

1 1 

Jime  . . .  I 

li^brrtf .  1 1 


3  1.44,1,3 
1,1.32  1.5 
10,SI3:i.l 
1  l,26il,S 
l' 1,82! 1.9 


[debourg 
llgart. . . 


IRSI  1.481,34  . 
1879!)       l,33!l 

1880  1,41  1,73:1 

1881  1.303      11 
18791 . 
1880  1 


.  (880,1,56  1,4    1,47 

1881|....l..,.'l. 
.  1879!0.57|....'.. 

168111,720.93  . 
.  1879!....  ....'0.70 

18801....'....  1 


.1,10 


0,5-4,î  1 0.5-4 
0,4-2,5  ,0,5— î,8 
0  -3       0,5—4,4 


0,2— 3.Î    0,S— 3,b 


V, — 3.0    1,8—3,2 
0.13-3,561 
0.7—3.5    0,5- 
0,3—4,5  !  1,5-5,5 


0-2,1    0,3-3 


0  —2.2     0  —4,3 
0.2-3,7  '0,5— 4,f 


0,65-2 
0,5— i 

0,2-3,7 


Poidi  ipm  6  MO. 


GvC.U7;mi.96 


itfn.  lu.  3 
Birî.!,d;«n.iy 


Apm  3  Mil 
Gu!.US;riU.Q;3 


174 


gÂAKCB  on  IfKBCREDI  6  8BPTEIIBRB. 


FRAIS  DES   COLONIES 


Tabi..  ■* 


hr  eibit. 

hr  JMT. 

•iree. 

Hanovro 

1881 

Marcs  37. — 

1.30 

29 

Cliemnitz. . . 

1881 

.      53.20 

1.89 

28(1.40pen8 

Breslau 

1881 

>      39.68 

1.58 

25 

Brunswick  . 

1881 

.      48.27 

1.79 

27 

Konigsberg . 
Stuttgart... 

» 

1881 
1879 
1880 

.      48.70 
.      :>0.40 
.      47.13 

1.80 
1.96 
1.8S 

27 
25 
25 

» 

1881 

>      61.43 

2.45 

25 

Cologne 

• 

1880 
1881 

.      62.9 
.      5i.65 

2.33 
1.96 

27 
28 

Lubock 

1881 

»      40. 

Nuremberg  . 
Dresde 

1881 
1879 

.      43.12 
.      ;>2.M) 

2.05 
2.64 

21 
20 

• 

1880 

.      47.25 

2.36 

20 

■ 

1881 

.      44.12 

2.10 

21 

Francfort. . . 

1878 

.      :M.2i 

2.21 

25 

» 

1879 

•      57.27 

2.29 

25 

> 

1880 

.      53.73 

2.15 

25 

» 

1881 

.      54.6:> 

2.18 

25 

Dusseldorfî . 

18S1 

.      53.74 

2.15 

25 

Berlin 

1880 

.      62.57 

2.31 

27 

» 

18S1 

.      51. 5i 

1.90 

27 

Kiel 

1881 

.      48. 

2.40 

20 

Leipzig 

» 

1880 
1881 

*      5i.8i 
.      46.59 

2.61 
2.21 

21 
21 

Magdebourg. 
Carisruhe.. . 

1881 
1881 

.      52.08 
.      ()6.80 

2.48 
2.90 

21 
23 

Brunie 

1880 

» 

1881 

.      19.20 

0.80 

HandK)urg. . 

0.31-1. 

a\ 

Bàle 

Franr»  2.31     \ 

Berne 

1879 

1.20     ^ 

i 

1880 

»          — 

> 

1881 

1.10 

(îf^nève 

1879 

»         2 .  ;>J 

» 

1880 

2.16 

• 
Ziiricli 

1881 
1876 

1.95 

)    par  jour 

et  par  enfant. 

» 

1877 

» 

1878 

• 

1879 

2.29 

» 

1880 

2.54 

f 

1881 

2.29 

• 

Milan 

1881 

2.28    , 

LES  C0L0X1R8   d'kCOLIERS   EX  VÂCAXCEB.  175 

M.  de  Cristoforis  se  déclare  complètement  de  l'avis  de  M.  Varren- 
trapp.  Il  dit  qu'à  Milan  il  a  pu  fonder  une  société  pour  les  enfants  déli- 
cats pauvres  appelée:  Société  per  la  cura  climatica  aifanciulli  poveri^ 
gravili,  appartenenti  aile  classi  comunali. 

La  société  de  Milan  envoie  les  enfants  sur  les  montagnes  de  800  à 
10()0  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  ils  y  restent  30  jours.  La 
société  italienne  obtient  des  résultats  plus  satisfaisants  que  celle  de 
Francfort,  parce  que  les  enfants  de  la  ville  de  Milan  sont  plus  faibles 
que  ceux  des  villes  situées  près  des  montagnes,  dos  fleuves,  etc. 

La  cuj-e  climatique  des  enfants  faibles  doit  être  considérée  sous  un 
aspect  s})écial.  Sans  nier  qu'elle  ait  aussi  pour  but  de  préparer  de  bons 
organismes  pour  avoir  de  bons  soldats,  de  fortes  mères  de  famille,  la 
cure  climatique  doit  être  considérée  comme  un  moyen  préventif  de  la 
tuberculose  acquise  et  de  la  méningite  tuberculeuse,  deux  maladies 
que  les  jeunes  enfants  délicats  contractent  avec  facilité  à  cause  de  leur 
faiblesse  organique. 

M.  Pixi  dit:  Le  professeur  Varrentrapp  a  soulevé  la  question  de 
savoir,  si  le  temps  de  20  à  30  joure  de  séjour  de  campagne  pour  les  colo- 
nies scolaires  est  suffisant.  Je  crois  que  un  mois  suffit,  à  la  condition 
que  les  colonies  scolaires  servent  exclusivement  pour  des  enfants  affai- 
blis, mais  non  pour  des  malades.  Il  est  nécessaire  de  conserver  à  cette 
institution  un  caractère  tout  à  fait  transitoire  et  non  permanent.  11 
saint  de  prévenir  et  non  de  guérir,  et  dans  ce  cas  30  jours  d'une  vie 
active,  hygiénique,  avec  bonne  nouniture  et  bon  air,  suffisent  pour  ren- 
dre des  forces  à  des  enfants  débilités  i)ar  l'école  et  par  le  séjour  dans 
une  habitation  malsaine.  A  cette  condition  seulement  les  colonies  sco- 
laires fleuriront,  parce  qu'elles  coûteront  peu  et  profiteront  ainsi  à  un 
grand  nombre  d'enfants.  Si  elles  devenaient  des  institutions  permanentes, 
elles  épuiseraient  vite  les  ressources  offertes  par  la  bienfaisance  publi- 
que, perdraient  leur  caractère,  et  ne  seraient  plus  des  institutions  pro- 
phylactiques, mais  de  vrais  hospices  curatifs. 

M.  Vidal,  vice-président  de  la  société  de  médecine  publique  de  Paris, 
remercie  en  cette  qualité  M.  Varrentrapp  pour  son  très  intéressant 
rapport  et  pour  les  renseignements  utiles  qu'y  trouvera  la  Société  de 
médecine  publique,  laquelle  s'occupe  actuellement  de  la  question  qui  y 
^t  traitée. 

M.  MiTTEXDORFF,  Secrétaire  du  Comité  genevois  pour  l'envoi  à  la 
montagne  d'enfants  pauvres  et  maladifs  lit  la  note  suivante  : 

L'œu\Te  des  «  Feriencolonien  »  (Colonies  d'écoliere  en  vacances) 
s'est  fondée  à  Genève  en  1879.  Elle  a  procuré  le  bienfait  d'un  séjour  de 
montagne  à  203  enfants  pendant  ses  4  premières  années  d'existence, 
comme  cela  résulte  du  tableau  suivant  : 


176  SEANCE  DU   MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

1879  20  jeunes  garçons.  1881     26  garçons  57  jeunes  filles. 

1880  27  jeunes  filles.  1882    33        »       40        »         9 

Les  résultats  ont  été  satisfaisants  sous  le  double  rapport  de  la  santé 
et  de  la  discipline. 

Les  pesées  ont  été  faites  au  début  et  à  la  fin  du  séjour,  par  M.  le 
professeur  Dunant,  avec  la  plus  rigoureuse  exactitude,  en  1879;  mais 
celles  des  années  subséquentes,  faites  par  les  maîtres  et  mattresses, 
n'ont  pas  la  même  valeur  scientifique.  Voici  cependant  le  tableau  de 
l'augmentation  moyenne,  telle  qu'elle  ressort  de  ces  pesées  : 

1879  0  kil.  576  gram.     1881  1  kil.  722  gram.  (garçons).  0  kil.  950  (filles). 

1880  0  kil.  888   »       1882  0  kil.  625   »     »     0  kil.  800   » 

Le  séjour  étant  de  22  joui'S,  si  Ton  fixe  à  2  kil.  500  gram.  l'augmen- 
tation normale  de  poids  pendant  1  an  ,^,  elle  serait  de  135  gram.  pour 
22  jours.  Les  garçons  auraient  ainsi  en  1882  dépassé  4  fois  et  demie,  et 
les  jeunes  tilles  6  fois  et  demie  l'augmentation  normale. 

Un  élément  important  dans  l'organisation  des  colonies  est  la  dépense. 
L'expérience  acquise  a  permis  à  notre  Comité  de  réduire  progressive- 
ment le  prix  de  revient  de  chaque  pensionnaire.  Il  a  été  dépensé,  tous 
frais  compris,  par  jour  et  par  enfant  : 

En  1879    2  fr.  55  cent.  1881     1  fr.  95  cent. 

1880    2  »    16     »  1882     1  fr.  52     » 

Cette  forte  diminution  dans  les  dépenses  provient  soit  de  ce  que  nous 
avons  réussi  à  trouver  des  pensions  à  des  prix  inférieurs  à  ceux  des  pre- 
mières années,  sans  que  pour  cela  la  nourriture  et  l'installation  aient 
laissé  à  désirer,  soit  de  ce  que  nous  avons  réparti  un  certain  nombre 
de  nos  enfants,  choisis  parmi  les  plus  jeunes,  dans  quelques  familles  et 
cela  sans  surveillance  spéciale  d'un  régent  ou  d'une  régente. 

Le  système  suivi  d'ordinaire  et  qui  consiste  à  installer  une  colonie  de 
vingt  enfants  environ  dans  une  seule  maison,  sous  la  surveillance  d'un 
maître,  nous  a  paru  trop  dispendieux,  parce  qu'il  exige  de  l'hôte  des 
frais  supplémentaires  assez  considérables  ;  nous  préférons,  lorsque  cela 
se  peut,  répartir  les  membres  d'une  colonie  dans  3  ou  4  familles  d'un 
même  village,  un  régent  ou  une  régente  étant  chargé  d'exercer  une  sur- 
veillance générale  sui-  ces  petits  groupes  et  de  les  réunir  après  chaque 
repas  pour  la  promenade,  les  jeux  ou  les  travaux  eu  commun.  L'unité 
de  la  colonie  est  ainsi  sauvegardée  d'une  manière  suffisante,  et  d'autre 
part,  le  prix  de  pension  peut  être  fortement  réduit  par  les  familles 
d'agriculteurs,  qui  n'ont  dès  lors  à  leur  charge  qu'un  supplément  de 
nourriture  dont  la  plus  grande  partie  consiste  en  produits  du  sol. 


LES  COLONIES  d'ÉCOLIERS  EN  VACANCES.  177 

Toutefois,  nous  n'adoptous  pas  ce  système  d'une  manière  absolue  et 
lOus  croyons  qu'il  convient  de  se  laisser  guider  dans  chaque  cas,  comme 
iuis  chaque  pays,  par  les  circonstances  locales  et  par  les  éléments  si 
ivers  qui  constituent  l'organisation  d'une  colonie  d'enfants.  Notre  prin- 
ipal  objectif  est  d'accroître  le  chiffre  de  nos  pensionnaires,  sans  rien 
acrifier  des  conditions  matérielles  et  de  la  surveillance  morale  sans  les- 
[uelles  le  séjour  à  la  montagne  ne  produirait  pas  les  bons  résultats 
[u'on  est  en  droit  d'en  attendre. 

Cette  œuvre  qui,  comme  le  constate  l'excellent  rapport  de  M.  le 
)'  Varrentrapp,  a  déjà  poussé  de  nombreuses  racines  en  Allemagne  et 
•n  Suisse,  mérite  d'être  encouragée,  car  elle  est  une  des  formes  les  plus 
itiles  de  l'assistance  par  le  secours  qu'elle  prête  aux  familles  peu  aisées, 
îii  prévenant  des  maladies  ou  un  état  de  débilité,  source  de  grandes 
dépenses,  et  en  assurant  pour  l'avenir  à  une  fraction  de  la  jeune  géné- 
ration un  capital  de  santé  qui  lui  sera  bien  précieux. 

M.  LuBELSKi,  je  viens  appuyer  de  tout  mon  cœur  ce  que  notre  célèbre 
collègue  le  D'  Varrentrapp  nous  dit  à  propos  de  l'importance  des  colo- 
nies d'écoliers  en  vacances;  dont  l'idée  primitive  revient  à  TôpflFer,  c'est 
à  dire,  à  un  Suisse.  Qu'il  me  soit  permis  de  relater  en  quelques  mots  ce 
qui  a  été  fait  sous  ce  rapport  dans  mon  pays,  en  Pologne,  et  à  Varsovie 
en  particulier. 

Ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  le  du-e  au  Congrès  de  Turin,  quelques 
tentatives  isolées  dans  cette  direction  ayant  démontré  l'influence  salu- 
taire de  l'envoi  des  enfants  par  groupes  à  la  campagne,  au  mois  de  mars 
1882,  M.  Markiewiez,  médecin  à  Varsovie  et  hygiéniste  justement  estimé, 
s'est  mis  à  la  tète  d'un  comité  de  personnes  de  bonne  volonté.  Il  publia 
une  brochure  qui  fut  vendue  et  distribuée  au  profit  de  l'œuvre  et  éveilla 
à  bien  les  sympathies  du  public,  qu'au  mois  de  juin  1882,  on  put  déjà 
expédier  un  premier  groupe  de  jeunes  voyageurs.  Le  chiffre  total  de  ces 
derniers  tut  de  54,  dont  32  garçons  et  22  filles,  âgés  de  huit  à  treize  ans. 
C'étaient,  en  grande  partie  des  enfants  d'ouvriers  et  de  petits  employés, 
des  élèves  des  salles  d'asile  et  d'écoles  primaires,  en  partie  rachitiques 
et  scrofuleux.  Deux  surveillantes  et  trois  surveillants  accompagnèrent 
chacun  un  groupe  de  dix  à  douze  petits  voyageurs,  qui  restèrent  en 
Dioyenne  trente  jours  en  villégiature. 

Nous  enregistrons  avec  plaisir  l'hospitalité  accordée  gratuitement  à 
ces  jeunes  gens  par  différents  propriétaires  fonciers,  ainsi  que  la  bien- 
veillance des  compagnies  de  chemins  de  fer,  qui  toutes,  à  l'exception  de 
•a  grande  ligne  de  Varsovie  à  St-Pétersbourg,  leur  assurèrent  des  billets 
de  libre  parcours.  Le  public  fit  des  dons  nombreux  en  argent  et  en  effets  ; 

12 


178  8ÉAKCE  DU  VENDREDI  8  8EPTEHBRE. 

ce  qui  manquait  fut  acheté  avec  des  rabais  considérables.  Vingt-cinq 
confrères  se  chargèrent  de  visiter  les  enfants  au  moment  de  leur 
départ  ;  d'autres  leur  accordèrent  leurs  soins  empressés  pendant  leur 
séjour  à  la  campagne.  Les  surveillants  reçurent  des  instructions  hygié- 
niques et  pédagogiques  et  durent  présenter  des  rapports. 

Le  retour  des  enfants  fut  salué  par  la  plus  vive  sympathie  du  public 
Ils  avaient  bonne  mine,  et  leur  poids  avait  augmenté  de  600  à  2800 
grammes.  Les  frais  (sans  compter  ce  qui  a  été  fourni  par  des  donateurs 
généreux,  se  sont  élevés  à  près  de  quinze  cents  roubles  soit  (d'après  le 
taux  du  change  actuel)  à  près  de  3,800  francs. 

Tout  malade  contagieux  (teigne,  ophtalmie  scrofuleuse,  etc.)  ayant  été 
éliminé  au  préalable,  il  n'y  a  pas  eu  de  maladie  grave  ou  de  cas  de 
décès. 

J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  la  brochure  du  D' Markîewiez, 
créateur  de  l'œuvre,  et  je  me  réserve  de  publier  ultérieurement  un  tra- 
vail plus  étendu  sur  ce  sujet  dans  la  Revue  d'hygiène  de  notre  savant 
collègue  Vallin. 

Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  encore  quelques  mots.  Pour  nous  au- 
tres, habitants  de  contrées  plates  et  éloignées  de  la  mer,  les  colonies  de 
ce  genre  ont  une  importance  tout  à  fait  exceptionnelle,  en  ce  sens, 
qu'elles  remplacent  en  quelque  sorte  les  sanatoria  maritimes  dont  plu- 
sieurs confrères  nous  ont  entretenus  à  Turin. 

Le  dernier  mot  de  la  question  serait  peut-être  de  transformer  tous  les 
internats  des  grandes  villes  en  colonies  écoles,  ce  qui  diminuerait  sensi- 
blement les  difficultés  de  l'hygiène  scolaire. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 


SÉANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE 

l^résidence  de  M.  Formento. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  générale  du  7  septembre  est  lu  et  adopté. 

Le  secrétaire  général  annonce  la  perte  douloureuse  que  vient  de  faire 

rUniversité  de  Genève,  par  la  mort  de  M.  Plantamour,  professeur 


8EANCE   DU   VENDREDI  8  SEPTEMBRE.  179 

astronomie,  membre  correspondant  de  rAcadémie  des  sciences  de 
iris.  Il  propose  que  les  séances  de  section  commencent  demain  samedi 
huit  heures  et  soient  suspendues  en  signe  de  deuil,  à  onze  heures,  au 
oment  où  seront  rendus  les  honneurs  funèbres.  Adopté. 
U  annonce  également  que  les  membres  étrangers  adjoints  à  la 
mmission  de  l'exposition,  qui  présentera  demain  son  rapport,  sont  : 
M.  Overbeek  de  Meyer  (d'Utrecht),  A.-J.  Martin  (de  Paris),  Pagliani 
e  Turin),  Wasserfuhr  (de  Strasbourg),  et  Vallin  (de  Paiîs). 

Le  Congrès  a  reçu  les  ouvrages  suivants  : 

Vallin,  Des  désinjectants  et  de  la  désinfection. 
Moynier,  La  croix  rouge;  son  passé  et  son  avenir. 

Le  président  invite  M.  le  D' Formento,  de  la  Nouvelle-Orléans,  àpré- 
der  la  séance. 

U  propose  que  des  remerciements  soient  votés  à  la  Société  des  eaux 
Évian,  à  la  conmiune  de  Montreux  et  à  M.  le  D'  Challand,  président 
i  la  Société  vaudoise  de  médecine,  pour  les  aimables  et  magnifiques 
K^ptions  que  le  Congrès  a  reçues,  hier  à  Evian  et  à  Montreux. 
Adopté  avec  acclamations. 

Le  secrétaire  général  annonce  qu'il  a  reçu  de  M.  le  président  de  la 
^emière  section  du  Congrès,  l'avis  que  M.  le  D'  de  Csatary  désirait 
^velopper  en  séance  générale  son  projet  de  convention  hygiénique 
temationale.  M.  de  Csatary  étant  déjà  parti,  ses  principales  conclu- 
ons résumées  dans  une  brochure  qui  a  été  distribuée  aux  membres  du 
ongrès,  seront  imprimées  dans  le  compte  rendu. 

Conclusions  de  M.  de  Csatary  : 

1.  Tous  les  États  doivent  garantir  mutuellement  par  des  lois  égales  la  bonne 
lalité  des  aliments  et  des  boissons  exportés. 

2.  Les  traités  de  commerce  ne  pourront  jamais  contenir  des  mesures  en  contra- 
iction  avec  les  exigences  de  l'hygiène  publique. 

8.  La  question  de  l'alimentation  publique  doit  être  considérée  comme  interna- 
onale,  par  conséquent,  toute  difficulté  doit  cesser,  dès  qu'il  ne  s'agit  pas  de  la 
rohibition  par  des  raisons  hygiéniques. 

4.  Il  faut  étal)lir  des  lois  rigoureuses  et  semblables  contre  les  fraudes  et  les 
dsifications. 

5.  La  science  ne  doit  jamais  servir  de  subterfuge  aux  intérêts  commerciaux  et 
olitiques. 

Pour  ne  pas  rester  dans  la  voie  stérile  d'une  dissertation  théorique,  j'essayerai 
e  tracer  les  éléments  de  cette  convention  : 


180  SEANCE   DU   VENDREDI  8   SEPTEMBRE. 

1 

La  convention  hygiénique  internationale  a  pour  but  d'établir  des  lois  égales 
pour  tout  ce  qui  concerne  le  maintien  et  la  protection  de  la  santé  publique. 

II 

Pourront  faire  partie  de  cette  convention  tous  les  États  qui  ont  établi  des  lois 
égales,  relativement  aux  affaires  de  l'hygiène  publique. 

IIÏ 

Les  États  concluants  aboliront  toute  difticulté  relativement  à  la  libre  circula- 
tion et  au  commerce. 

IV 

Un  comité  de  surveillance  internationale,  constitué  des  délégués  des  États  con- 
cluants, surveillera  le  maintien  exact  des  dispositions  hygiéniques  internationales. 

Dans  le  cas  que  le  Congrès  actuel  accepte  les  principes  de  cette  convention,  j'ai 
l'honneur  de  proposer  : 

Que  le  Congrès  d'hygiène,  actuellement  rassemblé  à  Genève,  nomme  an  Comité 
de  sept  ou  neuf  membres,  pour  établir  les  articles  spéciaux  de  la  convention  ;  que 
l'œuvre  de  ce  Comité  soit  soumise  à  la  discussion  du  Congrès  suivant  et  après  les 
décisions  prises,  présentée  aux  gouvernements  des  états  comme  l'avis  des  experts 
en  matière  d'hygiène  publique. 

Le  président  donne  la  parole  successivement  à  MM.  Lombard,  Paul 
Bert  et  Marcet  pour  traiter,  conformément  au  programme,  la  question 
des  influences  des  altitudes. 


INFLUENCES  HY^GIÉNIQUES,  PROPHYLACTIQUES 
ET  THÉRAPEUTIQUES  DES  ALTITUDES 


Par  le  D*^  H.-Cl.  LOMBABD 


L'influence  favorable  des  séjours  de  montagne  était  universellement 
reconnue,  lorsqu'il  y  a  vingt-six  ans,  je  publiai  mes  premières  obser- 
vations sur  le  climat  des  montagnes  considéré  au  point  de  mie  fnédical. 
Mais,  dès  lors,  cette  question  des  altitudes  a  fixé  l'attention  d'un  grand 
nombre  de  savants,  qui  ont  cherché  à  l'élucider  par  des  expériences  de 
laboratoire  et  par  des  observations  recueillies  pendant  le^  ascensions  ou 
les  séjours  dans  les  hautes  régions  de  notre  globe. 

L'un  des  premiers,  en  date,  est  le  D'  Jourdanet  qui  a  profité  d'un 


INFLUENCES   DES  ALTITUDES.  181 

séjour  prolongé  sur  le  plateau  de  rAnahuac,  à  l'altitude  moyenne  de  deux 
mille  mètres,  pour  étudier  les  influences  physiologiques,  pathologiques  et 
thérapeutiques  du  climat  des  altitudes.  En  second  lieu,  nous  devons 
mentionner  le  professeur  Paul  Bert  qui  a  vérifié  expérimentalement  les 
observations  du  D'  Jourdanet  et  leur  a  donné  la  sanction  de  son  incon- 
testable autorité  scientifique.  H  ne  s'est  pas  contenté  de  très  nombreuses 
vivisections,  mais  il  a  réimi  tous  les  documents  relatifs  aux  effets  produits 
par  uu  séjour  temporaire  ou  prolongé  dans  les  altitudes  et  il  est  résulté 
de  cet  inmiense  travail  personnel  et  bibliographique,  un  ouvrage  classique 
publié  en  1877  sur  la  pression  barométrique. 

Avant  même  que  cette  question  fût  étudiée  dans  les  laboratoires,  les 
médecins  praticiens  avaient  conseillé  le  séjour  des  altitudes  aux  personnes 
aftaiblies,  nerveuses,  menacées  ou  atteintes  par  la  tuberculose  ;  s'ap- 
puyant,  pour  cette  dernière  maladie,  sur  l'immunité  des  altitudes  à 
l'égard  de  la  phthisie  pulmonaire,  ils  avaient  établi  des  sanatoria  dans 
les  régions  élevées  de  l'Europe,  de  l'Amérique  et  de  l'Asie.  Dès  lors,  on 
peut  dire  que  l 'aérothérapie  climatérique  des  altitudes  devenait  l'une 
des  plus  précieuses  conquêtes  de  la  médecine  moderne.  Après  le  D' 
Jourdanet,  l'un  des  praticiens  français  à  qui  sont  dûs  les  plus  grands 
progrès  de  cette  question  thérapeutique  ;  c'est  le  professeur  D'  Jaccoud 
qui  a  visité  la  plupart  des  sanaioria  destinés  au  phthisiques  et  a  fait  pro- 
fiter les  étudiants  et  le  public  du  résultat  de  sa  grande  expérience  sur  ce 
sujet  dans  ses  leçons  sur  la  curabiUté  et  le  traitement  de  la  phthisie 
jmlmonairej  publiées  en  1881. 

Examinons  d'abord  la  question  théorique,  d'après  les  nombreuses 
expériences  du  professeur  Bert,  qui  a  démontré  de  la  manière  la  plus 
évidente  qu'en  soumettant  des  animaux  à  une  faible  pression  baromé- 
trique, il  en  résulte  une  diminution  constante  de  l'oxygène  contenu  dans 
le  sang,  diminution  qui  correspond  exactement  au  degré  de  raréfaction 
atmosphérique  ;  en  sorte  qu'en  la  poussant  jusqu'à  une  limite  incompa- 
tible avec  le  maintien  de  la  vie,  l'asphyxie  résulte  de  l'insuffisance  de 
l'oxygène.  Ces  expériences  de  laboratoire  ont  reçu  la  plus  douloiu-euse 
confirmation  par  la  mort  des  aéronautes  Sivel  et  Crocé-Spinelli,  parvenus 
à  l'altitude  d'environ  8600  mètres,  et  par  la  pert^  de  connaissance  qui 
mit  Glaisher  à  deux  doigts  de  la  mort,  lorsqu'il  avait  atteint  8858 
mètres. 

n  est  vrai  que  le  professeur  Bert  a  pu  supporter  le  séjour  dans  un  air 
dilaté  jusqu'à  la  pression  de  248  millimètres,  c'est-à-dire  à  la  hauteui- 
du  Mont  Everest,  soit  8840  mètres.  Mais  si  l'atmosphère  était  alors  plus 
raréfiée  que  celle  oîi  ont  péri  les  deux  aéronautes,  elle  n'était  pas  aussi 
refroidie  et  de  plus  l'expérience  était  surveillée  par  deux  amis  qui 


182  SÉANCE  DU  VENDRKDI  8  SEPTEMBRE. 

pouvaient  l'observer  dans  le  cylindre  oîi  il  était  renfermé  avec  des  sacs 
d'oxygène,  qu'il  a  respiré  en  quantité  suffisante  ;  tandis  que  les  deux 
infortunés  aéronautes  n'ont  pu  porter  à  leur  bouche  les  tubes  d'oxy- 
gène, paralysés  qu'ils  étaient  par  le  commencement  de  l'asphyxie. 

Quel  est  l'état  physiologique  qui  résulte  d'une  diminution  de  l'oxy- 
gène? C'est  ce  qu'ont  démontré  les  nombreuses  expériences  du  professeur 
Bert  en  établissant  d'une  manière  irréfutable  qu'il  arrive  un  moment 
où  l'hémoglobine  ne  peut  plus  s'assimiler  l'oxygène  ;  le  sang  devenu 
presque  veineux  ne  pouvant  plus  stimuler  le  bulbe  et  les  centres  nerveux, 
la  respiration  et  la  circulation  s'arrêtent  et  produisent  ainsi  la  mort  par 
asphyxie. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  dans  les  hautes  couches  de  l'atmosphère 
que  l'on  observe  des  accidents  dus  à  la  diminution  de  l'oxygène  ;  c'est 
également  à  des  altitudes  moins  considérables  que  siu-viennent  certains 
malaises  désignés  sous  le  nom  de  Mal  de  montagne^  dont  les  caractères 
sont  bien  connus  ;  c'est-à-dire  l'accélération  du  pouls  et  de  la  respi- 
ration ;  des  vertiges,  de  la  céphalalgie  ;  souvent  aussi  de  l'assoupissement 
et  une  telle  faiblesse  musculaire  que  tout  mouvement  devient  impossible 
sans  un  repos  immédiat  qui,  il  est  vrai,  restaure  les  forces  aussi  prompte- 
ment  qu'elles  avaient  disparu.  Ces  symptômes  atteignent  quelquefois 
une  telle  intensité  que  si  l'on  veut  persister  dans  la  marche  ascension- 
nelle, la  vie  est  menacée  et  la  mort  survient  ;  ainsi  qu'on  l'a  souvent 
observé,  aussi  bien  sur  les  hommes  que  sur  les  bêtes  de  somme,  dans  les 
hautes  régions  de  l'Himalaya  et  de  la  Cordillère  sud-américaine. 

Bien  des  hypothèses  ont  été  émises  sur  la  cause  physiologique  du  niai 
(le  montagne;  quelques  voyageurs  l'ont  attribué  aux  exhalations  d'azote 
par  les  champs  de  neige  ;  d'autres  aux  émanations  de  certaines  plantes 
odoriférantes  très  répandues  dans  les  montagnes  du  Thibet  ;  d'autres 
enfin  en  accusent  les  vapeurs  minérales  que  l'on  respire  dans  la  CordD- 
lère  américaine.  Mais,  pour  nous,  grâce  aux  travaux  récents  des  physio- 
logistes et  des  alpinistes,  nous  n'hésitons  pas  à  considérer  la  raréfaction 
de  l'air  et  par  conséquent  de  l'oxygène  comme  la  cause  essentielle  du 
mal  de  moyitugne  ;  ce  dont  on  a  la  démonstration  dans  l'analyse  des 
symptômes  caractéristiques  de  ce  genre  de  malaise. 

En  premier  lieu,  tous  les  observateurs  s'accordent  à  reconnaître  que 
la  respiration  et  la  circulation  s'accélèrent,  en  proportion  directe  de 
l'altitude  et  de  l'intensité  des  mouvements.  Il  est  évident  que  les  inspi- 
rations doivent  être  plus  rapides  et  plus  profondes,  à  mesure  que  l'air 
dilaté  contient  moins  d'oxygène.  En  même  temps,  les  combustions  qui 
résultent  des  contractions  musculaires  exagérées,  diminuent  encore 
l'oxygène  contenu  dans  le  sang,  en  sorte  qu'il  arrive  un  moment  où  la 


INFLUENCES  DE8  ALTITUDES.  183 

marche  devient  impossible  et  où  un  repos  immédiat  et  momentané 
devient  absolument  nécessaire. 

En  même  temps  que  la  circulation  et  la  respiration  sont  accélérées 
par  le  mouvement  dans  une  atmosphère  dilatée,  la  température  du 
corps  tend  à  s'élever,  ainsi  que  Ta  démontré  le  professeur  Forel,  con- 
trairement aux  premières  observations  de  MM.  Lortet  et  Marcet  pen- 
dant l'ascension  du  Mont-Blanc. 

Les  phénomènes  physico-chimiques  de  la  respiration  chez  les  ascen- 
sionnistes ou  pendant  un  séjour  plus  ou  moins  prolongé  dans  les  alti- 
tudes, jouent  un  rôle  important  dans  le  développement  du  mal  de  mon- 
tagne, ainsi  que  dans  la  constitution  physique  des  habitants  temporaires 
ou  permanents  de  ces  hautes  régions.  Cette  question  a  été  l'objet  de 
nombreuses  observations  faites  à  diverses  altitudes;  en  particulier 
par  les  docteurs  Mermod  et  Marcet  pour  des  séjours  teuiporaires  et  par 
le  D'  Jourdanet  pour  les  habitants  permanents  des  altitudes. 

Et  d'abord  pour  les  séjours  temporaires,  les  docteurs  Mermod  et 
Marcet  ont  démontré  que  le  volume  d'air  inspiré  dimiime  avec  l'alti- 
tude. Les  observations  du  D' MerHaod  ont  été  faites  à  Strasbourg  (142  m.  ) 
et  à  Sainte-Croix  (1100  m.).  Celles  du  D'  Marcet  ont  commencé  au 
bord  du  lac  de  Genève  (375  m.)  et  continuées  au  sommet  du  Breit- 
horn  (3572  m.),  au  Col  du  Géant  (3362  m.)  et  sur  le  Pic  de  Téné- 
riffe  (3710  m.).  Il  résulte  des  faits  observés  par  ces  deux  savants  que 
l'exhalation  de  l'acide  carbonique  est  plus  active  à  de  faibles  altitudes, 
comme  Sainte-Croix,  qu'au  niveau  du  lac  de  Genève:  tandis  qu'en 
s'élevant  jusqu'au  sommet  du  Pic  de  TénériflFe  ou  jusqu'au  Col  du 
Géant,  l'on  constate  une  diminution  très  sensible  dans  l'exhalation 
de  l'acide  carbonique  comparée  au  volume  de  l'air  inspiré.  Il  est  donc 
très  probable  que  cette  influence  des  altitudes  sur  la  quantité  d'oxygène 
transformé  en  acide  carbonique  constitue  un  des  éléments  qui  amènent 
le  développement  du  mal  de  montagyie. 

Lorsqu'il  s'agit,  non  plus  d'un  séjour  temporaire  qui  modifie  les 
fonctions  de  la  respiration  et  de  la  circulation,  mais  d'une  habitation 
permanente  dans  les  altitudes,  on  observe  des  modifications  très  impor- 
tantes dans  ces  mêmes  fonctions,  en  même  temps  que  des  change- 
ments dans  la  forme  du  corps  et  dans  la  composition  du  sang.  C'est 
cette  double  vérité  qui  a  été  mise  en  lumière  par  le  D'  Jourdanet  sur  le 
plateau  de  l'Anahuac,  à  l'altitude  moyenne  de  2000  mètres  ;  il  a  démon- 
tré de  la  manière  la  plus  évidente,  et,  contrairement  aux  assertions  du 
D'  Coindet,  que  l'amplitude  et  la  fréquence  des  inspirations  qui  résultent 
de  l'altitude  ne  suffisaient  pas  à  compenser  la  diminution  de  l'oxygène 
dans  l'atmosphère  dilatée  de  Mexico,  et  il  en  a  déduit  par  une  conclu- 


184  SÉANCE   DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

siou  parfaitement  justifiée  et  qu'ont  confirmé  les  expériences  du  profes- 
seur Bert,  qu'il  en  résultait  une  anémie  spéciale  aux  habitants  des 
hautes  régions  ;  état  qu'il  a  désigné  par  le  nom  d'^anoxyhémie  qui  a  été 
dès  lors  universellement  adopté. 

Le  second  fait  qu'a  signalé  le  D*^  Jourdanet,  c'est  le  développement 
de  la  poitrine  à  la  suite  d'une  respiration  plus  profonde  et  plus  fréquente 
pour  compenser  Tinsuflisance  de  Toxygène  dans  l'atmosphère  raréfiée 
des  altitudes  du  Mexique,  du  Pérou  et  de  la  Bolivie.  Les  Indiens  qui 
habitent  ces  hautes  régions  ont  un  thorax  très  proéminent^  tout  à  fiiit 
disproportionné  avec  leur  taille  ordinairement  peu  élevée.  La  même, 
observation  a  été  faite  en  Europe  après  un  séjour  de  quelques  mois  à 
des  altitudes  de  12  à  1500  mètres.  Le  D'  Armieux  a  reconnu  que  la  cir- 
conférence du  thorax  était  notablement  augmentée  chez  des  infirmiers 
militaires  qui  avaient  passé  cinq  ou  six  mois  à  Barèges,  à  l'altitude  de 
1250  mètres.  Le  D*^  Th.  Williams  a  confinné  cette  observation  sur  des 
malades  qui  avaient  séjourné  tout  l'hiver  à  Davos  (1556  m.).  Il  est  vrai 
que  pour  ceux  qui  ont  vécu  à  des  altitudes  moyennes,  comme  celles  dont 
nous  venons  de  parler,  l'ampleur  et  l'accélération  des  inspirations  oa^ 
pu,  jusqu'à  un  certain  point,  compenser  l'insuffisance  de  l'oxygène  daB* 
une  atmosphère  dilatée. 

Nous  devons  encore  signaler  deux  observations  faites  par  le  D' Mam^^ 
à  de  grandes  altitudes.  La  première  concenie  la  digestion  qui  est  beai 
coup  plus  rapide,  en  même  temps  que  l'exhalation  de  l'acide  carboniqi 
est  augmentée  sous  son  influence.  La  seconde  se  rapporte  à  l'influence^ 
de  la  température  sur  l'exhalation  de  l'acide  carbonique  qui  augmentr^^ 
avec  le  froid  et  diminue  avec  la  chaleur.  Le  même  obser>'ateur  a  signaT-  '^ 
l'influence  du  mouvement  sur  l'exhalation  de  l'acide  carbonique  dans  1. 
plaine  et  sur  la  hauteur.  L'exercice  la  rendait  plus  abondante  dans  k 
plaine  ;  tandis  que  sur  la  hauteur  elle  diminuait  très  rapidement  sou^^ 
l'influence  du  repos  musculaire  ;  en  sorte  que  le  corps  se  refroidissai' 
promptement  et  qu'au  lieu  d'un  sommeil  réparateur,  l'on  se  réveillai' 
glacé  et  oppressé,  aussi  bien  au  Col  du  Géant  (3863  m.)  que  dans  letr-^ 
hautes  régions  des  Andes  ou  de  l'Himalaya. 

Nous  pouvons  maintenant  résumer  les  conditions  physiologiques  d'i 
séjour  temporaire  ou  permanent  dans  les  altitudes  et  en  déduire  h 
conséquences  thérapeutiques  qui  ont  conduit  les  praticiens  à  choisir 
hautes  régions  comme  sanatoria  pour  combattre  ou  prévenir  certaines^^ 
maladies.  Mais  avant  de  les  désigner  plus  spécialement  nous  devons 
distinguer  l'influence  des  altitudes  moyennes  situées  au-dessous  d( 
deux  mille  mètres,  de  celle  qui  résulte  de  l'habitation  temporaire  oi 
pennanente  dans  les  régions  qui  dépassent  cette  limite. 


INFLUENCES  DES  ALTITUDES.  185 

I.  Altitudes  moyennes  (de  1000  à  2000  mètres).  —  Les  recherches 
physiologiques  des  docteurs  Mermod  et  Marcet  nous  ont  appris  que 
TexhalatioD  de  Tacide  carbonique  était  plus  active  dans  les  altitudes 
moyennes,  comme  Sainte-Croix,  à  onze  cents  mètres,  en  même  temps 
que  la  respiration,  la  circulation  et  la  digestion  étaient  plus  rapides  ; 
d'où  l'on  peut  conclure  qu'un  séjour  dans  les  stations  situées  entre 
mille  et  deux  mille  mètres  favorise  l'assimilation  et  imprime  à  toutes 
les  fonctions  une  grande  activité  qui  contribue  au  rétablissement  de  la 
santé,  ainsi  qu'on  l'observe  journellement  dans  le^  nombreux  sanatoria 
européens,  asiatiques  et  américains. 

L'influence  des  stations  de  cette  catégorie  se  manifeste,  en  premier 
Ueu,  sur  les  organes  de  la  respiration  qui  prennent  une  plus  grande 
activité,  de  manière  à  rendre  les  inspirations,  non  seulement  plus 
fréquentes,  mais  encore  plus  profondes,  ce  qui  développe  les  portions 
du  poumon  .restées  inactives  à  un  niveau  inférieur  ;  l'on  constate  alors 
que  les  vésicules  du  sommet  se  dilatent  au  point  d'établir  un  contact 
plus  immédiat  avec  l'air  atmosphérique  et  par  conséquent  avec  l'oxy- 
gène. 

En  second  lieu  :  la  circulation  devenant  plus  active,  le  sang  se  porte 

vers  la  périphérie,  la  peau  et  les  muqueuses  prennent  une  teinte  plus 

colorée  qui  conduit  à  une  pigmentation  plus  intense,  aussi  bien  dans  les 

régions  soustraites  au  contact  de  l'air  qu'à  celles  qui  y  sont  exposées  ; 

comme  le  prof.  Jaccoud  l'a  observé  sur  lui-même  à  la  suite  d'un  séjour 

à  Saint-Moritz  (1786")  dans  la  haute  Engadine. 

En  troisième  lieu  :  nous  avons  mi  que  l'exhalation  de  l'acide  carboni- 
que pendant  la  digestion  était  plus  rapide  dans  les  altitudes  ;  l'on  com- 
prend dès  lors  comment  Tassimilation  devient  plus  facile  et  plus  com- 
plète, ce  qui  contribue  à  restaurer  les  forces  et  à  favoriser  l'activité 
musculaire,  de  manière  à  développer  un  changement  dans  la  proportion 
des  tissus  musculaires  et  graisseux,  ceux-ci  diminuant,  en  même  temps 
que  les  muscles  augmentent  en  volume  et  en  capacité  motrice,  ainsi  que 
le  D'  Jaccoud  l'a  observé  sur  lui-même  et  sur  ses  malades.  Il  est  enfin 
ixne  dernière  conséquence  du  séjour  des  altitudes  qui  consiste  dans  ime 
plus  grande  activité  de  l'assimOation,  sous  l'influence  d'une  basse  tem- 
pérature qui  est  habituelle  dans  la  plupart  des  stations  sanitaires.  En 
résumé,  nous  pouvons  conclure  avec  le  D'  Jaccoud  (op.  cit.,  p.  376)  que 
les  cUmats  d'altitude  h  pression  basse  ont  une  action  régénératrice 
directe,  non  seulement  sur  la  constitution,  mais  encore  sur  le  mode 
fonctionnel  et  circulatoire  des  poumons,  en  sorte  que  ces  climats  exer- 
cent une  influence  prophylactique  et  thérapeutique  àTégard  delaphthi- 
8ie  pulmonaire. 


18G  SEANCE  DU  VENDREDI  8  8EPTEMBRE. 

Il  a  été  constaté  par  des  documents  nombreux  et  irrécusables  que 
cette  maladie  diminue  de  fréquence  à  mesure  que  Ton  s'élève  au- 
dessus  du  niveau  des  mers.  C'est,  en  particulier,  le  résultat  de  l'en- 
quête faite  en  Suisse  par  une  commission  dont  j'avais  l'honneur  de 
faire  partie  et  dont  les  résultats  ont  été  publiés  par  le  D'  MuUer  de 
Winterthur. 

La  limite  de  l'immunité  phthisique  varie  avec  le  climat,  elle  est  de 
1500  à  1600  mètres  en  Suisse,  tandis  qu'elle  ne  dépasse  pas  557  mètres 
en  Silésie,  d'après  le  D' Brehmer  ;  c'est  à  peu  près  celle  d'autres  régions 
du  nord  de  l'Allemagne  et  de  la  Scandinavie.  Il  était  donc  naturel  que 
l'on  mît  à  profit  cette  influence  favorable  du  climat  des  altitudes  pour 
obtenir  la  guérison  des  phthisiques,  ainsi  que  cela  est  pratiqué  dès  long- 
temps au  Mexique  et  au  Pérou,  où  cette  classe  de  malades  est  envoyée 
sur  les  hauteurs.  Tandis  que  ce  n'est  que  tout  dernièrement  que  l'on  a 
pensé  à  établir  en  Europe  des  sanatoria  pour  les  phthisiquei^.  Le  D' Gas- 
taldi,  de  Turin,  l'avait  conseillé  il  y  a  déjà  trente  ans.  Le  D'  Brehmer 
l'a  mis  en  pratique  à  Gôrbersdorf  (557")  ;  en  outre  les  D"  Unger  et 
Spengler  ont  fondé  à  Davos  (1556")  un  sanatorium  dont  l'importance 
augmente  tous  les  jours,  comme  nous  le  verrons  plus  loin.  Il  en  est  de 
même  pour  l'Engadine  où  existent  plusieurs  stations  sanitaires,  entre 
autres:  Pontresina  (ISOS"),  Saint-Moritz  (1786»)  etSamaden  (1742-) 
qui  réunissent  la  plupart  des  conditions  favorables  aux  phthisiques. 
Nous  signalerons  ces  deux  vallées  européennes  comme  types  du  climat 
des  altitudes  moyennes  et  nous  y  ajouterons  quelques  détails  sur  la  sta- 
tion sanitaire  de  Denver,  située  sur  la  pente  orientale  des  Montagnes 
rocheuses  dans  l'Amérique  du  Nord. 

§  1.  Davos.  Cette  station  est  à  l'altitude  de  1556  mètres  dans  une 
vallée  des  Alpes  Rhétiennes.  Orientée  du  nord-est  au  sud-ouest,  elle  est 
abritée  des  vents  du  nord  par  la  chaîne  du  Rhœtikon  et  ouverte  au  midi  ; 
de  manière  à  permettre  l'accès  des  rayons  solaires  pendant  une  grande 
partie  de  la  journée.  En  outre,  l'air  est  habituellement  sec  et  les  brouil- 
lards sont  à  peu  près  inconnus,  d'où  il  résulte  que  l'atmosphère  est  dia- 
thermale  et  transparente,  laissant  pénétrer  librement  les  rayons  du 
soleil  qui  réchauffent  le  sol  et  permettent  le  séjour  en  plein  air  pendant 
la  journée  des  malades,  c'est-à-dire  de  neuf  à  quatre  heures. 

La  neige  est  en  permanence  depuis  octobre  jusqu'en  avril,  mais, 
comme  l'air  est  sec  et  qu'il  ne  dégèle  pas,  elle  reste  pulvérulente  et  ne 
s'attache  pas  aux  chaussures  et  aux  vêtements.  Le  froid  e^t  très  rigou- 
reux pendant  l'hiver,  puisque  la  température  moyenne  est  de  —  S^'GS, 
c'est-à-dire  près  de  six  degrés  au-dessous  de  zéro  et  qu'en  janvier,  eUe 
dépasse  les  huit  degrés  (  —  8°  18).  Et  cependant  les  malades  supportent 


INFLUENCES  DES  ALTITUDES.  187 

très  bien  ce  climat  presque  sibérien,  non  seulement  peudant  le  jour, 
mais  aussi  pendant  la  nuit,  où  le  guichet  supérieur  des  fenêtres  reste 
ouvert,  et  qu'en  outre,  ils  sont  presque  tous  soumis  à  un  traitement 
hydrothérapique  assez  complet. 

n  n'y  a  pas  bien  longtemps  qu'une  telle  méthode  de  traitement  appli- 
quée à  des  phthisiques  eût  été  considérée  comme  ime  véritable  barbarie, 
et  cependant  les  bons  effets  que  Ton  en  obtient  tous  les  jours  sont  telle- 
ment satisfaisants  que  les  malades  s'y  rendent  chaque  année  en  plus 
grand  nombre  et  que  pendant  l'hiver  dernier,  ils  ont  atteint  le  chiffire 
de  huit  œnts. 

C'est  en  1862  que  le  D'  Spengler  signalait  au  D'  Mayer-Ahrens  l'ab- 
sence de  phthisiques  dans  la  vallée  de  Davos  et  en  tirait  la  conséquence 
que  ce  climat  pouvait  exercer  une  influence  favorable  sur  la  marche  de 
la  tuberculose.  Cette  supposition  a  été  complètement  véritiée  par  l'expé- 
rience des  vingt  années  écoulées  depuis  lors,  puisque  des  centaines  de 
malades  ont  obtenu  une  grande  amélioration  dans  leurs  souffrances  et 
que  plusieurs  ont  pu  quitter  Davos  après  une  complète  guérison.  L'une 
des  premières  qui  mérite  d'être  signalée  est  celle  du  D'  Unger  qui, 
après  avoir  fait  un  séjour  inutile  à  Gôrbersdorf,  se  rendit  à  Davos  où  il 
s'est  complètement  rétabli  et  y  demeure  depuis  seize  à  dix-huit  ans. 
J'ai  eu  le  privilège  de  l'ausculter  et  j'ai  constaté  qu'il  existe  encore  des 
traces  d'anciennes  cavernes  au  sonmiet  des  poumons,  mais  avec  les 
apparences  d'une  santé  parfaite.  Le  D'  Spengler  a  observé  les  mêmes 
heureux  effets  du  séjour  de  Davos  chez  un  grand  nombre  de  malades 
qui  ont  vu  disparaître  la  fièvre,  la  toux  et  tous  les  symptômes  caracté- 
ristiques de  la  tuberculose.  Il  a  reconnu  que  les  hémoptysies  diminuent 
de  fréquence  et  de  gravité  ;  en  même  temps  que  les  bronchites  aiguës  ne 
se  montrent  que  très  rarement.  En  outre,  la  circonférence  thoracique 
était  très  notablement  augmentée  ;  la  même  observation  a  été  signalée 
par  le  D'  Th.  Williams  chez  des  malades  dont  il  avait  mesuré  la  poitrine 
avant  et  après  un  séjour  de  plusieurs  mois  à  Davos. 

§  2.  UEngadine.  C'est  la  plus  haute  vallée  de  l'Europe  qui  soit  habi- 
tée pendant  toute  l'année  par  une  nombreuse  population.  L'Engadine 
est  orientée  du  nord-ouest  au  sud-est  ;  elle  est  située  entre  deux  chaînes 
de  montagnes  et  dominée  par  des  pics  très  élevés  où  se  forment  plusieurs 
glaciers  qui  descendent  jusque  dans  la  vallée.  Le  cUmat  de  la  haute 
Engadine  est  encore  plus  rigoureux  que  celui  de  Davos,  puisque  la  tem- 
pérature moyenne  de  l'hiver  est  de  —  7°70pour  les  trois  stations  de 
Saint-Moritz  (1855»),  de  Pontresina  (1808"-),  et  de  Samaden  (1742").  La 
neige  y  séjourne  pendant  sept  à  huit  mois  et  ne  fond  qu'au  printemps. 
L^atmosphère  y  est  moins  transparente  que  celle  de  Davos,  mais  encore 


188  SEANCE  DU  VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 

très  lumineuse  ;  les  brouillards  sont  rares  et  la  sécheresse  prédomine  ; 
ce  qui  permet  aux  malades  un  long  séjour  en  plein  air. 

L'immunité  phthisique  existe  au  même  degi'é  qu'à  Davos  ;  peut-être 
même  avec  plus  d'avantages  en  conséquence  d'une  plus  grande  raréfac- 
tion de  l'air  proportionnée  à  l'altitude  de  l'Engadine.  Aussi  cette  vaUée 
est-elle  de  plus  en  plus  recherchée  comme  séjour  d'hiver  par  les  phthisi- 
ques,  qui  trouvent  dans  les  splendides  hôtels  ouverts  toute  l'année,  des 
ressources  en  logement  et  en  noui'riture  aussi  confortables  qu'ils  peu- 
vent le  désirer.  Quelques-uns  qui  ont  retrouvé  la  santé  ont  construit  des 
maisons  pour  s'y  fixer  définitivement.  D'autres  qui  étaient  menacés  de 
phthisie  héréditaire  se  sont  bien  trouvés  de  passer  plusieurs  hivers  dans 
l'Engadine.  C'est  donc  avec  confiance  que  nous  pouvons  conseiller  ce 
séjour  pour  prévenir  ou  guéiir  la  tuberculose. 

§  3.  Denrer,  Cette  station  sanitaire  est  située  dans  l'État  de  Colo- 
mdo  sur  le  vei-sant  oriental  des  Montagnes  rocheuses  à  Touest  des 
États-Unis.  C'est  là  que  le  D'  Denison,  après  y  avoir  constaté  l'immu- 
nité phthisique,  a  établi  une  station  sanitaire  qui  jouit  déjà  d'une 
grande  réputation,  puisque  plus  de  deux  cents  phthisiques  y  ont  séjourne 
pendant  une  grande  partie  de  l'année  et  qu'en  additionnant  la  durée 
totale  de  leur  séjour  à  Denver,  l'on  anive  au  chiffre  très  i*espectable  de 
trois  cent  cinquante  années.  L'altitude  est  un  peu  plus  grande  que  celle 
de  Davos,  puisqu'elle  atteint  1635  mètres. 

La  température  est  assez  rigoureuse  en  décembre  où  elle  atteint 
—  3°, 35  et  en  janvier  où  eUe  est  de—  4°, 80.  La  moyenne  hivernale  est 
d'un  demi-degré  au-dessous  de  zéro  (—0°, 59):  celles  du  printemps  et  de 
l'automne  sont  assez  tempérées  :  10%18  et  9°, 87,  tandis  qu'en  été  l'on  a 
21°, 43.  La  température  moyenne  de  l'année  atteint  près  de  dix  degrés 
(9°, 87).  L'atmosphère  est  très  lumineuse  pendant  l'hiver,  à  cause  de 
Tabsenc^  de  brouillards  et  de  la  sécheresse  qui  est  prononcée  ;  aussi  les 
rayons  solaires  sont-ils  très  chauds  en  toute  saison ,  ce  qui  permet  aux 
malades  de  séjourner  longtemps  en  plein  air,  d'autant  plus  que  les  cou- 
rants aériens  sont  assez  modérés. 

Le  D'  Denison  attribue  les  bons  effets  de  ce  climat  à  sa  sécheresse, 
à  sa  clarté,  ainsi  qu'à  la  rigueur  de  la  température  ;  mais,  avant  tout, 
à  la  raréfaction  de  l'air  qui  résulte  de  l'altitude  et  qui  exerce  une 
influence  prophylactique  et  thérapeutique  sur  la  phthisie,  surtout  dans 
la  première  période  quand  elle  s'accompagne  de  symptômes  inflamma- 
toires ou  hémorragiques.  Un  séjour  prolongé  est  absolument  nécessaire 
pour  obtenir  une  guérison  définitive,  surtout  lorsque  la  maladie  est  déjà 
très  avancée,  ou  que  l'amélioration  se  fait  attendre. 

La  ville  de  Denver  est  reliée  aux  États  de  l'est  par  des  chemins  de 


INFLUENCES  DES  ALTITUDES.  189 

fer  ;  elle  oflEre  toutes  les  conditions  favorables  en  logements  et  nourri- 
ture dans  ses  vastes  et  nombreux  hôtels  *. 

Comme  on  le  voit  les  stations  de  Davos,  de  l'Engadine  et  de  Denver 
peuvent  être  considérées  comme  types  des  climats  favorables  au  trai- 
tement des  phthisiques.  Elles  ont,  en  outre  de  Taltitude,  des  caractères 
communs  qui  constituent  leur  influence  thérapeutique  :  c'est-à-dire,  la 
sécheresse  et  la  clarté  de  l'atmosphère,  la  fixité  de  la  température  qui 
est  rigoureuse  pendant  plusieurs  mois. 

n.  Grandes  altitudes  (deux  à  quatre  mille  mètres).  —  Nous  ne 
possédons  pas  en  Europe  des  stations  médicales  qui  dépassent  la  limite 
de  deux  mille  mètres  ;  car  on  ne  peut  ranger  sous  cette  dénomination  les 
hôtels  et  les  hospices  situés  dans  ces  hautes  régions.  Les  hôtels  ne  sont 
visités  que  par  des  touristes  et  seulement  pendant  deux  ou  trois  mois  de 
Tété,  alors  que  les  grandes  chaleurs  régnent  dans  les  plaines  sous- 
jacentes.  Quelques-uns  ont  cependant  été  choisis  comme  séjours  de 
montagne  pendant  quelques  semaines  et  paraissent  avoir  exercé  une 
influence  favorable  pour  fortifier  des  personnes  débilitées  ;  mais  il  n'est 
pas  à  ma  connaissance  que  des  phthisiques  y  aient  séjourné  pendant 
tout  l'été,  à  plus  forte  raison  pendant  l'hiver,  puisqu'aucune  de  ces 
pensions  n'est  ouverte  toute  l'année. 

Voici,  du  reste,  l'altitude  de  quelques-uns  de  ces  hôtels  :  celui  du 
Faulhorn  (2620  m.),  de  l'Aegishorn  (2500  m.),  du  Riefel  (2490  m.),  de  la 
Jungfrau  (2487  m.),  du  Niesen  (2384  m.),  du  Klinsenhorn  (2222  m.),  et 
de  Bellevue  (2111  m.)  sur  le  Pilate;  de  l'Alpenrose  (2064  m.)  et  du 
Belalp  (2052  m.). 

Les  hospices  élevés  par  la  charité  chrétienne  sur  le  passage  des 
voyageurs  sont,  au  contraire,  toujours  ouverts  pour  les  recevoir  et  les 
héberger;  souvent  même  pour  leur  porter  secours  lorsqu'ils  sont 
en  détresse,  au  milieu  d'un  tourbillon  de  neige  ou  ensevelis  sous  des 
avalanches.  C'est  alors  que  des  chiens  bien  dressés  savent  les  décou- 
vrir et  leur  oflBrir  des  cordiaux  qu'ils  portent  à  leur  cou.  C'est,  en  parti- 
culier, le  cas  pour  les  hospices  du  grand  et  du  petit  Saint-Bernard 
(2478  m.  et  2250  m.).  Celui  du  Saint-Gothard  (2075  m.),  est  devenu 
moins  nécessaire  depuis  l'ouverture  du  grand  tunnel,  cependant  le 
directeur  nous  disait  tout  dernièrement  qu'il  y  séjournerait  pendant 
l'hiver  afin  de  recevoir  les  passagers  que  l'exiguité  de  leurs  ressources 
pécuniaires  empêcheraient  de  profiter  du  chemin  de  fer.  L'hospice  du 

'  D'  Ch.  Denison,  Rocky  mountains  health  resorts.  An  analytic  study  of  high 
altitades  in  relation  to  the  arrest  of  chronic  pulmonary  disease.  In-8<*,  Boston, 
1880. 


190  8ÉAKCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

Simplou  (2004  m.),  a  été  souvent  couseillé  comme  station  sanitaire 
pendant  Tété  et  mis  à  profit  par  quelques  malades  soufireteux  ou  débi- 
lités. 

Mais  c'est  en  Asie  et  dans  les  deux  Amériques  que  l'on  trouve 
de  nombreux  sanatoria  situés  à  de  grandes  altitudes.  Les  Indes  orien- 
tales en  comptent  plusieurs  situés  sur  les  pentes  de  THimalaya,  des 
Ghattes  et  dse  Nligherri.  C'est  là  que  les  colons  européens  viennent 
respirer  un  air  moins  brûlant  que  celui  des  plaines.  Le  plus  élevé  est 
sans  contredit  le  sanatorium  de  Dittinghur  (4700  m.)  qui  atteint  presque 
à  la  hauteur  du  Mont-Blanc  (4801  m.)  ;  ensuite  viennent,  quoiqu'à  une 
grande  distance,  Darjeling  (2442  m.),  Murree  (2280  m.),  Simla(2135m.) 
et  Nynee  Tal  (2074  m.)  qui  a  été  dernièrçment  ravagé  par  un  éboule- 
ment.  Toutes  ces  stations  sont  situées  sur  les  pentes  méridionales  de 
l'Himalaya,  au  milieu  des  forêts  de  rhododendrons  et  de  la  végétation  la 
plus  luxuriante.   Le  climat  en  est  tempéré  et  très  salubre,  quoiqu< 
n'étant  pas  à  l'abri  des  fièvres  ;  ces  stations  n'en  constituent  pas  moin^ 
une  précieuse  ressource  pour  les  Européens  épuisés  par  leur  séjour  dan^ 
un  climat  brûlant.  L'atmosphère  y  estj)lut6t  humide  que  sèche,  malgré 
l'altitude  et  la  température  diurne  y  est  modérée,  tandis  que  les  nuits^ 
sont  assez  fraîches  et  réclament  des  précautions  contre  les  refroidisse-  - 
ments.  Les  pluies  sont  fréquentes  et  abondantes.  La  limite  inférieure 
des  neiges  est  à  3700  mètres  sur  le  versant  méridional,  où  sont  situées 
toutes  ces  stations  sanitaires.  La  plus  réputée  est  Simla,  où  la  tempéra- 
ture annueDe  est  de  14*,30,  celle  de  l'hiver  étant  8*,3,  du  printemps 
15%  1,  de  l'été  19*3  et  de  l'automne  14%7.  D'où  l'on  voit  que  le  climat 
de  Shnla  est  aussi  tempéré  que  celui  du  centre  de  l'Europe. 

A  l'extrémité  méridionale  des  Ghattes,  se  trouve  le  sanatorium  d'Ou- 
tacamund  (2391  m.)  dont  la  température  moyenne  est  presque  exacte- 
ment celle  de  Simla,  c'est-à-dire  14'*,20,  mais  l'hiver  y  est  plus  chaud  et 
atteint  11%80  ;  décembre  ayant  10%02  ;  l'automne  14*03  et  l'été  16*,27, 
soit  un  peu  moins  qu'à  Simla. 

Outacamund  est  une  précieuse  ressource  pour  les  colons  européens  de 
Pondichéry  et  de  Madras  sur  les  côtes  orientales,  ainsi  que  pour  ceux 
qui  habitent  Mangalore,  Cannanore  et  Calicut  sur  la  côte  occidentale. 
L'on  trouve  dans  cette  station  tout  le  confort  désirable  pour  des  mala- 
des et  des  convalescents. 

L'île  de  Ceylan  possède  Une  chaîne  de  montagnes  avec  des  sommités 
qui  atteignent  2523  mètres  ;  la  plus  célèbre  est  le  pic  d'Adam  (2260  m.)  ; 
on  trouve  non  loin  de  cette  sommité  un  plateau  qui  est  très  recherché 
conmie  sanatorium^  celui  de  Neuera-Allia  (1893  m.). 

Les  possessions  néerlandaises  des  îles  de  la  Sonde,  sont  très  riches  eu 


INFLUENCES  DES  ALTITUDES.  191 

stations  sanitaires  où  les  colons  hollandais  vont  chercher  un  climat 

moins  brûlant  et  moins  insalubre  que  celui  des  plaines  ;  elles  sont  situées 

dans  la  zone  fraîche  à  des  altitudes  qui  varient  entre  2340  et  3250 

mètres,  la  températui-e  en  est  fort  agréable.  Ce  climat  des  altitudes 

eierce  une  influence  très  favorable  sur  les  fébricitants,  les  anémiques 

et  les  personnes  atteintes  des  maladie^s  du  foie  qui  sont  si  fréquentes 

dans  les  basses  terres. 

Les  deux  Amériques  sont  très  riches  en  stations  utilisées  comme 
wnaioria.  Dans  TAmérique  du  Nord,  on  trouve  le  vaste  plateau  de 
rAnahuac  qui  constitue  les  terras  Jrias  ou  terres  froides  du  Mexique.  Son 
altitude  moyenne  dépasse  2000  mètres  ;  la  ville  de  Puebla  est  à  2150  m. 
et  celle  de  Mexico  à  2277  mètres.  Le  D'  Jourdanet  avait  constaté  la  fré- 
quence de  ]a  phthisie  dans  les  terras  calientes  ou  terres  chaudes  voisines 
de  la  mer  et  après  s'être  transporté  sur  le  plateau,  il  a  souvent  observé 
1^ immunité  dont  jouissent  ses  habitants  à  Tégard  de  la  phthisie;  en 
même  temps  que  les  bons  etets  produits  par  ce  séjour  sur  les  malades 
^vernis  des  régions  basses,  qui  échangeaient  le  séjour  des  plaines  contre 
celui  des  altitudes.  C'est  là  qu'il  a  constaté  l'existence  de  ïanoxyhémie 
oliez  les  habitants  de  ce  haut  plateau,  et  qu'il  a  considéré  la  diminution 
d«  l'oxygène  par  suite  de  la  raréfaction  de  l'air  comme  une  sorte  de 
rfièfe  respiratoire  qui  exerce  une  influence  favorable  pour  prévenir  et 
Siiérir  la  phthisie. 

L'Amérique  du  Sud  compte  un  grand  nombre  de  villes  situées  à  des 
uiveaux  très  élevés,  c'est  en  particulier  le  cas  de  Quito  (2908  m.),  dans 
la  république  de  l'Equateur  et  de  Santa-Fé-de-Bogota  (2641  m.)  dans 
la  Nouvelle-Grenade.  Le  Pérou  et  la  Bolivie  sont  habités  à  de  plus 
grandes  altitudes  encore,  comme  par  exemple,  Petosi  (4166  m.),  Cala- 
marca  (4141  m.),  la  Paz  (3780  m.),  Micuicampa  (3618  m.)  et  laPlata 
(2844  m.)-  C'est  dans  ces  villes  que  les  docteurs  envoient  les  phthi- 
siques  des  régions  côtières.  Les  avantages  de  cette  méthode  sont  si  bien 
reconnus  que  le  gouvernement  péruvien  a  fondé  dans  la  ville  de  Jauja 
(3048  m.)  un  sanatorium  pour  les  phthisiques  où,  d'après  le  D' Fuentes, 
les  79  Vo  seraient  guéris  après  un  séjour  de  trois  à  six  mois.  J'ai  pu  con- 
stater, par  mes  propres  observations,  les  heureux  effets  des  altitudes 
chez  une  dame  de  Lima  qui  avait  été  guérie  d'une  phthisie  assez 
avancée  par  le  séjour  dans  les  hautes  régions  de  la  Cordillère.  Le 
D'  Th.  Williams  en  cite  un  exemple  encore  plus  frappant,  celui  d'un 
horloger  suisse  dont  le  père  et  la  mère  étaient  morts  phthisiques  et 
qui  fut  atteint  de  la  même  maladie,  pour  laquelle  on  lui  conseilla  de 
se  rendre  dans  un  pays  plus  chaud  que  les  montagnes  neuchâteloises  ; 
il  se  rendit  à  Panama  où  le  mal  empira,  et  fut  alors  dirigé  vers  Quito 


192  SÉANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

(2908  m.),  OÙ  il  retrouva  la  santé  et  reprit  des  forces  au  point  de  pouvoir 
faire  des  ascensions  considérables  ;  aussi  après  un  séjour  de  six  mois, 
crut-il  pouvoir  retourner  à  Panama,  mais  sa  maladie  y  reparut  conune 
auparavant  ;  il  fut  alors  dirigé  sur  les  altitudes  du  Pérou  et  de  la  Boli- 
vie ;  et  se  rendit,  d'abord  à  la  ville  d'Arequipa  (2392  m.)  et  plus  tarda 
la  Paz  (3780  m.)  oii  il  ressentit  de  nouveau  les  bons  effets  du  climat  des 
altitudes,  et  se  croyant  définitivement  guéri,  il  revint  en  Europe;  mais 
la  maladie  reprit  avec  une  telle  intensité  qu'il  ne  tarda  pas  à  succom- 
ber *.  Il  est  peu  d'exemples  aussi  frappants  de  l'influence  thérapeutique 
du  climat  des  grandes  altitudes  que  celui  dont  nous  venons  de  raconter 
les  émouvantes  péripéties.  Mais  ce  cas  n'est  point  isolé  et  nous  pour- 
rions en  citer  d'autres  aussi  probants,  qui  ont  été  observés  par  les 
docteurs  Archibald  Smith  et  WaLshe  en  confiiination  des  observations 
du  D""  Jourdanet  sur  ce  sujet. 

Nous  pouvons  donc  considérer  l'influence  thérapeutique  des  alti- 
tudes sur  la  phthisie  comme  un  fait  définitivement  acquis  à  la  science, 
puisqu'il  est  confirmé  par  des  observateurs  dignes  de  foi,  aussi  bien  dans 
l'ancien  que  dans  le  nouveau  monde.  Et  nous  terminons  ici  l'étude  du 
sujet  que  nous  nous  étions  proposé  sur  les  influences  hygiéniques  phy- 
siologiques, prophylactiques  et  thérapeutiques  des  altitudes. 

Conclusions.  —  l**  L'insuflBsance  de  l'oxygène  qui  résulte  de  la  dila- 
tation de  l'atmosphère  des  hautes  régions  peut  amener  l'asphyxie,  si 
elle  n'est  pas  combattue  par  des  inhalations  d'oxygène. 

2*"  Le  inal  de  montagne  a  pour  cause  essentielle  la  diminution  de 
l'oxygène  atmosphérique,  alors  que  les  contractions  musculaires  néces- 
sitées par  la  marche  ascensionnelle  en  réclament  une  quantité  supplé- 
mentaire. C'est  également  l'insuflisance  de  l'oxygène  qui  cause  les 
douleurs  musculaires  et  oblige  à  un  repos  immédiat. 

4""  La  respiration  et  la  circulation  deviennent  plus  rapides  à  mesure 
que  l'on  s'élève  au-dessus  du  niveau  des  mers.  En  même  temps,  l'exha- 
lation de  l'acide  carbonique  augmente  jusqu'à  une  certaine  limite  que 
l'on  peut  fixer  approximativement  entre  1500  et  2000  mètres,  tandis 
qu'au  delà,  elle  diminue  en  raison  directe  de  l'altitude. 

4*  Au-dessus  de  2000  mètres,  malgré  que  la  circulation  et  la  respira- 
tion soient  accélérées,  l'insuffisance  de  l'oxygène  contenu  dans  une 
atmosphère  dilatée  développe  une  anémie  constitutionnelle  que  le 
D'  Jourdanet  a  qualifiée  du  nom  (ïanoxyhémie. 

5**  Dans  les  altitudes,  la  digestion,  l'exercice  musculaire  et  l'abaisse- 


*  D'  Th.  Williams,  The  mfluetice  of  climat  in  the  prévention  and  treatment  of 
pulmonary  consomption.  In- 12  London  1877. 


INFLDEKCB8  DES  ALTITUDES.  193 

ment  de  la  température,  augmentent  et  accélèrent  Texhalation  de  Tacide 
carbonique. 

6*  Le  séjour  des  altitudes  rend  les  inspirations  non  seulement  plus 
fréquentes,  mais  aussi  plus  profondes,  d'où  résulte  une  augmentation 
de  la  capacité  et  de  la  circonférence  thoraciques. 

l""  Un  séjour  temporaire  ou  permanent  des  altitudes  moyennes,  au- 
dessous  de  2000  mètres  exerce  une  action  stimulante  sur  toutes  les  fonc- 
tions. 

S""  Les  grandes  et  moyennes  altitudes  ont  une  influence  prophylactique 
et  thérapeutique  sur  la  phthisie  pulmonaire. 


Discours  de  M.  Paul  Bert*. 

Après  avoir  remercié  le  Président  de  l'assemblée  devant  laquelle  il  va 
parler,  de  la  bienveillance  avec  laquelle  on  Ta  accueilli  au  Congrès,  et 
après  avoir  rappelé  que  les  opinions  émises  par  M.  Lombard  sur  la 
question  des  altitudes  sont  également  les  siennes,  M.  P.  Bert  s'exprime 
en  ces  termes  : 

Lorsque  j'ai  commencé  à  m'occuper  de  cette  question  de  Tinfluence 
des  altitudes  sur  l'organisme  humain,  je  me  suis  vite  aperçu  qu'elle  était 
fort  complexe,  et  que  cette  complexité  résultait  surtout  de  ce  que  jus- 
qu'alors elle  avait  été  encombrée  par  des  récits  et  des  explications  venant 
de  tous  les  points  de  la  science.  Les  voyageurs,  les  médecins,  les  hygié- 
nistes, les  physiciens,  les  hommes  politiques  s'en  étaient  occupés  et  cha- 
cun d'eux  avaient  fourni  des  explications  en  rapport  avec  son  genre 
d'esprit,  dont  les  unes  contenaient  une  part  de  vérité,  dont  d'autres 
étaient  vraisemblables  ;  aucune  d'ailleurs  ne  reposant  sur  une  base  scien- 
tifique solide. 

La  plus  célèbre  de  ces  explications  est  la  suivante,  que  vous  connaissez 
déjà  : 

Le  corps  humain,  disait-on,  supporte  de  la  part  de  l'atmosphère  un 
poids  de  tant  de  kilogrammes,  si  l'on  monte  à  telle  hauteur,  on  se  trouve 
déchaîné  d'une  partie  de  ce  poids  égal  à  tant  de  kilogrammes,  et  dès  lors 
les  fluides  intérieurs  qui  luttent  à  l'état  normal  contre  cette  énorme 
pression,  s'échappent  au  dehors,  donnant  naissance  à  la  série  des  acci- 
dents connus  sous  le  nom  de  mal  des  montagnes. 

Or  aujourd'hui,  cette  explication  si  séduisante  ne  saurait  plus  être 

'  Reproduit  d'après  la  Semaine  médicale  du  14  septembre  1882. 

13 


194  SÉANCE   DU   VENDREDI  8   SEPTEMBRE. 

admise.  La  preuve  la  plus  évidente  en  a  été  fournie  par  cette  expérience 
dans  laquelle  je  me  suis  soumis  à  une  diminution  très  grande  de  la  pres- 
sion extérieure,  diminution  telle  que  la  vie  pouvait  être  considérée  comme 
impossible,  et  en  constatant  cependant  que  même  dans  cette  atmosphère 
j'éprouvais  un  bien-être  relatif,  à  la  condition  de  respirer  une  certaine 
quantité  d'oxygène. 

Si  cette  expérience  suffit  pour  éliminer  la  vieille  théorie  mécanique  du 
mal  des  montagnes,  elle  peut  également  servir  à  rejeter  toutes  les  théo- 
ries secondaires,  telles  que  celles  qui  font  dériver  le  malaise  d'émana- 
tions spéciales  provenant  des  flancs  de  la  montagne,  émanation  d'anti- 
moine dans  les  Andes,  d'acide  carbonique  h  Pamyr,  etc..  Il  en  est  de 
même  des  explications  basées  sui*  l'influence  électrique  de  l'atmosphère. 

Non,  toutes  ces  explications  un  peu  recherchées  ne  sont  pas  exactes, 
et  l'explication  véritable  est  la  plus  simple  du  monde,  elle  est  la  consé- 
quence de  l'expérience  dont  je  viens  de  vous  parler. 

Dans  le  sang  qui  circule  dans  nos  veines,  se  trouve  une  certaine  quan- 
tité de  gaz,  panni  lesquels  nous  trouvons  surtout  l'oxygène  et  l'acid** 
carbonique.  Cet  oxygène,  dont  la  présence  est  absolument  nécessaire  a 
l'entretien  de  la  vie,  est  intimement  lié  à  la  matière  colorante  titii 
imprègne  les  globules  du  sang.  Cette  union  est  le  résultat  d'une  coni'bi' 
naisou. 

La  connaissance  de  cette  dernière  circonstance  a  fait  croire  penda^^^ 
longtemps  que  la  suppression  de  la  pression  extérieure  ne  pouvait  avoii' 
aucune  influence  sur  l'oxygène  de  cette  combinaison,  mais  c'était  là  uU^ 
nouvelle  erreur.  Il  est  aujourd'hui  parfaitement  démontré  que  certaiu^ 
combinaisons  peu  stables,  comme  celle  de  l'oxygène  avec  la  matière 
colorante  du  sang  ou  hémoglobine  sont  influencées  par  les  modifica- 
tions de  la  pression  extérieure.  Rien  d'étonnant,  dès  lors,  qu'avec  une 
baisse  barométrique  notable,  cette  hémoglobine  abandonne  une  certaine 
quantité  de  son  oxygène,  et  que  l'homme  ou  l'animal  soumis  à  cette 
décompression  éprouve  tous  les  symptômes  propres  à  l'asphyxie. 

Puisque  nous  connaissons  la  cause  du  phénomène,  il  nous  sera  facile 
d'en  éviter  la  manifestation.  Le  remède,  en  efiFet,  se  trouve  facilement; 
il  suflBt  de  faire  le  raisonnement  suivant  : 

En  subissant  une  décompression  équivalente  à  une  demi-atmosphère, 
par  exemple,  l'hémoglobine  perd  la  moitié  de  son  oxygène,  et  l'asphyxie 
en  est  la  conséquence;  mais  si,  en  même  temps  que  cette  décompression 
se  produit,  on  fait  respirer  à  l'homme  ou  à  l'animal  un  air  contenant 
deux  fois  plus  d'oxygène  que  n'en  contient  l'air  normal,  l'équilibre  va  se 
rétablir,  et  les  phénomènes  asphyxiques  disparaîtront. 

Voilà  ce  que  nous  indique  le  raisonnement  ;  l'expérience  démontre  que 
telle  est  bien,  en  effet,  la  vérité. 


INFLUENCES   DES  ALTITUDES.  195 

Lorsqu^OQ  se  place,  comme  je  l'ai  fait,  daus  une  cloche  fennée,  et 
que  peu  à  peu  on  supprime  Tair  de  la  cloche,  on  constate  tout  d'abord 
uoe  diminution  de  la  sensibilité  générale  :  l'ouïe  est  amoindrie,  la  vision 
de  même,  on  a  la  plus  grande  difficulté  à  efiFectuer  le  moindre  travaU 
intellectuel.  Il  m'est  arrivé,  dans  ces  conditions,  de  ne  pouvoir  faire  la 
multiplication  d'un  nombre  simple  par  trois.  Si  alors  on  respire  un 
simple  mélange  d'oxygène  et  d'air  en  proportion  convenable,  immédia- 
tement, comme  par  un  coup  de  baguette,  les  sens  se  réveillent  ;  il  semble 
que  l'on  sort  d'un  éblouissement,  d'une  syncope.  Les  battements  du 
cœur  sont  ramenés  à  leur  rythme  normal,  la  respiration  qui  était  accé- 
lérée se  ralentit,  on  éprouve  en  un  mot  le  bien-être  le  plus  complet. 

C'est  après  m'être  assuré  du  résultat  de  ces  expériences  sur  moi-même, 
que  j'ai  engagé  quelques  amis  à  m'imiter,  et  parmi  ceux-ci  se  sont 
trouvés  Sivel  et  Crocé-Spinelli  qui,  peu  de  temps  après,  devaient  périr 
victimes  de  leur  dévouement  à  la  science  (Ai)plaudis8emenis).  Ces  expé- 
riences, ils  les  firent  avec  une  véritable  témérité.  Je'me  rappelle  avoir  vu 
un  jour  Crocé-Spinelli  que  j'observais  à  travers  une  lucarne  pousser 
l'expérience  pi*esquc  jusqu'à  l'asphyxie  ;  il  était  violacé,  et  je  me  dispo- 
sais h  ouvrir  le  robinet  destiné  à  faire  rentrer  l'air  pur,  lorsque  je  le  vis 
porter  à  sa  bouche  le  tube  du  ballon  d'oxygène.  Comme  par  enchante- 
Dient,  il  reprit  son  aspect  normal,  la  teinte  violacée  de  sa  peau  dispainit 
subitement,  et  il  put  reprendre  le  travail  qu'il  exécutait. 

Quelques  minutes  après  je  l'interrogeai,  lui  demandant  pourquoi  il 
avait  tant  tardé  à  utiliser  le  moyen  qu'il  avait  à  sa  portée. 

—  J'ai  voulu  aller  jusqu'au  moment- oîi  j'ai  complètement  cessé  d'y 
voir  clair,  me  répondit-il.  C'est  lorsque  j'ai  été  aveugle  que  j'ai  pris  de 
Voxygène.  Ma  vue  s'est  rétablie  instantanément  (f^enèation). 

C'est  après  avoir  renouvelé  un  ceilain  nombre  de  fois  ces  expériences, 
que  ces  hommes  courageux  résolurent  de  gagner  en  ballon  des  parties 
de  l'atmosphère  inexplorée  jusqu'alors,  afin  d'y  faire  les  études  météo- 
rologiques qui  sont  si  intéressantes  à  ces  hauteurs. 

Leur  premier  voyage  se  fit  sans  encombre  ;  je  leur  avais  donné  une 
quantité  suflBsante  d'oxygène.  Us  descendirent  après  avoir  atteint  6000 
à  7000  mètres  sans  avoir  été  nullement  incommodés. 

Quelques  mois  plus  tard,  ils  repartirent  i)our  remonter  jJus  haut. 
Malheureusement,  je  n'étais  pas  là,  et  j'appris  leur  décision  de  s'embar- 
quer avec  150  litres  d'oxygène.  Je  leur  écrivis  immédiatement  que  la 
quantité  était  insufiSsante,  et  ma  lettre  leur  arriva  au  moment  du  départ. 
Au  lieu  d'augmenter  leur  provision,  ils  décidèrent  qu'ils  l'économise- 
raient jusqu'à  la  dernière  extrémité.  Voici  dès  lors  ce  qui  arriva,  ainsi 
que  cela  a  été  raconté  depuis  par  Tissandier,  le  survivant  de  cet 
efl^yable  drame  : 


196  8KANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

A  un  moment  donné,  se  sentant  sur  le  point  d'asphyxier,  ils  voulurent 
saisir  le  tube  d'oxygène  qui  était  à  leur  portée,  au-dessus  de  leur  tète; 
mais  il  était  trop  tard,  ils  n'en  eurent  pas  ]a  force,  et  s'évanouirent.  Peu 
après,  le  ballon  redescendait,  et  le  réservoir  d'oxygène  revenait  comme 
il  était  parti,  contenant  150  litres  de  gaz. 

Je  suis  heureux  de  vous  raconter  ces  faits  qui,  jusqu'à  ce  jour,  ont  été 
présentés  d'une  manière  erronée,  quoique  de  bonne  foi. 

Mais  l'influence  de  ces  hautes  altitudes,  si  intéressantes  pour  les 
physiologistes,  vous  intéressent  peu,  vous  autres  hygiénistes.  Le  mont 
Everest,  qui  s'élève  à  8840  mètres  est  complètement  inaccessible,  et  ce 
n'est  guère  qu'à  des  altitudes  de  1000  à  2000  mètres  que  vous  étudiez 
l'action  de  l'air  raréfié  sur  Torganisme  humain.  C'est  surtout  de  ces 
altitudes  que  vient  de  vous  parler  M.  Lombard,  et  ce  qu'il  vous  en  a  dit 
ne  me  paratt  pas  discutable. 

Le  séjour  à  des  altitudes  de  1000  h  1500  mètres  est  très  favorable  à 
l'homme  :  il  en  résulte  un  léger  accroissement  de  la  cavité  thoracique, 
la  quantité  d'oxygène  contenue  dans  l'hémoglobine  n'éprouve  pas  une 
bien  notable  modification,  aloi*s  cependant  que  le  sang  se  débarrasse 
plus  facilement  de  l'acide  carbonique  qu'il  contient. 

Les  choses  se  passent-t-elles  de  même  à  de  plus  hautes  altitudes 
^3  à  4000  mètres)  et  comment  se  fait-il  que  des  populations  tout  entières 
vivent  et  vivent  très  bien  à  de  semblables  hauteurs,  alors  que  les  voya- 
geurs et  les  animaux  qui  y  viennent  de  passage  éprouvent  des  accidents 
très  graves,  susceptibles  même  d'amener  la  mort  ?  Conmient  se  fait-il 
que  l'Européen  qui  arrive  à  La  Paz  ne  peut  faire  vingt  à  trente  pas 
sans  se  reposer,  et  qu'il  est  tout  essoufflé  sur  la  mule  qui  le  porte,  alors 
que  cette  mule  et  le  péon  qui  l'accompagne  trottent  à  côté  l'un  de 
l'autre,  sans  avoir  le  moindre  sentiment  de  la  diminution  de  pression 
de  l'atmosphère? 

Cela  peut  reconnaître  des  causes  multiples  : 

On  peut  supposer  tout  d'abord  que,  par  le  seul  fait  de  l'habitude,  ces 
hommes  font  un  usage  meilleur  de  leur  force.  On  s'accoutume  à  toutes 
les  gymnastiques  et  les  exercices  qui  au  début  fatiguaient  beaucoup  parce 
qu'ils  exigeaient  un  déploiement  considérable  d'énergie  musculaire, 
deviennent  bientôt  faciles  et  ne  s'accompagnent  plus  de  fatigue  notable. 

C'est  la  même  chose  qui  se  produit  au  sommet  des  Andes.  Le  voya- 
geur qui  y  vient  pour  la  première  fois  dépense  énormément  de  force  pour 
obtenir  un  résultat  que  l'Indien  obtient  avec  une  énergie  musculaire 
beaucoup  moindre.  Rien  d'étonnant  dès  lors  que  la  quantité  d'oxygène 
absorbée  par  l'Européen  soit  insuffisante,  alors  que  celle  absorbée  par 
l'Indien  lui  suffit  largement. 


INFLUENCES  DES  ALTITUDES.  197 

Ajoutez  à  cela  que,  peu  à  peu,  le  thorax  des  races  qui  s'accliniateut 
r  ces  hauts  plateaux,  s'agrandit  notablement,  et  que  par  suite,  la 
lantité  d'air  qu'ils  inspirent  pendant  un  temps  donné,  est  supérieure 
celle  qu'inspire  pendant  le  même  temps  un  homme  de  la  plaine. 

Une  troisième  hypothèse  peut  être  faite,  c'est  que  l'activité  de  la  dénu- 
ition  sur  les  hauts  plateaux  est  moindre  que  dans  les  plaines,  et  que, 
\T  conséquent  la  quantité  d'acide  carbonique  en  poids  rendue  par 
lomme  dans  un  temps  donné  y  est  moindre  aussi.  Il  suffirait,  pour 
en  convaincre,  de  recueillir  et  d'analyser  l'air  expiré  dans  un  temps 
)nné  sur  le  Thibet,  par  exemple.  Cela  serait  facile  à  faire,  et  je  serais 
îureux  que  le  retentissement  que  ne  peuvent  manquer  d'avoir  les  tra- 
lux  de  ce  Congrès,  engageât  un  jour  un  voyageur  des  hauts  plateaux 

nous  fournir  les  éléments  de  cette  vérification. 

Mais  ces  raisons  ne  sont  pas  les  seules,  et  Ton  peut  se  demander 
Qcore  si  le  sang  de  l'Indien  des  Andes  n'acquiert  pas,  au  bout  d'un 
îrtain  temps,  des  propriétés  spéciales  qui  le  rendent  propre  à  absor- 
Br  une  quantité  d'oxygène  plus  grande  que  celle  absorbée  par  le  sang 
î  l'Européen. 

Cette  opinion  n'est  pas  une  simple  hypophèse,  il  m'a  été  donné  d'en 
^montrer  la  réalité,  grâce  à  une  remarque  faite  par  M.  Jolyet  de  Bor- 
éaux, d'après  laquelle  le  sang,  fût-0  putréfié,  lorsqu'il  est  exposé  à  l'air 
>re,  absorbe  toujours  la  même  quantité  d'oxygène. 

Port  de  cette  remarque,  je  me  suis  fait  envoyer  du  sang  d'un  animal 
^dimaté  à  La  Paz,  localité  située  à  4000  mètres  au-dessus  du  niveau 
5  la  mer,  et  comparant  la  quantité  d'oxygène  qu'il  peut  absorber  lors- 
l'on  l'agite  à  l'air,  avec  celle  absorbée  par  le  sang  d'un  même  animal 
lé  dans  nos  climats,  j'ai  constaté  que  Thémogiobine  de  ce  dernier  avait 
[|  pouvoir  d'absorption  moindre.  Le  sang  de  nos  animaux  absorbe 
),  12  7o  de  son  poids  d'oxygène,  tandis  que  le  sang  de  La  Paz  en  absorbe 
^  et  20  7o. 

Ainsi  donc,  lorsque  l'homme  ou  les  animaux  domestiques  se  fixent 
ans  ces  régions  élevées  et  que,  au  bout  d'ime  série  de  générations  suc- 
essives,  ils  sont  arrivés  à  l'acclimatement,  leur  sang  étant  à  ce  moment 
his  riche  en  hémoglobine,  est  capable  d'absorber  une  plus  grande  quan- 
ité  d'oxygène. 

Ces  résultats  sont  consolants  pour  l'avenir  de  nos  races  humaines. 

Vous  n'ignorez  pas  que  les  astronomes  nous  menacent  d'une  mort  qui 
our  être  éloignée  n'en  est  pas  moins  fatale.  Ils  nous  disent  que  par  ce 
eul  fait  que  le  feu  central  va  s'éteignant,  l'air  qui  nous  environne 
lagnera  les  profondeurs  du  globe  et  que,  la  pression  atmosphérique 
liminuant,  un  moment  viendra  où  elle  sera  insuffisante  pour  l'entretien 


198  8KANC£  Di:  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

de  la  vie.  Je  ne  mets  pas  en  doute  ces  prédictions  pessimistes,  mais  la 
gravité  s\*\\  trouve  singulièrement  attéimée  par  les  considérations  que 
je  viens  de  vous  développer.  Il  se  produira  pour  nos  descendants,  ce  qui 
se  produit  pour  les  habitants  des  Cordillères  :  au  fur  et  à  mesure  que  la 
pression  barométrique  baissera,  leur  sang  se  mettra  en  harmonie  avec 
le  miUeu  ambiant,  et  la  facilité  avec  laquelle  il  absorbe  Toxygène  de 
l'air  augmentera,  et  la  vie  continuera  à  être  possible,  bien  longtemps 
après  que  nos  calculs,  basés  sur  ce  que  nous  observons  sur  nous-mêmes, 
l'auront  déclarée  impossible  (AjyphiKdissements  nombreux  et  rnpélh 
8f(r  touii  les  baiicy. 


DiHeouPM  de  M.  W.   Mareet. 

Monsieur  le  Président, 
Messieurs, 

Permettez-moi  d'abord  de  vous  remtîrcier  de  l'honneur  que  vous  me 
faites  en  me  permettant  de  vous  adresser  quelques  mots  au  sujet  du 
mémoire  important  que  nous  venons  d'entendre.  Cependant,  après  le 
discours  éloquent  et  plein  d'intérêt  de  l'orateur  distingué  qui  m'a  pré- 
cédé, j'ose  à  peine  prendre  la  parole;  et  si  ce  n'était  que  l'étude  de 
l'influence  de  la  hauteur  sur  le  cori)s  de  l'homme  est  pour  moi  un  sujet 
du  plus  haut  intérêt,  dont  je  me  suis  occupé  depuis  plusieurs  années,  je 
n'aurais  pas  cru  devoir  occuper  une  place  qu'un  autre  aurait  mieux 
remplie. 

L(î  corps  est  un  laboratoire,  soit  une  usine  dans  lequel  une  force 
imique  met  tout  en  mouvement,  cette  force  ce  n'est  ni  l'eau,  ni  la 
vapeur,  mais  c'est  la  vie.  Comme  toute  autre  force,  celle-ci  agit  par  une 
transformation  de  chaleur  ;  ainsi  donc  le  premier  effet  de  la  force  vitale 
est  de  créer  de  la  chaleur,  et  cette  chaleur  s'obtient  par  un  phénomène 
de  combustion  soit  d'oxydation.  Le  charbon  du  corps  est  brûlé  par  l'oxy- 
gène de  l'air,  et  la  chaleur  obtenue  se  convertit  en  grande  partie  eu  mou- 
vement. Toutes  les  fonctions  de  la  vie  demandent  donc  de  la  chaleur,  et 
cette  chaleur  se  mesure  par  le  dosage  du  carbone  brûlé,  ou  de  l'acide 
carbonique  produit.  Détenniner  le  poids  ou  le  volume  de  Pacide  carbo- 
nique qu'émet  le  corps  pendant  la  vie  ast  donc  un  des  travaux  les  plus 
importants  dans  les  recherches  physiologiques.  Il  est  vrai  que  les  procé- 
dés en  usage  pour  atteindre  ce  but  sont  du  domaine  de  la  chimie, 
mais  ils  n'en  sont  pas  moins  indispensables  à  l'étude  des  fonctions  ani- 
males. Magendie  et  mon  professeur  très  regretté  M.  Claude  Bernard  ont 


INFLUENCES   DES  ALTITUDES.  199 

été  appelés  à  teàre  usage  de  moyens  chimiques  dans  les  travaux  physio- 
logiques dont  ils  ont  doté  la  science,  et  M.  Dumas,  le  secrétaire  perpé- 
tuel de  TAcadémie,  dont  le  nom  est  toujoui"S  accompagné  de  la  vénéra- 
tion qui  lui  est  due,  s'est  trouvé  parmi  les  premiers  à  montrer  les 
méthodes  à  suivre  pour  ce  genre  d'étude.  En  Allemagne,  Lehmanii, 
Brûcke,  Fick  et  Wislescenius, et  bien  d'autres;  en  Angleterre, Parkes  et 
de  Chaumont  se  sont  distingués  dans  le  domaine  de  la  physiologie  et  xle 
l'hygiène,  par  des  travaux  relevant  de  la  chimie  ;  et  les  belles  recherches 
de  M.  Paul  Bert  ont  contribué  éminemment  à  démontrer  l'importance 
des  analyses  chimiques  pour  l'étude  des  fonctions  de  la  vie. 

Sur  les  huit  conclusions  du  mémoire  de  M.  le  D'  Lombard,  nous  n'en 
trouvons  pas  moins  de  cinq  basées  sur  des  travaux  de  nature  chimique, 
il  n'est  donc  plus  besoin  d'insister  sur  la  valeur  de  ce  genre  de  travail. 

La  première  conclusion  du  mémoire  dont  il  s'agit  «  que  l'insuffi- 
sance de  l'oxygène  qui  résulte  de  la  dilatation  de  l'atmosphère  dc^s 
hautes  régions  peut  amener  l'asphyxie  si  elle  n'est  pas  combattue  par  dos 
inhalations  d'oxygène  »  coule  de  source.  Il  est  intéressant  de  constater 
à  ce  sujet  que  MM.  Sivel  et  Crocé-Spinelli  dans  la  malheureuse  ascen- 
sion en  ballon,  le  22  mai-s  1874,  où  ils  moururent  asphyxés  à  une  hauteur 
de  8600  mètres,  et  M.  Glaisher  lorsqu'il  perdit  connaissance  à  une 
altitude  de  8839  mètres,  ont  atteint  à  peu  près  les  limites  de  l'air  respi- 
rable  que  M.  Paul  Bert  constatait  plus  tard  en  opérant  sur  des  animaux 
en  vases  clos,  soit  une  dépression  de  210  à  230  mm.  Si  au  lieu  d'am(  - 
oer  les  animaux  brusquement  sous  l'influence  de  cette  basse  pression  on 
les  privait  d'air  très  graduellement,  il  devenait  possible  de  reculer  la 
limite  de  la  vie  jusqu'à  170  à  180  mnh  de  pression.  Rendre  de  l'oxygène 
au  corps  sera  le  seul  moyen  de  combattre  l'asphyxie  causée  par  la  dila- 
tation de  l'air  à  de  grandes  hauteurs,  mais  il  s'agit  de  savoir  quelle  sei  a 
la  méthode  la  plus  avantageuse  à  suivre  pour  obtenir  ce  résultat.  Dans 
certains  cas,  on  pourra  emporter  de  l'oxygène  comprimé,  et  des  sacs 
pour  servir  à  l'inspiration  du  gaz,  mais  si  l'on  désire  atteindre  une 
grande  hauteur  sur  les  montagnes,  un  pareil  moyen  sera  d'un  usa^e 
difficile  et  en  tous  cas  peu  pratique.  Lorsque  M.  Whymper  partit  pour 
son  fameux  voyage  d'exploration  dans  la  chaîne  des  Andes,  ayant  sur- 
tout pour  but  l'ascension  du  Chimborazo,  du  Cotopaxi  et  d'autres  son\- 
mités  considérées  comme  inaccessibles,  j'eus  l'occasion  de  lui  suggérer 
d'emporter  du  chlorate  de  potasse  pour  servir  à  combattre  le  mal  de 
montagne.  J'avais  entendu  dire  à  sir  Douglas  Forsyth ,  un  voyageur 
bien  connu  pour  son  expédition  à  Kashgar,  qu'en  traversant  les  monta- 
gnes de  Cashmir  à  une  hauteur  de  5974  mètres,  il  avait  fait  usage  avec 
succès  du  chlorate  de  potasse  contre  le  mal  de  montagne  et  de  là  l'idée 
que  j'eus  l'avantage  de  transmettre  à  M.  Whymper. 


200  BiAHGB  DU  VENDREDI  8»  SEPTEKBBS. 

On  sait  que  le  chlorate  de  potasse  ou  chlorate  potassique  chaufié 
libère  de  Toxygène  et  se  transforme  finalement  en  chlorure  de  potas- 
sium ;  il  était  donc  à  croire  que  le  corps  humain  très  avide  d^oxygëne 
décomposerait  le  chlorate  de  potasse  ingéré  dans  Testomac  et  s'appro- 
prierait Toxygëne,  tout  en  produisant  de  la  chaleur.  Du  reste  cette 
substance  est  maintenant  d'un  emploi  très  fréquent  en  médecine. 
M.  Whymper  usa  du  chlorate  de  potasse  à  plusieurs  reprises  pendant 
son  ascension  du  Chimborazo,  dont  le  point  culminant  se  trouTe 
à  6253  mètres  au-dessus  de  la  mer,  et  assure  s'en  être  très  bien  trouyé, 
lorsqu'à  une  hauteur  considérable  il  éprouvait  une  très  grande  gêne 
dans  la  respiration  ;  il  me  fit  même  l'honneur  de  reconnaître  en  termes 
extrêmement  aimables  le  soulagement  qu'il  avait  éprouvé  par  ce  moyen. 
Je  n'ai  pas  encore  eu  l'occasion  de  prendre  du  chlorate  potassique 
pour  combattre  le  mal  de  montagne,  mais  cette  substance  est  d'un 
transport  facile  en  paquets  d'environ  50  centigrammes,  et  je  tiens  tout 
particulièrement  à  recommander  l'essai  de  ce  remède  à  tous  ceux  qui 
souffrent  à  de  grandes  hauteurs. 

La  deuxième  conclusion  du  D'  Lombard  est  je  crois  parfaitement 
démontrée  :  Le  mal  de  montagne  a  pour  cause  essentielle  la  diminution 
de  l'oxygène  atmosphérique.  Il  serait  intéressant  de  constater  la  tempé- 
rature du  corps  d'une  personne  soufrant  de  ce  mal  ;  je  crois  très  pro- 
bable que  l'on  observerait  un  refroidissement  marqué.  Il  m'est  arrivé 
tout  dernièrement  d'être  témoin  d'un  cas  de  ce  mal  chez  un  homme 
souJBfrant  d'une  affection  avancée  du  cœur.  La  hauteur  était  d'environ 
2400  mètres  seulement  et  le  sujet  de  cette  attaque  avait  50  ans.  Les 

• 

souffrances  de  ce  malheureux  furent  extrêmement  aiguës,  je  soulageai 
le  mal  de  tête  intense  par  des  applications  d'eau  froide,  mais  il  survint 
des  contractions  violentes  des  doigts  et  des  poignets  qui  ne  disparurent 
que  quand  le  malade  commença  à  redescendre.  Je  dois  avouer  qu'ayant 
reconnu  l'état  du  cœur,  je  fus  extrêmement  inquiet,  d'autant  plus  que  !« 
malheureux  se  sentait  mourir;  mais  tous  les  symptômes  disparurent 
avec  une  rapidité  incroyable,  quelque  mètres  plus  bas. 

Quant  à  la  troisième  conclusion,  je  continue  à  me  trouver  d'accord 
avec  le  D'  Lombard.  La  respiration  et  la  circulation  deviennent  plu0 
rapides  à  mesure  que  l'on  s'élève  au-dessus  du  niveau  des  mers.  Je  crois 
cependant  d'après  mes  observations  que  la  fréquence  respiratoire  ne 
s'accélère  pas  en  proportion  de  l'accroissement  de  la  hauteur,  et  qu'il 
existe  une  tendance  à  une  augmentation  subite  des  respirations  à  partir 
d'une  certaine  altitude  ;  cette  altitude  varierait  suivant  les  individus.  D 
est  probable  aussi  que  dans  les  hauteurs  moyennes  la  fréquence  respi- 
ratoire augmentée  d'abord,  retrouve  plus  tard  son  état  usuel,  et  j'ai 


IHFLUENCE8  DES  ALTITUDES.  201 

tout  lieu  de  croire  que  Thabitude,  qui  au  fond  régit  le  nombre  des  res- 
pirations par  minute,  prend  le  dessus.  Je  tiens,  par  exemple,  d'un  méde- 
cin établi  à  Davos  que  le  nombre  des  respirations  de  ses  malades  dans 
un  temps  donné  s'accroît  à  leur  arrivée  dans  cette  vallée,  puis  après 
quelques  semaines  revient  à  un  chiffi:^  normal. 

L^exhalaison  de  Tacide  carbonique  augmente  jusqu'à  une  certaine 
limite  de  hauteur,  suivant  les  conclusions  que  nous  discutons,  mais  j'ai 
li«i  de  croire  que  l'excès  de  combustion  dont  il  s'agit  s'observe  seule- 
ment dans  les  zones  tempérées  ou  froides,  ou  en  tous  cas  est  beaucoup 
plus  faible  sous  les  tropiques.  H  serait  aussi  probablement  moins  marqué 
sur  le  versant  méridional  des  Alpes,  dont  le  climat  est  plus  chaud  que 
sur  le  versant  nord.  La  limite  de  1500  à  2000  mètres  proposée  par  le 
!>  Lombard  me  paraît  assez  juste  en  général  pour  les  Alpes,  puisque 
l'hospice  du  Grand  Saint-Bernard  à  2478  mètres  doit  être  considéré  au- 
dessus  de  cette  limite,  la  santé  des  moines  du  Saint-Bernard  est  le  plus 
souvent,  comme  ils  me  l'ont  dit  eux-mêmes,  sérieusement  compromise 
après  un  ou  deux  ans  de  séjour  dans  cet  asile  et  même  souvent  plus  tôt. 
Lesreligieuxsonttous  dansla  vigueur  de  l'âge  et  jouissent  d'une  excellente 
santé  avant  leur  établissement  à  l'hospice,  mais  le  mauvais  climat  de 
cette  localité  uni  h  la  légèreté  de  l'air,  développe  chez  eux  une  disposition 
à  la  bronchite,  au  rhumatisme  et  aux  affections  gastriques,  et  ils  se 
trouvent  souvent  obligés  de  rentrer  dans  leurs  foyers.  Il  est  cependant 
remarquable  que  ces  moines  du  Saint-Bernard  ne  paraissent  pas  con- 
tracter la  phthisie,  les  inflammations  puhnonaires  auxquelles  ils  sont 
sujets  restent  franchement  inflammatoires. 

L'augmentation  de  l'acide  carbonique,  expiré  des  poumons  à  mesure 
que  l'on  s'élève,  fut  observée  par  le  D'  Mermod  pour  une  différence  d'al- 
titude de  142  à  1 100  mètres  et  publiée  dans  un  mémoire  intéressant  qui 
parut  en  1877  dans  le  Bulletin  de  la  Société  vatidoise  des  Sciences 
naturelles.  Depuis  1875,  je  m'étais  occupé  de  l'influence  de  l'altitude 
sur  la  respiration,  et  au  printemps  de  1878,  je  communiquai  à  la 
Sodété  royale  de  Londres  un  premier  travail  sur  ce  sujet.  Un  second 
suivit  le  premier  en  1879,  un  troisième  en  1880,  et  l'année  dernière  je 
publiai  un  résumé  de  toutes  ces  recherches  dans  les  Archives  de  la 
Bibliothèque  universelle. 

Une  première  série  d'expériences  porte  sur  des  différences  d'altitudes 
de  373  mètres  à  4171  mètres,  soit  le  sommet  du  Breithom;  une  seconde 
de 373  mètres  à  3362  mètres,  soit  le  Col  du  Géant;  enfin  dans  une  troi- 
sième série  d'expériences  je  m'occupai  de  la  quantité  d'acide  carbonique 
expirée  à  0  mètre,  c'ast-à-dire  au  bord  de  la  mer  et  à  3580  mètres,  le 
pied  du  cône  le  plus  élevé  du  Pic  de  Ténériffe.  De  plus,  de  nombreuses 
séries  d'expériences  furent  faites  à  des  stations  intermédiaires. 


202  SÉANCE   DU   VKNDRKUI  8   SEPTiIMBRE. 

Les  travaux  au  sommet  du  Breithorn  ne  donnèrent  pas  un  résultat  aussi 
satisfaisant  que  je  Tavais  espéré.  Je  montais  à  cette  station  de  plus  de 
4100  mètres  de  hauteur  le  matin,  depuis  le  Col  de  Saint-Théodule,  avec 
nos  instruments,  et  je  redescendais  dans  l'après-midi  ou  le  soir,  c'est 
ainsi  que  je  fis  trois  fois  l'ascension  de  cette  montagne,  pendant  huit 
jours  que  je  passai  au  Col.  Comme  je  ne  pouvais  séjourner  nuit  et  jour 
au  point  culminant  du  Breithorn,  il  ne  m'était  guère  possible  de  me  con- 
sidérer dans  un  état  physiologique  normal  sur  cett«  haute  sommité,  mais 
il  n'en  fut  pas  de  même  pour  le  Col  du  Géant,  à  3862  mètres  d'éléva- 
tion, où  je  restai  trois  jours  de  suite  avec  les  nuits  pendant  l'été  de  1878. 
J'avais  avec  moi  un  jeune  compagnon,  M.  Elle  David,  remplissant  les 
fonctions  de  préparateur  du  professeur  de  physique  à  l'université  do 
Grenève,  et  qui  me  seconda  avec  une  grande  intelligence  dans  mes  travaux. 
L'influence  de  la  hauteur  se  tit  clairement  sentir  chez  chacun  de  nous; 
mais  au  lieu  d'une  augmentation  de  Tacide  carbonique  exhalé,  on  con- 
stata une  diminution  très  marquée  dans  le  poids  de  ce  gaz.  Voici  les 
chittres  obtenus.  Sur  moi-même,  la  moyenne  de  quatorze  expériences 
faites  près  de  Genève,  au  bord  du  lac,  me  donna  l'expiration  deOgr. 
538  de  COa  par  minute  à  une  température  de  18  ,4  C.  et  un  temps 
moyen  de  2  h.  81)  m.  après  un  repas.  Au  sommet  du  Col  de  Géant  à 
une  hauteur  de  33H2  m.,  à  une  température  moyenne  de  5**, 3  et  un 
temps  moyen  de  2  h.  5  m.  après  avoir  mangé,  la  quantité  de  COj  que 
j'exi)irai  dans  douze  expériences  montait  à  0  gr.  435  ;  la  dififéreuciî 
en  moins  s'élevait  donc  à  103  milligrammes,  c'est-à-dire  que  j'expire 
19  7o  de  moins  de  COj  au  sommet  du  Col  du  Géant  qu'à  Genève. 

Mon  compagnon  un  jeune  homme  de  25  ans  expirait  normalement 
beaucoup  plus  de  CO2  que  moi,  mais  comme  dans  mon  cas  il  en  rendait 
notablement  moins  au  Col  du  Géant  qu'à  Genève;  voici  les  chiffra 
que  j'obtins  sm*  lui.  Près  de  Genève,  altitude  373  m.,  moyenne  de  di^ 
expériences  0  gr.  776  de  CO^  expiré  par  minute  à  une  températar<î 
moyenne  de  14", 2  C.  et  à  2  heures  56  m.  en  moyenne  après  un  repa^ 
Au  sommet  du  Col  du  Géant  3362  m.,  moyenne  de  douze  expérience 
0  gr.  609  COa,  différence  0  gr.  170  en  moins  pour  cette  altitude,  soit  ur> 
diminution  du  21,8  Vu  dans  l'acide  carbonique  expii'é,  résultat  qui  ^ 
rapproche  extrêmement  de  celui  que  j'obtins  sur  moi-même. 

Nous  nous  ressentions  tous  deux  au  sommet  du  Col  du  Géant  (^ 
l'abaissement  de  la  pression  barométrique  et  du  froid  qui  contrastai 
péniblement  avec  une  chaleur  de  28"  que  nous  venions  de  quitter 
Courmayeur.  Nous  n'étions  pas  dans  les  conditions  voulues  pour  résii^ 
ter  au  froid,  ce  que  du  reste  montrent  clairement  les  analyses  de  TaL 
que  nous  expirions.  Il  est  cependant  très  possible  qu'au  bout  de  quel 


INFLUENCES  DES  ALTITUDES.  203 

e  temps  nous  aurions  pu  nous  acclimater  plus  ou  moins  et  que  le 
^2  expiré  aurait  augmenté  de  quantité  sans  cependant  égaler  celui  que 
lis  produisions  dans  la  plaine  sous  des  conditions  d'existence  normale. 
Je  que  je  tiens  surtout  à  démontrer,  et  c'est  je  crois  le  résultat  capi- 
des  travaux  que  j'ai  entrepris  au  sujet  de  l'influence  de  la  hauteur 
*  les  phénomènes  chimiques  de  la  respiration,  c'est  que  dans  les  hau- 
irs  on  respire  moins  d'air  poui*  exhaler  un  certain  poids  d'acide  car- 
aique  que  dans  la  plaine.  Voici  mes  résultats  en  chiffres. 

1  Genève,  une  moyenne  obtenue  avant  les  ascensions  dont  il  sei*a 
îstion  à  l'instant,  donna  13,9  litres  d'air  expiré  pour  l  gr.  de  CO, 
idis  que  la  moyenne  d'expériences  faites  à  l'hospice  du  Grand  Saint- 
rnard,  au  Col  Saint-Théodule  et  au  sonunet  du  Breithorn  comprenant 
5  hauteurs  entre  2478  m.  et  4171  m.  donna  seulement  11,05  litres 
lir  expiré  pour  1  gr.  do  COj  à  la  place  de  13,9  litres,  c'est-à-dire, 
e  différence  de  20  7u  ^n  moins. 

\u  Col  du  Géant,  au  lieu  de  15,4  litres  d'air  par  minute  pour  1  gr. 
COj  que  j'expirais  à  Genève  avant  de  partir  pour  cette  course,  le 
lumedecetair  s'était  abaissé  jusqu'à  12,6  litres,  équivalant  à  une 
Férence  de  18  Vu  de  moins,  tandis  que  mou  compagnon  qui  respirait 
îenève  13,9  litres  d'air  pour  produire  1  gr.  de  CO,  n'en  expirait  plus 
3 12,6  m.  au  sommet  du  Col,  soit  8  7o  de  moins. 
Sur  l'île  de  Ténériffe  au  bord  de  la  mer  il  me  fallait  12  litres  d'air 
xr  produire  1  gr.  de  CO2,  tandis  qu'au  pied  du  cône  terminal  du  pic, 
st-à-dire  à  3580  m.  de  hauteur,  ce  volume  d'air  était  tombé  à  10,3 
•es,  c'est-à-dire  avait  baissé  de  14  7«.«  Je  fis  un  bivouac  de  trois  semai- 
i  sur  ce  pic,  en  sorte  que  je  me  trouvais  dans  les  conditions  normales 
ces  altitudes.  Pendant  ce  temps,  j'étais  en  bonne  santé  et  jouissant 
m  excellent  appétit,  tout  en  ayant  suffisamment  de  provisions  pour  y 
avenir.  J'avais  pour  compagnon  un  guide  de  Chamouix  qui  m'avait 
é  souvent  dans  ces  expériences  ;  notre  travail  commençait  le  matin  de 
ine  heure  et  continuait  jusqu'au  coucher  du  soleil, 
lalgré  la  réduction  du  poids  de  l'air  que  je  respirais  près  du  sommet 
pic  pour  produire  1  gr.  de  COj,  il  fut  constaté  que  le  poids  absolu  de 

2  expiré  par  minute  n'augmenta  dans  mou  cas  que  d'une  quantité 
t  à  fait  insignifiante,  et  quand  à  mon  compagnon  il  expirait  plus  de 
I  au  bord  de  la  mer  que  près  du  sommet  du  pic.  Il  paraîtrait  donc 
!  dans  les  pays  chauds  l'acide  carbonique  n'augmente  pas  sensible- 
ut  avec  la  hauteur,  au  moins  jusqu'à  une  certaine  altitude. 

les  résultats  dans  les  Alpes  se  trouvent  parfaitement  d'accord  avec 
X  obtenus  par  le  D'  Mermod  pour  une  dififérence  d'altitude  peu  con- 
^ble,  soit  976  mètres.  D'après  ses  chiffres,  j'ai  calculé  qu'à  la  station 


204  8EANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

la  plus  basse  il  expirait  14,61  litres  d'air  pour  1  gr.  de  CO^  et  à  la  plus 
élevée  seulement  13,11  litres  pour  le  même  poids  de  ce  gaz,  c'est-à-dire 
10  7o  de  moins. 

Il  est  donc  bien  positif  que  l'altitude  dans  les  Alpes  facilite  la  respira- 
tion, en  d'autres  termes  que  Tair  passe  plus  librement  au  travers  du 
tissu  pulmonaire  dans  le  sang,  qu'aux  stations  des  plaines. 

Des  recherches  très  intéressantes  de  M.  Paul  Bert  ont  démontré 
récemment  que  le  sang  d'animaux  envoyés  à  Paris  de  La  Paz  en  Bolivie 
à  une  altitude  de  3700  mètres,  secoué  avec  deTair,  absorbait  un  volume 
d'oxygène  presque  double  de  celui  qu'absorbait  le  sang  d'animaux 
de  même  espèce  nés  et  domiciliés  à  Paris,  et  M.  Bert  en  conclut  que  le 
sang  expédié  de  la  Paz  était  plus  riche  en  hémoglobine,  le  principe  de 
ce  liquide  qui  absorbe  l'oxygène.  Il  paraîtrait  aussi  en  conclure  qu'après 
un  certain  laps  de  temps,  peut-être  plusieurs  générations,  le  sang 
devient  capable  d'entretenir  les  fonctions  animales  à  ces  grandes  hau- 
teurs au  même  ^egré  de  développement  que  dans  la  plaine,  malgré  la 
raréfaction  de  l'air. 

Le  résultat  de  mes  expériences  s'explique  apparemment  en  partie 
seulement  par  celui  qu'a  obtenu  M.  Bert.  En  effet,  dans  mon  cas  on  ne 
pouvait  admettre  ce  qui  s'appelle  V acclimatation^  et  il  me  semble  plus 
naturel  de  conclure  simplement  de  mes  expériences,  que  l'air  passait 
plus  facilement  dans  le  sang  au  travers  du  tissu  pulmonaire,  que  dans  la 
plaine. 

Pour  moi  cette  loi  est  de  nature  à  expliquer  clairement  l'inmiunité 
phthisique  à  une  certaine  altitude  et  de  plus  l'influence  salutaire  des 
hauteurs  comme  moyen  hygiénique  de  combattre  la  phthisie. 

Lorsqu'un  poitrinaire  se  rend  à  Davos  pour  y  passer  l'hiver,  il  trouve 
en  général,  peu  après  son  arrivée,  que  sa  respiration  est  devenue  plus  facile, 
son  appétit  est  amélioré,  ses  forces  augmentent  et  il  se  montre  chez  lui 
un  bien-être  qu'il  avait  méconnu  dans  la  plaine,  c'est  la  cinquième  con- 
clusion dn  D'  Lombard.  L'heureux  changement  dont  il  s'agit  tient  évi- 
demment k  une  augmentation  d'oxydation  ;  et  comme  l'air  passe  plus 
facilement  au  travers  des  poumons  du  malade,  l'état  anormal  dans 
lequel  ils  se  trouvent  n'oppose  plus  le  même  obstacle  à  l'oxydation  du 
sang  que  dans  la  plaine. 

La  sixième  conclusion  du  D""  Lombard  est  basée  sur  les  travaux  inté- 
ressants du  D""  C.-T.  Williams  de  Londres.  Sans  doute,  l'augmentation 
de  la  capacité  thoracique  des  poitrinaires  après  leur  séjour  à  Davos  est 
un  résultat  très  satisfaisant,  il  reste  à  savoir  si  le  sang  continue  à 
absorber  de  Toxygène  à  proportion  de  l'air  respiré,  et  surtout  si  cette 
augmentation  de  volume  du  thorax  persiste  longtemps  dans  la  plaine. 


INFLUENCES  DES  AI«TITUDES.  205 

Il  va  sans  dire  que  d'autres  circonstances  heureuses  s'ajoutent  à 
celles-ci  pour  les  poitrinaires,  pendant  un  séjour  d'hiver  à  Davos,  comme 
la  sécheresse  et  la  pureté  de  l'air,  l'innocuité  des  germes  contenus 
dans  l'atmosphère,  l'abri  des  vents  et  la  température  directe  des 
rayons  du  soleil,  qui  est  plus  élevée  en  hiver  au  milieu  des  neiges  de 
cette  vallée  qu'elle  l'est  sur  les  bords  riants  de  la  Méditerranée. 

Mais  un  point  sur  lequel  on  n'a  pas  assez  insisté  est  l'effet  de  la  lumière 
solaire  vive  à  cette  hauteur,  surtout  loraque  le  sol  est  recouvert  de 
neige.  En  1855,  M.  Moleschott  constatait,  en  opérant  sur  des  grenouilles, 
que  ces  animaux  lorsqu'ils  étaient  exposés  à  la  lumière  émettaient  (pour 
100  gr.  de  poids  en  24  heures)  0  gr.  654  d'acide  carbonique  et  dans 
l'obscurité  seulement  0  gr.  522,  la  température  n'ayant  augmenté  que 
de  2°, 9  ce  qui  ne  pouvait  avoir  exercé  aucune  influence.  Dans  d'autres 
expériences  il  trouve  l'augmentation  de  COa  dans  une  brillante  lumière 
de  1  à  1,18.  Il  n'y  a  donc  aucun  doute  que  la  forte  lumière  des  stations 
alpestres  en  hiver  tend  à  augmenter  le  développement  du  COj  chez  les 
poitrinaires  qui  séjournent  dans  ces  localités. 

Je  ne  veux  pas  médire,  bien  entendu,  des  stations  du  midi,  telles  que 
celles  de  la  Rivière  qui  offrent  un  refuge  charmant  et  avantageux  à  cer- 
taines classes  de  poitrinaires,  mais  ce  n'est  ni  l'occasion,  ni  le  moment 
de  m'en  occuper. 

Mes  remarques  sur  les  conclusions  7  et  8  du  D' Lombard  sont  tout  natu- 
rellement contenues  dans  les  observations  que  je  viens  de  présenter  ; 
f  les  hautes  et  moyennes  altitudes  ont  une  influence  prophylactique  et 
thérapeutique  sur  la  phthisie  pulmonaire.  »  C'est  la  question  de  l'inmiu- 
nité  phthisique  que  l'auteur  distingué  du  mémoire  que  nous  discutons  a 
traité  d'une  manière  aussi  complète  que  concluante. 

Très  certainement,  Messieurs,  le  monde  lui  doit  un  tribut  de  recon- 
naissance, pour  la  persévérance  et  l'habileté  avec  lesquelles  il  a  traité 
l'influence  des  climats  de  montagne.  Ces  mêmes  qualités,  notre  vénéra- 
ble Président  les  a  montrées  dans  les  nombreux  travaux  dont  il  a  doté  la 
médecine,  et  notamment  dans  son  récent  ouvrage  qui  sera  longtemps  le 
livre  classique  sur  la  climatologie  médicale. 

M.  Cazenave  de  la  Roche  fait  déposer  sur  le  bureau  une  note  sur  la 
valeur  curative  des  altitudes. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  et  demie. 


206  »KANC1£   DU   BAMKDl   9  SEPTEMBRE. 


SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE 


Présidencp  de  M.  Lombard 


Le  procàs-verbal  de  la  séance  générale  du  8  septembre  est  lu  et 
adopté. 

M.  de  SiLVA  Amado  dépose  sui*  le  bureau  quelques  rapports  et  règle- 
ments sur  les  affaires  sanitaires  du  Portugal  et  de  la  ville  de  Lisbonne. 

Le  secrétaire  général  transmet  aux  membres  du  Congrès  les  remer- 
ciments  de  la  famille  Plantamour  pour  la  part  qu'ils  ont  prise  à  son 
deuil. 

Il  annonce  qu'il  a  reçu  de  M.  le  D""  Henri  Liouville  la  nouvelle  delà 
mort  de  son  oncle,  M.  Joseph  Liouville,  membre  de  l'Institut  et  du 
Bureau  dus  longitudes,  que  des  liens  scientifiques  unissaient  à  plusieurs 
membres  du  congrès  et  surtout  au  professeur  Plantamour.  M.  Duuant 
rappelle  à  cette  occasion  que  lorsque  le  Genevois  Sturm  était  candidat  à 
l'Académie  des  sciences,  Joseph  Liouville,  qui  était  en  présentation 
comme  lui,  se  retira  spontanément  pour  assurer  l'élection  de  son  émule 
et  ami  Sturm. 

M.  le  Président  du  Congrès  a  reçu  de  M.  le  D""  Challand,  président 
de  la  Société  vaudoise  de  médecine,  la  lettre  suivante  en  réponse  au 
télégramme  qui  lui  a  été  adressé  hier. 

Monsieur  le  Président, 

Je  viens  de  recevoir  votre  télégramme  et  vous  remercie  vivement  des 
paroles  si  aimables  que  vous  nous  envoyez.  Mes  collègues  de  la  Société 
vaudoise  de  médecine  et  moi,  sommes  très  honorés  et  très  heureux  de 
recevou*  un  pareil  témoignage  de  satisfaction. 

Mais  c'est  nous  qui  vous  sommes  redevables,  car  en  nous  demandant 
de  participer  à  la  récei)tion  du  Congrès  c'était  nous  faire  un  grand 
honneur. 

Si  nous  avons  pu  atteindre  le  but  que  nous  nous  proposions,  nous  en 
sommes  très  fiers,  mais  nous  le  répétons,  lorsqu'on  a  l'honneur  de  race- 


PRÉVENTION  DE  LA  CKCITÉ.  207 

r  des  hôtes  aussi  distingués,  on  ne  saurait  trop  faire  pour  se  mettre 
i  hauteur  de  sa  tâche. 

iTeuillez,  Monsieur  le  Président,  recevoir  l'expression  de  mes  senti- 
uts  les  plus  distingués. 

D'  Th.  ClLALLAND. 

jausanue,  8  septembre  1881. 

^9.  parole  est  donnée  à  M.  le  D'  Haltenhoff  pour  la  lecture  de  son 
►port  sur  la  cécité  : 

PRÉVENTION  DE  LA  CÉCITÉ 

Par  M    le  D^  HALTENHOFF, 

Privat-docent  d'ophtlmlmulogie  à  l'Utiiversitë  de  Qenôve. 

Messieurs, 

Vlalgré  les  progrès  considérables  qu'a  faits  de  nos  jours  la  connaissance 
5  maladies  des  yeux  et  de  leur  traitement,  le  nombre  des  aveugles  est 
^re  très  grand,  même  dans  les  pays  les  plus  civilisés.  Nous  ne  possédons 
^re,  à  la  vérité,  que  des  donné<Hs  fort  incomplètes  sur  la  fréquence 
la  cécité  chez  les  diverses  nations  du  globe.  Mais  pour  la  majorité  des 
ats  de  TEurope  et  pour  les  États-Unis  de  l'Amérique  du  Nord,  les 
tistiqutîs  existantes  suffisent  pour  nous  convaincre  que  la  cécité  est 
fléau  encore  très  répandu.  En  se  basant  sur  ces  chiffres,  un  statis- 
en  de  Munich,  M.  Mayr,  est  arrivé  à  une  proportion  moyenne  de  87 
ividus  aveugles  pour  ino,0()0  habitants.  Mais  il  faut  rappeler  que  ces 
ffres,  empruntés  presque  tous  aux  recensements  généraux  des  popu- 
mis  des  divers  pays,  sont  forcément  incomplets.  D'autre  part,  plusieurs 
inds  pays  moins  avancés  en  civilisation  et  oîi  la  cécité  est  notoirement 
s  fréquente,  ne  figurent  absolument  pas  dans  ces  statistiques.  Je  citerai 
Turquie  d'Asie  et  d'Europe,  l'Algérie  et  TÉgypte,  la  Russie  enfin, 
it  quelques  provinces  sont  gravement  infestées.  La  Finlande  est  la 
le  partie  de  cet  empii-e  pour  laquelle  existe  un  relevé  statistique 
ftplet  des  cas  de  cécité  :  la  proportion  des  aveugles  y  atteint  le  chiffre 
270  sur  100,(My)  habitants.  Pour  la  Norwège  c'est  à  peu  près  la  moitié, 
ir  le  Mecklembourg  et  la  France  le  tiers,  pour  la  Suisse  un  peu  moins 
tiers  de  ce  chiffre.  Si  l'on  tient  compte  de  ces  faits,  on  peut  affirmer 
lé  crainte,  que  le  rapport  général  d'un  aveugle  sur  mille  habitants  est 
^babiement  encore  inférieur  à  la  réalité.  Ce  rapport  nous  donnerait 


208  SÉANCE  DU  8AMEDI  9  8SPTSMBRE. 

pour  la  population  actuelle  de  TEurope,  un  total  approximatif  de 
311,000  aveugles  en  Europe  seulement.  Il  me  semble  que  ce  chiffre  est 
Targument  le  plus  éloquent  que  Ton  puisse  évoquer  en  £eiyeur  du  droit, 
que  je  réclame  en  ce  moment,  d'attirer  sur  la  question  de  la  cécité  Tat- 
tention  bienveillante  du  Congrès. 

Ce  sont,  à  n'en  pas  douter,  des  remarques  statistiques  de  ce  genre, 
qui  ont  déterminé  un  certain  nombre  de  médecins  et  de  philanthropes 
anglais  à  fonder,  il  y  a  trois  aos  à  peine,  une  association  spéciale  pour 
combattre  le  fléau  de  la  cécité.  La  Société  your  la  prévention  delacédté 
et  pour  r amélioration  physique  du  sort  des  aveugles^  société  qui  a  son 
siège  à  Londres,  poursuit  son  noble  but  par  divers  moyens.  Un  des 
principaux  est  de  répandre  à  profusion  des  instructions  courtes  et  popu- 
laires sur  les  causes  principales  des  maladies  et  des  accidents  affectant 
l'organe  visuel,  et  sur  les  moyens  de  les  éviter.  Je  mets  sous  vos  yeux 
quelques-unes  de  tîes  publications  ;  elles  ont  été  traduites  en  plusieurs 
langues  et  portent  l'empreinte  de  cet  admirable  sens  pratique  qui  carac- 
térise la  race  anglo-saxonne. 

L'un  des  fondateurs  et  le  trésorier  actuel  de  la  société,  M.  le  docteur 
Roth,  que  nous  avons  le  plaisir  de  voir  parmi  nous,  a  su  intéresser  à  son 
œuvre  les  hygiénistes  français,  puis  le  troisième  Congrès  international 
d'Hygiène,  réuni  à  Turin  en  1880.  Il  leur  a  exposé  le  but  de  l'association 
qu'il  représentait  et  élaboré,  avec  le  concours  de  la  Société  française 
d'hygiène,  une  série  de  questions  relatives  à  l'étude  des  causes  de  la 
cécité.  Le  congrès  de  Turin,  justement  impressionné  par  l'importance 
du  sujet,  décida  de  recommander  au  prochain  congrès  international 
d'hygiène  la  discussion  détaillée  des  causes  et  des  moyens  préventifs  de 
la  cécité.—  Par  l'initiative  de  M.  le  D*^  Roth,  les  membres  de  la  Socieiy 
for  the  prévention  of  blindness  réunirent  entre  eux  une  somme  de  2000 
francs,  destinée  à  récompenser  l'auteur  du  meilleur  mémoire  sur  ce  siyet, 
écrit  en  anglais,  français,  allemand  ou  italien.  Inspirés  par  une  pensée 
généreuse  et  une  largeur  d'idées  à  laquelle  vous  ne  me  laisserez  pas  seul 
rendre  l'hommage  mérité,  les  membres  de  la  société  n'ont  pas  voulu 
borner  à  l'Angleterre  les  bienfaits  possibles  de  leur  entreprise.  Ils  ont 
tenu  à  associer  à  cette  œuvre  les  représentants  de  toutes  les  nations 
civilisées  et  ont  placé  le  concours  sur  les  causes  et  les  moyens  préventifs 
de  la  cécité  sous  le  patronage  du  IV*"  Congrès  international  d'Hygiène*. 

'  Au  moment  de  mettre  sous  presse,  nous  apprenons  que  la  Société  de  l'Œuyre 
internationale  pour  l'amélioration  du  sort  des  aveugles,  a  Pintention  de  décerner 
éventuellement  un  ou  plusieurs  seconds  prix,  sur  la  désignation  du  Jury.  Ces 
récompenses  seraient  distribuées  à  la  fête  du  centenaire  de  la  première  institution 
d'aveugles,  fondée  par  Haûy,  qui  sera  célébrée  à  Paris  en  1884. 

(La  Rédaction^ 


PRéVENTIOK   DE   LA.  CÉCITÉ.  209 

U  va  sans  dire,  Messieurs,  que  je  o'ai  pas  à  traiter  devant  vous  ex 
professa  le  vaste  et  fécond  sujet  proposé  aux  recherches  et  aux  labeurs 
des  concurrents  de  tous  pays.  A  cet  égard,  le  vœu  du  congrès  de  Turin 
ne  saurait  être  rempli  à  la  lettre.  Mon  rôle  est  plus  modeste  et,  il  £eiut 
le  dire,  moins  difficile  aussi.  Je  dois  vous  entretenir  du  progranmie  pro- 
posé pour  le  concours  par  les  généreux  donateurs,  d'accord  avec  le  comité 
d'organisation  du  Congrès. 

Ce  programme  est  le  suivant  : 

1.  Étude  des  caases  de  la  cécité  : 

a.  Causes  héréditaires.  Maladies  des  parents,  mariages  consanguins,  etc. 
h.  Maladies  oculaires  de  l'enfance.  Ophtalmies  diverses. 

c.  Période  d'école  et  d'apprentissage,  myopie  progressive,  etc. 

d.  Maladies  générales.  Diathèses,  fièvres  diverses,  intoxications,  etc. 

e.  Influences  professionnelles.  Blessures  et  accidents.  Ophtalmie  sympathique. 
/*.  Influences  sociales  et  climatériques.  Ophtalmies  contagieuses.  Encombre- 
ment. Logements  insalubres.  Éclairage  défectueux,  etc. 

g.  Absence  de  traitement  ou  traitement  défectueux  des  aflfections  oculaires. 

2.  Étudier  poar  ohaoane  de  ces  catégories  de  causes  les  moyens  de  pré- 
vention les  pins  pratiqaes  : 

a.  Législatifs. 

h.  Hygiéniques  et  professionnels. 

c.  Éducatifs. 

d.  Médicaux  et  philanthropiques. 

Avant  de  rechercher  les  moyens  pratiques  pour  la  prévention  de  la 
cécité,  il  importe  d'en  bien  élucider  les  causes,  et  de  faire,  si  pos- 
sible, la  part  de  chacune  d'elles.  U  faut  connattre  à  fond  Tennemi  que 
Ton  veut  combattre  ;  cette  connaissance  seule  vaut  parfois  une  première 
victoire.  La  question  des  causes  de  la  cécité  envisagées  au  point  de  vue 
de  la  prophylaxie  a  été  traitée  ces  dernières  années  par  plusieurs  auteurs 
très  compétents.  Les  recensements  que  j'ai  cités  tout  à  Theurene  donnent 
en  général  aucun  renseignement  à  ce  sujet.  Exceptons-en  les  statistiques 
assez  détaillées  sur  les  aveugles  du  Mecklembourg  et  de  la  Finlande, 
statistiques  faites  par  les  soins  et  sous  la  direction  de  médecins  oculistes 
qui  en  ont  publié  les  résultats  (Zehender  à  Bostock,  von  Becker  à  Hel- 
singfors;  voyez  aussi  les  recherches  du  D'  Katz  sur  la  cécité  dans  les 
districts  de  Dusseldorf,  Potsdam  et  Francfort  s/0).  D'excellents  docu- 
ments pour  l'étude  des  causes  de  la  cécité  ont  été  fournis  par  les  relevés 
statistiques  des  hôpitaux  et  des  cliniques  spéciales,  où  tous  les  cas  de 
cécité  ont  été  notés  soigneusement,  avec  Tindication  de  leur  nature 
pathologique  et  de  leurs  causes  (Bremer  à  Kiel,  Seidelmann  à  Breslau, 

14 


210  8RANC£  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

Stolte  à  Greifswald,  Landesberg  à  Elberfeld,  Hirschberg  etUbthoffà 
Berlin).  Or  les  travaux  auxquels  je  fais  allusion  sont  unanimes  à  établir 
que  la  cécité  incurable  de  naissance  est  relativement  assez  rare  (3  pour 
cent,  d'après  le  professeur  Hirschberg)  et  que  la  grande  majorité  des 
aveugles  le  sont  devenus  par  des  maladies  inflammatoires  des  parties 
extérieures  des  yeux,  le  plus  souvent  à  la  suite  de  suppuration  de  ces 
parties.  L'observation  des  sujets  recueillis  dans  les  établissements  de 
jeunes  aveugles  confirme  ces  données  de  la  pratique  médicale.  Au  pre- 
mier rang  des  maladies  qui  occasionnent  une  cécité  irrémédiable  se  place 
Tophtalmie  purulente  des  nouveau-nés,  qui  dans  certains  pays  fournit 
le  tiers  ou  la  moitié  des  jemies  aveugles.  Un  auteur  cité  par  notre  con- 
citoyen le  D'  Appia  dans  son  excellent  opuscule  Sur  la  prophylaxie  de 
la  cécité  au  point  de  vue  des  ophtalmies  contagieuses  et  épidèmiques, 
le  D'  Daumas  à  Paris,  a  même  trouvé  sur  1 178  aveugles  par  lui  observés, 
817,  soit  plus  de  68  pour  cent,  de  cécités  causées  par  cette  redoutable 
affection  des  premières  semaines  de  la  vie.  Or  le  mode  de  production  de 
cette  ophtalmie  a  fait  l'objet  d'études  récentes  qui  ont  notablement 
éclairci  son  étiologie,  et  les  mesures  prophylactiques  adoptées  depuis 
quelque  temps  dans  plusieurs  maternités  de  l'Allemagne  ont  fait  tomber 
les  chiffres,  soit  de  sa  fréquence,  soit  de  sa  gravité,  bien  au-dessous  de 
tout  ce  qui  avait  été  observé  auparavant.  L'importante  monographie  du 
D""  Haussmanu  (de  Berlin)  sur  V  infection  conjonctivale  des  nouveau-nés 
contient  à  ce  sujet  les  détails  les  plus  convaincants.  Comparées  à  l'oph- 
thalmie  des  nouveaux-nés,  les  autres  maladies  oculaires  de  l'enfance  ne 
fournissent  qu'un  faible  contingent  de  pertes  totales  de  la  vue.  Mais 
l'importance  des  lésions  oculaires  permanentes  acquises  à  cet  âge  est 
singulièrement  aggravée  par  les  difficultés  qui  en  résultent  pour  l'édu- 
cation physique,  morale  et  intellectueUe.  Les  concurrents  devront  donc 
traiter  avec  un  soin  particulier  les  faits  se  rattachant  au  §  1,  6^  du  pro- 
granmie  en  s'entourant  de  toutes  les  lumières  que  des  travaux  nombreux 
ont  jetées  sur  ce  chapitre. 

Les  inflammations  oculaires  suppuratives  amenées  par  l'influence  des 
agents  extérieurs  ou  des  contages  purulents  chez  l'adulte  sont  aussi  delà 
plus  haute  importance.  Les  progrès  tout  récents,  à  peine  ébauchés  encore 
de  la  médecine  étiologique  fondée  sur  la  théorie  des  germes,  nous  font 
entrevoir  pour  la  plupart  d'entre  elles  une  cause  déterminante  qui  leur 
serait  conmiune  avec  l'ophtalmie  des  nouveau-nés;  on  sait  que  le 
même  microbe  se  retrouve  dans  le  pus  conjonctival  du  nouveau-né, 
dans  le  pus  uréthral  de  la  blennorrhagie,  dans  le  mucopus  vaginal,  soit 
pendant,  soit  en  dehora  de  la  période  puerpérale,  et  dans  la  conjonc- 
tivite gonorrhéique.  Néanmoins,  au  point  de  vue  pratique,  il  parait  utile 


PREVENTION   DE  LA   CÉCITÉ.  211 

de  traiter  à  part  les  ophtalmies  de  la  première  enfance,  vu  les  particu- 
larités qu'elles  présentent  et  les  mesures  spéciales  d'hygiène  préventives 
qu'elles  réclament. 

A  propos  des  affections  de  Tenfance,  les  concurrents  feront  peut-être 
bien  d'élargir  le  sens  un  peu  trop  strict  du  mot  cécité.  Car  une  vision 
réduite  permettant  encore  de  se  conduire,  mais  excluant  la  distinction 
nette  des  objets  usuels,  degré  de  vision  que  les  parents  ou  les  employés 
de  recensement  ne  songent  pas  à  inscrire  sous  la  rubrique  cécité,  met 
reniant  dans  un  état  d'incapacité  qui,  au  point  de  vue  éducatif  et  pro- 
fessionnel, équivaut  presque  à  la  perte  de  la  vision  :  dès  l'instant  que 
reliant  est  incapable  de  se  livrer  aux  jeux  de  son  âge,  qu'il  ne  peut  suivre 
les  écoles,  qu'il  a  besoin  d'une  méthode  d'instruction  spéciale,  obligée,  de 
feire  abstraction  de  sa  fonction  visuelle,  il  n'est  pas  loin  de  tomber  pour 
le  reste  de  sa  vie  dans  cet  état  de  dépendance  plus  ou  moins  complète 
qui  est  le  triste  apanage  de  la  cécité.  N'oublions  jamais  que  l'œil  est  à 
la  fois  le  plus  indispensable  et  le  plus  délicat  de  nos  instruments  de 
travail  et  que  quelque  taches  au  centre  de  la  cornée  sufl&sent  trop  souvent 
pour  marquer  un  être  humain  du  sceau  de  l'infirmité  et  le  condamner 
à  une  position  fort  inférieure  dans  la  lutte  pour  l'existence.  A  ce  point 
de  vue  encore,  la  période  de  la  vi^  scolaire  et  de  l'apprentissage  (§  1,  c^^ 
du  progranmie)  sera  digne  de  toute  l'attention  des  concurrents.  La 
question  de  la  myopie  scolaire,  en  particulier,  qui  a  inspiré  tant  de  beaux 
travaux  depuis  les  mémorables  recherches  du  D'  Hermann  Cohn,  est 
en  connexion  intime  avec  le  problème  de  la  prophylaxie  de  la  cécité.  Car 
il  est  absolument  prouvé  que  la  cécité  absolue  ou  relative  d'un  œil  (c'est- 
à-dire  limitée  aux  parties  centrales  de  la  rétine)  est  une  conséquence 
fréquente  de  la  myopie  progressive  développée  ou  commencée  dans  le 
jeune  âge.  Plusde  10  pour  cent  des  yeux  impropres  au  service  observés  par 
Cohn  et  analysés  par  son  élèveSeidelmann,  Té  talent  pour  cause  de  myopie 
progressive.  Dans  la  statistique  de  Hirschberg,  qui  n'a  compté  que  les 
yeux  absolument  perdus  pour  la  vision,  le  vice  de  conformation  myopique 
forme  le  6  poiu*  cent  des  causes  de  cécité.  Cette  période  de  la  vie,  si  dan- 
gereuse pour  un  grand  nombre  d'organes  visuels,  surtout  quand  la  pré- 
disposition héréditaire  s'allie  à  l'action  du  travail  oculaire  forcé  et  des 
autres  causes  nocives  qui  sont  du  ressort  de  l'hygiène  visuelle,  méritait 
bien  aussi  d'être  indiquée  par  un  paragraphe  spécial  de  l'étiologie,  de 
même  qu'eUe  offiîra  un  terrain  propice  pour  l'application  la  plus  large 
des  mesures  prophylactiques. 

Je  ne  m'étendrai  pas,  Messieurs,  sur  le  paragraphe  suivant  (§  1,  cT) 
relatif  aux  accidents  oculaires  causés  par  des  maladies  constitutionnelles 
aiguës  ou  chroniques,  des  intoxications,  des  infections  diverses,  etc.  Ce 


212  aÉAKCB  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

chapitre,  un  des  plus  vastes  et  des  plus  intéressants  de  Tophtalmologie 
moderne,  le  devient  chaque  jour  davantage.  Aussi  ne  faudra-t-il  point 
s'aventurer  dans  ce  dédale  de  faits  sans  le  til  conducteur  de  l'observation 
pratique,  qui  nous  montre  une  gradation  bien  marquée  dans  la  fréquence 
relative  des  lésions  visuelles  graves  à  la  suite  de  ces  affections  si  variées  de 
l'organisme  entier  ou  de  ses  appareils  principaux.  Celles  de  ces  affections 
auxquelles  l'individu  peutsurvivre  seront  seules  à  considérer  ;  mais  parmi 
elles  plusieurs  sont  des  causes  de  cécité  assez  importantes  :  la  scrofule 
et  la  syphilis  parmi  les  diathèses,  les  affections  typhoïdes,  la  rougeole, 
la  scarlatine  et,  bien  en  tête  de  toutes  les  fièvres  éruptives,  la  variole. 
Avant  la  découverte  de  Jenner  la  variole  enlevait  la  vue  à  des  centaines 
et  des  milliers  d'enfants,  de  jeunes  gens  et  d'adultes  dans  la  force  de 
l'âge  *  ;  à  notre  époque  encore  elle  a  pu  fournir  jusqu'à  9  pour  cent  des 
yeux  aveugles  dans  une  des  principales  cliniques  de  Berlin  (Hirschberg, 
Étiohgie  de  la  cécité^  1873).  Quel  bon  argument  à  ajouter  à  tant  d'autres 
en  faveur  de  la  vaccination  obligatoire.  N'oublions  pas  de  mentionner 
l'alcoolisme  qui  amène  assez  souvent  la  perte  relative  et  même  parfois 
totale  de  la  fonction  visuelle.  Une  partie  des  atrophies  optiques  se 
rattache  à  cette  affection,  la  plus  fréquente  de  toutes  les  intoxications. 

Les  pertes  de  la  vision  par  blessurei^  et  accidents  sont  le  plus  souvent 
liées  aux  occupations  professionnelles  et  forment,  avec  l'ophtalmie  sym- 
pathique qui  peut  en  résulter,  un  groupe  assez  bien  défini  et  d'une 
grande  importance  pratique  (§  1,  e).  En  effet,  ces  cas  forment  le  10  et 
jusqu'au  24  pour  cent  de  certaines  statistiques  de  cécité  et  concernent 
d'habitude  de  jeunes  individus  ou  des  hommes  dans  la  force  de  l'&ge. 
La  prédisposition  à  certaines  maladies  oculaires  graves  est  aussi  sou- 
vent influencée  par  la  profession.  A  cet  égard,  de  même  qu'au  point  de 
vue  des  excès  d'accommodation  et  de  la  myopie  progressive,  cette  caté- 
gorie de  causes  ne  paraît  pas  absolument  tranchée.  Mais  il  est  bkn 
entendu  qu'un  programme  de  ce  genre  ne  prétend  pas  à  l'absolu  et 
doit  seulement  jalonner  la  direction  principale  que  pourront  suivre  avec 
fhiit  les  concurrents. 

Le  rôle  de  la  contagiosité  et  des  conditions  hygiéniques  et  sociales  qui 
favorisent  la  transmission  des  ophtalmies  à  sécrétion  externe  et  en  font 
un  vrai  fléau  pour  certaines  populations  sous  les  climats  les  plus  divers, 


*  Avant  Pintroduction  de  la  vaccination  obligatoire  en  Prusse,  35  pour  cent  des 
cas  de  cécité  étaient  dus  à  la  variole.  Cette  proportion  est  aujourd'hui  réduite 
à  2  pour  cent.  Voyez  D*^  Steffan  Was  kônnen  tcir,  etc.  discours  tenu  au  IV"* 
Ck>ngrès  des  Instituteurs  d'aveugles,  sur  la  question  de  la  prophylaxie.  Franc- 
fort s/M.,  1882. 


PRÉVENTION  DE   LA   CÉCITÉ.  213 

fournira  Tobjet  d'une  étude  très  intéressante  au  point  de  vue  de  la 
cécité.  La  plus  redoutable  de  toutes  ces  maladies  ^st  sans  contredit  le 
trachome  ou  inflammation  granulaire  chronique  des  paupières  qui 
exerce  ses  ravages  en  Finlande  et  aUleurs  sur  les  côtes  de  la  Baltique,  dans 
le  midi  de  la  Russie,  où  elle  ne  paratt  pas  respecter,  comme  dans  nos 
régions,  les  pays  montagneux  (d'après  le  D'  Reich,  plus  de  11  pour  cent 
des  soldats  de  l'armée  du  Caucase  en  seraient  atteints).  EUe  est  très 
répandue,  bien  que  d'une  façon  inégale,  dans  tous  les  pays  du  Levant 
et  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée.  Notre  éminent  collègue,  M.  le  D' 
Sormani,  m'a  permis  de  mettre  sous  vos  yeux  cette  carte  du  royaume 
d'Itahe  représentant  la  fréquence  de  la  cécité  distribuée  par  provinces 
d'après  le  recensement  de  1871.  Quel  dommage  qu'il  n'existe  pas  encore 
dans  ce  pays,  où  pratiquent  tant  d'oculistes  distingués,  une  statistique 
des  causes  de  la  cécité.  Peut-être  le  trachome  est-il  le  principal  coupable 
qui  noircit  certaines  provinces  avec  150  aveugles  pour  100,000  habitants. 
Des  recherches  ultérieures  devront  éclaircir  ce  point.  Heureusement  les 
progrès  de  l'hygiène  générale  et  de  la  civilisation,  avec  ses  nombreux 
moyens  prophylactiques  nous  font  espérer  dans  l'avenir  une  diminution 
de  cette  terrible  aflection,  contre  laquelle,  une  fois  développée,  les 
médecins  ont  à  soutenu*  une  lutte,  hélas,  fort  inégale. 

On  nous  reprochera  peut-être  de  n'avoir  pas  admis  une  rubrique 
spéciale  poiu*  les  aflFections  de  l'âge,  c'est-à-dire  liées  aux  régressions 
séniles  de  l'organisme.  Les  statistiques  montrent  en  effet  que  la  moitié 
environ  des  aveugles  existant  dans  un  pays  ont  atteint  ou  dépassé  l'âge 
de  50  ans  (Zehender).  Je  ferai  remarquer  d'abord  que  beaucoup  d'indi- 
vidus tombés  aveugles  dans  la  première  enfance  deviennent  fort  vieux, 
que  la  cécité  par  eUe-même  ne  raccourcit  pas  la  vie,  assure  même  par- 
fois une  existence  calme,  domestique,  à  l'abri  des  périls  de  la  vie  active. 
Il  est  vrai  que  les  cataractes  et  les  glaucomes  foui-nissent  dans  la  vieil- 
lesse un  grand  nombre  de  cécités.  Mais  les  premières  sont  curables  à 
toute  époque  ;  quant  aux  diverses  formes  de  glaucome,  depuis  l'immor- 
telle découverte  de  notre  maître  Albrecht  de  Grœfe,  on  ne  peut  plus  les 
considérer  comme  des  causes  nécessaires  de  cécité,  puisqu'elles  guéris- 
sent généralement  quand  elles  sont  opérées  à  temps.  Ces  cas  de  cécité 
sénile  rentrent  donc  de  plein  droit  dans  le  §  1 ,  çr  (absence  de  traitement 
ou  traitement  défectueux  des  aflFections  oculaires)  qui  s'applique  à 
toutes  les  aflFections  oculaires  en  général ,  mais  tout  spécialement  aux 
maladies  curables  par  opérations.  Le  glaucome  a  fourni  de  4  à  15 
pour  cent  des  cas  de  cécité  incurable  observés  dans  les  cliniques.  La 
plupart  du  temps,  c'est  la  négligence  du  malade  qui  l'a  empêché  de  se 
présenter  à  temps  pour  l'opération.  C'est  là  une  de  ces  aflFections  trat- 


214  BiANCE  DU  SAMEDI  9  8EPTEMBBE. 

tresses  où  le  médecin  se  prend  à  bénir  Tapparition  des  douleurs ,  8^ 
motif  dans  bien  des  cas  qui  tire  le  malade  de  son  apathie  et  le  décide  à 
se  faire  soigner,  souvent  trop  tard,  malheureusement,  pour  sauver  la 
fonction  visuelle.  S'il  n'y  avait  que  des  médecins  dans  cette  assemblée, 
j  ^ajouterais  ici  une  remarque  qui  déchargerait  les  pauvres  glaucomateux 
d'une  partie  de  leur  responsabilité,  mais  je  reviendrai  sur  ce  point  à 
propos  des  moyens  préventifs. 

Les  détails  dans  lesquels  je  suis  entré  à  propos  de  Tétiologie  de  la 
cécité  me  forcent  d'être  très  bref  sur  la  prophylaxie.  Répandre  dans 
les  masses  du  peuple  les  saines  et  simples  notions  de  l'hygiène  générale 
et  aussi  de  l'hygiène  des  yeux,  est  une  tâche  qui  incombe  partout  aux 
gouvernements  comme  aux  philanthropes  et  aux  hygiénistes.  U  est  évi- 
dent que  l'on  n'est  jamais  mieux  gardé  que  par  soi-même,  pourvu  que 
Ton  sache  se  garder  ;  or  pour  savoir,  il  faut  avoir  appris.  Les  mesures 
de  précaution  les  plus  diverses,  se  rapportant  aux  nombreuses  catégories 
de  causes  énumérées  plus  haut,  devront  être  indiquées  en  détail  parles 
concurrents,  mais  ils  n'oublieront  pas  que  les  mesures  obligatoires, 
même  les  plus  rationnelles,  même  appuyées  de  pénalités,  sont  peu  suivies 
et  le  plus  souvent  mal  exécutées,  par  des  gens  qui  ne  les  comprennent 
pas  ou  qui  n'en  voient  pas  la  nécessité. 

Les  moyens  éducatifis  destinés  à  prévenir  la  cécité  et  mieux  encore 
à  prévenir  les  maladies  qui  menacent  de  cécité,  formeront  donc  un  cha- 
pitre important  de  cette  étude  de  prophylaxie.  La  mère  de  famille, 
le  chef  d'ateUer,  l'ouvrier  agricole  ou  industriel,  l'instituteur  à  tous  les 
degrés  de  l'école,  devraient  connaître  les  dangers  qui  menacent  les  yeux 
et  la  manière  de  les  éviter.  L'enseignement  hygiénique  donné  à  toutes 
les  classes  de  la  société  est  un  desideratum  de  tout  système  complet 
d'instruction. 

La  Société  pour  la  prévention  de  la  cécité  est  entrée  résolument  dans 
cette  voie  par  ses  publications  populaires  et  gratuites,  mais  les  gouverne- 
ments sont  encore  mieux  placés  que  les  particuliers  pour  travailler  dans 
ce  sens.  Plusieurs  États  de  l'Europe,  le  royaume  de  Saxe  entre  autres, 
justement  effrayés  de  la  quantité  d'aveugles  fournis  par  l'ophthalmie  des 
nouveau-nés,  ont  adopté  des  ordonnances  et  des  instructions  spéciales 
pour  les  garde-malades  et  les  sages-femmes  appelées  à  donner  leurs  soins 
à  ces  petits  êtres  trop  souvent  victimes  de  l'incurie,  de  l'ignorance  et 
des  préjugés  de  ces  personnes.  L'immense  majorité  de  ces  cas  étant 
parfaitement  curables,  eUes  encourent  la  plus  grave  responsabilité  en  ne 
pas  appelant  inunédiatement  le  médecin.  Il  en  est  de  cette  maladie  des 
yeux  comme  de  beaucoup  d'autres,  que  tout  médecin  praticien  peut  guérir 
et  souvent  prévenir  par  des  moyens  simples  et  sûrs.  Mais  pour  cela  n'est-il 


PBâVENTIOK  DE  LA  CÉCITÉ.  215 

pas  indispensable  que  le  médecin  ait  appris  à  connaître  de  près  ces  affec- 
tions inflammatoires  delà  conjonctive,  delà  cornée,  etc. ,  d'une  observation 
si  quotidienne,  ainsi  que  les  moyens  detraitement  qu'il  faut  lem*  opposer  ? 
La  même  remarque  s'applique  aux  affections  que  j'ai  citées  plus  haut, 
en  particulier,  aux  diverses  formes  du  glaucome.  Aussi  ne  saurait-on  trop 
insister  sur  la  nécessité  de  donner  à  tous  les  étudiants  en  médecine  une 
instruction  ophtalmologique  suffisante.  Le  plus  modeste  praticien  de 
village,  surtout  s'il  est  éloigné  des  centres  oii  se  trouvent  les  spécialistes, 
est  précisément  celui  qui  a  le  plus  besoin  de  notions  exactes  sur  les 
maladies  oculaires  courantes.  Pour  la  plupart  d'entre  elles,  agir  tôt, 
c'est  agir  bien.  Les  cas  fréquents  qui  réclament  les  soins  d'un  spécialiste 
doivent  être  reconnus  à  temps.  Que  de  malheurs  sont  évités  aux  gens 
du  peuple  et  aux  campagnards  lorsqu'ils  ont  le  bonheur  de  posséder  au 
milieu  d'eux  un  médecin  attentif  et  suffisamment  éclairé  sur  ces  mala- 
dies du  plus  précieux  de  nos  sens.  Aussi  les  auteurs  d'un  mémoire  com- 
plet sur  la  prophylaxie  auront-ils  à  s'occuper  de  la  position  faite  à 
l'étude  des  aflfections  oculaires  dans  les  écoles  médicales  des  divers  pays 
et  dans  les  programmes  des  examens  professionnels. 

Je  m'arrête.  Messieurs,  bien  que  je  n'aie  pu  qu'effleurer  mon  sujet, 
j'espère  vous  avoir  convaincus  de  l'importance  du  concours  proposé  par 
l'honorable  société  que  M.  le  D'  Roth  représente  au  milieu  de  nous. 
Quand  on  entend  des  ophtabnologistes  distingués  déclarer  hautement 
que  sur  mille  cas  de  cécité,  il  n'y  en  a  pas  même  le  quart  qu'on  puisse 
considérer  comme  tout  à  fait  inévitables,  tandis  que  la  moitié  ou  plus 
eussent  pu  être  évités  avec  plus  ou  moins  de  certitude  par  un  traite- 
ment prophylactique  ou  curatif ,  on  se  prend  à  espérer  que  les  efforts  des 
philanthropes  qui  combattent  la  cécité,  conmie  un  des  plus  grands  maux 
sociaux,  économiques  et  individuels,  aboutiront  dans  un  temps  peu  éloi- 
gné de  nous,  à  diminuer  notablement  le  nombre  de  ses  victimes.  J'ai  dit. 

A  la  suite  de  ce  Rapport,  le  jury  international  pour  l'examen  des 
travaux  du  concours  sur  les  causes  et  les  moyens  préventifis  de  la  cécité 
a  été  composé  comme  suit  : 

Pour  l'Allemagne  :  D'  Hermann  Cohn,  professeur  d'ophtalmologie 
(Breslau),  D'  Varrentrapp,  conseiller  sanitaire  (Franc- 
fort s/M.). 

Pour  l'Angleterre  :  D'  Math.  Roth  ,  D'  Streatfield  ,  professeur 
d'ophtalmologie  (Londres). 

Pour  la  France  :  D'  Fieuzal,  médecin  de  l'hospice  des  Quinze-Vingts 
(Paris),  D'  Layet,  professeur  d'hygiène  (Bordeaux). 

Pour  l'Italie  :  D'  Reymond,  professeur  d'ophtalmologie  (Turin), 
D*  SoRMANi,  professeur  d'hygiène  (Pavie). 


216  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

Pour  les  Pays-Bas  :  D'  Snellen,  professeur  d'ophtalmologie  (Utrecht). 

Pour  la  Suisse  :  D'  Appia  (Genève),  D'  Dufour,  médecin  de  Thôpital 
ophtalmique  (Lausanne),  et  D'  Haltenhoff,  privat-docent 
d'ophtalmologie  (Genève).  Ce  dernier  a  été  désigné  comme 
secrétaire  du  jury. 

MM.  Varhentrapp  et  Appia  ayant  refusé  de  faire  partie  du  jury,  ont 
été  remplacés  par  MM.  les  D"  R.  Berlin,  professeur  d'ophtalmologie 
(Stuttgart),  et  Coursserant,  membre  de  la  Société  française  d'hygiène 
(Paris). 


Discours  de  M.  le  D'  Fleuzal, 

Médecin  m  chef  de  THospicc  national  des  Qainse-Vinpto. 

Prophylaxie  de  la  cécité  à  la  clinique  ophtalmologique  des  Quinze- Vingts.  - 
Hygiène  et  thérapeutique  usuelle  des  ophtalmies  accompagnées  de  sécrétion. - 
Moyens  pratiques  à  propager  pour  arrêter  les  ravages  causés  par  Pophtalmie 
purulente.  —  Note  à  inscrire  sur  le  livret  dit  de  famille. 

L'importance  que  le  Congrès  attache  à  l'étude  des  causes  de  la  cécité 
et  aux  moyens  pratiques  de  la  prévenir,  nous  fournit  une  occasion 
naturelle  d'appeler  votre  bienveillante  attention  sur  un  point  particulier 
de  cet  intéressant  sujet. 

Nous  ne  doutons  pas  que  les  efforts  combinés  des  éminents  collègues 
que  vous  venez  d'entendre  et  de  tous  ceux  qui,  comme  nous,  ont  à  cœur 
de  contribuer  à  réaliser  le  programme,  élaboré  d'un  commun  accord  par 
le  Comité  d'organisation  et  par  la  Société  «  for  the  prévention  of 
blindness  »  de  Londres,  n'amènent  le  Congrès  à  voter  des  résolutions  de 
nature  à  diminuer  les  ravages  exercés  sur  la  société  tout  entière  par 
les  maladies  des  yeux. 

U  est  hors  de  doute  pour  nous  qu'une  observation  plus  scrupuleuse 
des  préceptes  de  l'hygiène,  d'une  part,  et  que  des  soins  médicaux  mieui 
donnés,  d'autre  part,  pourraient  atténuer  considérablement  la  gravité 
de  la  plupart  d'entre  elles. 

Placé  à  la  tète  de  la  clinique  nationale  des  Quinze- Vingts,  nous  avons 
maintes  fois  pu  constater  qu'à  ce  double  point  de  vue,  il  est,  non  seule- 
ment possible,  mais  facile  de  faire  mieux  ;  aussi  avons-nous  résolu  de 
porter  devant  vous  l'exposé  sommaire  des  moyens  que  nous  employons 
quotidiennement,  pour  contribuer  de  tout  notre  pouvoir  à  mettre  le 
public  eu  garde  contre  deux  écueils,  également  funestes  pour  lui  : 

r  Traitement  énergique,  mal  institué  ; 


PRÉVENTION  DE  LA   CÉCITÉ.  217 

2*  Emploi  intempestif  de  collyres  qui  sont  à  sa  portée. 
Nous  nous  empressons  de  reconnaître  en  ce  qui  concerne  ce  dernier 
int  que  les  malades,  avant  de  consulter  un  médecin,  sont  naturelle- 
ment portés  à  faire  usage  d'une  eau  recommandée,  soit  par  des  charla- 
us,  soit  même  par  des  amis  bien  intentionnés  qui,  ayant  été  guéris 
une  ophtalmie  par  une  eau,  une  poudre  ou  une  pommade,  en 
nseiHent  d'abord  l'emploi,  sans  se  préoccuper  de  savoir  si  la  maladie 
l'ils  se  proposent  de  guérir  est  de  même  nature,  ou  si  eUe  ne  sera  pas 
:aspérée  et  souvent  rendue  incurable,  par  une  intervention  qu'on 
^ait  cru  naïvement  devoir  être  tout  au  moins  inoflfensive. 
Le  dicton  populaire  en  vertu  duquel,  ce  qui  ne  fait  pas  de  bien  ne 
lirait  faire  de  mal,  devrait  à  notre  avis  être  retourné,  et  le  public 
ors  se  persuaderait  que  si  la  recette  qu'on  lui  conseille  ne  fait  pas  de 
3n,  elle  peut  par  contre,  dans  certain  cas,  faire  le  plus  grand  mal.  On 
îttrait  aiusi  peu  à  peu  les  malades  en  garde  contre  eux-mêmes  et,  de 
chef,  on  rendrait  à  la  société  un  signalé  service. 
Quant  au  danger  résultant  d'un  traitement  énergique  mal  institué, 
us  avons  recueilli  des  faits  en  grand  nombre  qui  sont  de  nature  à 
cuver  qu'il  n'est  que  trop  réel,  et  il  vous  appartient  de  porter  à  la 
érapeutique  blâmable  que  nous  vous  dénonçons  dans  le  cours  de  ce 
avail,  un  coup  dont  elle  ne  se  relèvera  pas.  Il  vous  suffira  pour  cela 

I  contribuer,  avec  l'autorité  qui  s'attache  à  vos  décisions,  à  vulgariser 
împloi  des  moyens  que  nous  avons  l'honneur  de  soumettre  à  votre 
tprobation  après  les  avoir,  nous-même,  consciencieusement  appliqués. 
Un  congrès  d'hygiène  ne  saurait  trop  s'intéresser  assurément  à  tout 
qui  a  trait  à  la  prophylaxie  de  la  cécité,  surtout  lorsqu'on  regard  du 
ifl&^  considérable  d'aveugles  que  révèlent  les  statistiques,  on  considère 
e  les  causes  de  cécité  affligeant  l'espèce  humaine  n'ont  rien  d'abso- 
nent  fatal.  D  y  a  plus,  on  peut  affirmer  que  la  plupart  des  maladies 
i  amènent  la  cécité  sont  susceptibles,  sinon  d'être  prévenues,  du 
uns  d'être  combattues  et  arrêtées  dans  leur  évolution  avant  d'avoir 
3duit  la  perte  de  la  vision. 

Pour  s'en  convaincre  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  statistique 
3  causes  de  la  cécité  que  nous  avons  dressée,  en  prenant  pour  base  le 
rsonnel  d'aveugles,  au  nombre  de  trois  cents,  qui  composent  Thospice 
tional  des  Quinze-Vingts,  en  1874*. 

Dans  notre  compte  rendu  clinique  de  cette  époque  nous  les  avons 
jBsées,  par  ordre  de  fréquence  sous  les  cinq  chefis  suivants  : 

Clinique  ophtalmologique  de  V hospice  des  Quinze- Vingts,    Paris,  Delahaye. 
Fieuzal. 


218  SÉANCE  DU  8AMEDI  9  SEPTEMBRE. 

l**  Cécité  par  ophtalmie  purulente 32  Vo 

2'  Cécité  par  irido  choroldite 30  7. 

S*»  Amaurotique  (par  atrophie) 19  ®/o 

4*»  Traumatique 9,8  «/o 

ô**  post-opératoire 7,6  Vu 

Les  moyennes  données  par  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  Tétio- 
logie  de  la  cécité  ne  s'éloignent  pas  sensiblement  des  résultats  fournis 
par  Texamen  que  nous  avons  fait  des  aveugles  des  Quinze-Vingts,  aussi, 
bien  que  notre  statistique  ne  repose  que  sur  un  nombre  restreint  d'aveo- 
gles,  sommes-nous  autorisé  à  la  regarder  comme  juste  et  bien  établie. 

D'autre  part,  la  statistique  générale  de  la  France  de  1876  accuse 
pour  la  France  et  l'Algérie  le  chiffre  énorme  de  31,631  aveugles,  parmi 
lesquels  on  compte  environ  25,000  indigents. 

L'État,  par  l'intermédiaire  de  l'hospice  national  des  Quinze-Viagts, 
distribue  des  secours  à  2,000  seulement  d'entre  eux.  Quant  aux  23,000 
restants,  ils  attendent  de  la  charité  publique  les  secours  que  l'État  est 
impuissant  à  leur  donner. 

C'est  pour  faire  cesser  cet  ordre  de  choses  attristant,  mais  solidement 
établi  depuis  des  siècles,  que  sur  nos  instances  et  grâce  à  la  pressante 
initiative  de  M.  Péphau,  le  philanthrope  directeur  de  l'hospice,  le  gou- 
vernement de  la  République  a  consenti  à  faire  ce  qu'aucun  autre  n'avait 
tenté  avant  lui,  à  savoir  :  étendre  la  charité  d'une  façon  intelligente  eu 
donnant  gratuitement  des  soins  spéciaux  à  tous  ceux  qui,  parmi  ces 
indigents  frappés  de  cécité  ou  seulement  de  maladies  oculaires,  sont 
encore  susceptibles  de  guérison,  soit  par  une  opération,  soit  par  un 
traitement  approprié. 

La  pensée  qui  a  présidé  à  la  création  de  la  clinique  nationale  ophtal- 
mologique en  faveur  des  malades  atteints  d'affections  curables,  a, 
pourrait-on  dire,  véritablement  et  eflFectivement  organisé  la  prophylaxie 
de  la  cécité,  dans  un  bâtiment  annexe  de  celui  qui  a  pour  but  de 
recueillir  et  de  mettre  à  l'abri  du  besoin  les  aveugles  incurables.  C'est, 
en  quelque  sorte,  un  commencement  d'exécution  du  programme  porté 
à  notre  ordre  du  jour  et  mis  en  pratique  à  Paris  depuis  le  1*'  jan- 
vier 1881,  aussi  ne  saurions-nous  mieux  faire  que  de  porter  à  votre 
connaissance,  quelques  renseignements  que  nous  extrayons  du  rapport 
encore  inédit,  que  nous  avons  adressé  à  M.  le  Ministre  de  l'Inté- 
rieur, dès  la  fin  du  1"  exercice  dans  le  courant  de  cette  année. 

La  clinique  nationale,  ouverte  depuis  le  1"  janvier  1881,  se  recrute: 
V  parmi  les  aveugles  de  tout  le  territoire  qui  sont  en  instance  pour 
obtenir  la  pension  des  Quinze-Vingts  ; 


PRÉVENTION  DE  LA  CÉCITÉ.  219 

armi  les  malades  atteints  d'affections  oculaires  de  toute  nature 

it  amener  la  cécité  ; 

Infin,  elle  donne  des  consultations  à  tous  les  malades  qui  se  pré- 

t  pour  une  affection  oculaire  quelconque. 

3  le  cours.de  la  première  année  de  son  fonctionnement,  du  1*' jan- 

81  au  1"  janvier  1882,  nous  avons  relevé  : 

[alades  nouveaux  inscrits,  6,946  ;  moyenne  des  malades  nouveaux 

ir,  23  ;  nombre  des  consultations  par  jour,  108. 

ombre  des  admissions  à  la  clinique,  349  ;  durée  moyenne  du 
15. 

Inumération  des  maladies  observées  : 

Maladies  des  voies  lacrymales 299 

»       des  paupières 954 

»        de  la  conjonctive 1439 

»        de  la  cornée 2104 

»        de  l'iris 178 

»        de  la  choroïde 289 

»        du  corps  vitré 109 

»        du  cristallin 599 

»       de  la  rétine 214 

»        de  la  papille 310 

»        des  nerfs 110 

»        des  muscles 168 

»       de  la  sclérotique 26 

»       de  Torbite 6 

»       du  globe  oculaire 93 

>^       de  la  réfraction  et  accommodation    563 

Totar746T 

les  6946  malades,  inscrits  à  la  clinique,  549  ont  subi  diverses 

ons  et  doivent  être  divisés  en  deux  catégories  : 

[alades  hospitaliers  à  la  clinique ,  349  ;  sur  lesquels  ont  été  pra- 
397  opérations. 

es  349  malades  reçus  à  la  clinique  : 

197  ont  subi  228  opérations  de  cataracte. 


94 

» 

111 

» 

d'irédectomie. 

45 

» 

45 

)) 

d'énucléation. 

3 

)) 

3 

)) 

de  sclérotomie. 

2 

» 

2 

» 

de  Sœmish. 

2 
6 

349 

2( 
6^ 

~397 

excision  de  staphylomes. 
opérations  de  strabisme  (ayant  exception- 
neUement  séjourné  à  la  clinique). 

220  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

2*  D'autres  opérations  dont  le  nombre  s'élève  à  plus  de  340,  sans 
compter  les  petites  opérations,  telles  que  chalazions,  ouverture  d'abcès, 
kystes  des  bords  des  paupières,  etc.,  dont  plusieurs  u^ont  même  pas  été 
relevées,  ont  été  pratiquées  sur  les  malades  du  dehors  qui  se  sont  pré- 
sentés à  la. clinique. 
Opérations  diverses  : 

Iridectomie 111 

Sclérotomie 16 

Opération  de  Sœmish 2 

Paracentèses 27 

Excision  de  staphylomes 3 

Enucléation 45 

Transplantation  du  sol  ciliaire 5 

Suture  de  Gaillard 11 

Voies  lacrymales 260 

Strabisme 28 

Les  opérations  d'iridectomie,  pratiquées  cent  onze  fois  pour  des  mala- 
dies de  diverse  nature,  ont  donné  90  fois  un  résultat  bon,  12  fois  un 
résultat  médiocre,  et  9  fois  seulement  un  résultat  nul. 
Les  opérations  de  sclérotomie,  pratiquées  seize  fois,  ont  donné  : 

10  fois  un  résultat  bon, 
4  »  médiocre, 

2  »  nul. 

Les  opérations  de  cataracte,  pratiquées  deux  cent  vingt-huit  fois  sur 
197  malades,  ont  donné  : 

110  fois  un  résultat  très  bon, 
74  »  bon, 

17  »  médiocre, 

27  h  nul, 

en  somme,  184  résultats  bons,  17  médiocres  et  27  nuls,  à  répartir  entre 
197  aveugles. 

De  sorte  qu'en  définitive,  dans  cette  première  année,  en  ne  considérant 
que  la  catégorie  des  cécités  dues  à  la  cataracte,  nous  avons  réduit  à  une 
vingtaine  en\1ron,  sur  197,  le  nombre  des  infortunés  qui,  réglementaire- 
ment, avaient  droit  à  la  pension  des  Quinze-vingts,  tandis  que  180 
environ,  sur  le  même  nombre,  doivent  à  notre  institution  exclusivement 
d'avoir  recouvré  la  vision. 

C'est  en  chiffres  exacts,  80,70  %  de  succès, 

7,46  7o  de  résultats  médiocres, 
11,84  7o  d'insuccès. 


PRÉVENTION  DE  LA  CÉCITÉ.  221 

Cette  statistique  bien  qu'inférieure  à  celle  que  nous  avons  obtenue 
ans  les  comptes  rendus,  concernant  notre  clinique  particulière,  n'en 
oit  pas  moins  être  regardée  comme  très  encourageante,  si  on  veut  bien 
mir  compte  des  conditions  fâcheuses  dans  lesquelles  se  trouvent  les 
lalades  qui  se  présentent  à  la  clinique  des  Quinze-vingts,  car  ils  y  vien- 
ent  de  tous  les  points  de  la  France,  après  avoir,  pour  la  plupart,  essayé 
ednement  de  se  faire  admettre  dans  les  cliniques  particulières,  et  acculés 
es  lors  à  la  nécessité  de  demander  des  secours  d'aveugles  sur  les  fonds 
e  THospice. 

Dans  ces  conditions,  nous  devons  nous  estimer  heureux  d'avoir  réussi 
mettre  80  Vo  au  moins  de  nos  opérés,  en  état  de  pouvoir  renoncer  à  se 
lire  porter  sur  la  liste  des  candidats  à  la  pension  des  Quinze-Vingts. 

11,84:  7o  en  leur  qualité  d'incurables  restent  seuls,  sur  ce  nombre,  h 
istifier  des  conditions  requises,  mais  si  charitablement  on  y  ajoute  les 
,46  V„  qui  n'ont  obtenu  qu'un  résultat  médiocre,  cela  fait  à  peine  20  7o 
ni  n'ont  pu  tirer  profit  de  la  création  nouvelle  et  qui  restent  aveugles 
)mme  auparavant. 

La  proportion  est  bien  autrement  élevée  pour  ceux  qui  se  sont  pré- 
mtés  à  la  clinique,  atteints  d'affections  externes  ou  profondes,  dont  les 
rogrès,  quand  ils  ne  sont  pas  arrêtés,  conduisent  à  la  cécité,  soit  par- 
elle,  soit  totale,  et  que  nous  avons  eu  la  satisfaction  de  mener  à  bien, 
ans  le  plus  grand  nombre  de  cas. 

Les  faits  contenus  dans  le  rapport  dont  nous  venons  de  résumer  briève- 
lent  une  partie,  nous  autorisent  pleinement  à  dire  que  nous  avons 
tteint,  dans  la  limite  du  possible,  le  but  visé  par  la  création  de  la  clinique, 

savoir  :  la  prévention  de  la  cécité  et  justifié  la  demande  que  nous  avions 
ppelée  de  tous  nos  vœux  dès  1874. 

Parmi  les  causes  de  cécité  que  nous  avons  établies,  il  en  est  une  sur 
iquelle  nous  désirons  plus  particulièrement  attirer  l'attention  du  Cou- 
res ;  c'est  ceUe  qui  occupe  le  premier  rang  par  ordre  de  fréquence  et 
ue  nous  avons  à  cœur  de  faire  descendre  au  dernier,  ainsi  que  cela 
evrait  être  et  serait,  sans  aucun  doute,  si  des  notions  plus  justes 
taient  répandues  sur  la  manière  de  prévenir  et  de  combattre  les  mala- 
ies qui  l'occasionnent. 

En  d'autres  teimes,  la  prophylaxie  et  le  traitement  de  l'ophtalmie 
urulente  et  en  général  de  toutes  les  ophtalmies  à  sécrétion  qui  sont  et 
îFont  toujours  soignées,  en  immense  majorité  par  des  médecins  non 
[>écialistes,  imposent  au  Congrès,  dans  un  intérêt  de  préservation  sociale, 
i  propagation  des  moyens  qui  lui  auront  été  démontrés  les  meilleurs 
our  arrêter  les  progrès  de  ces  terribles  affections. 

Le  Congrès^  dont  les  débats  sont  appelés  à  avoir  un  si  légitime  reten- 


222  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

tissement,  ne  saurait  à  notre  avis  rendre  un  plus  grand  service  qu'en 
prenant  sous  son  patronage  et  en  propageant  dans  le  corps  médical  les 
moyens  thérapeutiques  simples  que  nous  avons  adoptés  ;  il  contribuerait 
ainsi  à  répandre  parmi  les  médecins,  sur  un  sujet  de  si  grande  impor- 
tance, des  notions  exactes,  comme  ils  en  possèdent  déjà  sur  tant  d'au- 
tres points.  Car  on  ne  saurait  contester  que  Tensemble  des  connais- 
sances réunies  par  le  corps  médical,  ne  fasse  de  nos  confrères,  en  toute 
occasion,  les  agents  les  plus  passionnément  dévoués  à  combattre  les 
fléaux  qui  frappent  Thumanité. 

Mais,  hélas  !  l'éducation  médicale  au  point  de  vue  des  maladies  des 
yeux  a  jusqu'ici  été  beaucoup  trop  négligée,  bien  plus,  elle  est  encore 
trop  souvent,  il  faut  le  reconnaître,  donnée  d'une  manière  insuffisante. 
Nous  nous  sommes  aperçus  nous-méme  de  ces  lacunes,  lorsqu'après 
avoir  pratiqué  pendant  une  dizaine  d'années  la  médecine  générale,  nous 
avons  voulu  nous  Uvrer  à  l'étude  et  à  la  pratique  des  maladies  des  yeux. 
Aussi,  pénétré  de  l'importance  qu'il  y  a  à  répandre  dans  le  public  médi- 
cal des  idées  justes  à  la  place  de  celles  qui  ont  cours,  nous  espéron» 
vous  démontrer  qu'il  y  a  mieux  à  faire  qu'à  conseiller  aux  médecins 
l'emploi  des  moyens  mis  en  usage  avec  succès  par  les  spécialistes. 

Du  reste  le  titre  que  nous  avons  donné  à  notre  conmiunicatiou  montre 
clairement  que  notre  but  n'est  pas  de  décrire  une  méthode  nouvelle  de 
traitement  de  l'ophtalmie  purulente,  ni  de  rappeler  celles  qui  se  trou- 
vent décrites  dans  tous  les  traités  classiques  des  maladies  des  yeux  ; 
car  ce  ne  sont  pas  les  méthodes  qui  manquent,  mais  plutôt  les  moyens 
de  les  faire  adopter  par  l'universalité  des  médecins. 

Une  raison  s'oppose  à  ce  que  ces  méthodes  soient  jamais  employées 
par  la  généralité  des  médecins  et  cette  raison  est  tirée  de  la  nature 
même  des  choses.  S'il  est,  en  effet,  une  pratique  qui  s'impose  dans  le 
traitement  des  ophtahnies  purulentes,  c'est  assurément,  ainsi  que  le 
recommandent  avec  tant  de  raison  les  oculistes,  de  savoir  retourner  les 
paupières  pour  toucher  la  muqueuse  des  culs  de  sac,  soit  avec  le  crayon 
mitigé  de  nitrate  d'argent  et  dépotasse,  soit  avec  la  solution  de  nitrate 
d'argent,  à  titres  divers,  en  neutralisant  aussitôt  l'action  du  caustique 
quoiqu'il  soit  qui  a  été  porté  directement  sur  la  muqueuse.  Or  combien 
parmi  les  médecins,  habitant  des  localités  dépourvues  de  spécialistes, 
sont  exercés  à  cette  pratique,  en  général  facile  et  simple,  mais  difficile, 
délicate  et  fort  dangereuse  dans  certaines  formes  d'ophtalmies,  accom- 
pagnées d 'œdème  des  paupières  et  dans  lesquelles  précisément  il  importe 
surtout  d'y  être  habile. 

Depuis  longtemps  les  oculistes  sont  parvenus  à  réduire  à  un  mini- 
mum négligeable  les  complications  de  cette  terrible  maladie,  aussi 
n'est-ce  pas  pour  eux  que  nous  parlons  en  ce  moment,  mais  bien  pour 


PRÉVENTION  DE  LÀ  CECITE.  223 

les  médecins  qui  sont  en  définitive  appelés  à  soigner  Timmense  majo- 
rité des  malades,  enfants  ou  adultes,  atteints  d'ophtalmies,  non  seule- 
ment dans  les  centres  où  peuvent  se  trouver  des  oculistes,  mais  et  à 
plus  forte  raison  dans  les  villes  ou  vUlages  qui  en  sont  dépourvus. 

H  semble  donc  qu'il  n'y  aurait  qu'à  suivre  scrupuleusement  les  pré- 
ceptes formulés  dans  les  traités  classiques,  mais  ici  commence  la  diffi- 
culté, car  nous  sommes  obligés  de  faire  parmi  les  praticiens  deux  parts 
fort  inégales,  l'une  très  minime,  comprenant  les  médecins  qui  ont  fré- 
quenté des  cliniques  et  se  sont  exercés  manuellement  à  la  pratique  qui 
consiste  à  retourner  les  paupières  sans  danger  pour  le  malade  et  ceux, 
malheureusement  les  plus  nombreux,  qui  ont  suivi  pendant  quelques 
mois  ou  seulement  quelques  semaines  une  clmique  spéciale  ou  même  qui 
n'ont  jamais  eu  l'occasion  d'apprendre  les  maladies  des  yeux,  autre- 
ment qu'à  la  consultation  des  chirurgiens  des  hôpitaux. 

Rappelons  en  quelques  mots  ce  qui  se  passe  dans  les  services  qui 
reçoivent  les  malades  atteints  d'ophtalmie  purulente.  Ainsi  que  chacun 
peut  s'en  assurer  dans  une  visite  faite  aux  hôpitaux  d'enfants,  ce  sont 
les  sœurs  qui  sont  chargées  de  faire  les  pansements  des  petits  malades, 
et  qui  promènent  le  crayon  entre  les  paupières  écartées,  mais  non  métho- 
diquement retournées.  Le  chef  de  service,  retenu  dans  les  saUes  par  les 
naalades  atteints  d'aflfections  générales,  soit  en  médecine,  soit  en  chi- 
rurgie, n'a  pas  le  temps  de  s'occuper  de  ceux  dont  nous  parlons  qui, 
séparés  des  autres  à  cause  de  la  nature  contagieuse  de  leur  mal,  et  ne 
Pï'ésentant  d'ailleurs  rien  de  particulièrement  attachant  dans  leur  aspect 
extérieur  sont  rarement  visités  par  le  chef.  Qu'en  résulte-t-il,  c'est  que 
lorsque  ces  enfants  guérissent  de  leur  ophtalmie,  ils  n'ont  qu'une  gué- 
ïison  imparfaite  et  que  les  mieux  partagés  d'entre  eux  s'en  tirent  avec 
Une  perforation  qui  s'accompagne  de  leucome  et  de  synéchies,  alors  qu'il 
est  démontré  par  tous  les  oculistes  que  cette  maladie,  lorsqu'elle  est 
bien  soignée,  doit  presque  toujours  se  terminer  sans  entraîner  à  sa 
suite  des  accidents  si  pleins  de  dangers  pour  l'avenir. 

Voilà,  sans  exagération,  ce  qui  se  passe  pour  les  malades  atteints 
d'ophtalmie  purulente  qui  sont  admis  dans  les  hôpitaux  d'enfants; 
quant  aux  services  chirurgicaux,  à  la  consultation  desquels  se  présen- 
tent en  trop  grand  nombre  des  malades  atteints  de  cette  affection,  il  est 
rare  qu'on  fasse  autre  chose  que  la  prescription  d'un  collyre,  à  base  de 
nitrate  d'argent,  de  sulfate  de  zinc,  de  cuivre  ou  de  tout  autre  sel  métal- 
lique, à  instiller  par  gouttes  et  dont  l'usage  devient  fort  dangereux 
toutes  les  fois  que  la  cornée  et,  à  plus  forte  raison,  l'iris  ou  la  choroïde 
sont  compris  dans  le  processus  inflammatoire. 

Si  telle  est  la  pratique  suivie  par  les  mattres  dans  les  hôpitaux  et 
que  nous  ne  faisons  que  reproduire  scrupuleusement  ici,  il  ne  faut  pas 


224  SEANCE  DU  SAMEDI   9  SEPTEMBRE. 

s'étonner  que  les  praticiens  formés  à  cette  école,  et  j'affirme  que  ce 
sont  de  beaucoup  les  plus  nombreux,  ne  puissent  jamais  arriver  dans  leur 
clientèle  à  mettre  en  pratique  les  préceptes  formulés  par  les  oculistes. 

C'est  précisément  parce  que  nous  avons  la  conviction  que  les  trois 
quarts  au  moins  des  tareff,  consécutives  à  la  médication  instituée  contre 
l'ophtalmie  purulente,  pourraient  être  évitées  en  renonçant  aux  collyres 
métalliques,  instillés  par  gouttes,  que  nous  nous  sommes  appliqué  à  les 
remplacer  par  une  médication  essentiellement  désinfectante,  prophylac- 
tique, toujours  inoffensive  et  souvent  curative  dans  l'ophtalmie  purulente 
elle-même,  et  dans  toutes  les  ophtalmies  qui  s'accompagnent  de  sécré- 
tion purulente  ou  muco-purulentc. 

Nous  nous  croyons  donc  suffisamment  fondé  à  demander  la  proscrip- 
tion de  ces  collyres  instillés  par  gouttes,  et  nous  conjiu'ons  nos  confrères 
de  ne  jamais  les  employer,  avant  de  s'être  assurés  qu'il  n'existe  pas  la 
plus  petite  desquamation  épithéliale  de  la  cornée.  La  kératite  la  plus 
superficielle,  à  plus  forte  raison  une  kératite  intersticielle  ou  séreuse, 
un  iritis  ou  une  lésion  quelconque  des  membranes  profondes,  en  contre- 
indiquent  formellement  l'emploi. 

Malheureusement  les  moyens  de  s'assurer  de  l'intégrité  des  membra- 
nes ne  sont  pas  à  la  portée  du  plus  grand  nombre  ;  l'éclairage  oblique, 
l'examen  ophtalmoscopique,  alors  même  qu'ils  pourraient  être  sérieuse- 
ment faits  par  les  médecins,  ne  sont  pas  praticables  dans  la  plupart  des 
cas  qui  en  réclament  l'emploi. 

Ai)rès  nous  être  bien  convaincu  de  ces  difficultés  et  de  l'urgence  de 
mettre  un  terme  à  cette  thérapeutique  meurtrière,  nous  sommes  arrivé 
à  conseiller,  comme  méthode  générale,  l'emploi  des  simples  désinfectants 
qui  agissent  à  titre  hygiénique  et  prophylactique,  dans  l'ophtalmie  puru- 
lente à  son  début,  et  aussi  à  titre  curatif  lorsqu'elle  est  en  voie  d'évolu- 
tion. Il  nous  suffira  de  mettre  sous  vosyeux  un  tableau  renfermant  le  nom- 
bre et  la  proportion  des  malades  atteints  d'ophtahnies,  pouvant  être 
victorieusement  combattues  par  les  moyens  que  nous  préconisons,  pour 
porter  la  conviction  dans  les  esprits  les  plus  réfractaires. 

Nous  avons  pensé  à  cet  effet  qu'il  y  avait  intérêt  à  grouper  ensemble 
le  nombre  de  malades  qui  se  sont  présentés  à  notre  consultation  pendant 
une  période  de  dix  ans,  pour  y  être  soignés  d'affections  dans  le  traite^ 
ment  desquelles  nous  avons  introduit  une  modification  capitale  et  de 
vous  faire  connaître  les  résultats  que  nous  avons  obtenus,  en  simplifiant 
la  médication. 

Le  tableau  suivant  renferme  le  nombre  de  malades,  atteints  de  con- 
jonctivite avec  ses  diverses  formes,  et  de  kératites,  acccompagnées  de 
sécrétion,  qui  se  sont  présentés  à  notre  clinique  depuis  le  !•' juillet  1872, 
jusqu'au  1"  juillet  1882. 


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220  8ÉAXCE   nu   SAMEDI   9   SEPTEMBRE. 

Pendant  cette  période  de  dix  ans  nous  avons  employé  durant  les 
six  premières  aimées  le  traitement  classique,  qui  consiste  à  retourner  les 
paupières  et  à  cautériser  les  culs-de-sac,  en  neutralisant  aussitôt  le 
caustique  employé. 

Les  catarrhes  conjouctivaux  et  les  ophtalmies  purulentes  étaient  traités 
par  la  cautérisation  tous  les  deux  jours,  si  ce  n'est  dans  quelques  cas 
exceptionnels  où  la  cautérisation  avait  lieu  tous  les  jours.  Lies  granula- 
tions étaient  touchées  de  la  même  façon  avec  le  sous-acétate  de  plomb, 
ot  tour  à  toui*  nous  avons  employé  le  sulfate  de  cuivre,  la  pierre  divine, 
Tacide  phénique  cristallisé,  etc.  Par  cette  méthode  de  traitement,  les 
malades  venaient  à  la  consultation  pendant  une  moyenne  de  douze  à 
quinze  jours  pour  le  cataiThe  conjonctival  aigu,  pendant  trois  à  quatre 
semaines  pour  une  ophtalmie  purulente  simple,  aiguë  et  pendant  ud 
temps  indéterminé,  au  moins  deux  mois,  pour  les  granulations  aiguës  ; 
quant  aux  foraes  chroniques  de  ces  diverses  ophtalmies,  il  serait 
diflScile  d'en  établir  la  durée  d'une  façon  précise. 

Cette  méthode,  en  usage  chez  la  plupart  des  oculistes,  a  été  la  nôtre 
pendant  six  ans,  au  bout  desquels  nous  avons  été  amené  à  la  modifier 
j)ar  suite  d'une  cruelle  expérience  personnelle  et  de  la  constatation  bien 
évidente  de  faits  de  contagion  observés  à  notre  clinique.  Nous  avons  eu 
plusieurs  fois  à  regretter  que  des  malades,  en  traitement  pour  un  simple 
catarrhe,  aient  contracté  des  ophtalmies  graves,  car  il  est  à  remarquer 
qu'une  ophtalmie  bénigne  peut  donner  lieu,  selon  la  préparation  du 
terrain  sur  lequel  se  fait  la  contamination,  à  une  ophtalmie  des  plus 
malignes. 

D'autre  part,  quelques  faits  bien  observés  ayant  ébranlé  chez  nous  la 
croyance  à  la  nécessité  ou  même  seulement  à  l'utilité  des  cautérisations 
substitutives  dans  tous  les  cas,  nous  avons  commencé  par  traiter  sur  le 
même  malade  un  œil  par  l'ancien  procédé,  tandis  que  l'autre,  atteint  de 
la  même  maladie,  était  soigné  seulement  par  des  lavages  désinfectants  ; 
choisissant  d'abord  des  ophtalmies  catarrhales  avec  sécrétion,  puis 
bientôt  de  vraies  ophtiilmies  purulentes,  nous  n'avons  pas  tardé  à 
acquérir  cette  conviction  tout  à  fait  inespérée  que  le  plus  grand  nombre 
(les  ophtahnies  purulentes  que  nous  traitions  par  la  cautérisation  tous 
les  deux  jours,  et  qui  dans  toutes  les  cliniques  auraient  été  traitées  de 
même,  pouvaient  dans  beaucoup  de  cas  guérir  par  de  simples  lotions 
faites  avec  un  liquide  désinfectant. 

Celui  que  nous  avons  employé  de  préférence  est  l'acide  phénique 
à  V250  coupé  avec  moitié  eau  tiède;  Tacide  borique  à  Vioo  ©st  prescrit 
par  nous  de  préférence,  lorsqu'il  y  a  une  tendance  à  l'eczéma  ou  à 
l'herpès  des  paupières.  La  même  médication  a  été  appliquée  aux  granu- 


PRÉVENTION   DE   LA   CÉCITÉ.  227 

lations  et  bientôt  Tcacide  phéiiique  est  devenu  entre  nos  mains  l'agent 
principal  de  toute  thérapeutique  appliquée  aux  formes  sécrétantes  des 
dphtalmies. 

Nous  avons  eu  la  satisfaction  de  constater  que  par  cette  méthode  de 
traitement  nos  malades  guérissaient  dans  un  temps  à  peu  près  équivalent, 
m  leur  évitant  des  souffrances,  des  dangers  de  contagion,  et  ce  qui  a 
bien  aussi  son  importance,  des  pertes  de  temps  considérables  ;  si  bien 
(|ue  depuis  Tinstitution  de  la  nouvelle  méthode,  le  nombre  des  malades 
se  présentant  pour  les  pansements  est  chez  nous  réduit  à  trois  ou  quatre 
par  joui-,  au  lieu  d'une  cinquantaine  envii'on. 

Quant  au  nombre  de  myriades  inscrits  pour  les  mêmes  maladies, 
depuis  que  nous  avons  institué  ce  traitement,  il  est  facile  de  voii*  en 
consultant  le  tableau  ci-dessus,  que  sa  progression  a  toujours  été  crois- 
sante. On  est  donc  bien  obligé  d'accorder  aux  faits  que  nous  avançons 
et  qui  sont  journellement  constatés  par  le  personnel  du  service  de  la 
clinique,  une  importance  réelle. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  produii*e  à  l'appui  de  nos  assertions,  des 
observations  démontrant  l'utilité  de  la  thérapeutique  que  nous  avons 
inaugurée  il  y  a  plus  de  quatre  ans  et  dont  les  résultats  sont  tous  les 
jours  plus  encourageants  *. 

Nous  avons,  en  avril  1880,  lu  à  la  Société  des  médecins  des  bureaux  de 
bienfaisance  de  Paris,  un  mémoire  dans  lequel  nous  dénoncions,  avec 
preuvas  à  l'appui,  les  dangers  de  la  thérapeutique  à  outrance  dont 
les  ophtalmies  en  général  sont  l'objet,  et  tout  en  mettant  en  garde  nos 
confrères  contre  de  pareils  errements  nous  les  engagions  à  suivre  la 
voie  que  noas  venions  d'ouvrir. 

A  cette  époque,  nous  taisions  ressortir  combien  il  importe  de  modifier 
la  méthode  employée  par  la  plupart  des  médecins,  depuis  les  plus  hauts 
placés  dans  les  facultés,  jusqu'aux  plus  humbles  praticiens  de  campagne. 
Nous  montrions  par  des  exemples  que  la  plupart  des  taies,  des  leucomes 
ou  des  staphylomes  entraînant  l'exemption  du  service  militaire,  ne 
reconnaissaient  le  plus  souvent  pas  d'autre  cause  qu'une  ophtalmie  mal 
soignée. 

Vous  le  voyez,  le  mal  acquiert  une  portée  sociale  considérable  et  il  est 
urgent  d'y  mettre  un  terme. 

La  statistique  des  causes  de  cécité  que  nous  avons  dressée  sur  les 
pensionnaires  des  Quinze-Vingts,  donne  pour  l'ophtalmie  purulente  une 
moyenne  de  32  Vo  î  N'est-ce  pas  là  un  résultat  navrant,  quand  on  a  la 
certitude  que  des  soins  bien  donnés  dans  cette  maladie  feraient  tomber 
cette  proportion  à  2  ou  3  %. 

^  Voir  notre  troisième  compte  rendu  clinique  chez  Delahaye^  Paria  lô^^. 


228  8KAXCK   DU   HAMKDl    U   SËl'TËMBRK. 

Le  nombre  de  malades  atteints  d'ophtalmie  à  sécrétion,  soignés  avec 
succès  par  la  méthode  que  nous  appellerons  volontiers  méthode  des 
Quinze-Vingts,  s'élève  d'après  notre  tableau  depuis  une  période  de 
quatre  ans  au  chiffre  considérable  de  (»,354,  c'est  la  justification  écla- 
tante de  la  division  que  nous  avoiLs  cru  devoir  introduire  dans  les 
ophtalmies  externes,  au  point  de  vue  de  l'hygiène  et  de  la  thérapeutique. 

Nous  ne  saurions  trop  conseiller  l'emploi  de  notre  méthode  à  tous  nos 
confrères  non  spécialistes,  et  nous  pouvons  affirmer  que  s'ils  l'adoptent, 
ils  ne  seront  jamais  dans  l'embarras  que  leur  cause  souvent  la  prescrip- 
tion de  collyres  métalliques  à  instiller  par  gouttes  ;  nous  pouvons  en 
même  temps  assurer  qu'on  ne  leur  reprochera  jamais  à  bon  droit,  de 
n'avoh*  point  assez  agi  dans  la  crainte  de  dépasser  le  but. 

A  notre  avis,  l'acide  phénique  ne  doit  jamais  être  prescrit  dans  les 
maladies  des  yeux  aux  doses  auxquelles  il  est  généralement  employé 
en  chirurgie  pour  détruire  les  microbes;  c'est  pour  avoir  cherché  à 
l'employer  dans  ce  but,  à  des  doses  beaucoup  trop  concentrées,  que  la 
plupart  des  oculistes  Font  rejeté  de  leur  pratique,  ou  ne  lui  ont  pas 
accordé  la  place  que  selon  nous  il  mérite  si  justement  d'occuper  dans  la 
thérapeutique  oculaire. 

Nous  affirmons  que  même  h  '/m,,,  il  est  encore  un  modificateur  très 
actif  de  la  sécrétion  purulente  et  qu'il  n'est  pas,  comme  on  s'est  plu  à 
le  dire,  l'équivalent  de  simples  soins  de  propreté. 

Nous  ajoutons  qu'il  est  dans  cette  proportion  de  beaucoup  préférable 
à  l'alcool  ou  à  l'eau  alcoolisée,  et  en  général  à  tous  les  collyres  dits 
collyres  forts  ;  en  outre  il  se  trouve  partout,  il  est  inoflfensif,  très  bon 
marché  et  facile  à  employer,  soit  par  les  parents  des  petits  malades, 
soit  par  les  malades  eux-mêmes,  dans  l'inunense  majorité  des  cas.  Nous 
ne  pourrions  dire  autant  de  la  plupart  des  antiseptiques. 

C'est  plus  qu'il  n'en  faut  pour  assurer  la  fortune  des  désinfectants 
appliqués  à  la  thérapeutique  des  ophtalmies  à  sécrétion. 

Cette  indication,  commune  à  un  grand  nombre  d'ophtalmies  du 
segment  antérieur  du  globe  oculaire,  nous  a  suggéré  lïdée,  que  nous 
croyons  pratiquement  utile  pour  la  généralité  des  médecins,  de  diviser 
celles-ci  en  ophtabnies  à  sécrétion  et  en  ophtalmies  sans  sécrétion; 
celles-ci  sont  le  plus  souvent  accompagnées  de  rougeui*,  de  douleur  et  de 
photophobie  avec  larmoiement,  et  ne  doivent  jamais  être  traitées  par 
des  collyres  à  base  métallique  ;  ce  sont  des  kératites,  insterstitielles  ou 
profondes,  des  iiitis,  ou  même  des  iridocyclites  qui  ne  peuvent  qu'être 
exaspérées  par  les  collyres  métalliques  :  les  mydriatiques  et  les  myotiques 
eux-mêmes  doivent  toujours  être  donnés  avec  la  plus  grande  circon- 
spection et  subordonnés  à  l'emploi  de  compresses  chaudes,  de  pavot  ou 


PRÉVENTION   DE   LA   CÉCITÉ.  229 

de  camomille,  et  de  modificateurs  généraux  indiqués  par  la  diathèse, 
sous  la  dépendance  de  laquelle  se  fait  la  localisation  oculaire. 

Les  ophtalmies  à  sécrétion  seront  toutes  heureusement  modifiées,  par 
les  lavages  fréquents  (toutes  les  heures)  avec  l'eau  phéniquée(Vj5u  cou- 
pée par  moitié  avec  de  Teau  tiède). 

Ici  se  i-ange  toute  la  série  que  nous  donnons  dans  notre  tableau  statis- 
tique :  paiTOi  les  ophtalmies  catarrhales  aiguës ,  les  trois  quarts  au 
moins  guériront  par  ces  seuls  lavages,  à  peu  près  dans  le  même  temps 
que  si  on  les  cautérisait  méthodiquement.  C'est  dans  celles-ci  que  les 
collyres  à  base  de  nitrate  d'argent,  instillés  par  gouttes,  sont  les 
moins  dangereux,  tant  que  la  cornée  n'est  pas  desquamée  ;  ce  sont  encore 
les  formes  si  fréquentes,  puisqu'il  y  en  a  d'après  le  tableau  0,107,  qu'on 
peut  impunément  traiter  par  des  collyres  quelconques,  qui  servent  à 
entretenir  la  croyance  en  l'action  bienfaisante  des  caustiques  cathéré- 
tiques  et  substitutife  ;  mais  pour  peu  qu'il  y  ait  sous  jeu  une  légère  iritis, 
ou  même  simplement  une  desquamation  limitée  de  l'épithélium  coméen 
{\m  passent  inaperçues,  l'ophtalmie  cataiThale  simple  se  transforme 
aussitôt  en  une  iritis.  Celle-ci  à  son  tour  peut  devenir  rapidement  fatale 
l>ar  la  fonnation  de  synéchies  qu'un  traitement  approprié  sera  ultérieure- 
ment impuissant  à  rompre,  et  qui  nécessiteront  plus  tard  une  opération 
<riridectomie  seule  capable  de  mettre  fin  aux  récidives  d'une  maladie  que 
le  traitement  a  exasi)érée,  quand  il  ne  l'a  pas  créée  de  toutes  pièces. 

Le.s  ophtalmies  pumlentes  doivent,  selon  leur  forme,  être  rangées 
sous  deux  chefis  principaux  ;  les  unes,  les  plus  nombreuses,  sont  comme 
les  ophtalmies  catarrhales,  justiciables  du  traitement  par  les  désinfec- 
tants; les  autres,  heureusement  rares,  sont  graves  d'emblée  ;  elles  sont 
malignes,  qu'elles  appartiennent  ou  non  aux  formes  pseudo- membra- 
neuses ou  diphtéritiques,  ou  qu'elles  reconnaissent  une  origine  blen- 
norrhagique  ;  elles  ne  guériront  jamais,  même  entre  les  mains  des  ocu- 
listes les  plus  soigneux,  sans  faire  courir  les  plus  grands  risques  à 
l'organe  qui  en  est  atteint.  Heureux  ceux  qui  verront  l'ophtalmie  puru- 
lente maligne  se  tenniner  par  une  simple  perforation. 

Les  soins  les  plus  assidus  et  les  plus  intelligents  ne  parviendront  pas 
toujours  à  limiter  la  perte  de  substance  de  la  cornée  et  à  produire  un 
simple  leucome  adhérent.  Ce  sera  par  la  combinaison  de  moyens  sage- 
ment employés,  tels  que  la  cautérisation  des  paupières  retournées,  la 
glace,  les  irrigations  désinfectantes,  les  scarifications,  etc.,  que  les  ocu- 
listes parviendront,  à  grand  peine,  à  mener  à  bien  une  ophtalmie  de 
cette  espèce  ;  mais  que  deviendra-t-elle  sous  l'influence  de  l'instillation 
par  gouttes,  entre  les  paupières,  d'un  collyre  au  nitrate  d'argent,  tel 
que  les  ••/„„,  des  médecins  le  conseilleront  dans  ce  cas  ;  la  cornée  déjà 


230  SÉANCE  mi   SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

serrée  par  le  chémosis  conjonctival  ue  tardera  pas  à  perdre  l'épithélium 
qui  la  protège  et  dans  l'espace  de  quelques  heures  uu  sillon  se  creusent 
en  forme  de  coup  d'ongle  sur  son  limbe,  et  bientôt  la  nécrose  étant 
devenue  totale,  l'œil  se  videra  de  tout  son  contenu  et  l'atrophie  du  globe 
sera  la  conséquence  de  la  cautérisation  sans  cesse  renouvelée  sur  une 
partie  déjà  en  voie  de  transformation  nécrobiotique. 

Si  au  contraire  ne  pouvant,  faute  de  l'expérience  nécessaire,  retourner 
les  paupières  pour  les  cautériser  méthodiquement  et  faire  le  traitement 
préconisé  par  les  oculistes  dans  ces  cas,  et  qui  seul  pourrait  triompher 
de  cette  maladie,  le  médecin  se  borne  à  prescrire  des  lotions  désinfec- 
tantes renouvelées  toutes  les  heures,  nous  n'hésitons  pas  k  proclamer 
qu'on  aui'a  plus  de  chances,  par  ce  simple  traitement,  de  voir  la  maladie 
se  terminer  alors,  non  plus  par  une  nécrose  totale  de  la  cornée,  mais  pai* 
une  perforation  plus  ou  moins  limitée  sur  un  des  secteurs  périphérique^^ 
de  cette  membrane  ;  si  bien  que  finalement  un  simple  leucome  adhérent 
justiciable  d'une  iridectomie  succédera  à  cette  perforation,  et  l'on  n'aura 
que  très  exceptionnellement  à  déplorer  la  perte  irrémédiable  del'orgaue 
atteint,  par  formation  d'un  staphylome  total  ou  même  d'une  phthisie  du 
globe,  sans  compter  qu'on  n'aura  pas  couru  le  danger  de  faire  soi-même 
une  perforation  en  essayant  de  retourner  les  paupières,  manœuvTe  qui 
dans  ces  cas  demande  les  plus  minutieuses  précautions. 

Le  traitement  des  ophtalmies  granuleuses  par  les  irrigations  ou  les 
pulvérisations  d'eau  phéniquée  à  Vasu.  coupée  par  moitié  avec  de  Teian 
tiède,  nous  a  donné  des  résultats  que  la  méthode  par  le  sous-acétate  de 
plomb,  ou  les  cautérisations  légères  avec  le  sulfate  de  cuivre,  la  pierre 
divine,  ne  nous  avaient  pas  encore  fourni.  Cependant  nous  reconnaissons^ 
volontiers  que  ces  divers  moyens  ne  sont  pas  à  dédaigner,  et  il  va  sans 
dire  que  nous  les  employons  nous-même  à  l'occasion,  de  même  que  nous- 
mettons  en  œuvre  un  traitement  général  approprié  pour  venir  à  bout 
d'ophtalmies  si  rebelles  à  toute  médication. 

Dans  les  conjonctivites  et  les  kératites  phlycténulaires ,  les  abcès 
superficiels  de  la  cornée,  nous  employons  avec  un  très  remarquable 
succès  l'eau  phéniquée  avec  adjonction  de  collyre  d'ésérine  (à  0,05  pour 
10  grammes  d'eau  distillée),  deux  ou  trois  gouttes  par  jour  pendant 
quelques  jours,  supprimant  quelques  jours  et  recommençant  ainsi  jusqu'il 
guérison.  Le  collyre  d'atropine  à  la  même  dose  et  employé  de  la  même 
façon,  remplace  le  collyre  d'ésérine,  dès  que  nous  avons  affaire  à  une 
kératite  profonde  (séreuse  avec  iritis).  Nous  ne  saurions  trop  recom- 
mander à  nos  confrères  de  faire  bénéficier  leurs  malades  de  cette  théra- 
peutique simple,  hygiénique  pouvons-nous  dire,  que  nous  avons  employée 
sur  une  très  large  échelle  avec  des  résultats  tout  à  fait  satisfaisants,  et 


PRÉVENTION   DE  IJl  CÉCITÉ.  231 

nous  coiDsidéroDS  que  rien  n'est  plus  important  que  de  répandre  la  notion, 
qu'avec  l'eau  phéniquée  employée  largement  on  peut  prévenir  la  con- 
tagion de  l'ophtalmie  purulente  et  dans  certains  cas  même  la  guérir. 

Quant  à  la  prophylaxie  de  l'ophtalmie  des  nouveaux-nés,  on  a  con- 
seillé l'emploi  de  douches  vaginables  phéniquées,  avant  et  pendant 
l'accouchement,  et  aussi,  le  croirait-on,  Iti  csuténsaXion  préventive  àes 
paupières  retournées  !  Nous  nous  permettons  de  réprouver  entièrement 
ce  dernier  moyen  que  nous  trouvons  injustifiable,  mais  nous  n'oserions 
pas  affirmer  qu'il  n'aura  pas  d'imitateurs. 

Nous  ajoutons  peu  foi  à  la  contagion  directe  de  la  mère  à  l'enfant, 
par  la  souillure  des  yeux  lors  du  passage,  et  nous  croyons  bien  plutôt  h 
l'origine  catarrhale  de  l'ophtalmie  des  nouveaux-nés,  et  aussi  à  l'influence 
des  manipulations  dont  le  nouveau-né  est  la  victime  dès  sa  soilie  du  sein 
maternel  ;  c'est  là  qu'il  faut,  à  notre  avis,  rechercher  la  cause  d'une 
ophtalmie  catarrhale  qui  selon,  les  prédispositions  de  l'enfant  et  aussi  et 
surtout  selon  les  remèdes  employés  pour  la  combattre,  sera  ou  une 
ophtalmie  bénigne  ou  une  ophtalmie  grave,  à  durée  variable,  quelque- 
fois fort  longue  malgré  les  soins  les  plus  judicieusement  donnés,  mais  qui 
devra  toujours  guérir  si  elle  est  bien  soignée . 

Dans  le  courant  de  septembre  1880,  le  directeur  de  l'hospice  des 
Quinze-Vingts,  préoccupé  de  propager  les  idées  de  prophylaxie  et  de 
thérapeutique  contenues  dans  le  mémoire  que  nous  avions  présenté  à  la 
Société  des  médecins  des  bureaux  de  bienfaisance,  obtint  du  ministère 
de  l'intérieur  l'insertion  au  Journal  des  commiuies,  d'une  note  rap- 
pelant les  précautions  ci-dessus  indiquées,  pour  prévenir  les  eflfets  désas- 
treux de  l'ophtalmie  purulente. 

Cette  note  ministérielle  pour  la  rédaction  de  laquelle  nous  n'avons 
nullement  été  consulté,  a  soulevé,  dans  les  gazettes  et  dans  les  sociétés 
médicales  de  tous  les  pays,  des  polémiques  diverses  ;  elle  a  eu  le  privi- 
lège de  porter  l'attention  des  personnes  compétentes  sur  une  question 
qui  doit  à  juste  titre  préoccuper,  non  seulement  les  médecins  soucieux 
de  bien  faire,  mais  aussi  les  hommes  d'Etat,  sous  le  patronage  desquels 
se  trouvent  placés  les  établissements  de  bienfaisance. 

Le  D' Brière  du  Havre,  le  D' Terson  de  Toulouse,  le  D' Galézowski  de» 
Paris  à  la  Société  de  médecine  publique,  ont  tour  à  tour  saisi  le  public 
des  moyens  à  employer  pour  diminuer  les  ravages  de  l'ophtalmie  puru- 
lente. 

Le  D' Brière  a  déjà  obtenu  qu'au  Havre,  où  existe  un  bureau  d'hygiène, 
les  parents  fiissent  mis  en  garde  contre  les  dangers  de  l'ophtalmie  puru- 
lente par  la  remise  d'une  note  à  toute  personne  venant  à  la  mairie 
faire  la  déclaration  de  naissance. 


232  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPl'KMBRE. 

La  Société  de  médecme  de  Toulouse,  sur  la  proposition  du  D' Terson. 
a  émis  le  vœu  qu'une  pareille  note  fût  affichée  dans  les  bureaux  de  Tétat 
civil  de  toutes  les  mairies  et  qu'en  outre  elle  fût  ajoutée  au  livret  dit  de 
famille. 

Le  D' Galézowski  a  demandé  avec  juste  raison  que  le  médecin  préposé 
à  la  constatation  des  naissafices  tût  tenu  de  prévenir  les  parents  de  la 
nature  bénigne  ou  maligne  de  ^'ophtalmie  des  nouveaux-nés,  afin  de 
mettre  ceux-ci  en  garde  contre  les  dangei*s  d'une  maladieque  trop  souvent 
on  laisse  s'aggraver  par  ignorance  ou  incurie. 

Nous  ne  pouvons  que  donner  une  entière  approbation  à  ces  propo- 
sitions, à  la  condition  expresse  toutefois  que  cette  note  soit  succincte  et 
qu'elle  indique  des  moyens  pratiques,  faciles  à  exécuter,  aussi  bien  dans 
les  communes  les  plus  reculées  et  les  plus  privées  de  secoui^s  médicaux 
que  dans  les  grands  centrer  de  population.  C'est  assez  dire  que  la  note 
ne  doit  pas  avoir  la  prétention  d'indiquer  le  traitement  méthodique  des 
ophtalmies  punilente^,  mais  bien  les  moyens  prophylactique*  à  mettre 
en  œuvre  ;  elle  doit  surtout  viser  le  danger  qu'il  y  a  à  laisser  sans 
soins  une  maladie  essentiellement  curable  quand  elle  est  soignée  dès  le 
début. 

Si  nous  avions  eu  l'honneiu*  d'être  consulté,  lors  de  la  rédaction  de  la 
note  ministérielle  dite  des  Quinze-Vingts,  nous  nous  serions  bien  gardé 
de  la  présenter  comme  un  moyen  de  traitement  de  l'ophtalmie  purulente, 
et  nous  eussions  évité  de  parler  de  l'emploi  de  l'atropine  ou  de  l'ésérine 
dont  l'indication  ne  peut  être  fournie  que  parl'intervention  d'un  médecin  ; 
elle  n'aurait  mentionné  que  les  pansements  antiseptiques,  tels  que  nous 
les  avons  mis  en  usage  nous-même  au  grand  avantage  des  malades,  parce 
que  dans  notre  esprit,  c'est  surtout  à  l'entourage  qu'il  importe  de  faire 
connaître  les  moyens  prophylactiques  et  curatifs  de  ces  terribles  aflFec- 
tions. 

D  faut,  hélas  !  bien  des  années  pour  déraciner  des  préjugés  et  pour 
faire  renoncer  à  des  habitudes  séculaires  qu'il  serait  pourtant  si  impor- 
tant d'arriver  h  détruire  ;  selon  nous  et  d'accord  avec  les  savants  con- 
frères dont  nous  venons  de  citer  les  noms,  le  meilleui*  moyen  d'atteindre 
le  but  serait  aussi  la  rédaction  d'un  avis  officiel  rappelant  les  dangei-s 
de  l'ophtalmie  pm-ulente,  qui  serait  remis  soils  forme  de  note  aux  pei- 
sonnes  venant  faire  la  déclaration  de  naissance.  Cette  note  pourrait 
figurer  sur  le  livi'et  de  famille  et  être  conçue  en  ces  termes  : 

Avis  aux  parents.  Pour  prévenu-  les  dangei-s  de  l'ophtalmie  purulente» 
il  faut  laver  les  yeux  de  Tenfant  nouveau-né  avec  un  linge  propre, 
trempé  dans  l'eau  phéniquée  à  •/j,^,    coupée  avec  moitié  eau  tiède. 


PRÉVEXTION    DE   LA   CÉCITÉ.  23.-» 

autant  plus  fréquemment  que  les  paupières  sei^ont  elles-mêmes  plus 
)Uées,  et  qu'il  sortira  de  leur  intérieur  une  matière  plus  abondante 
>it  séreuse,  soit  purulente. 

Lorsque  les  paupières  seront  gonflées,  on  ajoutera  à  ces  lotions  fré- 
ueiites  des  applications  de  compresses  froides  ou  même  glacées  pendant 
uelques  heures  par  jour,  et  on  veillera  à  ce  que  le  pus  ne  séjourne  pas 
ntre  les  paupières. 

A  cet  effet,  on  les  écartera  toutes  les  heures  et  on  fera  pénétrer  dans 
e  cul-de-sac,  le  liquide  désinfectant  toujours  porté  à  une  température 
iède. 

L'eau  phéniquée  à  '/js,,,  l'eau  boriquée  à  V1..01  1^  benzoate  de  soude, 
e  thymol  à  la  même  dose,  ou  tout  autre  désinfectant  suffisamment  dilué 
)0ur  ne  pas  être  irritant,  peuvent  être  employés  indifféremment. 

NB.  n  est  interdit  à  toute  sage-femme  de  formuler  un  collyre  quel- 
M)nque. 

Les  parents  qui  préfèrent  suivre  les  conseils  qui  leur  seront  donnés 
en  dehors  de  cet  avis,  seront  seuls  responsables  des  complications  que 
les  moyens  sus-indiqués  sont  de  nature  à  prévenir. 

Lorsque  ces  moyens  hygiéniques  ne  suffisent  pas  à  tarir  la  sécrétion 
purulente  et  à  guérir  la  maladie  des  yeux,  on  doit  prendre  conseil  d'un 
homme  compétent  et  on  a  ainsi  toutes  les  chances  de  voir  ce  qu'on  croit 
souvent  être  un  simple  roti'p  d'air,  se  terminer  par  la  guérison,  au  lieu 
d'exposer  l'enfant  qui  en  est  atteint  à  une  cécité  partielle  qui  peut  trop 
souvent  devenir  complète  et  incurable. 

Le  médecin  de  l'état  civil  pourrait  êtie  invité  en  constatant  la  nais- 
^nce,  à  déclarer  si  le  nouveau-né  est  atteint  d'ophtalmie  simple,  ou  au 
Contraire  d'ophtalmie  grave,  et  si  les  parents  peuvent  se  borner  aux  soins 
hygiéniques  ou  s'ils  doivent  au  contraire  recourir  à  un  traitement  plus 
'înergique. 

Ces  précautions  hygiéniques  s'appliquent  à  toutes  les  maladies  des 
^eux  qui  s'accompagnent  de  sécrétion.  Celles-ci  sont  le  plus  souvent 
contagieuses. 

Nous  n'hésitons  pas  à  déclarer  qu'un  pareil  avis  serait  appelé  à  rendre 
ilus  de  ser\'ices  que  tel  autre  indiquant  par  exemple  la  manière  de  soigner 
néthodiquement,  comme  le  font  les  oculistes,  les  conjonctivites  puru- 
entes,  granuleuses,  ou  simplement  catarrhales,  en  retournant  les  pau- 
Mères  et  touchant  avec  précaution  les  culs-de-sac  avec  le  crayon  mitigé, 
.a  pierre  divine,  le  sous-acétate  de  plomb,  etc. 

L'insertion  au  livret  de  famille  de  la  notice  ci-dessus  a  été  demandée, 
dès  le  mois  d'avril  1882,  k  la  i)réfecture  de  la  Seine  par  l'intemiédiaire 


234  8ÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

(le  M.  le  directeur  de  l'hospice  des  Quinze- Vingt  s.  Il  n'est  pas  douteux 
que  la  commission  spéciale  de  statistique  municipale  qui  en  a  été  smsiei 
ne  l'accueille  favorablement  si  le  Congrès  d'hygiène  veut  bien  la  prendre 
sous  son  puissant  patronage. 

M.  le  D""  RoTu,  de  Londres,  s'exprime  ainsi  : 

Les  orateurs  qui  viennent  de  parler  ont  dit  tout  ce  que  je  voulais  dire, 
excepté  que  sur  trois  cas  de  cécité  deux  sont  produits  par  l'ignorance 
et  la  négligence. 

L'ignorance  se  rencontre  parmi  les  mères,  les  instituteurs  et  les  insti- 
tutrices, les  ouvriers  et  finalement  aussi  parmi  les  médecins.  H  faut 
donc  neutraliser  l'eflFet  de  l'ignorance  par  l'instruction  de  cette  classe  de 
personnes.  J'ajoute  quelques  mots  sur  les  dépenses  causées  par  la  cédté. 
Les  300,000  aveugles  en  Europe  coûtent  100,000,000  (cent  millions)  de 
francs  par  an.  Si  on  retranche  le  tiers  du  premier  nombre  conmie  repré- 
sentant les  vieillards  et  les  enfants  aveugles;  restent  encore  200,0(K) 
aveugles  qui  sont  perdus  comme  force  productive,  de  telle  sorte  qu'une 
seconde  somme  additionnelle  de  cent  millions  de  francs  par  an  se  trouve 
aussi  perdue. 

La  moyenne  de  dui-ée  de  la  vie  est  à  peu  près  de  33  ans.  Les  300,0(K) 
aveugles  auront  donc  procuré  pendant  la  durée  de  leur  vie  une  perte 
totale  de  six  milliards  six  cents  millions  de  francs.  Si  cette  perte  immense 
pouvait  être  épargnée,  on  préviendrait  en  même  temps  la  misère  d'un 
très  grand  nombre  de  malheureux.  Les  personnes  qui  ne  sont  ni  hygié- 
nistes, ni  philanthropes,  mais  simplement  des  économistes  et  des  politi- 
ques s'intéresseront  donc  à  cette  grande  œuvre  de  la  prévention  delà 
cécité,  pour  empêcher  la  perte  des  gi-andes  sommes  dont  je  viens  de 
parler. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  exprimer  en  mon  nom  et  au  nom  delà,  Society 
for  the  Prévention  of  BUndness  mes  remerciements  au  Comité  organi- 
sateur de  ce  congrès  pour  avoh*  porté  cette  question  dans  le  programme. 
U  faut  aussi  que  je  remercie  la  Société  française  d'hygiène,  la  Société 
itaUenne  d'hygiène  et  plusieurs  collègues  à  Londres,  à  Vienne  et  à 
Genève,  qui  m'ont  aidé  dans  la  préparation  du  programme. 


l'uyoiène  des  campaones.  235 


PROCLAMATION 


DU 


Prix  institué  par  la  Députation  provinciale  de  Turin 

AU  NOM  DU  JURY  DU  CONCOURS 

PAR 

M.   F  AU  V  EL,    Président. 

Avant  de  proclamer  la  décision  du  juiy,  le  président  fait  une  rectifi- 
cation à  regard  de  M.  Overbeek  de  Meyer  qui  a  été  à  tort  signalé  comme 
n'ayant  pas  répondu  à  la  lettre  du  président.  M.  Overbeek  de  Meyer  a 
répondu,  mais  sa  lettre  a  été  égarée. 

M.  Eulenberg  de  Berlin  qui  n'avait  pas  répondu  s'est  présenté  et  a 
été  admis  à  prendre  part  aux  délibérations  du  jury. 

Enfin  hier  le  président  a  reçu  de  M.  Froben  un  télégramme  de  Saint- 
Pétersbourg  annonçant  que,  ne  pouvant  assister  au  Congrès,  il  lui  remet- 
tait sa  voix,  mais  ce  télégramme  nous  étant  parvenu  après  la  décision 
prise  par  le  jury  il  n'a  pas  été  possible  de  donner  suite  à  la  demande  de 
M.  Froben. 

En  définitive,  le  jury  composé  de  neuf  membres  s'est  prononcé  à 
ronanimité  pour  accorder  le  prix  à  M.  le  D' Layet,  professeur  d'hygiène 
à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux. 

Le  jury  a  chargé  M.  le  D'  Félix  de  Bucarest  de  présenter  le  rapport 
par  lequel  sa  décision  est  motivée. 

Je  prie  M.  le  président  d'accorder  la  parole  à  M.  le  D'  Félix  pour 
donner  lecture  de  ce  rapport. 

Messieurs, 

Dans  sa  dernière  séance,  à  laquelle  assistaient  MM.  A.  Fauvel,  prési- 
dent, P.  Dunant,  H.  Eulenberg,  J.  Félix,  V.  Georgevitch,  H.  Liouville, 
van  Overbeek  de  Meyer,  H.  Pacchiotti,  Z.  Petresco  et  E.  Pinchia,  délé- 
gué du  Conseil  provincial  de  Turin,  comme  secrétaire,  le  Jury  du  con- 
cours institué  par  le  Conseil  provincial  de  Turin  au  sujet  de  l'ouvrage  le 
phis  utile  à  l'hygiène  des  campagnes,  m'a  fait  l'honneur  de  me  charger 


28()  8ÉAKCK    DU  SAMEDI   9   8£1>TKMBRK. 

(le  rendre  compte  des  résultat?  du  concours:  je  viens  aujourd'hui 
ra'acquitter  de  ce  devoir. 

Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  rappeler  les  indications  que  notre  érainent 
président,  M.  Fauvel,  a  fournies  dans  la  première  séance  générale  du 
Congrès  actuel,  et  qu'il  a  renouvelées  dans  nos  deux  séances.  Comme  il 
vous  l'a  appris,  trois  auteurs  se  sont  présentés  au  concours;  quels  que 
soient  les  mérites  que  nous  aimons  à  reconnaître  chez  deux  des  concu^ 
rents,  il  ne  paraît  pas  possible  que  les  ouvrages  qu'ils  nous  ont  pré- 
sentés puissent  être  comparés  à  celui  du  troisième  candidat,  M.  le  D'A. 
Layet,  professeur  d'hygiène  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux.  D 
s'agit  en  effet,  pour  les  deux  premiei's,  de  travaux  n'embrassant  qu'un 
petit  côté  de  l'importante  question  soulevée  et  ne  donnant  que  des 
développements  élémentaires  aux  diverses  parties  de  ce  vaste  sujet: 
sans  doute  leur  utilité  est  grande,  et  les  colons  algériens  auxquels  l'un 
d'eux  s'adresse,  comme  l'instruction  et  l'éducation  rurales  qu'a  eu  en 
vue  le  second,  ne  peuvent  que  retirer  grand  profit  de  cette  lecture  et 
des  enseignements  qui  s'en  dégagent.  Cependant  vous  me  permettreK, 
Messieurs,  de  ne  pas  m'y  an*èter  davantage,  puisque  le  concours,  que 
nous  sommes  appelés  à  juger  a  été  l'occasion  d'un  ouvrage  aussi  impor- 
tant et  aussi  complet  que  celui  de  M.  le  D'  A.  Layet. 

Vous  avez  tous  lu,  sans  doute,  cette  étude  de  la  vie  matérielle  des 
campagnards  en  Europe,  qui  ne  néglige  aucune  des  particularités  si 
diverses  du  sujet  et  s'occupe  aussi  bien  des  individus  que  du  milieu  et 
des  conditions  variées  dans  lesquelles  s'écoule  leur  existence.  M.  Layet 
en  effet,  examine  successivement  aussi  bien  les  habitations,  les  vête- 
ments, l'alimentation,  tout  ce  qui  intéresse  le  milieu  intérieur  du  paysan, 
que  la  salubrité  du  pays  et  du  voisinage  des  habitations.  De  plus,  il 
passe  en  revue  les  travaux  et  les  maladies  des  campagnards,  après  avoir 
tout  d'abord  éclairé  par  des  recherches  démographiques  du  plus  haut 
intérêt  le  problème  qu'il  avait  à  résoudre.  Il  faut  en  effet  savoir  en  pre- 
mier lieu  ce  qu'il  en  est  au  juste  de  cette  vie  à  la  campagne,  de  sod 
influence  sur  la  population  et  de  l'importance  qu'acquiert  son  abandon 
sur  la  vitalité  et  la  force  générale  du  pays.  Le  livre  de  M.  Layet  est 
rempli  à  cet  égard  de  recherches  originales  et  précieuses.  D  n'est  pas 
seulement  un  guide  pour  les  médecins  et  pour  les  administrateurs  que 
ces  graves  sujets  préoccupent  à  si  juste  titre,  puisqu'on  a  pu  dire  en 
toute  vérité  que  «  les  paysans  sont  les  racines  de  l'arbre  national,  »  il 
est  aussi  une  remarquable  étude  de  médecine  sociale,  au  vrai  sens  du 
mot,  d'hygiène  par  conséquent,  telle  que  nous  l'entendons  aujourd'hui. 

Nous  ne  saurions  donc  tro])  faire  remarquer  combien  l'œuvre  qui  nous 
est  soumise,  par  l'élévation  de  son  style  et  de  ses  pensées,  par  le  carac- 


l'hYCUÊNE   des  CAM1»AGNE8.  237 

tère  rigoureusement  scientifique  et  précis  des  recherches  et  des  ensei- 
gnements qu'elle  renferme,  par  la  solution  si  judicieuse  qu'elle  propose, 
feit  honneur  non  seulement  à  son  auteur  mais  encore  au  Conseil  provin- 
cial de  Turin  qui  a  pris  Tinitiative  de  ce  concours. 

En  décernant  le  prix  à  M.  le  D'  A.  Layet,  nous  félicitons  le  Conseil 
provincial  de  Turin  de  ce  que  sa  libérale  générosité  a  produit  un  résul- 
tat aussi  satisfaisant  et  nous  pouvons  lui  certifier  que  le  travail  que  nous 
le  prions  de  récompenser  est  vraiment  digne  de  ses  préoccupations 
humanitaires. 

D'autre  part,  le  jury  est  heureux  de  reconnaître  dans  le  lauréat  de  ce 
concours  le  professeur  distingué  et  dévoué  qui  a  créé  l'enseignement  de 
l'hygiène  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux,  en  donnant  à  cet  ensei- 
gnement  le  programme  si  complet  que  nous  avons  tous  chaleureusement 
applaudi  au  Congrès  international  d'hygiène  de  Turin,  et  qui  est  à  la 
tête  des  progrès  de  l'hygiène  publique  dans  une  des  plus  importantes 
parties  de  la  France. 

Le  conseil  provincial  de  Turin,  en  instituant  ce  concours,  pouvait  sans 
doute  susciter  quelques  travaux  élémentaires  sur  la  question  ;  il  a  la 
bonne  fortune  d'avoir  suggéré  et  d'avoir  à  couronner  l'œuvre  achevée 
d'un  maître. 

En  conséquence  nous  vous  proposons.  Messieurs,  d'adopter  la  conclu- 
sion suivante  : 

Le  jury  du  concours  institué  par  le  conseil  provincial  de  Turin,  lors 
du  Congrès  international  d'hygiène  de  Turin,  à  TefiFet  de  décerner,  au 
Congrès  international  d'hygiène  de  Genève  en  1882,  un  prix  de  2500  lires 
italiennes  à  l'auteur  du  meilleur  ouvrage  utile  à  l'hygiène  des  popula- 
tions des  campagnes,  déclare  que  le  livre  de  M.  le  D' A.  Layet,  profes- 
seur d'hygiène  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux,  sous  le  titre  de 
«  Hygiène  et  maladies  des  paysans,  Paris  1882  »  satisfait  complètement 
aux  conditions  du  concours  et  en  conséquence  le  jury  lui  décerne  le  prix. 

Approuvé  dans  la  séance  du  8  septembre  1882. 

Fauvel,  D'  Vladan  Georoévitch,  D'  Eulenueru,  Pac- 
cmoTTi,  D'  Féijx,  Henri  Liouviu^e,  D'  Petkesco, 
V.-O.  de  Meyer,  P.-L.  Ditnant. 


En  conséquence,  ajoute  M.  Fauvel,  je  suis  chargé  comme  président 
du  jury,  de  déclarer  devant  le  congrès,  que  le  prix  de  2500  lires  italien- 
nes institué  par  la  députation  provinciale  de  Turin  en  faveur  du  meil- 


238  8KANCE  DU  SAMEDI  0  SEPTEMBRE. 

leur  ouvrage  sur  l'hygiène  des  populations  rurales,  est  accordé  à  M.  le 
D*^  Layet,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Bordeaux. 

Cette  déclaration  est  accueillie  par  les  applaudissements  unanimes  de 
l'assemblée  et  M.  Layet  reçoit  les  félicitations  de  tous. 

M.  A.-J.  Martin  lit  au  nom  de  la  commission  internationale  le  rapport 
suivant  : 

liAPPORT 

SUR 

L'EXPOSITION  INTERNATIONALE  D'HYGIÈNE 

Au  nom  d'une  Commission  composée  de 

MM.  Briquet,  Boorrit,  Demanrex,  Danant,  Pagliani,  Bapin,  Vallin, 

Van  Overbeek  de  Meyer,  Vasserfahr 

ET 

A.-J.  MARTIN,  Rapporteur. 

Messieui-s, 

Sur  la  proposition  qui  lui  en  a  été  faite,  le  bureau  du  Comité  général 
du  Congi*ès  international  d'hygiène  de  Genève  en  1882,  a  chargé  hier 
une  commission,  composée  de  MM.  Briquet,  Bourrit,  Demaurex, 
Dunant  et  Rapin,  membres  de  la  sous-commission  de  l'Exposition,  aux- 
quels ont  été  adjoints  par  désignation  spéciale  MM.  Pagliani,  Vallin, 
Van  Overbeek  de  Meyer,  Vasserfuhr  et  A.-J.  Martin,  de  vous  présenter 
un  rapport  sommaire  sur  l'Exposition  internationale  d'hygiène  annexée 
au  Congrès  ;  au  nom  de  cette  commission,  j'ai  l'honneur  de  vous  pré- 
senter les  résultats  de  ses  délibérations. 

La  commission,  Messieurs,  s'est  trouvée  tout  d'abord  dans  l'obliga- 
tion de  donner  à  son  rapport  un  caractère  en  quelque  sorte  général  ; 
l'Exposition  en  effet  ne  comporte  pas  de  récompenses  spéciales,  comme 
il  arrive  le  plus  souvent  dans  les  œuvres  de  ce  genre,  et  nous  ne  sau- 


RAPPORT  8UR  l'eXPOSITION  d'hYGIÈNE.  239 

rions  faire  office  de  jury  sans  sortir  des  limites  que  le  programme  nous 
a  imposées  ;  nous  ne  pouvons  en  conséquence  que  vous  signaler  certains 
points  spéciaux  de  cette  Exposition  concernant  les  progrès  de  la  direc- 
tion actuelle  des  recherches  de  la  science  sanitaire  ;  nous  devrons  ensuite 
fiûre  ressortir  l'enseignement  qui  s'en  dégage,  et  vous  présenter  enfin 
quelques  conclusions  qui  puissent  être  soumises  à  vos  suffrages  si  auto- 
risés. 

L'Exposition  actuelle,  que  vous  avez  tous  visitée.  Messieurs,  à  plu- 
sieurs reprises,  a  été  préparée  dans  des  conditions  bien  difficiles,  il 
importe  tout  d'abord  de  le  déclarer.  Elle  ne  pouvait  offrir  à  la  majo- 
rité des  exposants  les  satisfactions  matérielles  auxquelles  ils  sont  géné- 
ralement habitués,  et  il  était  avant  tout  nécessaire  de  faire  comprendre 
à  ceux-ci  l'intérêt,  plus  grand  assurément  pour  eux,  qu'ils  étaient 
appelés  à  retirer  de  l'examen  des  savants  éminents  en  tant  de  spécia- 
lités différentes  que  l'étude  de  l'hygiène  réunissait  en  Congrès  interna- 
tional à  Genève.  A  cette  difficulté  s'en  adjoignaient  plusieurs  autres, 
telles  que  l'état  de  la  législation  suisse  sur  les  brevets  d'invention,  la 
Irièveté  du  temps  assigné  pour  la  préparation  des  envois  et  les  disposi- 
tions déjà  prises  dans  certains  autres  pays  voisins.  Les  expositions  fré- 
quemment renouvelées  sont  en  effet  devenues  une  nécessité  de  notre 
civilisation  actuelle,  telle  que  l'ont  faite  l'amélioration  et  les  facilités  de 
la  vie  ainsi  que  les  incessants  progrès  scientifiques  en  notre  siècle  ;  en 
1880,  une  Exposition  nationale  à  Bruxelles  réunissait  un  grand  nombre 
d'objets  intéressant  l'hygiène,  de  même  à  Milan  en  1881,  à  Zurich  et  à 
Turin  l'année  prochaine.  Mais  c'est  surtout  à  Berlin  qu'une  collection 
d'appareils,  d'instruments  et  de  travaux  d'hygiène,  collection  des  plus 
importantes  et  des  plus  remarquables,  avait  été  réunie  dans  ces  derniers 
mois,  lorsqu'un  implacable  incendie  réduisit  en  cendres,  dans  l'espace 
de  quelques  heures  et  à  la  veille  de  l'ouverture,  les  travaux  sanitaires 
de  plusieurs  générations  de  l'Allemagne.  Votre  commission,  Messieui-s, 
a  voulu  consigner  à  cette  place  l'expression  de  ses  vifs  regrets  pour  ce 
malheur  public  ;  elle  fait  des  vœux  pour  que  l'Exposition  d'hygiène  qui 
se  prépare  sur  le  même  emplacement  pour  le  printemps  de  1883, 
réponde  aux  courageux  et  persévérants  efforts  de  ses  organisateurs,  et 
permette  de  réunir  de  nouveau  l'ensemble  si  complet,  qui  a  été  si  mal- 
heureusement et  si  promptemeut  anéanti.  (Vive  adhésion.) 

Les  circonstances  ne  semblaient  donc  pas  favorables  pour  l'organisa- 
tion d'une  exposition,  même  restremte,  consacrée  à  l'hygiène  à  l'occa- 
sion de  notre  Congrès  ;  le  comité  d'organisation,  confiant  dans  cette 
admirable  marche  en  avant  de  l'hygiène  publique  dont  nos  réunions 
bisannuelles  enregistrent  les  étapes  chaque  fois  mieux  remplies,  n'a  pas 


24()  SÉANCE  DU  MAMËDI  9  8EPTEMBRK. 

craint  cependant  de  faire  appel  de  divers  côtés  à  tous  ceux  dont  les 
objets  et  les  travaux  rentraient  dans  le  programme  qu'U  avait  tracé. 
Vous  avez  pu  voir,  Messieurs,  comment  il  avait  été  répondu  à  cet  appel; 
vous  avez  surtout  reconnu,  il  nous  semble,  avec  quel  zèle  et  quel  dévoue- 
ment, avec  quel  goût  et  quelle  clarté  l'Exposition  a  été  disposée  dansk 
magnifique  établissement  obligeamment  prêté  par  l'administration  mili- 
taire ;  aussi  le  comité  d'organisation,  et  plus  particulièrement  MM.  Du- 
nant.  Briquet,  Demaurex,  Boissonnas  et  Massip,  ont-fls  droit  à  tonte 
notre  reconnaissance.  (Très  bien  !) 

Combien  n'avez-vous  pas  été  frappés  en  effet  de  l'intérêt  qui  s'atta- 
che à  la  réunion,  même  momentanée,  de  tout  ce  qui  a  quelque  rapport 
avec  l'amélioration  et  la  préservation  de  la  santé  î  Sans  doute,  la  part 
n'a  pas  été  fait<?,  pour  cette  fois  encore,  à  l'hygiène  seule,  et  diva? 
exposants  n'ont  pu  se  résoudre  à  ne  plus  glisser  quelques  produits  plus 
commerciaux  que  vraiment  hygiéniques  sur  les  tables  et  les  murs  d'une 
Exposition  aussi  spéciale;  telle  qu'elle  est  cependant,  celle-ci  offire 
du  moins  cette  particularité,  à  laquelle  maints  exemples  même  récents 
donnent  encore  plus  de  valeur,  à  savoir  que  la  très  grande  majorité  des 
objets  exposés  a  pour  but  unique  des  préoccupations  exclusivement  rela- 
tives à  la  santé. 

L'ensemble  de  l'exposition  de  la  ville  de  Paris  et  du  département  de 
la  Seine  occupe,  vous  le  savez.  Messieurs,  la  plus  large  place  dans  cette 
Exposition  ;  elle  en  remplit  près  de  la  moitié.  Vous  savez  avec  quelle 
intelligence,  quel  art  et  quel  goût  elle  a  été  disposée  par  M.  Durand- 
Claye  et  MM.  les  ingénieurs  Masson  et  Corot.  Ce  que  vous  y  ayez  sur- 
tout distingué  sans  nul  doute,  ce  sont  les  progrès  considérables  réalisés 
depuis  plusieurs  années  pour  la  salubrité  de  la  ville  de  Paris,  afin  d'assu- 
rer à  ses  habitants  de  tous  âges  et  de  toutes  conditions  les  améliorations 
sanitaires  qui  font  l'objet  de  la  constante  sollicitude  de  ses  édiles  et  de 
son  administration.  Mais  cette  partie  de  l'Exposition,  quel  que  fût  l'intérêt 
de  ses  détails,  valait  surtout  par  la  réunion  de  ses  diverses  parties  dans 
une  même  intention  ;  c'était  en  quelque  sorte  un  diramutif  de  ce  que 
doit  être  désormais  une  exposition  d'hygiène.  (Très  bieti  !) 

Assurément  il  n'est  pas  inutile  de  connaître  ce  qui  convient  le  mieux 
li  notre  alimentation  ou  à  notre  défense  contre  les  variations  atmosphé- 
riques ;  de  même  il  faut  savoir  apprécier  quelles  seront,  pour  les  diverses 
situations  de  la  vie,  ce  qu'un  illustre  habitant  des  environs  de  Genève 
appelait  il  y  a  déjà  longtemps,  les  commodités  de  l'existence.  Mais  com- 
bien il  importe  davantage  de  rechercher  et  de  voir  comment  nous  pou- 
vons augmenter  notre  résistance  organique,  comment  de  l'air  et  de  l'eau 
purs  peuvent  et  doivent  être  mis  constamment  à  notre  disposition  et 


RAPPORT   SUR   i/eXPOSITION   d'hYGIÊKE.  241 

:omment  nous  pouvons  lutter  avec  succès  contre  tant  de  maladies 
lont  on  peut  dire  aujourd'hui  que  Thygiène  apprend  et  parvient  désor- 
nais  à  les  faire  éviter. 

L'hygiène  de  l'enfant  à  la  naissance  bénéficiera,  nous  n'en  pouvons 
louter,  de  cet  appareil  singulier,  construit  par  M.  Odile  Martin  à  la 
lemande  de  M.  le  professeur  Tarnier,  afin  de  placer  les  enfants  non 
încore  à  terme  ou  trop  faibles  au  milieu  d'une  température  constante  ; 
«tte  mère  artificielle,  conmie  on  l'a  appelée  avec  quelque  exagération, 
i  donné  déjà  des  résultats  satisfaisants  et  la  commission  espère  qu'ils  se 
»ntiimeront  pendant  les  périodes  si  difficiles  du  premier  âge.  De  même, 
1  serait  injuste  de  ne  pas  signaler  les  succès  obtenus  par  M.  le  profes- 
leur  Parrotpoui  l'alimentation  directe  au  pis  de  l'ânesse  desenfants  syphi- 
itiques  dans  la  nouvelle  Nourricerie  de  l'Hospice  des  Enfants-Assistés 
i  Paris.  Nous  appelons  aussi  l'attention  sur  la  judicieuse  installation  de 
a  Laiterie  modèle  de  Lancy,  dans  la  banlieue  de  Genève;  l'alimenta- 
iou  des  animaux  à  Taide  d'une  nourriture  spéciale  et  constante,  les 
iispositions  si  salubres  des  bâtiments,  leur  méticuleux  entretien  de  pro- 
)reté  permettent  d'y  obtenir  l'intégrité  de  ce  liquide  précieux,  mais  si 
;usceptible  aux  influences  atmosphériques,  et  dont  on  ne  saurait  trop 
airveiller  le  commerce.  Les  intéressants  essais  présentés  par  le  direc- 
:eur  de  cet  établissement,  M.  Haccius,  sur  la  coagulation  de  diverses 
îspèces  de  lait,  soulèvent  de  multiples  questions  dans  le  détail  des- 
quelles nous  ne  pouvons  entrer  et  qui  montrent  tout  au  moins  de  quelle 
)bscui-ité  est  encore  entouré,  au  point  de  vue  de  l'hygiène,  le  problème 
le  Talimentation  ailificielle,  dans  les  cas  aussi  rares  que  possible  oii 
»lle-ci  doit  remplacer  l'allaitement  maternel  ;  ces  recherches  indiquent 
:outefois,  et  nous  tenons  à  le  constater  ici,  dans  quelle  voie  scientifique 
'administration  de  cet  établissement  s'est  engagée. 

La  commission  rappelle  aussi  les  bienfaits  obtenus  dans  la  population 
le  la  ville  du  Havre  par  le  Dispensau-e  pour  enfants  malades  de  M.  le 
y  Gibert,  et  elle  aime  à  signaler  le  mérite  et  l'intérêt  des  plans  exposés 
)ar  M.  Blondel  pour  la  constiniction  à  Mulhouse  d'un  Dispensaire  des 
)lus  complets,  également  pour  les  enfants. 

L'hygiène  scolaire,  en  dehors  des  plans  et  modèles  d'écoles  des  villes 
le  Paris  et  de  Genève,  écoles  qui  sont  depuis  quelques  années  comme  le 
uxe  de  ces  deux  cités,  et  des  plans  plus  ou  moins  analogues  de  quelques 
îlles  moins  importantes,  était  surtout  représentée  par  divers  modèles 
le  bancs  et  de  tables.  Sans  vouloir  émettre  une  opinion  formelle,  que  le 
caractère  de  l'Exposition  ne  lui  permet  pas  de  formuler,  la  commission 
ient  à  faire  remarquer  que  la  plupart  de  ces  modèles  sont  conformes 
LUX  règles  spéciales  posées  par  les  hygiénistes  qui  se  sont  le  plus  parti- 

16 


244  8KAXCE   DU   KAMRDI   9   8KPTEA1IIRE. 

Les  hôpitaux  dont  les  plans  sont  exposés  répondent  presque  tous  au 
système  de  M.  ToUet,  dont  nous  voyons  la  réalisation  la  plus  complète 
dans  ce  nouvel  hôpital  en  construction  à  Montpellier,  où  seront  épar- 
pillés sur  une  surface  de  neuf  hectares  des  pavillons  pour  600  malades, 
élevés  suffisamment  au-dessus  du  sol  pour  disposer  sous  les  planchers  de 
vastes  promenoirs  couverts,  ainsi  que  les  emplacements  dastinés  à  rece- 
voir les  appareils  de  chauffage  ;  de  plus,  cet  étAblissement  comprend 
trois  pavillons  d'isolement,  une  maternité,  une  infirmerie  de  maternité 
et  une  étuve  à  désinfection. 

Nous  n'avons  pas  à  vous  décrire  le  système  de  M.  ToUet  ;  nous  ajou- 
terons seulement  qu'il  marque  conune  une  date  dans  l'hLstoire  des 
progrès  de  l'hygiène  hospitalière,  car  il  permet  la  dissémination  et  l'Iso- 
lement des  malades  et  substitue  aux  lourds  et  coûteux  édifices  anciens, 
si  encombrés  de  matériaux,  des  constructions  moins  coûteuses,  aérées 
et  salubres.  Nous  en  dirions  autant  du  type  très  remarquable  présenté 
par  M.  Tollet  pour  la  construction  d'un  casernement  de  cavalerie.  Cet 
ingénieur  a  d'ailleurs  fait  ses  preuves  dans  les  divers  hôpitaux  et  casernes 
qu'il  a  déjà  construits  en   France  et  à  l'étranger;  c'est  également 
d'après  ses  données  que  se  construisent  les  nouveaux  hôpitaux  si  bien 
conçus  par  M.  le  D'  Ballotta  et  M.  l'architecte  Piana  pour  la  ville  de 
Lugo  di  Romagna  en  Italie,  et  l'hôpital  du  Havre,  en  France,  dont  on  a 
pu  voir  les  plans  à  l'Exposition.  Mentionnons  également  les  excellents 
pavillons  d'été,  présentés  par  l'administration  de  l'hôpital  cantonal  if^ 
(ienève  et  les  modèles  et  dessins  d'une  ambulance  mobile  démontable 
que  l'Association  des  dames  de  la  Charente-Inférieiu'e  a  soumis  à  votr^^ 
examen. 

On  a  pu  voir  à  l'Exposition  et  nous  ne  devons  pas  les  oublier,  quelqueé== 
détails  d'hygiène  hospitalière  offi'ant  un  très  grand  intérêt,  aujourd'huri 
(lue  l'on  exige  à  si  juste  titre  pour  les  salles  de  malades  et  les  malade^ 
eux-mêmes  la  propreté  la  plus  complète  et  la  destruction  aussi  radicale 
que  possible  de  tous  les  germes  infectieux  dont  les  recherches  scienti-^ 
fiques  les  plus  rigoureuses  apprennent  chaque  jour  davantage  à  se  pré-^ 
munir  ;  à  ce  titre,  la  table  à  opérations  de  M.  le  D'  Julliard  marque  un»- 
incontestable  progrès,  parla  facilité  de  son  nettoiement,  sur  le  mobilie 
de  couchage,  généralement  encore  adopté  pour  cet  usage  ;  quant  à. 
l 'étuve  à  désinfection  de  MM.  Geneste  et  Herscher,  il  nous  suffira  d^ 
dire  qu'elle  a  recueilli  les  suffrages  unanimes  de  la  Société  de  médecine^ 
publique  de  Paris. 

Avant  d'entrer  dans  le  local  de  l'Exposition,  vous  avez  remarqué 
deux  voitures  pour  le  transport  des  malades,  l'une  pour  les  contagieux 
que  la  ville  de  Paris  a  fait  récemment  construire  sur  le  modèle  de  la 


RAPPORT  SUR  l'exposition  d'hygiène.  245 

ville  de  Bruxelles  dont  nous  avons  retrouvé  la  photographie  sur  les 
murs  de  TExposition,  et  l'autre  présentée  par  M.  Keller.  Ces  voitures 
ne  dénotent  pas  seulement  la  réalisation  d'une  mesure  depuis  longtemps 
réclamée  par  l'hygiène,  car  celle-ci  ne  saurait  comprendre  qu'un  con- 
tagieux soit  transporté  à  l'hôpital  dans  la  voiture  où  chacun  pourra 
retrouver,  comme  cela  est  arrivé  si  souvent,  le  genne  de  la  maladie  ; 
mais  de  plus,  les  voitui*es  exposées  indiquent  une  recherche  sagace  des 
conditions  que  des  véhicules  de  ce  genre  doivent  remplir.  Celle  de 
M.  Keller  est  plus  spacieuse  sans  que  le  poids  en  paraisse  augmenté  ;  le 
modèle  de  la  ville  de  Paris  porte  un  appareil  de  chauflFage  d'un  grand 
intérêt  pratique.  Néaimioins  la  commission  pense  que  les  voitures  de 
tmusport  pour  les  malades  atteints  d'aflfections  transmissibles  pourraient 
être  construites  avec  plus  de  simplicité,  tout  en  ayant  autant  de  confort, 
et  qu'il  est  nécessaire  de  les  établir  de  telle  sorte  qu'ell(»s  puissent  faci- 
lement passer  par  l'étuve  à  désinfection.  (Très  bien  !) 

Une  annexe  de  l'Exposition  comprenait  une  ambulance  cpmplète  du 
département  militaire  fédéral  suisse  ;  ayant  la  bonne  fortune  de  nous 
trouver  au  berceau  de  la  Croix  Rouge,  nous  ne  saurions  émettre  sur 
cette  partie  si  intéressante  et  si  remarquable  de  l'Exposition  aucune 
opinion  particulière  ;  la  commission  remercie  le  département  militaire 
fédéral  d'avoir  bien  voulu  montrer  de  nouveau  avec  quel  souci  de  la  vie 
du  soldat  en  campagne  son  matériel  est  institué  ;  et  si  la  commission  a 
été  heureuse  de  constater  l'excellent  état  de  celui-ci,  elle  se  permet  aussi 
de  féliciter  ceux  qui  l'ont  organisé  d'appartenir  à  une  nation  dans  laquelle 
ce  matériel  a  de  si  rares  occasions  d'être  utilisé  (ApjilaKdissenients). 

Nous  tenons  aussi  à  remercier  M.  le  médecin  en  chef  Ziegler  d'avoii* 
exposé  cette  importante  collection  de  chaussui^es  des  diverses  années  de 
l'Europe  et  ces  spécimens  d'empreintes  et  de  profils  de  pieds  de  recrues,  à 
propos  desquels  une  discussion  très  intéressante  s'estélevée  dansl'unedes 
sections  du  Congrès  ;  cette  question  est  vraiment  grave,  non  seulement 
au  point  de  vue  de  la  marche  du  soldat,  mais  elle  importe  également  à 
l'intégrité  du  point  d'appui  du  squelette  ;  aussi  la  réforme  de  la  chaus- 
sure doit-elle  être  inscrite  à  tous  les  Congrès  d'hygiène  ;  puisse-t-elle 
lutter  avec  succès  contre  l'influence  de  la  mode,  toujours  si  puissante  et 
comme  innée  chez  l'une  et  l'autre  moitiés  du  genre  humain. 

Parmi  les  appareils  de  secours,  la  commission  signale  l'intérêt  que 
présente  la  boîte  de  secours  pour  les  blessés  envoyée  par  la  nouvelle 
«  Union  des  femmes  de  France.  »  Elle  mentionne  aussi  le  four  nouveau 
pour  la  cuisson  du  pain  des  troupes  en  campagne,  de  MM.  Geneste  et 
Herscher,  les  respirateurs  de  M.  le  D'  Kegnard  et  de  M.  GaUbert  et 
l'appareil  de  M.  le  D' Michel  pour  prévenir  les  accidents  chez  les  ouvriers 


246  8ÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

travaillant  dans  Tair  comprimé,  ainsi  que  de  nombreux  appareils  de 
sauvetage,  parmi  lesquels  Tensemble  si  remarquable  de  M.  Lieb  (de 
Biberach),  les  diverses  échelles  portatives  dont  Tune  envoyée  par  cet 
exposant;  un  porte-amarres  fort  ingénieux  de  M.  Giron  ;  les  flambeaux 
inextinguibles  de  M.  Hedmann,  etc.  ;  ces  appareils  ont  été  expérimentés 
devant  vous,  et  l'état-major  du  corps  des  sapeurs-pompiers  de  Genève 
ne  manquera  pas  assurément  de  i*eudre  compte  de  ces  essais  avec  une 
compétence  que  la  commission  ne  saurait  avoir. 

Avant  de  continuer  cette  courte  revue,  qu'il  nous  soit  pennis  de  remer- 
cier aussi  les  fabricants  qui  ont  bien  voulu  répondre  à  l'appel  du  comité  eu 
exposant  de  nombreux  appareils  et  instruments  de  science  et  de  chirur- 
gie, qui,  s'ils  ne  s'adressent  pas  directement  à  l'hygiène,  n'en  ont  pas 
moins  présenté  un  grand  intérêt  pour  la  plupart  d'entre  nous;  on  y  a  en 
particulier  remarqué  l'importance  de  plus  en  plus  grande  prise  par  les 
pansements  antiseptiques,  poui'  le  plus  grand  profit  de  la  salubrité  des 
hôpitaux,  ainsi  que  les  nombreux  instruments  imaginés  par  M.  le  D' 
Burq  tant  pour  l'étude  de  la  respiration  que  pour  assurer  à  la  pratique 
de  la  vaccination,  à  l'aide  de  ces  nouvelles  vaccineuses.  une  «extension  et 
à  la  fois  une  sécurité  plus  grandes. 

L'Exposition  offrait  enfin,  au  point  de  vue  de  l'hygiène  et  de  l'assai- 
nissement des  villes,  un  intérêt  tout  particulier,  grâce  au  très  remar- 
quable ensemble  envoyé  parla  ville  de  Paris,  grâce  aussi  aux  plans  si  com- 
plets qu'avait  présentés  la  ville  de  Lille  et  à  un  certain  nombre  de  plans 
plus  restreints  adressés  par  quelques  autres  villes,  notamment  par  Pra- 
gue et  Milan. 

L'hygiène  urbaine,  surtout  en  ce  qui  se  rapporte  à  l'évacuation  de.s 
immondices,  a  donné  lieu  à  une  discussion  trop  brillante  et  trop  appro- 
fondie dans  l'une  des  sections  du  Congrès  pour  que  nous  ayons  à  y  reve- 
nir ici  ;  les  divei-s  appareils  exposés,  soit  par  M.  Amoudruz  pour  prati- 
quer la  vidange  hydraulique  suivant  un  procédé  particulier  à  la  ville  de 
Genève,  soit  par  M.  Fatio,  par  MM.  Meyer-Buette  pour  la  désinfection 
des  fosses,  les  siphons  à  réservoir  de  M.  Guinier,  les  closets  de  M.  Goux. 
etc.,  offrent  tous  un  intérêt  assez  grand  pour  qu'on  puisse  espérer  de 
bons  résultats  de  leur  pratique,  lorsque  celle-ci  sera  prolongée.  D  faut 
la  sanction  de  l'expérience  pour  juger  de  tels  procédés  ;  aussi  la  commis- 
sion ne  saurait-elle  empiéter  sur  les  discussions  des  sections  du  Congrès 
k  cet  égard.  Mais  ce  qu'elle  retient  tout  d'abord  de  l'exposition  de  la 
ville  de  Paris,  c'est  surtout  comme  la  révélation  des  moyens  multiples 
qu'une  ville  possède  pour  pratiquer  et  assurer  son  assainissement.  C'ast 
ainsi  que  l'analyse  de  l'air  et  des  eaux,  l'étude  des  variations  de  sou 
atmosphère  sont  pratiqués,  à  chaque  minute  pour  ainsi  dire,  avec  tant 


RAPPORT  SUR  l'exposition  d'hyoiène.  247 

de  sagacité  et  de  zèle,  nous  le  savons  tous  ici,  à  TObservatoire  de  Mont- 
souris  par  MM.  Marié-Davy  et  Miquel  ;  d'autre  part,  vous  avez  pu  com- 
parer de  nombreux  appareils  d'élévation,  de  réserve  et  de  distribution 
publique  pour  les  eaux  potables  et  les  eaux  d'arrosage,  les  appareils  de 
nettoyage,  les  divers  types  d'urinoirs  sur  la  voie  publique,  les  appareils 
de  vidange,  les  égouts  et  les  nombreux  outils  nécessaires  à  leur  curage  ; 
M.  Durand-Claye  vous  a  enfin  montré  par  un  très  intéressant  modèle 
comment  il  entendait  la  transformation  d'une  fosse  fixe  en  écoulement 
direct  à  l'égout  et  il  a  également  fait  ressortir  par  divers  appareils  et 
par  des  exemples  aussi  concluants  à  la  vue  qu'au  toucher,  exemples  qui 
n'étaient  pas  la  partie  la  moins  recherchée  de  l'Exposition,  les  indiscu- 
tables résultats  obtenus  à  l'aide  de  l'épuration  des  eaux  d'égout  par  le 
sol  dans  la  presqu'île  de  Gennevilliers.  (Très  bitn  !  Très  bien  !) 

La  prophylaxie  a  trouvé  également  matière  à  de  précieuses  études 
dans  l'exposition  détaillée  des  instruments  employés,  sous  l'active  et 
dévouée  direction  de  M.  Charles  Girard,  au  Laboratoire  municipal  de 
chimie  de  la  Préfecture  de  police,  pour  les  recherches  des  falsifications 
des  substances  alimentaii-es,  de  même  que  dans  les  projets  de  postes  de 
secours,  de  kiosques  avertisseurs  présentés  à  votre  examen  par  cette 
même  administration;  les  installations  frigorifiques  de  MM.  Carré, 
Mignon  et  Rouard  à  la  Morgue,  dues  aux  efforts  de  M.  Brouard  et  pla- 
cées sous  son  habile  et  savante  dii*ection,  installations  frigorifiques  grâce 
auxquelles  toute  odeur  putride  a  disparu  dans  cet  établissement,  niéri- 
tent,  ne  fût-ce  qu'à  ce  point  de  vue,  une  attention  toute  spéciale  dans 
une  réunion  consacrée  à  l'hygiène.  (Bravos  !) 

Enfin  M.  le  directeur  de  l'Assistance  publique  à  Paris  a  bien  voulu 
attirer  l'attention  par  divers  plans,  modèles  et  documents  d'un  haut 
intérêt,  sur  les  ressources  que  son  administration  possède  pour  les  secours 
aux  malades  et  sur  ses  efforts  en  faveur  de  l'hygiène  hospitalière  ;  vous 
aurez  remarqué  à  cet  égard,  comme  installations  nouvelles,  la  nourricerie 
du  Dépôt  des  Enfants-Assistés  et  la  couveuse  de  la  Maternité.  (Très 
bien  !) 

Cette  exposition  de  la  ville  de  Paris,  coroborée  par  les  plans  des  tra- 
vaux publics  entrepris  à  Lille,  par  ceux  de  l'écoulement  direct  à  l'égoût 
avec  irrigation  récemment  réalisé  dans  une  toute  petite  ville  de  la  Silé- 
sie,  à  Buntzlau,  est,  vous  l'avez  tous  proclamé.  Messieurs,  à  plusieurs 
reprises,  d'une  très  grande  portée  et  d'un  très  haut  enseigne  ment. 

L'assainissement  de  la  mort,  qui  comporte  en  premier  lieu,  au  point 
de  vue  de  l'hygiène,  l'anéantissement  aussi  prompt  que  possible  des 
débris  cadavériques,  soit  par  l'incinération,  soit  par  l'inhumation  en 
terrains  appropriés,  était  également  représenté  à  l'Exposition  ;  on  a  pu 


248  8ÉANCK   DU   SAMKDI    H   SEPTEMBRE. 

y  consulter  avec  intérêt  des  plans  de  crématoires,  notamment  ceux 
envoyés  par  M.  Siemens  pour  l'Allemagne  et  par  la  Société  de  Milan,  la 
maison  mortuaire  de  Lucques  en  Italie  et  les  plans  de  cimetières  que 
M.  Gosse  montrait  à  Tappui  des  opinions  très  appréciées  qu'il  a  émises, 
dans  Tune  des  sections,  sur  le  choix  d'un  terrain  pour  cet  usage. 

L'hygiène,  grâce  assurément  à  l'institution  des  Congrès  internationaux, 
a  désormais  sa  place  assurée  dans  notre  organisation  sociale  et  vous  avez 
été  frappés  des  nombreuses  applications  que  les  progrès  des  diverses 
sciences  lui  peimettaient  déjà  d'avoir.  Vous  en  avez  eu  également  la 
preuve  dans  les  nombreux  documents  qui  garnissaient  de  longues  tables 
de  l'Exposition  et  oîi  vous  avez  reconnu  les  travaux  de  démographie,  ce 
flambeau,  cet  éclaireur  de  l'hygiène,  des  services  de  Bruxelles,  deBuda- 
Pesth,  de  Paris,  de  Rome,  de  Turin,  de  Berlin,  de  Berne,  de  Copenhague, 
de  New-York,  etc.,  en  même  temps  que  vous  avez  eu  la  satisfaction  d'y 
retrouver  les  noms  des  Janssens,  desBertillon,  des  Kôrôsi,  des  Lombard, 
des  Dunant,  des  Kummer,  des  Eulenberg,  des  Bodio,  des  Pagliani,  des 
Sormani,  des  Toscani,  des  Parola,des  Haiiser,  des  Blasius.  des  Félix,  etc. 

Vous  avez  aussi  pu  étudier  avec  fruit  les  si  remarquables  tableaux  de 
la  criminalité  en  France  dus  à  MM.  les  docteurs  Lacassagne  et  Couette, 
tableaux  faisant  connaître  toute  une  voie  nouvelle  de  recherches  fécondes 
dans  laquelle  est  entré  le  savant  professeur  de  médecine  légale  de  la 
Faculté  de  médecine  de  Lvon.  (Bravos.) 

Il  nous  est  impossible  d'insister  sur  les  travaux  si  nombreux  pré- 
sentés sur  la  géographie  médicale  au  point  de  vue  des  épidémies  par 
MM.  Janssens,  Sormani,  Boun-u,  Delcominète,  etc.  ;  les  comptes  renduî? 
du  Congrès  les  enregistreront  pour  la  section  où  ils  auront  été  présentés, 
de  même  que  les  délibérations  des  diverses  Sociétés  d'hygiène  dont  le 
nombre  s'accroît  de  plus  en  plus. 

Toutefois  la  commission  nous  a  imposé  l'obligation  de  signaler  à  votre 
attention,  dans  Tespoir  que  cet  exemple  sera  suivi  par  les  divers  pays 
dans  les  prochains  Congrès  internationaux  d'hygiène,  le  volume  qui  vous 
a  été  distribué  sur  l'étude  et  les  progrès  de  l'hygiène  en  France  depuis 
quatre  années,  volume  publié  par  la  Société  de  médecine  publique  .et  d'hy- 
giène professionnelle  de  Paris  à  l'occasion  du  Congrès  actuel.  (îVè«&ie?j/j 

Nous  n'en  attendons  qu'avec  plus  d'impatience  l'ouvrage  analogue 
préparé  également  pour  le  Congi*ès  par  la  Société  italienne  d'hygiène  et 
qui  va  bientôt  vous  être  envoyé  ;  des  retards  tout  matériels  l'ont  seuk 
emporté  sur  l'activité  et  le  dévouement  bien  connus  de  son  bureau  et 
particulièrement  de  son  infatigable  secrétaire  général,  le  D' Fini  ;  soyez 
assurés,  Messieurs,  que  vous  ne  perdrez  rien  à  attendre.  (Très  bien  !) 

Chaque  jour  de  nouvelles  administrations  sanitaires  sont  crées  sur 


RAPPORT  SUR  l'expohition  d'hygiène.  249 

îvers  points  de  l'Europe  et  de  suite  ces  administrations,  fortes  des  tra- 
lux  de  leurs  devancières,  sont  à  même  de  rendre  de  nombreux  services  ; 
?puis  le  Congrès  de  Turin,  nous  avons  ainsi  à  mentionner  l'organisation 
^^finitive  des  services  d'hygiène  à  Berlin  pour  l'Empire  allemand,  à 
Washington  pour  les  Etats-Unis,  à  Rome^  au  Havi-e,  à  Nancy  et  à  Reims, 
ir  le  modèle  et  d'après  les  résultats  si  favorables  des  bureaux  d'hygiène 
î  Bruxelles  et  de  Turin,  ainsi  qu'un  service  de  statistique  municipale  à 
aris.  Vous  avez  pu  voir  entin,  Messieurs,  avec  quelle  générosité,  quel 
?le  et  quelle  compétence  le  Conseil  municipal  de  cette  dernière  ville 
efforçait  d'y  réaliser  les  améliorations  sanitaires,  zèle  et  compétence 
ont  vous  avez  eu  des  preuves  en  écoutant  les  conférences  —  manifesta- 
ion  si  significative  et  si  digne  d'imitation  —  qu'ont  eu  l'obligeance  de 
lous  faire  sur  divei'ses  branches  de  l'administration  de  la  ville  MM.  les 
onseillers  municipaux  Cernesson,  Bourneville  et  Loiseau,  MM.  les  D" 
Sapias,  Durand-Claye  et  Ch.  Girard  qui,  chacun  dans  la  sphère  de  leurs 
attributions  respectives,  rendent  des  services  constants  à  l'organisation 
îiaaitaire  de  Paris.  L'Exposition,  grâce  à  ces  commentaires  si  éloquents 
et  d'une  compétence  si  reconnue,  doit  à  nos  collègues  une  grande  part 
de  son  succès  ;  la  Commission  vous  propose  de  leur  en  adresser  toutes 
vos  félicitations.  (Vifs  applaudissements,) 

Cette  exposition  en  eflFet,  Messieurs,  a  eu  un  très  grand  succès  que 
nous  tenons  à  constater  en  teiminant  ;  car  en  dehors  des  nombreuses 
visites  que  les  membres  du  Congrès  lui  ont  faites,  elle  a  été  chaque  jour 
parcoiunie  par  un  grand  nombre  de  personnes  ;  et  si  vous  nous  permettez 
l'emprunter  aux  chiffres  l'éloquence  qu'on  se  plaît  à  leur  attribuer,  nous 
^ous  signalons  la  journée  d'avant-hicr  jeudi,  où  une  recette  de  près  de 
500  francs  a  été  effectuée,  représentant  un  millier  de  visiteurs  ;  si  bien 
lue,  contrairement  à  ses  prévisions,  le  Comité  d'organisation  a  aujour- 
i'hui  la  certitude  de  couvrir  ses  frais  en  très  grande  partie,  sinon  en 
otaUté.  Il  faut  faire  honneur,  Messieurs,  pensons-nous,  de  ce  très 
•emarquable  succès  à  la  population  genevoise,  au  développement  que  ses 
diles  ont  donné  à  l'instruction  et  au  désh-  d'apprendre,  et  aussi  au 
haleureux  appel  que  ses  représentants  lui  adressaient  dans  là  séance 
'ouverture  du  Congrès,  lorsqu'ils  lui  faisaient  si  bien  comprendre  dans 
iiel  but  nous  étions  ici  réunis.  (Très  bien  !  Très  bien  !) 
H  est  un  souhait  que  vous  avez  assurément  tous  fait.  Messieurs,  en  écou- 
mt  ce  compte  rendu,  déjà  trop  prolongé  et  cependant  si  succinct  ;  c'est 
l'un  tel  moyen  d'enseignement  soit  vulgarisé  ;  vous  penserez  sans  doute 
vec  la  commission  que  les  prochains  Congrès  internationaux  d'hygiène  ne» 
luraient  manquer  de  réunir  des  Expositionssemblables,  plus  développées 
icore,  et  qu'il  convient  en  outre  de  prendre  modèle  sur  l'exemple  ainsi 


250  8EANCE  DV   SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

donné  pour  créer  auprès  de  toutes  les  chaires  spéciales  d'enseignement  de 
l'hygiène,  dans  les  Écoles,  Facultés  et  Universités,  des  collections  de  ce 
genre.  (Bravos.) 

Les  instruments  exposés  par  M.  le  D' Bertin-Sans,  qu'il  vient  d'ima- 
giner pour  le  Musée  d'hygiène  créé  et  annexé  par  lui  à  son  cours  dek 
Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  y  trouveraient  assurément  aussi 
leur  place  aussi  bien  que  les  boîtes  du  musée  scolaire  de  leçons  de  choses 
de  M.  le  D' Safifray,  sorte  de  petit  musée  d'hygiène  propre  à  éveiller  dans 
ce  but  l'intelligence  des  enfants  et  à  stimuler  à  cet  égard  le  zèle  des 
instituteurs. 

Vous  partagerez  enfin  l'avis  de  la  commission,  Messieurs,  en  insistant 
de  tous  côtés  sur  l'ui-gence  et  la  nécessité  de  musées  municipaux 
d'hygiène,  afin  qu'on  puisse  partout  trouver  réunies  en  un  centre  com- 
mun ,  disposé  à  cet  eflfet,  les  multiples  résultats  déjà  acquis  par  les 
recherches  et  les  méthodes  de  l'hygiène  ainsi  que  les  preuves  de  la  mise 
en  œuvre  en  quelque  sorte  des  services  d'assainissement,  de  prophylaxie 
et  de  salubrité  dans  les  villes  et  les  campagnes.  Ces  musées  d'hygière 
doivent  aussi  devenir  une  institution  permanente,  convenablement  dotée; 
tel  est  le  vœu  de  la  commission  ;  elle  croit  ainsi  répondre  à  vos  coustanLs 
eflForts,  pour  le  plus  grand  profit  de  l'instruction  populaire  et  des  progrès 
de  l'hygiène,  cette  sauvegarde  de  la  vie  humaine,  cette  science  de  la  paL\, 
dont  l'action  n'a  pas  d'autre  but,  pour  tous  les  peuples,  que  la  vitalité 
et  la  prospérité  nationale.  (Applaudissements  prolongés,) 

M.  le  D'  Bœrnek  (de  Berlin)  prend  la  parole  pour  annoncer  à  l'as- 
semblée que  le  désastre  qui  a  détruit  à  Berlin,  en  mai  1882,  les  bâtiments 
de  l'Exposition  d'hygiène  et  une  grande  partie  des  produits  exposés, 
n'empêchera  pas  que  l'Exposition  ait  lieu.  Surmontant  tout  décourage- 
ment, le  comité  s'est  immédiatement  remis  à  l'œuvre.  De  nouvelles  et 
solides  constructions  s'élèvent  déjà  et  l'Exposition  s'ouvrira  au  printemps 
de  1888.  Ce  sera  un  véritable  monument  hygiénique  international  et  le 
D'  Bœruer  demande  à  tous  ses  collègues  de  lui  accorder  leur  bienveillant 
appui. 

L'assemblée  toute  entière  accueille  avec  de  chaleureux  applaudisse- 
ments cette  déclaration  et  le  président  se  fait  son  interprète  en  expri- 
mant, au  nom  de  tous,  sa  sympathie  pour  le  désastre  éprouvé  et  sou 
admiration  pour  l'énergie  de  ceux  qui  n'ont  pas  hésité  à  poursuivre  la 
réalisation  de  cette  grande  entreprise. 


CnilMATION.  —  FALSIFICATION».  251 


V«a«  en  Ikvenr  de  la  crémation  fkeoliative* 

La  deuxième  section  du  Congrès,  sur  la  proposition  de  MM.  Kœchlin- 
icuwAJSTz  et  PiNi  a,  après  débats,  voté  à  runanimité  moins  une  voix  le 
rœu  suivant  que  cette  section  demande  à  rassemblée  générale  de  bien 
rouloir  appuyer  de  son  vote. 

Le  quatrième  Congrès  international  d'hygiène  de  Grenève,  confirmant 
es  vœux  des  précédents  congrès  internationaux  d'hygiène,  demande  à 
louveau  que  tous  les  gouvernements,  rendant  hommage  aux  principes 
le  liberté  et  se  conformant  aux  lois  de  Thygiène,  fassent  disparaître  les 
obstacles  légisiatife  qui  dans  certains  pays  s'opposent  encore  à  la  cré- 
mation/oct^Jto^it'e  des  cadavres. 

Incidemment  il  attire  l'attention  des  gouvernements  sur  l'avantage 
de  la  crémation  en  cas  de  graves  épidémies. 

Ce  vœu  est  mis  aux  voix  et  adopté. 


Proposition  relative  A  la  lUsifieation  des  denrées 

alimentaires. 

La  troisième  section  soumet  à  l'assemblée  générale  la  proposition  sui- 
vante : 

«Après  la  communication  faite  par  le  professeur  Brouardel,  sur  l'in- 
toxication par  des  produits  ingérés  journeUement  à  petites  doses, 

«  Considérant  :  que  la  falsification  des  denrées  alimentaires,  utilisant 
les  découvertes  les  plus  récentes  de  la  chimie,  est  entrée  dans  une  ère 
véritablement  scientifique  et  qu'elle  est  industriellement  soutenue  par 
de  grands  capitaux  ; 

«  que  les  pénaUtés  opposées  anciennement  à  ces  falsifications  ne 
répondent  plus  à  l'état  actuel,  et  sont  à  peu  près  illusoires  ; 

«  que  les  intérêts  de  protection  des  diverses  nations  sont  absolument 
soUdaires,  qu'il  y  a  danger  à  ce  que  l'état  de  la  législation  permette  à 
ces  industries  poursuivies  dans  un  pays  de  trouver  un  refuge  dans  le 
pays  voisin, 

<c  propose  qu'au  prochain  Congrès,  la  question  soit  mise  de  nouveau 
i  l'ordre  du  jour  ;  que  les  représentants  des  diverses  nations  apportent 
es  textes  des  législations  en  vigueur  chez  elles,  de  façon  à  pouvoir  étu- 
lier  les  mesures  à  prendre  d'une  façon  internationale  contre  un  danger 
ntemational.  » 
Cette  proposition  est  mise  aux  voix  et  adoptée. 


252  8KAKCK   Dr   SAMKDI   \)  SRPTKIIBRE. 


Propositions  concernant  les  étAbllsiiemento  iii»ritlmcs  p9wt 

les  onfknts  scrofnlcnx  et  rachltlqncs. 

La  deuxième  section  transmet  les  propositions  suivantes  que,  sur  la 
demande  de  M.  le  D'  Armain(}aui),  elle  a  adoptées  à  Tunanimité  : 

l'*  «  Le  Congrès  international  d'hygiène,  considérant  que  les  établis- 
sements maritimes  pour  les  enfant.*^  scrofuleux  et  rachitiques,  ont  déjà 
rendu  de  très  grands  services,  tant  au  point  de  vue  prophylactique 
qu'au  point  de  vue  curatif,  invite  le^  divors  États  et  les  admivistratiom 
liOspituUères  à  multipUer  ces  étahlissements  et  à  en  favoriser  h 
création  par  tons  les  moyens  dont  ils  disposent. 

2**  «  Dans  le  but  de  rendre  permanente  et  continue  Taction  du 
Congrès,  en  ce  qui  concerne  cette  question,  elle  sera  maintenue  h 
Tordre  du  jour  du  prochain  Congrès  international,  mais  en  outre,  le 
Congrès  actuel,  en  séance  générale,  désignera  un  rapporteur  qui  sera 
chargé,  pendant  les  deux  années  qui  précéderont  la  prochaine  session, 
d'entrer  en  relation  avec  les  médecins  en  chef  de  tous  les  établissement^ 
maritimes  actuellement  existants  en  Europe:  il  recueillera  ainsi  les 
données  statistiques  exprimant  les  résultats  obtenus  dans  chacun  de  ces 
établissements,  et  soumettra  à  la  prochaine  réunion  du  Congi'ès  un 
travail  d'ensemble  ré.sumant  et  coordonnant  tous  ces  documenta.  >• 

Cette  proposition  est  mise  aux  voix  et  adoptée. 

M.  le  D'  ARMAix(JAn)  est  désigné  pour  préparer  sur  c^tte  question  un 
travail  d'ensemble. 

Sur  la  proposition  de  M.  Lubelski,  les  établissements  pour  enfant^ 
malades,  qui  ont  été  institués  en  certains  pays  dans  les  forêts  balsami- 
ques, sont  compris  dans  le  vœu  précédent. 


Choix  du  lieu  de  réunion  du  prochain  Congrès. 

M.  le  Président  demande  s'il  n'existe  pas  déjà  quelque  engagement 
concernant  le  siège  du  Congrès  de  1884. 

M.  PACcnioTTi  confirme  qu'au  Congrès  de  Turin,  une  propositi(Hi 
avait  été  faite  en  faveur  de  l'une  des  villes  de  la  Hollande,  et  qu'une 
sorte  d'obligation  morale  fut  prise  envers  ce  pays,  lorsque  Genève  fut 
désignée  jiour  le  Congrès  de  1882. 


LIEU   DE   REUNION   DU    PROCHAIN   CONGRÈS.  258 

L*assemblée  exprime  alors  le  vœu  que  la  prochaine  réunion  ait  lieu 
m  Hollande. 

M.  Van  OvERBEEK  DE  Meyer,  qui  a  été  sondé  la  veille  par  le  Comité, 
prend  la  parole  pour  dire  qu'il  a  télégraphié  à  La  Haye,  et  qu'en 
l'absence  du  conseil  de  la  ville  il  n'a  pu  avoir  de  réponse  officielle,  mais 
ine  réponse  officieuse  assez  encourageante  pour  qu'il  invite  les 
membres  du  Congrès  à  La  Haye  dans  deux  ans. 

Cette  nouvelle  est  accueillie  avec  de  vifs  applaudissements. 


A  la  suite  des  échanges  habituels  de  remerctments  et  de  félicitations 
au  président,  au  secrétaire  général  et  aux  divers  organisateurs  du 
Congrès  et  apràs  un  vote  do  remerctments  à  TÉtat  et  à  la  Ville  de 
Genève  pour  leur  cordiale  hospitalité,  M.  le  président  déclare  la  session 
close. 


DEUXIÈME  PARTIE 


SÉANCES  DES  SECTIONS 


PREMIÈRE  SECTION 

HYGIÈNE   GÉNÉRALE,  INTERNATIONALE 

ET  ADMINISTRATIVE 


SÉANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE 

Présidence  de  M.  le  professeur  Revilliod. 

ie  président  souhaite  la  bienvenue  aux  membres  de  la  section. 

i'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  du  bureau  définitif. 

iur  la  proposition  de  M.  le  D'  Proust,  le  bureau  provisoire  est  con- 

lé  dans  se^  fonctions. 

L  Pamard  propose  à  la  section  de  voter  des  remerciements  au  profes- 

r  Baccelli,  de  Rome,  qui  a  présidé  la  première  section  au  Congrès  de 

rin.  Ces  remerciements  sont  votés  par  acclamation. 

i.  Proust  devant  partir  avant  le  jour  fixé  pour  sa  communication  sur 

ifluence  du  pèlerinage  de  La  Mecque  au  2)omtde  vue  de  la  propaga- 

\  du  choléra,  M.  Arnould  lui  cède  son  tour  de  parole. 


J  ROLE  DU  PÈLERINAGE  DE  LA  MECQUE  SUR  LA 
PROPAGATION  DU  CHOLÉRA  EN  EUROPE 

ET  Ex\  PARTICULIER  DE  L'ÉPIDÉMIE  CHOLÉRIQUE  DE  1881 

Par  le  D'  PEOUST, 

Membre  de  l'Académie  do  médecine  et  du  Comité  d'Hygiène  publique  de  France. 

/épidémie  cliolériquc  de  1881  et  les  événements  dont  TÉgypte  est 
:héâtre  en  ce  moment,  donnent  à  la  question  du  pèlerinage  de  la  Mcc- 

17 


25S  8ÉAXCE  Df  MARDI  5  SKPIEMBRE. 

que  et  à  la  propagation  du  choléra  eu  Europe  par  la  luer  Rouge  une 
grande  actualité.  Des  inquiétudes  très  légitimes  s'élèvent,  en  eflfet,  à  pro- 
pos de  l'expédition  anglaise  en  Egypte  ;  elles  sont  motivées  par  la  nou- 
velle très  justement  alaiTuante  que  Taniiée  anglaise  est  renforcée  paruu 
contingent  de  troupes  venant  de  riude.On  dit  même  que  des  cas  de  cho- 
léra ont  éclaté  à  iVlexandrie  et  peut-être  dans  le  corps  expéditionnaiiv. 

Nous  savons  que  dès  le.  mois  de  juillet,  au  moment  où  il  eut  connais- 
sance de  la  coopération  des  troupes  indiennes  pour  la  guerre  d'Egypte, 
le  gouvernement  français,  sous  Tinspii'ation  de  M.  Fauvel,  a  proposé  au 
Foreign  OflSce  une  série  de  mesures  convergeant  toutes  vers  un  même 
but  :  fenner  l'entrée  de  la  mer  Rouge  à  tout  transport  ayant  le  choléra 
à  bord. 

La  question  du  pèlerinage  de  la  Mecque,  comme  cause  d'importation 
du  choléra  en  Em-ope,  a  été  posée  pour  la  première  fois  par  l'épidémie 
de  1865.  Trois  fois  depuis  cette  époque,  en  1872,  en  1877  et  en  1881,1e 
choléra  s'est  montré  à  la  Mecque  et  nous  avons  dû  à  la  sagesse  des 
mesures  prescrites  et  appliquées  que  l'Eui'ope  ait  été  épargnée.  Ce  sont 
ces  mesures  dont  je  voudrais  entretenii*  le  Congrès.  Je  dii'ai  auparavant 
quelques  mots  du  pèlerinage. 

Tout  musuhnan  doit  accomplir,  au  moins  une  fois  dans  sa  vie,  ces  céré- 
monies que  prescrit  le  Coran,  et  qui  se  célèbrent  à  la  Mecque,  parce 
que  cette  ville  est  considérée  comme  le  berceau  du  prophète.  Le  voyage 
doit  être  effectué  durant  les  trois  dernière  mois  de  l'année,  mais  l'en- 
combrement est  tel  que  l'année  nouvelle  commence  et  que  souvent  le 
mois  de  Moharem  est  écoulé  avant  que  la  population  soit  revenue  à  sou 
chiffre  normal  de  80,000. 

La  ville  de  la  Mecque  étant  située  au  milieu  des  terres,  les  pèlerins  qui 
s'y  rendent,  soit  par  la  route  de  mer,  soit  par  caravane,  sont  forcés 
d'accomplir  par  terre  et  sous  un  soleil  brûlant  un  trajet  assez  long.  La 
boisson  se  compose  d'une  somme  d'eau  relativement  faible  transportée 
à  dos  de  chameau.  On  ne  saurait  tenir  compte  de  celle  des  oasis  trop 
peu  abondante  et  vendue  à  un  prix  excessif.  De  plus  le  simoun  est  affreu- 
sement pénible  ;  enfin,  à  l'approche  de  la  ville  sainte,  l'obserN^ation  de 
certaines  pratiques  consacrées  vient  rendre  encore  plus  fâcheuse  la  situa- 
tion du  pèlerin. 

L'arrivée  à  la  Mecque  est  le  signal  des  grandes  dévotions. 

Les  fêtes  se  prolongent  pendant  trois  ou  quatre  jours. 

Malgré  la  foule  innombrable  qui  assiège  la  grande  mosquée,  les  sept 
circumambulations  de  la  Kaaha  sont  exécutées  en  commençant  à  la 
célèbre  Tienne  Noire  encastrée  dans  les  constructions  du  temple,  et  que 
les  Arabes  supposent  apportée  du  ciel  à  Abraham  par  les  anges. 


PÈLERINAGE   DE   LA  MECQUE.  259 

La  seconde  solennité  a  pour  objet  .l'ascension  du  mont  Arajat  où  se 
it  la  prédication.  Quelquefois  entre  la  Mecque  et  la  montagne  lespèle- 
ns  succombent  à^la  soif  et  à  la  fatigue.  Tout  musulman  mort  pendant 

pèlerinage  est  déclaré  martyr.  Il  se  développe  durant  la  prédication 
w  état  d'enthousiasme  et  d'exaltation  pendant  lequel  les  clameurs  de 
assistance,  se  mêlant  aux  cris  du  prédicateur,  paraissent  rappeler  le 
[vroxysme  d'excitation  des  derviches  hurleurs  de  Constantinople.  Le 
îtoui-  est  l'objet  d'une  cohue  effroyable  ;  car  il  faut  avoir  quitté  la 
lontagne  avant  le  coucher  du  soleil. 

Les  Hadjis  se  rendent  alors  dans  le  vallon  de  Minah  où  plusieurs  mil- 
ers  d'animaux,  moutons,  chameaux  et  bœufs  sont  égorgés  dans  un 
léme  instant.  Jusqu'en  1856,  nous  dit  Buiton,  l'enfouissement  de  ces 
nimaux  était  dérisoux»  et  les  lieux  du  sacrifice  devenaient  sous  Tiii- 
uence  d'un  soleil  ardent  promptement  pestilentiels. 

A  cet  égard,  de  grandes  améliorations  ont  été  apportées  ;  des  abat- 
3Ù^  ont  été  constmits,  des  fosses  destinées  à  recevoir  les  débris  des 
nimaux  ont  été  creusées.  Enfin  la  désijifection  se  pratique  avec  une 
olution  de  sulfate  de  fer. 

Nous  ne  sommes  pas  fixés  sur  le  nombre  total  des  pèlerins  qui  pren- 
ent  part  aux  cérémonies  et  qui  paraît  avoir  pu  varier  depuis  100,000 
usqu'à  180,000. 

Le  grand  shérif  qui  perçoit  un  impôt  sur  chaque  pèlerin  peut  seul 
léterminer  ces  chiffres. 

Il  y  a  d'ailleui-s  peu  d'années  que  la  lumière  s'est  faite  sur  l'accomplis- 
ement  de  ces  solennités.  Jusqu'en  1831  un  véritable  mystère  planait 
ur  les  lieux  saints  de  l'islamisme  où  les  Européens  ne  pouvaient  péné- 
rer  sous  peine  de  mort. 

Les  circonstances  du  pèlerinage,  le  nombre  des  pèlerins,  les  ressources 
ju'offraient  le  Hedjaz  et  les  villes  saintes,  étaient  pour  la  plupart  igno- 
és  même  du  monde  musulman  de  Constantinople.  Nous  connaissons 
es  récits  faits  par  Burkhardt  en  1814  et  plus  récemment  par  Burton 
ur  leurs  périlleux  voyages. 

Il  suffit  d'ailleurs  de  se  rappeler  le  massacre,  postérieui*  à  la  guerre 
[Orient,  à  Djeddah,  seul  port  où  les  Européens  fussent  tolérés,  pour  con- 
evoir  à  quel  degré  ces  foyers  du  fanatisme  étaient  alors  inaccessibles  à 
'influence  européenne. 

Après  1831,  et  surtout  depuis  1847,  on  apprit  à  Constantinople  parle 
écit  des  pèlerins  venant  de  la  Mecque  que  souvent  le  choléra  sévissait 
rendant  le  pèlerinage.  Le  retour  des  caravanes  suscita  même  à  diverses 
•éprises  des  inquiétudes  en  Egypte  et  à  Damas  ;  mais  les  craintes  ces- 
aient  à  l'arrivée  des  Hadjis,  qui  racontaient  les  première  ravages  de  la 


260  SÉANCE   DU  MARDI   5   SEPTEMBRE. 

maladie,  puis  sa  complète  disparition  après  un  certain  temps  de  marche 
à  travers  le  désert. 

Quoiqu'il  en  soit  nous  savons  aujourd'hui  que  le  choléra  asiatique 
s'est  montré  à  plusieurs  reprises  dans  le  Hedjaz  en  1835,  en  1846,  en 
1848,  en  1859  et  presque  continuellement  de  1859  à  1865.  On  l'y  a  vu 
apparaître  encore  en  1872,  en  1877  et  en  1881. 

Mais  ici  une  question  se  présente  :  Le  choléra  naît-il  spontanément 
dans  le  Hedjaz  ?  A-t-il  un  foyer  originel  dans  ce  pays  ?  Or,  les  voyageurs 
Niebuhr  et  Burkhardt  qui  ont  visité  l'Arabie  avant  l'invasion  de  1831 
décrivent  les  maladies  qu'on  y  observe  habituellement  et  n'y  mention- 
nent pas  l'existence  du  choléra. 

Au  contraire,  on  a  pu  établir  que  chaque  fois  que  cette  maladie  a  paru 
dans  le  Hedjaz,  elle  y  a  été  importée,  et  l'on  a  pu  montrer  que  toujours 
elle  a  succédé  à  l'amvée  des  pèlerins  hindous.  L'observation  a  été  ren- 
due surtout  évidente  pour  l'épidémie  de  1865  ;  quelques  auteurs  l'avaient 
considérée  comme  ayant  eu  son  origine  dans  le  Hedjaz,  niant  par  consé- 
quent l'importation  de  l'Inde. 

Or  il  a  été  absolument  démontré  que  les  premiers  cas  de  choléra  qui 
se  sont  déclarés  à  la  Mecque  et  à  Djeddah  y  ont  été  consécutifis  à  l'arrivée 
des  pèlerins  hindous  transportés  par  des  navires  ayant  eu  le  choléra  à 
bord.  Ainsi  donc,  nous  le  répétons,  le  Hedjaz  n'est  point  un  foyer  origi- 
nal de  choléra,  il  est  un  milieu,  milieu  très  favorable,  il  est  vrai,  au  ren- 
forcement, à  la  propagation  et  à  la  dissémination  de  l'épidémie. 

Pour  que  l'explosion  ait  lieu  dans  le  Hedjaz,  il  faut  qu'une  étincelle, 
partie  du  dehors,  vienne  y  jaillir,  et  cette  étincelle  le  Hedjaz  la  reçoit 
de  l'Inde. 

Il  nous  reste  maintenant  à  déterminer  les  mesures  qui  doivent  empê- 
cher la  propagation  du  choléra  en  Europe. 

Ces  mesures  s'imposent  chaque  année,  avec  une  nécessité  d'autant 
plus  pressante,  depuis  que  les  Hedjis  ont  recours  à  la  navigation  à 
vapeur. 

Autrefois,  en  effet,  les  pèlerins  arrivaient  en  caravane.  Ceux  qui 
venaient  de  l'Inde  étaient  transportés  par  des  bâtiments  à  voile  ;  dans 
les  deux  cas  le  trajet  était  long  et  la  maladie  avait  le  temps  de  s'étein- 
dre. Aujourd'hui  les  conditions  sont  bien  changées,  le  pèlerinage  est 
devenu  plus  facile,  par  suite  plus  nombreux,  et  surtout  la  très  brusque 
rapidité  du  retour  nous  met  en  présence  d'un  péril  plus  menaçant. 

Les  mesures  qu'il  nous  reste  h  exposer  sont  l'œuvre  de  la  Conférence 
de  Constantmople.  Elles  sont  relatées,  avec  tous  les  détails  que  le  sujet 
comporte,  dans  l'important  rai)port  de  M.  Fauvel.  Elles  doivent  être 
appliquées  avant,  pendant  et  ai)rès  la  célébration  du  pèlerinage. 


PÈLERINAGE   DE  LA  MECQUE.  261 

Les  premières  précèdent  le  départ.  Parmi  les  pèlerins  qui  se  rendent  à 
a  Mecque  venant  les  uns  d'Asie,  les  autres  d'Europe  ou  d'Afrique,  les 
)lus  redoutables  sont  les  pèlerins  hindous.  Nous  savons,  en  effet,  que 
)our  venir  de  l'Inde  en  Europe,  le  choléra  n'a  suivi  jusqu'ici  que  deux 
roies  ;  Tune,  qui  a  été  observée  en  1823,  en  1830,  et  en  1847  est  la  route 
le  terre.  Elle  traverse  l'Afghanistan,  passe  en  Perse  et  gagne  l'Europe 
)ar  la  mer  Casi)ienne.  La  seconde  est  la  route  de  mer  ;  le  choléra  pro- 
r(*nant  de  l'Inde  panient  à  la  mer  Rouge  et  atteint  l'Egypte.  Dès  lors, 
tout  le  bassin  de  la  Méditerranée  est  envahi  aussitôt  que  menacé  ;  c'est 
a  marche  qu'a  suivie  l'épidémie  de  1865,  épidémie  qui  modifia  singuliè- 
rement les  idées  acceptées  jusque  là  sur  la  transmission  du  choléra  et 
lui  motiva,  sur  la  proposition  du  gouvernement  français,  la  réunion  de 
la  Conférence  de  Constantinople. 

Cette  marche  nouvelle  du  liéau  fit  du  pèlerinage  de  la  Mecque  un  dan- 
ger redoutable  pour  l'Europe. 

U  faut  également  remarquer  que  jamais  le  choléra  asiatique  n'a  été 
transporté  par  les  paquebots-postes  qui  font  le  service  de  l'Inde  à  la 
Méditerranée.  Toujours  les  agents  de  cette  importation  ont  été  les  pèle- 
rins. La  route  qu'ils  suivent  poui*  se  rendre  h  la  Mecque  est  donc  un 
point  à  déterminer  du  plus  haut  intérêt. 

Quatre  classes  doivent  être  distinguées  à  cet  égard  : 

La  première  comprenant  tous  les  pèlerins  qui,  partis  soit  de  l'Inde, 
soit  de  la  mer  d'Oman  ou  du  golfe  Persique  gagnent  la  mer  Rouge  par 
Aden  ;  dans  la  seconde,  seront  comptés  tous  ceux  qui  ayant  eu  le  bassin 
de  la  Méditerranée  pour  point  de  départ,  atteignent  la  mer  Rouge  par 
Port-Saïd  et  Suez. 

Enfin  la  troisième  classe  sera  formée  par  les  pèleiins  qui  viennent  du 
Uttoral  oriental  ou  occidental  de  la  mer  Rouge. 

Les  pèlerins  appartenant  à  l'une  ou  à  l'autre  de  ces  trois  classes,  ont 
un  seul  et  même  objectif  :  Djeddah  qui  est  l'échelle  de  la  Mecque. 

Enfin,  un  quatrième  et  dernier  groupe  est  constitué  parles  caravanes 
qui  se  divisent  en  caravanes  d'Egypte,  dites  caravane  du  tapis^  la  cara- 
vane de  Syrie  ou  caravane  de  Damas,  enfin  la  caravane  de  Mésopota- 
mie ou  caravane  de  Bagdad. 

La  première  classe  des  pèlerins,  c'est-à-dire  de  ceux  qui  pénètrent 
par  le  sud  de  la  mer  Rouge  doit  être  l'objet  de  l'observation  la  plus 
sévère.  Une  série  de  mesures  préventives  applicables  au  point  de  départ 
dans  l'Inde  a  été  préconisée  par  la  Conférence  de  Constantinople  ;  elles 
ont  été  prises  en  sérieuse  considération  par  le  gouvernement  anglais. 

Une  observation  sévère  à  Aden  pennet  de  vérifier  si  les  mesures  pres- 
crites n'ont  pas  été  enfreintes. 


262  8KASCE  DU  MARDI   5   SEPTEMBRE. 

Enfin,  le  gouvernement  turc  vient  d'installer  une  quarantaine  à  l'île 
de  Camaran,  située  dans  la  partie  sud  de  la  mer  Rouge,  au  voisinage 
d'Hodeïda. 

Les  mesures  prescrites  dans  l'Inde  consistent  surtout  dans  l'applica- 
tion du  «  Native  Passenger  Act  »  ;  il  y  a  inspection  au  moment  du  départ 
pour  s'assurer  qu'il  n'y  a  à  bord  ni  encombrement  ni  aucun  passager 
atteint  du  choléra. 

L'approvisionnement  d'eau  et  de  vivres  doit  être  suffisant  pour  le 
voyage  et  tout  individu  embarqué  doit  posséder  une  somme  suffisante 
pour  pourvoir  à  ses  besoins  pendant  le  pèlerinage. 

Si,  malgré  les  précautions  prises  avant  le  départ  et  les  prescriptions 
hygiéniques  exécutées  à  la  Mecque,  le  choléra  s'y  développe,  il  importe 
d'organiser  dans  la  mer  Rouge  tout  un  système  de  surveillance  et  de 
défense  ayant  pour  principal  objectif  la  protection  de  l'Egypte,  considérée 
comme  barrière  contre  l'importation  du  choléra  en  Europe.  Les  rela- 
tions de  ce  pays  a\ec  tous  les  Etats  méditerranéens  sont  telles  en  effet, 
que  si  l'Egypte  est  envahie,  tout  le  bassin  de  la  Méditerranée  le  serait 
bientôt  comme  en  1865. 

Ces  mesures  ne  sauraient  d'ailleurs  n'être  préjudiciables  qu'au  trafic 
coupable  qui  exploite  les  malheureux  pèlerins  dès  leur  départ  de  Djeddah 
jusqu'à  Suez. 

Elles  ont  été  depuis  l'épidémie  de  1865,  soumises  à  trois  épreuves  pra- 
tiques, qui  trois  fois  ont  été  couronnées  de  succès,  en  1872,  en  1877  e 
l'an  dernier. 

Au  commencement  d'août  1881,  en  effet,  le  choléra  semontraàAden 
Dès  la  fin  de  septembre  il  se  manifesta  à  la  Mecque  oîi  il  fiit  importé^^^ 
par  les  i)èlerins  provenant  du  même  navire  qui  avait  communiqué  la 
maladie  à  Aden.  Il  n'y  eut  d'abord  à  la  Mecque  que  quelques  choléri- 
ques ;  mais,  lorsque  les  pèlerins  furent  rassemblés  au  moment  des  fêtes, 
l'épidémie  prit  un  développement  considérable. 

Après  quelques  tergiversations  du  gouvernement  ég)T)tien,  une  qua- 
rantaine fut  établie  à  El  Ouedj  ;  les  campements  y  furent  prêts  vers  la 
fin  de  novembre  ;  certains  arrivages  y  apportèrent  le  choléra  et  la  mala- 
die n'y  dispai-ut  qu'au  bout  d'un  mois  environ.  Aucun  départ  n'était 
permis  avant  que  le  choléra  ne  fut  complètement  éteint  dans  les  campe- 
ments quarantenaii'es.  Grâce  à  ces  mesures  l'épidémie  fut  anéantie.  Les 
pèlerms  purent  bientôt  partir  pour  leur  destination  définitive  et  aucun 
cas  de  choléra  ne  fut  constaté  dans  les  i)orts  oîi  ils  abordèrent. 

L'Europe  a  donc  intérêt  à  maintenir  le  système  défensif,  installé  dans 
la  mer  Rouge,  en  insistant  sur  ce  point  que  la  quarantaine  des  pèlerins 
à  leur  retour  de  la  Mecque  doit  avoir  lieu  h  El  Ouedj  qui  est  situé  à 


PKLERIXA(3E   DK   LA   MECQUE.  203 

350  milles  de  Suez,  de  préférence  h  Djebel  Tor  qui  en  est  plus  rappro- 
ché. L'on  ne  saurait  admettre  un  instant  le  choix  des  Sources  de  Moïse, 
point  trop  voisin  de  Suez,  pour  qu'il  soit  possible  d'y  établir  une  qua- 
rantaine sérieuse.  Djebel  Tor  et  surtout  les  Sources  de  Moïse  ne  peuvent 
être  considérés  que  comme  une  seconde  étape  d'observation  après  une 
première  purification  à  El  Ouedj. 

Ces  mesures  ont  surtout  pour  but  d'empêcher  le  retoiu*  direct  par 
mer  des  pèlerins  à  Suez. 

Quant  aux  caravanes  elles  ne  sont  pas  dangereuses.  Celles  qui  se  diri- 
gent vers  le  Nord  c'est-à-dire  vers  rEgyi)te,  la  Syrie  ou  la  Mésopotamie 
suivent  pendant  quelque  temps  un  même  itinéraire.  Toutes  vont  à 
Médine,  oii  se  trouve  le  tombeau  du  prophète  et  après  quelques  jours  de 
marche  s'engagent  dans  les  montagnes. 

Si  les  pèlerins  partent  avec  le  choléra,  la  maladie  s'éteint  bientôt.  Un 
grand  désert  est,  en  effet,  le  meilleur  de  tous  les  obstacles  à  la  propa- 
gation du  choléra.  Un  espace  aussi  considéral)le  n'est  jamais  franchi 
par  la  maladie. 

En  résumé,  l'intérêt  de  l'Europe  doit  être  d'entourer  le  retour  des 
pèlerins  vers  Suez  d'un  ensemble  de  mesures  de  surveillance  dont  Tob- 
jectif  sera  la  protection  de  l'Egypte  ;  l'Egypte  préservée,  nous  défend 
43ontre  l'importation  du  choléra,  si  elle  est  envahie  nous  n'avons  plus  de 
barrière  qui  puisse  arrêter  le  fléau  arrivant  en  Europe  et  afin  que  ces 
mesures  soient  prescrites  par  une  autorité  compétente,  nous  devons 
fortifier  le  conseil  sanitaire  international  d'Alexandrie  qui  est  une 
c!îoramission  composée  de  délégués  des  divers  Etats  de  l'Europe. 


Discours  de  M.  Fauvel. 

Je  ne  veux  rien  ajouter  à  l'historique  si  complet  que  M.  le  D'  Proust 
"^ient  de  présenter  des  pèlerinages  de  La  Mecque,  des  épidémies  de  cho- 
léra qui  souvent  s'y  développent,  des  dangers  qui  en  résultent  pour 
l'Europe  et  des  mesures  mises  en  usage,  avec  succès,  pour  s'opposer 
À  l'invasion  de  la  maladie  en  Egypte,  notamment  pendant  le  dernier 
7)èlerinage  en  1881. 

Je  désire  seulement  dire  quelques  mots  d'une  question  pleine  d'actua- 
lité qui  nous  préoccupe  beaucoup,  celle  de  savoir  si  l'Egypte  et  l'Europe 
après  avoir  échappé  au  choléra  cette  année  par  le  fait  du  pèlerinage  de 
La  Mecque  ne  sont  pas  sous  le  coup  d'une  invasion  par  l'arrivée  en 
Egypte  des  troupes  anglaises  venant  de  l'Inde. 


'-J 


204  SKAXC'E   DU   M  AUDI   5  8EFTEMBRË. 

Vous  savez,  Messieurs,  que  la  mer  Rouge  est  la  voie  maritime  saÎTie      ■-'^^ 
par  le  choléra  venant  des  Indes  pour  pénétrer  en  Europe,  et  que      ■  '^■ 
rÉgypte  est  la  bamère  à  oppos(»r  à  la  marche  du  fléau.  Une  fois      l"'-^ 
l'Egypte  envahie,  aucun  obstacle  sérieux  ne  s'opposera  plusàTintro-      ■'•'^^ 
duction  de  la  maladie  dans  la  Méditerranée,  sur  un  point  ou  un  autre, 
et  alors  nous  venons  probal)l(»ment  se  reproduire  ce  qui  est  anivé  en 
1865  oii  toute  rEuroi)e  a  été  envahie. 

L'ftgypt(;  est  donc  la  clef  de  la  situation  qu'il  faut  défendre  par  tous 
les  moyens  possibles.  C'est  ce  que  comprit  parfaitement  la  conférence 
d(î  Constantinoi)le  en  instituant  les  ni(».sures  défensives  qui  ont  été  appli- 
quées jusqu'à  ce  jour,  avec  un  tel  succès  que  le  choléra  n'a  plus  reparu 
en  ïigypte  depuis  1805, 

Nous  pouvions  donc  nous  féliciter  d'avoir,  encore  une  fois  cette  année, 
échappé  au  fléau,  loi-sque  sont  survenus  les  événements  d'Egypte  et 
l'intervention  ani^laisc  qui  a  eu  pour  résultat  de  remettre  le  fonction- 
nement des  institutions  sanitaires  d'Egypte  entre  les  mains  de  l'auto- 
rité militaire  anglaise,  car  le  Conseil  dont  on  a  parlé  n'a  plus  aucuue 
autorité. 

Au  mois  de  juillet  dernier,  dès  que  j'appris  que  l'intervention  anglais^ 
était  décidée,  et  que  des  troupes  venant  de  l'Inde  devaient  faire  partie 
^de  l'expédition,  je  vis  le  danger  qui  pouvait  en  résulter,  au  point  de  vn^ 
de  l'importation  du  choléra  en  Egypte,  et  je  m'empressai  d'appete^ 
l'attention  du  ministre  dont  je  relève  sur  ce  danger  et  en  même  temp^ 
d'indiquer  les  mesures  propres  à  le  conjui'er. 

J'étais  d'autant  plus  autorisé  h  agir  ainsi  que  je  connaissais  la  doctrin.  ^ 
professée  et  i)ratiquée  par  les  autorités  sanitaires  dans  l'Inde.  Doctrin-  ^ 
qui  consiste  à  considérer  comme  exempte  du  danger  de  l'importation  d 
choléra  les  ports  de  l'Inde  oii  cette  maladie  existant  à  l'état  endémiqu 
ne  se  manifeste  que  par  un  i)etit  nombre  de  cas,  réservant  l'existenc- 
du  danger  aux  éi)oqu(»s  où  la  maladie  règne  épidémiquement.  Or  V 
rience  nous  a  appris  que  cette  doctrine  est  en  contradiction  avec 
faits,  qui  nous  ont  montré  mainte  fois  que  le  danger  tenait  surtout  a 
conditions  particulièrement  mauvaises  des  individus  ou  groupes  d'ind 
vidus  venant  s'embarquer  dans  ces  ports,  ainsi  des  pèlerins,  de^corp' 
de  troupes  constituent  toujours  un  danger  d'importation  même  quan 
le  choléra  ne  se  manifeste  que  par  un  petit  nombre  de  malades  au  por"  ^ 
d'embarquement  :  tel  a  été  le  cas  pour  Bombay  l'année  dernière. 

Dans  cette  prévision  le  gouvernement  de  la  République  française 
devoir  appeler  l'attention  du  gouvernement  anglais  sur  ce  danger  et  1 
suggérer  les  mesures  qui,  à  notre  avis,  étaient  de  nature  à  le  conjurer— 

Ces  mesures  étaient  les  suivantes  :  1"  que  tout  navire  chargé  de  tro 


PÈLERINAGE  DE  LA  MECQUE.  265 

pes  venant  de  Tliide  ne  fut  admis  à  pénétrer  dans  la  raer  Rouge  qu'après 
une  visite  médicale  pratiquée  à  Aden  et  ayant  constaté  le  bon  état  sani- 
taire du  navire;  et  que  au  contraii-e,  tout  navire  suspect  ou  contaminé 
fut  retenu  en  quarantaine  à  Aden  jusqu'à  entière  désinfection  ;  2**  que 
tout  navire  autorisé  à  pénétrer  dans  la  mer  Rouge  fut,  à  son  arrivée,  sou- 
fnis  à  une  nouvelle  visite  médicale  après  laquelle,  en  cas  d'iibsence 
'oraplète  d'accidents  cholériques  il  serait  admis  en  libre  pratique,  et  en 
as  de  suspicion,  envoyé  faire  quarantaine  à  Tor.  Ces  instructions  pro- 
osées au  gouvernement  anglais  dans  le  coui-s  du  mois  de  juillet  donne- 
nt lieu  à  un  accusé  de  réception  sans  autre  réponse. 
Elles  étaient  d'une  application  facile  et  conçues  tout  autant  dans 
ntérêt  des  troupes  anglaises  que  dans  celui  de  l'Europe. 
En  a-t-il  été  tenu  compte  ?  nous  l'ignorons.  Toujours  est-il  que  depuis 
elque^  jours  les  journaux  publient  des  nouvelles  alarmantes  desquelles 
résulterait  que  des  cas  de  choléra  auraient  eu  lieu  à  bord  de  navires 
argés  de  troupes  venant  de  l'Inde  et  même  que  la  maladie  se  serait 
inifestée  parmi  les  troupes  débarquées. 

Ces  bruits  sans  doute  ne  doivent  pas  être  acceptés  sans  confirmation, 
r  ils  sont  présentés  d'une  manière  confuse  et  incohérente,  et  de  plus 
proviennent  de  sources  qui  ne  méritent  pas  une  grande  confiance, 
lis,  vraies  ou  fausses,  ces  nouvelles  doivent  attirer  l'attention.  Il  faut 
"'on  sache  bien  que  si  l'Egypte  est  envahie  par  le  choléra,  d'abord 
rmée  anglaise  aura  beaucoup  à  en  souiïrir,  puis  l'Egypte,  et  le 
ssin  de  la  Méditerranée,  quoiqu'on  fasse,  n'échappera  pas  à  l'inva- 
m. 

On  attribue  à  l'autorité  anglaise  une  réponse  contre  laquelle  je  m'élève. 
le  aurait  objecté  que  les  nécessités  de  la  guerre  s'opposaient  à  ce  que 
;  mesures  recommandées  fussent  prises.  Or  je  demande  si,  en  pareil 
s,  le  premier  devoir  de  l'autorité  militaire  n'est  pas  d'épargner  un 
sastre  à  l'armée  qu'elle  commande. 

Quoi  qu'il  en  soit  dans  une  telle  conjoncture  il  importe  qu'il  soit  bien 
ibli  que  si  le  choléra  envahit  l'Egypte  cène  sera  pas  par  l'insuffisance 
s  moyens  d'action  dont  on  disposait,  mais  par  la  négligence  à  mettre 
pratique  ces  moyens  dont  l'efficacité  est  démontrée. 
En  tout  cas,  j'ai  tenu  à  montrer  que  le  gouvernement  de  la  Républi- 
e  française  avait  fait  le  possible  pour  éloigner  le  danger  qui  menace 
lurope,  laissant  à  qui  de  droit  la  responsabilité  des  événements. 

M.  Oijvo  lit  un  rapport  unprimé  traitant  de  l'influence  des  pèlerinages 
irocains  à  la  Mecque  sur  la  propagation  du  choléra  dont  le  résumé 
nclut  que  :  a  le  Maroc,  qui  par  ses  circonstances  spéciales  est  un  des 


206  8KANCE  DU   MARDI   5   SEPTEMBRE. 

a  les  pays  plus  prédisposés  h  voir  se  développer  toute  maladie  épidé- 
«  niique,  et  plus  particulièrement  le  choléra,  manque  des  vrais  moyens 
«  pour  éviter  son  invasion.  Ce  péril  est  évident  et  constant,  tant  par 
«  suite  du  pèlerinage  que  par  les  mauvaises  conditions  dans  lesquelles 
«  les  habitants  de  cette  région  l'effec^tuent,  ce  qui  est  une  menace  con- 
«  tinuelle  pour  les  autres  nations  :  car  s'il  est  certain  que  le  choléra  en 
«  Egypte  serait  plus  périlleux  pour  les  nations  méditerranéennes  que 
«  s'il  se  présentait  au  Maroc,  la  crainte  ne  doit  pas  en  être  moindre 
«  pour  cela.  Il  est  nécessaire  donc  que  les  puissances  intéressées  obli- 
«  gent  l'État  du  Maroc  h  établir  des  lois  sanitaires  qui  soient  en  harmo- 
«  nie  avec  les  connaissances  de  l'hygiène  moderne.  Le  Conseil  sani- 
«  taire  du  Maroc  doit  jouir  pour  ce  qui  concerne  cette  question  d'une 
«  complète  indépendance  et  les  personnes  compétentes  doivent  avoir 
«  dans  cette  assemblée  une  participation  plus  directe  que  jusqu'ici.  Des 
«  médecins  doivent  y  siéger  de  droit  et  pouvoir  opposer  leur  veto  à  telles 
«  décisions  anti-scientitiques  qui  y  seraient  formulées  et  deviendraient 
«  un  danger  pour  la  prophylaxie  internationale.  —  En  tous  les  cas, 
«  comme  il  n'est  pas  probable  qu'on  admette  de  longtemps  dans  le 
«  Mogrel)  des  précautions  hygiéniques  suffisantes  pour  éviter  l'inva- 
«  sion  du  choléra,  on  ne  doit  permettre  le  passage  du  canal  de  Suez  à 
«  aucun  navire  transportant  des  «  Hadjis  »  à  destination  du  Maroc  sans 
«  s'assurer  que  le  navire  se  conforme  aux  prescriptions  sanitaires  et  que 
a  l'équipage  est  dans  l'état  de  santé  requis.  » 

M.  le  D'  Bradel  approuve  les  conclusions  de  MM.  les  D'*  Proust 
et  Fauvel  et  désire  communiquer  quelques  détails  sur  les  pèlerins 
revenant  en  Bulgarie.  La  Bulgarie  contient  cinq  à  six  cent  mille  habi- 
tants turcs,  parmi  lesquels  plusieurs  milliers  font  chaque  année  le 
pèlerinage  ;  au  retour  ils  passent  tous  par  Varna.  Quelques  pèlerins 
morts  dans  cette  ville  au  mois  de  mars  de  cette  année  ont  présenté 
des  symptômes  suspects  du  côté  des  intestins  sans  qu'on  puisse  affirmer 
qu'ils  aient  eu  le  choléra.  De  nombreuses  caisses  remplies  de  vête- 
ments des  pèlerins  furent  trouvées  exhalant  une  telle  fétidité  qu'on 
eut  grand  peine  à  obtenir  des  employés  pour  les  ouvrir  ;  il  est  fort  à  pré- 
sumer que  la  désinfection  n'en  avait  pas  été  faite.  Les  consuls  étrangers 
ont  télégraphié  qu'il  n'y  avait  pas  de  choléra  h  Varna,  mais  ils  n'ont 
pas  constaté  les  faits  qui  précèdent.  L'orateur  conclut  avec  MM.  Fauvel 
et  Proust  qu'il  ne  faut  plus  laisser  la  surveillance  sanitaire  aux  gouver- 
nements locaux,  mais  que  les  médecins  doivent  être  consultés  en  pre- 
mier lieu. 

M.  Fauvel.  La  question  soulevée  par  l'honorable  préopinant  a  beau- 
coup occupé  l'Orient,  Constantinople  et  même  l'Europe.  Le  bruit  s'était 


PÈLERINAGE   DE   LA   MECQUE.  267 

répandu  que  le  choléra  venait  d'être  importé  à  Varna  et  l'on  avait  même 
imposé  une  quarantaine  rigoureuse  aux  provenances  de  la  Turquie.  J'en 
ai  eu  la  relation  par  le  Conseil  sanitaire  international  de  Constanti- 
nople  et  par  les  rapports  de  nos  consuls.  Je  ferai  remarquer  en  passant 
que  le  Conseil  de  Constantinople  n'est  pas  une  institution  turque  mais 
qu'il  se  compose  de  délégués  des  divers  pays  européens.  A  Varna  l'ad- 
ministration sanitaire  ottomane,  possède  en  vertu  des  traités  diploma- 
tiques, le  droit  d'y  avoir  un  agent,  le  gouvernement  bulgare  conteste 
ce  droit,  mais  je  n'ai  pas  l'intention  d'insister  sur  cette  question  politi- 
que. Lorsque  la  nouvelle  dont  je  parle  parvint  à  Constantinople,  le  Con- 
seil eiwoya  immédiatement  un  médecin  très  distingué  pour  vérifier  le 
fait.  De  l'examen  auquel  il  se  livra,  il  résulta  que  pas  une  personne  n'y  fut 
atteinte  du  choléra  ;  les  décès  qui  survinrent  atteignirent  des' pèlerins 
épuisés  par  le  voyage.  Cependant  M.  le  D'  Bradel  vient  de  signaler  un 
fait  très  important,  c'est  celui  de  caisses  remplies  d'objets  sales  et  puants, 
apportées  par  les  pèlerins  ;  assurément  il  n'est  pas  contestable  qu'il  fal- 
lait à  tout  prix  les  désinfecter,  supprimer  ces  objets  et  je  loue  M.  Bradel 
d'avoir  pris  les  mesures  nécessaires  à  ce  sujet.  Un  point  toutefois  reste 
à  éclaicir  :  ces  caisses  provenaient,  nous  dit-on  d'Arabie  ;  cependant  les 
pèlerins  qui  les  apportaient  avaient  d'abord  subi  une  quarantaine  à  El- 
Ouedj  avec  désinfection,  puis  à  Tor  où  une  nouvelle  désinfection  avait 
été  pratiquée  ;  ils  avaient  dû  enfin  franchir  le  canal  de  Suez  en  quaran- 
taine et  être  soumis  aune  nouvelle  visite  sanitaire,  soit  à  Beyrouth,  soit 
à  Smyrne.  Dans  ces  conditions,  est-il  imaginable  que  ces  caisses  n'aient 
pas  été  ouvertes  et  désinfectées?  S'il  n'en  a  pas  été  ainsi,  il  s'agissait 
là  d'une  contravention  très  grave.  Permettez-moi  donc,  Messieurs,  de 
mettre  en  doute  qu'elles  aient  pu  arriver  intactes  depuis  l'Arabie  jusqu'à 
Varna. 

M.  FÉLIX.  On  a  exprimé  aux  différents  Congrès  le  vœu  que  le  bureau 
s'entendît  avec  les  délégués  pour  l'organisation  de  précautions  sanitai- 
res ;  on  n'a  rien  fait  de  plus  jusqu'ici  que  d'étendre  le  nombre  des  par- 
ticipants à  la  convention.  Le  devoir  de  notre  assemblée  est  qu'on  réalise 
enfin  cette  commission,  qui  doit  écarter  les  susceptibilités  de  certains 
gouvernements.  Le  professeur  Félix  propose  en  conséquence  a  que  la 
«  première  section  du  Congrès  d'hygiène  émette  le  vœu  que  le  bureau 
«  du  Congrès  intervienne  auprès  des  différents  gouvernements  et  prin- 
•<  cipalement  auprès  du  gouvernement  d'Autriche-Hongrie  qui  a  déjà 
«  pris  une  fois  l'initiative  à  cet  égard,  pour  la  réalisation  de  l'idée  d'une 
<c  commission  scientifique  internationale  et  permanente  des  épidémies.  » 

M.  DE  CsATARY.  Plusicurs  États  ont  des  lois  plus  ou  moins  complètes 
en  hygiène,  en  première  ligne  il  faut  nommer  l'Italie,  la  Hongrie  et  la 


268  8KANCE  DU  MARDI  5  SEPTEMBRE. 

Serbie.  Mais  les  lois  ne  sont  pas  exécutées  avec  la  précision  que  Thygièue  |  ^ 
exige  pour  l'observation  de  la  santé.  Le  D'  de  Csatary  propose  en  con- 
séquence que  le  Congrès  d'hygiène,  actuellement  rassemblé  à  Genève, 
nomme  un  comité  de  sept  ou  neuf  membres  pour  établir  les  articles  spé- 
ciaux d'une  convention  hygiénique  internationale.  D  demande  que  sa  pro- 
position après  discussion  en  comité  soit  soumise  à  l'assemblée  générale - 

M.  IlAYMONDAnD  sc  rallie  h  l'avis  exprimé  par  M. leD' de Csatarjsur 
l'utilité  d'une  convention  sanitaire  internationale  d'autant  plus  qu'il  y 
a  à  ajouter  quelque  chose  à  ce  qui  se  fait  actuellement  dans  le  sens  de^ 
la  protection  contre  les  épidémies  cholériques.  MM.  Proust  et  Fauvelout 
exposé  les  avantages  des  commissions  sanitaires  quand  elles  fonctionnent 
régulièrement,  mais  il  reste  un  danger  permanent  dans  rexistenœ  de 
foyers  endémiques  en  différents  points  de  l'Inde.  Ce  sont  ces  foyers  qu'i 
faut  attaquer  au  moyen  de  commissions  permanentes  résidant  dans 
localités  et  y  étudiant  les  conditions  de  développement  du  choléra.  Uim_ 
autre  moyen  utile  serait  de  provoquer  la  formation  d'ambulances  sani — 
tailles  analogues  à  celles  que  Genève  a  eu  l'honneur  de  susciter  poui~ 
l'administration  des  secours  aux  militaires  blessés.  Les  frais  de  ces  insti — 
tutions  devraient  être  payés  par  voie  de  dons  volontaires.  L'orateur  pro — 
pose  donc  à  la  section  d'émettre  un  avis  dans  ce  sens  :  1**  «ajouter  au.^: 
commissions  sanitaires  existantes  destinées  à  barrer  le  passage  aux  épi — 
démies  de  choléra,  des  commissions  résidant  aux  foyers  épidémiques  et: 
tendant  à  faii'e  disparaître  ces  foyers.  2**  Provoquer  la  formation  d'am- 
bulances sanitaires  destinées  à  compléter  le  système  de  secours  aux  mala- 
des en  temps  d'épidémie. 

M.  le  D'  Fauvel  s'associe  d'autant  plus  volontiers  aux  vœux  émis  que 
toutes  les  études  faites  dans  ce  sens  ont  été  exposées  dans  l'ouvrage  qai 
traite  de  la  convention  de  Constantinople.  Seulement,  quand  il  s'est  9l?J 
de  nommer  la  commission  pour  l'Inde,  le  gouvernement  anglais  a  répondu 
qu'il  était  maître  chez  lui  et  savait  ce  qu'il  avait  à  faire  ;  et  en  effet  il  ^ 
été  fait  beaucoup,  autant  qu'il  était  possible.  Mais  comment  assainir  1^ 
Gange,  dont  l'envergure  est  de  quatre-vingts  Ueues  à  son  delta.  C'est 
désirable,  mais  ce  n'est  guère  possible.  Du  reste  si  on  canalisait  le  Gang^ 
on  n'obtiendrait  pas  la  disparition  du  choléra,  car  il  est  endémique  dsit^ 
d'autres  ports,  oîi  l'on  n'observe  jamais  de  grandes  épidémies  ;  ce  so^^^ 
les  pèlerinages  qui  comptent  jusqu'à  un  mUlion  et  plus  de  pèlerins  (|.^^ 
sont  les  principaux  foyers  de  propagation.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu  l'ana 
dernière  ;  quelques  cas  isolés  à  Bombay  ont  été  le  point  de  départ  d'u 
épidémie  qui  a  fait  de  grands  ravages  dans  le  Pundjab.  —  L'orate"»-*^ 
pense  que  tout  ce  qui  a  pu  être  fait  a  été  fait,  et  que  cela  n'aboutirar   ^ 
rien  de  porter  la  question  h  la  séance  générale. 


ÉTIOLOGIE   ET  PROPHYLAXIE  DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  269 

M.  le  Président  fait  observer  que  la  proposition  de  M.  le  D' de  Csatary 
passera  à  la  séance  générale  avec  le  procès-verbal  de  cette  séance. 

M.  Arnol^.d  lit  la  première  partie  de  sa  communication,  portée  à  Tor- 
dre du  jour,  sur  la.  fièvre  typhoïde,  mais  vu  l'heure  avancée  la  suite  en 
?st  remise  h  demain . 

La  séance  est  levée  à  midi. 

Les  secrétaires  : 

D'  Gœtz. 
D'  Ferrikre. 


SÉANCE  DU  MEflCREDI  6  SEPTEMBRE 

Présidence  de  M.  le  D"*  Barde. 

Ixî  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 
Ikl.  le  Président  donne  la  liste  des  Présidents  d'honneur  pour  la  pre- 
lière  section.  Ce  sont  : 

MM.  Arnould,  de  Lille. 

Hirsch,  de  Berlin. 

Lichtheim,  de  Berne. 

Ovilo,  de  Madrid. 

Proust,  de  Paris. 

Roulet,  de  Neuchâtel. 

Toscani,  de  Rome. 

Xa  parole  est  à  M.  Arnould  pour  la  contiimation  de  sa  lecture  sur  la 
èvre  typhoïde. 

étiologie  et  prophylaxie  de  la  fièvre 

typhoïde 

Rapport  par  le  D>^  Jules  ABNOULD 

Prof,  sseur  d'hygiène  û  la  Faculté  do  médeciue  de  Lille. 

Le  sujet  actuel  est  de  ceux  qui  doivent  constamment  occuper  la  méde- 
•  ine  publique  et  qui  méritent  le  mieux  de  provoquer  les  féconds  échanges 


270  8ËAKCË   DV   MEUCKËDI   G  8EPTKUBRK. 

(ridées  pour  lesquels  out  été  institués    les   congrès   iiiteriiatioiiaux 
d'hygiène. 

LsLjiène  tt/pliaïde^  aujourd'hui  la  plus  ubiquitaire  probablement  de 
toutes  les  maladies  infectieuses,  enlève,  chaque  année,  de  2  à  10  ou  12 
habitants  par  10,000,  ou  même  davantage  encore,  à  la  population 
urbaine  des  deux  mondes  ;  elle  n'en  coûte  guène  moins  à  la  populatiou 
des  campagnes,  sauf  que  les  coups  sont  un  peu  autrement  répartis.  Ses 
victimes  appartiennent,  avec  une  préférence  extraordinaire,  à  Télément 
jeune  des  groupes,  c'est-à-dire  à  celui  qui,  n'ayant  encore  fait  que 
dépenser  sur  l'avoir  commun,  se  trouve  atteindre  à  la  période  de  force 
et  de  rendement  en  travail.  C'est  dire  que  les  armies  modernes  paient 
un  tribut  cinq  à  six  fois  plus  grand,  toutes  proportions  gardées,  que 
l'ensemble  de  la  population,  puisque  les  armées  représentent  la  meil- 
leure pan,  dans  la  catégorie  d'âge  de  20  à  25  ans,  de  la  moitié  mascu- 
line des  nations  '. 

En  effet,  la  mortalité  typhoïde  aux  armées  est  actuellement  de  h)  à 
80  pour  10,000  d'eff'ectif. 

Chaque  décès,  perte  définitive  des  20  ou  25  ans  qu'il  a  fallu  pom-  éle- 
ver un  homme,  suppose  6  ou  7  malades  ;  c'est-à-dire,  dans  tous  les  cas, 
une  perte  de  6  à  7  fois  2  ou  3  mois  de  travail,  avec  les  dépenses  de  méde- 
cins, de  médicaments,  d'aliments  spéciaux,  de  garde-malades,  etc.,  aux- 
quelles on  n'échappe  jamais  entièrement,  même  avec  l'intervention  de 
l'assistance  publique»  D'ailleurs,  l'assistance  publique  aussi  impose  à  la 
masse  de  lourds  sacrifices. 

Quelqu'un  a  dit  cette  parole  énergique  mais  vraie  :  le  cadavre  d'uue 
victune  de  la  fièvre  typhoïde  fait  presque  l'effet  d'un  meurtre.  C'est 
chose  navrante,  en  vérité,  de  devoir  descendre  à  la  tombe  un  organisme 
jeune,  dans  son  plein  épanouissement,  chez  qui  tous  les  appareils  étaient 
aptes  à  un  fonctionnement  parfait.  La  thérapeutique,  à  ce  que  l'on  pré- 
tend de  nos  jours,  lutte  brillamment  contre  le  fléau  et  obtient,  en  ce 
moment  même,  de  beaux  triomphes  (bains  froids,  acide  phénique).  Il 
semble,  au  fond,  que  ces  succès  soient  encore  assez  modestes  et  relatifs; 
les  statistiques  funèbres  sont  moins  chargées  qu'autrefois,  et  il  est  pos- 
sible qu'on  doive  en  faire  honneur  aux  nouvelles  méthodes  de  traitement. 
Mais  il  serait  infiniment  préférable  de  supprimer  les  malades  ou  tout  au 
moins  d'en  diminuer  considérablement  le  nombre.  Tel  est  le  but,  incon- 
testablement plus  sérieux  et  supérieur,  de  l'hygiène. 

'  Voy.  Statistique  médicale  de  Varmèe.  Paris,  1862-1879. —  Colin  (héoïi)^  Rapport 
sur  la  fièvre  typhoïde  dans  V armée.  Période  triennale  1877-1879.  (Kec.  de  mém.  de 
iiiéd.  niilit.,  8«  série,  XXXVIII,  1882.)  —  Htatistisclier  Sanitàt^-Bericht  uber  die 
Kônigl,  Preussische  Année  und  dos  XIII  Armée- Corps  far  die  vier  Rapportjahre 
vom  1.  April  1874  bL<i  zum  3L  Marz  1878. 


ÉTIOLOGI£   ET   PROPHYLAXIE   UE   LA   FIEVRE   TYPHOÏDE.  271 

ette  lutte  de  Thygièiie  contre  réclosion  et  le  développement  épidé- 
ue  de  la  fièvre  typhoïde  ne  date  pas  d'hier.  Elle  a  dû  marcher  un 
à  tâtons,  ou  même  guidée  par  des  théories  incomplètes  ou  inexactes, 
ils  qu'en  aient  été  les  résultats,  et  il  en  est  d'heureux,  cette  expé- 
Lce  déjà  longue  ne  sera  point  perdue  et  servira  de  base  à  des  procè- 
de plus  en  plus  sûrs.  • 

[  serait  bien  désirable  que  l'organisation  de  la  défense  contre  le  tiéau 
osât  sur  une  formule  étiologique  simple  et  absolue.  Nous  y  arriverons 
t-étrc  quelque  jour.  Mais,  jusqu'à  l'heui'e  présente,  les  doctrines  sont 
ibreuses,  variées,  sinon  divergentes,  ayant  toutes  des  faits  pour  elles, 
moins  à  première  vue,  et  parfois  strictement  vraies  pour  le  temps  et 
ieu  auxquels  elles  s'appliquent,  parce  que,  malheureusement,  elles 
ut  i)as  cherché  à  embrasser  l'universalité  des  cas.  L'étiologie  de  la 
Te  typhoïde,  jusqu'aujourd'hui,  a  l'air  d'être  extraordinairement 
iplexe,  quoique  Ton  sente  bien  qu'il  ne  doit  pas  en  être  ainsi  dans  la 
uro  des  choses. 

fous  chercherons,  dans  cet  exposé,  à  diminuer  le  plus  possible  cette 
iiplexité  extérieure  et  apparente,  en  élaguant  après  mention  les  for- 
les  inacceptables  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  en  fusion- 
it  les  doctrines  qui  ne  divergent  que  pour  la  forme,  en  conciliant  celles 
n'ont  l'air  de  se  séparer  qu'en  raison  de  la  différence  du  point  de 
)  étiologique  auquel  les  auteurs  se  sont  placés,  enfin  en  ajoutant  au 
naine  de  ces  études  quelques  faits  qui,  sans  altérer  les  acquisitions 
ûennes,  les  élargissent,  les  complètent  et  permettent  d'entrevoir  de 
js  près  la  formule  générale.  Remarquons  dès  maintenant  que,  parfois, 
1  a  pris  pour  des  doctrines  étiologiques  des  formules  qui  n'étaient 
3  des  portions  de  doctrine  et  que  l'on  a  regardé  comme  opposées  des 
îories  qui  étaient  simplement  parallèles  ou,  même,  ne  formaient  qu'une 
lie  théorie,  exprimée  de  façon  différente.  Par  exemple,  les  partisans  de 
biologie  typhoïde  par  l'eau  de  boisson  ne  nient  point,  en  général,  la 
5sibilité  de  la  transmission  par  l'air  ;  et  réciproquement.  Les  sagaces 
teurs  des  observations  de  fièvre  typhoïde  transmise  par  le  lait  sont 
même  bien  près  de  se  confondre  avec  les  fidèles  de  la  véhiculation 
r  l'eau. 


Article  1. 

Genèse  de  la  flùvre  typhoïde.— Spontanéité,  parasitisme. 

La  fièvre  typhoïde,  sans  conteste  possible  et  de  l'accord  de  tout  le 
onde,  est  une  maladie  spk.ijiquc.  Elle  a,  comme  les  autres  spécifiques. 


272  REANCE  DU  MERCREDI   6  8EPTEMliR£. 

une  période  crincubation  ;  les  cas  se  i-essemblent  essentiellement,  dans 
le  temps  et  dans  Tespace,  et  seraient  reconnus  parle  vulgaire  aussi  aisé- 
ment que  la  variole  si,  dans  la  typhoïde,  l'éruption  n'était  surtout 
interne  ;  une  première  atteinte  confère  généralement  l'immunité  ;  enfin, 
la  maladie  est  transmissible  ou  même  contagieuse,  sous  des  réserves  que 
nous  aurons  l'occasion  d'indiquer. 

1.  Aujourd'hui,  maUidie  spécifique  équivaut  h  peu  près  à  maladie  à 
germes  ;  l'invariabilité  des  espèces  paraissant  se  confondre  avec  l'idée 
de  reproduction  par  semence.  Il  n'en  était  pas  ainsi  naguères  ;  peut-être 
même  y  a-t-il  encore  des  médecins  de  grande  valeur  qui  ne  tiennent  pas 
ces  termes  pour  synonymes.  Chauffard  *  proclamait  la  spécificité  de  la 
lièvre  typhoïde,  mais  affirmait  la  possibilité  de  la  réalisation  de  son  agent 
spécifique  dans  l'économie  par  la  seule  spontanéité  de  Torgaidsme,  dans 
de  certaines  conditions  ;  il  ne  pensait  nullement  être  partisan  pour  cela 
de  la  génération  spontanée,  même  en  qualifiant  de  «  germe  »  cet  agent 
spécifique,  attendu  qu'il  ne  lui  prêtait  aucune  existence  propre  :1e  germe 
morbide  était,  pour  lui,  la  «  représentation  virtuelle,  non  d'un  être, 
mais  d'un  mode.  » 

A  notre  époque,  ceci  paraît  une  sorte  d'abus  de  langage,  ou  tout  au 
moins  une  formule  étrangement  métaphysique  relativement  au  sujet.  D 
n'y  a,  cependant,  pas  encore  six  années  écoulées  depuis  que  Chauffard 
redisait  à  l'Académie  de  médecine  sa  conception  des  maladies  spécifi- 
ques et  surtout  sa  défiance  envers  les  doctrines  parasitaires,  un  peu 
pressées  il  est  vrai  et  non  sans  côtés  faibles. 

Je  m'arrête  un  moment  sur  ces  opinions  de  Chauflfard,  parce  qu'elles 
ont  été  la  forme  la  plus  élevée  et  la  plus  nette  de  la  théorie  d'une  fièvre 
typhoïde  spontanée  et  autochthone,  entièrement  faite  par  réconomie 
humaine,  les  agents  extérieurs  n'intervenant  que  pour  imprimer  à  celle- 
ci  sa  modalité  vitale.  Certes,  une  telle  doctrine  aplanit  bien  des  difficul- 
tés ;  les  divergences  et  presque  les  contradictions  étiologiques,  auxquelles 
se  heurte  incessamment  l'observation,  disparaissent  devant  ce  rôle  sou- 
verain de  la  spontanéité  organique,  qui  est  pour  ainsi  dire  maîtresse  de 
se  laisser  ou  de  no  pas  se  laisser  influencer  par  les  causes  externes  et 
qui  peut  faire  une  sorte  de  choix  parmi  celles  qui  auront  prise  sur  l'éco- 
nomie. Malheureusement,  tout  cela  ne  nous  renseigne  guère  ;  nous  ne 
comprenons  pas  le  mystère  par  lequel  des  causes  banales  impressionnent 
spécifiquement  nos  organes  et  nos  fonctions  ;  ni  comment,  sous  l'action 
de  causes  de  même  nature  banale,  l'économie  fait  tantôt  l'agent  spéci- 

*  Chauffard,  Etiolofjie  de  la  fièvre  typhoïde.  (Bull,  de  VAcad.  de  méd.,  1877, 
l«'-29  mai). 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYIAXIE  DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  273 

5que  de  la  lièvre  typhoïde,  tantôt  celui  de  la  diphtérie,  tantôt  un  autre 
?t  quelquefois  rien.  Et,  si  l'organisme  est  tout  dans  Téclosion  des  mala- 
lies,  à  quelle  circonstance  extérieure  la  prophylaxie  va-t-elle  s'adresser  ? 
k  l'air,  au  sol,  à  l'eau,  aux  aliments,  aux  immondices  ?  Et  que  devient 
l'hygiène  ? 

Chauffard  a  été  impitoyablement  logique.  Il  a  traité  d'utopie  «  mal- 
saine »  l'espoir  manifesté  par  W.  Budd  et  par  M.  Guéneau  de  Mussy 
«  d'arriver  à  mettre  sous  nos  pieds  les  fléaux  naturels.  »  «  Si  la  fièvre 
typhoïde  sort  de  notre  spontanéité  vivante,  si  nous  l'engendrons  en  nous- 
mêmes  et  de  notre  sang,  si  elle  surgit  de  toutes  les  conditions  sociales 
et  nécessaires  qui  nous  enveloppent,  nous  nous  bercerions  de  chimères  en 
pensant  qu'elle  disparaîtra  d'au  milieu  de  nous...  ;  c'est  de  l'utopie  et 
de  la  déclamation  de  croire  et  de  dire  que  nous  pouiTons  l'étouffer  un 
jour.  »  Ainsi,  le  vitalisme  a  conduit  au  fatalisme.  Il  est  peut-être  vrai 
qu'en  pratique  nous  n'étoufferons  pas  la  fièvre  typhoïde  ;  mais  que  l'on 
ne  conteste  pas,  au  moins,  que  la  chose  est  possible  théoriquement  et 
partiellement.  Une  doctrine  qui  paralyse  l'hygiène  et  décourage  les  cher- 
cheurs aura  diflicilement  des  adeptes  parmi  les  savants  de  notre  époque. 

2.  D'autres  médecins,  en  nombre  respectable  et  non  moins  considéra- 
bles par  le  talent,  peuvent  être  rattachés  à  l'école  spontanéiste,  mais 
avec  une  variante  sérieuse.  L'agent  spécifique,  pour  ces  auteurs,  est 
généralement  extérieur  à  l'homme,  mais  s'est  développé  spontanément 
dans  quelque  milieu  putride,  d'où  il  vient  injecter  l'économie.  Rien 
n'empêche  que  cet  agent  porte  le  nom  de  miasme,  ou  même  de  germe,  h 
condition  que  l'on  n'entende  point  par  ces  mots  un  germe  figuré,  un 
être  vivant  ;  tous  les  auteurs  qui  se  rattachent  à  cette  conception  se 
heurtent  nécessairement  —  et  s'arrêtent  —  à  la  génération  spontanée. 
Du  reste,  aucun  d'eux  n'est  très  explicite  sur  la  nature  ou  les  propriétés 
de  cet  agent  spécifique  ;  seulement,  la  plupart  admettent  qu'une  fois 
introduit  chez  l'homme,  l'agent  primitivement  infectieux  peut  devenir 
contagieux,  c'est-à-dire  que,  né  hors  de  l'homme,  il  trouve  dans  l'éco- 
nomie les  conditions  de  sa  multiplication  et  de  sa  reproduction,  a  La 
fièvre  typhoïde,  dit  M.  Léon  Colin  ',  nait  par  infection,  spontanément, 
-t  par  contagion,  spécifiquement.  »  D'où  l'épithète  d' infectio-canta- 
ïieuse,  donnée  à  la  maladie,  pour  exprimer  d'un  mot  cette  manière  de 
^mprendre  l'étiologie  générale. 

On  peut,  je  crois,  ranger  dans  cette  école  spontanéiste  de  conciliation, 
-t  sauf  des  nuances  qu'il  serait  un  peu  long  de  faire  ressortir,  les  auto- 
rttés  suivantes  : 


*  De  la  fièvre  typhùide  dans  Vannée^  Paris,  1878,  p.  173. 

18 


274  8ÉANCK   DU   MKRCRËIil   G  8KPTKMBBË. 

a.  Murcliisou,  père  de  la  théorie  pifthoginùqne,  très  antipathique  à  la 
contagion  vraie  delà  lièvre  typhoïde,  et  dont  voici  la  formule:  «  Elle  (la 
fièvre  typhoïde)  peut  naître  indépendamment  d'un  cas  antérieur  par  la 
fermentation  des  matières  fécales,  et  peut-être  par  la  fennentation 
d'autres  formes  de  matières  organiques  \  » 

h.  M.  Léon  Colin,  notre  éminent  ami  et  l'homme  qui  a  le  plus  soi- 
gneusement étudié  la  fièvre  typhoïde  au  point  de  vue  épidémiologique*. 
Nous  avons,  quelques  lignes  plus  haut,  reproduit  sa  pensée  doctrinale. 
Il  impolie  de  noter  ici  que  la  théorie  de  M.  L.  Colin  est  plus  large  encore 
que  celle  de  Murchison,  et  probablement  la  i)lus  large  de  toutes  celles 
qui  ont  pour  pohit  de  départ  la  spontanéité.  La  genèse  de  l'agent  tj'phoï- 
gène  peut  s'accomplir,  selon  lui,  non  seulement  dans  les  foyers  excré- 
mentiels, mais  dans  tout  foyer  de  putréfaction  animale  et  jusque  daiis 
la  putridité  sans  désignation  précise  (lue  crée  la  vie  en  commun,  la  con- 
densation des  grands  groupes,  rencombrement  ;  soit  qu'une  seule  de 
ces  circonstances  ait  agi,  soit  qu'elles  aient  exercé  leur  infiiuence  toutes 
à  la  fois. 

c.  M.  le  professeur  Juccoud,  qui,  dans  la  discussion  de  1877,  au  sein 
de  l'Académie  de  médecine,  accumula  lOG  faits,  recueillis  entre  ISfiô  et 
1875,  en  i^s^wr  A^Vorigiyie  Jkale  de  la  fièvre  typhoïde*.  «L'origine 
fécale  de  la  fièvre  typhoïde  est  au  nombre  des  vérités  étiologiques  les 
mieux  établies  ;  en  fait,  cette  origine,  et  V origine  par  transmission,  voilà 
ce  qui  est  de  plus  positij,  de  pins  démontré  et  de  plus  démontrable  dans 
cette  question  si  importante.  »  Il  est  vrai  que,  cinq  semaines  après  avoir 
prononcé  ces  paroles,  M.  Jaccoud,  qui,  dans  l'intervalle,  avait  eu  l'hon- 
neur d'un  entretien  avec  M.  Pasteur,  jetait  carrément  par  dessus  l)ord 
la  théorie  de  Murchison,  dont  on  aurait  pu  le  prendre  pour  un  des  par- 
tisans, et  déclarait  que  les  matières  fécales  communes  ne  sont  point 
typhogéniques  ;  pour  qu'elles  aient  cette  propriété,  il  faut  qu'elles  diffè- 
rent par  quelque  chose  des  matières  ordinaires  ;  ce  quelque  chase,  c'est 
le  poison  typhoïde.  )>  Mais  M.  Jaccoud  ne  parle  pas  encore  de  germe,  ni 
de  parasite,  ne  renie  pas  son  attachement  à  l'idée  de  Vanto-infediGih 
de  Stich,  que  M.  Guéneau  de  Mussy  et  M.  Léon  Colin  continuent  à  lui 
reconnaître  ;  (?t,  enfin,  ne  fait  aucune  difficulté  de  répartir  ses  105  faits 

»  Murchison  (Charles),  .1 1 réalise  on  continued  fevers  ofOreatBritain,  Deuxième 
édition.  Lontlon,  187:J.  Et  traduction  française  par  le  l)""  Lutaud.  Paris,  1878, 
p.  1)7. 

*  Colin  (Léon),  loc.  cit.  vt  Traite  des  maladies  épidémiques,  Paris,  1870,  p.  G2S 
<»t  suiv. 

*  Jaccoud  (S.),  Étiolofjie  de  la  fièrre  typhoïde.  (Bail,  de  V Académie  de  médecinCy 
1877,  13  mars  et  17  avril.) 


ÉTIOLOGIE   ET  PBOPHYLAXIK  DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  275 

I 

crépidémies  d'origine  fécale  eu  trois  catégories  dont  Tune  comprend 
45  cas  douteux,  l'autre  36  faits  avec  déjections  spécifiques  présentes  et 
dont  une  troisième  est  constituée  de  24  faits  dans  lesquels  les  déjections 
spécifiques  «  ont  été  positivement  absentes.  » 

d.  Un  grand  nombre  de  médecins  militaires  français,  cités  dans  le 
rapport  de  M.  Léon  Colin  pour  la  période  1877-1879.  Nos  collègues 
accusent  d'une  façon  expresse,  ici  les  latrines,  les  égouts,  la  vidange, 
ailleurs  les  fumiers,  les  tranchées  faites  dans  le  sol  urbain  pour  la  pose 
de  tuyaux  de  gaz  d'éclairage,  et  jusqu'aux  détritus  accumulés  dans  la 
gouttière  des  toits,  ou  ceux  que  les  lavages  entraînent  sous  les  plan- 
chers. D'habitude,  les  auteurs  de  ces  communications  n'agitent  même 
pas  la  question  de  l'apport  antérieur  de  germes  dans  cette  putridité 
banale  ;  quelquefois,  ils  affirment  qu'il  a  été  impossible  de  songer  à  une 
pareille  importa.tion  *. 

ff.  Nous  pourrions  bien  ajouter  à  la  liste  des  partisans  de  la  sponta. 
néité,  quoique  ce  témoignage  ait  plutôt  une  valeur  rétrospective,  la 
grande  majorité  des  médecins  des  épidémies  en  France  et  les  auteurs 
des  rapports  de  la  Commission  des  épidémies  à  l'Académie  de  médecine. 
Dans  ces  documents,  à  côté  de  quelques  mentions  formelles  de  la  conta- 
gion, on  trouve  très  régulièrement  la  formule  de  l'étiologie  par  les  éma- 
nations du  sol  putride,  des  fossés  et  canaux  vaseux,  des  fumiers,  des 
équarrissages,  par  la  malpropreté  des  habitations,  l'encombrement,  la 
misère,  l'alimentation  défectueuse '^  Briquet,  en  1807,  concluant  après 
discussion  à  l'origine  spontanée  de  la  fièvre  typhoïde  poui*  un  certain 
nombre  de  cas,  était  certainement  encore,  à  cette  époque,  l'interprète 
de  l'opinion  la  plus  générale.  Il  est  vrai  que  le  déclin  du  règne  de  cette 
doctrine  allait  commencer. 

On  remarquera  aisément  que  cette  nuance  doctrinale,  qui  paraît  se 
distinguer  de  celle  de  Chauffard  en  ce  qu'elle  place  au  dehors  de  l'orga- 
nisme le  milieu  oii  prend  naissance  l'agent  spécifique,  savoir  les  foyers 
putrides,  est  cependant  ramenée  très  près  de  la  précédente  et  se  trouve 
obligée,  comme  elle,  à  sacrifier  l'élaboration  extérieure  à  la  suprématie 
de  l'organisme,  dans  les  cas  assez  communs  où  le  foyer  putride,  dans 
lequel  s'ast  formé  l'agent  infectieux,  est  douteux  ou  introuvable.  Alors, 
c'est  qu'une  circonstance  de  caractère  vague,  une  simple  disposition 
morale,  la  nostalgie  par  exemple,  a  déterminé  la  persistance,  dans  le 

*  Colio  (Léon),  Rapport  sur  la  fie cre  typhoïde  dan^  V armée.  Vêriode  triennale, 
1877-70.  (Rec.  de  mém.  de  mcd.  md.,  Troisième  série,  XXXVIII,  1882). 

*  Voy.  Arnould  (Jules),  France  (Pathologie)  in  Dictionn.  encyclop.  des  sciences 
médic.  Paris,  1879. 


276  8ÉAXCE   DU   MERCREDI   G  SEPTEMBRE. 

tube  digestif,  des  matériaux  de  décomposition  putride,  destinés  norma- 
lement à  être  éliminés  ;  il  se  trouve  là  un  foyer  putride  interne  et  qui 
n'est  que  virtuellement  étranger  à  Torganisme  ;  l'agent  infectieux  s'y 
forme  comme  il  aurait  pu  le  faire  dans  une  fosse  d'aisance  (Stich,  Jac- 
coud,  Peter,  L.  Colin).  On  n'est  pas  très  loin,  en  somme,  de  déclarer, 
comme  Chauffard,  que  les  influences  diverses,  mais  univoques  de  l'eucora- 
brement,  de  la  putridité,  de  certaines  perturbations  nutritives,  ont  pour 
effet  conmiun  de  mettre  en  jeu,  dans  le  même  mode,  la  réactivité  de 
l'économie  ;  la  flèvre  typhoïde  en  serait  l'expression  habituelle.  —  C'est 
donc  l'organisme  qui  fait  la  maladie  ;  les  agents  extérieurs  ne  sont  que 
les  excitateurs  des  forces  organiques.  —  Il  faut  bien  l'entendre  ainsi  des 
cas  dans  lesquels  M.  L. Colin  voit  s'accomplir  la  «  transformation  »  d'une 
lièvre  palustre  en  une  fièvre  typhoïde.  Il  est  clair  que  le  savant  profes- 
seur n'a  jamais  voulu  dire  qu'un  germe  réel,  ou  un  principe  défini  quel- 
conque, se  transforme  en  un  autre  tout  différent,  un  grain  de  blé  en  un 
grain  d'avoine. 

3.  Quelques  savants  sont  restés  réfractaires  à  l'idée  que  les  bactéries 
et  vibrions  sont  les  représentants  et  les  agents  de  la  nocuité  des  matiè- 
res putrides.  En  1853,  A.  Stich  faisait  connaître  que  toute  matière 
fécale,  même  provenant  d'un  animal  sain,  renferme  un  «  poison 
putride;  »  l'extrait  filtré  de  matières  fécales  empoisonne  même  l'animal 
d'oîi  elles  proviennent,  pour\ai  que  le  poison  ait  été  introduit  dans  les 
veines  ;  par  l'estomac,  le  liquide  fécal  n'est  toxique  qu'autant  qu'il  pro- 
vient d'une  autre  espèce,  ou  d'animaux  de  la  même  espèce,  mais  mala- 
des. Les  effets  de  cet  empoisonnement  ont  toujours  paru  à  l'auteur  être 
une  inflammation  catarrhale  de  la  muqueuse  intestinale,  avec  tuméfac- 
tion des  glandes  de  l'intestin,  du  foie  et  de  la  rate,  lorsque  la  quantité 
d'extrait  fécal  administré  était  considérable  ;  l'introduisait-on  dans  le 
sang  par  petites  doses  répétées,  les  lésions  intestinales  ressemblaient 
fort  à  celles  de  la  fièvre  typhoïde  '.  Panum  (1874),  Arnold  Hiller  (1875- 
1876),  par  des  moyens  variés,  ont  obtenu,  de  liquides  ou  de  viandes^ 
putréfiés,  des  poisons  qui  n'étaient  nullement  représentés  par  des  orga- 
nismes microscopiques.  Le  poison  putride  de  Hiller  offrait  cette  particu- 
larité étrange  qu'il  se  multipliait  chez  l'animal  en  expérience  et  que  sa 
toxicité  augmentait  de  génération  en  génération  chez  les  victimes  ;  à  la 
dixième,  1  cent-vingtième  de  goutte  de  la  solution  de  ce  poison  dans  la 
glycérine  tuait  un  lapin  en  52  heures.  Les  accidents  pathologiques  étaient 
la  fièvre,  la  dyspnée,  la  dissolution  du  sang,  la  diarrhée  ;  les  lésions, 
l'inflammation  de  l'intestin,  du  foie,  de  la  rate  et  des  reins. 

*  Stich  (A.),  Ueber  die  Wirkung  putmUr  Stoffe  im  Blut  (Charité-Annàlen,  III^ 
2, 1853). 


ÉTIOLOGIE  ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  277 

D  y  a  probablement  encore  fort  loin  de  ces  apparences  à  la  fièvre 
tj-phoïde  qui,  du  reste,  est  le  privilège  de  notre  espèce.  Les  expérimen- 
tateurs eux-mêmes  n'ont  pas  prétendu  avoir  ainsi  découvert  Tagent 
tvphoïgène.  Mais,  en  supposant  leurs  expériences  irréfutables,  il  n'est 
pas  absolument  illogique  d'admettre  que  la  genèse  de  la  fièvre  typhoïde 
au  sein  des  foyei-s  putrides  est  aussi  la  formation,  par  des  phénomènes 
purement  chimiques,  d'un  poison  que  divers  véhicules  apporteraient 
ensuite  à  l'économie.  Sander  \  sans  s'en  expliquer  longuement,  accepte 
c^tte  manière  de  voir  et,  dans  tous  les  cas,  se  refuse  à  entrer  dans  la 
théorie  parasitaire  pour  ce  qui  concerne  les  maladies  issues  de  la  putri- 
dité.  En  parlant  des  causes  de  la  fièvre  typhoïde  spécialement,  il  se  sert 
toujours  du  mot  Gijt  (poison)  et  jamais  de  Kehn  (germe). 

Cette  théorie  du  poison  typhoïque  a  bien  plus  de  précision  que  la  pré- 
cédente, qui  e^t  obligée  de  garder  un  silence  a])solu  sur  la  nature  de 
l'agent  qu'elle  prétend  naître  dans  les  foyers  putrides.  Malheureusement, 
la  fièvre  typhoïde,  en  clinique,  ne  ressemble  guère  à  un  empoisonne- 
ment. De  plus,  on  découvre  aujourd'hui  des  poisons  de  l'albumine  décom- 
posée, les  ptomaïnes  (A.  Gautier,  Selmi),  qui  pourraient  bien  donner  la 
clef  des  expériences  de  Panum  et  de  Hiller  ;  ce  ne  sont  pas,  à  la  vérité,  des 
microorganismes,  mais  ils  produisent  sur  l'économie  tout  autre  chose 
que  des  maladies  infectieuses.  Disons,  toutefois,  que  ces  «  poisons 
putrides  y>  et,  peut-être,  les  ptomaïnes,  font  involontairement  songer  aux 
épidémies  d'origine  alimentaire  d'Andelfingen,  de  Kloten,  etc.,  suppo- 
sées typhoïdes  par  les  uns,  mais  très  contestées  par  d'autres.  Nous 
aurons  l'occasion  d'y  revenir  ;  ce  n'est  pas  l'un  des  points  les  moins  épi- 
neux de  cette  vaste  question. 

4.  A  l'époque  actuelle,  il  n'est  presque  plus  permis  de  regarder  la 
fièvre  typhoïde  autrement  que  comme  une  maladie  parasitaire,  par  con- 
séquent jamais  spontanée.  Cela  ne  signifie  pas  encore  absolument  le 
«  développement  continu  »  de  l'espèce  et  la  filiation  immédiate  des  cas; 
ceci  est  une  autre  loi  à  dégager  ;  mais,  désormais,  le  point  de  départ  de 
toute  discussion  semble  devoir  être  l'existence  d'un  germe  réel  et  inva- 
riable, essentiellement  étranger  à  l'économie,  dont  l'introduction  et  la 
multiplication  dans  nos  tissus  ou  notre  sang  sont  la  raison  plus  ou  moins 
du'ecte  des  troubles  cliniques  et  anatomiques,  et  vis-à-vis  duquel  les 
puissances  de  l'organisme  se  réduisent  à  la  préparation  d'un  milieu  de 
culture  humain,  d'une  liqueur  nutritive  «  adéquate  »  chez  l'individu. 

Dans  le  champ  de  l'observation  naturelle,  l'origine  du  dogme  nouveau 

'  Sander  (Friedrich),  Uandhuch  der  off'eitUchen  Ges'indheitspflege.  Leipzig.  1877. 
p.  37  et  suiv.  !  ..._, 


278  SÉANCE  DU  MERCREDI  f>  SEPTEMBRE. 

remonte  aux  faits  de  contagion  typhoïde,  si  nettement  aperçus  par  Gen- 
dron,  Piedvache,  W.  Budd,  etc.  Dans  le  domaine  de  rexpériraeutatiou 
et  des  recherches  de  microbotanique,  il  a  été  tout  d'abord  une  conclu- 
sion par  analogie  des  faits  acquis  dans  l'histoire  de  quelques  maladies, 
propres  à  d'autres  espèces  animales  plutôt  qu'à  l'homme.  Je  ne  sais 
même  si  on  ne  le  présentait  pas  déjà  dès  le  moment  où  fut  établi  le  rôle 
immense  des  microorganismes  dans  les  fermentations  ;  c'est  dans  ce 
temps  là  que  W.  Farr  consacrait  par  la  qualification  de  «  zyraotiques  » 
l'assimilation  secrètement  entrevue  des  phénomènes  morbides  avec  celui 
dont  la  connaissance  se  révêlait  à  la  chimie  sous  un  jour  tout  nouveau. 

Les  maladies  infectieuses  dont  l'origine  parasitaire  est  hors  de  doute, 
—  et  desquelles  on  a  cru  pouvoir  conclure  à  l'origine  parasitaire  de  toutes 
les  autres  infectieuses,  —  ne  sont  pas  encore  en  grand  nombre.  Il  en  est 
jusqu'à  trois  de  cet  ordre  :  le  charbon,  le  choléra  des  poules  et  la  pèhrine 
des  vers  à  soie.  On  remarque  tout  de  suite  que  deux  de  ces  maladies  sont 
étrangères  à  l'homme  et  que  le  charbon  môme  n'est  qu'accidentel  dans 
notre  espèce.  Nous  n'en  faisons  pas,  aux  expérimentateurs,  un  reproche 
qui  tomberait  tout  d'abord  sur  un  savant  français,  le  plus  illustre  de 
tous.  Ils  ont  eu  les  meilleures  raisons  du  monde  défaire  porter  leurs  pre- 
mières tentatives  sur  des  affections  pour  lesquelles  les  animaux  leur 
offraient  des  sujets  aptes  à  la  maladie  expérimentale   comme   à  la 
maladie  naturelle.  Il  est  évident  que  l'inaptitude  connue  des  ani- 
maux à  l'infection  malariale,  à  la  fièvre  typhoïde,  etc.,  est  d'avance 
une  cause  de  défiance  vis-à-vis  des  résultats  que  pourront  annoncer 
les  expérimentateiu^  qui  pensent  avoir  reporté  sur  des  lapins  l'agent 
spécifique  de  la  malaria,  comme  MM.  Klebs  et  Tommasi  Crudeli» 
ou  celui  de  la  fièvre  typhoïde,  comme  Birch-Hirschfeld,  Jules  Guérin 
et  de  plus  modernes,  dont  il  va  être  parlé.  Dans  les  résultats,  sauf 
que  les  animaux  en   meurent  et  qu'il  y  a  des  bactéries  dans  leurs 
organes,  la  maladie  provoquée  ne  ressemble  guère  à  la  fièvre  malariale 
ou  à  la  typhoïde.  On  expérimentera  peut-être  quelque  jour  sur  des  ani- 
maux plus  rapprochés  de  l'homme,  sur  des  singes,  ou  sur  des  animaux 
préparés  d'avance  par  des  procédés  analogues  à  ceux  par  lesquels 
M.  Pasteur  a  vaincu  l'antipathie  de  la  poule  pour  l'infection  charbon- 
neuse. Les  difficultés  sont  grandes.  Aussi  la  fièvre  typhoïde  n'est  entrée 
sérieusement  dans  le  laboratoire  que  bien  après  la  pébrine  et  le  charbon, 
l'histoire  de  son  microbe  est  à  peine  née  et  l'existence  même  de  ce  para- 
site ne  dépasse  guère  la  valeur  d'une  induction. 

Ce  n'est  pas  que  l'on  n'ait  point  encore  vu  de  parasites  chez  les  typhoï- 
diques.  On  en  a  vu  trop,  au  contraire,  et  trop  de  variétés  ;  c'est  même 
cela  qui  nous  autorise  à  dire  que  le  vrai  germe,  le  réel  «  Bacillns  ti/phn- 


KTIOLOOIE  ET   PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  279 

SUS  »  n'est  pas  encore  démontré.  Sans  doute,  les  récentes  études  sur  ce 
pomt  ont  fourni  «  quelques  résultats  vraiment  remarquables  »  et  la  direc- 
tion donnée  aux  recherches  est  bonne  *  ;  mais  que  nous  sommes  encore 
loin  de  la  netteté  avec  laquelle  se  présente  aujourd'hui  l'histoire  de  la 
Bactéridie  charbonneuse  et  de  la  précision  de  son  rôle  dans  le  dévelop- 
pement du  sang  de  rate  dos  moutons  (pourvu,  toutefois,  qu'une  autre 
espèce?,  la  Bactérie  du  charbon  stjmptoniatique^  ne  vienne  pas  jeter 
quelque  trouble  dans  les  faits  acquis  !)  Voici,  du  reste,  brièvement,  oii 
nous  en  sommes  relativement  au  microbe  de  la  lièvre  typhoïde. 

Il  ne  servirait  à  rien,  dans  cet  historique,  de  remonter  à  la  découverte 
malheureuse  du  D'  Klein  et  à  ce  champignon  si  semblable  au  Crenothrix 
pob/spora  de  Cohn,  que  l'auteur  reniait  au  moment  même  oii  M.  H.  Gué- 
neau  de  Mussy  le  présentait  en  France.  Je  crois  également  que  l'on  peut 
passer  sous  silence  les  vues  hardies  de  l'honorable  physicien  John  Tyn- 
dall,  sur  la  «  panspermie  typhoïde  »  et  les  nuages  bactériels;  indépen- 
damment du  vague  parfait  dans  lequel  nous  laissent  de  telles  assertions, 
il  a  paru  certain  à  M.  Miquel  que  le  savant  Anglais  n'avait  pas  pu  se 
mettre  à  l'abri  de  graves  causes  d'eiTcur  dans  ses  recherches  sur  les 
corpuscules  aériens  ^ 

Les  travaux  récents  de  MM.  L.  Letzerich  (Braunfels,)  Edvv.  Klebs 
(Prague),  J.  Eberth  (Zurich),  Guido  Tizzoni  (Catane),  Brautlecht 
(Brunswick),  Robert  Koch (Berlin),  etc.,  ont  un  tout  autre  caractère  '\ 
Je  cite  ces  noms  dans  un  ordre  quelconque,  parce  qu'il  serait  difficile 
de  (lire  à  qui  appartient  la  priorité.  M.  Klebs  dit  avoir  eu  l'occasion  de 
contrôler  les  premières  recherches  de  M.  Letzerich,  qui  remontent  à 
187C  ;  sa  communication  personnelle  *  date  de  1880  ;  mais  il  nous  apprend 
que  depuis  plusieurs  années  déjà,  dans  son  laboratoire  et  à  son  instiga- 
tion, ses  élèves,  Fischl,  Eppinger,  Chomjakoff,  avaient  fixé  divers  points 
importants  de  l'histoire  duparasitisme  typhoïde.  D'autre  part,  M.  Eberth, 
dont  le  premier  mémoire  *  apam  aussi  en  1880,  rappelle  que  v.  Reckling- 


'  Ziiber  (C.)  et  Du  Cazal  (L.),  Du  rôle  pathogéniqne  des  microbes.  (Revue  des 
sciences  médicalei^,  1881);  Zuber  (C.)  Ferments  et  maladies.  {Gazette  hehdomad. 
1882,  ii«  13,  p.  203). 

*  Miquel  (Pierre),  Etude  géturale  sur  les  bactéries  de  VatmosjMre,  {Annuaire  de 
Montsouris  pour  1881,  p.  40(j  et  suiv). 

'  Voy.  une  très  bonne  analyse  de  la  plupart  de  ces  communications  dans  la 
Herue  de  médecine,  1881,  p.  954  et  1019. 

*  Klebs  (Edwin),  Der  Ileotyphus  eine  Schistomycose.  (Archiv  f.  expert  m.  Patliolo- 
gie  und  Pharmakologie,  XII,  p.  231,  1880). 

*  Kberth  (G.  J.)  Die  Organismen  in  den  Organen  bei  l'gphus  abdomitmlis.  (Ardiiv. 
f.  patholog.  Anatomie  und  Physiologie  und  fur  Klin.  Medicin,  von  Rud.  Virchow  ; 
LXXXr,  p.  58.  1880). 


280  SÉANCE   D\:  MERCREDI   G  SEPTEMBRE. 

hausen,  en  1871,  et  lui-même  en  1872,  avaient  signalé  la  présence  de 
masses  de  micrococci  clans  des  foyers  purulents  sur  des  tyi)hoïdique8. 
Enfin,  M.  Robert  Kocli,  qui  croit  pouvoir  prononcer  entre  les  longues 
bacilles  de  Klebs  et  les  bacilles  courtes  d'Eberth  *,  déclare  aussi  qu'il 
possédait  les  photographies  de  celles-ci  avant  qu'Eberth  eut  publié  ses 
constatations. 

Il  serait  stérile  d'analyser  ces  mémoires.  Nous  nous  bornerons  à  y 
prendre  ce  que  l'on  nous  apprend  de  la  forme  du  parasite,  de  son  siège, 
de  son  acti\ité  pathogénique. 

a.  FonïU'8  du  parasite,  —  M.  Letzerich  décrit  à  peu  près  constam- 
ment des  micrococci  isolés,  en  colonies  ou  en  chaînettes,  fort  semblables 
à  ceux  de  la  diphtérie  et  de  la  pneumonie  infectieuse  ',  mais  qui,  dans 
les  cultures,  atteignent  à  une  taille  deux  à  trois  fois  plus  grande  que  les 
micrococci  de  ces  dernières,  de  même  que  les  chaînettes  typhoïdes  sont 
du  double  plus  longues  et  plus  de  deux  fois  plus  larges.  Ce  n'est  que  tout 
récemment  (1881)  que  l'auteur  parle  de  bâtonnets  dans  les  veinules  pul- 
monaires et,  en  post-script um,  annonce  qu'il  a  pu  observer  les  filaments^ 
avec  spores,  décrits  par  M.  Klebs. 

Le  professeur  de  Prague  *  voit,  au  contraire,  le  «  Baeilhis  typhosm  » 
sous  la  fonue  de  filaments  de  grande  taille,  50  micromillim.  de  long  sur 
0,2  de  micromillim.  de  large,  sans  segmentation  ni  ramification.  Lorsque 
les  spores  y  apparaissent,  les  filaments  peuvent  atteindre  un  demi- 
micromillimètre  de  diamètre  ;  les  spores  y  sont  rangées  l'une  derrière 
l'autre,  sur  un  rang  et  très  rapprochées.  Avant  d'atteindre  à  cet  état, 
le  Bacillus  typhosus  forme  des  bâtonnets  plus  courts,  qui  peuvent  égale- 
ment renfermer  des  spores,  habituellement  terminales  ;  le  passage  à 
l'état  de  filament  est  préparé  par  un  stade  de  bâtonnets  sans  sjiores, 
disposés  en  rang,  qui  proviennent  vraisemblablement  de  la  segmenta- 
tion en  travers  des  bâtonnets  qui  s'allongent.  La  forme  en  filaments  se 
trouve  aussi  bien  à  l'état  de  mycélium  épais  dans  les  tissus  (intestin, 
larynx)  qu'à  l'état  de  filaments  simples,  parallèles,  en  boucles  ou  en 
spirale,  dans  les  vaisseaux.  Il  est  vraisemblable,  mais  non  absolument 
certain,  que  des  spores  ovales,  libres,  se  rencontrent  dans  quelques  tis- 
sus nécrosés.  Elles  y  sont  plutôt  isolées  qu'en  amas.  Les  bâtonnets 


*  Koch  (Hol)ert)  :  Zar  Untersuchung  von  palhof/enen  Orgnnismen  (Mittheilungen 
aiis  dem  Kaiserlichen  Gesundheitsamte^  von  I)*^  Strnck,  1,  j).  45. 1881). 

'  Letzerich  (L.)  :  l'ntersuchunffen  iiher  die  morphologUchen  Unterschiede  einiger 
pathogenen  Schisfomyceten.  (Archiv  f.  experimcnt.  Pathologie  itnd  Pharmakologie, 
XII,  p.  :]51.  1880. 

*  Klebs  (Etlwin)  :  Der  Bacillus  des  AhdomiualiyphuH  mid  der  typhose  Process. 
(Archiv.  f.  esp.  Piithoïog.  und  Phanmik.,  XIII,  p.  381,  1881). 


ÉTIOLOiJïfe   ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TVPHOIDK.  281 

courts  d'Eberth  et  les  amas  de  microcoques  de  Fischel  pourraient  être 
regardés  comme  les  premiers  stades  de  développement  de  ces  spores. 
On  voit  encore,  dans  quelques  cas,  dans  l'intestin,  le  poumon,  les  embo- 
lies capillaires  des  reins,  du  myocarde,  des  formations  de  micrococci  ; 
mais  c'est  une  complication  de  l'infection  bacillaire  et  probablement  un 
processus  septique.  — Nous  avons  sous  les  yeux  les  dessins  dont  M.  Klebs 
a  accompagné  son  travail  ;  on  y  voit  des  microcoques  en  colonies,  des 
bâtonnets  droits  et  couils,  des  bâtonnets  droits  et  longs,  des  filaments 
flexueux  tels  que  ceux  qui  portent  plus  spécialement  le  titre  de  vibrions, 
les  uns  sans  spores,  d'autres  avec  des  spores  l'une  derrière  l'autre.  Il 
^t  difficile,  à  moins  d'être  très  versé  dans  ces  études,  de  trouver  à  ces 
organismes  des  caractères  un  peu  distinctifs. 

M.  Eberth  S  avec  des  précautions  que  nous  ne  pouvons  exposer  en 
détail,  en  se  servant  de  l'acide  acétique  concentré  pour  éclaircir  les 
coupes  et  en  se  bornant  à  étudier,  non  les  organismes  isolés,  mais  les 
colonies  petites  ou  grandes,  est  arrivé  à  se  rendre  très  bien  compte  de 
l'aspect  des  amas  de  corpuscules  trouvés  dans  l'épaisseur  des  glandes 
lymphatiques  et  de  la  rate.  Il  pense  que  la  désignation  de  microcoqties 
ne  convient  pas  à  ces  corpuscules,  non  plus  qu'à  ceux  qu'ont  décrits 
Sokoloff  (187G)  et  Fischl  (1878)  ;  ce  ne  sont  point,  en  réalité,  des  cor- 
puscules sphériques,  comme  on  poiurait  le  croire,  si  on  ne  les  examine 
<liae  dans  l'épaisseur  des  amas  ;  lorsqu'on  a  soin  de  faire  porter  Texa- 
mm  sur  les  bords  de  la  colonie,  oii  les  organismes  sont  moins  seiTcs,  on 
reconnaît,  à  un  grossissement  assez  fort,  qu'il  ne  s'agit  guère  d'auti*e 
oliose  que  de  bâtonnets.  Ceux-ci  sont  à  peu  près  de  la  grandeur  des 
Bacilles  effilées  que  l'on  trouve  dans  le  sang  putride,  avec  cette  diflfé- 
i^nce  que  les  premiers  ressemblent  quelquefois  plutôt  à  des  ovoïdes 
^niincis  ou  à  des  fuseaux  écouiiés  qu'à  de  véritables  cylindres.  Les 
extrémités  en  sont  arrondies.  Quelques  corpuscules  ovoïdes  apparaissent 
^  côté  des  bâtonnets.  Souvent,  des  Bacilles  vues  perpendiculairement 
donnent  l'illusion  de  corps  semblables  à  des  microcoque^,  de  même  dia- 
inètre  que  les  Bacilles.  L'auteur  n'a  jamais  vu,  en  pareil  cas,  de  cocci 
sphériques  incontestables.  Ces  bacilles  typhoïdes  ont  les  contours  moins 
accentués  que  celles  de  la  putréfaction  ;  leur  contenu  est  homogène, 
^uf  de  rares  cas  oii  l'on  y  aperçoit  un  à  trois  corpuscules  semblables  à 
^6s   spores.  Un  caractère  distinctif  sur  lequel  flberth  insiste  spéciale- 
^ôiit,  c'est  que  les  Bacilles  typhoïdes  se  colorent  très  faiblement  i)ar  le 


*  ïlberth  (C.  J.)  :  loc.  cit.  et  :  Xeue  Untersuchungen  iiber  âen  Bacillus  des  Ahdo- 
^^^^<€Uyphus.  {Archh  f.pathoîoffischc  Anatomie  und  Phi/siologie,  \on^\u\.\irchow. 
^^  XXIII,  p.  480.  1881). 


282  8ÉANCE  DV  MERCREDI  (>  SEPTEMBRE. 

violet  de  méthyle,  qui  colore  au  contraire  facilement  et  d'une  façon 
intense  les  bactéries  et  les  raicrocoques  du  sang  putréfié  et  des  parties 
nécrosées  de  l'intestin.  —  Les  figures  annexées  aux  mémoires  représen- 
tent des  bactéries  grosses  et  courtes,  parfois  réunies  bout  à  bout  en 
couples,  quelquefois  coudées,  à  extrémités  an'ondies,  quelques-une5  ren- 
fermant un  corpuscule  plus  brillant  qui  fait  Teffet  d'une  spore. 

M.  Robert  Koch,  sans  prétendre  que  Ton  puisse  dès  maintenant  déter- 
miner d'une  façon  précise  le  rôle  des  divers  organismes  vis-à-vis  du 
typhus  abdominal,  déclare  cependant  que  les  bacilles  grosses  et  courtes 
d'Eberth  sont  les  seules  qui  paraissent  avoir  des  rapports  spécifiques 
avec  cette  maladie.  Les  microcoques  ne  sont  point  d'une  constatation 
habituelle  et  ressemblent  infiniment  à  ceux  qui  se  présentent  secondai- 
rement au  soin  des  tissus  dans  toute  autre  maladie.  Les  bacilles  allongés 
de  Klebs  appartiennent  aux  parties  mortifiées  et  rentrent  probablement 
dans  la  classe  des  bactéries  banales  qui  se  développent  volontiers  sur 
un  terrain  préparé  par  les  bactéries  pathogènes,  comme  l'auteur  Ta 
observé  dans  un  cas  de  charbon  chez  l'homme  ;  c'est  encore  un  parasi- 
tisme secondaire.  Restent  les  bacilles  d'Eberth,  rencontrées  dans  la  pro- 
fondeur des  tissus.  M.  Robert  Koch  possédait  précisément  depuis  deux 
ans,  quand  Éberth  publia  son  premier  travail,  des  photographies  dans 
lesquelles  on  reconnaît  ce  même  organisme,  développé  dans  les  mêmes 
conditions  que  celui  du  professeur  de  Zurich. 

Un  pharmacien  de  Wendebourg  près  Brunswick,  M.  Brautlecht  *  a 
examiné,  dans  des  conditions  qui  laissent  beaucoup  à  penser,  un  orga- 
nisme qu'il  regarde  comme  le  parasite  typhoïde.  Il  lui  assigne  les  carac- 
tères suivants.  Dans  l'eau  qui  le  contient,  on  aperçoit  des  filaments,  Ae& 
bâtonnets,  des  cocci  libres  ou  en  amas  ;  par  la  culture,  on  obtient  u*^ 
feutrage  de  filaments  délicats,  dont  quelques-uns  sont  plus  ou  moiii^ 
nettement  articulés,  et  qui  se  fragmentent  bientôt  en  bâtonnets  plix^ 

• 

courts  ;  ceux-ci  se  résolvent  eux-mêmes  en  cocci  réunis  en  chapelets,  qi>^ 
s'agglomèrent  en  amas,  en  petites  colonies,  ou  s'éparpillent  isolément^  - 
Après  une  succession  de  cultures,  les  longs  filaments  disparaissent  ;  o:^^ 
ne  retrouve  plus  que  des  bâtonnets  courts,  de  taille  variable,  qui  se  résol^ 
vent  en  cocci  comme  précédemment.  Des  cocci,  en  revanche,  se  refot — 
ment  des  bâtonnets,  soit  par  bourgeonnement  des  spores  (les  cocci,  daim:^ 
ce  cas),  soit  par  formation  à  l'intérieur  de  celles-ci.  Il  n'est  pas  certaiïi 
que  cet  organisme  jouisse  de  mouvements  spontanés.  L'auteur  neT^ 
pas  mesuré  exactement  ;  mais  il  estime  qu'il  est  une  fois  aussi  épais  que 

»  Brantleclit  (J.)  :   Pathofjene  Bdctenaceen  im  Trinktcasser  hei  Epidemieen  vt>n 
Typhus  abdominalis.  (Virchoic'H  Archiv.  iXXXlV,  p.  80,1881). 


\ 


ÉTIOLOGIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIEVRE  TYPHOÏDE.  283 

bacilles  de  la  septicémie  de  Koch  ;  une  fois  et  demie  autant  que  des 
îilles  pathogènes  découvertes  par  Brautlecht  lui-même  dans  l'urine 
m  malade  atteint  de  typhus  tacheté  ;  moitié  moins  gros  que  le  Bade- 
im  termo  et  pas  plus  du  tiers  du  Bacillus  suhtilis. 
I.  Siège  du  parasite.  —  M.  Letzerich  a  d'abord  reconnu  les  cocci 
•hogènes  dans  le  sang,  à  l'état  isolé  ;  puis  dans  le  tissu  conjonctif  et 
)arenchyme  du  foie,  dans  le  rein  (canalicules  et  lymphatiques),  dans 
3aisseur  de  l'intestin,  dans  les  cellules  des  follicules,  dans  la  rate, 
is  le  poumon  (cellules  et  tissu  conjonctif  périalvéolaire).  —  M.  Klebs 
t  son  Bacillus  typJwsus  dans  les  glandes  deLieberktihn,  dans  le  tissu 
jonctif  qui  les  avoisine,  sous  les  couches  d'infiltration  celluleuse  ;  les 
sses  nécrosées  de  l'intestin  sont  remplies  de  filaments  feutrés.  Il  l'a 
rouvé  une  fois  dans  les  mailles  de  la  pie-mère,  d'autres  fois  dans  le 
imon,  dans  les  foyers  emboliques  du  rein  ;  il  pense  qu'il  y  adesbacil- 
dans  toute  plaque  de  Peyer,  tant  que  le  processus  est  en  voie  de 
eloppement.  M.  Eppinger  avait  constaté  les  bâtonnets  et  filaments 
is  les  cartilages  du  larynx,  dans  des  cas  accompagnés  d'ulcération  de 
appareil.  —  Fischel,  Sokoloff,  ont  trouvé  leurs  microccocci  dans  les 
ndes  lymphatiques  et  dans  la  rate.  —  M.  Eberth  ne  rencontre  ses 
puscules  spécifiques  que  dans  l'épaisseur  (et  non  à  la  surface)  des 
ndes  et  de  la  rate.  —  Les  figures  microphotographiques  de  M.  Koch 
iportent  des  parasites  dans  les  reins,  le  foie,  la  rate.  —  M.  Braut- 
it  n'a  examiné  de  bacilles  que  dans  l'eau  et  dans  les  cultures, 
sotons  que  la  présence  des  organismes  regardés  comme  pathogènes 
été  constatée  par  Eberth  (1"  mémoire)  que  dans  la  moitié  des  cas  ; 
?mble  qu'on  les  trouve  plutôt  dans  la  période  d'augment  que  dans  la 
ladie  confirmée  ;  ce  qui  contredit  l'aflinité  que  le  professeur  Klebs 
r  attribue  pour  les  escharres.  Enfin,  le  professeur  de  Zurich  n'a  rien 
ivé,  ou  n'a  vu  rien  de  pareil  aux  bactéries  typhoïdes,  dans  diverses 
res  maladies,  même  de  celles  qui,  comme  la  phthisic,  comportent  aussi 
ulcérations  intestinales. 

,  Activité  pathpgénique  des  microorganismes  typhoïdes. —  C'est  près- 
î  toujours  sur  des  lapins,  naturellement,  mais  malheureusement  pour 
doctrine,  que  l'on  a  essayé  les  bacilli  supposés  typhoïdes  et  plus  ou 
ins  isolés  par  la  culture  à  l'état  de  pureté.  M.  Brautlecht,  avec  '/2  ^ 
de  centimètre  cube  de  liquide  de  culture  en  injection  sous-cutanée  à 
5  lapins,  détermine,  surtout  chez  les  animaux  âgés,  la  diarrhée,  le 
périssement  et  la  mort,  avec  catarrhe  intestinal,  tuméfaction  de  la 
:e  et  des  glandes  méseiitériques,  plaques  de  Peyer  tuméfiées,  jaunes, 
:iculées,  rarement  des  eschares.  Chose  bizarre,  les  bacilli  qui  se  trou- 
nt,  en  été,  à  la  surface  des  algues  vertes,  donnent  les  mêmes  résultats 


284  Si^AXCR   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

et,  quant  aux  bacilles  récoltées  des  eaux  dites  typhogènes,  elles  finissent 
par  perdre  leurs  propriétés  spécifiques  par  la  culture  !  —  Le  professeur 
Letzerich  a  cultivé  sur  la  gélatine  les  cocci  obtenus  de  selles  ou  de  cra- 
chats de  typhoïsants  et  qu'il  suppose  être  le  microbe  de  la  fièvre  typhoïde; 
il  a  inoculé  à  des  lapins  les  produits  de  culture  et  a  provoqué  chez  ces 
animaux  les  mêmes  désordres  que  M.  Brautlecht.  —  Klebs,  qui  u'a 
qu'une  médiocre  confiance  dans  les  microcoques  de  Letzerich  non  plus 
que  dans  la  source  à  laquelle  il  les  emprunte,  rapporte  trois  séries  d'ex- 
périences de  son  élève,  le  D'  Chomjakoff,  dans  lesquelles  des  bacilles 
typhoïques  de  culture  (sur  la  gélatine),  filtrées  ou  non,  incorporées  à  de 
la  colle  de  poisson,  à  du  bouillon  de  muscles  humains,  ont  été  injectées 
dans  le  péritoine  de  lapins.  Les  animaux  ont  présenté  aussitôt  après 
une  élévation  de  température  qui  a  atteint  son  maximum  le  troisième 
jour  ;  la  mort  est  survenue  chez  tous  du  troisième  au  quatrième  jour, 
deux  fois  avec  de  la  diarrhée.  Les  lésions  qui  peuvent  paraître  en  rapport 
avec  l'injection  ont  été  :  la  rougeur  et  le  volume  des  glandes  de  Peyer, 
l'augmentation  de  volume  de  la  rate,  l'infiltration  cellulaire  du  tissu 
interstitiel  dans  les  plaques  tuméfiées  ;  la  présence  de  microcoques  resta 
douteuse,  mais  la  péritonite  était  d'autant  plus  évidente  que  Ton  avait 
poussé  moins  loin  les  générations  de  culture.  Dans  une  quatrième  expé- 
rience, l'injection  fut  faite  sous  la  peau  avec  le  sédiment  des  selles  typhoï- 
des, à  la  façon  d'Eberth  ;  les  résultats  varièrent  peu,  sauf  l'absence  de 
la  péritonite.  Une  cinquième  et  une  sixième  expérience,  avec  le  sédiment 
lavé  au  phosphate  de  soude,  ou  chauffé  à  GO,  70  et  100  degrés,  eurent 
lieu  par  injection  ou  en  mêlant  le  liquide  aux  aliments  des  animaux.  On 
obtint  encore  le  gonflement  de  la  rate  et  des  plaques  de  Peyer,  quelque- 
fois des  microcoques  sous  la  muqueuse.  Enfin,  le  professeur  lui-même  fit, 
sur  des  lapins,  un  cochon  d'Inde  et  un  pigeon,  soit  avec  des  liquides  de 
culture,  soit  avec  le  contenu  de  l'intestin  d'un  lapin  victime  d'une  expé- 
rience antérieure,  des  essais,  dans  lesquels  il  ne  parait  pas  avoir  cherché 
une  reproduction  approchée  de  la  fièvre  typhoïde  de  l'homme,  mais 
plutôt  le  moyen  de  constater  la  régénération  et  la  multiplication  de  son 
Bacillus  tf/phosus.  A  son  point  de  vue,  les  résultats  sont  déclarés  satis- 
faisants, quoique  bons  à  poursuivre  et  à  soumettre  à  de  nouvelles  étu- 
des. Ils  sont  fort  incomplets  et  même  embarrassants,  au  point  de  \Tie 
clinique  ;  ce  qui  explique  peut-être  que  l'auteur  néglige  de  s'inquiéter 
spécialement  de  ce  dernier.  —  M.  Tizzoni,  ayant  extrait  par  filtration 
les  matières  insolubles  d'une  eau  accusée  d'être  typhogène,  injecta  cet 
extrait  à  des  chiens  et  obtint  à  la  fois  des  lésions  d'aspect  typhoïde  et 
des  microcoques  accompagnés  d'un  fin  mycélium  rameux.  Klebs  tient 
8(^8  résultats  pour  démonstratifs,  mais,  ajoute-t-il,  ses  constatations 
microscoi)iques  auraient  besoin  d'être  contrôlées. 


KTIOLOOIE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  285 

Gardons-nous  de  jeter  le  moindre  discrédit  sur  ces  travaux,  dont  l'ins- 
piration est  absolument  légitime  et  scientifique  et  l'exécution  aussi  déli- 
cate que  méritoire.  Mais,  avouons-le,  les  conquêtes  récentes  n'atteignent 
pas  au  delà  de  ceci  :  que,  dans  nn  certain  nombre  de  cas  de  Jièire 
ti/pho'/de,  des  microorganismes  se  rencontrent  dans  le  sang,  dans  des 
tissns  et  des  organes,  qui  n'en  renjerment  point  à  Vétat  normal,  —  D  est 
bon  de  rappeler  que  le  tube  digestif  et  les  voies  aériennes  présentent 
seuls  des  Bactériens,  chez  les  animaux  en  santé'.  —  Pour  ce  qui  est 
de  la  nature,  de  l'origine  et  du  rôle  de  ces  microbes,  nous  restons  dans 
une  désagi'éable  perplexité,  en  présence  des  histologistes  et  microgi'a- 
phes,  qui  ne  concordent  pas  entre  eux  et,  surtout,  obtiennent  des  résul- 
tats cliniques  dans  lesquels  nous  ne  reconnaissons  pas  la  physionomie 
de  notre  fièvre  typhoïde. 

Au  fond,  pour  nous  médecins,  la  forme  et  l'individualité  botanique  des 
microbes  typhogènes  ont  infiniment  moins  d'importance  que  leur  origine 
et  leurs  effets  pathologiques.  Le  monde  des  microbes  est  le  véritable 
domaine  et  le  triomphe  du  transformisme.  Ces  organismes  modifient 
leur  forme  spontanément  et  selon  le  milieu  dans  lequel  ils  vivent  (Ray 
Lankester,  A.  Giard,  Fokker,  Nâgeli,  etc.)  ;  ils  paraissent  surtout  chan- 
ger de  propriétés  en  changeant  d'habitat.  P.  Grawitz  pense  avoir  obtenu 
par  la  culture  des  moisissures  vulgaires,  Eurotium  et  Pénicillium,  des 
produits  de  deux  ordres,  moi-phologiquement  identiques,  mais  dont  les 
uns  constituent  des  champignons  pathogènes  d'une  haute  malignité,  tan- 
lis  que  les  autres  peuvent  circuler  impunément  dans  le  sang  des  ani- 
maux ^  Le  D'  Fiessinger  (d'Ëpinal),  dans  le  même  temps,  distinguait 
iussi  les  spores  de  moisissures  incomplètement  cultivées  et  bénignes  et 
es  mêmes  spores  devenues  maUgnes  par  la  culture  complète.  Il  arrivait 
nême  que  l'injection  de  ces  dernières  à  des  lapins  suscitait  des  ulcéra- 
ions  des  follicules  clos  de  l'intestin,  principalement  à  la  fin  de  l'intestin 
çrêle  ;  d'où  l'auteur  conclut  que  la  fièvre  typhoïde  peut  bien  être  pro- 
iuite  par  une  moisissure  vulgaire,  dont  les  spores  seraient  devenues 
nalignes  en  conséquence  d'une  culture  spontanée  ;  quand  la  culture  est 
incomplète,  il  n'y  a  que  des  embarras  gastriques  ;  lorsqu'à  la  faveur  de 
'été,  la  culture  est  suflSsamment  avancée,  les  cas  de  fièvre  typhoïde 
>ont  nets  et  graves. 
On  sait  que  H.  Buchner  prétend  ramener,  par  un  nombre  suffisant  de 

'  Voy.  Miquel  (?)  :  Becherches  microscopiques  sur  les  Bactéries  de  Vair  et  du  sol 
Annuaire  de  Montsouris  pour  1882,  p  .494). 

*  Grawitz  (Paul)  :  Ueher  Schimmelvegetatùmen  im  thierischen  Organismus  (Vir- 
liow'8  Archiv.  LXXXI,  p.  355,  1880). 


280  8ÉAX(;E   du   MKRCR£D1   6  SEPTËMBBE. 

cultures,  la  Bactéridie  charbonneuse  à  la  Bactéridie  du  foin,  et  récipro- 
quement, faire  acquérir  à  celle-ci,  par  un  autre  genre  de  cultures,  l'ap- 
titude à  produire  le  sang  de  rate.  Ce  vulgaire  BacilUts  suhUlis  a  peut- 
être  d'autres  propriétés  encore,  quMl  révèle  lorsque  Toccasion  lui  en  est 
fournie.  M.  Weniich  (de  Berlin)  affirme  tout  simplement  l'identité  de  ce 
saprophyte,  qui  fourmille  dans  le  gros  intestin  de  l'homme,  avec  les 
«  Typhus  desmohacUtridies,  »  rencontrées  par  Klein ,  Klebs,  Ebertb, 
dans  les  glandes  intestinales  et  les  organes  atteints  secondairement  '.  0- 
bacilliLs,  inoffensif  tant  qu'il  ne  quitte  pas  le  gros  intestin,  dont  la  texture 
est  faite  pour  que  le  parasite  ne  i)uisse  en  franchir  la  paroi,  peut,  à  la 
faveur  de  circonstances  très  variables,  gagner  l'intestin  grêle,  qui  n'est 
l)as  armé  contre  lui  de  la  même  fa(;on  :  il  pénètre  par  les  glandes,  s'y 
nmltiplie  en  foyers  qui  deviennent  l'occasion  d'eschares,  s'infiltre  dans 
l'épaisseur  de  la  paroi  intestinale,  gagne  secondairement  la  rate,  le  foie, 
les  reins.  La  théorie  expliquerait  à  la  fois  la  genèse  des  cas  de  fièvre 
typhoïde,  les  origines  si  diverses  de  la  maladie,  ses  allures  cliniques,  les 
rechutes,  les  désordres  anatomiques.  Il  s'agit  simplement  d'un  cas  par- 
ticulier de  ce  que  l'on  appelle,  en  microbotanique,  «  hétérotop'w,  »  J'ai 
hâte  de  dire  que  \qs  résultats  de  (îrawltz  ((xaffRv),  de  Buchner,  et  la 
théorie  de  Wernich  sont  très  contestés. 

Nous  ne  sommes  pas  au  bout  de  nos  étonnements.  L'étude  de^  micro- 
bes n'est  qu'à  ses  débuts  et  leur  riMe  en  pathologie  est  probablement  la 
partie  la  plus  épineuse  de  leur  histoire.  Les  merveilleuses  découvertes 
que  nous  avons  entendu  proclamer  dans  ces  dernières  années,  — je  parle 
de  celles  que  l'on  peut  regarder  comme  acquises, — sont  juste  suffisantes 
h  nous  laisser  entrevoir  combien  nous  sommes  éloignés  d'une  lumière 
complète  et  de  lois  invariables.  L'année  dernière  (18S1  ),  nous  apprenions 
de  M.  Pasteur  lui-même  que  la  salive  des  individus  en  santé  l'enferme  un 
microl)e  capable  de  provoquer  chez  le  lapin  et  le  chien  une  maladie 
a  nouvelle,  »  que  Mauric^e  Raynaud  et  M.  Lannelongue  obtenaient  par 
rinoculation  de  la  salive  d'individus  morts  de  la  rage  —  et  prenaient 
l)our  la  rage  même.  D'autre  part,  les  faits  se  succèdent  et  se  pressent, 
dans  lesquels  les  variations  expérimentales  de  l'activité  des  viinis  font 
pressentir  leurs  variations  spontanées.  Sans  parler  des  résultats  cités 
plus  haut,  est-ce  que  les  magnifiques  succès  de  M.  Pasteur  dans  l'atté- 
nuation de  quelques  virus  ;  ceux  qu'obtiennent  MM.  Arloing,  Corneviu, 
et  Thomas  par  un  simple  changement  dans  le  mode  d'introduction  du 


*  Wernicli  (A)  :  Die  Entwicklumj  der  organisirten  Krankheitsgifte.  Berlin,  1881N 
p.  89-97.  —  Du  même  :  Ueher  die  Aufyaben  der  ôffentl.  Gesundheitspfiege  gegen- 
ïiher  dem  Ahdominaltyphus.  (D'"  Vierteljahrsclir,  f.  ôflf.  Gesundh.  Xllf.p.  513, 1881). 


KTIOLOGIE   ET   PROPHï'LAXlE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  287 

î  bactériel  ;  la  singulière  exaspération  de  la  vimlence  du  tuber- 
éalisée  à  Taide  d'une  succession  de  cultures  et  d'inoculations  par 
mssaint  et  M.  H.  Martin,  ne  sont  pas  autant  de  preuves  de 
îine  flexibilité  vitale  des  raicroorganismes  et  de  leur  aptitude 
le  indéfinie  à  varier  de  propriétés  selon  les  conditions  du  milieu  et 
influence  de  certains  agents  extérieurs  V 

e  prétends  point  que  ceci  doive  nous  ramener  à  la  considération 
ive  des  influences  générales  extérieures,  d'une  part,  à  celle  de  la 
puissance  de  l'organisme  humain  d'autre  part.  Seulement,  cette 
î  étude  conserve  une  importance  telle,  dans  le  cas  particulier,  que 
e  pouvons  nous  y  dérober.  Le  parasite  de  la  fièvre  typhoïde  existe 
toute  apparence;  mais,  en  pratique,  ce  n'ast  guère  plus  qu'un 
^  raison.  On  ne  saurait  encore  en  connaître  directement  l'origine, 
)itudes  ni  les  propriété.s  ;  force  nous  est  de  continuer  à  demander 
ervation  naturelle  les  conditions  dans  lesquelles  il  pourrait  se  con- 
,  s'il  existe,  se  propager,  se  multiplier,  ou  au  contraire,  étrecora- 


Art.  II. 

Les  milieux  naturels  de  Tagent  typhogène. 

S  nous  servons,  dans  le  titre  de  cet  article,  d'un  terme  aussi  vague 
•ssible,  conforme  à  l'incertitude  qui  règne  encore  dans  la  science 
lus  propre,  selon  nous,  à  n'éveiller  aucune  susceptibilité  doctri- 
1  nous  sera  impossible,  cependant,  tout  en  ne  qualifiant  point  ici 
t  pathogène  de  parasite,  de  ne  pas  raisonner  quelquefois  dans 
thèse  d'un  parasitisme  réel,  que  l'on  peut,  d'ailleurs,  enore  moins 
l'aflirmer. 

t  probable  que  l'agent  typhogène  est  sorti  primitivement  de  quel- 
ilieu  extérieur  à  l'homme;  il  n'est  donc  pas  impossible  que  le  même 
reproduise  aujourd'hui.  Mais  il  serait  tout  à  fait  stérile  de  remon- 
on  origine  dans  le  temps  ;  l'agent  typhogène  existe  et  il  vient  des 
3S,  telle  est  la  base  sur  laquelle  nous  devons  raisonner  et  qui  est, 
te,  admise  à  peu  près  partout.  Sous  quelle  forme  vient-il  des  mala- 
1  est  encore  inutile  de  discuter  sur  ce  point  ;  l'agent  typhogène 
is  les  produits  pathologiques,  c'est-à-dire  dans  les  déjections  alvi- 
s  malades,  puisque  les  selles  expulsent  au  dehors  une  partie  de  ce 
irnissent  les  glandes  intestinales  ulcérées.  Il  faut  regarder  aussi 
î  très  prob<able  que  la  matière  infectante  se  trouve,  à  certains 
its,  dans  l'urine  et  dans  les  produits  d'expectoration,  puisqu'il 


288  8ÉANCE  DU  MERCREDI  G  8EPTEMBRE. 

y  a  de  la  néphrite  et  de  la  bronchite  infectieuse.  Je  n'affirmerais  pas 
qu'elle  n'est  jamais  dans  les  excrétions  de  la  peau. 

Une  fois  qu'il  a  quitté  le  malade,  où  se  trouve  l'agent  typhogène? 
Dans  quoi  peut-il  se  conserver,  capable  d'activité,  se  multiplier  peut- 
être  ;  par  conséquent  d'où  peut-il  sortir? 

V  Le  sol.  —  Théoriquement,  qu'il  soit  une  bacille  quelconque  ou 
une  molécule  de  toute  autre  nature,  l'agent  typhogène  arrive  d'une 
façon  presque  nécessaire  aux  couches  superficielles  du  sol  et  même 
dans  sa  profondeur.  Les  déjections  des  malades,  les  eaux  qui  ont  seni 
à  laver  leurs  linges,  les  impuretés  rejetées  de  la  maison  qui  les  abritait, 
atteignent  naturellement  le  sol,  si  l'on  n'y  met  de  sérieux  obstacles.  Que 
d'autres  produits  gagnent  l'atmosphère,  ils  ont  encore  toutes  les  chances 
du  monde  d'être  ramenés  au  sol  par  la  pluie  ou  la  neige.  Enfin,  les  cada- 
vres de  typhoïsants  sont,  comme  les  autres,  confiés  à  la  terre,  dans  des 
conditions  d'enfouissement  plus  ou  moins  parfaites. 

Mais  ces  souillures  spécifiques  sont  régulièrement  accompagnées 
d'une  souillure  banale  plus  abondante  encore.  C'est  même  là  où  celle-ci 
est  au  plus  haut  degré  que  la  première  se  réalisera  le  plus  sûrement,  à 
l'occasion  ;  Tune  et  l'autre  relevant  de  la  même  incurie  sanitaire.  Aussi 
a-t-il  été  facile,  à  celle  des  doctrines  spontanéistes  qui  fait  naître  la  fiè- 
vre typhoïde  de  la  putridité  banale,  de  rencontrer  ordinairement  celle-ci 
et  d'en  faire  ressortir  l'importance.  De  même,  paraît-on  avoir  souvent 
raison  lorsqu'on  présente  le  sol  comme  le  milieu  de  maturation  néces- 
saire du  germe  typhoïde,  milieu  d'autant  plus  approprié  qu'il  est  déjà 
pénétré  de  putridité. 

Sans  faire  de  théorie  d'emblée,  essayons  de  suivre  les  destinées  de 
l'agent  typhogène  dans  le  sol. 

Lorsque  des  déjections  typhoïques  se  trouvent  h  la  surface  du  sol,  ou 
bien  elles  s'y  dessèchent,  ou  bien  elles  sont  entraînées  par  la  pluie  dans 
la  profondeur.  Dans  le  premier  cas,  la  matière  desséchée  a  des  chances 
de  prendre  l'état  pulvérulent,  de  retourner  à  l'atmosphère  sous  l'action 
du  moindre  vent  et  de  redevenir  dangereuse  sans  avoir  été  réellement 
influencée  par  le  sol.  Dans  le  second,  elle  pénètre  avec  l'eau  plus  ou 
moins  aisément  et  plus  ou  moins  profondément  selon  la  perméabilité  du 
sol,  et  surtout  à  la  faveur  des  crevasses  qui  résultent  de  la  prolongation 
des  sécheresses.  La  pluie,  en  effet,  n'entraîne  pas  aussi  facilement  les 
corpuscules  solides,  les  éléments  figurés  des  matières  fécales,  que  les 
éléments  solubles. 

L'épaisseur  des  premières  couches  terrestres  renferme  des  quantités 
prodigieuses  de  microbes  et  spécialement  de  bacilles  ;  700  à  900  mille 
microbes  par  gramme  de  terre,  à  20  centimètres  de  profondeur,  selon 


KTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE   DE  L\  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  289 

.  Miquel  ;  les  neuf  dixièmes  sont  des  bacilles.  Mais  cette  effroyable 
oportion  prouve-t-elle  également  l'abondance  des  bacilles  pathogènes  ? 
ouve  t-elle  même  une  réelle  putridité?  On  ne  saurait  le  dire.  D  n'y 
pas  plus  de  microbes,  il  y  en  a  même  moins,  dans  une  terre  irriguée 
l'eau  d'égout  que  dans  une  autre.  Les  microorganismes  sont  chargés 
écisément  de  la  décomposition  des  matières  azotées  et,  parmi  eux, 
trouve  le  ferment  nitrique  (Schlœsing  et  Mûntz),  qui  est  un  agent 
assainissement.  Celui-ci  est  tué,  au  contraire,  quand  la  sursatura- 
m  organique  du  sol  déborde  et  l'étouffé.  Le  sol,  comme  d'autres 
ilieux,  n'est  adéquat  pour  la  culture  spontanée  des  microbes  qu'à  un 
int  déterminé  de  pénétration  fécale,  que  nous  ne  connaissons  pas. 
le  deviennent  les  microorganismes  pathogènes,  mêlés  aux  déchets 
ganiques,  dans  le  sol  ?  Nous  n'en  savons  rien.  Le  ferment  nitrique  fait- 
périr  l'agent  typhogène  en  altérant  le  milieu  dans  lequel  celui-ci  est 
pposé  devoir  se  conserver  et  pulluler  ?  Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  jamais 
sayé  de  le  savoir  et  il  est  permis  de  s'étonner  que  certaines  Écoles, 
iîs  brillantes  et  très  dignes  des  applaudissements  de  l'hygiène,  n'aient 
s  cherché  à  s'assurer  de  ce  que  deviennent  les  germes  du  choléra  et 

la  fièvre  typhoïde  dans  le  sol,  qui  joue  un  rôle  si  prépondérant  dans 
ir  doctrine  étiologique.  A  vrai  dire,  il  n'est  pas  certain  que  le  mot 
çerme  »  {Keim)  sigaifie  un  parasite  positif,  dans  la  bouche  de  M.  de 
îttenkofer  et  de  ses  élèves,  bien  que,  pour  son  ami  M.  v.  Nâgeli,  la 
itière  infectieuse  ne  puisse  être  qu'un  Schizomycète  ' . 
Cependant,  les  germes  typhogènes  se  trouvent  certainement  dans  le 
l,  à  un  moment  donné,  grâce  aux  infiltrations  des  fosses  d'aisance  et 

fût-ce  que  par  les  cadavres  des  victimes,  que  l'on  dépose  en 
rre.  Nous  savons,  d'autre  part,  que  les  corpuscules-germes  de  la 
ctéridie  charbonneuse  (non  les  bacilles  elles-mêmes)  vivent  en 
nne  intelligence,  dans  des  conditions  semblables,  avec  des  germes  dif- 
•ents,  en  particulier  avec  le  vibrion  septique.  Qu'est-ce  qui  ramènera 

germes  typhogènes  à  la  surface  ?  Les  vers  de  terre,  ces  véhiculateurs 
\k  contestés  pour  ce  qui  concerne  le  charbon  (R.  Koch)  ?  Encore  fau- 


Voici,  d'après  M.  Wernich,  un  aperçu  des  doctrines  de  Munich.  Le  germe 
rbide  X  et  le  substrat  Y,  qui  doit  fournir  le  lieu  et  le  temps,  se  réunissent  quel- 
5  part  pour  former  Z,  le  véritable  germe.  Cette  réunion  peut^  avoir  lieu  dans  le 
ps  humain  ou  au  dehors.  Pettenkofer  penche  pour  la  réunion  «  ectanthrope,  » 
i3  regarde  la  réunion  «  endanthrope  »  comme  possible  aussi.  M.  v.  Nâgeli  n'ad- 
t  pas  ce  dernier  mode  (monohkistique)  ;  «  il  y  a,  dit-il,  deux  champignons,  qui  ne 
ivent  se  réunir  en  un  germe  morbide  que  hors  du  corps  de  l'homme  (mode 
iastique);  »  l'un  est  le  germe  fourni  par  le  malade,  l'autre  le  champignon  mias- 
tique  (MiasmenpUz). 

19 


2î)0  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU   MERCREDI   0   SErrEMBRE. 

drait-il  qu'il  y  eut  des  vers  de  teiTe  en  toute  saison  et  sur  tous  les  ter- 
rains (y  compris  les  navires),  comme  il  y  a  de  la  fièvre  typhoïde  sur  tous 
les  terrains  et  eu  toute  saison.  Un  véhicule  tout  trouvé,  c'est  l'ah*  du 
sol,  qui  ast  soumis  à  des  échanges  incessants  avec  l'air  atmosphérique. 
On  sait  quels  services  nous  ont  rendus  les  Écoles  allemandes,  dans 
l'étude  de  ce  fait  physique  considérable,  qui  a  évidemment,  avec  la 
santé,  des  rapports  de  plus  d'une  sorte.  Appliquer  ces  notions  précieuses 
à  l'étiologie  de  la  fièvre  typhoïde  et  de  quelques  autres  infectieuses 
était  bien  tentant.  Les  gaz  du  sol,  ramenés  \  la  surface  par  toutes  les 
conditions  qui  réalisent  un  appel  du  dedans  au  dehors,  devaient  rap- 
])orter  aussi  les  molécules  infectieases  de  l'épaisseur  des  couches  super- 
ficielles ;  ces  gaz  étaient  d'autant  plus  abondants  que  l'imprégnation 
organique  du  sol  se  prêtait  plus  largement  aux  combustions  lentes  et  à 
la  formation  de  CO^  ;  les  oscillations  verticales  de  la  nappe  souterraine 
influaient  puissamment  sur  le  phénomène  par  les  variations  du  degré 
d'humectation  des  couches  pénétrées  de  détritus,  par  l'appel  à  l'oxygène 
extérieur,  etc.  ;  la  dépression  barométrique  (A.  Vogt)  favorisait  l'ascen- 
sion des  gaz  du  sol,  mais  l'agent  d'aspiration  le  plus  important  et  sur- 
tout le  i)lus  redoutable  était  la  température  intérieure  des  habitations, 
qui  introduisait  dans  nos  appartements  l'air  du  sol  et  tout  ce  qu'il  est 
capable  de  charrier. 

Cette  ingénieuse  théorie  est  probablement  exacte  pour  certains  cas  et 
nous  lui  serions  très  indulgent,  si  elle  ne  s'associait  à  l'idée  du  passage 
nécessaire  de  l'agent  typhogène  par  le  sol.  A  priori,  dès  que  la  fiè\TC 
typhoïde  naît  d'un  agent  extérieur,  d'un  germe  si  l'on  veut,  il  est  àpré- 
voii'  que  des  milieux  et  des  supports  divers  pourront  lui  ser\1r  de  récep- 
tacle et  de  véhicule,  à  la  condition  de  ne  i)0sséder  rien  qui  lui  soit  anti- 
pathique ;  l'observation  prouvera  qu'il  en  est  ainsi  et  que  l'agent  typho- 
gène n'a  pas  besoin  d'un  milieu  de  maturation  déterminé  et,  même,  se 
passe  de  tout  intermédiaire. 

Il  est  démontré  (Ilenk,  Miquel),  qu'un  courant  d'air  très  faible,  tra- 
versant le  sol,  peut  en  ramener  des  germes  et  soulever  les  poussières  de 
la  surface,  si  la  terre  est  sèche.  Humide,  la  terre  ne  laisse  rien  passer 
que  l'air  microscopiquement  pur,  mais  pouvant  renfermer  des  gaz  étraiv 
gers.  Or,  il  est  certain  que  la  fièvre  typhoïde  ne  naît  pas  des  gaz  (i^ 
combustions  organiques,  fussent-ils  mal  odorants  ou  même  toxique^* 
Avec  la  théorie  de  la  véhiculation  par  l'air  du  sol,  on  pourra  se  trouva' 
plus  d'une  fois  embarrassé,  car  les  épidémies  typhoïdes  ne  sont  pas  tout^ 
en  été  ou  en  automne.  L'École  de  Munich  accepterait  volontiers  le  bli-^ 
dage  du  sol  de  nos  demeures,  en  vue  de  nous  préserver  de  la  réasce  ^J 
sion  des  gaz  telluriques  :  si  l'on  adopte  cette  pratique,  il  sera  enco  ^^ 


ÉTIOLOGIE   ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  291 

rudent  de  ne  pas  laisser  par-dessus  le  blindage  les  mêmes  choses 
on  aura  irrévocablement  isolées  par-dessous. 
e  sol  qui  a  reçu  des  germes  morbides  devait  les  rendre  régulière- 
à  l'eau  ou  à  l'atmosphère,  si  surtout  il  était  ce  substrat,  presque 
ensable  à  leur  maturation  et  à  leur  multiplication,  que  suggère 
ttenkofer,  las  champs  d'irrigation  actuels,  adoptés  par  tant  de 
pour  l'évacuation  et  l'utilisation  de  leurs  immondices,  seraient  de 
blés  magasins  de  virus,  comme  M.  Pasteur  l'a  fait  craindre,  et 
tueraient  un  effroyable  danger  pour  les  localités  environnantes, 
les  cultivateurs  de  ces  champs,  pour  les  consommateurs  des 
es  produites  à  l'aide  de  ce  fertile  engraissement.  —  Pourtant,  je 
as  entendu  dire  que  la  fièvre  t)rphoïde  maltraitât  spécialement  les 
ilteurs  de  Craigentinny,  de  Beddington-farm,  des  Marcites  de 

;  les  habitants  de  Gennevilliers  se  sont  plaints  (ou  l'on  s'est  plaint 
îux)  de  fièvres  intermittentes  et  point  de  fièvre  typhoïde;  ceux  de 
Il  (Dantzig)  sont  enchantés  d'être  au  voisinage  des  «Rieselfelder,  » 
rigation  du  domaine  d'Osdorf  (Berlin)  n'empêche  pas  les  villages 
îhterfelde  et  de  Maiîenfeld  de  prospérer,  les  2000  jeunes  gens  de 
3  des  Cadets  de  Lichterfelde  de  se  porter  aussi  bien  que  nos 
•Cyriens  *.  Autour  de  Lille  on  arrose  les  champs,  d'une  façon 
le  d'ailleurs,  avec  l'engrais  humain  liquéfié  ;  quelques  villages  sont 
oie  à  la  fièvre  typhoïde  ;  seulement,  ce  n'est  pas  la  population 
)le  qui  commence  les  épidémies  et  paie  le  plus  lourd  tribut,  ce  sont 
oupes  d'ouvriers  des  diverses  industries,  Belges  pour  la  plupart, 
t  entassés  dans  une  malpropreté  complète  des  personnes  et  des 
s  ;  mais  cette  malpropreté  est  de  source  banale  et  n'intéresse  pas 
plus  que  d'autres  milieux. 

is  songeons  involontairement  ici  à  la  formule  de  M.  Léon  Colin, 
v^ement  à  la  production  du  miasme  de  la  malaria.  On  dirait,  en  ce 
)ncerne  la  fièvre  typhoïde,  que  le  sol  imprégné  de  putridité,  lors 
I  que  celle-ci  eût  été  fécondée  par  des  germes  spécifiques  patho- 
,  n'est  dangereux  que  quand  la  putridité  est  immobile  et  aban- 
îB  à  eUe-même.  La  culture  rend  un  tel  sol  inoffensif.  J'aimerais 
.  croire  que  les  germes  typhogènes  sont  une  illusion  que  d'accepter 

d'un  amoncellement  de  ces  germes  dans  les  terrains  irrigués  à 
d'égout. 

,  amoncellement  serait-il  produit  par  le  dépôt  des  cadavres  de 
Idiques  ?  Des  recherches  de  M.  Miquel,  faites  à  l'occasion  de  la 

Dy.  Durand-Claye  (Alf.),  Les  travaux  d^ assainissement  de  Damig,  BerUn, 
u  (Revue  d'hygiène,  III,  1881). 


I 


292  SECTION  I.  —  SÉANCE  DU  MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

question  des  cimetières  de  Paris  ',  montrent  que  les  cadavres  enfouis 
dans  les  champs  des  morts,  avec  tous  les  bactériens  imaginables, 
n'influencent  nullement,  sous  le  rapport  de  la  quantité  de  microbes» 
l'air  qui  passe  par-dessus  les  tombes.  De  même,  l'eau  qui  sort  ies 
champs  d'irrigation  est  presque  privée  de  microgermes  :  «  Il  n'existe 
pas  à  Paris  d'eau  potable  qui  l'emporte  en  pureté  microscopique  sur 
l'eau  du  drain  d'Asnières  destiné  à  rejeter  à  la  Seine  le  résidu  des  eaux 
d'égout  filtrées  à  travers  les  jardins  et  les  champs  irrigués  de  la  pres- 
qu'île de  Gennevilliers.  »  Et,  cependant,  le  sol  lui-même,  irrigué  ou 
non,  renferme  près  d'un  million  de  bactéries  par  gramme  de  terre! 

Nous  pourrions  bien  être  au  début  d'une  époque  dans  laquelle  il 
faudra  modifier  profondément  des  théories  qui  paraissaient  naguère 
solidement  établies  et  ralliaient  d'illustres  partisans.  Que  faut-il  penser 
aujourd'hui  de  l'influence  de  cette  putridité  par  trop  évidente  et  intolé- 
rable qui  s'étale  au  long  des  rues  sans  égouts  de  certaines  villes,  dans 
les  fossés  ouvertes  qui  servent  d'égouts  à  d'autres,  dans  les  recoins  à 
immondices,  les  courettes  fangeuses  des  groupes  d'habitations  ouvrières, 
au  pourtour  des  habitations  de  village  avec  les  fumiers  permanents,  les 
mares  à  puiin,  la  fiente  humaine  dispersée  partout  V  Le  sol  y  est  telle- 
ment souillé  qu'il  atteint  la  sursaturation  putride  et  que  l'eau  des  puits 
voisins  est  inipotable.  La  même  chose  arrive  du  sol  des  villes  où  persiste 
la  généralisation  des  fosses  fixes  non  étanches  et  la  coutume  des  puits 
absorbants.  Tout  cela  est  horriblement  malpropre,  par  conséquent  d'une 
haute  insalubrité  ;  reste  à  savoir  si  la  fièvre  typhoïde  en  peut  naître. 

U  faut  renoncer,  je  pense,  à  l'en  faire  naître  spontanément.  Donc,  il 
faut  que  la  putridité  banale  ait  reçu  la  fécondation  par  les  matières 
typhoïdes.  Que  les  germes  contenus  dans  ces  matières  aient  pullulé  ou 
non,  ils  ne  s'échapperont  point  par  évaporatiou  de  la  masse  putride, 
tant  qu'elle  gardera  de  l'humidité.  Infiltrés  dans  le  sol,  ils  n'en  revien- 
dront qu'avec  les  difficultés  et  le^  intermittences  que  nous  venons  de 
dire.  D  semble  bien  plus  simple  de  se  passer  de  cette  oscillation  embar- 
rassée et  douteuse,  de  germes  qui  s'enfoncent  d'abord  pour  remonter 
ensuite,  et  de  penser  qu'au  moment  de  la  sécheresse  (qui  amve  plus  tôt 
à  la  surface  que  dans  l'épaissseur),  les  matières  infectieuses,  restées 
superficielles,  deviennent  pulvérulentes  et  chargent  l'atmosphère  de 
bactéries,  parmi  lesquelles  des  corpuscules  pathogènes. 

Dans  les  conditions  ordinaires,  même  avec  un  sol  favorable,  les  molé- 
cules infectieuses  ne  s'échappent  pas,  aussi  aisément  qu'on  le  suppose, 

*  Ville  de  Paris,  Commission  d'assainissement  des  cimetières.  Rapports  et  pièces^ 
justificatives.  Paris,  1881.  —  Annuaire  de  Montsouris  pour  1882,  p.  454. 


ETIOLOGIE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVKE  TYPHOÏDE.  293 

e  répaisseur  des  couches  terrestres.  La  preuve  en  est  que  la  fièvre 
rphoïde  redouble  étonnamment  d'intensité,  dans  une  même  ville, 
>rsque  des  tranchées,  des  remuements  de  terre  exécutés  pour  des 
-avaux  publics,  mettent  brusquement  à  nu  ces  couches,  imprégnées  au 
>ug  des  âges  (Nancy,  Francfort).  Ce  qui  était  profondeur  devient 
iirface  :  ce  qui  était  humide  se  dessèche  ;  voilà  où  est  le  danger. 

Le  sol,  dans  son  épaisseur,  se  présente  plutôt  comme  une  protection 
ue  comme  une  menace  vis-à-vis  de  la  pureté  de  l'air.  Il  en  est 
utrement  de  la  surface.  Celle-ci  pénètre  l'air  de  microbes  aussi  bien 
ue  de  poussières  minérales,  dans  le  moment  où  elle  est  dépourvue  de 
humidité,  qui  est  le  plus  puissant  moyen  de  fixation  des  microbes.  Nous 
omprendrons  peut-être  mieux  ainsi  qu'avec  aucune  h)rpothèse  la  loi 
? excicerbation  estivo-autonmale  de  M.  Ern.  Besnier,  si  confonne  à  ce 
ait  considérable  des  recrudescences  de  bactéries  aériennes,  dix-neuf 
ois  sur  vingt,  annonçant  dans  le  laboratoire  de  M.  Miquel  l'imminence 
l'une  crue  des  décès  par  maladies  épidémiques,  que  va  relever  dans 
^aris  M.  Bertillon.  Notons  que  la  fièvre  typhoïde  est  toujours  en  tête 
les  maladies  qui  contribuent  le  plus  à  créer  ces  coïncidences  et  que  les 
iauts  sommets  de  chacune  des  courbes,  celle  des  bactéries  et  celle  des 
lécès  épidémiques,  tombent  de  part  et  d'autre  sur  les  mois  d'été  et 
ipécialement  sur  juillet  et  août. 

On  ne  paraît  pas  admettre,  dans  l'école  de  M.  v.  Pettenkofer,  que  les 
corpuscules  pathogènes  puissent  être  charriés  par  la  nappe  souterraine 
lUsqu'à  l'eau  des  puits,  comme  le  veut  Liebermeister.  L'adhérence  des 
iiicrobes  à  la  terre  humide  justifie  cette  opinion  ;  en  outre,  comme  nous 
.e  verrons,  les  bactéries  pathogènes  ne  se  plaisent  pas  dans  Teau.  Mais 
il  y  a  un  procédé  d'éloignement  des  immondices  qui  peut  mettre  direc- 
tement dans  la  nappe  souterraine  les  excrétions  typhoïdes  ;  ce  sont  les 
puits  absorbants.  Quoi  qu'il  arrive  ultérieurement  de  l'eau  de  boisson, 
Q  semble  que  cette  circonstance  puisse  entraîner  très  largement  l'imbi- 
bition  du  sol  par  les  souillures  banales  ou  spécifiques,  à  la  faveur  das 
déplacements  de  la  nappe  souterraine,  lorsque  cette  nappe  repose,  à  une 
faible  profondeur,  sur  une  couche  imperméable  et  que  son  mouvement 
se  trouve  être  entravé  par  une  circonstance  accidentelle.  M.  Gibert  met 
au  compte  d'un  mécanisme  pareil  l'épidémie  du  Havre  de  1880  à  1881  ". 
Les  puisards  ou  hétoires  des  quartiers  hauts  se  vidaient  autrefois  à  la 
mer  par  la  nappe  souterraine  ;  dans  les  derniers  temps,  on  a  fait  des 
égouts  qui  ont  en  quelque  sorte  opéré  un  barrage  entre  les  puisards  et 


'  Gibert,  Une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  au  Havre  (Revue  d^hygiène,  III,  sep- 
tembre 1881). 


294  SECTION  I.  —  SEANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

la  mer  ;  le  sol  s'est  trouvé  imprégné  de  matières  organiques  et  pénétré 
d'humidité.  De  là,  une  explosion  de  fièvre  typhoïde  se  manifestant  dans 
le  quartier  réputé  jusque-là  le  plus  sain  de  la  ville. 

L'explication  de  M.  Gibert  est  plausible.  On  a  trouvé  d'autres  raisons 
pour  la  fièvre  typhoïde  du  quartier  Léopold  à  BruxeUes  (1869),  et  pour 
celle  des  quartiers  hauts  de  Croydon  (1875).  Cet  étrange  fléau  atteint,  à 
leur  tour,  les  habitations  saines,  riches,  haut  placées,  après  les  quartiers 
malpropres,  pauvres,  en  terrain  déprimé.  Tant  mieux  pour  l'étiologie, 
si  l'on  peut  prouver,  dans  les  deux  cas,  que  la  souillure  du  sol  a  été  le 
fait  dominant,  identique  de  part  et  d'autre,  et  que  c'a  été  la  seule 
condition  pathogénétique.  Malheureusement,  c'est  ce  qui  paratt  difficile. 

Quoi  qu'il  en  soit,  je  crois  utile  de  reproduire  actuellement  la  formule 
la  plus  récente  que  je  connaisse  de  la  théorie  telliirique  de  l'étiologie 
typhoïde.  Je  l'emprunte  à  M.  le  D' Port,  de  Munich  *. 

1 .  La  fièvre  typhoïde  est  dans  la  dépendance  la  plus  étroite  du  sol  ; 
elle  naît  primitivement  ou  par  impoi'tation  sur  le  sol  morbide  *  et,  par 
contre,  ne  saurait  être  transportée  sur  un  sol  non  morbide  ; 

2.  Même  sur  un  sol  morbide,  tous  les  individus  ne  sont  pas  atteints; 
une  certaine  disposition  de  l'économie  est  indispensable  pour  contracter 
la  maladie  ; 

3.  Un  sol  imperméable  est  indéfiniment  à  l'abri;  un  sol  poreux  devient 
surtout  transitoirement  morbide  par  un  assèchement  inaccoutumé  ; 

4.  Les  substances  dangereuses,  qui  se  forment  dans  le  sol  malade,  ne 
sont  point  apportées  à  l'homme  par  l'eau  de  boisson,  mais  par  l'air  qui 
s'échappe  du  sol  ; 

5.  La  maladie  ne  se  répand  point  par  les  émanations  des  latrines  ; 

6.  Comme  il  n'est  pas  en  notre  pouvoir  d'empêcher  le  transport  de  la 
matière  pathogène  ou  de  changer  la  disposition  des  individus,  il  ne  reste^ 
à  l'activité  de  la  prophylaxie  qu'à  pratiquer  un  traitement  approprié  du 
sol. 

On  le  voit  ;  il  faut  blinder  nos  rues  et  le  sol  qui  supporte  nos  demeures» 
Pour  être  bon,  ce  n'est  pas  précisément  commode  à  réaliser.  Je  ne  sai^ 

*  Port,  Zur  Aetiologie  des  Abdominaltyphus  (Vortrag  gehalten  im  Âerztlichen 
Verein  MUnchens,  am  7  April  1880). 

'  Le  mot  allemand  est  SiecJûiaft,  difficile  à  traduire  en  français  et  qui  pourrait 
se  rendre  aussi  par  infecté,  mUismatique,  patlwgene  (mieux  :  pathogone).  Il  se  relie 
à  la  théorie  diblastique  de  v.  Nàgeli,  suivant  laquelle  le  sol  morbide  (siechhafl) ,. 
ou  souillé  banalement,  provoque  chez  les  habitants  une  infection  miammatiquer 
sans  laquelle  le  germe  contagieux,  provenant  du  malade,  ne  peut  se  développer 
(J.  Soyka:  Ueber  die  Natur  und  die  Verhreitungsiceise  der  Infectionserregery 
Mftnchen,  1881). 


KTIOLOfllE  ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  295 

'il  est  absolument  impossible  d'entraver  le  transport  de  la  matière 
pathogène  ;  mais  je  crois  que  nous  avons  quelque  piise  sur  les  «  dispo- 
itions  »  individuelles  et  je  serais  désolé  qu'il  en  fût  autrement.  Si  encore 
lous  savions  exactement  en  quoi  consiste  cet  état  a  morbide  »  du  sol  !  Ce 
l'est  qu'après  Téclosion  de  la  fièvre  typhoïde  qu'on  peut  être  sûr  que  le 
<A  était  malade.  C'est  bien  tard. 

Il  manque  donc,  à  cette  théorie,  une  démonstration  expérimentale  de 
)remière  importance.  Néanmoins,  elle  est  simple  et  il  est  superflu  de 
aire  remarquer  qu'elle  est  conforme  h  une  vaste  catégorie  de  faits  et, 
out  d'abord,  à  ceux  que  relèvent  à  Munich  des  savants  aussi  distingués 
[ue  MM.  Port,  J.  Soyka,  Fried.  Renk  et  d'autres.  Un  détail  devrait  lui 
tttirer  aujourd'hui  encore  bien  des  sympathies,  c'est  que  M.  Port,  qui 
;e  reconnaît  d'ailleurs  un  profane  en  microbotanique,  ne  se  prononce 
)as  sur  la  nature  du  moteur  typhogène  et  ne  paraît  pas  tenir  au  parasi- 
isme  ;  il  se  sert  volontiers  du  terme  :  «  substance  dangereuse,  »  qui  ne 
^tarait  effaroucher  personne.  Enfin,  il  accorde  si  franchement  la  prépon- 
lérance  de  la  disposition  individuelle  qu'on  se  demande  pourquoi  il  ne 
-allie  pas  un  certain  nombre  de  spontanéistes. 

Je  suis  tenté  de  croire  que  cette  idée,  sur  laquelle  insiste  tant  l'auteur, 
^ue  le  sol  est  l'intermédiaire  nécessaire  entre  le  malade,  producteui'  de 
.'agent  infectieux,  et  l'homme  sain,  destiné  h  recevoir  la  maladie,  fait 
un  grand  tort  à  cette  théorie  dont  la  base  est  légitime  et  la  pathogénie 
logique.  Hors  de  Munich,  la  plupart  des  observateurs  s'aperçoivent 
:|u'une  doctrine  aussi  exclusive  les  mettrait,  à  chaque  instant,  dans  de 
sérieux  embarras. 

Les  observations  présentées  par  M.  Port  à  l'appui  de  sa  thèse  sont- 
plies  suffisamment  démonstratives  ?  L'épidémie  de  Gerlachsheim  (Bade) 
prouve  que  la  fièvre  typhoïde  n'est  pas  contagieuse  à  la  façon  de  la 
variole,  parce  que  la  localité  a  été  occupée  successivement,  mais  avec 
des  intervalles  de  temps,  par  des  foyers  que  séparaient  les  uns  des  autres 
ies  groupes  de  maisons  épargnées.  Pareil  fait  n'est  point  rare,  l'auteur 
le  dit  avec  raison,  et  il  est  certain  aussi  que  la  typhoïde  n'est  pas  conta- 
^euse  de  la  même  façon  que  la  variole.  Mais,  est-ce  que  les  groupes  de 
maisons  atteintes  étaient  seuls  bâtis  sur  un  sol  poreux  et  malade,  les 
fiutres  étant  sur  le  roc  resté  pur  ?  On  ne  le  dit  pas.  On  cite  des  moitiés 
le  casernes  envahies  par  la  fièvre  typhoïde,  l'autre  moitié  restant 
indemne,  et  cela  prouve  bien  qu'on  peut  boire,  dans  tout  un  régiment,  la 
même  eau  sans  partager  les  mêmes  atteintes  morbides  ;  mais  le  soi  était- 
il  blindé  sous  la  caserne  à  droite  et  perméable  à  gauche  et,  l'année  pro- 
chaine, la  fièvre  ne  passera-t-elle  pas  à  l'aile  qu'elle  a  respectée  cette 
année  ? 


296  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

Si  le  sol  est  le  même  sous  les  deux  ailes  d'une  même  caserne,  ou, 
dans  un  village,  sous  les  groupes  de  maisons  envahies  et  sous  les  autres, 
c'est  peut-être  que  les  dispositions  des  habitants  ont  primé  la  puissance 
du  sol  et  de  Tagent  typhogène  ;  ou  bien,  comme  je  le  croirais  plus  volon- 
tiers, c'est  qu'il  y  avait,  dans  les  groupes  atteints,  un  ensemble  de  cir- 
constances fâcheuses,  de  souillures  des  hommes  et  des  choses,  qui  n'exis- 
tait pas  au  même  degré  chez  les  groupes  indemnes.  M.  le  D'  Alison,  de 
1870  à  1878,  a  observé ,  dans  le  canton  de  Baccarat  (Meurthe-et-MoseDe), 
une  série  nombreuse  d'épidémies  de  villages,  fort  semblables  h  celle  de 
Gerlachsheim  *  ;  ainsi  qu  'il  arrive  pour  les  petites  localités,  il  a  pu  le 
plus  souvent  retrouver  le  contage  et  constater  aussi  que  ce  contage  peut 
se  conserver  pendant  des  mois  et  plus  d  une  année,  sans  occasionner  de 
nouveaux  cas.  Dans  quoi  se  conservait-Il  ?  Dans  la  putridité  des  fumiers, 
des  fosses  à  purin,  des  puits  négligés,  dans  le  sol  à  la  rigueur  et  surtout 
à  sa  surface  ;  mais  aussi  dans  l'habitation  même  et  «  principalement 
dans  les  vêtements  »  (Obs.  XIII),  comme  il  a  bien  fallu  le  conclure,  des 
cas  oïl  la  famille  buvait,  à  la  fontaine  communale,  une  eau  irréprochable, 
avait  transporté  le  produit  de  ses  déjections  dans  des  champs  éloignés 
de  la  maison,  et  enlevé  plusieurs  fois  (depuis  le  premier  cas)  le  fumier  et 
le  purin.  Par  ailleurs,  M.  Alison  reconnaît  l'énorme  influence,  pour 
créer  la  disposition,  des  émanations  putrides  et  de  la  consommation 
d'une  eau  «  souillée  par  des  matières  organiques,  »  au  point  que,  parfois, 
«  ce  n'est  pas  le  contage  mais  bien  la  putridité  qui  a  été  le  facteur  pré- 
pondérant de  la  maladie.  »  C'est,  je  crois,  de  cette  façon  large  qu'il  faut 
comprendre  l'influence  du  sol  ;  sa  nature,  l'état  de  sa  surface,  ne  sont 
point  choses  indifférentes  ;  mais  elles  agissent  rarement  seules  et  ne  sont 
jamais  nécessaires. 

Qu'il  soit  germe  ou  autre  chose,  l'agent  typhogène  est  une  matière  et 
non  un  pur  dynanisme.  Il  trouve  évidemment  des  conditions  plus  pro- 
pres à  l'anéter  pour  un  temps  dans  le  sol  dont  la  surface  est  perméable 
jusqu'à  une  certaine  profondeur  que  dans  le  granité,  à  la  surface  duquel 
les  corps  de  petites  dimensions  glissent  et  sont  entraînés  par  les  pluies. 
En  d'autres  termes,  les  sols  pennéables  sont  aptes  à  se  laisser  pénétrer 
par  la  putridité  ;  le  granité  ne  l'est  pas.  Mais  y  a-t-il  au  monde  une  sur- 
face quelconque  que  le  séjour  des  humains  ne  puisse  parvenir  à  salir 
plus  ou  moins,  à  un  jour  donné  ?  Non.  Et  le  granité  se  trouve,  en  réa- 
lité, moins  favorable  h  l'éclosion  de  la  fièvre  tj'phoïde,  mais  point  abso- 
lument réfractaire.  C'est  ainsi  qu'il  faut  comprendre  les  réflexions  pré- 

*  Alison,  Étiologie  de  la  fihre  typhoïde  dam  les  campagties  {Archives  gén.  de 
wéd.,  7*  série,  V.,  1880). 


ÉTIOLOfllE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE   TYPHOÏDE.  297 

tentées  à  ce  sujet  par  M.  Mague,  à  l'Académie  de  médecine,  en  1865. 
Sur  757  épidémies,  l'auteur  en  relevait  564  sur  les  terrains  de  forma- 
tion récente,  129  sur  des  terrains  mixtes  et  64  sur  les  terrains  primitifs 
ou  de  transition.  Si  les  rapports  envoyés  à  l'Académie  comprenaient 
toutes  les  épidémies,  on  pourrait  voir  ici  l'expression  d'une  loi  qui  existe 
peut-être.  Les  faits  ne  prouveraient  pas  moins  que  la  fièvre  typhoïde 
peut  prendre  sur  tous  les  terrains,  encore  qu'elle  ait  une  prédilection 
pour  les  formations  jeunes,  et  que  la  formule  de  Munich  est  bien  trop 
absolue. 

Les  hygiénistas  de  cette  école,  d'ailleurs  très  brillante,  tiennent  tou- 
jours aux  rapports  qu'il  y  a  entre  la  fièvre  typhoïde  et  les  oscillations  de 
la  nappe  souterraine.  Le  parallélisme  entre  la  chute  de  celle-ci  et  l'as- 
cension de  celle-là  est  vrai  à  Munich  et  s'appuie  sui'  des  observations 
exactes,  poursuivies  avec  une  persévérance  digne  d'éloges.  Ces  rapports 
n'ont  pas  été  trouvés  les  mêmes  partout  ;  mais  encore,  pour  observer  la 
nappe  souterraine,  faut-il  qu'il  y  en  ait  une,  ou  au  moins  une  qui  soit 
accessible.  M.  L.  Colin  fait  remarquer  qu'il  est  aussi  difficile  d'atteindre 
la  nappe  souten*aine  que  son  influence  typhogène,  à  la  caserne  de  Man- 
sourah  (Constantine)  et  au  château  de  Montbéliard,  bâti  sur  un  rocher 
imperméable  et  taillé  à  pic,  qui  ont  eu  néanmoins  leurs  épidémies.  Et 
quelle  influence  a  pu  avoir  la  nappe  souterraine  dans  les  épidémies  de 
fièvre  typhoïde  des  navires  (Friedel,  Hirsch,  etc.)? 

Dans  la  réalité  des  choses,  la  fièvi*e  typhoïde  se  montre  sur  tous  les 
continents,  dans  tous  les  pays,  sur  les  montagnes  et  les  plateaux,  dans 
les  vallées  et  les  plaines,  par  conséquent  sur  des  sols  très  divers,  ainsi 
que  le  prouve  la  revue  géographique  si  complète  de  Hirsch  *  ;  mais, 
comme  les  plaines  et  les  vallées,  à  sol  argileux,  alluvial,  poreux  et  fertile, 
sont  bien  plus  fréquentées  par  notre  espèce  que  les  roches  cristallines  de 
la  montagne,  il  est  certain  d'avance  que  l'on  trouvera  beaucoup  plus 
d'épidémies  typhoïdes  dans  les  premières  (sol  perméable)  que  sur  les 
secondes  (sol  imperméable). 

D  m'a  semblé,  au  reste,  que  M.  Port  n'accorde  point  à  l'abaissement 
ie  la  nappe  souterraine  une  influence  mystérieuse  et  que  cet  abaissement 
îst  surtout,  dans  la  question  actuelle,  l'expression  de  la  sécheresse, 
^.lors,  nous  sommes  bien  près  de  nous  entendre.  La  sécheresse  peut  se 
Faire  sentir  sur  tous  les  sols  possibles,  avec  ou  sans  nappe  souterraine. 
Je  ne  crois  pas  que  jamais,  là  oii  des  hommes  habitent  sur  un  sol  cris- 
tallin, la  surface  terrestre  soit  absolument  nue  comme  la  pierre  et  lisse 

'  Hirsch  (A.),  Handbnch  derhistorisch-geographischen  Pathologie;  2^  Bearbeitung. 
Stuttgart,  1881. 


298  sEcrnos  i.  —  skaxck  du  mercredi  6  septembre. 

comme  uu  marbre  taillé  ;  il  y  a  toujours  un  peu  de  terre  végétale  super- 
posée au  roc,  autour  des  habitations  ;  ne  fût-ce  que  le  résultat  de  Teffri- 
tement  des  granités.  Cette  terre  est,  comme  d'autres,  susceptible  d'hu- 
midité et  de  sécheresse,  capable  de  recevoir  à  sa  surtace  et  dans  ime 
certaine  épaisseur  des  choses  putrides  et  des  germes  ;  par  conséquent, 
de  les  rendre  avec  la  poussière,  dans  la  saison  favorable.  Oîi  sont  les 
distinctions  à  faire  entre  les  sols  habités,  au  point  de  vue  de  l'aptitude 
à  devenir  malades  ? 

Il  convient,  d'ailleurs,  de  distinguer  les  cas  dans  lesquels  l'influence 
du  sol  peut  s'exercer. 

A  la  fin  de  septembre  1874,  quelques  milliers  d'hommes  (IV*  corps  de 
l'armée  française)  viennent  camper  près  de  Pontgouin  (Eure-et-Loir), 
aux  bords  de  l'Eure,  sur  un  sol  poreux  mais  peu  perméable,  constitué 
par  l'argile  superposée  à  la  craie  et  d'une  fâcheuse  réputation  depuis 
les  pertes  en  ouvriers  que  causèrent,  de  1684  à  1688,  les  travaux  tentés 
par  Louis  XIV  pour  amener  les  eaux  de  l'Eure  à  Versailles.  Quinze  jours 
après,  et  à  la  suite  d'une  pluie  persistante,  la  fièvre  typhoïde  éclatait 
sur  toutes  les  troupes  du  camp.  Il  est  évident  que  le  rôle  du  sol  a  été,  là, 
complètement  nul  et,  surtout,  que  le  sol  n'a  pas  été  cet  intermédiaire  né- 
cessaire, ce  substrat  dans  lequel  le  germe  typhoïde  doit  mûrir,  selon  l'idée 
de  Pettenkofer,  pour  être  apte  à  infecter  les  individus  réceptifs.  Si  l'on 
retranche  des  15  jours  le  temps  de  l'incubation  chez  les  premiers  mala- 
des, il  restera  4  ou  5  jours  au  plus  pour  la  culture  spontanée  du  germe  ; 
encore  faut-il  supposer  qu'il  ait  été  semé  dès  l'arrivée  des  troupes  et  sur 
tous  les  points  du  camp,  puisque  tous  les  régiments  ont  été  pris  à  la  fois. 
Autant  vaut  abandonner  cette  idée  d'un  passage  des  germes  par  le  sol. 
C'est  ce  qu'a  fait  M.  Régnier,  l'historien  de  cette  curieuse  épidémie  '. 

Et  que  penser  de  l'influence  du  sol  dans  cette  grande  et  regrettable 
expérience  que  la  récente  expédition  de  Tunisie  a  procurée  à  l'étiologie 
de  la  fièvre  typhoïde  ?  Presque  toutes  les  troupes,  sauf  celles  qui  avaient 
déjà  quelque  temps  de  séjour  en  Algérie  et  l'habitude  de  l'Afrique, 
payèrent  un  lourd  tribut  au  fléau,  dès  la  fin  de  mai  1881.  On  avait 
apporté  de  France  les  germes,  plus  ou  moins  latents  ;  au  besoin,  on  les 
eût  trouvés  en  Algérie  même.  Mais  peut-on  songer  qu'ils  aient  pu  attein- 
dre le  sol  et  y  fructifier  suffisamment  pour  infecter  des  troupes  absolu- 
ment mobiles,  qui  ne  passaient  jamais  guère  plus  de  24  heures  au  même 
campement?  Ce  à  quoi  l'on  devait  s'attendre  de  la  part  du  sol  de  la 
Tunisie,  en  juin  et  juillet,  c'étaient  les  fièires  malariales^  les  vraies  tel- 


'  Régnier,  Iai  fièvre  typhoïde  au  camp  de  Pontgouin  (Eure-et-Loir).  Kecherches 
étiologiques.  (Bec.  de  mém.  de  méd.  mUit.,  3*  ser.  XXXII,  p.  177). 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA   FIEVRE  TYPHOÏDE.  299 

luriques,  et  les  affections  climatiques.  On  crut  même  pendant  quelque 
temps  que  telle  était  la  nature  des  maladies  qui  éprouvaient  Tannée» 
jusqu'à  ce  que  les  autopsies  pratiquées  par  de  nombreux  médecins,  spé- 
cialement par  mon  savant  ami  M.  Kelsch,  qui  en  a  noté  une  centaine^ 
eussent  démontré  les  lésions  anatomiques  de  la  fièvre  typhoïde. 

Il  y  a,  pourtant,  une  circonstance  dans  laquelle  on  comprend  aisé- 
ment l'influence  du  sol  sur  les  épidémies  typhoïdes  :  c'est  quand  celles-ci 
éclatent  àl'occasion  et  au  voisinage  de  tranchées  et  de  remuements  de  terre 
dans  l'intérieur  des  villes.  Cette  fois,  il  est  diflicile  de  ne  pas  apercevoir 
une  relation  de  cause  à  effet.  Le  sol  des  villes  est  dans  ces  conditions  d'im- 
mobilité et  de  sursaturation  putride  que  nous  avons  signalées  précédem- 
ment comme  possibleset  positivement  dangereuses;  ilyalànon  seulement 
les  infiltrations  occasionnées  par  les  dépôts  incessants  à  la  surface,  mais 
encore  celles  qui  se  produisent  plus  inévitablement  peut-être  par  les 
fosses  d'aisance,  les  égouts  borgnes,  les  puits  perdus.  Nous  n'avons 
aucune  peine  à  admettre,  avec  M.  Varrentrapp,  que  la  haute  mortalité 
typhoïde  de  l'année  1874,  à  Francfort  (7,9  décès  typh.  p.  10,000  hab.), 
ait  été  due  aux  travaux  mêmes  de  canalisation,  exécutés  dans  ce  temps- 
là,  au  sein  des  vieux  quartiers,  imprégnés  d'immondices  séculaires  *.  De 
même,  il  est  apparent  que  M.  Daga  est  dans  le  vrai  en  établissant  une 
relation  entre  les  travaux  de  canalisation  et  de  terrassement  qui  ont  eu 
lieu  à  Nancy  et  les  épidémies  qui,  depuis  1875,  frappent  chaque  année 
la  garnison  ou  la  population  de  cette  ville  %  bien  que  Nancy  ait  quelques 
lacunes  d'hygiène  à  se  reprocher. — M.  Léon  Colin  a  cité  quelques  autres 
laits  analogues.  Mais  il  me  semble  apercevoir  une  différence  capitale 
entre  eux  et  ceux  que  l'on  attribue  aux  émanations  d'un  sol  putride, 
d'ailleurs  non  ouvert  ;  la  terre  du  fond,  ramenée  à  la  surface,  est  pleine 
de  germes  qui  ne  se  détacheront  pas  tant  qu'elle  restera  humide  (l'hu- 
mectation  est  peut-être  le  côté  le  plus  positif  des  arrosages  au  chlorure 
de  chaux),  mais  qui  se  mêleront  aux  poussières  atmosphériques  dès  que 
ce  terreau  urbain  se  desséchera  sous  les  rayons  du  soleil. 

Pour  conclure  :  le  sol  peut  recevoir  et  rendre  l'agent  typhogène  ;  mais 
il  n'est  pas  un  lieu  de  passage  nécessaire  pour  cet  agent  d'infection.  La 
porosité  du  sol  est  favorable  à  l'éclosion  des  épidémies  de  fièvre,  mais 
l'état  de  la  surface  étant  le  point  étiologique  le  plus  important,  les  sols 
imperméables  n'y  sont  point  réfractaires.  Des  surfaces  tout  autres  peu- 
vent même  en  recevoir,  en  garder  et  en  transmettre  les  germes. 

•  Varrentrapp  (G.),  Offener  Brief  an  Herm  D"  Erhardt  (D.  Vierte^jahrsschr.  f. 
ôff.  GesuncUieitspfllege,  XII,  1880). 

'  Daga,  Mémoire  sur  la  fièvre  typhoïde  qui  a  réjné  à  Nancy  pendant  les  années 
1878-1879  {Bec,  de  mém.  de  méd.  mUitaire.  3«  série,  XXXVIII,  p.  113,  1882). 


300  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

2"  L'eau.  —  Il  y  a  deux  manières,  pour  Tagent  typhogène,  de  se 
mêler  à  l'eau,  et,  par  conséquent,  d'être  rapporté  à  rhommeparles 
voies  digestives,  avec  l'eau  que  nous  consommons  en  boisson . 

Je  ne  reprendrai  pas  cette  question  de  principe,  pour  laquelle  je  me 
suis  passionné  autrefois  outre  mesure,  de  savoir  si  les  voies  digestives 
sont  la  porte  d'entrée  habituelle  des  virus  et  des  miasmes.  Je  crois  tou- 
jours que  les  voies  aériennes  sont  beaucoup  plus  favorables  à  Tintroduc- 
tion  de  la  plupart  de  ces  molécules  infectantes  ;  mais  il  y  a  assez  de  &its 
à  l'appui  de  la  pénétration  par  la  voie  gastrique  pour  que  je  cesse  de 
discuter  celle-ci.  Cet  élément  du  problème  n'a  d'ailleurs  qu'une  impor- 
tance secondaire. 

Si  l'agent  typhogène  est  quelquefois  dans  notre  eau,  il  devient  dange- 
reux de  ce  fait.  Mais  comment  peut-il  y  arriver  et,  quand  il  y  est,  s'y 
conserve-t-il  V 

D  peut  y  arriver  directement,  par  la  projection  de  matières  fécales, 
d'uiines  typhoïdes,  dans  les  cours  ou  réservoirs  d'eau,  par  le  lavage  à 
ces  eaux  de  linges  ou  autres  objets  ayant  servi  à  des  typhoïsants  :  ou  bien, 
indirectement,  par  la  filtration  dans  le  sol  jusqu'à  l'eau  des  puits,  prises 
ou  conduites  d'eaux,  rivières,  etc.,  de  déjections  typhoïques  déposées  à 
la  surface  ou  projetées  dans  des  récipients  non  étanches. 

Le  premier  mode  est,  assurément,  très  possible.  Il  ne  compromet 
guère  les  puits  ;  mais  beaucoup  des  cours  d'eau  qui  traversent  les  villes 
reçoivent,  systématiquement  ou  sans  qu'on  le  veuille,  une  proportion 
considérable  des  déjections  de  typhoïsants.  Ceux  qui  en  reçoivent  le 
moins  sont  les  fleuves  des  villes  qui  ont  appliqué  rigoureusement  la 
vidange  intégrale  aux  égouts  avec  l'épuration  agricole.  —  Le  second 
mode  est  d'une  réalisation  moins  facile  ;  la  filtration  à  travers  le  sol 
prête  toujours  aux  arrière-pensées  que  j'ai  déjà  indiquées  ;  cependant, 
elle  est  probable  dans  les  endroits  où  des  fosses  mal  étanchées  avoisinent 
de  très  près  des  puits  sans  maçonnerie.  Quant  aux  communications  entre 
les  fosses  ou  égouts  et  les  conduites  d'eau,  elles  sont  possibles,  mais  ce 
n'est,  en  général,  que  par  suite  d'accidents. 

L'intérêt  de  la  question  est  de  savoir  comment  le  germe  typhoïde  se 
comporte  dans  l'eau.  A  priori^  il  est  improbable  que  l'eau,  et  une  eau 
quelconque,  soit  un  bon  milieu  de  conservation  de  n'importe  quels  ger- 
mes ou  même  d'une  matière  organique  différente.  On  sait  combien  il 
est  délicat  de  trouver  la  vraie  liqueur  de  culture  de  chaque  espèce  de 
microbes  ;  si  l'eau  pure  en  alimente  normalement  une,  il  est  à  prévoir 
qu'elle  sera  réfractaire  ou  mortelle  pour  la  plupart  des  autres.  Il  n'en 
est  plus  de  même  s'il  s'agit  d'une  eau  sale,  renfermant  des  substances 
minérales  alcalines,  de  l'anmioniaque,  ou  simplementdes  détritus  de  pro- 


ÉTIOLOGIE   ET  PROPHYLAXIE  DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  301 

venance  animale.  Une  telle  eau  peut  être  le  liquide  nounîcier  de  beau- 
coup de  bactéries  ;  M.  Miquel  assure  que  mêrae  les  eaux  potables  en 
renferment  des  myriades,  mais  cela  ne  nous  apprend  rien  de  la  présence 
des  bactéries  pathogènes.  En  outre,  une  eau  sale  se  purifie  spontané- 
ment, si  elle  appartient  à  un  cours  d'eau,  et  change  de  propriétés  par 
suite  d'oxydations  et  de  réductions  spontanées,  s'il  s'agit  d'un  puits.  11  y 
a  donc  des  chances  pour  qu'elle  ne  soit  pas  indéfiniment  la  liqueur  adé- 
quate de  la  même  espèce  de  microbes,  a  Les  champignons  contages,  dit 
Nâgeli,  ne  peuvent  garder  leur  activité  propre  dans  l'eau  que  pendant 
un  temps  assez  court.  Ils  y  trouvent  d'autant  moins  de  nourriture  que 
l'eau  est  plus  pure.  Dans  une  eau  de  source  tout  à  fait  pure,  ils  sont  rapi- 
dement altérés  par  épuisement.  Même  dans  une  eau  qui  contient  de  la 
matière  nutritive  et  où  ils  peuvent  se  multiplier  vigoureusement,  ils  sont 
bientôt  envahis  par  une  dégénérescence  qui  les  ramène  à  l'état  de  scbi- 
zomycètes  banals.  On  ne  saurait  donc  affirmer  que  la  contamination  par 
l'intermédiaire  de  l'eau  de  boisson  soit  impossible,  mais  elle  doit  être  si 
rare  qu'on  peut  ne  pas  en  tenir  compte.  C'est  comme  les  accidents  de 
chemin  de  fer,  qui  n'empêchent  personne  de  voyager.  » 

D'ailleurs,  je  viens  de  lo  dire,  les  eaux  de  puits  et  même  les  eaux  les 
plus  immobiles,  ne  sont  pas  toujours  impures  de  la  même  façon  ni  au 
même  degré.  Les  phénomènes  chimiques  spontanés  font  varier  assez 
rapidement  leur  composition.  Le  développement  même,  à  un  certain 
moment,  des  bactéries  de  la  putréfaction  est  quelquefois  un  mode 
d'assainissement;  on  connaît  des  eaux  d'étangs  qui,  troubles  et  laiteuses 
par  fermentation,  à  une  époque  de  l'année,  se  clarifient  ensuite  d'elles- 
mêmes  et  sont  bonnes  à  boire.  Quant  à  l'eau  des  fleuves,  il  leur  faut  un 
extraordinaire  degré  de  souillure  pour  qu'elle  ne  se  trouve  pas  purifiée 
spontanément  après  quelques  kilomètres  de  parcours;  c'est  la  vase  de 
précipitation  qui  gêne  et  non  l'impureté  de  l'eau.  On  ne  remarque  pas 
que  la  fièvre  typhoïde  soit  plus  commune  dans  les  localités  en  aval  des 
grandes  villes  que  dans  celles  en  amont  et,  d'une  façon  générale,  si  tou- 
tes les  villes  échelonnées  le  long  des  fleuves  souffrent  de  la  maladie,  on 
peut  bien  dire  que,  comme  pour  la  fièvre  jaune  et  le  choléra,  les  fleuves 
n'ont  en  ceci  que  le  rôle  de  grandes  routes,  permettant  les  échanges  en 
amont  aussi  bien  qu'en  aval. 

Rappelons  que  M.  Miquel  a  été  jfrappé  de  l'extrême  rareté  des  ndcro- 
bes  dans  l'eau  qui  sort  des  champs  d'irrigation  de  Gennevilliers  et  que 
la  commission  d'assainissement  des  cimetières  a  constaté  la  pureté  et 
l'innocuité  de  celle  des  puits  creusés  au  milieu  des  tombes. 

En  pratique,  il  y  a  néanmoins  une  multitude  de  faits  à  Tappui  de  la 
propagation  typhoïde  par  l'eau  de  boisson.  Je  laisse  de  côté  poui*  le 


:-J()2  SECTION   I.  —  SÉANCE   DU   MERCREDI   ()  SEPTEMBRE. 

nioineut  les  exemples  dans  lesquels  on  n'a  point  accusé  la  souillure  spé- 
cifique du  liquide.  En  Allemagne,  où  M.  Wolfeteiner  (de  Munich)  sou- 
tient énergiquement  la  Trinkwassertheorie,  M.  Hirsch  déclare  qu'en 
présence  de  tant  d'observations,  on  ne  saurait  plus  élever  un  doute  légi- 
time et  qu'il  faudrait  renoncer  à  tout  essai  d'argumentation,  s'il  n'y 
avait  rien  à  conclure  pour  l'étiologie  de  la  maladie  de  ces  récits  dans 
lesquels  le  lien  est  évident  entre  l'action  de  la  substance  nuisible  et  le 
développement  de  la  fièvre  typhoïde. 

Ces  récits,  on  les  trouve  un  peu  dans  tous  les  auteurs  et  je  craindrais 
d'allonger  inutilement  ce  rapport  en  en  refaisant  la  liste.  J'en  ai  ras- 
semblé quelques-uns  dans  des  travaux  antérieurs*  ;  M.  Jaccoud  en  a  cité 
un  bon  nombre  dans  son  discouiT?  à  l'Académie  de  médecine,  en  1877; 
M.  L.  Colin  en  rapporte  d'autres,  empruntés  à  la  médecine  de  l'arraée, 
relativement  rares  et  dans  lesquels  il  n'est  pas  toujours  question  d'une 
eau  positivement  souillée  par  des  selles  de  typhoïsants,  mais  plutôt 
d'une  souillure  banale.  Enfin,  M.  Hirsch  en  résume  sept  appartenant  à 
ces  dix  dernières  années  et  empruntés  aux  journaux  anglais,  allemands, 
américains,  sans  compter  les  épidémies  propagées  par  le  lait,  qu'il  regarde 
comme  devant  être  aussi  mises  à  la  charge  de  l'eau,  il  n'est  pas  besoin 
de  dire  pourquoi.  L'eau  ni  le  lait  ne  sont  aussi  souvent  incriminés,  spé- 
cifiquement du  moins,  en  France  qu'en  Allemagne  et  surtout  en  Angle- 
terre. Cependant,  la  communication  récente  de  M.  Baraduc  à  la  Société 
de  médecine  publique  de  Paris*  et  la  thèse  d'un  de  mes  élèves  de  Lille' 
prouvent  que  nous  ne  laissons  pas  absolument  aux  étrangers  le  monopole 
de  ces  imputations. 

On  peut,  ce  semble,  conserver  des  doutes  vis-à-vis  des  épidémies  dans 
lesquelles,  comme  celle  de  Lausen,  près  de  Bâle  (D'  Hàgler,  1872),  il 
faut  admettre  que  les  corpuscules  typhogènes  ont  franchi  à  travers  le 
sol  une  distance  considérable  ;  et  à  l'égard  de  celles  qui,  comme  l'épidé- 
mie du  village  de  Les  Monts  (Baraduc),  n'éclatent  que  six  mois  après  la 
chute  des  déjections  t}T)hoïdiques  dans  le  réservoir  des  eaux  potables.  Je 
note,  d'ailleurs,  que  les  premiers  malades  de  cette  localité,  ceux  qui 
avaient  fourni  les  germes  destinés  à  éclore  six  mois  plus  tard,  avaient 
pris  la  maladie  on  ne  sait  où.  —  On  fera  bien  encore  de  ne  pas  se  borner 


*  Arnould  (Jules),  L'eau  de  boisson  cotisiderée  comme  véhicule  des  miasmes  et  de* 
virus  (Gazette  méd.  de  Paris,  1874).  —  Étiologie  de  la  fièvre  typhoïde  (Ibid.,  1875). 
—  Nouveaux  éléments  d'hygiène  (Paris,  1881,  p.  514  et  903). 

'  Baraduc  (Léon),  Contribution  à  Vétioîogie  de  la  fièvre  typhoide  {BuU,  soc.  de 
méd.publiq.y  III,  1880,  p.  368). 

•  Baelde  (F.-P.),  De  la  fièvre  typhoide  à  la  campagne.  Thèse  de  Lille.  2"»*  série, 
n«  30,  1882. 


ÉTIOLOGIE   ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVBE   TYPHOÏDE.  303 

icuser  par  induction  la  communication  des  fosses  ou  des  égouts  avec 
conduites  d'eau;  il  a  semblé  à  M.  Lissauer  que  cette  faute  avait  été 
mise  par  Tbonorable  G.  Buchanan  à  propos  de  la  fameuse  épidémie 
>oydon  (1875).  «  Quelle  part,  dit  M.  Lissauer,  après  avoir  examiné 
•appoints,  faut-il  assigner,  dans  l'éclosion  et  la  propagation  de  l'épi- 
ie,  à  rintroduction  des  gaz  d'égout  dans  les  maisons  et  quelle  part 

communication  de  la  conduite  d'eau  avec  la  canalisation  destinée 

immondices?  On  peut  d'autant  moins  le  déterminer  que  ces  deux 
ses  sont  purement  hypothétiques  et  n'ont  pas  été  effectivement 
îrvées  dans  un  seul  cas'.  »  —  Enfin,  j'avoue  n'avoir  pas  une  con- 
ce  extrême  dans  l'argument  qui  consiste  à  prouver  que  la  fièvre 
loïde  est  sortie  de  tel  puits  ou  de  telle  conduite  d'eau  par  ce  fait  que 
idémie  a  cessé  loi*squ'une  administration,  émue  sur  le  tard,  a  fermé 
>uits  ou  cette  conduite.  Très  généralement,  cette  mesure  intervient 
s  que  les  coups  du  fléau  ont  été  nombreux  et  étendus;  qui  sait  s'il 
^ait  pas,  alors,  épuisé  la  réceptivité  de  la  population  et  n'allait  pas 
•  tout  seul? 

et  argument  est,  d'ailleui-s,  dangereux  pour  la  théorie  même.  En 
3,  une  épidémie,  qui  n'était  pas  la  première,  régnait  sur  la  garnison 
a  forteresse  de  Marienberg,  près  de  Wurzbourg.  Le  point  est  assez 
é  et  l'eau  d'alimentation  des  troupes  n'était  point  prise  à  la  distri- 
ion  de  la  ville,  mais  à  un  puits  situé  au  pied  de  la  colline.  On  sup- 
%  que  la  fièvre  typhoïde  sortait  de  là,  on  fenna  le  puits  et  l'on  fit 
ticiper  la  garnison  à  l'eau  de  la  ville.  L'épidémie  n'en  continua  que 
)lus  belle  et  même  s'aggrava.  De  même,  sept  mois  après  la  cessation 
a  première,  une  nouvelle  épidémie,  plus  grave  encore,  ressaisit  cette 
nison  qui  buvait  une  eau  sans  soupçon, 
e  crains  donc  qu'on  n'ait  apporté,  çà  et  là,  des  preuves  qui  n'en  sont 

ou  sont  très  discutables.  Mais  je  ne  nie  nullement  que  la  propaga- 
i  pai*  l'eau  n'ait  eu  heu  quelquefois,  puisque  je  la  reconnais  essentiel- 
ent  possible.  Il  convient  aussi  de  remarquer  que  les  faits  relevés  par 

Hirsch  sont  bien  choisis  et  aussi  démonstratif  que  possible;  le 
ant  épidémiologiste  ne  s'est  pas  borné  à  enregistrer  l'interprétation 
dogique  des  observateurs,  il  a  mis  en  vue  les  détails  caractéristiques. 
ans  en  particulier  l'épidémie  de  Caterham  et  de  Red  Hill,  comté  de 
Tey,  en  1879.  Celle-ci  fut  si  brusque  que,  dans  l'espace  de  15  jours, 

Lissauer,  Ueher  die  Thàtigkeit  des  engliaclien  Gesundheitsamtes,  seit  dem  Jahre 
).  Nach  den  Public  Health  Reports  of  the  Médical  Officer  of  the  Privy  Council 
Local  Government  Board  (D.  Vierteljahrsschr.  f,  ôff.  Gesundheitspflege,  IX 
7). —  Arnould  (Jules),  Origine  et  prophylaxie  de  la  fièvre  typhoïde,  etc.  {Gazette^ 
ie.  de  Paris,  1877,  p.  438}. 


304  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

47  individus  eu  35  maisons  à  Caterham,  132  en  96  maisons  à  Red  Hill 
tombèrent  malades.  L'approvisionnement  d'eau  dans  ces  deux  localités 
se  faisait  soit  à  une  conduite  d'eau  installée  à  Caterham,  soit  à  des  puits 
particuliers  et  à  des  citernes.  Des  558  maisons  de  Caterham,  419  pre- 
naient leur  eau  à  la  distribution  commune;  des  1700  de  Red  Hill,  924 
s'abreuvaient  à  la  même  source.  L'enquête  médicale  sur  cette  épidémie, 
conduite  par  Thorne,  montra  que  la  maladie,  d'aillem-s  inconnue  daiL«^ 
les  deux  bourgades  depuis  de  longues  années,  avait  sévi  sans  distinctiou 
aussi  bien  dans  les  élégantes  villas  que  dans  les  chaumières;  qu'il  ue 
pouvait  y  être  question  de  la  nociveté  banale  des  fosses  d'aisance,  des 
canaux  d'évacuation,  attendu  que  les  deux  localités  ont  des  systèmes 
très  variables  d'éloignemeut  des  immondices  et  que  les  maisons  pounues 
de  water-closets  n'ont  pas  été  mieux  partagées  que  celles  à  fosses  fixes, 
à  fosses  mobiles  ou  closets  à  la  terre.  En  revanche,  il  fut  acquis  que,  des 
47  premiers  malades  de  Caterham,  45  habitaient  dans  des  maisons  appro- 
visionnées d'eau  par  la  conduite  de  distribution  et  que  les  deux  autres, 
non  seulement  étaient  venus  dans  ces  maisons,  mais  y  avaient  fait  un 
large  usage  de  l'eau  de  la  conduite.  De  même,  à  Red  Hill,  de  96  maisons 
envahies,  91  faisaient  exclusivement  usage  de  l'eau  de  la  distribution; 
les  5  autres  en  usaient  plus  ou  moins.  Voici,  selon  Thorne,  comment  la 
contamination  de  l'eau  s'était  produite  :  la  compagnie,  à  qui  apparte- 
nait l'entreprise  de  distribution  d'eau  de  Caterham,  avait  entrepris,  au 
commencement  de  janvier,  des  travaux  de  terrassement  en  vue  de  par- 
faire l'utilisation  des  sources  qui  alimentaient  la  conduite,  et  un  puits 
d'une  certaine  profondeur  avait  été  creusé  perpendiculairement  à  cett^ 
conduite.  Parmi  les  ouvriers  occupés  au  fond  de  celui-ci,  se  trouvait  un 
honmie,  comme  on  le  sut  plus  tard,  qui  avait  été  infecté  à  Croydon,  où 
régnait  alors  la  lièvre  typhoïde,  et  qui,  pendant  les  premiers  jours  de  sa 
maladie,  se  rendit  encore  au  travail  du  fond.  Obligé  à  des  évacuations 
intestinales  profuses  et  fréquentes,  ce  malheureux  ne  pouvait,  à  chaque 
fois,  remonter  à  la  surface  ;  il  cédait  au  besoin  dans  le  fond  même  et  ses 
déjections  arrivaient  directement  dans  la  conduite.  L'explosion  de  l'épi- 
démie eut  lieu  simultanétnent  à  Caterham  et  à  Red  Hill  et  précisément 
14  jours  après  la  contamination  de  la  conduite  d'eau  selon  le  mode  qui 
vient  d'être  indiqué  *. 

Je  note  en  passant  que  cet  intervalle  de  14  jours,  en  même  temps 
qu'il  lève  la  difficulté  qu'on  éprouverait  d'admettre  une  conservation 

*  Cette  relation  est  empruntée  par  M.  A.  Hirsch  au  Ninth  annucU  Report  oflhe 
Médical  officer  of  the  Local  Government  Board,  1879-1880.  —  Le  D'  Edw.  Ballard 
s'est  occupé  du  même  fait  dans  Tfie  Bntish  medicai  Journal,  17  janvier  1880. 


ËTIOIX)OIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  305 

[>rolongée  du  principe  typhogène  dans  Teau,  prouve  aussi  que  cet  agent, 
3U  ce  germe,  n'a  pas  besoin  de  Tincubation  lente,  de  la  maturation  dans 
iD  milieu  intermédiaire,  que  lui  ont  attribuées  les  théories  de  Budd,  de 
Pettenkofer,  etc.  Ces  14  jours  sont  tout  juste  le  temps  nécessaire  à 
[^arrivée  du  contagium  aux  voies  digestives  des  individus  et  à  Tincuba- 
tion  chez  Thomme  d'une  maladie  qui,  à  plusieurs  égards,  ressemble  aux 
[contagieuses  incontestées.  Le  même  intervalle  se  retrouve  dans  une 
observation  analogue,  due  à  Proels  (1880),  et  relative  à  la  petite  ville  de 
Nabburg  (Haut-Palatinat).  —  Cela  ressemble  bien,  quant  au  temps  et 
$aiif  un  véhicule  qui  n'a  pas  de  propriétés  spéciales,  à  une  contagion 
directe;  pourquoi  ne  voudrait-on  pas  que  le  même  germe  pût  être 
Apporté  par  Tair,  sans  transition,  lorsqu'au  lieu  de  tomber  dans  l'eau 
il  arrive  immédiatement  dans  l'immense  et  universel  véhicule  atmosphé- 
rique. 

Du  reste,  nous  arrivons  à  ce  nouvel  aspect  de  la  question.  Pour  com- 
pléter la  discussion  actuelle,  joignons  à  la  transmission  typhoïde  par 
l'eau  la  transmission  par  le  lait,  pour  tous  les  cas  dans  lesquels  c'était 
encore,  en  réalité,  l'eau  que  l'on  accusait,  à  propos  du  lait  consommé. 
Cette  eau  préalablement  contaminée  s'introduit  avec  le  lait,  dit-on,  soit 
parce  qu'on  s'en  est  servi  pour  le  lavage  des  récipients  de  ce  liquide  ali- 
mentaire, soit  simplement  parce  que  les  laitiers,  suivant  une  antique 
tradition,  ont  étendu  leur  marchandise  sans  même  prendre  la  précau- 
tion de  choisir  l'eau  qu'ils  vendent  au  prix  du  lait.  Ce  qui  vient  d'être 
dit  suffit  à  démontrer  que  ce  mode  de  transmission  est  possible,  mais 
sous  les  mêmes  réserves  que  la  véhiculation  par  l'eau  et  peut-être  avec 
plus  encore.  J'ajouterai  que  les  méritoires  recherches  dans  cette  direc- 
tion de  nos  confrères  anglais  (W.  Taylor^  Edw.  Ballard,  Hart,  Corfield, 
Cameron,  etc.)  semblent  finir  par  le^  entraîner  un  peu  loin  ;  M.  Oglesby 
racontait  récemment  {British  medic.  Journal,  1880),  sous  la  rubrique  : 
«  Tf/ph&id  fever  and  Milk,  »  une  histoire  si  singulière  que  M.  Vallin,  en 
rendant  compte  de  l'article,  conclut  sans  hésiter  :  o  il  ne  peut  être  ici 
question  de  fièvre  typhoïde.  »  Il  y  aurait  aussi  beaucoup  à  dire  des  obser- 
vations de  l'honorable  M.  Cameron,  dans  lesquelles  les  fièvres  typhoïdes 
d'origine  lactée  n'oftraient  ni  diarrhée  ni  taches  ;  et  de  cette  doctrine  : 
«  que  la  matière  rejetée  du  corps  d'un  malade  souffrant  de  la  diarrhée 
«  et  ayant  les  plaques  caractéristiques  donne  naissance  à  des  fièvres  sim- 
«  pies,  sans  diarrhée  ni  plaques,  et  vice-ver sa^.  »  Il  ne  faudrait  pas  beau- 
coup insister  dans  cette  voie  pour  ruiner  la  spécificité  de  la  fièvre 

^  Cameron  (C.  A.),  Épidémie  de  fièvre  typlwide  propagée  par  le  lait  à  Dublin 
Bévue  d^hygiène,  1, 1879,  p.  526  et  614). 

20 


306  SECTION   I.  —  SÉANCE   Dr   MERCREDI   G  SEPTEMBRE. 

typhoïde.  On  comprend  que  notre  Comité  consultatif  d'hygiène  se  soit 
refusé  à  apprécier  de  tels  accidents  et  une  telle  étiologie. 

Je  pense  reproduire  l'exacte  physionomie  des  faits  observés  en  disant, 
l)our  conclure,  que  l'eau  qui  a  reçu  des  matières  typhoïdes,  peut  rigou- 
reusement transmettre  la  fièvre  typhoïde  par  les  voies  digestives;  mais 
qu'elle  n'est  i)oint  un  milieu  favorable  pour  l'agent  typhogène  et  que  ce 
mode  de  transmission  est  douteux  quand  l'agent  contagionnant  a  dû 
séjourner  longtemps  dans  l'eau  ou  parcourir  des  distances  notables  à 
travers  le  sol. 

8°  L'air. — Les  produits  morbides,  dans  la  fièvre  typhoïde,  c'est-à-dire 
la  matière  qui  renferme  d'abord  l'agent  spécifique,  sont  les  déjections 
intestinales  d(»s  malades,  l'urine  à  une  certaine  date,  les  produits  de 
l'expectoration  et,  peut-être,  les  sécrétions  de  la  peau,  y  compris  la 
sueur. 

Voilà  tout  d'abord  un  ensemble  de  conditions  peu  favorables  à  la  dis- 
sémination immédiate  des  molécules  typhogènes  dans  l'atmosphère.  Ce 
n'est  pas  ici  comme  avec  la  variole,  la  rougeole,  la  scarlatine,  ou  la 
poussière  des  croûtes,  du  furfur  épidermique,  de  la  desquamation,  se 
répand  dans  Tair  des  locaux  et  peut-être  au  dehors,  au  moindre  mouve- 
ment des  malades,  avec  une  extrême  facilité  et  sans  qu'il  soit  besoin 
d'une  préparation  ultérieure.  L'agent  typhogène  est  expulsé  par  inter- 
mittences, incorporé  à  une  gangue  himiide,  quelquefois  formant  une 
masse  assez  considérable  et  de  quelque  \iscosité  ;  si  cet  agent  est  un 
microbe,  celui-ci  ne  pourra  s'en  détacher  qu'après  dessication  de  la 
masse  et  au  moment  où  elle  atteindra,  au  moins  partiellement,  la  pul- 
vérulence.  M.  Miquel,  comme  Nftgeli,  démontre  que  l'air,  autour  d'une 
masse  putride  et  répandant  à  distance  des  odeurs  insupportables,  est 
microscopiquement  pur,  tant  que  cette  masse  est  humide.  On  peut  bien 
être  certain  qu'il  en  est  à  cet  égard  des  bactéries  pathogènes  comme 
des  bactéries  de  la  putréfaction. 

Peut-être  que  là  est  le  secret  de  l'innocuité  des  selles  fraîches  et 
l'explication  de  la  rareté  des  cas  dans  lesquels  la  fièvre  typhoïde  se  mon- 
tre immédiatement  contagieuse.  Le  malade  n'est  pas  immédiatement 
dangereux,  puisqu'il  ne  met  immédiatement  rien  dans  l'air,  que  des 
odeurs,  qui  ne  sauraient  être  pathogènes.  Ainsi  s'expliquent  le  petit 
nombre  des  «  cas  intérieurs,  »  l'immunité,  relative  toutefois,  des  infir- 
miers, des  étudiants  en  médecine.  MM.  von  Pettenkofer  et  Lieber- 
meister  ont  cm  que  l'agent  typhogène  était  astreint  à  accomplir  sa 
maturation  dans  un  substrat  intonnédiaire  (le  sol)  ;  W.  Budd  a  imaginé 
que  la  graine  typhoïde  est  enfermée  dans  une  capsule  dont  la  déhiscence 
n'a  lieu  que  sous  l'action  de  la  putréfaction.  Tout  cela  me  paratt  prou- 


KTIOLOOIE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIEVRE  TYPHOÏDE.  307 

ver  une  seule  chose,  à  savoii*  que,  d'ordinaire  les  produits  morbides  spé- 
cifiques des  typhoïsants  ne  sont  pas  tout  de  suite  capables  d'infecter 
l'entourage  sain.  Et  c'est  la  vérité.  Seulement  je  ne  pense  pas  que  les 
mécanismes  indiqués  soient  réellement  ceux  qui  mettent  en  liberté  les 
germes  et  les  rendent  capables  de  nuire. 

On  a  beaucoup  insisté  sur  les  5144  malades  de  Murchison,  traités  au 
contact  de  3555  typhoïsants,  dans  un  espace  de  neuf  années,  et  dont 
aucun  ne  contracta  la  lièvre  typhoïde. 

J'ai,  moi-même,  relevé  les  observations,  de  proportion  moindre,  mais 
de  même  sens,  du  professeur  Lindwui-m,  de  MM.  Vallin,  E.  Besnier, 
Lereboullet,  etc.,  pour  montrer  que  la  fièvre  typhoïde  n'est  pas  conta- 
gieuse comme  la  variole,  ce  qui  est  plus  que  jamais  mon  opinion.  D  se 
peut,  c'est  même  probable,  que  l'agent  pathogène  soit  plus  actif  dans 
celle-ci  que  dans  celle-là  ;  mais  ne  va-t-on  pas  trouver  une  bonne  part 
de  l'explication  de  cette  contagiosité  faible  dans  ce  fait,  que  les  germes 
typhogènes  quittent  le  malade  dans  un  état  tel  qu'ils  n'ont  aucune 
chance  de  se  mêler  immédiatement  à  l'atmosphère?  Dans  des  salles 
d'hôpital  bien  tenues,  lorsque  les  selles  des  fiévreux  sont  éloignées  sans 
retard,  que  les  linges  salis  sont  enlevés  au  fur  et  à  mesure,  que  les 
malades  eux-mêmes  sont  déban-assés  avec  l'eau  tiède  et  l'éponge  de 
leiu^  propres  souillures,  que  les  parquets,  la  literie,  les  ustensiles,  sont 
l'objet  desoins  de  propreté  méticuleux,  il  n'y  a  place  nulle  part  pour  la 
dessiccation  des  produits  qui  renferment  les  genues,  il  n'y  a  aucune 
occasion  de  formation  de  poussière  et,  par  conséquent,  l'atmosphère  des 
malades  n'est  point  dangereuse. 

Mais  Ton  conçoit  que  c'est  là  une  situation  délicate,  dans  laquelle  la 
moindre  négligence  franchit  les  limites  de  la  sécurité.  Est-il  possible, 
par  exemple,  que  les  vieux  planchers  crevassés  et  disjoints  de  certaines 
i>alles  d'hôpital  ne  reçoivent  pas,  pour  les  garder,  quelques  parcelles  des 
déjections  ou  des  excrétions  typhoïdes  ?  Deux  ou  trois  jours  plus  tard, 
ces  crevasses  rendront  en  poussière  ce  qu'elles  ont  reçu  la  veille.  On  n'a 
pas  toujours  soin  d'enlever  les  draps  des  malades  à  évacuations  involon- 
taii-es,  aussitôt  qu'on  s'aperçoit  de  la  souillure  et  pendant  que  ces  draps 
sont  encore  humides;  quelques  heures  plus  tard,  les  matières  se  sont 
desséchées  sur  la  toile  et  ces  linges  deviennent  d'un  maniement  redou- 
table pour  ceux  qui  les  transportent. 

En  fait  la  contagiosité  directe  et  immédiate  est  loin  d'être  inouie. 
Murchison  lui-même  cite  des  infirmiers  ou  garde-malades  qui  en  ont 
été  victimes.  M.  L.  Colin,  naturellement  sur  la  réserve  vis-à-vis  de  ce 
mode  de  propagation,  est  forcé  néainnoins  de  l'admettre  pour  un  cer- 
tain nombre  de  cas  :  son  Rapport  de  18S2  est  particulièrement  intéres- 


308  SECTION  I.  —  sâAXCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

saut  à  cet  égard  ;  on  y  voit  le  fait  des  a  cas  intérieurs  »  et  de  la  conta- 
mination spéciale  des  infirmiers,  mis  hors  de  doute  par  le  témoignage 
de  médecins  militaires  de  la  plus  grande  valeur  :  MM.  Daga  (Nancy), 
Roudet  (Rennes),  Hémard,  Longet,  Orion,  Barberet,  Burlureaux  et 
Chouet,  Weill.  Mon  excellent  ami,  M.  Breton  (Valenciennes),  a  relevé 
dans  ses  notes,  à  mon  intention,  3  cas  intérieurs  et  8  atteintes  d'infir- 
miers de  salles,  dans  l'épidémie  de  1880  ;  1  cas  intérieur  et  4  atteintes 
d'infirmiers  dans  celle  de  1881  ;  ces  cinq  derniers  «  sont  tombés  malades 
15  à  20  jours  après  l'entrée  à  l'hôpital  du  dernier  typhique  de  la  garni- 
son et  alors  que  les  troupes  qui  la  composaient  étaient  toutes  campées 
hors  des  murs.  »  Pour  ma  part,  au  commencement  de  1881,  j'ai  observé 
dans  mes  salles  de  l'hôpital  militaire  de  Lille  six  cas  intérieurs  (en  y 
comprenant  2  infirmiers),  d'autant  plus  surprenants  qu'il  n'y  avait  pas 
d'épidémie  dans  la  garnison  et  que  cette  succe^ion  précipitée  de  6  cas 
hospitaliers  n'avait  eu  pour  graine  que  2  cas  du  dehors,  tout  à  fait  iso- 
lés ^  Il  y  eut  même  cette  particularité  curieuse  que  l'un  des  infirmiers, 
déjà  atteint  de  seconde  main,  et  placé  dans  une  salle  reposée  depuis  six 
mois,  parut  transmettre,  au  vingt-cinquième  jour  de  sa  maladie,  la 
fièvre  typhoïde  à  son  vis-à-vis  de  Ut,  couché  à  l'hôpital  (pour  autre 
chose)  depuis  21  jours  ;  si  l'on  défalque  chez  celui-ci  le  temps  de  l'inva- 
sion et  celui  de  l'incubation,  on  reconnaîtra  qu'il  a  dû  être  contaminé 
dès  les  premiers  jours  de  son  arrivée  et  sans  que  le  poison  morbide  ait 
eu  beaucoup  le  temps  d'accompUr  sa  maturation  où  que  ce  soit  *. 

Un  des  faits  les  plus  avérés,  les  plus  clairs,  c'est  que  le  séjour  d'une 
fraction  de  troupes  en  proie  à  la  fièvre  typhoïde  porte  à  un  degré  extrême 
l'infection  spécifique  des  locaux  oîi  cette  troupe  s'abrite,  les  convertit 
en  foyers  et  que,  quels  que  soient  les  aliments,  le  sol  et  les  alentours, 
l'air  de  cette  caserne  est  pestilentiel.  M.  L.  Colin  recommande  en  con- 
séquence, de  la  façon  la  plus  pressante  et  avec  infiniment  de  raison, 
d'abandonner  d'abord  cette  atmosphère  ;  c'est  le  premier  élément  de  la 
prophylaxie  et  un  élément  si  puissant  que  son  application  suffit  souvent 
seule  pour  couper  court  à  l'épidémie,  sans  qu'on  ait  changé  rien  autre 
chose  que  l'air.  Or,  un  seul  malade  dans  une  pièce  fait  en  petit  ce 
qu'une  troupe  fait  dans  la  caserne.  Il  faut  donc  bien  que  l'air  renferme 
et  transporte  quelquefois  le  contage  typhoïde. 

On  a  voulu  voir  (moi-même,  peut-être)  une  différence  capitale  entre 

*  Arnould  (Jules),  Sur  la  contagion  de  la  fihvre  typhoïde  (BidUtin  médical  du^ 
Nord,  1881,  p.  343). 

•  M.  le  D'  Mareschal  a  vu,  à  l'hôpital  de  Montmédy  (1876-1877),  des  faits  sem- 
blables aux  nôtres  :  deux  cas  à  la  caserne  en  engendrant  six  à  l'hôpital  (Léon 
Colin,  Bapport,  1882) . 


KTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  309 

cxîtte  formation  de  foyers,  cette  propagation  par  infection,  et  la  conta- 
gion véritable,  que  l'on  suppose  s'exercer  communément  sans  intermé- 
diaire (bien  que  ce  soit  probablement  le  cas  le  plus  rare).  Il  est  facile 
d'apercevoir,  derrière  cette  formule,  l'idée  de  la  spontanéité  typhoïde, 
de  la  genèse  dans  la  putridité  banale  extérieurement  à  l'homme  ;  ou 
encore  la.  théorie  du  passage  nécessaire  de  l'agent  typhogène  dans  un 
milieu  de  maturation,  qui  pourrait,  cette  fois,  être  l'air  d'une  maison 
ou  d'une  pièce  habitée.  Je  crois  bien  que  l'on  peut  rompre  avec  ces  ter- 
giversations. Une  maison,  une  caserne  devient  foyer  quand  des  malades 
y  ont  mis  le  contage  qu'ils  possèdent  et  disséminent  ;  cette  infection 
n'est  qu'une  contagion  retardée  ;  et  l'on  ne  doit  pas  refuser  ce  dernier 
titre  à  une  transmission  qui  se  fait  par  l'air,  puisque  c'est  souvent  par 
cette  même  route  que  les  squames  de  la  variole  opèrent  la  filiation  épi- 
<lémique  de  cette  maladie. 

Je  ne  sais  pourquoi,  d'ailleurs,  on  s'évertue  d'un  côté  à  montrer  que 
la  iièvre  typhoïde  est  aussi  peu  contagieuse  que  possible  dans  les  hôpi- 
taux, alors  que,  d'un  autre,  dans  toute  épidémie  de  ville  ou  de  village, 
chacun  cherche  l'importation.  Ce  n'est  pas  l'un  des  aspects  les  moins 
bizarres  de  l'histoire,  déjà  si  variée,  du  typhus  abdominal.  Or,  l'impor- 
tation est,  à  chaque  instant,  dénoncée  et,  parfois,  avec  des  caractères 
qui  ne  laissent  pas  que  de  révéler  une  grande  subtilité  de  la  part  de 
l'agent  typhogène.  Non  seulçjneut  on  trouve  des  récits  dans  lesquels 
un  typhoïsant  effectif,  anîvé  malade  d'une  ville  dans  son  village  (c'est 
toujours  dans  les  villages  que  l'on  voit  les  faits  les  plus  nets  à  cet  égard), 
fait  éclater  la  maladie  dans  sa  famille,  8  ou  10  jours  après  son  arrivée  ; 
mais  encore  on  rencontre  des  épidémies  apportées  par  un  individu  qui  a 
passé  quelques  heures  dans  une  maison  du  village  voisin,  où  régnait  la 
fièvre  typhoïde.  M.  Alison  en  rapporte  des  exemples  très  frappants. 
D  y  a  bon  nombre  de  relations  de  médecins  militaires  français  dans  les- 
quelles on  voit  un  régiment  aux  prises  avec  la  fièvre  typhoïde  transmet- 
tre bientôt  l'épidémie  à  un  autre  corps,  indemne  jusque-là,  et  dont  il 
vient  partager  la  caserne  ou  le  campement.  D'autres  fois,  ce  sont  des 
personnes  en  relations  journalières  avec  la  caserne,  mais  habitant  au 
•dehors,  qui  sont  atteintes  du  fléau,  seules  de  toute  la  population  civile. 
Les  élèves  du  Lycée  de  Lyon  (1874)  n'ont  point  fait  d'épidémies  chez 
leurs  parents,  hors  de  Lyon  ;  mais  ceux  dont  les  familles  habitaient  la 
ville,  ont  visiblement  propagé  le  mal  dans  celles-ci  en  y  rentrant.  Je 
mets  de  côté,  pour  ne  pas  obscurcir  le  problème,  l'extension  de  la 
maladie  d'un  individu  à  son  entourage,  dans  la  même  maison  ;  on  peut 
toujours  objecter,  en  pareil  cas,  que  tous  les  membres  de  la  famille  se 
«ont  trouvés  sous  la  même  influence  et  que  l'expression  de  l'influence 
commune  n'a  fait  que  retarder  chez  quelques-uns. 


310  SECTION  I.  —  SKAXCE   DU   MERCREDI   G  SEPTEMBRE. 

Certes,  je  n'oublie  point  qu'en  une  foule  de  circonstances  les  cas 
importés  sont  restés  stériles  et  qu'il  y  a  des  villages  dont  les  habitants, 
s'ils  veulent  avoir  la  lièvre  typhoïde,  sont  obligés  d'aller  la  prendre  en 
ville  ;  on  ne  saurait  la  leur  apporter.  Mais  ceci  est  simplement  reconnaî- 
tre la  valeur  capitale  de  la  préparation  du  terrain  vivant,  de  l'adapta- 
tion de  l'économie.  Je  l'exposerai  en  son  lieu  et,  dès  maintenant,  je 
proclame  qu'aucune  maladie  n'a  plus  grand  besoin  de  cette  adaptation 
des  sujets  que  la  lièvre  typhoïde.  Mais  qu'est-ce  que  cela  prouve  ?  Une 
semence  excellente,  semée  sur  le  roc,  peut  ne  pas  germer  et  n'en  être 
I)as  moins  très  apte  à  la  fécondité  par  elle-même. 

Mais,  maintenant  que  le  fait  de  la  transmission  à  bref  délai,  sans 
intermédiaire  nécessaire  autre  que  l'air  atmosphérique,  commun  aux 
malades  et  aux  individus  contaminés,  est  établi  pratiquement  d'une  façon 
aussi  satisfaisante  que  la  théorie  pouvait  l'indiquer,  nous  allons  essayer 
de  déterminer  le  genre  de  véhiculation  dont  l'air  se  charge  et  renforcer 
encore,  par  exclusion,  cette  idée  déjà  émise  que  l'ah"  se  fait  le  moyen  de 
la  contagion  en  charriant  des  molécules  réelles,  sèches,  peut-être  des 
microbes  pathogènes.  On  devine  qu'il  s'agit  d'abord  du  rôle  des  éfm- 
nat'ums  et  spécialement  (sinon  exclusivement)  des  émanatiom  fécaksoii 
excrémentitielles  de  toute  nature. 

Cette  question  est  autrement  grave  qu'une  pure  question*  de  doctrine. 
Persomie  n'ignore  que  de  sa  solution  dépendent  soit  la  justification  et 
l'extension  d'énormes  travaux  d'édilité  et  d'hygiène  publique,  soit  la 
condamnation  d'un  vaste  système  d'assainissement  déjà  en  vigueur  sur 
une  foule  de  points  et  l'obligation  de  chercher  autre  chose  de  plus  com- 
pliqué probablement  et  de  plus  coûteux. 

Tout  d'abord,  il  faut  dire  que  j'entends,  ^rv  émanations,  les  gaz  et 
les  vapeurs  et  toute  particule  organique  inaccessible  à  nos  moyens  d'in- 
vestigation, comme  celles  qui  nous  font  percevoir  des  odeurs,  sans  que 
nous  saisissions  la  matière  qui  les  porte  ;  —  que  je  ne  distingue  pas  entre 
les  émanations  des  masses  excrémentitielles,  qui  ont  positivement  re(;u 
des  déjections  typhoïdes,  et  celles  des  masses  stercorales  oîi  cet  ense- 
mencement est  incertain,  parce  que  je  crois  cet  ensemencement  bien 
plus  commun  qu'on  ne  peut  le  constater  ;  —  qu'enfin  je  modifie,  en  ce 
moment,  une  opinion  que  j'ai  expiimée  autrefois,  alors  que,  bien  con- 
vaincu du  rôle  de  la  véhiculation  atmosphérique,  je  ne  le  comprenais 
pas  comme  les  lumières  modernes  permettent  de  le  connaître,  et  que, 
probablement  aussi,  je  croyais  l'agent  typhogène  plus  impalpable  et 
plus  mystérieux  qu'il  n'est. 

Que  de  faits  n'y  a-t-il  pas  en  faveur  de  Tétiologie  par  les  émanations! 
Ils  absorbaient  naguère  pr(?sque  toute  l'étiologie,  jusqu'à  ce  que  la 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  Hll 

éhiculation  par  l'eau,  le  lait,  et  les  fièvres  supposées  typhoïdes  d'ori- 
iiie  alimentaire,  fussent  venues  en  réduire  le  domaine.  A  vrai  dire,  les 
roupes  humains  ont  fatalement  leurs  excréments  auprès  d'eux,  pen- 
ant  un  temps  plus  ou  moins  long  et  dans  des  conditions  qui  deviennent 
éplorables  avec  une  facilité  malheureuse  ;  il  n'est  que  trop  inévitable 
'être  frappé  de  cette  insalubrité  ;  on  la  trouverait  en  coïncidence  avec 
ueiques  autres  épidémies  encore,  et  je  crois  niême  qu'on  en  a  parfois 
rofité.  Ce  fléau-là  est  de  la  campagne  comme  de  la  ville;  il  est 
iirtout  celui  des  habitations  collectives,  casernes,  pensions,  cou- 
ents,  etc. 

Murchison  a  accumulé  les  exemples,  môme  quand  ils  sont  discutables, 
e  fièM-es  typhoïdes  écloses  sous  l'influence  d'émanations,  aiguës  si 
3  puis  dire,  provenant  de  fosses,  de  cloaques,  d'égouts  négligés. 
I.  Brouardel  n'a  pas  dédaigné  d'en  reproduire  quelques-uns  \  W.  Budd, 
rriesinger,  pensaient  que  l'air  peut  amener,  des  masses  fécales,  le  poi- 
on  typhoïde,  quand  ce  n'est  pas  l'eau.  Les  médecins  militaires  français, 
ités  par  M.  Léon  Colin,  en  majorité  peut-être,  attribuent  les  épidémies 
ux  exhalaisons  de  latrines  mal  tenues  (il  n'y  en  a  guère  d'autres  dans 
os  vieilles  casernes),  d'égouts  à  ciel  ouvert,  non  curés,  de  ruisseaux,  de 
3ssés  qui  reçoivent  les  excréments  de  la  population.  Il  n'est  pas  rare 
ue  l'on  cherche  un  rapi)ort  étroit  entre  les  émanations  fécales,  ou 
lême  simplement  putrides,  et  la  partie  de  la  caserne  qui  a  été  la  pre- 
lière  ou  le  plus  rudement  frappée.  Je  n'étonnerai  personne  en  ajoutant 
ue  parfois  on  le  trouve.  M.  Woillez,  dans  son  rapport  sur  les  épidémies 
ui  ont  régné  en  France  en  1873  ',  faisait  remarquer  avec  un  soin  parti- 
ulier  que,  dans  une  épidémie  de  la  caserne  de  Coui-bevoie,  attribuée 
ux  émanations  d'égout,  la  maladie  avait  été  moins  sévère  au  deuxième 
tage  qu'au  premier,  au  troisième  moins  qu'au  deuxième,  etc.,  comme 
i  l'on  avait  été  d'autant  moins  atteint  qu'on  s'élevait  plus  au-dessus 
u  foyer  des  exhalaisons. 

Il  est  absolument  certain  que,  des  centaines  de  fois,  telle  ou  telle 
aserne  a  été  soumise  à  des  exhalaisons  pareilles  ou  pires,  sans  que  la 
èvre  typhoïde  éclatât.  En  1^58-1859,  pendant  les  chaleurs,  la  Tamise 
esséchée  abandonnait  sur  ses  rives  le  produit  des  égouts  de  Londres; 
n  assimilait  cotte  détresse  à  une  calamité  nationale  :  «L'Inde  est 
évoltée  et  la  Tamise  pue,  »  écrivait  un  étranger  sarcastique.  Néan- 
loins,  ainsi  que  W.  Budd  l'objectait  à  Miu-chison,  on  ne  vit  jamais 

*  Brouardel,  Infection  produite  dan^  V intérieur  de  Paris  {Cominisffion  de  Vassai- 
issement  de  Paris.  Imprimerie  nationale,  1881). 
■  Bulletin  de  V Académie  de  médecine,  1875,  n"  2,  séance  du  12  janvier. 


812  SECTION  I.  —  8ÉAKCE  DU  MKBCREDI  6  8RPTEMBSE. 

moins  de  fièvres  typhoïdes  à  Londres  que  pendant  ces  deux  années  ^Ce8 
faits  négatifs  paraissent  n'impressionner  personne.  Us  ont  pourtant  leur 
valeur. 

En  Angleterre,  ou  met  spécialement  en  cause  les  égouts,  puisqu'il  n'y 
a  plus  de  fosses  fixes  dans  la  plupart  des  villes.  C'est  là,  aussi,  que 
W.  Budd  a  répété  cette  parole,  déjà  dite,  je  crois,  par  von  Gietl,  «  que 
l'égout  est  la  continuation  de  l'intestin;»  perspective  d'ailleurs  moins 
redoutable  qu'on  n'a  paru  le  penser.  En  France,  on  a  encore  le  loisir 
d'incriminer  les  latrines,  mais  l'on  s'est  mis  de  même  à  accuser  les 
égouts,  comme  nos  voisins.  Pur  procès  de  tendance,  puisque  nos  villes, 
ou  bien  n'ont  pas  les  égouts  qu'il  leur  faudrait,  ou  bien  ne  s'en  servent 
pas  pour  l'évacuation  intégrale  des  excréments.  Ce  qui  n'empêche  pas 
notre  armée,  qui  habite  ces  villes,  d'avoir  une  mortalité  typhoïde  plus 
élevée  que  l'année  allemande  ;  ni  Paris,  qui  pratique  à  peine  la  vidange 
à  l'égout,  d'avoir  environ  deux  fois  plus  de  décès  typhoïdes  que  Londres 
et  Bruxelles. 

En  1877,  à  l'occasion  de  quelques  paroles  de  M.  H.  Bouley  sur  l'inno- 
cuité des  émanations  fécales  et  particulièrement  de  l'air  des  égouts, 
M.  N.  Guéneau  de  Mussy,  dans  une  intention  louable  assurément,  crut 
devoir  traduire  au  moins  en  «  appréheiusion,  »  chez  nous,  les  accusations 
formelles  dont  se  remplissaient  la  presse  et  les  rapports  anglais.  Cette 
tentative  aboutit,  comme  on  sait,  à  une  discussion  briUante,  mais  qui 
s'était  beaucoup  élargie.  C'est  alors  que  M.  Jaccoud,  s'attachant  à  une 
formule,  un  peu  trop  haute,  croyons-nous,  pour  être  très  instructive, 
démontra  «  V origine  J école  »  de  la  fièvre  typhoïde  par  des  exemples  dans 
lesquels  on  retrouve  l'origine  fécale  banale  à  côté  de  l'origine  spécifi- 
que, la  véhiculation  par  l'eau  de  boisson  à  côté  de  la  genèse  par  les 
émanations  de  latrines.  Nous  n'avons  besoin  de  retenii*  en  ce  moment  que 
les  faits  de  ce  dernier  ordre. 

Us  ont  aujourd'hui  une  extraordinaire  puissance,  ces  faits  et  les  autres 
qui  leur  ressemblent.  En  Angleterre  et  en  Allemagne,  dans  les  points 
où  la  canalisation  souteiraine  des  villes  est  complète,  oii  tous  les  cabi- 
nets d'aisance  sont  des  ivater-^losets  et  oîi  l'on  se  débarrasse  des  masses 
excrémentitielles  des  habitants  par  quelque  système  rationnellement 
institué,  ils  sont  la  base  de  vives  critiques,  d'amers  reproches  et,  proba- 
blement, d'inquiétude  dans  le  public  et  chez  les  administrations.  L'hono- 
rable Georges  Buchanan,  autrefois  l'apologiste  du  drainage  urbain,  le 
dénonce  comme  une  source  d'émanations  typhogènes,  aujourd'hui  qu'il 

*  Voyez  Guéneau  de  Mussy  (Noël),  Eecherclves  historiques  et  critiques  sur  VétidO' 
gie  et  la  prophylaxie  de  la  fièvre  typhoïde.  Paris,  1877,  page  53. 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIEVBE  TYPHOÏDE.  H13 

occupe  le  poste  éroinent  de  Médical  officer  du  Local  Oot-ernnient  Board. 
La  doctrine  a  un  nom;  elle  s'appelle  la  «  Setvergases  Theory;  »  elle 
•embarrasse  grandement  les  hygiénistes  de  Munich  et  de  Francfort  et, 
depuis  dix-huit  mois,  à  Paris,  entre  les  mains  de  M.  le  professeur 
Brouardel,  elle  tient  en  suspens  les  décisions  administratives  et  les  tra- 
vaux des  ingénieurs  ;  elle  se  met  en  travers  de  la  merveilleuse  canalisa- 
tion de  notre  capitale,  des  irrigations  à  l'eau  d'égout  et  de  ces  créations 
il'hygiène  municipale  que  les  étrangers  admirent,  —  avec  raison,  car 
j'estime  que  c'est  aussi  beau  que  l'Opéra  (dans  son  genre). 

Je  n'ai  pas  h  défendre  les  égouts,  qui  se  défendent  d'eux-mêmes.  Il  en 
faudra  toujours  ;  il  n'est  pas  question  de  les  remplacer,  d'ailleurs,  mais 
de  les  compliquer.  Jusqu'à  présent,  les  complications  essayées  n'ont  été 
rien  de  plus  que  des  complications.  Si  l'on  en  trouve  une  quelque  jour 
qui  remplisse  le  but  cherché,  d'éloigner  les  matières  fécales  de  l'habita- 
tion sans  communication  avec  l'air  ni  avec  le  sol,  je  la  mets  bien  au  défi 
d'empêcher  les  égouts  de  recevoir  néanmoins  une  énorme  quantité  de 
matière  azotée,  y  compris  les  germes  morbides,  s'il  y  a  des  germes.  Ce 
qui  les  laissera  tout  aussi  dangereux  que  par  le  passé,  s'ils  sont  dange- 
reux. De  telle  sorte  que  la  question  est  toujours,  non  pas  de  savoir  ce 
qui  arrive  dans  les  égouts,  mais  d'avoir  de  bons  égouts  qui  véhiculent 
au  dehors  rapidement  et  intégralement  ce  qui  leur  est  versé. 

A  Munich,  on  a  paru  admettre  que  les  gaz  du  sol  sont  capables  d'intro- 
duire le  poison  typhogène  dans  nos  habitations  ;  en  France,  nous  avons, 
tant  que  nous  avons  pu,  attribué  la  fièvre  typhoïde  aux  exhalaisons  féca- 
les ou  putrides,  sans  trop  nous  soucier  de  savoir  ce  que  pouvaient  bien 
être  ou  ce  que  pouvaient  contenir  ces  exhalaisons.  De  part  et  d'autre, 
nous  avons  été  très  complaisants  pour  les  «  émanations  typhogènes.  » 
Nous  en  sommes  aujourd'hui  quelque  peu  victimes.  Le  moment  ast  venu 
d'analyser  et  de  faire  les  distinctions  nécessaires.  Il  semble  que  l'on  s'en 
acquitte  avec  un  certain  zèle,  en  Allemagne  et  à  Paris. 

Je  ne  saurais  analyser  les  mémoires  récents  de  M.  M.  Soyka  et  Renk 
(Munich),  v.  Rozsahegyi  (Buda-Pest),  Yarrentrapp  (Francfort-s.-M.), 
Alf.  Durand-Claye  (Paris)  et  le  Rapport  de  M.  Brouardel  lui-même,  qui 
contient  de  si  curieux  enseignements  et  des  preuves  éclatantes...  contre 
sa  propre  opinion  '.  Je  dois  me  borner  à  en  extraire  les  faits  les  plus  nou- 

*  Voyez  Soyka  (J.),  Kritik  der  gegen  die  Schwemmkanalimtion  erhobenen  Ein- 
icânde,  Mûnchen,  1880.  —  Renk  (Friedrich),  Die  Kanalgase,  deren  hygienische 
Bedeutung  und  tedinische  Behandlung.  Mûnchen,  1882.  —  Soyka  (J.),  von  Rozsa- 
hegyi (Aladar),  Renk  (F.),  etc.,  Ueber  Chnalgase  cUs  Verhreiter  epidemischer  Krank- 
heiten  und  ûber  Bichtung  und  Stàrke  des  Luftzuges  in  den  Siden  (Verhandlungen 
aus  der  neunten  Versammlung  des  «  Deutschen  Vereins  fur  ôffentliche  Gesund- 


314  8KCTI0S  I.  —  SKANCE   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

veaux  et  les  plus  propres  à  démontrer  Tinanité  (au  moins  en  principe) 
des  accusations  portées  contre  les  égouts,  en  ce  qui  concerne  le  sujet 
actuel. 

a.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  positif  et  de  moins  contesté  dans  l'air  expoî^é 
aux  émanations  fécales  (et,  à  cet  égard,  on  peut,  avec  M.  Renk,  ne  pas 
distinguer  l'air  des  fosses  de  celui  des  égouts),  ce  sont  de^  gaz  étrangers 
à  Fatmosphère,  ammoniaque,  hydrogène  sulfuré,  hydrogènes  carbonés, 
et  une  augmentation  de  la  proportion  normale  d'acide  carbonique. 
Quand  il  y  a  de  l'oxyde  de  carbone  dans  l'air  d'égout,  c'est  par  unefiiite 
de  gaz  d'éclairage.  L'ammoniaque,  l'hydrogène  sulfuré,  et  même  l'acide 
carbonique,  ne  sont  point  bons  à  respirer;  mais  il  est  absolument  certain 
que  ce  n'est  pas  cela  qui  engendre  la  fièvre  typhoïde.  Bien  mieux,  quand 
il  s'agit  des  égouts,  l'ammoniaque  et  l'hydrogène  sulfuré,  les  plus 
dangereux  de  tous,  n'existent  même  pas.  Les  recherches  de  M.  Wurtz, 
l'éminent  collaborateur  de  M.  Brouardel,  sont,  à  cet  égard,  aussi  rassu- 
rantes qu'instinctives.  Sans  doute,  les  eaux  d'égout  se  décomposent  en 
vasedos  et  au  repos  ;  mais  ce  n'est  point  là  leur  vocation  naturelle. 
«  Les  eaux  d'égout  sont  en  contact  avec  l'air  et  lorsque  les  surfaces  se 
renouvellent  constamment  par  le  mouvement  naturel  de  l'eau,  comme 
cela  a  lieu  dans  le  grand  collecteur  et  dans  beaucoup  d'autres  égouts, 
l'oxygène  de  l'air  s'oppose  à  la  réduction  des  sulfates  (source  de  l'hydro- 
gène sulfuré),  ou  oxyde  sans  cesse  les  sulfures  produits.  »  M.  Brouardel, 
dans  sa  méritoire  enquête,  n'a  perçu  l'odeur  d'aucun  gaz  fétide,  n'a 
trouvé  aucune  trace  d'hydrogène  sulfuré,  aux  bouches  d'égout  ni  dans 
les  galeries  qu'il  a  parcourues.  En  revanche,  on  entendit  se  plaindre  de 
l'odeur  des  égouts  les  habitants  des  rues  Feydeau  et  Saint-Marc,  qui 
n'ont  pas  d'égout  et  sont  infectées  par  le  vomissement  dans  le  ruisseau 
des  gargouilles  d'eaux  ménagères. 

Il  y  a  échange  d'air  entre  les  égouts  et  l'atmosphère  des  rues  ;  c'est 
incontestable  et  même  fort  heureux.  Ce  qui  ne  légitimerait  pas,  toute- 
fois, le  même  échange  avec  l'air  de  la  maison  '.  Mais  qu'est-ce  que  l'air 

heitspflego  »  zu  Wien  am  15.  Sei>tember  1881).  —  Brouardel,  loc.  citât.  —  Duraml- 
Claye  (Alfred),  Assainissement  de  l*aris.  Observations  des  Ingénieurs,  etc.  Saint- 
Germain,  1881. 

'  La  masse  d'air  enfermée  dans  nos  habitations  est  relativement  immobile;  la 
dilution  de  gaz  étrangers  y  est  très  restreinte.  l)\>ù  la  nécessité  d'obturateurs  très 
efficaces  sous  la  lunette  des  latrines.  M.  Lissauer  (de  Danzig)  a  consacré  à  ce  dis- 
positif une  étude  remarquable.  Cependant,  les  accidents  morbides,  qu'il  attribue 
au  reflux  de  l'air  des  tuyaux  de  chute  et  des  égouts  dans  la  maison,  ne  ressem- 
blent nullement  à  la  lièvre  typhoïde  (Lissauer,  Ueher  dos  Eindringeti  von  Cand- 
gase  in  die  Wohnraume;  in  D.  Vierteljahrssdir,  f.  iiff,  Gesiindfieitspfleye,  XIII, 
p.  341,  1881).  ; 


KTI0IX)U1E  ET  PROPHYLAXIE  DK  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  315 

les  égouts  peut  mettre  de  fâcheux  au  dehors,  en  fait  de  gaz,  puisqu'il 
n'en  renferme  pas  d'ofFensife. 

Il  y  a  plus,  c'est  que  l'air  des  égouts  n'a  pas  toujours  la  tendance  que 
['on  croit  à  s'élever  en  hauteur,  en  raison  de  la  faible  densité  qu'il  doit  à 
sa  saturation  par  la  vapeur  d'eau.  M.  Buchanan  n'a  pas  hésité  à  rappro- 
cher lapréférence  de  la  fièvre  typhoïde  pour  les  quartiers  hauts  deCroydon 
;  1875)  de  cette  ascension  supposée  des  gaz  dans  les  égouts  comme  dans 
iine  cheminée  d'appel;  il  ne  s'agissait  plus  d'odeurs;  les  gaz  inodores 
étaient  les  plus  dangereux,  et  les  petits  égouts  étaient  les  plus  coupables, 
[)uisqu'ils  «sont  les  plus  éloignés  du  point  déclive  de  tout  le  système. 
Malheureusement,  voilà  que  M.  A.  v.  Rozsahegyi  démontre  que  la  masse 
le  l'air  dans  les  égouts  ne  monte  pas,  mais  suit  par  adhérence  le  coui'ant 
le  Peau,  c'est-à-dire  chemine  de  haut  en  bas. 

On  ne  saurait,  certainement,  innocenter  les  latrines  avec  fosses,  de 
l'accusation  d'engendrer  des  gaz  fétides  et  malsains.  Mais  autre  chose 
3St  de  prouver  que  cette  influence  a  causé  la  fièvre  typhoïde.  Je  crois  qu'on 
il  jugé  d'intuition  et  qu'on  n'y  a  pas  regardé  de  très  près.  Le  D'  Port 
?'est  astreint  depuis  déjà  de  longues  années  à  recueillir,  chambre  par 
chambre,  l'histoire  avec  la  distribution  topographique  de  toutes  les  épi- 
lémies  typhoïdes  des  sept  casernes  de  Munich  ;  jamais  il  n'a  acquis  la 
preuve  ((ue  la  maladie  affectionnât  le  voisinage  des  latrines;  c'est  plutôt 
le  contraire.  A  Vienne,  M.  Krttgkula  a  reconnu  les  mômes  particularités 
ians  les  épidémies  de  caserne  en  1877.  D'autre  part,  Budd  a  suflisamment 
Éait  ressortir  l'innocuité,  sous  le  rapport  de  la  fièvre  typhoïde,  de  l'aban- 
ion  et  de  l'accumulation  des  immondices  dans  un  grand  nombre  de  loca- 
lités irlandaises;  M.  Jaccoud  a  rapporté  des  remarques  analogues  de  son 
séjour  au  Brésil. 

Je  connais  l'argument  :  qu'un  fait  positif  prouve  plus  que  cent  faits 
négatifs.  Il  ne  faudrait  pourtant  pas  en  user  sans  limites. 

b.  On  n'a  pas  examiné  optiquement,  que  nous  sachions,  l'air  renfenné 
sous  les  voûtes  des  fosses  fixes  ni  celui  des  habitations  particulières  qui 
souffrent  positivement  des  émanations  fécales.  Mais  celui  des  égouts  a 
été  soumis  aux  procédés  modernes  de  recherches  des  corpuscules  micros- 
copiques. Lewis  et  Cunningham,  Miflet,  Cohn,  Fried.  Renk,  y  ont 
constaté  la  présence  de  Bactéries,  de  Spores,  mais  ont  été  frappés  du 
peu  d'abondance  de  ces  organismes  dans  un  milieu  que  l'on  supposait 
l  priori  très  impur.  M.  Miquel,  dont  les  procédés  ont  atteint  un  haut 
legré  de  précision,  nous  révèle  que;  l'air  des  égouts,  au  grand  collecteur 
lu  boulevard  de  Sébastopol,  renferme  en  moyenne  880  bactéries  par 
mètre  cube;  c'est-à-dire  huit  à  neuf  fois  plus  que  l'air  du  parc  de 
Montsouris,  mais  pas  beaucoup  plus  que  celui  de  la  rue  de  Rivoli,  qui  en 


316  SECTION  I.  —  SiCANCK   DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

a  même  présenté  1520  du  ]*'  au  7  novembre  ;  trois  fois  moins  que  Tair 
des  maisons,  particulières  de  Paris,  qui  en  ont  de  2000  à  3000,  et  beau- 
coup moins  que  Tair  des  hôpitaux,  oU  l'on  en  compte  de  7000  à  8000.  H 
n'est  pas  encore  permis  de  prendre  la  proportion  de  bactériens  pour 
mesure  de  la  salubrité  de  Tair  ;  lors  même  que  cela  se  pourrait  Cèdre,  le 
nombre  des  bactériens  ne  prouverait  rien  quant  à  leur  spécificité  précise. 
Mais,  des  données  qui  précèdent,  nous  pouvons  au  moins  conclure  que, 
sous  le  rapport  des  corpuscules  en  suspension,  l'atmosphère  des  égouts 
ne  diffère  pas  sensiblement  de  celle  des  rues  qui  communiquent  avec 
les  galeries  souterraines.  On  en  a  déjà  donné  l'explication  ;  c'est  que  le 
contenu  des  égouts,  largement  atteint  par  l'air  et  en  mouvement,  n'est 
pas  un  milieu  favorable  aux  phénomènes  de  réduction  et  de  putréfaction, 
dont  les  bactéries  sont  probablement  les  agents  ;  mais,  surtout,  c'est 
que  l'atmosphère  des  égouts  est  à  peu  près  toujours  sursaturée  de 
vapeur  d'eau  et  que  les  microbes,  les  particules  de  toute  nature  et  même 
l'acide  sulfhydrique,  sont  incessamment  précipités  sur  les  parois  du 
canal.  On  a,  d'autre  part,  démontré  bien  des  fois  (Nâgeli,  Miquel, 
Wernich,  Buchoer,  Pumpelly,  etc.)  que  les  liquides  putrides  n'émettent 
aucun  germe,  aucun  microbe,  dans  l'air  qui  passe  à  leur  surface,  si  1^ 
courant  n'est  pas  assez  fort  pour  agiter  le  liquide  ou  si  le  mouvement  d-^ 
celui-ci  ne  projette  point  de  gouttelettes  dans  l'air.  Cette  immobilité 
serait  le  cas  des  matières  de  fosses,  si  les  gaz  qui  s'y  forment  n'étaier^^ 
capables  de  crever  en  bulles  à  la  surface  ;  dans  les  égouts,  il  est  rar^*^ 
que  le  courant  soit  assez  fort  pour  pulvériser  de  l'eau  hors  de  la  mas^-^ 
liquide. 

c.  Un  résultat  d'observation,  qui  frappera  les  hygiénistes  médecine 
plus  encore  que  les  merveilleuses  découvertes  des  microbotanistes,  c'est  "i 
que  la  plupart  des  villes  qui  se  sont  donné  une  canalisation  convenable;^  -. 
et  s'en  sont  servies  pour  l'évacuation  intégrale  des  immondices,  ont  w^ 
baisser  les  chiffres  de  leur  mortalité  typhoïde,  tandis  que  celles  qui  n'on^ 
pas  d 'égouts  ou  ne  se  servent  de  ceux  qu'elles  ont  que  pour  l'évacuatioi^ 
des  eaux  ménagères,  des  eaux  de  rues  et  de  la  pluie,  ont  toujours  Im^ 
fièvre  typhoïde  à  un  degré  regrettable  de  fréquence  et  de  gravité.  L^ 
D'  John  Simon,  alors  Médical  officer  du  Privy  Council,  comparant  la. 
mortalité  typhoïde  des  villes  anglaises  avant  les  travaux  de  canalisatioa 
à  la  mortalité  de  même  cause  après  les  travaux,  constate  un  abaissement 
souvent  énorme  (de  21,3  à  8,6  à  Merthyr-Tydfil  ;  de  23,5  à  10,25  k 
Brynmaw)  de  la  proportion  des  décès  chez  21  d'entre  elles;  trois  seule- 
ment, de  faible  population,  Penzance,  Chelmsford,  Worthing,  avaient 
éprouvé  une  très  légère  élévation  des  chiffres  funéraires.  M.  Soyka  £edt 
remarquer  que  Croydon  même,  dont  les  accidents  de  1875  ont  servi  à 


KTIOLOOI£  £T  PROPHYI«AXIR  DE  LA  F1EVR£  TYPHOIDK. 


817 


M.  Buchanan  de  prétexte  à  une  agitation  malencontreuse,  avait  vu  son 
chiffre  de  150  décès  typhoïdes  pour  100,000  hab.  avant  les  travaux, 
tomber  à  55  (John  Simon)  après,  puis  à  30  pour  100,000  hab.  pendant 
les  cinq  années  qui  précédèrent  l'épidémie  de  1875;  que  celle-ci  ollo- 
même  ne  coûta  pas  plus  de  125  décès  pour  100,000  hab.;  d'ob  il  est 
clair  que  la  ville  a  gagné  considérablement  à  être  canalisée.  Londres, 
pour  100,000  hab.,  a  une  mortalité  typhoïde  moyenne  de  26,45; 
Bruxelles  (1872-1880),  de  42,66;  Paris  (1872-1879),  53,35.  Pourtant, 
cette  dernière  capitale  se  sert  le  moins  possible  de  ses  égouts  pour 
révacuation  des  excréments,  tandis  que  les  deux  autres  pratiquent 
ce  tout  à  Végout  si  décrié. 

D'après  un  tableau  graphique,  que  M.  Soyka  a  pu  tracer  sur  les  indi- 
cations du  D'  Liévin,  Dantzig  avait,  de  1864  à  1871,  une  mortalité 
typhoïde  variant  entre  70  et  126  pour  100,000  hab.;  de  1872  à  1880, 
après  les  admirables  travaux  que  Ton  sait,  la  mortalité  typhoïde  a  baissé 
régulièrement  de  70  à  7  (1874,  50  décès  pour  100,000  hab.;  —  1H75, 
32;  1876,  25;  1877,  25;  1878,  19;  1876,  17;  1880,  7,4). 

Francfort  à  commencé  Tinstallation  générale  des  water-closets  en 
1872.  Voici,  d'après  M.  G.  Varrentrapp,  sa  mortalité  typhoïde  : 


Période 
de  5  Aiis. 


1856- 
1861- 
1866- 
1871- 
1876- 


1860 
1865 
1870 
1875 
1879 


Population 

Déoès  de 

moyenne. 

fièvre  typboVde. 

72,700 

315 

80,000 

200 

82,000 

273 

97,000 

351 

120,500 

102 

Proportion  poar 
100,600  hablUnte 

85 

50 

m 

72 
21 


Hambourg,  Berlin,  ont  progressé  dans  le  même  sens.  La  léthaliti'9 
typhoïde  de  Berlin  serait  d'environ  36  pour  100,000  hab. 

lia  ville  de  Munich  a  des  rues  canalisées  dans  le  faubourg  Max-Ludwig 
(  T'errasse)  et  dans  le  Thaï  (vallée)  ;  d'autres,  munies  de  vieux  canaux  c»t 
une  troisième  classe,  la  plus  nombreuse,  sans  canaux.  M.  Soyka  repré- 
sente, dans  le  tableau  ci-dessous,  la  mortalité  typhoïde  comparer;  de 
cbaque  groupe  de  rues  et  les  progrès  réalisés  dans  ces  dernières  annér^s  : 


CAS  MORTELS 

vm  rtÉnnui  rrrmMvm 

p.  100,000  hftb.  et  per  en. 


VimSVTlOH 


GROUPES  DE  RUES 


\   39  rues  canaliséet  war  la  Ter- 


17  rues  canalisées  dans  le  ThaL 
77  rues  à  TÎeox  ftananx 
320 


ISSS-ISffO        l87i^lM0 


77 
140 
115 

92 


54 

84 

m 
e7 

71^ 


liMrrkpRortà  IMO-lWf 
Aw*"^  ^mme4't;n  HMMPIMO; 


2S 
56 
19 
25 

25/> 


29/i 
4^1,0 
m  fi 
27,1 

26^ 


318  SECTION   I.  —  SÉANCE   DU  MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

Les  rues  canalisées  sont  donc  celles  dans  lesquelles  Tamélioration  est 
le  plus  sensible;  celle-ci  se  fait  particulièrement  remarquer  dans  le 
Thnl,  qui  a  été  jusqu'ici  le  foyer  de  la  fièvre  typhoïde  à  Munich  et  dont 
la  canalisation  ne  remonte  qu'à  1870,  tandis  que  celle  de  la  Terrasse 
date  de  ISGG.  A  vrai  dire,  les  égouts  de  Munich  sont  loin  d'être  ouverts 
sur  tous  les  points  à  la  vidange  intégrale  ;  ce  qui,  pas  plus  qu'ailleurs, 
n'allège  sensiblement  la  richasse  azotée  de  leur  contenu.  Mais  cette  cir- 
constance môme  est  en  faveur  du  tout  à  Végout,  si  Ton  rapproche  la 
mortalité  typhoïde  moyenne  de  Munich,  71,8  pour  100,000  hab.,  de 
celle  de  Londres,  Bruxelles,  Dantzig.  Quant  à  l'amélioration  apparente 
des  rues  sans  canaux,  il  faut  remarquer  que  celles-ci  sont  généralement 
des  rues  neuves;  c'est  même  pour  a>Ia  qu'elles  n'ont  pas  encore  de 
canaux. 

Je  ne  connais  point  la  mortalité  typhoïde  de  Stuttgart,  d'Augsbourç, 
de  Roclidale,  qui  ont  des  égouts,  mais  pratiquent  la  vidange  suivant 
quelqu'un  des  systèmes  les  plus  vantés,  par  conséquent  ont  l'air  de  ne 
point  laisser  pénétrer  dans  les  canaux  les  déjections  des  malades.  Hei- 
d(»lberg,  où  M.  Mittermaier  vante  spécialement  l'usage  des  fosses  mobi- 
les, a  une  mortalité  générale  élevée,  27,35  pour  1000  hab.;  dans  cette 
mortalité,  la  fièvre  typhoïde  prend  à  son  compte  (1877-1880)  4,4  pour 
100  de  tous  les  décès,  tandis  qu'elle  n'assume  que  2,7  pour  100  de  toute 
la  mortalité  dans  les  17  villes  de  la  province  du  Haut-Rhin  (Varreu- 
trapp).  Amsterdam,  où  fonctionne  le  système  de  Liernur,  a  une  morta- 
lité générale  peu  favorable,  28,73  pour  1000,  mais  dont  je  ne  puis  rien 
conclure  pour  la  fièvre  typhoïde  *. 

Dans  les  campagnes,  on  n'a  que  trop  l'occasion  de  dénoncer  les  éma- 
nations fécales  :  mais,  du  moins,  les  égouts  sont  hors  de  cause.  Cepen- 
dant, M.  Finkelnburg,  comparant  les  villes  et  les  campagnes  dans  la 
province  du  Rhin,  trouve  à  peine  une  différence  entre  les  unes  et  les 
autres,  sous  le  rapport  de  laléthalité  typhoïde  :  villes,  47  décès  typhoïdes 
pour  100,000  hab.,  campagnes,  44.  —  A  l'heure  qu'il  est,  dans  le  dépar- 
tement du  Nord,  où  les  villages  sont  des  centres  industriels,  plus  petits 
mais  aussi  insalubres  que  ceux  des  grandes  villes,  la  fièvre  typhoïde  est 
moins  sévère  à  la  population  urbaine  qu'à  celle  de  ces  \îllages,  qu'on 
appelle  encore  «  population  rurale  »  par  habitude  (Pilât,  Baelde).  Or,  les 
petites  localités  et  les  chefs-lieux  ont  également  des  fosses  fixes  et  des 
promenades  d'engrais  humains  à  travers  les  rues,  peut-être  un  peu  plus 


*  Dans  une  Etude  (le  démographie  de  M.  le  prof.  Layet,  je  lis  :  Amsterdam,  137 
décès  typhoïdes  pour  100,0(X)  hab.  Ce  chiflfre  m'étonne  et  aussi  celui  de  Paris,  157, 
qui  est  voisin. 


KTIOLOGIE   ET  PROPUVIAXIE   DE   LA  FIÈVRE   TYPHOÏDE.  319 

malpropres  dans  les  premières  que  dans  les  seconds  ;  la  différence  capi- 
tale est  que  les  villages  n^ont  pas  d'égouts. 

Avant  de  conclure,  je  tiens  à  déclarer  que  je  reconnais  une  énorme 
influence  sanitaire  aux  émanations  fécales  et  généralement  à  toutes  les 
émanations  putrides  ;  une  influence  que  ne  doivent  nous  faire  oublier  à 
aucun  prix  les  précieuses  découvertes  de  l'aéroscopie.  Seulement,  il 
paraît  diflScile  d'admettre  que,  comme  telles,  elles  déterminent  directe- 
ment la  fièvre  typhoïde.  Qu'elles  soient  gaz,  vapeurs,  essences  ou  molé- 
cules impalpables,  je  ne  connais  qu'un  fluide  parfaitement  inoffensif  et 
bon  à  respirer,  à  savoir  ce  mélange  d'oxygène  et  d'azote  que  la  nature 
a  préparé  pour  tous  les  animaux;  tout  ce  qui  s'y  ajoute  est  inutile  ou 
nuisible.  Mais  il  apparaît  assez  que  l'influence  de  ces  éléments  étrangers 
doit  être  générale,  s'exercer  sur  l'ensemble  de  la  vitalité  et  non  dans  un 
sens  exclusif.  Le  mauvais  air  dépiime  les  individus  et  prépare  la  dégé- 
nérescelice  des  races;  il  abrège  l'existence,  désarme  l'économie  vis-à-vis 
des  fléaux  épidémiques,  restreint  les  limites  de  sa  résistance;  il  pèse 
certainement  sur  la  mortalité  générale,  mais  point  d'une  façon  directe 
sur  une  maladie  spécifique  quelconque,  pas  plus  sur  la  flèvre  tyi)hoïde 
que  sur  d'autres.  Cette  formule,  je  pense,  ne  diminue  pas  la  gravité  de 
ce  facteur  étiologique. 

Dans  ces  conditions,  comment  l'air  est-il  le  milieu  et  le  véhicule  du 
moteur  de  la  fièvre  typhoïde?  Il  Test,  ce  me  semble,  par  ce  fait  qu'il 
charrie  les  poussières  visibles  et  invisibles.  Laissons  de  côté  la  part  de 
ces  poussières  qui  est  purement  minérale,  mais  dirigeons  notre  attention 
sur  celle  qui  est  organisée,  vivante;  non  point  que  toutes  les  poussières 
vivantes  soient  des  gennes  pathogènes,  ni  que  l'abondance  du  germe 
typhogène  soit  en  raison  directe  de  l'abondance  générale  des  organismes 
microscopiques  de  l'air,  ni  même  que  cet  agent  soit  certainement  un 
corpuscule  germe  ou  une  spore  de  quelque  bacille  ;  mais  parce  que  cet 
agent,  qui  n'est  ni  un  gaz  ni  une  vapeur,  ne  peut  qu'être  une  particule 
organique,  vivante  ou  non,  mais,  dans  tous  les  cas,  comprise  dans  ces 
poussières  organiques  et  fort  voisines  d'elles  à  tous  les  égards. 

Il  y  a  plus  de  ces  poussières,  plus  de  microbes,  dans  l'air  des  habita- 
tions que  dans  celui  de  la  rue,  plus  dans  l'air  des  rues  que  dans  celui 
des  parcs  urbains  ou  de  la  campagne.  Il  y  en  a  plus  lorsque  la  chaleur 
et  la  sécheresse  succèdent  à  la  pluie  ;  et,  je  pense  que  l'on  en  trouverait 
un  nombre  remarquablement  élevé,  à  la  ville  et  à  la  campagne,  au  pour- 
tour immédiat  de  la  maison,  là  où  la  surface  du  sol  reçoit  le  plus  large- 
ment les  déchets  de  la  vie  des  habitants.  Notons,  encore  une  fois,  que 
les  oscillations  de  la  courbe,  qui  inscrit  les  recrudescences  numériques 
des  bactéries,  se  montrent,  à  Paris,  en  con-espondance  presque  exacte 


820  8KCTI0K  I.  —   SÉANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

avec  la  courbe  qui  représente  les  exacerbations  des  fléaux  épidémiques 
de  nos  contrées,  la  lièvre  typhoïde  en  première  ligne. 

Après  tout,  nous  introduisons  dans  notre  économie  8000  à  9000  litres 
d'air  pendant  que  nous  buvons  deux  litres  d'eau.  Et  il  est  démontré, 
d'autre  part,  que  les  poussières  ténues,  les  microbes  spécialement,  péné- 
trent sans  difficulté  dans  notre  arbre  aérien  jusqu'à  la  paroi  des  vésicu- 
les, où  elles  peuvent  être  reprises  par  les  globules  lymphatiques.  Le 
professeur  Klebs,  avec  raison,  ne  fait  aucune  difficulté  d'admettre 
l'entrée  de  l'agent  typhogène  par  les  poumons  et  il  serait  extraordinaire 
de  voir  soulever  une  objection  contre  ce  mécanisme,  précisément  à  pro- 
pos d'une  maladie  dont  la  bronchite  et  la  broncho-pneumonie  sont 
partie  intégrante  et  l'une  des  premières  manifestations  cliniques,  dans 
la  plupart  des  cas. 

4**  L'homme  et  les  oiuets  a  sox  usage.  — Dès  que  la  fièvre  typhoïde 
est  transmissible  de  l'homme  malade  à  l'homme  sain,  ce  que  personne 
ne  conteste  ;  qu'elle  l'est  sans  intermédiaire  nécessaire  et  que  nous  avons 
vu  l'air  atmosphérique  lui  servir  parfois  de  véhicule  immédiat,  conune  il 
le  fait  le  plus  souvent  pour  la  variole,  il  est  assez  oiseux  de  se  demander 
si  le  malade  régénère  l'agent  typhogène.  Cette  régénération  est  évi- 
dente; tout  ce  que  l'on  peut  faire,  c'est  d'obscurcir  ce  fait  capital  avec 
les  questions  de  véhicule,  soit  à  la  sortie  de  l'économie  malade,  soit  à 
l'entrée  de  l'économie  saine.  Or,  quel  que  soit  le  produit  pathologique 
dans  lequel  est  renfermé  l'agent  contagionnant,  celui-ci  procède  du 
malade  et  doit  suivre  la  destinée  de  ces  produits  pathologiques  eux- 
mêmes.  Et,  si  nous  admettons  que  ceux-ci  peuvent  atteindre  et  conta- 
miner le  sol,  les  eaux,  l'air,  il  va  de  soi  que  les  objets  qu'il  rencontrera 
sur  sa  route  et  qui  se  substitueront  partiellement  à  l'un  de  ces  milieux, 
sont  également  aptes,  à  un  degré  plus  ou  moins  élevé,  à  recueillir  et  à 
garder  une  part  de  la  matière  spécifiquement  dangereuse. 

Les  vêtements,  les  linges,  la  literie  des  malades,  sont  incontestable- 
ment des  réceptacles  de  matière  typhogène;  la  preuve  est  que  tout  le 
monde  s'en  défie,  ce  qui  est  fort  bien  pensé.  Je  suis  encore  disposé  à 
croire  que  les  matières  qui  souillent  les  étoffes  ou  le  linge  sont  plus  dan- 
gereuses, desséchées,  qu'humides  ou  placées  dans  l'eau  avec  les  effets 
eux-mêmes.  Les  infirmiers  qui  recueillent  ces  effets,  les  rangent,  les 
reprennent  et  les  mettent  en  paquets  pour  être  envoyés  au  blanchissage, 
sont  plus  exposés  que  les  blanchisseuses  elles-mêmes,  qui  travaillent  au 
mouillé.  Cependant,  Griesinger  signalait  la  fréquence  de  la  fièvre 
typhoïde  parmi  les  blanchisseuses  des  hôpitaux. 

Les  planchers,  les  meubles,  toutes  les  surfaces  et  tous  les  recoins  oii 
peuvent  se  déposer  des  poussières,  sont  aptes  à  garder  et  à  rendre  les 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA   FIEVRE  TYPHOÏDE.  321 

i^orpuscules  typhogones.  Us  se  conservent  très  bien  sur  les  navires,  où  le 
sol  est  en  planches  et  où  Teau  est  à  Tabri  de  toute  contamination. 

Cette  conservation  du  contage  dans  les  locaux  habités  et  sur  les  objets 
inanimés  qu'ils  renferment  me  paraît  expliquer,  sans  difficulté,  la  réap- 
parition de  la  fièvre  typhoïde,  d'année  en  année,  en  été  le  plus  souvent, 
dans  la  même  ville,  le  même  quartier,  la  même  caserne,  sévissant  sur 
les  réceptifs  nouveaux  ou  sur  ceux  qui  ont  échappé  Tannée  précédente. 
Nous  avons,  dans  la  région  du  nord,  une  demi-douzaine  de  casernes  très 
mauvaises,  où  cette  réapparition  annuelle  est  presque  la  règle.  C'est  la 
reviviscence  des  germes.  On  peut  interrompre  cette  tradition  fatale  en 
modifiant  profondément  les  conditions  des  locaux.  Ce  qui  est  arrivé  pour 
la  caserne  du  84"^  de  ligne,  à  Avesues,  qui  avait  tous  les  ans  son  épidé- 
mie estivale  depuis  1875.  A  l'occasion  de  l'épidémie  de  1881,  les  cham- 
bres ont  été  sérieusement  désinfectées  à  l'acide  sulfureux,  blanchies  à  la 
chaux  :  des  fosses  mobiles  ont  été  substituées  aux  fosses  fixes  ;  le  rem- 
pai-t,  qui  privait  d'air  et  de  soleil  tout  le  rez-de-chaussée,  a  été  abattu. 
Malgré  l'arrivée  des  réservistes  en  septembre  et  de  près  de  500  recrues 
en  novembre  1881,  l'année  1882  s'est  passée  sans  alerte.  C'est  pourtant 
toujours  le  même  sol,  quoique,  à  \Tai  dire,  il  soit  plus  respecté  qu'aupa- 
ravant. 

Notons,  en  passant,  cette  persistance  des  germes  typhogènes,  à  l'état 
latent,  mais  toujours  capables  d'activité,  pendant  près  d'un  an.  Il  est 
probable  que  ce  dangereux  sommeil  peut  durer  plus  longtemps  encore  et 
ceci  n'est  point  spécial  à  la  typhoïde;  on  ne  sait,  pour  aucuue  maladie 
infectieuse,  quel  est  le  terme  au  bout  duquel  les  germes,  recelés  dans 
des  locaux,  des  effets,  cessent  spontanément  d'être  aptes  à  la  revivis- 
cence. 

Car  naturellement  les  effets  et  la  surface  extérieure  du  corps  des  per- 
sonnes qui  entourent  le  malade  ou  séjournent  dans  son  atmosphère  sont 
capables  de  participer  aux  éclaboussures  des  produits  pathologiques, 
selles,  urines,  crachats,  sueurs,  et  surtout  de  collectionner  mie  part  des 
poussières  pathogènes  qui  flottent  dans  l'aii*  des  locaux  où  sont  couchés 
depuis  plusieurs  jours  des  typhoïsants.  C'est  cet  air  que  l'on  regarde 
comme  infecté  et  infectieux  et  c'est  là  ce  que  l'on  a  appelé  le  danger  de 
la  fréquentation  des  Joyers. 

Les  conséquences  de  cette  fréquentation  sont  aisément  saisissables, 
lorsque  l'individu  qui  s'y  est  confié  est  réceptif;  il  contracte  la  fièvre 
typhoïde  pour  son  propre  compte  et  personne  ne  peut  douter  qu'il  n'en 
lit  reçu  les  germes  dans  l'atmosphère  infectée.  Mais  n'est-il  pas  possi- 
>le  qu'un  siyet  non  réceptif,  les  ayant  pris  tout  aussi  bien,  les  trans- 
)orte  quelquefois  et  devienne  le  véhicule,  l'intermédiaire  inconscient, 

21 


322  SECTION  I.  —  8ÉANCË  DU  MERCREDI  G  8KPTKLMBBE. 

de  la  contamination  d'autres  personnes,  réceptives  celles-là,  au  contact 
desquelles  il  pourra  se  trouver  ensuite  ?  Et,  en  continuant  cette  idée, 
est-il  invraisemblable  que  des  objets  inertes  puissent  être  de  même  des 
réceptacles  et  des  intermédiaires,  de  telle  sorte  qu'un  individu  sain 
reçoive  de  ces  objets  la  fièvre  typhoïde,  sans  avoir  eu  de  rapports  per- 
sonnels avec  des  typhoïsants,  sans  en  connaître,  sans  même  soupçonner 
d'où  le  mal  peut  lui  venir  V 

M.  Alison  a  recueilli  et  commenté  plusieurs  faits  dans  lesquels  il  est 
visible  que  le  contage  typhoïde,  resté  attaché  à  la  maison,  aux  vêtements 
mêmes,  sans  qu'il  y  ait  lieu  d'admettre  un  foyer  dans  le  sol,  les  foss^ 
ou  l'eau  de  boisson,  se  réveillait  après  six  mois,  un  an  et  davantage.  On 
ne  trouve  pas,  chez  les  observateurs,  d'exemple  dans  lesquels  un  indi- 
vidu, ayant  séjourné  dans  un  milieu  typhoïde,  ait  rapporté  la  maladie 
dans  un  groupe  sain  sans  en  être  atteint  lui-même.  Cette  constatation 
n'est  pas  aussi  facile  qu'on  pourrait  croire,  pour  diverses  raisons,  mais 
surtout  parce  que  l'on  cherche  d'abord  dans  une  autre  direction  la  cause 
des  cas  actuels.  Pourtant,  on  aurait  pu  l'observer  dans  quelqu'une  de 
ces  circonstances  oîi  un  lycée,  un  séminaire,  un  pensionnat,  est  licencié 
parce  qu'une  épidémie  s'est  abattue  sur  l'établissement.  N'a-t-on  jamais 
vu  qu'un  de  ces  élèves,  restant  indemne,  répandit  la  fièvre  typhoïde 
dans  sa  famille?  J'en  serais  bien  étonné;  mais  j'ai  en  vain  cherché  la 
solution  de  cette  question. 

Après  tout,  la  fièvre  typhoïde  est  transportable  ;  par  conséquent,  elle 
est  capable  des  mêmes  méfaits  que  les  autres  maladies  transportables. 
Elle  n'a  pas  d'habitude,  la  rapidité  et  l'intensité  de  contagion  de  la 
variole  ;  aussi  est-il  plus  difficile  de  saisir  chez  elle  le  mode  et  l'intermé- 
diaire de  la  transmission.  Mais  on  ne  retrouve  pas,  non  plus,  les  pères 
de  tous  les  cas  de  variole  ;  cependant  on  ne  doute  point  que  ceux  des 
varioleux  actuels,  qui  n'ont  jamais  été  au  contact  d'un  varioleux  anté- 
rieur, n'aient  trouvé  le  germe  du  mal  dans  quelque  appartement,  dans 
des  effets  à  usage,  dans  les  plis  du  manteau  d'un  visiteur,  d'un  médecin 
peut-être  et,  s'il  le  faut,  sur  un  siège  au  théâtre  ou  sur  les  coussins 
d'une  voiture  publique.  Je  suis  persuadé  que  si  l'on  supposait  un  jour 
au  contagium  typhoïde  la  propriété  de  pouvoir  être,  de  la  même  façon, 
dispersé  et  repris,  le  nombre  des  cas  dits  spontanés  paraîtrait  moins 
surprenant  et  que  l'on  arriverait  même  à  substituer  à  cette  expression 
celle  de  cas  d'origine  inconnue  *,  qui  n'exclut  point  l'importation,  même 
alors  qu'on  ne  peut  la  saisir. 


^  M.  Baelde  (thèse  citée,  p.  52)  se  demande  s'il  n'a  pas  apporté  lui-même  la  fiè- 
vre typhoïde  à  une  femme  restée  sans  aucune  relation  avec  le  premier  foyer  de 


ETIOLOGIE  ET   PROPHYLAXIE  DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  323 

Il  existe  un  certain  nombre  d'exemples  très  frappants  d'épidémies 
typhoïdes  pour  lesquelles  on  a  pu,  avec  quelque  apparence  de  raison, 
supposer  l'éclosion  spontanée.  Ce  n'est  guère  dans  notre  Europe  com- 
merciale et  agitée,  où  les  relations  entre  humains  sont  incessantes  et  infi- 
nies, qu'il  faut  chercher  de  pareils  faits.  M.  Hirsch  les  emprunte  à  des 
îles  peu  visitées  des  navires,  à  des  côtes  inabordables  pendant  une  grande 
partie  de  l'année,  à  l'île  Norfolk,  à  l'Ascension,  au  Grœnland,  à  l'Islande, 
AUX  îles  Fidji.  Ces  territoires  étroits  et  isolés  sont  d'ailleurs  assez  loin 
de  tout  pays  habité  pour  que  l'on  se  demande  comment  le  germe  typho- 
gène  a  pu  être  conservé  dans  les  effets  à  usage  des  navigateurs  pendant 
une  longue  traversée.  Malgré  les  apparences  et  malgré  l'opinion  des 
observateurs  mêmes,  M.  Hirsch  n'hésite  pas  à  regarder  ces  épidémies 
comme  étant  encore  d'importation  ;  il  s'agit  seulement  de  germes  restés 
latents  pendant  une  longue  période  *. 

La  même  chose  arrive  du  choléra,  de  la  peste,  de  la  fièvre  jaune  ;  si 
elle  est  moins  commune,  dit  l'éminent  épidémiologiste,  c'est  que  ces 
derniers  fléaux  ne  sont  pas  ubiquitaires  comme  la  fièvre  typhoïde  ;  ils 
ne  peuvent  s'implanter  que  sur  des  points  du  globe  qui  réalisent  pour 
un  temps  les  conditions  que  le  germe  trouvait  à  son  berceau  ;  quand  ces 
conditions  s'altèrent  ou  se  suspendent,  les  germes  meurent  et  la  maladie 
lie  peut  reparaître  que  par  une  nouvelle  importation. 

Si  reculée  qu'elle  soit,  l'importation  typhoïde  est  donc  logiquement 
certaine,  dans  ces  cas  obscurs.  Elle  l'est  encore,  dans  ces  épidémies  de 
village,  dans  lesquelles,  presque  au  même  moment,  apparaissent  plu- 
sieurs cas  de  fièvre  typhoïde,  en  des  maisons  séparées  les  unes  des  autres 
par  une  distance  notable,  sans  qu'on  retrouve  la  trace  de  communica- 
tions antérieures  des  habitants  entre  eux,  non  plus  que  d'une  importa- 
tion quelconque  pour  celles-ci  ni  pour  celles-là.  Cette  physionomie  des 
débuts  a  caractérisé  l'épidémie  de  Marcq-en-Barœul,  racontée  par  M. 
Baelde,  et  ce  sont  des  faits  du  même  genre  que  les  auteui's  mettent  à 
profit  pour  montrer  qu'il  n'y  a  point  de  filiation  des  cas  les  uns  des 
autres,  mais  que  la  typhoïde  éclot  simultanément  sur  tous  les  points  où 
le  terrain  lui  a  été  favorable. 


l'épidémie  de  Marcq-en-Barœul.  Cette  femme  tomba  malade  quinze  jours  après 
avoir  été  soignée  d'une  fausse  couche  par  ce  médecin  qui,  à  la  même  date,  visitait 
les  premiers  typhoïsants. 

'  On  ne  saurait  qualifier  de  «  née  sur  place  »  une  épidémie  qui  éclate  dans  une 
commune  où  la  fièvre  typhoïde  a  régné  l'année  précédente,  et  bien  qu'il  n'y  ait  pas 
€u  de  nouvelle  importation,  comme  M.  Ch.  Pilât  le  signale  pour  la  commune  de 
Linselles  (Nord),  en  1879.  La  seconde  épidémie  est  simplement  le  réveil  des  ger- 
mes de  la  première. 


324  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU  MERCREDI   6  SEPTEMBBK. 

II  faut  bien  aussi  admettre  rimportation  pour  répidémie  de  la  MaisoD 
d'arrêt  de  Lille,  en  1879.  Voici  coranient  elle  se  présenta.  Un  détemu 
qui  était  là  depuis  plus  de  trois  mois,  tomba  malade  de  tiè\Te  typhoïde, 
à  la  lin  de  décembre  1878,  alors  que  la  maladie  ne  régnait  pas  épidémi- 
quement  dans  la  ville  et  que,  depuis  dix  ans,  elle  ne  s'était  pas  montrée 
à  la  prison.  Cet  individu  est  mis  h  part,  à  rinfirmerie,  le  23  décembrel878. 
Trois  et  quatre  mois  plus  tard,  fin  mars  et  tin  avril  1879,  éclatent  trois, 
puis  treize  autres  cas  *.  Ceux-ci  sont  regardés  comme  la  propagation  de 
l'épidémie,  dont  le  premier  cas  était  le  commencement,  et,  en  effet,  il 
ne  répugne  nullement  que  l'agent  typhogène  issu  du  premier  malade  se 
soit  retrouvé  pour  infecter,  trois  mois  plus  tard,  des  détenus  même 
arrivés  après  l'époque  à  la(|uelle  le  précédent  accomplissait  son  évolu- 
tion morbide.  Mais  ce  premier  malade  lui-même,  oii  avait-il  pris  les 
germes  et  dans  quoi  les  avait-il  conservés,  s'il  les  appoitait  du  dehors, 
dès  l'arrivée? 

Dans  le  cas  des  îles  lointaines,  citées  par  M.  Hirsch,  il  est  apparent 
(lue  les  navires  importateurs  n'étaient  pas  arrivés  avec  des  malades  et 
n'en  avaient  pas  eu  en  route;  sans  cela,  l'origine  du  mal  dans  les  fles 
se  rattacherait  trop  clairement  aux  relations  des  insulaires  avec  l'équi- 
page malade,  ou  le  navire  infecté,  pour  qu'on  soit  obligé  dft  se  rejeter 
sur  l'éclosion  spontanée.  C'est  donc  quelque  compartiment  du  vaisseau, 
imprégné  de  molécules  typhogènes  depuis  si  longtemps  qu'on  ne  s'en 
souvient  plus,  ou  ce  sont  les  vêtements  des  passagers  et  des  matelots,  ou 
des  marchandises  provenant  de  foyers  typhoïdes  (comme  pour  la  tièvre 
jaune),  ou  des  objets  inanimés  quelconques,  qui  ont  transfrété  l'agent 
typhogène  et  l'ont  répandu  sur  une  terre  vierge.  Ce  n'est  point  impossible, 
dans  les  conditions  ordinaires  de  la  navigation.  C'est,  cependant,  déjà 
un  peu  délicat.  Mais  ce  mode  de  transport  devient  tout  à  fait  étonnant 
quand  il  repose  sur  des  hommes  qui  se  déplacent  en  plein  air,  ne  por- 
tant avec  eux  presque  aucun  objet  «  susceptible,  »  et  changeant  même 
de  vêtements  avant  d'arriver  au  point  qui  sera  le  théâtre  d'une  épidémie. 

On  conçoit  que  la  perspective  d'accepter  la  transmission  simple,  dans 
des  circonstances  oii  le  mécanismQ  en  est  si  douteux  et  si  obscur,  ait  fait 
verser  les  médecins  dans  les  théories  de  la  spéciticité  indirecte  et  condi- 
tionnelle, ou  même  dans  la  spontanéité. 

U  faut  bien  reconnaître  que  tous  les  éléments  de  l'étiologie  typhoïde 
peuvent  varier,  que  tous  les  véhicules  reconnus  de  l'agent  typhogène 


^  Hallez  (Louis),  Rapport  sur  une  épidémie  de  fièvre  typhoïde  à  la  Maison  d'arrêt 
de  Lille  (Travaux  du  Conseil  central  de  salubrité  du  Dép*.  du  Nord  en  1878.Lille> 
1879). 


ETIOLOGIK   ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  325 

euvent  manquer  l'un  ou  l'autre  ou  plusieurs  à  la  fois.  Celui  qui  reste  le 
lus  souvent  et  manque  le  moins,  c'est  l'homme.  La  même  chose  se 
asse  chez  les  autres  contagieuses  ;  mais  ici,  l'homme  n'est  véhicule 
u'à  titre  de  malade  ou  en  jouant  le  même  rôle  que  les  objets  inertes, 
^eut-être  que,  vis-à-vis  de  la  typhoïde,  sa  participation  au  transport  des 
ermes  est  plus  étendue,  plus  durable,  plus  active. 

J'ai  le  regret  d'augmenter  encore  la  surabondance  déjà  malheureuse 
es  théories  ;  mais  je  ne  saurais  m'empécher  d'exposer  ici  une  idée  qui 
le  poursuit,  sur  laquelle,  d'ailleurs,  j'appelle  le  contrôle  et  que  je  suis 
Têt  à  sacrifier  pour  une  meilleure,  à  savoir  qu'il  existe  un  véhicule 
ssez  habituel  et  efficace  de  l'agent  typhogène  et  qui  ne  serait  autre 
ue  l'homme  lui-même,  en  tant  qu'organisme  et  avant  toute  maladie, 
bstraction  faite  des  objets  inanimés  à  son  usage,  y  compris  ceux  qu'il 
ransporte  avec  lui.  Voici  les  raisons  de  cette  manière  de  voir. 

L'agent  t>T)hogène  n'a  pas  une  activité  propre  d'une  très  grande 
iitensité.  En  comparant  la  fièvre  typhoïde  à  la  variole,  il  saute  aux  yeux 
[ue  la  réceptivité  pour  celle-ci  est  simple,  si  je  puis  dire  ;  il  suffit  pour 
'avob'  d'un  état  négatif  :  n'être  ni  variole  ni  vacciné  ;  tandis  que  la 
éceptivité  typhoïde  est  compliquée  et  a  un  caractère  si  positif  qu'elle  se 
Lioutre,  à  chaque  instant,  comme  supérieure  à  l'activité  propre  du  con- 
age  et  plus  importante  que  la  présence  même  de  celui-ci.  L'individu 
éceptif  qui  a  absorbé  les  corpuscules  varioligènes  aura  ou  n'aura  pas 
\  variole  ;  mais  s'il  l'a,  ce  sera  dans  l'espace  d'une  douzaine  de  jours 
nviron  et,  en  règle  générale,  sous  la  forme  d'une  maladie  complète,  ne 
prêtant  pas  à  l'indécision  dans  le  diagnostic.  Celui  qui  a  respiré  dans 
iD  milieu  imprégné  de  miasme  typhogène,  n'aura  la  fièvre  typhoïde 
[ue  sous  conditions,  à  une  époque  très  variable  et,  parfois,  si  retardée 
|ue  M.  Léon  Colin  regarde  presque  comme  une  loi  que  les  «  cas  inté- 
ieurs,  »  chez  les  personnes  au  voisinage  des  malades,  ne  se  présentent 
[u'à  la  fin  des  épidémies,  après  un  séjour  prolongé  auprès  des  malades 
!t  lorsque  l'infection  des  locaux  est  arrivée  à  un  haut  degré.  Loi-squ'il 
"agit  d'un  groupe,  il  est  possible  que  l'épidémie  éclate  tout  d'un  coup 
>ar  des  cas  pressés  et  parfaitement  accentués  :  mains  c'est  le  mode  le 
dus  rare.  L'immense  majorité  des  rapports  de  nos  collègues  de  l'armée 
ont  foi  que  l'on  voit,  pour  ainsi  dire,  naître  et  grandir  l'épidémie.  Un 
'«rtain  nombre  d'hommes  éprouvent  un  simple  accablement  vertigi- 
leux  de  quelques  jours  du  durée  ;  d'autres  ont  de  l'embarras  gastrique, 
le  la  diarrhée,  pendant  une  huitaine  de  jours,  et  n'auront  pas  autre 
:hose.  Puis,  d'autres  arrivent,  chez  qui  l'embarras  gastrique  fait  place 
\  une  fièvre  typhoïde  confirmée  ;  enfin,  la  plupart  des  malades  sont 
itteints  de  vraies  fièvres  typhoïdes,  qui  vont  généralement  en  augmeu- 


326  SECTION  I.  —  8£ANC£  DU  M£RCR£DI  6  SEPTEMBRE. 

tant  de  nombre  et  de  gra\ité  jusqu'à  une  certaine  période.  Tous  ont 
respiré  le  même  miasme  ;  pourtant  ils  traduisent  Timprégnation  par  des 
modes  divers,  quelques-uns  par  des  formes  avortées,  d'une  spécificité 
douteuse  ;  d'autres  ne  le  traduisent  pas  du  tout.  C'est  donc  que  l'acti- 
vité du  moteur  typhogène  n'a  rien  d'absolu  et,  puisqu'il  est  invraisem- 
blable qu'il  change  de  propriétés  dans  un  même  lieu  et  dans  un  tempa 
si  court,  c'est  que  les  individus  peuvent  le  porter  avec  eux  et  en  eux 
pendant  assez  longtemps,  sans  qu'il  se  manifeste.  Est-il  nécessaire  qu'il 
se  fasse  une  sorte  d'accumulation  des  germes,  ou  bien  ces  germes,  aptes 
à  l'évolution  complète,  même  en  petite  quantité,  attendent-ils  que  l'éco- 
nomie soit  devenue  un  milieu  adéquat  ?  Les  deux  cas  sont  possibles.  Mais 
le  secoud  est  bien  plus  conforme  aux  données  scientifiques  et  à  l'obser- 
vation, pounu  que  l'on  pratique  celle-ci  dans  des  conditions  dégagées 
des  circonstances  qui  obscurcissent  le  problème  et  prêtent  aux  illusions. 

Combien  de  fois  n'a-t-on  pas  accusé  les  Jatigues  excessives,  ou  les 
simples  excès,  d'avoir  causé  la  fièvre  typhoïde  !  Est-ce  que  les  auteurs 
étaient  absolument  dans  le  faux  ?  Oui,  s'ils  ont  entendu  que  les  fatigues 
ou  les  excès  étaient  des  typhogènes  directs  et  exclusifis,  tenant  lieu  de 
tout  moteur  spécifique  ;  non,  s'ils  ont  voulu  dire  que  des  hommes,  d'ail- 
leui's  porteui-s  de  l'agent  typhogène,  n'auraient  pas  eu  la  fièvre  typhoïde 
s'ils  étaient  restés  au  repos  et  dans  des  habitudes  régulières. 

J'ai  eu  l'occasion,  il  y  a  un  an,  d'assister  à  un  exemple  des  plus 
Irappants  de  cette  manifestation,  en  quelque  sorte  exaspérée,  de 
l'imprégnation  typhoïde  sous  l'influence  de  circonstances  banales.  Un 
de  mes  élèves,  le  D'  Jacques  Andt,  en  a  consigné  le  récit  dans  sa  thèse 
inaugurale  *,  sur  mes  indications.  Le  84*  régiment  d'infanterie,  caserne 
à  Avesnes  (Nord),  avait  subi,  depuis  plusieurs  années,  des  poussées  de 
fièvre  typhoïde,  auxquelles  la  population  civile  prenait  peu  de  part.  En 
1881,  selon  les  renseignements  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le 
D' Perrin,  alors  médecin-major  du  corps,  la  fièvre  reparut,  sous  forme 
de  cas  disséminés  et  rares,  du  10  mai  au  20  juin,  ne  constituant  pas  une 
épidémie.  Du  20  juin  au  7  juillet,  le  jégiment  alla,  par  fractions  succès- 
sives  de  deux  compagnies,  faire  des  exercices  de  tir  à  grande  distance 
près  de  la  forêt  de  Mormal  (Landrecies),  c'est-à-dire  à  une  vingtaine  de 
kilomètres.  Ces  20  kilomètres  étaient  faits  à  pied,  à  l'aller  et  au  retour; 
la  troupe  était  casernée  à  Landi-ecies  et  rentrait  le  quatrième  ou  le  cin- 
quième jour,  pour  être  remplacée  par  deux  autres  compagnies.  La 
température  était  remarquablement  élevée. 

*  Andt  (Jacques),  Bemarqiies  aur  Vétwlogie  de  la  fiècre  typfioïde  d'après  quelques 
épidémies  modernes.  Thèse  de  Lille,  1882. 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  ÎJi  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  :^27 

Il  D*y  avait  là  rien  de  bien  extraordinaire  pour  des  compagnies 
dMnfanterie  et  l'on  devait  s'attendre  à  ce  que  cette  promenade  en  plein 
air  atténuât  sensiblement  l'influence  typhoïde  qui  pesait  sur  le  régiment. 
C'est  le  contraire  qui  arriva.  A  la  rentrée  des  compagnies,  les  cas  bien 
accentués  se  précipitèrent,  entourés  conmie  toujours  d'embarras  gastri- 
ques, de  diarrhées,  d'états  vertigineux,  de  fébricules.  Les  deux  compa- 
gnies du  premier  départ  avaient  eu  1  cas  avant  ;  elles  en  eurent  3  après 
leur  rentrée;  celles  du  deuxième  départ  n'en  avaient  pas  eu  avant, 
elles  en  eurent  6  après  ;  celles  de  la  troisième  fraction,  partie  le  27  juin 
et  rentrée  le  30,  n'avait  eu  aucun  cas  en  juin  ;  elles  en  eurent  12,  du 
2  au  10  juillet;  la  quatrième  fraction,  1  cas  avant  son  départ,  10  après 
sa  rentrée  (dont  8  du  5  au  24  juillet).  Par  comparaison,  les  deux  compa- 
gnies du  cinquième  départ,  qui  furent  absentes  du  4  au  7  juillet,  avaient 
eu  4  cas,  très  espacés,  dans  le  courant  de  juin,  2  cas  en  juillet 
avant  le  départ,  2  pendant  les  exercices  de  tir;  elles  en  eurent 
0  après,  du  9  au  18  juillet.  En  tout,  il  y  a  10  cas  avant  ou  pendant  les 
exercices  et  38  après. 

Ce  serait  raisonner  à  rebours  que  d'attribuer  aucun  d(î  ces  cas  aux 
fatigues  du  moment,  puisque  les  troupes  partaient  avec  les  germes  pris 
à  Avesnes.  Mais  on  peut,  de  ce  qui  s'est  passé,  conclure  :  d'abord,  que 
les  bonunes  ont  porté  avec  eux  ces  germes  ;  puis,  que  sans  les  exercices, 
qui  ne  leur  ont  certes  pas  donné  une  nouvelle  dose  de  miasme,  un 
certain  nombre  d'entre  eux  eussent  porté  ces  gennes  plus  longtemps 
sans  en  rien  éprouver,  ou  même  les  eussent  gardés  impunément. 

Ce  n'est  point  un  caractère  particulier  à  la  fièvre  typhoïde,  que  les 
individus  imprégnés  portent  avec  eux  l'agent  pathogène;  on  porte  le 
germe  de  toutes  les  maladies  spécifiques  pendant  un  certain  temps,  dit 
d'incubation,  et  nous  n'avons  pas  la  naïveté  d'appeler  l'attention  sur  un 
fait  si  connu,  d'ailleurs  nécessaire.  Mais,  pendant  l'incubation  de  la 
variole,  le  germe  ne  reste  point  inerte  et  tel  qu'il  était  au  jour  de 
l'absorption  ;  il  se  multiplie,  accomplit  une  certaine  phase  de  son  évolu- 
tion vitale,  pénètre  de  proche  eu  proche  tout  l'organisme.  Il  ne  paraît 
pas  en  être  nécessairement  ainsi  pour  ce  qui  est  du  germe  de  la  fièvre 
typhoïde;  celui-ci  semble  pouvoir  se  développer  plus  ou  moins  tôt,  plus 
ou  moins  vite,  plus  ou  moins  complètement,  selon  les  dispositions  de 
réconomie  qui,  réellement,  le  maîtrisent. 

Or,  si  nous  admettons  que  des  circonstances,  positives  ou  négatives, 
peuvent  retarder  de  8  jours,  de  15  jours,  ou  davantage  la  période  de 
multiplication  de  l'agent  typhogène,  sans  qu'il  soit  annulé  définitivement, 
ou  tué,  après  les  10  ou  15  jours  que  l'on  a  jusqu'aujourd'hui  assignés  à 
l'incubation  de  la  fièvre  typhoïde,  il  faut  bien  avouer  que  nous  ne  savons 


328  8ECTI0X  1.  —  SEANCE   I)C  MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

pas  pendant  combien  de  temps  cet  agent  peut  se  consen'er  dans  l'éco- 
nomie, à  rétat  latent,  sans  manifester  des  propriétés  de  diffusion,  oa 
d'envahissement,  comme  on  dit.  II  se  conserve  longtemps  en  poussière, 
sur  les  meubles,  dans  les  effets,  dans  les  fentes  des  planchers,  dans  les 
fumiers,  le  sol  putride,  se  multipliant  ou  non  (on  n'en  sait  rien),  mais 
toujours  capable  d'un  réveil  de  vitalité  et  du  pouvoir  d'envahir  l'écono- 
mie humaine  ;  qui  sait  s'il  ne  se  conserve  pas  de  même,  au  fond  des 
vésicules  pulmonaires,  à  la  façon  des  poussières  charbonneuses  que  nous 
inspirons  tous,  dans  nos  villes  manufacturières  du  Nord,  et  dont  nous 
Jie  soupçonnons  la  présence  qu'une  fois  par  an,  ou  moins  souvent  encore, 
quand  un  gros  rhume  nous  procure  l'occasion  d'expulser,  avec  les 
mucosités  bronchiques,  une  part  du  charbon  qui  a  encombre  »  nos  voies 
aériennes?  —  On  connaît  bien  déjà  certains  corpuscules  pathogènes  qui 
se  conservent  ainsi,  en  silence  et  sans  pullulation,  dans  quelque  compar- 
timent de  l'économie,  pour  revivre  tardivement  ;  ainsi,  les  moteurs  de  la 
fiè\Te  intermittente.  Beaucoup  de  personnes,  qui  ont  eu,  ou  même  qui 
n'ont  pas  eu  la  fièvre  en  Afrique,  présentent  de  francs  accès  quand  elles 
sont  en  France,  en  pays  nullement  palustre,  un  an  ou  deux  plus  tard. 

Théorie  pure,  tout  ceci;  j'en  con\iens  sans  difficulté.  Mais  comme, 
avec  cette  théorie,  on  s'explique  aisément  l'éclosion  de  cette  épidémie 
du  camp  de  Pontgouin,  chez  des  troupes  parties  en  bonne  santé  de  leurs 
garnisons,  mais  sortant  des  villes,  de  casernes  dans  lesquelles  il  ne 
serait  pas  difficile  de  trouver  des  germes,  laissés  par  des  épidémies 
antérieures,  et  dont  les  soldats  avaient  respiré  une  part  !  Comme  on 
s'explique  ce  premier  typhoïsant  de  la  maison  d'arrêt  de  Lille,  tombé 
malade  trois  mois  après  son  incarcération,  qui  n'avait  eu  aucune  relation 
avec  un  foyer,  ni  même  avec  des  personnes  ou  des  objets  suspects  ', 
pendant  tout  ce  temps,  mais  qui  avait,  d'une  façon  à  peu  près  certaine, 
traversé  auparavant  des  milieux  contaminés  !  Et  tant  d'autres  premiers 
typhoïsants,  qui  surgissent  dans  des  localités  indemnes  depuis  un  temps 
immémorial,  qui  ne  se  rappellent  pas  depuis  combien  de  temps  ils  sont 
allés  en  \îlle,  et  pour  lesquels  on  ne  trouve  pas  d'importateur  ! 

On  supposera,  peut-être,  qu'en  pareil  cas  il  y  a  eu  un  intermédiaire  de 
transmission,  une  chose  inanimée,  ou  une  personne  que  l'on  ne  soupçonne 
point,  parce  qu'elle  a  apporté  la  fièvi*e  sans  l'avoir  elle-même.  Ce  mode 

*  Les  détenus  condamnés  à  plus  d'un  mois  quittent  leurs  vêtements  d'entrée 
pour  prendre  le  costume  de  la  i)rison.  Le  premier  malade  était  dans  ce  cas  et, 
probablement  aussi,  ses  co-détenus,  dans  le  même  quartier.  D'autre  part,  l'enquête 
n'a  point  révélé  qu'il  fût  entré  à  la  prison  d'individu  relevant  de  fièvre  typhoïde, 
postérieurement  au  15  septembre,  époque  de  l'incarcération  de  celui  qid  devait 
être  le  premier  malade. 


ÉTIOLOGIIC  ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  329 

est  possible.  Mais,  outre  qu'il  est  peu  sûr,  quand  il  s'agit  d'un  contage 
^ussi  peu  énergique  que  celui  de  la  fièvre  typhoïde,  on  recule  devant 
ridée  qu'il  puisse  s'exercer  uniformément  sur  des  masses.  Si  Ton  n'a 
recours  à  l'hypothèse  du  transport  de  germes  k  l'état  latent  chez 
l'homme,  j'avoue  ne  rien  comprendre  à  l'épidémie,  d'une  large  et  rapide 
diffusion,  qui  a  éprouvé  naguère  l'armée  française  de  l'expédition  de 
Tunisie. 

Nous  n'avons  pas  de  données  très  explicites  sur  les  débuts,  les  allures 
et  le  nombre  des  malades  de  cette  épidémie  ;  le  seul  document  officiel 
qui  ait  paru,  à  ma  connaissance,  est  le  rapport  de  M.  le  D' Baudouin,  à 
cette  époque  médecin  en  chef  de  la  province  de  Constantine,  et  qui  date 
du  23  juillet  1881.  L'épidémie  n'avait  pas  encore  pris  fin  ;  mais  la  suite 
a  pour  nous  moins  d'importance  que  le  commencement .  Du  reste,  au 
10  juillet  (en  moins  de  trois  mois),  les  troupes  de  la  province  de  Cons- 
tantine et  celles  de  Tunisie  avaient  fourni  572  cas  et  77  décès  ;  ce  qui 
nous  paraît  suffisant  pour  établir  dès  lors  l'existence  d'une  véritable 
épidémie. 

On  sait  que  les  troupes  de  l'expédition  venaient  de  points  très  divers 
du  territoire  de  la  métropole  et  quelques-unes  de  la  province  de  Cons- 
tantine. Le  Rapport  assure  que  certaines  fractions  de  ces  dernières 
avaient  la  fièvre  typhoïde  d'avance  et  l'on  a  pensé  que  le  142*  de  ligne, 
venant  de  Perpignan,  oii  il  avait  la  maladie,  a  pu  l'apporter  avec  lui. 
Mais  tous  les  corps  envoyés  de  France  n'étaient  pas  dans  le  même  cas  ; 
il  est  évident  que  l'on  a  mis  en  route,  le  plus  possible,  des  troupes  saines. 
D'ailleurs,  les  épidémies  de  fièvre  typhoïde  sont  de  celles  qui  s'éteignent 
par  l'abandon  du  foyer  et,  en  fait,  on  n'a  point  vu  la  fièvre  typhoïde 
suivre  les  troupes  dans  leur  voyage,  ni  éclater  épidémiquement,  k 
l'arrivée.  «  Jusqu'au  20  mai,  dit  le  Rapport,  l'état  sanitaire  s'est  main- 
tenu excellent,  »  sauf  ce  qui  existait  dans  la  province  de  Constantine, 
comme  d'habitude,  et  sauf  les  cas  de  fièvre  typhoïde  qui  commençaient, 
dès  la  fin  d'avril,  à  se  présenter  particulièrement  dans  la  brigade  de 
Brem,  entrée  en  Tunisie  par  Souk-Ahras  et  Ghardimaou  et  dont  faisait 
partie  le  142*.  Pour  cette  brigade,  les  éléments  de  propagation  directe 
ou  indirecte  ne  manquaient  pas  et  nous  la  laisserions  de  côté  si  elle  était 
seule  en  cause.  Voici  oii  se  pose  la  question  intéressante.  «  Les  fièvres 
typhoïdes  étaient  observées  en  même  temps  (fin  de  mai)  dans  les  autres 
ambulances,  mais  en  nombre  beaucoup  moindre  et  ne  permettant  pas  de 
qualifier  la  maladie  par  le  mot  ëpidhnUine  (cela  n'allait  pas  tarder)  ; 
ainsi,  à  l'ambulance  de  la  brigade  Logerot,  à  celle  de  Tabarka,  à  celle 
de  la  brigade  Bréart,  à  Djedeïda,  à  celle  de  Bizerte,  à  celle  de  la 
brigade  Caillot,  à  celle  du  grand  quartier  général,  à  celle  de  la  l)ri- 


380  SECTION  I.  —  8KANCE   DU   MERCREDI  6   SEPTEMBRE. 

gade  (le  cavalerie,  à  celle  de  la  brigade  Galland  (8  et  11  juiu),  au 
Kelf(lOjuin).  » 

Peut-on  supposer  que  quelques  cas  isolés,  dans  un  petit  nombre  de 
régiments,  aient  pu  réussir  à  constituer  des  foyers  auxquels  se  serait 
rapidement  infectée  toute  l'armée,  malgré  la  vaste  dissémination  des 
corps,  malgré  leur  mobilité  incessante,  malgré  leur  présence  habituelle 
en  plein  air,  hors  de  tout  abri  fixe  ?  —  De  filiation  des  cas  les  uns  des 
autres,  il  ne  saurait  en  être  question,  en  face  de  la  simultanéité  des 
bouffées  épidémiques.  —  Je  pense  que  les  cas  isolés,  constatés  dans 
certains  corps,  sont  plutôt  les  témoijis  de  la  présence  des  germes  chez  la 
plupart  des  individus  du  groupe,  que  les  auteurs  de  ceux  qui  allaient  se 
manifester  si  largement  sm*  les  brigades.  D  est  bon,  pour  la  démonstra- 
tion, de  noter  les  régiments  qui  sont  partis  et  arrivés  sans  malades; 
mais,  lors  même  que  chacun  d'eux  aurait  eu,  au  début  de  la  campagne, 
un  cas  positif,  j'accepterais  difficilement  que  celui-là,  dans  les  conditions 
où  l'on  se  trouvait,  ait  été  capable  d'engendrer  une  infection  presque 
générale,  en  un  mois  ou  six  semaines.  Supposez,  au  contraire,  que  les 
arrivants  de  France  aient  quitté  leurs  casernes  avec  des  germes  typhoï- 
des dans  leur  fourniment,  mais  surtout  dans  leurs  poumons,  d'où  ils  ne 
s'échappent  pas  au  grand  air,  il  devient  facile  de  comprendre  qu'au  bout 
de  quelques  semaines  la  manifestation  d'une  épidémie,  tout  d'abord  très 
étendue,  soit  possible,  même  sans  les  conditions  qui  favorisent  d'ordi- 
naire la  formation  des  foyers.  Il  suffira  pour  cela  d'une  circonstance  qui 
supplée  le  foyer;  la  rupture,  au  détriment  de  l'économie,  de  l'équilibre 
dans  la  lutte  pour  l'existence  entre  l'homme  et  le  parasite. 

Ces  épidémies  multiples  et  simultanées  débutaient  selon  le  mode  que 
nous  avons  signalé  plus  haut  ;  on  les  voyait  naître  et  se  former,  eût-on 
dit,  dans  l'école  spontanéiste.  «  Dans  la  dernière  décade  de  mai,  les 
4*mharra8  gastriques  se  montrèrent  partout,  d'abord  plus  nombreux, 
puis  plus  rebelles,  puis  accompagnés  de  fièvre  appelée  soit  emhafras 

gastrique  fébrile,  soit/ïètre  rémittente,  soUfièvre  continue L'embar- 

i-as  gastrique  a  été  le  début  de  presque  toutes  les  fièvres  typhoïdes 
observées  ;  mais  la  plupart  des  embarras  gastriques  ne  sont  pas  devenus 
des  fièvres  typhoïdes.  » 

Il  semble  que  l'on  suive  la  capitulation,  c'est-à-dire  l'adaptation  des 
économies.  Je  ne  sais  s'il  y  avait,  sous  le  ciel  africain,  quelque  chose  de 
particulièrement  favorable  au  développement  du  moteur  typhogène  en 
soi,  mais  il  est  aisé  de  remarquer  comment  ce  ciel  impressionne  les  nou- 
veaux venus.  Les  expérimentateurs  ont  trouvé  le  moyen  d'atténuer  les 
virus,  d'où  l'on  peut  conclure  à  la  possibilité  de  leur  atténuation  spon- 
tanée ;  mais,  ce  que  l'on  connaît  de  plus  sûr,  en  fait  de  procédés  de  sens 


ETIOLOGIK  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  381 

inverse,  c'est-à-dire  pour  rexaspération  de  la  virulence,  c'est  de  trouver 
le  milieu  de  culture  le  plus  parfaitement  approprié.  L'homme,  dans  de 
certains  cas,  sans  le  vouloir,  se  fait  lui-même  ce  milieu  de  culture.  C'est 
même  comme  cela  que  M.  Bouley  comprend  la  genèse  du  typhus  des 
camps. 

Je  crois  que  cette  préparation  s'est  réalisée  chez  les  troupes  de 
Tunisie  et  que  les  germes  typhoïdes  qui  en  ont  profité  existaient  généra- 
lement, au  préalable,  dans  l'économie  des  individus.  Comment,  sans 
cela,  la  fièvre  aurait-elle  éclaté,  au  même  moment,  parmi  tant  de 
colonnes  séparées  les  unes  des  autres  ? 

Les  troupes  ont  subi  des  alternances  pénibles  de  pluies  et  de 
chaleur;  mais,  la  pluie  et  la  chaleur  (la  chaleur  surtout),  qui  dépri- 
ment les  hommes  et  favoiisent  les  agents  pathogènes,  ne  créent  pas 
ceux-ci. 

Les  colonnes  ont  occupé  des  sols  assez  divers,  probablement  :  la  vallée 
de  la  Medjerda  et  les  montagnes  des  Khroumii*s,  les  rives  du  golfe  de 
Bizerte,  les  dunes  de  La  Gpulette,  le  plateau  de  Zaghouan,  les  mines  de 
Cailhage.  Le  sol  était  plutôt  vierge  de  souillures  humaines,  puisque  l'on 
campait  et  que  l'on  évitait,  avec  assez  de  raison,  d'occuper  les  maisons 
arabes.  Cette  fois,  au  moins,  pas  d'égouts,  pas  de  fosses  fixes,  pas 
d'émanations  fécales,  putrides,  ni  d'infiltrations.  Il  est  possible  que  le,s 
Jhiillées  n'aient  pas  toujours  été  exécutées  avec  soin,  mais  elles  servaient 
peu  de  temps,  on  avançait  chaque  jour,  et  si,  par  hasard,  quelques 
germes  ont  été  confiés  au  sol  du  camp,  on  repartait  avant  qu'ils  aient 
eu  le  temps  de  mûrir.  On  commit  la  faute,  quelquefois,  de  laisser 
reprendre  à  une  colonne  l'emplacement  qu'une  précédente  venait  de 
quitter;  mais,  pour  qu'il  y  ait  transmission  par  ce  procédé,  il  faut  que 
la  première  colonne  ait  d'abord  laissé  des  déjections  spécifiques.  En  tout 
cas,  cette  première  n'a  elle-même  rien  trouvé  ;  or,  les  colonnes  de  tête, 
par  des  chemins  différents,  ont  été  atteintes  conmie  les  autres  et  au 
même  moment.  En  réalité,  si  l'on  s'attendait  à  voir  se  manifester 
rinfluence  du  sol  africain,  ce  n'était  pas  sous  forme  de  fièvre  typhoïde  ; 
et  l'on  fut  quelque  temps  h  croire  qu'il  s'agissait  de  rémittentes  ou  de 
I>seudo-continues  palustres  ;  on  usa  largement  du  sulfate  de  quinine,  et 
rétonnement  ne  fut  pas  médiocre  lorsque  des  autopsies  nombreuse?» 
furent  venues  imposer  le  diagnostic. 

Les  soldats,  à  cette  époque,  avaient  peu  de  relations  avec  les  Arabes. 
Du  reste,  les  Arabes  n'avaient  peut-être  pas  la  fièvre  typhoïde;  le  typhus 
tacheté  leur  est  plus  familier. 

Les  eaux  consommées  furent  souvent  détestables  et  les  aliments 
ont  pu  n'être  pas  toujours  sans  reproche.  Mais  les  eaux,  banalement 


H':V2  SECTION   I.  —  sfUNCE   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

impures,  ne  donnent  pas  la  fièvre  typhoïde,  non  plus  que  les  aliinettts 
avariés.  C'est  tout  au  plus  une  prépai'ation. 

Y  a-t-il  eu  confinement  de  l'air  sous  la  tente  ?  C'est  peu  probable, 
avec  la  mobilité  de  tous  les  jours.  Je  me  doute  même  que,  dès  les  cha- 
leurs, les  soldats  ont  été  bien  plus  souvent  hors  des  tentes  qu'à  l'inté- 
rieur. En  fait,  il  résulte  de  quelques  renseignements  privés  dont  je 
dispose,  que  ce  n'est  point  pendant  les  stations  de  quelques  jours  sous  la 
tente,  mais  pendant  les  marches,  que  les  cas  de  fièvre  se  multipliaient. 
Ce  qui  enlève  encore  de  sa  valeur  à  l'idée  que  tel  ou  tel  cas  sporadique, 
pendant  la  première  période  de  l'expédition  (cinq  à  six  semaines),  ait  pu 
former  un  foyer  pour  la  généralisation  ultérieure  de  l'épidémie. 

Si  les  soldats  n'ont  pas  trouvé  les  germes  typhoïdes  en  Tunisie,  si  les 
quelques  cas  isolés  du  début  n'ont  pas  suflS  à  créer  une  généralisation 
épidémique,  c'est  que  les  individus  portaient  ces  germes  sur  eux.  Dans 
leurs  vêtements  V  Ce  n'est  point  impossible  ;  mais  après  ce  long  voyage, 
cette  agitation  et  l'aération  incessante,  sans  le  moindre  séjour  sous  des 
abris  fixes,  l'explication  est  peut-être  un  peu^subtile.  Alors,  c'est  qu'ils 
les  avaient  en  eux-mêmes,  non  pas  dans  le  sang  d'abord,  mais  dans  les 
anfractuosités  du  tube  digestif  ou,  sui-tout,  dans  les  divisions  extrêmes 
des  voies  aériennes,  que  nous  savons  êti*e  très  aptes  à  recevoir  et  à 
garder  les  poussières. 

Dans  un  travail  antérieur  (1875),  j'ai  cité  l'épidémie  observée  à 
Aumale  (Algérie)  en  1865  par  M.  Masse,  chez  des  troupes  qui,  à  peine 
<lébarquées  à  Alger,  avaient  été  dirigées  vers  le  sud  pour  contribuer  à  la 
répression  des  Ouled-Sidi-Cheik.  L'auteur  ne  trouve,  dans  l'étiologie,  ni 
foyer,  ni  sol  putride,  ni  atmosphère  infectée.  «  Ces  hommes,  dit-il,  rapi- 
dement transportés  dans  de^  latitudes  auxquelles  ils  n'étaient  pa.s 
habitués,  y  avaient  eu  à  soufliir  non  seulement  l'influence  du  climat 
nouveau,  mais  encore  les  privations  sans  nombre  qui  sont  le  partage 
ordinaire  du  soldat  en  campagne.  »  Comme  les  privations,  ni  les  climats, 
ne  sont  des  germes,  c'est  que  les  soldats  les  avaient  sur  eux.  D  est  vrai- 
semblable que  la  même  pathogénie  est  applicable  à  la  fièvre  typhoïde, 
étudiée  par  M.  Frison,  à  Ténès,  en  août  1866,  sur  des  compagnies  qui 
rentraient  de  la  chasse  aux  sauterelles,  et  qui  éclata  «  quelques  jours 
après  leur  retour.  » 

On  cherchera  plus  loin  (Art.  III),  quelles  circonstances  peuvent  réveil- 
ler ces  germes  latents,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  désarmer  contre  eux 
l'économie.  Citons  encore,  avant  de  quitter  cet  aspect  de  l'étiologie, 
deux  exemples  empruntés  au  dernier  rapport  de  M.  L.  Colin  (1882)  et  qu'il 
n'est  guère  possible  d'expliquer  autrement  que  par  la  théorie  actuelle- 
ment proposée  :  a  p  L'épidémie  relatée  par  M.  Marmonnier,  et  qui  attei- 


ETIOLOGIE  ET   PROPHYLAXIE  DE  LA  FIEVRE  TYPHOÏDE.  388 

gnit  un  détachement  provenant  d'une  garnison  indemne  et  cantonné 
depuis  deux  mois,  sans  relations  avec  les  centres  voisins,  vu  la  difficulté 
d'accès  du  lieu  occupé,  dans  un  hameau  (La  Bordelière,  près  Grenoble), 
où  l'affection  était  inconnue  ;  2?  l'épidémie  observée  à  Uzès  par  M.  Fars- 
sac,  dans  des  conditions  d'isolement  et  de  salubrité  antérieure  analo- 
gues aux  précédentes,  conditions  brusquement  troublées  par  l'infection 
d'une  écurie  provisoire  mal  entretenue.  » 

Si  personne  n'a  apporté  à  ces  détachements  les  germes  typhogènes, 
c'est  donc  qu'ils  les  ont  faits  ?  —  k  moins  qu'ils  ne  les  aient  pris  et  gar- 
dés d*une  caserne  antérieurement  occupée  par  eux.  —  Je  crois  qu'au- 
jounl'hui  nul  n'oserait  se  ranger  du  côté  de  la  première  alternative. 
Que  la  garnison  qui  a  fourni  le  détachement  fût  indemne  au  départ  df^ 
celui-ci,  cela  ne  crée  pas  une  difficulté  ;  nous  savons  parfaitement  que 
les  germes  de  l'épidémie  de  l'année  dernière  peuvent  rester  huit,  dix 
mois  et  plus,  sans  se  réveiller  ;  s'ils  se  réveillent  un  jour  pour  les  indivi- 
dus qui  les  respirent  sur  place,  je  ne  vois  pas  pourquoi  ils  ne  feraient  pas 
de  même  chez  d'autres,  qui,  les  ayant  respires  huit  ou  dix  mois,  sont 
partis  avec.  II  y  a  même,  dans  cette  situation,  un  argument  en  faveur 
de  la  manière  de  voir  que  je  propose.  Si  un  régiment  a  eu  la  fièvre 
typhoïde  en  juin  de  cette  année,  il  est  clair  que  les  recrues  réceptives, 
qui  viendront  en  novembre,  n'attendront  pas  l'été  prochain  pour  absor- 
ber, n'importe  comment,  les  germes  laissés  par  l'épidémie  précédente  ; 
elles  les  absorberont  dès  les  premiei's  jours  et  les  garderont  ;  cependant, 
elles  n'auront  très  probablement  la  fièvre  typhoïde  que  l'année  pro- 
chaine, à  la  bonne  saison.  Est-il  plus  rationnel  de  supposer  que  les  ger- 
mes laissés  sur  les  murs,  dans  les  fentes  des  planchers,  voire  dans  les 
latrines,  auront  eu  besoin  de  tout  ce  temps  pour  mûrir  et  devenu*  actifs 
(on  sait,  du  reste,  qu'ils  n'en  ont  pas  besoin),  ou  bien  d'admettre  qu'à 
la  faveur  d'un  état  convenable  de  l'économie,  des  germes  absorbés  depuis 
longtemps  et  présents  en  elle  ont  trouvé  le  moment  de  leur  aptitude  à 
l'envahissement  ? 

On  voudra  bjen  remarquer  que  cette  théorie  ne  se  confond  point  avec 
celle  de  M.  Wernich,  qui  suppose  que  le  Bacillus  subtilis,  toujours  pré- 
sent dans  le  gros  intestin  de  l'homme,  est  le  parasite  capable  d'acquérir 
l'aptitude  à  l'envahissement  et,  par  là,  de  devenir  l'agent  typhogène,  à 
la  faveur  de  diverses  circonstances  extérieures.  Une  telle  conception 
nous  paraît  au  contraire  et  indépendamment  de  sa  hardiesse,  inadmissi- 
ble en  raison  de  ce  fait  qu'elle  supprime  à  peu  près  la  spécificité,  qu'elle 
annule  le  rôle  de  la  transmission  typhoïde  et  de  l 'absolution  pulmo- 
naire de  Tagent  infectieux.  La  nôtre  ne  change  rien  aux  idées  courantes 
et  ne  néglige  aucune  des  lois  conquises  par  l'épidémiologie  ;  elle  ne  fait 


3:i4  SECTION  I.  —  SÉANCE  DIT  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

que  les  élargir.  En  outre,  nous  ne  prétendons  nullement  que  tous  les 
hommes  possèdent  en  eux  Tagent  typhogèue,  ni  que  œux  qui  Font  une 
fois,  pour  avoir  respiré  dans  un  foyer,  le  portent  toujours  ou  même  le 
portent  longtemps.  A  vrai  dire,  il  est  impossible  d'essayer  Tindication 
d'un  terme  h  cet  état.  Je  n'affirme  point  qu'une  bactérie  quelconque 
puisse  devenir  typhogène,  mais  j'admets  que  la  bactérie  typbogènepeut 
exister  chez  l'homme,  pendant  un  temps  durable,  sans  manifester  de 
propriétés  d'envahissement.  C'est  un  transformisme  qui  ne  s'applique 
même  pas  aux  espèces,  mais  simplement  aux  propriétés  d'êtres  d'ailleurs 
invariables.  Il  n'est  pas  plus  téméraire  que  les  vues  de  M.  Pasteur,  rela- 
tivement aux  oscillations  spontanées,  d'atténuation  ou  de  renforcement, 
d'activité  des  virus,  et  il  l'est  moins  que  cette  idée  de  M.  Bouley  (Le 
prof/rh  eu  médecine  par  V expérimentation,  Paris  1882)  que  Thomme 
doit  porter  dans  sou  canal  intestinal  les  germes  des  microbes  d'où 
dépend  le  typhus  des  camps,  ces  germes  ne  devenant  dangereux  que  par 
la  misère  physiologique  dans  laquelle  se  trouvent  les  individus. 

Nous  l'avouons  sans  embarras,  tout  ce  côté  de  la  question  est  aussi 
épineux  que  le  reste  des  caractères  épidémiologiques  de  la  lièvre  t)T)holde 
et  mérite  d'être  repris.  Cette  étude  est  très  délicate,  en  raison  de  la  fai- 
ble intensité  et  des  variations  imprévues  des  propriétés  de  l'agent  typho- 
gène. Il  n'est  guère  de  lois  communes  k  toutes  les  maladies  spécifiques, 
ainsi  que  le  remarque  si  justement  M.  Léon  Colin  (article  Quarantaines 
du  Di<:tiouu.  vncyclopéd,).  On  a  l'habitude  de  considérer  comme  inof- 
fensifs les  passagers  d'un  navire  de  provenance  suspecte^  qui  pendant 
10,  12  jours  de  mer,  n'a  eu  aucun  cas  de  peste,  de  choléra,  de  fièvre 
jaune  ;  on  étend  même,  à  tort,  ce  brevet  d'innocuité  au  navire,  aux  mar- 
chandises et  autres  objets  inanimés ,  susceptibles.  Rien  ne  prouve  que 
l'homme  provenant  d'un  foyer  typhoïde,  s'U  n'a  pas  eu  la  maladie 
pendant  les  dix  ou  quinze  jours  qui  l'en  séparent,  soit  à  l'abri  lui-même 
d'abord  et  ultérieurement  inoffensif  pour  les  autres.  Nous  venons  même 
de  voir  que  le  contraire  est  possible.  Il  ne  faut  pas  s'en  étonner,  de  la 
part  d'une  affection  qui  se  distingue  si  fort  des  autres  et  dont  la  vulgarité 
même  n'est  qu'une  immense  occasion  d'incertitudes. 

5**  Les  aliments.  —  J'ai  ouvert  ce  dernier  paragraphe,  non  pour  répé- 
ter que  les  aliments,  à  titre  de  supports  accidentels,  peuvent  recueillir 
et  transporter  des  molécules  typhogènes,  ni  pour  rentrer  dans  la  discus- 
sion des  faits  allégués  au  sujet  de  la  propagation  par  le  lait  ;  mais  pour 
tenir  compte  de  la  récente  épidémie  de  Kloten,  qui,  par  son  importance 
et  par  la  valeur  des  observateurs,  mérite  qu'on  s'en  occupe,  en  rappe- 
lant celles  qui  s'en  rapprochent  plus  ou  moins. 

Comme  supports  indifférents,  les  aliments  ne  jouent  probablement 


KTIOLOGIE   KT   PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  r>35 

qu'un  rôle  excessivement  limité,  surtout  quand  il  s'agit  de  ceux  que  Ton 
mange  cuits.  D'ailleurs,  on  ne  les  met  pas  en  cause,  dès  qu'ils  sont  intrin- 
sèquement sains.  Le  lait  paratt  surtout  avoir  été  chargé  de  méfaits, 
qu'il  £aut  reporter  à  l'eau,  au  moins  quand  l'observation  est  bonne. 
Cependant,  ce  liquide  est,  comme  on  dit  vulgairement,  «  très  suscepti- 
ble ;  »  il  a  une  sorte  d'aflBnité  pour  les  gennes  et  il  existe  certaines  obser- 
vations desquelles  il  résulterait  qu'il  a  été  quelquefois,  par  lui-même, 
le  véhicule  de  la  scarlatine.  Il  pourrait  rendre  le  même  oflSce  à  la  lièvre 
typhoïde  ;  mais  il  semble  prudent  d'attendre  de  nouveaux  témoignages  et 
de  laisser  tomber  l'espèce  d'entraînement  qui  règne  depuis  quelques 
années  en  Angleterre,  à  l'égard  de  cette  origine  des  maladies  infectieu- 
ses; bien  que,  hâtons-nous  de  le  dire,  cet  entraînement,  qui  embarrasse 
les  formules  doctrinales,  ait  ce  côté  éminemment  hygiénique  de  provo- 
quer les  mesures  de  protection  du  lait. 

L'épidémie  de  Kloten  (canton  de  Zurich)  eut  lieu  au  commencement 
de  juin  1878  '.  Le  31  mai  de  cette  année-là,  une  fête  musicale  réunissait 
dans  cette  petite  localité  une  foule  considérable  d'individus  des  deux 
sexes,  membres  de  sociétés  musicales  ou  simples  auditeurs.  Dès  le  second 
jour  après  la  fête,  le  3%  le  4*  jour,  mais  surtout  à  partir  du  5'  jusqu'au 
9%  un  grand  nombre  de  personnes  des  villages  environnants  et  des  visi- 
teurs plus  éloignés  tombèrent  malades.  Au  bout  de  trois  semaines,  on 
en  comptait  jusqu'à  660.  Les  accidents  revêtaient  la  forme  soit  de 
t-atarrhe  gastrique  aigu  y  soit  de  typhus  ahdatninaL  L'enquête,  instituée 
par  la  direction  sanitaire,  démontra  qu'il  ne  s'était  réalisé  aucune  des 
causes  ordinaires  de  la  fièvre  typhoïde  (eau  de  boisson  souillée,  sol  infecté, 
etc.)^  mais  qu'il  s'agissait  d'infection  par  des  viandes.  Les  viandes  con- 
sommées par  les  malades,  à  peu  d'exception  près,  avaient  été  du  veau, 
eu  ragoût,  rôti  ou  en  saucisses.  U  fut  reconnu  que,  parmi  les  viandes 
fournies  pour  la  solennité,  se  trouvait  celle  d'un  veau  âgé  de  quelques 
jours,  malade,  et  que  l'on  avait  pour  cette  raison  soustrait  à  l'inspection 
de  l'abattoir,  en  le  tuant  un  peu  avant  la  fête,  de  sorte  que  la 
chair  en  était  déjà  putride.  Certaines  portions  de  ce  veau,  consommées 
par  des  personnes  qui  ne  vinrent  pas  à  la  fête  de  Kloten,  les  rendirent 
néanmoins  malades  comme  les  autres.  Or,  cette  viande,  pesant  (sans  os) 
21  kil.  500,  avait  été  mise  dans  le  même  local  que  les  quartiers  des  autres 

'  Walder,  Ueher  die  Typhmepidemie  von  Kloten  {Berlin.  KUn,  Wodiensdmftj 
n'»  39-40,  1878).  —  Wyss  (Oscar),  Die  Typliusepidemie  von  Kloten  (Blntter  fur 
Gesundheitspflege,  n"*  13,  14,  17,  1878).  —  Huguenin,  Ueber  die  lyphusepidemie 
in  Kloten  ((Jorrespondemblatt  fUr  Schiceizer  Aerzte,  1879).  —  Zuber  (Ch.),  De  la 
fièvre  iyphcUde  due  à  V ingestion  de  viandes  altérées  {Becue  d'Hygiène^  I,  p.  280, 
1879). 


:>3()  HECTION   1.  —  8ÉANCË   DU  MERCREDI   6  8£PT£lfBR£. 

veaux,  déposée  sur  les  mêmes  tables,  coupée  avec  les  mêmes  couteaux; 
iVoii  Toccasion  pour  toutes  ces  viandes  de  s'infecter  à  leur  tour  et  de 
répandre  reni])oisonnement  chez  les  consommateurs,  à  la  faveur  d'un 
mode  de  cuisson  qui  n'annulait  point  Tagent  pathogène.  Les  personnes 
atteintes  ne  furent  pas  uniquement  des  chanteurs  ou  des  amateurs  veuui* 
à  Kloten,  mais  encore  quelques  autres  qui  avaient  pris  de  la  viande  chez 
le  boucher  de  Kloten  ou  chez  le  boucher  de  Seebach,  en  relation  avecle 
précédent,  et  des  enfants  qui  se  réunirent  huit  jours  après,  dans  une 
fête  de  jeunesse,  sous  les  mêmes  baraques  qui  avaient  abrité  les  chan- 
teurs. Les  accidents  à  forme  de  catarrhe  gastrique  se  montrèrent  les  pre- 
miei-s,  puis  vinrent  en  plus  grand  nombre  ceux  de  fièvre  typhoïde  carac- 
térisée. 

M.  Walder  observa  250  de  ces  malades,  parmi  lesquels  25  enfants: 
121  cas  lui  parurent  être  des  fièvres  typhoïdes  légitimes,  c'est-à-dire 
d'une  durée  de  plus  de  16  jours  ;  129,  des  typhus  abortife,  durant  moins 
de  10  jours.  Dans  les  cas  légitimes,  il  y  eut  les  troubles  digestifs,  la  diar- 
rhée le  plus  souvent  mais  non  toujours,  le  météorisme,  la  sensibilité  iha- 
que,  une  éiiiption  rosée  discrète,  le  gonflement  de  la  rate,  la  langue 
caractéristique,  les  troubles  sensoriels  spéciaux,  parfois  de  la  bronchite. 
On  vit  apparaître  des  fièvres  typhoïdes  «  secondaires  »  (ou  de  propaga- 
tion), dont  45  sur  55  avaient  eu  des  rapports  directs  avec  les  patients, 
ou  avaient  manié  leur  linge.  On  compta  74  de  ces  cas  secondaires  contre 
668  fièvres  primitives.  —  La  mortalité  fut  singulièrement  peu  élevée  ; 
6  cas  mortels.  Les  autopsies,  pratiquées  avec  soin,  permirent  de  consta- 
ter les  signes  anatomo-pathologiques  ordinaires  de  la  fièvre  typhoïde, 
spécialement  le  gonflement  typhoïque  des  plaques  de  Peyer  et  les  ulcé- 
rations intestinales. 

11  ne  se  montra  pas  d'accidents  pareils  chez  les  pei'sonnes  qui  n'avaient 
pas  mangé  de  viande;  celles  qui  avaient  accompagné  ce  fatal  repas 
d'une  quantité  notable  de  vin  n'eurent  rien  ou  n'eurent  que  peu  de 
chose. 

Tels  sont  les  faits.  La  plupart  des  observateurs  n'ont  pas  hésité  à  y 
reconnaître  la  fièvre  typhoïde,  d'une  part  en  raison  des  phénomènes 
cliniques  et  des  lésions  anatomiques,  d'autre  part  et  surtout  à  cause  de 
la  fécondité  que  montrèrent  les  cas  de  première  invasion  et  de  l'appa- 
rence de  propagation  épidémique  qui  les  suivit.  Sans  doute,  on  peut 
être  étoimé  de  la  brusque  explosion  de  certains  cas  (le  lendemain  de  la 
fête),  de  la  grande  quantité  de  cas  avortés  et  presque  sans  fièvre,  de  la 
faible  mortalité  ;  mais  on  pourrait  trouver  l'explication  de  ces  anomalies 
dans  l'étrangeté  du  véhicule  et  du  mode  d'introduction  de  l'agent 
typhogène,  dont  la  voie  ordinaire  d'entrée  dans  l'économie  est  le  pou- 


KTIOLOOIE  ET    PROPHYIiAXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  337 

mon,  non  Testoinac  ;  on  sait  que  la  variole  inoculée  est  plus  légère,  plus 
limitée,  que  la  variole  contractée  suivant  le  mode  en  quelque  sorte  phy- 
siologique, par  rinspiration  de  poussières  varioleuses. 

Seulement,  la  relation  de  ces  fièvres  typhoïdes  en  masse  avec  la  mala- 
die d'un  veau  renverse  toutes  nos  idées.  Jamais,  en  effet,  on  n'a  observé, 
chez  les  ruminants,  d'affection  pareUle  à  la  fièvre  typhoïde  de  Thomme  ; 
M.  Walder  lui-même  n'a  pu  reporter  de  Thomme  au  veau  la  maladie 
qu'il  suppose  avoir  été  communiquée  par  le  veau  h  l'homme.  Le  profes- 
seur Bollinger,  qui  a  répété  ces  tentatives,  est  arrivé  aux  mêmes  résul- 
tats négatifis  ',  aussi  bien  que  les  expérimentateurs,  dit-D,  qui  ont  nourri 
de  selles  de  typholsants  des  ruminants,  des  porcs,  des  singes,  ou  qui  ont 
iigecté  du  sang  typhoïde  de  l'homme  à  ces  mêmes  animaux.  A  vrai  dire, 
si  les  ruminants  étaient  aptes  à  la  fièvre  typhoïde,  ils  auraient  toutes 
les  jEEU^ilités  du  monde  de  la  contracter  dans  les  épidémies  qui  courent  la 
campagne. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois,  selon  Bollinger,  que  l'on  reconnaît  aux 
empoisonnements  alimentaires  des  caractères  cliniques  et  anatomiques 
qui  rappellent  la  fièvre  typhoïde.  A  son  avis,  les  empoisonnements  de 
Kloten  pourraient  être  une  forme  particulière  à' infection  mycosiqxœ, 
laquelle  posséderait  une  grande  analogie  et  une  extrême  affinité  avec  la 
fièvre  typhoïde,  ou  même  en  serait  une  variété  ;  de  même  que  d'autres 
intoxications  alimentaires  ont  reproduit  les  traits  du  choléra  nostras, 
voire  du  choléra  asiatique. 

M.  Huguenin  a  cherché  à  établir  une  sorte  de  compromis  entre  les 
opinions  en  suggérant  qu'il  faut  voir,  dans  les  accidents  de  Kloten,  deux 
ordres  de  faits  :  une  première  catégorie  ne  comprendrait  que  des  intoxi- 
cations putrides,  se  manifestant  sous  forme  de  catarrhe  gastrique  ;  une 
seconde  serait  constituée  par  de  vraies  fièvres  typhoïdes,  dont  les  unes 
seraient  entées  sur  l'état  putride  et  dont  les  autres  seraient  nées  des 
premières.  L'auteur  s'appuie  sur  le  principe  connu,  que  les  substances 
putrides  sont  le  meilleur  élément  de  développement  du  poison  tjrpholde. 

L'incertitude  est,  comme  on  voit,  assez  grande  et  bien  justifiée.  Si 
j'avais  à  émettre  une  opinion,  je  déclarerais  probablement  qu'aucun  des 
accidents  directement  issus  de  l'alimentation  putride  n'a  été  une  fièvre 
typhoïde  légitime  ;  quant  aux  fièvres  dites  secondaires,  elles  ont  pu  être 
une  simple  coïncidence,  car  les  empoisonnements  de  quelques-uns  ne 
pouvaient  conférer  l'immunité  typhoïde  à  l'entourage  ;  ou  bien  résulter 
du  transport  et  du  réveil  de  quelques  germes  latents,  à  la  faveur  de  ce 

^  Bollinger  (0),  Ueher  Fleisdivergiftimg,  intestinale  Sepsis  und  Abdominàltyphus 
(Yortrag  gehalten  im  AerztHclien  Yerein  zu  Mûnchen  am  28.  April  1880).  | 

22 


338  SECTION  I.  —  SÉANCE  Di:  MERCREDI  G  SEPTEMBRE. 

grand  reniuemeiit  populaire,  et  aussi  parce  que  la  présence  de  malades 
quelconques  nuit  à  Tair  des  appartements  et  compromet  la  résistance 
des  individus  sains  qui  respirent  cet  air.  Les  empoisonnés  ont  ressemblé, 
assez  mal  d'ailleurs,  à  des  typholsants  et  Ton  a  constaté  dans  de  rares 
autopsies  la  tuméfaction  des  plaques  de  Peyer  ;  cela  prouve,  une  fois  de 
plus,  que  la  natui*e  est  pauvre  de  moyens  de  manifester  sa  soufi&'ance, 
mais  rien  au  delà.  Il  y  a,  du  reste,  de  véritables  genres  pathologiques, 
dans  lesquels  les  espèces  se  touchent  sans  se  confondre.  L'épidémie  de 
Kloten  a  fourni  l'occasion  d'observer,  dit  M.  Bollinger,  quelqu'une  des 
espèces  que  l'on  peut  appeler  parallèles  ou  même  parentes  de  la  fièvre 
typhoïde,  mais  non  le  réel  typhus  abdominal. 

A  Andelfingen,  en  1841,  eu  Suisse  déjà  et  à  l'occasion  d'une  réunion 
musicale  dans  laquelle  il  fut  consommé  de  la  viande  de  veau,  450  per- 
sonnes avaient  éprouvé  des  accidents  pareils  à  ceux  qui  devaient  se  répé- 
ter à  Kloten  ;  10  en  moururent.  La  même  controverse  qu'aujourd'hui 
s'éleva.  Griesinger,  0.  Wyss  et  Zehnder,  tenant  pour  la  fièvre  typh(»lde, 
Liebermeister,  Lebert,  Kôhler,  Biermer,  restant  sur  le  terrain  de  l'em- 
poisonnement putride  (seytische gastro-mteritis Biermer). — ABirmens- 
torf,  toujours  dans  le  canton  de  Zurich,  en  juillet  1879,  l'épidémie  de 
Kloten  se  renouvela  en  petit  (8  malades),  également  à  la  suite  de  l'usage 
d'une  viande  de  veau  (Huguenin).  Enfin,  comme  s'il  régnait  une 
influence  particulière  sur  les  veaux  du  pays  de  Zurich,  0.  Wyss  et  Nieri- 
ker,  en  1880,  observaient  de  nouveau  des  fièvres  typhoïdes  chez  un 
grand  nombre  de  personnes  (2  autopsies)  après  des  repas  dont  cette 
chair  malencontreuse  avait  fait  la  base  ! 

Tout  ceci  finit  par  devenir  bien  étrange.  Tant  de  malheurs  dans  le 
pays  de  Zurich,  alors  qu'on  ne  voit  rien  de  pareil  autre  part  !  Est-ce 
que  l'étiologie  n'est  pas  suffisamment  perspicace  ici  ou  bien  est-ce  qu'elle 
s'égarerait  là-bas  ? 

En  juillet  1879,  à  Chemnitz,  à  l'occasion  d'un  marché  annuel,  243 
personnes,  qui  avaient  consommé  de  la  viande  provenant  d'une  même 
boucherie,  principalement  à  l'état  de  saucisses,  tombèrent  malades  peu 
après  *.  M.  Flinzer,  qui  raconte  l'épidémie,  lui  trouve  aussi  quelques- 
uns  des  caractères  de  la  fièvre  typhoïde,  y  compris  l'infiltration  des 
glandes  intestinales  chez  ceux  qui  succombèrent.  H  en  conclut  cepen- 
dant, non  au  typhus  eutérique,  mais  à  une  mycose  intestinale,  peut-être 
de  nature  charbonneuse.  Huber  (de  Leipzig)  avait  émis  un  avis  à  peu 


'  Flinzer,  Die  Massenerkra}iknngen  in  Chefnnitz  und  Umgegend  am  22  und  23 
Juli  1879  (Vierteljahrsschrift  fur  gerichtîiche  Medicin  und  ôff,  SanUâtsujesen.  Neue 
Folge,  XXXIV,  1881). 


ÉTIOLOOIE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  339 

près  semblable  *  sur  une  épidémie  du  même  genre,  survenue  à  Wurzen 
en  juillet  1877  (206  malades),  tandis  que  Butter,  autre  observateur  des 
mêmes  désastres,  crott  simplement  à  un  empoisonnement  septique,  ce 
qui  est  aussi  Topinion  de  M.  Bollinger. 

Il  suffit  à  notre  sujet  d'avoir  montré  combien  peu  satisfaisante  et 
combien  peu  sûre  est  l'assimilation  des  manifestations  typhoïdes  d'origine 
alimentaire  avec  la  fièvre  typhoïde  classique.  Il  serait  plus  imprudent 
que  jamais  de  se  prononcer  dans  ce  sens,  aujourd'hui  que  les  études  sur 
les  poisons  développés  spontanément  dans  les  matières  azotées  putrides 
ouvrent  tout  un  horizon  lumineux  et  permettent  de  prévoir  l'instaura- 
tion prochaine  d'une  vaste  classe  de  maladies,  avec  ses  genres  et  ses 
espèces.  Je  ne  veux  ajouter  qu'un  mot,  quoiqu'il  s'adresse  à  un  passé 
déjà  lointain  ;  c'est  que  la  fameuse  histoire  du  navire  VArgo,  qui  a  servi 
à  Boudin  de  preuve  en  faveur  de  la  véhiculation  du  poison  palustre  par 
l'eau  de  boisson,  et  que  M.  L.  Colin,  d'après  le  D' Léonard,  rapporte  à 
la  fièvre  typhoïde,  pourrait  n'avoir  été  qu'un  ensemble  d'empoisonne- 
ments alimentaires.  J'ai  appris,  de  la  bouche  d'une  personne  très  com- 
])ètente  et  très  digne  de  foi,  que  les  troupes  embarquées  sur  ce  trop 
célèbre  navire  avaient  été,  par  suite  de  cii'constances  qu'il  est  inutile  de 
reproduire,  principalement  alimentées,  pendant  la  traversée,  de  froma- 
ges pourris.  VoDà  donc  toujours  un  fait  à  retrancher  de  l'avoir  de  la 
Trinkimssertheorie. 

En  terminant  cet  article,  nous  pouvons  conclure  que  l'agent  typho-* 
gène  est  susceptible  de  conservation  dans  le  sol,  h  l'intérieur  et  à  la 
surface,  dans  l'eau,  dans  l'air,  sur  n'importe  quel  support  indifférent, 
dans  les  objets  à  l'usage  de  l'homme  et  chez  l'homme  lui-même,  sauf 
des  différences  notables  dans  les  chances  de  conservation  que  lui  assure 
chacun  de  ces  milieux  ;  qu'il  peut  être  véhiculé  par  l'eau  et  certains 
liquides  alimentaires,  par  l'air  atmosphérique  et  par  l'homme  ou  les 
objets  à  son  usage.  Cette  doctrine  va  paraître  fort  large  ;  c'est  une  sorte 
de  combinaison  des  théories  diverses  et  opposées  qui  se  sont  fait  jour 
jusqu'ici.  Je  n'en  suis  pas  embarrassé.  D  a  bien  fallu  tenir  compte  des 
faits  d'observation  irréprochables.  Or,  il  en  existe  à  l'appui  de  chacun 
des  modes  de  conservation  que  nous  venons  d'étudier,  pris  à  part.  Mais 
ne  voit-on  pas  que  de  cette  manière,  l'observation  épidémiologique  elle- 
même  conduit  à  reconnaître,  à  l'origine  de  la  fièvre  typhoïde,  des  ger- 
mes pathogènes  réels  ?  Supposons  que  nous  ayons  vu  les  bactéries  typho- 
gènes  comme  on  voit  tous  les  jours  les  bacUles  charbonneuses  ;  personne 

*  Haber  (Cari)  und  Butter,  Die  Massenerkrankung  in  Wurzen  im  JtUi  1877 
{ArMv,  der  HeOkunde,  B.  XIX,  1877). 


340  SECTION  I.  —  SEANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

ne  douterait  que  ces  bactéries,  ou  surtout  leurs  spores,  ne  puissent  se 
conserver  dans  le  sol,  à  sa  surface,  sur  quelque  autre  support  que  les 
produits  pathologiques  auraient  atteint,  être  transportées  par  Teau,  par 
l'air,  par  les  objets  inertes.  Un  seul  caractère  (et  encore)  distinguerait 
les  germes  typhogènes,  à  savoir  l'aptitude  à  rester  longtemps,  au  sdn 
de  l'organisme  humain,  sans  se  développer  et  attendant  le  moment  de 
l'adéquation  spontanée  du  milieu  vivant. 


Article  III. 

La  réceptivité  pour  la  fièvre  typhoïde. 

1.  Ce  ne  serait  pas  le  lieu  de  s'arrêter  longuement,  dans  ce  travail, 
sur  les  principes  bien  connus  et  parfaitement  établis  qui  fixent  les  rap- 
ports de  la  fièvre  typhoïde  avec  Vâf/e  des  sujets.  Tout  le  monde  saitqae 
la  période  pendant  laquelle  la  fièvre  typhoïde  se  présente  le  plus  fréquem- 
ment est  entre  20  et  30  ans.  Les  livres  de  Murchison,  de  Griesinger,  de 
M.  L.  Colin,  renferment  à  cet  égard  tous  les  renseignements  désirables. 

Y  a-t-il  une  réelle  et  spéciale  aflinité  de  la  typhoïde  pour  l'âge  indi- 
qué ?  Sans  doute  ;  puisque  l'enfance  est  remarquablement  à  l'abri, 
même  dans  les  foyers  actifs.  Mais  on  coimaît  des  épidémies  qui  ont  frappé 
d'une  façon  égale  les  enfants  et  la  jeunesse  ;  d'autres,  comme  celle  de 
TtfaryleboneClSTS),  qui  ont  réservé  presque  exclusivement  leurs  coups 
à  l'enfance  ;  il  est  vrai  que  celle-ci  passe  pour  avoir  été  propagée  par  le 
lait.  En  général,  dans  les  localités  où  les  épidémies  ne  reparaissent 
qu'après  d'assez  longues  années,  les  enfants  payent  un  assez  lourd  tri- 
but ;  ainsi,  dans  les  grands  villages  de  l'arrondissement  de  Lille,  de  1878 
à  1881.  Tandis  qu'ils  sont  relativement  très  épargnés  dans  les  grandes 
villes  où  la  typhoïde  est  à  l'état  d'endémie  à  exacerbations  annuelles. 
Quant  aux  vieillards,  ils  ne  sont  nullement  réfractaires,  s'ils  ne  sont 
couverts  par  une  atteinte  antérieure.  M.  Vallin  {in  trad.  de  Griesinger) 
cite,  d'après  Parkes,  certain  village  où,  de  temps  immémorial,  la  fièvre 
typhoïde  n'avait  régné  ;  elle  s'y  développa,  un  jour  ;  tmis  les  habitants 
fiirent  atteints,  les  vieux  comme  jeunes.  On  voit  souvent,  dans  les  villa- 
ges français  (Colin),  la  reproduction  plus  ou  moins  approchée  de  cette 
observation. 

2.  La  réceptivité,  sauf  des  nuances,  reste  donc  absolue  tant  que  l'in- 
dividu n'a  pas  eu  la  maladie.  C'est  là  ce  que  j'ai  appelé  réceptivité  sim- 
pie  ou  négative.  Elle  est,  à  cet  égard,  la  même  pour  la  fièvre  typhoïde 
que  pour  la  variole,  qu'on  peut  toujours  avoir,  si  on  ne  l'a  eue  précé- 
demment ou  si  l'on  n'est  protégé  par  une  vaccination  encore  efficace. 


ÉTIOIX>OIE  £T  PROPHYLAXIE   DE  LA  FIÈVRE  TTPHOIDE.  341 

Mais  il  ue  faut  que  cela,  c'est-à-dire,  un  état  négatif,  pour  être  capa- 
ble de  la  variole;  du  moins,  ignorons-nous  complètement  ce  qui  a  pu 
valoir  Timmunité  à  quelques  rares  individus  qui,  bien  que  s'étant  expo- 
sés à  la  contagion  variolique,  y  out  échappé  sans  être  protégés  par  la 
vaccine  ou  l'atteinte  antérieure.  Pour  être  apte  à  la  fièvre  typhoïde,  au 
contraire,  il  faut,  en  outre  de  la  réceptivité  simple,  une  sorte  de  prépa- 
ration de  réconomie  par  des  influences  que  nous  allons  étudier  ;  ce  qui 
m'a  fait  dire  antérieurement  que  la  réceptivité  pour  la  typhoïde  est 
complexe  et  positive.  Si  je  ne  craignais  de  multiplier  les  mots,  je  propo- 
serais volontiei'S  de  désigner  ce  caractère  si  essentiel  de  la  réceptivité 
typhoïde  par  le  terme  de  disposition,  que  les  Allemands  empruntent  à 
notre  langue,  pour  indiquer  peut-être  la  réceptivité  native,  mais  sur- 
tout, m'a-t-il  semblé,  pour  signifier  la  réceptivité  acquise  et  accidentelle. 

La  réceptivité  simple  apparaît  chez  les  individus.  Un  villageois,  d'une 
commune  en  santé,  va  visiter,  dans  la  localité  voisine,  des  parents  ou 
des  amis  qui  ont  la  fièvre  typhoïde  ;  il  la  rapporte  chez  lui,  pour  lui- 
même  et  quelquefois  pour  d'autres.  Le  fait  se  réalise  assez  souvent,  dans 
ces  conditions  ou  d'analogues,  pour  que  l'on  s'exagère  le  rôle  de  la 
réceptivité  simple.  Ces  exemples  prouvent  uniquement  qu'elle  existe  et 
qu'elle  peut,  à  la  rigueur,  suffire. 

La  réceptivité  complexe  se  remarque  chez  les  groupes.  C'est  là  qu'on 
peut  observer  longuement  un  ensemble  d'ûidividus,  jouissant  à  coup 
8Ûr,  chacun  pour  soi,  de  la  réceptivité  simple,  et  chez  qui,  néanmoins, 
il  est  impossible  ou  très  difficile  de  faire  surgir  une  épidémie,  cette 
manifestation  de  la  réceptivité  du  groupe,  malgré  les  occasions  répétées 
de  transplantation  typhoïde.  Puis,  un  jour,  dans  cette  môme  collectivité, 
la  fièvre  apparaît  plus  ou  moins  brusquement.  Parfois,  il  est  survenu 
quelque  changement  dans  les  habitudes  ou  les  conditions  communes  de 
la  vie  ;  le  plus  souvent,  il  n'y  a  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  qu'une 
lacune  d'hygiène,  déjà  de  vieille  date,  est  devenue  de  plus  en  plus  pro- 
fonde, plus  funeste,  ou  que  l'occasion  lui  a  été  donnée  de  faire  sentir 
mieux  ses  fâcheux  effets.  Combien  de  villages,  peuplés  d'une  masse  d'in- 
dividus doués  de  réceptivité  simple,  en  relations  avec  une  ville  oii  la 
fièvre  typhoïde  est  endémique,  ayant  même  quelques  cas  sporadiques 
chez  eux,  restent  de  longues  années  sans  atteindre  à  l'épidémie  !  Com- 
bien de  casernes,  de  lycées,  sont  dans  le  même  cas  !  Depuis  six  ans,  la 
garnison  de  Lille  ne  m'a  pas  fourni  l'occasion  d'observer  une  épidémie 
de  fièvre  typhoïde  ;  cependant,  elle  reçoit,  chaque  année,  des  recrues  ; 
il  y  a  toujours  de  la  fièvre  typhoïde  en  ville  et  même  des  épidémies  de 
quartier  :  les  réservistes,  à  ma  connaissance,  en  ont  introduit  quelques 
cas  ;  bien  plus,  la  garnison  elle-même  (un  peu  plus  de  3,000  hommes)  en 


342  SECTION  I.  —  8ËANCE   DU  MERCBEDI   6  8CPTRUBRE. 

a  eu  des  cas  isolés  et  successifis,  au  point  que  je  pouvais  écrire,  Tannée 
dernière  :  a  j'ai  presque  toujours  eu,  dans  mes  salles,  an  typholsantoa 
deux,  rarement  davantage  au  même  moment.  L'un  venait  remplacer 
l'autre.  »  En  tout,  cela  ne  faisait  guère  plus  de  cinq  ou  six  cas  dans 
Tannée.  A  quel  moment  notre  garnison  sera-t-elle  réceptive  ?  Je  vou- 
drais qu'elle  ne  le  fût  jamais. 

Tous  les  ans,  Tannée  reçoit  des  recrues  :  c'est  un  noyau  de  jeunes 
gens  éminemment  réceptifs.  Beaucoup  pénètrent  dans  des  casernes  han- 
tées antérieurement  par  la  fièvre  typhoïde,  dans  des  villee  qui  Tont 
peut-être  encore.  Il  arrive  parfois,  selon  la  judicieuse  remarque  de 
M.  Léon  Colin,  que  ces  jeunes  soldats  réveillent  les  germes  latents  et 
font  reparaître  une  épidémie  que  Ton  pouvait  croire  éteinte  ;  ils  sont 
«  le  réactif  »  de  la  salubrité  du  lieu.  Est-ce  tout  de  suite,  dans  les  quinze 
jours,  qu'ils  ont  la  fièvre  typhoïde  ?  Cela  se  passe  quelquefois  ainsi,  mais 
c'est  le  cas  le  plus  rare  ;  les  cas  ne  se  précipitent  qu'au  bout  d'un  mois,, 
six  semaines  ou  davantage.  Actuellement,  les  recrues,  en  France,  sont 
incorporées  en  novembre  ;  or,  il  nous  semble  que  la  plupart  des  épidé- 
mies de  Tarmée  sont  de  mai  à  juillet.  C'est  donc  que  la  réceptivité  sim- 
ple ne  suflSsait  pas  et  qu'il  a  fallu  préparer  quelque  chose  de  plus. 

Dans  les  villes  qui  ont  la  fièvre  typhoïde,  l'épidémie  se  localise  dans 
certains  quartiers  ;  ceux  qui  restent  indemnes,  cette  année,  n'en  sont 
pas  plus  sûrs  de  ne  pas  être  envahis.  Tannée  prochaine.  Dans  les  villa- 
ges, même  localisation  à  des  maisons  ou  à  des  groupes  de  maisons  dis- 
tants les  uns  des  autres,  mais  entourés  d'habitations  qui  restent  indem- 
nes jusqu'à  nouvel  oi*dre,  malgré  les  relations  accoutumées  entre  voisins. 
Enfin,  dans  les  casernes  elles-mêmes,  il  est  très  commun  qu'une  seule  aile 
du  bâtiment  soit  frappée  (caserne  de  Neustift  d'après  Buxbaum  ;  caserne 
des  Anglais,  à  Douai,  en  1879,  d'après  Sockeel,  etc.),  l'autre  n'ayant  pas 
de  malades,  quoiqu'il  n'y  ait  aucune  tentative  d'isolement  ;  de  même 
que  les  épidémies  de  prison  se  trouvent  limitées  à  un  quartier  de  Téta- 
blissement  (maison  d'arrêt  de  Lille  :  deux  dortoirs). 

On  ne  manque  pas,  sans  doute,  de  trouver  toujours  une  raison  pour 
expliquer  le  fâcheux  privilège  du  point  envahi.  L'argument  habituel  est 
Vinfluence  de  la  localité,  dût-on  faire  des  sous-localités  dans  ce  qui 
paraissait  déjà  l'expression  la  plus  simple  de  la  localité.  Je  crois  et  j'es- 
père montrer  que  Ton  reporte  trop  volontiers  aux  milieux  extérieure 
l'influence  décisive  sur  l'activité  de  l'agent  typhogène  ;  quelques-uns  de 
ces  milieux  ne  sont  pas  capables  de  l'influence  supposée.  En  revanche, 
tous  ont  prise  sur  l'homme  et,  ce  qu'il  y  a  de  plus  certain,  c'est  leur 
puissance  relativement  à  ses  dispositions  morbides,  à  sa  réceptivité, 
pour  le  cas  particulier.  Lorsqu'on  voit  un  infirmier  soigner  pendant  sk 


ÉnOLOOIR  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIÈVBE  TYPHOÏDE.  343 

mois  OU  un  an  des  typholques,  et  ne  tomber  malade  à  son  tour  qu'après 
ce  laps  de  temps,  il  faut  bien  croire  que  cet  homme  a  été  protégé  jus- 
que-là par  le  défaut  de  réceptivité  positive  et  que,  s'il  s'est  opéré  quel- 
que part  un  changement,  au  moment  où  il  a  donné  prise  au  contage, 
c'est  surtout  dans  sa  vitalité  personnelle.  Les  corpuscules  pathogènes?  il 
les  a  dans  ses  poumons  ou  son  intestin^  depuis  longtemps  peut-être  ;  la 
fiu^lté  d'envahissement,  ces  corpuscules  [la  possédaient  virtuellement  ; 
il  ne  manquait  qu'une  chose,  à  savoir  que  l'économie  s'y  prêtât.  Ce  qui 
est  arrivé,  probablement  à  la  suite  d'une  circonstance  fort  banale,  ne 
fût-ce  que  la  fatigue  contractée  à  soigner  des  malades.  Quand  un  même 
village  a  successivement  deux  ou  trois  réveils  annuels  d'une  épidémie 
typhoïde,  rien  n'est  plus  commun  (Alison,  Baelde)  que  de  voir  tomber 
malades,  à  la  deuxième  ou  h  la  troisième  reprise  épidémique,  quelques 
individus  qui,  un  an  auparavant,  s'étaient  trouvés  impunément  dans  un 
foyer,  avaient  eux-mêmes  soigné  des  parents  malades.  Ils  ont  donc 
acquis  une  aptitude  qu'ils  n'avaient  pas,  —  ou  perdu  quelque  chose  de 
la  résistance  qu'ils  possédaient. 

3.  Que  ce  changement  de  disposition  chez  l'homme  provienne  des 
modifications  que  les  propriétés  du  milieu  opèrent  eu  lui,  ou  de  celles 
que  ce  milieu  imprime  à  l'activité  de  l'agent  typhogène,  ne  le  discu- 
tons pas  encore.  Mais  notons  que  l'alternative  se  pose  déjà  en  face  de 
cet  élément  de  la  réceptivité,  si  solidement  établi  par  M.  L.  Colin  :  la 
non  accoutumance  aux  milieux  typliogènes,  La  préservation  par  l'ac- 
coutumance se  présente  sous  deux  aspects.  On  s'habitue  au  contage,  ou 
l'on  s'habitue  à  ces  influences  qui  paraissent  être  décisives  sur  son  déve- 
loppement dans  l'économie.  Dans  le  premier  cas,  c'est  une  sorte  de 
Mithridatisme  pathologique,  une  vaccination  spontanée  par  absorption 
du  miasme  h  petites  doses  prolongées.  Dans  le  second,  c'est  une  accom- 
modation de  l'économie  à  des  milieux  médiocres  ou  altérés,  à  un  sol 
putride,  à  un  air  fade  et  animalisé,  à  une  eau  impure,  etc.,  de  telle 
sorte  qu'il  ne  survienne  pas,  de  ce  fait,  de  troubles  de  nutrition,  à  moins 
de  paroxysmes  dans  la  putridité  des  milieux,  et  que  les  intéressés  échap- 
pent ainsi  le  plus  habituellement  à  l'action  prédisposante  de  ces  condi- 
tions banales.  Les  deux  modes  sont  possibles,  peut-être,  et  même 
susceptibles  de  se  réaliser  simultanément.  Cependant,  j'incline  à  atta- 
cher plus  d'importance  au  second  et  je  soupçonne  que  c'est  aussi  le  sen- 
timent de  mon  éminent  ami,  M.  L.  Colin,  attendu  que  le  savant  epidé- 
miologiste  admet,  pour  certains  cas,  la  genèse  parfaite  de  l'agent 
typhogène  dans  les  milieux  putrides,  spécialement  dans  l'atmosphère 
des  locaux  encombrés.  On  n'est  vacciné  pour  une  maladie  que  par  une 
atteinte,  si  légère  qu'elle  soit,  de  cette  maladie  ;  et  M.  Colin  ne  croit  pas 


344  SECTION  I.  —  SEANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTUIBBE. 

que  les  citadins  aient  conquis  Timmunité  par  atteinte  antérieure,  à 
beaucoup  près  aussi  souvent  qu'ils  se  montrent  réfraetaires.  L'^ 
d'une  vaccination  se  maintient  quelque  temps  ;  au  contraire,  des  jeans 
gens,  originaii*es  de  Paris,  ayant  simplement  passé  les  vacances  à  la 
campagne,  c'est-à-dire  ayant  échangé  pour  un  air  tonique  Tair  putiîd^ 
de  la  grande  ville,  prennent  la  fièvre  typhoïde  en  y  rentrant,  comme 
pourrait  le  faire  un  fantassin  débarqué  de  son  village.  On  sait  aussi  que 
les  indigènes  de  Yera-Cruz  perdent  l'immunité  contre  le  vomito  es 
s'absentant  pour  aller  en  Europe.  Les  Parisiens  de  Paris  ne  sont  pas 
réfraetaires  au  germe  de  la  tièvre  typhoïde,  ils  le  prouvent  tous  ks 
jours  ;  mais  ils  sont  bien  moins  influencés  par  l'air  urbain  que  les  arri- 
vants de  la  campagne.  Respirer  cet  air  septique  n'est  plus  pour  eux  im 
trouble.  L'expérience  de  M.  Pasteur  sur  l'inoculation  du  charbon  à  la 
poule  montre  sufiisamment  qu'un  virus,  inoffensif  pour  un  oiseau  en  état 
de  vitalité  normale,  se  développe  jusqu'à  être  mortel  chez  le  même 
oiseau,  lorsqu'on  vient  à  troubler  profondément  une  des  fonctions  capi- 
tales de  la  nutrition  (ici  c'est  la  température). 

La  fièvi*e  typhoïde  est  aujourd'hui  si  répandue  et  les  campagnes  sont 
si  près  d'équilibrer  les  villes  dans  les  statistiques  funéraires  de  ce  fléau, 
que  je  me  demande  en  quel  endroit  un  jeune  homme  de  21  ans  peut 
avoir  vécu  jusque-là  pour  n'avoir  jamais  respiré  quelques  corpuscules 
typhogènes.  Néaimioins,  il  est  parfaitement  certain  que  les  recrues  des 
régiments,  que  les  soldats  au-dessous  d'un  an  de  service,  toute  propor- 
tion gardée,  fournissent  plus  de  malades  que  les  autres.  La  remarque  de 
M.  L.  Colin  est  inattaquable,  à  cet  égard,  et  sa  conclusion  absolument 
logique  ;  qu'ils  doivent  ce  fâcheux  privilège  à  leur  qualité  de  nouveaux- 
venus.  Seulement  il  est  permis  de  croire  que  ce  qui  leur  était  le  plus 
étranger  jusque-là,  ce  n'était  pas  Tagent  typhogène,  mais  l'air  urbain 
et  surtout  l'atmosphère  de  la  vie  en  commun,  abstraction  faite  des  molé- 
cules spécitiques  que  cet  air  peu  contenir. 

4.  Maintenant,  je  dis  que  les  milieux  putrides,  sol  infecté,  air  anima- 
lisé,  eaux  impures,  qui  ne  sauraient  être  de^  moteurs,  tant  que  la  souil- 
lui'e  est  banale,  sont  bien  plutôt  les  excitateurs  de  la  réceptivité,  ou 
même  les  autemvs  de  la  réceptivité  complexe  et  positive,  que  les  condi- 
tions nécessaires  ou  les  régénératem's de  l'activité  de  l'agent  typhogène. 
En  d'autres  termes,  ces  circonstances  extérieures  sont  essentiellement 
en  l'apport  avec  l'homme,  et  leur  rôle  capital,  d'ailleurs  suffisant,  vis-à- 
vis  de  l'agent  spécifique,  est  de  fournir  à  celui-ci  un  milieu  passif  de 
conservation. 

En  effet,  r  personne  n'a  démontré  l'évolution  vitale  ni  la  multiplica- 
tion des  germes  typhoïdes  dans  les  milieux  putrides  ;  les  conceptions 


ÉTIOLOQIX  ST  PB0PH7LAXIE  DE  LA.  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  345 

de  W.  Budd,  de  von  Pettenkofer,  à  cet  égard,  ne  sont  que  d'ingénieuses 
hypothèses  ; — 2*  le  développement  des  germes  hors  de  rhomme  n'est  pas 
nécessan^,  soit  devant  la  pathologie,  soit  devant  Thistoire  naturelle  ;  — 
3*  Tobservation  prouve  que  les  germes  typhoïdes  se  conservent  souvent 
aflleors  que  dans  ces  milieux,  dans  des  réceptacles  indifférents,  sans 
rien  perdre  de  leur  activité  ;  —  4"*  chacun  des  milieux  mis  en  cause  peut 
être  remplacé  par  un  autre  et  tous  peuvent  être  remplacés  par  la  véhi- 
culation  humaine. 

D'autre  part,  nous  avons  déjà  vu,  et  nous  le  redirons  encore,  que  cer- 
taines conditions  absolument  propres  à  Tindividu,  telles  que  le  surme- 
nage, peuvent  être  les  causes  déterminantes  de  la  fièvre  typhoïde,  sans 
qu'il  soit  possible  de  découvrir  d'autres  milieux  de  conservation  des  ger- 
mes que  l'homme  lui-même.  Quand  il  y  a  tant  de  déterminantes  étiolo- 
giques  diflférentes  et  capables  de  se  suppléer,  c'est  qu'aucune  d'elles 
n'est  nécessaire  et  que  toutes  agissent  par  un  caractère  commun,  lequel 
est  la  véritable  origine  et  la  raison  de  la  détermination  morbide.  Ce 
caractère  commun  est  évidemment,  ici,  un  trouble  de  nutrition  dans  le 
sens  dépi*essif.  Le  définir  plus  exactement  est  impossible  jusqu'à  nouvel 
ordre  et,  d'ailleurs  inutile.  Mais  un  trouble  de  nutrition  n'est  jamais  le 
générateur  d'un  agent  pathogène  de  la  nature  des  contages.  D'autre 
part,  son  action  se  limite  forcément  à  l'homme  qui  en  est  affecté  et 
n'atteint  point  les  choses  extérieures.  La  logique  veut  donc  que  toutes 
les  circonstances  qui  le  provoquent,  milieux  putrides,  dépression  physi- 
que ou  morale,  impressionnent  uniformément  l'homme  et  non  autre 
chose,  au  point  de  vue  de  l'éclosion  des  épidémies  typhoïdes,  c'est-à- 
dire  créent  ou  élèvent  la  réceptivité  typhoïde  des  individus  et  non  la 
fécondité  pathogénique  des  milieux  ou  l'activité  des  germes.  Au  fond, 
l'activité  d'un  germe  quelconque  grandit  dans  la  même  mesure  que 
l'économie  s'y  prête  et  affaiblit  la  résistance.  Le  résultat  définitif  est  le 
même  que  si  le  germe  se  multipliait  et  se  fortifiait  réellement.  Seule- 
ment, ce  serait  une  illusion  que  d'hitervertir  ainsi  les  rôles  et,  ce  qui  est 
plus  grave,  on  se  trouverait  parfois  en  face  de  faits  dans  lesquels  le 
milieu  de  maturation  manque  totalement  ;  d'où  la  tentation  de  se  reje- 
ter dans  la  doctrine  quelque  peu  fataliste  de  la  génération  spontanée  des 
maladies  spécifiques. 

5.  Le  sol  putride,  les  souillures  de  l'atmosphère  et  des  eaux,  mais 
surtout  la  première  de  ce>s  conditions,  qui  entraîne  les  deux  autres, 
constituent  ce  que  l'on  appelle  la  localité  apte  à  la  fièvre  typhoïde.  Il 
convient  de  rendre  ce  témoignage  aux  éminents  hygiénistes  de  Munich, 
qu'ils  ont  fait  ressortir  autant  qu'il  soit  possible,  par  de  vastes  et  soi- 
gneuses observations  aussi  bien  que  par  l'étude  directe  des  milieux, 


346  8ECTI05  I.  —  8KAXCË   DV  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

réiiorme  importance  de  la  localité,  dans  réclosion  de  la  fiène  typhoïde, 
principalement  à  Tétat  épidémique.  Mettons  de  c6té  l'exclusivisme 
auquel  il  est  toujours  facile  de  se  laisser  entraîner,  quand  on  appartient 
à  une  école  vivace  et  brillante  ;  élargissons  quelque  peu  la  doctrine  qm 
attache  au  sol  la  vitalité  des  germes  typhoïdes  et  les  fEÛt  sortir  de  terre 
avec  les  gaz  de  la  profondeur.  Et  nous  nous  trouverons  en  conformité, 
sur  quelques  points  au  moins,  avec  la  grande  majorité  des  observateois. 
surtout  des  observateurs  de  la  campagne  (Alison,  Pilât,  Baelde).  Ce 
n'est  pas  une  erreur  ni  une  illusion  que  cette  affirmation  si  commone 
des  rapports  du  sol  putride  avec  la  fièvre  typhoïde.  Les  bactéries  typho- 
gènes  sont-elles  dans  ce  terrain,  avec  les  bactéries  de  la  putréfaction  et 
quelques  autres  V  Je  ne  sais  et  ne  conteste  point  que  cela  soit.  Mais,  à 
coup  sûr,  si  des  germes  viennent  à  être  apportés  d'une  façon  quelcon- 
que aux  hommes  qui  vivent  sur  un  tel  sol,  dans  les  effluves  de  la  putri- 
dite,  ces  germes  seront  bien  reçus  et  auront  toutes  chances  de  prospé- 
rer à  bref  délai,  sans  intennédiaire.  L'expérience  est  là. 

Si,  au  lieu  des  effluves  d'un  sol  infecté,  des  hommes  ont  respiré  les 
émanations  des  latrines,  des  fumiers,  d'égouts  malpropres,  engorgés, 
ou  simplement  Tair  fétide  des  dortoirs  de  casernes,  de  pensionnats, 
pénétré  d'excrétions  humaines,  cutanées  et  autres,  je  crois  qu'il  y  aura 
équivalence  parfaite  et  que  les  individus  seront  tout  prêts  à  accueillir 
encore  l'agent  pathogène,  d'où  qu'il  vienne,  et  sauf  la  protection  rela- 
tive de  l'accoutumance  à  une  telle  atmosphère.  Après  tout,  bien  qu'il 
n'y  ait  pas  de  fièvre  typhoïde  partout  oîi  il  y  a  des  latrines  mal  tenues, 
de  l'air  odorant  et  animalisé  ;  bien  que  l'on  en  voie,  en  revanche,  dans 
des  conditions  opposées,  il  est  impossible  de  ne  pas  croire  que  ces  qua- 
lités putrides  de  l'air  étaient  à  un  degré  particulièrement  élevé  là  où 
tant  de  personnes  les  signalent,  ni  d'être  frappé  des  rapports  constatés 
par  les  médecins  militaires  entre  les  allures  des  épidémies  typhoïdes  et 
les  oscillations  de  la  densité  de  la  population  des  casernes  ;  les  épidémies 
reparaissant  le  plus  volontiers  (non  toujours)  peu  après  le  moment  où 
des  besoins  divers  ont  poussé  à  la  condensation  des  groupes.  Ceux  des 
médecins,  qui  sont  restés  partisans  de  la  spontanéité,  nous  ont  rendu  ce 
service  de  mettre  admirablement  en  relief  le  redoutable  pouvoir  de  l'air 
miasmatique  banal  ;  nous  n'avons  qu'à  recueillir  les  preuves  qu'ils  out 
accumulées,  ne  risquant  point  d'attribuer  à  cet  air  la  puissance  créa- 
trice qu'il  n'a  pas,  puisque  nous  savons  d'autre  part  qu'il  n'est  point 
typhogène  sans  l'apport  d'un  germe  et  que,  même  avec  le  germe,  il 
n'est  pas  indispensable. 

Pourquoi  l'air  miasmatique  banal  favorise-t-il  à  ce  point  les  progrès  de 
l'agent  typhogène?  Nous  n'en  savons  rien.  Henle,  qui  est,  je  crois, 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYIAXIE  DE  LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  347 

Fauteur  de  TexpressioD  :  maladies  contagieuses-miasmatiques^  suggérait 
ridée  que  des  circonstances  vulgaires,  d'alimentation,  de  météorologie, 
provoquant  chez  les  individus  une  diarrhée  banale,  celle-ci  déterminait 
dans  rintestin  une  modification  de  nutrition,  qui  en  fait  le  terrain  appro- 
prié au  développement  d'êtres  dont  la  présence  est  la  condition  de 
Texanthème  intestinal.  Une  maladie  non  contagieuse,  comme  la  fièvre 
intermittente,  pouvait  aussi  réaliser,  dans  le  sang  ou  les  humeurs,  ces 
modifications  qui  rendent  l'individu  apte  à  recevoir  un  contage  véritable. 
On  sait  que  M.  Léon  Colin  admet  que  cette  même  fièvre  intermittente 
est  capable  d'engendrer,  dans  l'économie,  l'étofiFe  putride  d'où  la  fièvre 
typhoïde  sortira,  comme  elle  le  fait  d'une  autre  sorte  de  putridité.  D'où 
une  véritable  transformation  de  la  fièvre  malariale  en  fièvre  typhoïde 
que  M.  Wernich  accepte,  en  l'interprétant  selon  sa  doctrine  de  l'évolu- 
tion typliogène  du  Baûllus  suhtili-s.  M.  v.  Nâgeli  adapte  à  la  situation 
la  théorie  diblastique.  Il  y  a  deux  champignons;  l'un,  miasmatique,  pro- 
cédant de  la  putréfaction  vulgaii'e;  l'autre,  germe  morbide.  Quand  il, 
viennent  à  se  rencontrer,  de  leur  réunion  ou  de  leur  réaction  l'un  sui* 
l'autre,  naît  le  contage.  Or,  cette  réunion  peut  avoir  lieu  hors  de 
l'homme  (ectogène,  ectanthrope),  ou  dans  le  corps  même  de  l'homme 
(endanthrope).  Le  premier  cas  n'est  autre  chose  que  la  doctrine  préférée 
de  M.  de  Pettenkofer.  Dans  le  second,  qu'il  ne  repousse  pas  absolument 
(théorie  monoblastique),  le  champignon-miasme  préparerait  les  humeurs 
de  l'économie,  l'intestin  peut-être,  à  se  prêter  au  développement  du 
champignon-contage.  C'est  le  cas  qui  s'appliquerait  à  l'influence  mias- 
matique banale.  Malheureusement,  tout  ceci  est  fort  entaché  du  carac- 
tère d'hypothèse  et  l'on  n'a  constaté  directement  ni  ces  phénomènes 
curieux  dans  le  sol,  ni  ces  modifications  dans  l'économie,  ni  leurs  traces 
symptomatiques. 

Tout  en  faisant  cette  objection  à  la  théorie  diblastique,  M.  Wernich  a 
émis  l'opinion  que  la  présence  des  gaz  de  la  putréfaction  dans  le  sang 
fait  de  ce  hquide  un  milieu  nourricier  des  germes  typhoïdes,  de  même 
que  le  passage  de  ces  gaz  à  travers  des  liqueui's  de  culture  stérilisées  les 
rend  beaucoup  plus  aptes  à  la  puUulation  des  bactéries  que  des  liqueurs 
pareilles,  qui  n'ont  pas  subi  le  même  traitement*.  M.  Hans  Buchner 
répond  que  cet  effet  des  gaz  de  la  putréfaction  sur  les  liqueurs  de  culture 
tient  simplement  à  ce  que  ces  gaz  rendent  les  liqueurs  alcaUnes,  par 
l'ammoniaque  qu'ils  renferment.  En  ajoutant  un  peu  d'ammoniaque, 
sans  aucun  gaz,  aux  liquides  de  culture,  on  obtient  le  même  effet  '.  Je  ne 

*  Wernich  (A.),  DesinfectionsUhre  zum  praktiacheti  Gebraucfi,  2'«  Aufiage.  Wien 
und  Leipzig,  1882. 

*  Bachner  (Hans),  Ueber  die  Bedingungen  des  Uébergangs  von  Pilzen  in  die 


Mh  SKCnOK  I.  —  8KANXE  DI'  MEBCBEDI  6  SEPTEMBKE. 

voux  pas  rentrer  dans  le  débat  en  ce  qui  concerne  les  cultures  ;  mais  te 
argument/s  de  M.  Buchner  me  paraissent  un  peu  trop  fortement  teintés 
de  chimie.  Certainement,  l'agent  typhogène  n'est  pas  un  gaz:  certaine- 
ment encore,  il  n'est  pas  de  gaz  dont  le  sang  ne  se  débarrasse  et  les 
exi»érienc#!K  de  M.  Wemicb  ne  démontn?nt  pas  suffisamment  qu'il  y  ait 
de^  ga/  quHconques  particulièrement  favorables  à  la  végétation  des 
champignons  inff'rieurs.  Mais  il  n'en  reste  pas  moins  acquis,  pour  tom 
médecin,  qu'il  <\st  mauvais  à  l'homme  de  respirer  avec  Tair  des  giz 
étrangers  et  qu'il  (*st  particuliên'ment  fâcheux  de  respirer  les  gaz  de  li 
putréfaction,  sinon  à  cause  de  leur  toxicité  dans  le  sens  de  la  chimie,  au 
moins  à  cause  d'éléments  spéciaux  qu'ils  entratnent  avec  eux,  qui  échap- 
IK;nt  à  l'analyse,  mais  non  tout  à  fait  à  nos  sens.  Cela  ne  crée  pas  li 
fièvre  typhoïde,  nous  l'avons  suffisamment  répété;  la  fièvre  typhoïde 
n'est  probablement  pas  la  seule  maladie  à  laquelle  ces  effluves  impurs 
préparent  les  groupes;  l'action  de  l'air  putride  sur  la  réceptivité  typhoïde 
n'est  jioint  fatiile,  puisqu'elle  manque  souvent  son  effet,  même  alors  que 
l'on  p(mt  supposer  la  présence  des  germes  spécifiques;  mais  il  est  impos- 
sible, (>n  face  <les  milliers  de  faits  observés,  de  la  préférence  marquée  du 
fléau  ])Our  le.s  habitations  malpropres,  encombrées,  mal  aérées,  de  ne  pas 
iToire  qu(î  l'air  aninialisé,  putride,  est  un  puissant  agent  de  réceptivité, 
cntnî  autres. 

Les  eaux  sales,  prises  en  boisson,  produisent  à  tout  le  moins  un  effet 
analogue;  c'(;st  la  puti'idité  violemment  introduite  dans  le  tube  digestif, 
<|ui  ne  iK»ut  moins  faire  que  réagir  d'abord.  Il  est  difficile  de  nier  absolu- 
ment que  l'eau  puisse  véhiculer  l'agent  pathogène;  mais  celle  qui  le 
possède  est  sale  par  là  même,  puisque  c'est  par  l'infiltration  de  déjec- 
tions typhoïdes  qu'elle  l'a  reçu.  On  jKîUt  se  demander  si  l'accompague- 
ment  putride  du  genne  n'est  pas  la  circonstance  qui  décide  son  implan- 
tation dans  l'économie.  En  sui)posant  que  l'affirmative  soit  la  vérité,  il 
<^st  bien  clair  que  las  eaux  banal(»ment  putrides  prépareront  de  même  le 
tube  digestif  et  toute  l'économie  pour  la  réussite  de  germes  pris 
n'importe  oii,  voire  i)our  les  germes  latents  que  des  individus  portent 
avec  eux.  On  serait  téméraire,  à  notre  avis,  de  nier  que  l'eau  fétide  de 
l'Eure  ait  agi  do  cette  façon  dans  l'épidémie  du  camp  de  Pontgouin,  que 
les  eaux  saunifttres  et  organiques  de  Tunisie  aient  eu  ce  rôle  indirect 
dans  la  fièvre  typhoïde  du  con)s  expéditionnaire.  M.  L.  Colin,  qui  doute 
<lu  rfile  de  l'eau,  comme  agent  spécifique  de  propagation,  y  voit  volon- 
tiera  «  une  cause  banale,  cnuse  qui  i)roduit  une  véritable  sollicitation 


J^ft  ufid  uher  dit'  EimUlniuiPig  dert(elhen  (Vortrag  gchalten  im  Aerztl.  Verein  zu 
Manchon,  ant  17.  Novembcr  1880). 


ÉTIOLOGIE  ET  PROPHYLAXIE  DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  349 

le  vers  rintestin,  sollicitation  dangereuse  dans  les  périodes  épidé- 
;'...»  £t  M.  Alison'  :  a  Dans  certains  cas,  il  arrive  que  le  typhoïde 
pendant  les  quinze  jours,  par  exemple,  qui  ont  précédé  sa  maladie, 
1  des  émanations  putrides  et  boit  une  eau  souUlée  par  des  matiè- 
paniques  en  putréfaction.  Or,  comme  le  contage,  chez  ce  malade, 
t  être  soupçonné  d'avoir  plus  d'activité  que  lorsque  la  maladie 
son  maximum  épidémique,  et  que  les  autres  conditions,  indivi- 
;,  telluriques  ou  atmosphériques,  n'ont  pas  changé,  nous  pouvons 
er  que  ce  n'est  pas  le  contage  mais  bien  la  putridité  qui  a  été  le 
*  prépondérant  de  la  maladie.  » 

3st,  apparenmient,  le  sens  qu'il  faut  attacher,  au  terme  de  localité, 
on  parle  de  localités  réceptives  ou  de  localités  réfractaires  à  la 
typhoïde.  Il  n'y  a  pas  de  localité  réfractaire,  puisque  son  immu- 
'pend  de  choses  que  l'homme  peut  changer;  il  y  a  seulement  un 
I  qui  n'est  pas  prêt.  Au  sein  de  celui-ci,  les  cas  importés  resteront 
s  pendant  un  certain  temps  ;  mais  personne  ne  peut  répondre  que 
mité  soit  indéfinie.  U  suffit  quelquefois  d'histaller  deux  ou  trois 
oldats  (Marmonnier,  Farssac,  mL.  Colin),  dans  une  localité  qu'on 
supposer  réfractaire  jusque-là,  pour  voir  crouler  l'immunité, 
.près  ce  qui  vient  d'être  dit  du  rôle  indirect  des  eaux  organique- 
souillées,  il  suffira,  sans  doute,  d'un  simple  rapprochement  poui* 
laître  que  des  aliments  putrides  seraient  au  besoin,  capables  d'opé- 
is  l'économie  la  même  préparation  ou,  si  l'on  veut,  la  même  solli- 
n.  En  admettant  qu'il  y  ait  eu  de  vraies  fièvres  typhoïdes  parmi 
^idents  d'Andelfingen,  de  Kloten,  de  Birmenstorf  et  parmi  les 
3s  de  l'Argo,  on  aurait  la  clef  de  l'étiologie  par  la  surexcitation 
le,  au  moyen  d'un  trouble  digestif  aigu,  de  la  réceptivité  des  grou- 
ur  des  germes  typhoïdes  dont  il  est  toujours  légitime  de  supposer 
»nce. 

ien  ne  nous  semble  démontrer,  qu'il  faut  rapporter  à  l'homme 
qu'aux  milieux  de  conservation  des  germes  l'action  préparante 
iiillures  diverses,  mieux  que  les  faits  dans  lesquels  les  observateurs 
trouvé  à  incriminer  autre  chose  que  des  fatigues^  des  excès,  un 
\oral  triste.  Ici,  tous  les  éléments  étiologiques  retentissent  sur 
ne  exclusivement  ;  les  fatigues,  les  excès,  les  chagrins,  ne  peuvent 
Lcer  en  quoi  que  ce  soit  le  sol,  l'air  ou  les  eaux,  non  plus  que  les 
rs  pathogènes. 

lin  (Léon),  De  la  fièvre  typhoïde  dans  Varmée.  Paris,  1878,  p.  125.  —  Du 
De  Vingestion  des  eaux  marécageuses  cotnme  cause  de  la  dyssenterie  et  des 
mtermittentes.  Paris,  1872. 
e.  cU.  p.  329. 


850  8ECTI0X    I.  —  8ËANXE   DC   MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

Pamii  les  exemples  (coUectife,  comme  toujours,  dans  TarméeK  relevés 
par  M.  L.  Colin,  notons  répidémie  des  artilleurs,  à  Vincennes,  au  moÊ 
d'août  1874,  parce  que  celle-ci  présente  d'elle-même  sa  contre-épreare. 
Les  recrues  n'étaient  arrivées  qu'en  avril;  l'éducation  militaire  devait. 
néanmoins,  être  terminée  pour  l'inspection  générale,  en  août;  aosâ  la 
poussait-on  vivement  (exercices  à  pied,  équitation,  manœuvres  de  force). 
La  fièvnî  typhoïde  éclata  épidémiquement.  Le  12^  d'artillerie,  qui  comp- 
tait 359  recrues,  eut  79  malades;  43  de  ceux-ci  étaient  des  recrues.  Pen- 
dant ce  temps-là,  une  compagnie  d'ouvriers  d'administration,  casemée 
au  milieu  des  artilleurs  et,  en  raison  de  ses  occupations,  ne  quittant  le 
fort,  c'est-à-dire  le  foyer  épidémique,  ni  jour  ni  nuit,  resta  à  peu  prfe 
indemne.  Ces  hommes  ne  faisaient,  pour  leur  service  militaire,  autre 
chose  que  ce  qu'ils  avaient  fait  toute  leur  vie,  charronnage,  menuiserie, 
serrurerie;  ils  ne  différaient  des  artilleurs  que  par  le  maintien  d'un 
séjour  dangereux  et  par  l'absence  de  fatigues  exceptionnelles. 

Mais  il  y  a  des  observations  encore  plus  vastes  et  plus  frappantes.  Je 
crois  que  l'épidémie  de  Tunisie  est  essentiellement  la  démonstration  en 
grand  de  l'influence  des  circonstances  dépressives  sur  la  réceptivité 
typhoïde  et  rien  ne  pouvait  mieux  fournir  cette  démonstration,  aussi 
isolée  que  possible  de  toutes  les  autres  conditions  que  l'on  a  coutume  de 
désigner,  comme  ayant  rempli  le  champ  de  l'étiologie  indirecte.  Les 
soldats  envoyés  de  France  n'étaient  pas  des  recrues,  mais  ils  étaient 
assez  jeunes  (tous  le  sont  aujourd'hui)  pour  ressentir  vivement  le  trouble 
de  la  mise  en  campagne,  les  tristesses  du  dépaysement,  les  appréhen- 
sions de  l'inconnu  et  de  dangers  probables  ;  peu  d'entre  eux  possédaient 
cet  art  de  «  se  débrouiller,  »  qui  caractérisait  autrefois  le  troupier  fran- 
çais; les  exercices  journaliers  de  l'éducation  militaire,  en  garnison, 
ni  même  les  grandes  manœuvres  avec  la  pratique  du  cantonnement, 
ne  les  avaient  préparés  à  la  guerre  d'Afrique,  si  différente  de  toute 
autre  et  dans  laquelle  on  n'a  à  sa  disposition  que  les  ressources 
qu'on  porte  avec  soi,  nourriture  et  abris;  puis,  l'on  tombait  soudai- 
nement sous  un  climat  oîi  tout  est  excessif,  oîi  l'on  passe  des  pluies 
torrentielles  aux  ardeurs  d'un  soleil  torride.  Et  l'on  marchait,  néan- 
moins. L'elBFort  physique  était  de  tous  les  jours  et  la  tension  morale  était 
sans  trêve.  C'est  à  la  faveur  de  cette  disposition  très  générale  que  les 
germes  apportés  de  France,  dans  les  organismes  individuels  plus  que 
dans  l'équipement,  trouvèrent  les  économies  désarmées  et  purent  attein- 
dre à  leur  développement  complet. 

«  Les  épidémies  de  fièvre  typhoïde,  dit  Ern.  Besnier,  sont  des  épidé- 
mies locales;  leurs  exacerbations  sont  absolument  locales  également.  > 
C'est  bon  pour  une  ville,  une  caserne,  un  lycée,  une  prison.  Mais  que 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE   LA  FIEVRE  TYPHOÏDE.  351 

devient  la  localité  quand  il  s'agit,  comme  en  Tunisie,  de  groupes  qui  se 
déplacent  incessamment?  Il  ne  faut  plus  dire  que  les  épidémies  de  fièvre 
typhoïde  sont  locales^  mais  qu'elles  sont  personnelles,  en  comprenant  ici 
une  persofinalité  collective,  celle  des  groupes  (J.  Andt.)*  Et  quand  on  se 
rappelle  qu'il  faut  surtout  voir,  en  cette  occasion,  le  réveil  de  germes 
présents  dans  les  organes  mêmes  des  individus,  on  comprend  que  j'aie 
pu  écrire  autrefois  cette  formule,  que  m'imposait  l'observation  et  que 
M.  L.  Colin  a  remarquée  :  «  Le  principe  de  la  fièvre  typhoïde  se  révèle 
à  chaque  instant  comme  tellement  Inonain  qu'on  ne  peut  guère  le  con- 
cevoir en  dehors  et  indépendant  de  l'homme.  »  Ces  faits  sont  d'une  por- 
tée considérable,  à  notre  avis,  et  pourraient  être  un  terrain  de  concilia- 
tion entre  les  doctrines  opposées.  Sans  être  jamais  spontanée,  on 
comprend  comment  la  fièvre  typhoïde  peut  revêtir  parfois  les  apparences 
d'une  maladie  autochtone.  Il  suffit  que  le  germe  ait  été  chez  l'homme 
depuis  assez  longtemps  pour  que  l'on  ait  oublié  qu'il  est  venu  du  dehors» 
et  que  l'homme  ait  fait  lui-même,  à  sa  propre  économie,  les  conditions 
nécessaires  au  développement  du  geime. 

L'épidémie  de  Tunisie,  elle  aussi,  a  eu  sa  contre-épreuve,  o  M.  Duche- 
min  a  remarqué  qu'elle  frappait  les  artilleurs  et  les  soldats  du  génie 
renapit  de  France  plutôt  que  les  soldats  d'Afrique,  leurs  voisins  »  {Rap- 
port Baudouin).  Cette  observation,  répétée  sur  d'autres  points,  m'a  été 
confirmée  de  vive  voix  par  l'un  des  médecins  du  corps  expéditionnaire, 
les  mieux  en  situation  de  se  rendre  compte  du  caractère  des  faits  *. 
Ajoutons  ce  complément  remarquable  :  à  savoir  que  ces  troupes,  déjà 
vieilles  en  Afrique,  présentaient,  comme  d'habitude,  les  diverses  formes 
climatériques  et  palustres,  tandis  que  les  soldats  de  France  n'avaient 
que  la  fièvre  typhoïde.  Ils  n'avaient  pas  le  temps  d'avoir  autre  chose. 


^  On  devait  se  demander,  et  nous  l'avons  fait,  si  le  parasite  typhogène,  apporté 
par  les  troupes  de  France,  chez  les  individus  ou  dans  des  objets  inertes,  n'avait  pas 
trouvé  en  Algérie  des  conditions  particulièrement  favorables  à  son  développement 
et  à  l'élévation  de  son  activité,  par  exemple  la  température  atmosphérique.  Indé- 
pendamment des  autres  circonstances  qui  s'opposent  à  l'idée  d'une  culture  de  ce 
parasite  en  dehors  de  l'homme,  l'immunité  des  troupes  algériennes  nous  parait 
péremptoire.  La  chaleur  a  excité  l'activité  du  parasite  pour  elles  aussi  bien  que 
pour  les  autres  ;  toutes  les  circonstances  extérieures  imaginables  ont  fait  de  même. 
Il  n'y  a  eu  qu'une  différence,  à  savoir  l'effet  produit  chez  les  non-acclimatés  et 
qui  est  resté  faible  ou  nol  chez  les  acclimatés.  Le  point  capital  est  donc  toigours 
la  disposition  individuelle,  organique  ;  et  le  vrai  milieu  de  culture  du  typhogène, 
c'est  encore  l'homme. 


.']52  SECTION  I.  —  SÉANCE  DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 


Article  IV. 

Caractères  épidémiques  de  la  fièvre  typhoïde 

Nous  ne  saurions  avoir  Tintention  de  reprendre,  en  ce  moment, 
Texposé  de  tous  les  caractères  épidémigues  de  la  fièvre  typhoïde.  Ds  soot 
généralement  connus  et  il  suffirait  de  renvoyer  aux  auteurs.  Ce  que  je 
cherche  à  mettre  généralement  en  vue,  c'est  la  place  qu^a  prise,  de  dos 
jours,  la  fièvre  typhoïde  dans  le  cadre  des  maladies  populaires,  sob 
universalité,  son  uhujuitè.  Nous  espérons  établir  ces  caractères,  d'une 
incontestable  importance,  sur  des  faits  qui  ne  sont  pas  inconnus,  mù& 
dont  le  rapprochement  dans  ce  sens  n'a  pas  encore  été  opéré  d'une 
façon  suffisante. 

1.  L'entrée  de  la  fièvi'e  typhoïde  sur  la  scène  pathologique  ne  date 
pas  de  Louis,  dont  l'œuvre  a  été  surtout  de  simplification  et  d'unification, 
ni  de  Prost,  qui  montra  l'un  des  premiers  la  lésion  intestinale,  ni  de 
Rœderer  et  Wagler,  ni  de  Morgagni,  ni  de  Sydenham.  Je  serais  disposé 
à  admettre  qu'elle  est  fort  ancieime,  aussi  ancienne  que  l'histoire.  Bien 
des  circonstances,  faciles  à  comprendre,  ont  pu  la  faire  méconnaître  ou 
confondre  avec  d'autres  espèces.  Il  y  a  cinquante  ans,  on  aurait  encore 
pu  croire  qu'elle  se  révélait  pour  la  première  fois  sur  divers  points  de  la 
France,  alors  qu'il  s'agissait  simplement  du  progrès  des  doctrines  de 
l'École  de  Paris.  Cependant,  on  peut  soupçonner  qu'elle  était  beaucoup 
moins  commune  qu'aujourd'hui,  non  par  ce  que  l'on  sait  d'elle,  mais  par 
ce  que  les  historiens  et  les  médecins  disent  de  positif  sur  d'autres  espèces 
morbides. 

Laissons  de  côté  le  moyen  âge,  pour  raison  d'obscurité  notoire.  Il 
reste  certain  que  deux  grandes  épidémies  ont  occupé,  dans  notre  Europe, 
ou  plutôt  dans  le  monde  civilisé,  l'espace  compris  entre  le  mUieu  du 
Xyme  s,\èc\e  et  la  fin  du  XVIU""  ;  la  i)este  et  le  typhus  eocanthématiqm. 

Sans  doute,  les  auteurs  nous  ont  transmis  moins  des  descriptions  que 
des  récits  et  des  nécrologes.  Mais  la  peste  et  le  typhus  sont  d'un  dia- 
gnostic assez  facile;  la  première,  à  cause  des  bubons;  le  second,  par 
l'exanthème  pétéchial.  D  est  possible  que  les  chroniqueurs  aient  abusé 
du  mot  peste,  en  l'entendant  parfois  comme  le  correspondant  grec 
Xot[i6c;  mais  la  confusion  n'était,  apparemment,  qu'entre  la  peste  véri- 
table et  le  typhus.  Peste,  pestis,  febris  fnaligna  pestilens,  sont  autant 
d'expressions  qui  doivent  bénéficier  au  typhus,  toutes  les  fois  qu'il  y  a 
doute.  Le  typhus  fut  certainement  commun  dans  ces  temps  de  guerres, 
de  sièges  et  de  famines  incessantes.  Le  pourpre,  les  fièvres  malignes  et 


ETIOLOUIE   ET   PROPHYLAXIK   DE   LA   FIEVRE   TYPHOÏDE.  /)53 

pourprées,  les  fièvres  continues,  malignes  et  venimeuses,  me  font  l'effet 
d'avoir  été  du  typhus  bien  plus  que  de  la  tièvre  typhoïde;  l'exanthème 
pétéchial  et  hémon'hagique  méritant  mieux  que  les  taches  rosées  le  titre 
de  «  pourpre  »  et  pouvant  servir  au  vulgaire  à  caractériser  la  maladie. 
La  contagion  de  ces  formes  paraît  aussi  avoir  été  plus  nette  qu'elle  n'est 
dans  la  fièvre  typhoïde. 

Or,  la  fièvre  typhoïde  apparaît  aujourd'hui  avec  une  fréquence  et  une 
extension  géographique  qui  croissent  comme  le  domaine  de  la  peste  et 
du  typhus  diminue. 

La  peste,  sauf  le  retour  offensif  d'Astrakhan  et  de  Wetlianka  (1878), 
a  disparu  d'Europe  et  ne  survit,  dans  le  reste  du  monde,  qu'en  des 
points  assez  espacés,  très  peu  mêlés  au  mouvement  moderne. 

Le  typhus  est  infiniment  plus  rare  qu'autrefois.  Il  se  confine  de  plus 
en  plus  dans  ses  foyers  de  Pologne,  de  Haute-Silésie,  d'Irlande.  Celui 
d'Algérie  n'a  plus  fait  parler  de  lui  depuis  1868.  Dans  la  guerre  russo- 
turque  de  1877-78,  alors  que  des  peuplades  primitivement  pénétrées  de 
typhus  se  sont  agglomérées  et  heurtées,  il  s'est  montré,  comme  autrefois, 
la  maladie  des  camps,  ainsi  que  nous  avons  pu  en  juger  par  l'analyse 
qu'a  publiée  M.  W.  Roth  du  Rapport  de  la  commission  d'assainissement 
de  l'armée  du  Danube*.  Mais  on  avait  pu  croire  la  tradition  rompue 
pendant  la  guerre  de  1870-71  ;  bien  que  l'invasion  germanique  ait  mêlé 
aux  masses  armées  des  bataillons  de  Polonais  et  de  Silésiens,  la  présence 
du  typhus  tacheté  resta  douteuse  chez  les  troupes  allemandes,  tandis 
que  la  fièvre  typhoïde  i)rit  la  tête  des  maladies  de  guerre  ^  Il  en  fut  de 
même  parmi  les  soldats  français  et  chez  les  assiégés  de  Paris  et  de  Metz. 
Enfin,  c'est  encore  par  la  fièvre  typhoïde  que  se  traduisent  les  lacunes 
d'hygiène  de  notre  récente  expédition  de  Tunisie,  bien  que  l'armée 
occupât  une  terre  à  laquelle  le  typhus  passait  naguère  pour  familier. 

Ne  voit-on  pas,  dans  les  prisons,  une  reproduction  de  cette  sorte  de 
substitution  nosologique  ?  Parmi  les  causes  de  l'épidémie  de  1878  à  la 
maison  d'arrêt  de  Lille,  M.  L.  Hallez  signale  la  malpropreté,  mais 
surtout  V encombrement;  la  prison,  bâtie  pour  300  détenus,  en  renferme 
de  450  à  550;  le  cubage  y  est  de  7  à  10  m.  cub.  par  tête.  D'autre  part, 
la  Flandre  a  été,  à  son  heure,  ensemencée  de  typhus  {fièvre  de 
famine,  1847).  Dans  des  conditions  pareilles,  c'était  jadis  le  typhus  et 

•  Erismann  (Friedrich),  Die  Demnfectionsarheiten  auf  dem  Kriegschaupîatze  der 
europàischen  Tûrkei  wàhrend  des  russisch-tûrkischen  Feldzugs  1877-78.  Bericht 
n.  8.  w.  besprochen  von  D^  W.  Roth  (D.  Vierteljahr,  f.  ôff.  Gesundheitspflegej 
XII,  p.  447.  1882). 

*  Virchow  (Rud.),  Gesammeite  AbJiandlungen  aus  dem  Gebiete  der  ôff.  Medicin 

und  der  Seuchehlehre,  Berlin,  1879,  t.  II,  p.  153  et  179. 

23 


354  SKCTIOX    I .  —   KKAX(  K   1)1'  MKHCRKl»!   G  BKPTKIIHRK. 

non  la  tièvie  typhoïde,  qui  éclatait  dans  les  prisons  de  Reims  (ISH^I, 
d'Amiens  (  ls4S),  de  Strasbourg  (1855),  de  Nancy  (1855). 

Même  en  faisant  une  exception  pour  Tlrlande  et  une  autre  pour 
Torient  de  TEurope,  il  est  difficile  de  ne  pas  reconnaître  que  la  fièvre 
typhoïde  déplace  h^  typhus  et  qu'elle  surgit  dans  des  conditions  que  l'on 
trouvait  plutôt,  autrefois,  à  Torigine  de  celui-ci.  Même  en  admettant  les 
incertitudes  et  l(»s  erreurs  de  diagnostic  des  siècles  passés  et  du  commen- 
cement <lu  siècle  actuel,  il  semble  bien  qu'elle  ait  acquis  un  degré  de 
souveraineté  qu'elle  n'avait  pas  jadis. 

Est-ce  encore  un  hasard  que  la  tièvre  typhoïde,  jMîndant  l'été  et 
l'automne  de  1881,  ait  pris  la  place  des  fièvres  malariales  chez  les 
troupes  de  l'expédition  de  Tunisie. 

On  ne  voit  point  cette  progression  lente,  continue,  et  cette  prise  de 
possession  de  la  pathologie,  de  la  part  des  maladies  dont  les  gennes  sont 
incapables  de  s'humaniser.  Le  choléra,  bien  qu'il  ait  montré  une  étrange 
souplesse  d'adaptation  h  toutes  les  latitudes  et  à  toutes  les  familte 
humaines,  reste  en  réalité  étranger  à  l'homme.  Hors  de  l'Inde  (et  encore), 
il  n'apparaît  que  par  larges  bouffées  épidémiques,  toujours  violent,  niak 
non  durable.  Il  y  a  de  fortes  raisons  de  croire  qu'il  n'est  point  réfractaire 
à  l'acclimatement  en  Europe;  cependant,  il  va  en  s'épuisant,  même 
quand  il  paraît  y  avoir  pris  pied.  Ce  qui  est  sérieusement  à  craindre,  ce 
sont  les  importations  nouvelles  d'Asie.  Pourtant,  il  meurt  en  route,  si  on 
le  fait  attendre  quelques  jours  au  lazaret  ou  s'il  est  obligé  de  traverser 
le  désert  pour  arriver  jusqu'aux  centres  réceptifs.  Les  précautions 
sanitaires,  prises  sur  les  routes  maritimes,  sont  encore  assez  imparfaites, 
assez  souvent  éludées,  pour  ne  nous  mettre  guère  à  l'abri  contre  lui, 
s'il  avait  l'aptitude  à  s'identifier  avec  l'homme,  qui  distingue  la  fièvre 
typhoïde.  Celle-ci,  au  moins,  ne  répugne  pas  aux  routes  de  terre. 

2.  La  fièvre  typhoïde  est  extraordinairement  ubiquitaire.  Cela  ressort 
de  la  vaste  et  savante  revue  géographique  que  l'on  devra  lire  dans  la 
nouvelle  édition  du  livre  de  M.  Hirsch.  Dei)uis  les  -les  glacées  qui  con- 
finent au  cercle  polaire  (Islande,  les  Féroë)  jusqu'à  l'équateur,  des 
gi-ands  continents  aux  îlots  perdus  des  archipels  océaniens,  tout  ce  qui 
participe  au  mouvement  commercial  ou  social  de  l'époque  actuelle 
connaît  la  fièvre  typhoïde.  Jamais  les  relations  humaines  n'ont  propagé 
plus  sûrement  et  plus  unifonnément  un  fléau.  Celui-ci  fait  partie  du 
monde  moderne,  comme  l'alcool  et  le  tabac.  On  a  été  quelque  temps  à 
croire  que  certaines  latitudes,  certains  sols,  pouvaient  lui  être  antipathi- 
(jnes.  Morehead  ne  la  reconnaissait  pas  aux  Indes  et  en  avait  conclu  à 
son  inaptitude  à  s'acclimater  sous  les  tropiques.  Nos  devanciers  en 
Algérie  ne  croyaient  pas  à  la  fièvre  typhoïde  chez  les  acclimatés  et  les 


KTIOLOGIE   ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  355 

indigènes  ;  Boudin  avait  élevé  sur  cette  idée  sa  théorie  de  l'antagonisme 
entre  l'impaludisme  et  la  fièvre  typhoïde.  En  1868,  avec  mon  ami 
Kolsch,  nous  avions  quelque  peine  à  faire  passer  des  observations,  qui 
pourtant  n'étaient  pas  les  premières,  de  vraie  fièvre  typhoïde  chez  de 
\ieux  Africains  *.  Depuis  lors,  la  maladie  est  devenue  absolument 
vulgaire  en  Algérie,  de  même  que  les  médecins  anglais  de  llnde,  et 
Morehead  lui-même,  la  signalent  de  toutes  paits  dans  la  grande 
presqu'île  asiatique. 

Est-ce  que  les  premiers  observateui's  avaient  mal  vu  et  avaient  commis 
les  graves  confusions  que  M.  Hirscli  soupçonne,  victimes  toujours  de 
cette  terminologie  multiforme  qui  a  causé  tant  de  malentendus  ?  Il  y  a 
ou  de  cela,  probablement,  mais  point  dans  de  si  vastes  proportions 
qu'on  pourrait  croire.  A  l'heure  qu'il  est,  nos  sens  médicaux  bénéficient 
de  lumières  péniblement  acquises  et  tombées  dans  le  domaine  public  ; 
mais  nos  devanciers  étaient  aussi  perspicaces  que  nous,  puisque  c'est  à 
eux  que  nous  devons  ces  conquêtes.  Il  serait  fort  présomptueux  de  notre 
part  de  supposer  qu'ils  auraient  pu  méconnaître  la  fièvre  typhoïde  si, 
sous  leurs  yeux,  elle  avait  pris  la  tête  des  maladies  communes,  comme 
cela  se  passe  aujourd'hui.  C'est  donc  qu'elle  était  pour  le  moins  rare, 
4iu''elle  ne  se  présentait  pas  sous  forme  de  faisceaux  de  cas  morbi- 
des, tranchant  sur  la  pathologie  du  pays,  et  qu'il  semblait  plus  simple 
<le  rattacher  à  quelqu'une  des  tonnes  climatiques  et  telluriques  ces 
incidents  peut-être  exceptionnels,  enchevêtrés  aux  autres  affections  et 
leur  ressemblant  forcément  par  certains  côtés. 

lia  fièvre  typhoïde,  depuis  1830,  s'est  étendue  et  généralisée  aux 
Indes  et  en  Algérie,  comme  elle  l'a  fait  d'abord  en  Europe.  C'est  ce  qui 
nous  paraît  ressortir  de  la  méditation  impartiale  des  faits. 

:>.  Les  villes  et  les  campagnes  sont  sujettes  à  la  fièvre  typhoïde  à  peu 
près  dans  des  proportions  égales.  Il  se  peut  que  les  localités  vraiment 
rurales,  habitées  par  des  agriculteurs  et  des  vignerons,  gardent  encore 
quelque  avantage  :  ce  qui,  même,  paraît  douteux  après  les  statistiques 
de  James  Stark  en  Ecosse,  de  M.  Finkelnburg  dans  la  province  du 
Rhin  *,  et  après  les  recherches  de  M.  le  prof.  Layet  \  Mais  les  grands 
villages  peuplés  d'ouvriei-s  de  l'industrie,  comme  il  s'en  trouve  beaucoup 
autour  de  Lille,  sont  des  foyers  aussi  tenaces  et  probablement  plus 


*  Arnould  (J.)  et   Kelsch  (A.),  Becherches  sur  la  fièvre  typhoïde  eti  Algérie 
<Rec.  de  mém.  de  méd.  milit.  3*"  série,  XX,  1868). 

*  Finkelnburg,  Ueber  den  hygieinischen  Gegensatz  von  Stadt  und  Land  (Central- 
Matt  fftr  allgemeinc  Gesundhcitspflege,  I,  p.  12.  1882). 

*  Layet  (Alexandre),  Hygiène  et  maladies  des  paysans,  Paris,  1882,  p.  478. 


85G  SECTION   I.  —  ttÉAXCK   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

actifs  que  les  capitales.  On  y  est  plus  uniformémeat  négligent  et  mal- 
propre. 

Parallèlement,  elle  frappe  tour  à  tour  les  quartiers  i)auvres  et  les 
demeures  riches,  voire  seigneuriales,  comme  à  Croydon  en  1852,  à 
Philadelphie  en  1876,  en  divers  points  de  Nord-Amérique,  à  Calcutta, 
etc.  A  Bi-uxelles,  en  18()8,  «  les  quartiers  les  plus  beaux  et  les  plus  aérés, 
comme  le  (|uartier  Léopold,  furent  les  plus  maltraités,  »  dit  M.  Noël 
Guéneau  de  Mussy.  C'e^t  encore  cet  auteur  qui  nous  dit  la  nature  de 
la  «  maladie  du  prince  de  Galles,  »  qui  émut  si  fort  l'Angleterre,  il  y  a 
quelques  années,  pendant  que  lord  Chesterfield  en  mourrait.  Aequo  pede 
puisât  pauperum  tahrrnas  ref/umques  turres. 

Rappelons  enfin  que  la  fièvre  typhoïde  ne  respecte  absolument  aucun 
âge. 

Il  est  difficile  de  démontrer  qu'il  y  ait  des  maladies  «  nouvelles,  »  non 
plus  que  des  maladie.^  éteintes  (je  ne  parle  pas  des  intoxications).  MaL^, 
à  coup  sûr,  on  distingue  sans  peine,  dans  Thistoire  des  fléaux  épidémi- 
ques,  de  grandes  oscillations,  des  phases  séculaires  d'extraordinaire 
activité,  suivies  de  longues  accalmies.  Il  y  a  eu  le  long  règne  de  la  peste, 
celui  du  typhus,  du  choléra.  Le  monde  paraît  traverser  aujourd'hui  un 
règne  dejièrre  typhoïde  (J.  Andt),  avec  cette  particularité  qu'il  est  peu 
de  fléaux  populaires  qui  aient  jamais  affecté  une  ubiquité  plus  complète. 

Nous  n'avons,  heureusement,  plus  besoin  de  nous  rejeter  sur  le  qnkl 
divinum,  le  «  génie  épidémique,  »  ou  toute  autre  conception  aussi  stérile^ 
pour  comprendre  ces  oscillations  dans  la  vitahté  des  espèces  morbides. 
Deux  circonstances  peuvent  faire  varier  cette  vitalité.  Nous  les  connais- 
sons pour  divers  cas,  sans  en  avoir  encore  fait  l'application  à  la  fièvre 
typhoïde.  Mais  il  est  pennis  d'entrevoir  que  les  lois  sont  les  mêmes  ici 
qu'ailleui's.  La  vitalité  des  gennes  et  des  bactéries  dépend  de  l'adapta- 
tion des  milieux  de  cultui'e  ;  supposons  que  la  fièvre  typhoïde  ressorte 
au  parasitisme,  les  bactéries  typhogènes  se  développeront  avec  plus  ou 
moins  de  vigueur,  selon  Tadaptation  des  milieux  que  nous  avons  étudiée 
et  selon  le  degré  de  la  réceptivité  humaine,  que  nous  savons  complexe. 
On  pourrait  presque  dii*e  que  cette  deuxième  condition  rentre  dans  la 
première.  Je  la  conserve  néanmoins  pour  maintenir  la  distinction  entre 
les  influences  extérieures  et  les  dispositions  de  l'organisme. 

Or,  il  est  possible  de  reconnaître  à  notre  époque  quelques  caractères 
qui  la  distinguent  des  siècles  passés.  La  population  s'est  accrue  à  peu 
près  dans  tous  les  pays  d'Europe;  les  nouveaux  continents  ont  re(;u  les 
familles  et  les  habitudes  européennes  ;  les  grandes  villes  se  multiplient 
et  celles  qui  étaient  déjà  grandes  le  deviennent  davantage.  La  Vie  ex 
COMMUN  prend  des  proportions  inouïes  ;  nous  l'avons  partout,  à  l'école^ 


ÉTIOLO(iIE   ET   PROPHYLAXIE   DE   LA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  357 

à  la  caserne,  à  l'atelier;  les  couvents,  qui  en  avaient  autrefois  le  mono- 
pole, ne  diminuent  pas  sensiblement.  Tout  le  monde  va  à  l'école;  les 
armées  sont  innombrables;  l'industrie  agglomère  des  légions  plus  nom- 
breuses encore.  Aussi,  la  souillure  du  sol  et  des  eaux  est-elle  à  son 
conil)le  sur  les  points  occupés  par  ces  masses  denses,  les  parois  des 
habitations  sont-elles  pénétrées  de  molécules  putrides  et  l'air  intérieur 
est-il  voué  h  la  septicité.  D'ailleurs,  un  mouvement  immense  et  général, 
grâce  à  l'activité  industrielle  et  commerciale  et  à  la  perfection  des 
modes  de  locomotion,  brasse  le  genre  humain,  uniformise  les  manières 
de  vivre,  mêle  les  contages  ;  de  telle  sorte  que  les  campagnes  qui  béné- 
ficiaient jadis  de  leur  isolement,  malgré  la  souillure  de  leur  sol  et  la 
malpropreté  de  leurs  habitations,  ne  trouvent  même  pas  une  compensa- 
tion dans  le  dépeuplement  qu'elles  subissent  au  profit  des  villes. 
Partout  où  existe  la  réceptivité,  on  peut  compter  que  la  transplantation 
<les  germes  ne  sera  pas  longtemps  à  faire  défaut. 

Remarquons,  d'autre  part,  qu'aucun  germe  ne  révèle  la  même  force 
d'adhésion  h  l'homme  que  le  germe  typhogène.  Cette  diff'usion  univer- 
selle, que  nous  constatons  aujourd'hui,  ne  s'expliquerait  pas  bien  si  les 
choses  extérieures  étaient  seules  capables  de  le  transporter.  Admettons, 
au  contraire,  la  fixation  des  germes  à  l'état  latent  chez  l'homme  et  nous 
ne  serons  plus  étonnés  de  voir  la  maladie  suivre  l'homme  civilisé 
partout,  s'implanter  dans  tous  les  groupes  au  fur  et  à  mesure  qu'ils 
entrent  dans  les  habitudes  sociales  modernes.  Sauf  l'interprétation 
spontanéiste.  Chauffard  jugeait  exactement  quand  il  disait  qu'  a  eUe 
surgit  de  toutes  les  conditions  sociales  et  nécessaires  qui  nous  enve- 
loppent. )) 

Nous  n'en  concluons  point,  toutefois,  avec  Chauffard,  qu'il  faille  se 
résigner  à  subir  ce  fléau,  comme  il  le  faudrait  s'il  sortait  simplement  de 
«  notre  spontanéité  vivante.  »  Il  n'y  a  pas  lieu,  certainement,  de  réagir 
contre  l'état  social  actuel;  ce  seraient  des  efforts  perdus  et,  du  reste, 
mauvais.  Mais  il  est  permis  de  chercher  le  moyen  de  rompi'c  le  lien  qui 
rattache  la  putridité  des  milieux  aux  allures  de  la  civilisation.  On  a 
marché  dans  le  progrès  sans  songer  aux  [)récautions  protectrices  qui 
pourraient  devenir  nécessaires  ;  il  était  difficile,  à  vrai  dire,  de  soupçon- 
ner d'avance  le  danger.  Maintenant  que  l'expérience  se  fait  tous  les 
joui's,  on  est  éclairé  et,  probablement,  il  n'est  pas  encore  trop  tard  pour 
organiser  la  défense  rétrospectivement. 


858  SECTION   I.  —  SÉANCE   Dr   MERCREDI   6  8EPTEKBBE. 


Artici.e  V 

Prophylaxie. 

Après  les  développements,  trop  longs  à  notre  gré  et,  cependant,  à 
peine  en  rapport  avec  l'importance  du  sujet,  qui  ont  été  consacrés  à 
rétiologie,  il  nous  sera  permis  de  nous  restreindre  dans  l'indication  des 
principes  et  des  procédés  prophylactiques.  Ils  sortent  d'eux-mêmes  de 
l'étude  précédente  et  il  n'y  a  ^uère  qu'à  les  formuler. 

Nous  distinguerons  :  la  prophylaxie  avant  les  épidémies;  c'est  la  plus 
générale,  et  celle  qui  doit  être  continue  ;  et  la  prophyla^rie  pendiwt  h>^ 
épidémies,  qui  est  urgente  et  actuelle. 

V  Avant  les  épidémies  dejièvre  typhoïde. 

La  prophylaxie  générale,  en  dehors  des  épidémies,  doit  viser  : 
a.  Les  milieux  de  conservation  de  Vagent  typhogène,  —  U  ne  serait 
probal)lement  i)as  utile  de  i)rescrire  aux  populations  le  choix,  pour  y 
installer  leurs  demeures  d'un  sol  imperméable.  L'emplacement  des 
villes  est  décidé  par  des  considérations  dans  lesquelles  l'hygiène  tient 
peu  de  place;  dans  l'avenir,  on  ne  nous  écouterait  pas  ;  dans  le  présent, 
les  villes  sont  oii  elles  sont,  et  nous  n'avons  qu'à  trouver  pour  elles  la 
meilleure  fa^on  de  vivre  sur  le  sol  qu'elles  possèdent,  lors  même  qu'il 
serait  désavantageux.  Du  reste,  le  sol  imperaiéable,  garantie  douteuse 
dès  le  début,  est  destiné  à  ne  i)lus  être  une  protection  à  la  longue.  — 
Pour  cette  raison  et  pour  beaucoup  d'autres,  le  blindage  du  sol,  qui 
serait  i)eut-être  louable  en  théorie,  n'est  pas  à  conseiller  en  pratique. 

Tant  qu'il  y  aura  des  épidémies  de  lièvre  typhoïde,  le  sol  des  heux 
habités  sera  menacé  de  la  ])énét ration  des  germes.  Le  mieux  est  donc  de 
faire  qu'ils  y  arrivent  le  moins  possible,  ou,  s'ils  l'atteignent  en  quelque 
point,  qu'ils  n'y  n'stent  pas.  Puisque  les  germe^ssout  vraisemblablement 
dans  les  déjections  et  les  excrétions  des  malades,  la  conséquence  pi'e- 
mièrc  de  ce  principe  est  la  suppression  absolue  de  tout  récipient  creusé 
dans  le  sol,  destiné  à  contenir  d'une  façon  durable  les  matières  excré- 
mentitielles;  c'est  la  condamnation  des  puits  absorbants  et  des  fosses 
fixes  (dont  l'étanchéité  n'est  jamais  certaine).  Quel  que  soit  le  mode 
d'évacuation  des  matières  fécales,  on  ne  i)erdi'a  pas  de  vue  que  d'autres 
produits  morbides  encore,  l'urine  peut-être  et, ilans  tous  les  cas,  l'eau 
qui  a  servi  à  laver  les  malades  et  leurs  linges,  peuvent  renfermer  l'agent 
pathogène;  le  ruisseau  des  villes  sans  égout  ou  qui,  ayant  des  égouts, 
n'y  vei'sent  pas  directement  les  eaux  ménagères,  est  aussi  dangereux 


ÉTIOLOOIE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIIÎVRE   TYPHOIUE.  MÔO 

que  la  fosse  fixe;  il  Test  même  davantage,  s'il  se  dessèche  et  fournit  une 
surface  pulvérulente  à  l'action  des  courants  d'air.  Je  suis  disposé  k  atta- 
cher une  importance  extrême  à  la  propreté  des  rues;  dans  des  villes  de 
province  déjà  d'une  certaine  tuille,  la  police  est  fort  indulgente  et,  en  pro- 
tégeant assez  bien  les  grandes  voies,  tolère  que  des  immondices  de  toute 
nature  séjournent  dans  les  rues  écartées,  sur  les  terrains  à  bâtir.  I/enlè- 
vement  des  boues  après  la  pluie  ou  la  neige  mérite  que  les  municipalités 
s'imposent  de  sérieux  sacrifices  d'argent;  on  ne  sait  ce  qu'elles  renfer- 
ment, ces  boues  ;  mais  elles  n'attendent  que  le  moment  de  devenir  pous- 
sières. L'hygiène  voit  toujours  avec  plaisir  l'eau,  la  meilleure  possible, 
couler  largement  dans  les  ruisseaux  de  rue  et,  pendant  l'été,  des  arrosa- 
ges fréquents,  faire  tomber  la  ])oussière  des  chfiussées,  surtout  de  celles 
qui  sont  revêtues  de  macadam  ((41es  se  raréfient)  ;  j'esthnc  que  ce  sont 
des  mesures  capables  aussi  de  fixer  à  la  surface  bien  des  germes,  y  com- 
])ris  ceux  de  la  fièvre  typhoïde. 

L'appro\isionnement  d'eau  par  les  sources  éloignées  des  grands  cen- 
tres est  une  règle  générale.  Il  peut  passer  pour  une  i)rotection  i)articu- 
iière  en  ce  qui  concerne  la  fièvre  typhoïde  et  l'on  ne  saurait,  même  dans 
le  doute,  mettre  absolument  de  côté  les  exemples  cités  par  M.  Wolf- 
steiner,  de  villes  qui  n'ont  pu  se  débarrasser  d'elle  qu'en  s'approvision- 
nant  à  des  sources  in-éprochables  '.  Il  va  sans  dire  que  la  pureté  origi- 
nelle de  l'eau  doit  être  maintenue  jusqu'à  destination,  par  des  conduites 
d'amenée  absolument  indiflérentes  à  Tétat  du  sol  sur  tout  leur  ])arcours 
et,  dans  les  villes,  inaccessibles  h  toute  infiltration  de  liquides  sus])ects, 
à  toute  pénétration  de  gaz.  A  Lille,  on  a  cru  bien  faire  de  laisser  sans 
radier  le  canal  qui  amène  les  eaux  des  sources  au  réservoir  inférieur  ; 
cette  disposition  pemiet  d'ajouter  au  produit  des  sources  les  eaux  du 
sous-sol,  filtrant  de  bas  en  haut;  on  s'est  aperçu,  depuis,  que  ce  supplé- 
ment apporte  quelquefois,  dans  l'eau  de  distribution,  une  part  de  ce  qui 
a  été  déposé  sur  les  champs,  engrais,  vinasses  de  betteraves,  entraînés 
par  les  fortes  pluies.  S'il  y  a  des  germes  pathogèn(*s  dans  les  engrais, 
voilà  les  eaux  redevenues  douteuses. 

Le  milieu  atmosphérique  trouve  déjà  des  garanties  dans  la  propreté 
des  rues,  qui  lui  épargne  relativement  les  poussières  et  les  microbes. 
Beaucoup  des  microbes  du  dehors  pénètrent,  dans  les  habitations  et  y 
restent,  parce  que  le  mouvement  de  l'air  n'est  jamais  suffisamment  libre 
dans  nos  demeures.  Comm(%  d'autre  part,  la  maison  elle-même  fournit 

'  Wolfsteiner,  Ztir  AetiohHjie  des  Abdominal  typhus  {Zur  Aetioloffie  der  Infec- 
Honskrankheiten  mit  hesonderer  Beriicksichtigmig  der  Pilztheorie.  Miinchen,  1881, 
p.  147  et  8uiv.). 


800  8ECTU»X   I.  —  8KAXCE   DU   MERCREDI  G  SErTElf BRE. 

s(;s  poussières  et  que,  panni  celles-ci,  à  Toccasion,  se  trouve  la  poussicfe 
(1(»  produits  patholofîiques  déposés  sur  les  planchers,  les  murs,  certains 
meubles,  ol)j(?t^  de  literie,  etc.,  Tair  intérieur  est,  non  seulement  plus 
ricin»  en  microlxîs  que  Tair  extérieur,  mais  aussi  plus  riche  en  microrga- 
nisines  pathoî^ènes.  Il  y  a  donc  un  intérêt  de  premier  ordre,  vis-à-vis  de 
tout(\^  les  maladies  épidémiques,  mais  principalement  vis-à-vis  de  la 
fièvre  typhoïde,  dont  les  j)roduits  pathologiques  sont  primitivement 
humid(»s,  à  constniire  (h\s  habitations  dont  les  parois  et  les  planchers, 
ces  derniers  surtout,  se  laissent  difficilement  pénétrer  par  les  liquides  et 
l)uissent,  au  b(»soin,  être  lavés  sans  détérioration.  Les  lavages  à  grande 
eau  ne  sont  pas  nécessaires  ;  les  linges  ou  éponges  mouillés  suffisent.  Le 
moins  possible  d'encoignures,  de  rebords,  de  meubles  inutiles,  qui  sont 
autant  de  sui)ports  (h\s  ])oussières,  rarement  visités  et  mis  à  net.  Des 
ouvertures  hautes  et  larges,  «'ouvrant  de  jdusieurs  côté,^  opposés,  de 
façon  i\  i)ouvoir  frécpu^mment  donner  accès  aux  courants  du  dehors,  pré- 
v(»nir  la  stagnation  des  germes  produits  au  dedans  et  identifier  au  nioias 
Tair  des  a])part(Mnents  avec  C(»lui  de  la  rue,  qui  est  toujours  plus  pur.  — 
Ces  conseils  ne  seront  pas  toujours  entendus  des  particuliers;  ils 
d(n'rai(»nt  l'être,  au  moins,  des  administrations  en  ce  qui  concerne  les 
logements  collectifs,  écoles,  caserniîs,  hôpitaux,  ateliei's  de  TÉtat.  C'est 
aussi  dans  ces  logcMuents  collectifs  qu(»  le  besoin  de  protection  se  pré- 
senti»  le  plus  fré(iuomm(Mit  et  est  h?  plus  impérieux.  Il  est  bien  certain 
que  les  médecins  militaires  de  tous  pays  n'obtiendi'ont  jamais  des  succès 
proportionnés  h  leurs  efl'orts,  tant  qu'ils  devront  lutter  contre  la  fièvre 
typhoïde  dans  les  vieilles  c<isernes  de  Vauban,  ou  celles  qu'on  a  bâties 
sur  l(î  mémo  modèle,  énormes,  mal  aérées  ot  mal  éclairées,  avec  super- 
position d'étages,  enchevêtrement  de  coui-s  et  de  couloirs  et  surtout  les 
latrines  à  la  turque  sur  fosses  fixes.  Ili^ureusement,  celles-ci  disparaissent 
peu  h  peu. 

Il  est  difficile,  dans  les  conditions  actuelles,  d'empêcher  que  les  habi- 
tants des  vilhîs  ou  des  villages  pénètrent  jamais  dans  de^  locaux  où  des 
g(îrmes  typhoïdes  se  trouvent  déposés  ou  fiottants,  depuis  un  temps  plus 
ou  moins  long.  Mais  il  est  ])ossible  de  licencier  un  lycée,  un  pensionnat, 
de  déplacer  un  régiment,  quand  la  fièvre  typhoïde  éclate  dans  une  caserne 
ou  une  maison  d'éducation.  Les  individus  restés  sains  auront  d'autant 
plus  de  chances  de  ne  i)as  emmagasiner  de  germes  dans  leurs  vêtements 
ou  dans  leur  personne  qu'ils  auront  plus  tôt  quitté  les  locaux  où  ces  ger- 
mes sont  vei'sés.  L'évacuation  des  casernes  est  un  des  moyens  de  prophy- 
laxie auxquels  M.  Léon  Colin,  avec  raison,  tient  le  plus.  Nous  l'avons 
nous-même  toujours  conseillé  quand  Tautorité  militaire  nous  a  donné 
l'occasion  de  dire  notre  avis.  —  On  devra,  dans  des  cas  pareils,  suppo- 


ETI0L06IE  ET  PROPHYLAXIE   DE   lA   FIÈVRE   TYPHOÏDE.  3()1 

ser  toujours  qu'une  bonne  partie  des  hommes  non  atteints  en  apparence 
[)ortent  déjà  des  germes  latents  et,  en  conséquence,  se  garder  d'élever 
eur  réceptivité  par  des  marches,  des  fatigues. 

h.  Les  facteurs  de  la  réceptivité.  —  Nous  ne  pouvons  rien  contre  la 
•éceptivité  simple,  tant  que  Ton  n'aura  pas  procuré  à  l'homme  le  virus 
:ypho'ideattém(é,  comme  les  ruminants  ont  l'heureuse  chance  de  pouvoir 
îéiiéticier  de  l'atténuation  du  virus  charbonneux,  et  les  éleveui-s  par  con- 
:re-coup.  Nous  ne  pouvons,  sur  l'âge  des  hidividus,  rien  autre  chose 
lu'attendre  les  modifications  qui  se  font  toutes  seules  et  fatalement. 

La  réceptivité  selon  l'âge  est,  en  somme,  la  plus  haute  expression  de 
a  réceptivité  simi)le.  Or,  celle-ci  est  notablement  atténuée  par  Vaccon- 
\umance  aux  milieux  typhogenes,  soit  qu'on  l'entende  de  l'assuétude  à 
'agent  spécifique,  soit  que  l'on  ait  seulement  en  vue  l'acclimatement 
iux  conditions  banales  qui  ont  coutume  d'exagérer  la  réceptivité.  Faut-il 
rechercher  de  parti  pris  cette  sorte  de  vaccination  typhoïde  spontanée? 
N'en  point,  attendu  qu'elle  n'est  ni  complètement  efficace,  ni  surtout, 
durable.  Chez  les  nouveaux  arrivants  des  villes,  elle  ne  s'obtient  qu'à  la 
5uite  d'une  coûteuse  sélection.  Chez  les  individus  nés  dans  la  ville  et  qui 
n'en  sont  pfis  sortis,  elle  est  réelle  et  sérieuse,  mais  au  prix  de  quelles 
fâcheuses  compensations!  Il  serait  plutôt  à  désirer  qu'on  fit  tout  le  pos- 
sible pour  déban-asser  les  villes  de  l'atmosphère  infectée  (banalement  ou 
spécifiquement)  et  que  l'on  restreignit  la  tendance  des  populations  rura- 
les à  affluer  vei's  les  centres  urbains. 

Il  nous  reste  à  lutter  contre  les  facteui*s  de  réceptivité  que  l'on  peut 
comprendre  sous  ces  deux  chefs  :  influence  hanale  des  milieux  putrides; 
conditions  physiques  ou  morales  dépressives. 

A  vrai  dire,  c'est  le  but  et  le  rôle  de  l'hygiène  générale.  La  genèse  de 
la  fièvre  typhoïde  n'est  qu'un  incident  particulier  et  grave  dans  le  vaste 
faisceau  des  motifs  qui  imposent  aux  groupes  humains  la  propreté  du 
sol,  des  eaux,  de  l'air,  des  habitations  et  des  ])ersonnes.  Inutile  de  redire 
que  la  situation  est  plus  spécialement  urgente  en  ce  qui  concerne  les 
collectivités  vouées  à  la  vie  en  commun,  écoliers,  ouvriers,  soldats  et 
marins.  Les  choses  sont-elles  ce  qu'elles  pourraient  être?  Il  s'en  faut. 
Les  règlements,  cependant,  les  ordonnances,  les  conseils,  les  administra- 
tions ne  manquent  pas.  Mais  le  progrès  ne  se  réalise  que  dans  les  pays 
où  l'administration  de  la  santé  publique  n'est  point  confondue  avec  des 
attributions  politiques  ou  commerciales,  entre  les  mains  de  fonctionnai- 
res d'une  compétence  de  hasard.  Nous  savons  quels  semces  a  rendus  à 
l'Angleterre  son  Conseil  supérieur  de  santé  et  tout  ce  grand  mécanisme 
qui  atteint  du  centre  à  la  périphérie,  n'ayant  d'autre  but  que  l'hygiène 
publique  et  possédant  les  moyens  d'action  nécessah'es,  quand  il  s'agit 


804  8E(TI()N   I.  —  SÉANCE   VV   MERCREDI   6  8EPTEIIBRE. 

on  conseiller,  au  moins  à  la  campagne,  de  les  enfouir  à  une  profondeur 
égaUî  à  celle  où  l'on  place  les  cadavres?  Les  produits  de  l'expectoration, 
semblent  devoir  subir  le  même  traitement  que  les  précédents. 

Les  cadavres  doivent  être  mis  en  bière,  enveloppés  de  linjîes  qu'on 
aura  saturés  d'une  solution  savonneuse  (15  gr.  de  savon  noir  ou  vert 
dans  10  litr.  d'eau  tiède);  le  cercueil  sera  garni  de  sciure  de  boû?  impré- 
gnée d'acide  phénique. 

Les  draps  souillés  d'évacuations  involontaires,  les  linges  qui  ont  servi 
à  laver  le  malade,  lo^  pièces  du  pansement  des  eschares,  doivent  être 
enlevés  encore  humides  ou  s'ils  sont  secs,  réunis  en  paquet  avec  la  pré- 
Ciiution  de  ne  pas  les  secouer,  afin  d'éviter  d'en  répandre  les  poussières. 
On  les  déposera,  sans  les  transporter,  dans  un  baquet  contenant  sufiSsam- 
miMit  du  liquide  savonneux  indiqué  plas  haut  et  dont  la  formule  est  don- 
née par  M.  Wernich.  Le  malade  sera  toujours  lotionné  h  l'eau  savon- 
neuse tiède,  avec  l'éponge  ou  un  linge  fin,  que  l'on  traitera  comme  les 
dra])s  souillés.  Il  faudrait  agir  de  même  à  l'égard  des  couvertures  et 
matelas,  s'ils  venaient  à  être  imprégnés  de  produits  typhoïques.  Les 
eaux  de  lavage  ne  doivent  point  ensuite  être  versées  dans  la  rue  ni  au 
pourtour  de  la  maison;  le  mieux  est  qu'elles  gagnent  l'égout  ou  les 
champs  ou  même  un  fleuve  assez  puissant  pour  tenir  dans  une  extrême 
dilution  les  matières  organiques  qui  lui  sont  confiées. 

Il  serait  très  désirable,  et  cela  peut  se  faire  dans  les  hôpitaux,  que 
toutes  les  pièces  de  vêtement  et  de  literie,  qui  ont  servi  aux  typhoïsants, 
fussent  passées  à  l'étuve  à  désinfection  avant  d'être  remises  en  service. 
Les  pièces  sans  valeur  devraient  même  être  brûlées. 

Les  locaux  dans  lesquels  il  y  a  eu  des  malades,  spécialement  les  cham- 
bres de  casernes  que  l'on  a  pu  regarder  comme  des  foyers,  doivent  être 
soumis  h  la  désinfection  par  l'acide  sulfureux,  selon  les  règles  établies, 
avec  toutes  les  pièces  du  mobilier  qui  ne  risquent  pas  d'être  détériorées 
par  cet  agent. 

(L  Sur  V homme.  —  Avec  les  précautions  qui  viennent  d'être  indiquées, 
le  typhoïsant  est  peu  dangereux  pour  les  voisins.  Nous  savons  même 
qu'il  l'est  rarement,  quelles  que  soient  les  mesures  prises.  Cependant,  il 
faut  toujours  tenir  compte  de  la  réceptivité  des  groupes  et  il  est  visible 
qu'un  typhoïsant,  inoffensif  au  milieu  d'individus  non  préparés,  constitue 
un  élément  d'extension  épidémique  loi'squ'il  reste  dans  une  aggloméra- 
tion réceptive.  Il  est  donc  de  la  prudence  la  plus  élémentaire  de  faire 
sortir  les  typhoïsants  du  milieu  des  individus  sains,  quand  ils  appartien- 
nent à  une  collectivité.  Mais  on  ne  saurait  probablement  ériger  en  fo^ 
mule  Visolement  de  ces  malades,  dans  des  hôpitaux  spéciaux,  conune 
c'est  si  légitime  pour  les  varioleux. 


ETlOLOtiU:   ET   PROPHYLAXIK   DE   LA   FIÈVRE   TYPHOÏDE.  .1^5 

Ce  serait  pourtant  une  mesure  excellente,  en  de  certaines  occasions. 
Au  moins  faut-il  éviter  de  laisser  au  contact  des  typhoïsants  un  grand 
uombre  d'individus  que  Ton  peut  supposer  très  réceptifs,  des  jeunes  gens 
atteints  de  maladies  banales,  des  infirmiers  jeunes  et  n'ayant  pas  encore 
eu  la  lièvre  typhoïde.  Les  infirmiers  et  les  médecins  auront  des  vêtements 
spéciaux  pour  le  service  des  salles  et  d'autres  pour  aller  au  dehors  ;  ils 
s'imposeront  de  fréquentes  lotions  savonneuses  des  mains  et  de  la  face. 
M.  Wernich  recommande  aux  infirmiers  la  propreté  de  la  bouche;  le 
baciUn8  suhtilis  s'arrête  volontiers  dans  cette  cavité  et  Ton  a  vu  des 
fièvres  ty])hoïdes  commencer  par  une  angine.  M.  Netter,  autrefois,  van- 
tait le  gargarisme  acidulé  comme  prophylactique,  et  môme  comme  un 
moyen  de  juguler  le  mal  au  début. 

Il  n'est  pas  démontré  que  la  réunion  d'un  certain  nombre  de  typhoï- 
sauts  dans  un  même  local  puisse  aggraver  la  fièvre  typhoïde»,  de  chacun 
d'eux,  pas  plus  que  l'agglomération  des  varioleux  n'entraîne  l'hyperva- 
riolisation  pour  aucun.  Mais  le  grand  nombre  des  typhoïsants  dans  une 
salle  élèvera  toujoui^s  le  degré  de  souillure  banale  du  milieu,  favorable 
au  développement  des  germes  et  à  leur  transplantation  sur  des  individus 
sains.  D'autres  malades  quelconques  avec  des  typhoïsants,  si  la  popula- 
tion de  la  salle  devient  troi)  nombreuse  et  trop  dense,  foraient  le  même 
eflfet.  C'est  dans  tous  les  cas,  une  indication  de  soigner  les  typhoïsants 
dans  des  salles  spacieuses,  à  un  petit  nombre  de  lits,  les  fenêtres  ouver- 
tes totalement  ou  en  partie,  selon  la  saison.  Ce  procédé  m'a  donné  d'heu- 
reux résultats. 

Répétons  qu'on  ne  protège  jamais  mieux  les  individus  menacés  qu'en 
leur  faisant  abandonner  les  foyers  et  en  s'empressant  de  soutenii*  et 
d'élever  leur  vitalité.  L'équilibre  entre  les  forces  de  résistance  de 
l'économie  et  celles  de  l'ennemi  latent  est  incertain  ;  il  faut  porter  le 
secours  du  côté  de  l'économie. 

RÉSUMÉ  ET   CONCLUSIONS 

A.  ÉTIOLOGIE 

L  Question  de  nature.  —  La  fièvre  typhoïde  a  les  allures  des 
maladies  spécifiques^  pour  un  certain  nombre  desquelles  la  nature  para- 
sitaire est  démontrée.  En  tant  que  spécifique,  elle  n'est  ni  spontanée, 
ni  eogendrée  de  l'action  banale  des  agents  extérieurs.  U  est  rationnel 
de  la  compter  au  nombre  des  maladies  parasitaires  ;  mais  on  ne  saurait, 
actuellement,  regarder  le  fait  comme  complètement  acquis,  en  présence 
des  divergences  des  expérimentateurs  sur  le  type  du  parasite  supposé^ 


3(i(;  8KCTI0N   I.  —  SÉANCE   UU   MERCAEDI  6  SEPTEMBRE. 

(le  l'incertitude  des  résultats  cliniques  obtenus  par  l'inoculât  ion  aux 
animaux  et,  surtout,  des  doutes  légitimes  qui  régnent  chez  les  médecins 
quant  à  l'aptitude  à  la  fièvre  typhoïde  des  espèces  animales  autres  que 
l'homme. 

IL  L(*s  MILIEUX  NATiiREi^  de  consoiTatiou  et,  éventuellement,  de 
r(»l)roduction  de  l'agent  typhogène  sont  : 

a.  Lv  sol,  dans  de  certaines  conditions  de  structure,  d'humectatioii 
et  de  saturation  infectieuse,  mais  plutôt  à  sa  surface  que  dans  la  profon- 
deur ;  de  telle  sorte  que  le  sol  puisse  être  remplacé  par  un  support  de 
toute  autre  nature  et  qu'il  n'est  pas  un  lieu  de  passage  né<*essairp 
de  l'agent  typhogène  : 

1).  L'emi  ;  mais  probablement  pendant  peu  de  temps  et  h  la  condition 
d'un  certain  degré  de  souillure  organique  ; 

c.  Uair,  comme  le  prouvent  quelques  faits  de  contagion  directe  (cas 
intérieurs)  et  comme  on  peut  l'induire  de  ce  fait  que  l'air  des  mes 
renferme  plus  de  microbes  que  l'air  des  champs,  et  l'air  des  habitations 
plus  que  celui  des  rues.  Mais  les  produits  pathologiques  de  la  fièvre 
typhoïde  quittant  le  malade  à  l'état  humide  ne  sont  complètement 
aptes  à  infecter  l'air  qu'après  le  temps  nécessaire  à  leur  dessiccation  et 
leur  pulvérulence.  L'air  n'agit,  en  effet,  spécifiquement  que  comme 
véhicule  de  corpuscules  infectieux  et  non  par  les  émanations  dont  il 
peut  être  pénétré,  gaz,  vapeurs,  odeurs,  lors  même  que  ces  émanations 
proviendraient  des  égouts. 

d.  Lliomme  d  les  ohjets  à  son  iisaf/c^  au  moins  à  titre  de  surfaces 
banales  et  de  réceptacles  pareils  à  ceux  que  l'on  sait  recueillir  les 
germes  de  la  variole  ou  d'autres  maladies  spécifiques.  En  outre,  la 
marche  d'un  grand  nombre  d'épidémies,  que  l'on  voit  débuter  par  des 
embarras  gastriques  et  des  diarrhées,  l'influence  décisive  des  circon- 
stances extérieures,  vulgaires,  sur  l'éclosion  de  certains  cas  de  fièvre 
typhoïde,  les  épidémies  nées  à  distance,  sous  le  rapport  du  temps  et  de 
l'espace,  de  tout  foyer  et  sans  importation  apparente,  portent  à  croire 
que  l'homme  lui-même  peut  véhiculer,  dans  ses  voies  digestives  ou 
respiratoires,  l'agent  typhogène  à  l'état  latent,  sans  développement 
inmiédiat,  mais  conservant  l'aptitude  à  se  multiplier  et  à  devenir 
envahissant,  assez  longtemps  après,  sous  l'influence  de  conditions 
déprimantes. 

e.  Les  aliments,  en  tant  que  supports  éventuels,  mais  sans  que  rien 
prouve  suffisamment  qu'ils  puissent  être  un  milieu  de  multiplication.  La 
véhiculation  n'est  démontrée  que  pour  le  lait,  qui,  dans  ce  cas,  joue  le 
même  rôle  que  l'eau  et  n'agit  peut-être  que  par  l'eau.  La  nature  de» 
épidémies  typhoïdes,  nées  de  l'usage  de  viandes  altérées,  reste  douteuse. 


ÉTIOI/XÏIE    ET   PROPHYLAXIE   DE   lA   FIÈVRE  TYPHOÏDE.  867 

III.  La  Réceptivité  pour  la  fièvre  typhoïde  est  camplexe  et  positive 
LU  lieu  d'être  simple  et  négative  comme  la  réceptivité  pour  la  variole, 
îlle  est  constituée  : 

V  Par  V absence  (V atteinte  antérieure  ; 

2**  Par  Vâfje  de  16  à  40  ans  (la  plus  grande  fréquence  est  entre  20  et 
!.')  ans)  ; 

8*  Par  la  non-avcoutinnance  aux  milieux  typhogènes; 

4"  Par  rinfluence  banale  de  la  souillnre  des  milieux  naturels,  telle 
|u"olle  résulte  des  conditions  ordinaires  de  la  vie  des  groupes  humains  ; 

Sol  putride,  avec  ses  exhalaisons, 

Eau  de  boisson  imprégnée  d'immondices, 

Air  animalisé  de  la  vie  en  commun,  de  l'encombrement,  des  h«abita- 
:i<)ns  exposées  «aux  émanations  fécales,  des  locaux  malpropres  au  dedans 
?t  11  lu  périphérie»  ; 

.V  Par  lesfatif/ues,  les  excès,  les 2)assions  tristes; 

Ci*  Par  l'usage  d'aliments  putrides. 

Les  circonstances  précisées  dans  les  trois  derniers  numéros  peuvent 
se  résumer  sous  le  titre  de  Conditions  dépressives.  Celles  du  4*  ont  une 
telle  importance  qu'elles  semblent  primer  parfois  l'action  spécifique  du 
moteur  typhogène  et  que  certains  épidémiologistes  les  substituent  sim- 
plement à  celui-ci  dans  l'étiologie. 

IV.  Épii)émi(?ité.  —  La  fièvre  typhoïde,  dans  l'époque  actuelle, 
semble  avoir  remplacé  les  maladies  populaires  d'autrefois,  spécialement 
la  peste  et  le  typhus.  Elle  règne  sur  toutes  les  classer,  à  la  ville  et  h  la 
campagne,  dans  les  localités  les  plus  diverses,  sur  toutes  les  races 
d'hommes,  (iéographiquement,  elle  est  uhiquitaire.  —  Le  monde 
civilisé  paraît  traverser,  en  ce  moment,  un  «  règne  de  fièvre  typhoïde.  » 
Le  fait  est,  d'ailleurs,  exphcable  sans  l'intervention  du  génie  épidémique. 

B.  PROPHYLAXIE 

V.  La  PROPHYLAXIE  doit  s'adresser; 

l*  Avant  les  épidémies:  a.  —  Auv  milieux  de  conservation  de 
Tagent  typhogène.  —  Protéger  le  sol  des  lieux  habités  contre  la  péné- 
tration à  prévoir  de  cet  agent  :  propreté  générale  des  rues,  suppression 
des  récipients  de  matières  fécales  dans  l'habitation,  drainage  du  sol, 
évacuation  immédiate  des  matières  excrémentitielles.  —  Approvisionner 
les  centres  urbains  ou  ruraux  d'eau  de  source,  amenée  de  loin  par  des 
conduites  qui  l'abritent  sur  tout  son  parcours  contre  toute  souillure.  — 
Construire  les  habitations,  et  particulièrement  les  habitations  collec- 
tives, de  façon  à  les  préserver  de  la  stagnation  des  poussières  atmosphé- 
riques, leur  assurer  le  renouvellement  de  l'air  par  grands  déplacements. 


3(>8  SECTION  I.  —  SÉAXCK   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

b.  —  Aux  facteurs  de  la  réceptivité.  —  Nous  ne  pouvons  rien  sur  ks 
deux  premiers  (Voy.  plus  haut);  contre  le  troisième,  on  ne  doit  pas 
essuyer  racclimatenient  au  miasme  typhoïde.  Contre  le^  autres,  nous 
avons  toutes  les  ressources  de  Thygiène  générale.  Celles-ci  doivent  être 
plus  spécialement  appliquées  aux  groupes  militaires  et  aux  groupes 
industriels.  Elles  n'ont  des  chances  de  rêtre  avec  eflScacité  qu'entre  les 
mains  d'une  Direction  médicale  ds  lu  santé  publique^  reproduite,  dans 
l'ordre  militaire,  par  la  Direction  médicale  du  service  de  santé  de 
l'armée.  —  Le  germe  et  la  réceptivité  typhoïdes  sont  aujourd'hui  uq 
pou  partout  ;  il  y  a  un  vaste  effort  à  tenter  en  hygiène  publique. 

2**  Pendant  les  épidémies  :  c.  —  A  V agent  typhogene,  —  Le  traiter 
comme  un  parasite  réel,  partout  oii  on  le  soupçonne.  Désinfection 
générale  et  spéciale. 

d.  —  .1  r homme.  —  L'isolement  des  malades  n'est  pas  rigoureuse- 
ment indiqué,  mais  serait  plus  sûr  que  la  libre  pr«atique.  —  Éloigner  les 
individus  le  plus  sûrement  réceptifs.  —  Évacuer  les  foyers.  —  Ménajrer 
et  soutenir  ceux  qui  en  proviennent. 


Ui.HeourH  de  H*  le  IV  de  Cérenville, 

Médecin  en  chef  de  TUôpital  de  Lausanne. 

Depuis  longtemps  la  fièvre  typhoïde  a  trouvé  à  Lausanne  un  terrain 
favorable  à  son  développement  et  à  sa  propagation.  Des  publications  de 
mon  vénéré  prédécesseur,  le  D'  Jean  de  la  Harpe,  il  ressort  qu'en  1886 
déjà,  cette  maladie  y  avait  un  caractère  endémique,  et  que  l'Hôpital 
Cantonal  (pendant  la  période  de  1836  à  1850)  en  recevait,  bon  an  mal 
an,  une  quarantaine  de  cas,  dont  bon  nombre  de  la  ville.  Les  recherches 
que  j'ai  faites  de  mon  côté  dans  nos  registres  de  clinique  pour  les  vingt 
dernières  années,  de  1863  à  1882,  indiquent  une  moyenne  annuelle  de 
72  cas. 

La  fièvre  typhoïde  intéresse  donc  au  premier  chef  le  canton  de  Vaud, 
sa  capitale,  son  corps  médical,  aussi  cela  a-t-il  été  pour  nous  une  heu- 
reuse aubaine  que  de  trouver  à  l'ordre  du  jour  du  Congrès  d'hygiène,  et 
d'entendre  résumer  avec  autant  de  lucidité  que  d'autorité,  par  M.  Ar- 
nould,  la  question  de  l'étiologie  et  de  la  prophylaxie  de  cette  redoutable 
affection. 

Dès  l'achèvement  de  ma  dixième  année  de  service  hospitalier,  en  1881, 
je  me  suis  proposé  de  résumer  les  observations  auxquelles  pouvaient 
donner  lieu  les  épidémies,  d'intensité  variable,  très  sérieuses  suivant  les 
années,  que  j'ai  vu  passer  sous  mes  yeux  pendant  cette  période.  Cette 


ÉTIOLOGIE  ET   PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVRE   TYPHOÏDE.  369 

enquête  m^a  confirmé  certaines  conclusions  soupçonnées,  auxquelles  je 
n'avais  pu  jusqu'à  présent  donner  Tappui  des  chiffres,  conclusions  qui 
m'ont  paru  mériter  quelque  intérêt  dans  la  question  multiple  et  souvent 
controversée  de  l'étiologie  de  la  fièvre  typhoïde.  J'ai  cru  devoir  les  sou- 
mettre à  la  section  d'hygiène  générale  du  Congrès. 

Je  me  suis,  dans  cette  première  étude,  limité  étroitement  à  la  recher- 
che des  causes  générales  de  la  fièvre  typhoïde  pour  la  vUle  de  Lausanne. 
Si  les  épidéndes  de  quartiers  et  de  maisons  présentent  des  côtés  étiolo- 
giques  qui  les  rapprochent  de  celles,  plus  aisées  à  analyser,  qui  naissent 
dans  les  campagnes,  dans  leurs  allures  générales  elles  s'en  écartent  sur 
certains  points  qui  les  rendent  particulièrement  intéressantes.  Alors  que 
les  épidémies  des  campagnes  arrivent  facilement  à  s'expliquer  par  des 
causes  locales,  les  épidémies  qui  ont  frappé  notre  agglomération  lausan- 
noise pendant  un  certain  nombre  d'années,  s'intei'prètent  au  contraire 
par  des  causes  générales  sur  lesquelles  selon  nous,  on  n'a  pas  assez 
insisté  jusqu'à  présent. 

J'ai  donc,  pour  le  moment  du  moins,  négligé  l'étude  étiologique  de  la 
fièvre  typhoïde  de  nos  campagnes,  et  je  renvoie  à  un  très  intéressant 
travail,  resté  malheureusement  inachevé,  de  notre  regretté  confrère  le 
D'  Philippe  de  la  Harpe'. 

J'ai  établi  mon  enquête  de  la  manière  suivante  : 

J'ai  pris  pour  base  le  service  de  médecine  de  l'Hôpital  Cantonal,  lais- 
sant complètement  de  côté  les  renseignements  qu'eût  pu  me  fournir  la 
statistique  mortuah'e  de  la  ville,  indices  d'une  valeur  très  variable  et 
très  incertaine  du  nombre  approximatif  des  cas  traités  en  dehors  de 
l'hôpital.  Une  tentative  d'enquête  faite  par  la  Société  de  médecine  il  y 
a  quelques  années  ayant  échoué,  j'ai  pensé  qu'il  valait  mieux  ne  faire 
usage  que  d'un  des  éléments  numériques,  très  certain,  et  permettant 
une  appréciation  comparative  des  maxima  et  des  minima,  plutôt  que 
d'introduire  dans  mon  travail  un  élément  variable.  On  peut  admettre  du 
reste  que  si  le  rapport  qui  existe  entre  le  nombre  des  malades  admis  à 
l'hôpital,  et  le  chiJBfre  des  malades  de  la  ville  varie  suivant  la  gravité  des 
épidémies,  cet  écart  n'est  cependant  pas  très  grand,  et  que  ces  deux 
éléments  restent  approximativement  comparables. 

J'ai  relevé,  de  notre  registre  de  clinique  et  du  registre  d'inscription 
de  l'économat,  l'un  contrôlant  l'autre,  la  série  des  fièvres  typhoïdes 
nées  à  Lausanne,  j'y  ai  ajoutés  celles  nées  à  Ouchy,  car  ce  village  vit 
sous  le  même  régime  que  la  capitale  et,  au  point  de  vue  de  la  fièvre 


'  Propagation  de  la  fièvre  typhoïde  par  contagion  dans  le  canton  de  Yaud. 
BuUeUn  de  la  Sociéié  wiudoise  de  médecine,  1867. 

24 


370  SECTION   1.  —  SEANCE   DU   MERCREDI   6   SEPTEMBRE. 

typhoïde,  eu  dépeiid.  J'ai  obtenu  ainsi  pour  une  période  de  vingt  ans  (de 
1863  à  1882),  un  chiffre  de  960  cas. 

Il  fallait  nécessairement  chercher  un  rapport  comparable,  pour  k 
suite  des  années,  entre  le  chiffre  annuel  des  typhoïdes  et  le  chiffre  delà 
population,  pour  cela  j'ai  rapporté  au  chiffre  de  25,500,  représentant  la 
plus  forte  population  de  Lausanne-ville  et  d'Ouchy,  le  chiffre  annuel  des 
fièvres  typhoïdes.  C'est  ce  qui  explique  l'écart  que  présentant  le^  séries 
exprimées  dans  le  coui-s  de  mon  travail,  et  les  chiffres  rapportés  sur  le 
j^-aphique,  avec  le  total  indiqué  ci-dessus. 

Je  renverrai  souvent  le  lecteur  au  tracé  graphique  de  la  planche  ci- 
jointe  ;  il  lui  j)emiettra  de  se  rendre  compte  aisément  de  la  marche 
générale  et  des  oscillations  de  l'endémie,  de  ses  rapports  avec  Taccrois- 
sement  de  la  provision  d'eau. 

Pour  des  raisons  que  développera  la  suite  de  mon  travail,  je  divise  en 
trois  périodes  les  vingt  années  d'observations  sur  lesquelles  s'appuie  cet 
exposé  : 

1"  période:  de  1863  h  1872  inclusivement,  avec  une  moyenne  annuelle 
de  57  cas. 

En  1868  66  cas 

1869  47 

1870  59 

1871  62 

1872  56 

^■*  période  :  de  1872  à  1876  inclusivement,  période  à  maximum, 
moyenne  annuelle  de  112  cas,  soit  : 

En  1873      76  cas  En  1875    101  cas 

1874     187  1876      70 

3"^*  période  :  de  1876  à  1882,  caractérisée  par  une  décroissance  rapide 
et  régulière  de  l'intensité  de  l'endémie.  Moyenne  20,5. 

En  1877      38  cas  En  1880      14  cas 

1878  14  1881   17 

1879  29  1882   10 

De  ces  trois  périodes,  la  première  représente  sensiblement,  et  en 
tenant  compte  de  l'accroissement  de  la  population,  le  régime  moyen  de 
l'endémie  typhoïde  tel  qu'il  existait  depuis  fort  longtemps.  Les  pubUca- 


En  1863 

56  cas 

1864 

22 

1865 

70 

1866 

102 

1867 

32 

ÉTIOLOGIE  ET   PROPHYLAXIE   DE  LA  FIÈVRE   TYPHOÏDE.  371 

lions  de  M.  le  D'  de  la  Harpe  père  nous  permettent  de  conclure  dans  ce 
sens  pour  les  années  1836  à  1850,  et  il  est  même  probable  que  de  1850  à 
1863,  il  en  a  été  à  peu  près  de  même. 

La  seconde  période  est  caractérisée  comme  période  à  maximum  par 
une  ascension  brusque,  un  point  culminant  de  187  cas,  ce  qui  est  consi- 
dérable ;  elle  laisse  encore  loin  derrière  elle,  pendant  sa  décroissance,  la 
moyenne  de  la  période  précédente. 

La  troisième  période  enfin  s'accuse  nettement  décroissante,  non  seu- 
lement lorsqu'elle  est  comparée  à  la  précédente,  mais,  ce  qui  est  très 
important,  vis-à-vis  de  l'ancienne  endémie  d'avant  1873. 

Cela  posé,  je  veux  rechercher  si  l'histoire  du  développement  de  la 
ville  de  Lausaime,  les  développements  qui  s'y  sont  opérées,  peuvent 
nous  rendre  compte  eu  quelque  mesure  des  oscillations  de  la  courbe 
t}'phoIde,  aussi  bien  des  recrudescences  des  deux  premières  périodes, 
que  de  la  décroissance  régulière  qui  caractérise  la  troisième. 

J'ai  eu  recours  pour  cela  à  l'obligeance  de  M.  F.  de  Crousaz,  ingénieur 
(le  la  ville,  auquel  je  dois  des  renseignements  très  exacts,  tirés  des 
registres  des  comptes  de  la  ville,  sur  la  succession  des  travaux  qui  ont 
été  exécutés  de  1865  à  1882,  sous  la  dii-ection  du  Bureau  des  travaux 
municipaux.  M.  Van  Muyden,  gérant  de  la  Société  des  eaux  de  Lausanne, 
a  bien  voulu  aussi  me  fournir  des  notes  sur  l'historique  de  la  question 
des  eaux  et  les  chiffres  y  relatifs.  Je  tiens  à  leur  exprimer  à  tous  deux 
ma  reconnaissance. 

I.  Un  rapport  de  causalité  étraii  relie  V accroissenieiit  de  la  fièvre 
tf/phoïde  et  Vactitnté  des  travaux  de  canalisation,  fouilles,  creusages  et 
cmistmctions,  exécutés  à  Lausanne. 

La  population  de  la  ville  de  Lausanne  et  du  bourg  d'Ouchy,  de 
18,000  habitants  en  1863,  s'élève  de  300  âmes  par  au,  en  1872  elle 
atteint  le  chiffre  de  21,000  âmes.  De  1872  à  1876,  avec  un  accroissement 
annuel  de  1000  âmes,  elle  s'élève  à  25,500,  pour  osciller  autour  de  ce 
chiffre  avec  des  variations  insignifiantes,  jusqu'à  ce  jour. 

Les  causes  de  l'accroissement  de  la  population  sont  inutiles  à  déve- 
lopper ici;  il  nous  sufiit  d'établir  qu'il  s'est  fait  sentir  doublement,  au 
point  de  vue  de  l'hygiène  :  par  une  augmentation  de  densité  dans  les 
habitations  existantes,  pour  la  première  année  ;  pour  les  suivantes,  par 
une  vive  recrudescence  dans  l'activité  des  constructions.  Plusieurs  rues 
ont  été  créées,  d'anciennes  rues  ont  été  transformées  et  une  foule  de 
maisons  isolées  construites  dans  les  années  1870  à  1877. 

Les  travaux  entrepris  par  l'autorité  municipale  ont  pris  un  vaste 
essor  à  partir  de  l'année  1865.  Tout  en  désirant  éviter  de  tomber  dans 


372  SECTION   I.  —  SÉAN'CE   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

trop  de  détails,  je  dois  nécessairement,  pour  la  démonstration  de  ma 
thèse,  énumérer  avec  certains  développements  la  succession  des  entre- 
prises les  plus  importantes  qui  ont  marqué  dans  la  période  de  1865  à 
1880  de  notre  activité  municipale. 

En  1805  on  entreprend  les  travaux  de  voûtage  de  la  Louve.  En  1866 
commence  au  Casino  la  construction  de  la  route  de  la  gare,  poursurrie 
tout  Tété.  Les  fouilles  furent  attaquées  à  la  fin  sur  tout  le  parcours  de 
la  ville  à  la  Rasude,  sur  une  longueur  de  1200  mètres  et  sur  une  profon- 
deur qui  atteignit  jusqu'à  5  mètres,  dans  des  terrains  imprégnés  de 
matières  organiques  et  très  fétides  par  places.  On  se  souvient  que  les 
prairies  dans  lesquelles  furent  exécutées  une  partie  de  ces  fouilles  ont 
ser\i  pendant  longtemps  de  dépôts  de  fumiers,  et  qu'on  y  découvrit  des 
étangs  d>aux  souterraines  qui  rendirent  fort  compliquée  la  construction 
des  habitations  de  l'avenue  de  la  gare. 

En  1867,  les  bouleversements  de  terrain  étaient  achevés.  Cette  année- 
là,  il  n'y  eut  que  quelques  canalisations,  coulisses,  repavages  divers, 
mais  pas  de  travaux  majeurs. 

En  décembre  seulement  commença,  pour  se  poursuivre  en  1868,  la 
canalisation  importante  qui  amena  en  ville  l'eau  des  Cases.  En  186S 
aussi  la  rue  de  la  Louve  fut  voûtée  jusqu'à  la  place  de  la  Maison  de  ville. 
Au  dire  de  M.  Tingénieur,  ce  travail  remua  dans  un  sol  de  nature  sus- 
pecte des  terres  d'une  extrême  fétidité. 

En  1869,  voûtage  du  Flon  on  Pépinet,  dans  la  Place  Centrale  actuelle. 
Ces  tronçons  de  voûtage  du  Flon  et  de  la  Louve  à  la  Palud,  occupent 
avec  la  pose  des  conduits  des  eaux  de  la  ville,  l'année  1870-1871. 
En  1S72  rien  de  saillant. 

L'année  1873  ast  marquée  par  les  premiers  travaux  d'une  série  d'en- 
treprises de  grande  importance,  continuées  en  1874,  à  savoir  :  1**  la 
reprise  de  la  route  de  la  Rasude  à  la  gare,  avec  les  complications  que 
Ton  sait,  éboulements,  affaissements,  creusage  de  galeries  pour  l'écou- 
lement des  nappes  d'eau  souterraines,  extraction  de  masses  de  terre 
considérables  ;  2°  le  radier  de  la  voûte  du  Flon,  exécuté  à  partir  des 
tanneries  Mercier  à  la  jonction  de  la  Louve.  Ce  dernier  travail,  de  même 
que  le  voûtage  du  Flon  en  aval  du  Pont,  bouleversa  un  sol  fétide  et 
amena  des  émanations  si  nauséabondes  que  les  terres  des  fouilles  durent 
être  désinfectées. 

Une  troisième  entreprise,  le  creusage  de  la  vaste  tranchée  du  Lau- 
sanne-Ouchy,  le  transport  des  terres  et  leur  dépôt  à  Ouchy,  commencée 
en  1873,  a  rempli  toute  l'année  1874;  ce  travail  énorme  a  eu  pour 
théâtre  une  région  rendue  très  suspecte  par  les  infiltrations  des  eaux 
d'égoûts  qui  depuis  un  temps  immémorial  s'y  déversaient  librement. 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYI.AXIE   DE   LA   FIÈVRE   TYPHOÏDE.  373 

En  1875  et  1876  ces  travaux  se  poursuivent,  en  concurrence  avec 
d^autres  de  moindre  importance  (canalisations  et  aqueducs)  mais  les 
grandes  fouilles  sont  terminées. 

Le  voûtage  du  Flon  est  achevé  de  la  gare  du  Pneumatique  aux  tanne- 
ries Mercier. 

Pendant  la  troisième  période  de  1877  à  ce  jour,  nous  avons  vu,  avec 
les  travaux  de  coulissage  et  de  pavage  des  rues,  la  constiiiction  de 
PHôpital  cantonal,  du  Tribunal  fédéral  avec  les  terrassements  de  Mont- 
benon,  le  premier  en  amont  de  la  ville,  dans  des  terrains  non  habités,  le 
second  sur  une  colline  qui  jamais  n'a  servi  de  lieu  de  dépôt  de  terres 
souillées  par  les  déjections  de  la  ville.  En  1878-79  en  revanche,  la  con- 
struction de  la  route  de  Couvaloup  a  nécessité  des  creusages  profonds  et 
dans  un  sol  mauvais  ;  elle  peut  être  comparée  aux  travaux  de  voûtage 
de  la  partie  inférieure  de  la  vallée  du  Flon. 

L'enquête  dont  je  viens  de  donner  un  aperçu  sommaire  peut  se  résu- 
mer en  quelques  lignes.  De  même  que  dans  toute  ville  de  quelque  impor- 
tance, il  y  a  eu  de  tout  temps  à  Lausanne  un  coui'ant  de  travaux  d'en- 
tretien, de  coulissage,  de  pavage,  de  constructions  privées  et  publiques; 
dans  certaines  années  il  est  sur\enu  des  besoins  nouveaux,  résultant  de 
Taccroissement  de  la  population,  d'une  plus  grande  sollicitude  pour  les 
besoins  de  l'agglomération,  d'une  édilité  plus  éclairée,  d'une  préoccupa- 
tion moins  serrée  à  l'égard  des  finances  communales,  ou  du  désir  de 
créer  du  travail  à  la  classe  ouvrière.  Les  uns  et  les  autres  de  ces  motifs 
ont  suscité  à  Lausanne  une  recrudescence  de  travaux  urbains  dans  les 
années  1865-1866, 1868, 1873  à  1882,  dans  des  conditions  et  des  propor- 
tions variables. 

Si  maintenant  nous  étudions  les  oscillations  de  la  courbe  de  fréquence 
des  fièvres  typhoïdes  à  Lausanne,  nous  pouvons  nous  convaincre  que 
précisément  les  années  marquées  par  des  travaux  importants,  nécessi- 
tant des  fouilles  plus  ou  moins  profondes  et  étendues,  figurent  sans 
exception  avec  une  recrudescence  de  l'endémie.  En  1866  par  exemple, 
une  épidémie  fort  grave  frappa,  d'après  les  notes  de  Phil.  de  la  Harpe, 
environ  600  personnes.  En  1867,  pas  de  fouilles,  peu  de  typhoïdes.  En 
1868,  nouvelle  poussée.  Les  années  les  plus  mauvaises,  1873  à  1876,  qui 
<^nvoyèrent  à  l'hôpital  434  cas  de  typhoïde,  ont  vu  se  succéder  sans 
interruption  les  bouleversements  de  terrains,  les  fouilles,  les  transports 
de  terres  sur  une  vaste  échelle. 

L'ascension  de  la  courbe  typhoïde  commence  dans  l'hiver  1872,  conti- 
nue régulièrement  et  atteint  son  apogée  en  août  1874.  En  1875  elle 
commence  à  baisser,  mais  ce  n'est  qu'en  1876,  alors  que  les  travaux 
sont  entrés  dans  la  période  des  maçonneries,  que  les  fouilles  et  les  tran- 


374  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU   MERCREDI   6   SEPTEMBRE. 

chées  sont  terminées,  ce  n'est  qu'à  ce  moment  que  les  allures  de  Tendé- 
mie  se  modifient  puissamment,  et  que  le  nombre  des  cas  va  s'abaissant 
dans  une  progression  régulière  jusqu'à  ce  jour.  Et  même  dans  la  troi- 
sième période,  période  de  déclin  (1877  à  1882)  nous  retrouvons  nne 
exacerbation  en  1879  (2î)  cas)  précisément  à  l'époque  où  s'entreprend  la 
correction  de  la  route  de  Couvaloup  dans  les  conditions  indiquées  plus 
haut. 

La  fièvre  typhoïde,  disons-nous,  a  toujours  régné  à  Lausanne  plus  ou 
moins,  jusqu'à  ces  dernières  années.  J'entrerai  plus  loin  dans  quelques 
détails  sur  les  causes  probables  des  conditions  endémiques.  Je  cherche 
ici  à  me  rendre  compte  des  causes  des  recrudescences  des  épidémies 
graves,  qui  ont  à  diverses  reprises  grandement  effrayé  notre  population. 

Or,  aucune  des  influences  qui  peuvent  être  invoquées  comme  causes 
du  niveau  habituel  ne  suffit  pour  rendre  compte  des  bonds,  des  singu- 
lières oscillations  de  la  courbe  typhoïde  dans  certaines  années,  ni 
l'égoût,  ni  la  pollution  des  eaux,  ni  la  contagion.  Il  faut  nécessairement 
admettre  une  cause  agissant  simultanément  sur  un  grand  nombre 
de  points,  frappant  les  quartiers  sains,  les  habitations  de  luxe,  con- 
struites avec  intelligence,  munies  d'eau  de  bonne  qualité,  possédant  des 
lieux  d'aisances  bien  installés  et  des  conduites  neuves,  jouissant  de  l'air 
et  de  la  lumière  dans  des  conditions  satisfaisantes.  On  est  forcé  de 
chercher  le  véhicule  de  ce  poison  subtil  dans  l'air,  et  facilement  amené 
à  fixer  son  origine  dans  le  bouleversement  du  sol,  dans  les  fouilles  qui 
mettent  à  la  surface  des  germes  accumulés  par  l'infiltration  lente  de5 
détritus  liquides,  qui  restent  neutres  et  inofiTensife  aussi  longtemps  qu'ils 
sont  recouverts,  à  l'abri  de  l'air,  et  qu'ils  ne  sont  pas  desséchés. 

Les  arffumeyits  que  nous  invoquons  à  l'appui  de  cette  idée  sont  les 
suivants  : 

V  La  coïncidence  constante,  indiquée  plus  haut,  des  années  à  épidé- 
mies et  des  années  marquées  par  une  plus  grande  activité  des  travaux 
publics  et  privés. 

2**  La  gravité  de  nos  épidémies,  qui  s'est  montrée  d'autant  plus 
redoutable  que  les  terrains  soulevés  et  remués  ont  été  trouvés  plus 
fétides,  qu'ils  donnaient  le  jour  à  une  odeur  plus  nauséabonde,  d'autant 
plus  aussi  qu'ils  ont  été  attaqués  dans  les  régions  déclives  de  la  ville, 
qui  de  temps  immémorial  ont  servi  à  l'écoulement  des  eaux  d'égoût, 
(quartier  de  Georgette,  la  Rasude,  le  plateau  de  Mont-Riond,  la  vallée 
du  Flon). 

3**  Le  fait  que  dans  les  années  à  typhoïde  que  l'on  peut  qualifier  de 
«  moyennes,  »  le  maxiinum  des  cas  tombe  presque  toujours  sur  les  mois 
de  juillet  à  octobre,  alors  que  le  régime  épidémique  exceptionnel  que 


ÉTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE   DE  LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  375 

lous  supposons  provoqué  par  les  bouleversements  des  terrains  se  carac- 
érîse  par  des  recrudescences  d'hiver  et  de  printemps. 

Ces  conclusions  sont  loin  d'être  absolument  neuves,  les  bouleverse- 
nents  du  sol  ont  déjà  été,  à  fréquentes  reprises,  accusés  de  pouvoir 
produire  la  fièvre  typhoïde.  L'histoire  des  vingt  dernières  années  est 
«pendant,  à  cet  égard,  trop  importante  pour  qu'il  ne  soit  pas  intéres- 
ant  de  relever  ces  faits.  Elle  a  son  importance  par  le  contraste  entre 
'immobilité  relative  dans  laquelle  l'agglomération  lausannoise  a  vécu 
lendant  de  longues  années,  et  le  développement  très  rapide  qui  a  suivi 
lans  un  laps  de  temps  de  courte  durée.  Le  rapprochement  de  ces  deux 
K)ints  de  comparaison,  l'exactitude  des  données  fournies  par  les  regis- 
res  de  notre  hôpital,  aboutissent,  ce  me  semble,  à  une  conclusion 
acceptable.  En  1866,  puis-je  ajouter,  une  épidémie  très  grave  sévit  dans 
a  ville  de  Grandson,  en  corrélation  presque  ceitaine  avec  de  vastes 
ravaux  de  démolition.  A  Vevey,  me  dit  M.  le  D'  Guisan,  les  années 
L865et  1872  ont  vu  naître,  à  la  suite  de  corrections  d'égoûts  et  de  cana- 
isation,  des  épidémies  sérieuses.  La  même  explication  est  invoquée 
jour  un  des  arrondissements  de  Paris  où  la  fièvre  typhoïde  sévit  avec  le 
>lus  de  fureur. 

II.  Exposé  somynaire  de  quelques  causes  perïnanentes  et  habituelles 
ie  la  fièvre  typhoïde  à  Lausanne,  dans  les  années  moyennes. 

J'ai  indiqué  dans  ce  qui  précède  les  influences  auxquelles  peuvent  et 
loivent  s'attribuer  dans  une  large  mesure  les  épidémies  qui  ont  frappé 
aotre  population  pendant  les  deux  dernières  décades.  Je  désire  mainte- 
aant  résumer  les  causes  principales  qui  me  paraissent  rendre  compte  de 
'existence  constante  de  la  typhoïde  à  Lausanne  pendant  cette  même 
[période  d'observation. 

Je  les  résume  sans  les  développer,  espérant  pouvoii*  traiter  ce  cha- 
pitre ultérieurement  avec  plus  de  détails,  à  l'aide  des  nombreux  maté- 
riaux rassemblés  par  feu  le  D'  de  la  Harpe,  et  qui  s'ajouteront  à  ceux 
jue  je  possède  déjà. 

1*  Tout  d'abord,  il  est  permis  de  négliger  d'une  façon  absolue, 
^ce  aux  conditions  de  configuration,  de  structure  géologique  et  de  sol, 
l'influence  de  la  nappe  d'eau  souterraine  (Grundwasser)  qui  joue  dans 
l'autres  localités  un  rôle  important  dans  la  question  de  la  fièvre 
typhoïde. 

Le  Grundwasser  existe  sans  doute  à  Lausanne,  mais  c'est  une  nappe 
siobile  et  courante,  qui  ne  varie  pas  sensiblement  dans  son  niveau.  Bien 
oin  d'absorber  et  de  rendre  plus  tard  dans  l'atmosphère  les  germes 
morbides  dont  elle  peut  se  pénétrer  par  infiltration,  elle  les  charrie  au 


376  SECTION  I.  —  8KAXCE   DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

loin.  A  cet  égard,  Lausanne  se  rapproche  de  nombre  de  vill^  suisses  où 
sévit  la  typhoïde  et  où  la  question  du  Gnindwasser  est  absolument 
secondaire. 

2**  L'un  des  deux  couîs  d'eau  qui  traversent  la  ville  de  Lausanne,  1<* 
Flon,  a  joué  sans  aucun  doute  un  rôle  important  dans  la  production  et 
la  dissémination  de  la  fièvre  typhoïde.  Ce  n'est  pas  sans  raison  que  les 
trois  rues  paraUèles  à  ce  méchant  ruisseau  ont  fourni  une  forte  propor- 
tion de  fièvres,  de  niOnie  que  les  habitations  qui  le  bordent  à  sa  sortie 
immédiate  de  la  ville.  Jusqu'en  1875,  époque  du  transfert  de  l'Hôpital  au 
Champ-de-rair,  les  déjections  de  cette  agglomération  de  malades  abou- 
tissaient au  Flon.  Cet  égoût  naturel,  utile  assurément  tant  que  Lausanne 
ne  possédait  qu'une  faible  quantité  d'e>au  potable  et  d'eaux  de  senice, 
devenait  fort  dangereux  pendant  les  mois  secs  ;  le  produit  des  canaux 
de  vidange  s'accumulait  sur  ses  bords  sans  être  entraîné,  s'y  desséchait, 
et  contaminait  aisément  l'air  atmosphérique.  La  dissémination  des 
miasmes  était  encore  favorisée  par  l'orientation  du  cours  d'eau  et  des 
rues  qui  le  bordent,  dans  le  sens  des  vents  principaux. 

3**  La  souillure  des  eaux  potables  suit  de  près  dans  l'ordre  d'énergie 
des  causes  d'insalubrité.  Certaines  fontaines  de  notre  ville  ont  joui  d'une 
réputation  notoirement  détestable.  Une  de  ces  sources  naissant  dans 
une  prairie  en  pente  situées  aux  portes  de  la  ville  et  fréquemment  char- 
gée de  dépôts  de  terres  et  de  débris  de  toute  espèce,  a  fourni  à  une 
nombreuse  clientèle  une  eau  de  mauvais  goût.  Nous  avons  fréquemment 
remarqué  des  cas  de  fièvre  typhoïde  chez  les  personnes  qui  en  faisaient 
un  usage  habituel. 

Le  quartier  du  Maupas,  gravement  visité  par  la  fièvre,  ne  recevait^ 
pas  d'eau  courante  et  s'alimentait  pendant  longtemps  d'eau  de  puits, 
alors  que  les  égoûts  remplacés  par  des  fosses  perdues,  manquaient 
absolument. 

Cela  nous  mènerait  trop  loin  de  passer  en  revue  les  exemples  nombreu?^ 
que  nous  fourniraient  nos  notes,  du  rôle  joué  par  la  contamination  det^ 
eaux  potables  sur  la  production  de  la  fièvre  typhoïde.  C'est  un  fait 
acquis  et  dont  il  est  presqu'inutile  d'accumuler  les  preuves.  Je  n'eu 
veux  citer  que  deux  exemples  d'un  caractère  de  grande  précision. 

Le  village  d'Ouchy,  port  de  Lausanne  sur  le  lac  Léman,  a  toujours, 
plus  ou  moins,  soufl'ert  d'une  fièvre  typhoïde  endémique.  En  1874,  ce 
petit  bourg  envoyait  à  l'Hôpital  cantonal  vingt-huit  cas.  Les  causes  de 
l'endémie  étaient  mal  connues  et  mal  dégagées,  il  y  avait  cependant  de 
fortes  présomptions  pour  admettre  que  les  eaux  de  boisson  pouvaient 
être  incriminées.  Les  deux  sources  principales  du  village  provenaient 
des  terrains  d'alluvion  lacustre  qui  s'élèvent  jusqu'à  mi-hauteur  de 


TABl. 


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70 
60 
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ÉTIOLOOIE  ET  PKOPHrLAXIE   DE  lA  FIEX'BE  TYPHOÏDE.  377 

ausanne.  Il  est  certain  que  ces  terrains  recevaient  par  filtration  les 
lux  des  prés  dans  lesquels  se  déversaient  de  temps  immémorial  les 
;oûts  d'une  partie  de  la  ville,  située  en  amont.  Depuis  longtemps  aussi, 
!S  habitations  de  cette  région  ont  acquis  leur  renom  d'insalubrité.  Â 
eirtir  du  moment  où  Ton  se  décida  à  couper  les  eaux  des  fontaines  et  à 
s  remplacer  par  l'eau  de  la  ville,  l'endémie  a  baissé  rapidement  ;  de 
378  à  1882  l'Hôpital  ne  reçut  que  trois  cas  de  typhoïde  nés  à  Ouchy, 
lors  que  les  cinq  années  antérieures  figuraient  pour  soixante-trois  cas. 

Une  propriété  située  à  quelques  minutes  à  l'ouest  de  Lausanne  est  visi- 
te depuis  plusieurs  années  par  des  cas  tantôt  sporadiques,  tantôt  épidé- 
liques,  en  général  graves,  de  typhoïde.  En  1880,  éclate  une  épidémie 
Kîale  plus  grave  que  les  précédentes.  Un  singulier  hasard  vint  en 
flairer  l'origine.  L'eau  d'une  des  fontaines  amenée,  de  l'autre  côté  de 
L  vallée  du  Flon,  dans  une  conduite  iiTéprochable  du  reste,  prit  un 
eau  jour  un  goût  manifeste  d'acide  phénique.  On  apprit  qu'une  per- 
)nne  habitant  une  maison  située  au  Maupas,  sur  le  fonds  de  terre  d'où 
>rt  l'eau  consonmiée  à  plusieurs  cent  mètres  de  là,  avait  une  fièvre 
y-phoïde  et  que  le  médecin  qui  la  soignait  faisait  désinfecter  les  latrines 
vec  de  l'acide  phénique.  Depuis  longtemps,  évidemment,  une  infiltra- 
on  envoyait  dans  la  source  du  purin  de  latrines,  et  si  cette  année-là 
épidémie  locale,  ainsi  transmise,  offrait  plus  de  gravité,  c'est  quel'infil- 
ration  avait  lieu  avec  du  purin  chargé  de  virus  typhoïde,  incomplète- 
lent  désinfecté.  Cette  observation,  très  importante,  sera,  je  crois, 
ubliéc  par  une  plume  autorisée,  je  ne  fais  que  la  citer  sommaire- 
lent. 

4""  Les  exemples  de  contagion  ne  sont  pas  rares  à  Lausanne.  Ce 
iode  de  dissémination  de  la  fièvre  typhoïde  doit  être  pris  en  considéra- 
ion  dans  rénumération  des  causes  de  cette  affection.  A  l'Hôpital  canto- 
al,  pour  les  dix  dernières  années,  la  contagion  figure  dans  notre 
tatistique  pour  une  proportion  de  3,2  7u- 

ni.  Assainissement  actuel  de  la  ville  de  Lausanne.  Ses  rapports  avec 
'accroissement  de  la  provision  d'eau. 

Pour  la  première  partie  de  ce  travail,  j 'ai  exposé  les  impressions  sui' 
3S  causes  générales  et  les  causes  accidentelles  d'une  endémie  qui  a  causé 
.  la  capitale  vaudoise  un  mal  incalculable.  Je  dois  avouer  que  je  ne  me 
lisse  pas  senti  le  courage,  pas  même  le  droit,  de  livrer  ces  conclusions  à 
i  publicité,  si  je  ne  m'étais  trouvé  en  mesure  d'apporter  des  nouvelles 
beaucoup  plus  rassurantes  pour  l'avenir.  L'étude  des  allures  de  la 
ièvre  typhoïde  dans  les  dernières  années  de  notre  période  d'observa- 
ion,  nous  permet  en  effet  de  prouver  par  des  chiffres  que  la  situation  a 


378  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU  MERCREDI  6  SEPTEMBRE. 

changé  d'nne  manière  complète,  et  que  la  ville  de  Lausanne  peut  être 
considérée,  avec  infiniment  de  probabilité,  comme  purgée  de  son  fléau. 
Je  renvoie  au  tracé  graphique,  il  rend  la  démonstration  de  cette 
thèse  aussi  évidente  que  possible.  Si  Ton  compare  les  trois  subdivisions 
de  ce  tracé,  la  première,  de  1863  à  1872  (moyenne  annuelle  de  57  cas 
hospitaliers),  la  seconde  de  1872  à  1876  (moyenne  de  108  cas),  avec  la 
troisième  (de  18  cas  seulement),  on  est  bien  forcé  de  reconnaître  dans 
sa  bénignité,  non  seulement  un  arrêt  des  causes  qui  ont  amené  rénorme 
aggravation  accidentelle  de  1872  à  1876,  mais  encore  un  assainissement 
important  réalisé  sur  l'état  endémique  de  la  première  période,  qui 
représente  lui-même,  très  probablement,  d'après  les  notes  du  D'  Jean 
de  la  Harpe,  l'état  endémique  approximatif  des  30  années  antérieures. 
Les  18  cas  annuels  des  sl\  dernière-s  années  représentent  un  minimum 
au-dessous  duquel  il  n'est  guère  permis  d'espérer  descendre,  pour  une 
ville  de  l'importance  de  Lausanne. 

Par  quels  agents  cet  assainissefnent  d'une  agglomération  de  25,000 
âmes  a-t'il  été  réalisé  ?  telle  est  la  question  qui  se  pose  et  que  je  vais 
chercher  à  développer. 

Les  conditions  intérieures  sont  améliorées,  mais  dans  certains  quar- 
tiers seulement.  Ailleurs,  dans  les  quartiers  inférieurs  par  exemple,  les 
maisons  sont,  comme  par  le  passé,  habitées  par  une  population  ouvrière 
dense,  l'aération  y  est  défectueuse,  les  logements  insalubres,  les  latrines 
banales,  les  conduits  très  négligés. 

En  revanche,  deux  transformations  d'une  haute  portée  ont  été  réa- 
lisées, à  savoir  : 

le  vmtofje  des  cours  d'eau  urbains,  la  construction  d'un  radier  sous 
la  voûte  du  Flon, 

rapport  d'une  quantité  d'etiu  considérdble. 

Je  ne  puis  entrer  dans  les  détails  relativement  aux  travaux  de  voû- 
tage  et  à  l'établissement  du  radier.  La  description  technique  de  ce  beau 
travail  fera  sans  doute  un  jour  l'objet  d'une  publication  spéciale. 

On  ne  saurait  trop  insister,  en  revanche,  sur  l'importance  qu'a  eue 
pour  Lausanne  la  transformation  du  régime  des  eaux,  avec  laquelle 
ramélioration  des  conditions  hygiéniques  de  la  ville  marche  absolument 
parallèle.  Qu'il  me  soit  permis  en  conséquence  de  donner  ici  un  bref 
historique  de  cette  situation.  • 

En  1865,  les  eaux  d'alimentation  de  la  ville  de  Lausanne  provenant 
des  source^s  du  Jorat  et  des  fontaines,  représentaient  une  quantité  de 
51  litres  par  habitant  et  par  jour  *. 

*  Rapport  de  majorité,  présenté  au  Conseil  communal  par  M.  l'architecte 
RouoB,  1881. 


ETIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIEV&E  TYPHOÏDE.  379 

En  1867,  des  acquisitions  nouvelles  élevèrent  un  peu  la  livraison. 

En  1874  *,  le  volume  d'eau  distribué  à  Lausanne  aux  services  publics 
ît  privés  était  ofiBciellement  évalué  à  1741  litres  par  minute,  équivalant 
K)ur  une  population  de  28,000  habitants,  à  90  litres  par  tête  et  par  24 
leures. 

Ce  volume  était  tombé  sensiblement  au-dessous  de  ce  chiffre  pendant 
in  ou  deux  étés  particulièrement  secs. 

Dès  1875,  la  Société  de  Pierre  Ozaire  distribue,  dans  la  partie  méri- 
liouale  et  orientale  de  la  ville,  des  eaux  de  sources,  jaugeant  540  litres 
»ar  minute. 

La  Compagnie  du  Chemin  de  fer  de  Lausanne-Ouchy  dérive  depuis 
'année  1876  une  partie  des  eaux  du  ruisseau  du  Grenet,  déversées 
l'abord  dans  le  lac  de  Bret,  fonctionnant  comme  bassin  de  réception 
égulateur.  Elle  estime  être  en  mesure  de  fournir  à  la  ville  un  volume 
le  9800  litres  par  minute,  dont  2600  litres  résen'és  à  la  traction  de  ses 
roies  ferrées,  et  l'excédent  mis  à  la  disposition  du  public  comme  eau 
notrice,  industrielle  et  agricole  à  l'exclusion  des  usages  ménagers. 
Ik)Dduite  libre  de  14  kilomètres. 

La  Société  des  Eaux  de  Lausamie  enfin,  alimente  la  ville  d'eau  pota- 
ble depuis  l'année  1878.  La  ville  lui  a  concédé  son  service  hydraulique, 
m  lui  imposant  comme  condition  d'amener  dans  le  réservoir  municipal 
m  volume  d'eau  de  2700  litres  par  minute,  par  la  dérivation  de  la 
source  du  Pont-de-Pierre,  sur  Montreux,  située  à  31  kilomètres  de 
Lausanne. 

Actuellement  cette  provision  d'eau  représente  en 

eaux  potables 240  litres, 

eaux  motrices  et  industrielles,      345  litres, 

585  litr.  par  habitant  et  24  heures. 

Ce  chiffre  doit  en  fait  être  considéré  comme  notablement  au-dessous 
de  la  réalité,  puisqu'il  est  calculé  sur  le  chiffre  total  de  la  population  de 
la  commune,  très  étendue  comme  on  sait,  et  non  sur  le  chiffre  réel  des 
consommateurs,  soit  des  habitants  de  la  ville,  d'Ouchy,  et  de  la  ban- 
lieue immédiate. 

Aujourd'hui,  plus  de  la  moitié  des  immeubles  habités  reçoivent  Tean 
potable  de  la  Société  des  Eaux,  dont  la  livraison  représente  5105  litres 
par  minute,  ou  7371  mètres  cubes  en  24  heures.  Les  eaux  industrielles 
ont  gratuitement  soulagé  le  service  des  eaux  potables,  en  se  substituant 
h  elles  dans  une  partie  de  la  ville  pour  les  bouches  à  eau  d'incendie  et 

'  Notes  sur  la  distribution  d'eau  de  Lausanne,  communiquées  par  M.  A.  Yak 


380  SECTION  I.  —  SÉANCE  DU  MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

l'aiTOsage  des  rues,  elles  amènent  une  quantité  d'eau  fort  considérable 
dans  les  canalisations  et  jouent  un  rôle  important  dans  l'irrigation  des 
égoûts. 

Or,  revenant  au  tracé  graphique,  nous  y  remarquons  une  coïncidence 
exacte  entre  l'ascension  de  la  ligne  indiquant  la  progression  de  la  quan- 
tité d'eau  offerte  à  la  consommation,  et  la  chute  de  la  courbe  typhoïde. 
Elle  nous  montre  clairement  que  depuis  l'année  où  la  livraison  d'eau  a 
cessé  d'être  insuffisante,  et  où  elle  s'est  élevée  de  150  litres  à  585  Utres, 
le  chiffre  des  typhoïdes  s'est  abaissé  dans  une  proportion  rapide  et 
régulière.  Elle  nous  fait  voir  aussi  qu'il  ne  s'agit  pas  seulement  d'un 
retour  à  la  moyenne  antérieure  de  1863  à  1872,  après  extinction  du 
régime  épidémique  exceptionnel  qui  a  frappé  les  années  1873  à  1876, 
mais  réellement  c'est  un  régime  nouveau  qui  s'est  établi,  comme  nous 
le  montre  la  comparaison  de  la  troisième  période  avec  la  première. 

11  faut  bien  reconnaître  là  l'intervention  d'agents  modificateurs  puis- 
sants, dont  l'influence  a  été  régulière  et  soutenue  pendant  une  série 
d'années  .suffisante  pour  pouvoir  se  formuler  et  pour  écarter  la  supposi- 
tion d'une  illusion  ou  d'une  singulière  coïncidence. 

Les  causes  de  l'assainissement  de  Lausanne  sont  multiples.  Évidem- 
ment le  perfectionnement  des  égoûts,  l'achèvement  du  voûtage  des 
<îours  d'eau,  ont  joué  un  rôle  important;  nous  croyons  toutefois  que 
l'influence  dominante  revient  à  l'augmentation  de  la  quantité  des  eaux, 
et  cela  par  un  double  mécanisme.  L'eau  agit  en  effet  tout  d'abord 
comme  moyen  d'assainissement  des  maisons  dans  lesquelles  elle  est 
répandue,  maintient  propres  les  conduits  de  lavoirs  et  de  latrines,  et 
entraîne  rapidement  dans  l'égoût  les  matières  solides.  L'égoût  principal 
lui-même  reçoit  ces  nombreux  filets  d'eau  de  vidange,  qui  forment  par 
leur  réunion  une  masse  suffisante  pour  balayer  convenablement  les 
résidus,  pour  les  baigner,  les  empêcher  de  se  dessécher  sur  les  bords, 
de  devenir  pulvéïnilents  et  de  pouvoir  refluer,  en  le  souillant,  avec  le 
courant  d'air  qui  rentre  dans  les  ramifications  des  canaux  des  habita- 
tions et  dans  les  bouches  des  rues. 

L'accroissement  au  sextuple  de  la  provision  d'eau  mise  à  la  disposi- 
tion de  l'agglomération  lausannoise  a  provoqué  la  suppression  de  nom- 
breux puits,  dont  s'alimentaient  certains  quartiers  privés  de  fontaines, 
et  détruit  du  même  coup  une  importante  source  d'infection.  Elle  a 
permis  de  même  de  couper  quelques  fontaines  suspectes  et  de  les  rem- 
placer par  des  ramifications  des  conduites  d'eau  de  la  ville,  obtenant 
ainsi  dans  un  délai  très  court ,  pour  citer  un  exemple,  l'assainissement 
du  village  d'Ouchy  et  du  quartier  du  Maupas,  qui  consommaient  une 
^au  tarée  par  les  infiltrations  du  sol. 


énOLOOlË  ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIEVRE  TYPHOÏDE.  381 

L'étude  à  laquelle  nous  venons  de  nous  livrer,  et  dont  nous  voudrions 
avoir  établi  les  conclusions  avec  plus  de  clarté  encore,  nous  démontre 
donc  que,  heureusement  appuyée  par  l'initiative  privée  d'hommes 
entreprenants  auxquels  nous  ne  saurions  trop  rendre  hommage,  la 
direction  municipale  a  réussi  à  améliorer  l'état  sanitaire  de  Lausanne 
dans  une  mesure  très  importante,  à  abattre  une  redoutable  endémie. 

Ce  beau  succès  de  l'hygiène  publique  pourrait  nous  rendre  plus  exi- 
geants; si  la  fièvre  typhoïde  est  actuellement  en  décroissance,  elle 
existe  cependant  encore.  Nous  pourrions  espérer  de  la  voir  un  jour 
vaincue,  nous  en  avons  en  main  les  moyens,  il  ne  s'agit  que  de  les 
appliquer  plus  sévèrement.  Nous  voudrions  voir  un  jour  nos  mstitutions 
sanitaires  complétées,  transformées,  nous  voudrions  leur  voir  conférer, 
comme  cela  a  lieu  dans  d'autres  villes  et  dans  d'autres  pays,  une  auto- 
rité réelle,  alors  que  chez  nous  tout  semble  se  liguer  pour  les  rabaisser 
et  les  entraver  dans  leure  intentions  les  meilleures.  Nous  voudrions  voh- 
naître  une  commission  sanitaire  active,  munie  des  pouvoirs  nécessaires 
pour  étudier  l'origine  locale  des  épidémies,  pour  proposer  la  visite  et  la 
réforme  des  logements  insalubres.  Nous  voudrions  voir  la  législation 
élaborer  des  moyens  de  contraindre  les  propriétaires  d'immeubles 
habités,  à  user  des  ressources  mises  à  leur  disposition  et  à  alimenter 
ces  immeubles  d'une  quantité  d'eau  déterminée,  de  soumettre  l'entre- 
tien régulier  des  conduits  de  vidange  des  maisons  particulières  et  des 
établissements  publics  aune  surveillance  réglée,  d'exiger,  après  consta- 
tation motivée,  les  réparations  et  constructions  nécessaires  à  cet  effet. 

Et  qu'on  se  persuade  bien  que  par  de  l'énergie  dans  Taccomplisse- 
ment  de  ces  mesures,  on  arriverait  à  combattre  plus  activement  que 
par  des  règlements  d'isolement,  non  seulement  la  fièvre  typhoïde,  mais 
aussi  d'autres  épidémies  dangereuses,  la  diphtérie  d'abord,  les  maladies 
éruptives  et  aussi  jusqu'à  un  certain  point  la  plaie  des  villes,  la  phtisie 
pulmonaire. 

Je  m'arrête  ici,  espérant  reprendre  un  jour  sous  une  autre  face, 
l'étude  de  la  fièvre  typhoïde  à  Lausanne.  Je  sens  le  besoin  de  réclamer 
l'indulgence  pour  la  longueur  de  cet  article.  Mon  excuse  repose  sur 
l'intérêt  de  cette  question,  sur  l'importance  générale  de  toute  consi- 
iération  touchant  l'hygiène  publique,  entraînant  avec  elle  la  démons- 
tration d'un  progrès  réalisé  et  celle  du  pouvoir  que  peut  déployer  une 
K)ciété  bien  organisée  contre  les  agents  destructeurs  qui  menacent  les 
sigglomérations  urbaines. 


382  SECTION   1.  —  SÉANCE  l)V  MEKCBEDI  6  SEPTEMBRE. 


Dificours  de  M.  le  D'  Proust. 

M.  Proust,  après  avoir  fait  la  critique  de  diverses  théories  actuelle- 
ment admises  sur  Tétiologie  de  la  fièvre  typhoïde  (spontanée,  tellurique, 
pythogénique,  spécifique),  demande  la  nomination  d'une  conimissmi 
internationale  sckntifique,  chargée  d'élaborer  un  programme  de  la 
fièvre  typhoïde,  de  façon  que  les  recherches  ultérieures,  étant  faites 
d'après  un  i)lan  uniforme,  les  membres  des  futurs  congrès  d'hygiène 
puissent  déterminer  définitivement  la  véritable  étiologie  de  cette  mala- 
die. Il  cite  comme  exemple,  et  comme  pouvant  servir  de  base  un  pro- 
gramme quMl  a  rédigé  et  qui  a  été  adopté  par  le  Conseil  supérieur 
d'hygiène  de  France.  La  Commission  nommée  examine  ce  programme, 
lui  fera  subir  les  modifications  qu'eUe  jugera  convenables,  et  après  avoir 
adopté  un  programme  définitif  l'approuvera  avec  dififérents  hygiénistes 
de  l'Eiu'ope. 

Il  ajoute  : 

((  Toute  prophylaxie  de  cette  maladie  sera,  en  effet,  évidemment  vaine 
tant  que  son  étiologie  ne  sera  pas  assise  sur  des  bases  rigoureusement 
scientifiques;  or,  Tétiologie  delà  fièvre  typhoïde  ne  peut  être  définitive- 
ment fixée  que  par  un  grand  nombre  d'observations  prises  à  la  cam- 
pagne. 

Dans  ce  but  et  afin  que  les  recherches  fussent  faites  d'après  un  plan 
uniforme,  nous  avons  demandé  au  Comité  d'hygiène,  et  plus  tard  au 
Congrès  international  de  Turin,  qu'une  sorte  de  programme  ou  de 
questionnaire  fût  adressé  à  tous  les  membres  des  Conseils  d'hygiène. 
Nous  donnons  ici  ce  programme. 

Nous  appelons  Tattention  du  Congrès  avec  d'autant  plus  d'ardeur  que, 
dans  le  dossier  des  épidémies  en  France,  un  certain  nombre  d'observa- 
teurs semblent  ne  pas  s'être  doutés  des  questions  qui  ont  été  posées. 
Les  faits  qu'ils  .signalent,  fort  intéressants  quelquefois  à  des  points  de 
vue  diff*érents,  sont  dépourvus  de  toute  valeur  relativement  au  point 
fondamental  de  la  question,  l'étiologie  de  la  makdie. 

Sans  attribuer  à  la  théorie  du  fécalisme  une  importance  exagérée,  il 
faut  toutefois  que  le  groupement  d'un  nombre  imposant  de  faits  vienne 
l'aflBrmer  ou  la  condamner  absolument.  Or,  si,  comme  nous  le  deman- 
dons, un  mouvement  nouveau  est  donné,  en  France  et  dans  toute 


ÉTIOLOGIE  ET  PROPHYLAXIE  DE  LA  FIEVRE  TYPHOÏDE.  383 

TEurope,  aux  travaux  d'enquête,  nous  croyons  qu'après  deux  ou  trois 
ans  l'opinion  sera,  sur  cette  doctrine,  complètement  édifiée. 


PROGRAMME   DE  LA  FIEVRE  TYPHOÏDE, 

Un  cas  de  fièvre  typhoïde  éclate  dans  une  ville  ou  dans  un  village  ; 
plusieurs  questions  doivent  être  posées  et  résolues  : 

!•  A-t-il  existé  précédemment  dans  ce  village  ou  dans  les  environs  des 
cas  de  ûèvre  typhoïde  ? 

A  quelle  époque  ? 

Et  combien  ? 

Préciser  l'époque  du  dernier  cas. 

Si  la  maladie  a  été  transmise,  il  sera  utile  de  déterminer  le  mode  de 
transmission. 

(Matières  des  déjections,  linges  souillés  par  ces  matières,  eifets  à 
usage,  literie,  transmission  de  malade  à  malade,  etc.) 

2*  S'il  n'a  pas  existé  précédemment  de  fièvre  typhoïde  dans  le  village 
ou  dans  les  environs,  on  devra  rechercher  si  le  premier  malade  vient 
d'un  pays  où  règne  la  fièvre  typhoïde  ou  s'il  a  été  en  rapport  avec  un 
individu  arrivant  d'un  pays  oU  règne  cette  maladie  ? 

3"  Avant  de  conclure  que  la  fièvre  typhoïde  est  née  spontanément 
dans  le  pays,  ces  deux  questions  devront  être  résolues  négativement. 

D  faudra  ensuite  préciser  l'état  des  localités,  des  eaux  et  de  l'individu 
Im-mêrae. 

A.  Examen  des  localités  ; 
Nature  du  terrain  ; 

Système  des  fosses  d'aisances  ?  Trou  à  la  turque. 
Peut-il  y  avoir  infiltration  ?  ou  bien,  au  contraire,  les  fosses  sont-elles 
étanches  ? 
Les  matières  sont-elles  envoyées  au  ruisseau,  à  l'égout  ? 
État  des  ruisseaux  ? 

—  des  égouts  ? 

—  des  eaux  stagnantes  ? 

—  des  mares  ? 

Y  a-t-il  des  amas  d'immondices,  de  matières  putréfiées  ? 

B.  Examen  des  eaux. 

Quelle  est  l'origine  de  l'eau  potable  ?  (Puits,  citernes.) 

Quels  sont  ses  caractères  ? 

A-t-elle  pu  être  infectée  par  une  infiltration  de  fosses  d'aisances  ? 

Dans  ce  cas  nettement  préciser,  si  la  fosse  d'aisances  a  reçu  ou  non 


MECTION   I.  —  SKAXCK  1>U  UERCREDt  6  8 

depuis  plus  ou  moins  loo^tonips  des  matières  proveuant  d'un  !■■ 


atteint  de  fièvre  typiiolilc  ! 
C.  ExamcD  de  t'iudividu. 
Y  a-t-il  de  raggloiiiératioii?  do  l'encombremeut  V 


Y  a-t-il  ini  des  fatigue-s  physiques  excessives  ? 

Y  a-t-il  eu  des  vniotîous  mondes  dépressives  ï 

Y  a-t-il  eu  un  cliaugcinciit  d'habitudes,  de  régime  ? 
Entiu  y  a-t-il  eu  des  eircoiistauccs  particulières  d'alimi 

d'iusuflisjince,  soitd'alisorptiou  de  matières  animales,  etc. 

Ces  diverst-s  conditions  des  localités,  des  eaux  et  de  rindÎTidi' 
elles  récentes,  ou  existaient-elles  depuis  longtemps  ?  Peui 
invoquéc^'S  comme  c^uso  du  développement  de  la  malailie 


ItiHfoarH  de  31,  le  11'  i^oj'ka» 


M.  SovKA,  de  Munich,  prononcfl  en  ullemand  le  discours 
(traduit  en  français  par  M.  le  D'  Errriérk,  de  Genève) 


d 


Le  professeur  Aniould  a  ahonlé,  dans  son  rapport  complet  etiMJ 
les  i-elations  ([ui  cNistent  entre  le  tjiihus  abdomiual  et  certaines  m 
tions  du  terrain;  j'ajouterai  ([uclques  mots  t>ur  h'S  nouvelles obstmil 
faites  k  ra]ipui  de  cette  thèse.  Bulil  et  Pettenkofer  par  leurs  ot)M 
tions  systématiques  faites  de  \f^'A>  h  1872,  sont  airivés  h  recoiuuttre 
l'exteiLsioii  du  typhus  est  en  rapport  direct  avec  les  oscillations  du  iill 
de  la  nap]ie  d'eau  souterraine,  de  sorte  qu'un  abaissement  durabU 
«  cette  iiap])(-  u  amène  une  augmentation  dans  le  uombre  des  cal 
typhus,  tandis  que  Télêvation  do  ce  niveau  coïncide  avec  uuedimiinl 
dans  le  nombre  des  cas  de  wtte  maladie. 

Néanmoins  il  ne  paraît  pas  que  l'on  puisse  considérer  directemeH 
niveau  de  L-i  nappe  comme  la  cause  des  oscillations  du  typhus,  i 
bien  plutôt  certains  phénomènes  se  produisant  dans  le  sol  et  qui  son 
rapport  avec  l'humidité  du  t».'rraiii  ;  le  niveau  de  la  nappe  d'eau  aou 
raine  [icut  toutefois  être  considéré  comme  la  mesure  véritable  des  vi 
tions  d'humectation  des  couches  do  ten-ain  plus  superficielles. 

Je  présente  ici  un  tjibleau  qui  indique  ces  rapports  pour  Ha 
depuis  l'année  IBOG  jusqu'au  milieu  de  l'année  ]8>^2,  et  qui  rqirési 
en  même  temps  les  variations  mensuelles  dans  la  fréquence  du  ty] 
Ainsi  que  la  hauteur  de  la  nappe  d'eau  souterraine.  Ces  deux  COtt 
suivent  avec  une  régularité  parfaite  un  chemin  opposé;  une  chute  c 
nappe  d'eau  souterraine  représente  et  précède  une  ascension  d 


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J    if    ■:■ 


BTIOLOOIE  ET  PROPHYLAXIE  DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE,  385 

sourbe  du  typhus  et  vice-versa,  autrement  dit  quand  la  nappe  d'eau 
I* Abaisse,  le  typhus  augmente  de  fréquence,  et  quand  le  niveau  de  la 
tiappe  s'élève  le  typhus  diminue. 

fait  s'observe  non  seulement  sur  les  courbes  d'une  seule  année, 
aussi  sur  des  périodes  plus  longues.  Ainsi  les  années  1858  à  61, 
à  68,  et  1876  à  78  présentent  en  somme  une  élévation  assez  mar- 
de  la  nappe  d'eau  avec  une  fréquence  relativement  faible  de  cas 
de  typhus,  et  inversement  les  périodes  de  1856  à  58. 1862  à  64  et  1869  à 
"ÏS  présentent  un  abaissement  plus  ou  moins  constant  du  niveau  de  l'eau 
«oxiterraine  et  en  même  temps  de  fortes  épidémies  de  typhus. 

l»a  conconmiittance  va  même  plus  loin,  ainsi  les  années  1S58,  1866  et 

1872,  pendant  lesquelles  on  a  observé  les  niveaux  les  plus  bas  de  la 

'to.ppe  souterraine,  sont  celles  pendant  lesquelles  on  a  vu  les  plus  fortes 

épidémies  de  typhus,  et  inversement,  les  années  1867,  1876,  1881,  où  le 

^'A'veau  de  la  nappe  d'eau  a  été  le  plus  élevé,  ont  présenté  la  plus  faible 

^ïiortalité  par  le  typhus. 

Des  observations  analogues  ont  été  faites  dans  d'autres  endroits,  ainsi 
^  Berlin,  à  Paris  (1876),  à  Vienne,  à  Clermont-Ferrand,  etc.,  etc.  ;  ces 
Observations  sont  une  preuve  de  l'inexactitude  de  l'objection  quel- 
quefois formulée  admettant  que  ce  fait  se  vérifierait  seulement  à 
Munich. 

n  ne  m'est  pas  possible,  en  raison  du  temps  qui  m'est  accordé,  d'abor- 
der la  question  de  la  cause  de  ces  phénomènes,  qu'il  me  soit  permis  seu- 
lement d'attirer  l'attention  sur  un  point  spécial.  Un  regard  jeté  sur 
cette  courbe  montre  que  le  typhus  est  actuellement  en  décroissance 
progressive.  Cette  décroissance,  qui  naturellement  n'exclut  pas  les 
oscillations  périodiques,  est  d'autant  plus  manifeste  que  ce  tableau 
n'indique  que  les  nombres  absolus  des  cas  de  mort  par  typhus,  tandis 
que,  comme  l'indique  la  courbe  supérieure,  la  population  a  sensi- 
blement augmenté  (depuis  1856  de  77  7o);  la  mortalité  relative  du 
typhus  a  donc  diminué  encore  bien  plus  que  ne  semble  l'indiquer  le 
tracé. 

L'extension  du  typhus  à  Munich  présente  d'autre  part  des  variations 
non  seulement  quant  au  temps,  mais  aussi  quant  à  l'espace  envahi, 
comme  il  est  facile  de  le  reconnaître  par  un  plan  géologique.  L'unifor- 
mité remarquable  de  la  formation  géologique  de  ce  terrain  expUque 
pourquoi  c'est  surtout  à  Munich  que  les  observations  sur  le  niveau  de  la 
nappe  souterraine  donnent  un  tableau  aussi  exact  du  degré  d'humidité 
des  couches  de  terrain  plus  superficielles. 

Une  vallée  peu  large  s'étend  le  long  des  bords  de  l'Isar,  sur  un  des 
côtés  elle  est  immédiatement  limitée  par  une  élévation,  tandis  que  de 

25 


386  SECTION  I.  —  SÉANCE  DU  MEBCBEDI  G  SEPTEMBBS. 

r  autre  elle  est  séparée  de  la  colline  par  une  sorte  de  terrasse.  Les  cou- 
ches de  terrain  sont  plus  ou  moins  les  mêmes.  La  couche  inférieure  est 
formée  par  une  terre  glaise  imperméable  appelée  a  Flinz,  »  au-dessus  de 
laquelle,  s'étend  une  couche  de  cailloux  d'alluvion,  qui  très  peu  épaisse 
dans  la  vallée,  sur  la  terrasse  et  la  colline  prend  une  épaisseur  de 
plusieurs  mètres.  La  nappe  d'eau  souterraine  s'accumule  sur  la  glaise 
après  avoir  facilement  filtré  à  travers  la  couche  très  perméable  des 
cailloux,  et  s'écoule  ainsi  vers  l'Isar  (comme  on  a  pu  le  voir  sur  le  chema 
présenté  à  la  séance). 

La  relation  qui  existe  à  Munich  entre  l'extension  du  typhus  et  l'état 
du  terrain  est  en  conséquence  telle  que  ce  sont  spécialement  la  vallée 
et  les  parties  avoisinantes  de  la  terrasse  qui  présentent  les  épidé- 
mies les  plus  tenaces,  les  plus  étendues,  et  se  reproduisant  le  plus 
facilement. 

Quant  au  retrait  du  typhus,  il  se  produit  suivant  un  mode  tout  à  fait 
l)articulier  ;  on  peut  établir  un  paraUèle  exact  entre  ce  retrait  et  le  phé- 
nomène de  purification  et  d'irrigation  du  terrain  tel  qu'il  est  produit 
par  la  canalisation.  Cette  canalisation  a  été  commencée  à  Munich  en 
1866  et  effectuée  d'abord  dans  un  quartier  situé  en  partie  sur  la  hau- 
teur, en  partie  sur  le  plateau  ;  en  1872  on  a  procédé  à  la  canalisation  d'us 
(]uartier  situé  dans  la  vallée. 

Par  rapport  à  la  canalisation  nous  pouvons  distinguer  en  tout  quatre 
coupes  de  rues. 

1*'  groupe  :  rues  canalisées  depuis  1866  sur  la  colline  et  la  terrasse. 
2"^  groupe  :  rues  canalisées  depuis  1872  dans  la  vallée.  3~  groupe  :  rues 
ayant  des  canaux  vieux,  très  insuffisants,  pour  la  plupart  perméables, 
situées  dans  la  vallée.  4""*  groupe  :  rues  sans  canaux  situées  en  partie 
près  de  cours  d'eau,  en  partie  sur  la  hauteur. 

Si  maintenant  l'on  compare  deux  périodes  de  typhus  des  dermëres 
années,  par  exemple  de  1866  à  75  et  de  1875  à  80,  on  observe  une  dimmo- 
tion  du  typhus  dans  ces  quatre  groupes  de  rues,  mais  la  diminution  n'est 
pas  égale,  et  se  trouve  être  la  plus  marquée  dans  les  quartiers  les  {to 
canalisés.  La  comparaison  la  plus  intéressante  est  celle  qu'on  peut  établir 
entre  les  groupes  2  et  3,  soit  entre  les  rues  récemment  canalisées  dans  la 
vallée  et  les  rues,  situées  aussi  pour  la  plupart  dans  la  vallée,  mais  canali* 
sées  avec  de  vieux  canaux  perméables  ces  deux  groupes  sont  très  semUa- 
blés  pour  ce  qui  tient  à  la  nature  du  terrain,  à  la  population  et  à  la  posi- 
tion, cependant  le  rapport  quant  à  la  diminution  du  typhus  est  tout  diffé- 
rent. Dans  les  rues  oîi  il  y  a  des  canaux  vieux  et  mauvais,  rues  où  le  terrais 
est  malpropre  et  le  drainage  insuffisant,  la  proportion  de  r^resâon  di 
typhus  est  de  26,5  7o»  tandis  qu'elle  est  arrivée  à  55,3  Vo^  c'est  à-dire k 


ÉTIOLOGIE  ET  PROPHYI-AXIE   DE   LA  FIÈVRE  TYPHOÏDE.  387 

plus  du  double  du  chiffre  précédent,  pour  les  mes  récemment  canali- 
sées dans  la  vallée  * . 

Encore  quelques  mots  pour  terminer  à  propos  des  épidémies  de  mai- 
sons qui  semblent  présenter  un  désaccord  avec  ce  qui  a  été  dit  de  Tim- 
jjortance  étiologique  du  terrain.  D  y  a  quelques  années  déjà,  j'ai  donné 
sur  ce  point  l'explication  suivante*.  U  faut  remarquer  pour  ce  qui 
regarde  le  développement  du  typhus,  ainsi  que  cela  ressort  d'observa- 
tions isolées  et  très  soigneusement  recueillies,  qu'il  ne  faut  pas  conce- 
voir l'expression  de  terrain  dans  un  sens  trop  restreint,  n'entendant 
par  là  que  le  sol  sur  lequel  repose  la  maison.  Le  lieu  dans  lequel  le 
germe  maladif  se  développe  et  se  multiplie  se  trouve  en  dehors  du 
corps  humain,  mais  il  peut,  suivant  les  circonstances,  se  trouver  dans  la 
maison  même,  peut-être  dans  la  paroi  ou  autre  part;  cela  ne  veut  pas 
dire  toutefois  que  chaque  maison,  chaque  paroi,  puisse  devenir  im 
foyer  de  typhus,  mais  seulement  que  la  cause  partant  du  terrain  peut, 
.suivant  les  circonstances,  se  concentrer  et  se  localiser  dans  certaines 
maisons  ou  dans  certaines  parties  de  la  maison.  Peut-être  bien  des 
épidémies  dans  des  locaux  récemment  bâtis  proviennent-elles  de  cette 
cause;  cette  influence  peut  se  produire  une  ou  deux  années  après 
la  construction  pour  se  reproduire  de  même  lors  de  la  démolition  de 
la  maison.  De  là  proviennent  souvent  ces  épidémies  si  tenaces  de 
maisons  ou  de  chambres,  dans  lesquelles  le  geime  semble  s'être  localisé 
sur  certains  points.  Un  travail  qui  paraît  actuellement  de  M.  le  D' Em- 
merich  '  est  destiné  à  apporter  quelque  lumière  dans  cette  question  ;  il 
traite  des  substances  et  impuretés  qui  se  trouvent  dans  les  terrains  sur 
lesquels  sont  bâties  nos  maisons,  et  de  leurs  relations  avec  les  maladies 
infectieuses.  Des  recherches  analogues  devront  être  établies  pour  expli- 
quer les  épidémies  sur  les  vaisseaux. 

Quant  à  la  proposition  de  M.  le  prof.  Proust  d'établir  sur  le  typhus 
des  recherches  communes  basées  sur  certaines  questions  précises,  je  m'y 
rattache  avec  d'autant  plus  de  plaisir  qu'une  initiative  analogue  a  été 
prise  il  y  a  plusieurs  années  déjà  à  Munich  par  Pettenkofer,  Port  et 
d'autres. 


^  Soyka,  Recherches  sur  la  canalisation.  Zeitschrift  f.  Biologie,  Bd.  17. 
'  Bygienisehe  Bepue,  Viertéljahrschrift  f,  prakt.  Heilkunde,  143,  1679. 
3  Zeitschrift  fur  Biologie,  18. 


388  SECTION  I.  —    SÉANCE  DV  MERCREDI   G  SEPTEMBRE. 


DiHCOurs  de  lU.  Duplesfiis. 

De  lajièire  iyyhoide  du  cheval  considérée  au  point  de  vue 
de  son  anahgie  avec  la  fièvre  typhoïde  de  V homme. 

Messieurs,  permettez-moi  de  dire  quelques  mots  de  la  fièvre  typhoïde 
chez  le  cheval,  dans  Tespoir  d'être  utile  à  l'étude  des  causes  et  de  la 
prophylaxie  de  cette  affection  chez  l'homme. 

Depuis  plus  de  30  années,  les  vétérinaires  militaires  de  France  ont 
définitivement  inscrit  la  fièvre  typhoïde  du  cheval  au  nombre  des  mala- 
dies contagieuses  dont  cet  animal  est  atteint  ;  et  depuis  lors  de  très  nom- 
breux faits  observés  à  la  suite  d'épizooties  fréquentes  ont  confirmé  la 
réalité  de  cette  affection  et  la  justesse  de  cette  dénomination. 

Voici  les  principales  épizooties  de  fièvre  typhoïde  chez  le  cheval  dont 
nous  avons  été  témoin  : 

1849,  en  Lorraine.  Cette  affection  a  régné  sur  près  de  3,000  chevaux 
de  troupe,  alors  qu'elle  régnait  aussi  sur  les  hommes. 

1851,  à  Lyon.  Sur  4,000  chevaux  il  en  a  été  de  même. 

1855,  en  Alsace.  Les  chevaux  de  toute  la  contrée  en  étaient  atteints, 
alors  que  le  choléra  et  la  fièvre  typhoïde  régnaient  avec  une  grande 
intensité  sur  les  habitants.  180  chevaux  d'un  régiment  ont  succombé  à 
cette  épizootie. 

Des  deux  côtés  ces  affections  étaient  très  virulentes,  et  nous  avons  vu 
des  chevaux  qui  mouraient  après  2  heures  d'intoxication  avec  quelques 
vomissements  répétés  ;  fait  physiologique  anormal  chez  le  cheval,  en  rai- 
son de  la  conformation  anatomique  de  son  estomac. 

En  1856.  Malgré  un  changement  de  garnison  à  longue  distance,  les 
chevaux  d'un  régiment  de  cavalerie  présentèrent  encore  de  nombreux 
cas  de  fièvre  typhoïde  par  suite  de  réceptivité  latente  de  la  maladie 
chez  quelques-uns.  Il  en  fut  de  même  chez  les  hommes. 

En  1859,  à  Lyon.  La  fièvre  typhoïde  de  l'homme  et  celle  du  cheval 
régnèrent  simultanément  dans  plusieurs  régiments  de  troupes  à  cheval. 

En  1867,  à  Rennes.  Sur  2,300  chevaux  de  troupe  réunis;  1,320 furent 
atteints  de  fièvre  typhoïde  suraiguë  ;  107  périrent.  La  maladie  avait 
débuté  par  des  chevaux  logés  à  3  mètres  de  distance  de  la  rivière  la 
Vilaine,  qui  venait  d'être  mise  à  sec  pour  le  curage  de  son  lit  ;  or  en 
tout  temps  cette  rivière  est  déjà  considérée  comme  malsaine  par  les 
habitants. 


ÉTIOLOGIE   ET  PROPHYLAXIE   DE   LA  FIÈVBE  TYPHOÏDE.  389 

En  1876  à  Angers,  dans  un  régiment  de  cuirassiers  la  fièvre  typhoïde 
de  riiomme  et  celle  du  cheval  sévissaient  en  même  temps  et  cela  dans 
une  caserne  non  terminée  et  dont  le  sol  et  le  sous-sol  étaient  le  récepta- 
cle de  nombreux  inmiondices. 

En  1881,  sur  un  eflFectif  de  130,000  chevaux,  17,000  chevaux  ont  été 
atteints  de  fièvre  typhoïde  sous  forme  bénigne  ;  244  seulement  en  sont 
morts  ;  Tisolement  de  tous  les  chevaux  suspects  a  eu  une  grande 
influence  pour  arrêter  la  marche  de  cette  épizootie. 

Pour  nous  Français  la  fièvre  typhoïde  du  cheval  c'est  l'influenza  des 
Allemands  et  des  Anglais,  avec  cette  distinction  que  nous  ne  la  généra- 
lisons pas,  mais  la  localisons  au  contraire  sur  les  principaux  organes 
splanchniques. 

C'est  une  maladie  infectieuse  et  contagieuse. 

Les  germes  morbides  provenant  d'eaux  stagnantes  altérées  peuvent 
lui  donner  naissance.  Elle  se  propage  par  la  contagion  surtout  sous  l'in- 
fluence de  l'agglomération  des  animaux. 

La  fièvre  typhoïde  du  cheval  présente  la  plus  grande  analogie  avec  la 
fièvre  typhoïde  de  l'homme,  au  point  de  vue  de  ses  symptômes,  de  sa 
marche,  de  ses  terminaisons  et  surtout  des  lésions  ulcéreuses  des  intes- 
tins, qui  quoique  moins  fréquentes  chez  le  cheval,  et  pour  cause,  n'en 
existent  pas  moins  parfois. 

Nous  sommes  certains  que  ces  deux  aflFections  si  souvent  concommit- 
tantes  sont  identiques  ;  ce  que  le  génie  de  Pasteur  démontrera  bientôt. 

Pour  l'une  comme  pour  l'autre  les  mesures  prophylactiques  doivent 
être  les  mêmes,  il  faut  d'abord  éviter  que  les  matières  excrémentitielles, 
qui  sont  une  des  principales  causes  de  leur  propagation,  puissent  avoir 
cette  fâcheuse  influence. 

En  résumé,  Messieurs,  l'étiologie  de  la  fièvre  typhoïde  du  cheval  bien 
étudiée,  permettra  de  mieux  préciser  la  nature  de  cette  affection  chez 
l'homme  ;  et  de  faire  connaître,  définitivement  peut-être,  les  meilleurs 
moyens  de  la  prévenir  et  de  la  guérir. 


M.  Arnould  ajoute  que  l'observation  faite  par  M.  de  Cérenville  sur  la 
coïncidence  de  recrudescence  de  l'épidémie  avec  les  travaux  d'assainisse- 
ment, a  été  aussi  observée  à  Francfort  par  Varrentrapp.  D  en  a  été  de 
même  à  Nancy.  Cette  coïncidence  s'explique  ou  bien  par  le  fait  qu'il  y 
avait  dans  le  sol  des  germes  emmagasinés  et  mis  au  jour,  ou  bien  il  n'y 
a  pas  eu  autre  chose  que  l'influence  banale  de  l'air  imprégné  de  sub- 
stances organiques  spécifiques  ou  non.  Quant  au  questionnaire  que 
M.  Proust  désire  voir  généralement  employé,  la  pensée  en  est  fort  bonne  ; 


3îK)  8KCTI0X   I.  —  8KANCE   DU   MERCREDI   6  SEPTEMBRE. 

mais  les  questionnaires  servent  malheureusement  peu  à  cause  d'osé 
organisation  vicieuse.  En  France  on  a  séparé  du  Conseil  d'hygiène  le 
médecin  des  épidémies  ;  il  faudrait  que  tout  le  Conseil  fût  composé  de 
médecins  des  épidémies. 

M.  le  D'  Landowski  désire  faire  une  observation.  Dans  son  remar- 
quable travail  M.  le  professeur  Arnould,  de  Lille,  dit  que  chaque  fois  que 
l'on  exécute,  dans  une  ville,  des  travaux  exigeant  que  l'on  fouille  pro- 
fondément le  sol,  l'apparition  de  la  fièvre  typhoïde  coïncide  avec  l'exécu- 
tion de  ces  travaux,  et  que  sa  violence  est  en  raison  directe  de  leur 
importance.  Il  explique  ce  fait  par  l'hypothèse  que  les  microbes  spédfi- 
ques  de  la  fièvre  typhoïde  sont  alors  déterrés  en  quantité  considérable 
et  qu'en  se  répandant  dans  l'air  avec  la  poussière  ils  forment  un  foyer 
d'infection. 

A  ce  sujet  M.  Landowski  croit  devoir  faire  remarquer  que  Tinfluence 
nocive  de  ces  grands  travaux  sur  la  santé  des  ouvriers  est  comme  depuis 
longtemps  et  chacun  sait  le  terrible  tribut  que  dans  les  pays  neufe,  les 
premiers  colons  paient  à  l'endémie  provoquée  par  le  défrichement  du 
sol.  Mais  ces  endémies,  fièvres  intermittentes,  fièvres  pernicieuses,  fiè- 
vres typhoïdes,  doivent  à  son  avis,  être  attribuées  à  la  mise  au  jour  de 
quantités  considérables  de  matières  organiques  putrifiées  et  enfouies 
depuis  longtemps,  favorisant  selon  le  milieu  climatérique  et  tellurique, 
le  développement  de  tel  ou  tel  microbe,  plutôt  qu'à  la  mise  à  nu  d'uu 
microbe  spécifique  préexistant. 

M.  leD'  Henri  Gueneau  de  Mussy,  membre  de  l'Académie  de  médecine 
de  Paris,  et  de  la  Commission  des  épidémies,  présente  son  rapport  pour 
l'année  1880,  d'après  lequel  Isijihre  typhoïde  s'est  montrée  dans  pres- 
que tous  les  départements  français.  Rarement  épidémique,  elle  a  régné 
sous  forme  de  petits  foyers  endémiques  dont  la  cause  a  le  plus  souvent 
pu  être  attribuée  à  de  mauvaises  conditions  hygiéniques,  altération  des 
eaux  potables,  ou  émanations  méphitiques  prouvant  que  la  maladie  spé- 
cifique peut  avoir  été  acquise  par  la  voie  respiratoire. 

D'autres  fois,  la  cause  extérieure  n'est  pas  bien  saisissable. 

L'encombrement,  la  mauvaise  alimentation,  le  surcroît  de  fatigues  et 
de  privations,  auxquels  ont  été  soumis  des  militaires  non  accoutumés, 
ont  été  les  seules  causes  appréciables  d'épidémies  de  casernes. 

Pour  d'autres  autorités  médicales,  la  fièvre  typhoïde  peut  n'être 
qu'une  «  transformation  de  la  fièvre  paludéenne  que  la  quinine  n'a  pu 
arrêter.  » 

Cependant  M.  Gueneau  de  Mussy  se  rattache  à  la  théorie  de  Budd 
d'après  lequel  les  substances  organiques  en  putréfaction,  les  matières 
fécales  en  particulier,  ne  sauraient  donner  lieu  au  germe  typhoïde,  mais 


L^ALCOOLISMË.  391 

constitueraient  le  milieu  de  culture  le  plus  favorable  à  son  développe- 
ment. 

Vu  l'heure  avancée  la  communication  de  M.  le  D""  Roulet  sur  l'alcoo- 
lisme est  renvoyée  à  vendredi  et  la  séance  est  levée  à  midi. 

Les  secrétaires  : 

D'  Gautier.    D'  Ferrière. 
D'  Gœtz.        D""  Gremaud. 


SÉANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE 

Présidence  de  M.  le  D*"  ViNr.ENT. 

La  séance  est  ouverte  h  neuf  heures  et  un  quart . 

Le  procès  verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  le  D'  Roulet  donne  lecture  de  son  rapport  sur  l'alcoolisme. 


L'ALCOOLISME 

Par  M.  le  D*^  A.-L.  BOULET, 

CoDBeillor  d'État,  à  Nonobâtcl   (Suisse). 

Le  Comité  d'organisation  du  Congrès  a  pensé  que  parmi  les  questions 
importantes  qui  font  l'objet  de  nos  délibérations  une  place  devait  être 
accordée  à  l'étude  de  l'alcoolisme,  de  ce  fléau  qui  suivant  l'expression 
de  Tifisot  ne  produit  pas  des  épidémies,  mais  tue  en  détail,  par  tous  les 
temps  et  partout.  L'hygiéniste,  dont  les  préoccupations  s'étendent  à 
tout  ce  qui  peut  porter  préjudice  à  la  santé,  tant  des  individus  que  du 
corps  social  tout  entier,  ne  saurait  se  désintéresser  de  la  lutte  à  entre- 
prendre contre  les  abus  des  boissons  alcooliques.  Les  résultats  indi\i- 
duels  et  sociattt  de  cet  abus  sont  devenus  tels  à  notre  époque  que  par- 
tout les  honunes  qui  ont  quelque  souci  du  bien  public  sont  à  la  recherche 
des  moyens  les  plus  eflScaces  pour  y  porter  remède  et  que  les  gouverne- 


392  SECTION  I.  —  SÉANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

ments  examinent  si  les  quelques  mesures  qu^ils  ont  prises  jusqu'ici  sont 
suffisantes  pour  empêcher  Talcoolisme  de  multiplier  le  nombre  de  ses 
victimes.  S'il  était  besoin  d'une  preuve  nouvelle  de  rimportance  et  de 
l'actualité  du  sujet  que  nous  abordons  aujourd'hui,  nous  la  trouverions 
dans  le  fait  qu'en  1878  s'est  réuni  à  Paris,  lors  de  l'Exposition  univer- 
selle, un  congrès  international,  pareil  au  nôtre,  ayant  pour  but  uni- 
que l'étude  des  questions  relatives  à  l'alcoolisme.  Ce  congrès  a  tenu  une 
2*  session  à  Bruxelles  en  1880. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention,  pendant  le  court  espace  de  temps  qui 
nous  est  réservé,  de  traiter  devant  vous,  même  en  résumé,  les  questions 
nombreuses  que  soulève  l'étude  d'un  semblable  sujet.  Nous  nous  borne- 
rons à  vous  présenter  quelques  conclusions  qui  résument  Topinion  que 
nous  nous  faisons  de  la  question  de  l'alcoolisme  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances.  L'abondance  de  documents  dont  nous  disposons  nous 
aurait  sans  doute  pennis  de  vous  présenter  un  travail  d  ^ensemble  sur 
l'état  de  la  question  de  l'alcoolisme  dans  les  divers  pays  civilisés  ;  mais 
ce  travail  aurait  dépassé  considérablement  les  limites  qui  nous  sont  assi- 
gnées, et  de  plus  il  a  été  si  bien  fait  par  notre  honorable  collègue  M.  le 
conseiller  sanitaire  D'  A.  Baer,  médecin  principal  du  pénitencier  de 
Plôtzensee,  à  Berlin,  que  je  ne  puis  que  m'en  référer  à  l'ouvrage  publié 
par  lui  sous  le  titre  des  AlcohoUsmus^  seine  Verhreitung  iind  $eine 
Wirkung  auf  den  individuvllen  nnd  sociales  Organismns,  sotrie  die 
Mittel,  iJm  zu  hekcimpfen. 

Ceci  dit,  nous  abordons  immédiatement  la  discussion  des  quelques 
conclusions  que  nous  avons  eu  Thonneur  de  vous  adresser  avec  le  pro- 
gramme du  Congrès. 

l.  U abus  de  V alcool  éthylique  ou  V usage  même  modéré  d'alcoolsphi 
élevés  de  la  série  mmioatomique,  spécialement  Vusage  de  Valcool  amyli- 
que,  détermine  un  empoisonnement  aigu  ou  chronique,  vne  maladie 
connue  sous  le  nom  d"" alcoolisme. 

U  est  généralement  admis.  Messieurs,  surtout  depuis  les  travaux  de 
Lallemand,  Perrin  et  Duroy,  que  les  alcools  et  l'alcool  éthylique  en  par- 
ticulier ne  subissent  aucune  transformation  pendant  leur  passage  dans 
le  corps  et  qu'ils  sont  éliminés  en  nature,  par  le  poumon,  par  la  peau  et 
par  les  reins.  Tout  au  plus  discute-t-on  encore  sur  un  point  :  la  légère 
différence  constatée  dans  les  expériences  entre  la  quantité  d'alcool  ingé- 
rée et  la  quantité  excrétée  provient-elle  de  Tinsuffisance  des  procédés 
expérimentaux  ou  cette  faible  quantité  a-t-elle  été  oxydée  dans  le  corps? 
Nous  penchons  volontiers  pour  cette  seconde  alternative,  qui  nous  ren- 
drait compte  d'une  manière  rationnelle  de  l'action  excitante  et  stimu- 
lante de  l'alcool  éthylique  dilué,  i)ris  h  faible  dose.  Cette  action  serait 


l'alcoolisme.  393 

due,  non  à  l'alcool  lui-même^  mais  aux  premiers  produits  d'oxydation, 
aldéhyde  et  acide  acétique. 

Quoi  qu'il  en  soit  les  alcools  rentrent  essentiellement  dans  la  catégorie 
des  substances  toxiques  et  médicamanteuses,  telles  que  les  a  caractéri- 
sées Claude  Bernard  en  ces  termes  :  «  Toutes  les  substances  qui,  à  rai- 
«  son  de  leur  constitution  physique  ou  chinique,  ne  peuvent  entrer  dans 
«  la  composition  de  notre  sang,  ne  sauraient  pénétrer  dans  notre  orga- 
«  nisme,  où  elles  ne  doivent  pas  rester,  sans  y  causer  des  désordres 
«  passagers  ou  durables.  » 

Nous  savons  que  l'alcool,  qui  à  faible  dose  agit  comme  stimulant,  agit 
à  dose  plus  élevée  ou  fréquemment  répétée  comme  un  anesthésique  et 
un  narcotique.  D  ralentit  le  mouvement  d'assimilation  et  de  désassimi- 
lation  qui  constitue  la  nutrition,  favorise  les  transformations  granulo- 
graisseuses  dans  les  organes  et  produit  à  la  longue  des  lésions  caracté- 
ristiques de  l'alcoolisme  chronique.  L'alcool  ne  peut  être  considéré 
comme  un  aliment  puisqu'il  traverse  l'organisme  sans  fournir  de  force 
vive  par  sa  combustion  lente  ;  son  seul  mérite  au  point  de  vue  alimen- 
taire serait  donc  de  ralentir  le  mouvement  de  désassimilation  ;  mais  ce 
résultat  n'est  obtenu  que  par  un  trouble  dans  le  fonctionnement  normal 
des  éléments  anatomiques,  trouble  qui,  s'il  est  fréquemment  répété, 
finit  par  provoquer  des  altérations  permanentes  de  structure  de  ces 
éléments. 

Les  recherches  de  plusieurs  savants  en  particulier  celles  de  MM.  Dujar- 
din-Beaumetz  et  Rabuteau,  ont  démontré  que  la  puissance  toxique  des 
divers  alcools  n'est  pas  égale.  Tandis  que  la  dose  toxique  moyenne  par 
kilg.  du  poids  du  corps  de  l'animal  empoisonné  est  de  8  gr.  pour  l'alcool 
éthylique,  elle  est  de  moitié  moindre  pour  l'alcool  propylique,  du  quart 
pour  l'alcool  butylique  et  ne  s'élève  qu'à  1  gr.  70  pour  l'alcool  amylique. 
Ce  sont  les  doses  toxiques  pour  Talcool  pur  ;  l'alcool  dilué,  s'absorbant 
plus  facilement,  est  toxique  à  des  doses  inférieures  de  0  gr.  25  à  0  gr. 
75.  On  peut  donc  admettre  comme  une  loi  démontrée  «  que  les  alcools 
«  de  la  série  monoatomique  dont  la  formule  générale  est  C»  Hjn  t-  j  0 
«  sont  d'autant  plus  toxiques  qu'ils  contiennent  un  plus  grand  nombre 
«  de  fois  le  groupe  CHj,  autrement  dit,  que  leur  poids  moléculaire  est 
«  plus  élevé.  »  Ces  alcools  lourds  s'éliminent  plus  diflScilement  que  l'al- 
cool étylique  et  par  leur  présence  dans  l'organisme  causent  assez  rapide- 
ment les  lésions  bien  connues  de  l'alcoolisme  chronique. 

De  ces  recherches  nous  déduisons  les  conséquences  suivantes  : 

L'alcool  éthylique,  tel  qu'il  est  contenu  dans  le  vin  ou  dans  l'eau-de- 
vie  de  vin,  ne  produit  les  désordres  persistants  caractérisant  l'alcoolisme 
chronique,  que  lorsqu'il  est  consommé  habituellement  en  excès,  que 


394  SECTION  1.  —  SÉANCE   DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRK. 

ceux  qui  le  consomment  sont  fréquemment  en  état  d^ivresse.  Les  ako(ds 
d'un  poids  moléculaire  supérieur,  qui  accompagnent  Talcool  éthylîqQe 
dans  les  eaux-de-vie  industrielles  du  commerce,  obtenues  principalemeot 
par  la  fermentation  et  la  distillation  des  céréales,  de  la  betterave  et  de 
la  pomme  de  terre,  produisent  les  lésions  caractéristiques  deralcoolisme 
chronique,  alors  même  qu'elles  ne  sont  consommées  qu'à  dose  modàée 
et  que  ceux  qui  en  font  usage  ne  sont  pas  fréquemment  en  état  d'ivresse. 

Ces  déductions  auxquelles  nous  conduit  l'analyse  des  effets  todqaes 
des  divers  alcools  sont  coiToborées  par  l'observation  directe  et  la  CMn- 
paraison  qui  a  pu  être  établie  entre  les  pays  qui  consomment  l'alcool  de 
vin  et  ceux  qui  en  sont  réduits  à  l'usage  des  alcools  industriels.  Les 
tableaux  statistiques  que  M.  le  D'  Lunier  a  établis  en  comparant  te 
divers  départements  de  la  France  démontrent  que  les  effets  iudividuds 
et  sociaux  de  l'alcoolisme  sont  beaucoup  plus  marqués  dans  les  départe- 
ments qui  consomment  des  alcools  industriels. 

Nous  ne  pensons  pas.  Messieurs,  devoir  vous  retracer  ici  le  tableau 
pathologique  de  l'alcoolisme  aigu  et  chronique.  Chacun  de  nous  l'a  pré- 
sent à  l'esprit.  Nous  ne  vous  rappellerons  non  plus  que  pour  mémoire 
les  effets  individuels  et  sociaux  de  cette  maladie.  L'empoisonnement  lent 
par  les  alcools  avons-nous  dit  ailleurs,  conduit  l'homme  à  une  mort  pré- 
maturée après  avoir  détruit  ses  forces,  iniiné  sa  santé,  perverti  ses  facul- 
tés intellectuelles  et  morales.  L'alcoolisme  est  une  cause  fréquente  de 
folie  et  de  suicide.  L'alcoolisme  produit  souvent  par  la  misère,  est  à  sou 
tour  cause  de  celle-ci.  Il  conduit  les  familles  h  leur  ruine  physique  et 
morale,  peuple  les  hôpitaux,  les  orphelinats  et  les  pénitenciers.  Son 
influence  délétère  s'exerce  de  génération  en  génération,  par  transmis- 
sion hériditaire,  et  conduit  à  l'abâtardissement  des  populations  chez 
lesquelles  il  s'est  implanté.  L'alcoolisme  n'a  commencé  à  exercer  ses 
ravages  qu'à  une  époque  relativement  récente  et  s'est  développé  à 
mesure  que  l'usage  des  alcools  industriels  devenait  plus  général.  Les 
contrées  vinicoles,  productrices  et  consommatrices  de  \in  et  d'eau-de- 
vie  de  vin,  ont  été  longtemps  égargnées.  Mais  à  mesure  que  le  dévelop- 
pement des  voies  de  communication,  en  facilitant  l'exportation  des  vins, 
a  donné  une  grande  extension  au  commerce  de  ce  produit,  on  n'a  plus 
fait  d'eau-de-vie  de  vin,  et  pour  la  remplacer  les  distillateurs  ont  eu 
recours  aux  alcools  industriels  pour  fabriquer  des  produits  ayant  l'appa- 
rence d'eau-de-vie  de  vin.  On  s'est  servi  également  d'alcools  industriels 
pour  viner  les  vins,  c'est-à-dire  pour  augmenter  leur  teneur  d'alcool, 
pour  alcooliser  la  bière  afin  d'en  faciliter  l'exportation.  Enfin  les  alcools 
industriels  ont  été  employés  pour  la  fabrication  de  toutes  pièces  des  vins 
destinés  à  remplacer  ceux  que  la  vigne,  détruite  par  le  phylloxéra,  ne 


l'alcoolisme.  395 

pouvait  plus  fournir  à  la  consommation.  Les  nombreuses  liqueurs,  de 
dénominations  diverses,  qui  s'étalent  sur  les  comptoirs  des  marchands  de 
vins,  sont  également  fabriquées  avec  des  alcools  industriels.  Partout  oîi 
cela  est  possible,  le  fabricant  de  vins,  eaux-de-vies  et  liqueurs  emploie  les 
alcools  les  moins  coûteux,  c'est-à-dire  ceux  dont  la  rectification  est  la 
moins  complète  et  qui  par  conséquent  contiennent  une  plus  grande  pro- 
portion d'alcools  autres  que  l'alcool  éthylique. 

D  résulte  de  cet  ensemble  de  faits  que  la  plus  grande  partie  des  bois- 
sons alcooliques  ofifertes  à  la  consommation  ordinaire  du  public  contien- 
nent en  proportions  plus  ou  moins  grandes  ces  alcools  éminemment  toxi- 
ques et  d'un  poids  moléculahre  supérieur  h  celui  de  l'alcool  éthylique.  Le 
vin  naturel,  la  bière  ou  le  cidre  naturels,  les  eaux-de-vie  devin,  de  marc 
de  raisins  ou  de  fruits  naturelles  sont  de  plus  en  plus  rares  et  d'un  prix 
de  plus  en  plus  élevé.  Les  alcools  toxiques  entrent  toujours  davantage 
dans  la  consommation  journalière  du  grand  public.  Aussi  ne  devons-nous 
pas  nous  étonner  de  voir  les  effets  de  l'alcoolisme  augmenter  autour  de 
nous.  Partout  oîi  nous  disposons  de  statistiques  bien  établies  et  complè- 
tes, nous  constatons  une  augmentation  de  la  consommation  des  boissons 
alcooliques,  principalement  des  eaux-de-vie  et  liqueurs,  hors  de  propor- 
tion avec  l'accroissement  simultané  de  la  population.  En  même  temps 
nous  constatons  également  une  augmentation  dans  le  nombre  des  décès 
causés  par  l'alcoolisme,  dans  le  nombre  des  cas  d'aliénation  mentale  pro- 
voqués par  la  même  cause,  dans  le  nombre  des  crimes  et  délits  commis 
par  des  individus  en  état  d'ivresse  ou  atteints  d'alcoolisme  chronique  ; 
enfin  dans  les  pays  où  le  service  militaire  est  obligatoire  et  où  tous  les 
jeunes  gens  sont  examinés  au  point  de  vue  de  l'aptitude  pour  ce  service, 
on  remarque  sans  peine  que  le  nombre  des  jeunes  gens  aptes  au  service 
militaire  diminue,  et  si  l'on  en  recherche  les  causes,  on  verra  que  l'usage 
inconsidéré  des  eaux-de-vie  et  liqueurs  soit  par  les  parents,  soit  par  les 
enfants  dès  leur  bas  âge,  entre  pour  une  bonne  part  dans  cet  affaiblisse- 
ment de  la  race. 

L  est  nécessaire,  pour  que  les  pouvoirs  publics  se  décident  à  prendre 
des  mesures  énergiques  contre  l'abus  des  alcools  et  pour  que  l'opinion 
publique  ratifie  les  mesures  prises,  que  des  statistiques  exactes  et  dres- 
sées d'une  manière  uniforme  dans  les  divers  pays  civilisés  établissent 
d^une  manière  incontestable  les  relations  qui  existent  entre  la  consom- 
mation d'alcool,  la  qualité  de  l'alcool  consommé  et  les  principaux  effets 
délétères  de  l'alcoolisme.  Dans  les  pays  qui  soumettent  les  boissons 
alcooliques  à  des  droits  d'importation  et  de  fabrication,  il  est  facile 
d'établir  la  quantité  consommée  annuellement.  Nous  estimons  que  cette 
quantité  doit  être  évaluée  pour  toutes  ces  boissons  et  que  le  titre  de 


396  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU   VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 

chacune  d'elles,  soit  le  7o  d'alcool  qu'elle  contient,  doit  être  établi,  afin 
que  les  comparaisons  puissent  porter  sur  la  quantité  d'alcool  absolu  con- 
sommé dans  un  pays,  abstraction  faite  du  degré  de  dilution  et  de  la  forme, 
sous  laquelle  il  est  consommé.  Même  là  oîi  il  n'existe  aucun  droit  sur  les 
vins,  bières  et  cidres,  il  devrait  être  possible,  dans  l'intérêt  de  la  statis- 
tique, de  prendre  les  mesures  nécessaires  pour  apprécier  exactement  la 
quantité  de  ces  boissons  qui  entrent  dans  la  consommation.  Naturelle- 
ment il  faudra,  en  établissant  cette  statistique,  prendre  garde  aux  dou- 
bles emplois.  Lorsque  les  boissons  passent  par  un  ou  deux  intermédiaires 
entre  le  producteur  et  le  consommateur,  la  statistique,  pour  être  exacte, 
devra  faire  abstraction  de  ces  intermédiaires.  Nous  pensons  que  le  plus 
simple  sera  d'établir  cette  statistique  chez  le  producteur  et  à  l'importa- 
tion, tout  en  n'oubliant  pas  que  les  producteurs  emploient  une  bonne 
partie  des  alcools  importés  et  que  celle-ci  ne  doit  pas  être  comptée  à 
double. 

D  va  sans  dire  que  la  quantité  d'alcool  exporté  devra  être  déduite  des 
quantités  importées  et  produites  dans  le  pays  ;  mais  ceci  ne  présente 
aucune  diflSculté.  Il  en  est  autrement  pour  la  quantité  employée  conune 
moyen  de  chauffage  pour  les  besoins  de  diverses  industries,  pour  la 
fabrication  de  produits  qui  ne  sont  pas  destinés  à  la  consommation.  On 
pourra  bien  solliciter  des  déclarations  des  industriels  et  artisans,  mais 
comment  établir  la  quantité  d'esprit  de  vin  employé  comme  combusti- 
ble usuel  dans  certains  ménages  ?  Ce  ne  sera  jamais  que  d'une  manière 
très  approximative  et  toute  statistique  de  la  consommation  des  alcools 
devra  tenir  compte  de  cette  cause  d'erreur. 

Un  second  point  dont  il  serait  essentiel  que  la  statistique  pût  s'occu- 
per est  la  qualité  alcoolique  des  boissons  consommées.  U  s'agirait  de 
déterminer  non  pas  seulement  le  titre  alcoolique  de  ces  boissons,  mais 
encore  la  proportion  dans  laquelle  elles  contiennent  les  alcools  autres 
que  l'acool  éthylique.  Nous  ne  nous  dissimulons  pas  que  cette  exigence 
nécessitera  des  recherches  plus  minutieuses  que  la  simple  constation  du 
titre  alcoolique  d'un  liquide.  Nous  pensons  même  que  l'on  ne  pourra 
arriver  à  réaliser  pratiquement  cette  détermination  que  lorsqu'on  sera 
en  possession  d'un  moyen  d'analyse  quantitative  à  la  fois  simple  et 
rapide.  Jusqu'à  présent  nous  ne  possédons  que  des  procédés  de  labora- 
toire. M.  Stenberg,  professeur  à  Stockholm,  a  bien  préconisé  l'emploi 
de  l'acide  sulfurique,  qui  noircit  les  alcools  autres  que  l'alcool  éthylique  ; 
mais  il  est  nécessaire  de  ramener  la  boisson  alcoolique  examinée  à  un 
titre  déterminé,  de  plus  l'acide  sulfurique  noircissant  d'autres  subtances 
que  les  alcools,  il  y  a  là  une  cause  d'erreur  qui  ne  peut  que  difficile- 
ment être  écartée.  M.  Savalle,  chimiste  à  Paris,  a  appliqué  pratique- 


l'alcoolisme.  397 

lent  le  procédé  Stenberg  à  l'axamen  des  eaux-de-vie  et  alcools  du  com- 
lerce;  en  établissant  une  échelle  de  verres  colorés  correspondante  à 
3S  quantités  déterminées  d'alcool  amylique,  on  peut,  par  la  comparai- 
)n  de  la  coloration  du  verre  avec  celle  obtenue  par  le  traitement  d'un 
Icool  du  commerce  avec  Tacide  sulfiirique,  déterminer  la  quantité  d'al- 
)ol  amylique  contenue  daos  Talcool  examiné.  Mais  il  faut  que  cet  alcool 
)it  incolore,  ramené  à  un  titre  déterminé  et  qu'il  ne  contienne  aucune 
latière  organique  capable  d'être  noircie  par  l'acide  sulfurique.  On  voit 
ue  ce  procédé  est  trop  susceptible  d'erreurs  pour  être  absolument 
îcommandable. 

Voilà  pour  la  statistique  de  la  quantité  et  de  la  qualité  des  alcools 
3iisonmiés.  Relativement  à  la  statistique  des  effets  de  l'alcoolisme,  nous 
e  voudrions  pas  l'étendre  au  delà  de  quatre  rubriques;  si  nous 
oulions  pousser  plus  loin  nos  investigations,  nous  aborderions  des 
omaines  (suicide,  mortalité  infantile,  paupérisme,  etc.)  dans  lesquels 
alcoolisme  peut  bien  être  un  des  facteurs  principaux,  mais  sans  qu'il 
ait  possible  de  déterminer  exactement  la  part  qu'il  doit  assumer. 

Relativement  à  la  statistique  des  décès,  nous  exprimons  le  désir  que 
on  ne  se  contente  pas  d'indiquer  l'alcoolisme  comme  cause  du  décès 
)rsque  la  mort  est  survenue  dans  le  delirium  tremens.  Nous  savons  que 
eaucoup  d'aflFections  de  l'estomac,  que  les  cirrhoses,  les  dégénérescences 
théromateuses  et  graisseuses,  la  maladie  de  Bright,  reconnaissent 
rès  souvent  comme  cause  unique  l'alcoolisme.  Nous  savons  également 
ue  le  delirium  tremens  survenant  comme  complication  des  blessures, 
es  pneumonies,  des  rhumatismes  articulaires  et  d'autres  maladies 
iguês  et  fébriles  est  très  fréquemment  une  cause  directe  du  décès. 
Tous  estimons  en  conséquence  que  pour  établir  d'une  façon  correcte  la 
art  de  l'alcoolisme  dans  la  moi-talité  générale,  il  est  nécessaire  qu'à 
5té  de  la  maladie  indiquée  comme  cause  de  mort  une  annotation  spéciale 
ésigne  si  l'alcoolisme  a  causé  soit  la  maladie,  soit  les  accidents  qui  ont 
ntratné  la  mort  au  cours  d'une  maladie  aiguë.  Les  médecins  vérifica- 
Qwrs  des  décès,  qui  en  Suisse  sont  assez  généralement  des  médecins 
raitants,  ont  naturellement  la  tendance  de  ménager  la  susceptibilité 
es  familles  et  hésitent  à  inscrire  l'alcoolisme  comme  cause  du  décès  du 
lalade  qu'ils  ont  traité.  Si  à  côté  d'une  maladie,  déterminée  par  les 
^ions  organiques  produites  par  Talcoolisme,  le  médecin  pouvait  en 
iscrivant  un  signe  convenu,  par  exemple  un  A  majuscule,  indiquer 
alcoolisme  comme  cause  réelle  de  la  maladie  et  du  décès,  on  pourrait 
tablir  ime  statistique  beaucoup  plus  conforme  à  l'état  réel  des  faits  que 
elle  dont  nous  disposons  actuellement. 

Les  maisons  de  santé  établissent  déjà  la  statistique  des  cas  d'aliéna- 


398  SECTION  I.  —  SÉANCE   DV   VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

tioii  qui  doivent  être  attribués  à  Talcoolisme.  Il  sufBj'a  de  centralisa  ces 
renseignements  dans  chaque  État  pour  établir  une  statistique  générale. 

Les  directions  des  prisons  et  des  pénitenciers  relèvent  dans  beaucoup 
<1 'endroits  les  causes  qui  ont  amené  les  détenus  dans  ces  établissements. 
L'alcoolisme  entre  pour  une  larg  part  dans  ces  causes.  Mais  ce  relevé 
ne  nous  paraît  pas  suffisant  :  il  faudrait  que  les  statistiques  judiciaires 
relatent  exactement  le  nombre  de  condamnations,  de  simple  poUc€, 
correctionnelles  ou  criminelles  qui  ont  été  rendues  contre  des  individus, 
soit  en  état  d'ivresse,  soit  ivrognes  d'habitude,  atteints  d'alcoolisme 
aigu  ou  chronique. 

Enfin  il  serait  désirable  qu'une  annotation  spéciale  désignât  les  cas 
d'exemption  du  service  militaire  qui  doivent  être  attribués  à  l'alcoolisme, 
soit  chez  les  ascendants,  soit  chez  l'exempté  lui-même.  Cette  annotation 
*^ur  les  registres  de  recrutement  permettrait  d'établir  une  statistique 
importante  au  point  de  vue  des  effets  de  l'alcooUsme  sur  le  développe- 
ment de  la  race  humaine. 

Nous  résumons  lo^  divers  désirs  que  nous  venons  d'exprimer  dans  les 
conclusions  suivantes  : 

Les  effets  hidividuels  et  sociaux  de  V alcoolisme  sont  bien  connus; 
toutefois  il  serait  désirable  qu'une  statistique  exacte  et  uniforme  fût 
dressée  dans  les  divers  pays  civilisés  pour  établir  : 

V  La  QUANTITÉ  de  chacune  des  boissons  alcooliques,  fermentées  ou 
distillées,  consommée  annuellement  dans  chaque  pays. 

2°  La  QUALITÉ  de  ces  diverses  boissons  au  point  de  vue  alcûolique, 
cest-à'dire  la  proportion  dans  laquelle  elles  contiennent  V alcool  éthyU- 
que  et  les  alcools  plus  élevés  de  la  série  monoatomique; 

3**  La  statistique  annuelle  des  décès  que  Von  peut  attribuer  à  Vaicoo- 
lisme  et  aux  diverses  maladies  spéciales  dont  il  est  cause  ; 

4**  La  statistique  annuelle  des  cas  d'aliénatiofi  mentale  causés  par 
V  alcoolisme; 

5*"  La  statistique  annuelle  des  (TÎmes  et  délits  commis  par  de$ 
individus  sous  V influence  alcoolique  aiguë  ou  chronique  ; 

6*  La  statistique  annuelle  des  cas  d'exemption  du  service  mUiUàre 
que  Von  peut  attribuer  à  V alcoolisme^  agissant  soit  directement  sur  le 
jeune  homme  exempté,  soit  indirectemetit  par  influence  héréditaire. 

En  présence  des  résultats  sociaux  de  l'alcoolisme,  il  nous  paraît 
inutile.  Messieurs,  de  discuter  longuement  la  question,  qui  a  été 
soulevée  par  des  publicistes  sérieux,  de  savoir  si  l'État  a  le  droit  et  le 
devoir  de  lutter  contre  ce  fléau.  Certains  économistes,  individualistes  à 
l'excès,  dénient  à  l'État  le  droit  d'empêcher  les  citoyens  de  s'empoi- 
sonner avec  de  mauvais  alcools  eux  et  leur  famille.  Tout  au  plus 


l'alcoolisme.  399 

accordent-ils  à  l'État  le  droit  d'avertir  les  citoyens  et  de  s'opposer  à  la 
vente  des  substances  trop  manifestement  nuisibles  et  falsifiées.  Nous 
estimons  que  ces  publicistes  se  trompent,  même  en  partant  du  point  de 
vue  qu'ils  défendent,  consistant  à  dire  que  l'État  est  institué  uniquement 
pour  la  garantie  de  la  liberté  individuelle.  Même  à  ce  point  de  vue  qui,  h 
notre  avis,  restreint  beaucoup  trop  le  rôle  de  l'État,  nous  devons  con- 
stater que  la  liberté  individuelle  des  citoyens  est  directement  menacée 
par  les  victimes  de  l'alcoolisme  et  que  ce  malheureux  fléau,  en  remplis- 
sant nos  hôpitaux,  nos  hospices  d'aliénés,  nos  maisons  de  travail  et  de 
correction,  nos  prisons  et  nos  pénitenciers,  intéresse  très  directement 
l'État,  obligé  d'agrandir  et  de  multiplier  ces  divers  établissements 
publics.  A  moins  qu'on  ne  veuille  empêcher  absolument  toute  mesure 
préventive  de  sécurité  publique,  on  ne  peut  empêcher  l'État  de  se  pré- 
munir contre  les  envahissements  de  l'alcoolisme. 

Nous  ne  pensons  pas  du  reste  que  l'État  soit  tout-puissant  dans  la 
lutte  à  conduire  contre  l'alcoolisme.  Sans  l'action  des  individus  et  des 
sociétés  libres,  l'État  sera  impuissant,  d'autant  plus  que  les  mesures 
qu'il  prendra  ne  seront  sanctionnées  par  l'opinion  publique  qu'autant 
que  celle-ci  aura  été  formée  par  la  libre  discussion  dans  la  presse  et  dans 
les  réunions  publiques,  par  une  propagande  active  qui  ne  rentre  pas 
dans  le  rôle  de  l'État. 

Nous  estimons  que  l'État  doit  intervenir  essentiellement  pour  sur- 
veiller les  endroits  publics  où  se  vendent  au  détail  ces  boissons,  enfin 
pour  réprimer  l'ivresse  scandaleuse  et  l'ivrognerie  habituelle. 

De  plus,  l'État,  en  imposant  les  boissons  alcooliques  dangereuses 
par  leui'  qualité  ou  par  leur  concentration  de  manière  à  ce  que  leur  bas 
prix  ne  rende  pas  impossible  la  concurrence  des  boissons  saines  et  peu 
alcooliques,  favorisera  indirectement  la  consommation  du  vin,  de  la 
bière  et  du  cidre  au  détriment  des  eaux-de-vie  et  Uqueurs.  L'usage  des 
boissons  fermentées  étant  moins  dangereux  que  celui  des  boissons 
distillées,  il  est  utile,  puisque  cela  est  possible,  de  restreindre  la  vente 
des  secondes  pour  favoriser  celle  des  premières.  Si  l'on  nous  objecte  que 
nous  attentons  à  la  liberté  d'industrie,  nous  répondrons  qu'il  est 
certaines  industries  insalubres  qui,  par  l'atteinte  continuelle  qu'elles 
portent  à  la  liberté  des  citoyens,  méritent  d'être  contenues  dans  de 
justes  limites. 

Nous  avons  résumé  nos  conclusions  relativement  à  la  lutte  h  entre- 
prendre contre  l'alcoolisme  comme  suit  : 

La  société  a  le  devoir  de  lutter  énergiquement  contre  le  fléau  de 
l'alcoolisme.  Elle  doit  le  faire  autant  par  V action  de  VÈtat  que  par 
celle  des  individus  et  des  associations  libres. 


400  SECTION  I.  —  SÉANCE  DU   VENDBEDI  8  SEPTEMBRE. 

Les  moyens  à  employer  par  VÊtat  sont  essentiellement  les  suivanU: 

P  Impois  sur  la  fabrication  et  la  vente  des  boissons  distillées,  qui 
seront  d* autant  plus  élevée  que  ces  boissons  contiendront  plus  d'alcooU 
impurs; 

2"  Droits  de  patente  plus  élevés  pour  les  débits  qui  vendront^  à  coté 
des  boissons  fermentées,  des  boissons  distillées  ; 

3*  Surveillance  sévère  des  boissons,  tayit  fermentées  que  distilléeSy  qui 
sont  vendues  au  public,  et  pénalités  élevées  frappant  les  vendeurs  de 
boissons  altérées  ou  falsifiées  ; 

4*  Législation  sévère  relative  aux  établissements  ouverts  au  public 
pour  la  consommation  des  boissons  fermentées  ou  distillées  ; 

5**  Répression  de  V  ivresse  publique  habituelle  et  volontaire.  L'action 
des  individus  et  des  associations  libres  s'exercera  principalement  dans 
les  directions  suivantes: 

a.  Formation  de  sociétés  ayant  pour  but  de  combattre  l'abus  da 
boissons  alcooliques,  tant  par  V exemple  dojiné  par  leurs  membres  que 
par  la  propagande  en  faveur  de  la  tempérance; 

b.  Fornuition  de  sociétés  d'épargne  et  de  j^révogatu^e ; 

c.  Formation  de  sociétés  ayant  pour  but  de  fournir  des  logemenU 
salubres  et  à  bon  marché,  de  sociétés  coopératives  pour  Vachat  des 
denrées  alimentaires,  de  boulangeries  et  boucheries  sociales,  de  cuisinc$ 
popidaires  et  de  fourneaux  économiques  ; 

d.  Encouragements  pour  la  fabrication  de  boissons  saines,  économi- 
ques et  de  bonne  qualité  ; 

e.  Publication  de  brochures  et  ouvrages  populaires  faisant  ressortir 
les  funestes  effets  de  l'abus  des  alcooliques  et  les  avantages  de  la  tempe- 


rance  ; 


f.  Organisation  d'institutions  qui  puissent  remplacer  les  débits  de 
boissons  et  procurer,  spécialement  à  la  classe  ouvrière,  des  délassemenU 
autres  que  ceux  du  cabaret. 

Nous  ne  pensons  pas  qu'il  soit  nécessaire,  Messieurs,  de  développer 
davantage  devant  vous  les  conclusions  que  nous  venons  de  formuler. 
Tout  au  plus  est-il  nécessaire  de  vous  donner  quelques  mots  d'explica- 
tions pour  caractériser  le  point  de  vue  auquel  nous  nous  plaçons. 

Les  impôts,  sous  la  forme  de  droits  de  douane,  de  taxes  sur  la  fabri- 
cation indigène,  de  droits  de  patente,  doivent  à  notre  avis  avoir  pour  but 
unique  de  restreindre  la  consommation  des  boissons  distillées.  Nous 
exempterions  volontiers  les  boissons  fermentées,  sauf  à  ce  qu'elles 
supportent  les  frais  d'examen  et  d'expertise  nécessaires  pour  constater 
leur  qualité.  Dès  qu'il  sera  pratiquement  possible  de  constater  rapide- 
ment la  quantité  d'alcools  lourds,  impurs,  contenus  dans  une  eau-de-vie, 


l'alcoolisme.  401 

nous  proposons  de  frapper  les  alcools  et  eaux-de-vie  impurs,  et  par  cela 
même  moins  coûteux,  d'une  taxe  qui  rende  leur  prix  au  moins  égal  à 
celui  des  alcools  les  mieux  rectifiés. 

Les  progrès  de  la  chimie  industrielle  ont  permis  aux  falsificateurs  et 
aux  fabricants  de  denrées  alimentaires  d'altérer  de  diverses  manières  les 
produits  qu'ils  livrent  à  la  consommation.  C'est  h  la  chimie  scientifique 
à  venir  réparer  les  méfaits  de  la  chimie  industrielle.  Partout  des  labora- 
toires d'analyse  devraient  pennettre  aux  autorités  de  punir  les  indus- 
triels qui  spéculent  au  détriment  de  la  santé  publiciue. 

L'expérience  a  démontré  que  l'ivrognerie  se  cache  volontiers  dans  des 
débits  de  boissons  étroits,  mal  ventilés,  dissinmlés  dans  les  ruelles  écar- 
tées oîi  toute  surveillance  est  difficile.  11  est  nécessaire  que  les  autorités 
soient  très  exigeantes  envers  les  débitants  de  boissons,  tant  au  point  de 
vue  de  la  morahté  de  ces  débitants  qu'à  celui  de  l'hygiène  des  débits. 
Nous  n'aborderons  pas  la  question  fort  discutable  de  la  limitation  du 
nombre  des  débits  d'après  le  chiffre  de  la  population  ;  partout  où  l'opi- 
nion publique  sera  favorable  à  cette  mesure,  celle-ci  peut  avoir  des  avan- 
tages. 

Relativement  à  la  répression  de  l'ivresse  publique,  c'est  également 
rétat  de  l'opinion  publique  et  des  mœurs  qui  indiqueront  au  législateur 
ce  qu'il  est  possible  de  faire.  En  tout  cas,  l'ivresse  scandaleuse,  causant 
un  désordre  public,  devrait  être  réprimée  dans  tout  pays  civilisé.  Ce  qui 
est  encore  plus  nécessaire,  c'est  de  s'occuper  de  ces  alcooliques  chroni- 
ques qui,  sans  être  jamais  ivres  d'une  façon  scandaleuse,  sont  un  danger 
perpétuel  pour  leur  famille  et  pour  la  société.  Sans  parler  du  désordre  et 
de  la  misère  dans  lesquels  tombe  une  famille  affligée  d'un  chef  alcooli- 
que, nous  insisterons  sur  le  fait  que  ces  malheureux  ont  toujours  un  état 
mental  plus  ou  moins  anormal,  sont  affectés  d'hallucinations  de  nature 
triste,  et  sont  sujets  à  des  accès  d'emportement  dangereux  pour  eux  et 
pour  les  autres.  L'Amérique  et  l'Angleterre  ont  ouvert  des  asiles  à  ces 
malheureux;  ils  s'y  rendent  volontairement,  mais  ne  peuvent  en  sortir 
librement  qu'après  y  avoir  passé  un  certain  temps.  Ces  hospices  d'ivro- 
gnes, si  on  peut  les  appeler  ainsi,  ont  donné  de  bons  résultats  et  il  est 
désirable  qu'on  en  établisse  partout. 

Relativement  à  l'action  des  individus  et  des  sociétés,  nous  dii-ons 
qu'un  des  buts  principaux  à  se  proposer  est  de  relever  la  condition  maté- 
rielle des  classes  pauvres.  Beaucoup  ne  sont  conduits  à  boire  que  par 
rinsuffisance  de  leur  nourriture.  Ils  boivent  pour  tromper  leur  faim.  La 
misère  et  l'ivrognerie  forment  un  vrai  cercle  vicieux  ;  chacune  est  à  la 
fois  cause  et  effet.  S'attaquer  à  l'ivrognerie  seule  n'est  pas  suffisant,  il 
faut  combattre  aussi  la  misère  et  toutes  les  causes  qui  la  provoquent. 

26 


402  8KCT10X  I.  —   8KAXCK    DU   VEXDKKDl   8   ttEPTKMBRE. 

Nous  estinioas  que  l'exemple  de  la  tempérance,  donné  surtout  paniers 
hommes  en  vue,  est  salutaire.  Il  faut  que  les  habitudes  de  certains  pays, 
dans  lesquels  on  ne  peut  traiter  aucune  affaire  que  le  verre  en  mains, 
soient  modifiées;  elles  no  le  seront  que  par  l'exemple  donné  de  haut.  A 
ce  point  de  vue,  nous  ne  pouvons  qu'applaudir  aux  efforts  de  ceux  qui 
s'abstiennent  délibérément   de  toute  boisson  distillée.  Nous  pensons 
même  que  dans  certains  pays  l'abstinence  complète  de  boissons  fermen- 
tées  ou  distillées  peut  être  d'un  bon  exemple.  Toutefois,  nous  ne  pouvons 
nous  associer  aux  sociétés  d'abstinence  totale,  aux  néphaliens,  pour  les 
raisons  suivantes  :  Nous  rencontrons  l'usage  des  boissons  alcooliques  chez 
toutes  les  nations,  aussi  loin  que  nous  pouvons  remonter  dans  rhistoire: 
toutes  les  peuplades  sauvages  connues  emploient  des  excitants,  le  plus  sou- 
vent alcooliques.  La  loi  de  Mahomet,  qui  proscrivait  les  boissons  fermeu- 
tées,  n'a  pu,  malgré  sa  sanction  religieuse,  prévaloir  contre  Tappétit 
inné  de  l'honmie  pour  les  excitants.  L'expérience  nous  apprend  qw* 
d'autres  excitants  viennent  peu  à  peu  remplacer  l'alcool  dans  les  socié- 
tés qui  l'ont  banni  de  leur  sein.  Ce  sera  le  café,  le  thé  ;  ce  sera  même 
l'éther,  l'opium;  ce  seront  d'autres  excitants  cérébraux,  qui,  pour  n'étn' 
pas  ingérés,  n'en  ont  pas  mohis  une  action  puissante  sur  le  système  ner- 
veux. Nous  avouons  que,  partisans  sincères  du  précepte  hygiénique  : 
((  Usez  de  tout,  n'abusez  de  rien,  »  nous  nous  tenons  en  défiance  contn^ 
toute  exagération  et  que,  partisans  sincères  de  la  tempérance,  nous 
trouvons  Tabstinence  excessive. 

Ceci  dit,  Messieui*s,  nous  terminerons  ce  trop  long  exposé,  dans 
\v([ue\  nous  n'avons  pu  que  résumer  des  faits  et  des  opinions  déjà  connus, 
par  le  développement  des  deux  dernières  conclusions  auxquelles  nous  a 
conduit  l'étude  de  la  question  de  l'alcoolisme. 

D'après  les  recherches  sur  l'action  des  alcools  que  nous  avons  résumées 
au  début  de  ce  travail,  il  est  démontré  qu'une  boisson  alcoolique  est 
d'autant  plus  dangereuse  qu'elle  contient  des  alcools  plus  élevés  dans  la 
série  dont  la  formule  est  Cn  Hj»-{-j  0.  Un  grand  avantage  sera  donc 
obtenu  dans  le  combat  contre  l'alcoolisme,  lorsqu'on  aura  pu  éliminer  de 
la  consommation  les  boissons  contenant  ces  alcools. 

Tour  atteindie  ce  résultat,  à  notre  avis  décisif  dans  la  lutte  que  nous 
devons  poursuivre,  il  faut  deux  conditions.  La  première,  c'est  de  pouvoir 
reconnaître  facilement,  rapidement,  pratiquement,  la  présence  et  la 
quantité  de  ces  alcools  lourds  dans  un  liquide  alcoolique  quelconque.  La 
seconde,  c'est  de  pouvoir  séparer  facilement  et  rapidement,  par  des  pro- 
cédés industriels  pratiques,  l'alcool  éthylique  de  tous  les  autres  alcools. 
L'État  ne  peut  poursuivre  par  de  lourds  impôts  Talcool  amylique  et  ses 
congénères  que  s'il  peut  les  reconnaître  et  las  doser;  il  ne  peut  lesintcr- 


L  ALCOOLISME.  403 

dire  absolument  que  s'il  existe  ua  procédé  pratique  et  économique  qui 
l)ennette  de  les  éliminer  complètement  lors  de  la  fabrication  de  Talcool. 
Ceux  qui  luttent  contre  l'alcoolisme,  sociétés  privées  et  autorités,  ont 
donc  le  devoir  d'encourager  les  recherches  scientifiques  et  industrielles 
qui  donneront  la  solution  des  problèmes  que  nous  avons  énoncés. 

Nous  avons  vu  que  les  procédés  actuels  ne  nous  permettent  pas  encore 
de  doser  rapidement  les  alcools  lourds.  Il  faudrait  arriver  à  trouver  une 
matière  colorante,  qui,  iuattaquée  par  l'alcool  éthylique,  fût  modifiée 
par  les  autres  alco:)ls.  En  un  mot,  si  nous  possédions  pour  le  dosage  des 
alcools  lourds  un  procédé  analogue  aux  procédés  hydrotimétriques  pour 
le  dosage  des  sels  de  chaux  ou  dos  nitrites  et  nitrates  contenus  dans  les 
eaux  potables,  aux  procédés  employés  pour  le  dosage  du  sucre  par  les 
liqueurs  cupro-potassiques,  nous  serions  satisfaits  et  considérerions  la 
qu*\stion  comme  résolue.  Est-elle  insoluble  V  C'est  aux  chimistes  de 
ré])ondre,  et  c'est  aux  États,  aux  sociétés  de  tempérance  qu'il  appar- 
tient de  stimuler  leur  zèle.  Des  encouragements  devraient  être  égale- 
ment accordés  à  tous  ceux  qui  introduisent  des  perfectionnements  dans 
la  fabrication  des  alcools,  de  façon  à  les  produire  purs,  exempts  de  toute 
autre  alcool  que  l'alcool  éthylique.  Récemment  deux  procédés  pour  la 
rectification  des  alcools  ont  été  publiés. 

Le  premier  est  celui  de  M.  Naudin,  qui  est  mis  en  pratique  près  de 
Kouen.  Il  est  basé  sur  l'emploi  de  l'électricité  :  une  pile  par  laquelle 
passent  les  flegmes  (alcools  impui'S)  à  rectifier  décompose  en  partie 
Teau  de  ces  flegmes  ;  l'hydrogène  naissant  se  porte  sur  les  aldéhydes, 
qui,  d'après  M.  Naudin,  sont  la  cause  essentielle  du  mauvais  goût  des 
alcools  bruts,  et  les  change  en  alcools  correspondants.  Nous  voyons 
que  le  procédé  de  M.  Naudin  détmit  bien  le  mauvais  f/ont,  mais  n'éli- 
mine pas  les  alcools  autres  que  l'alcool  éthylique.  Toutefois,  pour  les 
alcools  de  betterave,  M.  Naudin  est  obligé  de  les  soumettre  à  une 
seconde  action  électrique  ;  il  les  fait  passer  par  des  appareils  électro- 
lyseurs  actionnés  par  une  machine  dynamo-électrique.  Les  alcools  amy- 
lique,  butilique  et  propylique  sont-ils  détruits  dans  cette  seconde  opé- 
ration, c'est  ce  que  l'analyse  des  produits  obtenus  pourrait  seule  nous 
apprendre.  L'auteur  se  borne  à  dire  que  ces  alcools  de  betterave  sont 
égaux  aux  meilleurs  alcools  bon  goût  du  commerce.  Or  nous  savons  que 
coux-ci  contiennent  encore  des  alcools  toxiques. 

Le  second  procédé,  employé  dans  l'usine  de  la  rue  des  Immeubles- 
Industriels,  à  Paris,  a  été  découvert  par  M.  le  professeur  Raoul  Pictet, 
de  Genève.  Il  est  essentiellement  basé  sur  la  loi  suivante,  établie  par 
M.  Pictet.  «  Pour  une  même  solution  d'alcool  et  d'eau,  c'est  aux  basses 
«  températures  que  les  vapeurs  émises  par  le  mélange  contiennent  la 


r  » 


404  SECTION   I.  —  SÉANCE   DU   VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

a  plus  folle  proportion  d'alcool.  »  Partant  de  ce  principe,  M.  Pictet  a 
résolu  le  problème  de  provoquer  Tébullition  de  l'alcool,  dans  le  vide,  à 
de  très  basses  températures  et  d'entretenir  l'ébullition  sans  changer  la 
température  i)endant  l'opération.  11  en  résulte  que  l'alcool  éthylique  (1L>- 
tillant  à  une  basse  température  et  sous  une  pression  presque  nulle,  dis- 
tille à  peu  près  seul,  sans  être  accompagné  des  alcools  plus  lourds  qui 
ne  s'évaporent  qu'à  une  température  plus  élevée.  Le  même  appai*eil 
entretient  deux  distillations  successives.  La  condensation,  h  faible  pres- 
sion, se  fait  à  des  températures  de  25°  à  30°  de  froid,  provoquées  par 
l'évaporation  de  l'anhydride  sulfureux  (machine  à  glace  Raoul  Pictet). 
La  distillation  dans  la  première  chaudière  s'opère  à  des  températures 
variant  entre  50°  et  00°  de  chaud,  dans  la  seconde  à  des  températures 
variant  entre  5°  de  chaud  et  10°  de  froid  ;  le  réfrigérant  à  anhydride 
sulfureux  pouvant  produire  jusqu'à  40°  et  même  50°  de  froid,  on  dis- 
pose pour  la  distillation  d'un  écart  de  températui'e  entre  les  divers 
récipients  pouvant  s'élever  jusqu'à  100°.  Grâce  à  cette  disposition,  ou 
peut  retirer  directement  de  l'appareil  des  alcools  marquant  08  et  90 
degrés  à  l'alcoomètre  centésimal.  Les  résultats  obtenus  peuvent  se 
résumer  comme  suit  :  le  procédé  de  distillation  de  M.  Raoul  Pictet  per- 
met d'obtenir  à  peu  de  frais  et  par  une  double  distillation  dans  un  .seul 
et  même  appareil  l'alcool  éthylique  presque  entièrement  pur,  débarrassé 
des  alcools  plus  lourds  et  mélangé  à  une  très  faible  quantité  d'eau.  Nous 
ne  possédons  pas  d'analyses  des  produits  do  la  fabrication  de  M.  Pictet 
qui  nous  permettent  de  juger  si  l'alcool  éthylique  ainsi  obtenu  est  ahso' 
lumeyd  pur  ou  dans  quelle  proportion  y  sont  encore  contenus  les  alcools 
plus  lourds  ;  il  est  permis  de  déduire  théoriquement  du  mode  de  distil- 
lation employé  que  ces  alcools  ne  peuvent  s'y  rencontrer  qu'en  quantités 
très  faibles.  Le  procédé  Pictet  n'est  pas  encore  employé  depuis  assez 
longtemps  pour  qu'on  puisse  porter  un  jugement  définitif  sur  la  portée 
pratique  de  cette  innovation.  Mais  ce  que  nous  pouvons  reconnaître, 
c'est  que  les  données  théoriques  et  expérimentales  sur  lesquelles  il  se 
fonde  sont  de  la  plus  haute  importance  au  point  de  vue  de  la  rectifica- 
cation  des  alcools. 

Que  ce  soit  le  procédé  Pictet  ou  tel  autre  qui  amve  à  nous  doter 
d'alcools  purs  (et  l'on  sait  ce  que  nous  entendons  par  là)  à  un  prix  égal 
ou  inférieur  à  celui  des  mauvais  alcools  mis  en  vente  aujourd'hui,  lors- 
que les  marchands  n'auront  plus  l'excuse  du  bon  marché  pour  offrir  eu 
vente  des  produits  chargés  d'alcool  amylique,  l'État  pourra  inter\'enir 
pour  défendre  absolument  la  vente  d'alcools  impurs.  Lorsqu'on  veut 
interdire  un  produit  dont  la  fabrication  offre  des  dangers,  ou  qui  par 
lui-même  est  jusqu'à  un  certain  point  dangereux,  il  ne  suffit  pas  de  le 


l'alcoolismk.  405 

prohiber  ;  il  faut,  si  c'est  un  produit  nécessaire,  le  remplacer  par  un 
autre  qui  offre  moins  de  dangers.  C'est  ainsi  que  Ton  a  pu  interdire  le 
])lanc  de  céruse  alors  qu'il  a  été  remplacé  par  le  blanc  de  zinc.  Mais 
rinterdiction  pure  et  simple  ne  conduit  à  rien  :  nous  en  avons  fait  l'expé- 
rience en  Suisse  à  propos  des  allumettes  phosphoriques.  On  ne  détruit 
bien  que  ce  qu'on  remplace.  Loi*sque  nous  pouiTons  remplacer  les  alcools 
que  fournit  actuellement  l'industrie  par  des  alcools  absolument  purs  et 
d'un  prix  égal,  nous  aurons  tout  pouvoir  pour  interdire  la  distillation 
telle  qu'elle  se  pratique  actuellement.  Nous  aurons  fait  faire  un  grand 
l)as  à  la  solution  pratique  de  la  question  de  l'alcoolisme.  Il  est  donc 
nécessaire  d'encourager  par  tous  les  moyens  les  inventeurs  qui  perfec- 
tionneront les  procédés  actuels  de  distillation. 

Nous  formulons  nos  dernières  conclusions  comme  suit  : 

Toutefois,  la  lutte  contre  V alcoolisme  n'aboutira  à  des  résultats  sérieux 
que  lorsqu'on  aurapu  exclure  absolument  du  commerce  tout  alcool  autre 
que  r alcool  éihylique.. 

A  cet  effet  il  est  nécessaire  : 

1**  de  posséder  un  réactif  chimique  qui  nous  permette  de  doser  exacte- 
ment et  rapidement,  dans  un  liquide  alcoolique  quelconque,  la  quantité 
4V alcool  non  éthylique  qui  y  est  contenue  ; 

2*  d'interdire  toute  fabrication  d'alcool  qui  n* assurerait  pas  une  rec- 
tification parfaite  des  produits  obtenus. 

En  coyuéquence,  il  est  du  devoir  des  États  et  des  sociétés  Ulrres  qui 
luttent  contreV  alcoolisme  d'^encourayer  la  recherche  d'un  réactif  spécial 
]}our  les  alcools  élevés  de  la  série  monoatomique  et  défavoriser  de  toute 
manière  la  recherche  et  lu  mise  à  exécution  de  procédés  perfectionnés 
pour  la  fabrication  de  V alcool. 

Permettez-moi  en  terminant,  Messieui-s,  de  formuler  le  vœu  que  la 
question  de  l'alcoolisme,  aloi-s  même  qu'elle  est  discutée  dans  des  con- 
grès spéciaux,  continue  à  figurer  à  l'ordre  du  jour  des  prochains  congràs 
■d'hygiène.  D  est  nécessaire  que  tous  les  hommes  éminents  qui  prennent 
part  à  nos  congrès  voient  leur  attention  incessamment  sollicitée  vers 
cette  question  si  importante  pour  l'avenir  de  notre  civilisation.  Newton 
résolvait  des  questions  difficiles  en  y  pensant  toujours,  que  les  hygiénis- 
tes pensent  toujours  au  fléau  de  l'alcool  et  ils  découvriront  aussi  le 
moyen  d'y  remédier  dans  la  mesure  du  possible. 


400  SECTION   I.  —  SÉANCE   DU   VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 


DiseouPH  de  M.   le  D**  Challan  ', 

Directeur  et  médecin  en  chef  de  l'Asile  cantonal  des  aliénés  du  Bois  de  Cery  prés  Lausanne. 

Messieurs, 

Eu  preuaut  part  à  la  discussiou  sur  le  mémoire  présenté  par  M.  Bou- 
let, au  Congrès  d'hygiène,  notre  but  a  été  de  fournir  quelques  données 
sur  œrtains  points  spéciaux,  plutôt  que  d'entrer  dans  beaucoup  de 
détails  sur  l'alcoolisme  en  général.  A  cet  effet,  nous  nous  sommes  occupé 
à  dessein  principalement  de^  faits  relatifs  à  la  Suisse  et  surtout  au  avii- 
ton  de  Vaud. 

Le  temps  limité  que  nous  avons  à  notre  disposition  ne  nous  pennt't- 
trait  pas  d'ailleurs  d'entrer  dans  de  grands  développements,  mais  nous 
pensons  qu'il  est  utile  que  chacun  fournisse  les  renseignements  qu'il 
peut  puiser  dans  sa  sphère  d'action.  Il  ne  sera  pas  difficile,  plus  tard, 
de  les  grouper  et  d'en  déduire  des  considérations  générales  pour  arriver 
à  un  but  réellement  pratique. 

Nous  noas  occuperons  en  premier  lieu  de  quelques  données  statisti- 
ques et  spécialement  de  celles  relatives  aux  cas  d'aliénation  mentale 
causés  par  l'abus  de  l'alcool.  Nous  aurons  ensuite  à  examiner,  si  cer- 
tains symptômes  de  l'alcoolisme  constatés  chez  les  malades  de  nos  asiles» 
présentent  des  différences  avec  ceux  observés  autrefois,  puis  à  voir  si 
ces  modifications  dans  l'aspect  clinique  de  la  maladie  ne  peuvent  pas 
être  rapportées  à  la  nature  des  boissons  consommées  actuellement  dans 
notre  pays.  Nous  aurons  donc  aussi  à  nous  occuper  de  ces  boissons 
elles-mêmes  et  enfin  nous  discuterons  d'une  manière  générale  quelques- 
uns  des  moyens  à  employer  pour  combattre  Talcoolisme. 

A.  De  quelques  statistiques  à  établir.  —  Dans  toute  la  Suisse,  l'opi- 
nion publique  s'est  préoccupée  depuis  une  dizaine  d'années  des  progrès 
sans  cesse  croissants  de  Talcoolisme.  On  a  cherché  en  premier  lieu  à  se 
rendre  compte  des  quantités  de  boissons  consommées,  du  nombre  des 
individus  atteints,  et  ce  but  a  été  poui-suivi  par  divers  gouvernements 
et  diverses  sociétés.  La  société  suisse  d'Utilité  publique  s'en  est  occu- 
pée particulièrement,  et  dans  plusieurs  de  ses  sections  il  a  été  lu  d'inté- 
ressants mémoires  sur  ce  sujet.  Citons  par  exemple  ceux  de  M.  Frank 
Lombard  (Des  restrictions  légales  à  la  consommation  et  à  la  vente  des 
spiritueux)^  de  M.  Constant  Bodenheûner  (L'alcoolisme  en  Suisse  au 
point  de  vue  économique  et. fiscal).  Dans  son  assemblée  générale  de  18^1, 
la  société  suisse  d'Utilité  publique  avait  mis  cette  question  à  l'ordre  du 


i/alcoolt8me.  407 

jour,  et  a  entendu  le  travail  très  consciencieux  et  très  complet  do 
MM.  Roulet  et  Contesse  (Ualcoolisme  en  Suisse  et  les  moyens  d'en 
combattre  les  progrès,  publié  dans  le  journal  de  la  société  suissse  d'Uti- 
lité publique  1881).  Le  Conseil  fédéral  suisse  reçut  par  arrêté  du  Con- 
seil national,  le  mandat  «  d'examiner  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  prendre 
par  voie  d'entente  des  gouvernements  cantonaux  des  mesures  pour  res- 
treindre la  consommation  croissante  et  excessive  de  l'alcool,  puis  à  pré- 
senter un  rapport  et  des  propositions  à  cet  égard.  » 

Par  Fuite,  le  Conseil  fédéral  a  adressé  une  circulaire  à  plusieurs 
sociétés  médicales  et  autres,  dans  le  but  d'arriver  à  une  étude  complète 
de  la  question.  U  s'agit  donc,  non  d'une  étude  faite,  mais  de  chercher 
les  meilleurs  moyens  de  préparer  cette  étude.  Les  statistiques  établies 
jusqu'à  aujourd'hui  sont  loin  d'être  complètes,  mais  chacun  s'est  occupé 
dans  son  ressort  d'arriver  à  des  chiffres  aussi  concluants  que  possible. 

La  société  des  médecins  aliénistes  suisses  a  décidé  dans  ses  dernières 
réunions  de  1880  et  1881  d'établir  pour  tous  les  cas  d'aliénation  mentale 
des  bulletins  statistiques  uniformes  qui  seraient  adoptés  dans  les  asiles 
publics  de  la  Suisse.  Les  chiffres  concernant  l'alcoolisme  représenteront 
donc  très  approximativement  la  progression  croissante  ou  décroissante 
<les  cas  de  maladies  dues  à  l'alcool. 

Il  est  évident  que  cette  statistique  n'indiquera  pas  d'une  manière 
absolue  le  nombre  des  alcooliques  en  Suisse,  parce  qu'il  y  en  a  toujours 
un  trè^  grand  nombre  qui  n'entrent  pas  dans  les  asiles  d'aliénés.  Beau- 
coup de  cas  aigus  sont  traités  dans  les  hôpitaux  ordinaires.  Ces  cas 
cependant  pourraient  être  facilement  ajoutés  aux  précédents,  mais  un 
grand  nombre  d'autres  maUades  sont  soignés  chez  eux  et  il  est  évidem- 
ment très  difficile  d'obtenir  pour  ces  derniers  des  renseignements 
exacts,  leurs  familles  tenant  plutôt  à  cacher  ces  maladies  qu'à  les  faiie 
connaître.  Puis  il  y  a  beaucoup  d'alcooliques  qui  boivent  en  secret,  et 
lorsqu'ils  deviennent  malades,  la  famille  attribue  à  de  toutes  autres 
causes  les  désordres  causés  par  l'alcool. 

Il  faut  tenir  compte  encore  des  cas  de  psychose  qui  sont  traités  dans 
les  asiles  sous  d'autn^s  dénominations  que  celle  d'alcoolisme,  mais  qui 
ont  cependant  pour  étiologie  principale  les  excès  alcooliques,  par  exem- 
ple certains  cas  de  délire  systématisé,  de  paralysie  générale,  de  démence 
secondaire,  etc. 

La  statistique  annuelle  des  cas  d'aliénation  mentale  causés  par  l'al- 
coolisme devra  donc  comprendre  : 

P  Les  alcooliques  admis  comme  tels  dans  les  asiles  publics  et  privés. 

2**  Les  cas  dérivés  de  l'alcoolisme,  mais  entrés  sous  une  autre  déno- 
mination. 


40S  sp:ctiox  i.  —  séance  du  vendredi  8  septembre. 

/)"  Los  cas  traités  daus  les  hôpitaux. 

4"  Les  cas  traités  par  les  médecins  à  domicile,  ainsi  que  ceux  dont  ils 
l)euvent  avoir  connaissance.  (Cette  dernière  rubrique  sera  toujours 
nécessairement  incertaine.  ) 

')*»  Il  faudrait  encore  ajouter  la  statistique  portant  sur  l'hérédité, 
c'est-à-dire  sur  les  maladies  psychiques  et  les  dégénérescences  en  géné- 
ral dues  à  l'abus  des  l)oissons  alcooliques  chez  les  ascendants  directs  des 
malades.  Cette  dernière  rubrique  pourrait  faire  même  l'objet  d'une 
étude  spéciale. 

En  tous  cas,  il  nous  semble  (lu'il  serait  très  désirable  que,  non  seule- 
miMit  en  Suisse,  mais  dans  d'autres  pays,  on  adoi)tât  une  méthode  uni- 
forme. Nous  espérons  qu'en  Suisse  au  moins,  l'adoption  générale  des 
bulletins  statistiques  aboutira  à  des  résultats  réellement  pratiques  et 
aussi  concluants  que  possible. 

Passant  maintenant  à  quelques  chiifres  spéciaux,  nous  donnerons  en 
premier  lieu  le  tableau  des  alcooliques  entrés  dans  les  asiles  publics  de 
la  Suisse,  pendant  les  années  1877-1881,  soit  pendant  5  ans. 

Voici  ce  tableau  que  nous  devons  h  Tobligeance  de  M.  le  D' Fetscherin, 
médecin-directeur  de  l'Asile  de  Saint-Urbain,  canton  de  Luceme,  qui 
s'est  beaucoup  occui)é  de  cette  question  depuis  nombre  d'années. 


CANTONS. 

ASILES. 

NOMBRE  DES  ENTREES. 

Zurich, 

\   liurgliozli,    .    Inrurahles   \ 
f   Klieinail,       V et  chroniques.;^ 

141 
5 

Borne, 

Waldaii, 

44 

Lucerno, 

Saint-t"rl)ain, 

92 

Frihourg, 

Marsens, 

73 

Soleure, 

IJosegg, 

42 

Bâle-Vine, 

Asile  des  aliénés. 

177 

Saint-Gall, 

Saint-Birnions])erg, 

80 

Arpovie, 

Ko-nigstoldon, 

78 

Tliurgovie, 

Mùnsterlingen, 

60 

» 

St-Kalharinenthal,  (incurahlup.) 

1 

Vaud, 

CVrv, 

» 

104 

Xmichâtel 

J'réfargier, 

26 

Cienèvc, 

Hôjiital    cantonal  (Manque  2  ans  1S80-81). 

175 

1098 

Le  total  des  admissions  de  tous  les  cas  d'aliénation  mentale  dans  ces 
douze  asiles,  ascende  à  7,700  ;  ce  qui  donne  une  proportion  pour  les 
alcooliques  relativement  à  l'ensemble  des  cas  de  14,26  pour  100. 

Il  faut  remarquer  que,  dans  ce  tableau,  deux  années  de  Genève  man- 
quent, et  on  peut  admettre  avec  M.  Fetscherin  que,  vu  la  proportion 
des  cas  traités  pendant  trois  ans  à  THôpital  cantonal  de  cette  ville,  la 


l'alcoousme.  '        409 

proportion  de  14,20  pour  100  devrait  être  portée  à  16  pour  100  des 
admissions  totales,  si  les  chiffres  de  ces  deux  années  nous  étaient  connus. 

Il  est  à  noter  que  l'Hôpital  cantonal  de  Genève  figure  dans  ce  tableau, 
parce  que  l'Hospice  des  Vernets,  qui  est  l'asile  des  aliénés  de  ce  canton, 
ne  reçoit  pas  en  général  des  alcooliques. 

Cette  proportion  de  16  pour  100  est  même  beaucoup  plus  élevée,  si 
l'on  considère  certains  asiles  spéciaux.  C'est  ainsi  que  nous  trouvons 
dans  la  thèse  do  M.  W.  de  Speyr  (die  alcoolischen  Geisteskranheiten 
ini  Basler  Irrenhaus)  que  pendant  les  trois  années  1876-1878,  sur  364 
admissions  à  l'Asile  de  Bâle  il  y  a  eu  110  alcooliques,  soit  le  30,2  pour  100 
des  admissions  générales. 

Le  tableau  est  encore  plus  effrayant  si  l'on  ne  prend  que  les  admis- 
sions dans  le  service  des  hommes,  oîi,  sur  214  entrées,  nous  trouvons 
100  alcooliques  soit  le  46,7  pour  100.  Les  femmes  ont  un  chiffre  relati- 
vement élevé,  puisque  chez  elles  l'alcoolisme  est  infiniment  plus  rare  ; 
cependant,  il  y  a  eu  10  alcooliques  sur  150  femmes  admises,  soit  le 
6,6  pour  100. 

Si  maintenant  on  ajoute  à  cette  proportion  les  malades  entrés  pour 
d'autres  maladies  mentales,  mais  chez  lesquels  l'abus  de  l'alcool  a  été 
un  des  facteurs  importants  de  la  maladie,  on  trouve  qu'il  y  a  parmi 
ceux-ci  34  hommes  sur  114  et  8  femmes  sur  110,  soit  le  29,8  pour  100 
pour  les  hommes,  et  le  5,7  pour  100  pour  les  femmes,  ce  qui  élèverait 
encore  notablement  la  proportion,  si  ces  derniers  cas  étaient  ajoutés  aux 
autres. 

Nous  donnons  maintenant  le  tableau  des  cas  d'alcoolisme  entrés 
dans  notre  asile  de  Cery  depuis  l'ouverture  de  l'asile,  soit  depuis  le 
22  mai  1873  à  1881.  Ce  tableau  montre  que  la  progression  a  été  tou- 
jours croissante,  sauf  pour  l'année  1878. 

Si  nous  comparons  par  exemple  les  années  1874  et  1881,  nous  trou- 
vons qu'il  y  a  eu  durant  la  première,  10  alcoohques  sur  146  admissions, 
.soit  le  6,8  pour  100,  tandis  qu'en  1881  nous  avons  30  alcooliques  sur 
148  malades  entrés,  ce  qui  nous  donne  une  proportion  de  21,6  pour  100, 
c'est-à-dire  un  nombre  triple.  En  1882,  jusqu'au  30  août,  nous  avons 
21  alcooliques  (20  hommes  et  1  femme)  sur  125  admissions,  soit  environ 
le  17  pour  100.  Si  nous  prenons  seulement  les  hommes,  nous  arrivons 
au  chiffre  de  20  cas  d'alcoolisme  sur  71  admissions,  soit  le  28  pour  100. 


410 


8KCTI0N  I.  —  SKANCE   DU  VENDREDI  8   SEPTEMBRE. 


ASILE   DE   CEHY 

TAHLKAII    DKS    ALCdOLIQl'KS    DK    187J  (22  MAI)    A    1881    I.Vr.U'SlVKMENT. 


ENTHÉES 

SORTIES 

UES  MALADES 

ANNÉES 

1 

Hommes  i  Femmes 

1 

TOTAL 

i  Goéris 
i 

;  liore's 

1 

SUtiM- 
nairet 

loris 

1 

Eitréfi    Mh 

■     187J  (22  mai) 

1 
4 

4 

1 
—    1 

1 
91   ;      70 

1S74 

9    i 

1 

10 

:\ 

'     3 

1 

1   ! 

146       {{{ 

;    187o 

11 

\\ 

14 

m 
/ 

'     4 

— 

3    1 

129  ,     li7 

'     I87G 

11 

1 

12 

4 

i    :j 

I 

1     1 

127  1   m 

1877 

15 

K> 

12 

1    « 



1     i 

\m  '   m 

1    1878 

8 

1 

9 

4 

1    l 

1 

127  i    lii 

'    1879 

\:\ 

4 

17 

« 

1    i 

:   2 

I 

140       117 

;     18H() 

28 

4 

M 

17 

7 

2 

169       175 

1881 

27 

:\ 

30 

19 

8 

j    — 

:\ 

US  ,   m 

120 

17 

143 

t 

1 
1 

1237      115  i 

Nous  avons  donc  de  1873  à  18s  l  (abstraction  faite  de  1882  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut)  1287  malades  entrés  (se  subdivisant  en  655  hom- 
mes et  582  femmes)  parmi  lesquels  il  y  a  143  alcooliques  (126  hommes 
et  17  femmes),  ce  qui  donne  une  moyenne  de  11,5  pour  100,  par  coust*- 
quent  inférieure  au  chiffre  de  16  pour  100  indi(iué  précédemment  pour 
la  totalité  de  la  Suisse.  M<ilheureusement,  cette  movenne  n'est  iiifé- 
rieure  que  parce  que  le  nombre  des  femmes  est  relativement  restreint. 
(17  sur  582,  soit  le  3  pour  100  environ)  tandis  que  pour  les  homnit?s 
nous  arrivons  au  chiffre  de  126  alcooliques  sur  655  entrées,  soit  le  19,2 
pour  100,  et  nous  venons  de  voir  que  pour  1882  cette  moyenne  atteint 
déjà  le  28  pour  100. 

Les  chiffres  seraient  encore  plus  élevés,  si  nous  tenions  compte  du 
petit  tableau  suivant,  oii  sont  indiqués  poui*  les  années  1876-81,  les 
malades  classés  sous  d'autres  rubriques,  mais  chez  lesquels  Tabus  do 
l'alcool  a  joué  un  rôle  étiologique  important.  Nous  avons  éliminé  tous 
les  cas  où  d'autres  causes  avaient  contribué  également  à  la  production 
de  la  maladie. 

Voici  ces  quelques  chiffres  : 


Ani:é<-fl. 

Homme.4. 

F.'inracs. 

Total 

187(> 

4 

0 

4 

1877 

2 

0 

2 

1878 

5 

1 

(> 

187i) 

•> 

0 

2 

1H80 

2 

2 

4 

iHftl 

7 

1 

8 

•}'} 


2G 


l'alcoolisme.  411 

'e  serait  donc  encore  2G  malades  (22  hommes  et  4  femmes)  que  l'on 
rrait  ajouter  au  total  des  alcooliques  traités  à  l'asile.  Dans  ce  der- 
•  tableau  on  remarque  en  outre  qu'il  manque  3  années  (1873-1875) 
îes  cas  n'ont  pas  été  relevés. 

'ous  sommes  encore  à  môme  de  donner,  d'après  les  indications  qui 
s  ont  été  fournies  par  M.  le  Dii'ecteur  de  notre  Hôpital  cantonal 
ud),  les  chifl'res  des  alcooliques  traités  dans  cet  établissement  peu- 
t  les  mêmes  années,  soit  de  1873  à  1881.  On  voit  par  là  que,  si  tous 
alcooliques  du  canton  étaient  traités  dans  notre  asile,  la  proportion 
lit  plus  que  doublée,  puisque  nous  aurions  pour  1397  admissions, 
alcooliques,  soit  le  21,7  pour  100.  En  prenant  les  hommes  seule- 
it,  le  nombre  des  admissions  aurait  été  de  805,  sur  lesquelles  ii  y 
ait  eu  276  alcooliques,  soit  le  34  pour  100. 

e  sont  surtout  les  cas  de  delirium  tremens  qui  entrent  à  l'hôpital, 
dis  que  dans  notre  asile  ce  sont  principalement  les  cas  de  folie 
>olique  et  les  cas  chroniques. 

ALCOOLIQUES  SOIGNÉS  A  L'HOPITAL  CANTONAL 


NOMBRE   DES    CAS 

AltM. 

1873 

10  hommes. 

I.S74 

14 

V 

lfS75 

17 

» 

ISTO 

15 

» 

lf*77 

li) 

V 

IS7.S 

14 

» 

1879 

18 

» 

IHhO 

2:5 

» 

1881 

20 

» 

150  hommes. 

1  femme. 

4 

1 

1 

1 


Total  lOO  malades. 


1 
1 


10  femmes. 


J'eus  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur  les  statistiques  en  général, 
is  avons  indiqué  sommairement  ce  qui  a  été  fait  en  Suisse  et  de  quelle 
iiière  on  pourrait  procéder  pour  arriver  à  une  connaissance  complète 
faits.  Cependant  les  quelques  chiffres  que  nous  venons  de  citer  suffi- 
t  h  démontrer  que  l'alcoolisme,  bien  loin  de  diminuer  dans  notre 
s,  tend  malheureusement  à  augmenter  d'une  manière  inquiétant!», 
lous  aurions  voulu  pouvoir  nous  occuper  aussi  de  la  statistique  des 
nés  et  délits  et  des  cas  d'exemption  de  service  militaire,  mais  il  ne 
is  a  pas  été  possible  encore  de  réunir  les  données  suffisantes.  Ces 
:istiques,  fort  importantes  assurément,  devront  évidemment  être 
es.  Dans  notre  pays,  il  serait  facile  d'amver  à  ce  but  par  l'intenné- 
ire  des  commissions  sanitaires  pour  le  recrutement  ;  pour  les  crimi- 
?,  par  les  directeurs  de  pénitenciers,  juges  d'instruction,  magistrats 


412  SECTION  1.  —  SKASO:   DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

judiciaires,  etc.  Il  faudrait  cntin  établir  en  tous  cas  d'une  façon  cx)m- 
pR'te  les  statistiques  si  bien  commencées  par  MM.  Contesse  et  Roulet 
l»our  la  Suisse,  statistiques  que  nous  ne  pouvons  pas  passer  en  revue  et 
pour  lesquelles  nous  renvoyons  à  leur  mémoire  déjà  cité. 

B.  Des  modifications  survenues  dans  les  accidents  patholoffi/jne^  dm 
à  V influence  de  V alcool.  —  Cette  seconde  question,  sur  laquelle  nous 
nous  proposons  de  nous  arrêter  quelques  iiLstants,  est  aussi  d'une  grande 
importance.  Noas  avons  pu  remarquer  d'une  manière  générale,  que  les 
accidents  dus  à  Tinfluence  de  l'alcool  sont  d'une  nature  beaucoup  plus 
grave  aujourd'hui  qu'il  y  a  un  certain  nombre  d'années. 

Notre  canton  est  un  pays  actuellement  vinicole.  De  tout  temps,  il  faut 
le  reconnaître,  la  sobriété  n'a  pjis  été  une  des  qualités  dominantes  de 
nos  populations  :  mais  il  est  un  fait  incontestable,  c'est  que  de  nos  jours, 
la  consommation  du  vin  a  été  remplacée  en  partie  dans  beaucoup  d'en- 
droits par  celle  des  eaux-de-vie  de  mauvaise  qualité.  11  n'y  a  pas  si  long- 
temps que,  dans  nos  contrées,  l'usage  de  ces  alcools  était  presque 
inconnu.  On  ne  consommait,  surtout  dans  la  campagne,  que  de  faibles 
quantités  d'eau-de-vie  de  cerises  (kirsch),  de  pommes,  de  poires,  de  gen- 
tiane, délie,  de  marc,  etc.,  fabriquées  surtout  à  la  maison  et  qui  souvent 
même  étaient  plutôt  utilisées  comme  remède  que  comme  boisson.  On 
citait  dans  les  villages  les  gens  qui  buvaient  des  liqueurs  ;  aujourd'hui, 
dans  certains  endroits,  on  cite  plutôt  ceux  qui  n'en  boivent  pas.  La 
liqueur  d'absinthe  était  aussi  d'un  usage  moins  répandu.  Dans  nos  vUles, 
la  consommation  des  boissons  alcooliques  a  toujours  été  beaucoup  plus 
considérable. 

Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  seulement  que  l'on  a  cherché  chez  nous  à 
combattre  le  fléau  de  l'ivrognerie  ;  on  a  constaté  également  de  tout  temps 
des  accidents  assez  graves  dus  à  l'abus  du  vin,  alcoolisme  aigu,  deltrium 
tremens,  désordres  physiques,  etc.  ;  mais  les  lésions  proprement  dites 
de  l'alcoolisme  chronique  étaient  rares.  Aujourd'hui  à  côté  des  gens 
adonnés  à  l'ivrognerie,  nous  voyons  quantité  de  gens  qui  sans  se  griser 
s'empoisonnent  cependant  d'une  façon  continue  en  buvant  chaque  jour 
des  quantités  même  faibles  d'eaux-de-vie  très  toxiques. 

D'après  les  cas  que  nous  avons  pu  observer  dans  ces  dernières  années, 
nous  avons  fréquemment  rencontré  des  différences  déjà  dans  l'alcoolisme 
aigu  ;  l'ivresse  même  était  souvent  beaucoup  plus  violente  ;  l'individu 
plus  irritable,  souvent  même  furieux.  Le^  effets  de  l'alcool  se  dissipaient 
beaucoup  plus  lentement,  parfois  l'ivresse  prenait  un  caractère  analo- 
gue aux  accidents  décrits  par  Percy  sous  le  nom  d'ivresse  convulsive, 
qui  forme,  suivant  d'autres  auteurs,  M.  Magnan  par  exemple,  n'est 


l'alcoousme.  413 

qu'un  violent  accès  maniaque  différent  do  TivTesse  ordinaire  et  dû  à  des 
boissons  frelatées.  M.  Speyr  dans  sa  thèse  cite  aussi  deux  exemples  de 
cette  forme  d'ivresse  ;  pour  l'un  des  cas  il  admet  encore  une  autre  cause 
et  le  rattache  aux  psychoses  transitoires. 

Le  delirium  tremens  apparaît  plus  vite,  souvent  même  après  des  excès 
moins  souvent  répétés  qu'autrefois,  et  les  cas  de  mort,  par  suite  d'ivresse 
ont  certainement  augmenté.  Il  faut  donc  que  l'agent  toxique  soit  beau- 
coup plus  redoutable. 

L'alcoolisme  chronique  e^t  devenu  aussi  chez  nous  une  maladie  fré- 
quente et  présente  un  caractère  particulier,  surtout  dans  ses  manifesta- 
tions psychiques.  Nous  avons  par  exemple  observé  beaucoup  de  cas  où 
le  délire  était  plus  intense,  avec  des  hallucinations  continuelles  dont  le 
caractère  était  presque  toujours  particulièrement  effrayant.  Le  malade 
était  habituellement  d'aspect  farouche,  ne  supportant  pas  qu'on  lui  parle, 
et  trè§  bruyant  pendant  la  nuit.  D'autres  fois,  il  était  comme  stupide 
ou  profondément  hébété,  ne  sortant  de  cette  sorte  de  stupeur  que  pour 
passer  souvent  à  une  extrême  violence.  L'incohérence  des  idées  toujours 
excessive,  il  semblait  que  l'ijitelUgence  était  complètement  pervertie.  Le 
tremblement  de  la  langue  et  des  mains,  fortement  accentué.  L'insonmie 
toujours  très  difficile  à  combattre  ;  l'action  des  narcotiques  ou  des  cal- 
mants peu  marquée  ou  bien  il  fallait  en  employer  des  quantités  consi- 
dérables. Le  caractère  du  délire  de  persécution  extrêmement  prononcé. 
La  haine  ^e^sentie  contre  leur  famille  (les  maris  contre  leurs  femmes 
surtout)  très  marquée.  Chez  plusieurs  d'entre  eux  nous  n'avons  pas 
observé  de  caractère  professionnel  du  délire  ;  il  semblait  que  le  trouble 
de  l'intelligence  était  tellement  profond  que  les  idées  délirantes  devaient 
être  très  confuses.  Les  pupilles  très  dilatées,  parfois  inégales.  Les  trou- 
bles de  seQgibilité  généralement  très  accentués,  l'anesthésie  parfois 
complète  ;  les  troubles  sensoriaux,  surtout  ceux  de  la  vue  et  de  l'ouïe 
aussi  très  intenses  ;  fréquemment  tendance  au  suicide. 

Ces  malades  étaient  assez  souvent  aussi  très  malpropres,  mangeaient 
d'une  façon  dégoûtante,  se  salissaient  fréquemment  et  allaient  parfois 
jusqu'à  avaler  leurs  excréments:  il  semblait  alors  qu'ils  avaient  atteint 
le  dernier  degré  de  la  démence.  Les  désordres  physiques  atteignaient 
la  plupart  des  organes  et  étaient  ceux  que  l'on  retrouve  indiqués  dans 
tous  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  cette  question. 

Il  arrive  assez  souvent  que  des  malades  sont  envoyés  à  l'asile  avec  dia- 
gnostic de  paralysie  générale,  mais  avec  un  examen  attentif,  on  peut 
reconnaître  qu'il  ne  s'agit  en  réalité  que  de  malades  atteints  d'alcoolisme 
chronique.  Ceux-ci  ont  parfois,  comme  les  paralytiques  au  début,  des 
idées  de  grandeur,  la  démarche  hésitante,  l'embarras  de  la  parole  etc., 


411  8KCTI0X  I.  —  8KAXCE   DU   VENDREDI  8   SEPTEMBRE. 

et  le  diaji:nostic  est  parfois  assez  difficile  à  faire.  Ou  sait  du  reste  que  la 
l)aralysie  «générale  peut  avoir  i)armi  ses  causes  principales  les  excès 
alcooliques. 

li'L^sue  (les  cas  d'alcoolisme  chronique  que  nous  avons  ol)St»rvés  a  été 
souvent  la  démence  secondaire,  quelquefois  une  amélioration  relative  qui 
a  pu  menu?  parfois  être  assez  accentuée,  pour  faire  croire  à  une  guérison 
apparente.  Dans  quelques  cas,  malheureusement  très  rares,  la  ^érison 
a  été  ('omi)lète. 

La  mort  est  aussi  une  des  terminaisons  fréquentes  de  ces  cas.  Ce  sont 
surtout  les  lésions  pulmonaires  et  tout  particulièrement  la  phthisie  qui 
nous  ont  donné  le  plus  p^rand  nombre  de  décès.  Beaucoup  de  nos  collè- 
gues, pratiquant  dans  le  canton  ont  fait  cette  môme  remarque.  Les  «autres 
dégénénîscences  ainsi  que  la  cirrhose  ont  été  plus  rarement  constatées 
comme  cause  innnédiate  de  mort.  Dans  le  tableau  que  nous  avons  douné 
auparavant,  les  guérisons  ont  porté  surtout  sur  les  cas  de  délire  alcooli- 
<|ue  simple  avec  lésions  i)hysiques  peu  avancées. 

Il  y  a  (juelques  années,  les  cas  graves  étaient  infiniment  moins  nom- 
breux. On  constatait  Ix^aucoup  plus  souvent  le  delirium  tremsns,  le 
délire  alcoolique  aigu  et  dans  les  cas  qui  tendaient  a  devenir  chroui- 
(pies,  une  excitation  en  générîil  moins  forte,  des  idées  délirantes  moins 
accentuées,  quelquefois  gaies,  avec  des  moments  lucides  plus  fréquents; 
t'u  résumé  une  gravité  beaucoup  moins  grande  dans  tous  les  symptômes. 

On  comi>rendra  que  nous  devions  passer  rapidement  sur  tous  Ci»s 
points.  Nous  n'avons  voulu  qu'indiquer  très  sommairement  les  diffé- 
rences constatées  entre  beaucoup  de  cas  actuels  et  ceux  que  nous 
avions  l'habitude  d'observer  autrefois.  Nous  devions  rechercher  quelles 
étaient  les  causes  de  cette  aggravation,  et  nous  croyons  que  panni 
c<»lles-ci  il  faut  placer  au  premier  rang  la  différence  des  boissons 
consommées  actuellement. 

C.  Nature  (les  hoissoyis  consommées  dans  le  pays.  —  D  existe  à 
Lausanne  d(»puis  1878  un  laboratoire  destiné  au  contrôle  des  boissons 
consommées  dans  le  pays.  Ce  laboratoire  est  dirigé  par  M.  Bischoff. 
professeur  de  chimie,  qui  a  eu  Tobligeance  de  nous  communiquer 
quelques-unes  de  ses  recherches.  Nous  aurons  l'occasion  de  les  indiquer 
plus  loin. 

On  consomme  dans  notre  canton  surtout  des  vins  blancs  qui  ont  cKi 
dans  le  pays.  Ces  vins,  ou  du  moins  les  principaux  d'entre  eux,  sont 
sains,  et  contiennent  simi)lement  de  l'alcool  vinique  et  une  quantité 
variable  (mais  toujours  excessivement  faible)  de  différents  éthers 
composés,  entre  autres  d'éther  cenanthylique  dont  il  est  à  peine  néces- 


l'alcoolisme.  415 

silire  de  tenir  compte  dans  l'analyse.  Ces  éthers  se  trouvent  aussi  dans 
les  vins  rouges. 

L'éther  œnanthylique,  composé  compl(»xe  de  divere  alcools  et  de 
divers  acides  élevés  de  la  série  grasse,  ne  paraît  pas  avoir  une  influence 
toxique  spéciale,  c'est  du  moins  ce  qui  résulte  des  recherches  de 
ilM.  Lussana  et  Albertoni.  Nous  trouvons  cette  dernière  indication 
dans  l'excellent  ouvrage  de  MM.  Dujardin-Beaumetz  et  Audigé 
(Recherches  expérimentales  sur  la  puissance  toxique  des  alcools). 


ANALYSES 

de  q  u'l(|nes  siiis  du  canton  de  Vaiul  de  18S1.  faites  au  lahonitoiri 

du  ('ontnVe  d^s  hois'^ons. 


DÉSIGNATION 


^  E 

o  ^ 

c  c 

o  > 

<  = 


o 
o 


c 
c 

c 


eî 


c 


o.     £ 
Si    ^ 


Diillier 10,1 

CInnjrins 10.^ 

T;irl«';.'nii!s lO.i 

Crocliet H)A 

Malesserl 1().:J 

St-Prex  blanr, 9.() 

Id.      roujj» 10,0 

Bmvillars.. 8,8 

(Champagne 7.3 

i  )r)w  blanc \Ki 

Id.   rouî,'e 9,9 

Lausmne  * 9.4 

Id.       « 9,r> 

Bmd?reUes  !!!!!!!  ifÛ 

lUez iO,:i 

K:)esses 10.0 

Tr.»ytorrens 10.4 

i'heiiaux 9.7 

!  Dôzalev  (vitle)* 11,7 

Id.  *             V...  11,1 

Id.                11.0 

Kivaz 10,!2 

riiexbres 9,7 

Burijjnon* 10.8 

r.orseaux 9.3 

Id 10,0 

Monlreux 10,i 

Villeneuve  * 10,8 

Id.        • 10,3 

'  Yvorne 10,2 

Id.     ' 11.0 

;  Aizie 10,0 

H\  » 9,7 


H  a 

8.il 
8.37 
8,37 
8.39 
7.7:2 
8,0  i 
7.0  < 

:>;% 

7.':0 
7.9t) 

7,04 

8;2i 

8.29 
8,04 
8,37 
7,S0 
9,44 
8,95 
8.87 
8,21 
7.80 
8,70 
7,48 
8,04 
8,21 
8.70 
8.29 
8,21 
8,87 
8.54 
7.80 


17.72 
19.(H 
18,:)() 
20.6S 
17.80 
13.8) 
^4.12 
18.80 
14.14 
16.24 
24,84 
19,08 
18.20 
18.10 
21,04 

13;:)2 

19.- 
13.()4 
13;(K'; 
15.51) 
16,90 
16,0S 
17,04 
14.70 
18.44 
18.92 
i).;>2 
18.92 
16.16 
18,8t) 
23.08 
16;32 
15;24 
16^40 


1.08 
1,6S 
1.32 
1,3^ 
1,32 
1.28 
2,4S 
1,68 
1,56 
1,20 
2.20 
1,48 
1.52 
1.52 
1,50 
1,24 
1,32 
1.54 
1,40 
1.92 
1.84 
1.89 
1.65 
1,56 
1,72 
1,56 
1.4S 
1  ;52 
1,60 
1.56 
1,44 
1.36 
1.27 
1,42 


2.48 
2,6  V 

?;8s 

2.8  < 
2,70 
2,SS 
2.8S 
3  4<) 
3.57 
3,12 
3.8^ 
3,13 
2  86 

3.24 

2,8-^ 
2,76 
3.12 
3.2) 

2,68 
2,56 
2,93 
3,84 

2,8H 
3.32 

2.98 
2.90 
2,8 -J 
2,4S 
2,35 


102 

12.5 

9.3 

io;3 

9.3 

9.3 

1L7 

10.5 

9.7 

10.1 

13,7 

10.3 

lOJ 

10,5 

11,4 

9.3 

10.7 

8.0 

8.5 

9:4 

9,2 

9.0 

8.6 

9.5 

10.4 

11.5 

8.6 

8  5 

8.0 

10.8 

13.2 

8,5 

7,8 

8,9 


I       >  Bon-Abri.  —  «  Villars.  —  »  Paleyrcs.  -- 
—  •  Clos  des  Moines.  —  ^  Clos  du  Hocher. 


*  Pris  en  décembre.  —  *  Vignes  de  l'Hospice. 
—  8  Chiôtres. 


41  fi        *        SECTION  I.  —  SKANCK   Dr   VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 

Nous  donnons  ci-dessus  le  tableau  (publié  il  y  a  quelque  temps  dé^) 
Avs  analyses  dcî  quelques  vins  du  canton,  analyses  faites  par  M.  le  pro-  §  i 
fesseur  Bischotf.  • 

On  a  attribué  quelquefois  aux  vins  blancs  une  action  toxique  spéciale. 
Quant  à  nous,  nous  avons  remarqué  que  les  vins  de  notre  pays  avaient 
tout  au  plus  une  action  excitante  légèrement  plus  forte  que  celle  dfô 
vins  roup:es.  Le  fi:oût  spécial  des  vins  blancs  porte  plus  facUement  à  eu 
faire  à  jeun  une  consommation  plus  forte.  C'est  cette  deniière  circou- 
stance  qui  pourrait  peut-être  expliquer  leur  action  plus  intense  et  avoir 
fait  imxUyo  ridée  qu'ils  produisent  plus  d'accidents  que  les  vins  rouges. 
En  outre,  ces  derniers  étant  plus  astringents  seraient  moins  facilement 
absorbés  et  i)ar  conséquent  mieux  supportés  à  force  et  à  doses  égales. 

Tant  qu'on  s'est  borné  dans  notre  canton  à  consommer  surtout  les 
vins  du  pays,  des  cas  d'alcoolisme  chronique  étaient  rares,  et  comme 
l'ont  très  bien  fait  remarquer  plusieurs  auteurs,  entre  autres  M.  Lunier 
et  M.  Ilabuteau,  l'alcoolisme  chronique  serait  pour  ainsi  dire  inconuu  si 
l'on  ne  consonmiait  que  des  vins  purs. 

Malheureusement,  par  suite  d'une  série  de  mauvaises  années  et  pour 
d'autres  causes  encore,  nos  vins  ont  considérablement  haussé  de  prix, 
et  la  consommation  des  vins  fabricpés  et  autres  boissons  (telles  que  les 
mauvaises  eaux-de-vie)  a  notablement  augmenté.  Les  vins  fabriqués  avec 
des  raisins  secs  ne  sont  pas  toujoui-s  très  toxiques,  ils  sont  souvent  de 
mauvaise  qualité  et  peu  agi'éables  à  boire,  mais  ils  ne  deviennent  dan- 
gereux qu'autant  qu'on  y  ajoute  certains  alcools.  Or,  précisément, 
comme  le  but  à  atteindre  est  de  fournir  une  boisson  assez  forte,  mais 
bon  marché,  on  emploie  spécialement  pour  cela  les  alcools  élevés  de  la 
série,  souvent  non  rectifiés  et  dont  la  puissance  toxique  a  été  si  bien 
mise  en  lumicre  par  les  travaux  de  MM.  Dujardin-Beaumetz  et  Audigé. 

La  fabrication  des  vins  augmente  énormément  chaque  année  dans 
notre  pays.  Il  serait  important  de  déterminer  exactement  quelle  est  la 
quantité  des  alcools  qu'on  y  ajoute  et  quelle  est  leur  nature. 

Le  vinage  des  vins  ne  se  pratique  guère  chez  nous  sur  les  vins  du 
canton,  ou  si  on  y  ajoute  de  l'alcool,  c'est  en  quantité  si  faible  qu'il 
n'y  a  i)as  lieu  d'en  tenir  compte.  M.  le  professeur  Bischoff  a  examiné 
beaucoup  de  vins  qu'il  a  trouvés  plus  ou  moins  mauvais,  mais  sans 
pouvoir  constater  un  vinage  spécial. 

Par  contre,  il  s'est  introduit  dans  notre  pays  une  grande  quantité  de 
ces  mauvaises  eaux-de-vie  contenant  beaucoup  de  fusel  (composé  com- 
plexe d'alcools  et  d'éthers  élevés  dans  la  série)  et  qui  sont  vendus  à  des 
prix  excessivement  bas,  jusqu'à  00  et  même  30  centimes  le  litre.  Les 


l'alcoolisme.  417 

eaux-de-vies  vendues  à  un  prix  plus  élevé,  sont  rectifiées  avec  divers 
appareils,  enti-e  autres  celui  de  M.  Raoul  Pictet.  Elles  sont  ordinaire- 
ment à  peu  près  débarrassées  du  fiisel,  mais  contiennent  encore  de  l'al- 
cool butylique  et  amylique. 

Les  bons  cognacs  du  reste  contiennent  toujours  de  l'alcool  propylique, 
qui  peut-être  leur  donne  la  finesse  de  goût.  Ce  serait  la  gousse  de  raisin 
qui  fournirait  surtout  cet  alcool.  Le  cognac  absolument  rectifié  par  l'ap- 
pareil de  M.  Pictet,  contient,  d'après  M.  Bischoflf,  moins  de  ces  alcools, 
mais  est  aussi  moins  agréable  au  goût. 

L'eau-de-vie  de  cerises  (kirsch)  fabriquée  dans  notre  pays,  ne  contient 
que  des  traces  de  fùrfiirol  et  de  fiisel.  Cette  quantité  augmente  cepen- 
dant, si  l'on  surchauffe  un  peu  à  la  distillation,  mais  néanmoins  la  quan- 
tité n'en  est  pas  assez  considérable  pour  pouvoir  amener  des  accidents 
sérieux.  Il  faut  ajouter  que  cette  liqueur  étant  habituellement  chère  (4  fr. 
le  litre),  la  consommation  en  est  relativement  restreinte,  et  ce  n'est  que 
ians  les  mauvaises  imitations  que  l'on  trouve  des  produits  dangereux. 

On  distille  aussi  maintenant  beaucoup  plus  qu'autrefois  de  l'eau-de- 
vie  de  marc  de  raisin,  contenant,  d'après  M.  Bischoif,  beaucoup  de  fiisel 
at  de  fiirfiirol,  lorsqu'elles  ne  sont  pas  parfaitement  rectifiées.  M.  Dujar- 
lin-Beaumetz  attribue  à  cette  eau-de-vie  même  rectifiée  une  puissance 
toxique  supérieure  à  celle  de  l'alcool  éthylique  ou  vi nique.  Cette  eau-de- 
vie  peut  contenir,  si  elle  n'est  pas  distillée  avec  des  appareils  perfection- 
nés, une  huile  particulière,  appelée  huile  de  raisin,  dans  laquelle  on  trouve 
ie  l'alcool  heptylique,  de  l'alcool  octylique  ainsi  que  de  l'alcool  propyli- 
jue  et  amylique.  L'alcool  œnanthylique  ou  heptylique  aurait  une  action 
toxique  différente  de  celle  de  l'alcool  éthylique  et  il  augmente  la  puis- 
sance toxique  de  ce  dernier,  lorsqu'il  est  mélangé  avec  lui.  D'après 
M.  Basset,  cité  par  M.  Dujardin-Beaumetz,  une  ivresse  plus  féroce  et  des 
accidents  cérébraux  graves  seraient  dus  à  la  présence  de  cette  huile  de 
raisin. 

La  distiOation  d'eau-de-vie  de  pommes  de  terre  n'est  pas  beaucoup 
pratiquée,  dans  notre  canton,  mais  bien  dans  d'autres  parties  de  la  Suisse 
3t  surtout  dans  le  canton  de  Berne.  Elle  contient,  comme  on  sait,  surtout 
ie  l'alcool  amylique  dont  la  puissance  toxique  est  si  considérable. 

L'alcool  méthylique  n'est  pas  usité  chez  nous  et  n'a  par  conséquent 
pas  été  constaté  dans  nos  boissons.  Quant  à  l'acétone,  il  a  été  rarement 
employé  dans  la  fabrication  des  vins  ;  du  reste  il  les  défigure  trop. 

La  consommation  des  eaux-de-vie  en  général  s'est  accrue  d'une  façon 
extraordinaire  dans  toute  la  Suisse,  puisque  M.  Bodenheimer,  dans  ses 
^culs,  l'estime  à  20  millions  de  litres  par  an.  Nous  n'entrerons  pas  à 
'jet  égard  dans  plus  de  détails,  tous  ces  faits  ayant  été  déjà  établis,  pour 

27 


418  SECTION   1.  —  SÉANCE   DU   VENDREDI  8   SEPTEMBRE. 

ce  ([xii  concerne  la  Suisse  dans  les  rapports  de  M.  Bodenbeiiuer,  de 
MM.  Uoulet  et  Comtesse,  de  M.  Lombard,  etc. 

En  ce  qui  concerne  notre  canton,  la  question  a  été  soumise  au  Grand 
Conseil,  afin  de  se  rendre  un  compte  exact  de  l'étendue  du  mal  et  des 
moyens  d'y  remédier.  Depuis  l'établissement  du  contrôle  des  boissons, 
une  quantité  de  fraudes  ont  pu  être  dévoilées,  cependant  les  inspections 
n'ont  pu  être  suffisanmient  étendues,  pour  remédier  à  tout  le  mal. 

La  bière,  soit  fabriquée  dans  le  pays,  soit  importée,  entre  maintenant 
pour  une  bonne  part  dans  la  consommation  habituelle.  Nous  avons  aussi 
cherché  à  savoir,  si  surtout  dans  les  l)ières  importées  il  n'y  avait  pas 
également  des  alcools  toxiques.  On  n'a  rien  constaté  chimiquement  jus- 
qu'ici. 11  est  possible  et  même  propable  que  l'on  ajoute  parfois  à  la  bière, 
soit  pour  la  faire  voyager,  soit  pour  la  conserver,  une  certaine  quantité 
d'alcool  qui  sera  nécessairement  pris  dans  les  alcools  bon  marché,  par 
conséquent  plus  impurs  et  plus  toxiques. 

Si  cela  n'a  pas  été  constaté  chimiquement  dans  le  laboratoire  de  Lau- 
sanne, nous  avons  pu  cependaiit  remarquer  à  plusieurs  de  ces  bières 
importées  certains  effets  spéciaux,  qui  indiquaient  qu'elles  devaient  bien 
réellement  contenir  une  dose  d'alcool  plus  considérable,  par  exemple 
une  excitation  assez  marquée  qui  ne  se  produirait  pas  avec  des  quantités 
même  beaucoup  plus  considérables  de  bière  bien  fabriquée,  de  la  cépha- 
algie  avec  une  ceilaine  constriction  aux  tempes,  un  arrière-goût  à  la 
gorge,  un  léger  catarrhe  stomacal,  etc.  Cependant  nous  ne  croyons  pas 
que  la  consommation  de  cette  boisson  pourrait  réellement  conduire  à 
l'alcoolisme  chronique,  au  moins  dans  notre  pays. 

Quant  aux  autres  falsitica,tions  que  la  bière  peut  subir  ailleurs,  nous 
n'avons  pas  à  nous  en  occuper,  les  bières  que  l'on  fabrique  chez  nous 
étant  généralement  de  bonne  qualité. 

Les  vins  rouges  consommés  dans  le  pays  viennent  surtout  de  l'étran- 
ger. Là,  on  a  constaté  parfois  un  vinage  assez  fort,  avec  des  alcools  de 
mauvaise  qualité  et  des  falsifications  nombreuses.  L'importation  nous 
amène  une  quantité  de  mélanges  sous  le  nom  de  vins  rouges,  mais  nous 
ne  croyons  pas  non  plus  que  c'est  là  qu'il  faille  chercher  la  cause  de 
l'aggravation  de  l'alcoolisme  chez  nous,  qui,  en  dehors  des  causes  mora- 
les et  sociales,  doit  bien  être  imputé  à  la  consommation  toujours  plus 
forte  des  mauvaises  eaux-de-vie. 

Le  vermouth  et  l'absinthe  sont  aussi  des  liqueiurs  dont  la  consomma- 
tion augmente  chaque  jour.  Le  vermouth  n'a  pas  été  étudié  très  spécia- 
lement, mais  bien  l'absinthe. 

L'absinthisme  joue  donc  aussi  dans  notre  pays  un  certain  rôle  à  côté  de 
l'alcoolisme  chronique.  Les  travaux  que  nous  avons  faits  autrefois  avec 


l'alcoolismk.  41  î> 

LOtre  maître  et  ami,  M.  Magnau,  nous  avaient  déjà  démontré  qu'il  se 
»roduit  des  accidents  couvulsifs  graves  que  nous  avions  désignés  sous  le 
koiii  d'épilepsie  absinthique.  M.  Lancereau  et  plus  récemment  M.  Léon 
îautier  ont  étudié  la  question  surtout  au  point  de  vue  des  accidentés 
hrouiques.  Us  ont  noté  dans  ces  cas  une  grande  impressionnabilité,  des 
lallucinations  de  la  vue  et  de  l'ouïe,  plus  effrayantes  encore  que  celles 
le  l'alcoolisme,  des  phénomènes  douloureux,  entre  autres  de  l'hyperal- 
çésie  dans  la  région  ovarienne,  les  extrémités  et  le  rachis,  des  troubles 
leiisitifs  et  moteurs,  etc.  La  mort  par  phthisie  pulmonaire  était  souvent 
a  terminaison  de  l'absinthisme.  Ces  auteurs  ont  cru  voir  que  les  acci- 
leuts  convulsife  se  rapprochaient  plutôt  des  convulsions  hystériques  ; 
nais  sans  vouloir  mettre  en  doute  les  faits  avancés  par  ces  deux  auteurs, 
es  observations  que  nous  avons  pu  dès  lors  faire  à  Cery,  ainsi  que  celles 
lui  nous  ont  été  communiquées  par  d'autres  confrères,  nous  ont  confirmé 
lans  notre  manière  de  voir,  à  savoir  que  ces  accidents  convulsife  avaient 
ine  analogie  beaucoup  plus  frappante  avec  l'épilepsie  ([u'avec  l'hysté- 
•ie.  Nous  regrettons  que  le  peu  de  temps  qui  nous  est  accordé  pour  trai- 
ter cette  question  ne  nous  permette  pas  de  les  relater  ici. 

Nous  avons  enfin  cherché  à  savoir  si  l'aggravation  de  l'alcoolisme 
ivait  amené  une  progression  croissante  des  cas  de  paralysie  générale, 
maladie  relativement  rare  dans  notre  pays.  Nous  n'avons  pas  constaté 
|ue  le  nombre  des  cas  ait  augmenté  dans  ces  dernières  années. 

A  notre  grand  regret,  nous  devons  laisser  de  côté  l'étude  des  causes 
morales  et  sociales  qui  peuvent  avoir  contribué  chez  nous  â  l'extension 
le  l'alcoolisme  chronique.  Cette  étude  nous  entrainerait  bien  au  delà 
fies  limites  fixées.  On  pourra  juger  cependant  quelle  influence  un  boule- 
versement social  peut  avoir  sur  Taugmentation  des  excès  alcooliques 
par  l'exemple  suivant  : 

MM.  Magnan  et  Bouchereau  ont  constaté,  dans  la  statistique  des 
alcooliques  entrés  au  bureau  des  admissions  à  Saint-Anne  (Paris)  pen- 
dant les  mois  de  mars  à  juin  1870  et  les  mois  correspondants  de  1871, 
que,  après  la  Commune  de  Paris,  la  proportion  des  alcooliques  monta 
dans  le  mois  de  mai  1871  jusqu'à  48  pour  100  ;  tandis  qu'en  1870,  à  la 
même  époque  elle  atteignait  le  26,92  pour  100  du  nombre  total  des 
admissions,  soit  à  peu  près  la  moitié  moins. 

D.  De  quelques  moyens  propres  à  cotnlaitre  Valc^isme.  —  M.  le 
ly  Roulet,  dans  les  conclusions  de  son  travail,  cite  une  série  de  moyens 
propres  à  combattre  les  progrès  toigours  croissants  de  l'alcoolisme.  Ces 
moyens  ont  été  très  bien  développés  dans  le  mémoire  qu'il  a  présenté 
ivec  M.  Comtesse  à  la  Société  suisse  d'utilité  publique  en  septem- 


420  SECTION  I.  —  SEANCE  DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

bre  1881.  Ils  se  subdivisent  en  moyens  employés  par  TÉtat  et  en 
moyens  employés  par  les  individus  et  les  associations.  Répéter  tous  ces 
points  en  détail  pourrait  paraître  superflu  et  inopportun,  et  nous  insis- 
terons seulement  sur  quelques-uns  qui  nous  paraissent  le  plus  propres  à 
atteindre  le  but. 

Un  des  premiers  serait  rétablissement  par  TÉtat  de  contrôle» 
multiples,  c'est-à-dire  de  laboratoires  dans  lesquels  les  boissons  fermen- 
tées  ou  distillées  puissent  être  analysées  avec  soin  par  des  hommes^ 
spéciaux.  Nous  savons  qu'il  en  existe  de  semblables  dans  divers  pays  et 
plusieurs  grandes  villes  et  que  Ton  a  déjà  découvert  une  quantité 
innombrable  de  falsifications  et  de  sophistications  de  tous  genres. 

Nous  avons  eu  déjà  Toccasion  de  dire  qu'im  contrôle  semblable  existe 
dans  notre  pays  depuis  1878.  Or,  les  services  qu'il  a  rendus  sont  déjà 
très  considérables.  Outre  les  boissons  examinées  d'office,  chaque  per- 
sonne peut  facilement  et  à  très  peu  de  frais  faire  examiner  celles  qui  loi 
paraissent  douteuses. 

U  serait  désirable  que  ces  institutions  se  multiplient  de  plus  en  plus 
et  qu'il  en  existât  non  seulement  dans  toute  agglomération  importante, 
mais  que  les  produits  consommés  dans  tout  le  pays,  puissent  y  être 
facilement  envoyés.  Nous  ne  demandons  pas  que  chacune  des  boissons^ 
débitées  dans  le  pays,  soit  préalablement  examinée,  cela  serait  d'une 
impossibilité  absolue,  mais  nous  voudrions  que  chaque  fois  que  l'État 
le  désire  ou  qu'un  particulier  le  demande,  un  examen  pût  avoir  lieu  sans 
difficultés. 

Il  faudrait  qu'il  existât  également  des  Commissions  d'inspectiou 
chargées  de  visiter  de  temps  à  autre  les  diflérents  débits,  de  recueillir 
les  boissons  et  de  les  transmettre  aux  divers  contrôles.  Ces  inspections 
devraient  être  les  plus  fréquentes  possibles,  le  plus  souvent  elles 
devraient  être  faites  d'une  façon  inattendue  et  pas  toujours  par  le> 
mêmes  personnes  et  dans  les  mêmes  endroits.  Ces  conmfiissions  auraient 
non  seulement  pour  but  de  rechercher  elles-mêmes  les  boissons  dans  les 
différents  débits,  mais  aussi  de  faire  connaître  l'existence  de  ces  con- 
trôles et  d'engager  les  consommateurs  à  faire  examiner  les  boissons  qui 
leur  sont  vendues.  Il  est  certain  que  l'on  ne  pourra  pas  ainsi  découTrir 
toutes  les  fraudes,  mais  lorsque  les  fabricants  et  débitants  de  liqu^irs 
dangereuses,  falsifiées  ou  altérées,  se  sentiront  sous  le  coup  d'une 
menace  continuelle,  ils  seront  moins  tentés  de  se  livrer  à  leur  fabricatiou 
nuisible.  Il  va  sans  dire  que,  non  seulement  des  peines  sévères  doivent 
être  instituées,  mais  il  faut  que  les  produits  de  mauvaise  nature  soient 
détruits  et  que  la  fabrication  soit  rendue  impossible.  Après  un  petit 
nombre  de  contraventions,  il  faudrait  que  ces  distilleries  et  ces  déUts 


l'alcoousme.  421 

puissent  être  fermés  pour  un  temps  plus  ou  moins  long.  L'interdiction 
absolue  de  fabriquer,  ou  de  vendre  des  boissons  distillées  ou  fermentées, 
serait  faite  à  un  individu  qui,  ayant  été  déjà  une  fois  Tobjet  d'une  inter- 
diction temporaire,  serait  de  nouveau  pris  en  contravention. 

On  pourrait  nous  faire  l'objection  que  ces  inspections  nécessiteront  un 
I>ersonnel  considérable,  mais  nous  ne  croyons  pas  que  cela  soit  absoUu- 
ment  nécessaire.  U  suffit  que  les  inspections  soient  faites  consciencieu- 
sement et  parmi  les  personnes  chargées  de  les  faire,  on  peut  employer 
nombre  d'agents  chargés  déjà  d'autres  fonctions. 

Ces  contrôles  ne  sont  donc  pas  un  moyen  nouveau,  mais  comme  nous 
les  croyons  très  utiles,  nous  voudrions  qu'on  les  établit  en  plus  grand 
nombre  possible  dans  chaque  pays. 

Un  second  moyen  consisterait  à  restreindi*e  considérablement  le 
nombre  des  débits  de  boissons,  surtout  de  ceux  où  l'on  vend  des  boissons 
<listillée8.  n  existe  par  exemple  une  quantité  de  petits  établissements 
<j[ui  ne  sont  ni  des  cafés,  ni  des  auberges,  et  où  l'on  vend  journellement 
<l'énormes  quantités  de  spiritueux.  Ce  sont  en  général  de  petits  maga- 
sins, petites  épiceries,  etc.,  où  l'on  vend  n'importe  quoi.  Il  est  vrai 
<lu'on  ne  pwt  pas  consommer  les  liqueurs  surplace,  mais  on  les  emporte 
•chez  soi  et  le  mal  n'en  est  que  plus  grand.  Dans  notre  pays  en  particu- 
lier, il  en  existe  une  quantité  considérable  et  l'on  peut  certainement 
affirmer  qu'ils  sont  une  des  causes  principales  de  la  propagation  de 
l'alcoolisme.  Us  ne  paient  guère  que  des  patentes  insignifiantes  et 
échappent  facilement  à  tout  contrôle. 

En  établissant  dans  tout  pays,  où  cela  n'existe  pas  encore,  un  système 
<le  patentes  extrêmement  élevées  pour  le  débit  de  ces  boissons,  on  en 
diminuerait  certainement  beaucoup  le  nombre.  Les  fraudes,  c'est-à-dire 
le  fait  de  se  soustraire  à  la  patente  devraient  également  être  punies  très 
rigoureusement.  Si  le  nombre  de  ces  établissements  diminuait,  les 
moyens  de  contrôle  et  de  surveillance  en  seraient  d'autant  plus  faciles. 

Nous  voudrions  pouvoir  appuyer  l'idée  de  M.  Roulet,  lorsqu'il  propose 
d'établur  des  impôts  sur  les  boissons  distillées,  impôts  devant  être 
d'autant  plus  élevés  que  les  alcools  sont  plus  impurs.  Mais  nous  nous 
demandons  s'il  ne  serait  pas  extrêmement  difficile  d'examiner  tous  ces 
alcools  et  de  constater  leur  degré  d'impureté.  Etablir  un  impôt  basé  sur 
la  proportion  des  impuretés  des  alcools  semble  un  système  très  compli- 
qué. Le  contrôle  serait  excessivement  difficile  sinon  impossible.  Nous 
comprendrions  même  qu'on  frappât  de  droits  très  élevés  la  vente  de 
certains  alcools,  par  exemple  les  alcools  élevés  de  la  série. 

Dans  certains  pays  les  droits  sont  excessivement  forts,  mais  chez  nous 
il  n'en  est  malheureusement  pas  ainsi.  —  Là  où  nous  sommes  car  c<)atte. 


422  BECTION   I.  —  8KANCE  DV  VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 

d'accord  avec  l'auteur  du  mémoire,  c'est  lorsqu'il  demande  que  les 
débits  de  boissons  ne  puissent  être  ouverts  qu'autant  qu'Os  présentent 
certaine^s  conditions  de  salubrité,  c'est-à-dire  de  ventilation,  d'espace, 
de  lumière,  etc.  En  pratique  cependant,  cela  présentera  aussi  de  im 
grandes  difficultés. 

Nous  sommes  de  son  avis  aussi,  quand  il  demande  que  Tautorisation 
d'ouvrir  des  débits  de  boissons  ne  soit  accordée  qu'à  des  gens  présentant 
certaines  garanties  de  moralité  et  d'honorabilité.  Or,  pour  les  petii< 
établissements  du  moins,  c'est  souvent  le  contraire  qui  arrive  ;  nous 
avons  pu  le  constater  souvent.  Quand  un  individu  ne  sait  plus  qu'entre- 
prendre, qu'il  a  échoué  dans  toutes  ses  entreprises,  il  se  hâte  d'ouvrir 
un  petit  cabaret  où  il  peut  continuer  ses  habitudes  de  fainéantise  et 
peut  même  se  faire  payer  à  boire  par  ses  clients.  On  peut  juger  combien 
un  individu  pareil  aura  de  scrupules,  lorsqu'il  s'agira  de  vendre  des 
boissons  frelatées  ou  nuisibles.  Nous  voudrions  aussi  que  les  débitanfe^ 
fussent  limités  dans  la  vente  aux  enfants,  aux  gens  en  état  d'ivresse 
manifeste,  etc.,  et  que  partout  où  cela  n'existe  pas,  une  loi  donnât  à  cet 
égard  des  instructions  sévères  en  rendant  responsables  les  tenanciers  de 
ces  débits. 

Quant  à  l'ivresse,  nous  avons  depuis  longtemps  soutenu  la  thèse 
qu'elle  ne  doit  qu'exceptionnellement,  en  cas  de  délit,  être  considérée 
comme  une  circonstance  atténuante.  Pour  nous,  nous  admettons  qu'un 
individu  qui  se  met  habituellement  et  volontairement  en  état  d'ivresse, 
lors  même  quïl  sait  qu'il  peut  devenir  violent  et  commettre  des  actes 
répréhensibles,  ne  peut  nullement  être  considéré  comme  irresponsable, 
s'il  commet  un  crime  ou  un  délit  pendant  ce  temps-là.  Il  est  d'autant 
plus  coupable  qu'il  s'est  exposé  volontairement  à  le  commettre.  Noas 
considérons  ce  fait  plutôt  comme  une  circonstance  aggravante.  Il  faut 
en  tout  cas  réagir  énergiquement  contre  la  tendance  qu'on  a  générale- 
ment d'admettre  que  l'ivresse  excuse  tout. 

Quant  à  la  répression  de  l'ivresse,  nous  sommes  d'accord  avec  l'auteur 
qu'elle  ne  doit  être  punie  qu'autant  qu'elle  cause  vraiment  un  scandale 
public. 

Tous  les  moyens  que  nous  avons  indiqués  sont  en  définitive  plutôt  des 
moyens  de  répression,  mais  malgré  la  plus  active  surveillance  on  serait 
loin  d'atteindre  le  but  si  l'on  n'avait  pas  une  compensation  à  offrir  aux 
gens  que  l'on  veut  faire  renoncer  à  leurs  mauvaises  habitudes.  Et  ici 
l'action  de  l'État  peut  être  très  efficace.  Ce  moyen  consiste  à  favoriser 
de  tout  son  pouvoir  la  production  de  boissons  saines,  agréables  et  éco- 
nomiques. Nous  ne  voulons  pas  du  tout  dire  que  l'État  doive  se  mettre 
en  lieu  et  place  du  producteur  ;  il  doit  simplement  le  faciliter  lorsqu'il 


i/alcdousmr.  428 

• 

livre  au  public  des  boissons  saines  et  de  bonne  qualité  (vin,  bière,  cidre, 
etc.)  Lies  taxes  sur  ce  genre  de  boissons  devront  être  aussi  faibles  que 
possible.  Si  la  production  du  pays  est  insuffisante,  il  faut  faciliter  Tim- 
portation  de  bons  produits  étrangers  en  abaissant  les  tarifs,  sans  toute- 
fois nuii'e  à  la  production  nationale. 

Nous  croyons  que  le  fait  d'encourager  vivement,  soit  avec  l'aide  de 
l'État,  soit  par  l'initiative  des  individus  et  des  sociétés,  la  production 
des  boissons  saines  et  à  bon  marché  (bière,  cidre)  est  un  des  plus  puis- 
sants moyens  d'arriver  au  résultat.  La  fabrication  de  la  bière  devrait 
surtout  être  encouragée,  mais  en  même  temps  très  surveillée  à  cause 
des  nombreuses  falsifications  possibles. 

Tous  les  moyens  indiqués  par  M.  Roulet  concernant  l'action  des  indi- 
vidus et  des  associations  libres  peuvent  avoii*  d'excellents  résultats, 
surtout  celles  qui  ont  pour  but  d'améliorer  les  conditions  sociales 
de  l'individu.  Moins  il  y  a  de  marasme  dans  les  affaires,  plus  l'alcoolisme 
diminue.  En  effet,  si  l'alcoolisme  engendre  la  misère,  oh  peut  dire  aussi 
([ue  le  contraire  est  parfaitement  vrai. 

Quant  aux  sociétés  de  tempérance,  nous  croyons  que  si  l'intention  est 
louable,  le  but  qu'elles  se  proposent  n'est  pas  souvent  atteint.  L'excès 
dans  un  sens  ne  corrige  pas  l'excès  dans  l'autre  sens.  Dans  notre  pays , 
les  sociétés  comme  celles  qui  existent  en  Angleterre  iraient  droit  à 
rencontre  du  but  proposé.  Nous  sommes  de  ceux  qui  croient  qu'il  vaut 
mieux  habituer  les  gens  à  l'usage  modéré  qu'à  vouloir  les  forcer  à 
l'abstinence  complète. 

Un  moyen  qui  a  été  aussi  essayé  est  celui  de  fonder  des  cafés  dits  de 
tempérance  où  l'on  vend  à  des  prix  relativement  très  bas  des  boissons 
non  alcooliques  et  généralement  de  très  bonne  qualité.  Nous  avons  vu 
plusieurs  de  ces  établissements  qui  fonctionnaient  très  bien  et  donnaient 
de  bons  résultats.  Mais  pour  pouvoir  livrer  de  très  bonnes  consomma- 
tions à  un  prix  aussi  modéré,  il  fallait  que  ces  établissements  fussent 
soutenus  par  des  fonds  spéciaux,  ne  pouvant  pas  vivre  de  leurs  propres 
ressources.  Si  nos  renseignements  sont  exacts,  il  en  est  ainsi  pour  la 
plupart  de  ceux  que  nous  avons  visités.  Au  point  de  vue  pratique,  ce 
n'est  pas  un  moyen  qui  puisse  se  généraliser,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
d'équilibre  entre  le  rendement  et  les  dépenses  occasionnées.  Si,  au  con- 
traire, ces  établissements  pouvaient  subsister  par  eux-mêmes,  on  ne 
saurait  trop  les  recommander. 

Quant  aux  autres  moyens  préconisés  par  les  associations  et  sociétés 
qui  se  sont  occupées  de  la  question,  tels  que  conférences,  brochures, 
formation  de  sociétés  de  prévoyance,  d'épargne,  etc.,  ils  auront  certai- 
nement une  influence  des  plus  heureuses,  mais  nous  ne  voulons  pas 
entrer  en  discussion  sur  ce  sujet  déjà  tellemeul  èlMdxfe. 


424  SECTION  I.  —  8KAKCE  DU  VSimREDI  8  SEPTSafBBE. 

Enfin,  M.  Roulet  voudrait  que  Ton  pût  arriver  à  exclure  du  eon- 
merce  tout  autre  alcool  que  Talcool  éthylique,  que  Ton  pût  parvenir! 
trouver  un  réactif  qui  permette  de  doser  exactement  et  rapidement  dans 
un  liquide  alcx)olique  quelconque  la  quantité  d'alcool  non  éthylique. 

U  serait  en  effet  très  heureux  de  posséder  ce  réactif,  mais  de  l'avis  de 
beaucoup  de  chimistes  la  question  est  extrêmement  difficile  à  résoudre. 
Le  dosage  exact  et  rapide  est  presque  impossible.  Voici  quelques-uns  des 
moyens  qui  ont  été  employés  jusqu'ici  pour  chercher  le  fiisel. 

P  Procédé  Chevalier.  —  Mélange  à  parties  égales  d'alcool  et  d'acide 
sulfiirique  concentré.  Le  mélange  brunit  par  suite  de  la  carbonisation 
d'une  matière  huileuse  qui  y  e^t  contenue.  Peu  employé. 

2**  Procédé  Edouard  Adam.  —  On  emploie  l'action  du  nitrate  d'ar- 
gent et  de  la  lumière.  Il  se  forme  lorsqu'il  y  a  du  fusel  un  précipité  noir 
occasionné  par  la  présence  de  l'huile  spéciale. 

3**  Procédé  Stmi.  —  On  place  du  chlorure  de  calcium  réduit  en  petits 
morceaux  dans  un  bocal  et  on  l'humecte  avec  l'alcool  amylique.  On  le 
recouvre  d'une  plaque  de  verre  et  bientôt  après  on  remarque  le  goût 
d'huile  de  pommes  de  terre. 

4"  Procédé  Jorrissoyi.  —  On  ajoute  à  l'alcool  amylique  quelques  gout- 
tes d'aniline  et  4  à  5  gouttes  d'acide  chlorhydrique  étendu  de  son  volume 
d'eau,  on  agite  le  mélange;  s'il  y  a  du  fiisel,  il  se  produit  une  belle  colo- 
ration rouge. 

5**  Procédé  Casali.  —  En  évaporant  un  alcool  impur  sur  de  l'acétate 
de  soude  desséché  et  traitant  le  résidu  par  Tacide  sulfiirique,  on  développe 
ainsi  une  odeur  de  fraise  ou  de  poire. 

Les  procédés  suivants  m'ont  été  indiqués  obligeamment  par  M.  Brun, 
professeur  de  pharmacologie  à  l'Université  de  Grenève. 

6**  L'alcool  est  étendu  de  son  volume  d'éther  rectifié  pur,  le  tout  addi- 
tionné d'un  égal  volume  d'eau,  l'étber  surnage  alors  tenant  en  dissolu- 
tion l'alcool  amylique  qu'il  laisse  à  Tévaporation  et  que  ses  caractères 
permettent  de  reconnaître.  Ce  procédé  est  usité  dans  le  commerce, 
mais  si  les  alcools  sont  rectifiés,  la  réaction  n'est  pas  sensible,  il  faut, 
pour  qu'elle  se  produise,  une  assez  grande  quantité  d'alcool  amyUque. 

T*  V\\  alcool  du  commerce  contenant  du  fiisel  se  colore  en  rouge 
avec  une  liqueur  composée  de  trois  parties  d'alcool  pur  et  d'une  d'acide 
sulfurique  concentré.  L'alcool  du  vin  ou  du  blé  rectifié  reste  incolore. 

8**  Le  réactif  suivant  est  très  sensible  et  a  permis  à  M.  Brun  de  con- 
stater la  présence  du  fiisel  dans  le  sang  contenu  dans  le  cœur  d'un  indi- 
vidu ramassé  mort  sur  la  voie  publique  ;  on  trouva  à  côté  de  lui  une 
bouteille  à  peu  près  vide  qui.contenait  encore  une  petite  quantité  d'eau- 


l/ ALCOOLISME.  425 

de-vie  chargée  d'alcool  amylique.  C^est  ainsi  que  M.  Brun  fut  amené  à 
nechercher  le  fiisel  dans  le  sang  de  cet  individu. 

M.  le  professeur  Brun  fit  les  opérations  suivantes  : 

1"  Une  première  distillation. 

2**  Rectification  sur  du  chlorure  de  calcium. 

3*  Distillation  avec  de  l'acide  sulfurique  et  de  l'acide  acétique  con- 
centré. 

n  se  produisit  alors  de  l'éther  amylacétique  ayant  une  bonne  odeur 
ie  poire. 

M.  Brun  ne  croit  pas  que  d'autres  cas  de  ce  genre  aient  été  cités, 
c'est-à-dire  où  l'alcool  amylique  ait  été  retrouvé  dans  le  sang. 

En  outre,  M.  le  professeur  Bischoff  nous  a  indiqué  un  moyen  proposé 
par  M.  Hayer.  n  consiste  à  mélanger  l'alcool  avec  la  glycérine;  on  le 
laisse  évaporer  ensuite  sur  un  papier  à  filtrer  ;  l'alcool  pur  s'évapore  et 
le  fusel  reste.  On  peut  ahisi  en  constater  la  présence. 

Tous  ces  moyens  sont  plus  ou  moins  rapides,  mais  ils  n'indiquent  pas 
quelle  est  la  dose  exacte  du  fusel.  Espérons  néanmoins  que  les  progrès 
toujours  croissants  de  la  chimie  permettront  de  trouver  un  réactif  sûr 
pour  arriver  au  but  désiré. 

En  résumé,  nous  estimons  que  les  moyens  les  plus  pratiques  pour 
combattre  l'alcoolisme  sont  : 

1''  Contrôler  suffisamment  la  qualité  des  boissons  vendues  et  punir 
sévèrement  les  fraudes. 

2*  Restreindre  les  débits  de  boissons  distillées  en  élevant  considéra- 
blement les  patentes. 

3*  Frapper  d'impôts  très  élevés  la  fabrication  des  alcools  autres  que 
l'alcool  éthylique. 

4*  Favoriser  de  toute  manière,  la  fabrication  de  boissons  véritable- 
ment saines  et  économiques,  agir  surtout  en  abaissant  considérablement 
les  tarife  et  les  taxes  de  consommation  pour  ce  genre  de  boissons. 

Les  autres  moyens  que  nous  avons  cités,  quoique  ayant  une  grandi; 
importance,  n'ont  peut-être  pas  une  action  aussi  sûre  et  aussi  énergi- 
que ;  mais  appliqués  avec  les  premiers,  ils  auront  certainement  une 
influence  et  une  efficacité  très  réelles  pour  aiTêter  la  marche  envahis- 
jante  de  cette  gangrène  sociale  qu'on  appelle  l'alcoolisme. 


420  SECTION  I.  —  8ÉAXCE   DU   VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 


DiHCourfn  flt^  M.  le  baron  de  Thérésopolif». 


Mossieui*s , 

En  qualité  de  délégué  du  gouverneraent  du  Brésil,  je  ue  pourrais  pas 
me  soustraire  à  la  tâche  agréable  d'exprimer  l'immense  et  sincère  satis- 
faction dont  le  Brésil  a  été  saisi  par  le  fait  de  Taimable  invitation  du 
Gouvernement  fédéral  suisse,  à  se  faire  représenter  et  à  prendre  part  à 
cette  grande  fête  de  civilisation  et  de  progrès. 

Mille  remercîments  de  la  part  du  gouvernement  de  Brésil  qui  donne  son 
adhésion  plénière  à  cette  œuvre  grandiose:  le  Congrès  d'hygiène,  qui  doit 
aboutir  tinalement,  il  faut  l'espérer,  à  une  convention  hygiénique  mter- 
nationale,  laquelle  pourra  poser  les  bases,  et  régler  les  intérêts  du  com- 
merce et  de  l'émigration,  en  faisant  disparaître  la  crainte  d'une  insalu- 
brité imaginaire,  ou  du  moins  exagérée,  dont  on  a  trop  souvent 
calomnié  le  Brésil. 

Les  intérêts  qui  lient  la  Suisse  au  Brésil  sont  immenses  et,  outre  les 
intérêts  du  commerce,  il  y  a  ceux  de  la  colonisation,  de  l'émigration,  et 
conséquemment  les  liens  sacrés  de  la  famille. 

Je  fais  donc  des  vœux  bien  sincères  pour  que  les  liens  se  resserrent  de 
plus  en  plus  entre  le  Brésil  et  votre  République  modèle,  votre  charmant 
pays  qui  nous  est  sympathique  sous  tous  les  rapports,  et  qui  pour  moi 
personnellement  est  le  pays  de  mes  rêves  î 

Ne  possédant  pas.  Messieurs,  la  verve  éloquente  du  professeur  Pac- 
chiotti,  je  me  bornerai  à  donner  mon  adhésion  aux  charmants  sentiments 
qu'il  a  su  exprimer  sur  la  Suisse. 

Or  une  bonne  entente  sur  les  préceptes  de  l'hygiène  entre  les  pays 
civilisés,  une  convention  internationale  serait  le  moyen  le  plus  puissant 
de  rassurer  les  Européens  qui  auraient  la  pensée  d'aller  chercher  une 
nouvelle  patrie  dans  les  lointaines^  les  belles,  riches  et  hospitalières 
régions  du  Brésil,  oîi  ils  n'auraient  pas  de  peine  à  retrouver  une  nouvelle 
Suisse,  une  nouvelle  Allemagne,  un  nouveau  Tyrol,  une  nouvelle  patrie 
tinalement. 

Les  émigrants  ne  s'y  rendraient  point  alors  en  aveugles,  mais  par- 
faitement rassurés  sur  leur  avenir  sanitaire. 

Je  suis  heureux  et  |fier  d'être  en  ce  moment  l'organe  d'un  pays  de 
liberté  et  de  progros,  comme  l'est  la  Suisse  elle-même,  d'un  pays  qui 
vit  sous  des  institutions  libérales,  et  dont  les  destinées  sont  confiées  à 


l/ ALCOOLISME.  427 

i  prince,  en  qui  l'Europe  se  plait  à  reconnaître  le  philosophe  et  le 
vant. 

Qu'il  me  soit  permis  de  saluer  la  Suisse  et  le  Congrès  international 
hygiène  au  nom  de  mon  Souverain,  le  membre  de  l'Académie  des 
iences  de  France,  le  président  d'honneur  de  la  Société  d'hygiène  de 
iris,  notre  très  éminent  collègue. 

Flatté  du  bienveillant  accueil,  qu'on  nous  a  fait  à  Genève,  et  de  tou- 
s  les  délicatesses  dont  on  a  comblé  les  membres  du  Congrès,  car,  il 
mt  bien  V avouer,  il  ne  serait  guère  possible  de  recevoir  l'étranger  plus 
fréablement  ;  sous  le  charme  encore  des  brillants  discours  prononcés 
ins  notre  séance  d'ouverture,  et  de  la  parole  éloquente  de  notre  sym- 
itbique  président,  M.  le  D'  Lombard;  inspiré  par  les  sentiments 
imanitaires  et  patriotiques  les  plus  élevés,  je  ne  resterai  pas  sourd 
i  généreux  appel  qu'on  a  fait  à  l'observation  et  à  l'expérience  des 
embres  du  Congrèi?,  pour  atténuer,  dans  les  limites  du  possible,  le 
■and  fléau  qui  les  épouvante  par  ses  progrès  alarmants  :  Valcoo- 
nnef 

Eh  bien.  Messieurs  !  le  ,Brésil  répondra  par  l'organe  de  son  délégué 
l'appel  humanitaire  et  patriotique  des  grandes  autorités  de  la  Suisse, 
:  notamment  de  M.  Le  Cointe,  délégué  du  Conseil  Administratif  de  la 
Ue  de  Genève,  qui  nous  a  dit  :  «  L'alcoolisme  fait  des  ravages  toujours 
us  considérables  dans  nos  populations  rurales  et  urbaines  ;  enseignez- 
3us,  Messieurs,  les  moyens  de  combattre  cet  ennemi  du  foyer  domes- 
que.  » 

Le  moyen,  Messieurs,  est  aussi  simple  que  puissant  !... 
L'alcoolisme,  dont  les  effets  individuels  et  sociaux  sont  bien  connus, 
lurce  inépuisable  de  grandes  souffrances  physiques,  de  grandes  cala- 
ités  morales,  est  tout  simplement  le  fruit  funeste  d'un  vice  radical 
éducation  physique,  et  d'un  régime  de  la  première  enfance. 
On  ne  naît  point  ivrogne,  on  le  devient.  Mais  l'alcoolisme  une  fois 
abli,  il  est  presque  impossible  de  le  supprimer. 
Il  faut  l'éviter,  et  par  de  beaux  exemples  de  tempérance,  et  par  une 
pophylaxie  savante  ;  mais  il  ne  faut  guère  songer  à  le  guérir. 
On  y  réussira  bien  rarement  hélas  ! 

Eh  bien  !  confiez-nous  le  trop  plein  de  votre  population,  le  surplus 
3  vos  enfants,  de  ces  bras  laborieux,  dont  regorge  votre  charmant 
lys  ;  envoyez-les  là-bas,  oîi  ils  deviendront  les  enfants  chéris  de  l'État, 
ms  un  régime  de  liberté  et  de  progrès,  comme  celui  de  la  Suisse,  et 
)us  aurez  en  échange  le  grand  remède  demandé,  le  prophylactique 
lissant  contre  le  mal  qui  vous  épouvante  ;  il  vous  arrivera  préparé  par 
s  propres  mains  de  vos  enfants  expatriés. 


428  SECTION  I.  —  8EAKCE   DU  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

Notre  doctrine  vous  semblera  peut-être  étrange  à  force  d'être  simple, 
mais  elle  est  pouilant  vraie  î 

Le  café,  Messieurs,  est  incontestablement  le  prophylactique  de  Takoo- 
lisme,  ainsi  que  du  morpbinisme. 

Élevez  vos  enfants  dans  Tamour,  j'allais  dure  dans  la  passion  et  dans 
l'usage  habituel  du  café  ;  donnez-leur  dès  la  première  enfance  du  cafi 
au  lait,  et  plus  tard  une  demi-tasse  de  bon  café  noir  après  chaque  repas, 
encouragez-les  par  l'exemple  en  prenant  habituellement  de  cette  \m- 
son  saine  et  parfumée,  fournissez  leur  la  bonne  eau  des  sources  de  vos 
belles  montagnes,  et  vous  aurez  rarement  l'alcoolisme  et  jamais  le  nor- 
phinisme.  Pourvu  néanmoins  que  vous  donniez  à  vos  enfants  du  >  rai  café, 
de  cette  graine  merveilleuse  du  coffœa  arabica,  tel  que  vous  l'enverra  le 
Brésil ,  et  jamais  de  ces  mélanges  étranges  de  chicorée ,  qu'on  a  pu 
dénommer  en  France  le  café  national,  par  opposition  au  vrai  cafe, 
qu'on  nommerait  alors  le  café  exotique;  et  d'autres  mélanges  encore, 
qui,  sans  être  positivement  nuisibles  à  la  santé,  masquent  cependant  et 
nuUifient  les  effets  bienfaisants  du  café,  en  lui  enlevant  en  même  temps 
le  goût  et  le  parfum. 

Je  prétends,  Messieurs,  qu'il  y  a  en  réalité  un  antagonisme  physiolo- 
gique entre  le  café,  d'un  côté,  les  alcooliques  et  l'opium  de  l'autre. 
L'usage  habituel  du  café  rend  l'organisme  de  l'homme  bien  moins 
susceptible,  parfois  réfractaire  aux  insultes  de  l'alcoolisme.  C'est  à 
l'action  préventive  du  café  que  j'entends  devoir  rattacher  l'étonnante 
tempérance  de  mes  compatriotes,  qui  va  dans  de  nombreuses  familles 
jusqu'à  l'avei-sion  absolue  pour  les  boissons  alcooliques.  Les  miens  sont 
du  nombre  ! 

Grands  amateurs  du  café,  les  Brésiliens  !  Grands  buveurs  d'eAU  !  et 
pourtant  pas  mauvais  sujets  du  tout  î... 

Constatez  le  fait  par  vous-mêmes;  vous  ne  verrez  jamais  un  grand 
buveur  de  café  aimer  passionnément  les  boissons  alcooliques  ;  par  con- 
tre, j'ai  constamment  observé  que  les  grands  buveurs,  et  en  particulier 
les  ivrognes,  consomment  rarement  du  café. 

De  quel  droit  honorez-vous  du  nom  de  cafés  des  établissements  dans 
lesquels  on  débite  tout  ce  qui  peut  vous  empoisonner  en  fait  de  mauvais 
produits  alcooliques,  mais  jamais  une  bonne  tasse  de  café  ? 

C'est  alarmant!  dans  ces  établissements,  comme  dans  les  meùr 
leurs  hôtels,  on  entend  crier  de  tous  côtés  «  Garçon,  une  absinthe! 
un  vermouth  !  un  kirsch  !  un  cognac  !  un  bock  !  »  mais  rarement  «  une 
demi-tasse  de  café  noir  î  »  même  après  le  repas  ! 

Je  les  salue  fraternellement  ceux-là  qui  en  demandent  !  Ce  sont  des 
hygiénistes   convaincus,   tant   qu'ils  n'empoisonnent   pas  la  boisson 


^ 


l'alcoolisme.  429 

ilutaire  par  raddition  d'un  mauvais  alcool.  C'est  dommage  qu'on  ne 
(ur  délivre  pas  de  vrai,  de  bon  café  sans  sophistication  ;  car  ils  ne  tar- 
eraient pas  à  devenir  des  membres  enragés  des  sociétés  de  tempé- 
ftnce! 

Voilà  la  plaie,  Messieurs  !  qu'il  s'agit  d'adoucir  !  Prenez  du  café, 
mvent  du  café  ;  n'y  mélangez  pas  de  mauvais  alcool,  et  vous  aimerez 
lodérement  la  bière,  le  bon  vin,  et  d'autre  liqueurs  saines,  animées 
ar  l'alcool  éthylique,  dont  vous  pourrez  user  très  agréablement,  et  qui 
e  vous  seront  alors  nullement  nuisibles. 

Ce  sont  les  excès  qu'il  faut  corriger;  c'est  l'usage  des  mauvais 
Icools  qu'il  faut  supprimer  absolument,  car  ils  vous  empoisonnent. 

La  vulgarisation  du  café  est  donc  un  élément  de  civilisation.  Et  l'on 
eut  juger  de  la  tempérance  des  habitants  d'une  contrée,  par  la  quan- 
ité  de  café  qui  se  consonune  en  boisson. 

Pourquoi  ne  pas  rendre  obligatoire  dans  les  maisons  d'éducation, 
usage  du  café  noir  après  les  repas  ? 

Boisson  saine,  et  d'un  parfum  délicieux,  très  agréable  au  goût,  l'infu- 
ion  de  café  est  par  ses  éléments  hydro-carbonés  une  excellente  liqueur 
Bspiratoire.  Par  ses  principes  azotés  la  caféine,  sans  être  positivement 
ourrissante,  relève  l'organisme  ;  elle  l'excite  et  aide  puissamment 
»  fonctions  digestives.  Le  café  n'a  jamais  les  effets  dépressife,  hypos- 
inisants  secondaires  des  alcooliques. 

C'est  une  erreur,  mères  de  famille,  de  croire  que  vos  enfants  seront 
lieux  nourris,  et  deviendront  plus  sains  et  plus  forts  par  l'usage  pré- 
laturé  du  vin  ! 

Voulez-vous  d'autres  preuves  encore  eu  faveur  de  l'excellence  du 
ftfé,  comme  prophylactique  de  l'alcoolisme  ? 

Literrogeons  toujours  l'observation. 

Parmi  les  émigrants  de  différentes  nationalités,  qui  nous  arrivent 
u  Brésil,  il  se  trouve  toujours  quelques  victimes  de  l'alcooUsme.  Eh 
îen  !  rien  que  le  changement  des  conditions  hygiéniques  de  nourriture, 
usage  du  café  et  de  notre  excellente  eau,  comme  on  en  trouve  rare- 
lent,  l'exemple  peut-être  des  Brésiliens,  qui  peuvent  être  considérés 
omme  une  société  générale  de  tempérance,  et  l'exemple  aussi  des  con- 
itoyens,  et  de  leurs  cnfans  qu'ils  retrouvent  en  Amérique,  et  qui  con- 
aissent  à  peine  l'alcoolisme,  sufGusent  assez  souvent  pour  adoucir  leurs 
abitudes,  sinon  pour  les  corriger  entièrement. 

Les  enfants  des  émigrants,  nés  dans  l'Amérique  du  Sud,  ne  se  dou- 
ent que  par  exception  à  l'alcoolisme,  malgré  le  funeste  exemple  de 
nrs  parents,  parfois  récalcitrants.  Élevés  dans  l'usage  quotidien  du 
ifé,  ils  sont  aussi  sobres  que  leurs  compatriotes  d'adoption  ;  ils  sont 


430  SECTION   I.  —   SÉANCE   DU  VENDREDI   8  SEPTEMBRE. 

doux  de  caractère,  très  laborieux,  généralement  d'une  probité  et  d'une 
loyauté  in'éprocbables.  Physiquement  ils  sont  superbes  ;  ceux  qui  pro- 
viennent du  croisement  des  Européens  et  en  particulier  des  Suisses  et 
des  Allemands  avec  les  Brésiliens,  sont  vraiment  remarquables  par  leur 
développement  physique  et  intellectuel. 

Cette  splendide  race,  très  laborieuse  et  moralisée,  constitue  une 
partie  brillante,  et  déjà  très  nombreuse  de  notre  population  industrielle 
et  agricole. 

Mais,  arrêtons-nous  !  A  quoi  bon  fatiguer  encore  votre  bienveillante 
attention  avec  le  récit  des  nombreuses  observations  que  je  pourrais 
développer  ici  devant  vous  pour  mettre  en  évidence  l'action  civilisatrice 
du  café,  et  ses  effets  prophylactiques  certains  contre  Valax>lisme'i 

En  conclusion  donc,  Messieurs,  l'usage  habituel  du  café  constitue 
bien,  à  mon  avis,  la  prophylaxie  do  l'alcoolisme  et  du  morphinisme; 
comme  la  belladone  est  très  certainement  l'antidote  physiologique,  l'an- 
tagoniste de  l'opium. 

Le  rapport  de  M.  le  D' A.-L.  Roulet,  conseiller  d'État  à  Neuchâtel, 
est  un  travail  admirablement  conçu  ;  ses  conclusions  nettes  et  condses 
représenteraient  les  bases  d'un  code  aussi  satisfaisant  que  possible  de 
police  médicale  et  d'hygiène  privée  sur  l'alcoolisme,  si  son  savant  auteur 
voulait  bien  compléter  son  article  d  sur  les  moyens  à  employer  par 
l'État,  par  les  simples  mots  suivants  : 

«  et  partUndièremcnt  pour  la  torréfaction  et  le  débit  du  bon  café, 
qui  cofistitue  la  plus  saine  et  la  plus  hygiéynque  boisson  contre  V alcoo- 
lisme. » 

Sans  cette  addition,  il  serait  fort  à  craindre  que  les  mesures  proposées 
par  le  philanthi'ope  conseiller  demeurent  inefficaces. 


M.  Alglave,  professeur  de  science  financière  à  la  Faculté  de  droit  de 
PariF,  propose  un  moyen  nouveau  emprunté  à  l'intervention  fiscale  de 
l'État  que  presque  tout  le  monde  invoque  aujourd'hui.  Il  commence  par 
limiter  le  problème  aux  points  sur  lesquels  une  solution  pratique  peut 
être  espérée  dans  les  conditions  sociales  et  industrielles  d'aujourd'hui. 
On  a  fondé  en  Suisse  une  société  qui  a  pris  pour  emblème  une  croix  bleue 
comme  pendant  à  la  fameuse  croix  rouge,  emblème  de  la  convention  de 
Genève  qui  protège  à  la  guerre  les  blessés  et  ceux  qui  les  soignent.  Cette 
société  de  la  Croix  bleue,  qui  a  un  caractère  semi-religieux,  voudrait 
obtenir  l'abstinence  complète  de  toute  boisson  alcoolique.  Elle  a  établi 
des  café«  de  tempérance,  oîi  la  bière,  le  cidre  et  le  vin  sont  aussi  rigou- 


l'alcoousme.  431 

reusemeut  proscrits  que  l'alcool  de  pommes  de  terre.  Il  est  difficile  de 
croire  qu'on  parvienne  jamais  à  y  amener  un  bien  grand  nombre  d'ivro- 
gnes, et,  malgré  quelques  succès  partiels,  l'exemple  des  sociétés  de  tem- 
pérance américaines  et  britanniques  ne  permet  guère  de  croire  au  succès. 

Le  baron  de  Thérésopolis,  a  préconisé  des  mesures  propres  à  favoiiser 
l'usage  du  café.  On  n'en  voit  guère  d'autres  que  la  suppression  de  l'im- 
pôt, et  le  café  ne  mérite  que  des  éloges,  pourvu  qu'on  ne  maintienne  pas 
rhabitude  d'y  verser  du  cognac.  L'exemple  de  l'Angleterre  et  même  de 
la  Russie  prouve  d'ailleurs  que  le  goût  des  boissons  chaudes  (thé  ou 
café),  s'allie  fort  bien  avec  l'amour  de  l'eau-de-vie.  Le  développement 
de  l'usage  du  café  risquera  donc  de  faire  moins  de  mal  à  l'alcoolisme 
que  de  bien  aux  plantations  américaines. 

L'augmentation  des  taxes  frappant  les  alcools  paraît  fort  en  faveur 
parmi  les  Suisses,  qui  ont  chez  eux  des  taxes  fort  légères  ou  même  qui 
n'en  ont  pas  du  tout  dans  certains  cantons.  Mais  les  droits  sont  très 
élevés  en  Russie  ;  en  Angleterre  ils  dépassent  400  fr.  par  hectolitre  et 
aux  États-Unis  ils  sont  montés  un  instant  jusqu'à  747  fr.,  ce  qui  n'em- 
pêche pas  ces  trois  pays  de  tenir,  comme  on  l'a  vu,  un  rang  tout  à  fait 
distingué  dans  l'échelle  de  l'alcoolisme.  D'ailleurs,  les  économistes  ont 
depuis  longtemps  établi  que  l'aggravation  des  taxes  sur  une  marchandise 
entraîne  une  diminution  dans  la  qualité,  c'est-à-dire  qu'on  aurait  bien 
des  chances  ici  de  favoriser  davantage  encore  la  diffusion  des  alcools 
impurs. 

Ce  sont  ces  alcools  impurs,  chargés  d'alcools  butylique,  propylique, 
amylique,  etc.,  qui  sont  la  cause  principale,  sinon  unique,  de  l'alcoo- 
lisme. M.  Alglave  croit  donc  qu'on  supprimerait  ce  mal  en  grande  partie, 
si  on  parvenait  à  les  écarter.  Poursuivre  ces  alcools  comme  falsifiés,  cela 
paraît  difficile,  car  ils  sont  le  produit  naturel  de  la  distillation  des  bette- 
raves, des  céréales,  des  pommes  de  terre,  distillation  qu'on  ne  peut  pas 
non  plus  interdire  en  présence  des  ravages  du  phylloxéra,  les  vignobles 
ne  suffisant  même  plus  à  la  production  du  vin  nécessaire.  Ce  qui  est  pos- 
sible, c'est  d'exiger  leur  purification,  à  titre  de  mesure  de  salubrité,  ou 
de  les  frapper  de  droits  différentiels,  comme  le  demande  M.  Roulet. 
Mais,  pour  cela,  il  faudrait  que  la  loi  déterminât  un  degré  d'impureté 
acceptable  et  qu'on  prouvât  la  contravention  par  l'analyse  de  chaque 
bouteille  suspecte.  Jamais  un  gouvernement  ne  pourrait  faire  accepter 
une  surveillance  aussi  vexatoire,  ni  trouver  assez  d'employés  chimistes 
pour  y  suffire.  La  seule  chose  possible  serait  l'analyse  des  alcools  par 
grandes  masses,  avec  un  moyen  de  s'assurer  qu'on  ne  les  altérerait  plus 
ensuite.  C'est  pricisément  ce  que  réalise  le  système  de  monopole  mitigé 
de  Talcool  proposé  par  M.  Alglave,  et  dont  les  résultats  fiscaux  seraient 


432  8£CriON  I.  —  SÉANCE   \}{]  VENDREDI  8  SEPTEMBRE. 

considérables.  D'après  ce  projet,  le  monopole  de  TÉtat  ne  porterait  que 
sur  la  dernière  vente  en  gros.  L'État  achèterait  les  alcools,  aa  moyen 
d'adjudications  nombreuses  et  fréquentes^  et  chaque  livraison  C(mipreQ- 
drait  par  exemple  25  ou  50  hectolitres.  Une  seule  analyse  permettnit 
de  constater  le  degré  de  pureté  de  ce^  50  hectolitres  d'alcools,  qui  fsmt- 
uissent  25,000  demi-litres  de  liqueurs  au  titre  ordinaire  et  remplacenit 
par  conséquent  les  25,000  analyses  nécessaires  dans  le  système  actud. 
Si  délicate  que  soit  la  recherche  des  alcools  élevés,  on  pourrait  donc  y 
apporter  tous  les  soins  nécessaires  pour  les  atteindre.  Cela  fidt,  les 
liqueurs  seraient  mises  dans  des  bouteilles  disposées  avec  des  précautiois 
particulières  pour  éviter  la  fraude.  Les  débitants  ou  les  particuliers 
seraient  obligés  d'acheter  ces  liqueurs  à  l'État,  à  un  prix  fixe.  Quayot 
aux  liqueurs  plus  iines  ou  déclarées  telles,  l'État  se  bornerait  à  les  rece- 
voir dans  ses  bouteilles  après  les  avoir  analysées  pour  s'assurer  qu'elles 
ne  contiennent  pas  d'alcools  dangereux,  et  le  fabricant  les  vendrait 
ensuite  le  prix  qu'il  voudrait,  après  avoir  payé  l'impôt,  bien  entendu. 
Toute  bouteille  porterait  doue  sur  elle-même  sa  quittance,  ce  qui  dimi- 
nuerait beaucoup  les  vexations  qu'entraîne  le  régime  actuel  des  bois- 
sons ;  en  même  temps  on  pourrait  les  demander  et  les  faire  voyager 
aussi  simplement  qu'une  carte  postale. 

Je  n'insiste  pas  sur  le  côté  administratif  et  financier,  puisque  c'est  le 
point  de  vue  hygiénique  qui  doit  nous  préoccuper  seul  en  ce  moment 
Ce  système  permettrait  d'obliger  l'industrie  à  perfectionner  ses  procé- 
dés de  rectification  pour  éliminer  les  alcools  dangereux.  Dans  l'état 
actuel  des  choses,  les  procédés  nouveaux  ne  peuvent  se  faire  accepter 
que  s'ils  n'augmentent  pas  beaucoup  les  frais  de  fabrication,  car  l'ache- 
teur (95  fois  sur  100,  c'est  un  débitant),  peu  préoccupé  de  donner  une 
eau-de-vie  plus  pure  à  ses  clients,  ne  tiendrait  pas  compte  au  pro- 
ducteur de  l'augmentation  de  son  prix  de  revient  :  il  continuerait  à  ne 
se  préoccuper  que  du  bon  marché.  L'État  pourrait,  au  contraire,  oSnr 
une  prime  considérable  pour  les  alcools  dépassant  le  degré  de  pureté 
exigé,  et  il  élèverait  ensuite  ce  degré  de  pureté  au  fiir  et  à  mesure  des 
progrès  scientifiques  constatés. 

Dans  ces  conditions,  l'industrie  ferait  des  progrès  rapides  ;  car  si  obl 
ne  peut  plus  songer  à  se  restreindre  aujourd'hui  aux  alcools  provenant 
de  la  vigne,  on  peut  faire  un  choix  parmi  les  autres  substances  capables 
de  fournir  de  l'alcool.  Par  exemple,  le  riz  et  le  tafia  des  cannes  à  sucre 
fournissent  des  liqueurs  bien  plus  pures  que  les  pommes  de  terre,  les 
betteraves  ou  le  seigle.  Aujourd'hui  le  fabricant  est  obligé  de  faire  son 
choix  au  point  de  vue  de  l'économie  de  la  production  ;  l'État  l'obligerait 
au  contraire  à  choisir  au  point  de  vue  de  la  pui*eté.  U  en  est  de  même 


l'alcoolisme.  •    433 

our  la  rectificatioii  :  aujourd'hui,  dès  qu'une  impureté  ne  se  révèle 
lus  par  une  mauvaise  odeur,  le  fabricant  n'a  plus  d'intérêt  à  la  faire 
isparaître  ;  il  n'en  serait  plus  de  même  quand  il  aurait  affaire  à  l'État, 
chetant  avec  le  contrôle  de  l'analyse  chimique  la  plus  rigoureuse. 
I  Comme  on  ne  peut  avoir  qualité  pour  juger  ses  propres  idées,  je  me 
orne  à  cette  indication,  aussi  brève  que  possible,  des  conséquences 
ygiéniques  d'un  système  fiscal  qui  aurait  particulièrement  poui*  but  de 
ennettre  la  suppression  de  notre  système  d'impôts  indirects,  beaucoup 
pop  compliqué  et  trop  vexatoire. 

M.  le  pasteur  Rochat,  de  Genève,  fait  observer  que  la  question  de 
alcoolisme  tient  au  domaine  moral  et  au  domaine  économique  autant 
u'au  domaine  physiologique  ;  la  question  ne  peut  pas  être  résolue  dans 
n  seul  de  ces  domaines.  M.  Rochat  ne  nie  pas  que  le  café  puisse  être 
n  antagoniste  de  l'alcool,  mais  il  pense  que  le  cas  de  l'honorable  orateur 
ui  a  précédé  lui  est  peut-être  particulier,  que  du  reste  l'eau  est  chez 
DUS  d'une  très  bonne  digestion.  L'Angleterre  évalue  à  60  à  80  mille 
ersonnes  les  victimes  de  l'alcoolisme,  pour  la  Suisse  cette  évaluation  . 
onne  un  chiffre  de  2800  personnes;  cette  statistique  représente  un 
ombre  extraordinaire  de  victimes,  plus  que  n'en  ont  fait  les  plus  fortes 
pidémies  et  les  guerres. 

Qu'y  a-t-il  d'autre  à  faire  contre  ce  danger  social,  sinon  que  de 
étruire  une  erreur  très  répandue,  la  nécessité  qu'il  y  aurait  à  user 
.^alcooliques  pour  maintenir  la  santé.  Les  sociétés  de  tempérance  ont 
rouvé  que  d'anciens  alcoolistes  peuvent  s'abstenir  absolument  de 
oissons;  en  Suisse  l'on  a  obtenu  ce  résultat  chez  800  ou  400  buveurs. 
'ramelan,  village  dans  le  Jura  bernois  est  un  exemple  remarquable  du 
on  résultat  de  l'abstinence,  200  personnes  y  ont  renoncé  aux  boissons 
Icooliques,  100  personnes  au  moins  sur  ce  nombre  étaient  des  buveurs  ; 
industrie  y  a  repris,  ce  que  confirme  l'augmentation  considérable  des 
Qvois  postaux  ;  et  les  terres,  fortement  dépréciées  ces  dernières  années, 

sont  achetées  par  les  tempérants.  —  A  la  Salpétrière,  à  Paris,  le 
K  Martin  a  fait  une  étude  sur  le  rapport  qui  existe  entre  l'alcoolisme 
hez  les  parents  et  l'épilepsie  chez  les  enfants.  Sur  83  enfants  épilepti- 
ues,  60  fois  on  a  trouvé  l'alcoolisme  chez  Tun  des  parents  ;  dans  ces 
0  &milles  il  y  avait  300  enfants,  dont  141  étaient  morts  en  bas  âge  et 
0  épileptiques  ;  un  cinquième  seulement  des  enfants  étaient  sains. 

M.  Rochat  présente  en  conséquence  à  l'examen  de  la  V*  section  la 
roposition  suivante  : 

La  première  section  du  quatrième  Congrès  international  d'hygiène, 
sq^pée  des  ravages  causés  par  l'alcoolisme  et  du  fait  que  la  consomma- 
on  toujours  croissante  des  boissons  alcooliques  provient  en  partie  des 


4:i4  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU  VENDREDI   8  SEFFEUBRE. 

idées  fausses  ou  exagérées  qui  ont  cours  dans  la  population  sur  ractien 
fortifiante  de  ces  boissons  et  sur  l'absolue  nécessité  de  leur  usage  poor 
ia  conservation  de  la  santé  ; 

Déclare  que,  sans  vouloir  condamner  l'usage  du  vin  et  de  la  bière, 
lorsque  ces  boissons  sont  prises  avec  modération,  et  tout  en  résenrail 
IHitilité  de  l'alcool  comme  médicament  dans  des  cas  spéciaux  : 

I.  L'usage  des  boissons  enivrantes  n'est  pas  iiécessaire  dans  TaliBiai- 
tation  ordinaire  et  que  la  santé  la  plus  parfaite  est  compatible  avec 
l'abstinence  de  ces  boissons  ; 

IL  L'habitude  de  donner  des  boissons  alcooliques  et  surtout  de  l'eau- 
de-vie  et  des  liqueurs  aux  enfants  dans  le  but  de  les  fortifier  est  funeste 
à  leur  santé  et  à  leur  développement  futur. 

IIL  L'un  des  meilleurs  moyens  de  guérir  les  maladies  qui  résuh^ot 
de  l'alcool  est  l'abstinence  absolue  du  poison  qui  est  la  cause  de  k 
maladie. 

rV.  Les  médecins  devraient  user  de  la  plus  grande  prudence  en  pres- 
crivant de  l'alcool  comme  remède  à  des  ivrognes  guéris,  car  c'est  te 
exposer  à  une  rechute  presque  certaine. 

M.  le  D'  Dou(JLA8-HoG(î  fait  remarquer  que  si  une  catégorie  de  frau- 
deurs est  supprimée  par  le  moyen  proposé  par  M.  Roulet,  il  reste  tou- 
jours le  détaillant  qui  falsifiera  l'alcool  acheté  pur  en  gros. 

Il  s'agit  donc  de  combattre  la  falsification  d'une  substance  alimentaire. 
Pour  atteindre  ce  but,  lil.  le  D' Douglas-Hogg  est  d'avis  qu'il  faut  ioam 
une  plus  grande  extension  aux  institutions  destinées  à  réprimer  Tadul- 
tération  des  aliments,  c'est-à-dire  installer  de  nombreux  laboratoires  où 
seraient  examinés  les  prélèvements  faits  chez  les  débitants  par  des 
inspecteurs  spéciaux  ;  enfin  sanctionner  les  constatations  des  premiers 
par  une  pénalité  sévère. 

Les  résultats  déjà  obtenus  en  suivant  cette  voie  sont  singalièr^neat 
encourageants.  On  l'a  vu  en  Angleterre  depuis  la  promulgation  de 
la  loi.  The  adultération  offood  act,  1872.  De  26  7o  qu'était  alors  U 
moyenne  des  échantillons  falsifiés,  elle  est  tombée  à  16  Vo  (statistique 
de  1881). 

A  Paris,  quoique  le  laboratoire  municipal  n'ait  été  ouvert  qu^au  mois 
(le  mars  1881 ,  les  moyennes  relevées  jusqu'à  ce  jour  ont  déjà  permis  de 
constater  une  certaine  diminution  dans  la  proportion  des  aliments  adul- 
térés. 

De  60  %  on  est  airivé  à  50  Vo-  Ce  sont  là  des  faits  intéressants  pour 
tous  ceux  qui  ont  souci  de  la  santé  publique  et,  à  un  point  de  vue  plus 
élevé,  de  la  probité  commerciale  d'un  pays. 


L^ALCOOIJ8M£.  435 

En  conséquence  M.  le  D'  Douglas-Hogg  propose  au  congrès  de  s'asso- 
ier  au  vœu  suivant  : 

Considérant  : 

Que  la  santé  publique  est  de  joui*  en  jour  plus  gravement  compromise 
ar  le  nombre  et  la  natui*e  des  substances  alimentaires  falsifiées  ; 

Que  ce  déplorable  état  de  choses  provient  de  l'insuffisance  de  la  légis- 
iition  touchant  l'inspection  des  denrées  et  de  l'inefficacité  des  mesures 
nises  pour  assurer  par  une  sanction  inévitable  l'exécution  des  lois  exis- 
aiites  sur  la  matière  ; 

Nous  émettons  le  vœu  : 

r  Que  les  pouvoirs  édictent  des  lois  dans  le  but  de  punir  sévèrement 
es  falsifications  des  substances  alimentaires  : 

2*  Qu'ils  créent  un  sei-vice  d'inspection  sous  la  dépendance  d'une 
lirection  centrale,  spécialement  chargée  de  constater  les  contraventions 
>révues  par  les  lois,  décrets  et  ordonnances  sur  les  substances  alimen- 
:aires; 

3*  Qu'ils  installent  de  nombreux  laboratoires  d'analyse  destinés  à 
fc'érifier  la  pureté  et  la  qualité  des  prélèvements  effectués  par  les  inspec- 
teurs. 

M.  le  D'  Haughton,  de  Londres,  dit  que  la  question  de  l'alcoolisme 
préoccupe  beaucoup  les  esprits  en  Angleterre,  la  «  Salvation  Army  »  a  pris 
cette  tâche  à  cœur  ;  mais  l'orateur  ne  pense  pas  que  ce  mouvement  soit 
lurable;  le  «  Brittish  médical,  »  qui  compte  plus  de  1000  médecins,  a  fait 
sur  cette  question  une  étude  spéciale.  M.  le  D'  Haughton  a  été  étonné 
de  voir  ici  des  médecins  même  boire  des  liqueurs  sans  eau.  Le  remède  à 
l'alcoolisme  est  difficile  h  appliquer,  facile  à  dire.  Dans  beaucoup 
d'endroits  on  manque  d'eau  ou  l'on  a  de  la  mauvaise  eau.  Les  filtres 
sont  abominables  quand  ils  sont  substitués  à  l'eau  des  bonnes  sources. 
Pour  avoir  de  la  bonne  eau  il  faut  de  l'argent,  sans  bonne  eau  on 
n'obtiendra  pas  la  répression  de  l'alcoolisme. 

M.  le  PBKfly[D£NT  annonce  que  quelques  orateurs  étant  encore  inscrits 
sur  la  question  de  l'alcoolisme,  le  sujet  en  sera  repris  demain  matin  à 
B  heures,  au  début  de  la  séance. 

La  séance  est  levée  à  midi  moins  10  miimte^. 

Les  Secrétaires  : 
D'  E.  Gœtz. 
D'  Ferrière. 


436        SECTION  1.  —  BÊANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 


SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE 


Présidence  de  M.  le  Prof.  Revilliod  et  de  M.  le  D*"  Roulet. 


La  séance  est  ouverte  à  8  heures. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 


SUITE  DE  LA  DISCUSSION  SUR  L'ALCOOLISME 


M.  Frank  Lombard  estime  que  Texamen  des  mesures  restrictives  et 
réglementaires  doit  suivre  la  constatation  des  mauvais  effets  hygiéniques 
de  l'alcool. 

En  ce  qui  concerne  la  Suisse  où  la  consommation  abusive  va  croissant, 
les  sociétés  d'Utilité  publique  et  une  Commission  gouvernementale  fédé- 
rale poursuivent  le  but  de  la  réduction  des  abus.  Mais  pour  pouvoir 
restreindre  la  vente  au  détail  il  faut  modifier  la  Constitution  fédérale  qui 
interdit  toute  entrave  au  commerce  et  à  l'industrie. 

Les  moyens  moraux  ne  suffisent  pas  quoique  l'action  préventive 
exercée  par  les  cafés  économiques  et  les  sociétés  de  tempérance  soit  un 
facteur  important  dans  la  lutte. 

n  faut  une  restriction  légale  allant  jusqu'à  la  prohibition  dont  l'appli- 
cation donne  de  bons  résultats  aux  États-Unis  (un  des  pays  oii  ou 
respecte  le  plus  la  liberté  individuelle). 

Le  moyen  proposé  par  M.  le  professeur  Alglave,  le  monopole  gouver- 
nemental, n'a  pas  en  Russie  donné  des  résultats  favorables  ;  il  a  été  une 
source  d'abus  et  de  corruption  dans  l'administration.  Ne  faudrait-il  pas 
recommander  plutôt  le  système  suédois  de  la  mise  en  régie  des  boissons 
qui  a  résolu  le  problème  d'enlever  aux  débitants  l'avantage  commercial 
qu'ils  ont  à  vendre  de  l'alcool  impur,  leur  bénéfice  étant  d'autant  plus 
grand  que  l'alcool  est  moins  pur.  Le  système  dit  de  Gothenburg  consiste 
à  mettre  en  régie,  entre  les  mains  d'une  compagnie  la  vente  des  boissons; 
cette  compagnie  étant  constituée  en  vue  dç  réduire  la  vente  des  spiri- 


l'alcoolisme.  437 

tueux.  A  la  suite  d'une  enchère  elle  devient  propriétaire  des  comptoii*s 
3t  s'interdit  tout  bénéfice  au  delà  des  frais  d'exploitation.  La  municipa- 
lité tire  profit  des  sommes  perçues  lesquelles  sont  parfois  considérables. 
Outre  les  moyens  préventifs  et  légaux  il  y  a  les  moyens  fiscaux  qui 
présentent  une  grande  importance,  droits  sur  l'importation,  sur  le  débit 
?t  la  vente,  patentes,  etc.  Viennent  ensuite  les  moyens  répressife,  inter- 
nement, retraite  obligatoire  ou  volontaire,  aggravation  des  pénalités  pour 
les  délits  commis  en  état  d'ivresse. 


M.  F.  Lombard  présente  les  deux  tableaux  suivants  qu'il  a  rédigés 
d'après  les  données  qu'il  a  pu  réunir  : 


SECTION  I.  — 

BÉAKCK   DU   BAHZDI   9  SEPTEMBRE. 

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440        SECTIOX  I.  —  SÉANCE  DU  8AMEDI  9  SEPTEMBRE. 

M.  le  D'  Landowski  parle  de  l'ivrognerie  qui  sévit  en  Russie  comme 
un  véritable  fléau,  et  qu'il  croit  due  à  l'existence  du  monopole  de 
l'alcool.  Dans  ce  pays  l'ivrogne  est  vénéré  comme  le  fou  chez  les  Arabes. 
Les  paysans  qui  n'ont  pas  d'argent  pour  s'enivrer  simulent  l'ivresse 
par  des  poses  et  des  gestes  burlesques  pour  ne  pas  être  regardés  comme 
des  «  libres  penseurs  ;  »  c'est  ainsi  qu'ils  appellent  les  gens  sobres. 
L'orateur  ne  pense  donc  pas  que  le  remède  à  l'alcoolisme  soit  l'établis- 
sement du  monopole. 

M.  le  D'  LuBELSKi  s'exprime  ainsi  :  On  dit  vulgairement  :  a  être  saoul 
comme  un  Polonais  »  et  bien,  M.  le  D'  Rothe  (de  Varsovie),  médecin  en 
chef  des  aliénés  a  prouvé,  chiffres  en  main,  qu'on  buvait  beaucoup 
moins  en  Pologne  que  dans  certains  départements  français  (Ain).  Sou 
travail,  que  je  traduis  en  français^  sera  bientôt  publié.  En  attendant  je 
me  borne  h  citer  que  l'ivrognerie  chez  nous  varie  suivant  les  races  : 
1.  Ruthènes,  2.  Polonais,  3.  Juifs,  4.  Tatares  et  vieux-croyants  russes, 
domiciliés  en  Pologne  depuis  des  siècles  et  auxquels  la  loi  religieuse 
défend  de  boire.  Pour  les  autres  détails  je  m'associe  à  ce  qu'a  dit  le 
D'  Landowski. 

M.  le  D'  RouLET  tient  à  répondi-e  en  quelques  mots  aux  proposi- 
tions formulées  par  MM.  les  orateurs  qui  ont  pris  la  parole  sur  cette 
question.  M.  le  professem*  Alglave,  dans  son  très  intéressant  discours, 
nous  propose  de  faire  de  l'État  l'intermédiaire  entre  le  producteur  et  le 
consommateur  d'alcool.  Le  but,  c'est  de  supprimer  la  vente  des  alcools 
impurs.  Je  crois  arriver  au  même  but  par  la  prohibition  de  la  vente  de 
ces  alcools  impurs.  Les  deux  moyens  peuvent  être  bons  ;  Tun  peut  être 
approprié  aux  circonstances  particulières  d'un  pays,  l'autre  aux  circons- 
tances d'un  autre.  En  Suisse,  le  procédé  de  M.  Alglave  a  été  appliqué 
dans  le  canton  de  Berne,  à  Hindelbank,  oii  M.  Bodeuheimer,  alors 
directeur  de  l'intérieur,  avait  fondé  une  distillerie  d'État.  Cette  distil- 
lerie a  été  des  plus  impopulaires.  En  Suisse  nous  prétérerons  une  armée 
d'inspecteurs  des  boissons,  qui  empêchent  l'intoxication  du  peuple  à 
une  armée  d'employés  qui  vendraient  de  l'alcool  aux  citoyens  au  nom  de 
l'État. 

M.  le  baron  de  Thérésopolis  croit  que  le  café  est  un  aliment  ;  il  n'est 
qu'un  excitant  comme  l'alcool,  ayant  il  est  vrai  une  autre  action.  Est-il 
absolument  inoffensif  V  C'est  une  question  qui  doit  être  réservée  ;  il  est 
probable  que  Tusage  abusif  du  café,  du  thé  et  des  excitants  du  même 
ordie  produit  également  des  accidents  nerveux. 

Je  puis  me  rallier  aux  deux  premières  conclusions  de  M.  le  pasteur 
Rochat  ;  mais  les  deux  dernières  devraient  encore  être  discutées  et  appar- 
tiennent plutôt  au  domaine  de  la  thérapeutique  qu'à  celui  de  l'hygiène. 


LE  REPOS  HEBDOMADAIRE   AU   POINT   DE  VUE   HYGIÉNIQUE.  441 

M.  le  baron  de  Théresopoijs,  permettez-moi,  Messieurs,  de  faille 
quelques  légères  réflexions  sur  le  dernier  discours  de  M.  Roulet.  Con- 
trairement à  son  avis,  je  pense  que  le  café  tout  en  étant  une  boisson 
excitante  et  respiratoire  n'a  pas  du  tout  les  inconvénients  des  boissons 
alcooliques,  dont  les  effets  sont  en  définitive  déprimants.  Le  café  est  bien 
certainement  un  peu  nourrissant. 

Je  crains  fort  que  les  mesures  de  répression  soient  à  peu  près  inefiicaces, 
je  crois  plutôt  à  Tinfluence  bienfaisante  des  sociétés  de  tempérance,  à 
l'influence  efGicace  de  Texemple.  Les  mesures  de  prohibition  complète 
adoptées  par  la  Nouvelle- Angleterre  où  Ton  considère  les  boissons  alcoo- 
liques comme  des  moyens  thérapeutiques,  n'ont  cependant  pas  donné 
de  grands  résultats.  Prenez  donc  le  mal  à  son  origine,  approvisionnez- 
vous  d'eau  de  qualité  supérieure,  élevez  vos  enfants  dans  l'usage  habi- 
tuel du  café,  engagez  les  gouvernements  des  différents  Ëtats  à  réduire 
considérablement,  voire  même  à  supprimer  les  impôts  par  trop  lourds  sur 
le  café,  de  manière  à  le  mettre  à  la  portée  de  tout  le  monde  ;  vulgarisez, 
nationalisez  l'usage  du  café,  et  vous  n'aurez  pas  d'ivrognes. 


LE  REPOS  HEBDOMADAIRE  AU  POINT  DE  VUE 

HYGIÉNIQUE 

Par  M.  le  D'  HJEOLEB,  médecin  à  Bfile. 

Messieurs, 

L'hygiène  a  pour  but  de  protéger  la  santé  de  tous  et  surtout  de  ceux 
qui  ne  peuvent  pas  se  protéger  eux-mêmes  ;  en  conséquence  elle  a  à  éta- 
blir les  règles  d'après  lesquelles  doivent  s'équilibrer  le  travail  et  le  repos, 
en  vue  d'empêcher  l'exploitation  spoliatrice  des  forces  et  de  la  santé  des 
ouvriers. 

Les  efforts  qu'elle  fera  dans  ce  sens  ne  pourront  pas  rester  sans  suc- 
cès, si,  en  évitant  d'inventer  elle-même  des  lois,  elle  applique  à  la  santô 
les  lois  naturelles  et  respecte  les  bornes  que  la  nature  a  mises  au 
travail.  Elle  a  déjà  réussi  à  faire  apprécier  une  répartition  plus  juste 
du  travail  et  à  procurer  à  des  milliers  d'ouvriers  le  sommeil  de  la  nuit 
qui  leur  est  tout  aussi  nécessaire  que  le  pain  quotidien. 

Mais  il  reste  à  l'hygiène  à  rendre  évident  aux  yeux  de  tous  que  les 
intervalles  de  repos  pendant  le  travail  de  la  semaine,  et  le  repos  ordi- 
naire de  la  nuit,  ne  répondent  qu'aux  besoins  de  récréation  les  plus 
immédiats,  mais  qu'ils  ne  suffisent  pas  à  rétablir  d'une  manière  durable 


442        SECTION  1.  —  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

l'élasticité  du  corps  et  de  Tesprit  ;  elle  doit  prouver  aussi  que  ni  un 
sommeil  prolongé,  ni  la  diminution  des  heures  de  travail,  ni  une  noum- 
ture  plus  substantielle  et,  encore  moins,  Tusage  des  boissons  alcooliqtts 
ne  peuvent  remplacer  un  jour  régulier  de  repos  après  une  semaine  de 
travail. 

L'homme  est  orf/anisé  de  telle  manière  qu'il  a  besoin  de  se  reposerun 
jour  sur  sept  de  son  travail  corporel  ou  inteliectueL  Ce  u^est  point  là 
un  dogme  inventé  par  les  hommes,  mais  une  loi  naturelle  qui  ne  peut- 
être  violée  sans  préjudice  pour  la  santé  ;  c'est  une  des  lois  les  importantes 
pour  le  bien-être  des  individus  et  des  peuples  et  aussi  Tune  des  mieni 
prouvées.  Car,  pour  ceux  qui  ignorent  les  expériences  que  la  physido- 
gie  et  la  pathologie  nous  fournissent,  il  leur  reste  toujours  les  expériek- 
res  contenues  dans  V histoire  de  Vhumanité  ;  ce  sont  là  des  faits  incon- 
testables à  l'appui  de  cette  vérité  que  l'homme  ne  peut  se  passer  du  repos 
hebdomadaire. 

Un  besoin  physique  et  intellectuel  qui  se  retrouve  partout  et  à  travers 
tous  les  siècles  ne  peut  qu'être  l'expression  d'une  loi  absolue  de  la  nature. 
De  bonne  heure  les  hommes  s'en  sont  rendu  compte.  Législateurs  en 
même  temps  que  médecins,  les  prêtres  enregistraient  dans  leurs  livres 
sacrés  les  règles  de  l'hygiène.  C'est  ainsi  que  Moïse,  hygiéniste  pré- 
voyant, sage  et  énergique,  a  sanctionné  d'anciennes  traditions,  des  cou- 
tumes qui  satisfaisaient  aux  besoins  de  notre  nature,  et  les  a  formulées 
en  lois  religieuses,  en  vertu  de  ce  principe  que  toute  loi  naturelle  est 
divine  et  doit  relier  l'homme  à  Dieu. 

Le  repos  du  septième  jour,  partout  où  il  a  été  institué  par  la  législa- 
tion, apparaît  comme  le  signe  de  la  victoire  de  la  civilisation  sur  la  bar- 
barie. Fruit  de  la  civilisation  naissante,  il  a  été  eu  même  temps  le  garant 
(les  progrès  à  venir  ;  il  a  créé  des  habitudes  d'ordre  et  de  sociabilité;  il 
a  aidé  aux  hommes  à  diviser  le  temps  et  il  a  exercé  une  très  grande 
influence  sui*  les  institutions  politiques,  les  mœurs  et  les  religions  des 
peuples.  Si  la  nation  juive  a  conservé  avec  ténacité  le  repos  hebdoma- 
daire et  l'a  même  légué  aux  nations  modernes,  ce  n'est  pas  seulement  une 
l)reuve  de  la  base  morale  de  cette  institution,  mais  aussi  une  des  causes 
l)rincipales  de  la  vitalité  sans  exemple  dont  cette  nation  a  fait  preuve 
malgré  sa  dispersion. — Les  Indous,lesChinois,  les  Perses,  les  Chaldéens, 
les  Égy  tiens  et  même  les  Péruviens  ont  aussi  célébré  un  jour  sur  sept. 

Mais,  chez  la  plupart  de  ces  peuples,  les  nombreuses  fêtes  irrégulières 
qui  amenaient  avec  elles,  outre  la  cessation  de  travail,  tout  un  ensemble 
de  sacrifices,  de  jeux,  de  banquets  et  qui  dégénéraient  souvent  en  orgies, 
tirent  peu  h  peu  disparaître  la  célébration  régulière  du  repos  hebdoma- 
daire. 


LE  BEP08  HEBDOMADAIRE   AU   POINT   DE  VUE   HYGIÉNIQUE.  443 

Il  y  a  encore  actuellement  des  peuples  entiers  qui  n'ont  pas  ce  jour 
lie  repos,  mais  c'est  à  la  fois  une  cause  et  un  signe  visible  de  décadence. 
Les  Chinois  et  les  Indous  ne  se  développent  plus  ;  ils  sont  au  contraire 
rimage  vivante  de  Ténervement  corporel  et  spirituel.  La  première  Répu- 
blique française,  méconnaissant  entièrement  la  haute  valeur  et  surtout 
le  caractère  hygiénique  du  septième  jour,  n'a  pas  réussi  à  le  remplacer 
d'une  manière  durable  par  le  décadi,  pas  même  en  peimettant,  en  outre, 
de  se  reposer  l'après-midi  du  cinquième  jour.  Aucun  décret  ne  put  préva- 
loir contre  la  grande  loi  de  la  nature  qui  réclame  un  jour  de  repos  sur  sept. 

Cette  loi  que  l'histoire  de  l'humanité  a  inscrite  dans  la  mémoire  des 
peuples  en  traits  ineffaçables,  nous  la  voyons  confirmée  aussi  par  Vohser' 
vaiion  physiologique  et  par  Vexpérience  pathologique.  L'animal  lui- 
même  ne  supporte  pas  un  travail  de  tous  les  jours,  et  nous  voyons  — 
pour  ne  citer  qu'un  seul  exemple  entre  beaucoup  —  que  les  chevaux 
de  fiacres  qui  marchent  tous  les  jours  rapportent,  par  suite  de  leur 
épuisement  précoce,  un  bénéfice  inférieur  à  celui  que  produisent  des 
chevaux  auxquels  on  laisse  un  jour  de  repos  sur  sept.  Si  donc  les  animaux 
qui  sont  associés  aux  travaux  de  l'homme  ne  peuvent  conserver  leur 
vigueur  qu'à  la  condition  de  renouveler  périodiquement  leurs  forces, 
en  serait-il  autrement  de  l'homme  civilisé  en  qui  la  vie  acquiert  bien 
plus  d'intensité  et  dont  les  forces  sont  mises  à  l'épreuve  d'une  manière 
beaucoup  plus  continue  et  plus  sérieuse  V  Car,  lors  même  que  nos  mem- 
bres ne  sont  plus  en  action,  notre  esprit  ne  cesse  pas  de  penser  et  cela 
augmente  considérablement  la  dépense  des  forces  de  notre  organisme 
physique. 

Je  laisse  de  côté  les  expériences  physiologiques  prouvant  la  nécessité 
du  repos  en  général,  mais  je  ne  puis  omettre  celles  qui  montrent 
que  le  repos  ordinaire  dans  le  cornant  de  la  journée  de  travail  et 
le  sommeil  dé  la  nuit  ne  sufiisent  pas  pour  le  rétablissement  des  forces. 
Les  belles  et  nombreuses  expériences  faites  par  des  physiologistes  dis- 
tingués, les  professeurs  Pettenkofer  et  Voit,  ont  permis  de  calculer  exac- 
tement la  quantité  de  substance  qu'un  corps  vivant  s'assimile  par  l'air 
et  par  la  nourriture,  ainsi  que  ce  qu'il  perd  dans  un  temps  déterminé, 
suivant  le  genre  d'alimentation  qu'il  reçoit,  la  durée  du  repos  dont  il 
jouit  ou  la  nature  du  travail  qui  lui  est  imposé.  Ces  expériences  ont  été 
{eûtes  avec  l'appareil  à  respiration  bien  vérifié,  entre  autres  sur  la  per- 
sonne d'un  ouvrier  vigoureux,  nourri  comme  le  sont  généralement  les 
ouvriers  (nourriture  mixte)  et  chargé  de  tourner  une  roue  autour  de 
laquelle  s'enroulait  une  chaîne  supportant  un  poids  de  25  kilogrammes. 
En  déduisant  de  sa  journée  les  interruptions  occasionnées  par  les  repas 
et  de  courts  moments  de  repos,  il  restait  9  heures  d'un  travail  pénible. 


444  SECTION  I.  —  SÉANCE   DU  8ÂMEDI  9  SEPTEMBRE. 

A  la  tin  de  la  journée,  cet  homme  se  mettait  au  lit,  fatigué  comme  s'il 
avait  fait  une  grande  marche.  Tout  cela  se  passait  dans  une  chambre 
en  verre  hennétiquement  fermée,  dont  l'air  était  analysé  avant  et  après 
l'expérience,  et  contrôlé  à  l'orifice  des  tuyaux  ;  l'ouvrier  était  pesé  à  son 
entrée  et  à  sa  sortie,  ses  aliments  étaient  chimiquement  analysés  :  en  un 
mot,  toutes  les  conditions  d'une  expérience  exacte  et  complètiî  étaient 
réunies.  Eh  bien  !  le  résultat  de  cette  expérience  a  été  que,  pendant 
une  journée  de  travail,  cet  homme  a  dépensé,  sous  forme  d'acide  carbo- 
nique, lî»2  grammes  d'oxygène  de  plus  qu'il  n'a  pu  en  aspirer  dans  le 
même  espace  de  temps.  Pour  couvrir  ce  déficit,  il  n'avait  pas  fallu  moins 
du  20  Vo  de  la  provision  d'oxygène  contenue  dans  son  corps. 

Il  est  de  plus  prouvé  que,  pendant  la  nuit  et  le  repos,  Thomme  aspire 
plus  d'oxygène  qu'il  n'en  exhale  sous  forme  d'acide  carbonique,  de  sorte 
que,  pendant  le  repos,  il  emmagasine  des  provisions  d'oxygène  supérieu- 
res à  la  quantité  nécessaire  poiu*  la  combustion  des  substances  carbohy- 
dratées  (de  la  graisse,  du  sucre,  etc.)  et  ce  sui-plus  sert  à  remplacer  et  à 
réparer  les  pertes  d'oxygène  qui  s'étaient  faites,  malgré  une  bonne 
nutrition,  par  le  travail  des  muscles  et  des  nerfs.  Le  repos  diminue  la 
dépense  d'acide  carbonique  et,  par  là  même,  épargne  le  carbone,  tout  en 
nous  permettant  d'amasser  une  provision  d'oxygène  nécessaire  au  renou- 
vellement des  forces  physiques.  Il  est  donc  vrai  de  dire  que  le  repos  est 
une  nourriture  indispensable. 

Même  dans  cette  provision  d'oxygène  due  au  repos  de  la  nuit,  il  se 
produit,  après  chaque  jom*  de  travail,  un  déficit  qui,  suivant  l'intensité 
du  travail,  la  nourriture  et  l'état  des  muscles  et  des  forces,  s'élève 
—  d'après  le^  expériences  de  MM.  Pettenkofer  et  Voit  —  de  10  à  20  Vo 
de  notre  provision  entière  d'oxygène.  Au  bout  d'une  semaine,  il  en 
résulte  un  épuisement  complet,  l'appauvrissement  du  sang,  le  relâche- 
ment des  muscles,  et  la  fatigue  du  système  nerveux.  Pour  empêcher  ce 
déficit  et  prévenir  la  ruine  de  la  santé,  il  faut  le  repos  hebdomadaii'e 
régulier  et  complet.  Le  travailleur  y  a  droit.  Il  n'est  pas  plus  juste  de 
lui  contester  ce  droit  que  de  lui  refuser  la  lumière  du  soleil  et  l'air  indis- 
pensable à  toute  créature  vivante.  Lorsqu'un  patron  —  et  je  demande 
que  l'on  veuille  bien  ici  ne  pas  penser  seulement  aux  grands  fabricants, 
mais  aussi  aux  i)etits,  aux  chefs  des  métiers  de  toute  espèce,  aiLx  entre- 
prises de  chemin  de  fer  et  de  construction,  et,  avant  tout,  au  despote  le 
plus  exigeant  de  tous,  l'inexorable  public  —  lorsqu'un  patron,  dis-je, 
réclame,  semaine  après  semaine,  le  sacrifice  de  la  santé,  et  de  la 
vie  de  ses  subordonnés,  l'hygiène  a  le  droit,  bien  plus,  le  devoir  impé- 
rieux de  protester,  et  la  législation  doit  prendre  sous  sa  protection  de 
telles  victimes. 


LE  REPOS  HEBDOMADAIRE  AU  POINT  DE  VUE  HTGrëKIQUE.  445 

Rien  ne  peut  remplacer  le  jour  du  repos,  pas  même  la  nourriture  la 
plus  fortifiante,  bien  moins  encore  les  boissons  alcooliques  ;  car  la  nour- 
riture renouvelle  en  nous  la  provision  de  carbone  et  d'azote,  mais  ne 
nous  donne  pas  l'oxygène  dont  nous  avons  besoin.  Il  ne  peut  être 
amassé  dans  nos  muscles  en  quantité  suffisante  que  par  le  repos.  Le  con- 
densateur, cet  instrument  dont  sont  pourvues  les  machines  à  vapeur,  fait 
défaut  au  corps  humain  ;  aussi  celui-ci  ne  peut-il  emmagasiner  qu'une 
quantité  restreinte  d'oxygène.  Nous  remplaçons  le  carbone  lorsqu'il 
commence  à  nous  faire  défaut,  en  prenant  des  aliments  en  quantité  plus 
ou  moins  grande.  Quant  à  l'oxygène,  il  nous  est  impossible  de  nous  en 
procurer  plus  que  la  respiration  ne  peut  nous  en  fournil*  et  plus  que  les 
muscles,  notre  principal  magasin  d'oxygène,  ne  peuvent  en  contenir. 

Le  sentiment  de  fatigue  qui,  par  un  travail  pénible,  se  fait  sentir 
déjà  bien  avant  la  fin  de  la  semaine,  et  qui  ne  peut  être  surmonté  que 
par  le  secours  de  toute  notre  volonté,  a  donc  une  base  réelle  et  exige  le 
repos  d'un  jour  plein  et  entier.  La  nuit,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  n'y 
suffit  pas  ;  aussi  les  expériences  physiologiques  déjà  mentionnées  prou- 
vent-elles que  le  travail  réparateur  de  notre  laboratoire  chimique  et 
vital  est  de  beaucoup  augmenté  et  complété  par  l'influence  active  du 
système  nerveux,  du  cerveau,  de  la  vie  psychique  et  des  organes  des 
sens,  influences  que  le  grand  jour  nous  procure  bien  plus  que  la  nuit. 


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Si  nous  représentons  graphiquement  par  une  courbe  (n**  1)  le  niveau 
de  force  des  difierents  âges  de  la  vie  humaine  depuis  la  naissance  jusqu'à 
la  mort,  et  que  nous  en  analysions  une  partie  de  plus  près  (fig.  n°  2), 


J)inumenc^ 


446        8KCTIOK  I.  —  SÉANCE  VV   HAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

nous  verrous  que  la  ligne  n'est  pas  aussi  régulière  qu'il  le  semblait  à 
«Ustance,  mais  qu'elle  s'élève  et  s'abaisse  chaque  jour  suivant  les  alter- 
natives de  travail  et  de  repos  dont  se  compose  notre  vie. 

La  nourritui'e,  un  bon  air,  le  repos  relèvent  le  niveau  de  uos  forces, 
taudis  qu'un  travail  sérieux  le  fait  nécessairement  descendre.  Sans  doute 
le  sommeil  do  la  nuit  répan'  une  partie  des  pertes  que  nous  avons  âdttt 
pendant  la  journée,  mais  il  ne  sufGit  pas  pour  combler  entièrement  le 
4léticit  qui  s'est  produit  pendant  les  heures  de  travail.  Il  en  résulte  que 
notre  ligne  ne  se  retrouve  pas,  le  matin,  à  la  même  hauteui*  que  24^h. 
auparavant.  Le  niveau  de  nos  forces  baisse  de  jour  en  jour,  et  cette 
baiss(*  est  d'autant  plus  i)i'ononcée  que  le  travail  est  plus  pénible,  le 
repos  de  la  nuit  moins  long,  la  nourriture  moins  substantielle,  l'air  que 
nous  respirons  de  jour  et  de  nuit  moins  pur,  la  tenue  du  corps  moiDS 
convenable  et  que  le  travailleui*  est  plus  exposé  à  des  influences  phyâ- 
(lues  et  psychiques  nuisibles  et  déprimantes.  Si  donc  nous  prolongions  la 
ligne,  nous  aurions,  dans  le  cas  d'un  travail  sans  repos  hebdomadaire, 
une  descente  rajiide,  incapacité  au  travail,  dépérissement  et  mort  pré- 
maturée (tig.  1  et  2,  b)  ;  dans  le  cas  contraire,  le  niveau  de  nos  forces 
se  maintiendrait  pendant  des  années  à  peu  près  à  la  même  hauteur  et 
ne  s'abaisserait  qu'insensil)lement  à  mesure  que  les  organes  vîtauxs'af- 
faibliraient;  mais  elle  n'atteindrait  que  tard  le  point  correspondant  à  la 
mort  (lig.  1  et  2,  a). 

Le  physiologiste  Flourens  évalue  à  cent  ans  la  durée  Jiortnale  de  la  vie 
<run  homme  qui  accorderait  à  ses  divers  organes  la  juste  mesure  de 
travail  et  de  repos.  Et  un  confrère  américain,  le  docteur  Mussey,  se 
fondant  sur  beaucoup  d'observations,  est  arrivé  à  la  certitude  que  le 
repos  d'un  jour  sur  sept  augmente  de  sept  années  la  durée  d'une  vie  de 
cinquante  ans.  Dans  tous  les  cas,  nous  verrions  beaucoup  plus  de 
vieillards,  et  surtout  de  vieillards  vigoureux,  si  les  lois  de  la  nature 
n'étaient  pas  généralement  violées  et  si  nos  populations  profitaient 
mieux  du  jour  oîi  elles  pourraient  goûter  un  repos  véritable. 

La  loi  du  repos  hebdomadaire,  comme  toutes  les  lois  de  l'économie  et 
de  la  force,  trouve  la  preuve  de  sa  vérité  et  de  sa  nécessité,  non  seule- 
ment dans  la  physiologie  du  mouvement  des  substances  chimiques 
nécessaires  au  rétablissement  de  l'énergie  et  de  l'élasticité  musculaire 
et  nerveuse,  mais  tout  autant  dans  la  physiologie  spéciale  et  dans  la 
pathologie  des  organes  corporels. 

Ainsi  des  poumons  ne  peuvent  pas  fonctionner  normalement  et  doivent 
nécessairement  devenu*  malades,  si,  après  avoir  été  exposés  six  jours 
consécutifs  à  l'air  vicié  dcî  l'atelier  ou  à  la  poussière  nuisible  de  la 
l)lupart  des  métiers  et  fabriques,  ou  après  avoir  été  comprimés  toute  une 


LE  BEP08  HEBDOMADAIRE  AU  POINT  DE  VUE  HYOIKNIQUE.  447 

smaine  par  une  tenue  penchée  en  avant  comme  celles  des  bureaucrates, 
es  tailleurs  et  des  couturières,  ces  organes  n'ont  pas  un  jour  entier  pour 
e  dilater  pleinement  dans  un  air  pur,  avant  que  des  stases  sanguines 
a  des  produits  morbides  s'y  soient  iixés  et  que  les  muscles  de  la  respi- 
ation  aient  perdu  leur  élasticité.  —  De  même  les  stagnations  et  troubles 
ans  la  circulation  du  myig,  les  varices,  les  stases  abdominales,  les 
émorroldes,  toutes  les  conséquences  qui  résultent  des  professions  séden- 
finres,  et  toutes  les  lésions  des  voies  de  la  circulation  qui  sont  dues  à  des 
ttitudes  forcées  ou  à  un  travail  toujours  le  même  et  mettent  toujours 
n  jeu  les  mêmes  organes,  doivent  être  équilibrées  et  contrebalancées 
ar  les  promenades  prolongées  au  grand  air  et  la  position  horizontale. 
*our  que  l'harmonie  des  forces  naturelles  et  la  belle  attitude  verticale 
»ar  laquelle  l'homme  se  distingue  des  autres  créatures,  soient  conservées, 
'attitude  forcément  courbée  doit  avoir  son  jour  de  relèvement.  L'owi 
atîgué  par  un  travail  assidu  et  souvent  par  un  éclairage  défectueux,  a 
lesoiii  de  se  reposer  par  la  contemplation  de  la  belle  nature  ;  et  Vonïe, 
i  l'on  ne  veut  pas  risquer  de  la  perdre  par  l'ébranlement  habituel  et 
ntense  des  nerfs  acoustiques  produit  par  le  bruit  incessant  de  l'atelier, 
loit  avoir,  eUe  aussi,  son  jour  de  calme  et  de  retraite. 

Enfin,  pour  le  système  nerveux,  je  n'ai  qu'à  l'appeler  le  sentiment  de 
àtigue  et  d'épuisement  et,  à  la  suite,  le  dégoût  que  nous  inspirent  même 
les  occupations  favorites  ;  l'incapacité  de  continuer  le  travail  ordinaire, 
le  calculer,  de  fixer  son  attention,  l'impossibilité  de  penser  logiquement, 
le  vouloir,  de  supporter  courageusement  les  diflicultés  de  la  vie  et  de 
«nserver  des  aspirations  idéales.  Le  travail  de  la  semaine,  si  l'on  ne 
'en  affranchit  jamais,  ébranle  les  nerfs,  émousse  les  sens,  nuit  à  l'intel- 
igence,  au  point  de  transformer  un  individu  en  un  simple  zéro.  Tandis 
[ue  des  hommes  éminents  comme  Palmerston  et  Gladstone  ont  témoi- 
^é  que  leur  énergie  corporelle  et  intellectuelle,  admirablement  soutenue, 
nalgré  les  travaux  qui  leur  incombaient,  était  due,  avant  tout,  à  la  stricte 
observation  du  repos  hebdomadaire,  il  serait  d'autre  part,  facile,  si  le 
emps  le  permettait,  de  dresser  une  liste  d'hommes  distingués  dont  on 
)eut  dire  que  le  manque  de  repos  les  a  perdus,  et  de  rappeler  des  obser- 
vations faites  sur  des  ailisans  et  des  penseurs  qui,  devenus  incapables 
le  tout  travail  à  la  suite  d'excès  de  fatigue,  sont  tombés  à  la  charge  de 
a  bienfaisance  publique  ;  enfin,  on  pourrait  en  citer  d'autres  qui,  pour 
a  même  raison,  ont  été  atteints  de  surexcitation  et  d'aifections  ner- 
euses,  de  mélancolie,  de  paralysie  progressive,  cette  maladie  de  notre 
iècle,  d'idées  de  suicide  ou  d'autres  formes  de  l'aliénation  mentale. 

C'est  dans  le  droit  au  repos  et  à  la  récréation,  dans  la  liberté  de 
louvoir  se  décharger  un  jour  par  semaine  du  joug  du  travail  et  des 


448         SECTION  1.  —  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

chaînes  pesantes  de  la  suppression  de  la  volonté  individuelle,  c'est  daiu^ 
le  droit  d'être  maître  d'une  partie  de  son  temps,  de  ses  membres  et  de 
sa  personne,  que  réside  le  perfectionnement  physique  et  moral  des  tra- 
vailleurs et  le  relèvement  de  la  dignité  humaine. 

En  se  plaçant  même  au  point  de  vue  de  Viitilité  sociale  qui  e^t  le  but 
de  rhygiène  publique,  on  peut  affirmer  que  la  prospérité  matérielle  et 
morale  des  individus  et  des  nations  dépend  en  grande  partie  de  leur  jour 
de  repos,  qui  est  la  condition  de  la  conservation  des  forces.  Le  grand 
historien  Macaulay  disait  un  jour  à  la  Chambre  des  communes  :  «  Bien 
que  depuis  des  siècles  nous  nous  reposions  un  jour  sur  sept,  il  est  certain 
que  nous  n'en  sommes  pas  plus  pauvres  ;  nous  sommes,  au  contraire,  pIuF 
riches.  Ce  jour  de  repos  n'est  pas  un  jour  perdu.  Quand  le  travail  est 
suspendu,  quand  la  chaiTue  repose  immobile  dans  le  sillon,  quand  la 
Bourse  est  silencieuse,  quand  la  fumée  des  cheminées  cesse  de  monter 
dans  les  airs,  il  s'accomplit  une  œuvre  aussi  importante  pour  la  richesse 
du  pays,  que  toutes  celles  qui  ont  eu  lieu  dans  les  jours  les  plus  chargés 
d'occupation.  L'homme,  cette  machine  des  machines,  répare  et  renou- 
velle ses  forces  en  se  reposant,  de  telle  sorte  qu'il  retourne  au  travaille 
lundi  avec  l'esprit  plus  lucide,  le  cœur  plus  satisfait,  et  une  vigueur 
physique  toute  nouveUe.  » 

Ce  relèvement  par  le  repos  est  d'autant  plus  nécessaire  que  le  traxml 
est  plus  pénible  et  surtout  2)lus  uniforim,  comme  c'est  le  cas  chfâ 
l'ouvrier  de  nos  grandes  industries,  qui  reste  attaché  pendant  de  longues 
heures  à  un  emploi  très  uniforme,  lequel  met  en  jeu  toujours  le  même 
groupe  de  muscles  et  de  nerfs.  L'ouvrier  des  fabriques  ne  peut  pas, 
comme  le  laboureur  ou  même  comme  beaucoup  d'artisans,  adapter 
l'intensité  et  le  genre  de  travail  à  sa  disposition  corporelle  du  moment, 
n  n'est  dans,  la  grande  machine,  qu'une  roue  qui  doit  continuer  à 
tourner  avec  une  nécessité  mécanique  jusqu'à  l'heure  fixée.  Une  telle 
manière  de  travailler  nécessite,  le  plus  souvent,  une  grande  résistance 
corporelle  et,  par  conséquent,  elle  exige  une  récréation  et  un  repos  suffi- 
sants et  de  plus,  une  nourriture  meilleure  et  plus  substantielle  que  ne  le 
permet  ordinairement  le  salaire. 

Si  ces  conditions  ne  lui  sont  pas  accordées,  l'ouvrier  est  tenté  de 
subvenir  à  l'insuffisance  de  ses  forces  corporelles  et  intellectuelles,  par 
l'effet  trompeur  de  Veau-de-vÀe.  Il  y  recourt  d'autant  plus  volontiers 
qu'elle  lui  fait  oubher  momentanément  les  misères  d'une  vie  monotone 
et  que,  par  ses  effets,  il  croit  vaincre  momentanément  sa  lassitude  et 
son  incapacité  au  travail.  L'ouvrier  dont  les  forces  sont  surmenées  et  qui 
n'espère  pas  acquérir  un  jour  un  bien  propre,  améliorer  sa  position, 
et  qui  n'entrevoit  pas  un  avenir  satisfaisant  pour  ses  enfants  ou  uii 


LE  BEPÔfil  HEBDOMADAIRE  AU   POINT   DE  VUE  HYCilKNIQUE.  449 

vantage  futur  quelconque,  se  dégrade  très  facilement  par  la  fréquenta- 
ion  do  cabaret  et  l'usage  de  l'eau-de-vie.  Alors,  il  ne  perd  pas  seulement 
i  demi-journée  de  repos  à  laquelle  il  se  voit  très  souvent  réduit  et  la 
Dumée  entière  suivante,  la  «  Saint-Lundi,  »  chargée  des  famées  de 
ivresse,  mais  il  sacrifie  encore  à  cette  excitation  factice  le  reste  de 
3rces  et  de  santé  que  l'excès  de  travail  lui  avait  laissé.  H  dissipe  souvent 
n  quelques  heures  son  salaire  de  la  semaine  et  l'argent  qu'attendait  la 
^mme  pour  payer  les  vêtements  et  le  pain  des  enfants.  —  L'hygiène 
ait  aujourd'hui  que  l'eau-de-vie  est  le  plus  terrible  ennemi  de  la  santé 
le  nos  populations  et  que  le  repos  hebdomadaire  est  l'un  des  moyens 
le  lutter  contre  les  penchants  pour  cette  funeste  boisson. 

Il  est  incontestable  aussi  que,  sans  excès  alcooliques,  le  manque  de 
epos  amène  par  le  déclin  i-apide  des  forces  physiques  et  intellectuelles, 
LU  état  d'infirmités,  rincajyacité  an  travail^  la  ruine  de  V aisance  et  du 
ien-èire  matériel  et,  en  même  temps  aussi,  la  ruine  de  la  rie  de  famille 
tde  la  moralité.  Tout  cela  est  de  la  plus  haute  importance  pour  la 
anté  privée  et  publique.  Quel  est  le  médecin  qui  ne  pouiTait  raconter  le 
Irame  de  ces  vies  qui,  commencées  avec  une  santé  florissante,  une  jeu- 
lesse  vigoureuse,  pleine  d'espérance,  de  bonne  volonté  et  de  plaisir  au 
ravail,  laissent  bientôt  entrevoir  les  suites  d'un  travail  fébrile  et  inces- 
ant,  c'est-à-dire,  une  fatigue  continuelle,  un  malaise  général,  la  perte 
le  l'entrain  au  travail,  les  joues  pâles,  la  physionomie  décomposée,  le 
[os  courbé  ou  la  poitrine  enfoncée,  la  force  de  résistance  brisée,  le 
nécontentement  et  le  murmure  sur  les  lèvres,  un  corps  exténué,  chétif 
1  usé  avant  le  temps.  Un  peu  plus  tard,  on  voit  encore  apparaître  la 
ihthisie  pulmonaire,  la  perte  de  la  vue  ou  des  forces  corporelles,  le 
nanque  complet  d'élasticité,  le  tremblement,  les  vertiges,  l'irritabilité 
it  autres  affections  nerveuses,  les  paralysies  partielles  ou  générales,  et, 
i  la  suite  de  tout  cela,  l'incapacité  au  travail,  la  perte  des  ressources 
natérielles,  la  diminution  de  l'ordre,  do  la  propreté,  de  la  moralité  et  du 
K)nheur  dans  la  famille,  les  enfants  livrés  à  la  mendicité,  la  femme  au 
lésordre  et  à  la  misère  et  l'ouvrier  lui-même,  après  s'être  traîné  péni- 
>lement  quelques  années,  voué  à  une  mort  prématurée  à  l'hôpital. 

Il  est  très  difficile  de  prouver  dans  chaque  cas  particulier  que  ces 
ristes  résultats  soient  toujours  et  exclusivement  les  suites  du  manque 
le  repos.  Mais  si  l'on  voit  se  répéter  souvent  ce  drame  dans  ses  diffé- 
entes  variations  et  toujours  sous  les  mêmes  influences,  on  ne  peut 
"empêcher  de  croire  que  beaucoup  d'infirmités,  de  maladies  et  de  morts 
nticipées,  dont  les  causes  ne  paraissent  pas  très  évidenteis,  sont  dues  à 
e  système  de  travail  forcé. 

Les  conséquences  d'une  telle  manière  de  travailler  ne  se  bornent  pas 


450  8KGTIOK  I.  —  8ÉAKCK  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

seulement  à  Tindividu  qui  y  est  soumis  et  à  sa  famille,  à  ses  enfiinb»  et 
descendants  qui  portent  en  eux  la  faiblessse  et  la  constitution  chétive 
qu'il  leur  a  léguées  ;  mais  elles  menacent  souvent  aussi  un  public  plus 
éloigné.  Comme  dans  les  fabriques,  et  partout  oU  les  rouages  et  les 
machines  entraînent  et  mutilent  facilement  l'ouvrier  qui  s'en  approche 
sans  Tattention  nécessaire,  il  est  de  fait  que  les  accidents  sont  bien  plus 
fi*équents  lorsque  le  manque  de  repos  hebdomadaire  émousse  les  sens  et 
l'intelligence  et  les  rend  moins  attentife  et  plus  indolents;  de  même 
aussi,  mais  avec  une  portée  bien  plus  grande  et  plus  funeste,  les 
exigences  excessives  du  service  prolongé,  imposé  au  personnel  générale- 
ment insuffisant  des  chemins  de  fer,  sont  la  cause  fréquente  des  catas- 
trophes et  des  accidents  qui  y  surviennent.  En  examinant  les  procès- 
verbaux  dressés  après  ces  acddents  et  les  actes  des  tribunaux,  on  arrive 
à  la  conviction  que  les  directeurs  et  inspecteurs  qui  exploitent  parfois  à 
Texcès  les  forces  de  leura  employés  pour  augmenter  les  dividendes  des 
actionnaires,  sont  plus  coupables  que  ce  modeste  garde-voie  ou  aiguil- 
leur qui,  pour  avoir  un  salaire  médiocre  et  une  pauvre  nourriture, 
assuma  une  lourde  responsabilité,  est  resté  cloué  à  sa  place  dès  le 
commencement  du  jour  et  jusqu'à  une  heure  avancée  de  la  nuit,  sans 
repos  hebdomadaire,  et  finalement  a  mal  tourné  son  aiguille.  Ils  sont 
plus  coupables  aussi  que  ce  chef  de  gare  qui,  surexcité  et  énervé  par  uu 
service  fatigant  et  sans  relâche,  avait  donné  à  un  train  le  signal  du 
départ,  sans  réfléchir  qu'un  autre  arrivait  d'une  direction  opposée,  et  sur 
la  même  voie.  Ces  employés  avaient  fait  leurs  preuves  depuis  des  années; 
mais  la  fatigue  excessive  avait  troublé  momentanément  leur  intelligence 
et  les  avait  privés  de  la  présence  d'esprit  nécessaire,  et  cela  par  la  faute 
de  ceux  qui  ne  leur  avaient  pas  accordé  et  ordonné  un  repos  indispensa- 
ble. Et  c'est  onlinairement  à  de  tels  subordonnés  que  les  peines  les  plus 
sévères  sont  infligées  après  de  semblables  catastrophes. 

A  d'autres  points  do  vue  aussi,  le  sort  des  employés  des  services 
pubhcs,  des  chemins  de  fer,  de  la  police,  de  la  poste,  des  télégraphe5, 
est  déplonable.  Un  travail  continu  et  monotone,  l'irrégularité  d'une  >ie 
exposée  aux  influences  variables  de  tous  les  temps,  d'une  nourri- 
ture souvent  malsaine,  l'excitation  produite  par  les  boissons  alcoo- 
liques, l'impossibilité  de  jouir  de  leur  famille,  les  nombreux  désa- 
gréments qu'ils  ont  avec  le  public,  et,  par-dessus  tout,  la  privation  du 
repos  hebdomadaii-e,  d'un  jour  régulier  qui  les  élève  à  des  aspirations 
dignes  d'hommes  libres  :  tout  cela  fait  que  ces  employés,  et  surtout  les 
conducteurs  des  chemins  de  fer  et  les  facteurs  de  la  poste,  sont  ordinai- 
rement vite  épuisés.  Ils  deviennent  incapables  de  faire  leur  service»,  et 
sont  souvent  même  impropres  h  d'autres  travaux,  dételle  manière  qu'ils 


IJC  BSIHW   HEBiM)MADAIRE   AU   POINT   UK  VUK   HYGIENIQUE.  451 

>ut  usés  au  physique  et  au  moral  bien  avant  le  temps.  Dans  la  plupait 
e  leurs  ffunilles,  que  j'ai  eu  à  visiter  comme  médecin,  j'ai  trouvé  bien 
lus  de  misère  et  de  mécontentement  que  de  joie  ;  partout  j'ai  entendu 
?tte  même  plainte,  que  leur  malheur  était  dû  en  grande  paitie  à  la  pri- 
Eitiou  d'un  jour  entier,  régulier  et  commun  de  repos  par  semaine  et 
ne  leur  service  pénible,  interrompu  seulement  par  des  heui*es  de  chô- 
lage  passées  dans  des  cabarets  et  loin  de  leur  intérieur,  ne  ruinait 
AS  uniquement  leur  santé,  mais  rendait  aussi  impossible  pour  eux  la  vie 
e  famille,  l'ordre,  l'hygiène  domestique  et  le  relèvement  moral. 
Permettez-moi,  Messieui*»,  de  terminer  par  quelques  conseils  et  indi- 
itious  pratiques.  Pour  que  le  repos  hebdomadaire  remplisse  son  grand 
ut  hygiénique,  il  est  nécessaire  : 

1*  Que  le  jour  du  repos  soit,  autant  que  possible,  HtnidtuHévt  le  niênw 
mr  touë.  Poui"  ne  jamais  inten'ompre  le  travail  et  pour  diminuer  la 
?rte  de  temps  et  des  forces  motrices,  on  a  essayé  dans  quelques  grandes 
<ines  et  fabriques  d 'adopter  un  système  d'après  lequel  certains  ouvriers 
'  reposaient  le  lundi,  d'autres  le  mardi  et  ainsi  de  suite.  Mais  ces  essais 
ont  pas  réussi,  parce  que  les  diiîérentes  branches  de  travail  dépendent 
s  uiies  des  autres,  et  que  le  jour  de  repos  qui  n'est  pas  le  même 
)ur  tous,  qui  ne  nécessite  pas  l'habit  de  fête  et  ne  porte  pas  une 
npmute  générale  de  propreté,  de  calme,  d'élévation  physique  et  spi- 
tuelle,  expose  Touvrier  aux  dangers  du  lundi-bleu.  Nous  sommes  tel- 
nient  solidaires  les  uns  des  autres  que  nous  ne  pouvons  pas  nous  repo- 
T  d'une  manière  complète  si  le  jour  de  repos  n'est  pas,  autour  de 
3U8,  commun  à  tous  et,  par  cela  même,  un  jour  de  joies  pures. 
Il  jour  plus  calme  et  plus  tranquille  que  les  autres.  (J'est  pourquoi  dès 
origine  de  toute  civilisation  les  hommes  ont  compris  ([u'un  jour  de 
f|)os  après  six  jours  de  travail  est  une  nécessité  poui*  la  nature  humaine; 
s  ont  aa^si  accepté  cette  loi  que  le  jour  de  repos  doit  être  le  même 
3ur  tous  et  ne  ])eut  pas  être  laissé  à  l'arbitraire  des  individus. 
2*  Il  faut  un  jour  vntivr  vt  romphi  de  re]>os  pour  répondre  îiux  besoins 
liysiologique.s  (lue  nous  avons  constatés,  et  cela  d'autant  plus  que  le 
•avail  est  i)lus  fatigant  et  plus  uniforme  et  que  les  forces  sont  moindres, 
elui  qui  travaille  de  la  tête  a  donc  bien  tort  de  renvoyer  à  ce  jour  sa 
)n*espondance  ])arti('ulière  et  le  règlement  de  comptes  qui  ne  rentrent 
[is  précisément  dans  son  travail  quotidien.  S'il  n(î  détache  pas  son 
çprit  du  cercle  des  calculs  et  des  spéculations,  s'il  ne  donne  pas  une 
mt  autre  diiection  k  ses  pensées,  non  seulement  il  prive  son  cerveau 
un  repos  indispensable,  mais  aussi  il  devient  incapable  d'aspirations 
ipérieures  oii  Tesprit  retrouve  sa  noblesse  et  sa  Uberté.  Une  demi- 
uniée  de  repos  suffit  (Micore  moins  aux  ouvriers  pour  rétablir  l'élasti- 


452  SECTION   I.  —  8ËAXCK   DU  S.VMEDI  9  SEPTEMBRE. 

ticité  de  leui-s  forces.  Le  patron  ne  devrait  donc  pas  se  contenter  de  ne 
demander,  le  jour  du  repos,  aucun  ti'avail  de  ses  subordonnés  ;  mais  il 
est  même  de  son  devoir  de  renvoyer  des  ateliers  tout  travailleur  qui 
par  mauvais  calcul,  par  préjugé  ou  autres  idées  fausses  voudrait  $7 
tenir  ce  jour-là,  ne  fût-ce  que  pour  quelques  heures.  On  doit  aussi  con- 
vaincre les  ouvriers  que  c'est  de  leur  santé,  de  leurs  forces  physique* 
et  intellectuelles,  de  leur  moralité,  de  leur  liberté  et  dans  l'intérêt 
de  leurs  femmes  et  de  leui's  enfants  qu'on  cherche  à  leur  conserver 
ce  jour  et  que  dans  les  contrats  avec  leurs  patrons  ils  doivent  se  résen  er 
le  jour  du  repos  tout  entier. 

8"  Il  faut  avoir  soin  aussi  que  le  repos  hebdomadaire  soit  iraimetd 
employé  à  de  bonnes  récréations,  c'est-à-dire  que  le  corps  et  l'esprit 
aient  une  autre  occupation  qu'aux  jours  ouvrables,  une  occupation  facile, 
volontaire,  agréable  et  gaie,  dans  un  air  pur,  avec  des  habits  propres  et 
dans  une  demeure  nettoyée  et  en  ordre.  A  cet  effet,  on  doit  recomman- 
der de  congédier  les  ouvriers  de  meilleure  heure  la  veiUe  du  jour  de 
repos  (comme  cela  se  pratique  en  Angleterre  et  comme  l'ordonne  aussi 
la  loi  suisse  sur  les  fabriques)  et  leur  faciliter  les  bains  et  autres  mosui-es 
de  propreté,  pour  que  ces  soins  hygiéniques  très  essentiels  leur  soient 
possibles  et  que  les  occupations  souvent  pénibles  de  nettoyage,  de 
récurage,  de  raccommodage  et  de  repassage  ne  tombent  pas  sur  le  jour 
du  repos  et  ne  le  rendent  pas  illusoire. 

Panni  les  influences  nuisibles,  qui  menacent  les  ouvriers  le  jour  de 
repos,  surtout  s'ils  en  ont  employé  la  première  moitié  au  travail,  il  faut 
mentionner  Vinaction  complète,  indolente,  dans  des  habits  malpro- 
pres, sur  un  lit  et  dans  une  chambre  étroite.  Cette  oisiveté  que  nous 
avons  souvent  constatée  ne  satisfait  pas  au  besoin  de  grand  air  qu'ont 
les  poumons  ;  elle  ne  stimule  pas  non  plus  la  circulation  du  sang  et  elle 
ne  développe  pas  les  forces  morales.  Le  véritable  repos  ne  consiste  pas 
à  ne  rien  faire,  mais  à  changer  d'occupation. 

Mais  c'est  surtout  contre  un  autre  danger  du  jour  de  repos  qu'il  s'agit 
de  lutter  ;  nous  voulons  parler  des  excès  d^s  boissons  alcooliques  qui 
dénaturent  si  souvent  le  jour  de  récréation,  et  de  toutes  ces  joies 
bruyantes  et  excitantes  qui  épuisent  le  corj)»  et  fatiguent  l'esprit,  au 
lieu  (le  le  reposer,  de  ce«  fêtes  déréglées  et  de  ces  plaisirs  passionnés 
qui  ne  laissent  après  eux  que  le  vide  et  le  dégoût  et  qui  rappellent  les 
bacchanales  et  les  saturnales  des  temps  de  décadence  des  peuples  anciens. 

Poui*  que  les  ouvriers  soient  préservés  de  ces  aberrations,  il  faut  leur 
offrir  le  jour  du  repos  des  distractions  plus  saines,  une  nourriture 
intellectuelle  véritable,  des  salles  de  lecture,  des  bibliothèques,  musées, 
conférences  publiques  et  gratuites,  jardins  botaniques  et  zoologiques,  et 


LE  REPOS  HEBDOMADAIRE  AU   POINT  DE  VUE  HYGIENIQUE.  45^ 

e  culte  public  lui-même,  afin  de  relever  autant  que  possible  la  vie  morale 
t  intellectuelle. 

Ost,  avant  tout,  la  vie  de  famille  qui  doit  être  considérée  comme  uu 
évier  des  plus  importants  de  l'hygiène  du  jour  de  repos.  Rien  n'est  plus 
propre  à  délasser  un  homme  fatigué  que  la  liberté  et  la  franche  gaieté 
lu  foyer  domestique,  la  joie  naïve  des  enfants,  les  promenades  en  famille 
laii8  la  campagne,  et,  en  général,  la  vie  cordiale  et  l'harmonie  avec  les 
;iens. 

Le  repos  hebdomadaire  est  une  question  de  la  plus  haute  importance 
lux  points  de  vue  social,  moral,  humanitaire  et  surtout  hygiénique.  Mais 
•e  serait  une  hygiène  bien  incomplète  et  bien  stérile  que  celle  qui  négli- 
;erait  la  santé  morale,  la  santé  de  l'âme,  si  nécessaire  elle-même  à  la 
>anté  durable  du  corps.  A  l'âme  aussi  il  faut  un  jour  entier  de  repos  et  de 
liberté,  pour  qu'elle  puisse  s'orienter,  se  rendre  compte  d'où  elle 
vient  et  oii  elle  va.  Fatiguée  du  train  de  la  vie  ordinaire,  elle  a  besoin 
l'un  asile  tranquille  où  elle  puisse  se  reposer,  se  rafraîchir,  se  purifier, 
recouvrer  sa  noblesse  native  et  reprendre  courage.  L'hygiène  de  Vâme, 
la  culture  des  intérêts  supérieurs  de  la  vie,  la  recherche  de  la  paix  inté- 
rieure dans  l'harmonie  avec  Dieu  peut  et  doit  couronner  l'hygiène  du 
jour  du  repos. 

Je  conclus  qu'un  jour  entier  et  commun  de  l'epos  hebdomadaire  est 
rinstitution  la  plus  nécessaire  pour  la  conservation  de  la  santé  et  de  la 
vigueur  du  corps  et  de  l'esprit,  c'est  une  condition  essentielle  d'apti- 
tude au  travail  et  de  vie  prolongée,  un  gage  de  prospérité  matérielle  et 
de  moralité  pour  l'individu,  un  élément  indispensable  de  l'hygiène 
publique  et  de  force  pour  la  nation. 

Il  est  du  devoir  de  tous  ceux  qui  apprécient  l'importance  du  repos 
hebdomadaire,  de  créer  et  d'entretenir  dans  l'opinion  publique,  parleur 
propre  exemple  et  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir,  le  sentiment 
des  avantages  réels  qui  résultent  d'un  jour  régulier  de  repos,  et  de  faire 
de  la  propagande  pour  cette  caisse  d'épargne  des  forces,  de  la  santé  et 
de  la  moralité  de  l'homme. 

Ce  serait  procurer  un  grand  bienfait  à  des  miUiers  d'ouvriers  et  donner 
un  élan  salutaire  au  progrès  humanitaire  et  sanitaire,  que  de  faire  uil 
chaleureux  appel  aux  gouvernements  et  aux  hommes  influents  de  toutes 
les  municipalités,  aux  sociétés  d'utilité  publique,  aux  directeurs  des 
chemins  de  fer  et  autres  services  publics,  aux  chefs  d'ateliers,  d'éta;blis- 
sements  industriels  et  d'entreprises  commerciales,  afin  que  le  repos 
hebdomadaire  régulier  et  complet  soit  considéré  comme  une  loi  impé- 
rieuse de  la  nature  humaine,  que  ce  jour  soit  accordé,  autant  que  possible, 
à  tout  individu  placé  sous  la  dépendance  d'autrui,  et  que  tous  ceux  qui 


454  8ECTI0K  I.    —  8ÉANCE   DU  SAMEDI  9  SHeTRilfiRB. 

ont  quelque  autorité  et  quelque  influence  contribuent  de  leur  mieux  à  ce 
que  ce  jour  soit  observé  selon  les  principes  mentionnés  précédemment. 

Pour  arriver  h  une  base  aussi  solide  qu'étendue  de  cette  question  au 
point  de  vue  hygiénique  et,  en  même  temps,  pour  gagner  des  collabora- 
teurs convaincus,  il  serait  aussi  à  désirer  qu'on  prît  Tinitiative  d'une 
enquête  scientifique  sur  les  effets  du  travail  non  interrompu  par  le  repos 
bebdomadaire  ;  effets  qui  ne  peuvent  être  constatés  valablement  que  par 
la  collaboration  de  beaucoup  d'observateurs  de  tous  pays,  médecins, 
che£s  d'ateliers  et  d'administrations,  amis  du  peuple  et  des  ouvriers. 

Aux  médecins  on  pourrait  demander  : 

1.  Avez-vous  remarqué  que  les  personnes  sans  repos  hebdomadaire 
suffisant  étaient  plus  souvent  indisposées  ou  malades  que  celles  qui 
jouissent  de  ce  jour  de  repos  ? 

Qu'elles  étaient  plus  souvent,  plus  longtemps  et  plus  vite  incapables  de 
travail  ? 
Que  leur  vie  durait  moins  longtemps  ? 
Qu'elles  étaient,  généralement,  plus  adonnées  à  l'eau-de-vie  V 
Que  leurs  familles  étaient  plus  souvent  exposées  à  la  misère  ? 

2.  Quelles  formes  de  maladies  avez-vous  surtout  pu  constater  chez  ces 
personnes? 

8.  Quelles  sont  les  influences  qui  font  moins  facilement  supporter  le 
manque  de  repos  hebdomadaire  :  influences  de  l'âge,  du  sexe,  de  Fétat 
des  forces,  de  la  nourriture,  du  genre  du  travaU,  sédentaire  ou  accompli 
debout,  travail  intellectuel  ou  travaU  des  ouvriers  et  employés  de  chemins 
de  fer,  de  la  poste  et  des  télégraphes  ? 

4.  Avez-vous  remarqué  qu'un  demi-jour  de  repos  par  semaine,  ou  un 
jour  après  deux  ou  trois  semaines,  leur  suffit,  à  la  longue,  sans  diminution 
anormale  de  leurs  forces  ? 

5.  Avez-vous  remarqué  que  le  jour  du  repos  lorsqu'il  n'est  pas  simul- 
tané et  le  même  pour  tous,  remplit  entièrement  son  but  hygiénique  ? 

Ces  mêmes  questions  seraient  aussi  adressées  aux  chefs  d'ateliers, 
d'administrations  et  de  services  publics.  Ceux-ci  pourraient  donner  des 
renseignements  précis  sur  l'aptitude  au  travaU  et  la  valeur  du  travail 
des  personnes  privées  du  repos  hebdomadaire  comparées  à  d'autres  qui 
en  jouissent,  sur  la  disposition  psychique,  la  bonne  volonté,  le  contente- 
ment, le  bien-être  matériel,  la  vie  de  famille,  la  fréquence  de  l'alcoolisme 
parmi  les  uns  et  les  autres  et  sur  la  manière  plus  ou  moins  hygiénique 
dont  les  ouvriers  et  ouvrières  emploient  ordinairement  leur  jour  de 
repos. 

M.  le  D*^  Napias,  tout  en  admettant  la  nécessité  du  repos  périodique 


LE  REPOS   IIKBDOMADAIUK   AU   POINT   DE  VCE    HYOléXIQUE.  455 

pour  tout  homme  qui  travaille,  croit  que  les  couclusions  du  rapport  du 
D'  Haegler  sont  inspirées  par  des  préoccupations  étrangères  à  l'hygiène. 
Il  croit  de  plus  qu'il  est  impossible  d'arriver  à  faire  reposer  tout  le 
monde  en  même  temps.  Les  employés  de  chemins  de  fer,  en  particulier, 
doivent  pour  ainsi  dire  avoir  plus  d'ouvrage  qu'à  l'ordinaire  le  jour  où 
les  autres  travailleurs  prennent  un  repos  hygiénique. 

Il  n'y  a  aucune  preuve  physiologique  pour  que  la  période  du  repos 
soit  le  septième  jour.  Les  exigences  sociales  et  professionnelles  sont  en 
contradiction  absolue  avec  la  notion  d'un  jour  de  repos  absolu  pour  tout 
le  monde. 

M.  Hou(jHT()N  s'exprime  en  anglais.  Se«  paroles  sont  traduites  par 
M.  le  secrétaire.  Les  personnes,  ditril,  qui  ont  de  l'éducation  doivent 
chercher  le  repos  non  dans  la  cessation  complète  du  travail,  mais  dans 
la  variété  du  travail.  La  religion  chrétienne  ne  prescrit  pas  le  repos  du 
sabbat  dans  toute  la  rigueur  judaïque.  Londres  possède  deux  sociétés 
opposées  et  elles  ont  discuté  ce  si^et  publiquement.  Mais  le  peuple  de 
son  côté  a  décidé  la  chose  pour  lui-même,  en  ce  sens  qu'il  ne  veut  pas 
plus  être  privé  de  récréations  rationnelles  qu'empêché  de  profiter  des 
consolations  de  la  religion.  Le  juste  milieu  est  la  voie  à  suivre  en  ce  sens 
que  la  loi  doit  empêcher  les  cris  des  rues,  le  passage  dans  les  rues  de 
chars  lourdement  chargés,  mais  la  faculté  doit  être  accordée  à  qui  le 
veut,  d'atteindre  facilement  la  campagne,  laquelle  est  également  favora- 
ble aux  méditations  religieuses  et  au  repos  corporel. 

M.  le  prof.  CoRKADi  est  d'une  manière  générale  d'accord  avec  M.  le 
D'  Hœgler  :  un  jour  de  repos  apràs  six  de  travail  est  nécessaire.  Mais  il 
y  a  quelques  observations  à  faire.  La  question  hygiénique  se  lie  à  la 
question  économique  ;  le  salaire  de  la  semaine  est-il  pour  tous,  et  sur- 
tout pour  les  femmes  sufiisant  pour  permettre  de  ne  rien  faire,  de  ne 
rien  gagner  le  dimanche  ou  dans  tout  autre  jour  de  repos  V  D'ailleui-s  il 
n'est  pas  possible  de  mettre  à  l'écart  les  nécessités  de  la  vie  sociale; 
d'arrêter  par  exemple  les  chemins  de  fer  qui  doivent  nous  conduire  à  la 
campagne  pour  nous  reposer  et  pour  y  respirer  un  air  plus  pur.  Le  jour 
du  repos,  de  même  qu'il  ne  peut  être  le  même  pour  tous,  ne  peut  être 
al)solu.  Il  peut  arriver  des  accidents  qui  obligent  à  travailler  le  jour 
consacré  au  repos  ;  par  exemple  dans  le  cas  d'inondation.  Il  y  a  aussi 
des  travaux  agricoles  et  même  des  manipulations  industrielles  qui  ne 
permettraient  pas  un  délai.  Il  faut  donc  nous  limiter  à  recommander  un 
jour  de  repos  non  pas  d'une  manière  absolue,  mais  autant  qu'il  sera 
possible.  En  outre,  il  faut  donner  aux  classes  ouvrières  les  moyens  de 
profiter  de  ce  jour  de  repos  ;  car,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  la  question 
hygiénique  est  en  même  temps  une  question  économique  et  par  consé* 
quent  elle  est  plus  complexe  qu'on  ne  le  croit. 


4.'»(»  HKCTION    I.   —    «KAXCE   DV   8.VMKDI   9  8l!:i*TEMUKE. 

M.  le  D'  Fkts(  HEKix  (lit  que  riioiiorable  M.  Napias  nous  a  pariédeh 
(litticulté  (robserver  le  diiimiiche  à  Paris  et  danis^  les  grandes  vilki. 
C'est  facile  à  comprendre  ;  aussi  le  D'  Fetscheriii  ne  voudrait  pas  da 
loi.s  rigoureuses  pour  le  jour  du  repos.  Mais  il  croit  devoir  insistor  m 
la  nécessité  d'un  jour  de  repos  généi-al  pour  les  ouvriers,  pour  ceux  de 
la  (*ainpagne  surtout,  et  pour  la  famille.  Le  bien-être  de  la  famille  est 
un  moyen  puissant  d'hygiène.  Comme  aliéniste  qui,  depuis  23  ans,  a  to 
bien  (les  misènvs  dans  les  asiles,  il  sent  surtout  le  besoin  d'un  jour  de 
re]:()s  général  pour  soutenir  la  santé  physique  et  psychique  de  lafiunille. 
Il  soutiiMit  entièrement  les  conclusions  du  D'  Ha?gler. 

Le  ïy  ViXv;Exr  uv  Ci-aix  d(^sirerait  connaître  exactement  le  but  de 
Tenquéte  que  M.  le  D'  Haegler  nous  propose  de  faire.  S'il  veut  uouspe^ 
suader  seulement  que  le  repos  aprè,s  le  travail  est  nécessaire  ou  même 
indisi)ensable,  je  puis  lui  assurer  que  nous  sommes  tous  ici  convaincus. 
Mais  cette  preuve  une  fois  faite,  nous  proposera- 1 -il,  comme  ses  condft- 
sions  m(î  le  font  craindre,  d'imposer  ce  repos  indispensable  par  démons- 
tration V  Aloi-s  je  lui  demande  comment  il  prétend  le  réglementer.  Sen- 
t-il le  mèjiie  pour  les  paysans  et  pour  les  ouvriers,  pour  le,s  profess^us 
et  i)Our  les  élèves,  pour  les  maîtres  et  pour  les  domestiques. 

Déjà  M.  Hiegler  admet  des  excei)tions.  Qu'il  me  permette  de  lui  dire 
qu(»  c'est  précisément  en  faveur  de  ces  exceptions  et  de  ces  excepdo]» 
seules  qu'il  {larle.  Ce  repos  en  effet  chacun  le  considère  à  ce  point  comme 
excellent,  que  tous  1<*  prendraient  volontiers  au  moment  opportun.  Mal- 
heureusement notre  civilisation  impose  à  quelques-uns  d'entre  nous  une 
lutte  si  lourde  pour  l'existence  (pie  le  rei)OS  nous  devient  impossible,  et 
c'est  par  là  que  la  questioji  est  écoHomique  comme  le  disait  très  bieu 
M.  le  i)roteseeur  Corradi.  Je  ne  parle  pas  ici  des  employés  qui  presque 
partout  se  reposent  environ  un  jour  sur  huit  en  moyenne,  je  ne  parie 
pas  des  paysans  qui  daiLs  la  presque  totalité  des  cas  ont  aussi  leur  repos 
lie])domadaire  ;  ni  des  enfants,  ni  des  étudiants  qui  ont  des  vacances, 
ni  des  soldats  qui  ont  des  congés.  Je  i)arle  des  ouvriers,  et  de  tous  ceux 
qui  en  général  traraUknt  pour  rirre;  ceux-là.  croyez-le  bien,  prendront 
du  repos  aussi  souvent  qu'il  leur  sera  possible  de  le  faire.  S'ils  travail- 
lent sans  relâche,  soyez  certains  qu'alors  ils  sont  placés  entre  le  labeur 
et  la  faim.  Quelle  loi  oserait  leur  imposer  un  repos  plus  préjudiciable  à 
leur  santé  que  le  travail  V 

(  -ertes  nous  sommes  tous  d'accord  ici.  Le  repos,  le  repos  régulier,  le 
rei)os  fréquent  est  hygiéniciuement  utile,  il  est  nécessaire,  il  est  indis- 
pensable. Mais  ce  n'est  pa^javec  une  loi  qu'on  modifiera  les  causes  com- 
plexes du  surmenage  d'une  certaine  partie  de  nos  populations.  La  ques- 
tion est  plus  vaste,  elle  touche  à  des  points  que  le  Congrès  d'hygiène 
n'a  i)as  à  étudier. 


Planche  111.- Page  457 


Lith.  G.Brumm  ,  Genève 


41 


.  1 


/ 


LA  FIÈVRE  JAUXE.  457 

J'estime  eu  conséquence  que  l'enquête  proposée  par  M.  le  D'  Hœgler 
n'aurait  aucun  résultat  pratique  parce  qu'elle  ne  nous  apprendrait  que 
des  faits  qui  déjà  nous  sont  parfaitement  connus. 


LA  FIÈVRE  JAUNE  DEVANT  L'HYGIÈNE 

INTERNATIONALE 

M.  le  D'  et  prof.  Layet  de  Bordeaux,  rapporteur  sur  cette  question, 
n'a  malheureusement  pas  pu  nous  remettre  le  texte  de  son  discours.  Ses 
^conclusions,  qui  faisaient  partie  du  programme  du  Congrès,  et  qui  ont 
5ervi  de  base  à  la  discussion,  se  trouvent  reproduites  dans  le  présent 
volume,  pages  31  à  33.  M.  Layet  a  démontré  avec  l'aide  d'une  carte 
géographique  (voir  planche  III),  la  création  de  foyers  successifs  (piîmi- 
tifs,  secondaires  et  tertiaires)  de  la  fièvre  jaune  dans  sa  marche  envahis- 
^anie  vers  l'Europe. 


Di«!»coups  de  M.  le  D'  FormeiitOy 

de  la  Nouvelle-Orléans. 

LA  FIÈVRE  JAUNE.  NATURE  DE  LA  MALADIE.  ÉTIOLOGIE. 

MESURES  PRÉVENTIVES. 

La  fiè\Te  jaune  est,  comme  vous  le  savez.  Messieurs,  une  maladie  d'un 
yi>€  spécial.  Elle  est  d'origine  exotique.  Primitivement  développée 
A  IIS  les  régions  tropicales  de  l'Amérique,  surtout  dans  les  îles  du  Golfe 
u  Mexique  et  de  la  mer  des  Antilles,  ce  n'est  qu'exceptionnellenaent 
a ''elle  s'est  étendue  aux  autres  contrées  du  Nouveau-Monde,  et  en 
lui-ope.  La  fièvre  jaune  est  essentiellement  une  maladie  de  l'hémisphère 
ce î dental;  on  ne  l'a  jamais  observée  dans  les  Indes  orientales  ni  en 
'liiiie.  Il  semble  que  ce  fut  vers  la  fin  du  XV""  siècle  ou  le  commence- 
lent  du  XVI"'  siècle,  que  la  maladie  se  montra  pour  la  première  fois  à 

m  

a-tnt-Domingue  et  à  Porto-Rico.  Les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  expé- 
itions  de  Colomb,  rapportent  que  peu  de  temps  après  son  second 
ébarquement  à  Saint-Domingue,  en  1493,  ses  troupes  moururent  en 
^^nd  nombre  d'une  maladie  alors  inconnue,  pendant  laquelle,  ceux  qui 
'^  étaient  aiîectés  devenaient  d'un  jaune  safran.  On  conçoit  combien,  il 
^^  difficile  de  rien  préciser  à  l'égard  de  la  première  apparition  de  la 


458  SEtniON  1.   —    8£A2kCE  DU  8AMKUI  9  8KPTKMURF. 

fièvre  jauue  dans  un  pays  qui  venait  à  peine  d'être  découvert,  à  une 
époque  d'ignorance  générale.  Quoi  qu'il  en  soit,  pendant  plus  d'un  siè- 
cle après  la  découverte  de  rAmérique,  on  ne  trouve  nulle  part  la  moia- 
dre  allusion  à  une  maladie  ressemblant  à  la  fièvre  jaune.  En  1635,  ou 
observa  et  Ton  décrivit,  dans  Ttle  de  la  Guadeloupe,  une  épidémie  qai  res- 
semble à  la  fièvre  jaune.  Pendant  le  XVII"*  siècle  on  observa  la  maladie 
le  long  des  côtes  de  TAtlantique  ;  elle  s'étendit  jusqu'à  Boston  en  1693. 
Kn  1700,  elle  sévit  à  New-York.  En  1761,  la  maladie  se  fixa  d'uue 
manière  permanente  à  la  Havane,  et  elle  y  a  régné  depuis  lors.  Au  com- 
mencement de  ce  siècle,  elle  atteignit  le  47"^  degré  de  latitude  nord,  eo 
Amérique,  et  traversant  les  mers,  elle  se  déclara  aux  Iles  Canaries,  à 
Livourne,  Barcelone,  Gibraltar,  Lisbonne,  etc.  Jusque-là  elle  n'avait 
sévi  que  dans  les  ports  de  mer  ou  dans  des  endroits  peu  éloignés  de  la 
mer.  Depuis  1853,  année  où  elle  fit  de  si  grands  ravages  en  Louisiane,  h 
fièvre  jaune  s'étendit  dans  les  villes  et  les  campagnes  de  rintérieurà 
de  grandes  distances  de  la  mer.  Ce  fait  fut  surtout  observé  pendant 
les  épidémies  de  1858,  1867  et  1878.  Les  nombreux  et  faciles  moyens  de 
conmiunicatioii  par  ten*e  et  par  eau,  chemins  de  fer,  bateaux  à  vapeur, 
etc.,  qui  existent  de  nos  jours  eultre  les  diftérentes  parties  du  pays 
rendent  compte,  jusqu'à  un  certain  point,  de  ce  fait.  Cependant, 
depuis  le  commencement  du  siècle,  la  maladie  ne  s'est  montrée  qu'à 
de  rares  intervalles,  et  d'une  façon  accidentelle  dans  les  villes  du  nord 
des  États-Unis,  et  en  Europe.  Son  foyer  permanent  et  central  est 
aujourd'hui  localisé  dans  certaines  contrées  du  Golfe  du  Mexique, 
particulièrement  à  la  Vera-Ci-uz  et  à  la  Havane.  Elle  y  sévit  presque 
toute  l'année.  Elle  n'a  fait  sou  appaiîtion  au  Brésil  que  vers  Tauiiée 
1850,  mais  depuis  lors  elle  y  règne  d'une  façon  constante  pendant  les 
mois  d'été. 

Pendant  longtemps  on  avait  cru  que  la  fièvre  jaune  ne  se  montrait 
jamais  à  une  élévation  de  2500  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  : 
mais  depuis  peu,  elle  a  été  observée  à  Caracas,  à  aOOO  pieds  de  hauteur,  et 
en  1854  et  1856  à  Cuzco  à  une  hauteur  de  12,000  pieds.  Cependant  le 
plus  ou  moins  d'élévation  dans  le  même  degré  de  latitude,  a  une  très 
grande  influence  sur  le  développement  de  la  makdie  ;  ainsi,  tandis 
qu'elle  est  endémique  à  Vera-Cruz,  port  de  mer  peu  élevé,  elle  est  pre^ 
que  entièrement  inconnue  dans  l'intérieur,  à  une  certaine  élévation.  A  la 
Jamaïque,  à  Saint-Domingue,  les  montagnes  sont  entièrement  à  l'abri 
du  fléau  qui  sévit  sur  la  côte  (Jones). 

A  part  les  conditions  telluro-atmosphériques  spéciales  aux  l'égious  tro- 
picales ou  semi-tropicales  de  l'Amérique,  où  la  maladie  est  endémique 
et  pemianonte  ;  certaines  conditions  générales  sont  nécessaires  au  déve- 


LA  FIÈVRE  JAUNE.  459 

oppenient  de  la  fièvre  jauue  dans  les  pays  où  elle  ne  se  montre  qu'acci- 
lentellement,  c'est-à-dire  où  elle  est  importée  du  dehors.  Ces  principa- 
es  conditions  sont  une  température  élevée  (Sb"*  F.)  et  prolongée,  une 
prande  humidité,  un  certain  degré  de  densité  de  population,  une  nom- 
ireuse  population  d'étrangers  ou  de  non  acclimatés,  une  situation  peu 
ïloignée  de  la  mer  et  de  peu  d'élévation,  ou  bien  de  fréquents  rap- 
K>rts  avec  un  port  de  mer,  etc.,  enfin  toutes  les  autres  causes  d'insalu- 
irité  locale,  mauvais  drainage,  mauvais  pavage,  malpropreté  des  rues, 
oaisons,  latrines,  etc.,  encombrement,  manque  d'air,  d'eau,  de  soins, 
rhygiëue  publique  et  privée,  etc.  Cependant,  chose  curieuse  à  noter,  la 
Dalpropreté  ne  joue  pas  un  rôle  aussi  important  qu'on  devrait  le  suppo- 
er  raisonnablement,  dans  le  développement  et  la  propagation  de  la  mala- 
lie.  Nous  avons  souvent  vu  à  la  Nouvelle-Orléans,  les  quartiers  les  plus 
iropres,  les  plus  riches,  être  les  premiers  et  parfois  les  seuls  envahis  (cas 
le  la  famille  du  général  Hood,  en  1879)  ;  et  la  maladie,  importée  des 
Antilles,  a  fait  des  ravages  en  1862  et  64,  à  Nassau,  lie  de  rochers  élevés, 
lont  les  rues  sont  lavées  par  de  fréquentes  et  copieuses  pluies,  où  la 
K>ussière  et  la  malpropi*eté  sont  inconnues. 

Quant  à  la  cause,  réelle,  déterminante,  efficiente  de  la  fiëvi*e  jaune, 
^11  s'accorde  généFalement  à  admettre  qu'elle  consiste  en  un  principe 
Qorbide,  jusqu'ici  mal  défini,  en  un  germe,  ou  organisme,  infiniment 
letit,  d'origine  animale  probablement,  germe  vivant  dans  l'air,  sus- 
«ptible  de  se  reproduire  et  de  se  transporter  d'une  région  à  l'autre, 
îelon  qu'il  trouve  ou  non  dans  le  milieu  où  il  est  transporté,  les  condi- 
ious  nécessaires  à  sa  vie,  à  sa  nutrition  et  à  son  développement,  il 
e  reproduit,  se  propage,  crott  et  se  multiplie  à  l'infini,  ou  bien  s'étiole 
ît  meurt.  Le  microscope  n'a  pas  encore  démontré  d'une  façon  positive 
a  présence  de  ce  germe,  mais  ne  tardera  pas  à  le  Caire  selon  toute  pro- 
labilité.  Tout  porte  du  reste  à  l'admettre,  l'analogie,  les  démonstra- 
ioiis  physiques  de  germes  ou  organismes  vivants  dans  une  foule  de 
naladies,  suivant  les  expériences  si  connues,  si  probantes  de  Pasteur, 
le  Tyndal,  etc.  On  ne  saurait  admettre  aigourd'hui  la  doctrine  de  la 
génération  spontanée,  pas  plus  celle  des  maladies  que  de  quoique  ce 
4)it  d'organique,  de  vivant.  La  fièvre  jauue  de  même  que  la  rage  canine, 
a  fièvre  typhoïde,  la  variole,  la  scarlatine,  la  diphtérie,  natt  d'une 
ause  spéciale,  toujours  la  même,  susceptible  de  se  communiquer  et  de 
e  propager.  Cette  cause,  ce  poison  du  sang  est  un  corps  vivant,  un 
jerme  organique,  puisque  —  c'est  là  la  diiSférence  capitale  entre  un 
organisme  vivant  et  une  matière  inorganique  morte  —  son  développe- 
it  sa  croissance  n'ont  lieu  que  sous  certaines  conditions  spéciales,  detem- 
lérature,  d'humidité,  etc.  Ce  poison,  comme  d'autres  \^\sav\&  \siQv\^vte^s 


46<)  8KCTI0N   I.   —    8KAXCF'   DU   SAMEDI   9  8EPTËMBRK. 

possède  une  grande  résistance  à  Taction  du  temps  et  d'autres  circon- 
stances adverses.  II  peut  demeurer  longtemps  à  Tétat  dorma4]t,  atten- 
dant une  occasion  favorable,  un  milieu  propice  à  son  développement: 
comme  le  prouvent  tant  de  faits  bien  constatés  d'introduction  de  k 
maladie,  dans  une  localité  où  elle  a'avait  jamais  existé  auparavant,  à  la 
suite  du  déchargement  d'un  navire,  ou  de  marchaudises  provenant 
d'une  région  infectée,  bien  éloignée  parfois;  par  exemple  rintroduction 
de  la  fièvre  jaune  à  Saint-Nazaire  par  VAnne-Mariey  venant  de  la 
Havane,  en  1860  ;  et  en  1878  h  Madrid,  pai*  une  caisse  de  vêtements  de 
soldats  arrivant  de  l'tle  de  Cuba  (voir  la  relation  si  intéressante^  si 
instructive  de  Melin).  Ne  connaissons-nous  pas  d'autres  faits  de  même 
nature,  tout  aussi  extraordinaires,  aussi  curieux,  mais  qui  causent  sans 
doute  moins  d'étonnemeat,  de  surprise,  parce  que  nous  les  voyons  se 
reproduire  plus  souvent  sous  nos  yeux,,  par  exemple  :  la  durée  si  prolon- 
gée de  la  période  de  somnolence,  de  repos,  d'inertie,  de  certaines  semen- 
ces, de  certains  ovules.  N'a-t-on  pas  vu  germer  et  se  développer  de  no? 
jours  des  grains  de  blé  qui  provenaient  d'une  momie  d!Egypte,  enter- 
rée depuis  plusieurs  siècles  V  . 

Pour  ne  parler  que  d'un  parasite  bien  connu,  surtout  depuis  les  admi- 
rables travaux  de  Pasteur,  le  hacillas  anthracis,  le  germe  du  charbon 
ou  fièvre  splénique,  ne  sait-on  pas  que  ce  poison  contenu  dans  les.cuirs 
des  animaux  infectés,  résiste  parfois  à  l'ébuUition  prolongée,  à  la  chaux 
vive,  aux  différentes  préparations  nécessaires  pour  arriver  à  tanner  le 
cuir  ? 

Nous  lisons  dans  VEnq/clopédie  de  Ziemssen,  ce  fait  rapporté  par 
Bollinger  :  six  moi^  après  la  mort  d'un  animal  charbonneux,  son  cuir, 
trempé  dans  une  mare  d'eau,  infecta  vingt  moutons  qui  furent  lavés 
dans  cette  eau,  un  sellier  qui  travailla  ce  cuir,  et  deux  chevaux  qui 
portèrent  un  harnais  fait  de  ce  cuir  !  Bollinger  affirme  qu'une  tempérar 
ture  de  glace  ne  fait  qu'engourdir  et  assoupir  ce  poison  du  charbon  (de 
même  que  pour  d'autres  a  bactéries  saprogéniques,  ».)  sans  pour  cela 
détruire  sa  vitalité  qui  renaît  si  le  germe  est  soumis  de  nouveau  à  une 
température  plus  élevée. 

Pasteur  a  innoculé  avec  succès  la  maladie  avec  des  germes  cultivés  par 
lui  artificiellement  depuis  deux  ans.  En  1879,  il  annonça  à  l'Académie  de 
médecine  de  Paris  que  le  «  charbon,  la  septicémie,  le  choléra  des  poules, 
existent  à  l'état  de  germe. en  bouteille  dans  son  laboratoire  depuis 
deux  ans.  A  volonté  ces  gennes  peuvent  de  nouveau  produire  l'infection 
et  la  mort.  »  Depuis  lors  il  a  mis  également  en  bouteille  le  poison  de  la 
rage.  Il  a  démontré  que  ces  différents  germes  exigent  pour  se  développer 
des  conditions  et  un  milieu  différents  ;   par  exemple  les  bactéries  du 


LA  FIKVRK  JAUNE.  461 

charbon  se  développèrent  mieux  dans  Une  infusion  de  houblon,  tandis 
que  les  organismes  qui  produisent  le  choléra  des  poules  n'y  croîtront 
pas,  mais  au  contraire  se  développeront  d'une  façon  splendide  dans  du 
bouillon  de  poulet. 

Le  professeur  James  Law,  de  l'Université  de  Cornell,  prouve  que  le 
poison  du  charbon  résiste  à  une  température  de  300**  F.  de  même  qu'à 
une  température  bien  au-dessous  de  zéro.  Le  temps  et  même  la  putré- 
&ction  ne  semblent  avoir  aucune  influence  sur  ce  mystérieux  et  subtil 
poison.  Il  a  vu,  et  ceci  confirme  l'expérience  de  Pasteur,  des  prairies  h 
pâturage  sur  lesquelles  étaient  morts  bien  des  années  auparavant  des 
animaux  infectés,  retenir  leurs  qualités  infectueuses  pendant  un  grand 
nombre  d'années  successives.  Il  a  vu  ces  prairies  fournir  un  foin  qui  a 
continué  à  infecter  des  animaux  nourris  à  distance  de  cet  endi'oit! 
iThaille,  N.  0.  MeiL-JournaU  oct,  1880).  Une  des  particularités  du 
poison,  notées  par  Pasteur,  c'est  que  certains  animaux  ne  sont  pas 
susceptibles  d'être  infectés,  les  oiseaux,  par  exemple,  chez  eux  la  tempé- 
rature de  leur  sang  est  trop  élevée.  Il  réduisit  cette  température  de  39°, 
la  normale,  à  25"",  en  maintenant  l'animal  dans  un  bain  froid,  et  alors  il 
put  les  innoculer  avec  succès  et  les  vit  mourir  en  36  heures. 

Ces  remarques  s'appliquent  également  bien  à  certains  poisons  ou 
principes  morbides,  dont  la  nature  organique  est  admise  par  analogie,  en 
Tabsence  de  preuves  réelles.  On  sait  que  les  poisons  qui  produisent  la 
variole,  la  scarlatine  et  la  rougeole  sont  doués  à  un  degré  extrême  d'une 
puissance  de  résistance  aux  agents  extérieui^s,  d'une  puissance  conserva- 
trice parfois  incroyable.  On  a  cité  des  exemples  de  transmission  de  ces 
maladies  contagieuses,  après  un  laps  de  temps  de  mois  et  d'années;  par 
exemple  de  fossoyeurs  atteints  pour  avoir  exhumé  des  cadavres  de 
varioleux,  morts  depuis  plusieurs  mois. 

Le  poison  ou  germe  du  choléra  est  peut-être  de  toutes  les  maladies 
transmissibles,  mais  non  susceptibles  d'être  inoculées,  celui  qui  a  le  plus  de 
rapports  avec  le  germe  de  la  fièvre  jaune.  Tous  les  deux  sont  d'une  grande 
ténacité  ;  sous  l'influence  de  certaines  causes,  changement  de  latitude 
par  exemple  (fait  surtout  observé  sur  les  navh-es),  on  les  voit  dispai*attre 
pour  reparaître  quelques  mois,  on  dit  même  quelques  années  après. 
Pour  ce  qui  est  de  la  fièvre  jaune,  on  a  vu  les  germes  de  la  maladie 
demeurer  à  l'état  latent  pendant  bien  des  mois,  dans  les  cales  ou  autres 
parties  des  navires ,  et  même  dans  certains  vêtements  contenus  dans 
des  malles  ;  puis  un  beau  jour,  lorsque  ces  germes  étaient  répandus  à 
Tair  libre,  sortaient  pour  ainsi  dire  de  leurs  prisons,  on  les  a  vu  produire 
de  terribles  accidents. 

On  peut  en  citer  des  exemples  nombreux  et  récents,  entre  autres  celui 


4(î2  SECTION    I.   —    8KAKCE   DU   8AIIEm   9  8EPTEMBRK. 

(lu  Steamer  des  États-Unis  Plymoulh.  Ce  navire  se  trouvait  en  croisière 
dans  les  parages  de  Saint-Thomas  et  de  Santa-Cruz  où  sévissait  la  fièvre 
jaune  en  octobre  1878.  U  fit  du  charbon  à  Saint-Thomas  le  21  octobre. 
Du  25  octobre  au  7  novembre,  il  y  eut  sept  cas  de  fièvre  jaune  à  bord, 
et  puis  tout  rentra  dans  Tordre.  Le  Plymouth  revint  aux  États-Unis  le 
30  novembre  et  à  partir  de  cette  date  jusqu'au  15  mars  1879,  il  demeura 
à  Portsmouth  et  à  Boston,  points  à  Textrémité  nord  des  États-Unis,  au 
milieu  des  glaces  et  des  neiges.  Étant  sur  le  dock,  h  Boston,  le  navii-e 
fiit  fùmigué  trois  fois,  au  moyen  du  gaz  acide  sulfureux.  A  cet  effet, 
cent  livres  desou&*e  furent  brûlés  chaque  fois  (Boston  Médical  Journal). 
Presque  toutes  les  provisions  furent  enlevées  du  navire.  A  Tintérieur  il 
se  formait  de  la  glace  dans  presque  toutes  les  parties  du  navire  ;  mais, 
c'est  là  l'explication  de  mystère,  le  gardien,  pour  se  mettre  à  l'abri  du 
froid,  tenait  allumé  un  poêle  pendant  presque  toute  la  durée  de  sou 
séjour  sur  le  dock.  Le  15  mars  1879,  le  Plymouth  repaitait  pour  les 
Antilles.  Peu  de  temps  api*ès,  dans  une  tempête,  les  écoutilles  dui^nt  être 
abattues,  l'entrepont  devint  d'une  chaleur  et  d'une  humidité  insupporta- 
bles ;  le  21  et  le  22,  il  se  déclara  deux  cas  de  fièvre  jaune,  ce  furent  les 
seuls  cas,  vei-s  27"* 40'  de  latitude  nord,  le  navire  fut  dirigé  vers  le  nord 
et  la  maladie  disparut.  Dans  ce  cas  le  poison  de  la  fièvre  jaune  semble 
être  resté  à  l'état  latent,  à  l'état  somnolent  pendant  quatre  mois  et 
demi  î  On  s'explique  que  le  froid  excessif  auquel  fut  soumis  le  steamer 
dans  le  port  de  Boston,  ne  détruisit  pas,  ne  tua  pas  tous  les  germes  de 
la  maladie,  par  le  fait  de  la  présence  presque  constante  d'un  poêle 
allumé,  précisément  dans  une  partie  du  navire  oii  l'on  put  constater 
que  certaines  i)outres  ou  planches  se  trouvaient  fortement  endommagées 
et  pounies. 

Pour  ce  qui  est  de  la  transmissibilité  de  la  fièvre  jaune  dans  une  loca- 
lité pai-faitement  saine  jusque-là,  au  moyen  d'effets,  vêtements,  etc.  et 
cela  plus  ou  moins  de  temps  après  que  ces  effets  avaient  servi,  nous 
pourrions  citer  un  grand  nombre  d'exemples  tout  à  fait  concluants. 
Pour  ne  pas  abuser  de  votre  patience,  nous  nous  contenterons  de  vous 
rappeler  un  ou  deux  faits  rapportés  dans  un  mémoire  du  D'  Chaille, 
'(  On  Poison  of  Jellow  Fever.  »  r  Le  fait  du  D'  C.-M.  Smith,  de  Fi-anklin 
(  Louisiane  ),  dans  lequel  une  malle  qui  contenait  des  effets  d'une  personne 
morte  de  la  fièvre  jaune  deux  ans  auparavant,  fut  ouverte  dans  une 
localité  oii  jamais  la  maladie  ne  s'était  montrée,  et  donna  lieu  à  des  cas 
de  fièvie  jaune,  et  cela  dans  des  circonstances  qui  ne  permettent  pas  de 
douter  que  la  cause  de  cette  maladie  ne  provint  de  la  malle.  En  1850, 
une  malle  renfennant  des  vêtements  d'un  M.  Lane,  mort  de  la  fièvi-e 
jaune  en  1853  (année  terrible),  à  quelques  milles  de  Pensacola  (Floride), 


LA  FIÈVRE   JAl'XE.  4Go 

et  qui  avait  été  déposée  pendant  deux  ans  dans  un  entrepôt  ou  magasin, 
fut  ouverte,  dans  une  maison  à  45  milles  nord  de  Pensacola,  à  Brooklin 
(A)abama),  en  présence  de  plusieurs  personnes.  Deux  ou  trois  jours  après, 
six  de  ces  personnes  tombèrent  malades  et  moururent  de  vomissement 
noir.  Le  D'  Rochester  rapporte  qu'  «  en  septembre  1856,  un  navire 
infecté,  de  Cuba,  était  détenu  à  la  quarantaine  de  Staten  Island  (New- 
York).  Plusieurs  passagers  étaient  morts  ;  d'autres  étaient  malades  k 
bord.  Des  objets  de  literie  et  des  vêtements  furent  jetés  par-dessus  bord. 
Bay  Ridge,  lieu  de  villégiature  délicieux,  se  trouve  de  l'autre  côté  de 
la  baie,  à  un  mille  environ  de  l'endroit  oii  le  navire  était  à  l'ancre.  Les 
vents  et  la  marée  poussèrent  ces  objets  sur  la  plage,  en  face  de  la  rési- 
dence de  M.  le  colonel  Ch.  Princes,  citoyen  respectable  et  âgé.  Pendant 
sa  promenade  matinale  habituelle,  il  découvrit  ces  objets,  s'en  approcha 
et  les  examina  du  bout  de  sa  canne,  sans  les  toucher  autrement  ;  il 
n'avait  aucun  soupçon  de  leur  provenance.  Quatre  jours  après  il  tombait 
malade,  et  mourait  dans  l'espace  d'une  semaine  de  la  fièvre  jaune.  » 

Comme  nous  l'avons  dit,  le  poison  de  la  fièvre  jaune  présente  dans 
certains  pas  une  force  de  résistance  extraordinaire  au  temps  et  aux 
agents  extérieui's.  C'est  pour  avoir  méconnu  ce  fait,  et  n'avoir  pas  assez 
étudié  toutes  les  circonstances  se  rattachant  à  l'apparition  des  premiers 
cas,  dans  certaines  localités,  qu'on  a,  bien  à  tort  parfois,  admis  l'origine 
spontanée  de  la  maladie,  qu'on  a  cru  à  l'apparition  de  novo  de  la  fièvre 
jaune.  La  connaissance  de  faits  semblables  à  ceux  que  nous  avons 
rapportés,  et  qui  démontrent  que  les  gennes  peuvent  demeurer  pendant 
longtemps  à  l'état  latent,  en  dormant,  rendent  suflisamment  compte  de 
ces  cas  de  soi-disant  origine  spontanée. 

Un  fait  généralement  reconnu  et  admis  par  tous  les  auteurs  est  celui 
de  la  portabilité  ou  trausmissibilité  de  la  maladie  ;  il  est  aujourd'hui 
trop  bien  établi  pour  que  nous  nous  livrions  ici  à  une  longue  discussion. 
Il  suflSt  de  rappeler  le  fait  de  l'introduction  de  la  fièvre  jaune  dans  l'île 
de  l'Ascension  en  1828,  à  Saint-Nazaire  en  1861,  à  Madrid  en  1878  (par 
des  soldats  de  retour  de  l'île  de  Cuba)  ;  il  suffit  de  rappeler  que  dans 
notre  dernière  terrible  épidémie,  aux  États-Unis  en  1878,  on  a  pu 
distinctement  remonter  à  la  cause  et  tracer  le  mode  d'introduction  de 
la  maladie,  daiLS  des  localités  jusque-là  parfaitement  à  l'abri  de  l'inva- 
sion, par  les  chemins  de  fer,  les  grandes  voies  de  communication,  parles 
personnes  et  surtout  par  les  marchandises  et  bagages.  Jamais,  en  cette 
occasion,  on  ne  vit  la  maladie  se  développer  dans  des  localités  de  l'inté- 
rieur, en  dehors  de  tout  rapport,  de  toute  communication  avec  les 
grandes  voies  commerciales,  ou  qui  n'avaient  reçu  aucune  marchandise 
provenant  de  lieux  infectés.  En  cela  «  le  Shot  gun  quarantine  »  (quarau- 


4t)4  8ECTI0N  I.   —    SI^IAXCE   DU   BAME^)!   9  SEPTEMBRE. 

taille  à  coups  de  fusil)  eut  un  succès  complet.  L'expérience  a  démoutré 
que  dans  quelques  cas,  la  maladie  a  pu  être  importée  par  un  individu 
sain,  provenant  d'un  endroit  infecté;  elle  a  démontré  également  que 
les  marchandises,  certains  articles  poreux,  surtout  les  laines,  éto£fes,bois, 
etc.  sont  plus  dangereux  que  les  personnes.  Si  l'on  prend  le  mot  conta- 
gieux dans  son  sens  le  plus  large,  contagion  indirecte  ou  intermédiaire, 
on  peut  dire  que  la  fièvre  jaune  est  une  maladie  vontagwtise...  Mais 
pour  parler  avec  précision,  nous  dirons  plutôt  qu'eUe  est  transmissihk, 
iransporiahle,  infectieuse,,,  réservant  le  mot  contagion  pour  les  cas  de 
maladies  transmissihles  par  simple  contact  immédiat  avec  la  personne 
malade,  et  oii  le  poison  se  reproduit  dans  l'organisme  malade  lui-même. 
La  fièvre  jaune  se  transmet  plus  par  infection  que  par  contagion.  Ce  n'est 
pas  ici  une  simple  question  de  mots.  On  comprendra  les  résultats  prati- 
ques qui  découlent  de  cette  proposition,  lorsque  nous  étudierons  les  diffé- 
rentes mesures  prophylactiques  à  prendre  contre  les  personnes  et  contre 
les  etfeis  et  marchandises,  surtout  marchandises  de  certaine  qualité, 
étoffes  de  laine,  vêtements,  etc. 

Autre  fait  à  noter.  On  a  souvent  remarqué  la  longueur  de  temps  qu'il 
a  fallu  aux  cas  de  seconde  catégorie  pour  se  reproduire,  après  l'intro- 
duction dans  une  localité  des  premiers  cas,  deux,  trois  semaines  et  plas. 
Ce  phénomène  ne  pourrait-il  pas  s'expliquer,  en  admettant  que  les 
premiers  cas  provenaient  d'un  germe  vivant  importé  en  nature  plus 
actif,  plus  vivace,  et  qu'il  a  fallu  plus  de  temps  pour  le  développement 
d'une  seconde  récolte  de  germes  dans  un  terrain  moins  propice.  Cette 
théorie  expliquerait  aussi,  il  nous  semble,  pourquoi  le  poison  de  la 
maladie  s'affaiblit  et  cesse  de  se  reproduire  dans  les  zones  tempérées,  et 
pourquoi  le  froid  le  paralyse  et  le  tue. 

Un  dernier  fait  digne  de  remarque,  c'est  l'influence  des  courants 
atmosphériques  sur  la  diffusion  du  poison.  Le  plus  souvent,  cette  diffu- 
sion ne  s'étend  pas  à  une  grande  distance.  Elle  est  parfois  nulle,  comme 
le  prouvent  plusiem-s  observations  à  Vera-Cruz,  à  la  Havane  et  ailleurs. 
Le  fait  le  plus  curieux  peut-être  est  celui  qui  a  été  observé  au  fort 
Barrancas  (Floride).  Les  soldats  qui  occupaient,  comme  caserne,  l'étage 
supérieur  du  fort,  à  50  pieds  au-dessus  de  la  plaine,  jouirent  d'une  immu- 
nité complète,  alors  que  la  maladie  faisait  des  ravages  au  Navy-Gard, 
situé  au  pied  du  fort.  Les  navires,  à  l'ancre  dans  le  port  extérieur  de  La 
Havane  sont  rarement  affectés.  Cependant  quelques  faits  bien  concluants, 
comme  celui  observé  à  Saint-Nazaire  par  Mélin,  de  cet  individu  frappé 
de  la  fièvre  jaune,  alors  qu'il  travaillait  sur  le  quai,  sous  le  vent  de 
l'Anne-Marie,  dont  les  écoutilles  venaient  d'être  enlevées,  et  alors  qu'il 
n'avait  eu  aucune  commmiication  avec  ce  navire  ou  son  équipage, 


LA  FIÈVRE   JAUNE.  4(55 

prouvent  que  le  poison  ou  germe  peut  être  porté  par  le  vent  à  une  dis- 
tance de  260  mètres.  Le  D'  Vanderpod,  médecin  de  la  Quarantaine  de 
New-York,  affirme  qu'il  a  vu  des  exemples  de  transmission  par  le  vent  à 
une  distance  de  plus  de  1000  pieds.  Certaines  autorités  sanitaires  consi- 
dèrent une  distance  de  50  à  60  pieds,  au  vent  d'un  navire  infecté,  comme 
suffisant  pour  mettre  à  l'abri  un  navire  non  infecté  ;  mais  il  est  sans 
doute  plus  prudent  de  recommander  un  plus  grand  éloignement.  En 
présence  d'une  influence  si  limitée,  de  la  part  des  vents,  comme  moyen 
de  propager  la  maladie,  on  comprend  que  l'on  ne  saurait  guère  admettre 
la  théorie  des  «  vagues  épidémiques  »  de  fièvre  jaune,  vagues  ou  ondu- 
lations aériennes,  au  moyen  desquelles  on  a  voulu  expliquer  conmient  une 
épidémie,  partie  de  Rio  Janeiro  en  1849,  avait  pu  s'étendre  graduellement 
le  long  des  côtes  de  l'Amérique  du  Sud,  des  Antilles  et  des  États-Unis 
pour  arriver  h  Norfolk  (Virginie)  en  1855. 

Nous  avons  dit  au  commencement  de  ce  mémoire  que  la  fièvre 
jaune  est  une  maladie  d'origine  exotique  dont  le  point  de  départ  et 
rhabitat  naturel  semblent  être  les  îles,  et  les  contrées  avoisinantes,  du 
golfe  du  Mexique.  L'exactitude  de  cette  proposition,  ne  saurait  être  mise 
en  doute  en  ce  qui  concerne  l'Europe  et  les  ports  de  mer  du  nord  des 
États-Unis.  Malheureusement  pour  la  ville  que  j'ai  l'honneur  de  repré- 
senter en  cette  assemblée,  les  faits  ne  semblent  pas  la  justifier  entière- 
ment ;  il  existe  encore  quelques  doutes  et  des  divergences  d'opinion  au 
sujet  de  l'apparition  et  du  mode  de  développement  de  la  fièvre  jaune  en 
Louisiane. 

La  Nouvelle-Orléans  située,  comme  vous  le  savez,  sur  le  fleuve 
Mississipi,  à  100  milles  de  son  embouchure,  sur  un  terrain  bas  et  plat, 
protégée  contre  les  inondations  du  fleuve  (qui  se  reproduisent  très  fré- 
quemment le  long  de  ces  rives)  par  une  levée  d'une  douzaine  de  pieds, 
entourée  de  marécages,  et  dans  des  conditions  locales  et  générales  de 
salubrité  qui  laissent  beaucoup  à  désirer,  se  trouve  sur  le  30""  degré  de 
latitude  à  peu  près  sur  la  ligne  nord  de  ce  qu'il  est  convenu  d'appeler 
la  zone  de  fièvre  jaune.  Cette  zone  s'étend  de  40**  N.  à  30**  S.  La  ques- 
tion de  savoir  si  la  fièvre  jaune  s'y  développe  d'une  façon  spontanée, 
sans  importation  nouvelle  du  dehors,  si  elle  y  est  endémique  et  origi- 
naire ;  ou  bien  si  la  maladie,  qui  y  règne  fréquemment  mais  non  d'une 
façon  constante,  est  toujours  et  dans  tous  les  cas  le  résultat  d'une  impor- 
tation étrangère.  Cette  question  n'est  pas  définitivement  résolue  à 
l'heure  qu'il  est,  les  médecins  de  la  localité  sont  divisés  en  nombre  à 
peu  près  égal  sur  cette  question.  Les  anciens  médecins,  Stone,  Fenner, 
Dowler,  etc.,  jusqu'à  il  y  a  environ  25  ans,  se  rangeaient  presque  tous 
à  l'opinion  qui  croit  h  l'origine  lo(jale  de  la  maladie.  Il  y  a  fort  peu  de 


4fill  HECTIOX    I.    —    HKAXCE    DV   8AIIË1>I   D   8KPTEA1BRE. 

temps,  eu  1879,  un  comité  spécial  nommé  par  rAssociation  médicale  et 
chirurgicale  de  la  Nouvelle-Orléans,  publiait  un  rapport  sur  la  fièvre 
jaune,  et  sur  les  meilleurs  moyens  de  prévenir  son  apparition  à  la  Nou- 
velle-Orléans, dans  lequel  il  est  dit  :  «  Nous  croyons  que  la  fièvre  jaune 
est  une  maladie  spécifique,  dépendant  d'une  cause  spécifique  (ou  mieux 
spéciale),  exotique  dans  son  origine,  aujourd'hui  acclimatée,  donieêtiquk 
{(lomestUated),  et  qui  n'a  pas  besoin  d'une  nouvelle  importation  pour 
produire  soit  des  cas  sporadiques,  soit  des  épidémies.  »  Voilà  les  parti- 
sans de  l'origine  locale.  D'un  autre  côté,  beaucoup  de  nos  célébrités 
médicales,  entre  autres  le  D'  Faget,  mon  collègue  du  Bureau  de  santé 
d'Etat,  et  dont  je  regrette  vivement  l'absence  aujourd'hui,  le  D' 
Chaillé,  le  D'  Choppin,  notiv  ancien  président  du  Conseil  de  santé, 
le  D'  Jones  —  notre  président  actuel  qui  ne  partageait  pas  entièrement 
cette  manière  de  voir  autrefois  —  et  la  majorité  du  Bureau  actud, 
croient  que  la  fièvre  jaune  à  la  Nouvelle-Orléans  est  toujours,  ou  dans 
l'immense  majorité  des  cas,  le  fait  et  le  i-ésultat  d'une  nouvelle  impor- 
tation de  germes  de  la  maladie,  des  Antilles  et  de  la  Havane  surtout. 
((  Le  Bui'eau  de  santé  de  la  Louisiane,  dit  le  D'  Choppin  dans  son  rap- 
port pour  Tannée  1877,  accepte  la  théorie  que  la  fièvre  jaune  est  une 
maladie  zymotique,  contagieuse  (ou  mieux  infectieuse)  dans  sa  nature 
par  la  multiplication  de  ses  germes,  qui  n'infectent  d'abord  qu'à  une 
courte  distance  ;  les  germes  se  répandent  en  surfaces.  De  même  que 
l'orange,  la  banane  et  la  canne  à  sucre,  cette  maladie  est  exotique,  les 
Antilles  sont  son  berceau.  » 

Cette  opinion,  fornmlée  de  la  sorte,  est  encore  l'opinion  officielle  du 
Bureau  de  santé  de  l'État  de  la  Louisiane,  et  c'est  sur  cette  opinion, 
sur  ces  données  que  ce  Bureau  a  fondé  toutes  les  mesures  préventives 
qui  ont  été  rigoureusement  mises  à  exécution,  depuis  sa  réorganisation 
en  1880,  et  qui  ont  donné  jusqu'ici  de  bons  résultats.  J'ai  dit  que  telle 
était  et  est  encore  Topinion  oflicielle  de  notice  Coaseil  de  santé,  relative- 
ment à  la  fièvre  jaune.  Cette  opinion  n'empêche  pas  plusieurs  médecins 
du  dit  Bureau,  et  parmi  eux  celui  qui  a  l'honneur  de  siéger  parmi  vous 
aujourd'hui,  de  croii-e  et  d'admettre  qu'une  nouvelle  importation  étran- 
gère, du  dehors,  n'est  pas  toujours  absolument  nécessaire  pour  que  la 
fièvre  jaune  se  développe  à  la  Nouvelle-Orléans.  Nous  avons,  par  exem- 
ple, et  iissez  souvent  des  hivei-s  sans  glace,  ou  avec  très  i)eu  de  glace,  à 
peine  un  huitième  de  pouce  d'épaissem*  et  une  seule  fois  peut-être  dans 
le  cours  de  l'hiver.  Or,  vous  savez  que  le  froid,  la  glace  seule  tue  les 
germes  de  la  maladie,  dans  les  pays  semi-tropicaux  oîi  se  montre  la  fiè- 
vi-e  jaune.  S'il  n'y  a  pas  de  glace,  de  vraie  glace,  la  maladie  ne  fait  que 
disparaître  momvutanùment  ;  ses  germes  semblent  s'assouj)ir,  s'endonnir 


ijl  fièvre  jaunk.  467 

poiulaut  les  mois  froids  et  à  moins  qu'ils  n'aient  été  détiiiits  par  d'au- 
tres moyens,  des  désinfectants  par  exemple,  les  mêmes  germes,  peuvent 
se  développer  plus  tard,  sous  rinfluence  de  la  chaleur,  de  l'humidité,  de 
causes  diverses  favorables  à  son  développement.  Voilà  un  cas  oîi  une 
nouvelle  importation  de  la  maladie,  du  dehors,  ne  paraît  pas  devoir  être 
nécessaire.  Ne  pouiTait-on  pas  admettre  également  que  la  fièvre  jaune 
introduite  pour  la  première  fois,  en  1796,  à  la  Nouvelle-Orléans,  où  elle 
a  trouvé  des  conditions  particulières  de  terrain,  d'atmosphère,  de  cha- 
leur, d'humidité  analogues  à  celles  du  pays  d'où  elle  venait,  s'y  est 
pour  ainsi  dire,  jusqu'à  un  ceitain  point  arcliniatée  et  y  a  élu  domicile  ; 
seulement  les  conditions  particulières  de  la  localité,  étant  moins  favora- 
bles, moins  actives,  moins  puissantes,  moins  constantes  que  dans  les 
Antilles,  la  maladie  s'y  est  légèrement  modifiée,  sinon  dans  son  essence, 
du  moins  dans  son  degré  de  virulence  ;  ses  gennes  ont  dégénéré,  ont 
l>erdu  leur  fécondité,  leur  puissance,  en  sorte  qu'il  n'ont  pu  produire, 
depuis  loi*s,  que  des  cas  sporadiques,  isolés,  plus  ou  moins  nombreux, 
mais  n'atteignant  jamais  les  proportions  d'une  épidémie.  U  est  avéré, 
en  effet,  que  toutes  les  épidémies  meurtrières  qui  ont  régné  à  la  Nou- 
velle-Orléans et  dans  d'autres  localités  des  Etats-Unis  ont  été  dues  à 
l'importation.  Elles  ont  pu,  dans  tous  les  cas,  être  clairement  tracées 
jusqu'à  leur  source,  et  leur  point  de  départ,  et  leur  mode  d'introduc- 
tion dans  le  pays  ont  pu  être  démontrés  d'une  fa(;on  positive.  En  dehors 
de  ces  années  épidémiques  (dues  à  l'importation),  il  est  quelques  années, 
bien  connues  parmi  nous,  où  sans  cause  connue^  sans  importation,  la 
fièvre  jaune  s'est  montrée  d'une  façon  sporadique,  sans  jamais  prendre 
de  grandes  proportions,  ni  causer  une  grande  mortalité.  On  pourra 
peut-être,  pour  expliquer  le  fait  dont  nous  parlons,  invoquer  l'absence 
ou  la  présence  de  causes  générales  de  cette  atmosphère  épidémique,  de  ce 
éjuid  divinnm  auquel  le  i)ère  de  la  médecine  attribuait  toute  maladie 
épidémique.  Tout  en  reconnaissant  cette  cause  mystérieuse,  générale, 
et  en  lui  accordant  une  large  part  dans  toute  épidémie,  le  fait  d'une 
épidémie  meurtrière  de  fièvTe  jaune  se  déclarant  à  la  suite  de  cas  d'im- 
portation bien  constatés,  a  été  trop  souvent  observé  à  la  Nouvelle-Or- 
léans pour  qu'il  puisse  y  avoir  le  moindre  doute  à  cet  égard.  Jamais, 
nous  n'avons  vu  les  cas  spontanés,  sporadiques  non  douteux,  être  suivis 
d'épidémie. 

Pendant  une  période  de  61  ans,  de  1817  à  1878,  la  fièvre  jaune  s'est 
montrée,  plus  ou  moins,  tous  les  ans  à  la  Nouvelle-Orléans,  excepté 
pendant  4  années,  de  1862  à  1865.  Pendant  ces  4  années  (guerre  de 
sécession),  la  ville  était  au  pouvoir  des  troupes  fédérales,  toute  opération 
commerciale  était  suspendue,  et  les  conditions  sanitaires  locales  se 


4r>8  8ECTIOS   I.   —    SÉAXCE   DU   SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

trouvaient  bien  améliorées,  grâce  aux  rigoureuses  mesares  de  po&» 
sanitaire  instituées  par  les  commandants  militaires.  Chose  cnmse! 
pas  de  cas  de  fièvre  jaune  pendant  ces  quatre  années,  malgré  la  pré- 
sence d'un  grand  nombre  de  soldats  du  nord,  non  acclimatés. 

La  plus  meurtrière  de  toutes  nos  épidémies  de  fièvre  jaune  a  été  ceOe 
de  1853.  Cette  année-là,  le  nombre  des  décès,  par  cette  maladie,  s'flert 
à  7849,  premier  cas  le  22  mai  ;  puis  vient  l'épidémie  de  1858,  quitouné 
4855  décès,  premier  cas  en  juin  ;  puis  en  troisième  lieu,  répidémie  de 
1878,  4056  décès  par  fièvre  jaune  sur  un  total  de  10,318  décès,  poariuie 
population  de  210,000  âmes.  Conmie  en  1858,  premier  cas  le  22  mai.  Fois 
l'épidémie  de  1867  qui  a  causé  3107  victimes,  premier  cas,  lelOjniiL 
On  doit  remarquer  qu'il  a  existé  une  période  d'exemption  comparative 
de  1)  ans  entre  les  épidémies  de  1858  et  de  1867,  et  une  autre  période  de 
11  ans  entre  celles  de  1867  et  de  1878.  Les  épidémies  de  1853, 1858, 1867 
et  1878  ont  eu  pour  point  de  départ  les  navires  du  port,  et  sont  du» 
sans  le  moindre  doute  à  l'importation.  En  1853,  les  premiers  cas  ae 
déclarèrent  sur  l'équipage  des  navires  Augusta  et  Northamptan,  qui 
arrivaient  des  Antilles.  En  1858  les  premiers  cas  eurent  lieu  sur  un 
navire  nouvellement  arrivé  de  l'île  de  St-Thomas,  alors  infectée. 

En  1878,  ce  fut  le  steamer  EmilyB  Souder  qui  introduisit  la  fièvre 
jaune  à  la  Nouvelle-Orléans  et  de  là  dans  toute  la  vallée  du  Missi2Ssi{H. 
Ce  na\ire,  arriva  de  la  Havane  le  22  mai,  et  2  jours  après  le  commissaire 
Clarck,  et  EUiott  un  des  mécaniciens,  tombaient  malades. 

En  1873,  la  barque  espagnole  Valparaiso  quitta  la  Havane  le  15  juin, 
arriva  à  la  quarantaine  le  24,  fut  détenue  2  jours,  puis  relâchée  et  arriva 
dans  le  port  le  26  juin.  Son  second,  Auna,  tomba  malade  de  fièvre  jaune 
le  2  juillet.  Il  est  clair  que  si  cette  barque  venant  de  la  Havane  eût  été 
mise  en  observation  pendant  10  jours  entiers,  à  la  quarantaine,  comme 
cela  se  pratique  aujourd'hui,  la  Nouvelle-Orléans,  mais  surtout  Memphis 
et  Shreveport  (villes  de  l'intérieur)  eussent  été  épargnées  par  le  fléau. 
A  la  Nouvelle-Orléans,  il  n'y  eut  que  388  cas,  mais  266  décès  !  à  Memphis 
et  Shreveport,  qui  se  trouvaient  du  reste  dans  de  détestables  conditions 
sanitaires  la  mortalité  fut  effrayante.  Il  parait  évident,  d'après  des  docu- 
ments oflSciels,  que  la  Nouvelle-Orléans  ne  fut  sauvée  d'une  épitiémif 
terrible,  cette  année-là,  que  grâce  aux  mesures  sanitaires  énergiques 
adoptées  par  son  Bureau  de  sauté. 

De  1847  à  1878,  pour  une  période  de  32  ans,  le  nombre  total  de  worts 
par  la  fièvre  jaune  s'élève  à  30,984.  Si  l'on  divise  ces  32  ans  en  périodes  de 
10  années,  on  trouve  que  de  1847  h  1856,  il  y  a  eu  4  grandes  épidémies 
(1847,  53,  54  et  55)  et  que  pendant  ces  10  ans,  il  est  mort  à  la  Nouvelle- 
Orléans  17,444  personnes  de  la  fièvre  jaune. 


LA  FIÈVRE  JAUKE.  409 

De  1857  à  66,  une  seule  grande  épidémie  eu  1858,  et  5,347  morts. 

De  1867  à  1876,  une  seule  épidémie  en  1867,  et  un  total  de  décès, 
I>eudant  les  10  ans,  de  4,136. 

En  1877,  un  seul  cas  qui  a  passé  la  quarantaine  en  trompant  le 
médecin.  En  1878,  l'épidémie  s'étend  dans  toute  la  vallée  du  Mississipi, 
et  occasionne,  comme  nous  l'avons  dit,  4056  décès. 

En  1880  et  1881 ,  on  constate  une  absence  complète  de  toutes  maladies 
contagieuses  et  infectieuses,  de  la  fièvre  jaune  particulièrement,  malgré 
le  fait  de  VExcelsior,  Ce  résultat  est  sans  doute  dû  à  la  température  peu 
élevée  (excepté  en  juin  1881  où  la  chaleur  fut  excessive),  et  aux  pluies 
Abondantes  que  nous  avons  eues  ces  deux  étés.  Il  faut  aussi  tenir 
compte  des  mesures  rigoureuses  de  quarantaine  et  de  la  stricte  exécution 
des  lois  sanitaires  adoptées  par  notre  Bureau  de  santé  actuel.  Les 
années  1880  et  1881  sont  parmi  les  plus  remarquablement  saines  que 
Ton  compte  dans  les  annales  de  l'État  de  la  Louisiane  ;  la  mortalité  géné- 
rale, ces  deux  années-là,  n'a  été,  relativement  à  la  population  que  de 
26  pour  1000,  par  année  ;  il  n'y  a  que  Tannée  1868  qui  a  immédiate- 
ment suivi  l'année  épidémique  1867,  et  l'année  1879  succédant  à  la 
grande  épidémie  de  1878,  qui  offrent  une  mortalité  générale  moindre  ; 
c*esj-à-dire  24  pour  1000  par  an  en  1879  (le  chifift^  le  moins  élevé 
que  nous  ayons  jamais  eu  à  la  Nouvelle-Orléans)  et  25  pour  1000  par  an 
en  1868. 

Si  l'on  parcourt  les  statistiques  de  l'Hôpital  de  charité  (le  seul  grand 
hôpital  général  à  la  Nouvelle-Orléans),  on  remarque  une  diminution 
notable  dans  le  nombre  de  cas  de  fièvi'e  jaune  traités  à  cet  hôpital 
depuis  34  ans,  en  tenant  compte,  bien  entendu,  de  l'augmentation, 
remarquable  de  la  population,  qui  de  41,000  en  1820,  a  atteint  le 
chiffre  de  216,000  en  1880.  Cette  obsen^ation  s'accorde,  du  reste,  avec 
les  chiffres  donnés  plus  haut,  qui  prouvent  que  dans  les  trois  périodes  de 
10  ans  chacune,  comprises  entre  les  années  1847  et  1878,  le  nombre  de 
décès  par  la  fièvre  jaune  a  été  gi*aduellement  en  diminuant. 

Ce  résultat  est  encourageant  et  est  dû,  sans  doute,  aux  deux  faits 
suivants:  à  une  amélioration  rwtahle  dans  les  conditions  sanitaires 
locales  de  la  ville  (pavage,  drainage,  inigation,  etc.)  et  à  des  mesures  de 
quarantaine,  en  même  temps  plus  rigoureuses  et  plas  rationnelles.  Il 
faut  aussi  tenir  compte  des  progrès  remarquables  qui  ont  été  faits  depuis 
quelques  années  dans  les  conditions  sanitaires  des  navires,  dont  un  grand 
nombre  sont  aujourd'hui  des  steamers  en  fer,  et  dans  l'hygiène  des 
matelots,  sous  le  rapport  de  l'alimentation,  des  vêtements,  du  loge- 
ment, etc. 

Le  Bureau  de  santé  de  la  Louisiane,  réorganisé  sous  Thabile  adminis- 


470  8KCTI0N   I.   —    8KANCE   DU   KAMEDI    9  SEPTEMBRE. 

tration  du  gouverneur  L.  Alfred  Wiltz,  et  qui  se  trouve  aujourd'hui 
chargé  de  Texécution  des  lois  sanitaires  de  TÉtat,  s'est  imposé  la  tâche 
difficile  de  résoudre  le  problème  suivant  : 

1**  Améliorer,  perfectionner  par  tous  les  moyens  possibles,  les  condi- 
tions sanitaires  de  la  Nouvelle-Orléans. 

2**  S'opposer  à  l'introduction  de  maladies  pestilentielles  importées 
du  dehors,  par  la  stricte  application  de  mesures  de  quarantaine 
rigoureuses,  et  cependant  compatibles,  autant  que  possible,  avec  les 
justes  exigences  du  commerce. 

On  comprendra  sans  peine  les  difficultés,  les  obstacles  de  toute  sorte, 
que  ce  Bureau  a  eu  et  am*a,  pendant  de  longues  années  encore,  à  sur- 
monter, lorsqu'on  réfléchit  que  cette  ville  de  225,000  ftmes,  couvre  une 
surface  de  près  de  20  milles  caiTés,  et  n'a  environ  qu'un  sixième  de  ses 
rues  pavées.  Elle  renferme  un  très  grand  nombre  de  maisons  en  bois  et 
à  un  seul  étage  ;  elle  est  bâtie  sur  un  terrain  plat,  marécageux,  de 
quelques  pieds  d'épaisseur,  sans  pente  naturelle  suffisante  pour  l'écoule- 
ment des  eaux  des  canaux  et  des  ruisseaux  de  l'intérieur  et  des  environs. 
Elle  ne  possède  ni  égouts,  ni  conduits  souterrains  ;  son  système  de 
latrines  est  déplorable,  attendu  le  peu  de  profondeur  des  fosses,  la 
nature  poreuse  et  absorbante  du  sol,  et  la  nécessité  fréquente,  constante 
de  les  vider.  La  Nouvelle-Orléans,  enfin,  située  sur  les  bords  du  plus 
grand  fleuve  du  monde,  manque  d'une  quantité  d'eau  suffisante  pour 
tous  les  besoins  domestiques,  etc. 

Les  principales  mesures  sanitaires  indispensables  pour  rendre  la 
ville  de  la  Nouvelle-Orléans  une  des  villes  les  plus  saines  des  États-l^nis 
et  du  monde  entier,  celles  sur  lesquelles  le  Bureau  de  santé  insiste  d'une 
manière  toute  spéciale,  et  dont  quelques-unes,  hâtons-nous  de  le  dire, 
ont  déjà  été  réalisées,  en  tout  ou  en  partie,  sont  les  suivantes  : 

V  Le  nettoyage  systématique  et  sanitaire  des  canaux  de  dessèche- 
ment qui  déversent  les  eaux  de  la  ville  dans  le  lac  Ponchartrain ,  sur  les 
derrières  de  la  ville. 

2*"  L'irrigation  (Flushing)  de  tous  les  fossés  ou  rigoles  de  rues  au 
moyen  d'un  fort  courant  d'eau  du  fleuve  lancé  par  de  puissantes 
pompes  à  vapeur. 

3**  Un  système  d'égoutij  et  de  drainage  combinés,  le  système  de 
Waring  plus  particulièrement,  ce  qui  permettrait  : 

a.  L'abolition  complète  du  système  de  latrines  actuel,  avec  leurs  fosifes 
et  toutes  leurs  conséquences  pernicieuses. 

b.  Le  dessèchement  et  l'assainissement  du  sol,  sur  lequel  est  bâtie  la 
ville. 

4**  Un  système  de  Water-Works  étendu,  puissant,  complet,  qui  assure 


lA  FIÈVRE.  JAUNE.  471 

à  toutes  les  maisons,  à  tous  les  habitants  de  la  ville,  une  quantité  d'eau 
potable  inimitée.  Les  Water-Works  actuels,  qui  tirent  l'eau  du  fleuve, 
vont  être  considérablement  augmentés,  et  de  plus,  il  se  forme  en 
eu  ce  moment  une  nouvelle  compagnie  qui  doit  conduire  en  ville  au 
moyen  d'aqueducs  sous  le  lac  Pontchartrain,  les  eaux  abondantes  et 
salubres  du  Bogue  Falaga  provenant  des  pinières  situées  au  delà  du  lac. 

5*"  Le  pavage  en  pierres  plates  (le  seul  qui  convienne  sur  un  sol  mou 
et  poreux)  de  toutes  les  rues  de  la  ville. 

6"*  Le  remblai  des  teiTains  en  ville  et  aux  environs,  au  moyen  de 
graviers  ou  de  sable  du  fleuve,  et  leur  exhaussement  au-dessus  du 
niveau  des  mers. 

T  Le  versement  au  moyen  de  barges  (chalands)  à  vapeur,  dans  le 
courant  du  fleuve  (4  milles  à  l'heure)  au-dessous  de  la  ville,  de  toutes  les 
immondices  des  rues,  des  cours,  des  fabriques,  etc. 

S**  L'éloignement  de  la  ville,  de  tout  cimetière,  abattoir,  manufac- 
ture ou  usine  nuisible,  etc. 

Telles  sont  quelques-unes  des  principales  mesures  de  salubrité  publi- 
que que  l'intérêt  de  la  communauté  exige  sans  retard. 

Dans  l'application  des  lois  et  règlements  de  quarantaine,  que  nous 
imposaient  les  différents  actes  de  la  législation  en  vigueur  à  Tépo- 
que  de  la  réorganisation  du  Bureau  de  santé  d'État,  celui-ci  a  tâché  de 
concilier,  autant  que  faire  se  pouvait,  les  exigences  de  la  santé  publique 
et  les  intérêts  du  commerce.  Ces  lois  de  quarantaine  avaient  été  bien 
souvent  modifiées,  soumises  à  différentes  interprétations,  suivant  la 
pression  de  l'opinion  publique  du  moment.  Elles  avaient  subi  l'influence 
de  la  prépondérance  variable  du  jour  ;  c'était  tantôt  la  peur,  la  panique, 
comme,  par  exemple,  au  lendemain  de  quelque  épidémie,  tantôt  l'intérêt 
purement  commercial  qui  décidait  de  la  mise  à  exécution  des  mesures 
sanitaires,  ou  de  quarantaine.  Le  corps  médical  lui-même,  qu'on  aurait 
voulu  pouvoir  considérer  comme  juge  compétent  en  pareille  matière, 
divisé  d'opinion  et  livré  à  des  doctrines  contradictoires,  se  montrait  pai*- 
foLs  partisan  ardent  de  la  quarantaine,  parfois  fortement  oppasé  à  toute 
mesure  restrictive. 

Le  Bureau  actuel,  mettant  à  profit  le  gi-and  pouvoir  discrétionnaire 
que  lui  laissait  la  loi  organique  créant  la  quarantaine,  pénétré  de  ses 
devoirs,  de  ses  obligations  et  de  sa  responsabilité,  adopta,  dès  le  début 
de  sa  réorganisation  le  code  de  lois  sanitaires  et  de  quarantaine  dont 
nous  avons  l'honneur  de  vous  présenter  ici  quelques  exemplaires, 
et  dont  nous  vous  donnerons  dans  ce  travail  quelques  extraits 
seulement.  Son  premier  soin  fut  de  mettre  en  état  les  diffërent(»s 
stations  de  quarantaine,  jusque-là  fort  négligées,  qui  protègent  les 


472  SECTION   I.   —   SÉANCE   DU  SAM£DI  9  SEPTEMBRE. 

approches  de  la  ville  ;  celle  du  Mississipi  à  25  milles  de  son  emboa- 
cbure  est  la  principale.  Une  des  mesures  les  plus  importantes,  adc^tée 
et  mise  en  vigueur  pour  la  première  fois  par  ce  Bureau,  fiit  un  système 
de  règlements  applicables  aux  navires  dans  le  port  de  la  Nouvelle- 
Orléans,  et  aussi  aux  navires  faisant  le  commerce  des  ports  étrangers, 
sujets  à  la  fièvre  jaune,  soit  dans  ces  dits  ports,  soit  dans  leur  par- 
cours en  mer,  et  pendant  leur  séjour  à  la  quarantaine.  Pour  la  première 
fois  dans  les  annales  sanitaires  de  la  ville,  on  reconnut  officiellement 
le  fait  qu'une  maladie  exotique  pouvait  être  introduite  en  ville  par  le 
commerce  des  lacs  et  canaux  qui  relient  la  Nouvelle-Orléans  aux  ports 
américains  et  étrangers  des  côtes  du  golfe  du  Mexique  (Bilexi,  Pensacola, 
Pascagoula  ou  il  se  fait  un  grand  commerce  de  bois  de  na^âre  avec  les 
Antilles,  etc.),  aussi  bien  que  par  le  fleuve  Mississipi.  Pour  la  première 
fois,  on  se  mit  en  garde  contre  toute  source  de  danger  d'infection,  soit 
sur  nos  devants  (Mississipi),  soit  sur  nos  derrières  par  les  lacs.  La  sta- 
tion de  quarantaine  du  Mississipi  fut  séparée,  agrandie,  améliorée  et  le 
coût  de  ces  réparations  se  monta  à  la  somme  de  7000  dollars.  CeUe  des 
Rigolets  qui  protège  la  Nouvelle-Orléans  contre  l'introduction  de  la 
maladie  par  la  voie  des  lacs  Borgne  et  Pontchartrain,  ainsi  que  la  sta- 
tion de  l'Atchafalaya  furent  mis  en  état  et  confiés  à  des  officiers  vigilants 
et  capables  ;  les  goélettes,  steamers  et  petites  embarcations,  faisant  le 
commerce  de  bois  avec  Pascagoula  et  autres  ports  de  la  côte  (Mississipi 
Sound)  où  souvent  ils  se  trouvent  en  contact  immédiat  avec  d'autres 
goélettes  venant  de  la  Havane  pour  y  charger  du  bois  furent  soumis  à 
une  rigoureuse  observation.  En  outre  tous  ces  navires,  une  fois  arrivés 
jusqu'au  centre  de  la  ville  de  la  Nouvelle-Orléans  par  le  vieux  et  le  nou- 
veau bassin,  après  avoir  subi  l'inspection  à  la  quarantaine  furent  encore 
soumis  pendant  toute  la  durée  de  leur  séjour,  à  une  stricte  surveillance. 
Nos  inspecteurs  sanitaires  furent  chargés  de  s'assurer  journellement  de 
l'état  sanitaire  de  tous  les  navires  du  port  dans  le  fleuve  et  dans  les  bas- 
sins. Cette  précaution,  cette  surveillance,  complètement  négligées  autre- 
fois, est  l'œuvre  du  Bureau  de  santé  actuel. 

Une  des  premières  mesures  adoptées  par  notre  Bureau  fut  encore  de 
mettre  de  côté  le  système  de  quarantaine  géographique,  par  lequel  toute 
une  immense  zone  de  pays,  comprise  entre  telle  et  telle  latitude,  était 
considérée  comme  infectée,  et  mise  aveuglément  en  quarantaine,  sans 
distinction  aucune  et  alors  que,  dans  cette  zone  il  se  trouvait  bien  des 
endroits  oîi  la  fièvre  jaune  n'a  jamais  existé,  par  exemple,  les  îles  de 
Ruatan.  Ce  système  était  irrationnel  et  injuste  et  faisait  un  tort  immense 
à  notre  commerce  du  Mexique  et  de  l'Amérique  centrale.  Dans  les 
diverses  proclamations  de  quarantaine,  lancées  par  le  gouverneur  de 


LA  FIÈVRE  JAUNE.  *^  473 

iltat,  à  la  demande  du  Bureau  de  santé,  ou  bien  par  le  Bureau  lui- 
ènie  (la  loi  lui  confère  ce  pouvoir),  on  eut  soin  d'établir  que  tel  ou  tel 
»rt  spécifié,  actuellement  infecté,  était  seul  mis  en  quarantaine,  et  non 
1  autre,  qui  bien  que  situé  dans  la  même  zone,  se  trouvait  dans  d'ex- 
lien  tes  conditions  sanitaires.  Grâce  aux  renseignements  exacts  obtenus 
ir  nos  consuls  et  agents,  la  proclamation  pouvait  être  modifiée  selon  les 
rconstances.  Du  reste,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  en  dehors  de 
ute  proclamation  de  quarantaine,  et  en  toute  saison  de  Tannée,  il  est 
i  devoir  des  médecins  de  quarantaine  d'inspecter  tout  navire  arrivant 
la  station,  et  de  prendre  à  son  égard  les  mesures  préventives  que  la 
tuation  comporte.  Ainsi,  dernièrement  le  steamer  Nure^nberg  arrivé 
î  Brème,  avec  un  grand  nombre  d'émigrants,  et  ayant  quelques  cas  de 
kriole  à  bord,  fut  retenu  à  la  quarantaine  pendant  plusieurs  semaines, 
squ'à  ce  que  tous  les  passagers  fussent  vaccinés,  le  navire  désinfecté, 
migé,  nettoyé,  etc.,  pendant  que  les  malades  étaient  soignés  à  l'hôpital 
î  la  quarantaine. 

Les  extraits  suivants,  tirés  de  nos  lois  et  règlements  de  quarantaine, 
)nneront  une  idée  des  mesures  préventives  prises  par  le  Bureau  de 
nté  contre  l'introduction  des  maladies  contagieuses  et  infectieuses  et 
ront  connaître  les  détails  de  notre  système.  Mais  disons  d'abord,  comme 
ïsultat  général,  qu'avant  l'établissement  de  la  quarantaine  en  Loui- 
ane,  c'est-à-dire  de  1812  à  1833  (21  ans)  il  y  eut  12  épidémies  de  fièvre 
une  de  1833  à  1855  (22  ans)  il  y  eût  encore  12  épidémies,  tandis  que 
î  1855,  époque  à  laquelle  on  établit  la  quarantaine  jusqu'à  ce  jour  (27 
is)  il  n'y  a  eu  que  trois  épidémies!  Je  ne  cite  ici  que  les  principales 
étions  des  différents  actes  législatifs  qui  ont  trait  à  la  quarantaine. 

Section  2.  Le  Bureau  de  santé  d'État  a  le  pouvoir  de  fixer  la  période 
3  détention  pour  les  navires  qui  se  trouvent  soumis  à  la  quarantaine  ; 
î  décider  en  quoi  consistera  cette  quarantaine,  et  de  mettre  en  vigueur 
s  mesures  prescrites  ;  de  faire  des  lois  et  des  règlements  pour  l'ordre  et 
,  police  dans  les  limites  des  stations  de  quarantaine  ;  d'imposer  des 
mendes,  de  punir  pour  les  contraventions  ;  de  faire  des  contrats  pour  les 
Misses,  etc  ;  d'établir  des  règlements  pour  la  conduite  des  médecins  de 
iiarantaine,  des  assistants  et  employés  ;  d'employer  des  infirmiers,  et 
itres  personnes  nécessaires  et  de  fixer  leurs  appointements. 

Section  3.  Le  Bureau  de  santé  a  le  pouvoir,  en  cas  de  nécessité 
rgénte,  de  lancer  des  proclamations  de  quarantaine  sans  en  référer  au 
ouverneur,  et  d'adopter  les  mesures  nécessaires  pour  leur  mise  à  exé- 
ition. 

Section  4.  Tout  navire  arrivant  à  la  quarantaine,  sera  visité  aussi 
itc  que  possible  par  le  médecin,  entre  les  heures  du  lever  et  du  coucher 


474  *"  SECTION  I.   —    BKAN'CK   DR  8AMEI>I   9  SEPTEMBRE. 

du  soleil.  Le  médecin  inspectera  avec  soin  toutes  les  parties  du  navire, 
et  exigera  du  capitaine,  sous  serment,  une  réponse  catégorique,  endiriAi- 
cata,  à  l'interrogatoire  suivant  :  ce  même  interrogatoire  sera  exigé  par 
les  inspecteurs  sanitaires  des  navires  dans  le  port,  des  capitaines  et 
médecins  de  bord  : 

Port  nu  station  :  Date  de  ringpectîon  : 

1.  Nom  du  navire. 

2.  Nom  du  capitaine  ou  maître. 

3.  Tonnage  ou  classe  du  navire. 

4.  Sa  provenance. 

T).  Combien  de  jours  de  voyage. 
r>.  A  quels  ports  avez-vous  touché  ! 

7.  Y  avait-il  des  maladies  contagieuses  ou  infectieuses  dans  le  port 
d'où  vous  êtes  parti  ! 

8.  Quelles  étaient  ces  maladie.s. 

\).  Y  avait-il  des  maladies  contagieuses  ou  infectieuses  dans  les  ports 
oîi  vous  avez  relâcbéV 

10.  Quelles  étaient-elles  ! 

1 1 .  Avez-vous  pris  du  fret  ou  des  passagers  dans  ces  ports. 

12.  Donnez  des  détails. 

13.  Avez-vous  une  patente  de  santé. 

14.  La  produire. 

15.  Pendant  la  traversée,  quels  cas  de  maladie  avez-vous  eus  à  bord! 

16.  A  quelles  dates  ! 

17.  Avez-vous  eu  des  morts. 

18.  De  quelles  causes,  et  à  quelles  dates. 

10.  Avez-vous  actuellement  des  malades  ou  des  morts. 
2<).  La  lièvre-jaune,  la  variole,  le  choléra  ou  la  peste  ont-ils  jamais 
existé  sur  ce  navire. 

21.  Quand? 

22.  Quel  est  le  nombre  de  vos  officiers. 

23.  De  l'équipage. 

24.  De  vos  passagers? 

25.  Quelle  est  votre  cargaison. 

26.  Le  nom  du  consignataire. 

27.  Quelle  est  la  condition  sanitaire  actueUe  du  navire,  de  la  cargaison, 
de  l'équipage  et  des  passagers  ? 

28.  Avez-vous  un  médecin? 

29.  Son  nom. 

30.  Produire  ses  rapports. 

Signature  du  capitaine.  Témoins. 


LA  FIÈVRE  JAUNE.  475 

En  duplicata,  une  copie  sera  conservée  à  la  station  de  quarantaine, 
Tautre  transmise  au  président  du  conseil  de  santé. 

Section  5.  Désinfection,  fumigation  et  purification  de  navires  prove- 
nant de  ports  oii  la  fièvre  jaune  règne  habituellement. 

Section  6.  Ces  navires  seront  détenus  aux  stations  de  quarantaine  au 
moins  72  heures. 

Section  7.  Si  la  fièvre  jaune,  le  choléra,  la  variole  ou  le  typhus  exis- 
taient à  Tétat  épidémique  dans  le  port  d'où  est  parti  le  navire,  ou  dans 
un  port  dans  lequel  il  aurait  relâché,  la  période  de  détention  ne  sera  pas 
de  moins  de  10  jours,  à  partir  de  la  date  à  laquelle  le  navire  a  été  exposé 
à  rinfection. 

Naiires  infectés.  Ordonnances  et  règlements  applicables  aux  navires 

infectés  qui  se  trouvent  à  la  quarantaine. 

Section  9.  Lorsque  la  fièvre  jaune,  le  choléra,  la  variole,  le  typhus 
ou  autre  maladie  infectieuse  ou  contagieuse  viendra  à  se  déclarer 
à  bord  d'un  navire  soit  dans  le  trajet,  soit  pendant  sa  détention  à  la 
station  de  quarantaine,  ce  navire  sera  soumis  aux  règles  suivantes  : 

A.  Les  malades  seront  débarqués  et  traités  à  Thôpital  de  quarantaine. 

B.  Le  linge,  les  vêtements,  les  objets  de  literie,  les  effets  des  hommes 
d'équipage  et  des  passagers,  tant  bien  portants  que  malades,  seront 
exposés  à  Tair,  ventilés,  purifiés,  désinfectés  et  fumigés. 

C.  Les  écoutilles  seront  ouvertes  largement;  la  cabine  et  la  cale,  les 
cabinets,  et  tous  les  effets,  tapis,  rideaux,  etc.,  seront  fumigés  par  le 
gaz  acide  sulfureux,  projeté  au  moyen  d'une  forte  pression;  toutes  les 
parties  du  navire  non  peintes  seront  grattées,  fourbies,  nettoyées,  ven- 
tilées, fumigées  et  désinfectées. 

D.  Les  eaux  du  navire,  pompées  avec  soin,  seront  renouvelées  avec  de 
l'eau  pure  jusqu'à  ce  qu'elles  deviennent  parfaitement  claires  et  sans 
odeur,  et  la  solution  suivante  de  sulfate  de  fer  (couperose)  et  d'acide 
carbolique,  n*  5  de  Calvert  sera  versée  dans  la  cale. 

Sulfate  de  fer 50  livres. 

Acide  carbolique 2  gallons. 

Eau 50  gallons. 

Cette  solution  désinfectante,  que  l'on  peut  préparer  sans  peine  à  bord 
du  navire,  dans  l'espace  d'une  demi-heure,  sera  employée  en  outre  pour 
laver  les  closets,  l'entrepont,  les  logements  des  matelots,  etc.,  etc. 

E.  La  quantité  de  soufre  brûlé  pour  fumîger  un  navire,  dépendra  de 
la  dimension  et  de  la  capacité  de  celui-ci,  de  la  nature  de  sa  cargaison. 


47(i  SECTION    I.   —   8ÉANCR   DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

de  ses  conditions  hygiéniques.  On  calcule  que  deux  livres  de  soufre  au 
moins  seront  brûlées  pour  chaque  1000  pieds  cubes  d'espace  ;  le  nombre 
de  ces  fumigations  variera  selon  Tétat  du  navire,  de  Téquipage,  des  pas- 
sagers et  de  la  cargaison. 

F.  Dans  les  cas  extrêmes,  on  emploiera  les  moyens  suivants  :  le  déchar- 
gement et  même  l'ouverture  des  colis,  le  lavage  au  moyen  de  désinfec- 
tants, des  personnes  et  des  articles  de  lingerie,  la  destruction  par  le  fea 
de  certaines  marchandises,  le  sabordement  et  l'immersion  du  navire,  la 
vapeur  d'eau  simple,  à-f  lOO"*  c,  ou  saturée  de  vapeurs  désinfectantes, 
projetée  dans  toutes  les  parties  du  navire,  etc. 

G.  Tous  les  effets  qui  auraient  été  en  contact  avec  des  personnes 
affectées  de  maladies  contagieuses  ou  infectieuses  seront  brûlés  ou  soa- 
mis  à  une  ébullition  prolongée  dans  une  solution  de  sulfate  de  zinc  et  de 
sel  commun,  dans  la  proportion  de  4  onces  de  sulfate  de  zinc  et  de 
2  onces  de  sel  par  gallon. 

Section  10.  Traite  du  déchargement  du  navire  (point  essentiel)  et  de 
sa  complète  désinfection. 

Section  1 1 .  Concerne  les  malades  retenus  aux  stations  de  quarantaine. 

Section  15.  Classification  des  marchandises  et  effets  plus  ou  moins 
dangereux. 

Section  21.  Règlements  indiquant  la  conduite  des  pilotes,  capitaines 
de  remorqueurs. 

Plusieurs  sections  additionnelles  prescrivent  les  mesures  à  prendre 
pour  les  navires,  pendant  leur  séjour  dans  le  port  de  la  Nouvelle-Orléans , 
et  dans  d'autres  ports,  et  pendant  leur  traversée  (aller  et  retour). 

Conclusions. 

1.  La  fièvre  jaune  est  une  maladie  spécifique,  sui  generis  dont  le 
berceau  permanent  se  trouve  dans  les  îles  et  régions  avoisinantes  du 
golfe  du  Mexique. 

2.  La  théorie  qui  rend  le  mieux  compte  de  son  mode  de  développe- 
ment et  de  sa  propagation  est  ceUe  des  germes  ou  microbes. 

8.  Les  véhicules  ordinaires  de  la  maladie  sont  les  effets  et  les  mar- 
chandises, et  surtout  la  cale  des  navires. 

4.  La  fièvre  jaune  peut  être  classée  parmi  les  maladies  qu'on  peut 
prévenir  (préventables  diseases). 

'i.  La  maladie  s'est  étendue  assez  souvent  au  delà  de  son  domaine 
habituel,  de  sa  zone  géographique,  pour  attirer  l'attention  des  gouver- 
nements et  des  hygiénistes  des  pays  les  plus  exposés  par  leurs  relations 
commerciales,  et  pour  leur  faire  chercher  les  mesures  préventives  les  plus 
eflîcaces,  et  les  plus  pratiques. 


UÉOORAPHIE   DE   LA   FIEVRE  JAUNE.  477 

6.  Pour  être  réellement  efficaces,  les  mesures  préventives  doivent 
être  basées  sur  la  connaissance  des  faits  relatifs  au  développement  de  la 
fièvre  jaune  dans  les  pays  où  elle  est  endémique,  sur  la  connaissance  des 
causes  de  cette  endémicité,  des  conditions  sanitaires  générales  et  locales 
de  ces  pays  et  des  lieux  A'^ embarquement  de  la  maladie. 

7.  Les  navires  véhicules  habituels  de  la  fièvre  jaune,  devraient  être 
l'objet  d'études  spéciales  ;  on  devrait  surtout  s'appliquer  h  connaître  le 
mode  de  construction,  de  ventilation,  les  conditions  sanitaires  les  plus 
aptes  à  empêcher,  ou  du  moins  à  diminuer  les  dangers  d'infection  pen- 
dant leur  séjour  dans  un  port  infecté. 

8.  Un  résultat  général  et  pratique,  d'utilité  réelle,  ne  peut  être  obtenu 
que  par  un  code  sanitaire  international,  aussi  uniforme  que  possible  et 
qui  concilierait,  autant  qu'il  est  possible  de  le  faire,  la  protection  de  la 
salubrité  publique  et  les  exigences  du  commerce. 


NOTE  SUR  LA  GÉOGRAPHIE  DE  LA  FIÈVRE  JAUNE 

ET  SUR  LES  MOYENS  D'ARRÊTER  SES  EXPANSIONS  ÉPIDÉMIQUES 

Par  H.  le  L'  H.  BOURRU, 

Professeur  â'bygidne  et  de  pathologie  exotique  d  l'école  de  médecine  navale  de  Rochefort. 


Depuis  bientôt  un  siècle,  la  fièvre  jaune  a  pris  dans  le  monde  un 
grand  mouvement  d'expansion.  Tout  d'abord  répandue  sur  les  côtes 
orientales  de  rAmérique  du  nord,  puis  au  sud  de  l'Europe,  les  navires 
la  portèrent  encore  à  la  côte  d'Afrique  et  dans  l'Amérique  méridionale 
qui  fut  envahie  à  l'ouest  comme  à  l'est,  jusqu'au  35"**  parallèle. 

Ce  mouvement  d'expansion  se  propage  incessanunent  et  s'étendra 
partout  où  il  ne  sera  pas  combattu. 

Depuis  un  demi-siècle,  les  pays,  les  premiers  envahis,  l'Europe,  les 
États-Unis  du  nord,  ont  appris  à  l'arrêter  et  l'arrêtent  en  effet. 

Le  littoral  du  golfe  du  Mexique  aura  plus  de  peine,  étant  plus  rap- 
proché du  foyer.  J'ai  la  confiance  que  les  États-Unis  du  sud  y  réussi- 
ront pourtant  parce  qu'ils  ne  reculeront  devant  aucune  mesure  néces- 
saire \ 

Ailleurs  on  reste  inactif,  et  la  fièvre  jaune,  autrefois  épidémique. 


*  Dans  V Atlas  des  épidémies  que  j'ai  exposé,  les  cartes  consacrées  à  la  fièvre 
jaune  me  paraissent  montrer  exactement  les  progrès  et  les  arrêts  de  sa  marcUe. 


478  8E(TIOS   I.   —    8ÉAKCK    DU  8AMISD1   9  SEFFEMBRE. 

peu  à  peu  devient  endémique.  Telle  elle  est  aujourd'hui  au  Brésil,  aux 
colonies  européennes  de  la  côte  occidentale  d'Afrique. 

A  Rio- Janeiro,  à  Bahia,  la  première  importation  est  de  1849  ;  il  sera 
possible  de  déraciner  une  endémie  de  si  fratche  date,  si  on  empêche 
rigoureusement  toute  importation  nouvelle. 

A  la  côte  d'Afrique,  on  pourra  se  débarrasser  aussi  de  la  fièvre  jaune 
parce  qu'elle  y  est  étrangère. 

Pour  les  îles  Canaries,  du  cap  Vert,  Ascension,  rien  n'est  mieux 
démontré. 

Pour  le  Sénégal,  nous  possédons  aussi  les  circonstances  de  transport 
des  épidémies. 

A  la  Côte  d'Or,  sur  ti^ois  épidémies,  la  première  est  demeurée  sans 
renseignements,  et  dans  la  dernière,  l'importation  a  été  démontrée. 

A  l'île  de  Fernando-Po,  c'est  l'opinion  des  médecins  espagnols  que  la 
fièvre  jaune  n'y  prend  jamais  naissance,  et  nous  connaissons  en  effet 
plusieui*s  importations  incontestables. 

Au  Congo,  l'expédition  anglaise  de  Tuckey,  en  1816,  reçut  la  fièvre 
jaune  d'un  négrier  de«  Antilles. 

A  Saiut-Pol  Loanda  comme  à  Fernando-Po,  c'est  du  Brésil  et  de  Cuba 
que  vient  la  fièvre  jaune. 

Pour  les  colonies  anglaises  nous  avons  peu  de  documents.  A  Sainte- 
Marie  de  Bathurst  cependant,  nous  connaissons  plusieurs  faits  d^impor- 
tation.  En  1878,  le  gouverneur  établit  une  quarantaine  pour  les  prove- 
nances de  Corée  et  du  Sénégal,  ce  qui  indique  la  croyance  à  l'origine 
étrangère  de  la  fièvre  jaune. 

C'est  Topinion  des  médecins  anglais  contemporains,  pour  Sierra- 
Leone.  Autrefois,  cette  colonie  recevait  tous  les  noirs  saisis  sur  les 
navires  négriers  ;  provenance  suspecte  toujours  î 

Ce  trafic  des  navires  négriers,  obligés  à  dissimuler  leur  navigation, 
leur  chargement,  leurs  maladies  n'est-il  pas  éminemment  propre  à 
transmettre  les  épidémies,  et  en  même  temps,  à  dérouter  les  recherches 
scientifiques  ? 

Aujourd'hui,  les  cas  bien  constatés  d'importation  se  multiplient  à 
mesure  que  l'observation  devient  plus  claii*voyante  et  plus  attentive. 

Au  surplus,  comment  admettre  l'endémicité  en  un  point  quelconque 
de  la  côte,  quand  tant  d'autres  tout  proches  ne  peuvent  en  être  soup- 
çonnés ?  Quand,  au  pays  des  Ashantis,  des  quarantaines  sévères  ont 
prései*vé  l'armée  anglaise?  Quant  au  Gabon,  juste  sous  l'équateur,  la 
fièvre  jaune  est  absolument  inconnue?  Mais  le  Gabon  ne  trafique  qu'avec 
l'Europe;  Loanda,  Fernando-Po,  Sierra-Leone  sont  en  relation  de  cha- 
(|ue  jour  avec  l'Amérique. 


GËOGRAPHU:   D£   LA   FIEVRE  JACKE.  479 

Que  dire  eucore  de  préteadus  foyers  d'endémie  qui  demeui'ent  cin- 
quante ans  sans  maladie?  (Gorée  et  Saint-Louis,  de  1778  à  1830;  Sierra- 
Leone,  douze  ans  de  1847  à  1859.)  Qui,  colonisés,  .habités  depuis  un 
siècle  et  demi,  ne  connaissaient  pas  encore  la  fièvre  jaune  V  (Sénégal, 
lG26àl778.) 

Je  conclus  que  partout,  le  golfe  américain  excepté,  la  fièvre  jaune  est 
étrangère  et  importée.  Il  appartient  donc  à  chaque  pays  de  s'en  pré- 
server. 

Cette  nécessité,  chaque  jour  devient  plus  impérieuse  :  les  relations  se 
multiplient  à  l'infini,  les  traversées  deviennent  merveilleusement  rapi- 
des ;  pai*  suite,  les  assauts  de  la  fièvre  jaune  deviennent  plus  nombreux, 
plus  pressants. 

L'année  dernière,  dans  la  France  seulement,  Dunkerque,  le  Havre 
ont  reçu  des  navires  contaminés,  Saint-Na^aire  qui  ne  l'avait  pas  reçue 
depuis  vingt  ans,  Pauillac  qui  ne  l'avait  jamais  reçue,  ont  vu,  dans 
leurs  lazarets,  des  voyageurs  mourir  de  la  fièvre  jaune. 

Le  service  sanitaire  vigilant  a  réussi  à  arrêter  les  épidémies,  y  réus- 
sira-t-il  toujours  V 

Lisbonne  (1857),  Barcelone  (1870)  Saint-Nazaire  lui-même  (1861) 
n'ont-ils  donc  pas  été  sui^pris? 

Et  qui  donc  veille  au  loin  pour  renseigner  nos  médecins  sanitaii*es  V 
Des  agents  consulaires  absolument  incompétents  et  sans  responsabilité. 

Pour  moi,  il  me  paraît  certain  qu'un  jour  ou  l'autre,  arrivera  un 
navire  de  grande  marche,  en  patente  nette,  sans  malades,  sans  décès, 
qui,  de  sa  cale  ouverte,  jettera  la  fièvre  jaune  dans  le  port,  dans  la 
ville?  Car  c'est  là  le  mode  particulier  de  transmission  de  cette  maladie. 

Peut-être  compte-t-on  sur  le  climat  ?  New- York,  Boston,  Québec  ont 
eu  des  fièvi'es  jaunes  sévères  ot  ces  villes  sont  sous  les  isothermes  de 
Liverpool,  Copenhague,  Stockholm  même. 

L'Europe  est  donc  menacée  de  la  fièvre  jaune. 

Hors  d'Europe,  les  colonies  de  l'Atlantique  reçoivent  ses  fréquentes 
et  terribles  visites.  Elle  s'étend  sûrement  partout  où  elle  n'est  pas 
arrêtée. 

Elle  remontera  le  Niger  et  le  Congo  comme  elle  a  fait  du  Mississipi, 
du  Guadalquivir,  du  Paraguay,  du  Sénégal.  Comme  elle  a  franchi  le  cap 
Horn,  portée  de  Rio-Janeiro  à  Lima,  elle  franchira  le  cap  de  Bonne- 
Espérance,  désolant  cette  belle  colonie  du  Cap.  Dans  la  mer  des  Indes, 
les  riches  comptoii-s  européens  des  côtes  et  des  îles  offiîront  à  ses 
gennes  un  teiTaiu  fertile  qu'ils  partageront  avec  les  germes  du  cho- 
léra. 

Pendant  ce  temps,  l'isthme  de  Panama,  barrière  puissante,  s'ouvrant 


480  SECTION  I.  —    SÉANCE  DU  8A2d£Dl  9  SEPTEMBRE. 

au  fléau,  lui  donnera  libre  carrière  sur  les  côtes  du  Pacifique  et  eu 
Océanie. 

La  science,  qui  a  repoussé  la  peste  et  aiTète  le  choléra,  liCissera-t-eUe 
ainsi  le  champ  libre  à  la  fièvre  jaune? 

Il  faut  donc  une  entente  internationale,  non  pas  pour  imposer  une  loi 
sanitaire  identique  à  tous  les  pays,  mais  .pour  s'avertir  les  uns  les  autres 
du  danger. 

Pour  préparer  et  faciliter  cette  entente,  rien  ne  serait  plus  profitable 
qu'une  large  enquête  sur  les  épidémies  antérieures,  par  une  mission 
autorisée,  qui  irait,  sur  place,  recueillir  les  renseignements.  C'est  ce 
qui  a  été  fait  pour  le  choléra  avec  une  autorité,  un  talent  incontes- 
tables. 

Pour  le  choléra,  les  résultats  ont  été  décisifs  ;  ils  le  seraient  pour  la 
fièvre  jaune.  Ils  éclaireraient  la  science  et  les  gouvernements. 

Cette  question  est  universelle;  elle  intéresse  l'humanité  entière.  C'est 
pour  cela  qu'elle  devait  être  portée  devant  cette  solennelle  réunion  des 
hygiénistes  de  tous  pays. 

M.  le  D'  Jules  Rochard,  inspecteur  général  du  service  de  santé  de  la 
marine,  dit  :  Après  avoir  entendu  les  intéressantes  communications  de 
MM.  les  docteurs  Layet  et  Formento,  vous  ne  pensez  pas.  Messieurs,  que 
je  vous  présente  une  nouveUe  étude  sur  la  fièvre  jaune. 

Des  propositions  de  M.  Layet,  il  en  est  deux  seulement  que  je  tiens  à 
discuter  ;  celle  qui  a  trait  aux  dangers  qui  menacent  l'Europe  ;  celle  qui 
a  pour  but  l'adoption  de  mesures  internationales  pour  coi^urer  ces 
dangers. 

Il  est  certain  que  la  fièvre  jaune  a  notablement  accru,  depuis  le  com- 
mencement du  siècle,  les  proportions  de  son  domaine  géographique  ;  que 
cet  accroissement  continue  et  qu'il  est  en  rapport  avec  le  développement 
de  la  navigation  et  la  brièveté  des  traversées.  La  dernière  épidémie, 
celle  qui  continue  encore  a  été  très  grave.  EUe  a  remonté  à  l'intérieur 
du  contment  américain  jusqu'à  des  latitudes  qu'elle  n'avait  pas  encore 
atteintes  ;  elle  a  dépassé  en  altitude  les  limites  qu'elle  avait  jusqu'id 
respectées  et  on  Ta  vue  régner  à  Caracas  à  plus  de  1000  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  l'océan. 

Les  races  colorées  elles-mêmes  n'ont  pas  été  complètement  épargnées. 
Cette  gravité  exceptionnelle  est  de  nature  à  faire  réfléchir  les  popula- 
tions de  l'Europe  qui  sont  en  rapport  avec  le  nouveau  monde.  L'Espa- 
gne et  le  Portugal  notamment  ont  été  à  diverses  reprises  assez  cruelle- 
ment éprouvés  pour  que  leurs  craintes  et  les  mesures  de  précaution  dont 
ils  s'entourent  soient  complètement  justifiées. 


0£OORAPHI£   DE  LA  FIÈVRE  JAUNE.  481 

La  France  plus  élevée  en  latitude  a  moins  à  craindre  et  jusqu'ici, 
lorsque  la  fièvre  jaune  y  a  été  importée,  elle  s'est  éteinte  sur  place  et 
sans  rayonnement.  En  sera-t-il  toujours  ainsi  ?  H  serait  téméraire  de 
l'affirmer.  Pendant  les  chaleurs  toirides  qui  régnent  quelquefois,  aux 
mois  de  juillet  et  d'août,  dans  le  centre  de  la  France  et  notamment  à 
Paris,  s'il  arrivait  à  Saint-Nazaire  un  paquebot  ayant  la  fièvre  jaune  à 
son  bord  et  qu'on  ne  prît  pas  de  mesures  sanitaires  rigoureuses,  rien  ne 
prouve  que  la  maladie  n'an*iverait  pas  d'un  bond  jusqu'à  Paris,  par  le 
premier  train  de  chemin  de  fer  et  on  n'ose  pas  penser  aux  ravages 
qu'elle  ferait  dans  cette  population  de  deux  millions  d'âmes,  n'yrégnftt- 
elle  que  huit  jours. 

En  ce  qui  a  trait  aux  mesures  internationales,  je  ne  partage  pas 
l'avis  des  deux  collègues  qui  m'ont  précédé. 

Les  maladies  infectieuses  pénètrent  par  deux  voies  au  sein  des  popu- 
lations, la  voie  de  terre  et  la  voie  de  mer.  La  première  est  pour  long- 
temps encore  interdite  à  la  fièvre  jaune.  Le  seul  point  par  lequel  elle 
puisse  nous  menacer  est  le  Sénégal.  S'il  était  en  rapport  avec  l'Algérie, 
nous  aurions  tout  à  craindre  ;  mais  le  désert  les  sépare  et  protège  notre 
belle  colonie  africaine.  Peut-être  un  jour  des  conmiunications  s'établi- 
ront-elles, à  travers  les  sables,  entre  ces  deux  régions,  mais  le  temps 
est  loin  encore  oii  elles  pourront  constituer  un  danger.  D'ici  là,  nous 
n'avons  à  redouter  que  les  provenances  maritimes  et  celles-là  se  prêtent 
plus  facilement  à  la  prophylaxie.  Les  mesures  quarantenaires  prescrites 
par  le  règlement  sanitaire  de  1876  ont  fixé  de  la  façon  la  plus  complète 
et  la  plus  avantageuse  les  moyens  de  prévenir  cette  invasion.  Il  suffit 
d'en  continuer  l'application  rigoureuse  pour  écarter  ce  danger. 

Quant  à  une  conférence  internationale,  quant  à  la  formation  d'un 
conseil  analogue  à  ceux  qui  ont  été  établis  à  Constantinople  et  à  Alexan- 
drie en  prévision  du  choléra,  je  ne  les  crois  pas  nécessaires.  Dans  le 
Levant  conmie  en  Egypte,  l'Europe  a  devant  elle  des  populations  inca- 
pables de  la  prémunir,  sur  l'intervention  desquelles  nous  ne  pouvons  pas 
compter  pour  tenir  fermées  les  portes  par  lesquelles  passent  les  épidé- 
mies, il  a  fallu  que  les  nations  extérieures  s'entendissent  entre  elles  pour 
se  préserver  et  qu'elles  imposassent  leur  contrôle  et  leur  action  aux  gou- 
vernements musulmans.  Pour  la  fièvre  jaune  rien  de  semblable.  Il  n'y  a 
pas  de  population  intermédiaire  à  surveiller,  pas  d'issue  à  tenir  fermée  ; 
il  n'y  a  que  la  grande  route  de  la  mer  et  les  ports  auxquels  elle  abou- 
tit. Dans  ces  ports,  chaque  nation  exerce  sa  surveillance,  comme  elle 
l'entend  au  mieux  de  ses  intérêts,  sans  qu'il  existe  entre  eUes  aucune 
espèce  de  solidarité  et  sans  qu'il  y  ait  besoin  par  conséquent  d'en  venii* 
à  une  entente  commune. 


482        SECTION  I.  —  8KANC£  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

M.  le  D*^  Fauvel  s'associe  aux  considérations  de  M.  le  docteur 
Kochard  à  tous  les  points  de  vue. 

M.  le  baron  de  Thékkhopolis  applaudit  aux  observations  faites.  Il  y  a 
ou  en  1849  le^^  premiers  cas  de  lièvre  jaune  au  Brésil  ;  débarqué  à  Rio  de 
Janeiro  il  a  été  lui-même  un  des  pi*emiers  atteints.  La  tiëvre  jaune  n'est 
pas  endémique  au  Brésil,  et  l'on  prend  au  Portugal  des  mesures  trop 
sévères  pour  les  vaisseaux  venant  du  Brésil.  La  France  de  son  côté  ne 
présente  pas  des  conditions  favorables  au  développement  de  la  maladie. 
Quant  au  développement  de  la  fièvre  jaune  dans  les  montagnes  du  Bré- 
sil, il  n'en  connaît  pas  un  seul  exemple  ;  on  voit  des  personnes  arriver 
atteintes  à  la  montagne,  mais  elles  n'y  propagent  pas  la  contagioD. 
M.  le  baron  de  Thérésopolis  se  déclare  très  partisan  de  la  quarantaine  ; 
il  estime  que  le  Brésil  arrivera  à  éteindre  le  foyer.  La  fièvre  jaune  suit 
une  marche  absolument  réglée  et  peut  ainsi  mieux  être  combattue  que  le 
choléra  qui  a  des  caprices  (M.  le  docteur  Fauvel  :  dans  l'esprit  de  ceux 
qui  l'ont  décrit,  car  en  réalité  il  a  des  lois.  )  L'orateur  termine  en  décla- 
rant que  bientôt  le  Brésil  cessera  d'être  un  foyer  secondaire  de  conta- 
gion pom*  la  fièvre  jaune. 

M.  le  Président  annonce  qu'il  y  a  encore  deux  orateurs  inscrits  sur 
ce  sujet,  et  en  outre  plusieurs  autres  travaux  à  l'ordre  du  jour.  L  pro- 
pose en  conséquence  qu'il  y  ait  séance  supplémentaire  cette  après-midi 
à  8  Va  h.  après  la  séance  générale  pour  épuiser  l'ordre  du  jour.  Adopté. 

La  séance  est  levée  à  11  heures  moins  5  minutes. 


Les  secrétaires  : 


I)'  Fkrkièrk. 
D'  L.  Gautier, 


LA  FIÈVRE  JAUNE.  483 


SEANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE 

(Séance  de  relevée.) 

Présidence  de  M.  le  professeur  Revilliod. 


Le  procès-verbal  de  la  séance  du  matin  est  lu  et  adopté. 


CONTINUATION  DE  LA  DISCUSSION  SUR  LA 

FIÈVRE  JAUNE 

M.  le  prof,  da  Silva  Amado,  directeur  du  bureau  d'hygiène  de  Lis- 
bonne, appuie  le  point  de  vue  exposé  dans  la  communication  de  M.  le 
prof.  Layet  ;  le  foyer  du  Sénégal  est  un  danger  pour  plusieurs  pays, 
comme  l'indique  fort  bien  la  carte  de  M.  Layet.  M.  le  prof,  da  Silva 
Amado  pense  que  la  fièvre  jaune  se  propagera  sur  la  cote  occidentale  de 
l'Amérique,  puis  l'Australie  et  l'Asie  seront  menacées;  il  est  à  craindre 
que  la  fièvre  jaune  soit  la  maladie  la  plus  grave  du  siècle  qui  suivra.  Il 
faut  donc  tout  mettre  en  jeu  pour  contrarier  sa  marche  ;  or  un  seul  peu- 
ple ne  peut  le  faire,  il  faut  pour  y  arriver  une  fédération.  C'est  un  fait 
acquis  que  la  fièvre  jaune  tend  à  se  propager  dans  les  ports  de  mer  plus 
que  dans  l'intérieur  des  terres,  dans  les  parties  basses  plus  que  dans 
les  parties  élevées  ;  il  faut  croire  qu'il  y  a  là  une  loi.  Les  germes  de  la 
fièvre  jaune  présentent  deux  conditions  principales  :  ils  sont  diflîciles  à 
détruire  et  lents  à  se  développer;  toute  la  prophylaxie  delà  fièvre  jaune 
consiste  à  stériliser  les  germes.  On  a  dit  qu'il  y  a  des  pays  peu  menacés, 
ce  n'est  pas  certain,  et  il  y  a  des  réserves  à  faire  sur  ce  point;  ainsi  tou- 
tes les  villes  de  la  côte  orientale  de  l'Amérique  du  nord  ont  été  atteintes 
'  par  la  maladie  ;  or  quelles  sont  les  différences  de  climats  entre  ces  villes 
et  celles  de  la  côte  française  ?  Les  conditions  climatériques  y  sont  à  peu 
près  les  mêmes,  et  les  races  y  sont  les  mêmes  aussi  ;  on  y  voit  des  Anglais 
et  des  Français.  On  a  dit  aussi  qu'on  avait  des  règlements  sanitaires  dans 
lesquels  tout  est  prévu  ;  il  est  douteux  cependant  que  le  règlement  fran- 
çais de  1876,  soit  à  même  d'empêcher  le  développement  de  la  fièvre 


484        SECTION  1.   —  8BC0NDE  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

jaune  dans  les  ports  français.  Un  vaisseau  contaminé  arrive  dans  on 
port,  étes-voussûr  qu'il  n'introduira  pas  la  maladie?  Les  voyageurs  qm 
se  tiennent  dans  la  partie  haute  du  navire  n'ont  pas  été  malades  c'est 
vrai,  mais  la  maladie  se  tient  dans  la  cale;  croyant  le  vaisseau  doq 
infecté,  on  ne  désinfectera  pas  les  marchandises  ni  le  bâtiment.  On  peal 
aussi  croire  le  vaisseau  indemne  parce  que  l'équipage  aurait  déjà  eu  une 
première  atteinte  de  la  maladie.  On  ne  peut  donc  pas  affirmer  qu'on 
vaisseau  n'est  pas  infecté  parce  qu'il  ne  s'y  est  produit  aucun  cas  de 
Aèvre  jaune  ;  et  le  germe  morbide  qu'il  transporte  pourrait  ainsi  tomber 
un  jour  dans  un  endroit  favorable  à  son  développement.  Le  règlement 
doit  donc  être  amélioré.  Les  meilleurs  moyens  pour  détruire  la  ikws 
jaune  sont  la  désinfection  et  la  destruction.  Pour  annihiler  le  genne,  il 
n'y  a  que  l'a^^^ainissement;  celui  des  bâtiments  est  le  plus  important  Les 
règlements  contiennent  beaucoup  de  détails,  mais  ce  ne  sont  guère  que 
des  paroles,  et  la  visite  est  en  général  faite  d'une  manière  superficielle. 
Au  Portugal,  le  gouvernement  a  chargé  les  consuls  de  faire  la  visite 
sanitaire;  dans  les  autres  pays,  c'est  le  gouvernement  du  point  de 
départ  qui  délivre  les  patentes.  Mais  les  consuls  ne  sont  en  général  pts 
compétents,  et  la  visite  n'est  encore  qu'une  simple  formalité;  du  reste, 
les  autorités  du  point  de  départ  ne  permettent  pas  une  visite  très  exacte. 
Jusqu'ici  le  Portugal  n'a  pas  eu  à  cet  égard  de  froissements,  mais  ks 
États-Unis  en  ont  eu  avec  la  Havane  ;  ces  froissements  ont  été  la  cause 
de  la  conférence  diplomatique  de  Washington  qui  n'est  du  reste  pas 
arrivée  à  la  solution  demandée  par  les  États-Unis.  Les  États-Unis 
demandaient  en  effet  que  les  consuls  pussent  visiter  tout  ce  qui,  sur  le 
vaisseau,  pourrait  leur  donner  une  idée  sur  l'état  sanitaire  du  pays;  ce 
qui  revient  à  dire  qu'il  aurait  fallu  leur  laisser  tout  voir,  des  archives 
entre  autres;  du  reste,  les  consuls  sont  souvent  des  commerçants  et 
auraient  ainsi  intérêt  à  faire  servir  leur  curiosité  dans  un  but  personnel; 
la  réclamation  des  Américains  était  donc  inacceptable.  Qu'y  a-t-il  donc 
à  faire?  Vous  suspectez  l'autorité  locale,  eh  bien,  nommez  comme  ins- 
pecteur un  médecin,  qui  soit  en  même  temps  du  port  de  départ  et  du 
port  de  destination,  ainsi  vous  aurez  un  expert  à  l'abri  des  préoccupa- 
tions politiques.  Le  gouvernement  des  États-Unis  a  appuyé  à  peu  près 
cette  manière  de  voir,  il  a  créé  des  inspecteurs  dans  les  ports  de  desti- 
nation î  mais  ils  ne  sont  pas  du  point  de  départ  et  différents  gouverne- 
ments, entre  autres,  celui  d'Espagne,  ont  protesté  contre  cette  mesure. 
Cependant  le  gouvernement  espagnol  vient  d'adopter  la  même  orga- 
nisation dans  ses  ports.  La  solution  du  problème  serait  d'avoir  des 
inspecteurs  médicaux  internationaux  qui  n'auraient  d'autre  intérêt  que 
celui  de  dire  la  vérité.  Cette  manière  de  voir  est  différente  de  celle  des 


LA  FIÈVBE  JAUNE.  485 

conseils  de  santé  internationaux,  qui  a  été  proposée  tout  à  Theure.  Nous 
ne  voulons  pas  des  conseils,  nous  voulons  des  experts. 

M.  le  D'  Cabrllo,  de  Madrid,  prend  ensuite  la  parole.  Messieurs, 
(lit-il,  ce  n'est  pas  ma  pratique  personnelle,  ni  mon  séjour  dans  des 
localités  oîi  sévit  la  fièvre  jaune  que  je  veux  faire  valoir  pour  attirer 
votre  attention,  je  veux  seulement  me  baser  sur  l'énorme  tribut  que  la 
marine  espagnole  paie  à  ce  fléau.  En  effet,  je  viens  de  faire,  à  la  seconde 
section,  une  communication  dans  laqueUe  je  démontre,  d'après  les  docu- 
ments officiels  du  ministère  de  la  marine,  que  dans  les  cinq  hôpitaux 
que  nous  possédons  à  Cuba,  les  82  %  de  la  mortalité  totale  sont  pro- 
duits par  la  fièvre  jaune. 

Ce  chiffre  compris  dans  ceux  de  mortalité  générale  de  nos  seize  hôpi- 
taux d'Espagne,  de  Cuba,  des  Philippines  et  de  Guinée,  élève  à  48  °/o 
de  la  mortalité  totale  le  produit  de  la  fièvre  jaune.  Il  est  légitime  que 
supportant  de  pareilles  pertes,  nous  nous  occupions  de  tout  ce  qui  a  trait 
à  cette  question.  A  propos  des  ravages  causés  par  cette  maladie,  je 
pourrais  vous  citer  le  fait  qu'il  a  fallu  renouveler,  pendant  les  fortes 
épidémies  jusqu'à  deux  ou  trois  fois  le  personnel  de  certains  bâtiments 
de  notre  marine.  La  frégate  française  La  Gloire  s'est  trouvée  dans  le 
même  cas,  lors  de  l'expédition  du  Mexique. 

En  1870,  la  fièvre  jaune  fut  importée  à  Buenos-Ayres,  la  mortalité  et 
la  panique  furent  extraordinaires,  à  ce  point  que  dans  une  ville  de 
200,000  âmes,  il  ne  resta,  au  plus  fort  de  l'épidémie,  par  suite  de  l'émi- 
gration, que  40  à  50.000  habitants. 

Cette  population,  cependant  si  réduite,  fournit  néanmoins  une  morta- 
lité quotidienne  de  700  décès  pendant  quelques  jours.  Cette  mortalité 
est  la  plus  forte  qu'on  connaisse  dans  les  temps  modernes. 

Je  suis  donc  d'accord  avec  les  conclusions  de  M.  le  D'  Layet,  et  à  pro- 
pos de  la  sixième  proposition  que  «  rien  ne  peut  autoriser  à  affirmer  que 
la  fièvre  jaune  ne  saurait  envahir  l'Europe  un  jour,  »  j'ajoute  que  cha- 
que jour  nous  nous  opposons  à  l'envahissement  par  nos  lazarets  et  nos 
quarantaines. 

Quant  à  la  troisième  proposition  il  est  malheureusement  vrai,  que 
chaque  jour  nous  voyons  disparaître  ce  que  jusqu'alors  on  avait  consi- 
déré comme  des  immunités  de  race,  de  situation  géographique,  etc. ,  et  les 
médecins  navigateurs  doivent  chaque  jour  insister  dans  ce  sens,  pour 
détruire  les  préjugés  répandus  dans  des  ouvrages  classiques  dus  à  des 
auteurs  qui  n'ont  pas  étudié  par  eux-mêmes  cette  maladie. 

M.  le  D' Formento  de  la  Nouvelle-Orléans,  vient  avec  des  faits  inté- 
ressants démontrer  la  non  existence  de  cette  soi-disant  immunité;  et  il 
attache  une  grande  importance  à  la  cale  des  navires  dans  la  ttavLWs\N&- 


486    SECTION  I.  —  SECONDE  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

sioii  de  cette  affection.  A  ce  propos  j'ajouterai  qu'une  frégate  de  guerre, 
ayant  longtemps  stationné  à  la  Havane,  et  présentant  dans  sa  sentioe 
une  grande  quantité  de  boue  épaisse,  noirâtre  et  fétide,  fut  par  ordre  du 
commandant,  entièrement  nettoyée.  Cette  opération  fut  la  cause  d'une 
épidémie  de  fièvre  jaune,  parce  que  malgré  l'avis  du  médecin  du  bord, 
on  ne  prit  pas  des  précautions  nécessaires  de  désinfection  énergique  et 
d'évacuation  de  l'équipage. 

Il  y  a  quelques  années,  dans  le  petit  port  de  Posages,  près  de  Sau- 
Sebastian,  arriva  un  bâtiment  infecté  de  fièvre  jaune  qui  échoua  au 
port  ;  les  hommes  subirent  la  quarantaine  de  rigueur  et  le  bâtiment 
resta  à  moite  submergé;  trois  ans  après,  il  fut  retiré  et  démoli,  ou 
trouva  alors  dans  sa  cale  une  grande  quantité  de  cette  boue  noirâtre 
dont  nous  venons  de  parler,  dont  le  maniement  détermina  le  début  d'une 
épidémie  de  fièvre  jaune. 

Les  premiers  atteints  furent  des  menuisiers  employés  à  cette  opé- 
ration. 

Les  D"  Rochard  et  Fauvel,  dont  l'avis  est  d'une  grande  importance 
dans  cette  question,  sont  d'accord  avec  le  D'  Layet  au  sujet  de  la  fièvre 
jaune,  mais  ils  ne  jugent  pas  nécessaire  une  entente  internationale,  con- 
sidérant comme  suffisantes  les  lois  françaises  actuelles. 

Pour  M.  Fauvel,  c'est  un  progrès,  étant  donné  le  peu  d'importance 
qu'il  a  attaché  à  la  fièvre  jaune  au  Congrès  de  Turin.  Une  seule  voix 
discordante  s'est  fait  entendre,  ceUe  de  M.  le  baron  de  Thérésopolis  qui, 
comme  tous  les  indigènes  des  pays  dans  lesquels  sévit  la  fièvre  jaune  n*y 
attache  pas  grande  importance.  En  effet,  j'ai  vu  à  Rio  de  Janeiro  de^ 
malades  atteints  de  fièvre  jaune,  réunis  à  des  patients  atteints  d'autres 
affections  médicales  dans  les  salles  communes  des  hôpitaux.  Une  autre 
fois  que  je  devais  aller  avec  l'escadre,  de  Montevideo  à  Rio  de  Janeiro, 
je  demandai  à  un  commandant  de  la  marine  brésilienne  quel  était  l'état 
sanitaire  de  ce  dernier  port,  d'oîi  il  venait  d'amver;  il  me  répondit  : 
n'ayez  aucune  crainte  de  la  fièvre  jaune,  il  y  a  peu  de  chose,  et  il  ne 
meurt  que  des  étrangers. 

En  résumé,  je  suis  d'accord  sur  tous  les  points  avec  le  D'  Layet, 
même  sur  la  convenance  d'établir  un  service  sanitaire  international, 
mais  je  crains  qu'il  reste  à  l'état  de  théorie,  car  nous  savons  que  la 
commission  internationale  des  épidémies,  décrétée  à  Vienne,  demain» 
encore  à  l'état  d'un  simple  desideratum  pour  tout  le  monde. 

Chaque  peuple  intéressé  doit  donc  agir  isolément.  En  Espagne,  la 
direction  sanitaire  de  nos  ports  est  toujours  accordée  à  des  médecins,  et 
la  nouvelle  loi  exige  qu'ils  aient  navigué  et  qu'ils  connaissent  les  mala- 
dies exotiques.  Nous  désirons  que  la  même  organisation  se  crée  dans 


LA  FIÈVRE  JAUN£.  487 

tous  les  pays,  et  nous  sommes  étonnés  qu'eu  Italie,  pays  modèle  poul- 
ies lois  sanitaires,  les  directeurs  de  santé  des  ports  ne  soient  pas  des 
médecins. 

La  nouvelle  loi  sanitaire  espagnole  décrète  la  création  de  deux  délé- 
gués sanitaires  pour  rAmérique.  Si  dans  chaque  pays,  la  même  institu- 
tion était  décrétée,  nous  aurions  une  commission  internationale,  telle 
que  le  désire  M.  Layet. 

Le  D'  Layet  est  heureux  que  sa  communication  ait  soulevé  une  dis- 
cussion à  laquelle  ont  pris  part  des  personnes  aussi  compétentes.  Nous 
avons  en  effet  entendu  des  représentants  de  l'Europe  menacée  et  de 
l'Amérique  menaçante.  Il  reconnaît  avec  le  baron  de  Thérésopolis  que 
le  Brésil  est  un  foyer  secondaire,  mais  au  point  do  vue  de  l'Europe 
c'est  une  notion  insignifiante.  Peu  nous  importe  que  nous  recevions  la 
maladie  d'un  foyer  piîmitif  ou  d'un  foyer  secondaire.  Il  répète  que  les 
mesures  de  prévention  hâtives  sont  moins  vexatoires  et  plus  efficaces 
que  les  mesures  de  préservation  tardive^s.  Marseille  qui  a  été  si  souvent 
victime  des  épidémies  de  TOrient  est  aujom-d'hui  parfaitement  organisée 
pour  se  défendre.  Bordeaux  et  les  ports  de  l'Océan  sont  beaucoup  moins 
bien  préparés  et  il  y  a  là  quelque  chose  à  fau-e.  L'Espagne  plus  menacée 
a  pris  récennnent,  comme  l'a  dit  l'orateur  précédent,  des  mesures  dont 
l'efficacité  ne  tardera  pas  à  être  démontrée.  La  question  de  la  fièvn» 
jaune  est  moins  mûre  que  celle  du  choléra.  L'Europe  s'y  attend  moins, 
mais  il  n'y  en  a  pas  moins  là  un  danger.  L'orateur  termine  en  se  décla- 
rant partisan  du  séjour  dans  les  pays  menaçants  de  médecins  sanitaires 
formant  un  premier  cordon  de  préservation  en  avant  du  réseau  quaran- 
tenaire. 

M.  le  baron  de  Thkrksofolis  prend  la  parole.  Messieurs,  dit-il,  M.  le 
professeur  Layet  nous  a  fait  suivre,  et  toucher,  pour  ainsi  dii'e,  du  bout 
du  doigt,  les  foyers  primitifs,  les  foyers  secondaires  et  jusqu'aux  foyers 
tertiaires  d'irradiation  de  la  fièvre  jaune  ;  le  Sénégal,  Saint-Louis, 
Dakar,  Corée  ;  et  s'est  efforcé  de  démontrer  combien  il  est  à  craindre 
que  le  fléau  envahisse  un  jour  l'Europe. 

M.  le  professeur  da  Silva  Amado  a  tenté  d'établir  que  la  base  de  tout 
système  rationnel  de  prophylaxie  internationale  doit  s'appuyer  sur  la 
création  d'un  corps  de  médecins  sanitaires  internationaux,  résidant  dans 
les  localités  où  il  y  a  des  endémies  pestilentielles,  et  devant  se  transpor- 
ter là  où  une  épidémie  de  même  nature  viendrait  à  se  développer. 

Je  dois  reconnaître  à  mon  grand  regret  que  depuis  la  fâcheuse  impor- 
tation en  1849,  le  Brésil,  ou  plutôt  nos  villes  maritimes  comprises  entre 
Santos  et  Bahia,  ont  pu  devenir  des  foyers  secondaires  d'irradiation  de 
la  fièvre  jaune. 


488         SECTION  I.   —  SECONDE  SÉANCE  DU  SAMEDI  9  8EPTJCICBSE. 

Nullement  endémique  au  Brésil,  ce  fléau,  quel  que  puisse  être  d'ail- 
leurs son  germe,  a  pu  trouver  dans  la  thermalité  de  certaines  de  noB 
régions,  et  dans  les  conditions  hygiéniques  de  quelques  villes  maritimes 
les  élément<^  favorables  à  son  développement.  Il  a  pu  sévir  plus  d'une 
fois,  soit  par  suite  de  nouvelles  irradiations  des  foyers  primitife,  soit 
par  suite  de  révolution  de  son  germe  spécial. 

Convaincu,  comme  tous  les  hygiénistes,  que  les  mesures  de  préserva- 
tion anticipée  amènent  toujours  des  résultats  plus  efficaces  et  présentent 
toujours  un  caractère  moins  vexatoire  que  les  maures  de  préservation 
tardives,  je  ne  peux  m'empêcher,  vu  la  nature  essentiellement  infec- 
tieuse du  mal,  d'applaudir  aux  mesures  prophylactiques  que  vous  pro- 
posez. Il  faut  éviter  l'irradiation  du  fléau  ;  il  faut  vous  prémunir  surtout 
contre  les  foyers  tertiaires  des  colonies  d'Afrique,  dont  vous  n'êtes  éloi- 
gnés que  par  une  traversée  de  six  à  huit  jours.  Les  visites  sanitaires 
rîgoureuses,  les  quarantaines,  les  cordons  sanitaires,  les  lazarets  et  sur- 
tout les  bous  procédés  de  désinfection  ;  tous  les  moyens  enfin,  qui  pourront 
vous  aider  à  atteindre  un  but  humanitaire  tel  que  la  préservation  de  la 
fièvre  jaune,  seront  pleinement  justifiés  et  l'humanité  vous  en  saura 
gré. 

Vous  venez  d'entendre  le  professeur  Layet  :  «  La  fièvre  jaune  a  d^à 
fait  diverses  apparitions  en  Europe.  Elle  a  sévi  dans  les  contrées  méri- 
dionales de  ce  coyitinent  ;  à  plusieurs  reprises  elU  est  venue  s^ échouer, 
pour  ainsi  dire,  dans  le^  lazarets  des  ports  de  commerce  ou  de  guerre 
situés  sur  toute  Vétendue  de  son  littoral  atlantique.  Mais  n'exagéroos 
pas  les  choses  ;  ne  nous  laissons  point  entraîner,  par  excès  de  zèle,  à  des 
mesure  absurdes  et  vexatoires  pour  les  passagers  et  pour  le  commerce  : 
tâchons  plutôt  d'arriver  à  une  honyte  eiitente  internationale  pour  tout  ce 
qui  concerne  l'hygiène. 

Oui,  Messieurs,  le  moment  est  arrivé  de  vous  entendre  avec  l'Améri- 
que afin  d'instituer  dans  l'intérêt  commun  des  nations,  un  service  sani- 
taire international  visant  spécialement  les  progrès  de  la  fièvre  jaune. 

Il  est  temps  maintenant  de  relever  le  crédit  sanitaire  du  Brésil,  et  de 
protester  contre  la  réputation  d'insalubrité  qu'on  lui  a  faite. 

Il  y  a  certes  des  points  limités  de  notre  littoral,  qu'il  serait  imprudent 
à  l'émigrant  d'aborder,  loi-sque  le  fléau  sévit,  et  dans  la  saison  des  for- 
tes chaleurs,  de  décembre  à  fin  mars  ;  mais  du  mois  d'avril  à  novembre 
on  peut  y  arriver  en  toute  sûreté,  surtout  si  l'émigrant  prend  le  soin 
de  s'élever  sur  les  montagnes  et  de  fuir  les  bords  de  la  mer. 

Contrairement  à  l'avis  de  M.  le  professeur  Layet,  Y  immunité  des 
latitudes  élevées,  de  l'intérieur  des  continents,  et  des  races  colorées  vis- 
à-vis  de  la  fièvre  jaune  n'est  nullement  démentie  au  Brésil. 


LA  FIÈVRE  JAUNE.  489 

La  petite  épidémie  qui  a  sévi  il  y  a  bientôt  deux  ans  à  Vassouras, 
ville  de  Tintérieur,  dont  je  ne  pourrais  point  préciser  l'altitude  en  ce 
moment,  a  semblé  plutôt  de  nature  typhique. 

Du  reste  elle  s'est  éteinte  promptement  sur  place,  sans  que  les  popu- 
lations voisines  aient  pris  la  moindre  mesure  préservatrice. 

Le  fléau  de  la  fièvre  jaune  a  généralement  respecté  le  rempart  infran- 
chissable de  la  Cordillère  de  nos  belles  montagnes,  et  les  régions  inté- 
rieures, d'une  salubrité  étonnante  malgré  nos  voies  ferrées  et  routières 
qui  se  multiplient  journellement. 

Du  reste,  les  habitants  de  Rio  comme  ceux  de  Santos,  et  d'autres 
lieux  sont  parfaitement  rassurés.  Us  savent  bien  que  dès  qu'ils  se  reti- 
rent sur  les  montagnes  voisines,  à  Pétropolis,  à  Thérésopolis,  à  Fri- 
bourg,  à  la  Tijuco  ou  qu'ils  remontent  de  Santos  à  Saint-Paul  par  la 
voie  ferrée  du  Cubatâo,  ils  se  trouvent  entièrement  à  l'abri  du  fléau. 

On  a  vu,  maintes  fois,  la  maladie  éclater,  à  ces  altitudes,  sur  des  indi- 
vidus arrivant  d'un  foyer  d'infection  ;  mais  jamais  elle  n'a  pu  se  propager 
quelqu'ait  pu  être  d'ailleurs  la  terminaison  de  ces  cas  isolés,  la  guérison 
ou  la  mort. 

Les  individus  des  races  colorées  et  notamment  les  Africains,  sans  être 
absolument  indemnes  de  la  fièvre  jaune  n'en  sont  atteints  que  par  excep- 
tion, et  ordinairement  avec  une  moindi'e  gravité. 

Les  habitudes  de  sobriété  et  de  tempérance  constituent  un  préserva- 
tif puissant  contre  le  fléau. 

J'ai  insisté  sur  les  détails  précédents  parce  que  je  tenais  surtout  à 
rassurer  les  Européens,  ou  du  moins  à  amoindrir  dans  les  limites  de  la 
vérité  et  de  la  raison,  leurs  craintes  exagérées  au  sujet  de  l'émigration 
pour  le  Brésil. 

Les  travaux  d'assainissement  exécutés  dans  ces  derniers  temps  dans 
nos  villes  maritimes,  et  surtout  à  Rio  de  Janeiro  ;  la  construction  de 
galeries,  et  d'égouts  pour  les  eaux  pluviales  et  autres  ;  le  dessèchement 
des  marais  ;  l'extinction  de  grands  foyei*s  d'infection,  grâce  au  meilleur 
entretien  des  plages  et  aux  mesures  sanitaires  concernant  les  habitations 
des  ouvriers  et  des  classes  pauvres  ;  la  plantation  d'arbres  sur  les  places 
publiques  et  finalement  le  grandiose  aprovisionnement  d'eau  potable  de 
qualité  supérieure  ;  ont  déjà  commencé  à  produire  des  fruits  bienfai- 
sants ;  la  fièvie  jaune  s'est  bornée  dans  ces  trois  dernières  années  à 
quelques  cas  sporadiques. 

.  n  nous  reste  néanmoins  pas  mal  à  faire  encore  pour  assaiiiii*  la  grande 
capitale,  nous  faisons  des  vœux  pour  que  les  sentiments  patriotiques  et 
humanitaires  de  ceux  qui  nous  gouvernent  soient  tenus  en  éveil  par  les 
réclamations  incessantes  du  corps  médical  brésilien  et,  en  particulier, 


4î)0    SECTION  1.  —  SECONDE  SEANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

(le  ses  organes  officiels,  toujours  infatigables,  à  leur  indiquer  la  voie  du 
progrès  et  des  améliorations  sanitaires.  Il  est  temps  et  il  &ut  que  nos 
édilités  multiplient  leurs  efforts  pour  corriger  les  vices  radicaux  de  nos 
habitations  et  de  nos  rues  étroites,  par  l'ouverture  de  grandes  artères 
pour  l'aération  de  nos  villes  et  notamment  de  la  capitale,  où  une  popuh- 
(le  350,000  âmes  environ  se  trouve  confinée  dans  des  rues  étroites,  et 
quelquefois  insalubres.  La  construction  d'un  quai,  bordant  les  plages  de 
Rio  de  Janeiro  et  de  Nietheray,  aussi  étendu  que  possible,  me  semUe- 
rait  le  complément  indispensable  des  travaux  d'assainissement. 

Par  ces  travaux  à  l'aide  d'un  service  sanitaire  rigoureusement  mené, 
qui  nous  mette  à  l'abri  de  nouvelles  irradiations  des  foyers  primitif,  il 
est  permis  d'espérer  que  nous  pourrons  finalement  éteindre  les  germes 
du  fléau  exotique,  qui  porte  une  si  grave  atteinte  à  nos  intérêts  de 
commerce  et  d'émigration. 

Avant  de  conclure.  Messieurs,  qu'il  me  soit  permis  d'élever  une  voix 
de  protestation  au  nom  des  intérêts  internationaux  contre  la  manière 
arbitraire,  et  parfois  très  vexatoire,  dont  se  trouvent  organisées  daus 
les  ports  du  Portugal  les  mesur(»s  de  préservation  anticipée  contre  les 
bâtiments  provenant  du  Brésil. 

Règle  générale  ;  dès  que  le  mois  de  février  est  arrivé,  et  dès  que  le 
thermomètre  atteint  27°  C.  le  lazaret  de  Lisbonne  entre  en  fonctions; 
la  quarantaine  se  trouve  établie  malgré  la  patente  de  santé,  la  caria 
limpa  des  navires  ;  c'est-à-dire  en  l'absence  du  moindre  cas  suspect  pen- 
dant la  traversée  ;  malgré  les  conditions  sanitaires  notoirement  non 
snsfiectes  des  ports  de  provenance  ;  et  alors  que  ces  mêmes  bâtiments, 
arrivant  deux  ou  trois  jours  après  aux  ports  de  la  Manche,  de  la  Gasco- 
gne ou  de  la  Méditerranée,  entrent  en  libre  pratique,  et  débarquent 
leurs  passagers  au  bout  de  vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures,  à 
peine  d'observation. 

Nous  faisons  appel  au  Gouvernement  portugais  ;  nous  espérons  de  ses 
lumières  l'amoindrissement  d'une  pratique,  aussi  inutilement  vexatoire 
dans  la  plui-alité  des  cas,  et  en  désaccord  avec  les  principes  de  la  science. 
Pratique  évidemment  insuffisante  lorsque  le  germe  infectieux  de  la  fiè- 
vre jaune  existe  réellement  dans  les  cales  des  navires  et  dans  les  mar- 
chandises y  contenues.  Pratique  inutile  parce  qu'une  période  d'observa- 
tion de  vingt-quatre  à  quarante-huit  heures,  est  bien  suffisante  pour 
l'examen  des  voyageurs  et  des  équipages,  pour  vérifier  s'il  y  a  parmi 
eux  des  malades  suspects  et  pour  désinfecter  les  bagages,  il  n'est  nulle- 
ment besoin  d'enfermer  les  passagers  dans  un  lazaret,  lorsque  d'ailleurs 
aucun  indice  d'infection  n'a  été  aperçu  à  bord.  Pratique  insuffisante 
oncore  en  cas  de  malades  constatés  à  bord,  car,  dès  que  l'observation 


LA  FIÈVRK  JAUNE.  491 

démontre  que  la  période  d'incubation  du  germe  de  la  fièvre  jaune  peut 
durer  quatorze  jours  et  plus,  il  deviendrait  nécessaire  d'établir  une 
quarantaine  bien  plus  prolongée,  l'isolement  complet  du  navire,  le 
«léchargement  et  la  désinfection  des  marchandises  et  des  cales. 

Nous  espérons  voir  bientôt  s'amoindrir  les  rigueurs  des  quarantaines 
de  Lisbonne.  Nous  sommes  d'autant  plus  confiants,  que  nous  venons 
d'entendre,  avec  plaisir,  les  conclusions  de  notre  honoré  confrère  le 
délégué  du  Portugal,  M.  le  professeur  da  Silva  Amado,  proclamer  en 
toute  compétence,  que  :  «  Les  quarantaines  telles  qu'elles  sont  établies 
maintenant,  sont  à  peu  près  inutiles  pour  la  santé  publique  et  très  préju- 
diciables aux  intérêts  commerciaux  ;  car  le  temps  que  dure  la  quaran- 
taine est  trop  long  pour  une  désinfection  bien  dirigée  et  trop  court 
pour  l'écoulement  de  la  période  d'incubation  des  maladies  pestilen- 
tielles. » 

M.  le  D'  FoRMENTo,  de  la  Nouvelle-Orlé^nSj  formule  ensuite  la  propo- 
sition suivante  qui  est  adoptée  par  l'assemblée  :  «  La  première  section 
du  Congrès  d'hygiène  de  Genève,  après  une  longue  discussion,  émet  le 
vœu  que  la  question  de  la  fièvre  jaune  considérée  comme  un  fléau  inter- 
national devienne  désormais  un  sujet  d'étude  et  un  objet  de  préoccupa- 
tion pour  toutes  les  nations  maritimes  d'Europe  comme  d'Amérique  et  que 
cette  question  soit  portée  de  nouveau  à  l'ordre  du  jour  du  prochain  Con- 
grès d'hygiène,  en  demandant  aux  nations  intéressées  de  foui'nir  tous 
les  documents  qui  peuvent  servir  à  éclairer  la  question.  » 


M.  le  D""  Félix,  de  Bucharest,  est  appelé  ensuite  à  faire  sa  communi- 
cation sur  la  prophylaxie  de  la  pellagre.  Vu  l'heure  avancée  l'orateur 
se  contente  de  lire  les  conclusions  de  son  travail  qu'il  distribue  ensuite 
sous  forme  de  brochure  à  tous  las  membres  présents. 

CoNCLrsiox. 

1.  L'étiologie  de  la  Pellagre  n'est  pas  encore  assez  claire.  Ce  qui  est 
bien  constaté,  c'est  le  rapport  entre  l'alimentation  prédominante  avec 
le  mais  et  cette  maladie. 

Le  maïs  non  altéré,  même  lorsqu'il  est  consommé  comme  aliment 
exclusif  sous  forme  de  cruchade,  bouillie,  polenta  ou  mamaliga,  ne  pro- 
duit pas  la  Pellagre. 

La  cause  déterminante  de  la  Pellagre  endémique  est  probablement 
une  intoxication  par  le  maïs  avarié,  consommé  sous  forme  de  bouillie. 
Le  principe  toxique  n'est  pas  encore  suflisamment  connu.  La  misère 
physiologique  semble  agir  comme  cause  prédisposante. 


492        SECTION   I.  —  SECONDE  SEANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

2.  La  prophylaxie  de  la  Pellagre  exige  que  Ton  bannisse  delà  consom- 
mation les  farines  de  mais  altérées,  en  y  substituant  des  aliments  saine, 
et  que  Ton  améliore  les  autres  conditions  hygiéniques  des  populaticHis 
rurales. 

Pour  atteindre  ce  but  les  gouvernements  ont  besoin  du  concmns 
sincère  des  administrations  locales  du  département,  du  district,  de  la 
commune,  des  prêtres,  des  instituteurs,  des  médecins. 

Aux  gouvernements  incombe  le  devoir  de  créer  des  lois  qui  auront 
pour  but  le  relèvement  physique  et  moral  des  paysans  et  de  surveiller 
Texécution  de  ces  lois,  de  venir  matériellement  au  secours  des  proprié- 
taires ruraux  les  plus  pauvres  par  des  institutions  de  crédit  agricole,  et 
de  faciliter  aux  paysans  sans  propriété  les  moyens  de  devenir  proprié- 
taires. Il  appartient  aux  administrations  locales  autonomes  d'améliorer 
rhygiène  publique  des  communes  rurales  par  des  ordonnances  et  règle- 
ments relatifs  à  la  salubrité  des  habitations,  par  la  surveillance  sanitaire 
des  aliments  et  des  boissons.  Les  prêtres  et  les  instituteurs  doivent 
donner  au  paysan  une  bonne  éducation  morale,  Tencourager  au  travafl 
et  à  l'économie,  Tédifier  sur  les  conséquences  de  la  par^se  et  de  l'ivro- 
gnerie, et  rinstruire  sur  la  culture  rationnelle  du  sol,  aussi  bien  que  sor 
rélevage  du  bétail.  Il  faut  enfin  que  les  médecins  répandent  parmi  les 
populations  inirales  des  notions  élémentaires  d'hygiène  et  qu'ils  expli- 
quent aux  paysans  les  règles  cardinales  pour  la  conservation  de  lenr 
santé  et  de  celle  de  leur  famille. 


DE  LA  PROPHYLAXIE  INTERNATIONALE 

Par  M.  le  D'  DA  8IL7A  AMADO, 

Profeasenr  d'hygiène  à  Lisbonne. 


Pour  Tapplication  du  système  quarantenaire  il  faut  : 

1  **  Savoir  si  un  navire  qui  arrive  dans  un  port  est  en  conditions  d'ap- 
porter des  germes  de  maladies  pestilentielles  ; 

2**  Établir  des  pratiques  de  désinfection  capables  de  détruire  les  ger- 
mes de  ces  maladies. 

Pour  arriver  à  la  résolution  du  premier  problème  on  a  inventé  les 
patentes  de  santé. 

Le  règlement  du  port  de  Lisbonne  du  20  décembre  1695,  indiquait  les 
personnes  aptes  à  délivi*er  les  patentes  de  santé.  Il  y  en  avait  qui 
étaient  délivrées  par  les  autorités  sanitaires  des  poits  de  départ,  d'au- 


DE  LA  PROPHYLAXIE  INTERNATIONALE.  493 

très  Tétaient  par  les  envoyés  du  gouvernement  portugais  dans  les  pays 
étrangers.  Dans  les  ports  français  de  l'Océan  c'étaient  les  recteurs  des 
collèges  des  jésuites,  ou  leurs  procureurs  ;  en  Algérie  c'était  le  vicaire 
;énéral  ;  dans  les  États  Berbères  c'étaient  généralement  des  religieux. 

Ce  règlement  montrait  la  valeur  différente  qu'avaient  ces  patentes 
suivant  la  personne  qui  les  signait,  et  faisait  remarquer  la  propension 
les  autorités  locales  à  cacher  autant  que  possible  le  développement  dejs 
!t)ldémies,  pour  ne  pas  nuire  au  commerce  de  leur  pays. 

Tous  les  navires  qui  arrivaient  dans  le  port  de  Lisbonne  devaient  être 
munis  d'une  patente  de  santé.  On  exceptait  seulement  ceux  provenant 
le  Terre-Neuve  à  cargaison  de  morue,  et  ceux  provenant  de  Norwège  à 
cargaison  de  poisson  salé  et  de  bois.* 

La  conférence  sanitaire  de  Paris  a  établi  les  principes  qui  devraient 
être  adoptés  par  les  diverses  nations  maritimes,  et  a  formulé  un  projet 
le  convention  diplomatique.  On  y  prescrivit  que  l'application  des  mesu- 
res de  quarantaine  sera  réglée,  à  l'avenir,  d'après  la  déclaration  officiel- 
lement faite  par  l'autorité  sanitaire  instituée  au  port  de  départ,  que  la 
maladie  existe  réellement.  La  cessation  de  ces  mesures  se  déterminera 
sur  une  semblable  déclaration  que  la  maladie  est  éteinte,  après  toutefois 
l'expiration  d'un  délai  fixé  à  trente  jours  pour  la  peste,  à  vingt  jours 
pour  la  fièvre  jaune  et  à  dix  jours  pour  le  choléra. 

On  établit  que  les  patentes  de  santé  seront  délivrées  au  nom  du  gou- 
^rernement  territorial  par  l'autorité  sanitaire,  qu'elles  pourront  être 
misées  par  les  consuls,  et  feront  foi  dans  tous  les  ports  des  nations  liées 
par  la  convention. 

On  prescrivit  des  mesures  d'observation,  surveillance  et  constatation 
le  l'état  sanitaire  du  pays  au  port  de  départ;  la  vérification  et  la  consta- 
tation de  l'état  hygiénique  des  bâtiments,  de  leurs  cargaisons,  des  vivres, 
le  la  santé  des  équipages,  des  renseignements  sur  la  santé  des  passa- 
gers :  et  tout  cela  devait  être  consigné  dans  les  patentes  de  santé. 

Quel  intérêt  pourrait  avoir  l'autorité  sanitaire  locale  à  remplir  scru- 
puleusement des  devoirs  si  lourds  dans  les  ports  de  grand  mouvement 
commercial  ?  Cette  autorité  serait-elle  plus  loyale  envers  les  pays  de 
iestination  des  navh'es  qu'envers  son  propre  pays,  quand  celui-ci  peut 
ivoir  un  intérêt  à  cacher  son  véritable  état  sanitaire  ?  Les  gouverne- 
ments se  réservent  généralement  le  droit  de  déclarer  officiellement 
l'existence  des  épidémies  dans  leurs  territoires,  et  les  autorités,  qui  en 
lépendent,  doivent  se  borner  à  transmettre  les  nouvelles  officielles,  qui 
îont  toujours  tardives,  et  ne  paraissent  que  quand  le  danger  n'est  plus 
louteux  pour  personne. 

Si  toutes  les  visites  sanitaires  doivent  être  faites  par  les  autorités 


494    8SCTION  I.  —  4KC0NDE  8EAKCË  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

locales  accompagnées  seulement  des  consuls  de  la  nation  h  laquelle 
appartient  le  navire  ;  quelle  valeur  peut  avoir  le  visa  du  consul  du  pays 
de  destination  V 

Si  l'on  prescrit  que  l'application  et  la  cessation  des  mesures  de  qua- 
rantaine seront  toujours  réglées  par  les  déclarations  officielles  faites  par 
les  autorités  sanitaires  instituées  au  port  de  départ,  et  si  l'on  ajoute 
que  les  patentes  de  santé  délivrées  par  les  mêmes  autorités  feront  foi 
dans  tous  les  ports,  à  quoi  bon  la  concession  des  visas  des  consuls  du 
pays  de  destination,  concession  qui  semble  contraire  au  système  adopté 
par  la  conférence  ? 

Quoique  la  convention  formulée  par  la  conférence  de  Paris,  ne  ftt 
ratifiée  que  par  la  France  et  la  Sartlaigne,  et  plus  tard  par  l'Italie,  Tin- 
iluence  de  ses  conclusions  n'a  pas  été  moins  grande,  puisque  elles  ont 
été  généralement  adoptées  par  toutes  les  nations  maritimes. 

La  conférence  de  Constantinople,  très  importante  sous  le  point  de  vue 
de  la  prophylaxie  du  choléra,  ne  toucha  pas  aux  principes  sus-men- 
tiennes. 

La  conférence  de  Vienne  voulut  remplacer  le  système  quarantenaiie, 
par  celui  auquel  on  donna  le  nom  de  révision,  ou  d'inspectiofi  sanitairt 
rigoureuse. 

Ce  système  n'avait  en  vue  que  le  choléra.  Les  patentes  de  sauté 
étaient  remplacées  par  la  déclaration  sous  serment  du  capitaine  du 
navire.  On  ne  s'occupa  plus  des  mesures  au  port  de  départ,  et  ou  se 
limita  à  recommander  une  visite  médicale  à  bord  des  navires  dans  le 
port  de  destination,  pour  savoii*  s'il  y  avait  des  hommes  de  l'équipage, 
ou  des  passagers  attaqués  de  choléra.  Dans  ce  cas  ils  devraient  être 
immédiatement  transportés  dans  un  lazaret  ;  tandis  que  les  personues 
saines  après  avoir  été  assujetties  à  une  désinfection,  aussi  bien  que  leurs 
vêtements  et  effets  à  usage,  seraient  admises  en  libre  pratique. 

Le  dualisme  qui  se  révéla  dans  cette  conféi'ence  obligea  à  admettre 
simultanément  les  deux  systèmes,  celui  de  la  quarantaine  et  celui  de 
l'inspection  sanitaire. 

Dans  le  système  quarantenaire  approuvé  par  la  conférence  de  Vienne, 
on  n'a  pas  changé  ce  qui  avait  été  fommlé  à  l'égard  des  patentes  de 
sauté  par  la  conférence  de  Paris,  ou  se  limita  à  changer  la  durée  du 
temps  d'observation  dans  le  lazaret.  La  conférence  de  Paris  avait  éta- 
bli que,  pour  le  choléra,  les  navires  provenant  de  ports  oîi  régnerait 
cette  maladie,  la  quarantaine  d'observation  serait  de  cinq  jours  y  com- 
pris le  temps  de  la  travei*sée  ;  et  pour  les  provenances  de  lieux  voisins 
ou  intermédiaires,  notoirement  compromis,  la  quarantaine  serait  de 
trois  jours  y  compris  la  durée  de  la  traversée. 


DE  LA  PROPHYLAXIE  INTERNATIONAUX.  495 

La  conférence  de  Constantinople  décida  que  la  quarantaine  applicable 
ux  personnes  venant  d'un  lieu  contaminé  serait  de  dix  jours  pleins 
oniptés  du  moment  de  l'entrée  au  lazaret. 

La  conférence  de  Vienne  distingua  les  provenances  de  ports  infectés, 
elon  que  les  navires  étaient  réellement  infectés,  ou  simplement  sus- 
•ects.  S'ils  étaient  infectés  la  période  d'observation  serait  de  sept  jours 
ileins  à  dater  de  l'isolement  des  personnes  dans  un  lazaret.  S'ils 
l'étaient  que  suspects,  parce  que  l'autorité  sanitaire  aurait  la  preuve 
uffisante  qu'aucun  cas  de  choléra  ou  de  nature  suspecte  n'aurait  eu 
Leu  à  bord  durant  la  traversée,  la  durée  de  l'obseiTation  serait  de  trois 
k  sept  jours  à  dater  de  l'inspection  médicale.  Si  dans  ces  conditions  la 
reversée  avait  duré  au  moins  sept  jours,  l'observation  serait  réduite  à 
!4  heures  pour  les  constatations  et  les  désinfections  qui  pourraient  être 
ugées  nécessaii'es. 

La  conférence  de  Washington  s'occupa  d'une  des  plus  importantes 
[uestions  pratiques  de  la  prophylaxie  internationale  :  l'inspection  médi- 
ale  du  navire  dans  le  port  de  départ  par  des  agents  intéressés  au  main- 
ien  des  bonnes  conditions  sanitaires  du  port  de  destination. 

Le  règlement  portugais  de  police  sanitaire  maritime,  du  12  novembre 
874,  prescrit  que  ce  sont  les  consuls  qui  doivent  déUvrer  les  patentes 
le  santé,  et  qu'ils  adresseront  au  capitaine,  aussi  bien  qu'à  l'équipage 
it  aux  passagers,  toutes  les  questions  nécessaires  pour  connaître  l'état 
lygiénique  du  bâtiment.  Ce  règlement  impose  aux  consuls  le  devoir  de 
isiter  et  inspecter  les  navires  dans  le  port  de  départ. 

La  loi  du  2  juin  1879  des  États-Unis  de  l'Amérique  a  adopté  les 
némes  préceptes. 

Le  règlement  français  du  22  février  1876  enjoint  à  tous  les  agents  de 
a  France  au  dehors  de  se  tenir  bien  informés  de  l'état  sanitah'e  du  pays 
>ù  ils  résident  et  de  transmettre  au  gouveniement  français  les  rensei- 
gnements qui  importeront  h  la  police  sanitaire  et  à  la  santé  publi- 
[ue,  et  s'il  y  a  péril,  ils  doivent  en  même  temps  avertir  l'autorité 
rançaise  la  plus  voisine,  ou  la  plus  à  la  portée  des^lieux  qu'ils  jugeraient 
nenacés. 

La  patente  de  santé  à  l'étranger  pour  les  navires  français  à  destina- 
ion  de  France  est  délivrée  par  le  consul  finançais  du  port  de  départ,  et 
eulement  à  défaut  de  consul  par  l'autorité  locale. 

Pour  les  navires  étrangers  à  destination  de  France  la  patente  de  santé 
}eiit  être  délivrée  par  l'autorité  locale,  mais  dans  ce  cas,  elle  doit 
(tre  visée  dans  sa  teneur  par  le  consul  français.  La  patente  de  santé 
rançaise  doit  mentionner  l'état  sanitaire  du  pays  de  provenance,  et 
particulièrement  la  présence  ou  l'absence  des  maladies  qui  motivent  des 


496    8ECT10N  I.  —  SECONDE  SEANCE  DU  SAMEDI  9  SEPTEMBRE. 

précautions  sanitaires,  et  indiquer  Tétat  hygiénique  et  sanitaire  du  bord 
au  moment  du  départ. 

La  loi  espagnole  du  28  novembre  1855  prescrit  que  le  bâtiment  muni 
d'une  patente  de  santé,  qui  ne  serait  pas  visée  par  le  consul  espagnol 
du  port  de  départ,  quoique  cette  patente  fût  nette,  serait  soumis  au 
régime  de  la  patente  brute. 

Tout  cela  montre  qu'en  Espagne,  comme  en  Portugal,  comme  en 
France,  comme  aux  États-Unis,  et  conune  dans  plusieurs  autres  pays  oo 
attache  une  grande  importance  aux  déclarations  des  consuls  des  pays 
de  destination  sur  Tétat  sanitaire  du  port  de  départ  et  du  bâtiment  au 
moment  de  quitter  ce  port. 

En  effet  un  navire,  qui  fait  une  traversée,  peut  être  considéré  comme 
une  maison,  une  rue,  un  quartier  d'une  ville,  qui  s'en  détache  pour  aller 
se  réunir  à  une  autre. 

Qui  consentirait  à  admettre  dans  une  ville  saine,  une  maison  ou  une 
rue  empestée,  sous  prétexte  qu'on  la  désinfecterait  plus  tard  ? 

Quelques  germes  seulement  admis  à  bord  peuvent  se  multiplier  s'ils 
y  trouvent  un  bon  terrain,  et  devenir,  pendant  le  voyage,  mille  fois  plus 
dangereux,  à  cause  du  foyer  épidémique  qu'ils  y  formeront. 

Il  est  évident  que  la  meilleure  manière  d'éviter  la  propagation  des 
maladies  pestilentielles  c'est  d'améliorer  les  conditions  du  milieu  dans 
lequel  les  germes  peuvent  se  trouver,  et  par  conséquent  il  faut  tenir  les 
bâtiments  dans  le  meilleur  état  hygiénique,  quand  ils  partent  d'un  pays 
oii  régnent  des  maladies  épidémiques.  La  visite  sanitaire  faite  dans  le 
port  de  départ  est  donc  d'une  utilité  incontestable.  Toutefois  le  système 
des  patentes,  délivrées  par  les  consuls,  ou  des  visas  apposés  par  ces 
mêmes  agents  est  encore  de  bien  peu  de  valeur,  et  peut  souvent  être 
considéré  comme  ayant  pour  but  la  perception  d'un  émolument  consu- 
laire, ou  bien  comme  une  simple  formalité,  et  voici  les  motifs  : 

1"  Les  consuls  ne  sont  pas,  en  général,  compétents  pour  bien  appré- 
cier toutes  les  circonstances  qui  peuvent  aider  h  avoir  une  idée  juste  sur 
l'état  sanitaire  d'une  ville  ou  d'un  bâtiment. 

2°  On  peut  refuser  aux  consuls  les  moyens  pour  apprécier  l'état  sani- 
taire du  pays  où  ils  sont  accrédités,  et  pour  inspecter  les  navires. 

Quand  le  gouvernement  des  États-Unis  invita  les  puissances  mariti- 
mes à  la  conférence  de  Washington,  son  principal  désir  était  certai- 
nement d'obtenir,  par  une  convention  diplomatique,  le  droit  d'avoir  des 
patentes  de  sûreté  délivrées  par  ses  consuls,  et  que  ses  agents  pussent 
faire  les  inspections  et  prendre  les  informations  nécessaires  pour  rensei- 
gner les  autorités  sanitaires  des  ports  américains  et  le  conseil  national 
de  santé.  La  conférence  de  Washington  refusa  cette  concession,  peut- 


DE   LA   PROPllYIAXIE   IKTEBKATiONALE.  497 

être,  pai'  crainte  de  voir  diminuées  les  attributions  des  autorités  dans 
les  ports  de  départ.  Ce  refus  rendit  stérile  tout  ce  qui  a  été  réglé 
sur  les  mesures  qui  doivent  être  prises  dans  le  port  de  départ  des 
navires. 

Je  reconnais  la  gravité  de  la  concession  de  laisser  examiner  aux  con- 
suls étrangers  tout  ce  qu'ils  voudraient,  sous  prétexte  de  prendre  des 
renseignements  sur  la  santé  publique  ;  mais  si  l'autorité  locale  du  port 
de  départ  est  mise  en  suspicion  dans  le  port  de  destination,  parce  que 
les  intérêts  des  deux  ports  sont  opposés,  et  si  le  consul  de  la  nation  à 
laquelle  appartient  le  port  de  destination  ne  peut  pas  donner  des  ren- 
seignements sûrs,  quelle  valeur  peuvent  avoir  les  patentes  de  santé, 
quelle  que  soit  d'ailleurs  la  teneur  de  ces  documents,  ou  le  nombre  des 
risa  f 

Dans  les  cas  ordinaires,  c'est-à-dire  dans  les  pays  oîi  il  n'y  a  pas  des 
endémies,  et  quand  ils  ne  sont  pas  menacés  du  développement  d'une 
épidémie  pestilentielle,  tout  cela  passe  sans  grand  inconvénient;  mais 
dans  les  ports  oii  régnent  fréquemment  des  épidémies,  ou  quand  ils  sont 
menacés  de  l'invasion  d'une  épidémie,  il  faut  des  soins  particuliers,  si 
on  ne  veut  pas  courir  les  risques  de  l'importation  d'une  maladie  pesti- 
lentielle, ou  si  on  ne  veut  pas  prendre  des  mesures  inutiles. 

Autrefois  ou  considérait  toujours  comme  suspects  de  peste  tous  les 
États  Berbères,  tout  le  Levant,  la  Turquie  et  l'Egypte,  et  on  mettait  en 
quaruitaine  tous  les  bâtiments  venant  de  ces  pays. 

Pourrait-on,  aujourd'hui,  faire  do  même  en  prétextant  le  manque 
d'informations  sûres.  L'activité  commerciale  actuelle  ne  le  permet- 
trait pas. 

Je  ne  vois  qu'un  moyen  de  sortir  de  cet  embarras  :  c'est  d'avoir  une 
aatorité  scientifique,  un  véritable  expert  appartenant  en  même  temps 
au  port  de  destination  et  au  port  de  départ;  et  pour  cela  il  faut  établir 
un  corps  de  médecins  sanitaires  internationaux  résidant  dans  les  locali- 
tés oii  il  y  a  des  endémies  pestilentielles,  et  qui  devront  se  porter  là  oii 
on  craint  qu'une  épidémie  de  môme  natiu^  se  soit  développée. 

Par  ce  moyen,  les  patentes  de  santé  donneraient  des  avis  unifoimes  à 
tous  les  gouvernements.  Il  arrive  maintenant  que  les  divers  consuls  qui 
doivent  viser  une  même  patente  de  santé  donnent  des  avis  différents,  de 
sorte  que  les  passagers  venant  de  l'Amérique  du  sud  et  touchant  à  Lis- 
bonne, à  Vigo  et  à  Bordeaux  sont  soumis  à  la  quarantaine  dans  le  port 
de  Lisbonne  et  ne  le  sont  pas  dans  les  ports  de  Vigo  et  de  Bordeaux,  ou 
vice  versa,  ce  qui  donne  des  résultats  absurdes.  C'est  ainsi  que  les  voya- 
geurs qui  sont  détenus  dans  le  lazaret  de  Lisbonne  sont  souvent  visités 
par  leurs  compagnons  qui  sont  allés  jusqu'à  Vigo,  oii  ils  ont  été  admis 


498  HECmOK   I.  —  8ECONDE  8KANGK   DU  SAMEDI  9  8BPTEMBRE. 

en  libre  pratique,  et  d'où  ils  sont  rentrés,  après  quelques  heures,  en 
Portugal. 

Il  y  aui*ait  évidemment  avantage  à  avoir  de  véritables  spécialistes  en 
épidémiologie  qui  résideraient  dans  les  pays  berceaux  des  grandes  épi- 
démies, et  qui  feraient  beaucoup  pour  TextinctioD  de  ces  fléaux  de  Thii- 
manité. 

Les  visites  sanitaires  des  bfttiments  seraient  une  chose  sérieuse,  tout 
en  pouvant  être  faites  rapidement. 

Il  y  aurait  ainsi  une  double  inspection  sanitaire  rigoureuse,  TunefEÛte 
dans  le  port  de  départ,  et  l'autre  dans  le  port  de  destination,  de  sorte 
que  la  quarantaine  perdrait  le  côté  le  plus  odieux  et  le  moins  utile  pour 
les  intérêts  sanitaires,  je  veux  parler  de  la  période  de  Tisolement  des 
persoimei?  en  bon  état  de  santé. 

Je  ne  comprends  pas  la  quarantaine,  comme  un  moyen  rationnel 
d'isolement  des  passagers  qui  arrivent  de  pays  contaminés  ou  suspects, 
si  on  n'a  pas  en  vue  le  temps  d'incubation  des  maladies  que  Ton  veut 
écarter. 

Si  la  durée  de  l'incubation  du  choléra  peut  être  d'une  semaine,  et 
plus  encore,  pourquoi  établir  une  quarantaine  variable  de  un  à  sept 
jours  pleins  poui*  les  passagers  arrivant  dans  un  navire  infecté  de  cho- 
léra, comme  le  prescrit  le  règlement  français  ?  Je  dirai  la  même  chose 
pour  la  tièvre  jaune,  puisqu'on  presciit  dans  ce  règlement  une  quaran- 
taine dans  les  ports  de  l'Océan  de  trois  à  sept  jours  pour  les  personnes 
non  malades  arrivées  sur  un  navire  infecté  de  cette  maladie. 

D'abord  je  trouve  qu'il  y  a  un  inconvénient  réel  dans  cette  incertitude 
sui*  la  durée  de  la  quarantaine,  puisque  tout  dépend  de  l'appréciation  de 
l'autorité  sanitaire  ;  ensuite  je  crois  que  le  temps  de  la  quarantaine  éta- 
bli dans  ces  limites  n'est  en  rapport  ni  avec  le  temps  de  l'incubation  de 
la  maladie,  ni  avec  les  besoins  de  la  désinfection. 

Voici  ce  que  l'expérience  a  montré  dans  le  lazaret  de  Lisbonne: 
Depuis  1849  jusqu'à  1881,  114,124  personnes  y  ont  été  admises,  et  pres- 
que toutes  venaient  de  pays  infectés  ou  suspects  de  fièvre  jaune. 

Parmi  ces  passagers  on  en  observa  29  atteints  de  fièvre  jaune,  dont 
18  étaient  déjà  malades  à  leur  arrivée,  tandis  que  pour  les  11  autres  la 
maladie  n'a  été  reconnue  qu'après  l'admission  dans  le  lazaret  : 

Dans  ces  11  cas  la  maladie  s'est  montrée  : 

5  fois  dans  le  premier  jour  ;  2  fois  dans  le  second  jour  ;  1  fois  dans  le 
troisième  joui'  ;  2  fois  dans  le  quatrième  jour  ;  1  fois  dans  le  sixième 
jour. 

Ce  dernier  cas  a  été  douteux. 

Jamais  la  maladie  ne  s'est  communiquée  à  d'autres  passagers,  ou  à 


DE   LX    PBOPHY1.AXIK   INTERNATIONALE.  499 

des  employés  du  lazaret  ;  mais  la  maladie  s'est  manifestée  plusieurs  fois 
sur  des  pei-sonnes  employées  à  la  désinfection  des  bâtiments. 

Tous  ces  faits  nous  enseignent  que  c'est  le  navire,  et  surtout  la  cale 
qui  sont  dangereux.  Si  Ton  fait  une  inspection  sanitaire  rigoureuse  du 
bâtiment  qui  arrive  d'un  port  infecté  ou  suspect,  pour  bien  apprécier  ses 
conditions  sanitaires,  si  l'on  fait  transporter  tous  les  passagers  dans  un. 
lazaret,  pour  les  y  tenir  en  observation  pendant  vingt-quatre  heures,  et 
isoler  seulement  ceux  qui  ont  une  maladie  tant  soit  peu  suspecte  ;  et  si 
pendant  ce  temps-là  on  procède  à  une  désinfection  réeUe  de  tout  le  linge 
et  autres  objets  susceptibles  d'imprégnation,  on  réussira  bien  mieux  à 
empêcher  l'importation  des  maladies  pestilentielles,  qu'en  isolant  pen- 
dant plusieurs  jours  tous  les  voyageurs,  et  en  faisant  en  môme  temps 
une  désinfection  aussi  routinière  qu'inutile. 

Si  les  expériences  de  laboratoire  ont  démontré  que  ce  sont  des  micro- 
bes qui  sont  les  principaux  agents  des  maladies  zymotiques,  et  si  ces 
microbes  résistent  aux  agents  chimiques  les  plus  énergiques,  l'observa- 
tion confirme  ces  vues,  car  on  connaît  un  grand  nombre  d'exemples  de 
navires  qui,  après  avoir  été  désinfectés  par  des  moyens  considérés  conmie 
très  efficaces,  ont  été  toutefois  le  théâtre  de  nouvelles  épidémies,  sans 
qu'il  y  eût  une  autre  importation  de  germes.  Cela  prouve  évidemment 
l'inefficacité  des  désinfectants  chimiques  qu'on  emploie  ordinairement 
dans  les  lazarets  pour  détruire  les  germes  de  la  fièvre  jaune.  Si  les  navi- 
res ne  sont  pas  toujours  bien  désinfectés,  que  dire  de  la  désinfection  du 
linge,  des  effets,  des  marchandises,  qui  sont  désinfectés  généralement 
avec  des  gaz  tellement  dilués,  que  les  tissus  ne  sont  pas  altérés  dans 
leur  texture,  dans  leur  couleur  et  dans  leurs  autres  qualités.  Dans  ces 
conditions  tout  porte  à  croire  que  les  germes  n  'en  souffrent  aucun  dan- 
ger, qu'ils  ne  s'aperçoivent  pas  même  qu'on  leur  en  veut. 

Si  on  a  comparé  les  lazarets  aux  filtres  qui  retiennent  des  impuretés, 
les  lazarets  à  longue  période  d'isolement  et  à  désinfection  illusoire  sont 
des  filtres  troués  :  tâchons  donc  de  les  mettre  en  état  de  bien  séparer  et 
de  bien  détruire  toutes  les  impuretés  capables  de  transmettre  les  épidé- 
mies. 

Les  Secrétaires  : 

L.  (tAUTIER. 

P.-L.  Gremai'I). 


APPENDICE 


I 


STATISTIQUE  DES  MEMBRES  DU  CONGRÈS 


Le  Congrès  d'hygiène  et  de  démographie  de  Genève  a  bien  mérité  le 
nom  d'international  par  le  chiffre  respectable  des  pays  représentés,  par 
le  nombre  de  ses  adhérents  et  par  la  valeur  des  hommes  de  science  de 
toute  nationalité  qii'il  a  réunis. 

Ses  528  membres  adhérents  se  répartissent  entre  33  États  : 


Algérie. 

Danemark. 

Portugal. 

Alsace. 

Equateur. 

Prusse. 

Angleterre. 

Espagne. 

Roumanie. 

Autriche. 

États-Unis. 

Russie. 

Bade. 

France. 

Saxe. 

Basutoland. 

Grèce. 

Serbie. 

Bavière. 

Hongrie. 

Suède. 

Belgique. 

Italie. 

Suisse. 

Brésil. 

Mexique. 

Turquie. 

Bulgarie. 

Pays-Bas. 

Villes  hanséatiques 

Canada. 

Pologne. 

Wurtemberg. 

Le  nombre  des  membres  participants,  qui  ont  concoiuii  à  ses  tra- 
vaux, a  été  de  452. 

Suisses  207  (dont  :  Genevois  131,  autres  Suisses  romands  40,  Suisses 
de  langue  allemande  36). 


Français,    114. 

Américains  du  Nord 

,6. 

Roumains,    2. 

Italiens,        43. 

Portugais, 

3. 

Brésilien,     1. 

Allemands,  23. 

Suédois, 

3. 

Grec,            1. 

Anglais,       11. 

Autrichiens, 

2. 

Hollandais,  1. 

Espagnols,   11. 

Bulgares, 

2. 

Mexicain,     1 . 

Russes,          8. 

Danois, 

2. 

Polonais,      1. 

Belges,          7. 

Hongrois, 

2. 

Serbe,          1 . 

504  APPENDICE. 


II 


SEMES  DE  DÉMONSTRATION 


Dans  le  loail  de  l'Exposition  MM.  les  délégués  du  Conseil  municipal 
de  Paris  ont  eu  l'obligeance  de  faire  la  démonstration  des  objets  exposés 
I)ar  la  ville  de  Paiis.  Ces  conférences  du  plus  haut  intérêt,  ont  été  très 
appréciées  et  ont  notablement  augmenté  pour  tous  les  auditeurs  la  part 
d'instniction  qu'ils  ont  pu  retirer  de  l'Exposition. 

Ces  conférences  ont  eu  lieu  tous  les  jours  à  5  heures  du  soû\ 

Lundi  4  septembre.  M.  Cemesson.  Chauffage  et  ventilation  des  édi- 
tices. 

Mardi  5  septembr(\  D'^  BonrnevUle  et  Loisean.  Hôpitaux,  asiles, 
maternités. 

Mercredi  fJ  septembre.  D'  Najtias.  Logements  insalubre^^.  Secours 
aux  blessés. 

Vendredi  8  septembre.  M.  Durand-iJluye.  Eaux,  égouts,  vidanges. 

Samedi  0  septembre.  M.  (HrarcL  Analyse  des  aliments. 

D'autres  démonstrations  qui  ont  attiré  un  nombreux  public  ont  aussi 
été  faites  tous  les  matins  à  8  heures  sur  divers  sujets  intéressant  l'hy- 
giène ou  le  sauvetage. 

Mardi  5  septembre.  M.  Darier.  Appareils  respiratoires. 

Mercredi  6  septembre.  Manœuvres  par  le  cori)S  des  sapeurs-pompiers, 
de  cinq  échelles  de  modèles  différents,  pour  sauvetage  en  cas  d'incendie. 

Vendredi  8  septembre;.  D*"  Marcet.  Spirographe. 

Samedi  i)  septembre.  Prof.  Monnier,  Méthanomètre  automatique, 
analyseur  et  avertisseur  des  fuites  de  gaz. 


IVot4^  de  ni.  A.  Darier  de  Genève  Hur  nen  appareils 

respira  toireii. 

M.  Darier  présente  quelques  appareils  respiratoires,  modèles  variés 
d'un  même  système,  construits  dans  le  but  de  procurer  aux  i)ersonnes 


APPENDICE.  505 

délicates  ou  malades  auxquelles  rinhalation  d'air  froid  est  nuisible,  un 
moyen  de  respirer  un  air  toi\^ours  tempéré. 

Ces  appareils  sont  composés  de  tubes  formant  ceinture,  plastron, 
cape,  etc.,  ou  d'un  simple  sachet  ou  réservoir  avec  prise  d'air  et  tuyau 
d'inhalation.  Us  se  placent  aussi  près  que  possible  de  là  peau,  de 
manière  à  récolter  la  chaleur  naturelle  du  corps  pour  la  transmettre 
ensuite  à  l'aii'  qui  les  traversera  pendant  l'inhalation. 

Après  avoir  décrit  sommairement  chaque  appareil,  M.  Darier  s'arrête 
à  celui  qui  semble  devoir  réunir  le  plus  d'avantages  et  en  fait  une  descrip- 
tion complète  :  ce  respirateur,  dont  le  corps  principal  mesure  0,12  sur 
0,055,  se  place  sur  la  poitrine  ou  sous  l'aisselle.  Son  tube  de  prise  d'air 
touche  celui  d'inhalation  et  lui  est  parallèle,  la  prise  d'air  est  donc  située 
près  de  l'embouchure,  disposition  qui  paraît  être  la  plus  commode.  H  est 
construit  entièrement  en  caoutchouc.  Des  parois  intérieures  maintien- 
nent récartement  des  deux  faces  du  sachet  ;  un  ou  plusieurs  trous  tra- 
versant le  sachet  entre  les  parois  intérieures  en  augmentent  la  surface 
de  chauflfe  ;  enfin  une  fente  latérale  permet  l'introduction  de  matières 
médicamenteuses  ou  d'une  simple  éponge  imbibée  d'eau. 

Pour  donner  une  idée  de  la  chaleur  que  peut  fournir  ce  genre  de  res» 
pirateur,  M.  Darier  avait  fait  installer  un  appareil  réfrigérant,  procu- 
rant un  air  à  la  température  de  — 14°  centigrades.  Un  thermomètre 
placé  dans  cet  appareil  en  indiquait  la  température,  un  autre  placé  près 
de  l'embouchure  du  respirateur  marquait  celle  de  l'air  au  moment  de 
rinspiration,  c'est-à-dire  après  son  passage  dans  le  respirateur.  L'expé- 
périence  qui  fut  faite  séance  tenante,  donna  le  résultat  suivant  : 

Température  de  l'air  h  son  entrée  dans  les  conduites  du  respirateur 
—  14°  centigrades. 

Température  de  l'aii*  à  sa  sortie  des  conduites  du  respirateur  -h  23° 
centigrades. 

Soit  une  diflférence  de  37°  centigrades. 

Ce  résultat  est  supérieur  à  ceux  déjà  obtenus  par  M.  Darier  et  men- 
tionnés dans  sa  notice  * . 


*  Voici  ces  résultats  : 

Température  extérieure 

en 

degrés  centigrades. 

Tempérmtare  de  l'air 

dans  l'appareil 
pendant  l'inhalation. 

fl(î 

-1-27  'i 

1-11 

t-  26 

H    « 

-f-24 

-    1 

i-22 

—    4 

f  16    1-  18 

—     (î 

1-  10    1    18 

506  APPENDICE. 

Disons  en  passant  que  le  modèle  qui  a  servi  à  cette  expérience  est  de 
construction  récente,  qu'il  n'a  pu,  comme  les  précédents,  être  essayé 
pendant  [riiiver  ;  ce  fait  qui  change  les  conditions  de  rexpérimentatiou 
peut,  dans  une  faible  mesure,  expliquer  certaines  différences  dans  les 
résultats.  Passant  ensuite  à  la  description  des  dessins  exposés,  M.  Darier 
indique  des  perfectionnements  qui  pourraient  être  apportés  à  la  con- 
struction de  nouveaux  modèles.  Ces  dessins  que  nous  ne  pouvons  repro- 
duire ici,  montrent  le  respirateur  muni  d'un  régulateur  et  d'une  boîte 
ou  récipient,  pouvant  servir  à  la  fois,  de  filtre  et  de  chambre  pour  les 
médicaments,  ainsi  qu'un  modèle  s'adaptant  spécialement  à  la  tête. 

Eniin,  répondant  aux  questions  posées  par  quelques  personnes  de 
l'auditoire,  entre  autres  à  celles  de  M.  le  D'  Daily  de  Paris  sur  k 
applications  thérapeutiques  de  l'appareil,  M.  Darier  exprime  l'espoir 
que  ces  applications  soient  dirigées  par  des  spécialistes. 

Ce  que  l'inventeur  tenait  surtout  à  déiçontrer  dans  cett«  séance, 
c'est  la  possibilité  non  seulement  de  chauff^er  l'air  avec  l'appareil  qu'il 
a  l'honneur  de  présenter  au  Congrès,  mais  de  le  chauffer  suffisamment 
pour  permettre  à  certains  malades  de  sortir  dans  la  rue,  par  les  hivers 
les  plus  rigoureux,  sans  cesser  de  respirer  un  air  dont  la  température 
sera  semblable  à  celle  de  l'été. 


Le  Mauvetutfj^e  A  l'ExpoMltion  d'hygiène  ', 

Par  M.  J.  WEIBSL, 

Capitainc-in^^nieor  du  baUiUon  dos  upeurs-iK>mpien  de  la  villo  de  OeoèTe. 

A  Foccasion  du  Congrès  d'hygiène  qui  a  eu  lieu  à  Genève  du  4  au  i» 
septembre,  une  exposition  d'objets  relatife  aux  questions  traitées  par  le 
Congrès  a  été  organisée  dans  le  vaste  manège  des  bâtiments  militaires, 
k  Plainpalais.  Bien  que  l'exposition  n'eût  été  annoncée  que  très  modeste- 
ment et,  pour  ainsi  dire,  sans  aucune  publicité,  le  nombre  des  objets  en- 
voyés a  dépassé  toute  attente;  grâce  au  zèle  du  Comité  de  l'exposition, 
et  particulièrement  au  dévouement  de  M.  E.  Briquet,  ingénieur,  mem- 
bre du  Comité  chargé  spécialement  de  l'organisation  de  l'exposition, 
tout  a  été  mis  en  place  pour  le  jour  d'ouverture  et  présenté  aux  membres 
du  Congrès  et  au  public  dans  les  meilleures  conditions  d'arrangement 

*  Extrait  du  journal  La  Défense,  organe  des  sapeurs-pompiers  de  la  Suisse 
romande. 


APPENDICE.  507 

qu'il  fût  possible  d'obtenir  ;  aussi  peut-on  affirmer  que  [le  succès  a  été 
complet. 

Le  sauvetage  est  très  voisin  de  l'hygiène  ;  tous  deux  ont  pour  but  de 
conserver  la  vie  et  d'éloigner  autant  que  possible  toute  cause  de  danger  ; 
mais  tandis  que  l'hygiène  cherche  à  discerner  les  causes  plus  ou  moins 
lentes  qui  menacent  la  santé,  et  tend  à  les  combattre  par  des  mesures 
préventives,  le  sauvetage  se  trouve  en  face  de  dangers  imminents,  qui 
exigent  une  action  rapide  et  énergique. 

A  ce  titre,  l'exposition  internationale  d'hygiène  a  ouvert  ses  portes 
aux  appareils  de  sauvetage  ;  le  nombre  des  exposants  de  cette  catégorie 
n'a  pas  été  très  considérable,  mais  plusieurs  des  objets  exposés  présen- 
taient un  intérêt  sérieux  ;  nous  essaierons  de  rendre  compte  à  nos  lec- 
teurs des  observations  que  nous  avons  faites. 

L'assortiment  le  plus  complet  d'objets  relatife  à  l'équipement  des  sa- 
peurs-pompiers et  au  sauvetage  est  celui  exposé  par  M.  Lieb,  de  Bibe- 
rach.  Nous  mentionnerons  des  casques  de  diverses  formes,  des  porte- 
mousquetons,  des  hachettes  et  différents  objets  d'équipement.  Des  flam- 
beaux à  pétrole  ou  à  néoline  sont  représentés  dans  toutes  les  grandeurs  : 
les  uns  légers,  à  mains,  d'autres  plus  grands,  à  réflecteur;  d'autres 
enfin,  de  dimensions  considérables,  sont  destinés  à  être  fixés  sur  un  tré- 
pied. Nous  remarquons  des  lanternes  pourvues  d'une  disposition  très 
simple  qui  nous  a  paru  en  même  temps  très  pratique  :  la  calotte  supé- 
rieure de  la  lanterne  qui  reçoit  la  chaleur  de  la  flamme  est  en  fer-blanc 
recouvert  d'un  feutre  épais. 

M.  Lieb  expose  un  appareil  ingénieux  pour  permettre  à  un  veilleur 
d'indiquer  rapidement  et  exactement  l'emplacement  d'un  incendie 
signalé  pendant  la  nuit.  Une  lunette  est  posée  par  son  milieu  dans  une 
genouillère  fixée  sur  un  support,  qui  permet  de  diriger  la  lunette  dans 
toutes  les  directions.  La  lunette  est  munie  d'un  indicateur  qui  s'appro- 
che d'une  cuvette  concave,  du  milieu  de  laquelle  part  le  support  de  la 
lunette.  Si  l'on  a  eu  soin  d'inscrire  dans  la  cuvette  à  l'endroit  visé  par 
l'indicateur,  le  nom  de  la  localité  sur  laquelle  la  lunette  est  braquée,  il 
suffira  au  veilleur  de  lire  directement  le  nom  qui  correspond  à  la  pointe 
de  l'indicateur. 

Nous  adresserons  une  question  à  M.  Lieb  :  pourquoi  fixe-t-il  son  indi- 
cateur à  la  moitié  de  la  lunette  qui  se  trouve  entre  l'œil  de  l'observateur 
et  le  support?  Cette  position  a  l'inconvénient  de  faire  correspondre  les 
points  les  plus  élevés  de  l'horizon  aux  points  les  plus  bas  de  la  cuvette  ; 
les  cercles  les  plus  vastes  de  l'horizon  correspondent  aux  cercles  les  plus 
restreints  de  la  cuvette.  Toute  la  carte  tracée  dans  la  cuvette  se  trouve 
renversée. 


508  APPENDICE. 

Si  le  constructeur  plaçait  son  indicateur  sur  la  partie  de  la  lunette  qui 
est  entre  le  support  et  l'objectif,  tout  rentrerait  dans  l'ordre  :  la  carte 
tracée  dans  la  cuvette  ne  serait  plus  renversée,  les  grands  cercles  do 
l'hori/on  coiTespondraient  aux  grands  cercles  de  la  cuvette,  il  en  serait 
de  même  des  hauteurs. 

M.  Lieb  expose  dans  la  cour  un  drap  de  sauvetage  très  solidemeut 
travaillé  ;  fait  en  forte  toile,  renforcé  par  des  sangles  qui  le  traversent  eu 
croix  et  en  diagonale  et  qui  en  font  tout  le  tour,  muni  de  solides  poignées, 
tout  paraît  combiné  de  manière  à  assurer  la  solidité  de  cet  engin  assez 
dangereux  pour  que  l'usage  en  doive  être  réservé  aux  cas  extrêmes. 

Un  sac  de  sauvetage  présente  les  mêmes  qualités  de  solidité  dans  les 
matériaux  et  dans  leur  mise  eu  œuvre. 

La  pièce  principale  de  l'exposition  de  M.  Lieb  est  sans  contredit  son 
échelle  de  sauvetage  en  deux  pièces,  montée  sur  trois  roue^. 

Le«  deux  plus  grandes  de  ces  roues  sont  éloignées  de  2  mètres  l'une 
de  l'autre:  la  largeur  totule  de  leur  voie  est  de  2  mètres  36  cent.  Elles 
présentent  ceci  de  particulier,  qu'elles  sont  montées  sur  un  essieu  sur 
lequel  le  châssis  portant  l'échelle  peut  osciller;  l'inclinaison  transversale 
du  châssis  sur  l'essieu  s'obtient  au  moyen  d'un  arbre  placé  au-dessus, 
muni  d'une  roue  à  poignée  et  de  deux  pignons  d'angle  engrenant  sur 
deux  écrous  tournant  en  sens  inverse  et  dont  l'un  monte  sur  sa  vis  pen- 
dant que  l'autre  descend. 

La  troisième  roue  est  plus  petite  que  les  précédentes,  elle  est  à  pivot, 
placée  sous  l'avant  du  châssis  ;  lorsque  l'échelle  est  montée,  cette  roue 
se  trouve  soulevée  par  l'action  de  griffes  qui  calent,  arrêtent  et  en  par- 
tie supportent  le  tout. 

La  distance  de  l'axe  de  la  petite  roue  à  l'essieu  d'airière  est  de  2  mè- 
tres 00  centimètres. 

L'échelle,  en  deux  pièces,  est  supportée  parun  chevalet  dont  le  dres- 
sage se  fait  mécaniquement,  au  moyen  d'une  vis  qui  tire  sur  le  sommet 
du  chevalet  et  le  force  à  se  relever  ;  la  vis  elle-même  est  actionnée  par 
un  treuil  à  deux  manivelles. 

Aussitôt  le  dressage  opéré,  le  déploiement  se  fait  avec  une  grande 
rapidité  par  un  autre  treuil,  à  deux  manivelles  à  cliquet  ;  la  deuxième 
pièce  glisse  le  long  de  la  première  et  vient  s'arrêter  à  sa  place  de  déploie- 
ment en  reposant  sur  deux  parallèles  très  bien  combinés.  Elle  atteint 
alors  une  hauteur  de  17  mètres  50  centimètres. 

Lorsque  Téchelle  est  dressée  et  déployée,  deux  griiîes  latérales  à  vis 
fixées  aux  côtés  du  châssis  et  deux  autres  griffes,  portées  par  des  bras 
ou  glissoirs  fixés  au  bas  de  l'échelle,  assurent  la  position  du  tout.  Elle 
repose  alors  (Mitièronient  sur  le  chevalet^  tandis  que  la  deuxième  partie 


APPENDICE.  509 

porte  sur  la  première  pièce  par  ses  parachutes,  sans  qu'aucun  cordage 
contribue  à  maintenir  l'échelle  en  place. 

Disons  tout  de  suite  que  la  stabilité  de  l'échelle  est  parfaite  ;  tout  son 
poids  agit  sur  le  châssis  outre  les  poids  d'appui  de  celui-ci,  de  sorte 
qu'aucun  mouvement  de  bascule  ne  tend  à  se  produire.  Le  pied  de  l'échelle 
est  à  28  cent,  en  dehors  de  l'axe  de  la  petite  roue,  le  pied  du  chevalet 
est  éloigné  de  57  cent,  de  l'essieu  des  grandes  roues,  en  dedans  du 
châssis. 

Toute  l'échelle  paraît  très  soignée  dans  sa  construction  ;  les  bois,  de 
choix,  sont  simplement  passés  au  copal,  ce  qui  permet  d'en  constater  la 
qualité.  Le  chevalet  est  d'une  construction  légère  et  solide,  bien  entre- 
toisé; les  échelles  sont  munies  de  tirants  en  fer,  le  châssis  est  très  bien 
disposé,  enfin  des  appareils  indicateurs  permettent  de  vérifier  à  première 
vue  l'aplomb  de  l'échelle  et  son  inclinaison,  qu'on  peut  faire  varier  à  vo- 
lonté. 

Le  seul  inconvénient  de  cette  échelle  est  la  place  qu'elle  occupe  au 
hangar  :  2  mètres  8î>  cent,  de  largeur,  sur  environ  10  mètres  de  lon- 
gueur ;  sur  ces  10  mètres,  la  moitié  à  peu  sera  assez  haut  pour  qu'il  soit 
possible  d'utiliser  le.sol  qui  se  trouve  au-dessous,  pour  des  objets  peu 
élevés.  La  place  occupée  par  cet  engin  peut  aussi  être  gênante  pour  pas- 
ser dans  des  rues  étroites. 

A  part  ce  défaut,  l'échelle  Lieb  se  recommande  par  une  construction 
très  bien  raisonnée,  très  soignée  et  combinée  de  manière  à  rendre  Je  ser- 
vice rapide  et  sûr. 

M.  Paolo  Porta,  4)ien  connu  du  corps  de  sapeurs-pompiers  de  la  ville 
de  Genève,  auquel  il  a  livré  une  grande  échelle  de  20  mètres  de  haut, 
expose  une  échelle  de  dimensions  plus  restreintes,  portée  sur  deux  roues, 
qui  atteint  16  mètres  de  hauteur. 

Les  deux  roues  ont  un  écartement  de  1  mètre  40  cent.,  une  largeur 
totale  de  la  voie  de  1  mètre  54  cent.  ;  le  train  est  en  outi*e  maintenu  par 
.  quatre  pieds,  dont  deux  placés  à  ÎK)  cent,  en  arrière  de  l'axe  des  roues, 
et  les  deux  autres  à  1  mètre  45  cent,  en  avant.  Plus  en  avant  encore  que 
ces  derniers  se  trouvent  suspendus  à  deux  bras  en  fer  de  1  mètre  de  long 
des  contrepoids  en  fonte. 

On  connaît  le  montage  de  l'échelle  Porta.  Les  pièces  placées  sur  le 
char,  sont  toutes  déposées  à  terre,  puis  chacune  d'elle  est  assujettie  à  la 
précédente  par  un  coin  chassé  à  coups  de  maillet,  ensuite  par  quatre 
tirants,  savoir  deux  de  chaque  côté,  l'un  droit,  l'autre  oblique,  qui 
relient  fortement  et  soutiennent,  en  la  raidissant,  la  pièce  qu'on  vient 
d'ajouter  à  celle  qui  l'a  précédée.  Ce  montage  est  fait  horizontalement, 
chaque  pièce,  assez  légère,  est  élevée  à  peu  près  à  la  hauteur  de  la  tête 


510  APPENDICE. 

des  hommes  de  service.  Après  le  montage,  le  di-essage  s'opère  tout  d'une 
pièce  à  l'aide  d'un  treuil,  dont  la  corde  maintient  réchelle  dans  sa  posi- 
tion d'inclinaison. 

La  construction  de  l'échelle  Porta  lui  assure  une  grande  rigidité;  les 
tirants  en  fer  placés  de  chaque  côté  forment  comme  une  main-couranti' 
qui  facilite  la  montée.  L'échelle  Porta  entièrement  repliée  sur  son  train, 
occupe  peu  de  place  au  hangar,  elle  passe  parfaitement  par  les  rues  les 
plus  étroites,  mais  elle  a  l'inconvénient  d'exiger  à  proximité  du  point  oii 
elle  doit  entrer  en  action,  un  emplacement  assez  étendu  pour  son  mon- 
tage. On  peut  lui  reprocher,  eu  outre,  la  mise  en  place  d'un  assez  grand 
nombre  d'organes,  dont  la  manœuvre  exacte  de  chacun  d'eux  est  indis- 
pensable pour  la  sécurité  finale. 

Un  essai  comparatif  a  été  fait  le  6  septembre,  en  présence  de  MM.  les 
membres  du  Congrès  et  sous  les  ordres  du  commandant  Liodet  ;  il  com- 
prenait non  seulement  les  deux  échelles  exposées,  mais,  encore  une 
échelle  de  Fischer  et  Stahl,  à  Nuremberg,  appartenant  à  la  ville  de 
Carouge,  la  grande  échelle  Porta  et  l'échelle  genevoise,  ces  deux  der- 
nières faisaient  partie  du  matériel  de  la  viDe  de  Genève. 

Chacune  de  ce^  échelles  a  été  manœuvrée  successivement;  on  a  ob- 
sen'é,  pour  chacune  d'elles,  le  temps  qui  s'est  écoulé  depuis  le  comman- 
dement de  commencer  la  manœuvre  jusqu'à  l'entier  déploiement  de 
l'échelle,  ensuite  le  temps  dès  le  commencement  de  la  manœuvre  jusqu'à 
ce  que  le  caporal  d'ascension  fftt  parvenu  au  sommet,  puis  jusqu'à 
ce  qu'il  fût  redescendu,  enfin  jusqu'au  reploiement  de  l'échelle. 

Ce  sont  les  résultats  de  ces  opérations,  avec  les  indications  relatives 
au  poids  de  chaque  échelle  et  au  nombre  d'hommes  nécessaires  pour  la 
manœuvre,  que  nous  consignons  dans  le  tableau  ci-dessous. 


I  Hauteur  de  l'échelle  développée  et,                                          ,  i 

dressée ;  i^^OO  ,  17",50    i6™,0()  i  20«,00  24-.00 

I  Poids  de  l'échelle 1452  kil.|873  kil.  700  kil.'«!»0  kil.'44O0'kii. 

.  Nombre  d'hommes  pria  manœuvre.'       ^             5             Ti  10  6 

'  Temps  écoulé  du  commenc<»ment  à 

la  fin  du  dressage  de  PtHihelle. . .  i  0~,40*  i  i-.ÎS»  :  2».o5-  ,  3»  3»,Î0- 

I      la  fin  de  l'ascension  du  caporal..  !  ()"'.r)0'     i™,50»    2",55»  5"  3»,45" 

'      la  fin  de  la  desrente  du  caporal. .    i™.20-  ■  2»,i5-  '  3",30-  '  6-.30-  '   4«.aO- 

I      lafindureploiomentderéchelle.l  i"».45"  |  2»  30-  l  5»,i0"  \  d»,40»  |   7«45- 

i . I  _  . ._  ._i I I ! 


APPENDICE.  51 1 

U  faut  remarquer  que  pour  l'échelle  Porta,  grand  modèle,  la  durée  de 
la  descente  du  caporal  a  été  relativement  longue,  parce  qu'il  n'est  pas 
redei^cendu  par  les  échelons,  mais  au  contraire  il  est  resté  au  som- 
met de  l'échelle  et  celle-ci  a  été  abaissée  à  l'horizontale,  avec  le  poids 
du  caporal  à  son  extrémité,  dans  le  but  de  faire  voir  la  stabilité  de 
l'engin. 

Les  deux  premières  échelles  sont  en  deux  pièces  seulement  ;  les  deux 
échelles  Porta  sont  :  Tune  en  six,  l'autre  en  huit  pièces  s'ajoutant  les 
unes  aux  autres  horizontalement,  enfin  l'échelle  genevoise  se  dresse  et 
se  déploie  mécaniquement. 

Si  l'on  considère  l'instant  où  le  caporal  a  atteint  le  sommet  de  l'échelle 
conmie  celui  oîi  l'engin  est  en  service  utile,  on  constate  que  le  temps  qui 
s'est  écoulé  depuis  le  commencement  de  la  manœuvre  jusqu'à  ce  mo- 
ment, a  été  pour  les  différentes  échelles  essayées  de  50  secondes,  1  mi- 
nute 50  secondes,  2  minutes  55  secondes,  5  minutes  et  3  minutes  45 
secondes.  On  voit  par  ces  chiffres  que  notre  vieille  échelle  genevoise  ne 
s'est  pas  trop  mal  comportée,  surtout  si  l'on  tient  compte  de  sa  hauteui* 
de  21  mètres  et  de  sa  solidité  à  toute  épreuve. 

Nous  compléterons  ce  que  nous  avons  à  dire  des  échelles,  en  mention- 
nant le  joli  modèle  de  l'échelle  genevoise,  qui  figure  à  l'exposition  d'hy- 
giène, il  est  dû  au  travail  patient  et  exact  du  capitaine  Péclier. 

Nous  n'avons  pas  à  faire  aux  lecteurs  de  La  Défense  l'éloge  de  l'inté- 
ressante étude  de  MM.  H.  Mestral  et  C.-G.  Schaeck  sur  les  nœuds  et 
amarrages;  un  joli  tableau  renfermant  différents  nœuds  de  cordages 
reproduit  en  nature,  sous  les  yeux  des  visiteurs,  les  dessins  si  complets 
que  nous  avons  donnés. 

La  maison  A.  Vairoly,  de  Genève,  successeur  de  M™*  V*  Deleiderrier, 
expose  des  extincteurs  Zuber,  ainsi  qu'un  pied  destiné  à  supporter  l'ex- 
tincteur quand  on  ne  s'en  sert  pas.  Ces  utiles  appareils  sont  bien  con- 
struits et  soigneusement  conditionnés. 

M.  Sandreuter,  de  Bâle,  expose  égalemement  un  extmcteur  sembla- 
ble, du  moins  extérieurement,  aux  extincteurs  Zuber  exposés  par  M.  A. 
Vairoly;  nous  ignorons  s'il  s'agit  d'une  autre  agence  de  la  maison  Zuber 
ou  d'une  copie  de  ces  appareils.  Ce  même  exposant  a  présenté  un  flam- 
bleau  à  pétrole.  A  défaut  de  prospectus  ou  d'explications  verbales,  il  est 
difficile  de  se  rendre  compte  de  ce  que  ces  objets  présentent  d'original 
ou  de  supérieur  à  d'autres  semblables. 

Nous  avons  remarqué  un  petit  modèle  d'appareil  dû  à  M.  le  capitaine 
Giron,  destiné  à  porter  un  objet  d'un  faible  poids,  une  maille,  par  exem- 
ple, à  une  grande  hauteur.  C'est  une  série  de  tubes  placés  les  uns  dans 
les  autres  qui  se  déploient  par  Taction  de  cordages  agissant  d'une  ma- 


512  APPENDICE. 

nière  analogue  à  ceux  qui  produisent  le  déploiement  de  Téchelle  gene- 
voise. Le  tube  inférieur  s'assujettit  dans  la  rue  sur  un  trépied,  le  tube 
supérieur  s'élève  et  se  dirige  vers  la  fenêtre  oii  se  trouvent  les  personnes 
auxquelles  il  s'agit  de  porter  secours. 

M.  H.-X.  Heidelberger,  mécanicien  à  Soleure,  expose  des  porte-mous- 
quetons dont  il  a  fait  contrôler  la  résistance  à  l'établissement  fédéral 
d'essais  pour  la  résistance  des  matériaux,  à  Zurich.  Ces  pièces  sont  très 
bien  travaillées,  il  en  est  de  même  d'anneaux  à  vis,  de  hachettes,  etc., 
présentés  par  le  même  exposant. 

Nous  croyons  avoir  parcouru  avec  nos  lecteurs  tous  les  objets  relatifs 
au  sauvetage  faisant  partie  de  l'exposition  d'hygiène;  comme  on  le  voit, 
le  travail  et  l'invention  suisses  n'y  occupent,  en  ce  qui  concerne  le  sau- 
vetage, qu'une  place  secondaire.  Espérons  que  cette  faible  représenta- 
tion n'est  due  qu'au  fait  que  l'exposition  a  été  très  peu  connue,  et  fai- 
sons des  vœux  pour  que  l'exposition  nationale,  qui  va  s'ouvrir  en  1883  à 
Zurich,  nous  montre  plus  au  complet  l'œuvre  de  nos  industriels. 


APPENDICE.  513 


m 


FÈTËS  ET  EXCURSIONS 


Sur  ce  sujet  le  Comité  ne  croit  pouvoii-  mieux  faire  que  de  laisser  la 
parole  à  un  membre  étranger,  en  reproduisant  un  article,  des  plus  bien- 
veillants pour  Genève  et  la  Suisse,  qui  a  paru  le  20  septembre  1882  dans 
la  Revue  (Vhygiène,  de  Paris,  et  dont  le  Rédacteur  en  chef  est  M,  le 
D""  E.  Vallin,  professeur  d'hygiène  à  Tftcole  du  Val-de-Grâce,  secrétaire 
du  Comité  consultatif  d'hygiène  publique. 

«  Les  organisateui-s  du  Congrès  n'ont  pas  oublié  que  l'on  étaitàl'époque 
des  vacances,  et  que  beaucoup  venaient  à  Genève  non  seulement  pour 
continuer  le  rude  travail  de  l'année,  mais  aussi  pour  se  distraire  et  pren- 
dre un  repos  relatif. 

Le  lundi  4  septembre,  à  8  heures  du  soir,  le  Conseil  administratif  de 
la  ville  de  Genève  souhaitait  la  bienvenue  à  ses  hôtes  dès  le  premier  jour 
de  leui'  aiTivée,  en  donnant  une  très  belle  fête  dans  la  magnifique  salle 
du  Nouveau-Théâtre. 

C'était  la  meilleure  manière  poiu*  les  membres  du  Congrès  de  se 
reconnaître  ;  nous  avons  renoué  connaissance  avec  un  grand  nombre  de 
collègues,  que  nous  avions  appris  à  apprécier  aux  Congrès  antérieurs  de 
Paris  et  de  Turin,  et  qui,  de  tous  les  pays  de  l'Europe,  s'étaient  empres- 
sés d'accourir  à  ce  nouveau  rendez-vous. 

A  part  un  petit  nombre  d'exceptions,  tous  les  représentants  de  l'hy- 
giène étaient  là,  délégués  des  gouvernements  (88),  des  municipalités  (21), 
des  institutions  sanitaires  publiques  (34),  des  Académies  et  Sociétés  sa- 
vantes (93),  des  journaux,  ou  adhérents  volontaires  et  libres,  concourant 
tous  à  un  but  commun  et  assurément  désintéressé  :  l'amélioration  de  la 
santé  publique  par  l'hygiène.  Un  nombre  inaccoutumé  de  dames,  parti- 
culièrement de  Françaises,  qui  avaient  accompagné  leurs  pères  ou  leurs 
maris,  assistaient  à  cette  fête,  conune  à  toutes  les  autres,  et  transfor- 
maient cette  réception  officielle  en  une  soirée  charmante.  On  se  serait 
cru  à  l'Opéra  de  Paris,  d'autant  plus  que  le  Nouveau-Théâtre  de  Genève 


514  APPENDICK. 

reproduit  avec  beaucoup  de  bonheur  les  dispositions  et  l'apparence  exté- 
rieure de  rOpéra  de  M.  Charles  Garnier.  Un  exceUent  orchestre,  où 
d'habiles  solistes  se  sont  fait  remarquer,  a  jusqu'à  une  heure  avancée 
contribué  à  donner  beaucoup  d'animation  à  cette  fête,  pendant  que  des 
buflfets  somptueusement  servis  permettaient  de  déguster  les  crus  les  plus 
renommés  de  la  Suisse  et  d'apprécier  le  talent  des  Vatels  de  Genève. 

Le  mardi  soir,  5  septembre,  c'était  un  savant  éminent,  héritier  d'un 
nom  illustre  dont  il  a  su  soutenir  l'éclat,  c'était  le  vénérable  professeur 
Â.  de  Candolle  qui  donnait  une  magnifique  hospitalité  à  tous  les  mem- 
bres du  Congî'ès,  dans  sa  jolie  propriété  du  Vallon,  située  à  quelque 
kilomètres  de  Genève.  Un  service  de  voitures  soigneusement  préparé 
amenait  dès  7  heures  du  soir  un  grand  concoui's  d'invités  dans  cette 
rhannante  maison  de  campagne^  dont  le  parc  était  illuminé  à  giorno. 

Nous  ne  parlerons  ni  du  souper  ni  des  raffinements  du  service,  mais 
nous  devons  rendre  hommage  à  la  grâce  charmante  avec  laquelle  la  mat- 
tresse  du  logis  recevait  ses  hôtes.  Contemporaine  et  amie  d'un  grand 
nombre  de  personnages  politiques  et  de  savants  illustres,  M"*  de  Can- 
dolle a  fait  de  son  salon  pendant  de  longues  années,  le  centre  de  réunion 
de^s  hommes  éminents  et  des  esprits  libéraux  qui  ont  traversé  Genève 
dans  les  circonstances  les  plus  diverses. 

Nous  avons  eu  l'honneur  et  le  plaisir  d'admii-er  la  vivacité  de  ses  sou- 
venii^s,  d'entendre  ses  appréciations  fines  et  humouristiques  sui- les  hom- 
mes et  les  choses,  d'un  temps  qui  est  déjà  loin  de  nous  et  nous  pensions 
en  l'écoutant  à  ces  femmes  d'élite  dont  l'influence  et  les  salons  ont  tenu 
une  si  grande  place  dans  la  société  polie  du  xvm"*  siècle  et  au  conmien- 
cement  du  nôtre.  Â  10  heures  du  soir,  on  quittait  à  regret  cette  maison 
hospitalière,  où  tant  de  savants  en  Europe  ont  été  accueillis,  et  où  se 
conserve  la  tradition  d'un  nom  dont  la  ville  de  Genève  a  tant  le  droit 
d'être  fière. 

La  direction  de  l'établissement  hydrothérapique  de  Champel  avait 
invité  les  membres  du  Congrès  à  visiter  le  mercredi  soii*,  à  5  heures, 
l'établissement  important  où  l'on  utilise  l'eau  très  froide  de  l'Arve,  qui, 
comme  on  le  sait,  se  jette  dans  le  Rhône  im  peu  au-dessous  de  Genève. 
Un  certain  nombre  de  membres  s'étaient  rendus  à  cette  invitation,  et 
ont  été  retenus  dans  les  jardins  une  partie  de  la  soirée  par  une  collation 
et  un  concert.  La  fête,  paraît-il,  a  été  très  gaie,  très  familière,  et  l'on 
s'y  est  délassé,  au  frais  et  à  sou  aise,  des  fatigues  de  la  joui'née. 

Parmi  les  souvenirs  les  plus  vifs  qu'emportent  les  membres  du  Con- 
grès de  Genève,  est  certainement  celui  de  l'excursion  sur  le  Léman  et 
de  la  fête  qui  leur  a  été  offerte  à  Évian  et  à  Montreux,  le  jeudi  7  septem- 
bre. Cette  journée  a  été  remplie  par  une  délicieuse  promenade,  d'une 


I 


APPKNDICE.  515 

extrémité  à  Tautie  du  lac^  où  tous  les  membres  du  Congrès,  et  uu  grand 
nombre  de  dames  qui  les  accompagnaient,  se  trouvaient  réunis  sur  le 
Mont'Blwic^  le  plus  vaste  paquebot  de  la  flotille  du  Léman.  Bien  que  la 
vue  des  gi'ands  sommets  des  Alpes  fût  masquée  par  des  nuages,  le  temps 
a  permis  d'admirer  les  sites  délicieux  de  la  rive  française,  Thonon,  Am- 
phion,  Évian,  où  la  Société  fermière  des  eaux  a  offert  à  tous  les  mem- 
bres du  Congrès  une  magjiifique  collation  à  l'heure  du  déjeuner,  l'entrée 
du  Rhône  et  le  fond  du  lac,  les  vignes,  les  bosquets  couverts  de  fleurs, 
les  chalets  pittoresques  de  Vernex,  Clarens,  le  château  des  Crêtes  oîi 
M.  P.  Bert  allait  rejoindre  M.  Gambetta,  le  donjon  romantique  de  Chil- 
ien, et  enfin  les  coteaux  riants  de  Montreux,  où  pendant  l'hiver  la  tem- 
pérature reste  si  douce  et  la  végétation  si  fleurie,  que  des  colonies  de 
Français,  de  Suisses,  d'Anglais  et  de  Russes,  viennent  y  passer  la  saison 
froide,  comme  on  le  fait  à  Nice,  à  Cannes,  à  Pau  ou  à  Arcachon. 

On  vient  de  terminer  à  Montreux  un  magnifique  kursaal,  une  sortes 
de  casino  comprenant  salle  de  spectacle,  de  concert,  de  lecture,  de  jeux, 
etc.,  et  qui  peut  rivaliser  avec  les  plus  beaux  établissements  de  ce  genre, 
dans  nos  stations  thermales.  Après  un  excellent  dîner,  donné  dans  la 
salle  de  spectacle  qui  réunissait  déjà  plusieurs  centaines  de  congressistes 
et  dans  les  salles  voisines,  après  des  toasts  portés  par  les  diverses  auto- 
rités du  canton  de  Vaud,  de  la  commune  de  Montreux,  et  par  les  orga- 
nisateurs de  la  fête  *,  tout  le  monde  remonta  à  bord,  le  Mont-Blanc  se 
mit  en  panne  au  milieu  du  lac  en  face  de  Montreux  et  la  nuit  étant 
venue  il  nous  fut  donné  d'assister  à  l'une  des  plus  admirables  fêtes 
qu'on  ait  vues  jusqu'ici  sur  le  lac  de  Genève. 

De  Villeneuve  à  Vevey,  sur  une  longueur  de  plusieui's  kilomètres,  un 
cordon  non  inten'ompu  de  lanternes  vénitiennes  dessinait  le  bord  du 
lac,  et  reflétait  sa  lumière  sur  la  nappe  miroitante:  sur  le  fond  noir  du 
ciel  se  détachaient  des  feux  d'artifice  qui  s'élevaient  de  toutes  les  cimes 
de  montagnes  et  qui  se  croisaient  à  Montreux,  Veytaux,  Vernex,  Cla- 
rens. Des  feux  de  Bengale,  allumée  à  profusion,  éclairaient  de  lueurs 
rouges,  vertes  ou  blanches,  les  chalets,  les  églises  et  les  arbres  étages 
8ur  le  flanc  des  montagnes  :  le  Kursaal  de  Montreux  prenait  sous  ces 
teintes  puissantes,  et  grâce  à  son  architecture  byzantine,  l'aspect  d'une 
mosquée  de  Constantinople  brûlée  par  le  soleil  d'Orient. 

On  se  figure  diflBcilement  l'admirable  spectacle  fourni  par  ces  som- 
bres et  hautes  montagnes  dont  les  cimes  et  les  flancs  s'illuminaient  toui* 


^  Les  organisateurs  de  la  splendide  fête  de  Montreux  étaient  M.  le  1)'  Challaud, 
président  de  la  Société  vaudoise  de  médecine,  et  M.  Mayor-Vautier,  député  au 
Conseil  National. 


516  APPENDIOK. 

à  tour,  et  par  cette  immense  nappe  d'e^u  que  les  feux  de  la  rive  inon- 
daient de  lumière.  Sur  une  étendue  de  plusieurs  kilomètres,  les  munici- 
palités et  les  habitations  particulières  rivalisaient  de  zèle  pour  faire 
honneur  au  Congrès,  et  c'est  à  î)  heures  seulement  que  le  Mont-Blanc 
a  pu  se  remettre  en  route,  traviîrser  en  deux  heures  et  demie  les  18  lieues 
du  lac  et  débarquer  à  Genève  à  miimit  moins  un  quart.  » 


APPENDICE.  517 


IV 


CATALOGUE  DES  OBJETS  EXPOSES 


PRËIUËRE  PARTIE 

Catelopii  smicial  de  l'Euosilioi  de  la  n  de  Pens 


KT    DV 


DÉPARTEMENT  DE  LA  SEINE 

I 

DIRECTION  DES  TRAVAUX  DE  PARIS 

M.  VERGNIAUD,  Secrétaire  général. 
M.  ALPHAND,   Directeur  des  Travaux  de  Paris. 

A.  SERVICE  DE  LA  STATISTIQUE  MUNICIPALE 

Chef  du  service  :  M.  le  IK  BERTILLON 

1 .  —  Plan  fjfénéral  de  Parlfn  lavé  sur  chÀeifliIfli,  comprenant 

le»  bols  de  Boulofj^ne  et  de  VincenneH.  Echelle  de  Vioooo* 

2.  —  Collection  des  bulletins  hebdomadalFes  du  Service  de 

la  statistique  municipale. 

Années  188()-1H81.  1  volume. 

3.  —  Annuaire  statistique. 

Année  1880.  1  volume. 


518  APPENDICE. 

4.  —  ClFculaireH  et  ImpriinéM  divers  pour  renpieif^eiiiento* 

1  volume. 

5.  —  Imprimés  Htatistiques.  Marian^eH.  IVaisiMances.  Déf^éft 

et  mort-néH. 

1  volume. 

().  —  Cartes  de  morbidité. 

Type  (le  carnets  avec  souches  distribués  aux  médecins  de  Paris. 


B.  ANALYSE  DE  L'AIR  ET  DES  EAUX 

Obskkvatoikk  de  MoxTsorRiH.  —  Directeur  :  M.  MARIÉ-DAVY 

7.  —  Annuaire  de  l'observatoire  de  IMontsoaris. 

7  volumes  (187r>7()-77-78-79-S0  et  81). 

8.  —  Instruments  types  de  météorologie. 

((.  Baromètre. 

h.  Thermomètre. 

c.  Hygromètre  ejircgistreur. 

(L        —  d'appartement. 

9.  —  Appareils  pour  l'analyse  microfj^raphique  de  l'air  et 

de  l'eau. 

a.  Ballon  de  1  litre  pour  tiltratiou  sur  le  plâtre  des  liqueurs  nutriti- 
ves à  stériliser  à  froid. 

h.  Ballon  de  1  litre  scellé  et  renfermant  une  liqueur  stérilisée  à 
froid. 

c.  Ballon  de  1  litre  scellé  et  renfermant  une  liqueur  stériUsée  à 

chaud. 

d.  Petits  ballons  pour  ensemencement,  les  uns  non  ensemencés,  les 

autres  ensemencés  et  fertilisés. 


e.  Tube  avec  trompe  et  compteur. 
./*.  Petits  ballons  d  ensemencement 


avec  trompe  et  compteur. 


10.  —  Observatoire  de  Montsouris.  Photographie. 

1  c^dre. 

1"  Bâtiment  central. 

2°  Instruments  extérieurs. 

:>"  KiosQue  de  l'exposition  météorologique. 

4*»  Mât  (te  l'anémomètre. 

11.  —  Diafjf rammes  relatifs  à,  la  mortalité  parisienne  et  à 

la  microg^raphie  comparées. 

1  cadre. 


C.  EAUX 

M.  COUCHE,  ingénieui'  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées. 
12.  —  Carte  g^éolofj^ique  du  bassin  de  la  Seine  montrant  le 


APPKNDICE.  519 

tracé  défi  aqiif^uepi  de  la  Vanne  et  de  la  Dhnis  et  du 
canal  de  rOnFc«|. 

1  cadi'e. 

],  —  Vues  photofjfpaphlquefi  de  la  dérivation  de  la  Vanne 
et  de  la  c^onstruction  dem  réHcrvoirs  de  Montroug^. 

l  cadre. 

4.  —  Plan  fjfénéral  du  canal  de  l'Ourcq  indiquant  le  tracé 
de  la  dérivation  dcH  eaux.  Echelle  de  Viooo.»- 
1  cadre. 

3.  —  MachincM  élévatoires.  5  cadres. 
a.  Usine  à  vapeur  de  Chaillot. 
h,  —  d'Aasterlitz. 

c.  —  do  Saint-Ouen,  de  TOurcq  et  de  Méiiilinontant. 

d.  —  de  Maisons-Alfort  et  de  Port-à-l' Anglais. 

e.  Usine  hydraulique  de  Saint-Maur  et  d'Isles-les-Meldeuses. 

(î.  —  RéMcrvoirH.  5  cadres. 

a.  Réservoirs  de  Montrouge  :  l"  Phm  de  la  partie  suj)érieure; 

2**  Plan  de  la  partie  inférieure;  8**  Coupe. 
h.  Réservoirs  de  Passy  et  de  Ménilmontant. 
r .         —        du  Télégraphe  et  de  Charonne, 

7.  —  Plan  g^énéral  de  la  ville  de  Pariw  donnant  le  réseau 
dcM  conduitcH  de  dÎNtribution  au  Vsuooo- 1  P^^^  ^^  1  albuin. 
a.  Plan  général  asssemblé. 
h.  Plan  général  relié  on  album. 

1^.  —  AppareiKflediHtribution  pnbliqu€\  G  cadres  et  1  album. 
a.  Tuyaux  de  petits  diamètres, 
ft.      —      moyens  et  consoles, 
r.      —      de  grands  diamètres. 
(L  Soupapes,  châssis,  robinets  en  bronze  k  boisseau  pour  piises 

d'eau,  supports  pour  robinets  vannes. 
(\  Robinets  varmes  cle  tous  les  diamètres  en  usa^. 

f.  Prise  d'eau  en  charge.  Bouches  d'arrosage.  Bouches  sous  trot- 

toir. Borne  fontaine. 
f/.  Portefeuille  général  du  service  des  eaux  relié  en  album. 

9.  —  Robinet   vanni»   j^yHténie  Herdcvin  fie  O^SO  de  «lia- 
mètre. 

Modèle  grandeui*  d'exécution. 

0.  —  Bouche  d'eau  sou»  trottoir.  (Ces  bouches  servent  i^  Tarro- 
sage  à  la  lance  et  au  lavage  des  niisseaux.) 

Modèle  grandeur  d'exécution. 

1.  —  Bouche  d'arro8a||;e. 

Modèle  grandeur  d'exécution. 


2.  —  Prise  d'eau  en  charge.  (Ces  appareils  permettent  de  fain^ 
les  piTses  pour  le  service  des  particuliei*s  sans  vider  les  conduites  ni 
rompre  la  charge.) 
Mod!èle  grandeur  d'exécution. 


620  APPKNDICE. 

23.  —  flointfi  de  tuyaux  coupés  pour  montrer  Im  disposi- 
tion dec»  joints. 

Modèles  grandeurs  d'exécution.  Diamètre,  0",60. 

a.  Joints  à  emboîtement.  Mode  d'assemblage  spécial  aux  conduites 

jilacées  en  terre. 
h.  Joints  à  bagues.  Mode  d'assemblage  spécial  aux  conduites  plac^ 

en  galerie. 

24.  —  Tuyaux  de  0,06,  0,tO  et  0,eO  assemblés. 

Modèles  grandeurs  d'exécution. 

25.  —  Distribution  de  l'eau  dans  les  habitations.  2  panneaux. 
MM.  Gaget-Gauthier  et  C'%  entrepreneurs  de  la  Compagnie  géné- 
rale des  eaux. 

a.  Abonnement  à  1(1  jau<^e. 

r  Robinet  de  prise  eii  charge  de  0,020. 

2°  Appareil  de  jauge  de  0,020  avec  bouche  à  clef  en  fonte. 

:{"  Robinet  d'arrêt  de  0,050. 

4"  Robinet  de  0,01.3  pour  décharge  de  la  colonne. 

5"  Robinet  flotteur  de  0,020. 

0°  Réservoir  en  zinc. 

7"  Branchement  de  culshic». 

b.  Abonnement  au  compteur, 

1"  Robinet  de  prise  en  charge. 

2"  Robinet  d'arrôt  de  0,20. 

8"  Compteur  de  0,020.  Système  Michel. 

4°  Robinet  d'arrêt  de  0,020  après  le  compteur. 

5"  Robinet  de  0,013  pour  décuarge  de  la  colonne  montante  et  pui- 
sage dans  la  cave  pendant  l'hiver. 

6"  Récipient  d'air  pour  éviter  ou  atténuer  les  coups  de  bélier. 

7**  Branchement  de  cuisine. 

8"  Autre  branchement  de  cuisine  pour  les  abonnements  d'étage  à 
robinet  libre. 

20.  —  Compteur  Michel. 

Modèle  grandeur  d'exécution. 

27.  —   Documents.  2  volumes. 

a.  Not(»  du  Directeur  sur  la  situation  du  service  des  eaux  et  égouti>. 

—  1879. 

/>.  Note  sur  la  question  de^  eaux,  par  M.  l'Ingénieur  en  chef  Couche. 

—  1881. 


I).   ASSAINISSEMENT  DE  VOIE  PUBLIQUE 

MM.  ALLAHI)  et  BARABANT,  ingén.  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées. 

1"  Nettof/a(/e  et  arrosof/e, 

28.  —  Pnnoplies  des  outils  et  instruments  en  usan^  pour 
le  service  du  nettoiement  et  de  rnrrosag^  de  In  voie 
publique. 

Modèles  réduits  à  moitié  de  grandeur  naturelle. 


APPENDICE.  521 

n.  Collection  de  balais  de  l)Ouleau  ou  piazava  et  de  lave-places  pour 

le  nettoyage  de  la  voie  publique  et  des  halles,  postes  de  police, 

urinoirs,  etc. 
?>.  Collection  de  rabots,  râteaux,  ratissoires,  raclettes,  pour  le  gi'at- 

tage  des  chaussées  et  trottoirs  et  l'ébouage  des  chaussées  ou 

trottoirs  asphaltés  ou  bitumés, 
c.  Appareils  de  puisage  sur  bouches  sous  trottoii-s. 
//.  Collection  d'appareils  d'ïirrosage  à  la  lance  sur  la  voie  publique. 
e.  Collection  do  clefs  pour  la  manœuvre  des  appareils  de  puisage  et 

d'arrosage. 
J\  Collection  de  tuyaux  pour  le  remplissage  des  tonneaux  d'arrose- 

ment. 
g.  Collection  de  pelles,  grattoirs,  fourches. 

29.  —  ChasHe-iieifi^o  À  traction  de  cheval. 

Modèle  au  Vs- 

/iO.  —  Grue  pivotante  pour  le  Ncrvice  dcH  HalleM  centrales 
avec  waiponnetH. 

//.  Dessin  sur  cadre. 
h.  Modèle  au*/,. 

:n.  —  BalayeuMc  mécanique. 

a.  Dessin  sur  cadre. 
h.  Modèle  au  Vs- 

32.  —  Tonneau  crarroHement. 

ti.  Dessin. 

h.  Modèle  au  Vs- 

3:>.  —  Désinfectant»  employéH  pour  le  Hervice  du  nettoie- 
ment. 

Collection  composée  des  principaux  désinfectants  en  usage,  d'acides, 
d'huiles,  de  graisses,  etc. 

84.  —  DocumentH  :  a.  Rapport  sur  l'assainissement  des  Halles  cen- 
trales par  M.  Lalanue,  Inspecteur  général  des  Ponts  et  Chaussées. 
h.  Note  sur  le  nettoiement  de  la  voie  publique  par  M.  Vaissière, 
Ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées. 


2"  Vidanges  sur  lu  roie  puhUquf 

85.  —  Types  d'urinoirti  Hur  la  voie  publique.  —  1  cadre  com- 
prenant tous  les  types  on  usage. 

8H.  —  ChaletM  de  néccHNité.  —  Système  Bérenger. 
Dessin. 

87.  —  Appareil»  Goux.  —  Compagnie  des  Vidanges  mUitwes. 
a.  Modèle  complet  d'un  édicule.  Ce  modèle  est  appliqué  sur  les 

berges  des  quais  delà  Seine  et  du  bassin  de  La  Villette. 
h.  Echantillon  d  absorbant, 
r.  Echantillon  d'engrais. 
d.  Modèle  de  siège. 
r\  Notice  sur  le  système  de  vidanges  par  fosses  mobiles  Goux. 


522  appendict:. 


Ë.  ASSAINISSEMENT  DES  MAISONS  ET  ÉDIFICES 

V  (Jliauffage  et  ventilation. 

8H.  —  Hôtel-Dieu. 

S)  cadres.  —  M.  Diet,  architecte. 

39.  —  ]\'ouvel  Hôtel  de  Ville  de  Pari». 

1  cadre.  MM.  Ballue  et  Deperthes,  architectes.  —  MM.  Geneste, 
Herscher  et  0%  entrepreneurs. 

40.  —  Maifion  de  répression  de  Nanterre* 

1  cadre.  —  M.  Hermant,  architecte.  —  MM.  Geneste,  Herscher  et 
C'%  entrepreneurs. 

41.  —  Collège  municipal  Rollin* 

1  cadre.  —  M.  Roger,  architecte.  —  MM.  Geneste,  Herscher  et  C", 
entrepreneurs. 

42.  —  École  de  l'avenue  DuqueHne. 

1  cadre.  —  M.  Roger,  architecte.  — MM.  Geneste,  Herscher  et  0*, 
entrepreneui*s. 

4o.  —  Asile  Sainte- Anne. 

8  cadres.  —  M.  Que«tel,  architecte.  —  M.  Anceau  (maison  d'Hame- 
lincourt),  entrepreneui*. 

44.  —  Dépôt  de  police. 

1  cadi-e.  —  MM.  Duc  et  Damnet,  architectes. —  M.  Chibout,  entre- 
preneur (maison  Duvoir-Leblanc). 
1  modèle. 

45.  —  Clinique  d'accouchement. 

7  cadres.  —  M.  Ginain,  architecte.  —  MM.  Gaillard  et  Haillot, 
entrepreneurs. 

40,  —  Documents. 

Système  Geneste  et  Herscher,  chaufl'age  et  ventilation  des  écoles. 


2"  Vidanges. 

47.  —  Vidange.  —  Système  actuel. 

1  cadre. 

48.  —  Vidange.  —  Système  de  l'écoulement  direct  à  Tégout. 

1  cadre. 

49.  —  Installation  type  d'une  tinette  filtre. 

o  Dessins. 

50.  —  Tinette. 

Modèle. 

51 .  —  Type  de  cuvette  avec  siphon  automoteur. 


APPENDICE.  523 

52.  —  Siphon  fermé  pour  eaux  ménagères  et  pluvialei^. 

Modèle. 

58.  —  Reg^ard  clavette. 

Modèle. 

54.  —  Siphon  coupe-air. 

55.  —  Écoulement  direct  à.  l'égout. 

Modèle. 

56.  —  Siphon  à.  couvercle  ordinaire. 

Modèle. 

57.  —  Siphon  à.  couvercle  à.  vift. 

Modèle. 

5^5.  —  Vue  du  Dépoloir  de  la  Villette. 

Aquarelle. 

59.  — Courbet  Htatistiquetu  représentant  le  mouvement  des 

matièrefn  au  Dépotoir  de  la  Villette. 

1  cadi*e. 

60.  —  Documents. 

Album  statistique  du  Dépotoii-  de  la  Villette. 


>)"  Logements  insalubres, 

61.  —  Rapports  généraux  sur  les  travaux  de  la  Commis- 

sion des  logements  insalubres  de  1851  à.  1876. 

1  volume. 

62.  —  IVotes  et  rapports  divers. 

1  volume. 

63.  —  Traité  pratique  de  la  législation  sur  les  logements 

insalubres  par  HI.  «lourdan,  chef  de  bureau. 

1  volume. 


F.  ÉGOUTS 

M.  HUMBI^OT,  ingénieur  eu  chef. 

64.  —  Plan  général  de  la  Ville  de  Paris  donnant  les  égouts 

construits,  échelle  de  Vsono  1  pl^ï^  ^^  1  album. 

a.  Plan  général  assemblé. 

6.  Plan  général  relié  en  album. 

65.  —  Plan  type  de  statistique  des  égouts. 

1  cadre.  —  Echelle  de  V'sooo- 

66.  —  Types  des  égouts  de  Paris. 

1  cadre.  —  Echelle  de  V2o- 


524  APPENDICE. 

()7.  —  Types  d*égout. 

5  modèles  au  V,„. 

a.  Grand  collecteur. 

b.  Type  n**  5.  ' 
r.  Type  n°  5.  —  Jonction  des  égouts  h  rails. 

(L  Type  n*»  12. 
r.  Type  n°  14. 

()S.  —  Siphon  du  pont  de  l'Aima. 

a.  Modèle. 

h.  Appareil  de  démonstration. 

c.  Profil  en  long. 

Ce  siphon  sert  à  passer  le^  eaux  d'égout  de  Paiis  de  la  rive  gauche 
à  la  rive  droite  de  la  Seine  pour  les  amener  au  débouché  commun 
de  Clichy. 

()9.  —  Appareils  de  chasse  et  de  curaf^.  —  2  c^adren. 

a.  Wagon-vanne  et  bateau-vanne. 
h.  Vanne  de  retenue  et  drague. 

70.  —  Bateau-vanne* 

Modèle  au  Vs- 

71.  —  HTa^on- vanne. 

Modèle  au  Vs- 

72.  : —  HTag^n  à.  bascule. 

Modèle  au  Vs- 

1;\.  —  Petits  wsLgonn. 

Modèle  au  Va- 

74.  —  Barrières  mobiles  autour  des  trappes  de  regard. 

Modèles  grandeur  d'exécution. 

75.  —  Outils  du  enragée  à.  main. 

1  panoplie.  —  Modèle  grandeur  d'exécution. 


G.  ASSAINISSEMENT  DE  LA  SEINE 


M.  A.  DURAND-CLAYE,  ingénieur  en  chef  des  Ponts  et  Chaussées. 

76.  —  Plan  général  à  l'échelle  de  V?o().»o- 

l  cadre.  —  Ce  plan  donne  les  principaux  collecteurs,  les  dérivations, 
l'usine»  élévatoire,  les  irrigations  de  Gennevilliers  et  rextension 
des  irrigations  sur  les  terrains  domaniaux  d'Achères. 

77.  —  Hchema  donnant  la  distance  des  principales  Iticali- 

tés  aux  terrains  domaniaux  d'Achères  et  à.  la  plaine 
de  Gennevilliers. 

1  Cadre. 

78.  —  Plan  des  irrigations  de  la  plaine  de  Gennevilliers. 

1  Cadre. 


APPENDICE.  525 

).  —  Usine  élévatoire. 

a.  Vue  extérieure.  Photographie. 

h.  Vue  intérieure.  Aquarelle. 

r.  Machine  de  150  chevaux.  Vue  avant.  Photographie. 

d.  id.  Vue  arrière.  id. 
r.  Machine  de  250  chevaux.  Vue  avant.  id. 
J\  id.  Vue  arrière.  id. 
fj.  Chaudières.  Vue  d'un  groupe.                      id. 

).  —  Diagramme  de  l'eau  élevée   avec  def^min   type  den 
pompes. 

3  Cadres,  a.  Pompes. 

b.  Diagramme  de  Teau  élevée  de  1862  à  1877. 
r.  —  —  —       1878  à  1882. 

.  —  Mode  de  construction  des  conduites* 

Modèle  à  l'échelle  de  0,15  par  mètre. 

î.  —  Diagramme  des  surfaces  irriguées  avec  types  des 
conduites. 

3  Cadres,  a.  Conduites. 

h.  Diagramme  des  surfaces  irriguées  de  1862  à  1877. 
<;.        —  —  —     1878  à  1882. 

I.  —  Tube   de  démonstration  pour  l'épuration  des  eaux 
d'égout  par  le  sol. 

k  —  Type  du  mode  des  cultures. 

Aquarelle. 

).  —  %'ue  perspective  de  la  plaine  de  Gennevilliers. 

Aquarelle. 

I.  —  Dessin  de  produits*  Betteraves* 

2  Cadres. 

'.  —  Échantillons  d'eau  d'ég^out  et  d'eau  de  la  nappe. 

;.  —  Collection  de  légumes  et  produits  des  irrigations  à. 
l'eau  d'égout. 

),  —  Documents* 

a.  Pièces  officielles  :  décisions  ministérielles,  etc. 
h.  Rapports  du  Conseil  nmnicipal. 
V.  Rapports  divers  des  ingénieurs. 
(l.  Enquête  de  1876. 

e.  Documents  administratifs, 
y.  id         anglais. 

g.  Commission  d'études. 

V  Rapport  de  la  1'*  sous-commission.  M.  Vilmorin. 

2^*  Rapport  de  la  3™"  sous-commission.  M.  Orsat. 
h.  Pièces  (îiverses. 
2.  Albums  statistiques. 


52r»  APPEKDICK. 


II 


ASSISTANCE  PUBLIQUE 

M.  QUENTIN,  directeur. 

1K).  —  Hôpital  de  Illéiiilmoiitaiit.  —  M.  Billon,  architecte. 
Dessins,  4  châssis  : 
a.  Plan  général. 
h.  Coupe  transvei-sale. 
r.    —      longitudinale. 
d.  Vue  perspective. 


91.  —  Hôpital  de  Berk-mur-mer.  —  M.  Lavkzzari,  architecte. 
Dessins,  3  châssis  : 
a.  Plan  général. 
h.  Coupe  longitudinale, 
f .  Fa(;ade,  côté  des  dunes. 

\V1,  —  Noarricerie  du  dépôt. 

Dessins,  2  châssis  : 

a.  Coupe  transversale  et  façade. 

h.  Plan. 

î)3.  —  ANile  d'aliénés  de  Ville-Ëvrapd.  — M.  Makkchai.,  archi- 
tecte. 

Dessins,  2  châssis  : 
a.  Vue  perspective  et  plan. 
//.  Domaine. 

94.  —  A«île  d'aliénés  de  Vauduse.  — M.  Makéc^hal.  architecte. 

Dessin,  5  châssis  : 

a.  Bâtiments.  Exploitation  agricole. 

/>.  Plan  général. 

^'  ^  Vues  perspectives. 
(\  Coupe  transversale. 

95.  —  Pavillon  Tarnier. 

Modèl<\ 

90.  —  Documents  t 

a.  Service  des  aliénés.  Rapports  1867  à  1876.  7  volumes. 

?^  Rapports  sur  l'assistance  aux  enfants  moralement  abandonnés. 

1  volume. 
r.  Rapports  sur  le  service  des  enfants  moralement  abandonnés. 

1  volume. 
cL  Renseignements  statistiques  sur  la  population  indigente  d'après 

le  recensement  de  1880.  1  volume. 
(..  Rapport  sur  les  enfants  assistés  de  la  Seine.  1  volume, 
y.  Budjet  de  1882. 
r/.  Photographies  d'anciens  documents. 


APPENDICE.  527 


m 


PREFECTURE  DE  POLICE 

M.  CAMKSCASSE,  préfet  de  police. 

'.  —  Plan  do  rinNtallalion  dem  commissariats  de  police. 
\.  —  Plan  de  Tinstallation  des  postes  de  secours. 

).  —  Tente  de  secours  avec  boite  de  secours,  brancards. 

Modèles  grandeurs  d'exécution. 

H).  —  Voiture  pour  le  transport  des  varioleu^i:. 

Modèle  grandeur  d'exécution. 

)1.  —  Installations  frigorifiques  de  la  Morgue. 

Dessins  au  Vm-  MM.  Mk^non  et  Rouart,  constructeurs. 

)2.  —  Avertisseurs  Petit. 

)r>.  —  Instruments  employés  au  laboratoire  municipal* 

M.  Girard,  directeur. 
a.  Appareils  à  photographie  microscopique. 
h,  Colorimètre. 

r,  Spectroscope  disposé  pour  l'étincelle. 
//.  Appareil  à  électrolyse. 

r.        —      à  doser  les  alcools  dans  les  vins,  cidres  et  bières. 
f,        —      à  épuisement,  thé,  café,  chocolat. 
//.  Burette  à  almientation. 

//.  Pipette  à  remplissage  automatique  pour  lait,  vins,  etc. 
/.  Cage  à  dessiccation. 
j.  Trompe  ordinaire  avec  cloche  à  vide. 
k.  Trompe  à  mercure  (pompe,  6  chutes  et  jauge).  . 
l.  Album  de  photograpnie  microscopique, 
w.  Photographies  de  divers  appareils. 

04.  —  Documents. 

a.  Collections  des  ordonnances  de  police  de  1800  à  1881. 

h.  Statistique  sur  la  protection  de  l'enfance  et  sur  la  prostitution 

depuis  1870. 
r.  Conseil  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  :  Rapports  généraux 

1862-1871,  1872-1877  ;  Rapports  divers. 
(L  Notice  sur  l'organisation  des  secours  publics. 


528  AP1»ESDU^K. 


IV 


ENSEIGNEMENT 

M.  CARiaOT,  directeur.  — M.  DUPLAN,  sous-directeur. 

105.  —  ÉiMile  maternelle. 

Mo<lèl(\ 

10().  —  École  primaire. 

Modèle. 

107.  —  École  de  d«^HHiii. 

Modèl(\ 


DEUXIÈME  PARTIE 

Â.   PLANS  DIVERS.  TABLEAUX  STATISTIQUES. 

MODÈLES 

lOs.  —  Rietschel  et  Henneberg  (Berlin).  —  Plan  de  rétablisse- 
ment de  bains  publics  de  la  ville  de  Brème. 


lOî).  —  Bourrit  et  Simmler,  architectes  (Genève).  —  Plans  de 
l'Ecole  de  chimie  de  Genève. 

110.  —  C.  Haocius  (Lancy  près  Genève).  — Plan  de  la  laiterie  modèle 
de  Lancy. 

m.  —  Direction  de  i'hôpital  d'enfants  &  Bà.le.  —Plans  de  cet 
hôpital. 

112.  —  Ville  du  Havre.  M.  SiegMed,  maire. 
a.  Plan  du  nouvel  hôpital. 

h.  Plans  d'un  dispensaire  d'enfants  malades. 

1 13.  —  Li.  Sautter,  architecte  (Genève), 
rt.  Plans  d'un  asile  à  Fernex  (Ain). 

h.  Plans  d'une  école  à  Saint-Genix  (Ain). 

114.  —  Fr.  Airagfhi,  ingénieur  (Milan).  —  Plans  de  canalisation  dans 
la  banlieue  de  Milan. 

115.  —  Enn^el-DoUfufeifii  (Dornach),  et  Blondel,  architecte  (Paris). 
Plans  de  dispensaire  avec  école  de  rachitiques. 

11().  —  M.  Cliauvet,  président  du  Conseil  d'administration  de  la 
Métairie.  —  Plans  de  l'asile  d'aliénés  de  la  Métairie,  près  Nyon 
(Vaud). 

117.  —  Administration  de  l'Hôpitai  Cantonal  (Genève).  — 
Plans  d'un  pavillon  d'été. 

118.  — Direction  de»  Sanitœt«iivef»enH  (Zurich).  — Plans  d'hô- 
pitaux. 

1 19.  —  Ed.  Veccliiato,  architecte  (Padoue).  —  Plans  de  théâtre. 

120.  —  Doericli  (Bunzlau,  Silésie).  —Plans  des  canalisations  de  la 
ville  de  Bunzlau. 

121.  —  B.  Trélat,  architecte  (Paris).  —  Plans  d'écolas. 


5H0  APPENDICE. 

122.  —  E.  VaiiilreiiiiT  (Paris).  —  Plans  d'un  lycée. 

128.  —  C.  Tollet,  ingénieur-architecte  (Paris).  —  Plans  <le  l'hôpital 
(le  Montpellier. 

124.  —  C.  S«*h«pek-«iaqiica,  architecte  ((xeuève).  —  Plans  d'un  péni- 
tencier. 

125.  —  G«miomI<s  HopHC'hop  et  C*%  constructeurs  d'appareils  de 
chauffage  (Paris).  —  Plans  d'installations  concernant  la  ventilation 
ot  le  chauffage  d'édifices  publics  et  privés. 

126.  —  D'  H.  GoMH€^  (Genève).  —  Plans  de  cimetières. 

127.  —  P.  Plana,  architecte,  et  IK  G.  Ballotta  (Lugo,  Italie).  — 
Plans  du  nouvel  hôpital  de  Lugo. 

128.  —  l¥oibel.  Bric|iiot  et  C*%  constinicteurs  d'appareils  de  chauf- 
fage (Genève).  —  Plans  d'édifices  chauffés  et  ventilés. 

129.  —  Alb.  llarior,  architecte  (Genève).  —  Plans  de  l'école  du 
Petit-Saconnex  (Genève). 

130.  —  E.  Sc^hpœiiep,  architecte  (Genève). 
a.  Modèle  de  glacière  ^our  boucherie. 

h.  Projet  de  cave  glacière  à  ventilation  naturelle. 

181.  —  Fp.  SiemeuM  (Dresde).  —  Modèle  de  four  crématoire. 

182.  —  •!.  Rounopt  (Berlin.)  —  Dessin  et  description  d'un  nouveau 
procédé  pour  la  cuisson  des  aliments. 

188.  —  C.-F.  li%^<>bor  (Loi[)zig).  —  Modèle  de  couverture  en  ciment 
ligneux. 

134.  —  V.  Amoudriix  (Genève).  —  Procédé  de  vidange  hydraulique. 
Plan  et  texte. 

135.  —  Th.  Giiiiiior,  fabricant  (Paris).  —  Plans  d'un  réservoir  avec 
siphon. 


136.  —  Société  cl<*  méilefiiio  publique   ot  d'hygiène  proff 

HionnoUo  (Paris).  —  Vitrine  contenant  des  publications.  Voir  le 

N''  807. 

187.  —  H.-^.  Pir«iu  (Verviers,  Belgique).  —  Plans  d'un  appareil  à 
crémation. 

188.  —  A.  Giiidiiii,  ingénieur  (Milan).  —  Plans  d'appareils  créma- 
toires. 

189.  —  A,  Mifhc^l,  médecin  principal  de  la  marine  (Cherbourg).  — 
Dessin  d'un  appareil  pour  prévenir  les  accidents  chez  les  ouvriers 
travaillant  dans  l'air  comprimé. 

14().  —  C  Sfhieek- Jaquet,  architecte  (Genève).  —  Modèle  de  chne- 
tière-nécropole. 

141.  —        Id-        Cercueils. 

142.  —  AMNOciation  den  damei^  de  la  Chapent^-IniKneure 

(La  Rochelle).  —  Modfe\e  et  à^^çÂw^  ^' wsifcxvîL'^w^^.  Bvochures. 


APPENDICi!:.  531 

U:>.  —  €jiene»t4*,  Hei*tM;her  et  C'%  coustructeui'S  d'appar(?ils  de 
chauffage  (Paris).  —  Plans  d'uu  four  pour  la  cuisson  du  pain  des 
troupes  en  campagne.  Modèle  de  Tarmée  française. 

144.  —  Sapeup»-poiiipîep»  de  Geiièwe.  —  Modèle  de  Téchelle  dite 
Genevoise. 

14;").  —  Laca^Nagne,  professeur  à  la  faculté  de  médecine  de  Lyon.  — 
Tableaux  et  cartes  ae  la  criminalité  en  France.  1  vol. 

14().  —  JF.  Kaftan,  ingénieur  (Prague).  —  Projet  de  canalisation  pour 
la  ville  de  Prague. 

147.  —  A.  Duraiid-Claye,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées 
(Paris).  —  Tableau  relatif  à  Paccroissemeut  de  la  population  dans 
les  départements  de  Seine  et  Seiue-et-Oise. 

145.  —  ]IIoy«^r,  Buelte  et  C'*'  (Paris).  —  Dessins  d'appareils  désinfec- 
tants. 

14*.^  —  Société  HiiiMHe  pour  l'obHorvation  dn  dimanche.  — 

Tableau. 

150.  —  Société  contre  l'abns  du  taliac  (Paris).  —  Tableaux. 

loi.  —  JL.  DalloHta  (Turin).  Plan  de  canalisation. 

152.  —  JF.-U.  Kern*M  Verla^  (Max  Muller),  libraires  (Breslau).  — 
Tableau. 

15:>.  —  Fr.  Bùcltl,  opticien  (Berne).  —  Dessins  des  altérations  du 
cerveau. 


154.  —  Bureau  «itatiiitiqne  de  la  ville  de  Berlin.  D'  Bôckh. 
directeur.  —  Tableaux  divers. 

155.  —  Ci.  MaMfPfton,  libraire  (Paris).  —  Tableaux  d'anatomie. 

15f).  —  D'  P.  Jaillard  (Paris).  —  Tableiiux  météorologiques  relatifs  à 
Alger. 

157.  —  D'  fI.-C\   Lombard  (Genève).  —  Cartes  de  géographie 
médicale. 

158.  —  D'  P. -11.  Dunant  (Genève).  —  Tableaux  démographiques. 

159.  —  Département  de  l'Instruction  publique  (Genève).  — 
Tableaux  d'anatomie. 

160.  ~  Ph.  Suchard  (Neuchâtel).  —  Plans  de  bains. 

161.  —  Deutwchcr  Samariter-Verein  (Kiel).  —  Objets  servant  à 
enseigner  l'application  des  bandages  et  appareils. 

161  a.  —  Bureaux  d'hyi^^iène  (Bruxelles).  —  Tableaux  démogra- 
phiques. 

161  h,  —  m.  Kœnin^er,  assistant  du  bureau  de  statistique  de  Munich. 
—  Tableaux  de  statistique  médicale. 

161  c,  —  Statistique  générale  du  royaume  d'Italie  (Rome), 
L.  Bodio,  directeur.  —  Documents  statistiques  (voir  xs.^  ^84V 


5H2  A1M»KX1)1CE. 

161  d.  —  l^eiété  pour  la  prévention  de  la  cécité  (  Londres  I.  — 
Modèles  de  gymnastique  pour  les  aveugles. 

1(U  V,  —  ë.  KoroHi  (Buda-Pesth,  Honfçrie).  —  Diagrammes. 

161  /.   —   Minifitère  des   Travaux   publicci  de   France.  — 

Tablfîaux  relatifs  à  rassainissemont  des  Landes  de  Gascogne  et  des 
Dombes. 


B.   MOBILIER  SCOLAIRE 

l(i2.  —   Ville  du  Havre.  M.  Siegfried,  maire.  —  Pupitres  d'école. 

163.  -  D'  E.  Dall>  (Paris).  —  Pupitres  d'école. 

164.  —  FankhauN€»r  (Burgdorf,  Berne).  —  Mobilier  scolaire. 

165.  —   Département  de   rinHtruction     publique   de   Bâle- 
Ville.  —  Mobilier  d'école. 

166.  —  El»»«»er  (Mannlieim,  Bade).  —  Mobilier  d'école. 

167.  —  O.  André,  ingénieur  (Neuilly,  Seine).  —  Mobilier  d'école. 

168.  —  Pénitencier  <*antonal  neuchà.teloiM.  —  Bancs  et  pupitres. 

169.  —  École   Hecondair«^  vtt  Hiipérieure  dem  jeune»   filles 

(Genève).  —  Pupitre  et  chaises. 

170.  —  Ville  de  Lille.  —  Mobilier  scolaire. 

171.  -—  D'  Soenneken,  fabricant  (Bonn).  —  Support  pour  empêcher 
la  mauvaise  tenue  en  lisant  et  en  écrivant.  Plumes.  Porte-plumes. 


C.  MOBILIER  ET  ACCESSOIRES 

1 72.  —  A.  Mauchain,  sculpteur  (Genève).  —  Tables  à  transforma- 
tions pour  personnes  alitées. 

17:>.  —  PaHchoud  et  Dallivim^k  (Genève).  —  Meubles  divers.  Appa- 
reils de  gymnastique. 

174.  —  JF.  Millier,  fabricant  de  lampes  (Rorschach,  Saint-Gall).  — 
Lampes  pour  pianos  et  pianinos. 

175.  —  A.  de  meuron  et  Cuénod,  ingénieurs  (Genève).  —  Meuble 
renfennant  les  instruments  nécessaires  au  traitement  électro- 
médical. 

176.  —  Hachette  et  C'%  éditeurs  (Paris).  —  Boîtes  du  musée  scolaire 
de  leçons  de  choses  du  D'^  Saflfray. 

177.  —  T.  PerMonne  (Bruxelles).  —  Meubles  divers. 

178.  —  Annulé. 


APPENDICE.  533 

179.  —  F.  Demaurex,  fabricant  d'appareils  et  d'iiistrument«  de  chi- 
rurgie (Genève).  —  Meubles  et  appareils  divers.  Modèles. 

180.-11.  l¥elti  (Berne).  —  Meubles  divers  pour  malades. 

181.  —  F.  de  C^oppet  (Lausanne).  —  Lit  de  jardin  démontable. 

182.  —  Jaquerod  frèreH,  serruriers  (Genève).  —  Lit  en  fer. 

183.  —  C.  Reidenbach,  ferblantier  (Berne).  —  Appareils  d'hydrothé- 
rapie. 

184.  —  Parent,  fabricant  de  meubles  (Genève).  —  Fauteuils. 

185.  —  Quick,  ébéniste  (Genève).  —  Table  pour  malades. 
18r).  —  P.  Ritter  (Lugano).  —  Table. 

D.  APPAREILS  DE  TRANSPORT 

187.  —  H.  Vincent  (Paris).  —  Fauteuils. 

188.  —  K.  Keller,  fabricant  de  voitures  (Zurich).  —  Voiture  pour  le 
transport  des  malades. 

189.  —  D'  Ruysch  (Miestricht,  Hollande).  —  Voiture  pour  le  trans- 
port des  blessés. 

190.  —  H.  Vincent  (Paris).  -—  Voiture  pour  le  transport  des  blessés* 

191.  —  Département  militaire  fédéral  nnimue.  —  Ambulance 

(Exi)08ition  spéciale  dans  le  Pavillon,  rue  des  Casernes.  Voir  les 
détails  à  la  fin  du  Catalogue). 

E.  APPAREILS  DE  CHAUFFAGE 

192.  —  H.-J.  Piron  (Verviers,  Belgique).  —  Poêles  divers. 

193.  —  Ruer  et  C^  (Saint -Etienne,  Loire).  —  Appareils  de  chauffage. 

194.  —  Godefiroy  (Versailles).  —  Poêle  mobile. 

195.  —  Ancelin  et  Gillet,  ingénieurs  (Paris  ).  —  Appareils  de  chauf- 
fage à  longue  durée. 

196.  —  l¥eibel,  Briquet  et  C**,  constructeurs  d'appareils  de  chauf- 
fage (Genève).  —  Calorifère. 

197.  —  A.  Morei  (Paris).  —  Appareils  pour  le  chauffage  des  voitures. 

F.  APPAREILS  DE  SAUVETAGE 

198.  —  F.  HeideHier^er,  mécanicien  (Soleure). — Appareils  de  sau- 
vetage pour  pompiers. 


5H6  API'KNDICK. 

242.  —  s.  Favpo,  fabricant  d'instruments  de  chirurgie  (Paris).  — 
Caisse  de  secours,  bottes  d'instruments,  trousses. 

248.  —  Kampmaïui,  pharmacien  (Oenève).  —  Inhalateui-s. 

244.  —  J.  Schrœl«»p,  professeur  de  gymnastique  (Genève).  —  l><»ux 
tourniquets. 

245.  —  ScMîiété  de  lempéraiioo  ((ienève).  —  Bain-marie  ambulant 
pour  café,  thé  et  chocolat. 

24(i.  —  Chaiilran  ((ieuève).  —  Filtre. 

247.  —  L.  Artaria,  opticien  (Clenève).  —  I)ivei*s  objets  d'optique. 

248.  —  Kfihiie  ((lenôve).  —  Filtre. 

24i».  —  MiUelfeitraMH,  frères  (Magdebourg,  Tinsse).  —  Appareils  pour 
l'analyse  du  lait. 

2r)0.  —  M.-V.  IVic*oiicl  (Paris).  —  Appareil  h  triturer  la  viande. 


II.  VÊTEMENTS.  ÉTOFFES 


251.  —  Fabrique     inl ornai i«inale    d'ohJetM    de    |Muifi«*nieiit 

(SchaflFliouse).  —  Charpies,  gazes,  appareils  divers. 

252.  —  C.  Rumpf  (BAlo).  —  Tissus  et  articles  confectionnés  en  crêpe 
de  santé. 

2;*):».  —  C.  1II«*5B  t*i  filH,  fabricants  (Fribourg,  Bade).  —  Vêtements  en 

tilets  de  soie,  de  coton  et  de  laine. 

204.  —  fl.  Ti«»plîn,  teinturier  (Paris).  —  Flacons  de  goudronine. 
Spécimens  d'étoffes  imbibées  de  goudronine. 

20').  —  Vv«' Bidaiix,  corsotière  (Berne).  —  Coi'sets-ceintui'es. 

250.  —  Sehmidl  et  Sieic^riHi,  négociants  (Genève).  —  Vêtements  eu 
crêpe  de  santé. 


L  CHAUSSURES 

2r>7.  —  M"^  JLc^iisB-Collior  (Stuttgart).  —  Chaussui'es. 

258.  —  F.  8tadlor,  cordonnier  (Genève).  —  Chaussures  rationneUes. 

251).  —  L..  BamiiK-CoUler  (Lausaime).  —  Chaussures. 

260.  —  Reinlu^er,  cordonnier  (Stuttgart).  —  Chaussures. 

201.  —  Département  militaire  fédéral  tiuiiifie.  —  Spécimens 
de  chaussures  en  usage  dans  différentes  années. 

201  a,  —  Roth  (Londres).  —  Chaussures. 


APPENDICE.  537 


K.  ALIMENTS.  BOISSONS 


2f>2.  —  lii.  GalliRiii,  liquoristo  (Milan).  —  Boisson  oucaly])tine  Baz- 
zoni. 

268.  —  Soc*iét^  Carne  Piipa  (Brème).  —  Conserves  diverses. 


264.  —  Marc-hier  frèrew  et  C*  (Privas,  Ardèche).  —  Poudres  pour 
boissons  hygiéniques,  Coco  de  Calabre,  Cerisette,  Philotésine. 

265.  —  €.  Baxzciiii,  professeur  (Milan).  —  Pain-viande,  pain  phos- 
pho-ferrugineux. 

206.  —  Société  pri^niièrc  pour  Texploitation  clii  lait  alpin 
MuîHHe.  —  Lait  concentré  sans  aucune  addition. 

267.  —  tf .  Rlhet.  (Lausanne).  —  Chocolats. 

26.S.  —  A.  Dennier  (Interlaken,  Berne).  —  Bitter,  Soda-Bitler. 

2(iîL  —  M.  Marbaeh  (Berne).  —  Bitter. 

270.  —  C.  Peclraxzini  (Codogno,  Italie).  —  Panettone  hygiénique. 

271.  —  C.  Serardy,  conliseur  (Privas,  Ardèche).  —  Bonbons  divers. 

272.  —  The  Swînn  Milk  C«  (Gossau,  Saint-Ciall).  —  Lait  pur  con- 
centré sans  addition. 

27:î.  —  C.  Hehœk-Jaciiiet  (Genève).  —  Confitures  hygiéniques  aux 
tomates. 

274.  —  C.-W^.  Heliuniaelier  (Stockholm).  —  Pain  hygiénique. 

275.  —  Demnie  frérew,  liquoristes  (Berne).  —  Vins  et  liqueurs  de 
gingembre. 


L.  LITTÉRATURE 


27^).  —  Burc^au  fédéral  dc^  HlatLstique  (Berne). 

a.  Die  Brwegune  der  Bcvôlkerung.  l876-77-78-7î)-80.  5  vol. 

/).  Mouvement  de  la  population  de  la  Suisse.   1876-77-78-7î)-80. 

5  vol. 
r.  Examen  pédagogiqiie.  1875-77-78-79-80-81-82.  7  voL 
d.  Bulletin  nebdomadaire  des  naissances  et  décès.  1876-77-78-79- 

1880-81.  6  voL 
p.  Recensement  du  bétail.  1876. 1  vol. 
y.  Recensement  fédéral.  1880.  1  vol. 
/y.  Eidgenôssische  Bevôlkerung.  1880.  1  vol. 

277.  —  D"^  So^nieH  (Nancv).  —  Bulletin  administratif  de  la  ville  de 
Nancv.  1S80-81. 


538  APPENDICE. 

278.  —  L.ihrairieDalp(  Berne). 

a,  Ulustrirte  Vierteljahrsschrift  der  aerzilichen  Polytechnik.  1881- 

1882. 
h.  Schulgesundheitapfle^e. 

279.  —  D'  CaHtella  (Fribourg). 

a.  Le  monde  de  la  science.  1878-79-80. 

//.  Le  cimetière  de  Fribourg.  1  br. 

r.  La  médecine  cantonale.  1  br. 

d.  L'obésité.  1  vol. 

t\  Sources  minérales  et  Bains  du  lac  Noir. 

/'.  Causeries  populaires  sur  l'hygiène. 

//.  Brochures  diverses. 

280.  —  The  Soeiet>  for  Pi^oventioii  of  BliiMlne^M  (Londres). 
Rapports  et  brochures. 

281.  —  D'  M.  Bot  h  (Londres). 

a.  On  the  Neglect  of  Phvsical  Education  and  Hygiène. 
h,  Filements  Physical  Fiducation. 
r.  Scientific  Physical  Education, 
rf.  Médical  Inspection  of  ail  Schools. 
(\  Rational  Gymnastic. 


f.  Great  MortaliU'  of  Chiidren. 

g,  The  fever  —  Er 
/*.  School  hyjriene. 


•taun^ 
.  The  fever  —  Erdens. 
I.  School  hyjriene. 
i.  Quatre  fouilles-modèles  gymnastique. 


282.  —  LiadîeN' Samtap>  AsNoelatioii  (Londres).  —  Collection  de 
traités  sur  Thygiène  et  Téducation. 

283.  —  D'  Rham  (Schaflhouse).  —  Ernfthrung,  Ge^undheits-  und 

Krankenpflege. 

284.  —  IVorlh  of  Eiiiçlaiid  Siic-hool  FuriiiHhinff;  C^*"  (Darlington). 
—  Modèles  de  mobiliers  scolaires. 

285.  —  D'  Bobrie.  —  L'Islande  et  sa  pathologie. 

286.  —  D'  GuUHtadt  (Berlin).  —  Flecktyphus  und  Rttckfallfieber  in 
Preussen.  1  br. 

287.  —  Sehorr*»!-  (Saint-(iall).  —  Heizungund  Ventilation  der  Schul- 
hàuser. 

288.  —  D'  C^h.  liiiraifl  (Berne).  -  Bericht  ttber  die  Blattern-Epi- 
demie. 

289.  —  W  H  il  1*1  ima  II  II  (Zouji).  —  Sanitarische  Rekruten-Musteruug 
in  der  Schweiz. 

290.  —  D'   Polaillon  (Paris).  —  Statistique  de   la  Maternité  de 
(,-ochin. 

2î)l.  —  D' Apiiiaîiifl^aiid  (Bordeaux). 
a.  Fièvre  jaune  à  Bordeaux. 
h.  Institutions  d'hygiène  publique, 
c.  Un  cas  de  scléroaermie. 


APPENDICE.  539 

d.  Action  de  l'eau  froide  sur  la  fièvre  typhoïde. 

e.  Une  petite  épidémie  d'hystérie  à  Bordeaux. 
/.  Etuves  publiques  à  Bordeaux. 

//.  Projets  d'organisation  de  la  médecine  publique. 

>2.  —  D'  Giiisc^ppe  Badaloiii  (Bologne).  —  Del  Perman^anato  di 
Potassa. 

)3.  —  D'  Sormani  (Pavie).  —  La  prophylaxie  des  maladies  véné- 
riennes. La  géographie  médicale  de  Titane.  Une  carte. 

H.  —  D'  RoUot  (Lyon).  —  Anciens  foyers  de  syphilis. 

^5.  —  D'  Giovanni  Tonino  (Turin). 

a,  Ricordi  del  Manicomio  di  Macerata. 
h.  La  Ginnastica  e  Ipazzi. 

m.  —  Ediirin  CiiadDvick. 

a.  Sanitary  progress.  1881-82. 

h.  Circulation  ou  stagnation. 

r.  Attributions  du  Ministère  de  la  santé  publique. 

)1.  —  D'  Cazenave  de  la  Roche. 

a.  Des  Eaux-Bonnes. 

h.  Climatologie  (fragments). 

('.  Action  des  Eaux-Bonnes. 

d.  Lacune  dans  les  études  médicales. 

)S.  —  D'  Emilie  Bovell-Stui*Ke  (Paris).  —  Mémoire  sur  un  cas 
de  phtisie. 

M).  —  D'  G.  Sapolini  (Milan). 

a,  La  Rabbia. 

b.  Giunga  al  centre  acustico. 

K).  —  Boonewyn  (Lcelles). 

a.  Malades  empoisonnés  par  eux-mêmes. 

h.  Répression  aes  falsifications  des  denrées  alimentaires,  l  br. 

)1 .  —  Dui*and-Claye,  Alfred  (Paria). 

a.  Stations  agronomiques. 

b.  L'aménagement  des  eaux. 
r.  Voûtes  sphériques. 

)2.  —  D'  Ovîlo  (Madrid).  —  Pèlerinages  marocains  h  la  Mecque. 

)3.  —  D' Eklund  (Stockholm). 

a.  Bidrag. 

b.  Den  miasmatiskt-kontagiôsa  Lungsotens. 

r.  La  nouvelle  caserne  de  recrues  de  Skeppsholni. 

)4.  —  Société  suiMMe  de  tempérance  (Genève). — La  ( 'roix-Bleue. 
)5.  —  Sareey  (Paris).  —  Les  odeurs  de  Paris. 

)6.  —  Direction  f^ianitaire  du  canton  de  Zurich. 

a.  Bericht  ti.  d.  Verwaltung  des  Medicinalwesens.  1870-187^». 

b.  Lois  et  règlements  sanitaires. 


54()  APPENDICE. 

8()7.  —  Board  of  Health  (Louisiana).  —  Rapports  annuels.  î8H(v- 
1881. 

*M)S.  —  Health  Offleer  Oakland,  California.  —  Rapport  annuel. 
1880. 

809.  —  D'  FanMiauftier   (Burgdorf).  —  Ueber  Schulgesundheits- 
pllege,  1880  (voir  mobilier  scolaire). 

HIO.  —  D'  BlaMiu»  (Brunswick). 

a .  Der  Gesundheitszustaud  der  S tadte  des  Herzogth .  Braunschweig. 

1879-1881. 
h.  Die  Schulen  des  Herzogth.  Braunschweig. 
r.  Contrôle  der  Nahrungsmittel. 

d.  Système  der  Stàdtereinigung. 

e.  Technische  Hochschule  Carolo-Wilhelmina,  Programni. 
./'.  Schrift-Proben. 

HU.  —  D'  Martlnex  de  Aii^uiano  (Saragosse).  —  Tratado  com- 
pleto  de  Higiene  comparada.  1875. 

M 12.  —  Préfecture  de  police  de  Pari». 

a.  Rapports  sur  les  travaux  du  Conseil  d'hygiène  publique  de  la 

Seine.  1862-1877. 

b.  Rapport  de  M.  Delpech  sur  les  ruches  d'abeilles. 
r.  Rapport  de  M.  Lalanne  sur  les  puisards. 

(l.  Rapport  de  MM.  Léon  Colin  et  Fasteur  sur  les  étuves  publiques. 
e.  Rapport  de  M.  de  Luynes  sur  les  appareils  frigorifiques  de  la 

Morgue. 
./.  Rapport  de  M.  Colin  sur  la  variole  à  laquelle  ont  succombé  les 

Esquimaux  en  1880. 
//.  Rapport  de  M.  Bourneville  sur  Tinsalubrité  de  la  cité  Doré. 
//.  Rapport  de  M.  Armand  Gautier  sur  l'intoxication  saturnine  à 

Paris. 
/.  Rapport  de  M.  Armand  Gautier  sur  la  fabrication  de  la  céruse  à 

Clichy. 
A'.  Rapport  de  M.  Bouchardat  sur  la  marche  de  la  variole  à  Paris 

depuis  1860. 
ï.  Rapport  de  M.  Lagneau  sur  les  maladies  épidémiques  à  Paris  en 

1870-1880. 
m.  Note  sur  l'organisation  du  scr\Mee  des  secours  publics  dans  le 

département  de  la  Seine. 
n.  Rapport  de  M.  Dujardin-Beaumetz  sur  la  rage. 
o.  Résumé  des  travaux  des  Commissions  d'hygiène  en  1880. 

8i:(.  —  Société  HiiiHHe  pour  Tohiiiervatioii  du  dimanche.— 

Publications  et  tableaux. 

HU.  —  D'  JuliuH  zur  IVieden  (Landsberg).  —  Der  Eisenbahn- 

Transport.  1882. 

H15.  —  D'  Faralli  (Florence).  —  L'idrologia  et  la  Climatologia.  1881- 

1882. 

:J16.  —  D'  Deeroix  (Paris).  —  De  la  guérison  de  la  rage.  Brochure. 
317.  —  D'  firnc-^Mt  Hart  (Londres).  —  The  Sanitary  Record. 


APPENDICE.  541 

818.  —  O'  Hau»ep  (Séville).  —  Estudias    medico-topograficas  de 
Sevilla. 

31îi.  —  Fritz  Enf^el  (Wiesbaden).  —  Central-Stelle  fttr  den  Versand 
natûrlicher  Mineralwasser. 

820.  —  BoncineUi  A.  et  K*  (Venise). 
a.  Igiene  e  Medicina  Navale. 

h.  Tre  Proposte  al  tertio  Congresso  internationale  d'Igiene. 

821 .  —  Hufifion  (Toul). 

a.  Alimentation  animale. 

h.  Le  lait,  la  crème  et  le  beurre. 

c.  Le  café. 

d.  Le  vin. 

822.  —  D' KlawLIni-oth  (Stockholm). —  AllmànnaHelsotillstàndeti 
Stockholm. 

823.  —  D'  Bernard  (Cannes).  —  Constitution  médicale  de  Cannes. 

824.  —  D'  Ziiinis  (Athènes). 
a.  De  la  dentition. 

h.  Mortalité  chez  les  enfants  trouvés. 

825.  —  Prof.  Zampa  (Bologne). 
a.  La  demograiia  italiana. 

//.  Atlas. 

326.  —  D' AlbenoîM  (Marseille).  —  Bulletin  mensuel  de  démographie. 

827.  —  D'  Le  Roy  de  Méricourt  (Paris).  —  Archives  de  médecine 
navale. 

828.  —  Tiirininfi:  (Londres). 
a,  Food  and  Nutrition. 

h,  Health,  Well-Being  and  industrial  success. 

82ÎI.  —  Bernîer  (Angre,  Belgique).  —  Anciens  registres  paroissiaux 
(8  registres). 

880.  —  »'  E.-R.  Perrin  (Paris). 
a.  Un  cas  de  microcéphalie. 

h.  Latrines  scolaires. 

r.  Travail  des  enfants  employés  dans  l'industrie. 

d.  Rapport  sur  les  logements  insalubres. 

881.  —  John  Beddoe  (Leeds). 

a.  Of  the  stature  and  bulk  of  Man  in  the  british  Isles. 

h.  On  the  Headform  of  the  Danes. 

r.  On  certain  crania  desinterred  at  St.  Werburgh's  Bristol. 

rf.  On  the  physical  characteristics  of  the  Jewish  race. 

I'.  On  anthropological  colour  phenomena  in  Belgium  and  elsewhere. 

/.  TheKeltsoflreland. 

g.  The  progress  of  public  Health. 

882.  —  D'  G.  Pini  (Milan). 

a.  U  nuovo  Istituto  pei  rachitici  in  Milano. 
h.  L'Acqua  potabile  a  Milano. 


542  APPENDICE. 

33H.  — -  Société  d'utilité  pubUqiie^Oenève).  —  (gestion  de  l'émi- 
gration. 

334.  —  Torelli  (Rome).  —  Bonificamento  délie  Regioiii  di  Malaria. 

335.  —  InHtruction  publique  (Fribourg). 

a.  Règlement  pour  la  construction  des  maisons  d'école. 
h.  Directions  relatives  aux  bancs  d'école. 

336.  —  Société  d'hyiçlène  (  Lausanne  ).  —  Publications  de  la  Société. 

337.  —  D' Favre(Lyon). 
a.  Du  Daltonisme. 

h,  La  Dyschromatopsie. 

338.  —  Lommel  (Lausanne);  —  Influence  de  la  chaleur  souterraine 
dans  l'exécution  des  tunnels. 

339.  —  D'  Galli  (Brescia).  —  Igiene  rurale. 

34(),  —  D'  1%'oill  (Châlons).  —  Éléments  d'hygiène  poui-  les  écoles 
primaires. 

341.  —  D'  Heiii-ot  (Reims). 

a.  Respirateur  à  ouate  antiseptique. 
h.  L'hygiène  et  l'assistance  publique. 

342.  —  D' Fet^eherin  (Saint-Urbain).  — Les  asiles  publics  d'aUénés 
en  Suisse. 

343.  —  Prof.  Pflfifi^ei*  (Berne).  —  Statistik  der  Schulhygiene  in  den 
Primarschulen. 

344.  —  ConimiMMion   Manitaire  de  Saint-Gall.   —  3  rapports 
annuels.  —  Règlements. 

345.  —  Bardy  (Saint-Dié). 

a.  Météorologie  vosgienne. 

/;.  Travaux  du  Conseil  d'hygiène  de  Saint-Dié. 

34().  —  Oi*t4^«  (Paris).  —  Procédés  de  coloration  des  organismes 
microsco])iques  vivants. 

347.  —  Pietra  Sauta  t^t  IVauHciuty  (Paris).  —  La  crémation. 

34S.  —  Bœekh  (Berlin). 

a.  Statistischès  Jahrbuch  der  Stadt  Berlin.  Achter  Jahrgang.  1880. 
//.  Ver(')ffentlichungen  des  statistischen  Bureaus. 
c.  Die  Rerliner  Volkszàhlung  1875. 

34Î).  —  «leffrieM  (Boston).  —  Color  Chait  forthe  primary  Education. 
(tableau,  2  br.  et  disques  de  couleurs). 

350.  —  D'  G.  CuMtei*  (Rheineck). 

a.  Catalogue  de  littérature  sur  l'hygiène  scolaire  (2  cahiers  manus- 
crits). 
h.  Die  Sâuglinf^sterblichkeit  im  Kanton  Saint-Gall. 
r.  Kindersterblichkeit  und  Schutzpockenimpfimg. 
(I.  6  tableaux  statistiques  manuscrits. 


APPKXDllîK.  543 

851.  —  A.  Chepbuliex  (Genève). 

a.  Clia8.  Gymnastique.  1  vol.  et  atlas. 
h.  Guillaume.  Hygiène  amlaire. 

c.  Lombard.  Climat  de  montagnes. 

d.  Idem.  Stations  médicales, 

e.  MovNiKR.  Cmivention  de  Genève. 
./'.  Idem.  Guerre  et  charité, 
g,  TiACHAui).  En  attendant  le  médecin. 
II.  West.  Comment  on  soigne  les  enfants, 
i.  Ai'PiA.  Le  chirurgien  à  l'ambulance- 

:{r)2  —  D'  Van  Cappelle  (La  Haye).  —  Vijfjahrig  Overzigt  van  deu 
Sterfte. 

853.  —  «Iiinte  municipale  do  Venise. 

a.  Studi  et  proposte  per  la  sestemazione  del  servizio  sanitario. 

b.  Riforma  dellTIfficio  sanitario  municipale. 

354.  —  H.  Geopg  (Genève). 

a.  Magnus,  Farben  z.  Schôpfung. 

b.  Idem.,  Farbenblindheit. 

c.  Idem.,  Tafel  z.  Erziehung  d.  Farbensinnes. 

d.  Arnould.  Nouveaux  éléments  d'hygiène.  1881. 

355.  —  Bureau  d'hyi^ène  de  Bruxelles. 

Tableatur  sur  toile. 

a.  Diagramme  indiquant  par  semaine  les  rapports     Utnt.     Lan;, 
constatés  entre  la  température,  la  natalité  et  la 
mortalité  générale  et  spéciale  (1875  à  1879) 1 .  OG    1 .  08 

h.  Diagramme  indiquant  la  nuptialité,  la  natalité 
et  la  mortalité  comparée  des  principaux  pays  de 
l'Europe '   0 .  65    1.17 

r.  Accroissement  géométrique  annuel  de  la  popula- 
tion dans  les  pnncipales  contrées  de  l'Europe  de 
18()5  à  1877 0.65     1 .  17 

d.  Carte  topographique  de  drainage  de  la  distribu- 
tion d'eau  de  Bruxelles. .  • 1.06    0.78 

(\  Tableau  mensuel  de  décès  prélevés  par  la  variole 
pendant  une  période  de  15  années  (1865-1878). . .     0.79    1 .36 

f.  Diagramme  mdiquant  la  répartition  par  mois  des 
décès  du  premier  âge  (1"  année  de  vie  subdivisée 
par  trimestres)  pendant  la  période  décennale  de 
1864  à  1873. 0.72     1 .  16 

//.  Diagramme  indiquant  la  répartition  par  mois 
des  décès  de  l'âge  adulte  et  de  1  âge  sénile  pendant 
la  période  décennale  1864  à  1873 0. 72     1 .  Ifi 

// .  Diagramme  indiquant  la  répartition  par  âge  des 
décès  annuels  causés  par  la  variole  pendant  la 
l)ériode  duo-décennale  1864-1875  et  pendant  les 
années  1876-1877 0.85    0.93 

i.  Diagramme  indiquant  la  moyenne  annuelle  des 
décès  dus  aux  principales  maladies  zymotiques 
pendant  chacune  des  6  périodes  quinquennales 
comprises  de  1851  à  1878 O.œ    0. 71 

j.  Tableau  indiquant  le  nombre  de  décès  fourni  par 
1000  vivants  de  chaque  sexe  et  de  chaque  âge 
(période  de  1864-73) \.^    ^•'^'^ 


> 


544  APPKXDn'K. 

A*.  Carte  indiquant  la  mortalité  générale  annuelle 
dans  les  six  divisions  urbaines  et  les  huit  commu- 
nes-faubourgs de  l'agglomération  bruxelloise  de 
1875  à  1879 0.73    0.70 

/.  Diagramme  indiquant  par  mois  la  répartition 
moyenne  et  les  proportions  relatives  des  princi- 
paux mouvements  ae  la  population  enregistrés 
pendant  les  11  premières  années  (1867  à  1877). . .     0. 92    0.92 

m.  Tribut  mortuaire  prélevé  sur  les  individus  âgés 
de  20  à  40  ans  :  1  *"  par  les  maladies  épidémiques 
et  zymotiques  ;  2**  pntisie  pulmonaire  ;  3'  autres 
causesde  décès 0.77    1.4<) 

n.  Diagramme  indiquant  les  taux  de  mortalité  rele- 
vés pour  la  phtisie  pulmonaire  sur  1000  habitants 
de  cnaque  catégorie  d'âge,  de  sexe  et  d'état  civil 
pendant  la  période  décemiale  1864à  1873 0.7S    llî) 

<>.  Relevé  topographique  des  décès  causés  annuelle- 
ment par  la  variole  et  la  fièvre  typhoïde,  période 
de  1874  à  1879 0.G3    0.76 

/>.  Épidémie  cholérique (1866) 0. 66    0.82 

7.  Densité  de  la  population  bruxelloise.— Recense- 
ment de  1877 0. 73    0.70 

r.  Tableau  analytique  des  décès  classés  par  mois, 
par  années,  par  âges,  par  sexes,  par  état  civil, 
etc.,  etc.  (1864-1873) 0.50    0.:^ 

X.  Démograpliie  comparée  des  principales  villes  de 
la  Belgique  et  de  l'étranger 0. 70    0.70 

t.  Densité  comparée  de  la  population  des  provinces 
belges  en  1830  et  en  1880 0.54    0.46 

/(.  Plan  d'ensemble  des  travaux  de  la  Senne 0.52    O.fiP» 

Tahleaiuc  encadrés. 

a.  Densité  de  la  population  dans  les  différentes  sub- 
divisions de  Tagglomération  bruxelloise  en  1874.    0.36    0.28 

h.  Diagramme  indiquant  le  contingent  mensuel  des 
décès  prélevés  par  la  variole,  la  nèvre  scarlatine, 
la  rougeole,  etc.  (1864-1873) 0.41    0.5o 

(\  Voiture-hamac  pour  le  transport  des  blessés,  etc.    0 .  50    0 .  58 

il.  Voiture-hamac  pour  le  transport  des  blessés  et 
appareil  pour  fractures 0.50    0.5^ 

^\  Organisation  du  service  d'hygiène  publique 0.53    0.3fi 

y.  Épidémie  typhoïde  de  1869.  Tableau  graphique 
inaiauant  les  corrélations  constatées  entre  le 
nomore  des  décès  et  les  principales  circonstances 
météorologiques  de  chaque  jour 0. 32    0.25 

ff.  Voiture  spéciale  pour  le  transport  des  personnes 
atteintes  de  malaaies  contagieuses 0.30    0.3S 

//.  Dépôt  mortuaire  de  la  ville  de  Bruxelles 0.45    0.36 

Volumes  reliés. 

a.  Prophylaxie  contre  la  propagation  des  maladies  contagieuses 
et  spécialement  de  la  variole,  par  le  D' Janssens,  1  volume. 

h.  Hygiène  des  écoles  (1*^  et  2°*  parties),  2  vol. 

a.  Annuaire  démographique  (1862  à  1881),  19  vol. 

//.  Bulletin  hebdomadaire  de  statistique  démographique  et  sani- 
taire comparée  (  1H70-1881),  12  vol. 


APPENDICE.  545 

r.  Salubrité  comparée  de  la  ville  de  Bruxelles,  1  vol. 

(I,  Manuel  des  premiers  secours  eu  cas  d'accident,  par  M.  le  D' 

Buy  s,  1  vol. 
(\  Collection  d'imprimés  pour  l'enquête  sanitaire  prescrite  en  cas 

de  maladies  contagieuses,  1  vol. 
./.  Inspection  hygiénique  (imprimés  des  écoles),  l  vol. 
//.  1)0 Tinspection  hygiénique  et  médicale  dans  les  écoles,  1  vol. 

Volumes  brochés. 
il.  Plans  types  pour  la  construction,  etc.,  des  écoles,  1  vol. 
//.  Conseils  aux  mères  de  famille,  1  vol. 
r.  Hygiène  scolaire. 
iL  Écoles  (le  garde-malades  (Rapport  de  M.  le  D'  Hauchamps), 

1  volume. 

')(}.  ii,  31  aH.son,  éditeur  (Paris). 

a.  Bkrtiij.on.  Démo(/ra^)kieJir/t(rér  de  la  France,  — Etude  sta- 
tistique de  la  population  française,  avec  tableaux  graphiques 
traduisant  les  principales  conclusions.  Mortalité  selon  1  âge,  le 
sexe,  rétat-civil,  etc.,  en  chaque  département,  et  pour  la 
France  entière  comi)arée  aux  pays  étrangers.  1  atlas  in-4''  avec 
r>8  cartes,  20  fr. 

Ik  Bektillon.  Conclasions  statistiques  contre  les  détracteurs  de 
la  vaccine,  —  Essai  sur  la  durée  comparative  de  la  vie  humaine 
au  XVIII'"-  et  au  XIX*"'  siècles.  1  vol.  gr.  in-18,  2  fr. 

r.  Drouixeai:.  Des  conditions  sanitaiy'es  des  ouvriers  des  grands 
chantiers,  —  Etude  pré^sentée  à  la  Société  de  médecine  publi- 
(jue.  1  vol.  in-cS,  1  fr.  50. 

d,  i)Roi;ixp:Ar.  De  Vassisfaitcc  aux  Jilles-mères  et  enfants  ahayi- 
donnes,  —  Ktude  suivie»  de  tableaux  synoptiques.  1  vol.  in-8°, 

2  francs. 

c,  DuonxKAr.  Organisation  départementale  de  la  médecine 
imhli(jue.  —  Personnel,  direction,  contrôle,  conseils  techni- 
ques, (»tc.  1  vol.  in-8,  2  fr.  50. 

./.  DiJCLArx.  Ferments  et  maladies.  —  Etudes  des  ferments. 
Etude  des  maladies  homcpogènes.  Cours  professé  à  la  Sor- 
bonne.  l  vol.  in-H**,  G  fr. 

//.  LA('AssA(iNK.  Précis  d'hygiène  privée  et  sociaU.  —  Modifica- 
tions physiques,  chimiques,  biologiques  et  sociologiques.  1  vol. 
in-is  diamant,  cartonné  à  l'anglaise,  7  fr. 
//.  Lacassac^nk.  Précis  de  médecine  judiciaire,  —  Droits  et  obli- 
gations du  médecin  dans  la  société  et  devant  la  justice.  Ques- 
tions générales  pouvant  se  présenter  dans  toute  procédure,  et 
lelatives  à  la  personne  vivante.  Questions  relatives  à  la  mort, 
ciu  cadavre,  aux  taches,  aux  empreintes.  Attentats  contre  la 
personne,  etc.  1  vol.  iu-18  diamant,  cart.  à  l'anglaise,  7  fr.  50. 

/.  Layk'I'.  Hygiène  et  maladies  des  paysans,  —  Etude  sur  la  vie 
matérielle  des  campagnards  en  Europe.  1  vol.  in-12,  7  fr. 

/.  Mk(;nix.  Les  parasites  et  les  maladies  parasitaires  chez 
l'homme,  les  animaux  domestiques  et  les  animaux  sauvages 
avec  lesquels  ils  peuvent  être  en  contact.  1  vol.  in-8°  avec 
1  atlas,  2  vol.,  20  fr. 

/. .  Nai»ias.  Manuel  d'hygiène  industriellej  comprenant  la  léris- 
lation  frai^aise  et  étrangère  et  les  prescriptions  les  plus  habi- 
tuelles des  Conseils  d'hygiène  et  de  salubrité  relatives  aux 


546  APPENDICE. 

ôtablissenientis  insalubres,  iiicoinino(le«  et  dangereux.  1  vol. 
in-8%  12  fr. 
/.  Proust.   Ttaité  dliyfjihie.  —  Anthropologie,  démographie, 
hygiène  des  villes  et  des  campagnes.  Climatologie,  maladies 
Mrulentes  et  miasmatiques  ;  etioiogie  et  prophylaxie,  hygiène 
internationale.  1  vol.  gr.  in-8*',  18  fr. 
m.  Ricorx.  La  démographie  figurée  de  VAlpérie,  —  Etude  sta- 
tistique des  populations  européennes  qui  habitent  l'Algérie, 
avec  12  tableaux  graphiques  traduisant  les  principales  conclu- 
sions. 1  vol.  gr.  in-8°  9  fr. 
//.  P.  Gekvais,  membre  de  l'Institut,  et  H.  Gervais,  aide-natu- 
raliste au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  Nouvelkif 
planches  mifrales  d'histoire  naturelle.  —  Cette  collection  est 
divisée  en  G2  planches  :  la  Zooloaie  en  comprend  34  et  vaut 
102  fr.  ;  la  Botayiique  en  comprend  14  et  vaut  42  fr.  ;  la  Géolo- 
gie en  comprend  14  et  vaut  42  fr.  ;  chaque  planche  est  vendue 
séparément  3  fr.  50,  et,  avec  un  exemplaire  du  texte  explicatif 
correspondant,  4  fr.  ;  la  collection  complète  (62  planches  et 
texte)  se  vend  180  fr. 
Planches  vendues  montées.  —  Chaque  planche  est  fournie, 
montée  sur  toile,  avec  gorge  et  rouleau,  moyennant  un 
supplément  de  3  JFrancs  par  feuille. 
Chaque  acquéreur  d'une  collection  reçoit  gratuitement  un 
exemplaire  du  texte  explicatif. 
0.  Annales  de  démographie  internationale.  —  Recueil  trimestriel 
publié  sous  la  direction  de  M.  le  I>  Arthui-  Chervin.  Années 
1877  à  1881.  4  vol.  Prix  de  l'année  :  30  fr. 
p.  Revue  dlrggiène  et  de  police  sanitaire.  —  Organe  de  la 
Société  de  médecine  publique  et  d'hygiène,  publiée  par  M.  le 
D'  Vallin.  Années  187ÎÏ-80-H1.  3  vol.  Prix  de  Tannée:  20  fr. 
({.  Revue   internatimiale  de  renseignement.  —  Pubhée   par  la 
Société  d'enseignement  supérieur,  rédacteur  en  chef:  M.  le 
D'  Ed.  Dreyfus-JBrisac.  Année  1881,  formant  2  vol.,  14  fr. 
r.  Société  de  médeciyie  publique  et  d'hygiène  professionnelle.  — 
Bulletins  de  la  Société  publiés  en  1879-80-81.  3  vol.  Prix  de 
chaque  volume  :  10  fr. 
s.  La  Nature.  -  Revue  illustrée  des  sciences  et  de  leurs  anplica- 
tions  aux  arts  et  à  l'industrie,  publiée  par  M.  Gaston  Tissan- 
dier,  avec  le  concours  de  nombreux  collaborateurs.  2  vol.  nar 
année.  Année  1873  à  1882.  18  vol.  Prix  du  volume  :  broché, 
10  fr.  ;  cartonné,  13  fr.  50. 

357.  —  Bureau  Hanitaire  de  l'Kmpipe  d'AUemafi^ne  (Berlin). 
a.  Publications  des  années  1877  à  1881. 
/).  Mémoire  sur  les  obligations  et  les  buts  que  se  propose  le 

Bureau  sanitaire  de  l'Empire,  et  sur  les  moyens  par  lesquels  il 

espère  les  remplir.  1  vol. 

c.  Résultats  de  la  statistique  dans  les  établissements  hospitaliers 
de  l'empire  d'Allemagne  pour  Tannée  1877.  1  vol. 

d.  Mémoire  sur  les  apparitions  de  la  peste  bovine  en  Allemagne 
pendant  les  années  1872  à  1877,  et  sur  les  expériences  recueil- 
lies dans  l'application  des  mesures  pour  la  prévention  et  la 
répression  de  cette  épizootie.  1  vol. 

e.  Ikiatériaux  techniques  à  l'appui  d'mi  projet  de  règlement  sur 
le  commerce  et  l'usage  du  pétrole.  1  vol 


s.    - 


Ain'EXDicK.  547 

f.  Propositions  tx^udaiit  à  moditior  la  promièro  édition  do  la  Phar- 

macopcoa  geimanica.  1  vol. 
//.  Remarques  sur  les  décisions  prises  par  la  commission  chargée 

(le  réviser  la  Pharmacop(i»a  gerraanica  dans  ses  séances  du  15 

au  25  octobre.  1  vol. 
//.  Collection  des  travaux  qui  ont  été  faits  par  les  membres  de  la 

sous-commission  C  de  la  Commission  pour  la  ré^ision  de  la 

Pharm.  germ.,  par  suite  de  ses  résolutions  du  25  octobre  1880, 

et  qui  sont  destinés  à  servir  de  base  aux  délibérations  futures. 

l  volume. 
/.  Travaux  du  Bureau   sanitaire  de  PEmpire.  l*ubliées  par  le 

D*"  Struck,  conseiller  intime  supérieur  du  gouvernement,  dii-ec- 

teur  du  Bureau  sanitaire  de  l'Empire.  1  vol. 

Travaux  c^iivoyéH  par  la  ville  de  Lille. 

a,  Atlas  n"  1.  Long.  1"',05,  larg.  0'",75.  —  Flan  di*  la  mile  dv 
Lille  en  1745  :  une  feuille  d'ensemble,  :>0  feuilles  divisionnaires. 

h,  Atlas  n*  2.  Long.  l'",06,  larg.  0™,8a.  —  Plan  de  la  trille  de 
Lille  en  1838  indiquant  les  percements  et  les  alignements  pro- 
jetés ou  réalisés  jusqu'en  1878  :  une  feuille  de  tête,  une  feuille 
(Pensemble,  80  feuilles  division naii*es. 

r.  Atlas  n°  8.  Long.  1"',0G,  larg.  0",88.  —  Plan  des  communes 
annexées  à  la  ville  de  Lille  en  1860  indic^uant  les  percements 
et  les  alignements  proietés  ou  réalisés  jusqu'en  1H78  :  une 
feuille  de  tête,  une  feuille  d'ensemble,  40  feuilles  divisionnaires 
de  2",  12  de  long,  sur  0",83  de  haut. 

(L  Atlas  n"  4.  Long.  l^.OG,  larg.  0™,8H.  —  Travaux  divers  exé- 
cutés dans  la  ville  de  Lille  agrandie  dui-ant  la  période  de  1860 
à  1878  :  1.  Feuille  de  tête.  2.  Plan  général  de  l'état  des  lieux 
en  1858.  8.  Plan  général  de  l'état  aes  lieux  en  1878.  4.  Plan 
général  des  jardins  et  promenades.  5.  Plan  des  squares.  6.  Plan 
général  du  réseau  des  égoûts.  7.  Sections  diverses  des  égoûts 
(le  Lille.  8.  Plan  général  des  tramways  urbains.  î).  Détails  de 
la  consti-uction.  10.  Détails  de  la  construction.  11.  Matériel 
roulant.  12.  Plan  général  des  tramways  suburbains.  18.  Plan 
général  du  port  Vauban  et  des  Docks.  14.  Détails  de  construc- 
tion du  port  Vauban.  15.  Plan  et  détails  de  construction  de 
l'école  de  natation.  IG.  Plan  des  terrains  militaires  vendus  par 
la  \ille. 

c.  Atlas  n"  5.  —  Vues  photographiques  des  principaux  travaux 
exécutés  dans  la  ville  de  Lille  agrandie  durant  la  période  de 
1860  à  1878  :  1.  Rue  Nationale.  2.  Rue  de  la  Gare  pendant  la 
'démolition.  8.  Rue  de  la  Gare  en  1878.  4.  Place  ae  la  Gare 
pendant  la  démolition.  5.  Rue  des  Manneliers  avant  son  élar- 
gissement. 6.  Rue  des  Manneliers  après  sou  élargissement. 
7.  Grand 'Place  (entrée  de  la  rue  Nationale).  8.  Bourse  de  Com- 
merce. 9.  Boulevard  de  la  Liberté.  10.  Boulevard  Vauban. 
11.  Jardin  Vauban  (entrée  principale).  12.  Jardin  Vauban  (vers 
la  rue  Beauharnais).  13.  Jardin  Vauban  (grotte).  14.  Jardin  de 
la  Citadelle.  15.  Passerelle  de  la  Haute-Deûle.  16.  Passerelle  du 
Ramponeau.  17.  Square  Daubenton.  18.  Jardin  d'arboricul- 
ture. 19.  Square  Saint-Sauveur.  20.  Square  de  Jussieu.  21. 
Palais  Rameau.  22.  Jardin  zoologique  d'acclimatation  (grande 
])elouse  ).  23.  Jardin  zoologique  d'acclimatation  (lac  des  cygnes). 


54S  APPKXim'K. 

24.  Jardin  zoologique  d'acclimatation  (rocher  des  otaiios).  25. 
Jardin  zoologique  d'acclimatation  (lanterne  de  Diogène).  2ii. 
Cité  ouvrière  (fondation  du  Bureau  de  Bienfaisance).  27.  Cité 
ouvrière  (Compagnie  immobilière).  28.  Halles  centrale:».  29. 
Marché  Saint-Nicolas.  :U).  Temple  protestant.  31.  E^lLse  Saiut- 
Michel.  '^2.  Eglise  Saint-Maurice.  33.  Fontaine   Vallon.   U. 
Nouvel  Hôtel  de  la  Préfecture  (taçade  principale).  35.  Nouvel 
Hôtel  de  la  Préfectui-e  (façade  vers  le  jardin).  36.  Hôpital 
Sainte-Eugénie  (façade  principale).  37.  Hôpital  Saint-Eugénie 
(façade  place  des  Postes).  3S.  Institut  industriel.  39.  Docks  et 
Magasins  généraux.  40.  Ancienne  porte  de  Paris.  41.  Porte  de 
Iloubaix    avant  son  élargissement.    42.    Porte    de  Roubak 
après  son  élargissement.  43.  Porte  de  Valenciennes  (nouvelle 
enceinte). 

./'.  Volume  N"  1.  —  1"  partie  :  Notice  historique  sur  la  transfor- 
mation de  la  ville  de  Lille.  —  2"^  partie  :  Renseignements  sta- 
tistiques :  Chapitre!.  Voies  publiques.  Chapitre  H.  Egout^. 
Chapitre  HI.  Jardins,  promenades  et  plantations.  Chapitre  IV. 
Construction  de  maisons.  Chapitre  V.  Transports  en  commun. 
—  Tramways  urbains. 

//.  Volimie  n"  2.  -   Règlements  relatifs  à  la  voirie. 

A.  Volumes  n"*  3  et  4.  —  Ouvrage  sur  la  distribution  d'eau. 

/.  Liasse  comprenant  13  pièces  relatives  aux  types  de  Groupej> 
scolaires  et  d'un  (xymnase. 

y.  Quatre  tables  à  2  places  i^our  école. 

35î).  —  II'  H.-€i.  Lomlmrd  (Oenève). 

1 .  Influence  physiologiaue  des  (juatre  saisons. 

2.  Influence  morbide  (les  mois  et  des  saisons  :  A.  Echelle  de  la 
morbidité  h  Genève.  —  B.  Echelle  de  la  salubrité  à  Genève.— 
C.  Echelles  comparées  de  la  morbidité,  de  l'humidité  et  de  la 
température  à  (lenève. 

3.  Cartes  de  la  salubrité  et  de  la  mortalité  en  Europe  :  him\ 
bleue  ;  printemps,  verte  ;  été,  violette  ;  autotnne,  sépia.  — 

A.  Carte  de  la  mortalité.  —  B.  (îarte  de  la  salubrité. 

4.  Carte  sanitaire  de  la  Suisse  :  Phtisie  pulmonaire,  bleue  : 
Choléra  asiatique,  verte  ;  Crétinisme,  rouge  ;  Malaria,  jaune. 

ô.  Carte  de  la  malaria  en  Europe. 

(i.  (Jarte  de  la  malaria  en  France. 

7.  Carte  de  la  malaria  aux  Etats-Unis. 

s.  Tableau  de  la  mortalité  de  la  malaria  et  des  lièvres  rémitten- 
tes en  Europe  et  aux  Etats-Unis. 

M.  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  de  quelques  pays  :  A.  Is- 
lande, B.  Norwège,  C.  Suède,  D.  Danemark,  E.  Hollande, 
F.  Belgique,  G.  Ecosse,  H.  France,  I.  Espagne,  K.  Etats-Unis. 

10.  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  rfe  quelcjnes  provinces 
italiennes:    A.  Aoste,  B.  Gènes,  C.  Chiavari,    D.  Savone. 

E.  ('agliari,  F.  Grossetto. 

11.  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  de  quelques  villes  ita- 
liennes :  A.  Turin,  B.  Milan,  C.  Padoue,  D.  Venise,  E.  Rome, 

F.  Naples,  G.  Palerme. 

1 2.  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  de  qiielques  villes  du  nord, 
et  du  centre  de  l'Europe:  A.  Stockholm  au  XVHI""  siècle, 

B.  Stockholm  au  XIX'""  siècle.  C.  Amsterdam,  D.  Bruxelles, 


APPEXDIOK.  54f> 

E.Londres,  F.  Edimbourg,  G.  Glascow,  H.  Paris,  I.  Lyon, 
K.  Briaiiçon,  L.  Montpellier,  M.  Nîmes,  N.  Narbonne,  0.  Saint- 
Gilles,  P.  Marseille,  Q.  Nice. 

i:>.  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  de  quelques  Etats  et 
villes  des  Etats-Unis  :  A.  Etat  du  Massachussetts,  B.  Etat  du 
Mississipi,  C.  Etat  de  la  Géorgie,  D.  Etat  de  la  Floride,  E.  Etat 
du  Texas  à  Test  du  Colorado,  F.  Ville  de  New-York,  G.  Ville 
de  Philadelphie. 

14.  Comparaison  de  la  raortaHté  à  différentes  époques  :  A.  Ville 
et  canton  de  Genève  du  XVU'"'^  au  XIX"**  siècle;  B.  Ville 
de  Rochefort  au  XVIIl""  siècle  ;  C.  Ville  de  Rochefort  au 
XIX"'^  siècle;  D.  Ville  do  Rochefort  au  XVIII""  et  au 
XIX""  siècle. 

IT).  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  des  nouveau-nés  (0  jour 
i\  un  mois)  dans  différents  pays  :  A.  Royaume  de  Hollande, 
B.  Province  de  Zélande  (Hollande),  C.  Province  de  Groningue, 
I).  Province  de  Nice  (France),  E.  Province  d'Albengal Piémont), 
F.  Province  de  Turin  (Piémont),  G.  Province  d'Aoste  (Piémont), 
H.  Province  de  Gènes  (Piémont),  I.  Province  du  Levant  (Pié- 
mont.) 

IG.  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  des  enfants  âgés  de  six  à 
douze  mois  en  différents  pays  :  A.  Zélande  (Hoillande),  B.  Savoie 
(France),  C.  Province  du  Levant  (Piémont),  D.  Province  de 
Cagliari  (Sardaigne). 

17  Mortalité  mensuelle  et  trimestrielle  de  Pile  de  Cuba  :  A.  Mor- 
talité comparée  des  races  blanche  et  de  couleur. 

18.  Traité  de  climatologie  médicale,  4  vol.  in-8°  et  un  atlas  avec 
25  cartes  coloriées,  1877  à  1880. 

V.K  Les  stations  sanitaires  au  bord  de  la  mer  et  dans  les  monta- 
gnes. Broch.  in-8".  1880. 

SO.  Du  climat  des  montagnes  considéré  au  point  de  vue  médical. 
3™*^  édition. 

21.  Les  stations  médicales  des  Pyrénées  et  des  Alpes  comparées 
entre  elles. 
NB.  Ces  deux  derniers  volumes  sont  dans  l'c^xposition  de  l'éditeur, 
M.  Clierbuliez. 


:\m.  —  Société  fraii^^iftie  d'Hygiène  (Paris). 

n,  (i  volumes  formant  la  collection  du  Journal  d'hygiène. 
h,  l  recueil  des  publications  diverses  de  la  Société"^. 
r.  l  recueil  des  brochures  d«  l'hygiène  de  1"  et  la  2***  enfance. 
'il,  1  paquet  d'instmments  envoyés  par  M.  Barnouvin,  membre 
de  la  Société. 

:>H1.  —  C'hoquet  (Paris).  —  Hygiène  du  typographe. 

:;62.  —  D'  Félix  (Bucharest). 

((.  Rapport  général,  1875-76-77-79-Sl. 
h,  Instructiuni  populare. 

:U)8.  —  Ville  de  Bucharest. 

a.  Annuaire  statistique,  1879-18S0. 
h.  Topographie,  édihces  et  population. 
r.  Administration  communale. 

:i(;4.  —  Koroi^i  (Buda-Pest). 


a.  Moitalité,  1872-7:J. 

h.  Mortalité,  1874-75. 

r,  Ilew^nsenient,  1881. 

(l.  Plan  du  dépouillement  de  recensenieiit. 

e.  Projet  de  recensement  du  monde. 

J.  2  tableaux  statistiques. 

/{65.  —  .Reliiiann  (Ratiboise).  —  Atlas  météorologique  de  Ratibore. 

H66.  —  Kafton  (Prague). 

a.  Plan  de  canalisation  de  Prague. 

//.  Description  de  la  canalisation. 

('.  Reinigung  und  Entwâsserung  der  Stâdte. 

:W}1,  —  S'oeiété  de  niédeciiie  publique  et  d'hyfi^iène  profeK- 
Mionnelle  de  PariM. 

Les  tomes  I,  II,  III  et  IV  du  Bulletin  de  la  Société  de  médeciue 
publique  et  d'hygiène  professionnelle  de  Paris  ; 

Les  annuaires  pour  1879,  1880,  1881  et  1882  de  la  même  Société: 

I/étude  et  les  progrès  de  Phygiène  en  France  de  1878  à  1882, 
par  MM.  H.  Napias  et  A.-J.  Martin,  secrétaires  généraux  d»* 
ta  Société,  ouvrage  publié  par  la  Société  à  l'occasion  du  Con- 
grès international  d'nygiène  et  de  démogi'aphie  de  Genève  : 

Les  tirages  à  part  suivants  : 

De  l'évacuation  des  vidanges  dans  la  ville  de  Paris  :  1**  rapport 
de  M.  Henri  Gueiieau  de  Mussy  sur  l'évacuation  des  vidangeas 
hors  des  habitations  et  discussion  ;  2'  rapport  de  M.  Eimle 
Trélat  sur  l'évacuation  des  vidanges  par  la  voie  ])ublique  et 
discussion  ;  H"  rapport  de  M.  Hudelot  sur  le  système  de  viclan?*^ 
par  aspiration  pneumatique  de  M.  Berlier. 

Contribution  à  l'etiologie  de  la  lièvre  typhoïde,  par  M.  Baraduc. 

Sur  les  maisons  de  santé  pour  les  buveure  habituels  (Habituai 
Drunkard's  Houses)  en  Angleterre  et  en  Amérique,  par 
M.  Borthelot. 

De  la  création  de  maisons  mortuaires  à  Paris,  par  M.  du  Mesnil 
et  rapport  par  MM.  Lafollve  et  Napias. 

Etuvcs  à  désinfection  par  l  air  chaud,  note  de  M.  Vallin  et  rap- 
port de  M.  Hei'scher. 

Bases  et  organisation  d'une  Société  de  médecine  publique,  allo- 
cution de  M.  Lacassagne,  secrétaire  général  à  la  première 
réunion  de  la  Société. 

Le  gaz  d'éclairage  devant  l'hygiène,  par  M.  Layet. 

Essai  d'organisation  de  la  médecine  publique  en  France  :  rapport 
sur  la  création  d'une  Direction  de  la  santé  publique  ;  rapport 
sur  des  projets  de  re vision  de  la  loi  du  18  avril  185()  sur  le^ 
logements  insalubres,  par  M.  A-J.  Martin. 

De  la  prophylaxie  du  scorbut  dans  la  marine  marchande,  par 
M.  Mathelfn. 

Des  parasites  et  des  maladies  parasitaii*es  transmissibles  à 
l'homme  par  les  viandes  de  boucnerie,  par  M.  Mé^nin. 

Les  établissements  de  bains  fi'oids  à  Paris  ;  dispositions  prisées 
dans  les  différents  pays  de  l'Europe  pour  protéger  la  santé  des 
enfants  travaillant  dans  l'industrie  ;  notes  sur  l  organisation  de 
l'enseignement  de  la  médecine  publique,  par  M.  Napias. 


APPENDICE.  551 

Des  latrines  scolaires,  car  M.  Perrin  et  rapport  par  M.  Riant. 

Des  déformations  scolaires  de  la  colonne  vertébrale,  rapport  sur 
une  communication  de  M.  Daily,  par  M.  Thorens. 

Hygiène  de  la  vue  dans  les  écoles  et  discussion  ;  distribution  de 
la  lumière  dans  le.s  écoles  et  aménagement  de  Tinsolation  des 
classes  et  discussion  ;  rapport  sur  la  réforme  du  casernement 
en  France;  rapport  sur  le  nouveau  casernement  de  Bourges, 
par  M.  Emile  Trélat. 

Rapport  sur  les  mesures  de  police  sanitaire  applicables  à  la  pro- 
phylaxie de  la  variole,  par  M.  Vidal. 

:>«]8.  —  V€»cchiato  (Padoue).  —  Projet  de  casino  pour  société. 

:»f)î».  —  D'  Meeretan  (Lausanne).  —  Tableau  statistique  de  la  ville  de 
Lausanne. 

370.  —  D'  Boéchat  (Fribourg). 
a.  Les  ennemis  de  l'enfance. 
h.  L'homme  et  l'alcool. 

:M\.  —  D'  Cohn  (Breslau). 

a,  Electrisc&es  Licht,  3  V. 

h.  Die  Augen. 

r.  (jlimmerschùtzbrillen. 

rf.  Diagnoso  Farbenblindheit. 

e.  Augen  von  10,060  Schulkindern. 

/'.  Metallarbeiter. 

ft.  Hygiène  des  Auges. 

h.  Studien  ttber  angeborene  Farbenblindheit. 

/.  Blindenstatistik. 

j.  Schulhygiene. 

k,  Schuihàuser  und  Schultische. 

l.  Die  Taubstiunmheit. 

m,  Kurzsichtigkeit. 

372.  —  Jaillai*il  (Paris). 

a.  Atlas  météorologique. 

h.  Un  tableau  météorologique. 

07:;.  —  \y  Boiirrii  (Kochefort).  —  Atlas  des  épidémies  de  peste. 

374.  —  W  F.-L..  Dunant  (Genève). 

a.  Publications  démographiques. 

h.  Tableau  des  mouvements  comparés  de  la  population  genevoise. 

c.  Plan  des  égouts  de  la  ville  de  Grenève. 
(L  Plan  des  abattoirs  de  la  ville  de  Genève. 

e.  Collection  de  plans  et  photographies  d'écoles. 

375.  —  Victor  Fatio  (^Genève). 

a.  Désinfection  par  l'acide  sulfureux. 

/>.  Des  véhicules. 

(\  Des  plantes,  des  collections  d'histoire  naturelle,  etc. 

d.  La  guerre  aux  parasites. 

e.  Des  eaux. 

/.  Nettoyage  du  réservoir  du  bois  de  la  Bâtie. 
//.*  Appareils  siphonoïdes  avec  transvaseur  spécial. 


552  APPKNDICK. 

370.  —  II'  dlelTrieM  (Boston). 

a.  Color-Names,  Color-Blindness. 

h,  ('olor-Chart  for  the  priman-  éducation. 

r.  ( -arto  et  modèle. 

877.  —  Rariiy  (Limoges).  —  Cons(iils  crhygiène  i)u])lique.  Is80-ls81. 

878.  —  Moyiiior  (Genève). 

(t.  La  croix  rouge.  1  vol.  1>:«S2. 

h.  Bulletin  intcTnational  de  la  croix  rouge. 


87î).  —  ».-R.  IH«4iiert  (Berlin). 

(z.  Année-  und  Volksniihrung.  2  vol. 

h,  Volks-  und  Ar])eiterk(lclien. 

r.  Speise-  und  NjUirstoflFtafi»ln  (cartes). 

:>80.  —  Département  ilt»  rinHtrii€*ti€in  publique  (Bâle). 
a.  Schulgesundheitspflege. 
h.  Bericht  der  Koniinisslon  fUr  Scliulbaunonnalien. 
r.  Schulgebilude  (notice). 

881 .  —  Société  vaiidoiM«»  fraiçriciilliire,  —  Atlas  sur  les  construc- 
tions agricoles. 

882.  —  ■>'  F«vîiie  (Paris).  —  Dispensaire  des  enfants  malades. 

883.  —  EiiKei-llolifiiM  (  Dornach).  —  Plan  du  Dispensaire  pour  enfants 
malades. 

884.  —  Dlpe€*tioii  île  MliitiMtiqiic»  H^éiiérale  du  royaume  d'Ita- 
lie. 

a.  Album  de  photographies  des  stéréognammes  et  des  classifica- 

teurs. 
h.  Sanità  pubblica. 
r.  Monografia  di  Roma  e  campagna. 
(I.  Istnizioni  ginnastiche. 
(\  Bonificazioni. 
./'.  Società  di  mutuo  soccorso. 
//.  Sui  lavori  dei  fanciuUi  et  délie  donne. 
h.  Archivio  di  statistica.  Statistica  dei  pensionati. 
i.  Annali  di  statistica. 
j.  Un  stéréogramme  en  cuivre, 
/r.  Un  stéréogramme  des  mariages  classitiés  par  âges. 
/.  Stéréogramme  de  la  probabilité  de  se  marier  aux  différents  âges. 
>w.  Atlas  de  démographie. 

885.  —  Société  vaudoi^e  d'aérien it lire  (Lausanne). 

a.  Un  volume  des  bâtiments  agricoles. 
h.  Un  atlas  idem. 

r.  Dessin  des  poumons  malades. 

88(i.  —  So€-iété  franvaÎMt»  de  tempérance  (Paris).  —  î)  vol.  et 
2  br.  sur  Tabus  des  boissons. 

887.  —  II'  O.  "WyHH  (Zurich).  —  10  vol.  Bh'ltter  fUr  (îesundheitspflege. 

8HS.  —  II'  Parola  (Cunéo). 
a.  (ieografia  nosoiogica. 
h.  Vaccination.  2  vol. 


APPEXUICE.  558 


M.  MATÉRIEL  SANITAIRE  DES  ARMÉES 


\H\),  —  Département  niilitaipe  fédéral  MuiMMe 

a.  Fourgon  de  réserve  du  matériel  A,  ir  11. 

h.  Fourgon  de  réserve  du  matériel  B,  n"  12. 

<\  Fourgon  d'ambulance  n**  57. 

(L  Char  à  blessés  w**  41. 

i\  Equipement  d'un  wagon-lazaret. 

/'.  Caisse  sanitaire  d'infanterie. 

V/.  Caisse  sanitaire  pour  armes  spéciales  avec  havi-esac, 

//.  Havresac  sanitaire. 

/.  Paire  de  havresacs  sanitaires,  nouveau  modèle. 

y.  Sacoche  de  médecin. 

A'.  Boulgue  d'infirmier. 

/.  Sacoche  de  brancardier. 

m.  Bidon. 

)i.  Manuel  des  infirmiei-s  (»t  brancardiers. 


Ti^BLE 


Pagei. 

Circulaire  du  Coinitô  d'organisation 5 

Règlement  général 7 

(Comité  d'organisation 10 

(k)mité  national  suisse 10 

Programme 13 

Liste  générale  des  membres  du  (Congrès 74 


PREMIÈRE    PARTIE 


AHSEMBLËK8   GENERALES 


Séance  d'oayer tare,  landi  4  septembre 89 

Discours  de  M.  Schenk,  conseiller  fédéral 89 

Discours  de  M.  Héridier,  conseiller  d'Etat 92 

Disix)urs  de  M.  Le  Cointe,  conseiller  administratif  de  la  ville  de  Genève.  94 

Discours  de  M.  Lombard,  président  du  Comité  d'organisation 96 

Kapport  de  M.  Dunant.  secrétaire  général  sur  l'organisation  du  Congrès.  102 

Liste  des  délégués 106 

Nomination  du  Comité  définitif  et  des  présidents  d'honneur 113 

Discours  de  M.  Paccbiotli 114 

Discours  de  M.  Fauvel il8 

Discours  de  M.  (^orradi 1Î2 

Discours  de  M.  van  Overbeek  de  Meyer 123 

Discours  de  M.  de  Csatarj- 124 

Discours  de  M.  Vladan  George>\ itch 124 

Discours  de  M.  Varrentrapp 12o 

Séance  dn  mardi  5  septembre 126 

Atténuation  des  virus,  ^AT  M .  Pasteur 127 

Discussion  :  MM.  Koch,  Pasteur,  Sormani,  Balestreri,  Layet,  Pasteur.    .  145 

Séance  dn  mercredi  6  septembre 149 

Étiol^ie  de  la  phtisie  pulmof Mire,  par  M.  Corradi 149 

Discussion  :  MM.  Leudet.  Vallin,  Corradi.  Lubelski.  Smith,  Landowski. 

Félix.  Albrecht io2 

Colonies  d' écoliers  en  vacances,  par  M.  Varrentrapp 160 

Discussion  :  MM.  de  Cristoforis,  Pini,  Vidal,  Mittendortf,  Lubelski  .   .  175 


\ 


550  TABLK. 

Séance  du  vendredi  8  septembre i78 

(loitvt^ntion  hygiénique  internatiolialo.  |)nr  M.  do  Csatan I7îi 

Influences  hygiéniques,  jirophifhirtitfnes  et   thèraitentiffiies   des  nititudrx. 

par  M.  H. -Cl.  Lombard. IW 

Discours  de  M.  Paul  BoH !!»:i 

Discours  de  M .  W.  Marre! 198 

Séance  du  samedi  9  septembre ^Ki 

Prétention  de  la  cérité.  (loueours  ou\ert  par  la  Sorietij  for  the  Prétention 

ofhlindness^  par  M.  Halteidioll' ^)7 

Discours  de  M.  Fieuzal.  21fi 

Disi'ours  de  M.   Hoîh 234 

Proclamation  du  prix  iuslitué  par  la  Députation  provinciale  de  Turin,  au 

sujel  de  Touvra^re  le  plus  utile  à  Thygiène  des  campagnes.  —  M.  Fan- 

vel,  président  du  jury,  et  M.  Félix,  rapporteur i'^ 

Rapport  sur  l'Exposition  internationale  d'hygiène  de  (ienève,  parM.  A.-J. 

Martin,  rapporteur  de  la  (iOumiission 2*)H 

(communication  de- M.  Bo*rner,  sur  TKxpositifm  d'hygiène  ii  Berlin  .    .   .  251) 

V(Mi  en  faveur  de  la  erémati(m  faculUitive 2oi 

Proposition  relative  à  la  falsitication  des  denrées  alimentaires H^i 

J*roposition  concernant  les  éU)blissements|N)ur  enfants  scrofuleux  et  raclii- 

tiques i»'>i 

(ihoix  du  lieu  de  réunion  du  pro:*hain  Congrès 2o2 


DEUXIÈME    PARTIE 

8ÉANXEB  D£8  8ECTI0NB 

Première  section 

Séance  dn  mardi  6  septembre io7 

Rôle  du  jtèlerinage  de  la  Mecque  sur  la  propa/fation  du  chidéra  en  Ettroj^e. 

par  M.  Proust 457 

Discours  de  M.  Fau\el 26.*< 

Discussion  :  MM.  Ovilo.  Bradai.  Fau\el.  Félix.  deC^atary.  Kaymondaud. 

Fauvel *  .    .  * îtto 

Séance  dn  mercredi  6  septembre 269 

Étiologie  et  prophylaxie  de  la  fiécre  tyiMide.  par  M.  Arnould 269 

Discours  de  M.  de  Orenvi Ile IWï8 

Discours  de  M .  Proust i)83 

Discours  de  M.  Sovka ^184 

Discours  de  M.  Duplessis Ii88 

Discussicm  :  MM.  Arnould.  Lando>^ ski.  II.  (îueneau  de  Muss\ *X^ 

Séance  dn  vendredi  8  septembre \V^i 

IA4/roo/Miwe,  par  M.  Boulet 391 

Discours  de  M.  Challand WXî 

Discours  de  M .  de  Thénsofmlis ^26 

Discussion  :  MM.  Algla\e.  Hochât.   Donglass-Mogg.  llaii«.'hton VîMl 


ri< 


l'ABLK.  557 

Pages. 

Séance  da  samedi  9  septembre ï'M\ 

Siiito  (le  la  discussion  sur  Talcoolisino  :  MM.  F.  Loiuhard,   Laiiduwski, 

Lubelski,  Koulet,  de  Thérôsopolis W6 

Le  repm  heMommUiire  nu  imint  de  rue  hyifiênitfue,  par  M.  Ha'jrler.    .    .  i41 
Discussion:  MM.  Napias.   Haujrliton,  (lorradi.    Fetscherin,    Vincenl  du 

Olaux \ii\ 

La /ièvre  jaune  (ierant  l'Iiifffiène  iiitenmtionaie,  par  M.    Layot 457 

Discours  d«*  M.  Formento 'w7 

\ote  sur  in  tfiuMjrajMe  d4;  la  fièvre  jaune ,  \}iir  yi.  Bourru 477 

Discussion:  MM.  Rochard,  Fauvel.   de  ïhénîsopolis 4S() 

Séance  de  relevée  dn  samedi  9  septembre ïH:\ 

Suilede  la  iliscussion  sur  la  fièvre  jaune.  —  MM.  da  Sil\a-Arnado,  (l;d)ello, 

Lavet.  de  Thérésopoiis,  Fornienlo W\ 

Proposition  de  M.  Forniento  que  la  question  soi!  port»M'  à  Tordre  du  jour 

du  prochain  (lonjrrès  d'hy^'iène 491 

Proiihyla.rie  de  la  itellaijre.,  par  M.  Félix 491 

De  la  prnpbifla.vie  itUernatioufile,  par  M.  da  Silva-Arnado 495 


AI^PENDICE 

I.      Slatislique  d»'s  nieuilin's  du  Con^Tès ,H)[\ 

M.     St'ances  de  démonstration 'M)\ 

Not'  sur  les  appan'ils  respiratoin's  de  M.  Darier fii)ï 

Note  sur  le  sinivetaj^e  à  rEx[)osition  d'hy^riène.  par  M.  Weilx'l.    .    .    .  oO() 

III.  Fêtes  et  excursions 5il{ 

IV.  (!alalo«ïue  <le  l'Kxposition  d'hvfriène ol7 


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