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COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PARIS. — À. DAVY et INÉ, IMPRIMEURS
: Re : 52, rue Madame, 52.
r . * ' 1 25 2 À = Ps nm SUR)
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COMPTES RENDUS HEBDOMADATRES
DES SÉANCES ET MÉMOIRES
DE LA
SOCIETE DE BIOLOGIE
ET DE SES FILTALES :
LES RÉUNIONS DE BORDEAUX, MARSEILLE, NANCY,
PETROGRAD, LILLE, BARCELONE, STRASBOURG, LYON,
BUENOS-AIRES, LISBONNE, ATHÈNES ; LES RÉUNIONS ROUMAINE
(BUCAREST, CLUJ ET JASSY), DANOISE, DE SUÈDE ET
DE LETTONIE ;
LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE.
MAS nEmee)
ANNÉE 1999 - TOME Il
(QUATRE-VINGT-SEPTIÈME TOME DE LA COLLECTION)
PARIS
MASSON ET Cie, ÉDITEUPS
LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6€)
1922
LISTE
DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
AU 31 DECEMBRE 1922
ABRÉVIATIONS
A À M, associé de l’Académie de médecine.
A A s, associé de l’Académie des sciences.
A F M, agrégé à la Faculté de médecine.
AFP, agrégé à la Faculté’de pharmacie.
A 1P, assistant à l’Institut Pasteur.
A M. assistant au Muséum.
c x, chirurgien des Hôpitaux.
c z, chef de laboratoire.
c s, chef de service.
© À m, correspondant de l’Académie de médecine.
c AS, correspondant de l’Académie des sciences.
D, directeur.
D A, directeur adjoint.
: D L, directeur de laboratoire.
FRS, membre de la Société royale de Londres.
M A M, membre de l’Académie de médecine.
m A s, membre de l’Académie des sciences.
mMcrs, maître de conférences à la Faculté des sciences.
M x, médecin des Hôpitaux.
M & x, médecin honoraire des Hôpitaux.
M 1, membre de l’Institut.
P CF, professeur au Collège de France.
P E M, professeur à l'Ecole de médecine.
P E V, professeur à l’Ecole vétérinaire. -
P F M, professeur à la Faculté de médecine.
P F P, professeur à la Faculté de pharmacie.
P F s, professeur à la Faculté des sciences.
P x, pharmacien des Hôpitaux.
P H....., professeur honoraire.
P 14, professeur à l’Institut agronomique.
P 1P, professeur à l’Institut Pasteur.
P M, professeur au Muséum.
P u, professeur à l’Université.
— HU —
ANCIENS PRÉSIDENTS
Présidents perpétuels.
MM.
+ Rayer (1848-1867). + Claude Bernard (1868-1878). +: Paul Bert (1879-1886).
Présidents quinquennaux.
MM.
+ Brown-Séquard (1887-1892). + Chauveau (1892-1896). + Bouchard (1897-
1901). + Marey (1902-1904). + Giard (1905-1908). + Malassez (1909). + Das-
tre (1910-1917).
ANCIENS SECRÉTAIRES
GÉNÉRAUX
+ Dumontpallier (1868-1899). Gley (1899-1909).
Arrhenius (Sw.), cas, pu, à Stock-
holm.
Bordet, AMM, cas, FRS, DiP, à Bru-
xelles.
Bruce (Sir David), cas, cAM, FRS,
Major general, Royal Army Me-
dical Corps.
Cajal (Ramon y), cas, AAM, PU, à
Madrid.
Golgi (C.), AAM, pu, à Pavie.
Heger (P.), Pxu, à Bruxelles.
Loeb (Jacques), cas, P à l’Institut
Rockefeller, à New-York.
COMPOSITION DU BUREAU
(1922).
Président. M. Ch. Richet.
2 ésid M. Bohn.
Vice-présidenis. eee
Secrétaire général. M. A. Pettit.
Adjoint au secrétaire général. M. N. Fiessinger.
/ MM. Mestrezat.
Secrétaires ordinaires. de
Roussy.
Pasteur-Vallery-Radot.
Trésorier. M. J. Jolly.
Archiviste. MH Panier
MEMBRES HONORAIRES
. MM. MM.
Pavloff, cas, AAM, P à l’Institut de
médecine “expérimentale, à Pé-
trograd.
Ray-Lankesier (Sir), FRS, aas, à
Londres.
Roux (E.), Mas, maAM, Frs, prP, 2,
rue Dutot, Paris (15°).
Schæfer (Sir Edw.A.Sharpey),rrs,
PU, à Edimbourg.
Vries (Il. de), cas, Pu, à Amster-
dam.
Wilson (Edm.), pu, à New-York.
= IN =
MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES
AIM.
Achard, Ma, PFM, MH, 37, rue Ga-
lilée (16°).
Arsonval (A. d’), MAS, MAM, PCF,
49 bis, avenue de la Belle-Ga-
brielle, Nogent-s.-Marne (Seine).
Babinski, Mau, max, 170 bis, boule-
vard Haussmann (8°).
Balzer, Mau, Max, 8, rue de l’Ar-
cade (8°).
Barrier, maMm, inspecteur général
des Ecoles vétérinaires, 5, rue
Bouley, à Alfort (Seine).
Bierry (H.), mc à l'Ecole des Hau-
tes Etudes, 11, avenue de la
Grande-Armée (16°).
* Bohn (G.), pres, 2, rue des Arènes
(5°).
Borrel, PFM, à Strasbourg ; 207,
rue de Vaugirard (15°).
Bouvier, mas,PM,55,r.deBuffon (5°).
Branca (A.), AFM, 5, r.Palatine (6°).
Camus (Jean), AFM, mn, 19, rue de
Varenne (7°).
Camus (Lucien), Mau, chef tech-
nique de l’Institut supérieur de
vaccine à l’Académie de méde-
cine, 14, rue Monsieur-le-Prince
(6°).
Capitan, MamM, chargé de cours cr,
5, rue des Ursulines (5°).
Carnot (Paul), Mau, PrM, MH, 8,
avenue Elisée-Reclus (7°).
Caullery, Prs, 6, rue Mizon (15°).
Chabrié, prs, 83, rue Denfert-Ro-
chereau (14°).
Claude (H.), PrM, mu, 62, rue de
_ Monceau (8°)
Clerc (A.), AFM, Mn, 52, avenue de
Wacram (17°)
MM.
Courtade (D.), ccrM, 166, rue du
Faubourg-Saint-Honoré (8°).
Coutière (H.), mam, rrP, 4, avenue
de l'Observatoire (6°).
Darier, Mau, max, 77, boulevard
Malesherbes (8).
Delezenne (C.), MAM, pr, 6, rue
Mizon (15°).
Desgrez, Mau, PrM, 78, boulevard
Saint-Germain (5°).
Dopter (Ch.), mau, P au Val-de-
Grâce, 21, rue Denfert-Roche-
reau (5°).
Dupuy (E.), 50, rue Saint-Louis,
à Versailles.
Fabre-Domergue, 65,
Arago (13°).
Garnier (M.), AFM, Mu, 1, rue d’Ar-
genson (8°).
Gellé, 40, avenue de la Grande-
Armée (17°).
Gilbert, MAM, PFM, MH, 27, rue de
Rome (8°).
Gley, mam, por, 14, rue Monsieur-
le-Prince (6°).
Gravier (Ch.), mas, pu, 55, rue de
Buffon (5°).
boulevard
_Grimbert, MaM, PrFP, PH, 47, quai
de la Tournelle (5°).
Guieysse-Pellissier (A.), arm, Di-
recteur de section à l’Institut de
recherches biologiques de Sè-
vres, 26, rue Vavin (5°).
Guignard, mas, MaAM, PrP, 6, rue
du Val-de-Grâce (5°).
Hallion, mMam. pa à l'Ecole des
Hautes Etudes, 54, rue du Fau-
bourg-Saint-Honoré (8°).
Hanriot, mMaM,AFM,à la Monnaie(6°).
Hayem (G.), MAM, PHFM, MH, 91,
avenue Henri-Martin (16°).
MM.
Henneguy, Mas,
rue Thénard (5°).
Henri (Victor), pu, à Zurich.
Héricourt, p à l'Ecole des Haies
Etudes, 12, rue de Douai (9°).
Hérissey, AFP, Px, 184, rue du Fg
St-Antoine (11°).
Jolly, p à l'Ecole des Hautes Etu-
des, 56, avenue de Breteuil (7°).
Josué, mx, 7, av. de Villiers (17°).
Kaufmann, mMamM, mEv, à Alfort
(Seine).
Langlois (J.-P.), MA“, AFM, P au
Conservatoire des arts et mé-
tiers, 155, bd St-Germain (6°).
Lapicaue, Prs,21.bd MHenri-IV (4).
Larcher (0.), 97, r. de Passy (16°).
Legendre (R.), DLcr, 27, rue d’Alé-
sia (14°).
Letulle, MAM, PFM, Max, 7, rue de
\Maogdebourg (16°).
Levaditi (C.), crrp, 54, rue des Vo-
lontaires (15°).
Linossier, cam, 51, r. de Lille (7°).
Loisel, np à l'Ecole des Hautes
Etudes, 6, rue de l'Ecole-de-Mé-
decine (6°). :
Maillard, cam, PFM, à Alger.
Mangin, mas,pm, 57, r. Cuvier (5°).
Manouvrier,p du Laboratoire d’an-
_thropologie, 1, rue Clovis (5°).
Marchal, mas,prA, 45, rue des Ver-
rières, Antony (Seine).
Marchoux, csrp, 96, rue Falguière
(To):
Marie (Pierre), MaAM, PFrM, Mu, 76,
rue de Lille (7°).
Martin (Louis), MAM, sous-prp, 205,
rue de Vaugirard (15°).
Mayer (André), por, 33, faubourg
Poissonnière (9°).
Meillère, mam, px, 15, r. du Cher-
che-Midi (6°).
MAM, PCF, 9,
MM.
Menegaux, AM, 55, rue de Buffon
(5°).
Mesnil (F.), mas, pre, 21, rue Er-
nest-Renan (15°).
Moussu, PEv, prA, à Alfort (See).
Mulon (P.), arm, 27, avenue Bu-
geaud (16°).
Nageotte, Pcr, mu, 82, rue Notre-
Dame-des-Champs (6°).
Netter, MAM, AFM, Mu, 104, bou-
levard Saint-Germain (6°).
Nicloux, cAM, PFM, à Strasbourg.
Nicolas (A.), mam, PrM, 7, rue Ni-
cole prolongée (5°).
Pagniez, mu,24,r.Jean-Goujon(8°).
Pérez (Ch.), Pprs, 1, rue Victor-
Cousin (5°).
Petüt (Auguste), cri, 28, avenue-
de Montsouris (14°).
Piéron (H.), n à l'Ecole des Hau-
tes Etudes, 52, route de la Plaï-
ne, Le Vésinet (S.-et-Oise).
Pinoy (E.), prs, à Alger.
Portier (Paul), prs, P à l’Institut
océanographique, 195, rue Saint-
Jacques (5°).
Prenant, mamM, PFM, 6, rue Toul-
lier (5°).
Rabaud, Prs, 3, rue Vauquelin (5°).
Raïlliet, Mau, PEv, 9, avenue de
l’'Asile, à Saint-Maurice.
Rathery (F.), arm, mu, 108, bou-
levärd Saint-Germain (6°).
Retterer, AFM, 59, boulev. Saint-
Marcel (13°).
Richer (Paul), m1, Mam, 30, rue
Guynemer (6°).
Richet (Ch.), mas, mam, PrM, 15,
rue de l’Université (7°).
Robin (Albert), MAM, PHFM, MHH,
18, rue Beaujon (8°).
Roger (H.), mMaAM, PFM, MH, 85,
boulevard Saint-Germain (6°).
248 DER
MM.
Roule (1), pu, 57, rue Cuvier (5°).
Teissier (P.J.), MAM, PFM, M,
142 bis, rue de Grenelle (7°).
Thomas (André), 17, rue Quentin-
Bauchart (8°).
Tissot (J.), pm, 57, rue Cuvier (5°).
Trouessart, PM, 57, rue Cuvier (5°).
Vallée, n du laboratoire des re- :
cherches vétérinaires, à Alfort
(Seine).
Varigny (H. de), 18, r. Lalo (16°).
Vaquez, MAM, PFM, MH, 27, rue du
(rénéral-Foy (8°).
MEMBRES
MM.
Ambard (Léon), PFM, à Strasbourg
(9 mars 1918).
André (Gustave), pra, AFM, 120, bd
Raspail (5°) (21 décembre 1918).
Armand-Delille (P.-F.), mx, 44,
av. du Bois de Boulogne (16°)
(13 novembre 1920).
Babonneix (L.), mn, 25, rue de Ma-
rignan (8°) (13 mai 1922).
Balthazard, mam, PrM, 6, place
Saint-Michel (6°) (28 juin 1919).
Bezançon (F.), mam,PFM, mu, 76,r.
de Monceau (17°) (6 juull. 1918).
Bridel (M.), px, 2, rue Ambroise-
Paré (10°) (20 mars 1920).
Brocq-Rousseu, p du labor, des
- rech. vétérinaires de l’armée, 21,
rue Montbrun (14°) (4 février
1922).
Brumpt, mMaM, PrM, 1, rue Dupuy-
tren (6°) (24.mai 1918).
Cardot, cLru, 164, r. Jeanne-d’Arc
- prolongée (13°) (11 mai 1918).
Champy, aArM, 12, rue Lagarde (5°)
(16 décembre 1922).
Chatton (E.), Prs, Institut Zoologi-
De D nn DT
MM.
Vincent. MAS,
Grâce (5°).
Weiss (G.),mAM,PrM, à Strasbourg.
Wal-de-
MAN, au
Widal, mas, MAN, PFM, MH, 155,
bd Haussmann (8°).
Weil (P.-Emile), mx, 24 bis, ave-
nue du Trocadéro (16°).
Weinberg (M.), czrp, 159, rue de
la Convention (15°).
Wintrebert (P.), rrs, 41,
Jussieu (5°).
rue de
TITULAIRES
|! MM.
que, Université de Strasbourg (16
mai 1914).
Comandon (J.), Président de sec-
tion à la direction des Inven-
tions, 7, rue ÂAvice, Sèvres (S.-
et-O.) (10 juillet 1920).
Debré, AFM, mx, 8, rue Solférino
(7°) (28 juin 1919).
Fauré-Fremiet (E.), préparateur
au Coïlège de France, 46, rue
des Ecoles (5°) (8 juin 1918).
Fiessinger (Noël), AFM, mu, 48, av.
de La Bourdonnais (7°) (21 dé-
cembre 1918).
Fourneau (E.), MaAM, cLrp, 28, rue
Barbet-de-Jouy (7°) (10 juillet
1920).
Girard (Pierre), 87, bd St-Michel
(5°) (15 juin 1920).
Grigaut (A), crem, 21, rue du
Vieux-Colombier (6°) (18 mars
1922).
Guillain, MAM, aAFM, mu, 215 bis,
boulevard Saint-Germain (7°) (24
mai 1919).
Guyénot,pu, à Genève (11 mai 1918).
NEAT.
Harvier (P.), ma, 239,
St-Germain (7) (18
1922),
Kollmann (M), vers, à
(22 février 1919).
Labbé (Marcel), MaM, PFrM, MH, 9,
ruede Prony(9(redec 19210)
Laugier (Henri), Préparateur #s,
42, boulevard Auguste-Blanqui
(3) (22 mars 1919).
Launoy (L.),Are, 17, rue de Lor-
raine, St-Germain-en-Laye (S.-et-
Oise) (25 novembre 1918).
Lecène (P.), PrM, cu, 51, bd Ras-
pail (6°) (23 novembre 1918).
Lœper (M.), arm, mu, 15, r. Paul-
Louis-Courrier (7°) (12 juin
1920).
Mazé (P.), csrp, 26, rue Dutot (15°)
(en jévrier 1919):
Mawas (J.), Directeur scientifique
de la Fondation Rothschild, 141,
boulevard St-Alichel (5°) (15 no-
vembre 1919).
Mestrezat, aïp, ArM, 4, rue Peri-
onon (7°) (5 février 1921).
Melliard (M.), rrs, 16, rue Vau-
quelin (5°) (22 mars 1919).
Morel (L.-E.), crru, 31, boulevard
Raspail (7°) (13 décembre 1919).
Mouton, mers, 42, rue Mathurin
Régnier (15°) (20 mars 1920).
boulevard
novembre
rennes
Liffeneau (M), arv, px,
VI —
MM.
Nèore (L.), cir, 23, rue des Fos-
sés-St-Jacques (5°) (5 nou. 1921).
Nicolas (E.), PEv, 79, rue de Paris,
Charenton (21 février 1920).
Pasteur-Vallery-Radot (L.), mn, 5,
av. Constant-Coquelin (7°) (7
mai 1921).
Pozerski (Ed.), arr, 16, rue Sauf-
froy (17°) (13 décembre 1919).
Regaud (CI.), prP, 12, square De-
lambre (14°) (14 mars 1914).
Richet fils (Ch.), ocrrm, mu, 90, rue
de Grenelle (7°) (24 juin 1922).
Roubaud (E.), ccrp, 96, rue Fal-
guière (15°) (8 juin 1918).
Roussy (G.), arm, 31, av. Victor-
Emmanuel-TIT (8°) (18 juin 1921).
Sacquépée, P au Val-de-Grâce (5°)
(20 juin 1914).
Schaeffer (G.), chargé de cours
FM, à Strasbourg (6 juillet 1918).
Stodel, 15, bd. Delessert (16°) (13
novembre 1920).
Terroine, Prs, à Strasbourg (14 fé-
vrier 1914).
12; rue
Rosa-Bonheur (15°) (26 octobre
1918).
Violle (H.), Peu, à Marseille (21
février 1920). ;
MEMBKES ASSOCIÉS
MM.
Arthus, cam, pu, Institut de phy-
siologie, à Lausanne,
Bataillon, cas, Recteur,
mont-Ferrand.
Bergonié,cas,cam,PrM,à Bordeaux.
Calmette, cAS, MAM, FRS, PHFM,
1
à Cler-
sous-piP, 61, boulevard des In-
valides (7°).
MM.
Fano, pu, à Rome.
Flexner (S.), AAM, D Institut Roc-
kefeller, à New-York.
Frederieq (Léon), aaM,pu, à Liège.
Hamburger (J.), pr. Prædinius-
singel, 2, Groningen.
Laguesse (Ed.), cam, PFM, à Lälle
U—
MM.
Lambling, cam, PFM, à Lille.
Lillie, pu, à Chicago.
Magnin, pau, à Beynost (Ain).
Morgan (E.-H.), pu, à Columbia
University.
Reolon(Oharics) LcAs Ar pipi à
Tunis. |
Nicolle (Maurice), prP, à Paris.
Perroncito (E.), cas, cAM, PU, à
Turin.
Pitres, aam, PrM, 119, cours d'Al-
sace-Lorraine, à Bordeaux.
MM.
Salomonsen (C.-J.), D de l'Ins-
titut bactériologique à Copen-
hague.
Sauvageau, cas, Prs, à Bordeaux
Sherrington, rrs ,PUu, à Oxford.
Starling, Frs, P University Col-
lege, à Londres.
Vejdovsky, pu, à Prague.
Wertheimer, cam, PHeM, à Lille.
Wright (Sir A.), aAM, cas, P à
l'Hôpital Sainte-Marie, Londres.
MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX
MM.
Abelous, cam, PrM, à Toulouse.
Alezais, PEM, à Marseille.
Ancel, PrM, à Strasbourg.
Arloing, cAM, prM, à Lyon.
Bardier, PrM, à Toulouse.
Bouin (P.), PrM, à Strasbourg.
Carrel (A.), aam, P à Rockefeller
Institute, New-York.
Üazeneuve (P.),aam,pHrM,à Lyon.
Cotte, PEM, à Marseille,
Courmont (Paul), cam,
Lyon.
Cuénot, cas, Prs, à Nancy.
Curtis, PFM, à Lille.
Debierre (Ch.), cam, PrM, à Lille.
Delaunay, arm, à Bordeaux.
Derrien, PFM, à Montpellier.
Dévé, cam, PEM, à Rouen.
Dhéré, Prs, à Fribourg (Suisse).
Doyon (Maurice), PrM, à Lyon.
Dubois (Ch.), peu, à Lille.
Dubois (Raphaël), Pnrs, à Lyon.
Duboseca (O.), Prs, à Montpellier.
Gilis, cam, Pru, à Montpellier.
Guilliermond, chargé de cours rs,
à Lyon.
Hédon, cau, Pr, à Montpellier.
Ierrmann (G.), rrM, à louiouse.
PEM, à
MM.
Ilugounenq, caM, PFM, à Lyor.
Jourdan, Pprs, PEM, à Marseille.
Lambert, PrM, à Nancy.
Lécaillon, Prs, à loulouse.
Lefèvre (HN), Pau Eycée Pasteur,
Neuilly-sur-Seine,
Leger (Marcel), D de l’Institut de
biologie, A.o.r., à Dakar.
Léser (L.), ers, à Grenoble.
Lignières (José), cAM, PF d’agro-
uomie et d'agriculture, à Bue-
nos-Aires.
Lisbonne (M.), rrmM, à Monipel-
lier.
Maignon (François), Pev, à Alfort.
Malaquin, Prs, à Lille.
Mathis (C.), médecin principal des
troupes coloniales, Institut Pas-
teur, Paris (15°).
Mercier, Prs, à Caen.
Morel (A.), PrM, à Lyon.
Moynier de Villepoix,
Amiens.
Pachon, cam, PFM, à Bordeaux.
Policard, PFu, à Lyon.
Porcher, Prv, à Lyon.
PEN
MM.
Remlinger, GAmM, pip, à Tanger.
Rodet, PHrM, à Lyon.
Sabrazès, PrM, à Bordeaux.
Sellier, PrM, à Bordeaux.
Sergent (Ed.), cam, pre, à Alger.
Sergent (Et.), crie, à Alger.
Seural, PFS, à Alger.
Sigalas, caAM, PrM, à Bordeaux.
Australie.
MM.
Haswell, pu, à Sydney.
Belgique.
Brachet (A.), cas, cam, pu, Pare
Léopold, à Bruxelles.
De Meyer, Institut physiologique,
Parc Léopold, à Bruxelles.
Dollo, pu, conservateur du Musée
d'histoire naturelle, à Bruxelles.
Julin (Ch.), pu, à Liège.
Massart (Jean), cas, pu, à Bruxel-
les.
Nolf, pu, à Liège.
Pelseneer (P.), Secrétaire perpé-
tuel de l’Académie royale de
Belgique, à Bruxelles.
Van der Stricht (0.), pu, à Gand.
Zunz (Ed.), 2 à l’Inshtut physiolo-
gique, Parc Léopold, à Bruxelles.
Danemark.
Krogh (A.), Prs, à Copenhague.
Madsen (Th.), D de l’Institut séro-
thérapique, à Copenhague.
Tscherning, pu, à Copenhague.
Espagne.
Pi Suñer, PrM, à Barcelone.
Turré (R.), » du Laboratoire mu-
nicipal, à Barcelone.
VHI —
MM.
Simond, cam, médecin inspecteur
des troupes coloniales de réser-
ve, à Valence (Drôme). |
Testut (Léo), aam, pHrM, à Lyon.
Vaney, Prs, à Lyon.
Vialleton, PrM, à Montpellier.
Weber, pu, à Genève.
Weill (E.), cam, PFM, Mu, à Lyon.
MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS
MM.
Etats-Unis.
Cannon (W.-B.), Pr Harvard Uni-
versity.
Carlson (A.-J.), pu, à Chicago.
Graham-Lusk, pu, Medical Col-
lege, à New-York.
Harvey-Cushing, P Harvard Uni-
versity, à Cambridge.
Lombard (N.P.),pu, à Ann Arbor.
Novy (F.-G.), pu, à Ann Arbor.
Porter (T.),P Harvard University.
Stiles (CI. W.), cam, Chief of the
Division of Zoology U. S. Pu-
blic Health and Marine Hospital
Service, à Washimoton.
Finlande
Tigerstedt (R:)
fors.
pu, à Helsing-
)
Grande-Bretagne
Bateson, p de l’Institut biologique
John-Irmes (Merton, Surrey).
Bayliss (W. M.), Frs, P Univer-
sity College, à Londres.
Ferrier (sir David), Frs, 2 King's
College, 34, Cavendish square,
à Londres-W.
Goodrich (E. S. T.), pu, à Oxford. -
MM.
Halliburton - (W.-D.), Frs, p à
King's College, Londres.
Hopkins (Gowland), Frs, PU, à
Cambridge,
Langley, Frs, pu, à Cambridge.
Nuttall (G. H. EF}, pu, à Cam-
bridge. .
Vincent (Swale), P, Midlesex Hos-
pital med. School, Londres.
»
Hollande.
Zwaardemaker, pu, à Utrecht.
Italie.
Bottazzi (Fil.), pu, à Naples.
Monticelli, Prs, D de la Station
zoologique de Naples.
Silvestri (F.). P à l'Ecole d’agricul-
ture, à Portuci.
Japon.
Noguchi, » au Rockefeller Insti-
tute, New-York.
: Norvège.
Holst (Axel), pu, à Christania.
Pologne.
Godlewski (E.) junior, pu, à Cra-
covie.
Jan-Tur, pu, à Varsovie.
_Siedlecki, pu, à Cracovie.
Portugal.
Athias (M.), pu, à Lisbonne.
MM.
République-Argentine
Gallardo (A.), pu, 2, Piazza del Es-
quilino, à Rome.
Houssay (B.-A.), PrM, à Buenos-
Aires.
Roïffo, prM, à Buenos-Aires.
Roumanie.
Athanasiu, pu, à Bucarest.
Babes, cam, PrM, à Bucarest.
Cantacuzène (J.), cam, PrM, à Bu-
carest,
Marinesco (G.), cam, PFM, à Bu-
carest.
Racovitza, pu, à Cluj.
Russie.
Dogiel, pu, à Kazan.
Gamalcia, à Pelrograd.
Mendelssohn (M.), cam, 49, rue
de Courcelles, Paris (8°).
Metalnikov (S.), Pu, à Pétrograd.
Mislavsky, pu, à Kazan.
Wedensky, pu, à Pétrograd.
Serbie.
Georgevitch (J.), pu, à Belgrade.
Giaja, pu, à Belgrade.
Suisse.
Bugnion, pu, à Lausanne; La Lu-
ciole, Aix-en-Provence.
Prévost, pau, à Genève.
Paris. — Typ. A. Davy et Fils aîné, 52, r. Madame. — Tél. : Ségur o4-19.
COMPTES RENDUS
. Séances
DE LA
Société de Biologie
et de ses filiales : :
Jes Chuions de Bordeaux, Marseille, Nancy, Petrograd,
ille, Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
Athènes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
oise, de Suède e et de"Lettonie; la Société belge de biologie.
€
PUBLIÉS LE VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
MAD …
Séance du 3 juin 19292
\
PARIS
Es MASSON ET Ci, ÉDITEURS É
LIBRAIRES DE\L ACADÉMIE DE MÉDECINE
ee NS 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (Viet)
1/5. à : Et Don du
rendus paraissent chaque semaine sauf pendant les vacances de la Société.
PRIX DE L'ABONNEMENT POUR 1922 : : s
_ France: : 50 tr. — Etranger : 60. 2
“Poser Prix pu NUMÉRO : 3 FRANCS
bonnements sont: reçEs. par MM. MASSON et cie Éditeurs.
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II RÉUNION PLÉNIÈRE DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cu
ET DE SES FILIALES “ :
La R.B. de Marseille tiendra, sous la présidence du Pr. ALEZAIS, une
séance plénière du 15-17 septembre 1922, dans les mêmes conditions . É
que la séance tenue à Bruxelles en mai 1920.
Les communications seront présentées dans les conditions fee és
par les règlements de la Société, actuellement en vigueur. a
. Pour tous renseignements, s'adresser directement au Pr. COTTE,
secrétaire général de la R.B., Di rue d'Endoume, Marseille.
SÉANCE DU 10 JUIN 1922 oo
.. Comité secret à 17 h. 80 : Rae on de Ja Lo ou pour le. |
Titulariat. CES
4
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Toutes les notes doivent être remises |
sous forme de dactylographies, ne
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elles ne doivent pas dépasser l'étendue
Pre ë
réglementaire.
Ces conditions sont formelles. ,
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21 — — 100 2); "(4 pages). Rs
Les demandes de tirés à part doivent être portées sur les dactylogr
phies; les factures réglées directement à l'imprimerie. |
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de Fi.
notes, le jeudi à 10 neures, chez les TRRrRRIe MM. Davy, _. 4
Madame, Paris 6°. RES
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 3 JUIN
ARLOING (F.) et Tnévenor (L.):
Essais sur l’anaphylaxie chez les
Bactéries. Modifications produi-
tes par passages brusques dans
des milieux de cultures bouil-
lon-sérum à des taux différents.
Comstesco (D.): Sur le phéno-
meneiderduHerelle.. 1.2.0.
DÉvé (EF.) : Sur la migration
active des scolex échinococciques
dans le tissu cérébral.
Emize Weiz (P.), Lévy FRAN-
oKEL et Juster : Le rflexe naso-
facial utilisé comme test fonc-
tionnel du système sympathique.
Fresscer (N.), Wozr (M) et
BLum (G.): Les hépatites expéri-
mentales de la Souris après inha-
lation de tétrachlorure d’éthane..
JaAuBERT (A.) et Larapie : Dis-
positif spécial d'éclairage sur
fond noir pour l’examen compa-
ratif des modifications subies par
les suspensions colloïdales orga-
niques ou minérales...........
Levapiti (C.) et Nicorau (S.) :
Association entre ultravirus,
cutovaccine,neurovaccine et épi-
thélioma des Oiseaux......,...
Lirscaürz (A.) et WAGNER
(Ch.) : L’hypertrophie des cel-
lules interstitielles du testicule
est-elle une réaction compensa-
trice endocrine ?..... NO PEN STE
Mar (A.)
FORGE ANNEES MENT sers
Biococre. COMPTES RENDUS. — 1922.
s
19
19
10
_ferments oxydants. ...
1922
SOMMAIRE
Mirror (J.): Formation des
iridocytes chez les Batraciens...
Rocer (H.) et Biner (L.) : Nou-
velles recherches sur la lipopexie
et la lipodiérèse pulmonaires...
STAUB (A.) et TrucHE (C.) :
Quelques faits concernant la
diphténie) aviaire one L EE
STERN (L.) et BATTELLI (F.) :
La contracture par les décharges
ClÉCÉTIQUES TE UNE PRNUEE Rte
STUMPER (R.) : L'influence de
la température sur l’activité des
Fons RE LE dater
Tzerzu (J.) : Isolement direct
sur milieu de Pétroff des Bacilles
tuberculeux provenant d'’abcès
MONS EE A MER AR RSR AS PEUR
Réunion roumaine de biologie.
GHEORGHIU ([.) : [Infection à
Pneumocoques chez le Cobaye.
Vaccination antipneumococcique.
Marinesco (G.) : Evolution des
Marinesco (G.) : Topographie
des oxydases dans le système ner-
EURE RAS EAN ere
Mrronesco (Th.) : Rapport en-
tre les leucocytes du sang des ca-
pillaires et ceux du sang veineux.
Rapovict (A.) et CARMOL (A.) :
Sur un phénomène d'’inexcitabi-
lité périodique réflexe, observé
sur les muscles volontaires, chez
T. LXXXVII.
(©)
[er]
(SA
2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Homme mere 45, |’ Porrer (M.) : Contribution à
Pavez (I.) : Fréquence de la l’étude des ferments oxydants
réaction de Schick en Roumanie. 38 | dans les leucocytes............ Az
Présidence de M. Gh. Richet.
{
ASSOCIATION ENTRE ULTRAVIRUS, CUTOVACCINE, NEUROVACCINE
ET ÉPITHÉLIOMA DES OISEAUX,
par C. Levaprrr et S. Nicoraw.
Nos recherches sur la neurovaceine nous ont conduits à examiner
les rapports entre le virus vaccinal et l’ultravirus de l’épithélioma
des Oiseaux, maladie étudiée par Marx et Sticker (x) et par Bur-
net (2;. il en est résulté quelques constatations intéressantes con-
cernant les effets d'association entre les ultravirus à affinités eeto-
neurotropiques.
Quelques mots d’abord sur les analogies entre la vaçccine et
l’épithélioma des Oiseaux (3). L'affinité ectodermique de l’ultra-
virus épithéliomateux implique une affinité analogue, quoique
plus faible, pour le système nerveux central. C’est ce que mon-
trent les expériences suivantes :
1° Chez les Poules inoculées dans le cerveau avec le virus épi-
théliomateux, l’encéphale présente des lésions se rapprochant de
celles de l’encéphalite vaccinale du Lapin (manchons périvascu-
laires et altérations parenchymateuses).
2° L’ovaire d'une Poule infectée par la voie intraveineuse se
montre virulent, quand on l’inocule dans le cerveau d’une Poule
normale. En effet, un fragment d’encéphale de ce dernier animal,
déposé sur la crête d’un Coq (préalablement scarifiée) provoque:
l’épithélioma. Cette expérience montre que l’ultravirus. épithé-
liomateux présente, comme le germe vaceinal, des affinités pour
les cellules germinatives de l’ovaire et pour le névraxe.
3° L’affinité ectodermique de l’ultravirus épithéliomateux n’est
pas limitée à la Poule ; elle se manifeste aussi chez le Lapin,
quoique plus faiblement. Il en est, d’ailleurs, de même du virus
vaccinal, pathogène, nom seulement pour le Lapin, le Singe et
l'Homme, mais aussi pour la Poule (voir plus loin). Le Lapin,
(1) Marx et Sticker. D. med. Woch., 1902, n° 5o et 1903, n° 5.
(2) Burnet. Annales Institut Pasteur, t. XX, p. 742, 1906.
(3) Nous remercions M. Staub d’avoir bien voulu mettre ce virus à notre
disposition.
SÉANCE DU JUIN 3
inoculé avec le virus épithéliomateux sur la peau épilée et rasée,
présente des lésions papuleuses discrètes, renfermant ce virus,
et qui se traduisent, histologiquement, par des infiltrations der-
miques à mononucléaires, disposées autour des vaisseaux et par
une prolifération mitotique des épithéliums.
Nous nous trouvons donc en présence de deux ultravirus à ana-
logies frappantes, dont nous allons étudier maintenant l’associa-
tion, dans ses effets sur les animaux neufs ou vaccinés :
Nous avons établi d'abord que la cutovaccine diffère manifes-
tement de la neurovaccine, au point de vue de sa virulence pour
la Poule (1) (nous appelons cutovaccine notre neurovaccine céré-
brale ayant subi un ou deux passages successifs sur la peau du
Lapin). En effet, tandis que la neurovaccine, inoculée par scari-
fication sur la crête d’un Coq, ne donne lieu, en général, à au-
cune réaction visible, au contraire, la cutovaecine provoque, dans
les mêmes conditions, une belle éruption de vésico-pustules, viru-
lentes pour le Lapin. Cultivé exclusivement dans le cerveau, le
virus vaccinal initial perd ses affinités pour l’ectoderme de la
Poule, espèce éloignée, mais il les récupère dès qu'il à subi un
ou deux passages sur la peau du Lapin. Il s'ensuit qu'un même
ultravirus peut changer de propriétés, suivant le tissu auquel on
l’adapte.
Ajoutons que la cutovaccine détermine, chez la Poule, comme
chez le Lapin, un état réfractaire spécifique et durable.
ASSOCIATION.
La dermovaccine, inoculée sur une tumeur épithélioma-
teuse de la crète, s’y greffe et y végète. Le virus vaccinal pullule
dans la tumeur, comme il pullule dans les néoplasmes épithéliaux
du Rat et de la Souris (2). Il y vit plus longtemps que s’il était
ne seul sur l’ectoderme d’un Coq sain.
° Prenons un Coq normalement insensible à la neurovaccine
et A nait à la crête, avec la même neurovaccine, en y asso-
ciant l’ultravirus épithéliomateux. L'animal montrera une lésion
néoplasique caractéristique. Prélevons, à des intervalles divers,
des fragments de cette lésion et déposons-les, après scarifications,
sur la peau des Lapins neufs : nous observerons, chez ces ani-
maux, de belles éruptions vaccinales, démontrant la présence de
quantités appréciables de vaccine dans la tumeur épithélioma-
teuse. Il y a donc eu infection mixte par les deux ultravirus asso-
ciés. L'un de ces ultravirus (l’épithélioma), adapié à la Poule, a
(x) Il existe d’autres différences entre ces deux vaccines ; nous reviendrons
prochainement sur cette question.
(2) Levaditi et Nicolau. C. R. de la Soc. de biol., 6 mai 1922, t. LXXXVI,
Dp1928:
4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
rendu l’autre (neurovaccine) pathogène. Il s’agit d'une véritable
symbiose, qui cesse à un moment donné, la vaccine cédant la
place à l’épithélioma.
3° Adressons-nous à des Coqs rendus réfractaires par une ino-
culation préalable de cutovaccine et qui ont résisté à plusieurs
inoculations d’épreuve. Injectons-les sur la crête avec la même
eutovaccine, associée à l’ultravirus épithéliomateux. Ils montre-
ront, quelques jours après, des lésions dans lesquelles nous décè-
lerons le virus vaccinal en abondance (inoculations positives sur
la peau des Lapins neufs). Ici, l'intervention d’un virus pathogène
a vaincu l'immunité acquise de l'animal à l'égard de l’autre
virus ; l’épithélioma a rendu sensibles à la cutovaccine des Coqs
qui étaient réfractaires au germe vaccinal.
Ces essais permettent de conclure qu'un ultravirus pathogène
pour un animal donné, peut annihiler l’immunité naturelle ou
acquise de cet animal vis-à-vis d’ün autre ultravirus appartenant
au même groupe, et inoculé en même temps que lui.
Par quel mécanisme ? Nous ignorons les moyens que l’orga-
nisme utilise pour se défendre contre les ultravirus dans les cas
d’immunité naturelle ou acquise. Tout ce que nous savons, c'est
que cette immunité est dominée par des facteurs cellulaires à
caractère local [immunité de la peau, de la cornée, du cerveau (x)].
Nous avons établi, d'autre part (2), que l’affinité du virus vaccinal
pour les divers tissus est intimement liée à l’état prolifératif de
ces tissus, les cellules ectodermiques ou séminales, en voie de
division caryocinétique, étant les plus sensibles. Il est donc pro-
bable que chez les animaux normalement réfractaires (cas de la
Poule et de la neurovaccine), le virus est détruit rapidement par
les cellules épithéliales ectodermiques. Mais, si l’on excite la
faculté proliférative des ces cellules, en les contaminant avec du
virus épithéliomateux, leur pouvoir germicide fléchit ; les caryo-
cinèses fréquemment répétées, créent la réceptivité.
Chez les animaux jouissant de l’immunité acquise, le germe
vaccinal est vite détruit par des éléments cellulaires ectodermi-
ques, dont les proches générateurs ont été aux prises avec lui,
lors de la première infection. Il suffira de faire intervenir le virus
épithéliomateux pour que ces cellules épidermiques, se segmen-
tant abondamment, donnent naissance à de nombreuses généra-
üons de cellules-filles, lesquelles perdent de plus en plus les ca-
ractères d'immunité qu'avaient acquis leurs ancêtres. Ces nou-
velles souches cellulaires deviennent ainsi sensibles au germe
vaccinal, malgré l’état réfractaire de leurs procréateurs.
(x) Levaditi ct Nicolau. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 233, 1922.
(>) Levaditi et Nico'au. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 986, 1922.
PRRERE ee)
dep ST LR
Mr
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SÉANCE DU D JUIN
Ces constatations tendent à prouver qu'une infection, provo-
quée par un ultravirus donné, peut faciliter l’éclosion, chez le
même sujet, d’une maladie engendrée par un autre ultravirus, en
faisant fléchir l’immunité à l’égard de ce dernier. La succession
d’affections cliniquement dissemblables, tels le zona et la vari-
celle, interprêtée à la lumière de l'hypothèse d’une identité étio-
logique (Netter), pourrait fort bien s'expliquer par l’action de
l’association entre deux ultravirus différents sur l’état réfractaire
naturel ou acquis, par conséquent sur la virulence de l'un des
germes associés.
LA CONTRACTURE PAR LES DÉCHARGES ÉLECTRIQUES.
Note de L. Stern et F. BATTELLI, présentée par C. DELEZENNE.
C’est un fait bien connu que les individus frappés par la foudre
conservent souvent assez longtemps l'attitude prise par eux au
moment de la fulguration. Ainsi, on trouve quelquefois à la
montagne des troupeaux de Vaches foudroyées ayant gardé la
position debout. Ce phénomène est dû naturellement à une con-
traction instantanée et persistante des muscles.
Battelli avait constaté, en 1904, que les muscles soumis à l’ac-
tion des décharges électriques présentaient une raideur immé-
diate et persistante. Il nous a paru intéressant d'examiner la na-
ture de cette contraction musculaire. Il s'agissait avant tout d’éta-
blir si la contraction persistante des muscles était due à la rigidité
cadavérique s’établissant d’emblée comme l'avaient prétendu plu-
sieurs auteurs ou s’il s'agissait d'une contracture faisant suite à
la contraction produite par la foudre.
C’est dans ce but que nous avions entrepris, il y a plusieurs
années, une série d'expériences sur les muscles de Cobaye et de
Grenouille ainsi que sur le cœur de Grenouille en les soumettant
à l’action des décharges électriques. Les muscles ont été étudiés
soit in situ sur l’animal vivant, soit après les avoir séparés du
corps. Les décharges électriques fournies par de puissants con-
densateurs possédaient une énergie variant de 1,5 à 10 joules.
L'enregistrement de la courbe de la contraction musculaire a été
* fait à l’aide d’un myographe isotonique.
Les résultats obtenus présentent beaucoup d’analogie avec ceux
enregistrés sous l’action des courants alternatifs et décrits par
nous dans une note antérieure. Au moment de la décharge, la
courbe s'élève brusquement en ligne presque verticale comme
dans la phase de l’énergie croissante de la secousse musculaire. A
celte ascension brusque fait suite une élévation graduelle beau-
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
(SX)
coup plus lente dont la durée et l'étendue varient suivant les con-
ditions expérimentales et, surtout, suivant l'énergie de la dé-
charge. Pendant toute la durée de cette phase, la quantité d’acide:
lactique n’est pas augmentée d’une façon appréciable dans le
muscle. À cette deuxième phase succède une descente graduelle.
de la courbe, mais l’abscisse n’est pas atteinte mème au bout de
plusieurs heures. Nous sommes donc en présence d'une contrac-
ture par l'électricité semblable à celle qu'on obtient sous l’action
des courants alternatifs appliqués directement sur les muscles.
Le muscle soumis aux décharges électriques d’une énergie suffi-
sante devient inexcitable. Cette perte d’excitabilité est définitive
pour le muscle séparé du corps, mais est passagère pour le muscle
laissé in situ sur l’animal vivant. Le rétablissement des propriétés
physiologiques du muscle se produit généralement d'autant plus
lentement que la décharge a été plus énergique. Au bout d’un
temps plus ou moins long suivant les conditions expérimentales
l’allongement du muscle cesse. La courbe s'élève de nouveau,
mais n’atteint jamais le maximum du premier raccourcissement.
Nous constatons ainsi dans les muscles soumis aux décharges
électriques deux périodes de raccourcissement parfaitement dis-
tinctes. La première est constituée par une contracture par l'élec-
iricité analogue à celle qu’on obtient en soumettant le muscle
au passage des courants alternatifs. La seconde est due à l’établis-
sement de la rigidité cadavérique. L’attitude des individus fou-
droyés est donc due à l'établissement instantané d’une contracture
par l'électricité et non à l'établissement de la rigidité cadavérique
qui se produit plus tard ou qui, d’après quelques auteurs, peut
‘complètement manquer.
(Laboratoire de physiologie de l’Université de Genève).
SUR LA MIGRATION ACTIVE DES SCOLEX ÉCHINOCOCCIQUES
DANS LE TISSU CÉRÉBRAL,
par F. DÉvÉ.
Nous avons déjà eu l’occasion de signaler, dans une note com-
muüuniquée durant la guerre (x) ét dans la thèse ultérieure d'une,
‘de nos élèves (2), ce fait que les scolex échinococciques sont sus-
ceptibles de. migrer activement dans le tissu nerveux central.
‘Chez un Lapin mort d'accidents cérébraux liés à des embolies
capillaires spécifiques, deux jours après une inoculation caroti-
-dienne de sable hydatique, nous avions constaté la présence de
scolex hors de vaisseaux piemériens. Certains d’entre eux avaient
pénétré dans la substance cérébrale en y creusant, à la manière
‘d’un animal fouisseur, une petite galerie. Nous avions, d’ailleurs,
pu « prendre sur le fait » un scolex évaginé perforant l’artériole
dans laquelle il s'était trouvé arrêté.
Quelques expériences récentes, instituées en vue d’une étude
méthodique de l’inoculation intracérébrale de sable hydatique
(animaux sacrifiés après quatre, huit, quinze et trente jours),
nous ont permis d'étudier plus en détail ce processus de la mi-
gration active des scolex dans le tissu cérébral. Les lésions obser-
4 vées au quatrième jour étaient particulièrement démonstratives
; à cet égard. Dans l’expérience en question, l’aiguille inoculatrice
; — son trajet était encore nettement reconnaissable sur les coupes
sériées — avait pénétré jusque dans la partie externe du tronc
cérébral, en respectant la cavité ventriculaire latérale. La fente
cérébrale correspondante apparaissait littéralement bourrée de
scolex. Un certain nombre de capitules, ayant suivi cette fente,
‘étaient déjà parvenues à la face inférieure du cerveau, dans la
région interpédonculaire. D’autres s'étaient insinuées le long de
la toile choroïdienne du troisième ventricule et quelques-unes
d’entre elles avaient pénétré, de 1à, dans l'hémisphère opposé.
D’autres encore, ayant contourné le corps calleux, siégeaient à la
face interne de l’hémisphère, dans la pie-mère.
- Jusque là on pouvait, à la rigueur, supposer que ces éléments
parasitaires microscopiques avaient été entraînés passivement par
le liquide céphalorachidien baïgnant les espaces en question.
Mais on trouvait, à côté de ceux-là, des scolex qui étaient inclus
dans l'intimité même de la substance cérébrale, notamment dans
l'épaisseur du tronc cérébral et dans les circonvolutions internes
MERS.
(1) C. R. de la Soc. de biol., séance du :2 juin 1918.
(2) Mlle M. Dumont. L’échinococcose cérébrale métastatique. Thèse, Tou-
Jlouse, 1918. Cf., p. 53-54 et planche IIT, fig. 8 et 9.
8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
CE —— ——
qui, chez le Lapin, représentent la corne d'Ammon. Les uns
étaient arrêtés dans la substance blanche, les autres au milieu
des nappes de cellules nerveuses. Sur nos coupes nous en avons
rencontré, en plein tissu nerveux, à cinq ou six millimètres de
distance de la fente cérébrale où ils avaient dùü se trouver déver-
sés d'emblée. Parmi ces scolex, un certain nombre avaient suivi
les lames conjonctivo-vasculaires qui centrent les circonvolutions
de la corne d'Ammon. Ils avaient migré dans les gaines adven-
tices des artérioles, où on les retrouvait encore en maints en-
droits. Par contre, d’autres avaient cheminé sans STE en
forant directement le tissu nerveux.
En général, le passage et l'arrêt des scolex avaient provoqué
des lésions réactionnelles manifestes : afflux leucocytaire autour
du parasite, sur son trajet et dans les gaines vasculaires voisines ;
éosinophilie locale marquée. Parfois cependant, les capitules échi-
nococciques étaient trouvées en plein tissu nerveux sans trace
de réaction à leur contact. On peut se demander, il est vrai, si
la migration parasitaire ne s'était pas poursuivie durant les quel-
ques minutes — dix minutes environ — ayant séparé le moment
de la mort de l’animal de celui de la fixation histologique du cer-
veau.
Bon nombre de ces petites têtes de Ténias étaient encore en
activité migratrice, quatre jours après l’inoculation. Qu’elles aient
été surprises par la fixation en position évaginée ou invaginée,
elles avaient conservé leur aspect normal. Mais la majorité d’en-
tre elles, désormais immobilisées, offraient l'aspect boursouflé,
hydropique, qui caractérise le premier stade de leur évolution
vésiculaire.
Admise hypothétiquement par Sabrazès, cette migration active
des scolex dans l'intimité des tissus ne représente, en réalité,
qu’un processus accidentel et tout à fait accessoire. Bien que le
tissu nerveux central constitue un milieu exceptionnellement pro-
pice à sa réalisation, il y demeure singulièrement limité. Ce pro-
cessus parait complètement étranger à la disposition sous-endo-
théliale de l’échinococcose secondaire des séreuses, contrairement
à ce qu'avaient pensé autrefois Soupault et Alexinsky (x).
(1) F. Dévé. De l’échinococcose secondaire. Thèse Paris, 1901, p. 41.
AJ SR
SÉANCE DU 9 JUIN 9
L'INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR L'ACTIVITÉ DES FOURMIS.
Note de ROBERT STUMPER, présentée par GEORGES Bonn.
Pendant ces dernières années, nous nous sommes évertué à
introduire la méthode quantitative dans la biologie des Formi-
cides. Nos nombreuses tentatives ont été couronnées d’un succès
prometteur et nous citons, en particulier, nos recherches sur le
coefficient thermique de certaines activités vitales de ces Hymé-
noptères. Ainsi, nous avons pu démontrer que la règle de Van
Hoff s'applique aux phénomènes suivants
1. Locomotion de Formica rufa (Q::= 1,63).
2. Combativité de Formica rufa (Q;,= 1,87).
3. Sécrétion de l'acide formique par Formica rufa (Q:;,— 2,16).
h. Respiration (Production de CO?) de différentes espèces.
Dans ce petit travail on lira l'exposé succinct de nos récentes
recherches sur ce sujet, recherches qui nous ont permis de passer
logiquement à un phénomène très général de l’éthologie des
Fourmis.
À. Coefficient thermique de la locomotion de Messor barbarus.
Ayant reçu, grâce à l’amabilité du D’ F. Santschi, de Kairouan,
plusieurs envois de Fourmis tunisiennes vivantes, nous en avons
profité pour déterminer le Q,, de la locomotion de Messor bar-
barus. Nous avons trouvé, pour l'intervalle de température de
12-25°, un coefficient thermique de 1,78 pour l’ouvrière et de
1,95 pour la femelle aptère.
B. Q:, de la locomotion de Formica rufa.
Nous avons, en outre, complété notre première série de mesures
consignées dans notre note précédente (1). Nous avons opéré exac-
tement dans les mêmes conditions d'expérience et nous sommes
arrivé à distinguer 2 intervalles de température pour lesquels
nous pouvons calculer Q;, et la constante b. Ce sont, d’une part,
l’intervalle de température entre 11° et 19° et, d’autre part, celui
de 19° à 28°. En comparant les valeurs obtenues ultérieurement
nous avons obtenu les résultats suivants
Eonintenale deal tno NO ur et 0 05280:
Eoumlintemalle de hro à 2e 0 Er 03e bÆo;o204 7
D'où nous concluons que le coefficient thermique de la locomo-
tion de Formica rufa diminue quand la température augmente,
ce qui est d’ailleurs la règle générale.
GC. L'influence de la température sur l’activité des Fourmis.
À partir des valeurs empiriques obtenues, nous pouvons tracer
: la courbe de la vitesse de locomotion en fonction de la tempéra-
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXÉp. 706.
10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Ad A ne AP Re ROUES
ture. La courbe de cette fonction exponentielle a ceci de caracté-
ristique : en l’extrapolant jusqu à l'intersection avec l’axe des
abscisses, on constate qu'elle coupe l’axe des températures, non
pas à l’origine mais à une certaine valeur positive. Cela veut
donc dire que la locomotion de Formica rufa devient nulle à une
température supérieure à 0°. Or, ce fait est absolument général.
L'activité de toutes Fourmis traverse une certaine valeur liminaire
de la température, à laquelle elles commencent leurs travaux.
C’est à cette température qu’elles s’engourdissent en automne, et
c'est de nouveau elle qui les'fait sortir de leur nid au printemps.
Cette température est en général de 5-10°.
Mais ce n’est pas tout : l’activité des Fourmis possède un second
seuil de température : si celle-ci devient trop élevée (environ
30-4o°) les Fourmis montrent des signes d’excitation et elles re-
cherchent les endroits plus frais. C’est ainsi que les Fourmis, par
les journées lourdes de l’été, se retirent au fin fond de leur nid
et ne sortent que le soir, quand la température tombe au-dessous
de la valeur liminaire supérieure. L’activité de nos Hyménoptères
se trouve donc comprise entre deux seuils de température, varia-
bles suivant les espèces, mais constants pour chaque espèce. Cet
intervalle thermique du bien-être définit le caractère thermophile
ou thermofuge des différentes espèces, c’est lui qui nous fait
comprendre les différences du comportement d’une espèce sui-
vant le climat, etc. Pour finir, je cite les valeurs numériques des
températures minima et maxima de l’activité de quelques es-
pèces :
Seuil inférieur Seuil supérieur
FORHICUMIRIO os des e Vas ee 8-10° ho°
SUIS CT EEE PRE DUR 10-120 289
PIVOT ONE MEET TETE 80 25-280
Les différentes races d’une espèce peuvent même montrer des
différences dans leur comportement vis-à-vis de la température,
ce qui est le cas pour le groupe du Lasius flavus.
DosAGEs D’URÉE SANGUINE,
par À. MARIE.
Dans une première note (1), nous avons montré que parmi
les substances susceptibles d'augmenter le taux de l’urée sanguine
chez les Lapins, figurait l’alcaloïde des surrénales, l’adrénaline :
(1) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVNI, 8 avril 1922. p. 772.
SÉANCE DU 9 JUIN 11
une injection de quelques dixièmes de milligramme de chlorhy-
drate d'adrénaline suffit pour porter le chiffre de l'urée de o,r2,
chiffre normal chez le Lapin, à 0,80 et plus. Comme la poudre
préparée avec la partie corticale des capsules avait également
provoqué une élévation de taux de l’urée sanguine (o, 86), nous
nous sommes demandé si les lipoïdes entrant dans la composition
de l’écorce des glandes surrénales n’intervenaient pas aussi dans
l'accumulation d’une aussi grande quantité d'urée dans le sérum.
À vrai dire, cette préparation faite avec la région corticale des
capsules renferme une minime quantité d’adrénaline, ainsi que le
montre la coloration mauve qu'elle donne au contact du chlorure
d’or en solution à 1 p. 300 ; toutefois, on a noté depuis longtemps
la richesse de la portion os de la surrénale en lécithine et
en cholestérine.
Une injection de 0,30 gr. de lécithine sous la peau d’un Lapin
de 2 kgr. a provoqué chez lui l’accumulation de 0,60 gr. d’urée
dans le sang ; 0,20 gr. de cholestérine inoculés semblablement
ont donné, également à la 44° heure, 0,86 d’urée sanguine. Ces
substances, la lécithine et la cholestérine, groupées sous le nom
général de lipoïdes, interviennent donc dans l'élévation du taux
de l’urée dans le sang à la suite de l’administration parentérale
de préparation des glandes surrénales chez le Lapin.
L'influence exercée par l’adrénaline sur la teneur du sang en
urée, chez cet animal nous a fait de même étudier à ce point de
vue les alcaloïdes végétaux, en particulier la nicotine, qui sont
bien connus pour provoquer une sécrétion plus intense de l’adré-
naline. De fait, ainsi qu’on peut le voir dans le tableau où sont
exposés quelques-uns de nos dosages, le chiffre de l’urée sanguine
s'est montré notablement augmenté chez des Lapins ne présen-
tant pas d'hyperthermie, saignés à des heures comparables après
leurs repas, le lendemain ou le surlendemain d’une imjection de
ces substances.
Dosages de
l'urée san-
guine (Pro-
Animaux Injeclions Saignées icécé Fosse)
Lapin 96 (2370) sous-cutanée 0,30 gr. lécithine...... 44° heure o.60 er.
Lapin 97 (2170) sous-cutanée 0,20 gr. cholestérine..... 44° heure ‘0.86 gr.
Lapin 7 (1950) sous-cutanée 0,001 gr. nicotine........ 24° heure 0,86 gr.
Lapin 6 (1900) sous-cutanée 0,50 gr. chlorhydrate de
CD ON ITS uen PA EAP RER AN HUE 24° heure 0,86 gr.
Lapin 24 (2130) sous-cutanée 0.000: de chlorhydrate de
HOPPER MP) RTE eee Vas 24° heure 0,42 gr.
Lapin rm (2000) intraveineuse 2 c.c. argent colloïdal.. 24° heure .0,86 gr.
bnoNré70) intravemenselo,/00 er \iurée.. 1.00 24° heure o,86 gr.
Lapin 23 (1870) sous-cutanée o a GRAChIoRAlE EN CAES 24° heure 0,65 gr.
Lapin 22 (1870) sous-cutanée 2 c.c. éther sulfurique.. 24° heure 0,65 gr.
Lap. neuf (1700) 0,12 gr.
12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Parmi les produits qui figurent sur ce tableau, certains d’entre
eux, morphine, chloral, éther, sont administrés fréquemment à
des malades présentant des accidents d'insuffisance rénale et chez
lesquels, avant tout traitement, le taux de l’urée sanguine a pu
être notablement augmenté. On voit que, chez le Lapin neuf, l’in-
jection de ces substances a pour résultat une élévation notable
du chiffre de l’urée du sérum.
ESSAIS SUR L’ANAPHYLAXIE CHEZ LES BACTÉRIES.
MODIFICATIONS PRODUITES PAR PASSAGES BRUSQUES
DANS DES MILIEUX DE CULTURES BOUILLON-SÉRUM
A DES TAUX DIFFÉRENTS,
par FERNAND ARLOING et LUCIEN THÉVENOT.
Au cours d'expériences récentes sur l’accoutumance des agents
microbiens aux poisons, le P° Charles Richet a constaté chez cer-
tains agents, le ferment lactique en particulier, de curieux phé-
nomènes d’anaphylaxie (1). Ainsi, en cultivant ce ferment dans
un milieu contenant une petite dose (o,or cgr. p. 1.000) de nitrate
de thallium, puis dans un bouillon renfermant 2 p. 1.000 de ce
sel, on voit que la quantité d’acide produite est beaucoup moin-
dre que celle donnée par des ferments provenant de cultures
successives en milieux contenant toujours de fortes doses
(2 p. 1.000) de nitrate de thallium. Dans le premier cas, il y a
anaphylaxie, dans le second accoutumance.
Dans l’ordre général d'idées de ces expériences, nous avons
cherché sur diverses races de Bactéries l’action de doses de sérum
préparantes variables ajoutées au bouillon de culture ainsi que
les effets anaphylactiques obtenus par un brusque changement
du taux du sérum dans le bouillon : 1° sur la morphologie et la
colorabilité des microbes ; 2° sur le pouvoir végétatif et l’aspect
des cultures ; 3° sur la propriété pigmentaire ; 4° sur la viru-
lence.
Nous avons expérimenté sur les Bactéries suivantes : Bacille
diphtérique (deux souches), Bacillus subtilis, Bacille pyocyanique,
Micrococcus prodigiosus.
Pour chaque agent, nous avons fait des cultures successives.
d’après la technique ci-dessous :
Série À : Premier temps (Sensibilisation) : culture à 37° pen-
(1) Ch. Kichet. Phénomènes d’anaphylaxie chez les microbes. C. R. de
l'Acad. des sc., 28 février 19217.
SÉANCE DU 3 JUIN 13
mt
dant cinq jours dans du bouillon ordinaire additionné de
h p. 1.000 de sérum de Cheval normal. Deuxième temps (Choc
anaphylactique) : ensemencement direct des souches ainsi obte-
nues dans du bouillon sérumisé à 200 p. 1.000 et culture pen-
dant 48 heures à 37° dans ce milieu. Troisième temps (Vérifica-
tion) : repiquage direct en bouillon et sur gélose ordinaires.
Série B. 1° temps : Culture de cinq jours à 37° en bouillon-
sérum à 40 p. 1.000 ; 2° et 3° temps comme en A.
Série C. 1° temps : Culture de cinq jours à 37° en bouillon-
sérum à 80 p. 1.000 ; 2° et 3° temps comme en À.
Série T (Témoins). 1° temps : Culture de cinq jours à 37° en
bouillon ordinaire ; 2° temps : Culture en bouillon-sérum à
200 p. 1.000; 3° temps : Culture en bouillon et sur gélose ordi-
naires.
D'une manière générale, il nous a semblé que le choc le plus
net était observé après la sensibilisation réalisée suivant la tech-
nique des séries B et C plutôt qu'avec celle de la série A.
Voici les résultats propres à chaque espèce microbienne :
I. Bacille diphtérique (Bactérie pathogène). Pas de modifica-
tions nettes de la forme ou de la colorabilité non plus que des cor-
puscules de Babès. Toutefois les Bacilles des séries B et C sem-
blent moins bien garder le Gram que les Bacilles T et A.
Au point de vue de la végétabilité, les cultures T et À sont
assez abondantes, les cultures B beaucoup plus maigres, les C
encore plus pauvres. Si l’on reporte ces mêmes souches sur sérum
de Cheval coagulé, T seul pousse et même très faiblement ; À, B
et C ne se sont pas développés.
Pour apprécier la virulence, nous avons injecté à des Cobayes
sous la peau r c.c. de ces cultures en bouillon. La culture T était
faiblement virulente ; elle a néanmoins produit un gros œdème
local dur, large de 3 à 4 cm. et, ultérieurement, une eschare sui-
vie d’ulcération. À et C se sont bornés à faire un très léger gon-
flement ; l’adénite inguinale a été plus marquée avec À qu'avec C.
IT. Bacillus subtilis (Bacille saprophyte sporulé). Pas de modi-
fications de la forme ni de la colorabilité. Voile abondant, épais
sur T et sur À avec culture riche dans le bouillon ; cultures beau-
coup moins riches avec voile mince sur B et C. Nous ne pouvons
encore formuler aucun fait précis au sujet de la sporulation des
Bacilles des diverses séries.
III. Bacille pyocyanique (Bactérie avec exopigment). Aucune
modification de la morphologie ni de la résistance au Gram. Pig-
mentation : dès après 24 heures, T est très pigmenté, À l’est un
peu moins, B et C ne le sont pas. Les mêmes caractères s’observent
après le choc dans les cultures sur gélose simple et sur gélose
glycérinée. Ils sont moins accusés sur Pomme de terre.
14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
IV. Micrococcus prodigiosus (Bactérie avec endopigment). La
morphologie et les réactions colorantes ne sont pas modifiées. Par
contre, l'abondance des cultures et probablement de ce chef la
teinte de celles-ci en bouillon ou sur gélose ont subi un change-
ment très profond. La teinte du pigment reste identique pour les
trois souches mais il y a une diminution progressive et régulière
de son intensité de À et C et dans la proportion de 1 à 3.
Tels sont les faits que nous avons observés. Par certains côtés,
ils rappellent des phénomènes analogues réalisés par de nom-
breux bactériologistes à la suite de la modification par des sub-
stances diverses des milieux culturaux habituels à des souches
microbiennes. Par d’autres, ils semblent se rattacher aux obser-
vations si curieuses d’anaphylaxie citées au début de cette note
D'ailleurs n'est-ce pas par le mécanisme de la sensibilisation et
du choc que peuvent s'expliquer aussi bien que par un banal
changement de la composition chimique du substratum nutritif
le polymorphisme bactérien anciennement connu ?
Quoi qu'il en soit de ces diverses interprétations, nous avons
constaté dans les conditions relativement restreintes de ces expé-
riences que |
° Les Bactéries sont susceptibles d’être modifiées dans leurs
caractères biologiques généraux par de brusques passages dans
des milieux de cultures bouillon-sérum faits à des taux très dif-
férents. 2° Les phénomènes observés semblent pouvoir être: inter-
prètés comme une manifestation de l’anaphylaxie chez les Bac-
téries. 3° Les modifications portent surtout sur la végétabilité, Le
pouvoir pigmentaire et la virulence.
(Laboratoire de médecine expérimentale et comparée
et de bactériologie de la Faculté de médecine de Eyon).
DisPosiTIF SPÉCIAL D'ÉCLAIRAGE SUR FOND NOIR
POUR L'EXAMEN COMPARATIF DES MODIFICATIONS
SUBIES PAR LES SUSPENSIONS COLLOÏDALES ORGANIQUES OU MINÉRALES,
par À. JAuBERT et LATAPIE.
Au cours d'expériences sur la floculation des sérums syphili-
tiques, nous avons été amenés à faire construire par la Maison
Cogit un appareil spécial « Floculoscope » que nous avons lhon-
neur de vous présenter.
Le diagnostic d’une floculation n’est pas toujours aisé, et beau-
coup de sérologistes ont de ce fait abandonné certaines réactions
qui peuvent avoir une valeur réelle. L'agglutination d'une émul-
SÉANCE DU 3 JUIN 15,
sion microbienne par un sérum spécifique, n'est visible macros-
copiquement que lorsqu'elle est très accusée ou bien l’on est obligé
d'attendre le dépôt de la masse microbienne au fond du tube.
L'examen au floculoscope permet de préciser ces diagnosties et de
les porter plus hâtivement.
L'appareil est constitué par une chambre noire dans laquelle
pénètre un faisceau lumineux intense formé de rayons parallèles.
La source lumineuse est une petite ampoule électrique dont le fila-
ment réduit se trouve placé à une distance d'un réflecteur con-
cave dont le rayon de courbure est égal à R. Dans le faisceau
lumineux qui traverse la chambre noire se trouve le tube témoin
T, à côté duquel viendront se placer successivement les tubes #,
2, 3, À à examiner. Ces tubes sont fixés à un axe que l’on peut
faire tourner par une vis placée sur l’appareil. La paroi anté-
rieure de la chambre noire est: percée d’un orifice dans lequel se
trouve une loupe de grand diamètre, mobile pour la mise au
point et dans le champ de laquelle l'observateur peut voir les.
deux tubes situés dans le champ lumineux. Une floculation
légère, une agglutination qu'il aurait été difficile de diagnosti-
quer maeroscopiquement par tout autre procédé (éclairage direct
ou oblique) deviendront ici évidents.
L'appareil que nous venons de décrire peut être utilisé avanta-
geusement pour l'examen des précipitations et de toutes les modi-
fications physico-chimiques subies par les suspensions colloïdales.
Ce dispositif, facile à réaliser, peut hâter certains diagnostics et,
c'est dans ce but que nous nous permettons de vous le signaler.
L'HYPERTROPHIE DES CELLULES INTERSTITIELLES DU TESTICULE
EST-ELLE UNE RÉACTION COMPENSATRICE ENDOCRINE ?
Note de À. Errscaürz et CH. WAGEr, présentée par E. Grey.
J'ai montré antérieurement (1) que le tissu interstitiel dans
des fragments testiculaires très petits peut subir une hypertrophie
_ considérable. Cette hypertrophie doit-elle être considérée comme
une réaction compensatrice endocrine, c’est-à-dire cette hypertro-
phie est-elle causée par une fonction endocrine exagérée, dans le:
but, s’il est permis de parler ainsi, de fournir à l'organisme des
quantités de sécrétion interne plus grandes qu'il ne serait possible
sans réaliser une hypertrophie des cellules interstitielles. Il est
bien connu qu'en se fondant sur leurs expériences célèbres, Bouin
(x) CG. R. de la Soc. de biol., rg2r, t. LXXXV, p: 88.
16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
et Ancel ont émis, il y a quinze ans, l'hypothèse qu’une hypertro-
phie compensatrice des cellules interstitielles a lieu dans le cas
où une diminution de la masse testiculaire a été produite.
Les recherches quantitatives sur la sécrétion interne du testicule
chez les Mammifères que nous avons faites pendant ces 30 der-
niers mois nous ont amené à douter de l'hypothèse mentionnée.
Nous avons déjà donné (1) un exposé de nos observations expé- .
rimentales sur cette question. J’ai attiré l’attention sur le fait
qu'une masculinisation complète peut avoir lieu, chez le Cobaye,
même dans le cas où le nombre des cellules interstitielles dans un
fragment testiculaire reste normal ou augmente dans des limites
restreintes ; c’est surtout dans des fragments testiculaires du pôle
inférieur que cette hypertrophie est en général insignifiante (2).
Or, dans tous les cas mentionnés, une masculinisation complète
était possible malgré que le nombre des cellules interstitielles fut
réduit d'une manière très considérable, par rapport à ce que l’on
constate dans les testicules normaux. Nous nous sommes occupés
aussi d'expériences qui avaient pour but de trancher cette ques-
tion. J'ai déjà présenté (3) les résultats de deux séries d’expé-
riences semblables. Nous avons pu démontrer qu’une hypertrophie
des cellules interstitielles non moins considérable que dans un
fragment du pôle supérieur qui est seul laissé dans l'organisme,
est possible également si, à part ce fragment, le reste du même
testicule et le second testicule entier ne sont pas enlevés. Nous
avons pu constater aussi une hypertrophie des cellules intersti-
tielles dans une expérience où une quantité minime du pôle infé-
rieur des deux testicules fut enlevée en même temps que la queue
de l’épididyme ; la masse testiculaire n’était ainsi réduite, dans
cette expérience, que d’une manière tout à fait insignifiante. Il
me semblait naturel de tirer de toutes nos observations la con-
clusion que l’hypertrophie des cellules interstitielles qui a lieu
dans différentes conditions expérimentales, n’est pas une hyper-
trophie compensatrice dans le sens mentionné plus haut.
Il y a quand même une objection à faire contre cette conclu-
sion. De neuf expériences avec formation de fragments sans ré-
duction de la masse totale testiculaire, deux seulement montrè-
rent l’hypertrophie des cellules interstitielles si prononcée dans la
castration partielle ; de nouvelles expériences avec castration par-
tielle nous ont démontré qu'ici l'hypertrophie des cellules inters-
titielles dans le pôle supérieur est un fait banal. Or, cette contra-
diction ne peut nous faire dévier de la conclusion que l’hypertro-
2)
(5)
SÉANGE DU 3 JUIN di
phie des cellules interstitielles n’est pas une réaction compensa-
trice endocrine, parce qu'un seul cas d’hypertrophie, sans qu'une
réduction de la masse testiculaire totale ait eu lieu, est suffisant
pour justifier notre conclusion. Mais la contradiction constatée
plus haut donne à penser que les facteurs qui conditionnent lhy-
pertrophie des cellules interstitielles après une intervention opé-
ratoire sur le testicule, sont d’une nature complexe.
Cet état de choses nous à amené à continuer ces recherches.
Nous avons enlevé, chez des Cobayes, la majeure partie d’un tes-
ticule en laissant le pôle supérieur de celui-ci et le second testicule
intact dans l'organisme. Nous avons fait trois expériences à ce
sujet. Les animaux furent opérés à l’âge de 2 à 3 semaines ; ils
furent tués de 5 à 6 mois après l'opération. Pas un seul de ces
trois animaux ne montra l'hypertrophie des cellules interstitielles
si fréquente dans la castration partielle supérieure. J’ai déjà attiré
l'attention sur un facteur local favorable à l’hypertrophie ; ül
semble que la meilleure vascularisation d’un fragment supérieur
par comparaison avec celle d’un fragment inférieur favorise le
développement d’une hypertrophie. Mais les expériences commu-
niquées montrent qu'un autre facteur d’un ordre plus général
accentuerait l’action favorable du facteur local mentionné. Ce
facteur général n'aurait rien à faire avec la fonction endocrine du
testicule comme il dérive de ce qui a été dit plus haut sur la réac-
tion dite compensatrice de ces cellules. D’autres observations que
nous avons faites, semblent indiquer que ce facteur général con-
ditionne une accélération dans le développement du tissu généra-
teur dans la castration partielle, ce qui modifie toute la dynamique
du fragment.
(Institut physiologique de l’Université de Dorpat-Tartu, Esthonie).
NN
d SUR LE PHÉNOMÈNE DE D HERELLE,
- par D. Comgresco.
Bordet et Ciuea ont réussi à reproduire le phénomène de d'He-
relle en soumettant le B. coli à l’action des exsudats leucocvytaires,
Ces auteurs ont émis l'hypothèse de la viciation nutritive hérédi-
taire, qui rend les microbes autolysables.
D’Herelle critique cette théorie, car, dit-il, si on arrive à avoir
une lyse microbienne transmissible en partant d’un exsudat leu-.
cocytaire, le fait est explicable en tenant compte de l’ubiquité du
Bactériophage, de son passage de l'intestin dans le sang, etc.
_ Les expériences de Bordet et Ciuca nous ont suggéré l'idée de
Biococre. Comptes RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 2
18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
x
chercher à reproduire le phénomène de lyse sous l'influence des
diastases.
Nous avions fini nos expériences quand C. E. Pico, Bachmann
et Aquino, venaient de publier les résultats obtenus avec la tryp-
sine, la papaïne, les venins, la bile. Seulement leurs expériences
pêchent sur plusieurs points. Pico n’a pas cherché à se débarras-
ser des germes invisibles contenus dans la trypsine, car une
simple filtration par bougie est insuffisante. Il ne nous dit pas
si la papaïne qu’il chauffait à 100° était en poudre, ou en solu-
tion. Bachmann et Aquino se servent d’un microbe qui, seul,
donne le phénomène de d’Herelle dans les tubes de contrôle.
Dans nos expériences, nous avons cherché à nous mettre le
plus possible à l’abri de ces critiques. Le Bacille de Shiga n’était
pas lysogène, quoiqu'il füt très lysable. Nous nous sommes servi
de trypsine, d'entérokinase et de papaïne, produits du commerce.
Avant de les employer dans les expériences, ces produits subis-
saient une stérilisation préalable :
a) ils étaient traités par l'alcool à 90° pendant 24-78 heures,
puis filtrés sur bougies Lo, L3 ; ou bien b) ils étaient dissous
dans du bouillon et chauffés à 55°-50°. Par ce traitement, l’enté-
rokinase seule est détruite au-dessus de 60° ; la trypsine résiste
à 60-70° pendant r/2 heure.
Dans une première série de 3 ballons de bouillon, nous avons
ajouté de la trypsine traitée par l'alcool à 90° pendant 24 heures
et filtrée. 3 autres ballons contenaient la même proportion de
trypsine traitée par l’alcool pendant 48 heures. Dans une 3° série
de 3 ballons de bouillon, la trypsine traitée par l'alcool pendant
72 heures. La {4° série contenait la même quantité de trypsine
chauffée à 55° et filtrée. Dans la 6° série, la trypsine était chauf-
fée à 70° et la 7° série, comme témoin, contenait seulement du
bouillon.
Même technique pour l’entérokinase.
En même temps, nous avons fait une série de ballons ‘qui con-
tenaient de la trypsine et de l’entérokinase en parties égales.
Les résultats obtenus se résument ainsi
1. Avec les ballons qui contenaient l’entérokinase seule traitée
à l’alcool pendant 24 heures ou chauffée à 55° et filtrée, la lyse
apparaissait sur la première ou sur la deuxième série de tubes
de gélose, après 24-48 heures.
2. Dans les ballons à entérokinase traitée 48 heures par l'alcool
et filtrée, la lyse, avec des plages caractéristiques, apparaissait
inconstamment après 5-6 jours.
3. Dans les ballons à entérokinase traitée par l'alcool 60-72 heu-
res, ou chauffée à 60-70°, et filtrée, le phénomène de d’Herelle
ue s’est jamais reproduit, même après {o passages. |
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Communications : Acad. ües Sciences, 4 mai 1917 Acad. de Méd:, 29, mai 1917-27 nov. :917. 1918
Soc. Méd. des Hop:"} 25 mai 1917, 95 oct. 19J8 ; Soc: de Chir,, 27 juin 1917 ; Soc. de Biol., 24 oi 1916;
The Lancet :19-26 janv. 1918, 24 août 1918; Thèse Marcel PEROL, Paris 1917; hèse A. BRIENS, Paris Ê
D IMJECTIONS INTRA-MUSCULAIRES
v + GÉUCQ 914 (FoRmuLE DE BALZER).
DÔSES DE 0,10 à 060 | | ;
Fe AMPOULES SERINGUES. AUTO: INIECTABLES
INJECTIONS ARTRA- VEINEUSES '
DISPOSITIF SELON LA TECHNIQUE 7€
* ou D° RAVAUT
ess de 015 Soie
avec eau bi-dintillée
“et Filtre aspirateur
fnjections indolores
Bussi FACILES,
et ausss
INOFFENSIVES
qu une) - injection NES
Ne
jm NEC SACS RepUSSaUE el ULrAUON de Cacédylate.
08 cg. TL Hg.
SÉANCE DU d JUIN 19
4. Mèmes résultats obtenus avec la trypsine, avec cette diffé-
rence que la lyse apparaissait beaucoup plus tardivement.
5. Dans les ballons qui contenaient trypsine et entérokinase, le
phénomène de d'Herelle apparaissait en 2-3 jours, mais il était
moins marqué que dans les tubes qui contenaient une quantité
double d’entérokinase.
Nous avons répété les mêmes expériences avec la papaïne trai-
tée par l’alcool et filtrée. Jusqu'à présent, dans dix passages, nous
n'avons pu réussir à reproduire la lyse transmissible.
Conclusions. 1. Le principe lytique, capable de reproduire
le phénomène de d’'Herelle, se trouve dans l’entérokinase et la
trypsine du commerce.
2. L’entérokinase est plus riche en substance Je seno Vinqe.
la trypsine en contient une petite quantité.
Nous n'avons pas pu reproduire le one de d'Herelle avec
la 0e
h. Quoique le phénomène se reproduise avec plus d'intensité
en présence de l’entérokinase, nos expériences et encore moins
celles de Pico, Bachmann et aie) n'arrivent pas à éliminer la
possibilité d’une souillure de ces diastases par le contenu intestinal
au cours de leurs préparations.
5. Après chauffage d’une demi-heure à 60-70°, la trypsine res-
tait active comme ferment protéolvtique, mais ne reproduisait
pas le phénomène de d’Herelle.
Ce d'hygiène et de bactériologie, Strasbourg
et Institut Pasteur, Paris).
LES HÉPATITES EXPÉRIMENTALES DE LA SOURIS APRÈS INHALATION
DE TÉTRACHLORURE D'ÉTHANE,
par Noëz Fresscer, Maurice Wozr et GASTON BLUM.
En expérimentation, il est difficile de manier les substances
toxiques par inhalation quand on utilise comme animaux d’ex-
périence les petits Mammifères tels que le Cobaye, le Rat et la
Souris blanche. Il arrive que les substances toxiques telles que
le chloroforme, l’éther se montrent trop peu maniables et ne
permettent que difficilement des études prolongées.
Nous avons eu l’idée d'utiliser le tétrachlorure d’éthane à la
suite d'observations d’ouvrières qui travaillaient dans des ateliers
de séchage de perles artificielles. L’enduit utilisé pour ces perles
est à base de tétrachlorure d’éthane.
Nos expériences ont porté sur la Souris blanche. Nous dépo-
20 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
sions 4 Souris chaque matin dans un récipient de 17 litres d’air
en présence des vapeurs dégagées d’une boîte de Pétri contenant
10 à 20 c.c. de tétrachlorure d’éthane pur. L'expérience durait de
1 à s heure r/2 et l’évaporation ne dépassait pas 1,5 c.c.
Au bout d'une demi-heure les Souris sont somnolentes, puis
au bout d'une heure et demie, certaines sont dans un véritable
coma avec mouvements convulsifs et titubent sur le train posté-
rieur ou bien décrivent des cercles, phénomènes qui prouvent
que le tétrachlorure d’éthane provoque sur le système nerveux
des troubles analogues à ceux que donnent l'alcool ou l’éther.
Certaines Souris se montrent beaucoup plus sensibles que d’au-
tres. Il semble d'autre part qu'au bout d’un certain temps il se
produise une accoutumance : ainsi 2 Souris de 32 et 30 gr. se
montrent moins résistantes que deux autres de 35 et 25 gr. qui
ont déjà subi 17 expériences en tout correspondant à 19 heures 1/2
d'inhalation.
Après la huitième inhalation correspondant à ro heures de
séjour dans les vapeurs les animaux maigrissent, perdent l’ap-
pétit, présentent des poils hérissés, les urines contiennent des
pigments biliaires et les matières sont décolorées. À lautopsie,
le péritoine apparaît légèrement coloré en jaune et le foie prend
l'aspect muscade. Plus tard, à partir de la 8° jusqu’à la 28° inha-
lation les lésions d'hépatite se prononcent. L'ictère devient plus
net, le foie prend un aspect jaunâtre et histologiquement on ob-
serve une dégénérescence parenchymateuse centro-lobulaire avec
peu d'infiltration graisseuse, des phénomènes de régénération ca-
ryocinétiques très actifs de la zone moyenne et des condensa-
tions protoplasmiques avec dégénérescence moins prononcée dans
la partie péri-portale. Le tissu conjonctif, de son côté, présente
une prolifération lympho-conjonctive discrète au centre avec
poussées plus intenses dans l’espace péri-portal.
Ces constatations expérimentales ont un double intérêt : 7
parce qu’elles font connaître l’action d'un produit toxique par
inhalation facile à manier et qui peut permettre des expériences
longues ; 2° parce qu'elles font entrevoir une nouvelle origine
Vintoxication industrielle au sujet de laquelle nous reviendrons
altérieurement pour 2pRotes les documents cliniques et ana-
tomiques.
[o]
Gonsultation et Clinique médicale de l'hôpital Saint-Antoine).
SÉANCE DU 3 JUIN 21
QUELQUES FAITS CONCERNANT LA DIPHTÉRIE AVIAIRE,
par À. Sraus et C. TRUCHE.
Depuis la guerre la diphtérie aviaire fait de grands ravages
dans les poulaillers. Sans ignorer les travaux publiés sur cette
question, notamment par les auteurs français, américains ou
allemands, nous voulons simplement aujourd'hui, donner un
court résumé des observations que nous avons été à mème de
faire à propos de cette maladie, et des expériences jusqu ici entre-
prises par nous :
L'épizootie se présente sous plusieurs formes
1° Forme classique : plaques diphtériques du bec et de la tra-
chée avec fausses membranes ;
2° Forme oculaire : l’œil suinte, se clot et se transforme en un
gros abcès purulent ; si l’animal survit on observe souvent la
fonte de l’œil ;
3° Forme épithéliomateuse ou variolique de la crête, des pau-
pières ou des caroncules, pouvant s'étendre au cou.
Nous avons observé également une forme particulière caracté-
risée par un suintement nauséabond de tout le corps, collant les
plumes. Mais faute de preuves suffisamment nombreuses, nous
n’osons pas encore rattacher cette forme à la diphtérie.
Nous avons toujours observé, dans les poulaillers infectés, la
concomitance de ces trois formes : un même animal peut n’en
présenter qu'une ou deux ou manifester les trois réunies.
La scarification de la crête d’une Poule neuve suivie d’un badi-
geonnage avec une fine émulsion de croûtes épithéliomateuses
reproduit toujours la forme épithéliomateuse à partir du qua-
trième ou du cinquième jour, souvent des manifestations diphté-
riques suivent dans le bec et sur la trachée, et parfois aussi des
manifestations oculaires. La scarification de la voûte palatine avec
les croûtes de la crête donne des plaques diphtériques. Les croû-
tes épithéliomateuses sèches se conservent fort longtemps viru-
lentes (nous pouvons affirmer six mois au moins) à la tempéra-
ture du laboratoire. Nous n'avons pas réussi à reproduire la ma-
lädie après filtration d’une fine émulsion de croûtes sur bougie
Chamberland L2, malgré plusieurs essais. Les animaux scarifiés
sans succès avec le filtrat n'étaient pas vaccinés vis-à-vis d'une
scarification suivie d’un badigeonnage avec une émulsion non
filtrée.
La maladie n'est pas transmissible au Pigeon si on frotte avec
les croûtes une portion de peau dont on a arraché les plumes.
. Des Poules provenant de différents poulaillers infectés et ayant
présenté l’une quelconque des formes citées plus haut, à l’exclu-
22 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
=
sion des autres, se sont toutes montrées également vaccinées con-
tre l’inoculation de croûtes épithéliémateuses par scarification
de la crêté ; aucune tumeur n'apparaît alors que les AOC sont
infectés LS le cinquième jour.
Citons enfin, avec réserves, parce que encore unique, le cas
d’une Poule inoculée le 2 mai 1922, dans la veine, avec une fine
émulsion de croûtes épithéliomateuses, qui le 9 mai, présente
dans le bec et la trachée un véritable amoncellement de fausses
membranes et meurt le 11 mai dans l’äprès-midi. Du sang de
cette Poule prélevé dans la matinée du 1r mai (stérile à l’ense-
mencement) est inoculé dans la veine d’une Poule neuve qui le
16 mai présente des plaques diphtériques dans le bec. Ces plaques
régressent par la suite, mais il en existe encore aujourd'hui et
l’animal est en mauvais état.
_ Nous poursuivrons ces recherches.
(Institut Pasteur).
ISOLEMENT DIRECT SUR MILIEU DE PÉTROFF
DES BACILLES TUBERCULEUX PROVENANT D'ABCÈS FROIDS,
par JEAN TzEeTzu.
Le milieu de Pétroïf (x), dont le P° Calmette (2) et H. Limou-
sin (3) ont fait ressortir les avantages, se révèle comme un milieu.
spécifique pour le Bacille tuberculeux. À la surface, même avec
du matériel d’ensemencement impur, le Bacille de Koch se déve-
loppe presque seul. Il est, d'autre part, facile de se rendre compte
que le procédé de fabrication, quelles que soient les précautions
prises, ne permet pas d'obtenir un milieu constamment stérile.
Le milieu de Pétroff est assez souvent contaminé, mais par des
germes qui ne trouvent pas en lui le moyen de se développer.
On le démontre facilement en y ajoutant un peu de glycose.
ou de peptone. Dans ces conditions, à la température du labora-
toire, et mieux à l’étuve, on voit se former des colonies qui sou-
vent dissolvent l’albumine. Le B. mesentericus semble être l’im-
pureté la plus fréquente, ce qui s'explique par la résistance à la
chaleur des spores de ce Bacille..
Cette spécificité d’un milieu pour le Bacille tuberculeux permet
(1) LL A. Petroff. Johns Hopkins Hospital Bulletin, 1915.
(2) Calmette. L'infection bacillaire et la tuberculose, p. 43, Masson et Cie,
1920. — Paris:médical, janvier 1922.
(3) H. Limousin. Annales de l'Institut Pasteur, soût 1921, p. 558. — À GC.
Steewart. Journ. of exp: med., t. XXVI, déc, 1919. 1
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SÉANCE DU 3 JUIN 23
OR —————
des recherches que jusqu'ici seule l’inoculation au Cobaye auto-
risait. C’est ainsi que Despeigne (r) et Rochaix et E. Banssillon (2)
s’en sont servi avec des résultats variables pour la recherche du
Bacille tuberculeux dans les urines.
Le problème que nous nous sommes posé est différent. Le pus
d’abcès froid paraît souvent, à l'examen microscopique, dépourvu
de Bacilles. Les granulations de Much y sont même difficilement
décelables, parce qu'elles se confondent avec les débris cellulaires.
Cependant l'inoculation au Cobaye est toujours positive.
Nous nous sommes proposé de rechercher la présence des Ba-
cilles de Koch dans ce pus à l’aide du milieu de Pétroff, recher-
che d'autant plus aisée que ce germe est, en général, le seul qui y
existe, et qu'il n’y a pas lieu de se préoccuper des impuretés. Nous
avons employé concurremment l’ensemencement de pus total
et de pus traité par la soude. Il est évident que ce dernier pro-
cédé permet des ensemencements plus copieux puisqu'il y a, par
dissolution des cellules de pus, concentration des germes dans
un culot de petit volume.
Trois cas ont été l’objet de recherches attentives. Dans le pre-
mier, il s'agissait d’un abcès froid de l’avant-bras droit chez un
enfant ; dans le second, d’une arthrite suppurée du coude et,
dans le troisième, d'un abcès par congestion survenu chez un
enfant atteint du mal de Pott (3).
Le premier cas a donné naissance, sur milieu de Pétroff, à des
colonies qui se sont montrées en 10-14 jours sous forme de petits
points blancs, entourés d’une zone de décoloration du milieu au
violet de gentiane. Elles apparaissent d’abord au fond du tube,
puis sur les bords, entre le verre et le milieu de culture ; elles
finissent par s'étendre à toute la surface. Déjà au bout de 6 jours,
on peut trouver des Bacilles acido-résistants en prélevant un peu
du matériel déposé au fond du tube. L’inoculation de pus au
Cobaye l’a fait périr de tuberculose en 34 jours. La culture, re-
portée du milieu de Pétroff sur Pomme de terre glycérinée, a
donné naissance à des colonies nombreuses, dont l’inoculation
au Cobaye a tuberculisé cet animal.
Pour le deuxième cas, les résultats ont été les mêmes. Le milieu
de Pétroff a permis d’ isoler le Bacille tuberculeux avant la mort
du Cobaye. |
Avec le pus provenant d’un abcès par congestion, qui a fait
l’objet de notre troisième observation, comme pour les deux cas
ci-dessus, le milieu de Pétroff nous a permis d'isoler des colonies
(a) Despeignes. C. R. de la Soc. de biol., séance du 6 mai 1922, p. 931.
(>) Rôchaïx et E. Banssillon. C. R. de ta Soc. de biol., 6 mai 1922, p. 935.
(3) Les malades appartenaient au service du PT Broca, que nous remercions
d’avoir bien voulu mous permettre l'accès de son service.
A SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
de Bacilles tuberculeux avant la date à laquelle le Cobaye a suc-
combé.
Conclusions. 1° Le milieu de Pétroff est un milieu si bien
adapté au développement du Bacille tuberculeux qu'il y pousse
presque seul.
2° Il permet d'isoler des colonies de Bacilles de Koch en partant
de pus d’abcès froid, dans lequel on ne voit aucun germe à
l'examen direct. Ces colonies apparaissent avant que le Cobaye
ne succombe à la tuberculisation. On peut même isoler ainsi des
Bacilles avant l'apparition de l’induration ganglionnaire.
(Laboratoire du P' Marchoux, Institut Pasteur).
NoUvELLES RECHERCHES SUR LA LIPOPEXIE ET LA LIPODIÉRÈSE
PULMONAIRES,
par H. Rocer et LÉON BINET.
Dans une série de notes antérieures (1), nous avons essayé
d'établir les faits suivants :
Le sang artériel recueilli sur un Chien en digestion contient
moins de matières grasses que le sang veineux prélevé dans le
cœur droit. Ce résultat établit l'arrêt des graisses par le poumon
(lipopexie pulmonaire). |
Dans le sang artériel conservé à l’étuve à l'abri des germes
extérieurs, la graisse diminue rapidement (lipodiérèse sanguine);
l’action lipodiérétique doit être attribuée aux globules rouges.
Si le sang du cœur droit est conservé dans les mêmes condi-
tions la lipodiérèse est peu marquée. Les globules rouges semblent
donc acquérir le pouvoir lipodiérétique en traversant le poumon.
Nous avons vérifié nos résultats par la méthode des circulations
artificielles. PRE
Voilà comment nous avons conduit l'expérience. Un Chien
étant endormi par le chloralose, nous mettons à nu l'artère fémo-
rale d’un côté et la veine jugulaire externe droite. Dans cette
dernière nous introduisons une sonde que nous faisons pénétrer
dans le cœur droit ; nous prélevons un premier échantillon de
sang artériel, puis nous recueillons une assez forte quantité de
sang veineux.
(1) H. Koger et Léon Binet. La fonction lipolytique du poumon. Bull. de
l'Acad. de médecine, 4. octobre 1921.; Ee pouvoir lipolytique du sang et des
tissus, C. R. de la Soc. de biol., 14 janvier 1922 ; Le pouvoir lipolytique (lipo-
diérèse) du sang artériel et du sang veineux, id, 28 janvier 1922 ; Lipopexie
et lipodiérèse pulmonaires, Presse médicale, 3% avril 1822.
SÉANCE DU 3 JUIN 29
Comme cette ample saignée risque de modifier la teneur du
sang en graisse, nous prenons un nouvel échantillon de sang
artériel que nous mélangeons au précédent. Les divers échantil-
lons de sang sont additionnés de fluorure de sodium pour empèê-
cher la coagulation et éviter les putréfactions. L’échantillon de
sang artériel est divisé en 2 parts : l’une est immédiatement
chauffée à r100° pour arrêter toute fermentation, l’autre est con-
servée pendant 20 heures à l’étuve. Sur la masse de sang veineux
on prélève 2 échantillons : l’un qui est aussitôt chauffé à 100”,
l’autre qui est conservé à l’étuve.
L'animal ayant été sacrifié par hémorragie, on ouvre le thorax
et on introduit une canule dans l’artère pulmonaire ; on établit
une circulation du sang veineux provenant du cœur droit à tra-
vers les poumons et on recueille le liquide par le ventricule gau-
che. En même temps, on met la trachée en rapport avec une
soufflerie qui envoie de l’air dans les poumons. Le sang circule
ainsi dans des conditions physiologiques. Après qu'il a passé deux
ou trois fois dans le circuit pulmonaire, on arrête l'expérience.
Sur ce sang veineux qui s’est artérialisé dans le poumon, on pré-
lève un premier échantillon de sang qu’on chauffe à 100° et on
en garde un autre pendant 20 heures à l’étuve.
Les dosages permettent de constater qu'après circulation arti-
ficielle à travers le poumon, le sang du cœur droit a perdu une
partie de la graisse qu’il contenait. La quantité fixée pendant la
circulation artificielle est à peu près la même que dans les condi-
tions physiologiques. Voici en effet, les résultats fournis par 3
expériences, les chiffres sont rapportés à 100 gr. de sang :
Teneur en graisse de 100 gr
=
de de sang du
sane du cœur de cœur droit après
droit sanoartériel circulalion arlificrelle
TE 0) 2 LI SRE R RE ER ET TE RSS ES 0,390 0,319 0,320
ID AIDE RACE PTS 0,45 0,389 0,979
16 DIN ESS RSR ONR PER EE As 0,485 G 890 0,390
Moyennes tie tt stitee 0,460 0,363 0,348
Ces faits nouveaux confirment le pouvoir lipopexique du pou-
mon.
Les mènics expériences donnent des renseignements sur la
lipodiérèse sanguine. Voici, par exemple, les chiffres obtenus
(exp. IIT) par le dosage comparatif des matières grasses dans les
échantillons conservés 20 heures. |
I. Sans du cœur droil
ADIÉS D ONHEUTES ee ES 0,450
Pertes et ben eus DO a 0,035
26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
111. Sang du cœur droil après
Il. Sang artériel circulation arüficielle
CIC hETE MTITTANMRECTLERCERRE - 0,390 0,300
Perte par rapport au sang du
CŒUTAMITOIE." CRE ASSET ER 0,095 0,195
Perte MP TO0 M ES CRMEMCERÉERUE 19,0 27,8
(B) Sang conservé 20 heures....... 0,285 0,282
Perte nee ei RTE AE 0,109 0,065
PERTE AD OTOOM EPP APE ER ERE 2070 18,5
(G)iPerte totale PePPRPEPPRERE PES 0,200 0,200
Perte p O0 P EEE CEE R DE x ,2 hT,2
On voit qu'en traversant le poumon les globules rouges récu-
pèrent le pouvoir lipodiérétique qui est nul ou peu marqué dans
le sang du cœur droit ; le résultat ne dépend pas d’une simple
oxygénation du sang, car en agitant fortement à plusieurs re-
prises du sang veineux on lui confère une belle coloration rouge,
mais on ne lui restitue pas le pouvoir lipodiérétique.
FORMATION DES IRIDOCYTES CHEZ LES BATRACIENS,
par Jacoues Mirror.
Les iridocytes ou guanophores ont été les moins étudiés des
cellules pigmentaires. En effet, des techniques particulières per-
mettent seules de les conserver dans les préparations. Leur étude
s'impose cependant par le grand intérêt physiologique de la gua-
nine qu'ils contiennent.
Jusqu'au récent article de Schmidt (x) il n'existait sur le déve-
loppement de ces cellules que des notions insignifiantes ou er-
ronées,et cet article même, quoique fort bien fait, peut dès à pré-
sent être notablement complété. Schmidt fait dériver de cellules
conjonctives tous les iridocytes. Je leur attribue, au contraire,
une double origine ccnjonctive ou leucocytaire comme cela a été
bien établi pour les mélanophores. L'origine conjonctive est
d’ailleurs prépondérante. Elle peut même exister seule : c'est le
cas chez toutes les larves d’Urodèles que j'ai pu observer. Au
contraire, chez les Anoures de nombreux iridocytes jeunes se
présentent d'emblée sous une forme régulièrement arrondie, sans
aucun prolongement cellulaire, qui me paraît bien trahir une
origine leucacytaire. Rien ne permet de distinguer, avant l’appa-
rition du pigment, la cellule qui va se charger de guanine d’une
(1) Anatomische Hefte, t. 5g, 1920. Cet intéressant travail n’est parvenu que
tout récemment à la bibliothèque de la Faculté, alors que depuis 18 mois déjà,
je travaillais la question des iridocytes. J'y ai trouvé, non sans quelque regret,
différents faits nouveaux que jé croyais avoir observés le premier.
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Le Dans la SYPHILIS est l’Arsénobenzène
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SN ( que son coefficient de toxicité est de 2 à 5 fois
ARMES — moindre que celui des autres arsénobenzènes.
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excipient spécial et sans inconvénient.
Parce que la multiplicité des voies d’administra-
Le PLUS EFFICA CE: tion permet de l'adapter aux particularités de cha-
LVR que castet de faire des traitements intensifs à doses
accumulées produisant des effets aussi rapides que
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SÉANCE DU 9 JUIN 27
cellule banale de l'animal. Mais insistons sur un fait remarqua-
ble. Alors que l'on peut pour ainsi dire voir se pigmenter grain
par grain ie mélenophore, les formes les plus jeunes de guano-
phores révélées par l'observation sont remplies de cristaux dans
toute leur étendue, l’espace nucléaire seul étant réservé en clair.
L'étude la plus minutieuse de nombreuses séries de préparations
ne m'a jamais permis de saisir d'éléments ne possédant que quel-
ques cristaux de guanine. Tout se passe comme si les cellules for-
matives des iridocytes élaboraient une solution de guanine ca-
pable à un moment donné de cristalliser brusquement dans tout
le protoplasme pour former d'emblée un iridocyte. Un tel phéno-
mène de brusque cristallisation n’a, je crois, jamais été signalé
en histologie.
Les cristaux de l’iridocyte qui vient de prendre naissance sont
beaucoup plus petits que les cristaux de la cellule adulte ; ils s’ac-
croissent rapidement. Les techniques mitochondriales appliquées
aux iridocytes jeunes ne m'ont fourni jusqu'ici aucun résultat.
La cristallisation à l’intérieur d’une cellule initiale n’est d’ail-
leurs qu’un des procédés de formation des guanophores. Un très
grand nombre de ceux-ci naissent en effet de la division de gua-
nophores préexistants. Cette division peut être : soit indirecte,
décrite autrefois par Flemming, revue par Schmidt et par moi-
même ; soit directe, le cas le plus fréquent, bien que les auteurs
ne l’aient jamais signalé. À l'examen microscopique une peau
abdominale de têtard d’Anoure de 2 à 4 cm. révèle en effet une
disposition particulière des iridocytes. Ceux-ci sont groupés en
amas brillants, visibles à l'œil nu, et formés de 2 à 5 cellules
dont l’aspect et la disposition évoquent aussitôt l’idée de division
cellulaire. Tantôt, en effet, l’une d'elles, à deux noyaux, s’étire
et s'étrangle en son milieu, tantôt deux d’entre elles sont unies
par un fin prolongement, tantôt deux autres complètement sépa-
rées sont disposées symétriquement l’une à l’autre. De plus, on
rencontre des éléments à noyau étiré ou bilobé et, exceptionnelle-
ment, des figures de mitose. L’extrême rareté de ces dernières
opposée à la fréquence remarquable des attitudes de division mon-
tre bien que l’amitose est le mode de multiplication le plus habi-
tuel des iridocytes. Certaines figures typiques d’étranglement
nucléaire en prouvent indiscutablement l'existence. Signalons
que chez les animaux adultes où la formation des iridocytes est
très ralentie, mais où cependant une recherche soignée permet
d'observer quelques formes jeunes, je n’ai jamais pu rencontrer
de figures de division, mitotiques ou non.
Le rapport étroit qui chez les jeunes larves de Batraciens unit
la formation du pigment jaune à celle du pigment irisant mérite
que l’on y insiste. Dans la presque totalité des cas, partout où du
28 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
oo OO QU
pigment purique se différencie dans une cellule, du pigment
jaune se différencie en même temps dans la cellule située 1mmé-
diatement au-dessus d'elle (1). Ce fait, surtout frappant chez les
Anoures, est un argument de plus tendant à faire penser que des
processus tout à fait analogues président à la formation des dif-
férents pigments. Je dois ajouter que, malgré des apparences
souvent fort troublantes, mais ne résistant pas à un examen suffi-
samment poussé, je n'ai jamais vu de cellules contenant à la
fois les deux pigments. Même dans des cas où des cristaux de
guanine et des grains de pigment jaune paraissaient bien réelle-
ment inclus dans un même élément, j ai pu, par des moyens
mécaniques, étirement ou dissociation du tissu, décaler le pig-
ment jaune recouvrant le pigment purique et montrer l’existence
des deux celules distinctes à noyau bien visible.
LE RÉFLEXE NASO-FACIAL UTILISÉ COMME TEST FONOTIONNEL
DU SYSTÈME SYMPATHIQUE,
par P. Emie-Weir, LÉVyY-FRANKEL et JUSTrEs.
Etudiant les effets de l'excitation de la muqueuse pituitaire
sur le rythme cardiaque, l’un de nous (2) constata de la conges-
tion simultanée de la face et du larmoiement. En effet, chez un
individu normal, l'introduction dans la narine d’un tampon
d'ouate, monté sur un stylet, provoque du côté excité une réac-
tion congestive des paupières, du nez, de la conjonctive, en
même temps qu'une sécrétion de larmes. Si la vaso-dilatation et
la rougeur s'étendent au front, aux joues, et jusqu'aux oreilles et
au cou et s'accompagnent d’une transpiration plus ou moins
forte, le réflexe est intense. En cas de réflexe faible, l'œil du
côté excité devient un peu larmoyant et les vaisseaux de la con-
jonetive oculaire sont seulement un peu plus apparents que nor-
malement.
Avant observé la coloration de la face et l'état des pupilles,
le malade regardant un point fixe au plafond. on pousse le
tampon d'ouate jusqu'au méat supérieur et l'on note, du côté
examiné, l'étendue et le degré de congestion, labondance du lar-
moiement et leur rapidité de production, et si la réaction diffuse
sur le cou et l’autre moitié de la face. Parfois il peut se produire
(1) Ce rapport persistant chez l’adulte a donné naissance à la conception
erronée des xantho-leucophores. Voir à ce sujet : Schmidt. Archiv für Mikros-
kopische Anatomie, 93, 1919, à l’opinion duquel je souscris. complètement.
(2) P. Emile-Weil et Philippe. Le réflexe maso-cardiaque. Bull. de la Soc.
méd, des hôp., 29 juillet 1916.
SÉANCE DU 3 JUIN 29
EEE
une mydriase bilatérale légère. En ce cas, si la pupille du côté
examiné était déjà plus dilatée que l’autre, la différence s’accen-
tue. La recherche du réflexe naso-facial peut aussi mettre en évi-
dence une inégalité pupillaire latente. Si l'on bouge le tampon
d'ouate, l'on peut constater un hippus très vif et très rapide. Il
nous a été donné de voir parfois une légère exophtalmie de l'œil
du côté excité. Enfin il ne faut pas négliger les effets à distance,
qui peuvent être une vaso-dilatation de la poitrine, rappelant
l'érythème pudique et des modifications des rythmes cardiaque et
respiratoire. L'action du réflexe nasal sur le cœur a été précédem-
ment étudiée par P. Emile-Weil et Philippe.
La même recherche et les mêmes observations seront faites du
côté opposé et comparées afin d’en tirer une conclusion pratique.
Car le réflexe naso-facial, qui est un réflexe purement sympa-
thique, permet d'interroger le système sympathique de la face
et, de plus, de connaître le degré d’excitabilité du système sym-
pathique du sujet examiné. Ainsi le larmoiement, qui existe
même quand le réflexe est faible, est produit par le noyau lacry-
mal sympathique, qui innerve la glande lacrymale et qui est
situé médialement au noyau du facial dans le myélencéphale.
D'après les anatomistes (1), l'arc réflexe serait le suivant : la
voie sensitive serait formée par le trijumeau, dont l'articulation
se ferait avec le noyau lacrymal du facial, d'où partiraient les
fibres préganglionnaires, qui empruntent le trajet facial jus-
qu’au ganglion géniculé pour passer dans le nerf grand pétreux
superficiel et, avec celui-ci, dans le nerf vidien et arriver au gan-
glion sphéno-palatin ; des cellules de ce ganglion partiraient les
_ fibres post-ganglionnaires, qui emprunteraient à nouveau le tri-
jumeau pour formér la voie motrice. |
L'on comprend, en rappelant ce point d'anatomie, que le
réflexe naso-facial, comme l'ont montré Miraillié et P. Emile-
Weil (2), n'existe plus dans les paralysies faciales périphériques
et quil subsiste dans les paralysies centrales, dans les-
quelles l'arc réflexe reste intact. Il serait même possible, lors-
que la sécrétion lacrymale a disparu lors de la recherche du ré-
flexe naso-facial de localiser la lésion dans la paralysie faciale
périphérique, entre la racine de la VIT paire et le ganglion gé-
niculé.
De plus, la vaso-dilatation de la face, due à l'excitation de la
muqueuse nasale est connue des physiologistes (3), qui la font ren-
(x) A.-C. Guillaume, Le sympathique et les systèmes associés.
(2) Miraillé et P. Emile-Weï!. Le réflexe naso-facial dans la paralysie de Ja
VII paire. Presse médicale, 51 janvier 1918.
(3) Hédon. Précis de physiologie. — Vulpian. Leçons sur l'appareil vaso-
moteur.
30 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tirer dans le chapitre des réflexes vaso-dilatateurs à effet local ;
réflexes qui sont sous la dépendance du système nerveux vaso-
moteur. Aussi l'importance de la congestion de la face, de la
sécrétion sudorale, les effets sur le cœur et la respiration permet-
tent d'apprécier l’état du tonus sympathique du malade et le
réflexe naso-facial devient un nouveau moyen d'étude du système
sympathique. Nous avons en effet noté le parallélisme de l’inten-
sité du réflexe naso-facial avec l’état de plus ou moins vive excita-
tion de l'appareil nerveux démontré par le réflexe oculo- cardiaque
et les signes cliniques.
Enfin, l’action du réflexe naso-facial sur les pupilles est digne
d'intérêt. Provoquant une mydriase comme le fait le pincement
de la peau (phénomène de Schiff), il met en jeu le grand sym-
pathique (x) et permet donc de juger de l’état physiologique de
ce système nerveux. De plus, par la mise en évidence d’une inéga-
lité pupillaire latente, le réflexe naso-facial permet de remonter
à la cause de cette anisocorie, due le plus souvent, en dehors de
la syphilis, à une affection pleuro-pulmonaire. En effet, dans les
tuberculoses pulmonaires unilatérales, dans la pneumonie, le ré-
flexe naso-facial nous a montré avec une grande fréquence une
inégalité pupillaire, dont la valeur diagnostique est des plus im-
portante, surtout pour la recherche d’une lésion tuberculeuse
discrète du sommet (2). Cette épreuve est plus simple et plus ra-
pide que la recherche de la mydriase provoquée par l’atropine et
la cocaïne et donne, en outre, des renseignements sur le système
sympathique, dont il enrichit la séméiologie si pauvre.
Dans cette note préliminaire, nous n’avons voulu qu'attirer l’at-
tention sur l'intérêt du réflexe naso-facial comme test séméiolo-
gique du sympathique céphalique et faire part de quelques résul-
tats de sa recherche dans les paralysies faciales, et dans les mala-
. dies ou états morbides, qui troublent l'équilibre sympathique, en
particulier dans les affections pleuro-pulmonaires.
(1) Déjerine. Séméiologie des affections du système nerveux.
(2) Sergent, Périn et Alibert. Inégalité pupillaire provoquée. Revue de la
tuberculose, 1921, n° 5, p. 327.
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RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE
SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET 2 MARS 1922
SOMMAIRE
Georcmiu ([.): Infection à pillaires et ceux du sang veineux. 12
Pneumocoques chez le Cobaye. Rapovici (A.) et CARNIOL (A.) :
Vaccination antipneumococci- Sur un phénomène d'’inexcitabi-
GE LAS ÉPRORANRERERRE 9 | lité périodique réflexe, observé
Manrinesco (G.) : Evolution des sur les muscles volontaires, chez
ferments oxydants............. Ii CENT, EN MERE AE ESC 15
Marinesco (G.) : Topographie Pavez (1.) : Fréquence de la
des oxydases dans le système ner- réaction de Schick en Roumanie. 8
MEME Pl List eie dite cie igeinelate 5 Popper (M.) : Contribution à
Mrronesco (Th.) : Rapport en- l’étude des ferments oxydants
tre les leucocytes du sang des ca- TMS TES AIEUEDENLES CU II
SECTION DE BUCAREST
Présidence de M. J. Gantacuzène.
EVOLUTION DES FERMENTS OXYDANTS,
par G. MARINESCO.
Pour étudier l’évolution des ferments oxydants il faudrait
s'adresser à l'analyse des phénomènes qui se passent pendant la
vie embryonnaire à partir des premières ébauches des organes, et
suivre l’activité de ces ferments pendant toute la vie embryon-
naire et après la naissance. Malheureusement, nous n'avons eu
qu'un nombre restreint d’embryons, de sorte que nous ne pou-
vons que donner des renseignements incomplets sur cette ques-
tion. Nous n'avons pu examiner que le système nerveux et les
organes d'embryons âgés de 2 mois et demi, 4 1/2 mois, 5 1/2
mois, 7 mois, et de fœtus à terme, de sorte que nous ne sommes
pas en mesure de donner des renseignements sur les premières
phases de l’apparition des ferments dans les cellules. Ce que nous
pouvons affirmer pour le moment, c’est qu’à partir de 2 1/2 mois
les éléments constitutifs du système nerveux central et périphé-
rique renferment des ferments oxydants aussi bien dans les cel-
O2
(A)
RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (2)
lules nerveuses que dans les faisceaux nerveux. D'autre part, à
cette époque, tous les organes contiennent des oxydases, même
les organes qui en sont dépourvus chez le nouveau-né et chez
l'enfant, tels que le glomérule de Malpighi, la substance corticale
de la surrénale. Parmi ces organes, le placenta se fait remarquer
par l’abondance des ferments et des oxydasophores. Mais nous
tenons à ajouter que les oxydasophores sont des éléments mobiles
qui, circulant dans le sang, émigrent dans les tissus, et transpor-
tent les ferments oxydants suivant les besoins des tissus et des
organes. Les oxydasophores sont représentés souvent par les leu-
cocyites polynucléaires, mais je n’entends pas par là qu’un oxyda-
sophore représente une unité anatomique, mais plutôt une fonc-
tion dont sont chargés les éléments mobiles fabriquant et trans-
portant les ferments oxydants vers les organes en voie de crois-
sance, de même que vers les tissus qui subissent un processus
inflammatoire.
Nous retrouvons ces oxydasophores dans presque tous les or-
ganes et tissus embryonnaires. Elles constituent des colonies ou
des masses dont on peut constater ou supposer la relation avec
les vaisseaux. De leur périphérie se détachent des expansions con-
tenant des granulations d’oxydases, et qui se perdent dans le
tissu environnant. Le fœtus âgé d'environ à mois ne possède ici
ni corpuscules de Pacini, ni corpuscules de Meissner, mais, par
contre, on voit comment se détachent des faisceaux nerveux du
derme, des branches qui se dirigent vers la couche de Malpighi,
où les fibres aboutissent. À cet âge, les papilles du derme ne sont
pas encore bien différenciées, ce qui nous explique l'absence des
corpuscules de Meissner. En d’autres régions du derme embryon-
naire, les fibres nerveuses forment un plexus anastomotique. Les
fascicules nerveux sont pourvus d’une quantité considérable
d'oxydases, de sorte que, dans les faisceaux nerveux isolés ou
réunis, On distingue des noyaux volumineux. Les espaces qui
existent entre ces derniers sont remplis de granulations d'oxy-
dases. :
Vers les quatre mois et demi, on aperçoit dans la couche pro-
fonde du derme beaucoup de corpuscules de Pacini, dans lesquels
on peut distinguer la masse centrale formée par le neurite rem-
pli d’oxydases très denses, de la périphérie duquel se détachent
des ramifications fines qui se confondent avec les oxydases de la
massue interne, délimitée en dehors par des noyaux ovoïdes con-
tenant moins de ferments que le protoplasma où sont plongés les
noyaux de la massue interne. Il n’y a pas, à cette époque, une
véritable gaine lamelleuse.
Dans le squelette cartilagineux des extrémités, on voit que les
cellules de la région du cartilage sérié sont plus riches en ferments
(3) SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET 2 MARS 33
EE
que celle de la région du cartilage hyalin où les cellules sont
tassées les unes contre les autres. Dans les cellules du cartilage
sérié il y a des granulations très nombreuses, d'un volume inégal
et d’un aspect variable. Mais toutes les cellules portent une quan-
tité relativement petite de ferments, par rapport au tissu ayant
une situation vasculaire. Une autre particularité à signaler, c'est
que ; dans le cartilage, le ferment oxydant est souvent attaché à
une vésicule de graisse, et dans ce cas, les granules colorés en
bleu foncé tranchent par leur couleur avec la vésicule teintée
faiblement en violet ou même incolore.
Dans les ganglions spinaux d'un fœtus âgé de 2 1/2 mois, les
cellules contiennent dans leur protoplasma deux espèces de gra-
nulations, les unes plus grosses, disséminées dans tout le cyto-
plasma, les autres, plus fines, mêlées aux précédentes. Comme à
cette époque il y a beaucoup de cellules à noyaux excentriques,
les oxydases forment une couche mince entre la périphérie du
noyau et la paroi de la cellule. Ni le noyau, ni le nucléole ne
contiennent de granulations.La substance grise de la moelle est
très riche en oxydases, et les granulations paraissent plus fines
dans les cellules radiculaires que dans celles des ganglions.
Les coupes longitudinales de la substance blanche de la moelle
de fœtus (3 à 7 mois) nous permettent de.constater le fait que
les cellules névrogliques, à cet âge, offrent surtout autour de
leur noyau des granulations d'oxydases. D'autre part, les fibres
nerveuses, où il y a une légère différenciation de la myéline,
montrent également des granulations disséminées à la surface
de la fibre.
La présence des ferments oxydants pendant la vie embryon-
naire, et les relations intimes qu'affectent les neurites avec la
névroglie pendant leur développement, nous autorisent, je pense,
à affirmer que le tissu névroglique joue, par rapport aux fibres
nerveuses des centres, le même rôle que le syncytium de Schwann
par rapport aux fibres des nerfs périphériques. Nous ne voulons
pas, cependant, identifier les cellules névrogliques au syrcytium
de Schwann. En effet, comme l’a montré Cajal, et comme j'ai
pu le constater également, ce syncytium se comporte différem-
ment à l'égard des méthodes qui mettent en évidence la névroglie.
Sans nier la parenté de ces formations, nous devons constater
qu’elles se comportent très différemment au point de vue histo-
chimique et biologique ; d’ailleurs dans les processus patholo-
giques, les cellules névrogliques se comportent tout autrement
que le syncytium de Schwann. Ce dernier est rempli d’oxydases
pendant la régénérescence des nerfs, tandis que les mêmes fer-
ments font totalement défaut dans les lésions des fibres nerveuses
où il y a régénérescence des nerfs.
BiorociE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII.
(SE)
34. RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE \4}
AN CE TU OR nan Rene on th AU
Le fœtus. à terme ne présente presque plus du tout de granula-
tions. d'oxydases dans le protoplasma des cellules névrogliques
et à la surface des fibres nerveuses, dans les régions myélinisées.
Il y a un autre point qui mérite d'être signalé : certains tissus,
tels que les cellules névrogliques et le syncytium de Schwann,
qui, pendant leur vie embryonnaire contiennent des ferments
oxydants, après avoir contribué, grâce à ces ferments, à la diffé-
renciation histologique des fibres nerveuses avoisinantes, n’en
contiennent plus lorsque leur rôle est terminé. En effet, nous
n’avons pas pu déceler de granulations d’oxydases dans les cel-
lules névrogliques chez le sujet normal, de sorte qu'on est amené
à se demander par quel mécanisme respirent ces cellules, car
assurément leur vie ne serait pas possible sans cette respiration
due à des ferments intra-cellulaires. Peut-être qu'interviennent
des peroxydases dans la respiration du cytoplasma des cellules
névrogliques. Cette opinion mérite d'être contrôlée par les recher-
ches expérimentales et pathologiques.
En tout cas, mes études prouvent surabondamment que les
protoplasmes cellulaires ont deux mécanismes de respiration dif-
férents : le noyau qui contient du fer, remplissant le rôle de
Gta cue, ne contient pas d'oxydases. Est-il nécessaire d’ajouter
que le noyau des cellules différenciées constitue, ainsi que je
l'ai montré autrefois, un gel homogène, et qu'à l’ultra-micros-
cope il est représenté par un vide optique, c’est-à-dire dépourvu
de granulations analogues à celles des oxydases ?
Nous avons été frappé assez souvent par la ressemblance existant
entre l’aspect des oxydases et celui des mitochondries, de sorte
que nous nous sommes souvent posé la question : n’y a-t-il pas
identité entre les mitochondries et les oxydases ? Je pense qu'il
y a une relation étroite entre ces deux organites, et cette opinion
a été soutenue par J. Watrin à propos des plexus choroïdes, mais
je ne sais pas si on peut conclure à leur identité. En ce qui con-
cerne la relation fonctionnelle des mitochondries et des oxydases,
je ne saurais passer sous silence l'opinion de Meyer, Rathery et
Schæffer sur le rôle physiologique des mitochondries. Après avoir
montré que la substance mitochondriale a pour support un
lipoïde contenant des acides gras à liaison éthylénique, ils ad-
mettent que ces substances mitochondriales jouissent de la fonc-
tion d'oxydation et de réduction.
(5) SÉANCES DES 10 FÉVRIER ET 2? MARS 35
TOPOGRAPHIE DES OXYDASES DANS LE SYSTÈME NERVEUX,
par G. MARINESCO.
Dans tous les centres nerveux, Les ferments oxydants n'existent
que dans le cytoplasma, les dendrites et leurs ramifications, et
à l'origine de l’axone. Immédiatement après que la gaine de myé-
line apparaît, ils disparaissent. C’est là une règle générale qui
subit cependant quelques exceptions. Les granulations d’oxydases
font donc défaut dans les fibres nerveuses de la substance blanche
de tous les centres nerveux et des nerfs périphériques et crâniens.
Elles sont absentes également dans le noyau et le nucléole. Ici,
l’absence des oxydases concorde avec mes recherches d’ultrami-
croscopie, qui m'ont permis de constater que le noyau et le nu-
cléole, comme le cylindraxe, offrent un vide optique, c’est-à-dire
que ces organes sont dépourvus de particules ultramicroscopiques.
Les granulations d’oxydases peuvent apparaître dans les petits
faisceaux nerveux du derme, et surtout dans les fibres qui se
rendent aux terminaisons sensitives : corpuscules de Meiïssner et
Krause, de Pacini, de Golgi, de Ruffini, dans les corpuscules gus-
tatifs et dans les glomérules olfactifs..
On peut dire que pour la mise en évidence des terminaisons
sensitives il n’y a pas de méthode plus élégante et plus sûre que la
méthode des oxydases, qui nous permet, en outre, de constater
la quantité considérable des oxydases contenues dans les épais-
sissements qu'offre le neurite pendant son trajet intracorpuscu-
laire. Cette constatation est de nature à nous faire comprendre
comment les terminaisons sensitives ne sont pas tout simplement
des conducteurs d’influx nerveux, mais que, au contraire, à leur
niveau, il se produit de l'énergie nerveuse.
La muqueuse du bec et de la langue du Canard constituent des
sujets classiques pour l'étude des terminaisons sensitives. Nous
n’allons pas exposer ici les recherches faites par nos devanciers
sur la structure fine de ces corpuscules auxquels le nom de Gran-
dry, Merkel, Duval, Bothezat, Dogiel, etc., sont attachés, cepen-
dant personne n’a encore appliqué à leur étude la méthode des
_ oxydases.
Nous pouvons admettre, je crois, en nous basant sur les résul-
tats obtenus à l’aide de cette méthode, au moins deux espèces de
terminaisons. Le corpuscule de Grandry dans lequel on distingue
3 régions : la première est formée par la massue centrale et le
neurite qui, logé dans la massue, est constitué par un filament
(x) G. Marinesco. Recherches histologiques sur les oxydases. C. R. 1 1 Soc.
de biol., séance du 8 février 1919 ; Etudes histologiques sur les te et les
peroxydases. C. R. de la Soc. de biol., séance du 22 mars 1910.
36 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (6)
EE NU no NS UE
central traversant cette dernière et finissant par un renflement
piriforme. Ce neurite est la continuation du cylindraxe où l’on
voit quelques granulations d’oxydases, et qui, au moment de
pénétrer dans le corpuscule perd sa gaine de myéline. Du neurite
se détachent des séries de granulations qui donnent à leur en-
semble un aspect arborescent. Ces ramifications fines finissent
dans le protoplasma où siègent les noyaux. de la massue interne.
La seconde région est constituée par la gaine lamelleuse conte-
nant seulement quelques granulations dans la partie externe,
c'est-à-dire au voisinage de la troisième zone qui est celle des
cellules périphériques délimitant le corpuscule et dont le proto-
plasma contient des ferments oxydants.
La deuxième catégorie des terminaisons sensitives est située à
côté des corpuscules de Grandry, et alterne avec ceux-ci. Elle
contient une série plus ou moins grande de cellules spéciales
en assises superposées, leur protoplasma est riche en granulations
d’oxydases, et leur noyau excentrique est couvert par ces granu-
lations. Entre ces cellules dites tactiles, on voit des disques fon-
cés, coloration due à la présence d’un grand nombre de ferments
oxydants. Ils séparent les cellules dont nous venons de parler.
La méthode des oxydases nous permet de constater quelquefois
la continuation du disque avec le neurite afférent. D’autres fois,
le cylindraxe devenu neurite et pénétrant dans le corpuscule de
Herbst, paraît se résoudre en un grand nombre de granulations
dont on ne peut pas suivre le trajet.
Les cellules des ganglions spinaux chez l'Homme adulte,
comme chez les Mammifères de grande taille, contiennent une
quantité plus ou moins grande de granulations de pigment jaune
qui occupent un segment de la cellule ganglionnaire. C’est pour
cette raison qu'il faut s’adresser de préférence aux ganglions des
animaux jeunes pour voir la totalité des granulations d’oxydases.
C'est ainsi qu’en examinant un ganglion lombaire d’un jeune
Chien ou d’un Lapin, on constate que toutes les cellules en sont
remplies, et que, suivant leur densité, on peut admettre tout au
moins 2 espèces cellulaires : les cellules claires et les cellules
obscures. Dans les premières, la dispersion des ferments oxydants
est plus grande, dans les dernières, les granulations sont si rap-
prochées qu'on a de la peine à les distinguer isolément. Les cel-
lules obscures se trouvent à côté des cellules claires, de sorte que
l’on ne peut pas incriminer un défaut de technique. D'habitude,
les granulations sont plus clairsemées dans les cellules de taille
moyenne et petite, tandis que celles de grande taille sont plutôt
des cellules obscures,mais cette règle n’est pas générale, car on
retrouve parmi les cellules volumineuses des cellules claires. Dans
ces dernières, le noyau est facile à reconnaître, car il est vide tan-
(7) SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET ? MARS 37
dis que celui des cellules obscures est enveloppé dans la masse
des granulations d’oxydases.
Les cellules satellites qui entourent le corps du neurone vbscur
contiennent également plus de ferments dans leur protoplasma
que celle du corps du neurone d'aspect clair. Entre les cellules
ganglionnaires claires et obscures, on trouve des intermédiaires.
Le glomérule que forme l’axone dans son trajet intracapsulaire
contient également des ferments oxydants. Mais là où le cylin-
draxe se couvre d’une gaine de myéline, les granulations dispa-
raissent.
J'ai parfois remarqué qu'au voisinage des étranglements de
Ranvier, les renflements biconiques présentent une bordure très
caractéristique, due à la présence de granulations très fines de
ferments oxydants. Ce détail est plus fréquent lorsqu'il s’agit d’al-
térations pathologiques. Les cellules radiculaires de la moelle
comme les cellules radiculaires des noyaux bulbaires contiennent
une quantité considérable de ferments oxydants, et les granula-
tions sont moins denses dans les noyaux musculo-lisses, tels que
le noyau dorsal du pneumogastrique et les cellules des cornes
latérales de la moelle.
Dans la moelle, comme dans le bulbe, la protubérance, etc.,
on rencontre des cellules plus riches en ferments, et d’autres qui,
à cause de la rareté relative des granulations, sont plus claires.
Chez ces dernières, le fond coloré par l’érythrosine prend une
teinte rougeâtre, tandis que les cellules riches en ferments oxy-
dants offrent une teinte bleue plus ou moins foncée. Ces ferments
se trouvent non seulement dans le corps de la cellule, mais aussi
dans les dendrites principales et secondaires, tertiaires, etc. C’est
grâce à la présence des ferments dans ces dendrites qu'on peut
suivre leur trajet sur une très grande étendue, et lorsque ces
dendrites pénètrent dans la substance blanche, comme c'est le
cas pour certaines cellules des cordons de la moelle, des cordons
du bulbe, etc., on peut alors les suivre sur tout leur trajet, grâce
à l'absence des ferments oxydants dans la substance blanche.
En dehors de l'existence des granulations d’oxydases dans les
dendrites et leurs ramifications, surtout sur des coupes longitu-
dinales de la substance grise de la moelle, on s'aperçoit que les
cellules nerveuses sont plongées dans une atmosphère d’oxydase.
Je suppose que celles-ci sont logées dans les terminaisons cylin-
draxiles qui forment des plexus péricellulaires, et prennent part
à la constitution des synapses.
L'écorce du cervelet chez les Mammifères. et surtout chez les
Oiseaux se fait remarquer par la coloration très foncée de la cou-
che moléculaire remplie d’une grande quantité d'oxydases. Sur
les coupes un peu plus fines, on se rend compte qu'une grande
38 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (8):
partie de ces granulations siègent dans les dendrites des cellules
de Purkinje, dont on peut suivre les ramifications et le trajet
dans la zone moléculaire, jusqu'à la surface du cervelet.
Le pôle interne des cellules de Purkinje, d’où sort l’axone, pos-
sède des granulations sur son origine. Les cellules étoilées de la
couche moléculaire contiennent également, dans leur proto-
plasma, des ferments oxydants.
FRÉQUENCE DE LA RÉACTION DE SCHICK EN ROUMANIE,
par I. PAvEL.
Nous avons pratiqué la réaction de Schick sur 725 personnes
de tout âge, bien portantes ou atteintes de diverses maladies. La
technique employée était celle indiquée par Park et Zingher
injection intradermique de 1/50 de la dose minima mortelle pour
le Cobaye de toxine diphtérique ; dans tous les cas, nous prati-
quions également une inoculation témoin avec la même dose de
toxine chauffée à 95°. Les résultats obtenus ont été les suivants :
23,5 p. roo des individus en expérience ont présenté une réaction
positive nette, les cas à réaction positive étant répartis comme il
suit |
a) Jusqu'à l’âge de 6 mois : sur 25 cas, r positif, 4 p. 100 ;
b) De 6 mois à 2 ans : sur 45 cas, 24 positifs, 53,3 p. 100 ;
c) De 2 ans à 5 ans : sur 60 cas, 24 positifs, 4o p. 100 ;
d) De 5 à 15 ans : sur 196 cas, 12 positifs, 6,2 p. 100 ;
e) À partir de 15 ans : 399 cas, 57 positifs, 14,3 p. 100.
La courbe construite avec le résultat total des cas observés mon-
ire une forte ascension dans la première enfance jusqu'à l’âge de
5 ans ; la proportion des cas positifs décroît ensuite pour présen-
ter une nouvelle ascension, moins forte que la première cepen-
dant, de 15 à 25 ans ; à partir de cet âge, le nombre des réactions
positives est très réduit.
En ce qui concerne les militaires, contrairement aux données
statistiques de Vincent, Pillod et Zœller, les réactions positives
ont été infiniment moins fréquentes (8,5 p. 100) en Roumanie,
chez les Hommes de troupe d’origine campagnarde, tandis que
chez les élèves-officiers habitant la ville depuis longtemps, les
réactions positives ont été beaucoup plus nombreuses (18,5 p. 100).
Pour expliquer cette différence, nous rappelons qu'en Roumanie
les cas de diphtérie sont beaucoup plus nombreux dans les villages
que dans les villes (surveillance médicale moindre); les formes
frustes le sont également, d'où augmentation des chances d’une
immunisation naturelle. À cela ajoutons, comme cause secon-
daire, le surmenage des écoles.
(9) SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET 2? MARS 99
a RU Re QU nn US
Comme fait particulièrement intéressant, citons le cas d'une
Femme de 18 ans qui présentait des symptômes d'insuffisance
surrénale : vomissements, diarrhée, hypotension, très marqués
et qui n’a pas réagi à la toxine diphtérique, ainsi que nous nous
y attendions, étant donné le rôle attribué à la glande surrénale
dans l’immunité contre la diphtérie.
Deux médecins ayant été atteints à deux reprises chacun de
diphtérie et ayant subi le traitement sérothérapique dès le début
de leur infection, présentent néanmoins une réaction de Schick
fortement positive, ce qui confirme l’hypothèse qu'il n'y a pas
de modification de l’état allergique chez des individus qui ont été
soumis à un traitement antitoxique dès les premiers jours de la
maladie.
(Laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine
de Bucarest).
INFECTION À PNEUMOCOQUES CHEZ LE COBAYE,
VACCGINATION ANTIPNEUMOCOC CIQUE,
par [. GHEORGKIU.
_ Au mois de novembre 1919 des cas sporadiques de pneumococ-
cie apparaissent dans notre élevage de Cobayes. Les cas mortels,
peu nombreux au début, deviennent de plus en plus fréquents
et en peu de temps cette maladie prend les caractères d’une véri-
table épidémie, qui menace d’anéantir complètement l'élevage.
Les femelles en gestation ont été atteintes les premières : avorte-
ment et mort en 2-3 jours à la suite d’une péritonite. Les Cobayes
mâles et les jeunes, présentent une forme septicémique qui les
tuent parfois en quelques heures. À l’autopsie des animaux, on
constate régulièrement une forte péritonite avec fausses mem-
branes, exsudat louche dans la cavité péritonéale et les deux
plèvres, poumons avec foyers de broncho-pneumonie, grosse rate.
Les ensemencements faits sur gélose, gélose-sang de Lapin, gé-
lose-sérum de Lapin, permettent l'isolement du Pneumocoque du
sang et de tous les organes. Le Pneumocoque isolé fait fermenter
le glucose, le lévulose et le lactose ; l’inuline ne fermente pas ;
le lait tournesolé vire au rouge en 2-3 jours. Très virulent dans
les premiers passages sur gélose-sérum, ce Pneumocoque tue la
Souris en 8 à 12 heures ; la virulence diminue rapidement au
cours des repiquages suivants. Finalement, on n'obtient chez les
Souris inoculées qu’un œædème local et fugace. Moins virulent
pour le:Cobaye du premier passage inoculé sous la peau, le Pneu-
40 RÉUNION ROUMAINE DE. BIOLOGIE (10)
mocoque ne donne qu’un abcès à contenu crémeux qui guérit
spontanément. Les cas de septicémie consécutive à une injection
sous-cutanée sont exceptionnels. Inoculé dans le péritoine, le
Pneumocoque provoque une péritonite mortelle en 10 à 15 jours
avec fausses membranes et abcès miliaires , si l'injection intra-
péritonéale est faite avec une culture qui a subi de multiples pas-
sages sur milieux artificiels, l'animal guérit dans la plupart des
cas. Au contraire, par simple badigeonnage de la muqueuse buc-
cale et nasale, le Pneumocoque se montre excessivement virulent ;
cette méthode suffit pour déterminer une septicémie évoluant en
très peu de temps. On obtient une septicémie semblable en mélan-
.geant simplement aux aliments de l’animal un peu de culture de
notre Pneumocoque. Pendant l'épidémie, nous avons observé
un grand nombre d'animaux à pneumococcie chronique jouant
le rôle de porteurs de germes ; il s’agit d'animaux cachectiques,
dyspnéïsants, à poil hérissé : ils traînent dans cet état 3 à 4 se-
maines et souillent tout ce qu'ils touchent avec les sécrétions qui
s’écoulent du nez et de la bouche. A l’autopsie de ces animaux,
on constate les mêmes lésions que dans la maladie expérimentale.
Dans ces cas, les lésions plumonaires sont particulièrement éten-
dues ; ces organes forment une masse affaissée, atélectasique et
collée à la paroi thoracique ; on trouve le Pneumocoque dans le
sang et dans les autres organes.
Dans le but de sauver le petit nombre d'animaux qui nous res-
tait encore, nous avons pratiqué la vaccination au moyen du
Pneumocoque, isolé de l’épidémie même. Les cultures de 24 heu-
res sur gélose-sérum sont émulsionnées dans la solution physio-
logique (x culture dans ro c.c. de solution), chauffées 30 minutes
à 60° puis injectées sous la peau des animaux sains à la dose de
0,05 c.c. pour les jeunes et o,10 c.c. pour les adultes. On répète
l'injection deux fois à 5 jours d'intervalle en augmentant progres-
sivement jusqu'à o,15 c.c. pour les jeunes et 0,25 c.c. pour les
adultes. Le résultat de la vaccination a été des plus nets ; 8 jours
après le début des inoculations l'épidémie s’est arrêtée ; aucun
cas nouveau ne s’est plus produit parmi les animaux vaccinés.
Depuis 16 mois, nous n’avons plus eu l’occasion de constater au-
cun cas nouveau. Chez les individus à la mamelle, trop jeunes
pour être vaccinés, de nouveaux cas ont continué à se produire
parmi eux dans l'énorme proportion de 25 morts sur 27 individus.
(Laboratoire de bactériologie de la Faculté de médecine de Jassy).
(D) SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET ? MARS AL
en PR
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DES FERMENTS OXYDANTS
| DANS LES LEUCOCYTES,
par M. Porper,.
La divergence des opinions des différents hématologistes sur
la présence des ferments oxydants dans les monocytes nous a
décidé à reprendre l'étude de cette question. Tandis que l’école
de Naegeli admet la présence constante des oxydases dans cet
élément, Schilling et son élève Schlenner pensent que dans les
rares cas où certains auteurs ont cru voir ces ferments, il s’agis-
sait, ou bien d’une erreur de technique, ou d’un processus de pha-
gocytose. Les recherches de tous ces auteurs sont basées sur l’exa-
men des préparations traitées à la dimétylparaphénylènediamine
et le naphtol «, méthode qui ne permet pas une bonne coloration
nucléaire et par conséquent une identification süre des leucocytes.
On admet la présence dans les leucocytes de deux sortes de
ferments oxydants, les oxydases directes et les oxydases indirectes
ou peroxydases. Mais comme d’autre part on admet que les oxy-
dases directes sont composées d’une substance non ferment, l’oxy-
génase, et d’une peroxydase, nous croyons pouvoir déduire que les
différentes réactions utilisées pour démontrer la présence des oxy-
dases ou des peroxydases ne mettent en évidence en réalité qu'un
seul ferment, la peroxydase.
Tous les essais que nous avons faits pour obtenir sur une même
préparation la mise en évidence des ferments par la méthode au
paraphénylènediamine et le naphtol «, ainsi qu’une bonne colo-
ration nucléaire, ayant échoué, nous avons essayé le réactif pro-
posé par Bloch, le Dopa (dioxyphénylalanine) et la benzidine en
solution alcoolique indiquée par Graham et par Fiessinger et
Roudowska. Cette dernière méthode pouvant être complétée par la
coloration au Giemsa nous a permis d'obtenir en même temps
que la mise en évidence des ferments, de très bonnes colorations
nucléaires. C’est à ce dernier procédé que nous nous sommes ar-
rèêtés. :
Le réactif de Fiessinger se compose de 0,50 gr. de benzidine
pour 100 gr. d'alcool à 75° auquel on ajoute 0,2 gr. d’eau oxy-
génée. Il est préférable de préparer extemporanément la quantité
dont on aura besoin.
En traitant les frottis de sang non fixés, pendant 5-10 minutes
par ce réactif, les leucocytes apparaissent à un faible grossisse-
ment comme des points bleus ou bruns, si l'oxydation de la ben-
zidine a été plus forte. Après lavage à l’eau distillée, on peut faire
suivre une coloration au Giemsa.
Au moyen de cette technique, nous avons trouvé la réaction
42 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (12)
des peroxydases toujours positive dans les polynucléaires neutro-
philes et éosinophiles, jamais nous ne l’avons rencontrée dans les
lymphocytes. Les monocytes présentent constamment des granu-
lations de ferments colorées dans leur protoplasma, mais en bien
moindre quantité que les polynucléaires. Par contre, nous n’en
avons jamais trouvé dans les leucocytes basophiles du sang.
Nous croyons pouvoir conclure que seuls les leucocytes qui pré-
sentent dans leur protoplasma des granulations fonctionnelles
proprement dites, contiennent aussi des ferments oxydants, les
granulations azurophiles des lymphocytes étant considérées
comme le résultat d’une excrétion nucléaire et les granulations
des labrocytes comme une dégénérescence mucoïde du proto-
plasma.
Ce résultat, s’il ne nous permet pas, à lui seul, de ranger le
monocyte parmi les éléments d’origine médullaire, le distingue
en tous cas des lymphocytes. Par la méthode à la paraphénylène-
diamine et le naphtol «, nous avons observé un phénomène qu'il
nous paraît intéressant de signaler. En effet, si après avoir mis
une fois en évidence les granulations de ferments on laisse séjour-
ner quelque temps la préparation, on voit la coloration pâlir et
bientôt disparaître ; si on ajoute le réactif, elle réapparaît aussitôt.
On peut répéter ainsi de 5 à 6 fois cette opération. Nous croyons
pouvoir interpréter ce phénomène comme le lent épuisement d'un
catalyseur dont le mode d'action ressemble parfaitement aux fer-
ments.
Nous n'avons pu constater jusqu'ici des modifications des oxy-
dases dans le sang des sujets atteints de différentes maladies fé-
briles, que nous avons examinés.
(Laboratoire de la T° clinique médicale de Bucarest).
RAPPORT ENTRE LES LEUCOCYTES DU SANG DES CAPILLAIRES
ET CEUX DU SANG VEINEUX,
par TH. MironEsco.
Aujourd’hui, la numération des leucocytes peut être considérée
comme l’un des moyens les plus importants pour l'examen cli-
nique. |
Dans différentes infections, on accorde une très grande valeur
comme diagnostic au nombre de ces éléments, quelquefois,
comme par exemple dans le typhus exanthématique, c’est surtout
au point de vue du pronostic qu'il a une grande importance,
commé l’ont montré les travaux des plusieurs auteurs qui se sont
(13) SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET 2? MARS 43
occupés de la question, parmi lesquels nous pouvons citer Danié-
lopolu, en Roumanie. De même, dans la scarlatine, une forte leu-
cocytose coïncide toujours avec un état plus grave. D'autre part,
depuis les recherches de Widal, Abrami et Jancovesco (1) qui ont
attiré l'attention sur l'influence qu'exercent les maladies du foie
sur le nombre des leucocytes, on à publié un grand nombre de
travaux sur ce sujet. Entre autres, sont à retenir les publications
de Tinel et Santenoise (2), où les auteurs ont surtout mis en
évidence l'influence du système nerveux sur la leucocytose. Il y
a dix ans, Camus et Pagniez ont émis également l’opinion que le
nombre des leucocytes est sous la dépendance du système ner-
veux, qui agirait par l'intermédiaire de la tension artérielle. Mais
si pour la leucopénie il paraît à peu près établi que le système
nerveux exerce une action, l'augmentation du nombre des leu-
cocytes, n'a pas trouvé encore une explication. Généralement, la
plupart des auteurs considéraient l’augmentation du nombre des
leucocytes comme résultat d’une production plus grande de cel-
lules dans les organes dont ces éléments tirent leur origine et non
seulement comme une mobilisation de ceux-ci. En clinique, om
entend donc, d’une manière générale, par leucocytose, une aug-
mentation plus ou moins considérable des leucocytes dans la to-
talité du sang. On sait également, d’après quelques recherches
isolées, que le nombre des leucocytes varie dans les diverses ré-
gions du système circulatoire. Mais, parce qu'il arrive que des
irès petites causes peuvent exercer une influence sur le nombre
des leucocytes, ainsi qu'il résulte des recherches d'Ellermann et
d'Erlandsen, qui ont trouvé une variation selon que le sujet était
couché ou debout, il est quand même difficile de se rendre
compte, d’une manière précise; du nombre des leucocytes existant
dans les différentes zones de l’appareil circulatoire, à l’état nor-
mal. Une numération d'essai, pratiquée chez le Lapin, montra de
grandes différences. Assurément, les influences sont multiples et
il nous est impossible d'établir une relation directe entre les ré-
sultats obtenus par numération habituelle expérimentale et le
nombre réel des leucocytes, contenus dans les diverses zones, à
l’état normal.
Nous avons pratiqué cette numération dans le sang du Lapin
obtenu par ponction de l'oreille, en évitant-les veines visibles et
nous avons trouvé 14.200 leucocytes, par mm.c. Maïs en comptant
les leucocytes du sang de la veine cave inférieure et du cœur,
recueilli immédiatement après une ponction dans la région du
bulbe rachidien, le chiffre de ces éléments, dans la veine cave,
s’est élevé à 5.300 et à 3.200 dans le cœur. Ces données ne corres-
pondent probablement pas exactement au nombre de leucocytes
(1) Widal, Abrami et Jancovesco. Presse médicale, 1920.
(2) Tinel et Santenoise. G. R. de la Soc. de biol., 1921.
44 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (14)
du sang normal, mais elles méritent d'être examinées à la lumière
de nouvelles recherches. Dans ure communication récente faite,
avec Codreano, à la Société médicale des Hôpitaux de Paris, nous
avons attiré l'attention sur un fait intéressant. Comme nous le
disions plus haut, on rencontre dans la scarlatine, à l'examen
habituel du sang, une leucocytose qui est plus marquée dans les
Cas graves.
En pratiquant la numération comparative des leucocytes du
sang des capillaires de la peau, recueilli de la manière habituelle
par ponction et du sang de la veine du pli du coude obtenu par
ponction veineuse, nous avons trouvé une différence importante
entre les deux chiffres obtenus. Cette différence était d'autant
plus grande que la leucocytose était plus intense. C’est ainsi que
pour 28.600 leucocytes dans le sang des capillaires du doigt, il
y en avait 18.200 dans la veine. Dans un autre cas, nous avons
compté 21.600 leucocytes dans les capillaires et 12.000 dans la
veine. Ces faits nous montrent, il est vrai, qu’il existe aussi une
leucocytose dans la veine, mais vu la différence constatée, nous
ne sommes plus en état d'affirmer que la leucocytose existe égale-
ment dans les vaisseaux plus profonds. |
D'autre part, dans d’autres maladies, nous observons quelque-
fois l’inversion de ce rapport. C’est ainsi que, dans un cas de
pelvipéritonite, pour 40.000 leucocytes, comptés dans les veines,
nous trouvons un chiffre de 34.000 leucocytes dans les capillaires
du doigt. Dans un cas de varicèle survenue pendant la convales-
cence de scarlatine, l'examen pratiqué immédiatement après l’ap-
parition des vésicules a montré 4.600 leucocytes dans les capil-
laires et 9.000 dans la veine du pli du coude. Donc la leucocytose
telle que nous la constatons en clinique n’est pas une image réelle
du nombre des leucocytes qui existent dans la masse totale du
sang en circulation. Il est naturel qu'il en soit ainsi, car autrement
et en tenant compte de la numération approximative des globules
blancs se trouvant dans la totalité du sang, ces cellules réunies,
d’après Gravitz, formeraient un organe de la dimension de la
thyroïde. Or, si 5.000 leucocytes par mm.c. représentent le vo-
lume de cet organe, il arriverait qu’à une leucocytose de 40.000
leucocytes correspondrait une masse huit fois plus grande. De
sorte que si, en clinique, on constate parfois pendant quelques
heures une augmentation du nombre des leucocytes 5 à 6 fois
plus grande, il est très peu probable, en maintenant la compa-
raison, qu'un organe du volume de la thyroïde augmente ses
dimensions de 5 à 6 fois en quelques heures.
Si l’on veut bien tenir compte du rapport que nous avons éta-
bli, le mécanisme de la leucocytose apparaît plus clair. Il s’agit,
pour nous, d’une modification de la distribution des leucocytes,
provoquée par diverses causes, et, de la sorte, nous pouvons nous
(15) SÉANCES DES Â16 FÉVRIER ET 2 MARS 15
expliquer pourquoi la leucocytose intense correspond, dans quel-
ques maladies, à un état grave.
En vérité, il était très difficile d'expliquer pourquoi les cas de
scarlatine avec leucocytose intense étaient toujours, ou à peu
près, ceux à fin fatale. Si l’on tient compte que, par l'examen
clinique, nous ne mettons en évidence que la leucocytose des
capillaires, il est facile de comprendre que les lésions les plus
graves des organes profonds soient la cause de ce phénomène.
——
SUR UN PHÉNOMÈNE D'INEXCITABILITÉ PÉRIODIQUE RÉFLEXE,
OBSERVÉ SUR LES MUSCLES VOLONTAIRES, CHEZ L'HOMME,
par À. Rapovicr et À. CARNIor.
On sait que la moelle épinière, libérée de ses relations avec les
centres supérieurs par une compression ou lésion destructive,
récupère, après quelque temps, une série de fonctions automa-
tiques, manifestées soit dans les muscles volontaires, soit dans les
viscères, dépendant du tronçon médullaire sous-lésionnel. Dans
l'étude des réflexes dits de défense, ou d'’automatisme médullaire,
on a insisté jusqu’à présent surtout sur la forme des mouvements
et leur ressemblance avec les mouvements volontaires, comme par
exemple la marche, le grattage, l'éloignement d'un objet. L’ob-
servation atlentive des contractions musculaires, inscrites isolé-
ment, nous a permis de découvrir quelques phénomènes tout
à fait particuliers, qui se passent dans ces muscles et que nous
estimons présenter une réelle importance dans la physio-patho-
logie de ces réflexes et la physiologie neuro-musculaire en gé-
néral.
Nous avons constaté, en première ligne, que si l’on maintient
l’excitant en place, c’est-à-dire si l’on continue à pincer la peau
du membre, après le déclenchement du réflexe d’automatisme,
on voit, après une phase de relâchement, ie mouvement réflexe
réapparaitre et cette répétition peut se continuer quelque temps.
Ce fait d'observation nous a conduit à utiliser comme excitant une
série de chocs d'induction faradique. De cette manière, nous avons
eu la possibilité de doser l’excitant suivant l’emboîtement des
bobines et la fréquence des interruptions, et de maintenir fexci-
tant longtemps en place, observant les phénomènes qui se passent
dans les muscles, pendant tout le temps d'application de l'élec-
trode.
Nous avons ainsi inscrit les contractions des différents muscles
des membres inférieurs chez les malades présentant des mouve-
ments d’automatisme par compression médullaire. Si nous appli-
quons le courant faradique sur le dos du pied, les muscles des
AG RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (46)
membres dépendant du tronçon sous-lésionnel, commencent, par
voie réflexe, à se contracter d'une manière rythmique. Les con-
iractions sont plus ou moins égales en hauteur et séparées par
1. — S. Signal électrique, indiquant la série des chocs d’induction. — C. Contractions rythmiques des
muscles adducteurs de la cuisse. — T. Temps en secondes. Les électrodes excitant les deux pôles sont appli-
quées sur la face interne de la jambe,
&
3.
Fr
des intervalles égaux. Ce qui ressort nettement de nos tracés, c'est
le fait que ces contractions sont rares, vis-à-vis des excitations
faradiques, qui sont beaucoup plus fréquentes. Si nous augmen-
tons la fréquence du courant, arrivant même à la fréquence téta-
nique, les museles des membres en état d’automatisme continuent
(17) SÉANCES DES 16 FÉVRIER ET 2 MARS 47
à se contracter d’une manière rythmique et rare. Si l’on applique
l'électrode sur la peau correspondant au point moteur d’un mus-
cle, par exemple, les gastrocnémiens, nous assistons à deux sortes
de contractions de ces muscles : des contractions brusques et
Î
ape | “ lin} du ha pe | |
Cr
Fr. 2. — S. Signal électrique. — C. Contractions rythmiques des adducteurs.
— C,. Trace des gastrocnémiens. Les crochets indiquent les secousses di-
rectes. Les ondulations indiquent les contractions rythmiques réflexes, syn-
chromes avec C. — T. Temps en secondes, Les électrodes excitants sont
appliquées en bipolaire, sur la peau, recouvrant les gastrocnémiens.
fréquentes, coïncidant avec les chocs d’induction, ne se produi-
sant que localement, et des contractions rares, rythmiques, d’une
plus grande amplitude, se produisant aussi dans le muscle directe-
ment excité, mais s'étendant encore aux muscles voisins. Le
48 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (18)
tracé obtenu présente deux ordres d’oscillations. Il n’y a aucun
doute que les petites oscillations sont dues aux secousses muscu-
laires, produites par excitation directe ; les grandes oscillations
sont, par contre, dues aux contractions rythmiques réflexes. L’ex-
citation de la peau a déclenché des réflexes d’automatisme qui,
à travers la moelle, arrivent à tous les muscles dépendant du tron-
çon médullaire sous-lésionnel.
L'examen de la courbe de ces contractions réflexes, dénote
une ascension plus lente que celle de la secousse, une tendance
qui, parfois, arrive à la formation d’un plateau, et une descente
également lente. Ces caractères les distinguent aussi des contrac-
tions rythmiques du clonus de la rotule et du pied. Elles ressem-
blent plutôt aux mouvements involontaires rythmiques, décrits
dans diverses affections du névraxe (encéphalite épidémique, cho-
rée électrique, etc.).
La figure r représente les contractions (C) rythmiques des ad-
ducteurs de la cuisse, l’excitation bipolaire étant appliquée sur la
face interne de la jambe. S— le signal électrique indiquant la
série des chocs d’induction. T — le temps en secondes. On voit
dans cette figure que les muscles de la cuisse ne répondent que
de temps en temps aux chocs d’induction, appliqués sur la peau
de la jambe.
Dans la figure 2, nous avons inscrit simultanément les contrac-
tions des gastrocnémiens (Cr) et des adducteurs de la cuisse (C).
Les électrodes sont appliquées sur la peau recouvrant les gastroc-
némiens, de sorte que chaque interruption produit directement
une secousse. Nous voyons dans le tracé Cr des crochets indiquant
les secousses directes et des oscillations plus amples, correspon-
dant aux contractions réflexes des mêmes muscles. Ces dernières
ont la même forme et fréquence que les contractions réflexes
des adducteurs (C).
Etant donné, d’une part, que les excitations sont envoyées con-
tinuellement par voie réflexe aux muscles, et, d'autre part, que
ces mêmes muscles se contractent d’une manière rythmique, à
intervalles déterminés, il résulte de ces faits qu'un point quel-
conque de l’arc réflexe, ou le muscle lui-même, doit passer, dans
ces conditions, par des phases d'inexcitabilité périodiques. Il est.
presque certain que c’est au niveau des centres du tronçon médul-
laire en état d’automatisme, que se produit cette alternance phy-
siologique.
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que la séance tenue à Bruxelles en mai 1920.
Les communications seront présentées dans les conditions fixées
par les règlements de la Société, actuellement en vigueur.
Pour tous renseignements, s'adresser directement au Pr. CoTrE,
secrétaire général de la R. B., 213, rue d'Endoume, Marseille.
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Toutes les notes doivent être remises
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sous forme de dactylographies, ne) À
varietur, sans lectures douteuses ;
elles ne doivent pas dépasser l'étendue] …
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réglementaire.
Ces conditions sont formelles. À ° ||
TARIF DES TIRES A PART
. 48 francs pour 50 exemplaires (4 pages). - VEN
21: — 400" :— (4 pages). Re a
Les demandes de tirés à part doivent être portées sur les dactylogra-
phies; les factures réglées directement à l'imprimerie 7 3
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique ‘de leurs % 13
notes, le jeudi à 10 neures, chez les Does. MM. He 52, rue
ae
Pour la Publicité, s RE à la Société Mutuelle de Pubiicité,
14, rue Rougemont, Paris, LA — Téléph. Central 71-57
Se : &. e à " y
…
AY:
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU
AcxarD (Ch.) et BIner (L.) :
Recherche clinique de l’insuffi-
sance glycolytique par les échan-
DES TEDARALODES 1e. 0 care ee e
Bezançon (F.), Marureu (G.) et
PuiriserT (A.) : Autolyse des
erachals tuberculeux à la tempé-
re. die SOL OR CRe ECS
Bouveyron (A.) : Action d’oxy-
dants sur la tuberculine........
DÉÉ (F.) : Echinococcose céré-
belleuse expérimentale.........
GirARD (P.), MESTREZAT (W.)
et Morax (V.) : Recherches expé-
rimentales sur la perméabilité
des tissus vivants aux ions......
Isarou (L.) et Tezra (L.) : Etude
surliherpes orippals:.::.5:.1.1,
Lirscaürtz (A.) : Sur l’hyper-
trophie du testicule dans la cas-
tration unilatérale.............
Mawas (J.) et TERRIEN (F.) :
Etude histologique d’un cas de
membrane pupillaire persistante.
Meraznixkow (S.) et EPparussi
(B.) : Phagocytose et virulence
de ICONE nie ire
Mizcor (J.) : Contribution à la
physiologie du pigment purique
chez les Vertébrés inférieurs. ...
Panisser (L.) et VERSE (J.) :
Les injections de lait dans le
traitement des maladies des ani-
FTAUR OI ENeRERrNNnEse tre renee
Weizz (E.), ArLoms (F.) ct
DurourtT (A.): Essai de traite-
BioLocre. COMPTES RENDUS. — 1922.
ot
©
6S
1O JUIN 1922
SOMMAIRE
ment de la carence du Pigeon
par des cultures mortes ou vivan-
les de microbes intestinaux..... 5o
Réunion biologique de Suèce.
Kzinc (C.), Davine (H.) et Lir-
JENQUIST (F.) : Considérations
générales sur l'encéphalite épi-
démique expérimentale chez le
ADN 2 A een 77
Kzuws (C.), Davine (H.) et Lrz-
JENQUIST (F.) : L’encéphalite épi-
démique expérimentale chez le
Lapin. Virus d'origine intesli-
EE ANR EE A PRE RARE OS 7
KLING (C. ), Davine (H.) et Lis-
-SENQUIST (F.) : Virus herpétique
et virus encéphalitique......... 79
Réunion de la Société belïe
de biologie.
BEssemaws (A.) : Concordance
relative ct défectueuse de la réac-
tion de Gaté-Papacostas avec la
réaction de Wassermenn ; sa non
| spécificilé vis-à vis des sérums
| syphililiques ..... TO
BEessEeMans (A.) el LEYNEN (E.)
La formolgélification chez PU
ques sérums d’animiux. RANTO
Bnuynocue (R.) et ABPELMANS
(R.) : La neutralisation des Bic-
tériophages de provenance diff.
ROC ALU AMAR ER Ar ANT ACTE
De. ana (E. MR Sn la
transformation des fleurs hern::-
T. LXXXVII. 4
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ET
=
h:o dites en fleurs mäles chez PINCIPES INTIQUES OPEL 99
n p lant cultivé d’une espèce du Le FÈèvre pe Arkic (M.) : Re-
genre Haemanthus L........... 113 | cherches sur l’action de la papa-
Fagry (P.) : Note sur le Bacille vérine sur la motilité intestinale. 94
coli modifié ne produisant plus Mrouezs (N.-A.): Genèse hété-
MAO RE AR er Ann 113 | roplastique et homoplastique des
Firker (J.) : Recherches sur la labrocytes (mastzellen) chez les
. différenciation des mégacaryo- Vertébrés inférieurs...... III
* cytes et leurs fonctions... .,... 86 Micuezs (N.-A.) : Les labro-
Firker (J.) : Recherches sur la cytes (mastzellen) chez les Pois-
régénération des plaquettes..... SLR NSONS AIRE IR NA ATANE 115
FREDERICQ (H.) et Mécon (L.) : Rosxam (J.) : Le rôle du plasma
Action antagoniste de la caféine dans l’agglutination des globu-
et de l’adrénaline sur l'intestin lins (plaquettes); à propos de la
DTele SOLE Ne EN NS NN 92 | note de M. P. Govaerts ........ 8
GRATIA (A.) : Remarques à pro- Rosxam (J.) : Pathogénie des
pos de la communication de hémorragies incoercibles des pur-
MMPPruymoshetetAopelmans #M00 I NDUTIqUe PEER CC PCT CPE TEEE 90
GRATIA (A.) et Jaumain (D.) : SUMNER (J.-B.) : Sur le cyto-
Réaction de fixation de l’alexine zyme retiré des graines de Cana-
et spécificité antigénique des valia ensiformis........ ADS 108
Présidence de M. Ch. Richet.
BON D'UNE MÉDAILLE.
L'Académie royale de Belgique offre à la Société la médaille
frappée à l’occasion de la célébration du 150° anniversaire de sa
fondation.
‘ESSAI DE TRAITEMENT DE LA CARENCE DU PIGEON
PAR DES CULTURES MORTES OU VIVANTES DE MICROBES INTESIINAUX,
par E. Werrz, F. ArLonc et À. Durourr.
Des auteurs ont pensé faire jouer à des perturbations du tran-
sit intestinal ou des fonctions digestives un rôle important dans
le mécanisme de la carence du Pigeon.
On a montré aussi (A. Lumière) que l'administration de trace
de cultures stérilisées de levure de bière ou de Staphylocoque à un
Pigeon arrivé à la phase ultime de la carence expérimentale fai-
sait disparaître très rapidement le syndrome et restituait en 24
heures l'animal dans son état normal.
Ayant constaté les modifications considérables qui se produi-
sent dans les fientes des Pigeons en carence, dont l'aspect, la
teinte de plus en plus verte et la consistance changent avec l’évo-
SÉANCE DU 10 JUIN 51
lution progressive du syndrome, nous avons recherché s'il était
possible de modifier et de guérir l’état de carence développé chez
ces Oiseaux soumis au Riz décortiqué, en additionnant leur ré-
gime journalier d’une dose connue de cultures microbiennes
retirées des matières fécales des Pigeons en expérience.
La flore microbienne isolée des fèces était constituée par un
tétragène jaune, un coli-Bacille et trois Bacilles sporulés ou non
gardant le Gram et incomplètement identifiables aux espèces com-
munément décrites.
Ces microbes reconnus comme parfaitement inoffensifs, admi-
nistrés par les voies digestives, ont été cultivés sur gélose ordi-
naire. Les cultures solides étaient émulsionnées en eau salée après
râclage fait avec soin de façon à n’entraîner aucune particule de
gélose, puis desséchées, pulvérisées et données aux Pigeons par
gavage, ou mises en suspension dans de l’eau distillée et injectées
dans l’æsophage.
Quatre lots de Pigeons ont été successivement carencés. Les
Pigeons n’ont été soumis à l’ingestion des cultures que lorsque
les premiers signes de carence furent nettement apparents. La
poudre microbienne ingérée a toujours été composée du mélange
-des cinq microbes isolés.
Premier lot. 4 Pigeons sont mis au Riz glacé le r9 décembre
_1921. 44 jours après, le Pigeon n° r reçoit 0,05 cgr. de cultures
-desséchées à 75°. Il survit 2 jours. Le Pigeon n° 2 reçoit o,10 cer.
de cultures desséchées à la même température et survit 12 jours.
Les deux Pigeons restant servent de témoins : leur survie à par-
tir du 44° jour est nulle pour l’un, de quatre jours pour l’autre.
Second lot. 6 Pigeons sont mis en carence le 21 février 1922.
Ils sont gavés avec 20 gr. de Riz lorsque le dégoût de cet aliment
leur survient. Seul, le dernier Pigeon (n° 6) est laissé sans ga-
vage et sert de témoin. L’avant-dernier (n° 5) est également té-
moin, mais gavé. Le n° 6, témoin non gavé, vécut encore 17 jours
à dater du jour où les quatre premiers Pigeons recurent des
cultures microbiennes. Le n° 5, témoin gavé, ne vécut que 6 jours
à dater du même moment. Le n° r et le n° { qui reçurent
-0,05 cer. de cultures tuées par dessiccation à 52° survécurent l'un
13 jours, l’autre 8 jours. Le n° 2 et le n° 5 qui reçurent 0,05 cgr.
-de cultures tuées à 105° survécurent l’un 2 jours, l’autre 6 jours.
Troisième lot. 5 Pigeons sont mis en carence le 15 mars 1922
et sont gavés ultérieurement avec 10 gr. seulement de Riz. Le n° 5
sert de témoin. 23 jours après, la carence étant nette, on donne
des cultures aux quatre premiers. Les Pigeons n° r et n° 2 re-
coivent o,10 cer. de cultures desséchées à 37° et vivent encore
l’un 4 jours, l’autre 10 jours. Les Pigeons n° 3 et n° 4 reçoivent
©,10 cer. de cultures séchées à 105° et vivent encore l’un 4 jours,
52 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l’autre 14 jours. Le Pigeon témoin vécut 5 jours après le 23° jour,
c'est-à-dire à partir du jour où furent données les cultures aux
quatre premiers. |
Quatrième lot. 6 Pigeons sont mis en carence le 11 avril 1922
et reçoivent 10 gr. de Riz décortiqué, puis sont gavés ultérieure-
ment avec la même dose. On donne au n° r et au n° 2, lorsque
les signes de carence sont nets, les microbes vivants provenant
de trois tubes de cultures sur gélose. Ils survivent 4 et 11 jours.
Le n° 3 et le n° 4 absorbent 0,10, puis 0,20 cer. de cultures tuées
à 105° et survivent 3 jours. Le n° 5 et le n° 6 ingèrent 0,10, puis
0,20 cgr. de cultures desséchées à 37° et survivent 6 et 5 jours.
Nous conclurons de ces essais que, chez les Pigeons présentant
une carence alimentaire nette produite par le Riz décortiqué,
l’administration de cultures microbiennes vivantes ou desséchées
à diverses températures (37°, 52°, 75°, 105°) est incapable d’em-
pècher, aux doses indiquées, la marche progressive de la carence.
Celle-ci continue à évoluer et entraîne la mort certaine dans un
délai qui paraît varier surtout avec divers facteurs (ration jour-
nalière, résistance individuelle), mais qui, en aucun cas, n'a pu
excéder 14 jours.
(Laboratoires de médecine infantile et de médecine expérimentale
et comparée de la Faculté de médecine de Lyon).
RECHERCHE CLINIQUE DE L'INSUFFISANCE GLYCOLYTIQUE,
PAR LES ÉCHANGES RESPIRATOIRES,
par Cu. Acxanrp et Léon Biner.
Les troubles de l’utilisation du glycose ont été recherchés en
clinique par des procédés variés. L'épreuve de la glycosurie ali-
mentaire de Colrat en est le plus ancien, mais le plus sujet à
caution, car cette épreuve explore à la fois l'absorption digestive,
la glycogénie hépatique, le pouvoir de fixation et d'utilisation des
tissus, et la perméabilité rénale (1). L'épreuve de la glycosurie par
injection sous-cutanée, employée par l’un de nous avec Emile-
Weil (2), avait l'avantage d'écarter l'absorption digestive et de
(1) Ch. Achard et J. Castaigne. L'épreuve de la glycosurie alimentaire et ses
causes d'erreur. Arch. gén. de méd., janvier 1898, p. 27.
(2) Gh: Achard et Emile-W eil. De l'insuffisance glycolytique. C. R. de ta
Soc. de biol., 29 janvier 1898. p. 139 ; Diabète fruste. Bull. et mém. de 1
Soc. méd. des hôpit. de Paris, 18 février 1898, p. 149 ; Contribution à l'étude
de l'insuffisance glycolytique. Ibid., 15 avril 1898, p. 527. — Ch. Achard et
M. Lœper. L'insuffisance glycolytique étudiée plus particulièrement dans les
maladies aiguës. Arch. de méd. expérim., janvier 1901, p. 127.
SÉANCE DU 10 JUIN 53
mettre le foie hors circuit. L'hyperglycémie provoquée, imaginée
par À. Gilbert et A. Baudouin (1), élimine le fonctionnement
rénal.
Mais tous ces procédés ont l'inconvénient de ne pas distinguer
entre la fixation du glycose à l’état de glycogène et sa combustion.
Aussi le procédé de choix pour démontrer l'insuffisance de la gly-
colyse nous paraït-il être la recherche des produits de combustion
du sucre au moyen de la détermination des échanges respiratoires
après l’ingestion — ou l'injection — de 20 gr. de glycose.
Déjà l’un de nous avec G. Desbouis (2) avait abordé ce pro-
blème, au moyen de la soupape buccale de Tissot conduisant l'air
expiré dans un flacon d'abord (dans lequel on peut faire des prises
d'air pour l'analyse), dans un spiromètre ensuite. L'idée pre-
mière était l'étude du quotient respiratoire, mais en réalité, en
raison de la difficulté du dosage de l'oxygène, c'est surtout la
concentration de l’air en CO* qui a été étudiée. L'expérience a
montré, en effet, que chez l'Homme, respirant d’une façon un
peu artificielle avec la soupape de Tissot, la spirométrie n'était
pas d'une application facile et la ventilation n'était pas toujours
parallèle à la concentration en CO*. C'est cette dernière qui don-
nait les différences les plus nettes.
Ainsi, chez le sujet normal, de 15 à 30 minutes après l’absorp-
tion de glycose, on voyait se produire une élévation dans la con-
centration de l'air expiré en CO, qui traduisait la combustion
partielle et immédiate du sucre ingéré. Par contre, chez les dia-
bétiques et les fébricitants, la concentration restait constante, ce
qui traduisait l'absence de combustion immédiate du glycose.
Nous avons repris cette méthode en la perfectionnant ; 1° par
l’utilisation du masque respiratoire de guerre, dit A.R.S., permet-
tant à la fois la respiration buccale et nasale, s'appliquant parfai-
tement sur le visage et gènant fort peu la respiration ; 2° par
une recherche minutieuse des chiffres fournis par le spiromètre
de façon à déterminer, non plus seulement la concentration de
l'air expiré en CO?, mais la quantité de CC exhalé ; 3° par un
examen plus prolongé du sujet (x h. 30 ou 1 h. 45 au lieu de r h.).
Chez Ie sujet normal nous avons noté, quelquefois dès la 15°
minute, le plus souvent à la 30° ou 35° minute après l'absorption
du glycose, une augmentation nette des échanges respiratoires,
qui se traduit par une augmentation de la ventilation, et une élé-
(x) A. Gilbert et A. Baudouin. C. R. de la Soc. de biol., 26 décembre 1908,
p. 710 ; 6 novembre 1909, p. 458 ; Bull. et mém. de la Soc. méd. des hôpit.
de Paris, 8 juillet 1900, p. 71.
(2) Ch. Achard et G. Desbouis. Recherches sur l’utilisation des sucres à
l’état pathologique. Arch. de méd. expér.. mars 1914, p. 105.
54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
vation de la concentration de l'air expiré en CO* ; cette réaction:
dure environ 20 minutes.
Chez beaucoup de malades, nous avons trouvé une réaction.
toute différente et, à la suite de l’absorption de 20 gr. de glycose..
nous avons noté : 1° dans une première phase, durant de 50 mi-
nutes à 1 h. 25, une diminution des échanges respiratoires, par
rapport à leur taux initial : le plus souvent, la concentration de
l’air expiré en CO? ne subit que de légères variations, mais la
ventilation pulmonaire baisse d’une façon très sensible ; 2° dans.
une deuxième phase, inconstante, une élévation des échanges par
rapport au taux de départ, traduisant la combustion tardive du.
glycose.
Une telle réaction a été notée :
1° Dans le diabète, tout au moins dans le diabète sans acidose:
(7 observations); car dans le diabète avec acidose (2 observations),
nous n’avons pas noté de, chute initiale des échanges, mais une-
élévation légère vers la 35° minute ;
2° Dans les syndromes d'insuffisance thyroïdienne (3 cas de.
myxœdème);
3° Dans les maladies avec fièvre (3 observations de fièvre ty-
phoïde et granulie ;
4° Chez des cancéreux (6 cas sur 8 observations).
En somme, ces nouvelles recherches confirment dans leur en-
semble celles qui avaient été faites précédemment par l’un de
nous avec G. Desbouis avec une technique moins bonne. Mais
elles les précisent en montrant notamment que dans l'insuffisance
glycotique, le glycose n’est brûlé que tardivement, incomplète-
ment, et que son introduction dans l'organisme déclenche sou--
vent d'abord une chute des échanges respiratoires.
ÉCHINOCOCCOSE CÉRÉBELLEUSE EXPÉRIMENTALE,
par F. Dévé.
Poursuivant l'étude de l’inoculation échinococcique envisagée:
en tant que procédé de réalisation expérimentale d’une tumeur
intra-crânienne aseptique, non irritante, à développement lent
et progressif (1), nous avons pratiqué chez deux Lapins une ino-
culation de sable hydatique dans le cervelet (2). Le résultat a été:
(x) GC. R. de la Soc. de biol., séance du 28 avril 1921.
(2) Chez deux autres animaux nous avons effectué une inoculation intra--
rachidienne. Nous nous proposons de communiquer ultérieurement les résul--
tats de ces expériences, en cours depuis déjà six mois.
SÉANCE DU 10 JUIN 55
positif dans les deux cas. Nos animaux sont morts, respectivement
quatre mois et demi et cinq mois et demi après l'inoculation, avec
une symptomatologie et des lésions très analogues qu'il nous à
paru intéressant de relater brièvement ici
Lapin A. Poids 2,800 kgr. Le 7 décembre 1921, trépanation
ponctiforme à 5 mm. en arrière et à gauche du tubercule occipital
antérieur ; inoculation de III gouttes de sable hydatique de Mou-
ton, à 2 ou 3 mm. de profondeur. Aucun trouble immédiat. Le 8
et le 9 décembre, état normal. Le 10, légère incertitude de l’équi-
libre, oscillation du corps dans les déplacements ; l'animal, tor-
pide, ne mange pas. Ces troubles s’atténuent dès le lendemain et
ils ont complètement disparu le 12 décembre. Dès lors, l'animal
restera apparemment normal jusqu’au milieu d'avril, son poids
oscillant entre 2,750 kgr. et 2,920 kgr. Pas de sucre dans l'urine,
le 4 décembre et le 21 février ; pas de polyurie à cette époque:
Examiné le 15 avril, l'animal paraissait être en parfait état. Or,
à partir du 18 avril on constate qu'il se déplace maladroitement
et présente un état parétique ou paréto-spasmodique du train
postérieur ; il est absorbé et ne mange pas. Les jours suivants,
les troubles s’accusent : la tête penchée à gauche, l'animal a perdu
_ l'équilibre et se heurte contre les parois de sa cage ; ne mangeant
plus depuis quatre jours, il maigrit rapidement. En notre ab-
sence, notre collègue M. Guerbet le sacrifie, Le 22 avril 1922 (136
jours après l’inoculation).
À l’autopsie : masse hydatique polykystique ayant infiltré et
détruit la moitié antérieure de l'hémisphère gauche du cervelet
et du vermis. En avant, la lésion fait coin entre les pôles posté-
rieurs des deux hémisphères cérébraux, restés indemnes ; elle à
respecté, en arrière, la portion postérieure du cervelet et le bulbe.
La moelle est exempte de greffe hydatique. Par contre, on décou-
vre, à la base du crâne, une tumeur hydatique polykystique nette-
ment circonscrite, du volume d'un Pois, qui est localisée à la
région hypophysaire et adhère à la selle turcique (à l’intérieur de
laquelle elle semble s’enfoncer : un examen microscopique ulté-
rieur précisera ses rapports). Par sa face supérieure, cette tumeur
déprimait profondément la région du tuber cinereum; on n’a
malheureusement pu s'assurer si, dans les derniers temps de sa
vie, l'animal présentait de la polyurie.
Lapin B. Poids 3,300 kgr. Le 7 décembre 1921, inoculation de
IT gouttes de sable échinococcique dans le cervelet gauche (même
matériel et même technique que pour le Lapin A). Pas de troubles
immédiats. L'animal est normal le 8 décembre. Le 9 au soir, on
observe qu'il est un peu oscillant et maladroit du train postérieur.
Le ro décembre : animal couché sur le flane gauche ; état paréto-
spasmodique du train postérieur, trouble marqué de l'équilibre ;
6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
torpeur ; l'animal n'a pas mangé depuis la veille. Le 11, même
état ; cependant l'équilibre est un peu meilleur. Le 12, l’amélio-
ration s’accentue ; le 13, l'animal se remet à manger, bien quil
demeure encore un peu oscillant. Le 16, les troubles ont complè-
tement disparu : poids 2,900 kgr. Le 3 janvier, l’animal a repris
son poids initial : 3,250 kgr. Les urines, examinées le 25 décem-
bre et le 21 février, ne renfermaient pas de sucre.
Surveillé quotidiennement, surtout après l’autopsie du Lapin À,
le Lapin B devait rester normal jusqu'au ro mai. Le 11 mai, on
remarque chez lui un peu de tendance à [a torpeur et à l’immo-
bilité ;l'animal mange peu. La torpeur s’accentue le 12 ; l’animal
tend à s'accroupir ; réflexes du train postérieur exagérés ; poids
2,900 kgr. — 14 et 15 mai : incertitude de l'équilibre, tendance
à incliner la tête à gauche, ralentissement des battements car-
diaques (98) et des mouvements respiratoires (0); l'animal ne
mange plus ; poids 2,750 kgr. — 16 mai : inclinaison de la tête
plus marquée, démarche hésitante, pattes écartées, titubation, ten-
dance à tomber à gauche et à être entraîné de ce côté ; aggrava-
tion de l’état paréto-spasmodique ; nystagmus horizontal inter-
mittent ; pas de troubles apparents de la vision ni de l’audition.
— 17 mai : animal couché sur le flanc gauche ; soulevé, il pré-
sente un tournis axial vers la droite ; nystagmus ; cœur à 100,
respiration à 36 ; poids 2,530 kgr. — 18 mai : animal immobile
sur le flanc gauche ; torpeur croissante ; poids 2,370 kgr. Mort
le 19 mai (164 jours après l’inoculation) : poids 2,260 kgr.
Autopsie : masse échinococcique polykystique ayant détruit
toute la moitié antérieure du cervelet : hémisphère gauche, ver-
mis et hémisphère droit ; en outre, petit prolongement kystique
comprimant le pédoncule cérébelleux postérieur gauche. Aucun
autre kyste au niveau du cerveau, de la protubérance ni de la
moelle ; pas de kystes à la base du crâne.
Nous n'avons pas la prétention de donner, d’après ces deux
seules expériences, un description définitive des lésions et des
troubles provoqués par l'inoculation échinococcique intra-céré-
belleuse. Nous nous bornerons à faire remarquer que le mode ex-
périmental employé paraît fidèle et que les lésions comme sympto-
matologie semblent devoir être-assez constantes. Cette étude méri-
terait d’être reprise de façon plus précise et plus scientifique que
nous n'avons pu le faire, en utilisant des animaux d'expérience
peut être plus appropriés que le Lapin.
(Laboratoire de bactériologie de l’École de médecine de Rouen).
SÉANCE DU 10 Jui 57
ÉTUDE SUR L'HERPÈS GRIPPAL,
par LE. Isarcu et L. TELrA.
Levaditi, Harvier et Nicolau (1) ont démontré que dans cer-
taines salives de sujets sains, prédisposés ou non à l’herpès, il
existe un virus filtrant pathogène pour le Lapin. Ce virus, dont
la virulence est variable, inoculé à la cornée du Lapin, détermine
soit une kérato-conjonctivite simple, soit des lésions de kératite,
suivies d’une infection à localisation cérébrale, semblable à l’en-
céphalite expérimentale. Ces auteurs ont prouvé que le virus
salivaire, simplement kératogène, ou kératogène et encéphalito-
gène, est une variété plus ou moins atténuée du germe filtrant
de l’herpès et de l’encéphalite léthargique.
Nous avons entrepris une étude comparative de la salive et du
contenu des vésicules d’herpès chez un certain nombre de ma-
lades atteints de grippe (épidémie de Cluj, janvier-février 1922).
Par des expériences d'immunité croisée, nous avons montré
d'abord que le virus des herpès simples et celui de l’herpès grippal
sont identiques. En effet, lun de ces germes vaccine la cornée
contre l’autre.
Nous avons établi ensuite, qu’en général, chez les malades dont
l’herpès péribuccal était de date récente (12 heures), la salive était
très virulente ; la kérato-conjonctivite qu'elle provoquait était
intense, quoique moins marquée que la kératite herpétique. Dans
d’autres cas, la salive du même sujet n’a provoqué qu'une Kkérato-
conjonctivite légère. Réinoculée à des Lapins neufs, quelques jours
après, elle s'est montrée totalement dépourvue de pouvoir patho-
gène. Lorsque l'herpès péribuccal guérit, la salive perd sa viru-
lence pour le Lapin.
Ces expériences semblent montrer. qu'il y a un rapport étroit
enire la richesse de la salive en germes kératogènes et la présence
de vésicules d’herpès au voisinage de la bouche. Il n’en est pas
toujours ainsi. En effet, les recherches antérieures de Levaditi,
Harvier et Nicolau ont montré que la salive peut contenir l’ultra-
virus kératogène et même encéphalitogène, alors que le sujet n’a.
jamais eu d'herpès ; d'autre part, chez certains individus à pré-
disposition herpétique manifeste, la salive peut êlre totalement
avirulente. D'ailleurs, ces auteurs, en pratiquant des examens de
la salive chez un mème sujet, ont observé des oscillations du pou-
voir pathogène salivaire à des intervalles assez rapprochés.
Chez un de nos malades, quatre jours après l'apparition d’un
(x) Levaditi, Harvier et Nicolau. Annales de l’Institut Pasteur, t. XXXVI,
janvier 1922.
5S SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
herpès labialis virulent et alors que cet herpès était guéri, nous
avons observé des vésicules d’herpès sur la paupière inférieure
gauche. Tandis que le contenu de ces vésicules a déterminé chez
le Lapin une kérato-conjonctivite très intense, la scarification de
la cornée, faite avec de la salive recueillie au même moment, est
restée sans effet. Or, la même salive, examinée pendant l’évolution
de l’herpès labial, était pathogène.
Nous pensons, sans pouvoir apporter d’autres preuves à l'appui;
que, dans ce cas, l’immunité de la peau, née au niveau de lher-
pès péribuccal, s’est propagée excentriquement à la muqueuse
buccale, sans atteindre le territoire cutané des paupières infé-
rieures. Ce territoire, resté sensible, a réagi par des vésicules
d'herpès caractéristiques et riches en virus.
ACTION D'OXYDANTS SUR LA TUBERCULINE,
par À. Bouveyron.
En faisant agir des substances chimiques variées sur diverses
tuberculines et en nous servant de la cutiréaction comparative
comme indice physiologique des réactions chimiques, nous avons
observé que les substances qui suppriment ou atténuent la toxicité
de la tuberculine peuvent se grouper en un certain nombre de
catégories principales qui correspondent à des fonctions chimi-
ques déterminées.
Une de ces catégories (la première que nous envisagerons) est
celle des oxydants puissants, directs ou indirects. C’est ainsi qu'à
froid les permanganates de chaux, de potasse, de soude, de zinc,
d'argent, le chlore gazeux, le trichlorure d’iode,. les hypochlorites
de potasse, de soude, de chaux, de magnésie, l’hypobromite de
soude avec soude libre suppriment rapidement l’aptitude de la
tuberculine à déterminer des cutiréactions. Chauffé à l’ébullition,
le charbon animal a la même action, mais il ne la possède pas
sensiblement à froid. A froid, le monochlorure d’iode atténue for-
tement la tuberculine ; l’eau bromée saturée et le réactif de Bou-
chardat dédoublé l’atténuent encore appréciablement. La peroxy-
dase artificielle de J. Wolff atténue aussi sensiblement la tuber-
culine en présence de l'air et après 3 heures de contact, par
exemple. Le persulfate de soude et l’eau oxygénée neutre (obtenue
par le procédé de Crismer) n’atténuent pas sensiblement la tuber-
culine à froid. Mais après chauffage de 4 heures en vase clos à
100°, cette atténuation est évidente. Le contact prolongé durant
2 heures d’essence de thérébentine vieillie et ozonisée n’influence
EQ
SÉANCE DU {0 JUIN 59
D Um a te PROMO RER hi ni
pas appréciablement la cutiréaction. De même, un barbotage de 4
heures d’un courant d'ozone dans une solution de tuberculine
ne suffit point à la rendre atoxique, pas plus qu'un séjour de 24
heures dans une atmosphère fortement ozonisée. Gette action
lente et incomplète de l’ozone fait contraste avec l’action rapide
et complète des permanganates et des hypochlorites.
Nous ne pouvons faire que des hypothèses sur le mécanisme
chimique de l’action des oxydants sur la tuberculine. Cependant
nous verrons, dans d’autres mémoires, que la tuberculine se com-
porte comme une albumose à l'égard de divers réactifs précipi-
iants et comme un polypeptide à l'égard de divers ferments. Or,
chauffées avec du plombite de soude, toutes les tuberculines,
1ème les plus purifiées, noircissent. Elles contiennent donc le
eroupement sulfuré de la cystine. On peut donc admettre
que c'est principalement par atteinte de ce groupement
sulfuré facilement attaquable que la tuberculine perd
complètement sa toxicité, quand nous la chauffons durant 6 heu-
res, par exemple, à r00°, avec de l’eau de chaux ou de baryte, du
saccharate de chaux ou des dilutions étendues de potasse ou de
soude. Pareillement, c’est par une action principale sur le même
groupement sulfuré qu'on interprète l'action sur l’albumine
d'oxydants comme le permanganate de potasse, action qui donne
lieu, en particulier, à l’acide oxyprotéine-sulfonique de Maly par
fixation de 4 atomes de O pour chaque atome de $. Mais l’action
des oxydants sur le même groupement sulfuré (ainsi que sur les
groupements aminés) peut être encore plus complexe dans le cas,
par exemple, des hypochlorites, en raison non seulement de l’ac-
tion possible du chlore libre ou hydrogéné sur le soufre, mais
surtout de l’action du chlore sur les groupements aminés, qui
donne naissance à de l’acide chlorhydrique et à de la chloramine.
Et ces actions complexes expliquent sans doute pourquoi des oxy-
dants directs comme les permanganates, ou indirects comme les
hypochlorites, exercent sur la tuberculine une transformation
plus profonde que les oxydants simples comme l'ozone.
Les chloramines agissent aussi sur la tuberculine.
60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SUR L'HYPERTROPHIE DU TESTICULE DANS LA CASTRATION
UNILATÉRALE,
Note de A. Lrrscnürz, présentée par E. GLey.
Il est bien connu, depuis les expériences de Ribbert, qu'une
hypertrophie du testicule a lieu après la castration unilatérale. Ce
fait fut confirmé par Sand et par nous. Le testicule peut atteindre
un poids 2 et 2,5 fois plus grand que celui d’un testicule normal
du même âge. Ribbert et ses collaborateurs ont montré que les
tubes séminifères du testicule hypertrophié ont un diamètre beau-
coup plus grand que ceux d’un testicule normal. Nous avons pu
confirmer cette constatation.
Stieve (r) récemment suppose que cette hypertrophie des tubes
est une réaction compensatrice endocrine, les cellules germina-
tives étant selon lui les productrices de la sécrétion interne. Nous
avons montré qu'une réaction compensatrice endocrine de la part
des cellules interstitielles n’a sans doute pas lieu — contrairement
à ce que supposaient Bouin et Ancel, — l'hypothèse de Stieve
semblerait, à première vue, devenir acceptable.
Mais il existe des faits qui nous montrent que cette supposition
de Stieve est absolument erronée. Nous avons démontré que süre-
ment une hypertrophie du tissu germinatif n’a pas lieu dans les
petits fragments testiculaires, et malgré cela, ces fragments peu-
vent suffire pour une masculinisation complète. Nous avons fait
aussi d'autres observations qui indiquent, d'une manière plus di-
recte, que la réaction du testicule, après la castration unilatérale,
n a rien à faire avec la fonction endocrine.
Nous avons enlevé, chez des Lapins âgés de 1 à 2 mois, un tes-
licule. En pesant environ à ou 5 mois après le second testicule
chez trois arimaux, nous avons pu constater, comme nous l’avons
déjà dit plus haut, que le poids était deux fois supérieur à celui
trouvé chez les animaux témoins, Les quatre autres Lapins sont
restés en observation plus d'une année. Dans les premiers mois,
aucun doute ne pouvait subsister : le testicule descendu dans le
sac scrotal était beaucoup plus grand que ceux de l'animal témoin.
Plus tard, cette différence semblait être moins marquée chez trois
de ces opérés. Or, nous avons pesé, plus d'une année après l’opé-
() Entwicklung, Bau und Bedeutung der Keimdrüsenzwischenzellen. München
u. Wiesbaden 1921 (Verlag J.-F. Bergmann). — Je tiens à protester publique-
ment contre la façon agressive et tout à fait subjective avec laquelle cet au-
teur s'attaque aux partisans de la théorie de sécrétion interne des cellules
interstiticlles, manière absolument contraire au véritable esprit scientifique.
SÉANCE DU 10 JuIX OL
Le RRN pop ee REIN a PR EN
ration, les testicules des animaux opérés et témoins. Tous les tes-
ticules des animaux opérés pesaient plus que chez les deux té-
moins, la différence moyenne étant d'environ 50 p. 100. En pre-
nant en considération que la différence peut atteindre, trois mois
après l'opération, environ 150 p. 100 et cinq mois après l'opéra-
tion, 100 p. 100, pendant que 12 mois après la différence n'était
que 5o p. 100, nous pouvons bien admettre que le poids supé-
rieur du testicule après la castration unilatérale n'est pas dû à une
vraie hypertrophie, mais à un autre facteur. Ce facteur serait ur
développement accéléré du testicule dans la castration unilatérale.
Nous avons des preuves en faveur d’une telle conception. Nous
avons pesé les testicules du père des Lapins opérés, à l’âge d'envi-
ron 2 ans et demi. Le poids était de 2,9 et 3,3 gr. Le poids des
testicules de ses trois fils châtrés unilatéralement était de 2,6, 3,2
et 3,8 gr. pendant que le poids maximal des testicules chez ses
deux fils normaux témoins était de 2,45 gr. Il s'ensuit de ces chif-
fres que la différence dans le poids des testicules des animaux nor-
maux et des animaux unilatéralement châtrés est probablement
causée par un développement accéléré, le testicule, dans la cas-
tration unilatérale, s’approchant plus vite du poids maximal d'un
testicule adulte. Il est ainsi très peu probable qu'une hypertrophie
du testicule ait lieu après la castration unilatérale.
Nous avons aussi comparé le poids de ro testicules d'animaux
unilatéralement châtrés avec celui d'environ 70 testicules d’ani-
maux normaux d’âges différents. Si on compare des animaux nor-
maux et opérés du même poids, on trouvera que le testicule de
l'animal opéré a, ou un poids plus grand que le testicule normal,
où un poids qui est très près du poids maxima dans ce groupe
d'animaux. Mais le poids d’un testicule d’un animal opéré d'un
certain groupe ne surpasse pas les poids maximaux des testicules
normaux dans des groupes suivants de Lapins plus âgés (ou de
Lapins qui pèsent plus); de 10 Lapins unilatéralement châtrés,
un seul avait un testicule d’un poids plus grand que le poids
maxuma des 70 testicules normaux. Les poids maxima, chez les
animaux normaux, étaient de 3,3 gr. pour des animaux, de 2,5 et
de 2,8 kgr.; le poids maxima chez des animaux unilatéralement
châtrés était de 3,8 gr. chez un animal de 14 mois (1,0 kgr.r. Tou-
tes ces observations sont une nouvelle affirmation pour notre
thèse que le poids plus grand du testicule après la castration uni-
latérale est dû à une accélération du développement et qu’une
hypertrophie du testicule dans la castration unilatérale n'a pas
lieu.
Nos différentes observations expérimentales sur le Cobaye et le
Lapin, mettent ainsi hors de doute que non seulement la concep-
tion d’une hypertrophie compensatrice endocrine du tissu germi-
62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
natif du testicule n’est pas justifiée, mais qu'en réalité aucune
hypertrophie du tissu germinatif n’a jamais lieu dans le testicule.
(Institut physiologique de l'Université de Dorpat-Tartu, Esthonie).
AUTOLYSE DES CRACHATS TUBERCULEUX À LA TEMPÉRATURE DE 50°,
par F. BezaAnçoN, GEonGEs MATHIEU et ANDRÉ PHILIBERT.
Dans deux notes précédentes, nous avons montré que les cra-
chats tuberculeux mis dans un tube à essai à l’étuve à 37° subis-
saient une autolyse aboutissant à l’homogénéisation et à la eal-
lection, dans le culot, des Bacilles tuberculeux. Nous avons mon-
tré que, par ce procédé, plus sensible que l'homogénéisation à la
soude, on pouvait mettre en évidence le Bacille tuberculeux dans
des crachats n’en renfermant ni à l'examen direct, ni à l’homo-
généisation habituelle dans la proportion de 8,8 p. 100.
Nous nous étions demandé si cette auto-digestion pouvait être
imputable à l’action des microbes d'infection secondaire qui souil-
lent les crachats. Pour trancher cette question, nous avons essayé
d'obtenir l’autolyse d’une part à la température de 70°, d'autre
part, à la température de 50°. À la température de 70°, on obtient
une coagulation en masse, au bout de 24 heures, le coagulum
flotte dans un liquide séreux ; il n’y a pas à proprement parler
de culot, les Bacilles tuberculeux ne sont pas augmentés, même
après plusieurs jours. Ce résultat n’est pas surprenant puisque
les albumines — et les crachats en renferment — sont coagulées
à la température de 70°, et que, d’autre part, ferments et microbes
sont détruits à cette mème température.
Par contre, à 50° l’autolyse est obtenue en 24 heures et paraît
même plus rapide qu'à 37°. Le culot renferme des Bacilles tubercu-
leux augmentés de nombre, et cette augmentation va croissant
jusqu’au 5° ou 6° jour. Au point de vue pratique, le résultat est
donc absolument comparable à celui obtenu par l’étuve à 37° et
le procédé peut être employé dans le diagnostic pratique de la
tuberculose. Si l’on ensemence cette autolyse obtenue à 50°, au
bout de 24 heures, on n'obtient aucune colonie aussi bien en ana-
érobie qu’en aérobie. On peut done conclure de ce dernier fait :
1° que, dans ce cas, l’autolyse n’est pas due à l’action micro-
bienne ; 2° qu’on peut l’imputer à des ferments qui, nous le sa-
vons, ne sont pas détruits par la température de 5o°; nous n'’igno-
rons pas que dans l’autolyse spontanée de la levure de bière, 5o°
est la température optima ; 3° qu'aucune cause d’erreur ne peut
SÉANCE DU 10 JUIN 63
venir pour la constatation du Bacille tuberculeux de la présence
d’acido-résistants.
Nous pouvons donc conclure que l’autolyse des crachats peut
être obtenue aussi bien à 5o° qu à 37° et que le rôle prépondérant
de la digestion revient dans les deux cas aux ferments que ren-
ferme le crachat. Mais dans le procédé à 50° on n'observe pas les
modifications successives et brutales d’acidité et d’alcalinité.
: Au point de vue pratique, l'augmentation du nombre des Ba-
cilles tuberculeux paraît équivalent, et nous rappellerons à ce su-
jet que nous avons pu encore décupler cette augmentation en
pratiquant l’homogénéisation à la soude sur le culot obtenu par
autolyse du crachat en tube à essai.
Pratiquée dans ces conditions, cette homogénéisation est plus
facile ; le culot étant déjà presque digéré exige pour s’homogé-
néiser une quantité moindre de soude, et donne comme résultat
un liquide beaucoup moins visqueux que dans les homogénéisa-
- ions partant directement du crachat.
:GONTRIBUTION A LA PHYSIOLOGIE DU PIGMENT PURIQUE
CHEZ LES VERTÉBRÉS INFÉRIEURS,
par JaAcQuEsS Mirror.
- 1 existe de nombreux travaux concernant l’action de la lu-
mière, de la température, des impressions visuelles, et de divers
autres facteurs sur la coloration des animaux. Depuis quelques
années, on a, je crois, orienté la question dans une voie plus dif-
ficile, mais plus féconde, en étudiant davantage la nature chi-
. miques présidant à la formation de la mélanine, presque rien n'a
dons maintenant des notions assez précises sur les processus chi-
miques présidant à la formation de la mélanine, presque rien n’a
encore été fait qui soit de nature à nous éclairer sur le détermi-
nisme des pigments puriques. Nous avons commencé cette étude
“ chezles Vertébrés inférieurs, matériel de choix pour l'expérimen-
| tation. Le pigment purique existe, on le sait, chez ces animaux,
M sous forme de cristaux de guanine contenus dans des cellules spé-
ciales, les iridocytes.
Il est bien difficile de ne pas considérer la guanine, corps résul-
tant de la décomposition des nucléoprotéides, comme un résidu
du métabolisme de l’animal, et l’ensemble des iridocytes comme
. une sorte d’organe fixateur de déchet. Mais la guanine qui se fixe
ainsi dans les téguments représente:t-elle, comme le voudraient
divers auteurs, un produit en excès et que le rein est incapable
64 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ZE ——]…—
d'éliminer ? Les iridocytes suppléent-ils fonctionnellement à ce
rein « insuffisant » suivant l'expression dont se sert Murisier (1).
Pour nous en rendre compte, nous avons soumis aes lots de
têtards de Rana temporaria, provenant de la même ponte, à des
régimes alimentaires très variés quant à leur richesse en nucléo-
protéides toutes les autres conditions étant égales. Il est évident
que les têtards nourris exclusivement au thymus ou au foie et
ceux à la nourriture desquels on ajoute une quantité notable
d'acide nucléique chimiquement préparé (2) auront à éliminer
des corps puriques en quantité massive et la suppléance des iri-
docytes à l'insuffisance du rein devra se révéler par un dépôt par-
ticulièrement abondant de guanine dans les téguments. L'expé-
rience ne montre rien de semblable. Il est impossible de distin-
guer pigmentairement les têtards nourris à l'acide nucléique ou
au thymus des témoins alimentés avec du tissu musculaire, de
l’albumine d'œuf ou des feuilles de salade.
Tirons quelques conclusions de cette expérience : 1° la guanine.
dés iridocytes n’est pas un déchet provenant du régime alimen-
taire de l'animal. Elle n'appartient pas au métabolisme exogèn.,
suivant la distinction de Folin. 2° Le rein du têtard est capable
d'éliminer un grand excès de bases puriques. La guanine qui se
dépose dans les téguments est sans rapport avec la fonction ré-
nale. L'ensemble des guanophores de l’animal forme un organe
fixateur de déchet indépendant du rein, incapable de le suppléer
ou de le remplacer, et n'ayant rien de commun avec ces « reins
d'accumulation » si fréquents dans certains groupes zoologiques.
Nous avons essayé une expérience complémentaire en faisant
absorber à d’autres séries de têtards des diurétiques tels que la
théobromine dans le but d'activer leur élimination rénale. Ces
têtards ont présenté pendant toute la durée de l’expérience des
iridocytes aussi nombreux et aussi riches en guanine que des
animaux témoins. On peut douter, nous le savons, que les diuré-
tiques efficaces chez l'Homme le soient autant chez des larves de
Grenouille. Signalons cependant que les dissolvants des concré-
tions uriques utilisés en thérapeutique agissent sur la guanine des
iridocvles, non seulement in vitro sur les préparations, mais
même sur l'animal vivant. Des têtards auxquels nous avons fait
absorber de l’atophan, par exemple, nous ont montré des altéra-
tions évidentes et électives de leurs guanophores, leur santé géné-
rale étant au moins en apparence parfaitement conservée.
Le jeûne agit-il sur les iridocvtes ? Rao (8) dit avoir fait dispa-
(1) Murisier. Bulletin de la Sociélé vaudois” des Sciences naturelles, 1910.
(2) Je tiens à remercier ici M. Doyon à l'obligeance duquel je dois ce pre-
duit. ‘
(3) ao. Record Indian Museum, 1917.
SÉANCE DU 10 JUIN (675)
raître par quelques jours de jeûne les guanophores d’un têtard
indien, Wicrohyla ornata et Tornier (1) qui considère les pigments
comme des substances de réserve utilisables en cas de besoin par
l’animal, prétend avoir, par le jeûne, obtenu des larves de Pelobates
fuscus apigmentées. Je regrette vivement de n'avoir pu me pro-
curer ni Pélobates, ni Microhyla, les résultats de Rao et Tornier
étant tout à fait contraires à mes observations. Celles-ci portent
non seulement sur des têtards de tous âges de R. temporaria, R.
esculenta et Alytes obsteitricans, mais aussi sur des adultes de R.
temporaria, Triton cristatus et T. palmatus.
Jamais le jeûne, même absolu et prolongé ne m'a montré de
diminution du nombre des guanophores (2). Un fait bien conrvu
me parait d'ailleurs suffire à ruiner la théorie de Tornier : les
Poissons en parure de noce, c’est-à-dire à une période pendant
laquelle, en général, les iridocytes comme les autres cellules pig-
mentaires présentent leur maximum d'abondance, sont toujours
en état de jeûne et souvent de jeùne prolongé.
(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine).
PHAGOCYTOSE ET VIRULENCE DES MICROBES,
par S. Meraznixow et B. EParussi.
Nous avons parlé plusieurs fois dans nos publications précé-
dentes du rôle de la phagocytose dans l’immunité des Chenilles
(Galleria mellonella). En infectant les Chenilles avec différents mi-
crobes nous avons constaté en premier lieu la phagocytose, c’est-
à-dire l’englobement et la digestion des microbes dans les cellules
du sang. Mais quelles cellules y prennent part ? Quelle est l’action
des microbes virulents et peu virulents sur la phagocytose ? Les
microbes virulents sont-ils phagocytés avec la mème rapidité que
les microbes peu virulents ? Y a-til une phagocytose dans les
infections mortelles ?
Comme on le sait, il y a dans le sang des Chenilles six espèces
de globules sanguins : r° Iymphocytes, 2° proleucocytes, 3° leuco-
cytes vrais ou phagocytes, 4° cellules sphéruleuses, 5° cellules
sphéruleuses vides, 6° œnocytes.
. Ge sont seulement les leucocytes vrais et les proleucocytes qui
prennent part à l'englobement des substances inertes des micro-
(1) Tornier. Zool. Anzeiger, 3z, 1608.
(2) Johnson (Univ. California Public. Zool., 1913) a obtenu le même résultat
pour [cs mélanophores chez une Hyla américaine.
Broocre. ComprTes RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 5
66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
bes introduits dans ie corps des Chenilles. Toutes les autres cel-
lules (tymphocytes, cellules sphéruleuses, cellules vides et œno-
cytes) n’englobent jamais des substances inertes. La phagocytose
commence d'habitude 15-30 minutes après l’injection. Mais au
début elle est encore très peu marquée. En devenant de plus en
plus forte, elle atteint son maximum en 3-4 heures, si la dose
injectée n'a pas été trop considérable. En 5-10 heures, la phago-
cytose diminue peu à peu et les phagocytes disparaissent. Ils vont
s'agelomérer aux environs des organes internes, surtout dans la
région postérieure du cœur et de l'intestin. Si les microbes ou les
substances injectées sont très résistants et ne sont pas facilement
digérés par les phagocytes isolés, on voit se former de grandes
agglomérations de phagocytes, des plasmodes et des capsules. La
rapidité et la durée des réactions phagocytaires dépendent de la
nature et de la quantité des microbes injectés.
En règle générale, la phagocytose est très intense dans les cas
où les Chenilles sont infectées par un microbe peu pathogène
pour elles (tuberculose, diphtérie, tétanos, etc.). Au contraire, la
phagocytose est très faible ou fait défaut quand les Chenilles sont
infectées par un microbe produisant une maladie mortelle (Pneu-
mocoque, sublilis, coli, etc.).
En se basant sur ces faits, on peut supposer que c’est la viru-
lence des microbes qui joue le rôle principal dans la phagocytose.
Dans les infections mortelles, la phagocytose devrait être minima
ou nulle. Au contraire, dans les infections provoquées par des.
microbes peu virulents ou saprophytes, la phagocytose devrait
être très intense.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons entrepris toute une
série d'expériences avec des microbes de virulence différente.
En premier lieu, nous avons essayé le charbon virus et ses.
vaccins. Les Chenilles de Galleria mellonella sont très sensibles à
cette Bactérie.
Expérience 451. 1. 10 Chenilles reçoivent 1/80 c.c. d’une émul--
sion épaisse du 1° vaccin-charbon (culture de 24 heures sur gé-
lose).
IF. 10 Chenilles reçoivent 1/80 c.c. d’une émulsion épaisse du
% vaccin-charbon (culture de 24 heures sur gélose).
IT. ro Chenilles reçoivent la même quantité de virus-charbon
(culture de 24 heures sur gélose).
Pendant toute la durée de l’expérience, les Chenilles sont main--
tenues à la température de 37°.
Le sang est examiné 15 minutes, 30 minutes après l’inoculation,.
puis d'heure en heure jusqu’à 4 heures. Après 4-5 heures, les pha-
gocytes des Chenilles infectées commencent à se vacuoliser et à
SÉANCE DU 10 JUIN 67
mr
se décomposer. 8-15 heures après l'injection, toutes les Chenilles
meurent d'une septicémie aiguë.
Le nombre des phagocytes est compté sur les préparations
fixées par le May-Grünvald et colorées par le Panchrome de Pap-
penheim.
Maccaniennre
15 minutes 20 minutes 1 heure 9 heures 3 heures 4 heures
Index phagocvtaire (1). 2 p.100 4 p. 100 97 p.160 41p. 100 66 p. 100 50 p. 100
Vaccin n° 2.
15 minmules 20 minules 1 heure 2 heures 3 heures 4 heures
Index phagocytaire ...…. 0 7 p.100 33 p. 100 26 p. 100 45 p.100 43 p. 100
® 0
Virus.
15 minutes 30 minules 1 heure 2 heures 3 heures 4 heures
Index phagocytaire . ..…. 1 p. 100 24 p. 100 23 p. 100 17 p. 100 60 p. 100 76 p. 100
Expérience 452. 10 Chenilles reçoivent 1/80 c.c. d'une émul-
sion épaisse d'un microcoque très virulent que nous avons isolé
d'un lot de Chenilles malades. Toutes les Chenilles meurent en
10-12 heures.
15 minutes 30 minutes {heure heures 3heures %heures à heures 6 heures
Index phagocytaire 0 2p. 100 9p-100 35p 100 S0p.100. 90p.100 95p.100 90p.100
Expérience 230. 5 Chenilles reçoivent une dose très forte
(1/40 c.c.) de Staphylocoques peu virulents. Mais cette dose les
tue à coup sür. 1-2 heures après l’injection de ces Staphylocoques,
la phagocytose est encore très faible, presque insignifiante. 5 heu-
res après l'injection tous les phagocytes sont bourrés de Staphy-
locoques. Il ne reste plus de microbes libres dans le sang, mais il
n'y a également plus de leucocytes intacts. Toutes les cellules
sanguines sont vacuolisées et déformées. L'animal devient de plus
en plus malade et meurt peu après.
Expérience 231. 50 Chenilles sont injectées avec une forte dose
(r/4o e.c.) d’une émulsion épaisse de Sarcines lesquelles sont très
peu virulentes pour les Chenilles. Même 3-4 heures après l’injec-
tion, les Sarcines sont très peu phagocytées. Elles restent dans le
sang, intactes pendant des heures, ne provoquant pas la phago-
cytose. Ce n'est que le lendemain que toutes les Sarcines sont en-
globées par les phagocytes isolés ou par des groupes de phago-
cytes. Souvent, si la dose de Sarcines injectées est trop forte,
la phagocytose ne sauve pas l'animal, qui meurt au moment
(1) Nous appelons index phagocytaire le rapport du nombre de leucocvtes
ayant englobé des microbes au nombre total des leucocytes proleucocytes. Pour
établir cet index on compte de 100 à 150 cellules.
68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
même où il réussissait à se débarrasser de tous les microbes in-
troduits dans son corps.
Toutes ces expériences nous prouvent avec certitude que la
phagocytose peut être très intense dans les infections mortelles,
mème au moment où l'animal est sur le point de mourir (Ex. 457%
et 452). Les phagocytes sont capables d’englober non seulement les
microbes peu virulents mais aussi les microbes très virulents qui
provoquent toujours la mort. Il arrive que souvent les microbes
très virulents (Exp. 45r) sont plus vite phagocytés, et avec plus
d'énergie, que les microbes peu virulents. Au contraire, avec des
microbes peu pathogènes, la phagocytose souvent insignifiante au
début devient de plus en plus marquée et ne bat son plein que
10-12 heures après l'infection (Exp. 231). ni
(Laboratoire du P° Mesnil à l’Institut Pasteur).
LES INJECTIONS DE LAIT DANS LE TRAITEMENT DES MALADIES
DES ANIMAUX,
par L. Paxisser et J. VERGE.
L'occasion nous a été offerte d'expérimenter la valeur des in-
jections de lait dans le traitement des maladies des animaux. Nous
sommes arrivés dans le domaine de la clinique à des résultats
si différents de ceux qui ont été annoncés que nous avons cru
devoir éprouver la valeur de cette thérapeutique par la méthode
expérimentale. Ce sont nos observations cliniques et nos investi-
gations expérimentales que nous nous proposons de rapporter.
Nous avons eu l’occasion d'intervenir dans une épidémie de
septicémie hémorragique sévissant chez des Bovidés au déclin
d'une épizootie aphteuse. Les animaux ont reçu chaque jour, et
durant plusieurs jours, 5o c.c. de lait en injection intramuscu-
laire. Ce traitement a été inefficace tout autant que les moyens
thérapeutiques mis en œuvre jusque là.
Dans le même milieu sévissait la diarrhée des Veaux. Le lait
administré à une dizaine de malades, à la dose quotidienne de 20
à 25 c.c. s’est montré impuissant pour amener la sédation des
symptômes et enrayer la mortalité.
La « maladie » des Chiens si variée dans ses manifestations,
rebelle à la thérapeutique (nos essais rapportés ici même en ap-
portent un nouveau témoignage) devait nous servir de thème
pour apprécier la valeur thérapeutique du lait. Les injections de
10 c.c. sont supportées sans trouble, leur répétition ne provoque
aucune manifestation anaphylactique, mais elles n'amènent au-
2
SÉANCE DU lÜ JUIN 69
EN a A ON A ER SERRE"
eun changement dans l’évolution du mal, qu'il s'agisse des locali-
sations thoraciques (3 cas, 3 échecs), abdominales EMeas 05
échees) ou nerveuses (2 cas, 1 guérison, 1 échec). Ce cas heureux
n'est peut-être pas dû uniquement aux effets de la médication
lactée, l’urotropine que nous avons utilisée parallèlement n est
pas étrangère à la guérison, comme nous le laissent penser d'au-
tres observations.
L'étude expérimentale a été poursuivie dans deux infections des
animaux : la fièvre charbonneuse et le rouget.
Pour la fièvre charbonneuse, chez des Cobayes inoculés avec
la dose minima mortelle r/100.000 de c.c. d'une culture de 24 heu-
res, nous avons injecté le lait soit à titre préventif, à titre curatif,
plus ou moins tôt après l'infection, soit par la méthode d’immu-
nisation simultanée qui consiste à donner le lait en même temps
que le virus en mélange ou en deux points du corps. Nous n'avons
observé aucun effet de la médication et les survies que nous avons
constatées ne dépassent pas en nombre ni en durée celles qui
suivent toutes les inoculations expérimentales.
Avec le Bacille du rouget, opérant chez des Souris, le lait, à la
dose de o,1 c.c. exerce une action préventive et curative manifeste
qui se traduit régulièrement par une survie notable des animaux
éprouvés, mais pourtant tous succombent.
En résumé, si les résultats de nos essais cliniques contredisent
les succès annoncés dans le traitement de nombre de maladies
des animaux, il n’en reste pas moins que l'action du lait sur l’in-
fection à Bacille du rouget peut laisser espérer que cette médica-
tion, selon de judicieuses indications, est susceptible de jouer un
rôle non négligeable dans la thérapeutique de quelques infections.
(Ecole vétérinaire d'Alfort).
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA PERMÉABILITÉ
DES TISSUS VIVANTS AUX IONS,
par Prrre Girarp, W. Mesrrezar et V. Morax.
On sait qu'alors que dans le plasma ou la Ivmphe la concentra-
üon des ions Na est prépondérante, dans le cytoplasme des hé-
maties, des cellules nerveuses ou des fibres musculaires, c’est,
au contraire, l'ion K qui prédomine ; et alors que la concentration
des radicaux orthophosphoriques est, chez ces deux derniers élé-
ments relativement élevée, c'est le C] qui est l'anion prépondérant
dans le sérum ou le cytoplasme des hématies. Ces faits, comme
beaucoup d’autres du même ordre, nous mettent en face du pro-
70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
blème — qui domine la nutrition minérale des cellules — de la
perméabilité élective des parois vivantes, aux électrolytes offerts
par le milieu.
Comme nous le verrons dans des notes ultérieures, nous avons
demandé à l’expérimentation in vivo et à lanalyse chimique
quantitative de nous renseigner sur les caractères essentiels de
cette perméabilité, sur sa modalité, ses variations, et les facteurs
qui conditionnent celle-ci. Puis nous avons tenté d'en pénétrer
le mécanisme physico-chimique et de reproduire en utilisant des
parois inertes les mêmes effets de triage vis-à-vis des ions du mi-
lieu. |
Mais le point particulier sur lequel nous désirerions attirer
l'attention dans cette note préliminaire, c'est qu'il ne semble pas
que, tout au moins dans le domaine de la chimie minérale, qui
seul nous intéresse ici, les biologistes aient eu toujours une con-
science nette du rôle qui doit revenir, dans la génèse des consti-
tuants chimiques, aux parois séparant deux milieux électrofvti-
ques entre lesquels s'effectuent des échanges. Un exemple simple
et typique précisera notre pensée, celui de l’élaboration d'HCI par
les cellules fonctionnellement différenciées des glandes de l'esto-
mac. Devant ce problème, le point de vue des chimistes qui l’étu-
dièrent fut uniquement réaetionnel, tout processus se traduisant,
à leurs yeux par une équation de réaction + un effet thermique.
Ils ont donc commencé par supposer que les cellules gastriques
accumulaient du NaCI ; mais pour faire HCI, le seul acide offert
par l'organisme est l’un des moins dissociés que nous connaissions
CO°F®. In vitro, on n'oserait pas écrire l'équation :
2 NaCI + CO‘ + 2 HCI + CON + un effet thermique.
La critique qu'on peut faire de ce point de vue réactionnel, le
seul envisagé jusqu'ici par les chimistes, est d’ailleurs générale.
Sans doute, nous savons fabriquer synthétiquement la plupart
des produits naturels qu'on peut extraire de la matière vivante,
mais l’on pourrait compter sur les doigts ceux des composés qu'on
a pu reproduire dans les conditions et par les moyens mis en
œuvre dans les organismes vivants. On est alors conduit à penser
que là où échoue le point de vue réactionnel, il est possible qu'on
puisse parvenir dans des cas fréquents à une représentation satis-
faisante des faits en imaginant deux milieux électrolytiques
échangeant des molécules, et surtout des ions, à travers des parois
possédant la propriété d’être sélectivement perméables vis-à-vis de
ces derniers, et nous entendons par là que le passage de certains
anions ou de certains cations se trouverait grandement favorisé,
et le passage d’autres anions et d’autres cations grandement gèné
ou même interdit. La profonde perturbation apportée du fait de
cette sélection dans les rapports de concentration des ions, aboutira
SÉANCE DU 10 JUIN qL
Rd Den ue homer RUN
dans le milieu qu'on envisage à de nouveaux états d'équilibre, et
à l'apparition d’autres groupements ioniques offrant de quoi faire
des corps chimiques nouveaux ; ce ne seront plus ici les seules lois
chimiques de l’affinité qui régiront l'apparition de ces consti-
tuants ; la perméabilité sélective des parois et la loi générale de
la conservation de l'électricité joueront des rôles essentiels. Cette
dernière loi reste toujours intangible et dans les deux milieux
que la paroi sépare, les charges + et — devront s'équilibrer,
mais c'est la perméabilité sélective qui régira la modalité de
l'équilibre, c'est-à-dire l'apparition de constituants chimiques.
Nous verrons par la suite le sérieux appui que donne l'expérience
à cette représentation que nous indiquons ici sommairement (1).
. Si l’on consulte les données éparses dans la littérature qui sont
relatives à la perméabilité des tissus vivants aux électrolytes, on
st frappé par leur caractère contradictoire. Chronologiquement,
au cours d'une première période qui s'étend jusque vers 1910,
l'opinion qu'accréditèrent les recherches de Gryns, Hédin, Roth,
Bugarszhy et Tangl, de Stewart, d'Overton, etc., fut que les cel-
lules étaient imperméables aux électrolytes. Opinion étrange,
guère conciliable avec ce que nous imaginons des nécessités de
la vie cellulaire. Un revirement se dessina, vers 1910, avec les
importantes recherches d'Hamburger (2). Depuis longtemps déjà
les physiologistes avaient observé que si l’on agite du sang avec
-du CO, on observe : 1° que la teneur du sérum en carbonates
alcalins augmente et 2° que sa teneur en CI dirainue.
La concentration du CO‘H? dans le cytoplasme globulaire étant
toujours plus élevée que dans le sérum (Zunz) l'excès de cette con-
centration dans les globules rend compte, disait Hamburger, du
premier résultat si l’on admet la formation de carbonates alcalins
-dissociés aux dépens des combinaisons d’alcali et d’albumine.
Quant au passage du Ci du sérum vers les globules, Kæppe l’'ex-
pliquait déjà par la nécessité de satisfaire au principe de l’équili-
bration des charges. Hamburger démontra par l'analyse chimique
quantitative, la perméabilité des cellules du sang, toujours traitées
par CO”, à d’autres radicaux que Cl et CO* (SO* et NO°) et aux
principaux métaux Na, K, Ca et Me. Aïnsi s'écroulait définitive-
ment la thèse de l’imperméabilité des cellules aux électrolytes dis-
sociés en leurs ions présents dans le milieu. Mais, pour perméa-
bles que puissent être, à ces ions, les parois cellulaires, les rai-
(1) Nous verrons en particulier que le cas si suggestif de l'élaboration d'HCI
à partir d’un chlorure et d’un acide faible peut être « imité » en utilisant des
parois inertes rendues très peu perméables aux cations du sel. La dissociation de
l’acide faible est alors nécessaire pour satisfaire au principe de l’équilibration
-des charges.
(2) Voir notamment Archives internationales de physiologie, rgro-r1.
VA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
A RP PE SRE RE ET NE OMR TI
sons d'ordre chimique que nous avons données, de les supposer,
non pas indifféremment, mais sélectivement perméables, restent
entières.
Parmi les schèmes expérimentaux qui permettent de juger de
la justesse de ce point de vue, le seul correct parce qu'il donne
toute sécurité sur l'identité des conditions où l’on se place, con-
siste dans la détermination quantitative du nombre des anions et
du nombre des cations d’un sel donné, diffusant, dans un temps
donné, d’un milieu dans un autre à travers une paroi vivante.
La question se pose alors de savoir si les deux ions du sel fran-
chissent la paroi en proportion chimiquement équivalente, con-
formément à la représentation de Nernst dans sa théorie de la
diffusion d’un électrolyte dissocié, ou bien au contraire si, au
niveau de cette paroi, il y a rupture de cette équivalence, l'un des
deux ions franchissant seul l’obstacle ou tout au moins en pro-
portion nettement prépondérante par rapport à l'ion de sigre
inverse. Sous cette forme précise, la question avait déjà préoc-
cupé, en Hollande, Hamburger, et, en France, M. Molliard. Bien
qu Hamburger n'ait tenté dans ce sens qu'un petit nombre d’expé-
riences, elles sont cependant pleines d'intérêt. Nous discuterons
par ailleurs leur validité. À notre avis, une seule d’entre elles
justifie cette assertion de l’auteur que « la mesure suivant laquelle
les métaux traversent les hématies ne va nullement de pair avec
celle suivant laquelle les radicaux acides y pénètrent ». Les expé-
riences de M. Molliard (1), si riches d'enseignements sur l’essen-
tielle question des échanges, sont relatives au Sterigmatocystis
nigra cultivé en milieu synthétique. Une d'elles montre, pour
le chlorure d'ammonium, un exemple indiscutable d’une perméa-
bilité sélective des parois du mycélium aux ions AzH* présents
dans le milieu. Dans une prochaine note, nous décrirons le
schème expérimental qu'à notre tour nous avons choisi, et les
résultats auxquels conduit l'analyse chimique quantitative.
(Laboratoire de physiologie de l'Institut Pasteur et du laboratoire
d’ophtalmologie de Lariboisière).
(1) CR’. dela Soc.de"bioltLXXXIT: 1979,p. 7014,
=!
C2
SÉANCE DU 10 JUIN
ETUDE HISTOLOGIQUE D'UN CAS DE MEMBRANE PUPILLAIRE
PERSISTANTE,
par J. Mawas et F. TERRIEN..
Nous ne connaissons que 3 examens histologiques de membrane
pupillaire persistante. Dans ces trois observations, qui appartien-
nent à Ponfick et Cohn (1881), à Van Duyse (1886) et à Weld et
Bock (1886), l'étude histologique a été faite sur des fragments de
membrane pupillaire, prélevés soit au cours d’une iridectomie,
soit après la mort. Il s’agit, en effet, dans les cas publiés, de fila-
ment pupillaire et non de véritable membrane mobile, comme
dans notre observation (1). Les sujets en question présentaient
tous des adhérences, plus ou moins étendues, avec la face anté-
rieure du cristallin, ce qui est fréquent d’ailleurs. Pour toutes ces
raisons, il nous a semblé intéressant de consigner ici les résultats
de notre examen : c'est, en effet, le premier qui porte sur une
larce membrane pupillaire, entièrement mobile dans la chambre
antérieure et n'adhérant à l'iris que par quelques filaments très
fins. Aussitôt après son excision, la membrane est fixée, pendant
quelques heures, dans le liquide de Zenker, incluse à la paraffine
et coupée en série. f
Sur une coupe transversale, colorée par l’hématoxyline-éosine-
orange, la membrane se présente dans les conditions suivantes
de toutes parts, elle est limitée par un épithélium pigmentaire,
ressemblant au premier abord à l’épithélium postérieur de l'iris
normal, cependant avec un peu moins de régularité dans l’en-
semble des lignes cellulaires pigmentées. À l'intérieur de ce sac
pigmentaire, c'est-à-dire dans toute son épaisseur, la membrane
est formée par du tissu conjonctif lâche surtout rempli par des
cellules pigmentées et par des vaisseaux du type capillaire. L'épi-
thélium pigmentaire, qui recouvre la membrane pupillaire, est
constitué par des cellules plus ou moins cubiques, dont le pro-
toplasma est rempli par du pigment brun foncé, sous forme de
fines granulations ou de mottes irrégulières, avec au centre un
noyau arrondi ; généralement, 3 assises de cellules forment
l'épaisseur de cet épithélium. On n’observe à son niveau aucune
différenciation spéciale, notamment aucune différenciation mus-
culaire ectodermique. Le stroma est constitué par des cellules du
type conjonctif, quelques-unes rondes, les autres, les plus nom-
(x) Voir pour les détails concernant la description de la membrane pupl-
laire qui fait l’objet de cette note le travail suivant : E. Terrien et J. Mawas-
L'extraction des membranes pupillaires persistantes. Technique et résultats-
Archives d'ophtalmologie, t. XXV, p. 226, 1916.
14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
breuses, de forme allongée, du type rameux. Le protoplasma de
toutes ces cellules, de même que leurs prolongements les plus
fins, contiennent une fine poussière de pigment brun foncé. Les
cellules s’anastomosent les unes avec les autres et forment, dans
leur ensemble, un réseau tendu entre l’épithélium pigmentaire
antérieur et postérieur. Entre les cellules dont nous venons de
parler, il existe aussi quelques fines fibrilles conjonctives et sur-
tout de nombreux capillaires sanguins. Ces capillaires sont tous
perméables et remplis de globules rouges normaux ; ils sont de
deux sortes : capillaires minuscules, à type embryonnaire et
larges capillaires à paroi épaisse, ressemblant à ceux de l'iris
adulte normal. Les cellules, constituant ces capillaires, sont, elles
aussi, chargées de pigment.
En somme, la structure histologique de la membrane pupillaire
étudiée ici, permet de la comparer à un iris en miniature, dont
elle possède tous les éléments structuraux, à l'exception des dif-
férenciations musculaires ectodermiques (sphincter et dilatateur
pupillaires). Il s’agit d’une membrane richement vascularisée et
non d’un vestige embryonnaire quelconque, atrophié ou déformé
par une inflammation intra-utérine. L’œil était, par ailleurs, ab-
solument normal de même que le reste de l'organisme.
La vision périphérique, la seule appréciable avant l’opération,
était d'un dixième ; elle est redevenue normale 3 semaines après
de même que la vision centrale faisait son apparition et atteignait
bientôt son maximum. C’est là un exemple remarquable de l’édu-
cation rapide de la vision maculaire.
@) 75
RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUEDE
SÉANCE DU 13 MAI 1929
SOMMAIRE
Kzws (C.), Davine (H.) et Lic- démique expérimentale chez le
JENQUIST (F.) : Considérations Lapin. Virus d’origine intesti-
générales sur l’encéphalite épi- TASER CN Re ï
démique expérimentale chez le Kris (C.), Davine (H.) et Lrr-
LED LD LA RENSRSEen RE 3 | sENQUIST (F.) : Virus herpétique
Krmwc (C.), Davme (H.) et Liz- et virus encéphalitique......... 5
3ENQUIST (F.) : L’encéphalite épi-
Présidence de M. Petrén.
L ENCÉPHALITE ÉPIDÉMIQUE EXPÉRIMENTALE CHEZ LE LAPIN.
VIRUS D'ORIGINE INTESTINALE,
par C. Kio, H. Davme et F. LiLSENQUEST.
Le virus que nous avons réussi à isoler des matières fécales a
le même caractère que les germes provenant du cerveau ou du
pharynx. Pour l'isoler, nous avons procédé de la manière sui-
vante. Au mois de février 1921, pendant que nous poursuivions
nos études épidémiologiques dans la paroisse de Vilhelmina (La-
ponie) nous avons aussi visité, au village de Nordansjü, une fa-
mille H., où le père venait de mourir d'encéphalite (le 2 du même
mois). La Femme, qui était tombée malade le même jour (; jan-
vier) que le mari, avait présenté pendant une semaine des symp-
tômes encéphalitiques abortifs. Le plus jeune des enfants, un
garçon de r an, était tombé malade le 31 janvier. Il avait toussé
et vomi si violemment que la mère croyait qu'il allait mourir.
Il guérit cependant, mais il continuait à avoir, pendant quelques
jours, des selles diarrhéiques fréquentes. La diarrhée n'ayant pas
encore pardonné au moment de notre arrivée, nous avons pu
x
envoyer à notre laboratoire un échantillon des selles. La matière
76 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (2)
fut émulsionnée dans l’eau salée, filtrée sur papier d'abord, puis
deux fois sur bougie Berkefeld. Avec le filtrat obtenu, exempt de
Bactéries ordinaires, nous avons infecté un Lapin, n° 68, (0,2 c.c.
dans le cerveau et quelques gouttes dans le sciatique).
La température du Lapin qui, pendant les premiers Jours, os-
cillait entre 39 et 4o°, montait au quatrième jour à 41,3° et res-
tait trois jours à environ 41° pour descendre ensuite à la normale.
Nous ne pouvions pas constater d'autres symptômes. Au qua-
torzième jour, nous avons cependant observé que l'animal ne se
portait pas bien, présentant des signes de lassitude et de somno-
lence. Ses mouvements étaient ataxiques. Il fut sacrifié au 17°
jour après l’inoculation. L'examen microscopique révélait, dans
les méninges et la partie postérieure du mésocéphale, des lésions
typiques, quoique relativement discrètes ; l'examen bactériologi-
que, par contre, était négatif.
Il ressort des expériences de passage, qu'un agent vivant avait
provoqué lesdites lésions, car les Lapins n°° ror et 102 qui furent
infectés avec de la substance cérébrale du Lapin 68, succombèrent
à l'encéphalite, respectivement au bout d’un mois et de 13 jours.
L'un d'eux, chez lequel les altérations étaient très avancées, pré-
sentait aussi de nombreuses neuronophagies.
La conclusion à tirer des susdites expériences est donc que,
dans le contenu intestinal de l’enfant malade il y'avait un virus
invisible, filtrant, incultivable et susceptible d’engendrer des lé-
sions caractéristiques d'encéphalite.
Avec le virus en question, nous avons effectué jusqu'ici 5 pas-
sages. Le troisième de ces passages se distingue des autres par ce
fait que l’infection eut une marche très rapide. L'animal suc-
comba dès le sixième jour. Cette circonstance est due probable-
ment à une extrème sensibilité de l'animal et non à un accrois-
sement de la virulence du germe, car dans la génération suivante
la maladie évolua de nouveau d’une manière très lente, le Lapin
n° 15/4 ne succombant qu’au bout de { mois après avoir présenté
pendant les deux derniers jours des symptômes cérébraux (spas-.
mes, agitations de sa tête). Des deux Lapins qui, le 20 juillet,
furent inoculés avec le virus de l'animal 154 (5° passage), l’un
fut sacrifié au bout de r mois, l’autre au bout de 4 mois. Pen-
dant la vie, ni l’un ni l’autre n'avaient manifesté des symptômes
cérébraux appréciables, mais l’examen microscopique du cerveau
dévoila des altérations typiques d'encéphalite.
(Laboratoire bactériologique de l'Etat, Stockholm).
1
(3) SÉANCE DU 13 Mai 7
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'ENCÉPHALITE ÉPIDÉMIQUE
EXPÉRIMENTALE CHEZ LE LAPIN,
par G. Ke, H. Davine et F. LinJenquisr.
_ Dans trois notes précédentes, nous avons fourni queïques exem-
ples d'encéphalite expérimentale provoquée chez le Lapin par
l'inoculation de subsances cérébrales, de sécrétions naso-pha-
ryngées et de matières fécales provenant d'individus atteints d'en-
céphalite léthargique. Voici les conclusions à tirer de nos expé-
riences :
I. Marche de la maladie. Dans îes cas où le germe trouve des
circonstances favorables pour son développement, l'infection évo-
lue, d’après nous, d’une manière chronique. Même quand les
lésions engendrées sont très avancées, elles sont, en général, de
nature à ne pas produire de symptômes appréciables et à laisser
intacts les centres vitaux. Le processus inflammatoire semble
pourtant progressif à en juger par l'aspect des altérations histolo-
giques ; car plus on attend pour sacrifier l’animal, et plus les
altérations sont avancées. L'agent de la maladie se maintient viru-
lent dans la substance cérébrale pendant très longtemps — au
moins huit mois —.
Chez certains Lapins, linfection amène la mort, fait qui s’ex-
plique par une sensibilité exceptionnelle de l'animal ou par l’af-
fection des centres vitaux. Ainsi nous avons vu les animaux d'’ex-
périence succomber à l’encéphalite 1-3-4 ou 7 mois après l’ino-
culation.
Il est intéressant d'établir dans quel délai apparaissent les lé-
sions spécifiques. En certains cas ee temps est assez court — 10
jours — dans d’autres, il est de 2-3 ou 4 mois. Il est probable
que cette différence est due à une diversité de virulence des mi-
crobes. Cependant, dans certaines conditions favorables, le virus
peut amener une infection aiguë et maligne, ce qui paraît se
produire en cas d’une infection secondaire. Ainsi, le Lapin suc-
combe quelquefois au bout de 4-6 jours. Nous avons aussi tout
lieu de supposer qu'il en est de mème des cas foudroyants chez
l'Homme.
L'évolution de l’encéphalite chez le Lapin va de pair, d’une
manière intéressante, avec la marche de la maladie chez l'Homme.
Chez celui-ci, l’encéphalite ne progresse pas rapidement, comme
par exemple la poliomyélite ; elle met — Netter l’a souligné —
des semaines pour ne pas dire des mois et des années à se déve:
lopper. La convalescence dure. souvent.très longtemps, les rémis-
T8 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (4)
sions et les rechutes se succèdent non rarement avec de longs
intervalles.
IT. Symptômes chez les animaux. Dans la grande majorité des
cas — nous l’avons remarqué à plusieurs reprises — l’encéphalite
léthargique est, chez le Lapin, une infection latente, mais quand
la maladie a une marche amenant la mort, nous avons observé
des symptômes cérébraux rappelant ceux de l'Homme. Aïnsi,
nous avons constaté chez certains Lapins un état spasmodique ou
catatonique, chez d’autres des tremblements ressemblant à ceux
de la maladie de Parkinson, des monoparésies et des paraparésies,
ainsi que dans quelques cas sporadiques des convulsions. Assez
souvent les animaux d’expérience ont présenté une salivation
exagérée.
III. Lésions anatomo-pathologiques. Faute d'espace, nous ne
pouvons pas entrer dans le détail quant aux lésions cérébrales.
Nous nous bornons à mentionner que celles-ci constituent une
reproduction parfaite des altérations apparaissant chez l'Homme.
IV. Spécificité de l’encéphalite provoquée. On se demande si
l’encéphalite expérimentale, objet de nos recherches, est vraiment
de nature spécifique. Pour répondre à cette question si impor-
tante, nous tenons à faire observer que, jusqu'ici, nous n'avons
avancé que des probabilités. Au nombre de ces probabilités nous
comptons en premier lieu le caractère des altérations anatomi-
ques. La localisation des altérations est tout particulièrement sug-
gestive à cet égard et le fait que, non seulement dans un cas,
mais dans des cas nombreux, nous avons réussi à engendrer chez
le Lapin de telles lésions parle aussi fortement en faveur de la
spécificité, car, jusqu’à présent, nous avons isolé ro souches de
microbes, dont 4 d’origine cérébrale, 4 d’origine naso-pharyngée
et 2 d'origine intestinale. En dépit de ces raisons importantes, on
pourrait objecter que peut-être y a-t-il d’autres virus susceptibles
de faire naître des lésions semblables dans le cerveau du Lapin.
Ïl serait donc désirable qu'on püût trouver de nouveaux arguments
parlant en faveur de la spécificité.
Nous croyons pouvoir éliminer le cas d’une infection sponta-
née, ayant examiné un grand nombre de cerveaux de Lapins
neufs sans trouver les lésions en question (1).
Le virus isolé par nous en Suède diffère de celui qu'ont obtenu
en Amérique Strauss, Hirschfeld et Lœwe, en France, Levaditi et
Harvier, en Suisse, Doerr et ses collaborateurs. Nos virus engen-
drent une inflammation chronique du cerveau, ceux des auteurs
ci-dessus, par contre, une inflammation aiguë. Le virus encépha-
litique de Levaditi aussi bien que celui de Doerr présentant les
(x) Olivier. Journ. of. Inf. Dis., 1922, p. ot.
(2) SÉANCE DU 13 Mar 79
mêmes caractères que le virus de l’herpès, découvert par Grüter,
ces auteurs ont présumé que ces deux virus sont identiques. Or,
nous nous sommes demandé à quoi tient la divergence des résul-
tats obtenus par nous et ceux observés par les savants cités. Deux
possibilités sont admissibles :
1° Ou il s’agit du mème virus mais d’une virulence différente ;
2°. Ou il s’agit de deux virus divers.
Pour trancher cette question, qui est d’une importance capi-
taie, nous avons jugé nécessaire de soumettre à une étude com-
parative nos virus encéphalitiques et le virus de l’herpès. Dans
des notes ultérieures, nous communiquerons les faits que, jus-
qu'ici, nous avons pu constater à ce point de vue.
(Laboratoire bactériologique de l'Etat, Stockholm).
VIRUS HERPÉTIQUE ET VIRUS ENCÉPHALITIQUE,
par C. Kine, H. Davis et F. LiLIENQUEST.
Quelques auteurs, s'appuyant sur des recherches expérimen-
tales, ont émis l'hypothèse d’une relation intime existant entre
l’encéphalite léthargique et l’herpès fébrile. Les faits cliniques
et épidémiologiques ne parlent cependant pas en faveur de cette
théorie. Il est donc nécessaire d'approfondir cette question qui est
d’un si grand intérêt. Jusqu'ici deux souches de virus dit encé-
phalitique d'origine cérébrale ont été examinées sous le rapport
de la relation qu'elles offrent avec le virus herpétique, à savoir :
I. Virus de Levaditi et Harvier (x). Ce virus, provenant du cer-
veau d'un cas d’encéphalite (Hof., Louise), est filtrant, résistant à
la glycérine et incultivable. Il provoque chez le Lapin une encé-
phalite aiguë et, selon Levaditi et Harvier, il ne peut être diffé-
rencié du virus de l’herpès (Grüter). Quant à cette dernière asser-
tion, nous tenons à faire observer que le cas en question avait
une éruption étendue d’herpès facial. La possibilité n’est donc pas
exclue que le virus herpétique ait été l’objet des études de Leva-
diti et Harvier au lieu du véritable agent de l’encéphalite léthar-
gique.
IT. Virus de Doerr et Schnabel (2). Ce virus fut obtenu, en 1921,
à Bâle, du liquide céphalorachidien d’un cas mortel présentant
des symptômes encéphalitiques, lesquels n’ont cependant pas été
histologiquement vérifiés. Il est de la même nature que le virus
(1) Ann. Inst. Pasteur, 1920, p. 928 et 1922, p. 179.
(2) Zeïtschr. f. Hyg., t. XCIV, p. 29.
80 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (6)
herpétique et, quoique d'une virulence plus faible, il révèle les
mêmes propriétés que celui de Levaditi et Harvier.
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Fig. 1. — Encéphalite herpétique chez ie Lapin. Infitralion périvascu:aire (en
haut) et foyer d’encéphalite à polynucléaires dans l'écorce (en bas).
Ces derniers temps, nous avons eu l’occasion de confronter les
lésions cérébrales provoquées par le virus herpétique et celles en-
gendrées par les virus encéphalitiques, isolés par nous en Suède.
Nous disposons à présent de deux virus herpétiques, l’un prove-
nant d'un sujet atteint de pneumonie, l'autre d’un cas d’herpès
facial. Les deux souches décèlent les caractères décrits par Grüter
et par Doerr. Voici sommairement ce que nous avons constaté
au sujet des altérations cérébrales. |
(7) SÉANCE DU {3 Mar 61
OP AL ER RIRE AO AR nt en
A. Encéphalite herpétique expérimentale. Quand les animaux
d'expérience ont succombé au bout de 4 à 6 jours ou plus, on
trouve les méninges infiltrées de cellules inflammatoires. La plu-
part de celles-ci sont des mononucléaires, soit des lymphocytes
ordinaires, soit des éléments plus volumineux, mais on y trouve
aussi un assez grand nombre de leucocytes polynucléaires. Il y a
souvent des hémorragies.
La substance cérébrale montre également de très fortes altéra-
tion. surtout dans l'écorce, le mésocéphale étant dans la plupart
des cas peu atteint. On voit dans l'écorce autour des vaisseaux
sanguins des infiltrations plus ou moins nombreuses formant fré-
querament continuation directe de la méningite et constituées par
la même espèce de cellules qu’on observe dans les méninges. Mais,
de plus, on voit que l’écorce est diffusément inflammée, on y voit
des leucocytes polynucléaires soit dispersés, soit en amas, qui
prennent l'aspect de petits abcès (voir fig. 1). Les noyaux des po-
lynucléaires sont souvent pycnotiques.
Ces infiltrations polynucléaires apparaissent le plus constam-
ment dans la partie postérieure et inférieure de l'écorce (« zone
élective de Levaditi). Dans le mésocéphale, on décèle quelques
manchons périvasculaires isolés, mais, en général, ceux-ci sont
beaucoup plus rares qu’ils ne le sont dans l'écorce.
Quand l'infection des animaux a eu une marche très rapide,
l'inflammation prend l'aspect d’une méningite aiguë, les polynu-
cléaires étant nombreux. Çà et là ces cellules sont même les élé-
ments prépondérants. Les altérations parenchymateuses, par con-
tre, sont moins prononcées. Elles n'ont évidemment pas eu le
temps de se développer.
B. Encéphalite épidémique expérimentale. Celle-ci présente un
caractère tout différent. On observe ici encore une méningite.
mais, en général, plus discrète, ordinairement plus limitée et
constituant une infiltration autour des vaisseaux. Les cellules, qui
forment ces infiltrations, sont pour la plupart des none -
les autres, de grands monnaie - par ci, par là, de petites
hémorragies : ; pas de polynucléaires.
L'écorce cérébrale paraît en général indemne ; ce n’est qu’ex-
ceptionnellement qu'on trouve des manchons périvasculaires, or-
dinairement dans les parties profondes. On cherche en vain l'in-
filtration à polynucléaires qui caractérise l'encéphalite herpétique.
Le mésocéphale, par contre, est le siège principal de l’inflam-
mation. La méningite est ici d’une puissance plus prononcée,
mais c’est avant tout dans le parenchyme que les altérations sont
le plus frappantes, car on y voit des cellules inflammatoires soit
autour des vaisseaux, soit en foyers. Les infiltrations se compo-
sent de lymphocytes, de polyblastes et de sporadiques « plasma-
Binrocie. Comptes RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 6
82 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (8):
zellen ». Les manchons périvasculaires sont assez souvent très
épais et ressemblent absolument à ceux constatés chez l'Homme:
(voir fig. 2). Quand l’inflammation à continué longtemps, 5, 6,
8 mois — des réactions dégénératives et régénératives se produi-
sent dans les foyers.
+ au ie Ne, EE Fun
Fig. 2. — Encéphalile épidémique chez le Lapin. Manchon périvasculaire dans:
le mésocéphale.
Conclusions. 1° Les altérations cérébrales. provoquées par nos.
virus herpétiques concordent complètement avec celles décrites
par d’autres auteurs (Doerr, Blanc, etc.), mais elles ne diffèrent
pas non plus de celles que Levaditi et ses collaborateurs désignent
nme caractéristiques de l’encéphalite épidémique.
2° Les lésions engendrées par nos virus encéphalitiques sont de
toute autre nature que celles produites par le virus herpétique.
8° Les différences mentionnées ne parlent pas en faveur de
l'identité des deux germes.
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83
REUNION
DE LA SOCIÈTÉ BELGE DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 27 MAI
BEssemans (A.) : Concordance
relative et défectueuse de la réac-
tion de Gaté-Papacostas avec la
réaction de Wassermann ; sa non
spécificité vis-à-vis des s5rums
SUDATEIQUES Se...
Bessemans (A.) et LeyNEN (E.) :
La formolgélification chez quel-
ques sérums d’animaux........
BRUYNOGHE (R.) et APPELMANS
(R.) : La neutralisation des Bac-
tériophages de provenance diffé-
DE Wicpeman (E.) :
transformation des fleurs herma-
phrodites en fleurs mâles chez
un plant cultivé d’une espèce du
genre Haemanthus L.
. Fagry (P.) : Note sur : le Bacille
coli modifié ne produisant plus
MR TC alias
FiRker (J.) : Recherches sur la
différenciation des mégacaryo-
cytes et leurs fonctions.
Firker (J.) : Recherches sur la
régénération des plaquettes. ....
FReDERICQ (H.) et MÉLon (L.) :
Action antagoniste de la caféine
et de l’adrénaline sur l'intestin
_…...
19
22
1/
31
3
[922
SOMMAIRE
He] SOIR ARE NN
GRATIA (A.) : Remarques à pro-
pos de la communication de
MM. Bruynoghe et Appelmans..
GraATIA (A.) et Jaumain (D.) :
Réaction de fixation de l’alexine
et spécificité antigénitique des
principes lytiques.
Le Fèvre pe Arric (M.) : Re-
cherches sur l’action de la papa-
vérine sur la motilité intestinale.
Micuecs (N.-A.) : Genèse hété
roplastique et homoplastique des
labrocytes (mastzellen) chez les
Mertébréstntémeurs EE PEPRRRLE
Micuezs (N.-A.) : Les labro-
| cytes (mastzellen) chez les Pois:
Rosxam (J.) : Le rôle du a
dans l’agglutination des globu-
lins (plaquettes) à propos de la
notetde MAP AGOVAET ESA LUE
Roskam (J.) : Pathogénie des
hémorragiesincoercibles des pur-
DUGHeS CNE
SUMNER (J.- B. ): Sur le cyto-
zyme retiré des graines de Cana-
valia ensiformis. EE MN EE cn
Présidence de M. E. De Wildeman.
IO
17
F2
SA RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (2)
RECHERCIES SUR LA RÉGÉNÉRATION DES PLAQUETTES,
par JEAN FIRKET.
Le problème de l'origine et de la régénération des plaquettes
est encore l’objet de discussions. L'hypothèse de Wright qui les
fait naître dans le cytoplasme des mégacaryocytes du tissu myé-
loïde, a recueilli l’adhésion de la plupart des hématologistes,
alors que beaucoup de pathologistes et de cliniciens croient que
les « figures de Wright » sont susceptibles d’autres interprétations
et invoquent contre l'opinion de Wright des résultats cliniques
et expérimentaux.
Nous avons donné, en octobre dernier, un résumé de recher-
ches, faites à Baltimore avec de Souza Campos, sur l’intoxication
expérimentale de Lapins par la saponine. Nous avions admis que
& poison iysait les plaquettes dans le sang et qu'ii provoquait,
dans les tissus lymphoïdes à potentialités myéloïdes, une néorfor-
mation de nombreux mégacaryocytes. Nous voyions, dans ce
fait, un argument indirect en faveur de l'opinion de Wright, car
tout porte à croire que « la potentialité myéloïde des organes lym-
phoïdes est stimulée pour la formation des éléments myéloïdes
dont l'organisme a le plus besoin ».
D'autre part, si l'hypothèse de Wright est exacte, on peut s'at-
tendre à ce que le nombre des plaquettes, détruites par [a sapo-
nine, se relève dès que les mégacaryocytes ont été néoformés en
grand nombre, au moins si l'administration du poison est arrè-
tée après cette néoformation. Une telle démonstration est d’autant
plus importante à faire que l’on a fréquemment invoqué, en cli-
nique, contre cette hypothèse, la présence concomitante d'une
thrombopénie ét d’un grand nombre de mégacaryocytes dans les
tissus myéloïdes.
Or, un certain nombre de nos Lapins, chez lesquels la sapo-
nine avait provoqué la néoformation de cellules géantes, conser-
vèrent un chiffre très bas de plaquettes pendant une période
allant jusque 8 à ro jours après la dernière injection de saponine :
ils paraissaient donc semblables, au moins temporairement, aux
cas c'iniques précités. Il y avait lieu de nous assurer si de telles
observations sont véritablement en désaccord avec les idées de
Wright. Pour cela, nous avons procédé, sur des coupes et des
frottis, à l'étude cytologique des cellules géantes de ces Lapins
et nous avons cherché s’il existait un parallélisme entre l'état de
leur différenciation et la courbe des plaquettes. Or, Ferrata et
Negreiros Rinaldi ont reconnu, en 1915, différents types morpho-
logiques de cellules géantes, qui correspondent à des stades suc-
(3) SÉANCE DU 27 MAI 85
cessifs de leur évolution : des mégacaryoblasles, ou cellules jeu-
s ; des mégacaryocytes lymphoïdes, à noyau volumineux poly-
lobé ou multiple, à protoplasme basophile, sans granulations ou
à petit pointillé basophile ; enfin des mégacaryocytes granuleux
dont le cytoplasme est chargé de grains azurophiles très fins.
Seul, ce dernier stade serait plaquettogène car c'est le groupe-
ment des grains azurophiles, en « corps plaquettoïdes », qui
constitue les figures de Wright.
Trois Lapins ont été sacrifiés six à huit jours après la dernière
injection de saponine ; pendant ce temps, le nombre de leurs
plaquettes ne s’est pas accru, malgré sa petitesse. Chez deux
d'entre eux, où il était respectivement 168.000 et 159.000 au
moment de la mort, au lieu de 600.000, aucun des mégacaryo-
cytes examinés dans la moelle, la rate ou les ganglions, n'avait
dépassé le stade lymphoïde. Chez le 3°, sacrifié avec 265.000 pla-
quettes, 9 p. 100 des mégacaryocytes étaient au stade Iymphoïde,
5 p. roo seulement contenaient des granulations azurophiles. Il
n'y avait pas de figures de Wright. Beaucoup des mégacaryo-
cytes étudiés, présentaient des signes de dégénérescence.
D'autre part, un Lapin qui avait été intoxiqué de saponine
d'une manière mois intense que les précédents et chez lequel
les plaquettes s'étaient rapidement régénérées, en présentait, au
moment de la mort, 474.000 par mm.c. 92,5 p. 100 de ses méga-
caryocytes étaient chargés de granulations azurophiles.
Dans une autre série d'expériences, les plaquettes furent par-
tiellement enlevées du sang, par saignées successives, suivies de
réinjections du sang défibriné. Quand on procède de cette façon,
toutes les plaquettes sont régénérées déjà en trois jours, obser-
vation en accord avec celle de Duke sur le Chien. Chez ces Lapins,
environ 65 à 7o p. 100 des mégacaryocytes sont au stade à grains
azüurophiles ; il y a quelques figures de Wright et presque pas de
mégacaryocytes en dégénérescence.
Si l’on compare ces observations, on voit que la différenciation
complète des mégacaryocytes se produit là où la régénération des
plaquettes est rapide ; qu’au contraire, elle est arrêtée au stade
lymphoïde lorsque le nombre de ces plaquettes est stationnaire.
Ces expériences sont en faveur de la docirine de Wright, basée
sur des images histologiques dont la réalité n'est pas contestée.
Il y a lieu de noter, en outre, que l’évolution complète des méga-
caryocytes peut subir des entraves ou être arrêtée.
La même conclusion pourrait s'appliquer aux observations cli-
niques, dans lesquelles on a constaté beaucoup de mégacaryo-
cytes dans les tissus et peu de plaquettes dans le sang. Ces obser-
vations doivent être analysées avec les méthodes appropriées per-
mettant d'établir l’état de différenciation des cellules géantes du
86 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (4)
tissu myéloïde : elles ne peuvent sans cela servir d’argument
contre l’hypothèse de Wright. Il y a lieu de voir aussi s’il n’existe
pas dans certains états pathologiques, accompagnés de throm-
bopénie, des facteurs capables de retarder ou d'arrêter au stade
lymphoïde l’évolution de mégacaryocytes néoformés sous le sti-
mulus du manque de plaquettes.
(Laboratoire d'anatomie pathologique et laboratoire de physiologie
de l’Université de Liége).
RECHERCHES SUR LA DIFFÉRENCIATION DES MÉGACARYOCYTES
ET LEURS FONCTIONS, |
par JEAN FiRker.
Dans la question de l’origine des plaquettes, il existe, à côté
du problème intéressant de leur signification-morphologique, le
problème d'intérêt pathologique plus immédiat qui traite des
facteurs réglant leur élaboration. La précédente note met en évi-
dence la nécessité qu'il y a, à ce dernier point de vue, à procéder
à une étude cytologique des mégacaryocytes.
Pour mener une telle étude à bien, il est nécessaire de la pour-
suivre à la fois sur des coupes fixées et sur des frottis colorés par
tout procédé dérivé du Romanowsky. Gette affirmation est plus
justifiée encore lorsque l’on cherche à élucider les différentes
fonctions attribuées à ces cellules.
Un certain nombre d'auteurs accordent aux mégacaryocytes un
rôle macrophage ou cytophage, en se ‘basant sur des observations
fréquemment répétées, d’inclusions cellulaires dans leur proto:
plasme (Arnold, Foa, Gesaris-Demel, etc.). Perroncito se sert
même de cette prétendue fonction comme d’un argument indirect
contre la fonction plaquettogène. Enfin, Reitano croit que les
mégacaryocytes lymphoïdes ont un pouvoir phagocytaire qu'ils
perdent lorsqu'ils s'adaptent à la fonction plaquettogène.
Nous avons eu, nous-mêmes,l’occasion d'apporter une contri-
bution à cette question.
Nous n'avons jamais observé sur les coupes (seul procédé va-
lable pour cette étude) d’inclusion de globules rouges, comme
l’a fait Reitano ; au contraire, de nombreux mégacaryocytes arré-
tés dans leur Bon au stade lymphoïde, contenaient des leu- .
cocytes polynucléaires. Ceux-ci étaient toujours en parfait état
de conservation ; par contre les mégacaryocytes, qui les conie-
naient, présentaient des altérations de structure : leur noyau se
colorait faiblement ou était fragmenté en amas poussiéreux ou
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(5) SÉANCE DU 27 MAI 87
tout à fait pycnotique. Le protoplasme était souvent vacuolaire
parfois vivement teinté par l'éosine ; d’autres fois, la cellule
géante s'était transformée en wéritable kyste bourré de leuco-
cytes. De telles images tendent à faire admettre, non pas que
les mégacaryocytes phagocytent les globules blancs, mais que
ceux-ci les ont envahi par leurs mouvements actifs et v exercent
leur pouvoir protéolytique destructeur.
Nous avons cherché à vérifier cette interprétation d'images his-
tologiques par des faits expérimentaux positifs. On conmait la pro-
priété que possèdent les cellules à pouvoir phagocvtaire d’englo-
ber dans leur cytoplasme des colorants vitaux du groupe de la
benzidine, tels que le bleu trypan. Les cellules, qui agissent ainsi
in vivo, sont les éléments endothéliaux phagocytaires, les petites
cellules de la pulpe splénique, les clasmatocytes du tissu con-
jonctif. Pour que l'accumulation du colorant dont la diffusibilité
est faible se produise, il faut qu'il arrive en quantités suffisantes
au contact de la cellule douée de pouvoir phagocytaire (Bouffard,
Goldmann, Evans et Schulemann, etc.).
Nous nous sommes servi de ces données pour éprouver le pou-
voir phagocytaire des mégacaryocytes, dont nous avions provo-
qué la formation dans la rate par la saponine, en injectant, dans
les veines, du bleu trypan en solution aqueuse à 1 p. 100. Nous
avons, de cette façon, pu observer que le colorant vital était fixé
par les grands macrophages et les petites cellules spléniques, par-
fois chargés aussi de grains d’hémosidérine. Aucun des nombreux
mécagaryocytes, présents dans la pulpe splénique, n’a phagocyté
ou collecté, in vivo, du bleu trypan, ce qui les distingue de toute
cellule douée de pouvoir phagocytaire. Ces mégacaryocytes étaient
pourtant souvent envahis par des leucocytes. Les mégacaryocr!?s
ne sont donc pas des macrophages.
Pour avoir pleine valeur, cette démonstration ne pouvait por-
ter que sur des cellules géantes situées dans la rate, parce que lr
rareté des éléments de la moelle osseuse capables de fixer le bleu
vital, aurait pu faire objecter due si les mégacaryocytes de la
moelle n'en étaient pas chargés, c'était parce que la diffusibilité
trop faible du colorant ne l'avait pas amené à leur contact.
(Laboratoire d’anatomo-pathologie de l'Université de Liége).
88 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (6
LE RÔLE DU PLASMA DANS L'AGGLUTINATION DES GLOBULINS
(PLAQUETTES).
À PROPOS DE LA NOTE DE P. GOVAERTS,
par JaAcQuESs Roskam.
Dans de précédentes communications, j'ai émis l'hypothèse
que l’accolement aux globulins des particules étrangères, préala-
blement opsonisées par du plasma ou du sérum, est dû à l’inter-
vention active de la mince couche de plasma adhérant intime-
ment à la surface de ces éléments ; auquel cas, la fonction an-
tixénique de l’organisme serait avant tout de nature plasmatique,
les globulins jouant un rôle favorisant, mais secondaire. Go-
vaerts a récemment combattu cette conception ; il lui a objecté
une affirmation et une expérience.
Une affirmation : pour Govaerts, l'agglutination des grains
d'encre de Chine et des Staphylocoques par le plasma est un
phénomène appartenant en propre à cette humeur et vraisem-
blablement lié à l'entraînement du fibrinogène par ces particules
étrangères ; il s'agirait là d'un phénomène exceptionnel et acces-
soire, n’existant que pour certaines particules, faisant notam-
ment défaut pour le para B et le coli. Cette conception de l’ag-
glutination plasmatique me paraît trop étroite : j'ai constaté, de
très nombreuses fois, la formation d'agglutinats de para B, en
l’absence de tout globulin, par action prolongée (30 minutes),
à 37°, de plasma ou de sérum frais sur ces éléments. D'autre
part, le mélange de deux volumes de sérum, d’un volume d’eau
physiologique à 8,9 p. 1.000 et d’un volume d'encre de Chine
(marques Nélis, Bourgeois, Günther Wagner) entraîne régulière-
ment l’agglutination des grains d’encre de Chine; certes, les
amas formés dans ces conditions sont plus petits que ceux qui
résultent de l’action du plasma, oxalaté à 1 p. 1.000 ou non, mais
ils sont extrêmement nets, visibles même à l’œil nu : leur volume
diminue à mesure que le sérum vieillit, comme diminue d'ail-
leurs le pouvoir opsonique de cette humeur : j'ai pu cependant
obtenir des agglutinations sériques nettes de grains d’encre de
Chine avec des sérums vieux de trois semaines. En conséquence,
l’agglutination plasmatique de Govaerts me paraît un aspect par-
ticulier, spécialement intense, de l’agglutination humorale, phé-
nomène plus général, pouvant être plasmatique ou sérique et
dépendant de l'intervention de complexes colloïdaux particuliè-
née instables (les opsonines ?).
* Une expérience : mélangeant, à volumes égaux, une sus-
a en liquide physiologique, de glohulins isolés, lavés et
1
(7) SÉANCE DU 27 MAI 89
chauffés 30 minutes à 61° et une suspension, dans le même li-
quide, de Staphylocoques traités par le sérum, puis lavés, Go-
vaerts observe un accolement net des microbes et des globulins.
Cet accolement n’est pas, à mon avis, entièrement analogue à
celui que l’on observe lors de l'injection de particules étrangères
dans le torrent circulatoire d’un Mammifère. Il s’agit, dans l’ex-
périence de Govaerts, de l’adhésion de deux corps très visqueux
en suspension tous deux dans un liquide de viscosité faible ; ce
phénomène est comparable à l’accolement, dans la même expé-
rience, des Staphylocoques opsonisés et des globulins chauffés,
à la lamelle de préparation ; il est également comparable à la
formation d'agglutinats mixtes, peu nombreux, mais nets et vo-
lumineux, aux dépens de Lievures de vin non opsonisées et de
globulins chauffés à 63°, tous deux émulsionnés en solution phy-
siologique. La nature différente du phénomène observé par Go-
vaerts et de l’emplaquettement physiologique des particules
étrangères résulte bien de l’expérience suivante : on mélange
deux volumes de sérum frais de Lapin et un volume de suspen-
sion, en eau physiologique, de Staphylocoques ; on laisse en
contact pendant une demi-heure à 37°, puis on porte assez rapide-
ment le mélange à 6r1°-63°, température à laquelle on le main-
tent pendant une demi-heure. Deux tubes, À et B, reçoivent cha-
cun 0,06 c.c. de la suspension de Staphylocoques opsonisés, puis
chauffés ; le tube A recoit, en plus, 0,2 c.c. d’une suspension,
en eau physiologique, de globulins isolés et lavés, non chauffés ;
le tube B, 0,2 c.c. d’une suspension, en eau physiologique, de
globulins chauffés à 61°-63° pendant 30 minutes. Aussitôt, on
constate, dans le tube À, un emplaquettement net des microbes ;
en B, au contraire, pas plus immédiatement qu'après une demi-
heure d’étuve à 37°, on n'observe d’accolement des globulins aux
Staphylocoques. Cette expérience peut se répéter avec des Levu-
res de vin ; le résultat sera le même à ceci près, que le tube B
contiendra quelques très rares agglutinats de Levures et de glo-
bulins : en À, quasi toutes les Levures seront emplaquettées.
Les différents faits que je viens de signaler sont parfaitement
conciliables avec mon hypothèse. Une émulsion de globulins non
chauffés me paraît être un suspensoïde stable dont les éléments
sont dispersés par les colloïdes plasmatiques qui leur sont intime-
ment adhérents. Que des globulins viennent au contact d'un
corps étranger préalablement opsonisé par l’action de plasma ou
de sérum, l’équilibre colloïdal de leur atmosphère plasmatique
est aussitôt rompu : il s'ensuit une certaine floculation des col-
loïdes de cette atmosphère, une diminution de leur pouvoir dis-
persant et l’accolement à la surface opsonisée, accolement que
la floculation au contact même de cette surface rendra plus in-
90 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (8)
lime encore ; une grande partie de l'atmosphère plasmatique
participant à cette floculation, on comprendra dès lors que des
globulins fixés à des particules étrangères peuvent, à leur tour,
fixer d’autres globulins. Le chauffage exercerait une action assez
semblable : entraînant également une certaine coagulation du
plasma adhérant aux globulins, il diminue son pouvoir disper-
sant : ce fait explique que, chauffés, les globulins ont grande
x
tendance à s'agglutiner les uns aux autres, à s'accoler aux sur-
faces étrangères, surtout si celles-ci sont visqueuses et si le milieu
interposé ne joue qu’un faible rôle empêchant.
(Laboratoire de recherches de la Clinique médicale,
Université de Liége).
PATHOGÉNIE DES HÉMORRAGIES INCOERCIBLES DES PURPURIQUES,
par Jacques Roskanm.
Rappelons, en quelques mots, ce que l’on pourrait nonimer
le « paradoxe hémostatique des purpuriques » : les sujets atteints
de purpura hémorragique (Morbus Werlhofïi, thrombopénie es-
sentielle de Frank, hémogénie de P. Emile-Weil) possèdent un
sang de coagulabilité normale et, pourtant, ils peuvent présenter
des hémorragies incoercibles, susceptibles d'entraîner leur mort
par saignée, en dépit de toute médication. Séméiologiquement,
cette tendance aux hémorragies profuses peut être mise en évi-
dence par l’épreuve du temps de saignement de Duke : chez les
hémogéniques, la durée d’une petite hémorragie expérimentale,
par incision du lobule de l'oreille, est notablement augmentée,
le plus souvent considérablement, atteignant 30 minutes, 1, 2, 3,
4 heures et plus (durée normale : 1 à 3 minutes).
Depuis Denys, tous les auteurs s’accordaient à considérer cet
état hémorragipare si mystérieux des purpuriques comme résul-
tant de la pauvreté de leur sang en globulins (plaquettes). J’ai
récemment établi qu’une thrombopénie intense, expérimentale
ou clinique, est incapable, à elle seule, de prolonger considérable-
ment la durée du temps de saignement. Ge fait fut bientôt con-
firmé par Mouzon et P. Emile-Weil. Le sang me paraissant hors
cause, j'émis alors l’hypothèse que les hémorragies incoercibles
des purpuriques dépendent directement d’une altération des en-
dothéliums, pathogénie rappelant celle de l’hémophilie locale
selon Nolf. Dans son rapport au XIII Congrès français de Méde-
cine, cet auteur avait déjà attiré l'importance de l’élément vas-
culaire dans la génèse des symptômes purpuriques : bien qu'a-
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(9) SÉANCE DU 271 MAI 91
doptant la pathogénie classique des hémorragies profuses chez les
hémogéniques, il ne considérait pas le purpura comme uxe ma-
ladie des plaquettes, mais comme une endothélüte parcellaire
hémorragique, la thrombopénie dépendant de la fixation des
globulins sur les endothéliums lésés. Je supposais qu'à côté de
ces lésions avancées aboutissant à la formation de thrombi capil-
laires, les endothéliums peuvent présenter des altérations moins
profondes, caractérisées par une moindre disposition de leurs
cellules, après traumatisme, à l’opsonisation par les colloïdes
plasmatiques. En effet. des recherches récentes ont établi que les
globulins normaux ne peuvent adhérer aux surfaces étrangères
qu'après opsonisation de celles-ci par du plasma ou du isérum :
puisque la formation du clou hémostatique dépend ssentielle-
ment d’une agglutination des plaquettes à l’endothélium lésé,
puisque la thrombopénie ne suffit pas à prolonger considé-
rablement le temps de saignement, puisque la coagulabilité du
plasma des purpuriques n’est pas diminuée, leurs hémorragies
incoercibles doivent dépendre, supposais-je, d’une moindre ten-
dance à l’opsonisation par le plasma, des endothéliums trauma-
tisés. Deux ordres de faits nouveaux viennent à l'appui de cette
conception. |
1° J'ai comparé le pouvoir d’agglutination que possèdent, dans
leur plasma respectif et par rapport à des Levures de vin, des
globulins de sujets normaux d’une part, des globulins de purpu-
riques en pleine poussée hémorragique d'autre part : je n’ai pas
constaté de différences dans le nombre et le volume des amas
formés. Ce résultat n’est pas fait pour nous surprendre : le fait
que des particules étrangères opsonisées par du plasma ou du
sérum agglutinent parfaitement des globulins tués, permettait
d'écarter a priori l'hypothèse d’une sorte de « thrombasthénie »
(Glanzmann) dans la pathogénie des hémorragies incoercibles
chez les purpuriques. ;
2° Il est aisé de constater que, chez des individus sains, la
durée du temps de saignement par incision du lobule de l'oreille
est indépendante de l'endroit où la coupure a été pratiquée. Il
n'en est pas toujours de même chez les purpuriques ; dans deux
cas récents, j’ai obtenu des temps de saignements très différents
suivant les endroits incisés :
Premier cas. — Chez une Femme atteinte d’hémogénie en pé-
riode hémorragique (coagulation du sang in vitro : 8-10’; glo-
bulins : 134.236), j'ai obtenu un temps de saignement de 48’30”
à l'oreille droite ; des incisions de même longueur et de même
profondeur pratiquées à l'oreille gauche, immédiatement avant
l'incision de l'oreille droite et pendant l’hémorragie due à cette
92 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (10)
incision, me donnèrent des saignements d’une durée de 3° et
de 4’.
Second cas. — Chez une jeune fille atteinte de purpura et
examinée en dehors de toute poussée hémorragique, j'ai obtenu,
successivement ou simultanément, en différents endroits des pa-
villons des deux oreilles, des temps de saignement de 13’, 8’, &,
bé oo et de rer oise Sansdencette malade
coagulait in vitro en 3’50°°-5’20”; le nombre des globulins était
24.395 par mm.c.
Ces deux observations cliniques me paraissent d'un grand
intérêt : le fait que le temps de saignement des hémogéniques
peut varier considérablement selon les endroits où il est recher-
ché, plaide contre la pathogénie classique des hémorragies in-
coercibles des purpuriques ; de même, la coexistence — excep-
tionnelle, il est vrai — d’un état hémorragipare net, d’un temps
de saignement très prolongé et d’un nombre peu réduit de glo-
buiins (première observation). Tous les faits signalés sont, au
contraire, autant d'arguments en faveur de l’origine endothéliale
de la tendance aux hémorragies profuses chez les purpuriques.
(Laboratoire des recherches de la Clinique médicale,
Université de Liége).
ACTION ANTAGONISTE DE LA CAFÉINE ET DE L'ADRÉNALINE
SUR L'INTESTIN ISOLÉ,
par Herr FrepericQ et Louis MÉLoN.
Nos recherches antérieures ont montré que la caféine et les
autres dérivés xanthiques sont des poisons paralysants du sym-
pathique cardiaque, du sympathique pupillodilatateur et vaso-
constricteur (1). k
On sait, d’autre part, que l’adrénaline, médicament sympa-
thico-mimétique, inhibe les mouvements de l'intestin comme le
ferait l’excitation même du splanchnique.
Il était intéressant de vérifier si la caféine et l’adrénaline sont
antagonistes dans leur action sur l'intestin.
Quelques cas d'antagonisme entre ces deux substances ont déjà
été signalés : Sollmann et Pilcher (2) ont observé que la caféine
peut jouer le rôle d’antagoniste vis-à-vis de l’action vasoconstric-
(x) Fredericq et Mélon. C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 506 et
963.
(5) Sollmann et Pilcher. Journ, of Pharmacology, 1911, t. HI, p. 19.
(41) | SÉANCE DU 27 MAI 93
——————…—…—…—…—…—_——_—…—_—_…—_—_—_—_—_—_—_—a—a—a—aZ
tive de l’adrénaline. Bardier, Leclerc et Stillmunkes (1) ont mon-
tré que la caféine inhibe, chez le Lapin, la glycosurie adrénali-
nique.
Nous avons, d’après la méthode décrite par Sherrington (2)
enregistré les contractions spontanées de segments isolés de l’in-
testin du Lapin. Les segments du duodénum sont suspendus ver-
ticalement dans du liquide de Ringer oxygéné ; leurs contrac-
tions sont inscrites au moyen d’un levier horizontal.
Reproduisons, à titre d'exemple, les résultats de notre expé-
rience du 17 mai 1922.
Nous inscrivons d’abord les contractions d’un segment d’intes-
lin ; puis nous versons dans le récipient contenant le liquide de:
Ringer dans lequel baigne le segment d'intestin, 0,5 c.c. de
chlorhydrate d’adrénaline à 1 p. 1.000, de manière à réaliser une
concentration de 0,0005 p. 100. Les contractions ne sont pas
abolies, mais leur énergie est diminuée et le tonus diminue nota-
blement. Nous ajoutons ensuite au liquide r gr. de benzoate
double de caféine et de soude. Nous réalisons ainsi une concen-
tration de sel double de 1 p. 160 environ ; le tonus augmente,
les contractions reprennent, plus vigoureuses.
L’actior. tonique de la caféine n’est généralement que passa-
gère : le tonus revient peu à peu à son niveau normal, ou reste
légèrement au-dessus de ce niveau. Nous ajoutons de nouveau
1 C.c. d'adrénaline : le tonus diminue ; une nouvelle adjonction
de 1 gr. de caféine montre encore une élévation de tonus mani-
feste, mais de très courte durée.
Dans d’autres cas, nous avons procédé en faisant agir d’abord
la caféine puis l’adrénaline. La caféine agit sur les contractions
de l'intestin isolé en augmentant leur durée (confirmation des
résultats de Sollmann). Suivant les concentrations et suivant les
différents animaux, l'énergie des contractions est diminuée ou
augmentée : il y a, en effet, de nombreuses différences indivi-
duelles d'un animal à l’autre. De fortes doses de caféine abolis-
sent complètement les contractions. D'une façon générale, la
caféine augmente le tonus intestinal. Quant à l’adrénaline, elle
diminue le tonus caféinique.
Voici les résultats obtenus dans notre expérience du 11 mars
-1922. :
Nous ajoutons au liquide de Ringer 1 gr. de benzoate double
de caféine et de soude, ce qui réalise une concentration de
I p. 100 : la caféine détermine une brusque: augmentation du
(x) Bardier, Leclerc et Stillmunkes. C. R. de la Soc. de biol , 1921, t. LXXXV.
p- 281.
(2) Sherrington. Mammalian Physiology, Oxford, 1919, p. 1.
9 RÉUNION DE IA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE) (12).
tonus, l’amplitude des contractions est légèrement diminuée.
Nous faisons alors agir 1 c.c. d’adrénaline à 1 p. 1.000 (concen-
tration de 0,007 p. 100), le tonus diminue, les contractions s’af-
faiblissent et tendent à disparaître. Les résultats de cette expé-
rience concordent donc complètement avec ceux de la précédente.
Conclusions. L'action de la caféine sur des segments isolés de
l'intestin du Lapin est antagoniste de celle de l’adrénaline sur ile
même organe.
La caféine fait réapparaître les contractions spontanées et le
tonus que l’adrénaline avait diminués ou abolis.
L'adrénaline, au contraire, réduit l’augmentation de tonus
obtenue par l’action prélable de la caféine.
La caféine agit donc en neutralisant l’action sympathico-mimé-
tique de l’adrénaline.
(Institut de physiologie, Liége).
RECHERCHES SUR L'ACTION DE LA PAPAVÉRINE SUR LA MOTIEITÉ
INTESTFINALE,
par Marcez Le FÈVRE DE ARRIc.
Nous avons étudié précédemment l’action de la papavérine sur
la digestion, chez le Chien, au moyen de l'exploration radiologi-
que (1). Nous voudrions rapporter brièvement ici les résultats
des expériences que nous avons poursuivies dans la suite sur
l’action de la papavérine sur la motilité intestinale, étudiée par
la méthode des anses d’intestin isolées.
Expériences in vitro. Dans ces expériences, nous avons recher-
ché l’action exercée directement par l’alcaloïde sur une anse
grêle de Chien, ou de Lapin, fixée dans l’appareil de Neukirch.
Cette anse était maintenue dans le liquide de Tyrode, chaud et
oxygéné, et l'épreuve consistait à remplacer une partie du liquide
nutritif par du Tyrode additionné de quantités connues de chlor-
hydrate de papavérine.
Ces quantités correspondaient à des concentrations comprises
entre 1:500 et 1:400.000. ;
Dans ces conditions, nous avons constaté, que l’action de la
papavérine, à toutes les concentrations étudiées, se traduit par
une chute marquée du tonus, comme Pal l’a signalé déjà (r913)
et aussi par la diminution des mouvements péristaltiques.
(r) M. Le Fèvre de Arric. Recherches radiologiques sur l’action de la papa-
vérine sur la digestion. Journ. de phys. et path. gén., t. LXVII, pp. 4:0-456,
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(13) SÉANCE DU 27 MAI
Expériences in vivo-vitro. Les travaux de Henriquez et Hal-
lion (1904-1911), puis de Weiland (1912), ont montré que l'in-
testin est capable de fournir in vitro un extrait excito-péristal-
tique ou motiline. Il était donc indiqué de rechercher dans quelle
mesure la papavérine était capable de modifier l’élaboration de
la motiline et, par là, d'agir indirectement sur la motilité intes-
tinale. Nous avons effectué toute une série d'observations sur
ce sujet en administrant préalablement l’alcaloïde par voie sous-
cutanée aux Chiens en expérience.
Ces animaux étaient ensuite sacrifiés dans un temps déter-
miné, en même temps que des animaux témoins. On prélevait
chez eux, d’une part une anse intestinale grèle destinée à l'étude
graphique ; d’autre part, un morceau donné d'’intestin grêle des-
tiné à la préparation des extraits.
L'action de la papavérine porte sur la motilité primitive de
l’organe et sur son mode de réaction à la motiline.
Résultats. I. Motilité. L’intestin grêle des Chiens injectés pré-
sente une motilité particulière qui dépend de la dose administrée.
Les animaux, ayant reçu #1, 5, 10 ou 20 mgr. par kgr., fournis-
sent, dans les trois à quatre heures après l'injection, des anses
grêles qui présentent un péristaltisme remarquablement plus fai-
ble que celui d'une anse normale. De plus, le tonus de l'organe
est souvent instable et présente de fréquentes variations. Ces.
tracés rappellent ceux obtenus par Zunz et CYOrEN avec la mor-
phine (1914) (x).
À la dose de 50 mgr. les résultats sont contradictoires ; à celle
de 100 mgr., les effets observés sont opposés aux précédents.
L’intestin du sujet injecté se contracte aussi bien ou plus éner-
giquement que le témoin.
IT. Sensibilité dè l’anse papavérinisée à la motiline normale.
L'anse grêle du Chien papavérinisé est encore capable de répon-
dre à l’action de la motiline normale, mais elle y répond moins
souvent et moins bien qu’une anse normale. Ces différences ne
sont sensibles qu'avec les doses faibles.
IIL. Propriétés de l’extrait d’anse intestinale de Chiens papavé-
rinisés. L’anse grêle du sujet injecté aux doses faibles (r à
20 mgr. par kgr.) fournit un extrait qui diminue assez régulière-
ment le péristaltisme d’une anse normale, et même do
celui de l’anse papavérinisée.
Aux doses fortes (100 mgr.) l’extrait obtenu est excito-moteur
dans les deux cas. Les propriétés toniques de ces extraits ne sont
(x) E. Zunz el P. GYÿ5rgy. À propos de l’action de: la morphine sur l’intes-
tin. Archiv. intern. de physiol., & XIV, fasc. 117, pp. 221-242.
96 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (14)
pas parallèles aux précédentes ; elles sont faibles, mais de même
sens.
On peut donc conclure de ces observations que, in vitro, la
papavérine, à toutes les doses, diminue le tonus et la motilité
intestinale.
In vivo, et à doses faibles (1 à 5o mgr.), l’alcaloïde diminue
le péristaltisme, et peut-être le tonus, de l'intestin grêle. In vivo,
et à doses élevées (bo à ro0 mgr.) la papavérine, au contraire,
exerce une action excitante sur cet organe, action à la fois directe
(plexus) et indirecte par augmentation de la motiline formée.
Ces résultats corroborent nos observations antérieures réalisées
par l'exploration radiologique. Ils constituent aussi, semble-t-il,
un argument d'un autre ordre en faveur de l'intervention de la
papavérine dans l’action constipante de l’opium ou de l’opium
privé de morphine.
(Instilut de thérapeutique de l'Université de Bruxelles).
LA NEUTRALISATION DES BACTÉRIOPHAGES DE PROVENANCE
DIFFÉRENTE,
par R. BruyNoGe et R. APPELMANS.
Des recherches déjà publiées (r) ont établi que les Bactério-
phages de provenance diverse et actifs pour les mêmes germes,
peuvent différer entre eux au point que des microbes, devenus
résistants à l’un d'entre eux, subissent encore l'influence de l’au-
tre, comme si ce dernier agissait sur des microbes nouveaux
n'ayant pas subi le contact du Bactériophage.
Nous avons fait observer que ce résultat ne pouvait s'expliquer
par une différence dans le degré de virulence des deux Bacté-
riophages, étant donné que le fait signalé ci-dessus est récipro-
que, c’est-à-dire que les microbes devenus réfractaires à l’action
de l’un de ces Bactériophages sont influencés dans leur culture
par l’autre et vice-versa.
Dans cette communication, il est question de la neutralisation
de ces Bactériophages par les sérums spécifiques. Les recherches
de Bordet et Ciuca (2) ont démontré que le sérum d'animaux vac-
cinés avec le principe bactériophage, neutralise ce dernier au
point que les microbes ensemencés dans du bouillon additionné
d'un mélange approprié de principe lytique et de sérum anti-
lytique, s’y développent comme dans du bouillon ordinaire.
(1) Appelmans et Wagemans : C. R. de la Soc. de biol., 25 avril 1922.
(£) Bordet et Ciuca . C. R. de la Soc. de biol., 29 janvier 1022.
(15) SÉANCE DU 27 MAI 97
Il nous à paru intéressant d'examiner si le sérum antilytique
obtenu avec l’un de ces deux Bactériophages allait limiter son
action neutralisante à celui qui avait servi à la vaccination de
l’animal ou s’il allait étendre son pouvoir sur les deux Bactério-
phages.
À cet effet, nous avons injecté deux Lapins, l’un avec du
Bactériophage typhique Louvain, l’autre avec du Bactériophage
typhique Strasbourg. Le premier a reçu, à 3 jours d'intervalle,
8 inoculations de 2,5 c.c. de filtrat lytique, le second 9 injections
de 2 c.c. également espacées de 3 jours. ro jours après la der-
nière injection, les animaux ont été saignés à la carotide avec
les précautions voulues pour obtenir du sérum stérile. Le pou-
voir neutralisant de ces sérums a été examiné vis-à-vis de deux
Bactériophages. À cet effet, nous mélangeons dans des petits
tubes stérilisés
1° 0,5 c.c. de sérum antibactériophage Louvain, 2 gouttes
Bactériophage Louvain, 0,5 c.c. d’eau physiologique stérile.
2° 0,b c.c. de sérum antibäctériophage Louvain, 2 gouttes
Bactériophage Strasbourg, 0,5 c.c. d'eau physiologique stérile.
3° 0, c.c. de sérum antibactériophage Louvain, 2 gouttes
Bactériophage coli de d'Herelle, 0,5 c.c. d’eau physiologique
stérile.
h° x c.c. d’eau physiologique, 2 gouttes de Bactériophage
Louvain.
5° 1 c.c. d’eau physiologique, 2 gouttes de Bactériophage
Strasbourg.
6° r c.c. d'eau physiologique, 2 gouttes de Bactériophage coli
de d'Herelle.
L'’essai avec le sérum antibactériophage Strasbourg est mené
d'après le même schéma.
Après un ou plusieurs jours de contact, nous prélevons de
ces différents mélanges deux gouttes que nous introduisons dans
autant de tubes de bouillon. Nous ensemençons ensuite ces
tubes les uns avec le Bouillon typhique (typhus ID les autres
avec le colibacille de d’Herelle. 2 tubes n'ayant reçu aucune
addition et ensemencés au moment même avec les microbes en
question nous servent de contrôle.
De ces essais il résulte
1° Que l’antibactériophage typhique Louvain neutralise défi-
nitivement le Bactériophage correspondant et celui de d’Eerelle
et est sans action sur le filtrat lytique Strasbourg. Nous avons
établi la réalité de cette neutralisation par les deux épreuves
suivantes :
a) Les microbes développés dans le bouillon additionné du
mélange de Bactériophage Louvain et de son sérum correspon-
Brorocre. ComPTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 7
98 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (16)
dant se comportent comme des microbes normaux et se laissent
parfaitement bien influencer dans leurs cultures ultérieures par
le Bactériophage Louvain.
b) Les filtrats des cultures en question n’exercent aucune in-
fluence sur le développement du Bacille typhus II normal.
2° Que l’antibactériophage tyvphique Strasbourg neutralise
également son Bactériophage et est sans action sur les deux
autres. Nous devons toutefois ajouter, au sujet de cette neutra-
lisation, que, dans un essai, celle-ci n'était pas définitive et
qu'après 24 heures d’étuve, les cultures normalement dévelop-
pées dans le bouillon additionné du mélange sérum et Bactério-
phage Strasbourg subissaient la lyse. Nous pouvons cependant
certifier que, même là, il y avait eu neutralisation, vu que les
Bacilles typhiques s'étaient développés normalement dans le
mélange en question, alors que dans le tube de bouillon addi-
tionné uniquement d’une trace de ce Bactériophage, le déve-
loppement ne se faisait qu'après un arrêt de 12 heures.
D'ailleurs, l'effet neutralisant des sérums dépend entre au-
tres : du degré de vaccination des animaux fournisseurs du
sérum, de l’activité du Bactériophage utilisé dans l'essai en
question et enfin de la durée de contact du principe lytique et de
son sérum correspondant.
= Ces recherches établissent en outre la pluralité des Bactério-
phages. La différence qui peut exister entre eux ne résulte pas
nécessairement du germe qui à servi à leur symbiose, vu que
le sérum antibactériophage typhus Louvain neutralise aussi bien
ce dernier que le Bactériophage du colibacille de d'Herelle.
Four expliquer ce fait, nous faisons remarquer que le Bacté-
riophage typhus Louvain est, en réalité, le Bactériophage coli
de d’Herelle rendu, par adaptation, actif pour les cultures ty-
phiques et devenu inactif pour la culture de d’Herelle par suite
de 1: spécialisation.
Les Bactériophages peuvent être neutralisés par un seul et
même sérum, quelle que soit leur activité pour les divers mi-
crobes, à condition qu’ils aient la même provenance. C’est en se
basant sur cette constatation que Maisin (r) avait considéré les
antibactériophages comme dépourvus de spécificité.
Enfin, à notre avis, ces résultats ne sont guère à concilier avec
la théorie formulée par Bordet et Giuca (2).
En effet, si la lÿse microbienne est l’œuvre d’un ferment sé-
crété par les microbes ayant subi la viciation nutritive, ce fer-
ment devrait être le même quelle que soit la cause de cette vicia-
tion. Nos constatations établissent qu'il n’en est pas ainsi et
(1) Maisin. C. R. de la Soc. de biol., 26 mars 1921.
(2) Bordet et Ciuca. C. R. de la Soc. de biol., 29 janvier 1921.
|
(17) SÉANCE DU 27 MAI 99
qu'un même microbe peut fournir des Bactériophages différents
d’après la provenance du principe lytique qui vient influencer
le microbe en question.
Par contre, le Bactériophage reste identique à lui-même quels
que soient les microbes avec lesquels il ait été cultivé en sym-
biose.
Ces faits démontrent, il nous semble, que dans le Bactério-
_phage il y a lieu d'admettre quelque chose d’étranger aux mi-
crobes et se perpétuant dans les cultures ultérieures.
À. GRATIA. -— Je poursuis depuis quelque temps déjà l'étude
comparative des principes Iytiques staphylococciques issus de
L sources différentes, à savoir de la vaccine de New-York, de la
vaccine de Bruxelles, d’un exsudat leucocytaire et d’un abcès
sous-cutané. Ces quatre principes offrent des distinctions quali-
tatives caractéristiques non seulement quant à l'étendue, à l’in-
tensité et à l’allure de leur action, mais encore quant à leur
façon de se comporter vis-à-vis des sérums antilytiques et du
sérum normal. Ils conservent jusqu’à un certain point leurs
caractéristiques même après quelques passages sur des souches
différentes de Staphylocoques. Ces résultats sont donc fort sem-
blables à ceux que Bruynoghe et Appelmans viennent de dé-
crire pour le principe typhique. En ce qui concerne l’interpré-
tation, je fais quelques réserves sur lesquelles je reviendrai
dans une prochaine communication.
RÉACTION DE FIXATION DE L'ALEXINE ET SPÉCIFICITÉ ANTIGÈNIQUE
DES PRINCIPES LYTIQUES,
par ANDRÉ GRaïTiA et DÉSIRÉ JAUMAIN.
Ainsi que nous l'avons montré dans une note antérieure (1),
un sérum antilytique donné neutralise le principe lytique cor-
respondant, mais est sans action sur le principe Iytique d’une
espèce microbienne éloignée. Cette réaction de neutralisation
est donc spécifique et démontre la pluralité des principes lyti-
‘ques où « bactériophages ». Pourtant un même sérum antilyti-
que peut fixer l’alexine non seulement en présence du principe
correspondant, mais encore en présence du principe lytique
‘d'une espèce microbienne totalement différente. Contrairement
d
() G. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, p. 882.
100 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (18)
à la.réaction de neutralisation, la réaction de fixation donne
donc des résultats non spécifiques et démontre tout au moins
la présence d’un antigène commun dans les nn lytiques
de microbes items,
D'Herelle et Eliava (1), Bruynoghe et Maisin . pensent que
cet antigène commun ne peut être que le Bactériophage êt ils
en tirent argument, en faveur de l’unicité du Bactériophage.
Cette conclusion étant en désaccord formel avec ce que nous
venons de dire de la réaction de neutralisation, nous pensons,
au contraire, que cet antigène commun ne peut pas être le
Bactériophage, mais quelque chose d'autre qu'il importe de
rechercher.
Les principes lytiques employés comme antigènes sont, en
vérité, des cultures lysées, c’est-à-dire des milieux très com-
plexes où, à côté du Bactériophage, il y a le bouillon, lequel est
commun aux différentes cultures, et puis toute espèce de pro-
duits de désintégration résultant de la Iyse microbienne. Nous
nous sommes demandé si ce n'était pas plutôt parmi ceux-ci
qu'il fallait rechercher l’antigène commun et si, dans ce cas,
on ne le trouverait pas également dans les cultures normales
qu on à laissé vieillir et qui, de ce fait, ont pu subir un certain
degré d’autolyse spontanée, en dehors de toute intervention du
Bactériophage.
L'expérience a pleinement répondu à notre attente. Nous
avons répété à cinq reprises différentes, chaque fois avec du
matériel nouveau, les essais de fixation de l’alexine avec le sérum
antilytique coli et le sérum antilytique staphylococcique (3).
fois sur 5, nous avons constaté une réaction de fixation tout
aussi spécifique que la réaction de neutralisation, chacun des
deux sérums fixant l’alexine en présence des cultures Iysées du
microbe correspondant seulement. Les trois autres fois pourtant,
nous ayons observé la fixation croisée invoquée par d’Herelle et
Eliava, Bruvnoghe et Maisin , c'est-à-dire que, dans ces expé-
riences, le sérum antilytique coli, par exemple, fixait l’alexine
non seulement en présence des cultures lysées de colibacille,
mais encore en présence des cultures lysées de Staphylocoque.
Or, précisément dans ces cas, nous avons obtenu la même fixa-
tion croisée en remplaçant, comme antigène, les cultures lysées
de coli et de Staphylocoque riches en bactériophage, par des
CR de la Soc de bol LXXXNE pro
2) C. R. de la Soc. de:biol., t. LXXXV, p. 1122.
3) Nous avons suivi la aehaiane de Calmette et Massol, c’est-à-dire qu'après
dosage préalable, l’alexine a été employée à doses croissantes. Dose fixe d’an-
tigène. 1 c.c. Dose fixe de sérum antilytique chauffé à 56°, 0,3 c.c.
(19) SÉANCE DU 27 Mail 101
cultures normales de ces mêmes microbes, à condition qu'elles
fussent vieilles (x).
On trouve donc un antigène commun, aussi bien dans les
vieilles cultures dépourvues de Bactériophage que dans les cul-
tures lysées qui en contiennent ; cet antigène commun ne peut
donc pas être le Bactériophage, mais vraisemblablement des
produits de désintégration non spécifiques apparaissant dans les
cultures en voie d’autolyse, que celle-ci se passe sous l'influence
du principe lytique ou du vieillissement. Ces produits qui trou-
blent la réaction de fixation de l’alexine et lui enlèvent, en l’oc-
curence, sa spécificité, ne peuvent pas influencer la réaction de
neutralisation ; c’est pourquoi celle-ci donne les résultats rigou-
reusement spécifiques que nous avons observés et qui, du
reste, ont été confirmés par Bruynoghe et Maisin.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
CoNCORDANCE RELATIVE ET DÉFECTUEUSE DE LA RÉACTION
DE (GATÉ-PAPACOSTAS AVEC LA RÉACTION DE WASSERMANN ;
SA NON-SPÉCIFICITÉ VIS-A-VIS DES SÉRUMS SYPHILITIQUES,
par À. BESSEMANS.
Après avoir fortuitement découvert la réaction qui porte leur
nom, Gaté et Papacôstas (2) l’ont expérimentée, en même temps
que la réaction de Wassermann, sur plus de 4oo sérums hu-
mains. Technique : 2 gouttes de formol pour 1 c.c. de sérum non
chauffé, bouchage au coton, séjour à la température ordinaire,
lecture après 24 à 30 heures. Résultats : concordance de 85 G.P
pour 100 W (3). Ignorant l’histoire clinique des sérums à réac-
tions discordantes, les auteurs ne peuvent conclure en faveur
de l’une ou l’autre réaction. Ce n’est que peu de temps après (4)
qu'ils affirment que leur réaction est particulière aux sérums
syphilitiques.
En mars ro2r, Pauzet (5) relate avoir vérifié la G.P sur 57
(r) Les jeunes cultures ne fixent convenablement l’alexine qu’en présence
du sérum antilytique correspondant. En présence du sérum antilytique hété-
rologue, elles manifestent un léger pouvoir anticomplémentaire qu’exerce aussi,
du reste, le bouillon odinaire, mais qui est insignifiant en comparaison du
pouvoir de fixation des cultures lysées et des vieilles cultures.
(2) C- R. de la Soc. de biol., 1920, t. LXXXIIT, p. 1432.
(3) G.P et W abréviations conventionnelles pour réactions de Gaté-Papa-
costas et de Wassermann.
(4) GC. R. de la Soc. de biol., 1921, t. LXXXV. p. 869 et 1029.
(5) Ibidem, 1921, t. LXXXIV, p. 536.
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102 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (20)
sérums humains. Technique primitive des inventeurs (1). Ré-
sultats : 3 G.P+ sur 11 W+, lo G.P— sur 46 W—. Pauzat
estime que la grande discordance des résultats fournis par les
deux réactions diminue beaucoup la valeur de la méthode nou-
velle.
Viennent ensuite Mackenzie (2) avec une concordance de
7 G.P+ pour 7 W+ et de 16 G.P— pour 16 W— (lecture après
36 heures); Ecker (3) avec 500 sérums et une concordance
moyenne de 69,60 p. 100 (sérums. chauffés et non, bouchage au
coton et au liège, séjour à la glacière, à 37° et à la température
du laboratoire, lecture après 24 à 48 heures); Le Gall et Bona-
fous (4) avec 6o sérums et 100 p. 100 de concordances (lecture
après 30 heures); Schekter (5) avec une concordance habituelle
dans une série de cas cliniques dont il ne fournit pas la statisti-
que; De Grave (6) avec une note inédite concluant à la non-
spécificité de la G.P ; Burke (7) avec une technique un peu mo-,
difiée (pas de bouchage, séjour à 37°, lecture après 24 à 72 heu-
res) et une concordance de g1 à 98 G.P— pour 100 W— et de
12 à 7o G.P+ pour 100 W+ (8); Bouttiau (9) avec r.000
sérums et une technique encore un peu différente (2, 3 et 4
gouttes de formol et lecture après plusieurs jours à plusieurs
semaines); enfin Ârmangué et Gonzalès (10) avec 174 sérums
et 12 G.P+ pour 47 Wæ+, 121 G.P— pour 127 W— (technique
primitive, mais lecture après 4o à 48 heures). Faisons remar-
quer que Bouttiau est le seul à publier des détails cliniques ; il
arrive à la conclusion que la G.P est spécifique de la syphilis
et destinée à remplacer la W.
Dans une note antérieure (11), nous avons annoncé que la
G.P existe chez des sérums normaux et que nous considérions ce
fait comme une preuve absolue de la non-spécificité de cette
réaction à la syphilis. Depuis lors, Armangué et Gonzalès ont
(x) Ultérieurement, Gaté et Papacostas ont légèrement modifié leur technique.
En novembre 1921 (C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, p. 869), ils parlent de
3 gouttes de formol et lisent les résultats après 24 à 48 heures. En avril 1922
(La Clinique, n° 4, p. 91), ils conseillent à nouveau 2 gouttes et préconisent
le bouchage au liège.
(2) British medical Journ., juin 1921, p. 854.
(3) Journ. of inf. Dis., octobre 1921, p. 359.
(4) Carnet médical français, nov. 1921, n° 44o.
(4) Arch. médico-chir. de province, janvier 1922.
(6) Soc. belge dermat. et syphil., séance du 12 février 1922.
(5) Arch. of Dermat. and Syphil., avril 1922, p. 460.
(8) Concordances variables suivant le temps après lequel la lecture se fait et
suivant la nature de l’antigène utilisée pour la W.
(9) Bruxelles médical, avril 1922, p. 298.
(10) Journ. of Inf. Dis:, mai 1922, p. A4.
(xx) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVE, p. 958.
(21) SÉANCE DU 27 MAI 103
signalé 67 p. 100 de G.P+ chez des tumeurs malignes à W—.
La présente note résume une statistique de 295 sérums hu-
mains dont l’histoire clinique détaillée nous a été confiée par
différents confrères. Nous avons simultanément recherché la
G.P et la W chez chacun de ces sérums.
Pour la W, chaque fois trois antigènes (Bordet, Noguchi et
Wassermann ou Vernes) à la dose de & à ro unités antigéni-
ques (1). Doses sériques de 0,4, 0,2 et o,1 c.c. Résultat consi-
déré comme positif quand au moins deux de nos antigènes don-
nent + + + + avec une de nos doses sériques (2).
Formolgélification avec r c.c. de sérum non chauffé et 2 gout-
tes de formol (3). Mélange dans une fiole d’une contenance
de 3 c.c. et solidement bouchée au liège. Séjour à la tempéra-
ture du laboratoire. Annotation des résultats après différents
délais. G.P considérée comme positive dès que prise en gelée
tremblotante.
Cliniquement, nos sérums se subdivisent en 107 non syphili-
tiques (dont 70 malades divers) et 188 syphilitiques à tous les
stades de l'infection (traités et non traités, avec et sans lésions).
- Le détail de nos observations sera publié ailleurs. Nous nous
bornons ici à résumer nos conclusions.
Résultats après 24 et AS heures, x, 2 et 3 semaines, x et x x/°
mois.
a) Pourcentages des G.P concordant : avec nos W positives
GS icas):
5,69 — 11,38 — 25,20 — 42,27 — 51,21 — 62,60 — 72,35.
Avec nos W négatives (65 syphilitiques, 70 malades non sy-
philitiques, 37 bien portants)
96,51 — 92,44 — 83,13 — 69,76 — 62,20 — 53,43 — 45,09.
Avec toutes nos W, positives et négatives (295 cas) :
58,64 — 58,64 — 59,32 — 58,30 — 57,62 — 57,28 — 57,62 (19).
b) Pourcentages des G.P positives :
Chez nos 188 syphilitiques (donnant 65,42 p. 100 de W posi-
tives) :
3,72 — 7,44 — 17,02 — 32,44 — 39,89 — 48,93 — 59,57.
Chez nos 37 bien portants (tous à W négative) :
Oo — 5,40 — 8,10 — 16,21 — 18,91 — 35,13 — 35,73.
(x) Avec cela, 1 unité d’alexine et 2 unités hémolytiques, Système : globules
de mouton, sensibilisatrice de Lapin-anti. ‘
(2) Les doubles doses d’antigène et de sérum n'étant nullement anticom-
plémentaires.
(3) Qualité ct quantité décrites dans notre note du 29 avril 1922.
(4) On pourrait encore calculer les concordances séparées des G. P avec les
W négatives des bien-portants, des malades non syphilitiques, des syphili-
tiques, puis aussi avec les W de tous les non syphilitiques. Chaque fois on
arriverait à de tous autres pourcentages.
104 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (22)
Chez nos 70 malades non syphilitiques (tous à W négative) :
8,57 — 15,77 — 34,28 52,85 — 69,1 74,28 — 78,07.
Chez nos 107 non syphilitiques (Jo malades et 37 bien por-
tants) :
5,60 — 12,14 —25,23 — 4o,18 — 49,53 — 6o,74 — 63,55.
De nos observations il se dégage : 1° que le nombre des G.P
positives croît proportionnellement avec le temps écoulé, quelle
que soit la catégorie de sérums sur laquelle on rexpérimente,
qu'il y a donc nécessité d'adopter un moment de lecture bien
établi ; 2° que la concordance de la G.P avec la W est essentiel-
lement relative et dépend : u) du rapport numérique des W—
et + considérées (pour notre statistique, cette concordance fut
en moyenne de 58,13 p. 100); b) de la présence, chez les sujets
ayant fourni les sérums, de la syphilis ou d’une autre maia-
die (x); c) du temps après lequel la lecture se fait (peu impor-
tant si la statistique comporte un nombre égal de W+ et —
ainsi que des sérums comparables au point de vue pathologie
générale des sujets); 3° que la concordance (2) entre la G.P et la W
est en réalité et pratiquement défectueuse, puisqu'à n'importe
quel moment les écarts entre les résultats obtenus par les 2 réac-
tions sont considérables ; 4° que la G.P est positive en pourcen-
tage analogue chez les non syphilitiques et chez les syphilitiques;
qu'elle est donc dépourvue de toute spécificité vis-à-vis des
sérums syphilitiques ; 5° que la G.P est beaucoup plus souvent
positive chez les non syphilitiques malades que chez les non
syphilitiques bien portants, qu'elle semble donc être fonction
d'un trouble pathologique général.
(Laboratoire central de l'administration de l'hygiène,
LA Ministère de l'Intérieur, Bruæxelles).
LA FORMOLGÉLIFICATION CHEZ QUELQUES SÉRUMS D'ANIMAUX,
par À. BessemMans et E. LEYNEN.
En novembre 1921, Gaté et Papacostas (3) signalent que les
sérums de Cobaye, de Lapin et de Cheval, traités par le formol
à des taux variables, ne montrent aucune gélification compara-
(1) Nous avons constaté que cette concordance varie aussi suivant le stade
de la syphilis, son traitement et sa symptomatologie clinique.
(>) Cette concordance varie d'ailleurs suivant les détails de la technique
suivie et pour la:W et pour la G. P Ce sont donc là tous détails à signaler
quand on dresse une statistique.
(3) C. R. de la Soc. de biol., zg27, t. LXXXV, p. 1029.
23) SÉANCE DU 27 MAI 105
ee el is nn en. Rue 4 | AN,
ble à celle de beaucoup de sérums humains syphilitiques. Ils
voient dans ce fait une preuve de plus en faveur de la spécificité
de la réaction qu'ils décrivirent une année auparavant (1).
Peu après, Nicolas (2) affirme qu'il a observé, il y a plus de
trois ans, l’action formolgélifiante des sérums normaux de Bœuf
et de Cemil Il expose que chez tous ces sérums la G.P (3) est
plus ou moins nettement décelable moyennant une certaine
technique : proportions convenables de formol et de sérum, sé-
jour à 37°, lecture après un temps suffisamment long.
Gaté et Papacostas (4) répliquent que les observations de Ni-
colas ne permettent pas de dénier à leur réaction sa valeur de
diagnostic sérologique dans la syphilis, cela parce que tous les
détails de la technique sont essentiels en la matière. Les inven-
teurs maintiennent qu'avec 2 à 3 gouttes de formol par c.c.
de sérum et un bouchage au coton ou mieux au liège, le formol
ne gélifie pas les sérums animaux avant 36 et 48 heures de
séjour à la température du laboratoire.
Tout récemment, Armangué et Gonzalès (5) viennent de con-
firmer que les sérums normaux de Chien, de Lapin, de Cobaye
et de Porc, ne donnent jamais de G.P positive avant 4o à 48
heures. Par contre, ils relatent avoir observé 28 p. 100 de G.P.
positives chez des Chiens infestés de tænia et 34 à 100 p. 100.
chez des Lapins atteints de coccidiose.
Nous étudions depuis quelques mois la G.P chez divers sé-.
rums animaux, utilisant ceux-ci non chauffés et inactivés 30
minutes à 56-60°. Nous avons expérimenté avec 1, 2 et À gout-
tes de formol (6) par c.c. de sérum et nous avons successivement
annoté les résultats après différents délais (7).
D'une façon générale, nous avons observé : que la gélifica-
tion est décelable dans le sérum de toutes les espèces animales
dont il est question au cours de cette note ; que r, 2 et 4 gouttes
de formol gélifient à la longue la presque ie de ces sérums,
mais qu'il existe, pour chaque espèce animale, un nombre de
gouttes optimum, nombre qui semble grandir en même temps
que le pouvoir gélifiant du sérum (soit selon l’espèce, soit dans la
même espèce selon qu'il s’agit d'un sérum normal, malade ou
(x) G. R. de ja Soc. de biol., t. LXXXIII, p. 1432.
(2) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. tr.
(3) Abréviation que nous employons pour réaction de Gaté-Papacostas.
(4) La Clinique, avril 1922, n° À, p. 9x.
(5) Journ. of infect. Diseases, mai 1922, p. 443.
(6) Dualité et quantité décrites dans une de nos notes précédentes.
(7) Technique habituelle : fioles de 3 c. ce. de contenance, bouchage au liège,
séjour à la température ordinaire, gélification positive — prise en gelée trem-
blotante.
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RÉUNION DE MA SOCIETÉ BELGE DE BIOLOGIE
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(29) SÉANCE DU 21 MAI 107
chauffé); que, la meilleure proportion étant réalisée, la gélifi-
cation apparaît plus ou moins tôt selon l'espèce (1); que, dans
tous les cas, le nombre des réactions positives croît proportion-
nellement avec le temps (2); que, conformément à nos conclu-
sions antérieures (3), les sérums chauffés gélifient plus rapi-
dement que les mêmes non chauffés.
Série À du tableau ci-joint. Ces échantillons furent prélevés,
au laboratoire ou à l’abattoir, chez des sujets ne présentant
aucun signe clinique de maladie, ni à l’examen sur pied, ni à
l'examen après l’abatage. En dehors d’autres constatations
énoncées plus haut, il ressort de cette série que la G.P telle que
la comprennent les inventeurs n'est pas spécifique de la syphilis
humaine.
La G.P se produit d’ailleurs, précoce et fréquente, chez les
sérums d'animaux malades ou injectés d’antigènes cellulaires
(série B), fait particulièrement net pour les sérums de Chevaux
dourinés.
Devant cette grande différence entre les sérums de Chevaux
bien portants et dourinés, nous avons établi une statistique com-
parative comprenant de nombreux cas (série C). Cette statistique
montre que ni pour les sérums chauffés, ni pour les sérums
non chauffés, il y a moyen d'utiliser la G.P comme moyen de
diagnostic pour la dourine.
Il serait intéressant d'étudier systématiquement la G.P en cli-
nique vétérinaire (comme en clinique humaine) et chez des
animaux de laboratoire diversement inoculés. Sans doute notre
expérience à ce sujet est encore très incomplète. Les constata-
tions qui précèdent nous permettent pourtant, nous semble-t-il,
de conclure que chez les animaux, à l'instar de ce qui se passe
chez l'Homme (4), certains états pathologiques font apparaître,
accélèrent ou intensifient la formolgélification.
(Laboratoire central de l’administration de l'hygiène,
Ministère de l’intérieur, Bruxelles).
(1) À ce point de vue. le sérum humain normal semble se placer entre ceux de
Vache et de Cobaye.
(5) Voir tableau pour le détail de toutes ces observations.
(3) G. R. de la Soc. de biol., 29 avril 1922.
(2) GC. R. de la Soc. de biol.. 27 mai 1922.
108 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (26)
SUR LE CYTOZYME RETIRÉ DES GRAINES DE Canavalia ensiformis.
Note de James B. SUMNER, présentée par E. Zunwz.
Les graines de beaucoup de plantes ont une teneur élevée en
phosphatides. Or, certains phosphatides interviennent, par leurs
propriétés cytozymiques, dans la coagulation du sang (x). Il
m'a paru dès lors intéressant de rechercher si l’on parviendrait
à extraire des graines de Canavalia ensiformis, employées en
chimie biologique à cause de leur teneur élevée en uréase, des
phosphatides doués de propriétés cytozymiques.
Réduisons ces graines en une poudre fine que nous traitons
ensuite par des solvants appropriés. Nous obtenons ainsi une
solution jaunâtre, renfermant du phosphore et de l’azote. Eva-
porons cette solution à siccité à une température ne dépassant
pas 30°, puis émulsionnons le résidu dans une solution aqueuse
de NaCI à 0,6 p. 100. Il suffit de laisser 15 à 30 minutes à la
température de la chambre une très faible quantité de cette
émulsion en présence de calcium et de sérum issu de plasma
oxalaté très limpide pour obtenir un mélange faisant coaguler
très vite du plasma dioxalaté dilué ou une solution pure de
fibrinogène. On peut donc remplacer le cytozyme, extrait des
muscles ou des plaquettes, par l’émulsion des phosphatides
retirés des graines de Canavalia ensiformis.
L'acétone, la benzine, l’éther de pétrole, le toluol n’enlèvent
guère de phosphatides à la poudre de graines de Canavalia ensi-
formis et ces extraits n’ont que de très faibles propriétés cyto-
zymiques.
L'alcool absolu est un très bon agent d'extraction des phos-
phatides cytozymiques ; l'alcool à 94-95° vaut encore mieux,
surtout si l’on opère vers 60°.
Il est indispensable de débarrasser d’abord la poudre de grai-
nes des graisses neutres par des extractions répétées au moyen
de l’éther de pétrole ou de la benzine, puis de la dessécher à une
température ne dépassant pas 30°. On peut ensuite recourir à
divers procédés
1° On emploie successivement l’acétone, le toluol et enfin,
à plusieurs reprises, l’alcool à 95°. On rejette la première por-
tion d'alcool qui entraîne le toluol retenu par la poudre de
graines. Parfois déjà la seconde, mais plus souvent la troisième
extraction par l'alcool à 95° donne une solution à fort pouvoir
cytozymique.
2° On emploie un mélange de 95 parties d'alcooi à 95° et de
(1) E. Zunz et J. La Barre. Arch. int. physiol., t. XXVNIII, 1921, p. 116-127,
C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, 1921, pp. 1107-1109.
is 26 ÉiS
(27) SÉANCE DU 27 MAI 109
5 parties de toluol qu'on rejette, puis l'alcool à 95° en opérant
à 60°. Dans ces conditions, il n’est pas nécessaire d’avoir re-
cours à des extractions répétées au moyen de l'alcool à 95°. Dès
la première fois, ce solvant s'empare des phosphatides cytozy-
miques et fournit une solution active.
3° On traite la poudre de graines, à 2 reprises, à 60°, par de
l'alcool à 95°. Dès la première extraction on obtient parfois une
solution douée de propriétés cytozymiques. La seconde extrac-
tion donne toujours un liquide à pouvoir cytozymique net ;
toutefois, il est d'ordinaire moins actif que celui obtenu par la
première et surtout par la seconde méthode.
Quand l'extraction par l'alcool a été opérée à 60°, il se pro-
duit par refroidissement un précipité dont on se débarrasse par
filtration (x).
Quel que soit le procédé employé après l'enlèvement des grais-
ses neutres par l'éther de pétrole ou la benzine, on conserve
la solution alcoolique de phosphatides à l’abri de la lumière.
Après évaporation à siccité à une température ne dépassant pas.
30°, on émulsionne le résidu dans de la solution aqueuse de:
NaCI à 0,6 p. 100, ce qui a lieu très facilement. Ces émulsions,
conservées à la glacière et à l’abri de la lumière, gardent pen-
dant plusieurs semaines leurs propriétés cytozymiques, alors.
que dans les mêmes conditions le pouvoir coagulant des émulsions
de « cytozyme animal » retiré des muscles ou des plaquettes.
s'atténue relativement vite.
On obtient encore une coagulation rapide de 0,5 c.c. de
plasma dioxalaté dilué ou de solution pure de fibrinogène si le-
mélange de sérum issu de plasma très limpide et d’eau physio-
logique calcifiée renferme 0,0003 mgr. de « cytozyme végétal »
retiré des graines de Canavalia ensiformis. Les mélanges ren-
fermant o0,0001 à 0,0002 mgr. de ce produit n’amènent qu'après
30 à 60 minutes un caiilot en voile. Les mélanges contenant
0,00005 à 0,00001 mgr. (2) de « cytozyme végétal » donnent des
flocons qui ne s’agglutinent pas ou guère entre eux et restent en
suspension. Des quantités encore plus faibles de « cytozyme
végétal » sont dépourvues d’action coagulante, les mélanges de-
meurent fluides. Des quantités très fortes de « cytozyme végé-
tal » retardent la coagulation et peuvent même l’empêcher com-
plètement (3).
(x) Ce précipité paraît entraîner une partie du ou des phosphatides cytozy-
miques.
(2) Ces chiffres sont probablement un peu supérieurs à la réalité par suite
des pertes effectuées en préparant la suspension.
(3) D’après les recherches de Zunz et La Barre, le « cytozyme végétal », se
comporte de la même façon que le « cytozyme animal ».
110 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (28)
La composition des solutions alcooliques de phosphatides re-
tirées des graines de Canavalia ensiformis varie beaucoup selon
le procédé d'extraction. Voici à titre d'exemple, les données ob-
tenues avec l’un des produits les plus actifs : r c.c. de solution
alcoolique renferme 0,8 mgr. de résidu sec, dont 1,20 p. 100
d'azote et 0,93 p. 100 de phosphore. La méthode de van Slyke
décèle 0,24 p. 100 d’azote. 20 p. 100 de l’azote total existent donc
à l’état aminé. Le « cytozyme végétal » donne une faible réac-
tion de la ninhydrine.
Les diverses solutions de phosphatides retirées des graines de
Canavalia ensiformis renferment de la choline. Ces solutions
contiennent par conséquent des phosphaiides solubles dans l’al-
cool absolu et le toluol à la fois du type des lécithines (c’est-à-
dire dont la base azotée est la choline) et du type de la céphaline
(c’est-à-dire dont la base renferme tout son azote à l’état aminé).
Elles se rapprochent donc des solutions dé « cytozyme animal ».
Rappelons toutefois que ces dernières renferment d'ordinaire la
majeure partie de leur azote à l’état aminé (r), tandis que ce
semble être l'inverse pour le « cytozyme végétal » retiré des
graines de Canavalia ensiformis.
Les teneurs en phosphore et en azote du « cytozyme végétal »
ne cadrent pas non plus très bien avec celles admises pour les
phosphatides actuellement connus. Rien ne nous permet done
d'affirmer que nous nous trouvions en présence d'un mélange
de lécithine et de « cytozymine » (phosphatide soluble dans l’al-
cool absolu et le toluol renfermant tout son azote à l’état.
aminé) (2). Il suffit de se rappeler l'entraînement si facile de
composés, azotés ou non azotés n’appartenant pas au groupe des
phosphatides lors de l'extraction de ces derniers pour rester très
réservé pour le moment sur la nature chimique exacte des phos-
phatides retirés des gaines de Canavalia ensiformis.
En attendant les résuliats de recherches plus approfondies à
cet égard, bornons-nous à constater que ces graines nous ont
fourni un mélange de phosphatides (3) doué de propriétés phy-
siologiques analogues à celles du cytozyme qui intervient dans
(x) 78,62, 62,55 et 91,32 p. 100, de l’azote total pour 3 échantillons analysés
par Zunz et La Barre. l
(2) En réalité dans le « cytozyme animal », d’après Zunz et La Barre (loc.
cit.), c’est la « cytozymine » qui possède le pouvoir cytozymique réel et ne
peut faire défaut ; la lécithine n’est pas indispensable et semble se borner à
favoriser, d’une façon il est vrai très considérable, l’action de la « cytozyme.
(3) Il se peut fort bien que comme pour le « cytozyme animal », un seul
des phosphatides renfermés dans le « cytozyme végétal » soit doué de pro-
priétés cytozymiques et qu’un autre ou plusieurs autres des phosphatides con-
tenus dans ce « cytozyme végétal » se bornent à renforcer l’action de cette
« cytozymine végétale ».
(29) SÉANCE DU 27 Mal 111
la coagulation normale du sang et qu'il existe par conséquent
des substances cytozymiques d’origine végétale.
Il convient maintenant de rechercher si d’autres graines ren-
ferment des phosphatides à propriétés cytozymiques.
(Institut de thérapeutique de l’Université de Bruxelles).
GÉNÈSE HÉTÉROPLASTIQUE ET HOMOPLASTIQUE DES LABROCYTES
(MASTZELLEN)
CHEZ LES VERTÉBRÉS INFÉRIEURS.
Note de N.-A. Mroners, présentée par Cu. Nézis.
Nous avons pu observer l’origine des labrocytes et des granu-
lations métachromatiques qu'elles renferment dans des emprein-
tes de rate de Testudo mauritanica et dans nos préparations de
la vessie natatoire et du mésentère de Leuciscus sp. (matériel
fixé à l’alcooi absolu et coloré à la thionine dissoute dans de l’al-
cool à 80).
Nous trouvons, en effet, de nombreux stades de transition
entre les labrocytes caractéristiques, à granules métachromati-
ques colorés par la thionine en rouge sombre et des cellules mu-
nies de granules bleus simplement basophiles.
Dans ces dernières, les granules sont tous nettement baso-
philes, la coloration bleue étant plus prononcée chez certains.
Mais, en outre, nous rencontrons des cellules dans lesquelles
à côté de granules encore bleus, nous trouvons des granules de
couleur intermédiaire entre le bleu et le métachromatique, et
des cellules dans lesquelles, à côté de granules bleus et d’autres
de teinte intermédiaire, nous trouvons des granules franchement
métachromatiques. Cela prouve que les cellules à granules bleus
sont bien destinées à devenir des labrocytes. De plus, il semble que
ce sont les granules bleus eux-mêmes qui, en se transformant
graduellement, deviennent les granules métachromatiques,
tandis que le cytoplasme primitivement LISTE acquiert une
très légère oxyphilie,
D'autre part, les cellules à granulations bleues sont tout à fait
semblables, en ce qui concerne la structure nucléaire et le fond
cytoplasmique, aux lymphocytes du parenchyme environnant.
Nous croyons pouvoir admettre que ces lymphocytes sont le point
de départ de la différenciation, de nombreux granules basophiles
étant simultanément élaborés. Aucune collaboration du noyau à la -
formation des granules n’a été observée. Nous nous trouvons
donc devant un processus entièrement différent de celui décrit
112 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (30)
21
par Downey (1913) dans les labrocytes histiogènes du Cobaye
et du Chat.
Quelques-uns des granules métachromatiques observés dans
les formes de transition présentent une taille supérieure à celle
des granulations du labrocyte différencié. La réduction de taille
pourrait s'expliquer par une condensation de la substance gra-
nulaire. On constate aussi que les granules des labrocytes défi-
nitifs sont un peu plus nombreux que ceux des formes de tran-
sition. Il semble donc qu'à partir d’un certain moment le cyto-
plasme élabore directement des granulations métachromatiques,
sans passer par le stade basophile.
Il ressort de cet exposé que l’évolution des granules des labro-
cytes chez les Vertébrés inférieurs correspond point par point à
celle des granules éosinophiles et amphophiles, telle qu'elle a été
décrite par Downey (1914) et Ringoen (1915-1921) chez plusieurs
Mammifères. Dans ce cas, comme dans celui qui nous occupe,
‘le cytoplasme élabore des granules qui, par un mürissement pro-
gressif, accompagné de changements de colorabilité et de modi-
fications de taille, se transforment en granules spécifiques dif-
férenciés.
Maximow admet le développement hétéroplastique de labro-
cytes histiogènes à partir de cellules Iymphoïdes indifférentes au
cours de la vie embryonnaire et chez les jeunes animaux. Il nie
son existence dans les organismes adultes, où la régénération
serait uniquement homoplastique. Nos observations contredisent
cette opinion, car elles nous montrent, chez des animaux adul-
tes, une régénération hétéroplastique évidente. Au cours de nos
recherches, nous avons été frappé de découvrir dans la rate du
Gongyle des labrocytes en division. Maximow a déjà décrit une
métaphase, mais à chromosomes peu distincts. Nous avons pu
voir les stades de la mitose. Nous tenons à ajouter que les figures
de division ne montrent aucun signe d’altération : les chromo-
somes, peu distincts, il est vrai, à la métaphase et à l’anaphuse,
ainsi que cela arrive généralement, sont très distincts et de contours
tout à fait normaux à la prophase. Le phénomène ne représente
en aucune manière un essai de divison destiné à avorter, [l était
important de voir comment se comportent les granules au cours
de la division. Nous avons cru observer qu'ils montrent une di-
minution du caractère métachromatique, en tous cas, les gra-
nules persistent, et nous sommes bien dans le cas d’une régéné-
ration homoplastique. La rareté des divisions des labrocytes,
prouvée par de longues recherches sur un matériel varié, nous
fait considérer la régénération homoplastique comme un proces-
sus exceptionnel, beaucoup plus rare que la génèse hétéroplas-
tique. À
ne
(31 SÉANCE DU 27 MAI Li
SUR LA TRANSFORMATION DES FLEURS HERMAPHRODITES
EN FLEURS MALES CHEZ UN PLANT CULTIIVÉ
D'UNE ESPÈCE DU GENRE Hæmanthus L.,
par E. de WirpEMAN.
La flore congolaise possède des représentants du genre Hæ-
manthus L. introduits en culture. depuis quelques années. Des
types de ce genre, dont les fleurs sont hermaphrodites, ont
donné aux horticulteurs belges des hybrides assez nombreux qui,
jusqu'à ce jour, semblent féconds.
Sur une plante cultivée dans la collection de M. Ch. Dietrich
(Val-Duchesse-Auderghem) on a observé, depuis quelques florai-
sons, une non fructification malgré les conditions variées de
pollinisation.
L'examen de la plante nous a démontré que toutes les fleurs
de l'inflorescence, bien constituée, sont privées de l'organe
femelle.
Examinée superficiellement, la fleur de cet Hæmanthus ne
diffère guère des fleurs normales dans lesquelles, on le sait, les
styles exserts atteignent la même longueur que les étamines et
sont d'aspect analogue surtout quand les anthères sont tombées,
ce qui se produit fréquemment.
Chez cette plante, dont l’origine ne peut être indiquée, il y a
donc suppression presque complète du style réduit, à la base
du tube corollin, à un très court moignon, et, dans les loges
de l'ovaire, non modifié, les ovules sont totalement avortés.
La fleur est donc, Fhenrena nette. devenue mäle par avor-
tement de l'organe femelle.
Nous n'avons pu savoir si le pollen de cette plante est en état
d'opérer la fécondation des ovules de fleurs normales.
Un cas similaire ne semble pas avoir été signalé chez les Ama-
ryllidacées.
NOTE SUR LE BACILLE COli MODIFIÉ, NE PRODUISANT PLUS D’INDOL.
Note de Paur FaBry, présentée par E. Mazvoz.
J'ai obtenu une nouvelle race stable de B. coli par culture en
bouillon phéniqué à 0,05 p. 100 pendant environ un mois ainsi
que je l'ai montré précédemment (1). Cette race de B. coli a
perdu, d’une façon définitive, le pouvoir de former de l’indol
(x) CR. de la Soc. de biol., t. LXXXV, p. 884.
Brococre. ComPpTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 8
114 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (32)
dans les milieux appropriés ; de plus, les animaux immunisés
contre ce nouveau microbe contiennent dans leur sérum des
agglutinines rigoureusement spécifiques contre ce B. coli exclu-
sivement (1). D'autre part, un sérum anti-coli normal obtenu
par immunisation d'un animal contre le B. coli d’où je suis
parti primitivement (B. coli communior) agglutine également
le nouveau B. coli (B. coli communior modifié). Ce fait consti-
tue donc bien une preuve qu'il n’y a pas là une contamination
quelconque, mais bien une modification profonde et, semble-
t-il, définitive du B. coli communior primitif.
J'ai, en effet, commencé ces études en décembre 1920, et,
depuis que la modification a été obtenue (janvier 1921) le nou-
veau B. coli, placé dans les milieux nutritifs les plus variés, n’a
plus manifesté la moindre tendance à retourner au type primi-
tif. Or, l’action modificatrice du phénol ne s’est produite que
pendant le premier mois. Durant les 16 mois qui ont suivi, il
a été cultivé comme un B coli ordinaire sur les milieux les plus
variés.
J'ai pensé qu'il pouvait être intéressant d'étudier le phéno-
mène de la fixation de l’alexine par les sérums anti-coli commu-
nior normal et anti-coli communior modifié ainsi que le montre
le tableau ci-dessous. L’antigène était soit une émulsion de
B. coli normal, soit une émulsion de B. coli modifié ; chacune
de ces émulsions était faite dans 30 c.c. de sérum physiologique
pour une culture sur gélose inclinée de 24 heures.
Sérum anti-coli normal.
Dilutions : Coli normal Coli modifié
D LAN VEN En TIRE Le SL 4e
À HD Sasogecconses + ++ mes
1/4 RE ARC ONE ie + a
1/8 A STE HAN ER EC + 2e
1/16 A EU Le + —
Sérum anti-coli-modifié.
dE ECS CREER ARE Deer 4e 3
1/2 MAN CAPE AR RE 4e at
1/4 Ann Es AB + ==
1/8 A A D En SE ="
1/16 EE _
Il semble résulter de l’ensemble de ces résultats que le nou-
veau B. coli a perdu, en grande partie, le pouvoir de fixer
.l’alexine. Ceci montre encore combien grande est la modifica-
tion subie par ce B. coli. Il semble vraiment que toute sa phy-
siologie soit transformée, perturbée. Non seulement il a perdu
(1) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, p. 886.
Li
(33) SÉANCE DU 27 MAI 115
a nn 1 NS OUR PE NE RE PR
le pouvoir de fabriquer de l'indol dans les milieux appropriés,
non seulement il provoque dans le sang des animaux immunisés
l'apparition d’agglutinines spécifiques, mais il semble avoir
perdu le pouvoir de fixer l’alexine, même en présence de son
propre sérum. Cette modification est d'autant plus prononcée
que la réaction de fixation ne permet pas toujours de distinguer
deux races assez voisines d'une espèce microbienne.
(Laboratoire de Bactériologie de l'Université de Liége).
LES LABROCYTES (MASTZELLEN) CHEZ LES Poissons.
Note de N.-A. Micnezs, présentée par CH. Né£is.
L'opinion générale est que les labrocytes manquent dans le
sang des Poissons (Weidenreich). De fait, Werzberg (1911) n’en
rencontra que chez Carassius auratus, Drzewina (1911) examinant
68 espèces de Poissons, signale l'extrême rareté des do à
granulations baschonlless
Nous avons jugé utile de reprendre la question avec des mé-
thodes mieux appropriées, en utilisant notamment la méthode
de Maximow (1913) légèrement modifiée (fixation à l'alcool ab-
solu, coloration à la thionine dissoute dans de l’alcool à 80°).
Nous avons, en outre, étudié parallèlement les labrocytes du
sang et celles des tissus.
Les manipulations de l’enrobage à la paraffine dissolvant gé-
néralement les granules, nous avons de préférence traité nos
pièces par la congélation et recouru dans une large mesure aux
empreintes par apposition et à l'étalement sur lame des mem-
branes suffisamment minces.
Nos études ont porté jusqu'ici sur trois Téléostéens : Leucis-
cus Sp. (Gardon), Cyprinus carpio (Carpe) et Anguilla vulgaris.
Chez l'Anguille, nous avons constaté une absence complète des
labrocytes dans le sang comme dans les tissus, ce qui confirme
les recherches de Werzberg et Drzewina sur le sang de cet ani-
mal.
En ce qui concerne les deux autres espèces, il faut distinguer
le sang et les tissus. Les labrocytes sont extrêmement rares dans
le sang, et l’on peut parcourir des frottis entiers sans en ren-
contrer un seul. Les cellules sont de type lymphocytaire, les
granules, abondants, tous de même taille, prennent une teinte
métachromatique rouge sombre. Les tissus présentent, au con-
traire, d'immenses quantités de labrocytes. Ceux-ci sont tous du
type lymphocytaire : le contour cellulaire est en général régu-
116 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (34)
lièrement arrondi, les prolongements protoplasmiques observés
dans certains cas sont peut-être le signe d’une activité amiboïde.
Il n’a été trouvé aucun contour rappelant celui des fibroblastes
ou des clasmatocytes. Le noyau généralement rond, parfois
vaguement lobulé, est indifféremment central ou excentrique,
sa taille est petite, comparée à celle du corps cellulaire. Les gra-
nules métachromatiques, fort rapprochés les uns des autres,
sont sphériques et de dimensions sensiblement uniformes, dans
quelques cas, on a observé des granulations irrégulières.
Il n’a été trouvé aucun cas de prolifération mitotique. La
régénération hétéroplastique à partir d'éléments Iymphoïdes du
parenchyme est très prononcée, surtout au voisinage des vais-
seaux : le processus sera décrit dans une note ultérieure. Outre
une distribution générale des labrocytes à travers le tissu con-
jonctif, on note des accumulations remarquables à proximité des
vaisseaux. Les espaces conjonctifs situés entre les capillaires de
la vessie natatoire et du mésentère en sont littéralement bour-
rés. La densité de la répartition des labrocytes dans l’adventice
des vaisseaux est extrême et fait songer aux accumulations Iym-
phoïdes souvent décrites chez les Vertébrés. Il faut signaler
aussi le grand nombre de labrocytes qui entourent les lobules
oraisseux du mésentère. On ne trouve aucune mention de cette
abondance remarquable dans la littérature hématologique ; cette
lacune tient, en partie au moins, à l'insuffisance des méthodes
généralement employées. Nous avons nous-même constaté que le
matériel enrobé (muscles, intestin, rein, foie, branchies) ne nous
montrait aucun des nombreux labrocytes qu'on pouvait au
contraire observer sur les frottis, toute trace de substance méta-
chromatique avait même parfois disparu.
L'action de ces colorants aqueux s’est montrée également nui-
sible. Ces faits confirment et complètent les observations de
Maximow sur la fragilité des granules des labrocytes. Ces gra-
nules semblent même plus solubles chez les Poissons que chez
les autres Vertébrés.
La comparaison entre les labrocytes du sang et ceux des tissus
appelle de nouvelles recherches. La loi de leur répartition mérite
une étude spéciale que nous nous proposons d’entreprendre.
Nous croyons pouvoir affirmer dès maintenant que nous nous
trouvons, pour les Poissons qui possèdent des labrocytes, en pré-
sence d'un cas extrême de la relation compensatrice, décrite
chez certains animaux supérieurs (Chien, Rat, Lapin), entre les
labrocytes du sang et ceux des tissus.
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Séance du 17 juin 1922
: PARIS
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HAS
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU
Bésuer (M.) et Parror (L.) :
Sur certains résultats paradoxaux
de la réaction de Schick.. \
BruLé (M.) et VVEISSMANN (Ch. :
Sur la recherche de l’urobiline
dans le sang et dans la bile..
Commiesco (D.) : Sur la gélifi-
cation des sérums par l’aldéhyde
ROCMIUEN PME EL EEE
DesPEIGNES (V.) : Application
au diagnostic de la méningite
tuberculeuse des milieux de ent
ture électifs pour le Bacille de
ROCHE ERA SA US A Le
DESsPEIGNES (V.) : Sur le dia-
gnostic rapide de la tuberculose
des voies urinaires sans inocula-
tion au Cobaye. Nouveau milieu
de culture plus rapide .........
DÉvé (F.) et PAYENNEVILLE (J.) :
Echinococcose etarsénobenzènes.
Dévé (F.) et Brcrrarp .(A.) :
Sable hydatique et radiothérapie.
Emxre-Weiz (P.), Bocace et
Isca-Wazz : La diminution des
hématoblastes dans les affections
.… hépatiques... .................
Emice-Weiz (P. s Bocase et
Isca-Wazz : L'émiettement et la
redissolution aseplique du caillot
chez les hépatiques............
FISCHER (R.) : Equilibre col-
loïdal du sérum sanguin.,.....
GAUTRELET (J.) : Du mode d'’ac-
tion physiologique de certaines
substances considérées comme
Brorocre. COMPTES RENDUS. — 1922.
T2I
119
. 129
127
143
140
124
[7 JUIN
1922
SOMMAIRE
agents anti-choc. Action compa-
réeidellaicholtne Meme CRE AE
GricauT (A.) : Remarques à
propos de la communication de
MM. Brulé et Weissmann......
Lavepan (J.) et Moon (0O.) :
Troubles cardiovasculaires déter-
minés par les rayons y au cours
du traitement des néoplasmes...
Lecer (M.) : Formes crithi-
diennes observées chez Lyperosia
UIOUROUMA 3 roc cos Bpaoeoblae
Leser (M.) et Bauny (A.
Trypanosome de l’Ecureuil fos-
soyeur du Sénégal, Xerus ery-
DILTOD USINE RER
Liscaürz (A.), WAGNER (Ch.)
et Kropman (E.) : Nouvelles ob-
servations sur il quantité mini-
male de masse testiculaire suffi-
sante pour une masculinisation
complète ..... M ÉRAEEE ER
Menvez (J.) : Contribution à
l’étude de l’infection streptococ-
cique expérimentale. ..........
MestTrezar (W.), Girarp (P.)
et Morax (V.) : Recherches expé-
rimentales sur la perméabilité
cellulaire. Perméabilité de la cor-
MES UEN CAN AA VENTES En
Micor (A.): À propos de la
fixation des Lucernaires........
NAGEOTTE (J.) : Il n’y à pas de
« substance amorphe » dans la
trame conjonctive
Pacniez (Ph.)
.........
: Remarques à
T. LXXXVII.
118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
propos de la communication de
M'OP' Een AE Creer 142
WEINBERG et AznaR (P.): Quel.
ques faits nouveaux sur les auto-
bactémMoOlySinmes er PEER ARE 130
Réunion biologique de Lyon.
GaurTier (Cl.) : Action de l’a-
drénaline sur le glycogène hépa-
tique et sur le poids et le volume
du foie chez la Grenouille... ... 157
GaurTier (Cl.) : Circulation de
l’adrénaline chez la Grenouille
après injection dans les sacs dor-
SÉRe MO AMD ndlee et 0 ra dde die 159
Jux: (L.) : À propos du méca-
nisme de l’occlusion du cardia
cheztlelCheva lens 107
Kic-Li-Prr : Influence de la pé-
risympathectomie des vaisseaux
se rendant au foie sur la pression
artérielle et le nombre des leu-
COCNLES UMA INA NEA CAN CA 163
Marsnon (F.) : Les insuffisan-
ces fonctionnelles dans l’avita-
NO Opad UE 86 0 dede sado 165
MouriquanDp (G.), Micnez (P.)
et Nicoprévitce : Polynévrite ex-
périmentale par le Riz décor-
UNE ln ANTETON NME 168
Weizz (Ed.), ArLoNs (F.) et
Durourt (A.) : À propos du rôle
de l’inanition dans la carence
des Pigeons soumis au régime du
Riz décorer CPP PAM 169
Réunion biologique de Nancy.
ETIENNE (G.) et VÉRaIN (M.) :
L’hyperfonctionnement rénal et
les constantes uréo-sécrétoires
basses dans les phases précoces
de lbMpéTumeEne.E su
Jacques (P.) : Le pli char
auriculo-mastoïdien.…. ........ 179
Lienxart (R.): Un Orthoptère
Phasgonuridæ nouveau pour la
faune de la Lorraine ee eee ETS
Maruaœu (L.) : Bilans d’élimi-
nation de l’arsenic des cacody-
lates par les voies intestinale et
LU EU A CR ARE TRE PS PEN 171
PARISOT (l. ) et HERMANN (H. ):
‘Action du pneumothorax artifi-.
ciel expérimental sur la nutri-
tion générale et la croissance...
Lyr
Réunion biologique de Bordeaux.
: BoxxeroN : Recherches expéri-
mentales sur la physiologie de
l'ophtalmotonus Re PeUEUrRReS
Boyer (G.) : Sur des tentatives
de culture de Champignons ligni-
coles en milieux stérilisés. Réus-
site des cultures de Pholiota
SGUATrOS MUNIE PET PP EEE
CARLES (J.), Banc (H.) et Leu-
RET (Fr.) : Elimination des mé-
dicaments par la muqueuse intes-
tinale Rs Annee ne
CarLES (J.), Leurer (Fr.) et
BLaxc (H.) : Sort des médica-
ments injectés dans l’organisme,
leur élimination, leur persistance
au point d’injection...........
FaBre (R.): Polygraphe cli-
niqueNuniversel 2e MAPRPE CCE
Lacoste (A.) : Un mécanisme
économique d'augmentation des
rayons de courbure de la voûte
cränienne en voie de développe-
ment chez les Mammifères... . ...
LouBar (E.) et Fixe Samte-Ma-
RIE : Adénome kystique des glan-
des sudoripares circum-anales..
Massras (Ch.): Le séro-diagnos-
tic de la tuberculose dans le sang
et le liquide céphalorachidien
avec l’antigène de Besredka...
Mauriac (P.):et SERVANTIE (L.) :
Influence de la concentration en
glucose et de l’alcalinité sur la
glycolyse in vitro.......…
SiGALAS (R.) et MARNEFFE Œ. ):
À propos de la résistance de quel-
ques graines à de hautes tempé-
ratures. : ee ee eelare
SIGALAS (R. ji et Pmor (R.) :
Présence de Spirochæta ictero-
hemorragiæ chez les Rats de Bor-
DSTI e QAR AS CAR AT San e à
VERGER (J.), Massras (Ch. je
AurraT (G.) : Exagératiom de. la
tolérance aux hydrates de car-
bone et absence de méaction à
l’extrait de lobe postérieur de
l’hypophyse chez une acroméga-
lique PL MAR Er Re Ses AQE
203
186
187
184
201
20
SÉANCE DU À7 JUIN +19
Présidence de M. Gh. Richet.
PRÉSENTATION D'OUVRAGE.
LE PrésibeNT. — De la part de l’auteur, je présente à la
Société une plaquette du P° KR. Anthony, À propos d'une nouvelle
théorie biologique. x brochure in-8°, 1922.
SUR LE DIAGNOSTIC RAPIDE DE LA TUBERCULOSE DES VOIES URINAIRES
SANS INOCULATION AU CoBAYE. NOUVEAU MILIEU DE CULTURE
PLUS RAPIDE,
par V. DESPEIGNeEs.
Dans une note parue dans ces Comples rendus (t. LXXXVI,
1922), j'avais indiqué les résultats obtenus par moi, en ensemen-
çant,: sur milieu de Pétrof, le culot d'urines de personnes soup-
connées de tuberculose rénale et je concluais qu'en uue dizaine
de jours le diagnostic pouvait être établi. Je proposais également
quelques variantes à la méthode de préparation du milieu de Pé-
trof, susceptibles de la rendre plus facile. J'ai continué eette étuite
et je suis arrivé aux conclusions suivantes :
1° il y a toujours avantage à traiter par la soude le culot de
centrifugation des urines; on élimine ainsi un certain nombre
de germes étrangers qui gênent le développement du Bacille de
Koch. Cette remarque est générale et je signale, en passant,
qu'ayant voulu isoler le Bacille de la tuberculose aviaire en ense-
mençant le produit tuberculeux (foie de Poule) sur milieu de
Pétrof, je n'ai obtenu de bons résultats qu'avec l'organe traité
par la soude et non avec les fragments d’organe ensemencés di-
rectement.
2° les cultures d’urines sur milieu de Pétrof sont souvent can-
taminées, mais il n’y a pas lieu d’en tenir compte et l’on doit pro-
céder à l'examen et rechercher le Bacille de Koch dans le produit
du râclage de toute la surface de la culture : si on trouve ce
germe le diagnostic est fait. |
3° une culture sur milieu de Pétrof ainsi contaminée peut par-
faitement être repiquée sur Pomme de terre glycérinée et, au
bout de quelques jours, on trouvera des Bacilles de Koch à la sur-
face de cette dernière.
4° il n’est pas impossible qu’en milieu fortement contaminé
120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
des colonies pures de Bacille de Koch se développent ; c'est ainsi
que, dans une culture sur milieu de Pétrof qui était presque tota-
lement liquéfiée, une colonie de Bacille de Koch a poussé avec
tous ses caractères, dans une petite parcelle du milieu qui avait
échappé à la liquéfaction.
Les résultats obtenus avec le milieu de Pétrof, qui sont excel-
lents lorsqu'on s'adresse aux crachats, sont donc très intéressants
pour le diagnostic de la tuberculose des voies urinaires et don-
nent généralement une solution beaucoup plus prompte que l’ino-
culation au Cobaye. :
J'ai recherché s’il ne serait pas possible d'employer ur milieu
encore plus favorable au développement du Bacille de Koch que
celui de Pétrof et i’ai expérimenté avec succès celui dont j'indique
la formule, plus facile à exécuter que le milieu de Pétrof lui
même. Le milieu que je propose est un mélange de milieu de Bes
redka stérile, de lait bouilli, de glycérine stérile incorporé à de
la gélose et coloré avec du violet de gentiane.
Je rappelle le mode de préparation du milieu de Besredka (1) :
réunir, dans un verre à pied, le jaune de 20 œufs (environ
350 c.c.); ajouter un litre d’eau distillée pure et neutre ou neu-
tralisée. Clarifier l'émulsion au moyen d’une solution de soude à
1 p. 100 avec les précautions minutieuses nécessaires pour n’ajou-
ter que juste le nécessaire. Compléter à 7 litres avec l’eau distillée.
Il ne reste plus qu’à répartir et à stériliser, 20 minutes, à r10°.
Il est aisé de préparer une provision de ce milieu au moment
où les œufs sont le moins coûteux et de l'utiliser au fur et à me-
sure des besoins pour préparer le milieu définitif. Celui-ci s’ob-
tient en ajoutant, à 200 c.c. de milieu de Besredka, 100 c.c. de
lait écrémé bouilli, 15 gr. de glycérine et 9 gr. d'agar. Ce mélange
se fait dans un grand ballon que l’on chauffe au bain-marie jus-
qu'à dissolution complète de l’agar. Puis on stérilise à l’autoclave
à 10° et l’on ajoute, avant refroidissement, 3 c.c. de solution
alcoolique à 1 p. 100 de violet de gentiane. Il ne reste plus qu'à
répartir aseptiquement dans des tubes que l’on fera prendre en
position inclinée. Pour plus de prudence, ces tubes sont soumis
pendant 1/2 heure, 3 jours de suite à une température de 55°-57°.
Ainsi préparé, jamais ce milieu n’a été contaminé et sa conserva-
tion se fait très bien.
Quant aux résultats ils sont excellents et m'ont toujours paru
légèrement supérieurs à ceux obtenus avec le milieu de Pétrof
que j'ai toujours employé en même temps. Pour ne parler ici que
des urines, il n’est pas rare d'obtenir un résultat positif en moins
de 48 heures : le nombre de Bacilles de Koch que l’on trouve darre
(r) Annales de l’Inslilut Pasteur, p. 201, ' 1927.
SÉANCE DU L7 JUIN 121
une préparation faite en râclant la surface avec une anse de pla-
tine est naturellement d'autant plus faible que la culture est plus
récente, mais il est toujours suffisant pour faire le diagnostic et
toujours supérieur à celui que l’on note avec le milieu de Pétrof
dans les mêmes. conditions.
Ce milieu est donc appelé à rendre de très grands services en
permettant de diagnostiquer en quelques heures ou en quelques
jours une tuberculose des voies urinaires, bien avant que le ré-
sultat d’une inocuiation soit connu. Cette méthode se surajoute
donc à celle de l’inoculation et semble lui être nettement supé-
rieure.
(Laboratoire de bactériologie de Chambéry).
APPLICATION AU DIAGNOSTIC DE LA MÉNINGITE TUBERCULEUSE
DES MILIEUX DE CULTURE ÉLECTIFS POUR LE BACILLE DE Kocu,
par V. DESPEIGNES.
Dans des notes parues dans les Comptes rendus de la Société
de biologie, nous avons montré que l’on peut faire le diagnostic
rapide de la tuberculose des voies urinaires en ensemençant le
culot des urines traité par la soude sur un milieu électif à base
d'œuf, de violet de gentiane et de glycérine (milieu de Pétrof,
milieu personnel).
Nous avons fait les mêmes recherches sur le liquide cépnalora-
chidien et nous sommes arrivé à cette conclusion que, dans un
délai assez court, en 5 ou 6 jours, le diagnostic de tuberculose
des méninges peut être confirmé. ,
On sait qu'à part la lymphocytose, lorsqu'elle est suffisamment
marquée, on n avait pas de moyen permettant d'affirmer la tuber-
culose méningée ; en effet, la recherche du Bacille de Koch est
généralement négative, plus encore que pour les urines.
En ensemençant largement des tubes de milieu choisi, par
exemple avec r c.c. de liquide rachidien recueilli aussi aseptique-
ment que possible, on peut déceler en quelques jours la présence
du Bacille de Koch qui avait passé inaperçu dans l'examen du
culôt de centrifugation. Nous faisons l’ensemencement sans cen-
irifugation préalable, avec le liquide fortement agité afin de ré-
partir également les rares Bacilles tuberculeux qu'il contient.
Au bout de 5 à 6 jours, on prélève à la surface du tube de cul-
ture une anse de ce qui a poussé avec laquelle on fait un frottis
que l’on colore par la méthode habituelle en recherchant l’alcoo-
lo-acido-résistance ; la présence de quelques Bacilles de Koch per-
122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
met un diagnostic immédiat qui n'a, malheureusement, qu'un
intérêt au point de vue du pronostic.
(Laboratoire de bactériologie de Chambéry).
A EL ee ESS
NOUVELLES OBSERVATIONS SUR LA QUANTITÉ MINIMALE
DE MASSE TESTICULAÏRE SUFFISANTE POUR UNE MASCULINISATION
COMPLÈTE.
Note de A. Lrpscaürz, CH. Wacxer et E. KROPMAN,
présentée par E. GLey.
Nous avons montré (1) que des quantités minimes de substance:
testiculaire suffisent chez le Cobaye pour une masculinisation qui
est souvent, au point de vue de la vitesse et du degré du dévelop-
pement, tout à fait normale. On conclurait d'une telle constata-
tion, avec Pézard, que des quantités minimales de sécrétion in-
terne accompliraient une masculinisation normale. Cette conclu-
sion donne lieu à des objections de différents ordres. Comme
nous l’avons constaté (2), le nombre des cellules interstitielles est
parfois fortement augmenté dans de petits fragments testiculaires;
si on admet, avec Bouin et Ancel, que ces cellules sont l’organe
endocrine du testicule, on pourrait objecter que la quantité d’hor-
mones produits par un tel fragment serait beaucoup plus grande
que celle indiquée par le volume total du petit fragment. Mais,
comme nous l'avons déjà démontré (3), un petit fragment testi-
culaire peut suffire pour une maseulinisation du degré normal,
même dans le cas où une hypertrophie des cellules interstitielles
n'a pas lieu. Nous avons conclu de ees observations et d’autres
expériences déjà relatées (4), que l’hypertrophie du tissu inters-
titiel n’est pas une réaction compensatrice endocrine. Ainsi l’ob--
jection mentionnée plus haut paraît être sans aucun fondement,
Une autre objection pourrait être faite, de ce point de vue que-
la sécrétion interne du testicule est le fait du tissu génératif. Les.
tubes séminifères sont dans un fragment testiculaire le plus sou-—
vent dans un état de dégénération ou de développement rétro-
grade. Par cela même, le volume du fragment est considérable-
ment réduit. Le volume « actuel » d'un tel fragment ne repré-.
sentant qu'une faible portion de la masse totale des deux testi-
(M) CR de la Soc/\debbiol ro2r, tEXXXV pe.
GC) CR Pdella Soc: del biolao2m it EXNXN ED 88:
(3) C. R. de la Soc. da biol., 192x, t. EXXXV, p. 66.
(4) Proceed. of the Royal Society, B, t. 93, ro22.. —C. R. de la Soc. de:
biol., 1922,
SÉANCE DU {7 JUIN 423
cules normaux, correspondrait à un volume « potentiel » beau-
coup plus grand et se rapprochant du volume normal des deux
testicules. Et on pourrait croire que c'est seulement grâce à ce
volume potentiel beaucoup plus grand, que le fragment minimum
serait capable de remplir une fonction endocrine quantitativement
semblable à celle de deux testicules normaux. Nous avons fait
deux observations, l'une sur un Cobaye, l’autre sur une Souris
blanche qui nous ont permis de démontrer avec la plus grande
sûreté que cette seconde objection n'est pas justifiée.
Chez un Cobaye jeune, pesant 140 gr., un testicule entier et
la majeure partie du second testicule furent enlevés ; un petit
fragment du pôle inférieur du testicule fut laissé au-dessus de la
queue de l’épididyme. Le développement du pénis et des cornes
épidermiques dans le cul-de-sac de celui-ci eut lieu, quoique d’une
manière ralentie. Six mois après l'opération, aucun doute n'était
possible sur l'absence des signes de castration. Déjà l'observation
in situ montra que le fragment s'était transformé en un testicule
ovale de petit volume avec des tubes séminifères en spermatogé-
nèse. L'examen histologique confirma notre supposition, un
grand nombre de tubes étant en pleine spermatogénèse et pro-
duisant des spermatozoïdes. Il s'ensuit que, dans ce cas, le volume
actuel du fragment se rapprocha plus ou moins de son volume
potentiel. Et quand même ce volume était minime, environ 25 à
30 mmc., ce qui représente environ 1 p. 100 du volume normal
de deux testicules. Si nous admettons que l'erreur de calcul du
volume selon des coupes microscopiques est de 100 ou de
200 p. 100 (ce qui n’est pas vraisemblable), le volume de notre
fragment serait de 2 à 3 p. 100 du volume normal.
Chez deux Souris blanches pesant 9,5 et 7,7 gr., on enleva un
testicule entier et la plus grande partie du second ; un fragment
du pôle supérieur fut laissé en place. La première montra sept
semaines après l'opération, quand son poids eut atteint 15,6 gr.,
les signes d'une castration totale sur l'appareil copulatif : ces
signes, chez la Souris blanche, sont surtout très marqués sur le
pénis. La seconde Souris ayant atteint un poids de 16,8 gr. s'est
développée normalement. L'examen histologique ne révéla, dans
le premier cas, que des tubes de la tête de l’épididyme ; dans le
second cas, un fragment testiculaire fut trouvé. Son volume cal-
culé d'une manière assez exacte selon des coupes sériées, était
environ de 2,5 mmc., ce qui représentait environ 4 p. r00 du vo-
lume total normal de deux testicules d’une Souris du même âge.
Les tubes séminifères montraient tous des stades du développe-
ment rétrograde; mais la plupart étaient en pleine spermatogénèse
et d’un diamètre plus ou moins égal à celui des tupes d'un testi-
cule normal, Aussi, dans ce cas, nous pouvons admettre que le
124 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
volume actuel du fragment testiculaire se rapproche de très près de
son volume potentiel sans atteindre plus qu'environ 4 p. 100 de
la masse normale du testicule normal.
L'objection que, dans nos expériences avec castration partielle,
des fragments testiculaires minimes se sont montrés capables d’ac-
complir une masculinisation complète grâce à un volume poten-
tiel plus grand que le volume actuel du fragment, n'est pas jus-
tifiée.
(Institut physiologique de l'Université de Dorpat-Tartu, Esthonie).
ÉQUILIBRE COLLOÏDAL DU SÉRUM SANGUIN,
par RocEer Fiscuer.
Le sérum sanguin contient deux protéines : albumine et glo-
bulines. Nous savons que les globulines représentent, suivant les
espèces animales, 30 à {o p. 100 des séroprotéines. Les protéines
sanguines sont-elles indépendantes les unes vis-à-vis des autres,
ou n existe-t-il pas un équilibre physique régissant leurs rapports
entre elles ? C’est le problème que je fus amené à me poser à la
suite des expériences résumées ci-dessous. Leur but était d’étu-
dier in vitro l’action colloïdale de certains corps sur le sérum.
Pour analyser cette action par une méthode simple et pratique,
j'ai eu recours à des mesures de coagulabilité. Je suis parti de
cette idée que les modifications statiques, tension superficielle,
par exemple, incommensurables par les moyens courants de la-
boratoire, produisent des variations dynamiques (grosseur des
micelles, etc.) de grande amplitude. Ces variations de stabilité se
traduisent par une variation de résistance du colloïde à l’action
coagulante d'un même coagulant.
J'ai étudié l’action de la gélatine. Je fais agir sur le sérum la
gélatine à 2 p. r.000 er solution physiologique faite avec de l’eau
distillée, puis je précipite par l’aleool à 95°, je compare les résul-
tais avec ceux obtenus dans un tube témoin, contenant la même
quantité de sérum, où je remplace la gélatine par une dose égale
de solution physiologique, même quantité de sérum, même
quantité de précipitant dans les deux cas. Le tube à gélatine et
le tube témoin sont préparés en même temps, avec le même
sérum, la gélatine étant faite avec une eau physiologique
provenant de celle qui devra servir à la dilution. Dans ces condi-
tions, seule la présence de la gélatine peut être rendue respon-
sable des différences qu'on observera entre les tubes. Voici, par
exemple, une expérience faite avec du sérum provenant de l'exsu-
dation du ceaillot de sang de Cobaye mâle.
SÉANCE DU 17 JUIN 125
Sérum. .... 306 000 HEXTATE SÉDU PE -CILEe HIG=Ce
Gélatine ........ 1 C.c. tube témoin : NaCIl 9 p. 1000... TNC.Ce
AUGCoOgn 0 0.2 ICE ANCOCIMEN TT HOCEMENSE HIC:CS
Les expériences portaient sur du sang de Cheval, de Bœuf, de
Cobaye, provenant, soit de l’exsudation du caillot, soit d’un sang
défibriné, centrifugé et décanté. Dans tous les cas, la gélatine
protège le sérum contre l’action du coagulant, le stabilise. D'au-
tre part, l’action de la gélatine diffère selon qu'on la fait agir
sur l’un ou sur l’autre des constituants des protéines : globuline
ou albumine.
Je précipite les globulines par MgSO* à saturation, ou par
NaSO* à saturation. Je les reprends ensuite dans leur volume
initial par l’eau physiologique. Plusieurs fois je les réprécipite
par dialyse et je les reprends à nouveau, ce qui ne me donne
que les euglobulines mais les purifie. Les albumines restantes
sont dialysées 24, 48 ou 52 heures. Dans tous les cas, les résul-
fats sont identiques pour une mème protéine ; on obtient tou-
jours une stabilisation des globulines et une déstabilisation des
albumines. Etant donné cet antagonisme des deux actions de la
gélatine, comment expliquer le parailélisme de son action sur la
globuline et sur le sérum. [l ne correspond pas à la proportion
simple des corps, et c'est pour l'expliquer que j'ai admis l’exis-
tence d'un équilibre spécial entre albumine et globuline. Toutes
deux seraient phases dispersées dans le liquide du sérum, mais
la globuline jouerait, en outre, le rôle de phase protectrice vis-à-
vis de l’albumine. Cela permettrait de comprendre pourquoi l’ac-
tion de la gélatine ne s'exerce pas sur les albumines qui forment
cependant la majeure partie des séro-protéines.
Pour prouver qu'il s’agit bien d’un tel équilibre, et non pas
d'une affinité chimique de la globuline pour la gélatine, je fais
varier la quantité de gélatine agissant sur une dose fixe de sérum,
de globuline ou d’albumine ; ensuite j'examine ce qui se passe
avec d’autres protéines que celles du sang, par exemple avec les
ovoprotéines. En variant la quantité de gélatine (0,5 à 6 pour 2)
on n'obtient jamais d'autre action pour chaque protéine que
celle citée plus haut. Si nous prenons pour o le témoin et que
nous tracions la courbe de cette action en marquant + ou —
suivant que la gélatine déstabilise ou stabilise, nous voyons que
la courbe est continuellement négative pour le sérum comme
pour la globuline. Pour l’albumine, elle est, au contraire, conti-
nuellement positive. Avec les ovoprotéines, nous observons les
mêmes phénomènes. Les globulines et les albumines retirées par
les méthodes précédentes, se comportent de façon identique aux
protéines correspondantes du sérum sanguin. Leurs courbes
sont, en effet, superposables point par point. Par contre, pour
126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l’ovoprotéine diluée elle-même au 1/3, la gélatine commence par
déstabiliser, puis stabilise quand on augmente les doses. Ce ren-
versement nous interdit de penser que, dans ce cas, les albu-
mines seraient protectrices des globulines, mais nous autorise à
envisager l'équilibre suivant : albumine dispersée et libre + albu-
mine dispersée, protégée par les globulines,
Pour le prouver, je fais varier les quantités de globuline pour
une quantité fixe d’albumine et de gélatine. La courbe obtenue de
cette façon est identique pour les séroprotéines et les ovoprotéi-
nes. Elle passe dans les deux cas de la déstabilisation à la stabili-
sation et ce, pour la même proportion de globuline.
Si je fais varier la quantité de gélatine sur ces mélanges artifi-
ciels de protéines, j obtiens successivement la courbe de l’ovo-
protéine et celle du sérum avec des courbes intermédiaires sui-
vant les mélanges, que j'agisse avec les ovo ou les séroprotéines.
On pourrait enfin m'objecter que la gélatine crée, elle-même,
cet équilibre, que son adjonction modifierait l’équilibre du sé-
rum, qu'un complexe gélatine-globuline serait capable de proté-
ger l’albumine et serait la cause des phénomènes observés. Si ma
théorie est juste, l'équilibre globuline (albumine) doit être plus.
stable qu'une dispersion simple aux agents coagulants. Comme
agent coagulant, j’emploie ici la chaleur, je vérifie toutes mes
expériences précédentes avec le même agent, elles se trouvent
confirmées. Si j'ajoute de la globuline à de l’albumine, la coagu-
lation est plus tardive que lorsque je dilue simplement l'albu-
mine, ce, sans aucune intervention d’une autre substance quel-
conque. La séroglobuline stabilise l’ovalbumine, L'OPGE CEE
stabilise la delete
Ainsi l’action de la gélatine à 2 p. 1.000 diffère suivant les pro-
téines en présence desquelles elle se trouve. La gélatine stabilise
la globuline du sérum ou de l’œuf, déstabilise l’albumine du
sérum ou de l’œuf qui sont en suspension dans un liquide phy-
siologique. Mise en présence d’un mélange de ces deux corps,
la gélatine à 2 p. 1.000 le déstabilise, puis le stabilise ou Le
stabilise d'emblée et continuellement suivant les proportions de:
la globuline par rapport à l’albumine. Une proportion de 5o de:
globuline pour 100 d’albumine provoque déjà la stabilisation
continue, Le sérum sanguin est un exemple d’un tel mélange. I
est continuellement stabilisé. L'action de la gélatine est physi-
que. Ces faits nous amènent à envisager un équilibre spécial
entre les protéines ; dans les conditions physiologiques la globu-
line est phase protectrice de l’albumine quelles que soient les pro-
portions des deux protéines entre elles.
(Laboratoire d'anatomie de Genève).
SÉANCE DU 17 JUIN 127
PA RAA PR ER PP
SABLE HYDATIQUE ET RADIOTHÉRAPIE,
par F. DÉvé et À. Bicranp.
À un point de vue biologique, il pouvait être intéressant d’'étu-
dier l’action des rayons X sur les petites têtes de Ténias larvaires
que sont les scolex échinococciques, par comparaison avec les
investigations de même ordre faites, par exemple, sur les Tri-
chines (Benjamin Schwartz). D'autre part, au point de vue mé-
dical, la question a été soulevée de savoir si la radiothérapie ne
pourrait pas être utilisée dans certaines circonstances contre les
kystes Iydatiques. Telles sont les considérations qui légitiment
les recherches consignées dans cette note.
Déjà en 1905, l’un de nous avait institué deux expériences à
ce sujet (x). Ayant injecté du sable hydatique sous la peau de
deux Lapins, il avait soumis les régions inoculées à l’action des
rayons X. Chez le premier animal, 12 séances d'irradiation, de
- ro minutes de durée, avaient été pratiquées, du 2° au 36° jour
après l’inoculation ; chez le second, 7 irradiations devaient être
effectuées, du 2° au 23° jour. Toutes les inoculations donnèrent
un résultat positif, vérifié histologiquement (glycogène). Mal-
heureusement, le dosage de l’'irradiation utilisée à l'époque
n'avait pas été suffisamment précisé.
Nous avons repris cette expérimentation dans des conditions
un peu différentes, à la fois plus simples, plus précises et plus
rigoureuses.
Expérience 1, 25 décembre 1920. Du sable hydatique de kystes
de Mouton, recueilli aseptiquement et placé dans une boîte de
Petri ouverte, protégée contre les poussières par une feuille de
papier-filtre stérile, est soumis à une irradiation progressive, dans
les conditions suivantes : contact tournant Drault, grand mo-
dèle ; ampoule petite Chabaud, rayons de 8 à 9 B ; étincelle équi-
valente : 13 à 14 ; intensité : 1,5 milli À ; distance de l’antica-
thode au sable échinococcique (recouvert de 2 à 3 mm. de liquide
hydatique) : 17 cm.—5 H en ro minutes.
Un même Lapin sert aux diverses inoculations sous-cutanées,
faites dans des points distants, bien repérés. 1° inoculation : sa-
ble témoin (avant irradiation); 2°, sable irradié pendant 5 mi-
nutes ; 3°, sable irradié ro minutes (5 H); /°, sable irradié 15 mi-
nutes ; 5°, sable irradié 20 minutes (10 H). L'épreuve du réchauf-
fement de Sabrazès, pratiquée sur chaque échantillon à l'issue de
(x) F. Dévé. Greffe hydatique ct rayons X. C. R. de la Soc. de biol., 18 fé-
vrier 1905.
128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l’irradiation, permet de constater que les scolex sont encore bien
vivants après avoir reçu 10 H.
Toutes ces inoculations sont devenues positives. Ablation des
greffes pratiquée le 11 mai 1921 (après 137 jours) : l'examen his-
tozoologique des nodules polykystiques a montré des vésicules
échinococciques normales, en pleine vitalité (germinale glyceo:
génée).
Expérience 11, 19 janvier 1922. Sable échinococcique de Mou-
ton irradié directement, presque à sec (à peine recouvert d'un
1/2 mm. de liquide hydatique) et sans interposition de papier-
filtre. Même instrumentation que pour l'expérience précédente
rayons 8 à 9 B, étincelle équivalente : 12 à 13 ; intensité : 1,9
milli À ; distance anticathode-sable : 17 em.—5 H en 10 minu-
tes.
Les inoculations sous-cutanées ont été pratiquées chez le La-
pin, respectivement après D H, ro H, 15 H et 20 H. L'épreuve du
réchauffement s’est montrée positive après chacune des irradia-
tions. Le 3 juin 1922 (après 135 jours), on prélève, chez l’ani-
mal, un des nodules obtenus avec le sable ayant reçu 20 H : pe-
tite tumeur polykystique, du volume d’un gros noyau de cerise,
formée de vésicules hydatiques en plein développement (ely-
cogène).
Ces deux expériences viennent confirmer la notion, déjà éta-
blie par l’un de nous, de la résistance offerte à l’action des
rayons X par les scolex échinococciques. Même soumis à une
dose brutale de 0 H, ces éléments spécifiques hautement diffé-
renciés ne paraissent avoir subi ni diminution ni altération de
leurs aptitudes biologiques et ils demeurent capables de pour-
suivre normalement leur évolution vésiculaire.
Avant de conclure à l’inefficacité absolue de la radiothérapie
sur les kystes hydatiques, il resterait à vérifier si le plasmodium
spécifique indifférencié qui constitue la membrane germinative
des kystes échinococciques présente la mème résistance, la même
indifférence à l’action délétère des rayons X. Ce point fera l’ob-
jet de recherches ultérieures.
(Laboratoire de radiologie de la clinique chirurgicale
de l'Hôtel-Dieu de Rouen).
SÉANCE DU 17 JUIN 129
ECnINoCOCCOSE ET ARSÉNOBENZÈNES,
par F. DÉVÉ et J. PAYENNEVILLE.
Roux (de Lausanne) et son élève Kolbé, ayant observé dans
deux cas, chez l'Homme, une « nécrose » des vésicules-filles con-
tenues dans un kyste hydatique du foie, moins de dix jours après
une unique injection intraveineuse d'arsénobenzol, proposèrent,
en février 1914, d'employer « désormais systématiquement l’ar-
sénobenzol ou ses similaires », en cas d'échinococcose humaine,
dans le but d'amener la « stérilisation » des kystes, leur « régres-
sion aseptique » et leur « résorption spontanée ». Ce mode de
traitement apparaissait particulièrement indiqué en matière de
greffe hydatique (échinococcose secondaire).
Les deux observations cliniques invoquées étaient, à la vérité,
bien loin d'être probantes, mais l'idée était intéressante et il était
facile de la soumettre au contrôle expérimental. Or, l’expérimen-
tation chez le Lapin devait nous montrer que « même à la dose
de 6 cgr. par kilogramme », le néo-salvarsan en injections intra-
veineuses répétées (trois injections) était « sans action sur la
vitalité des germes hydatiques inoculés » (1). Aussi l’un de nous
tenait-il à « mettre, sans plus tarder, les praticiens en garde contre
une suggestion thérapeutique séduisante au premier abord, mais
qui offre, en réalité, le double défaut d'être absolument illusoire et
de n'être pas inoffensive » (1).
Quelques médecins et chirurgiens n'en ont pas moins, depuis
lors, utilisé l’arsénobenzol contre l’échinccoccose et ils ont, dans
ces dernières années, recommandé de nouveau ce mode de trai-
tement dont ils pensent avoir obtenu de bons résultats. Les faits
cliniques invoqués par eux sont d’une interprétation fort discu-
table. Aussi bien connaissons-nous d’autres observations clini-
ques nettement contradictoires. Néanmoins, devant l'affirmation
renouvelée des auteurs, nous avons tenu à reprendre la question
expérimentalement.
Un Lapin pesant 3 kgr. reçoil une injection sous-cutanée de
sable hydatique, le 26 octobre 1921. Deux mois plus tard, om
commence chez lui un traitement arsenical intensif. Du 28 dé-
Oro NA A IÉTenro22, ce lapin recoit 2 ol or tue
novarsénobenzol (Billon), en six injections intraveineuses. Son
poids reste constant. Dans une deuxième série, du 11 mars au
(1) F. Dévé et J. Payenneville. C. R. de la Soc. de biol., 25 avril 1914.
(2) F. Dévé. Sociélé de médecine de Rouen, 20 avril 1914.
130 3 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
10 mai 1922, il reçoit 3,55 gr. de novarsénobenzol, en 8 injec-
tions, son poids étant passé de 3 kgr. à 3,300 kgr. (x). ù
Au total, l'animal a reçu 5,95 gr. de novarsénobenzol, en qua-
ire mois et demi : ce qui, pour un Homme de 60 kgr., corres-
pondrait à la dose énorme de 120 gr. de novarsénobenzol, soit
plus de dix fois la dose pratiquement utilisable en médecine hu-
maine.
L'inoculation hydatique n'en est pas moins devenue positive.
Déjà perceptible le 10 février, sous forme d’un nodule sous-cu-
tané gros comme un grain de vesce, la greffe n’a cessé de s’ac-
croître régulièrement. Le 29 mars, elle avait la grosseur d'un
petit Pois ; au début de juin, elle atteignait la taille d'un petit
Haricot. Le 3 juin, nous avons réséqué la moitié de la tumeur
(biopsie). Sa coupe nous a montré la présence d’un amas de pe-
tites vésicules en activité (germinale glycogénée), plongées dans
une substance d'aspect caséeux enkystée dans le tissu cellulaire
sous-cutané : disposition fréquente, en matière de greffe échi-
nococcique sous-cutanée chez le Eapin.
Sans doute, on pourrait soutenir que le groupement étroit des
petites vésicules et leur enkystement au milieu d’un magma ca-
séeux a dû contribuer à soustraire partiellement les éléments pa-
rasitaires à l’action médicamenteuse (2). Et il est possible que,
disséminés à la surface d’une séreuse et plus diserètement encap-
sulés, les kystes se trouvent davantage soumis à l’influence de
l’arsenic : c’est un point que nous rechercherons en poursuivant
notre expérimentation. Îl n’en reste pas moins que « Ia larve
kystique, séquestrée et constamment baignée dans les humeurs
de son hôte » (pour reprendre les termes de Kolbé) s’est montrée,
chez notre Lapin, remarquablement résistante à l’action hydati-
cide supposée du novarsénobenzol.
L'interprétation donnée par Roux et Kolbé de leurs deux cb-
servations climiques princeps et qui a servi de base au mode de
traitement proposé par eux — prétendue nécrose massive et ra-
pide de toutes les vésicules d’un kyste hépatique humain, sous
l'influence d’une seule injection d’arsénobenzol — cette imter-
prétation nous paraît définitivement ruinée par le fait expéri-
mental que nous venons de rapporter.
(x) Huit de ces injections (3 dans la première série, 5 dans la seconde) ont été
faites aux doses de 0,50 et 0,55 cgr., voisines de la dose toxique qui, chez ce
Lapin pesant 3 kgr., était de 0,60 cgr. (équivalent toxique = 0,20 cgr. par kger.).
(2) Ce sont, d’aïlleurs, à une échelle microscopique, les conditions mêmes
dans lesquelles se trouvent les hydatides enfermées dans un kyste multivésicu-
laire.
SÉANGE DU 17 JUIN 131
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'INFECTION STREPTOCOCCIQUE
EXPÉRIMENTALE,
par J. Menez,
De nombreuses recherches, faites en vue de déterminer la viru-
lence pour la Souris de Streptocoques de provenances différentes,
nous ont montré que, d’une façon générale, les souches capables
de déterminer constamment une septicémie mortelle à la dose
moyenne de o,1 c.c. sont relativement assez rares. Plusieurs sou-
ches, que nous avons étudiées, n'ont pas tué la Souris, même à
la dose de 0,25 et 0,5 c.c. d’une culture de 24 heures en bouïl-
lon ascite ; d’autres, vraisemblablement suivant la sensibilité
individuelle de la Souris, provoquaient à la même dose, soit une
septicémie mortelle en 2-3 jours, avec présence de Streptocoques
en plus ou moins grande quantité dans le sang et dans les viscè-
res, soit une mort tardive dans un délai variable entre 5, ro, 15,
20 jours et plus avec amaigrissement considérable de l'animal ;
dans ce cas, on ne retrouve pas de Streptocoques, ni dans le
sang, ni dans les organes internes. Ïl serait, sans aucun doute,
intéressant de rechercher à quoi tient cette mort tardive, alors
que l'infection semble, par l'absence complète’ de germes, com-
plètement éteinte.
Au début de nos recherches, nous pratiquions l'injection sous-
cutanée ; plus tard, nous avons eu recours à l'injection intrapéri-
ionéale sans que pour cela les résultats aient été sensiblement
modifiés. Ainsi, nous n'avons jamais pu provoquer la mort de
la Souris avec des Streptocoques s'étant montrés complètement
dépourvus de virulence en injection sous-cutanée. Les choses se
* passent, par contre, tout autrement lorsque l’inoculation est pra-
tiquée par la voie intracrânienne. Jusqu'à présent, une seule
souche s'est montrée complètement inactive en injection intra-
cérébrale. Il s’agit d'un Streptocoque isolé d’un cas de pyorrhée
alvéolaire.
Inoculées directement dans le cerveau, toutes les autres sou-
. ches, qui s'étaient montrées peu virulentes ou tout à fait inactives
en injection sous-cutanée et intrapéritonéale, ont toujours déter-
miné, dans un délai de temps variable, la mort de l’animal par
septicémie. Même lorsque les Souris succombaient 2, 3, 4 et 6
semaines après l’inoculation, nous avons trouvé le Streptocoque
à l’état de pureté, non seulement au niveau du cerveau, mais
dans le sang et dans les organes internes. Ces résultats semblent
indiquer que la substance cérébrale n’est pas capable de se dé-
fendre contre le Streptocoque aussi bien que le tissu cellulaire
132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
——
sous-cutané et la cavité péritonéale. Introduits directement dans
le cerveau, les Streptocoques les plus atténués y pullulent plus
ou moins rapidement, s'adaptent peu à peu à l'organisme et finis-
sent par l’envahir et provoquer une septicémie mortelle. Je me
propose de rechercher jusqu'à quel point on peut, en utilisant
les passages par le cerveau, remonter la virulence des souches
les plus atténuées de Streptocoque.
(Laboratoire du D' Salimbeni, Institut Pasteur).
SUR CERTAINS RÉSULTATS PARADOXAUX DE LA RÉACTION DE SCHICK,
par M. Bécuer et L. Parrou.
Ayant recherché la diphtérino-réaction de Schick chez une
centaine d'écoliers européens d'Alger, à l’occasion d'une épidé-
mie de diphtérie signalée par le D” Vérité, médecin-inspecteur
des écvles, nous avons observé, dans 21 cas, des réactions inat-
tendues qui font l’objet de cette note.
29 sujets avaient présenté des réactions positivés ; 18, des
réactions négatives franches, précocement reconnues ; 33, des
pseudo-réactions conformes aux descriptions classiques. Les 21
derniers sujets ont présenté la particularité de montrer à la
fois, sur l’avant-bras témoin, inoculé avec la toxine chauffée
5 minutes à 75°, une pseudo-réaction typique et souvent intense,
et, sur l’avant-bras ayant reçu la toxine active, non chauffée,
l’absence de toute réaction ou une pseudo-réaction très légère.
En d’autres termes, la réaction paradoxale consiste soit en une
pSeudo-réaction unilatérale siégeant du seul côté témoin (toxine
inactivée par chauffage), soit en une pseudo-réaction bilatérale,
mais beaucoup plus marquée et beaucoup plus durable du côté
témoin que de l’autre.
Du point de vue statistique, les réactions paradoxales étaient |
montrées par 1/5 des sujets (21 sur 101) et représentaient environ
1/3 des réactions négatives (21 sur 7). Elles sont deux fois plus
fréquentes chez les enfants de 15 à 15 ans (13 sur 46) ue chez
les enfants de 6 à 10 ans (8 sur 55).
On admet que les pseudo-réactions sont dues à la sensibilité de
certains organismes à l’inoculation intradermique de protéines
de corps microbiens. L'observation des pseudo-réactions para-
doxales montrerait donc que le chauffage 5 minutes à 55° de
ces protéines microbiennes accroît sensiblement leur toxicité
pour certains sujets.
(Institut Pasteur d'Algérie).
SÉANCE DU 17 JUIN 133
Es
TRYPANOSOME DE L'EÉCUREUIL FOSSOYEUR DU SÉNÉGAL,
Xerus erythropus,
par Marcer LEGER et A. Baury.
Un Ecureuil fossoyeur, vulgairement dénommé « Rat pal-
miste », capturé dans la banlieue immédiate de Dakar, était por-
teur dans son sang de très nombreux Trypanosomes. Conservé
vivant un certain nombre de jours au laboratoire, l'animal parut
ne se ressentir nullement de son parasitisme excessif, et les
flagellés ne subirent aucune variation appréciable dans leur
nombre. Ce Rongeur, très fréquent au Sénégal, est le Xerus ery-
thropus E. Geoffroy (détermination d'après Maclaud et de Pou-
sargues).
À l'état frais, le Trypanosome de l'Ecureuil fossoyeur est très
mobile, possédant, en plus de mouvements de reptation et de
torsion, un véritable mouvement de propulsion en avant, le fla-
gelle s'immobilisant dans la rectitude. Nous ne l’avons jamais
vu cependant, tel le Trypanosoma lewisi du Rat, traverser d’un
trait tout un champ de microscope. En eau physiologique citra-
tée, il se conserve intact plus de 4 jours à la température du la-
boratoire (28-30 degrés le jour, 22-24° la nuit); il se tient de pré-
férence à la surface du liquide plutôt qu'au milieu des globules
rouges déposés au fond.
Le Leishman et le bleu Stévenel (1) au permanganate de po-
tasse nous ont donné d'excellentes colorations. Les dimensions
du flagellé sont les suivantes : de l'extrémité postérieure au cen-
trosome —6,5 u ; du centrosome au noYaU— II kH); noyau — 2,5 u ;
du noyau à l'extrémité antérieure—7,9 u ; flagelle libre= u ;
largeur maxima—1,79 u. Il n'y a que des variations insigni-
fiantes dans la position relative du centrosome et du noyau par
rapport aux extrémités. Longueur totale (flagelle compris) voi-
sine de 35 u (de 33 u à 36,5 u). La membrane ondulante décrit, par
son bord libre, 3 ou 4 échancrures peu profondes, souvent à
peine ébauchées. Un gros centrosome, généralement en baguette,
déborde le corps protoplasmique, parfois même des deux côtés.
Le noyau est beaucoup plus rapproché de l'extrémité antérieure,
celle-ci accompagnant toujours le flagelle sur une étendue plus
ou moins longue. Nous n'avons rencontré aucune forme de mul-
tiplication ni même aucun début de division. Dans certains cas,
il ne restait du Trypanosome que le flagelle fermement adhérent
à un centrosome très facile à reconnaître.
Le Rat palmiste a été sacrifié et des frottis faits de ses divers
{1) Stévenel. Ann. méd. et pharm. col., 1921, p. 207.
Biorocre. CompTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 10-
134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Î
organes : sur aucun nous n'avons noté de formes de multipli-
cation. Le muscle cardiaque n’a rien montré qui rappelât les.
kystes de Carini. Dans la rate, présence de très nombreux débris
de flagelles bien colorés ; mais pas de Trypanosomes dégénérés.
ni de parasites englobés, en partie ou en totalité, par les leuco-
cytes.
Les inoculations massives, voie péritonéale, au Rat blanc, à la
Souris, au Cobaye, ont été négatives ; pas même une infection
avortée.
Le Trypanosome de Xerus erythropus est, sans conteste, du
type lewisi, mais sa taille est nettement et constamment supé-
rieure (35 u au lieu de 25 u) et il n’est pas inoculable au Rat. Il
diffère aussi des flagellés trouvés chez les Ecureuils ou Spermo-
philes des Indes, de Russie, d'Amérique septentrionale. Parmi
les Trypanosomes de Rongeurs du type lewisi, celui avec lequel
il offre le plus de points de ressemblance est Trypanosoma ebur-
neense, trouvé à la Côte d'Ivoire par Delanoë (1) chez Mus con-.
cha Smith et qui a pu être inoculé à un Rat palmiste (infestation
expérimentale de courte durée, sans passage consécutif au même
animal).
Des recherches ultérieures nous permettront peut-être de rat-
tacher le Trypanosome de Xerus erythropus du Sénégal à Try-
panosoma eburneense Delanoë. Cependant, jusqu'à plus ample
informé, nous devons le tenir pour une espèce distincte, suivant.
la formule de À. Laveran (2) « admettre comme espèces particu-
lières les Trypanosomes qui, dans les conditions ordinaires, ne
sont transmissibles qu'aux animaux de même espèce »; nous le-
désignerons sous le nom de Trypanosoma xeri.
(Institut de biologie de l'A. O. F.),
FORMES CRITHIDIENNES OBSERVÉES CHEZ Lyperosia thirouxi.
RouBAuUD,
par MarcEz LecEr.
À l’occasion d’une épizootie très meurtrière de Horse-sickness-
(typho-malaria de certains vétérinaires), qui a sévi à Dakar, fin
1921, nous avons été amené à disséquer une cinquantaine de
Mouches piquantes recueillies sur les Chevaux malades. Ces [n-
sectes sont des Lyperosia, répondant aux deux espèces L. thirouxi
Roubaud et L. longipalpis R (=L. minuta Bezzi) : nous en de-
vons la détermination à notre excellent ami de l’Institut Pasteur,
E. Roubaud, que nous remercions sincèrement.
(1) Delanoë. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, 1915, p. 82.
(2) A. Laveran. Annales de l’Institut Pasteur, 1911, n° 7, p. 497.
(D
SÉANCE DU {7 JUIN 135
Dans l'estomac d’un de ces Diptères, au milieu de globules
rouges fraîchement ingérés et ayant toutes les apparences de ceux
du Cheval, nous avons vu des flagellés assez nombreux. Entre
lame et lamelle, leur taille exiguë et leur mobilité excessive sur
place nous les avaient fait prendre pour des Spirilles (examen
à l'objectif 7). La coloration au Leishman et au Giemsa a mis en
évidence de petits trypanosomides munis d’un long fouet.
Le corps est aciculé (5 à 6 u x 1, u) ou ventru (4 à 6u x 3 à
3,b u) à extrémités non effilées, l’antérieure ou la postérieure
étant indistinctement plus arrondie, Dans le cytoplasme bleuté,
finement granuleux et non vacuolaire, se distinguent toujours
avec netteté les 2 masses de chromatine. Le centrosome est dans
la moitié postérieure du corps, généralement juxta-nucléaire, sur
les côtés, en avant ou en arrière ; il peut se trouver à mi-chemin
entre le noyau et l’une et l’autre des deux autres extrémités. Du
centrosome (dans certains cas, d'un grain chromatique très voi-
sin) part le flagelle, qui borde une étroite membrane ee
avant de devenir libre sur une (AAeReur pouvant atteindre 8,
CPAS UU
Nous n'avons jamais décelé aucun flagelle en voie de division.
Dans l'intestin postérieur nous n'avons trouvé aucun parasite à
l’état mobile ou enkysté. Les tubes de Malpighi n'étaient pas
infectés.
Depuis notre observation, restée unique, nous avons examiné
en vain une centaine de Lyperosia thirouxi ou L. minula, re-
cueillies sur des Bœufs ou des Chevaux sains.
Le flagellé que nous venons de décrire, doit être rangé dans
le genre Crithidia L. Leger 1902, en nous rapportant à la défi-
nition donnée par À. Laveran et F. Mesnil (x). Est-ce une Crithi-
dia propre à Lyperosia thirouxi, ou un Trypanosome de Vertébré
évoluant sur cette Mouche ?
_Chatton (2) a schématisé l’ordre et la succession des stades
évolutifs des trypanosomides d’Insectes : stade monadien, aci-
culé, à blépharoplaste antérieur au noyau ; stade Trypanosome
à blépharoplaste postérieur ayant tendance à s’accoler au noyau ;
stades grégarinien, spermoïde, kystique. Nous n'aurions décelé
que les deux premiers stades, s ss s ii d’un parasite de la Mou-
che piquante.
En faveur de la seconde ae seraient la présence de très
rares formes rappelant les « Trypanosomes métacycliques » de
Brumpt (3) et l’évolution incomplète observée. « [1 semble, dit
(x) A. Laveran et F. Mesnil. Trypanosomes et trypanosomiases, p. 948, Mas-
son 1912.
(2) Chatton. C. R. de la Soc. de biol, 1913, t. LXXIV, p. 1145.
(3) Brumpt. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, 1913, p. 167.
136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Chatton, que chez les Trypanosomes sanguicoles, évoluant chez
les Insectes, on ait affaire à une évolution monadienne, dipha-
sique, arrêtée à la première phase, qui se termine par l’appari-
tion de métatrypanosomes, formes de réinoculation au Verté-
bré ».
Notre observation a besoin d'être senpleiée avant qu'il soit
possible de conclure. D'ailleurs, même s'il ne s’agit pas d'un
trypanosomide de Lyperosia thirouxti, on n'aurait pas le droit,
pour le moment, d'affirmer une relation de cause à effet entre
le flagellé et la « Horse-sickness ». Dans le sang des Chevaux
que nous avons examinés au début de l'infection, en cours de
maladie, peu avant ou après la mort, nous n'avons trouvé aucun
‘Hématozoaire, et nos inoculations aux animaux de laboratoire
sont restées négatives. Mentionnons cependant que William avait
étudié une épizootie de Horse-sickness dans une région où Lype-
rosia minuta était le seul Insecte piqueur (d’après van Sace-
ghem (1), qui croit, lui, au rôle des Culicoïdes et des Tabanus).
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
QUELQUES FAITS NOUVEAUX SUR LES AUTOBACTÉRIOLYSINES,
par WEiNBErG et P. Aznar.
Kabeshima a montré que la substance qui produit le phéno-
mène de d'Herelle possède les propriétés d'une diastase. Pensant
que cette diastase est élaborée par l'organisme pour lutter contre
les microbes pathogènes, il lui a donné le nom de « ferment
d'’immunité bactériolysant »..
Les faits que nous avons rapportés dans notre note précé-
dente (2) montrent que le microbe lui-même est capable de
sécréter un ferment autolytique, en dehors de toute intervention
-de l’organisme animal.
Les recherches faites depuis nous ont permis de trouver 3 sou-
-ches de Bacille de Shiga donnant une autobactériolysine, 2 dans
les cultures de 30 jours, une troisième dans une culture de 35
jours. Il est incontestable, cependant, que des corps microbiens
jeunes renferment déjà des autolysines. Ainsi, si on provoque
l’autolyse de deux anses de culture de Bacille de Shiga de 24 heu-
res en gélose inclinée en les émulsionnant dans 20 c.c. d’eau dis-
illée stérilisée (15 minutes à 120°), on peut déceler dans le filtrat
de l’'émulsion qui a été laissée un certain temps à l’étuve à 37°, la
présence d’une substance lytique, transmissible en série et repro-
(x) Van Saceghem. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, nt D1120:
(2) C. R. de la Soc. de biol., 29 avril 1922, p. 858.
SÉANCE DU 17 JUIN 133
duisant le phénomène de d'Herelle. Nous avons réussi cette expé-
rience 3 fois, 2 fois avec une émulsion de 3 jours, une troisième
fois avec une émulsion de 8 jours.
Quelle que soit l’origine de cette substance lytique, qu’elle soit
obtenue par filtration sur bougie Chamberland d’une culture
âgée de Bacille de Shiga ou bien par filtration d’une émulsion
de jeune culture en eau distillée, elle présente toujours les carac-
tères que Kabeshima a assignés à son «ferment d'immunité bacté-
riolysant ». Cette autolysine est précipitable par l’acétone ; elle
est dissoute par l’éther anhydre et reste active en présence de
fluorure de sodium à r p. 100, c'est-à-dire dans les conditions
incompatibles avec la vie des cellules.
_ Les autolysines provenant des cultures de Bacille de Shiga ne
résistent pas au chauffage d’une heure à 75°. Il en est de même
pour celles obtenues par filtration d'émulsions microbiennes en
eau distillée et n'ayant subi qu'un seul passage en culture de
Bacille de Shiga.
Ces dernières, renforcées par plusieurs passages, sont capables
de supporter une plus haute température. Un échantillon a ré-
sisté au chauffage d'une heure à 85°, un autre n’a été qu'affai-
bli dans ces conditions et a été complètement inactivé à 93°.
Il est incontestable que le phénomène de d'Herelle et celui de
Twort relèvent de l’action de la même substance. Ainsi, on peut
reproduire le phénomène de Twort, c'est-à-dire la transformation
vitreuse d’une culture microbienne en surface de gélose, avec
une autobactériolysine présentant tous les caractères du Bacté-
riophage de d'Herelle. On y arrive par le procédé des boîtes de
Pétri : on verse dans la gélose non sucrée, fondue et refroidie à
5° des doses décroissantes d’un filtrat très actif, on coule cette
gélose en boîte de Pétri. Lorsque la gélose est refroidie, on étale
à sa surface une goutte d’une émulsion de Bacille de Shiga (cul-
ture de 24 heures). Le lendemain, on constate que certaines boîtes
de Pétri, sont restées stériles et que d’autres, où la culture s'est
faite, présentent des plages, telles que les a décrites d'Herelle et
aussi des points de dégénérescence vitreuse très nette. Si l’on
ensemence la surface de la gélose en faisant quelques stries avec
une anse chargée de microbes on peut trouver le lendemain des
tronçons vitreux où l’on aperçoit par place des amas microbiens
encore intacts. On peut obtenir le même phénomène soit en en.
semençant une boîte de Pétri dont la surface a été préalablement
enduite d’une goutte de substance lytique puis laissée sécher 1 à-
2 heures à la température du laboratoire, soit en mélangeant ex-
temporanément à la surface de la gélose culture et lysine.
Les auteurs sont généralement d'accord pour affirmer que le
Bactériophage n’attaque que les microbes jeunes, provenant de:
138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
RENE ER PR LC PEER
cultures de quelques heures. Nous avons observé qu'une auto-
bactériolysine active, présentant toutes les propriétés du Bacté-
riophage, peut parfaitement Iyser une culture de 24 heures, à la
condition que celle-ci se soit développée en couche mince sur la
surface de la gélose.
Si les faits déjà observés montrent que le Bacille de Shiga pro-
duit, de lui-même, une substance qui amène sa lyse, nous devons
avouer que les conditions d'élaboration de cette autobactérioly-
sine nous échappent encore, car, en suivant la même technique,
nous obtenons des résultats tantôt positifs, tantôt négatifs.
SUR LA RECHERCHE DE L'UROBILINE DANS LE SANG ET DANS LA BILE,
par MarceLz BRULÉ et CHARLES WEIssMaAnN.
La recherche de l’urobiline dans le sérum sanguin reste encore
aujourd'hui difficile ; comme dans les matières fécales (x) et
dans les urines (2) la caractérisation de l’urobiline peut être trou-
blée, soit parce que ce pigment fragile est détruit au cours de la
recherche, soit parce qu'il est incomplètement extrait par les
solvants. Cette déperdition de l’urobiline doit surtout se produire
quand le procédé de recherche employé pour caractériser la pré-
sence de l’urobiline dans le sang est relativement complexe,
comme le procédé de Grigaut (3), basé sur une élimination préa-
lable de la bilirubine, puis sur l'extraction de l’urobiline par le
chloroforme. |
Comme dans nos recherches sur les petites urobilinuries, nous
avons donc tenté d’avoir recours au procédé le plus simple, qui
se montre aussi le plus sensible : l’addition directe d’acétate de
zinc au liquide étudié, procédé proposé depuis longtemps par
Schlesinger.
Certains auteurs ont cru que ce procédé ne donnait pas de
résultats dans le sérum sanguin (4); d’autres, au contraire,
comme Obermayer et Popper (5), puis Eppinger (6), s’en sont
servis avec succès ; ils ajoutent au sérum 2 gouttes de teinture
d'iode, puis 2 parties d’une solution alcoolique concentrée d’acé-
(1) Brulé et Garban. C. R. de la Soc. de biol., n° 11, 1950 et Presse médicale,
n°0, 1020;
(2) Brulé et Garban. C. R. de la Soc. de biol., n° 10, 1990 et Presse médicale, :
n°5 NOT.
(3) Grigaut. C: R. de la Soc. de biol., 8 mai 1909.
(4) Louis Lemaire. L’urobiline. Thèse de Paris, 1905, p. 32.
(5) Obermayer et Popper. Wiener med. Woch., 1910.
(6) Eppinger et Ranzi. Die Hepatolienalen Erkrankungen. J. Springer, .1920,
P- 170.
SÉANCE DU 17 JUIN 139
tate de zinc et observent, après filtration, la fluorescence carac-
téristique. Hermann Müller (1) a employé récemment un pro-
cédé sensiblement analogue, avec lequel il a aisément décelé
l’urobilinémie dans les ictères hémolytiques ; mais dans beaucoup
d’autres cas, où il existait cependant une forte urobilinurie, il
n'a pu caractériser l’urobiline dans le sang. E. Herzfeld, de
Zurich (2), emploie le même procédé de recherche et, sur 400
cas, n'a pu déceler que 4 fois des traces d’urobiline dans le sérum,
il cite plusieurs auteurs qui ont obtenu des résultats analogues.
Pour notre part, nous préférons ajouter à 2 ou 3 c.c. de sérum
une quantité double d'alcool à 96°, puis une pincée d’acétate de
zinc en poudre ; nous filtrons à plusieurs reprises sur le même
filtre, jusqu'à obtenir un liquide clair ; la fluorescence caracté-
ristique est le plus souvent appréciable à la lumière naturelle et
peut, en cas de doute, être contrôlée sous un fort pinceau de lu-
mière artificielle.
Le contact de l'air, l'excès d’acétate de zinc suffisent à trans-
former le chromogène en urobiline et nous préférons cette oxy-
dation ménagée à celle, trop brutale, que l’on obtient par la
teinture d’iode ou le persulfate d'ammoniaque : d’ailleurs celui-ci
transforme aisément en urobiline la bilirubine du sérum san-
guin. La technique que nous employons nous paraît beaucoup
plus simple et beaucoup plus sensible que la technique préco-
nisée par Grigaut ; très fréquemment elle nous a permis d'ob-
tenir la réaction de fluorescence avec 2 c.c. de sérum, tandis
‘qu'avec 10 Ou 20 C.c. du même sérum la réaction de Grigaut de-
imeurait négative. Cette technique nous semble même plus sen-
sible que celle employée par H. Müller et Herzfeld puisque ces
auteurs n'ont pu déceler l'urobilinémie que dans des cas assez
rares.
Quant à nous, dans les cas les plus divers (insuffisance hépa-
tique de la pneumonie, des congestions pulmonaires, des septi-
cémies ;: foies cardiaques, cirrhoses, cancers, lithiases biliaires,
ictères cartarrhaux, ictères hémolytiques) nous avons presque
constamment décelé l’urobilinémie, lorsque les malades urinaient
en 2/4 heures une quantité élevée d'urobiline.
Certes, la coïncidence n’est pas constante et la recherche de l’uro-
bilinémie restera toujours moins sensible que la recherche de
l’urobilinurie, une extraction et une concentration du pigment
se faisant pendant la traversée du rein. D'autre part, la technique
que nous préconisons ne permet pas de déceler aisément l’uro-
bilinémie quand la bilirubine est abondante dans le sang, la
teinte jaune masquant alors ces faibles fluorescences.
_ (&) Hermann Müller. Schweiz. Mediz. Woch., 1922.1n°w5.
* (2) E. Herzfeld. Schweiz. Mediz. Woch., 1922, n° ct.
140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L'urobiline étant un pigment plus diffusible que la bilirubine,
nous avons recherché s’il n’était pas possible de l’extraire du
sérum sanguin par dialyse en sacs de collodion. Mais, même en
nous servant de collodions mous, même en activant la dialyse
par l'emploi de solutions de gomme au lieu d’eau distillée, nous
ne sommes que très rarement parvenus à caractériser l'urobiline
dans le dialysat. Tout se passe comme si l’urobiline était forte-
ment fixée et adsorbée par les albumines du sérum.
Par contre, la dialyse en sacs de collodion nous paraît être une
excellente méthode pour la recherche de l’urobiline dans la bile.
Les biles de fistules biliaires ou d’autopsies placées en sacs de
collodion laïssent rapidement diffuser de l’urobiline dans l’eau
distillée qui entoure le sac, on peut, dans cette eau, obtenir, par
addition de quelques gouttes d’une solution alcoolique d'’acétate
de zinc, des fluorescences extrêmement intenses, dont l'appari-
tion n'est pas gènée par le passage de la bilirubine.
A. Gricaur. — L'urobiline n'existe pas à l’état libre dans le
sérum sanguin, mais sous forme de combinaison complexe ayec
les albumines, et il est de toute nécessité de détruire ce complexe
pour extraire l’urobiline du sérum. C’est ce que font l'acide acé-
tique et la chaleur dans le procédé que j'ai indiqué en 1909, l'al-
cool dans le procédé de Schlesinger et dans celui qu'indiquent
MM. Brulé et Weissmann. J'ai montré récemment, avec M. P.
Zizine (Société de chimie biologique) que l'acide métaphospho-
rique permettait d'arriver au même résultat et fournissait une
technique excellente pour mettre directement en évidence, dans
le filtrat de sérum ou de sang, la présence d’urobiline. Par l’ac-
tion dissociante qu'il exerce sur les complexes albumineux du
sang, l'acide métaphosphorique permet ainsi de séparer l'urobi-
line des albumines tout aussi bien que l’acide acétique et la cha-
leur, d’une part, et que l’alcool, d'autre part.
Es 4e
L'ÉMIETTEMENT ET LA REDISSOLUTION ASEPTIQUE DU CAILLOT
CHEZ LES HÉPATIQUES,
par P. Emrxe-Werir, Bocace et Isca-Warr.
L'examen de la coagulation du sang in vitro permet, chez les
hépatiques, l'observation de deux phénomènes différents, qui pa-
raissent avoir une signification semblable ; ce sont l’'émiettement
et la redissolution aseptique du caillot.
À. Emietlement du caillot. Quand on examine des (be
24 heures après la prise du sang recueilli aseptiquement à la
SÉANCE DU 17 JUIN 14%.
veine, on constate que la partie inférieure du caillot s'est émiet-,
tée. C’est là un phénomène qui n'existe pas à l’état normal, et
qui est très fréquent chez les hépatiques. Il y a un caillot de
qualité inférieure, dont le réseau fibrineux, moins solide, laisse
tomber hors de son filet des hématies. Quand on bouge un peu
le tube, les bords du caillot s’entourent d’un nuage de globules
qui se déposent au fond du tube. Généralement, la couche d'héma-
ties est minime, parfois elle est plus forte, et le caillot rouge
plonge dans une couche libre d'hématies : il y a ce que l’un de
nous à jadis décrit sous le nom de télescopage du caillot.
Naturellement, l’émiettement manque quand la rétraction du
caillot est nulle.
B. Redissolution aseptique du caillot. Ce phénomène a été déjà
étudié par Sabrazès et son élève Lefrou (1), qui lui attribuèrent
une valeur réelle pour apprécier un trouble fonctionnel du foie.
IF n’est pas entré jusqu'ici dans la clinique courante, faute d'une
bonne technique d'observation. Les auteurs se contentaient, en
effet, de recevoir in vitro le sang de façon aseptique dans des
tubes qu'ils laissaient capuchonnés à l’étuve à 37° pendant plu-
sieurs jours. Ils purent bien ainsi constater les grosses lésions
du caillot, mais non les légères modifications de la redissolution
partielle.
Notre technique fut la suivante : le sang est recueilli à la veine
dans les fioles d'Erlenmeyer neuves et stérilisées. On laisse coa-
guler le sang, en plaçant la fiole penchée. Au bout de quatre
heures, on redresse la fiole qui est placée à plat et le caillot est
entièrement recouvert d'huile de paraffine stérile. De la sorte,
on n'a plus à craindre la dessiccation des bords du caillot, qui
augmente l’adhérence du coagulum, ni l'infection avec possibi-
lité de redissolution septique du caillot.
Dans ces conditions, un caillot de sang normal garde son
adhérence avec la paroi pendant une semaine environ et ne
laisse pour ainsi dire échapper aucune hématie pendant ce temps.
Cependant tout caillot finit par se redissoudre dans une certaine
proportion, que Dastre appréciait de 4 à 8 p. 100 de sa masse.
Chez les hépatiques, au contraire, dès le lendemain, plus souvent
au bout de 48 heures, le caillot perd son adhérence au verre et
s'étale en libérant une grande quantité d'hématies. La redisso-
lution est intense et atteint la valeur de la moitié du caillot au
quatrième jour, puis le phénomène ne progresse plus que len-
tement.
Deux causes d'erreur : l’une évitable, la présence de bulles
(1) Lefrou. La redissolution aseptique du caillot sanguin in vitro. Thèse de
Bordeaux, 1919-1920, n° 189.
442 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
qe —————————
d’air à la partie supérieure du caillot, qui augmentent l’adhé-
rence du coagulum au verre ; l’autre inhérente aux qualités du
sang, l'existence d’une coagulation plasmatique dans certains
sangs : une couche de plasma pur, qui laisse les leucocytes hors
du caïllot rouge, protège le cruor contre la redissolution ; c’est
ainsi qu'un sang hémophile et un sang de pneumonique n'ont
pas subi la redissolution.
L'émiettement du caïllot paraît tenir à une mauvaise qualité
du caillot, produite par une altération quantitative ou qualitative
du fibrinogène, substance albuminoïdique d'origine hépatique ;
le réseau fibrineux est moins solide que normalement et laisse
échapper hors de son filet des hématies.
Quant à la redissolution du caillot, phénomène bien connu
des physiologistes, qui l’ont vu au cours de lintoxication phos-
phorée, peptonée, après l’ablation du foie et d’une façon géné-
rale, dans les états lésant profondément la cellule hépatique, elle
tiendrait à une diminution de l’antithrombolysine, substance
d’origine hépatique, étudiée physiologiquement par Nolf. Cette
substance s’opposerait normalement à l’action du thrombozyme,
ferment coagulant d'origine leucocytaire, qui secondairement
serait capable de redissoudre le précipité qu’il a produit. Les
altérations du fibrinogène doivent cependant jouer aussi un rôle
dans la production du phénomène.
Pratiquement, émiettement et redissolution sans être absolu-
ment parallèles sont des phénomènes du même ordre et de va-
leur séméiologique analogue. Nous les avons trouvés de facon
très fréquente chez les hépatiques : intenses dans trois cas d’hé-
mogénie, avec ou sans phénomènes hémorragiques actuels, ils
étaient très marqués au cours de quatre cas de cirrhose de Laën-
nec ; dans un cinquième, par contre, la redissolution était plus
discrète. Nous les avons vu manquer dans un cas d'urticaire,
dans un cas d’hémophilie, dans un cas de pneumonie comme
chez tous les individus normaux.
Nous croyons que ces symptômes méritent d’être pris en con-
sidération dans l'étude du fonctionnement hématique du foie.
Pa. PaGnrez. — Un léger degré d’émiettement du caillot, se
traduisant par la présence d’une petite couche de globules rouges
dans le fond du tube de coagulation, est un phénomène qui me
paraît constant, ou à peu près, quand on opère à une tempéra-
ture de 37°, ou voisine de 37°. |
Ce phénomène d’émiettement est, d’après les constatations que
j'ai pu faire, dans une très large mesure, fonction de la rapidité
de la coagulation et surtout de la rétraction du caïllot. Quand
la rétraction a été rapide, l’émiettement est souvent important ;
SÉANCE DU 17 JUIN 143
beaucoup moins marqué ou absent, quand elle a été lente. Or,
la rapidité de la rétraction, qui est maxima à 37°, varie beau-
coup avec la‘température à laquelle a été maintenu le tube de
sang. On conçoit, dès lors, que l'importance de l’émiettement
soit aussi et d'abord liée aux variations de ce facteur température.
D'une façon générale, je crois que le phénomène de l’émiette-
ment du caillot ne peut être considéré comme ayant une signi-
fication pathologique que quand il est très marqué, comme
c'était le cas dans les intéressantes observations que M. P.-E.
Weil nous rapporte.
LA DIMINUTION DES HÉMATOBLASTES DANS LES AFFECTIONS
HÉPATIQUES,
par P. Emxe-Werr, Bocace et Iscx-Wazr.
On sait la grande diminution, voire la disparition des héma-
toblastes dans les états hémorragipares de type hémogénique (x);
ce symptôme s'accompagne de façon quasi-constante de deux
autres symptômes, l’irrétraction du caïillot et la prolongation
du temps de saignement. C’est à la diminution des hématoblastes
ue ressortissent les hémorragies ainsi que les autres signes hé-
matiques cités.
.: La fréquence des grandes hémorragies dans l'insuffisance hé-
patique et les maladies du foie nous a amenés à rechercher l’état
des hématoblastes chez les hépatiques, avec ou sans hémorragies,
et nous avons été très surpris de trouver chez eux une diminution
pour ainsi dire constante des hématoblastes, Celle-ci est très mar-
quée, sans être aussi intense que dans l’hémogénie, et se voit
aussi bien chez les hépatiques qui présentent des hémorragies
qu'en dehors de tout état hémorragipare.
Nous rapportons dans le tableau suivant, 20 cas d’hépati-
ques pris au hasard. 18 fois sur 20, les hématoblastes sont au-
dessous de 150.000, deux fois seulement ils avoisinent 250.:co,
chiffre normal. C’est dire la fréquence, sinon la constance, du
phénomène que nous signalons.
Il est curieux que les lésions du foie retentissent ainsi sur les
organes hématopoïétiques, qui règlent l’évolution des hémato-
blastes, moelle osseuse, où ils prennent probablement naissance
au dépens des mégacaryocytes, et rate, où leur destruction sem-
ble avoir lieu.
(x) P. Emile-Weil. Les états hémorragipares chroniques. Journal méd. fran-
<ais, janvier 1922. L’hémogénie. Journal des praticiens, 26 et 29 avril 1922.
144 _ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Héma-
Age totilastes Diagnostic Hémorragies
Mme B. 5o 49.000 Cirrhose de Laënnec typique...
pas d’hémorragies.
Mme Q. 71 170.000 Cirrhosehypertrophique, ictère,
SVPAILISE ARMES id.
Mme L. 64 150.000 Maladie mitrale, hyposystolie id.
RÉPARIQUE CPC ERP id.
M. G. 54 109.000 Cirrhose de Laënnec typique. id.
Mme G. 59 140.000 Foie cardio-syphilitique, tabes
DEUSÉEL Ne EME MRRE id.
M. M. 47 90.000 Cirrhose de Laënnec typique.. quelques épistaxis.
Mme D. 56 65.000 Cirrhose de Laënnec.......... pas d’hémorragies. :
Mme D. 46 160.000 Kyste hydatique du foie....... id
M. B. 43 r10.000 Cirrhose de Laënnec.. ....... id.
M. S. 54 5o.0o00 Myocardite syphilitique, hypo-
systolie hépatique. ....... id.
M. J. 62 65.000 Mitroaortique, hyposystolie ... hémoptysies.
M. S 52 110.000 Aortique, asystolie hépatique.. pas d’hémorragies.
Mme R. 32 25.000 Mitrale, asystoli: hépatique.... hémoptysie,purpura.
M. S. 58 45.000 Foie cardio-syphilitique, sub-
ASNSTOLLE LE PAUSE LEE pas d’hémorragies.
M. M. 63 70.000 Cœur syphilitique, asystolie à
TÉPÉLIONS ERP PRE id.
Mme L. 41 130.000 Cirrhose hypertrophique, he
Lise EN ANS Eee Pre purpura, épistaxis.
M. M. 65 110.000 Cirrhose hypertrophique plé-
DROLE TN RENNES eRe pas d’hémorragies.
M. L. 25 110.000 Aortique, asystolie irréductible. id.
M. M. 67 140.000 Cardiorénal,asystolishépatique. id.
Mme G. A9 210.000 Cirrhoselatente, éthyle, pléthore id.
La diminution des hématoblastes s'accompagne comme dans
l’hémogénie de diminution de rétractilité ou d'irrétraction du
caillot ainsi que de prolongation et de variations des temps de
saignement. Le phénomène fait partie d'un syndrome d'’insuffi-
sance hémocrasique du foie (1).
L'ensemble de ces signes pouvant se voir chez les hépatiques
sans quil y ait à Hénnonnales, il est nécessaire pour exptüiquer
l'apparition de celles-ci d'invoquer d'autres facteurs d'ordre vascu-
laire et nerveux. C'est là un point sur lequel nous insisterons pros
chainement.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA PÉRMÉABILITÉ CELLULAIRE.
PERMÉABILITÉ DE LA CORNÉE DE L'OEIL VIVANT,
par W. Mesrrezaï, Pierre GiraRp et V. Morax.
Les difficultés auxquelles se sont heurtés les auteurs (2) dans
(x) P. Emile Weil, Bocage et Isch-Wall. Le temps de saignement chez les
hépatiques. Bull. de la Soc. méd. hôp. , 26 mai 1922. L’insuffisance hémocra-
sique du foie. Presse médicale, fin juin 1922:
(2) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVIT, p. 69, 1922.
SÉANCE DU 17 JUIN 145
ne er, | Un A en -
l'étude de la perméabilité cellulaire tiennent plus au test qu'ils
ont choisi qu'au caractère délicat des recherches entreprises.
Amenés par l'étude chimique de l’osmose électrique de l'œil
à dissocier le problème qui se présentait à nous, nous avons
pensé que l’objet qui se prèterait le mieux à l’expérimentation,
relative à la perméabilité cellulaire était la cornée de l'œil vi-
vant, qui sépare un milieu intérieur aisément accessible (humeur
aqueuse) d'un milieu extérieur composable au gré de l’expéri-
mentateur et dont il est possible de définir les caractéristiques
physico-chimiques. 1[ nous paraît légitime d'étendre aux cel-
lules vivantes le résultat de nos investigations.
La cornée, doublée en avant par l’épithélium stratifié de la
conjonctive bulbaire et postérieurement par l'endothélium de la
chambre postérieure, se trouve constituée, en fait, en dehors de
sa structure conjonctive propre (membranes Bbaioues anté-
rieure et postérieure et tissu fibrillaire), par une double barrière
cellulaire.
Nos expériences ont porté sur différents sels des métaux alca-
lins et alcalino-terreux. Nous ne donnerons ici, pour la simpli-
cité de l'exposition, que les résultats relatifs au nitrate de cal-
cium (Ca (No°)*. 4 Aq) et au sulfate de magnésium (SO*Mg. 7 Aq).
Perméabilité de dehors en dedans. Le prototype des expérien-
ces réalisées a été le suivant : un Lapin immobilisé dans une
boîte est insensibilisé localement par instillation dans l'œil de
IIT gouttes de novocaïne à 2 p. 100. Après 3 minutes, l'œil est
lavé à l’eau physiologique et on y applique un tube de 12 MM.
évasé en pavillon à l’une de ses extrémités, de manière à ce qu'il
épouse la convexité du globe. La pression des paupières sur les
rebords du tube, aidée d’une contention souple des doigts, main-
tient l'appareil en place. Dans l’espace ainsi limité, on introduit
la solution saline isotonique ou para-isotonique à étudier. Après
une demi-heure, on enlève le bain d'œil, on lave avec soin et on
ponctionne la chambre antérieure à l’aide d’une aiguille fine.
L'œil opposé, vidé en dernier, sert de témoin.
Le tableau suivant résume les résultats obtenus en milieu neu-
ire, acide ou légèrement alcalin, avec ou sans courant électrique.
Les chiffres sont exprimés en nombre d’ions-milligrammes par
litre. Ces chiffres représentent des différences numériques
c’est-à-dire l’excès du nombre des anions (No° et SO“) et du nom-
bre des cations (Mg et Ca) trouvé dans l'humeur aqueuse de l'œil
traité par rapport au nombre de ces anions et de ces cations de
l'humeur aqueuse normale fournie par l'œil témoin.
La dernière colonne indique les rapports du nombre des anions
au nombre des cations qui ont diffusé dans l'humeur aqueuse.
146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Durée de Milligr. ions Rapport
Concent. l'expérience diffusés par litre anions
Bain ext. Réaction en min. amiens cations - calions Observations |
(NO5)2Ca.4.Aq (NO:Y (Ca)
»b°TT.21- ULp-roo neutre 30 3,657 o,061, 2/0,03
28.12.27. p.100, neutre 30 - 2,796 0,481 2/0,34 (réunit 3 Lapins). :
TORMPPOPE 5p.100 Pu:6,8 30 14,634 1,249 2/0,10 Acidification par
ù acide citrique,opal.
lég. épitb. cornée.
o JDA 5p.109: Pu:6,8 30 14,297 3,890 2/0, 54 Acide citrique
cornée normale
(réunit 3 Lapins).
S0* Mg.7 Aq (S0')". (Mg.)”
18. 7,21. ip. 100neutre 30 3,514 2,295 1/0,65
01-21. D T00 Eure 30 1,769 0,650 1/0,38
Hein Vo 100 és tie 30 DT 2; T7 OT) 0500
201 0.2100 4proaacide 30 2,412 0,979 1/0,4Q Acidificationle-
gère acide tartriques
26,10.21. 4p.100 neutre 30 62,828 0,466 1/0,07 Courantde3Milli. a
(anode à la nuque).
On ne peut contester les difficultés de l'analyse portant sur
des volumes de liquides aussi minimes que ceux dont nous dis-
posions lorsqu'il s'agissait d'humeur aqueuse d’ÿeux d’un seul
animal (0,10 c.c.-0,20 c.c.); néanmoins, les microméthodes dia-
phanométriques ou titrimétriques que nous avons utilisées et
que nous décrirons dans un travail plus étendu sont exactes
2-4 où 10 p. 100, suivant le cas, ce qui laisse toute leur significa-
tion aux chiffres précédents.
Un fait fondamental ressort de la lecture du tableau : Les anions
et les cations du sel étudié n'ont pas diffusé, après 1/2 heure, en
proportions chimiquement équivalentes dans l'humeur (RUES
où ils ont pénétré.
Que l’on considère le nitrate de calcium ou le sulfate de ma-
gnésium, qu'il s'agisse de solutions salines neutres ou très légè-
rement acidifiées par un acide organique tel que l’acide citrique
ou l'acide tartrique employé à dose faible, le rapport du nombre
des anions au nombre des cations montre une déficience consi-
dérable en cations : 2 ions (NO°)’ pour 0,03 à 0,54 ions (Ca)”,
r ion (S0*)” pour 0,38 à 0,65 ions (Mg)”. L’acidification du mi-
lieu extérieur augmente la perméabilité générale de la cornée
aux deux ions extérieurs, sans modifier l'effet de dissociation
précédent. Le courant électrique, quand il favorise la pénétra-
tion des anions (anode à la nuque), fait prendre au phénomène
des proportions qu'il est inutile de souligner.
Au cours de ses recherches sur les globules rouges, FR OU ce
n'a envisagé que dans une seule expérience le passage simultané
d’un anion et d’un cation à travers la condensation périphérique
protoplasmique de ces éléments ; encore s’agissait-il du passage
en sens inverse de deux ions n'appartenant pas à une mêmé molé-
cule. Les chiffres que nous donnons -apportent. à, l'idée d’une
SÉANCE DU 17 JUIN 147
7
perméabilité ionique élective des membranes animales (et nous
pensons qu'il est légitime d'étendre nos conclusions à la mem-
brane cellulaire) un appui dont on ne peut contester la valeur,
s'il est prouvé que les différences observées sont le seul résultat
d'un triage sélectif effectué par la cornée. Nous verrons dans
une prochaine note qu'il en est ainsi.
(Laboratoire de physiologie de l’Institut Pasteur
et laboratoire d’ophtalmologie de Lariboisière),.
ÎL N'y À PAS DE SUBSTANCE AMORPHE » DANS LA TRAME CONJONCTIVE,
par J. NAGEOTTE.
La trame conjonctive tout entière est optiquement réductible
à un feutrage fibrillaire ; on peut le montrer par les méthodes
de l’histologie pure, si l'on s'adresse à des objets favorables et si
lon emploie des méthodes appropriées. Le fait est important
parce qu'il permet de classer cette trame, à côté de la fibrine,
dans une catégorie de substances dont nous commençons à con-
naitre le mode de formation,
Non seulement la substance conjonctive est faite entièrement
de fibrilles, mais les images fournies par le microscope montrent
clairement, par la façon dont ces fibrilles visibles se divisent, se
sroupent et s’anastomosent, qu'elles sont elles-mêmes des com-
plexus de fibrilles encore plus fines, inaccessibles à notre vision.
Nous voyons aisément les faisceaux conjonctifs s’anastomoser
par échange de fibres et les fibres par échange de fibrilles. Quant
à ces dernières, aux points où elles se divisent, elles laissent aper-
cevoir un petit territoire d'éparpillement de leurs éléments, que
l’on peut encore résoudre optiquement, lorsque la fibrille n’est
pas trop mince, et dont on distingue seulement les contours,
dans le cas contraire.
Après avoir saisi la règle uniforme du groupement des unités
visibles en filaments, qui constituent la trame collagène propre-
ment dite, nous sommes ainsi amenés à supposer que les choses
ne doivent pas se passer autrement dans les ordres de grandeur
qui se succèdent, depuis les structures moléculaires jusqu'aux
limites de notre vision, c’est-à-dire jusqu’au point où commence
-— aibiirairement — la structure anatomique des tissus. Les vues
développées par Apathy au sujet des neuro-fibrilles sont tout
aussi bien applicables à la trame conjonctive ; elles conduisent
à la conception de la fibrille collagène élémentaire, qui naît de
_ la réunion de micelles bipolaires et qui est le constituant primor-
dial de la fibrille anatomique.
148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Ce que je me propose, aujourd'hui, c'est de montrer objec-
tivement que la substance conjonctive ne contient pas d'éléments
solides autres que des fibrilles anatomiques ; ces fibrilles se grou-
pent en fibres et en faisceaux ; mais aussi, dans une partie de
leur trajet, elles restent disposées en un feutrage infiniment dé-
licat, et c'est uniquement ce feutrage — la tramule de Renaut —
qui constitue la « substance fondamentale » des auteurs. Je me
bornerai, pour l'instant, à l'étude des tissus adultes, infiniment
plus favorables que ceux de l'embryon à une analyse histologi-
que digne de confiance. À vrai dire, il ne s’agit que d'achever
une démonstration qui a été ébauchée magistralement par J.
Renaut, il y a près de vingt ans (x).
Cet auteur, en effet, a aperçu « une dentelle d’une délicatesse
infinie » entre les faisceaux conjonctifs du tissu cellulaire lâche.
Au premier abord, il a cru « avoir affaire à un réseau de
fibrine », mais les fibrilles de cette dentelle, ou de cette « tra-
mule » ont bien les réactions histo-chimiques des faisceaux con-
jonctifs et nullement celles de la fibrine.
Dans le grand épiploon d'animaux jeunes, Renaut a pu étudier
mieux sa tramule. Il conclut : « a) que la tramule est l’origine
même des fibrilles élémentaires de la trame conjonctive ; b) que
c'est par le groupement des fibrilles tramulaires que les faisceaux
conjonctifs prennent leur origine et reçoivent sur leur parcours
leurs éléments de renforcement ».
Tout ceci est parfaitement exact. Les préparations d’épiploons
étalés et colorés par la méthode de Mallory permettent de le véri-
fier. Que faut-il donc ajouter à ce travail pour arriver à la con-
clusion qui sert de titre à la présente note ? Simplement la cons-
tatation que la tramule de Renaut constitue foute la « substance
fondamentale » du tissu conjonctif. Le fait peut être démontré
sur des coupes minces d’épiploon de Lapin. Par la méthode de
Mallory, qui donne avec une grande facilité des résultats exac-
tement équivalents aux meilleures imprégnations argentiques,
on obtient des préparations où les fibres conjonctives, dissociées
par suite de l’amineissement dû à la déshydratation, se profilent
dans le vide ; c’est là une condition essentiellement favorable
pour l'analyse optique. La clarté de ces préparations est
parfaite ; aucun détail n’est ambigu ; l'inventaire des moin-
dres particules peut être dressé intégralement et l’on constate
qu'il n'y a aucune substance amorphe. Tout élément du stroma
conjonctif est fibre ou fibrille ; il n'existe même aucune mem-
brane basale et l’endothélium repose immédiatement sur le feu-
trage collagène.
(x) J. Renaut. Sur la tramule du tissu conjonctif. Arch. d’anat. microsc.,
t. VI, 1903.
SÉANCE DU 1 JUIN 149
Toutefois, il faut prendre garde que les images microscopiques
contiennent toujours des ombres colorées, qui proviennent des
objets situés loin du plan de la coupe optique — une lecture at-
tentive permet d'éviter l'erreur qui consisterait à prendre ces
ombres pour de la substance amorphe.
On m'objectera, sans doute, qu'une substance amorphe pour-
rait ne pas se colorer et posséder le même indice que le baume —
mais alors, on la verrait dans l’eau, où les fibrilles se distinguent
fort bien, même sans coloration, grâce à leur réfringence.
D’autres constatations intéressantes peuvent être faites au su-
jet des fibrilles de la tramule. Renaut a fort bien vu qu'elles ont
les mêmes réactions que la substance collagène ; je puis ajouter
Epiploon de Lapin. Zenker ; méthode de Malloryÿ ; :.150 diamètres.
À gauche, détails dessinés d’après une coupe transversale ; un leucocyte ; fibres
collagènes et fibrilles de la tramule ; pas de substance amorphe.
À droite, épiploon étalé, avec deux noyaux de cellules endothéliales et deux
perforations ; faisceaux et fibres collagènes ; fibrilles de la tramule.
qu'elles possèdent la même anisotropie et que, de plus, elles se
rétractent et commencent à se transformer en colle en même
temps que les faisceaux conjonctifs, lorsqu'on chauffe dans l'eau,
sous le microscope, une préparation fixée à l'alcool. La « sub-
stance fondamentale » est donc collagène au même titre que les
faisceaux, et il n'y a pas lieu d’en faire une substance « précol-
lagène ». Je n'affirme pas, bien loin de là, que la constitution
chimique des fibrilles soit identiquement la même dans tout leur
parcours, mais je n'ai pu apercevoir aucun caractère histo- chi-
mique différentiel entre leurs territoires divers.
Les conclusions que l’on peut tirer des faits observés sur l'épi-
ploon, objet favorable à l'étude en raison de sa simplicité, valent
également pour l'ensemble du tissu conjonctif, qui est partout
construit suivant les mêmes principes (x).
(x) Je n’ignore pas que Laguesse a cru mettre en évidence une substance
amorphe dans les lamelles du tissu conjonctif lâche. Mais l’éminent histolo-
Brococie. Compres RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. II
150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Du MODE D'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE CERTAINES SUBSTANCES
CONSIDÉRÉES COMME AGENTS ANTI-CHOC: ACTION COMPARÉE
DÉ LA CHOLINE,
par J. GAUTRELET.
Nous avons montré au cours de 2 notes précédentes (x) que,
si chez le Chien normal l'injection de nigrosine après celle de
thionine provoque une baisse marquée et durable de la pression
sanguine, il n'en est plus de même si l'animal a reçu 24 heures
auparavant une injection intraveineuse de peptone ou d'argent
colloïdal, substances considérées comme agents anti-choc.
Ïl n'est point nécessaire d'attendre 24 heures pour obtenir la
neutralisation de l’action hypotensive de notre réactif colorant,
comme cela était à prévoir et comme il résulte de nouvelles expé-
riences. f
Chez 3 Chiens chloralosés dont on enregistrait la pression ca-
rotidienne, nous avons injecté dans la saphène x: c.c. par kgr.
d’électrargol. On observait parfois une légère baisse de pression.
Un quart d'heure après, injection de 1 c.c. par kgr. de la solu-
tion saturée à froid de thionine ; pas de réaction vasculaire. 10
minutes plus tard, injection de 1 c.c. de nigrosine à 1 p. 100
par kgr. Pas davantage on n'’enregistre de baisse de la pression
sanguine.
Nous avons, d'autre part, constaté qu'il était possible d'obtenir
avec une injection préalable de choline un résultat identique.
Nous utilisions soit l’acétyl-choline, qu'a bien voulu nous pré-
parer M. Tiffeneau, soit le chlorhydrate de choline. Nous injec-
tions, chez le Chien chloralosé, r c.c. par kgr. de l’une ou l’au-
tré substance et constations une baisse marquée de la pression
après l’acétyl-choline, conformément aux travaux de Hunt et
Taveau. Un quart d'heure plus tard, quand la pression avait re-
trouvé son niveau primitif, nous injections la thionine d’abord,
puis la nigrosine. On n’observait jamais la moindre baisse de
pression.
L’injection préalable de choline, 15 minutes auparavant, tout
comme celle de peptone ou d’argent colloïdal, empêche donc la
baisse nigrosinique de se manifester.
giste s’est attaqué à un objet dont l'agencement est prodigieusement com-
pliqué ; dans ces conditions, la méthode des coupes, employée exclusivement,
ne permet pas de soupconner l’énorme part d'’illusion qui se cache derrière les
images microscopiques. En fait, sa conception de la structure du tissu cellu-
laire lâche est en opposition avec les données les plus élémentaires de l’expé-
rience.
(1) C. R. de la Soc. de biol., 19 novembre 1921 et 8 avril 1922.
GA
res
“
SÉANCE DU 17 JUIN 15E
—— “om
On se rappelle que la choline est un excitant parasympathique
bien défini. Il semble logique d'admettre que les phénomènes
vasomoteurs réactionnels que traduit l’absence de chute de pres-
sion à la nigrosine, après injection de peptone ou d'argent col-
loïdal, ont un point de départ parasympathique. Nous aboutis-
sions à une telle conclusion, d'ailleurs, dans notre première note,
en novembre 1921. Il nous sera permis dès lors de faire une hy-
pothèse ; des expériences ultérieures en établiront la valeur.
Nous avons montré dès 1908 la présence de choline dans la thy-
roïde, l'ovaire, le testicule, le rein, l'hypophyse, la moelle osseuse,
les muqueuses gastrique et intestinale, de divers animaux (1), il
nous parait utile de rechercher si, à la choline organique n'est
pas dévolu un rôle dans l’apparition des réactions nerveuses de
défense consécutives aux chocs dont nous avons montré l’exis-
tence.
Ces réactions vasomotrices d’origine parasympathique suffisent,
quoi qu'il en soit, à expliquer, à notre sens, l’immunité tempo-
raire au choc observée par les auteurs à la suite de la peptone
ou de l'argent colloïdal, puisqu'elles définissent de façon précise
le mécanisme physiologique qui s'oppose, durant 24 heures au
moins, à toute chute de pression, symptôme cardinal du choc.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine
et de biologie expérimentale de l'Ecole des Hautes-Etudes).
À PROPOS DE LA FIXATION DES LUCERNAIRES.
Note de A. Micor, présentée par Er. RaBaun.
Dans une note précédente (2), nous avons décrit la façon dont
les Lucernaires étaient fixées à leur support, c’est-à-dire, non
pas par une ventouse, mais par l'intermédiaire d'une lame et de.
iractus chitineux secrétés par les cellules du pied.
(1) La choline, son rôle hypotenseur dans l’organisme. Journal de physiol. et
pathol. générale, mars 1909. De nombreux auteurs ont signalé, après nous, la
présence de la choline .dans l’organisme. D'autre part, Hunt et Taveau ont
montré que l’acétylation augmentait l’activité de la choline sur la pression
dans la proportion de 5.000 à 10.000 fois. Reprenant nos conclusions de 1909,
nous soulignerons, une fois de plus, le fait que les organes à choline ont une
action hypotensive et nous demanderons, s’il n’y a vraiment pas lieu d'établir
un rapport de cause à effet, et cela d’autant plus volontiers que M. Roger mon-
trait récemment que l’atropine empêche l’action hypotensive de l'extrait rénal
de se manifester. On sait en effet que la chute de pression à la choline est
supprimé, elle aussi, par l’atropine.
(2)A. Migot. Sur le mode de fixation des Lucernaires à leur support, C. R.,
de la Soc. de biol., t: LXXXVI, 1922, p. 827. DORE
4152 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Nos recherches ultérieures nous ont permis de compléter
l'étude de cette formation. Il existe entre les cellules ectodermi-
ques du pied, des éléments que nous avions considérés comme de
:, nature musculaire. En réalité, leur rôle est tout différent.
5 : Ce sont des cellules allongées parallèlement aux cellules ecto-
#dermiques et renflées en fuseau. Leur sarcode est entièrement
“rempli par un faisceau de fibrilles parallèles. Il s'agit bien là
--de cellules. transformées ; en effet, on voit encore assez nette-
- ment le noyau, bien qu'il soit en partie caché par les fibrilles.
+ Celles-ci se colorent fortement et de façon identique à la lamelle
T chitineuse déjà décrite.
Ces cellules à fibrilles sont généralement plus courtes que les
cellules ectodermiques voisines et n'occupent pas toute l’épais-
seur de l’ectoderme. À mi-hauteur de celui-ci, elles s’effilent en
un mince tractus, puis s’épaississént à nouveau pour s'appliquer
par une base élargie contre la mésoglée. À l’autre extrémité elles
s amincissent également, les fibrilles se réunissant en un faisceau
compact qui se continue avec le système de colonnettes et de
lames chitineuses appliqué sur le support. Ces deux sortes d’élé-
ments forment un tout qui fixe ainsi solidement la Lucernaire.
. La formation que nous avions décrite ne représente donc
qu'une partie de l'appareil de fixation, partie attenante au sup-
port. Elle se continue et son action est complétée par les cellules
à fibrilles qui constituent, à l’intérieur de l’ectoderme pédieux,
une système d'attache reliant à la mésoglée la lame chitineuse
complexe accolée au sol.
Nous avons là un exemple de fixation par tonofibrilles tout à
_ fait analogue à celui qui a été décrit par Hérouard (r) chez le Scy-
phistome. Dans les deux cas, ces tonofibrilles sont formées au
sein de cellules différenciées de l’ectoderme pédieux.
Mais, chez le Scyphistome, tout l’ectoderme se transforme. Il M
finit par perdre complètement la structure cellulaire pour n'être M
plus qu'un ensemble de tractus filiformes, interposés entre la
mésoglée et la lame chitineuse moulée au sol. Chez la Lucernaire,
au contraire, ce sont uniquement certaines cellules qui forment!
les tonofibrilles, les autres gardant leurs caractères propres ; et
encore, l'origine intracellulaire des tonofibrilles reste toujours
visible. Il n'y à jamais transformation complète d’une cellulè
en, un simple cordon fibreux.
Il est permis de penser que la structure qui caractérise les for-
mations de ce genre est une simple réaction de l’ectoderme vis-"
à-vis du support et non pas une disposition particulière à une
Li sien
… (0 E. Hérouard. Sur le mode de fixation au sol des Scyphistomes par des
tonofibrilles. Bull. Soc. zool. france, t. XXXVI, 1911, p. 15.
SÉANCE DU 17 JUIN 153
Re mu ne OUR PE PRE D
partie spécialisée et destinée fatalement à former la sole pédieuse.
Chez le Scyphistome nouvellement fixé, le disque pédieux pré-
sente un ectoderme à cellules cubiques, sans caractère spécial.
De même chez la Lucernaire, la planula qui n’est pas encore fixée
possède un ectoderme semblable à lui-même sur toute sa surface.
Elle se fixe par un point quelconque de cet ectoderme indiffé-
rencié et le mince enduit chitineux qu'il secrète forme un étui
complet autour de la larve.
C'est seulement après la fixation que les cellules ectodermiques
de la petite région, devenue par ce seul fait sole pédieuse, su-
bissent des modifications qui aboutiront, chez l'adulte, à une
structure spéciale, caractéristique du pied.
(Laboratoire Arago, Banyuls-sur-Mer).
TROUBLES CARDIO-VASCULAIRES DÉTERMINÉS PAR LES RAYONS 7
AU COURS DU TRAITEMENT DES NÉOPLASMES,
par J. Lavepan et O. Moxon.
Dans une note récente, l’un de nous, en collaboration avec le
D’ Coutard, signalait l'apparition chez de nombreux sujets sou-
mis aux irradiations larges, intenses, profondes par les rayons X,
d'un syndrome cardio-vasculaire caractérisé par de la tachycar-
die, des modifications de la pression artérielle, du rythme et du
timbre des bruits cardiaques, et par de la dyspnée et de l’asthénie
musculaire.
L'étude d’un grand nombre de sujets, atteints de tumeurs ma-
lignes à localisations variées, soumis aux rayons y dans les con-
ditions de doses actuellement employées en thérapeutique, nous
a montré que la production d’un syndrome semblable, mais d’in-
tensité moindre, était habituel. La tachycardie y est rare ; l’as-
sourdissement des bruits du cœur, l’embryocardie, l'apparition
de souffles ou de dédoublements s'observent mais de manière
inconstante. Par contre, les modifications de la tension artérielle
manquent exceptionnellement : l'abaissement des pressions Mx
et Mn, la réduction de l'écart des pressions sont la règle. Tantôt
cet abaissement est progressif, persistant pendant toute la durée
de l'application ; tantôt, après une chute brusque, la pression
remonte vers le 3° ou le 4° jour pour atteindre ou dépasser son
chiffre initial.
Nous résumons ci-dessous quelques-unes de nos observations
154 \ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Mme R...., 44 ans. Epithélioma utérin.
Avant traitement 1°7 jour 2° jour 3° jour 9 jour
POUIS EAN 78 80 100 120 120
Pression ..... HSE 14-9 14-8,5 12-8 11,9-6,5 10,5-6
COLE EC Inchangé Inchangé Assourdissement, puis dédou-
blement du 2° bruit.
Millicuries détruits. 12 24 36 6o
Mme B..., 39 ans. Epithélioma utérin.
Avant
traitement l‘’jour 2° jour 4e jour 5° jour 8° jour 9e jour 10e jour
Pouls .... 68 68 70 72 78 80 80 80
Pression. . 19-8 13-8 12-7 12-79 11,5-6,5 11-6,5 11-6 10,5-6
Cœur .... Inch. Inch. Assourdissement puis dédoublement du 2° bruit.
Mill. dét.… 68 millicuries détruits en 10 jours, l’appareil étant enlevé
I jour sur 2.
M. CIl....., Go ans. Epithélioma de la lèvre.
Avant Après
traitement {er jour 2° jour 3° jour 4° jour ° jour traitement
Pouls ..... 80 80 100 100 100 100 80
Pression... 18-11 17-10 13,-8 13,2-8 13-8 11,3-8 14,0-8
Mill. dét .…. 12,61 29,20 00 192,E09 39,63 15,83
Mme P....…., 76 ans. Ganglion sous-maxillaire consécutif à un épithélioma
AvanL
{railement 2e jour 3° jour 3e jour 6e jour 7° jour
Poussin nte 80 80 80 80 80 80
Pression etre rere : 23-10 18-75 16,5-7 19-8 21-10 22-10
Millicuries détruits.... 20,23 DO MO MAO 49,33
Chez un très petit nombre de malades, ces manifestations car-
diaques ont totalement manqué. Dans trois cas, nous avons ob-
servé un phénomène inverse d’élévation de la pression : il s’agis-
sait de sujets qui étaient des brightiques.
En résumé, chez les malades soumis à la curiethérapie, un
syndrome cardio-vasculaire apparaît : l’abaissement de la pres-
sion artérielle en est la manifestation essentielle, Il paraît être
fonction, d’une part, de la quantité de rayonnement absorbé,
d'autre part, du volume des tissus irradiés. Sa durée se limite,
en général, à celle du traitement. Il se produit en dehors de tous
symptômes du côté du tube digestif, en dehors aussi de toutes
modifications hématologiques importantes.
Il s’agit d’un syndrome identique à celui que nous avons décrit
à la suite de la rôntgenthérapie profonde. Sans préjuger de sa
pathogénie, nous croyons pouvoir dire que cette analogie éli-
mine toute idée dans sa production, d’une action physico-chi-
mique d'origine extérieure (ozone, vapeurs nitreuses, charge sta-
tique).
(Laboratoire Pasteur de l’Institut du radium).
SES ns Leg. ra
À
ÉCR LNLE ae
REA ESEE d
FAR
SÉANCE DU 17 JUIN 155
SUR LA GÉLIFICATION DES SÉRUMS PAR L'ALDÉHYDE FORMIQUE,
par D. CoMBiEsco.
Gaté et Papacostas (1) ont fait connaître en novembre 1920
la réaction de gélification des sérums syphilitiques par le formol
du commerce. Si l’on ajoute à r c.c. de sérum 2 ou 3 gouttes de
formol à {o p. 100, et si l’on laisse les tubes 24-36 heures à la
température du laboratoire après les avoir bien agités, dans
85 p. 100 des cas à Wassermann positif, on observe que le sérum
devient plus ou moins solide, tremblotant comme de la gelée,
au point que le tube peut être retourné sans qu'il s'écoule la
moindre quantité de sérum. ;
Les auteurs se sont demandé s’il ne s'agissait pas, dans ce phé-
nomène, d'un trouble dans l'équilibre colloïdal du sérum, et ont
étudié l’action du formol sur d’autres solutions colloïdales (pro-
targol, électrargol, collobiase d’étain, sérums de Cobaye, de La-
pin, de Cheval, etc.). N'ayant pas observé de gélification dans
ces expériences, ils ont conclu que l’action du formol sur les
sérums syphilitiques est spécifique (2). L’addition de quantités
croissantes de formol à des sérums non syphilitiques provoque
quelques phénomènes ( apparition de grains en suspension, vi-
rage, formation de petits coagula, etc...) qui diffèrent complète-
ment du précédent. Gaté et Papacostas n’ont pas réussi à déter-
miner si le « gel » renfermait des substances susceptibles de fixer
le complément dans la réaction de Wassermann.
Mackensie (3) a obtenu des résultats analogues à ceux de Gaté
et Papacostas. D’après E. Nicolas (4), E. Nicolas et L. Panisset (5)
le phénomène de gélification s’observe tout aussi bien avec le
sérum normal de divers animaux domestiques.
À. Bessemans et L. Van Bœckel (6) ont étudié l’action du chauf-
fage à 56°-58° sur la gélification des sérums humains par le for-
mol. Ils ont réussi à démontrer que les sérums chauffés jusqu’à
8-10 heures donnent une réaction de Wassermann négative, et,
par contre, une réaction de gélification beaucoup plus intense
que le sérum non chauffé. Ce fait permet de penser que chacune
de ces réactions dépend soit d’une substance différente, soit d’un
état colloïdal particulier du sérum.
(x) Gaté et Papacostas. C. R. de la Soc. de biol., 15 novembre, 1920.
(2) Gaté et Papacostas. C. R. de la Soc. de biol., 7 et :8 novembre 1921.
(3) Mackensie. British med. Journal, 15 juin 1927.
(4) E. Nicolas, C. R. de la Soc. de biol., 7 janvier 1922.
(5) E. Nicolas et L. Panisset. C. R. de la Soc. de biol., 14 janvier 1922.
(6) A. Bessemans et Van Bœckel. C. R. de la Soc. de biol., 29 avril 1922.
156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Nicolau de Bettencourt (1), M. Leger et C.-L. Huchard (2)
trouvent que la concordance des deux réactions n'existe que dans
26,4-47 p. 100 des cas.
Il n'existe, dans la littérature médicale, aucune mention à
propos de l’action du formol sur les sérums des individus atteints
de maladies dans lesquelles on a trouvé soit une réaction de Was-
sermmann positive (scarlatine, lèpre, paludisme), soit une ten-
dance très marquée du sérum à la floculation (fièvres éruptives).
Chez les 15 sujets atteints de scarlatine, nous avons obtenu
trois réactions de gélification et une réaction de Wassermann po-
sitives. Le sérum du sujet qui a donné un Wassermann positif,
a réagi au formol. Dans ce cas, il s'agissait d'un malade ayant
présenté des symptômes cliniques de syphilis. Dans les antécé-
dents des deux autres, qui ont donné une réaction de Gaté-Papa-
costas positive, nous n'avons trouvé aucun indice d'infection sy-
philitique. Un des malades était fébrile (38,5), les deux autres
en desquamation. Chez le scarlatineux syphilitique, la gélifica-
tion du sérum commençait r heure après l'addition de formol et
était complète après 2 1/2-3 heures. Elle était accompagnée par
la modification de teinte — virage au vert — et d’une légère opa-
lescence. FA
Des examens répétés du sérum de ro érysipélateux (fébriles ou
afébriles) ont toujours donné un Wassermann négatif et 7 Gaté-
Papacostas positifs, donc une discordance complète de ces. deux
réactions.
Conclusions : 1) La gélification par le formol n'est pas une
réction spécifique du sérum syphilitique. On obtient des résul-
tats positifs dans d’autres maladies (scarlatine, érysipèle).
2) Nos recherches concordent avec celles de À. Bessemanns et
L. Van Bœckel en démontrant que les deux réactions (Wasser-
mann, Gaté-Papacostas) sont dues à des substances ou à des états
colloïdaux différents.
3) On peut admettre que dans les maladies éruptives (au moins
dans la scarlatine et l’érysipèle) les substances colloïdales des
sérums soient dans un équilibre instable et que le formol favo-
rise l'apparition du « gel ».
(1) N. de Bettencourt. C. R. de la Soc. de biol., 4 mars 1922.
(2) Léger et C.-L. Huchard. C. R. de la Soc. de biol., 13 mai 1922.
()
REUNION BIOLOGIQUE DE LYON
SÉANCE DÙU\,12 JUIN) 11.922
GauriEer (Cl.) : Action de l’a-
drénaline sur le glycogène hépa-.
tique et sur le poids et le volume
du foie chez la Grenouille......
Gaurier (Cl.) : Circulation de
l’adrénaline chez la Grenouille
après injection dans les sacs dor-
SAR M eee nine eee ©
Jun: (L.) : À propos du méca-
nisme de l’occlusion du cardia
chez le Cheval. ..........1.....
Kinc-Li-Pn : Influence dela pé-
risympathectomie des vaisseaux
se rendant au foie sur la pression
SOMMAIRE
artérielle et le nombre des leu-
COCNILES EEE EPP ne rirerie
Maicnon (F.) : Les insuffisan-
ces fonctionnelles dans l’avita-
ONE DANIEL EDS Ed cb DEEE
Mouriquan» (G.), Micuez (P.)
et Niconrévirox : Polynévrite ex-
périmentale par le Riz décor-
tiqUéle ANnaANHON EPA CC CE
Weizz (Ed.), ArLomnG (F.) et
Durourr (A.) : À propos du rôle
de l’inanition dans la carence
des Pigeons soumis au régime du
D PATÉCORNCITE RME 00 OURE OM Do
1
12
13
Présidence de M. Couvreur.
ACTION DE L'ADRÉNALINE SUR LE GLYCOGÈNE HÉPATIQUE
ET SUR LE POIDS ET LE VOLUME DU FOIE CHEZ LA GRENOUILLE.
Note de CL. GAUTIER, présentée par S. Bonxamour.
Chez les animaux à sang chaud, l’adrénaline diminue ou fait
disparaître le glycogène du foie [P.-F. Richter (1), Doyon et Ka-
reff (2), Wolownik (3)]. Il n'existe aucune expérience de même
ordre pour les animaux à sang froid.
On sait que le foie des Grenouilles d'automne et d'hiver, jus-
qu'en mars, renferme beaucoup de glycogène. Ce foie se com-
pose de deux grands lobes, droit et gauche. Le lobe gauche se sub-
divise lui-même en deux grands lobes désignés sous le nom de
partie antérieure et partie postérieure. Il est donc facile de réaliser
chez la Grenouille des dosages comparatifs d’une substance quel-
(x) Berlin Klin. Wochenschrift, 1903, p. 84r.
(2) C. R. de la Soc. de biol., 1904, p. 66.
() Virchow’s Archiv, 1905, t. 180, p. 225.
158 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (2)
conque en prélevant un des lobes au début de la recherche et
les deux autres ou l’un d’eux à la fin.
Expérience 1, 8 décembre matin, 5 Grenouilles femelles (54, 42,
69, 49, 47 gr.). Les animaux sont placés côte à côte sur la plan-
chette. On incise chez toutes la peau et les muscles. Puis on attire
au dehors, chez toutes, le lobe droit du foie et l’on place enfin
une ligature à sa base. Les cinq lobes enlevés pour ainsi dire
simultanément sont aussitôt pesés. Les lobes pesés sont immédia-
tement broyés avec 2 c.c. de sable siliceux et additionnés de
15 c.c. d'acide trichloracétique à 10 p. 100 d’eau distillée. On
laisse une demi-heure en contact en triturant de temps à autre.
On filtre, on lave le mortier avec 5 c.c. de solution trichloracéti-
que. Le filtrat est additionné de cinq fois son volume d'alcool
à 95°. Le glycogène est recueilli sur des filtres desséchés et pesés.
Le 8, le 9, le ro décembre, à.20 h. 30, les Grenouilles reçoivent
chacune dans le sac dorsal : c.c. d’une solution d’adrénaline à
3 mgr, par c.c. de solution à 6,5 de NaCI p. 1.000 d'eau distillée.
Chacun des animaux reçoit donc en tout 4 mgr. d’adrénaline. Le
11 décembre à g heures, on tue les Grenouilles par section du
bulbe et destruction des centres nerveux au moyen d'une tige
métallique. On prélève aussitôt la partie postérieure du lobe gau-
che du foie et l’on y dose le glycogène comme ci-dessus.
Avant l'injection d’adrénaline (8 décembre) : Poids des 5 lobes
droits : 3,04 gr.; glycogène trouvé : 0,284 gr.; soit p. 100 de
foie : 9,3 gr. Après les injections d’adrénaline (11 décembre) :
Poids des 5 lobes de gauche : 1,800 gr.; glycogène trouvé
0,040 gr.; soit p. 100 de foie : 2,2 gr. ,
Expérience II. Je me suis demandé ce que devenait le glyco-
gène du foie sous la seule action des injection d'eau salée, et de
la vie plus active de l’animal à la température du laboratoire. A
5 Grenouilles (femelles, 52 gr., 49 gr., 41 gr., 46 gr.; mâle, 47 gr.).
on prélève simultanément le lobe droit du foie le 31 décembre au
matin. On y cherche le glycogène comme précédemment. Le 37
décembre, le 1°”, le 2 janvier à 2r heures, on injecte aux Grenouil-
les, dans le sac dorsal, 1 c.ce. chaque fois, de solution à 6,5 de
NaCI p. 1.000 d’eau distillée. Le 3 janvier à 9 heures, on prélève
comme ci-dessus à ces animaux la partie postérieure du lobe gau-
che du foie et on y dose le glycogène.
Avant l'injection d'eau salée (3r décembre): poids des 5 lobes
droits : 2,495 gr.; glycogène trouvé : 0,180 gr.; soit p. 100 de
foie : 7,2 gr. Après les injections d’eau salée : poids des 5 lobes
de gauche : 2,390 gr.; glycogène trouvé : 0,128 gr.; soit p. ro0o
Ndetiore AS er
On sait, par les recherches de nombreux auteurs, que le gly-
cogène diminue dans le corps des Grenouilles à mesure que la
NSP
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ÉRRE E R RSE Si Sir
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FÉES 0 eee
(3) SÉANCE DU 12 JUIN 159
température s'élève, et que ce soit les principes hydrocarbonés qui
sont consommés les premiers. D'autre part, l'eau chlorurée so-
dique, qui ne produit jamais de glycosurie chez la Grenouille dans
les conditions expérimentales où nous nous sommes placé, n’est
peut-être pas sans influence sur les échanges internes des sub-
stances hydrocarbonées.
Conclusions. 1° Chez la Grenouille, l’adrénaline injectée à plu-
sieurs reprises diminue beaucoup le glycogène du foie, mais
moins intensément et moins rapidement que chez les animaux à
sang chaud.
2° Chez la Grenouille d'hiver, au jeûne, l'adrénaline diminue
considérablement le poids et le volume du foie. Alors, en effet,
que chez les Grenouilles de la deuxième expérience la différence
entre les lobes droit et la partie postérieure du lobe gauche était de
0,10 gr., cette différence était, chez les Grenouilles ayant reçu
de l’adrénaline, de r,240 gr. L'aspect macroscopique du foie ré-
vèle un amoindrissement énorme de son volume. Il ne s’agit pas
de phénomènes vaso-moteurs. Cette diminution de poids et de
volume est en partie due à la diminution du glycogène ; Pavy
avait vu chez les Chiens nourris d’hydrates de carbone le poids
du foie était en moyenne de 6,4 p. 100 du poids du corps et de
3,3 p. 100 seulement après une nourriture animale. Langendorff
avait, d'autre part, noté que le poids du foie, pour 100 gr. du
corps, diminue chez les Grenouilles d'hiver mises dans un endroit
chauffé, et après intoxication par la strychnine.
CIRCULATION DE L'ADRÉNALINE CHEZ LA GRENOUILLE
APRÈS INJECTION DANS LES SACS DORSAUX.
Note de Cr. GAUTIER, présentée par S. Bonnamour.
I. L'adrénaline dilate la pupille de l'œil énucléé de Grenouille
(réaction d'Ehrmann). Je pratique ainsi cette réaction : l'animal
est tué par section du bulbe et destruction des centres nerveux :
les yeux sont prélevés et exposés à une forte lumière pendant 1/2
heure, on en mesure alors les diamètres pupillaires, puis on met
les yeux pendant 30 minutes dans le liquide à interroger, après
quoi on les expose 15 minutes à la lumière artificielle et on me-
sure à nouveau les diamètres. La pupille, en myosis prononcé
après le premier éclairement se dilate assez généralement si on
met l'œil dans de l’eau ordinaire ou du sérum salé. Si le liquide
renferme de l’adrénaline, la pupille se dilate fortement, et, lors
du deuxième éclairement ou bien elle ne se resserre pas, ou elle
LA
160 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (4)
se dilate davantage, ou, si la dose d’adrénaline est faible, elle se
resserre un peu, mais très nettement moins que pour l'œil mis
dans l’eau ou le sérum artificiel. Si la dose d’adrénaline. est très
faible, le myosis fat place à la dilatation et le résultat ne peut
qu'être considéré comme négatif. Cette lumino-résistance de la
pupille sous l’action de l’adrénaline est aussi importante que la
mydriase.
IT. On injecte dans les sacs lymphatiques dorsaux, à des Gre-
nouilles de 35-4o gr., 1 mer. d’adrénaline, les pupilles se dilatent
fortement. Au bout d’une heure on sacrifie l'animal, on prélève
les yeux et on les expose à la lumière artificielle : les pupilles
restent fortement dilatées au lieu de se resserrer extrêmement
comme pour un animal normal. La mydriase lumino-résistante
s'obtient encore nettement si l’on sacrifie l'animal 12 heures
après l'injection : les tissus de l’œil doivent être encore, à ce
moment, imprégnés d’adrénaline.
IT. 4 heures après l'injection de 1 mgr. d’adrénaline (dans
3/1 de c.c. de solvant) dans le sac dorsal d’une Grenouille de,
35-!o gr. on saigne l’animal par la veine abdominale, son abou-
chement vers le foie étant lié, et l’on met dans le sérum obtenu
rapidement par centrifugation, un œil énucléé exposé à la lu-
mière ; on l'y laisse 20 minutes. À ce moment on le transporte
pendant le même temps dans le sérum d’une deuxième Gre-
nouille injectée 4 heures auparavant avec 1 mgr. d’adrénaline.
La mrydriase lumino-résistante obtenue est extrêmement mar-
quée. Il y a réaction cumulative, l'immersion dans le second sé-
rum permettant à l'œil d’absorber davantage d’adrénaline et
renforçant notablement la mydriase. 2 heures après l'injection
d’adrénaline, il suffit de mettre l’œil dans le sérum d’un seul
animal pour obtenir une réaction très positive. Dans du sérum
normal de Grenouille la pupille se dilate parfois un peu, mais,
après exposition à la lumière, cette mydriase fait rapidement
place à un myosis très serré.
IV. Trois quarts d'heure après injection de un dix millième, de
un quinze millième de gramme d’adréraline dans le sac lym-
phatique de la jambe d'une Grenouille de 35-4o gr. et alors
qu'on observe in vivo une dilatation marquée de la pupille, on
sacrifie l’animal par section du bulbe et destruction des centres.
nerveux, puis On excise les yeux et on les expose un quart d'heure:
à la lumière artificielle. La pupille se resserre partiellement,
mais présente encore une réaction mydriatique lumino-résistante:
très nette.
Conclusions. Après injection d’adrénaline chez la Grenouille
on peut mettre en évidence cette substance dans le sang veineux,
bien loin de la zone d'injection. Les milieux de l'œil s’imprè-
[Lo 1
(5) SÉANCE DU 12 JUIN 161
————__—_—_————…———…—…————
onent d'une certaine quantité d’adrénaline qui finit par y dis-
paraître, mais qu’on y peut révéler bien plus longtemps que dans
le sang. La réaction mydriatique provoquée in vivo par l'adré-
naline est due, en partie, à cette imprégnation locale et, en par-
tie, à une action sur le système nerveux central, laquelle dispa-
rait si l'on détruit ce dernier. À côté d’un transport hypothétique
. de l’adrénaline par les nerfs, il y a donc un transport démontra-
ble par le sang.
J'ai montré, en 1907, qu'une partie de l’adrénaline injectée
à la Grenouille dans les sacs dorsaux s'élimine par les urines.
Cette élimination a été confirmée par Falta et Ivcovic, par N.-C.
Borberg. On sait qu'après injection de doses infimes d’adréna-
line sous la peau, chez des animaux à sang chaud, on observe
de l'hyperglycémie et de la glycosurie. Or, toutes les recherches
prouvent que ces deux phénomènes ont pour origine une action
de l’adrénaline sur le glycogène du foie (action locale sur le
sympathique périphérique de la glande ou sur la cellule hépa-
tique). Donc de l’adrénaline a été transportée du point d’injec-
tion au foie à travers l'immense dédale des voies circulatoires.
Or, comme Falta et Priestley ont montré que chez les animaux
à sang chaud, même après injection de doses suractives d’adré-
naline, on ne peut pas déceler cette substance dans le sang, il
faut qu’elle y cireule à l’état de liaison comme le pensent Abelous
et Soula.
À PROPOS DU MÉCANISME DE L'OCCLUSION DU CARDIA CHEZ LE CHEVAL,
par L. Junc.
On sait que le vomissement est, sinon impossible, du moins
tout à fait exceptionnel chez les Solipèdes ; que leur estomac,
isolé, distendu par de l’air ou de l’eau sous pression, ne laisse,
après ligature du pylore, rien échapper par le cardia demeuré
intact, quelque puissante que soit la pression exercée. Ni la val-
vule, décrite par Lamorier, ni l'insertion oblique de l’œsophage,
analogue à celle de l’uretère sur la vessie, invoquée par Flourens,
n existent réellement, et on admet aujourd'hui, avec Collin, Lau-
lanié, F.-X. Lesbre, que seuls, l’exiguité de l’orifice œsophagien,
virtuel au repos, et que ne précède aucun infundibulum, les
nombreux replis de la muqueuse, à ce niveau extrêmement lâche
et peu adhérente, et la grande épaisseur du sphincter cardiaque
_ suffisent à expliquer cette occlusion hermétique.
Or, si l'épaisseur de la musculeuse œsophagienne, les nom-
_breux replis de sa muqueuse, peuvent être de précieux adjuvants,
162 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (6)
AJ
leur concours n’est pas indispensable, et Flourens a pu exciser
l’une et les autres sans troubler l'étanchéité du cardia. D'autre
part, il nous a paru étrange qu’un sphincter, faisant intimement
corps avec la musculeuse de l'estomac, dont il ne constitue qu'un
renforcement, non seulement ne subisse pas, si peu que ce soit,
la distension imposée à tout l’organe par une forte pression ex-
centrique, mais encore assure une fermeture du cardia d'autant
plus parfaite que le viscère est plus distendu. Persuadé de l’in-
suffisance des explications données, nous nous sommes demandé
si les cravates suisses ne constitueraient pas un agent essentiel
de cette occlusion ; Girard en avait déjà émis l'hypothèse, mais
elle n’a jamais été suivie d'aucune vérification.
Ces cravates sont constituées par la musculeuse, plan profond
du côté gauche, plan moyen du côté droit, considérablement
renforcée dans la région du cardia, constituant à peu près toute
l'épaisseur de la paroi à ce niveau ; ses fibres dessinent aux deux
anses entrecroisées, dont les sommets enserrent, à droite et à
gauche, l’orifice du cardia comme dans une boutonnière, et dont
les branches se prolongent sur les face antérieure et postérieure
de l’estomac. On conçoit que toute distension de l’organe amène
le resserrement plus étroit de l’espace que circonscrivent leurs
sommets. Il était logique d’en inférer qu'elles jouaient un rôle
important dans l’occlusion du cardia. Nous avons cherché sys-
tématiquement à vérifier ce rôle sur des estomacs isolés. Il im-
porte d'opérer pendant le temps, pouvant aller de quelques heu-
res à plusieurs jours, qui sépare la disparition de la rigidité ca-
davérique, du début de la putréfaction. Nous avons ainsi pu
faire les constatations suivantes
Une pression excentrique, s’exerçant de façon à ne pas faire
intervenir les cravates suisses, permet facilement de vaincre le
cardia. Alors qu’un estomac distendu, après ligature du pylore
sur une prise d'eau, présente malgré les plus fortes pressions un:
cardia imperméable, celui-ci laisse écouler un mince filet liquide
quand le viscère, ayant été à peu près complètement vidé, est
soutenu, renversé, par les mains placées à droite et à gauche
du cardia. La pression, qui n’est que de quelques centimètres
d’eau, dans ce cas, ne s'exerce que localement, et ne distend pas
les cravates. Les mêmes conditions peuvent être plus rigoureu-
sement réalisées après ouverture de l’estomac suivant sa grande
courbure. La paroi est étalée, la face externe reposant sur une
planche horizontale, percée d’un trou, à travers lequel passe le
tronçon d’œsophage. Un entonnoir renversé, de ro em. de dia-
mètre, muni d’un long tube de verre, est étroitement appliqué
par sa base contre la face supérieure (muqueuse) de façon à ce.
que son ouverture embrasse l’orifice œsophagien. La pression
(7) __ SÉANCE DU 12 JUIN 163
est réalisée par de l’eau versée par le tube. Le cardia, qui ne
laissait rien échapper du viscère intact et distendu, est traversé
par un mince filet d’eau, dès que la couche liquide contenue dans
l’'entonnoir a atteint de 2 à ro em. de hauteur, suivant les cas.
Il est évident que là non plus les cravates n’ont pu intervenir
pour empêcher l'écoulement. Enfin, on peut par un artifice,
sur un estomac distendu par de l'eau et dont l'étanchéité par-
faite a été vérifiée, quelque forte que soit la pression, faire dis-
paraître à volonté l’occlusion du cardia. Il suffit d'appliquer, à
la surface externe de l'organe immédiatement en avant et en ar-
rière du cardia, les extrémités de l'index et du médius, écartés
en V. La plus faible pression exercée par ces deux doigts, dans
une direction légèrement oblique à droite (côté pylore) et en
dedans, fait s'échapper par l'œsophage un jet de liquide, attei-
_gnant au moins la grosseur du petit doigt. L’écoulement dispa-
rait dès que les doigts cessent d’être appliqués et les plus fortes
pressions exercées normalement aux faces de l’organe continuent
à demeurer stériles. C'est que les légères pressions des deux
doigts s'exercent précisément aux points d’intersection des deux
cravates, faisant ainsi disparaître leur tension, en même temps
qu'elles élargissent la boutonnière qu'elles limitent, en rappro-
chant légèrement ses extrémités. L'action constrictrice des cra-
vates est momentanément supprimée, le liquide s'écoule.
Conclusion. Les cravates suisses jouent un rôle essentiel dans
l’occlusion du cardia du Cheval, occlusion d’autant plus parfaite
que les parois de l'estomac (et par conséquent ces cravates qui en
font partie intégrante), sont plus distendues. Leur rôle est évi-
demment facilité par l’abondance des replis de la muqueuse et
l'étroitesse de l’orifice qu'elles commandent. Si chez le Chien le
cardia est largement perméable, malgré la présence des cravates,
c'est que celles-ci sont, là, extrêmement minces et n’embrassent
que faiblement un large indundibulum.
INFLUENCE DE LA PÉRISYMPATHECTOMIE DES VAISSEAUX
SE RENDANT AU FOIE SUR LA PRESSION ARTÉRIELLE
ET LE NOMBRE DES LEUCOCYTES.
Note de Kixc-Li-Pix, présentée par E. Couvreur.
os
La diminution considérable et la réapparition très rapide des
leucocytes pendant la crise hémoclasique, nous ont amené à
penser que les globules blancs ne sont pas détruits, mais doivent
se réfugier quelque part. Nous avons cherché si le foie ne cons-
164 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (8)
tituait pas un des lieux où pourraient se réfugier une partie de
ces leucocytes.
Nous avons pensé alors à provoquer une forte vaso-dilatation
du foie par la sympathectomie des vaisseaux qui s'y rendent (ar-
tère hépatique et veine porte), à mesurer la pression sanguine
et à compter les leucocytes avant et après cette opération. Le
vaisseau choisi a été l'artère carotide. Voici les résultats obtenus :
Expérience I. Chien.
o h. 15. Injection de morphine et anesthésie avec le chlo-
roforme.
o h. 45. Prise du sang carotidien pour numération leucoey-
taire totale, chiffre obtenu — 10.300.
Q h 5o. Prise de la pression carotidienne—11,4 cm. de mer-
cure.
10 h.15. Enlèvement des filets sympathiques de l'artère hépa-.
tique et de la veine porte.
11 h. 15. Nouvelle numération des leucocytes, chiffre ob-
tenu — 6.500.
Nouvelle prise de la pression carotidienne—10 cm.
de mercure.
Expérience Il. Chien.
9 h. Morphine et anesthésie au chloroforme.
Q h. 45. Numération des leucocytes, chiffre obtenu —9.040.
Prise de la pression sanguine (carotide) = 11,8 cm.
10 h. 15. Périsympathectomie de l'artère hépatique et de la
veine porte.
11 h. 15. Nouvelle prise de sang pour numération des globules
blancs, chiffre obtenu —8.790.
Nouvelle prise de pression sanguine — 10,6 cm.
Ces observations expérimentales sont une indication qu'après
la périsympathectomie des vaisseaux qui se rendent au foie, il y
a simultanément une diminution leucocytaire et un abaissement
de la pression sanguine. Ces faits trouvent leur explication dans
la vaso-dilatation intrahépatique qui emmagasine une certaine
quantité de sang. C’est peut-être pour cette raison qu'on voit une
disparition et une réapparition si rapides des leucocytes dans cer-
tains phénomènes comme la crise hémoclasique, par exemple.
La baisse de pression et la diminution du nombre des leucocytes
sont, nous en convenons, relativement minimes dans nos expé-
riences. Nous nous’ proposons de reprendre ces recherches en
laissant s’écouler un temps plus grand entre la périsympathec-
tomie et les nouvelles prises de pression et numérations leucocy-
taires.
(Laboraloire de physiologie de la Faculté des sciences).
(9) _ SÉANCE DU 12 sUIN 165
mme
LES INSUFFISANCES FONCTIONNELLES DANS L’AVITAMINOSE,
par F. Marenon.
L’avitaminose se traduit par une insuffisance et quelquefois
une véritable impuissance fonctionnelle des organes de la di-
gestion et de la nutrition.
La clinique nous montre également des cas nombreux d’insuf-
fisance fonctionnelle d'organes avec symptomatologie tout à
fait analogue, à l'intensité près.
Nous avons émis l’hypothèse, dans des notes antérieures (1),
que toute insuffisance fonctionnelle devait être liée à une insuf-
fisance nutritive et que celle-ci pouvait être la conséquence d’une
déficience des catalyseurs biologiques (diastases tissulaires) pré-
sidant aux actes chimiques de la nutrition. Nous avons montré
que dans la grande majorité des cas cliniques, il suffisait d’ad-
ministrer aux malades des diastases tissulaires d'organes sains,
pour faire cesser rapidement les troubles pathologiques dans l’or-
gane correspondant frappé d'insuffisance et cela en y rétablis-
sant l’activité nutritive et fonctionnelle.
Cette méthode organo-zymothérapique est-elle efficace égale-
ment dans les insuffisances fonctionnelles de l’avitaminose, au-
trement dit, ces dernières relèvent-elles de la même cause que
les nn eances cliniques ?
Pour résoudre cette question, nous avons étudié les effets des
injections quotidiennes de diastases tissulaires des divers organes
frappés dans l’avitaminose (foie, estomac, intestin, pancréas,
surrénale, thyroïde, tissu nerveux, muscle), sur l’apparition et
l’évolution dé ces troubles chez des Pigeons nourris de grains
(Maïs, Sarrazin) stérilisés à l’autoclave à 120° pendant une heure
et demie et chez des Cobayes soumis au régime sec (Avoine et
Orge en grains).
L'expérience sur les Pigeons porta sur 6 animaux adultes et
commença en janvier 1921. 3 servirent de témoins et les 3 autres
reçurent tous les jours une injection sous-cutanée de 2 c.c. con-
tenant r mgr. du mélange, parties égales, des diastases préci-
tées. Ces injections n’empêchèrent pas l’avitaminose de s'établir
et n'exercèrent aucune influence sur son évolution. Les injectés
se comportèrent exactement comme les témoins.
L'expérience sur les Cobayes commença en mai 1921 et porta
sur À animaux. 2 servirent de témoins et les 2 autres reçurent
tous les jours une injection des mêmes diastases. Le scorbut ex-
périmental évolua de la même manière chez les injectés et les
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, pp. 44t, 444, 937, 1172.
BioLOGrE. COMPTES RENDUS, — 1922, T. LXXXVII, 13
166 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (10)
témoins, la survie fut de 4 semaines environ dans les deux cas.
Ces mêmes diastases qui rétablissent l’activité fonctionnelle
dans les insuffisances cliniques demeurent inefficaces dans les
insuffisances de l’avitaminose. Ces dernières qui ne se distin-
guent pas des autres par la symptomatologie ont donc une étio-
logie essentiellement différente.
La conséquence logique de ces faits est que les facteurs aeces-
soires de la nutrition, encore appelés vitamines, n'ont rien de
commun avec les catalyseurs protoplasmiques qui président aux
actes chimiques de la nutrition, c'est-à-dire les diastases tissu-
laires.
Les résultats obtenus sur des Pigeons adultes dans une expé-
rience effectuée en février 1920 nous avaient fait penser le con-
traire. Sur les 6 animaux nourris comme les précédents (Maïs
et Sarrazin chauffés 1 h. 1/2 à 120°) 2 servirent de témoins, 2
autres reçurent, tous les deux jours, en injections sous-cutanées
de 2 c.e., les diastases tissulaires correspondant à 10 gr. de foie
frais. Ces diastases résultaient d’une seule précipitation par l’al-
cool-éther, suivie d’une filtration rapide, du macératum dans
l’eau chloroformée, de la poudre de foie obtenue par dessicca-
tion de la pulpe fraiche dans le vide sulfurique à la température
ordinaire, Ces diastases contenant encore des impuretés don-
naient une solution assez fortement colorée en jaune brun. L’ad-
ministration de ces solutions retarda de 3 semaines environ l’ap-
parition des premiers signes d’avitaminose chez les animaux
injectés. Alors que les témoins avaient déjà subi une perte de
poids importante, qu'ils présentaient depuis une quinzaine de
jours des troubles digestifs et cutanés, diarrhée aqueuse verte
avec grains non digérés, ternissement et hérissement des plumes,
les animaux injectés maintenaient leur poids, présentaient des
crottes moulées, noires, homogènes, bien digérées et conser-
vaient leurs plumes lisses et luisantes.
Cette action évidente des injections sur les phénomènes diges-
tifs et cutanés, nous l’avions attribuée aux diastases hépatiques
alors qu'elle était due, en réalité, aux impuretés entraînées avec
celles-ci lors de la première précipitation. En recommençant celte
expérience avec des diastases purifiées au moyen d'une seconde
précipitation par l’alcool-éther, diastases qui donnent alors des
solutions absolument incolores, nous n'avons jamais plus obtenu
ces résultats ni constaté de différence entre les témoins et les in-
jectés. Pour reproduire ces phénomènes il a fallu nous replacer
dans. les mêmes conditions que la première fois. Ces impuretés
doivent être solubles dans l’alcool car un contact prolongé (r2
heures) des diastases impures avec ce liquide fait perdre à ces
dernières leurs propriétés. Ces impuretés ne résistent pas davan-
1
(4?) SÉANCE DU 12 JUIN 167
tage à un chauffage prolongé à 50° en milieu humide qui opère
probablement leur transformation par hydrolyse. Dans l’expé-
rience précédente deux Pigeons ont été injectés avec des diastases
impures, pour l'extraction desquelles la pulpe de foie avait été
desséchée à l’étuve à 50° pendant 48 heures, au lieu de l'être dans
le vide sulfurique à la température ordinaire. Ces deux animaux
se sont conduits exactement comme les témoins.
Ces impuretés qui se comportent comme des vitamines, et qui
en sont probablement, ne sont donc pas des diastases, puisque
la purification des diastases impures fait perdre à ces dernières
leurs propriétés dans l’avitaminose alors que cette purification
ne diminue en rien l’activité de ces catalyseurs dans le traite-
ment des insuffisances fonctionnelles rencontrées couramment en
clinique.
Conclusions. Les troubles de l’avitaminose rentrent dans le”
cadre des insuffisances fonctionnelles d'organes, qui sont elles-
mêmes liées à une diminution de l’activité nutritive. La nutri-
tion exige le concours d’un certain nombre de facteurs qui sont
tous également indispensables. L'absence ou l'insuffisance d’un
seul crée l’inanition complète ou partielle des organes, qui en-
traine à son tour l'impuissance ou l'insuffisance fonctionnelle.
Ces facteurs sont :
1° Les catalyseurs ou diastases tissulaires, élaborées par le pro-
toplasme et qui président aux actes chimiques de la nutrition ;
2° Les principes nutritifs organiques qui apportent de la ma-
tière et de l'énergie : hydrates de carbone, graisses, protéines.
3° Les principes nutritifs minéraux : eau et sels.
4° Les facteurs accessoires de la nutrition ou vitamines.
Ces trois derniers sont contenus dans les aliments.
Suivant les cas, l’état d'insuffisance fonctionnelle sera com-
battu : par l'administration de diastases tissulaires, par la réali-
mentation organique ou minérale ou enfin par l'administration
d'aliments riches en vitamines.
La nature de ces facteurs accessoires de la nutrition nous
échappe. Les résultats auxquels nous sommes arrivés semblent
prouver que ce ne sont pas des diastases. Auguste Lumière les
considère comme des excitants fonctionnels nécessaires à l’acti-
vité sécrétoire et motrice des organes digestifs. Pour Rôühmann,
il s'agirait d'amino-acides indispensables à la synthèse protéique
et que seuls les végétaux seraient capables d’engendrer.
168 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (12)
POLYNÉVRITE EXPÉRIMENTALE PAR LE RIZ DÉCORTIQUÉ ET INANITION,
par G. Mouriquanp, Pauz MicHez et Nicoptévirex.
Comme contribution à l’étude, si discutée, des rapports de la
polynévrite expérimentale aviaire avec l’inanition, nous appor-
tons à la Société le résultat de nos observations sur quelques
Pigeons.
Ration Quantité ingé-
pro die rée (1) par jour Début des, Date de la
en gr. en gr. accidents mort Observations
1.5 h,90 5o® jour 569 jour Pas de gavage, pas de
vomissements.
IL.5 5 42° jour ho jour Pas de gavage, pas de
vomissements.
IT .5 5 60° jour 628 jour Pas de gavage, pas de
vomissements.
IV.20 13,87 168 jour 18e jour Pas de gavage, pas de
vomissements.
.V.20 11,03 22° jour 242 jour Gavage intermittent,
; 2 vomissements.
VI.20 14,33 30° jour 32° jour Gavages quotidiens, vo-
missements quotidiens (2).
La lecture de ce tableau nous montre que les sujets IV, V et
VI sont morts après avoir assimilé 222, 256, 433 gr. de Riz,
alors que durant le même laps de temps les sujets I, [l, IIT n’en
avaient consommé que 80, 110 et 150 aux 16°, 22° et 30° jours,
tout en restant encore à ce moment entièrement normaux. Les
accidents n'ont apparu tardivement, chez ces derniers, qu'après
une consommation moyenne de 250 gr. alors que les sujets IV,
V, VI étaient polynévritiques après en avoir ‘absorbé en moyenne
303 gr. Ces résultats confirment ceux précédemment obtenus par
C. Funk, Weill et Mouriquand (3).
La différence est encore plus frappante si l’on compare ces
animaux à 2 autres Pigeons soumis depuis 109 jours à un ré-
gime d’inanition relative et ne mangeant que D gr. par jour de
Riz complet : malgré un amaigrissement considérable (90 à 120 gr.)
ils ne présentent encore aujourd'hui aucun signe de polyné-
vrite. Le vol et la marche restent normaux même après la fa-
tigue.
Quelques conclusions semblent découler de nos expériences
(1) Par nourriture ingérée, nous entendons la nourriture absorbée réellement.
Chaque fois qu’un vomissement s’est produit, nous en avons tenu compte dans
nos chiffres. 1
(2) Dans tous nos cas, il n’y a pas eu de rétention véritable dans le jabot
même durant la période terminale. Celui-ci à l’autopsie, a toujours été trouvé
vide ou ne renfermait que 2 à 5 gr. de Füiz.
(3) C. R. de la Soc. de biol., 6 mai 1916.
(13) SÉANCE DU 12 JUIN 169
1° Les accidents polynévritiques paraissent être d'autant plus pré-
coces que la ration de Riz décortiqué assimilée est plus considé-
rable.
2° L'évolution de la polynévrite est d'autant plus aiguë que la
ration de Riz décortiqué assimilée est plus considérable.
3° Les vomissements constituent une réaction de défense qui
retarde un peu l’apparition des accidents.
4° En présence de tels faits, on conçoit que certains phéno-
mènes de carence aient pu être assimilés (avant la découverte des
vitamines) à des phénomènes relevant de l’intoxication (Eykman-
Braddon). Ils sont en tout cas contraires à l’idée d’inanition.
À PROPOS DU RÔLE DE L'INANITION DANS LA CARENCE DES PIGEONS
SOUMIS AU RÉGIME DU RIZ DÉCORTIQUÉ,
par E. Wei, FERNAND ARrLoING et À. Durourr.
Certains auteurs ont pensé que chez les Pigeons nourris ex-
clusivement au Riz décortiqué, il se produisait, à un moment
donné, une obstruction du jabot capable de provoquer la mort
par. inanition.
Nous avons carencé successivement, au cours de plusieurs
séries d'expériences, 20 Pigeons. Tous sont morts après avoir pré-
senté les symptômes que l’on rapporte à l'absence d’une vitamine
antibéribérique. Parmi ces Pigeons, les uns ont reçu du Riz
ad libitum et ont été gavés abondamment lorsqu'ils ont refusé
de se nourrir seuls ; les autres ont reçu 10 gr. de Riz par jour
et ont été gavés avec la même quantité lorsqu'est survenu le
dégoût de la nourriture. Chaque Pigeon recevait, en outre, avec
une pipette dont la pointe était dirigée vers le gosier, 1,5 c.c. d’eau
distillée après gavage.
À l’autopsie, les animaux présentaient un jabot qui quelque-
fois ne renfermait que quelques grains de Riz mais qui, le plus
souvent, était assez abondamment garni. En pesant le Riz retiré
du jabot, nous n’avons cependant jamais trouvé une quantité su-
périeure à 20 gr. chez les Pigeons gavés sans dosage. Chez les
_ Pigeons gavés régulièrement avec 10 gr. par jour, la quantité
la plus forte de Riz trouvée dans le jabot a été de 17 gr. à l’état
humide, soit 13 gr. à l’état sec. Ordinairement, le poids de Riz
renfermé dans le jabot oscillait de 5 à ro gr. à l’état humide.
On peut donc conclure que le Riz trouvé dans le jabot à l'au-
topsie est habituellement celui administré lors du dernier ga-
vage et l’on ne peut parler dans ces conditions de rétention ali-
mentaire véritable,
410 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (44)
Le gésier a toujours contenu des parcelles de grains de Riz
broyés. L'’intestin n'était jamais vide ; il contenait des matières
jaunâtres et liquides dans la première partie, verdâtres et plus
consistantes vers la terminaison. De plus, en recueillant soigneu-
sement les matières fécales émises par les Pigeons en carence, on
peut constater que l'exonération fécale se fait régulièrement
jusqu’à la période agonique.
Dans les conditions expérimentales où nous nous sommes pla-
cés, en ayant soin d’administrer de l’eau après le gavage, nous
pouvons conclure que les accidents mortels offerts par les ani-
maux ne relèvent pas du facteur inanition par défaut d’évacua-
tion du jabot amenant une sorte d'obstruction digestive.
(1) 171
RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY
SÉANCE DU 6 JUIN 1922
SOMMAIRE
ErTrenxe (G.) et VÉRAIN (M.) : faune dé latÉorrainé. (#00... 5
L’hyperfonctionnement rénal et Maruieu (L.) : Bilans d’élimi-
les constantes uréo-sécrétoires nation de l’arsenic des cacody-
basses dans les phases précoces lates par les voies intestinale et
denFhyperuricémie :.........:. GE LA LE 6 UT HONOR 6 DIRE LAN M ESS I
Jacques (P.) : Le pli du sillon Parisot (J.) et Hermann (H.) :
auriculo-mastoïdien....... CE 9 | Action du pneumothorax artifi-
LiENHART (R.) : Un Orthoptère ciel expérimental sur la nutri-
Phasgonuridæ nouveau pour la tion générale et la croissance... 7
Présidence de M. P. Haushalter.
BILANS D'ÉLIMINATION DE L'ARSENIC DES CACODYLATES
PAR LES VOIES INTESTINALE ET URINAIRE,
par Louis Marne.
Comparativement aux recherches sur l'élimination de l’As des
arsénobenzènes, dont nous avons donné précédemment les résul-
tats (1), nous avons pratiqué une vingtaine de dosages de l’excré-
tion arsenicale dans les urines et les fèces de sujets traités par
injections intraveineuses de cacodylate de Na à doses élevées ana-
logues à celles des arsénobenzènes (de 0,10 gr. à 6,60 gr.) (2).
La destruction des matières organiques a élé opérée par la mé-
thode nitro-mangano-sulfurique de Denigès complétée par fusion
ignée du résidu sulfurique avec du nitre et le dosage par la mé-
thode diaphanométrique au réactif de Bougault.
Les auteurs, peu nombreux, qui ont étudié jusqu’à présent l'éli-
(1) GC. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, n° 17, pp. 1029-2081.
(2) Le compte rendu détaillé de ces analyses paraîtra dans un des prochains
numéros de la Revue médicale de l'Est,
172 RÉUNION BIOLUGIQUE DE NANCY (2)
mination des cacodylates n’ont analysé que les urines et seulement
après traitement cacodylique par ingestion ou injection hypoder-
mique. En ce qui concerne l'élimination urinaire, nous avons
constaté une excrétion plus rapide encore que ne l’avaient trouvée
Pagel, Imbert et Badel, Mouneyrat (3/5 au cours des premières
24 heures), en raison de la voie intraveineuse que nous avons uti-
lisée pour administrer le produit. L’As des urines de la première
journée après l'injection représentait 73 p. 100 en moyenne de
l’As injecté. Dans un cas où nous avons retrouvé. un taux de
88 p. 100, l'analyse des urines émises 2 heures après l'injection
nous a donné 58 p. 100 de l’As injecté ; celle des urines émises
de la 2° à la 6° heure, 19,6 p. 100 ; celle des urines émises de la
6° à la 24° heure, 10,4 p. 100. Dès le lendemain de l'injection on
ne retrouve, en moyenne, que 5,3 p. 100 de l’As introduit dans
l'organisme. Le 3° jour on n’en trouve plus que des traces qui,
comme l’a montré Mouneyrat, peuvent persister pendant plusieurs
semaines.
L'analyse des fèces n’a décelé que des quantités infimes d’As
1,2 p. 100 en moyenne le 1° jour ; 0,4 p. 100 le 2° jour. Ajoutons
que, ni pour l'élimination urinaire, ni pour l'élimination fécale,
il n'y a de modifications importantes d’une 1" injection aux injec-
tions suivantes.
Les cacodylates sont donc éliminés, pour la plus grande partie,
très rapidement de l'organisme qui n’en retient qu'une portion
extrêmement faible. En outre, leur voie d'élimination, de beau-
coup prépondérante, est la voie urinaire ; l'émonctoire intestinal
ne participe que pour une part tout à fait minime à l’excrétion
des cacodylates. Ces particularités : extrême rapidité de l’élimi-
nation, prépondérance de la voie urinaire, sont inverses de celles
qui caractérisent l’excrétion de l’As des arsénobenzènes, éliminé
beaucoup moins rapidement et pour la majeure partie par la
voie intestinale.
Ces caractères opposés dans l'élimination des composés arsé-
nicaux de la série grasse et de la série cyclique permettent de pen-
ser que leur métabolisme est aussi très différent à l’intérieur de
l'organisme : alors que les cacodylates le traversent sans y subir
ni modification chimique, ni fixation dans les tissus, les arséno-
benzènes y sont retenus bien plus longtemps et en bien plus forte
proportion ; leur molécule bien moins résistante que celle des
cacodylates y est sans doute en partie dissociée (Pomaret).
Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces composés possèdent des
pouvoirs toxiques et des actions thérapeutiques si différentes d’une
série à l’autre.
Notons enfin que le laps de temps ménagé ordinairement entre
deux injections intraveineuses successives d’arsénobenzènes et de
TETE
Le
TA
NOTE MERE MO Ne nes
5
Sr
(3) SÉANCE DU Ô JUIN 173
cacodylates, soit respectivement 7 et 2 jours, correspond sensi-
blement à la période pendant laquelle ces corps sont éliminés en
quantité appréciable, donc circulent en une certaine proportion
dans le milieu intérieur.
(Laboratoire de toxicologie du P° L. Garnier).
L'HYPERFONCTIONNEMENT RÉNAL ET LES CONSTANTES
URÉO-SÉCRÉTOIRES BASSES DANS LES PHASES PRÉCOCES
DE L'HYPERURICÉMIE,
par G. ETtENNE et M. VERAN.
Parmi une série de constantes uréo-sécrétoires abaissées au-des-
_ sous de 0,070, qui représente environ 14 p. 100 des constantes
étudiées chez les apyrétiques, un groupe bien homogène de 9 cas
a été observé chez des hyperuricémiques, chez qui ces constantes,
améliorées, paraissent conditionnées par un notable hyperfonc-
tionnement rénal.
Ces 9 cas nous donnent des constantes : K —0,068 ; K=—0,067 ;
0060 K— 0,055 :K— 0007; K=0,048,; K— 0,047; K—=0,037.;
K—0,032 ; avec des taux d’acide urique du sérum respectivement
de : 0,113, 0,071, 0,058, 0,042, 0,066, 0,145, 0,054; o,o4r (après
une crise de goutte) et avec des taux d’urée du sérum de 0,14,
0,26, 0,199, 0,24, 0,28, 0,195 (x).
À un examen superficiel, ces faits pourraient paraître en con-
tradiction avec ceux observés par le P' Chauffard (2) qui, chez
13 goutteux, relève des constantes élevées avec des chiffres de
0,080 à 0,130 ; avec des taux d’urée sanguine de 0,30 à 07200
avec des taux d'acide urique du sérum de 0,072 à 0,127, soit une
moyenne de 0,094.
La contradiction n’est qu’apparente. Dans tous les cas que nous
étudions ici, en effet, il s’agit d’hyperuricémiques non goutteux ;
de sujets relativement jeunes, chez qui nous avons été amenés
à chercher l’uricémie du fait des symptômes d’ordre toxique, tels
que vertiges, céphalée persistante, asthénie, sans aucun signe d’in-
suffisance rénale. Ici donc, la fonction rénale est encore intacte :
Sa concentration habituelle est de 17,30, de 19 ; son débit théo-
(x) Tous les dosages d’acide urique ont été pratiqués par la méthode de
Grigaut. Lorsque le chiffre d’acide urique est inférieur à la moyenne, le diag-
nostic d'état goutteux a été établi soit par le taux d’acide urinaire, soit par la
symptomatologie clinique. d
(2) Chauffard. Le syndrome humoral de la goutte, Presse médicale, 25 mars,
HD, D. 209:
174 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (4)
rique de l’urée atteint 30,83, 33,36, 49,06, par exemple. Et les
reins sont capables d’un hyperfonctionnement intensif, en ce qui
concerne du moins les substänces à élimination sans seuil, tra-
duit par les constantes uréo-sécrétoires basses, très basses de
0,060 et de 0,050 voire extrèmement basses de 0,047 à 0,032.
Le but de cet hyperfonctionnement rénal nous paraît lié à la
nécessité d'intensifier le pouvoir d'élimination vis-à-vis de l’acide
urique ; élimination qui parait assez difficile dès qu'elle dépasse
la moyenne, pour exiger un effort considérable des modes d’ac-
tivité rénale. |
Il existe là une nouvelle modalité des hyperfonctionnements
compensateurs que nous avons déjà étudiés au cours des cardio-
pathies à peu près compensées et de la formation exagérée de
l’urée au cours de pyrexies.
Mais ce pouvoir d'hyperfonctionnement rénal n’est possible que
si l'intégrité rénale est parfaite. Dès que le tissu rénal aura réagi
à l’intoxication goutteuse, par un début de sclérose, le rein, dé-
sormais au-dessous de sa tâche, ne pourra se prêter à l'effort sup-
plémentaire ; le pouvoir d'élimination fléchira ; la constante uréo-
sécrétoire s’élèvera en ce qui concerne l’urée, en même temps
que se marquera sa rétention. L’hyperuricémie s’accompagnera
d’hyperurémie. L'’acide urique, mal éliminé par les reins, se
fixera dans les tissus. Et, avec la goutte confirmée, s’établira le
syndrome humoral si bien décrit par le P° Chauffard, et de règle
dans tous les cas étudiés par lui (sauf dans celui d’un jeune uricé-
mique héréditaire peut-être bien comparable aux nôtres). Et dans
tous les cas analogues, nous avons trouvé, nous aussi, des cons-
tantes élevées, même chez un jeune Homme îe 15 ans (K=0,096,
acide urique à 0,072).
Dans l’évolution de la goutte, il parait donc exister deux phases,
l’une avec hyperformation d’acide urique et avec hyperfonction-
nement rénal, d’où constante uréo-sécrétoire améliorée, avec ou
sans hyperuricémie, selon que l’hyperfonctionnement rénal peut
ou non éliminer tout l’excès formé. Puis, une deuxième phase
d’hyperuricémie avec hyperurémie, par calage de l’élimination
rénale, d'où constante élevée avec rétention, la démarquation en-
tre ces deux phases étant conditionnée par les lésions rénales, con-
séquence de l’intoxication goutteuse.
(Clinique médicale de la Faculté).
(5) SÉANCE DU Ô JUIN 175
UN ORTHOPTÈRE PHASGONURIDÆ NOUVEAU POUR LA FAUNE
DE LA LORRAINE (1),
par R. LIENHART.
A la liste des Phasgonuridæ de Lorraine, il convient désormais
d'ajouter une espèce nouvelle : Ephippigerida ephippiger Fiebig,
1784—(Ephippigera vitium Serville 1831).
Cette espèce commune dans le midi de la France devient de
plus en plus rare à mesure que l’on remonte vers le nord. Cepen-
dant Pierrat l’a signalée en Alsace, de Sinéty aux environs de
Troyes, d'Antessanty dans le département de l’Aube, Finot à Fon-
tainebleau, Mabille à Senlis, Giard sur les fossés des fortifications
à Valenciennes ; elle existe même en Belgique où de Sélys-Long-
champs la signale en Campine (1863). Frappé par une aussi
étrange répartition, j'ai pensé que si l'Insecte n'avait jamais jus-
qu'ici été signalé dans le vaste quadrilatère limité au nord par la
ligne Valencienne-Campine, à l’est par l'Alsace, au sud par le dé-
partement de l’Aube, à l’ouest par la ligne Fontainebleau-Senlis,
c'est que, très probablement, il n’y avait jamais été recherché
mais devait y exister. Üne première capture d’Ephippigerida :
ephippiger faite, aux environs de Bar-le-Duc, le 12 octobre 1920,
par mon ami E. Baudot, confirmait mon hypothèse et m'encou-
rageait à poursuivre mes recherches. Aujourd’hui, je connais, en
Lorraine, plusieurs stations de cet Insecte et j'en trouverai cer-
tainement d’autres encore ; en toute certitude, je peux signaler
Ephippigerida éphippiger :
Aux environs de Bar-le-Duc : 1. Près du signal de Behonne, à
boo mètres à l’est de ce signal, sur un Prunelier situé sur un
coteau sec où on cultivait autrefois de la Vigne, un exemplaire
mâle, le 12 octobre 1920. 2. Le long du chemin de Bar-le-Duc
à Resson, de très nombreux individus mâles et femelles pendant
tout le mois de septembre 1921, soit sur les Pruneliers ou dans
l'herbe à gauche de la route, soit sur de jeune Epicéas, près de
Vignes abandonnées à droite de la route en allant vers Resson,
derrière le cimetière de Bar-le-Duc. Il est à remarquer que les
exemplaires pris près des carrières sont presques tous verts el con-
formes au type, alors que ceux pris sur les Epicéas ont tous l’ab-
domen brun noir à anneaux marginés de jaune clair et par ce
fait semblables à la variété sylvicola proposée par Azam. — 8.
Sur un coteau très exposé au soleil, au N.-E. de Fains, un mâle
qui stridulait dans les herbes, le 13 septembre 1921. — 4. Sur
(1) J’emploie dans cette note la nomenclature de W.-F. Kirby qui est adoptée
aujourd’hui par tous les Orthoptéristes qui la considèrent comme définitive.
176 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (6)
la côte des Fourches, aux abords mêmes de Bar-le-Duc, de nom-
breux mâles et femelles, sur des Pruneliers, en septembre 1g92r.
— 5. Dans une carrière, à 8oo mètres de Nançois-le-Petit, le long
du chemin qui conduit à Salmagne, une femelle dans les herbes
au pied d’un Saule, le 14 septembre 1921.
Aux environs de Nancy : 1. À la côte d'Essey-les-Nancy, un
mâle qui stridulait sur un Prunelier non loin de Vignes en cul-
ture, le 8 septembre 1921. — 2. Au plateau du Haut-du-Lièvre, un
mâle et une femelle sur un Prunelier, le 22 septembre 1921. —
3. Sur la colline de Sion-Vaudémont, de nombreux individus, sur
des Pruneliers et dans l’herbe, les 5 et 8 octobre 1921.
Ces différentes captures permettent de faire les quelques cons-
tatations suivantes :
Le fait d'avoir trouvé cette Ephippigère sur différents végétaux
semble montrer que l’Insecte est nettement polyphage et que sa
présence dans une région n’est pas nécessairement liée à l’exis-
tence de la Vigne. Cette polyphagie a déjà été signalée par Brun-
ner qui, en particulier, signale l’espèce comme commune sur les
Conifères. Il est cependant curieux de remarquer que presque
toutes les stations où j'ai trouvé l’Insecte sont voisines de Vignes
abandonnées ou encore actuellement en culture. L’Ephippigère
ne deviendrait-il polyphage que faute de Vigne ?
Quand on recherche les Ephippigères, on récolte beaucoup plus
de mâles que de femelles ; les premiers indiquent, en effet, leur
présence par leurs stridulations fréquentes qu’ils exécutent per-
chés sur les rameaux les plus élevés des buissons, alors que les
femelles se cachent dans les herbes et ne stridulent que lorsque
on les saisit.
Partout où j'ai pris des Ephippigères, j'ai également trouvé
des Mantes, les stations de ces deux espèces semblent bien être
superposées. Ephippigerida ephippiger doit être, elle aussi, une
immigrée du midi, qui, dans nos régions, se trouve à sa limite
d'extension septentrionale,
(Laboratoire de zoologie de la Faculté des sciences).
à À
mi 4
(T) SÉANCE DU Ô JUIN 177
ACTION DU PNEUMOTHORAX ARTIFICIEL EXPÉRIMENTAL
SUR LA NUTRITION GÉNÉRALE ET LA CROISSANCE,
par J. Parisot et H. HERMANN.
Les modifications apportées à la ventilation pulmonaire et aux
échanges respiratoires par le pneumothorax expérimental, nous
ont amenés à étudier l'influence exercée par la suppression fonc-
tionnelle d’un poumon sur la nutrition générale. Cette étude a
été faite, d'une part, sur des animaux adultes (Lapins d’un an)
et, d'autre part, chez des animaux jeunes en voie de croissance
(Lapin de 4 à 5 semaines) et comparés à des animaux témoins de
même portée, placés dans les mêmes conditions d'habitat et d’ali-
mentation.
k 1° Action sur la nutrition générale chez l'animal adulte. La
… suppression fonctionnelle d’un poumon provoque chez l'animal
adulte et sain une baisse de poids sensible (Lapin de 2,400 kger.
ne pèse plus que 2,150 kgr. au 20° jour de collapsus pulmonaire).
L'animal maigrit ; sa courbe de poids descend, puis se stabilise,
.…— et dans quelques cas tend ultérieurement à remonter légèrement.
_ A l’autopsie, si l'on constate l'intégrité des masses musculaires,
on remarque de façon absolument constante, que toutes les ré-
L\_ serves graisseuses ont disparu, en particulier au niveau de la
ù loge rénale, où l’on trouve normalement, chez le Lapin, une
quantité importante de graisse. Signalons que, chez la Tortue, où
nous avons réalisé au cours d’autres recherches, par ligature
d'une bronche, la suppression fonctionnelle d’un poumon, nous
avons également observé une baisse importante du poids (Ex.:
Tortue de 350 gr.; 30 jours après ligature de la bronche gauche :
SION OT.).
2° Action sur la nutrition générale et la croissance chez l'animal
Jeune. En comparant la courbe de croissance d’un jeune Lapin
| porteur d'un pneumothorax artificiel depuis l’âge d'un mois,
ln avec la courbe d’un animal témoin de même portée, on constate
que la courbe du poids du premier animal est située constamment
en-dessous de celle du témoin et que ces deux courbes forment
un angle aigu assez ouvert. Lorsqu’au bout de 7 à 8 mois l’animal
ùÙ témoin n’augmente plus de poids, l’animal à poumon collabé est
également stationnaire et la différence acquise subsiste entière-
un ment. Si, au cours de la croissance, on interrompt le pneumotho-
rax artificiel, la différence de poids s’atténue pour réapparaître si
l’on rétablit le collapsus. La taille de ces animaux est en rapport
| avec leur poids : les animaux à pneumothorax demeurent plus
petits que les témoins. Du côté des phanères, ces animaux présen-
178 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY - (8)
tent également des différences sensibles ; leur poil est plus rude
et moins fourni. Enfin, à l’autopsie de ces Lapins sacrifiés, on ne
trouve aucune des réserves de graisse habituelles. :
Nous nous sommes assurés que ces différences de taille et de
poids n'étaient pas dues à une diminution de la quantité d’ali-
ments consommés ni au choc opératoire. Nous avons constaté,
dès le début de nos recherches, que nos animaux en observation
mangeaient non seulement autant, mais de façon constante plus
que des animaux de même poids ou de même âge. Quant au choc
opératoire il est pratiquement nul : un Lapin se comporte norma-
lement et mange immédiatement après l'intervention minime
qu'est une réinsufflation.
En résumé, le pneumothorax expérimental trouble la nutrition
générale de l’animal adulte et modifie la croissance de l'animal
jeune. Sous l'influence des modifications apportées au fonction-
nement de l'appareil respiratoire, l'animal détruit ses réserves ;
s'il est en voie de croissance, il ne s’en constitue pas. D’autres
recherches, que nous exposerons ultérieurement, semblent expli-
quer ces faits.
(Laboratoire de physiologie et laboratoire de pathologie générale
expérimentale).
(9) SÉANCE DU 6 JUIN 179
LE PLI DU SILLON AURICULO-MASTOÏDIEN,
par P. Jacques.
J'ai noté, en observant chez le vivant un très grand nombre
d'oreilles, un petit détail de morphologie qui me paraît avoir
échappé jusqu'ici aux anatomistes aussi bien qu'aux auristes. Dé-
tail infime (il s’agit d’un plissement cutané) mais dont la cons-
tance mérite de fixer l'attention des uns, et, les modifications
pathologiques, l'intérêt des autres. Je ne retiendrai dans cette
note préliminaire que le premier de ces points, me réservant d’en
développer ailleurs les corollaires cliniques.
Tillaux, qu'il faut toujours consulter, oppose avec raison la
finesse et l’adhérence de la peau qui tapisse la face convexe de
la conque à la mobilité et à l'épaisseur relative de celle qui revêt
le processus mastoïde. Mais du sillon intermédiaire ét de sa mor-
phologie, nulle mention.
Dans son anatomie médico-chirurgicale, malheureusement ina-
chevée, Poirier n’est pas plus explicite. Même constatation néga-
tive chez les anatomistes descriptifs, chez les auteurs dé mono-
graphies ; même pénurie d'indications dans les «traités d’auris-
tique.
Or, l'examen comparé de la région rétro-auriculaire chez des
sujets de sexe et d’âges divers permet de noter deux faits rela-
tifs au sillon : l’un, bien connu, consiste dans l’ouverture variable
de l’angle auriculo mastoïdien ; l’autre, passé jusqu'alors ina-
perçu, n'est autre que l'existence d’un plissement de la peau du
fond du sillon dans la moitié inférieure de celui-ci.
Ce pli cutané, d'épaisseur variable mais de situation constante,
nait, en haut, du tégument mastoïdien au niveau de la partie
moyenne de la conque et au voisinage immédiat de celle-ci. Pres-
- que verticalement descendant, il se jette aussitôt dans le sillon,
qu'il comble en partie; puis, gagnant au dehors par un trajet
très oblique, il aborde la face convexe (ou interne) de la conque
et se perd en s’étalant à sa surface vers la racine du lobule. En
somme, le pli du sillon est constitué par un bourrelet de peau
occupant la moitié inférieure de la gouttière rétro-auriculaire,
dont il croise très obliquement en X la direction, en unissant les
téguments de la région antrale à ceux du lobule du pavillon.
Ce pli est uniquement tégumentaire et participe des modifica-
| _tions générales que l’âge et le sexe apportent à la peau de la ré-
gion. Il ne renferme ni muscle, ni vaisseau important et n’a rien
à faire avec les ganglions péri-auriculaires. Bien apparent chez les
nourrissons, il persiste chez l’adulte avec plus ou moins d’épais-
180 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (10)
seur suivant le développement général du derme et du pannicule
adipeux, et se montre parfois subdivisé chez le vieillard par une
ou deux fissures longitudinales en raison du relâchement et de
la perte d’élasticité du derme dans l’âge avancé. Je ne l’ai jamais
vu faire entièrement défaut ; mais il devient rudimentaire chez
les sujets à pavillon très décollé.
Quelle signification faut-il attribuer à cette disposition si cons-
tante ? La première idée qui se présente à l'esprit est de l’attribuer
à une cause purement mécanique : à une pression habituelle
exercée de dehors en dedans sur l’auricule soit par la coiffure
pendant la veille, soit par l’oreiller pendant le sommeil. La pré-
cocité d'apparition chez des sujets à téguments éminemment sou-
ples, ne me paraît guère favorable à cette explication simpliste.
J'y verrais plus volontiers le résultat de l’action tonique — et par-
fois volontaire — du muscle auriculaire postérieur, le rétracteur
du pavillon, et l’analogue des plissements si apparents à la base
de l'oreille des équidés.
Enfin, je dois observer que la disposition en écharpe de ce
repli, qui enveloppe, en s’épanouissant, le pôle inférieur de la
conque un peu à la manière du pli triangulaire par rapport à
l’amygdale, pourrait faire songer à l'intervention simple de la
pesanteur, entraînant une chute partielle-du pavillon avec torsion
du conduit membraneux sur son axe.
(Clinique d’oto-rhino-laryngologie de la Faculté de médecine).
SE
À
(1)
181
REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX
SEANCE DU
[3 JUIN
1922
SOMMAIRE
Bonneron: Recherches expéri- RIE : Adénome kystique des glan-
mentales sur la physiologie de des sudoripares circum-anales. 8
l’ophtalmotonus. . ........ 23 Massras (Ch..): Le séro-diagnos-
Boyer (G.): Sur des tentatives tic de la tuberculose dans le sang
de culture de Champignonsligni- et le liquide céphalorachidien
coles en milieux stérilisés. Réus- avec l’antigène de Besredka.... 18
site des cultures de Pholiota Mauriac (P.) et SERVANTIE (L.):
Sr OS Mb RL Et Ce 0 6 | Influence de la concentration en
CarLes (J.), Bzanc (H.) et Leu- glucose et de l’alcalinité sur la
RET (Fr.) : Elimination des mé- slycolyse DLMUUDROLE SE AS ienS 20
dicaments par la muqueuse intes- SISALAS (R.)et MaRNEerrE (H. 2
CnAle LEE SUN nes 1 | À propos de la résistance de quel-
Canzes (J.), Leurer (Fr.) et ques graines à de hautes 0
|… Braxc (H.): Sort des médica- ir CN UE 15
| ments injectés dans l’organisme, SIGALAS (R. ) et Piror (Re de
leur élimination, leur persistance Présence de Spirochælu ictero-
au point d’injection........ 4 | hemorragiæ chez les Rats de Bor-
| Fagre (R.): Polygraphe cli- LA Era re LE SE ES ARE PR 19
miquetuniversel.... 1... 21 VERGER (II.), Massras | (Ch. ) eb
Lacoste (A.): Un mécanisme AuURIAT (G.) : Exagération de la
économique d'augmentation des tolérance aux hydrates de car-
rayons de courbure de la voûte bone et absence de réaction à
crânienne en voie de développe- l’extrait de lobe postérieur de
ment chez les Mammifères..... 10 | l’hypophysc chez une acroméga-
| Lougar (E.) et FLye-Saixte-Ma- OO men fEnE a Ares io)
Présidence de M. Pachon.
ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS PAR LA MUQUEUSE INTESTINALE,
par J. CarLEs, H. BLanc et FR. LEURET (1).
nu La question de l'élimination des médicaments par la voie in-
testinale a été jusqu'à présent peu étudiée. Les auteurs qui en
parlent dans les ouvrages classiques, s'appuient sur une tradition
(x) Note présentée à la séance du 2 mai 1922.
Brococie. CompTes RENDUS. — 1922. T. LXXNXVII. 19
RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (2)
Ne]
T8
étayée surtout sur des faits cliniques, mais qui manque d’une
base expérimentale précise. En effet, dans l’étude expérimentale
de l'élimination intestinale faite jusqu'ici, les auteurs ne parais-
sent pas avoir tenu compte des causes d'erreur que constituent :
d'une part, l'apport des sécrétions salivaire, gastrique, biliaire et
pancréatique, librement déversées dans l'intestin avec tous les
produits d'élimination qu'elles véhiculent, d'autre part, la réab-
sorption intestinale de ces mêmes produits. Nous avons donc en-
trepris une série d'expériences de contrôle, dont nous apportons
la technique et les premiers résultats. La question sera traitée
avec tout son développement dans la thèse de H. Blanc.
Nos expériences ont été conduites avec rigueur, d’après la mé-
thode suivante : les animaux choisis ont été soit des Lapins, soit
des Chiens sur lesquels nous avons pratiqué sous anesthésie gé-
nérale et aseptiquement : 1°, une ligature au catgut iléo-cæcale ;
2°, une ligature au eatgut sous-duodénale. Dans ces conditions,
nous obtenions, au-dessous de chacune de ces ligatures, un intes-
tin isolé, exempt de tout apport dùü aux sécrétions sus-jacentes.
Aussitôt l'intervention terminée, nous faisions l'injection intra-
musculaire du médicament à étudier. Les animaux ont été sa-
crifiés au bout d’un temps variant de 6-26 heures, suivant la
rapidité de diffusion dans l'organisme du produit injecté. Les
ligatures étaient vérifiées et l'intestin prélevé en entier, lavé et
pesé. Puis, un volume connu de chacune des deux portions de
l'intestin était soumis, soit à la macération aqueuse dans le cas
d’un alcaloïde, soit à la destruction s’il s'agissait d’un métal ; le
produit injecté était recherché dans le liquide de macération ou
de destruction. Les procédés de destruction employés ont été,
tantôt le procédé Geneuil, tantôt le procédé Denigès, tantôt le
procédé à la potasse.
Les résultats obtenus ont été les suivants, les nombres étant
ramenés au poids total de l'organe :
1°, Chien de 15 kgr. Médicament injecté : iodure de potas-M
sium, 1 gr. Sacrifice 6 heures après Finjection. Destruction de
l'intestin par la potasse. On retrouve , intestin grêle, o,o11 gr.;
gros intestin, 0,0012 gr. È
2°, Chien de 10 kgr. Médicament injecté : citrate de fer
9,90 gr. Sacrifice o heures après. Destruction par le procédé Ge-«
neuil. On retrouve : intestin grêle, 0,25 gr.; gros intestinM
0,005 gr. |
3°, Chien de ro kgr. Médicament injecté : citrate de fer,
0,90 gr. Sacrifice 26 heures après. Destruction par le procédé
Geneuil. On retrouve : intestin grêle, 0,05 gr.; gros intestin,M
0,016 gr.
4°, Lapin de r kgr. Médicament injecté : atropine, 0,008 gr
lL
.
.
(3) SÉANCE DU L3 JUIN 183
Sacrifice 17 heures après. Recherche physiologique sur la pu-
pille du Chat : intestin grêle, réaction positive ; gros intestin,
réaction positive.
5°, Lapin de 1 kgr. Médicament injecté : ésérine, 0,02 gr.
Sacrifice 8 heures après. Recherche physiologique sur la pupille
du Cobaye albinos ; intestin grêle, réaction négative ; gros in-
testin, réaction positive.
6°, Lapin de r kgr. Médicament injecté : bromure de potas-
sium, 3 gr. Sacrifice 5 heures après. Destruction par le procedé
à la potasse. Recherche négative dans les deux portions de Fint2s-
un.
7°, Chien de ro kgr. Médicament injecté : bromure de potas-
sium, 3 gr. Sacrifice 24 heures après. Destruction par le procédé
à la potasse. On retrouve : intestin grêle, 0,32 gr.; gros intestin,
@,1A 9r.
8°, Chien de 15 kgr. Médicament injecté : bleu de méthylène,
0,40 gr. On retrouve le bleu en nature dans le contenu intestinal
et à l’état de chromogène décelable par l'acide acétique. Dans Fin-
testin grêle, réaction positive ; dans le gros intestin, réaction
positive.
D'autres expériences sont en cours. D'ores et déjà, nous pou-
. vons conclure à la réalité de l'élimination par la voie intestinale,
élimination dont le rythme et l'importance seront déterminés
par une expérimentation ultérieure, Il semble que l'intestin £rêle
et le gros intestin éliminent chacun pour leur propre compte et
de façon élective certains médicaments, puisque, par exemple,
l’ésérine se retrouve exclusivement dans le gros intestin. 1] sem-
ble aussi que le gros intestin, à poids égal, élimine davantage
que l'intestin grêle, sauf pour le fer.
(Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médeeine).
184 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (4)
SORT DES MÉDICAMENTS INJECTÉS DANS L'ORGANISME,
LEUR ÉLIMINATION, LEUR PERSISTANCE AU POINT D'INJECTION,
par J. Carzes, F. Leurer et H. Branc (1).
Dans la note précédente, nous avons étudié l'élimination des
médicaments par la voie intestinale. Pour compléter ces expé-
riences, il était intéressant de rechercher les médicaments injec-
tés, dans les principaux viscères de l’organisme, dans les pro-
duits de sécrétion, et leur persistance au point d'injection. Voici
les résultats obtenus
1°, Chien de 15 kgr. Médicament injecté : iodure de potas-
sium, 1 gr. Sacrifice après 6 heures. On retrouve : intestin grêle,
0,0011 gTr.; gros intestin, 0,0012 gr.; rein, 0,00129 gr. point
d'injection : 0,02205 gr.; urine, foie, bile, pancréas, recherche
négative.
2° Chien de 15 kgr. Médicament injecté : iodure de potassium,
1,90 gr. Sacrifice après 18 heures. On retrouve : intestin grêle,
réaction positive ; gros intestin, réaction positive ; rein, réaction
- positive ; urine, réaction positive ; pancréas, réaction négative ;
point d'injection, 0,00325 gr.
3°, Chien de ro kgr. Médicament injecté : citrate de fer,
0,90 gr. Sacrifice après 9 heures. On retrouve : intestin grêle,
0,25 gr.; gros intestin, 0,003 gT.; rein, 0,30 gT.; urine, 0,0008 gr.;
bile, 0,025 gr.; glandes salivaires, 0,9 gr.; pancréas, 0,028 gr.:
point d'injection, 0,185 gr.; foie, réaction négative.
4°, Chien de ro kgr. Médicament injecté : citrate de fer,
0,90 gr. Sacrifice après 26 heures. On retrouve : intestin grèle,
0,05 gr.; gros intestin, 0,016 gr.; rein, 0,66 gr.; urine, foie, bile,
glandes salivaires, pancréas et point d'injection, réaction néga-
tive.
5°, Lapin de r kgr. Médicament injecté : atropine, 0,008 gr.
Sacrifice après 17 heures. On retrouve : intestin grêle, réaction
positive ; gros intestin, réaction positive ; estomac, réaction po-
sitive ; tous autres organes, recherches négatives ; recherche
physiologique sur la pupille du Chat.
6°, Lapin de 1 kgr. Médicament injecté : ésérine, 0,02 gr.
Sacrifice après 8 heures. Recherche physiologique sur la pupille
du Cobaye albinos. On retrouve : rein, réaction positive ; foie,
réaction positive ; bile, réaction négative; glandes salivaires,
réaction positive ; gros intestin, réaction positive ; pancréas, in-
testin grêle, estomac et point d'injection, réaction négative.
\
(1) Note présentée à la séance du 2 mai 1922.
(5) SÉANCE DU 13 JUIN 189
7°, Lapin de 1 kgr. Médicament injecté : bromure de potas-
sium, 3 gr. Sacrifice après 5 heures. On retrouve : point d’injec-
ton, 1,90 gr.; rein, 0,008 gr.; foie, 0,07 gr.; tous autres organes,
recherches négatives.
8°, Chien de 10 kgr. Médicament injecté : bromure de potas-
sium, 3 gr. Sacrifice après 24 heures. On retrouve : point d'in-
jection, 0,50 gr.; gros intestin, 0,15 gr.; intestin grêle, 0,32 gr.;
glandes salivaires, o,o1 gr.; rein, urine, foie, bile, pancréas,
recherches négatives.
9°, Chien de 10 kgr. Médicament injecté : bleu de méthylène,
0,4o gr. Sacrifice après 24 heures. On met en évidence le bleu,
soit à l’état de bleu, soit sous forme de chromogène décelable par
l’acide acétique. On retrouve : urine, réaction positive ; glandes
salivaires, réaction positive ; pancréas, réaction positive ; gros
intestin, réaction positive ; intestin grêle, réaction positive ; es-
tomac, réaction positive ; contenu gastrique, réaction positive ;
contenu intestinal, réaction positive.
De ces premières expériences, il semble résulter que les médi-
caments injectés par voie intra-musculaire sont assimilés avec
assez de rapidité, puisque au point d'injection, on n’en retrouve
plus bientôt que des traces minimes. C’est ainsi que, au bout de
24 heures, on ne retrouve plus que des traces d’iodure sur tr gr.
injecté et seulement quelques centigrammes de bromure sur
3 gr.; enfin, on ne retrouve plus traces d’alcaloïdes, tels que l’atro-
pine et l’ésérine. Il semble aussi que la muqueuse gastrique soit
une voie assez importante d'élimination (bleu de méthylène).
Enfin, le pancréas est peut-être une voie d'élimination à consi-
dérer puisque, dans 2 expériences sur 9 (bleu de méthylène et
citrate de fer), on a pu y retrouver des proportions sensibles du
produit injecté.
(Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine).
186 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (6)
SUR DES TENTATIVES DE CULTURES DE CHAMPIGNONS LIGNICOLES
EN MILIEUX STÉRILISÉS. RÉUSSITE DES CULTURES
DE Pholiota squarrosa Müzz.,
par G. Boyer.
Poursuivant mes tentatives de cultures de Champignons su-
périeurs sur milieux stérilisés, j'ai appliqué mon procédé à quel-
ques Champignons que je n’avais pas précédemment essayés ou
réussis, en particulier à : Polyporus squamosus Huds., à diverses.
reprises et en dernier lieu à des échantillons de cette espèce que
m'a fournis, le 20 avril 1920, M. Chevalier, du laboratoire de Phy-
siologie végétale (F. S.); à Paxillus atrotomentosus Batsch., ré-
colté aux Echoppes, près Pessac, le 22 juillet 1920, et à d’autres
dates, à Polyporus lucidus Leys., recueilli chez M. Cabantous,
à Caudéran, le 23 juillet 1920 et précédemment, puis à Pholiota
squarrosa, Müll., et j'ai pu récolter le 4 décembre 1921 au pied
d’un arbre du jardin public, grâce aux indications du P° Beille..
Antérieurement à ces essais, trois Polypores, mentionnés dans
ma thèse (x), Polyporus hispidus B., Polyporus igniarius L., Po-
lyporus intybaceus Fr., m'’avaient donné des résultats faiblement
positifs et Polyporus squamosus, ci-dessus mentionné, des résul-
taits douteux.
Mes tentatives plus récentes, celles que je relate aujourd'hui
sur Polyporus lucidus, Polyporus squamosus et Paxillus atroto-
mentosus ne m'ont pas donné de réussite. Peut-être faut-il attri-
buer cet insuccès à la texture dure et presque ligneuse de ces
Champignons, de Polyporus lucidus surtout.
En revanche, Pholiota squarrosa, Müll., m'a fourni des cultu-
res abondantes qui m'ont permis d’en étudier le mycélium. Il
ne diffère pas beaucoup de celui de Pholiota ægerita Port. qui
est, comme lui, lignicole (généralement sur Peuplier) et que j'ai
décrit dans ma thèse, p. 42. Les hyphes de Pholiota squarrosa
sont incolores, fines, d'environ 3 u de diamètre, pourvues par
endroits de boucles qui sont si fréquentes chez les Basidiomy-
cètes.
Ce mycélium se développe bien sur les différents milieux que
j'ai le plus souvent utilisés dans mes recherches antérieures ;
carotte-gélose, fumier de champignoniste, etc. Il n’a pas donné
lieu à la production de sporocarpes comme l’avaient fait Pholiota M
ægerita, Pleurotus ostreatus, etc., ainsi que je l’ai relaté dans ma
thèse.
(1) G. Boyer. Etudes sur la biologie et la culture des Champignons supé-
rieurs. Thèse sciences, Bordeaux, 1918. p. 14 et pp. 45-46.
(7) SÉANCE DU 13 JUIN 187
mo
La réussite de la culture de ce Champignon était à prévoir,
d'après les remarques énoncées dans ma thèse, p. 50-51. J’y rela-
tais, en effet, que mes études m'avaient conduit à distinguer
parmi les Champignons, indépendamment des parasites vrais
1° Tout un groupe ne donnant lieu à aucun développement par
mon procédé de culture sur milieux stérilisés : tels sont les Ama-
nites, les Bolets, les Russules, les Lactaires, les Truffes, etc. « Il
est très remarquable, écrivais-je, de constater que les Champi-
gnons de cette catégorie se produisent toujours dans la nature
au voisinage d'arbres ou d’arbustes et que ces derniers présentent
alors constamment des mycorhizes ». On peut donc les considé-
rer comme des symbiotes ou des semi-parasites de ces arbres.
par l'intermédiaire de leurs racines. 2° Des Champignons four-
nissant des cultures médiocres sur milieux stérilisés. 3° Des
Champignons produisant, dans les mêmes conditions, un mycé-
lium bien développé. Ce sont les Champignons qui vivent mani-
festement dans la nature sur des matières organiques mortes et
qu'on dénomme Saprophytes. Tels sont Psalliola campestris L.
(Champignon de couche), Lepiota procera, Scop., Corprinus co-
matus, F1. D., etc.
Les Champignons lignicoles qui, comme Pholiolta ægerita
Port., Armillaria mellea Vahl., plusieurs polypores, prospè-
rent sur des arbres vivants ou sur des souches mortes doivent
être rangés dans ce groupe de Champignons.
Mais il existe des lignicoles qui paraissent ne pouvoir se déve-
lopper que sur des arbres vivants. De ce nombre est Fistulina
hepatica Huds., qui, effectivement, ne m'a jamais donné de cul-
tures malgré de nombreux essais.
Certains polypores croissant sur des arbres généralement vi-
vants pourraient être classés dans ma deuxième catégorie, car
leurs cultures, difficiles à réussir, restent toujours peu vigou-
reuses. Leur mycélium ne forme pas de vraies mycorhizes avec
les hôtes aux dépens desquels ils vivent. Chez les Champignons
mycorhiziens vrais, ceux de ma première catégorie, au contraire,
l'arbre ne paraît pas souffrir ou souffre peu de l'invasion de ses
racines par le mycélium qui lui sert d’organe d’absorption dans
le sol et lui fournit même probablement des matières azotées.
La durée de cette association paraît pouvoir être indéfinie, ce qui
n’a pas lieu dans les cas de parasitisme franc où l’arbre ne tarde
pas à dépérir. La nécessité de la symbiose pour les Champignons
que j'appelle mycorhiziens donne l’explication de l’échec de leurs
cultures en milieux stérilisés, et par suite privés de vie.
Les Champignons lignicoles tels que Pholiota squarrosa..….
bien que formant parfois leurs appareils reproducteurs sur le
sol à une certaine distance de leur hôte, à l'instar des Champi-
188 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX ù (8)
A OT te EE he DUB SN ES EP RS A PR SRE RER GES
gnons mycorhiziens et envahissant les racines, mais sans former
de vrais mycorhizes, ne peuvent être rangés dans ce groupe,
ainsi que vient le témoigner la possibilité de réussir leurs cul-
tures en milieux stérilisés.
Les conclusions que j'avais tirées de mes précédentes recher-
ches sont donc confirmées par les résultats actuels.
ADÉNOME KYSTIQUE DES GLANDES SUDORIPARES CIRCUM-ANALES,
par E. Lougar et P.-E. Five SainTEe-MaRieE.
L'un de nous a extirpé une tumeur grosse comme une noix,
d'apparence kystique, dont la poche était rompue, située sur la
marge de l’anus, chez une patiente de {o ans. Aucun diagnostic
clinique précis n'était possible. Le diagnostic microscopique
était lui-même difficile, en raison de l'absence d'observations
antérieures semblables. Cependant l'analyse systématique des
coupes a conduit à un diagnostic raisonné et sans laisser place.
au doute. [l s’agit d’un adénome kystique (ou cysto-adénome) des
glandes sudoripares peu connues et particulières siégeant dans.
la zone cutanée de l'anus.
La surface de la tumeur est revêtue de l’épithélium malpighien
de la muqueuse anale. Au-dessous de l’épithélium s'étend une
poche kystique assez vaste avec des diverticules ou de véritables
formations papilliformes. Cette poche est revêtue par un épithé-
lium, cubique ou cylindrique suivant le point, à 2 ou 3 couches
de cellules. En certaines régions, l’épithélium a proliféré pour
former des boyaux presque libres dans la cavité. Le reste de la
tumeur constitue la partie intéressante et la plus typique. Il est
constitué par la réunion en deux groupes assez distincts, quoique
contigus de cavités régulières ou anfractueuses. Chacun des deux
groupes de cavités possède un épithélium caractéristique. Une
première catégorie de ces cavités est revêtue par un épithélium
à deux couches : la couche interne est formée de cellules cubi-
ques, cylindriques par endroit, relativement claires, avec un
noyau ovale ou arrondi. En quelques points, l’épithélium se sou-
lève en flocules qui festonnent les parois de chaque cavité. Jus-
qu'ici rien de bien typique et le diagnostic reste hésitant. Le
second groupe de tubes ou de cavités a un revêtement caracté-
ristique : au-dessus d’une vitrée épaisse, faite de substance colla-
gène amorphe dans laquelle sont noyées des fibres élastiques
fines et nombreuses ; on trouve : 1° une rangée de cellules très
basses, fusiformes, appliquées à la surface de la vitrée et paral-
(9) SÉANCE DU 13 JUIN 189
lèles les unes aux autres, le protoplasma se colore fortement par
l’éosine ; on reconnaît, surtout dans les coupes obliques des cel-
lules myo-épithéliales ; 2° une ou deux rangées de cellules cu-
biques hautes : leur noyau ressemble à celui des épithéliums
malpighiens, le protoplasma est très finement spumeux et le
pôle apical est bordé par une cuticule homogène épaisse au point
qu'on la voit rarement avec une telle netteté. Aucun doute n'est
permis : la vitrée à fibres élastiques des glandes sudoripares (Ni-
colas et Favre) les cellules myo-épithéliales du tube excréteur de
ces mêmes glandes (Ranvier et Renaut) les cellules épithéliales
à cuticule bordant le pôle apical, tous ces faits entraînent la con-
viction que cette partie de la tumeur s'est développée aux dépens
des tubes excréteurs d’une glande sudoripare. Une fois averti,
on reconnait dans les autres régions les caractéristiques des tubes
sécréteurs sudoripares mais dilatés, élargis et développés en tous
sens par le processus pathologique.
Le tissu conjonctif intertubulaire est du type dermique, très
riche en fibres élastiques. Il présente quelques signes d’inflam-
mation, quelques régions infiltrées par des cellules plasmatiques,
et quelques régions en dégénérescence dans lesquelles les colo-
rations spécifiques montrent des amas de substance élastique, re-
liquats des fibres détruites.
Cependant, cette tumeur diffère considérablement des adéno-
mes sudoripares que l'on rencontre sur la surface cutanée. Cela
tient vraisemblablement à ce qu'elle tire son origine de glandes
sudoripares spéciales, dites glandes de Gay ou glandes circum-
anales, de fort volume, à lumière large et à tube secréteur à peine
pelotonné.
De telles tumeurs doivent être très rares, mais sur de bonnes
préparations le. diagnostic doit se faire nécessairement en raison
de la présence de cellules myo-épithéliales et des caractères cyto-
logiques des cellules épithéliales.
(Laboratoire d'anatomie générale et d’histologie
de la Faculté de médecine).
190 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (40)
ÜN MÉCANISME ÉCONOMIQUE D'AUGMENTATION DES RAYONS
DE COURBURE DE LA VOUTE CRANIENNE EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
CHEZ LES MAMMIFÈRES,
par À. Lacoste.
Au cours du développement, la cavité crânienne augmente
considérablement de volume en même temps que ses divers
rayons de courbure s’allongent. L'augmentation de volume de
la cavité résulte de l’accroissement des pièces osseuses qui la
limitent ; dans la région de la base, il s’agit d'os précédés d’un
modèle cartilagineux dont le mode de développement est connu
dans l’ensemble et qui ne sera pas envisagé ici. Au niveau de
la voûte, contrairement à l'opinion de rares auteurs tels que
Gudden, on admet classiquement que les différentes pièces os-
seuses gagnent en étendue grâce à l'existence des sutures et des
fontanelles qui les séparent, et qui, jusqu'au moment de leur
fermeture, sont de véritables surfaces fertiles où se fait de l’os..
En même temps, ce qu’ils gagnent en étendue, les os du crâne
gagnent en épaisseur. Ge qui est clair, c’est que les os de la voûte
acquièrent rapidement, par ce processus, une résistance notable
et, dès lors, leur extension peut bien continuer au niveau des
sutures et des fontanelles, mais leurs rayons de courbure reste-
raient immuables s’il n'intervenait d’autres phénomènes.
Aussi bien, on observe un processus général de résorption et
d’apposition, bien connu dans l’évolution des pièces osseuses en
général, peu étudié au niveau des os de la voûte du crâne.
Dans un travail récemment publié (1), nous avons montré
qu'il se fait, au cours du développement des os de la voûte crà-
nienne, une érosion intense et continue de leur face interne, ré-
sultant de l’action de nombreux ostéoclastes qu'on rencontre à
ce niveau, tandis que prédominent, sur la face externe, des phé-
nomènes d'apposition. Bien que le phénomène soit des plus
complexes, aussi bien dans son évolution dans le temps que dans
sa topographie, il nous a paru suffisamment net pour que nous
ayons pu comparer la face externe des os de la voûte à la face
sous-périostée d’une diaphyse, et leur face interne à la surface
limitant le canal médullaire de celle-ci. On comprend dès lors
que la combinaison de ces phéonmènes a pour résultat, à la
longue, de substituer à un os donné un os plus étendu et dont
le rayon de courbure augmente progressivement (fig. 1).
(x) G. Dubreuil et A. Lacoste, C. R. de l’Assoc. des anatomistes, 17° réunion,
Gand, 1922.
(41) SÉANCE DU 13 JUIN 191
Un autre mécanisme plus parfait que celui-ci est encore utilisé
à certains stades ; c’est ce mécanisme que nous voulons indi-
quer aujourd'hui dans ses grandes lignes et dans ses conséquen-
ces générales.
On constate en effet que, au niveau de la face externe des os
de la voûte, on rencontre parfois des zones d’érosion qui, pour
limitées et bien moins importantes que celles de la face interne,
n'en sont pas moins nettes. Lorsque, à certains stades (fœtus de
Mouton de 11,5 cm.), on compare sur les deux faces d’un même
os la topographie des surfaces d’érosion, on observe que dans
Fig. 5 — Augmentation des rayons de courbure des os de la voûte crânienne
par le phénomène général d'’érosion interne et d'’apposition externe. Les
points indiquent les surfaces d’érosion, les signes + les surfaces d’apposition.
r, rayon de courbure initial, R, rayon de courbure définitif, r, 5, 3, 4, 5,
étapes successives de la voûte crânienne en voie de développement.
l’ensemble l'érosion de la face interne se fait sur des territoires
latéraux relativement vastes s'étendant jusqu’au voisinage même
d'un ou plusieurs bords de l'os. Par contre, les phénomènes d’éro-
sion de la face externe se localisent, en règle générale, à la par-
tie centrale de cette face. On reconnaît d’ailleurs les zones d’os
ancien et d'os nouveau à la différence de coloration de l’un et de
l’autre, ce qui fait que le phénomène est d’une parfaite évidence.
De plus, conformément à une loi générale formulée depuis long-
temps par Brullé et Hugény, les phénomènes de remaniement
se disposent de telle manière que lorsqu'il se fait de l'érosion
sur une des faces, la face opposée est le théâtre de phénomènes
d’apposition (fig. 2).
Dès lors, en superposant les figures obtenues à des stades di-
vers, on peut, pour un os donné, saisir le résultat et la signifi-
cation du mécanisme mis en œuvre. On comprend d’abord que le
résultat général sera une augmentation du rayon de courbure
de l’os en voie de développement et qu'à l'os primitif se substi-
192 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (42)
tue un autre os différent par sa forme comme par son étendue.
En second lieu, on saisit combien le phénomène est plus parfait
que celui que nous avons indiqué d’abord. Il a pour conséquence
d'atteindre au but en utilisant de notables parties de l’os primitif:
cest un procédé essentiellement économique.
Il n’y a pas enfin qu’une économie de matière, il y a une éco-
nomie de travail, et par conséquent, toutes choses égales par
ailleurs, une économie de temps. La comparaison des figures t
et 2 montre comment, dans le 2° cas d'érosion externe centrale,
C ÿ : Eur
os
Fig. 2. — Augmentation du rayon de “ourbure des os de la voûte crânienne
par le double phénomène : érosion externe centrale et apposition interne M
centrale : érosion interne latérale et apposition externe latérale. Les signes et
les lettres ont même signification que dans la figure 1. — Hachures verti-
cales, os primitif. Hachures horizontales, os nouveau. La région des hachures
croisées indique les portions d’os ancien conservées dans l'établissement de
l’os nouveau moins courbé.
avec érosion interne latérale, il y a moins d'os à détruire et
moins d’os à former pour obtenir un résultat du même ordre
que celui que nécessiterait une érosion générale de la face in-
terne avec apposition générale d'os nouveau à la face externe.
En résumé, pour l’augmentation de volume de la boîte os-
seuse crânienne, les os de la voûte sont l’objet de processus de
remaniement variés : 1° l’un, très général, d’apposition externe
conjuguée avec de l'érosion interne ;
2° Le second, plus économique, mais moins général parce que
applicable seulement à certains stades, d’érosion centrale ex-
terne avec apposition centrale interne, conjuguée avec de l'éro-
sion latérale interne et de l’apposition latérale externe.
Ce second mode tend vers un but identique à celui que réalise
le premier, mais avec économie de matière et de travail.
(Laboratoire d'anatomie générale et d'histologie de la Faculté
de médecine).
(13) SÉANCE DU 13 JUIN 193
À PROPOS DE LA RÉSISTANCE DE QUELQUES GRAINES
A DE HAUTES TEMPÉRATURES,
par R. Sicazas et H. MARNEFFE.
E. Gain (1) a récemment annoncé que des embryons d’Helian-
thus annuus L. étaient susceptibles de germer après une série
de chauffages pouvant atteindre 150° en chaleur sèche. Il nous
a semblé intéressant de reprendre ces expériences en désaccord
avec les faits actuellement admis.
Nos graines, placées dans des verres de montre, sont chauffées
dans une étuve de Wiessneg munie de 2 thermomètres : l’un au
niveau de l'étage supérieur où les graines sont posées, l’autre
un peu au-dessus ; il nous est arrivé de constater entre eux des
différences de 5° à 6°, mais, comme E. Gain, nous ne faisons
état que des températures les plus basses. De plus, ne pouvant
conserver longtemps une température fixe, nous n’indiquons
que les limites entre lesquelles oscille le thermomètre en un
temps donné. Enfin, tandis que E. Gain espace ses paliers de
plusieurs heures ou de plusieurs jours, nous avons pratiqué un
chauffage continu avec un seul palier dans le cours du chauffage.
Chaque sorte de graines a été divisée en 4 lots : 1° lot : graines
témoins. — 2° lot : les graines sont chauffées jusqu'à une tempé-
rature {, avec palier d’arrêt, puis à une température T, puis re-
tirées de l’étuve. — 3° lot : d’abord traité comme le précédent, puis
palier aux environs de la température T, et refroidi à la tempé-
rature du laboratoire ; 4° lot : ne différant du précédent que par
son refroidissement dans l’étuve mème, ce qui demande 2 à 3
heures environ.
Les graines sont introduites dans l’étuve froide ; il nous fallait
environ 20 minutes pour atteindre une température voisine de
100°; ro minutes pour passer de 100° à 120°, et 15 minutes de
120° à 145°. On ensemence ces graines sur de la sciure de bois,
… humide et stérilisée. Nous considérons comme germée toute
graine dont la radicule s’est accrue d'environ 5 mm.
Expérience 1 : 6 mai. Graines d’'H. annuus, type, décortiquées.
1" lot : témoins. Germination le 8. Résultat : 16 sur 16, soit
100 p. 100. — 2° lot : chauffé jusqu’à 120°, après palier de 10 mi-
| nutes entre 105° et 108°. Germination le 9. Résultat : 15 sur 18,
soit 83 p. 100. — 3° lot : maintenu entre 118° et 122° pendant
10 minutes. Refroidi à la température du laboratoire, Germina-
tion le 9. Résultat : 16 sur 16, soit 100 p. 100. — 4° lot : refroidi
(x) Ed. Gain. C. R. de l’Acad. des sc., 10 avril 1922.
194 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (44)
dans l’étuve. Germination le 9. Résultat : 14 sur 16, soit 87 p. 100.
Expérience II : 8 mai. Graines d'H. annuus, décortiquées. 1°
lot : témoins. Germination le g. Résultat 15 sur 15, soith
100 p. 100. — 2° lot : chauffé jusqu’à 135° après palier de 10 mi-M
nutes entre 100° et 10b°. Germination le 10. Résultat 13 sur 15,“
soit 86 p. 100. — 3° lot : maintenu 15 minutes entre 128° et 135°,
refroidi à la température du laboratoire. Germination le 11. Ré
sultat : 15 sur 18, soit 83 p. 100. — 4° lot : refroidi dans l’étuve
‘Germination le 1r. Résultat : 13 sur 16, soit 8r p. 100. |
Expérience III : 8 mai. Graines d'H. annuus non décortiquées.
1® lot : témoins. Germination le 10. Résultat : 20 sur 20, soit
100 p. 100. — 2° lot : chauffé jusqu'à 135° après palier de 10 mi
nutes entre 100° et 105°. Germination le 11. Résultat : 16 sur 19,
soit 84 p. 100. — 3° lot : maintenu 15 minutes entre 128° et 135°. À
Refroiïidi à la température du laboratoire. Pas de germination
apparente le 13. On décortique et au bout de 2 jours on trouve
encore 12 graines vivantes sur 23, soit 52 p. 100. — 4° lot : re-
froidi dans l’étuve. Même résultat que pour le 3° lot, avec 121
graines vivantes sur 22, soit 54 p. 100. ;
Expérience IV : 12 mai. Graines d'H. annuus, décortiquées.«
1* lot : témoins. Germination le 13. Résultat : 11 sur 12, soit
91 p. 100. — 2° lot : chauffé jusqu’à r40° après palier de 10 mi
nutes entre 90° et 97°. Germination le 14. Résultat : 12 sur 13,
SOit 92 p. 100. — 3° lot : maintenu entre 139° et 143° pendant
15 minutes, refroidi à la température du laboratoire. Germina=M
tion le 16. Résultat : 5 sur r2, soit 4r p. 100. — {° lot : refroidi
dans l’étuve. Germination le 16. Résultat : 6 sur 13, soit 46 p. 100.
Expérience V : 0 mai. Graines d'H. macrophyllus gigan«
eus non décortiquées. 1° lot : témoins. Germination le 22
Résultat : 7 sur 12, soit 58 p. 100. — 2° lot : chauffé jusqu'à 124%
après palier de ro minutes entre 85° et 95°. Germination le 22
Résultat : 6 sur 14, soit 42 p. 100. — 3° lot : maintenu 15 minutes
entre 119° et 124°. Germination o. — 4° lot : refroidi dans
l’étuve. Germination : o. |
Expérience VI : 20 mai. Graines de Soleil nain double,
non décortiquées. 1° lot : témoins. Germination le 22. Résultat «
11 Sur 14, soit 78 p. 100. — 2° lot : chauffé jusqu'à 124° après”
palier de ro minutes entre 85° et 95°. Germination le 22. Résul-
tat : ro sur 14, soit 71 p. 100. — 3° lot : maintenu 15 minutes
entre 119° et 124°. Germination le 22. Résultat : 7 sur 17, soit.
hr p. 100. — 4° lot : refroidi dans l’étuve. Germination le 23
Résultat : 4 sur 15, soit 26 p. 100. 1
Expérience VII : 23 mai. Graines de Brassica napus, L., var
-oleifera ou Colza, non décortiquées. 1* lot : témoins. Germina-
tion le 25. Résultat : 65 sur 69, soit 94 p. 100. — 2° Lot : chauffé.
2
(45) SÉANCE DU 13 JUIN 195
jusqu'à 140°, après palier de 10 minutes entre 84° et 87°. Ger-
mination Le 25. Résultat : 72 sur go, soit 8o p. 100. — 3° lot
maintenu ro minutes entre 137° et 140°. Refroidi à la tempéra-
ture du laboratoire. Germination le 25. Résultat : 64 sur 99, soit
64 p. 100. — 4° lot : maintenu ro minutes entre 137° et 14o°,
puis poussé jusqu'à 10°. Germination : o. — 5° lot : maintenu
entre 148° et 150° pendant 5 minutes. Germination : o. — 6° lot :
comme le 5° lot, puis refroidi dans l’étuve. Germination : o.
Des troubles de la croissance se manifestaient dans l’état ulté-
rieur des plantules d'Helianthus : nous les décrirons plus tard.
Dans les graines non décortiquées, tout se passait comme si la
radicule n'avait pas la force nécessaire pour percer l'enveloppe
de la graine.
Nous n'avons pas retrouvé ces anomalies chez le Colza.
Un accident de notre appareillage nous a obligé d'interrompre
momentanément ces recherches qui, jusqu’à présent, confirment
pleinement les résultats si intéressants de E. Gain.
PRÉSENCE DE Spirochæta icterohemorragiæ cHez LES RATS
DE BORDEAUX,
par R. Sicaras et R. Prror.
Ea présence de spirochétose ictérohémorragique chez les Rats
a été signalée en France et à l'étranger, dans de nombreuses
villes, et tout récemment encore, Noc la retrouvait à Dakar,
Wilson G. Smilie à Sao-Paulo, Carrieu et Sollier à Montpellier,
Pereira da Silva à Lisbonne. L’un de nous (1) a déjà entrepris,
depuis le mois de décembre 1919, de la rechercher systématique-
ment sur les Rats de Bordeaux. Ces recherches sont restées long-
temps infruetueuses et ce n’est qu'à partir de mars 1922 que
nous avons eu l’occasion de constater deux cas très nets que
nous nous proposons de relater ici.
Technique. La technique suivie est celle indiquée par Martin
et Pettit (2) et qui consiste à injecter au Cobaye, animal parti-
culièrement sensible à la maladie, des fragments d'organes (foie,
rein, surrénales) des Rats présumés contaminés, après trituration
et dilution dans du sérum physiologique. Nous ne saurions trop
insister sur la nécessité de procéder à toutes ces opérations et
manipulations d’une manière absolument aseptique. Nous n'em-
ployons que du matériel soigneusement stérilisé, et nous opérons
(x) R. Sigalas. Le Rat, réservoir de virus. Thèse de Bordeaux, 1920.
(2) Martin et Pettit. Spirochétose ictérohémorragique. Paris, 1919, pp. 9g-ror.
196 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (16)
avec un soin chirurgical ; le Cobaye, en effet, est un animal
très sensible à la plupart des germes microbiens et les statistiques
établies sont faussées si ces précautions ne sont pas prises.
En ce qui concerne le diagnostic bactériologique de l'affection,
nous avons tablé sur des frottis colorés par la méthode de Fon-
tana-lribondeau. Cette méthode d’ailleurs ne nous a pas toujours
donné des résultats comparables. Nous aimons mieux, pour notre
part, les frottis colorés suivant la technique de E. Renaux et L.
Wilmaers (x), que nous avons légèrement modifiée dans le sens
suivant : insister sur le mordançage au tannin très chaud, sans
arriver à l’ébullition, ce qui n’altère pas les formes des Spiro-
chètes, et colorer très rapidement au Ziehl dilué à 50 p. 100
seulement. Bien entendu, les frottis ont été préalablement lavés
et dégraissés à l’éther (Dubreuilh et Tribondeau).
Matériel d'étude. Les premières observations ont porté sur une
soixantaine de Rats : Mus decumanus et Mus rattus, provenant de
quartiers très différents de Bordeaux : abattoirs, port, marchand
de grains de la rue Leyteire, rue d'Ornano, entrepôt de la Cham-
bre de commerce, rue Mouneyra, rue Saint-Genès, hôpital Saint-
André, hôpital des Enfants, Cenon. Mais, par suite de morts sur-
venues accidentellement, par infections diverses, nous n’en re-
tiendrons que 30 susceptibles de nous fournir des résultats cer-
tains (3 M. raltus et 27 M. decumanus). Or, ces 30 cas étaient
négatifs, lorsque, en mars et avril 1922, dans un lot de 3 Sur-
mulots capturés à l'hopital Saint-André, nous avons pu établir
2 observations nettement positives.
Observation 1. Un Cobaye injecté le 15 mars meurt en 9 jours
dans une hypothermie très accentuée et après réactions fébriles
diverses (nous prenons sa température tous les jours). L'autopsie
est saisissante autant par la teinte jaune safran des muqueuses
que par l'état hémorragique des poumons, des surrénales et
aussi de la face interne de la paroi abdominale. Les organes géni-
taux, les testicules en particulier, sont teintés plus faiblement,
de couleur jaune paille, Cliniquement, on n’a done aucun doute
sur l'infection, cependant la vessie est ponctionnée, aseptique-
ment pour un passage à un autre Cobaye qui meurt en rr jours,
présentant à l’autopsie, des signes très nets de spirochétose icté-
rohémorragique.:Nouveau passage, mais avec très peu d'urine
(cette urine est presque jaune acajou) passage qui, s’il n’échoue,
ne confère au nouveau Cobaye que des réactions infectieuses
temporaires, sans terminaison fatale.
Observation Il. Rat autopsié au début d'avril ; un Cobaye est
(x) Renaux et Wilmaers. C. R. de la Soc: de biol., t. LXXX, 50 janvier 1917,
p-455°
(47) SÉANCE DU 13 JUIN 197
D PO a NA Re pe ar ANUS uses) (Ur
injecté. Il meurt en 13 jours ; aux derniers moments, sa tempé-
rature rectale est au-dessous de 34°. Nous retrouvons, à l’autop-
sie, des lésions typiques et particulièrement un intestin hémorra-
gique d’un bout à l’autre. L'estomac est distendu par des gaz
et du liquide. Les poumons sont réduits à une masse fortement
hémorragique, les surrénales, à la coupe, montrent une sub-
stance médullaire rougeâtre et en bouillie. Nous avons ici réalisé
deux passages en série, et l'infection a évolué, dans le premier
cas, en 14 jours, la seconde fois, en 15. L’autopsie immédiate
nous a révélé des lésions nettes d’ictère et des suffusions sangui-
nes généralisées
Dans ces deux observations, au cours des passages successifs,
nous avons retrouvé le Spirochæta icterohemorragiæ sur nos
frottis de foie, rein, surrénale, urine, et aussi de sang, où nous
avons observé des formes absolument typiques. Nous les avons
retrouvés dans des coupes de ces différents organes après nitra-
tation.
Conclusions Nous sommes en droit d'affirmer que le Spiro-
chæta icterohémorragiæ existe à Bordeaux, du moins chez les
Rats, qui en constituent le réservoir de virus habituel. Notons
spécialement que les seuls cas positifs (2 sur 33 Rats observés
. dans de bonnes conditions) ont été constatés sur des échantillons
de Surmulots provenant de l'hôpital Saint-André.
Cependant, la spirochétose ictérohémorragique semble rare
à Bordeaux : 1° parce que le pourcentage des Rats infectés parmi
tous ceux examinés paraît jusqu'ici peu élevé, bien que les
observations aient porté sur des Rats de provenances diverses (du
port en particulier) et à des saisons différentes ; 2° parce qu'il
n'existe, jusqu'à présent, croyons-nous, aucune observation cli-
nique de spirochétose ictérohémorragique humaine à Bordeaux,
qui ait été contrôlée par le laboratoire.
(Laboratoire de parasitologie de la Faculté de médecine
de Bordeaux).
EXAGÉRATION DE LA TOLÉRANCE AUX HYDRATES DE CARBONE
ET ABSENCE DE RÉÀCTION A L'EXTRAIT DE LOBE POSTÉRIEUR
DE L’HYPOPHYSE CHEZ UNE ACROMÉGALIQUE,
par H. VERGER, CH. Massras et G. AURIAT.
Chez une Femme de 36 ans, présentant depuis 13 ans des
crises épileptiques et une modification acromégalique limitée au
Visage avec hirsutisme, les pieds et les mains restant normaux,
Biorocie. Comptes RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 14
198 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (48)
la radiographie du crâne montre nettement un élargissement de
la selle turcique. Notre malade n’a pas d’ailleurs ni adiposité, ni
augmentation de la taille, ni troubles génitaux, ni polyurie, ni
gIvcosurie.
Nous avons recherché chez elle la tolérance aux hydrates de
carbone en lui faisant absorber des doses croissantes quotidien-
nes de glycose de 100 à 300 gr., en augmentant de 5o gr. par
jour, 6 jours de suite. Or, l'urine n’a jamais contenu de glucose.
Même après injection intramusculaire de 0,20 gr. d'extrait de
lobe postérieur (rétropituitine Carrion), et absorption du repas
hydrocarboné d’épreuve (test de Claude et de Porak), il n'y a
pas eu glycosurie, le pouls n’a pas été modifié, la tension arté-
rielle l’a été à peine (12-8 avant l'injection ; 11-7, 20 minutes
après, puis retour à la valeur antérieure), l'indice oscillométrique
n'a pas changé, la quantité d’urines émises n’a pas été influen-
ee,
En résumé, il s'agit d’un cas complexe de dysfonctionnement
bilobaire de l’hypophyse, se traduisant, pour le lobe antérieur,
par un syndrome acromégalique et, pour le lobe postérieur, par
une tolérance exagérée aux hydrates de carbone et l'absence de
réaction à l'injection d'extrait de ce lobe.
LE SÉRODIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE DANS LE SANG
ET LE LIQUIDE CÉPHALORACHIDIEN AVEC L'ANTIGÈNE DE BESREDKA,
par Cx. Massias.
Depuis notre première note (1) sur cette méthode, nous avons
continué à vérifier les résultats très satisfaisants obtenus avec
le procédé au sérum non chauffé, qui a aussi donné satisfaction
à Goldenberg (2), Lisbonne (3).
Nous répartissons le sérum à la dose de o,r c.c., l’antigène
aux doses de 0,1, 0,2, 0,3, nous faisons plusieurs tubes témoins
avec o,1 de sérum, et nous ajoutons de l’eau physiologique q.s.
pour un volume de 0,4. Nous laissons à l’étuve r heure 30. Pen- «
dant la dernière demi-heure, nous mesurons le pouvoir hémoly- M
tique en ajoutant à o,r de sérum laissé ainsi préalablement une M
heure à l’étuve, des doses croissantes de o,1 à 0,3 et plus d’émul- 4
sions globulaires concentrées de 1/10 ou 1/5 ; nous évitons ainsi «
une trop grande quantité d’eau physiologique que peut favoriser M
) C. AR: de la Soc. de biol./ t.\EXXXN,;Wp. 326.
) C. R. de la Soc. de biol., 28 janvier 1922, p. r92.
) Société de Sc. méd. de Montpellier, 2h mars 1922.
(19) SÉANCE DU 19 JUIN 199
l'hémolyse. Dans les tubes de la réaction et dans un des tubes
témoins, nous ajoutons la dose de globules susceptibles d’être
hémolysés moins o,r c.c. Nous lisons quand, après séjour à
l'étuve, l'hémolyse est totale dans le tube témoin (1).
Nous employons le liquide céphalorachidien à la dose dei
0,8 c.c. par tube.
Aux liquides céphalorachidiens et aux sérums qui n'hémoly-
sent pas, nous ajoutons 0,1 au plus d'un sérum sûrement négatif
et qui apporte le pouvoir hémolytique connu (2).
La réaction est spécifique ; pratiquée chez 60 non tuberculeux,
elle a été négative. Chez 24 syphilitiques à réaction de Wasser-
mann ++ ++, elle a été 2 fois +; 2 fois forte + ++, 17 fois
négative, soit 16 p. 100 des réactions positives.
Notre statistique portant sur des centaines de réactions nous
permet de dire que la réaction est positive dans 92 p. 100 de tu-
berculoses évolutives et actives, et dans 45 à 75 p. 100 des tu-
berculoses lentes, inactives, pleurales, ganglionnaires, osseuses.
Une réaction positive indique une lésion en évolution, elle peut
même la précéder, devenir négative après la fin de la poussée.
Elle permet de rattacher à leur nature tuberculeuse des affec- :
tions à cause occulte, telles que certains rhumatismes, certains
états fébriles, l’érythème noueux, comme nous l’avons vu dans
un cas, Où elle était très positive, la malade n'ayant aucun autre
signe de bacillose.
Elle peut être négative chez les mourants (5 cas), dans des cas
tout au début, dans des cas de lésions discrètes, mais elle ne peut
faire à coup sûr de pronostic, nous l’avons eu 5 fois positive nette
quelques jours avant la mort,
Dans le liquide céphalorachidien, elle n'a été jamais positive
en même temps que le Wassermann. Sur 6 liquides de ménin-
gites tuberculeuses authentiques, une fois elle fut atténuée +,
une fois forte + + +. Dans le sang elle fut atténuée + une fois.
Recherchée au dispensaire, comme nous le faisons, cette réac-
tion permet de surveiller les individus suspects et incite à des
examens répétés. Quelquefois, cependant, trop sensible, elle ne
décèle que des infections bacillaires anciennes et latentes sans
qu'il y ait vraiment encore une maladie tuberculeuse. Intéres-
sante au point de vue scientifique, elle doit toujours être inter-
(x) Thèse de Djouknitch. La réaction de fixation dans la tuberculose (faite
sous notre inspiration), Bordeaux, 1922.
(2) Cette méthode de remplacement de la sensibilisatrice hémolytique du
Lapin, que Mutermilch et Latapie viennent de préconiser (C. R. de la Soc. de
biol., 8 avril 1922), a été indiquée dans The Lancet, 22 janvier 1910, par M. Sa.
brazès et par Eckenstein, et nous l’employons à leur suite depuis longtemps.
200 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (20}-
prétée en tenant compte des autres signes et ne saurait dispenser.
de méthodes habituelles de diagnostic.
INFLUENCE DE LA CONCENTRATION EN GLUCOSE
ET DE L’ALCALINITÉ SUR LA GLYCOLYSE in vitro,
par P. Mauriac et L. SERVANTIE.
Si, comme l'ont fait Lépine, Vandeput, Mme Sieber, on étudie-
la glycolyse produite par une même quantité de sang ou d’or-
gane sur des solutions de glucose de plus en plus concentrées,
on constate quil existe une concentration optima en glucose.
Avec le sang, les résultats sont d’une constance et d’une net-
teté remarquables. Tels sont ceux d’une de nos expériences :
0,3 c.c. de sang de Lapin rendu incoagulable par addition de-
1/10 de son volume de solution de citrate de soude à 3 p. 100,
sont mis en présence de 2 c.c. de solution glucosée à 2 gr., 3 gr.,
4 gr., 5 gr. p. 1.000 ; le mélange est laissé 6 heures à l’étuve et.
16 heures à la glacicre, après quoi on dose le sucre.
Glucose
RE : Perte Perte .
Mulrenwus [Initial Final réelle p-100
Solution à 2 p. 1000 h,10 2,87 1,23 30
— AE 6,70 3,92 2,78 hx
— h — 8,94 6,27 2,33 26
— 5 — 10,50 8,74 1,70 16
Avec les organes, en utilisant pour la glycolyse la même mé-
thode, les variations obtenues n'ont pas la même régularité
qu'avec le sang.
Poumon :
1,79 6,92 2,72 h,20 60
2,4 10,16 3,80 6,36 G
3.63 14,52 10,08 A 30
4,42 17,68 11,90 6,32 36
Testicule :
1,79 6,92 3,21 3,08 53
4,42 15,68 12,0/ 5,64 31
Poumon:
3,0 12 4,32 7,68 64
6 2/ 20,40 , 3,60 15
Conclusions. Pour l'étude de la glycolyse in vitro, le titre de M
la solution de glucose est un facteur important qui commande,
pour une part, le degré de la glycolyse. Pour le sang et pour les.
organes, l’étude des pertes réelles en sucre montre que, dans les M
(21) SÉANCE DU 13 JUIN 201
conditions d'expérience, la glycolyÿse n'est pas toujours propor-
tionnelle à la quantité de glucose.
L'étude de la glycolyse, en ne tenant compte que des pertes
p. 100 donne une courbe à maximum correspondant à un opti-
mum de concentration, environ 3 gr. p. 1.000.
Action de l’alcalinité. En faisant varier les taux d’alcalinité des
solutions utilisées pour la glycolyse in vitro Pa 7 à Pa 9, en nous
servant de la méthode des indicateurs colorés de Clark et Lubs,
nous avons trouvé que la réaction optima se trouvait aux envi-
rons de Px &.
NoPx Glycolyse Pa Glycolyse
730 29 7,4 34,5
7,4 32 7,8 37,9
7,8 33,5 8,2 40,5
8,2 37,9 8.6 30
8,6 27 9,0 29
9,0 25,5
Nos résultats pour la glycolyse in vitro, sont comparables aux
recherches de Rona et Wilenko sur la consommation du sucre
par le cœur en fonction des réactions du liquide de circulation
arüficielle.
(Laboratoire des Services hospitaliers).
POLYGRAPHE CLINIQUE UNIVERSEL,
par R. FABRE.
Le polygraphe clinique que nous présentons est essentielle-
ment constitué par un mouvement d’horlogerie — muni d’un
régulateur de Pickering — actionnant un cylindre enregistreur
(modèle de Marey, 25 cm. de longueur sur 13 cm. de diamètre).
_ Un dispositif particulier de poulies de transmission permet d’ob-
tenir, avec un sens unique de rotation du cylindre, des vitesses
. comprises entre 6 mm. et 60 cm. à la seconde.
La manœuvre du frein du régulateur permet, en outre, d’ob-
tenir toutes les vitesses intermédiaires entre les vitesses maxi-
mum et minimum.
Cet enregistreur à cylindre est contenu dans un coffret de bois
dans lequel ont été prévus des compartiments permettant de
loger toute l’instrumentation physiologique courante nécessaire
à l'exploration cardiovasculaire chez l'Homme et, d’une manière
plus générale, à l'exploration physiologique graphique (cardio-
graphe, explorateur jugulaire, capsule oscillographique, oscillo-
202 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (22)
mètre, pneumographe, myographe, tambours, chronographe,
pieds, supports, cuvette, vernis, etc...). Le couvercle du coffret
présente un double fond où sont placées des feuilles de papier
blanc ou enfumé.
Nous avons systématiquement adopté l'inscription curviligne
sur cylindre enfumé à l’aide des tambours de Chauveau-Marey,
munis de styles de paille légers, de préférence à l'inscription rec-
tiligne avec styles métalliques, pendulaires et verticaux, car ceux-
ci, soumis au contrôle de l'épreuve classique de Donders, don-
nent des tracés présentant des modifications morphologiques
relativement importantes et imputables à leur inertie.
(Laboratoire de physiologie du P' Pachon).:
(23) SÉANCE DU Î3 JUIN 203
‘RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA PH\SIOLOGIE
DE L'OPHTALMOTONUS,
par BONNEFON.
Mes recherches antérieures sur l'ophtalmomalacie ont mis en
relief deux faits importants
I) L’élimination trans-sclérale d’une partie de l'humeur
aqueuse, sous l'effet d’une pression prolongée.
IT) La reconstitution lente de la charge liquide éliminée, lors-
que la pression cesse.
De nouveaux documents expérimentaux, joints aux précédents,
me permettent de préciser l’importance de deux phénomènes es-
sentiels actuellement méconnus ou mal interprétés
1) Le rôle de la sclérotique comme régulateur statique de l’oph-
talmotonus.
Il) Le rôle de la contraction musculaire comme agent dyna-
mique de l'élimination et secondairement de la sécrétion de l’hu-
meur aqueuse.
Documents expérimentaux. 1° Ophtalmomalacie. L'étude de
nos graphiques prouve que la courbe de récupération du tonus,
pour l'œil de Lapin comprimé jusqu'à hypotonie maxima, a un
profil constant : l’ascension, rapide au début, se ralentit progres-
sivement pour mourir en plateau quand la tension initiale est
atteinte. Sur un œil réduit à l’ophtalmomalacie par une pression
prolongée de 150 gr., il suffit d’une pression de 25 gr. pour ar-
rèter l’ascension du tonus. Sur un œil vidé de son humeur
aqueuse par ponction, la courbe de récupération du tonus est
bien différente : ascension rapide et soutenue, qui atteint et dé-
passe le niveau de la tension normale pour s’étaler en un plateau
_d'hypertonie et redescendre ensuite. L'analyse chimique a, de-
puis longtemps, démontré que, dans ce dernier cas, le liquide
récupéré est non de l’humeur aqueuse, mais du plasma.
Ces faits permettent d'apprécier la différence fondamentale
existant entre la dialyse du plasma et la sécrétion de l’humeur
aqueuse. Celle-ci est une élaboration cellulaire lente, celle-là un
trouble mécanique. De très faibles oscillations de tension suffi-
sent à déclencher le courant d'élimination et son antagoniste
immédiat, le courant de sécrétion. Mais, à l’état statique, la ten-
sion oculaire physiologique représente un état d'équilibre par-
fait ; il n’y a pas de courant d'humeur aqueuse.
2° Effets vasculaires et sécrétoires de la strangulation sur
l’ophtalmotonus. Exp. I. Le tonomètre placé sur la cornée du
Lapin marque 28-30. Un gros drain de caoutchouc est passé au-
204 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (24)
tour du cou de l'animal et à un signal, un aide serre brusque-
ment. L'aiguille du tonomètre choit immédiatement à 14 (tension
agonique). Le lien est relâché : l'aiguille remonte aussitôt à 28.
L'animal n’a pas bougé ; durée de l'expérience : 4 secondes.
Exp. 11. Mème dispositif. Quand après strangulation, l’aiguille
du tonomètre est descendue à 14, la striction, au lieu d’être relä-
chée, est maintenue. Aussitôt, l'animal, en état d’asphyxie, se
convulse, l’orbiculaire et la clignotanie se contracteni spasmodi-
quement, en même temps que le globe s'exorbite légèrement. A
la dixième seconde, la striction est relâchée. Le tonomètre remis
en place marque 22, au lieu de 28-30. Il faut plus de 4 minutes
pour que la tension remonte à son taux initial.
Déplétion et réplétion sanguines sont, de toute évidence, la
cause des variations brusques de l’ophtalmotonus dans les deux
cas. L’hypotonie observée dans l'expérience 2 doit être rapportée
aux contractions musculaires violentes et à l'exophtalmie qui ont
provoqué l'issue par compression d’une certaine quantité d'hu-
meur aqueuse. La courbe de récupération a le profil et la lenteur
qui caractérisent la sécrétion d’une humeur aqueuse normale.
Cette interprétation est vérifiée par les expériences suivantes.
3°) Effets hiypolenseurs du blépharospasme chez l'Homme. Au-
10- observation. Un aide, très au courant de la tonométrie et nul-
lement de mes recherches, mesure ma tension et trouve 26-28.
Pendant une minute, je contracte violemment les orbiculaires,
par saccades ininterrompues, déterminant des phosphènes. La
tension oculaire prise au cours de la minute qui suit indique
19-20, soit une chule de 7-9. La récupération du tonus normal
exige cinq minutes. Une expérience de contrôle, pratiquée par
moi sur mon aide, a donné des résultats identiques.
L'action hypertensive de la contraction musculaire affirmée
par certains (expériences de Levinsohn, Wessely et Lederer) est
une erreur d'interprétation. La pesée du muscle sur la coque
élastique produit, tout comme une pesée instrumentale, une hy-
pertension passagère qui provoque l'élimination d'une certaine
quanr..e d'humeur aqueuse, d’où hypotension secondaire qui
déclenche à son tour la sécrétion.
Ainsi, l'expérimentation donne une image grossie, mais exacte,
des phénomènes physiologiques : perméabilité sclérale, varia-
tions dynamiques de très faible amplitude, assurant le renou-
vellement lent et intermittent de l'humeur aqueuse, sont les
équivalents physiologiques des hyperéliminations compressives
et des hypersécrétions de détente obtenues sur l'animal. …
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grâce à sa composition rationnelle et constante, la médication basée sur ces
trois agents thérapeutiques. Elle doit toujours être employee de préférence auæ
associations de glycérophosphate de soude et cacodylate de strychnine qui ne
contiennent qu'une quantité infinitésimale d'acide cacodylique et ne
‘doivent pas être comptées comme arsenicales.
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
nee man mens came RU de me + |
SÉANCE DU 24 JUIN
ATHANASIU (1.) : Présentation
de documents concernant l’éner-
mn
1922
SOMMAIRE
LaErRMITTE (J.) et DÉévé (F.) :
La sclérose collagène sous-épen-
gie nerveuse motrice .......... 223 | dymaire dans un cas d’échino-
Bouveyron (A:) : Action de coccose cérébrale intraventricu-
réactifs précipitants sur la tu- TARA ne ME 226
Learn M Os AMAR SR 230 MESTREZAT (W.), Girarp (P.)
Camus (L.) et Gzey (E.) : Ac- et Morax (V.) : Recherches expé-
tion coagulante du liquide pros- rimentales sur la perméabilité
tatique de la Viscache sur le cellulaire aux ions. La perméa-
contenu des vésicules séminales. 207 | bilité de la cornée est une per-
Carnor (H.) et Laucter (H.) : méabilité ionique élective ...... 297
Anesthésie et réflexe linguo- Mozrriarr (M.) : Influence de
raies MEN 215 | la nutrition azotée sur l’acidité
Carnor (P.) et RaTHEeRrY (F.) : des plantes supérieures ........ 221
La sécrétion de l’urée, du chlo- Mozrrarn (M.) Recherches
rure de sodium et du glucose calorimétriques sur l’utilisation
au cours des perfusions rénales. 233 | de l’énergie respiratoire au cours
Ficuer (M.) : Sur l’emploi des du développement d’une culture
sérums thérapeutiques périmés de Sterigmatocystis nigra ...... 219
pour la préparation des milieux Panisset (L.) et Verge (J.) :
dé CHUTES MINIER EERERS 209 | La toxicité du citrate de soude
Fournier (L.), Levapiri (C.) et chez les animaux.......... Mo
SCHWARTZ (A.) : Du vanadium Roussy (G.), Lasorne S.), Le-
dans la syphilis expérimentale ROUX (R.) et PEyre (Ed.) : Sur
du Lapin et dans la syphilis les modifications sanguines au
ane RUE us ait 231 | cours du traitement du cancer
GARRELON (L.), SANTENOISE (D). du col de l'utérus par les ra-
et Tauizcanr (R.) : Choc pepto- ; DOTE DC EUAQT A AN OR AEE EE 215
on DIN". 1 Ne « 290 A Û . ë
ne ne LR RENUR Réunion biologique de Strasbourg.
(S.) : Glande thyroïde et sensibi- ARoON (M.) : Définition et clas-
lité des animaux tuberculeux sification des caractères sexuels
envers la tuberculine .......... 210 des Urodeles. MALTE SO ont
Lanreyr (F.) : Sur le début ARON (M.) : Condition de for-
pluricentrique de certaines tu- mation et d’action de l’harmo-
BUS AÉAROEMEMANRE RRREREER 238 | zone testiculaire chez les Uro-
Brococre. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 15
ALES PP EE Sue
BeckERICH (A.) et FERRY (re ):
À propos du procès-verbal......
BEzczocQ (Ph.) Orientation
des canaux demi-circulaires chez
l’enfant nouveau-né, par rap-
port aux trois plans perpendicu-
laires de N Modifications
ultérieures. Ge
FontEs (Gi ): Procédé de carac-
térisation spécifique de la ma-
tière colorante du sang dans
l’urine
Ress (P.) : L'appareil de Gol-
. gi dans les cellules glandulaires
de l’hypophyse. Polarité .fonc-
tionnelle et cycle secrétoire.....
SARTORY (A.) et Barczy (P.):
Action combinée de l'agitation
et du sulfate de thorium sur
l’Aspergillus fumigatus . L
STROHL (A.) : Sur l'efficacité
des courants à échelons ; réponse
SMÉMRAUEICRS PNR APPARUE
WRINGER (PB.) : La perméabi-
lité intestinale pour le saccha-
rose ; influence de la concentra-
LR TON TN SA LA ee AOLPRR VS
ss...
es... , ee
218
242
257
24h |
Réunion roumaine de biologie.
_CanNTAGUZÈNE (J.) : Réactions
d’immunité chez Sipunculus nu-
dus, vacciné contre une Bactérie.
CanTAGUZÈNE (J.): Sur le rôle
agolutinant des urnes chez Si-
DUTLCULA SUIS PEER PAPER
CANTAGUZÈNE (J.) : Sur le sort
ultérieur des urnes chez Sipun-
culus nudus au cours de l’in-
fection et de l’immunisation...
CrurEea (1.): Sur quelques Tré-
matodes du Renard et du Chat
SAV AO PO SL d'a Aa
Gusorcæu ([.) : Une Pasteu-
relle pathogène pour les Rats...
Léon (N.) et CrureA (I.)
Un nouvel Echinostome chez
MaRiINEsCo (G.) et Tupa (A.) :
Recherches histo-
sur les mitochondries.......
NasTa (M) : . Contribution à
l’étude de l’action du B. histoly-
LCUS SUTITES ISSN AAA
Norca : L ne Cher l’a-
phasique sensoriel,
264
259
. rivent. Filiation
Réunion biologique de Lille.
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Noica : La perception auditive
et la perception visuelle. ....
Noica: Les onomatopées et le
langage des enfants. Les gestes .
Norca = /Surlapraxie "nee
OBreGiA (A.) : Sur les halluci-
nations dans la phase paranoïde
de la paralysie générale........
RiEGLerR (E.) : Dosage chrono-
métrique de l’acide urique .....
Rieczer (E.) : La recherche et
le dosage de l'acide acétylacé-
DIQUE ARCS ARE TERRE RER ie
Zorra (G.) : Les leucocytes du
sang de Carausius morosus. Les
HNASIOCVES 3 0 000000002000000000
ZortTA (G.) : Les leucocytes du
sang de Carausius morosus. Leu-
cocytes fusiformes et cellules
ADDANENIÉSS cos 0 600 doudouoc
ZotTra (G.) : Leucocytes du
sang de Carausius morosus. Pro-
leucocyte et cellules qui en dé-
Durxorr (A.) et GERNEZ (Ch.) :
Essai de classification des Bacte-
TUUUNGOLL ANNEE RER AR
Maice (A.) :
nature des substances organiques
sur la formation de l’amidon
dans les cellules végétales . .....
WERTUEIMER (E.) et Dugois
(Ch.) : Surrénales et épilepsie
Corticale er RAIETAE De INRA
Influence de la.
309
301
Réunion biologique de Marseille.
ALezaIs et PEyronN : Sur les
dispositifs de soutien du tissu
chordal dans les tumeurs et sur
leurs homologies 2007500000
Hovasse (R.) propos de
l'activation parthénogénétique
des œufs de Grenouille en mi-
lieu hypotonique
Hovasse (R.) : Différences de
propriétés histochimiques entre
l’hétéro-chromosome et les au-
tres chromosornes de Gryllus do-
MESTTCUS 2 NN SRE NRA
RayBauD (L.) : Des matières
humiques ou pseudo-humiques
dubmarcidelcaie ERIC PTE
Raysaup (L.) : Influence du
sulfate de calcium sur l’Asper-
gillus
307
4
14
*
|
1
ÿ
LS
er 7
SÉANCE DU 24 JUIN 207
Présidence de M. G. Bohn, vice-président.
PRÉSENTATION D'OUVRAGE.
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. — Au nom de l’auteur, j'ai l’hon-
neur d'offrir à la Société : L.-G. Seurat. Faune des eaux conti:
nentales de la Berbérie, x vol., in-8°, 66 pages, publications de
l'Université d'Alger, 1925.
ACTION COAGULANTE DU LIQUIDE PROSTATIQUE DE LA VISCACHE
SUR LE CONTENU DES VÉSICULES SÉMINALES,
par L. Camus et E. GLEYy.
Grâce à l'obligeance du P° B.-A. Houssay (de l'Université de
Buenos-Aires), nous avons reçu de l'Argentine quatre exemplai-
. res mâles d’un Lagostomidé qui y est assez fréquent (Viscacia
viscacia). Sur trois de ces animaux, nous avons recueilli Îles
sécrétions des glandes génitales accessoires et avec ces liquides
nous avons reproduit les réactions que l’on observe quand on
met en contact le liquide prostatique avec le contenu des vési-
cules séminales de divers Rongeurs (r). Voici ces expériences.
Viscache n° 1. Au laboratoire depuis quinze jours. P—
3,920 kgr. À l'ouverture de la cavité abdominale, les. vésicuies
séminales apparaissent pelotonnées sur elles-mêmes et remplies
d'un liquide blanc laiteux. Prostate peu gonflée. Au moyen
d'une fine pipette de verre, on retire de la prostate quelques
souttelettes de liquide.
Une gouttelette de cette sécrétion mise dans un verre de monr-
tre au contact d’une grosse goutte de liquide vésiculaire déter-
mine d’abord la prise en gelée ou en bouillie très épaisse de ce
liquide, puis un durcissement en quelques minutes et sa trans-
formation en une sorte de cire.
D'une glande de Cooper du même animal (glande du volume
d'une petite noisette) on obtient un peu de liquide transparent
et visqueux dont on fait agir une goutitelelte sur du liquide
vésiculaire : le mélange devient filamenteux ; cette formation
de filaments augmente, mais il n’y a pas coagulation.
(1) Voir nos recherches antérieures dans les C. R. de lu Soc. de biol.,
1896, 1897, 1809 et 1900, et dans les C. R. de l’Acad. des se., 1896, 1899,
1000.
208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Sur le liquide prostatique, ce liquide coopérien n’a pas d’ac-
tion.
Viscache n° 2. Au laboratoire depuis vingt jours. P—
5,800 kgr.
Vésicules séminales longues de 25 em., contenant un liquide
blanc laiteux. Prostate gonflée de liquide. |
Le coagulum produit par l’action du liquide prostatique sur le
liquide vésiculaire est compact en 6 ou 8 minutes, puis blanchit.
Pas d'action du liquide coopérien.
Viscache n° 3. Au laboratoire depuis deux mois. P —5,300 kgr.
Les glandes génitales sont plus volumineuses que celles des ani-
maux précédents.
Poids du testicule gauche— r2 gr.; des deux vésicules sémi-
nales (gonflées et pleines de liquide) —21 gr.; de la prostate
gonflée et remplie de liquide) —5,19 gr.; d'une glande de Coo-
nero ge (ui)
Nous essayons l’action de la vésiculase (ferment du suc pros-
tatique) de la Viscache sur la vésiculine (contenu vésiculaire)
d’un Cobaye (Cobaye de 812 gr., tué par l’éther) : en 8 minutes
il se forme un coagulum, mais incomplet et qui reste translu-
cide ; ce coagulum était encore mou ro minutes plus tard. Au
contraire, la vésiculase du Cobaye forme avec la vésiculine de
la Viscache un mélange visqueux en une minute, mélange qui
se durcit en 7 à 8 minutes (2).
Le liquide de Cooper de la Viscache est sans action nette sur
le liquide prostatique du Cobaye, sous cette réserve que nous
n'avons eu, pour opérer cette réaction, qu'une très petite quan-
tité de liquide de Cooper.
Action de la chaleur sur le ferment prostatique. Le liquide
prostatique chauffé pendant ro minutes à 60° conserve toute
son activité : chauffé pendant le même laps de temps à 7o°, ül
se coagule, mais de ce coagulum on peut extraire par pression
un peu de liquide qui, mélangé à de la « vésiculine », la trans-
forme en bouillie épaisse un peu plus lentement que du suc
prostatique témoin ; la coagulation définitive met aussi plus
(x) Sur une autre Viscache (au laboratoire depuis trois mois), du poids de
3,500 kgr. , chaque testicule pesait 6 gr. ; la prostate pesait 7,50 gr. ; la vé-
sicule séminale droite 9 gr. et la gauche avait le même poids ; elles mesu-
raient l’une 52 cm. de long et l’autre 54 ; enfin, la glande de Cooper, du côté
droit, pesait 1,05 gr., et celle du côté gauche 1,02 gr.
(2) Faute de matériel, nous n'avons pu poursuivre cette étude de l’action
réciproque des deux ferments, celui du Cobaye et celui de la Viscache. Re-
cherche intéressante pourtant, puisque, d’après les essais relatés ci-dessus,
les deux ferments ne paraissent pas interchangeables au même degré, comme
nous l’avons vu autrefois pour les sucs prostatiques du Cobaye, du Rat, de la
Souris, etc.
LC E Land:
“l Ce Mn hs
APRES Ste
_
&
RE
SÉANCE DU 24 JUIN [ 209
longtemps à se produire, à peu près ie double de temps. Chauïfé
ro minutes à 79°, il ne détermine plus que la transformation
tardive du liquide vésiculaire en une bouillie qui ne s’épaissit
que très lentement (plus d’une heure) et qui ne s'organise pas
en un coagulum.
Conclusions. Le liquide prostatique de la Viscache agit sur le
liquide des vésicules séminales de cet animal de la même ma.
nière que le liquide prostatique du Cobaye sur le contenu vési-
culaire du Cobaye. Son action cependant est moins rapide et
peut-être moins énergique, phénomènes dus, sans doute, à une
moindre activité du ferment prostatique ou à la présence, dans
la sécrétion de la prostate, d’une quantité moindre de ferment.
La température de destruction du ferment paraît être de 75°.
SUR L'EMPLOI DES SÉRUMS THÉRAPEUTIQUES PÉRIMÉS
POUR LA PRÉPARATION DES MILIEUX DE CULTURE,
par M. Ficuer.
Le sérum de Bœuf ou de Cheval nécessaire à la culture du
Bacille diphtérique n'est pas toujours aisé à récolter à l’abattoir
avec les garanties de pureté suffisantes. D'autre part, il y a des
germes, comme le Méningocoque, qui réclament pour leurs
milieux de culture du liquide d’ascite parfois difficile à se pro-
curer. C'est mème là le motif qui a déterminé Legroux à pré-
parer son ascite-sérum formolé et dilué ; et Sacquépée et Delater,
leur milieu au blanc d'œuf.
Nous nous sommes adressé très simplement, soit pendant la
guerre, au laboratoire de Corfou, soit en France, aux sérums
thérapeutiques de l’Institut Pasteur, périmés par l’âge et avec
lesquels on est toujours assuré d’avoir sous la main une pro-
vision fractionnée de milieu parfaitement stérile. Qu'on le dilue
au 1/3 et le formolise comme Legroux, ou qu’on le coagule au
bain-marie, les résultats sont excellents.
Malgré que Ph. Pagniez et Pasteur Vallery-Radot (1) aient
démontré la possibilité pour les Bacilles typhique et paratyphi-
que de pousser indifférement sur les sérums humains coagulés,
qu'ils proviennent d'individus normaux, de vaccinés ou de ma-
lades atteints d’affections du groupe thyphoïdique, nous nous
sommes abstenu systématiquement d'employer pour la culture
du bacille diphtérique du sérum antidiphtérique, bien que ce-
(x) C. R. de la Soc. de biol., 17 février 1917.
910 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
lui-ci soit surtout antitoxique,et pour le Méningocoque du sé-
rum antiméningococcique puisqu'il est antimicrobien.
“ous ces réserves, tous les sérums thérapeutiques sont utili-
sables. Ils peuvent également rendre des services dans la prépa-
ration du milieu de Costa et Troisier pour le dépistage des por-
teurs de germes diphtériques.
Il y a là une ressource précieuse pour les laboratoires des for-
mations isolées, soit en France, soit en campagne ou aux colc-
nies. [l est possible que d’autres y aient songé ; en tout cas, nous.
n'avons trouvé mention nulle part de cette utilisation. |
Ajoutons à cette occasion que nous avons aussi employé dans
‘le même but le sérum humain, syphilitique ou non, provenant |
des prises de sang pour Wassermann, avec des résuliats aussi
satisfaisants, mais il se prête moins bien à l’isclement du Bacille
diphtérique, dont les colonies sont moins visibles et moins |
faciles à différencier des autres germes. Toutefois, après isole-
ment, le Bacille diphtérique y pousse parfaitement. |
GLANDE THYROÏDE ET SENSIBILITÉ DES ANIMAUX TUBERCULEUX
ENVERS ELA TUBERCULINE, k
par Léon Keriow et S. METALNIKOW. !
Le rôle de la glande thyroïde dans le phénomène de l'anaphv-
laxie a déjà été étudié par l’un de nous, en collaboration avec A. à
Lanzenberg (1), en ce qui concerne la séro-anaphylaxie. Dans #
le. présent travail, nous nous sommes proposé d'étudier ce rôt: Ÿ
plus en détail, en considérant l’action de la glande thyroïde 1
dans un autre phénomène touchant de près à l’anaphylaxie : ia
réaction thermique d'un organisme infecté de Bacilles tubercu-
leux à une injection de tuberculine.
Nous nous sonimes demandé si des Cobayes éthyroïdés et in-
fectés de tuberculose se montreraient capables de réagir par une
élévation de température à l'injection de tuberculine, comme le
fünt les Cobaves tuberculeux à glande thyroïde intacte.
Pour répondre à cette question, nous avons organisé plusieurs
séries d'expériences ; voici, à titre d'exemple, une de ces séries :
h Cobayes éthyroïdés et 4 animaux de contrôle, intacts, ont
reçu, huit jours après l'opération, en injection sous-cutanée,
une suspension d'une culture irès virulente de Bacilles tubercu-
(x) A. Lanzenberg et L. Képinow. Glande thyroïde et anaphylaxie. C. R.
de la Soc. de biol., t. LXXXVI, 28 janvier 1922, p. 204. L. Képinow et
A. Lanzenberg. Glande thyroïde et anaphylaxie. Ibid., 6 mai 1922, p. 906.
SÉANCE DU 24 JUIN 211
D pu ue LR Vi 2e MUR OR © ee
leux dans la solution physiologique (1/20 mgr.). Un mois plus
tard, les 8 Cobayes ont reçu, après que leur température eût été
prise au préalable, une injection sous-cutanée de tuberculine à
dose mortelle et non mortelle ; leur température a été prise
avant l'injection et était mesurée ensuite régulièrement d'heure
en heure. Le tableau ci-dessous donne les résultats de ces expé-
riences.
Toavantl'in- Quantiléde Toaprèsl'in-
jection de - tuberculine jectionde 2h. 3 h. Observa-
Nombre d'animaux tubercuiine injectée tuberculine après après tions
Cobaye 1. 405 gr. 3808 2 D C:-C- 3909 4003 3908
pal 9. 450gr. ‘3807 2,73 c.c. 4008 305 399 Mort.
te — 3. 450 gr. 3905 1HRN CC: 2008 4103 4102 Vivant.
: __ 4. 450gr. 388 2,7 ce. 4002 004 395 Mort.
Cobaye 1. 553 gr. 3809 3.3 c.c. 3902 3003 3904 Vivant.
Cobayes — 2 — 3800 3,0 c.c. 3706 3805 3704 Mort.
éthyroïdés — 3 315 gr. 3801 2,20 C-C- 3804 3806 3806 Mor1.
— 4. 360 gr. 3901 1 CAC 3900 3807 390 Vivant.
Cobaye \
£thyroïdé mais Cobaye 1. 380 gr. 3806 1 @@ 3806 3803 3808 Vivant.
non infecté l ;
Cobeye | } Gobayet. %0gr. 8707 3 ec. 3707 367 378 Vivant.
normal eu j
Ce tableau nous montre que, tandis que les animaux de con-
trôle ont tous réagi à l'injection de tuberculine par une éléva-
tion de température notable, de :°5 au minimum à 1°8 au maxi-
mum, aucun des animaux éthyroïdés n’a montré d’élévation de
température appréciable : le maximum observé a été de 0°6 ; un
animal (n° 4) n’a pas réagi du tout. Fait remarquable : à côté
de cette sensibilité si inégale que montrent les Cobayes opérés
et non opérés lorsqu'il s’agit de la réaction thermique, leur
réaction à l'égard de la tuberculine comme poison reste absolu-
ment identique : les uns comme les autres ont succombé à l’in-
jection de la dose mortelle, sans montrer aucune différence. Ce
fait ne nous indique-t-il pas que nous avons affaire ici à deux
phénomènes dissociés : l’un qu'on pourrait, d’après son carac-
ière, classer parmi les faits d’anaphylaxie, et qui paraît lié à
l'intégrité de la fonction thyroïdienne ; l’autre, de caractère
purement toxique et qui, comme nos expériences le montrent,
n’a aucun rapport avec cette fonction ?
En partant de cette analogie entre la sensibilité thermique des
animaux tuberculeux vis-à-vis de la tuberculine et le choc ana-
phylactique dans la séro-anaphylaxie, nous nous sommes de-
mandé s’il ne serait pas possible de communiquer d’une façon
passive à des Cobayes neufs cette sensibilité thermique vis-à-vis
de la tuberculine, en leur injectant du sérum de Cobayes tuber-
culeux et si les Cobayes éthyroïdés se montreraient, dans ces
conditions, incapables de la réaction thermique à la suite d’une
injection de tuberculine.
212 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Voici les résultats d’une expérience faite pour répondre à
cette question
Huit Cobayes, 4 éthyroïdés et 4 intacts, sont infectés en même
temps de Bacilles tuberculeux, par injection sous-cutanée. Leur
sérum est injecté dans la cavité abdominale de Cobayes neufs
h animaux reçoivent du sérum d’animaux éthyroïdés, à la dose
de 5 à 6 c.c. chaque ; 4 autres, du sérum d'animaux intacts, à
la même dose.
Les résultats sont indiqués dans la table ci-dessous
Toavant l’in- Quantité de T°une heure
F jecliou de tuberculine après 2 h. 5 h. % h. Obser-
Nombre de Cobayes tuberculine injectée injection après après après valions
Cobaesinje ce A GGbaye 3804 1 c.c. 3809 4000 3807 3807 Vivant.
LS de seui EEE 3809 1,2c.c. 3806 3908 4000 2809 Vivant.
otre co A AT ice 3803 3803 3907 368 Vivant.
tuberculeux : 3804 2,5c.c. 3600 3901 3903 4000 Vivant.
non éthyroïdés :
Cobayes Injetel) Gobaye 1. 3803 2 ee. 3801 3602 388 38 Vivant.
ÉD SENTE) 3808 1 ce 3802 384 308 3807 Vivant.
d'animaux : — & 3803 1 c.c. : 800 3806 3803 364 Vivani.
tubereuleux Pa 3803 2,5c.e. 3801 3508 3807 3808 Vivant.
* éthyroïdés j ;
Cette table nous montre que les Cobayes injectés de sérum
d'animaux tuberculeux non éthyroïdés ont tous réagi à l’injec-
tion de la tuberculine par une forte élévation de température, se
produisant 2 à 4 heures après l'injection et allant de 1°r à 1°6.
Les Cobayes injectés de sérum d'animaux tuberculeux éthyroï-
dés ne manifestent, par contre, aucune sensibilité thermique à
l'égard de la tuberculine et montrent une température constante
pendant toute la durée des observations. Il est à remarquer
qu'aucun animal n'a succombé lors de ces expériences, bien
qu'on ait injecté à certains d’entre eux une dose nettement mor-
telle de tuberculine ; tous sont actuellement en vie et bien por-
tants. Il est, par conséquent, permis de supposer que le sérum
des animaux tuberculeux non éthyroïdés ne transmet passive-
ment, aux Cobayes neufs, que la sensibilité thermique vis-à-vis
de la tuberculine, tandis que l’action toxique de cette dernière
ne se manifeste pas. Le sérum des animaux tuberculeux éthy-
roïdés n’exerce ni l’une, ni l’autre de ces actions.
En résumant ce qui vient d'être dit, nous arrivons aux con-
clusions suivantes : 1° les animaux éthyroïdés et infectés de
tuberculose ne réagissent pas par l'élévation de température à
l'injection de la tuberculine ; 2° les mêmes animaux conservent
pleinement la sensibilité à l’égard de l’action toxique de la tu-
berculine ; 3° le sérum d’un animal tuberculeux, injecté à un
animal normal, confère passivement à ce dernier l'aptitude à
“réagir par une élévation de température à l'injection de la tuber-
culine ; 4° les animaux injectés de sérum d'animaux tubercu-
PS | POI SE
CES
RTE Le tn De
Hat
SÉANCE DU 24 JUIN 213
leux, tout en présentant la réaction thermique à la tuberculine,
ne succombent pas à des doses fortes de celle-ci ; 5° le sérum
des animaux tuberculeux éthyroïdés ne confère pas passivement
l’aptitude à réagir par une élévation de température à l'injection
de tuberculine.
(Institut Pasteur).
SUR LES MODIFICATIONS SANGUINES AU COURS DU TRAITEMENT
DU CANCER DU COL DE L'UTÉRUS PAR LES RAYONS X ET 7,
par G. Roussy, SIMonxE LaBorne, R. Leroux et En. PEYRE.
Nous avons entrepris l'examen systématique du sang chez un
certain nombre de cancéreux soumis au traitement curiethéra-
pique ou rœntgenthérapique, pour voir sil était possible de
trouver un test biologique susceptible d’être mis en parallèle
avec l’évolution clinique. De ces recherches longues et minu-
tieuses qui nécessitent de multiples examens pour une même
malade, nous ne retenons, pour l'instant, que celles relatives au
cancer du col de l’utérus de façon à envisager des faits compa-
rables, c'est-à-dire des cancers de même organe, de même forme,
et de même nature histologique.
Les faits que nous apportons, quoique encore peu nombreux,
frappent néanmoins par la netteté des résultats obtenus, et
il nous a été possible d'établir 2 types de réactions hématolo-
giques bien distincts suivant que l’évolution clinique se fait de
façon favorable ou défavorable.
Nous devons faire remarquer que chacun des éléments, qu'il
s'agisse du nombre des globules rouges, des globules blancs, du
taux de l’hémoglobine, de la coagulation, de l'index hémolytique,
des résistances globulaires, etc., n’a pas de valeur absolue en lui-
mème ; cette valeur ne s’acquiert que par le rapport de ces diffé-
rents éléments les uns avec les autres. De plus, ces examens héma-
tologiques doivent être renouvelés en série, tous les ro jours par
exemple, et ce n’est que par leur étude comparative dans le temps
qu'ils fournissent des résultats intéressants.
Au point de vue de la technique suivie dans nos examens de
sang, quelques points méritent d'être précisés.
La résistance globulaire est étudiée suivant la technique de
Widal et May, par hypotonie en NaCI avec inscription des graphi-
ques proposés par ces auteurs. On peut, de cette facon, faire le
partage, lots par lots, entre les hématies, des plus résistantes aux
214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
plu fragiles. La sédimentation est appréciée quant à la rapidité de
chute globulaire et quant à l'importance du tassement globulaire
maximum avec calcul du rapport de sédimentation proposé par
l’un de nous. La coagulation est étudiée sur sang citraté suivant la
technique de M. Bloch par adjonction progressive de calcium.
L'index hémolytique enfin (hétérolytique surtout), s'exprime
par le nombre d’hématies de Mouton dont l’hémoglobine se
trouve diffusée sous l’action de 1/10 de c.c. de sérum étudié. Il
est, dans la moyenne des cas normaux, voisin de 1/30 (millions).
Nous n’avons retenu ni l'index autolytique, ni l'index isolytique
qui nous ont paru rester indifférents, mème dans les cas les
plus graves.
Le tableau hématologique correspondant aux cas favorables
est le suivant : la stabilité du nombre des globules rouges ou
l'accroissement progressif ; une leucocytose moyenne, stable ou
en décroissance, une polynucléose autour de 70 p. 100, le re-
tentissement de la thérapeutique restant fugace ; des hémato-
blastes peu nombreux, isolés ; la stabilité ou l’ascension du taux
de l’hémogiobine toujours assez élevé ; la stabilité de la résis-
tance globulaire ou un acheminement vers l’hyporésistance (la
destruction se fait régulière en un grand lot principal); la stabi-
lité de la courbe de sédimentation avec un rapport voisin de :t ;
la stabilité ou l’évolution vers l’hypocoagulabilité avec irré-
tractilité du caillot ; l'index hémolytique enfin, est générale-
ment bien au-dessus de la moyenne (à 1/70), souvent même très
élevé (1/250).
Au contraire, le tableau hématologique correspondant aux cas
défavorables se caractérise par la variabilité du nombre des glo-
bules rouges qui décroît en général (avec altération du stroma
globulaire, inégalité de leur forme et de leur volume, polychro-
matophilie, aspect crénelé, vacuolaire, annelé même); la grande
variabilité du nombre des globules blancs qui constitue une hy-
perleucocytose quelquefois considérable (jusqu’à 100.000) voi-
sinant avec des chutes leucocytaires : c’est alors une réaction
très exagérée du retentissement thérapeutique ainsi qu'en té-
moigne le nombre, souvent très important, des formes jeunes ;
la série myélogène est presque uniquement intéressée (95 p. 100
de polynucléaires quelquefois, sans rapport avec une infection
cliniquement révélée); l’éosinophilie est rare, fugace ou bien
inattendue ; désintégration protoplasmique et nucléaire des leu-
cocytes. Les hématoblastes, souvent en grand nombre, se dis-
posent en groupement et en véritables agglutinafs. Le taux
d’hémoglobine, bas, décroît encore. La variabilité de la résis-
tance globulaire, évoluant généralement vers l’hyper-résistance,
montre une destruction s’opérant par petits lots distincts. La
ex
SÉANCE DU 24 JUIN 21
courbe de sédimentation décroit rapidement el, avec un tasse-
ment très bas, présente un rapport le plus souvent inférieur à r.
La variabilité de la coagulabilité, fréquemment exagérée, pré-
sente un caillot particulièrement rétractile (nous avons indiqué
plus haut le nombre exagéré des hématoblastes). L'index hémo-
lytique enfin, généralement peu élevé, paraît se rapprocher ainsi
du taux normal.
On voit donc que, dans les cas à évolution défavorable, lin-
dex hétérolytique reste bas (au voisinage de 1/30) ou bien, lors-
qu'il est élevé, il tend à baisser au fur et à mesure que s'aggrave
l’état général. |
Au contraire, dans les cas favorables, l’index hémolytique
tend à s'élever. On peut donc se demander si cette propriété hé-
térolytique du sérum des cancéreux ne serait pas à rapprocher
d'un pouvoir réactionnel lytique utile.
En résumé, l'examen du sang paraît fournir un moyen de
prévoir et de suivre les réactions générales de l'organisme au
cours du traitement par les radiations. En effet, il ne faut pas
tenir compte seulement ici des phénomènes de radiosensibilité
et de l’action locale des rayons sur le néoplasme, mais il est
important aussi de connaître la manière dont l'organisme réagit
pour en tirer des déductions pronostiques et des indications
dans le mode de traitement à instituer.
Lorsqu’avant tout traitement la formule hématologique est
défavorable, l’irradiation par les rayons X ou y, pratiquée
avec la technique et les méthodes habituelles, à tendance à
accentuer les troubles généraux. Il y aura donc lieu d’agir avec
prudence ou, peut-être, de modifier le mode habituel de distri-
bution: des doses de rayonnement,
Lorsqu’au contraire, avant tout traitement, la formule héma-
tologique est favorable, l’irradiation peut en amener momenta-
nément l'altération, mais celle-ci est, en général, passagère et
le pronostic reste bon.
ÂNESTHÉSIE ET RÉFLEXE LINGUO-MAXILLAIRE,
par Henry Carpor et Henrr LAUGIER.
Nous avons précédemment attiré l'attention sur un réflexe
non décrit, réflexe linguo-maxillaire, présentant les deux parti-
cularités essentielles suivantes : de disparaître très tardivement
(1) H. Cardot et H. Laugier. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 529,
1922 et C. R. de l’Acad. des sc., t. CLXXIV, p. 1368, 1922.
216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
au cours de l’anesthésie (ultimum reflèx) après les réflexes pa-
tellaire, oculo-palpébral et labio-mentonnier de Dastre, et de
pouvoir être mis en jeu électriquement par une excitation uni-
que. Ce dernier caractère permet une détermination très rapide
du seuil ; la position de ce seuil subit, au cours de l’anesthésie,
des déplacements de grande amplitude qui suivent, de façon
très délicate et très sensible, les progrès ou la disparition de
cette anesthésie.
Seuil
o RUE 20 30 2) cu pe
Fig. 1. Evolution du seuil du réflexe linguo-maxillaire au cours de l’anes-
thésie : 1, chloroforme-alcool intra-veineux ; 2, chloralose ; 5 et 4, chloral-
morphine. En ordonnées, les seuils, en quantité d'électricité ; en abscisses, les
temps. En «a, administration de la solution anesthétique ; en b, sur la courbe 2,
administration d’une seconde dose de chloralose.
Nous avons étudié les déplacements du seuil de ce réflexe au
cours de l’évolution de diverses anesthésies.
Technique. Nous avons utilisé l'appareil d’excitation le plus
courant dans les laboratoires, la bobine d’induction ou chariot
de Du Bois-Reymond. Deux électrodes d'argent sont piquées
dans la pointe de la langue et maintenues en place par une pince
en bois effectuant un serrage modéré ; ces électrodes sont reliées
au circuit secondaire du chariot et l’on recherche pour quelle
distance des bobines l’onde d'ouverture est efficace. Le chariot
est gradué en quantités d'électricité, de sorte que, dans les ex-
périences ci-dessous, le seuil, dont on suit les variations au.
cours de l’anesthésie, est exprimé en quantité liminaire d’élec-
tricité.
SÉANCE DU 24 JUIN 217
Expériences. 1° Anesthésie par la méthode chloral-morphine
en injection intrapéritonéale, suivant le procédé de Charles
Richet (1). ï
Expérience du 13 mai. Chien de 12,5 kgr., préalablement
morphiné (x cgr. par kgr.) et recevant une injection intrapéri-
tonéale de 2 gr. d’hydrate de chloral.
Heures Seuil du réflexe en quantité d’électricilé (onde d'ouverture)
10 h. : injection sous-cutanée de 12 cgr. de chlorhydrate de morphine.
55 43,7
10 h.
10 h. 57 : injection intrapéritonéale de 2 gr. hydrate de chloral.
11 h. 7 96,5
11 h. 4 113,0
11 h. 8 129,9
11 h. 15 148,0
11 h. 22 129,5
1x h. 35 113,0
11 h. 43 96,5
11 hi. 47 113,0
nn 007 96,5
Expérience du 9 mai. Expérience analogue, mais avec dose
de chloral plus forte.
Heures Seuil du réflexe en quantité d'électricité (onde d'ouverture)
10 h. 4o : administration intrapéritonéale de chloral-morphine.
10 h. 45 82
10 h. 48 82
10 h. 49 96,
10 h. h94 113
10 h. 5o 129,5 !
10 h. 57 148
10 h. 55 172
10 h. 56 193
10 h. 59 205,2
11 b. 7 217,b
11 h. 15 193
re 50 148
Lu R=OUT2 172
11 h. 55 tA8
19 h. 5 129,5
12 h. 16 113
12h. 27 06,5
On voit que, sous l'influence du chloral intrapéritonéal, le
seuil du réflexe s'élève considérablement, puis revient lentement
vers la valeur initiale, à mesure que l’anesthésie se dissipe.
2° Anesthésie par le chloralose. Cette étude méritait d'être
(x) Charles Richet. Anesthésie et anesthésiques, in Dictionnaire de physiolo-
He IPN D 15930, 1890-
218 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LE,
faite en raison de l’action bien connue du chloralose sur les
réflexes.
Heures Seuil du réflexe en quantité d'électricité (onde d'ouverture)
(Chien de 12 kgr. préalablement morphiné).
10 h. 12 : injection intraveineuse de 8 décigr. de chloralose.
10 h. 24 37,2
non 27 2022
10 h. 30 20
10 h. 34 37,2
10 h. 36 47,3
10 h. 39 Dr
10 h. 45 69
10 h. 48 : injection intraveineuse de 4 décigr. de chloralose.
10 h. 50 82
10 h. 57 bz
LONN-RD9 69
10 h. 58 Dre
ia In © 43,7
11 h. 16 br
Les déplacements du seuil, sous l'influence du chloralose,
sont donc de bien moindre amplitude que sous l'influence du
chloral. Au début de l’action du chloralose, on observe un abais-
sement net du seuil du réflexe, suivi d'une élévation peu ample.
3° Anesthésie par injection intraveineuse d'une solution d’al-
cool-chloroforme dans NaCI à 0,9 p. 100. Cette solution, sur
l'emploi de laquelle nous reviendrons ultérieurement, permet
d'obtenir une anesthésie rapide, profonde et courte.
Expérience du 16 mai. Chien de 12 kgr. préalablement mor-
phiné. La solution anesthésique employée renferme 3,25 gr. de
chloroforme par litre.
Heures Seuil du réflexe en quantité d'électricité (onde d'ouverture)
10 h. 30 : injection sous-cutanée de 12 gr. chlorhydrate de morphine.
11 h. 24 17,4
11 h. 25 : injection intraveineuse de 60 c.c. de la solution anesthésique.
11 h. 26 | 15,25 ,
11 h. 26 m. 30 sec. 22
11 h. 27 199
11 h. 27 m. 20 sec. 217
17 h. 27 m. lo sec. 263 -
11 h. 28 263
11 h. 29 263
11 h. 29 m. 3 sec. 172
11 h. 30 120,2
11 h. 31 69
11 h. 32 82
11 h. 32 m.80 sec. 69
11 h. 33 m. 30 sec. : 58,5
MU 35) 91,9
11 h. 35 m. 30 sec. 82
11 h. 37 69
en TS
SÉANCE DU 24 JUIN 219
Le graphique ci-joint représente, portés à la même échelle,
les chiffres des expériences précédentes. On voit combien les
variations du seuil sont caractéristiques dans chaque espèce
d’anesthésie.
Il résulte de ces faits que l'étude des variations du réflexe
linguo-maxillaire peut servir à suivre les phases et l’évolution
de l’anesthésie et à en préciser à chaque instant la profondeur
par un chiffre, tout au moins pour les anesthésiques (alcool-
chloroforme, chloral) dont l’action tend à faire disparaître ce
réflexe. Il y a là une méthode facile, d'un emploi simple et com-
mode, qui pourra sans doute rendre des services dans les labo-
ratoires, et peut-être même dans les anesthésies sur l'Homme.
(Laboratoire de physiologie de l’Institut de recherches
biologiques de Sèvres).
RECHERCHES CALORIMÉTRIQUES SUR L'UTILISATION
DE L'ÉNERGIE RESPIRATOIRE AU COURS DU DÉVELOPPEMENT
D'UNE CULTURE DE Sterigmatocystis nigra,
par M. Morcrano.
Au cours de recherches que je poursuis relativement aux
échanges d'énergie chez le Sterigmatocystis nigra, vient de pa-
raître une note de Terroine et Würmser sur le même sujet (1); elle
-m'amène à publier plus tôt que je ne le désirais les résultats
que j ai obtenus à cet égard. La méthode que j'ai employée ne
diffère en rien de celle des auteurs que je viens de citer, mais
la préoccupation initiale qui m'a guidé est d’un ordre sensi-
blement différent ; c'est moins le rendement énergétique que
j'ai cherché à établir que le sort de l’énergie libérée dans l’acte
respiratoire.
Désignons par Q l'énergie calorifique qui apparaît dans la
combustion totale des produits contenus .dans le milieu initial
de culture, par q la chaleur de combustion de l'extrait du milieu
nutritif au moment où on prélève le mycélium, en ayant soin
d'effectuer ce prélèvement à un moment où il reste encore un
peu de sucre inutilisé et où, par suite, il ne s’est pas encore
formé de conidies, de manière à ne pas atteindre la phase d’au-
tolyse. Soient de même M la chaleur de combustion du mycé-
lium désséché et R le dégagement de chaleur correspondant à
(x) Terroine et Wurmser. Le rendement énergétique dans la croissance de
l’Aspergillus niger. C. R. de l’Acad. des sc., 1922, t. CLXXIV, p. 1.435.
220 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
la respiration et calculé d'aprés le poids de gaz carbonique dé-
gagé au cours de la culture envisagée. C'est à l'établissement de
la valeur du rapport ina que se sont attachés Terroine et
Würmser.
L'énergie Q-q se retrouve en partie dans le mycélium, mais
que devient l’énergie respiratoire ? On a coutume d'écrire que
l’un des rôles de la respiration consiste à permettre des réactions
synthétiques endothermiques et la question se pose de savoir si
une partie de l’énergie respiratoire ne se retrouve pas dans le
mycélium. Cela revient à comparer, d’une part, la valeur Q-q-M
donnée par des mesures calorimétriques et, d'autre part, la va-
leur calculée de R. La valeur R-(Q-q-M) représentera l’énergie
se retrouvant dans le mycélium et empruntée au phénomène
respiratoire.
J'ai déterminé les dégagements de chaleur qui sont en cause
à l’aide de l’obus Mahler et évalué le poids du gaz carbonique
en établissant un courant continu d’air débarrassé de gaz carbo-
nique dans le vase de culture et retenant le gaz en question par
de la lessive de potasse.
Pour une culture effectuée en présence d'environ 7 gr. de
saccharose, le mycélium ayant atteint un poids de 2,677 gr. de
substance sèche et 4,5955 gr. de gaz carbonique s'étant dégagés,
j'ai obtenu les nombres suivants
OS; 70 0: = 300 c.
q=—=" 3,94 c. Mn Id
La chaleur de combustion est de 5,19 pour 1 gr. de mycélium
au lieu de 3,86 pour le milieu initial : le rendement énergétique
—0,552 ; il se trouve être de même ordre, mais un
est ici
peu plus faible, que celui qu'ont obtenu Terroine et Würmser
(0,593); cette légère discordance s'explique aisément, en parti-
culier par le fait que les milieux de culture employés dans les
deux cas sont différents et que de très faibles changements dans
la composition du liquide de culture sont capables de modifier,
d'une manière appréciable, le rendement énergétique comme le
rendement pondéral.
Mais d’autre part nous constatons, d’après les nombres que
nous avons obtenus, que l’énergie perdue dans la culture Q-q-M
est égale à 11,26 c., alors que la respiration correspond à une
énergie de 11,71 c.; la différence, 0,45 c., représenterait l’éner-
gie provenant du phénomène respiratoire et qu'on retrouverait
dans le mycélium ; il ne s’agit que des 0,038 de l'énergie respi-
ratoire, et encore faut-il observer que cette différence doit être
SÉANCE DU 24 JUIN 221
atténuée par le fait d'un certain nombre de corrections, dont la
principale correspond à ce que les substances dont on a déter-
miné la chaleur de combustion ont été considérées à l’état sec
et que le mycélium, en particulier, absorbe une quantité appré-
ciable de chaleur en se désséchant ; la valeur obtenue par M se
trouve par suite être trop grande. On voil donc que, si une cer-
taine portion de l'énergie respiratoire se retrouve dans le mycé-
lium, elle n’est que très faible.
Si nous nous reportons aux nombres obtenus par Terroine et
Würmser, on constate que la valeur de Q-q-M est égale à 2,40 c.
et qu'on a R—2,04 c.; la différence est ici (Q-q-M) — R—o,36 ;
non seulement nous ne retrouvons pas dans le mycélium
une partie de l'énergie respiratoire, mais nous ne retrouvons
même pas à la fin une somme M+R tout à fait égale
à Q-q. I faut donc admettre d’après la moyenne des détermina-
tions de Terroine et Würmser et les miennes que l'énergie res-
piratoire est uniquement utilisée à la production de chaleur,
d'électricité, de travaux mécaniques, correspondant à la crois-
sance et à l'entretien du mycélium, sans se mettre, pour une
partie, en réserve dans le mycélium sous forme d'énergie chi-
mique.
INFLUENCE DE LA NUTRITION AZOTÉE SUR L'ACIDITÉ DES PLANTES
SUPÉRIEURES,
par M. Morzranr.
Mes recherches récentes portant sur le Sterigmalocystis nigra
m'ont permis d'établir qu'en présence de milieux nutritifs dés-
équilibrés la fonction respiratoire subit de notables modifica-
tions et qu’en dehors du gaz carbonique il se produit une série
d'acides organiques libres, acide gluconique, acide citrique et
acide oxalique ; la nature de ces acides, leur proportion quand
ils sont plusieurs à apparaître dans une culture, se trouvent liées
d'une manière étroite à la nature de l'élément qui, introduit en
faible quantité, vient de faire défaut dans la solution nutritive
par le fait même du développement de la Mucédinée. |
Ces résultats m'ont amené tout naturellement à me demander
si les acides organiques qui se forment chez les plantes supé-
rieures né présentent pas un déterminisme semblable et j'ai
établi une série de cultures de Radis et d’Oseille destinées à me
renseigner sur ce point de physiologie.
Les graines ont été ensemencées dans du sable aussi pur que
possible, contenu dans des conserves munies d’une tubulure
Brococre. ComprTes RENDUS. — 1922. T. LXXXVIT. 1Û
222 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
À A Pod
inférieure ; celle-ci permettait la communication avec un vase
semblable dans lequel était versée la solution minérale nutri-
tive ; le liquide arrivait ainsi dans le fond du sable qui s’imbi-
bait par capillarité jusqu’à la surface. Je ne comparerai ici que
les cultures effectuées en présence soit du liquide de Knop, soit
d’un liquide minéral ne différant du précédent que par l’absence
d'azote (suppression de l’azotate de calcium et remplacement de
l’azotate de potassium par du chlorure de potassium).
Les plantes ont été prélevées au bout de cinq semaines ; après
avoir été pesées elles étaient traitées par de l’eau bouillante, puis.
broyées avec un peu de sable pur ; le liquide obtenu, dont on
mesurait le volume, était filtré et on en évaluait l'acidité. On
constate de cette manière que les Radis développés en présence
du liquide complet ont une acidité correspondant à 0,79 c.c. de
solution normale pour 100 gr. de substance fraîche ; les échan-
tillons privés d'azote, dont le poids frais moyen n'était que de
118 mgr. au lieu de 930 mgr., présentaient, par contre, une aci-
dité équivalant à 4,06 c.c. de solution normale pour 100 gr.
de matière fraîche, soit 5 fois plus grande que dans les pre-
mières conditions. Avec l'Oseille, Facidité est de 7,86 dans le
premier cas et de 15,34 dans le second ; elle devient donc double
en l'absence d'azote.
En ce qui concerne le Radis, on ne peut rapporter avec certi-
tude l'acidité réalisée à des acides organiques, mais dans le cas
de l’'Oseille, des dosages de l’acide oxalique montrent que l’aug-
mentation de l’acidité est bien due à une formation plus ahon-
dante de cette substance dont le taux croît dans la même pro-
portion que l'acidité. Ces résultats se rapprochent immédiate-
ment. d'un fait banal bien connu, en particulier pour l'Oseille,
et consistant en ce que les plantes cultivées apparaissent comme
moins acides que les plantes sauvages de la même espèce ; il est
infiniment probable que la cause doit en être dans une nutri-
tion azotée plus abondante dans les conditions de culture.
En tout cas, l’expérience que je viens de rapporter constitue
une première vérification de ce qu'une inanition partielle en
certains éléments nécessaires au développement normal des
plantes supérieures amène, chez celles-ci, comme chez les
Champignons, des perturbations dans le phénomène respira-
toire, se traduisant par une combustion incomplète.
SÉANCE DU 24 JUIN 223
PRÉSENTATION DE DOCUMENTS CONCERNANT L'ÉNERGIE NERVEUSE
MOTRICE,
par [. ATHANASIU.
J'ai bo ineux de présenter à la Sociélé de biologie quelques
documents que j'ai obtenus au cours de mes expériences sur
l'énergie nerveuse motrice.
J'ai commencé cette étude, il y a déjà plusieurs années, à Bu-
carest. Je l'ai poursuivie dans de meilleures conditions à l’Ins-
titut Marey durant ces derniers temps (x).
Permettez-moi de faire passer devant vos yeux une série de
diapositives destinées à vous montrer aussi bien la technique
employée que les résultats obtenus. Ces résultats ont été com-
muniqués avec plus de détails à l’Académie des Sciences (2).
Je ne mentionnerai ici que les conclusions
Le galvanomètre à corde peut inscrire très fidèlement des
‘courants électriques de forme très complexe s'il est placé dans
de bonnes conditions d'isolement, de stabilité, de tension de la
nc etc.
° Les graphiques du courant d'action des muscles done
‘0 indications très nettes sur les caractères de l'énergie ner-
veuse motrice qui met ces organes en état de contraction volon-
taire.
3° Les variations du courant d'action des nerfs el des centres
nerveux moteurs sont l’image fidèle de celles de l'énergie ner-
veuse qui circule dans ces organes.
4° L'énergie nerveuse motrice, loin d’être continue, est au
contraire de nature vibratoire et présente, chez les Mammifères,
de 300 à 550 vibrations par seconde.
5° Le nombre de ces vibrations varie entre certaines limites
avec l'intensité de la contraction volontaire.
6° Le chloralose augmente beaucoup le nombre de vibrations
nerveuses motrices.
7° L'enregistrement simultané du courant d'action et des se-
cousses musculaires est une méthode qui peut rendre des ser-
vices importants à la clinique des maladies nerveuses.
(x) Je remercie bien vivement la direction de l’Institut Marey qui a Die
voulu mettre à ma disposition l'outillage nécessaire.
() C. R. de l’Acad. des sc., séance du 19 juin 1922.
224 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LA TOXICITÉ DU CITRATE DE SOUDE CHEZ LES ANIMAUX,
par L. Panisser et J. VERGE.
Les organismes animaux, injectés directement dans la veine
au moyen d’une solution stérile de citrate de soude, présentent
des accidents dont la gravité est en raison directe de la quantité
de sel injectée. Cette toxicité est intéressante à mettre en lu-
mière, étant donnés les avantages que comporte, sur la trans-
fusion du sang ordinaire, la transfusion du sang citraté.
Au cours d'essais sur l'application de cette méthode à la méde-
cine vétérinaire, nous ajoutions 4 gr. de citrate de soude par
litre de sang. Or, de nombreux auteurs transfusent couram-
ment, chez le Cheval et chez le Bœuf, 6 à 7 litres de liquide.
L'inoculation intraveineuse de 25 gr. de citrate de soude, en
solution dans 250 c.c. de sérum physiologique, déclenche pres-
que sûrement, chez les grandes espèces, des phénomènes d'’in-
toxication. Il se produit un choc brutal, souvent violent, mais
qui s’apaise très vite sans laisser de traces. À peine l’injection
est-elle terminée que l'animal chancelle et tombe. Puis survien-
nent des signes manifestes d'excitation cérébrale : cris, troubles
locomoteurs, troubles sensoriels. Le sujet couché se relève, bon-
dit, retombe, etc.. En même temps, la respiration et le pouls
s Ace Enr moins d'une heure, cette excitation disparaît et
l'individu reprend vite son état norme
Si l'inoculation intraveineuse de citrate de soude ne porte que
sur une dose de ro gr., seule une légère accélération respira-
toire trahit l’action du sel sur l'organisme : chez le Cheval, 30
respirations par minute au eu de M ride tmemetneztle
Bœuf.
Chez le Chien, le seuil toxique débute à 25 cgr. de citrate de
soude par kgr. de poids d'animal, l'injection étant faite dans
la veine saphène externe. Un Chien de 5 kgr., auquel nous in-
jectâmes 2 gr. de citrate de soude —— soit environ 30 cgr. par
kilogramme d'animal — présenta les symptômes suivants aussi-
tôt l'injection : eris et plaintes, impossibilité de la station de M
bout par tétanisation violente de tous les groupes musculaires ;
convulsions, respiration dyspnéique, salivation. Peu à peu, ces
phénomènes de choc se dissipent ; l’animal se relève, présente
une démarche ébrieuse, puis semble absolument remis. La fiè-
vre ne fut pas notée au cours de pareils accès.
Quelle est la pathogénie de cette intoxication ? La brusquerie,
l’instantanéité de son apparition ; l’exacerbation violente en
quelques instants ; la disparition rapide, le retour en peu de
SÉANCE DU 24 JUIN 225
temps vers l’état normal, tout cela semble mettre en cause un
choc hémoclasique. Il n'est pas nécessaire d'’incriminer la vi-
tesse de l’injection pour expliquer ces accidents : nous avons
toujours injecté très lentement nos solutions, puisque c'est par
siphonage que les liquides injectés s’écoulent dans la veine du
récepteur.
La nature intime de ce choc colloïdoclasique est encore du
domaine des hypothèses. Il est probable que le citrate de soude
immobilisant, dès son arrivée dans la grande circulation du
transfusé, les ions calciques du sang circulant et des tissus (Sa-
battani), il s'ensuit un trouble subit dans l'équilibre colloïdal
des plasmas. Ce déséquilibre, brusque et intense, se traduisait
cliniquement par les symptômes que nous avons observés dans
les différentes espèces animales : convulsions violentes faisant
craindre à tout moment une issue fatale, tétanisation, dyspnée,
salivation, excitation intense des centres nerveux. Tous ces in-
cidents sont d’ailleurs vite effacés et les animaux reprennent
leur aspect normal en peu de temps. Dans la pratique vétéri-
naire, il sera bon de ne jamais transfuser de grosses quantités
de sang ; pour notre part, nous avons évité de transfuser au delà
de 2 litres chez les grandes espèces domestiques : Cheval et Bœuf.
Plusieurs raisons peuvent être invoquées à l’appui de ce mode
opératoire : d’abord les grosses doses ne sont guère plus effi
caces que les doses moyennes ; le retentissement sur l’hémato-
poïèse est fonction plus de la répétition des injections que de la
masse sanguine utilisée en une seule fois ; enfin le sang trans-
fusé à la dose de 2 litres voit son citrate en excès facilement fixé
par le calcium des humeurs et des tissus du récepteur, sans qu'il
en résulte, pour ce dernier, une décalcification grave et des
perturbations organiques fâcheuses.
Il est possible, en tous cas, de pallier d’une façon sûre aux
inconvénients des solutions citratées. L'injection intraveineuse
de chlorure de calcium est d'une efficacité quasi-immédiate.
D'après Hédon (ï), il suffit de ro cgr. de chlorure de calcium
pour annihiler la toxicité de 1 gr. de citrate de soude.
(Ecole vétérinaire d’Alfort)..
(x) Journal médical français, mai 1910.
226 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LA SCLÉROSE COLLAGÈNE SOUS-ÉPENDYMAIRE
DANS UN CAS D'ÉCHINOCOCCOSE CÉRÉBRALE INTRAVENTRICULAIRE,
par J. LHeRMITTE et F. DÉVÉ.
À la séance du 20 mai 1922, l’un de nous (F. Dévé), rappor-
tait l'observation d'un cas de kyste hydatique développé dans
la cavité du ventricule latéral du cerveau chez un enfant âgé de:
8 ans et faisait une brève allusion à la réaction spéciale consta-
tée sur la paroi ventriculaire. L'étude histologique de cette paroi,
en contact direct avec le kyste hydatique, nous a permis de re-
lever un fait qui, croyons-nous, n'est pas sans intérêt.
Ainsi que nous l’avons dit, on reconnaissait au-dessous de la
paroi propre du kyste, des vestiges indiscutables de l’épithélium
épendymaire aplati et déformé par la pression de la tumeur pa-
rasitaire. Ces restes épithéliaux s’appuyaient sur une coque ré-
gulière, assez épaisse, formée par des fibres collagènes, tassées.
surtout au-dessous du revêtement épithélial (x). Par endroits, ce
tassement était si accusé que l’on avait l'impression d'une bande
parfaitement homogène. À ce niveau, nous constations une ex-
trème rareté de noyaux ; quelques-uns apparaissaient, çà et là,
ovalaires à grains chromatiniens très fins. Au contraire, au-
dessous de la zone compacte, les fibres collagènes dissociées for-
maient un feutrage à mailles assez larges, dans lesquelles, en
certaines régions, s’accumulaient de nombreux éléments de di-
vers types : lymphocytes surtout, plasmocytes rares, corps gra-
nuleux, polyblastes. Enfin, ces lames collagènes s’amincissaient
progressivement et se continuaient avec le réseau des fibrilles.
névrogliques. Gelui-ci, nettement hyperplasié, était d'autant
plus distinct que l’œdème en dissociait des éléments. Outre les
cellules fibrillogènes, ce réseau dépouillé des fibres nerveuses
contenait de nombreuses cellules névrogliques protoplasmiques
à longues expansions, et celles-ci se montraient encore prolifé-
rées dans les régions plus profondes où les éléments nerveux
étaient conservés. Ajoutons enfin que les vaisseaux, tant dans la
zone collagène que dans la zone névroglique, apparaissaient le
plus souvent intacts et parfois entourés d’un manchon de cel-
lules lymphoïdes. En aucun endroit, nous n’avons pu recon-
naître d'’authentiques fibroblastes.
La paroi épendymaire peut donc être, d’après notre descrip-
(x) La structure collagène de la membrane sous-épendymaire est attestée
par sa morphologie et ses réactions tinctoriales : coloration par la fuchsine
du mélange de Van Gieson et le bleu Poirier dans la méthode de Mallory--
Leroux.
%
À
ï
‘i
js
Eu
SÉANCE DU 24 JUIN 2e
tion, divisée en 3 couches : l’une collagène très épaisse, l’autre
collagène feuilletée, la dernière névroglique fibrillaire, astrocy-
taire et plasmogliale. De par sa texture, la paroi de notre kyste
s'apparente jusqu'à s'identifier avec celle des parois qui enve-
loppe les cysticerques intra-cérébraux ainsi que l’a montré,
dans une excellente étude, À. Guccione. Mais ce qui fait l’origi-
nalité de notre observation, c'est que le développement de la
substance collagène ne s’est pas fait dans la masse cérébrale en-
vahie par effraction, mais autour de Ia cavité ventriculaire.
D'autre part, cet apport de substance collagène s’est effectué in-
dépendamment des vaisseaux pour la plupart normaux ; et l’on:
ne saurait invoquer ici, dans le mécanisme formateur de cette
membrane collagène sous-épendymaire, l’hyperplasie et la coa-
lescence des adventices vésiculaires ainsi qu’on le fait générale-
ment pour rendre compte du développement des membranes
collagènes de la syringomyélie, de l’épendymite varioliforme de
P. Marie, des masses collagènes et hyalines contenues dans les
gliomes. |
Nous ajoutons enfin que si, en certaines régions, l’existence:
d'une infiltration de cellules Iymphoïdes et plasmatiques était
évidente, nous n'avons pas constaté la présence de fibroblastes.
La génèse de cette membrane collagène sous-épendymaire, qui
eut paru si énigmatique autrefois, s’éclaire à la lumière des
faits si remarquables, étudiés par J. Nageotte ; et il ne nous
semble pas interdit de penser que, dans certaines conditions, la
précipitation et l'accroissement de la substance collagène sont
capables de se réaliser au sein même d’un tissu ectodermique,
comme la névroglie.
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA PERMÉABILITÉ CELLULAIRE
AUX IONS.
LA PERMÉABILITÉ DE LA CORNÉE EST UNE PERMÉABILITÉ
IONIQUE ÉLECTIVE,
par W. MESTREZAT, Prerre GirArD et V. Morax.
L'étude de la perméabilité de la cornée de dehors en dedans
montre que les ions d’une solution saline ne se retrouvent pas
dans l'humeur aqueuse en proportions chimiquement équiva-
lentes après un temps donné (x).
Ce phénomène, dont l'importance ne saurait échapper s’il
(x) Voir mos notes précédentes. C. R.,de la Soc. de biol., t. LXXXVIT, p. 69 et
p- r44.
228 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
%
convient d'en rapporter l'effet aux propriétés sélectives de cette
paroi, mérite un examen approfondi. On pourrait supposer que
la déficience, dans l’humeur aqueuse, du nombre des cations
par rapport au nombre des anions, tient à la précipitation
locale d’un composé insoluble du calcium ou du magnésium,
ou, peut-être, à une fixation cellulaire de ces ions, ou, encore,
à l'élaboration, par un processus collatéral, d’un ion plus com-
piexe, chimiquement différent.
Sans entrer dans le détail des recherches effectuées pour véri-
fier ces hypothèses, les expériences suivantes résument nos es-
sais et servent de contrôle aux déterminations rapportées dans
une note précédente.
Perméabilité de dedans en dehors. Injection de solutions sa-
lines dans la chambre antérieure de l'œil d’un animal vivant.
Après avoir ponctionné par la voie scléro-irienne la chambre:
antérieure de l'œil d’un Lapin insensibilisé localement par I
gouttes de novocaïne, on retire un volume minime d'humeur
aqueuse, que l’on remplace par une quantité équivalente d’une
solution de Ca (NO°)? ou Mg S0*, rendue isotonique par NaCl
ou du saccharose : si l'effet sélectif au niveau de la cornée n'était
pour rien dans les perturbations précédemment constatées dans
les rapports des concentrations des anions et des cations diffu-
sés, nous devrions nous attendre à retrouver ces mêmes pertur-
bations dans le liquide de la chambre antérieure, ponctionnée
30 minutes après l'introduction de la solution saline. Or, rien de
tel n'apparaît à la lecture des quatre premières lignes du tableau
suivant :
Durée de Milliger.-ions Rapport
l’expé- SES se 2
nent par litre anions
Quantités injectées enmin. anions cations cations Observalions
(NO)? Ca.4Aq.
5.14-29° Oc.c.10 à { p.100 (Sa) 30 15,43 6,60 2/ 0,85 Lapin vivant.
S04.Mg.7Aq.
92.11.21. Oc.c. 101 p.l00(Sa.) 30 5,82 7,38 1} 1,926 Lapin vivant.
931421. Oc.c.20 à 1 p.100(Sa.) 45 0,40 11,995 1/29,86 Lapin »
30.11.21. Oc.c.10 à 1 p.100 (Sa.) 30 2,84 9,35 1/ 3,31 Lapin »
(NO3,2Ca.4Aq.
25.122. Oc.c.18 à 4 p.100 40 31.46 11,28 2/ 0,72 (?) æ.enuclét Lapin.
4. 9.99. Oc.c.15 à 4 p.100 30 32440 (13,14 1097/0082 P) MO ND Ta pins
114802; Oc.c. 12 à 0,15 p. 100 (Sa.) 30 2,46 1,74 2/5) » » Lapin.
6. 3.29. Oc.c.15 à 9,18p.100 (Sa.) 30 5,41 2,71 021 41,02 »y >» Lapin.
4 4.22. Oc.c. 15 à 0,15p.100(NaCl.) 30 0,83 0.55 2). 1,32 » » Chien.
L. 4.99. Oc.c.15 à 0,15p.100 (NaCl.) 30 2,07 AIS RS TIUUS ST UIChIENS
Non seulement on ne retrouve pas les diminutions relatives
des cations précédemment obtenues, mais le résultat est inverse
et le nombre de ces cations, déduction faite du nombre de ceux
contenus dans l'humeur aqueuse de l'œil témoin, dépasse, et
quelquefois de beaucoup, le nombre des anions correspondants
_…
SÉANCE DU 24 JUIN 229
le cas est particulièrement net avec le Mg, pour lequel le rap-
port anions/cations peut atteindre 1/29.
Les différences que nous avons signalées conservent donc leur
signification entière ; les chiffres que nous avons obtenus nous
apparaissent comme des valeurs minima : l'expérience est va-
lable et il convient d’en rapporter les résultats au triage sélectif
qui s'effectue au niveau de la cornée.
Ces injections intra-oculaires ne sauraient, toutefois, trancher
la question de l’absence totale d’une réaction intra-oculaire inté-
ressant les cations.
Injection de molécules salines dans la chambre antérieure
d'yeux fraichement énucléés. L'expérience cruciale, susceptible
de démontrer l’immuabilité de la molécule dissociée injectée
dans la chambre antérieure, ne peut être réalisée que sur des
yeux énucléés. Il est impossible, en effet, de faire abstraction,
dans un œil en place, du facteur circulatoire. Sous ce rapport,
les ions les plus habiles à traverser la cornée pourraient aussi,
les premiers, quitter l'humeur aqueuse dans le phénomène clas-
sique de la résorption des substances étrangères injectées dans
la chambre antérieure. C’est dans ce sens qu'il nous paraît
naturel d'interpréter l’excédent des anions sur Îles cations, ré-
vélé par les expériences précédentes. L’expérimentation justifie
ces prévisions. Lorsque l’on répète l'injection intra-oculaire sur
des yeux énucléés avec des précautions spéciales, comme dans
les trois dernières expériences du tableau, les résultats analyti-
ques sont d'une netteté remarquable : la molécule saline disso-
ciée demeure sans modification dans la chambre antérieure ; on
saisit à peine une légère diffusion des anions dans le globe.
Notre attention s’est spécialement portée sur l'injection des pe-
tites doses, celles dont l’ordre de grandeur correspond aux défi-
ciences assez constantes que l’on observe dans les expériences
de perméabilité de dehors en dedans et que l’on aurait pu inter-
préter comme la conséquence d’une fixation de l’ion (Ca). Les
anions injectés se retrouvent et la correspondance des anions et
des cations est parfaite. La présence de trop fortes doses de sels
de chaux amène des précipitations qui troublent l'expérience.
Nous devons donc rapporter entièrement à la cornée l'effet sé-
lectif sur les ions observé dans nos expériences de perméabilité
de dehors en dedans et noter, en outre, que, dans la résorption
vasculaire, des phénomènes de même ordre interviennent.
Ajoutons que la loi de conservation des charges est respectée
dans les échanges ioniques précédents. La pénétration, dans
lhumeur aqueuse, d’anions divers s'accompagne du départ
d'ions (Cl), qui, ici comme dans la dialyse du plasma, jouent,
230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
en partie, du moins, le rôle d'ions « compensateurs » signalé
par l’un de nous.
Conclusions. Ces résultats démontrent que la perméabilité d’un
tissu vivant et, très vraisemblablement, celle des parois cellu-
laires est une perméabilité ionique essentiellement élective.
L'étude de la perméabilité cornéenne et de la résorption vascu-
laire au niveau de la chambre antérieure en fournissent une
double preuve.
Cette sélectivité des membranes animales s'exprime par la
vitesse variable avec laquelle les divers ions peuvent les traver-
ser. Et ces différences de vitesse conditionneront des équilibres
chimiques nouveaux des deux côtés du septum.
(Laboratoires de physiologie de l'Institut Pasteur et de la
clinique ophtalmologique de Lariboisière).
CHoc PEPTONIQUE SUR LE LAPIN,
par R. GARRELON, D. SanrTenoise et R. THUILLANT.
Nous avons déjà établi le rôle important du tonus vago-sym-
pathique pour la production du choc peptonique, dans des expé-
riences pratiquées sur le Chien.
Nous venons exposer aujourd’hui les résultats acquis à la suite
d’injections de peptone pratiquées sur le Lapin.
On: sait que, chez cet animal, une première injection de pep-
tone de dose moyenne ne provoque pas de choc apparent (parti-
culièrement chute de pression artérielle). Nous avons toutefois
constamment observé que cette injection de peptone modifiait
le tonus vago-sympathique, malgré l'absence de toute manifes-
tation apparente de choc. Nous explorons le tonus vago-sympa-
thique au moyen du réflexe oculo-cardiaque. Nous avons cons-
taté que, généralement, le Lapin est, à l’état normal, hypovago-
tonique. C’est vraisemblablement à cause de cette hypovagoto-
nie que l’on n’observe pas, chez lui, de réaction hypotensive à
la suite d’une première injection de peptone. En effet, il nous
est arrivé d'observer des Lapins nettement vagotoniques avant
l'injection : ces animaux ont présenté, après l'injection, une
hypotension toujours assez légère, mais nettement marquée et
proportionnelle à l’état de vagotonie antérieure. Nous avons
d’ailleurs vérifié cette hypothèse, augmentant expérimentale-
ment l’excitabilité parasympathique par la pilocarpine. Dans ces
conditions, et après retour à la pression normale, une injection
de peptone provoque un choc souvent brutal.
US ES
Le
ND Te
lis
SÉANCE DU 24 JUIN 231
Mais, dans toutes nos expériences, la modification du tonus
neuro- végétatif s’est nettement manifestée, identique en tous
points à celle que nous avons déjà décrite chez le Chien.
Ces expériences semblent bien confirmer l'hypothèse que
nous avons déjà émise sur le rôle du système nerveux vago-
sympathique dans la production du choc peptonique, la modi-
fication de-l’état de ce système étant une des manifestations les
plus constantes de l’intoxication peptonique.
(Laboratoire des travaux pratiques de physiologie
de la Faculté de médecine).
k _. Du vANADIUM DANS LA SYPHILIS EXPÉRIMENTALE DU LaAPIN
fe ET DANS LA SYPHILIS HUMAINE,
par L. Fournier, C. LEevapitr et À. ScHwaRTz.
Trois corps appartenant à une même série de la classification
périodique de Mendeleeff, l’arsenic, l’antimoine et le bismuth,
nm. sont doués d'un pouvoir énergique contre les spirilloses, les spi-
rochétoses et les trypanosomiases. Ces corps, offrant entre eux
de grandes analogies chimiques, se trouvent donc encore rap-
…—prochés par leur action thérapeutique. On devait se demander
si les trois corps formant le sous-groupe de cette famiile, le va-
…nadium, le niobium et le tantale ne jouissent pas, eux aussi, à
un degré quelconque, d’un pouvoir analogue sur les mêmes
microorganismes et, par suite, d’une action curative dans les
affections que ces microorganismes déterminent.
Grâce au P° Lebeau, qui nous a fourni divers composés de ces
trois métaux, nous avons pu entreprendre l'étude de leur action
thérapeutique, en particulier dans la syphilis.
Le niobium et le tantale ne nous ont encore donné aucun ré-
sultat appréciable. Le vanadium, par contre, nous a paru, dans
la syphilis expérimentale du Lapin et aussi dans la syphilis hu-
maine, doué d'un pouvoir tréponémicide élevé, se rapprochant
de ceux de l’arsenic et du bismuth.
Dans un important travail sur le vanadium, Prôscher, Seil
et Stillians (x) ont, d’ailleurs, mis en évidence en 1917, l’action
antisyphilitique de ce métal. En effet, en utilisant, principale-
ment en injection intraveineuse, des sels de la série vanadique
(tétravanadate, hexavanadate), Prüscher et ses collaborateurs
ont observé, soit chez le Lapin, soit chez l'Homme, la dispari-
- tion du Tréponème, la guérison rapide des lésions spécifiques et
(a) Prôscher, Seil et Stillians. Amer. Journ. of syph., 1917, t. Il, p. 347.
(A)
O2
(NS)
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
une atténuation plus ou moins marquée de la réaction de Was-
sermann.
Au début de nos recherches, nous avons d’abord essayé, dans
la syphilis du Lapin, divers composés (vanadate, métavanadate
de soude, arséniate de vanadium, etc.) qui, tous, se sont mon-
trés sos mais d'une toxicité trop élevée pour pores être faci-
lement utilisés.
Le P° Lebeau a mis alors à notre disposition deux tartrates de
vanadium et de métaux alcalins appartenant à la série hypova-
nadique, avec lesquels nous avons pu continuer nos recherches
sur le Lapin et que nous avons ensuite employés dans la syphilis
humaine.
Le Lapin supporte le tartrovanadate de potassium en injec-
tions sous-cutanées, à la dose de 28 à 30 mgr. par kgr.; il meurt
en 4 à 5 jours à la dose de 35 à 4o mgr. ‘La toxicité n’est que fai-
blement plus élevée par la voie veineuse.
10 Lapins porteurs de chancres syphilitiques (virus Fournier-
Schwartz) ont été traités par une ou plusieurs injections sous-
cutanées de tartrovanadate de potassium, à la dose de 15 à
20 mgt. par kgr. Dans tous les cas, le Tréponème a disparu en
24 à 48 heures, et les lésions se sont cicatrisées en 3 ou 4 jours.
Un de ces Lapins n'ayant reçu qu'une injection de 15 mer.
par kgr., fit une rechute au bout de 3 semaines. Tous les autres
sont restés définitivement guéris.
De plus, nous avons traité par le même sel, à la dose de
0,01 gr. par kgr., 2 Lapins porteurs, l’un d’un très gros chan-
cre scrotal à Tréponèmes dermatropes (virus Truffi), l’autre de
lésions préputiales à Spirochètes neurotropes. Les parasites ont
disparu le 3° jour chez le premier, le 2° jour chez le second. Les
lésions ont guéri en quelques jours. Aucune perte de poids.
Le résultat fut aussi favorable chez un Lapin ayant reçu par
voie veineuse 15 mgr. par kgr. Administré par voie digestive,
à la dose de 50 mgr. par kgr., le tartrovanadate de potassium
s’est montré complètement inactif. La dose de 15 mgr. par kger.
en injection sous-cutanée ou intraveineuse chez le Lapin suffit
à mettre en évidence le pouvoir tréponémicide du tartrovana-
date de potassium. Le rapport de la dose curative à la dose limite
de tolérance est donc ici de 1/2.
Dans la syphilis humaine, nous avons employé le tartrovana-
date de potassium ou de sodium en solution à 2 ou 3 p. 100 dans
du sérum artificiel, par série de 10 à 12 injections sous-cutanées
ou intramusculaires, et à la dose de 0,10 gr. à 0,15 gr. par in-
jection pour le sel potassique, de 0,15 gr. à 0,20 gr. pour le sel
sodique. Les injections étaient pratiquées, d’abord tous les 2 à
3 jours, puis tous les 3 à 4 jours vers la fin de la série. Le traite-
SÉANCE DU 24 JUIN 233
ment a été, d'une façon générale, bien supporté ; 4 ou 5 fois
seulement, l'injection fut suivie d'une réaction de courte durée,
caractérisée par une légère élévation thermique (38°-38°2), de la
fatigue et des nausées. Quelques injections ont, en outre, provo-
qué une réaction locale un peu vive, mais disparaissant rapide-
ment. Jamais nous n'avons observé d’albuminurie.
Ce traitement, appliqué à 3o syphilitiques présentant des
chancres ou des accidents secondaires, a donné régulièrement
les résultats suivants : disparition des Tréponèmes après la pre-
mière ou la deuxième injection ; cicatrisation parfois très rapide
des chancres et des svphilides érosives de la peau et des mu-
queuses ; disparition plus lente de la roséole et des éléments pa-
puleux ; atténuation très marquée des adénopathies, souvent dès
la première injection. Les effets n’ont pas été moins favorables
chez trois malades présentant des lésions tertiaires. Deux mala-
des, peu après la cessation d’une série de piqüres et la guérison
rapide de leurs lésions, ont présenté une éruption papuleuse gé-
néralisée.
Üne observation plus prolongée des malades ainsi traités mon-
trera si le vanadium exerce seulement une action de surface,
ou bien s'il est capable d’influencer profondément l’évolution
de la syphilis, de faire disparaître la réaction de Wassermann
et de provoquer une guérison définitive. Quoi qu'il en soit, les
résultats enregistrés jusqu’à ce jour permettent de formuler les
conclusions suivantes
Conclusions. Le vanadium est doué d’un pouvoir tréponémi-
cide énergique, comparable à celui des deux autres corps de la
mème série, l’arsenic et le bismuth,
Les de composés du vanadium semblent tous posséder
cette action thérapeutique, mais les derniers étudiés, les moins
toxiques et, en particulier, les tartrovanadates préparés par le
P° Lebeau, permettent seuls de mettre cette action facilement enr
évidence.
Les résultats encourageants obtenus jusqu'ici dans le traite-
ment de la syphilis humaine, justifient la recherche de nou-
veaux dérivés à rapport = moins élevé.
LA SÉCRÉTION DE L’URÉE, DU CHLORURE DE SODIUM ET DU GLUCOSE
AU COURS DES PERFUSIONS RÉNALES,
par P. Carnor et F. RATHERy.
Au cours de nos expériences de perfusion rénale (qui se mon-
tent actuellement à 8o environ), nous avons été amenés à envi-
234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
sager, dans son ensemble, le mode de sécrétion de l’urée, du
chlorure de sodium et du glucose, en comparant constamment
la composition du sang perfuseur à celle de l’urine sécrétée
seule la technique de la perfusion permet cette comparaison.
En nous plaçant dans des conditions d'expérience toujours
identiques, c'est-à-dire en opérant sur l'animal vivant, avec du
sang total (provenant d’un autre animal) citraté à 4 gr. p. 1.000,
sous une pression de 18 cm. de Hg et à une température de
37-38°, nous avons pu étudier et comparer l'excrétion de l’urée,
du chlorure de sodium et du glucose.
Bien que la sécrétion ainsi obtenue ne corresponde pas à une
sécrétion véritablement normale, il était intéressant de se rendre
compte si les trois corps en question passent dans l’urine à des
taux identiques à ceux existant dans le sang ou s’il ne se produit
pas, au contraire, au niveau de l'organe glandulaire un acte de
sélection ou de sécrétion tel que ces corps se concentrent ou se
déconcentrent et, ce, de façon élective pour chacun d’eux. En un
mot, le rein perfusé fait-il vraiment fonction de glande ou
laisse-t-il filtrer les différentes substances à la façon d'un simple
filtre ?
Nous ne nous occuperons pas, dans cette note, de l’excrétion de
l'eau (nous en avons déjà parlé dans d’autres communications).
Nous attirerons tout d’abord l'attention sur un point de pre-
mière importance : lorsqu'on perfuse un rein, la sécrétion uri-
naire met un certain temps à s'établir ; puis elle tend à devenir
constante pour se ralentir ensuite sensiblement lorsque le rein
est fatigué, puis agonique. Le « temps mort » du début est va-
riable avec les différents animaux : souvent il atteint 25 minutes,
45 minutes au maximum. Parfois même, dans des cas très rares,
aucune sécrétion n'est obtenue. D'autre part, après plusieurs
heures de perfusion, l’organe est anatomiquement anormal et
la sécrétion élective tend à faire place à une simple filtration.
Un autre point important à signaler est que des liquides re-
cueillis au début de la perfusion renferment encore un peu
d'urine antérieurement contenue dans les tubes rénaux ; aussi
doivent-ils être rejetés.
Dans la pratique, il faut avoir soin de faire plusieurs recueils,
une fois le régime constant d’excrétion obtenu ; à partir de ce
moment, les chiffres des différents composés de l'urine restent
sensiblement constants, et pendant un certain temps, après
quoi, le rein, fatigué, doit être abandonné. Cette cause d’erreur,
pour réelle qu’elle soit, n’a d’ailleurs pas autant d'importance
-qu’a priori on pourrait lui en attribuer : puisque, si on additionne
le liquide de perfusion d’urée, de glucose, ou de NaCI, cette mo-
dification retentit presque instantanément sur la composition du
,
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SÉANCE DU 24 JUIN 235
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liquide sécrété. Enfin, les différences entre la 1" perfusion et les
suivantes sont beaucoup moins sensibles lorsque le sang perfusé
‘est additionné d’une quantité forte d'urée ou de glucose.
° Lorsqu'on perfuse un sang normal sans addition d'aucune
substance, l’urée, le NaCI et le glucose restant dans le sang au
taux où ils existaient au moment de son recueil, on obtient les
résultats suivants
a) L'urée subit toujours une concentration dans l'urine ; par
‘exemple, nous avons trouvé, dans une expérience, 0,32 dans le
sang et 0,65 dans l'urine ; dans une autre expérience, 0,28 dans
le sang et 0,76 dans l'urine.
Nous avons tenté d'exprimer la valeur de cette concentration
de l’urée dans l’urine par rapport au sang en évaluant le taux
du relèvement de la concentration et en le rapportant à 100.
Nous obtenons ainsi des taux de relèvement de 103, 61, 64, 44,
HS UD: TOO,
b) Le NaCI est toujours, dans l'urine, à un taux inférieur à
celui où il se trouve dans le sang ; la valeur de cette déconcen-
tration est, également, variable d’un sujet à un autre.
c) Pour le glucose, par suite de la glycolyse qui se produit
dans le sang, le chiffre de la 2° perfusion ne peut être comparé,
de façon absolue, à celui de la première.
Dans la très grande majorité des cas, la concentration dans
l'urine a élé moins forte que dans le sang : par exemple, nous
avons trouvé, dans une expérience, 0,86 dans le sang et 0,40
dans l’urine ; dans une autre expérience, 1,02 dans le sang et
0,44 dans l’urine.
Nous avons exprimé la valeur de cette déconcentration en opé-
rant comme nous l'avons expliqué plus haut et obtenu un taux
d’abaissement de concentration de 73, 53, 21,7 p. 100.
Dans quelques cas, par contre, le glucose était plus concentré
dans l’urine que dans le sang ; ici encore, on notait des diffé-
rences très grandes suivant les animaux
Par exemple, nous avons trouvé 0,70 dans le sang et 1,10 dans
l'urine, ou encore 0,94 dans le sang et 1,03 dans l'urine.
Ce qui donne, comme taux de revenant de concentration
5e 9 P. 100.
° Lorsqu'on perfuse avec du sang additionné d’urée, de glu-
cose ou de NaCl, on obtient les résultats suivants
Sang uréifié : L’urée est toujours beaucoup plus concentrée
dans l’urine que dans le sang ; les différences entre la 1° et la °°
perfusion sont beaucoup moins sensibles qu'avec le sang nor-
mal.
Sang glucosé : La concentration du glucose est souvent plus
… élevée dans l’urine que dans le sang ; mais le fait n’est pas cons-
7
236 SOCIÉTÉ DE P'OLOGIE
tant, la concentration dans l'urine est parfois plus faible ou
sensiblement égale à celle du sang. Dans un cas où la concen-
itration dans le sang s'éleva au chiffre considérable de 20 gr.,
la concentration dans l’urine ne fut que de 18,4 gr.
Conclusions. Le rein, perfusé avec du sang complet, semble
bien faire acte sécrétoire ; le liquide excrété est limpide ; l’urée
subit toujours une concentration ; les chlorures, une déconcen-
tration ; le glucose, le plus souvent une déconcentration, parfois
une concentration : ce dernier cas semble se rencontrer surtout,
mais non constamment, lorsque le sang a été chargé en glucose.
Des résultats semblables ne peuvent être obtenus avec du
sang dilué ou du sérum physiologique. Dans ces cas, le liquide
excrété reste clair ; mais les concentrations d’urée, de chlorure
et de glucose sont sensiblement identiques dans le sang et dans
l'urine.
Il résulte de la comparaison des excrétions rénales d’urée, de
chlorure de sodium et de glucose qu'il se fait au niveau du rein,
durant la perfusion, un véritable acte sécrétoire, puisque les
corps sont électivement concentrés ou déconcentrés.
Il est intéressant de remarquer que la concentration de l’urée,
la déconcentration de chlorures et du glucose correspondent à
ce qui se passe physiologiquement, chez le Chien, au cours de
la sécrétion urinaire normale : en effet, normalement, l’urée se
concentre dans l’urine par rapport à son taux dans le sang, le
chlorure de sodium, en général, est moins concentré dans
l'urine que dans le sang ; enfin le glucose subit tantôt une dé-
concentration (ce qui est le cas le plus fréquent), tantôt une
concentration (particulièrement lorsque la glycémie est élevée).
L'analvse comparative du liquide circulant et du liquide ex-
crété permet, par là même, d'étudier le mécanisme par lequel
les cellules vivantes du rein, concentrent ou déconcentrent, se-
crètent en un mot, les trois éléments fondamentaux du sang.
ACTION DE RÉACTIFS PRÉCIPITANTS SUR LA TUBERCULINE,
par À. Bouveynox.
Une catégorie spéciale de substances qui suppriment totale-
ment la cutiréaction à la tuberculine est constituée par des
agents de précipitation ou d’insolubilisation totales de ce poi-
scn. Or, nous avons rencontré ces agents seulement parmi les
réactifs qui précipitent totalité ou partie des polypeptides clas-
sés plus ou moins artificiellement sous la rubrique d’albumoses.
4
1
“
;
SÉANCE DU 24 JUIN. 237
Re
Déjà R. Koch avait, avec des réserves, rapproché des albumoses
la tuberculine dont il avait signalé la précipitation par l'alcool,
le tanin, le sulfate d'ammoniaque, l’acétate de fer, l'acide phos-
photungstique ; et W. Kühne avait émis l’assertion que le prin-
cipe actif et toxique de la tuberculine était une albumose secon-
daire. Mais nos observations concernant la tuberculine ne cor-
respondent pas complètement aux caractérisations mêmes des
albumoses primaires et secondaires que Kühne avait établies.
En effet, nous avons observé que le sulfate de magnésie en excès
trouble les solutions aqueuses de tuberculine et supprime très
complètement la cutiréaction, tandis que le chlorure de sodium
en excès n’a pas le même effet. D'autre part, une tuberculine
quelconque, insolubilisée par le sulfate de magnésie en excès,
reprend de sa limpidité et de son pouvoir de cutiréaction dans
une solution qui s'éloigne de la saturation. En filtrant sur pa-
pier Chardin la tuberculine insolubilisée par le sulfate de ma-
gnésie à saturation, le précipité resté sur le filtre et étendu d’eau
détermine de fortes cutiréactions, tandis que la partie
claire filtrée, et, de même, étendue d’eau, n'en détermine
aucune. Une solution aqueuse de tuberculine précipitée par
le sulfate d’ammoniaque en excès perd aussi son pouvoir
de cutiréaction ; mais celui-ci tend à reparaître dans une
solution qui n’est plus saturée. Additionné d’eau ou dissous
dans de la glycérine à 30°, le précipité produit par le sulfate
d'ammoniaque à saturation détermine des cutiréactions, tandis
que la partie claire filtrée n’en détermine pas. D'autres sels en
_ excès, comme le sulfate de soude ou le chlorure de calcium, par
exemple, précipitent moins complètement la tuberculine et
laissent persister une cutiréaction atténuée. Nous supposons que
la tuberculine insolubilisée est déshydratée par certaines solu-
tions salines saturées, de même que par l'alcool fort, et peut su-
Pir ensuite une modification réversible.
Avec le tanin acétique, la cutiréaction est supprimée. Mais la
redissolution du précipité par du carbonate de soude la fait réap-
paraître. Avec le tanin seul, la cutiréaction est nettement dimi-
nuée ; avec le tanate de soude, peu. Avec les acides phospho-
tungstique et phosphomolybdique, la cutiréaction est suppri-
mée complètement. Avec l’acétate ferrique, nous l’avons vue
diminuée fortement, mais non réduite à néant. Avec l'acide
taurocholique qui précipite les albumoses mais non les peptones
de Kühne, nous avons observé que la cutiréaction est supprimée
entièrement. De même, l’addition à la tuberculine de bile frai-
che de Poulet ou de Lapin supprime la cutiréaction, tandis que
la tuberculine brute dissoute dans des lipoïdes extraits de pou-
dre surrénale de Bœuf par le benzène, l’acétone, le sulfure ou le
Biorocre. Comptes RENDUS, — 1992, T. LXXXVII. 17
238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tétrachlorure de carbone, nous a paru garder la même toxicité
au bout de six mois.
Nombreuses sont les substances qui déterminent un trouble
ou un précipité dans les solutions de diverses tuberculines en
atténuant simplement la cutiréaction sans la supprimer. Aïnsi
se comportent l'acétate de plomb, le phénol, le ferrocyanure de
potassium acétique, l’alloxane, l'acide picrique, les réactifs d’Es-
bach, de Bouchardat, les sulfates de cérium, de néodyme, le
perchlorure de fer, ete...
A froid, les sels de chaux, surtout à acide organique ou faible,
iroublent plus ou moins les solutions de tuberculine, mais sans
influencer la cutiréaction. À chaud, le précipité est notable et
la cutiréaction est, peut-être, atténuée. Mais après 6 heures de
chauffage à 100°, elle est supprimée seulement par l’eau de chaux
et le saccharate de chaux qui agissent comme les alcalins. Si
l’on détermine une précipitation de sels de chaux dans les solu-
tions de tuberculine, le précipité n’entraîne pas le principe actif,
comme l'avait déjà noté À. Jousset.
En résumé, les réactifs précipitants de la tuberculine qui sup-
priment complètement la cutiréaction ont été rencontrés seule-
ment par nous jusqu'à présent parmi les réactifs qui précipitent
totalité ou partie des substances classées comme albumoses.
SUR LE DÉBUT PLURICENTRIQUE DE CERTAINES TUMEURS.
Note de F, LapreyT, présentée par P. PorTiEr.
Nombreux sont les auteurs qui considèrent l’origine pluricen-
trique des tumeurs comme un fait exceptionnel. L'examen de
certains cancers ne me paraît pas confirmer cette conclusion et
il se pourrait que l’étude complète des diverses régions qui cons-
tituent un même néoplasme ne démontre la fréquence relative
des évolutions malignes à début pluricentrique. Abstraction
faite des tumeurs multiples consécutives à la généralisation d’un
foyer primitif (cancer double des lèvres par greffe de contact,
tumeur gastrique par ensemencement de parcelles dégluties de
cancers buccaux ou pharyngiens, etc.), les néoplasmes pluri-
centriques localisés dans le même organe ou dans des organes
différents peuvent être de même type histologique ou appar-
tenir à des types dissemblables ; ainsi se constituent des cançers
dyshomogènes dont le polymorphisme est fonction de la spéci-
ficité morphologique et fonctionnelle des éléments qui consti-
tuent les centres néoplasiques primitifs : une récente observa-
SÉANCE DU 24 JUIN 239
tion de Delbet et Herrenschmidt nous fournit. une éclatante
démonstration de ces faits (r).
Une tumeur complexe de la peau m'a permis d'étudier le dé-
veloppement polycentrique d'un épithélioma aux depens des
couches malpighiennes et des appareils pilo-glandulaires de
l'épiderme. La différenciation du néoplasme malpighien et de
l’épithélioma glandulaire se traduit par des phénomènes pres-
que identiques et, peut-être, synchroniques ; en effet, les lésions
inflammatoires qui précèdent la cancérisation des formations
malpighiennes (hypertrophie, hyperplasie, dyskératose mono et
pluricellulaire, etc.), me paraissent correspondre assez exacte-
ment à l’hyperplasie adénomateuse des appareils pilo-glandu-
laires que je crois pouvoir considérer comme la première étape
néoplasique de ces organes. Nous retrouvons des phénomènes
très comparables dans une tumeur de la langue : de même qu'un
épithélioma malpighien paraît succéder à des phénomènes irri-
tatifs (hyperplasie, leucoplasie, etc.), la métamorphose adéno-
mateuse des -glandes séreuses traduit très vraisemblablement le
début de l’épithélioma glandulaire qui se développe dans le voi-
sinage de l’épithélioma épidermoïde.
Les tumeurs de type histologique différent me semblent
moins fréquentes ; c'est tout au moins ce que mes observations
actuelles me permettent de conclure provisoirement. Dans un
cancer de la face, j'ai pu suivre le développement parallèle d’un
épithélioma spino-cellulaire et d’un sarcome à grosses cellules
rondes, observation que je crois pouvoir rapprocher de l’endo-
thélio-lymphocytome et de l’épithélio-lymphocytome que j'ai eu
l'occasion d'étudier dans un cancer primitif du grand épiploon
et dans un branchiome du cou.
Les tumeurs de certains animaux donnent lieu à des observa-
tions à peu près identiques : c'est ainsi que chez les Sélaciens
(Scyllium, Raie) des cellules néoplasmogènes développées dans
. diverses régions de l'intestin se transforment en minuscules adé-
nomes susceptibles d'évoluer en épithélioma (2), mêmes phéno-
mènes dans un cas d’atrophie pigmentaire du foie (Scyllium) (3),
où des nodules adénomateux constitués par des tubes courts
(adénomes trabéculaires) ou disposés en revêtement autour d’une
cavité centrale (adénomes acineux) donnent naissance à des pro-
liférations dont certaines rappellent la morphologie des épithé-
liomas trabéculaires et acineux. Je considère également comme
(1) Bull. Assoc. française pour l'étude du cancer, 1922.
(2) C. R. de l’Acad. des se., et Bull. Inst. océan. Monaco, 1920.
(3) GC. R. de l’Acad. des sc., et Bull. Inst. océan. Monaco, 1921.
240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
cancer pluricentrique, la tumeur vasculaire que j'ai décrite sous
le nom d’endo-périthéliome chez un invertébré (Siponele (x).
En résumé, les cancers multiples primitifs, 1° de même type
histologique — épithélioma malpighien et cancer pilo-glandu-
laire, épithélioma malpighien et cancer ebnérien (Homme); épi-
théliomas cylindriques, trabéculaires, acineux (Sélaciens) endo-
périthéliome (Siponcle) — 2° de type histologique différent —
épithélio-sarcome, épithélio- et endothélio-lymphocytome (Hom-
me) — ne semblent pas constituer un fait exceptionnel de l’his-
togénèse néoplasique et il se pourrait que la recherche systéma-
tique de ces apparentes anomalies, dont l'intérêt n'est pas exclu-
sivement théorique, démontre la fréquence relative des évolu-
tions malignes à début pluricentrique.
(Institut océanographique, laboratoire de Monaco).
ELECTION D'UN MEMBRE TITUIAIRE,
Lisie de présentation.
Première ligne : M. Cu. Ricaer Fils.
Deuxième ligne : M. HARvIER.
Troisième ligne : MM. Biner, Busouer, CHAMPY, GAUTRELET.
VOTE.
Votants : 39.
M. Cu. Ricuer Fils obtient : 34 voix. Elu.
M. GAUTRELET — DANONE
M. Bixer === I VOIX.
M. CHamey k =— T VOIX.
(1) Bull. Inst. océan. Monaco, 1922.
(1)
REUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG
SÉANCE DU 9 JUIN 1922
Aron (M.) : Définition et clas-
sification des caractères sexuels
desstrodeles Mr SLT ULL
ARoON (M.) : Condition de for-
mation et d'action de l’harmo-
zone testiculaire chez les Uro-
Becxkericx (A.) et FERRY (G.) :
A propos du procès-verbal......
BezzocQ (Ph.) : Orientation
des canaux demi:circulaires chez
l'enfant nouveau-né, par rap-
port aux trois plans perpendicu-
laires de l’espace. Modifications
LME MEN RENE
Fontes (G.) : Procédé de carac-
SOMMAIRE
tière colorante du sang dans
TEEN NO RAS ARTE EEE L
Reiss (P.) : L'appareil de Gol-
gi dans les cellules glandulaires
de l’hypophyse. Polarité fonc-
tionnelle et cycle secrétoire.....
SARTORY (A.), et BaiLzy (P.) :
Action combinée de l’agitation et
du sulfate de thorium sur l’4s-
DELSA NI AEUS RER
STROHL (A.) : Sur l'efficacité
des courants à échelons ; réponse
AAMPBT AU ETE LRU AE ENT As
WôRinGER (P.) : La perméabi-
lité intestinale pour le saccha-
rose ; influence de la concentra-
térisation spécifique de la ma- RUB En RE CPE REED CI 4
Présidence de M. G. Weiss.
À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL.
La réunion donne acte à MM. A. Beckerich et G. Ferry de ce
que leur note « À propos d’un cas de bronchite sanglante de
Castellani », insérée dans la séance du 12 mai, avait été présen-
tée, telle qu'elle est publiée, à la séance du 7 avril.
242 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (2)
LT PE OS DST EE AR ENTER AR SC ee
ACTION COMBINÉE DE L'AGITATION ET DU SULFATE DE THORIUM
suR L'Aspergillus fumigalus,
par À. SartTony et P. Baïzzy.
Nous avons vu, en étudiant (1) les modifications morphologi-
ques du mycélium de l'A. fumigatus sous l'influence du sulfate
de thorium, se former de fines colonies sphéroïdales au sein du
liquide. Cette forme spéciale se rencontre généralement dans les
cultures poussant dans un milieu agité. Nous avons donc fait M
agir ensemble l’action du sel de thorium et l'agitation. Voici les j
résultats que nous avons obtenus. &
Nous nous sommes servis d’un agitateur mécanique pouvant
supporter 8 ballons de 5o c.c. et réglé de façon à donner 85- -90
secousses à la minute. Dans la série des ballons, nous avons mis
respectivement 25 c.c. de liquide de Raulin contenant le 500”, le
1.000°, le 2.000°, le 8.000°, le 5.000°, le 8.000° et le 10.000 def
leur poids de sulfate de thorium et un ballon témoin contenant
25 c.c. du milieu pur. On stérilise le tout ; on ensemence avéc
quelques spores d’A. fumigatus et on place les ballons sur l’agi-
tateur que l’on met en marche, le tout restant à la température
ordinaire.
On examine fréquemment ; ce n’est qu'au bout du 4° jour que
l’on aperçoit sur la culture témoin quelques fragments de mycé-
lium. Le lendemain, le développement s’est légèrement accentué;
on distingue des filaments lâches, sans forme, en suspension
dans le liquide. On constate un début de végétation dans les so-
lutions au 2.000° et au 10.000°. Au bout de 8 jours, dans tous
les milieux ayant cultivé, on voit des fragments de mycélium
se séparer nettement les uns des autres et prendre une forme
sphérique assez régulière.
Sur le témoin, à côté de nombreuses petites sphères de mycé-
lium très lisses, très compactes, on trouvé d’autres sphères plus
grosses dont toute la surface est recouverte dé gros filaments de
1 mm. dé long, donnant un aspect chevelu à la colonie. La cul-
ture sur milieu äu 2.060° et au 8.060° présente aussi quelques
sphères chevelues, mais en moins grande ane
Re. TS
TS pets RAS dr Sas: 3
+
er
M
Les milieux aux 3.000°, 5.000° et 10.000° donnent une culture
abondante, constituée de petites sphères de 3-4 mm. de diamètre, Ë
bien formées et assez régulières. FA
À
Après 8 jours d’agitation, le milieu au 1.000° commence à se
développer. Les développements se poursuivent ; des glomérules
fins et réguliers apparaissent dans les solutions du 5.000°-10.000";
(1) C. R. de la Soc. de biol., 10 mars 1922.
(3) SÉANCE DU 9 JUIN 243
ils sont moins nombreux au 2.000°-3.000°, mais légèrement plus
gros. Dans le milieu au r.600°, ils sont peu nombreux, mais ils
deviennent énornies, atteignant la grosseur d’un Pois, englobés
dans des filaments non enroulés, chevelus., La culture au 500°
reste stérile.
On arrête l’agitation, sauf pour le milieu au 5oo°. Ce n'est qu'à
partir du 13° jour que la culture débute ; les sphères se dévelop-
peñt : elles sont moins nombreuses, plus petites, échinulées. Au
20° Jour, nous arrêtons l'agitation. Nous avons remarqué un re-
tard général de plusieurs jours dans l'apparition des premiers
éléments mycéliens ; cela est dù à la différence de température,
nos éxpérieñces précédentes ayant été faites à 37°. Îl est à remar-
quér pourtant qué la culture sur milieu au 500° subit un retard
de 8 jouïs environ, én tenant compte de celui que subit le té-
moin lüi-mème.
Nous avons constaté aussi qu'à la suite de l'agitation le préci-
pité contenu dans le liquide disparaissait avec le développement
des cultures ; un examen imicroscopique nous à montré que les
filaments se recouvraient du dépôt, celui- ci none uné gaine
autour d'eux.
Nous avons laissé se développer des cultures sur liquide de
Raulin pur et contenant 1/1.000° de sulfate de thorium, en agi-
tant matin et soir, de manière à éviter le développement en sur-
face ; au bout de quelques jours, nous avions des filaments sans
forme au sein du liquide ; nous les avons soumis alors à l’agita-
tion ; après quelques jours, ces filaments prenaient plus ou
moins la formé sphérique due à l'agitation.
L'examen microscopique nous à montré des filaments ténus,
feutrés, à cloisons beaucoup plus rapprochées, à protoplasme plus
Ou moins condensé. On trouve surtout dans Îles sphères mycé-
liennes provenant des milieux au 1/bo0o° et au 1/1.000° des formes
slobüuleuses à membrane épaissie, à articles très courts, à proto-
plasrne granuleux, réssemblant aux formes toruleuses que nous
avons décrites den uue noie précédente.
Il résulte dé cés expériences que l'agitation agissant simulta-
ément avec lé sulfaté de thorium n'apporte pas k grands chan-
gements aux cultures poussant sur milieux du 2.000°-10.000",
mais retarde le début du développement pour celles poussant du
560°-1.000°, tout en facilitant ce développement une fois qu'il est
commencé. Elle tait préndre à toutes les cultures la forme sphé-
rique.
me mm mie DR em
244 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (4)
LA PERMÉABILITÉ INTESTINALE POUR LE SACCHAROSE.
INFLUENCE DE LA CONCENTRATION,
par PIERRE WÔôRINGER.
Dans une première communication, nous avons étudié l’ab-
sorption du saccharose dans l'intestin. Ce dihexose subit, au mo-
ment de son passage par la muqueuse intestinale, un dédouble-
ment en ses deux composants, le glucose et le lévulose. Mais
nous avons pu montrer que ce dédoublement est toujours in-
complet et qu'une certaine partie du saccharose ingéré passe in-
tact dans la circulation sanguine. L'organisme, étant absolument
incapable d'utiliser le saccharose s’il n’a pas été dédoublé préa-
lablement par l'intestin, élimine ce sucre passé dans le sang,
intégralement par l’urine comme un corps étranger. Ce fait nous
permet de mesurer la perméabilité intestinale pour le saccharose
et d'exprimer par des chiffres une des fonctions de l'intestin.
Nous avons montré que cette perméabilité est absolument indé-
pendante de la quantité de sucre ingéré. Lorsqu'on donne une
solution de saccharose d’une concentration connue, le pourcen-
tage du sucre qui traverse la muqueuse intestinale est à peu près
constant, qu'on en donne de petites ou de grandes quantités. Le
coefficient de perméabilité, comme nous l'avons nommé, est une
constante caractéristique pour chaque intestin. Il peut varier
dans certains états pathologiques.
Nous avions établi ces faits en opérant avec une solution de
saccharose contenant 5oo gr. par litre. On pourrait nous objec-
ter qu'avec une solution aussi concentrée, par conséquent forte-
ment hypertonique, nous produisions une lésion de l’épithélium
de la muqueuse intestinale et que cette perméabilité, que nous
constations, était une suite de notre intervention. Il importait
donc de prouver que la perméabilité pour le saccharose existe
également pour les solutions moins concentrées. D'autre part,
il était intéressant de savoir si le coefficient de perméabilité va-
rie avec la concentration de la solution ou s’il est constant, et,
s’il y a des variations, d'étudier les lois qui les régissent. Nous
avons donc fait l’essai suivant. Nous avons donné à un Chien
la même quantité de saccharose (50 gr.) à différentes concentra-
Hons. L'animal, qui pesait environ 12,500 kgr., élimina, lors-
qu'il reçut :
100 c.c. d’une solution à 5oo gr. p. Î. OO SM E SO MDICS
MO ECICE — à {oo gr. p. I. O DAT. —M;09Np EC:
107 c.c. — à 300 gr. p. 1. 0,473 gr. — 0,95 p. c.
250 c.c. — da 200 27. p:l: 0,235 gr. — 0,47 p. c.
500 cc, — à 100 gr. p. I. DST EU SU Spere;
(5) SÉANCE DU 9 JUIN 245
Cette expérience montre qu'il y a une perméabilité intestinale
pour le saccharose avec toutes les solutions employées, mais
qu'elle varie avec la concentration de la solution.
Nous avons encore pu déterminer le coefficient de perméabilité
pour une solution contenant 50 gr. par litre. Le même Chien
élimina après ingestion de 500 c.c. d’une solution à 5o gr. par
litre. — 0,036 gr.— 0,15 p. 100.
Pour des solutions plus faibles nos méthodes d'analyses ne
sont plus assez fines, vu les petites quantités de sucre éliminé
dans un grand volume d'urine.
Si nous considérons les coefficients de perméabilité trouvés,
nous voyons qu'ils tombent au fur et à mesure que la concen-
tration baisse. Avec la même quantité de saccharose ingéré, il y
a élimination de quantités d'autant plus petites de ce sucre que
la solution est plus diluée.
Nous avons donc recherché quel était le rapport entre le coef-
ficient de perméabilité et la concentration de la solution. A la
suite de nombreux essais, nous sommes arrivés au résultat que
le coefficient de perméabilité est directement proportionnel à la
concentration, c'est-à-dire que si nous connaissons le coefficient
pour une solution de 5oo gr. par litre, par exemple, nous pou-
vons calculer les coefficients pour toutes les autres concentra-
C
500
gr. par litre). Nous donnons les chiffres trouvés chez 3 Chiens.
Chez le Chien n° r, nous avons fait 2 séries d'expériences ; nous
prenons la moyenne pour la comparer au chiffre calculé. Sauf
pour la deuxième série du Chien n° r, tous les résultats ont été
obtenus avec 140 c.c. de la solution indiquée.
tions en multipliant par (c—concentration de la! solution en
Chien n° I
Coefficients
Concentration 1re série 2e série moyenne calculé
So Et 0 MNNMEMENREZeS à: 0,10 @} TE 0,19
100 re je RERO 0,91 0,930 0,91 0,97
LOÙ SRNDARERSMENNAR RES 0,8 0,47 0,93 0,74
DOG EU MORE RENTEEERERe 1,10 0,92 1,00 T,II
ÉOO te RARE ARE REERRC ER 1,71 1,09 1,40 1,48
DUO pl... Éokascoe k 1,04 1,93 1,84 1,89
QE Coefficients D
CGbien mal Chien ne Ill
Re OU Rem
Concentration trouvé calculé trouvé calcule
OO D Re on 0,42 0,30 0,39 0,34
DOOPON Da less Le SNPE RES 0,68 0,99 0,2 0,68
SOON PART. 0,75 0,89 0,7D 1,02
HOOMEA DE IE RAR RES R 0,94 1,18 1,09 1,90
HO SIE DA RARE HUILE 1,48 1,48 1,68 1,68
La coïncidence entre les chiffres calculés et trouvés nous sem-
246 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (6)
ble suffisante pour conclure que la perméabilité intestinale pour
le saccharose est en proportion directe avec la concentration de
la solution de sucre ingérée,
(Glinique infantile, D' Rohmer),
DÉFINITION ET CLASSIFICATION DES CARACTÈRES SEXUELS
DES URODÈLES,
par M. ARON.
Chez les Urodèles, en particulier chez le Triton crêté, la défi-
nition et la répartition en catégories tranchées des différents ca-
ractères sexuels sont facilitées par la dissociation nette qui se
manifeste dans l'ordre de leur développement. Au cours d’une
première période, qui va jusqu'à un stade atteint pour une lon-
sueur de 6-8 cm. environ, le jeune Triton mäle ne se distingue
pas extérieurement de la femelle. Le testicule, bien différencié
avant la fin de cette période, renferme des gonies primitives et
secondaires. Les canaux de Wolff et de Müller coexistenit dans
une gaine conjonctive commune. Il n’y a alors d'autre caractère
sexuel que la glande génitale, qui réprésente un caractère séxuel
primuttf. Dans une deuxième période, le Triton mâle acquiert des
caractères externes et internes qui permettent l'identification
du sexe en dehors de l’examen histologique dé la gonäde. On
voit naître le rudiment de la future crête dorsale propre au mâle,
crête destinée à croître périodiquement, après la maturité
sexuelle, pendant le rut. En même temps, le canal de Wolff
subit un développement marqué, le canal de Müller subsistant à
son côté dans son état rudimentaire initial. L’ébauche de la crête,
le canal de Wolff évolué, représentent des caractères sexuels pri-
maires. Dans üne rnôte présentée récemment à l’Académie des
sciences, fous avons indiqué que leur apparition semble être
sous la dépendance d’un tissu glandulaire, qui devient alors visi-
ble au niveau du hile testiculaire. Enfin, une troisième période
est marquée par l'apparition de caractères, dont une partie cons-
Ô
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LS RE Pa
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titue ce qu'on nomme communément la « parure nuptiale ». Il
s’agit des caractères sexuels secondaires proprement dits, qui sont
ici périodiques : leur poussée se produit au printemps, à partir
de l’époque où les spermies commencent à s’éliminer (x). Elle ».
(1) Cette époque de la première élimination des spermies peut être plus L.:
ou moins postérieure à la « maturité sexuelle » proprement dite, c’est-à-dire à
Re
l’apparition de spermies mûres dans le testicule : le Triton ést donc suscep-
üble. de parvenir à malurité sexuelle sans présenter de caractères secon-
daires.
CRE RCE
(T) SÉANGE DU Ÿ JUIN 247
ee re Pme Lt TURIN 7 a uaN te ie te
est conditionnée, comme nous l'avons précédemment mon-
tré (1), par la production dans le testicule d'un nouveau tissu
endocrinien, résultant de la prolifération des cellules nourricières
dans les cystes vidés, et différant, par Son mode de formation,
de celui qui apparaît lors de la différenciation des caractères
sexuels primaires.
Les caractères sexuels secondaires de Triton cristatus peuvent
être rangés en 3 catégories : les uns sont dus à la transformation
des caractères primaires développement de la crête, phénomènes
de prolifération et de sécrétion dans le canal déférent (auxquels
il y a lieu d'ajouter les modifications des glandes cloacales ex-
ternes et internes); d’autres, à la transformation de certains élé-
ments du soma présents chez les 2 sexes, mais sensibles seule-
ment à l’action de l’harmozone testiculaire (phénomènes de pig-
mentation ; phénomènes de sécrétion dans les tubes excréteurs
rénaux); les derniers, enfin, sont les caractères du comportement
psycho-sexuel.
En résumé, la classification des caractères sexuels des Urodèles
en caractères primitifs, primaires et secondaires, semble seule
conforme aux faits d'évolution. Il est, en effet, logique de re-
connaître à la gonade la valeur du caractère le plus primitif,
puisque le testicule constitue pendant une longue période le seul
critère de différenciation du sexe mâle. Il semble, d'autre part,
indispensable de séparer radicalement caractères primaires êt
secondaires, tant au point de vue chronologique que physiolo-
gique. Non cernes les premiers manifestent une priorité nette
dans le développement, mais encore, le fait que les caractères
sexuels secondaires se recrutent à la fois parmi eux et parmi
des caractères somatiques jusque là indifférents, prouve que le
conditionnement respectif des deux catégories est rigoureuse-
ment spécifique.
Les faits sus-indiqués font ressortir l’uniformité qu'on cons-
tate dans la série des Vertébrés à propos des manifestations di-
verses de sexualité. Chez les Mammifères, Bouin et Ancel avaient
autrefois distingué des caractères primaires (glande génitale),
secondaires (conduits excréteurs des gonades, organes copula-
teurs) et tertiaires (signes de la puberté). L'homologie s'impose
de cette classification à celle que dicte l'observation des Urodèles.
Seul, le respect de l’usage nous incite à employer une termino-
logie qui laisse, aux caractères dits secondaires, leur signification
courante de témoins, périodiques ou permanents, de l’activité
sexuelle.
(Institut d’'histologie de la Faculté de médecine).
(x) G. R. de la Soc. de biols, t. LXXXV, p: 482. CG, R. de l’Acad, des sc.,
t. CLXXIIT, p. 57.
2438 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (8)
CONDITIONS DE FORMATION ET D ACTION DE L'HARMOZONE TESTICULAIRE
CHEZ LES ÜRODÈLES,
par M. Akon.
Les caractères sexuels secondaires de Triton crisialus se déve-
loppent toujours, au début de la période dite nuptiale, dans un
ordre déterminé. Les phénomènes sécrétoires dans le canal défé-
rent, les tubes sécréteurs des reins, les glandes cloacales, sont les
premiers qu’on enregistre ; ensuite, s’accuse la pigmentation de
la queue ; enfin, se produisent le développement de la crête dor-
sale, le gonflement du cloaque, l’état marbré de la tête. À la
fin du rut, la régression de ces caractères a lieu dans l’ordre in-
verse. Ces constatations donnent à penser que les divers carac-
tères sexuels secondaires sont inégalement sensibles à l’action
de l’harmozone testiculaire et une telle hypothèse trouve sa con-
firmation dans les manifestations de rut atténué que les Tritons
sont susceptibles de présenter. Il arrive, en effet, que les fac-
teurs (1), qui déterminent la mise en jeu de l’activité sexuelle,
ne jouent que d’une manière partiellement efficace et que, pen-
dant la période normale des amours, la parure ne se développe
qu incomplètement. La même éventualité peut se trouver réali-
sée, en dehors de cette période normale, chez des animaux qui,
élevés au laboratoire, marquent pendant tout l'hiver un certain
degré d’activité sexuelle et revêtent une parure de faible déve-
loppement. Dans ces divers cas, la ligne argentée caudale appa-
raît plus ou moins brillante ; mais, la crête est basse, voire ré-
duite au rudiment qu’elle constitue en tant que caractère sexuel
primaire (voir la note précédente). Les autres manifestations de
la nuptialité (sécrétion dans le canal déférent, les tubes rénaux,
les glandes cloacales, etc.), ont lieu avec une intensité moyenne.
Or, il existe évidemment un rapport étroit entre l’état de la
parure et les modalités de formation du tissu glandulaire du tes-
ticule. Nous avons antérieurement montré que ce tissu, qui tient
sous sa dépendance les caractères sexuels secondaires, résulte
de la prolifération des cellules nourricières dans les cystes qui se
vident de leurs spermies et de la constitution d’amas glandulaires
transitoires. La génèse de chacun de ces amas comporte une
série de stades aisément identifiables, qui vont du début de l’éli-
mination des spermies à la régression, du reste assez prompte,
de la glandule développée dans le cyste. La rapidité du processus
(1) Ces facteurs sont complexes et leur analyse se montré fort difficile.
Nous y reviendrons dans un prochain travail in extenso.
(9) SÉANCE DU 9 JUIN 249
de production d’amas jeunes à la suite de ceux qui s’épuisent,
est attestée par la variété des stades observables.
Quand les manifestations du rut (parure, caractères internes,
comportement) sont intenses et complètes, il est constant de trou-
ver dans le testicule, au niveau du hile, une plage glandulaire
étendue, comportant des images de multiples stades évolutifs
des glandules caractéristiques : cystes en train de se vider, amas
en-période d'état, amas en régression. Mais, dans les formes de
rut atténué ci-dessus mentionnées, la zone glandulaire est moins
importante, présente une plus grande uniformité de stades et
les cystes en cours d'évacuation, les stades jeunes y apparaissent
plus rares. L’intensité de développement des attributs de la pa-
rure est donc subordonnée à l’abondante production, par pous-
sées subintrantes, d’amas endocriniens, ce qui correspond à l’éva-
cuation incessante de nouveaux cystes. Si, par contre, cette éva-
cuation est lente et si le tissu glandulaire prend naissance par
poussées discrètes, à intervalles plus ou moins longs, la parure
x
reste réduite à certains éléments seulement.
Considère-t-on, au même point de vue, la période initiale du
rut, on constate que le premier développement des caractères
sexuels secondaires, dans l’ordre que nous avons indiqué au début
de cette note, est rigoureusement et constamment soumis à la
genèse des tout premiers amas glandulaires. À mesure que la
formation du tissu endocrinien gagne en importance et en ra-
pidité, la parure se complète et les Hana tons de l’activité
sexuelle S’intensifient.
Si l’on observe enfin le déclin de la période nuptiale, on enre-
gistre la prédominance des formes de régression dans la zone
glandulaire et, dans les cystes encore en transformation, les
images caractéristiques d’une formation très ralentie des amas.
De ces constatations se dégagent les points suivants : 1° L’in-
tensité des manifestations du rut chez les Urodèles dépend de la
quantité d’harmozone déversée dans l'organisme et de la conti-
nuité de son action ;: en effet, aux caractères d'intensité et de
continuité de la production des amas endocriniens répondent
évidemment l’abondance et la continuité de la sécrétion de la
substance active. 2° Les divers caractères sexuels secondaires sont
inégalement sensibles à l’action de l’harmozone testiculaire. Les
uns subissent l’action des moindres glandules formées dans le
testicule, donc de faibles quantités d'harmozone, comme on le
constate au début de la période nuptiale ou dans les formes atté-
nuées du rut (épithélium déférentiel, pigment). D’autres néces-
sitent une production intense et continue d’harmozone (crête,
turgescence du cloaque, certains caractères du comportement).
250 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (10)
3° La loi du tout ou rien, mise en évidence par Pézard chez les
Oiseaux, ne paraît donc pas devoir s'appliquer aux Urodèles.
Il découle également de nos observations que la connaissance
de ces faits, en particulier des formes atténuées du rut, est indis-
pensable dans l'étude des caractères sexuels secondaires des Tri-
tons, si l’on veut éviter de graves erreurs d'interprétation, entre
autres l'assimilation des formes atténuées du rut à l’inactivité
sexuelle.
(Institut d'histologie de la Faculté de médecine).
ORIENTATION DES CANAUX DEMI-CIRCULAIRES CHEZ L'ENFANT
NOUVEAU-NÉ, PAR RAPPORT AUX 3 PLANS PERPENDICULAIRES
DE L'ESPACE. MODIFICATIONS ULTÉRIEURES,
par Puicippe BELLOCQ.
Les canaux demi-circulaires ont, chez le nouveau-né, une
orientation relativement fixe ; ils possèdent chez l'Homme adulte
une direction plus variable. Il y a donc des modifications qui
se produisent au cours de la croissance au niveau des canaux
demi-circulaires, modifications dont nous allons examiner le
mécanisme.
Canal demi-circulaire supérieur. Ge canal, vertical chez le nou-
veau-né, est vertical ou oblique chez l’adulte. Sa branche anté-
rieure toujours oblique en haut et en dehors chez le nouveau-né
et chez l'Homme adulte, est nettement relevée chez ce dernier.
L'examen de la position de la boucle de ce canal confirme l’exis-
tence de ce relèvement de la branche antérieure. Cette boucle,
qui réunit cette branche à la branche postérieure du canal se
porte nettement en dedans au cours de la croissance. Quant à la
branche postérieure du canal supérieur qui s'ouvre par sa partie
inférieure dans la branche commune à ce canal et au canal pos-
térieur, elle est, chez le nouveau-né, normalement placée dans
un plan vertical. Chez l’adulte, elle est semblablement orientée
ou se dirige obliquement en bas et en dedans. Dans le premier
cas, le plan d'ensemble du canal peut être considéré comme ver-
tical ; dans le second, il est franchement oblique en bas et en
dedans, puisque ces diverses portions ont toutes cette orienta-
tion. La direction que possède la branche postérieure chez
l’adulte est la preuve que celle-ci ne saurait être seulement in-
fluencée par le mouvement de redressement, pourtant bien net,
que subissent la branche antérieure et la boucie de ce canal.
Ce mouvement devrait amener, en effet, la branche posté-
EE
(41) SÉANCE DU 9 JUIN 251
rieure à devenir oblique en bas et en dehors. On constate, au
contraire, qu'elle reste verticale ou qu'elle prend même une obli-
quité inverse. Il se produit donc, en même temps qu'un mou-
vement d'ensemble du canal, des modifications locales qui chan-
gent la position respective de ses divers segments.
Canal demi-circulaire postérieur. Ce canal, toujours oblique
en bas et en avant chez le nouveau-né, peut, chez l’adulte, garder
une position identique, être franchement plus oblique, ou se
placer verticalement. Le canal postérieur paraît donc, dans cer-
tains cas, ne pas changer son orientation au cours de la crois-
sance, dans d’autres, il accentue son obliquité, dans d’autres,
enfin, il devient vertical. Comme les canaux postérieurs à obli-
quité très marquée s'associent à des vestibules en position obli-
que, il est permis de considérer qu'une même cause a provoqué
le renversement du vestibule (1) et fait basculer en arrière le
canal postérieur. Il reste à expliquer comment ce canal peut
prendre une position verticale. Ces canaux verticaux correspon-
dent toujours à des vestibules en position droite, c'est-à-dire du
type infantile. Ces vestibules n’ont donc pas subi de modification
apparente au cours de la croissance et souvent le canal posté-
rieur qui débouche dans leur cavité n’a pas varié son obliquité.
Donc, aucun mouvement d'ensemble ne peut expliquer ce pas-
sage pour le canal postérieur d’une position oblique, primitive,
à une position verticale. [l faut donc admettre l'existence d’un
processus local qui est venu modifier le canal, changer la dis-
position de ses branches.
Canal demi-circulaire externe. Le canal externe est, chez le
nouveau-né, nettement oblique en bas et en arrière. Fréquem-
ment incliné chez l’adulte comme chez le nouveau-né, il est
plus souvent d’une obliquité supérieure ou se place horizontale-
ment, Ce que nous avons indiqué pour le canal postérieur s’ap-
plique aussi au canal externe, les canaux très obliques coexistant
toujours avec des vestibules en position oblique et les canaux
horizontaux avec des vestibules en position droite. Mais ce ne
sont pas là les seules modifications visibles qui se produisent
au niveau de ce canal. Il est, chez le nouveau-né, non seulement
oblique en arrière et en bas, mais encore incliné en dehors. Les
2 branches qui le constituent, branche antérieure et branche
postérieure, ont ainsi une orientation semblable et le coude qui
réunit ces 2 branches répond au point le plus déclive du canal.
Il convient, cependant, de noter que la branche antérieure du
canal est toujours plus inclinée que la branche postérieure et
que la différence qui existe dans leur inclinaison est variable.
(x) Congrès de l’Assoc. des anatomistes, Gand, 1922.
252: RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (12)
Ceci permettra de comprendre les modifications que nous allons
maintenant relever chez l'adulte. On constate en effet : 1° que
la branche antérieure est plus fortement inclinée chez le nou-
veau-né que chez l’adulte ; 2° que la boucle du canal est située
nettement plus bas chez le nouveau-né que chez l'adulte ; 3° que
la branche postérieure est, chez l'adulte, parfois oblique en haut
et en dedans comme chez le nouveau-né, et, le plus souvent, ho-
rizontale ou oblique en sens inverse. Il devient ainsi manifeste
que le canal externe subit, au cours de la croissance, un mouve-
ment de relèvement. L'inégale inclinaison des 2 branches de ce
canal explique que l'effet de ce mouvement puisse être différent
sur chacune d'elles. Ce mouvement de relèvement du canal ex-
terne, le mouvement de redressement du vestibule et celui du
canal supérieur paraissent déterminés par les mêmes causes. Ce
sont là 3 phénomènes connexes.
L’exposé des faits que nous venons d'indiquer montre que les
3 canaux demi-circulaires subissent, le plus souvent, au cours
de la croissance, des changements importants dans leur orien-
tation. Ces modifications sont sous la dépendance de causes dont
les unes influencent simultanément le vestibule et les canaux
demi-circulaires et dont les autres s’exercent seulement sur ces
derniers. Les premières produisent des mouvements d'ensemble
des canaux, les secondes déterminent une sorte de remaniement
de ces canaux. Ceux-ci, en modifiant leur courbure et les rap-
ports réciproques de leurs branches, se comportent comme des
organes doués d’une réelle malléabilité.
Quelle peut être la signification de cette évolution divergente
suivie, chez l'Homme adulte, par les canaux demi-circulaires ?
On ne peut, pour l'instant, formuler que des hypothèses ; mais
il est peu vraisemblable que des positions aussi différentes que
celles que prennent, chez l’adulte, ces canaux demi-circulaires
puissent être également favorables à l’accomplissement d’une
même fonction. Il y a là comme une sorte d'équilibre imparfait,
résultat d’influences diverses qui doivent s'exercer sur le laby-
rinthe statique.
(Institut d'anatomie de la Facullé de médecine).
EN
f
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#
(2
2
oi
(13) SÉANCE DU 9 JUIN 253
PROCÉDÉ DE CARACTÉRISATION SPÉCIFIQUE
DE LA MATIÈRE COLORANTE DU SANG DANS L'URINE,
par GEORGES Fonres.
Ce procédé est basé sur les faits suivants : 1° en milieu acide,
l’'hémoglobine se transforme en hématine ; 2° l'alcool amylique
est capable d’extraire l’hématine de sa solution dans un liquide
aqueux acidulé ; 3° les réducteurs, en présence d’ammoniaque
ou de corps possédant le groupement N° ou encore de pyri-
dine, transforment l’hématine en hémochromogène. Ce dernier
pigment possède une couleur rouge-fraise très intense et présente
2 bandes d'absorption dont les milieux sont respectivement à
à 560 et à À 530. La première de ces bandes est d'une netteté
toujours très considérable. Couleur et spectre font de l’hémo-
chromogène le pigment le plus facile à caractériser parmi les
dérivés ferrugineux de l’hémoglobine.
Le premier et le troisième faits sur lesquels s'appuie le procédé
sont d'acquisition ancienne et couramment employés. Le second
fait, à ma connaissance, n'avait pas encore été signalé.
Pour rechercher et caractériser la matière colorante du sang
dans l’urine, on opérera de la façon suivante : dans une boule à
décantation de 200 c.c. de capacité, introduire environ 100 c:c.
d'urine et 15 c.c. d’un mélange, à parties égales, d’alcool amy-
lique et d'acide acétique cristallisable. Agiter violemment. Lais-
ser ensuite reposer quelques minutes. L'alcool amylique, peu
soluble dans l’urine, se sépare, à la partie supérieure, en entrai-
nant l'hématine, un peu d'acide acétique et d’autres pigments
normaux ou anormaux de l’urine. Décanter la couche supérieure
amylique et la recevoir sur un entonnoir muni d’un filtre à plis.
L'alcool amylique, fortement émulsionné, ne filtre pas. Par
contre, un peu d'urine mécaniquement entraînée passe à tra-
vers le filtre. Rejeter tout ce qui s'écoule ainsi. Faire alors cou-
ler sur le filtre r à 2 c.c. d'alcool éthylique à 95°. Cet alcool
détruit l’'émulsion et l’hématine filtre claire, cependant que sont
retenues certaines substances (d’origine probablement albumi-
noïde précipitées par l'acide acétique et entraînées mécanique-
ment) qui gêneraient l'examen spectroscopique ultérieur. Re-
cueillir dans un tube à essais cette solution d’hématine presque
incolore. Ajouter alors environ 5 c.c. d’'ammoniaque concentrée
tenant en dissolution une pincée d’hydrosulfite de soude. Bou-
cher le tube avec le doigt et le renverser 2-3 fois sur lui-même,
sans agiter. L'hématine se transforme en hémochromogène et
l'ensemble du tube prend une teinte rouge-fraise plus ou moins
Biorocre. CoMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 18
254 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (44)
intense. Laisser reposer quelques instants. La couche alcoolique,
non miscible à l’ammoniaque, se sépare à la partie supérieure
du tube et permet l’examen spectroscopique avec une.très grande
netteté. Les bandes sont encore visibles avec une concentration
initiale de sang de 1 p. 3:000. Mais la couleur (rougeâtre par
transparence et légèrement verdâtre par réflexion) de l’hémo-
chromogène en solution très étendue persiste encore avec une
concentration de 1 p. 5.000. On la verra mieux en regardant le
tube en profondeur.
Il n’y a aucun intérêt, dans l’espoir d’augmenter la sensibilité:
du procédé, d'opérer l'extraction sur plus de 100 c.c. d'urine:
La séparation de la quantité indiquée d’alcool amylique se fait
mal dans ces conditions et, si l’on augmente cette quantité, on!
dilue l’hématine produite dans trop de liquide pour que l’examen
spectroscopique de: l’hémochromogène puisse se faire avec net-
teté.
Outre l’hématine, l’alcool amylique extrait d’autres pigments.
normaux ou anormaux de l’urine, notamment l’urobiline et les
pigments biliaires. Aucun de ces pigments ne gène la recherche
précédemment indiquée, à condition de se limiter à la caracté-
risation spectroscopique de l’hémochromogène. Par contre, pour
des concentrations initiales inférieures à r p. 3.000, ces pigments
alièrent la couleur propre de l’hémochromogène et ne permet-
tent plus sa caractérisation.
(Institut de chimie biologique de la Faculté de médecine).
Î
(A)
LOL
OT
(15) SÉANCE DU 9 JUIN
L'APPAREIL DE GOLGI DANS LES CELLULES GLANDULAIRES
DE L'HYPOPHYSE. POLARITÉ FONCTIONNELLE ET CYCLE SÉCRÉTOIRE,
par P. Rerss.
Nous possédons, dans l'appareil réticulé interne de Golgi, un
indicateur très net de l'orientation fonctionnelle d’une cellule.
Les constatations de Ramon y Cajal et de ceux qui ont étudié
cet appareil, surtout sur des cellules glandulaires, ont prouvé
suffisamment l'exactitude de cette manière de voir. L'appareil
de Golgi se trouve, en effet, localisé dans le pôle de décharge
des cellules glandulaires. Nous avons pu, Courrier et moi, nous
servir de ce fait pour étudier la polarité des cellules parathyroï-
diennes (1). Il était intéressant d'examiner de ce même point
de vue le lobe glandulaire de l’hypophyse. Cowdry, dans un
travail assez récent et avec la même technique, n’a pu constater
dans les éléments de ce lobe une orientation régulière de l’appa-
reil de Golgi. Un travail récent de Stewart (2) confirme que les
cellules hypophysaires passeraient d'un stade chromophobe de
repos à une phase basophile, puis à une phase où la cellule est
remplie de grains acidophiles, qui seraient finalement excrétés
dans un capillaire à la périphérie des cordons.
J'ai pu combiner la technique de Cajal, pour la mise en évi-
dence de l'appareil de Golgi, avec des colorations cytoplasmiques
et nucléaires, en traitant les coupes des pièces imprégnées au
nitrate d'argent par le chlorure d’or, procédé recommandé sou-
vent, et qui permet des colorations supplémentaires. J’ai étudié
lhypophyse du Veau, du Chien et du Chat ; ce dernier, surtout,
m a donné de bons résultats.
L'orientation de l’appareil de Golgi est différente suivant le
stade considéré. Dans les cellules chromophobes, assez difficile-
ment distinguables des cellules basophiles dans mon matériel,
l’appareil réticulé semble ne pas avoir de localisation précise.
Dans les autres éléments des cordons, la localisation de l’appa-
reil réticulé est absolument nette et frappante. Dans les cellules
basophiles, il se trouve régulièrement tourné vers la périphérie
des cordons, c’est-à-dire vers les capillaires sanguins. Les cel-
lules acidophiles, par contre, ont leur appareil dans la partie la
plus interne de la cellule, orienté vers l’intérieur des boyaux
cellulaires.
On observe aussi des cellules dont les réactions tinctoriales
sont intermédiaires, c’est-à-dire qui sont basophiles dans leur
(x) C. R. de la Soc. de biol., séance du 14 avril 1922.
(2) Amer. Journal of Anatomy, 1922.
256 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (16)
zone centrale, acidophiles dans leur zone périphérique. L'’appa-
reil de Golgi se trouve alors dans le territoire basophile, vers la
périphérie du cordon, comme dans les cellules basophiles.
Il s’agit maintenant de savoir ce qui se trouve à l’intérieur des
cordons, centre vers lequel convergent les cellules acidophiles.
Une section transversale de cordon montre que les cellules ont
une disposition irrégulièrement radiaire. Au centre, on trouve
assez régulièrement, surtout chez le Chat, des noyaux assez pe-
tits, souvent allongés, qui ont apparamment le caractère de
noyaux endothéliaux. Il n'est pas rare, en effet, de trouver une
fente ou cavité centrale bordée par un de ces noyaux.
Les faits que je viens de rapporter conduisent aux conclusions
suivantes : si l'on admettait le cycle sécrétoire de la cellule hy-
vophysaire décrit par les auteurs, et, tout récemment, par Ste-
wart, il faudrait aussi conclure à une translation de l'appareil
de Golgi au cours du travail de cette cellule glandulaire. Mais,
i l’on se rappelle que l’appareil de Golgi, dans la cellule exo-
crine, est toujours localisé au pôle de décharge, je suis tenté
d'admettre une autre interprétation du fonctionnement de la
cellule hypophysaire. Quand celle-ci se trouve au stade basophile,
Île excréterait à la périphérie du cordon, dans le capillaire san-
guin. Quand elle est devenue acidophile, elle excréterait son pro-
duit de sécrétion dans la fente intracordonale. D’après cette in-
terprétation, la cellule hypophysaire serait donc capable de fa-
briquer deux produits différents, l’un basophile, l’autre acido-
phile, qu’elle déverserait successivement dans le milieu intérieur.
(Institut d’'histologie de la Faculté de médecine).
(17) SÉANCE DU 9 JUIN en
SUR L’EFFICACITÉ DES COURANTS A ÉCHELONS ;
RÉPONSE À M. LAUGIER,
par À. STROHL.
A propos de 2 notes où j'ai étudié récemment l'excitabilité
électrique des courants présentant une brusque variation d’in-
tensité, et conclu qu'entre certaines limites l'excitation produite
par une onde est d'autant plus forte que la variation d'intensité
est elle-même plus grande (1), H. Laugier a présenté à la Société
de biologie quelques remarques (2) auxquelles je voudrais ré-
pondre brièvement.
Selon H. Laugier, les faits que j'ai observés pouvaient être
prévus par la loi d’« Hoorweg-Weiss ». Je ne vois pas comment,
les travaux expérimentaux de Hoorweg ayant porté sur l’excita-
tion par les décharges de condensateur, on puisse en déduire les
résultats auxquels je suis parvenu au moyen de courants recti-
lignes successifs. Quant à la loi de Weiss, si je ne me trompe,
elle indique uniquement que, pour qu'il y ait excitation, il faut
qu il soit mis en jeu, dans un temps donné t, une quantité d’élec-
tricité : Q=a+bt. Il semblait même, d’après certaines expérien-
ces de Weiss (3), que la manière, dont est répartie la quantité
d'électricité pendant la durée d’excitetion, n’intervenait pas pour
en changer la grandeur. Dans ce cas, à quantité et à durée égales,
lexcitabilité devrait être la même avec les courants à échelons
et les courants continus.
_ C'est justement pour vérifier ce dernier point que, sur le
conseil de Weiss, j'avais, dès 1914, préparé la technique qui m'a
servi dans ces expériences.
Si la loi de Weiss, comme l’observe H. Laugier, indique la pos-
sibilité pour deux courants successifs dont le premier seul est
efficace, d’exciter mieux le muscle qu'un courant développant
la même quantité d'électricité dans le même temps, elle ne laisse
pas prévoir ce résultat lorsque le premier seul est inefficace et
surtout quand le premier est plus petit que le second. Rien donc
de plus légitime que d'interroger l'expérience à ce sujet.
Réalisant sur un des modèles hydrauliques de Lapicque des
expériences analogues aux miennes, H. Laugier a trouvé des ré-
sultats concordant avec les miens. J’en suis heureux, et, d’ail-
leurs, je n’ai jamais songé à contester l'importance des concep-
tons théoriques de Lapicque sur le mécanisme de l'excitation,
GRR dE la Soc. detbiol.,1t… EXXXNI,/plhizo.et p. 179, 1922.
CICR de larSoc. de biol., t. LXXXVI, np: 722, 1922.
(3) Arch. ital. de biol., t. XXV, fasc. III, p. 413-446, rgor.
258 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (18)
ni l'intérêt des dispositifs qu'il a imaginés pour rendre mesura-
bies des phénomènes trop complexes pour pouvoir être abordés
par le calcul. Néanmoins, j'estime qu'il n’est pas encore devenu
superflu d’expérimenter sur le muscle lui-même et qu'il con-
vient, au contraire, de multiplier le plus possible les confronta-
tions entre les tentatives d'explication physique et l'expérience.
Ce qui m'a le plus surpris, dans la note de H. Laugier, c'est
le reproche qu'il me fait de revenir à la loi de Du Bois-Reymond.
Le lecteur se rendra compte par lui-même si telle a été ma pensée.
Puisque j'avais trouvé (et cela est d’ailleurs conforme aux recher-
ches antérieures de Lapicque (x) sur l’efficacité comparée des cou-
rants continus ét des décharges de condensateur) que, parmi les
courants qui mettent en jeu une quantité donnée d'électricité dans
un temps donné, ce sont ceux dont l'intensité reste constante qui
sont les moins efficaces, n’avais-je pas le droit de parler d’un
« facteur qui rappelle l’ancienne loi de Du Bois-Reymond » avec
« cette restriction des plus importantes » que l’analogie est limi-
tée au cas où les ondes émettent des quantités égales dans des
temps égaux, sans passer pour défendre une loi qui, dans sa gé-
néralité est formellement condamnée par l'expérience ?
Au surplus, H. Laugier ne discute pas les faits. L'expression
seule lui semble critiquable. Quoi qu'il en soit, si nos conclu-
sions péuvent s'étendre à des ondes de forme quelconque, toute
interprétation physique des phénomènes d’excitation devra tenir
compte de cette efficacité minima des courants constants, dans
les limites définies ci-dessus, et cela, quelle que soit la forme
sous laquelle on exprimera cette donnée expérimentale.
(Institut de physique biologique de la Faculté de médecine).
(x) Journal de physiologie et de path. génér., p. 565, rgo7.
9)
REUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE
SÉANCES DES 16 MARS, 6 AVRIL,
SET.
CANTACUZÈNE (J.) : Réactions
d'immunité chez Sipunculus nu-
dus, vacciné contre une Bactérie.
CaNTAGUzÈNE (J.) : Sur le rôle
“agolutinant des urnes chez Si-
DADEUIUSENUAUS 2.1
CANTAGUZÈNE (J.) : Sur le sort
ultérieur des urnes chez Sipun-
culus nudus au cours de l’infec-
tion et de l’immunisation......
CiurEA ([.) : Sur quelques
Trématodes du Renard et du
Bhabsanyane.. 2e...
GHeorGaiu (I.) : Une Pasteu-
xrelle pathogène pour les Rats.
Léon (N.) et CIuREA He 5
Un nouvel Echinostome chez
me ne, eu...
Mamesco (G.) ‘et Tupa (A.) :
Recherches histo-pathologiques
sur les mitochondries..........
Nasta (M.) : Contribution à
étude de l’action du B. histoly-
Aleus sur les fissus . . . ....:....
Norca : L’agraphie chez l’apha-
18 Mal
24
19
43
28
45
22
52
39 ,.
1922
SOMMAIRE
Sique SeHSOTIEL. 5. 7h
Norca : La perception auditive
et la perception visuelle........
Norca : Les onomatopées et le
langage des enfants. Les gestes.
Norca : Sur l’apraxie.:
OBreGia (A.) : Sur les halluci-
nations dans la phase paranoïde
de la paralysie générale. .......
RiGrer (E.) : Dosage chrono-
métrique de l’acide urique .....
RieGzer (E.) : La recherche et
le dosage de l’acide .acétylacé-
HOME a0vu0tocdacocdododbende
Zotta (G.) : Les leucocytes du
sang de.Carausius morosus. Les
MASLOCMÉCS EEE EE ECC RCE
Zorra (G.) : Les leucocytes du
sang de Carausius morosus. Leu-
cocytes fusiformes et cellules
ADDAMENTÉES EP ET
ZotTA (G.) : Leucocytes du
sang de Carausius morosus. Pro-
leucocyte et cellules qui «en dé-
TIME METEO 2e ec
SECTION .DE BUGAREST
Présidence de M. J. Gantacuzène.
par J. CANTACUZÈNE.
:(r) Nôte présentée dans la ‘séance du 2 ‘février 1922.
(2) :Aroh. de ‘zool. empér., imgoz, série IT, 4. X,:p. 70.
259
34
32
46
48
56
5x
Lx
58:
29.
SUR LE RÔLE AGGLUTINANT DES URNES CHEZ Sipunculus nudus (1),
La fonction antixénique des urnes chez les Géphyriens a fté si:
gnälée depuis longtemps. Le travail de Cuénot (2) met la question
260 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (20)
au point et y apporte bon nombre de précisions nouvelles. L’in-
térêt très grand que présentent ces éléments au point de vue
des réactions d’immunité m'a engagé à reprendre la question.
J'ai choisi Sipunculus nudus pour objet de mes études. Chez
cette espèce les urnes sont libres ; elles sillonnent en nombreux
essaims, en tous sens et très rapidement, le liquide cavitaire.
Un Siponcle de taille moyenne fournit facilement 15 c.c. de
liquide ; dans ce dernier, conservé in vitro, à la température du
laboratoire, les urnes, de même que tous les éléments du sang,
peuvent vivre longtemps, 48 heures au moins, sans présenter
la moindre altération dans leur structure ou leur vitalité. Les
éléments lourds du sang (hématies propres de l'animal, arni-
bocytes, ovules ou balles de spermogonies) se déposent rapide-
ment au fond du tube ; seules les urnes continuent à nager acti-
vement dans la portion supérieure de la colonne liquide qu’elles
sillonnent en tous sens. Elles ne présentent aucun phototropisme
positif ou négatif et semblent indifférentes à la lumière blanche.
Le sang de Sipunculus nudus ne coagule pas spontanément ;
son point cryoscopique est très voisin de celui de l’eau de mer
dans laquelle vit l'animal. Chez les Sipunculus nudus conservés
dans les bacs de l’aquarium de Roscoff, À est égal à 2,099 alors
que pour l’eau de l’aquarium, examinée au même moment, A est
égal à 2,077. Je rappelle que les urnes n’ont aucun pouvoir pha-
gocytaire. On trouve fréquemment un certain nombre d’ami-
bocytes adhérant à la surface de l’entonnoir à structure glandu-
laire que délimite le bourrelet cilié du pôle postérieur de l’élé-
ment.
Lorsque l’on inocule dans la cavité générale de l'animal ou
lorsque l’on mélange au liquide cavitaire recueilli in vitro une
suspension de particules étrangères (des globules rouges de
mammifères par exemple ou des Bactéries) ces particules s’ag-
glomèrent très rapidement au pôle postérieur de l’urne ; celle-ci
progresse en traînant derrière elle une queue d'éléments agglu-
tinés qui augmente rapidement de longueur et d'épaisseur. Cette
agglutination s'opère avec une étonnante rapidité : très peu de
minutes (une seule parfois suffit), après l'introduction des parti-
cules étrangères dans le liquide cavitaire, presque toutes les
urnes en ont déjà agglutiné une notable quantité.
Tel est le fait d'observation. Analysons d’un peu plus près le
mécanisme de ce curieux phénomène.
Les urnes se meuvent, le pôle non cilié en avant, et creusent
un sillon au milieu des éléments du sang, en laissant derrière
elles un long sillage. Toutes les particules en suspension dans le
sang rencontrées par l’urne sont refoulées par celle-ci ; elles glis-
sent d'avant en arrière le long des parois distendues et polies de
(21) SÉANCES DES 16 mars, 6 AVRIL, 5 ET 18 Mai 261
l'urne, sans manifester de tendance à l’adhérence avec cette
paroi. Elles cheminent ainsi jusqu'au niveau du pôle postérieur,
dans la zone d’action des cils. Les cils battent l’arrière et tendent
à ramener les particules en suspension et à les rassembler vers
le centre du bourrelet cilié, et cependant toutes ne s’y rassemblent
pas. En effet, au niveau de la zone d'attraction du tourbillon
ciliaire il se produit brusquement une séparation, une sélection,
entre les particules en suspension. Les hématies propres du Si-
poncle arrivées à ce niveau sont brusquement, brutalement reje-
tées en dehors, et là, tourbillonnent à une faible distance à
droite et à gauche du bourrelet sans jamais parvenir à s’en rap-
procher ; si, d'aventure, l’une d’elles tombe dans l’entonnoir, elle
en est rejetée aussitôt. Au contraire, les particules étrangères
(globules rouges ou Bactéries) à l’inverse de ce qui se produit
pour les hématies propres du Siponcle, tombent avec une vitesse
extraordinaire dans l’entonnoir ; elles s'y précipitent et s’accolent
aux particules déjà attirées. À mesure que la queue d'éléments
agolutinés s’allonge (souvent elle dépasse 3-4 fois la longueur
totale de l’urne), les particules nouvellement venues s’accolent
indifféremment sur les côtés ou à l'extrémité de cette queue qui
se prolonge maintenant bien au delà du bourrelet cilié. Parfois,
la particule attirée, entraînée par la vitesse acquise, après avoir
touché le paquet agglutiné prend la tangente et s’évade brusque-
ment ; mais c’est là l’exception.
La séparation des deux catégories d'éléments s'opère avec une
instantanéité et une régularité telles qu'il est difficile, en pareil
cas, de ne pas songer à un phénomène de nature électrique ;
tout se passe comme si les hématies propres du Siponcle por-
taient une charge de même signe que celui de l’urne ; au con-
iraire, les particules étrangères sembleraient porter une charge de
nom contraire : dans ce cas, le signe de la charge de l’urne
semble se propager jusqu'à l'extrémité de la masse adhérant à
son pôle postérieur. Si cette hypothèse se vérifiait elle serait des
plus suggestives au point de vue du mécanisme général des
réactions d'immunité.
Quant aux amibocytes du Siponcle, leur sort est très différent
de celui des hématies propres de l’animal. Ils ne sont point reje-
tés en dehors comme ces dernières, mais pénètrent lentement et
profondément dans la masse agglutinée, par le jeu de leurs
pseudopodes, en vertu, sans doute, d’un phénomène de chimio-
tactisme. Une fois pénétrés dans la masse agglutinée, ils y ac-
complissent rapidement leur fonction de phagocytes et ne tardent
pas à renfermer de nombreux « corps bruns », résidus de la
digestion intracellulaire.
Sitôt touchée par les corps étrangers, l’urne secrète, par sa
262 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (22)
surface glandulaire, une substance visqueuse, faiblement colo-
rable par les couleurs basiques d’aniline, et qui ne tarde pas à
engluer les particules étrangères. L’urne traîne de la sorte après
elle une masse compacte composée de particules et d’amibocytes,
le tout enrobé dans la sécrétion agglutinante, ét au sein de
laquelle s’opèrent l’englobement phagocytaire et la digestion
intracellulaire. Souvent, des urnes se rejoignent, les amas qu’elles
traînent à leur suite s’accolent entre ‘eux et se fusionnent : ainsi
se forment de vastes paquets agglomérés qui ne tardent pas à se
déposer au fond du ‘tube.
Get intéressant phénomène comprend donc les phases sui-
vantes : séparation apparement de nature électrique entre les
éléments étrangers et les hématies propres ; constitution, au pôle
postérieur de l’urne, d’une masse qui s'accroît rapidement ét qui
ne tarde pas à être engluée par la sécrétion agglutinante de l’élé-
ment cilié ; pénétration des amibocytes dans la masse agglutinée
et phagocytose.
Je montrerai, dans une autre note, que l’activité agglutinante
des urnes s’intensifie considérablement chez les animaux qui ont
reçu plusieurs inoculations successives d’antigène.
(Station biologique de Roscoff).
Un nNoUvVEL ÆECHINOSTOME cHEez L'HOMME,
PAL NT rond eLUl CIUREA .
Nous décrivons ici une nouvelle espèce d’'Echinostome trouvée
par l’un de nous (1) au mois de juillet 1916, à Jassy, dans les
selles d’un malade d’origine persane, âgé de 45 ans, qui souf-
frait d’une diarrhée irrégulière et intermittente. Le malade, après
un traitement thymolique s’est guéri.
À première vue, ce Trématode a été identifié avec l’Echinos-
tomum ilocanum (Garrison). En examinant avec plus d’attention
cet Echinostome (4 exemplaires montés au baume de Canada),
nous avons constaté qu'il représente une nouvelle espèce d’Eu-
paryphium.
Les caractères sont les suivants : corps allongé, aplati, d’une
coloration rosée et mesurant 5,44-7,60 mm. de longueur et
1,05-1,38 mm. de largeur au niveau de l'utérus. La cuticule porte
des écailles rectangulaires de 0,022 mm. de long et 0,015 mm.
(x) N. Léon, Note sur quelques vers parasites de Roumanie. Annales scien-
tifiques de l’Université de Jassy, t. X, fasc. II et IV, 1920.
(23) SÉANCES DES 16 Mars, 6 Avriz, D Er 18 Mar 263
de large ; nous avons pu les observer seulement sur les bords
latéraux du corps ; ils s'étendent jusqu'à une petite distance de
l'extrémité postérieure.
Le disque adoral est petit, mesure 0,34-0,43 mm. de largeur ;
il est un peu échancré du côté ventral de manière à former
deux lobes latéraux réunis par un repli transversal. Ce disque
Euparyphium jassyense. Gross. : 17 D.
G, cirre ; O, ovaire ; GM, glande de Mehles ; Rsu, receptacle ;
T, testicules ; V, vitellogènes.
ést armé de 27 bâtonnets ; 8 sont situés par 4 dans les lobes laté-
raux et mesurent 0,096-0,118 mm. de long et 0,017-0,026 mm.
de large, les 19 autres bâtonnets sont insérés en double rangée
sur le bord du disque sans interruption sur la ligne médiane
du bord dorsal ; ils mesurent 0,066-0,096 mm. de longueur sur
0,015-0,022 mm. de largeur. En général, les bâtonnets de la
rangée orale sont plus grands que ceux de la rangée aborale,
264 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (24)
le bâtonnet le plus petit de chaque côté est celui qui fait suite
aux bâtonnets des lobes latéraux. Tous les bâtonnets ont l’ex-
trémité libre un peu effilée et très peu recourbée en dedans.
. La ventouse buccale a un diamètre transversal d'environ
0,22 mm. La ventouse abdominale, placée à une distance de
0,65-0,73 mm. de l'extrémité céphalique est trois fois plus grande
que la ventouse buccale (0,73 mm.). Les testicules sont situés
dans la moitié antérieure du corps ; l’antérieur est un peu plus
large (0,52-0,68 mm.) que long (0,51-0,63 mm.), et le postérieur
est plus long (0,65-0,93 mm.) que large (0,49-0,65 mm.); leurs
bords sont un peu échancrés. L’ovaire, à peu près sphérique
(0,27-0,39 mm. de longueur et 0,25-0,35 mm. de largeur), siège
à droite et en avant du testicule antérieur. Les glandes vitello-
gènes montent en haut jusqu’au niveau de l'ovaire ou tout au
plus jusqu’au bord inférieur de la ventouse abdominale. Les
œufs, de forme ovale, mesurent 0,132-0,154 mm. de long sur
0,079-0,085 mm. de large. La poche du cirre dépasse en bas le
centre de la ventouse abdominale. Parmi les organes de la poche
nous n'avons pu bien voir que la vésicule séminale, qui occupe
la moitié inférieure et le cirre très long garni de piquants co-
niques. Le pore génital s'ouvre un peu au-dessus de la ventouse
abdominale.
D'après les caractères décrits ci-dessus, nous sommes d'avis
qu'il s’agit d’un nouvel Echinostome du genre Euparyphium
Dietz, pour lequel nous proposons le nom d’Euparyphium jas:
syense. Il diffère des autres espèces de ce genre (£. trigonoce-
phalum (Rud.), E. incrassatum (Dies.), E. capitaneum Dietz,
E. inerme (Fuhrm.) et E. suinum Ciurea), en particulier par la
situation des testicules dans la moitié antérieure du corps et la
grosseur des œufs.
RÉACTIONS D'IMMUNITÉ CHEZ Sipunculus nudus VACCINÉ
CONTRE UNE BACTÉRIE,
par J. CANTACUZÈNE.
J'ai indiqué dans une note précédente le rôle antixénique des
urnes dans l’immunité naturelle chez Sipunculus nudus. Com-
ment les choses se passent-elles chez les Siponcles vaccinés con-
tre une Bactérie dont ils ont reçu des injections multiples à doses
progressivement croissantes ?
Nous avons employé à cet effet un Vibrion isolé du sang d’un
Siponcle normal, très mobile dans l’eau de mer, portant à l’une
1
v
LEcéree
CR RE |
Me Eire ue
he MR du de, cu 4
(25) SÉANCES DES 16 mars, 6 AvRIL, 5 ET 18 mar 265
des extrémités un bouquet de cils, de forme trapue présentant
peu près les dimensions d’un colibacille, poussant bien sur
gélose à l’eau de mer sans peptone, poussant sans donner de
voile dans le bouillon peptonisé, liquéfiant lentement la gélatine
en donnant un entonnoir de liquéfaction.
Le Siponcle normal supporte parfaitement l'injection de doses
assez considérables de cette Bactérie. Une anse de culture sur
gélose émulsionnée dans l’eau de mer stérile et inoculée dans
la cavité générale ne tue pas l’animal tout en l’immunisant con-
tre l’injection de doses plus fortes. Il faut quatre jours à l’animal
pour détruire les Bactéries inoculées ; après ce laps de temps les
ensemencements restent stériles. Dès le début du processus mor-
bide on voit se produire avec énergie les réactions dues à la
collaboration des urnes et des phagocytes dont j'ai parlé dans
ma note précédente. Pour vacciner les animaux, je leur faisais
l nn 0 à dose croissante, à des intervalles variant de 6 à ro
jours ; le liquide cavitaire était recueilli de 4 heures à 8 jours
après : dernière injection. L’inoculation se pratique facilement
au moyen d'une aiguille très fine que l’on enfonce à l'extrémité
postérieure de l’animal au niveau de la dépression de la coupole
terminale.
Le sang acquiert-il des propriétés nouvelles au cours de cette
vaccination ? Nous résumons ici succinctement les résultats gé-
néraux de nos observations.
On observe chez le Siponcle immunisé une surproduction
énorme des urnes. Leur nombre est de 5 à 7 fois plus grand que
chez les témoins normaux, à condition de laisser un intervalle
d'une semaine environ entre la saignée et la dernière inocula-
tion. Chaque inoculation nouvelle est suivie, en effet, au bout
de 2 à 3 jours, d'une baisse considérable dans le nombre des
urnes ; puis leur nombre remonte bien au-dessus de ce qu’il
était avant l’inoculation. Ce phénomène fait songer à la crise
hémoblastique que l'on constate après certaines injections chez
les Vertébrés supérieurs.
Le pouvoir sécréteur des urnes augmente considérablement
avec l'immunisation. Les urnes des animaux vaccinés émettent
sitôt qu’elles viennent en contact avec la Bactérie antigène une
masse épaisse de substance glaireuse, facilement observable au
microscope sans coloration, qu’elles traînent à leur suite et dans
l'intérieur de laquelle s’engluent les Bactéries qui sont venues
au contact du pôle postérieur de l’urne grâce au jeu des cils.
Ce produit de sécrétion est incomparablement moins abondant
chez les urnes normales où sa présence ne peut être décelée par
.. HisnQuss de. coloration.
* Les paquets ainsi formés au pôle postérieur de l’urne sont
266 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (26)
aussitôt envahis par les amibocytes et la phagocytose s’y opère
avec une énergie et une rapidité infiniment plus grandes que
chez les témoins normaux.
4° Dans les mélanges in vitro de sang et de Bactéries aban-
donnés à eux-mêmes, il se produit, en moins d’une heure, chez
les vaccinés, une précipitation de la presque totalité des urnes
avec leur charge ; ce précipité constitue au fond du tube, au-
dessus du dépôt des éléments lourds du sang, une épaisse couche
neigeuse au sein de laquelle la destruction des Bactéries s'achève
rapidement. La colonne supérieure du liquide ne tarde pas à se:
clarifier complètement. Chez le témoin normal, au contraire,
cette précipitation des urnes ne s'opère pas ou ne s'opère que très
lentement et dans de faibles proportions, les urnes continuant à
nager librement et à fourmiller dans la colonne supérieure, trai-
nant après elles les amas de Bactéries agglutinées. Cette diffé-
rence dans l'intensité de la précipitation chez les Siponcles vac-
cinés et chez les normaux est d’une netteté impressionnante.
5° Il existe incontestablement une action favorisante et, sem-
ble-t-il, nécessaire de la part des amibocytes sur la tendance des
urnes à la précipitation. Si l’on prend soin après le dépôt préa-
lable des éléments lourds du sang et avant le mélange avec la
Bactérie antigène, de recueillir, au moyen d’une pipette le li-
quide supérieur où nagent les urnes et de ne le mélanger avec
les Bactéries qu'après l’avoir ainsi séparé du dépôt de cellules, les
urnes, tout en se chargeant très rapidement de Bactéries qu'elles
agglutinent, n’ont plus qu'une faible tendance à se précipiter.
Tout se passe comme si la précipitation de l’urne porteuse de sa
charge était conditionnée par la présence des cellules amiboïdes
du dépôt, dont le pouvoir adsorbant déterminerait la congluti-
nation des paquets agglutinés. C’est là un phénomène qui rap-
pelle la faculté d’adsorption des leucocytes (vivants ou tués par
la chaleur) chez les Vertébrés pour les antigènes impressionnés
par les opsonines (expériences de Sawtchenko et Barikine ; de
Levaditi et Mutermilch).
6° Au sein de la substance visqueuse sécrétée par les urnes chez
les vaccinés, on observe une énergique transformation en gra-
nules des Bactéries en dehors de leucocytes. Les Bactéries se
gonflent, semblent souvent se vider de leur contenu et passer
à l’état d’ombres ; ou bien elles perdent leur forme et se trans-
forment en granules de dimensions variables, Il s’agit là d’un
véritable phénomène de Pfeiffer. Je n'ai pu, jusqu'ici, me ren-
dre compte si cette transformation extracellulaire est activée ou
non par la présence des amibocytes immigrés dans l’amas.
7° Lorsque l’on mélange la Bactérie antigène, in vitro, d’une
part, avec le sang d’un Siponcle vacciné, de l’autre, avec celui
(27) SÉANCES DES 16 Mars, 6 AvRIL, D Er 18 mai 267
d'un témoin normal, et que l’on abandonne les tubes à eux-
mêmes, on constate au bout de 24 heures que La Bactérie a abon-
damment cultivé à la portion supérieure du tube témoin au ni-
veau de laquelle elle forme des ondes soyeuses tandis que la
multiplication n’a pas eu lieu dans le tube contenant du sang
de vacciné dont la portion supérieure est restée absolument
translucide. Non pas que les Bactéries aient été toutes détruites
dans ce dernier ; mais retenues au niveau de la couche des urnes
préeipitées, elles achèvent de s’y détruire à l’intérieur des plas-
modes phagocytaires et ne donnent lieu à aucune culture nou-
velle.
8° On peut facilement, après le dépôt des éléments lourds du
sang et en pipettant la portion supérieure de la colonne liquide
où nagent les urnes, recueillir un plasma ne contenant à peu
près exclusivemet que ces derniers éléments en grande quantité,
mélangés à quelques rares amibocytes. En centrifugeant ce
plasma l’on peut étudier séparément les propriétés du liquide
privé de cellules et celui du dépôt d’urnes ( après avoir broyé
ce dernier avec de la poudre de verre et l'avoir émulsionné dans
l’eau de mer stérile). L’extrait d’urnes auquel on ajoute une
émulsion de la Bactérie antigène donne lieu entre 4 et 18 heures
chez le vacciné à une transformation massive des Bactéries en
oranules. Cette transformation est nulle ou très faible chez le
témoin normal. La même observation s'applique au liquide cen-
trifugé débarrassé de cellules. Aussi bien l'extrait d’urnes que
le plasma centrifugé agglutinent la Bactérie antigème chez le
témoin et chez le vacciné. Seulement, ce pouvoir agglutinant
est beaucoup plus énergique et l’agglutination se fait d'une façon
infiniment plus précoce chez le vacciné que chez le témoin. Il
semble vraisemblable que la substance agglutinante provient de
. la: diffusion dans le liquide ambiant du produit sécrété par les
urnes. [1 reste à voir si la transformation en granules a besoin,
pour s’accomplir, de la présence des phagocytes ; un petit nom-
bre de ces derniers reste, en effet, en suspension dans la partie
supérieure de la colonne liquide après le dépôt des éléments
lourds du sang : soit qu'ils demeurent librement suspendus dans
le plasma, soit qu'ils soient adhérents au pôle postérieur de
l’urne.
(Station biologique de Roscoff).
268 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (28)
SUR QUELQUES ÎRÉMATODES DU RENARD ET DU CHAT SAUVAGE,
par !. CIUREA.
Grâce à l’amabilité de mon ami le D’ D. Ionescu, Directeur
aux Pêcheries d'Etat, j'ai reçu un Renard et un Chat sauvage
chassés dans les jonchaies du Danube, aux environs de Braïla.
À l’autopsie du Renard, j'ai trouvé dans la vésicule biliaire
et dans le foie, respectivement 18 et 2 exemplaires adultes de
Metorchis albidus (M. Brn.). À ma connaissance, ce Distome, jus-
qu'à présent, n'a pas été signalé chez le Renard. Dans le tiers an-
térieur de l'intestin grêle, j'ai trouvé 15 exemplaires d’Alaria
alata Schrank.
Chez le Chat sauvage, j'ai trouvé également 5 exernplaires de
Metorchis albidus, dont 3 dans la vésicule biliaire et 2 dans le
foie. Dans l'intestin grêle, et spécialement dans le tiers antérieur,
j'ai trouvé plusieurs exemplaires adultes d’Alaria alata. Ces deux
parasites n'ont pas été mentionnés jusqu'à présent chez cet
animal.
J'ai trouvé par centaines un autre Trématode dans le tiers
moyen de l'intestin grèle du Chat : c’est Hemisitomum cordatum
Dies. La plupart de ces Hemistomes étaient fixés à la muqueuse,
ayant l’apparence de petits tubercules dont la moitié adhérente
avait une coloration grise et la moitié libre une coloration blan-
châtre. Ils étaient si fortement fixés à la muqueuse qu'on ne pou-
vait les détacher par le râclage. Ce Trématode a été trouvé une
seule fois par Diesing («839) dans l'intestin d’un Chat sauvage,
à Steiermark. La description de ce parasite, donnée par Diesing,
Brades (1894) et Krause (1914) étant incomplète, je crois utile
de résumer ici les caractères présentés par les exemplaires que.
j'ai étudiés.
Les individus adultes mesurent 2,60-3,82 mm. de longueur
et 1,b8-1,98 mm. de largeur au niveau de la partie antérieure
du corps. Le parasite ressemble à un cornet présentant, vers son
milieu, un petit rétrécissement qui le divise en deux parties
l’une antérieure, aplatie, avec les bords latéraux réunis en bas de
manière à former une cavité ; l’autre postérieure arrondie sur
‘la section transversale et qui se termine par un petit appendice
excavé au centre. La face ventrale de la partie antérieure du
corps est à peu près complètement occupée par un appareil de
fixation du deuxième type de Krause ayant la forme d’un cœur
renversé s’attachant sur la ligne médiane de la face ventrale par
un support long et étroit. À l’état de contraction, il présente
un ou plusieurs sillons longitudinaux et mesure 0,99-1,32 mm.
(29) SÉANCES DES 16 mans, 6 avril, 9 #r 18 mai 269
de longueur, 1,1b-1,78 mm. de largeur et environ 0,63 mm.
de diamètre. Les ventouses buccale et abdominale sont atrophiées
mais ne manquent pas complètement, comme le dit Brandès.
Aïnsi, la ventouse buccale est représentée par une cavité peu
profonde avec un diamètre de 0,19 mm. et dans la paroi de la-
quelle on voit plusieurs fibres musculaires, en particulier des
fibres radiaires. La ventouse abdominale subsiste sous la forme
d'un petit bouchon musculeux situé un peu en avant de l’extré-
mité antérieure du support de l'appareil de fixation, son diamè-
tre transversal mesure 0,066 mm.; le pharynx est globuleux :
0,21-0,23 mm. de longueur et 0,21-0,22 mm. de largeur. L'œso-
phage et les branches intestinales qui parviennent jusqu'à l’ex-
trémité postérieure du corps sont tapissés d’une couche épithé-
liale et renforcés par des fibres musculaires.
L'ovaire siège presque dans le plan médian près de la face
dorsale et au voisinage de la limite des deux parties du COTpPS.
Les glandes vitellogènes occupent l’appareil de fixation et la par-
tie antérieure du corps, en commençant à sa limite inférieure
et. se prolongeant jusqu'au niveau de l’œsophage. Les deux tes-
ticules sont très développés ; ils sont parallèles et formés de plu-
sieurs lobes séparés par des trabécules parenchymateux : leurs
bords dorsaux se touchent presque en prenant la forme d’un fer
à Cheval dont les deux branches chevauchent le canal déférent
et l'utérus. Les œufs mesurent 0,118-0,132 mm. de longueur sur
0,074-0,088 mm. de largeur.
En me basant sur l’atrophie des ventouses et la position des
testicules, je crois que Hemistomum cordatum Dies. peut repré-
senier un nouveau genre parmi les Hémistomines, pour lequel
Je propose le nom de Pharyngostomum. ne
Le type de ce genre est Pharyngostomum cordatum Dies.
LES LEUCOCYTES DU SANG DE Carausius morosus.
LEUCOCYTES FUSIFORMES ET CELLULES APPARENTÉES,
par Ge0ZonrA(n)2
Les éléments figurés du sang de Carausius morosus adulte ap-
partiennent à deux catégories principales, dont les types sont
constitués par deux cellules caractéristiques : le mastocyte, leu-
Cocyte à granulations y, et le leucocyte fusiforme, dépourvu des
granulations spécifiques d'Ehrlich, mais possédant un riche sys-
ème de granulations dites « azurophiles » (2). ;
(1) Voir G. Zotta, C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIV, 21 mai 1907
1e 1 >. 928:
(:) Le terme de granulation azurophile est impropre. AU
On devrait le rem->
BioLocie. Comptes RENDUS. — 1022 MENT: 19
210 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST .. (30)
Je parlerai du mastocyte dans une autre communication. La
deuxième catégorie est constituée par le leucocyte fusiforme,
cellule adulte, définitive, et toute une série d’autres éléments, à
caractères lymphoïdes, qui marquent les différentes étapes de
différenciation, depuis la cellule primordiale indifférente jus-
qu’au Jeucocyte adulte. Toutes ces cellules, essentiellement plas-
tiques, possèdent une morphologie toujours changeante. De la
diversité de ces variations, on peut pourtant dégager certaines
phases, définies surtout par la chromaticité du cytoplasma et par
d'évolution de l’appareil constitué par les granulations € ; ces
phases représenteraient autant d’ « espèces » leucocytaires.
Voici l’énumération de ces diverses formes : fusiforme « et 8
macronucléocyte, fusiformoblaste, proleucocyte (hémocytoblaste)
fusiformoblasie atypique, lymphocyte et cellules spéciales. Dans
cette note, j'étudierai les fusiformes, les macronueléocytes et les
cellules spéciales.
Fusiformes $. Ce sont de grands éléments de forme ovale,
aplatis, pourvus d’un grand noyau rond à structure chromati-
nienne lâche, riche en oxychromatine ; le corps cytoplasmique,
ærenflé vers le milieu, est étiré en fuseau aux deux extrémités.
Leurs dimensions moyennes sont de 30 x 19 u. Les granulations
sont extrêmement développées chez ces leucocytes, dont elles
remplissent complètement le cytoplasma, qui devient invisible ,
lorsque, rarement, celui-ci peut être entrevu, on observe quil
a perdu son affinité chromatique et apparait fluide et presque
incolore.
Leucocytes fusiformes «. Ceux-ci représentent un stade plus
jeune dans le développement des fusiformes &. Ils sont de forme
-ovale, arrondis aux deux extrémités. Les granulations Ë, beau-
coup moins développées que chez les fusiformes «, laissent voir
le cytoplasma, libre sur sa plus grande étendue, orthobasophile,
“coloré en bleu-ciel dans les colorations panoptiques. Le plus sou-
vent, celui-ci est creusé de nombreuses vacuoles claires, dans
iesquelles sont logées les granulations Ë. Les fusiformes « sont
«es leucocytes adultes, définitifs, ils représentent le dernier
terme de l’évolution de la série. Les deux formes fusiformes x
æt P, sont des phagocytes et surtout des microphages : dans les
infections expérimentales avec diverses Bactéries, ce sont eux
qui s'emparent des microbes ; dans les infections mixtes de Bac-
téries et protozoaires, les fusiformes s’attaquent plutôt aux Bac-
“placer par celui de granulation métaneutrophile (Panpenheim), ow de gra-
mulation de Wolft-Michaelis, qui les ont découvertes ; ou mieux, encore, par
celui de granulation €, nom proposé par L. Bétancès, dans son intéressante
“étude des Arch. d’anat. micr., 1921.
{34) SÉANCES DES 16 mars, 6 avriz, 5 ET 18 MAI 2 jt
téries. Fonctionnellement, Les fusiformes correspondent aux neu-
trophiles de l'Homme. Ils correspondent aussi, probablement, —
et toujours au point de vue physiologique — aux micronucléo-
eytes décrits par Païllot et que j'ai aussi rencontrés chez les
larves de Lépidoptères. |
Maeronucléocytes (Paillot) (rx) ou monocytoides. Grandes cel-
lules Iymphocytiformes, quelquefois allongées, aplaties, à grand
noyau rond subcentral et à protoplasma largement étalé. Dans
le noyau, la basichromatine est condensée en de nombreux blocs
irréguliers : l’'oxychromatine réduite. Le cytoplasma a un aspect
fluide, il est orthobasophile et présente, dans les colorations pa-
noptiques, une belle nuance bleu-ciel. Les granulations 6 sont peu
nombreuses. Ces éléments doivent être considérés comme homo-
logues aux macronucléocvtes de Paillot et correspondent,. peut-
être, surtout par leur physiologie — ce sont des macrophages —
aux monocytes de l'Homme. Par cette dernière propriété, ainsi
que par leur physiologie rappelant les monocytes, je les appelle
des monocytoïdes.
Cellules spéciales. Ce sont des éléments de forme ovale, allon-
gée, à grand noyau rond, pachychromatique, et à protoplasima
très épais et fortement orthobasophile. Les formes typiques sont
dépourvues de granulations 6 libres. Aux deux extrémités, elles
possèdent une ou deux vacuoles claires contenant une ou piu-
sieurs inclusions à réaction « azurophile ». Ces vacuoles, avec
leur contenu, sont visibles sur le vivant. Elles sont très bien
mises en évidence par les procédés à voie humide et par colora-
tion à l’hématoxyline ferrique. Elles sont encore parfaitenxent
conservées dans les imprégnations argentiques par les méthodes
de Golgi à l’acide arsénieux ou de Del Rio Hortega. Par leur
morphologie et leur structure, ainsi que, surtout, par la réaction
fortement basophile de leur cytoplasma, ces cellules s'écartent
notablement des autres éléments de la série et font penser quel-
quefois aux cellules plasmatiques. Ce sont des cellules jeunes,
en voie de différenciation. On retrouve facilement leur filiation
à partir du proleucocyte ; d’autre part, j'ai pu souvent suivre
l’évolution graduelle de ces éléments, dont le cytoplasma devient
moins épais, se colore d’une manière plus délicate, et commence
à élaborer les granulations €. En même temps, le noyau prend
une teinte beaucoup plus claire, le volume total de la cellule
augmente, et on arrive aux formes intermédiaires qui devien-
dront des fusiformes. Les cellules spéciales représenteraient dance
un mode particulier d'évolution des proleucocytes. Elles ne cons-
(x) A. Païllot. C. R. Acad. des sc., t. CLXEX, fasc. 4, 58 juillet 1619.
P: 202, etc.
1272 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST (32)
tituent pas une « tête de série », puisqu'elles peuvent évoluer
. vers les fusiformes ; cette évolution se fait d'une manière extré-
.mement lente et c'est pourquoi on les rencontre régulièrement
dans la formule leucocytaire, avec leur morphologie et structure
particulière.
(Laboratoire de médecine expérimentale, P° J. Cantacuzène).
LA PERCEPTION AUDITIVE ET LA PERCEPTION VISUELLE,
par Noïca.
De nos recherches antérieures, il résulte que l’aphasique sen-
soriel a non seulement perdu en plus ou moins grande partie
la mémoire des connaissances acquises par le sens de l’ouiïe et le
sens de la vue, mais qu'il a aussi perdu les fonctions de percep-
tion auditive et visuelle, grâce auxquelles il avait gagné ces
connaissances. Son état est tout à fait redevenu infantile,
non seulement parce qu'il se trouve comme lorsqu il est venu au
monde, et cela à cause de la perte de mémoire des choses appri-
ses, mais aussi parce que ces fonctions de perception ont perdu
le fonctionnement qu’elles avaient acquis avec le développement
de l'individu. Notre malade ne pourra plus refaire son instruc-
tion, car la lésion cérébrale ayant atteint probablement les or-
ganes de ces fonctions, il ne peut les développer à nouveau. Ck-
niquement, la perte de ces fonctions, si elle peut être totale au
début de la maladie, se répare en partie, généralement plus faci-
lement du côté de là perception auditive,
Maintenant, nous désirons donner quelques exemples pour
mieux caractériser ces fonctions. Pour ceci, nous comparerons.
le malade aphasique sensoriel Groswald Lupu, avec son voisin
de lit, qui présente un syndrome de la queue de Cheval. Ce der-
nier est un réfugié russe, qui, en dehors de sa langue maternelle,
parle l’anglais, mais pas un mot de roumain. Ne demandons
au malade russe de répéter après nous, trois mots que nous pro-
nonçons devant lui, isolément et clairement. Ces trois mots
sont : « rostogoleste » (roule); « inchisoarea » (la prison), « Dâm-
bovicioara » (le nom d'une rivière), ceux-ci sont des mots rou-
‘mains, un peu difficiles à prononcer à cause de leur longueur.
Mon réfugié russe, très altentif à ce que nous lui demandons,
répèle parfaitement bien chacun de ces mots, quoiqu'il ne sache
pas ce qu'ils signifient. Nous nous adressons alors à l'aphasique
sensoriel, qui est un juif roumain, d’une culture et d'une intel-
ligence générales, égales à l'autre. Nous le prions aussi de. ré-
28
SES :
F.
(33) SÉANCES LES 16 mars, 6 AÿrIL, 9 ET 18 Mai 273
péter les trois mots précédents que nous prononçons devant lui,
séparément et d’une voix très distincte. Le malade est incapable
de les répéter quoiqu'il s'agisse de mots qu'il a dû très bien
connaître autrefois. Je l'invite à répéter d’après moi, les syllabes
du mot « Dâmbovicioara » et il n'est capable de répéter correc-
tement qu’une seule syllabe, la syllabe vi. Nous lui faisons répé-.
ter alors les lettres de ce mot, et, de cette manière, il répète pres-
que la majorité d’entre elles. Si nous insistons encore avec ces
exercices, il s'énerve et perd rapidement courage et ne peut plus
fournir d'attention. Les jours précédents, nous lui avons dicté,
pour écrire, des mots un peu plus faciles : cristal (verre), rapita
(colza), oglinda (miroir). Le malade ne pouvait ni les répéter, ni
lés copier après la dictée. Alors je lui dictais syllabe par syllabe,
et, même ainsi, il ne pouvait ni les répéter à haute voix, ni les
écrire. Alors je lui demandais de répéter après moi, lettre par
lettre. De cette manière, il répétait et écrivait chaque lettre, et à
la fin il prononçait tout le mot à la fois.
_ Par conséquent, le malade aphasique sensoriel A... L..., n'est
pas capable d'entendre et de répéter après nous un mot composé
de plusieurs lettres, mais il entend et répète un mot que nous
lui dictons lettre par lettre séparément ; c'est-à-dire il ne perçoit
plus que les bruits simples.
- À de pareils malades, même quand ils s’améliorent, il ne faut
pas parler fort, car ils ne sont pas sourds, et ils se fâchent si on
leur attribue cette infirmité ; mais il faut prononcer les mots de-
vant eux, doucement et le plus clairement possible. Cela explique
encore pourquoi les aphasiques sensoriels, contrairement aux
aphasiques moteurs, sont incapables de chanter, ou de repro-
duire d'après nous, la plus simple mélodie, car ils ont la per-
ception auditive très troublée.
Si nous passons maintenant à la perception visuelle, nous
citerons comme exemple, uñe malade aphasique sensorielle de
notre service, qui n'a jamais su écrire et qui n'est pas paralysée.
Nous lui demandons de copier ce mot écrit, très lisiblement,
en grands caractères d’imprimé : maman. La malade nous copie
quelque chose, qui n’a aucun sens, c’est-à-dire qu'elle griffonne.
Nous lui écrivons alors, en lettres manuscrites : apa (eau).
La malade a l’air de faire un ovale, puis recommence, comme
précédemment, elle griffonne.
Le fait de commencer par un ovale, nous suggère l’idée de lui
demander de copier un ovale seul, et elle copie très bien, et puis
je lui demande de copier un angle À qui représente une partie
de la première lettre du mot maman écrit en lettres d'’imprimé,
et la malade copie très bien. Par conséquent, la malade a pu
copier un dessin simple, un ovale ou un angle, mais elle a été
274 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST (34}
incapable de copier un dessin plus compliqué, comme un mot
écrit en imprimé ou en caractères manuscrits.
Une pareille malade présente aussi des difficultés à imiter un
geste (apraxie) et de la difficulté à distinguer et corriger les.
fautes dans la reproduction d’un dessin par le jeu de cubes. Tout
ceci à cause de la perte de la perception visuelle.
En examinant nos autres malades avec aphasie sensorielle ou
avec aphasie totale, dont la majorité ont su écrire et lire, mous.
avons conclu dans le même sens que précédemment. Un apha-
sique sensoriel ou un aphasique total, qui a su lire et écrire
autrefois, a maintenant de grandes difficultés pour copier. Dans
tous les cas, même s’il s'améliore et commence à pouvoir copier,
il lui est plus facile de copier d’après l’imprimé que d’après le
manuscrit. Et il lui est plus facile de copier des lettres séparées que:
des lettres réunies, d'autant plus s’il s’agit des mots écrits en
caractères manuscrits. En d’autres termes, les malades saisissent
mieux le dessin simple, c’est-à-dire les lettres séparées que les.
mots, et puis ils saisissent mieux l’imprimé que le manuscrit.
En comparant ce que nous venons de voir chez nos malades
aphasiques sensoriels, avec ce qui s’observe chez les personnes.
incultes, on voit qu'il y a beaucoup de ressemblance : ceux-ci
aussi sont capables de copier une lettre imprimée et même ma-
nuscrite, à condition que chaque lettre soit écrite séparément.
Par conséquent, ce qu’on perd en devenant aphasique sensoriel,
c'est toute la culture antérieure et tous Les perfectionnements ac-
quis antérieurement par l’ouïe et la vue.
L'AGRAPHIE CHEZ L'APHASIQUE SENSORIEL,
par Norca.
L'aphasique sensoriel devient agraphique parce qu’il a oublié
de reconnaître les lettres qu'il a apprises dans son enfance ; d’où
la nécessité, pour lui, de copier les lettres comme on copie un
dessin : l’imprimé en imprimé, le manuscrit en manuscrit (Déjé-
rine). De cet oubli, il résulte aussi pour lui, qu'il ne peut écrire
ni spontanément, ni sous dictée.
I. En s’améliorant, le malade aphasique sensoriel réapprendra
les lettres, mais il faut, pour qu'il écrive spontanément, quil
évoque le mot, qu'il le prononce, qu'il l’épèle ; mais si ce ma.
lade a perdu la mémoire d'évocation, comment peut-il pronon-
cer et épeler un mot, qui n'est pas venu de sa mémoire ? Voilà
pourquoi l’aphasique sensoriel ne peut pas écrire spontanément,
(35) SÉANCES DES 16 mans, 6 avriz, D Er 18 mai 21%
ou, s’il écrit, il se remémore seulement quelques mots tellement
disparates que sa phrase n'a aucun sens, d'autant plus que, très
souvent, le malade altère les mots sans s’en rendre compte.
IL. Il a beaucoup de difficulté à écrire d’après la dictée: Nor-
malement, pour écrire après dictée, nous n'avons pas besoin
d'entendre tout le mot, surtout lorsqu'il s’agit d'un mot qui fait
partie d'une phrase ; il nous suffit d'entendre une syllabe, une
de ses lettres les plus caractéristiques, pour le deviner, d'autant
plus que nous connaissons, par les paroles précédentes, le sens
de la phrase. Notre mémoire d'évocation est tellement vive, que
nous nous rappelons les mots qui peuvent correspondre à peu
près à celui entendu, et rapidement, nous n'avons qu'à choisir
celui qui a dü être prononcé par la personne qui nous dicte. Le-
malade sensoriel écrit mal d’après dictée, car il a perdu la mé-
moire d'évocation, et même, s’il se souvient des mots, il a ou-
blié leur sens — mémoire de compréhension — pour pouvoir
choisir celui qu'il faut. Et, comme d'autre part, il n’a plus la
perception auditive d’avant la maladie, et comme il est devenu
très impatient, il écrit le mot tel qu'il l’a entendu, c’est-à-dire
mal. Je l’invite à écrire sous la dictée : afarâ este tot iarnà (de-
hors c’est encore l'hiver). Si je lui dicte chaque mot séparément,
il répète bien après moi, seulement les trois premiers mots et les
écrit correctement ; mais le dernier mot, qui est moins usuel,
relativement aux trois premiers, il ne peut pas le saisir avec som
oreille — trouble de perception auditive — car nous voyons qu'if
le répète mal. Il le prononce et l'écrit « eradi » qui n'a aucum
sens. Mais si je le lui écris moi-même, le malade le reconnaît et
le prononce correctement en gémissant : « Je sais, l'hiver, l'hiver
ce n'est pas l’été, ma pauvre tête ».
Mais voilà un fait d'observation qui nous semble très intéres-
sant : nous pouvons faire écrire au malade même les mots qu'ik
ne peut pas écrire, comme dans le cas précédent « l'hiver »,
ou « cristal », « oglindà » (miroir), etc. Par exemple, nous lui
dictons le mot « cristal », et le malade ne peut ni le prononcer,
ni l'écrire. Alors je lui dicte syllabe par syllabe, et nous ne
réussissons pas non plus, car il ne peut pas le répéter après nous.
À la fin, nous lui dictons lettre par lettre, et de cette manière ik
répète d’après nous chaque lettre et l'écrit sans hésitation, et
ainsi jusqu’à la dernière lettre qu'il ajoute de lui-même, sans.
attendre que je la prononce, et, radieux, il prononce le mot en-
ter, mot qu’il ne pouvait pas prononcer quand nous le lui dic-
tions entier devant lui. Il est content car il l’a prononcé et qu'if
a compris le mot que nous lui dictions, car il nous montre le car-
reau qui est en face de lui.
Certainement que de cette manière il peut écrire et prononcer,
270 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST (39)
après nous, un mot, même si le sens du mot lui est totalement
‘inconnu. Le fait de ne pouvoir lui faire écrire certains mots
qu'en lui dictant seulement lettre par lettre, est très important
si l’on compare avec ce qui se passe chez un aphasique moteur,
car nous trouvons ici un nouveau caractère distinctif entre
l’agraphie chez le sensoriel et l’agraphie chez le moteur. L’apha-
sique moteur, nous l’avons démontré dans un travail précédent,
peut écrire ce mot qu'il ne prononce pas si nous le lui dictons
‘lettre par lettre. Mais, s’il l'écrit, l’aphasique moteur n’est pas
capable de le prononcer — comme le fait l’aphasique sensoriel
— car ce que le premier a perdu, c'est la mémoire de pronon-
ciation. C'est à cause de cette perte de la mémoire de pronon-
“ciation que l’aphasique moteur ne peut pas prononcer, après
nous, le mot entier, ni l'épeler, ni l'écrire.
Au contraire, l’aphasique sensoriel n'a pas perdu la mémoire
‘de la prononciation, ni celle d’épeler, mais il ne peut pas ré-
‘péter, après nous, le mot qu'on lui dicte, ear il n’est pas capable
de le reconnaître en comprenant son sens, ni de l'entendre, ni de
‘le répéter comme un mot quelconque, comme nous pouvons ré-
-péter un mot d'une langue étrangère. Voilà pourquoi nous som-
.mes forcé, dans ce cas, de lui séparer le mot en sons plus sim-
_ples, c’est-à-dire de le lui épeler, pour qu'il puisse le percevoir.
III. Enfin, si l’aphasique sensoriel amélioré veut copier, il
rencontre encore des difficultés, mème s’il a réappris les lettres.
En effet, normalement, pour déchiffrer, nous n'avons point be-
soin de voir tous ces détails d’un mot écrit : il nous suffit de
voir une syllabe ou une lettre caractéristique d’un mot, pour que
nous devinions ce mot, et ceci nous est d'autant plus facile si
ce mot fait partie d'une phrase. Mais si notre malade ne sait pas
par les autres mots précédents de la même phrase, il ignore de
quoi il s’agit, — trouble de la compréhension des mots. — ce
qu'il voit n’évoque rien, même à peu près, pour pouvoir choisir,
il est forcé alors de copier le mot comme un dessin, ce qui ne
. lui est pas toujours facile, surtout si le mot est écrit en carac-
ières d'imprimerie, — trouble de la perception visuelle.
(37) SÉANCES DES 16 mars, Ô avriz, 5 Er 18 Mar 277
LEUCOCYTES DU SANG DE Carausius morosus.
PROLEUCOCYTE ET CELLULES QUI EN DÉRIVENT. FILIATION,
: par G. ZOoTTA.
Dans une communication précédente, je me suis occupé des
Jleucocytes fusiformes, des macronucléocytes (monocytoïdes) et
des cellules spéciales. Dans la note présente, je décrirai le pro-
leucocyte et les cellules qui, en se différenciant de celui-ci, mar-
quent les diverses étapes de l’évolution de la cellule primordiale
vers les fusiformes adultes.
Proleucocytes. Ce sont de grandes cine lymphocytiformes,
aplaties, possédant un grand noyau rond et une mince pellicule
cytoplasmique. La structure du noyau au repos est fortement
pachychromatique ; le noyau prend, dans les colorations panop-
tiques, une teinte violet-foncé, caractéristique, due à la teneur
très faible en oxychromatine. Le cytoplasma, épais et fortement
orthobasophile, ne contient pas de granulations €.
Le proleucocyte est la cellule primordiale, indifférente, qui,
dérivant de l’hémobhistioblaste fixe du tissu, est, dans le sang,
dla souche commune de tous les leucocytes fusiformes ou granu-
laires. C’est un proleucocyte dans le sens de A.-Ch. Hollande, et
Al correspond au lymphoïdocyte de Pappenheim et à l’hémocy-
toblaste de Ferrata. Ces cellules sont rarement au repos. Chez les
Insectes adultes surtout, elles sont toujours en voie de multipli-
cation et leur noyau présente presque régulièrement une phase
plus ou moins avancée de cinèse.
Les cellules résultant des divisions répétées des proleucocytes
“évoluent vers les fusiformes. Le premier élément dans cette voie
de différenciation, est une cellule ronde, lymphocytiforme, gar-
“dant du proleucocyte le noyau pachychromatique et le cyto-
plasma épais et basophile, mais en en différant par sa taille plus
réduite et par l'apparition dans le cytoplasma, des granula-
tions £. On pourrait appeler ce stade un leucoblaste ou plutôt un
fusiformoblaste. Celui-ci en évoluant, devient ovalaire, la den-
sité du cytoplasma s’affaiblit, le nombre des granulations aug-
mente et on arrive ainsi au macronucléocyte et au fusiforme «.
Enfin, le fusiforme & se transforme en fusiforme Ê, par l’élabo-
ration excessive du système « azurophile », dont la conséquence
est l’épuisement total, ou presque, du ecytoplasma, qui devient
achromophile.
À côté des formes décrites jusqu ici, on trouve encore, dans le
sang circulant, de très petits éléments ronds, à noyau compact,
presque pycnotique, coloré en violet foncé par les méthodes pa-
278 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST VISE)
noptiques, et à très mince pellicule cytoplasmique basophile. Ces
éléments dérivent directement du proleucocyte par simple vieil-
lissement de celui-ci : ce sont des lymphocytes.
Enfin, je dois encore signaler un petit élément lymphocyti-
forme de dimensions égales à ceiles du leucoblaste. Il est consti-
tué par un noyau discoïdal, à structure plus lâche que le pre-
mier, plus riche en oxychromatine et par un cytoplasma réduit
à une très mince pellicule. En opposition au cytoplasma épais
et nettement orthobasophile du fusiformoblaste typique, celui de
l'élément en question est beaucoup plus fluide et il est presque
achromophile, Dans le cytoplasma on rencontre des granulations €
typiques, sphériques ou ovales, très petites ; mais, à côté de
celles-ci, on rencontre encore de petites inclusions à réaction
typique azurophile, mais en forme de courts bâtonnets fragiles,
aux bords nettement découpés, droits ou flexueux, longs de
0,5-1,5 u en moyenne, et rappelant des chondriocontes.
Par la réaction chromatique de leur cytoplasma, ainsi que par
leurs inclusions azurophiles bacilliformes, ces éléments diffèrent
nettement des autres formes lymphocytaires ou lymphoblasti-
ques. Hs doivent être considérés comme dérivant aussi des pro-
leucocytes, mais ils ne constituent pas, à proprement parler, une
espèce à part, malgré leurs caractères tinctoriaux et morpholo-
giques si différents : ils sont, en réalité, une étape dans l’évolu-
tion de la cellule primordiale, soit vers les fusiformes « et $, soit.
vers les mastocytes. Dans le premier cas, la cellule s’accroit en
volume, les inclusions bacilliformes subissent une sorte de pul-
vérisation, dont les éléments arrivent à remplir complètement
le cytoplasma ; en même temps, la structure du noyau devient.
de plus en plus lâche et on arrive ainsi, aux formes intermé-
diaires précédant les fusiformes. D'autre part, les mêmes élé-
ments peuvent évoluer vers les mastocytes par l'apparition de
quelques granules métabasophiles parmi les granulations azuro-
philes bacilliformes. |
En résumé, laissant de côté les mastocytes, tous les autres élé-
ments figurés du sang circulant d’un Insecte adulte constituent
une série continue, linéaire, dont le point de départ est le pro-
eucocyte (hémocytoblaste) qui, dans son évolution, passe par di-
verses étapes, leucoblaste (fusiformoblaste) macronucléocyte,
fusiforme «, pour aboutir au fusiforme $, qui est le leucocyte
adulte définitif. Quelquefois, cette évolution s’accomplit d’une
manière plus indirecte, par l'intermédiaire des « cellules spé-
ciales » ou des cellules à inclusions bacilliformes décrites plus.
haut.
Dans une étude ultérieure, je m'occuperai de la différencia-
tion des éléments figurés du sang pendant l’embryogénèse des
9) x SÉANCES DES 16 Mars, 6 AvriL, 5 ET 18 Mai 219
UE RAR CPR ERP ER Rtee E OC
Insectes et la liaison entre la cellule primordiale (hémocytoblastes
proleucocyte) du sang circulant avec les cellules fixes des orgas
nes lymphogènes.
(Laboratoire de médecine expérimentale, P° J. Cantacuzène).
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACTION DU B. hislolylicus
SUR LES TISSUS,
par M. Nasra.
Nous nous sommes proposé de suivre l'évolution des lésions
provoquées par le B. histolyticus dans les tissus.
Nous avons injecté à une série de Gobayes une même dose :
o,1 c.c. d'une culture de B. histolyticus en bouillon glucosé à
1 p. 1.000, dans les muscles de la cuisse. Les animaux étaient sa-
crifiés de 2 en 2 heures, les muscles fixés dans du formol à
10 p. 100, et inclus à la paraffine. Les coupes ont été colorées à
l’hématéine-éosine, le procédé de van Gieson, de Mallory, l'hé-
matoxyline ferrique de Heidenhain et le bleu de toluidine.
Voici quelle est la succession des phénomènes depuis le mo-
ment de l'inoculation jusqu’à la fonte du muscle qui en est la
fin, Une heure déjà après l’inoculation, la cuisse est gonflée, sous
la peau on trouve un abondant œdème gélatineux, une légère
ecchymose correspondant à l'endroit de la piqûre. En section-
nant la cuisse transversalement, on trouve au point où a porté
l'injection une ecchymose déjà assez appréciable (2 heures). Peu
après, la tuméfaction de la cuisse s’accentue. Sur la surface de
section on voit la zone ecchymotique centrale augmenter de plus
en plus d'étendue et envahir de nouveaux groupes musculaires,
En même temps, à ce niveau, le muscle devient plus friable et,
de la 6° à la 8° heure, il s’effrite sous la lame. A partir de ce
moment commence la transformation en bouillie qui envahira
toute la cuisse.
À l'examen microscopique on peut suivre les différents stades
d’'altération que subissent les tissus. En faisant passer les coupes
au niveau du foyer central ecchymotique, on est frappé par le
peu d’étendue et d'intensité de la réaction inflammatoire. L’épan-
chement hémorragique qui dissocie les fibres musculaires dé-
passe de beaucoup les limites du foyer d'infiltration de leuco-
‘cytes, parmi lesquels on constate de nombreux éosinophiles.
L'élément qui paraît être principalement et presque exelusi-
yement atteint est la fibre musculaire. Le début de l’altération
est caractéristique par la perte de la striation et la modification
280 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST (40)
des affinités tinctoriales (après 2 heures et peut-être même plus
tôt). Sur les coupes colorées à l’hématéine-éosine, on constate
que certains faisceaux musculaires ne se colorent plus en rose,
mais prennent une teinte jaune grisàtre ; avec la coloration de
Heidenhain, on remarque que certains faisceaux en totalité, d’au-
tres seulement en partie, ont fixé l’hématoxyline ferrique. Le
nombre de ces fibres est d'autant plus grand qu'on se rapproche
du centre de la lésion, où l’altération est donc plus avancée.
Après 2 heures, on peut voir des faisceaux musculaires présen-
tant un aspect très particulier. Sur section transversale, on les
voit criblés d'un nombre plus ou moins grand de trous de formes
et dimensions variables, irrégulièrement situés, tantôt vers le
centre, tantôt vers la périphérie du faisceau. Sur coupe longitu-
dinale, on voit qu'à ces trous correspondent des boyaux qui par-
courent le faisceau fréquemment d’un bout à l’autre. Les noyaux
des fibres ainsi altérées sont en bon état, le sarcolemne indemne,
et, sur les coupes colorées au Van Gieson ou au Mallory, on cons-
tate que tout: ce qui est tissu conjonctif n'a subi aucune altéra-
tion. Par la coloration au bleu de toluidine, on peut voir que
l'étendue de la lésion dépasse de beaucoup la zone d'envahisse-
ment des microbes. Tandis que ceux-ci sont localisés en amas au
centre de la lésion, les altérations que nous avons décrites ainsi
que l’infiltration hémorragique s'étendent bien plus loin. À un
stade plus avancé (de 4 à 6 heures), on rencontre des faisceaux
musculaires presque complètement criblés de trous et par en-
droits il ne reste que le sarcolemne comme un sac vide. Au fur
et à mesure que les fibrilles disparaissent, les vides sont remplis
par du sang auquel plus tard viennent se joindre quelques leu-
cocytes, polynucléaires et de rares macrophages. Entre la S° et
la 10° heure, le nombre de ces faisceaux complètement vidés est
très grand. Sur des étendues assez grandes, on ne voit plus
que des sacs de sarcolemne remplis de sang, par endroit, enfin,
on commence à apercevoir des dépôts de fibrine et des caillots
de sang en voie d'organisation.
L'altération des noyaux est assez tardive, elle apparaît vers les
4 ou 6° heures, quand la fonte de fibres musculaires est déjà
assez avancée. À ce moment, on aperçoit de nombreux noyaux
pycnotiques ou en caryolyse, et de nombreux faisceaux muscu-
laires ayant complètement perdu leur noyau.
L'examen de nos préparations nous a donc permis de suivre
toutes les phases depuis les premières allérations de la fibre mus.
culaire jusqu'à la transformation du muscle en une bouillie
hémorragique. Nous avons vu que l’altération est limitée exclu-
sivement à la fibre musculaire, qu'il s’agit done d’un poison
ayant une action strictement élective et remarquablement active :
(41) SÉANCES DES 16 mars, 6 avrir, D Er 18 mar 281
pour cet élément. La Ivse du muscle est due certainement à la
toxine sécrélée par le microbe comme le prouve la grande éten-
due des lésions en dehors de la présence des microbes. Avec ja
toxine débarrassée de microbes par centrifugation prolongée,
nous avons obtenu macroscopiquement et microscopiquement
les mêmes résultats.
(Laboratoire de médecine expérimentale).
LA RECHERCHE ET LE DOSAGE DE L’ACIDE ACÉTYLACÉTIQUE,
par Em. RIEGLER.
L'étude de l'acide acétylacétique, intéressant au point de vue
physiologique parce qu'il représente une étape intermédiaire dans
le métabolisme des substances protéiques, des graisses et peut-être
mème des hydrates de carbone, devient d'une importance capi-
tale dans les cas pathologiques où il y a, soit une exagération
dans sa production, soit surtout une entrave à sa destruction.
C’est ce qui arrive, par exemple, dans le cas de diabète glyco-
surique où l’on connaît la signification de l’apparition de l'acide
acétylacétique dans l'urine. Sans trop insister, je crois que ces
considérations seules suffisent pour démontrer l'utilité d'une mé-
thode qui permette la mise en évidence, et surtout le dosage, de
ce corps dans l'urine. L'opération est assez délicate et difficile à
mettre en œuvre.
Inspiré par la méthode chronométrique de Denigès et à la
suite du fait que j'ai constaté : à savoir que l'acide acétylacétique
‘a la propriété d’absorber l’iode, j'ai eu la pensée d’appliquer
cette méthode au dosage de ce corps dans l'urine, par la mesure
du temps nécessaire à la décoloration d’une solution d'amidon
colorée en bleu par l’iode, après l’avoir mélangée avec un excès
d'acide sulfurique.
Dans ce but, j'ai entrepris une longue série d'expériences préa-
lables, avec des solutions connues, qui me permettent aujour-
d'hui de tirer la conclusion suivante : le temps nécessaire à l'ab-
sorption de l’iode varie directement avec la quantité de ce corps
et inversement à la concentration de la solution en acide acétyl-
acétique. En désignant par t le temps (en secondes), par P Île
poids de l’iode absorbé (en milligrammes) et par c la concen-
tration (en gr. pour le volume de 10 c.c.), on trouve : =—
Les réactifs nécessaires à la mise en évidence et au dosage
(o
de ce corps dans l’urine sont les suivants : 1° une solution ren-
fermant 0,065 gr. d'iodure de potassium dans 10 c.c. (r c.c.
RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST (42)
1
æ]
tÙ
renferme 0,5 mgr. d'iode); 2° une solution de nitrite de sodium
à 2 p. 100 ; 3° une solution d’amidon à 1 p. 100 ; 4° acide sulfu-
rique dilué. Comme matériel, il faut un tube à essai gradué en
centimètres d’une capacité de 15 c.c. environ, 2 pipettes de # c.c.
et un chronomètre.
Pour la recherche qualitative, on procède comme ïl suit : dans
le tube gradué on introduit, à l’aide d’une pipette, r c.c. d'urine
et on complète avec de l’eau jusqu’à la division 10. On ajoute
5 gouttes de solution d’amidon, 5 gouttes d'acide sulfurique, 5
gouttes de la solution de nitrite de sodium et ensuite, avec l’au-
tre pipette, 1 c.c. de solution iodurée (exactement mesurée). On
bouche le tube avec le pouce et on le renverse ensuite 8 à ro
fois. Si la coloration bleue ne disparaît pas, on peut affirmer l’ab-
sence de l'acide acétylacétique dans l'urine. Pour le dosage, dans
le cas où elle en contient, on mesure le temps écoulé, à partir
du moment où l’on verse la solution iodurée, jusqu’à la dts-
parition de la couleur (en regardant le tube d'en haut sur une
feuille de papier blanc).
Pour cela, on met en marche le chronomètre juste au moment
où l’on verse la solution d'iodure et on l'arrête à la disparition
de la couleur. La valeur trouvée (comptée en secondes) introduite
dans la formule = permet le calcul de c (en grammes pour
10 c.c. de solution) parce qu'on connait le poids P d'’iode intro-
duit (0,5 mgr.).
Supposons qu'on ait trouvé {—5oo.
0,5
0,D
P
La formule : {— — donne : 500 = — ,r—
C
z 500
acétylacétique dans ro c.c. de solution, c'est-à-dire dans 1 cc.
d'urine.
La formule ci-dessus n'est valable que pour la température
de 15°. Dans le cas où l’on a fait la détermination à une tempé-
rature T°, on calcule le temps qu'il aurait fallu pour la décolera-
tion à 1b°, à l’aide de cette formule : 4,50 = tr X =
À 17
—0,001gT. d'acide
(43) SÉANCES DES 16 mars, 6 Avriz, 5 ET 18 mar 283
SUR LE SORT ULTÉRIEUR DES URNES CHEZ Sipunculus nudus
AU COURS DE L'INFECTION ET DE L'IMMUNISATION,
par J. CANTACUZÈNE.
Au cours des inoculations expérimentales de Bactéries ou de
globules rouges chez Sipunculus nudus, on constate la diminu-
tion momentanée du nombre des urnes dans le sang de l’animal
après chaque inoculation. Quel est le sort de ces éléments ? Une
bonne partie d'entre eux, après l'effort fourni pendant la mala-
die, deviennent la proie des phagocytes. Les phases de ce pro-
cessus peuvent être facilement être suivies in vitro. Si l’on fait
en effet un mélange de sang de Siponcle immunisé et d’antigène
(Bactéries ou globules rouges de Mammifères), les éléments
lourds du sang (hématies de l'animal, amibocytes, produits
sexuels, vésicules énigmatiques), se déposent rapidement au fond
du tube ; seules, les urnes continuent à fourmiller dans la por-
tion supérieure de la colonne liquide ; ainsi que nous l'indiquions
dans une note précédente, elles ne tardent pas à se précipiter
sous forme d’un dépôt neigeux entraînant à leur suite la charge
d'éléments agglutinés fixés à leur pôle postérieur ; parfois, la
charge tombe d’un côté, l’urne de l’autre. Au cours de ce pro-
cessus de précipitation, l’urne subit des altérations importantes
et se vide partiellement ou complètement de son contenu par un
mécanisme que nous étudions plus loin. L’urne ainsi vidée, dis-
loquée, plissée en tous sens, est réduite à l’état de loque à la-
quelle adhère encore souvent le bourrelet cilié dont les cils con-
_tinuent à battre un certain temps ; parfois aussi, ce bourrelet
cilié se détache et ne tarde pas, lui aussi, à devenir, de même
que le reste de l’urne, fa proie des phagocytes. Ceux-ci entourent
ces divers fragments, se fusionnent autour d'eux sous forme d’un
vaste plasmode multinucléé englobant ainsi à la fois et le cada-
vre de l’urne et la masse agglutinée de particules étrangères qui
y adhèrent. Au sein de ce plasmode s'opère la digestion des éké-
ments phagocytés. Des plasmodes semblables se constituent dans
toute l'épaisseur de la masse neigeuse formée par l'accumulation
des urnes précipitées ; ils finissent par se souder les uns aux au-
tres et constituent ainsi, à la surface du dépôt, une véritable pel-
licule organisée. Telle est la fin de la plupart des urnes épuisées
au cours du processus morbide.
Au cours de l'infection chez l'animal vivant ou bien au sein
de la colonne sanguine, lorsque l’on mélange in vitro le sang
d’un animal immunisé avec l’antigène, on voit apparaître uù
nombre de plus en plus grand de corps ciliés très spéciaux, de
284 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUCAREST ., (4%)
grandes dimensions, mesurant souvent de 3 à 4 fois le diamètre
d’une urne, et que l’on ne rencontre que tout à fait exception-
nellement dans le sang de l’animal normal. Il s’agit d'éléments
discoïdes, aplatis, présentant en un point de leur périphérie un
noyau unique, et munis d’une couronne périphérique de longs
cils implantés dans uà petit bourrelet circulaire finement gra-
nuleux et qui entoure l'élément tout entier. En. dedans du bour-
relet cilié, la surface de ce disque est occupée par une sorte de
mosaïque d'éléments cellulaires polygonaux disposés en une
seule couche à la façon d’un endothélium pavimenteux. Les cel-
lules composant cette mosaïque ne sont autres que les hématies
propres du Siponcle étalées à la surface du disque, étroitement
juxtaposées, et devenues polÿgonales par compression récipro-
que. Çà et là, entre les éléments de ce dallage celiulaire, se trou-
vent intercalés des amibocytes granuleux. Sous l’action des cils,
l'élément se déplace, mais plus lentement et plus lourdement que
les urnes.
I1 s’agit là d'une transformation très curieuse de l’urne elle-
même ; cet élément discoïde représente, en effet, le pôle posté-
rieur de l’urne muni de son bourrelet cilié et de son noyau, et
qui ne prend cette forme particulière qu'après que l’urne s’est
vidée de son contenu. À un moment donné, en effet, le contenu
de l'énorme vacuole qui donne à l’urne sa forme et sa tension
caractéristiques est expulsé au dehors. Voici les stades successifs
de cette transformation : le corps de l’urne se bossèle en certains
points, se déprime en d’autres, devient irrégulier ; à sa surface
apparaissent des boules qui font hernie au dehors ; au fur et à
mesure que ces boules sont expulsées, le corps de l’urne se plisse,
s’affaisse et finit par se désagréger. Il ne persiste de l'élément
primitif que le bourrelet cilié avec le noyau et le fond de l’en-
tonnoir glandulaire. N’étant plus comprimé par le corps de
l’urne, sollicité dans le liquide ambiant par des forces égales et
en vertu de son élasticité propre, le bourrelet cilié s'étale, prend
une forme strictement circulaire et apparaît comme un disque
plat, cilié à sa périphérie, et caractérisé par le fait que sa surface
glandulaire est occupée par la mosaïque cellulaire décrite plus
haut. :
Au fur et à mesure que s’accomplit cette intéressante transfor-
mation, on voit les hématies propres du Siponcle, qui étaient
jusque là régulièrement écartées de l’entonnoir et tenues à dis-
tance de ce dernier par des forces vraisemblablement de nature
électrique, changer brusquement d'’affinité, s'engager dans cet
entonnoir, adhérer étroitement à sa surface et s’y juxtaposer en
se comprimant muluellement. Tout se passe comme si urnes et
hémalies propres, jusque là de même signe électrique, deve-
(45) . SÉANCES DES 16 mars, 6 avi, 9 Er 18 Mai 289
naient maintenant de signe contraire et se précipitaient | une sur
l’autre.
Il est vraisemblable qu’à cette lÿyse du corps de l’urne corres-
ponde la mise en liberté dans le liquide ambiant de substances
agglutinantes ou même peut-être d’autres anticorps. Les disques
ciliés finissent, au bout d'un certain temps, par disparaître du
sang de l'animal inoculé sans que nous ayons pu encore, jus-
qu ici, indiquer leur sort ultérieur.
(Station biologique de Roscoff).
Une PASTEURELLA PATHOGÈNE POUR LES Rats,
par |. GHEORGHIU.
Une épidémie de pasteurellose apparaît au mois de janvier
1922 parmi les Corneilles si nombreuses en tous temps dans Îa
ville et le district de Jassy. Cette épidémie a été déjà signalée
récemment par À. Îonesco (1).
Cette épidémie faisait suite à une épidémie de choléra des
Poules, qui avait dépeuplé au mois de septembre 192r, les basses-
cours de la région. On avait pensé d’abord que le froid excessif
avait déterminé la mortalité énorme constatée chez ces Corneil-
les. L'étude des lésions trouvées à l’autopsie, ainsi que les ense-
mencements du sang ont apporté la preuve qu'il s'agissait là
d'une Pasteurella très virulente pour les Oiseaux. Parmi les lé-
sions les plus fréquentes, nous constatons une forte congestion
pulmonaire avec suffusions sanguines, exsudat sanguinolert et
fégèrement louche dans les plèvres et le péricarde ; Le foie peu
congestionné, friable et couvert de petites formations blanchä-
tres dans lesquelles on ne trouve que des restes de tissus nécrosés
et des amas microbiens ; il existe des lésions nécrotiques de la
muqueuse de l'intestin grêle : les ensemencements du sang don-
nent une Pasteurella très polymorphe.
Très pathogène pour le Pigeon, la Poule et les Canards, cette
Pasteurella l’est également pour le Rat : r/1.000 de culture en
bouillon, inoculé sous la peau, tue l’animal en 5 à 8 heures : la
virulence augmente encore par passages sur l'animal. Moins vi-
rulente par voie digestive, cette Pasteurella tue constamment ce-
pendant le Rat s’il y a la moindre lésion de la muqueuse buccale.
Si l'on mélange aux aliments contaminés du verre cassé, du
(1) A. Ionesco. Le choléra des Corneilles. Archiva veterinara, t. XV, 1922,
PA#107-
BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 20
286 RÉUNION ROUMAINE DÉ BIOLOGIE ; (46).
sable ou des grains d'avoine, qui donnent parfois des lésions de
la muqueuse digestive, on réussit à produire régulièrement une
septicémie mortelle chez les Rats.
L'épidémie n'a cessé qu'au printemps dès que kes Corneilles
ont quitté leurs nids. En échange, le choléra des Poules à réap-
paru à la même époque chez les Poules de ‘cette région.
(Laboratoire de bactériologie de Jassy).
LES ONOMATOPÉES ET LE LANGAGE DES ENFANTS.
LEs GESTES,
par Noica.
Par onomatopées, on entend les premiers bruits volontaires
qu’expriment les enfants par leur bouche, avant la parole arti-
culée. C’est un langage universel, commun à tout enfant qui
commence à saisir les bruits simples que font une montre, l’eau
qui coule, le Coq qui chante, le Corbeau qui croasse, la Brebis
qui bêle, etc. Il y a aussi un langage des enfants qui comprend
un certain nombre de mots ou d'expressions, dont se servent les
enfants, quand ils veulent par exemple parler de leurs animaux
favoris, pour les appeler à eux, ou pour nous les désigner. Ce
langage est, au point de vue de l'ontogénèse, appris après les
onomatopées et contrairement à celles-ci, il est particulier à
chaque langue. Aïnsi, en roumain, on caresse ou on appelle le
Chien en lui disant « coutzou », ce qui correspond en français
à « toutou », et au Chat on lui dit « pis-pis », ce qui correspond,
en français, à « minou », etc.
Les gestes sont des mouvements volontaires que nous faisons
avec nos membres, surtout avec nos membres supérieurs, pour
exprimer différentes idées ou besoins, comme le salut militaire,
le geste de se moucher, le désir de se moquer de quelqu'un en
lui faisant un pied de nez, etc. Leur nombre et leur variété dé-
pendent des races et même des groupes d'Hommes. Ils ne sont
pas non plus instinctifs, car ils ont été appris après la naissance.
Avec cette définition, nous éliminons les expressions mimiques,
qui traduisent des émotions et qui s'expriment de la même ma-
nière dans toutes les races humaines (Darwin).
I. Quand on a examiné, comme nous l'avons fait, des apha-
siques moteurs (c'est-à-dire des malades qui, à la suite d’un ictus
apoplectique, ont perdu la mémoire d’évocation et de pronon-
ciation des mots), nous constatons que l’aphasique moteur mon
seulement ne peut pas prononcer les mots, mais qu'il ne peut
NT
[
y
(47) SÉANCES DES 16 mars, 6 avrir, D Er 18 mar 284.
faire aucune onomatopée ou prononcer aucun mot du langage
des enfants. Quoiqu'ils ne puissent plus dire et répéter, après
nous, ni les onomatopées, ni les autres expressions du langage
des enfants, les aphasiques moteurs n’ont pas perdu la mémoire
de leur sens. En effet, ils font un signe de protestation quand
nous appelons le Chien qui est devant eux, en lui disant « pis-
pis », expression par laquelle nous désignons ici un Chat. Si
nous passons maintenant à l’aphasique sensoriel, nous consta-
tons que celui-ci répète, après nous, ces onomatopées et les
mots du langage des enfants, seulement il a perdu leur sens.
Par exemple, je caresse un Chat que je tiens dans mes bras, en
lui disant « coutzou-coutzou » — mot qu’on adresse aux Chiens,
— le malade ne se rend pas compte que ce mot ne s'adresse pas
à un Chat, quoiqu'il voie très bien que j'ai devant moi un Chat
et pas un Chien.
Il. Parlons maintenant des gestes et voyons comment ils se
trouvent chez les aphasiques moteurs, puis chez les aphasiques
sensoriels. Comme exemples de gestes, nous demandons au ma-
lade de nous imiter quand nous faisons un pied de nez, ou bien
comment nous nous mouchons, comment nous tirons notre
oreille, comment nous faisons le salut militaire, comment nous
redressons nos cheveux, etc. Puis, demandons-lui d'imiter deux
gestes différents que nous faisons avec les deux mains à la fois :
par exemple, avec une main nous nous caressons le menton,
pendant qu'avec l’autre nous nous tirons l'oreille, etc. Voilà le
résultat de cette enquête. Le malade aphasique moteur reproduit
sur lui tous les gestes, avec la main gauche, même avec-la
main droite si l’état de paralysie le lui permet ; dans le dernier
cas, il peut imiter même les deux gestes à la fois. Au contraire,
l’aphasique sensoriel, qui a généralement la motilité volontaire
intacte de deux côtés à la fois, ne peut imiter avec une de ses
mains aucun geste, et d'autant moins deux gestes à la fois.
S'il s'améliore, il arrive à reproduire certains gestes, mais il est
incapable d’imiter les deux gestes à la fois. 5
IIL., Quel est le mécanisme des onomatopées et du langage des
enfants. Ce sont les premiers essais de l'Homme, pour s’expri-
mer sur le monde extérieur, avant l’arrivée de la parole. L'’en-
fant entend comment fait le Coq, le Poussin, le Mouton, etc.,
et il les imite, et de même il entend comment sa mère caresse
le Chien ou le Chat, et après beaucoup de gazouillements, il
réussit, de lui-même, à faire comme sa mère. Autrement dit,. les
onomatopées et le langage des enfants sont des mouvements de
la bouche, appris par l’exercice, après avoir entendu les bruits
qui leur correspondent. Nous les gardons et nous pouvons les
288 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (48)
prononcer à tout moment, grâce à la mémoire de prononciation
qui les a conservés.
Les gestes sont la reproduction des mouvements volontaires
de nos bras, que l'enfant voit faire par les autres et qu'il arrive,
par l'exercice, à imiter. Toutes ces choses vues : les mouvements
qui expriment le geste du salut militaire, le geste de se mou-
cher, etc., l'enfant les perçoit, les imite et les enregistre dans
sa mémoire. Il est logique alors que l’aphasique sensoriel les ait
perdus ou ne puisse les reproduire, tandis que l’aphasique mo-
teur, au contraire, les conserve et les reproduit facilement. En
effet, l’aphasique sensoriel a perdu la mémoire des mouvements
appris par la vue et il lui est difficile de les apprendre de nou-
veau, parce qu'il n’a plus, comme avant la maladie, la faculté
de perception visuelle.
On peut faire une contre-épreuve. Les malades aveugles de
naissance, comme les aphasiques sensoriels, ne peuvent pas imi-
ter nos gestes, et d'autant moins les faire sur notre ordre, ce
qui est facile à comprendre, puisqu'ils ne voient pas et n'ont
jamais vu, mais ils peuvent prononcer toutes les onomatopées
et toutes les expressions du langage des enfants, car, leur audi-
tion étant conservée, ils ont pu les entendre et les répéter. D’un
autre côté, les sourds-muets imitent d’après nous tous nos ges-
tes, car ils ont la vue conservée, mais, comme les aphasiques
moteurs, ils ne peuvent et ne savent produire aucune onomato-
pée, aucune expression du langage des enfants, car, étant
sourds, ils n’ont pu ni les entendre ni apprendre à les pronon-
cer.
SUR L'APRAXIE,
par Norca.
Après avoir examiné plus d’une dizaine de malades aphasi-
ques, nous sommes arrivé à constater ce fait : toutes les
fois que nous avons eu des malades aphasiques sensoriels, avec
troubles de perception visuelle bien accentués, nous avons cons-
taté des phénomènes d’apraxie. Nous avons trouvé de pareils
phénomènes aussi, dans le cas d’aphasie totale, chez lesquels
il existait, bien entendu, des troubles de perception visuelle. En
revanche, nous n'avons jamais observé de l’apraxie, chez les
aphasiques moteurs, chez les pseudo-bulbaires, ou chez d’autres
malades hémiplégiques droits ou gauches n'ayant pas de trou-
bles d’aphasie.
Ces symptômes d'apraxie, nous les avons trouvés non seule-
QE
(49) SÉANCES Des 16 mars, 6 Avriz, D ET 18 Mai 289
ment chez les aphasiques sensoriels avec troubles de perception
visuelle, mais nous les avons vus s'améliorer sous nos yeux.
D'ailleurs, dans une communication précédente, en parlant des
gestes, nous avons montré que l'absence de ceux-ci se consta-
tait seulement chez les aphasiques sensoriels et jamais chez les
aphasiques moteurs.
: Comment peut-on expliquer cette impossibilité pour.les apha-
siques sensoriels de reproduire les gestes que nous faisons de-
vant eux, autrement que par la perte de la perception visuelle ?
La contre-épreuve est très facile à faire. Nos malades, aveugles
de naissance, sont incapables de faire un geste (un pied de nez,
un salut militaire, etc.), car, comme nous a dit un de-ces ma-
lades, « comment voulez-vous que je puisse faire ce geste, du
moment que je ne l’ai jamais vu faire »; on ne peut. lui faire
exécuter ces gestes aujourd'hui. |
Le malade aphasique sensoriel, non seulement n'est pas ca-
pable d’imiter le geste que nous faisons devant lui, mais il n’a
mème pas l’air de comprendre sa signification.
Si nous passons à des actes plus compliqués, donnons-lui
l'exemple classique, une boîte d’allumettes et une bougie, en
lui recommandant d'allumer cette dernière, le malade est inca-
pable de le faire ; il fait quelques mouvements qui sont justes,
mais il lui en manque d’autres : par exemple, il a retiré l’allu-
mette de la boîte, mais il a oublié de l’allumer en la frottant
sur celle-ci. Puis il prend la bougie, et frotte l’allumeite sur la
bougie, ainsi il exécute le mouvement de frotter, mais non pas
sur l’objet qui convient. Comment peut-on interpréter ces trou-
bles autrement que par une perte de la mémoire des mouve-
ments nécessaires. Pour comprendre ce trouble de mémoire, Je
me permets de faire une comparaison. En exécutant nous-même
cet acte, réfléchissons un peu combien de mouvements nous de-
vons faire : prendre en main la boîte d’allumettes, ouvrir la
boîte, retirer une allumette, puis fermer la boîte, frotter l’allu-
mette sur üne partie de celle-ci, aller chercher la bougie, la
redresser pour la présenter du côté où se trouve la mèche, et
ainsi l’allumer ; puis une fois la bougie allumée, éteindre l’al-
lumette et la jeter par terre. Voilà rapidement résumés les mou-
vements que nous devons faire, et qui, cinématographiés, doi-
vent représenter une bande assez longue de photographies.
Toutes ces photographies, qui représentent chacune un mouve-
ment, nous les avons vues, saisies et apprises, puis enregistrées
tellement bien, qu'aujourd'hui nous les reproduisons les unes
après les autres presque automatiquement et dans un ordre par-
fait. Chez notre malade aphasique sensoriel, il nous semble qu’il
soit facile de comprendre pourquoi il ne peut plus allumer une
290 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (B0)
D ———————————_—_—_—_—…—"…—…"—"—…"…"…"…"…"—"—"—"—"————
bougie et qu’il a conservé le souvenir de quelques-uns des mou-
vements, mais sans aucun ordre.
Ce n’est pas tout. Notre malade, frotte l’allumette sur la bou-
gie et, quand il voit après quelque insistance qu'il ne réussit
pas, il renonce. Pour expliquer cette maladresse, on pourrait
dire qu'il ne reconnaît pas les objets, que c'est un trouble
d’agnosie, mais, en réalité, le malade n'ignore pas les objets
qui sont entre ses mains, seulement il ne s'aperçoit pas de l’er-
reur visuelle qu'il commet, et persiste quelque temps dans son
erreur, détail qu’on voit souvent chez les aphasiques.
En résumé, l’apraxie est un trouble psychiqué qui consiste
dans la perte de mémoire des mouvements appris, et dans la
pêrte de la perception visuelle.
Quelle est la différence entre le trouble moteur de l’aphasique
motéur, qui ne peut prononcer aucun mot, et l’apraxique, qui
ne peut pas imiter un geste, ou faire une action comme, par
exemple, allumer une bougie, mais peut parler ?
Le premier, même si la langue, les lèvres, les joues, etc., ne
sont pas paralysées, ne peut pas prononcer un mot, car il a oublié
de se servir de ces muscles pour articuler un mot, mécanisme
qu'il avait appris dans l'enfance, quand il gazouillait un mot,
qu'il avait d’abord saisi avec son ouïe. Le second n'est pas un
paralysé non plus de ses membres, mais il ne peut pas faire un
geste et ni ne peut l’imiter aujourd'hui, car il a perdu la mé-
moire des mouvements vus et appris autrefois, et s’il veut vous
imiter, il ne réussit pas non plus, car il a perdu la perception
visuelle pour pouvoir les saisir de nouveau. À cause de cette
perte de mémoire des mouvements et de cette perte de percep-
tion visuelle, il n’arrive pas à allumer la bougie, car, bien qu'il
fasse certains mouvements corrects, il en a oublié d’autres.
L'apraxique n'est pas un tabétique incoordonné, car un ataxi-
que peut imiter nos gestes, peut réussir à allumer la bougie,
mais il fera des mouvements désordonnés, à cause, pensons-
nous, de l’absence d'harmonie musculaire et des troubles du
sens articulaire.
> IS
Re St ne SL CD Se D OS Se nn À
(54) SÉANCES DES 16 mars, 6. AyRIL, D ET 18 MAI 294
DosAGE CHRONOMÉTRIQUE DE L'ACIDE URIQUE,
par Em. R&GLER.
Les faits sur lesquels est basée cette méthode sont les suivants:
1° L’acide urique précipité sous forme d’urate d'ammonium
est oxydé par l'acide iodique avec mise en liberté d’iode (3,33 gr.
d'acide urique mettent en liberté 1 gr. d'iode).
2° L’acide acétylacétique, par sa propriété de fixer l’iode, peut
décolorer les solutions bleues d’amidon iodées et le temps néces-
saire pour la décoloration varie directement avec la quantité de
métalloïde libre et inversement à la concentration de Flacide acé-
tylacétique.
En partant de ces faits, j'ai entrepris une longue série de re-
cherches préalables avec des solutions titrées d'acide urique à la
suite desquelles je fus conduit à la mise en pratique d'une mé-
thode permettant le dosage de ce corps dans l'urine.
Voici le détail de ces expériences
On prend o,r gr. d'acide urique, on le dissout à l’aide de
0,2 gr. de bicarbonate de soude, par ébullition, dans 20 c.c.
d’eau et ensuite on amène la solution au volume de 100 e.c. De
cette solution (r p. 1.000), on prend dans une série de tubes
AT D, 2, 9, 4; D... 10 C.C. et après avoir complété dans
chaque tube à ro c.c. avec de l’eau distillée, on ajoute partout 5
de réactif précipitant l’acide urique à l’état d’urate d’ammo-
nium (1) et on renverse plusieurs fois chaque tube pour homo-
généiser son contenu.
Après 24 heures de repos, on centrifuge 2 minutes, on enlève
complètement le liquide surnageant et sur le précipité on verse .
2 c.c. d’une solution à ro p. 100 d'acide iodique en homogénéi-
sant bien le mélange. Cinq minutes après, on complète avec de
l’eau le volume à 10 c.c., on renverse 10-12 fois le tube bien
bouché et ensuite on ajoute partout r c.c. de solution d’amidon
et r c.c. d’une solution d’éther acétylacétique à 2 p. roo. Au
moment où l'on introduit cette dernière solution, on met le
chronomètre en marche, on renverse ensuite le tube et on ré-
pète cette opération toutes les 6o secondes, jusqu’à la disparition
complète de la couleur bleue.
Lorsque celle-ci est obtenue, on arrête le chronomètre.
(x) On obtient ce réactif en dissoivant par chauflage 85 gr. de sulfate
d’ammonium dans 100 c.c. d’eau et en ajoutant au liquide filtré, après re-
‘froïdissement, 25 c.c. d’une solution d’ammoniaque ayant la concentration
10 P. 100.
292 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (52)
En procédant de cette manière, j'ai trouvé le résultat que
voici
Quantité d'acide urique Temps nécessaire pour la décoloration
eu mgr en secondes
SR ARR A EE PAIE AA Cr RE M a LR Ag Os 19
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OO EVENE AE er A NI er RE PU Ba 199
DR NES A EL DER (ONE CN HER LEA PEL ES AGREE OUR ces 150
Par ce tableau, on voit que le temps nécessaire à la fixation de
l’iode mis en liberté par r mgr. d'acide urique est toujours le
même et qu'il a la valeur de 15 secondes.
La quantité d'acide urique renfermée dans une solution, sou-
mise aux mêmes opérations que celles décrites ci-dessus, sera
L£ t
donc donnée par cette formule : p— =
I
où p représente la quantité d'acide urique en milligrammes et
le temps nécessaire pour la décoloration (en secondes).
La technique pour l'urine est exactement la même. On prend
toujours le volume de 10 c.c. de liquide dans le cas où sa teneur
en acide urique est comprise entre 0,1 P. 1.000 et I P. 1.000
(1 mgr.—10 mgr. pour ro c.c. d’urine).
Si la concentration de l’uriñe est en dehors de ces limites,
c'est-à-dire si le temps nécessaire pour la décoloration est inférieur
à 15 secondes ou dépasse 15o secondes, on peut la ramener entre
ces limites en partant, dans le premier cas, d’un précipité
d'urate d’ammonium provenant d'un volume plus grand d'urine
et d’une urine diluée dans le second cas.
La formule ci-dessus n'étant applicable que pour les détermi-
nations faites à la température de 18°, on devra se munir d’un
réservoir d’eau ayant cette température et permettant d'y placer
les tubes où a lieu la réaction de décoloration.
RECHERCHES HISTO-PATHOLOGIQUES SUR LES MITOCHONDRIES,
par G. Marinesco et A. Tupa.
Une description complète du chondriome de la celiule ner-
veuse a été donnée par Nageotte (1909). À la description de la
morphologie, de la topographie et des rapports existant entre
(53) SÉANCES DES 16 mars, 6 Avriz, 5 ET 18 Mai 293
celui-ci et les autres constituants du neurone, on n'a ajouté de-
puis que quelques détails.
Certains auteurs ont fait des recherches sur les variations du
chondriosome à l’état pathologique et ont décrit une augmenta-
tion des granulations mitochondriales dans les greffes des gan-
glions spinaux et dans les sections des nerfs périphériques (Lu-
na)’ Ils ont remarqué leur résistance vis-à-vis des infections
(virus polyomyélitique). Dans la contribution apportée à l’histo-
logie pathologique et à la pathogénie de l’idiotie amaurotique,
l’un de nous a trouvé des altérations du chondriome des cellules
du système nerveux central, et a émis l'hypothèse qu'il peut in-
tervenir dans la genèse des maladies familiales.
Etant donné le rôle important que joue cet appareil dans la
cellule, et les recherches peu nombreuses faites sur lui à l’état
pathologique, nous avons entrepris quelques recherches dans
cette direction.
La technique a été celle décrite par l’un de nous dans une
communication antérieure (1); l’objet d'étude a été la cellule
motrice des cornes antérieures de la moelle du Lapin adulte.
À l'état normal, l’appareil mitochondrial est représenté par de
petits bâtonnets minces, plus ou moins droits, d'une épaisseur
et d'une intensité de coloration égales, occupant les espaces
Kbres entre les corpuscules de Nissl, orientés dans les directions
Ics plus variées. Ces bâtonnets sont répandus uniformément à
l'intérieur de la cellule, ceux qui avoisinent la colline du neu-
rone prennent un arrangement régulier, orientés en longs fils
qui convergent vers l’origine du cylindraxe. À l’intérieur de
celui-ci, de même que dans les prolongements protoplasmiques,
ils forment de longues rangées parallèles à la direction du pro-
longement.
Toute cellule nerveuse — jeune ou adulte — possède un appa-
reil mitochondrial. Son aspect est le même dans les cellules
claires que dans les obscures, mais son image est beaucoup plus
nette dans les cellules claires à cause du fond protoplasmique
qui est presque incolore.
Autour des cellules et tout le long des prolongements, on voit
une série de formations granulaires, grandes, formées par jux-
taposition de granulations plus petites. Elles peuvent représen-
ter les mitochondries de l’appareil terminal des fibres nerveuses
de Cajal, ou celles des pieds névrogliques de cellules satellites.
À l’état pathologique, après l’arrachement du sciatique, les
cellules motrices correspondantes de la moelle sacrée augmen-
(x) À. Tupa. Sur l'emploi du nitrate d’urane dans la fixation des mitochon-
dries. C. R. de la Soc. de biol., séance du 12 novembre 1921, t. LXXXV.
294 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (54)
a
tent de volume, prennent une forme globuleuse en même temps
que les corpuscules de Nissl subissent une fonte progressive, la
chromatolyse. En même temps que se produisent ces modifica-
tions, le chondriome change d'aspect et se modifie lui aussi
a) Modifications morphologiques. Dans certaines cellules, les
chondriocontes se fragmentent en granulations de différent vo-
lume, les plus grandes pouvant atteindre 2-3 fois le diamètre
normal d’une mitochondrie. Elles sont répandues, plus ou
moins uniformément, dans le corps cellulaire. Dans d’autres
cellules plus nombreuses, les bâtonnets augmentent de longueur,
deviennent courbes ou flexueux, orientés dans leur disposition,
d'abord par les corpuscules de Nissl, déjà altérés ; puis, lorsque
ceux-ci ont disparu, les bâtonnets se répandent sans aucune orien-
tation dans la masse protoplasmique, S'y entrecxoisant et s’en-
tremêlant de la façon la plus variée et la plus bizarre. Dans un
stade avancé de la dégénération cellulaire, nous ayoxs ohservé
une agglomération de bâtonnets et de filamients formant un en-
chevêtrement inextricable, plus serré au centre de la cellule et
plus lâche vers sa périphérie. L'épaisseur des chondriocontes ou
des filaments qui en résultent n’est pas la même dans toute leur
largeur : ils présentent des extrémités effilées ou en forme de
massue, ou un épaississement irrégulier de tout leur corps.
b) Modifications linctoriales. Généralement, l'intensité de co-
loration du chondriome est amoindrie dans les cellules qui dé-
génèrent. Il se colore moins bien qu’à l’état normal et prend
avec l’hématoxyline ferrique une nuance bleu-clair allant jus-
qu'au gris-pâle. Toutefois, ses limites sont assez nettes et tran-
chantes sur le fond du protoplasma. D'ailleurs, ce manque d’af-
finité tinctoxiale n’est pas homogène pour un même chondrio-
conte et, dans ce cas, il présente des segments bien colorés, à
côté d’autres moins colorés ou presque incolores. En suivant de
près toutes ces transformations, on pourrait se rendre compte
des rapports génétiques ho entre les chondriocontes et les
mitochondries, à l’état pathologique.
On peut Die la grandeur et la variabilité morphologique
des mitochondries pathologiques à la petitesse et à la constance
morphologique de celles-ci à l’état normal.
c) Variations numériques. En général, le nombre des mito-
chondries diminue dans la cellule après l’arrachement de son
axone, Pourtant, nous avons trouvé des cellules dont le nombre
des chondriocontes paraît augmenté. [1 nous semble que ces
images ne sont pas l'expression d’une augmentation réelle du
nombre des chondriocontes d’une cellule et que celui-ci dépend
des territoires cellulaires qui tombent sous la coupe, les uns cor-
respondant au centre, pourvu d'un riche appareil mitochon-
b..
(55) SÉANCES DES 16 mars, 6 AvRriz, 5 Er 18 vai 299
drial, les autres touchant à la PTE ayant un nombre très
réduit de mitochondries.
Le chondriome est une des formations les plus résistantes du
meurone ; il continue à figurer dans les cellules aux stades les
plus avancés de la dégénérescence, alors que les corpuscules de
Nissi ont disparu depuis longtemps, et que les neurofibrilles
présentent des altérations qui ne vont pas de pair avec les alté-
rations des mitochondries. Ces faits nous autorisent à conclure
qu'il est une formation bien distincte des autres composants de
la cellule nerveuse et qu'il a une structure physico-chimique
à part et bien définie.
Nous avons recherché les modifications des chondriocontes
des mêmes cellules, dans les intoxications. Ncus avons choisi la
.toxine dysentérique, introduite sous la peau des Lapins, qui,
présentèrent après 24-48 heures, une paralysie du train postérieur
et furent sacrifiés. Les moelles ont été traitées pour la mise en
évidence des mitochondries, par le même procédé.
Les modifications du chondriome ne sont visibles que dans
les endroits où la lésion n’a pas été trop brutale. Dans le voisi-
nage des foyers de myélite, la structure fine du neurone est trop
altérée pour que le chondriome puisse être mis en évidence. Pro-
bablement les cellules touchées par la toxine meurent longtemps
avant le moment où on sacrifie l'animal, et la fixation ne peut
pas les surprendre.
Dans les coupes sans foyer de myélite, là où la toxine a plu-
tôt excité le neurone qu'elle ne l’a détruit, les lésions du chon-
driome sont assez caractéristiques. À part les modifications déjà
décrites et qui sont plus ou moins analogues aux modifications
que présentent les mitochondries des neurones après l’arrache-
ment du cylindraxe, nous avons vu, dans certaines cellules, des
chondriocontes allongés présentant à une de leurs extrémités
un épaississement plus intensément coloré que le reste de leur
corps ou une dilatation vésiculeuse, dont le centre incolore est
bien limité par un anneau bien coloré, prenant dans son ensem-
ble l’aspect d’un Bacille tétanique sporulé. Ces vésicules siègent
rarement sur le trajet du bâtonnet. Après avoir perdu !a liaison
avec les chondriocontes qui leur ont donné naissance, ces vési-
cules restent libres à l’intérieur du protoplasma, sous ia forme
de petits anneaux de grandeurs différentes.
Nous croyons pouvoir rapprocher des modifications que pré-
sente le chondriome de ia cellule nerveuse, les modifications
analogues observées dans les cellules glandulaires de l’orga-
nisme à l’état normal, dans un stade déterminé de leur fonction-
nement physiologique, ou à l’état pathologique, dans diverses
intoxications expérimentales déjà décrites dans les cellules du
296 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (55)
foie, du rein, etc. Ces faits nous permettent d'émettre l’hypo-
thèse que le chondriome de la cellule nerveuse, semblable au
chondriome des autres cellules glandulaires, a un rôle physiolo-
gique actif dans l'élaboration des différents produits cellulaires,
soit à la suite d’une excitation physiologique normale, soit sous
l'influence d'une excitation pathologique.
SUR LES HALLUCINATIONS DANS LA PHASE PARANOÏDE
DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE,
par À. OBREGIrA.
Il est tout d’abord utile de rappeler que, dès 1908 (1), nous
avons montré, dans une série de travaux, que, dans la paraly-
sie générale, il se produit parfois (1/6 des cas environ) après une
amélioration plus ou moins accentuée une phase caractérisée
par un délire accusatoire peu ou point systématisé, avec quel-
ques idées mégalomanes (résidus des phases antérieures), mais.
surtout avec un état de fort mécontentement vis-à-vis de l’en-
tourage dont une ou plusieurs personnes sont spécialement ac-
cusées de très graves méfaits (sévices, empoisonnement, etc.)
contre le malade. Cette phase pouvant durer de plusieurs jours:
à plusieurs mois, ou plusieurs années même, nous proposons
de l’appeler paranoïde. Il n’est pas rare de constater ici l’appa-
rition d’hallucinations sensitivo-sensorielles surtout olfactives,
gustatives, auditives, tactiles et fréquemment si accusées que le
malade, hors de lui, réagit d'une façon violente.
Un fait important à noter c'est que l'énergie psychique et phy-
sique, la mémoire, la volonté si affaiblies dans la maladie de
Bayle s’améliorent et arrivent parfois à être presque: normales,
contrastant avec l’auto-hétéro-critique très dévoyée.
Le tableau que présente le malade à cette phase est diamétra-
lement opposé à celui du début classique : tel malade naguère
accueillant, gai et généreux, est devenu sombre, défiant, parfois:
même agressif. Très souvent il parle seul, répondant ou télé-
phonant dans une direction déterminée, menaçant ou se défen-
dant. Il n’est pas rare de voir ces hallucinations s'associer, se
combiner même de telle façon qu’elles amènent le malade dans
un état d’agitation sérieuse : elles prennent souvent un carac-
tère offensant. Elles présentent encore cette particularité impor-
tante que le malade croït fermement à leur réalité, et y ajoute:
(r) Le paranoïsme métaparalytique. Revista stiüntelor, medicale, 1908.
(57) SÉANCES DES 16 mars, 6 AVRIL, 9 ET 18 Mai 297
la foi la plus profonde : on a beau le sermoner, accumuler des
preuves contraires, on ne parvient pas à le convaincre.
Voici un malade que je vous présente ici comme exemple ty-
pique de ces formes morbides. M. A. W. est un homme très
instruit (diplômé d’une école supérieure) qui, en 1918, a été
traité dans mon hôpital pour une tabo-paralysie générale des
plus caractérisées (délire mégalo-maniaque absurde ; dysarthrie;
ponction lombaire positive aux quatre réactions, etc.). Après six
mois, rémission et congé d'essai. Peu après s'installa la période
paranoïde avec hallucinations auditives, tactiles, associées et
souvent combinées avec les douleurs fulgurantes tabétiques.
M. À. W. ne doute pas un instant qu'il ne soit persécuté par un
groupe de trois personnes, une femme, un homme âgé et un
adolescent, qui lui adressent des défis, des injures, des menaces.
Indigné, il ne peut pas s'empêcher de leur répondre tout aussi
vertement, même en pleine rue. Pour expliquer ces hallucina-
tions, il a recours aux nouvelles idées métapsychiques ; il les
explique par la télépathie, la transmission des pensées et des
voix, l’occultisme, etc.; il étudie presque tous les livres parus
dans ce domaine et tâche d’en tirer des interprétations qui s’ap-
pliquent à lui-même.
Cet état dure depuis bientôt quatre ans au cours desquels
l’état général s’est parfaitement rétabli, son état mental lui per
mettant même de reprendre son activité professionnelle et de
s'y distinguer. Il a même pu faire quelques conférences écon«-
mico-financières qui ont été publiées et accueillies avec succès.
À l'heure actuelle, on constate néanmoins chez lui un début de
déchéance physique qui, ajoutée aux phénomènes tabétiques,
laisse présager une tournure mauvaise de la maladie. C’est là
du reste la règle presque générale dans cette phase paranoïde : à
un moment donné, la forme paralytique revient soit à la suite
d'un ictus, soit progressivement et la démence terminale s’ins-
talle avec le marasme final.
Au point de vue théorique, ce cas est intéressant parce que
l’on y trouve la confirmation de l’hypothèse que les hallucina-
tions sont d’origine corticale et surtout que leur siège ne saurait
être classé que dans les territoires dits d’association, lesquels au
contraire de ceux de projection, n’ont que des fibres courtes les
reliant à ces derniers. C’est dans ces territoires que se localisent
les symboles qui, à leur tour, forment les éléments principaux
de nos opérations intellectuelles, et dont notre conscience prend
acte comme extraits des acquisitions qui résultent de notre con-
tact avec le monde extérieur. C’est pour cela que tous les ma-
lades localisent dans le monde extérieur le produit pathologique
de ces territoires et le considèrent comme l'expression de la réa-
298 . RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (58)
lité même. Nous y trouvons encore entre autres le fait caracté-
ristique suivant : tandis que les perceptions restent constam-
ment liées à l’objet, les hallucinations varient exclusivement
avec l’état du sujet ; d'autant plus violentes qu'il est plus agité,
variant d'après les projets qu'il forme, formulant ses pensées les
plus intimes. C'est pourquoi nous entendons souvent ces mala-
des se plaindre qu’on vole leurs projets, qu'on Anne leurs
secrets.
(Hospice d’aliénés de Marcutza).
LEs LEUCOCYTES DU sANG DE Carausius morosus. LES MASTOCYTES,
par G. ZoTrTA.
Dans une note antérieure, j'ai décrit les leucocytes fusiformes
qui constituent, avec les cellules lymphoïdes leur donnant mais-
sance, une série de leucocytes, dépourvus des granulations spé-
cifiques & et Ë d'Ehrlich, et qui correspond à la série « hyaline »
de l'Homme.
À côté de ces leucocytes qui constituent Ia majorité des élé-
ments figurés du sang de Carausius morosus adulte, il existe
encore une espèce de leucocytes possédant des granulations y
dans la classification d'Ehrlich du sang de l'Homme et des Mam-
mifères. Ce sont des mastocytes ou des mastzellen.
Voici la description succincte de ces éléments. Les mastocyies
sont des éléments ovales de 24 x 18 w en moyenne. Le noyau est
grand, rond, plus difficilement colorable que dans les autres
espèces leucocytaires ; le cytoplasma contient de gros granules
ovales, disposés en séries longitudinales. Ces granules sont très
nombreux et remplissent le corps cellulaire. Ils sont très fra-
giles, solubles dans l’eau et les alcalis, insolubles dans l'alcool,
l'éther, l’acétone. En coloration panoptique, ils prennent une
teinte bleu-violacé très foncée. Sur les frottis secs et en colora-
tion monochromatique, l’éosine, la fuchsine, l'orange G. ne les
colorent pas ; au contraire, ils ont une affinité très marquée pour
les colorants basiques : bleu de méthylène, thionine, bleu de
toluidine, violet dalhia (d’après Dirt cristallviolet 6 B., b'eu
polychrome d'Unna, etc.
En fixant le colorant basique, ces granules le métachromati-
sent fortement et alors ils apparaissent violet rougeâtre jus-
qu'au rouge, avec les bleus jaunâtres, avec les rouges, etc. En
colorant par le vert de méthyle, pyronine phéniquée, ils pren:
nent une belle nuance rouge jaunâtre. Par leurs propriétés tinc-
(59) SÉANCES DES 16 mars, 6 Awvriz, 5 ET 18 mar 299
2
toriales, ainsi que par leurs propriétés de solubilité et de coagu-
lation, ces inclusions correspondent à celles des mastocytes de
l'Homme et du Cobaye.
Les granules métabasophiles sont très labiles. Ils peuvent être
expulsés dans le plasma environnant, où on peut les retrouver
répandus au hasard de la préparation. D'autres fois, ils sont
d’abord dissous à l’intérieur de la cellule et c’est leur substance
dissoute qui filtre à l'extérieur et qu'on peut retrouver sous la
forme d’un halo métabasophile, formant couronne autour du
mastocyte. Dans l’un et l’autre cas, on trouve tous les stades
intermédiaires, entre une disparition partielle des inclusions
jusqu’à leur disparition totale ; dans ce dernier cas, les cellules
présentent une belle structure alvéolaire.
La réaction chromatique du cytoplasma varie avec l’âge du
mastocyte. Nettement et fortement orthobasophile dans les for-
mes très jeunes (mastocyblastes), celle-ci devient métabasophile
dans les mastocytes adultes en pleine activité élaboratrice et
tend vers l’acidophilie dans les cellules âgées et surtout dans
celles qui se sont débarrassées de leurs inclusions.
La proportion des mastocytes dans le sang des Insectes adultes
est de 10-13 p. 100. Cette proportion varie avec l’âge, les divers
états physiologiques et pathologiques. Elle est plus forte chez les
individus jeunes (jusqu’à 20 p. 100) et chez les adultes après le
repas. Chez les [Insectes en état d’inanition, la proportion
s abaisse considérablement ; en même temps, chez ces derniers,
la dissolution des inclusions se produit en masse et, souvent,
presque tous les mastocytes sont devenu vacuolaires.
Les mastocytes se rencontrent aussi dans d’autres genres d'Or-
thoptères, le Trusalis nasuta par exemple, divers Locustides,
etc. Il est possible que les éléments à granulations « ampho-
philes » décrits par Kollmann (1908) chez Mantis religiosa ren-
trent dans cette mème catégorie. Dans les Phasmides, j'ai trouvé
encore de très beaux mastocytes chez Philium sp., et surtout
chez Cyphocrania gigas.
Evolution des mastocytes. Les mastocytes de Carausius moro-
sus ne doivent pas être considérés comme des éléments en voie
de dégénérescence ; ils ont une vie propre, se développant à par-
tir d’une cellule-mère, qui est un mastocytoblaste. Ce dernier est
une cellule Iymphocytiforme, pourvue d'un grand noyau pa-
chychromatique se colorant en violet-foncé par les méthodes
panoptiques ; le cytoplasma, très dense et fortement orthobaso-
phile, se présente Sous la forme d’une très mince pellicule en-
tourant le noyau. Les mastocyblastes se rapprochent beaucoup
des proleucocytes dont ils diffèrent par leur taille plus réduite
et surtout par un petit nombre d'’inclusions spéciales, métabaso-
300 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (60)
philes, qui sont les premières ébauches des granules métabaso-
philes du mastocyte adulte.
Les mastocytoblastes ainsi constitués évoluent graduellement
vers l’état adulte par l'accroissement régulier du volume du
corps cellulaire et par l'intensification graduelle de l’activité
élaboratrice, dont le résultat est l’augmentation conséquente du
système granulaire. Au terme de son évolution, la cellule pré-
sente un noyau difficilement colorable et un corps cytoplasmi-
que bourré de granulations métabasophiles ovales, disposée sé-
rialement à son intérieur : c'est le mastocyte adulte, définitif.
En résumé, les mastocytes constituent une série indépendante
de leucocytes pourvus de granulations basophiles métachromati-
ques, correspondant aux mêmes éléments à granulation y chez
l'Homme et les Mammifères.
Les mastocytes ont un développement propre, à partir d'un
mastocytoblaste, provenant lui-même de la cellule primordiale
indifférente (proleucocyte, hémocytoblaste). Ce développement
est indépendant de celui des leucocytes fusiformes, qui ont une
évolution parallèle. Les deux séries sont pourtant réunies à une
même souche, le proleucocyte, dérivant de l’hémohistioblaste
fixe du tissu. |
La proportion de ces éléments dans le sang, assez élevée chez
l'adulte normal, varie avec l’âge, les diverses étapes physiolo-
giques et les états pathologiques. Les inclusions elles-mêmes,
présentent des oscillations rythmiques en rapport avec ces mé-
mes conditions. Ces faits font supposer aux mastocytes un rôle
dans la répartition des réserves et, peut-être, aussi dans la dé-
fense de l'organisme.
(Laboratoire de médecine expérimentale, P° J. Cantacuzène).
D
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE
SÉANCE DU 12 JUIN 1922
SOMMAIRE
$ Duraoir (A.) et GERNEz (Ch): ques sur la formation de l’ami-
Essai de classification des Bacte- don dans les cellules végétales .. 3
FUN GO SVT OA ESRRREE 5 WERTUEIMER (E.) ct Dugois
Maice (A.) : Influence de la | (Ch.) : Surrénales et épilepsie
nature des substances organi- COMICS EPP CE C EEE I
Présidence de M. Malaquin.
SURRÉNALES ET ÉPILEPSIE CORTICALE,
par E. WERTHEIMER et Ca. Dusors.
Un expérimentateur allemand, H. Fischer (1), a annoncé ré-
cemment qu'à la suite de l’ablation des surrénales, chez le Lapin,
les substances convulsivantes (en l’espèce le nitrite d’amyle) ne
produisaient plus leurs effets habituels. De même, chez les ani-
maux ainsi opérés, l'excitation de l'écorce cérébrale, même avec
des courants électriques très forts, n’amènerait plus que des con-
tractions qui cessent immédiatement avec l'excitation, c'est-à-
dire qu'il serait impossible de provoquer des accès d'épilepsie
corticale. Une réduction notable de la substance des surrénales
suffirait pour diminuer, chez les animaux, l'aptitude aux con-
xulsions. Se basant sur ces données, quelques chirurgiens, en
Allemagne, ont eu recours à l’ablation d’une surrénale (la gau-
che) comme moyen de traitement de l'épilepsie, avec des résul-
tats divers, sur lesquels nous ne voulons pas nous arrêter. Une
remarque seulement : quand on se rappelle qu'on peut parfois
enlever une glande aussi volumineuse que le pancréas sans pro-
voquer le diabète, si un fragment de la glande à peine gros
comme un Pois est respecté (Minkowski ; Hédon), on se demande
(1) H. Fischer. Monatsch. f. Psychiatrie und Neurol., 1920, t. XLVIIT, p. 187.
| Brorocre. Comptes RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 21
302 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE @}
comment l’ablation d’une moitié seulement de la substance sur-
rénale pourrait être efficace, même si les déductions de H. Fis-
cher étaient justifiées. Mais elles ne le sont pas. Fischer a utilisé:
l'animal le moins propre à ce genre d'expériences. Albertoni,
en effet, et François-Frank, ont noté que le Lapin est réfractaire
à l’épilepsie corticale. Nous avons donc expérimenté chez le
Chien, et, après l’ablation des surrénales, nous avons pu pro-
voquer encore des accès d'épilepsie généralisée caractéristiques,
avec convulsions toniques, puis cloniques de tous les muscles
du corps, y compris ceux de la face ; l’accès se prolongeait, 30,
ho, 55 secondes et même jusqu à 2 minutes après l'excitation ; la
perte de connaissance, la respiration fréquente et anxieuse plus
longtemps encore. Le tableau ne diffère donc pas de celui que
l’on observe chez l'animal dont les surrénales sont intactes. Nous
avons, dans certains cas, pu reproduire plusieurs fois ces accès.
en laissant un certain intervalle entre les excitations : ou bien
encore, après une première excitation, ils se sont renouvelés.
spontanément. L'animal était habituellement chloroformé pen-
dant la durée de la trépanation ; l’expérience a réussi cependant
aussi chez le Chien chloralosé, mais le succès est alors moins
sûr parce que, à une certaine dose, le chloralose diminue l’apti-
tude épileptogène de l'écorce. L'épreuve de l’excitabilité corti-
cale a été faite au minimum x: heure, au maximum 6 h. 45 après
la capsulectomie. Habituellement, on la faisait suivre d’une in-
jection intraveineuse de strychnine et les convulsions ont été
aussi fortes et aussi prolongées que chez l’animal intact.
Ce n'est pas seulement l’ensemble de ces expériences, mais
aussi leurs détails qui se sont montrés défavorables à la concep-
tion que s’est faite Fischer du rôle des surrénales dans le fonc-
tionnement des muscles, et qui méritait d'être vérifiée. S’ap-
puyant sur le fait signalé par Bœke, qu'il existe dans les muscles
striés un système de fibres autonomes, distinct des nerfs moteurs.
ordinaires, possédant ses terminaisons propres, H. Fischer émet
l'hypothèse que l’adrénaline tient sous sa dépendance l’excita-
bilité de ces terminaisons, comme elle tient celle des terminai-
sons du sympathique dans les muscles lisses. Donc, quand elle
cesse d’être versée dans le sang, l’aptitude des musclés à réagir
aux causes d’excitation est affaiblie.
S'il en était ainsi, l’ablation des surrénales devrait du moins
supprimer les convulsions à caractère tonique, mais celle-ci res-
tent tout aussi intenses, soit pendant les crises d’épilepsie cor-
ticale, soit après l’intoxication par la strychnine. En voici, entre.
autres, un exemple caractéristique. Chez un Chien de 5,900 kgr.,
on a provoqué, 5 h. 28 après la capsulectomie, un accès d'épi-
lepsie corticale qui a continué 4o secondes après l'excitation. 7 M
(3) SÉANCE DU 42 JUIN 303
minutes plus tard, il reçoit r mgr. de sirychnine dans la veine
saphène. Au bout de ro” il se produit une contracture géné-
ralisée qui, interrompue un instant par une forte secousse clo-
nique, reprend ensuite pendant 4'30” au bout desquelles l’ani-
mal meurt, sans doute par immobilisation tétanique du thorax
et asphyxie.
En outre, l’excitabilité corticale ne paraît pas diminuée après
la capsulectomie. Chez un Chien chloralosé, on recherche le
seuil de l'excitation pour les mouvements des membres posté-
rieurs et antérieurs, il est au n° 140 du chariot de Du Bois-Rey-
mond. On enlève les capsules surrénales en r heure 15 minutes
après, on détermine de nouveau le seuil : il est maintenant à
150, c'est-à-dire même un peu moins élevé que précédemment.
Notons aussi que l'excitation de la région motrice peut pro-
duire encore, dans les mêmes conditions, une notable élévation
de la pression artérielle. Ainsi, chez un Chien opéré depuis
2 h. 20, elle a passé de 7 à 12 cm.; preuve de la persistance de
l’excitabilité du système vaso-moteur après la capsulectomie.
INFLUENGE DE LA NATURE DES SUBSTANCES ORGANIQUES
SUR LA FORMATION DE L'AMIDON DANS LES CELLULES VÉGÉTALES,
par À. Marce.
Depuis que Bœhm a montré, en 1883, que les chloroplastes
de la feuille peuvent former de l’amidon quand on leur fournit
du glucose ou du saccharose, de nombreux physiologistes ont
essayé, dans le mème but, l’action des substances organiques les
plus variées sur les végétaux les plus divers. Des travaux parus
se dégage, en particulier, cette conclusion que les sucres sont
les cazps qui conviennent le plus généralement à la production
de l’amidon ; il y a donc un intérêt spécial à approfondir le
mécanisme physiologique de leur action.
Les recherches, que j'ai entreprises dans ce but, ont été faites
en prenant comme matériel des embryons de Haricots privés
de leurs cotylédons et cultivés sur l’eau distillée jusqu'à épui-
sement de leurs réserves d’amidon ; les sucres utilisés ont été le
saccharose, la maltose, le lactose, d’une part, et le glucose, le
lévulose, la galactose, le mannose, d'autre part. Les concentra-
tions choisies ont été de 10 p. 100 pour les disaccharides, et de
5 p. r00 pour les monosaccharides, en raison de l’action plas-
molysante trop accentuée des solutions à ro p. 100 de galactose
et de mannose qui entraîne la mort rapide des embryons. La
304 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (4)
température des expériences a été voisine soit de 18°, soit de 30°.
L'appréciation des quantités d'’amidon formées a été faite à
l’aide de la méthode que j'ai indiquée dans une note antérieure
et les activités de pénétration des divers sucres ont été comparées
par l'étude des variations de la turgescence et de la plasmolyse
ainsi que par celle des poids secs des lots cultivés sur les solu-
tions.
Voici les résultats obtenus
Parmi les disaccharides, c’est le saccharose qui, aux deux tem-
pératures, donne lieu à la production la plus élevée d’amidon,
puis vient le maltose, et enfin le lactose. Cet ordre concorde par-
faitement avec l’ordre par décroissance des activités de pénétra-
tion de ces divers sucres. S'il existe donc, pour chacun d’eux,
ce qui est possible, une action spécifique sur le mécanisme phy-
siologique de la production de l’amidon, cette propriété se trouve
masquée par le facteur pénétration qui est prépondérant.
Si l’on examine maintenant les monosaccharides, on constate
aussi qu'aux deux températures, le glucose et le lévulose, pé-
nétrant plus activement, produisent des quantités nettement
plus grandes d’amidon que le galactose qui se comporte de
même vis-à-vis du mannose.
L'examen des embryons cultivés sur les solutions à 30° mon-
tre que le galactose et le mannose sont très nettement toxiques ;
les embryons dépérissent rapidement sur ces solutions en se
couvrant, surtout dans le cas du galactose, de taches brunes qui
envahissent d’abord l'extrémité radiculaire, puis s'étendent peu
à peu au reste de l'embryon ; cette action toxique varie avec la
résistance des embryons et s'accroît notablement avec la tempé-
rature, car les embryons cultivés vers 18° se maintiennent sains
bien plus longtemps que ceux qui sont cultivés à 30°. Le glu-
cose présente aussi, mais à un degré moindre, une influence
toxique, et c'est à ce facteur qu'il faut, à mon avis, attribuer les
modifications que l’on observe entre les actions comparées du
glucose et du lévulose à 18° et à 30°. Alors qu'à 18°, en effet,
le deux sucres présentent peu de différence dans leurs activités
de pénétration et dans les quantités d’amidon formées, à 30°,
la toxicité accrue du glucose détermine une infériorité marquée
de ce sucre, vis-à-vis du lévulose, qui se traduit par des valeurs
nettement moindres du poids frais, du poids sec, et de l’amidon
des embryons cultivés sur le premier sucre.
En résumé, il résulte de ces expériences que, dans l’action
d'un sucre déterminé, le facteur prépondérant est l’activité de
pénétration du sucre considéré, mais, si le sucre est toxique, le
facteur précédent peut être influencé défavorablement par cette
toxicité dont l’action croît avec la température.
ESSAI DE CLASSIFICATION DES Bacterium coli,
par À. Durxorr et CH. GERNEZ.
Dans le but d'être fixés sur la valeur des classifications jus-
qu'ici proposées pour le Bacterium coli, nous avons isolé et étu-
dié 65 souches d’origine diverse. Nous nous sommes basés, pour
les identifier, sur une série de caractères communs et spéciaux
indiqués par Mac Conkey, en 1905, et par Jackson, en rorr,
considérant les méthodes employées par ces auteurs comme les
plus faciles à appliquer aujourd'hui. Nous avons donc admis
comme Bacterium coli ceux de nos germes présentant les carac-
tères communs suivants : Bacilles courts, ne donnant pas de
spores, ne liquéfiant pas la gélatine après 14 jours à une tem-
pérature inférieure à 20°, ne prenant pas le Gram, faisant fer-
menter lactose, glucose, lévulose, maltose et mannite et virer
le rouge neutre.
La recherche des caractères particuliers nous a permis de
classer nos germes ainsi qu'il suit
I. 42 souches nous donnent les réactions caractéristiques du
B. communior de Durham. Elles fermentent toutes saccharose et
dulcite avec production de gaz. Parmi ces 42 B. communior,
l'étude de la mobilité et de la production d’indol en eau pepto-
née différencie les types suivants
a) B. communior mobiles, donnant de l’indol, type analogue
au type À, de Jackson ; 32 colibacilles.
b) B. communior mobiles, ne donnant pas d'indol, type ana-
logue au type À, de Jackson : 2 colibacilles.
c) B. communior, immobiles, donnant de l’indol, type non
observé par Jackson et différant du type À, par l'absence de mo-
bilité : 7 colibacilles..
d) B. communior, immobiles, ne donnant pas d’indol, type
non observé par Jackson et différant du type A, par l'absence
de mobilité : r colibacille.
IT. 23 autres souches présentent les réactions du B. aerogenes
d'Escherich : fermentation avec gaz du saccharose, absence de
production de gaz avec la dulcite. L'étude de la mobilité de ces
B. acrogenes, la recherche de l'indol en eau peptonée, nous
fournissent les types suivants
B. communior, 65 p. 100 :
AO OLA LCA SEE AN PR I UNSS ARS CORRE 50 p. 100
TRES JANON CR L'AERNR RE e APAEA ex E GSUES rE S SD 100
Hypes nondimdividualisés par Jackson 261.0... 12 P. 100
305 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (6)
Ro M OUR Otto ne CARE HE de à € dede 14 p. 100
PAT EME ON A ee OOo SO ob E 0 de 600 HUTLID 000
Lee PANNE SARA AUS VE SR Ste de none 17 P- 100
a) B. aerogenes immobiles donnant de l’indol, type analogue
au type À, de Jackson : 9 colibacilles.
b) B. aerogenes mobiles, ne donnant pas d’indol, type ana-
logue au type À, de Jackson : 3 colibacilles.
c) B. aerogenes mobiles, donnant de l’indol, type analogue
au type B, de Jackson : :r colibacilles.
IT. Aucun baciile ne nous a donné les réactions de B. acidi-
lactici de Hueppe ou du B. communis d’Escherich.
La fréquence des types que nous avons isolés peut être résu-
mée de la manière suivante
En groupant nos souches d’après leur origine, nous distin-
guons
1° Des Bacilles provenant de cas pathologiques humains (pé-
ritonites, appendicites, suppurations, voies biliaires, crachats,
etc.), 32 souches qui ont fourni 14 aerogenes (type A: —0 ; type
À,=3 ; type B;:—2) et 18 communior (type A—14 ; types non
individualisés par Jackson : 4) ;
2° des Bacilles provenant de selles humaines : 3 colibacilles.
dont 1 aerogenes B, et 2 communior AÀ;;
3° des Baciles provenant d'animaux de laboratoire (Lapins):
2 communior type À, et 1 aerogenes type B; ;
4° des Bacilles provenant de l'eau : 27 souches, qui se sont
classées en : B. aerogenes, 7 souches, toutes du type B, ; B.
communior, 20 souches, dont 14 du type À; ; 2 du type À: et
4 de types non individualisés par Jackson.
Le rapprochement de ces deux classifications, l’une d’après les
réactions et l’autre d’après l’origine, nous permet de remarquer :
1° que les colibacilles isolés de l’eau qui appartiennent au
groupe B aerogenes, sont du type B: ;
2° que les colibacilles communior, type AÀ:, isolés par nous,
proviennent de l’eau ;
3° qu'il n’y a pas de types prédominant d’une façon absolue
dans nos souches humaines.
Il n’est donc pas possible de s'inspirer uniquement de la mé-
thode de Mac Conkey pour tenter d'affirmer l’origine humaine,
animale ou végétale d’une contamination par le Bacterium col.
Nous cherchons, dans ce but, de nouveaux caractères de diffé-
renciation que nous exposerons ultérieurement.
(Laboratoire de bactériologie de l’Institut Pasteur).
41)
à
907
REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE
SÉANCE DU 20 JUIN 1922
ALEzAIS et Peyron : Sur les
dispositifs de soutien du tissu
SOMMAIRE
l’hétérochromosome et les au-
tres chromosomes de Gryllus do-
chordal dans les tumeurs et sur TIDE SVG USSR RIRE TO
lérasromologies 21.4... 4100. RayBauD (L.) : Des matières
Hovasse (R.) : À propos de humiques ou pseudo-humiques
l’activation parthénogénétique dumarcidercaté.. 402.108) 5
des œufs de Grenouille en mi- RayBaup (L.) : Influence du
HhemhMpolonique 4.010002. sulfate de calcium sur l’Asper-
Hovasse (R.) : Différences de GIE AN PR CEE DE DE ENS A
propriétés histochimiques entre
Présidence de M. Alezais.
SUR LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN DU TISSU CHORDAL DANS LES TUMEURS
ET SUR LEURS HOMOLOGIES,
par Azezais et PEYRON.
Dans des notes antérieures (1), nous avons indiqué Les carac-
îères généraux de l’histogénèse des chordomes, et tout récem-
ment, l’un de nous a apporté sur la question un exposé d’en-
semble, en collaboration avec Bérard et Dunet. (2).
Le: tissu chordal, presque contemporain par son ébauche épi-
théliale des feuilets primordiaux dont il dérive, représente un
préthélium ou archépithélium. Au cours de sa différenciation
en vue d'une fonction de soutien, il peut subir diverses évolu-
ons ou flexions morphologiques conduisant à un type con-
jonctif pur (cartilages et gaines de la chorde) ou à des disposi-
tifs spéciaux de soutien. Dans ce second cas, des tonofibrilles
constituent un réseau irrégulier, rappelant celui qui s'observe
-dans l’histogenèse de la névroglie. Après imprégnation à l’hé-
matoxyline ferrique, elles se montrent parfois rigides et accolées,
le plus souvent entrelacées et arborisées (fig. r et 2). Par les mé-
(x) Réunion biologique Marseille, mars 190 ; C. R. de l’Acad. des sc., 1922.
(2) Bull. de l’Assoc. française pour l'étude du cancer, 1922.
308 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILE (2)
thodes trichromiques de Prenant et de Masson, ces fibrilles aci-
dophiles s’imprègnent en rose vif, mais leur distinction n'est
plus aussi nette.
L'objet de la présente note est surtout de mettre en évidence
un degré parfois accentué de convergence morphologique qui
peut se trouver réalisé entre les éléments chordaux de leurs néo-
plasies et certaines fibres musculaires striées à différenciation
incomplète, telles que les fibres-cellules de Purkinje du myo-
Fr. a nn
Ficure 1. — Féseau fibrillaire d’apparence névroglique dans un chordome
du coccyx. — Formol. Hématoxyline ferrique x1/r900°.
carde. Ces dernières, dont on connaît les connexions avec les
branches du faisceau de His, auquel les lie peut-être une fonc-
tion de régénération, ne sont ordinairement pourvues de fibrilles
striées qu’à leur périphérie, la partie centrale étant simplement
constituée par un sarcoplasme vacuolaire (fig. 3). Or, certaines
cellules des chordomes montrent une architecture identique
(fig. 2), à cette différence près qu'ici les tonofibrilles ne sont pas
segmentées ; toutefois, dans les deux cas, elles peuvent se con-
tinuer, sans interruption, d’un corps cellulaire à un autre.
Ces homologies de structure et d’histogénèse avec la névroglie
et les fibres musculaires striées, ainsi révélées, ou maintenues
par le tissu chordal au cours de ses néoformations, confirment
et renforcent même l'intérêt qui s'attache aux conceptions géné-
rales de Studnicka sur les tissus de charpente, et le mésostroma.
On sait que, sous ce dernier terme assez spécial, l’histologiste
tchèque désigne l’ensemble des prolongements cellulaires (et des
fibrilles spéciales qui peuvent en dériver dans chaque cas) des
divers types de tissus de soutien.
Ù
(3) SÉANCE DU £0 JUIN 309
Dans le tissu chordal, les exoplasmes donnent naissance si-
multanément, mais avec une proportion des plus variables sui-
Ficure 2. — Elément à fibrilles périphériques, même préparation que
figure 1, 1/1400 .
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Ficure 3. — Fibre-cellule de Purkinje. Myocarde, enfant de 3 ans. — For-
mol. Hématoxyline ferrique. 1/2.400 .
vant les cas, à des tonofibrilles et à des substances fondamentales
à évolution précollagène ou même collagène.
(Laboratoires d'anatomie normale et d'anatomie pathologique
de l'Ecole de médecine).
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RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILE @)
INFLUENCE DU SULFATE DE CALCIUM SUR L Aspergüillus,
par L. RayBaun.
Nous avions exposé à l'air, il y a deux ans, dans des tubes très
étroits, de l’eau distillée saturée de divers sels. Un an et demi
après, dans un tube contenant une de ces solutions, en partie
évaporée, de sulfate de calcium, et parmi les cristaux de ce sel
adhérant au verre, s'était développée une moisissure que nous
avons reconnu être un Aspergillus. Des spores de cet Asper-
gillus, tombant dans le, liquide, germèrent et donnèrent nais-
sance à un mycélium qui, trois mois après, recouvrait la sur-
face du liquide. Après avoir examiné quelques fragments de ce
voile, qui présentait des caractères très curieux, nous avons en-
semencé la moisissure dans de l’eau distillée saturée de sulfate
de calcium et stérilisée, puis dans des cultures en cellule du
même milieu, où nous avons pu suivre, d'une façon méthodique
la germination de la spore et le développement du mycélium.
La spore donne un filament très cloisonné, qui se ramifie rapi-
dement et a souvent des tendances à se dichotomiser. Lorsque
le feutrage, produit par ces filaments, est assez épais, il se forme,
à la périphérie, mais dans le liquide, des dilatations qui sont
pleines d’un protoplasma très dense et très réfringent. On sait
que dans les conditions normales, des chaînettes de spores par-
tent en rayonnant de ces dilatations. Dans ce cas particulier, au
contraire, de chaque dilatation naît, le plus souvent, ou un fila-
ment immédiatement dichotomisé, qui donne d’autres branches
identiques, ou un seul filament qui, quelques u plus loin, se
dilate de nouveau en une boule réfringente aussi volumineuse
que la première, et qui fournit un autre filament, lequel se com-
porte comme le précédent. Nous avons compté assez souvent
jusqu’à cinq de ces petites sphères dont le diamètre est de 2,5
à 3 fois le calibre du filament. De sorte que l’ensemble de ces
dilatations, irrégulièrement espacées et reliées par le cordon my-
célien, forme une courte chaîne. Nous verrons, dans la suite, à
quels organes nous pourrons comparer ces formations. Mais ce
sont très probablement des appareïls sporifères modifiés par le
milieu ; car parfois, sur la périphérie de la goutte, part, de la
boule réfringente, un pédicelle court, à l’extrémité duquel se
forment une ou deux petites spores, dont les dimensions sont très
réduites par rapport à la dilatation qui a donné naissance à leur
pédicelle. Toutefois, si le filament mycélien sort complètement
du liquide, la dilatation précédente donne toujours deux ou trois
chaînettes de spores qui vont en s'irradiant et rappellent bien
|
|
;
1
|
PR PR 1
(D) : . SÉANCE DU 20 JUIN S41
l’appareil sporifère de l’Aspergillus. Cet appareil est donc dans
ce cas moins imparfait que lorsqu'il se trouve inclus dans la
solution de sulfate de calcium. Nous n'avons pas réussi à faire
germer les dilatations en chaînes placées dans le liquide, et qui
ressemblent à des chlamydospores. Nous les appelons pour cette
raison- des pseudo-chlamydospores.
Si nous comparons, maintenant, la végétation de l’Aspergillus,
moisissure pluricellulaire, avec celle du Rhizopus nigricans,
Mucorinée, quand elles se développent toutes deux dans des mi-
lieux peu favorables, le premier dans une solution saturée de sul-
faite de calcium, le second dans un milieu citrique relativement
concentré (1), nous constatons que la croissance de ces deux mi-
croorganismes est singulièrement retardée et que, chez tous les
deux, il y a une tendance remarquable des filaments à se dicho-
tomiser. De plus, chez tous les deux également, nous avons ob-
servé des pseudo-chlamydospores. En ce qui concerne le Rhizo-
pus nigricans, ce n'est plus en milieu citrique concentré, mais
c'est sur jus d'Orange que nous avons obtenu ces pseudo-chla-
mydospores, et elles ne s’y sont formées qu’à la suite d’insola-
tions passagères qui ont presque arrêté la croissance des fila-
ments mycéliens. Sans vouloir trop généraliser ces faits, nous
sommes cependant amené à dire que la ramification dichotomi-
que ou la présence de pseudo-chlamydospores chez certaines
moisissures, qui ne présentent pas normalement ces caractères,
paraît indiquer une gêne quelconque dans leur développement.
DES MATIÈRES HUMIQUES OU PSEUDO-HUMIQUES DU MARC DE CAFÉ,
par L. RayBaun.
Le marc de café, qui est un sous-produit remarquable par sa
teneur en huile, azote et amidon, est pourtant jeté à la voirie,
quoique certains établissements en produisent journellement des
quantités non négligeables. E. Aruch (2) dit qu'il contient
25 p. 100 de cellulose, 17 à 22 p. 100 d’amidon, 11 à 12 p. 100
de matières grasses et la même proportion de matières azotées.
Aussi cet auteur le compare-til, pour sa composition, avec le
Maïs, le gros son, l’Avoine, le son de Riz, et préconise-t-il son
emploi dans l'alimentation du bétail. Nous l’avons d’ailleurs fa-
cilement incorporé aux tourteaux d’arachide, qu'il enrichit en
substances alimentaires et qu'il ne noircit pas sensiblement à la
(1) E. Raybaud. Thèse, Paris, 1911, p. 209.
(2) E. Aruch. Italia agricola, 15 novembre 1918, n° 10, p. 299-304.
312 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILE (6)
dose de 10 p. 100. Ces dernières recherches feront d’ailleurs
l’objet de notre part d'une prochaine communication.
C'est justement à cause de sa teneur assez élevée en matières
grasses et en azote, teneur que nous avons contrôlée, que le
marc de café peut être utilisé comme engrais ; car c’est un fait
très connu que, placé autour de plantes en pot, il favorise leur
développement. Celui-ci s'explique aussi par les matières hu-
miques ou tout au moins très voisines que ce marc de café con-
tient également.
Nous avons alors cherché à les isoler et à les doser d’après le
procédé de Grandeau, qui consiste à traiter le corps étudié par
l’ammoniaque diluée. La solution obtenue, évaporée à sec à
100° centigrades, nous a donné 12 p. 100 de matières d’un noir
brillant et de consistance molle. Cette matière présente, à peu
de chose près, les réactions générales des substances humiques
que C.-G. Eggertz a fait connaître (1). C’est ainsi qu'il les signale
comme se dissolvant presque entièrement dans le carbonate
d'ammonium, de potassium, de sodium, dans l'oxalate et je
phosphate d’ammonium. Notre matière noire se comporte absa-
lument de même avec ces deux derniers sels, mais elle est par-
faitement soluble dans les trois premiers. D'après le même au-
teur, les substances humiques ne se dissolvent pas dans le chlo-
rure, le nitrate et le sulfate d'ammonium, ni dans le sulfate ou
le phosphate de potassium. La matière noire du marc de café
est en partie soluble dans le nitrate d'ammonium, mais très peu
dans le sulfate et beaucoup moins dans le chlorure. Sa solubi-
lité est encore plus faible dans le sulfate de potassium et tout à
fait nulle dans le phosphate. D'autre part, nous avons obtenu
des réactions absolument identiques à celles que signale cet au-
teur avec le chlorure de calcium ammoniacal. En faisant agir,
en effet, une solution de ce sel sur la matière noire solubilisée
dans l’eau, il se forme un dépôt insoluble dans cette eau et dans
les alcalis caustiques, mais soluble en partie dans le chlorure,
le nitrate et le sulfate d’ammonium. Disons maintenant que nos
solvants étaient préparés à ro p. 100 de sel et que nous ignorons
à quelle dose étaient faites les liqueurs de Eggertz. Il nous a été
impossible d'employer d’autres réactions, faute des appareils et
des corps nécessaires.
Nous avons essayé de nitrer notre matière noire, extraite du
marc de café au moyen de la solution ammoniacale, en la trai-
tant par l’acide azotique bouillant. Nous avons obtenu une sub-
stance nitrée, brune, molle plus ou moins gluante, se rappro-
(x) C.-G. Eggertz. Meddelanden fran Künigl. Landbruks-Akademiens Expè-
rimentalfält, n° 5, p. 1-66, Stockholm, 1888.
ie)
(7) SÉANCE DU 20 JUIN i 31
chant des produits obtenus par la nitration des matières dites
ulmiques, lesquelles diffèrent peu des substances humiques.
La nitration de notre matière noire a pu s'opérer à froid par
l’action sur celle-ci d'un mélange à parties égales d'acide sulfu-
rique et d'acide nitrique.
. Nous avons étendu dans un pré, suivant un dessin déterminé,
le précipité obtenu par l’action d’un acide dilué sur cette ma-
tière noire en solution dans l'eau, après l'avoir lavé et séché ;
et nous avons remarqué, dans la suite, non seulement le dessin
reproduit par un très léger relief du gazon, mais surtout par
une couleur plus verte et un aspect plus frais de l'herbe. Or,
nous avons constaté le même phénomène, lorsque nous avons
remplacé ce précipité par de l'acide humique. En somme, le
marc de café, qui contient une forte proportion d’azote, d'huile
et d'amidon peut donc non seulement être utilisé dans l’alimen-
tation du bétail, mais encore comme un engrais remarquable
dans les terres maigres, grâce à la présence des composés humi-
ques ou pseudo-humiques, dont la teneur dépasse 10 p. 100.
Dans les grandes villes comme Paris, Marseille, Lyon, la pro-
duction journalière du marc de café s'élève à plusieurs tonnes,
et nous croyons que la dépense requise pour le recueillir dans
certains établissements serait peut-être compensée par les divers
emplois dont nous avons parlé.
À PROPOS DE L'ACTIVATION PARTHÉNOGÉNÉTIQUE DES OŒUFS
DE GRENOUILLE (Rana temporaria L.) EN MILIEU HYPOTONIQUE,
par R. Hovasse.
J'ai montré dans un travail antérieur (1), que l'activation par-
thénogénétique des œufs de Grenouille peut parfaitement se
faire dans des solutions salines hypotoniques, et que celles-ci
semblent agir, au moins tout au début du développement, non
pas par leur pression osmotique, mais en favorisant ou empè-
chant plus ou moins l’imbibition des colloïdes de l’œuf. J'ai
commencé une étude méthodique de ce phénomène ; les cir-
constances ne m'ont pas permis de l'achever. Néanmoins, j'ai
recueilli quelques documents intéressants.
I. Imbibition de la gangue des œufs. Les œufs de Batraciens
s’entourent pendant leur trajet dans les oviductes d'une enve-
loppe mucilagineuse qui, dès que l'œuf est mis au contact de
l’eau, s’imbibe brusquement, décuplant largement son volume.
(1) R. Hovasse. C. R. de l’Acad. des sc., 1921, p. 1.175.
1
914 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILE t8}
Si l'on place les œufs dans une série de solutions salines de con-
centration moléculaire croissante, le gonflement de la gangue
s'y fait de moins en moins jusqu’à un certain taux de concen-
tration variable pour les divers sels, et au delà duquel toute aug-
mentation de concentration de la solution reste sans action. Si
l’on fait abstraction de cette sorte d'inefficacité des solutions
concentrées, on pourrait penser se trouver en présence d'un
simple phénomène dü à la pression osmotique des solutions
considérées.
Il n’en est cependant rien : les choses changent du tout au
tout si l’on se sert de solutions non plus salines, mais de non
électrolytes (sucres, urée). Dans ces solutions, le gonflement de
la gangue est toujours plus considérable que dans les solutions
isotoniques de sels : pour les faibles concentrations (isot. à NaCi
3 p. 1.000), il est de 2 à 3 fois plus considérable dans le sucre ;
pour une concentration 4 fois plus forte, l’imbibition y est 8 à
10 fois plus considérable. Elle y décroît donc beaucoup moins
avec l'augmentation de concentration. Des traces de sel modi-
fient beaucoup ce phénomène.
Voici, à titre d'exemple, les résultats numériques d'une expé-
rience fai à titre constant ; une partie de chaque solution mère
isocryoscopique (—0o°700) de sels et sucres est additionnée de
3 parties d’eau, soit distillée (1), soit de source (II), eau de la
Vanne, Paris (A approx. —o°o2). Les œufs utérins y sont immer-
gés pendant 2 h. 30 (T—:18°). Les diamètres des gangues sont
projetés à la chambre claire à un grossissement de 11,6 diamè-
tres. Voici les chiffres moyens obtenus
Ï
Solution dans l’eau distillée
1) OUR APE MAS TEA due Se SE ES A Danse na da 130 mm.
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Solution additionnée des 3/4 d’eau de source
Fansssenile MAO EN NN EU AR CN ARE ES RS Er 7o mm.
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MasOt CAC PEER APRES PAPE RER EL ERP RC RCE 2 1071011000)
Il y a donc ici une différence considérable entre l’action des
(9) SÉANCE DU 20 JUIN 315
électrolytes et celle des substances non conductrices : celles-ci
ayant une action faible sur l’imbibition, celles-là agissant éner-
giquement, malgré une identité de pression osmotique. Il est
intéressant de rapprocher ces faits de ceux qu'a signalés Lœb
à propos du mécanisme de l’imbibition de divers coiloïdes, et à
la suite desquels il a émis l'hypothèse de combinaisons des sels
avec les protéiques, combinaisons comparables à celles de cris-
talloïdes, et régissant l’imbibition. Le peu d'action des non élec-
irolytes sur ie phénomène semble venir à l'appui de cette opi-
nion. Les différences considérables que signale Lœb entre l’ac-
tion des cations monovalents et celle des bivalents ne paraissent
pas aussi marquées dans nos expériences, bien que ces derniers
aient une action plus considérable sur le phénomène.
IT. Activation des œufs par l’eau de source. Il y a une diffé-
rence radicale entre l’action de l’eau de source et celle de l’eau
distillée sur les œufs, celle-ci les activant, celle-là non. J’ai re-
cherché les causes de cette différence et constaté (1) que la vi-
tesse d’imbibition de l’œuf y jouait un rôle important, et qu’elle
était sous la dépendance immédiate de l’imbibition de la gangue
et de la teneur du milieu en sels. Une expérience m'a montré
que, indépendamment de ces causes, l’état de l'œuf avait une
grosse importance. En effet, s’il est asesz rare de trouver ordi-
nairement des œuïs vierges qui s'activent simplement au contact
de l’eau de source, j'ai eu la surprise de trouver une ponte en-
tière de R. temporaria qui s'est trouvée activée à ce contact,
alors qu’à la même température d’autres pontes immergées dans
la même eau et ayant des gangues aussi épaisses, ne m'ont rien
fourni de semblable.
L’œuf vierge en arrêt de développement et le milieu forment
un système en équilibre très instable, puisque des variations
très faibles du milieu suffisent à le rompre. Il était intéressant
d'apporter un exemple de rupture de cet équilibre provenant
d'une variation, non plus de milieu, mais du constituant vivant.
D'autre part, ce cas me semble montrer, avec une clarté saisis-
sante, le peu de différence existant entre la parthénogénèse dite
naturelle, où, sans cause extérieure apparente, les œufs s’acti-
vent et se développent et la parthénogénèse dite artificielle où
un acte de l’expérimentateur est indispensable pour le déclen-
chement des mêmes phénomènes.
(1) R. Hovasse, loco citato.
RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILE (10)
(etes
Le
(e:})
DiFFÉRENCES DE PROPRIÉIÉS HISTOCHIMIQUES
ENTRE L'HÉTÉROCHROMOSOME ET LES AUTRES CHROMOSOMES
DE Gryllus domesticus,
par R. Hovasse.
On sait depuis longtemps que la triple coloration de Flem-
ming permet de différencier, chez certains Insectes, l’hétéro-
chromosome des autres segments chromatiques. Mais, étant
donnée l'inconstance de cette méthode délicate qui comporte
deux régressions successives, rapides, il est possible que le chro-
mosome X, étant beaucoup plus gros que les autres, doive sa
propriété simplement au fait qu’il est plus lent à décolorer. Telle
est, tout au moins, l’objection que l’on a pu faire aux cytolo-
gistes qui se basaient sur cette technique de coloration pour dé-
nier à l'élément X la valeur de chromosome.
Je viens de trouver un procédé facile à employer, qui met
constamment en évidence une différence de propriétés chimi-
ques entre l’hétérochromosome et les autres éléments chroma-
tiques dans le noyau des auxocytes du Grillon. Il suffit tout
simplement de traiter un testicule de l’Insecte par la méthode
de Regaud employée avec post-chromisation, et de colorer en-
suite, à l’hématoxyline au fer, par exemple, comme s’il s’agis-
sait de colorer les mitochondries (bichromate-formol, 24 heu-
res ; bichromate à 3 p. 100, 8 jours).
La préparation obtenue, il ne se colore, dans les noyaux des,
auxocytes, que deux masses, souvent accolées, comme elles se
voient dans les préparations ordinaires, le nucléole et l’hétéro-
chromosome. Les autres chromosomes, en strépsinéma à ce
stade, ne sont plus du tout colorables.
Si donc le même réactif, agissant sur des éléments voisins,
empêche la coloration ultérieure des uns sans modifier celle des
autres, cest que la nature physicochimique de ces deux sortes
d'éléments est différente. Notons, d’autre part, que l’analogie de
propriétés manifestée vis-à-vis de la chromatisation par le nu-
cléole et l’hétérochromosome, n’est pas un argument suffisant
en faveur d’une analogie complète, puisque, dans les mêmes con-
ditions, des éléments certainement très différents, les mitochon-
dries, manifestent la même propriété. Si, du reste, on pousse
beaucoup la régression des préparations obtenues, comme il a
été dit précédemment, on constate que l’hétérochromosome se
décolore plus vite que le nucléole, ce qui montre bien quil ya
entre les deux une différence, même après la chromatisation.
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22. juillet 1922; la Pub vaquera ensuite jusqu'au 14 octobr
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samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications et
lettres au Secrétaire général, à l'Enstitut Pasteur, Paris (15°).
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LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
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DE
Ce
SÉANCENDIU EN AUDE LET 1922
SOMMAIRE
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recherche de l’acide salicylique
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facon générale, dans les divers
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benjoin colloïdal dans le sang... 324
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tion des centres nerveux par le
sang défibriné d’une préparation
cardio-pulmonaire d’un autre liqu des de l’ organisme. : a)
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FREDERICQ (H.): Vasodilatation nogène et de l’adsorption du
locale due aux acides aminés : ac- cytozyme, du sérozyme et de la
fionisuriles vaisseaux du cœur: 113793 Nthrombine "APE RNTeER 388
GRaTiA (A.) et DE Namur (M.): Zuwz(E.) : À propos de l’action
Individualité des principes lyti- floculoagglutinante de cytozyme
ques staphylococciques de prove- et de la ‘cytozymine vis-à-vis du
MANCESRUNNÉTENTES A ETEAE PRE 364 fibrinogène et du plasma. ...... 385
Présidence de M. Ch. Achard, ancien vice-président.
PRÉSENTATION D'OUVRAGE.
M. Caurcery. — Au nom de la Fédération française des So-
ciétés de Sciences naturelles, j'ai l'honneur d'offrir à la Société
de biologie le troisième fascicule de la Faune de France : Orthop-
tères et Dermaptères, par L. Chopard (212 p., 466 fig.).
Le total des espèces relevées en France est de 209, dont la ma-
jorité est cantonnée dans le Midi : une soixantaine seulement se
rencontrent aux environs de Paris. L'ouvrage de M. Chopard,
basé sur une connaissance très approfondie du groupe, facilitera
beaucoup la recherche et la détermination de ces animaux, qui,
en dehors de leur intérêt purement faunistique, offrent des maté-
riaux intéressants pour la biologie expérimentale, la cytologie,
CHENE
SL rte dur >
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not co coaie ire à in ce. +R É — :
RE PE
SÉANGE DU 1% JUILLET 319
PE RU —————————
LE NERF SÉCRÉTEUR DES GLANDES DE COOPER,
par L. Camus et E. GLey.
Nous avons réussi à provoquer la sécrétion (1) des glandes de
‘Cooper sur un Rongeur, la Viscache (Viscacia viscacia), et sur
un Insectivore, le Hérisson (Erinaceus europæus), par faradisa-
tion d'un mince filet nerveux qui accompagne les vaisseaux que
l’on trouve dans le hile de la glande.
La Viscache (2) est un très gros Rongeur dont le poids atteint
facilement plus de 3 kgr. On peut introduire une fine et longue
canule en verre dans le canal excréteur d’une glande de Cooper.
‘On y parvient aussi sur le Hérisson, en choisissant des animaux
de 600 à 800 gr.
Par excitation du nerf qui longe l’artériole allant à la glande
et qu'il est d’ailleurs très difficile de séparer de ce vaisseau, on
voit la canule se remplir peu à peu de liquide. À chaque excita-
tion (2 volts, r microcoulomb) le liquide progresse de 1 em. et
même 1,5 cm. dans le tube. Le phénomène se passe à peu près
‘de même chez le Hérisson et chez la Viscache. Chez le Hérisson
cependant, nous avons observé des progressions de 4 mm. seule-
ment à chaque excitation. Il faut se rappeler que la glande est
petite et sa sécrétion peu abondante (3). L'animal doit être soi-
eneusement anesthésié. Il semble, en effet, que le filet nerveux
que l’on excite contienne des fibres sensitives ; si l’anesthésie est
incomplète, il y a des manifestations douloureuses qui peuvent
mettre obstacle à la sécrétion. Les Viscaches ont été anesthésiées
par injection intraveineuse de chloralose, les Hérissons par inha-
lation du mélange alcool, chloroforme, éther.
Il n'est pas impossible de réaliser la même expérience sur de
gros Cobayes, de 600 gr. et plus.
D'après quelques recherches sur le Hérisson, le nerf provient
du plexus hypogastrique.
Au cours d’une expérience sur le Hérisson (15 mars 1899 ; ani-
(x) Les expériences relatées ci-dessous ne démontrent que l'issue d’un li-
quide hors de la glande sous une influence nerveuse sans qu’elles permettent de
décider s’il s’agit d’un. nerf sécréteur proprement dit ou simplement excré-
teur.
(2) Je dois ces animaux à la grande obligeance du professeur B.-A. Houssay,
de l’Université de Buenos-Aires. Je l’en remercie vivement. — E. G.
(3) Au cours de ces recherches sur le Hérisson nous avons eu l’occasion de
répéter une expérience que nous avions faite en 1897 (C. R. de la Soc. de biol.,
24 juillet, p. 787) et de constater que l’excitation d’un filet nerveux qui est
l’homologue du nerf dit éjacutateur du Cobaye provoque, comme sur ce dernier
animal, la contraction des vésicules séminales et l’excrétion du liquide vésicu-
laire.
D2Û SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
mal au laboratoire depuis près de 6 mois, pesant 8Soo gr.), nous
avons injecté 0,005 gr. de chlorhydrate de pilocarpine, après in-
troduction d’une canule dans le conduit excréteur des deux glan-
des de Cooper. Trois minutes après l'injection, alors que la sali-
vation était déjà établie, ces glandes commencèrent à sécréter ;
en 6 minutes on recueillit 0,5 c.c. de liquide par les deux canu-
les. Nous n'avons pas eu l’occasion de répéter cette expérience.
Addendum. La glande de Cooper de la Viscache, paire et sy-
métrique, est située, comme celle du Cobaye et du Hérisson,
dans la fosse ischio-rectale. Elle présente une disposition parti-
culière ; elle est complètement recouverte par une couche mus-
culaire, sauf sur une très petite portion, juste à l'endroit où pé-
nètrent les vaisseaux et le filet nerveux de la glande; cette couche
forme comme une poche dans laquelle se trouve la glande. C'est
donc un muscle creux, dont le contenu est, non pas un liquide,
. comme il arrive pour la plupart des muscles creux, mais un pa.
renchyme glandulaire.
ACTION COAGULANTE DU LIQUIDE PROSTATIQUE DE LA GERBOISE
SUR LE CONTENU DES VÉSICULES SÉMINALES,
par L. Camus et E. Grey.
Lors de nos expériences sur l’action des ferments contenus
dans les sécrétions des glandes génitales accessoires et le rôle
physiologique de ces glandes (L. Camus et E. Gley, 1896-1900),
nous avions pu nous procurer quelques Gerboises (Dipus) dans
le but de vérifier sur ce Rongeur les faits que nous avions décou-
verts et étudiés sur le Cobaye, le Rat, la Souris, ete. Durant plu-
sieurs années et à maintes reprises, nous avons vainement cher-
ché des Gerboises, afin de compléter les expériences que nous
avions commencées sur cet animal. Nos dernières tentatives à cet
effet ont encore échoué. C'est pourquoi nous nous décidons à pu-
blier nos observations antérieures. D’autres chercheurs seront
peul-être à même de les poursuivre.
Deux Gerboises 6°, de r90 et 295 gr., sont tuées par chlorofor-
misation. Le contenu des glandes vésiculaires est d'aspect ana-
logue à celui des glandes similaires du Cobaye. La prostate est
disposée en avant des vésicules et circonscrite par celles-ci, à peu
près comme le pancréas chez le Chien s'inscrit dans le duodé-
num ; les acini sont remplis de liquide. Une gouttelette de ce
liquide détermine la coagulation cireuse immédiate du contenu
vésiculaire avec formation rapide de sérum. Une gouttelette de
PR NES TE
SÉANCE DU 1° JUILLET 321
ce liquide en contact avec une portion de « vésiculine » de Co-
baye (contenu des vésicules séminales) en amène la coagulation.
Une gouttelette de liquide prostatique de Cobaye ajoutée à de la
« vésiculine » de Gerboise en détermine la coagulation cireuse
avec rétraction consécutive du coagulum et formation de sérum.
Une gouttelette de liquide prostatique de Souris blanche ajou-
tée à de la « vésiculine » de Gerboise en provoque la coagulation.
Réciproquement, une gouttelette de suc prostatique de Gerboise
détermine la coagulation de la « vésiculine » de Souris.
Il eüt été intéressant d'étendre ces expériences sur l'action
croisée du ferment. prostatique de la Gerboise comparée à celui
des autres Rongeurs, de rechercher la température de destruc-
tion de ce ferment, ses conditions d'action, ete. Le défaut d’ani-
maux nous a forcés à renoncer à cette étude.
DE LA MORT PAR L'ADRÉNALINE AU COUR DE L'ANESTHÉSIE
CHLOROFORMIQUE. SYNCOPE CARDIAQUE,
par E. BARDIER et A. STILLMUNKES.
Les hasards de l’expérimentation nous ont révélé le grave dan-
ger que crée vis-à-vis du cœur l'association de l’adrénaline au
chloroforme. Maintes fois, en effet, sur des Chiens chloroformi-
sés sans adjonction de morphine ou d’atropine, nous avons cons-
taté Les effets immédiatement mortels d'une injection intravei-
neuse d'adrénaline à dose très inférieure à la dose mortelle. Le
phénomène est, pour ainsi dire, constant et répond à la descrip-
tion qu'exprime le graphique suivant tiré d’une de nos expé-
riences.
L'injection intraveineuse d’adrénaline sur un animal anesthé-
sié au chloroforme produit dans les limites de temps habituelles
une vaso-constriction dont le début ressemble entièrement à ce-
lui d’une réaction normale, accompagné de ralentissement car-
diaque. Mais quinze à vingt secondes après l'injection, au mo-
ment où l'hypertension est nettement caractérisée, la ligne du
graphique s’infléchit tout d’un coup et la pression tombe à zéro,
par suite de l’arrêt définitif du cœur. Sur le tracé manométrique,
on observe bien encore quelques légères ondulations ; mais
celles-ci sont uniquement dues au phénomène de la fibrillation
cardiaque qui accompagne cette syncope mortelle. En même
temps, on note un ralentissement du rythme de la respiration
dont l’arrêt définitif survient une minute environ après celui du .
cœur.
322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Cette syncope témoigne d’une action réellement spécifique de:
l’adrénaline, car elle coïncide rigoureusement avec l'injection
intraveineuse de cette substance et représente un exemple inté-
ressant de choc mortel par simple association médicamenteuse.
Ajoutons également que, dans les cas de choc mortel répon-
dant aux conditions expérimentales définies plus haut, les diver-
ses manœuvres tentées pour favoriser la reprise des mouvements.
cardiaques ou respiratoires sont absolument inefficaces.
29 décembre 1921. Chien : 8 kgr. Anesthésie au chloroforme. Pression ca-
rotidienne 1°0 mm. Hg. En A injection de o mgr. or d'adrénaline par kilo-
cramme.
Ce phénomène a été en réalité signalé pour la première fois.
sur le Chat, en 1911, par A.-G. Lévy (1) qui en a souligné l’im-
portance et qui lui a consacré depuis un nombre considérable:
de travaux. Il a également fait l’objet de recherches publiées par
E. Nobel et C.-J. Rothberger, en 1914.
De notre côté, il nous a paru intéressant d'en poursuivre
l’étude sur le Chien. Nous n’avons pas pu l’observer, soit sur Île:
(1) A.-G. Lévy. Sudden death under light chloroform anesthesia. Procee.
dings of the physiological Society. 21 octobre 1911, p. 19. In Journal of Phy-
siology, t. XLIIT, 1oxr.
;
|
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ni monte citons ont ÈRE. Éd SR Sd de de à da de it dec GC fe > + Le cn à
SEPT
SÉANCE DU 1° JUILLET 323
Lapin, soit sur le Cobaye. Nous ne l'avons pas davantage constaté
en utilisant d’autres anesthésiques que le chloroforme.
D'après nos observations, cette syncope cardiaque est suscep-
tible de se manifester à n'importe quelle période de l’anesthésie
chloroformique lorsque l’adrénaline pénètre dans les veines à la
dose de o,o1 mgr. par kgr. (adrénaline Clin). Avec l’adrénaline
Parke Davies et Co et sur le Chat, Lévy donne le chiffre de
0,016 mgr. à 0,064 mgr. par kgr.
Tous nos Chiens ont été anesthésiés à l’aide d’une muselière
sans dosage des vapeurs de chloroforme inhalé, mais avec la plus
grande attention, pour éviter les accidents cardiaques d’origine
chloroformique si fréquents, quand il s’agit du Chien. À quelque
moment que nous ayons injecté l’adrénaline, nous avons pres-
que toujours obtenu l’arrêt cardiaque. Il nous à paru qu'il était
indépendant de la quantité de chloroforme inhalé, ainsi qu’en
témoignent d'ailleurs diverses observations cliniques.
Lévy insiste, au contraire, sur l'importance du faible pourcen-
tage des vapeurs de chloroforme, le taux de 0,5 p .100 étant celui
qu'il considère comme le plus favorable à cet égard.
S'agit-il d'une syncope cardiaque d'origine centrale ou péri-
phérique ? Lévy admet la seconde hypothèse. En sa faveur plaide
l'expérience suivante, que nous avons faite, consistant à réaliser
la double vagotomie chez le Chien chloroformisé, au moment
précis où, ayant reçu 0,02 mgr. d'adrénaline par kgr., la chute
de la pression sanguine commençait à se produire. La transmis-
sion d’une excitation centrale aurait due être interceptée ipso
facto. Au contraire, l'arrêt du cœur s’est produit comme sur un
Chien à pneumogastriques intacts. On peut également tirer de
l’inefficacité des procédés de respiration artificielle un argument
en faveur de l’intoxication directe de la fibre myocardique. Au
surplus, les expériences de Lévy sur le Chat après séparation du
cœur de ses connexions nerveuses justifient cette interprétation.
Au point de vue physiologique, on peut se demander avec
Lévy si le déterminisme de la syncope chloroformique observée
au cours de l’anesthésie n'est pas le même que celui de la syn-
cope adrénalino-chloroformique. En effet, dans les deux cas, on
observe de la fibrillation au moment de leur manifestation.
Nous avons entrepris des recherches dans ce sens en opérant
sur des Chiens chloralosés par rapport à des animaux de même
espèce simplement chloroformisés. Dans les deux cas, on recueil-
lait le sang veineux surrénal avant et après une excitation du
splanchnique, après avoir rendu le sang incoagulable par injec-
tion de peptone Roche. Les premiers résultats obtenus nous ont
permis de constater, en adoptant comme test le pouvoir hyper-
tensif du sang sur le Lapin, que la chloroformisation constituait
324 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
un obstacle important à la sécrétion d'adrénaline conformément
aux données établies antérieurement par Delbet, Herrenschmidit
et Beauvy. Non pas que le splanchnique ait perdu son excitabilité
elle persiste encore malgré la chloroformisation ; mais elle paraît
être sensiblement moins forte que sur les animaux chloralosés,
ainsi que le démontre l'inscription graphique de la vaso-cons-
triction. D'autre part, le sang veineux surrénal des animaux chlo-
roformisés ne présente qu'un très faible pouvoir hypertenseur ou
n'en présente même pas, quelle que soit la durée ou l'intensité
de l'excitation du splanchnique.
Conclusion. La mort des animaux chloroformisés (Chien,
Chat), consécutive à l’injection d’une dose correspondant à en-
viron o,o1 mgr. d’adrénaline par kgr. est le résultat d’une syn-
cope cardiaque accompagnée de fibrillation, ainsi que l’a établi
Lévy, en rgrr. Il s’agit d’un phénomène périphérique consis-
tant dans l'intoxication définitive du myocarde. Malgré la res-
semblance entre cette syncope adrénalino-chloroformique et la
syncope chloroformique ordinaire, elles ne paraissent pas pro-
céder d'un même mécanisme.
(Laboratoire de pathologie expérimentale
de la Faculté de médecine de Toulouse).
LA RÉACTION DU BENJOIN COLLOÏDAL DANS LE SANG,
par R. ARNAUD.
Tous ceux, très nombreux déjà, qui ont expérimenté la réac-
ton de Guillain et Guy Laroche dans le liquide céphalorachi-
dien, ont été singulièrement frappés par la facilité, la régularité,
et, en même temps, la simplicité d'interprétation de cette réac-
lion.
Il était donc particulièrement séduisant de se rendre compte
si cette réaction ne pouvait pas s'appliquer à l'examen des sé-
rums syphilitiques. Théoriquement, rien ne s'y oppose. On en
connait, en effet, le principe : quand on met ua sol colloïdal en
présence d’un électrolyte, il se produit une floculation plus ou
moins facile, suivant le sol colloïdal. L'adjonetion d’une certaine
quantité d'un albuminoïde (colloïde protecteur) empêche, dans
une certaine mesure, cette floculation. Ceci s'applique également
aux suspensions colloïdales réalisées avec des résines, gomme-
gutte, benjoin, etc.
Mais si les albuminoïdes en quantités assez grandes protègent
les colloïdes anorganiques contre la floculation par les électro-
SÉANCE DU 1° JUILLET 329
lytes, en plus petite quantité, et même en quantité très minime,
ces albuminoïdes sont capables de précipiter les albuminoïdes
pathologiques dans des solutions électrolytiques qui, par elles-
mêmes, ne sont pas précipitantes (1).
Dans une série d'expériences préliminaires, calquant nos re-
cherches sur celles de Guillain et Laroche, nous nous somnies
efforcés de déterminer la courbe de floculation du benjoin pour
le sérum sain. Pour ce, nous nous servions comme les auteurs,
d'un électrolyte à o,10 p. 100 de NaCI pur, d’eau bi-distillée et
d'une solution mère de benjoin de Sumatra au 1/10, dont nous
mettions 0,3 c.c. en suspension dans 20 £.c. d’eau distillée pour
réaliser notre émulsion colloïdale. Enfin, nous avons également
adopté une échelle de dilution allant de r/4 à 1/32.760. Aïnsi que
la théorie nous permettait de le prévoir, nous avions une précipi-
tation totale dans les premiers tubes, jusqu’à une dilution de
1/128, puis une non-précipitation pour arriver à une précipita-
tion fréquente, mais non générale, aux dilutions de 1/4096 à
1/16260 et plus...
D'autre part, l’étude d’un certain nombre de sérums syphiliti-
ques à différents stades nous révéla une marge très large de dé-
calage entre la floculation d’un sérum syphilitique et celle d’un
sérum sain, la première pouvant se poursuivre jusqu'à des taux
de :/3500-r1/4000 et plus. Il semblait, d'autre part, y avoir paral-
lélisme absolu entre l’importance de ce décalage et l'intensité de
l'infestation syphilitique.
Encouragé par ces premières recherches, nous avons examiné
146 sérums de différentes catégories en employant pour chacun
d'eux les moyens d’investigations suivants
a) Réaction de Bordet-Wassermann, technique Calmette et
Massol pour les sérums chauffés, et Rubinstein pour les sérums
non chauffés en employant les 3 antigènes : foie hérédo-syphili-
tique de l'Institut Pasteur, lipoïdes de Noguchi et antigène de
Bordet et Ruelens.
b) Réaction de Vernes au péréthynol avec appréciation au
photomètre de Vernes et Bricq. |
c) Réaction de floculation de Sachs Georgi. Nous avons choisi
cette dernière réaction comme plus régulière, plus facile à ap-
précier que d’autres, telles celles de Meinike, par exemple.
De nos recherches préliminaires, nous avions pu conclure à la
possibilité, aux dilutions relativement faibles, de remplacer la
solution de NaCI par l’eau fraîchement bi-distillée.
Notre technique a été la suivante. Ne voulant plus chercher
(x) Guiïllain, Guy Laroche et Lechelle. La réaction du benjoin colloïdal, p. 32.
Masson 1922.
326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
les limites de la réaction, mais sa valeur diagnostique, nous nous
sommes contentés de dilutions plus faibles, et d’un nombre de
tubes plus réduit. Nous procédons donc ainsi : diluer o,1 c.c. de
sérum dans 4,9 c.c. d’eau distillée, soit une dilution à 1/50. Puis
procéder aux répartitions en suivant les indications du tableau
suivant.
Quantité de sérum Eau bi-distillée à Benjoin colloïdal Dilutions
N° des tubes à 1/50 en c.c. ajouter en c.c. en C.c. réalisées
I I ro) I 1/100
2 0, 0, 1 1/200
3 0,25 0,79 I 1/400
h 0,1 0,9 I 1/1000
5 0,09 0,99 ï 1/2000
6 to) I I Témoin
La réaction est complète à la température ordinaire en 4 à 6
heures. Une précipitation partielle dans le tube 1 se voit excep-
tionnellement dans les sérums sains. Au-dessus toute précipita-
tion doit être comptée pour une réaction positive.
Le tableau suivant résume nos résultats.
Bordet-Wasserman Vernes Sachs-Georgi Berjoin
y ne Are Hi Ho —
Sérums sûrement sains 35 CNRS D ONE 1 NE Gr 5
Sérums sûrement syphili-
tiques Wrriec ess SOS ho 7: 39 2 Ro
Sérums douteux 70...... DONNE 34 36 ATNTTONE 2090
On peut juger par ce tableau de la grande valeur de la réac-
tion. Dans une note ultérieure, nous traiterons de l'influence du
traitement et de la façon de sensibiliser la suspension de benjoin.
Conclusions. La réaction du benjoin colloïdal est applicable
aussi bien à l’examen des sérums que des liquides céphalorachi-
diens. Plus simple que la réaction de Bordet-Wassermann, moins
délicate que celle de Vernes, d'appréciation plus facile que celle
de Sachs-Georgi, elle paraît tout aussi sûre.
Ayant, de plus, l’avantage de ne pas apporter d’albuminoïdes
hétérogènes , ni de lipoïdes complexes au sérum à examiner, elle
paraît réaliser une réaction physico-chimique qui doit avoir une
place privilégiée dans la sérologie moderne.
SÉANCE DU L°® JUILIEF
RS — —
SURRÉNALES ET ANAPHYLAXIE,
par Léon KÉPINow.
L'étude du rôle de la thyroïde dans l’anaphylaxie, faite en
collaboration avec Lanzenberg (1), a montré que cette glande
est un facteur nécessaire dans le mécanisme de ce phénomène.
Me proposant d'étudier la part qui revient dans l’anaphylaxie
aux organes à sécrétion interne, je me suis demandé quel était
le rôle, à cet égard, d’un organe aussi important que les glandes
surrénales. L'étude de cette question offre de très grandes diffi-
cultés, la surrénalectomie double entraînant inévitablement la
mort de l'animal. Tout ce qu'il est possible de faire, c'est d’'extir-
per complètement une de ces glandes, en ne laissant de l’autre
qu'une petite portion.
Provoquant ainsi un état d'insuffisance surrénale notable,
. nous troublons, d’une part, toutes les fonctions vitales les plus
importantes de l'organisme et nous avons, de l’autre, le moyen
de prolonger la vie de l'animal pour le temps qu'exige l’expé-
rience.
La sensibilisation des Cobayes par le sérum de Cheval était
pratiquée, soit après ablation d’une des surrénales, l’autre (celle
de gauche) n'étant, dans ce cas, enlevée qu'après le délai néces-
saire pour la sensibilisation (15-18 jours) et 5-6 jours avant l'in-
jection déchaînante de ce sérum, soit après l'enlèvement des 2
surrénales, 8 jours après la seconde opération.
Voici le résumé succinet de mes expériences
I. Anaphylaxie active chez les Cobayes à fonction surrénale
insuffisante. a) Sensibilisation après ablation de la glande sur-
rénale d’un seul côté. 10 Cobayes, dont on a enlevé la surrénale
droite, sont sensibilisés en même temps que 7 animaux témoins
par le sérum de Cheval. 16-18 jours après, on enlève partielle-
ment aux 10 animaux la surrénale gauche, en laissant le 1/4 à
peu près de la glande. 6 jours après cette dernière opération,
une injection déchaînante de sérum de Cheval, à doses variables,
est faite à tous les animaux, les opérés et les témoins, dans l’ar-
tère carotide. Les uns comme les autres réagissent par le choc
classique, mais d’une façon très différente en ce qui concerne Îa
quantité de sérum injectée. Les Cobayes témoins réagissaient par
le choc mortel à l'injection de o,r c.c. de sérum de Cheval, tan
dis que l’injection de 0,05 c.c. restait sans effet. Les Cobaves à
fonctions surrénales insuffisantes subissaient, au contraire, un
(1) C. R. de la Sac. de biol., t. LXXXVNI, p. 204 et go6, 1922.
328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
fort choc anaphylactique, n'entraînant cependant pas la mort,
même consécutivement à l'injection de 0,025 c.c. de sérumi,
c’est-à-dire d'une dose 4 fois plus faible ; l'injection de 0,05 c.c
provoque, chez tous les Cobayes opérés, sans exception, le choc
mortel.
b) Sensibilisation après ablation totale de la glande droite et
enlèvement partiel de la gauche. 11 Cobayes privés de la surré-
nale droite et de la majeure partie de la surrénale gauche étaient
sensibilisés, en même temps que 7 témoins, par le sérum de Che-
val. 15 jours après, tous les animaux — opérés et témoins —
recevaient dans l'artère carotide l'injection déchaînante de sérum;
on déterminait la quantité minima de sérum nécessaire pour
provoquer le choc anaphylactique chez les uns et chez les autres.
Pour les témoins, la dose minima provoquant le choc mortel
était, dans cette série d'expériences, de 0,2 c.c.; celle de o,r c.c.
ne donnait que de légères manifestations de choc, sans gravité.
Chez les animaux opérés, il était possible de provoquer le choc
anaphylactique par des doses beaucoup plus faibles : ainsi, l’in-
jection de 0,016 c.c. entraînait un choc considérable, avec des:
conséquences graves, quoique non mortelles ; l'injection de
0,0125 C.c. provoquait un choc d'une intensité égale à celui qui,
chez les témoins, suit l'injection de o,1 c.c. La dose mortelle était
de 0,025 c.c., c’est-à-dire 8 fois plus faible que pour les animaux
non opérés.
Il. Anaphylaxie passive chez les Cobayes à fonction surrénale
insuffisante. a) 6 Cobayes privés de leur surrénale droite et ile
la majeure partie de leur surrénale gauche recevaient, en même
temps que 6 témoins, dans la cavité abdominale, des doses diffé.
rentes de sérum de Lapin activement sensibilisé par le sérum de
Cheval : 0,25 c.c., 0,5 c.c., 1 c.c., 2 c.c. et 3 c.c., cela 24 heures
avant l'injection déchaïnante. Dans ces conditions, les animaux
opérés et les témoins montraient exactement la même sens'bilité
en ce qui concerne le choc ; les doses de sérum sensibilisateur et
de sérum déchaînant, néce care pour le choc mortel et pour le
choc non mortel, étaient identiques.
Conclusions. 1° L’enlèvement de la majeure partie des glandes
surrénales n’empèêche pas, chez le Cobaye, le choc anaphylacti-
que lorsque l'injection préparante est faite après l'opération ; 2°
les Cobaves à fonction surrénale insuffisante se montrent, dans
l’anaphylaxie active, beaucoup plus sensibles au choc que les
normaux ; 4° cette nn accrue vis-à-vis du choc anaphy-
lactique des Cobayes dont on a enlevé la majeure partie des sur-
rénales, ne se manifeste pas dans l’anaphylaxie passive.
1
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!
È
d
SÉANCE DU 1° JUILLET 329
Je me propose, par la suite, d'étudier les questions soulevées
par les résultats de ces expériences.
(Laboratoire de microbiologie technique, Institut Pasteur).
DosiGE DES ALBUMINES GLOBALES, DE L'AZOTE PROTÉIQUE
ET NON PROTÉIQUE, DU PLASMA SANGUIN,
par H. Brernry et Mlle L. Moouer.
La plupart des auteurs qui ont dosé les aibumines du plasma
sanguin se sont contentés, soit d'évaluer l’azote du précipité pro-
téique obtenu après coagulation (Cullen et Van Slvke, P. Howe,
ete.), soit de peser le précipité après dessiccation.
Reprenant, en ce qui concerne le plasma sanguin, les mé-
thodes de dosage par coagulation à la chaleur et déterminant
l'azote du précipité albuminoïde préalablement pesé, avec les
précautions d'usage, nous avons vu que les pourcentages d'azote
ainsi obtenus ne correspondaient pas aux chiffres théoriques.
Nous avons alors pratiqué la même opération, sur des précipités
obtenus à partir d'un même plasma, et à la même température,
mais dans des milieux de concentrations en ions H+ différentes.
Des essais méthodiques nous ont montré que, dans les conditions
eù nous nous sommes placés (prises d'essai de 10 c.c. d'un même
plasma fluoré dilué au r/r0, amenées à des acidités ioniques dif-
férentes, portées 19 minutes au bain-marie bouillant, puis 5 mi-
nutes à l’ébullition), on obtenait après lavages et dessiccation des
poids d’albumines différents suivant l'acidité ionique, et, que les
meilleurs rendements étaient obtenus en opérant la coagulation
dans un milieu présentant un Px voisin de 5,5 (1).
Voici, à titre d'exemple, les poids d’albumines et d'azote de ces
albumines trouvés avec un même plasma
Px 5,0 Pa 5,2 Pa 5,4
D TE TE ee TN CU er MUR UE TS
poids en gr. azoic en gr. poids en gr. azote en gr. poids en gr. azole en &r.
44,90 7,14 h7,10 7,19 52,40 8,33
Pa 5,6 Ê Pa 6,0 Pu 6,3
FR ec CR CS Re Ne)
poids azole poids azote poids azole
en gr. en gr. en gr. en gr. en gr. en gr. Papetaes
54,20 8,61 #9,70 7,97 18,30 7,08 pas de précipité
Restait à simplifier le procédé de dosage, nous y sommes par-
(1) On sait que les points isoélectriques de la sérumalbumine c£ de la sérum-
globuline sont respectivement au voisinage de Par 4,7 et Pa 4,4.
330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
venus de deux façons : soit en coagulant les albumines du plasma
par la chaleur, soit en précipitant à froid ces protéines par l’acé-
tone comme l'ont indiqué Piettre et Vila. Dans les deux cas, les
poids des albumines et d’azote de ces albumines ont été sensible-
ment voisins de ceux trouvés avec le même plasma, coagulé en
un milieu de P#x 5,5.
Exemples de dosages comparatifs d’albumine et d’azote de ces albumines
obtenus, en coagulant par la chaleur ou en précipitant par l’acétone, avec les
“deux méthodes que nous allons décrire :
Précipitation par l’acélone Coagulation par la chaleur
M bodet ete node iles
d'albumine en gr. en gr. d’albumine en or. en gr.
Plasma r — 54,90 8,70 53,30 8,49
SN Les 55,60 8,85 54,80 8,70
» 18 60,70 0,67 60,30 0,67
I. Dosage des albumines : coagulation par la chaleur en liqueur
neutre à l’alizarine.
Dans un bécher, mesurer 20 c.c. de plasma dilué au 1/10 cor-
respondant à 2 c.c. de plasma, 1 goutte d’alizarine, et ajouter
N ne Ne !
goutte à goutte HCI Fr acide acétique 15° jusqu'au virage
orangé de l'indicateur, sans aller jusqu'au jaune.
Mettre au bain-marie bouillant pendant 15 minutes ; porter
ensuite à l’ébullition et recueillir le précipité sur deux filtres, su-
perposés et équilibrés auparavant ; laver à l’eau bouillante, à l’al-
cool bouillant et à l’éther. Mettre dans un pèse-filtre et sécher à
l'étuve jusqu’à poids constant. | |
La portion du filtre (sans cendres) à laquelle adhère l’albumine
est mise dans un ballon de Kjeldahl avec 10 c.c. d’eau distillée
et 5 c.c. d'acide sulfurique pur, on fait une hydrolyse à une
douce chaleur ; quand l’eau est évaporée, on ajoute 5 c.c. de
SO‘H® et 1 gr. de SO'Cu. L'opération est ensuite menée comme
à l'ordinaire et finalement on distille dans l’appareil d’Aubin,
après saturation par de la lessive de soude. Le distillat est re-
jee N ; N
cueilli dans 10 c.c. de SC*H? no ; on titre avec NaOH To? en pré-
sence d’alizarine. On vérifie la pureté des réactifs par une opéra-
tion à blanc.
IT. Dosage par précipitation avec l’acétone.
Dans un vase cylindrique, bouché à l’émeri et d’une capacité
de 10 c.c., on mesure 1 c.c. de plasma fluoré (1) et on ajoute
(x) Si l’on veut faire un dosage plus précis, il vaut mieux neutraliser (ali-
zarine) le plasma, mais pour les dosages courants cela n'est pas obligatoire.
Les poids d’albumine que nous avons obtenus avec le même plasma, neutra-
lisé ou non, et rapportés au litre diffèrent entre eux de 0,30 gr. à 0,75 gr.
SÉANCE DU 1% JUILLET 331
3 volumes d’acétone pure du bisulfite, on agite et on laisse repo-
ser 12 heures. Filtrer, laver successivement à l’acétone, à l’eau
bouillante, à l’alcool bouillant et à l’éther et continuer comme
précédemment.
On peut rapporter les chiffres d’albumines au litre de plasma,
mais il est préférable de déterminer préalablement l'extrait sec
du plasma et de ramener, comme nous avons coutume de le faire,
les poids d’albumines et d'azote non plus à r.000 c.c. du plasma,
mais à 1.000 c.c. d’eau de plasma, car les divers plasmas sont
plus ou moins hydratés.
Enfin, en défalquant du chiffre d’azote total du plasma le chif-
fre d'azote des albumines, on obtient le chiffre d'azote non pro-
téique que l’on rapporte également à 1.000 c.c. d'eau de plasma.
Conclusions. Le dosage des protéines du plasma peut être ob-
tenu avec précision, soit par coagulation, soit par précipitation,
à condition d'opérer cette coagulation ou cette précipitation dans
un milieu présentant un Px voisin de 5,5.
LE CHONDRIOME DES CELLULES SEXUELLES CHEZ LA TRUITE
(Trutla fario),
par J. Dracort.
Les résultats de l'étude morphologique du chondriome des
cellules sexuelles faite par Rubaschkin (r910o-1913), Tschaschin
(rg10), Annap (1913), sur les embryons de Mammifères, d'Oi-
seaux et de Poissons, nous ont conduits à étudier dans les gono-
cytes des embryons de Truite les variations de cet appareil, depuis
la différenciation de ces cellules (stade de gonocytes primaires in-
différents), jusqu’au stade de l'œuf.
Les fécondations artificielles ont été effectuées au laboratoire
et les œufs en voie de développement ont été maintenus dans un
courant d'eau à la température de 10-12°. Nous avons pu suivre
tous les stades évolutifs de l’embryon et de l’alevin jusqu’à l’âge
de 6 mois. Le début de nos observations correspond à l'embryon
de 30 jours (après la fécondation de l’œuf) quand les cellules
sexuelles sont différenciées dans les ébauches génitales formées
par les deux replis longitudinaux de l’épithélium cœlomique. Le
chondriome est formé à ce stade par des grains isolés, ronds, ré-
guliers, de dimensions uniformes, très nombreux autour du
noyau ou épars à la périphérie du cytoplasma ; l’hématoxyline
ferrique les colore en noir intense après la fixation par les li-
‘Queurs osmiques ; en poussant la différenciation, on décolore des
332 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
granulations graisseuses un peu plus grosses qui restent teintées
en brun pâle et que l’on n'observe que dans quelques cellules
sexuelles primordiales. |
Cet aspect du chondriome reste consiant jusqu'au centième
jour environ: de la vie embryonnaire ; ce moment correspond à
une multiplication active de ces cellules pour devenir des gono-
cyies secondaires et à une variation de chondriome. Les grains
primitifs se divisent et forment de courtes chaïnettes de deux à
quatre grains qui $e fusionnent ou non pour former: de petits
I. Embryon de Truite de 30 jours : Un gonocyte primaire, nu sur le côté de Ka
cavité générale, ayec le chondriome en grains. Des deux côlfs et au-dessus,
les cellules cœlomiques avec un chondriome filamenteux.
À gauche le tronc veineux et le mésentère.
IT. Glande génitale non différenciée d'un Alevin de 120 jours (après la multi-
plication dés gonocytes primaires) avec trois gonocytes secondaires : chon-
driome en grains ct en courtes chaïñnettes.
ILE Oocyte ovarien d'une Truite d’un an, avec le chonüriome en grains fins
el longues chaînettes. (Zeiss obj. imm, 3 mm. — oc. comp. 12 Gr. —
I : 1.000).
bâtoniels ; ceux-ci sont disposes concentriqueinent auiour au
noyau. Cet état persiste pendant toute la période où les ébauches
génitales s'invaginent dans la cavité générale de part et d'autre
de l'intestin, pendant la différenciation de la glande génitale.
Dans les oogonies d’un ovaire de Truite de un an, deux ans et
trois ans, chez lesquelles nous avons suivi la transformation défi-
nilive du chondriome, c’est-à-dire pendant la période de crois-
sance de l’oocyte dans l’ovaire, on peut distinguer quatre stades
successifs dans l’évolution de l'appareil mitochondrial : a) chez
les oocytes mesurant 15-25 u, cet appareil en grains et en chaï-
nettes, dessine un croissant accolé à la vésicule germinative ; -b)
les oocytes de 50-60 x présentent une masse cytoplasmique chro-
matique correspondant à la première zone mitochondriale en
croissant ; cette masse cytoplasmique colorable représente la
masse vitellogène et renferme des mitochondries de même forme
qu’au stade précédent ; c) lorsque le diamètre dépasse 100 u, la
SÉANCE DU 1° JUILLET 939
D LE SR RER PS MNT ER QU Et ne NEA
masse vitellogène forme un anneau complet qui s’écarte de la
vésicule germinative ; dans cette masse comme dans le reste du
cytoplasme périphérique, les mitochondries sont nombreuses, en
forme de grains, de chaînettes et de fins filaments, et leur ensemble
dessine un réseau dans les mailles duquel apparaissent des gout-
tes huileuses osmio-réductrices ; d) chez les oocytes dont le dia-
mètre dépasse 200 n, la masse vitellogène se désagrège en boyaux
et en boules et les globules vitellins apparaissent à la périphérie
de l’oocyte. Pendant cette phase de la vitellogénèse, le réseau
mitochondrial de la périphérie de l’oocyte, se développe entre les
globules vitellins et se dispose en une couche continue sous la
zona radiata.
L'évolution de l'appareil mitochondrial est parallèle à l’évolu-
tion de la masse vitellogène aboutissant, comme l'ont montré
Van der Stricht (1900,1908, etc.) et Lames (1904, 1907), à l'éla-
boration des éléments deutoplasmiques.
Pendant la croissance de l'oocyte, les mitochondries granu-
leuses des cellules sexuelles primordiales se divisent et forment
des grains disposés en chaînettes et filaments de plus en plus fins.
Dans le protoplasma du germe, après la fécondation de l'œuf
ainsi que dans les blastomères pendant la segmentation et jusque
pendant la formation des feuillets, nous trouvons toujours la
forme « poussiéreuse » des grains mitochondriaux, provenant
sans doute de la désagrégation des chaînettes et des filaments des
oocytes, forme mitochondriale très différente de celle que nous
observons de bonne heure dans les cellules des feuillets en voie
de différenciation, et dans tous les autres tissus.
(Laboratoire d'embryogénie comparée, Collège de France).
TECHNIQUE DE RECHERCHE DE L'ACIDE SALICYLIQUE
DANS LE SÉRUM SANGUIN ET, D'UNE FAÇON GÉNÉRALE,
DANS LES DIVERS LIQUIDES DE L'ORGANISME,
par H. Hénissesx (Gi).
Cette technique a été instituée en vue de permettre la recher-
che rapide et facile de l'acide salicylique dans les divers liquides
de l'organisme et, plus particulièrement, dans le sérum sanguin.
Ce procédé qui va être décrit, repose sur des réactions bien con-
nues et déjà souvent utilisées ; l'avantage de son emploi résidé
(1) Je remercie bien sincèrement M. N. Fiessinger, notre collègue qui m'a
procuré des échantillons de sangs variés, nécessaires à mes recherches.
BiococrEe. COMPTES RENDUS. — 10922. T. LXXXVII. 23
334 SOCIÉTÉ DE BIULOGIE
dans le mode opératoire proposé, qui conduit à des résuliats
d'une netteté parfaite et d’une grande sensibilité.
Application au sérum sanguin. On introduit, dans une fiole de
verre d'environ 125 c.c. bouchant au liège, 10 c.c. de sérum, au-
quel on ajoute 5 c.c. d'eau distillée et 0,5 c.c. d’une solution
aqueuse contenant 1 gr. d'acide sulfurique pour 5 c.c.; après
addition de 4o c.c. d’éther officinal, on agite fortement pendant
environ 1 minute ; on laisse reposer quelques instants, puis on
ajoute à nouveau 4,5 c.c. de la solution d'acide sulfurique pré-
cédemment employée, qu’on mélange au contenu du flacon par
quelques mouvements très doux de renversement. Après environ
5 minutes, on constate que la portion aqueuse du mélange s'est
transformée en une gelée blanche assez consistante, dont il est
très facile de séparer, par simple décantation, la plus grande par-
tie de la solution éthérée surnageante, On décante alors 30 e.c.
de.cette solution, qu'on agite avec 2 ou 3 gr. de sulfate de sodium
anhydre. La liqueur éthérée, séparée du sulfate de sodium et
versée dans un tube à essai, est alors additionnée de 3 c.c. d'eau
et de r goutte de solution diluée de perchlorure de fer obtenue
en étendant à ro c.c. avec de l'eau distillée, r c.c. de solution
officinale de perchlorure de fer ; on agite vigoureusement et on
observe la coloration de la couche aqueuse, après repos. En pré-
sence d'acide salicylique en quantité notable, la réaction positive
peut se manifester dès ce moment par une coloration violette.
Quoi qu'il arrive, on agite de nouveau fortement le contenu du
tube et on décante le tout, couches aqueuse et éthérée, dans un
petit cristallisoir d'environ 5 cm. de diamètre et de 4 cm. de
hauteur ; on lave le tube, dans lequel s’est faite l’agitation, avec
quelques gouttes d’eau qu'on ajoute au contenu du petit cristal-
lisoir. On laisse l’éther s’évaporer spontanément à la tempéra-
ture ordinaire, ce qui demande quelques heures. À l’aide d'un
petit agitateur de verre, on délaie soigneusement dans le liquide
résiduel tout dépôt qui peut s'être éventuellement formé le long
des parois du cristallisoir. En présence d’acide salicylique, on ob-
serve une coloration violette qui apparaît très pure après qu'on a
filtré la liquéur aqueuse, à travers un filtre sans plis, mouillé,
de 5 em. de diamètre, dans un tube à essai en verre blanc ; on
lave cristallisoir et filtre avec quelques gouttes d’eau, de façon à
recueillir 3 c.c. de liquide dans le tube à essai.
On obtient encore une réaction positive extrêmement nette et
3e laissant place à aucun doute en opérant sur des sérums conte-
nant seulement o,or gr. (un centigramme) de salicylate de so-
dium par litre.
Les observations suivantes justifient divers points de cette tech-
SÉANCE DU ΰ* JUILLET 339
a
nique, qui peut être beaucoup plus rapidement exécutée que
décrite tar
L'addition de 5 c.c. d’eau aux 10 c.c. de sérum sanguin enlève
certainement un peu de sensibilité à l'essai puisqu'elle aboutit
à la dilution du produit cherché ; mais, d'autre part, elle permet
l'établissement d'expériences de comparaison qui conduisent à
un véritable dosage de ce dernier. En effet, si on ajoute, à plu-
sieurs prises d'essai de chacune 10 c.c. de sérum normal, des
quantités connues et graduellement croissantes de salicylate de
sodium en solution dans 5 c.c. d’eau, et, si l'on applique à ces
mélanges la technique décrite, on obtiendra finalement une série
‘de tubes étalons dont il suffira de comparer les colorations à
celles fournies par des sérums dont la teneur en salicylate de sa-
‘dium est inconnue, pour pouvoir déterminer facilement cette
dernière elle-même. On conçoit, à ce point de vue, la nécessité,
pour avoir des résultats comparables, de se conformer stricte.
ment aux indications fournies plus haut, touchant la prise d'es-
sai, la quantité des réactifs à metlre en œuvre, la grandeur des
ustensiles utilisés, etc.
L'emploi de la solution aqueuse d'acide sulfurique, dans Îles
“conditions que j'ai recommandées, a pour but, d'une part, de
réaliser le déplacement de l’acide salicylique, de ses sels, ce qui
entraine la dissolution de cet acide dans l’éther ajouté et, d'autre
part, de déterminer la gélatinisation du sérum, ce qui permet
une séparation facile de la solution éthérée. Celle-ci se trouve
‘débarrassée de certaines impuretés et parfaitement clarifiée, par
agitation avec le sulfate de sodium anhydre.
La technique que je propose est applicable à la recherche de
- l'acide salicylique non seulement dans le sérum sanguin, mais
aussi dans le sang total rendu incoagulable, dans la liqueur ré-
sultant de la trituration du caillot sanguin avec de l’eau, dans le
liquide céphalorachidien, dans l'urine, dans les liquides patholo-
giques d'épanchements divers, etc... Avec le sang total, il pourra
arriver parfois qu'une agitation trop violente de la prise d'essai
acidifiée, en présence d'éther, donne lieu à la production d'une
émulsion ; cette dernière sera détruite par centrifugation du
mélange. Remarquons, d'autre part, qu’en présence de globules
sanguins la solution éthérée se colore toujours en rouge violacé
plus ou moins intense ; il n’y a pas lieu de s'occuper de cette co-
loration qui ne gêne en rien la suite de l'essai.
- Lorsqu'on opère avec des liquides qui ne subissent pas la géla-
linisation en présence d'acide sulfurique dilué, comme c'est le
cas pour le liquide céphalorachidien, l'urine, etc., il v a licu d'ef-
fectuer l’extraction par l’éther non dans une fiole, mais dans une
330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ampoule à décanter, mieux appropriée, dans ces conditions, au
prélèvement de la liqueur éthérée.
En faisant au même moment, sur un même sujet, avec la
même technique, la recherche de l'acide salicylique dans les di-
verses humeurs de l'organisme, on obtiendra des résultats dont la.
comparaison ne peut manquer d'être intéressante pour le physio-
logiste et pour le clinicien.
J’ajouterai, sans pouvoir ici insister autrement, qu'aux doses
de 0,04 gr. et 0,05 gr. d'acide salicylique par litre de liquide es-
sayé, j ai pu, en opérant sur les 3 c.c. de solution aqueuse finale
de l'essai, non additionnée dans ce cas de perchlorure de fer,
caractériser l'acide salicylique par formation, en présence d’iode
et le carbonate de sodium, de tétra-iododiphénylènequinone ou
tétra-iododiphénylènedioxyde (corps rouge de Lautemann) (1).
EVOLUTION DE LA SALICYLÉMIE APRÈS INGESTION
DE SALICYLATE DE SOUDE CHEZ LE SUJET NORMAL.
par Noëz FressiNcer et JAcQUEs DEBRAY.
Grâce à sa diffusibilité le salicvlate de soude est éliminé avec
une rapidité surprenante par les urines. Cette élimination, chez
le sujet normal, commence déjà 5 minutes après l'ingestion de
1 gr. de salicylate de soude et dure pendant plusieurs heures.
Nous avons pensé qu'il serait intéressant de rechercher, grâce à
la remarquable technique de M. H. Hérissev, comment évoluait
la salicylémie. Cette technique de recherche dans le sérum per-
met de retrouver la dose de salicylate de 0,01 gr. par litre. Nous
avons, pour apprécier le taux approximatif de la salicylémie,
pratiqué des témoins de 1, 2, 8... etc. car. de salicvlate de soude
par litre de sérum. Pour juger de la précocité de la salicylémie,
nous avons donné à des sujets indemnes de toute affection vis-
cérale et de toute maladie infectieuse une dose unique de 1 gr.
de salicylate de soude dans 100 c.c. d'eau. À cette dose, la salicy-
lémie apparaît positive après 10 minutes avec une concentration.
de { à 5 cgr. par litre de sérum, après 20 minutes, la réaction.
signale environ 5 à 6 cgr.; après 30 minutes, encore 5 à 6 cer.
Le maximum est atteint entre 1 heure et 1 heure 30 où la con-
centration du salicylate dans le sang dépasse 10 cgr. Après
(x) On trouvera toutes indications utiles relativement à ce corps dans un
travail de J. Bougault : Sur le procédé de Messinger et de Vortmann pour le
dosage de quelques phénols. Séparation de l'acide salicylique. Journ. de
pharm. et de chim.. t. XXNIII, 145, 1908.
SÉANCE DU 1% JUILLET 37
—————
x heure et demie, la quantité de salicylate dans le sang baisse
lentement pour atteindre environ 6 cgr. vers la 5° heure, 4 vers
la 12° heure, et r vers la 18° heure. Ces constatations ont été faites
sur des sujets différents pour des raisons techniques, néanmoins
nos résultats restent comparables entre eux. Le maximum de la
salicylémie se place toujours aux environs de l'heure et demie
après l’ingestion et la salicylémie se prolonge pendant plus de
12 heures malgré que le salicylate ne paraisse pas posséder de
seuil rénal comme le prouve son élimination urinaire quand, dans
le sang, il reste encore au-dessous de la concentration de 1 cgr.
par litre.
Nous avons pu retrouver la salicylémie après des ingestions
plus basses que le gramme, ainsi 0,29 gr. de salicylate donne,
après 1 heure 30, 1 à 2 cgr.; après le même temps, 0,50 donne
5 à 6 cgr. L'absorption par cachet retarde d'une façon irrégulière,
par suite des conditions de dissolution plus ou moins rapide, le
début de la salicylémie. Un de nous, après ingestion de r gr. en
cachet ne présente aucune salicylémie après 30 minutes, tandis
qu'après ingestion de la solution, et au même moment, la sali-
cylémie atteignait 5 à 6 cgr. Le maximum de la réaction san-
guine correspond néanmoins avec le cachet comme avec la solu-
tion à 1 heure et demie. ;
Des expériences en cours nous semblent prouver que lorsque
le salicylate de soude est introduit par voie intraveineuse, sa per-
sistance dans le sang est beaucoup plus courte, mais nous nous
réservons de revenir sur ce sujet dé même que sur les variabilités
pathologiques de la salicylémie suivant l'état des parenchymes.
(Clinique médicale de l'Hôpital Saint-Antoine, P° Chauffard).
FAISCEAU MAXILLAIRE DU STYLO-GLOSSE ET SIGNIFICATION
DU LIGAMENT STYLO-MAXILLAIRE,
par H. Rocvière et E. Orivier.
Le muscle stvlo-glosse s'insère normalement sur la partie an-
téro-interne de l'apophyse stvloïde près de la pointe de cette apo-
physe, et sur le ligament stvlo-maxillaire au voisinage de l'in-
sertion styloïdienne de ce ligament. Il s'attache encore assez sou-
vent par un second chef à la lèvre interne du bord postérieur de
la mâchoire inférieure, au-dessus de l'angle du maxillaire,
D’après Richet, le stylo-glosse présente normalement des atta-
ches fibreuses, très résistantes. « Je m'étonne, dit-il, de voir les
auteurs classiques ne pas insister davantage sur les insertions
330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
maxillaires de ce petit muscle (stylo-glosse) lesquelles sont cons-
tantes, très prononcées et doivent déterminer dans son action sur
la langue des modifications très importantes ». En réalité, ce chef
maxillaire du stylo-glosse est inconstant et se présente sous des
aspects bien divers. Ce sont les renseignements fournis par l’exa-
men des variations du chef maxillaire du stylo-glosse, joints à
ceux que donne l'étude comparée du stylo-glosse et du ligament.
stylo-maxillaire chez les Vertébrés, qui nous ont permis d'établir
la raison d'être du ligament stylo-maxillaire.
Nos recherches chez l'Homme ont porté sur 5o sujets adultes
et les résultats qui suivent concernent seulemerit ceux qui ont été
obtenus par l'examen du stylo-glosse du côté gauche.
Chez trois sujets, le stylo-glosse s’insérait en arrière par deux
chefs, l’un stylien, l’autre maxillaire. Ce dernier s’attachait au
bord postérieur de la mâchoire, au-dessus de l'angle, sur une
hauteur variant entre r et 2 em. Les deux chefs étaient unis par
une arcade tendineuse, tendue de l’apophyse styloïde au maxil-
laire. Cette arcade représentait le ligament stylo-maxillaire. Elle:
était constituée par la réunion de deux faisceaux tendineux : lun
supérieur, stylien, donnant naissance à des fibres charnues du
faisceau stylien du muscle stylo-glosse ; l’autre inférieur, maxil-
laire, constitué par les faisceaux tendineux les plus élevés du
chef maxillaire de ce muscle.
Chez 5 sujets, le stvlo-glosse présentait également deux chefs,
l’un stylien, l’autre maxillaire. Mais le chef maxillaire était beau-
coup moins fort que dans les cas précédents. Dans trois cas, il
était seulement représenté par un grèle faisceau charnu inséré
immédiatement au-dessus de l’angle par une languette tendi-
neuse de 1 à 2 mm. de hauteur. L'intervalle compris entre les.
deux chefs au-dessus de leur réunion, était comblé par une la-
melle fibreuse unie en bas au faisceau musculaire, confondue en
haut avec le ligament stylo-maxillaire. Sur 12 de nos prépara-
tions, nous n'avons trouvé aucune trace de faisceau charnu repré-
sentant le chef maxillaire. Mais il existait à la place une lame.
fibreuse renforcée par des faisceaux tendineux présentant la
même direction et les mèmes connexions que les faisceaux mus-
culaires du chef maxillaire. Enfin, sur 30 sujets, il existait, à la
place du chef maxillaire, une simple lame fibreuse tendue
entre la partie postérieure du chef stylien du stvlo-glosse et le
bord postérieur de la mâchoire. Cette lame fibreuse se confondait
en haut avec le ligament stylo-maxillaire.
Nous pensons que le ligament stylo-maxillaire est le reliquat
de l’arcade tendineuse qui unit les faisceaux stylien et maxillaire
du stylo-glosse et donne attache aux fibres intermédiaires aux
deux chefs d'insertion de ce muscle. Quand le faisceau maxillaire
UE
SÉANCE DU 1° JUILLET 339
disparaît, la partie correspondante de l’arcade tendineuse persiste
et reste unie à la lame ou aux faisceaux fibreux qui proviennent
de la régression des faisceaux charnus.
L'anatomie comparée vient à l'appui de notre manière de voir.
Il est difficile de se procurer aujourd'hui un abondant matériel
d'étude et nos recherches n'ont porté que sur un petit nombre
d'espèces de Carnivores, de Rongeurs et de Primates. Des résul-
tats de ces dissections et de la lecture de minutieuses descriptions
de certaines espèces d'Ongulés, de Carnivores, de Rongeurs et
de Primates, il résuite que le ligament stylo-maxillaire et le fais-
ceau maxillaire du stylo-glosse se rencontrent seulement chez les
Primates, et sous des aspects différents. Chez Macacus, il existe
deux faisceaux distincts, l’un stylien, l'autre maxillaire, unis en
haut par une arcade représentant le ligament stylo-maxillaire.
Nous ayons trouvé à peu près la même disposition chez un Gib-
bon. Chez Chiromrys, il existe à la place du chef maxillaire une
lame fibreuse analogue à celle qui remplace ce chef musculaire
chez l'Homme. Anthropopithecus semble faire exception. Nous
avons examiné deux Chimpanzés qui étaient, il est vrai, en mau-
vais état de conservation, et nous n'avons trouvé aucun élément
fibreux ou musculaire représentant le ligament stylo-maxillaire et
le chef maxillaire du stylo-glosse.
SUR UN BAÇILLE ANAÉROBIE ISOLÉ D'UNE CHOLÉCYSTITE SUPPURÉE
CHEZ L'HOMME : Bacillus trichoïdes,
par G. Porez et À. CompagxoNx.
Les travaux qui ont fixé le déterminisme des cholécystites
(Veillon, Zuber et Lereboullet, Lippmann) ont montré, on le sait,
la fréquence des infections anaérobies et, en pareil cas, la cons-
tance des associations microbiennes. Contrairement à cette der-
nière donnée, nous avons eu l’occasion d'observer une cholécys-
tite par infection anaérobie monomicrobienne ; cette conditiom
nous a facilité la culture et l'étude d'un Bacille anaérobie strict
dont voici les principaux caractères
Dans le pus, il se présente sous la forme de filaments longs et
grêles (5,5 u de long, 0,3 u de large), rectilignes ou légèrement
incurvés, à extrémités arrondies et ne prenant pas le Gram ; cer-
tains éléments ont un aspect granuleux. Ses caractères morpho-
logiques varient suivant le milieu de culture : en gélose glucosée
profonde, le corps microbien est rectiligne, court et trapu (2
de long, 0,6 u de large); en bouillon glucosé on observe, dès le
340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
huitième jour, des formes filamenteuses d'aspect plus ou moins
nettement streptobacillaire parfois très longues (jusqu’à 70 u).
Cet organisme est immobile ; il ne présente ni capsule, ni
spores. Il végète bien à 37°; lentement à 22°; ses cultures ont une
odeur fécaloïde très prononcée.
En bouillon Martin glucosé ou maltosé, il donne le deuxième
ou troisième jour un trouble uniforme avec ondes moirées, sans
dépôt ; vers le cinquième jour, dépôt abondant, floconneux, avec
éclaircissement du milieu. En bouillon Martin non sucré, mêmes
caractères, mais la culture est plus maigre.
En gélose glucosée profonde, les colonies apparaissent au bout
de 48 à 60 heures ; elles sont arrondies, blanchâtres, à contour
nettement défini, sans opacité plus marquée au centre ; elles se
dissocient difficilement et il est impossible de les émulsionner.
Le blanc d'œuf en bouillon Martin non sucré, la gélatine, le
sérum coagulé ne sont pas liquéfiés ; le lait est coagulé en quatre
ou cinq jours avec réaction acide ; la gélose au sous-acétate de
plomb est noircie et le rouge neutre est décoloré.
Les différents sucres (glucose, maltose, saccharose, lévulose,
lactose, mannite) fermentent avec production de quelques bulles
de gaz et réaction acide ; en milieu glycériné non sucré la culture
est maigre, avec production de quelques gaz, sans acidification.
En milieu bilié (gélose glucosée profonde additionnée de cho-
léate de soude au 1/50) les colonies apparaissent tardivement (le
7° ou 8° jour) et le germe présente une forme filamenteuse, par-
fois avec espaces clairs, très comparable aux formes observées
dans le pus vésiculaire.
La vitalité de ce Bacille est considérable : le repiquage d’une
culture de sept semaines donne naissance à de nombreuses colo-
nies ; par contre, sa résistance aux antiseptiques est très faible.
Seul, le Lapin s’est montré réceptif à l’action pathogène de ce
microbe ; l'injection sous-cutanée de 2 c.c. de pus a déterminé
l'apparition d’un abcès volumineux qui s'est enkysté dans une
épaisse coque fibreuse et qui contenait encore, à la fin du troi-
sième mois, le Bacille à l’état de pureté. Les injections intra-
péritonéales ou intraveineuses de culture n'ont déterminé aucun
trouble, mais l'injection dans la vésicule biliaire, après ligature
du cholédoque, de 1 c.c. de culture, a amené en 4 jours la mort
de l’animal. À l’autopsie, nous avons retiré de la vésicule un pus
analogue à celui observé chez l'Homme et contenant en abon-
dance le même microbe à l'état de pureté.
L'inoculation du filtrat d’une culture de 5 jours, faite aux doses
de 5 c.c. dans les veines du Lapin, de 2 c.c. sous la peau chez le
Cobaye, n'a pas été suivie d'accidents appréciables.
ÈS
Efbs
SÉANCE DU 1° JUILLET 341
Enfin, nous n'avons pu mettre en évidence, chez les animaux
inoculés, ni lysines, ni agglutinines.
Le pouvoir pathogène vis-à-vis de l’animal est donc faible ; il
est, au contraire, considérable vis-à-vis de l'Homme ; chez notre
malade, en effet, non seulement ce microbe a déterminé une cho-
lécystite rapidement mortelle, mais aussi une péricardite suppu-
rée témoignant de l'intensité de l'infection.
Il s’agit donc d’un germe différent de B. funduliformis et de
B. fragilis, sa forme filamenteuse est caractéristique, de plus, il
ne présente pas les formes d'involution du premier et sa
vitalité est bien différente de celle du second. Nous n'avons pas
trouvé sa description ; il semble avoir été vu dans certaines col-
lections voisines du tractus digestif, en particulier dans des pus
d’abcès appendiculaires (Veillon); Lippmann (1) a, dans deux ou
trois cas, observé dans les voies biliaires infectées un Bacille grêle
ne prenant pas le Gram, qu'il n’a pu isoler et identifier et qu’il
a assimilé à B. fundiliformis ou à B. fragilis ; cet organisme
n'était probablement autre que celui dont nous venons d'exposer
les caractères.
Nous proposons de donner à ce germe le nom de Bacillus tri-
choïdes.
(Laboratoire du D° Veillon, Institut Pasteur).
IRRIGATION DES CENTRES NERVEUX PAR LE SANG DÉFIBRINÉ
D'UNE PRÉPARATION CARDIO-PULMONAIRE D'UN AUTRE ANIMAL,
par ATHANASIU et BARRY.
L'opération qui consiste à mettre à nu les centres nerveux, cer-
veau et moelle épinière, est nécessairement accompagnée d’hé-
morragie et d'un certain degré de choc qui laissent l’animal dans
un état de faiblesse dont parfois il ne se remet que longtemps
après. L'activité des centres est diminuée et demande souvent des
moyens spéciaux pour se rétablir. Nous avons trouvé que la cir-
culation artificielle d'une préparation cardio-pulmonaire permet
d'arriver à ce résultat.
Après l'arrêt de toute hémorragie causée par l'opération sur le
système nerveux, le sang défibriné ne sort qu’en quantité négli-
geable des vaisseaux ainsi oblitérés par coagulation naturelle.
Outre cet effet de relever la vitalité des centres nerveux, ce
(x) Lippmann. Le microbisme biliaire normal et pathologique. Thèse de
Paris, 1904.
3A2 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Q2
procédé a d’autres avantages. L’isolement des centres nerveux du
reste du corps est à désirer quand on cherche à constater la fré-
quence et l'intensité des vibrations électriques spéciales à ces
centres. Supprimer les phénomènes électriques du cœur, par
exemple, c'est exclure une cause de difficultés dans l’interpréta-
tion des photogrammes. Le fait de restreindre la circulation à ce
champ limité peut permettre aussi de montrer l'effet des diverses
substances que l’on pourrait introduire dans le sang, substances
dont l'influence sur les centres pourrait être d'une durée variable
selon le désir de l'opérateur. Pour montrer les réponses du sys-
tème nerveux sous l'influence de ces réactifs, ou des changements
de température, il pourrait, dans certains cas être préférable de
ne pas supprimer l’activité du cœur et de la circulation. La cir-
culation naturelle dans les troncs inférieurs (veine cave inférieure
el aorte) pourrait continuer en même temps que la cireulatior
pulmonaire tandis que celle des centres nerveux (cerveau-moelie)
serait artificielle. |
Technique. Sur un Chien (A) on fait l'opération cardio-pulmo-
naire, d'après la méthode de Starling, et on fait venir une partie
du sang de celui-ci par un tube latéral à un deuxième Chien (B).
Celui-ci ayant subi l’opération préalable qui met à nu les centres,
est placé à côté de l’autre ; une canule pour la respiration artifi-
cielle, reliée par un tube en Y au soufflet qui sert pour le pre-
mier Chien, est introduite dans sa trachée artère. Après avoir
ouvert le thorax de ce dernier Chien, on met une canule dans
l'artère sous-clavière gauche et une autre dans la veine cave supé-
rieure. L’embouchure de la première est dirigée vers le cœur,
celle de la seconde vers le cerveau. L'animal est complètement
saigné par ces deux canules et pendant la saignée une troisième
canule est introduite dans l’aorte au-dessous de l'artère sous-cla-
SÉANCE DU 1° JUILLET 343
Le Het Le VEN ORN 2 RETENU TRE SE or I A ASE ets
vière. Cette canule est mise en communication avec le tube qui
apporte le sang défibriné du Chien A. Ainsi la circulation est ré-
tablie dans le cerele de Willis et le sang revient par la veine cave
supérieure. .
Le schéma ci-dessus représente le procédé employé pour l'irri-
gation des centres nerveux.
UTILITÉ DE DEUX NOUVELLES COUPURES GÉNÉRIQUES
DANS LES PÉRiISPORIACÉS : Diplostephanus N. G.
Er Carpenteles x. G.,
par MAURICE LANGERON.
Le polymorphisme des Champignons nécessitera pendant long-
temps encore l'emploi de deux nomenclatures parallèles, l’une
pour l'appareil conidien, l’autre pour la forme parfaite. Lorsque,
dans un groupe bien limité de formes conidiennes (Aspergillus.
Penicillium, etc.), on constate, pour un ou plusieurs représen-
tants, la filiation avec une forme parfaite, il serait imprudent et
prématuré de généraliser ce rapport à tout le groupe et de lui
appliquer en bloc, le nom de cette forme parfaite, car il faut
toujours tenir compte de la possibilité de phénomènes de con-
vergence. C’est pourquoi le nom de l'appareil conidien doit être
conservé pour toutes les espèces dont la fructification parfaite
n est pas connue. Quant aux autres, il est préférable de les mettre
à leur véritable place dans la classification et de leur donner le
nom générique de leur forme parfaite.
C’est en appliquant ce principe à la nomenclature des .Périspo-
riacés que j'ai été amené à distinguer les deux genres nouveaux
que je propose aujourd'hui. Link, en 1809, créa le genre Euro-
tium pour les jolis périthèces jaune soufre qui apparaissent si
facilement dans les cultures de l’Aspergillus herbariorum. Mal-
heureusement, on n'est pas arrivé à s'entendre sur le sens du mot
périthèce. C'est ainsi qu'on voit encore, dans des monographies
assez récentes, telles que celles de Winter dans la Rabenhorst's
Kryptogamen Flora (1887) (x) et dans celle de Wehmer (2) (rgo1),
employer une distinction subtile entre périthèce et sclérote. On
ne se contente pas d'employer ce dernier terme pour désigner
des périthèces stériles, mais on l’applique encore aux périthèces
fertiles du Sterigmatocystis nidulans et du Penicillium crusta-
COTE RE Ce
(2) GC. Wechmer, Die Pilzgattung Aspergillus. Mém. Soc. phys. et list. nat. de
Genève, XXE 2%part, n°11001, 10 p-, » pl.
344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ceum. Je crois qu'il faut absolument proscrire ce sens attribué
au mot sclérote, à cause de la confusion qu'il amène entre les
formes parfaites des Périsporiacés et des appareils, tels que l’ergot
de Seigle, dont la structure, la destinée et la signification sont
totalement différentes. Puisque les périthèces du Sferigmatocystis
nidulans sont très distincts de ceux des Eurotium, il est bien plus
simple de leur donner un nom générique particulier. Il faut aussi
garder le terme de périthèce, qui est très précis et très expressif,
pour désigner l'appareil parfait de fructification des Ascomycè-
tes. Winter lui-même reconnaît que la distinction entre les sclé-
rotes des {spergillus et les périthèces des Eurotium n'est pas net-
tement établie.
Je propose donc de distraire des Sferigmalocystis ceux dont les
périthèces sont connus et de leur donner le nom de Diplostepha-
nus, qui rappelle la disposition des phialides de l'appareil coni-
dien. Nous aurons ainsi une série parallèle à celle des Eurotium
et en mème temps nous supprimons le sens indüment attribué
au terme sclérote. L'espèce du type du genre Diplostephanus sera
D. nidulans Eidam.
L'adoption du mot Diplostephanus a l'avantage de mettre un
terme à une autre équivoque. Winter range d’un côté, dans le
genre Eurotium, les espèces produisant des périthèces et de l’au-
tre, dans le genre Aspergillus, à la fois les Aspergillés donnant
des sclérotes et ceux dont la forme conidienne est seule connue.
C'est là véritablement un manque de logique. Wehmer s'en tire
en faisant tomber en synonymie le genre Sterigmatocystis Cra-
mer, qui est pourtant fort utile pour distinguer les espèces à dou-
ble couronne de stérigmates. Je crois préférable de conserver
Sterigmatocystis pour les appareils conidiens et d'adopter Diplo-
stephanus pour les espèces qui possèdent des périthèces.,
Les mêmes inconvénients se reproduisent pour les Penicillium.
Ici encore, on a confondu sclérote et périthèce et on a réuni dans
le même genre les espèces dont on ne connaît que les appareils
conidiens et celles qui donnent des ascospores. C’est pourquoi je
propose de créer un genre Carpenteles pour les Penicillium con-
nus Où à connaître qui produisent des asques. L'espèce type de
ce nouveau genre sera provisoirement P. glaucum (Link) Brefeld.
C'est avec cette espèce, ou mieux avec un mélange d'espèces de
ce groupe, que Brefeld a obtenu des périthèces. Les travaux ré-
cents. et notamment ceux de Wehmer, Thom, Westling, Dierckx,
Biourge, ont montré que le nom de P. glaucum a été appliqué
à un certain nombre de Penicillium à spores vertes qui devront
être décrits comme espèces séparées. Ce n'est qu'après avoir re-
trouvé l'espèce qui a donné à Brefeld des périthèces qu'on pourra
Mi
SÉANCE DU 1° JUILLET 345
considérer ce Champignon comme l'espèce-tYpe du genre Car-
penteles.
Il est évident que la distinction de ces deux genres ne constitue
pas un progrès dans la connaissance des Périsporiacés, puisqu'ils
ne sont pas basés sur de nouveaux faits d'observation. Ils n'ont
qu'un intérêt logique et didactique, en permettant de grouper, en
dehors des Phialidés, les représentants des genres Aspergillus,
Sterigmatocystis et Penicillium qui donnent des périthèces.
(Laboratoire de parasitologie de la Faculté de médecine).
SUCRE ET ACIDE GLYCURONIQUE,
par JEAN BÉNECH.
D'après les travaux de Roger, de Chiray et de Caille, il appa-
raît nettement que l'étude de la fonction glycuronique renseigne
sur la fonction antitoxique du foie.
Aussi, avons-nous pensé qu'il serait bon de vérifier si le sucre
était capable d'amener des reprises dans l'élimination de l'acide
glycuronique et particulièrement de renforcer cette élimination ;
ainsi, nous avons la preuve de la valeur de l'élimination de l’acide
glycuronique comme preuve de résistance du foie aux agents
toxiques, mais aussi, par la même occasion, la preuve du rôle
du sucre en tant que favorisant la fonction antitoxique du foie.
L'expérimentation dans ce sens est particulièrement simple, du
reste. 11 s'agissait seulement de lire les travaux de Roger, de Chi-
ray et de Caille pour y songer et sur 10 sujets nous avons procédé
de la facon suivante. a
Nous basant sur ces faits que, chez tout sujet en alimentation
insuffisante, la quantité d'acide glycuronique éliminée est tou-
jours déficiente, nous avons, chez ces gens soumis à un régime
hydrique ou lacto-végétarien, recherché l'acide glyeuronique :
nous avons constaté que l'acide glycuronique était émis en quan-
tité insuffisante, nous avons même, pour certains, des colorations
illisibles par l'échelle de Chiray et Caille. Par contrée, chaque fois
que nous donnons à ces sujets une quantité de sucre de 200 à
300 gr. par jour, répartis dans la journée, nous constatons une
élimination de l’acide glycuronique ; ces recherches même ont
été faites chez des sujets sains qui furent en traitement à l'hôpital
pour des maladies passagères.
Le sujet se trouve à un régime normal (grand régime hospita-
lier): dans les urines fraîches — fait essentiel — nous recher-
chons l'acide glveuronique par la méthode de Roger après avoir
340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
donné 1 gr. de camphre. Nous ne retenons que les sujets ayant
une élimination nette de l'acide glycuronique, c’est-à-dire une
élimination de 30 mgr. environ par litre d'urine. Le sujet est
alors mis pendant 3 jours au régime lacto-végétarien très réduit,
même au régime hydrique quelquefois. La recherche de l’acide
glycuronique est faite journellement. La quantité d'acide va cha-
que jour diminuant. La plupart du temps, le troisième jour,
l’acide est indosable. À ce moment on donne au malade, répartis
dans la journée, 200 à 300 gr. de sucre. Le premier jour quelque-
fois, le deuxième jour presque toujours, de ce régime hydrocar-
boné l'acide glycuronique apparaît très vite en quantité d’abord
normale, 30 mgr. par litre ; puis, dès le quatrième jour, arrive
à 4o et 6o mgr. par litre. Chez quelques sujets, le retour à l’ali-
mentation normale n'empêche pas le taux d'élimination de
l’acide glycuronique d’être élevé pendant encore quelques jours.
Chez des sujets anormaux ayant des lésions hépatiques (cir-
rhose, congestion hépatique des asystoliques) on n'arrive que
très rarement et souvent jamais (cirrhotiques avancés) à amener
l’apparition de l'acide glycuronique dans les urines malgré les
ingestions élevées de sucre. Nous reviendrons du reste plus tard
sur ce sujet trop long à développer ici.
Nous avons donc ainsi : 1° la démonstration de la relation in-
time qui existe entre l’ingestion du glycose et la fonction glycu-
ronique ; 2° la confirmation de ce fait que la formation de l'acide
glycuronique est en rapport avec la fonction glycogénique du
foie ; 3° la preuve du rôle du sucre dans la fonction antitoxique
du foie.
LES RÉACTIONS D'HYPERGLYCÉMIE PROVOQUÉES PAR LES INGESTIONS
D'ALBUMINES,
par M. Lasgé et F. Nepveux
L'utilisation des albumines par l'organisme et leur influence
sur la glycosurie est un problème qui a soulevé de nombreuses
discussions ; si l’on admet généralement que le métabolisme des
albumines donne du sucre, on ne s'entend pas, en général, sur
la proportion où elles interviennent sur la production de la gly-
cosurie. Nous avons pensé qu'on pourrait résoudre la question en
utilisant les réactions d'hyperglycémie provoquée par ingestion
d’albumine et en les comparant aux réactions provoquées par les
ingestions de glucose.
Nos expériences ont porté sur des diabétiques ; nous avons uti-
lisé des doses d’albumines susceptibles de donner naissance dans
finie
1
SÉANCE DU 1° JUILLET 347
‘l'organisme à une dose de glycose égale à celle qui nous servait
pour l'épreuve comparative soit 22,5 gr.; ces quantités d'albu-
mine ont été calculées en tenant compte du coefficient de trans-
3 ; : se glucose
formation de l’albumine en glucose fourni par le rapport res
que Minkowski estime à 2,80, et Lusk à 3,65 : ainsi nous avons
fait ingérer en moyenne 45 gr. d’albumine ; l'intensité de la
réaction hypergiycémique a été mesurée, suivant notre méthode,
par l'aire du triangle d'hyperglycémie. Les chiffres que nous
avons obtenus résultent chacun de détermination de glycémie,
faites par la méthode de Bang.
Les résultats de nos recherches sont consignés dans le tableau
ci-dessous
Aires de réactions hyperglycémiques après ingestion de diverses albumines
(en cmq.).
Pain de Albumine
Test au Caséine gluten d'œuf Viande à
glucose Cogit Heudebert Heudebert de bœuf Gélatine
Diabète avec acidose :
Dane 5,67 0,14 0,28 O,ST 0,79 .»
Diabète léger sans acidose :
Bach tee 7,80 0,76 (e) o,0€ 502 »
Pet 27e (e] o o Oo 0,20
Méta een 3,79 (e O,31 re) o »
IDERSNERORES 5,29 0,74 » » » »
Game tone. Doit » » (e) D »
Dotnet 02 0,89 » » » »
Pom 1,24 0,30 » » » »
Nos expériences apportent les enseignements suivants
1° Les ingestions d’albumine chez les diabétiques provoquent
généralement une réaction d'hyperglycémie.
2° Les réactions à l’albumine sont beaucoup moins intenses
que les réactions provoquées par la dose équivalente de glycose ;
elles sont toujours inférieures à r cmq. alors que les réactions au
glycose ont varié de 1,24 à 7,80 cmq.
3° Elles débutent aussi rapidement et se produisent dans le
même laps de temps, ce qui montre que la mise en liberté de
glycose par l’albumine métabolisée doit être très rapide.
4° Elles sont en général plus forte chez les diabétiques avec dé-
nutrition azotée que chez les diabétiques sans dénutrition où
elles font même assez souvent défaut. La différence dans l’inten-
sité des réactions, pour les deux catégories de diabétiques, est
beaucoup plus marquée pour les réactions à l’albumine que pour
les réactions au glycose.
5° Elles varient avec les diverses espèces d’albumines. Les
quantités de sucre fournies par la caséine et l’ovalbumine sont
348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
sensiblement du mème ordre de grandeur, comme l’a montré
Jeanne.
6° Elles ne sont pas identiques chez les divers sujets apparte-
nant à la même catégorie de diabète, en sorte qu'on peut tirer
de ces résultats des indications générales, mais non des règles for-
melles au sujet de la capacité relative des diverses albumines à
produire l’hyperglycémie.
-=° Ces recherches offrent un intérêt au point de vue de la nu-
trition des diabétiques et de la diététique. Elles mettent en évi-
dence le rôle des albumines dans la production de la glycosurie,
prineipalement chez les diabétiques avec dénutrition azotée, et à
un degré moindre chez les diabétiques sans dénutrition.
SEPTICÉMIE ÉPHÉMÈRE PROVOQUÉE PAR L'INTERVENTION
CHIRURGICALE,
par ANDRÉ PHILIBERT.
On sait que la septicémie vient souvent compliquer un foyer
microbien local. Les plaies balistiques pendant la guerre ont été
souvent l’origine de septicémies mortelles. Ces septicémies furent
sans doute souvent contemporaines de la blessure, l’inoculation
intra-vasculaire étant réalisée en mème temps que l'infection du
tissu cellulaire par les effets du projectile. Mais bien souvent
aussi l'infection est localisée et ce n’est que plus tard que survient
la septicémie ; l’essaimage secondaire des microbes dans le sang
peut être dû à diverses causes, au nombre desquelles il faut
compter l'acte chirurgical. Nous avons pu observer à plusieurs
reprises une seplicémie constatée par l'hémoculture après une
intervention chirurgicale (exploration, grattage, etc...). Un cas,
en particulier, qui a la valeur presque d’une expérience, nous a
montré une septicémie, éphémère d'ailleurs, immédiatement se-
.condaire à une intervention chirurgicale, tandis qu'auparavant
l’'hémoculture était négative.
Il s’agit d’un soldat, X..., de la légion étrangère, arrivé à l’am-
bulance le 27 avril 1918 avec une plaie perforante du bras droit
et de l'épaule droite par balle ; fracture de l’humérus.
Le 27, le débridement de l’orifice de sortie de la balle est pra-
tiqué, il existe un fracas considérable de la moitié supérieure de
l'humérus, l'articulation est ouverte : on curette le foyer, on
excise les muscles contus, on enlève les esquilles : suture de la
plaie, immobilisation en abduction.
La plaie suinte abondamment, la température s'élève à 38°6,
Re pan
DT) PV
SÉANCE DU 1% JUILLET 349
t le 30 avril on décide de réopérer le malade. On résèque toutes:
la partie supérieure de l'humérus, on installe une irrigation con-
tinue au sérum jodé. À partir de ce moment la température
iombe en lysis, et vers le ro mai, le malade est apyrétique. Gué-
rison sans autre suite.
L'examen bactériologique de la plaie pratiqué le 27 avril a
montré, à la culture, quelques colonies de Streptocoques, aussi
bien en aérobie qu’en anaérobie.
Lors de la deuxième intervention, le 30 avril, nous pratiquons
une hémoculture immédiatement avant lanéaiien. Cette hémo-
culture est restée négative. Puis nous pratiquons une seconde
hémoculture lorsque l'intervention est terminée, pendant qu'on
fait le pansement, une heure exactement après la première hémo-
culture. Cette seconde hémoculture faite, comme la première
d'ailleurs, sur le bras sain, a donné du Streptocoque à l’état de
pureté.
Il s’agit donc d’une septicémie à Streptocoques déclenchée par
l'acte opératoire.
Nous avons pu surprendre ainsi dans ce cas la cause d'essai-
mage d’un microbe localisé dans une plaie. L'hémoculture faite
avant l’opération est un témoin de l’absence d'infection généra-
‘isée avant cette intervention.
INFLUENCE DE L'IRRADIATION DE LA RATE SUR LE TEMPS
DE COAGULATION DU SANG,
par Pu. PaGnrez, À. Ravina et I. Socomox.
:
Un certain nombre de recherches, faites surtout à l'étranger et
parmi lesquelles il faut surtout mentionner celles de Stephan,
ont établi que l’irradiation de la rate a entre autres effets celui .
de raccourcir notablement le temps de coagulation du sang.
Cette question nous a paru mériter d'être reprise, tant en rai-
son de son intérêt théorique que de l'importance éventuelle de
ses applications pratiques. Toutes nos recherches ont été effec-
tuées sur l'Homme. La technique a été aussi rigoureuse que pos-
sible, notre but étant d'établir le degré de constance du phéno-
mène et de bien préciser les doses à emplover pour l’obtenir.
Pour faire porter l'irradiation à coup sûr sur la rate, celle-ci
était repérée la veille chez le sujet à jeun par la radioscopie après
distension de l'estomac, et la région à irradier dessinée sur la
pœu. s
La technique de l'irradiation a été la suivante : tension corres-
Brorocis. CoMpTEs RExDuS. — 1922. T. LXXXVII. 2/4
330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
pondant à 25 c, étincelle entre pointes ; intensité : 3,5 milliam-
pères ; filtration à travers 5 mm. d'aluminium ; champ d'irra-
diation de 10 em. de diamètre. La dose maxima appliquée a été
de 500 R (2 H, 5) mesurée avec l’ionomètre Solomon. La dose de:
5oo R était obtenue en 6 minutes.
Le temps de coagulation a été déterminé sur le sang recueilli
dans la veine par ponction, au moyen d'une seringue stérilisée
et sèche. Le sang était aussitôt transvasé dans un tube à hémo-
lyse, récemment flambé, et maintenu dans un bain-marie à la
température de 39°. Dans ces conditions, le‘temps de coagulation.
est pour un même sujet et, toutes choses égales d’ailleurs, remar-
quablement fixe, l'écart dû au dispositif expérimental ne dépas-
sant pas 10 à 20° pour un temps moyen de coagulation de 4 à
5 minutes.
Sur 15 sujets irradiés, 12 ont présenté, une heure après l'irra-
diation, une diminution marquée du temps de coagulation, 2 un
allongement de ce temps. L'accélération a été obtenue dans 9 cas
avec la dose de 500 R, dans 2 cas avec la dose de 300 R., dans
un cas avec la dose de 100 R. Cette même dose est restée sans.
action sur la coagulation dans un autre cas. Enfin, un allonge-
ment du temps de coagulation de 140” a été observé chez 2 sujets
ayant reçu une dose de 50o R. En moyenne, l'accélération obte-
nue a été de 2’07” pour un temps de coagulation de 548”. Le
chiffre le plus élevé a été observé chez un sujet dont le temps de
coagulation, remarquablement long, était de 9/40” et qui, après
irradiation, est tombé à r’15”. L’accélération la moins importante
a été de 035”. Comme nous l’avons indiqué, tous ces chiffres ont
été obtenus une heure après l’irradiation, mais il est probable:
que dans un certain nombre de cas, le phénomène est d’appari-
tion notablement plus précoce. Sans avoir fait de recherches sys
tématiques à ce sujet, nous avons pu en effet constater dans un
cas, 13 minutes après l'irradiation, une diminution de 2’10” du
temps de coagulation. Par contre, chez un autre sujet, il n’y avait
pas de raccourcissement 10 minutes après l’irradiation.
La durée de ce phénomène du raccourcissement du temps de
coagulation paraît assez variable. Elle peut être relativement lon-
gue, et nous avons pu constater chez plusieurs sujets que le phé-
nomène persistait pendant plusieurs jours, alors que, dans d’au-
tres cas, il n'avait pas duré plus de quelques heures.
Enfin, dernière particularité, et qui ne nous paraît pas la moins
intéressante, une première irradiation qui a été suivie d’une mo-
dification du temps de coagulation peut rendre l’organisme ré-
fractaire à une nouvelle irradiation. C’est ainsi que chez un de
nos sujets, une première irradiation amène une accélération du
temps de coagulation de 3°25”. Cinq jours après, la même dose
fl
El
D
M 5:
— delter,"07 71
|
SÉANCE DZ 1% JUILLET 34
de rayonnement ne modifie plus en aucune façon le temps de
coagulation qui était revenu au chiffre antérieur. Même résultat
chez un autre sujet : une première irradiation donne un raccour-
cissement de 1 25°; une nouvelle irradiation faite 4 jours après
ne produit plus aucun changement. |
Nos recherches nous amènent donc à conclure que l'irradia-
tion de la rate, aux doses que nous avons utilisées a pour effet de
produire une diminution considérable du temps de coagulation
du sang et exceptionnellement un effet inverse d’accélératior:
Cette première irradiation est souvent suivie d’un état réfractaire
en vertu duquel une nouvelle irradiation avec la même dose de
rayonnement reste sans aucun effet.
Le sTADE K DE BALFOUR CHEZ LES EMBRYONS DE SÉLACIENS
“(Scylliorhinus canicula L. Gill.) ; sA DIVISION NÉCESSAIRE
AUX POINTS DE VUE ANATOMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE,
par P. WiNTREBERT.
Le stade K de Balfour comprend une suite de transformations
importantes qui, au lieu d’être rassemblées sous une appellation
commune doivent être distinguées l’une de l’autre.
Déjà, en 1882, Van Wyhe avait compris la nécessité d’une sub-
division et créé un stade J aux dépens de la première partie du
stade K; ce stade J comprenait lui-même deux périodes dont
chacune était caractérisée par la présence d’une poche branchiale;
la première correspondait à l’avènement de la 4° poche ; la se-
conde à l'apparition de la 5°; le stade K se limitait ainsi au temps
où 6 poches branchiales étaient constituées. Cette division est
normale, logique, fondée sur une observation judicieuse : elle
est dans l'esprit de la sériation balfourienne dont les stades précé-
dents, G, H, [, sont marqués respectivement par la formatiun
successive de Ja 1°, de la 2°, de la 3° poche branchiale et l’on
peut penser que le manque d’embryons a seul empêché Balfour
de l’établir. Cependant, la modification de Van Wyhe n'a pas été
utilisée. Elle n’est pas signalée dans l« Handbuch » d’'O. Hert-
vig (1) où Keïbel établit une confusion en désignant le stade I de
Balfour par la lettre J. Van Wyÿhe lui-même n'a pas employé, en
1889, dans son second mémoire sur les segments mésodermiques,
le procédé de classement qu'il avait suggéré dans le premier et
:) Kcibel. Die Entwickelung der aüsseren Kôrpérform der Wirbeltierem-
bvonen, t. ILTh. I... fasc. vo, De 20:
352 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Le)
CEA
Fis. A: 71, phase Kl au début ; 2; fin de la phase K! ;, 9 et {, milieu dela
phase K?, chez le même embryon ; 3, vue dorsale du 4° ventricule ; 4, aspect
général par transparence (les 6° myotomes droit et gauche post-branchiaux
ont été sectionnés).
s’est contenté, comnie la plupart des auteurs, du dénombrement
très aléatoire des myotomes.
Je reprends l’idée de Van Wyhe ; mais je pense qu'il est inu-
tile de modifier les cadres de la sériation balfourienne universel-
CO
ot
ÜD
SÉANCE DU 1° JUILLET
lement connue ; il suffit de diviser le stade K en 3 étapes, K°, K°,
K°, en convenant que l'apparition d'une nouvelle poche bran-
chiale, la 4° pour K°, la 5° pour K°, la 6° pour K°, les caractérise.
Dans chaque étape, K', K°, K°, je signale successivement, par
ordre d'importance, après le nombre de poches branchiales visi-
Fig. B : r, seuil de la phase H®, (la queue à une longueur exceptionnelle pour
cette phase) ; 2, phase K$ ; 3, aspect de la partie postérieure de l’embryon
\
n° 2 sur le vivant ; 4, seuil du stade L de Balfour.
bles, le nombre des poches branchiales cuvertes (fentes), l'aspect
de la capsule auditive, celui des narines, de la bouche, de l’en-
—…céphale et du 4° ventricule, le degré de la flexion crânienne, la
« place et la forme du pédicule, du cloaque, la longueur relative
… de la queue, l'apparition des membres, le nombre de myotomes,
IMNelC., etc...
| I. Caractères anatomiques. — 1° Phase K' (fig. À, 1, 2;
m fig. C, 1). Caractère fondamental : 4 poches branchiales visibles
-par transparence. Caractères accessoires : la 2° poche branchiale
ms ouvre dans la 2° moitié de l'étape et, tout à la fin de la phase, le
ln haut de la 1*° se perfore ; la capsule auditive largement ouverte
994 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
au début ne l’est plus à la fin que par un pertuis central ; un
placode olfactif est seul apparent au début (A, 1), mais un sillon
est visible à la fin de l'étape (A, 2); la bouche se perce dans la
2° moitié (G, 1) de K° au niveau de la partie la plus reculée et la
plus étroite de l’espace intermaxillaire, à l'endroit où l'arc maxil-
laire se coude en dehors et en haut ; la flexion crânienne se pro-
nonce ; le pédicule large au début, flanqué latéralement de sacs
cœlomiques extra-embryonnaires considérables, se rétrécit peu
à peu. L’embryon 1 de la figure À, fixé au formol à 10 p. 100,
Fig. C : 1, face ventrale de la tête du n° 2 fig. À ; :, face ventrale de Ja tête
du n° r fig. B ; 3, face ventrale de la tête du n° 4 fig. B.
est long de 5,45 mm.; les longueurs relatives des divers segments
sont, en mm.: région céphalique et occipitale 1,75 ; région pédi-
culaire 1,50 ; cloaque 0,25 ; queue 0,95 ;: le rapport de la lon-
gueur totale à celle du segment postpédiculaire donne 2,48 ; on
compte environ 43 myotomes post-auriculaires. Chez le n° 2 de |
la figure À, ce nombre est porté à 48.
2% Phase Ke A3 ho Br; dis C2) Caractère tone à
damental : 5 poches branchiales. Caractères accessoires : la 1° M
et la 3° poches s'ouvrent ; la capsule auditive se ferme dès le dé- 1
but de la phase, s’élargit, devient moins saiilante et recule légè- 1
rement ; on voit naître et grandir son canal endolymphatique ; M
l’ouverture buccale s'étend et prend un aspect losangique; la ‘|
flexion cränienne s’accentue ; le mésencéphale est toujours la
+
partie de la tête la plus saillante en avant. Le 4° ventricule, vu
par dessus (fig. À, 3), présente sa plus grande largeur au niveau
des neuromères du trijumeau ; en avant. le neuromère cérébel-
Jeux est très net ; en dedans de l'oreille se voit aussi très nette-
ment un neuromère acoustique et derrière celui du glosso-pha-
En A GT ET Jr ED
SÉANCE DU 1° JUILLET 1 325
ryngien, un 7° neuromère rhombencéphalique est apparent, celui
de la X° paire. Le pédicule se rétrécit ; la longueur du segment
postpédiculaire augmente ; la queue arrive à égaler la région
postpédiculaire du tronc. Les membres antérieurs et postérieurs
apparaissent. À la fin de l’étape, on compte environ 58 myotomes
postauriculaires.
3° Phase K° (fig. B, 2, 3 et 4 ; fig. C, 3). Caractère fondamen-
tal : 5 poches branchiales. Caractères accessoires : la 4° poche
_-branchiale s'ouvre dès la fin de la phase K° (B, 1), mais elle n’est
vraiment à l’état de fente qu'à K° ; la 5° poche est légèrement
ouverte à mi-hauteur chez l'embryon 4 de la fig. B. qui figure
le seuil du stade L de Balfour : les filaments branchiaux s’ébau-
chent (B, 2 et 4); les narines forment maintenant une rainure
-courbe très accusée de chaque côté du cerveau antérieur, La bouche
(G, 3) est une ouverture allongée dans le sens axial dont les bords
maxillaires presque parallèles antérieurement sont réunis à angle
aigu à leur partie postérieure ; la tète se défléchit ; le pédicule
vitellin s’allonge et devient plus étroit ; les sacs cœlomiques ne
gardent un peu d’ampleur“qu’au contâct même du vitellus
(B, 2, 4). Pendant tout le stade K, la queue est recourbée en crosse
(A, 5 ; B, 3); au seuil du stade L elle se redresse et vient dans le
prolongement du tronc ; elle est alors plus longue que le segment
post-pédiculaire du trone., Le nombre des myotomes postauricu-
laires est de 75 environ à la fin de l'étape K*.
II. Durée relative des étapes suivant la température. Le stade K
‘commence { jours environ après l'apparition des premiers mou-
:vements, à la température de 18°; il dure en tout 11 à 12 jours
‘à 18°, 8 jours et demi à 19°5. La durée relative de chacune de ses
phases à r9°, est de 1 jour et demi pour K', 5 jours pour K?,
2 jours pour K°. Ainsi l’étape K° est la plus longue ; elle dure à
peu près le même temps que celui qui s'écoule depuis le début
du mouvement aneural jusqu à elle.
INT. Caractères physiologiques. Le stade K est celui de la liaison
neuro-musculaire., Dans la seconde période du stade T (1), cha-
que moitié droite ou gauche de la moelle agit séparément sur la
‘bande musculaire, droite ou gauche, qui lui correspond. Au
‘stade K, l'unité nerveuse se réalise et la coordination des deux
mouvements D et G s'effectue. Pendant la phase K° ont lieu dans
l'exécution des mouvements locomoteurs les phénomènes de sub-
‘stitution de la direction nerveuse à l’action musculaire aneurale.
Pendant l'étape K°, les centres nerveux dominent la scène d'une
manière définitive par leurs deux propriétés fondamentales, celle
(x) Sur l'existence d’un dualisme nerveux transitoire au début de la liaison
neuro-musculaire des Sélaciens. C. R. de l'Acad. des se., &. CEXXTIT, p. 171.
390 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
:
2 Aa ER D RE SR A Se SN US
d'excitation coordonnée qui détermine un balancement égal et
régulier d’un côté à l’autre, celle d'inhibition qui provoque des
arrêts ; à la phase K° surviennent les réflexes et la mise en jeu de
centres nouveaux d'association dont l’action complique les mou-
vements et les rend irréguliers.
RECHERCHES. EXPÉRIMENTALES SUR LA PERMÉABILITÉ DES CELLULES
AUX IONS. SCHÈME PHYSICO-CHIMIQUE DE LA PERMÉABILITÉ
SÉLECTIVE,
par P. GirarD et W. MESTREZAT.
Nous avons démontré dans de précédents notes (1) la propriété
remarquable qu'offre un tissu vivant.(la cornée en l'espèce) sé-
parant deux milieux électrolytiques de ne point laisser diffuser
dans un temps donné d'un milivwvers l’autre, en proportions
chimiquement équivalentes les deux ions d'un électrol“te dis-
sociIé.
Mais il reste à comprendre le mécanisme de cette perméabilité
sélective d’une paroi vivante qui semble faire un choix parnsi les
anions et les cations offerts par le milieu (2).
Devant l'impossibilité de rattacher aux seules dimensions des
interstices micellaires des parois protoplasmiques l'explication de
ce « tri » sélectif ( la théorie de L'« Atomsiebe » de Traube avant
depuis longtemps fait faillite), il était naturel de songer à finter-
vention de facteurs électrostatiques.
Or, on sait que lorsqu'on étudie le comportement d'une cel-
lule vivante autonome en suspension dans un milieu conducteur
et soumise à l’action d'un champ électrique, on voit cette cel-
lule se déplacer vers un pôle ; tout se passe comme si, dans une
mince couche liquide adhérente à sa paroi se condensaient des
charges électriques d'un signe donné auxquelles font vis-à-vis un
nombre égal de charges d'un signe inverse.
De recherches sur les globules rouges résultait déjà l'indication
d'une relation certaine entre le signe et la densité des charges
accumulées au voisinage de la paroi globulaire (qu'il est facile
de faire varier par l'introduction d'ions appropriés dans le milieu
(x) Voir C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, pp. 69, 144, 225.
(2) La théorie de Donnau, comme nous le montrerons ultérieurement tire
de cette hémiperméabilité ionique, d'importantes conséquences que com-
mandent les lois de l'équilibre électrique. mais elle ne fournit pas d'explica-
lion de cette hémiperméabilité.
SÉANCE DU À JUIZLET 397
de suspension) et la perméabilité de cette paroi pour un ion
donné, le Cl.
Mais au cours de l’expérimentation in vivo le nombre de de-
grés de liberté nécessaires, devient vite insuffisant. La seule mé-
thode féconde, capable de conduire à des vues explicatives, con-
siste alors à rechercher in, vitro, en utilisant des septums inertes,
les conditions physico-chimiques permettant d'obtenir ces mêé-
mes effets de perméabilité sélective vis-à-vis des ions du milieu.
Or, on peut provoquer au niveau des faces d’un septum inerte
(en baudruche par exemple), séparant deux solutions électrolv-
tiques, des condensations d'ions très analogues à celles dont sont
le siège des parois cellulaires. Il suffit que dans l’un de ces deux
solutions la valeur du Pn s’écarte de celle correspondant à la
neutralité. Dans ces conditions, comme l’a montré l’un de nous,
le septum devient le siège d'un état de polarisation (sans source
électrique extérieure au système) qu'il est facile de déceler en
déterminant les valeurs successives de la différence de potentiel
du couple liquide constitué par les deux solutions lorsqu'on les
réunit d’abord par un siphon, puis qu'on les cloisonne par une
membrane. La différence des valeurs des voltages mesure la po-
larisation du septum (1). Nous ninsisterons pas, la discussion
étant d'ordre purement physique, sur la représentation qu'on peut
se faire du mécanisme du phénomène. Nous dirons seulement
que si l’on envisage le septum comme constitué par un assem-
blage de tubes capillaires, tout se passe comme s’il s’accumulait
sur l’une des faces, à l’entrée de ces tubes, des ions H si la solu-
tion qui baigne cette face est acide, des ions OH si elle est alea-
line; cette accumulation étant d'autant plus dense que la lumière
des tubes est plus étroite. Sur l’autre face apparaîtra une conden-
sation symétrique d'ions de signe inverse. Nous sommes dès lors
conduits à nous demander quelle perturbation est susceptible d'ap-
porter dans le passage des ions d’un milieu vers l’autre cette con-
densation de charges au voisinage des faces d’un septum tout à
fait analogue à celle qu’on est conduit à supposer au voisinage
des parois des cellules vivantes quand on étudie leur déplacement
dans un champ électrique. :
(Laboratoire de chimie physique de la Sorbonne).
(x) C. R. de l’Acad. des sc., t. 151, p. 99, 1910. De la couche double le long
des parois des interstices capillaires du septum et de l'orientation de la diffé-
rence de potentiel existant entre ses deux faces, dépend aussi le sens de l’os-
mose, des solutions d’électrolytes ces osmoses pouvant être aussi bien négatives
que positives. Ainsi s’expliquaient les osmoses anormales si souvent observées
in vivo. Ces recherches ont été le point de départ d'importants travaux de
Freudlich, Bernstein, Dartell, Bartell et Hocker, et, récemment, de Jacques
Loeb, qui en ont étendu la portée sans modifier les caractères essentiels du
schème proposé.
398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ee
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA PERMÉABILITÉ
DES CELLULES AUX IONS. SCHÈME PHYSICO-CHIMIQUE
DE LA PERMÉABILITÉ SÉLECTIVE,
par PIERRE GirAR», W. MEsrREzAT et Li-Snou-Houa,
,
Nous avons indiqué les considérations qui nous ont conduits
à l'étude des vitesses de passage à travers un seplum inerte pola-
risé séparant deux milieux conducteurs, des anions et des cations
contenus dans l’un de ces milieux.
Pour la facilité de l'analyse chimique, nous avons simplifié de
la sorte le schème expérimental : un septum (en baudruche) sé-
parant de l’eau pure une solution d’un sel neutre acidifiée par
un acide dont le radical différait de l’anion du sel. Dans ces con-
ditions, un premier résultat devenait prévisible ; en effet, la
théorie de la diffusion vers l’eau pure d’un électrolyte dissocié,
telle que Nernst l’a formulée, fait intervenir dans le débit des
ions deux forces : leur pression osmotique et le champ que crée
leur inégale mobilité ; si à ce champ vient se surajouter le champ
additionnel correspondant à la polarisation du septum et dont
l'orientation peut être inverse de celle du champ électrostatique
de diffusion, il devient probable que les anions et les caticas du
sel ne diffuseront plus en proportion chimiquement équivalente,
et que le passage des cations par exemple soit rendu très difficile
par l'accumulation d’autres cations (ions H) à l'entrée des con-
duits capillaires. L'expérience non seulement vérifie ce point de
vue, mais révèle d’autres effets singulièrement suggestifs au
point de vue de la représentation que nous cherchons à nous faire
de la perméabilité sélective d'une paroi vivante.
Voici quelques données numériques parmi celles assez nom-
breuses que nous avons recueillies. Les quantités de substances
diffusées dans l’eau pure à travers le septum après 30 minutes
ou une heure sont exprimées en nombre d'ions-grammes par
litre. La différence de potentiel mesurant la polarisation du dia-
phragme restait toujours voisine de o volt, 030 : la chute de
potentiel allant de la solution vers l’eau pure ; + représente le
coefficient de dissociation du sel, & celui de l'acide.
BaCL2 + NO5H Bal? - NOSH MeCl-+NOSH Ba(NOs }? + CCISCOH
n n. n nm I 11 11 ul
TOMMNORS or O5 HO Ne (b4) 20 10
Al 00100 Cl = 0,0990 CI = 0.0080 NO3 = 0,0040
BAD 0012 % Ba — 0,0009. % Mg — 0,0012 .& Ba —o,0003
NO? — 0,0050 TI — 0,0067 NO' = 0,0000 CCPCO? = 0,902
/ / , ) £
HE 0 où = 00150 H = 0,0120 H = 0.005%
DO TOO 00 d'—0,70 à = oi DO) ON NU 10,00
SÉANCE DU 1% JUILLET 399
On voit que le nombre des ions Ba ou Mg diffusés (à quelque
anion qu’on les rapporte, ceux du sel ou ceux de l'acide) est tou-
jours extrêmement inférieur à°ce qu'exigerait l’équivalence chi-
mique ; ajoutons qu'il en serait de même, quoique les écarts
soient un peu moins marqués avec un cation monovalent comme
NH* de NH*CI. Tout se passe donc comme si les ions Ba, Mg ou
NH éïaient arrêtés dans la solution à l'entrée des canaux capil-
laires orientés de la solution vers l’eau pure. Ce résultat ne s’ob-
tiendrait plus du tout, si cette solution était neutre ; le septum
ne se polarisant plus, les anions et les cations du sel franchissent
alors celui-ci en proportions exactement équivalentes.
Mais l'obstacle apporté par cette polarisation au passage des
cations du sel ne saurait mettre en échec le principe de l’équili-
bration des charges. Comme les anions du sel aussi bien que ceux
de l’acide diffusent en excès par rapport aux Ba, au Mg et au
NH”, ce ne peut ©tre qu'avec des ions H que se rétablit l'équilibre.
Du point de vue chimique, tout doit alors se passer comme si
l'addition d’un sel de Ba ou de Mg à une solution d’un acide fort
accroissait notablement la diffusion des ions H à travers le sep-
tum. C'est ce que l'expérience vérifie très bien lorsque, toutes
choses égales d’ailleurs, on fait diffuser successivement à travers
le même septum, une solution d'un acide fort et la même solution
de cet acide (dont la dissociation reste la même) additionnée d’un
sel de Ba ou Mg.
Ainsi, à n’envisager que le passage des cations dans le milieu
de diffusion, la polarisation du septum qui ralentit le passage des
uns favorise le passage des autres ; ce sont les ions H+ plus mo-
Biles qui comblent le déficit des charges créé par l'accumulation
des cations dans la solution. Le septum polarisé se comporte en
somme comme un modificateur sélectif de la mobilité des cations.
Envisageons maintenant le passage des anions. Les conditions
de nos expériences étaient telles que les concentrations, les va-
lences et les mobilités étaient les mêmes pour les anions du sel
et les anions de l'acide (la mobilité de l’anion trichloracétique
«st un peu moindre que celle des autres anions). [l n°v avait donc,
4 priori, aucune raison d'ordre atomique ou électrostatique pour
que le passage des uns ou des autres se trouvât favorisé. Cepen-
dant, l'inégalité des débits fut un résultat constant de nos expé-
riences, ainsi qu'on peut le voir en se rapportant au tableau ci-
dessus.
Le nombre d’anions dont nous avons déterminé les vitesses re-
latives de passage est trop restreint pour que nous puissions nous
faire une opinion définitive sur les facteurs dont dépendent ces
vitesses dans les conditions de nos expériences. Il semble pour-
tant d’après elles, et si l’on compare les résultats relatifs au CI
360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
et à [, par exemple, que le facteur masse atomique n'intervient
que pour une part assez faible et que ce soit un facteur en quel-
que sorte morphologique, la complexité de l'ion, c’est-à-dire en
somme, le volume qu'il occupe qui conditionne ces écarts. La
comparaison de NO avec CE et F d'une part et avec CCI*CO*-
d'autre part est bien conforme à ce point de vue.
Ajoutons que ces différences dans les vitesses de passage des
différents anions (fonction de leur complexité) sont d'autant plus
grandes que les sections des pores à travers lesquelles ils s’enga-
gent sont petites. Les diamètres des pores d’une paroi en bau-
druche, tissu élastique très distendu, nous apparaissent énormes,
comparativement aux interstices intermicellaires des parois des
cellules vivantes dont les dimensions ne dépassent pas quelques
diamètres moléculaires. Les processus que nous observons dans
nos expériences ne sauraient donc être, au point de vue de l'effet
sélectif, qu'une imparfaite imitation de ce qui se passe in vivo
à la limite de séparation des parois cellulaires et du milieu qui
les baigne. Tels quels, ïls nous ont paru singulièrement sugges-
fifs.
Dans une prochaine note, nous verrons ce qui se passe quand
figure dans le milieu qui diffuse un nombre important de molé-
cules non dissociées.
(Laboratoire de chimie physique de la Sorbonne).
!
(35)
RÉUNION
DE LA SOCIÈTÉ BELGE DE BIOLOGIE
SEANCE DU 24 JUIN
Bessemans (A.) : Influence de
la concentration des sérums sur
leur formolgélification et sur
leur pouvoir formolgélifiant. In-
fluence de la température sur leur
formolgélification..............
BESSEMANS (A.) : Influence de
la dilution sur le pouvoir formol-
gélifiant des sérums.......
Borper (J.) et Cruca (M.) : Va-
riations d'énergie du principe
actif dans l’autolyse microbienne
transmissible ||". 0er 200.
Catrozis (E.) :
microbiennes .................
Depca (H.): Au sujet de la va-
leur antigénique de l’hémoglo-
IDE: STONE RSR
Dusnix (A.-P.): [Influence d’in-
jections intrapéritonéales répé-
tées de peptone sur l’allure de la
courherdesNeineses 22."
Fasry (P.): Autolyse micro-
bienne transmissible obtenue par
antagonisme microbien........
FrenericQ (H.): Action des
acides aminés sur le métabolisme
des organes isolés (cœur de Lapin
nourri arlificiellement)........
FrepenricQ (H.) : Vasodilatation
locale due aux acides aminés ; ac-
tion sur les vaisseaux du cœur...
GraTIA (A.) et DE Namur (M.) :
Individualité des principes lyti-
ques staphylococciques de prove-
nancestdifiérentess elec n ee
1922
SOMMAIRE
1
D
43
49
47
Heymans (C.): Le bleu de mé-
thylène, antagoniste des exci-
tants parasympathiques.…
JAUMAIN (D.) et MEULEMAN
(Mile M.) : Absorption du prin-
cipe lytique par les microbes
RUES RAS ET ne it ee a
MENDEL&&rFr (1 (Mlle P. ) : Concen-
tration en ions H et activité du
sérum anaphylatoxique de Bor-
0 EEE EURE RNA IRAN AO ECTRS es ea RES
MENDELEErF (Mlle P.):Oscilla-
tions des concentrations en ions
H du sérum de l'animal vacciné
en rapport avec son état d’ana-
DNA LE NET QUE IR RPE Et St
MENDELEErF (Mlle P.): Spéci-
ficité des phénomènes anaphy-
lactiques et concentrations en
TOnS HAE SÉRUMS ER RE PNUN
_Norr (P.): De l’autohémolyse
GRAINE MORE MR AE ARE
Roskam (J.) : Quelques faits
nouveaux concernant l’empla-
quettement des particules étran-
DORE A NN een ta
SUMNER (J.-B.) : À propos de la
purification des solutions de fibri-
nogène et de l’adsorplion du
cytozyme, du sérozyme ct de la
COMENT ETEME CNE AETEr I
Zunz (E.) : À propos del’ action
floculoagglutinante de cytozyme
et de la cylozymine vis-à-vis du
fibrinogène et du plasma.......
361
70
30
65
©1
D
5x
59
362 . RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE :36)
Présidence de M. H. Leboucq.
ABSORPTION DU PRINCIPE LYTIQUE PAR LES MICROBES TUÉS.
Note de D. Jaumax et Mile M. MEULEMAN,
présentée par J. Borper.
On sait que les Bactéries tuées ne subissent nullement l’action
lytique du principe dit Bactériophage. Il nous a paru intéressant
de rechercher si le contact avec des microbes tués ne modifierait.
pas l’activité d’un liquide lytique. Les résultats que nous comp-
tons consigner dans cette note sont acquis depuis mars dernier ;
nos expériences ont été répétées au début de ce mois et ont donné
lieu aux mêmes constatations. Au moment de rédiger cette com-
munication, nous avons eu connaissance d'un travail de Da Costa
Cruz (1) publié au Brésil sur la même question ; nous confirmons
entièrement, en les amplifiant d’ailleurs, les observations de cet
auteur. |
Nous avons expérimenté simultanément le principe lytique
coli et le principe Ivtique staphylocoque ; les résultats obtenus
étant superposables, « mutatis mulandis », nous nous bornerons
à relater, avec quelques détails, les faits concernant le principe
lÿtique Staphylocoque.
Nous avons déterminé d’abord, par la méthode des dilutions
en bouillon, la teneur en principe actif de notre liquide lytique,
et nous avons trouvé que la dilution la plus étendue encore ac-
tive est la dilution au millionième. Du bouillon lytique originel
on distribue 5 c.c. dans chacun des tubes À, B et C ; au tube A.
on ajoute 10 gouttes de bouillon ; au tube B, ro gouttes d'une
émulsion en bouillon de B. coli tué par séjour d’une heure à 60°
(1/20 d’une culture sur gélose inclinée); le tube C reçoit ro gout-
tes d’une émulsion de Staphylocoque tué. Les trois tubes sont
scellés et le contact s'opère pendant trois jours au thermostat.
On prépare ensuite en tubes de bouillon des dilutions de ro em
10 fois plus étendues des liquides Ivtiques À, B et C, jusqu’à la
dilution 107. Chaque tube est ensemencé avec une goutte d’une
culture fraîche en bouillon du Staphylocoque correspondant.
Dans ces conditions, on constate que le liquide Ivtique qui a été
en contact avec le Staphylocoque tué est devenu 1.000 fois moins
(x) Da Costa Cruz. Sur la lyse microbienne transmissible (Travail de l’insti-
tut Oswaldo Cruz, 1922.)
De 7
(31) SÉANCE DU 24 JUIN 363
actif que le liquide lytique pur ou que celui qui a été en contact
avec le B. coli tué et, d’autre part, que ces deux derniers liquides
n'ont rien perdu du pouvoir initial. En effet, une première lec-
ture des résultats (6 heures à 37°) montre une inhibition totale
dans les trois tubes contenant les premières dilutions des liqui-
des À (pur) et B (liquide lytique et B. coli tué) ; les autres tubes
de ces deux séries et tous les tubes de la série CG (liquide Iytique
et Staphylocoque tué) sont à ce moment aussi troubles que le
témoin. Le lendemain (22 heures à 37°) on constate que tous les
tubes des séries À et B sont limpides jusqu’à la dilution 10" in-
clusivement ; ro” ne présente aucune trace de lyse. Quant à la
série C, contenant les dilutions du principe qui a subi le contact
du Staphylocoque tué, on y trouve seulement les trois premiers
tubes clairs, les autres ne montrent aucune trace de clarification.
Les tubes sont laissés 48 heures à la température ordinaire ; au-
cune modification n'apparaît dans leur aspect.
On réunit alors les tubes 4, 5, 6 et 7 de chaque série et on les
filtre sur trois bougies Chamberland L3, on obtient ainsi les fil-
trats À’, B’ et C’. Nous observons que dans les filtrats A’ et B’ le
principe Iytique s’est régénéré dans son intégralité et que sa di-
lution limite active est ro° comme pour le principe initial :
contraire, le filtrat ©’ ne montre aucun pouvoir Iytique. On doit
donc admettre qu'il y a eu absorption de principe actif par les
microbes tués homologues et que cette action est spécifique
quand on envisage des microbes aussi distants l’un de l’autre
que le B. coli et le Staphylocoque. Telles sont aussi les conclu-
sions de Da Costa Cruz.
Mais cette spécificité est, chose remarquable, beaucoup plus
stricte encore : nous avons pu constater, en effet, aussi bien
pour des liquides [ytiques coli que pour des liquides Ivtiques Sta-
phylocoque, que le contact avec les microbes tués ne détermine
une dégradation du principe actif homologue que si ces microbes
appartiennent à une souche sensible au principe.
On sait qu'il existe des souches de B. coli réfractaires au prin-
cipe coli comme des Staphvlocoques invulnérables à l’action du
principe Staphylocoque : or, le contact avec ces microbes réfrac-
taires tués ne diminue pas la teneur en principe actif d’un bouil-
lon lytique.
L'absorption du principe actif par les microbes homologues
tués peut d’ailleurs être totale, ainsi que nous l'avons observé
dans le cas d’un liquide lytique Staphylocoque qui, chauffé à 58°,
était atténué et dont l’activité ne s’étendait pas au delà de la dilu-
tion 10°. Après contact avec des Staphylocoques tués, ce liquide
avait perdu tout pouvoir lysogène.
Sans avoir la prétention d'apporter un argument décisif con-
364 RÉUNION DE LA SOCIÈTÉ BELGE DE BIOLOGIE (38)
tre la théorie parasitaire du Bactériophage, nous croyons que les
faits rapportés ici se concilient assez difficilement avec l'idée
qu'un virus, incapable de détruire des microbes tués, contracte
cependant avec eux une union tellement intime qu'il lui est im-
possible de s’en libérer, mème, lorsque, ultérieurement, on met
à sa disposition les Bactéries vivantes nécessaires à sa nutrition
et à sa reproduction. D'autre part, on conçoit très aisément qu'un
principe résultant de l’activité vitale d’un microbe possède des
affinités puissantes pour les microbes homologues, même tués.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
INDIVIDUALITÉ DES PRINCIPES LYTIQUES STAPHYLOCOCCIQUES
DE PROVENANCES DIFFÉRENTES,
par ANDRÉ GRATIA et MARCEL DE Namur.
Ainsi que l'un d'entre nous l’a signalé à la suite de la récente
communication de Bruynoghe et Appelmans (1) sur les Bacté-
riophages typhiques de diverses origines, nous poursuivons
l'étude de principes INtiques staphylococciques issus de quatre
origines différentes, à savoir, de, deux échantillons de Iymphe
vaccinale, d’un exsudat leucocytaire de Cobaye et d’un abcès
sous-cutané de l'Homme. Ces quatre principes Ivtiques jouissent
de caractères propres qui permettent de les distinguer nettement
les uns des autres. ;
Prenons, comme exemple, les deux premiers, isolés, l’un en
janvier 1921, de la pulpe vaccinale de New-York, l’autre, en sep-
tembre 1921, de la pulpe vaccinale de Bruxelles. Le premier fut
entretenu dans la suite, par un très grand nombre de passages,
sur une couche de Staphylocoque doré pyogène que nous dési-
gnons par la lettre H ; l’autre a été maintenu par passage sur le
Staphylocoque blane V, isolé de la pulpe vaccinale même dont
ce principe lytique provenait. A l’aide de ces deux principes dif-
férents (B.H. et B.V.), nous avons préparé deux sérums antily-
tiques correspondants (S A H et S A V).
Le principe lytique B.H. a un champ d'action très étendu : il
s’est révélé actif d'emblée sur un très grand nombre de Staphy-
locoques très différents et notamment sur la souche V: mais son
action est relativement lente. Le principe B.V. agit, au contraire,
de façon intense et rapide, mais ne dissout guère que sa propre
souche et ne dissout pas, notamment, la souche H. Bien que
(1) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 96.
(39) SÉANCE DU 24 JUIN 365
D Re A
présentant ces différences qualitatives nettes, ces deux principes
sont quantitativement équivalents et supportent également bien
la dilution, la dose limite encore active étant, pour tous les deux,
d'environ 10° à 10*.
Si l'on mélange chacun des deux principes avec un volume
égal, soit de sérum antilytique S A H, soit de sérum S À V, soit
de sérum normal, on constate que le sérum S À H neutralise de
façon complète et définitive le principe BH, mais n'exerce au-
cune action sur le principe B V, à moins que celui-ci ne soit no-
tablement dilué ; inversement, le sérum S A V ne neutralise
complètement que le principe B.V et n'opère qu'une neutralisa-
tion transitoire du principe B.H. Le sérum normal, enfin, in-
hibe de façon passagère le principe B.H pur et est sans action
appréciable sur le principe B.V, à moins que celui-ci ne soit
très dilué. Les sérums antilytiques et même le sérum normal
nous permettent donc encore de distinguer nos deux principes
staphylococciques.
Qu’arrive-t-il si, profitant de l’activité du principe B.H sur
la souche V, nous entretenons ce principe non plus sur le Sta-
phylocoque H, mais sur le Staphylocoque V. Après dix passages,
par exemple, il va de soi que les traces du principe B.H em-
ployées pour amorcer la lyse de la souche V, sont tellement di-
luées qu'elles sont devenues pratiquement inexistantes et tout le
principe obtenu,à ce moment, est entièrement du principe régé-
néré aux dépens du Staphylocoque V. Or, ce principe régénéré que
nous appellerons principe B.H.V, aura-t-il conservé les caractères
du principe originel B.H, ou bien la souche V lui aura-t-elle im-
primé les caractères du principes B.V ? C'est la première éven-
tualité qui se vérifie. Le principe B.H.V dissout toutes les sou-
ches que le principe B.H dissout et comme celui-ci, il se laisse
neutraliser entièrement par le sérum S A H, de façon transitoire
seulement par le sérum $ A V et est inhibé passagèrement pai
le sérum normal. Mieux encore, il nous reste un peu de prin-
cipe lytique de New-York tel qu'il avait été isolé et n'ayant pas
encore passé par la souche H. Or, après dix passages sur la sou-
che V qu'il dissout fort bien, il possède non pas les caractères
du B.V, mais bien ceux du B.H, alors qu'il n’a jamais été en
cantact avec le Staphylocoque H.
Tout comme Bruynoghe et Appelmans l'ont montré pour les
principes typhiques, nous constatons donc que les principes sta-
phylococciques de différentes provenances se reproduisent en
conservant leurs caractères d’origine, quelle que soit la souche
aux dépens de laquelle ils se régénèrent. Ce fait se concilie très
aisément avec l'hypothèse que le principe lytique est un être
vivant autonome et semble à première vue apporter à la théarie
Brococre. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 25
366 | RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE ((40)
du virus bactériophage un ‘argument sérieux. À wrai dire, «encare
‘üne fois, il s'explique tout aussi bien par la conception «de Bordet
et Giuca. Il se peut, en effet, que des principes différents capa-
bles d'attaquer une même souche microbienne mettent en jeu,
dans celle-ci, ‘des ‘éléments différents et déterminent ainsi, de sa
part, une réponse chaque fois différente et spécifique ayant pour
résultat la régénération d’un principe identique à celui qui agit.
Il appartiendra à des expériences ultérieures de décider laquelle
ai deux interprétations est exacte.
(sit Pasteur de Bruxelles).
VARIATIONS D'ÉNERGIE DU PRINCIPE ACTIF
DANS L'AUTOLYSE MICROBIENNE TRANSMISSIBLE,
par J. Borper et M. Cruca.
Nous avons montré dans une note antérieure que si l’on met
‘une dose très faible de liquide lytique, actif sur le B. coli, en
présence d’une quantité considérable de microbes de cette espèce,
le principe disparaît et ne peut plus être récupéré. On obtient
une culture d'aspect normal qui, chauffée ensuite à 58° n’inhibe
pas le développement du B. coli et ne manifeste aucun pouvoir
ÎJtique. Au contraire, si une dose identique réagit sur une quan-
tité modérée de Bacilles, le principe actif se reproduit avec tous
ses caractères. Nous en avons conclu que l'agent lytique, lorsqu'il
rencontre un nombre énorme de Bactéries, dissémine son in-.
fluence sur tant d'individus microbiens que chacuñ de ceux-ci,
trop faiblement impressionné, ne peut régénérer ce principe.
Ï est clair que l'expérience n'est pas favorable à la théorie du
virus.
Mais nous avons recueilli au cours de ces expériences une no-
tion sur laquelle nous croyons devoir attirer aujourd’hui l’atten-
tion. Pour que le principe puisse se reproduire, il faut, comme
nous venons de le rappeler, que le nombre de microbes ne soit
pas exagéré par rapport à la quantité de principe mis en jeu.
En d’autres termes, pour un nombre déterminé de microbes, il
existe une dose minimale de principe en-dessous de laquelle la
régénération est tout à fait impossible. Mais qu'arrivera- t-il si,
sur ce nombre donné de Bactéries, nous faisons agir une quantité
de principe très voisine de cette dose minimale ? En réalité, l’ex-
périence montre que, dans de telles conditions, c'est-à-dire pour
une proportion convenable de microbes et de principe, Ja régé-
HE R. de la Soc. de biol., janvier 1922, t. LXXXVI. p. 205.
(4) SÉANCE DU 24 JUIN 367
—————————_——@" TT
nération qui s'effectue peut aboutir, chose remarquable, à l’ap-
parition d’un principe qui n’est plus identique au principe ori-
ginel mis en œuvre, le principe nouveau obtenu en pareil cas
présentant cet intéressant caractère d'être beaucoup moins puis-
sant, de me plus provoquer qu’une lyse partielle et de ne plus
entraver aussi énergiquement la multiplication du B. coli. Et
cette activité moindre ne tient pas à ce que ce principe nouveau
s’est produit en moindre quantité. En effet, le liquide qui le re-
cèle agit encore semblablement, même lorsqu'il est extrême-
ment dilué : le principe faible en question supporte la dilution
aussi bien que le principe fort dont il dérive, mais il agit tou-
jours faiblement, qu’il soit dilué ou qu'il soit concentré.
De plus, comme le principe ordinaire, il peut se régénérer en
série par contact avec des Bactéries vivantes, mais il conserve
obstinément, tout en se reproduisant ainsi, ses caractères parti-
culiers, c’est-à-dire sa faible activité : il ne restitue pas le prin-
cipe primitif. S'il s'agissait d’un virus, on dirait qu’ il est atténué
et se maintient tel.
On l’obtient très facilement. I suffit d'introduire, dans une
série de tubes de bouillon, des quantités décroissantes de liquide
lytique, et d’ensemencer tous ces tubes d’une goutte de culture
fraîche en bouillon de B. coli. Nous savons que, partout où le
liquide lytique existe en quantité suffisante pour produire ses
effets d’une manière très nette, le principe se régénère avec ses
caractères habituels. Mais il convient de choisir le tube où l’en-
irave apportée à la multiplication microbienne et la lyse consé-
cutive, tout en étant perceptibles, ne sont pas très prononcées.
C’est ce qu'on trouve, par exemple, pour ce qui concerne Île tube
contenant 5 c.c. de bouillon et environ un vingt-millionième
de c.c. de liquide lytique. Au bout de quelques jours à l’étuve,
la culture modérément trouble obtenue est stérilisée à 58°. On
en introduit une ou plusieurs gouttes dans un nouveau tube de
bouillon qu’on ensemence de B. coli. On constate qu’il ne se
trouble pas en 2 ou 3 jours comme le ferait du bouillon sembla-
blement ensemencé mais ne renfermant pas de principe et qu'il
ne se maintient pas limpide pendant 2 où 3 jours comme ce serait
le cas s’il contenait une trace de principe ordinaire. En réalité, il
garde sa transparence pendant 8 ou 9 heures, Site se trouble for-
tement et dans la suite, la culture ne subit qu'une clarification
irès légère. Après quelques jours, on répète l'expérience en em-
ployant cette nouvelle culture chauffée à 58° et dont on introduit
une goutte dans du bouillon qu’on ensemence. Le résultat est le
même ; le principe se régénère tout en restant faible, ce caractère
se Perpéiue au cours des nombreux passages en série qu'on réalise
ensuite selon la même technique.
268 RÉUNION DE LA SOCIÉ1É BELGE DE BIOLOGIE (42)
Nous sommes donc en présence d’un modification vraiment
qualitative, et non quantitative, du principe lytique. En effet,
ce principe modifié agit encore, mais toujours faiblement, même
lorsqu'on le met en jeu à l’état de dilution extrême, la dilution
limite à laquelle ses effets se trahissent encore étant d’ailleurs
sensiblement égale à la dose minimale active du principe ordi-
naire dont Îla puissance pourtant est considérablement supé-
rieure. Une dissociation très nette apparaît donc entre la notion
de quantité et la notion d'activité. Tout en existant dans les di-
vers liquides en abondance très approximativement égale, le
principe peut se présenter sous des états différents caractérisés
chacun par un certain degré d'énergie. Au surplus, on peut ob-
tenir des intermédiaires entre un principe très faible et le prin-
cipe ordinaire très puissant. Le microbe qui, au bout de quelques
heures, parvient à se développer en présence du principe faible,
et qu’on isole ensuite, se montre désormais très résistant au
même principe faible : il pousse promptement en sa présence.
Mais il est encore nettement sensible au principe fort.
D'autre part, lorsqu'on dilue sur gélose la culture normale de
B. coli de façon à obtenir des colonies isolées, on trouve que la
grande majorité de celles-ci sont un peu bombées, et donnent
des cultures qui ressentent vivement l'effet du principe faible.
Mais il apparaît aussi quelques colonies très plates, s’étalant da-
vantage, troublant le bouillon un peu moins rapidement en s'y
agolutinant. Nous retrouvons ainsi les données établies notam-
ment par Arkwright sur la variabilité microbienne. Or, ces colo-
nies plates donnent des cultures qui résistent nettement mieux
que les autres à l'influence du principe faible.
Il est donc vraisemblable que lorsqu'on met la culture normale
en présence de liquide lytique extrêmement dilué, seuls les in-
dividus. microbiens les plus sensibles sont suffisamment impres-
sionnés pour régénérer le principe. Ils reproduisent alors un
principe capable d'attaquer des microbes de même type, mais
qui na guère d'action sur l’autre type microbien existant dans
la même culture. Ainsi s'explique sans doute l’apparition d’un
principe nouveau et d'activité relativement minime.
Ajoutons enfin que le principe faible donne lieu, d'une ma-
nière très frappante, à un phénomène constatable d’ailleurs aussi
lorsqu'on met en jeu le principe fort. Lorsque la dilution du
principe faible est très grande, le bouillon ensemencé, au lieu
de se maintenir assez longtemps limpide, se trouble pendant les
premières heures presque aussi promptement et fortement que
le témoin exempt de principe. Puis, à un moment donné, le
liquide se clarifie très brusquement pour se retroubler au bout
de quelque temps. Mais ce trouble, qui persiste, n’est d'habitude
EX AE NA
(4x) SÉANCE DU 24 JUIN 369
nn CURRENT
pas aussi prononcé que celui qu'on observe finalement dans un
bouillon additionné d’une forte dose de principe faible, et où
la multiplication n'a pu s'opérer très activement qu'au bout de
8 ou 9 heures. L'interprétation est sans doute la suivante. Lors-
que le principe n'’agit qu à dose très faible, les microbes sensi-
bles eux-mêmes peuvent se multiplier pendant un certain temps.
Mais l’altération que le principe leur a communiquée provoque
bientôt leur destruction. Ils libèrent alors du principe nouveau
en quantité très grande, et comme ils ont, d'autre part, sensible-
ment épuisé le milieu de culture, les microbes résistants, dont
le nombre était moindre dans la culture ensemencée, ne peu-
vent plus prospérer aussi bien. Au contraire, si le principe est
abondant, la multiplication de début des microbes sensibles est
beaucoup plus restreinte et les microbes résistants peuvent en-
suite proliférer davantage.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
AUTOLYSE MICROBIENNE TRANSMISSIBLE OBTENUE PAR ANTAGONISME
MICROBIEN.
Note de PAUL FaABry, présentée par E. Marvoz.
J'ai été amené à examiner 17 échantillons d'urines normales
ou pathologiques (1) pour y rechercher la présence du principe
Iytique.
Ces urines provenaient, soit de personnes normales (V), soit de
malades atteints de blennorragie (VIF), ou de prostatite chro-
nique (III), de néphrite chronique albuminurique (1), ou de tu-
berculose rénale (1). Dans une urine, provenant d’un malade
atteint de prostatite chronique, j’ai pu très facilement déceler
un principe lytique très actif vis-à-vis de diverses races de B.
coli : une goutte de cette urine, filtrée, lysait en 24 heures une
suspension de B. coli dans ro c.c. de bouillon : de même, on
observait, sur gélose inclinée, une absence complète de culture
à l'endroit où on avait déposé une goutte de cette urine immé-
diatement, ou quelques minutes après l’'ensemencement. : la
lyse était indéfiniment transmissible. Il s'agissait donc bien là
du phénomène de d'Herelle. Or, cette urine lysante, fraîchement
émise, contenait du Staphylocoque blanc (sans aucune trace de
colibacille) et, avec les précautions d’asepsie nécessaires, il était
(x) Les urines qui ont été examinées pour ce travail proviennent en grande
partie du Service d’Urologie de l’Université. Je tiens ici à remercier M. le pro’
A. Hogge.
310 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIF (44)
très aisé de le recueillir en culture pure, par un léger massage
de la prostate. |
Ayant exécuté ces expériences au moment où M. Lisbonne et
L. Carrère (x) faisaient paraître le résultat de leurs expériences
sur l’antagonisme microbien et la lyse transmissible du Bacille
de Shiga, j'ai pensé que, peut-être l’antagonisme entre le Sta-
phylocoque et le colibacille produisait le principe lytique déce-
lable dans l’urine du malade. Pour vérifier cette hypothèse, j'ai
institué des expériences comparables à celles de Lisbonne et
Carrère.
Dans 10 c.c. de bouillon, j’ensemence le premier jour un B.
coli et après cinq jours, j y ajoute r c.c. d’une émulsion jeune
du Staphylocoque blanc isolé de la goutte prostatique du malade
en question. Après 48 heures, filtration sur bougie Berkefeld :
le liquide ainsi obtenu est ensemencé de B. coli et filtré après
24 heures, puis, nouveau réensemencement, et ainsi de suite :
après le quatrième passage, la lyse transmissible est définitive-
ment obtenue. Une goutte de filtrat, ajoutée à une suspension
du B. coli qui a servi à l'expérience initiale, lyse ce dernier en
24 heures. Cette lyse est transmissible et est démontrable aussi
sur gélose. Ce filtrat lysant est très actif également vis-à-vis du
Bacille de Shiga, moins actif vis-à-vis d’autres B. coli; mais,
par passages successifs, ceux-ci se lysent également. Le Staphy-
locoque blanc n’a pas pu être lysé par ce filtrat. J'ai, de plus,
institué deux expériences de contrôle, dans le but de démontrer
- que le Staphylocoque blanc et le B. coli, qui ont servi à l’expé-
rience, n'étaient pas lysants par eux-mêmes. Pour cela, une cul-
ture de cinq jours en bouillon de ce Staphylocoque et une autre
culture du même âge du B. coli, étaient filtrées sur bougie. Ces
filtrats n’ont jamais provoqué la lyse, même après 12 jours de
passages.
Il semble donc bien, d’après ces expériences, que la Iyse ap-
paraît, conformément aux expériences de Lisbonne et Carrère,
par l’antagonisme entre les deux microbes. Il semble même
qu'in vivo il en soit ainsi puisque j'ai, en somme, reproduit in
vitro ce qui a dû se passer, dans les conduits urinaires du malade,
entre le Staphylocoque isolé de sa prostate et les B. coli qui ont
pu se trouver en contact avec lui, puisqu'il y avait dans cette
urine un Staphylocoque et un principe lysant le colibacille.
L'absence totale de lyse, même après 12 passages, par les filtrats
de culture pure du Staphylocoque où du B. coli semble devoir
faire écarter l’idée d’un principe lytique qui serait contenu « a
priori » dans ka substance microbienne, ou celle d’un virus fil-
(1) C. R. de la Soc. biol., t. LXXXVI, 1922, p. 569.
(45) SÉANCE DU 24 JUIN A ©
_irant qui les parasiterait, En effet, ee. virus devrait passer dans
le liquide de filtration, et se révéler par une lyse microbienne.
Seule reste l’hypothèse: que le: virus filtrant serait. mis en liberté
par som hôte lors de l’apparition du microbe lysable,
(Laboratoire de bactériologie de l'Université de Liège.
INFLUENCE D'INJECTIONS INTRAPÉREFONÉALES RÉPBÉTÉES DE PEPTONE
SUR L’ALLURE DE LA COURBE DES CINÈSES,
par A.-P. DusrTin.
Dans une série de notes précédentes, nous avons montré quels
“étaient les caractères de l’onde cinétique provoquée, clrez la Souris
blanche, par injection intrapéritonéale aseptique de sérum étran-
ger, de peptone, de sérine, de CO°?-globuline;, etc.
Ces expériences établissent des faits nouveaux et soulèvent des
problèmes du plus haut intérêt. Qu’adviendrait-il notamment
chez des animaux soumis à des injections répétées d’albumines
‘étrangères P Verra-t-on, à chaque injection, succéder une onde
cinétique ayant les caractères de durée et d’intensité de l’onde
déclenchée par une injection unique ? Ou bien, au contraire,
-assistera-t-on. à l'établissement d’une phase d’accoutumance que
l’on pourrait interpréter, ou comme un signe d’épuisement des
capacités réactionnelles cinétiques de l’organisme, ou, au con-
traire, comme la. preuve de l'établissement d’une sorte d’immu-
nité,. nous dirions volontiers de. « cinéphylaxie »?
Dans le. but d’élucider cette question, nous avons réalisé l’ex-
périence suivante. Des Souris blanches ont reçu, tous les quatre
jours, une injection intrapéritonéale aseptique de 1,5. c.c. d’une
solution de peptone. Poulenc à 5: p. 100. Tous les quatre jours
les réactions, cinétiques étaient examinées. L'expérience a duré
ho jours, les dernières Souris ayant par conséquent reçu 9 in-
_jections.
Les: réactions immédiates à l'injection ne:se sont guère modi-
fiées, comme! caractères ou comme intensité au cours de l’expé-
rience.
En voici les résultats :
1° Comme dans les expériences précédentes, le nombre des
-cinèses est toujours beaucoup plus élevé dans le thymus que dans
la rate, les plaques de Peyer, les ganglions lymphatiques.
Exemple : 4 jours après la première injection
312 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (46)
150 mitoses par 20 champs thymiques.
72 mitoses par 20 champs ganglionnaires.
67 mitoses par 20 champs spléniques.
58 mitoses par 20 champs de DES | de Peyer.
h jours après la 4° injection :
ho mitoses par 20 champs thymiques.
12 mitoses par 20 champs ganglionnaires.
24 mitoses par 20 champs spléniques.
21 mitoses par 20 champs de plaques de Peyer.
Dans son ensemble, la courbe des cinèses subit une des-
di continue du 4° au 4o° jours. Quatre jours après la neu-
vième injection, ie chiffres de mitoses sont revenus au voisi-
nage de la normale.
3° Les modifications du nombre des cinèses suivent des cour-
bes très sensiblement parallèles dans les divers organes exami-
nés.
Comment convient-il d'interpréter ces résultats ?
La diminution du nombre des mitoses peut être due, comme
nous le disions plus haut, ou à un épuisement de la capacité ci-
nétique des tissus, ou à l’apparition d'un phénomène de régula-
tion. Le mécanisme intime de cette régulation peut résider ou
bien dans une insensibilité acquise des cellules aux substances,
ou mieux au mécanisme humoral, qui, lors des premières injec-
tions déclenchait l’onde de cinèse ; ou bien, au contraire, dans
n phénomène de dégénérescence piCRoqus rapide et préma-
turé des cellules en voie de division.
C’est ce que nos recherches ultérieures en
Pour faire le départ entre les phénomènes d’épuisement ciné-
tique et les phénomènes de cinéphylaxie, nous réaliserons l’expé-
rience suivante : des Souris recevront, comme au cours des re-
cherches dont nous relatons les résultats aujourd’hui, une di-
zaine d’injections de peptone. À jours après la dernière injection,
les animaux recevront une dose d’un autre albuminoïde, du
sérum humain, par exemple. En cas d’épuisement cinétique sim-
ple, la courbe des mitoses ne remontera guère ; s’il s’agit, au
contraire, d’un phénomène d'immunité ou d’accoutumance spé-
cifique pour une substance donnée, nous pouvons nous attendre
à voir une nouvelle onde de cinèses se produire. Dans une pro-
chaine communication nous espérons pouvoir vous faire _con-
naître le résultat de ces nouvelles recherches.
(47) SÉANCE DU 24 JUIN 373
VASODILATATION LOCALE DUE AUX ACIDES AMINÉS
ACTION SUR LES VAISSEAUX DU COUR,
par HENRI FREDERICQ.
L'étude de l’action des acides aminés sur la pression artérielle
a conduit, jusqu'à présent, à des conclusions contradictoires : on
a signalé successivement une action insignifiante (Gautrelet) (x),
une hypertension chez la Tortue (Lussana) (2), une hypertension
suivie d’une hypotension chez le Lapin (Lussana) (3).
J'ai entrepris une série d’expériences pour étudier l’action
locale des acides aminés sur la paroi vasculaire, et j'ai fait porter
mes premières recherches sur le système des vaisseaux coro-
naires.
Le cœur isolé d'un Lapin est irrigué artificiellement par la
méthode de Langendorff, et reçoit alternativement, sous une
pression invariable, le liquide de Locke pur et du liquide de
Locke dans lequel on a dissous un acide aminé déterminé. On
jauge, minute par minute, le débit du système coronaire dans
l'un et l’autre cas. Dans la presque totalité des expériences, on
observe alors, pendant le passage des solutions d'acides aminés,
une dilatation énorme des vaisseaux de la paroi du cœur. Lus-
sana avait remarqué également que ces substances exercent une
action dilatatrice sur les capillaires du rein isolé du Lapin.
On a eu soin de s'assurer au préalable que le liquide de
Locke + acide aminé présente, comme le liquide de Locke pur,
une réaction située du « côté alcalin de la neutralité » (afin d’éli-
miner l’action vasodilatatrice d’un liquide éventuellement acide).
Voici les résultats de 4 expériences, particulièrement démons-
tratives, pratiquées avec des produits de la maison Hoffmann-
La Roche, de Bâle.
À. Glycocolle (expérience du 29 mai 1922). Débit du cœur en
ét par minute.
a)Biquide de Locke pur : 7,5; 9.5; 7,2; 6,8; 6,5; 6,7.
b) Liquide de Locke + glycocolle à 2 p. 100 : 13,7; 9,2; 9,2;
9,6: 9,6; 9,6; 9,4. |
cMiqiderderLocke pur: .4215/2:16,3:16:5:6,9:16: 5,b515,5:
D,DE PENDU UE
B. Alanine (expérience du 12 juin 1922). Débit du cœur en c.c.
par minute :
ojiliquide de Locke pur: 5: 4,6:04,5.
(x) Gautrelet. C. R. de la Soc. de biol., 1917, t. LXX, p. 240.
(2) Lussana, Arch. intern. physiol., 1912, t. XII, p: 142.
(3) Lussana. Archivio di fisiol., 1911, t. IX, p. 307.
374 RÉUNION DE LA SOGIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (48)
b) Liquide de Locke + d-alanine à 1,13 p. 100 : 12,5; 8,3; 7,8;
8,2; 8; 7:75 7595 85 7:75 85 7:75 0; 7,95 8,1.
c) Liquide de Kocke pur : 7% 6,6, 5,8; 57 4,4; 4,1: 3,9; 3,6:
DATE 3,0 OU NO DEMO NO DAS AS SE
Dans une autre expérience, la forte vasodilatation initiale due
à l’alanine, ne s’est pas maintenue et semble avoir fait place,
dans la suite, à un certain degré de spasme vasculaire.
C. Leucine (expérience du 13 mai 1922). Débit du cœur en
c.c. par minute :
a) Liquide de Locke pur : 6; 5,7; 5,2.
b) Liquide de Locke+l-leucine à 1 p. ro0 : 8,2; 8,4; 8,4;
872 8,2; TO be 00: CON
c)\ Eruide dé) Evceke! pur, ‘Pet 50 a bre tant
8,8; 4,7; 4,5; 4,2; 4,2; 4.
Dans une expérience, il s'est produit, non une augmentation,
mais une réduction du débit pendant le passage d’une solution
de leucine. Il n’est pas impossible que cette vasoconstriction ne
doive être mise sur le compte d’une alcalinité exagérée de la
solution de leucine employée dans cette expérience.
D: Phénylalanine (expérience du 14 juin ro22). Débit du cœur
en €.c. par minute :
a) Liquide de Locke pur : 7,3; 6,3; 6; 6.
b) Liquide de Locke+ dl-phénylalanine à r p. 100 : 18,5;
20107 2000 DO De D MO DT ur |
c)Lidtatte\delEocke punto er 25m Sen E uo 0
9575 89; 7:95 7:93; 6,6, 6,1; 5,85 5,55 5,3, 5,2: 51; 4,75 7: LS;
On pourrait être tenté de rapporter l’augmentation du débit
coronaire dü aux acides aminés, non à une vasodilatation locale,
mais à ce réveil de l’énergie des contractions cardiaques que Lus-
sana a observé pendant le passage de certains acides aminés à
travers des cœurs affaiblis. J’ai retrouvé cette augmentation
d'énergie dans la plupart de mes expérientes ; maïs un examen
comparatif de la hauteur des tracés de la contraction mécanique
et du débit correspondant, montre qu’il n'existe pas de relation
nécessaire entre ces deux ordres de valeurs. De plus, l’action de
la dl-phénylalanine est très différente de celle des autres acides
aminés employés : au lieu de renforcer les contractions, elle les
affaiblit très fortement, et cependant, c'est l’amino-acide dont
l’action sur le débit est le plus accentuée.
Conclusions. Le débit des vaisseaux coronaires d’un cœur isolé
de Lapin augmente considérablement si on ajoute du glycocolle,
de la d-alanine, de la I-leucine, de la di-phénylalanine au li-
quide de Locke qui sert à l’alimenter. Les trois premiers amino-
acides cités renforcent, en général l’émergie des contractions ;
(49) SÉANCE DU 24 JUIN 315
le dernier les affaiblit considérablement. L'augmentation du dé-
bit coronaire doit être rapportée à une action dilatatrice locale
sur les vaisseaux sanguins. ;
(Institut Léon Fredericq. Physiologie, Liège).
ACTION DES ACIDES AMINÉS SUR. LE! MÉTABOLISME DES ORGANES ISOLÉS
(cœur DE LAPIN NOURRI ARTIFICIELLEMENT),
par HENRI FREDERIC.
Le. problème de la fixation des acides aminés par les tissus
vivanis. a été abordé en général au moyen d'expériences exécutées
sur l’animal in toto. Pour arriver à le résoudre, il peut cependant
paraître avantageux de s'adresser à des organes isolés. Les re-
cherches de Buglia (1) l’ont amené à conclure que les acides
aminés ne sont pas fixés par le cœur isolé du Lapin ou du Chat,
‘et que, si ce cœur abandonne à la solution nutritive plus d'azote
titrable au formol qu'il n’en reçoit, la présence de l'acide aminé
dans, la solution n’a aucune part dans la production de ce phé-
nomène. qui se montrerait avec la même netteté, qu'il soit fait
usage de Ringer pur ou de Ringer +acide aminé.
J'ai entrepris une série. d'expériences sur le cœur isolé. du La-
pin en suivant une technique différente de celle du Buglia : elles
m'ont conduit à des conclusions opposées aux siennes.
Un. cœur isolé de Lapin est nourri artificiéHlement par la: mé-
thode de Langendorff. On peut. à volonté l’alimenter au moyen
de liquide de Locke pur ou au moyen de liquide de Locke: qui: a
dissous du glycocolle, de la d-alanine, de la l-leucine, ou de la
-dl-phénylalanine (2). Minute par minute on recueille, dans une
série. de tubes gradués, la quantité de liquide de Locke pur ou
« amino-acidifié » qui a traversé le cœur. On titre l’acidité (à la
phénolphtaléine) et Ia teneur en acide aminé (au formol) des
liquides qui vont circuler ou a ont cireulé à travers les: vais-
seaux coronaires.
On aboutit aux résultats. dois Û
a) Le passage du liquide de Locke pur à travers le cœur ne mo-
difie pas la réaction de ce liquide qui, après comme avant, reste
située « du côté alcalin de la neutralité ».
b) Dans 13 expériences sur 18, au contraire, le liquide de
Locke +acide aminé (neutre ou faiblement alcalim avant tout
passage à travers le cœur) présentait un degré appréciable d’aci-
-dité après avoir alimenté l'organe isolé.
(x) Buglia. Arch. di farmacologia sperim. e sc. afféni, 19x14, t. XVII, p. 277.
(2) De la Maison Hoffmann-La Roche, à Bâle.
376 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (50)
c) Le liquide de Locke qui a traversé le cœur donne, si on
opère sur des échantillons correspondant à une circulation d’une
minute, une réaction constamment négative à la titration au
formol. Pour déceler dans ce liquide des traces de N titrable au
formol, il faut opérer sur le produit d’une circulation beaucoup
plus durable (une demi-heure par exemple) et l’évaporer à petit
volume avant de procéder à la recherche de l'azote.
d) Bien au contraire, si c'est du liquide de Locke+ de
aminé qui a circulé à travers le cœur, on constate, dans 20 ex-
périences sur 21, qu à un moment donné, un ou plusieurs échan-
tillons du liquide correspondant à une minute de circulation,
contiennent après circulation une teneur en azote titrable au for-
mol Abe supérieure à celle qui avait pénétré dans le
cœur. :
e) Dans ro expériences sur 14, la quantité totale de N titrable
au formol éliminé par le cœur pendant toute la durée de l’expé-
rience fut notablement supérieure à la quantité totale de N ti-
trable au formol qui a été fournie au cœur. Dans les 4 expé-
riences restantes, au contraire, la quantité abandonnée par le
cœur fut inférieure à celle qu'il avait reçue. Les actions des di-
vers acides aminés considérés ne paraissent pas, à ce point de
vue, quantativement identiques entre elles.
Les résultats numériques de mes expériences seront publiés
dans un travail plus étendu.
Conclusions. 1° Dans la majorité des cas, la présence d’un des:
acides aminés considérés (glycocolle, d-alanine, I-leucine, di-
phénylalanine) dans le liquide de Locke a pour effet de libérer
des tissus du cœur isolé des corps dont la réaction est acide à la
phénolphtaléine.
° Les choses se passent comme si la présence de ces acides
aminés avait, en outre, un double résultat : 4) une partie de
l’acide aminé est fixée par le cœur (voir ci-dessus les résultats
des 4 expériences citées en e); b) sous l'influence des acides ami-
nés, il se produit dans le cœur isolé une élimination d'azote b-
trable au formol. Le résultat global que l’on observe semble être
la somme algébrique de a) et de b) et son signe varie suivant que
a<b ou que a>b. Si des recherches poursuivies dans le même
esprit sur d’autres organes isolés conduisaient dans l'avenir à
des résultats comparables à ceux-ci (et s’il est permis d’appliquer
à des organismes irrigués par du sang les conclusions tirées d’ex-
périences exécutées au moyen de liquide de Locke), peut-être
pourraient-elles apporter un élément utile à notre connaissance
du métabolisme endocellulaire.
(Institut Léon Fredericq. Physiologie, Liège).
TA
we
51 SÉANCE DU 24 JUIN TA
QUELQUES FAITS NOUVEAUX CONCERNANT L'EMPLAQUETTEMENT
DES PARTICULES ÉTRANGÈRES,
par JaAcQUESs Rosxkam.
J'ai recherché comment se comportent, vis-à-vis de particules
étrangères en suspension dans le plasma oxalaté d'un Mammi-
fère déterminé, les globulins isolés et lavés d'un Mammifère
d'espèce différente. Voici les résultats de mes expériences :
1° Des Levures de vin, légèrement agglutinées par des glo-
bulins d'Homme en présence de plasma humain, fortement ag-
glutinées par des globulins de Lapin en présence de plasma de
Lapin, sont également agglutinées par des globulins de Lapin
en présence de plasma d'Homme, par des globulins d’'Homme
en présence de plasma de Lapin. Ces ‘“« emplaquettements croi-
sés » sont, en général, plus intenses que les emplaquettements
résultant de l’action, sur les Levures, du complexe : globulins
Homme + plasma d'Homme ; ils sont toujours moins intenses que
les emplaquettements succédant à l’action du complexe : globu-
hns de Lapin + plasma de Lapin ; enfin l’accolement des globulins
d'Homme aux Levures de vin opsonisées par du plasma de Lapin
est toujours plus marqué que l’accolement des globulins de La-
pin aux mêmes Levures opsonisées par du plasma humain.
2° Les Bacilles paratyphiques B, toujours agglutinés par des
globulins de Lapin en présence de plasma de Lapin, peuvent
être agglutinés ou non par des globulins d'Homme en présence
de plasma humain.
a) Au cas où des Bacilles paratyphiques B sont opsonisés par
le plasma d’un Homme déterminé et s’accolent aux globulins de
cet Homme, ils se comportent, lors des expériences d’emplaquet-
tement croisé effectuées avec ce plasma et ces globulins, d’une
part, le plasma et les globulins d’un Lapin, d’autre part, comme
les Levures de vin dont il vient d’être question ;
b) Qu’au contraire, le plasma d’un Homme soit incapable d’op-
soniser des Para B, il n’y aura aucun emplaquettement de ces
microbes dans le complexe : plasma de cet Homme + globulins
de Lapin ; l’emplaquettement sera des plus faibles, voire nul,
dans le complexe : globulins de cet Homme + plasma de Lapin.
3° Dans les expériences d'emplaquettement croisé, les Staphy-
locoques dorés se comportent — au moins temporairement —
comme les Bacilles paratyphiques B. Toujours agglutinés par le
complexe globulins de Lapin + plasma de Lapin, ces cocci peu-
vent être agglutinés ou non par des globulins d'Homme en pré-
sence de plasma humain ; suivant que le plasma humain peut
315 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (52):
ou non les opsoniser, les Staphylocoques seront instables ou
stables dans les complexes : globulins de Lapin-+plasma d'Hom-
me, globulins d'Homme-+ plasma de Lapin.
Toutefois, au bout d’un certain laps de temps, pouvant attein-
dre une couple d'heures à la température du laboratoire (22 à
24° C.), on constate, dans tous les cas, un accolement net des
Staphylocoques aux globulins ; cet emplaquettement tardif, pré-
cédant la prise en masse du plasma, est, selon toute vraisem-
blance, Le témoin du début de la coagulation plasmatique sous
l'influence des Staphylocoques.
Nous avons vu précédemment que les mêmes agents s’oppo-
sent, à la fois, à l’opsonisation des particules étrangères et à la
coagulation sanguine ; ce fait nous à paru un argument en
faveur d’une certaine analogie de nature entre ces phénomènes.
Cette analogie résulte également, nous semble-t-il, de l'existence
d'un emplaquettement tardif des Staphylocoques, par coagula-
tion plasmatique. D'autre part, dans les expériences que nous
venons de relater, les plasmas opsonisants ne se sont pas coa-
gulés plus rapidement, sous l'influence des Staphylocoques, que
les plasmas non opsonisants ; ce fait tend à faire admettre qu'il
y à simple analogie de nature et non identité entre les com-
plexes colloïdaux opsonisants, d’une part, les complexes partici-
pant à la coagulation, d’autre part.
Remarquons enfin que toutes nos expériences mettent en évi-
dence le rôle primordial de l’opsonisation dans l’emplaquette-
ment immédiat, précoce des particules étrangères.
(Laboratoire de recherches de la Clinique médicale,
Université de Liège).
DE L’AUTOHÉMOLYSE pU CHIEN,
par P. Norr.
Les hématies du Chien subissent très souvent le phénomène
de l’autohémolyse, c’est-à-dire qu’elles rougissent leur propre
sérum, à la condition d’être maintenues au contact de ce liquide
pendant plusieurs heures à la température ordinaire, ou mieux,
à 37°. Cette autohémolyse est moins fréquente dans le sang ad-
ditionné de 1-1,5 p. 1.000 d’oxalate sodique ou dans le sang pep-
toné (sang stable d’un Chien qui a reçu une injection intravei-
(53) SÉANCE DU 24 JUIN 319
neuse de peptone). La tendance à l’autohémolyse varie d’un ani-
mal à l'autre, sans qu’il soit possible de savoir pourquoi. Quand
elle est bien marquée, on l’étudie le mieux in vitro avec le plas-
ma oxalaté, ce qui permet d’exclure l’action préalable de la coa-
gulation sur les globules et le sérum.
Du sang d’un Chien à jeun depuis 24 heures est reçu de l'ar-
tère dans la trentième partie de son volume d’une solution à 37°
d'oxalate sodique. On centrifuge à grande vitesse. Le plasma
limpide est décanté. On recueille ensuite par aspiration, au
moyen d'une pipette à large ouverture inférieure, la couche des
plaquettes et des globules blancs, auxquels se mélangent forcé-
ment des hématies. Ce mélange, mis à part, sera désigné sous
le nom d’hématies avec plaquettes. On se débarrasse alors de la
partie supérieure de ce qui reste de globules rouges dans le tube
à centrifugation ; et l’on recueille enfin la bouillie de globules
rouges qui occupe la partie tout à fait inférieure du tube : ce
sont les hématies sans plaquettes. Hématies sans plaquettes et
hématies avec plaquettes sont employées sans lavage préalable.
Dans une première expérience, on étudie, sur les hématies sans
plaquettes, l’influence des variations de la concentration du
plasma sur l'intensité de l’hémolyse. On prépare les milieux sui-
vanits, qui sont mis pendant 2 heures à 37°. Le liquide de dilu-
tion était, dans l'expérience ci-après, une solution chlorurée so-
dique additionnée de 1 p. 1.000 d’oxalate sodique, de façon à
maintenir constante la concentration er oxalate sodique. Les
résultats sont les mêmes, si on la remplace par la solution chlo-
rurée sodique non oxalatée.
Solution chlorurée
sodique isotonique
Plasma oxalaté tenant 1 p. 1000 Hématies sans
de Chien d’oxalate sodique plaquettes
‘en «€.c. en c.c. en c.c. ; Résultals
I 0,05 Couleur rose.
0, 0,5 0,05 Couleur rouge-clair.
0,25 0,72 0,0) Couleur rouge.
OT. 0,9 - à 0,0 - +: Couleur rouge-foncé.
On constate que l’hémolyse est maxima à la dilution r/10 du
plasma. Une dilution plus forte l’eût diminuée. Le phénomène
comporte un maximum, une concentration optima, qui varie
d'un plasma à l’autre ; quelquefois de :/r0, particulièrement dans
les plasmas très hémolytiques, comme le précédent, elle remonte
assez souvent à 1/5 dans les plasmas moins actifs.
Une seconde expérience est la répétition de la première avec
des quantités triples et quintuples d'hématies sans plaquettes.
On constate que la variation de la teneur des milieux en hématies
389 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (54)
est sans influence notable. L’hémolyse dans le. premier tube de la
série est cependant visiblement un peu plus forte pour 0,05 c.c.
d'hématies que pour 0,15 c.c. ou 0,25 c.c.
Une troisième expérience est disposée comme la première, avec
cette différence que l’on emploie les hématies avec plaquettes,
recueillies comme il a été dit. À volume égal, cette émulsion
contient environ moitié moins de globules rouges que l’émulsion
des hématies sans plaquettes.
Solution chlorurée
sodique, isotonique
tenant 1 p. 1000 Hématies avec
Plasma oxalaté d'oxalate sodique plaquettes \
cn c.c. en c.c. en c.c. Résultals
1 0,05 Aucune hémolyse.
0,2 0,09 . 0,0 Id.
0,29 0,7 0,0 Id.
O,I 9,9 0,0) Id.
Les plaquettes et les leucocytes protègent très efficacement les
hématies contre l’action hémolytique du plasma, par une action
qui peut être considérée comme une déviation du complément.
Mais le plasma lui-même contient des substances protectrices,
qui n’agissent qu'à partir d’une certaine concentration, ainsi
qu'il résulte de la première expérience. On peut démontrer que
le foie intervient dans l’établissement de ce pouvoir protecteur
du plasma.
Un jeune Chien, à jeun, de 2,175 kgr. est tué par saignée.
On recueille le sang dans des tubes métalliques, plongés dans
de la glace fondante. Le foie est rapidement isolé entre trois li-
gatures : une sur le pédicule hépato-intestinal, une sur la veine
cave sous Île foie, une sur la veine cave au-dessus du diaphragme.
On tiédit rapidement à 35°, 70 c.c. du sang recueilli à o°, auquel
on mélange 1,4 c.c. d’une solution à 10 p. 100 de peptone de
Witte ; 15 c.c. de ce sang sont mis à part. Ils sont coagulés après
trois minutes. On sépare le sérum par centrifugation. Le sérum
incolore sera désigné sous le nom de sérum peptoné. 55 c.c.
de sang additionné de peptone ont été injectés, sitôt le mélange
fait, dans le foie par la veine porte. On maintient le sang dans
le foie pendant deux minutes, puis le laisse s’écouler par une
canule fixée dans la veine cave au-dessus du diaphragme ; on
le réinjecte dans le foie et le recueille une seconde fois à la veine
cave. Ce sang est fluide et reste fluide indéfiniment. Une partie
mise à centrifuger, donne un plasma incolore, qui est appelé
plasma hépatique. 10 c.c. du sang refroidi à o° sont rapidement
amenés à la température ordinaire et servent à faire les mélan-
ges suivants.
(55) SÉANCE DU 24 JUIN 381.
Sérum Plasma
Sang de Chien peptoné hépatique
en c.c. en c.c. en c.c. Résultats
I I Cuillot après 1 minute; le sérum
exsudé est incolore après 1 heure ;
rouge après à heures.
I 0,9 Id.
I 9,25 Id.
I 0,1 Id.
I Coagulé après 4 minutes ; le sérum
exsudé est incolore après r heure;
rouge après 3 heures.
I I Indéfiniment fluide ; plasma incolore
pendant 3 trois jours.
T 0,9 Id.
I 0,25 Coagulé après 3 jours ; le plasma se
colore en rose le troisième jour seule-
ment.
I 0,1 Voile après 3 heures; caillot complet
le lendemain ; à ce moment, le sérum
est rose foncé. |
L'action protectrice du plasma a été fortement augmentée par:
le séjour dans le foie du plasma additionné d'une petite quantité
de peptone. Elle est l’expression, par rapport aux globules rou-
ges, de la stabilité toute particulière que le plasma acquiert dans
ces conditions. J'ai montré, en 1904, que si l’on injecte de la pep-
tone à un Chien dont le foie vient d’être extirpé, il se produit
après quelque temps une hémolyse intravasculaire, par un mé-.
canisme inverse de celui qui est exposé dans l'expérience, précé-
dente.
LES PRÉSURES MICROBIENNES.
Note de Em. Carrozis, présentée par R. BRUYNOGHE.
Les microbes coagulent le lait en modifiant la réaction de ce
dernier par la production d’acide lactique et en sécrétant une
espèce de présure.
L'existence de ce ferment chez les dineneines a été Héron
par différents auteurs et entre autres, par Pasteur, Duclaux,
Conn, Gorini, etc.
Nous leon également isolé de cultures diverses, développées
soit. dans du lait, soit dans du bouillon ordinaire. Le fait qu'il
peut se rencontrer dans des cultures dépourvues de caséine
prouve que sa sécrétion constitue une fonction normale de ces
germes.
Nous nous sommes demandé si ce ferment était le même chez
les divers microbes aptes à coaguler le lait ou si, à l'exemple des
BioLoGre, COMPTES RENDUS. — 1922: T: LXXXVII, 26
382 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (56)
LRO Re at AR GE OP RE Se ES
ferments liquéfiants (1), il était différent pour chaque espèce de
microbes.
À cet effet, nous avons vacciné des animaux avec le filtrat
d’une culture riche en présure. Nous avons utilisé pour cette
vaccination le filtrat sur bougie d’une culture (dans du lait) d’un
microbe non pathogène isolé dans un cas suspect de charbon
bactéridien. Ge microbe que nous désignons par W pour indi-
quer sa provenance ressemblait au point de vue morphologique
au Bacterium megatherium, mais en était distinct par certains
caractères de culture. Dix jours après la dernière injection (nous
en avions pratiqué une dizaine) nous avons saigné les animaux
à la carotide avec les précautions voulues pour obtenir du sérum
tout à fait stérile. Nous avons examiné l’activité sur diverses
présures. Dans ce but, nous avons mélangé des doses décrois-
santes du sérum en question à une quantité constante de fer-
ment. Après 12 heures de contact, nous introduisons les divers
mélanges dans autant de tubes de lait stérilisé. Nous portons
ensuite ces tubes à l’étuve à 37° et nous surveillons le résultat
de cet essai.
Nous donnons ci-dessous le résultat d’une de ces expériences.
0,5 c.c. de ferment + doses décroissantes de sérum spécifique.
Nature du ferment 0,5 cc: 0,2 c.c. 0,05 c.c.
Présure du com-
merce diluée..... coag. 12 heures (2) coag. 12 heures coag. 12 heures
B. pyocyäneus ..... D D) D 5 DO D
BOTTIN en LUIMN DENT EP) » A8 5 D A9 1 5
B. proteus ........ DIU 0 D) Du (or » » 60 »
Staphylocoque..... « 3 Jours » 3 jours » 3 jours
Dr We cocon pas de coagulation pas de coagulation » 60 heures
La même expérience a été répétée avec du sérum normal : le
résultat en fut identique à celui indiqué ci-dessus, sauf que le
ferment du Bacille W opéra après 12 heures la coagulation du
lait dans les 3 tubes.
La neutralisation du labferment de la culture du Bacille W
résulte donc de la production d'une antiprésure dans le sérum
de l’animal vacciné. Soit dit en passant qu'il y a plus de vingt
ans que Briot avait préparé un semblable sérum en injectant des
animaux avec de la présure animale.
Ces résultats nous permettent aussi de conclure que ces fer-.
ments sont spécifiques pour chaque espèce de microbes. Il est
‘évident que la spécificité dans cette neutralisation ne peut être
admise que pour autant que les divers ferments utilisés soient
(x) Bertiau. Centralbl. jür Bakt., 1914 ; Launoy. Ann. Institut Pasteur, 1920.
(2) Ces chiffres indiquent la durée écoulée entre l'introduction du néaRe
dans le lait ét la coagulation de celui-ci.
æ
n
(57) SÉANGE DU 24 JUIN 383
sensiblement de la même activité ou du moins qu'ils n'aient pas
une activité supérieure à celle du labferment de la culture du
Bacille W. Pour prouver qu'il en est ainsi, nous en donnons
ci-dessous le dosage.
Doses décroissantes des divers ferments (1).
Naluré du ferment DENT: 0,1 c.c. 1/20 cc. 1/40 c.c.
Présure diluée .... coag. 24 heures coag. 36 heures coag. 56 heures pas de coagulation
B, pyocyaneus..... PTE EPA » 2% » » 48 » toag. 3 jours
B. megatherium... 5 ZA 5 » 3 jours » 4 jours pas de coagulation
BANprotcus hi. » 3 jours pas de coagulation pas dé coagulation pas de coagulation
Staphylocoque ..... 5» 3 jours coag. 8 jours coag, 5 jours pas de coagulation
PNR ER ne » 12 heures coag. 24 heures coag. 48 heures coag, 3 jours
De cés expériences, il résulte :
ï° que la présure microbienne possède, comme la présure ani-
male, des propriétés antigéniques et qu’elle donné lieu, chez
l'animal injecté, à la production d’une antiprésure.
>° que ce ferment est distinct du labferment des animaux.
3 enfin, quil est spécifique pour chaque espèce microbienne.
(Laboratoire de bactériologie de l'Université de Louvain).
AU SUJET DE LA VALEUR ANTIGÉNIQUE DE L’HÉMOGLOBINE:
Note de H. Depra, présentée par R. BRüYNOGHE.
Les recherches de Chodat (2) exécutées sous la direction de
Bordet ont démontré que l’hémoglobine est totalement dépour-
vue de propriétés antigéniques. Cette donnée, admise en ce qui
concerne la production de l’hémolysine, était en opposition avec
les résultats de Leblanc (3) et Demees (4), quant à la formation
des précipitines. En injectant de l'hémoglobine purifiée à des
animaux, ce dernier avait obtenu un sérum précipitant très
actif.
Afin de nous renseigner sur cette question, nous avons institué
une série d'expériences, en nots conformant, quant à la prépa-
ration de l’hémoglobine utilisée pour les injections, soit à la
(1) Au sujet de ce dosage, nous faisons encore remarquer que contraire-
ment à l'avis émis par Baur et Herzfeld (Zeitschr. für physik. Chemie, t.
XCOVIIT, 1920); le ferment ne se reproduit nullement au cours de la coagulation
du lait. Semblable reproduction n’est possible que pour autant que l’éssai Se
fasse dans du lait non stérilisé où divers microbes interviennent pour simuler
le fait.
(2) Chodat. C. R. de la Soc. de biol., 8 octobre 1951.
(3) Leblanc. La Cellule, rgor.
(4) Démees. La Cellule, rgor.
38/4 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (58)
technique indiquée par Chodat, soit à celle employée par De-
mees.
Les globules (de Mouton), qui devaient servir à la préparation
de nos solutions, subissaient au préalable 6 à 8 centrifugations
et lavages consécutifs, afin d’en éliminer autant que possible le
sérum. Après cette opération, nous leur faisions subir la lyse
dans de l’eau distillée. Suivant qu'on utilisait la technique de :
Chodat ou celle de Demees, les stromas des globules étaient éli-
minés de ces solutions par filtration sur porcelaine ou par préci-
pitation par le sulfate d’ammonium (demi-saturation).
Les Lapins ont reçu, à 3 ou 4 jours d'intervalle, 8 inocula-
tions intraveineuses. La dose injectée comportait l’hémoglobine
fournie par 2 à 3 c.c. de globules centrifugés. Les animaux ont
supporté ces injections successives sans présenter le moindre
trouble. 10 jours après la dernière inoculation, nous leur avons
prélevé la quantité voulue de sang pour en doser, après inacti-
vation à 56°, l’activité hémolytique.
Afin de mieux juger de la production éventuelle d'hémolysine,
nous avons dosé cette substance avant et après les injections
d’hémoglobine. Ces dosages ont été pratiqués d’après la techni-
que habituelle, notamment en ajoutant aux doses décroissantes
de sérum chauffé à 56° 1 c.c. de globules de Mouton lavés et
dilués à r sur 20 dans de l’eau physiologique, et 1/20 de c.c. de
sérum frais de Cobaye.
Les Lapins I et IT ont subi des injections d’hémoglobine fil-
trée et les animaux IIT et IV de l’hémoglobine préparée par la
précipitation au sulfate d’ammonium. Enfin, le Lapin V a recu
8 injections de 1/10.0000 de c.c. de sérum de Mouton.
Dosage de l’activité hémolytique des divers sérums.
4/10 2/10 1/10 1/20 1/40 1/80 1 /160
Lapin I
avant injection H. C. H. inc. trace O O (e o)
après injection HACI CAMERA CE RIEENTEICE Co) 0
Lapin Il
avant injection HN O (e 9 O O (e
après injection H'NCMTNIC ATEN RMC MES OMS CAITTA CESR
Lapin III
avant injection traces (e) (e) (e) (®) O (0)
après injection He Eine nl ne CT, jen O (e)
Lapin IV |
avant injection @) O O O (e) (e) O
après injection BENOIT PNB à PACE ECS NC ANR Ce iE ne.
Lapin V
avant injection H. inc. H. inc. oo 0 O o (0)
après injection HARMAN CG A EAC OM IE un PEHBiNCMELACES 0)
En tenant compte du nombre des inoculations, la quantité
d’hémolysine formée est très minime et nullement en rapport
(59) | SÉANCE DU 24 JUIN 385
avec la dose d’'hémoglobine injectée. Il est vraisemblable que
cette légère production résulte de l'injection de petites quantités
de substances étrangères (sérum) contenues dans les solutions
d'’hémoglobine, malgré les lavages répétés des globules. Quoi
qu'il en soit, ainsi que l’animal V le démontre, de petites quan-
tités de sérum suffisent pour amener une certaine production
d’hémolysine.
Quant à la teneur de ces sérums en précipitines et en substan-
ces déviantes, les résultats de ces recherches furent tels qu’on
peut serie l’hémoglobine comme dépourvue de propriétés
antigéniques.
Les essais de déviation de l’alexine, en utilisant l’hémoglobine
comme antigène, nous ont fourni un résultat totalement négatif.
Il en fut de même de l'épreuve de la précipitation, malgré qu’elle
fût exécutée avec de fortes doses de sérum (0,3 ou 0,5 c.c.) et
des doses décroissantes d’hémoglobine depuis 1 c.c. de la solu-
tion comme telle jusque 1/500 dE CC:
Ces recherches confirment donc les résultats obtenus par Cho-
dat (x) et nous permettent de considérer l’hémoglobine comme
dépourvue de propriétés antigéniques. Ce fait peut tenir à la
constitution de l’hémoglobine.
(Laboratoire de bactériologie de l’Université de Louvain).
À PROPOS DE L'ACTION FLOCULOAGGLUITINANTE DU CYTOZYME
ET DE LA CYTOZYMINE VIS-A-VIS DU FIBRINOGÈNE ET DU PLASMA,
par Encarp ZuNwz.
On obtient une coagulation très rapide de 0,5 e.c. de plasma
dioxalaté dilué ou d’une solution pure de fibrinogène si le mé-
lange d’eau physiologique calcifiée et de sérum issu du plasma
très limpide renferme, par c.c., 0,00 à 0, mgr. de cytozyme
animal ou végétal (2). La cytozymine (3) amène une gélification
très rapide à des doses analogues, mais la limite optima est par-
fois encore moindre. L’addition à la cytozymine de lécithine,
inactive par elle-même dans la formation de la thrombine, per-
met d'obtenir, avec des doses excessivement faibles, une prise
en bloc de 2 à 3 minutes. L’extrait de plaquettes est encore plus
actif et l’on peut observer. une gélification presque immédiate
(x) Chodat. C. R. de la Soc. de biol., 8 octobre 1921.
(2) James B. Sumner, C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVIT, 1922, PP. 108-111
{3} E. Zunz et J. La Barre. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, 1921, pp. 1107-
1109.
366 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (60)
avec des mélanges contenant, par C.c., 0.00015 à : mgr. de cet
extrait (1). |
Si l’on opère avec des quantités de cytozyme ou de cytozymine
dépassant la limite supérieure optima de coagulation très rapide,
la gélification demande un laps de temps qui s'accroît avec la
teneur en cytozyme ou en cytozymine. Lorsque le mélange d'eau
physiologique calcifiée et de sérum issu de plasma très limpide
renferme des quantités très considérables de cytozyme ou de
cytozymine (2), il se forme peu à peu de fins flocons qui s’ag-
glutinent entre eux et tombent ensuite au fond du vase. Ce phé-
nomène demande souvent plusieurs heures pour être achevé. Il
rappelle tout à fait l’action floculo-agglutinante de l’hétéroalbu-
mose et de la protalbumose vis-à-vis du fibrinogène et du plas-
ma (3), qui n’exige, pour la produire, ni la présence de sérum,
ni l’addition de calcium.
Pour les teneurs en cytozyme ou en cytozymine, voisines de
la plus forte quantité de ces produits permettant d'obtenir en-
core, quoique très lentement, un caillot complet, il apparaît
parfois, au bout d’un certain temps, un caillot en voile autour
des flocons restés en suspension dans le liquide ou qui ont déjà
commencé à s’agglutiner entre eux. Il n’en est plus ainsi si l’on
arrive à des teneurs en cytozyme ou en cylozymine notablement
supérieures à la quantité maxima permettant d'obtenir une géli-
fication parfaite quoique lente.
La floculoagglutination observée sous l'influence de doses
très élevées de cytozyme ou de cytozymine se produit en l’ab-
sence de sérum et de calcium comme l’action floculoaggluti-
nante de l’hétéroalbumose et de la protoalbumose.
Préparons 3 séries de tubes contenant chacun : c.c. de liquide et
ayant une teneur variable en cytozyme. Les premiers (a) renfer-
ment du sérum et de l’eau physiologique calcifiée, les seconds (b)
du sérum mais pas d’eau physiologique, les troisièmes (e) ni
sérum ni eau physiologique calcifiée. Après 1/4 d'heure de séjour
x
à 20°, ajoutons à chacun des tubes des trois séries a, b et €,
(x) Bien entendu, les limites supérieure et surtout inférieure des doses optima
de cytozyme, de cytozymine, d’extrait de plaquettes varient d’une expérience
à l’autre. C’est ainsi qu’on obtient parfois une coagulation en 2 à 3 minutes
avec un mélange de sérum et d’eau physiologique calcifiée, renfermant, par
C.C., 0,0002b à 0,0003 mgr. de cytozymine.
(>) T1 est indispensable de préparer des suspensions parfaitement homogènes
ne venferimant pas de grumeaux. Ou Y arrive aisément en évaporant le cy-
lozyme à siccite dans un mortier, puis en émulsionnant le résidu, au moyen
d’un pilon, dans de la solution à 0,6 o/o de NaCl, chauffée au préalable à
60°.
(3) E. Zunz ct P. Gyôrgey. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXVIT, 1914, pp. 234-
236. È
(64) SÉANCE DU 2/4 JUIN 387
0, c.c. de plasma dioxalaté dilué ou de solution de fibrinogène.
Voici les résultats d’une expérience de ce genre :
Teneur en
cytozyme
en mer. a b c
0,02 à 0,2 caillot complet en 2 minutes rien rien
2 » 15 » floculoaggluti- floculoagglu-
nation tination
n » 20 » » »
8 » 25 » » »
12 » 4o » » »
16 floculoagglutination puis pe-
tit caillot en voile au bout
de 50 minutes » »
20 à 28 floculoagglutination » »
32 à 4o rien rien rien
Nous observons de la floculoagglutinalion de même intensité
approximative dans les tubes a, b et c renfermant 0 mgr. de
cytozyme. Il en est de même pour les tubes a, b et c contenant
24 à 28 mgr. de cytozyme ; le volume du précipité s'accroît avec
la teneur en cytozyme.
On constate aussi la floculoagglutination dans les tubes des
séries b et c renfermant 2 à 16 mgr. de cytozyme, c’est-à-dire qui
correspondent aux tubes de la série a où se sont produites des
coagulations relativement lentes ; le volume du précipité est d’au-
tant plus faible que la teneur en cytozyme est moindre. La flo-
culoagglutination n'est achevée dans ce cas dans les tubes b et €
qu'un quart d'heure à une demi-heure après la coagulation com-
plète du tube a correspondant.
Il ne se forme pas de flocons lors de l’addition du plasma oxa-
laté dans les tubes b et c, lorsque la teneur en cytozyme est peu
élevée (0,02 à 0,2 mgr.) et qu'on observe une gélification dans
les tubes a correspondants.
Pour les concentrations très élevées en cytozyme (32-40 mgr.
dans l'expérience donnée à titre d'exemple), il ne se produit pas
de flocoagglutination dans les tubes a, b ou c.
Centrifugeons, puis filtrons les tubes où s’est produit de la
floculoagglutiration. Les filtrats provenant des tubes a renfer-
ment de la thrombine ; ils entraînent une rapide coagulation du
plasma dioxalaté dilué ou du fibrinogène. Les filtrats provenant
des tubes b ne donnent de caillot que si l’on a soin de les addi-
tionner d'eau physiologique calcifiée, puis d'attendre quelques
minutes avant d'y ajouter le fibrinogène ou le plasma dioxalaté
dilué ; ils contiennent les éléments nécessaires à la formation
de la thrombine, mais pas de thrombine préformée. Les filtrats
provenant des tubes € n’acquièrent des propriétés coagulantes
que si on les additionne au préalable de sérum et d’eau physiolo-
\ La LA LA {
388 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE ‘(62)
gique calcifiée et qu'on attende quelques minutes avant d'y ajou-
ter le fibrinogène ou le plasma dioxalaté dilué ; ils renferment
par conséquent encore du cytozyme.
Les précipités provenant des tubes a ne paraissent pas renfer-
mer de thrombine, ceux provenant des tubes b de sérozyme. Les
précipités provenant des tubes a, b ou c ont des propriétés cyto-
zymiques, du moins lorsqu'ils se sont formés dans des mélanges
à teneur élevée en ce produit. En lavant ces précipités avec de
l’eau physiologique, on parvient à leur enlever ces propriétés
cytozymiques. ! |
Les précipités renferment de l’azote et du phosphore. Les te-
neurs en azote et en phosphore des liquides surnageants sont di-
minuées par suite de la floculoagglutination.
L'action floculoagglutinante du cytozyme vis-à-vis du plasma
dioxalaté dilué ou d’une solution pure de fibrinogène consiste
probablement en la formation d'un complexe entre le fibrino-
gène et les phosphatides du cytozyme. Si l’on s’en rapporte aux
expériences effectuées avec de la cytozymine et de la lécithine,
il semble que ce soit la cytozymine qui prenne la part la plus
importante à la formation du précipité floconneux et il se pour-
rait même que la lécithine n'intervienne pas du tout dans ce
processus.
Si des doses trop considérables de cytozyme ou de cytozymine
retardent ou empêchent la coagulation, ceci paraît être dû à la
diminution de la teneur en fibrinogène du milieu coagulant et
non à la disparition de la thrombine.
(Institut de thérapeutique de l'Université de Bruxelles).
À PROPOS DE LA PURIFICATION DES SOLUTIONS DE FIBRINOGÈNE
‘ ET DE L'ADSORPTION DU CYTOZYME, DU SÉROZYME
ET DE LA THROMBINE.
Note de James B. SuMNER, présentée par E. Zunz.
Il n’est pas toujours facile de préparer, par la méthode classi-
que d'Hammarsten, des solutions pures de fibrinogène ; c’est-à-
dire ne coagulant que par l’addition de thrombine. On obtient
parfois des caillots plus ou moins complets après quelque temps
en présence de sérum issu de plasma très limpide et de calcium.
Une telle solution de fibrinogène renferme très probablement
une faible quantité de cytozyme. On ne parvient que très diffi-
cilement à l’en débarrasser par dés précipitations et des redisso-
(63) _ SÉANCE DU 24 JUIN ‘389
Re Re
lutions répétées, tout en ne perdant pas une trop grande quan-
tité de fibrinogène.
Le sulfate de baryum absorbe très facilement tout le sérozyrne
contenu dans du sérum issu de plasma oxalaté très limpide, tout
le cytozyme renfermé en suspension dans l’eau physiologique,
toute la thrombine préparée par le mélange de sérum issu de
plasma très limpide, d’eau physiologique calcifiée et de cyto-
zyme. Il en est de même du phosphate tricalcique et de certains
échantillons de charbon, tel le noir Girard. Par contre, le talc
n’adsorbe que très incomplètement le sérozyme, le cytozyme et
-la thrombine.
Si l’on ajoute du cytozyme à une solution très diluée de fibri-
nogène, il est encore très bien adsorbé par le sulfate de baryum,
le phosphate tricalcique et le noir Girard.
On sait que l’adsorption s’effectue d’autant mieux que la sub-
stance à adsorber est plus diluée. L’adsorption est plus rapide et
plus complète dans un milieu salin que dans un milieu colloïdal,
surtout complexe. Dès lors, on doit s'attendre à de moins bons
résultats si l’on part de plasma oxalaté, comme c’est le cas lors
de la préparation des solutions de Fbamoenes
Prenons du plasma oxalaté de Cheval, de Chien ou de Lapin.
Agitons-le, à plusieurs reprises, avec de la suspension fine de
sulfate de baryum préparée d’après la méthode de Dale et Wal-
pole (r). Nous parvenons à obtenir un plasma dépourvu de séro-
zyme et de thrombine, mais il renferme encore du cytozyme. En
effet, le filtrat ne coagule plus après recalcification. Il reste fluide
si l’on y ajoute du cytozyme et du calcium. Par contre, il appa-
rait, après une demi-heure de séjour à 38° ou un laps de temps
plus long, un caillot en voile lorsqu'on y ajoute du sérum issu
du plasma très limpide et de l’eau physiologique calcifiée.
Ajoutons au plasma oxalaté du phosphate tricalcique récem-
ment préparé ou bien additionnons ce plasma, successivement,
de quantités exactement calculées de chlorure de calcium et d’un
mélange de phosphate de soude et de soude caustique, de ma-
nière à former le phosphate tricalcique dans le plasma même.
Qu'on emploie l’un ou l’autre procédé, après agitation avec le
phosphate tricalcique, l’on obtient un filtrat qui ne coagule, ni
par recalcification, ni par addition de calcium et de cytozyme.
L’addition de sérum issu de plasma très limpide et d’eau physio-
logique calcifiée amène, dans ce filtrat, un caillot incomplet après
une demi-heure de séjour à 38° ou un laps de temps plus consi-
dérable. Le phosphate tricalcique agit donc de la même façon
(:) H.-H. Dale et G.-S. Walpole. The biochem. Journal, t. X, 1916, pp. 33r-
362.
»
390 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (64)
que je sulfate de baryuin et le plasma oxalaté traité par le phos-
phate tricalcique ne contient ni sérozyme, ni thrombine, mais
bien encore du cytozyme.
Le charbon donne des résultats très variables d’un échantillon
à l’autre, ce qui tient sans doute à son état de division, d'une
part, ou sa teneur en sels, d'autre part. Beaucoup d'échantillons
dé charbon de bois ou de noir animal n’ont que de très faibles
propriétés adsorbantes. D’autres renferment trop de carbonate
de calcium et le plasma se coagule pendant l'agitation avec le
charbon riche en chaux. J’ai examiné 8 échantillons de charbon;
deux seulement possédaient des propriétés adsorbantes énergi-
ques. Le premier était un noir animal contenant 25 p. 100 de
cendres. Il adsorbait complètement le sérozyme et le cytozyme.
En agitant du plasma oxalaté d’abord avec 10 p. 100 de char-
bon, puis après filtration avec 5 p. 100 du même produit, j'ai
obtenu un liquide clair qui n’a pas coagulé ni par recalcification,
ni par addition soit de calcium et de sérum issu de plasma très
limpide, soit de calcium et de cytozyme, mais, par contre, très
vite sous l'influence de la thrombine. Divers échantillons de
plasma oxalaté soumis à ces manipulations (agitation avec
10 p. 100 de noir animal, filtration, agitation avec 5 p. 100 de
noir animal, filtration), puis traités par la méthode d'Hammars-
ten ont fourni d'excellentes solutions de fibrinogène, ne coagu-
lant que sous l'influence de la thrombine. Il a été malheureuse-
ment impossible de se procurer par la suite du noir animal doué
des mêmes propriétés adsorbantes énergiques.
Le « noir Girard » est un charbon d'origine végétale qui ad-
sorbe, tout aussi bien que l'échantillon de noir animal dont il
vient d'être question, le sérozyme et le cytozyme renfermés dans
le plasma oxalaté. Mais il adsorbe, en outre, presque complète-
ment le fibrinogène, alors que le « noir animal » n’en adsorbait
qu'une très faible quantité.
Prenons le plasma oxalaté de Cheval, de Chien ou Lapin.
Agitons-le avec environ 10 p. 100 de tale, puis filtrons. Diluons
ce filtrat au moyen d’eau physiologique et recalcifions-le. On
n'obtient de caillot qu'après 2 ou 3 heures de séjour à 37°, au
lieu de 5 à 15 minutes avant le traitement par le tale, Une se-
conde agitation avec du talc retarde davantage encore la coagu-
lation du plasma oxalaté qui ne se produit plus qu'après 5 heu-
res de séjour à 37° C. ou même davantage. Il suffit d'ajouter à
ce plasma, en présence de calcium, une trace soit de sérum issu
de plasma très limpide, soit de cytozyme, pour obtenir très vite
un caillot. Le talc n’est donc parvenu à s'emparer que d'une par-
tie de sérozyme et du cytozyme.
Mes recherches semblent prouver que, s'il est relativement aisé
(65) SÉANCE DU 24 JUIN 391
d'enlever le sérozyme du plasma oxalaié, par conire, on ne par-
vient que très difficilement à le débarrasser complètement du
cytozyme. Peut-être ceci tient-il à la nature chimique fort diffé-
rente du cytozyme et du sérozyme. Mais peut-être n'en est-il rien
et les différences observées proviennent-elles de tout autre chose,
à savoir les quantités respectives de cytozyme et de sérozyme
nécessaire à la formation de la thrombine, celle-ci exigeant pro-
bablement plus de sérozyme que de cytozyme.
Par suite de l’extrème difficulté d'obtention de qualités: adé-
quates de charbon (c’est-à-dire adsorbant complètement le cyto-
zyme, le sérozyme et la thrombine, mais relativement peu de
fibrinogène) c'est au traitement du plasma oxalaté, soit par ia
suspension fine de sulfate de baryum ou de phosphate trical-
cique, qu'il faut pour le moment donner la préférence pour la
purification de ce plasma avant la précipitation du fibrinogène
par le chlorure de sodium. Combinant ce traitement préalable
du plasma avec la méthode d'Hammarsten, modifiée par Nolf (x),
on obtient d’excellentes solutions de fibrinogène. Cette méthode
m'a paru préférable à celle de Dale et Walpole, qui occasionne
une grande perte de fibrinogène et surtout à celle de Jay Me
Lean (2) qui'séduit par sa rapidité et sa simplicité, mais qui
donne presque toujours des solutions dans lesquelles se forme
peu à peu, à la glacière, un précipité de nature protéique.
(Institut de thérapeutique de l'Université de Bruxelles).
OSCILLATIONS DE LA CONCENTRATION EN IONS H
DU SÉRUM DE L'ANIMAL VACCINÉ EN RAPPORT AVEC SON ÉTAT
D'ANAPHYLAXIE,
Note de Mile P. MEnDeLEErr, présentée par M. Puairippsox.
‘Dans nos recherches précédentes, nous avons démontré que le
sérum d'un animal vacciné prélevé peu de temps après l’injec-
tion, manifeste une diminution du Pw, c’est-à-dire une augmen-
tation de l'acidité libre. Cette modification n’est pas permanente,
et nos expériences montrent que le PH manifeste un retour vers
l’alcalinité et dépasse même la normale pour revenir ensuite au
Pu normal. Il semble v avoir une série d’oscillations autour de
la normale déclenchée par l'injection de substance allogène.
(n} P. Nolf. Arch. intern. de physiol., 1909, t. VIT, pp. 280-3or.
(2) Jay Me Lean. Bull. Johns Hopkins Hosp., 1920, t. XXXI, p. 413.
#4
392 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (66)
2
LE Px
Sérum de Cobaye : heures après la 1° injection. ..... 6,8
» » 8 heures » DAT LUE 6,8
» » 3 jours » DANONE dE 7,6
DE » 12 D » DAME LA 8
» » 20) 11 0) » DRE ea 746
Nous avons essayé de déterminer s'il y avait un rapport entre
ces oscillations du Px et la sensibilité anaphylactique. Nous avons
constaté que le maximum de sensibilité se produit au 12° jour de
la 1° injection, c’est-à-dire précisément au moment où le sérum
présente son maximum d’alcalinité.
La preuve la plus démonstrative de ce fait nous a été donnée
en répétant par injection intraveineuse l’expérience de Besredka
sur l'anaphylaxie lactique chez le Cobaye.
Concentration
Px enions
1) Sérum de. Cobaye. normal... DE DRE 7,6 DD TO
2) Sérum de Cobaye 2 heures après une 1° injcc-
de ait ss mme ER A AN EN DL Et Dre 6,3. r1o-8
3) 2 heures après la 1° injection de lait, nous pra-
tiquons une 2° injection de lait : pas de choc
anaphylactique.
Sérum de Cobaye 2 heures après cette 2° injec-
tion de lait ........ SR ANS Et re 5,2 6,3 1o-5
4) Sérum de Cobaye 12 jours après une Le injec-
tonte MIA PAR Er REE NA TS ETS ON ES OR 8 1 10-$
5) 12 jours après la 1° injection, nous pratiquons
une 2° injection de lait: l'animal meurt
immédiatement, le sang très foncé, épais,
donne peu de sérum.
Le sérum est à son point isoélectrique............ l,8 1,98 10-°
Nous avons vérifié l'instabilité de cet état isoélectrique du sé-
rum en le ESA 24 heures en tube fermé, le Px était remonté
ADD
D'autre part, nous avons également vérifié la spécificité des
variations du Pa en gélosant le sérum au moment de son maxi-
mum de sensibilité à l'injection lactée :
Px
1) Sérum de Cobaye 12 jours après une injection de lait .......... 8
2) Même sérum gélosé ..... SEE ES NE DDR ELS DONS SC Bon 010 0 8
(Laboratoire de physiologie animale, Université de Bruxelles).
(67) SÉANCE DU 24 JUIN 393
SPÉCIFICITÉ DES PHÉNOMÈNES ANAPHYLACTIQUES
ET CONCENTRATION EN IONS FH DES SÉRUMS.
Note de Mile P. MENDELEEFF, présentée par M. Pairrppson.
On sait d’après Bordet, Besredka, Novy, Friedberger et d’au-
tres, quil suffit de traiter, in vitro, le sérum de Cobaye par des
substances absorbantes, comme le kaolin, la gélose, par un pré-
cipité albumineux, par des microbes pathogènes ou saprophytes,
etc., pour y produire un poison anaphylactique qui déclenche,
in vivo, le choc avec son syndrome typique. Nous avons pu cons-
tater précédemment que le phénomène du choc anaphylactique
est accompagné par un abaissement caractéristique du Px du
sérum, qui se produit aussi bien in vivo que in vitro, après un
traitement répété du sérum par la gélose. On pouvait se deman-
der si l’abaissement du Px est général dans le phénomène de
l’anaphylaxie ou spécial au sérum gélosé de Bordet.
Nous avons injecté à des Cobayes du lait de Chèvre ou une
solution de peptone à 10 p. 100, ou de la gélose à 0,25 p. 100 et
le tableau suivant montre la similitude absolue des résultats :
Lait Gélose à 0,25 p. 100 Peptone à 10 p. 100
Concentration TT Ce don Ton
Px en ions H Px en ions Pa en ions H
Sérum frais de Co-
bayetneuf. OMS INC ON OT MONT COMTE RES UE
Sérum de Cobaye
1 fois vacciné . ... PDO SE CLONE 020 OO MOST: DST
Sérum de Cobaye
2 fois vacciné .... DOME SN ATOS 5,2 6,3X106 5,2 6,3Xr06
On voit que la première injection donne un abaïssement va-
riable du PxH mais que, par la deuxième injection, le sérum ar-
rive au PH—5,2 identique pour toutes les substances employées.
Pour nous rendré compte de la spécificité de ces actions, nous
avons d’abord vérifié que le gélosage in vitra du sérum d’un ani-
mal vacciné par la, gélose agit
Concentration
Px en ions H
1) Sérum de Cobaye, 2 fois vacciné par la gélose,
pris 2o jours après la 2° injection............ 7,6 2,5 r10-
2) Le même sérum 1 fois gélosé in vitro.......... 5,8 OMLO:S
Ce sérum gélosé injecté dans les veines d’un Cobaye neuf le tue
immédiatement.
Au contraire, le gélosage du sérum de Cobaye vacciné au
moyen de lait, ramène ce sérum vers l’alcalinité :
394 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (68)
Concentralion
Pa en ions H
r) Sérum de Cobaye r fois vacciné au lait... 7 1 10-7
le même sérum x fois gélosé in vitro.......,... 8, n 10-°
>) Sérum de Cobaye 2 fois vacciné au lait ........ 5 6,3 ro-5
le même sérum x fois gélosé in vitro......,, 6,2 (SN O
Enfin, pour montrer que la spécificité de l’action se manifeste
aussi bien in vivo, nous avons injecté successivement à un Co-
baye neuf 2 c.c. de lait de Chèvre, puis, 2 heures après, 2 cc.
de gélose à 0,25 p. roo ; nous trouvons après la »° injection un
Pa=7,8 donc à peu près normal ou très légèrement plus alcalin
que la normale. PA
Nous pouvons donc en conclure que les abaïissements suoces-
sifs du Px caractéristique de l’état anaphylactique ou anaphyla-
toxique d'un sérum, ne peuvent être produits que par l’action
répétée d’un même colloïde et que nous nous trouvons en pré-
sénce d'un phénomène à allure nettement spécifique.
Ce phénomène spécifique n'est, du reste, pas limité aux phé-
nomènes sériques dus à l'injection de substances allogènes, il
semble se reproduire dans le cas où le milieu interne a été modifié
par la maladie. En effet, nous avons eu l'occasion de travailler
avéc le sérum de Lapins atteints d’une maladie infectieuse, in-
connue, survenue accidentellement dans notre laboratoire. Les
animaux maigrissaient pendant 2-3 semaines, la salive découlait
abondamment, une grande transpiration se manifestait et malgré
un bon appétit, ces animaux mouraient brusquement. Dans le
sang de la circulation on n'a pas constaté la présence de micro-
bes. Le sérum avait le P# du sérum d'animal normal, mais il
était devenu presque complètement indifférent à l’action de la
gélose,
Lapin malade Lapin normal
nous RE
Concentration Concentration
Px en ions H Pa én ions H
SÉTUMUITAIS AE a MAR 7,6 2,5 X 10-% : 7,8 1,58 X 10-85
Sérum r fois gélosé ....:. 9,2 6,3X10-8 6,6 2,5 Xro-7
Sérum 2 fois gélosé .,..: ; m 1 XI0o-7 f,8 2,0 X102
(Laboratoire de physiologie animale, Université de Bruxelles),
CONCENTRATION EN IONS FH ET ACTIVITÉ DU SÉRUM ANAPHYLATOXIQUE
DE BORDET.
Note de Mlle P. MenneLgërr, présentée par M. PrisrpPpsow.
En poursuivant nos recherches sur la variation du Px du sé-
rum sanguin soumis à l’action de la gélose, nous avons été ame-
(69) SÉANCE DU 24 JUIN 395
nés à constater l'importance capitale, pour l’évolution de la réac-
tion, de l’état physique de la gélose au moment de sa mise en
contact avec le sérum. En effet, pour que le gélosage du sérum
in vitro produise ses effets, il est indispensable que la gélose soit
à une température suffisamment basse pour qu'elle forme une
phase nettement différente du sérum et que les phénomènes
complexes qui se passent à l'interface des deux phases puissent
se manifester.
Effectivement, cet hiver nous avons obtenu, sans précautions
spéciales, les résultats publiés précédemment ; dès que la tem-
pératuüre s'est accrue, nous n’avôns plus pu les reproduire et nous
avons dü refroidir à la glace le mélange gélose-sérum pour ob-
tenir l’abaissément caractéristique du Px.
Gélose refroidie à la glace Gélosé à 250
H Pr
SÉTUIIITALS de Chévre 2.10. ut 8 8
DAC CIO SET OS etienne dues 6,8 70
» » ONE ARR LES A 4,8 7,0
» D: 11 0 MONET b,2 »
Nous voyons, d'autre part, que le sérum n'est que très peu
modifié par le gélosage à chaud.
L'action de la gélose à froid sur le sérum $e produit assez rapi-
dement. Nous mélangeons 5 parties de sérum frais de Cobaye
avec x partie de gélose (0,25 p. 100) refroidie à la glace, nous
laissons 30 minutes dans la glace, nous SEDRN Eeon et séparons
le sérum du culot de gélose.
Le Px de ce sérum est 6,6, mais il n'est pas anaphylatoxique,
une dose de 3,5 c.c. de ce sérum injecté dans les veines d’un
Cobaye de 250 à 300 gr. ne produit pas de choc. Au contraire, si
nous faisons mürir ce sérum pendant 2 heures à l’étuve à 37°,
en présence de culot de gélose, il conserve son Pa—6,6 mais de
vient très toxique. En effet, 4 c.c. de ce sérum injecté à un Co-
baye de 400-450 gr. le tue rapidement.
Pour que cette toxicité se développe, il est nécessaire que le
sérum reste en contact avec la gélose. Nous avons gélosé à froid
du sérum de Cobaye pendant 30 minutes, nous Danone centrifugé
fortement et nous avons séparé le culot de gélose. Le sérum avait
un P#—7,2, nous avons placé ce sérum sans gélose à l’étuve à 37°
pendant 2 heures, le Pa est descendu à 6,6 mais une ne
de 3 c.c. de ce sérum à un Cobaye de 300 gr. n’a produit aucun
effet appréciable. Enfin, pour nous assurer que les deux opéra-
tions successives : gélosage à froid, puis maturation à chaud,
sont indispensables, nous avons injecté du sérum gélosé à chaud
à un Cobaye et constaté son innocuité.
Les propriétés du sérum gélosé à froid sont différentes encore
396 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (70)
à d’autres points de vue, suivant que ce gélosage a été ou non
suivi d'une maturation à chaud en présence de la gélose.
Le sérum gélosé à froid, non müri et séparé de sa gélose, reste
stable et est indifférent à un 2° ou 3° gélosage.
Px
Sérum de Ghèvre rois /séloséMaMiroid ELEC RER C TER is 6,4
» » x fois gélosé à froid séparé de la gélose et con-
servé 24 heures à la température du laboratoire.............. 6,4
Sérum de Chèvre 2 fois gélosé à froid sans maturation ........ 6,4
» » 3 fois gélosé à froid sans maturation.......... ALL
Le sérum gélosé et müri séparé de la gélose a une stabilité re-
lativement grande. C’est ainsi qu'un sérum de Chèvre gélosé
2 fois suivant le procédé normal et dont le Px était descendu à
h,7, a été séparé de la gélose et conservé 24 heures à 30°; à la
fin de l’expérience, le Pn est remonté à 5,2.
Au contraire, l'expérience suivante montre qu'en présence de
la gélose, le phénomène est tout à fait différent
Px
ne
D'SéTUMPAIS dE) OREMTENC RENE E TPE ECC ER CREER SE en TARN EE 7,6
2 » DRATIMOIS OÉTOSÉES LT MAC RIRE ee EN RAS 6,8
3 » DO MIOIS MO ClOSE MRC EM AETORITRE PAR ANSE ARRS RE KL ERCRN ER LEA h ,8
n » » 2 fois gélosé laissé 2 heures à 37° et 24 heures à 30° 7,8
5 culot de gélose pris au fond du tube 4
Après centrifugation ...... CRE En MO RAD NARAIE On El Mo ob ne 4,8
Il se passe donc des échanges d'ions entre le sérum et la gélose
qui amènent d’abord le sérum vers son point isoélectrique, puis
le phénomène change de sens, le sérum reprend son Pux primitif
et la gélose prend un Px bas.
(Laboratoire de physiologie animale, Université de Bruæxelles).
LE BLEU DE MÉTHYLÈNE, ANTAGONISTE DES EXCITANTS
PARASYMPATHIQUES,
par C. HEymans.
Le bleu de méthylène, en injection intraveineuse ou en perfu-
sion cardiaque chez la Grenouille et la Tortue, diminue, voire
même supprime, l’action cardio-inhibitrice de l'excitation du
pneumogastrique (1); d’après Koskowsky et Maigre, il paralyse,
chez le Chien, les terminaisons nerveuses parasympathiques (2).
(:) CG. Heymans et Et. Maigre. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXV, p. 45, 1921.
C. Heymans. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXVI, p. 282, 1922.
(2) W. Koskowsky et Maigre. C. R. de l’Acad. des sC., 16-8-1921.
(71) SÉANCE DU 24 JUIN 397
Dès lors se pose la question : le bleu de méthylène est-il, à la
manière de l’atropine, antagoniste des excitants parasympathiques
tels que la muscarine, l’acétylcholine et l’arécoline, qui produi-
sent entre autres le ralentissement ou l’arrèt diastolique du cœur
par excitation des terminaisons du vague ?
Nous avons institué, pour répondre à cette question, plusieurs
séries d'expériences :
° Action du bleu de méthylène sur le cœur de Grenouille et
de Tortue après injection ou perfusion de muscarine, d’acétyl-
choline ou d’arécoline (r). Voici deux exemples : Grenouille,
32 gr., l'injection intraveineuse de 0,06 mgr. de muscarine pro-
duit l’arrêt cardiaque immédiat en diastole, 128” après l'arrêt,
on injecte 0,8 mgr. de bleu de méthylène et le cœur reprend
immédiatement son rythine normal.
Tortue n° 7 : perfusion du cœur in situ : 0,4 mgr. d’acétylcho-
line provoquent l’arrêt cardiaque qui est aussitôt levé par 2 mgr.
de bleu de méthylène. Ces expériences et d’autres semblables dé-
montrent que le bleu de méthylène, à dose appropriée, fait dis-
paraître l’arrêt diastolique cardiaque provoqué par les excitants
Je es
° Action des excitants par asympathiques sur le cœur de Gre-
Ru et de Tortue après injection ou perfusion préalable de
bleu de méthylène. Un cœur de Grenouille, isolé et perfusé
d’après la méthode de Symes avec du Ringer à 1/500.000 d’acé-
tylcholine, se ralentit d’abord, puis s’arrête ; l’addition, par la
branche verticale de la canule de perfusion, de 10 gouttes de
bleu à r p. 100 au liquide de Ringer fait réapparaître aussitôt les
contractions cardiaques ; si on perfuse de nouveau avec du Rin-
ger-acétylcholine (1/500.000), le cœur ne se ralentit même plus.
L’antagonisme du bleu de méthylène et de l’acétylcholine est
donc réciproque ; néanmoins, lorsqu'on injecte ou perfuse,
après le bleu, des doses croissantes d’acétylcholine, l’action para-
Iysante du bleu ne fait plus que diminuer l’action excitante de
l’acétylcholine et, aux doses fortes, le cœur s’arrête encore.
3° Action cardiaque de l'injection ou de la perfusion simul-
tanée de bleu de méthylène et d’acétylcholine. Un exemple : Gre-
nouille, 25 gr., la perfusion du cœur in situ avec du Ringer à
1/500.000 d’acétylcholine produit une forte diminution de l’am-
plitude et de la fréquence cardiaque ; si on perfuse ensuite avec
du Ringer à 1/500.000 d’acétylcholine et 1/10.000 de bleu de mé-
thylène, le cœur ne présente aucune modification.
4° Chez le Chien (5,8 kgr.), l'injection intraveineuse de
(1) Nous nous sommes servi de chlorhydrate de muscarine (Grübler), de
chlorhydrate d’acétylcholine et de bromhydrate d'’arécoline (Hoffman-La
Roche).
BioLocre. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 27
398 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (72) :
RE EN SM ER A EE RS AR ER SR RU Ans
0,5-1 mgr. d'arécoline ou d'acétylcholine produit l'arrêt respi-
ratoire, une chute très notable de la pression, l’arrêt ou le ralen-
tissement du cœur : l'injection consécutive de 5-10 cer. de bleu
de méthylène supprime rapidement ces phénomènes d’excitation
parasympathique, la respiration se rétablit, le cœur reprend sa
fréquence normale et la pression se relève. L’injection simultanée
de bleu de méthylène et d’acétylcholine ou d'arécoline diminue
ou supprime, suivant la dose, l’action de ces deux dernières.
Conclusions. Les expériences sur le cœur de Grenouille, de
Tortue et sur le Chien démontrent donc que le bleu de méthy-
lène possède, quoique à un degré bien plus faible que l'atropine,
une action antagoniste de celle de la muscarine, de l’acétylcho-
line et de l’arécoline ; cet antagonisme est réciproque jusqu'à un
certain degré. Ces résultats confirment l’action paralysante du
bleu de méthylène sur le pneumogastrique (x).
(Institut de pharmacodynamie de l'Université de Gand).
INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES SÉRUMS
SUR LEUR FORMOLGÉLIFICATION ‘ÆT SUR LEUR POUVOIR
FORMOLGÉLIFIANT.
INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE SUR LEUR FORMOLCÉLIFICATION\,
par À. Bessemans.
Influence de la concentration.
a) Par évaporation. 1) Sur la formolgélification.
Nous avons résumé (>) comment les différents auteurs ont
étudié la réaction de Gaté-Papacostas, tantôt en laissant leurs
fioles ouvertes, tantôt «en les bouchant au coton, à la paraffine
ou au liège. Pauzat (3) fait 7 réactions en double et obtient des
résultats identiques em fermant au coton et à la paraffine.
Burke (4) constate que les tubes ouverts formolpélifient les pre-
miers, puis ceux bouchés au coton, puis ceux bouchés au liège ;
il préfère la:G.P (5) en tubes ouverts (surtout placés à 37°), parce
que cette technique lui donne plus de concordances positives en-
tre les G.P et les Wassermann.
Nous avons fait des essais comparatifs de formolgélifications
(x) Pour détails et graphiques, voir Archives intern. de pharmacodynamie -et
de thérapie, t. XXXVIT, qui paraîtra ultérieurement.
(2) C. R. de la Soc. de biol., séance belze du 27 mai 1922.
(3) C.:R..de la. Soc. de biol., 1922, t.:LXXXIV, ;p. -536-
(D Arch. of Dermat. and Syphil., 1922, vol. 5, n° 4, p. 460.
(5) G. P pour réaction de Gaté et Papacostas. LAC
(13) SE :SÉANCE DU 224 JUIN 399
avec divers échantillons de mêmes sérums formolés, les uns pla-
cés sous une cloche exsiccatrice en ficles ouvertes ou bouchées
au liège, les autres à l’air libre en fioles ouvertes, scellées ou bou-
chées au coton ou au liège. Les conditions de température,
comme toutes les autres conditions d'expérience, étaient identi-
ques pour tous les échantillons. Or, toujours nous avons constaté
que la gélification se produisait d'abord dans les fioles ouvertes
de l’exsiccateur, puis dans celles ouvertes à l'air libre, ensuite
dans celles. bouchées. au coton, enfin et simultanément dans les
fioles scellées et dans celles bouchées au liège.
Donc, ainsi que nous le supposions déjà antérieurement (x),
la formolgélification est accélérée par l’évaporation des sérums
formolés (2). Ajoutons que cette accélération est commune à tous
les sérums formolgélifiants, d’où elle ne constitue pas un moyen
de conférer à la G.P une valeur diagnostique de la syphilis qu’elle
ne possède pas comme telle (3).
2) Sur le pouvoir formolgélifiant. ;
En concentrant des sérums formolgélifiants par leur évapora-
tion à froid avant de les traiter par le formol, on augmente in-
variablement leur pouvoir formolgélifiant. Parfois même on con-
fère ainsi ce pouvoir à des sérums qui en semblaient dépourvus.
Nos observations confirment donc celles d’Armangué et Gonza-
lès (4). qui écrivent que la concentration aux 3/4 ou aux 4/5 du
volume initial de certains sérums peut changer leur G.P négative
em G.P positive.
: b) Par addition de sels.
Nous avons observé que l’on obtient une accélération de la for-
molgélification en ajoutant aux sérums formolés un des sels à
Pétat solide qui coagulent les globulines, soit du (NH*)*SO, mieux
du NaCI et mieux encore du MgS0O* (5). D'ailleurs, en ajoutant
l’un de ces sels avant l’addition de formol, on obtient aussi l’aug-
mentation du pouvoir formolgélifiant.
À noter que les effets obtenus par évaporation sont bien plus
grands que ceux obtenus par l’addition de NaC] en quantité suf-
fisante pour créer une concentration salée équivalente à celle
provoquée par l’évaporation. Cela montre que l’évaporation n’ac-
tive pas seulement en augmentant la concentration salée, mais
(r) €. R. de la Soc. de biol., 1922, t. EXXXVI, p: 958.
(2) Ne pas confondre formolgélification avec dessiceation. Les sérums non
formolgélifiants restent liquides malgré leur évaporation jusqu’à la dernière
goutte.
(3) C. R. de la Soc. de biol., séance belge du 27 mai 1922.
(4) Journ. of Infect. Dis., 1922, t. XXX, n°5, p. 443.
(5) Pour certains sérums fortement formolgélifiants, l'addition de MgSO4
peut, même en l’absence de formol, produire une. gélification.
400 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (74)
encore et surtout en concentrant les substances formolgélifiantes,
que nous pensons être les globulines.
Influence de la température sur la formolgélification (à).
Gaté et Papacostas (2) ont signalé que le séjour à l’étuve ne
modifie pas la formol-réaction, mais Burke (3) est le seul à avoir
systématiquement examiné la question. Il a placé des échantillons
de mêmes sérums formolés à la glacière, à la température du
laboratoire et à 37° (tubes non fermés) et il a constaté que d’abord
gélifiaient les tubes de l’étuve, puis ceux mis à température ordi-
naire. Nous avons refait l’expérience de Burke en utilisant, à côté
de tubes ouverts, des tubes scellés, de façon à éliminer ou du
moins à réduire l'influence du facteur évaporation. Nous pouvons
confirmer les observations de Burke, mais nous avons remarqué
que pour les tubes scellés la différence entre les échantillons mis
à diverses températures est moins nette que pour les tubes ou-
verts ; ensuite qu'elle l’est d'autant moins que la température
est plus élevée, car l’eau d’évaporation se condense à la surface
du tube et peut revenir se mêler au sérum formolé (4). Si donc
une élévation de température accélère la formolgélification, c’est
pour une faible part seulement en tant que facteur favorisant des
réactions biologiques ; c'est surtout parce qu'elle provoque une
évaporation plus active.
En étudiant l’action de la chaleur, nous avons recherché pour
une série de sérums cliniquement connus la température minima
qui les fait coaguler en l’absence de formol et nous avons com-
paré le pouvoir thermo-coagulant ainsi déterminé, d'une part
avec le pouvoir formolgélifiant, d'autre part avec l’histoire cli-
nique et le résultat de la réaction de Wassermann. Cet examen
comparatif ne nous a révélé l'existence d’aucun rapport entre les
différents facteurs considérés.
De ce qui précède, il résulte que les détails de la technique ont
(1) Nous avons vu l'influence du chauffage sur le pouvoir formolgélifiant,
C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 958. Signalons à ce sujet que
Mackenzie (Brit. Med. journ., juin 1921, p. 854), n’a constaté aucune différence
de formolgélification entre des sérums non chauffés et les mêmes inactivés une
demi-heure à 56° et que Bouttiau (Bruxelles médical, avril 1922, p. 298), estime
que le chauffage des sérums est défavorable à la réaction. Ajoutons, comme
nouveau fait d'expérience personnelle, que la congélation des sérums n'in-
fluence nullement leur pouvoir formolgélifiant, c’est-à-dire que des sérums
congelés et ultérieurement revenus à l’état liquide formolgélifient avec la mème
rapidité que les mêmes sérums n'ayant pas subi de congélation préalable.
(2) C. R. de la Soc. de biol., 1920, t. LXXXIIT, p. 1432.
(3) Loco citato. É
(4) La température de la glacière n’empêche pas la formolgélification de se
produire ; elle ne fait que la retarder. Dans le même ordre d'idée, la congéla-
tion n’empêche que momentanément le phénomène.
EL
(75' SÉANCE DU 24 JUIN | AO!
une grande importance au point de vue des résultats fournis par
l'épreuve sérique au formol et, en particulier par la réaction de
Gaté-Papacostas telle que l'ont définie les auteurs. Tous ces dé-
tails doivent donc être bien spécifiés quand on dresse des statis-
tiques.
(Laboratoire de l'administration de l'hygiène,
ministère de l’intérieur et de l'hygiène, Bruxelles).
INFLUENCE DE LA DILUTION SUR LE POUVOIR FORMOLGÉLIFIANT
DES SÉRUMS (1),
par A. BESSEMANS.
En traitant 1 c.c. de sérum douriné (de Cheval) chauffé une
demi-heure à 60° par des quantités de formol commercial variant
de 16 gouttes de formol non dilué à r goutte d’une solution au
16° dans de l'eau distillée (2), l’on obtient des résultats analogues
à ceux résumés ci-après
10m. 12 m. 15 m. 9h. 21/2h. 31/2h. 20h 4j. 22 j. 1 ms
16 gouttes formol pur. — — — — — — — + ++
8 gouttes id. PE ENT POS GE PR CRE Se
4 gouttes id. DRAM PE AE
2 gouttes id. + +
1 goutte id. + ++
1 goutte id./2 3 Ji ad
1 goutte id./4 = 4, de ni Au
1 goutte id./3 HE NAME PRE pu EE A ne QE ER te
I goutte id./16 — — — — == = is, == de 3e 30
En faisant la mème expérience avec des sérums quelconques
à pouvoir formolgélifiant plus faible, les résultats ne diffèrent
des précédents que par l’absence de gélification avec les doses
extrèmes de formol et par le recul des réactions positives vers la
droite.
Cela montre qu'en diminuant, comme en augmentant, pro-
gressivement les quantités de formol on retarde progressivement
la gélification jusqu'à suppression ; que les limites dans l’un ou
l’autre sens sont d'autant plus éloignées que le pouvoir gélifiant
du sérum est plus faible ; enfin qu'il existe une proportion optima
(x) En diluant avant comme après l’addition de formol, on obtient des ré-
sultats semblables. C’est dire que l’influence de la dilution sur le pouvoir for-
molgélifiant est: la même que sur la formolgélification.
(2) Pour la technique et la signification des abréviations, voir nos notes an-
térieures
102 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (76)
de formol et de sérum, proportion qui, d’ailleurs, ne varie que
peu suivant les diverses espèces de sérums examinés (r).
Mais em variant ainsi les doses de formol, l’on réalise forcé-
ment dés dilutions variables du sérum expérimenté. Quelle part
revient à ces dilutions dans le phénomène envisagé ?
Une quantité fixe de formel (soit 2 gouttes) ajoutée à 1 c.c. de
sérum formeolgélifiant et de plus en plus dilué avec de l’eau dis-
tillée nous donne (2) :
15 m. 2 D. 21/2 D 20 In 4 je 29 j. 2ms 3ms ms
SÉCUMIDUR NME NME + + F
Sérum dilué aux 3/4.. — + ++
id. au 1/2... — — TT mr DL PAIE LE
id. au 1/4... — : + + +
id. au I/10.. © — — —
Donc en diluant progressivement un sérum avec de l’eau dis-
tillée, on retarde progressivement sa formolgélification (3).
Femaplacçcons l’eau distillée par de l’eau physiologique et par
des solutions saturées de sel de cuisine, de sulfate de magnésium
ou de sulfate ammonique
Quantité en c.c. 10 m. 4 h 3 h 10h. 18h. 4j
D SCLÉROSE RENE Tes + +
0,8 sérum + 0,2 eau distillée ......... — — — + E de
0,8 sérum + 0,2 eau physiologique. ... — + ++
0,8 sérum + 0,2 sol. sat. (NH*}2SO: = = ALES
0,8 sérum —+ 0,2 sol. sat. NaC1 .. .. ... — D, La
0,8 sérum + 0,2 sol. sat. MeSO*..... . + ++
0,6 sérum + 0,4 eau distillée.......... — — _ — _— ++
0,6 sérum + 0,4 eau physiologique .. . — —— — + ++
0,6 sérum + 0,4 sol. sat. (NH#)2S0*.... — — + ONCE
0,6 sérum + o,#4 sal. sat. NaCl ........ — — 2 2
9,6 sérum + 0,4 sol. sat. MeSO'....... — + ++
Toutes les solutions employées retardent donc la gélification
plus ou moins suivant le degré de la dilution réalisée, plus ou
moins aussi suivant la nature du sel et ceci dans l’ordre du ta-
bleau précédent. |
À noter que le phénomène est constant pour tout sérum for-
molgélifiant et que la gélification ne se produit pas avec les so-
lutions seules en l’absence de formol (4). À noter également que
(x) C. R. de la Soc. de biol., séance helge 27 mai 1922.
(2) L'exemple se rapporte à un autre sérum douriné inactivé à 6o°.
(3) Armangué et Gonzales (Journ. of Inf. Dis., r922. t. 30, 5, p. 445), si-
gnalent que « des sérums formolpositifs sont rendus négatifs par leur dilution
aqueuse: à plus de 1/5. ow 1/6 et que cette dilution. canduit à la production de
fausses réactions positives avec augmentation de: la viscosité et floculation ».
(4) Ces mélanges sans formol moisissent assez vite. Ne pas confondre la géli-
fication avee la précipitation provoquée, même en l’absemce de formol, par le
sulfate de magnésium.
(71) | SÉANCE DU 24 JUIN. 405
ce sont précisément les sels :qui coagulent les globulines qui re-
tardent le moins la gélification ; nous verrons bientôt que la
formolgélification des sérums n'est autre chose qu'un phéno-
mène :colloïdal globulinique.
Dilution des sérums jormolgélifiants avec d’autres solutions
a) Avec deurs antigènes correspondants. Des sérums syphili-
tiques ou dourinés, qui formolgélifient, mis en présence de leurs
antigènes respectifs (utilisés pour la déviation du complément),
que le formol soit ajouté immédiatement ou après contact anti-
vène-sérum (même contact prolongé et à 37°), voient leur géli-
fication simplement retardée comme si la dilution avait élé faite
avec de l'eau physiologique.
b) Avec .des solutions médicamenteuses. Nous avons employé
du néosalvarsan, de l’arsénobenzol «et du .cyanure .de mercure en
solution distillée telle qu'une goutte (x/20 c.c.) renfermât respec-
tivement «0,32 cgr. des deux premiers produits et 0,0064 egr. du
troisième, de façon à provoquer:par deur mélange avec le sérum
des concentrations analogues «et considérablement plus fortes que
celles réalisées in vivo par des plus intenses traitements antisy-
phikitiques. ‘Or, x c.c. de sérum fortement syphilitique et formol-
gélifiant, mélangé à une goutte de-ces solutions pures ‘ou diluées
de 1/2 au 128°, formolgélifie comme si la dilution avait été faite
avec de l’eau distillée (1). Si donc l'influence du traitement de la
syphilis peut faire diminuer et même faire disparaître le pouvoir
formolgélifiant d’un sérum (2), ce n’est pas là un effet direct des
médicaments spirillicides sur le sang.
c) Avec des sérums divers. Ici, tout dépend .du pouvoir formol-
gélifiant du sérum employé pour !la dilution. En ‘d’autres termes,
la gélification sera avancée, retardée ou nullement ‘influencée,
suivant que le sérum ajouté est plus ou moins gélifiant ou pos-
sède exactement la même puissance gélifiante que le sérum au-
quel on l’ajoute. Il va de soi que la proportion de la dilution joue
son rôle habituel.
d) Avec des solutions d’hémoglobine. Cette fois-ci, c’est avant
tout une question de concentration de la solution utilisée, car
une solution d'hémoglobine suffisamment concentrée acquiert
un pouvoir formolgélifiant propre. C’est ainsi que des globules
rouges humains, lavés trois fois et qu'on fait éclater dans de
l’eau distillée à telle concentration que la solution obtenue cor-
respond colorométriquement à 64 fois la concentration de l’éta-
lon de l’hémoglobinomètre Sahli, formolgélifient au bout de quel-
(x) Ces solutions médicamenteuses ne gélifient pas les sérums en l’absence de
formol. De tels mélanges s’altèrent et moisissent rapidement.
(2) Cf. notre communication au congrès de dermatologie et de syphiligraphie
de Paris, début juin 1922.
404 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (78)
ques minutes avec 2 gouttes de formol. De même, une solution
d'hémoglobine de Mouton équivalente à 4o concentrations étalon
Sahli donne une formolgélification positive après 16 heures, tan-
dis qu’à une concentration de 10 étalons Sahli elle ne formolgé-
lifie plus qu’au bout de 12 jours (1).
Ces solutions d’hémoglobine semblent d’ailleurs se comporter,
à quelques différences près, comme des sérums formolgélifiants.
En effet, leur pouvoir formolgélifiant est augmenté par un chauf-
fage d’une demi-heure à 56° (2) tandis qu’il n’est pas influencé
par la congélation. En les traitant par des quantités variables
de formol, leur gélification est progressivement retardée par
l’augmentation, comme par la diminution, des doses de formol
à partir d'une certaine quantité optima. Leur dilution avec de
l’eau physiologique retarde moins leur gélification que ne le fait
leur dilution avec de l’eau distillée et leur dilution avec des solu-
tions saturées de NaCI, de MgSO“ ou surtout de (NH“)2SO“ la
retardent encore beaucoup moins que ne le fait leur dilution avec
de l’eau physiologique. Enfin, leur mélange à un sérum quelcon-
que accélère, retarde ou n’influence nullement la formolgélifi-
cation de ce dernier, suivant que le pouvoir formolgélifiant de la
solution d’hémoglobine est plus fort, plus faible ou le même
que celui du sérum (3).
(Laboratoire de l'administration de l'hygiène
ministère de l’intérieur et de l'hygiène, Bruxelles).
(1) Le pouvoir formolgélifiant de ces solutions d’hémoglobine reste sensible-
ment le même forte centrifugation.
(2) Un chauffage prolongé, surtout à plus haute Po (58-60°) sem-
ble plutôt diminuer ce pouvoir formolgélifiant.
(3) La quantité d’hémoglobine présente dans les sérums soumis à l’analyse
courante est généralement insuffisante pour modifer le pouvoir formolgéli-
fiant de ces sérums. Ê
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Salicylarsinate & Mercure (38,46% & Hg. et 14,4 de As, dissimalés).
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4° L'ÉNÉSOL agit comme hydrargyrique.
2 L'ÉNÉSOL est, vis-à-vis du spirochète, un agent arsenical majeur. Introduit
dans l'organisme par voie intramusculaire ou intraveineuse, il assure rapidement
une stérilisation durable, pratiquement vérifiée par l'atténuation puis la
disparition de la réaction de Wassermann.
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Dose MOYENNE : 2 cc. correspondant à 6 cgr. d'ÉNÉSOL par jour.
DosEs MASSIVES ou de SATURATION : Injections intramusculaires de 4 à
…. 6Gocc. (soit 12 à 18 cgr. d'ÉNÉSOL), tous les 2 ou 3 jours. —
Injections intraveineuses de 2 à 10 cc. (soit 6 à 30 cgr. d'ÉNESOL),
selon le sujet, l'urgence et la gravité, tous les 2 ou 3 jours.
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COMPTES RENDUS
des Séances
de DE LA
Société de Biologie
et de ses filiales : ne. : :
ée: réunions de dau Marseille, Nancy: Petrograd,
Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
nes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy)
de Suède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
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Séance du 8 juillet 1922
4 PARIS
| MASSON ET Cie, ÉDITEURS
LIBRAIRES DE ‘E ACADÉMIE DE MÉDECINE
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VAGANGES DE LA SOCIETE |
La dernière séance de l'année classique 1921-1922 sera tenue
22 juillet 1922; la Société vaquera ‘ensuite deu ‘au . octob
(séance de nee).
LlÉnières
Toutes les notes doivent être remises
sous forme de dactylographies, ne
varietur, sans lectures douteuses ;
ES
elles ne doivent pas dépasser l’étendue
réglementaire. | \
Ces conditions sont formelles.
SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ
- 7, rue de l'Ecole de Médecine.
M A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que 1e
samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications e
lettres au Secrétaire général, à l'Institut Pasteur, Paris QUE |
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Les cotisations et versements de toute nature peuvent être. versé
directement au compte du trésorier : D' J. Joczy, 56, av. de Breteuil
Paris (7°), compte postal 44-58.
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21 — — 100 — (4 pages). $
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phies; les factures réglées directement à l'imprimerie. î
: Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de leurs
aotes, le jeudi à 10 neures, chez les SAT ONE MM. Davy, 52, ru
Madame, Paris 6°.
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14, rue Rougemont, Paris, 9° — Télé ph. Central 71-57
de
dé CES,
. TA
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DÜNS JUILÉEN
BaBonNeix (L.) : Lésions inflam-
matoires des méninges dans
l’idiotie mongolienne..........
BarrTezLi (F.) et MARTIN (J.):
La production du liquide des vé-
sicules séminales en rapport avec
la secrétion interne des testicules.
Comsresco (D.): Recherches sur
la gélification du sérum par
l’aldéhydeformique chez les ani-
maux en état d’anaphylaxie...
Degré (R.) et BonnerT (H.) :
Surinfection du Cobaye tubercu-
leux, avant et après l’établisse-
ment de l’état allergique ....
Grrarp (P.) et MESTREZAT ( W. ):
Recherches expérimentales sur la
perméabilité sélective des cellules
vivantes aux ions. Remarque à
propos de l’expérience de Donnan
SuMlETOnseN CONSO LENS.
Joccy (J.) et SARAGEA (Th.) :
Sur les ébauches sanguines em-
bryonnaires intrahépatiques....
Képixow (L.) Anaphylaxie
chez les animaux éthyroïdés et
nourris avec de la thyroïde.....
LaBBÉ (M.), Bira(H.) et NEPvEux
(F.): L'’élimination des acides
organiques dans l’urine des dia-
bétiques acidosiques...
LaPricque (L.): Sur la cadence
de l’influx moteur volontaire...
LapicQue (L. et M.) : Sur la sen-
sibilité de Leptodactylus ocellatus
MaSVaViS du CUrare Re 0,"
_.s..,....
BioLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1922,
h19
429
416
449
2x
1922
SOMMAIRE
Lecer (M.)et Baury (A): Essai
de vaccination contre la peste par
lAVOIENbUCCAle EPP PR ENLUE
Naceotte (J.): La boule d’œ-
dème de Ranvier et la disposition
de la trame dans le tissu conjonc-
HHMSOUSSCULEANE PRE ARENEN
Nicorau (S.) et P. PomcrLoux:
Herpès récidivant ; caractères du
VIUSSRERDÉ NC RE AE EME
OziveirA (M. de) et PEREz
-(J.-R.): Action du quinosol sur
le sérum normal de Cheval et
sur le sérum hémolytique.. ..
Panisser (L.) et VERGE (J.) : Le
traitement des localisations ner-
veuses de la maladie des Chiens
par la formine (urotropine).....
PErEz(J.-R.)etOriverrA (M. de):
Action inhibitrice du quinosol
sur le développement des micro-
bes dans les cultures et action
ANTIDUETÉOE. MANN EVE RS NS
PEeyre (E. ): Rapport de sédi-
mentation colin L
RecauD (C.): Sur la nécrose
des os hs par un processus
cancéreux ettraités par les radia-
LAND A ES SR EURE AN EE
STERN (L.) OBS reEeE LIN (EE
Inhibition du système nerveux
par l'électricité. Action des cou-
BURN ELLES AU 1 CRÉOLE
Troisier (J.) ct Wozr (M.) :
Action cytologique du calcium et
du potassium sur la cellule can-
T. LXXXVIT,
44h
439
A5x
L15
hxx
an
ho6
427
432
406
CÉLEUSERE MUENT EMA LAS EU 437 | Influence de l’hypophyse sur la
. Vicnes (H.): Lécithine et gesta- tonicité des capillaires......... hG6z
VON ROLE te ARE ee MENU 4x7 SEEDORFF (J.) : Production ex-
Réunion danoise de biologie.
ADsERSEN (V.): Recherches ex-
périmentales sur le sérum anti-
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
périmentale du cancer mam-
maire chez le Lapin et la Souris
blanche sous l’action du goudron.
466
gourmeux ................ 470 Réunion biologique de Suède.
Bonpo (E.) : Influence des hy-
drates de carbone sur la forma- Bacxman (E.-L.) et Lunpserc
tion de l’indol dans les cultures (H.): L'action de l’atropine sur
GE LEO DA NE NE sen n Rege . 472 | les effets provoqués par l'adréna-
Horu (E. )eSucila décoloration NE SUPNUTÉQUS PER E RARES 475
duipourpre visuel MERE PPPENP h65 Backman (E.-L.) et LunpBerG
Hozm (E.) : Sur la xérophtalmie (H.): Action de l’atropine sur les
QU RATS PEER NE RENNES e 463 | effets provoqués par l’adrénaline
JOŒRGENSEN (S.) et PLum (I.): sur la pression du sang........ AB
Diagnostic différentiel des gluco- Backman (E.-L.) et Lunpserc
suries bénignes et du diabète su- (H). Importance de l’atropine
cré à l’aide « d’injections intravei- pour les effets de l'adrénaline sur
DEUSESNUEMOILEOSE PER EREPEA 455 | les vaisseaux et sur le cœur.... 479
KroGx (A.) : Appareil respira- Kzinc (C.) Davipe (H.) et Lrc-
toire enregistr eur, servant à dé- JENQUIST (F.) : Affinité cornéenne
terminer l? absorption d'oxygène du virus encéphalitique... .... 486
et les échanges caloriques chez LunpBerG (H.) : Le pouvoir
JÉ TO ane PE A ann Ie 458 | pharmacodynamique du bleu du
KroGa (A.) : et REHBERG (P.-B.): HMÉLhyIenEREEEESE Se S .
Présidence de M. G. Bohn, vice-président.
RAPPORT DE SÉDIMENTATION GLOBULAIRE
Note de Enouarn PEYRE, présentée par G. Roussy.
La sédimentation du sang est depuis longtemps l’objet d'ob-
servations et de recherches. Le caillot couenneux, la coagulation
plasmatique de Gilbert et Weill sont précisément des aspects de
sédimentation hâtive.
Des liquides anticoagulants ont été employés pour mieux met-
tre en évidence cette propriété à laquelle se sont attachés de nom-
breux auteurs (Maccabruni, Plaut, Buscher, Runge, Katz, etc.).
Farhéus utilisant soit la centrifugation, soit la pesanteur, a bien
étudié ce phénomène dans ses rapports avec les variations de
température et avec les modes d’agglutination. Ces recherches,
pratiquées, d'autre part, au cours d’affections diverses, lui ont
permis de montrer que la rapidité de la sédimentation était direc-
tement proportionnelle à la gravité des cas observés.
Depuis plusieurs mois, nous étudions systématiquement la sé-
| > FR
SÉANCE DU 8 JUILLET 407
dimentation en suivant la technique de Luzenmeyer que nous
avons modifiée toutefois dans sa disposition,
Dans une éprouvette de 5 c.c., graduée au 1/10 c.c. d’un dia-
mètre de 8 ou ro mm., nous mettons : 1 c.c. de liquide citraté
à 5 p. 100 et 4 c.c. de sang total tombant directement de l'aiguille.
Le tube est retourné 2 ou 3 fois pour assurer un mélange bien
homogène et nous laissons ainsi reposer suivant la chute cellu-
laire.
COURBE DE SÉDIMENTATION.
8 10 2 HU 16 18 20 #4
HAnspomaerene
y
NS ||
CZ
/mportance du depot exprimé en Hode cent. cubes -
RTL MONET CE RE
Nombre d'heures de Sédimentation.
Dans la moyenne des cas, au bout de 5 à 6 heures, le tassement
est presque achevé, différant de 1 à 2/10 de c.c. du tassement lu
à la 24° heure, les seuls phénomènes qui interviennent dans la
suite sont d'ordre destructif (diffusion de l’'hémoglobine plus ou
moins rapide).
Pour mieux illustrer les lectures qui se font, nous avons établi
un graphique qui permet de noter heure par heure l'importance
du dépôt exprimé en dixièmes de c.c.: une courbe unissant les
différents points est alors inscrite. La zone ombrée indique Île
. passage des courbes normalement observées.
Le dépôt présente de bas en haut : 1° la plus importante frac-
tion qui correspond aux globules rouges les premiers à sédimen-
L
408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ter ; 2° une bande blanche plus ou moins épaisse bien nettement
séparée constituée par les leucocytes ; 3° une zone blanchâtre un
peu trouble constituée par les hématoblastes. Il reste au-dessus
le liquide de suspension (plasma citraté) généralement assez lim-
pide ou opalescent.
Par ce procédé, nous apprécions deux choses : d’une part, la
rapidité de chute qui a fait jusqu'à présent l’objet principal de
l’observation des auteurs, d'autre part, l'importance du dépôt une
fois le tassement achevé. Nous savons déjà que la rapidité de
chute n’est pas en rapport avec le nombre des cellules sanguines
(Farhéus). Nos observations personnelles nous ont montré qu'il
en était de même pour la hauteur du dépôt. Autrement dit, deux
sangs contenant le même nombre de globules ne donneront pas
obligatoirement un dépôt identique ou même voisin : c’est ainsi
que nous avons pu constater des variations du simple au double ;
des sangs à 4.400.000 globules rouges nous ont donné, pour 4 c.c.
de sang des dépôts de 11 à 20 dixièmes de c.c.
C’est en voyant ces variations que nous avons songé à établir
un rapport Rs reliant le volume du tassement et le nombre glo-
bulaire du sang sédimenté.
Ce rapport peut s'exprimer ainsi : Ps, V représentant le
volume après un repos de 24 heures exprimé en centièmes de c.c.
du tassement parachevé de 1 c.c. de sang total et N le nombre
des hématies au mme. exprimé par 100.000 (nous aurons alors,
puisqu'il s’agit de 4 c.c. de sang total : N x 4).
Prenons l'exemple souvent rencontré où le dépôt est égal à
22/10 de c.c. (220/100) pour 4.500.000 globules rouges au mme.
220
154
nous apparaissent cliniquement normaux, le rapport est au-dessus
de 1. Si nous nous reportons à l’étude que nous avons faite de ce
phénomène sur plus de 8o cancéreux, nous voyons que les rap-
ports inférieurs (de v,4 à 0,8) intéressent toujours des cas graves
à évolution fatale alors que les cas favorables améliorés par un
traitement nous ont donné des rapports d'au moins 0,9.
Nous nous garderons bien, pour le moment, de tenter une
” terprétation pathogénique de ces constatations, toutefois, M. Pa-
oniez considère que pour le premier caractère tout au moins (sé-
dimentation hâtive) il s’agit de propriétés humorales d’origine
plasmatique.
Il fait remarquer cependant que parmi les diverses proposi-
tions étudiées par les auteurs (teneur du plasma en agglutinines,
viscosité, tension superficielle, nombre globulaire, etc...) aucune
nous aurons : Rs— 1,2. Dans la moyenne des cas qui
av
SÉANCE DU 8 JUILLET 409
AU UE "RU See D
n'a permis d'aboutir à des conclusious valables (Maccabruni,
Buscher, Farhéus). Nous croyons pouvoir ajouter que le conte-
nant n'intervient pas, cai en éprouvette paraffinée ou en verre
sec la sédimentation se fait à vitesse égale et à volume de dépôt
maximum très sensiblement égal.
En définitive, nous pensons que la recherche du rapport de sé-
r
. . V A Û x Ag
dimentation Rs— Nous paraît devoir prendre place à côté des
diverses techniques de laboratoire employées en hématologie et
ceci d'une façon générale dans toutes les affections.
| ANAPHYLAXIE CHEZ LES ANIMAUX ÉTHYROÏDÉS
NOURRIS AVEC DE LA THYROÏDE,
par Léon KÉPiINow.
Dans une note précédente (1) j'émettais l'hypothèse que la
thyroïde intervient dans la préparation même de la substance
sensibilisante, substance que les animaux éthyroïdés sont inca-
pables d'élaborer. Les expériences, faites en vue de vérifier cette
hypothèse, ont montré que les animaux privés de leur glande
thyroïde ne renferment pas dans leur sérum, après les injections
préparantes, la substance qui confère l’anaphylaxie passive à des
animaux soit non opérés, soit éthyroïdés.
Les animaux privés expérimentalement de leur glande thy-
roïde ne présentent pas d’anaphylaxie active et leur sérum étant
dépourvu des propriétés qu'exige la transmission passive de
l'hypersensibilité aux animaux neufs, nous nous sommes de-
mandé s'il ne serait pas possible de rendre aux animaux éthy-
roïde ne présentent pas d’anaphylaxie active et leur sérum étant
leur préparation (sensibilisation), de la substance thyroïdienne,
pour suppléer à l’absence de la glande.
À cet effet, nous avons eu recours à l'alimentation de nos
animaux avec de la substance thyroïdienne, sous forme de petites
boulettes composées d’une préparation sèche de la glande, addi-
tionnée d’un peu de farine et de quelques gouttes d’eau, que
nous administrons per os.
Voici les résultats de nos expériences
I. Anaphylaxie active. 10 Cobayes éthyroïdés ont été sensibi-
lisés par l'injection sous-cutanée de 0,01 .. de sérum . Ses
(x) L. Képinow et A. ui LES thyroïde et anaphylaxie. c. R.
de la Soc. de biol., 6 mai, p. 906,
410 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
val. d’entre eux avaient, au préalable, pendant toute la durée
dé la période préparatoire de la sensibilisation, reçu chacun
per os tous les jours, avec une interruption, à deux reprises, d’un
jour, 4Veé 0,05 gr. de préparation sèche de la glande thyroïde.
Les 3 autres ne recevaient pas d'alimentation thyroïdienne et
servaient de témoins. 18 jours après l'injection préparante, les
ro Cobayes ont reçu, dans l'artère carotide, l'injection déchai-
nante du sérum de Cheval. Tous les Cobayes éthyroïdés qui ont
reçu l'alimentation thyroïdienne ont suecombé à la suite de l’in-
jection déchaînante, après avoir présenté tous les symptômes
classiques du choc anaphylactique ; un seul, n'ayant montré
qu'un choc léger, à survécu. Aucun des Cobayes témoins n'a
présenté le moindre symptôme de choc à la suite de l'injection
déchaïnante.
IT. Anaphylaxie passive. Les Lapins éthyroïdés devant fournir
le sérum sensibilisant ont été traités par des injections intra-
péritonéales de sérum de Cheval (3 injections de 15, ro et
10 c.c. faites à 7 jours d'intervalle). Pendant toute cette période,
les animaux ont reçu per os, tous les jours, o,1 gr., parfois
0,2 gr, de la préparation sèche de la glande thyroïde ; deux ou
trois fois, cette alimentation a été interrompue pour un jour. Les
añimaux étaient, en règle générale, saignés 8 jours après la der-
nière injection, et leur sérum a été injecté, le lendemain de cette
saighée, à la dose de 1 à 3 c.c. dans le péritoine des Cobayes en
expérience ; ces derniers, 18 à 24 heures plus tard, recevaient,
par voie carotidienne, l'injection déchaïnante du sérum de
Cheval.
Expérience I. Le Lapin 35/K, éthyroïdé, reçoit tous les jours,
pendant toute la période préparatoire, une préparation sèche de
glande thyroïde, en tout, pour toute la période, 5,4 gr. A Ja
fin de la période de sensibilisation, le sérum de ce Lapin était
injècté dans la cavité péritonéale de 5 Cobayes neufs, à la dose
de 1 à 3 c.c. à chacun ; l'injection déchaînante était faite le
lendemain. Les 5 animaux ont réagi à cette dernière par le choc
anaphylactique mortel.
Expérience IT. Le Lapin 4/K, éthyroïdé, reçoit, per os, péndant
la période préparatoire, 2,4 gr. d’une préparation sèche de
glande thyroïde. La période de sensibilisation terminée, lé sérum
de ce Lapin est injecté dans la cavité péritonéalé de 5 Cobayes
neufs, à la dose de 1 à 3 c.c. à chacun. Tous les animaux, à l’ex-
ceplion d'un seul, w’ayant présénté qu’un choc faible, ont péri
à la suite de l'injection déchaînante, avec tous les symptôtnes
classiques de choc.
Expériénce HI, Le Lapin 7/K, éthyroïdé, reçoit, per os, pen-
dant la période préparatoire, 2,4 gr. d’une préparation sèche de
2
.
SÉANCE DU S JUILLET A1
glande thyroïde. La sensibilisation achevée, le sérum de ce Lapin
est injecté dans la cavité péritonéale de 4 Cobayes neufs. Tous
ces animaux réagissent, après l'injection déchaînante, par le
choc mortel; un seul, n'ayant reçu que 1 c.c. de sérum de
Lapin, montre un choc quoique grave, mais n’entraînant pas
la mort,
Conclusions. 1. Les Cobayes privés de leur glande thyroïde
et ayant perdu l'aptitude à l’anaphylaxie active, recouvrént cette
aptitude si, pendant la période de sensibilisation, on supplée à
la glande thyroïde absente par l'introduction, per os, dans leur
organisme, d'une préparation de cette glande.
2. Le sérum des animaux éthyroïdés et sensibilisés, qui a été
privé de ses propriétés anaphylactisantes, recouvre son aptitude
à la transmission passive de l’hypersensibilité à des animaux
neufs si, pendant la période de sensibilisation, ces animaux sont
alimentés avec une préparation de glande thyroïde.
(Laboratoire de microbie technique de l’Institut Pasteur).
LE TRAITEMENT DES LOCALISATIONS NERVEUSES
DÉ LA MALADIE DES CHIENS PAR LA FORMINE (UROTROPINE),
par L. Panisser et J. VERGE.
La formine peut être administrée aux Carnivores domestiques
pêr os, par voie sous-cutanée ou par voie intraveineuse. Quel que
soit le mode d'introduction du médicament dans l’économie ani-
male, l'urotropine se retrouve, en nature, ou sous forme de pro-
duit de dédoublement (formol) dans certaines parties de l'orga-
nisme : liquide céphalorachidien, salive, sécrétion bronchique (1).
Il est probable que c’est à son dédoublement en formol et am-
moniaque qu'il faut atiribuer la puissante action antitoxique et
anti-infectieuse de la formine. Nous avons utilisé ce pouvoir
bactéricide énergique dans le traitement de certaines formes ner-
veuses de la maladie des Chiens.
Sur 11 sujets traités par nous, 5 sont morts malgré l’inter-
vention, 5 ont été guéris, un est actuellement en voie d’amélio-
ration. La médication se révèle d'autant plus efficace qu'elle est
instituée au début des phénomènes morbides.
De l'étude ainsi poursuivie, il nous semble permis de tirer
les conclusions suivantes
(1) L'un de nous (L. Panisset) poursuit avec E. Nicolas l'étude du sort
de l’urotropine introduite dans l’organisme.
412 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
1°* La formine (ou héxaméthylène tétramine ou urotropine)
peut être employée avec succès dans le traitement des localisa-
tions nerveuses de la maladie des jeunes Chiens : paralysies plus
ou moins envahissantes, paraplégies, chorée, méningo-encépha-
lites ou méningo-myélites. En ce qui concerne la chorée ou para-
lysie rythmique, nous avons constaté, à différentes reprises, que
l’action de la formine était toujours fugace, transitoire et peu
marquée.
2° Les troubles survenant chez les Chiens adultes ou très âgés
sous forme de paralysies d’origine centrale (cérébrale, cérébel-
leuse, bulbaire ou médullaire) relèvent également du traitement.
3° Nul inconvénient n’est à redouter dans l'emploi des doses
fortes telles que nous les préconisons.
h° La voie d'introduction la plus favorable à l’action anti-
infectieuse ou antitoxique du médicament est la voie veineuse.
5° La voie sous-cutanée, qui donne d'excellents résultats, peut
être utilisée au même titre que la voie veineuse : les phénomènes
locaux sont peu à craindre, mais apparaissent quelquefois. Leur
régression, toujours rapide, s'effectue en tous les cas sans laisser
de traces durables.
6° On injectera, suivant la taille et le poids des sujets, 1 ou
2 gr. de formine. La solution sera faite, soit dans 5 c.c., soit
dans 10 c.c. de sérum physiologique stérile. L'issue de quelques
gouttelettes de la solution dans le tissu conjonctif péri-veineux
demeure sans inconvénient.
7° Les injections d’urotropine seront répétées chaque matin,
10 jours de suite. L'amélioration doit se produire vers la cin-
quième ou sixième inoculation.
8° Lorsqu'une série de piqüres n'a amené aucun résultat, il
est indiqué de recommencer une série identique, après une pé-
riode de repos de ro jours.
9° La formine mérite d’être utilisée dans la cure des autres
localisations de la maladie du jeune âge, en particulier pour
traiter les formes pulmonaire ou intestinale, surtout en leurs
débuts. On emploiera une posologie et des voies d'introduction
semblables à celles qui ont été indiquées dans les paragraphes
précédents.
(Ecole vélérinaire d’'Alfort).
SÉANCE DU 8 JUILLET |. 413
ACTION DU QUINOSOL SUR LE SÉRUM NORMAL DE CHEVAL
ET SUR LE SÉRUM HÉMOLYTIQUE.
Note de M. pe OriveirA et J.-R. PEREZ, présentée par E. Nicozas.
Le quinosol est du sulfate neutre d’ortho-oxyquinoléine.
Convaincu, après essai, de l’innocuité et de la puissance anti-
septique de ce corps, M. Nicolle en a préconisé l'usage, durant
la guerre, pour la conservation de certains sérums préparés à
l’Institut Pasteur. Plus récemment, E. Nicolas et P. Rinjard en
ont fait largement usage au centre sérumigène de Bruxelles pour
conserver le sérum contre la peste bovine ; ils l’ont utilisé dans
la proportion de 0,2 gr. de quinosol pour 1.000 c.c. de sérum.
Ne possédant sur l’action du quinosol que ces brèves données
pratiques et nous étant convaincus nous-mêmes de la grande
valeur du produit pour la conservation des sérums, nous avons
voulu étudier l'influence du quinosol sur le sérum, en tant que
liquide albuminoïde, et celle qu'il pouvait avoir sur les pro-
priétés des sérums spécifiques.
Le quinosol, ajouté au sérum normal de Cheval dans la pro-
portion de 1, 2 ou 3 p. 100 détermine aussitôt une floculation
du liquide en même temps que l’apparition d’une coloration
d'un vert franc. Les flocons formés se sédimentent très vite et
le sérum quinosolé dans la proportion de 2 et de 3 p. 100 reste
trouble. Ces résultats ont été obtenus en laissant la réaction se
poursuivre à la température du laboratoire. Si l’on opère à la
température de l’étuve (37-38°), le quinosol, aux taux que nous
avons indiqués, détermine des altérations plus profondes. Après
24 heures, le sérum quinosolé à 1 p. 100 montre un dépôt que
résout difficilement une agitation énergique ; à 2 p. 100, le li-
quide surnageant est épais, sirupeux ; à 3 p. roo, tout le contenu
du tube s’est pris en masse. L'addition de quinosol au sérum
normal de Cheval dans la proportion de 1, 2 ou 3 p. 1.000 pro-
voque un léger trouble que-sa répartition dans la masse fait dis-
paraître aussitôt. La coloration verte du mélange apparaît plus
nette dans les tubes placés à l’étuve que dans ceux conservés à
la température du laboratoire.
Nous avons recherché si l'addition de quinosol à un sérum spé-
cifique n’était pas capable de le modifier ou de le dépouiller de
ses propriétés. Nous avons expérimenté avec un sérum hémoly-
tique (provenant du Cheval) pour les hématies du Mouton.
Le sérum hémolytique anti-Mouton a été quinosolé dans la
proportion de 1, 2 ou 3 p. 1.000. Les mélanges ont été con-
servés plusieurs heures, soit au laboratoire, soit à l’étuve. Cher-
4
A4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
chant alors à mettre en évidence les propriétés du sérum, nous
n'avons observé aucune différence entre le sérum hémolytique
quinosolé et celui qui n’avait pas été additionné de cette sub-
stance. Nos essais ont été assez nombreux pour nous permettre
de conclure que le quinosol, aux taux de r, 2 ou 8 p. 1.000,
n’exerce aucune action empêchante ni retardatrice sur la mani-
festation des propriétés du sérum hémolytique.
Si l’on veut bien observer que tous nos essais ont été faits
avec des sérums additionnés de quinosol dans une proportion
qui est de beaucoup supérieure à celle qui est nécessaire pour as-
surer leur conservation, on peut en déduire que, même après un
contact prolongé, le quinosol employé comme conservateur
n'apporte aucune modification profonde aux sérums et qu’en
particulier, dans les sérums spécifiques, il laisse intacts certains
anticorps, notamment les anticorps hémolytiques.
(Laboratoire du P' Panisset, Ecole d’Alfort).
ACTION INHIBITRICE DU QUINOSOL SUR LE DÉVELOPPEMENT
DES MICROBES DANS LES CULTURES ET ACTION ANTIPUTRIDE.
Note de J.-R. Perez et M. ne OLiverRA, présentée par E. Nicoras.
Nos recherches nous ayant convaincus, comme pérmettait de
le prévoir l'expérience des centres sérumigènes, que, aux doses
où il est employé pour la conservation, le quinosol ne modifie
pas les sérums auxquels on l’ajoute et qu'il n’altère en rien leurs
propriétés spécifiques (1) nous avons voulu voir dans quelle
mesure cé corps était capable d’entraver le développement des
microbes dans les cultures et de retarder l’apparition des phéno-
mènes de putréfaction dans les liquides et les tissus provenant
de l'organisme,
L'action inhibitrice du quinosol sur le développement des mi-
crobes a été recherchée avec la Bactéridie charbonneuse, le Sta-
phylocoque, la Pasteurella aviaire, le microbe de la suppuration
caséeuse (ou le microbe de Preisz-Nocard) et le Bacille du Rouget
du Porc.
L’addition de quinosol au milieu de culture le rend acide ; c'est
une condition qui ne peut qu'entraver la pullulation des micro-
bes, mais désireux de connaître l’action propre du quinosol, nous
avons toujours neutralisé à nouveau, avant l'usage, les milieux
quinosolés. D'autre part, la stérilisation des milieux liquides
CONCAR TE MaN Socle tbrot PERRIN oO
SÉANCE DU S JUILLET 415
quinosolés (au moins ceux qui renferment plus de 1 p. 100.000
de quinosol) provoque un trouble qui s'oppose à leur utilisation.
Il nous a suffi d'ajouter à 1 partie de bouillon 2 parties de solu-
tion chlorurée sodique isotonique pour ne pas voir ce milieu,
même quinosolé, se modifier après la stérilisation. Parallèlement
dans les tubes témoins, le bouillon dilué au tiers a permis, dans
de bonnes conditions, la culture de tous les microbes utilisés.
L'action inhibitrice du quinosol est remarquable. Il faut at-
teindre le taux, très bas, de 1 p. 180.000 pour que le développe-
ment de la Bactérie charbonneuse et du Staphylocoque soit
possible. Les autres germes sont encore plus sensibles, dans le
bouillon quinosolé à plus de 1 p. 350.000 le microbe de Preiss-
Nocard ne se développe pas ; avec le Bacille du Rouget et la Pas-
teurella aviaire, c’est seulement dans les milieux ne renfermant
pas plus de 1 p. 4oo.000 de quinosol que la culture est possible.
À partir du taux où la culture est réalisée, en présence du quino-
sol, l'addition de cette substance au milieu n’a semblé provoquer
aucune modification morphologique des germes. ,
L’action antiputride du quinosol a été recherchée avec du sang,
du muscle, du lait, de la substance nerveuse, sur des produits
conservés à la température du laboratoire ou mis à l’étuve à
37-88°. Dans la proportion de 1 p. 5.000, le quinosol empêche
longtemps la putréfaction du sang, mais son addition provoque
uhe hémolyse à peu près complète. Pour le muscle et le cerveau,
le quinosol à 1 p. 5.000 n'empêche pas les altérations de se pro-
duire (formation de gaz, mauvaise odeur, présence de microbes)
cependant, avec ce taux, la coagulation du lait est entravée, au
moins pendant 3 jours.
Il suffit d'atteindre le taux dé 5 p. 1.000 pour entraver, avec
tous les produits, pendant plusieurs jours, aussi bien à la tem-
pérature du laboratoire qu’à celle de l’étuve, tout phénomène
de putréfaction ; dès que des altérations putrides apparaissent,
c'est toujours le Staphylocoque qu a été mis en cause dans tous
nos essais.
(Laboratoire du P' Panisset, Ecole d’Alfort).
. 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
RECHERCHES SUR LA GÉLIFICATION DU SÉRUM
PAR L'ALDÉHYDE FORMIQUE CHEZ DES ANIMAUX
EN ÉTAT D'ANAPHYLAXIE,
par D. Comgresco.
Dans une note antérieure (1) nous avons montré que la réac-
tion de gélification du sérum par le formol du commerce est
positive dans la scarlatine et dans l’érysipèle. Nous avons émis
l'hypothèse que l'apparition du « gel », dans ces cas, serait due
à l'instabilité de l’équilibre des substances colloïdales des sérums
examinés. Nous savons déjà par les expériences de Gaté et Papa-
costas (2) que les solutions colloïdales à équilibre stable (protar-
gol, électrargol, sérum de Cobaye et d’autres animaux neufs) ne
gélifient pas en présence du formol.
Dans nos expériences les sérums de 5 Cobayes normaux n’ont
pas présenté le phénomène en question, même 25 jours après
l'addition du formol. De deux autres Cobayes, l’un a donné une
gélification 15 jours et un autre 21 jours après l’addition de IV
gouttes de formol pour 1 c.c. de sérum.
Les 7 Cobayes qui ont servi à cette première étude ont été ana-
phylactisés par l'injection sous-cutanée de o,o1 c.c. de sérum
normal de Cheval. Le sérum de ces animaux a été étudié à diffé-
rentes périodes, après l’injection préparante. Le sérum de 4 Go-
bayes étudié 10 jours après l'injection préparante, ainsi que ce-
lui de deux autres Cobayes prélevé 5 jours plus tard, ont donné
une réaction négative, même au bout de 15 jours. Deux de ces
Cobayes sont morts par accident pendant les saignées. Les 5 au-
tres sont saignés le 21° jour. De ces 5 Cobayes, À sont éprouvés
le même jour par une injection déchaînante (injection intravei-
neuse de 1 c.c. de sérum normal de Cheval); trois d’entre eux
-présentent des phénomènes de choc anaphylactique caractéris-
tique. Le quatrième ne réagit pas. Le cinquième Cobaye est dé-
sensibilisé suivant le procédé de Besredka et saigné 30 minutes
après avoir reçu l'injection de x c.c. de sérum de Cheval.
Le sérum de ces 5 Cobayes saignés avant et après l'injection
_déchaînante ont été étudiés par addition de IV gouttes de formol
pour 1 c.c. de sérum.
Résultats obtenus : 1° Cobaye n° 52 : le sérum recueilli avant
l'injection d’épreuve ne gélifie pas au bout de 96 heures ; le
sérum obtenu pendant le choc donne une réaction positive en
(1) D. Combiesco. C. R. de la Soc. de biol., 17 juin 1922.
(2) Gaté et Papacostas. C. R. de la Soc. de biol., 7 et 20 novembre 1921.
SÉANCE DU 8 JUILLET 417
Li
17-18 heures. — 2° Cobaye n° 10 : le sérum pris pendant le choc
gélifie après 24 heures, alors que le sérum du même Cobaye pris
avant l'épreuve gélifie seulement au bout de 4 jours. — 3° Co-
baye n° 33 : le sérum d'avant l'injection déchaïnante gélifie
après 72 heures, le sérum du choc gélifie après 24 heures. —
Cobaye n° ho, qui n’a pas présenté de phénomènes anaphylac-
tiques : le sérum d’avant et après l’inoculation d’épreuve ne géli-
fie pas au bout de 96 heures. De même le sérum du Cobaye, qui
a subi l'injection de désensibilisation n'est pas encore gélifié
au bout de 4 jours. On pourrait objecter à ce cas que le Cobaye
n’a pas été sensibilisé par la première injection de sérum de
Cheval, d’ailleurs comme le Cobaye n° 4o. À cette remarque,
nous pouvons répondre par une autre observation. Un Lapin,
qui était en préparation pour un sérum antitryptique, présente
après une troisième injection intrapéritonéale de trypsine des
phénomènes de choc anaphylactique. Nous le saignons pendant
le choc et le sérum ainsi obtenu (1 c.c. sérum +IV gouttes for-
mol) gélifie en 8-10 heures. Comme le Lapin guérit de ce choc,
nous le saignons de nouveau après 10 jours. Cette fois son sérum
ne gélifie qu'après 48 heures.
Conclusions. 1° La réaction de Gaté-Papacostas est positive chez
les animaux chez lesquels on provoque un déséquilibre des sub-
stances colloïdales du sérum. Ce déséquilibre, très marqué pen-
dant le choc anaphylactique, est moins accentué pendant l’état
d’ a
° Il est permis de penser que la réaction positive obtenue
avec les sérums modifiés par le vieillissement ou par un chauf-
fage prolongé (r) est également due à un déséquilibre colloïdal.
3° C’est également par un déséquilibre colloïdal que nous
pourrions expliquer la réaction positive obtenue dans la syphilis,
les fièvres éruptives, etc.
(Institut Pasteur, Laboratoire de M. Weinberg).
LÉCITHINE ET GESTATION,
par HENRI VIGnes.
C’est un fait bien connu qu'il existe pendant la gestation une
augmentation de la teneur du sang en lécithine. Le fait a été
établi chimiquement ; il explique l'effet activant du sérum de
Femme enceinte dans la réaction de venin de Cobra.
(x) Bessemans et Van Boeckel. C. R. de la Soc. de biol., 29 avril 1922. —-
Bessemans et Leynen. C. R. de la Soc. de biol., 10 juin 1922.
418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
1) Je me suis demandé si ceite lécithinémie provenait d’un.
enrichissement de l'organisme en lécithine, comme cela se voit
chez certains animaux à la veille de l’hibernation, ou s'il s’agis-
sait d'une mobilisation des réserves de l'organisme. Pour cela,
j'ai, en 1915, desséché et pulvérisé d'une part une Souris pleine,
du poids de 23 gr. (à l’état frais), à qui j'avais fait une hystéro-
tomie, et d'autre part, les 7 petits et les placentas de sa portée,
du poids total de 4 gr. J'ai trituré longuement cette masse en
présence d'éther et, après 24 heures de contact à l'obscurité, j'ai
traité les liquides filtrés par l’acétone et j'ai pesé le précipité. De
la mère, j'ai retiré 115 mgr. de lécithine (soit 5 mgr. par gram-
me), des petits 45 mgr. (soit rr mgr. par gramme).
Ce procédé grossier donnait l’idée que les fœtus étaient nota-
blement plus riches que leur mère en lécithine, ou plutôt en
graisse précipitable par l’acétone. Mais c’est un fait connu que
les tissus des animaux en voie de croissance sont riches en léci-
thine.
2) J’ai alors fait rechercher la teneur en phosphore lipoïdique
de l'organisme entier chez des femelles gravides hystérotomisées,
chez les petits retirés par hystérotomie, chez des femelles témoins
et chez un nouveau-né. Le tableau suivant (r) indique ce que
contient de phosphore lipoïdique 1 gr. des animaux en expé-
rience,
Souris pleines Petits
hystérotomisées et placentas Témoins
Souris n° 1, pesant 24,5 gr. et
8 petits (dont 1 mort) pesant
Go pi ME AU ne AU DE 0,048 mgr. 0,384 mg.
Souris n° 2, pesant 28,5 gr. et 8
Pets DESant een ee EURE ; 0,284 mgr. 0,366 mer.
Souris n° 3, pesant 18 gr. et 7
petits pesant 6 gr. Heu 0,233 mgr. 0,133 mgr,
Souris n° 4, pesant 24,067 gr. et
7 petits pesant 9,150 gr, .... 0,258 mgr. 0,433 mer.
SOURIS ne OMC ECEEE o,4hx mer.
Souris vierge n° 6 de 14 gr..... 0,456 mgr.
Souris n° 7, de 5 jours, pesant
HAN ae eo DRAIORUE QU SAS 0,684 mer.
Ces chiffres montrent que les tissus des femelles en état de
gestation sont notablement plus pauvres en phosphore lipoïdique
que ceux de leurs fœtus et que ceux des témoins.
(1) Je dois les analyses 1, 2 et 5 à l'obligeance du D" Albert Fournier, et les
analyses 3, 4, 6 et 7 à l’obligeance de M. Bouissy. Les animaux en expérience
proviennent du laboratoire d’anatomie pathologique de l’hôpital Pasteur.
re PE ee
SÉANCE DU 8 JUILLET 419
LÉSIONS INFLAMMATOIRES DES MÉNINGES DANS L'IDIOTIE MONGOLIENNE,
par L. BABONNEïx.
Pour la plupart des auteurs, l’idiotie mongolienne doit être
rattachée à une agénésie cérébrale primitive (CI, Philippe et
Oberthür, J. Comby, Heubner, Lange, etc.), les lésions inflam-
matoires ne jouant, dans son développement, qu'un rôle secon-
daire, accessoire, contingent.
Nous croyons, au contraire, que ces lésions sont trop intenses
et trop constantes pour pouvoir être ainsi reléguées au second
plan. Nous les avons trouvées dans tous nos cas.
Le plus souvent, elles intéressent exclusivement la pie-mère
cérébrale, épaissie, parfois bourgeonnante ou œdémateuse, adhé-
rente au cortex sous-jacent, et atteinte dans tous ses éléments
tissu interstitiel hyperplasié, riche en fibres connectives, pauvre
en cellules ; vaisseaux artériels, dont les tuniques ont subi la
dégénérescence hyaline, ou dont la lumière est oblitérée par un
caïllot fibrino-leucocytique ; veines, dont la paroi est infiltrée,
surtout dans ses parois externes, d'éléments jeunes ; capillaires,
accrus de nombre, congestionnés et dilatés, parfois entourés
d'une auréole inflammatoire, et dont les plus profonds, péné-
trant verticalement dans l'écorce, sont reconnaissables à leur
paroi infiltrée d'éléments jeunes et à leur gaine lymphatique
bourrée de pigment ; infiltrations interstitielles, formées essen-
tiellement par des moyens mononucléaires, dont la plupart ont
subi la dégénérescence vésiculeuse ; foyers hémorragiques in-
terstitiels.
Quelquefois, à ces banales lésions de pie-mérite chronique,
s'associent des nodules périvasculaires d'apparence gommeuse.
Dans un de nos cas, on voyait au fond d’un sillon méningé, un
nodule arrondi, volumineux, développé sur le trajet d’une veine
et aux dépens d'elle, et qui présentait en son intérieur : 1° une
infiltration leucocytaire inégalement répartie et surtout consti-
tuée par dés mononucléaires de moyen volume et par des héma-
ties ; elle s’étendait vers l’écorce et ne contenait aucune cellule
géante ; 2° des zones de mortification, où rien ne se colorait plus
et-qui ne semblaient plus offrir de structure organisée ; 3° de
grosses lésions vasculaires : oblitération, par un thrombus fibri-
neux, de certaines veines, tandis que la paroi d’autres se sont
rompues, ou sont le siège d’une abondante infiltration leucocy-
taire.
Ces lésions inflammatoires de la méninge molle, déjà signalées
par divers auteurs (Bourneville, Philippe et Oberthür), quelle
signification leur attribuer ?
420 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
_1° Ce ne sont pas des lésions terminales, liées à une infection
agonique ou à un état de mal : elles n'en présentent, en aucune
façon, le type histologique ;
2° Ce ne sont pas non plus des lésions secondaires. N’existe-t-il
pas un rapport topographique très étroit entre microgyrie et mé-
ningite ; autrement dit, les circonvolutions atrophiées ne sont-
elles pas situées juste au-dessous des méninges lésées ?
3° Ce sont donc, autant qu'on puisse dire, des lésions primi-
tives, et, peut-être même, causales, l’agénésie cérébrale n'étant
qu’une de leurs conséquences.
Aux recherches ultérieures de confirmer ou d'infirmer cette
hypothèse, et, aussi, de nous fournir la solution des deux ques-
tions suivantes
1° Le mongolisme, dont on cherche encore le substratum ana-
tomique, ne serait-il pas sous la dépendance d'une méningite
chronique localisée à certaines régions de la base ? On sait, en
effet, qu'il existe actuellement dans la science des cas indiscu-
tables de syndrome dit pluriglandulaire liés à une lésion de
même ordre. Or, le mongolisme n'’affecte-il pas d’étroites ana-
logies avec quelques-uns d’entre eux ?
2° Cette méningite chronique ne reconnaîtrait-elle pas, comme
principale cause, l’hérédo-syphilis, ainsi que semblent en témoi-
gner, d'une part, le fait que, de toutes les infections capables de
provoquer ce développement d'une méningite chronique, l’hé-
rédo-syphilis est, de beaucoup, la plus importante, de l’autre,
là constatation, dans certains sillons méningés, de nodules péri-
vasculaires affectent nettement une apparence gommeuse.
SÉANCE DU 8 JUILLET 421
SUR LA SENSIBILITÉ DE Leptodactylus ocellatus
VIS-A-VIS DU CURARE,
par Louis et MARCELLE LAPIGQUE.
La Grenouille usuelle dans les laboratoires de physiologie en
Amérique du Sud est le Leptodactylus ocellatus. Cet animal pré-
sente-t-il les propriétés de nos Grenouilles communes en Europe,
Rana esculenta et R. fusca ?
A priori, c'était assez vraisemblable. Pourtant Camis, un phy-
siologiste de la Plata, a déclaré que L. ocellatus est réfractaire au
curare (1), Houssay, Hug, Guglielmetti (2), ont montré que c'était
le curare de Camis qui était inactif ; pour eux L. ocellalus est
parfaitement curarisable, mais avec des doses notablement plus
fortes que nos Grenouilles d'Europe ; pourtant la chronaxie de
l'animal américain, mesurée par ces auteurs, serait sensiblement
la même que pour nos Grenouilles.
La comparaison avec le Crapaud commun de là-bas, Bufo
marinus, dont la chronaxie serait à peu près la même, montre
qu'il faut un peu plus de curare pour L. ocellalus, qui présen-
lerait ainsi, vis-à-vis de ce poison, non la très grande résistance
dont parlait Camis, mais une certaine résistance tout de même,
inexplicable par la relation que nous avons indiquée entre la
chronaxie et la sensibilité au curare.
Notre secrétaire général, À. Pettit, ayant reçu, par l'obligeance
de Houssay, un lot de L. ocellalus en bon état, et nous ayant ai-
mablement offert de profiter de l'envoi dans un but quelconque,
nous ayons été heureux de saisir l’occasion de vérifier ce point.
4 spécimens nous ayant été remis, à ont suffi pour trancher la
question.
Voici les 3 expériences comparatives qui ont été faites, au
moven d'un curare de calebasse qui a été donné autrefois au La-
boratoire de Physiologie de la Sorbonne par Dom Pedro, empe-
reur du Brésil et qui est en usage régulier depuis au moins
20 ans.
Expérience du 6:juin 1922. Température 26°. Leplodactylus
ocellatus, poids 5o gr.: piqué le bulbe sans détruire la moelle afin
de ne pas trop altérer la circulation. Deux électrodes d'argent
piquées dans le muscle. Rhéobase, 1 volt 46. Chronaxie, en mi-
(1) M. Camis. Sobre la curarization de Leplodactylus ocellaltus. La semana
medica. 22 mai 1917. Archives italiennes de biologie, 1916.
(>) Houssay et Hug. Etudes sur la curarisation de Leptodactylus ocellalus.
Journal de physiologie et pathologie génér., 1919. Guglielmetti et Pacella. Exci-
fabilité des muscles de Leptodactylus. Journal de physiologie, 1919.
Brococrg. ComprEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. ï 29
422 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
crofarad, 0,062, soit, en temps absolu, o 6 23, la résistance comp-
tant pour le temps étant de 10.000 ohms (x). Injecté 8 mgr. de:
curare. Au bout de 20 minutes, la Grenouille est complètement
paralysée, l'excitation indirecte (par le nerf) inefficace même pour
les excitations réitérées de ro volts ; en interrogeant l’excitabilité
musculaire on trouve (3/4 d'heure après er re : rhéobase
1 volt 6 ; chronaxie o mf. 55.
La hiennre est devenue 9 fois plus considérable, donc la
curarisation limite a été largement dépassée (on l'obtient sur la
Grenouille européenne quand la chronaxie musculaire est deve-
nue le double où le triple de la chronaxie primitive).
Rana esculenta témoin. Poids 35 gr. Excitation directe du gas-
trocnémien normal ; rhéobase 2 volts 5, chronaxie o mf. 027.
Injection de 6 mgr. de curare (dose comparative proportionnelle
au poids). Le nerf sciatique est inexcitable au bout de ro minu-
tes. 3/4 d'heure après, excitation directe : rhéobase 2 volts ; chro-
naxie o mf. 65 ; la chronaxie est devenue 24 fois plus considé-
rable ; elle était devenue seulement 9 fois plus grande chez Lep-
todaciylus ocellatus.
Expérience du 8 juin 1922. Température 27°. Leptodactylus
ocellatus. Poids 72 gr. Excitation directe du gastrocnémien nor-
mal : rhéobase 1 wolt 05 ; chronaxie o mf. 060. Injecté à 4 heu-
res, 3 mgr. de curare (1/3 seringue à 1 p. 100). À 6 heures, en-
core quelques légers mouvements des pattes. Excitabilité du
muscle : rhéobase, 2 volts; chronaxie o mf. 13. Le nerf est encore-
excitable pour 3 volts (la chronaxie nerveuse est restée égale
0,06).
À = heures, le nerf répond pour un voltage de 4 volts 5 (rhéo-
D c'est-à-dire qu'il y a une certaine curarisation, mais in-
‘complète.
Petite Grenouille témoin du poids de 18 gr. (Rana esculenta).
Excitation directe du muscle normal : rhéobase 1 volt 1 ; chro-
naxie © mf. 024. Se curarise à la limite pour une dose de 1/3:
de mer. de curare‘; la chronaxie du muscle est doublée.
Ces deux expériences ayant été faites à une température anor-
malement élevée pour Paris, nous avons attendu une période-
plus fraîche.
Expérience du 26 juin 1922. Température 18°. Leptodactylus
ocellatus. Poids go gr.
Excitation directe du gastrocenémien : rhéobase r volt 05;
(x) Cette résistance était amenée à ce même chiffre, soit pour le muscle,
soit pour le nerf, au moyen de notre dispositif ordinaire de shunt. Les chro-
naxies sont mesurées ici en microfarad ; dans le cas où le caleul n’a pas été
fait. la chronaxie véritable s’obtiendrait en «millièmes de seconde en multipliant
le chiffre de microfarad par le coefficient 3,7, ou. approximativement 4.
SÉANCE DU 8 JUILLET 423
chronaxie o mf. 12, ce qui correspond, en temps absolu, à une
chronaxie de o 5 45.
Injecté 5 mgr. de curare. 30 minutes après, la Grenouille ne
peut plus se retourner quand on la met sur le dos ; à ce moment,
la chronaxie est légèrement augmentée, elle est devenue 0,15
Au bout de 3/4 d'heure
Muscle. — Rhéobase 1 volt 7. — Chronaxie o mf. 25.
Nerf. — Rhéobase 1 volt 5. — Chronaxie o mf.
Plusieurs heures après le nerf est devenu sr L' more
tion directe du gastrocnémien donne alors comme rhéobase
x volt 5, chronaxie o mf. 33. Nous avons donc ici la dose limite
qui curarise la Grenouille.
Grenouilles européennes témoins, l’une de 18 gr., donne
une chronaxie normale de 0,042, l’autre, du poids de 59 gr.,
une chronaxie de 0,048. Injecté à la plus petite 1/3 de mer. de
curare, à la plus grosse r mgr. de curare. Toutes deux sont ainsi
curarisées à la limite.
Au bout de 3 heures, le nerf sciatique est inexcitable pov”
10 volts, le muscle répond à 2 volts 7 (rhéobase). La chronaxie
est devenue 0,10.
De cette comparaison, il ressort que :
° L. oceilatus a une chronaxie 2,5 fois plus grande que celle
de R. esculenta (mesure sur le gastrocnémien).
2° La curarisation se produit normalement, mais pour cura-
riser L. ocellatus, il faut, proportionnellement au poids
de l'animal, environ 4 fois plus de curare que pour R. esculenta.
Ce second point est lié au premier conformément à la relation
cénérale que nous avons indiquée. En effet, la dose curarisante
pour L. ocellatus est sensiblement le même que pour Bufo vul-
garis qui a sensiblement la même chronaxie.
La seule différence entre la Grenouille sud-américaine et les
nôtres est donc une différence de chronaxie. Cette Grenouille
est ainsi Le peus plutôt à notre Crapaud (1).
(x) Bufo marinus est probablement très peu différent à ce point de vue.
424 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SUR LA CADENCE DE L'INFLUX MOTEUR VOLONTAIRE,
par Louis LAPICQUE.
Notre collègue Athanasiu a présenté, à la séance du 2 juin,
de beaux tracés du courant d'action dans la contraction volon-
taire. Ces tracés que j'ai pu, grâce à son obligeance, examiner
à loisir, sont certes les meilleurs que nous possédions sur la
question. Toute la finesse dont est susceptible le galvanomètre
d'Einthoven a été mise en jeu avec les précieuses ressources de
l'Institut Marey, et avec le concours particulièrement compétent
de M. Bull; la fidélité des inscriptions a été éprouvée par des
contrôles topiques et j'estime que nous pouvons avoir toute
confiance dans la forme des courbes dont la documentation phy-
siologique vient de s'enrichir par le travail patient dAthanasiu.
Mais, sans mème attendre une publication plus complète, jé
crois devoir tout de suite indiquer que je ne puis me rallier à
l'interprétation qu'Athanasiu donne de ces courbes.
Obtenues soit sur des muscles, soit sur des nerfs, au sens de
l'anatomie macroscopique, c'est-à-dire sur des organes composés
de milliers de fibres, elles ne peuvent d'emblée et sans discussion
ètre considérées comme représentant le fonctionnement élémen-
taire de ces tissus ; en particulier, le r\thme ou la fréquence
des oscilations électriques dans un nerf n'indiquera le rythme
spécifique, la cadence de l’influx nerveux qu'à une condition
synchronisme parfait de tous les cylindraxes mis en jeu.
Prenons une image sensible. Peut-on, en comptant les explo-
sions d'un moteur à esesnce, connaître la durée du cycle de ce
moteur ? S'il nv a qu'un cylindre, oui, évidemment ; s'il x
plusieurs cylindres, disons 4, oui encore, à la condition que les
h cylindres explosent en même témps ; mais si, au contraire,
comme dans tous les moteurs réels, les explosions sont réguliè-
rement décalées d'un cylindre à l'autre, nous entendrons 4 ex-
plosions dans la durée d’un eycle, et la fréquence ainsi comptée
à l'oreille apparaîtra / fois plus orande que la fréquence véritable
des révolutions.
Le synchronisme est réalisé dans l'excitation artificielle d'un
nerf, au moven d'une bobine d'induction par exemple. L'estil
encore dans l’influx nérveux physiologique, commandé par les
centres ? Le raisonnement d'Athanasiu l'admet implicitement,
sans avoir discuté ni même formulé l'hypothèse. Or, cette hypo-
thèse, rien ne la démontre.
À priori elle paraît peu vraisemblable. Er vertu de la loi du
SÉANCE DU 8 JUILLET 423
tout ou rien pour la fibre musculaire, démontrée par Keith Lucas
et confirmée d'une manière si directe par Pratt (de Buffalo), le
muscle ne peut graduer son action que par la mise en jeu d'un
nombre plus ou moins grand de fibres ; il existe donc des com-
mandes nerveuses indépendantes, non pour toutes les fibres
prises une à une, mais au moins pour certains groupes, certains
systèmes de fibres, probablement très nombreux encore. Alors,
dans la contraction soutenue de n'importe quel mouvement. vo-
lontaire, faible ou fort, contraction qui est toujours, comme
nous le savons depuis longtemps, un télanos, c'est-à-dire une
fusion mécanique de plusieurs phénomènes élémentaires, l'or-
ganisme doit avoir réalisé la combinaison avantageuse à savoir
le décalage de ces phénomènes, non leur synchronisme ; aucun
moteur d'automobile n'allume ses 4 cylindres à la fois, et l’on
en voit facilement la raison qui a une portée générale en méca-
nique. :
Si maintenant nous considérons les résultats de l'expérience,
les variations électriques telles qu'elles se manifestent sur le nerf
ou le muscle entier animés par l’action des centres, apparaissent
à la fois trop fréquentes et trop irrégulières pour que nous l’ac-
ceptions facilement leur graphique comme image de l’influx,
Déjà sur les travaux antérieurs, qui admettaient une fréquence
de l’ordre de 5o et 100 par seconde, j'avais, dans mon ensei-
gnement, fait toute réserve. Un muscle, tel que ceux dont il
s'agit dans ces expériences, donne un tétanos parfait, un rac-
courcissement pratiquement stable, pour 25 à 30 excitations par
seconde ; avec la loi du tout ou rien, ce serait un extraordinaire
gaspillage que de répéter deux ou trois fois plus le processus
physico-chimique d'où résulte la contraction ; Athanasiu arrive
à une fréquence de plusieurs centaines par seconde ; c’est que
son instrumentation était de beaucoup plus fine : je ne conteste
nullement la réalité objective d'un aussi grand nombre de per-
turbations décelables dans l'unité de temps ; j'admettrais même
volontiers qu'une sensibilité indéfiniment accrue verrait ce nom-
bre croître indéfiniment.
La comparaison avec le moteur d'automobile ne peut pas se
poursuivre jusqu'à approcher de pareils chiffres : revenons à
une autre image, classique en physiologie précisément pour le
phénomène qui nous occupe, si classique que j'en ai oublié
l’auteur.
Quand on pose convenablement le nerf d'une patte galva-
noscopique À sur le muscle d’une autre préparation B, toute
secousse artificiellement provoquée dans ce muscle B (d’ailleurs
une secousse, pour l’ensemble d'un muscle, ne peut être qu'ar-
tificielle) provoque une secousse dans Le muscle de À, secousse
426 : SOCIÉTÉ DE: BIOLOGIE
induile. Le tétanos artificiel de B (par exemple, au moyen d'une
bobine actionnée par son trembleur) induit aussi un tétanos
dans À. Mais si B est le siège d'une contraction, soit volontaire,
soit réflexe, c’est-à-dire d'une contraction commandée par les
centres, À reste en repos. Pour expliquer ce paradoxe, on a invo-.
qué cette hypothèse : action simultanée des fibres musculaires
dans le cas de l'excitation arüficielle ; action successive, à très
petits intervalles, dans le cas de l’innervation naturelle. IE y a.
même différence, a-t-on dit, entre le premier cas et le second,
qu'entre des le de salve et du tir à volonté (feu rapide) par un
peloton d'infanterie.
Le raisonnement me paraît correct et l’image excellente. Nous
savons fort bien que l’influx nerveux n'est pas continu, mais il
n'est pas non plus vibratoire, soumis à une période sinusoïdale
comme une onde sonore. Dans un cylindraxe donné, chaque onde
de négativité électrique, traduction saisissable au passage de l'in-
flux nerveux, se présente comme une perturbation complète-
ment amortie, revenant asymptotiquement à l'état initial sans
le: dépasser ; elle n’entraîne derrière elle aucun état oscillatoire.
C’est un phénomène isolé, et chaque onde nouvelle doit provenir
d'une nouvelle impulsion des centres. Tel le coup de fusil du ti-
railleur. Eh bien, quand on entend crépiter une fusillade, com-
ment en déduire la cadence du tir ? Même si l’on croit saisir un
semblant de rythme dans ce bruit comparé proverbialement à
celui d’une toile qu'on déchire, ce n'est pas en partant de là
qu'on pourra connaître le temps nécessaire pour recharger et
tirer de nouveau.
Nous ne pouvons guère suivre le fonctionnement d’une fibre
isolée comme nous le ferions pour un tireur individuel. Maïs,
sur un nerf, ou un muscle, comparable comme nombre d'élé-
ments au moins à un bataillon, l'excitation artificielle nous per-
met d'obtenir une fonctionnement synchrone comparable à un
feu de salve. Cette méthode a donné aux mains de divers expé-
rimentateurs certains résultats très précis avec lesquels doit se
trouver d'accord toute théorie de l'influx volontaire.
Un fait capital pour cette théorie est l'existence d’une période
réfractaire. Bien posée expérimentalement par Gotch, reprise
ensuite par divers chercheurs, notamment Keith Lucas et son
école, cette question vient d'être chiffrée nettement par le der-
nier travail d'Adrian (1). Sur le sciatique de la Grenouille, nerf
très voisin comme chronaxie des nerfs volontaires des Mammi-
fères, il est impossible d'obtenir aucune trace de réponse moins
de 2 à 3 millièmes de seconde après une réponse précédente. Mais
(x) Journal of Physiology, mai 1927, t. LV, p. or.
SÉANCE DU 8 JUILLET 427
cette phase totalement réfractaire est suivie d'une phase plus
longue d’excitabilité diminuée revenant lentement à la normale,
et n’approchant de celle-ci qu'après un centième de seconde.
Les fréquences de 300 à 5oo par seconde, admises par Athana-
siu, sont donc, soit impossibles, soit à peine possibles ; à moins
de supposer que le nerf fonctionne si précipitamment qu'il ne
prend pas le temps de terminer à chaque fois le processus réver-
sible constituant son excitabilité (ou sa conductibilité, ce qui
revient au même), on ne peut admettre qu'une fréquence infé-
rieure à 100 par seconde.
Nous avons vu plus haut que le muscle en exige moins encore
pour déployer dans les meilleures conditions toute son efficacité.
Je pense donc que les graphiques d'Athanasiu nous représen-
tent, non le rythme propre de l’infiux volontaire, mais l'intrica-
tion plus ou moins régulière d’une série d’influx rythmés cha-
cun à la cadence de quelques dizaines seulement par seconde.
SUR LA NÉCROSE DES OS ATTEINTS PAR UN PROCESSUS CANCÉREUX
ET TRAITÉS PAR LES RADIATIONS,
par Cr. REcau».
Lorsqu'on traite par les rayons X ou par des foyers radio-actifs,
à fortes doses, un épithélioma ulcéré ayant envahi secondaire-
ment un os, il se développe souvent dans celui-ci un processus
radionécrotique très particulier. S'il s’agit de néoplasmes étendus
ou radiorésistants, la radionécrose se combine ordinairement
avec le développement du cancer non stérilisé ; les lésions deve-
nues complexes sont d'interprétation délicate : ainsi s'explique le
fait que la radionécrose a été généralement confondue avec le
résultat de l’envahissement pur et simple de la pièce osseuse
par le néoplasme. La continuation du traitement par les rayons
+ inefficace en ce qui concerne le cancer, mais augmente l’éten-
due de la mortification des tissus : d’où cette opinion, d’ailleurs
‘exacte en fait, qu'un épithélioma de la peau devient impossible
ou très den à guérir par les radiations, dès qu'il empiète sur
une pièce osseuse.
J'ai vu depuis une dizaine d'années un grand Hembie de cas
de ce genre. Les deux premiers ont été observés par M. Nogier
et moi en 1912. Il s'agissait de malades, porteurs : l’un d'un épi-
thélioma de la peau, propagé à l'os maxillaire supérieur, l’autre
d'un épithélioma de la muqueuse de la joue propagé à l'os maxil-
laire inférieur. Assez longtemps après des traitements répétés
428 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
par des rayons X pénétrants (filtration : 4 mill. Aluminium), qui
avaient amélioré considérablement l’état des malades sans déter-
miner la stérilisation complète de leurs néoplasmes, il survint
brusquement des phénomènes aigus à allure infectieuse. Chez le
premier, dont la peau était intacte, signes de sinusite maxillaire ;
chez le second, qui avait conservé une petite altération buccale,
signes de phlegmon de la face et du cou. Dans les deux cas,
apparut bientôt après une nécrose osseuse étendue, suivie d'une
ulcération secondaire de la peau; les malades succombèrent:
après une longue suppuration putride, combinée avec l’évolu-
tion progressive de leur cancer ; on constata, comme un fait
singulier, l’absence d'élimination des pièces osseuses mortifiées,
qui restèrent soudées aux parties osseuses saines, sans qu'il se
soit formé de séquestre mobile.
Les observations ultérieures m'ont permis de préciser les carac-
tères anatomo-cliniques de cette complication.
Siège. Je ne l’ai observée jusqu'à présent qu'à la tête ; les os
frontaux, temporaux (conduit auditif externe), maxillaires supé-
rieur et inférieur, les os propres du nez y sont surtout exposés
en raison de la fréquence des épithéliomas de la peau de la face
et des muqueuses revêtant les cavités faciales, et parce que les
pièces osseuses en question sont très superficielles, en beaucoup
d'endroits même adhérentes aux téguments.
_ Début. Dans le cas de néoplasmes largement ouverts, la né-
crose osseuse survient, en général, d'emblée, c'est-à-dire qu’elle
succède au traitement avant que l’ulcération ait eu le temps de se
cicatriser.
Dans les néoplasmes fermés, ou ne portant qu'une ulcération
minime, l’ostéo-néerose est ordinairement tardive ; parfois elle
succède brusquement à un traumatisme ou à une infection ba-
nale. Dans deux cas de cancer épithélial du maxillaire supérieur
fermé, l'un iraité par les rayons X\, l’autre traité par la radium-
puncture, la nécrose survint à l’occasion, ou avec les symptômes
d'une sinusite aiguë, au cours d’un coryza ou d’une grippe, long-
temps après le traitement, teur
Données relatives à l'irradiation. La nécrose ne se produit
qu'après des doses considérables de rayonnement, celles qui sont
nécessaires pour la cure de néoplasmes très étendus ou résistants.
Les rayons X mous et les foyers radio-actifs faiblement filtrés
la produisent plus facilement que les radiations très pénétrantes
et fortement filtrées. |
Emnolution. La nécrose s'étend d'emblée à un territoire plus ou
moins grand. Lorsque l'os mortitié est recouvert de peau ou de
muqueuse saine, celle-ci devient secondairement le siège d’un
SÉANCE DU 8 JUILLET 429
processus d'ulcération nécrotique, qui progresse de dedans en
dehors-et aboutit à la mise à nu de la pièce nécrosée.
L'infection secondaire est constante, précoce, et prend la
forme d'une suppuration putride.
Contrairement à ce que l’on observe dans les ostéo-nécroses
provoquées par une infection primitive (tuberculose, ostéo-myé-
lites, etc.), les parties osseuses mortifiées sous l'influence des
radiations n’ont aucune tendance, ni à l'usure spontanée, ni à la
séparation d'avec les parties vivantes : la formation de séquestres
mobiles n'a pas lieu, ou bien elle est extraordinairement lente
(mois, années); les surfaces d'os compact dénudées conservent
pendant très longtemps leur forme.
Lorsque le processus néoplasique a été stérilisé par la radio-
thérapie, la cicatrisation des parties molles s'effectue jusqu'au
voisinage de l'os mortifié. Celui-ci finit par s’éliminer, ou biei
on le résèque et le malade guérit.
Lorsque le processus néoplasique subsiste, il fait le tour de
la partie ostéo-nécrotique, sans la pénétrer.
La pathogénie de l’ostéo-radio-nécrose pose quelques questions
qui seront examinées dans un note prochaine.
(Laboratoire Pasteur de l’Institut du Radiun).
LA PRODUCTION DU LIQUIDE DES VÉSICULES SÉMINALES
EN RAPPORT AVEC LA SÉCRÉTION INTERNE DES TESTICULES.
Note de F. Barrezzr et J. MARTIN, présentée par GC. DELEZENNE.
Il est bien connu que le développement et la fonction secrétoire
des vésicules séminales sont sous la dépendance de la sécrétion
interne des testicules. Ainsi, la castration entraîne l’atrophie des
vésicules qui cessent de produire le liquide vésiculaire. Gley et
Pézard, dans un travail récent, ont étudié les altérations des
vésicules séminales et de leur contenu, sous l'influence de la
castration.
On peut donc admettre ‘que l'observation des quantités de li-
quide vésiculaire, produite dans un temps donné, permette de
suivre les modifications de l'activité hormonique des testicules.
Or, il est facile d'obtenir à volonté l’éjaculation complète par la
méthode de Battelli consistant à soumettre l'animal au passage
d'un courant alternatif approprié (A0 procédé permet égale-
(x) Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, 1922.
130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
—————————…—…—…—…——…——…—…—_…—_—— _———……“—“——…—“—û—“—“—…—…—…—…—_—_———R
ment de déterminer le nombre de spermatozoïdes contenu dans
le liquide d’éjaculation, mais nous n'en parlerons pas ici. |
Les résultats devant être comparables entre eux, nous avons
soumis les animaux de toutes les séries à une éjaculation par
semaine faite toujours dans les mêmes conditions. |
Les expériences que nous avons faites peuvent être divisées en
plusieurs séries ; dans chacune d'elles nous avons examiné sur-
iout l'influence de lun des facteurs suivants : différences indi-
viduelles ; âge, saison, température, fréquence des éjaculations,
ligature des canaux déférents, injection du suc testiculaire. Les
différences individuelles sont considérables comme il fallait sv
attendre. Quelques Cobayes paraissant tout à fait normaux re
donnent, plusieurs mois durant, que de faibles quantités de Hi-
quide vésiculaire. Le maximum est atteint chez les animaux de
600 à 700, gr.
Les expériences concernant l'influence de la saison se sont
poursuivies de novembre 1921 à juillet r922 et ont été faites sur
12 Cobayes de 600 à 300 gr. Ces animaux ont été, comme nous
l’avons dit, soumis à une éjaculation par semaine. Nous avons
constaté d’abord que la quantité de liquide vésiculaire varie avec
la saison. Pendant les mois d'hiver, elle s'est maintenue assez
constante, variant entre un maximum de 1,06 gr. et un minimum
de 0,60 qui a été constaté au mois de février. Au printemps,
avec l’arrivée des journées chaudes (seconde moitié d'avril), la
quantité de liquide vésiculaire a présenté une brusque augmen-
tation et à atteint une moyenne de r,68 gr., c'est-à-dire une
quantité triple de celle du mois de février. La sécrétion ne s'est
pas maintenue longtemps aussi élevée. La quantité de liquide
vésiculaire diminuant peu à peu, est descendue au mois de juin
à une moyenne de 0,87. Il est intéressant de constater cette in-
fluence marquée du printemps sur la production du liquide vési-
culaire, probablement en rapport avec un réveil dans l’activité
hormonique du testicule.
En dehors de l’élévation brusque qu'elle présente au prin-
temps, la sécrétion du liquide vésiculaire ne paraît pas être in-
fluencée d’une manière marquée par la température externe. En
effet, nous venons de voir que la production du liquide est à
peu près la même en hiver et en été: Une série de recherches
faites en hiver (janvier et février 1922) confirment cette asser-
tion. Un lot de 8 Cobayes a été tenu à la température de la cham-
bre, 18° à 20° C., tandis qu'un autre lot de 15 animaux était ex-
posé à la température du dehors, oscillant à ce moment entre 5°
et —5°. Or, la production vésiculaire ne présentait pas de diffé-
rence notable entre les deux lots de Cobayes.
Nous avons aussi examiné l'influence de la fréquence des éja-
ES.
UD
=
SÉANCE DU S JUILLET lee
culations. La quantité de liquide vésiculaire diminue si l'on sou-
met l'animal à des éjaculations trop fréquentes, par exemple,
trois par semaine. Dans ces conditions, la sécrétion peut cesser
presque complètement au bout de trois semaines. Si, par contre,
on laïsse Fanimal au repos, la quantité de:liquide accumulé dans
les vésicules peut atteindre un maximum de { gr. au bout de
3 semaines environ. Ces résultats sont analogues à ceux que
d'Amantea a obtenus chez le Chien.
. Dans une autre série d'expériences pratiquées sur 12 Cobaves
de 500 gr. environ, nous avons étudié l'effet de la castration sur
l’activité vésiculaire. Les vésicules sémüinales étaient vidées de
leur contenu avant la castration. La quantité de liquide produit
est déjà inférieure à la normale après la première semaine. Les
caractères du liquide changent aussi, ïl devient plus fluide,
moins coagulable, ete., comme l’on constaté Gley et Pézard dans
leurs recherches. Ea sécrétion du liquide vésiculaire cesse pres-
que complètement 15 à 20 jours après la castration. En laissant
les vésicules pleines de leur liquide avant la castration, l’on cons-
tate que celui-ei se résorbe à peu près complètement en { se-
maines environ.
. Une autre série d'expériences faites sur 1 Cobayes nous a
permis d'étudier l'influence de la ligature des canaux déférents,
chez des animaux à sécrétion vésiculaire normale. Cette ligature,
pratiquée immédiatement au-dessus de l’épididyme, a toujours
produit une diminution eraduelle de la sécrétion vésiculaire,
allant, dans quelques cas, jusqu'à la cessation. Ainsi, sur les 15
animaux expérimentés, 3 ne produisatïent plus de liquide au bout
de 1 semaines. La movenme, qui avant lopération était de
1,20 gr. de liquide, descendait au bout de 7 semaines à 0.88, et
aw bout de 1/4 semaines à 0,42.
Nous avons, en outre, fait la ligature bilatérale des canaux
déférents sur 4 animaux dont la sécrétion vésiculaire avait cessé
depuis un mois environ. Cette opération a provoqué un réveil de
la sécrétion, mais ce résultat fut passager, il s’est maintenu 4 à
5 semaines et il a toujours été très faible. Les quantités fournies
par ces Cobayes allaient de 0,20 à 6,35 gr. par éjaculation heb-
domadaire. Ô
Enfin, dans une dernière série, nous avons injecté des extraits
testiculaires aux Cobayes récemment châtrés. Ces injections hy-
podermiques, d'extraits frais de testicule de Cobayes ou de Tau-
reaux, pratiquées tous les deux jours, ont été sans succès pour la
production du liquide vésiculaire.
(Laboratoire de physiologie de l'Université de Genève).
152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
INHIBITION DU SYSTÈME NERVEUX PAR L'ÉLECTRICITÉ.
ACTION DES COURANTS ALTERNATIFS.
Note de L. Srern et F. BATTELLx1, présentée par GC. DELEZENNE.
L'action inhibitrice produite par l'électricité sur le système
nerveux a déjà été étudiée par différents auteurs. Ce sont surtout
Prevost et Battelli qui, dans une série de travaux ont cherché
entre autre à établir les conditions physiques nécessaires pour
produire des effets inhibiteurs sur les centres nerveux, soit au
moyen de décharges, soit au moyen de courants industriels.
Or, en ce qui concerne les courants industriels, on peut re-
marquer que dans ces expériences, l’inhibition directe des cen-
tres nerveux était produite par des voltages très élevés et par un
contact assez prolongé, ce qui entraînait naturellement une élé-
vation considérable de la température dans les tissus traversés
par le courant.
Nous avons repris l’étude de l’action inhibitrice des courants
alternatifs en cherchant à éliminer autant que possible cette
cause d'erreur. Dans ce but, nous avons eu recours à des cou-
rants d’un voltage ne dépassant pas 240 volts ; la durée de con-
tact ne dépassant pas 4 centièmes de seconde. |
L'application du courant se faisait suivant la méthode uni-
polaire, ce qui permettait d'obienir la densité maxima au niveau
du centre nerveux sur lequel nous voulions agir. Sur cette por-
tion du système nerveux préalablement mise à nu, on appliquait
l’électrode active recouverte d’une mince couche de gaze imbibée
d’eau salée. |
Nos expériences ont été faites principalement sur des Gre-
nouilles, des Crapauds et des Cobayes. Les résultats obtenus sont
les suivants
a) Grenouilles. L'application d’un courant alternatif de 120
volts et d’une durée de 0,04 de seconde sur la moelle lombo-sacrée
produit la paralysie et l’anesthésie du train postérieur pendant
3 minutes environ. Un courant de 2/40 volts produit, dans les
mêmes conditions, une paralysie durant 8 à ro minutes. Le train
antérieur garde sa sensibilité et sa motilité normales.
À la suite de l’application d’un courant de 120 volts et d'une
durée de 0,04 de seconde au bulbe, on constate un arrêt respira-
toire se prolongeant pendant 3 à 6 minutes. Pendant tout ce
temps, les membres antérieurs sont complètement inertes et in-
sensibles, tandis que la paralysie du train postérieur ne dure
que 1 à 2 minutes.
Après le rétablissement du mouvement respiratoire l’animal
SÉANCE DU 8 JUILLET 433
sarde encore pendant quelque temps la position qu'on lui donne,
et ce n'est qu’au bout de 10 à 15 minutes que l'animal reprend
spontanément sa position normale. Un courant de 240 volts pro-
duit dans les mêmes conditions expérimentales des effets ana-
logues, mais d’une durée beaucoup plus grande. L'arrêt respira-
toire se prolonge souvent pendant plus de r heure et dans quel-
ques cas il a été définitif.
Nous pouvons remarquer qu'à la suite de l'application de
courant à la partie antérieure de la moelle l'effet inhibiteur n'est
pas limité à la région soumise au passage du courant, mais
s'étend aussi à la partie postérieure de la moelle. Ce phénomène
peut s'expliquer soit par l'épuisement à la suite d'une très forte
excitation, soit par la cessation brusque de l’activité de la partie
antérieure de la moelle.
Les nerfs (nerf sciatique) soumis à l’action d'un courant alter-
natif de 240 volts et d'une durée de 0,02 à 0,04 de seconde, per-
dent l’excitabilité et la conductibilité. Cette perte, qui est défi-
nitive lorsque le nerf avait été séparé préalablement du corps,
est, par contre, passagère si le nerf est laissé in situ sur l’animal
intact. Dans ce dernier cas, l’excitabilité réapparaît quoique bien
affaiblie, au bout d’une demi-heure et après 2 à 3 heures elle
redevient normale.
Les résultats obtenus chez le Crapaud sont, en tous points,
analogues à ceux que nous avons constatés chez la Grenouille.
b) Cobayes. L'application d'un courant alternatif de 120 volts
et d’une durée de 0,04 de seconde sur le bulbe (électrode active
sur le bulbe, électrode indifférente dans la bouche) ne produit
ni arrèt respiratoire, ni perte des réflexes. On constate, par con-
tre, des convulsions tonico-cloniques d'une durée relativement
courte.
Dans les mêmes conditions, un courant de 240 volts produit,
presque loujours, un arrêt instantané de la respiration. Le ré-
flexe cornéen est aboli, par contre, les réflexes dépendant de la
moelle dorsale persistent. Dans la majorité des cas, l'arrêt respi-
raloire est définitif (le cœur continuant à battre). Dans quelques
ces, l'arrêt respiratoire a été passager, n'ayant duré que 1 à 2
minutes. Les mouvements respiraloires réapparaissent alors
avant le réflexe cornéen.
L'application préalable d’un courant insuffisant pour produire
l'arrêt respiratoire, diminue le plus souvent l'effet inhibiteur des
courants plus forts. Ainsi, chez un Cobaye soumis au passage
d'un courant de 240 volls après une application préalable d'un
courant de 1206 volts, la respiration reprend presque immédiate-
ment.
L'ansethésié profonde (provoquée par Flinhalafion d'éther)
43% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
rend également les animaux moins sensibles à l’action des cou-
rants alternatifs. Ce fait peut être rapproché des observations de
Jellinek qui rapporte que certains animaux profondément narco-
tisés résistent davantage à l’action des courants d’un très haui
voltage.
Les nerfs soumis au passage d’un courant de 240 volts et d’une
durée de 0,04 de seconde, perdent complètement ou presque com-
plètement leur excitabilité et leur conductibilité. Cette perte est
rapidement passagère. Au bout de 3 à 4 minutes, l’excitabilité
et la conductibilité redeviennent normales, tandis que le nerf
préalablement sectionné ne se rétablit pas. |
.Quant au mécanisme même de l’inhibition du système ner-
veux par l’électricité, on peut se demander s'il est possible d’éta-
blir une analogie entre cette inhibition et la contracture muscu-
laire produite par l'électricité dont nous avons parlé dans des
notes précédentes.
Il nous paraît assez probable que, dans le cas d'inhibition
comme dans le cas de contracture, il s’agit d’un état physico-
chimique persistant correspondant à un état d'activité maxima
provoquée par une excitation électrique très énergique. C'est
cette persistance qui empêche le fonctionnement des éléments
nerveux qui doit être aussi considérée comme étant liée à l’alter-
nance d'états physico-chimiques particuliers.
(Laboratoire de physiologie de l'Université de Genève).
SUR LES ÉBAUCHES SANGUINES EMBRYONNAIRES INTRAHÉPATIQUES,
par J. Jorry et Tu. SARAGEA.
On sait depuis longtemps que le foie, pendant une certaine
période de la vie embryonnaire, est le siège d’une hématopoïèse
intense. Ce fait a été observé chez l'Homme et chez beaucoup
de Mamraifères. Cette fonction du foie se manifeste après celle
de l'aire vasculaire et du sac vitellin et avant celle des organes
hématopoïétiques définitifs, dont l’activité entre en jeu successi-
vement, et en général, dans la dernière période de la parturition,
à un moment qui varie, du reste, beaucoup suivant les espèces.
Mais si le rôle sangui-formateur du foie embryonnaire est bien
connu, l’origine des cellules sanguines qui y prennent naissance
est encore très discutée. Pour les uns, l’hématopoïèse est intra-
vasculaire, et les ébauches sanguines qui apparaissent secondai-
rement dans les travées hépatiques sont formées par des éléments
sanguins qui se sont greffés dans le tissu glandulaire. Pour d’au-
SÉANCE DU 8 JUILLET 2
tres, ies cellules sanguines proviennent des cellules endothéliales
vasculaires. Une troisième opinion place dans le mésenchyme
intrahépatique l'origine de ces éléments. Enfin, d’après une
dernière manière de voir, ce seraient les cellules hépatiques elles-
mêmes qui se transformeraient directement en cellules Iÿmphoï-
des indifférentes, et par conséquent en hématies,
Cette dernière interprétation a été soutenue récemment par
Aron (x), et c'est en partie pour l’examiner que nous avons re-
pris l'étude de ce problème sur un matériel bien fixé. provenant
surtout d'embryons de Lapin.
Au 12-13 jour de la vie intra-utérine, chez le Lapin, le foie
est formé. Les capillaires sont remplis d'hématies primordiales.
Ces éléments trouvent dans le réseau sanguin hépatique des con-
ditions favorables à leur multiplication. On y observe, en abon-
dance, tous les stades de leur maturation, de leur division et de
leur évolution. Il n'y a pas encore de foyers sanguins dans les
travées. |
Au 13-14° jour, on voit apparaître, dans l’intérieur des travées
hépatiques, des cellules Iymphoïdes volumineuses, absolument
semblables aux cellules sanguines primitives (hématogonies) de
l’aire vasculaire qui existent encore, en getit nombre, dans les
capillaires, à côté des hématies primordiales. Ces éléments ne
paraissent nullement se former aux dépens des celluies hépati-
ques qui en sont toujours distinctes par l’aspect de leur noyau
et de leur protoplasma. On ne voit pas non plus les ceïiiules endo-
théliales se transformer en cellules Ilymphoïdes (2). Quant aux
cellules mésenchymateuses intrahépatiques, elles sont si peu
nombreuses que si elles contribuent à former des cellules san-
guines, ce rôle doit être peu important.
Au 16° jour, l'hématopoïèse intrahépatique est très active.
Dans les travées, les cellules Iymphoïdes forment en certains
points, une nappe presque homogène ; elles masquent par place
les cellules glandulaires. On y trouve des cellules lymphoïdes
indifférentes -et tons les stades de leur transformation en héma-
ties nucléées de la 2° génération et en hématies définitives. On
observe des mégacaryocytes, mais pas encore de leucocytes.
Dans les capillaires hépatiques, les hématies primordiales com-
mencent à montrer des signes de dégénérescence de leur noyau
(x) Aron. L'origine du sang dans le foie embryonnaire. Réunion biologique
de Strasbourg, 11 février rg21, in C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIV, rg21.
MONDES CD
(>) Des cellules endothéliales, surtout aux stades suivants, se gonflent et
peuvent devenir libres dans les vaisseaux ; c’est là une réaction fonctionnelle,
en rapport avec la phagocytose des débris des hématies primordiales. Ces cel-
lules endothéliales mobilisées sont distinctes des cellules Iymphoïdes indiffé-
rentés.
136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
dont les débris sont phagocytés avec activité par les cellules en-
dothéliales.
Du 20 au 25° jour, les hématies primordiales sont en voie
de disparition complète dans les vaisseaux. Dans les travées, l’hé-
_matopoïèse est à son apogée. Les mégacaryocytes sont nombreux.
On commence à observer la formation des leucocvies aux dé-
pens de cellules ressemblant aux mvélocytes granuleux. Dans
ces ébauches, les cellules hépatiques sont toujours distinctes et
faciles à reconnaître à leur noyau spécial et à leur protoplasma
spumeux, vacuolé.
Chez l'animal nouveau-né, ces phénomènes existent encore,
mais moins intenses ; on trouve des foyers disséminés qui con-
liennent surtout des normoblastes et des leucocvies. Vers le 15°
jour de la vie extra-utérine, ces foyers, bien que très nets encore,
sont assez clairsemés ; ils semblent disparaitre à peu près vers la
fin du premier mois.
. Ainsi, d’après nos observations, l'hématopoïèse embryonnaire
hépatique est d’abord intravasculaire ; puis, à partir du 14-15°
jour, il apparait, dans l’intérieur des travées glandulaires, de
véritables foyers sanguins qui, du 15° au 25° jour sont très
abondants et diminuent ensuite après la naissance jusqu'à la fin
du 17 mois. Ces fovers forment d'abord exclusivement des glo-
bules rouges (hématies de la 2° génération et hématies défini-
tives), et vers le 25° jour, apparaissent secondairement des leu-
cocytes.
Quant à l’origine des grosses cellules INùmphoïdes indifférentes
qui sont la souche des ébauches sanguines, nous ne pouvons
encore l'indiquer d'une manière absolument certaine. Cepen:
dant, des opinions principales que nous avons rappelées au dé-
but, il en est que nous croyons pouvoir rejeter. Nous n'avons
absolument rien vu qui soit en faveur d'une transformation di-
recte des cellules hépatique£ en éléments sanguins. D'un bout
à l’autre de l’évolution des ébauches, nous avons toujours dis-
tingué facilement les cellules glandulaires et les cellules san-
guines (1). Pour admettre une pareille opinion, si en désaccord
avec ce que nous savons d'autre part, il faudrait au moins des
faits probants, et nous ne les avons pas observés. Nous n'avons
rien vu non plus de certain en faveur d'une transformation des
cellules endothéliales. La formation des cellules indifférentes aux
dépens d'éléments conjonctifs du mésenchvine intrahépatique
est possible ; nous conservons provisoirement celte manière de
(1) L'irradiation d’une Lapine pleine, quelques jours avant Ja mise bas, per-
mel d'observer. chez les Lapins nouveau-nés, la disparition des éléments san-
euins du foie, tandis que les cellules hépatiques sont respectées .(Eacassagne.
C. R. de l'Association des Analormistes, 16° Réunion. Paris, mars, 1921).
: ES 16
La a;
SÉANCE DU 8 JUILLET 431
voir très plausible, mais que nous n'avons pu vérifier d'une ma-
nière absolument sûre. Ce que nous avons observé est plutôt en
faveur de l'opinion qui voit dans ces éléments lymphoïdes ori-
ginels, des cellules intra-sanguines qui se sont greffées secondai-
rement entre les cellules hépatiques, grâce à la disparition de l'en-
dothélium en beaucoup de points et aux remaniements conti-
nuels et considérables que subit la structure du foie à cette pé-
riode du développement.
Quoi quil en soit, les cellules sanguines indifférentes qui don-
nent naissance aux foyers intrahépatiques et qui sont d'originé
mésenchymateuse et non épithéliale, se trouvent dans les travées,
au contact direct du protoplasma des cellules hépatiques. Il
s'agit donc là d’une variété de tissu Iympho-épithélial où les cel-
lules épithéliales hépatiques jouent le rôle de support, de trame,
analogue à celui qui, dans beaucoup d'organes lympho-épithé-
liaux, appartient au revêtement épithélial d'une muqueuse, de
la muqueuse du tube digestif en particulier. Peut-être même les
cellules hépatiques ont-elles ici un rôle encore plus important,
celui d'un support nourricier rappelant celui que joue, dans le
testicule, le syncytium de Sertoli, par rapport aux éléments sper-
matiques. d
(Laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes-Eltudes).
ACTION CYTOLOGIQUE DU CALCIUM ET DU POTASSIUM
SUR LA CELLULE CANCÉREUSE,
par JEAN Trotïster et Maurice Worr.
Nous avons présenté récemment à la Société les résultats com-
paratifs obtenus, avec des greffes de cancer de Souris soumises
à l’action d’électrolytes en solution neutre et isotonique. Nous
voudrions y ajouter aujourd'hui une courte description des mo-
difications cytologiques observées dans ces mêmes conditions.
La technique employée pour ces recherches fut toujours la
même : examen à l'état frais à la lumièré ordinaire et sur fond
noir ; examen sur frottis fixés au sublimé acétique et au bichro-
mate et colorés à l’hématoxyline au fer, à l’éosine-orange bleu
de toluidine, au bleu de méthylène, au mélange de Tribondeau:
La tumeur utilisée est un épithélioma de la glande mammaire
apparu spontanément chez une Souris de sept mois, de notre
élevage. Maäcroscopiquement, ‘elle se présentait sous l'aspect d’un
issu compact solide et ferme, de teinte légèrement rosée, nette-
ment lardacé par places, sans kystes ni hémorragies. Histolo-
Broocie. CoMpTESs RENDUS. — 1922 MX XXMIT 30
438 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
giquement, elle élait composée de larges plages épithéliales avec
de irès rares orifices glandulaires et d'un siroma conjonctif
adulte et peu infiltré par des éléments inflammatoires, Les cel-
lules de forme polyédrique présentent un noyau volumineux
et arrondi contenant un réseau chromatinien bien développé et
un ou plusieurs nucléoles. Le cytoplasme est dense, bien coloré
et composé de grains chromogènes très fins. Nous n'avons que
rarement pu reconnaître un centrosome et les mitochondries,
n'étaient jamais nombreuses. Les imitoses sont peu fréquentes
(6 à: 8 par champ) et le plus souvent du type régulier. Les cellules
ont, en moyenne, 3 à 4n de diamètre. Les quelques mitoses anor-
males constatées revêtent un aspect en couronne, tonnelet ou
spirale, par contre, rarement le tYpe pluripolaire net.
Examinées en suspension dans de l’eau physiologique, les cel-
lules donnent un aspect caractéristique de petites boules presque
parfaitement arrondies dans lesquelles on aperçoit un certaim
«“ grouillement » protoplasmique réfringent qui masque l'empla-
cement et le contour du noyau. C’est pourquoi il n’est pas pos-
sible de reconnaître des mitoses sur les cellules vivantes ; cepen-
dant la présence de deux cellules plus petites, plus compactes et
encore accolées laissait supposer la présence de figures de divi-
sion que examen sur coupes colorées nous a permis de vérifier.
Fait à peu d'intervalle du prélèvement ou en milieu lécèrement
chauffé (25°-30°) l'examen sur fond noir permet d'étudier des
mouvénmiénts amiboïdes souvent très vifs avec prolongement et
rétraction de pseudopodes:
Après action du potassium (KCI à 5 p. 1.000, 20 c.e. de solw-
tion pour 5 gr. de tissu), on constate une modification notable
après environ.12 à 18 heures. Le tissu présente un aspect jaune
rosé homogène et une consistance molle. Les frottis se font avec
la plus grande facilité et on obtient à peu près toujours un étale-
ment homogène. Ce ramollissement reste à peu près le même
pendant 3 à 4 jours à la glacière, puis le tissu se transforme en
une bouillie plus ou moins épaisse ét microscopiquement anhiste.
À l'examen direct, les cellules présentent'une augmentation très
nette de leur volume et une forme plus ou moins irrégulière.
Sur fond noir, le protoplasma a perdu sa consistance ferme, il
«est « dilué » et présente un aspect presque transparent ou ‘très
finement granuleux sans « grouillement » perceptible. Le noyau
central est’ souvent nettement reconnaissable et on'peut y dis-|
tinguer parfois une disposition mitotique des chromosomes. Sur
{rottis colorés, les cellules présentent un protoplasme éosinophile
‘et absolument homogène sans grains visibles. Le noyau à gardé
-sa forme vésiculeuse et son contenu chromatinien ne semble pas
-modifié. Les mitoses ne sont pas plus nombreuses qu'auparavant.
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Soc. Méd. des Hop : 25 mai 1917,25 oût. 1918; Sot. de Chir., 27 juin 1917 ; Soé. dé Biol., 24 juil. 1916;
‘mn The Lancet :{9- 261 janv. I9I8, 24 août. 1918; Thèse Marcel PEROL, Paris1917; Thèse À, BRIENS, Paris 1919.
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SÉANCE DU © JUILLET 439
Après 24, 36 et 48 heures d'immersion, on retrouve les mêmes
aspects avec une augmentation de l'aire cytoplasmique trouée
par places par des vacuoles transparentes et incolores,.
Après action du calcium on constate déjà, après 6 à 8 heures,
une modification notable. Le tissu prend un aspect pâle, blan-
châtre et homogène, et une consistance sèche et friable. Les frot-
tis deviennent très difficiles à faire, l’étalement n’aboutissant le
plus souvent qu'à de petites parcelles compactes. La friabilité
et la densité des tissus augmentent encore les jours suivants et,
après 48 à 6o heures, les fragments examinés ont perdu tout ca
ractère cellulaire. À l’examen direct, les cellules semblent être
devenues plus petites et s'être arrondies plus parfaitement. Sur
fond noir, le cytoplasme apparaît grenu et très fortement réfrin-
gent avec des contours extérieurs parfaitement nets. Le noyau
est invisible. Les mouvements amiboïdes sont nuls, les cellules
restent à peu près immobiles. Sur frottis colorés les constata-
tions sont à peu près semblables. Les cellules sont rétrécies, leur
.cytoplasme est contracté et granuleux, de teinte éosinophile
sombre, parfois même amphophile. Le noyau semble plus dense
‘que normalement et il est très fortement basophile. On le voit
modifier sa forme et prendre un aspect irrégulier, lobé, ou avec
de petits prolongements pointus, parfois avec disposition ra-
diaire de la chromatine. Vers le troisième jour, les cellules pré-
sentent de la pycnose nucléaire.
Cet effet du calcium a été obtenu d’une façon presque identi-
“que tant avec des solutions isotoniques à 8 p. 1.000 de CaCF
qu'avec des solutions hypotoniques à 5 p. 1.000 de CaCF.
En résumé, on constate par le potassium une « dilution », par
— le calcium une « condensation » du protoplasme. Quant à l'in-
…. terprétation de ces phénomènes, l’un de nous y reviendra dans
une note ultérieure. ;
# # (Clinique médicale de l'Hôpital Saint-Antoine).
1 LA BouLe p'ODÈME DE RANVIER ET LA DISPOSITION DE LA TRAME
4 DANS LE TISSU CONJONCTIF SOUS-CUTANÉ,
par J. NAGEOTTE.
Le tissu conjonctif lâche sous-cutané, que j'ai étudié dans la
— paroi abdominale du Rat, forme une couche dont l'épaisseur,
… mesurée sur les coupes histologiques dans les points où il n'existe
pas de lobules adipeux, ne dépasse pas o,1 mm. Cette couche
est limitée supérficiellement par le peaucier, profondément par
F4
440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l’aponévrose de l'abdomen ; sa consistance est telle que les mou-
vements de glissement de la peau ont une étendue considérable.
Son étude n'est pas exempte de difficultés, mais elle présente une
grande importance au point de vue de l'anatomie générale.
Si l’on s’en tient à la méthode des coupes, après avoir observé
les lamelles étudiées récemment par Laguesse, on est porté à
considérer le tissu cellulaire sous-cutané comme formé par un
ensemble de minces cloisons, parallèles à la peau, insérées les
unes aux autres de distance en distance, séparées par une série
de fentes virtuelles ; en un mot, c'est un « système de tentes »,
suivant l'expression de Ranvier.
Chaque lamelle, artificiellement isolée dans une préparation,
figure un feutrage de faisceaux collagènes très onduleux, aplatis,
comme passés au laminoir ; à ces faisceaux se joignent des fibres
et des fibrilles ; le tout forme une feuille compacte, sensiblement
plane, d'épaisseur et de complexité variables. Il faut ajouter,
point important, qu'il existe dans chaque lamelle, non pas un
seul plan de faisceaux conjonctifs, mais plusieurs superposés,
et que les ondulations de ces faisceaux sont disposées absolument
au hasard, sans aucune coordination entre les différents plans.
Les cellules conjonctives, très larges et très plates, dont la forme
est particulière à la région, sont appliquées à la surface ou incor-
porées dans l'épaisseur des lamelles.
Cet aspect est intéressant. Laguesse l'interprète comme résul-
tant de ce que la trame collagène serait incorporée à des lamelles
de substance amorphe ; on apercevrait directement cette sub-
stance dans les points où les faisceaux s’écartent un peu les uns
des autres. De plus, les fentes limitées par les lamelles anastomo-
sées entre elles seraient closes, de telle façon que les liquides
ne pourraient passer d’une cavité à l’autre que par osmose.
Avant d'aller plus loin, examinons un peu les conséquences
d'une pareille conception, tout d'abord en ce qui concerne les
mouvements de glissement. La disposition des lamelles, telle
qu'on peut l’observer dans les coupes, montre qu'il se produirait
nécessairement une élongation de certaines lamelles à chaque
déplacement de la peau par rapport à l’aponévrose. Il faudrait
donc admettre que les lamelles sont élastiques. On peut gratifier
la « substance amorphe » de l’élasticité nécessaire ; mais les.
faisceaux conjonctifs qu'elle est censée renfermer ne la possèdent
certainement pas ; ils sont simplement onduleux et ne peuvent
s’allonger que par le redressement de leurs ondulations. Si l’on
veut bien se reporter aux figures que Laguesse a données de ses
lamelles et qui sont exactes dans l'ensemble, on verra que l’agen-
cement des éléments de la trame dans leur épaisseur est tel, qu’à
la première traction les lamelles étirées seraient nécessairement
ph.
ÉANCE DU S JUILLET 0
[2]
mises en pièces par le redressement des faiscaux, dont les ondu-
lations chevauchent en sens contraires.
L'interprétation de Laguesse se heurte donc ici à une impossi-
bilité matérielle. Elle est également en contradiction avec ce que
_ nous savons du cheminement des liquides dans le tissu cellulaire
lâche et ceci nous amène à la boule d'œdème de Ranvier. Per-
sonne n'ignore le rôle que cet artifice de technique a joué dans
l’évolution de nos connaissances relatives à la constitution du
tissu conjonctif. Mais il semble que ce moyen d'investigation
_ soit encore capable de nous instruire.
Lorsque l’on introduit, à travers la peau, une aiguille creuse
dans le tissu lâche sous-cutané de l’abdomen du Rat et que l’on
injecte du liquide de Locke sous une faible pression, il se fait
une boule d'aspect gélatineux dans laquelle, comme Ranvier l’a
parfaitement vu, il n'y a aucune cavité. Si l’on injecte de l’air,
les bulles dilacèrent le tissu et y creusent une série de cavités ir-
régulières, en donnant l'aspect bien connu de tissu cellulaire
insufflé ; cet artefact est dépourvu de tout intérêt, Au contraire,
l’eau dissocie d’une façon très délicate et très régulière les fibres
accolées, qui se prètent sans aucun accident à la distension du
tissu, grâce à leurs sinuosités sans nombre et à la possibilité
qu'elles ont de glisser facilement les unes sur les autres. On peut
ainsi augmenter cent fois l'épaisseur du tissu cellulaire sous-
cutané, sans que ses autres dimensions varient. Le résultat de
cette opération est que le tissu conjonctif lâche se transforme en
une gelée translucide qui, manipulée dans de l’eau, peut être sec-
tionnée et garde sa forme sans s’affaisser. À la loupe, cette gelée
contient une infinité de petits tractus blanchâtres, mal délimités,
qui la découpent en minuscules aréoles largement ouvertes les
unes dans les autres.
Il convient de remarquer qu'aucun phénomène d’osmose ne
saurait être invoqué pour expliquer le cheminement du liquide :
dans le tissu très lâche de la nuque, en moins de cinq secondes
et avec une pression d’eau inférieure à 10 cent., on obtient une
boule de plus de deux centimètres de diamètre.
Cette boule d’œdème, dans laquelle Renaut a déjà su distin-
_ouer sa tramule, au lieu de la dissocier ou de l’étaler, prati-
quons-y des coupes après l’avoir convenablement fixée et colo-
rons ces coupes par la méthode de Mallory. Sur les bords de
la boule d’œdème, les lamelles se dissocient, par la séparation
de leurs éléments constitutifs, et se résolvent en une quantité
prodigieuse de fibres et de fbrilles ; on ne saurait se faire une
idée de leur abondance, ni de leur disposition lorsqu'on étudie
ces éléments, tassés et mal colorés, dans des coupes à la paraffine
faites après fixation du tissu conjonctif non œdémateux. Dans
442 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
les points où ia dilatation est complète, les faisceaux conjonctifs
sont écartés les uns des autres et ils ont perdu la forme aplatie
qu'on leur voit dans les « lamelles »; ils s’entrecroisent en un
réseau très lâche, qui dessine une série d’aréoles irrégulières.
Entre eux et dans la cavité des aréoles s'étend un réseau tramu-
laire continu, à trois dimensions, qui est d’une richesse et d’une
délicatesse admirables et qui montre, avec la plus grande netteté,
aux points de bifurcation de ses fibrilles, les dispositions com-
plexes que j’ai décrites dans ma dernière note.
Je ne puis entrer ici dans les détails ; je signalerai seulement
l'existence, comme partie constituante L ce réseau tramulaire,
de formations remarquables que j'appellerai les « toiles »; ce
sont des réseaux excessivement fins et serrés, à deux dimensions,
qui se rattachent intimement au reste de la tramule ; leurs fibril-
les se rassemblent en nervures, d’où partent des fibres qui vont
former les faisceaux. Ces toiles sont donc le lieu d’aboutissement
ou, si l'on veut, l’origine des fibres et des faisceaux collagènes.
Elles se disposent parallèlement à la peau, et sont extrêmement
nombreuses ; leur étendue est variable dans des proportions con-
sidérables ; en s’insérant les unes sur les autres, elles forment,
dans certaines régions, de véritables systèmes de tentes ; elles
prennent donc la même disposition que les « lamelles » de La-
guesse. Mais les « toiles » sont infiniment plus délicates et plus
nombreuses que les ‘« lamelles »; elles sont aussi beaucoup plus
simples, car elles ne contiennent jamais, comme ces dernières,
de faisceaux collagènes dans leur épaisseur ; ceux-ci s’en déta-
chent au fur et à mesure qu'ils se constituent. D'autre part, les.
toiles forment des cloisons très incomplètes, interrompues de
toutes partis, et les espaces qu'elles délimitent communiquent
largement entre eux ; en elles-mêmes, elles sont partout per-
méables, n'étant constituées que par un réseau de fibrilles entre-
lacées, que l’on peut comparer à un tulle d’une finesse extrème.
De substance amorphe, après le remplissage du réservoir, il
n'est resté aucune trace. L’aurais-je détruite ? Pas du tout. En
comprimant longuement une boule d’œdème, on peut l’aplatir
et ramener le tissu à sa forme première ; si alors on fixe la pièce
et si on l’inclut à la paraffine, on retrouve dans les coupes les
lamelles, sous une forme semblable à celle que l’on observe dans
les tissus fixés intacts. |
Le tissu conjonctif n’est donc autre chose qu'un feutrage de
fibrilles groupées en faisceaux et en réseaux de divers ordres.
Les lamelles de Laguesse représentent l'attitude des éléments de
la trame lorsque le réservoir est vide, c’est-à-dire à l’état normal;
leur cohésion apparente, dans les coupes, est uniquement le fait
du tassement et de la fixation. Mais lorsque le réservoir est rem-
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* Tissu conjonctif lâche sous-cutané de la paroi abdominale, chez le Rat jeune
adulte. Helly ; méthode de Mallory ; 2.000 diamètres. Les objets dessinés
étaient situés dans des espaces optiquement vides, condition essentielle pour
constater l’absence de substance amorphe.
-
À. — Fragment d’une toile de grande taille (réseau à deux dimensions) des-
Siné d'après une coupe par congélation de boule d’œdème. Dentelle fibrillaire
avec ses nervures.
B. — Toile entière, de taille minuscule, avec les fibres collagènes qui y abou-
üssent. Rapports: entre cette toile et le réseau tramulaire à trois dimensions,
dont on voit quelques fibrilles. Mème technique qu’en A.
… C: — Lamelle de Laguesse, couchée à plat sur une de ses faces, dans une
coupe à la paraffine de :0 pu pratiquée suivant la technique habituelle. Un
leucocyte à noyau troué. Faisceaux aplatis et fibres collagènes de divers calibres,
emmêlés dans tous les sens ; il ne saurait être question de distinguer les toiles
Superposées qui font partie de ce complexus ; d’ailleurs les. fibrilles les plus
fines ne sont pas visibles ; l'inclusion à la paraffine empêche leur coloration
et, mème, rend moins vigoureuse et moins nette celle des fibres collagènes de
moyen volume (comparer l'aspect de la fig. G à celui des fig. À et B).
A4% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
pli, tous les filaments s’éparpillent et se disposent dans l’espace
régulièrement, comme éeux d'une touffe de coton mouillé que
l’on plonge dans l'eau après l'avoir exprimée. De plus, la dispo-
sition des lamelles dans les préparations est, en grande partie,
due à un clivage artificiel, car les fentes qui les séparent ne peu-
vent se produire que par la brisure du réseau tramulaire, en réa-
lité continu. Toutefois, cet artefact reste intéressant, parce qu'il
met en évidence un certain arrangement des faisceaux, un cer-
tain ordre dans la répartition des parties constitutives du coagu-
lum collagène,
ESSAI DE VACCINATION CONTRE LA PESTE PAR LA VOIE BUCCALE,
par MARCEL Lecer et À. BAURY.
Les belles expériences de Besredka (r) sur la vaccination par
la bouche contre les infections typho et paratyphoïdes, en sen-
sibilisant au préalable les animaux par absorption per os de bile,
nous ont incités à rechercher comment se comporterait, dans
des conditions analogues sinon identiques, le virus de la peste.
Besredka pense que la vaccination par la voie digestive est pos-
sible uniquement dans les maladies à localisation intestinale de
l'agent pathogène. « Il faut que le vaccin affecte le même organe
ou le mème groupe d'organes que le virus (2)... C'est à ce prix
qu'il développe le maximum de son efficacité ».
La peste n’est pas une maladie à localisation intestinale et la
porte d'entrée du Bacille de Yersin n'est pas la voie digestive :
‘lexpérimentation a simplement montré que ce mode d'infection
n'est pas impossible. Le problème que nous soulevons n’est done
pas absolument du même ordre que celui résolu par Besredka.
Nos expériences portent jusqu'ici sur un Cynocéphale, un
Lapin, un Cobaye, vaccinés par la bouche après sensibilisation,
suivant la méthode de Besredka, par de la bile de Bœuf, et inocu-
lés ultérieurement avec du Bacille pesteux en même temps que
5 témoins.
Le Singe absorbe, les 9 et 11 mai, 8 c.c. de bile suivis
de 4 c.c. de.notre vaccin antipesteux ; le 15 mai, 5 c.c. bile et
5Xc.c. "de vaccin.
Le Lapin avale, le 8 mai, 8 c.c. de bile, puis 3 c.c. de vaccin
(1) Besredka. C. R. de l’Ac. des sciences, 1918, t. CLXVIT, p. 212 ; 1919,
t. CLXVIIT, p. 1338 ; Annales Institut Pasteur, 1918 sn DHPeLRSOES
(2) Besredka. Paris médical, 1922, n° 22, p. hioe
SÉANCE DU 8 JUILLET 445
“awpesieuxs lebro, D c.c0de bile”; le nr, ! c.c. de vaccins le
15, 4 c.c. de bile ; le 16,3 c.c. de vaccin.
Fe Cobaye déslutit, le 8 mai, À c.c. de bilé; le 11, 2 c.c. de
vacein : le 15, 3 c.c. de bile : le 16, 3 c.c. de vaccin.
Le 26 mai, ces 3 animaux sont inoculés, sous la peau, avec
une émulsion de Bacilles de la peste.
Comme virus, nous utilisons la souche de l’Institut de biologie
dite « 320 », recueillie à Dakar sur un indigène, le 6 avril 1921,
et entretenue, depuis cette époque, par repiquages sur gélose,
sans passages sur animal. Cette souche « 320 » entre, associée
à plusieurs autres, dans la composition de notre vaccin antipes-
teux (fabriqué d’après le mode opératoire Dujardin-Baumetz de
l'Institut Pasteur), mais elle a perdu de sa virulence primitive ;
nous l'avons récemment reconnu par inoculation expérimentale.
Comme animaux témoins, nous avons pris un Cynocéphale,
un Lapin, un Cobaye, une Souris blanche, un Lérot, inoculés
dans les mêmes conditions que les 3 animaux ayant absorbé an-
térieurement des Bacilles pesteux chauffés. Le Lérot Myoxus
(Eliomys) murinus, meurt le 28 mai dans l'après-midi, au bout
de 50 heures. La Souris blanche meurt le 30 mai, soit au bout
de 4 jours pleins. Chez l’un et chez l’autre, les Bacilles de Yersin
sont trouvés non rares dans le sang du cœur, et nombreux dans
les organes. Le Cynocéphale témoin succombe le 5 juin, le ro
jour. Les Bacilles pesteux se voient sur frottis de sa rate. Le
sang du cœur ensemencé donne en culture pure un Bacille
pesteux très virulent, tuant par inoculation sous-cutanée le Mus
decumanus en 48 heures. Les 5 autres animaux (2 des témoins
et les 3 vaccinés) ne meurent pas. Nous nous décidons à les sa-
crifier le 19 juin, c’est-à-dire 25 jours après l’inoculation. Chez
le Cynocéphale vacciné, le Lapin vacciné, le Cobaye vacciné, les
recherches les plus patientes ne permettent de déceler, dans les
organes, aucun Bacille pesteux. Le Cynocéphale vacciné est por-
teur d'un gros ganglion inguinal non suppuré, du côté corres-
pondant à la cuisse où a été faite l’inoculation : aucun germe
microbien dans ce ganglion.
Les frottis d'organes du Lapin et du Cobaye témoins contien-
nent, par contre, des Bacilles pesteux : il est vraisemblable que
ces animaux n'auraient pas tardé à succomber.
Nous nous contentons de rapporter ces faits, qui sont en fa-
veur d'une immunité acquise contre le virus pesteux à la suite
de l'ingestion préalable de bile et de Bacilles chauffés, mais qui
sont insuffisamment nombreux pour imposer une conclusion
définitive. L'expérience avec le Bacille de Yersin ne peut être
opérée qu'avec prudence et demande beaucoup de temps, ce qui
explique la timidité de nos essais. Nous nous promettons de con-
446 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tinuer notre expérimentation ; tout d'abord, il conviendra de se:
servir d'un virus pesteux très virulent, récemment prélevé sur
l'Homme, ou renforcé par passage sur les Muridés.
(Institut de biologie de l’'A:O.F.).
L'ÉLIMINATION DES ACIDES ORGANIQUES DANS L'URINÉ
DES DIABÉTIQUES ACIDBOSIQUES,
par Marcez LABBé, Henry Brru et F. Nerveux.
L'acidose est une des manifestations les plus graves du dia-
bète puisqu'elle semble jouer un rôle important dans la patho-
génie du coma. Aussi a-t-on depuis de nombreuses années cher-
ché à dépister l'apparition des signes cliniques «et de laboratoire
qui traduisent les modifications dans la concentration ionique |
"
1
|
des milieux de l’économie et l’excrétion des produits acides éli- ‘|
minés par l'organisme qui se défend contre toute modification
dans son équilibre alcalin. Successivement, on a étudié l’élimi-
nation des corps acétoniques, des acides aminés, de l’ammonia- |
que, les modifications de la teneur du sang en CO* et en bicarbo- |
nate de soude, et enfin celles de l’air alvéolaire en CO*. 1
Van Slyke «et Palmer (x) ont apporté récemment une nouvelle
technique pour suivre l'élimination des acides organiques dans
l’urine. Son application à l'étude de l’acidose diabétique était in- 4
téressante à observer, puisque la méthode, en outre des acides
8 oxybutyrique et diacétique, permet de doser les acide lactique,
butyrique, succinique, propionique, caprique, etc., que l’on sait x.
être augmentés dans le diabète avec acidose.
Nous ne reviendrons pas sur les bases théoriques et sur la par-
tie technique du dosage des acides organiques que l’un de nous
avec Goiffon a déjà exposé ici même (2).
Nous nous sommes servis de 2 indicateurs : 1e diméthylamido-
azobenzol et l’orangé IV. Les chiffres obtenus avec le premier
de ces indicateurs ont toujours été inférieurs à ceux fournis par |
le second. Ceci d’ailleurs est logique, car le point de virage du
diméthylamidoazobenzol est réalisé avec une concentration en
ions H plus basse que celui de l’orangé IV. En moyenne, on ob-
tient des chiffres de 2/3 à 3/5 inférieurs. |
Chez les individus mormaux, en employant l'acide chlorhy-
drique déci-normal, et en ne tenant pas compte des coefficients
(1) Van Slyke et Palmer. Journ. of Biol. and Chem, *t. XLI, n° 4, avril r0°0.
‘a) Goiffon et Nepveux. G. R. de la Soc. de biol., 27 mai 1922.
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SÉANCE DU 8 JUILLET AAT
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de correction dus à la créatinine, à la créatine, aux acides aminés
et aux sels ammoniacaux, on obtient avec le diméthylamidoazo-
benzol des chiffres variant de 200 à 45o et avec l'orangé IV des
chiffres ‘variant de 300 à 700.
Chez les diabétiques avec acidose, dont nous avons observé
10 cas et pour lesquels il fut pratiqué quotidiennement, dans Îles
urines, le dosage des acides organiques, des corps acétoniques,
des acides aminés de l’ammoniaque, de l'acidité, les chiffres
d’éfimination des acides organiques sont beaucoup plus élevés
que chez le normal, comme lindique le tableau suivant
Titrage en présence de
Suiets diabétiques acidosiques | Dimélhylamidoazobenzol z Orangé IN
NS a AO TORRES RARE 300 à 20600 5oo’ à 5go0
Met Het eeES hoo à 1000 5oo à 2000
DM RAM ere cr net 300 à 1400 700 à 2600
PONS NE Sr RER EEE ARE 5oo à 2700 700 à 4500
F LEE See RER RETe 900 à 6400 1000 à 9300
CS FAN A En A UT Te US 600 à 3000 1300 à 4boo
7, MS AU CIRE SERRE 2000 à 3200 3h00 à 4oco
à NULS ITR RSR 700 à 2600 900 à 53co
5 LR AN RIRES 150 à 980 : oo à 1400
104 Mnne TE NE ARR ARS 300 à 650 300 à 1160
Comme on le voit, il y a de grandes variations dans l’élimina-
tion des acides organiques ; mais si l’on reprend les observations
dans le détail, on s'aperçoit que, pour une période donnée, elles
sont assez constantes. Elles suivent, en général, les variations
de l’acidose et sur le graphique, la courbe des acides organiques
est, dans son ensemble, parallèle à celle des corps .acétoniques.
Cependant, il n'en est pas toujours ainsi et dans notre cas n° à,
les décharges des corps acétoniques ne s’accompagnaient pas
toujours d’une augmentation de l'élimination des acides orga-
niques.
La courbe de l'acidité urinaire et des acides aminés est, en
général, parallèle à celle des acides organiques.
Le régime modifie leur élimination, ils diminuent avec les
cures de jeûne et de légumes verts, augmentent avec l’alimenta-
tion carnée, alors que les graisses paraissent provoquer une élé-
vation moindre.
En résumé, le titrage des acides organiques de l'urine, dont
la technique est simple et rapide nous paraît être, avec le dosage
pondéral des corps acétoniques totaux, un moyen intéressant
pour déceler et suivre l’évolution de l’acidose dans le diabète.
448 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA PERMÉABILITÉ SÉLECTIVE
DES CELLULES VIVANTES AUX IONS.
REMARQUE A PROPOS DE L'EXPÉRIENCE DE DONNAN
SUR LE ROUGE CONGO,
par PIERRE GIRARD et W. MESTREZAT.
De l’ensemble des recherches que résument nos notes pré-
cédentes (1), il résulte que nous devons désormais considérer
les parois des tissus vivants et, par une extrapolation qui nous
paraît légitime, les parois des cellules vivantes comme douées
de la propriété d’être sélectivement perméables aux ions des
milieux qui les baignent ; nous avons indiqué que l'intérêt essen-
tiel qui s'attache à cette donnée nouvelle est de nous permettre
de mieux comprendre l'élaboration « in vivo » de constituants
minéraux dont les seules lois de l’affinité chimique (sans inter-
vention d'un septum) sont impuissantes à expliquer la genèse.
D'autre part, il est remarquable que cette perméabilité sélective
vis-à-vis des ions des milieux puisse être communiquée à un
septum inerte, lorsque celui-ci est le siège d’un état de polari-
sation (sans source électrique extérieure au système), que condi-
tionne la présence dans l’un, au moins, des milieux électrolv-
tiques qu'il sépare, d’un excès, füt-il léger, d'ions H ou OH.
Nous devons faire remarquer que le schème physique que
nous proposons de la perméabilité ionique sélective des parois
vivantes est profondément différent de celui qui sert à expliquer
l'expérience de Donnan. La théorie de Donnan suppose le cas
particulier d’une paroi qui sépare une solution d’un électrolvte
dissocié d’une solution d’un « colloide électrolytique », le rouge
Congo, qui est le sel de sodium d’un acide dont le radical est de
nature colloïdale. Dans ces conditions, seul l’ion Na peut fran-
chir, dans le processus de diffusion, la cloison séparatrice et c’est
le caractère colloïdal de l'énorme molécule ou, si l’on veut, de
l’ion qui correspond.au radical acide qui conditionne l’hémiper-
méabilité que l’on observe. Dans le cas que nous avons envisagé,
au contraire, le septum sépare des solutions dissociées d’électro-
lytes vrais, dont tous les ions peuvent franchir la paroi, en de-
hors des conditions de polarisation du septum que nous avons
mentionnées. C'est un facteur électrostatique qui conditionne,
dans notre cas, là perméabilité sélective des membranes animales
considérées et établit entre des ions également diffusibles des
différences fondamentales au point de vue biologique.
(NC RMSOCMboT MN RNIIIENDp No TT er SONO
AM,
: MER 1 AC
SÉANCE DU 8 JUILLET 449
———— ——Ù—— ———"—————"—_—]—….…—…—…—"—.—.—…—…—….—…"…—…—…—…—…—…—…"… ……
Nous entrevoyons, dès lors, la possibilité de reproduire dans
une certaine mesure, « in vitro », des processus chimiques —
inexplicables par les seules lois de l’affinité — analogues à ceux
dont les organismes animaux ou végétaux sont le siège.
(Laboratoire de chimie physique de la Sorbonne
et de physiologie de l'Institut Pasteur).
SURINFECTION DU (COBAYE TUBERCULEUX
AVANT ET APRÈS L'ÉTABLISSEMENT DE L'ÉTAT ALEERGIQUE,
par ROBERT DEBRrÉ et HENRI BONNE7.
On sait que, dans certaines conditions, l'injection sous-cuta-
née au Cobaye tuberculeux d’une forte dose de Bacilles, loin de
déterminer la production d'un nodule et d'une adénopathie ca-
séeuses, provoque, après une très brève incubation, une ecchy-
mose, puis une escarre qui s'élimine, laissant une cicatrice insi-
gnifiante, et ne s'accompagne pas de la moindre réaction gan-
glionnaire. Tel est le phénomène décrit par Koch, et qui porte
son nom. Les auteurs qui ont essayé de réaliser le phénomène de
Koch ont constaté que sa production était inconstante (Straus,
Bezançon et H. de Serbonnes, Rist et Rolland), et ont provoqué
par la surinfection hypodermique du Cobaye tuberculeux, tantôt
une lésion rappelant la lésion de primo-imoculation, tantôt un
nodule se caséifiant d'une façon rapide et différent de la lésion
de primo-inoculation par son « allure pour ainsi dire fou-
drovante » (Rolland), tantôt le phénomène de Koch véritable.
Bezançon et de Serbonnes ont bien noté que la production du
phénomène de Koch est liée à deux facteurs : 1° la date de surin-
fection (les surinfections précoces déterminant des abcès, et les
surinfections tardives le phénomène de Koch); 2° la dose de
Bacilles injectés lors de la première inoculation (le phénomène
de Koch apparaissant d'autant plus précocement que la dose de
Bacilles injectés lors de la première inoculalion est plus forte.
Rolland a fait des remarques du même ordre.
Nous avons voulu essayer de préciser ces notions, en exami-
nant si le mode de réaction de l’animal était identique, avant
et après l'établissement de l’état allergique, décelé par la sensi-
bilité à la tuberculine. Nous rappelons que nous avons précédem-
ment indiqué (1) qu'il était très facile, par des intradermo-réac-
(x) Robert Debré, Jean Paraf et Lucien Dautrebande. La période anté-
allergique dans la tuberculose expérimentale du Cobaye ; sa durée, varie avec
la dose de Bacilles injectés. C. R. de la Soc. de biol., 1920, p. 986.
450 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LT rt AE ER PER RE eue nn
tions faites en série, de préciser la date à partir de laquelle F'ani-
mal tuberculeux commence à réagir à la tuberculine ; nous
avons vu que la période antéallergique était d'autant plus longue
que la dose de Bacilles inoculés était plus faible, et que le début
de l’état allergique coïncidait, à peu de chose près, avec l’appa-
rition d’un. nodule bien perceptible au point d'inoculation.
Si l’on injecte donc à un lot de Cobayes 0,5 mgr. de Bacilles
tuberculeux, à raison de o,1 mgr. tous les jours pendant 5 jours,
à un autre lot la même dose, à raison de o,1 mgr. tous les 5
jours, et à un autre lot la même dose, à raison de o,1 mgr. tous
les 10 jours, voici ce que l’on observera :
1° Chez les Cobayes injectés tous les jours, les 5 nodules sont
exactement identiques : même incubation de 8 à 10 jours, même
-évolution, même réaction ganglionnaire ; tout au plus, dans
certains cas, constate-t-on que le cinquième nodule ne s’ulcère
pas. Or, la première réaction à la tuberculine apparaissant du &
au 10° jour, tous les nodules identiques sont donc dûüs à des ino-
-culations faites en période antéallergique.
2° Chez les Cobayes inoculés tous les 5 jours, les deux pre-
miers nodules sont identiques, les réactions ganglionnaires pa-
reilles : les inoculations qui les ont provoquées ont été faites en
période antéallergique. Le 3° nodule coïncide avec le début de
la période allergique, il apparaît plutôt que les deux premiers
(incubation plus courte), et ne grossit que fort peu (taille d'une
ientille au lieu de celle d’une noix), ne s’ulcère pas, ne provoque
que de très petites réactions ganglionnaires. Les 4° et 5° inocu-
_ lations donnent des lésions identiques.
3° Chez les Cobayes inoculés tous les ro jours, le nodule de
primo-infection n'offre aucune particularité ; le »° nodule, qui
“est dû à une inoculation faite au début de l’état allergique, rap-
pelle exactement les 3°, 4° et 5° nodules des Cobayes de la deuxiè-
me série ; le 3° nodule évolue de même ; la /° surinfection pro-
-duit, tantôt un phénomène de Koch typique, tantôt le phéno-
mène mixie observé par Bezançon et de Serbonnes (abcédation
rapide, puis cicatrisation, pas de réaction ganglionnaire): la
9° surinfection provoque constamment l’escarrification typique
décrite par Koch.
Ainsi, non seulement se trouve précisée cette sorte de grada-
tion indiquée par Straus, Bezançon et de Serbonnes, et Rolland
mais encore se trouvent mises en évidence les différences essen-
tielles de réaction. de l’animal tuberculisé avant et après. l’éta-
blissement de l’état allergique : dans la période antéallergique,
- toutes les inoculations faïtes tous les jours ou tous les 5 jours,
sont identiques, l’animal continue à réagir comme un animal
neuf. Dès que l'état allergique, défini par la capacité de réagir
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SÉANCE DU S JUILLET 451
à la tuberculine, est établi, l'attitude de l’animal vis-à-vis des
surinfections est modifiée. Sa réaction vis-à-vis des surinfections
et celle vis-à-vis de la tuberculine suivent, du reste, une marche
parallèle ; quand l’animal est capable de produire le phénomène
de Koch après les surinfections baciilaires, il réagira aussi à l’in-
tradermo-réaction tuberculinique par une escarre.
Ces constatations sont à rapprocher de celles que l'on a faites
en étudiant la syphilis expérimentale (Finger et Land-Steiner,
Neisser, Queyrat) : possibilité de réaliser chez le Singe une série
de chancres par des surinfections de virus syphilitique tant que
les surinfections sont faites avant l'apparition du premier chan-
cre, difficulté ou impossibilité de réaliser ces lésions dès que le
premier chancre à paru.
Ges faits sont à rapprocher aussi de constatations anatomo-
cliniques se rattachant à la tuberculose du nourrisson, qu'on
peut toujours avec fruit comparer à la tuberculose expérimen-
tale du Cobaye : le nourrisson, en contact intime avec une mère
phtisique, recevra, après la première inoculation, et pendant la
période antéallergique, de nouvelles doses de Bacilles qui provo-
queront de nouvelles lésions capables d'évoluer dans son pou-
mon ; le nourrisson qui n'aura subi qu’un contact discret et in-
termittent avec des tuberculeux, aura des chances de n être sur -
infecté qu'après l’établissement de l’état allergique.
(Laboratoire d'hygiène de la Faculté de médecine).
HERPÈS HRÉCIDIVANT ; CARACTÈRES DU VIRUS HERPÉTIQUE,
par $. Nicorau et P. Poincroux.
Nous avons eu l’occasion d'observer un cas d’herpès récidivani
du doigt, intéressant par ses caractères cliniques particuliers et
par les propriétés du virus.
Observation. — Marie C..., 30 ans. Pas. d’antécédents patholo-
giques intéressants. La maladie actuelle à commencé en avril
1919 ; localisée à la face palmaire de la phalangine de l'index
_ droit, elle fut alors prise pour un panaris. La lésion fut incisée.
En avril 1920, la malade consulte l’un de nous pour une récidive,
in situ, de la même affection. À l’examen de la phalangine ma-
lade, le doute ne semble pas permis : douleur, chaleur, tumé-
faction, œdème de la face dorsale de la main, en font un panaris
typique d’apparence. Incision : pas de pus. Cependant, dès le
lendemain, les signes s’amendent. Cicatrisation en sept jours.
452 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
En février 1921, récidive des mêmes phénomènes ; début aussi
brusque que les deux premières fois. Guérison en 8 jours.
En avril 192, quatrième poussée. Examinée 3 jours après le
début, le diagnostic de panaris est porté 4 fois. Mais, laissant
évoluer la lésion, nous observons : 1° l'accroissement progressif
de l’infiltration tissulaire ; le 3° jour, le doigt est figé en demi-
flexion ; il est boudiné, douloureux ; l'extension provoque des
crises de souffrance ; la face dorsale de la main et du poignet
est œdématiée ; 2° pas d’adénopathie, pas de fièvre ; un peu de
fatigue générale. Pas de dissociation syringomyélique de la sen-
sibilité ; 3° le 6° jour, apparaissent sur la face palmaire de la
phalangine 5 élevures épidermiques, qui se transforment bientôt
en vésicules arrondies, opalescentes et se groupant en rosace ;
leur confluence est nette le 9° jour ; elles bombent alors et sont
prêtes à se rompre ; guérison le 20° jour.
Ces quatre poussées donnèrent à penser qu'il s'agissait d’une
éruption d'herpès récidivant et que l’incision, pratiquée au début
de la poussée herpétique, avail fait avorter le processus.
Etude expérimentale.. — A. Herpès. Le 15 avril 1922, nous
inoculons, à la cornée du Lapin 29 A-B, le contenu des vésicules
d'herpès du doigt malade. L'animal fait de la kérato-conjoncti-
vite et succombe d'encéphalite herpétique (lésions aiguës carac-
téristiques) le 10° jour. Son cerveau sert à inoculer le Lapin 2 K
par voie cérébrale ; celui-ci meurt d’encéphalite le 12° jour. Un
second passage, également intra-cérébral, pratiqué sur le Lapin
5o K, provoque la mort de l'animal le 19° jour (lésions typiques),
tandis qu'un troisième passage, fait de la même manière, sur le
Lapin 57 F, reste sans effet. L'animal survit ; sacrifié le 14° jour,
il ne montre pas d’altérations d’encéphalite.
Le cerveau du premier Lapin 29 A-B sert à faire une seconde
série de passages intra-cérébraux. Inoculé au Lapin 54 À, il dé-
termine la mort après une incubation de 32 jours (lésions chro-
niques). Cette série s'arrête d'ailleurs au second passage. Le
Lapin 93 K, infecté avec le cerveau du Lapin 74 A, survit. Sacri-
fié le 22° jour, il montre des lésions chroniques.
Ces faits montrent que le virus herpétique de C... est carac-
térisé par une affinité neurotrope relativement peu accusée. Sa
virulence pour le cerveau, appréciée par inoculation intra-céré-
brale, déjà faible au début, s’atténue au fur et à mesure des
passages, au lieu de s’accroître. Il n’en est pas de même de son
affinité cutanée. Le cerveau du Lapin 2 K (1* passage), inoculé à
la peau épilée et rasée du Lapin 49 K, provoque une très belle
éruption d’herpès : papules couvertes de squames, de la gran-
deur d’un petit Pois, entourées d’une zone rouge. Cette éruption
guérit le 12° jour, mais l’animal se paralyse le 1-° jour et meurt
SÉANCE DU 8 JUILLET 453
pen 7, 0 ne es Re
le 19° jour, avec des lésions très intenses d’encéphalite et de
myélite aiguës. Il en résulte que la souche de virus herpétique
de notre malade offre une affinité cutanée intense, contrastant
avec son affinité relativement peu marquée et difficile à s'exa-
gérer, pour le système nerveux central. Cette souche montre
donc les caractères particuliers du virus herpétique, tels que
nous les avons définis antérieurement (r). Nous avons montré,
en effet, que le germe de l’herpès n'est qu'une variété atténuée
du virus de l’encéphalite, et que les affinités respectives de ces
virus pour les segments cutanés et nerveux de l’ectoderme; se
comportent suivant le schéma ci-après ;
Affinité cutanée Affinilé neurotrope
Virus encéphalitique + Virus encéphalitique + + + +
» de l’herpès 2e ae 7 » de l’herpès +
B. Salive. Le 28 avril, soit 13 jours après l'examen des vési-
cules d’herpès, nous avons inoculé la salive de notre malade à la
cornée des Lapins 82 À et 83 À. Les animaux ont présenté de la
kérato-conjonctivite et ont succombé, l’un le 7° jour, l’autre le
9° jour. Le cerveau du Lapin 82 À nous a servi à faire deux pas-
sages successifs (mort des animaux les 10° et r1° jour). Le troi-
sième passage s'est arrêté. Une nouvelle inoculation de salive,
pratiquée le 27 mai, alors que les lésions herpétiques étaient tota-
lement guéries, n’a produit que de la kératite (survie de l'ani-
mal). |
C. Liquide céphalo-rachidien. L'inoculation (intra-cérébrale et
dans la chambre antérieure) du liquide céphalorachidien, ponc-
tionné le 5 mai, est restée sans effet.
D. Il nous a été impossible de retrouver le virus dans l’épi-
derme du doigt, après la guérison totale des lésions (13 et 27
mai). î
Conclusions : 1° le virus de l’herpès diffère de celui de l’encé-
phalite par son affinité cutanée plus accusée et par son affinité
neurotrope sensiblement moins marquée ; 2° ce virus peut exis-
ter dans la salive, alors que la lésion herpétique siège ailleurs
qu'au voisinage immédiat de la bouche ; il ne peut être retrouvé
dans l’épiderme, au niveau des vésicules cicatrisées, lors de la
guérison ; 3° la virulence du germe salivaire s’atténue quelque
temps après la cicatrisation de l’herpès ; la salive continue à
provoquer une kérato-conjonctivite chez le Lapin, mais l’animal
ne montre plus d’encéphalite herpétique ; 4° les particularités
des lésions cérébrales changent suivant le degré de virulence du
(x) Levaditi, Harvier et Nicolau. Ann. Inst. Pasteur, t. XXXVI, janvier et
février 1922.
Brorocre. CoMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 31
454 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
germe. Les altérations offrent un caractère aigu (méningite à
mononucléaires du cortex et des septa, encéphalite corticale ai-
guë, lésions inflammatoires et neuronophagie au niveau de la
zone élective) chez les animaux qui succombent du 10° au 19°
jour. Par contre, elles ont une apparence plus chronique (mé-
ningite à mononucléaires discrète, manchons périvasculaires
dans le mésocéphale, absence d’encéphalite aiguë et de neurono-
phagie dans la zone élective) chez les Lapins qui meurent plus.
tard, ou qui sont sacrifiés alors qu'ils ont une apparence de
bonne santé. Nous reviendrons sur cette question ultérieurement.
(Service de M. Fournier, à l'Hôpital Cochin et Laboratoire
de M. Levaditi, à l’Institut Pasteur).
(1) 455
REUNION DANOISE DE BIOLOGIE
SÉANCGE DU) 15: JUIN /F922
SOMMAIRE
ApseRsen (V.) : Recherches ex- cré à l’aide d’injections intravei-
périmentales sur le sérum anti- neusesdeleueose AO AERTECE ï
OR RE DE 0 ciel ie cietai eu et mit à 16 Krocx (A.): Appareil respira-
Bonpo (E.) : Influence des hy- | toire enregistreur, servant à dé-
drates de carbone sur la forma- terminer l’absorption d'oxygène
tion de l’indol dans les cultures et les échanges caloriques chez
de Ce SOS NET Korn shante ne MR AE Dep en je A
Hozxu (E.): Sur la décoloration Krocu (A.) et ReaBerG (P.-B.) :
du ie NP SUIS] RARE PRE ER ESA 11 | Influence de l’hypophyse sur la
Hozm (E.) : Sur la lac tonicité des capillaires.....,.. y
Le RSR SR RE 9 | SEEDORFF (J.): Production ex-
JoŒRGENSEN (S.) et PLuM (T.): | périmentale du cancer mam-
Diagnosticdifférentiel des gluco- maire chez le Lapin et la Souris
suries bénignes et du diabète su- | blanche sous l’action du goudron. +2
Présidence de M. Th. Madsen.
DraGnosTIc DIFFÉRENTIEL DES GLYCOSURIES BÉNIGNES
ET DU DIABÈTE SUCRÉ, À L'AIDE D'INJECTIONS INTRAVEINEUSES
DE GLUCOSE,
par STEFAN JORGENSEN et TAGE PLum.
Nous traitons des cardiaques par des injections intraveineuses
de glucose; nous avons commencé par de très faibles doses
(4-8 gr.), et, pour. nous garantir contre toute surprise, nous avons
recherché le sucre dans l’urine, r heure après l'injection. Nous
avons ainsi observé qu'une glycosurie n’est jamais produite par
des doses inférieures ou égales à 16 gr. Par contre, après des in-
jections de 20 gr., dans 4 cas sur 33, nous avons trouvé du sucre
dans l’urine, et, après des doses de 24 et de 28 gr., la glycosurie
se manifestait dans la moitié des cas environ. Ayant remarqué,
au cours de nos expériences, que plusieurs malades, chez lesquels
les échanges en hydrates de carbone ne variaient probablement
456 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (2)
pas, réagissaient différemment vis-à-vis des injections de glucose,
nous avons tout naturellement été amenés à essayer s’il était pos-
sible d'établir, à l’aide de ces faibles injections de glucose, des
épreuves d'injection intraveineuse.
Les épreuves ordinaires d’ingestion ont tendu, on le sait, vers
deux buts essentiellement différents : d’une part, on a voulu
déterminer le seuil ; d'autre part, on a essayé, en étudiant la
courbe du sucre sanguin, de classer les types de courbes corres-
pordant aux divers types de glycosurie. Le peu de succès obtenu
par cette dernière étude tient en partie au fait que les suites
d’une ingestion dépendent de circonstances qui échappent à
notre contrôle. En particulier, la résorption du sucre ingéré peut
s’opérer plus ou moins rapidement, et ces variations influent sur
la forme de la courbe du sucre, non seulement sur sa branche
ascendante — ceci est évident, — mais aussi sur sa branche des-
cendante ; en effet, une résorption lente ou rapide implique une
activité régulatrice plus ou moins grande du foie et du pancréas.
Et, même si l’on réussit à perfectionner les épreuves d’ingestion,
de manière à diagnostiquer sûrement des glycosuries bénignes
et malignes, l’administration par voie intestinale, que nous
avons instituée, semble donner des courbes bien plus caractéris-
tiques que celles obtenues jusqu'ici par aucun autre procédé.
Nous avons entrepris en tout 43 administrations par voie in-
testinale
Administralions
Sue IS TonchaldémouEes LASER al 0 6 ondodoo vol 27
SUP 4: »\ atteints de glycosurie bénigne.......... 410" 5
SUIr LS CHOÉIes 260600 es dosbooobasosoconececoror 17
Lotalse eme nt 43
Tous les malades ont été examinés pendant une période d'ali-
tement. Le procédé a été fort simple : l'urine évacuée, nous éva-
luons, par double détermination, la valeur à jeun du sucre san-
guin ; puis, nous injectons, dans une veine du bras, 20 gr. de
glucose (1) dissous dans environ 60 c.c. d’eau (glucose — 30 p. 100
du poids). L'injection a, en général, duré 3 minutes. Au mo-
ment où elle finissait, un prélèvement de sang a été effectué :
ensuite, nous avons contrôlé la concentration du sucre par des
(1) Nous nous sommes servis d’une préparation (faite par Merck), dési-
gnée comme « glucose pur, sans eau ». Dans les proportions indiquées, elle
donne une solution presque incolore de réaction faiblement acide ; 10 c.c. de Îa
solution — avec-le phénol-phtaléine comme indicateur — sont neutralisés par
N e =
l'addition de 5-8 gouttes de NaOH — Analysée dans l’appareïl de Lohnstcin.
a 10
la préparation accuse 95-97 p. 100 de glucose.
RSA TIR
Fe ÿ
(3) SÉANCE DU 19 JUIN 457
prélèvements, d’abord toutes les 2-3 minutes ; ensuite, après
10 à 12 minutes plus rarement ; en général toutes les 5 ou
10 minutes. Les malades non-diabétiques ont été contrôlés pen-
dant 2 heures ; les glycosuriques, pendant 2 heures 30.
Nous avons noté, sur du papier à courbes, les teneurs en sucre
trouvées, les ordonnées marquant le sucre en mgr. par 100 c.c.
de sang ; et les abcisses, le temps en minutes. Nous avons calculé
— approximativement — l'aire des courbes en comptant les
carrés entiers et les moitiés (ou > moitié) de carré en deçà des
courbes, prenant pour base l'horizontale qui coupe l’ordonnée
au point correspondant à la valeur du sucre à jeun. Nos tableaux
donnent ces chiffres de superficie. Pour les non-diabétiques, à
une seule exception près, le chiffre est au-dessous de 60 emdq.,
tandis qu’il dépasse considérablement cette valeur chez la plu-
part des diabétiques. Chez les malades atteints de glycosurie bé-
nigne, le chiffre de surface correspond à celui des normaux.
Les sommets des courbes varient considérablement, ce qui n’a
rien d'étonnant, si on réfléchit au nombre d’agents avec lesquels
il faut compter, par exemple, le volume total du sang, les varia-
tions de la durée d'injection, etc.; aussi, avons-nous noté dans
nos tableaux, non pas les plus grandes teneurs en sucre obser-
vées (1), mais les valeurs du sucre 3 minutes après la fin de
l'injection. Dans la plupart des cas, les malades ont éié exami-
nés au moment où la teneur en sucre à jeun approchait de l'état
normal (2), c'est-à-dire environ 6,100 p. 100 ; chez 3 dixbétiques,
seulement, nous n’avons pas pu réaliser cette condition d'expé-
rience. Chez tous les sujets, le sucre augmente très vite et très
considérablement à la sui‘e de l'injection de glucose, et cette aug-
mentation est presque égale chez les normaux et chez les diabé-
tiques. Chez un Homme de 2$ ans, souffrant d’un lumbago trau-
matique, le sucre augmentait — pendant les 3 minutes de l’in-
jection — de 0,081 p. 100 à 0,310 p. 100; un diabétique avait
une accumulation s’élevant de 0,100 p. 100 à 0,280 p. 100 pen-
dant le même laps de temps. On peut en conclure que, durant
l'injection même, une quantité égale, environ 5o p. r00 du
sucre injecté, est éliminée chez tous les sujets. En considérant
la forme de la courbe, on verra que l'élimination ultérieure du
sucre procède avec une rapidité à peu près égale chez les diabé-
tiques et chez les non-diabétiques pendant les 20-30 minutes qui
suivent la fin de l'injection ; mais le taux du sucre étant des-
(1) C’est immédiatement à la fin de l’injection que nous avons constaté —
en opposition avec la plupart des auteurs — les plus grandes teneurs en sucre.
(2) Le taux du sucre sanguin a été déterminé selon la méthode de Hagedorn
à K‘Fe (CN)5, laquelle par sa sûreté et sa simplicité convient spécialement à
des séries d’essais comme les nôtres.
458 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (4)
cendu vers 0,150-0,180 p. 100, les courbes des diabétiques ten-
dent à s’allonger et à osciller plus que celles des sujets normaux.
Cependant, le trait caractéristique qui distingue les courbes des
diabétiques des courbes normales, c’est que les premières met-
taient plus de 100 minutes à revenir à la valeur à jeun du sucre,
tandis que les non-diabétiques rétablissaient bien plus vite, tou-
jours en moins de go minutes, le niveau primitif du sucre san-
guin.
Les administrations intraveineuses n'étaient, en aucun cas,
accompagnées d’inconvénients subjectifs ou objectifs pour les
malades ; le sucre à jeun accusait la même valeur le lendemain
de l’administration que le jour même de l'injection.
3 garçons de 11, 12 et 13 ans, pesant respectivement 30, 32 et
45 kgr., après un dosage égal de glucose, ont présenté des cour-
bes tout à fait semblables aux courbes provenant d'adultes nor-
maux. Ce fait indique que, dans les essais, c’est un procédé illo-
gique que de faire varier la dose du sucre proportionnellement
au poids du corps.
3 glycosuriques rénaux et un glycosurique alimentaire ont
donné des courbes tout à fait normales ; nous avons déjà dit que
les chiffres de surface étaient normaux ; de plus, quant au temps
qu'il leur fallait pour retourner au taux du sucre à jeun, ils res-
semblaient aux non-diabétiques, les 3 premiers rétablissant leur
teneur en sucre en 31, bo et 54 minutes, tandis que le dernier,
dans 2 essais d'administration, mettait respectivement 48 et 82
minutes à regagner le taux de sucre à jeun (x).
(Kommunehospitalet, section 11, D° H.-J. Bing, Copenhague).
SUR UN APPAREIL RESPIRATOIRE ENREGISTREUR,
SERVANT A DÉTERMINER L'ABSORPTION D'OXYGÈNE
ET LES ÉCHANGES CALORIQUES CHEZ L'HOMME,
par Aucusr Krocx.
Suivant un principe que L. Fredericq paraît avoir employé
le premier, nous avons institué pendant quelques années des
déterminations de l’absorption d’oxygène chez des animaux de
petite taille. Voici le procédé que nous avons suivi
Au moyen de valves de respiration la trachée de l’animal est
mise en communication avec un petit appareil fermé et rempli
(x) Pour le détail des expériences, voir prochainement les Acta medica scan-
dinavica. ÿ
(5) SÉANCE DU 19 JUIN 459
d'air riche en oxygène ; cet appareil se compose d'un spiromètre
enregistreur et d'un récipient contenant une substance qui ab-
sorbe l'acide carbonique. Nos expériences ont montré que, par
ce procédé, sans analyse de gaz, par la simple mensuration des
courbes de respiration enregistrées par le kymographe, on ob-
tenait des déterminations d’une très grande précision.
C'est pourquoi j'ai construit un appareil analogue pouvant
servir pour des expériences sur l'Homme, chez qui une détermi-
nation simple et en même temps exacte des échanges respira-
toires est du plus grand intérêt pour le diagnostic et le contrôle
du traitement, notamment dans les affections de la glande thy-
roïde.
Mu
ne
lv LM
Fig. x.
La figure r montre une dessin schématique de l’appareil, qui
consiste en un spiromètre d’une capacité de 6 litres, dont les
mouvements sont enregistrés sur le kymographe (3) lequel, au
moyen du mécanisme (4), marche avec une vitesse constante de
20 mm. par minute. Le spiromètre renferme un récipient rempli
d'environ 8 kgr. de chaux sodée, capable d’absorber en tout
_ environ 1.000 I. de CO*. Par les conduits r et 2, le spiromètre est
S
rattaché à un système de valves de respiration, et une embou-
chure ou un masque à respiration convenable. Le dessin fait voir
comment l’air expiré passera dans le spiromètre à travers la
chaux sodée, pendant que l'air privé de CO? est aspiré par le
conduit rt.
Au début d’une détermination, le spiromètre, au moyen du
robinet (Ilt) est rempli d'environ 6 1. d'oxygène. Le gaz étant
consommé au cours de l’expérience, le spiromètre dessinera une
courbe de respiration toujours descendante (5). |
Si l'assimilation d'oxygène est constante, on peut tracer une
460 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (6)
——
ligne droite le long des points d'expiration (fig. 2). La différence
(en litres) entre les lignes 1 et 2 tracées à une distance de 20 em.
marque directement la consommation en oxygène en 10 mi-
nutes ramenée ensuite à o° et 760 mm. de pression en considé-
ration de la hauteur du baromètre et de la température du spiro-
mètre pendant l'expérience.
Tandis que la détermination directe du quotient respiratoire
mène à des résultats fort incertains dans des expériences de
courte durée, surtout si on les fait sur des malades qui sont sou-
vent dans un état nerveux et qui ne sont jamais habitués au
rôle de sujets d'expérience, nous avons constaté (1) que le quo-
tient respiratoire d’un individu peut être fixé avec une précision.
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considérable à l’aide d’un régime alimentaire préalable. Ce prin-
cipe est utilisé dans l'emploi de l'appareil respiratoire enregis-
treur : pendant 1 ou 2 jours, on soumet le malade à un régime
pauvre en matières protéiques et contenant les graisses et les
hydrates de carbone dans une telle proportion que la combustion
de cette nourriture produirait un quotient d'environ 0,9. On
peut alors, d’après nous, regarder comme un fait établi que le
quotient respiratoire réel, dans un essai institué le matin après
12 à 14 heures de jeüne, sera de 0,85 +0,05 et, sans que l'erreur
surpasse I p. 100, on peut compter avec une valeur calorique
constante de 4,9 cal. par litre pour l'oxygène absorbé pendant
l’expérience. Les échanges caloriques pendant un repos absolu
et 12 à 14 heures après le dernier repas, trouvés par voie expé-
rimentale, sont comparés avec les valeurs normales qu'on peut
calculer d’après les tableaux de Benedict et Harris, égards pris
à l’âge, au sexe, au poids et à la taille de l’individu en question.
Dans une série d'expériences, qui seront publiées dans le
Wien. klin. Woch. 1922, M. Krogh et O. Rasmussen ont com-
paré les résultats de déterminations des échanges faites suivant
la méthode ci-dessus mentionnée avec les résultats obtenus par
() Krogh et Lindhard. Biochem. Journal, 14, 1920.
RU.
(7) SÉANCE DU 19 JUIN 461
la mensuration et l'analyse de l'air expiré, et ils ont trouvé un
rapport très satisfaisant.
Avec chaque appareil provenant du laboratoire zoophysiologi-
que, seront fournies les indications détaillées pour le montage et
l'emploi de l’appareil, ainsi que les tableaux nécessaires sur les
échanges normaux.
(Laboratoire de zoophysiologie de l’Université, Copenhague).
SUR L'INFLUENCE DE L'HYPOPHYSE SUR LA TONICITÉ DES CAPILLAIRES,
par AucusT Krocn et P.-B. REHBERG.
Une série d'expériences instituées par Krogh et Harrop (x) ont
démontré que le sang des Mammifères contient une substance
qui est capable de maintenir pendant quelque temps la tonicité
des capillaires dans la membrane interdigitale de la Grenouille.
Cette substance se laisse extraire du sang par dialyse ; elle sup-
porte une courte cuisson, elle est insoluble dans l'alcool, et
elle est précipitée par l'acide phosphotungstique. Au cours de
nos efforts pour isoler cette substance et en déceler la prove-
nance, nous avons étendu nos recherches jusque sur l’hypo-
physe, notre attention étant dirigée vers cet organe par des ob-
servations notées dans la littérature, indiquant que l’extirpation
de l’hypophyse, chez la Grenouille, pouvait produire un œdème
sous-cutané. Nous avons trouvé que l’extirpation de l’hypophyse
entière ou de son lobe intermédiaire implique des altérations
très caractéristiques dans l’activité des capillaires de la peau.
Les capillaires de la peau se relâchent sensiblement après quel-
ques heures, tandis que les artères ne subissent aucune altéra-
tion. Cet état peut durer pendant des jours ou des semaines ;
puis, vient une phase caractérisée surtout par le manque d’équi-
libre des phénomènes vasomoteurs : une contraction extrême,
tant des artères que des capillaires, alterne — à des intervalles
- irréguliers — avec une dilatation normale des artères et une
dilatation extrême des capillaires.
La pituitrine (Parke-Davis) en dilution à 1 p. 100, injectée
directement dans la membrane interdigitale, peut, à toutes les
phases, produire une contraction locale des capillaires. Nous
avons obtenu nos résultats les plus distincts en perfusant dans
les membres postérieurs de la Grenouille du liquide de Ringer
additionné d'environ 3 p. 100 de gomme arabique, ce qui donne
(x) Proc. physiol. Soc., janvier 1922, 1921.
A6? RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (8)
la même pression osmotique colloïdale que le sang de Grenouille, «
et tenant en suspension des globules rouges lavés de Bœuf pour M
rendre visible le courant sanguin dans les capillaires. En général,
nous avons entrepris une perfusion simultanée des deux mem-
bres postérieurs d’une Rana temporaria, de manière que l’injec-
tion dans un pied se faisait avec le liquide ci-dessus décrit, tandis
qu'on dirigeait vers l’autre les extraits d'hypophyse ou dialysats
du sang dont on voulait étudier l'effet. Dans ces expériences, il
est de la plus grande importance que la perfusion procède avec
un mouvement rythmique, et surtout que la pression systolique
de la perfusion ne diffère pas trop de la pression sanguine nor-
male de la Grenouille. Pour ces expériences, nous nous sommes
servis d'un appareil spécial dont nous donnerons plus tard la
description détaillée.
Nous trouvons, comme dans des essais antérieurs, qu’au
moyen de la perfusion, faite avec le liquide de Ringer, la con-
tractilité normale des capillaires ne peut être maïntenue qu’en-
viron 15 minutes, après quoi une dilatation considérable se ma-
nifeste. Sous cette action, les parois des capillaires deviennent
peu à peu tellement perméables, même pour les colloïdes du M
liquide d'injection, que le liquide entier est extravasé, tandis que
les corpuscules sanguins déterminent une stase. Si l’on addi-.
tionne le liquide d'injection de pituitrine (Parke-Davis) à r/10.000
il en résulte une contraction si considérable, tant des capillaires
que des artères, que la circulation sanguine est complètement
arrêtée ou réduite à un minimum. La pituitrine à 1 p. 50.000
et jusqu'à 1 p. 5oo.000, qui est sans effet sur les artères, s'est
montrée capable de maintenir pendant longtemps la contractilité
normale des capillaires, et même avec une dilution de
I P. 1.000.000 nous avons, dans certains cas, observé une action
très distincte. Au cours d’une expérience, nous avons vu les ca-
pillaires d’une palmure contractés pendant 4o minutes sous l’ac-
tion de la pituitrine à 1 p. 1.000.000. Perfusés ensuite de liquide
de Ringer, les capillaires se dilatent, et après une heure on déce-
lait un début de stase dans un grand nombre de capillaires. Un
apport renouvelé de pituitrine a de nouveau produit une contrac-.
tion, allant en moyenne, dans un groupe de capillaires mesurés,
de 9,7 u à 6,1 u après 20 minutes. La substance active n'existant
certainement pas dans l'extrait à une concentration dépassant
I P. 1.000, son activité est donc appréciable pour une concentra-
tion qui est nécessairement aussi basse que 1-r10°.
Les réactions ci-dessus mentionnées pour la substance décelée
dans le sang des Mammifères et qui a un effet constricteur sur les
capillaires, se sont montrées analogues à celles de la pituitrine ;
cette dernière substance est également dialysable, elle est préci-
(9) SÉANCE DU 19 JUIN 463
pitée par l’acide phosphotungstique, elle supporte un court chauf-
fage à r00° et elle est insoluble dans l'alcool. Il y a donc lieu de
supposer que l’hypophyse secrète constamment une substance
qui circule dans le sang à une concentration très basse et qui
contribue à maintenir la tonicité des capillaires.
(Laboratoire de zoophysiologie de l’Université, Copenhague).
SUR LA XÉROPHTALMIE DU RAT,
par Escer Horm.
La maladie que l’on peut produire chez les jeunes Rats en leur
donnant une nourriture dépourvue de la vitamine A (soluble par
la graisse), a été l’objet de nombreuses recherches dont le but
A
spécial a été de décider quelles substances sont essentielles à cet
égard. Dans ces derniers temps on a compris dans ces recher-
ches l'étude histologique et microbiologique de la maladie des
Veux qui caractérise cet état morbide. Les phénomènes cliniques,
par conire, ont été moins étudiés ; il n'existe, notamment, dans
la littérature, aucune observation de la xérose conjonctivale
chez les Rats, de sorte que les sceptiques ont pu nier qu'il s’agis-
sait ici de la même affection oculaire que dans la xérophtalmie
humaine.
À l’Institut d'hygiène de Copenhague, j'ai eu l’occasion d’ob-
- server les symptômes que présentaient 2b jeunes Rats pie aux-
quels on administrait une nourriture dépourvue de la vitamine A
(soluble dans la graisse). Le processus morbide dépendait de l’âge
“des sujets, il était d'autant plus ralenti que ceux-ci étaient plus
âgés. Les jeunes Rats qui, au début de l'expérience, pesaient
environ 5o gr. — poids que les auteurs des observations déjà
publiées ont trouvé convenable — commençaient après 8-15
jours à présenter un retard sur les animaux auxquels on avait
donné du beurre au lieu de graisse de Porc épurée, mais qui,
pour le reste, étaient soumis au même régime. Après un mois
environ, la croissance s’arrêtait : le poids était régulièrement
- légèrement inférieur à la moitié du poids primitif, Puis venait
une période de stagnation pendant laquelle leur pelage se hé-
. rissait de poils de longueur inégale faciles à arracher ; chez plu-
sieurs, les paupières étaient dégarnies de poils, et enfin, symp-
tôme plus caractéristique, les yeux s’enfonçaient et la cornée,
“ qui est en général libre, était partiellement couverte par les pau-
pières. Après une quarantaine de jours, leur poids commençait
à diminuer, et en même temps, ils devenaient apathiques et re-
464 RÉUNION DANUISE DE BIGLOGIE (10)
muaient moins. En quelques jours se déclarait alors l'affection
oculaire proprement dite. Une légère sécrétion muqueuse appa-
raissait bientôt sur la cornée et aux bords des paupières, et des
croûtes brunâtres remplissaient l'angle interne. En outre, la
cornée tendait à devenir sèche et mate. Après quelques jours,
les paupières collaient complètement pendant la nuit, elles se
tuméfiaient, et la cornée accusait une opacité diffuse ou des ta-
ches d'infiltration, de plus, il y avait une injection ciliaire. Sur
la cornée se développaient rapidement des ulcérations étendues,
suivies de perforation et de panophtalmie ; en même temps, la
sécrétion conjonctivale devenait purulente. Si l’on enlevait des
yeux la sécrétion brunâtre qui faisait coller les paupières, on
trouvait dans le sac conjonctival des particules d’une sécrétion
consistante, de couleur brun jaune, qui se montrait, à l’examen
microscopique, composée pour la plus grande partie de mi-
crobes. En retournant la paupière inférieure ou en opérant une
canthotomie, de manière à mettre à nu la conjonctive, on voyait
que celle-ci avait un aspect sec et graisseux, comme c’est le cas.
dans la xérophtalmie infantile. La cornée, de même, se dessé-
chait rapidement. Je n'ai pas observé les taches blanches, dites.
taches de Bitot qui se rencontrent, surtout chez l'Homme adulte,
à droite et à gauche de la cornée, ce qui est très naturel, car elles
ne se forment que sur les parties de la conjonctive qui sont ex-
posées au jour. î
Ces observations cliniques servent à démontrer que cette af-
fection oculaire du Rat présente tout à fait le même tableau que
la xérophtalmie chez les enfants.
(Institut d'hygiène de l'Université, P' L.-S. Fridericia.
Copenhague).
Ou
(11) SÉANCE DU 15 JUIN 465
SUR LA DÉCOLORATION DU POURPRE VISUEL,
par Eszer Horm.
Les observations rapportées ci-dessous s'appuient sur de nom-
breux essais sur le Rat pie. Cet animal a la rétine très riche en
pourpre visuel, et il s’est montré éminemment capable de se
protéger contre la décoloration de la rétine. Une heure de séjour
dans une caisse dont l’intérieur était peint en blanc et fortement
éclairé, ne provoquait qu'une très faible décoloration ; l’expé-
rience étant répétée après instillation d’atropine dans les yeux,
la rétine restait quand même nettement rouge. Quand on uré-
thanisait le Rat de manière à l'empêcher de fermer les yeux, et
qu'on dilatait les pupilles au moyen d'atropine, la décoloration
se produisait au cours d'environ 15 minutes. Dans tous ces essais
nous avons observé que la couleur de la rétine s’affaiblissait sans
devenir jaunâtre.
La rétine extirpée étant décolorée à la lumière du jour, elle
accusait peu à peu une teinte rouge-jaunâtre ; d'autre part, si la
décoloration se faisait très vite, par exemple sous l’action de la
lumière concentrée d’une lampe à arc électrique, la rétine pre-
nait en quelques secondes une couleur jaune intense et pure,
qui, à la même lumière, ne se perdait qu'après 15 à 20 minutes.
Si l'on éloignait de la lumière la rétine jaune, elle redevenait
promptement plus rougeâtre. Cette réaction se produisait le plus
rapidement quand la rétine était étendue sur l’épithélium pig-
mentaire ou encore quand elle reposait dans le liquide qui la
baignait au moment de l’extirpation ; le jaune visuel, trans-
formé en pourpre, plus sensible à la décoloration, se décolore
rapidement ; le jaune est résistant au plus haut degré, quand la
rétine est détachée de l’épithélium pigmentaire.
Les expériences ont établi le fait que le pourpre visuel, dans
les conditions ordinaires, se décolore sans la formation inter-
médiaire de jaune ; tel est également le cas quand le sujet, après
traitement par l’atropine, est placé dans un milieu violemment
éclairé. En présence de la lumière directe d’une puissante source
lumineuse, le pourpre visuel se convertit en jaune visuel au
point frappé par la lumière. Par ce procédé, on empêche la for-
mation d'un scotome prolongé, vu que ce jaune visuel se trans-
forme rapidement en pourpre quand l’action lumineuse cesse.
Des essais de régénération du pourpre visuel dans l’œil vivant
ont démontré que cette régénération demande 2-3 heures, à la
suite d’une décoloration complète. Ces expériences ont aussi mis
en lumière un autre fait : les adhérences pigmentaires déjà déce-
466 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (12)
lées sur la rétine adaptée à la lumière chez les Grenouilles et les
Poissons, mais observées rarement et dans des cas isolés chez les
Mammifères, n'existaient pas sur la rétine décolorée du Rat.
D'autre part, ce phénomène se produisait régulièrement et sous
forme très prononcée pendant la régénération du pourpre visuel.
On pourrait donc supposer que ce phénomène avait quelque
rapport avec le processus d'adaptation. Les rétines, de couleur
j
rouge-brun, étaient régulièrement parsemées de menus points
noirs, lesquels, examinés au microscope, se montraient formés
de cellules ovoïdes, remplies de pigment.
(Institut d'hygiène de l’Université, P' L.-S. Fridericia,
Copenhague). |
PRODUCTION EXPÉRIMENTALE DU CANCER MAMMAIRE
CHEZ LE LAPIN ET LA SOURIS BLANCHE SOUS L'ACTION DU GOUDRON,
par J. SEEDORFF.
Yamagiwa et Ichikawa ont réalisé les premiers la production
expérimentale des tumeurs mammaires malignes, à la suite d’in-
jections de goudron de houille pur ou additionné de lanoline
dans les mamelles de Lapins. Ces savants ont observé des épithé-
liomes pavimenteux et des adéno-cancroïdes dérivés des tubes
galactophores. Ils ont réussi, en outre, chez un des animaux, à
produire un fibromyxosarcome.
Dans une série d’essais, portant sur 39 Lapins, j'ai refait ces
expériences, en effectuant toutes les trois semaines environ des
injections dans les mamelles des animaux de 0,5 mme. de gou-.
dron de houille (1), tantôt pur, tantôt mélangé à de la lanoline
en concentration variable. 8 Lapins seulement survécurent un an
à ce traitement. Il ne se développa dans aucun cas ni cancer, ni
sarcome. Par contre, chez presque tous les animaux, j'ai observé.
une métaplasie de l’épithélium à cellules cylindriques des tubes”
galactophores en épithélium pavimenteux stratifié, augmentant
La =. x e 2 Le °
en épaisseur au fur et à mesure de la prolongation de l’expé-
rience. Chez les animaux qui survécurent le plus longtemps, cet
épithélium pavimenteux présentait, en outre, une croissance
hétérotopique en profondeur caractérisée par des bourgeons épi-"
‘théliaux solides s’enfonçant dans le stroma mammaire. Dans un.
cas, j'ai observé, épars dans le tissu conjonctif, des amas isolés.
‘ (x) Dans de nombreuses expériences (Fibiger-Bang), le goudron que j'ai
utilisé s’élait montré capable de produire des carcinomes cutanés chez la Souris.
(13) SÉANCE DU 1D JUIN 467
de cellules d’épithélium pavimenteux, situés sous les bourgeons
hétérotopiques ; mais je n’ai pas trouvé de métastases, Dans au-
cun cas je n'ai observé de prolifération de l’épithélium glandu-
laire proprement dit et il me semble qu'il est difficile de pro-
duire expérimentalement, chez le Lapin, un adénocarcinome
mammaire vrai.
Des expériences entreprises par Tsutsui, Fibiger et Bang (x),
ont montré qu'il est facile de faire naître par badigeonnage au
goudron des carcinomes épidermoïdes chez la Souris blanche.
Il était donc tout indiqué d'essayer, chez ces animaux, la pro-
wir
Fig. Tr.
DT ve ET
duction expérimentale des adénocarcinomes vrais mammaires,
« cette forme de cancer étant la plus fréquente chez la Souris.
—._ Voici les résultats d'un petit nombre d'essais de ce genre. À
… 7 Souris blanches femelles on avait injecté, le 22 novembre 1920,
à quelques mmc. de goudron pur dans les deux mamelles infé-
… rieures du côté droit. Chez 6 d’entre elles cette injection ne pro-
duisit pas d’altérations notables. Chez r Souris on observa, le
| 10 mai 1921, une tumeur papillomateuse de la peau, siégeant
… près de la piqüre. On ne put déceler des altérations plus pro-
« fondes. Le 23 mai, on injecta de nouveau, au même endroit,
- quelques mmc. du même goudron.
—_ Le 27 mai, j'ai observé un très petit nodule sous-cutané situé.
- un peu à côté du point d'injection. Les 15 et 29 juin, 20 juillet,
Dr) Des expériences plus récentes (Bierich, Bloch, Deelman, Murray, Roussy).
ont donné, comme on le sait, des résultats positifs.
468 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (14)
nouvelles injections de goudron à des doses aussi faibles qu’au-
paravant. Le nodule constaté le 27 mai a rapidement grossi. Une
biopsie, opérée le 19 septembre, a démontré qu’on avait affaire
à un adéno-carcinome du même type que celui qui se rencontre.
fréquemment dans les mamelles de la Souris.
À la mort de la Souris, le 11 octobre, la tumeur avait à peu
près le volume d’une noix, s'étendant du flanc droit jusque sur
le dos.
Fig. 0.
En outre, un nodule du volume d’un petit Pois s'était déve-
loppé dans l’aine gauche, et le lobe supérieur du poumon droit
était presque entièrement transformé en un tissu nécrotique
d'apparence métastatique. L'examen microscopique a démontré
que la tumeur primitive était un adéno-carcinome de caractère
kystique (fig. r et 2). Le nodule de la région inguinale gauche
était un ganglion lymphatique fortement hypertrophié, conte-
nant des nodosités métastatiques de même structure que la tu-
meur primitive. Le poumon malade était, lui aussi, le siège d’une
métastase. Le nodule papillaire né au niveau de la piqüre était
un adénome papillaire kystique des glandes sébacées, qui n'avait
aucun rapport avec le carcinome mammaire. L’adénome sébacé
s’étendait jusqu'à la musculature sous-jacente, maïs je n'ai pas
constaté de croissance envahissante.
Ainsi, chez cette Souris, l'injection de goudron avait déter-
miné, dans la mamelle même et autour d'elle, d’une part, un
adéno-carcinome mammaire avec métastases, d'autre part, et in-
dépendamment de celui-ci, un adénome sébacé, situé au point
FER
PAS +
(15) SÉANCE DU 19 JUIN 469
d'injection, aux environs duquel on décelait des particules de
goudron. ;
Murray et Haaland ont déjà constaté que des tumeurs de ces
deux genres peuvent se développer simultanément et spontané-
ment chez la même Souris.
Un fragment de l’adéno-carcinome excisé le 19 septembre, a
été utilisé pour une inoculation sous-cutanée à 20 Souris. Sur 18
animaux survivant plus de 3 semaines à cette greffe, deux mon-
trèrent des résultats positifs.
C2
Fig.
Greffe Ila, 27 octobre, a donné 4 résultats positifs sur 6 Souri
Greffe Ib, 7 février 1922, a donné 6 résultats positifs sw
7 Souris.
Greffe IIL, 1” décembre 1921, a donné 6 résultats positifs sur
7 Souris.
Greffe IV, 7 février 1922, a donné 5 résultats positifs sur
6 Souris.
Les tumeurs greffées se sont toutes montrées de la même
nature que la tumeur primitive (fig. 3, tumeur de la IV° greffe).
Ces expériences ont donc prouvé que par l'injection intramam-
maire du goudron de houille, il est possible de faire naître, chez
la Souris blanche, un adéno-carcinome mammaire greffable,
pouvant produire des métastases.
L’impossibilité de produire chez les Lapins des épithéliomes
malins comme ceux observés dans les expériences de Yamagiwa
et de Ichikawa est due, peut-être, à des différences entre les La-
Brorocie. Compres RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 35
470 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (16)
pins du Danemark et ceux du Japon, ou, peut-être, à des diffé-
rences des compositions des goudrons employés.
(Institut d'anatomie pathologique de l’Université, P° J. Fibiger,
Copenhague).
_RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE SÉRUM ANTIGOURMEUX,
par VALD. ADSERSEN.
Nocard avait déjà constaté que le Streptocoque de la gourme,
récemment isolé, est peu virulent pour le Lapin et acquiért une
virulence considérable si on l’inocule de Lapin à Lapin au moyen
d’injections intrapéritonéales successives. Plus récemment, Lud-
wig et Stickdorn ont confirmé ce fait, et, dans un petit nombre
d'expériences, ont utilisé ces cultures virulentes pour mesurer,
sur le Lapin, d’une part, l’action préventive du sérum antigour-
meux, et, d'autre part, la faculté immunisante de la préparation
. due à Schreiïber (Landsberg), et connue sous le nom de « Druse-
Iymphe ».
Holth s'est également servi de LS pour mesurer l'efficacité
du sérum antigourmeux ; toutefois, il a lui-même appelé l’at-
tention sur la valeur douteuse de ses expériences, parce qu'il tra-
vaillait avec des Streptocoques de la gourme dont la virulence
n'était pas renforcée et dont, par sine squent. l'effet léthal sur le
Lapin était douteux.
Dans une série d'essais, nous avons utilisé plus de 250 Lapins
pour mesurer l’activité de différents sérums antigourmeux. Ces
essais ont établi le fait qu'il est assez facile, par un petit nombre
de passages, de rendre le “RniTone de la gourme tellement.
virulent pour le Lapin qu'une injection intrapéritonéale de
1/500 c.c. a un effet absolument mortel. La réceptivité du Lapin
vis-à-vis de ces cultures virulentes est très égale : sur une cen-
taine de sujets, employés au cours des expériences, comme té-
moins ou pour l'entretien de la virulence, 5 seulement survé-
curent à l'injection d’une dose considérée d'avance comme mor-
telle.
Les essais proprement dits se divisent en deux catégories : TÉ
essais comparatifs avec des sérums antigourmeux de différentes
provenances ; 2° essais sur l’activité curative du sérum.
Dans la première série, 8 sérums différents ont été examinés
de la manière suivante : injection intraveineuse de sérum à des
doses variées, suivie, après 24 heures, d'injection intrapérito-
néale des cultures virulentes. Les résultats manquaient un peu
apte Sa RS © jptetai
LS
Le
ne Elo on Jen
ns
Sr Sr NE
A0
RS
(47) SÉANCE DU 15 JUIN 471
de régularité : assez souvent, une faible dose de sérum avait un
effet préventif, tandis qu’une plus forte dose du même sérum
restait inefficace. Ce phénomène est dû probablement à la capa-
cité plus ou moins grande de chaque individu pour profiter des
anticorps injectés. La technique employée n’a donc pas permis
de déterminer avec précision la valeur absolue ou relative de
chaque sérum étudié. Cependant, l'ensemble des résultats obte-
nus me paraît établir le fait, qu'en faisant des essais sur un
grand nombre d’animaux et en comparant les effets préventifs
des divers sérums employés, on arrive à distinguer les sérums
utilisables des sérums non utilisables (voir le tableau ci-contre).
Z Sérum À SérumB Sérum C Sérum D Sérum E Sérum F Sérum G Sérum H
DRE TT, ER D RÉ
n n mn ua æ& un n u
£ E\ = = al = E =
£ [se ei [ac] Le] Ge) [<=]
IDoses de € a = a À n Le a > UNITÉ CE ul VE n
6 > = > En de = EIRE > UE > Titi mr = =
Ni ui Sas ns Su 2
en C.C. n = a = n = an = m1 = a = D = nm =
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‘0,2. TOO GT APRES (CEE I He DAT 3
FO, T 2 2 I 2 I = — 2 == I = I
We) ‘05. I 3 I DD ES À À I — I —
:0,02 . = I — 2 I —, — I I = I
Dans mes recherches sur le pouvoir curatif du sérum anti-
gourmeux, j'ai exclusivement employé le sérum À, préparé dans
notre laboratoire. Ici encore, la dose de culture infectante était
de 1/500 c.c.; le sérum, à des doses de 0,2-0,5-1,0 c.c. était in-
_jecté dans une veine de l'oreille o, 2, 5, 6 et 9 heures après l’in-
fection. Tous les Lapins traités au sérum dans les 6 premières
heures après l'infection, ont survécu, sauf un ; parmi ceux qui
‘ont été traités 9 heures après l'infection, 3 sont morts et 6 ont
survécu. La quantité de sérum injectée paraissait sans impor-
tance fondamentale, car, tant parmi les morts que parmi les
vivants il se trouvait des sujets traités avec 0,2, 0,5 et 1,0 c.c.
-de sérum. Un Lapin traité avec 2 c.c. de sérum, 12 heures après
l'inoculation, est mort avant un témoin qui avait été inoculé
en même temps.
Dans l’exsudat péritonéal des Lapins infectés, j'ai constaté la
présence de Sireptocoques 9 heures environ après l'injection ;
pendant les heures suivantes, le nombre des Streptocoques aug-
mente considérablement. inscion de sérum paraît être sans
effet préventif presque dès le moment où les Streptocoques, dans
l’exsudat péritonéal, peuvent être décelés à l'examen microsco-
A
pique. Dans un cas isolé, nous avons pourtant réussi à guérir
472 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (18)
un Lapin au moyen d'une injection intraveineuse de 2 c.c. de
sérum antigourmeux, pratiquée 10 heures après l'infection, à un
moment où l’exsudat péritonéal étudié au microscope présentait
des Streptocoques (isolés ou en diplocoques) dans presque tous
les champs examinés.
(Institut sérothérapique de l'Ecole royale vétérinaire
et d'agriculture de Copenhague).
INFLUENCE DES HYDRATES DE CARBONE SUR LA FORMATION DE L'INDOL
DANS LES CULTURES DE COli,
par ERIK Boxpo.
Les hydrates de carbone, on le sait, ont pour effet d’'entraver
considérablement la formation de l’indol dans des cultures micro-
biennes en milieux peptonés. Les opinions diffèrent quant à la.
cause de cet effet. Pour les uns, les acides produits par les hy-
drates de carbone empèchent la formation de l’indol ; pour les
autres, c’est le sucre en lui-même, non dédoublé, qui po
cette propriété empêchante.
Dans une série d'essais, j'ai ajouté du glucose au bouillon de
trvpsine indiqué par Frieber et je me suis proposé de rechercher
laquelle de ces deux opinions est la mieux fondée, ou s'il faut —
ce qui est assez probable — combiner les deux facteurs mention-
nés.
Pour les na j'ai utilisé des ballons (Erlenmeyer) de
100 C.c., fermés de bouchons de liège paraffinés. Le milieu de
culture (bouillon de trypsine) était réparti à raison de 30-40 c.c.
Les cultures étaient maintenues à 36-38°.
On ensemençait avec une anse de platine prélevée sur une
culture sur gélose inclinée de 24 heures, émulsionnée dans l’eau
distillée stérile. J’ai contrôlé les conditions de croissance selon.
la méthode néphélométrique indiquée par Heckscher, et j'ai suivi
la formation d'acide par une détermination colorimétrique de la
concentration en ions hydrogène, d’après le procédé de Sœren-
sen. Pour la recherche du sucre, j’ai employé le réactif de Bene-
dict après élimination de l'indol. Cette élimination est obtenue
par l’acétate de mercure, le zinc en poudre et une trace de sul-
fate de cuivre. La formation d’indol est contrôlée, au point de
vue quantitatif, d’après la méthode colorimétrique de Marshall,
et au moyen du réactif d'Ehrlich, dans l'extrait distillé d'une cul-
ture développée dans du bouillon de trypsine alcalinisé.
Dans le but de voir si une faible valeur de Px dans le milieu
tes: |
(19) SÉANCE DU 19 JUIN AT3
de culture entraverait la formation d'indol, j'ai ajouté à ce mi-
lieu du phosphate de potassium primaire et en introduisant ce
meutralisant j'ai observé que la valeur de Pa n’augmentait pas
beaucoup au cours de l’expérience.
Il résulte de ces essais que des valeurs de PH comprises entre
h,5-5 empêchent la production d’indol tandis que des valeurs
comprises entre 5-5,6 n'entravent que peu cette réaction. La
croissance n'était pas sensiblement retardée, même à des valeurs
Pau de 4,5 et 5.
La production d'indol n’est donc pas inhibée, même dans des
milieux assez acides ; mais c'est un fait établi, me paraît-il,
qu'elle est influencée par la réaction acide.
Dans ces séries d'essais, le milieu employé était exempt de
sucre. J'ai ensuite ajouté du glucose à des doses variant de 0,25
A
à I P. 100.
Pour exclure toute action acide, j'ai ajouté, au début de l’ex-
périence, CaCO* émulsionné dans de l’eau distillée. Parallèlement
aux cultures ainsi neutralisées, j'ai fait des cultures renfermant
la même quantité de sucre sans addition de CaCO*. Dans les cul-
tures neutralisées, le maximum d'acidité, Pa 4,4, était atteint
indépendamment de la concentration en glucose. Dans les cul-
tures non neutralisées, le résultat était différent ; la concentra-
tion en sucre avait son importance, la réaction d’indol se mani-
festant quand la réaction du sucre était négative, dans les con-
centrations de 0,25 et 0,5 p. 100. Il n’en était pas de même pour
le milieu qui contenait 1 p. 100 de glucose. Ici, la réaction po-
sitive de l’indol ne se produisait que plusieurs jours après que
la réaction de sucre avait disparu. Péré (1) a indiqué que la
réaction de l'indol devient positive dès le lendemain de la dispa-
rition de la réaction du sucre ; mais à ce propos, il faut remar-
quer que cet auteur utilisait le lactose, substance qui, selon les
données de plusieurs auteurs (Wyeth et d’autres encore) (2) en-
irave la formation d'’indol d’une manière plus accusée que le
glucose.
Il est peu probable que la concentration en H° ait exercé quel-
que puissance restrictive dans ces essais ; le Px ne baisse en au-
cun cas au-dessous de 5,3. Les essais antérieurs ont prouvé
qu'une valeur de Px de 5,0 et au-dessus est compatible avec la
formation d'’indol.
Quelques essais institués avec un milieu au tryptophane syn-
thétique, à 0,03 p. 100 de tryptophane, ont démontré que si le
milieu contenait du glucose au taux de 0,25-1 p. 100, la réac-
(x) Annales de l’Institut Pasteur, t. IT, 1892.
(2) The biochem. Journal, t. XIIT, 1979.
A74 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (20}
tion d’indol ne se produisait pas. Dans un tel milieu, avec la
même teneur en tryptophane, Zipfel (1) a obtenu une, réaction
positive d’indol ; la teneur en glucose et en lactose étant de
0,5-1,5 p. 100. D’après Zipfel, ce serait donc le sucre qui inacti-
verait l’enzyme protéolytique : mais quand la décomposition en
tryptophane s’est produite, cet effet ne se fait pas sentir. Cette
manière de voir est partagée par Fischer (2).
Mes essais semblent indiquer que ce n’est pas l’enzyme pro-
téolvtique qui est inactivée par le sucre ; c’est plutôt le sucre qui
empêche le noyau indol de se dédoubler d'avec la tryptophane
ou d'avec un des produits destructifs de cette substance.
(Laboratoire d'hygiène de l’Université de open ous
P' L.-S. Fridericia).
(x) Centr. jf. Bakt. Or. L., Abt., t. LXIN, 1972.
(2) Biochem. Zeitschrift, t. LXX, 1975.
(9) ATS
LA 3 « |
REUNION BIOLOGIQUE DE SUEDE
SEANCE DU 30 JUIN 1922
SOMMAIRE
Backman (E.-L.) et LuNDBErG (H.) : Importance de l’atropine
(;. : Action de l’atropine sur les pour les effets del’adrénaline sur
effets provoqués par l’adrénaline les vaisseaux et sur le cœur. ... 13:
sur la pression du sang........ 19 KziwG (CG.), Dave (H.) et Lic-
Backman (E.-L.) et LUNDBERG JENQUIST (F.) : Affinité cornéenne
(H.): L'action de l’atropine sur du virus encéphalitique........ 20
les effets provoqués par l’adréna- LunpBerG (H.) : Le pouvoir
Mob Sun lutins 2. Li... LUE 9 | pharmacodynamique du bleu de
Bacreman (E.-L.) et LuNpBERG iméthylèmeseausi dir een 17
Présidence de M. K. Petrén.
L'ACTION DE L’ATROPINE SUR LES EFFETS PROVOQUÉS
PAR L'ADRÉNALINE SUR L'UTÉRUS,
par E. Lours Backman et FHARALD LUNDBERG.
On admet, en pharmacodynarmie, que l’atropine paralyse
seulement l'organe terminal du système nerveux parasympathi-
que. Par suite de cette opinion qui, jusqu'ici, n’a jamais été
contestée, on accorde à l’atropine un rôle très important lors-
qu il s’agit de décider si un produit æ agi ou non sur le système
nerveux parasympathique. La théorie de la dynamique de l’atro-
pine, de même que l’idée de l'importance de l’atropine, à cet
égard, sont cependant inexactes.
Au moyen de la méthode indiquée par Magnus nous avons
examiné l’action de l’atropine sur des organes en survie de dif-
férents animaux.
Sur l'utérus d’une Lapine, vierge ou fécondé, l’adrénaline à la
concentration de 0,0000125 à 0,00002 p. 100 produit une forte
augmentation de tonus et un automatisme intensif. Avec 2,5 mgr.
et plus sûrement avec de 8 à ro mgr. d’atropine (sulfate d’atro-
476 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (10)
pine) pour 8o c.c. de la solution où baignent les organes, on
arrête les effets moteurs de l’adrénaline et même les effets d'une
quantité d’adrénaline trois fois plus forte. Souvent, 10 m£eT.
d’atropine provoquent déjà une augmentation de tonus et le
déclenchement d’un fort automatisme ; si l’on ajoute alors de
l’adrénaline, on provoque une forte action inhibitive : la tension
diminue et l’automatisme s'arrêle. On réussit donc, avec l’atro-
pine, à transformer l’action motrice de l’adrénaline en une ac-
tion inhibitive. Cette action de l’atropine peut être supprimée par
des lavages répétés et ensuite réapparaissent les effets moteurs
primitifs de l’adrénaline. De cette manière, on peut faire varier
un grand nombre de fois, au moyen de l’atropine, les effets de
l’adrénaline sur l'utérus et ensuite, après lavage de l'organe, re-
venir aux effets moteurs primitifs. La réaction est donc com-
plètement réversible.
Sur l’utérus de Cobaye, l’adrénaline a un effet inhibitif lorsque
l’utérus est vierge, un effet moteur lorsqu'il est fécondé. De for-
tes doses d’adrénaline peuvent aussi provoquer un effet moteur
sur l'utérus vierge, suivi d’un effet inhibitif. Et des petites quan-
tités d’atropine dans une dose d'environ 10 mgr. ont le pouvoir
de renforcer fortement les effets moteurs de l’adrénaline. Des
quantités de 5o à 200 mgr. d’atropine pour 8o c.c. de solution
non seulement arrêtent les effets moteurs de 0,000125 p. 100
d’adrénaline sur l’utérus fécondé, mais, en outre, les transfor-
ment nettement en effets inhibiteurs. L'atropine, à cette dose,
amène une augmentation de tonus et de l’automatisme, l’adré-
naline amène une diminution de tonus et enraye l’automatisme.
Après lavage, les effets moteurs de l’adrénaline réapparaissent.
Sur l'utérus fécondé de la Chatte, l’adrénaline, à la! dose de
.0,000125 à 0,000375 p. 100 a des effets moteurs, effets qui sont
arrêtés par une quantité de 5 à 20 mgr. d’atropine. Après lavage,
se reproduisent les effets moteurs primitifs. Sur l'utérus vierge,
l’adrénaline n’a que des effets inhibitifs et aucune action motrice
n’a encore été obtenue soit par une faible dose d’atropine, soit
par du calcium. L'action répétée de l’atropine sur l’utérus de la
Chatte, semble nuire à l’excitabilité du système nerveux sympa-
thique.
Sur l'utérus vierge de la Belette, l’adrénaline, à des doses équi-
valentes a le pouvoir de déclencher un fort automatisme. L’atro-
pine, à la dose de 5 megr., a un pouvoir semblable de provoquer
l’automatisme. C'est seulement une dose de 4o mgr. d’atropine
‘qui enraye manifestement les effets moteurs de l’adrénaline, et
ho mer. d’atropine enrayent absolument les effets de l’adrénaline.
Après lavage, les effets moteurs de l’adrénaline se reproduisent.
EL
(11) SÉANCE DU S3Ù JUIN 47i
Ces opérations peuvent être répétées un grand nombre de fois,
elles produisent toujours un effet constant.
L'utérus de la Souris se comporte de la même manière, aussi
bien à l’état vierge qu'à l’état de gravidité, avec diminution et
inhibition de l’automatisme qui peut exister, lorsque l’adréna-
line est mise en contact à la dose de 0,000125 à 0,0000002 p. 100.
L’atropinisation ne change rien à cette action de l’adrénaline,
pas même avec adjonction de BaCF. Par contre, il semble que
les effets inhibitifs de l’adrénaline soient augmentés si l’on atro-
pinise la préparation. L’adrénaline, à la dose de 0,000375 à
‘0,000 p. ro0o amène, par contre, sur l'utérus fécondé, une con-
traction forte, mais passagère, suivie d'un effet inhibitif marqué.
Cet effet moteur est enrayé par une quantité de 2 à 8 mgr. d’atro-
pine mais se reproduit après un lavage.
Lorsque l'utérus des Lapines ou des Cobayes gravides est traité
par une quantité de 0,5 à 1 c.c. de gynergène (ergotamine) et
que par ce moyen la partie motrice du syiapathique est paraly-
sée, l'adrénaline ne produit plus d'effet moteur, mais un effet
inhibitif.
On doit donc considérer comme acquis que l’action normale
de l’adrénaline tient à une excitaion de la partie motrice du sym-
pathique et non à une excitation du parasympathique’ À cause
de cela, on doit conclure que l’atropine, ou bien a provoqué
une parésie de la partie motrice du sympathique (outre le para-
sympathique), ou bien encore a paralysé les cellules musculaires.
Le fait que l’atropine, à des doses relativement fortes, provo-
‘que un accroissement de tonus et déclenche un fort automatisme
montre que les cellules musculaires ne peuvent avoir subi de
parésie. Le fait qu'après atropinisation, l’adrénaline peut avoir
une action inhibitive est, de même, un argument contre la possi-
bilité d'une parésie musculaire. Un fait plus important est que
dans l’atropinisation d’un utérus de Lapine avec les doses néces-
saires pour l'inversion des effets de l’adrénaline, les effets mo-
teurs du chlorure de baryum subsistent. Sous l'influence d’une
quantité de 20 à 4o mer. d’atropine sur l’utérus fécondé d’une
Lapine, la pituitrine, à la dose de 1 c.c. à 1 p. 10, a une action
-qui est la même à tous égards. Dans cette forte atropinisation, les
effets moteurs de l’adrénaline ont disparu et se sont transformés
en effets purement inhibitifs ; les effets moteurs de 1 c.c. à
I p. 100 de pilocarpine ont, depuis longtemps, été annihilés.
Avec 8o mgr. d’atropine, la pituitrine a encore une action mo-
trice, quoique légèrement affaiblie. Même une quantité de 4o à
‘60 mgr. d’atropine ne peut annihiler l’action de la pituitrine sur
l'utérus de la Belette. Ceci montre bien que l’atropinisation n’a
‘pas nui à la contractilité des cellules musculaires ce qui doit
T8 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (12)
nous faire admettre que l’atropine a exercé une action paraly-
sante sur la partie motrice du sympathique.
Il résulte, en outre, que l’atropine, à doses moyennes, exerce
une action fortement cnrs sur ce que nous avons appelé le
système nerveux entérique. /Car les effets moteurs des fortes doses
d’atropine sur l'utérus, par lesquelles l’irritabilité tant du para-
sympathique que du sympathique moteur est fortement dimi-
nuée, doivent s'expliquer comme une action excitante sur les
ganglions intermusculaires. Contre l’idée d’une action muscu-
laire directe, il y a, semble-t-il, le fait que l’adrénaline à mainte-
nant une action inhibitive, et pour cette raison se comporte
comme un véritable antagoniste de l’atropine. Avec cela s’accorde
cet autre fait que des doses moyennes d'atropine amènent, pour
l'intestin, une augmentation de la contraction et du tonus, bien
que le système du nerf vague subisse manifestement une forte
parésie. }
Enfin, ces recherches ont permis d’élucider davantage la ma-
nière dont agit l’adrénaline sur l’utérus vierge ou gravide de
différents animaux. |
Le résultat le plus important, c’est que l’atropine paralyse non
seulement le parasympathique, mais aussi la partie motrice du
sympathique.
(Institut de physiologie de l’Université d'Upsal).
(13) SÉANCE DU 90 JUIN 419
IMPORTANCE DE L'ATROPINE POUR LES EFFETS DE L'ADRÉNALINE
SUR LES VAISSEAUX ET SUR LE COŒUNR,
par E. Louis Bacxman et Hararp LUNDBERG,
Nous avons, suivant la méthode indiquée par Meyer, examiné
l’action de l’atropinisation sur les effets moteurs exercés par
l’adrénaline sur la musculature circulaire des vaisseaux isolés et
en survie. Comme matériel de recherches, nous avons employé
"des aortes de Lapin, des carotides et des sous-clavières de Veau.
Sur les vaisseaux du Lapin, 0,00025 p. 100 d'adrénaline pro-
duit un violent effet de contraction. Une quantité de 2 à 5 mgr.
d'atropine ajoutée à la solution de 80 c.c. est suffisante pour
enrayer fortement et même pour supprimer l’action de l’adréna-
line. Le chlorure de baryum conserve toujours de l'effet. De
“même, comme Meyer l’a montré, des quantités beaucoup plus
grandes d’atropine n’ont aucune influence sur la sensibilité
électrique de la musculature. Si l’on emploie l’adrénaline à
la dose de 0,000375 p. 100 une quantité de 1 à 3 mgr. d’atro-
pine ne produit qu'un affaiblissement des effets de l’adrénaline.
tandis qu'une quantité de 4 à 5 mgr annihile complètement l’ac-
tion motrice de l’adrénaline. De même sur la musculature circu-
laire des artères de Veau, 4o mgr. environ d’atropine produisent
une inhibition qui va jusqu’à une suppression complète de l’ac-
tion motrice ; celle-ci d’ailleurs est très forte, de 0,000062 p. 100
d'adrénaline. Aussi bien sur les vaisseaux des Lapins que sur
les vaisseaux des Veaux, on peut, à plusieurs reprises, pratiquer
l’atropinisation, qui mène toujours à la disparition des effets de
l'adrénaline et le lavage qui provoque le retour complet des effets
“de l’adrénaline.
Pour la musculature des vaisseaux, nous pouvons tirer cette
conclusion que l’atropine paralyse (diminue la sensibilité) dans
a partie motrice du sympathique.
Nous avons également expérimenté sur des cœurs de Lapins,
de Chattes et de Cobayes, isolés selon la méthode de Langendorff,
el en survie. Il apparaît ici qu'il est particulièrement difficile de
trouver les bonnes conditions de concentration entre l’atropine
et l’adrénaline. Lorsque ces conditions sont obtenues, les effets
moteurs de l’adrénaline sont enrayés par l’atropine. Nous avons
“constaté, par exemple, que, sur un cœur de Cobaye, lorsque la
solution à 0,002 p. 100 d’atropine a pu agir pendant 3 minutes,
Veffet moteur d’une solution à 0,0006 p. 100 d’adrénaline se trou-
ait renforcé. Mais après un retour à la solution d’atropine et
lorsque cette solution avait baigné le cœur pendant 15 minutes
[:
,
480 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (14)
de plus, l’adrénaline n'avait plus d'effet moteur, mais plutôt un
effet inhibiteur. Puis lorsqu'une solution physiologique pure
avait irrigué le cœur pendant 15 minutes, l’adrénaline, d’une te-
neur égale à la solution précédente, provoquait une action mo-
trice aussi forte que primitivement.
Sur le cœur du Chat, une solution à o,o1 p. 100 d’atropine a
produit un arrêt, pratiquement complet, du cœur. Mais il ne
peut être question d’une paralysie des cellules des muscles du
cœur, puisque la solution à 0,00015 p. 100 d’adrénaline a mon-
tré, dans ce cas, des propriétés toujours aussi fortement stimu-
lantes. La musculature du cœur n’est donc pas en état de paré-
sie ; on doit admettre que la forte dose d’atropine a paralysé
non seulement les organes terminaux parasympathiques dans le
cœur, mais aussi les organes moteurs-sympathiques et la con-
ductibilité nerveuse, si bien qu'aucune impulsion (ou seulement
de très faibles impulsions) ne parvient pas aux cellules muscu-
laires. L’adrénaline, à une dose relativement élevée, a raison de
la parésie. Mais, dans un certain nombre de cas où l'équilibre
parfait entre l’atropine et l’adrénaline a été réalisé, l’action mo-
trice de l’adrénaline n'existe pas, bien que le cœur, avant et
après l'introduction de l’adrénaline, avant et après l’atropinisa-
tion, batte avec des contractions de même amplitude, ce qui ex-
clut l’idée d’une parésie musculaire. Même pour le cœur, l’action
inhibitive de l’atropine sur les effets de l’adrénaline peut tenir
à une action parésante sur la partie motrice du sympathique sur
qui l’adrénaline provoque son action.
_ (Institut de physiologie de l’Université d'Upsal).
:'.
‘ 4
(45) SÉANCE DU 9Ù JUIN 48
ACTION DE L'ATROPINE SUR LES EFFETS PROVOQUÉS PAR L'ADRÉNALINE.
SUR LA PRESSION DU SANG,
par E. Louis BackMann et Harazn LUNDBERG.
Nous avons examiné l’action de l’adrénaline. sur la pression
du sang ainsi que sur le volume de certains organes, avant et
après que l’on a pratiqué l’atropinisation ou la nicotinisation.
Les expériences ont été faites sur des Chats narcotinisés par le:
chloralose et sur des Lapins anesthésiés par l’uréthane. La pres-
sion du sang a été enregistrée dans l'artère carotide d’un côté.
avec un manomètre à mercure ouvert. Les injections des diffé-
rentes substances ont été faites au moyen d'une canule intro-
duite dans une veine fémorale. Au moyen d’un pléthysmogra-
phe, le volume de l’un des membres postérieurs a été enregis-
tré avec l’enregistreur d’Aster ; au moyen d'un onchographe
en verre, le volume d'une fraction d'intestin ou de rein a été:
enregistré d'une manière analogue. Au moyen d'une excitation
du nerf vague du cou et d'une excitation du cou, on obtient la
certitude que la sensibilité du nerf vague et celle du chemin
préganglionnaire du sympathique n exercent pas d'action après.
l’atropinisation ou la nicotinisation.
Nous avons pu constater que l’action d’une injection d'adré-
naline qui augmente la pression n'est pas, au point de vue de
l'action sur les vaisseaux, aussi régulière que la littérature médi-
cale l’affirme, car tantôt on obtient une dilatation des vaisseaux
de la jambe et une contraction des vaisseaux de l'intestin, tantôt
on obtient une contraction des vaisseaux du rein. Après une atro-
pinisation au moyen d'une quantité de 7 à 17 mgr. d'atropine
sur le Chat, une quantité égale d’adrénaline Das une aug-
mentation de la pression du sang singulièrement plus faible et
une réaction des vaisseaux. Dans certains cas, l'augmentation de
la pression du sang produite par une quantité d’adrénaline qui,
auparavant, augmentait la pression d’une manière marquée (aug-
mentation d'environ 20 p. 100) peut avoir presque disparu et, en
même temps, les vaisseaux de l'intestin peuvent ne pas subir de
modifications tandis que les vaisseaux de la jambe subissent une
faible dilatation.
Si l’on injecte à un Chat de plus ne quantités d’atropine,
par exemple 20 mgr. par kgr., 2 c.c. de la solution d’adrénaline
à 0,0012 p. 100 n'ont aucun effet sur la pression du sang, tandis
que la même quantité injectée avant l’atropinisation produisait
une forte augmentation de pression et un resserrement des vais-
seaux de la jambe. Après une dose supplémentaire de 10 mgr.
182 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (46)
par kgr., 6 c.c. de la même solution d'adrénaline n'ont aucun
effét particulier, tandis qu'au contraire, 4 e.ce. d’adrénaline
à o,01 p. 100 provoquent une augmentation de pression
qui n'est que la moitié de celle qui était provoquée pré-
cédemment par le quart de cette quantité d’adrénaline. IL est
donc manifeste que l’atropine, dans une importante mesure, af-
faiblit l'effet d'augmentation de pression produit par l’adréna-
line et même empêche à ce point de vue l’action de quantités
d’adrénaline faibles, sans doute, mais malgré tout très actives.
La cause de ce fait réside évidemment d'abord dans un affaiblis-
sement des effets moteurs de l’adrénaline sur les vaisseaux san-
guins.
Si l'on pratique d’abord une nicotinisation sur le Chat au
moyen de 16 mgr. de la nicotine, neutralisée avec l’acide chlor-
hydrique, l'augmentation de pression provoquée par l’adrénaline
reste inchangée et, même, on obtient souvent un renforcement
marqué de cette action. Lorsque ensuite, ro mgr. d’atropine par
kgr. ont été injectés, la même quantité d'adrénaline, qui précé-
demment augmentait la pression du sang jusqu'à 100 p. 100,
ne possède plus maintenant ce pouvoir que d’une manière tout
à fait minime. En mème temps, il se produit une dilatation, tant
-des vaisseaux de la jambe que de ceux de l'intestin. La réaction
des vaisseaux se produit donc maintenant d’une manière inverse,
d’où il résulte que l’augmentation de pression doit tenir vrai-
semblablement à ce que l’action de l’adrénaline sur le cœur n’a
pas été entravée ; on peut le constater directemént dans certains
-CaS.
Les résultats obtenus sur les Lapins sont de même nature.
Après injection de 1 c.c. d’une solution d’adrénaline à
0,0025 p. 100 chez un Lapin, on obtient une augmentation de
pression d'environ 5o p. 100, tandis que les vaisseaux du rein
se trouvent fortement contractés et que ceux de la patte se sont
dilatés. Après une atropinisation avec 27 mgr. d’atropine par
kgr., là même quantité d’adrénaline n’a qu’une action remarqua-
blement insignifiante pour augmenter la pression du sang ; en
même temps, les vaisseaux du rein se dilatent autant que les
vaisseaux de la patte se dilataient au cours de l’augmentation de
pressioi ultérieure. Après une injection de 18 mgr. de chlorure
de nicotine, des injections répétées de la même solution d’adré-
naline ne produisent une augmentation de pression qu’à peine
perceptible, tandis que les vaisseaux de la patte, ainsi que les
vaisseaux du rein, se dilatent fortement.
Or réussit donc, par l’atropinisation, à provoquer un affaiblis-
sement très net du pouvoir que possède l’adrénaline d’augmen-
ter la pression du sang ; il semble que la cause de ce fait doive
(17) SÉANCE DU 30 JUIN 483
être cherchée dans la propriété que possède l’atropine d’enrayer
l'action motrice normale de l’adrénaline sur les vaisseaux san-
guins. Cet antagonisme, en une certaine mesure, de l'atropine
par rapport à l’adrénaline apparaît encore plus manifestement
si, par une nicotinisation préalable, on empêche l’action centrale
de l’adrénaline de se manifester. L’adrénaline manifeste alors
une action inverse sur les vaisseaux sanguins et même sur les
vaisseaux du rein qui sont, d’ailleurs, si particulièrement sensi-
bles aux effets moteurs de l’adrénaline : dans ce cas, au lieu de
se rétracter, ils présentent une dilatation, Par contre, l’action
de l’adrénaline sur le cœur est, en règle générale, maintenue ;
cela s'accorde donc avec ce que nous avons trouvé au sujet du
cœur isolé et en survie. Aussi, après atropinisation et nicotinisa-
tion, des doses d’adrénaline, auparavant fortement actives, agis-
sent-elles faiblement sur la pression du sang ; néanmoins, il y a
simultanément dilatation tant des vaisseaux périphériques que
des vaiseaux de la région splanchnique.
Ces résultats confirment donc les résultats obtenus pré-
cédemment au sujet de la relation entre les effets moteurs de l’a-
drénaline et la manière dont agit l’atropine. L’atropine provoque
une parésie de la partie motrice du sympathique, mais n’agit pas
sur la partie inhibitive de ce système nerveux.
(Institut de physiologie de l’Université d'Upsal).
Le POUVOIR PHARMACODYNAMIQUE DU BLEU DE MÉTHYLÈNE.
Note de Harazn LUNDBERG, présentée par L. Bacxman.
Heymans et Maigre ont montré que le bleu de méthylène aug-
mente la pression du sang chez le Chien, élève la température
du corps et exerce une action inhibitive sur les extrémités intra-
cardiaques du nerf vague dans le cœur de la Grenouille, Comme
le bleu de méthylène prend une importance de plus en plus
grande dans la thérapeutique, E.-L. Backman m'a conseillé de
souméttre ce produit à un examen attentif pour examiner ses
propriétés pharmacodynamiques.
Le bleu de méthylène a des propriétés stimulantes sur l’intes-
tin de Lapin, isolé et en survie selon la méthode de Magnus. De
faibles doses (par exemple une solution concentrée à
0,00006 p. 100) ne provoquent qu'un lent accroissement de la
_contractilité, qui peut aller jusqu'au double. De plus fortes doses
provoquent en outre une forte, mais passagère, augmentation
du tonus musculaire. De très fortes doses (par exemple
484 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (43)
0,007 p. 100) provoquent une augmentation de tonus tout à fait
passagère et ensuite une plus ou moins forte inhibition de la
contractilité allant presque jusqu’à la cessation absolue. L’atro-
pine empêche un peu les effets stimulants du bleu de méthylène
mais, cependant, même de fortes doses d’atropine ne sont pas
capables d’enrayer avec efficacité des doses modérées de bleu
de méthylène. Lorsque l'intestin a reçu du bleu de méthylène
que l’on ne peut ensuite faire disparaître entièrement, son exci-
tabilité par la pilocarpine est sensiblement diminuée tandis que
sa sensibilité à l’adrénaline est inchangée.
L'action stimulante du bleu de méthylène sur l'intestin doit
donc tenir en partie à une excitation de l’organe terminal du
système parasympathique, suivie d'une parésie de ce même or-
gane, et, en partie, à une action sur le plexus d'Auerbach ou.
directement sur la musculature. Au moyen de fortes doses de
bleu de méthylène, il se produit un effet inhibitif qui peut tenir,
en partie, à une irritation du sympathique et qui, certainement,
tient, en partie, à une action musculaire directe.
Au moyen d’une méthode semblable, j'ai examiné dieu du
bleu de méthylène sur des préparations d’utérus isolées et en
survie. Sur l'utérus de la Lapine, fécondé ou vierge, 0,0003 p. too:
provoque une augmentation du tonus et un décienchement de
l’automatisme, effet qui est encore plus manifeste avec de plus
fortes concentrations. L’atropine arrête cette action et une forte
dose d’atropine (15 mgr.) transforme l’action motrice du bleu de
méthylène sur l’utérus en une action inhibitive. À la suite du
traitement par le bleu de méthylène, la sensibilité de l'organe à
la pilocarpine est sensiblement réduite, mais sa sensibilité à
l’adrénaline n'est pas sensiblement affaiblie.
Sur l’utérus du Cobaye, le bleu de méthylène a des effets ana-
logues. L'intoxication par l’ergotamine, c’est-à-dire la paralysie
de la partie motrice du sympathique, n’affaiblit pas l’action mo-
trice du bleu de méthylène. De très fortes doses de bleu de mé-
thylène amènent une diminution de tonus et une inhibition de
l’'automatisme. Dans ce cas, la pilocarpine et la choline n’ont pas
d'action motrice. Par contre, l’action de la pituitrine est tou-
jours inchangée.
Sur l'utérus de la Chatte (même vierge), ainsi que sur l'utérus
de la Souris, le bleu de méthylène provoque une augmentation
de tonus et un fort automatisme de longue durée. Par contre,
l’adrénaline a une action inhibitive.
L'action motrice du bleu de méthylène sur l’utérus tient, ma-
nifestement, à une action excitante sur l'organe terminal du
système parasympathique, tandis que la partie motrice du sym-
pathique n'est pas touchée ou ne l’est qu'insensiblement. En
|
(19) SÉANCE DU 30 JUIN 485
mème temps, il se produit une diminution de l'irritabilité du
parasympathique. Comme cependant des effets moteurs sont
également provoqués par des doses capables de produire mani-
festement une forte parésie du parasympathique, l'explication
la plus vraisemblable est que le bleu de méthylène a aussi une
action excitante sur le système de ganglions entériques, peut-être
aussi sur la musculature. L'action inhibitive des fortes doses
semble tenir, avant tout, à une parésie du système de ganglions
entériques ou, peut-être, à une excitation de la partie inhibitive
du sympathique, puisque l’action excitante de Ia pituitrine sur
la musculature reste intacte.
Sur la vessie du Chat, isolée et en survie, le bleu de méthy-
lène produit une augmentation de tonus et le déclenchement de
l'automatisme, action, par conséquent, qui, en principe, con-
corde avec celle qui se produit par lexcitation du parasympa-
thique.
Sur des bandes circulaires artérielles de Lapin, isolées et en
survie, le bleu de méthylène n’a eu aucune action.
Avec la méthode de Langendorff, un certain nombre d’expé-
riences ont été faites sur le cœur, isolé et en survie, de Cobayes
et de Lapins. Comme résultat général, on peut dire que le bleu
de méthylène, en solutions concentrées variant de 0,00005 p. 100
à 0,004 p. 100 agit activement sur le cœur. Il a fait preuve, au
cours de ces expériences, comme dans les précédentes, d'un haut
pouvoir absorbant ; par conséquent, les recherches pour graduer
ses effets dynamiques risquent fort d’être inexactes. L'effet le
plus habituel du bleu de méthylène est une rapide diminution
de la fréquence du pouls, une réduction de plus en plus forte
de la grandeur des contractions et, souvent, l’apparition d’aryth-
mie dans les pulsations. Par contre, il se produit pendant l’arro-
sage avec le bleu de méthylène, et, pour les fortes concentrations,
même après le retour à la solution saline pure, un tonus dans
le cœur qui augmente peu à peu. Les doses fortes provoquent
relativement vite un arrêt diastolique dans un cœur plus ou
moins contracté. Parfois, au commencement de l’arrosage avec
le bleu de méthylène, il peut se produire une augmentation de
fréquence tout à fait passagère et, même, une augmentation de
la contractilité. Pour les faibles concentrations, l’action du bleu
de méthylène est réversible, mais elle ne l’est pas pour les fortes
concentrations.
_ Il y a aussi une faible excitation de l’élément sympathique du
cœur, excitation qui, cependant, est masquée le plus souvent
par la propriété que possède le bleu de méthylène d’exciter le
nerf vague et par ses propriétés myotoxiques.
Des expériences ont été faites sur des Chattes chloralosées, dont
BioLOGtE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 33
486 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (20)
on avait mesuré la pression sanguine en enregistrant au mano-
mètre Îa pression dans l'artère carotide ; préalablement, les s0o-
lutions avaient été injectées par une veine fémorale et une par-
tie de l'intestin et l’un des membres inférieurs avaient été enre-
gistrés par l’oncographe et le pléthysmographe, en même temps
que l’on enregistrait la respiration. Ces expériences ont montré
que 4 mgr. de bleu de méthylène par kgr. de poids d'animal suf-
fisent pour que la pression sanguine s’accroisse manifestement.
De plus fortes doses produisent de plus grands effets sur la
pression du sang, liés finalement à une diminution de la fré-
quence du pouls. Cette augmentation de pression est cependant
assez passagère. En mème temps que la pression augmente les
vaisseaux sanguins se dilatent fortement dans l'intestin mais se
contractent dans les membres. La cause essentielle de l’aug-
mentation de pression semble tenir à la contraction des vais-
seaux des membres, c’est-à-dire vraisemblablement aux vais-
seaux superficiels. La respiration devient extrêmement profonde
et mème un peu plus fréquente. De plus fortes doses de bleu
de méthylène amènent finalement un arrêt de la respiration.
(Institut de physiologie de l’Université d’'Upsal).
AVFINITÉ CORNÉENNE DU VIRUS ENCÉPHALITIQUE,
par C. KzwG, H. Davine et F. LiLsENQUIsT.
‘ Dans le but d’étudier la question relative au rapport existant
entre le virus encéphalitique et le virus herpétique, nous avons
jugé important de chercher l'influence qu'exerce celui-là sur la
cornée du Lapin. Le virus herpétique, on le sait (Grüter, Lœæ-
wenstein, Doerr, Blanc et autres), provoque, après une incuba-
tion de 24-48 heures, une conjonctivite et une kératite de nature
purulente. Quelques souches herpétiques n’engendrent qu’une
inflammation locale, d’autres, possédant une affinité prononcée
pour le système nerveux, déterminent l’encéphalite typique.
Les deux souches herpétiques isolées par nous déterminent
aussi, après l’inoculation à la cornée, la conjonctivite et la kéra-
tite caractéristiques. L'une d'elles, provenant d’un herpès facial,
a une tendance marquée à affecter le cerveau. Par quelques pas-
sages cornéens et cérébraux, nous avons réussi à augmenter cette
tendance au point qu’elle provoque presque constamment l'en-
céphalite herpétique, 12-14-16 jours. après l'infection de la cor-
née. Le virus dit encéphalitique de Levaditi et Harvier, engen-
drant aussi une pustule cornéenne accompagnée de conjonctivite
(21) SÉANCE DU 90 JUIN 487
purulente, amène la mort de l'animal par l'encéphalite dans 6
à 13 jours après l'infection. La différence entre ce virus et le
virus herpétique mentionné est donc minimale (x).
Or, on le verra, l’action de nos virus encéphalitiques sur la
cornée se dévoile d'une tout autre manière. En voici quelques
exemples,
Expérience 1. Le cerveau du Lapin n° 180 (virus H., d'ori-
gine cérébrale, 3° génération, conservé dans la glycérine pen-
dant 5 jours) servit à préparer une émulsion épaisse, qui fut
inoculée par scarification à la cornée gauche du Lapin n° 200,
le 15 avril 1921. Le lendemain, nous n'avons pu observer que
de légères stries blanchâtres sur la cornée. Ces stries disparurent
sous peu et au bout de quelques jours, la cornée était de nou-
veau toute transparente. Pas de conjonctivite. Le Lapin restait
bien portant. Il fut sacrifié le 14 août, soit 3 mois après l'ino-
culation. Pas de lésions viscérales. Le cerveau macroscopique-
ment indemne, microscopiquement, par contre, altérations ty-
piques d’encéphalite épidémique dans le mésocéphale, surtout
autour de l’aqueduc de Sylvius.
Expérience II. Un autre virus F., d'origine cérébrale (cerveau
du Lapin n° 122, »° génération, glyÿcériné pendant 3 semaines)
fut inoculé le 18 novembre 1921 à la cornée gauche des Lapins
n° 446 et 445. Le lendemain, la cornée des deux animaux mani-
festait au centre une tache blanchâtre. Légère conjonctivite avec
sécrétion insignifiante de leucocytes polynucléaires. Point de
Bactéries visibles dans la sécrétion. Au bout de 5 jours, la sécré-
tion avait cessé et la cornée du Lapin n° 446 était toute claire,
tandis que celle du Lapin n° 445 était encore un peu trouble.
Le Lapin n° 446 fut sacrifié au cinquième jour. L'œil gauche
énucléé, la cornée fut examinée au microscope. Dislocation et
‘épaississement de l’épithélium le long des stries. Aucune kéra-
tite. Le cerveau présentait un aspect normal.
Le Lapin n° 445, soumis à l'observation pendant environ 6
mois et demi, était tout ce temps bien portant et se développait
normalement. Il fut sacrifié le 6 juin 1922. Le cerveau, macros-
Copiquement indemne, présentait microscopiquement des alté-
rations intenses d’encéphalite léthargique.
Expérience 111. Les deux cornées du Lapin n° 476 furent sca-
rifiées le 15 décembre 1921, et le liquide céphalorachidien d’un
cas d’encéphalite léthargique (2) fut instillé dans les sacs con-
(x) Nous tenons à signaler ce fait puisque Levaditi et ses collaborateurs pré-
tendent que le virus herpétique a une affinité moins prononcée pour le sys-
tème nerveux que leur virus encéphalitique.
(2) Homme de 30 ans, tombé malade d’encéphalite en décembre 1920 ; re-
chutes avec symptômes parkinsoniens en août et en novembre 1921.
4188 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (22)
jonctivaux. Le lendemain et les jours suivants, ni les cornées,
ni les conjonctives ne révélaient aucune réaction. L'animal fut
sacrifié le 4 mai 1922, soit 4 mois et demi après l'infection. Alté-
rations tYpiques, quoique discrètes, du mésocéphale (x).
Les trois expériences ci-dessus mettent en évidence que, en
ereffant le virus sur la cornée, on peut infecter le Lapin d'en-
céphalite épidémique. L'épihélium cornéen offre manifestement
un milieu favorable pour la pullulation du microbe. Si on laisse
l'animal vivre assez longtemps, on constate que le virus, ayant
engendré les lésions caractéristiques s’est propagé au cerveau.
Sur la cornée inoculée, le germe ne laisse pas de marques, ou
bien des marques très insignifiantes. À cet égard, il est donc de
mème du virus encéphalitique que du virus rabique. Au sujet de
ce dernier virus, Levaditi, Harvier et Nicolau ont récemment dé-
montré que celui-ci peut traverser la cornée sans produire de
kératite manifeste.
Conclusion. Le virus encéphalitique, de même que le virus
herpétique, a une affinité prononcée pour l’épithélium cornéen
et, comme certaines souches de celui-ci, il se propage au cer-
veau où il provoque l’encéphalite. Maïs quant au mode d'action
sur la cornée, les deux virus diffèrent essentiellement l’un de:
l’autre.
(Laboratoire bactériologique de l'Etat, Stockholm).
(x) De 4 Lapins infectés par la voie cérébrale avec le même liquide céphalo
rachidien, deux, sacrifiés le même jour que celui signalé ci-dessus, présentaient
des lésions intenses.
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M A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que le.
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Paris (7°), compte postal 44-58.
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214 — — 100 — (4 pages).
Les demandes de tirés à part doivent être portées sur les dactylogra:
phies ; les factures réglées directement à l'imprimerie.
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de leurs
notes, le jeudi à 10 heures, chez les OpReUte MM. “Pers 52, on
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) (Th.) : Changements
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU
BABonneIx (L.) : De certaines
hétérotopies observées dans les
encéphalopathies infantiles.....
Broco-Rousseu, URrBain et
CaucEMEz : La réaction de dévia-
tion du complément, au moyen
de l’antigène de Besredka. appli-
quée au diagnostic de la tuber-
ss...
vaso-moteurs
dans l’attaque d’épilepsie... ....
Képnow (L.): Contribution à
la question du rôle de la glande
thyroïde dans le phénomène d’a-
MADAME EE a, LPC
LapicQuE (L.) : Sur les corpus-
cules qui montrent l’agitation pro-
toplasmique chez les Spirogyres.
Lapicoue (L. et M.): Exci-
tabilité électrique des chromato-
phores chez les Spirogyres.....
Lapicque (L.) et Kencomanrp
dans la
réaction de l’eau douce sous l’ac-
tion des plantes aquatiques. ....
LEmELAND (P.) : Méthode de
dosage des acides gras totaux ct
—_ del’insaponifiabledansles tissus
et humeurs de l’organisme..
Le Noir, Ricuer fils (Ch.) et
Maraeu DE Fossey : Action du
bicarbonate de soude introduit
par voie rectale sur l’acidité gas-
ITEM REDON TERRE Es
Levaprri (C.) et Nicorau (S.) :
5o4
5o2
516
5oo
BSJUNELET
1922
SOMMAIRE
Affinité du virus herpétique
pour les néoplasmes épithéliaux.
Levaprri (C.) et Nicorau (S.):
Herpès et encéphalite..........
Noc (F.): Vaccination contre
la peste par la voie buccale. A
propos de la note de M. Leger
CDIDAURVA SE MEN RE
Paco (V.) et Pe11TEAU (C.) :
Myogrammes négatifs et myo-
grammes neutres de secousses
de gonflement : leur existence et
leurs caractères respectifs......
Perireau (C.) : Sur les réflexes
périodiques. À propos de la com-
munication de A. Radovici et
AACATRIOE SEA NL ER
Ramon» (F.) et Zizine (P.) :
Remarques sur la digestion gas-
COQUE NAN a:
SaHuLMANN(E.)et Jusrix BESAN-
çon (L.) : Dosage du bleu de
méthylène en circulation dans le
SRTNES A SOON RER EE RE
498
496
493
Ag1
519
Réunion biologique de Bordeaux.
Bonneron : La tension oculaire
après ponction de la chambre an-
térieure. Suite à la note de Magi-
Leurer (Fr.) : Note complémen-
taire sur l’élimination des médi-
caments par la muqueuse intes-
TE ES NE AA ARTE EE
CarLes (J.), BLanc (H.) et
BioLocre. Compres RENDUSs. — 1922. T. LXXXVII.
AG
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Leurer (Fr.): Note sur le rôle
de suppléance de la muqueuse
intestinale dans l’élimination des
médicaments... ..
CARLES (J. LeURET (Er) et
Banc (H.) : Note complémentaire
sur lesort des médicaments injec-
tés dans l’organisme...........
Pacuon (V.) et FABRE (R.): De
la constance du cardiogramme
négatif en décubitus latéral gau-
che comme élément de diagnostic
dans la symphyse du péricarde.
Paco (V.) et Perireau (C.):
Sur le déterminisme des ondula-
tions secondaires des myogram-
mestdesontlement-‘ TARA
530
Réunion biologique de Lyon.
Favre (M.): De l’homogénéi-
sation des crachats tuberculeux
par auto-digestion et de son appli-
cation à la clinique. À propos des
notesde MM. F. Bezancon, G. Ma-
thientet A PhD e LEE RARE
GALLAVARDIN (L.) et Dumas(A.):
Pouls bigéminé continu par
extra-systolie auriculaire néga-
GALLAVARDIN (L.) et Dumas (A.):
Troubles de conduction des bran-
ches hisiennes dans l’extra-sys-
tolie auriculaire négative
GATÉ (J.) et Papacosras (G.) :
La formol-gélification des sérums
dans diverses maladies
Maicxox (F.): Réponse aux ob-
servations de M. À. Policard....
Maicnon (F.) et June (L.): Sur
l’apparition de surcharge grais-
seuse hépatique chez les Rats
blancs soumis à une alimentation
exclusive de caséine ou de fibrine.
Massra (G.) et Gricoraxis (E.) :
Sur le rôle pathogène du Spiro-
chæte dentium
Mouriouanr, Micuez et BEer-
ToyE : Effets de l’évolution d’une
infection par le Bacille de Koch
sur la marche du scorbut expéri-
mental du Cobaye
Poricanp : À propos de la com-
munication de M. Maignon
ss, ee.
OX
[SE]
jt
538
537
547
Réunion biologique de Nancy.
Cozzix (R.) : Sur le cycle se-
crétoire de la cellule hypophy-
saire
CoLzin (R.) et MERLAND (A.):
gaine de Schwann et endonèvre.
nn ns se
591
LrenxarT (R.) : Sur la présence
aux environs de Nancy de l’Or-
thoptère Barbitistes serricauda..
Mure et Remy (P.) : Sur le
déterminisme de l’orientationdes
travées osseuses du corps vertébral
ParisorT (J). et Hermann (H.) :
Action du pneumothorax artifi-
ciel expérimental sur les échan-
ges respiratoires,
Parisot (J.) et Hermann (H.) :
Modifications apportées à la ven-
tilation pulmonaire par la sup-
pression artificielle d’un poumon.
WaATRIN (J.) : Foyers d’ery-
thropoïèse dans l’hypophyse de
CobNe Mid PePEREErARERRe
Réunion biologique
de Buenos-Aires.
Grusri (L.)et Houssay (B.-A.) :
La vagotomie bilatérale chez le
Cobaye
Grusrr(L.) et Huc (E.) : Ectopie
cardiaque cervicale chez un Bo-
vin. Les ondes présphygmiques
du pouls RE ee ee te
Houssay (B.-A.)et Lewrs(J.-P.):
Les fonctions des Chiens privés
de la substance médullaire sur-
COCO ECC CCC
DNS SO ot
Mazpowano Moreno (SE
tion de quelques médicaments
populaires sur l’utérus isolé de
Cobaye..
Prco (O. _M. 5: ‘Action des ‘digi-
taliques sur le cœur isolé de
Leptodactylus ocellatus.........
568
Réunion biologique de Strasbourg.
Bezzoce (P.): Le labyrinthe
osseux chez le Glrien:......
BerrocQ (P.) : Les aqueducs
du vestibule et du limaçon chez
l’enfant nouveau-né. Leur valeur
fonctionnelle chez l'Homme...
Foxtés (G.) et WELTER (G.):
Le cyanure mercurique, agent
de conservation du taux de
l’urée sanguine...............
GERLINGER (H.) : Sur l’exis-
tence d’un cycle secrétoire pen-
dant la période du rut dans les
cornes utérines des Mammifères. . 5
Nrezoux (M.) et Wezrer (G.) :
Microdosage de l’urée dans le
plasma sanguin, la lymphe, le
liquide céphalo rachidien......
Rain (M.): Un microbe pro-
ducteur de para-crésol
FES
9279
et
; ne
SÉANCE DU {D JÜIELET 491
Présidence de M. G. Bohn, vice-président.
+
MYOGRAMMES NÉGATIFS ET MYOGRAMMES NEUTRES
DE SECOUSSES DE GONFLEMENT : LEUR EXISTENCE
ET LEURS CARACTÈRES RESPECTIFS,
par V. Pacuon ét C. PETiTEau,
La recherche des différents facteurs capables de modifier les
caractères des myogrammes de gonflement, et, par 1x même, .de
nous guider dans leur interprétation, nous conduisit à explorer
des points variables de la surface d’un muscle pendant la con-
traction. Ces explorations nous ont montré l'existence de courbes
Diapason à 100 V. D. — T. Myogramme neutre. — II. Myogramme négatif.
myographiques, notablement différentes de celles publiées jus-
qu ici et intéressantes à étudier. C’est ainsi qu'en plaçant la cap-
sule myographique sur la région moyenne de la face externe de
la cuisse, le tracé recueilli pendant une secousse du quadriceps,
faradique, réflexe ou volontaire, traduit une dépression de la
surface explorée. Ces secousses négatives, sur lesquelles ne sem-
ble pas s'être portée l'attention des observateurs, nous ont fourni
des myogrammes (fig. [, Il), caractérisés par une brusque dépres-
sion, suivie d’ondulations plus ou moins accusées, si bien que
3
4 Mig. 1. — C. P., 32 ans. Excitation faradique du quadriceps au point moteux.
ts
492 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l’ensemble reproduit fidèlement un myogramme ordinaire ren-
versé (nous ne tenons compte naturellement que de l'exploration
dans la région moyenne des muscles et non vers leurs points
d'insertion, où le tendon fuyant sous le bouton du myographe
peut créer des tracés négatifs sans relation avec les nôtres).
Le raisonnement faisait dès lors prévoir, entre la zone externe
de dépression et la zone antérieure de gonflement proprement
dit, l'existence probable d'une troisième zone où les deux mouve-
ments contraires s’annuleraient, véritable zone neutre pour cette
raison. Il nous parut intéressant d’en vérifier l'existence et d'y
rechercher comment s'y traduisait le phénomène musculaire.
Des déplacements progressifs de la capsule exploratrice, de la
face externe vers la face antérieure de la cuisse, révèlent, en effet,
l'existence, entre ces deux régions, d’un territoire très limité
où le style du myographe recueille la courbe particulière repré-
sentée fig. 1, !. C’est, on le voit, une série de sommets dimi-
nuant rapidement de hauteur, alternant de part et d'autre de
l’axe de repos du style. Ces myogrammes, que nous appellerons
myogrammes neutres, s'obtiennent sur une mince bande cuta-
née, large de 1,5 cm. environ, longue de 15 cem., coïncidant à
peu près avec le trajet du nerf fémoro-cutané. C’est la zone neu-
tre, dont on pouvait prévoir l'existence. Notons, en outre, l’exis-
tence d’une autre zone semblable, mais moins nettement limitée,
située sur la région interne de la cuisse, vers la ligne des vais-
seaux fémoraux et symétrique de la première par rapport à l’axe
du membre.
Ces résultats ont été vérifiés sur d’autres, muscles, en parti-
culier le biceps ; ils nous ont paru généraux, identiques dans
leur ensemble, variables naturellement suivant les facilités d’ex-
ploration latérale des muscles, que conditionnent les dispositions
anatomiques.
En résumé, en outre des myogrammes de gonflement ou po-
sitifs, seuls étudiés jusqu'ici, il faut décrire : 1° des myogrammes
de dépression ou négatifs, superposables aux premiers après re-
tournement ; 2° des myogrammes neutres, offrant l'aspect d'une ®
série de soulèvements de part et d'autre de l’axe de repos du style
myographique.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine
de Bordeaux).
de
SÉANCE DU 19 JUILLET 493
SUR LES RÉFLEXES PÉRIODIQUES. À PROPOS DE LA COMMUNICATION
DE À. Rapovicr ET A. CARNIOZ,
par CG. PETITEAU.
Les comptes rendus de la Réunion roumaine de biologie pu-
blient une note de A. Radovici et À. Carniol (1), dans laquelle
ces auteurs ne semblent pas avoir eu connaissance de la commu-
nication que nous avons faite sur le même sujet, à la Réunion
biologique de Bordeaux, le 17 janvier 1922 (2). Il résulte, en ef-
fet, de la note de A. Radovici et À. Carniol, que ceux-ci ont étu-
dié cliniquement, chez l'Homme, un phénomène que nous avons
observé expérimentalement chez la Grenouille et décrit sous le
nom de « réflexe périodique ».
VACCINATION CONTRE LA PESTE PAR LA VOIE BUCCALE.
À PROPOS DE LA NOTE DE LEGER ET BAURY (3),
par F. Noc.
. . 4 e
Les premiers essais de vaccination contre la peste par les voies
digestives sont dus à Mercatelli (4), qui, en 1902, utilisait des
Bacilles chauffés à 60°. Fornario (5), dans le laboratoire de
M. Calmette, à Lille, en r908, constatait que l'ingestion de Ba-
cilles, tués par la chaleur, ne vaccinait pas les Lapins et les Co-
bayes, tandis que l’immunisation était facilement obtenue par
des Bacilles chauffés 90 minutes à 53°; mais ce procédé, mortel
pour une partie des animaux en expérience, était, en outre, dan-
gereux du fait de l'élimination de Bacilles vivants dans les déjec-
tions.
J'ai repris les essais de vaccination par la voie buccale, à Da-
kar, en 192r, en utilisant le vaccin huileux préparé à ce moment,
à l'Institut de biologie, avec des microbes tués par la chaleur.
Ces tentatives sont mentionnées au Bulletin du comité d'études
historiques et scientifiques de l'A.O.F. (6).
Je n'ai pu poursuivre d'autres expériences ; mais, il semble
que, dans la peste, la vaccination par le tube digestif fournisse
(1) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 45.
G@hICVR de La Soc: de biol., t. LXXXVI, p. 151.
(3) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 444, 1922.
(4) Riforma medica, t. III, 1902, n° 51, p. 362.
(5) Ann. Inst. Pasteur, janvier 1908, p. 353-368.
(6) Bu. com. ét. hist. et sc., À. O.,F., avril-juin 1921, n° 2, p. 212-017.
A9 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
des résultats incertains et de courte durée, comme la vaccina-
tion par injection sous-cutanée. Dans les expériences de M. Leger
et Baury, 2 témoins ont résisté à la piqüre d’épreuve. Ce fait n’est
pas rare avec les Rongeurs (Cobayes, Lapins et Rats); aussi, est-il
préférable d’expérimenter avec les Singes, animaux plus sen-
sibles à une inoculation quelque peu virulente, comme il s’en
présente aux pays chauds.
L'expérience suivante, que je n'ai pas cru devoir rapporter
jusqu'ici, montre toutefois combien est fragile l'immunisation
contre la peste chez les Primates. Une Guenon (Papio sphinx L.)
ingère, le 26 février 1921, environ 60 e.c. de vaccin huileux (une
boîte de Roux par 20 c.e. d’excipient), composé de Bacilles chauf-
fés 2 fois à 60°. Eprouvée le 12 mars, 15 jours après l’ingestion,
par scarifications de la fesse, avec une culture mixte virulente,
qui tue un Cynocéphale témoin en 4 jours, la Guenon paraît souf-
frante le 3° jour, puis se rétablit, est très gaie du 4° jusqu’au 12°
- jour. Le 18 mars (6° jour), elle ingère un flacon de 20 c.c. de
vaccin huileux (inoffensif pour un jeune Cynocéphale témoin).
Elle redevient malade le 24 mars (12° jour) et meurt le 26 mars,
montrant dans la rate une culture pure de Bacilles pesteux, dont
très peu sont phagocytés.
2
CONTRIBUTION A LA QUESTION DU RÔLE DE LA GLANDE THYROÏDE
DANS LE PHÉNOMENE D'ANAPHYLAXIE,
par Léon K£prnow.
Les expériences faites pour étudier le rôle de la glande thy-
roïde dans le phénomène d’anaphylaxie nous ont montré que,
chez les animaux thyroïdectomisés sensibilisés par le sérum de
Cheval, il est impossible d'obtenir, après l'injection déchaïînante,
le choc anaphylactique ; elles ont établi, d'autre part, que le
sérum de ces animaux ne transmet pas l’état de sensibilité à des
. animaux neufs. Cependant, si, chez de tels animaux thyÿroïdec-
tomisés, on introduit la substance de la thyroïde dans l’orga-
nisme pendant la période de sensibilisation, ceux-ci redeviennent
aptes à manifester le phénomène du choc ; en même temps, leur
- sérum acquiert la faculté de transmettre, à des sujets neufs,
l’'anaphylaxie passive. On peut donc en conclure qu'il manque,
dans le sang des animaux thyroïdectomisés et sensibilisés, une
substance qui est nécessaire pour la réalisation du choc anaphy-
lactique.
Quel est le rôle de la glande thyroïde dans le phénomène d’ana-
RE lie,
SÉANGE DU 15 GGILLET 495
phylaxie ? Nos expériences nous permettent d'émettre à ce sujet
plusieurs hypothèses : r° la glande thyroïde, avec son hormone,
pourrait n'être qu'un facteur qui prépare le terrain. Cela ne nous
paraît, cependant, pas probable : nos expériences montrent que
pour ce qui concerne la transmission de l’anaphylaxie passive,
il importe peu que les animaux aient été privés de la thyroïde
ou mon. Les uns et les autres réagissent de même à l'injection
déchaïînante ; 2° la glande thyroïde intervient-elle dans l’élabo-
ration des substances nécessaires à l’anaphylaxie ? Cela nous
paraît probable. Mais, cette substance fabriquée par la glande
thyroïde sera-t-elle l’anticorps anaphylactique lui-même, la sen-
sibilisine selon la terminologie de A. Besredka, ou bien consti-
tue-t-elle un troisième facteur, inconmu jusqu'ici ? Nous ne pou-
vons, jusqu à présent, rien affirmer à ce sujet, faute de données
expérimentales. Dans l’un comme dans l’autre cas, nous sommes
en présence d'un phénomène qui, au point de vue de son méca-
nisine, se distingue nettement du phénomène d'immunité. Nous
ne connaissons, en effet, jusqu'à présent, aucun fait d’immunité
où la formation d'anticorps serait subordonnée à la glande thy-
roïde. Les faits publiés récemment ainsi que nos propres expé-
riences, bien qu'encore inachevées, montrent que la formation
d'anticorps a lieu, chez les animaux privés de la glande thyroïde,
au point de vue qualitatif, d'une facon presque identique à ce
que l’on observe chez les sujets normaux. Ainsi, le sérum des
Lapins thyroïdectomisés, injectés avec du sérum de Cheval, bien
que ne possédant pas de propriétés anaphylactisantes, renferme
presque la même quantité de précipitines que le sérum des La-
pins normaux. Îl en est de même pour les hémolysines :°elles
se forment, chez les animaux thyroïdectomisés convenablement
préparés, presqu'en même quantité que chez les sujets normaux.
Enfin, les expériences, faites en collaboration avec M. Metalni-
kow sur l’anticorps tuberculeux, parlent dans le même sens. Le
sérum des animaux thyroïdectomisés se comporte, au point de
vue de la réaction de fixation, selon la méthode de À. Besredka,
tout comme le sérum des animaux non opérés.
L'étude des questions soulevées relativement au rôle de la
glande thyroïde dans le phénomène d'anaphylaxie sera l'objet
de nos prochaines recherches : peut-être irouvera-t-on là la clef,
non seulement du mécanisme de l’anaphylaxie, mais encore
pourra-t-on mieux saisir la nature de ce phénomène.
(Laboratoire de microbie technique, Institut Pasteur).
es mens opens ma
496 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
HERPÈS ET ENCÉPHALITE,
par GC. Levapirr et S. Nrcorau.
M. Kling et ses collaborateurs, Davide et Liljenquist (1), à la
suite de leurs devanciers, Strauss, Hirshfeld et Lôwe, Levaditi et
Harvier, Doerr et Schnabel, ont réussi la transmission de l’encé-
phalite épidémique aux Lapins, en leur inoculant soit de la sub-
stance cérébrale, soit des filtrats de sécrétions naso-pharyngées
ou de matières fécales ; ils pensent qu'ils sont, actuellement, les
seuls à posséder le vrai germe filtrant de la maladie de von Eco-
nomo, les autres auteurs ayant expérimenté, à leur insu, avec
le virus de l’herpès (étudié, en particulier, par Grüter, Lôwen-
stein, Doerr et Blanc). Voici sur quels arguments les savant sué-
dois basent leur opinion
1° Evolution de la maladie chez le Lapin. Avec les virus encé-
phalitiques suédois, la maladie évolue d’une façon chronique. Si
certains Lapins succombent le 4° ou le 6° jour, la plupart meurent
tardivement, ou même survivent. L'examen histologique montre,
chez les Lapins survivants, des altérations manifestes du né-
vraxe. Il n'en est pas de même, lorsqu'on expérimente avec les
germes filtrants isolés par Levaditi et Harvier et par Doerr : les
animaux succombent en quelques jours ; leur survie n’est qu'ex-
ceptionnelle.
2° Caractères des lésions histologiques. Les altérations décrites
dans l’encéphalite expérimentale par Levaditi et Harvier, Leva-
diti, Harvier et Nicolau, correspondent à celles que provoque le
virus de l’herpès chez le Lapin : méningite à mononucléaires (par-
fois à polynucléaires), encéphalite parenchymateuse aiguë, neu-
ronophagie au niveau de la « zone élective », manchons péri-
vasculaires. Au contraire, le virus suédois n’engendre, chez le
même animal, que des modifications histologiques à allure net-
tement chronique : méningite à mononucléaires et manchons
périvasculaires au niveau du mésocéphale, absence d’encéphalite
parenchymateuse aiguë et de neuronophagie.
Ces deux arguments, l’un clinique, l’autre anatomo-patholo-
gique, satisfont pleinement M. Kling, lequel n'hésite pas à con-
clure que : « 1° Les lésions engendrées par les virus encéphali-
tiques sont de toute autre nature que celles produites par le virus
herpétique ; 2° les différences mentionnées ne parlent pas en fa-
veur de l'identité des deux germes ».
Tout expérimentateur, qui se poserait le problème des rapports
entre le virus de l’herpès et celui de l’encéphalite, aurait recours
(tr) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. EXXXIV, pp. 75,57 et yo:
2
Etes
SÉANCE DU 15 JUILLET 497
à des essais d'immunité croisée, seul criterium capable de ré-
soudre un tel problème, en l’état actuel de nos connaissances. En
tout cas, il n’affirmerait rien, sans avoir réalisé de tels essais.
Dans ses notes, M. Kling n'en parle à aucun moment, et ce qui
étonne le plus, c’est qu'il ne mentionne pas davantage les expé-
riences d'immunité croisée, relatées antérieurement par Doerr (x),
d'abord, par Levaditi, Harvier et Nicolau (2) ensuite. Or, ces ex-
périences ont mis hors de doute les rapports étroits existant en-
tre le virus herpétique et celui de l’encéphalite, puisque le pre-
mier vaccine l'animal contre le second et inversement. Elles ont
autorisé Levaditi, Harvier et Nicolau à conclure que le germe de
l’herpès n’est qu'une variété atténuée du microbe filtrant de
l’encéphalite, ses affinités cutanées étant plus marquées que ses
affinités neurotropes (cf. également Nicolau et Poincloux) (3).
Avant toute conclusion, il est donc indispensable de soumettre
le virus suédois à des essais d’immunité croisée. Nous espérons
que M. Kling ne tardera pas à nous éclairer sur ce point.
De tels essais sont d'autant plus nécessaires, nous dirons même
indispensables, que l'argument tiré par M. Kling de l'étude his-
topathologique, n'a aucune valeur, et voici pourquoi : d’abord,
M. Kling lui-même, dit, dans sa première note « qu'un des La-
pins infectés avec le virus encéphalitique d’origine intestinale,
chez lequel les lésions étaient avancées, présentait aussi de nom-
breuses neuronophagies ». [Il aurait plus souvent rencontré de
pareilles lésions, ressemblant à celles de l'herpès cérébral, s’il
avait eu soin d'examiner l’encéphale de ses deux animaux morts
le 4° ou le 6° jour. Ensuite, dans le domaine de l'herpès et de
l’encéphalite, les caractères des altérations sont bien plus en rap-
port avec le degré de virulence du germe qu'avec la nature même
de ce germe. D'après M. Kling, l'aspect chronique des lésions
cérébrales (manchons périvasculaires à lymphocyte et à poly-
blastes, absence d'encéphalite aiguë et de neuronophagie) veut
dire altérations caractéristiques du virus de la maladie de von
Economo. S'il en était ainsi, on ne devrait pas rencontrer de
telles altérations chez les animaux infectés avec le virus de l’her-
pès. C'est là l'erreur. Nos recherches prouvent que chez les La-
pins inoculés avec des souches herpétiques peu virulentes et qui
succombent tardivement (ou qui survivent), le mésocéphale
montre les modifications histologiques considérées par M. Kling
comme étant propres au germe encéphalitique suédois. Et il en
A Fe Fr . r .,
est de même des lésions constatées chez des animaux encéphaliti-
(x) Doerr et Schnabel. Schweiz. med. Woch.. 10 ONE
(2) Levaditi, Harvier et Nicolau. Annales Inst. Pasteur, 1922, t. XXXVI, n% r
&w 2
(8) C. R. de la Soc. de biol., 8 juillet 1922.
498 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ques qui, inoculés ailleurs que dans le cerveau (cornée ou peau),
mettent plus longtemps à mourir.
Tout est donc sous la dépendance du facteur virulence. Les
altérations à caractère aigu se retrouvent chez les Lapins qui suc-
combent rapidement à une maladie évoluant en quelques jours ;
peu importe l'origine herpétique eu encéphalitique du germe.
Les lésions chroniques, par contre, apparaissent chez des ani-
maux infectés avec des souches peu virulentes de ces deux virus.
Il n’y a de différence qu'en ce qui concerne la fréquence de l’ume
ou de l’autre de ces modalités. L’herpès fournit, en général, des
échantillons de virus à pouvoir pathogène modéré, au point de
vue neurotropique, tandis que l’encéphalite est, le plus souvent,
provoquée par des germes doués d’une virulence neurotrope ac-
cusée.
Il était, cependant, à prévoir qu’au cours de certaines épidé-
mies d’encéphalite, on découvrirait des souches de virus plus at-
ténuées, provoquant la mort des animaux tardivement, avec des
lésions mésocéphaliques à caractères chroniques. M. Kling com-
ble cette lacune, confirmant ainsi ce que nous avions démontré
antérieurement au sujet des variations de la virulence de l’ultra-
virus salivaire des porteurs sains (Levaditi, Harvier et Nicolau).
Or, au lieu d'envisager le problème sous son angle exact, M. Kling
aime mieux supposer que les virus suédois sont les seuls virus
encéphalitiques véritables. Nous aurions préféré que M. Kling
apportät, en faveur de sa thèse, des arguments autrement con-
vaincants que ceux tirés du simple examen histo-pathologique
des lésions.
ÂFFINITÉ DU VIRUS HERPÉTIQUE POUR LES NÉOPLASMES ÉPITHÉLIAUX,
par C. Levapirr et S. Nicorau.
Nous avons montré antérieurement (r) que le virus vaccinal
(neurovaccine), inoculé dans les néoplasmes épithéliaux du Rat
et de la Souris, s’y développe abondamment tandis qu'il se cul-
tive mal dans les sarcomes des mêmes espèces animales. En est-1l
de même du virus de l’herpès, dont nous avons mis en évidence
les analogies avec la neurovaccine (affinité cutanée) plus mar-
quée que l’affinité neurotrope ? L'expérience ci-dessous résoud
le problème, du moins en ce qui concerne le cancer expérimental
de la Souris :
(CR del AcadNdes sc robe More pe n0 0:
Less
SÉANCE DU 19 JUILLET 499
Expérience. Le 14 mai, on injecte, dans un épithélioma de
la Souris, 0,4 c.c. d’une émulsion de virus herpétique de pas-
sage (souche Blanc). La tumeur augmente de volume les jours
suivants. L'animal est sacrifié le 13° jour.
a) Un fragment de l’épithélioma est émulsionné dans de l’eau
salée et inoculé dans le cerveau du Lapin 87 K. L'animal meurt
le 6° jour, avec des lésions d’encéphalite herpétique. Son cer-
veau sert à inoculer (à la cornée et sur la peau épilée et rasée)
ù le Lapin 26 F, et ( par voie cérébrale) le Lapin 25 F. Le premier
fait de la kérato-conjonctivite et montre une belle éruption her-
pétique cutanée ; il succombe le 9° jour, avec des altérations
d’encéphalite aiguë. Le second (Lapin 25 F) meurt d’herpès le
4° jour. R
b) Avec un autre fragment de la même tumeur, on infecte
le Lapin 88 K, par scarification cornéenne. L'animal montre de
4 la kérato-conjonctivite et succombe d’encéphalite le 10° jour (lé-
à sions aiguës typiques du cerveau). Un prélèvement, fait sur la
(3 cornée de cet animal, sert à inoculer le Lapin 31 F, sur la peau
épilée et rasée, tandis qu'on injecte une parcelle de son cerveau
% au Lapin 48 F, par voie crâänienne. Le Lapin 31 F montre une
É belle éruption herpétique cutanée et meurt le 14° jour ; le Lapin
AS F succombe le 7° jour (lésions typiques d'encéphalite aiguë).
Le schéma suivant rend compte des résultats enregistrés :
Épithélionsa souris
F
‘ Conclusion. Cette expérience montre que le virus herpétique,
inoculé dans l’épithélioma de la Souris, s’y cultive en conservant
# intacte sa virulence. Il se comporte donc, à ce point de vue,
comme le virus vaccinal adapté au cerveau (neurovaccine). Nous
500 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
montrerons ultérieurement quelle est l’affinité de ce virus pour
les tumeurs sarcomateuses.
MÉTMODE DE DOSAGE DES ACIDES GRAS TOTAUX ET DE L'INSAPONIFIABLE
DANS LES TISSUS ET HUMEURS DE L'ORGANISME,
par P. LEMELAND.
Un emploi systématique de la méthode de Kumagawa et Suto
nous en a montré les inconvénients et les erreurs (1). Nous avons
été conduits à élaborer la technique suivante dans le but d’ob-
tenir, à l’état pur, les acides gras totaux des tissus sans qu'ils
aient subi l’autoxydation qu'entraîne le procédé de Kumagawa-
Suto (2).
Les tissus vu le sang sont extraits 8 heures dans l'appareil de
Kumagava-Suto par l’alcool à 95°. Les extraits alcooliques sont
évaporés à sec sous pression réduite. Le résidu est saponifié
2 heures à reflux avec 25 c.c. de KOH alcoolique 2 fois normale.
On ajoute dans le ballon 28 c.c. d’eau distillée, 28 c.c. d’aleool
à 9° et 44 c.c. d’acide chlorhydrique normal. On réalise ainsi
un milieu tel que les acides gras sont à l’état de savons de po-
tasse dans l'alcool à 5o p. 100. La neutralisation partielle de la
potasse en excès par HCI donne au milieu une alcalinité voi-
. N
sine de -
10
On chauffe un quart d'heure à reflux pour assurer la salifi-
cation des acides gras que l'HCI aurait pu libérer (2). On trans-
vase dans une ampoule à décantation cette solution hydroalcoo-
lique de savons. On rince le ballon avec de l’éther de pétrole
(PE—5o à 60°) qu'on fait passer dans l’ampoule. On fait trois
extractions par l’éther de pétrole qu'on recueille dans un ballon
à fond rond. La totalité de l’éther de pétrole employé fait envi-
ron 250 c.c. Il est important de ne faire aucune décantation
avant que la séparation des phases ne soit complète et de décan-
ter lentement. L’éther de pétrole enlève la totalité des substances
insaponifiables. C’est l'application du procédé de séparation de
Hônig et Spitz sur le liquide même de saponification. On éva-
pore l’éther de pétrole et on continue le traitement dé l'insaponi-
(x) Etude critique de la méthode de Kumagawa-Suto. Bull. de la Soc. de
chimie biol., juin 1922.
(2) Lorsque les acides gras sont en quantité importante, la salification se
fait difficilement à froid.
SÉANCE DU 19 JUILLET SD
fiable total et la séparation de la cholestérine comme nous l'avons
indiqué antérieurement (1).
La solution hydroalcoolique de savons débarrassée de l’insa-
ponifiable est étendue de 2 volumes d’eau, acidifiée par l'acide
chlorhydrique pur et extraite dans une ampoule à décantation
par l’éther de pétrole (4 extractions de 100 c.c.). Les éthers de
pétrole sont recueillis quantitativement dans une autre ampoule
à décantation et lavés deux fois avec 100 c.c. d’eau pour éliminer
toute trace d'HCI.
On évapore l’éther de pétrole lavé dans un ballon à fond rond
qu'on plonge ensuite dans l’eau bouillante 3 à 4 minutes sous
une pression de 20 mm. de Hg. Le résidu ainsi desséché est repris
par l’éther de pétrole sec (P E 40 à 50°).
La solution d'acides gras est filtrée sur amiante dans un bal-
lon taré de 100 c.c. à fond plat. On évapore le solvant sous un
faible vide et on sèche le ballon 1 heure à 50° dans un dessicca-
teur où l’on fait le vide (2). Les acides gras ainsi obtenus sont
pesés et peuvent servir pour les déterminations qualitatives. Le
contrôle de l'exactitude de cette méthode et les faits qui montrent
sa supériorité sur celle de Kumagawa-Suto sont publiés ailleurs.
Disons dès maintenant que les chiffres d’insaponifiable X et de
cholestérine sont les mêmes dans les deux méthodes ; que les
chiffres d'acides gras sont supérieurs dans notre méthode, que
l’on pèse ou que l’on fasse l’acidimétrie ; l'indice d'iode de ces
acides gras est notablement plus élevé que dans la méthode de
Kumagawa-Suto (pas d’autoxydation). D'autre part, cette mé-
thode est beaucoup plus rapide puisqu'elle supprime la prépara-
tion de l'extrait total, terme de passage inutile, sans signification
chimique ni physiologique. Tout en étant plus exacte, elle réa-
lise non seulement une économie de temps, mais aussi de sol-
vants, elle supprime l'emploi d’éther ordinaire et absolu ; tout
l’éther de pétrole employé est récupérable.
(x) P. Lemeland. Bull. de la Soc. de chimie biol., vol. HIT, n° IV, 192.
(2) Les acides gras sont secs au bout de ce temps en respectant ces condi-
tions.
502 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LA RÉACTION DE DÉVIATION DU COMPLÉMENT,
AU MOYEN DE L'ANTIGÈNE DE BESREDKA,
APPLIQUÉE AU DIAGNOSTIC DE TA TUBERCULOSE BOVINE,
par Broco-Rousseu, UrBaix et CAUCHEMEZz.
Dans le sérum de 100 Bovidés sacrifiés aux abbatoirs de Vaugi-
rard et reconnus tuberculeux à l’autopsie, nous avons recherché:
la présence des anticorps spécifiques.
Les prélèvements ont été faits sur des animaux de 18 mois à
15 ans, présentant toute la série des lésions, depuis une seule:
granulation récente du ganglion bronchique gauche, jusqu'aux
lésions massives, à divers stades, des viscères et des séreuses des.
deux grandes cavités. Le sang a été pris dans le cœur sitôt après
l’éviscération.
Parmi ces animaux, 6 d'entre eux avaient été tuberculinés.:
Nous avons utilisé la technique de Calmette et Massol : doses
constantes de sérum et d’antigène ; doses croissantes d'alexine.
Les sérums ont été chauffés à 60°, température nécessaire pour
faire disparaître les substances anticomplémentaires pouvant
empêcher l’hémolyse.
Le sérum des Bovidés étant, dans la majorité des cas, peu
riche en anticorps, la dose de sérum hémolytique que nous avons
employée n'a jamais dépassé 2 fois la dose hémolytique limite.
En augmentant de 4 à 5 fois cette dose limite, comme certains
le préconisent, nous avons constaté qu'un grand nombre de réac-
tions faiblement positives ou positives, devenaient négatives.
Nous avons adopté la notation suivante pour les réactions
e réaction négative. j
+ ‘— faiblement positive (2 tubes non hémolysés).
SE dE — positive (3 ou 4 tubes non hémolysés).
SE SE 4 — très positive (plus de 4 tubes non hémolysés).
L'ensemble de nos résultats se résume ainsi
D ER LE EEE LAN UE RS AE RE ALU 5 sérums.
Ne AANOU EE PORN GREAT EET, QUE A CE 18 sérums.
D ER A PA RS ER 7 PCR MAX AE ES 30 sérums.
SÉANCES LAVE OI NEA Re UE GA LAUIA A7 sérums.
soit, pour 100 sérums examinés, 95 épreuves positives contre
5 négatives.
Le tableau suivant indique les rapports entre la nature des lé-
sions tuberculeuses et la fixation de l’alexine
La)
Éd
+
4
G
Le
À
1h
lice cite ES
SÉANCE DU 15 JUILLET 503
UNE COR ON Re
Nature des lésions
EE eneenis
lubereulose
puru- caséo- caséo- généralisée:
Fixation récente lente purulente caséeuse calcaire calcifite (àtousles stades) Totaux
GR AUE 0 (o) o) h o 1 (o) 5
EN AE 2 3 Di ve 3 n © 18
ÉNUACEN 3 5 ï ù 8 ff I 30
DEN ee nn 14 O 12 6 6 5 47
Totaux 9 22 5) 28 17 ee NRC 100
La lecture de ce tableau montre que les résultats négatifs cor-
respondent à des lésions caséeuses ou calcifiées, et que les résul-
tats faiblement positifs ou positifs se rapportent à des lésions
aux stades les plus divers. Quant aux réactions très positives,
dans 35 cas sur 47, elles coïncident avec des lésions récentes, ou
purulentes, ou caséeuses, y compris 5 cas de tuberculose généra-
lisée.
Dans tous les cas, il n'V à aucune corrélation entre l’âge des
animaux et l'intensité de la réaction.
À titre de contrôle, 31 sérums de Bovidés indemnes de tuber-
culose et le sérum d’un Bœuf atteint d’actinomycose, ont donné
une réaction de fixation négative.
Enfin, nous avons examiné 6 sérums d'animaux tuberculeux
ayant réagi à la tuberculine. Cinq d'entre eux (x tuberculiné par
voile sous-cutanée, 4 par intradermo), dont la tuberculinisation
était faite depuis moins de 2 mois, ont présenté une réaction très
positive, ainsi que l'ont déjà signalé Calmette, Massol et Mézie (x).
Le sixième sujet, ayant subi l’intradermo depuis plus 3 mois,
n'a présenté qu'une réaction légère.
Conclusions. 1° Dans 95 p. 100 des sérums de Bovidés tuber-
culeux, nous avons constaté la présence d’une sensibilisatrice spé-
_ cifique, ainsi que l'ont déjà signalé Hruska et Pfenniger ;
2° La réaction a été négative dans 31 cas (100 p. 100) de sé-
rums d'animaux sains ;
3° L’âge n’a aucune influence sur la réaction ;
4° Les réactions faiblement positives ou positives ne laissent
pas préjuger du caractère et de l’étendue des, lésions ; |
5° Les réactions très positives, au contraire, indiquent assez
fréquemment la généralisation des lésions, et, dans la majorité
des cas, le caractère aigu, purulent ou caséeux des lésions ;
6° Une injection préalable de tuberculine augmente beaucoup
la richesse en anticorps des Bovidés tuberculeux.
(Institut Pasteur, laboratoire Besredka ; laboratoire militaire
de recherches vétérinaires et laboratoire de l’abatloir
de Vaugirard).
(1) C. R. de la Soc. de biol., 15 juillet 1912, p. 122.
504 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PS NE SR RO EE OR
DE GCERTAINES HÉTÉROTOPIES OBSERVÉES DANS LES ENCÉPHALOPATHIES
INFANTILES,
par L. BABONNEIX.
On sait depuis longtemps que, dans la plupart des cerveaux
atteints de sclérose cérébrale, d'istio-atypie corticale disséminée,
de microcéphalie, peuvent être constatées des hétérotopies diver-
ses, caractérisées par la présence, en plein centre ovale, de cel-
lules nerveuses, souvent groupées en ilots. Fr
Les anomalies morphologiques à la description desquelles nous
consacrons cette note sont d’un ordre tout différent. Elles con-
sistent en la production, dans l'écorce, d'amas cellulaires non
plus groupés en îlots, mais affectant une disposition linéaire,
columnaire, et se recourbant une ou plusieurs fois sur eux-méê-
mes, de façon à former des festons, des volutes, du dessin le plus
élégant.
Nous avons eu l'occasion d'étudier ces anomalies que ne si-
gnalent pas les auteurs, dans deux cas d'encéphalopathies in-
fantiles.
Le premier est relatif à une porencéphalie bilatérale avec mi-
crocéphalie. En examinant, à un faible grossissement, diverses
coupes d'écorce cérébrale, on voit alterner des zones claires
(après coloration au Nissl, par exemple), avec des zones obscures.
Celles-là offrent, le plus souvent, une forme conique, avec une
base qui s'enfonce plus ou moins profondément dans l'écorce
et un sommet, immédiatement sous-jacent à la méninge ; elles
entourent alors celles-ci de toutes parts : parfois, elles sont grou-
pées par trois autour d’un axe commun, et prennent l'aspect
d'une feuille de Trèfle. D’autres fois, elles sont irrégulièrement
réparties, formant des bovaux anastomosés entre eux, et alter-
nant avec les zones obscures, à la manière d'une mosaïque.
À un plus fort grossissement, les zones sombres sont unique-
ment constituées par des éléments cellulaires, sur la structure
desquels nous reviéndrons, les zones claires, par de véritables
déserts cellulaires, où se voient quelques rares noyaux névro-
gliques. :
Dans un second cas, il s’agit d'idiotie mongolienne. Au centre
d'une circonvolution atrophiée et presque totalement démyéli-
nisée, se voient des lacunes, affectant grossièrement une disposi-
tion linéaire, et partiellement comblées par des éléments cellu-
laires, les uns isolés, les autres groupés, tassées sur deux ou
trois rangées et dont la direction générale est perpendiculaire à
la direction des fibres tangentielles : autour de ces cellules, au-
SÉANCE DU 15 JUILLET 205
cune trace de réaction inflammatoire, mais, dans les circonvo-
lutions voisines, d’autres aspects analogues : traînées cellulaires,
disposées en série linéaire, parallèles, sous-jacentes à la méninge
et constituées par une seule rangée d'éléments.
À un fort grossissement, ces diverses cellules offrent des as-
pects très analogues. Elles sont constituées, surtout, par de vo-
lumineux noyaux arrondis qu'entoure une mince bande de pro-
toplasma. Les noyaux, presque tous du même type, centraux,
contiennent des grains de chromatine irrégulièrement répartis
à leur surface. Quelques-uns possèdent un volumineux nucléole,
un protoplasma homogène, ne renfermant généralement aucune
granulation visible ; cependant des corps chromatophiles peu-
vent s'y trouver (cas 2); les fibrilles névrogliques font. absolu-
ment défaut.
Quelle est l’origine de ces diverses hétérotopies ? Bien diffi-
cile à établir pour certaines, qu'il aurait fallu étudier sur des
coupes en séries ; plus aisée pour d’autres. Celles que nous avons
observées dans notre premier cas, en effet, étaient nettement en
rapport avec des lésions de la pie-mère sous-jacente, les zones
obscures étant, pour ainsi dire, centrées par un capillaire éma-
nant de la méninge, et, lui-même, profondément altéré. La mal-
formation relevait donc d’une méningite et rentrait dans la classe
des faits qu'ont si bien mis en lumière les belles recherches de
M. Rabaud, et sur lesquelles nous sommes nous-même revenu
il y à huit jours.
_ Dernière question. Les éléments cellulaires signalés sont-ils
de nature nerveuse ou névroglique ? En faveur de la première
hypothèse, on pourrait faire valoir la présence, dans quelques-
uns d’entre eux, de nucléoles, mais seulement sur des prépara-
tions colorées par le Weigert, dans d’autres, de corps chromato-
philes ; il est permis de lui objecter que, par l’ensemble de leurs
caractères morphologiques et tinctoriaux, la plupart des éléments
ne rappellent en rien les cellules nerveuses. À l'appui de la se-
conde, un seul argument : la structure du noyau rappelant les
noyaux névrogliques ; ce caractère est loin d'être constant. Mieux
vaut donc conclure qu'il s’agit de neuro et de spongioblastes qui,
sous l'influence d'une cause pathogène mal déterminée, mais
avant agi de très bonne heure, ont été arrêtés dans leur évolu-
tion, et n'ont pas subi les transformations habituelles : ce sont,
somme toute, des cellules indifférenciées.
©)
CT
Brocoare. Compres RENDUS. — 1922. T. LAXXVIT.
506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
REMARQUES SUR. LA DIGESTION GASTRIQUE,
par FÉLIX RAMoND et PIERRE ZIZINE.
Au moyen de la technique imaginée par À. Grigaut, Guérin et
Mine Pommay-Michaux (r) pour l'étude de la protéolyse micro-
bienne, nous avons étudié la marche de la digestion gastrique
in vitro et in vivo. Nous avons ajouté à cette technique le dosage
des acides aminés par le formol, en défalquant du chiffre d'azote
frouvé, celui de l'azote srinnenpaenl
Pour l'étude in vitro, nous avons placé dans un tube à essai
5 c.c. de suc gastrique non filtré, 5 c.c. de blanc d’œuf et 25 megr.
de thymol pulvérisé. Le tube a été abandonné pendant 24 heures
à la température du laboratoire. Pour l'étude in vivo, nous avons
fait ingérer au malade à jeun un repas composé de 5 blancs
d'œufs. Après trois quarts d'heure de.digestion, le liquide stoma-
cal a été retiré par tubage et examiné immédiatement.
Nous avons toujours observé, tant dans les digestions in vitro
que dans les digestions in vivo, la production d’une certaine
quantité d'acides aminés, et ce fait nous paraît intéressant à si-
gnaler. En dehors des acides aminés, il y a production pendant
la digestion pepsique, d’autres corps non protéiques, le chiffre
de l'azote non protéique étant beaucoup plus élevé que celui de
l'azote des acides aminés. Nous ne sommes pas encore fixés sur
la nature de ces corps, des recherches que nous poursuivons en
ce sens n'étant pas encore terminées. Enfin, nous avons décelé
et dosé Jes albumoses et les peptones.
Pour étudier la marche de la digestion, nous avons rapporté
les chiffres d’azote trouvés pour ces différents corps au chiffre
d'azote total. Voici les résultats que nous avons obtenus.
Dans la digestion in vitro, au bout de 24 heures et dans les
conditions indiquées ci-dessus, le chiffre d'azote des acides ami-
nés produits, atteint nocmalement 3,0 p. 100 de l'azote total et
le chiffre d’azote non protéique 15 p. 100. Ces chiffres représen-
tent la moyenne de plusieurs digestions, les chiffres extrêmes
trouvés au cours de ces digestions ne s’écartant pas sensiblement
de cette moyenne.
Dans la digestion in vivo, et dans les conditions que nous
avons mentionnées, le rapport de l'azote des acides aminés à
l’azote total s’est montré égal à 5,6 p. ro0 en moyenne et le rap-
port de l'azote non protéique à l'azote total égal à 5o p. 100 en
moyenne.
(1) À. Grigaut, Fr. Guérin et Mme Pommay-Michaux. Sur la mesure de la
protéolyse microbienne. C. R. de La Soc. de biol., 25 janvier 1919, p. 66.
A
SÉANCE DU 19 JUILLET 507
Dans une deuxième série d'expériences, nous avons étudié
l'influence de quelques sels tels que le citrate de soude, ke phos-
phate de sodium, le phosphate de chaux, les chlorures de sodium,
de magnésium, de calcium, sur la marche de la digestion pep-
sique.
Nous avons constaté ainsi que le citrate de soude et les phos-
phates retardent considérablement Îa digestion pepsique. Les
rapports de l’azote des acides aminés et de l'azote non protéique
à l’azote total sont notablement abaïissés en présence de ces corps.
Au contraire, les chlorures activent la digestion et la poussent
plus loïn ; et ce pouvoir activant va en croissant du chlorure de
sodium aux chlorures de magnésium et de calcium. Ceci est la
confirmation chimique de ce que nous avions déjà observé en
faisant digérer, par du suc gastrique non filtré, une solution de
gélatine à 3 p. 100, placée dans des tubes à essai et additionnée
de ces différents corps, et en mesurant la hauteur de gélatine
liquéfiée.
Nous donnerons ultérieurement, dans des tableaux complets,
les résultats de digestions que nous poursuivons dans différentes
conditions.
EXCITABILITÉ ÉLECTRIQUE DES CHROMATOPHORES
CHEZ LES SPIROGYRES,
par Louis et MARCELLE LAPICQUE.
Des Spirogyres étant placées sous le microscope dans de l’eau
de fontaine, si on fait traverser cette eau par un courant élec-
‘rique assez fort, on voit bientôt les filaments chlorophylliens
perdre la belle régularité de leur spirale ; accentuant leur cour-
bure, ils se rétractent plus ou moins vers le centre de la cellule,
s écartant des cloisons intercellulaires et aussi, çà et là, des parois
longitudinales. Nous avons opéré surtout avec l'espèce qui a
—. végété tout ce printemps dans le bassin du laboratoire (S. nitida ?
“ou peut-être S. neglecta ?) et qui a servi, d'autre part, aux re-
cherches de l’un de nous sur l’agitation protoplasmique ; ses
grandes cellules larges de 60 u, longues de 200 et plus, contien-
- nent 3 à { rubans chlorophylliens ; à l’état normal, ces rubans
séparés par des intervalles plus grands que leur largeur, bien
distincts, finement dentelés, plats, contournent de près l’enve-
loppe cellulosique et se prolongent à chaque extrémité jusqu'au
voisinage immédiat de la cloison. Quand une cellule à été ou-
verte et que l’eau y a pénétré, les chromatophores sont rassem-
208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
blés au centre en un peloton compact, se touchant tous, gonflés
comme des boudins ; les dentelures ont disparu.
* Toute lésion de la cellule donne une figure intermédiaire entre
cet état et l’état normal. Par le courant électrique, en graduant
l'intensité et la durée (l'intervention des produits de l’électrolyse
au voisinage des électrodes étant évitée), on provoque à volonté
une déformation plus ou moins forte dans ce sens. Une série de
chocs d’induction produit le mème effet. L'expérience la plus
grossière montre : 1° que les temps à considérer sont forts longs
et peuvent se compter par de nombreuses secondes ; 2° que l’ad-
dition latente est très importante et que le pouvoir de sommation
est énorme. Si l’on s'arrête à une très petite déformation, celle-ci
se répare spontanément ; avec de la patience, on peut déterminer
un seuil d’excitation semblable pour des excitations diverses et
ainsi caractériser une excitabilité.
- Pour avoir des conditions électriques constantes et définissa-
bles, nous avons eu recours au dispositif suivant : dans une
grande lamelle couvre- objet rectangulaire, on découpe au dia-
mant deux bandes que l’on colle avec du baume de Canada, en
long, parallèlement à 5 millimètres l’une de l’autre, sur une lame
de verre ; on obtient ainsi un canal rectangulaire, profond d'’en-
viron 2 dixièmes de millimètre ; les extrémités de ce petit canal
sont obturées par un petit rectangle de papier à filtre ; d'un de
ces bouchons à l’autre, on dispose longitudinalement des fila-
ments de Spirogyres ; on remplit d'eau de fontaine, et on couvre
avec une lamelle. Les électrodes sont constituées chacune par
un fil d'argent, chloruré par électrolyse, recourbé à angle droit
et touchant dans toute sa largeur le bord extérieur d'un bou-
chon ; sur ce contact, on applique une pâte épaisse de kaolin et
d'eau physiologique qu'on recouvre d’une collerette de caout-«
chouc liée au fil d'argent pour éviter l’évaporation. On observe
certaines cellules déterminées, vers le milieu de la préparation.
Les forces électromotrices à employer sont de l’ordre du volt ;
les durées de fermeture du circuit se comptent en secondes,
c’est-à-dire très facilement. On obtient des seuils d’excitation qui
sont assez stables et on peut mesurer la relation entre la durée
et l'intensité liminaires avec une précision comparable aux ex-
périences d'excitation de muscles.
Voici, à titre d'exemple, les chiffres d'une expérience
Expérience du 10 mai
t (en secondes) 100 30 15 10 5 I
V (en volts) 1,0 1,1 1,45 SO ED 5,8
Les mesures ont été faites dans l’ordre ci-dessus ; à la fin de
celle série, on a obtenu comme vérification
SÉANCE DU 13 JUILLET 509
U 100 10 ï
V 0,95 1,9 6,o
L'excitabilité est donc restée stable à très peu de chose près,
et la série des nombres peut être employée à chercher la loi.
La quantité d'électricité croît régulièrement avec le temps,
l'énergie est constante, à l’approximation des mesures, entre 1 et
30 secondes, c'est-à-dire que dans cet intervalle, le phénomène
suit la loi de Nernst : V — = K étant une constante. On obtient,
\VEr
en effet, pour le produit de la racine du temps par le voltage
liminaire observé les valeurs ci-dessous
V Vt 10 6,0 er 6,0 DÉS
La divergence n'est importante que pour {— 100 secondes, où
le voltage liminaire est presque le double de ce qu'indiquerait la
loi. Telle quelle, la relation observée ressemble tout à fait à ce
que nous connaissons pour les muscles lents. Les points de l’ex-
périence quand on porte en graphique la quantité Vt, s’alignent
à peu près suivant une droite, s'en écartant un peu, mais tou-
jours dans le sens que nous avons précisé sur les muscles ; dans
l'un et l’autre cas, la loi de Nernst s'applique pour les temps
courts (relativement courts, ici pour quelques secondes ; avec les
muscles pour des temps de l’ordre du centième, au plus du
dixième de seconde); puis l'expérience et la loi divergent dès que
le temps est assez long pour qu'on voie intervenir la rhéobase,
cest-à-dire une intensité efficace minima indépendante de la
durée.
Il était important de vérifier l'existence d’une rhéobase dans
l'excitation des chromatophores de Spirogyres. Nous avons cons-
taté que des courants passant pendant 5 minutes, ro minutes, un
quart d'heure et davantage ne provoquent aucune réponse si on
a pris un voltage inférieur, mème de peu, au voltage liminaire
pour 100 secondes ou 2 minutes. Il s'agit bien d’un phénomène
physiologique, de l’inefficacité du courant constant prolongé, et
non d'une apparence, due à ce que la polarisation des électrodes
ferait baisser l'intensité ; nous avons vérifié qu'un galvanomètre
amorti montrait pendant toute la fermeture du circuit une dévia-
tion constante.
Il est, dès lors, légitime d'’interpoler une chronarie dans une
expérience comme celle ci-dessus, ou de mesurer une chronaxie
par la méthode rapide et simple, à savoir : détermination de la
rhéobase, puis du temps liminaire pour une intensité double.
Un assez grand nombre de mesures sur $S. nilida ? ou neglecta ?
nous ont toujours donné pour la chronaxie des valeurs appro- :
510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
F —
chant de 10 secondes à la température ordinaire ; quelques essais
sur d’autres espèces ont donné des valeurs très voisines.
C'est sensiblement 10 fois plus que la chronaxie la plus grande
constatée sur des tissus animaux.
SUR LES CORPUSCULES QUI MONTRENT L'AGITATION PROTOPLASMIQUE.
CHEZ LES SPIROGYRES,
par Lours LAPreQuE.
Depuis ma note du 18 mars dernier, j'ai continué à observer
des Spirogyres à l’uliramicroscope.
1° L'espèce sur laquelle j'avais basé ma description et qui,
croissant spontanément dans le bassin de mon laboratoire, s'y
était à un certain moment largement développée, a brusquement
disparu il y a environ un mois. Jusqu'à ce moment, elle n’a ja-
mais cessé de présenter le phénomène de scintillation sans chan-
wement notable. Pour le diagnostic de l'espèce, que je n’ai pu
préciser par l'observation des zygotes, je dois dire que je trouve
maintenant S. neglecta au moins aussi probable que S. nitida.
Mais les spécifications importent ici assez peu, comme on va voir.
2° J'ai observé de nombreux spécimens de diverses provenan-
ces, notamment des lacs et ruisseaux des bois de Boulogne et de
Vincennes ; il s'agissait d'espèces diverses. JV ai toujours re-
trouvé la scintillation, d'abord très semblable à ce que j'ai dé-
crit en mars, puis sous une forme qui mériterait plutôt le nom
de fourmillement lumineux. J'ai remarqué ce second aspect,
d’abord il y a environ un mois, chez une Spirogyre à croissance:
vigoureuse récoltée dans l'Orge, près de Longpont (x). Voici
comment il se présente : le protoplasma est farci de granules.
brillantes à peu près de la dimension des paillettes habituelles,
mais plus nombreux ; ils sont agités de vifs mouvements en tout
sens, et présentent bien certaines variations d'éclat, mais pas
d'éclat brusque suivi d'extinction, plus précisément, en regar-
dant à un fort grossissement, pas de miroitement correspondant
à la rotation d'un corpuscule discoïde. En lumière microscopi-
que ordinaire, c’est-à-dire à contre-jour, tandis que les paillettes.
sont presque insaisissables, ces granules sont nettement visibles,
avec leurs mouvements ; ils apparaissent, suivant leur hauteur
par rapport à la mise au point, soit eomme un cercle noir, soit
comme un point brillant entouré de noir. Ge sont les apparences
(x) Cloisons droites, diamètre, 25-28 uw ; longueur des cellules, 3 à A diamè--
tres ; x filament faisant 3 à 4 tours. |
oi dito rs TER
LE:
NSÉANCE. DU 19, JUILLET SA
bien connues d’une sphérule transparente et plus réfringente que
l'ambiance. On comprend que des granules sphéroïdaux ne mi-
roitent pas en tournant.
Leurs mouvements aussi diffèrent sensiblement de ceux des
paillettes. À une agitation trépidante et irrégulière, dont la des-
cription ne différerait pas de celle des mouvements browniens
ordinaires (je fais toujours une réserve sur l'assimilation com-
plète en raison de la viscosité du milieu) se superposent des mou-
vements de convection, d'entrainement par le liquide lui-même,
qui sont incontestables, car on voit souvent plusieurs granules
se suivre en file indienne sur un trajet rectiligne ou à courbure
simple long de plusieurs dizaines de u, pendant qu'à côté une
autre file de granules décrit un trajet de sens inverse. Cela monr-
tre nettement une circulation du protoplasma ; non pas la cir-
culation souvent décrite, facile à voir par exemple chez Elodea
canadensis, où tout le protoplasma en bloc fait le tour de la cel-
lule, mais bien une circulation, d’ailleurs irrégulière et conti-
nuellement changeante, dans un petit domaine de Ia masse,
quelque chose comme le mouvement interne de l’eau qui bout
sur le feu, c'est-à-dire en somme un brassage.
J'ai pensé d’abord que la différence des microsomes, paillettes
d'un côté et granules de l’autre, était spécifique. Mais, au cours
de: ce dernier mois, les spécimens les plus divers ont, en général,
présenté des granules tantôt seuls, tantôt mélangés de paillettes.
Par exemple, sur deux espèces récoltées le 1° juillet dans le
lac du Bois de Boulogne, l’une d’un diamètre de 28 à 36 un con-
tenait, suivant les échantillons, tantôt des granules seuls, tantôt
des granules mélangés de rares paillettes, celles-ci nettement dis-
tinetes par leur miroitement : l’autre, d’un diamètre de 52 à 70 u
et ressemblant beaucoup à la S. nitida ou neglecta du labora-
toire, contenait surtout des paillettes, bien miroitantes, avec quel-
ques granules seulement.
Sur trois ou quatre espèces récoltées dimanche dernier dans le
lac Daumesnil et son affluent, un seul échantillon, provenant
d’un certain coin du lac, présentait des paillettes, rien que des
paillettes, dans toutes ses cellules ; c'était une Spirogyre chloro-
tique, dont la teinte pâle, jaunâtre, m'avait frappé dès la récolte;
au microscope, ses chromatophores apparaissaient jaunes et non
verts. Toutes les autres Spirogyres de cette récolte, appartenaient
à plusieurs espèces, mais bien vertes, ne montraient que des
granules. |
Enfin, un spécimen de mon ancienne Spirogyre du laboratoire,
abandonné en compagnie d'une branche de Potamogéton dans
une terrine sur un évier, au coin d’une fenêtre, y a continué sa
végétation pendant que ses congénères du bassin disparaissaient.
512 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
22
Tous ces jours-ci, il m'a présenté un mélange de paillettes et de
granules.
Aussi, J'en arrive à penser quil s'agit, non d'une différence
spécifique dans Ja nature des microsomes, mais d'une différence
saisonnière ; les choses se passent comme si Flalgue constituait
au sein de son protoplasma, avec une même substance, au prin-
temps, de petits disques ; en été, de petites sphères ; cette diffé-
rence étant probablement fonetion de l'intensité de l'assimilation
chlorophylilienne, comme l'indiquerait le cas de l’Algue chloro-
tique du lac Daumesnil. [l va de soi que dans cette hypothèse
il n'y aurait pas discontinuité entre les deux formes, mais qu'on
trouverait tous les intermédiaires. L'observation, que je n’ai pas
assez poussée dans ce sens pour ètre calégorique, est, somme
toute, favorable à l’idée d’une gradation dans les formes des mi-
crosomes, car il m'est arrivé souvent, quand je pensais à deux
formes seulement, d’hésiter à classer un corpuscule dans l’une
ou dans l'autre.
Je pense que les botanistes qui ont décrit des microsomes se
mouvant et s'agitant dans les Spirogyres, par exemple, Strasbur-
ger, ont eu sous les yeux des granules, facilement visibles en
éclairage microscopique ordinaire. Ce sont aussi sans doute des
granules que Gaidukow a vus à l’ultra-microscope ; la localisa-
tion protoplasmique lui a échappé, probablement en raison du
diamètre relativement petit de l’Algue examinée par lui.
Pour en revenir au point de vue intéressant la physiologie
générale, les granules, comme les paillettes, font tomber sous
le sens l'agitation protoplasmique. Les mouvements de convec-
tion, déjà saisissables avec les paillettes, mais bien plus nets avec
les granules, montrent bien qu'il y a là autre chose que le mou-
vement brownien banal.
CHANGEMENTS DANS LA RÉACTION DE L'EAU DOUCE
SOUS L'ACTION DES PLANTES AQUATIQUES,
par Louis LapicQuE et THÉRÈSE KERGOMARD.
L'alcalinité de l’eau étant considérée par l'un de nous comme
une condition importante pour les échanges cellulaires des Al-
gues (1) il a paru nécessaire de mesurer cette alcalinité, sous des
conditions diverses, dans l’eau douce, moins bien connue, à ce
point de vue, nous semble-t-il, que l’eau de mer. Evidemment,
(1) Louis Lapicque. C. R. de l’Acad. des sc., 6 juin 1922.
FPT ASS
Qt
=
C9
SÉANCE DU 19 JUILLET
en l’état actuel de la science, cette alcalinité, pour prendre sa
signification biologique, doit être évaluée par la concentration
en ions H. Dès les premiers essais, sur une masse d’eau conte-
nant une certaine proportion de végétaux à chlorophylle (100 gr.
de Spirogyres dans 5 litres d’eau de fontaine), les méthodes colo-
rimétriques qui commencent à devenir classiques nous ont mon-
tré des variations considérables que nous avons voulu regarder
de plus près. Ces méthodes colorimétriques peuvent ici fournir
facilement des mesures d’une précision suffisante, étant donnée
l'amplitude du phénomène.
Pour leur emploi, nous avons exactement suivi les techniques
décrites par Clark (1). Les colorants employés effectivement ont
été : 1° le bleu de bromothymol ; 2° ie rouge de phénol ; 3° le
rouge de crésol ; 4° le bleu de thymol ; 5° la phtaléine du thy-
mol ; ce qui donne une marge de lectures de Px comprise entre
6 et 10,4. La série de valeurs indiquées par un colorant est tou-
jours supérposable pour une part à la série du colorant précé-
dent, et, pour l’autre part, à la série du colorant suivant. Nous
opérons sur une prise de 5 c.c. de l’eau à doser. Nous avons eu
fréquemment recours au contrôle qui consiste à faire deux dé-
terminations sur le même liquide avec deux colorants différents ;
la concordance régulière des lectures nous assure que nos chif-
fres sont corrects.
Comme végétaux, nous avons employé successivement : 1° les
Spirogyra croissant dans le bassin du laboratoire ; 2° des Pota-
mogeton récoltés dans la Seine, au nord de l'île Saint-Louis ;
3° des Algues (Mougeotia ?) de même provenance ; 4° des Elodea
canadensis récoltés dans l'Orge, près de Longpont. Les plantes
de la Seine n’ont pas pu servir, comprenant trop d'impuretés,
animaux et microbes, dont l’action troublait le phénomène. Les
Spirogyres et les Elodea, qui étaient propres, ont donné des ré-
sultats réguliers et entièrement d'accord entre eux.
Comme eau, nous avons puisé aux deux canalisations du labo-
ratoire eau de Seine et eau de source, ces désignations recouvrant
ce que la Ville nous fournit comme telles et que nous n'avons
pas, pour le moment, cherché à définir autrement. L'important,
c’est que ces deux eaux, quelles qu’elles soient en fait, montrent
sous des influences identiques une différence assez nette, l’eau
de Seine devenant plus facilement et plus fortement alcaline que
l’eau de source.
Cette différence appelle de nouvelles recherches pour fixer le
déterminisme du phénomène dont nous commençons ici l'étude.
Ce phénomène est le suivant : l’eau puisée au robinet a une
(1) W. M. Clark. The determination of hydrogen ions, Baltimore, 1920.
b14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
réaction légèrement alcaline, régulièrement 7,2 pour l’eau de
Seine et 7,6 pour l’eau de source (x).
On y place des végétaux verts vivants dans la proportion de
1 or. de plante fraiche pour 50 à 100 gr. d’eau, dans un vase
en verre non fermé. À l'obscurité, l’alcalinité rétrograde et passe.
à la neutralité, quelquefois même à une très légère acidité ; à la
luniière, l’alcalinité augmente, d'autant plus que la lumière est
plus vive ; au soleil en quelques heures, le Px dépasse 9 et peut
atteindre ro. Les plantes ne sont pas altérées par l'expérience ;
le récipient étant remis à l'ombre, l’alcalinité diminue ; dans la
nuit, elle redescend jusqu’à la neutralité, et on peut, le lende-
main, recommencer l'expérience avec le même résultat.
Par un jour gris, l’alcalinité maxima atteinte est bien moindre;
dans un jour nuageux à éclaircies, l'expérience disposée sur une
fenètre du côté du soleil montre des alternatives très sensibles.
d'augmentation et de diminution d'alcalinité suivant l'intensité.
de léclairage.
Le mécanisme de ce phénomène est évident : c'est l’antago-
nisme entre la respiration de la plante dégageant de l’acide car-
bonique d’une part et, d'autre part, l’assimilation chlorophyl-
lienne qui détruit cet acide et l'emprunte même aux carbonates,
produisant ainsi de l’alcalinité comme l'ont montré Loeb, puis.
Osterhout. Celui-ci a même fondé sur cette augmentation d’alca-
linité une méthode de mesure de l'activité chlorophyllienne, mé-
thode qui a été employée notamment par Wurmser (2). Mais les.
_ expériences de ces auteurs, portant sur des Algues marines, n'ont.
jamais montré que des variations relativement faibles ne dépas-
sant pas une unité du logarithme ; tandis que dans les nôtres, la
variation atteint trois unités.
On comprend que la présence de sels tels que le chlorure de so-
dium à une concentration assez forte limite les variations du Px.
en fonctionnant comme tampon. C'est une explication qui pourra
être éclaircie dans les recherches que nous nous proposons de
faire ultérieurement,
Pour aujourd’hui, nous nous contentons de signaler le fait de
ces grands changements de la réaction de l’eau douce par un
(x) Avec l’eau de Seine, les tubes qui ont servi à l'essai (tubes en verre-
neutre), au moyen de rouge de phénol, étant laissés ouverts, on voit la partie-
supérieure accentuer sa nuance rose et passer progressivement à des teintes
rouges: correspondant à PH=7,6 ou même 7,8. Interprétation : les fermenta--
tions microbiennes, en vase clos, (dans les conduites), ont augmenté dans l’eau:
la teneur en acide carbonique, et celui-ci, à l’air libre, s'échappe par diffusion.
(2) Osterhout et Haas. Journal of general Physiology, t. I, p. 1, 1918. — Re-
né Wurmser. Archives de physique biologique, n° 3, 1921, et Thèse de la Fa--
culté des sciences de Paris, 19217.
OX
SÉANCE DU 15 JUILLET ESA
phénomène biologique dans des conditions qui sont souvent
celles de la nature, par exemple dans les eaux stagnantes.
Voici à titre d'exemples 3 de nos expériences, faites compara-
tivement avec l’eau de Seine et l’eau de source, le végétal étant
Elodea canadensis.
Expérience du ro juillet, Temps gris. Durée : 2 heures ; lec-
ture de quart d'heure en quart d'heure.
Heure 10 be. 45 10 h. 30 10h. 45 © 11h. 14 b. 15 {Uh. 30 11h. 45
Seine, PH : 7,2 7,6 7,8 8,9 8,6 8,8 8,9
Source, Px : 7,6 7.8 8,2 8,3 8,4 8,5 8,6
Expérience du 11 juillet. Beau temps ; ciel un peu nuageux ;
matin. Les végétaux ont passé la nuit dans les vases d'expérience.
Heure 9 h. 30 10 h. 10h. 15 40h. 30) (Oh. 45 11h. 11h. 15 41 h: 30 11 h4ÿ
Seine, PK : 7,1 7,3 7,0 8,2 8,9 8,6 8,7 8,8
Source, PH : 7.0 7,6 7,8 8,0 8,3 8,4 8,4 8,9 8,6
,
r
L'expérience est laissée à la lumière et les lectures sont reprises
l'après-midi.
Heure OR Sn OO RS SEMI NE 25
Seine, P« : 0,4 9.2 9, 0,7 9.6
Source, Px : 8,7 8,8 8,9 9,0 8,9
La décroissance très légère de Px notée à 3 heures 25 concor-
dait avec le passage d’un nuage ; d’après d’autres expériences
analogues, elle est probablement réelle et liée à la diminution
d'éclairage constatée.
Les vases sont rentrés dans le laboratoire et laissés en l’état. Le
lendemain matin, à ro h. 25, les Px sont de 7,2 également dans
l’eau de Seine et dans l’eau de source.
Les vases sont alors remis à l’extérieur sous un clair soleil, et
l’on reprend la série des lectures
Heure OMR RS MIO RE MAS NU 2 MARS SAMU 5 52
Seine PEN: 7.2 7,0 7,0 8,6 9:0 9,4
Source, PH : 7,2 7,4 7,6 8,2 8,6 8,9
L'expérience ayant continué, les lectures sont reprises l’après-
midi :
Heure 1h 55 9h. 15 21h. 30 2h: 45013 h.45
Seine, PH : 9,8 9,8 IO 10 10
Source, PH : 9,4 9,6 9,6 9,6 9,6
Les vases ayant été rentrés dans le laboratoire, les Px sont, le
_ lendemain matin, à 9 h. 15, 7,3 pour l’eau de Seine et 7,2 pour
l’eau de source.
EA16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
À PROPOS DES PHÉNOMÈNES VASO-MOTEURS DANS L'ATTAQUE
D'ÉPILEPSIE,
par A.-C. GUILLAUME.
Chez deux malades atteints d'épilepsie avec attaques subintran-
tes et chez lesquels pendant Ia trépanation survinrent des atta-
ques d’épilepsie, j'ai pu faire l'étude simultanée des phénomènes
vaso-moteurs en divers points du corps. Les faits observés me pa-
raissent de nature à pouvoir retenir l'attention.
Il s'agissait, dans le premier cas, d’un malade, ancien blessé
de guerre, atteint d'épilepsie avec crises subintrantes (17 crises
dans la nuit précédente). Pendant la trépanation pratiquée par le
D Maurice Robineau, les modifications vaso-motrices (dermo-
graphisme, tension artérielle, état local des artérioles des parois
de la tête et de l’encéphale) ont été étudiées.
Etude sphygmomanomélrique.
Avant l'apparition de l'attaque d'épilepsie et au début de leur
manifestation (phase tonique), on note une montée rapide de la
tension artérielle, la minima passe de 6 r/2-7 ou 8 à 11-12 ou 13 ;
la maxima passant en même temps de 14-15 à 19-20 (x); cette hy-
pertension persiste jusqu'à la fin de la phase des mouvements
puis, quand le sujet redevient immobile, on note une chute ra-
pide de la maxima et une descente plus lente de la minima. Les
deux éléments de la pression artérielle, la maxima et la minima
revenant ainsi à ce qu'ils étaient avant l'attaque ; toutefois, la
maxima présente pendant une certain temps une série de varia-
tions de faible importance.
Dermographisme.
Nul ou faible, immédiatement avant ou pendant la crise, le
dermographisme est extrêmement prononcé après celle-ci, son
évolution est absolument parallèle à celle de la tension artérielle.
Coloration des téguments.
Pendant la crise, pâleur des téguments, après la crise, colo-
ration des téguments et sueurs abondantes sur la poitrine. Ces
phénomènes sont surtout nets à la face et sur la poitrine.
Phénomènes vasculaires observés dans la plaie opératoire crâ-
nienne.
Avant le début de la crise de mouvements et pendant celle-ci,
diminution de calibre des artérioles de l’encéphale, avec énorme
dilatation veineuse, d'où aspect blafard et violacé, à ce moment
également, la plaie cutanée saigne peu et ne donne que du sang
(x) Il est, naturellement, pratiquement impossible de mesurer Ja tension arté-
rielle pendant la période de mouvements eloniques.
2 RES
SÉANCE DU 19 JUILLET DL
noir. Pendant la phase tonique, ces phénomènes s'exagèrent, la
dilatation veineuse augmente, l’encéphale fait hernie, les batte-
ments encéphaliques cessent et sont remplacés par une légère
trémulation ; ces phénomènes rappellent l'aspect observé dans
l'abdomen des malades qui, au cours d'une laparatomie, pous-
sent fortement. À la fin de la crise de mouvements et après celle-
ci, on observe une vaso-dilatation artériolique et capillaire ca-
ractérisée par l’augmentation très notable du calibre des arté-
rioles et la coloration rosée qui-se substitue dans les tissus à l’as-
pect blafard et violacé du début de l'attaque. À la fin de la crise,
la plaie se remet à saigner et donne issue à du sang rouge.
Ces phénomènes sont les mêmes sur l’encéphale, sur les mé-
ninges dures, la peau ét le muscle que l’on voit dans la plaie
opératoire.
Ces phénomènes ont été les mêmes au cours des attaques qui
se répétèrent pendant l'opération.
Chez un autre malade (crises d'épilepsie par abcès cérébral) des
phénomènes semblables ont été observés.
Il existe donc un parallélisme manifeste entre les phénomènes
vaso-moteurs qui, pendant l'attaque d'épilepsie, surviennent
dans les différentes parties du corps. Des observations semblent
donc indiquer que, dans l’épilepsie, les phénomènes vaso-mo-
teurs sont généralisés (et non pas seulement limités à l’encé-
phale), que dans les différentes parties du corps une crise de
vaso-constriction coïncide avec les phénomènes moteurs des mus-
cles de la vie animale, les précédant même dans le temps.
ACTION DU BICARBONATE DE SOUDE INTRODUIT PAR VOIE RECTALE
SUR L'ACIDITÉ GASTRIQUE,
par LE Noir, Cu. Ricuer ris et MarmiEeu pe Fossey.
L'action du bicarbonate de soude en ingestion sur le chimisme
gastrique à été étudiée depuis longtemps, mais nous ne croyons
pas qu'on se soit occupé jusqu ici des variations de l'acidité gas-
rique, sous l'influence de ce médicament introduit par voie rec-
tale. Nous avons étudié les modifications du chimisme sur deux
catégories de sujets
1° individus ne se plaignant pas de gastropathies ;
Malades atteints d'ulcus gastrique.
Le liquide gastrique était prélevé, soit à jeun, soit après repas.
d' épreuve avec le tube de Faucher. Dans quelques cas, nous nous
sommes servis du tube de Einhorn pour étudier la courbe du
chimisme, depuis le début du goutte à goutle jusqu'à 8 heures.
apres. Le dosage était fait pas la méthode de Linossicr.
518
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Nos résultats ont porté sur 15 sujets, 6 sans gastropathie «et 9
avec ulcus. Ci-joints le tableau qui résume nos observations sur
les malades atteints d’ulcères de l'estomac.
Les chiffres sur les sujets normaux sont comparables.
Chimisme gastrique
avant le goutte à goutte
après repas d'épreuve
après le goutte à goutte
—— -—-
2€ recherche
A—o,ho
C=o,4
H=0o
A —
après repas d'épreuve
(4 heure après)
Noms à jeun (1 heure après)
Lisser.. 4 30 €.c. TIO C.C. 30 c.c
A—1,80 A—2,10 ARR A 1,6
H= 1,10 H=7:,20 H=o,2 H—0,6
C=0,70 C=—0,90 C=o.8 CE
Dob re ce 29 C.C. S0)C.C. TO9 C.C.
A7 A=—2,30 A—0,60 A— 71,80
H=0,60 H —0,90 H=o H=o0,70
C=0,h0 C=71,40 C—0,60 C=7,10
Men. néant 65 c.c. néant 80 c.c.
A—2,90 A—71,2
H=71,70 H=0,5
C=1,20 Cor
Prnqiere TOU CE: &c c.c.
Ab ,T A=0,7
C=0,8 Co;
H= 1,3 H=o
Génini ... 50 c.c. 120 C.C. 120 C.C
A—1,6 A—2,90 A —2
H=7 H= 71,90 H —=0,5
C—0,6 C=7 C=1,5
Chan ne 30 c.c. 90 c.c. bo c.c
A—7:,50 A—2,h0 A—0,)
H—0,90 H= 1,80 H—o
C=0,60 C=o 60 C=o,5
Gauch.... Go c.c ho c.c
A=—71,50 AT
H—0,60 H=—0o,2
C=0,90 G=0,80
Don 5o c.c 30 c.c
A—:1,70 A=1
H=7:,10 H=0o,8
C=0,60 C=0o,2
Gantica . 100 C.C. 100 C.C
À —2,2 A=1,8
H=7:,9 H=0,8
C=0,3 Cr
15 gr.de COSNaH pour 500 gr. H20
Malades atteints d’ulcus gastrique ayant reçu le matin à jeun un goutte à
goutte rectal contenant 7 gr. 5o de bicarbonate de soude pour 500 gr. d’eau. :
‘Ainsi, chez les sujets normaux et surtout les hyperchlorhydri-
ques, cette médication diminue l'acidité totale (A) et surtout
l'acide chlorhydrique (H). Elle ne provoque pas d’hypersécrétion
comme le fait le bicarbonate par voie gastrique.
SÉANCE DU 19 JUILLET 519
Quand on fait en série chez le même sujet normal ou atteint
d'ulcus, des prélèvements avec le tube d’Einhorn, on constate
que l'acidité gastrique commence à diminuer vers la 30° minute,
puis, vers la 90° minute à atteint son minimum qu'elle conserve
jusque vers la 5° heure. A la 7° ‘heure, l’acidité est remontée à
son taux normal.
Une seule fois, nous avons observé un sujet hypersécrétant et
atteint d’ulcus chez qui les modifications du chimisme ont été
insignifiantes.
L'examen des chiffres des divers sujets montre que chaque
individu à un coefficient particulier d’alcalinisation et que les
doses utiles pour diminuer l'acidité gastrique sont variables. Il
est intéressant à cet égard de les comparer avec ce que l’on ob-
serve chez les diabétiques atteints d’acidose.
DosAGE DU BLEU DE MÉTHYLÈNE EN CIRCULATION DANS LE SANG,
par E. Scaurzmanx et L. JusrTin-BEsANcoN.
Dans une note précédente, nous avons montré, à l’aide d’une
technique colorimétrique, le parti qu'on peut tirer de l’élimina-
tion urinaire du bleu de méthylène, pour apprécier les oxyda-
tions et les réductions organiques et leurs variations au cours de
différents régimes alimentaires (x).
Nous avons été amenés, à la suite de ces recherches, à étudier
la présence du bleu de méthylène dans le sang et à mesurer ses
variations.
Technique. Nous donnons à nos sujets, pendant 48 heures,
0,25 gr. de bleu par jour sous forme de pilules. Le troisième
jour, nous faisons une injection d’une solution à 5 p. 100 à
raison de 5 mgr. par ker.
Le sang est recueilli dans un verre en quantité de 60 à 100 c.c.
on le laisse coaguler, on recueille 20 c.c. de sérum auquel il est
ajouté 8 c.c. d'acide trichloracétique à 4o p. 100 ; on agite, puis
on laisse reposer. le précipité 3 minutes et on filtre. On mesure
14 c.c. du filtrat, qui est incolore, on le porte pendant 50 secon-
des à l’ébullition dans une coupelle. La coloration bleue apparaît.
Puis on laisse évaporer jusqu’à arriver à un volume moitié moin-
dre, soït 7 c.c. On compare au colorimètre avec une solution
aqueuse ‘titrée de bleu qu’on aura obtenue par dilutions succes-
sives, jusqu'à ce qu'on dispose d’un étalon dont la teinte soit
(x) E. Schulmann et L. Justin-Besancon. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV
DA 772, TOI.
520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
très voisine de celle de la solution à doser ; on fait les calculs par
les formules habituelles.
On sait que le bleu de méthylène, après injection ou ingestion,
passe dans le sang à l’état de chromogène. Le sérum et le plasma
ne sont, en effet, jamais teintés. Pour révéler le bleu, il faut
l'oxyder à l’ébullition, ce qui coagule les protéines. Or, celles-ci
adsorbent le bleu et le filtrat est incolore. Une adsorption sem-
blable se produit dans les précipités obtenus à l’aide des défé-
quants usuels, ce qui constitue un des principaux obstacles de la
technique.
Courge, 3
Ingutim difetme
D MN rm
‘ ? ET
A
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92
,
faut $ ÿAs ui
Tryo en mimukg O IS 30 49 6 zx Jo %$ 124 GS (SD 14 Bo 195 2o 125 Ho 255 2e
Nous avons constaté
Qu'’après injection, le bleu apparaît presque tout de suite
dans le sang, son taux s’accroit rapidement et disparaît de même
(courbe 1). Après ingestion, au contraire, le colorant apparaît et
1 Do beaucoup moins vite (courbe s).
QUE après ingestion prolongée du bleu, il y a rétention dans
le . et si, à ce moment, on fait une injection, on provoque
une élévation remarquable du taux du colorant (qui passe ainsi,
par exemple, de 10 à go dix-millièmes de mgr. par litre)
(courbe 3).
Des recherches ultérieures montreront le parti qu'on peut tirer
de ce dosage pour l’étude du métabolisme du bleu de méthylène
dans l'organisme.
(Laboratoire de pathologie expérimentale el comparée (P° Roger)
et service du D' Sainton, à l'Hépital Tenon).
LS CR _
(25)
521
RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX
SEANCE DU 4 JUILLET
Bonneron : La tension oculaire
après ponction de la chambre an-
térieure, suite à la note de Magi-
OS 0e e OMR ANS
CaRLEs (J.), Branc (H.) et
Leurer (Fr.): Note complémen-
taire sur l’élimination des médi-
caments par la muqueuse intes-
Halle, LAN Ness
CarLes (J:), BLanc (H.) et
Leurer (Fr.) : Note sur le rôle
de suppléance de la muqueuse
intestinale dans l’élimination des
médicaments... ce...
[922
SOMMAIRE
37
25
‘28
CarRLEs (J.), Leurer (Fr.) et
Bzanc (H.) : Note complémentaire
sur le sort des médicaments injec-
tés dans l’organisme...... SE
Pacnon (V.), et FaBre (R.) : De
la constance du cardiogramme
négatif en décubitus latéral gau-
che comme élément de diagnostic
dans la symphyse du péricarde.
Pacaon (V.) et Perireau (C.) :
Sur le déterminisme des ondula-
tions secondaires des myogram-
mesdersontlements MP
Présidence de M. Pachon.
NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR L'ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS
PAR LA MUQUEUSE INTESTINALE,
par J. Carres, H. Branc et Fr. LEURET.
27
* Continuant la série de nos expériences au sujet de l’élimina-
tion intestinale des médicaments et observant toujours la même
méthode expérimentale’ (1), nous avons obtenu les résultats sui-
vanis :
1° Chien,
laire)
15 kgr. Médicament injeêté (injection intra-muscu-
: salicylate de soude, 3 gr. Sacrifice de l’animal 6 heures
après. Destruction des viscères par macération à froid suivant
une technique spéciale (2). On retrouve
intestin, o.
D IC R de la Soc.\de biol.;x7 juin 1922.
(2) H. Blanc. Recherches expérimentales sur l’élimination intestinale des médi-
caments. Thèse Bordeaux, 1922.
BroLoc1Ee. ComMpTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII.
: intestin grêle, o ; gros
36
522 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (26)
2° Chien, 12 kgr. Médicament injecté : salicylate de soude,
>,5o gr. Sacrifice de l'animal 6 heures après, on retrouve : intes-
tin grêle. o ; gros intestin, o.
3° Chien, 15 kgr. Médicament injecté : électrargol, 10 e.c. Sa-
crifice de l'animal 24 heures après. Destruction des viscères par
le procédé Geneuil (1). On retrouve : intestin grêle, o ; gros in-
testin, o:.
4° Chien, 10 kgr. Médicament injecté : protargol, 0,50 gr. Sa-
crificé de l'animal 3 heures après. Destruction des viscères par
le procédé Geneuil. On retranve : intestin grêle, o : gros intes-
ti Où
5° Chien, 0 ker. Médicament injecté : sous-nitrate de bismuth
h gr. Sacrifice de l'animal 56 heures après. Destruction des. vis-
cères par le procédé Geneuil. On retrouve : intestin grêle et con-
tenu de l'intestin grêle, o ; gros intestin et contenu du gros in-
testin, o.
6° Chien, 15 kgr. Médicament injecté : acétate neutre de
plomb, r gr. Sacrifice de l'animal 56 heures après. Destruction
des viscères par le procédé Geneuil. On retrouve : intestin grêle,
iraces ; contenu de l'intestin grêle, traces ; gros intestin, traces ;
contenu gros Intestin, traces.
7° Chien, 12 kgr. Médicament injecté : cacodylate de soude,
2 gr. Sacrifice de l’animal 4o heures après. Destruction des vis-
cères par le procédé Denigès (2). On retrouve : intestin grêle,
0,15 gr. (en cacodylate); contenu de l'intestin grêle, o,18 gr.;
gros Intestin, 0,15 gr. contenu gros intestin, 0,039 gr.
8° Chien, 15 kgr. Médicament injecté : bi-iodure de mercure,
0,90 gr. Sacrifice de l’animal 48 heures après. Destruction des
viscères par le procédé Denigès. On retrouve : intestin grêle, o ;
contenu de l'intestin grêle, o ; gros intestin, traces ; contenu du
gros intestin, traces. Dans des expériences antérieures, nous
avions déjà constaté l’élimination intestinale de l’iodure de po-
tassium, du bromure de potassium, du citrate de fer, du bleu de
méthylène, de l’atropine, de l’ésérine.
Dans les expériences ci-dessus relatées, nous constatons l'éli-
mination de l’acétate de plomb, du cacodylate de soude (très im-
portante) et du bi-iodure dé mercure. Pour ce dernier médicament
qui est volatil à la température ordinaire, il se produit une perte
énorme lors des opérations de destructions, aussi ne peut-on
tenir compte du résultat négatif de l'élimination par l'intestin
grêle. Par contre, nous n'avons pu constater l'élimination intes-
tinale des sels d'argent, du bismuth et du salicylate de soude.
(x) Geneuil. Thèse Pharmacie, Bordeaux, 1904.
(:) Denieès. Précis de chimie analytique. Paris, Maloine, 1921.
CT
(27) SÉANGE DU 4 JUILLET D23
De l’ensemble de nos travaux concernant l'élimination intes-
tinale des médicament, nous pouvons conclure que
1° L'intestin grêle et le gros intestin remplissent un rôle d’éli-
mination non douteux, neuf médicaments sur treize ayant été
retrouvés dans ces organes ; 2° l'intestin grêle et le gros intestin
n'éliminent pas avec la même intensité tous les médicaments et
n'éliminent pas tous les médicaments : cette sélection traduit
une participation active de la muqueuse intestinale et montre
que ce n’est pas là un phénomène passif ; 3° l'élimination de
l'intestin grêle et l'élimination du gros intestin sont nettement
séparées, chacun éliminant pour son propre compte ; 4° d’une
facon générale, le gros intestin, à poids égal, semble éliminer
davantage que l'intestin grêle, sauf peut-être pour le fer.
(Laboratoire de (hérapeutique de la Faculté de médecine
de Bordeaux).
\/
NOTE COMPLÉMENTAIRE SUR LE SORT DES MÉDICAMENTS INJECTÉS
DANS L'ORGANISME,
par J. CarLes, FR. LEURET et H. Branc.
Continuant notre étude sur l'élimination des médicaments in-
jectés dans l'organisme et leur persistance au point d’injec-
tion (1), nous avons obtenu les résultats suivants
| 1° Chien, 15 kgr. Médicament injecté : salicylate de soude,
3 gr. Sacrifice de l'animal 6 heures après. On retrouve : reins, o;
pancréas, o; glandes salivaires, o ; point d'injection, + +;
Wine NE +: bile, +.
2° Chien, 12 kgr. Médicament injecté : salicylate de soude,
2,50 gr. Sacrifice de l'animal 6 heures après. On retrouve :
reins, o ; pancréas, o ; glandes salivaires, o ; point d'injection, 0;
uanme +++; bile,. +:
3° Chien, 15 kgr. Médicament injecté : électrargol, 10 c.c.
Sacrifice de l’animal 24 heures après. Recherche négative dans
reins, foie, pancréas, glandes salivaires, urine, bile et au point
d'injection.
4° Chien, 10 kgr. Médicament injecté : protargol, 0,50 gr. Sa-
crifice de l’animal 7 heures après. Recherche négative dans les
mêmes organes.
5° Chien, 20 kgr. Médicament injecté : sous-nitrate de bis-
muth, 4 gr. Sacrifice de l’animal 56 heures après. La totalité du
médicament est retrouvée au point d'injection, les viscères n’en
contiennent pas traces.
(1) C. R. de la Soc. de bial., 17 juin 1922.
524 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (28)
6° Chien, 15 kgr. Médicament injecté : acétate neutre de
plomb, r gr. Sacrifice de l'animal 56 heures après. On retrouve :
reins, traces ; foie, traces sensibles ; pancréas, traces ; glandes
salivaires, traces impondérables ; bile, traces sensibles ; point
d'injection, 0,95 gr.
7° Chien, 12 kgr. Médicament injecté : cacodylate de soude,
> er. Sacrifice de l'animal 4o heures après. On retrouve : reins,
0,45 gr. (en cacodylate); pancréas, 0,19 gr.; point d'injection,
CL) re.
De ces expériences, il semble résulter que, si certains médi-
caments injectés par voie intra-musculaire sont assimilés avec
rapidité, comme le salicylate de soude, les sels d'argent, il en
est d’autres dont l'absorption est presque nulle (acétate de plomb)
ou même inexistante (sels de bismuth). Quant au cacodylate de
soude, il s’assimile assez rapidement puisque 4o heures après
on retrouve seulement au point d'injection 1/6 de la dose injec-
tée. Nous croyons que le rein et le pancréas constituent pour ce
médicament une voie importante d'élimination. Avec les sels
de plomb, il semble qu'il se produise une imprégnation lente de
tout l'organisme, puisqu'on retrouve partout le médicament à
l’état de traces. Quant au salicylate de soude, il paraît s’éliminer
uniquement par la bile et l'urine. Nous n'avons pu retrouver
nulle part les sels d'argent qui subissent peut-être dans l'orga-
nisme des transformations qui nous échappent.
(Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine
de Bordeaux).
—
NOTE SUR LE RÔLE DE SUPPLÉANCE DE LA MUQUEUSE INTESTINALE
+
DANS L'ÉLIMINATION DES MÉDICAMENTS,
par J' CARTES, He BrAnc et Fr Deurer.
Claude Bernard avait déjà noté que, si, chez un Chien, on
enlevait les reins ou si on pratiquait la ligature des artères ré-
nales, l’urée s’éliminait par la muqueuse intestinale. Aussi avons-
nous été amenés à nous demander si, de même que pour l’urée,
la muqueuse intestinale ne jouait pas vis-à-vis des médicaments,
le rein ne fonctionnant plus, un rôle de suppléance pour leur éli-
mination. Nous nous sommes adressés en conséquence à un mé-
dicament qui, nous l’avions constaté, se localisait en majeure
partie dans le rein. Nous avons fait les expériences suivantes
1° Chien, 10 kgr.; ligature sous-duodénale de l'intestin grêle
et ligature iléo-cæcale ; injection intramusculaire de 1 gr. de
(29) SÉANCE DU 4 JUILLET 525
citrate de fer. Sacrifice o heures après. Destruction des viscères
par le procédé Geneuil. On retrouve : intestin grêle, 0,25 gr.;
gros intestin, 0,008 gr.
2° Chien, 20 kgr. On pratique, outre les ligatures intestinales,
la ligature des vaisseaux rénaux. Injection de 1 gr. de citrate de
fer. Sacrifice y heures après. Destruction des viscères par le
procédé Geneuil. On retrouve : intestin grêle, 0,09 gr.; contenu
intestin grêle, 0,008 gr.; gros intestin, 0,05 gr.; contenu gros
intestin, o,01 gr.
3° Chien, ro kgr: Injection de r gr. de citrate de fer. Sacri-
fice 24 heures après. Destruction des viscères par le procédé
Geneuil. On retrouve : intestin grêle, 0,05 gr.; gros intestin,
0,016 gr.
4° Chien, 15 kgr. Après néphrectomie double, injection de
1 gr. de citrate de fer. Mort de l’animal 24 heures après (troubles
urémiques avec ictère grave). Destruction des viscères par le
procédé Geneuil. On retrouve : intestin grêle, 0,12 gr.; contenu
intestin grêle, 0,008 gr.; gros intestin, 0,065 gr.; contenu gros
intestin, 0,02 gr.
Nous voyons donc que la suppression de l’émonctoire rénal a
amené une élimination plus importante du médicament du côté
de l'intestin et nous constatons que le gros intestin a suppléé,
pour une plus grande part que l'intestin grêle, à la déficience
du rein, à poids égal.
D'autre part, le gros intestin chez les Chiens ayant subi l’abla-
tion fonctionnelle ou anatomique du rein a éliminé bien davan-
tage que chez les Chiens normaux. En outre, ce qui, dans ces
expériences, nous a paru remarquable, c’est le fait que, chez le
Chien normal, le foie et la rate ne recèlent pas de fer après l’in-
jection du médicament, tandis que chez les Chiens dont on a
supprimé les fonctions rénales, ces mêmes organes en contien-
nent de grosses quantités. Ainsi on a, après 9 heures : foie,
0,2 gr.; rate, 0,045 gr.; et après 24 heures : foie, 0,55 gr.; rate,
OST. |
Cette localisation en masse du fer dans ces deux organes après
la suppression du rein est particulièrement intéressante et il doit
s’agir probablement d’un cas particulier au fer. De nos expé-
riences, il résulte que, sans vouloir étendre cette fonction de sup-
pléance de la muqueuse intestinale à tous les médicaments sans
exception, nous pouvons cependant émettre le principe que
l'émonctoire intestinal, important à l’étal normal, l’est encore
davantage lorsque le fonctionnement rénal est supprimé.
(Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine
de Bordeaux). 4)
526 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (30)
SUR LE DÉTERMINISME DES ONDULATIONS SECONDAIRES
DES MYOGRAMMES DE GONFLEMENT,
par V. Pacxon et C. PETITEAU.
Nous avons montré (1) que la présence d'ondulations secon-
daires était un caractère commun aux myogrammes de gonfle-
ment, du moins pris dans des conditions techniques permettant
d'enregistrer avec exactitude les diverses phases de l’ébranle-
ment ondulatoire musculaire. Dans le but de pénétrer le méca-
nisme intime de ces ondulations secondaires, nous avons recher-
ché les divers facteurs d'influence susceptibles de déterminer
des variations objectives. L'expérience montre d'ailleurs que ces
ondulations secondaires, comme toute manifestation physiolo-
gique, présentent des variations portant dans l'espèce sur leur
netteté, leur intensité ou leur nombre.
Tout d’abord, l'examen comparatif des courbes fournies par
différents muscles d’un même sujet montre que, à côté de la
bifidité très nette de certains myogrammes, on rencontre des
tracés où ce caractère, bien qu'existant réellement, est toujours
moins net et parfois même ne se révèle qu'à un examen attentif.
Au premier type, à bifidité nette, se rattachent les myogrammes
du quadriceps fémoral, des jumeaux, du soléaire; au second type,
à bifidité moins apparente, se rapporteront des myogrammes du
biceps huméral, du triceps, des radiaux. Toutefois, il importe
de remarquer que l’un quelconque de ces derniers muscles, et
en particulier le biceps huméral, peut, chez un individu bien
musclé, donner un myogramme à allure nettement bifide, la
netteté des accidents s’accusant d’autant plus que le muscle ex-
ploré est plus développé. Si l’on remarque maintenant qu'au
premier groupe appartiennent les muscles les plus développés
des membres, on peut conclure que les accidents myographiques
sont conditionnés tout d’abord par le volume du muscle dont ils
dérivent.
Un second facteur d'influence est constitué par le caractère
de contraction totale ou partielle du muscle. Conime on le sait,
toute excitation faradique portée en dehors des points moteurs
d'un muscle n’éveille de contraction que dans les faisceaux voi-
sins du point excité. Si on recueille dans ces conditions le gon-
lement partiel qui en résulte, on n’a jamais qu’une courbe uni-
(x) V. Pachon et C. Petiteau. Sur la généralité des ondulations secondaires des
myogrammes de gonflement. Réunion biologique de Bordeaux, 2 mai 1922, in
C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 941.
2° 2 STE TEN
(31) SÉANCE DU 4 JUIÈLET 527
que rappelant le « chapeau de gendarme » classique des graphi-
ques de raccourcissement du gastrocnémien de Grenouille. Une
Fig. 1. — C. P., 31 ans. Myo-
grammes divers du quadriceps
(excitations faradiques. Diapason
à 100 V. D.). — I. L'’excitation
est portée à la face antérieure
de la cuisse. — IT et IIL. Exci-
tations de plus en plus voisines
du point moteur. — IV. Exci-
tation au point moteur.
nouvelle remarque dès lors s'impose, à savoir : toute contraction
partielle d’un muscle, même volumineux, fournit un myo-
gramme de gonflement monofide. La figure r montre comment
528 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (32)
D D ONE | eu M ERREUR UE AO.
se développe et croît l'ondulation secondaire, au fur et à mesure
que la contraction intéresse de plus en plus une plus grande par-
tie ou la totalité de la masse musculaire.
La rapidité de contraction est un troisième élément capable
d'influencer la forme du myogramme. C’est ainsi que, par con-
Fig. 2. — GC. P., 31 ans. Myogrammes de gonflement du biceps (contraction
volontaire). — I. Contraction brusque. — Il. Contraction moins brusque. —
III. Contraction lente. (Diapason à 100 V. D.)
traction volontaire (le seul mode dont on puisse faire varier la
brusquerie d’action), si on contracte le biceps fémoral ou tout
autre muscle de plus en plus lentement, on voit sur les courbes
de gonflement s'allénuer peu à peu el jusqu'à disparaître la
bifidité ordinaire du graphique. La brusquerie de contraction
accentue, au contraire, cette bifidité. Les graphiques de la fi-
gure 2 font la démonstration de cette influence particulière.
Un quatrième facteur d'influence se trouve constitué par la
position du membre, au moment de l'exploration myographi-
que, c'est-à-dire par l’état préalable de tension passive muscu-
laire. Vient-on, par exemple, à exciter une première fois le bi-
ceps huméral dans la situation d’extension maximum du bras,
(33) SÉANCE DU 4 JUILLET 529
puis une deuxième fois le même muscle, après avoir rapproché
ses insertions par flexion passive à 120° de l’avant-bras sur le
bras, la comparaison des myogrammes recueillis montre une
modification intéressante à signaler : les sommets $ et y sont plus
rapprochés dans le premier cas que dans le second (différence
de production dans le temps égale à r ou 2/100 de seconde). C'est
ce que montre la figure 3.
Fig. 5: — P. D., 23 ans. Myogrammes de gonflement du biceps (excitations
faradiques). — I. Bras en extension. — Il. Avant-bras en flexion passive à
120° sur le bras.
En résumé, les ondulations secondaires des myogrammes de
gonflement sont, aux divers points de vue de leur netteté, de
leur intensité ou de leur nombre (d'où résultent des myogram-
mes bifides ou monofides), essentiellement commandées par les
facteurs suivants : volume du muscle exploré, contraction totale
ou partielle du muscle, degré de brusquerie de la contraction,
état de tension préalable et passive des fibres musculaires.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine
de Bordeaux).
530 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (34)
DE LA CONSTANCE DU CARDIOGRAMME NÉGATIF
EN DÉOUBITUS LATÉRAL GAUCHE COMME ÉLÉMENT DE DIAGNOSTIC
DANS LA SYMPHYSE DU PÉRICARDE,
par V. Pacuon et KR. FABRE.
Le cardiogramme positif est, on le sait, le tracé normal de la
pulsation cardiaque, c’est-à-dire celui dans lequel toute augmen-
tation de pression intra-cardiaque ou de consistance du myocarde
se traduit, sur le cylindre enregistreur, par une ligne ascendante
indiquant un soulèvement de la membrane élastique du tambour
inscripteur.
On appelle cardiogramme négatif ou inverli le tracé exacte-
ment inverse du précédent. C’est celui dans lequel les phases
systoliques cardiaques, au lieu de se traduire par une ligne as-
cendante, se traduisent par une courbe descendante. En un mot,
tout se passe comme si, au moment de la systole, la pointe au lieu
de repousser en avant le bouton explorateur du cardiographe,
quittait la paroi thoracique et d'autant plus que sa contraction est
plus énergique.
Comment reconnaït-on un cardiogramme négatif ? Par sa
comparaison avec un tracé de pouls — radial par exemple —
dont on connaît les correspondances chronologiques. On sait,
en effet, que le début de la pulsation radiale correspond à la phase
systolique du cardiogramme. Si donc le pied de la pulsation cor-
respond à une phase systolique ascendante du cardiogramme,
on sera en présence d’un cardiogramme positif. Si, au contraire,
le pied de la pulsation correspond à une phase systolique descen-
dante du tracé cardiaque, on sera en présence d’un cardio-
gramme négatif.
Il est bien entendu que toute exploration cardiographique doit
être faite systématiquement dans le décubitus latéral gauche,
comme l’a montré l’un de nous (1), et que c’est seulement à cette
condition que l’on obtiendra des tracés spécifiques, c’est-à-dire
des tracés étalons absolument comparables aux tracés de pression
intra-ventriculaire de Chauveau-Marey. Il est possible, en effet,
d'obtenir un cardiogramme négatif en dehors de tout état patho-
logique même sur l'Homme normal, dans les deux conditions
suivantes : 1° quand on n’explore pas la pulsation cardiaque
(1) V. Pachon. Contribution à la technique cardiographique chez l'Homme.
C. R. de la Soc. de biol., 1902, t. LIV, p. 884-886. — De l’exploration cardio-
graphique chez l'Homme pratiquée systématiquement dans le décubitus latéral
gauche. Arch. de sc. biol. de St-Pétersbourg, décembre 1904, t. XI., suppl. fasc.
en l’honncur du jubilé de Pavloff, pp. 211-22r.
WHÉ) SÉANCE DU 4 JUILLET 531
——_———_— —"— —"— — ————
dans le décubitus latéral gauche systématique, mais, au con-
traire, dans une position quelconque (assis, debout, décubitus
dorsal); 2° quand on explore, non la pointe, mais les régions
circumvoisines. C’est pourquoi il est indispensable de pratiquer
systématiquement l'exploration cardiographique dans le décu-
bitus latéral gauche et de bien s'assurer que la pointe bat dans
un espace interscostal, de façon à pouvoir y appliquer exacte-
ment le bouton du cardiographe.
Certains auteurs avaient pensé que la rétraction systolique de
la pointe, c'est-à-dire le cardiogramme négatif, était la traduction
objective d'adhérences péricardiques. Cette opinion fut aban-
donnée sous l'influence des travaux de Mackenzie (1) qui croyait
avoir démontré que le cardiogramme « inverti » n'était autre
que la traduction d’un phénomène pathologique différent : la
dilatation du cœur droit. En fait, si Mackenzie a obtenu dans les
cas de dilatation du cœur droit des tracés négatifs, c'est que ses
cardiogrammes n'étaient pas systématiquement pris dans le dé-
cubitus latéral gauche, mais bien dans une position quelconque
du sujet, comme l’a montré Moulinier (2). Laubry et Pezzi (3),
publient de leur côté des tracés positifs de cœur auxquels ils su-
perposent les rétractions systoliques des régions voisines. Nos
documents personnels nous permettent les mêmes remarques.
On peut donc conclure que s’il est parfois possible, dans la dila-
tation du cœur droit (comme d’ailleurs quelquefois sur l’individu
normal), d'obtenir des tracés cardiographiques négatifs, ces tra-
cés correspondent à des points de la paroi plus ou moins éloi-
gnés de la pointe. Le choc de la pointe donne toujours un tracé
positif, du moins en décubitus latéral gauche.
Dans la symphyse du péricarde, au contraire, nous avons cons-
taté des résultats complètement différents. On se trouve alors en
présence de tracés constamment négatifs (que ce soit à la pointe
ou dans les zones avoisinantes), et c’est, croyons-nous, l’impos-
sibilité d'obtenir dans le décubilus latéral gauche un cardio-
grämme positif, qui constitue un signe fondamental dans le dia-
gnostic de la symphyse du péricarde.
On en a un exemple remarquablement net dans les > obser-
vations suivantes
Observation 1. Maria D..., 35 ans. Insuffisance mitrale. Sym-
physe du péricarde. Signes cliniques nets (frottements péricar-
diques, fixité de la pointe). Examen graphique (fig. |, tracés su-
(1) Mackenzie. Diseases of the heart. Trad. fr. Françon, Paris, Alcan, 1910.
(>) R. Moulinier. Le tracé cardiographique obtenu à la pointe du cœur est-il
un cardiogramme négatif dans les cas de dilatation ou d’hypertrophie du cœtûr
droit ? Gaz. hébd. des sc. méd. de Bordeaux, 17 juillet 1910.
(8) Laubry et Pezzi. Traité des maladies congénitales du cœur, rg2f.
532 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (36)
périeurs) : cardiogramme de décubitus latéral gauche consitam-
ment négatif.
Figure I.
Observation 11. L. B.., 5o ans. Maladie mitrale. Symphyse du
péricarde. (Malade du service clinique du P° Cassaët, Hôpital
Saint-André, Bordeaux). Signes cliniques particulièrement nets
pour la lésion valvulaire. Signes moins nets pour la symphyse.
Entré dans le service le 11 novembre 1921, mort le 26 mai 1922.
Compte rendu de l’autopsie (D° Bousquet, 27 mai 1922) : « Il
existe une symphyse péricardique serrée siégeant uniquement
FL
(37) SÉANCE DU À JUILLET 533
sur la face antérieure, sur toute l'étendue du ventricule et de
l'oreillette droits dilatés. Le ventricule gauche, l'oreillette gau-
che, la face postérieure et les bords du cœur sont indemnes de
toute adhérence péricardique. Il existe de la symphyse pleurale
gauche et de la médiastinite antérieure. Le cœur a été difficile
à séparer du sternum... »
Examen physiologique graphique (fig. 1, tracés inférieurs) :
cardiogramme en décubitus latéral gauche constamment négatif.
En résumé, l'impossibilité d’oblenir dans le décubilus latéral
gauche un cardiogramme posilif, c'est-à-dire la constance du car-
diogramme négatif en décubitus latéral gauche est un signe fon-
damental de symphyse du péricarde.
Cela ne veut pas dire toutefcis que loute symphyse se traduira
graphiquement par un tracé négatif. C'est là, pensons-nous, une
question de topographie et de rigidité des brides. En revanche, la
constance d'un cardiogramme négatif en décubitus latéral gau-
che ne peut, à notre avis, s'expliquer autrement que par la pré-
sence de brides qui, en immobilisant un point quelconque de la
paroi cardiaque au moment de la systole, obligent la région de
la pointe à se soulever et ainsi à s'éloigner du thorax.
(Laboratoire de physiologie de la Facullé de médecine
de Bordeaux).
IA TENSION OCULAIRE APRÈS PONCTION DE LA CHAMBRE ANTÉRIEURE.
SUITE À LA NOTE DE MAGITOT.
par BOoNNEroN.
Les faits expérimentaux, présentés par M. Magitot à la séance
du 29 avril 1922 de la Sociélé de biologie, mettent en relief une
réaction hypertonique de l'œil après évacuation de l'humeur
aqueuse par ponction. J'avais publié 6 mois auparavant dans la
Gazette hebdomadaire des sciences médicales de Bordeaux, sous
le titre « Réactions ophtalmotoniques des yeux ponctionnés et
fistulisés », une série d'expériences parmi lesquelles figurent in-
tégralement les constatations de M. Magitot. Il ne me vient pas
à l'esprit de mettre en doute la probité scientifique de cet auteur,
dont la documentation seule est prise en défaut. J’eusse même
renoncé à toute revendication de priorité sur ce point, si je
n'avais trouvé, dans la même note, un motif de grief plus sé-
rieux. M. Magitot écrit : « Après ponction de la chambre anté-
ricure, massage ou pesée suffisante, la tension oculaire tombe -à
ZÉTO ».
534 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (38)
Cet auteur ignorait qu'il fut possible d’amener à zéro la tension
oculaire par simple massage ou pesée et c’est la lecture de mes
travaux récents qui l’a renseigné sur la possibilité de réaliser ex-
périmentalement l’ophtalmomalacie. Voici, à cet égard, 2 textes
dont la comparaison est instructive
1° « Les tensions les plus basses caractérisant l’ophtalmomala-
cie chez l'Homme ne sont pas réalisables sur l'animal (quant à
présent) sans enlever une certaine quantité d'humeur aqueuse
et faussant, par ce fait même, l’expérience ». (Magitot et Baïl-
lart. Modifications de la tension oculaire sous l'influence de pres-
sions exercées sur le globe (recherches expérimentales). Annales
d’oculistique, novembre 1919, p. 658).
° « Des travaux antérieurs avaient mis en relief l’action hypo-
tonisante obtenue par une pression de quelques secondes sur
l'œil, mais ni Polak van Gelder dans le domaine clinique, ni Ma-
gitot et Baillart dans le domaine expérimental, n'ont pres-
senti toute l'ampleur du phénomène physiologique dont ils en-
trevirent le seuil. L'action mécanique d’une pression exercée sur
le globe oculaire est fonction, non seulement de la valeur dyna-
mométrique de cette pression, mais encore et surtout de sa du-
rée. Le simple dvnamomètre de Baïllart est capable de vider un
œil de son contenu liquide aussi complètement que le ferait une
ponction... Tel est le fait physiologique nouveau... (Bonnefon.
De l’ophtalmomalacie expérimentale, etc. Annales d’oculistique,
octobre 1921, pp. 762-763).
Je regrette que M. Magitot ait communiqué, à la Société de
biologie, une notion expérimentale nouvelle, sans citer l’auteur.
J'ai été surpris par la lecture des « explications » qui servent de
conclusion à cette note. Les faits, que j'avais observés, m'avaient
paru assez clairs et j'en ai dégagé des conclusions précises. En
revanche, la nouvelle interprétation qu'en donne M. Magitot
constitue pour moi une énigme.
2
ES vus, LATS
(15) is)
REUNION BIOLOGIQUE DE LYON
SÉANCE DU 3 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Favre (M.): De l’homogénéi- Marcnon (F.): Réponse aux ob-
sation des crachats tuberculeux servations de M. A. Policard.,.. 27
par auto-digestion et de son appli- Marcnon (F.) et Juxc (L.): Sur
cation à la clinique. À propos des l'apparition de surcharge grais-
notes de MM. F. Bezançon, G. Ma- seuse hépatique chez les Rats
thieu et A. Philibert........... 25 | blancs soumis à une alimentation
GazLAvARDIN (L.)et Dumas (A.): exclusive de caséine ou de fibrine. 25
Pouls bigéminé continu par Massra (G.) et Gricoraxis (L.) :
extra-systolie auriculaire néga- Sur le rôle pathogène du Spiro-
CT oi 0 BONNE Ent 18 | chæte dentium....... DS en OT EL
GazLAvARDIN (L.) et Dumas (A): Mouriquanr, Micnez et BErR- :
Troubles de conduction des bran- TOYE : Effets de l’évolution d’une
ches hisiennes dans l’extra-systo- infection par le Bacille de Koch
lie auriculaire négative......... °0 | sur la marche du scorbut expéri-
GATÉ (J.) et Papacosras (G.) : mental du Cobaye....,..... DRASS 1
La formol-célification des sérums - Pozicamn : À propos de la com-
dans diverses maladies,........ 23 | munication de K. Maignon...…. 27
Présidence de M. A. Morel.
DE L'HOMOGÉNÉISATION DES CRACHATS TUBERCULEUX
PAR AUTO-DIGESTION ET DE SON APPLICATION À LA CLINIQUE.
(A propos des notes de F. Bezançon, G. Mathieu, À. Philibert),
par M. Favre.
Dans une note parue à la Société de biologie de Lyon, et que
j'ai publiée avec Devuns (1), j'ai signalé les faits suivants : les
crachats tuberculeux abandonnés à eux-mêmes subissent une
_ solubilisation complète et se séparent en deux couches : l’une
supérieure, liquide, séreuse ; l’autre inférieure, verdâtre, conte-
nant les globules du pus et renfermant les Bacilles tuberculeux
du crachat. Cette couche de sédiment s'étale avec une extrême
facilité. La solubilisation du crachat, ainsi que l'indique le titre
de notre note, est due à un processus dans lequel, ainsi que je
(x) M. Favre et J. Devuns. Sur l’homogénéisation des crachats tuberculeux
par aulo-digestion spontanée. C. R. de la Soc. de biol., 7 novembre 1921, p. 858.
536 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (16)
l'enseigne depuis longtemps, interviennent les ferments leuco-
cytaires. C’est grâce à eux et aux fermentations d'origine micro-
bienne que le réticulum du erachat est digéré et les Bacilles mis
en liberté. Cette-digestion, très rapide en été, plus longue quand
le crachat est laissé à la température ordinaire du laboratoire,
peut être abrégée à 37°; nous avons expressément signalé ce fait
dans notre note. Nous parlons également d’un enrichissement
très appréciable en Bacilles ; nous ne nous sommes pas encore
prononcé sur leur multiplication possible. Il nous a paru que
l'enrichissement était surtout proportionnel à la réduction volu-
métrique du crachat et à sa complète sédimentation.
Les faits que nous avions observés nous avaient paru intéres-
sants, non seulement au point de vue biologique, mais au point
de vue clinique, la fluidification spontanée par auto-digestion
pouvant très utilement prendre place parmi les méthodes d’exa-
men du crachat tuberculeux.
Dans une série de notes publiées à la Société de biologie, F. Be-
zançon, G. Mathieu et A. Philibert (r) rapportent, sans citer notre
publication, les faits que nous avons observés. Nous ne pouvons
que nous applaudir de cette confirmation. Nous trouvons, en
effet, à la lecture des notes de ces auteurs tous les faits relatés
dans la nôtre: la solubilisation des crachats ; leur séparation en
deux couches, l’une supérieure, liquide, dépourvue de Bacilles,
l’autre inférieure verdâtre ; la facilité d’étalement du culot de
sédimentation ; la richesse de ce culot en Bacilles de Koch ; l’en-
richissement au fur et à mesure que la sédimentation devient
de plus en plus complète ; l'interprétation de la fluidification du
crachat par le mécanisme de la digestion spontanée; l’application
de cette homogénéisation avec sédimentation à la recherche cli-
nique du Bacille tuberculeux dans les crachats.
MM. Bezançon, Mathieu et Philibert mettent systématiquement
les crachats à l’étuve ; nous l’avions fait avant eux.
Le grand intérêt des notes de MM. Bezançon, Mathieu et Phili-
bert est qu’ils montrent dans la recherche si fréquente et si im-
portante en clinique du Bacille de Koch dans les expectorations,
la valeur de la méthode que nous avons préconisée (2).
(x) F. Bezançon, G. Mathieu et À. Philibert. Augmentation apparente du nom-
bre des Bacilles tuberculeux dans les crachats en voie de putréfaction. C. R. de
la Soc. de biol., 25 mars 1922, p. 680. — Application au diagnostic de la tuber-
culose pulmonaire de l’enrichissement apparent en Bacilles tuberculeux, des :
crachats mis à l’étuve. C. R. de la Soc. de biol., 25 mars 1922, p. 681. — Auto-
lyse des crachats tuberculeux à la température de 50°. C. R. de la Soc. de biol.,
10 juin 1922, p. 62.
(2) S. I. de Jong et P. Hillemand. L’enrichissement apparent des crachats tu-
berculeux par séjour à l’étuve (procédé de Bezançon, Mathieu et Philibert).
Bull. et mém. de la Soc. médicale des hôpitaux de Paris, 26 mai 1922, p. 822.
Us ENVIES
LA
(47) SÉANCE DU 3 JUILLET 537
C’est à sa seule brièveté (louable, d’ailleurs, croyons-nous,
quand il s'agit d'une note scientifique) que notre communica-
tion doit probablement d'avoir passée inaperçue. Le lecteur, qui
voudra bien sy reporter, comprendra sans peine que nous la
rappelions expressément à l'attention après les intéressants :tra-
vaux qui en ont confirmé la teneur.
EFFETS DE L'ÉVOLUTION D'UNE INFECTION PAR LE BACILLE DE NoCH
SUR LA MARCHE DU SCORBUT EXPÉRIMENTAL DU COBAYE,
par MouriQuanr, MicHEL et BERTOYE.
Les expériences que nous allons rapporter ont eu un double
but : 1° rechercher si l’évolution de la tuberculose accélérait la
42)
marche du scorbut expérimental ; 2° rechercher si cette même
infection pouvait faire apparaître le scorbut chez un animal sou-
mis à un régime qui, dans des expériences précédentes, s'était
montré non scorbutigène.
38 Cobayes ont été mis en expérience, divisés en deux groupes.
Le premier recevait une nourriture non scorbutigène ; 2 ont été
nourris au régime Orge+herbe d'Orge ; 12 recevaient Orge +
Foin + 10 c.c. de jus de Citron frais ; 7 étaient soumis au régime
varié du chenil. Chez aucun des amimaux de ce groupe, nous
n'avons constaté de lésions du type scorbutique, alors que le Ba-
cille peu virulent que nous avons employé nous a donné des
morts jusqu'au 145° jour.
Le deuxième groupe, recevant une nourriture scorbutigène,
comprend 17 animaux. 2 ont été nourris au régime Orge +Foin,
et sont morts au 30° et au 34° jour avec lésions scorbutiques
moyennes ; 1 a été nourri d'Orge + herbe desséchée et est mort
au 88° jour, sans présenter de lésions osseuses de scorbut ; 14
ont reçu de l'Orge moulu, du Foin et ro c:c. de jus de Cüitron
stérilisé ; 2 sont morts le 35° et le 4o° jour sans lésions scorbuti-
ques, 2 le 41° jour avec des lésions scorbutiques minimes, 1 au
57° jour sans lésions scorbutiques, 3 au 60° jour, 3 au 81°, 1 au
109°, 1 au 122°, 1 au 141° jour avec des lésions scorbutiques d’in-
tensité moyenne.
Afin de permettre les comparaisons, nous donnons ici les dates
d'apparition du scorbut chez les Cobayes non inoculés. Les dou-
leurs osseuses qui témoignent des premières atteintes du scorbut
expérimental surviennent en moyenne le 30° jour chez les Go-
bayes nourris à Orge + Foin, le 50° jour à Orge + herbe desséchée,
et le 80° jour à Orge + Foin + ro c.c. de jus de Citron stérilisé.
BioLoGte. CoMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 37
538 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (18)
En aucun cas, on le voit, la tuberculose n’a fait apparaître de
scorbut chez le Cobaye nourri au régime approprié, ni accéléré
l'évolution de celui-ci chez ceux soumis à des régimes carencés
divers. S'il fallait livrer toute notre pensée, nous estimerions
plutôt que les lésions ont été un peu moins intenses chez nos
animaux inoculés que chez les animaux témoins évoluant, en
mème temps.
Il semble donc que tuber culose el scorbut évoluent parallèle-
ment sans s’influencer d’une façon évidente. Ce résultat n’est
valable que pour le scorbut expérimental du Cobaye, et il n'entre
pas dans nos intentions de l'appliquer pour le moment aux rela-
tions qui peuvent exister entre la tuberculose humaine et l’ali-
mentation.
(Laboratoire de pathologie et thérapeutique générales
de la Faculté de médecine).
POULS BIGÉMINÉ CONTINU
PAR EXTRA-SYSTOLIE AURICULAIRE NÉGATIVE,
par L. GALLARVARDIN et À. Dumas.
L'extra-systolie auriculaire est moins fréquente et moins bier
étudiée que l’extra-systolie ventriculaire. L'exemple que nous
rapportons ici est remarquable par la continuité du trouble ryth-
mique, le caractère constamment négatif du complexe auricu-
laire électrique, ainsi que par la possibilité de l’interpolation des
extra-systoles.
Il s'agissait d'un homme de 5o ans que nous pümes examiner
presque quotidiennement pendant un an et chez lequel nous
trouvâmes constamment un pouls bigéminé. Jamais le pouls ne
fut trouvé régulier ; parfois, cependant, on notait la succession
de deux pulsations faibles qui correspondaient aux groupes sou-
lignés dans les tracés IL et IIL-et révélaient de l’interpolation des
extra-systoles. Sur tous les tracés électriques, recueillis en très
grand nombre pendant le cours d’une année, le bigéminisme se
montrait dû à un rythme couplé auriculaire avec secousse extra-
systolique P° négative (tracé D (x).
Le malade était un brightique latent avec une tension systo-
lique de 210 mm. Hg pour les pulsations fortes et de 155 pour les
pulsations faibles. Aucune lésion valvulaire. Pas de svphilis ;
(x) Le pouls bigéminé par extra-systolie auriculaire positive est plus commun.
L'un de nous en a publié des exemples in Archives des maladies du cœur, 1914.
p. 161, et Thèse de Gravier, Lyon 1914, p. 168.
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JUILLET
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ÉANCE DU
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240 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (20)
Wassermann négatif. fl était entré à l'hôpital pour des crises
nerveuses épileptiformes survenues depuis quelques mois. Mal-
gré la coexistence de troubles de la conductibilité d’une branche
hisienne, il ne s'agissait pas d’un syndrome de Stokes-Adams, car
les crises convulsives duraient 4 à 5 minutes et étaient suivies
d’une période comateuse avec stertor.
TROUBLES DE CONDUCTION DES BRANCHES HISIENNES
DANS L’EXTRA-SYSTOLIE AURICULAIRE NÉGATIVE,
par L. GazLAvarpin et À. Dumas.
Chez le malade qui fait l'objet de la note précédente, il nous
fut possible de noter sur plusieurs tracés de bigéminisme auri-
culaire, une altération du complexe ventriculaire électrique fai-
sant immédiatement suite à l’onde auriculaire P° négative. Mal-
gré l'apparence, il ne s'agissait pas là d’extra-systoles ventricu-
laires faisant suite à l’extra-systole auriculaire, mais d'un trouble
de conduction d’une des branches hisiennes, comme Th. Lewis
voulut bien obligeamment nous le confirmer sur le vu de nos
tracés. Le plus souvent, le complexe ventriculaire affectait fran-
chement la forme du type branche gauche (tracé IV), ce qui
laisse à penser que la branche droite ne conduisait pas l’excita-
tion ; parfois on notait des altérations moins typiques qui sem-
blaient correspondre à un trouble de la conduction dans les deux
branches (tracé V). Enfin, la compression du pneumogastrique
arrivait, chez ce malade, à supprimer toute conduction et à don-
ner des extra-systoles auriculaires bloquées (P’ souligné du
tracé VI).
Ce trouble de conduction hotel les branches du faisceau
de His a été plusieurs fois noté au cours de l’extra-systolie auri-
culaire (1), car la masse ventriculaire se contractant, une fois
sur deux, d'une façon beaucoup plus précoce, les fibres de con-
duction antérieurement lésées trahissent leur déficience fonc-
tionnelle après l'incitation prématurée qui suit l’extra-systole au-
riculaire.
(1) On trouvera des exemples de troubles de conduction des branches hisiennes
dans l’extra-systolie auriculaire in : Lewis. Mechanism of the Heart beat, chapi-
tre Aberration, et Paroxysmal tachycardia the result of ectopic impulse, Heart,
I, 261. Hewlet. The blocking of auricular extra-systoles. Journal of Amer. med.
Association, t. 48, n° r9, p. 1597. Clerc et Pezzi. Rythme septal, Archives des
maladies du cœur, mars 1921. Rosenthal. Report of a case blocked auricular
extra-systoles and aberrant ventricular electric complexes. The American Journal
of the med. sciences, 1911, t. 11, p. 788.
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(23) SÉANCE DU 3 JUILLET 543
Il est à noter que, dans notre cas, ce trouble de conduction des
branches hisiennes coïncidait avec une extra-systolie auriculaire
négative ; on peut dès lors concevoir que la même lésion qui pro-
voquait un stimulus anormal à la partie inférieure de la masse
auriculaire affectait parallèlement le système de conduction.
/
/
V La FORMOL-GÉLIFICATION DES SÉRUMS DANS DIVERSES MALADIES,
par J. GATÉ et G. PApacosTAs.
Dans notre première communication sur la formol-gélification,
nous disions qu'elle concordait avec la réaction de Wassermann
85 fois sur 100. Les 25 discordances entre les 2 réactions nous
avaient fait penser que la formol-gélification pourrait peut-être
se rencontrer dans d’autres états pathologiques que la syphilis.
Ce sont les résultats de recherches poursuivies depuis plus d’une
année, que nous apportons aujourd'hui et qui sont consignés
avec tous les détails voulus dans la thèse de M. Bru.
Nous ne revenons pas sur notre technique. La seule modifica-
tion à signaler porte sur le nombre de gouttes et le temps ac-
cordé pour la lecture. Nous expérimentons chaque sérum avec
2, à, 4 ét 5 gouttes de réactif. Nous lisons au bout de 3 jours
les résultats.
SUT 10 Sérums normaux, nous trouvons 10 réactions négatives.
Sur 100 cas de syphilis cliniquement certaine, nous trouvons
50 p. 100 de réactions positives dans la période primaire, 76 dans
la période secondaire, 68 dans le tertiarisme, 25 dans les syphilis
nerveuses ou viscérales, 100 dans la syphilis héréditaire. À noter
que le traitement négative assez vite la réaction.
Dans la tuberculose pulmonaire commune avec expectoration
de Bacilles, sur 46 cas, nous trouvons 31 réactions positives, ce
qui donne un pourcentage de 67 p. 100. À noter que sur les
15 cas négatifs, nous trouvons une tuberculose au début, une
tuberculose arrivée à la période cachectique, une pneumonie ca-
séeuse. Dans les localisations ostéo-articulaires, ganglionnaires,
péritonéales de la tuberculose, sur 13 cas, nous relevons 12 réac-
- tions positives (92 p. 100). Sur 10 cas de pleurésies aiguës séro-
fibrineuses à formule lymphocytaire, 2 sérums seulement géli-
fient ; ro lupus donnent 9 réactions négatives, 1 positive ; 1 cas
de tuberculose verruqueuse donne une formol-gélification nette.
19 cas de gonococcie : 7 réactions positives (formes traînantes
ou compliquées, arthrite, métrite, orchi-épididymite) 8 réactions
négatives (blennorragies uréthrales aiguës, non compliquées).
544 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (24).
20 cas de maladies, infectieuses aiguës : 13 typhoïdes certaines
avec 12 réactions négatives, 1 positive ; 3 érysipèles : 2 réactions
positives r négative ; 3 pmeumonies lobaïires aiguës n'ont pas
gélifié.
39 dermatoses diverses (eczéma, psoriasis, prurigo, impétigo,
psycosis): 36 réactions négatives, 3 positives (1 chez un malade
ayant des adénites tuberculeuses anciennes); 14 ulcères vari-
queux : 11 réactions négatives, 3 positives ; 15 cas de cancers
13 négatifs, > positifs. |
De cette étude que nous poursuivons, nous croyons pouvoir
ee les conclusions suivantes
° Cette réaction n’est pas commune à tous 1 sérums. Elle
n' existe pas habituellement avec les sérums normaux.
° Momentanément, et pour es faits que nous avons vus, il
ue
a) que la réaction n'est pas spécifique de la syphilis, mais
qu’elle y est remarquablement fréquente.
b) qu’elle peut se voir dans toute une série d’affections non:
syphilitiques ;
c) pour les affections aiguës, la fréquence de la réaction dans
l’érysipèle est impressionnante ; dans la typhoïde, dans la pneu-
monie, elle: est presque toujours négative. Les raisons de cette:
opposition nous échappent ;
d) dans la blennorragie, les cas positifs se voient dans les for-
mes traînantes et compliquées ; de même, c’est dans les mani-
festations tuberculeuses anciennes à longue évolution que la
réaction est plus fréquente (9 lupus sur 10 ne gélifient pas, 1 tu-
x
berculose verruqueuse gélifie; constatation à rapprocher des
différences évolutives et pronostiques de ces deux affections);
€) dans les dermatoses diathésiques ou dues à des infections
locales, dans les ulcères variqueux, réaction fréquemment néga-
tive.
Ï) même fréquence des cas négatifs dans nos cas de cancers:.
3° Nous avons l'impression que la réaction est un témoim
de modifications humorales inconnues, peut-être déterminées par
certains processus infectieux généralisés, chroniques, imprégnant:!
profondément l'organisme ;
4° En définitive, si cette réaction ne peut servir au diagnostic
de la sÿphilis, elle reste intéressante. Ce qu’elle perd en spécifi-
cité, elle le gagne peut-être en valeur doctrinale et demande à
être étudiée d’une façon complète.
+
2
À
@5), SÉANCE DU 3 JUILLET 545
/
/
|
CHEZ LES RATS BLANCS SOUMIS A UNE ALIMENTATION EXCLUSIVE
SUR L'APPARITION DE SURCHARGE GRAISSEUSE HÉPATIQUE
DE CASÉINE OÙ DE FIBRINE,
par F. Marexow et L. June.
Dans des recherches antérieures, l’un de nous (x) a établi, par
l'examen macroscopique et histologique du foie, l'existence d’une
surcharge graisseuse hépatique, chez les Rats blancs soumis à
une alimentation exclusive de caséine ou de fibrine.
Les Rats alimentés avec la caséine possèdent, au bout d’un
certain temps, un véritable foie gras reconnaissable à son vo-
lume qui peut être doublé, à sa teinte jaunâtre, à ses bords épais
et arrondis. Le microscope révèle une surcharge graisseuse in-
tense. Les cellules hépatiques renferment une ou plusieurs volu-
. mineuses gouttes de graisse accompagnées ou non de gouttelet-
e MESSE à
tes, qui refoulent le noyau à la périphérie. Celui-ci fixe fortement
les matières colorantes. La dimensions des gouttes, la coloration
des noyaux et le refoulement de ceux-ci à la périphérie prouvent
qu'il s’agit bien de surcharge et non de dégénérescence grais-
seuse. i
L'importance de cette surcharge varie avec le moment auquel
est pratiqué l'examen. Dans des expériences effectuées en
mars 1914, des Rats sacrifiés après 4 jours d'alimentation à la
caséine présentaient déjà une légère surcharge graisseuse du
foie.
La quantité de graisse accumulée augmente avec la durée de
l'alimentation. Des animaux morts au 21° et 25° jour en janvier
1914, avec des pertes de poids de 33 et 32 p. 100, présentaient
à l’autopsie un foie très volumineux à lobes épais et à bords ar-
rondis, dont les cellules contenaient des gouttes de graisse très
_ grosses et très nombreuses. Néanmoins, cet accroissement a une
limite. L’amaigrissement étant continu, l’animal au bout d’un
temps plus ou moins long, après avoir épuisé ses réserves adi-
peuses générales, s'attaque à sa graisse hépatique qui ne tarde
pas à diminuer. Dans les cas de survie très longue (56 jours, du
13 mars au 8 mai ror4), la perte de poids à la mort étant con-
sidérable (51 p. 100), l’animal épuise avant de mourir la totalité
des graisses disponibles, celles du foie y comprises.
Avec la fibrine, mêmes résultats à lintensité près. Toutes
(x) F. Maignon. Etude comparative de la toxicité et du pouvoir mutritif des
protéines alimentaires employées à l’état pur, C. R. de l’Acad. des sc., t. 166,
P. 1008, 1918. — Recherches sur le rôle des graisses dans l’utilisation des albu-
minoïdes. Thèse de Sciences, Lyon, 1979.
546 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (26)
choses égales, la surcharge graisseuse hépatique est beaucoup
moins importante avec la fibrine qu'avec la caséine ; elle est éga-
lement moins précoce. Des Rats sacrifiés après 5 jours d’alimen-
tation, en mars 1914, ne présentaient encore aucune trace de
graisse dans les cellules hépatiques. Au huitième jour, la sur-
charge, déjà importante avec la caséine, en était encore à son
début avec la fibrine.
La localisation périportale ou périsushépatique de cette sur-
charge graisseuse, sur le trajet du sang veineux porte, prouve
que la graisse apparue dans les cellules hépatiques est formée
aux dépens des produits de la digestion apportés par le sang
porte, c'est-à-dire aux dépens de la protéine ingérée. S'il s’agis-
sait, en effet, d’une migration graisseuse venant d'organes éloi-
gnés la localisation serait, au contraire, autour des ramifications
de l’artère hépatique, ce qui nes herve jamais.
Dans des expériences plus récentes, nous avons complété es
observations précédentes en dosant comparativement les graisses,
au bout d'un temps variable, dans le foie de témoins et d’ani-
maux nourris exclusivement de caséine ou de fibrine. Les boulet-
tes données à discrétion aux Rats en expérience avaient la com-
position suivante
Caséimelou)Hhbriner tes EMPIRE RER ANS PR ere I gr.
Poudre io neue En ot CAR a ec A AP AU AE 0,01
Carbonate: den fér AM A teen ten AN ER A RE 0,002
Chlorure de Sodium Re Se AA EN EN AREA AE 0,01
Bicarbonate dessoude ni PARNE CR PE ORAN Rene 0,09
x
La graisse a été dosée à l’état d’acides gras non volatils, dans
le foie total, par la méthode de Kumagawa et Suto.
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau suivant
Û Rapport
dr el Poids [de Lanimal An D
Alimen- rience . initial final dans le foie au poidsinitial
Date Sexe lation en jours en gr. en gr. en gr. de l'animal
Année 1922.
24 février au mâle témoin 17 180 195 0,155 0,0008
17 mars .. mâle caséine 17 178 130 0,975 0,005
30 mars au femelle témoin TI 125 125 0,280 0,0022
14 avril... mâle fibrine II 180 150 0,520 0,0029
4 au 30 mai. mâle témoin 17 210 20 0,340 o,0016
mâle caséine 13 250 220 o,Ôro 0,0024
mâle caséine 19 200 180 0,70b 0,0035
24 juin au femelle témoin 25 190 200 0,669 0,0034
18 juillet. femelle caséine 25 219 190 0,825 2,0038
femelle fibrine 25 190 140 0,610 0,0032
La méthode chimique confirme donc en tous points les résul-
tats fournis par la méthode anatomo-pathologique.
Dans tous les cas, avec la caséine, nous constatons un enrichis-
(27) SÉANCE DU 3 JUILLET 247
sement du foie en graisse ainsi qu'une élévation du rapport des
acides gras hépatiques au poids initial de l’animal.
L'accumulation de graisse avec la fibrine est manifestement
moins importante qu'avec la caséine. Pour une durée d’expé.-
rience un peu longue (25 jours en juin-juillet), la graisse avait
même déjà diminué dans le foie avec la fibrine alors qu'elle était
encore en augmentation avec la caséine,
M. Porrcarn. — Je ferai remarquer en premier lieu, à M. Mai-
gnon, que le simple jeüne, la cachexie, etc., amènent le dépôt
au niveau du foie de graisse abondante, venant des réserves ;
c'est là un fait bien connu. M. Maignon, d'autre part, prétend
distinguer, d'un côté, des graisses à localisation porte et sushé-
patique, qui seraient d’origine intestinale et, d’un autre côté, des
graisses localisées autour de l'artère hépalique, qui viendraient
-des réserves, J'avoue que, jusqu'à présent, une telle distinction
avait toujours paru impossible aux histologistes. Il serait dési-
x
rable que des précisions soient données à ce sujet.
M. Marcxox. — Il ne saurait être question de comparer le foie
des Rats nourris à la caséine qui prend, dans certains cas, l’as-
pect d’un véritable foie gras, volumineux, à bords épais et arron-
dis, au foie de sujets inanitiés qui ne présente jamais ces carac-
tères. L'étude de la localisation n’a pas de signification lorsqu'elle
est faite à un moment quelconque, mais elle peut donner des
indications intéressantes pratiquée au début de la formation
des dépôts.
SUR LE RÔLE PATHOGÈNE DU Spirochæte dentium,
par G. Massra et L. GRIGoRAKIs.
Les différentes stomatites (ulcéro-membraneuses, mercurielles,
gingivo-stomatites) ont été attribuées à l’action de microorganis-
mes différents : Streptothrir, Spirilles, Amibes mêmes. Actuelle-
ment, les auteurs tendent à faire admettre que ces lésions sont
‘dues à l’association fuso-spirillaire de Vincent. Les examens du
pus montrent qu'il en est ainsi pour les lésions des stomatites
rétromolaires et de la face interne des joues.
Dans le pus des ulcérations gingivales des diverses stomatites,
nous avons, au contraire, constaté qu'il y avait une énorme pré-
dominance d’un Spirochète fin, à tours de spires serrés et régu-
liers, nettement différent du Spirochète de Vincent, et ceci dans
la plupart des cas examinés. Morphologiquement, il s’agit du Spi-
548 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (28)
rochæte dentium, que l’on trouve normalement au niveau du
collet des dents, mais en nombre d’ailleurs assez restreint. Nous
avons employé, dans nos recherches, la coloration au violet de
gentiane aniliné, après fixation et mordançage par le mélange
acide osmique-acide chromique ; le Spirochète se colore ainsi for-
tement et facilement.
Que conclure de ce fait ? Les lésions des gingivo-stomatites
sont-elles dues au Sp. dentium ? Celui-ci est de beaucoup prédo-
minant parmi les microorganismes constatés dans le pus. Cette
abondance, la fréquence de sa constatation pourrait nous auto-
riser à dire que les lésions ulcéreuses gingivales sont dues à une
infection à Sp. dentium.
Nous ferons remarquer ici que nous avons examiné seulement
les gingivo-stomatites vraies, et que nous ne comprenons pas
dans ces faits la pyorrhée alvéolaire, où certains auteurs ont fait
des constatations analogues. Mais il est certain que la réalisation
expérimentale des lésions pourraït seule nous permettre d’affir-
mer le rôle pathogène du Sp. dentium. Nous n'avons pu réussir
à le cultiver ; et les auteurs qui y sont parvenus n'ont pu réaliser
l'affection expérimentalement. Des recherches en ce sens sont
encore nécessaires.
En tous cas, nous croyons que dans les gingivo-stomatites,
‘c'est le Sp. dentium qui est en cause, et non le Spirochète de
Vincent.
Au sujet du traitement, on recommande beaucoup actuelle-
ment le novarsénobenzol sous toutes ses formes. Si l'application
locale peut être recommandée, nous pensons qu’en dehors des.
cas graves et rebelles, il convient d'éviter l'injection intravei-
neuse qui n’est pas sans inconvénients ; ces cas de stomatites gué-
rissent, en général, facilement par un traitement local sans dan-
ger.
——— —° +
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(11) 549
SEANCE DU 4 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Cozzin (R.): Sur le cycle se- Parisot (J.)et Hermann (H.) :
crétoire de la cellule hypophy- Action du pneumothorax artifi-
SRE anne ne RAR ER A 11 | ciel expérimental sur les échan-
Cozzin (R.) et MERLAND (À.) : | ges respiratoires............... 23
Gaine de Schwann et endonèvre. 13 | Parisor (J.) et Hermann (H.):
LænaarT (R.): Sur la présence Modifications apportées à la ven-
aux environs de Nancy de l’Or- tilation pulmonaire par la sup-
thoptère Barbitistes serricauda.. 15 | pressionartificielle d’un poumon. 22
Murez et Remy (P.): Sur le WATRIN (J.) : Foyers d’éry-
déterminisme del’orientation des thropoïèse dans l’hypophyse de
travées osseuses du corps verté- Cobaversparide). 22220. 20
Loire Le es EU ACER ae re SA m7hv|
Présidence de M. Cuénot.
SUR LE CYCLE SÉCRÉTOIRE DE LA CELLULE HYPOPHYSAIRE,
par R. Corxax.
Dans un travail récent (1), J. Baudot a proposé une nouvelle
classification des cellules hypophysaires basée sur l'application
des méthodes mitochondriales à l’étude de l’hypophyse de fœtus
à terme ou d'animaux nouveau-nés. Pour cet histologiste, les cel-
lules chromophiles des auteurs, dans leurs diverses variétés, cor-
respondent aux stades initiaux du cycle sécrétoire et les cellules
chromophobes ou principales à la fin de ce cycle. Après évacua-
tion du produit de sécrétion, la cellule chromophobe est suscep-
tible de rajeunir en quelque sorte et de recommencer un nou-
veau cycle suivant le schéma : cellule rajeunie, cellule granu-
leuse ou chromophile, cellule chromophobe, cellule rajeunie.
Je suis en mesure de confirmer cette description chez le Co-
(x) Thèse de Nancy, juin 1922.
550 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (42)
baye adulte et d'y apporter des précisions nouvelles. La techni-
que suivie a été la fixation par le liquide de Benoît, suivie de la
coloration d'Altmann ou de celle d'Heidenhain, modifiée par Re-
gaud.
1° Cellules granuleuses (chromophiles des auteurs). Elles sont
caractérisées essentiellement par un cytoplasma bourré de mito-
chondries qui se détachent sur un fond acidophile. Elles présen-
tent de nombreuses variétés qui conduisent par transitions insen-
sibles aux cellules chromophobes. Les formes les plus typiques
nous ont paru être : «) des cellules à mitochondries extrêmement
fines, poussiéreuses ; b) des cellules plus foncées que les précé-
dentes, à mitochondries plus grosses, granuleuses ; c) des cel-
lules intermédiaires entré les précédentes et les cellules chromo-
phobes. Sur ces éléments, où les mitochondries sont beaucoup
moins denses, on voit apparaîtra peu à peu les alvéoles où s’ac-
cumule le produit de sécrétion sous forme de gouttes incolores.
Ces cellules de transition sont très intéressantes parce qu’on y
assiste à la transformation des mitochondries en plastes. La mi-
tochondrie se gonfie et devient une sphérule dont le centre est
clair et l'écorce foncée. Ces mitochondries vésiculeuses, analo-
gues à celles qui ont été décrites par Grynfeltt dans l’épithélianr
des plexus choroïdes, sont incontestablement destinées à se trans-
former en gouttes de sécrétion incolores incluses dans des va-
cuoles dont le nombre s'accroît peu à peu. Le noyau renferme
à ce stade plusièurs nucléoles volumineux dont une partie, sem-
ble-t-il, est expulsée dans le cytoplasma.
2° Cellules chromophobes. Par suite de la multiplication des
vacuoles incolores, le cytoplasma présente une structure spon-
gieuse. Ses trabécules protoplasmiques conservent une légère af-
finité pour les matières colorantes et sont incrustées d’un petit
nombre de mitochondries non transformées. Il subsiste souvent,
au voisinage du noyau, un petit amas cytoplasmique, renfermant
des mitochondries et une sphère attractive. :
3°Cellules rajeunies. La cellule chromophobe mûre peut être
détruite entièrement par une sorte de fonte holocrine, qui se pro-
duit suivant différents mécanismes ; mais, elle est également sus-
ceptible, dans d’autres cas, de se régénérer aux dépens du noyau
et des résidus cytoplasmiques qui subsistent après l'expulsion du
produit de sécrétion. Elle se présente alors sous la forme d’une
petite cellule à cytoplasma homogène, avide d'’éosine et renfer-
mant quelques mitochondries. Un tel élément peut de nouveau
donner naissance, par multiplication de ses mitochondries, à
une cellule granuleuse et le cycle recommence.
Les phénomènes que nous venons de décrire correspondent à
une activité moyenne de la glande hypohysaire : ils coexistent
(13) SÉANCE DU 4 JUILLET 591
d'ailleurs, à l’état normal, avec d’autres manifestations morpho-
logiques de l’activité fonctionnelle telles que formation de pseu-
do-acini et de lacs colloïdes, érythropoïèse, etc... Ces dernières
manifestations peuvent d’ailleurs être de beaucoup les plus im-
portantes (dans la gravidité, par exemple) et c'est ce qui pi nei
de parler d'un hyperfonctionnement de l'organe.
En tout cas, il ne semble pas douteux que les images kaléidos-
copiques, fournies par les coupes de l’hypophyse, traduisent les
moments fonctionnels d’un seul et même élément, la cellule hy-
pophysaire.
J'étudierai, dans une prochaine publication, la correspondance
des résultats fournis par les méthodes mitochondriales avec ceux
des méthodes histologiques usuelles.
(Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine).
GAINE DE SCHWANN ET ENDONÈVRE,
par R. Cor et À. MERLAND.
Nous avons appliqué récemment le liquide fixateur de J. Be-
noît (1) à l’étude du système nerveux, et nous avons pu nous
rendre compte rapidement qu'il donne de bons résultats au point
de vue cytologique. C’est ainsi, par exemple, qu'il met en évi-
dence, avec la plus grande netteté, la névroglie protoplasmique
de la couche des grains du cervelet dont les éléments apparais-
sent sous la forme de cellules ous, au protoplasme bourré de
mitochondries.
Mais les résultats, qui nous ont paru jusqu'à présent les plus
intéressants, concernent la fixation des petits nerfs périphéri-
ques. À vrai dire, le liquide de Benoît n’est pas très pénétrant,
et au bout de 24 heures, seuls, les tubes à myéline les plus rap-
prochés de la surface d’un petit nerf sont fixés d’une façon entiè-
rement satisfaisante. Ceux qui sont situés plus profondément
sont également fixés, mais avec une rétractation du cylindraxe
qui prend une forme étoilée.
_ D'une manière générale, les images observées sont entièrement
‘ii à celles qui ont été données par Nageotte et il ny
a pas lieu de les décrire à nouveau. Le seul fait qui ait retenu
notre attention c’est l'excellente fixation de la gaine de Schwann
qui apparaît de la façon la plus nette, soit après la coloration
d'Altmann, soit après la coloration de Mallory, soit après celle
de Curtis.
(x) C: R. de la Soc. de bio’:, 20 mai 1922.
-562 RÉUNION BiOLOGIQUE DE NANCY (14)
Après la coloration d’Altmann, les gaines de Schwann sont
colorées en rouge par la fuchsine comme le cylindraxe, le
chondriome et la gaine lamelleuse de Ranvier. Il est facile de se
rendre compte qu'il s'agit bien là des gaines de Schwann et non
de l’endonèvre. En effet, chaque tube à myéline est entouré d’un
anneau complet et indépendant de ses voisins bien visible sur
les coupes transversales. En écrasant légèrement une de ces
coupes, les tubes à myéline se séparent les uns des autres et res-
tent entourés de leur gaine de Schwann qui ne présente aucune
solution de continuité. Les anneaux, qui correspondent à la sec-
tion transversale des gaines de Schwann, présentent, de place
en place, de petits épaississements qui semblent dûs à la pré-
sence de minces colonettes longitudinales faisant corps avec
cette membrane. L'endonèvre est très réduit ; on distingue, de
place en place, dans les espaces intertubulaires, 2-3 cercles très
petits et indépendants les uns des autres, qui correspondent à la
surface de section des fibres collagènes longitudinales. Notons,
enfin, que les cellules de Schwann, qui apparaissent en coupe
transversale, enserrent la moitié au moins de.la gaine de myé-
line et renferment de nombreuses granulations mitochondriales
plus denses autour des noyaux. Après la coloration de Mallory,
les gaines de Schwann sont colorées en bleu foncé comme la
gaine lamelleuse et l’endonèvre. Par la méthode de Curtis, les
gaines de Schwann sont d’un beau bleu-noir comme les lamelles
de la gaine de Ranvier et les fibres collagènes longitudinales.
En somme, après fixation par le liquide de Benoît, les gaines
de Schwann sont colorées comme le tissu collagène. Les épais-
sissements qu'elles présentent correspondent probablement aux
fibres de la tunique connective péritubulaire de Key et Retzius.
L'’endonèvre est extrêmement réduit. Quant aux anneaux qui
entourent les tubes à myéline, on peut se demander s'ils sont
constitués exclusivement par la gaine de Schwann, ou s'ils repré-
sentent la gaine de Schwann et le voile protoplasmique qui la
double intérieurement. La seconde hypothèse paraît être la plus
vraisemblable, car, sur des coupes traitées par la méthode de
Mallory, il existe à l’intérieur de l’anneau bleu représentant la
gaine de Schwann, une zone très mince colorée en rose clair par
la fuchsine et qui semble se continuer sans interruption avec les
travées radiaires du chondriome.
(Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine).
Ko
(49) SÉANCE DU 4 JUILLET 993
SUR LA PRÉSENCE, AUX ENVIRONS DE NANCY,
DE L'ORTHOPTÈRE Barbitistes serricauda FaABricius (1794),
par R. LiExxarrT.
Barbitistes serricauda Fabricius est un Orthoptère assez rare
en France, où il est connu comme étant exclusivement localisé
sur les hautes montagnes. Il a été signalé, en 1878, dans les
Vosges, à Rotenbac et au Honeck, par Pierrat (1). Mais l'espèce
n'ayant pas été retrouvée depuis dans ces localités, Azam, en
1901, fait prudemment suivre d'un point d'interrogation l’indi-
cation de Pierrat dans son Catalogue des Orthoptères de France.
Des captures récentes de ce Barbitistes faites dans l'Est de la
France permettent aujourd'hui de lever ce doute. En effet, dans
une note récente, L. Chopard (2) fait connaître qu'un mâle de
Barbitistes serricauda a été capturé dans le Jura, aux environs
de Morez, par P. Lesne, en août 1908. D'autre part, un mâle,
également, a été pris aux environs de Nancy, par L. Mercier, le
19 juillet 1914. Cette capture fut faite en forèt de Haye sur une
grande route forestière à proximité du vallon dit de la Crédence ;
un grand vent soufflait, ce qui fit penser à Mercier que l’Insecte,
trouvé à portée de la main, avait dû tomber des grands arbres qui
bordent la route. Enfin, il y a quelques temps, le 27 mai dernier,
j ai trouvé une jeune larve de ce mème Barbitistes à peu près
au même endroit où, en 1914, Mercier fit sa capture ; aucun
souffle n’agitait l’air et j'ai trouvé cette larve sur des buissons
bas, qui, au dire de Finot, constitueraient l'habitat ordinaire de
l'espèce.
Ces 3 captures rendent très vraisemblable la présence de Barbi-
listes serricauda dans le massif vosgien et, bien que l'espèce n'y
ait pas été retrouvée jusqu'ici, le point d'interrogation d’'Azam
doit tomber.
Indépendamment de ces faits qui permettent une précision
historique, l’existence aux environs de Nancy de cet Orthoptère
montagnard présente un vif intérêt biologique. En effet, la cap-
ture de Mercier et la mienne, faites toutes deux dans le massif
forestier de Haye, non loin de ce vallon de la Crédence où existe
précisément une faunule définie composée d'espèces septentrio-
nales ou montagnardes, permet de ranger Barbüistes serri-
(x) Pierrat. Catalogue des Orthoptères observés en Alsace ct dans la chaîne
des Vosges. Bulletin Soc. hist. nat., Colmar, 1878, pp. 97-106.
(2) L. Chopard. Contributions à la faune des Orthoptères de France. Bull. de
la Soc. entomol. de France, 1922, p. 103, 26 avril 1922.
BroLocrE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LAXXVII. 38
554 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (LG)
cauda parmi cette faunule spéciale considérée pour notre région
comme une relique des temps glaciaires.
À première vue, cette opinion pourrait être infirmée par la
présence de Barbilistes serricauda, signalé par Chopard dans ie
travail précédemment cité, à Théoule, Alpes-Maritimes, où, en
août 1910, un individu femelle fut trouvé sur un buisson tout
à fait au bord de la mer. En réalité, cette trouvaille n'empêche
pas le Barbitistes d'être pour nos régions une relique glaciaire.
En effet, un simple coup d'œil jeté sur une carte des Alpes-Ma-
ritimes montre que le petit bourg de Théoule est précisément
adossé à une série de collines, premiers échelons de l’Estérel, qui
s'élèvent rapidement à 250 m. pour atteindre 616 m. au Mont
Vinaiore, qui est tout proche et qui, lui-même, n’est pas éloigné
Mie ? q 2 ,
de la montagne de Cheiron qui a 1778 m. d’altitude. On ne peut
done pas dire que le montagnard Barbilistes serricauda soit à
Théoule-sur-Mer dans un habitat anormal, puisque cette localité
est toute proche de hauteurs qui dépassent sensiblement les.
points les plus élevés du massif vosgien.
(Laboratoire de zoologie de la Faculté des sciences).
De
s
x
Oo SÉANCE DU 4 JUILLET D5D»
SUR LE DÉTERMINISME DE L'ORIENTATION DES TRAVÉES OSSEUSES
DU CORPS VERTÉBRAL,
par Murtez et P. Remy.
L'image radiographique de la coupe sagittale d’une vertèbre
humaine, dorsale, par exemple, montre à la partie centrale une
région où le tissu osseux est moins dense, où il existe une véri-
table cavité médullaire ; en avant et en arrière de cette cavité,
parmi les nombreuses travées osseuses qui entrent dans la consti-
tution du corps vertébral, il en existe un certain nombre qui
présentent une direction sensiblement parallèle à l’axe de la ver-
tèbre ; sensiblement parallèles parce qu'elles ne se présentent
pas sous l’aspect de lignes droites, mais plutôt de lignes courbes
dont la cavité regarde le centre de la vertèbre ; elles sont dispo-
sées symétriquement en avant et en arrière, mais avec cette
particularité d’avoir leurs extrémités d'autant plus obliques par
rapport à la verticale, que l’on se rapproche de.la périphérie du
corps vertébral (fig. x).
LS
ER | Fe 3
L'examen d'une coupe semblable de vertèbre dorsale d’un
Mammifère, de Chien, par exemple, montre également dans la
région centrale, l'existence d’une cavité médullaire de forme
losangique ; au-dessus et au-dessous d'elle, s’orientent les travées
osseuses suivant l’axe vertébral ; elles sont asymétriques dans ce
sens que les travées dorsales présentent une courbe moins accen-
tuée que les ventrales ; les unes et les autres sont d'autant plus
obliques à leurs extrémités par rapport à l’axe de la vertèbre que
l'on se rapproche de la périphérie (fig. 2).
Depuis les travaux de Wolff et de Culman, on sait que la di-
rection des iravées osseuses a une signification et qu'elle répond
aux lignes isostatiques de pression ou de traction.
556 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ‘ (8)
Dans le cas particulier que nous exposons, si nous supposions
une vertèbre humaine présentant une série de travées osseuses
verticales parallèles à son grand axe, par suite de l’action de la
pesanteur, de la station bipède de l'individu, la vertèbre subirait
sur ses deux faces inférieure et supérieure une force de compres-
sion tendant à déformer la direction de ses travées osseuses. Cette
déformation a été étudiée expérimentalement, en particulier par
Tresca (1), qui l’a démontrée en comprimant une série de cylin-
dres de plomb concentriques engaïînés les uns dans les autres ;
elle se traduit par l'existence d’une poussée au vide vers l’exté-
rieur ; une coupe longitudinale de ces cylindres montre, en effet,
qu'ils se déforment en prenant l'aspect d’une courbe concave
vers l’intérieur et dont les extrémités sont d'autant plus obliques.
par rapport aux bases que le cylindre est périphérique. La ver-
tèbre sous l'influence des forces de compression qu’elle subit
présentera donc une déformation de ses parties constitutives ana-
logues à celle des cylindres de plomb et l'os réagit, en édifiant
ses travées osseuses, précisément suivant ces lignes de pression.
Le point d'application de cette force de pression correspondant
sensiblement au centre de la vertèbre, la réaction se traduit par
la formation d'une cavité médullaire autour de laquelle s’orien-
tent en avant et en arrière des travées osseuses courbes sensible-
ment symétriques.
La vertèbre du quadrupède supporte également des forces
compressives sur ses faces antérieures et postérieures. La co-
lonne vertébrale se présente, en effet, sous la forme d’un cintre
appuyé par ses deux extrémités aux ceintures scapulaires et pel-
viennes ; sous l'influence de son propre poids et du poids des
viscères qui lui sont suspendus, la colonne vertébrale subit des
forces compressives à ses deux extrémités et chacun de ses seg-
ments, en particulier chaque vertèbre, est comprimé sur ses
faces antérieures et postérieures. Si le point d'application de cette
force se faisait, comme chez l'Homme, sensiblement au centre
de la face, nous aurions, comme chez lui, une série de travées
osseuses courbes symétriques dans la zone dorsale et dans la
zone ventrale. Mais, chez le Mammifère, le point d'application de
cette force compressive est décentré, parce que : 1° la vertèbre
est partie constitutive non pas d’une colonne verticale, mais d'un
cintre ; 2° la vertèbre supporte par sa face inférieure le poids
d'un segment de la masse des viscères.
L'excentricité du point d'application de la force compressive
entraîne une dissymétrie dans la disposition des lignes isostati-
(r) Tresca. Cours de mécanique appliquée, professé à l'Ecole centrale. Paris,
Dejey et Cie.
—
x
EX
UOTE. : SÉANCE DU 4 JUILLET
ques suivant lesquelles s’orientent les travées osseuses ; elles sont
moins courbes au niveau de la région dorsale et plus courbes au
niveau de la région ventrale.
En résumé : 1° les vertèbres subissent, sur leurs faces interver-
iébrales, des forces de compression qui tendent à déformer les
travées osseuses orientées suivant l'axe; celles-ci prennent la
forme de courbes dont la concavité regarde le centre de la ver-
tèbre ; 2° à leurs extrémités, ces travées osseuses font, avec l’axe
du corps vertébral, un angle d'autant plus grand qu’elles ont une
situation plus périphérique ; 3° chez un bipède, le point d’appli-
cation de la force compressive se fait au centre de la surface ver-
tébrale et les travées osseuses dorsales et ventrales ont une dispa-
sition symétrique ; chez le quadrupède, le point d'application de
la force est excentré, il est placé plus haut ; les travées osseuses
- présentent une disposition dissymélrique, les travées dorsales
appartenant à un rayon de courbure plus grand, les travées ven-
trales, à un rayon de courbure plus petit.
(Laboratoire d'anatornie normale, Laboratoire de zoologie).
D58 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (20)
FoyErRs D'ÉRYTHROPOÏÈSE DANS L'HYPOPHYSE DE COBAYE GRAVIDE,
par J. WATRIN.
Dans une note antérieure (1), nous avons montré l’évolution
spéciale de certaines cellules hypophysaires chez le Cobaye gra-
vide, évolution qui intéressait des plages entières du lobe para-
nerveux ou chromophobe et qui se traduisait par une hémati-for-
mation évidente, les images rappelant celles que présente le foie
embryonnaire. Des recherches ultérieures ont confirmé notre
première façon de voir ; elles nous ont, en outre, révélé la pré-
sence de foyers d'érythropoïèse, non plus seulement au niveau
du lobe paranerveux, mais encore du lobe glandulaire, d’une
façon toutefois plus diserète. Les globules rouges semblent se
former dans le lobe antérieur suivant deux mécanismes : le pre-
mier a déjà été signalé par Collin et Baudot dans l'hypophyse
embryonnaire (2); « la cellule souche, disent ces auteurs, est un
élément petit et arrondi, dont le noyau offre un aspect pyeno-
tique après coloration à la laque ferrique ; le cytoplasme, homo-
gène et sans structure apparente, se colore fortement en rouge
par l’éosine, en orange foncé par l’orange ; ces petites cellules
sont généralement situées au voisinage d’un vaisseau dans la lu-
mière duquel elles proéminent et font partie intégrante d'un
cordon glandulaire ». Dans certains cas, elles ne sont que la con-
densation au pôle basal ou vasculaire de la cellule hypophysaire
de toute la substance chromophile de cette cellule, le pôle apical
étant réduit à quelques travées protoplasmiques peu colorables.
Quoi qu'il en soit, ce petit élément est destiné à tomber du cor-
don, dont il fait partie, dans la lumière du capillaire voisin et à
devenir une hématie suivant un processus que nous essaierons
d'expliquer plus tard.
Le deuxième mécanisme est tout différent : les globules rouges
prennent naissance au niveau des pseudo-acinis ou vésicules col-
loïdes et à leurs dépens , de telles formations sont fréquentes
dans le lobe antérieur de l’hypophyse chez le Cobaye gravide et
traduisent une plus grande activité sécrétoire de la cellule hypo-
physaire en rapport avec la gestation. Ces pseudo-acinis renfer-
ment une substance colloïde qui résulte, comme Soyer l’a dé-
montré, de la dégénérescence hyaline de certaines cellules que
cet auteur a dénommées cellules centro-acineuses. Après une
double coloration à la laque ferrique d'hématoxyline et à l’éosine,
cette substance colloïde prend l’aspect d’une grosse goutte de
(x) Watrin. C. R. de la Soc. de biol., Nancy, mai 1972.
(2) Collin et Baudot. C. R. de la Soc. de biol., Nancy, mars 1922.
(21) SÉANCE DU 4 JUILLET 5b9
sécrétion colorée en noir foncé, sauf à la périphérie qui prend
une teinte rose ; il faut que la différenciation par l’alun de fer
soit poussée à fond pour que cette goutte prenne une teinte uni-
formément rose; si on utilise la triple coloration de Prenant,
elle prend par endroits une teinte verte. Au niveau de certains
pseudo-acinis, elle revêt l’aspect d’une masse muriforme éosi-
nophile ou orangeophile, suivant le colorant acide employé, ren-
fermant 3-4 corpuscules chromatiques que l’hématoxyline d’Hei-
denhain colore énergiquement en noir ; ceux-ci se libèrent et en-
traînent avec eux un mince anneau éosinophile ou orangeophile,
puis, finalement, se dépouillent entièrement de leur chromatine
pour prendre l’aspect d’un corpuscule rose ou orange, parfaite-
ment arrondi, qüi rappelle tout à fait l’aspect d’un globule rouge.
Soyer a vu de telles images dans l’hypophyse humaine (1): il
parle de pseudo-acinis dont le contenu est exclusivement consti-
tué par des globules parfaitement conservés, ou bien par une
zone de globules voisinant dans la même lacune avec une masse
colloïde plus ou moins étendue ; il se demande « si ces pseudo-
acinis représentent des fragments de vaisseau isolés, envahis par
la colloïde ou, inversement, de vésicules colloïdes inondées par
le sang de capillaires voisins ». Notre avis est que les globules
rouges contenus dans ces pseudo- acinis y sont formés sur place
aux dépens des cellules centro-acineuses et non pas venus des
vaisseaux voisins et que la colloïde n’est rien moins que de l’hé-
moglobine. Ce qui nous permet de le supposer, c'est que bon
nombre de ces pseudo-acinis à globules sont isolés des capillaires
sanguins par une rangée de cellules dont aucune ne présente
des signes de dégénérescence, qui en font les « cellules à couloir »
de Soyer ; autrement dit, nous ne les avons pas vu communiquer
directement avec des capillaires voisins. Partageant l’avis de cet
auteur et celui de Collin et Baudot, nous croyons à l’érythrofor-
mation dans l’hypophyse au sein et au dépens des cellules hypo-
physaires.
(x) Soyer. Arch. anat. mic.,t. XIX, 1912-1913.
560 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (2
nn ——————————_—_————— — ——— ———
MODIFICATIONS APPORTÉES À LA VENTILATION PULMONAIRE
PAR LA SUPPRESSION ARTIFICIELLE D'UN POUMON,
par J. Parisot et H. HERMANN.
Continuant l'étude des modifications survenues dans l’orga-
nisme sous l'influence du pneumothorax artificiel, nous envisa-
geons aujourd'hui les modifications apportées à la ventilation
pulmonaire par la suppression fonctionnelle d’un poumon. Elles
sont identiques à celles que l’un d’entre nous a déjà signalées (1)
chez la Tortue, le Lapin et l'Homme, mais méritent d’être pré-
cisées, nos recherches antérieures ne portant que sur des sup-
pressions fonctionnelles relativement courtes et effectuées d'autre
part sur des animaux adultes : nous apportons, en effet, les ré-
sultats d'observations faites sur des animaux adultes et sur de
jeunes animaux en voie de croissance, porteurs de pneumotho-
rax régulièrement entretenus pendant des temps variant de 2-8
mois.
Chez le Lapin adulte, le pneumothorax artificiel fait varier la
fréquence respiratoire, le volume d'air courant et la circulation
d'air dans l’appareil pulmonaire. Sous l'influence de la suppres-
sion d’un poumon, la fréquence, d’abord augmentée, revient
progressivement, par la suite, à un chiffre normal. L'air courant,
d’abord diminué, augmente ensuite régulièrement, atteint, puis
dépasse le chiffre d'air courant de la respiration bilatérale et se
fixe définitivement à une valeur supérieure à ce chiffre normal.
La circulation d'air, diminuée au début du pneumothorax, aug-
mente et devient elle-même supérieure à ce qu’elle était avant
toute intervention. C’est environ au bout d'un mois et demi que
le chiffre de la fréquence est redevenu normal ; l'air courant et la
circulation d’air ont à ce moment leur valeur nouvelle et défi-
nitive.
Chez le jeune animal, les phénomènes se passent exactement
de la même manière, comparativement à des animaux témoins
de même portée ou de même poids ; on constate, cependant, que
le retour de la fréquence à un chiffre normal, et l'augmentation
de l’air courant apparaissent plus rapidement ; d’autre part,
cette augmentation est bien plus marquée chez l’animal jeune.
Alors que, chez l’adulte, on constate des exagérations de volume
de 30 p. 100 en moyenne, chez l’animal en voie de croissance, la
différence atteint rapidement 100 p. 100 et parfois plus.
La suppression fonctionnelle d’un poumon a donc pour consé-
(x) H. Hermann. La respiration unilatérale. Thèse de Nancy, 1921.
(23) : SÉANCE DU À JUILLET 561
RM Re AU pe 5, NME or ail
quence une exagération de la ventilation ei d’une façon générale
de la circulation d’air dans l’appareil pulmonaire réduit à un
poumon. Cette perturbation apportée à la mécanique respira-
toire n’est pas passagère, mais durable, ainsi que le montrent nos
recherches sur des animaux porteurs de pneumothorax depuis
8 mois. Ces constatations sont en accord avec celles faites sur
l'Homme soumis au traitement du pneumothorax artificiel,
qu’elles simplifient, toutes conditions pathologiques étant ici
hors de cause.
(Laboratoires de physiologie et de pathologie expérimentale).
ACTION DU PNEUMOTHORAX ARTIFICIEL EXPÉRIMENTAL
SUR LES ÉCHANGES RESPIRATOIRES,
par J. Parisot et H. HERMANN.
Les troubles apportés à la mécanique respiratoire par le pneu-
mothorax artificiel s’accompagnent de modifications des échan-
ges, que nous avons étudiés, de façon systématique, avant toute
insufflation et pendant toute la durée de nos expériences prolon-
gées pendant 8 mois.
Les Lapins, ayant subi le pneumothorax artificiel, et les té-
moins de même poids et de même portée sont placés dans les
mêmes conditions d'habitat et d'alimentation. La détermination
de la valeur des échanges respiratoires est effectuée par plusieurs
téchniques permettant la vérification journalière des résultats
obtenus par ces différentes méthodes (méthode des compteurs-
— oxygénomètre de Fredericq — recueil de l'air expiré par la
soupape de Chauveau et analyse de cet air par l’eudiométrie et
par le procédé potasse et pyrogallol). Ces déterminations ont été
faites à toutes les périodes de l’expérimentation : immédiatement
après, dans les heures et dans les jours qui suivent la réinsuf-
flation.
Résultats observés. — À la suite de la réinsufflation et dans les
heures qui suivent, il se produit un état de polypnée assez ac-
centué, dépendant du léger choc subi par l’animal et qui a pour
conséquence une diminution toute passagère des échanges. Après
ce stade de quelques heures, il s'établit une période de stabilité
durant laquelle les résultats restent concordants jusqu'à la réin-
sufflation suivante. Ces résultats sont les suivants : la quantité
d'oxygène consommé et de gaz carbonique, produit par un ani-
mal ne respirant plus qu'avec un seul poumon, est supérieure
aux quantités respectives d'oxygène et de gaz carbonique d’ani-
562 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (24)
maux témoins de même poids et également d'animaux de même
âge. C'est ainsi que, par exemple, un animal à pneumothorax
exhale 975 c.c. de CO? par kgr.-heure, alors que le témoin ne
produit que 600 c.c.; un Lapin à pneumothorax produit 1,497 li-
tre de CO° par kgr. heure et l’animal témoin de niême portée :
990 C.c.
Le sens des résultats est identique en ce qui concerne l'oxygène.
De ces analyses, il résulte que, d’une façon générale, les échan-
ges sont augmentés de façon importante et que cette augmenta-
tion atteint 30, 4o et parfois 7o et 100 p. 100.
Si l’on met en parallèle les phénomènes mécaniques antérieu-
rement décrits et ces phénomènes chimiques, on constate que
l’exagération des échanges respiratoires est conditionnée par
l’augmentation de la circulation d'air. En effet, pour chaque
catégorie d'animaux, témoins ou soumis au pneumothorax, les
dosages portant sur une même quantité d'air donnent des résul-
tats identiques. Pour 100 c.c. d'air expiré : témoin, CO”,
2,8 p. 100 ; —0?, 18,3 p. 100 ; pneumothorax : CO?, 2,7 p. 100 ;
— O0, 18,5 p. 100. Mais, la quantité totale d’air passant à travers
l’appareil respiratoire de l’animal à pneumothorax étant supé-
rieure à celle qui circule dans le même temps dans les poumons
de l’animal témoin, il en résulte une augmentation des échanges
proportionnelle à cette exagération de circulation d'air.
Ces résultats sont analogues à ceux déjà observés chez la Tor-
tue (rx), dont les échanges sont exagérés après suppression fonc-
tionnelle d’un poumon et à la période de compensation, c’est-
à-dire au moment où la circulation d'air devient supérieure à la
normale. Ils sont en concordance avec les modifications appor-
tées à la nutrition générale signalées précédemment (2).
(Laboratoires de physiologie et de pathologie expérimentale).
(1) H. Hermann. La respiration unilatérale. Thèse de Nancy, 1921.
(2) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVNII, p. 177, 1922.
() 563
REUNION
BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES
SÉANCE DU 4 MAI 1922
SOMMAIRE
Giusrti(L.) et Houssay (B.-A.) : de la substance médullaire sur-
La vagotomie bilatérale chez le DA 0 08 AO DEN RME PL CRE RARES 3
ODA ARE TEL PNA ne 7 Mazponapo Moreno (S.-F.): Ac-
Giusrtt (L.) et Huc (E.) : Ecto- tion de quelques médicaments
pie cardiaque cervicale chez un populaires sur l’utérus isolé de
Bovin. Les ondes présphygmi- COLA VERTE AE I
LRHES AUMDOLLS 020. 10 Pico (O.-M.): Action des digi-
Houssay (B.-A.) et Lewis(J.-T.): taliques sur le cœur isolé de
Les fonctions des Chiens privées Leptodactylus ocellatus........ (ù
Présidence de M. B.-A. Houssay.
ACTION DE QUELQUES MÉDICAMENTS POPULAIRES SUR L'UTÉRUS ISOLÉ
DE COBAYE,
par S.-F. Mazronano Moreno.
Nous avons étudié l’action que produisent sur l’utérus isolé
de Cobaye ou humain, certaines plantes qui jouissent, dans notre
pays, d’une certaine réputation populaire comme ocytociques,
emménagogues ou anti-dysménorréiques.
Le dispositif employé était semblable à celui de Dale et Laid-
law. On employa des macérations, des extraits fluides et des sucs
frais, obtenus par expression.
Les résultats constatés peuvent se résumer ainsi :
° Cisampelos pereira L. var. caapeba L.; nom vulgaire : caâ-
pebâ, pereira brava, réputé emménagogue ; produisit toujours
une augmentation du tonus ou des contractions.
° Schinus molle L.; nom vulgaire : aguaribay, très réputé
564 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (2)
comme emménagogue, anti-dysménorréique et balsamique ; en-
tre 1 p. 100 et 1 p. 5oo, augmentation du tonus, quelquefois
suivie par un relâchement.
3° Haplopappus baylahuen ; nom vulgaire : baylahuen ; dé-
pression du tonus et des contractions.
h° Capsella bursa pastoris L.; nom vulgaire : yerba del paja-
rito. Diminution des contractions et du tonus (à 1 p. 2.000);
quelquefois action irrégulière.
5° Larrea nitida Cav.; nom vulgaire : jarilla de la sierra ; ré-
puté comme emménagogue. À 1 p. 10.000 action excitante, fai-
ble et irrégulière ; à titre plus élevé, effets dépresseurs.
6° Larrea divaricata Cav.; nom vulgaire : jarilla, jarilla hem-
bra. L’extrait fluide fut toujours dépresseur.
7° Aneimia tomentosa ; nom vulgaire : doradilla hembra, do-
radilla aromatica. L’extrait fluide est inactif.
8° Eugenia cisplatina ; nom vulgaire : arrayan. Entre 1 p. 500
et 1 p. 1.000, l'extrait fluide augmente le tonus et les contrac-
tions ; à I p. 1.000 effets dépresseurs.
0° Fabiana imbricata ; nom vulgaire : pichi. Faible dépression
de l'utérus.
10° Fœniculum vulgare ; nom vulgaire : fenouil. L’extrait
alcoolique fut inactif à 1 p. 2.000, dépresseur de l'utérus à
I P. 1.000.
11° Phyglanthus cuneifolius ; nom vulgaire : liga, luiguilla.
Très faible dépresseur.
12° Azorella madreporica ; nom vulgaire : vareta, réputé em-
ménagogue. La résine fut inactive.
13° Sclerotium clavus (in Dactylis glomerata L.). Forte action
contracturante à 1 p. 1.000.000 ; à plus faible dose, augmenta-
tion du rythme et amplitude des contractions. L’utérus humain
était moins sensible que celui de Cobaye.
Tous les produits commerciaux d’ergot eurent une action plus
faible que cet ergot. Leur activité variait extraordinairement (Er-
gotines d'Yvon, de Bonjean, d'Erba, Ergone P. D., Secalan Gor-
lazitete)!
Nous avons essayé nombre d’autres produits bien connus. L'ac-
tion du sulfate de quinidine (nous ignorons si elle a déjà été étu-
diée) est identique à celle du sulfate de quinine. |
Sauf pour l’ergot, nous n’avons pas observé d'effets très inten.
ses pour aucune des plantes étudiées.
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
(3) SÉANCE DU À MAI 565
LES FONCTIONS DES CHIENS PRIVÉS DE LA SUBSTANCE MÉDULLAIRE
SURRÉNALE,
par B.-A. Houssay et J.-T. Lewis.
Dans une note précédente, nous avons démontré que les Chiens
privés de la substance médullaire de la capsule surrénale gauche,
puis de la surrénale droite entière, vivent parfaitement. Deux
des Chiens alors étudiés survécurent 206 et 23r jours en très bon
état et augmentèrent de 5-6 kgr. On extirpa alors le reste de la
surrénale et la mort se produisit en 20-26 heures, délai habituel
observé dans les décapsulations bien faites, avec tout le cortège
symptomatique habituel.
Fig. 1. — Chien 4. Cicatrice centrale occupant la place de la médullaire surré-
nale.
Nous avons opéré un autre lot de 9 Chiens. Quatre moururent
le jour qui suivit la 2° opération. Les 5 autres survécurent ; 2 eu-
rent de la dépression passagère ; puis tous présentèrent un aspect
normal. On n’observa pas d’asthénie ; quelques animaux étaient
vifs et très actifs. Le poids fut stationnaire (2 cas), augmenta
_ (2 cas) ou baïissa (1 cas). Le pouls (moyenne 101), la respiration
566 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (4
(moyenne 19), la température, étaient normaux. Les blessures
se cicatrisaient parfaitement. Un mois à peu près après la 2° opé-
ration, on pratiqua des épreuves fonctionnelles, puis on inscri-
vit la pression artérielle crurale, sans anesthésie et on injecta
de l’adrénaline (doses échelonnées de 1 ce.c. à 1 p. 1.000.000 ;
Fig. 2. — Chien 4. Tissu cortical et cicatrice centrale.
1 P. 100.000 ; 1 p. 5o.ooo) et d'extrait d’hypophyse (1 cas). La
pression artérielle avait la même hauteur (moyenne 115 mm. He)
que chez les témoins. L’adrénaline et l'extrait d’hypophyse pro-
duisirent les mêmes effets chez les démédullisés et les témoins.
On obtint une mydriase de même intensité et de même durée
chez les témoins normaux et les démédullisés après instillation
de cocaïne 1 p.100, d’atropine, x p. 200, d’adrénaline, 1 p. 1.000.
La composition du sang était normale (méthode de Folim et
Wu). Pour 100 c.c. de sang :
.h 12 2 IT
Glycose 5.00 0,128 0,132 0,110 0,098
N non protéique .. 0,027 0,040 0,030 0,028
APée) ANR LAS ANR 0,012 0,018 0,01? O,012-
GINa OEM 0,435 0,440 0,445 0,438
Les deux Chiens qui survécurent 6 1/2 mois avaient
0,0339 p. 100 et 0,0345 p. 100 de N non protéique.
+ VIT,
SÉANCE DU 4 MAI 567
(@)
Dans aucun cas on n’observa des changements de coloration
de la peau et des muqueuses. L'aspect du poil était excellent.
Il n’y eut aucune modification du caractère ; pas d’asthénie, ni
d'hyperexcitabilité.
Fig. 3. — Tissu cicatriciel (spongiocytes) adossé à la cicatrice centrale. Chien
survivant 6 mois 1/2.
Rien d’anormal à l’autopsie. Aucun résidu de la surrénale.
droite ; pas de capsules accessoires. La surrénale gauche fut dé-
bitée en coupes sériées dans tous les cas. L’extirpation de la mé-
dullaire était complète, à sa place on trouva du tissu fibreux
(fig. 1); la corticale avait, au voisinage de cette cicatrice, un as-
pect normal ou présentait un peu de sclérose qui s’irradiait du
centre.
Ces expériences démontrent que l’extirpation complète de la
médullaire surrénale est compatible avec un état normal, tandis
que la partie corticale est d'importance quo ad vitam.
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
568 RÉUNION BIOLUGIQUE DE BUENOS-AIRES (6)
ACTION DES DIGITALIQUES SUR LE COUR ISOLÉ
DE Leptodactylus ocellatus,
par O.-M. Prco.
Montes, Houssay et Hug, Petrocchi, ont signalé la grande ré-
sistance de L. ocellatus à l’action des glucosides du groupe digi-
talique. Nous avons étudié l’action de ces substances sur le cœur
isolé, préparé selon la technique de Straub. Ces expériences per-
mirent d'étudier plus intimement le phénomène et aussi démon-
trèrent l'impossibilité d'employer cette Grenouille, commune
dans l'Amérique du Sud, pour le titrage physiologique des digi-
taliques.
Nous avons étudié les substances suivantes : strophantine cris-
tallisée, ouabaïne, strophantine amorphe, digitaléine, spartéine,
hordéine et saponine de Merk, extrait fluide de Digitale (Muhl-
ford), infusion de feuilles de Digitale.
Toutes les expériences ont été faites en été avec lexlen
liquide de Ringer-Herlitzka.
Nous indiquons, en résumé, les concentrations qui produisi-
rent l'arrêt systolique du cœur dans le délai d’une heure. Si l’on
compare nos résultats avec ceux des auteurs européens, on voit
qu'il faut, pour le cœur de L. ocellatus, des concentrations quel-
ques centaines de fois plus fortes pour obtenir-l’arrèêt du cœur.
Cette résislance énorme ne se retrouve plus quand on emploie
l'extrait fluide ou l’infusion de feuilles. Ce fait s'explique parce
que L. ocellatus a la même sensibilité que res Grenouilles euro-
péennes, envers la saponine.
Voici un résumé comparatif :
Concentralion arrêélant le cœur Concentration arrélant le cœur
de Z. ocellatus des Grenouilles européennes
Ouabaïne .......... lp. 2.000-1 p. 5.000 1 p. 300.000-1 p. 40.000 | (Pick et Wagner, Harlung
Strophantine am ... 1 p. 5.000-1 p. 10.000 1 p. 500-000 (Trendelenburg)
Digitaléine......... 1 p. 1.000-1 p. 1.500 1 p. 5.000 (19 min.) (Karaulow)
1 p. 10.000.000 (Kakowsky)
Saponine .......... 1 p. 25.000 (4: min) 4 p. 25.000 (45 m.) (Trendelenbure)
Spartéine.......... 4 p. 500 (n'arrête pas) 4 p. 25.000 (2 m.) (Trendelenburg)
Hordénine......... 1 p. 500
Infusion feuilles. . 1 p. 500 (arrêt ventr.) 1 p. 500 (Karaülow)
Exlrail fluide ...... 1 p. 500
Conclusions. Le cœur de L. ocellatus présente une grande ré-
sistance aux digitaliques. Il a la même résistance à la saponine
et aux infusions de Digitale que celui des Grenouilles européen-
Il paraît donc que l’action de la saponine diffère de celle
des digitaliques, malgré l’identité apparente. Il y a des différen-
ces individuelles chez L. ocellatus et certaines réactions du cœur,
(7) | SÉANCE DU 4 MAI 569
en
chez cette espèce, différent de celles que l’on observe chez Rana
esculenta et R. temporaria.
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
LA VAGOTOMIE BILATÉRALE CHEZ LE COBAYE,
par L. Giusrr et B.-A. Houssay.
On sait que la vagotomie bilatérale produit, chez le Cobaye,
une dyspnée extrêmement grave, avec respirations rares et con-
vulsives, ce qui entraîne la mort en 1-6 heures. On trouve les
poumons congestionnés et œdémateux. L'analyse physiologique
de ces symptômes a été faite surtout par de Waele (1) et par
nous.
Nous avons démontré (2 et 3) que la dyspnée n'est pas due à
un obstacle laryngé ou bronchial, que la congestion et l’œdème
se produisent après l'installation des symptômes respiratoires.
Ayant vu que la pression sanguine reste élevée ou baisse très
peu, pour fléchir brusquement à la fin, nous considérons que les
troubles circulatoires suivent et accompagnent l'état dyspnéique,
sans être leur cause première.
On sait bien que la régulation des respirations dépend d'un
centre respiratoire bulbaire auquel on attribue un certain auto-
matisme, mais qui subit l'influence humorale (ions H, etc.), et
celle des réflexes d’origine thoracique (voie racines postérieures
dorsales) diaphragmatique (voie nerf phrénique) et pulmonaire
(voie nerfs pneumogastriques). Un centre cérébral situé au niveau
des tubercules quadrijumeaux exerce aussi une influence to-
nique sur le centre bulbaire. On observe un trouble respiratoire
en coupant le cerveau derrière ces tubercules, mais il devient
extrêmement grave après section des nerfs vagues.
Il est probable que, chez le Cobaye, l'influence régulatrice
exercée par le pneumogastrique est prépondérante, ou peut-être
presque exclusive : leur section amène la dyspnée probablement
par suppression d'incitation (4); le centre ne réagirait plus qu'à
l'influence humorale asphyxique. La dyspnée (et peut-être a
tachycardie) produiraient la congestion ; le vide inspiratoire in-
tense et la congestion, produiraient l’œdème ; ces causes de dysp-
née croissante, l’anoxemie et l'épuisement amèneraient la mort.
(x) Bull. Acad. roy. méd., Belgique, 1919.
(2) Journ. de physiol. et de pathol. génér., 1918, t. XXII, p. 244.
(3) C. R. de la Soc. de biol., 1927, t. LXXXV, p. 20.
(4) Démontrées par les électrovagrogrammes de Einthoven.
Biorocre. Comptes RENDUS. — 1922: T. LXXXVIT, 39
570 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (8)
Pour M. Ozorio de Almeiïida (r) la section des vagues produi-
rait des irritations de ces nerfs qui seraient la cause des troubles
respiratoires et de la mort précoce ; tandis que l’anesthésie de
ces nerfs par des lanières d'ouate imprégnées de novocaïne à
1 p. 200 et enveloppées dans des gouttières de caoutchouc, ne
produirait la mort que très tard (10-12 heures), c’est-à-dire après
réabsorption de l’anesthésique et irritation consécutive par l’ouate
et le caoutchouc.
Nous avons démontré que l’on observe exactement les mê-
mes symptômes et la mort dans les mêmes délais, quand on sec-
_tionne les vagues avec des ciseaux, par le froid, les vapeurs d’é-
ther, l’électrotonus, la novocaïne à 5-10 p. 100 (1-2 p. 100 ne
suffisent pas toujours). Ozorio d’Almeiïida (2) ayant nié l’exac-
titude de nos expériences d’anesthésie des nerfs vagues, nous
devons les maintenir après de nouvelles séries.
Nous ne nions pas que la novocaïne à 1-2 p. 100 n’anesthésie
pas d’autres nerfs, mais nous affirmons que dans nos conditions
expérimentales elle n'empêche pas l'influence respiratoire cen-
tripète des pneumogastriques.
Il suffit d’anesthésier ces nerfs pendant ro-20 minutes (ou
moins longtemps) pour que (la dyspnée étant immédiate) les
symptômes ne s’amendent que peu ou pas après suppression de
l’anesthésie et que la mort survienne.
Nous avons employé des Cobayes pesant de 350 à 750 gr. Les
vagues furent disséqués soigneusement sans être pincés ni étirés.
On passait sous chacun une lanière d’ouate imprégnée de solu-
tion physiologique à 0,9 p. 100 (chez les témoins) ou de solution
de novocaïne dans l’eau salée. Avec l’ouate, on passait un ruban
de caoutchouc mince qui évitait le contact de l’ouate et des tis-
sus (ces caoutchoucs sont absolument indispensables pour évi-
ter la diffusion de l’anesthésique ou sa dilution par du sang).
L’ouate était bien mouillée de nouveau. Ouate et caoutchouc te-
naient seuls. On détachait aussitôt les Cobayes, et après une
demi-heure, on Ôôtait ouate et caoutchouc. ;
x
Quinze témoins (ouate avec solution chlorurée à 0,9 p. 100)
survécurent tous (même après 6 jours). Quatre présentèrent de
la dyspnée immédiate qui diminua en quelques minutes.
‘Avec la novocaïne, les symptômes furent, en général, immé-
diats (surtout avec la solution à 5-10 p. 100) et croissants. La
mortalité est indiquée dans le tableau suivant
(x) Mem. Inst. O. Cruz, 1920, t. XII, p. 5.
(2) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 57.
®
(9) SÉANCE DU 4 MAI 571
Novocaïne à 1 p. 100 Novocaïne à 5 p. 100
Poids en gr. Mort en Poids en gr. Mort en
‘550 ” 58 min. 705 vit
hoo vit 320 3 h. 30 min.
707 3 h. 4o min. 645 7 h.
5ro vit 320 3 h.
340 vit 59o 2 h. 15 min.
480 1 D. 15 min. 390 vit
390 in 765 vit
Novocaïne à 2,5 p. 100 Novocaïine à 10 p. 100
h7o 7 b. A) 2 h.
380 3 h. 30 min. h20 ho min.
370 5o min. 495 8 h.
550 : 1 h. 15 min. 380 2 h. 4o min.
530 LU OM TER hho 2 h. 5 min.
480 1 D. 46 min. 350 9 h.
hho 2 h. 25 min,
320 3 h. 10 min.
250 2 h. 38 min.
On peut constater que la novocaïne à 1 p. 100 ne sectionne
pas fonctionnellement les vagues dans nos conditions d’expé-
riences. Après 15 minutes d'application de cette solution, on lia
les deux vagues, avec un fil, à l'extrémité postérieure des bandes
de caoutchouc, puis on coupa les nerfs avec des ciseaux. Immé-
diatement après on vit apparaître la dyspnée (3 Cobayes) ou bien
elle s’aggrava (2 Cobayes). On laissa caoutchouc et ouate en place
ce qui n'empècha pas l’évolution mortelle en 58 min.:
2 h. 20 min.; 6 h. 20 min.; 52 min.; 5 h. 58 min.; 2 h.
L'anesthésie d'un seul vague ne produit pas la mort (6 Co-
_ bayes).
Conclusions. L’anesthésie bien faite des nerfs vagues par li
novocaïne à titre suffisant, produit la mort dans les mêmes délais
et avec les mêmes symptômes que la section chirurgicale.
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
572 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (10)
ECTOPIE CARDIAQUE CERVICALE CHEZ UN BOVIN.
L1
LES ONDES PRESPHYGMIQUES DU POULS,
par L. Giusrr et E. Huc.
On connaît peu de cas d’ectopie du cœur, dont 3 humains (Vau-
bonnais, Cerruti, Breschet); 1 Ovin (Weese); ro Bovins (Mon-
tané et Bourdelles Hagyard, Leimer, Düker, Jensen, Immisch),
2 de Houssay et Giusti (1), 2 cas observés par nous. Nous avons
fait des recherches cardiographiques chez le 4° cas observé dans
otre pays.
Le sujet d'étude était un Veau de 19 mois, Durham, petit pour
son âge. Les articulations scapulo- hum éralles étaient srnlamies en
avant et en dehors. Le cœur était totalement dans le cou, bien sur
la ligne médiane. On voyait et on palpait les ventricules, la
pointe en avant, les auricules à la base, un tronc artériel de cha-
que côté (aorte ? à droite). Il y avait 35 à 5o pulsations par mi-
nute. Les pincements provoquaient des extra-systoles. On auscul-
tait des bruits cardiaques normaux, sauf un souffle systolique
peu intense sur l'artère à gauche.
On obtint de beaux tracés au moyen des cardiographes de Ma-
rey, dont le bouton explorateur appuyait sur la partie explorée,
L’auricule inscrivait au moins 3 ondes. Les tracés ventriculaires
indiquaient bien la période isométrique, un plateau systolique à
deux ou trois ondes, une dépression post-systolique: On ne vit
jamais l’intersystole,
Les tracés artériels étaient plus riches ; on y voyait l'onde
sphygmique arrondie ou en plateau, l'onde dicrotique et, ce
qui est plus intéressant, r ou 2 ondes précédant le pouls. Ces
deux ondes étaient séparées ou fusionnées en une seule. Des
ondes semblables ont été décrites par nombre d’auteurs, Marey
vit une onde auriculaire, Chauveau, Tigestedt, O. Fare Cite,
2 ondes.
Tous les auteurs sont d’accord sur l’origine auriculaire de la
première de ces ondes, ce qui se voit aussi dans notre cas. Mais,
pour la deuxième onde, les interprétations ne concordent plus.
Pour Chauveau (2) elle est intersystolique et due à la propulsion
du plancher aortique dont les valvules sont fermées ; pour ©.
Frank (3), les valvules aortiques fermées font saillie vers les
(4) C.R. de la Soc. de biol., 1920, t. LXXXIIT, p. 1253 ; Prensa medica
argent., 1920, t. VII, p. 73.
(2) Journ. de physiol. et de pathol. génér., 1900, t. Il, p. 1125:
(3) Zeitschr: f. Biol., 1904, t: XLVI, p. 495:
(11) SÉANCE DU 4 MAI 573
ventricules pendant la diastole, tout au commencement ‘de la
systole elles sont soulevées, puis, plus tard, elles s’ouvriront.
L’onde se produirait pendant la période isométrique de la systole
ventriculaire, selon Piper, Garten, Wiggers.
Sphygmogramme de l'artère gauche (pulmonaire ?). Auricule du côté gauche.
Le pouls a deux ondes présphygmiques et est anacrote.
Dans le cas que nous avons étudié, la seconde onde artérielle
présphygmique en question s’anticipait constamment (0,04 à
0,07 de seconde) au commencement de la systole ventriculaire.
Il ne reste que 4 hypothèses principales à considérer : 1° l’onde
est intersystolique (on ne voit pas d’intersystole dans les graphi-
ques auriculo-ventriculaires); 2° elle est due à la période isomé-
trique ventriculaire (ce qui est douteux); 3° elle représente les
574 | RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (12)
2 facteurs précédents additionnés ; 4° elle représente un phéno-
mène inexpliqué de la région infundibulo-aortique.
Les électro-cardiogrammes obtenus en dérivation mâchoire-
bras ou mâchoire-sternum, avaient la forme typique que Norr (1)
a décrite chez les Bovins normaux.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine
vétérinaire).
(1) Zeischr. f. Biol., 1921, t. LXXIIT, pp. 121-140.
) 575
RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG
SÉANCE DU 7 JUILLET 1922
SOMMAIRE
BezcocQ (P.): Le labyrinthe GERLINGER (H.) : Sur l’exis-
osseux chez le Chien........... 23 | tence d’un cycle secrétoire pen-
Bezzocq (P.) : Les aqueducs du dant la période du rut dans les
vestibule et du limaçon chez cornes utérines des Mammifères. 26
l’enfant nouveau-né. Leur valeur Niczoux (M.) et Wezter (G.) :
fonctionnelle chez l’Homme.... 21 | Microdosage de l’urée dans le
Fontés (G.) et WELTER (G.) : plasma sanguin, la lymphe, le
Le cyanure mercurique, agent liquide céphalo-rachidien...,.. 28
de conservation du taux de l’urée Raein (M.) : Un microbe pro-
VOD EN END AE ORNE nsS 30 | ducteur de para-crésol.....,... 19
Ê Présidence de M. G. Weiss.
ÜN MICROBE PRODUCTEUR DE PARA-CRÉSOL,
par M. Rein.
Baumann et Brieger (1876-1880) ont montré que les corps
phénoliques produits pendant la putréfaction de l’albumine se
composaient de phénol et de para-crésol. Le para-crésol était
considéré comme un produit intermédiaire au cours de la dégra-
dation de la tyrosine jusqu’à son stade terminal, le phénol.
En faisant agir le Bacterium coli phenologenes, l’un des prin-
cipaux producteurs de phénol dans l'intestin de l'Homme, sur
du para-crésol, je n’ai pas pu constater l’apparition de phénol (x).
J'en ai conclu que.le para-crésol devait son existence à l’action
d'un microbe spécial.
Pour la recherche de ce microbe, je suis parti d’une observa-
tion qu'a faite, en 188r, Stœckly dans le laboratoire de Nencki (2).
Get auteur a montré que les corps phénoliques formés dans la
bouillie de cervelle putréfiée ne se composaient que de para-
crésol.
(x) Rhein. Biochem. Zeitschrift, t. 87, 1918, PO:
(2) Stoeckly. Thèse de Berne, 1881.
DL
76 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (20)
J'ai ensemencé de la bouillie de cervelle, préparée d'après von
Hibler, soit avec du purin, soit avec une émulsion de terre de
jardin, La technique emplovée a été exposée dans une note an-
térieure intitulée : « Sur la production phénol par le Bacille té-
tanique et le Bacille pseudotétanique » (1). J'ai trouvé, en effet,
à l’aide de la très sensible diazoréaction, que la bouillie de
cervelle putréfiée contenait ordinairement un mélange de phénol
et de para-crésol, exceptionnellement du para-crésol pur, et, en
conséquence, j'ai isolé deux espèces de microbes, l’un producteur
de phénol, le Bacille pseudotétanique, l’autre, producteur de
para-crésol, que j'appelle dans la suite : Bacillus cresologenes.
Voici ses caractères : bâtonnet d’une longueur d'environ 2-4 u
et d’une largeur d'environ 0,5-0,7 u. Il est cilié sur toute la sur-
face du corps et très mobile à l’état non sporulé, immobile quand
il contient des spores. La spore, de forme ovale, a une position
ordinairement subterminale, parfois elle se trouve au centre du
microbe et produit un renflement. Les spores résistent à 100°
pendant 15 minutes. Le microbe se colore facilement par les co-
lorants usuels, il ne conserve qu'imparfaitement le Gram. C'est
un anaérobie strict. Il pousse rapidement sur les milieux ordi-
naires. La culture en gélose profonde montre, apnès quelques
jours d'étuve, une légère coloration rose dans les parties supé-
rieures du tube qui sont en contact avec l'air. Les colonies en
gélose profonde sont lenticulaires, à contours toujours nets. En
gélose-sérum, elles s’entourent d’un halo caractéristique. Lies
cultures dégagent une odeur nauséabonde qui, après quelques
jours, fait place à une odeur d’écurie.
Pas de formation d’indol, mais, après environ 8 jours faible
production de scatol. Le microbe liquéfie la gélatine mais pas
l’albumine coagulée. La bouillie de cervelle n’est pas noircie. En
bouillon glucosé, légère formation de gaz. Pas de pouvoir patho-
gène sur la Souris et le Cobaye.
Pour caractériser le corps phénolique, j'ai procédé à son ex-
traction d’après les méthodes ordinaires et, à la fin de ces opéra-
tions, j'ai obtenu un corps huileux à forte odeur de crésol. Avec
la solution aqueuse de ce corps, j'ai eu les réactions suivantes
1° Avec le réactif de Millon, après chauffage, une très forte
coloration rouge ; 2° avec l’eau de brome un précipité blanc, à
odeur de fumée, soluble dans la lessive de potasse en prenant
une teinte violacée; 3° avec de l'acide nitrique un précipité jaune;
4° en ajoutant à la solution un peu d’aldéhyde formique et en
faisant couler le mélange sur H?SO* j'ai obtenu un anneau brun
foncé ; 5° en mélangeant avec de l’acide diazobenzène-sulfonique
1) Rlcin. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIV, root, p. 56r.
af dir hu
(21) SÉANCE DU 7 JUILLET 977
et en alcalinisant avec Na*CO*, j'ai eu une coloration brun vio-
lacé ; 6° en ajoutant quelques gouttes de FeCl°, il s’est formé
une belle coloration bleue ; 7° la réaction de Frieber (1) a donné
une teinte brune. Des essais comparatifs avec une solution
aqueuse de para-crésol pur (Kahlbaum) ont donné les mêmes
teintes. Le corps phénolique est donc bien du para-crésol pur,
sans présence de phénol, comme le démontre surtout la diazo-
réaction.
La production de para-crésol est rapide. Dans les cultures en
bouillon, il est nettement décelable déjà après 4 heures. En
raison de cette rapidité de formation du para-crésol, le Bacillus
cresologenes pourrait entrer en ligne de compte comme produc-
teur du para-crésol qui se trouve normalement dans l'intestin
de l'Homme. Cependant, je n'ai pas pu, jusqu'à présent, le dé-
celer dans les matières fécales de l'Homme.
J'ai isolé 3 souches du microbe décrit, elles provenaient de 3
ensemencements différents et présentaient entre elles une analo-
gie complète. Le pouvoir crésologène s'est maintenu intact de-
puis 4 ans. 1
En présence de glucose, la formation de para-crésol est égale
à celle qui a lieu en bouillon sans sucre.
(Institut d'hygiène).
LES AQUEDUGS DU VESTIBULE ET DU LIMAÇON
CHEZ L'ENFANT NOUVEAU-NÉ. LEUR VALEUR FONCTIONNELLE
CHEZ L'HOMME,
par Puirippe BELLOCQ.
Les aqueducs du vestibule et du limaçon constituent deux ca-
nalicules très étroits mettant en relation les cavités de l'oreille
interne osseuse avec la surface extérieure du rocher. Ils étaient
‘encore ignorés des anatomistes de la première moitié du xvinr
siècle ; aussi l’un d'eux, Palfin, a-t-il pu écrire que l'oreille in-
terne osseuse avait été désignée sous le nom de labyrinthe parce
que « l’air qui y est renfermé ne peut en sortir, quelque chemin
qu'il tienne ». Cette formule n’est plus, on le voit, d’une exac-
titude absolue, mais on peut encore la considérer comme assez
juste, en raison du faible calibre de ces canaux. Ces aqueducs
vont : l’un du vestibule à la face postéro-supérieure du rocher ;
l’autre de l’origine de la rampe tympanique du limaçon au fond
de la fossette pyramidale, sur le bord postérieur de l'os.
(1) Frieber. Centralbl. f. Bakt., t. 86, p. 58, 1921.
578 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (22)
Parmi les particularités que ces aqueducs présentent chez le
nouveau-né nous retiendrons celles qui se rapportent à leur ca-
libre. Celui-ci, envisagé au niveau de la partie moyenne de leur
trajet, est très réduit ; il n’admet que la pointe d’une épingle. Il
est sensiblement le même pour les deux aqueducs ou est plus
grand au niveau de l’aqueduc du limaçon.
Il existe chez l'Homme adulte une différence de calibre très
nette entre l’aqueduc du vestibule et l’aqueduc du limaçon. Le
premier est le plus volumineux, le second est très réduit. Sou-
vent même on n’en trouve plus trace. C’est un point qui n'avait
pas échappé à Cloquet ; en 1834, il écrivait que l’aqueduc du
limaçon est souvent « fort peu apparent, et même semble man-
quer absolument ».
Si l’on compare le calibre de ces aquedues chez le nouveau-né
et chez l'adulte on constate : que l’aqueduc du limaçon est, en
général, plus réduit chez l'adulte ; que l’aqueduc du vestibule est
chez l'adulte normalement d’un calibre supérieur à celui qu'il
possède chez le nouveau-né. Ces canaux également développés à
la naissance subissent donc une évolution inverse au cours de
la croissance. L'un, l’aqueduc du vestibule, devient plus volumi-
neux ; l’autre, l’aqueduc du limaçon, diminue de calibre, ré-
gresse et souvent disparaît.
Ces faits démontrent que chacun de ces aquedues ne saurait
avoir une égale importance dans le fonctionnement de l'oreille
interne. Considérés comme pouvant servir de voie dérivative à
‘la périlymphe, comme constituant une sorte de soupape de sû-
reté, d'appareil régulateur de pression, ces aqueducs joueraient
dans le cas d’ébranlements trop violents, ou chaque fois qu’une
cause quelconque viendrait augmenter brusquement la tension
du liquide périlymphatique. Ce serait une sorte de système de
protection vis-à-vis de l’appareil membraneux plongeant dans la
périlymphe.
Des deux aqueducs, l’aqueduc du limaçon est celui auquel
les physiologistes accordent le rôle le plus important dans ce pro-
cessus de défense. Les faits que nous venons d’exposer montrent
qu'il ne saurait en être ainsi. Son calibre très réduit plaide déjà
en faveur de Îa faible importance de son action ; son oblitération
fréquente en devient la preuve évidente.
Pouvons-nous, en ne tenant compte que des faits anatomiques,
aboutir pour l’aqueduc du vestibule à des conclusions aussi pré-
_cises. L’aqueduc du vestibule est, on l’a vu, nettement plus vo-
lumineux que l’aqueduc du limaçon. Mais sa cavité n'est libre
que sur l'os macéré. Il loge sur le vivant une dépendance de
l'appareil membraneux, le canal endolymphatique, qui aboutit
en dehors de ce conduit à une dilatation marquée, le sac endo-
Et MOSS DL Je AA
cat. let men it ec D
j
|
(23) SÉANCE DU Ÿ JUILLET 579
——— —]—————aEaLE EEE rt
lymphatique. Un auteur récent, le D’ Georges Portmann, à mon-
tré le grand développement que peut avoir ce sac endolympha-
tique qu’il compare à un « véritable tambour physiologique ».
IL est vraisemblable que ce sac joue, en particulier, vis-à-vis du
liquide endolymphatique le rôle régulateur attribué plus haut
aux aqueducs vis-à-vis du liquide périlymphatique. Cette fonc-
tion s’accomplit par l'intermédiaire du canal endolymphatique
qui chemine dans l’aqueduc du vestibule. Ce canal comble-t-il
complètement cet aqueduc ou bien existe-t-il entre lui et les
parois de l’aqueduc un espace suffisant pour que le liquide péri-
lymphatique y puisse circuler ? Georges Portmann a bien pré-
cisé ce point. Dans la moitié périphérique environ de FPaquedue,
du tissu conjonctif relie les parois de ce dernier aux parois du
canal endolymphatique ; la moitié restante, moitié interne, pré-
sente, au contraire, un espace périlymphatique réel. Cette partie
est la seule qui puisse jouer le rôle attribué aux deux aquedues.
Il convient de remarquer que ces résultats relevés chez l'Homme
ne sauraient être considérés comme s'appliquant à tous les Mam-
mifères. Chez le Chien, en particulier, l’aqueduc du vestibule
est très réduit alors qu'au contraire le calibre relativement vo-
lumineux de l’aqueduc du limaçon autorise à croire à son im-
portance physiologique. A
Nous conclurons donc de cet exposé : 1° que les aqueducs du
vestibule et du limaçon possèdent un développement sensible-
ment égal chez le nouveau-né ; 2° que ces canaux subissent, au
cours de la croissance, une évolution en sens inverse : l’aqueduc
du vestibule s'accroît, l’aqueduc du limaçon régresse ; 3° que le
rôle attribué à ces aqueducs ne s'accorde pas, chez l'Homme,
avec les faits anatomiques constatés et que leur importance phy-
siologique doit être réduite.
(Institut d'anatomie de la Faculté de médecine).
LE LABYRNINE OSSEUX CHEZ LE CHIEN,
par Pairipre BELLOGQ.
Le labyrinthe osseux du Chien, qui paraît avoir échappé à
l’attention des observateurs, se compose, comme chez l'Homme,
d’un appareil statique et d’un appareil auditif proprement dit.
L'appareil statique comprend le vestibule et les canaux demi-
circulaires ; l’appareil auditif est surtout fait du limaçon. Nous
nous proposons, dans cette note, d'indiquer très brièvement les
particularités les plus intéressantes que l’on rencontre au niveau
580 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (24)
de ces deux parties de l'oreille interne osseuse du Chien. Nos
observations portent sur 62 rochers que nous avons disséqués ou,
pour la plupart, débités en coupes.
Le vestibule se présente sous une forme constante qui rappelle
celle que nous avons décrite chez l'enfant nouveau-né. Sur le
rocher convenablement orienté, l’arcade zyg'omatique servant
de repère, sa paroi supérieure est oblique en haut et en avant, sa
paroi postérieure est verticale. C’est la disposition « forme étirée
en position droite » du vestibule humain. Il est, en volume, moi-
tié moindre environ que chez l'Homme. Sa paroi interne ne pré-
sente pas de tache criblée moyenne et les canaux demi-circulaires
ne s'ouvrent plus dans le vestibule que par quatre orifices. La
formule bien connue chez l'Homme se trouve ainsi modifiée chez
le Chien. Il existe un orifice ampullaire pour chacun des canaux
demi-circulaires supérieur et externe, un orifice non ampullaire
commun aux canaux supérieur et postérieur, enfin un orifice
commun au canal externe et au canal postérieur. Cet orifice est
ampullaire et répond à la fois à l’orifice non ampullaire du canal
externe et à l’orifice ampullaire du canal postérieur.
Les canaux demi-circulaires sont orientés : le supérieur verti-
calement ; le postérieur obliquement en bas et er: avant ; l’ex-
terne obliquement en bas et en arrière et aussi en bas et en de-
hors. Ils rappellent ainsi la disposition que nous indiquions chez
l'enfant nouveau-né au cours d’une communication antérieure.
Mais ils présentent cependant, dans leurs rapports réciproques,
des différences marquées avec ceux que l’on trouve chez l'enfant
nouveau-né. Les canaux postérieur et externe possèdent, chez le
Chien, une longue branche commune qui répond à la branche
postérieure du canal externe et à la branche inférieure du canal
postérieur. Enfin, particularité intéressante, le calibre de ces
canaux est faible, il atteint à peine le tiers ou le quart du calibre
des canaux demi-circulaires de l'enfant nouveau-né.
Vestibule et canaux demi-circulaires présentent avec le rocher
qui les contient des rapports semblables à ceux que l’on relève
chez l'enfant nouveau-né. Le canal supérieur reste superficiel
dans la plus grande partie de son trajet ; le canal postérieur est
placé lui aussi, au niveau de sa branche supérieure et de sa bou-
cle, dans le voisinage de la face postérieure du rocher. Comme
chez l'enfant nouveau-né le vestibule est, chez le Chien, rappro-
ché des diverses parois du rocher. Sa paroï supérieure est, en
particulier, très voisine de la superficie de cet os. C’est la consé-
quence d’une disposition commune à l'enfant nouveau-né et au
Chien. Chez l’un et chez l’autre, il existe, en effet, au-dessus et
en dehors du conduit auditif interne une vaste cavité dont l’ori-
fice d'entrée répond en bas au vestibule et sur le reste de son
RS dE Cr Éd
(25) SÉANCE DU Ÿ JUILLET 581
étendue au canal supérieur. Cette fosse contient, chez le Chien,
un prolongement du cervelet, le « flocculus ».
Le limaçon décrit trois tours de spire chez le Chien, deux tours
et demi seulement chez l'Homme, Il est, de plus, très volumi-
neux à son origine. En raison de ses dimensions, il ne répond
pas seulement comme chez l'Homme à la partie de la paroi infé-
rieure du vestibule située entre la fenêtre ovale et l’ampoule du
canal postérieur, il vient encore se placer sous cette ampoule
qu’il déborde en arrière.
Quant aux aqueducs, ils présentent un développement inverse
de celui que l’on trouve chez l'Homme. L’aqueduc du vestibule
est très réduit ; l’aqueduc du limaçon est très développé et son
calibre est sensiblement égal à celui des canaux demi-circu-
laires. ù
Parmi les modifications que présente le fond du conduit au-
ditif interne, nous citerons l’absence de la fossette vestibulaire
inférieure et la profondeur très grande de la fossette cochléenne.
Quelles conclusions dégager de ces faits ? 1° les dimensions du
vestibule, le calibre des canaux demi-circulaires, le nombre de
tours de spire du limaçon et le calibre du tube limacéen à son
origine, comparés à ce qu'ils sont chez l'Homme, mettent en évi-
dence la grande importance prise chez le Chien par la partie au-
ditive du labyrinthe osseux. La partie vestibulaire est, au con-
traire, nettement réduite. Il est trop tôt pour dégager de ces faits
des conclusions plus générales. Maïs on peut se demander si
cette importance prise par le limaçon osseux n'est pas en rela-
tion, chez le Chien, avec un champ auditif plus étendu et une
perception des sons plus développée. Le gros calibre de l’aque-
duc du limaçon serait encore un argument en faveur de cette hy-
pothèse ; 2° il existe, entre la forme du vestibule et la forme et
les dimensions du rocher une corrélation très nette. On la re-
trouve aussi bien chez l'enfant nouveau-né que chez le Chien,
parce que, chez les deux, le labyrinthe est placé dans des condi-
tions comparables vis-à-vis du rocher. Chez les deux, cet os est
constitué presque tout entier par le labyrinthe osseux. Les dépla-
cements possibles chez l'Homme adulte ne sauraient se produire
ici en raison même du voisinage des parois du rocher avec les
parois du vestibule et de l’existence de la « fossa flocculi » qui
loge le flocculus ; 3° les modifications que subissent les canaux
demi-circulaires paraissent être la conséquence de l'existence de
cette « fossa flocculi » et du gros développement du tube lima-
céen qui empêche l’ampoule du canal postérieur de se dévelop-
per librement vers le bas. On voit ainsi que la disposition des
canaux demi-cireulaires se trouve conditionnée par deux fac-
teurs : a) existence d’un lobule cérébelleux, le flocculus, déter-
582 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (26)
minant lui-même la cavité qui le contient ; b) gros développe-
ment du labyrinthe auditif,
SUR L'EXISTENCE D'UN CYCLE SÉCRÉTOIRE PENDANT LA PÉRIODE
DU RUT DANS LES CORNES UTÉRINES DES MAMMIFÈRES,
par H, GERLINGER.
Les recherches des nombreux auteurs (Friedländer, K. Keller,
Fraenckel, Hitschmann et Adler, Givkovitch, Geist, Keller et
Schickelé, Ancel et Bouin, etc.), ont montré que la muqueuse
utérine présente des modifications cycliques pendant la période
d'activité génitale. Ce sont les phénomènes préparatoires à la ni-
dation de l'œuf qui ont surtout attiré l’attention au double point
de vue de leur manière d’être et de leur déterminisme. On s’est
beaucoup moins occupé des modifications histologiques qui se
passent dans la muqueuse utérine pendant cette phase du rythme
génital qui est désignée par le nom de rut chez les animaux. Et
cependant cette phase, très courte chez la plupart des Mammi-
fères, paraît a priori devoir être caractérisée par des modifica-
tions particulières de la muqueuse utérine, car elle doit présenter
une adaptation spéciale au passage de nombreux spermatozoïdes.
Nous avons été incité à faire cette étude en nous rappelant les
observations faites par R. Courrier chez la Chauve-Souris. Les
cornes utérines de cet animal renferment, en effet, pendant toute
la durée du sommeil hibernal, d'innombrables spermies qui sont
entretenues par la sécrétion des cellules de la muqueuse. Nous
nous sommes demandé si une semblable sécrétion, sans doute
très fugace, ne se rencontre pas chez les autres Mammifères.
L'existence de tels processus peut déjà être supposée à la suite
de certaines observations faites chez la: Femme par les gynéco-
logistes. C'est ainsi que Keller et Schickelé disent que, pendant
la période intermenstruelle, les cellules superficielles de la mu-
queuse utérine et les cellules des glandes augmentent de hauteur
et présentent des signes sécrétoires. Mais ces études ne sont que
des indications ; elles manquent de précision cytologique et sur-
tout n’établissent ni le déterminisme de ces phénomènes, ni les
relations chronologiques qui existent entre eux et telle ou telle
phase du rythme génital. Une telle étude ne peut être entreprise
que chez les animaux et par la voie expérimentale.
Nous nous proposons de montrer, dans cette première note,
qu'il existe une sécrétion transitoire dans l’épithélium et dans
les glandes utérienes, et que cette sécrétion coïncide exactement
(27) ; _ SÉANCE DU 7 JUILLET 583
avec la période de rut. Nous avons fait nos recherches sur la La-
pine, la Chatte et la Chienne. Nous ne nous occuperons ici que
des deux derniers animaux.
La muqueuse des cornes utérines, pendant la période de repos
sexuel, est constituée par un épithélium cylindrique qui envoie
dans le chorion sous-jacent des invaginations glanduliformes
étroites et un peu pelotonnées. Cette muqueuse est mince ; l’épi-
thélium superficiel et celui des glandes est formé de cellules cy-
lindriques basses ou cubiques. Le cytoplasme de ces éléments est
homogène ; il renferme seulement quelques chondriocontes dis
séminés et ne présente aucun signe d'activité glandulaire,
Au début du rut, quand l'ovaire renferme des follicules de
de Graaf presque mûrs, la muqueuse s’épaissit, le chorion se
congestionne, les cellules connectives se multiplient, les invagi-
nations glanduliformes s’allongent et se pelotonnent au niveau
de leur région profonde, et de nouveaux culs de sacs glandulaires
assez courts se forment par invagination de l'épithélium super-
ficiel. Celui-ci est constitué par des cellules très hautes ; la même
augmentation de volume des cellules constitutives des in-
Yaginations utérines s’observe dans toute la zone superficielle de
ces invaginations et sur toute la longueur des nouveaux culs de
sac glandulaires. Ces hautes cellules des glandes utérines pré-
sentent tous les signes cytologiques qui caractérisent l'installa-
tion d'un cycle sécrétoire : développement du chondriome et ap-
parition dans la zone apicale de granulations très acidophiles.
Quand le rut est en période d'état, quand l'ovaire contient des
gros follicules mürs prêts à la ponte, ces processus sécrétoires
sont très accentués : toutes les cellules, surtout celles de la zone
interne des glandes, sont remplies de fines granulations ; elles
sont très hautes et la lumière glandulaire contient du produit
sécrété. Si l’animal a subi l’accouplement plusieurs heures avant
d'être sacrifié, on observe des spermatozoïdes dans le produit
sécrété ; leur tête est orientée vers le fond des glandes où ils
pénètrent assez profondément. Mais nous ne les avons pas vu
dépasser la zone des invaginations utérines caractérisées par les
hautes cellules glandulaires. Celles-ci, chez le Chien, sont de
deux sortes : les unes, et ce sont les plus nombreuses, se carac-
térisent par de très petites granulations sécrétoires ; les autres,
moins nombreuses, renferment des grains qui sont beaucoup
plus volumineux et qui possèdent des réactions microchimiques
différentes.
À la fin du rut, après la rupture des follicules, tous ces élé-
ments glandulaires perdent peu à peu leurs granulations ; leur
cytoplasma devient vacuolaire et renferme souvent des goutte-
lettes graisseuses ; leurs dimensions diminuent peu à peu. Elles
ë
584 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (28)
vont présenter des modifications d'un autre ordre dans la nou-
velle période du cycle génital qui est en voie d'installation et
qui coïncide avec la présence intraovarique des corps jaunes.
En somme, chez la Chatte et la Chienne, pendant une courte
période du rythme génital, les invaginations utérines présentent
une sécrétion qui est surtout nettement marquée dans les cel-
lules de leur zone interne. L’épithélium superficiel ne prend pas
part à ces processus sécrétoires. Cette sécrétion commence avec
le début du rut et s'éteint à la fin de cette période. Nous pensons
qu'elle est en relation avec le passage des spermatozoïdes, sur
lesquels elle exerçerait une action trophique et peut-être chimio-
tactique.
(Institut d'histologie de la Faculté de médecine).
MICRODOSAGE DE L’URÉE DANS LE PLASMA SANGUIN, LA LYMPHE,
LE LIQUIDE CÉPHALORACHIDIEN,
par Maurice Nicroux et GEORGES WELTER.
Nous avons publié récemment (1) une micro-méthode de do-
sage de l’urée dans le sang, simple, rapide, d’une exactitude très
grande (2), spécifique puisqu'elle met en jeu la réaction de Fosse
(précipitation de l’urée par le xanthydrol à l’état de dixanthyl-
urée); elle nous a donné et nous donne journellement entière sa-
tisfaction.
‘ Nous voulons seulement signaler, aujourd'hui, dans cette
courte note, que notre micro-méthode s'applique également bien
— ce qui était à prévoir — aux dosages de l’urée dans le plasma,
la lymphe et le liquide céphalorachidien.
Plasma. Si l’on sait ne pouvoir disposer que d’une quantité
de sang très faible : r à 2 c.c. par exemple, il y a un intérêt
évident à empêcher la coagulation. Nous nous sommes adressés
à l’oxalate ou plus exactement au papier oxalaté. Celui-ci est ob-
tenu en imbibant du papier filtre ordinaire d’une solution à
20 p. 100 d'oxalate de potassium ; après séchage à l’étuve à r00°,
ce papier renferme environ 4 mgr. de C?O*K°? par cmgq., quantité
(1) Maurice Nicloux et Georges Welter. Micro-analyse quantitative gravimétri-
que de l'urée. Application au dosage de l’urée dans 1 cc. de sang. C. R. de
l’Acad. des Sc., 1921, t. 173, p. 1490. — Id. Micro-dosage de l’urée dans ie
sérum sanguin normal et pathologique. C. R. de la Soc: de biol., 1922, t.
LXXXVI, p. 16r. — Id. Micro- ne gravimétrique de l’urée dans le sang.
Bull. de la Soc. de chimie biol., 1922, t. IV, p. 128-142.
(2) La micro-balance sensible au millième de milligramme est pue indis-
pensable:
(29) SÉANCE DU { JUILLET 585
plus que suffisante pour 2 c.c. de sang (approximativement le
double). Ce papier est introduit dans un petit tube, rigoureuse-
ment propre et sec, de 10 mm. environ de diamètre intérieur et
dont le volume total est à peine supérieur à la quantité que l’on
veut recueillir.
Le sang oxalaté est ensuite versé dans un tube pour micro-
centrifugation (1) et centrifugé. Le dosage s'effectue, suivant la
quantité de plasma dont on dispose, sur 1 c.c., 0,5 c.c. ou même
0,3 c.c. de plasma.
Lymphe. On opère directement sur r c.c. ou 0,5 c.c. de Iym-
phe. La technique est identiquement celle que nous avons décrite
pour le sang, nous n’y reviendrons pas (2).
Liquide céphalorachidien. — La technique reste encore la
mème, mais la faible teneur du liquide céphalorachidien en ma-
tières albuminoïdes permet d'opérer sur un volume de liquide
encore plus faible et de diminuer même la dilution. On em-
ploiera les quantités suivantes qui permettent d'obtenir dans tous
les cas un volume de filtrat suffisant
Liquide Eau Réactif Volume de filtrat Hot Urce en
céphalo-rachidien distillée de Tanret employé ..,-,% mgr par c.c.
c.c. Ext CNGE CEE in @A
P
1 2 ne) 2
à
: à P
0,9 0.9 0,39 ï e
2
2 8 0] 2
0,9 O, 0,9 1 EX
9
0,2 I 0,2 I P
P : poids en mgr. du précipité de xanthylurée obtenu.
Ajoutons qu'en micro-analyse la défécation est absolument in-
dispensable,
(Institut de chimie biologique de la Faculté de médecine).
(x) Bull. de la Soc. de chimie biol., loc. cit., p. 140.
(:) Nous avons fait récemment l'application de ce micro-dosage au cours
d’un travail sur la recherche de l’acide cyanique dans le sang et la lymphe.
Voir Maurice Nicloux et Georges ua L’acide cyanique existe-t-il dans le
no OP de PACA des sc, ro22 TT 0p.01708:
BioLoGie. CoMPTES RENDUuS. — 1922. T. LXNXVII. ho
D86 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (30)
LE CYANURE MERCURIQUE, AGENT DE CONSERVATION DU TAUX
DE L'URÉE SANGUINE,
par GEorGes Fonrès et GEORGES WELTER.
On sait, notamment depuis les recherches de Colombier, que
le cyanure mercurique peut être considéré à l'heure actuelle
comme le meilleur antiseptique pour la conservation du taux
de l’urée urinaire (x).
Comme l'analyse d’urée dans le sérum ou le plasma sanguin
ne peut pas être toujours effectuée peu de temps après la prise
d'essai (envoi du sang à un laboratoire éloigné) et que, dans ces
conditions, le taux de l’urée baisse très rapidement, il nous a
semblé utile de rechercher si le cyanure mercurique aurait le
même pouvoir sur le sang que sur l'urine. Les recherches que
nous venons de faire permettent dès maintenant de répondre
affirmativement à cette question.
Tous nos dosages ont été effectués suivant la microméthode
gravimétrique récemment indiquée par Nicloux et Welter (2),
méthode d’une extrême précision nécessaire pour ce genre de
recherches.
Le plan de notre travail a été le suivant : 1° vérifier tout
d’abord que la présence de cyanure mercurique n’influait pas sur
les résultats du dosage ; 2° constater si le taux de l’urée dans le
sérum ou le plasma cyanuré variait avec le temps.
I. — Vérifications préliminaires.
Expérience I. Du cyanure mercurique en cristaux ajouté à du
sérum dans la proportion de o,1 mgr. par c.c. n’altère en rien
les résultats du dosage.
Résultats du dosage :
Urée par litre
en gr.
SÉUMATE NME AUS EPA EIRE CNE NE PNR 0,20
Sérum de Veau CYanure Le en RENE ENCRES CRETE : 0,19
Expérience II. L’addition simultanée d’oxalate de potassium
(2 mer. par c.c.) et de cyanure mercurique — tous deux en cris-
taux — n'altère pas non plus les résultats du dosage.
(x) J. Colombier. La conservation de l'urine en vue de l'analyse chimique et
de l’examen histologique. Thèse de doctorat en pharmacie, Montpellier, 1917.
(2) Maurice Nicloux et Georges Welter. Microdosage gravimétrique de l’urée
dans le sang. Bull. de la Soc. de chimie biol., 1922, t. IV, n° 3, p. 128-142.
(31) SÉANCE DU 7 JUILLET 587
Résultats du dosage :
Urée par litre
Sérumide bœuf. - 1:20 Rennes ee eue FRE à L'aMR
Expérience III. L'addition à du plasma oxalaté de cyanure
mercurique ( par l'intermédiaire de papier cyanuré) au taux de
0,1 Mgr. Ou 0,2 mgr. par c.c. donne encore les mêmes résultats.
Urée par litre
Sang de Chat en gr.
Chat I :
Flagca Cle NO MAR PERRET OP O 0,36
PESmaboxlaté CYANUTÉ 0,10 D. 1.000 -- Ma. 0,39
Chat IT :
Se A EME PR SALE RU de AN ee een 0,37
Daalolie cyanurées ed ER ne-eReeee NN CRIER 0,39
Sang de Chien
Hésmaonalalé elicyYanurét (0;EpD.41.000) 6 -NPe 61. RC O,31
Plemaboxaliié et cyanuré (0,20 p} 1000). 2. 22e 0,315
Pour ces expériences, nous avons recueilli le sang soit uni-
quement sur du papier oxalaté soit sur deux papiers, l’un oxa-
laté, l’autre cyanuré.
Pour l'obtention du papier oxalaté, voir la note communiquée
à la même séance par Nicloux et Welter. Le papier cyanuré est
obtenu d’une manière analogue au moyen d’une solution de
HgCy° à r ou 2 p. 100. La dessiccation doit se faire à l’étuve à 80°
(au maximum) pour éviter toute décomposition. 1 cmq. de papier
renferme environ o,4 mgr. de HgCy°.
IT. Influence du cyanure mercurique sur la conservation
du taux de l’urée.
1° À du sérum renfermant un taux connu d'urée, nous avons
ajouté par c.c. o,1 mgr. de cyanure. Nous avons constaté, 15
jours après, que le taux de l’urée n'avait pas varié.
2° La même expérience réalisée avec un pourcentage double
de cyanure nous a montré qu'après un mois le taux de l’urée
était resté identique.
Dans ces expériences, la température à laquelle a été soumise
le sérum, recueilli sans aucune précaution d’asepsie, a oscillé
de 20 à 30°. Dans des conditions analogues, en 5 jours au maxi-
mum, il ne restait plus trace d’urée dans les mêmes échantillons
de sérum non cyanuré.
588 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (32)
ADR cn OO, VERRE AS CR RS ARE QU LEO gs CS
Urée par litre
13 ! en gr.
Sérum de Veau (cyanuré à 0,1 gr. p. 1.000) :
OA... A RIA0e eURA EST ie ere RE ES 0,185
SAS DA A ARRET AE es" Aa A Le Pr D AURA ANT STE A AE 0,19
OMJUINN RÉEL EEE EEE CC CEr Ie ce MATE Do denoid enleve cibp die 0,15
Sérum de Bœuf (cyanuré à 0,2 gr. p. 1.000) :
[e) juin ETS OT oo Otto Bi510 0 0: d'AMD 0 br don 0 D dodo Lou oO eo D É3:3010 06 0 0,27
LUS SOS MANN MADELEINE sr us 0,279
Conclusions. Le cyanure mercurique à la dose de 0,2 c.c. par
c.c. de sérum conserve le taux de l’urée dans le sang au moins
pendant un mois.
Nous conseillons, dans le cas où la centrifugation peut être
effectuée peu de temps après la prise de sang, de recueillir direc-
tement le sang dans un petit tube renfermant à la fois du papier
oxalaté (pour 2 c.c. de sang, 1 cmq. de papier oxalaté renfer-
mant mgr. d’oxalate de potassium) et du papier cyanuré (pour
2 c.c. de sang r emq. de papier renfermant 0,4 mgr. de HgCy*).
Si, au contraire, la centrifugation immédiate est impossible, il
faut laisser coaguler spontanément le sang dans un endroit frais,
recueillir le sérum et y ajouter le papier cyanuré dans la pro-
portion ci-dessus indiquée.
Si on ajoute le cyanure mercurique au sang total, une hémo-
lyse complète et extrêmement rapide se produit et l’on constate
une diminution ralentie mais progressive du taux de l’urée qui
finit par disparaître en quelques jours. Nous nous réservons
d'étudier cette action hémolytique du HgCy*.
(Institut de chimie biologique, Faculté de médecine).
Imp. A. DAVY et FILS Aîné, 52, rue Mag2me. Paris. {Æe Gérant: A MAVY.
EXXVIT : de 1922 | N° 27
COMPTES RENDUS
ne des Séances #5
: DE LA
et de ses filiales :
le, Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
Î
nl
\
. Séance du 22 juillet 1922
PARIS |
MAS SSON HT Ce, ÉDITEURS
LIBRAIRES -DE L’ ACADÉMIE DE MÉDECINE
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (vie)
PRIX DE L’'ABONNEMENT POUR 1922 :
France : 50 Îr. — Etranger : 60 fr.
PR ; pu NUMÉRO : SU. FRANCS
ociété de Biologie
les réunions de Bordeaux, Marseille, Nancy, Petrograd,
ènes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
VACANCES DE LA SOCIÉTÉ |
La dernière séance de l'année classique 1921- 1922 a étè tenué |
22 juillet 1922; la Société vaquera Ensie jusqu'au 14 octobr
(séance de rentrée).
Du 15-17 septembre 1922, la R. B. de Marccille tiendra une réur on
plénière. |
.
Toutes les notes doivent être . |
forme de dactylographies, ne |
varietur, sans lectures douteuses
cie ne nul pas dépasser l'étendue
réglementaire.
Ces conditions sont formelles.
SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ.
7, rue de l'Ecole de Médecine
M A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que
samedi de 4 à 6. heures. Les autres jours, adresser communications ef
lettres au Secrétaire général, à l’Institut Pasteur, Paris (15°). 4
17
Cotisations et Versements :
Les cotisations et versements de toute nature peuvent être versés
directement au compte du trésorier : D’ J. Jozzy, 56, av. de Breteuil l
Paris (7°), compte postal 44-58. LR "4
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phies; les factures réglées directement à l'imprimerie. :
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de 1
notes, le jeudi à 10 heures, chez les RER MM. Davy, 52,
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14, rue Rougemont, Paris, 9° — Téléph. Central 71-57
(PA LE tee
RE Mb
A) ;
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 22 JUILLET
ArsauDp ([.) : Terminaisons
nerveuses dans les artères du
sordonrombilroal.".. 4.2.5...
AnLoinz (F.) et LANGERON (L. ):
L'’anaphylaxie dans l4 série ani-
male. Choc anaphylactique expé-
rimental chez le Pigeon........
ARLOING (F.) et Lancerox (L.):
L’anaphylaxie dans la série ani-
male. Batraciens et Poissons...
BazTeano ([.) : Sur la cuti-
immunisation anticharbonneuse
chezlest@obayes iii: ut:
BazTEANO (L.) : Sur la cuti-in-
fection charbonneuse chez les
Lapins et les Cobayes..........
Bourcuienon (G.) : Indépen-
dance de la mesure dela chrona-
xie et des variations expérimen-
tales du voltage rhéobasique chez
l’Homme .
Carnot (P.) et Kosxowsxt(W.):
Action de l’acide carbonique sur
la motricité gastrique et sur le
passage pylorique...... A à
CLerc (A.), Descuamps (P.-N.):
Recherches expérimentales sur
l’action cardiaque du sulfate de
MAIANTE Re Rec nhenehs .:
Comsiesco (D. NE L'influence
des inoculations de dérivation sur
l’évolution de Ia tuberculose.
Rôle des leucocytes
Comsresco (D.) : L'influence
des inoculations de dérivation
sur l’évolution de la tuberculose.
ns. vs ses.
ss...
Biorocre. COMPTES RENDUS.
1922
SOMMAIRE
6ro
613
= Ho
Technique et résultats .........
Doxon (M.): Adrénaline et gly-
Coste AUMOLE MP MERE
Duvac(M.)et PortTter (P.) : Ra-
pidité du changement de réaction
de l’eau sous l’influence de l’as-
similation chlorophyllienne dans
lnaturer ALAN Aie PAS
Fressincer (N.) et Worr (M.):
| Les lésions dégénératives et réac-
tionnelles dans l’hépatite expé-
rimentale de la Souris intoxiquée
par du tétrachloréthane........
GuizLaix (G.), Larooue (G.)et
Kupezsxi (Ch.) : Sur la réaction
du benjoin colloïdal avec le sé-
BUTS SAN ULUE VS TE IA
GUILLAUME (A.-C.) : Sueurs
locales et troubles cir éme es.
GuyxÉNoT (Em.), Navirze (A.)
et Ponse (K.) : Une larve de
Cestode parasitée par une Micro-
sporidie
Hazron(L.) et CLÉMENT (R.)
Expériences sur la pression vei-
neuse maximale d’un membre
comprimé à sa base. Persistance
de la circulation du retour sous
LE SERO ARE MORE INR ESS
HERELLE (F.d”) : Sur une cause
d’erreur pouvant intervenir dans
l’étude du Bactériophage.......
Hérissey (H.), FiessinGer (N.)
et DeBray-(J.) : Le mode d’élimi-
nation par les urines des doses
infinitésimales de salicylate....
T. LXXXVIT.
Ses. ces eee ee
Cr7
635
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
IzquiErDo (J.-J.): Le débit res-
piratoire maximum des habitants
des hautes altitudes........ AE
* Kermocantr (YŸ.) : Variations
morphologiques du Streptocoque.
LaBBé (M.) et Nepveux (F.).
Elimination des corps acétoni-
ques dans le jeûne prolongé.....
LaBsé (M.) et Nerveux (F.) :
Etude sur l’acidose dans le jonc
10040) (ON NE ee OUI ENAN O DILIEE OA 1 ie
LaBsé (M.) et STÉVENIN (H.)
Echanges respiratoires et méta=
bolisme basal au cours d’un jeûne
AO OURS ARENA
Losper (M.) et MARCHAL (e ):
Examen cytologique des liquides
de digestion gastrique.. .
NAGEOTTE (J:)E La structure du
faisceau conjonctif, étudiée par-
ticulièrement dans le tendon. ..
Nrcozas (E.) : L'action de l’al-
déhyde formique sur les solutions
TERDTNMOSÈNEREPEP EC ER EE RETES
Nicoras (E.) : La gélification
des plasmas par l’aldéhyde for-
mique. ec.
Panisser(L.) et VERGE (J.) : La
formol-gélification des sérums
de Bovidés tuberculeux...… :
Portier (P.) et Duvaz (M. 1e
Etude du mécanisme par lequel
le fluorure de sodium joue le
rôle de fixateur physiologique...
Ramonp (F.) et Zrzixe (P.) : À
propos de l’autolyse chez les can-
cÉreux .
RE AUD (@lL ): Sur la sensibilité
du tissu osseux normal vis-à-vis
des radiations X et et sur le mé-
canisme de l’ostéo-radio-nécrose.
SARAGEA (T.) : Le diamètre
globulaire pendant la privation
d’eau.
TARGOWLA (R.) : Sur la réaction
du benjoin colloïdal dans le
SOUL ee en ie le een Ne et
Teissier (P. y GASTINEL (P.) e
Ræizzy (J.) : L’inoculabilité .
l’herpès. Présence du virus kéra-
togène dans les lésions.........
Vincent (H.) : Sur le processus
infectieux rénal dans la coliba-
GillURIe 22. ANR See ED
WiNTREBERT (P.) : ‘ La forma.
Sesereesvoessreecesee
eee eee ee . .
D MBIOITIOC CHOICE
tion du ptérygoïde osseux dé-.
finitif pendant la métamorphose
des Salamandridæ (S«lamandra
maculosa Laur., Amblystoma ti-
gnnumubmeEen)tAPLCEE
Wourers (H.) : Modifications
des lipoïdes figurés de la cellule
6o5
607
640
598
Gr
669
665
(er
ren
(2)
hépatique vivante sous l'influence
des solutions éthérées..........
Zimmern (A.) et Correnot(P.):
Sur l’électromyographie.......
644
Réunion biologique de Lille.
Doumer (E.): La conservation
de l’amylase salivaire par la gly-
Lacuesse (Ed.): Le tissu con-
jonctif périchordal dérive-t-il
d’un réseau de fibrine ou d’un
MÉSOSLT OM A PEER RER ER
Poonovski et AuGustre : Equi-
libre hémo-rachidien de l’urée.
Poconovski et Aucusrte: Répar-
tition de l’urée dans le sang...
Poonovski, Duaor (E.) et Mo-
REL : Hyperglycémie et hyper-
glycorachie adrénaliniques.....
Réunion bioloyique
de Buenos-Aires.
Giusri (L.) et Huc(E.) : Quel-
ques données physiologiques sur
fa \Wiscache Serie rnerImren er
GUGLIELMETTI (J.) : Action de
l’adrénaline sur le système mus-
Cutaire IS ÉMÉS ER TEE PE
Houssay(B.-A.): Rôle de l’adré-
naline dans les effets hyperten-
sifs produits par excitation du
nerf splanchnique ou par pique
bulbaire.. Û
Mazza (S. ) et IRAETA (D.) : La
leucopénie après l’épreuve ali-
mentaire chez les Femmes en-
ceintes.….
Mazza (S. )et IRAETA (U. ) : L'in-
dex réfractométrique du sérum
des Femmes enceintes etses varia-
tions pendant la crise hémoclasi-
esse...
Pico (G.-E.) : Le principe Iy-
tique est-il contenu dansles Bac-
CÉTUE SI) VPNRR RENAN
Pico (C.-E.) : Précédents his-
toriques sur la lyse microbienne
transmissible CANPENEAATLES l'ame
FERNANDES (M.) : L’hémoclasie
digestive par ingestion de protéi-
nes dans l’étude de l’insuffisance
RÉPALIQUEMENE TP AERENSERRE
GonçaLves CARVALHO (M.) : ‘Sur
la labrocytose (mastzellose) chez
les individus soumis au traite-
ment antirabique...........
Guimarais (A.): Flore micro-
bienne du Phtiriusinguinalis, re-
marque sur des éléments de na-
678
675
683
687
676
688
Ga
695
Gor
Gao
687
685
Réunion biologique de Lisbonne.
|
q
. 706
701
FRE
SÉANCE DU 22 JUILLET
591
ture rickettsienne.............. 7IT
MARQUES pos SanrTos : Sur la
valeur des méthodes de Dungern
et Kottmann pour le diagnostic
sénologique du cancer, ....12... 713
MezLo(F.de)et Guimarais(A.):
Constatation dans le sang des
exanthématiques de nombreux
micronwrganismes ressemblant à
des Rickettsia prowazeki........ 707
Mezco (F.de), Pinto Nuwes(J.)
et Lima Risetro (Mlle J.) : Mor-
phologie etcycle Svolutif de deux
DOTOMAE SE ne nie nee eo 699
SALAZAR (A.-L.) : À propos de
l’irradiation de l’ovaire de la La-
pine : quelques doutes au sujet
de la loi de radiosensibilité de
Bergonié et Tribondeau........ ‘703
‘7 Sousa (J. de ) : Présence de
Rickettsia prowazeki dans lesang
des convalescents de typhus
CXAIMUMERMMAEIQUE 2 00. 710
Réunion roumaine de biologie.
Danrécopozu (D.) et CaRNior.
(A.): Action de l’adrénaline sur
l'estomac de l'Homme. Vie intra-
veineuse et voie gastrique...... 716
Danrécopozu (D.) et Carnioz
(A.) : Action de l’atropine sur
l’estomac de l'Homme. Voieintra-
MORMOTIS EME TEE 2 nes vla se elue semole 719
Danrécoporu (D.) et GarNioL
(A.) : Action de l’ésérine sur la
motilité de l’estomac chez
HOTTE A SE OR Rene 722
DanréLopozu (D.) et CARNIoL
(A.) : Action du calcium sur l’es-
tomac de l’Homme. Voie intra-
veineuse et voie gastrique ..... RTE
Danécopozu (D.) et CarnioL
(A.) : L'élément psychique dans
la motilité de l’estomac chez
lHGTATIe eMIRNee ent 724
Daniza (P.) et STROE (A.) : Sur
un cas de méningite cérébrospi-
nale sporadique à diplocoque de
éoerHeubner. "2. 22....0. SANTO
ManicATIDE, STROE (A.) et
‘ConsTanTINESCU (E.) : Recher-
ches sur le phénomène d’extinc-
tion dans la scarlatine......... 727
ManIcATIDE, STROE (A.) et
ScuapirA : Sur la valeur du coeffi-
cient calorique dans l’alimenta-
tion des nourrissons au sein..... 733
ManicaTine, STRoE (A.) et Pais :
Sur les coefficients caloriques des
nourrissons hérédo-syphilitiques. 732
OgreciA (Al.), Tomesco (P.) et
Rosmax (S.) : Les ponctions lom-
|
|
eee
baires sont constamment suivies
d’une crise hémoleucocytaire..
OsreciA (Al.) et Tomesco (P.) :
Reflexes achilléens, secondaires
et tertiaires, àl’état pathologique.
Oziescu (R.) : Le choc hémo-
clasique dans la malaria. .......
Paraon (M.) : Sur la teneur en
glycogène du foie et des muscles
chez les animaux châtrés.......
Perrescu (C.): Contribution à
l’étude biologique de la flore de
Moldavie. Champignons para-
SITES dE AORUCTETE A AE PE
Perrescu (C.) : Contribution
à l’étude biologique de la flore
de Moldavie. Associations biolo-
giques avec parasitisme simple
obcomplexe ep rer
Revicr (Em.) : Sur la cullure
de la Bactéridie charbonneuse
dans des milieux à l’arsenic.
Revicr (Em.) : Sur les modifi-
cations morphologiques de la
Bactéridie charbonneuse cultivée
dans les milieux à l’arsenic. ...
Rieczer (Em.) : Dosage chro-
nométrique de l’iode dans l’u-
SAVINI (E.) et GAROFEANO (M.) :
Essais de cultures microbiennes
sur milieux d’organes..........
SAvIni (E.) : Sur un procédé de
coloration pour les lipoïdes du
sang et dés organes hématopoïé-
Digues es nas nel Ar 150 bete
STROE (A.) et CONSTANTINESCU
(E.) : Sur le pouvoir extincteur
du sérum des Lapins inoculés
avec du sang de scarlatineux..
Tuporax (J.) : Du choc hémo-
clasique dans l’épilepsie........
748
729
745
Réunion danoise de biologie.
Banc (F.) : Démonstration ex-
périmentale d’un temps de la-
tence dans l’éclosion des tumeurs
MANENES. ERREURS,
Banc (F.) : Processus histolo-
giques au cours de l’évolution du
cancer du goudron chez les Sou-
LISA LAC EST ERNEST
Fagricius-MôLLER (J.) : Etudes
expérimentales sur la diathèse
hémorragique déterminée par les
rayons de Roentgen ...........-
Larsen (E.-G.): La réglemen-
tation neutralisatrice dans l’al-
coolisme chronique et dans ses
États SeCONUAITES PERTE ER EREREE
Vimreue (B.) : Sur les éléments
contractiles dans la paroi des
754
757
À
799
753
08 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
capillairessanouins EE EERE 761 le sérum antifibrinogène : rôle du
ur - : : HONOR EPA EEE PROS 6
Réunion biologique de Suède. | Ki ED D oo 7°9
Davine (H.) : Pouvoir hémo- JENQUIST (F.): Pouvoir microbi-
lytique du sérum antifibrino- cide du sérum de convalescents
DÉTNOUS euiede ete tie Me fe Ue FUMIeIERE nr IN denCÉpha lite REREPREEPNRARRE 771
Davine (H.): Préparation et WExLanp (N.): Action de l’atro-
propriétés générales du sérum pine sur les effets exercés par
AnCHDENMOSENE PE AAPEENUER 765 | l’adrinaline sur les vaisseaux
Davine (H.) : Recherches sur SAnguins........ Le cu PRE 774
Présidence de M. G. Bohn, vice-président.
EXPÉRIENCES SUR LA PRESSION VEINEUSE MAXIMALE D'UN MEMBRE
COMPRIMÉ À SA BASE.
PERSISTANCE DE LA CIRCULATION DU RETOUR SOUS LE GARROT
2
par L. Harrion et RoBerT CLÉMENT.
L'un de nous, avec Ch. Comte (1), avait imaginé un procédé
pléthysmographique pour apprécier, chez l'Homme, la pression
artérielle maximale : notre pléthysmographe digital (2) étant
appliqué, on exerçait sur le bras, à l’aide d’un brassard pneuma-
tique, une pression croissante ; le volume du doigt augmentait
par suite de la compression veineuse, jusqu à un moment qui
devait correspondre à l’écrasement complet et permanent de
l'artère brachiale. Les présentes recherches, tout en se rattachant
aux. précédentes, dont elles visèrent d’abord à contrôler le prin-
cipe et à expliquer certains détails, ont eu surtout pour objet de
demander à la pression veineuse, chez l'animal et éventuellement
chez l'Homme, des indications sur la pression artérielle.
Chez des Chiens de forte taille, anesthésiés, nous inscrivons la
pression du bout central de l’artère fémorale gauche ; le tuyau
de transmission de l'artère au manomètre à mercure est flanqué
latéralement d'un tuyau de dérivation qui, muni d’une soupape
s’opposant aux reflux vers l'artère, nous permettra, quand nous
pincerons le tuyau à conduite libre, de faire fonctionner l'ins-
trument comme manomètre à maxima. Nous inscrivons en même
temps la pression dans la saphène externe de la patte droite, au
moyen d'une canule en T, qui relie ce vaisseau à un manomètre
inscripteur repéré sur le précédent. Un.manchon de caoutchouc,
soutenu extérieurement par un fragment de bandage de bicy-
(1) Intermédiaire des biologistes, 1899. p. 305.
(2) Pléthysmographie. Traité de physique biologique, 1907.
Loc ES TSIE
SÉANCE DU 22 JUILLET PME CE:
clette,a été assujetti à la base de la cuisse droite ; à l’aide d’une
orosse poire de caoutchouc nous pouvons y faire varier à vo-
lonté la pression, dont un manomètre nous indique le taux. Nous
avons aussi usé, pour comprimer la base de la patte droite, d'un
lacs de forte corde, que nous serrions par torsion. Parfois, nous
avons inscrit, à l’aide d'un pléthysmographe, les variations de
volume de l’extrémité de la patte droite.
I. Quand on exerce à la base du membre une série de stric-
tions de plus en plus énergiques, on voit, comme il est naturel,
la pression veineuse s'élever, par étages successifs, jusqu'à un
certain maximum. Ce maximum ne peut naturellement dépasser
les maxima de la pression artérielle ; mais peut-il les atteindre ?
Il est difficile d'en décider théoriquement. On conçoit qu'il les
puisse atteindre si les veines sont plus dépressibles que les ar-
tères dans le segment comprimé, car alors le membre continuera
de recevoir par les artères, tant qu'elles resteront perméables, du
sang qui, d'autre part, ne pourra s'échapper des veines et pourra
s'accumuler dans ces derniers vaisseaux jusqu'à équilibre avec
la pression artérielle la plus haute. Mais si les veines ne sont pas,
dans leur ensemble, plus compressibles que les artères, l’écou-
lement qu'elles permettront, étant continu, ne sera pas compensé
à tout moment par l'apport que leur fournissent les pulsations
artérielles maxima, cet apport étant intermittent.
En fait, les pressions veineuses maxima que nous avons enre-
gistrées se sont montrées toujours inférieures aux maxima de
la pression artérielle dans le moment correspondant, encore
qu'elles fussent supérieures à la pression artérielle moyenne.
Un autre phénomène, que nous allons rapporter, implique à
lui seul qu’il ne saurait en être autrement, car il démontre que,
sous les fortes compressions, les veines de la base du membre,
loin d’être plus complètement bloquées que les artères, le sont
moins ; elles permettent donc une fuite constante du sang con-
tenu dans le membre et l’empèchent en toute circonstance de
retenir la pression artérielle intégralement.
IT. Le maximum de pression veineuse une fois réalisé, on pour-
rait s'attendre à ce qu'une forte striction à la base de la cuisse,
bloquant à fond les artères et les veines tout à la fois, emprison-
nàât complètement le sang dans le membre, et que, dès lors, la
pression veineuse restât fixée au niveau atteint. Or, il n’en est
rien ; on voit, dans ces conditions, la pression veineuse décroître
avec une vitesse d’abord assez grande, puis de nlus en plus ralen-
tie, jusqu'à voisinage de zéro. Quelle est la raison de cette des-
cenien)
Est-ce un relâchement progressif des parois vasculaires ? Non,
car la chute est trop rapide et surtout beaucoup trop profonde
594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
pour. s’accommoder de cette interprétation. Ce n'est pas non plus
une déplétion des vaisseaux par hémorragies ou par œdème, car
ces phénomènes ont fait défaut, et, d'autre part, le volume tota}
du membre, ainsi que nous avons pu nous en assurer par la plé-
thysmographie, se modifie parallélement à la pression veineuse ;
il ne reste pas accru comme il l’eût été par de l’œdème. Relevons
en passant celte absence d’œdème, tout au moins d'œdème ap-
préciable dans nos expériences malgré des hypertensions vei-
neuses fortes, prolongées et réitérées.
Une seule explication nous reste, ce semble, à savoir qu’une
compression circulaire extrêmement énergique, exercée sur la
racine d’un membre, est incapable de s'opposer complètement à
la déplétion sanguine de ce dernier par la voie veineuse. Il est
certain qu'elle s'oppose, par contre, davantage, et peut-être s’op-
pose-t-elle de manière absolue, à la circulation artérielle d’ap-
port ; car la pression veineuse, dans le membre séquestré, finit
par se mettre sensiblement en équilibre avec la pression veineuse
générale, ce qui indique que la pression artérielle d’amont cesse
d'agir sensiblement sur elle.
Où siègent les veines qui demeurent perméables sous la com-
pression, quoi que l’on fasse ? Presque sûrement dans l'intérieur
même du fémur, car nous avons vainement essayé d'empêcher
l'évacuation sanguine en employant des garrots circulaires faits
de fortes cordes et serrés jusqu’à rupture ; il n’est guère possible
que des veines des parties molles, même profondément situées,
aient pu échapper à une aussi énorme compression superficielle.
Conclusion. De toute manière, on voit qu'un lien serré à fond
Sur la racine du membre est incapable d'y retenir le sang em-
prisonné. Ce fait semble bien avoir une utilité physiologique :
en attendant le retour de la circulation, l’ischémie qui se réalise
ainsi est plus avantageuse qu'une stase prolongée avec disten-
sion, cette stase pouvant provoquer des modifications du sang
séquesiré et entraîner (l’altération des parois vasculaires mal
nourries aidant) des coagulations, des hémorragies interstitielles
et des transsudations.
À moins que les faits rapportés ci-dessus ne soient spéciaux
au Chien (ce qui est peu vraisemblable), il nous paraît impos-
sible d'évaluer simplement la pression artérielle maxima par la
recherche de la pression veineuse maxima réalisable: ce n’est
pas à dire que celle-ci doive être, a priori, sans utilisation séméio-
logique ; c’est un point que nous nous proposons d’examiner à
l’occasion.
7e
SÉANCE DU 22 JUILLET 95
LA FORMATION DU PTÉRYGOÏDE OSSEUX DÉFINITIF
PENDANT LA MÉTAMORPHOSE DES SALAMANDRIDÆ
(Salamandra maculosa Laur., Amblystoma tigrinum Green),
par P.' WiINTREBERT.
Après la disparition de sa palette dentée et de sa tige moyen-
ne (1), le ptérygo-palatin larvaire, réduit à l’aile ptérygoïdienne,
subit un remaniement important. Pourtant ce remaniement esi
moins prononcé que celui du vomer (2) et surtout il ne se traduit
à l'extérieur par aucun phénomène visible ; aucune saillie mu-
queuse ne l’accompagne ei il faut comparer attentivement les
divers aspects de l'os aux moments de la vie larvaire, de la méta-
morphose et de l’adulte pour apprécier les changements dont il
est le siège. Cela tient à ce qu'il n’est pas d’origine dentaire, mais
tout entier construit par une ossification membraneuse directe
(O. Hertwig, 1874) et que son remaniement n'intéresse que le
plan fibreux sous-muqueux. On constate cependant, comme
pour le vomer, qu'il existe deux stades distincts dans sa trans-
formation
À. Un stade de préparation, pendant lequel l'os se déplace, ré- :
gresse et s’amincit ;
B. Un stade d'achèvement, d'histogénèse ou d’ossification défi-
nilive, pendant lequel la forme nouvelle de l'os est édifiée.
À. Tandis que le vomer manifeste dans la première phase une
activité de renouvellement très intense, qui détermine une pro-
gression régulière et ordonnée de sa plaquette dentée en arrière
et en dedans, le ptérygoïde, considéré isolément, ne présente
guère que de légères modifications de son aspect et des propor-
ions de ses différentes parties. Mais si, au lieu de considérer le
piérygoïde en lui-même, isolé de l'organisme, on envisage sa
position par rapport aux autres structures de la voûte palatine,
on constate des changements notables. En effet, comme le pté-
rygoïde cartilagineux, il est inséré par sa base postérieure sur la
face ventrale du quadratum et l'extrémité distale de celui-ci se
porte en arrière, dès le début de la métamorphose ; en consé-
quence, les ptérygoïdes, tant osseux que cartilagineux du même
côté, prennent ensemble et de concert, une nouvelle orientation,
et spécialement l'extrémité antérieure du ptérygoïde osseux, tour-
née en dedans chez la larve, se porte en dehors. Ce fait, déjà
(zx) Sur le déterminisme de la métamorphose chez les Amphibiens. C. R. de
la Soc. de biol., 1910, t. LXVIII, p. 178 et p. 300.
(2) Le mode d’édification du vomer définitif au cours de la métamorphose
chez les Salamandridæ. C. R. de l’Acad. des sc., 1922, t. 195, n° 4.
596 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
connu, ressort clairement de l'examen des préparations de Sala-
mandra maculosa. Dès la disparition des régions antérieure et
moyenne du ptérygo-palatin larvaire, on surprend le recul simul-
tané des extrémités distales du carré et des ptérygoïdes ; on les
voit tourner autour de l’attache devenue mobile du quadratum
au crâne, suivant un segment de cercle qui a comme rayon la
distance qui les sépare de cette attache ; mais, comme le quadra-
tum est à l’état larvaire presque transversal, au lieu que l’angle
antérieur du ptérygoïde osseux soit dirigé en dedans, la surface
articulaire du carré se dirige en arrière, tandis que l'extrémité
antérieure du ptérygoïde commence par se déplacer en dehors.
Le déplacement est si précoce qu'il semble commencer avant
mème que la tige osseuse ptérygoïdienne ne soit rompue et l’on
peut se demander jusqu'à quel point la rotation en dehors et en
arrière de l’aile ptérygoïdienne n'est pas en cause dans la rupture
de cette tige très amincie par la régression osseuse. La pointe
extérieure du ptérygoïde et la plaquette vomérienne émigrent
en sens inverse l’une de l’autre, la première en dehors, la seconde
en dedans et l'intervalle qui les sépare augmente de plus en plus.
Pendant son déplacement passif, l’aile ptérygoïdienne subit
dans son aspect quelques légers changements : elle s’amineit, ses
bords deviennent crénelés, sa pointe irrégulière, son bord in-
terne se recourbe légèrement vers le haut, en dedans du ptérv-
goïde cartilagineux.
Les rapports entre les extrémités antérieures des ptérygoïdes
osseux et cartilagineux sont intéressants à noter parce qu'ils
montrent le moment où commence le remaniement particulier
de la pièce osseuse. À plus de la moitié de la métamorphose ex-
terne, la pointe du ptérygoïde osseux est encore en dedans de
l'extrémité du ptérygoïde cartilagineux. Vers la fin des change-
ments de la parure, la pointe osseuse, régularisée dans sa forme,
passe en dehors de celle-ci. Cependant, même à ce moment, l’as-
pect général de l’os n’est guère modifié : il a conservé sa forme
triangulaire, il est seulement un peu moins plat et ébauche une
légère concavité de sa face dorsale; il est en partie décalcifié; voilà
à quoi se réduisent ses changements chez Salamandra maculosa
à la fin du « stade de préparation ».
La larve néoténique d’Amblystoma tigrinum, l’Axolotl, pré-
sente, à un âge avancé, quelques-unes de ces modifications, ce
qui tiendrait à démontrer qu'elles ne sont pas essentiellement
d’origine métabolique ; ainsi, le ptérygo-palatin vieux de la larve
acquiert un bord interne plus épais qui se relève le long du pté-
rygoïde cartilagineux et celui-ci s’imprime sur la face dorsale
de l’os dans une gouttière peu profonde ; d'autre part, le bord
externe aminci peut présenter une échancrure assez prononcée.
(a f
2
SÉANCE, DU 220 JUIBLET 597
Les phénomènes du « stade de préparation » sont d'ailleurs en
tout semblables à ceux que l’on observe chez Salamandra macu-
losa, sauf qu'ici la décalcification préalable de la pièce osseuse
est poussée plus loin.
B. Le stade d'achèvement de l'os, ou plutôt de son organisation
définitive, est tardif. Il ne commence, comme pour le vomer,
qu'après la transformation de la base du crâne, après que le qua-
dratum a terminé son-transport en arrière, à l’époque où l’ani-
mal à revêtu complètement sa parure terrestre. Il est probable,
sans que je puisse l'affirmer, que cette phase est précédée de
l’organisation d’une membrane fibreuse, aux lieu et place où se
produira l'ossification ultérieure. En tout cas, par contraste avec
le déplacement passif qui est le phénomène principal de la pre-
mière phase, on observe dans cette seconde phase une fransfor-
mation active de la pièce osseuse.
Les changements sont particulièrement nets chez Amblysioma
higrinum. Au début de l’ossification nouvelle, l'ouverture entre
les branches antérieure et postérieure du ptérygoïde osseux cor-
respond à un angle de r10° environ : cette ouverture n’est plus
que de 80° chez l’'Amblystome parfait. C’est la branche antérieure
surtout qui est activement remaniée, car la postérieure, en raison
de son attache au quadratum est fixe. En outre, le ptérygoïde
cartilagineux s’imprime fortement dans la lame osseuse, rendue
malléable par la décalcification, et se loge dans une gouttière de
sa face dorsale. Le ptérygoïde définitif présente à sa face dorsale
2 territoires principaux : l’un antérieur étroitement appliqué sur
la loge temporale, l’autre postérieur, moulé sur la face ventrale
du carré. Sa face palatine constitue une joue osseuse inelinée
de 45° en dehors sur le plan horizontal du parasphénoïde. La
partie interne d'union des deux branches forme un demi collier
serré, concave en haut, autour du pilier basilaire du suspenseur.
Ce n'est que longtemps après la métamorphose que l’os ptéry-
soïde se soude en dehors à l’os carré, vient en arrière en contact
intime avec le squameux, s’adosse et même se superpose en de-
dans au parasphénoïde, immobilisant de ce côté le cartilage carré
et déterminant ainsi une autostylie osseuse secondaire. L’autosty-
lie primitive, par continuité de substance cartilagineuse entre le
carré et le crâne, mérite le nom de protostylie que lui ont donné
Gregory (1904) et Kerr Graham (r908).
598 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ADRÉNALINE ET GLYCOGÈNE DU FOIE,
par M. Doxon.
I. Dans une note, publiée le 12 juin, Claude Gautier attribue
à Richter la première démonstration de l’action de l’adrénaline
sur le glycogène du foie. J’ai vérifié la citation. Au cours d’un
article, consacré aux rapports qui existent entre la fièvre et l’éli-
mination du sucre, Richter fait allusion, en quelques mots, à des.
recherches exécutées par son assistant sans indiquer, d'une ma-
nière précise, les résultats et la méthode.
IT. J'ai, le premier, démontré, avec mon élève Kareff, que
l’adrénaline fait disparaître le glycogène du foie. Ma méthode
consistait à prélever sur un même animal (Chien ou Lapin) deux
échantillons de foie : l’un, immédiatement avant une injection
d’adrénaline dans une veine mésaraïque ; l’autre, après un in-
tervalle de quelques minutes. J’ai constaté, aussi, que la pilocar-
pine agit comme l’adrénaline, et que l’atropine, injectée dans le
canal cholédoque, protège la cellule hépatique contre l’action de
ces poisons (x).
IT. Au moment où j'ai publié mes premières expériences, on
n'était nullement d’accord sur le mécanisme de l'hyperglycémie
adrénalique. Il n'existait aucun résultat démonstratif, Loeper et
Crouzon avaient même formellement soutenu que l’hyperglycé-
mie adrénalique s’accompagnait d’exagération de la fonction
amylogénique du foie « que la réaction iodée montre plus riche
en glycogène que normalement » (exp. chez le Lapin) (2). Seu-
les, les comparaisons sur un même animal sont démonstratives.
Seule, la méthode que j'ai employée permet d'affirmer, sans er-
reur possible, la disparition du glycogène et la véritable origine
de l’hyperglycémie adrénalique, CI. Gautier, qui a été mon élève
et préparateur, a étendu mes résultats à la Grenouille, avec suc-
cès.
mr nee de ee
LA STRUCTURE DU FAISCEAU CONJONCTIF, ÉTUDIÉE
PARTICULIÈREMENT DANS LE TENDON,
par J. NAGEOTTE.
On décrit actuellement au faisceau conjonctif une gaine d'en-
veloppe et des anneaux de fibres cireulaires ou spirales, placés
(x) C. R. de la Soc. de biol., 1904, t. 66, p. 855 ; 1905, p. 202 ; 1908, p. 866,
1056.
(2) C. R. de la Soc. de biol., 1903, p. 1376.
(Ye)
SÉANCE DU 22 JUILLET 29
de distance en distance. Mes observations m'ont amené à penser
que la structure de ce faisceau est, en réalité moins compliquée.
La gaine du faisceau conjonctif a été étudiée surtout sur les
tendons de la queue du Rat, qui offrent des facilités particulières.
J'ai vérifié l'exactitude des descriptions des auteurs, en ce qui
concerne les images observées, mais j'ai pu aussi constater quil
y a une cause d'erreur dans les interprétations généralement ac-
ceptées : les territoires que l'on considère comme représentant
chacun la coupe transversale d’un seul « faisceau conjonctif
homologue aux faisceaux dissociés dans la boule d'œdème, ré-
pondent en réalité à des complexes fasciculaires plus ou moins
nettement délimités, qui résultent d’une certaine répartition des
cellules dans l'épaisseur du tendon. J’appellerai ces territoires
des colonnettes. |
Reportons-nous à la description et à la figure données par Ran-
vier. « Les faisceaux conjonctifs sont... entourés d’une gaine,
cloisonnés par des membranes qui partent de cette gaine et par-
courus obliquement par des fibres qui sont en continuité avec ces
cloisons ». Cette description répond à à des aspects réels, comme
chacun peut s’en assurer ; mais il faut remarquer d’abord que la
gaine qui limite les faisceaux, ainsi compris, est loin d’être tou-
jours parfaitement régulière et complète ; ensuite, que le cloi-
sonnement intérieur de ces faisceaux est encore beaucoup plus
incomplet, de telle sorte que les différents territoires communi-
quent largement entre eux par des espaces où l’on n’aperçoit au-
cune trace de cloison.
Pour comprendre j’agencement véritable du teadon, il faut
confronter les images fournies par trois techniques différentes :
coupes transversales, dissociations et colorations vitales au bleu
de méthylène — mieux encore au violet de erésyl — de tendons
. entiers, examinés à plat.
Il n'est pas aussi facile qu'on pourrait le croire de mettre en
évidence, par la dissociation, les faisceaux conjonctifs de la
queue du Rat. Que l’on opère sur un tendon frais ou sur un ten-
don fixé, ce que l’on dissocie se sont les fibrilles et non les fais-
ceaux ; si l'on colore ces préparations, on ne voit aucune trace de
gaines que l’on aurait déchirées.
La difficulté peut être levée par un artifice no L il suffit
d'imprégner d'essence de cajeput des tendons fixés au molybdate
d'amMmoniaque ; dès lors, les faisceaux se séparent très facilement
les uns des autres, tout en restant parfaitement intacts pour la
plupart. Dans les préparations ainsi faites, les faisceaux conjonc-
tifs du tendon possèdent un calibre régulier et ne s’anastomosent
pas entre eux ; leur diamètre est d'environ 4 u, mais quelques-
uns sont plus grêles. Après avoir étudié ces dissociations, si l’on
£
600 SOCIÉTÉ DE, BIOLOGIE
se reporte à une coupe transversale du tendon, faite après inclu-
sion à la celloïdine, colorée à l’hématoxyline de Mallory et éclair-
cie à l’essence de cajeput, on voit aussitôt que les faisceaux con-
jonctifs, par leurs dimensions, répondent chacun non pas à un
des territoires considérés actuellement comme des faisceaux,
mais à une des subdivisions de ces territoires, qui sont très in-
complètement tracées par les « membranes qui partent de la
gaine ».
Il devient donc évident que, dans les coupes transversales, les
interstices entre les faisceaux conjonctifs sont visibles seulement
dans les points où ils contiennent une substance étrangère, qui
n'est autre que le protoplasma des cellules tendineuses, disposé
en ailes très étendues et très compliquées, auquel il faut ajouter
des fibres élastiques éparses.
L'étude des préparations de tendons vivants vient confirmer
cette interprétation. La coloration vitale des cellules est très fa-
cile à obtenir. On peut s'assurer que les ailes des cellules tendi-
neuses, décrites par Ranvier, sont beaucoup plus étendues et plus
compliquées que ne le montre la simple dissociation après fixa-
tion à l’acide osmique. Elles se divisent en ailes primaires, se-
condaires.et tertiaires. Leurs parties les plus minces se découpent
en lanières, qui s’anastomosent d’une cellule à l’autre et forment
un réseau protoplasmique continu, comme l'avait bien vu Re-
naut. Ce sont ces ailes complexes et leurs divisions qui consti-
tuent les différents ordres de cloisons incomplètes que l’on voit
dans les coupes transversales de tendon : en eux-mêmes les fais-
ceaux conjonctifs ne possèdent aucune gaine visible ; on peut
affirmer que s’il existe à leur surface, comme c’est probable, un
arrangement de leur substance qui maintient leur individualité,
cette disposition ne se traduit par aucun aspect décelable au mi-
croscope.
Le groupement de ces faisceaux en colonnettes, tel qu'on le
voit dans les coupes transversales, répond donc à la distribution
des cellules tendineuses. Ces cellules se rangent, comme l’a mon-
tré Ranvier, en longues files qui sont parallèles à l’axe du tendon
et qui se disposent dans l’espace à intervalles assez réguliers ;
les ailes principales ou primaires des cellules s'orientent dans la.
direction des files les plus rapprochées et, tout naturellement dé-
limitent ainsi des colonnettes de substance tendineuse, qui sont
recoupées longitudinalement par les ailes secondaires, desquelles
se détachent à leur tour les ailes tertiaires. De distance en dis-
tance, les files de cellules se bifurquent et leurs branches suivent
un petit trajet oblique avant de redevenir parallèles à l’axe du
tendon ; il en résulte que l’ensemble des colonnettes forme une
ébauche de réseau, à mailles très allongées ; cet aspect a été vu
SÉANCE DU 22 JUILLET GOL
par Külliker, qui désigne sous le nom de faisceaux primaires ce
qui est appelé ici colonnettes. Mais, dans les portions obliques
des files de cellules, les crètes d'empreinte, qui marquent.la di-
rection des faisceaux conjonctifs, restent parallèles à l’axe du
tendon ; les faisceaux conjonctifs sont donc rectilignes dans tout
leur trajet quelle que soit la disposition des colonnettes dans les-
quelles ils sont successivement englobés ; ceci achève de prouver
que les colonnettes résultent exclusivement de l’arrangement des
cellules dans l’épaisseur du tendon et ne répondent pas à un
groupement intrinsèque des faisceaux conjonctifs.
À droite, coupe transversale de tendon de ja queue d’un jeune Rat. Acide picri-
que, celloïdine, hématoxyline de Mallory, essence de cajeput, baume.
Les cellules tendineuses et leurs ailes primaires dessinent, d’une façon
plus ou moins précise, des colonneltes qui sont considérées actuellement
comme des faisceaux conjonctifs ; ces colonnettes sont recoupées par les
ailes secondaires ct lertiaires des cellules tendincuses, qui séparent, très
incomplètement, les véritables faisceaux conjonctifs, dont les limites restent
invisibles, partout où il n’existe pas de lame protoplasmique interposée.
À gauche, faisceaux conjonctifs isolés après fixation au molybdate d’ammonia-
que et séjour dans l'essence de cajeput, montés au baume.
Comparer Iles dimensions de ces faisceaux avec les différents territoires
dessinés, dans la coupe transversale de tendon, par les cellules et leurs ailes.
Les seuls éléments que l’on puisse mettre en évidence dans la
trame du tendon de la queue du Rat sont les faisceaux conjonc-
üfs, eux-mêmes formés uniquement de fibrilles, et un réseau de
fibres élastiques qui siège entre les faisceaux. Existe-t-il de plus,
dans les interstices interfasciculaires une tramule conjonctive ?
Rien ne le prouve ; d’ailleurs elle serait difficile à mettre en évi-
dence. Dans les parties calcifiées des tendons du Poulet, il y a
602 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
une substance conjonctive spéciale qui, non seulement enve-
loppe complètement ce que nous avons appelé les colonnettes
tendineuses, mais encore les subdivise en petits territoires arron-
dis ; cette substance n'existe pas dans les parties non calcifiées,
qui diffèrent peu de ce que nous avons vu chez le Rat.
En ce qui concerne les anneaux de fibres circulaires ou spi-
rales, qui étranglent les faisceaux collagènes du tissu conjonctif
sous-cutané lorsqu'on les fait gonfler dans la glycérine formique,
je serai bref. Les anneaux ne 6e voient pas dans le tendon ; on
n’en aperçoit aucune trace dans les coupes de boule d’œdème
traitées par des réactifs neutres ; ils répondent simplement à des
lambeaux de tramule qui se rétractent sur les faisceaux sous l’in-
fluence de l’acide employé dans la préparation. Lors du gonfle-
ment des faisceaux, ces lambeaux sont refoulés de distance en
distance et tassés de façon à former des anneaux qui empéchent
la substance conjonctive de se dilater, et, par conséquent, de se
décolorer, lorsque la préparation a été traitée préalablement par
le carmin. |
Il résulte, à mon avis, de l’ensemble des faits apportés, que
partout la trame conjonctive est formée exclusivement de fibril-
les et de complexus de fibrilies. Plus ces complexus sont volumi-
neux, plus il est facile de les dissocier mécaniquement ; l’adhé-
rence transversale des fibrilles entre elles est donc faible ; rien
n'indique qu’elle résulte d’un ciment interposé ; il est plus pro-
bable qu’elle est düe à un phénomène de cohésion, ou bien à une
disposition de texture des fibrilles primitives qui échappe à notre
vue. Aucune raison anatomique n'empêche donc de considérer
cette trame comme un coagulum fibrillaire, très différent dans
ses particularités du caillot fibrineux, mais apparenté à ce der-
nier, parce qu'il se construit suivant un processus physique de
même ordre.
‘ ÉLIMINATION DES CORPS ACÉTONIQUES DANS LE JEUNE PROLONGÉ,
par Marcez LaBBé et F. NEPvEuUx.
L'observation d’un cas de jeûne prolongé de 4r jours nous a
permis d'étudier l’évolution de l’acidose en rapport avec le jeüne.
Le sujet est resté d’abord pendant 3 jours au jeûne complet sans
eau, puis pendant 11 jours (4° au 15° jour) au jeûne complet
avec absorption de 300 à 75o c.c. d’eau, puis pendant 16 jours
(15° au 31° jour) au jeûne avec absorption de limonade ou de jus
de citron, fournissant quotidiennement de 4 gr. à 35 gr. d’hy-
drates de carbone et exceptionnellement un jour 91 gr. d’hy-
RE
SÉANCE DU 22 JUILLET
605
drates de carbone, et enfin pendant 11 jours (31° au 4o° jour) au
jeûne complet avec absorption d’eau. Il s’est ensuite réalimenté
progressivement en ingérant du vin de Champagne, des fruits,
du miel, de la crème, des Pommes de terre et du Poisson, etc.
Jours
de
jeûne
»
»
»
127 jour
GS US)
3e »
4e »
5e »
6e »
FOND)
8° »
9° »
LOS
TIC PO)
22000)
TOP)
142 »
158 »
169 »
17e DD)
182 »
EAN 5)
20° »
DHCP)
CEE NNSS
232 )»
24 »
25En))
268 »
27 UD)
282 »
29° »
JOCNAD)
31° »
322 »
332 »
34 »
352 »
36° »
dE »
382 »
SON)
ho »
hr »
Acidité
pour
24heures 24 heur.
0
0,18
2,19
1,34
1,05
192
1,72
1,47
1,19
r,21
INTO
197
1,04
0,08
1,02
0,62
0,82
0,78
0,51
0,bo
0,66
0,79
0,97
O,81
0,67
0,83
0,79
0,84
0,85
0,96
0,97
0,60
0,71
0,67
0,44
1,03
1,26
1,18
1,03
0,88
1,09
0,88
0,b3
0,64
0,57
0,49
0,35
0,08
Az NH
pour
0,28
0,27
0,27
0,33
0,57
0,76
0,57
O,87
0,79
0,89
0,79
0,63
0,84
0,98
0,60
0,56
‘0,83
0,49
0,39
0,32
0,24
0,22
0,28
0,26
0,15
0,23
HIENCU
0,19
0,20
0,25
0,30
0,18
0,23
0,18
9,21
0,25
0,23
0,25
0,19
0,28 ,
0,24
0,27
0,27
0,27
0,27
0,23
0,04
0,19
Az NH? Azote tolal
Tr
pour
24 bheur. 24 heures
1,97
0,34
0,37
0,20
O,II
0,16
0,20
0,21
0,22
0,22
0,31
0,40
0,18
0,12
0,24
0,24
0,25
O,II
O,II
0,14
9,18
0,17
0,14
O,II
9,13
0,08
0,07
0,08
0,07
0,06
0,04
0,09
0,97
0,09
9,0
0,03
0,09
0,04
0,04
0,09
0,04
0,0)
0,09
0,09
9,06
0,07
O,II
0,21
pour
10,90
12,14
14,64
11,02
10,84
8,73
12,21
10,09
8,85
11,13
12,9D
9,57
10,92
10,28
10,19
9,22
7,70
8,22
8,35
8,09
7,16
6,46
7:39
7:59
Réactions de
Legal
++++ooocol
+
+
O0000000000000000004+44++ 44H44 +R++E
Gerhardt
++++++
++++ ++
Do
OO O000000bLO00000000000000+EL+++
Corps acéloniques
pour 24 heures
0,093
o,oôT
0,088
1,056
1,664
2, 07E
A,793
4,504
3,745
6,241
4,928
4,547
4,870
3,870
4,434
1,242
2,884
1,381
0,660
0,654
0,834
0,898
1,017
0,370
0,306
0,287
0,296
0,242
0,244
0,248
0,082
0,08
0,955
0,067
_ 0,283
0,921
0,380
0,225
0,198
0,480
0,250
0,380
0,590
0,092
0,073
0,979
0,088
O
TT
totaux acét.-a.d.
0,054
0,040
o
0,209
0,356
0,343
0,504
0,550
0,52
0,869
0,710
0,684
O,7I1
0,711
0,712
0,240
0,567
0,382
0,203
0,204
0,198
0,286
0,277
0,203
0,024
0,070
0,069
0,070
0,00
0,084
0,043
0,012
0,072
0,025
0,072
0,025
0,086
0,119
0,093
0,079
0,122
Acides
or.
gan.
pr 24h.
2
8106
386
580
3060
367
5o2
720
673
625
837
Le dosage des corps acétoniques totaux dans l’urine par la mé-
thode pondérale de Van Slyke, a montré une augmentation pro-
604 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
gressive de leur élimination qui s'est traduite par les chiffres sui-
vants : 1,096.gr. au 1° jour du jeûne ayec un maximum de
BE ve re aux 1 jour, puis une diminution régulière jusquà
1,381 gr. au 15° jour. Avec l'absorption légère du sucre, les corps
acétoniques sont tombés de suite à 0,660 gr. et sont descendus
jusqu'à 0,067 gr. au 31° jour. Le nouveau jeûne complet a pro-
voqué une légère augmentation de leur taux d'élimination par-
tant de 0,283 gr. pour atteindre 0,380 gr., puis la réalimenta-
tion par un régime mixte a abaissé de nouveau les corps acéto-
niques, qui après 4 jours d'un régime sensiblement normal sont
tombés à o. Ainsi, chez notre jeüneur, nous avons obtenu com-
me c'est la règle une acidose assez intense sous l'influence du
jeûne, la diminution légère de cette acidose sous l'influence de
l'absorption d’une petite quantité d’hydrate de carbone et sa
disparition totale après 4 jours de réalimentation mixte.
Notre observation diffère toutefois de celle de Brugsch, de Lu-
ciani, de Graefe, de Folin et Denis, par la quantité modérée des
corps acétoniques excrétés. Tandis que le maximum de
corps acétoniques atteint 16,25 gr. dans le cas de Graefe et
18,47 gr. d'acide £ oxybutyrique dans celui de Folin et Denis, le
maximum, pour notre jeüneur, n'a pas dépassé 6,241 gr. Cela
ne tient pas à la durée du jeûne puisque l'expérience de notre.
sujet a été plus longue que celle des jeûneurs suivis par les au-
teurs précités. Cela n’est pas davantage imputable, comme l'ont
annoncé Folin et Denis, à l’obésité du jeûneur, puisque notre su-
jet était maigre. Cela ne tient pas non plus à un meilleur fonc-
tionnement du foie, car précisément notre Homme avait déjà
une légère acidose avant le jeüne et excrétait 0,093 gr. de corps
acétoniques, fait explicable par une insuffisance fonctionnelle.
du foie en rapport sans doute avec ses antécédents paludéens.
L'ordre de grandeur de l'élimination des corps acétoniques cons-
tatée dans notre observation se rapproche davantage de celui.
rapporté par Bénédict qui cite un cas de jeûne où l’excrétion des
corps acétoniques atteint seulement au 11° jour 1,4 gr. au D
jour Sr, Clan Sr jour bien
Le fait marquant dans notre étude est que l'acidosé du jeûne
après avoir atteint son maximum le 7° jour a diminué spontané-
ment et progressivement. Elle a été ensuite manifestement abais-
sée par l'absorption d'une petite quantité de sucre (22 gr. en
moyenne) comme c'est la règle, mais, nouveau fait important,
lorsque le sujet reprend le jeûne complet, l’acidose tout en se
relevant légèrement (0,521 gr.) dès le premier jour, n’a pas con-
tinué à s'élever malgré la prolongation du jeûne. Ce fait ne se
retrouve pas dans les observations de tous les auteurs : il semble
donc qu'au moins dans certains cas, l'organisme s'adapte au,
SÉANCE DU 22 JUIPLET 605
RAR ol QU MR" VE it (ee
jeûne ou que les conditions biochimiques d'ailleurs inconnues
qui ont provoqué le développement de l’acidose du jeûne dispa-
raissent au bout d’un certain temps et qu’elles ne se reproduisent
plus lorsque le sujet refait du jeûne. Loin de voir cette tendance
à l'acidose augmenter progressivement avec la prolongation du
jeûne, on voit, au contraire, la capacité de faire de l’acidose di-
minuer progressivement. Si certains auteurs ne l'ont pas cons-
taté, c'est que les expériences n'ont pas été assez longues. Des
faits de ce genre ont été entrevus cependant ; Hawk et Howe ont
observé que la répétition du jeûne diminue la destruction azotée,
comme si l'organisme s’habituait à oxyder plus facilement les
graisses, ce qui est prouvé par la décroissance dans la quantité
d'acide $ oxybutyrique aux jours correspondants des différents
jeûnes. Enfin, dans ce même ordre d'idées, Abderhalden et
Lampe ont montré expérimentalement que le jeûne chez le
Chien augmente progressivement le pouvoir du sang de dédou-
bler la tributyrine.
ÉTUDE SUR L’ACIDOSE DANS LE JEUNE PROLONGÉ,
par Marcez Lagré et F. NEPvEUx.
Nous avons montré l’évolution des corps acétoniques dans
l'urine sous l'influence du jeûne prolongé. Les autres éléments
qui caractérisent l’acidose sont intéressants à envisager.
Acétone et acide diacétique. L'élimination de ces deux sub-
stances suit grossièrement la courbe de l'élimination des corps
acétonique totaux. Le rapport du total acétone + acide diacé-
tique à l’acide $ oxybutyrique est des plus variables ; tantôt il est
de 1/9, tantôt de 1/3, 1/2.
Réactions d'acidose. Leur positivité suit en général l’évolution
des corps acétoniques. Toutefois la réaction de Legal est redeve-
nue négative bien qu'il y ait encore 0,287 gr. de corps acétoni-
ques, et celle de Gehrardt s’est montrée négative avec une teneur
de 0,898 gr. de corps acétoniques. Comme on le voit, on ne peut
pas suivre une acidose par les seules réactions colorées de Legal
ou de Gehrardt, il importe en te ennenr de doser les Corps acé-
toniques totaux.
Azote ammoniacal. L'élimination de l'azote ammoniacal ne
suit que de loin celle des corps acétoniques. Il y a eu, pendant
la période d’acidose maximum, une légère augmentation de
l'élimination de l'azote ammoniacal qui a atteint 0,98 gr. par 24
N.NH°
NT
Brococre. CoMPTES. RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 42
heures et un rapport de 11,4 p. 100. L'ammoniurie a
606 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
2 ANT a te DOTE A TR ER EU AE EE A
diminué en même temps que l'élimination des corps acétoniques
mais ne s’est pas relevée lors de la petite poussée d’acidose lors-
que le sujet s’est remis au jeûne complet. Nous n'avons jamais
observé les chiffres élevés d'azote ammoniacal donnés par cer-
tains auteurs tels que Cathcart qui a trouvé au 1° jour de jeûne
o,4o:sr., au 3° jour 0,73 gms, au 12° jour 4,09 gr., eblau 1/9 jour
0,73 gr. L’élimination de l’ammoniaque urinaire n'est pas en rap-
pert avec l’excrétion de l'acide $ oxybutyrique formé.
Azote aminé. L'excrétion des acides aminés a été en diminuant
progressivement et régulièrement pendant le jeûne, sans être
en rapport avec l'élimination des corps acétoniques. Elle s’est
relevée lorsque le sujet a commencé à se réalimenter.
Acidité urinaire. La courbe d'élimination suit celle des corps
acétoniques. Elle atteint son maximum avec l’acidose maxima
et diminue spontanément sous l'influence de l'absorption de li-
monade, pour se relever ensuite au moment de la reprise du
jeûne complet. Elle diminue sous l'influence de l'alimentation
hydrocarbonée, et se relève enfin lorsque le sujet a repris le ré-
yime mixte.
Acides organiques. Is ont été titrés suivant la technique de
Van Slyke et Palmer avec l’orangé IV comme indicateur de vi-
rage. Leur courbe d'élimination suit celle des corps acétoniques
totaux, mais on est frappé de la petite quantité de ces acides éli-
minés. Leur proportion est restée très basse par rapport à celle
des corps acétonique totaux et est loin d'atteindre les chiffres
que nous avons trouvés chez les diabétiques acidosiques.
Glycémie. Avant le jeûne, notre sujet avait une glycémie, à
jeûn, de 0,89 gr. Elle s’est légèrement abaissée jusqu'à 0,71 gr.
mais s’est maintenue aux environs de 0,80 gr. Nous n'avons
constaté aucun rapport entre l’abaissement de la glycémie et
l’apparition de lacidose comme Ambard et (Chabanier l'ont
avancé.
‘Conclusion. Ces considérations générales nous permettent de
connaître l’acidose du jeüne et de noter les différences qui exis-
tent entre elle et l’acidose diabétique.
Chez un diabétique, il y a généralement un rapport entre l'éli-
mination des corps acétoniques, des acides organiques de l’aci-
dité urinaire, et celle de l’ammoniaque et des acides aminés. Ici,
au contraire, les corps acétoniques ‘ont évolué pour leur propre
compte, indépendamment des autres facteurs. L’acidose du jeùne
est une cétose, tandis que l’acidose diabétique est une acidose
dans laquelle l'élimination des acides organiques est élevée et à
laquelle s'ajoutent des troubles hépatiques du métabolisme pro-
téique avec aminoacidurie et ammoniurie. Une fois de plus donc
cette observation montre l’individualité biochimique de laci-
SÉANCE, DU 22 JUILLET 607
dose du jeûne et l'impossibilité d'assimiler les acidoses patholo-
giques en général à l’acidose du jeûne.
ÉCHANGES RESPIRATOIRES ET MÉTABOLISME BASAL
AU COURS D UN JEUNE DE {3 JOURS,
par MarcELzL LABBÉ et HENRI STÉVENIN.
Nous avons pu examiner en série les échanges respiratoires et
calculer le métabolisme basal chez un sujet qui s'est soumis vo-
lontairement à un jeüne de 43 jours. Agé de 42 ans, il mesure
x m. 7o et pesait avant le jeüne 62,700 kgr.
Les examens ont été pratiqués le sujet étant au repos, allongé
‘sur une chaïise-longue depuis une demi-heure au moins. Lors-
qu'une certaine quantité de liquide avait été absorbée quelque
temps avant l'examen le fait a été noté dans le tableau ci-des-
sous.
Nous avons employé, pour recueillir les gaz expirés, le masque
de guerre muni de la soupape de Tissot. Les volumes d’air ex-
pirés mesurés avec le spiromètre de Verdin ont été ramenés à 0°
et à 760 mm. Les échantillons d'air ont été analysés avec l’eu-
diomètre à potasse et à phosphore de Laulanié.
Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant
Jours de Quotient QUE Métabolisme
jeûne Poids respiratoire Kilo-minute basal
Avant le jeûne.
62,700 0,79 San h,2 43,3
Jeûne absolu, ni aliments, n1 boissons.
28 jour. 61,200 0,67 2,7 4,5 45,5
ï Eau
5e » 57,340 o,61 2,9 4,7 h6,2
6e » 56,700 0,65 2,9 h,h 45,3 eau bue le matin.
9 » 55,140 0,69 2,0 357 39,4 id.
Ho D) 5/,200 0,68 2,4 3,6 34,4 id.
14 » 53.400 0,65 2,4 3,7 33,3 id.
Limonade.
16° » 53 9,68 2,1 3.6 28/4 limonade bue le matin
‘ avant l’examen.
19% » 53,200 0,70 310 DO 27,0
210 » 52,700 0,09 2,3 349 31,4 limonade bue le matin.
2ÉEM) 51,800 0,74 1,0 2,4 292,4 id.
268 » 20,700 0,69 Dot O2 20,3 id.
Do) 50,100 0,77 Don Nr) 24,9 id.
30° » 49,650 0,68 ru) D) 20,8 id.
Eau
33e » 48,600 0,70 1,8 2,4 21,6
1100) A7,050 o,ÔI DL 1,8 19,3
» 16,650 0,72 2 2,7 24,1
603 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
—————Z—
Champagne.
h2e. » 45,950 0,09 1,7 2, 21,7
Réalimentation.
6e » 51,300 0,79 2,4 3,9 Su
10® » 53,490 O,ÔI 2,0 0 31,4
15e » 55,700 0,84 3.1 007 37,4
21° D 58,190 0,90 3,0 3,9 ho,5
299 » 61,600 0,8D 3,3 3,7 30,9
Notre jeûneur est, à notre connaissance, de tous les cas sem-
blables, celui sur lequel les observations ont été le plus prolon-
gées. Cetti, observé par Zuntz et Lehmann, a jeüûné 10 jours,
Succi, observé par Luciani, 30 jours, les sujets étudiés par Hoo-
ner et Sollmann, Tigerstedt, Benedict, ont jeüné respectivement
0 0e Tours,
Dans l’ensemble, nos observations confirment celles des au-
teurs précédents avec quelques particularités.
L'acide carbonique éliminé s'est abaissé d'emblée et a continué
à diminuer d’une manière régulière avec quelques légères oscil-
lations. Le chiffre le plus bas, 1,1 c.c. par kilo-minute, a été
observé le 37° jour du jeüne.
Benedict signale également uie diminution progressive de
l’acide carbonique.
L’abaissement initial alors que le métabolisme basal n'était
pas encore diminué est dû vraisemblablement à la formation de
corps acétoniques, une partie du carbone étant éliminé par les
urines. |
L'’oxygène absorbé a augmenté, au contraire, au début, passant
de 4,2 c.c. par kilo-minute à 4,5 c.c. le 2° jour du jeûne et 4,7c.c
le 5°. Il s'est abaissé ensuite régulièrement pour arriver au mini.
MUC PONC CHIC STAIOUr
L'augmentation initiale de l'oxygène absorbé se retrouve dans
les expériences de Benedict qui, en dehors de son jeüneur de 7
jours en a examiné plusieurs ayant jeüné 2 ou à jours. Benedict
a vu presque constamment la quantité d'oxygène du 2° jour du
jeûne se montrer plus élevée que celle du 1° jour.
Le quolient respiratoire s’est abaissé très fortement dès le dé-
but en raison de la diminution de l'acide carbonique éliminé
coïncidant avec une augmentation de l’absorption d'oxygène. Il
est tombé bien au-dessous du quotient théorique de 0,71 corres-
pondant à la consommation des graisses. Les 2° et 5° jours, il
était de o,6r et s’est relevé légèrement ensuite.
Des quotients comparables ont déjà été signalés chez les jeü-
neurs : 0,63 (Breithaupt), 0,66 (Cetti). Les résultats de Benedict
sont un peu différents : alors que sur de courts laps de temps il
note quelques quotients aussi bas, la moyenne de ceux-ci, rap-
portés à la journée, s’écarte peu de la normale. Mais les sujets
SÉANCE DU 22 JUILLET 609
de Benedict, observés d’une manière continue dans sa chambre
respiratoire n'étaient pas au repos musculaire complet comme
notre jeüneur. L'abaissement du quotient respiratoire au-dessous
de 0,71 a été expliqué par les auteurs de deux manières, par for-
mation de glycogène ou par production de corps acétoniques.
L'explication par la formation de glycogène aux dépens de
l’albumine et des graisses (Lehmann et Zuntz) serait plausible si
le glycogène ne devait pas être immédiatement consommé. Mais
sa destruction dans l'organisme du jeùneur doit se faire au fur
et à mesure de sa production et au surplus il faut remarquer que
l’on n'observe que les échanges terminaux. La seconde hypo-
thèse, attribue l’abaissement du quotient à la formation de corps
acétoniques et chez notre sujet l'examen des urines a montré l’éli-
mination abondante de ces substances au début, leur diminu-
on à partir du 6° jour coïncidant avec le relèvement du quo-
tient. C'est donc ainsi qu'on peut expliquer les quotients très bas
que nous avons observés.
Le métabolisme basal était, avant l'expérience, légèrement au-
dessus de la normale qui, pour l’âge de notre sujet est de 39,5 cal.
Il s'est élevé dans les premiers jours, atteignant 45,5 et
6,2, mais à partir du 6° jour il commença de s’abaisser assez
régulièrement, tombant le 37° jour au chiffre extrêmement bas
dePr0 5\cal par heurelet par mètrelcarré,
Au cours de la réalimentation, nous avons vu peu à peu re-
monter les divers éléments des échanges respiratoires : acide
carbonique et oxygène, quotient respiratoire et le métabolisme
basal. Ce dernier, encore inférieur à la normale le ro° jour, était
redevenu normal le 15°. Cette observation prouve d’une manière
évidente que le métabolisme basal s’abaisse au cours du jeûne,
l'organisme prenant de nouvelles habitudes et la diminution de
la consommation constituant un moyen de résistance à l’inani-
tion comme chez les animaux hibernants dont la dépense de
fond est très diminuée.
Le même fait a été observé dans l'inanition relative prolongée.
Zuntz et Lœwy l'ont constaté sur eux-mêmes après les restric-
tions alimentaires de la dernière guerre. Nous-mèmes l'avons
noté dans plusieurs cas de diminution alimentaire poursuivie
pendant longtemps. Chez une anorexique mentale de 28 ans,
pesant 21,800 kgr., chez laquelle le début de l’affection remon-
tait à 14 ans, nous avons trouvé un métabolisme basal de 30,8
au lieu de 37, chiffre normal. Il faut remarquer également qu'a-
près réalimentation, le métabolisme basal n’est resté au-dessous
de la normale que pendant une dizaine de jours et que le 29°
jour il était tout à fait normal. Il y a donc une influence mani-
G10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
feste des habitudes alimentaires sur le mode de fonctionnement.
de l'organisme.
INDÉPENDANCE DE LA MESURE DE LA CHRONAXIE
ET DES VARIATIONS EXPÉRIMENTALES DU VOLTAGE RHÉOBASIQUE
CHEZ L'HOMME,
par GEORGES BOURGUIGNON.
Dans une note présentée à la Réunion biologique de Stras-
bourg (1), A. Strohl et À. Dognon proposent d'introduire une-
forte self dans le circuit pour éviter l’erreur qu'ils attribuent à la
polarisation dans la mesure de la chronaxie chez l'Homme. Ils
pensent arriver au même résultat en augmentant la résistance
en série dans le montage sans self. À l’appui de leur discussion
théorique, ils donnent des expériences sur différents muscles.
Sur le biceps, par exemple, une chronaxie de o°,ooo10o mesurée
à l’égersimètre dans le montage ordinaire (20.000 w en série)
passe à o°,00030 dans le montage avec self ; en augmentant la
résistance en série dans le montage sans self, une chronaxie de
0°,00018 avec rhéobase de 16 volts, passe à 0°,00023 pour une-
rhéobase de 32 volts et à o°,o0031 pour une rhéobase de 57 volts.
Ils concluent de là qu'il faut ajouter dans le circuit des résis-
tances variables avec l’excitabilité du muscle, pour mesurer cor-
rectement la chronaxie.
Faute de moyens matériels, je n'ai pu vérifier les expériences.
avec la self. Maïs j’ai répété les expériences sur l'augmentation du
voltage rhéobasique dans le montage sans self. Sans entrer, pour
le moment au moins, dans la discussion des théories et des hypo-
thèses, je me tiendrai, dans l'exposé de mes résultats, strictement
sur le terrain expérimental.
I. Dans mes nombreuses mesures de chronaxie normale, por-
tant maintenant sur plusieurs centaines de sujets, jamais je n'ai
trouvé, soit au pistolet, soit aux condensateurs, des écarts d’un
sujet à un autre aussi considérables que ceux que je relève dans
les chiffres de Strohl et Dognon (o°,oooro à 0°,00030 pour le bi-
ceps, dans les mêmes conditions expérimentales).
IT. J'ai fait varier le voltage rhéobasique en ajoutant des ré-
sistances en série croissantes. La chronaxie, mesurée au pistolet
de Weiss, n'a pas varié, pour des variations de rhéobase sem-
blables à celles de Strohl et Dognon.
(1) A. Strohl et A. Dognon. Influence de la polarisation sur la mesure de
l’excitabilité électrique chez l'Homme. C. R. de la Soc. de biol., t. EXXXVI,
1922. p. 606.
er 44
SEANCGENDUM2S LIU TLIENT G1iL
Expériences. Montage en série. Pistolet de Weiss. r em. d'écart
des fils —0*,0000/5.
Rhéobase vériliée après chaque mesure de chronaxie.
Chronaxie
Voltage Vérifeaton
R. en série rhéobasique à la fin de Ecart des fils Temps en
Musele en ohms. 12 mesure l'expérience en cenlim. secoudes
Biceps,pointmo, { 10000 TO VS. TD V. 2 0,00009
teur, sujet 1 Mr : 24000 HAVE OPRIVE 2 0,00009
M 28 mars 1922 | 4oooo environ 56 v. 56. 2 0,0000ÿ
Extens. comm.
(686 01) SRE | 10000 DEV De 9 0,00041
l 20000 30 .v: SV 9,9 0,00045
Cr MA, 2/a- à à
Lu nn. Aoooo environ 70 v. Gp vw. 10 0,00045
Sie =
Sujet 2 Mme Le 10000 39 v. 32 \2E 12 0,000/
B 1 20000 DEAN. Dh iv: Ho) 0,00060
= D oooo environ | GT: 55 v. 12,5 0,00056
Les chronaxies sont celles que j'ai données avec les conden-
sateurs. La variation du voltage rhéobasique ne les à pas fait
varier.
IT. Dans un mémoire paru dans les Archives d'électricité mé-
dicale et de physiothérapie (mai 1922), Strohl (1) critique, théo-
riquement, l'emploi des condensateurs chez l'Homme.
Les expériences que j'ai publiées sur le contrôle des conden-
sateurs avec le pistolet de Weiss (2) justifient l'emploi des con-
densateurs chez l'Homme. Cependant, j'ai complété les expé-
riences ci-dessus, en comparant, pour la même rhéobase avec
le montage en dérivation (3), la chronaxie mesurée à. l’aide des
condensateurs, avec la chronaxie prise au pistolet. La rhéobase
est vérifiée après les deux mesures de chronaxie. Voici cette ex-
périence
R. du circuit général—/.000 ©. KR. en dérivation— 10.000 «©.
R, en série avec le sujet= 11.000 ©.
Pour les condensateurs, +—C- x 0,004, C- étant exprimé en
microfarads.
Pour le pistolet, + =D x 0°,000045, D étant exprimé en centi-
mètres.
Voltige rhéobasique Condensateurs Pistolet
Muscle 1e mesure Vérification Crenmi Chronaie | Dencm. Chronaxie
Extens. comm,
des dgts, point
moteur,sujetr, c
Mr T. 24 avril
MOD Net Lens ne É 36 v. SN. o,Mfir 9,S00044 10 CM. 0,5000/D
(x) A. Strohl. La caractéristique d'’excitabilité électrique. Archives d’éleclri-
cité médicale et de physiothérapie, n° 436, mai 1922.
(2) G. Bourguignon. Soc. fr. d’électrothérapie, février 1920. G. Bourguignon
et H. Laugier. C. R. de la Soc. de biol., 5 mars root.
(3) G. Bourguignon. C. R. de la Soc. de biol., 80 avril 1921.
612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Il est inutile d'insister sur Ia concordance des résultats des
deux méthodes.
IV. Enfin, en juin 1920, j ai fait sur le Lapin, une expérience,
restée inédite, qui démontre que la polarisation de la peau n'ii-
troduit pas d'erreur appréciable dans la mesure de la chronaxie.
Je mesure la chronaxie d'abord à travers la peau, puis sur Île
muscle dénudé, et je vérifie l'intensité avec le voltage rhéobasi-
que et avec ce voltage doublé, avec un milliampèremètre don-
nant le 1/100 de mA. Voici l'expérience
FT RON Oo 37 1R = T0 000 0:
Rhéobase Rbhéobase X 2 C- Chronaxie
RL TE TR ES
Muscle Voltage Intensité Voltage Intensité
Droit antérieur
de la cuisse du
lapin.
I. sur la peau... 34 v. o,mA/ GS v. 0,mA9 o,mfo2 0,500007/4
2. sur le muscle
à découvert. . 8 y. O,MÂT 10 v. o,mA2 0, "102 0.000074
L'influence de Ja polarisation se fait donc sentir sur la mesure
de l'intensité. Elle n'a pas troublé la mesure de la chronaxie.
Quel que soit l'intérèt des recherches de Strohl sur la polari-
sation chez l'Homme (+), il ne s'ensuit pas que cette polarisation
introduise dans la mesure de la chronaxie l'erreur que Strohl &t
Dognon ont cru voir : mes expériences le prouvent.
‘Les expériences de contrôle des condensateurs par le pistolet
de Weiss en justifient l'emploi chez l'Homme. Il faut seulement
savoir que les mesures sur l'Homme sont très délicates, récla-
ment une longue expérience de la technique de l’électro-diagnos-
tic et quil est plus facile de trouver des chronaxies trop grandes
que trop petites ; il faut vérifier soigneusement à chaque instant
le point moteur et vérifier la rhéobase après la mesure de la chro-
naxie.
(Laboratoire d’électro-radiothérapie de la Salpétrière).
GONR dellaSoc. de biol., 1. LXXXIN bp 125 Mr9o2r etut. ENXXV-p-10/18
1921.
SÉANCE DU 22 JUILLET 613
ACTION DE L'ACIDE CARBONIQUE SUR LA MOTRICITÉ GASTRIQUE
ET SUR LE PASSAGE PYLORIQUE,
par P. Carnxor et W. KoskowsKi.
L'action thérapeutique du bicarbonate de soude et des eaux
bicarbonatées (type Vichy) sur le fonctionnement digestif a été
souvent étudiée, mais avec des résultats contradictoires : il nous
paraît nécessaire, en raison de sa complexité, d'en étudier 1isolé-
ment les deux termes principaux : d'une part, l’action de l'acide
carbonique, d’autre part, celle de l'alcali. Les recherches que
nous publions sont relatives à l'action de l’acide carbonique, in-
troduit par diverses voies (gastrique, duodénale, rectale, sous-
cutanée, veineuse), à l’état de gaz ou de solution, et en propor-
tions différentes, sur la motricité de l'estomac, et, notamment
sur la vitesse de son évacuation pylorique. Ces recherches ont été
poursuivies, d'une part, chez des Chiens porteurs d’une fistule
duodénale faite par voie dorsale, suivant la technique que nous
avons jadis décrite (Sociélé de biologie, 1905), d'autre part, chez
. des Hommes, sains ou souffrant d'affections gastriques, exami-
nés à l'écran radioscopique, après repas baryté. Ces deux mé-
thodes nous ont donné des résultats très comparables, montrant
que l'acide carbonique augmente notablement la motricité de
l'estomac et accélère beaucoup le passage pylorique. Cette action
nous le verrons, s'exerce par l'intermédiaire du pneumogastri-
que.
Technique des fistules duodénales.
Nous comparons, chez un Chien dont la vitesse de passage py-
lorique nous est connue, les quantités de liquide éliminées par
la fistule, de cinq en cinq minutes, après introduction dans l’es-
tomac, de 200 c.c. d’eau salée physiologique, avec ou sans acide
carbonique.
a) L'absorption de 200 c.c. d'eau salée physiologique, sans
CO°, donne, de 5’ en 5’, les chiffres d'élimination suivants
(moyenne des 10 expériences) :
be 10° 115) 20? DIE 30° 35° ho” 45?
DR DONC CIC -C MTONC.c : TONCrC- AN B2UC:C Th C:C. TDi GC NES CC,
b) la même quantité d'eau salée, additionnée de 2 gr. de bi-
carbonate de potasse et de 2 gr. d'acide citrique (pour dégager
du gaz carbonique dans l'estomac) donne les chiffres d’élimina-
tion suivants (moyenne de 3 expériences) :
52 10° 19° 2 5° 30? 10) 4o° 45°
DR RE CC ONE N 2700. | 19 C:CATIONC:C. Moby NoNcrcelmE crc,
9?
©
SJ
(SA.
©
(®)
©
614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L'évacuation est, on le voit, légèrement plus rapide que dans.
les expériences témoins; mais les conditions sont complexes (pré-
sence d'acide citrique notamment).
c) La même quantité d’eau salée physiologique, 5° après intro-
duction de 120 c.c. de CO? par la fistule duodénale, donne un
rythme d'évacuation nettement plus rapide (moyenne de 3 ex-
périences) :
HE 10° 157 20° DDE 30 MODE
CSC No IC CANTON ETC CMAONC: Ce NICE C RO CC:
; __— Nacl frooe /200:]
n F jo =» se SAS
- TX
140
11Q°
109
02 LL Les cree
5 19° 5° 20 25° 30° 35° 40
Jemps
d) Enfin, la même quantité d’eau salée physiologique 15°
après injection sous-cutanée de 120 c.c. de CC* (temps d'action:
qui nous a paru optimum) donne un rythme de passage franche-
ment accéléré (moyenne de 4 expériences) :
DE 10° 5 Ne oi
TOC CMS CLC VARC crc"
Dans une de ces expériences, le passage pylorique à même
atteint 184 c.c. dans les 5 premières minutes.
Ces expériences sont d'autant plus concluantes qu'il n'y a pas
lieu d'incriminer l’action directe de l'acide carbonique sur les.
muqueuses digestives, puisque celui-ci a été introduit à distance:
SÉANCE DU 22 JUILLET 615
par voie sous-cutanée (remarquons d'ailleurs, en passant, que
la résorption sous-cutanée de CO* chez le Chien a été beaucoup
plus lente que nous ne le pensions d’après les recherches de CI.
Bernard chez les Lapins, car nous avons encore trouvé de la cré-
pitation gazeuse sous-cutanée plusieurs jours après l'injection
chez l'Homme, par contre, la disparition a été beaucoup plus
rapide (une heure au maximum).
e) Une expérience témoin, faite en injectant sous la peau,
non plus du gaz carbonique, mais de l'air, a, par contre, donné
des temps de passage sensiblement normaux
10° 13 20? DD 30°
CMOMENC NO MIC CU DO) C.C: 127 CC. | OMC-Ce
I
2
La rapidité d'évacuation pylorique est donc bien attribuable
à l’action de l'acide carbonique, et non à la distension gazeuse
Sous-cutanée. Cette action s'exerce à distance, comme in situ.
f) Pour élucider le mécanisme de cette action, nous avons
répété l'expérience dans les mêmes conditions (ingestion de
“00 c.c. d'eau physiologique après injection d'acide carbonique
Sous la peau); mais une demi-heure après, injection sous-cutanée
de r mgr. de sulfate d'atropine (pour annihiler l’action du para-
S\impathique); le temps de passage n’a pas été accéléré. Voici,
“par exemple, la moyenne de 3 expériences
EN ul 6) 2R07 Ref)
51 10° 19 20 Do 30 90 ho° 45
Re MEN CC IC CN CIC TOC. CLR C COM IONC C-ARTEMC:C- NP TONC:C;
50 DO
19 COMME
—… 1! semble donc que l’action stimulante sur la motricité gastri-
“que, et accélératrice du transit pylorique, provoquée par l'injec-
‘ion, à distance, d'acide carbonique, soit due à un réflexe d'’ex-:
citation des nerfs périphériques, transmis à la musculature gas-
tique par la voie du pneumogastrique. Cette hypothèse rend
“compte également du fait (observé, il est vrai, dans une seule
“expérience et qui devra être répétée) que l'injection intravei-
neuse lente de GO? ne provoque pas la même stimulation mo-
trice.
Technique des examens radioscopiques.
l Nous avons suivi à l'écran radioscopique, les mouvements de
“lestomac et la vitesse du transit pylorique après ingestion de
Mbouillie barvtée (100 gr. de sulfate de baryum pour 250 c.c.
d'eau).
- a) Dans une première série, nous introduisons dans l'estomac,
| par la petite sonde d’Einhorn, 100 c.c. de CO? ; puis, après 10’,
nous faisons ingérer la bouillie barvtée, L’exagération des mou-
LMements gastriques (par rapport à l'expérience témoin sans CO*)
616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
se manifeste aussitôt : les contractions sont intenses et profondes,
avec sillons très creusés, se déplaçant dans le sens péristaltique,
aboutissant, dès le début, à une évacuation, par grosses bouchées,
de bouillie barytée dans le duodénum ; les bouchées progressent
ensuite rapidement dans le grèle. L'estomac se vide ainsi très
vite, les deux tiers du baryum ingéré ayant quitté l'estomac dans
les cinq premières minutes. Dans cette expérience, on doit tenir
compte de l’action directe de l'acide carbonique sur les parois
gastriques, et, mème, de la pression du gaz qui s’accumule, sous
forme de poche à air, au-dessus du liquide baryté.
b) Dans une autre série d'expériences, par contre, nous avons
introduit le gaz carbonique par voie sous-cutanée, de 5° à 15°
avant l’ingestion de bouillie barytée : or, ici encore, les contrac-
tions gastriques ont été manifestement renforcées, donnant lieu
à des ondulations et à des sillons profonds, progressant par on-
des énergiques et rapides. L'évacuation pylorique s’est faite dès
le début, par grosses bouchées, à tel point que l’estomac s'est
vidé de façon anormalement rapide. La vitesse de progression
dans l'intestin a été également accrue. Parallèlement, nous avons
étudié l’influence du gaz carbonique sur la sécrétion gastrique.
Cette étude fera l’objet d’une prochaine note : notons, d’ores et
déjà, que l’action sécrétoire de CO? sur la muqueuse gastrique
semble moins importante que son action motrice. Il y a plutôt
augmentation de l'acidité que de la quantité de suc gastrique sé-
crété : l’action est, d'autre part, assez tardive et ne se manifeste
pas avant un quart d'heure.
En résumé, l'acide carbonique introduit dans l'estomac ou à
distance, par voie sous-cutanée, provoque une augmentation
notable des contractions gastriques et de l’évacuation pylorique :
cette action annihilée par injection préalable d’atropine, est pro-
bablement transmise à la musculature gastrique et pylorique par
la voie du parasympathique.
Des conclusions thérapeutiques immédiates peuvent être dé-
duites de ces expériences (action de l’eau de Seltz, de la potion
de Rivière, des eaux carboniques, etc.).
HE
SÉANCE DU 22 JUILLET G1T
RAPIDITÉ DU CHANGEMENT DE RÉACTION DE L EAU
SOUS L'INFLUE*’iCE DE L'ASSIMILATION CHLOROPHYLLIENNE,
DANS LA NATURE,
par Marcez Düvaz et PAUL PoRTIER.
On sait que l'assimilation chlorophyllienne des plantes aqua-
tiques a pour conséquence une alcalinisation de l'eau environ-
nante. Le phénomène peut être facilement mesuré par les réac-
tifs colorés qui permettent de déterminer la concentration des
ions H+.
L. Lapicque et Mlle Kergomard ont apporté dans la dernière
séance des résultats d'expériences faites à ce point de vue sur
les Algues d'eau douce.
Nous avons eu l'occasion, au mois d'avril 1922, de faire dans le
département de l'Aube un assez grand nombre de déterminations
de concentration des ions H+ de l’eau des sources qui, émergeant
du calcaire jurassique, coulent abondamment à cette époque de
l’année.
La plupart des sources que nous avons examinées gagnent les
rivières de la contrée par des fossés remplis de plantes très va-
riées (Renoncules, ombellifères aquatiques, Algues, etc.). L'écou-
lement était rapide et la température était seulement de quelques
degrés au-dessus de zéro.
L'eau sort de terre avec une réaction sensiblement neutre, P#
do 7,2 (Tr).
Bien que son écoulement soit ordinairement rapide et la tem-
pérature de l'eau très basse à cette époque, l’alcalinisation se
produisait avec une très grande rapidité. C’est là le fait qui nous
a semblé intéressant et sur lequel nous désirons appeler l’atten.
tion par quelques exemples.
® Petite source sur le bord de la route de Merrey à More. Le
ruisseau formé coule dans un fossé contenant beaucoup de plan-
tes aquatiques ; les Spirogyres y sont abondantes. A l'émer-
Hub nr 20) A1SS mètres en aval: P&=5,4: — À oo
mètres en aval, PH —8,o.
2° Fontaine de Parmaille près de Celles-sur-Ource. Le ruis-
seau coule dans un fossé où abondent les Sium, Carex, etc... A
lémergence, P#—5,2. — À 30 mètres en aval, Pa—7,3.
À 700 mètres en aval, PH—8,o.
3° Source dite du « Puits de l’'Ermite » entre Bar-sur-Seine à
(x) Presque toutes les déterminations ont été faites au moyen du rouge de
phénol qui permet de déterminer le P# de 6,6 à 8,2. Les solutions étalon
étaient faites au moyen du mélange des phosphates d’après Sorensen.
618 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Laborde. Le ruisseau formé coule dans des fossés herbus sans
plantes aquatiques ni Algues. Cette source, en effet, ne donne
que pendant peu de temps au printemps, quand il est assez plu-
vieux. Dans ces conditions, différentes des précédentes, l’alcali-
nisation est moins rapide. Ce n'est qu’au bout d'environ r kilo-
mètre, au moment où le ruisseau va rejoindre la Seine, que le
Px atteint la valeur de 7,9. Ce ruisseau forme, dans les prés,
de petites mares où l’eau stagne. Certaines d’entre elles sont tapis-
sées d'herbe de couleur jaunâtre, on y constate une régression de”
l’alcalinisation. Alors que le ruisseau d'où provient l’eau est à
7,8, la mare elle-même donne 7,6.
D'une manière générale, l'eau de toutes ces sources passe de
7 à 7,2 à l'émergence, à 8 ou même au-dessus, au moment où
les ruisseaux arrivent à la Seine ou à ses affluents de la région.
La Seine elle-même et les rivières qui s'y jettent (Arce, Ource),
possédaient un Px voisin de &.
Il eût été intéressant de répéter ces mêmes déterminations la
nuit ; mais les circonstances ne nous ont pas permis de mettre
ce projet à exécution.
Il ne semble cependant pas qu'il puisse y avoir doute sur l'in-
tervention de l’assimilation chlorophyllienne dans le phénomène
observé. L'observation de la source du Puits de l’Ermite semble
le prouver. Et, d’ailleurs, l’eau de la fontaine More, captée pour
la Ville de Troyes et qui coule à l’obscurité dans une conduite en
maçonnerie conserve sensiblement la même valeur à l’émer-
gence et à plusieurs kilomètres en aval.
ÉTUDE DU MÉCANISME PAR LEQUEL. LE FLUORURE DE SODIUM
JOUE LE RÔLE DE FIXATEUR PHYSIOLOGIQUE,
par PAUL PorTier et MArGEz Duvaz.
On sait que le fluorure de sodium ajouté au sang à la sortie
du vaisseau empêche ia coagulation de se produire. L'action de
ce sel diffère de celle de l’oxalate de sodium. En effet, tandis que
le sang oxalaté coagule lorsqu'il est additionné d'un sel soluble
de calcium, le sang fluoré ne coagule pas dans les mêmes con-
ditions (Arthus (x).
De même, Delezenne (2) a montré que si on prélève le pan-
créas chez un animal qui vient d'être tué et qu'on plonge cet or-
gane immédiatement dans une solution de fluorure à 2 p. roo,
on obtient, en hachant ensuite le pancréas, une macération de
(x) Arthus. Coagulation du sang. Scientia, Carré et Naud, p. 39.
(2) Delezenne. C. R. de la Soc. de biol., 1907, p. 1164.
I PP PET 1 RS ET ET ET SEC
rm.”
= 7 a Fos
TS RS RES
SÉANCE DU 22 JUILLET 619
pouvoir protéolytique mul. Si, au contraire, l'immersion dans
le fluorure n’a lieu qu'un temps assez long après la prise du pan-
créas, la macération fluorée de ce tissu possède un pouvoir pro-
téolytique énergique.
_ En résumé, le fluorure de sodium, à la concentration de 1 à
2 p. 100 joue le rôle d’un « fixateur physiologique » qui immo-
bilise les éléments anatomiques dans l’état où ils étaient pendant
la vie et empèche, en particulier, la diffusion des ferments so-
lubles en dehors de la cellule.
Nous nous sommes demandé s'il n’était pas possible de pré-
ciser le mécanisme de cette fixation.
Dans ce but, nous traitons à la sortie du vaisseau du sang de
Chien par une solution de fluorure de sodium, de titre conve-
nable pour que le mélange soit fluoré à 1 p. 100.
Des volumes de ce sang fluoré, tous égaux à 0,04 c.c. sont
répartis dams des tubes de Hamburger contenant chacun 2 c.c.
de fluorure de sodium dont le titre varie de 1 à 0,6 p. 100. Après
20 minutes de contact, on centrifuge jusqu'à volume globulaire
<constant.
Les résultats obtenus sont résumés dans le tableau ci-dessous.
I. Solutions hypotoniques.
Numéros Tilre de la solution
des tubes de Na F1 p. 100 Volume globulaire Observalions
16 ï 0,5 Pas d’hémolyse.
15 0,9 42,5 Hémolyse faible.
10 0,7 20,0 Hémolyse forte.
9 0,6 6,0 Ilémolyse très forte.
On voit donc que les globules fixés à la sortie du vaisseau par
une solution de fluorure à 1 p. 100 tendent à augmenter de vo-
lume si on les transporte dans des solutions de fluorure hypo-
toniques à celle de la fixation, c'est le phénomène classique, es-
quissé pour le tube n° 15, mais le gonflement du globule est
devenu impossible par suite de sa fixation, il éclate et laisse pas-
ser en solution son hémoglobine ; le fait s’accentue pour les
tubes ro et 9 à tel point que les rares globules qui ont persisté
donnent un volume globulaire très réduit.
Répétons maintenant la même expérience, mais en employant
des solutions hypertoniques à la solution fixatrice. Les résultats
Sont résumés dans le tableau EF.
I1. Solutions hypertoniques.
Numéros Titre de la solution k
des tubes de Na F1 p. 100 Volnme globulaire Observations
9 I 40,5
10 T,9 27,2 Pas trace d’hémolyse dans
19 2 25,0 aucun des tubes.
16 2 25,5
620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
On voit que les globules transportés dans des solutions hyper-
toniques se rétractent et diminuent d'autant plus de volume que
la solution est plus concentrée et bien entendu, il n'y à pas d’hé-
molyse.
Le cas du tube 16 est particulièrement intéressant. En effet,
ce tube est celui de la série précédente, on a vidé le fluorure à
1 p. 100 qu'il contenait et on l’a remplacé par du fluorure à
2 p. 100 en conservant ja même colonne de globules que dans
la première expérience. Ces globules, mis en suspension dans
la solution de fluorure à 2 p. 100, ont diminué considérable-
ment de volume, puisqu’après centrifugation, ils sont passés de
Ho AND 0
Si le sang est défibriné à la sortie du vaisseau et fluoré seule-
ment après cette défibrination, les globules restent capables de
se gonfler dans les solutions hypotoniques et de se rétracter dans
les solutions hypertoniques ; les globules ne sont donc pas fixés
dans ces conditions.
Ces phénomènes ont été vérifiés à plusieurs reprises sur les
sangs de Chien, de Lapin, de Cheval et de Pigeon.
Le sang oxalaté à la sortie du vaisseau ne coagule pas, mais
ses globules ne sont pas fixés ; ils restent capables de variations
de volume dans les deux sens, suivant la solution dans laquelle
ils sont transportés.
Voici une expérience faite avec du sang de Lapin oxalaté à
2,5 p. 1.000 à la sortie du vaisseau.
Chacun des tubes reçoit 0,04 c.c. de sang oxalaté.
Numéros Titre de la solution
des tubes de Na FL p. 100 Volume globulaire Observalions
6 0,6 {x ,a ;
9 0,7 38,0 Pas trace d’hémolyse dans
10 0,9 32,5 aucun des tubes.
7 1,0 91,0
On change alors le titre des solutions en conservant dans cha-
que tube les mêmes globules.
Nvméros Titre de la solutien
des Lubes de Na Flp. 100 Volume glosulaire Obs”rvations
62 1,0 31 9
9 1,0 31 Pas trace d’hémolvyse dans
16 0,6 39 aucun des tubes.
7 0,6 ho
En résumé, ces expériences semblent montrer que le fluorure
de sodium agit sur les éléments anatomiques encore vivants en
fixant leur membrane d’enveloppe ou la ecuche périphérique de
leur protoplasma.
Les cellules ainsi fixées peuvent encore se rétracter, elles ne
SÉANCE DUMA 2 TU MEME G21
peuvent plus augmenter de volume. L'oxalate de sodium ne pro-
duit pas les mêmes effets.
SUR LA RÉACTION DU BENJOIN COLLOÏDAL AVEC LE SÉRUM SANGUIN,
par GEORGES GUILLAIN, GUY LAROCHE et CH. KUDELSKI.
Depuis l’année 1920, où nous avons proposé la réaction du
benjoin colloïdal du liquide céphalorachidien et montré sa va-
leur pour le diagnostic de la syphilis évolutive du névraxe, nous
avons poursuivi, avec la collaboration de P. Lechelle et de Ch.
Gardin, toute une série de recherches sur l'application éventuelle
de notre réaction au sérum sanguin. Nous avons employé les
techniques les plus variées et étudié les courbes de floculation
du benjoin avec les sérums normaux, les sérums de sujets at-
teints d'affections diverses et les sérums syphilitiques, sérums
dilués depuis 1/10 jusqu'à 1/2.600.000 ; dans toutes ces recher-
ches, qui ont porté sur un très grand nombre de cas, il ne nous
est pas apparu qu'il existait un décalage constant dans les cour-
bes de floculation obtenues avec les sérums syphilitiques et les
. Sérums atteints d'autres affections, sauf peut-être à de très hautes
dilutions : aussi nous ne pensions pas que la réaction du ben-
join colloïdal pouvait donner des résultats probants lorsqu'on
utilisait le sang au lieu du liquide céphalorachidien.
Dans une communication déposée le 17 juillet 1922, à la So-
ciété de biologie, R. Arnaud (1) écrit : « L'étude d’un certain
nombre de sérums syphilitiques, à différents stades, nous ré-
véla une marge très large de décalage entre la floculation d’un
sérum syphilitique et celle d’un sérum sain, la première pouvant
se poursuivre jusqu'à des taux de 1/3.500 et 1/4.000 et plus ».
R. Arnaud propose dans sa note une technique de la réaction du
benjoin colloïdal avec 5 tubes contenant des dilutions de sérum
de r/100 à 1/2.000 et conclut qu'une précipitation partielle dans
le tube 1 se voit exceptionnellement dans les sérums sains et
qu’au-dessus toute . précipitation doit être comptée pour une
réaction positive.
N'ayant pas constaté dans nos recherches antérieures le phéno-
mène signalé par R. Arnaud, nous avons refait des expériences
nouvelles, en suivant exactement la technique donnée fau l’au-
teur dans sa note.
Nous avons examiné, d'une part, 17 sérums de syphilitiques
(x) R. Arnaud. La réaction du benjoin colloïdal dans le sang. C. R. de la Soc.
de biol., séance du 1% juillet 1922, t. LXXXVIT, p. 324.
Brorocre. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 13
622 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
secondaires avec réaction de Wassermann positive, sérums qui
nous ont été obligeamment fournis par nos collègues, Boidin (Ser-
vice de l’hôpital Broca), Milian et Ravaut (Services de l'hôpital
Saint-Louis); d'autre part, nous avons examiné 22 sérums de
sujets non syphilitiques avec réaction de Wassermann négative,
ces sérums provenant de sujets normaux ou de malades tuber-
culeux, pleurétiques, rhumatisants, cardiaques, néphrétiques,
etc. Alors que R. Arnaud dit qu'une précipitation partielle dans
le tube 1 se voit exceptionnellement avec les sérums sains, nous
_ avons constaté cette précipitation avec tous les sérums syphiliti-
ques ou non syphilitiques ; de plus, aussi bien avec les sérums
syphilitiques que non syphilitiques, nous avons vu la précipi-
tation du 2° tube ou du 3° tube, sans qu'on puisse constater au-
cune différence entre ces divers sérums.
De ces expériences, nous croyons pouvoir conclure que la
technique de la réaction du benjoin colloïdal dans le sang, pro-
posée par R. Arnaud, telle qu’elle est spécifiée dans les Comptes
Rendus de la Société de biologie, ne donne pas de résultat per-
mettant de différencier les sérums syphilitiques et les sérums
non syphilitiques. Dans l’état actuel de la question, il nous ap-
parait, sans préjuger d’ailleurs des recherches de l'avenir et de
la possibilité d’autres techniques, que notre réaction du benjoin
colloïdal, très précieuse pour l'étude du liquide céphalorachidien
et le diagnostic de la syphilis évolutive du névraxe, n'est pas ap-
plicable au sérum sanguin.
en
no)
(O)
SÉANCE DU 22 JUILLET
LE DIAMÈTRE GLOBULAIRE PENDANT LA PRIVATION D EAU,
par TH. SARAGEA.
Les échanges d’eau entre les liquides interstitiels et le sang
circulant ont été très étudiés. On connaît moins bien ceux qui
se passent in vivo entre le globule rouge et le plasma environ-
nant. Les variations du volume globulaire comme celles du nom-
bre des hématies, ont servi surtout à évaluer les modifications
quantitatives du plasma par rappoït à la masse des globules con-
tenus dans la circulation. Quant aux modifications du voiume
de ces globules, en particulier, elles ont été étudiées surtout in
vitro, à l’aide des solutions salines, dans des limites de concen-
tration où l’hémolyse ne se produit pas ; mais on connait très
peu de chose sur les changements de volume que peuvent subir
in vivo les hématies, suivant les conditions physiologiques.
Les variations du diamètre globulaire moyen, qui, d'après Îles
‘expériences faites in vivo avec les solutions hypo et hypertoni-
‘ques expriment jusqu'à un certain point l'absorption ou la perte
d'eau, ont été considérées jusqu'ici, en général, comme incons-
tantes et sans intérêt. Mais il n'existe, en réalité, sur cette ques-
tion, que bien peu de recherches méthodiques.
L'expérience qui vient d’abord à l'esprit, c'est de priver les
tissus d’eau et de voir si la perte d’eau des tissus, puis du plasma,
retentira sur l’eau du globule. Nos expériences ont porté sur 12
‘Cobayes et 5 Lapins, dont le sang a été examiné avant l'expé-
rience et ensuite, journellement, pendant toute la durée de l’ex-
périence. Les animaux ont été privés de liquide et soumis à un
régime sec, formé exclusivement de son, pendant 3 à 4 jours.
A la diminution du poids graduelle et à l’augmentation progres-
sive du nombre des hématies par mme., faits en rapport avec
la perte globale d’eau de l'organisme, s'ajoute une augmenta-
tion progressive et régulière du diamètre moyen des héma-
. Lies (rx). Cette augmentation, qui s'est montrée d’une constance
absolue dans toutes les expériences, peut varier d’un animal à
l’autre, mais dans des limites étroites ; elle atteint au bout de 3 à
h jours de 4 à ro p. 100 du diamètre moyen antérieur, valeur
qui dépasse sensiblement le chiffre des erreurs possibles. Lors-
qu’on donne de l’eau aux animaux, le diamètre regagne très vite
son chiffre antérieur, parfois en quelques heures ; lorsqu'’au lieu
de leur redonner l’eau en nature, on les soumet simplement, de
nouveau au régime normal, le diamètre globulaire, comme le
(x) Les leucocytes ne montrent, au cours de ce régime sec, que des variations
insignifiantes.
624 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
nombre des hématies, revient aux valeurs antérieures progressi-
vement, dans l'intervalle de r à 3 jours. Nous avons contrôlé ce
fait dans une expérience sur un Homme soumis pendant 4o heu-
res à la privation complète d'eau. Après 30 heures, le diamètre
globulaire avait déjà dépassé 8 u, en même temps que le nombre
des globules rouges avait dépassé 6 millions. La moyenne des
résultats obtenus est résumée dans le tableau suivant
Diamètre moyen Nombre des
: Augmen- se Augmenta-
Ace hemtIes: tation p. JHPBIORUIÉS Fous ee lion p.
Avant Après 100 Avant Après 10Ù
12 Cobayes ... 7,18 7,02 6, 5.228.000 6.743.000 28,9
SM DINS FE EN AC. 6,92 7,1 5.407.000 6.287.000 16,
1 Homme ... 7,55 8,04 6, 4.710.000 6.160.000 29,8
On remarquera le parallélisme qui existe entre l’augmentation
du diamètre et l’augmentation du nombre des hématies ; dans le
cas où le nombre s’est beaucoup élevé, le diamètre a augmenté
beaucoup également (x).
Pour interpréter ce phénomène, il est permis de se baser sur
les données des expériences de Malassez, faites in vitro, qui prou-
vent une augmentation de diamètre du globule rouge dans les
solutions hypertoniques. Nous avons répété ces expériences avec
des résultats identiques. Si Hamburger n'a pas obtenu ies mêmes
résultats, c'est parce qu'il a employé des solutions moins con-
centrées que celles qui sont nécessaires in vitro pour obtenir ce
changement.
L'augmentation du diamètre est vraisemblablement due, comme
dans les expériences de Malassez, in vitro, à un aplatissement du
globule.
On pourrait aussi rechercher si une modification du diamètre
existe dans les autres cas où l'organisme perd de l’eau.
. Nous avons déterminé une soustraction d'eau à l’aide de pur-
gatifs, et nous avons vu qu'elle retentissait sur le diamètre glo-
bulaire et sur le nombre des hématies, par le même mécanisme.
D'après nos expériences, l'administration de 10 gr. de sulfate
de soude à un Cobaye fait monter en 2 heures le nombre des
hématies de 5.450.000 à 6.200.000 et le diamètre globulaire de
7 u à 7 u 34. Chez l'Homme, l’ingestion de 30 gr. de sulfate de
(x) Nous nous sommes servi de la technique de Malassez, qui consiste à des-
siner à la chambre claire, à un grossissement de 1.000 diamètres, sur lames
sèches, les hématies et à les mesurer avec la règle globulimétrique. On peut
se demander si dans ces conditions de technique, ce qu’on mesure correspond
réellement à une augmentation du diamètre. La mensuration comparative des
globules dans le sang frais nous à donné des résultats à peu près identiques.
Mais cette dernière méthode, à cause du déplacement continuel des hématies, de
la déformation incessante de leurs contours, rend son emploi beaucoup plus
délicat.
SÉANCE DU 22 JUILLET 625
soude détermine, après 2 heures 30, une augmentation du nom-
bre des hématies de r million et une variation de diamètre de
HR TS à 8 L 12.
Nous avons constaté des variations du diamètre par des pertes
d'eau moindres, par exemple, des variations journalières en rap-
port avec les repas, le diamètre augmentant pendant quelque
temps après l’ingestion des aliments, à cause des sucs digestifs
qui retirent une partie de l’eau du plasma et produisent une
concentration globulaire déjà connue (x).
D'après nos expériences, dans l’état physiologique, les héma-
lies paraissent donc capables de subir des modifications de dia-
mètre passagères, en rapport avec les changements qui se pas-
sent dans la teneur en eau du plasma sanguin (2).
(Laboratoire d'histologie de l'Ecole des Hautes-études).
LE MODE D'ÉLIMINATION PAR LES URINES DES DOSES INFINITÉSIMALES
DE SALICYLATE,
par H. Hérissey, N. FiessiNGEr et J. DEBRAY.
Grâce à la technique que l’un de nous a exposée à la Société
de biologie, le 1° juillet r922, on peut non seulement juger de
la salicylémie, mais encore déceler dans les urines des doses in-
finitésimales de salicylate.
La sensibilité de cette méthode nous a permis, en reprenant
des expériences que Roch et Schiff résumèrent au Congrès de
Strasbourg (octobre 1921), d'arriver à des résultats totalement
différents de ces auteurs. Ceux-ci administrent 4 cgr. de salicy-
late de soude à 8 heures du matin et le recherchent dans les uri-
nes, de 9 à rr heures et de 11 à 13 heures. Pour cette recherche,
il suffit de laisser tomber goutte à goutte l’urine dans une solu-
tion de perchlorure de fer à 1 p. 100 ; l’apparition d’un nuage
violet indique une réaction positive. Pour ces auteurs, « un foie
normal est capable de retenir ou de transformer entièrement
(x) Marcano avait déjà obtenu chez le Lapin une augmentation marquée du
diamètre globulaire à la suite d’injections intra-veineuses de quantités même
minimes de sérum physiologique ; maïs l’interprétation qu'il avait donnée
paraît difficile à conserver.
(2) Malassez avait signalé déjà la diminution du diamètre (gonflement) des
hématies du sang veineux. Ces faits confirmés par Hamburger sont expliqués
par lui comme un gonflement dü à l’acide carbonique, plus riche dans le
sang veineux. C’est probablement à une explication de ce genre qu'il faut
rapporter les faits décrits récemment par Price Jones qui a trouvé des varia-
tions diurnes du diamètre globulaire.
626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
cette quantité de 4 cgr. de salicylate ou même de n'en laisser
que des quantités qui ne suffisent pas à donner de réaction avec
le perchlorure. Au contraire, les foies malades laissent, en géné-
ral, passer suffisamment de salicylate pour qu'il soit facile d'en
déceler la présence dans les urines » (1). |
Nous avons repris cette recherche de la façon suivante : après
miction évacuatrice, on administre par la bouche Îe salicylate
en solution dans 5o c.c. d'eau. L'examen des urines est fait 1, 2
et 3 heures plus tard, ou encore aux heures fixées par les au-
teurs suisses. Comme il s'agit d’un liquide qui ne coagule pas
l'acide sulfurique, l'extraction de l'acide salieylique se fait au
mieux dans une ampoule à décantation qu'il est préférable d’uti-
liser, au lieu d’un flacon de 125 c.c. indiqué pour la recherche
dans le sérum.
La réaction salicylée ainsi recherchée est positive dans les uri-
nes dès la première heure, même avec la dose extraordinairement
petite de 2 mgr. de salicylate de soude absorbés par la bouche.
Cette élimination, après une ingestion de 2 cgr., dure de 4 à
6 heures et se trouve très marquée entre la 2° et la 4° heure ; plus
faible de la 4° à la 6° heure.
Nous arrivons donc à cette conclusion qu’il n'y a pas plus de
seuil hépatique que de seuil rénal, à moins d'admettre pour les
seuïls. une valeur infiniment petite (au-dessous de 2 mgr. pour
tout l’organisme); le foie normal ne retient donc rien. On doit
faire. des réserves cependant pour certaines cirrhoses avec ascite
où la réaction est moins nette, peut-être em raison du trouble mé-
canique apporté par la stase portale. Mais, en général, les modi-
fications de cette réaction dans son intensité semblent inverse-
ment proportionnelles à la diurèse. Ces constatations soulignent
encore une fois l’importance des sensibilités techniques pour l’ex-
ploration. fonctionnelle des parenchymes.
(x) M. Roch. Le problème de l'insuffisance hépatique et l'épreuve du sali-
cylate. Revue médicale de là Suisse romande, n° 5, mai 1922, pp. 291-205.
ag.
SÉANCE DU 22 JUILLET 627
LES LÉSIONS DÉGÉNÉRATIVES ET RÉACTIONNELLES
DANS L'HÉPATITE EXPÉRIMENTALE DE LA SOURIS INTOXIQUÉE
PAR DU TÉTRACHLORÉTHANE,
par Noëz FisssiNGEr et Maurice Wozr.
Nous avons rapporté à la Société (1) le résultat global de nos
expériences sur l'intoxication de la Souris par des inhalations de
tétrachloréthane. Les conditions expérimentales dans lesquelles
nous nous sommes placés ont le grand avantage. de permettre
de régler l'administration de la substance toxique d’une façon
méthodique et d'obtenir à volonté des lésions hépatiques déter-
minées. Il devient possible d'étudier les lésions précoces et de
déceler le début des phénomènes réactionnels.
Ces phénomènes réactionnels se présentent dans une succes-
sion naturelle qui semble strictement réglée et c’est sur ce fait
que nous voudrions insister.
Phénomènes lésionnels. Dès le 3° ou 4° jour, on constate au ni-
veau du parenchyme, et là seulement, des lésions cytoplasmiques
puis nucléaires. Elles se présentent aux confins immédiats des
parois vasculaires et sont à peu près de la même intensité autour
des espaces portes et autour des veines centrales. Les formations
mitochondriales s’arrondissent, grossissent à mesure que la lé-
sion devient plus intense et finalement se transforment en gout-
telettes graisseuses, particulièrement au voisinage de l'espace
porte. À ce moment, le cytoplasme se transforme en une masse
homogène avec ou sans vacuoles graisseuses. À l’acide osmique,
l’aspect des gouttelettes noires est ensuite remplacé par un as-
pect brun diffus ; les mitochondries ne sont plus visibles. Les
altérations nucléaires semblent débuter un peu avant cette homo-
généisation. Les grains de chromatine se fusionnent, le noyau
devient plus foncé, puis apparaît pycnotique. Toutes ces altéra-
tions vont en décroissant à mesure que l’on s'éloigne du foyer
dégénératif. À cette époque, le tissu conjonctivo-vasculaire ne
présente aucune modification.
Phénomènes réactionnels. La réparation parenchymateuse
commence dès le 5° jour (10-11 heures d’inhalation); elle est par-
ticulièrement nette du 7° au &° jour. Elle ne siège jamais au con-
tact immédiat de la paroi vasculaire, mais à une certaine distance
qui varie entre 2 et 4 étages cellulaires à partir de la veine la plus
proche. Les rangées cellulaires les plus voisines de cette veine
(x) N. Fiessinger, Maurice Wolf et Gaston Blum. Les hépatites expérimentales
de la Souris par les inhalations de tétrachlorure d’éthane. C. R. de la Soc. de
biol., 3 juin 1922.
628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
sont dégénérées, les réparations se trouvent plus en dehors sous
forme de cellules normales avec des mitochondries nettement
visibles qui présentent des hyperplasies nucléaires et même des
mitoses. Celles-ci se rencontrent toutes sur le même étage cellu-
laire et souvent elles se trouvent au même stade, ainsi nous avons
vu, très voisins, des diasters typiques. Les zones centrales sont
peu modifiées, on n'y voit guère que des vacuolisations cytoplas-
miques avec ou sans mitochondries.
Avec le chloroforme, ces lésions sont moins faciles à obtenir
parce que les lésions s'étendent plus rapidement et ne permettent
pas une distribution aussi schématique des étapes lésionnelles.
Dans certains cas, d’ailleurs, par suite probablement d’une sen-
sibilité plus grande, nous avons constaté une intensification con-
sidérable des réactions parenchymateuses avec un nombre sur-
prenant de mitoses pluripolaires.
Les réparations conjonctives n'apparaissent qu'après le début
de la réparation parenchymateuse et semblent correspondre à la
dégénérescence des cellules les plus proches, aussi on les voit
partout où le parenchyme a subi la dégénérescence homogène
avec pycnose, c'est-à-dire tant au niveau des veines centrales que
des veines portes et avec une intensité égale aux deux endroits.
Elle évolue en deux étapes : îlots de cellules lympho-conjoncti-
formation de tissu collagène avec fibroblastes. L'organisa-
tion de ce tissu de cicatrice ne se produit qu'à la longue. C'est
l'origine de la cirrhose toxique. Ces réactions scléreuses sont
d'autant plus marquées que le tissu parenchymateux a été plus
touché et que les réparations parenchymateuses ont été plus im-
parfaites.
Comme témoin de cette évolution cicatricielle, nous observons
la pénétration du tissu fibreux entre les travées périphériques du
lobule donnant ainsi des aspects de pseudo-canalicules biliaires.
C’est le processus de sclérose de remplacement que l’un de nous
a décrit en 1908 et que les auteurs anglais ont depuis signalé
chez le Rat au cours des intoxications par le tétrachloréthane.
Ces faits ont peut-être, chez l'Homme, des équivalences patholo-
giques, ainsi une observation de cirrhose résumée par Willcox
chez une ouvrière intoxiquée par le tétrachlorétane et une obser-
vation, que nous venons de rapporter à la Société médicale des
hôpitaux, de cirrhose avec ictère chez une perlière.
(Clinique médicale et consultation de l'hôpital St-Antoine).
vs
SÉANCE DU 22 JUILLET 629
SUR LA SENSIBILITÉ DU TISSU OSSEUX NORMAL
VIS-A-VIS DES RADIATIONS X ET y
ET SUR LE MÉCANISME DE L'OSTÉO-RADIO-NÉCROSE,
par CL. Recaun.
I. Le tissu osseux passe pour le plus réfractaire à l’action des
radiations ; tous les auteurs lui assignent invariablement le der-
nier rang dans l'échelle de radiosensibilité des tissus. De fait,
‘chez un individu adulte, on peut administrer des doses considé-
rables de rayons X ou y à une partie quelconque des membres, :
du tronc ou du cou, sans produire dans les os aucune modifica-
tion apparente (moelle osseuse exceptée). Quand on expérimente
sur les animaux dans les mêmes conditions, avec des doses crois-
santes de rayonnement, on constate que les autres tissus et les
autres organes sont susceptibles de présenter des lésions graves,
irrémédiables même, avant le tissu osseux.
On sait, il est vrai, que les pièces osseuses en cours de déve-
loppement, d'accroissement ou de réparation présentent une cer-
taine radiosensibilité. Tribondeau et Récamier (1906), Latarjet
(1912), ont montré qu'on peut, au moyen des rayons X, empè-
cher leur croissance, produire des arrêts de développement et,
par suite, des malformations définitives. Cluzet (1909), a trouvé
que l’on peut empêcher la formation du cal et la consolidation
d’une fracture, si l’on soumet en temps opportun l'os fracturé
à l’action des rayons X. Ces actions radio-physiologiques et quel-
ques autres analogues ont été justement attribuées à la radiosen-
sibilité des cellules en voie de multiplication active ou des cel-
lules à caractères embryonnaire, qui participent aux processus
de croissance normale et de réparation des os. Toute radiosen-
sibilité apparente disparaît complètement dans l’os qui a terminé
son développement, ou dans lequel un processus de consolidation
après fracture est complètement réparé.
IT. Dans une note précédente, j'ai montré qu'un os, envahi
par un processus néoplasique né dans son voisinage, et traité
par les rayons X ou y, subit fréquemment la radio-nécrose.
Pour déterminer si ce processus nécrobiotique est conditionné
nécessairement ou non par l’envahissement néoplasique de l'os,
il était nécessaire de connaître la manière de se comporter d'os
absolument sains placés dans les mêmes conditions. Le hasard
de l'observation clinique m'en a fourni récemment, à plusieurs
reprises, l’occasion.
Dans quatre cas de cancer du bord de la langue, intéressant la
face inférieure de cet organe, mais où l’os maxillaire inférieur
630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
élait certainement indemne, je crus opportun de compléter la
radiumpuncture de la langue par l’irradiation du sillon maxillo-
lingual. Les foyers radio-actifs pourvus d’une bonne filtration
primaire (platine, r mm.) et secondaire (caoutchouc pur, 2 ou
3 mm.) furent maintenus dans le fond de ce sillon, donc tout
contre la face interne de la gencive, et donnèrent des doses de
l’ordre de 2 ou 3 millicuries d'émanation détruite par centimètre
de longueur de foyer. Dans 3 cas, il se produisit une ulcération
chronique de la muqueuse gingivale, à caractère radio-nécroti-
que, en regard du foyer, avec ostéo-nécrose de la portion avoi-
sinante du maxillaire. Dans un cas, l’ostéo-nécrose ne survint
qu'après l’avulsion d’une dent. Pourtant, il résulte d'une expé-
rience déjà longue que les doses et qualités de rayonnement em-
ployées dans ces mêmes conditions, ne déterminent jamais : mi
l’ulcération radio-nécrotique de la muqueuse, ni l’ostéo-nécrose:
des maxillaires en d’autres régions de la bouche où l'os est sé-
paré de la surface par une grande épaisseur de parties molles.
Par conséquent, la nécrose de l'os et celle de la muqueuse sont
deux phénomènes inséparables, conditionnés l’un par l’autre.
JT faut chercher la pathogénie de ces accidents dans les propriétés.
vis-à-vis des radiations, que présente le tissu osseux normal sous-
jacent aux parties molles.
IIT. Mes observations sur des os sains où pathologiques rap-
prochées des données acquises sur l'émission et les propriétés des
rayonnements secondaires permettent de donner maintenant une:
interprétation vraisemblable des phénomènes d'’ostéo-radioné-
crose.
Dans les os frappés par les rayons X ou y, les atomes minéraux
de poids relativement élevé (calcium) émettent un rayonnement M
secondaire intense composé en partie de rayons corpusculai-
res 6.
Le tissu osseux fait fonction de radiateur secondaire, trans-
formant partiellement le rayonnement primaire très pénétrant
en un rayonnement très absorbable et, par conséquent, très caus-
tique et sans électivité. L’os irradié se brûle pour aïnsi dire lui-
même, et brûle le tissu mou (périoste et muqueuse) qui l'enve-
loppe immédiatement.
Nous ignorons encore si ce phénomène imprime d'emblée des
modifications décelables au microscope dans les éléments ana-
tomiques (cellules, substance fondamentale, vaisseaux). Mais
aucune altération macroscopique, ni fonctionnelle, n'apparaît,
aussi longtemps que l'os reste indemne de traumatisme ou d'in-
fection. C'est pourquoi lorsque la pièce osseuse est profondément
située, la fragilité de son tissu après la radiothérapie reste latente
et, pour ainsi dire, virtuelle indéfiniment. Lorsqu'elle est super-
SÉANCE DU 22 JUILLET G31
ficielle, la pièce osseuse court le danger d'être mise à l'air et
infectée. Cet accident se produit selon plusieurs modalités : la
destruction progressive des téguments par un néoplasme de voi-
sinage non stérilisé ; leur ulcération radionéerotique précoce, fa-
vorisée par la minceur du derme faisant corps avec l'os irradié :
un traumatisme, Mis à l'air, l'os en état de fragilité latente, ma-
nifeste brusquement celle-ci, à l’occasion de la première infec-
tion, et subit une nécrose rapide dans une étendue en rapport
avec les propriétés qu'avait le foyer et avec le champ de rayon-
nement.
IV. L'intéorité macroscopique de l'os fortement irradié s’ex-
plique par la présence d’un substratum minéral indéformable,
par l'extrème lenteur du renouvellement des éléments anato-
miques et mème des cellules du tissu osseux. Mais il est clair que
certaines propriétés biologiques de ces éléments — et probable-
ment surtout des substances diles fondamentales (collagènes)
sont considérablement modifiées. Ces éléments, iorsqu'ils ont
reçu des doses considérables de rayons, semblent avoir perdu
leur aptitude à la défense locale contre les infections et, chose
plus singulière, leur aptitude à être attaqués leur mort par
les agents histolytiques.
À ce double point de vue, il existe une analogie tout à fait re-
… marquable entre le comportement du tissu osseux et celui des tis-
sus fibreux, lorsqu'ils ont subi intensément l'action des radia-
tions X ou y. Les caractères de l’ostéo-nécrose sont semblables
à ceux de la radiodermite. Dans les deux cas, on trouve la la-
tence (parfois très prolongée) des phénomènes de brülure, leur
apparition brusque par la mise à nu du revêtement protecteur
(épiderme, dans le cas de la peau), l’absence d’un processus d'his-
tolyse des substances collagènes mortifiées et l'extrême lenteur
de la cicatrisation.
Conclusions. 1. Le fait que, dans certaines circonstances, la
radio-nécrose de l’os a lieu sous des téguments intacts démontre
que le tissu osseux est plus vulnérable par les rayons que le der-
me de la peau.
IT. Selon toutes probabilités, la vulnérabilité de l'os vis-à-vis
des rayons est ure propriété inhérente à la substance fondamen-
tale et non pas aux cellules osseuses.
IT. Il ne s’agit pas là d’un phénomène de radiosensibilité
élective, mais d'un phénomène de: radiosensibilité diffuse, condi-
… tionné par la calcification de la substance fondamentale : chaque
orain calcaire constituant un transformateur du rayonnement
primaire peu abscrbable en rayonnements secondaires très ab.
sorbables.
IV. La modification déterminée par les rayons permet au tissu
632 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
DR A ER RE UP ne EE ESS
osseux de continuer à se comporter d'une façon apparemment
normale, aussi longlemps que l'ouverture de la région ne la
condamne pas à l'infection.
V. Infecté, le tissu osseux irradié est exposé à subir une né
crose massive et rapide, dont la particularité la plus caractéris-
tique est une résistance presque absolue des parties mortifiées
à l’histolyse.
(Laboraioire Pasteur de l’Institut du radium).
L’ANAPHYLAXIE DANS LA SÉRIE ANIMALE.
CHoc ANATHYLACTIQUE EXPÉRIMENTAL CHEZ LE PIGEON,
par F. ArLoixc et L. LANGERON.
Les travaux initiateurs de Ch. Richet et de ses collaborateurs
nous ont appris l'existence de l’anaphylaxie chez les Vertébrés
supérieurs et chez les Bactéries, êtres unicellulaires.
Nos recherches antérieures nous ont conduits à rechercher si
l'état anaphylactique pouvait être créé expérimentalement chez
les Oiseaux, en nous adressant au Pigeon comme sujet d’expé-
riences.
Il se dégage de tous nos essais les observations suivantes
I. Accidents immédiats observés lors de l'injection sensibili-
sante intrapéritonéale de sérum de Cheval normal. D'une façon
inconstante et avec des dosés de sérum supérieures à 1 c.c. (b c.c.
en moyenne), le Pigeon peut présenter lors d’une première in-
jection intra-abdominale d’un sérum hétérologue (sérum de
Cheval) des phénomènes d'intoxication légère apparaissant dix
minutes environ après l'injection.
Le Pigeon manifeste une certaine agitation anxieuse avec mou-
vements rapides de la tête, clignements convulsifs des paupières,
immobilité sans tentatives de vol. Parfois on remarque également
de l’asthénie ; les pattes fléchissent, l’Oiseau repose sur le sol
appuyé sur le bréchet. Parfois aussi, de la dixième à la trentième
minute, du prurit avec hérissement total des plumes et grattage
avec le bec. Après trois quarts d’heure en général, retour à l’état
normal.
La sensibilisation par voie intraveineuse, même avec 3 et 5 c.c.
ne provoque pas de phénomènes sérotoxiques.
IT. Phase d’incubation (1® au 2° jour). Aucun trouble appa-
rent.
III. Choc anaphylactique. Résultats suivant les modes récipro-
ques de sensibilisation et de déchaînement
CR 1)
SÉANCE DU 22 JUILLET 633
a) Injection préparante intraveineuse (3 c.c.) et injection dé-
chaînante intra-péritonéale (5 c.c.) : pas de phénomènes anaphy-
lactiques appréciables, sauf prurit léger tardif après 60 minutes.
b) Sensibilisation intrapéritonéale (0,5 ou 1 c.c.), injection
seconde même voie (0,5 ou 1 C.c.): pas de manifestations exté-
rieures.
c) Injection sensibilisante (5 c.c.) in péritoine, injection dé-
chaînante (5 c.c.) même voie : choc anaphylactique net.
À. Syndromes anaphylactiques du Pigeon.
+ De l’ensemble de nos expériences, nous pouvons individualiser
les tableaux symptomatiques suivants
Forme habituelle. De 3o secondes à 2 minutes après l'injection,
immobilité avec stupeur et anxiété, mouvements convulsifs de
la mandibule inférieure, ouverture et fermeture du bec avec cli-
gnements incessants des paupières ; de 2 à 3 minutes, début du
prurit léger, hérissement des plumes de la base du bec, du som-
met de la tête et en avant des conduits auditifs ; de 3 à 5 minu-
tes, l'animal immobilisé ne se déplace péniblement que contraint,
parésie musculaire, pattes repliées, il repose sur le sol par le
bréchet ; parfois, chute des ailes qui se détachent du corps (at-
titude de la Poule qui couve); de 8 à ro minutes, frémissements,
tremblements, respiration rapide, mandibule pendante. Vers r2
minutes, diminution des phénomènes aigus, mais ataxie, astasie,
abasie ; impossibilité de voler. Projeté en l’air, le Pigeon tombe
les ailes écartées sur le train antérieur et le ventre. Placé sur un
support, il s'y appuie par le bréchet et la queue pour ne pas choir.
Après 30 minutes à 45 minutes, amélioration lente et progressive
des symptômes, mais la parésie musculaire, l'impossibilité de
voler persistent de 4 heures à 3 ou À jours. Pas de suites ulté-
rieures, pas de cachexie, ni de mort.
Forme respiratoire. Outre les symptômes du début, polypnée
et dyspnée dès 2 minutes, cyanose des caroncules, des pattes,
persistant pendant 15 à 0 minutes. Les phénomènes moteurs
sont atténués.
Forme nerveuse. Prédominance des tremblements, puis de la
parésie (Poule qui couve), mardibule inférieure pendante, som-
nolence, paupières fermées, cou replié en arrière, obnubilation.
B. Syndrome vasculo-sanguin. On observe nettement les élé-
ments de la crise hémoclasique. Deux minutes après l'injection
déchaînante, la piqûre des veines de la patte ou de l'aile donne
difficilement issue à un sang de teinte modifiée. Vers 10 minutes,
on ne retire plus qu'une gouttelette de sérum laqué. Les phéno-
mènes vasculaires s’atténuent après une demi-heure.
Sous réserve des difficultés techniques et des particularités
rencontrées dans l’hématologie du Pigeon étudiées par l’un de
634 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
nous (1), nous citerons l’exemple suivant : Expérience VI, Pigeon
blanc. Avant le choc, 37.500 leucocytes ; 3 minutes après le choc,
25.000 ; 10 minutes après, 21.250 ; 45 minutes après, 50.000.
Nous étudions actuellement la création du choc par l'injection
intra-crânienne.
En somme : 1° l’anaphylaxie expérimentale dont l'existence a
été démontrée par Ch. Richet chez les Mammifères et les micro-
bes, peut aussi être créée chez les Oiseaux, le Pigeon en particu-
lier, par injection préparante et déchaînante d'un sérum hétéro-
logue (sérum de Cheval).
2° La voie péritonéale est supérieure à la voie veineuse pour
la sensibilisation et le déclenchement du choc.
3° Une dose suffisante (5 c.c.) de sérum de Cheval normal pa-
rait nécessaire pour sensibiliser et choquer les animaux.
4° Le choc s’extériorise surtout par des phénomènes nerveux
et moteurs (parésie des ailes, prurit, etc.) et s'accompagne d'une
crise hémoclasique avec leucopénie typique.
L'ANAPHYLAXIE DANS LA SÉRIE ANIMALE. BATRACIENS ET Poissons,
par FERNAND ARLOING et L. LANGERON.
Nos tentatives de création de l’anaphylaxie chez les Vertébrés
à température variable (Batraciens et Poissons) n'ont abouti qu'à
des échecs malgré le déterminisme varié de nos expériences.
Nous croyons pourtant utile de les publier malgré leurs résul-
tats négatifs, qui conduiront à modifier les conditions des essais
et, par suite, aboutiront peut-être à des effets positifs.
I. Batraciens. 6 Grenouilles sont sensibilisées par injection de
1/3, 1/2, 1 ou 2 c.c. de sérum de Cheval normal dans le sac lym-
phatique dorsal. On les réinjecte douze ou quinze jours plus
tard avec 1 c.c. du même sérum par la même voie.
Ces animaux ne présentent aucune manifestation particulière.
IL. Poissons. On répartit en plusieurs lots les Poissons utilisés.
Ce sont des espèces de petite ou de moyenne taille, d'eau douce
(Goujons, Ablettes, Perches, Tanches, Poissons-chats).
Les tentatives de choc ont été faites de 12 à 15 jours après les
manœuvres supposées sensibilisantes. Les chocs ont été cher-
chés soit par iroculation sérique intra-abdominale, soit par im-
mersion pendant deux heures dans de l’eau sérumisée à des taux
() FE. Arloing et A. Dufourt. Hématologie du Pigeon domestique à l’état
physiologique. Soc. Sc. vét. de Lyon, mai 1922, in Journal de medecine vété-
rinaire et de Zootechnie, Lyon.
ue kS
SÉANCE DU 22 JUILLET 635
différents. Entre la préparation et le contrôle de a sensibilisa-
tion, les animaux ont vécu dans l’eau courante simple.
Premier lot. Poissons inoculés avec o,1 €c.c. de sérum de Che-
val dans la cavité abdominale. Pas d'accidents immédiats.
Essais de chocs : a) par réinoculation de 3/4 de c.c. de sérum
dans la cavité abdominale : pas de choc ; b) par immersion dans
eau +sérum I p. 100 : rien ; €) dans eau +sérum +5 p. 50 : rien:
1) dans eau +sérum 1 p. D : vive agitation et déséquilibration
par modification de la densité du milieu ambiant, mais pas de
phénomènes anaphylactiques.
Deuxième lot. Poissons préparés par séjour de 48 heures dans
leau sérumisée à 1 p. 100. Pas de choc après inoculation intra-
abdominale ou vie dans les divers milieux sérums.
Troisième lot. Poissons préparés dans l’eau sérumisée à 1 p. 50.
Aucun effet anaphylactique après les essais indiqués ei-dessus.
Quatrième lot. Poissons préparés dans l’eau sérumisée à x p. ro.
Aucune sensibilisation.
Cinquième lot. Poissons préparés dans l’eau sérumisée à x p. 5.
Les animaux supportent mal l'immersion dans ce milieu. ls sont
déséquilibrés et tendent à flotter à la surface du fait de la densité
A
du milieu. On doit réaliser par des séjours partiels de > heures
la préparation qui est tentée par l'immersion pendant 8 heures
dans l’eau sérumisée à r p. 5. Sans cette précaution, les Poissons
succombent fréquemment. Ce mode de sensibilisation reste sans
effet anaphylactisant.
Malgré tous ces échecs, la question mérite d’être poursuivie en
choisissant par exemple un antigène sensibilisant ou déchaînant
moins hétérologue pour les animaux à sang froid que le sérum
des Mammifères, et en apportant dans la préparation ou l'épreuve
des animaux des procédés habilement nuancés.
Nous avons esquissé des tentatives de ce genre en plaçant à
l'étuve à 32° les Grenouilles préparées et éprouvées. Nos efforts
n'ont pas abouti.
(Laboratoire de médecine expérimentale et comparée
el de bactériologie de la Faculté de médecine de Lyon).
a
UNE LARVE DE CESTODE PARASITÉE PAR UNE MICROSPORIDIE,
par Em. Guyénor, À. Navizre et K. Poxse.
Les Couleuvres (Tropidonotus natrix L.), originaires de Bo-
logne (Italie), renferment, avec une très grande fréquence
(89 p. 100 des cas) des larves de Cestodes, vivant en parasites
636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
dans le tissu conjonctif sous-cutané, les muscles ou le péritoine.
Une même Couleuvre peut renfermer jusqu’à vingt ou trente
de ces larves. Ce sont des Vers plats, contractiles, à surface plis-
sée, déformable, mais n'offrant aucune segmentation vraie. L’ex-
trémité antérieure n'a ni ventouses, ni bothridies ; à l'extrémité
postérieure se voit la confluence des canaux excréteurs. Le corps
est rempli de grosses concrétions calcaires, à structure concen-
trique, faisant effervescence avec les acides. L'examen des cou-
pes montre, sous la peau, un système de fibres musculaires lon-
gitudinales et circulaires au sein d’un parenchyme, dans lequel
on ne voit aucune trace d'un appareil génital en voie de déve-
loppement. Ceci est vrai aussi bien des larves très jeunes, ne me-
surant que quelques millimètres, que des larves plus âgées at-
teignant de 10 à 15 centimètres de longueur. Ces formes qui
rappellent, par certains côtés, les larves de Ligules, paraissent
très voisines de ce que Cobbold a décrit, en 1861, sous le nom
de Ligula colubri blumenbachü ; il s'agissait de larves vivant en
parasites, de la même manière, à l’intérieur d’une Couleuvre
des Indes.
Les larves se rencontrent isolées ou par groupes, à l’intérieur
de poches kystiques creusées dans les tissus de l’hôte. La paroi
de la poche est formée par un tissu conjonctif fibreux autour
duquel se voit une zone conjonctive épaisse, souvent prolifé-
rante, parfois présentant une dégénérescence graisseuse plus ou
moins avancée.
Certaines de ces larves sont parasitées par une Microsporidie,
dont les spores, de très petite taille, mesurent 2 & à 2,5 u sur
1,5 w et sont localisées le plus souvent à la périphérie du Ver.
On voit alors, entre les noyaux des cellules épidermiques, des
grappes de spores orientées perpendiculairement à la surface,
tandis que le parenchyme renferme çà et là des spores dissémi-
nées. Dans d’autres cas, on voit une localisation du parasite dans
la partie médiane du parenchyme, où les spores sont groupées
en amas grossièrement arrondis, renfermant un nombre de spo-
res très variable et rappelant des pansporoblastes. Certaines par-
ties des Vers parasités sont littéralement bourrées de spores.
La paroi kystique, autour des Cestodes parasités, présente de
curieuses modifications. On voit à l’intérieur de la coque con-
jonctive fibreuse habituelle, un grand nombre de grosses cellu-
les conjonctives, à protoplasma vacuolaire, formant une assise
interne entre la larve et la coque fibreuse. Ces cellules sont elles-
mêmes remplies de petites spores ayant exactement la même taille
que celles du Cestode, mais souvent déprimées ou arquées ef
paraissant en voie de dégénérescence. En certains points, la pa-
roi kystique fibreuse est rompue et l’on voit l’assise conjonctive
SÉANCE DU £2 JUILLET | 637
interne parasitée, proliférer et former des sortes de boyaux qui
pénètrent dans le tissu conjonctif environnant et qui sont eux-
mêmes remplis de spores.
Ces observations permettent de saisir sur le vif la contamina-
tion des tissus de la Couleuvre par une Microsporidie apportée
par la larve de Cestode. Les cellules parasitées du Reptile sont le
siège d’une activité proliférante réactionnelle. Nous n'avons pu
saisir, ni dans la larve de Cestode, ni dans les cellules conjonc-
tives parasitées, de stades de multiplication ou de sporulation
de la Microsporidie ; mais le fait que les cellules de l'hôte ren-
ferment des amas de spores, et souvent à de grandes distances
de la poche kystique, montre que le Sporozoaire est susceptible
de se multiplier et de produire ses spores à l’intérieur des tissus
du Reptile aussi bien que dans le parenchyme du Gestode.
Les Cestodes parasités peuvent mourir et se transformer en
une bouillie granuleuse, entourée d’une coque conjonctive, ren-
fermant, au milieu de débris cellulaires, des concrétions calcaires
et des spores paraissant en dégénérescence.
(Laboratoire de zoologie et anatomie comparée,
Université de Genève).
MODIFICATIONS DES LIPOÏDES FIGURÉS DE LA CELLULE HÉPATIQUE
VIVANTE SOUS L'INFLUENCE DES SOLUTIONS ÉTHÉRÉES,
par H. Wourers.
À la suite de nombreuses recherches d'auteurs (Reinke, Soko-
“loff) qui soumettent des tissus vivants embryonnaires ou adultes
à l’action de solutions éthérées en vue de greffes ou d’action té-
ratogène, nous nous sommes demandé dans quelle mesure l’éther
était capable de dissoudre ou de modifier les lipoïdes figurés de
la cellule vivante. Nous nous sommes adressés à la cellule hépa-
tique du Lapin et du Rat dont les lipoïdes figurés sont très con-
“nus surtout depuis les travaux de Noël. Nous avons vérifié par
l'emploi de rouge neutre la survie des éléments cellulaires en ex-
-périence. Nous nous sommes servis de petits cubes de foie de
5 mm. d'arête que nous avons laissé séjourner dans un sérum
physiologique (solution saline à 9 p. 1.000 ou liquide de Ringer)
à diverses concentrations d’éther. Nous avons employé les con-
centrations d’éther de 1, 3, 5, 10 p. 100. Les pièces demeurent
dans ce liquide 10 minutes à une heure. Les fragments sont
| fixés par la méthode de Regaud, débités en coupes de 4 à 6 u et
colorées par l’hématoxyline cuprique de Weigert-Regaud ou par
| lhématoxyline ferrique.
Brorocte. CoMPTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. HA
638 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L'action de l’éther sur les granulations lipoïdes varie suivant
sa concentration dans le sérum physiologique. La durée d'action
ne semble pas avoir une grosse importance. Les coupes de pièces.
ayamt séjourné 10 minutes dans le sérum à 1 p. 100 d’éther ne
paraissent pas avoir subi de transformations. Nous avons recher-
ché spécialement le gonflement des mitochondries signalé par
Fauré-Fremiet. Ce gonflement est surtout net aux endroits Îles.
plus traumatisés de la coupe. Les granulations lipoïdes ont dou-
blé de volume. Dans certaines cellules, elles ne se colorent plus
entièrement. Le centre en est tout à fi clair et seuls les bords
sont moirs. Ce phénomène de cavulation signalé par plusieurs
auteurs «est peut-être dû à l’autolyse. Les fragments de foïe ayant
subi l’action de l’éther à 3 p. 100 pendant 10 minutes montrent,
à la périphérie, des cellules contenant beaucoup moins de gra-
nulations lipoïdes, au centre de la coupe des cellules absolument
nmonmales. On rencontre aussi des éléments ou même des tra-
vées complètement noires et à d’autres endroïts des cellules à
noyaux entièrement colorés. La disparition des mitochondries
est encore plus nette dans les coupes des blocs à 5 p. 100 et
10 p. 100. À 5 p. 100, on voit encore quelques granulations égré-
nées dans le protoplasma. Ces granulations sont plus petites que
les mitochondries de la cellule n'ayant pas subi l’action de léther.
À ce stade, on ne voit plus aucun chondrioconte. À ro p. 100,
les cellules de la périphérie sont complètement dépourvues de
granuiations. Le protoplasma et le noyau sont absolument clairs ;
les cellules du centre de la préparation sont normales. Entre ces
deux extrêmes, le stade de passage est représenté par des cellules
avec quelques granulations. Il semble donc que les granulations
lipoïdes se .dissolvent ‘entièrement par un séjour assez court (ton
minutes suffisent) dans un sérum physiologique contenant
10 p. r00 d'éther. L’éther ne pénètre pas profondément. Seules,
les cellules de la périphérie subissent son action.
I était intéressant de savoir si on extrait réellement des lipoi=
des par la méthode que nous avons employée et quels étaïent cess
lipoïdes. Pour éliminer les causes d'erreur dues au sang et aux
cellules traumatisées, nous avons pris de foie en entier après!
Jligature des vaisseaux. Nous l'avons laissé séjourner une heure”
dans le sérum à ro p. 100 d’éther. Après évaporation et reprises
par l’éther, nous avons obtenu une quantité minime de lipoïdes,
contenant en majeure partie des phosphatides précipitables pan
l'acétone. Les réactions de la eholestérine ‘étaient positives, maiss
faibles. Il serait absolument illusoire de vouloir trouver dans des.
résubtats de ces nalses) la Lonnse Te chimique dés granula®
tions lipoïdes. 1
En résumé, il résulte de nos expériences que, même en sols,
SÉANCE DU 22 JUILLET 639
—_
tion aqueuse faible, l’éther est capable de faire disparaître les
granulations lipoïdes des cellules hépatiques dont la survie est
vérifiée par le rouge neutre. Mais cette action ne se fait sentir
que sur les cellules en contact direct avec le liquide. Ce dernier
n’a qu'une très faible pénétration et la plupart des éléments d’un
fragment très petit semblent échapper à l’action de ce dissolvant
des substances lipoïdes.
(Laboratoire d'anatomie de Genève).
. LE DÉBIT RESPIRATOIRE MAXIMUM DES HABITANTS
DES HAUTES ALTITUDES.
Note de J.-J. IzQuIERDO, présentée par E. GLEY.
Dès que j'ai connu le masque manométrique de Pech et sa
nouvelle notion du débit respiraloire maximum, j'ai songé
l’appliquer à l'étude du débit respiratoire des sujets adaptés à
vivre aux hautes altitudes.
J'ai d'abord vérifié expérimentalement que les chiffres fournis
par le masque manométrique correspondent de très près, quelles
que soient les conditions de pression barométrique, aux masses
d'air ayant à 760 mm. de mercure de pression les volumes enre-
gistrés par l'appareil. Ce fait d'observation est d’ailleurs en par-
fait accord avec la méthode physique appliquée pour construire
le masque.
Voici les. résultats de 200 mensurations de débit respiratoire
(2
maximum à la seconde pratiquées sur des adultes normaux ha-
bitant Mexico (2.240 m. d'altitude, 596 mm. de pression baro-
métrique.
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RONA NSUTOtSE RE LL LE ARE nr ER 2,750
SE D nu. A AA As Ant 2,500
“4 ces mesures, je crois pouvoir conclure
à Les: bin adultes et normaux de la ville de Mexico pré-
LT un débit respiratoire maximum moyen de 4.litres à la
seconde environ, aussi bien à l'expiration qu'à l'inspiration. :
G40 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
0
Ce chiffre est plus élevé que celui trouvé par Pech aux basses
altitudes.
2° L'augmentation du débit respiratoire maximum des habi-
tants de l’altitude réalise une nouvelle constatation du fait déjà
observé par les auteurs, que pendant le travail musculaire la
ventilation pulmonaire atteint des valeurs bien plus grandes aux
orandes altitudes que celles que l’on observerait pour ce même
travail au niveau de la mer.
3° Mes observations viennent constater l'affirmation de Gley,
que le débit respiratoire maximum paraît être en rapport avec
les besoins en oxygène de l'organisme, mais nous permettent
d'ajouter, de plus, qu'il a aussi des rapports très précis avec la
tension partielle de l'oxygène atmosphérique.
1° Comme corollaire, nous pouvons également ajouter que s’il
est vrai qu'il paraît constituer un facteur assez fixe pour chaque
espèce, ses limites peuvent cependant se déplacer jusqu'à des
chiffres supérieurs, par l’adaptation des organismes aux altitudes.
(Laboratoire de physiologie, école de médecine, Mexico).
EXAMEN CYTOLOGIQUE DES LIQUIDES DE DIGESTION GASTRIQUE, .
par Maurice Lorper et GEORGES MARCHAr.
Le liquide &e lavage d'un estomac normal à jeun ne doit con-
tenir ni leucocytes, ni cellules épithéliales. Le liquide du repas
d'épreuve en contient toujours dans les états les plus normaux.
Ces éléments cellulaires sont des cellules de revêtement, des cel-
lules sécrétantes et des leucocytes. Leur abondance varie avec la
natur® et la concentration des aliments ingérés et aussi avec le
moment de leur extraction.
Pour. prouver ce phénomène, nous avons fait absorber à nos
malades des solutions de sel marin et de sucre, iso ou hyperto-
niques, des solutions d’albumine d'œuf et du bouillon de viande.
La concentration moléculaire et la teneur en sel et albumines de
ces solutions étaient établies avant l'absorption. Elles étaient re-
prises à chaque extraction ainsi que la teneur en éléments cellu-
laires. |
Voici les résultats que nous avons obtenus : toutes fes solutions
hypertoniques, de quelque sel qu'elles soient, provoquent un dé-
capage des voies digestives supérieures et de l'estomac. La des-
‘juamation pharyngée et œsophagienne est plus intense que la
aésquamation gastrique. Les solutions sucrées ont une action
plus marquée que les solutions salines de même titre. C’est une
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Ein >
SÉANCE DU 22 JUILLET Gal
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réaction d'irritation. La deuxième réaction est une réaction gas-
trique et vraiment physiologique. Elle consiste en une sécrétion
de mucus et un afflux de leucocytes. La leucocytose est précoce
avec les solutions isotoniques. Avec les solutions hypertoniques
elle est plus tardive et peut ne se produire qu’au bout de 3/4
d'heure. Elle est tardive aussi avec les solutions d’albumine ; elle
est plus précoce avec le lait, plus précoce encore avec le bouillon.
Cette leucocytose est faite d’abord de polynucléaires et de mono-
nucléaires puis de polynucléaires seulement. La polynucléose est
faible avec le sel, plus forte avec le sucre ; elle est assez marquée
avec l’albumine et le lait ; elle atteint son maximum et est in-
tense avec le bouillon.
L'étude physicochimique des solutions absorbées ou des li-
quides extraits explique en partie ces variations. L’afflux des leu-
cocytes exige un certain équilibre physicochimique qui s'établit
progressivement. Des phénomènes physiques de dilution le pré-
cèdent donc habituellement et la leucocytose s’accentue au fur
et à mesure qu'ils se précisent. Sans doute aussi, la leucocytose
s’exagère-t-elle du fait des transformations successives des ma-
tières protéiques, puisque les milieux peptonés et le bouillon re-
présentent le summum de l'excitation leucocytaire avec le maxi-
mum de précocité. Fait intéressant, la leucocytose intragastrique
est contemporaine de la leucopénie sanguine qui peut reconnai-
tre, au moins en partie, pour origine la soustraction de leucocy-
tes au milieu sanguin.
Nous donnerons les quatre conclusions suivantes
1° L'irritation produite par les solutions trop concentrées st
le décapage qui en résulte explique certaines brûlures et certaines
réactions douloureuses si fréquentes après l'absorption des solu-
tions trop sucrées.
2° La réaction leucocytaire intragastrique est une réaction
physiologique nécessaire et probablement indispensable aux ac-
tes digestifs.
3° Cette réaction exige un certain équilibre physicochimique.
Elle est donc souvent précédée de phénomènes purement phy-
siques. Elle accompagne le processus de digestion gastrique. Ou
peut supposer que les leucocytes, par les ferments qu’ils contien-
nent, participent à cette digestion.
h° Ces conclusions ne modifient en rien la valeur du cytodia-
gnostic de l'estomac. Elles montrent seulement que ce cytodia-
gnostic ne peut être fait que dans les liquides de lavage et dans
les liquides isotoniques.
642 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
VARIATIONS MORPHOLOGIQUES DU STREPTOUOQUE,
par ŸvEs KERMORGANT.
Les variations morphologiques du Streptocoque, suivant le
milieu dans lequel on le cultive, constituent un fait bien connu.
Nôus rapportons ici deux modifications d'ordre un peu différent :
les formes bacillaires et les formes géantes. En 1918, Kraskowska
et Nitsch (x) ont étudié la morphologie des formes anormales ob-
tenues sur divers. milieux de culture, après ensemencement du
rhinopharynx ou d’angines ; parmi celles-ci on retrouve les for-
mes bacillaires sans que ces auteurs dégagent netiement les rela-
tions existant entre ces différentes formes. En 1920, Krongold-
Vinaver (2) signale des formes anormales qu'elle considère com-
me des formes de résistance.
Nous avons observé plusieurs fois cliniquement ces formes ba-
cillaires, nous avons pu les obtenir en culture et les reproduire
expérimentalement. Indiquons de suite qu'il ne s’agit jamais de
formes d’involutions, les cultures examinées étant des cultures
jeunes de moins de 24 heures.
La forme bacillaire du encore se présente sous deux as-
pects différents :
1° Formes bacillaires. a) forme bacillaire proprement dite
Bacille allongé mesurant 4 u en moyenne de longueur, pouvant
aller jusqu’à 6 u, le corps est rectiligne, mais quelquefois il est
rétréci. à sa partie moyenne ; les extrémités sont arrondies, éga-
les, parfois, l’une d'elles est arrondie, l’autre effilée. Dans leur
‘ensemble, ces microbles se présentent en tas d'épingles ou en
palissade rappelant en général le Bacille diphtérique moyen ou
long. On peut rencontrer également des Bacilles articulés les uns
aux autres par 2 ou par 3. Ces Bacilles se colorent de la même
façon que les chaînettes classiques ; :
b) Formes cocco-bacillaires : ce sont des formes plus grossiè-
res, plus épaisses, moins régulières, en amande, en cornichons ;
elles sont .plus fréquentes que les autres et ce sont elles qui ont.
été surtout décrites.
L'étude des rapports que ces formes Duétentent entre elles est
plus. intéressante que leur morphologie proprement dite.
Nous avons pu les observer en injectant du Streptocoque pro-
venant d'un cas d’ostéomyélite dans la veine marginale de
l'oreille d’un Lapin et en prélevant, aseptiquement 24 heures
après le sang à la carotide. Le sang total ainsi recueilli est défi-
(x) Kraskowska et Nitsch. Centr. f. Bakt. I Abth., Bd. 8, 1918. p- 264.
(2) Krongold-Vinaver. C. R. de la Soc. de biol., 6 mars 1920, p. 253.
SÉANCE DU 22 JUILLET 643
briné, placé à l’étuve à 37° en anaérobiose et observé de 2 en ?
heures. Nous avions ainsi pu obtenir des formes bacillaires ; puis
assister, vers la 12° ou 16° heure, au passage aux formes cocci-
ques habituelles. Le Bacille se renfle à sa partie moyenme, prend
une forme en navette, s’amincit aux pôles en présentant dans son
aspect typique une forme en citron. À un très fort grossissement,
‘on peut y voir deux points plus colorés comme si la chromatine
se concentrait aux deux pôles avec une zone claire médiane. La
capsule n'est pas divisée et on peut voir deux, quatre, cinq ou
six masses chromatiques divisées ou en voie de division dans une
mème capsule. À côté de ces formes, on peut rencontrer des for-
mes bacillaires et des chaînettes typiques enchevêtrées, ou en-
core: dans une même chaînette on pemt voir un élément bacil-
laire et des coques typiques. Ces formes cocco-bacillaires doivent
yraisemblablement être rapprochées des éléments plus gros que
les autres, que l’on observe souvent en examinant les Strepto-
coques.
Si l’on poursuit l'examen d'heure en heure jusqu'à 24 heures,
tout se régularise : les chaînettes augmentent de plus en plus et
on passe aux formes classiques.
Ces formes rappellent les formes bacillaires du Pneumocoque
signalées par Truche et Gosset (1) et elles sont moins rares qu'on
ne pourrait le penser. Elles s’observent le plus souvent dans les
hémocultures ou sur gélose provenant d’un repiquage direct
d'hémoculture : nous les avons vues au cours d’une septicémie
à Streptocoques et dans deux cas d'endocardites infectieuses. Il
semble que le milieu sang joue un grand rôle dans la production
de ces formes. On ne les observe pas exclusivement au cours des
Streptococcémies : nous les avons obtenues expérimentalement
avec des souches provenant d’ostéomyélite et nous les avons fré-
quemment retrouvées dans des frottis d'organes d'animaux morts
d'infection à Streptocoques. L’ensemencement de ces organes en
aérobie et en anaérobie ne donnant que des cultures pures de
Streptocoqués. Nous croyons ces formes bacillaires relative-
ment fréquentes mais peu signalées car les hémocultures qui les
contiennent ont été vraisemblablement considérées comme conta-
minées et abandonnées. Disons enfin qu’on peut les rencontrer
à l’état d’élément isolé dans des cultures pures de Streptocoques
en milieux ordinaires. Le diagnostic clinique de ces formes re-
pose uniquément sur le repiquage en milieu ordinaire en aéro-
biose et anaérobiose qui ne révèlent que des cultures pures de
Streptocoque.
>° Formes géantes. Alors que les formes bacillaires nous sem-
(1) Trüche et Gosset. C. R. de la Soc. de biol.. 26 janvier 19711.
644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
blent être en rapport avec le milieu sang, celles-ci ont été ren-
contrées au cours d’érysipèles développés sur des néoplasmes cu-
tanés. Ce sont des formes normales, coques réguliers, chaïînettes
courtes, bien capsulées, mais dont chaque élément peut atteindre
jusqu’à 4 u. Nous avons pu les reproduire avec cinq Streptoco-
ques d'origines variées en les cultivant sur des milieux consti-
tués par des macérations de viande âgées de {o à 60 heures mé-
langées à des peptones très dégradées, riches en acides aminés.
Alors que ces dernières ne semblent être que des formes térato-
logiques, les Bacilles présentent un double intérêt, en raison, d’une
part, de la difficulté du diagnostic, et, d’autre part, du fait qu'on
observe tous les types de transition entre les formes cocciques et
les formes bacillaires, forme que prend le Streptocoque placé
dans de mauvaises conditions de développement, en présence du
sang principalement.
(Laboratoire du D' A.-T. Salimbeni, Institut Pasteur).
SUR L'ÉLECTROMYOGRAPHIE,
par À. Zimmerx et P. COTTENOT.
Il y a quelques semaines, M. Athanasiu a apporté ici des cour-
bes de courants d'action de la contraction volontaire et, les rap-
prochant d’électromyogrammes expérimentaux provoqués par
des excitations artificielles de fréquence très élevée, il en a dé-
duit une conceptiôn nouvelle du rythme des impulsions motrices
volontaires. D'autre part, à la dernière séance, M. Lapicque, par-
tant du point de vue biologique général, a cru devoir faire des
réserves sur les conclusions formulées.
Profondément intéressés par les travaux de Piper, nous avons,
depuis 1913, poursuivi une série de recherches similaires, orien-
tées surtout en vue de l'étude des courants d'action dans les af-
fections du système nerveux, et avec l'espoir de trouver dans
les variations pathologiques de l’électrogénèse musculaire un
procédé de diagnostic au même titre que l’est devenue l'électro-
cardiographie dans certaines cardiopathies.
Tantôt, nous avons utilisé dans ce but le galvanomètre d'Ein-
thoven, tantôt, et plus souvent, nous avons demandé l'inscrip-
tion à l’électrocardiographe de Siemens. Ce dernier n’est pas une
corde. C’est un galvanomètre à cadre mobile, à amortissement
réglable, et à self et inertie réduites au minimum. Les critiques
d'ordre physique que l’on peut faire à un dispositif de ce genre
pour l'étude de variations rapides de sens et d'intensité nous ont
à
SÉANCE DU 22 JUILLET 645
£ !
paru, à l'usage, plus théoriques que fondées, les courbes que
nous avons obtenues ne le cédant en rien en finesse et en détails,
et étant rigoureusement superposables à celles publiées par Piper
et d’autres auteurs. Une avarie irrémédiable survenue à cet appa-
reil durant la longue période de son immobilisation pendant la
guerre nous à momentanément obligés d'interrompre nos re-
cherches. ;
Celles-ci nous ont cependant permis de réunir un certain nom-
bre de très beaux tracés de contractions réflexes, de contractions
volontaires et d'aborder l’étude de cas pathologiques. Dans les
deux premiers groupes, nous avons pu facilement vérifier les ré-
sultats de Piper. L’excitation mécanique d'un réflexe, le réflexe
patellaire par exemple, donne lieu à une onde diphasique. Cette
réponse est toujours pure. Elle est exactement semblable à celle
que donne un choc d’induction appliqué sur le nerf moteur. Se-
lon les vues de M. Lapicque, il y a ici certainement synchronisme
dans l'excitation. Pour ce qui est maintenant des courbes de la
contraction volontaire, toujours de caractère discontinu (fléchis-
seurs de l’avant-bras, quadriceps crural, etc.), on en rencontre de
deux ordres. Dans les unes, on relève nettement dans le mélange
des grandes et des petites oscillations, un rythme voisin de 5o par
seconde : dans les autres, au contraire, malgré une technique
rigoureusement contrôlée, le tracé apparaît comme brouillé par
la multiplicité et l’irrégularité des petites oscillations. Ces petites
oscillations, Piper les considérait comme négligeables et les at-
tribuait à des interférences.
Les grandes oscillations, celles de fréquence voisine de 50 se
rencontrent assez souvent et assez nettement pour que l’on soit
porté à adopter la manière de voir de Piper, tout au moins en ce
qui concerne le rythme de la contraction musculaire et son ordre
de grandeur.
La fréquence fondamentale de 5o est, du reste, en accord avec
les résultats d’un grand nombre d’expérimentateurs. C’est ainsi
que Carlo Foa, tétanisant les racines postérieures des nerfs spi-
naux, a pu provoquer 5o à 60 oscillations par seconde dans les
racines antérieures. Hoffmann, de même, a trouvé que le rythme
des contractions volontaires du masséter, chez l'Homme, était
voisin de 65 à la seconde.
Mais l'expérience la plus démonstrative paraît être cette autre
d'Hoffmann : il excite le cerveau d'un Chien pour pro-
duire un tétanos artificiel. En l’excitant au rythme de 15 à
25 par seconde, ce rythme est transformé en un rythme de 50
et c'est celui-ci que l’on observe en étudiant le courant d’action
des muscles. C’est avec un rythme excitateur de 50 que la courbe
devient la plus régulière et la plus belle. Pour des excitations su-
646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
périeures à bo, le muscle ne suit plus la fréquence donnée à
l'écorce cérébrale, sauf tout à fait au début. IL tombe à des fré-
quences plus basses que 60, mais en même temps, la courbe de-
vient irrégulière.
D'après cela, le rythme de 50, ou une fréquence voisine, sem-
ble être un optimum qu'on est conduit à interpréter comme ce
que l’on pourrait appeler la période propre de la contraction
musculaire.
Sans doute ne prouve-t-elle pas que telle est aussi la: cadence:
des incitations motrices parties d'en haut ; il apparaît seulemeni
comme vraisemblable que le muscle doit être accordé avec les
centres moteurs. Au point de vue pratique, les considérations
précédentes nous semblent devoir être retenues. en électroméca-
nothérapie, lorsqu'on se propose de substituer à la contraction
volontaire la contraction électriquement provoquée.
Ajoutons enfin que dans les courbes pathologiques de tabéti-.
ques et d'hémiplégiques que nous avons étudiées, le rythme de
50 se retrouve presque toujours,assez nettement (x).
SUR LE PROCESSUS INFECTIEUX RÉNAL DANS LA COLIBACILLURIE,
par H. ViNGENT.
La colibacillurie succède, le plus souvent, à une infection gas-
tro-intestinale à forme typhoïde qui peut être très sévère et en-
trainer la mort ainsi que j'en ai décrit des cas en 1896, chez des
paludéens atteints d’entérite aiguë. D'autres fois, les: troubles
digestifs initiaux sont, au contraire, légers (Widal, Lemierre et
Brodin). Parfois, même, c'est une constipation rebelle qui pré-
lude à la colibacillurie (Chantemesse, Widal et Legry, Tremo-
lières et Lassance). La grossesse, par la constipation qui l’ac-
compagne fréquemment, se complique. souvent de colibacillose
(Bar, Cathala, Widal et Benard). La porte d'entrée du B. coli
peut, d’ailleurs, être l’utérus, la vessie, peut-être le poumon (Si-
redey et Bodin).
L'intestin reste, cependant, le point de départ le plus habituel
du colibacille. Après avoir déterminé ou non de la néphrite, de
la pyélo-néphrite ou même la suppuration rénale comme dans le
cas dont il sera question plus loin, le B. coli se maintient dans
l'urine pendant une durée parfois très prelongée.
De tels malades sont devenus de véritables porteurs de germes,
(r) Cf. à cet égard les travaux de Wertheim-Salomonson, de Gregor et Schil-
der, de Rehns, etc.
47
SFANCE DEN 22 JUILLET (OU
analogues aux porteurs urinaires de Bacilles typhiques. Mais tan-
dis que ces derniers ne sont pas, le plus souvent, incommodés
par le Bacille typhique — exception faite pour la cystite hémor-
ragique qui intervient parfois (H. Vincent) — les porteurs de
colibacilles urinaires offrent, au contraire, des symptômes locaux
ou généraux pénibles qui persistent souvent jusqu'à la dispari-
tion du Bacille.
Le Bacïlle urinaire provient habituellement du sang. Dans le
cas d'un de nos malades, le sang examiné après la mort conte-
nait le B. coli à l’état pur. D'autre part, divers auteurs et, en par-
ticulier, moi-mème en 1893, Lemoine et Sacquépée, Lemierre,
Widal, Lemierre et Brodin, etc.) ont isolé le Bacille de la rate ou
du sang, pendant la vie.
Le passage du B. coli dans le rein a pu être étudié et, en quel-
. que sorte, saisi sur le vif dans l’examen histologique des lésions
du malade W..., dont j'ai parlé, et qui est mort de colibacillé-
mie.
Dans les coupes du rein, à côté d’un abcès du volume d’une
noisette et où fourmillait le colibacille à l’état pur (culture) exis-
taient de petits abcès miliaires ou même microscopiques, de
même nature.
Dans ces derniers, le microscope a montré, parmi les cellules
de pus, des Bacilles très nombreux. Au milieu de lacs sanguins
ou des veines dilatées, on aperçoit çà et à un ou deux Bacilles,
parfois de petits groupes de 4 ou de 5 qui attestent l'origine san-
guine de l'infection rénale et urinaire.
. Mais la preuve de cette origine est fournie d'une manière plus
précise encore par l’examen de la région corticale et par l’exis-
tence de certains glomérules de Malpighi envahis par les coliba-
cilles et dont les éléments cellulaires sont mal colorés, dégénérés
ou frappés de nécrose. Entre le glomérule et la capsule de Muller,
aussi bien qu'au milieu des houppes vasculaires disloquées et des-
quamées, les colibacilles se sont infiltrés, abondants. Non loin
de ces glomérules sur lesquels s’est porté l'effort infectieux, on
voit, au contraire, des glomérules demeurés sains et bien colo-
rés. RE: ;
On assiste donc ainsi au processus d’invasion rénale par le
Bacille infectant. L’envahissement des tubes urinifères eux-mèê-
mes se. traduit, dans nos préparations, d’une manière saisissante.
‘Certains tubes urinifères sont, en effet, littéralement remplis,
sur une grande partie de leur trajet, par des amas bacillaires
énormes, formant des blocs colorés en bleu par la thionine et
aux deux extrémités desquels on distingue facilement les Bacil-
les en navette parce qu’ils sont en couche moïins dense. Les pa-
rois du tube sont dilatées, peu visibles. Fait à noter, les tubes
648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
urinifères voisins sont à peu près sains ; leurs cellules de revèê-
tement sont presque normales. Ce qui montre bien que l’infec-
tion par le B. coli a été intialement parcellaire et qu’elle s’est ef-
fectuée à partir de certains glomérules d’où elle est descendue
dans les canalicules urinifères puis dans les bassinets et dans la
vessie.
On voit, du reste, quelques-uns des abcès microscopiques cer-
trés par le slomérule de Malpighi qui a été le premier foyer ini-
tial de l'infection.
Le mécanisme infectieux qui détermine la colibacillose uri-
naire se trouve éclairé par l'examen des lésions observées dans
lé présent cas.
L'INOCULABILITÉ DE L'HERPÈS. PRÉSENCE DU VIRUS KÉRATOGÈNE
DANS LES LÉSIONS,
par P. Teissier, P. GasTnEz et J. REILLy.
La question de l'inoculabilité de l’herpès reste controversée.
Admise par Vidal, Evans, Douaud, mise en doute par Fournier,
Brocq, niée par Darier, la possibilité de cette inoculation peut
être envisagée sur des bases nouvelles à la faveur de la réaction
expérimentale sur la cornée du Lapin.
À l’occasion de recherches sur la présence du virus kératogène
dans les herpès symptomatiques (1), nous avons repris l’étude
de l’inoculabilité de l’herpès. Nos observations ont porté sur des
malades atteints, pour le plus grand nombre, d’herpès dit spon-
tané (fièvre ou angine herpétique), pour quelques-uns, d’herpès.
dit symptomatique, accompagnant les diverses maladies infec-
tieuses.
Le contenu de la vésicule était inoculé par légère scarification
_au niveau du bras soit au porteur, soit à d’autres sujets.
La légitimité de la réinoculation était établie par l’inoculation:
de la lésion obtenue à la cornée du Lapin ou du Rat blanc (2).
Voici schématiquement, les résultats
° L’auto-inoculation a été positive 13 fois, négative 3 fois ; la
lésion expérimentale apparaît au 2° jour, elle est constituée par
des vésicules reproduisant le type initial, mais de dimensions
généralement plus petites ; elles sont quelquefois groupées en.
semis le long du trait de scarification.
(x) P. Teissier, P. Gastinel et J. Reïlly. Présence d’un virus kératogène dans:
les herpès symptomatiques. L'unité des herpès. C. R. de la Soc. de biol., 14:
janvier 1922, t. LXXXVI, p. 73.
(2) P. Teissier, P. Gastinel et J. Reiïlly. Transmission du virus herpétique au:
Rat blanc. C. R. de la Soc. de biol., 14 janvier 1922, t. XXXVI, p. 75.
î
SÉANCE DU 22 JUILLET 649
2° L'hétéro-inoculation est également possible, elle fut posi-
tive 7 fois, négative 3 fois.
3° Les lésions de réinoculation sont, à leur tour, auto-inocu-
lables en série. Chez certains sujets, nous avons pu suivre la re-
production jusqu’au 7° passage ; expérience suspendue à ce mo-
ment. Mais le plus souvent, la lésion cesse d’être inoculable à
_ partir du 2° ou 3° passage. À ce moment, elle détermine seule-
ment une simple rougeur papuleuse, sans vésiculation, mais qui
contient cependant le virus kératogène, à en juger par la repro-
duction expérimentale sur l'œil du Lapin ; ces passages en série
ont été réalisés 6 fois contre 2.
4° Les résultats positifs que nous avons observés, ont été notés
lorsque le prélèvement du contenu vésiculaire était effectué au
début de l’éruption herpétique, de préférence le 2° jour. :
5° Quand le malade présente des efflorescences successives de
xésicules, il arrive que les inoculations positives d’abord, devien-
nent par la suite négatives. |
6° Dans les cas où il n’a pas été possible d'obtenir la réino-
culation herpétique, le virus n’en existait pas moins dans les
xésicules, à en juger d'après le critérium expérimental.
7° Le pourcentage élevé de nos résultats positifs semble être
expliqué par le fait que les malades furent observés au cours des
mois d'octobre et novembre 1921, période pendant laquelle les
éruptions d’herpès ont été tout particulièrement fréquentes, et
ont pris l’allure de la véritable fièvre herpétique (angine, érup-
tion, température).
Convient-il, pour expliquer cette fréquence, d’invoquer des
conditions épidémiologiques particulières, parmi lesquelles no-
tamment, l’exaltation du virus ? Nous nous contentons de men-
tionner le fait.
8° Les tentatives de reproduction expérimentale de l’herpès
par inoculation sur le bras de 6 sujets de bonne volonté du pro-
duit de grattage de la kératite herpétique du Lapin, ont constam-
ment échoué.
9° Parallèlement à ces recherches, des auto-inoculations de
contrôle nombreuses ont été pratiquées avec le zona, la vari-
celle, les vésicules d’eczéma, les bulles d’érythème polymorphe ;
_ elles sont restées toujours négatives,
630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L'INFLUENCE DES INOCULATIONS DE DÉRIVATION SUR L'ÉVOLUTION.
DE LA TUBERCULOSE. TECHNIQUE ET RÉSULTATS,
par D. CoMBresco.
Nous nous sommes proposé d'étudier l’évolution de la tuber-
culose expérimentale du Cobaye après injection intraveineuse de
Bacille de Koch, lorsque le Cobaye a reçu des inoculations de
dérivation. Nous indiquerons brièvement la technique que nous
avons suivie. Nous avons inoculé aux animaux une émulsion opa-
lescente de Bacilles tuberculeux bovins (origine Vallée), cultivés.
à 37° pendant 30-4o jours sur milieu de Pétrof. Des spores d’As-
_pergillus (ensemencement sur milieu de Raulin, après 5-6 jours
d’étuve à 22°) sont utilisées pour faire les injections de dérivation
‘dans la plèvre.
Nos expériences peuvent se diviser en deux groupes
Premier groupe : a) Cobayes n°°. 55, 65, 413, 4o5 et of re-
çoivent une injection intraveineuse de 1 c.c. d'émulsion de Ba-
cilles tuberculeux. Le Cobaye n° 55 est sacrifié après trois jours
et présentait sur les coupes du poumon des tubercules en for-
‘mation. Rien dans les autres organes. Le n° 65 est sacrifié après
7 jours. À l’autopsie, nous trouvons de nombreuses granulations
très fines dans les poumons. Les autres organes sont indemnes.
Chez le n° 413, sacrifié après 12 jours, les lésions pulmonaires
sont plus accentuées. On trouve en même temps, dans la rate,
quelques tubercules de même aspect. Le Cobaye n° 4o5 est sa-
crifié après trois semaines. À l'autopsie, nous trouvons dans les
poumons de nombreux tubercules, dans la rate quelques nodules;
- dans le foie aucune lésion macroscopique. L'examen des coupes
histologiques montre des lésions tuberculeuses nettes dans les
poumons, c’est-à-dire infiltration leucocytaire avec des foyers ca-…
séeux abondants. Au contraire, les lésions tuberculeuses du foïe
et de la rate sont plus localisées et plus discrètes : petits tuber-"
cules sans foyers caséeux. Le Cobaye n° 404 succombe après 24
‘ jours avec des lésions identiques.
. b) Cobayes n°% 74, 84, 420, 402,103 et 35 recoivent dans la
plèvre » c.c. d'émulsion de spores d’Aspergillus niger. Vingt
heures après nous leur injectons, dans la veine, r c.c. de l’émul-
sion de Bacilles tuberculeux. Le Cobaye n° 74 est sacrifié après
3 jours. À l’autopsie on trouve une légère congestion dans tous
les organes avec de très fines taches hémorragiques sous-pleu-
rales. Sur les coupes histologiques : tubercules tout au début dans
le foie, dans la rate et les ganglions trachéo-bronchiques. Très
rares tubercules dans les poumons. Le n° 34 est sacrifié après
7 jours. À fl’autopsie nous trouvons la congestion de tous les.
SÉANCE DU 22 JUILLET 651
organes, la rate 3-4 fois plus grande avec des granulations gri-
ses très visibles. Sur les coupes : de très nombreux tubercules
dans la rate, dans le foie, quelques tubercules dans les poumons.
Le n° 420 est sacrifié après 12 jours et présentait une tuberculose
de la rate et du foie, aucune lésion macroscopique dans les pou-
mons. Sur des coupes, même tabieau. Le Cobaye n° 4o2 est sa-
crifié après 21 jours. À l’autopsie les poumons ont l'aspect nor-
mal, aucune lésion macroscopique visible. Le foie présente de
nombreux tubercules, de la grandeur d'une lentille ; la rate de
grosses granulations tuberculeuses. L'examen des coupes histo-
logiques montre des lésions tuberculeuses très nettes dans le foie
‘et dans la rate avec infiltration leucocytaire et foyers caséeux. Au
contraire, dans les poumons, les lésions sont très discrètes : tu-
bercules tout au début. Le Gobaye n° 403 succombe après 45
jours. À l’autopsie, nous trouvons les lésions anatomo-patholo-
giques suivantes : nombreux tubercules caséeux dans le faie,
hypertrophie considérable de la rate et présence, dans cet er-
gane, de itubereules iconfluents. Les ganglions mésentériques et
médiastinaux sont hypertrophiés. Dans les poumons, au :con-
traire, les lésions tuberculeuses sont légères : présence .de .quel-
ques tubercules,ayant le volume d’une tête d’épingle et dissémi-
nés dans les 2 poumons. Nous avons retrouvé chez .cet animal des
mêmes lésions histologiques que chez le Cobaye n° 402. Le .Co-
bave n° 35 succombe après 60 jours avec les mêmes lésions.
Deuxième groupe. Les Cobayes n° x, 2, 3 et À ont reçu dans
la plèvre 2 e.c. d’'émulsion de spores d’Aspergillus niger. Après
2 heures nous répétons cette injection dans l’autre plèvre et
après 1/2 heure, 1/2 c.c. d'émulsion de Bacilles tuberculeux .est
injecté dans la veine de l'animal. Le Cobaye n° 5, comme témoin,
reçoit seulement l'inoculation de virus tubereuleux. Cobaye
n° 1 est sacrifié après 5 jours. À l’autopsie, la rate est hypertro-
phiée. On ne trouve pas de lésions macroscopiques. Sur les cou-
pes de la rate nombreux tubercules ; ils sont rares sur les coupes
du foie et exceptionnellement rares sur les coupes du poumen.
Cobave n° 2 est sacrifié après 8 jours et trouvé sans lésions dans
les poumons ; nodules tuberculeux dans la rate, le foie et iles
ganglions trachéo-bronchiques. Cobaye n° 3 mort après 40 jours,
par maladie intercurrente avec gros tuberoules dans dla rate, sans
lésions dans le foie et le poumon. Sur des coupes : lésions tout
au début dans le poumon et le foie ; très avancées dans la rate
et les ganglions trachéo-bronchiques. Cobaye n° 4 est mort après
65 jours avec gros tubercules dans la rate, très rares et discrets
dans les poumons. Cobaye n° 5 succombe en 25 jours avec tuber-
culose généralisée.
(Institut d'hygiène et de bactériologie, Strasbourg).
652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L'INFLUENCE DES INOCULATIONS DE DÉRIVATION SUR L'ÉVOLUTION
DE LA TUBERCULOSE. RÔLE DES LEUCOCYTES,
par D. Comgresco.
En étudiant la tuberculose expérimentale chez le Lapin, A.
Borrel (1) a montré le rôle phagocytaire des leucocytes polynu-
cléaires. Chez les Lapins, sacrifiés immédiatement après l’injec-
tion, il a observé une leucocytose polynucléaire intense : la
plupart des Bacilles sont inclus dans ces leucocytes. « Je consi-
dère, dit-il, comme parfaitement établi ce fait que les Bacilles
introduits dans la circulation sont immédiatement appréhendés
par les leucocytes polynucléaires » (2). Si on fait des injections
intraveineuses de Bacilles de Koch d'origine humaine à une
série de Lapins, on observe les faits suivants. L’autopsie des ani-
maux sacrifiés 8 jours uprès l’inoculation montre que le proces-
sus tuberculeux est localisé aux poumons, les autres organes, foie,
rate, reins, ne présentent aucune lésion tuberculeuse. Les La-
pins inoculés 20 jours auparavant présentent des lésions pulmo-
naires étendues : nombreux tubercules caséifiés dans les deux
poumons. Au contraire, dans les autres organes, foie, rate et
reins, on observe des lésions tuberculeuses au début, petits tu-
bercules non caséifiés.
En inoculant les spores d’Aspergillus niger dans la plèvre
d’un Cobaye, on a provoqué une polynucléose locale. Les Bacil-
les tuberculeux injectés dans la veine du même animal circu-
lent librement dans le sang, sont exceptionnellement arrêtés
dans les poumons, et vont se localiser dans la rate, le foie ou
les ganglions lymphatiques, où ils engendrent des lésions plus
ou moins accentuées. À l’autopsie de ces animaux nous avons
trouvé un tableau anatomo-pathologique inverse de celui décrit
chez le Lapin : dans les poumons, les lésions sont peu étendues
et au stade du début de l'infection tuberculeuse, au contraire,
dans la rate, dans le foie et dans les ganglions, de gros foyers
tuberculeux se sont développés. Entre les lésions pulmonaires et
viscérales existe un contraste très net.
De plus, les Cobayes qui ont reçu une inoculation intra-pleu-
rale d’Aspergillus niger avant l'injection de Bacilles tuberculeux
survivent plus longtemps (45-60 jours) que les Cobayes témoins
qui succombent en 21-25 jours. Nous expliquons cette survie par
la localisation différente des lésions chez les Cobayes qui ont
reçu l’inoculation de dérivation. En effet, chez ces animaux, les
Bacilles tuberculeux se localisent dans la rate, le foie, les gan-
(r) Borrel. Ann. de l’Inst. Pasteur, t. VII.
14
(®?]
CES
ar
SÉANCE DU 22 JUILLET
glions, organes qui opposent une résistance plus grande au dé-
veloppement du processus tuberculeux.
Pour Madelaine (1), dans les expériences de dérivation chez
le Lapin, cette survie serait expliquée par le rôle des macropha-
ges. Nous pensons avec A. Borrel que la survie observée quel-
quefois chez les Bovidés, qui ont été vaccinés soit avec des Ba-
cilles tuberculeux atténués, soit avec de la tuberculine ou avec
des corps des Bacilles dégraissés, peut être expliquée par le
même mécanisme, c'est-à-dire par la dissémination des lésions
tuberculeuses dans tous les viscères, tandis que les lésions pul-
monaires restent discrètes. Le processus tuberculeux envahit
les organes viscéraux, foie, rate et ganglions lymphatiques, sans
localisation particulière au niveau des poumons. C'est le mème
tableau anatomo-pathologique que nous avons trouvé chez les
Cobayes qui ont reçu une injection de dérivation ; les Cobayes
survivent plus longtemps que les témoins.
(Institut d'hygiène et de bactériologie, Strasbourg).
SUR LA CUTI-INFECTION CHARBONNEUSE CHEZ LES LaAPINs
ET LES COBAYES,
par I. BALTEAxO.
Besredka (2) a démontré que les Lapins et les Cobayes ayant reçu
des injections intraveineuses ou intrapéritonéales de Bactéridies
charbonneuses, sont réfractaires à l'infection charbonneuse ; ils
sont, au contraire, sensibles à cette infection, par voie cutanée.
Si l’on prend soin de respecter la peau, on peut introduire du
deuxième vaccin et même du virus pur dans le péritoine et la
veine, sans déterminer la mort de l’animal.
Nous avons pratiqué nos expériences sur les Lapins et les Co-
bayes en leur faisant des injections de Bactéridie charbonneuse,
intraveineuses et intrapéritonéales, intrapleurales, sous-cutanées
et cutanées (intradermiques).
Trois de nos Lapins qui pesaient 1,850, 1,920 et 2,150 kgr. ont
reçu dans la veine marginale de l'oreille 0,5 c.c. d’une culture
de charbon en bouillon âgée de 24 heures, en ayant soin de léser
le moins possible la peau et en cautérisant l'endroit de la piqüre.
À 3 autres Lapins qui pesaient 1,840, 1,950 et 2,050 kgr., nous
avons introduit dans le péritoine, par un petit orifice fait avec
(1) M. Madelaine. Bull. Soc. d'étude scient. sur la tuberculose, 3 mai 1914
ct thèse, Paris, r19r9.
(2) Besredka. Annales de l’Institut Pasteur, t. XXXV, juillet 1921, p. 421.
BroroctEe. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 45
G54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
une pipette effilée, des tubes capillaires contenant presque 0,3 c.c.
d’une émulsion de charbon sur gélose de 24 heures. Après 3
jours, quand l’orifice était complètement cicatrisé, nous avons
cassé les tubes.
Chez 2 Lapins de 2,050 et 2,120 kgr., nous avons pratiqué des
injections dans la cavité pleurale droite, avec 0,5 c.c. de cul-
ture en bouillon de 24 heures. Nous avons lavé l'aiguille avec
0, c.c. d’eau physiologique et nous l’avons brülée avec la veil-
leuse d’un bec Bunsen, pendant qu’on la tirait lentement de la
plaie, dont l’orifice extérieur était aussi bien cautérisé. Tous les.
Lapins de ces 3 groupes ont survécu, sauf un chez lequel nous
avons été forcé de piquer 3 fois la veine. Il est mort après 3 jours.
d'infection charbonneuse et un du 3° groupe, chez lequel nous
avons confirmé la pneumococcie.
Chez 3 Lapins, nous avons introduit sous la peau (en prati-
quant préalablement un emphysème sous-cutané avec une pi-
pette effilée pour bien décoller le derme), des tubes capillaires
qui contenaient 0,3 c.c. d'émulsion épaisse d’une culture sur gé-
lose de 24 heures. Le lendemain, l’orifice étant bien cicatrisé.
nous avons cassé les tubes. Deux de ces Lapins ont survécu .Le
troisième, chez lequel nous avons intentionnellement lésé le
derme en cassant le tube, est mort après 3 jours.
Deux Lapins témoins, qui pesaient 1,750 et 1,860 kgr., ont été
inoculés : l’un par badigeonnage de la peau fraîchement rasée,
avec un tampon trempé dans une culture en bouillon de 24
heures, et l’autre par une piqüre intradermique de o,1 €.c. de
la mème culture. Dans les frottis du sang, nous avons trouvé des.
Bactéridies charbonneuses 24 heures après l’inoculation. Ces La-
pins sont morts après 4 jours. L'examen des frottis des organes.
et les hémocultures faits à l’autopsie ont été positifs.
Nous avons répété les mêmes expériences sur les Cobayes. Chez:
un qui pesait 435 gr., nous avons injecté directement dans le
cœur en prenant toutes les précautions de façon à ne pas in-
fecter le derme 0,5 c.c. d’une culture en bouillon. Il a survécu.
Chez trois autres, qui pesaient 325, 425 et 385 gr., nous avons
introduit dans le péritoine des tubes capillaires pleins d’émulsion
d’une culture sur gélose de 24 heures qui ont été cassés après 3
jours. Deux ont survécu. Le troisième est mort par accident.
Or, chez ce Cobaye, nous avons pratiqué une ponction périto-
néale exploratrice avec une pipette effilée, 6 h. après avoir cassé
le tube. Nous avons inoculé avec l’exsudat péritonéal contenant
des Bactéridies charbonneuses un Cobaye neuf et nous avons fait
des cultures qui ont été positives. Les deux Cobayes sont morts
en 3 jours et à l’autopsie nous avons confirmé l'infection char-
bonneuse par les frottis des organes et l'hémoculture.
SÉANCE DU 22 JUILLET 655
Chez trois Cobayes qui pesaient 365, 390 et 355 gr., nous avons
introduit sous la peau, de la même manière que chez les Lapins,
des tubes capillaires contenant une émulsion de culture sur
gélose de 24 heures. Le lendemain, nous avons cassé les tubes
avec précautions. Îls ont survécu.
Deux Cobayes témoins ont été inoculés : un par badigeonnage
de la peau et l’autre par une piqüre intradermique de 0,1 c.c.
de la même culture. Après ro heures, apparaît un œdème local
qui augmente les jours suivants et s’est généralisé à une grande
partie de la paroi abdominale. Ils sont morts après 3 jours.
À l’autopsie, l'infection charbonneuse a été confirmée par les
frottis des organes et l’hémoculture.
De toutes ces expériences, il résulte que chez les Lapins et les
Cobayes, la peau est la seule voie sensible à l'infection charbon-
neuse.
(Institut d'hygiène et de bactérielogie, Strasbourg).
SUR LA CUTI-IMMUNISATION ANTICHARBONNEUSE CHEZ LES COBAYES,
par I. BALTEANO.
L’immunisation anticharbonneuse chez les petits animaux de
laboratoire est difficile à obtenir ; quoique les Lapins et les Co-
bayes soient réfractaires à oaecton charbonneuse par les voies
péritonéale, intraveineuse et sous-cutanée, on n’a pas réussi à
les vacciner contre cette infection, en leur inoculant des doses
répétées de Bactéridies charbonneuses par ces voies. Marino (x)
en utilisant la voie sous-cutanée obtient des résultats négatifs.
Les Cobayes restent sensibles pour d’autres souches virulentes
de charbon et même pour celle avec laquelle ils ont été vaccinés,
quand celle-ci est inoculée par la voie péritonéale,
Besredka (2) a démontré que si, au lieu d'injecter les Bacté-
ridies dans le péritoine ou sous la peau, on en introduit dans Îa
peau, l’immunisation anticharbonneuse devient un jeu et on
rend facilement réfractaire le Cobaye et le Lapin contre une dose
énorme de virus virulent, inoculé en n'importe quel point de
l'organisme.
Nous nous sommes proposé de vacciner 6 Cobayes, qui pe-
saient- entre 350-415 gr., par la voie cutanée proprement dite,
c'est-à-dire par friction de la peau.
Le 25 mars, nous avons badigeonné une petite portion de Ja
(1) Marino. C. R. de la Soc. de biol., 18 février 1912.
(2) Besredka. Ann. de l’Institut Pasteur, t. XXXV, juillet 1921, p. 42x.
656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
peau abdominale, fraichement rasée, avec un tampon de coton
imbibé du premier vaccin. Le lendemain, nous avons observé
une réaction inflammatoire limitée à la portion badigeonnée
suivie d’une exfoliation épidermique. Après 6-7 jours, la peau
prend l'aspect normal. Le 3 avril, on fait le badigeonnage de
l’autre côté de la paroi abdominale avec lé deuxième vaccin. La
réaction inflammatoire qui apparait le lendemain est plus ac-
centuée que dans le cas précédent et se complique chez 3 de nos
Cobayes d’une ulcération superficielle qui se recouvre d’un es-
chare qui s'élimine après 10 jours. Deux de nos Cobayes sont
morts de septicémie charbonneuse 4 jours après le badigeon-
nage.
Le 21 avril, les 4 Cobayes ont reçu le badigeonnage avec un
tampon trempé dans une culture de Bactéridie charbonneuse en
bouillon âgée de 24 heures. Survient une poussée inflammatoire
qui passe très vite puisque nous avons eu la possibilité de leur
faire une piqüre sous-cutanée avec 1/10 c.c. de ‘culture, le
27 avril.
Ensuite, chez ces Cobayes, nous avons inoculé des doses crois-
santes de virus sous la peau dans différentes régions ; elles ont
été très bien supportées. ;
Ainsi, le 7 mai, ils reçoivent o,2 c.c. de culture en bouillon
de 24 heures ; le 16 mai, ils reçoivent 0,5 c.c. de culture en
bouillon de 24 heures ; le 25 mai, ils reçoivent 1 c.c. de culture
en bouillon de 24 heures ; le 4 juin, ils reçoivent 2 c.c. de culture
en bouillon de 24 heures ; le 13 juin, ils reçoivent 0,5 c.c. de
l’'émulsion d’une culture sur gélose de 24 heures ; le 21 juin, ils
reçoivent 1 c.c. de l’émulsion d’une culture sur gélose de 24
heures.
Nous avons inoculé le même virus par diverses voies : intra-
péritonéale, intramusculaire, intradermique, sans déterminer au-
cun symptôme pathologique.
Nous avons essayé alors leur résistance envers trois souches
de charbon virulentes qui nous ont été données par M. Staub,
de l’Institut Pasteur. Les Cobayes vaccinés ont recu par diverses
voies, cutanée et sous-cutanée des différentes régions du corps,
dans le péritoine et dans les muscles de la cuisse, 0,5-r c.c. de
culture en bouillon de ces nouvelles souches âgées de 24 heures,
sans montrer la septicémie charbonneuse, alors que les 3 Co-
bayes témoins ayant reçu o,1 c.c. par voie sous-cutanée sont
morts en à jours.
En résumé : en adoptant la voie cutanée proprement dite,
c'est-à-dire par friction de la peau, on peut conférer au Cobaye
une immunité telle qu'il devient réfractaire :
SÉANCE DU 22 JUILLET 65
a) au virus charbonneux avec lequel il a été vacciné, inoculé
par n'importe quel point de l'organisme ;
b) aux diverses souches virulentes de Bactéridies charbon-
neuses.
(Institut d'hygiène et de bactériologie, Strasbourg).
À PROPOS DE L'AUTOLYSE CHEZ LES CANCÉREUX,
par Fézix Ramon» et PIERRE ZIzine.
On sait que l’organisme des cancéreux est le siège de proces-
sus autolytiques intenses, d’une autophagie dont l’amaigrisse-
ment notable et progressif est la traduction clinique. Chimique-
ment, cette autolyse se traduit par l'apparition dans le sang et
dans les urines, de substances provenant de la désintégration des
albuminoïdes et qui s’y trouvent en quantité beaucoup plus éle-
vée qu à l’état normal.
Pour l'étude de ces substances dans le sang, nous nous som-
mes adressés exclusivement au sérum et nous avons déterminé
l’urée par la xanthylurée, l'azote total, et, par différence, l'azote
résiduel. La détermination de l'azote résiduel a été faite compa-
rativement par la désalbumination trichloracétique à 20 p. 100,
selon le procédé de Moog, et par la technique métaphosphorique
récente publiée par l’un de nous avec A. Grigaut (r). Or, l’azote
résiduel, par la désalbumination trichloracétique, varie entre
et 12 Cgr. p. 1.000, tandis qu'il oscille entre 18 et 20 cgr. par ia
désalbumination métaphosphorique. Ces différences entre les
chiffres d'azote résiduel sont dues, comme nous l’avons montré,
à la présence, dans le filtrat métaphosphorique, de substances
azotées complexes, appartenant en majeure partie, à la classe
des polypeptides. Nous désignerons ces différences, en raison de
ce fait, sous le terme d'azote des polypeptides.
Pour l'examen des urines, nous avons effectué le dosage de
l'azote total par les procédés habituels et le dosage de l'azote
aminé par le procédé Bournigault décrit dans la thèse de Bith (2).
Nos observations portent sur 6 cancéreux gastriques. Les déter-
minations urinaires et sanguines ont été faites après 24 heures
de régime lacté.
De l’ensemble de ces observations, il résulte que toutes les sub-
(1) A. Grigaut et P. Zizine. La désalbumination par l’acide métaphosphori-
que. Application à l’analyse chimique du sang ct des liquides pathologiques.
Bulletin de la Soc. de chimie biologique, juillet 1922.
(2) Thèse de Paris, 1913.
628 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
stances désignées précédemment sont augmentiées dans les urines
et dans le sang des cancéreux. Notons que l'augmentation porte
surtout sur les substances à poids moléculaire élevé (polypepti-
des), tandis que les substances provenant d’une dégradation plus
avancée des albuminoïdes (urée) sont peu augmentées. Les deux
observations suivantes rendent compte de ces faits.
Pour abréger, nous appellerons N total AT et N résiduel AT,
l’azote total et l’azote résiduel correspondant à la désalbumina-
tion trichloracétique ; N total MP et N résiduel MP, l’azote total
et l’azote résiduel correspondant au sérum désalbuminé par
l’acide métaphosphorique.
Observalion 1 Observation 2
Sang. ,
Nrde ture nn Anne pers ee 0,19 0,27
IN totalt SAS RARES Eee BAL + NAT nr 0,36 0,45
N'total MP RE à ce Part 0,60 0,76
IN résiduel A Prenant 0,17 0,18
Néresidue] MP PSM RM MEL NAT Ne O,4r 0,19
Nédes po lVBepDHdes Eee ARE ER 0,24 O,3I
Ürines.
NS Am Ene A ere N RR UR Se à LAN AMC 0,29 O,31
NO TAINEE M e en an tata À Con ENS E 6,55 6,99
DS A ie be te 45
N total
La présence dans l'organisme des cancéreux, d’une quantité
abondante de substances autolytiques a déjà été mise en évidence
par de nombreux auteurs. Nos observations viennent confirmer
ce qui a été dit à ce sujet. Mais le fait nouveau apporté par nous,
réside dans une augmentation des polypeptides du sang, ce qui,
à notre connaissance, n'avait pas encore été signalé.
On trouve donc, dans le sang des cancéreux, à côté de sub-
stances provenant d'une désintégration avancée des albuminoï-
des, des quantités notables de substances à poids moléculaire
plus élevé, témoins du métabolisme intermédiaire.
SUEURS LOCALES ET TROUBLES CIRCULATOIRES,
par A.-C. GUILLAUME,
L'étendue des effets locaux de la sympathectomie dans les cas
d'ulcères variqueux m'a montré l’existence de phénomènes d’un
certain intérêt quant au mécanisme des sueurs locales.
Dans une observation, il s'agissait d’une Femme présentant
un énorme ulcère de la jambe gauche avec varices plus dévelop-
pées que sur le membre symétrique ; ulcère oceupant la face
SÉANCE DU 22 JUILLET 659
interne et la face antérieure de la jambe, et partant du 1/3 moyen
pour s'étendre assez bas sur le 1/3 inférieur ; l’ulcère est creux,
sanieux et suinte abondamment, sa superficie à l’entrée dans le
service est de 210 centimètres carrés, la peau du dos du pied du
même membre est dure, très épaisse, ne se laisse pas plisser, et
cette sclérodermie occupe la presque totalité du dos du pied. Le
membre inférieur, du même côté, principalement dans te seg-
ment du membre situé au-dessous de l’ulcère, présente un œdè-
me important, le pied est froid, sa température étant notable-
ment plus basse que celle du côté opposé, la peau est blafarde et
violacée.
Après un séjour au lit de plusieurs jours, ces phénomènes per-
sistent. On pratique alors une sympathectomie périfémorale au
1/3 moyen de la cuisse, le soir, le pied est chaud, plus chaud que
du côté opposé, sec, la peau est rosée, l’œdème a disparu, l’ul-
cère ne suinte plus.
En comprimant pendant une minute environ le cou-de-pied et
la partie inférieure de ia jambe (au-dessous de l’ulcère) à l’aide
d'un manchon pneumatique circulaire (manchon de l'appareil
de mesure de la tension artérielle) et en atteignant des pressions
suffisantes pour arrêter le retour veineux du sang, mais insuf-
fisantes pour bloquer l'arrivée artérielle, on reproduit à volonté
les phénomènes œdèine, algidité, sueurs.
La sudation est tout particulièrement manifeste : le pied, sec
avant la compression, laisse pendant celle-ci, sourdre de grosses
gouttes de sueur qui se multiplient et puis coulent en filets. Dans
les jours qui suivent, la même recherche est effectuée et donne
les mêmes résultats ; mais vers la fin de la première semaine
après la sympathectomie, le phénomène perd de sa netteté, en
effet, la température locale s'abaisse progressivement en même
temps que se réinstallent les troubles d’œdème et de sueurs lo-
cales ; parallèlement la cicatrisation, très rapide dans les trois
premiers jours, va en se ralentissant et la tension artérielle locale
se modifie, tendant à revenir à ce qu’elle était avant l'opération.
Deux mois après la première opération, et dans le but d'activer
la cicatrisation qui s’était considérablement ralentie, on pratique
une nouvelle sympathectomie périfémorale en aval de la précé-
dente. Le cycle évolutif des phénomènes locaux (algidité, œdème,
sueurs) est le même, bien que moins rapidement constitué, la
sécheresse du pied n’est manifeste que vers la 20° heure après
l'opération au lieu de la 8° heure (1° opération), le réchauffement
du pied étant moindre que la première fois. Lors de cette seconde
intervention, comme pour la première, la compression cireu-
laire reproduit immédiatement les phénomènes d'algidité, d’œ-
dème et de sueurs locales.
660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
La durée du réchauffement et la période de sécheresse abso-
lue du pied ont, après cette seconde opération, été moindres que
la première fois, dès le 3°-/4° jour les effets de la sympathectomie
commencent, en effet, à s’atténuer.
Chez un autre malade, observé antérieurement, le même paral-
lélisme entre l’œdème et les sueurs a été constaté ; mais je n'ai
pas cherché à provoquer les sueurs par compression.
Ces observations semblent être d’un certain intérêt quant au mé-
canisme de production des sueurs locales. Celles-ci, chez les deux
malades observés, accompagnaient les phénomènes d’algidité et
d'œdème local, dans un cas elles n’existaient que du côté de l’ul-
cère ; chez ces deux malades, et dans un cas à deux reprises lors
des deux interventions successives, elles ont, après la sympathec-
tomie, disparu avec l’œdème, ont reparu progressivement à me-
sure que les effets de l'opération s’atténuaient, que la tempéra-
ture locale s’abaissait et que l’œdème local se reconstituait. La
compression effectuée dans les conditions indiquées reproduisait
à volonté et immédiatement les phénomènes d'’algidité, d'œdème
et de sueurs abondantes, phénomènes qui duraient aussi long-
temps que la compression. Tout porte donc à penser que, dans
ces cas, la production de la sueur était intimement liée aux phé-
nomènes circulatoires et placée sous leur seule dépeñndance, et que
la stase veineuse, en même temps que le ralentissement de la
circulatoire dans les membres était la cause de cette hyperhy-
drose locale.
En effet, d'une part, la compression circulaire des veines, de
manière à bloquer le retour sanguin, reproduisait œdème et
sueurs dans la région sympathectomisée ; d’autre part, la dispa-
rition de l’œdème et des sueurs après sympathectomie, le ré-
chauffement et la recoloration de la région ont été absolument
parallèles aux modifications de la tension artérielle locale.
Dans ces deux cas, se sont produites, en effet, des modifications
de la pression artérielle locale, modifications qui tendent à dé-
montrer l'existence d’un relâchement des artérioles ou des ca-
pillaires, puisque la préssion minima s’est abaissée, alors que la
pression maxima et les pressions générales ou locales des autres
parties du corps ne se modifiaient pas.
SÉANCE DU 22 JUILLET 661
SUR LA RÉACTION DU BENJOIN COLLOÏDAL DANS LE SÉRUM,
par RENÉ TARGOWLA.
Dans une communication faite à la séance du 1* juillet
1922, R. Arnaud (1) a décrit un procédé permettant d'appliquer
la réaction du benjoin colloïdal à l’étude des sérums. Cette mé-
thode donnerait une précipitation caractéristique de la syphilis ;
chez les sujets non syphilitiques, la réaction serait négative
avec, inconstamment, une précipitation partielle à la première
dilution (1/50).
Nous avons expérimenté cette technique sur 25 sérums, en
nous conformant strictement aux indications données par l’au-
teur. Quinze de ces sérums, provenant de malades cliniquement
indemnes de syphilis, ont présenté une réaction de Hecht néga-
tive et les formules suivantes de précipitation du benjoin (2) :
DIDOOAD ASIN ISA METRE ER RTR Te NP En 2 fois
DATOO:C BED 0 en DA PR ME. SOIGNÉE 5 fois
DAS More SANS CEE Ar à STE 5 fois
DASTONO NES RARES TEE PS Te x fois
HOLD UD REA IRERREEEEe ES RE 2 fois
Aucune réaction n’a été négative.
Un paralytique général, avec réaction de Bordet-Wassermann
négative dans le sang, a précipité le benjoin dans les deux pre-
miers tubes (22000.0).
D'autre part, le sérum d’un syphilitique nerveux traité, ayant
encore une léger retard à l’hémolyse, a fourni une précipitation
du type 22220.0. |
- Enfin, 8 sérums de paralytiques généraux, Hecht positifs, ont
donné les résultats suivants :
_22000.0 : À fois ; 22100.0 : 2 fois ; 22101.0 : 1 fois : 22210.0 :
1 fois.
Ces constatations ne concordent pas avec celles qu'a faites R.
Arnaud : 1° le sang de sujets non syphilitiques provoque une
précipitation du benjoin pouvant aller jusqu’au 4° tube (dilu-
tions de 1/50 à 1/500); 2° cette précipitation ne diffère pas de
celle que l’on obtient dans la syphilis. Il ne semble donc pas,
comme le faisait prévoir, d’ailleurs, l'étude des liquides sanglants
et xanthochromiques, que la réaction du benjoin colloïdal puisse
être employée, actuellement du moins, à la discrimination des
sérums syphilitiques. Elle n’est applicable qu'au liquide céphalo-
() R. Arnaud. La réaction du benjoin colloïdal dans le sang. C. R. de la
Soc. de biol., t. LXXXVII, n° 24, 1 juillet 1922, p. 324.
(2) La précipitation complète est notée : » : partielle : 1 ; nulle : o.
662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
#
rachidien pour l'étude duquel elle constitue, avec la technique
originale de Guillain, Laroche et Léchelle, une méthode de choix,
tant en raison de sa simplicité et de sa sensibilité que de l’im-
portance et de la précision des données qu'elle apporte.
(Laboratoire du service de prophylaxie mentale.
. Asile Sainte-Anne).
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ACTION CARDIAQUE
DU SULFATE DE QUINIDINE, |
par À. Crerc et P.-N. DeEscnamrs.
Nous apportons aujourd'hui les conclusions résumées de re-
cherches expérimentales poursuivies durant l'hiver 1921-1922, au
Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris, en
vue d'étudier l’action cardiaque du sulfate de quinidine dont l’effi-
cacité thérapeutique au cours des diverses formes d’arythmies
pathologiques et particulièrement au cours de l’arythmie com-
plète, a été démontrée par toute une série de travaux récents. Le
lecteur trouvera la description détaillée de nos expériences dans
la thèse toute récente de l’un de nous (x).
Etant donnée la parenté de la quinidine avec la quinine, dont
elle diffère cependant par des caractères importants tels que son
pouvoir dextrogyre et sa plus grande solubilité dans l’eau, il
était indiqué de reprendre à propos de la première, les expérien-
ces réalisées avec la seconde, et plus particulièrement celles qui
furent publiées, presque en même temps, par Hecht et Rothber-
ger, en Allemagne, et en France par l’un de nous, en collabora-
tion avec GC. Pezzi (2).
En ne considérant que les effets produits par la quinidine sur
le cœur du Chien in siu, après injection intraveineuse, les tra-
vaux d’Arrillaga, Waldorp et Guglielmetti (3) ainsi que ceux de
Lewis et de ses collaborateurs (4) ont ms en relief l’action dé-
pressive et même, à partir d’une dose donnée, paralysante, de
cet alcaloïde sur le cœur qu'il ralentit, après une courte période
(1) P. N. Deschamps. La médication quinique et quinidique du cœur. Thèse
de Paris, 1922, Maloine et Fils, éditeurs.
(2) A. Clerc. et C. Pezzi. C. R. de la Soc. de biol., 8 novembre 1919. C. R. de
l’Acad. des sc., 8 décembre 1919. C. R. de la Soc. de biol., 9 juillet 1921.
Le malattie del euore e dei vasi, 1927, n° xt, pp. 314-330 et n° 12, pp. 357-373.
(3) F. Arrillaga, J. Waldorp et G. Guglielmetti. C. R. de la Soc. de biol.,
1921, n° 21, p. S63. Prensa med. argentina, 30. décembre 1925.
(4) T. Lewis, À. N. Drury, Iliescu et À. M. Wedd. British Med. Journal, 1927,
pe 013. Heart 92m EM in net) mont no Pate
SÉANCE DU 22 JUILLET 663
d'accélération relative, et dont il diminue simultanément l'irri-
tabilité, la contractilité et la conductibilité. En même temps, le
vague devient excitable, alors que les accélérateurs (ganglion
stellaire) demeurent intacts. Les mêmes auteurs observèrent une
importante conséquence pratique de ces faits ; c’est l’impossibi-
lité de provoquer électriquement, chez l’animal quinidisé au
préalable, soit des extrasystoles ventriculaires, soit de la fibrilla-
tion auriculaire. Lewis a poussé plus loin encore l'analyse de
l’action de la quinidine sur l’excitabilité du myocarde ; il a dé-
montré l'existence, au niveau de la musculature des oreillettes,
d’un allongement de la période réfractaire, allongement qu'il
S
est parvenu à mesurer. Enfin, l’étude des substances antagonis-
tes de la quinidine ont permis aux auteurs argentins déjà eïtés,
ainsi qu'à trois expérimentateurs américains, Jackson, Fried-
länder et Lawrence (x), de montrer que cette dernière possède,
vis-à-vis de l’adrénaline et aussi du chlorure de baryum, une
action contraire, analogue à celle qui avait été mise en lumière
par Clerc et Pezzi à propos de la quinine, et qu’elle est également
capable de supprimer l’arythmie provoquée par l’aconitine et
par certaines substances du groupe des digitales.
Nous avons, pour notre part, voulu préciser l'action cardiaque
de la quinidine, par rapport à celle de la quinine, et vérifier si
l'analogie entre les deux alcaloïdes se poursuivait en ce qui con-
cerne d’autres phénomènes antagonistes. Nos recherches, faites
sur le cœur du Chien in situ avec le sulfate de quinidine mis à
notre disposition par le Laboratoire Nativelle, et injecté dans la
veine saphène, nous ont montré que chez le Chien quinidisé
comme chez le Chien quinisé, la nicotine en injection intravei-
neuse, ne détermine plus l’arrêt du cœur et la fibrillation auri-
culaire qu’elle produit normalement à la première phase de son
action, alors qu’on voit persister la tachycardie qui constitue la
seconde phase de cette dernière. Le chlorure de strontium ne
provoque plus d’accès de tachycardie paroxystique. Nous avons
de même observé, comme avec la quinine, cette atténuation d’ac-
tivité, si curieuse, subie par le chloroforme, dont il faut, pour
arrêter le cœur, des doses au moins doubles de celles qui sont
efficaces chez le Chien normal.
En poursuivant, suivant la même méthode, l'étude des anta-
… gonismes de la quinidine, nous avons eu l’idée de faire une étude
analogue à propos de l’ouabaïne, et de rechercher quelle pouvait
être l'influence de la quinidine sur les troubles du rythme car-
diaque produits par ce glucoside. A cet effet, nous avons provo-
(x) Jackson, Friedländer et Lawrence. Journ. of laborat. and clinic medicine
St-Louis (Etats-Unis), t. VII, n° 6, mars 1922.
_séfEéaid
664 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
qué, au moyen d’une injection intraveineuse d'ouabaïne, soit
des extrasystoles ventriculaires, soit de la fibrillation auriculaire,
et nous avons cherché à rétablir le rythme normal d’une injec-
tion intraveineuse de sulfate de quinidine. Ces expériences, avec
l’ouabaïne, dont une partie furent faites sur des Chiens atropi-
nisés au préalable, forment la partie la plus nouvelle de notre
travail expérimental, puisqu’aucune recherche analogue n'avait
été faite à propos de la quinine ; elles nous ont permis, non seu-
lement d'établir nettement l’action antagoniste de la quinidine
par rapport à l’ouabaïne, mais encore de préciser sur certains
points le mécanisme physiologique de l’action cardiaque de cette
dernière. Voici nos conclusions : la quinidine supprime, même
après leur apparition, les extrasystoles auriculaires et surtout
ventriculaires qui sont le trouble le plus précoce produit par
l’ouabaïne sur le rythme cardiaque, et qui sont dues à l’excita-
tion du vague par le glucoside ; au contraire, elle est incapable
de supprimer, lorsqu'elle est apparue, la fibrillation auriculaire
ouabaïnique, qui fait suite aux extrasystoles lorsqu'on prolonge
l’action toxique et qui est causée par une action simultanée de
l’'ouabaïne sur le vague et sur le myocarde lui-même ; cependant
une injection préalable de quinidine empêche l'apparition de la
fibrillation auriculaire à la suite d’une dose d’ouabaïne qui la
provoque à coup sür chez le Chien normal.
Enfin, la recherche comparative de l’action de la quinidine,
ainsi que de la quinine, sur le vague, d’une part, et le sympathi-
que, de l’autre, nous a permis de constater, avec les auteurs cités
plus haut, que les deux alcaloïdes ont une action infiniment plus
précoce et infiniment plus intense sur le premier que sur le se-
cond. Tous deux rendent rapidement inexcitable le vague intra-
et extra-cardiaque, alors qu'ils laissent intacte l'excitation du
sympathique extra-cardiaque (ganglion stellaire) et n'atteignent
que d'une façon très incomplète les terminaisons intra-cardia-
ques de l’appareil accélérateur.
Ainsi, pour la quinidine et la quinine, il n'existe pas de diffé-
rence essentielle au point de vue pharmacodynamique. Par
contre, la première s’est montrée notablement plus active que la
seconde. Arrillaga, Waldorp et Guglielmetti avaient déjà démon-
tré ce fait en observant que chez le Chien, en injection intra-
veineuse, 2 Cgr. de quinidine par kgr. supprimaient complète-
ment l’excitabilité faradique de l'oreillette, alors que 6 cgr. de
quinine par kgr. amenaient seulement un résultat incomplet.
Nous avons utilisé un autre mode de comparaison, en cherchant
quelles étaient les doses minima de chacun des deux alcaloïdes,
capables de supprimer les effets de la nicotine injectée à raison
de o,r mger. par kgr. d'animal. Nous avons constaté qu’à la dose
SÉANCE DU 22 JUILLET 665
de x cgr. par kgr., la quinidine empêche constamment la fibril-
lation auriculaire nicotinique, alors qu'il faut une dose au moins
double de chlorhydrate de .quinine pour obtenir le même résul-
tat.
C’est donc dans l'intensité supérieure de son action que réside
le caractère essentiel de la quinidine. Ceci la rend sans doute
moins maniable, et nous avons vu l'injection d’emblée de
1,9 cgr. par kgr., amener l’arrêt brusque du cœur en diastole.
Il n'en est pas moins vrai que, parmi les corps de la même série,
elle mérite d'occuper la première place au point de vue expéri-
mental comme au point de vue thérapeutique.
SUR UNE CAUSE D'ERREUR POUVANT INTERVENIR DANS L'ÉTUDE
DU BACTÉRIOPHAGE,
par F. D'HERELLE
Le fait de la transmissibilité en série, réduit à deux les hypo-
thèses possibles touchant la nature du principe qui provoque le
phénomène : ou il s’agit d’un principe vivant autonome se ré-
générant par lui-même au cours de chaque passage, ou il s’agit
d'un principe qui émane uniquement de la Bactérie qui subit la
lyse. L'espace limité ne me permet pas d’'énumérer tous les faits
que j'ai apportés en faveur de la conception du Bactériophage,
ultramicrobe parasite des Bactéries (1). Je me bornerai à envi-
sager rapidement les faits qui, mal interprétés, ont incité plu-
sieurs auteurs (Bail, Otto et Munter, Lisbonne et Carrère, Wein-
berg et Aznar) (2) à adopter la seconde hypothèse.
J'ai signalé (3) et cela bien avant que Bail, premier en date,
ait émis son hypothèse de la production du principe Iytique par
(x) Le Bactériophage, son rôle dans l’immunité. Masson, édit.
(2) Weinberg et Aznar (C. R. de la Soc. de biol., 17 juin 1922) reprennent
à leur compte l'affirmation de Kabeshima, à savoir que la substance lytique
est dissoute par l’éther. J’ai signalé (C. R. de la Soc. de biol., 6 mars 1920)
que cette affirmation reposait sur une erreur d’expérience et qu’en réalité cette
dissolution ne s’effectuait nullement. Quant à la résistance du Bactériophage à
l’acétone et au fluorure de sodium, elle n’implique pas qu’il ne puisse s'agir
d’un germe vivant, car certains virus filtrants sont encore bien plus résis-
tants : rappelons que le virus de la mosaïque du tabac résiste pendant un an
à l’action de l'alcool absolu (qui tue le Bactériophage en 48 heures) ; rappelons
également que le Bactériophage est détruit sous l’action de la glycérine, qui
constitue, par contre, le meilleur protecteur des diastases. En ce qui concerne
l'hypothèse de Kabeshima, j'ai montré (C. R. de la Soc. de biol., 23 octobre
1920) qu'elle était mathématiquement impossible.
(3) C. R. de la Soc. de biol., 31 janvicr 1920.
666 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
la Bactérie elle-même, que les Bactéries étaient susceptibles d’ac-
quérir une résistance, plus ou moins prononcée, à l’action du
Bactériophage, et que ces Bactéries résistantes pouvaient alors
former avec le Bactériophage des cultures symbiotiques. On peut,
sous certaines conditions, repiquer indéfiniment ces cultures
symbiotiques, avec coexistence constante de la Bactérie ‘et du Bac-
tériophage. Le Bactériophage existant dans le contenu intestinal
de tous les êtres vivants, se trouvant par conséquent répandu de
toutes parts dans le milieu extérieur, il serait bien étrange que
de telles cultures symbiotiques, expérimentalement réalisables,
ne se rencontrassent pas dans la nature, et j'ai en effet signalé
leur présence (1).
Si l’on prend une telle culture symbiotique, naturelle ou ex-
périmentale, on pourra évidemment en isoler un Bactériophage
actif, et c’est ce qui s’est certainement produit dans les expé-
riences des auteurs cités. Seulement, ils n’ont pas fait attention
à ceci : c'est qu'ils se trouvaient en présence d’un fait exception-
nel, car les cultures symbiotiques sont rares dans la nature. En
partant d'une culture pure, normale, d'une Bactérie, il est im-
possible d’en retirer un principe lytique, quelque artifice qu'on
nelle en AeUu
Il est d’ailleurs facile de prouver que dans les cas où un prin-
cipe lytique peut être obtenu d’une culture bactérienne, ce prin-
cipe n'émane pas de la Bactérie, mais constitue une impureté,
au sens bactériologique du mot, car on peut purifier de telles
cultures (2), et une fois cette purification effectuée, le principe
lytique ne peut plus être isolé, il a disparu, comme je l'ai vérifé.
pour de nombreuses Bactéries.
En résumé, l’impossibilité d'isoler un principe lytique d’une
culture bactérienne normale ; la possibilité de créer expérimen-
talement des cultures symbiotiques Bactérie-Bactériophage, de
créer des souches bactériennes résistantes à l’action du Bactério-
phage et de faire perdre expérimentalement cette résistance ; les
fait enfin que les cultures symbiotiques, naturelles ou expéri-
mentales, peuvent être facilement purifiées et séparées du prin-
cip lytique ; tout concourt à démontrer que ce principe lytique,
loin d'être produit par les Bactéries, leur est au contraire étran-
ger. Ce principe lytique constitue donc une entité autonome qui,
vu le fait de la transmissibilité en série du phénomène ne peut
être qu'une entité douée du pouvoir d’assimilation et de repro-
duction, c’est dire qu'il ne peut s’agir que d’un être vivant.
(1) Le Bactériophage, son rôle dans l’immunité, p. 140.
(2) Loc. cit., p. 58. Eliava «et Pozerski. C. R. de la Soc. de biol., 23 avril
1921, P. 708.
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RTS
9
SÉANCE DU 22 JUILLET 667
LA TORMOL-GÉLIFICATION DES SÉRUMS DE BOVIDÉS TUBERCULEUX,
par L. Panisser et J. VERGE.
Nous avons étudié la formol-gélification de quelques sérums
provenant, soit de Bovidés sains, soit de Bovidés tuberculeux,
atteints d’entérite chronique hypertrophiante ou infectés expéri-
mentalement de Bacterium phlei par Vaïlée et Rinjard, soit enfin
d'un Chien tuberculeux.
Nous avons adopté la méthode de Gaté-Papacostas (1) selon la
technique suivante : dans de petits tubes à agglutination, on
verse 1 c.c, de sérum clair auquel on ajoute 3 gouttes de formol
à 4o p. 100. On agite le mélange, on bouche au coton, on laisse
à la température du laboratoire (18 à 20°) et on lit les résultats
après 24 et après 48 heures.
Nous appelons réaction positive toute prise en gelée tremblo-
tante, au point que Île tube peut être retourné sans qu'il s'écoule.
la moindre quantité de liquide (2) et (3).
Nous avons opéré sur des sérums non chauffés et sur des sé-
rums inactivés par 30 minutes de chauffage à 56° ou à 60°.
Le tableau suivant montre les résultats obtenus
Réaction
Nombre de DAME RP no
sujets non chauftés 24 48 24 48
examinés Maladie chauffés à 560 à 60° heures heures heures heures
76 Bovidés sains 12 3 5 9 7
29 6 TI 23 18
35 t6Ô 17 19 18
43 Bovidés tubercu- 9 3 3 6 6
leux 34 34 34 O O0
6 Vaches à diarrhée 2 2 2 o 0
chronique 4 3 l I o)
l Veaux phléolisés n 2 2 2 2
2 Chiens tubercu- ï T ï 1e) O
leux I T T o fe)
2 Lapins à diarrhée (injectés avec 2 2 2 O 0
chronique le Bacille de
Johne)
Il est permis de tirer quelques conclusions de l’examen systé-
matique de ces essais.
Les sérums de Bovidés sains donnent, en quelques cas, des.
réactions positives. Cette formol-gélification s’accuse d’autant
plus que les sérums ont été inactivés à une température plus
(x) C. R. de la Soc. de biol., 12 novembre 1921, p. 869 ; La Ciinique, avril
1922, P. 91.
(2) Bessemans et Leynen. C. R. ide la Soc. de biol., 27 mai 1922.
(3) Combiesco. C. R. de la Soc. de biol., 17 juin 1922.
668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
élevée : en effet, si le pourcentage est à peu près identique pour
les sérums non chauffés et pour ceux chauffés à 56°, le taux M
s'élève considérablement pour ceux inactivés à 60°.
Il en va de même lorsqu'il s’agit de Bovidés tuberculeux (x).
La réaction positive semble constante avec tous les sérums tuber-
culeux inactivés par chauffage d’une demi-heure à 60°. Est-ce à
dire que la formol-gélification, en ce cas, est spécifique et qu'on
peut, dès lors, lui accorder quelque valeur diagnostique ? Nous
n’oserions l’affirmer, étant donnée la proportion importante de
sérums de Bovidés sains qui gélifient dans les conditions où nous
avons expérimenté. |
Il ne nous paraît donc pas possible, en l’état actuel des choses,
de reconnaître une valeur absolue à la réaction de Gaté-Papa-
costas dans le diagnostic biologique de la tuberculose des Bovi-
dés. Il serait nécessaire, avant de conclure en ce sens, de repren-
dre ces expériences, de préciser et les moments de la lecture des
résultats et les indications du procédé. Nous nous proposons d’ail-
leurs de poursuivre nos recherches, tant en ce qui concerne la
tuberculose et la diarrhée chronique des Bovidés qu'en matière
de tuberculose canine.
Nos essais appellent encore quelques remarques. Nous avons
comparé la valeur de la formol-gélification sur des sérums pré-
levés 24 heures après la saignée et sur des sérums laissés 15 jours
à la glacière (tous étaient ensuite chauffés 30 minutes à 60°).
1/4 sérums sains ont été examinés. Après 48 heures, 7 des pre-
miers avaient gélifié sous l’action du formol ; 12 des seconds
présentaient le même phénomène. Le vieillissement à la glacière
influence donc la formol-gélification dans un sens favorable.
Il en est de même pour le chauffage. Si l’on met en parallèle
14 sérums sains chauffés à 56° et les mêmes sérums chauffés à
60°, on constate que, de ceux-ci, 7 gélifient en 48 heures tandis
que, de ceux-là, 5 seulement donnent une réaction positive.
Le chauffage des sérums augmente par conséquent le nombre
des formol-gélifications.
SAS RS Pos
SE
SRTIRE "STE
-
=
A
En résumé, nous dirons que
1° La réaction de Gaté-Papacostas n'est pas spécifique (2).
2° L'apparition de la formol-gélification au sein des sérums
tuberculeux est probablement fonction d’un équilibre instable
des colloïdes plasmatiques (sériques). Selon Combiesco, le formol
favoriserait l'apparition du « gel ».
(1) La tuberculose des sujets a toujours été vérifiée par l’autopsie.
(2) Voir à ce sujet : E. Nicolas et Panisset, C. R. de la Soc. de biol., 7 et 14
janvier 1922.
SÉANCE DU 22 JUILLET 669
_—_———__—_—_——
3° Le chauffage des sérums de Bovidés, normaux ou tuber-
culeux (1), aussi bien que le vieillissement des sérums à la gla-
cière, semblent augmenter la fréquence des formol-gélifications.
4° La méthode ne peut être encore employée, sous sa forme
actuelle, au diagnostic de la tuberculose des Bovidés.
5° Nous réservons notre opinion en ce qui concerne l’applica-
tion du procédé à la diagnose d’autres affections (entérite chro-
nique hypertrophiante du Bœuf, tuberculose du Chien, etc...).
(Ecole vétérinaire d’Alfort).
LA GÉLIFICATION DES PLASMAS PAR L'ALDÉHYDE FORMIQUE,
par E. Nrcozas.
Dans une note précédente (2), j'ai montré notamment que la
sélification par l’aldéhyde formique n'était pas une propriété
particulière aux seuls sérums des syphilitiques, que cette pro-
vpriété appartenait aux sérums normaux de Cheval et de Bœuf,
qu'elle était plus lente à froid qu’à 37°, et, qu'enfin, la dilution
causée par l'addition d'une trop forte proportion de formoli (so-
lution de formaldéhyde) la retardait ou l'empêchait, tous faits
“qui ont été confirmés de divers côtés.
Poursuivant l'étude du phénomène, je l'ai étendue aux plas-
Mas. Comme on pouvait le prévoir, la gélification des plasmas
est plus rapide que celle des sérums. Les chiffres suivants don-
nent une idée de la différence qui sépare, sous ce rapport, les
premiers des seconds.
Dans 5 tubes, renfermant chacun 10 c.e. de plasma de Cheval,
citraté à 5 p. 1.000, de date récente, centrifugé et conservé une
dizaine de jours à la glacière, plasma coagulable par la throm-
bine, on ajoute : dans le premier, IV gouttes de formol pur (ren-
fermant près de 38 p. 100 d'aldéhyde), dans le deuxième, VIII
gouttes, dans le troisième, XII gouttes, dans le quatrième, XVI
gouttes et dans le-cinquième, XX gouttes du même formol, soit
“des quantités correspondantes respectivement à o,1 e.€., 0,2 C.C.,
0,3 c.c., 0,4 c.c. et 0,5 c.c., le compte-gouttes utilisé qui n'était
pas le compte-gouttes normal, donnant 4o gouttes au c.c. à la
température du laboratoire (environ r8°).
… On dispose une-expérience identique en remplaçant le plasma
| par le sérum correspondant, c’est-à-dire provenant du même ani-
mal et conservé dans les mêmes conditions.
(x) Cf. Bessemans et Leynen, loc. cit., et Bessemans et Van Boeckel. C. R.
de la Soc. de biol., 29 avril 1922.
(:) G. R. de la Soc. de biol., 7 janvier 1920.
Brorocie. Compres RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 46
Ts
670 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Dans le cas du plasma et en partant de la dose de formol la
plus élevée (XX gouttes) pour arriver à la plus faible (IV gout-
tes), la gélification est compiète après des temps d'environ
2 heures 30, 4 heures, ro heures, 20 à 22 heures, 2 jours et demi
et les gelées obtenues sont opaques. Dans le cas du sérum, le re-
tard à la gélification atteint 24 heures avec XX gouttes de for-
mol, s'élève quand la dose de ce liquide diminue pour atteindre
36-48 heures et même 4 jours avec la dose la plus faible. Les ge
lées obtenues sont, d’autre DIE bien moins opaques que les pré-«
cédentes.
Cette différence dans la rapidité du phénomène et dans l'as
pect des gelées dépend évidemment de la différence de constitu-«
tion des deux liquides et il est vraisemblable d'admettre que c'est
au fibrinogène surtout qu'elle est imputable. Le fibrinogène est,
dans le plasma, en quantité voisine de 4 gr. par litre. C'est d'au«
tre part, une globuline particulièrement fragile, coagulable par
la chaleur à une température relativement basse (56°) et qui sem
transforme aisément sous l'influence de la thrombine (forma
tion de la fibrine) entraînant la prise en masse du milieu où il sem
trouve (sang, plasma, etc.). Il n’est donc pas étonnant que, mal= |
gré la proportion relativement faible en laquelle elle est conte
nue dans le plasma, cette globuline intervienne pour accroître
fortement la rapidité de la gélification de ce liquide par l’aldé- À
hyde formique. |
Du reste, en faisant agir le formol sur des solutions fraîches: î
nb. par la thrombine, de fibrinogène, précipité du plas=
ma citraté, purifié et redissous dans une solution de chlorure
de sodium à 10 p. 1.000, renfermant, en outre, 3 gr. par litre
de florure de sodium, on peut réaliser des gélifications rapides
quasi-instantanées et les gelées obtenues ont une structure fibril-.
laire analogue à celle qu’affectent souvent les coagula, qui se.
forment sous l’action de la thrombine. ‘
L’addition de telles solutions à de vieux plasmas, qui, oi
seulement, ne coagulent plus la thrombine, mais ne précipiteni
plus ni par la chaleur à 56°, ni par le Corne de sodium, ajoutés
en proportion atteignant 15 p. 100 du liquide, et ne gélifient que,
tardivement par le formol, plasmas, qui, par conséquent, ne ren
ferment plus le librinopene primitf, leur redonne leurs propri
tés originelles et les rend plus rapidement gélifiables par le for
mol. Fe
IL n’est done pas douteux que le fibrinogène ne joue un rôle”
important dans la gélification des plasmas. Son rôle s'ajoute @
SÉANCE DU 22 JUILLET G71
qui semblent être, pour les sérums, un facteur essentiel dans
l'action gélifiante de l’aldéhyde formique.
(Ecole vétérinaire d’Alfort).
L'ACTION DE L'ALDÉHYDE FORMIQUE SUR LES SOLUTIONS
DE FIBRINOGÈNE,
par E. Nicozas.
Une solution fraiche de fibrinogène, qui coagule par l’action
de la thrombine, subit l’action gélifiante de l’aldéhyde formique
ainsi que je l’ai dit précédemment. Quand, en effet, à ro c.c.
d'un tel liquide, obtenu en mettant dans 150 c.c. d’une solution
renfermant par litre ro gr. de chlorure et 3 gr. de fluorure de
sodium, la majeure partie du fibrinogène, précipité de 900 c.c.
de plasma de Cheval citraté par 140 gr. de sel marin et purifié,
on ajoute des quantités variables de formol pur ou dilué, on
observe les phénomènes suivants : avec 0,05 c.c. de formol à
Ep. 100, on n'obtient rien ; avec o,1 C.c., on voit apparaître,
après 10 à 15 minutes, quelques flocons d'aspect gélatineux, qui
finissent par adhérer en partie au fond du tube ; avec 0,2 c.c.,
la précipitation se fait au bout de 5 minutes ; à partir de 0,3 c.c.,
elle devient rapide et quand on arrive à 0,5 c.c., elle est autant
dire instantanée. Les flocons de gel qui se forment deviennent
vite assez abondants, pour que l'on ait d'emblée de véritables
prises en masse, des gelées. C'est ce qui se passe notamment
quand on emploie des doses de la dilution de formol à r p. 100
atteignant 0,5 c.c. et plus ou des quantités de la solution à
1 p. 1o variant de 0,5 c.c. à 1 c.c. Les gelées ou les gros flocons
ce gel ne se forment que si l’on n'agite pas ; l'agitation empêche
leur formation ou, si celle-ci vient de se réaliser, les brise en
petits flocons qui, d’abord séparés, finissent par s’agglutiner et
constituer des agglomérats plus ou moins volumineux et d’as-
» pect ordinairement gélatineux.
Les gels ou les flocons ont souvent une texture fibrillaire ou
une texture de réseau spongieux analogue à celle qu'offrent les
masses de fibrine obtenues dans la coagulation des plasmas ou
… des solutions de fibrinogène par la thrombine. Les gelées, qui
“adhèrent parfois fortement aux parois, se rétractent plus ou
moins et laissent exsuder un liquide fréquemment opalescent et
dans lequel il existe habituellement encore de la protéine coagu-
lable par la chaleur. Gels et flocons, bien lavés à l’eau distillée,
sont insojubles dans le milieu où ils ont pris naissance.
612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Les phénomènes précédemment décrits viennent à l'appui de
l'hypothèse de Spring, en vertu de laquelle la prise en masse
serait le fait général dans la coagulation des solutions colloïda-
les (1); dans le cas qui nous occupe, on voit, en effet, la gélifi-
cation se faire ou les flocons apparaître, suivant que la pseudo-
solution de fibrinogène est laissée au repos ou agitée dès l’addi-
tion de formol et dès fa précipitation.
Lorsqu'au lieu d'agir sur une solution fraîche de fibrinogène,
coagulable par la thrombine, on opère sur une solution qui a
vieilli pendant quelques jours au laboratoire, solution encore
précipitable à 56° et par le chlorure de sodium (quand on
y ajoute 15 gr. p. 100 de ce sel), mais qui ne coagule plus par
la thrombine, on n'observe plus d'action gélifiante ni précipi-
tante du formol, même après plusieurs jours de contact. Une
telle solution a donc acquis de la stabilité vis-à-vis du formol
comme elle en a acquis vis-à-vis de la thrombine (2). Bien pius,
les solutions de fibrinogène vieilli et stabilisé, ne précipitent plus
par la chaleur, ni à 56°, ni même à 72°-75°, lorsqu'elles ont été
préalablement formolées. Seule, leur opalescence primitive, qui
était légère, augmente et ce sont les solutions les moins chargées
en formol qui deviennent les plus opalescentes, à l'inverse de ce
qui se passe pour les globulines du sérum, en solution salée
(NaCI) ou magnésienne (SO* Mg) : c'est ainsi, par exemple, que
si on ajoute à une solution de fibrinogène vieilli des quantités
de formol à r p. ro variant de r goutte à r cc. pour cc de
solution, et si on porte à 56° pendant quelques instants on voit
l’opalescence aller en diminuant de la solution la moins formc-
lée à la solution la plus formolée. Lorsqu'on a eu soin d'ajouter,
avant le chauffage, une proportion de sel marin égale à o,35-
o,ho gr. pour 5 c.c. de liquide (ce qui correspond à une quantité
de 7 à 8 p. 100), celui-ci précipite abondamment vers 56° (même.
avant) et cela d'autant mieux qu'il renferme moins de formol.
J'aurai à revenir ultérieurement sur ces différents phénomè-
nes.
(Ecole vétérinaire d’Alfort).
(1) J. Duclaux : Les colloïdes, p. 36 ct suivantes.
(>) Voir à ce sujet : P. Nolf. Une propriété des solutions vicitles de fibrinc-
ne. Annales de l'Institut Pasteur, avril 1917, p. 155 ct suivantes.
SN
Où
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Fr 5 x Ro
SÉANCE DU 22 JUILLET 6713
EEE ZE
TERMINAISONS NERVEUSES DANS LES ARTÈRES DU CORDON OMBILICAE,
par R. ArGau».
Il paraît étrange, a priori, que les aortes fœtales perdent dès
leur pénétration dans le cordon ombilical, la riche innervation
de leurs parois. Comment admettre, en effet, que leur épaisse
média contractile puisse échapper à l'incitation nerveuse dans
l'aecomplissement d'une fonction rendue parfois, particulière-
ment difficile par le fait d’une torsion exagérée. Il est, cepen-
dant accepté, tout au moins par la majorité des anatomistes,
(
\L i sister frs ei
que le cordon se trouve entièrement dépourvu de filets nerveux.
Les descriptions de Giuseppe Fossati n’ont pas résisté aux àpres
controverses de Bucura, de telle sorte que les opinions de Hen-
neberg, de Bucura et de Günner prévalent encore et sont fidèle-
ment reproduites et admises par les auteurs.
Les recherches que nous poursuivons depuis plusieurs mois
nous ont amené à pouvoir affirmer, bien au contraire, la pré-
sence d’une riche trame nerveuse dans les paroïs vasculaires du
cordon, non seulement chez les Mammifères, mais encore chez
le nouveau né. La technique employée fut celle du chlorure d'or
avec quelques variantes, notamment un mordançage avec un
mélange d'acide gallique et de tanin. La combinaison des deux
méthodes de Golgi et du chlorure d’or nous donna également
4ÿt
<
je | 134
674 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
d'excellents résultats. Si, en raison mème de leur manque
d’éclectisme, ces différentes méthodes fournissent trop souvent
des images diffuses, il n'en est pas moins vrai qu'avec un peu de
patience et de ténacité, on finit par obtenir des imprégnations
extrêmement démonstratives, dans lesquelles les filets nerveux
apparaissent avec tous leurs détails caractéristiques. La figure
ci-jointe montre précisément quelques terminaisons nerveuses
dans les fascicules musculaires d'une artère ombilicale.
La méthode de Golgi, en particulier, décèle surtout l'existence
de deux réseaux principaux : l’un siégeant à la périphérie de la
média ; l’autre, immédiatement en dehors de la zone adventi-
tielle, pauvre en muscle, qui doit être considérée comme une
transition tissulaire entre la média et la gelée de Warthon.
Les filets nerveux peuvent être aperçus jusque sous l’'endothé-
lium. Ils aboutissent à des touffes délicates ou se ramifient pau-
vrement en filets encore plus grêles terminés chacun par un bou-
ton ou même, mais plus rarement, par une foliole. Nous avons
constaté leur présence à tous les niveaux du cordon.
Dans un prochain travail nous étudierons leur sort vers ou
dans la région placentaire.
jonctif périchordal dérive-t-il
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE
SEANCE DU 10 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Douuer (E.) : La conservation Poronovski et AUGUSTE : Equi- À
de l’amylasesalivaire par la gly- libre hémo-rachidien de l’urée.. 19
LÉ MSP 10 Poronovsxi et Aucuste : Répar-
Poconovsxr, Dunor (E.) et Mo-
d’un réseau de fibrine ou d’un | REz: Hyperglycémie et hyper-
Lacuesse (Ed.) : Le tissu con- | tition de l’urée dans le sang.....7 13
1
mésostroma ?..... ............ 7 | glycorachie adrénaliniques..... II
Présidence de M. Malaquin.
LE TISSU CONJONCTIF PÉRICHORDAL DÉRIVE-T-IL D'UN RÉSEAU
DE FIBRINE OU D'UN MÉSOSTROMA À
par E. LAGUESSE.
D'après Nageotte, les fibres collagènes de l'embryon se forment
aux dépens d’un réseau de fibrine primitif. Il a montré, comme
- exemple, aux démonstrations de l'Association des anatomistes
(Paris 1921), le réseau ténu qui entoure la notochorde des em-
bryons de Poulet jeunes, et qui serait un réseau de fibrine en
train de se transformer en collagène. Par la méthode de Mallo-
TV, Ce réseau apparaissait coloré en bleu grisâtre. Nous ferons
‘d’abord remarquer que la méthode de Mallory est d’un manie-
3
ment très délicat et que, facilement, on arrive à colorer en bleu
pâle tout ce qu'on veut et, notamment, tous les filaments minces.
A l'examen de ces coupes, nous avons cru reconnaître là du
mésostroma. Mais c’est tout récemment seulement que nous
avons eu l’occasion de fixer, dans un autre but, de jeunes em-
bryons de Poulet et d'étudier cette région.
Baitsell, dont les premières publications (1) sur ce sujet re-
montent à 1915, a, d'autre part, soutenu des idées assez analo-
gues à celles de Nageotte, chez le têtard de Grenouille, à cette
différence près que, pour lui, ce qui apparaît d’abord autour de
(1) Americ. Journ. of Anatomy, t. 28.
676 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (8)
la notochorde, c’est un matière gélatineuse continue ou sub-
stance fondamentale primitive, produit de sécrétion des feuillets,
dans laquelle les cellules ne pénètrent que tardivement et qui
prend, peu à peu, une délicate structure rétiforme.
Voici ce que nous avons pu observer chez l'embryon de Poulet
de 48 heures pris comme type.
Autour de la notochorde à cellules encore pleines, non vacuoli-
sées, et encore dépourvue d’une gaîne nette, existe dans la tête,
jusqu'au delà de la vésicule auditive, un mésenchyme très lâche,
formé de cellules étoilées à longs prolongements, généralement
peu ramifiés, anastomosés entre eux. Par place, on trouve une
cellule à chaque nœud du réseau ; en d’autres, cette cellule man-
que souvent et il existe ainsi de petites portions du réseau d’ap-
_ parence « cellulaire ».
Plus loin, au niveau du cœur et au-delà, ce dernier aspect
s’accentue : dans le réseau périchordal, les cellules deviennent
plus rares puis disparaissent ; les éléments mésenchymateux sont
relégués, à distance de la notochorde, plus nombreux et plus
serrés, et ils ne sont reliés à celle-ci que par un fin réticulum,
très serré par places, lâche en d’autres, complètement acellulaire
et constitué surtout de filaments, qui, partant de ces éléments,
vienent s’insérer en rayons de roue tout autour de la chorde.
Quelques-uns de ces filaments, du côté ventral, sont aplatis, ru-
banés.
Plus on s'éloigne de la tête et plus l'espace périchordal cloi-
sonné acellulaire augmente de largeur. Or, son réseau a les mè-
mes caractères que partout ailleurs dans l'embryon, entre les
feuillets blastodermiques et, particulièrement, entre les proto-
vertèbres et l’épiderme, dans la paroi du cœur, etc...; c'est, en
un mot, le réticulum fibrillaire hyalin formé initialement de
prolongements protoplasmiques (plasmodesmes pour Held), dé-
crit par Szily (1) et nommé mésostroma primaire par Stud-
nicka (2). C’est un tissu de soutien primitif et provisoire, inter-
dermal, unissant entre eux les feuillets. C’est un réseau formé
en commun par les cellules de ces feuillets blastodermiques et
n’appartenant à aucun d’entre eux en particulier, bien que, selon
les points, tel ou tel d’entre eux prenne une part prépondérante
à son édification.
C’est dans la partie postérieure de l'embryon, la plus jeune,
par conséquent, la dernière différenciée, que nous avons le repré-
sentant le plus typique du mésostroma complètement acellulaire;
mais là, déjà, ce sont les prolongements venus des cellules du
(x) Anatom. Hefte, t. 35, 1908.
(2) Anat. Anzeig., 1911 et 1913.
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(9) * SÉANCE DU 10 JUILLET 677
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mésenchyme environnant qui semblent prendre la part la plus
importante à sa constitution. Plus en avant, les corps cellulaires
s’avancent de plus en plus dans ce réseau, qui finit ainsi, dans
la tête, par devenir du véritable mésenchyme. Mais, les minces
trabécules, qui s’entrecroisent et s'unissent pour le constituer,
sont les mêmes dans toute l'étendue de l’embryon. Ce sont ces
longs prolongements cytoplasmiques grêles, complètement hya-
lins à l'extrémité, dont nous avons suivi les mouvements sur le
vivant dans l'expansion caudale de l'embryon de Truite (x) à
son début, qui fusent loin de l’élément, en tâtant le terrain de-
vant eux, pour se rejoindre et s'unir soudain. Et, ce qui le
prouve bien ici, chez le Poulet, c'est que, si l’on colore le chon-
driome par l’hématoxyline au fer, après fixation par le mélange
de Meves ou par le nôtre (liquide J.), on trouve des chondrioso-
mes, mitochondries et surtout chondriocontes en bâtonnets
droits ou recourbés, dans les prolongements cellulaires du mé-
senchyme, qui vont prendre part à la constitution du réseau mé-
sostromal, tant que ces prolongements ont une certaine épais-
seur. C'est qu'on retrouve ces chondriosomes dans les plus gros
nœuds, assez rares, il est vrai, de ce réseau. Là, parfois aussi, et
plus souvent encore dans le mésostroma unissant à l’ectoderme
la lame cutanée des protovertèbres, on voit, comme nous l’avons
décrit ailleurs chez le Rat (2) les cellules mésodermiques s’étirer
en un long col coiffé d’une tête, petit renflement anguleux con-
tenant du chondriome, et d'où rayonnent les fins filaments cyto-
plasmiques anastomosés. Dans les observations sur le vivant,
chez la Truite, nous avons assisté, par étirement graduel d’un
cou, à la formation de ces têtes et à l’émission de filaments abso-
lument analogues aux filaments pêcheurs des Rhizopodes.
Nous ne voyons donc ici que des réseaux protoplasmiques bien
vivants, d’abord très actifs et très mobiles, subissant ensuite la
densification exoplasmique précollagène et non un coagulum
réticulé de fibrine inerte. Nous n’y voyons pas davantage un bloc
initial de substance amorphe continue.
(1) C. R. Associat. des anatomistes, 1907.
(2) Arch. de biologie, t. XXXI.
678 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (10)
mm —————"————— 2 ——_—_—_—_—_—_—_—"—"— —"—…—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"—"————————— {2
LA CONSERVATION DE L'AMYLASE SALIVAIRE PAR LA GLYCÉRINE,
par E. Doumer.
On sait que la glycérine conserve les tissus et les liquides orga-
niques ; c’est sur cette propriété que se sont basés Brown-Séquard
et d'Arsonval dans leurs célèbres recherches d’opothérapie. Mais,
il n’en a été donné jusqu'ici, que je sache, du moins, aucune
mesure préeise et directe.
Pour en donner une, je me suis servi de la salive humaine
dont les propriétés amylolytiques sont bien connues et se prêtent
très bien à des mesures faciles. À cet effet, j'ai mélangé à poids
égaux de la salive fraîche, étendue de son propre poids d’eau dis-
tillée et filtrée, avec de la glycérine officinale. Après mélange,
j'ai conservé la préparation dans mon laboratoire où elle a subi
pendant plus de 2 ans toutes les variations normales de la tem-
pérature. J’en prélevais, de temps à autre, 2 c.c. que je mélan-
geais à 50 C.c. d'empois d’amidon à 5 p. 1.000. Je laissais chaque
fois le mélange digérer à 28°, pendant exactement 24 heures,
puis je mesurais le pouvoir réducteur du mélange sur 5 c.c. de
liqueur de Fehling.
Ces essais ont été poursuivis en 1915, 1916 et 1917, soit un .
peu plus de 2 ans. En voici les résultats
Volume
hécessaire pour
réduire 5 c.e. de
Dates des prises liqueur de Febling
ro Son) CEE D) PA RAT EUR EU A OMR b Er doAUE a 21,0
DONNE ONE) HAE ae sabot ado sv ede dde 0e 0e 40 0e 20,6
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SAVE OO A ART DEN EU. een A MEN OA En 21,5
PS M NUTUIGE TO DEN PAPA EU PIE ARR AteNR A NS PEN NP ea te ERA ES 21,4
Ainsi, pendant cet assez long laps de temps, le pouvoir amy-
lolytique de la salive glycérinée n’a pour ainsi dire pas changé ;
il semblerait que, pendant ces 28 mois, l’amylase salivaire est
restée aussi active, aussi vivante qu'au début. On pourrait voir,
dans ces faits, la confirmation de l'opinion que Duclaux a émise,
il y a déjà longtemps, sur l’indestructibilité spontanée des molé-
cules diastasiques. Je fais pourtant quelques réserves, car les
chiffres qui mesurent l’activité salivaire ont légèrement fléchi au
cours des 15 derniers mois. Il se peut que ce fléchissement ne.
soit qu'apparent et soit dû à des erreurs d'expériences ; mais, il
se peut aussi quil soit dû à une légère altération spontanée de
RSR ESS RP RE fee» After
LES
LE
(41) SÉANCE DU 10 JUILLET 679
l'amylase salivaire. Mais, cet affaiblissement, s'il est réel, est
très faible et l’on peut admettre pratiquement que pendant ces
2 années la préparation glycérinée a conservé pratiquement toute
D
son activité.
FlYPERGLYCÉMIE ET HYPERGLYCORACHRIE ADRÉNALINIQUES,
par M. Poroxovsxi, E. Dunor et MoreL.
Au cours de notes précédentes (1), nous avons mis en évidence
l'équilibre hémorachidien du glucose dans les conditions physio-
logiques normales. L’expérimentation a pleinement confirmé
cette notion : les variations de la glycorachie ont toujours suivi
les variations de la glycémie provoquées expérimentalement.
Pour démontrer ce parallélisme, nous nous sommes adressés
à l’adrénaline, dont l’action hyperglycémique est bien connue,
et nous avons dosé concurremment le sucre du sang veineux et
celui du liquide céphalorachidien, avant et après l'injection mo-
dificatrice.
Nous nous sommes servis d’ampoules de 1 mgr. de chlorhy-
drate d’adrénaline Takamine, en injections sous-cutanées, Tous
nos sujets étaient à jeun depuis la veille au soir ; les ponctions
veineuses et rachidiennes ont toujours été faites à quelques mi-
nutes d'intervalle, les premières sitôt avant l'injection, les se-
condes 2 heures 1/4 après, cette durée nous ayant paru corres-
pondre à l'élévation maxima du taux de la glycémie, au cours
d'expériences préparatoires.
Taux initial de glucose Taux de glucose après l'injection
45° 1 h. 30° 2 MED 3 h.
0,50 gr. 0,70 Er. 1,10 £T. te 199 KO
Nous nous sommes servis exactement de la même technique,
défécation du sang et du liquide céphalorachidien, utilisant le
tungstate de soude .en solution à 10 p. roo et SOI? N 2/3, suivant
le mode opératoire préconisé par Folin. Le dosage de sucre était
ensuite pratiqué sur une partie aliquote du filtrat, suivant la mé-
thode de Bertrand.
Nos premières déterminations complètes furent faites sur des
sujets indemnes de lésions méningées en activité et qui pou-
vaient, en raison des conditions cliniques, supporter sans incon-
vénient la répétition de la ponction lombaire
(1) Polonovski et Duhot. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIV, pp. 600 et 687.
680 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (412)
Taux de glucose Taux 2 h. 1/4 après l’injeclion d'adrénaline
TE + PRE a TS ——
dans le liq. céph. rach. dans le sang dans le liq. céphal. rach. dans le sang
0,60 0,625 0,9 1,225
0,72D TR) 1,14 1.929
0,02 0,525 0,870 0,825
En raison des difficuliés de trouver un nombre plus considé-
rable de sujets répondant à ces conditions, nous nous somimes
contentés, dans nos autres expériences, de prélever 2 prises de
sang, avant et après l'injection d’adrénaline, et une seule prise
de liquide céphalorachidien, accompagnant la seconde ponction
veineuse. Nos recherches antérieures, que confirmaient les pre-
mières déterminations rapportées ci-dessus, nous permettaient,
en effet, d'admettre qu'avant l'expérience la teneur en glucose
du liquide céphalorachidien était voisine, et, le plus souvent, lé-
sèrement inférieure au taux initial du sucre dans le sang.
Taux inilial de glucose
dans le sung
0,025
Taux 2 h. 1/4 après l'injection d'adrénaline
dans le liq. céph. rach.
dans le sang
1,20 2.17
0,79 0,80 1,229
0,43 0,65 0,80
0, 0,72 1,06
L'hyperglycémie expérimentale, d’origine adrénalinique, est
donc toujours suivie d’une hyperglycorachie, survenant avec un
léger retard et restant légèrement inférieure à l'élévation du
taux sanguin. Nous retrouvons ici le parallélisme hémorachidien
sur lequel nous avons déjà insisté et que nous avions corroboré
par des observations d’hyper- et d'hypoglycorachie pathologique
et d'hypoglycorachie expérimentale. Ces conclusions montrent
combien il est nécessaire, au point de vue clinique, de rapporter
les taux de glycorachie observés, non à une moyenne arbitraire,
mais au taux glycémique individuel, variable, simultanément
étudié. |
L'indication véritablement intéressante en pathologie, que l'on
peut tirer de l’étude de la glycorachie ne réside, en effet, que
dans la rupture de l’équilibre hémorachidien normal.
(Laboratoire de chimie biologique de la Faculté de médecine).
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(13) ; SÉANCE DU 10 JUILLET 681
RÉPARTITION DE L'URÉE DANS LE SANG,
par M. PoLronovsktr et C. AUGUSTE.
Hamburger et Grijns ont établi la perméabilité complète des
globules rouges pour l’urée. Les cliniciens (1) ont déduit de ces
expériences de physiologie l'égalité de teneur en urée du plasma
(ou sérum) ou du sang total ; ils ont trouvé, par des dosages
comparatifs à l'hypobromite, des résultats presque égaux, mais
toujours un peu plus élevés dans le sérum. Cependant, la ques-
tion a été mise en doute par d’autres auteurs (2) à plusieurs re-
prises et tout dernièrement encore (3).
Nous avons repris cette étude à l’aide de la méthode pondérale
au xanthydrol. Afin d'obtenir des dosages comparables sur le
plasma ou le sang total, nous avons dû modifier légèrement la
technique de défécation (1 volume de sang ou plasma pour 2 vo-
lumes de Tanret (KI, 2,71 gr.; HgC, 7,2 gr.; acide acétique cris-
tallisable, 50 c.c.; H°O q.s. 100). Nous avons toujours trouvé
moins d'urée dans le sang total que dans le plasma. Ces résultats
ont été obtenus sur du sang oxalaté (des essais parallèles sur un
même sang pur ou oxalaté nous ayant prouvé que l'addition d’oxa-
late ne modifie pas la répartition de l’urée ; nous avons égale-
ment vérifié que le plasma et le sérum frais ont la même concen-
tration uréique).
Exemples : poids de xanthylurée sur 25 c.c. de filtrat.
SAEMIOTAlE : 25.0. 264,9 118,6 36,3 28,0 38,7 13,8
IPRÉMEL LOCOnERE 278,3 125,8 38,2 29,8 42,4 15,8
Sur un ensemble de plus de 50 dosages, nous n'avons jamais
rencontré de chiffres aberrants et nous avons constamment
trouvé une différence de même sens, de 5-8 p. r00, indépendante
de la concentration uréique.
Avant d'interpréter ces résultats, nous avons soumis notre mé-
thode de dosage à un examen critique sévère et nous nous som-
mes assurés : 1° que la défécation ne laisse pas d’urée enrobée
dans le précipité des globules ; 2° que la formation d'un volu-
mineux précipité d'albumine, au cours de la défécation, n’affecte
le résultat que d'une légère erreur par excès, qui n’atteint jamais
2 p. 100. En tous cas, le sang total étant plus riche en albumine
que le plasma, cette influence ne pourrait, au contraire, que
masquer les différences de teneur réelle en urée. Puis, afin de
déterminer, avec précision, le rapport existant entre la prise ini-
(1) Widal, Javal, Weil et Laudat. C. R. de la Soc. de biol., p. 399, 1971.
(2) Aronssohn. C. R. de la Soc. de biol., p. 346, rg1r.
. (3) Eticnne ct Vérain. C. R. de la Soc. de biol., p. 394, 1922.
682 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (14)
tiale de sang et la prise finale du filtrat utilisé pour la conden-
sation de la xanthylurée, nous avons expérimenté sur un sang
préparé en partie artificiellement. Après avoir complètement
privé d’urée des globules rouges, par des lavages répétés à l’aide
d’une solution isotonique de NaCI ou de saccharose, nous avons
mélangé 1 volume de ces globules à un volume égal d’une solu-
tion d’urée à 6 p. 100 (isotonique en NaCI ou en saccharose).
Nous avons alors dosé l’urée, dans les mêmes conditions que
pour le sang naturel, sur la solution témoin, sur le sang préparé
total ou sur son plasma.
Poids en mgr. de xanthylurée sur 20 de filtrat :
Milieu chloruré Milieu saccharosé
Témoins (solution d’urée diluée de moitié). 70,4 71,2
Sanetotaliprépare lente CAPES EEE" 79 ;7 74,x
8I,T 81,6
À PTS I D EN LAN IQ EU
Ces résultats nous montrent : 1° l'erreur par excès des dosages
ainsi pratiqués sur le sang total ; 2° la même inégalité de répar-
tition que dans les sangs naturels entre le sang total et le plasma.
Une différence de solubilité de l’urée dans le plasma et les
globules rouges, qui pourrait à la rigueur rendre compte des
écarts de répartition, n’explique pas l'excès trouvé dans le sang
total. Maïs, tout se passe comme si les globules étaient constitués
d'une majeure partie, de concentration uréique égale à celle du
plasma, et d’une autre partie qui n’en contiendrait sensiblement
pas, et qu'il faudrait retrancher du volume du sang total dans le
calcul de nos dosages. Nous appellerons « covolume globulaire »
cette dernière partie, que nous pouvons calculer par comparai-
son de l’urée du sang total artificiel, soit avec l’urée de la solu-
tion témoin, soit avec l’urée du plasma. En corrigeant l'erreur
due à la présence d’albumine, on trouve par les 2 voies la même
valeur qui oscille aux environs de 7-8 p. 100 du sang total et
20-25 p. 100 du volume globulaire (1).
Le covolume peut être assimilé au stroma globulaire, que les
histologistes décrivent sous forme d'une croûte périphérique,
dont l'épaisseur devrait être d'environ 0,25 w pour concorder avec
nos résultats expérimentaux. Cette valeur ne semble pas en con-
tradiction avec les données histologiques.
(Laboratoire de chimie biologique de la Faculté de médecine).
(x) Déterminé par la méthode de M. et L. Bleïbtreu. Pfluger’s Archiv, pp. 151-
228, 1892.
“HÉENS
{15) SÉANCE DU 40 JUILLET 683
ÉQUILIBRE HÉMORACHIDIEN DE L'URÉE,
par M. Poroxovsxr et C. AUGUSTE.
Depuis les travaux de Widal et de ses élèves, on sait que la
teneur en urée du liquide céphalorachidien est très voisine de
celle du sang. Par des dosages à l’hypobromite, ces auteurs (1)
ont trouvé un léger excès dans le liquide céphalorachidien et,
plus récemment, Cullen et ŒEllis (2) par la méthode de l’uréase
ont trouvé de petites différences, tantôt en plus, tantôt en moins.
Les résultats, que nous avons obtenus par la méthode au xan-
thydrol, vont à l'encontre de ces données, et nous avons toujours
trouvé moins d’urée dans le liquide céphalorachidien que dans
le sang veineux correspondant, la différence variant de
1-25 p. 100. Nous avons opéré nos prélèvements sur des sujets
à jeun depuis r2 heures et nos dosages ont été effectués après dé-
fécation selon la méthode de Fosse, qu'il s'agisse du plasma, du
sérum ou du liquide céphalorachidien.
Sérum ou plasma Liq.céph.rach. Différencep.100,
x, Néphrite chronique, 25 ans .....… 1,845 x,b12
22
> Néphrite chronique, 14 ans ...... 0,802 0,710 12,9
NPALIANS ON ANS 22e eee eco e 0,242 0,238 1,6.
4, Parkinson chronique, 24 ans .... 0,258 0,239 7,0.
H,1Paralysie générale, 49 ans ........ 0,400 0,339 19,5
6, Mélancolie, 69 ans ............... 0,290 0,256 13,2
riMélancolie OS ans. etre... 0,209 O,171 18,7:
SUremmienNn5 ans 2...:M..04..:..... h,770 4,243 12,/
9. Artério-sclérose, 43 ans .......... 0,340 0,284 19,7
HOPMEINSIOMe MDONIANS LR eaue se 0,180 0,159 T9,2
M Dabes io ane ed... 0,231 0,210 Lo)
TN OrMAl MES NANS 2 AUS D eerciere “0,154 o,14/ 6.9
19, Paralysie générale, 52 ans ........ 0,158 0,139 19,7
HnNonnal, VASNANS ee... DT 0,274 0,263 I
HAMSMELSOMNEE AL ADN amsn. 0 0,129 0,124 A
16, Méningite tuberc., 25 ans ...... 0,397 0,372 6,7
MP Nbécoucérébral, 231ans ......:."., 0,479 0,389 24,4
18, Epilepsie, 30 ans ....... HR RES ‘ 0,230 0,184 25
Nous nous sommes demandé si la grosse différence de teneur
en albumine du ‘sérum et du liquide céphalorachidien ne pou-
vait pas expliquer les écarts trouvés dans nos dosages. En expé-
rimentant sur des solutions d’urée, de concentration albumi-
neuse variable, nous avons trouvé que la présence des albumines
du sérum affecte le résultat du dosage d’une erreur par excès
de 1,2 p. 100, celles du liquide céphalorachidien n'ayant évidem-
(1) Widal, Weil et Laudat. C. R. de la Soc. de biol., p. 193. rgrr.
(2) Cullen et Ellis. Journ. of biol. Chemistry, avril 1915, t. XX, p. Brr.
684 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (16)
ment pas d'influence sensible. Cette petite erreur, dont il faut
cependant tenir compte, ne suffit donc pas à expliquer les diffé-
rences constatées.
Mais nos comparaisons portent sur le liquide rachidien lom-
baire et sur le sang veineux du pli du coude, ce qui ne corres-
pond pas aux déux facteurs de l’équilibre hémorachidien ; le li-
quide ventriculaire et le sang des plexus choroïdiens.
Ce dernier est évidemment beaucoup plus voisin du sang arté-
riel que du sang veineux phériphérique. C'est pourquoi nous
avons répété les expériences de Gréhant et Quinquaud (1), qui
n'avaient pas osé conclure à une différence nette de concentra-
tion entre le sang artériel et le sang veineux des membres.
Les différences, que nous constatons sur les sangs artériel et
veineux périphérique du Chien, sont du même ordre de gran-
deur que celles trouvées, chez l'Homme, entre le liquide cépha-
lorachidien et le sang veineux, après correction de l'erreur due
à la différence de teneur en albumine.
Exemples : sang de la carotide : o, 396 ; 0,570. Sang de la
veine cave inférieure : 0,442 ; 0,592.
Les comparaisons entre le sang veineux et le liquide céphalo-
rachidien ne peuvent donc pas fournir les données de l’équilibre
hémorachidien réel. Celui-ci se traduit-il par une identité abso-
lue de teneur en urée entre le sang des plexus choroïdes et le
liquide céphalorachidien ? Les considérations précédentes ne per-
mettent que de le supposer.
(Laboratoire de chimie biologique de la Faculté de médecine).
(1) Gréhant et Quinquaud. Journal de l’anat. et de la phys., p. 230, 1884.
(13) SÉANCE DU 1% JUIN 685
REUNION
BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES
SÉANCE DU 1° JUIN 1922
SOMMAIRE
Giusri (L.). et Huc (E.) : Quel- | mentaire chez les Femmes en-
ques données physiologiques sur DONNE EL 0 UE oa don bob boat 1
FViscachen ts... 10 Mazza (S.) et IRarTA (D. ) : L’in-
GUGLIELMETTI (J.): Action ‘de dex réfractométrique du sérum
l’adrénaline sur le système mus- des Femmes enceintes et ses varia-
HEURE SAMÉLE NERO APRES 29 | tions pendant la crise hémoclasi-
Houssay (B.-A.) : Rôle de l’adré- GHOST 0» o 8 EM Ro ee Diob oid ue IÈ
naline dans les effets hyperten -
Pico (C.-E.): Le principe ly-
sifs produits par excitation du
tique est-il contenu dansles Bac-
nerf splanchnique ou par piqûre HAS ENS 0 EMA OI D D ns 15
NINITSS RARES 29 Pico (C.-E.) : Précédents his-
Mazza (S.) et IRAETA (D.) : La toriques sur la lyse microbienne
eucopénie après l'épreuve ali- LEANSISSLD EME NANCE ERA ES 13
Présidence de M. B.-A. Houssay.
PRÉCÉDENTS HISTORIQUES SUR LA LYSE MICROBIENNE TRANSMISSIBLE,
par C.-E. Prco.
Dans nos notes précédentes, nous avons émis l'opinion que la
Ivse microbienne transmissible consistait essentiellement en une
activation de l’autolyse normale des Bactéries et nous avons in-
terprété la transmissibilité comme une régénération du principe
tique aux dépens de la désintégration des microbes mêmes. Les
faits observés par nous dans le déchaînement de la lyse trans-
missible du Bacille de Shiga-Kruse (phénomène de d'Ierelle), par
l'action des ferments leucocytaires (technique de Gengou) ou par
la papaïotine chauffée à go-100°, nous amenèrent à exclure l’in-
tervention de l’hypothétique virus filtrable. Ces faits se compren-
nent bien si l’on admet que les ferments endogènes des Bactéries
Brorocre. CoMpTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVIT. 47
686 RÉUNION BIOLOGIQUE PE BUENOS-AIRES -(14):
sont capables de les lyser, ce qui pourra avoir lieu selon le jeu de
2 conditions : 1° qu'il y ait des ferments actifs dans le bactério-
lysat ; 2° que ces ferments puissent agir sur de nouvelles Bacté-
ries.
De tels faits ont déjà été signalés. Emmerich et Low (x) ont
constaté que les ferments bactériens ont une action bactérioly-
tique intense sur les cultures de la même espèce ou d'espèce dif-
férente (enzymes conformes ou hétéroformes). Malfitano (2) a
observé l’autolyse du Bacille du charbon dans l’eau distillée ; les:
ferments libérés par cette autolyse sont détruits à 65°. Si, à des
Bactéridies chauffées à cette température on ajoute du liquide
frais provenant de ia Îyse d’autres Bactéridies, on voit, après
24-18 heures à 45°, que les Bactéridies chauffées se désintègrent
peu à peu. C’est un cas typique de l’influence des ferments pro-
duits par autolyse bactérienne sur des Bactéries intactes.
Evidemment, ces auteurs n’ont pas pensé que la transmission
indéfinie par des passages in vitro, aurait l'importance que lui
ont attribuée Twort et surtout d’Herelle. L'intérêt accordé par ce
dernier auteur découle de son interprétation : action d’un virus
filtrable bactériophagique vivant aux dépens des germes et en-
gendrant la lyse.
Mais Emmerich et Lôw, ainsi que Gamaleia (3), comprirent
l'importance que les ferments bactériens ou autres, pourraient
avoir dans l’immunité et le traitement des maladies infectieuses.
Le problème des trois corps (Bactérie, bactériophage et milieu)
posé par d’Herelle, a son équivalent, dans les travaux d'Emme-
rich et Lüw, dans les Influences bactériennes réciproques qui se
manifestent in vitro et aussi dans l’organisme. Ces auteurs d’ail-
leurs attribuent à l’action des ferments des Bactéries mêmes l’ap-
parition des formes de dégénérescence dans les vieilles cultures.
Et en considérant l’action bactéricide du suc gastrique, ils ajou-
tent qu'il est probable « que dans l’estomac, intestin, etc., appa-
raissent des ferments bactériolytiques qui remplissent un rôle
considérable dans l’immunité naturelle ».
Ces anciennes constatations, dont l’analogie avec le phéno-
mène de bactériophagie est frappante, ne diminuent pas le mé-
rite de d'Herelle qui a soulevé une féconde discussion scientifique
et a poussé vers de nouvelles routes l’étude de l’immunité.
(Première Chaire de séméiologie de la Faculté de médecine).
(x) Zeitschr. f. Hyg., 1899, t. XXXI, p. «.
(2) C. R. de l’Acad. des sc., 1900, 2, p. 205.
(3) Centr. f. Bakter., 1899, t. XXVI, p. 667. £
L
15) SÉANCE DU 1° JUIN
(ep)
(®]
LEA)
LE PRINCIPE LYTIQUE EST-IL CONTENU DANS LES BACTÉRIES À,
par C.-E. Pico.
L'interprétation que nous avons donnée du phénomène de
Twort-d'Herelle nous a amené à penser que. le principe Iftique
doit être contenu dans les Bactéries mêmes. |
Les. expériences de Baïl (1), quoique peu nombreuses, sur
l'obtention d’un agent Iytique au moyen des filtrats de vieilles
cultures du Bacille de Flexner, peuvent être considérées comme
une preuve en faveur de notre argument (2). Cependant, si l’on
considère la diversité des procédés qui déclenchent la lyse trans-
missible, on se demande si, dans tous les cas, il existe un même
mécanisme intime.
Cn pouvait supposer, 4 priori, qu'un milieu défavorable fut
nécessaire pour permettre aux ferments endogènes des Bactéries
de déclencher la lyse. Ces conditions pourraient être satisfaisan-
tes au moyen de substances très diverses : Iymphe vaccinale
(fwort, Gratia, etc.), filtrats de matières fécales (d'Herelle), fer-
ments des tissus (Kuttner), ferments leucocytaires (Bordet et
Giuca ; Lisbonne, Boulet et Carrère ; Pico), violet de méthyle
(Botez), pancréatine et trypsine (Pico, Bachmann et Aquino),
venin de Lachesis alternatus (Bachmann et Aquino), papaïotine
(Pico), Bactéries diverses par antagonisme microbien (Lisbonne
et Carrère).
Toutes ces substances auraient seulement le rôle de déclencher
lautolyse ; mais l'agent essentiel serait constitué par les ferments
lytiques de la Bactérie qui se régénéraient continuellement et
permettraient la lyse en série. Ces ferments pourraient déclen-
cher ausi la lyse d’autres Bactéries, ce qui expliqueraït les expé-
riences d'adaptation du Dreecnoirec is) (3) à diverses es-
pèces bactériennes.
L'existence du principe lvtique dans les Bactéries mêmes nous
semble découler des faits suivants
a) La pancréatine, la papaïotine et les ferments leucocytaires
que nous avons employés pour obtenir la Iyse transmissible en
Série, ont une action initiale lente ; puis une fois la lyse obtenue,
elle se transmet rapidement dans les passages. Dans les contrôles
faits avec des dilutions des’ ferments, l’action Iytique s’arrête
“après les premiers passages-dilutions (pour la pancréatine à Ja
limite de son action protéolytique à r/50).
(x) Wiener klin. Woch., 1921, n° 37, p. 4x7.
(2) Tout récemment Otto et Winkler (Deut. med. Woch., 1922, n° 12, p. 383)
ont obtenu des principes lytiques aux dépens des cultures vieillies.
(8) C. R. de la Soc. de biol., 1921, t. LXXXIV, p. 468.
,
688 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (16)
b) La pancréatine et la papaïotine paraissent déclencher l'auto-
lyse transmissible. Si, à une culture jeune en bouillon (alcalin)
de Bacilles de Shiga-Kruse, on ajoute un des ferments précités et
aussitôt une goutte de culture et si on étale immédiatement sur
une plaque de gélose, on observe qu'après 24 heures, la culture
s’est développée uniformément sur toute la surface de la plaque.
Mais quand on ensemence sur de la gélose quelques gouttes du
bouillon déjà lysé et mélangé à une émulsion de Shiga-Kruse,
on observe, après 24 heures, une inhibition totale ou partielle,
selon l’activité du bactériolysat, avec, dans le dernier cas, des
zones de Iyse circonscrite. Pour que ces expériences réussissent,
il faut éviter d'employer une quantité excessive des Bactéries.
Nous avons d’ailleurs indiqué notre technique (1).
{Première Chaire de séméiologie de la Faculté de médecine).
QUELQUES PONNÉES PHYSIOLOGIQUES SUR LA VISCACHE,
par L. Giüsrr et E. Huüc.
La Viscache (Viscacia viscacia) (Molina) est un gros Rongeur
qui constitue un fléau dans les campagnes et est très poursuivi.
Il.a été observé par Molina, Azara, Darwin, Brookes, Hudson,
Burmeister, Lahille, Hollister.
Nous avons étudié les principaux caractères physiologiques sur
22 exemplaires. Les détails seront donnés dans une publication
en espagnol.
L’estomac est uniloculaire, l'intestin mesure 8 mètres, le cœ-
cum est très grand. |
Les mâles pèsent 3 à 6 kgr., les femelles 2 à 4 ker. Les pul-
sations cardiaques oscillent entre go et 120 à la minute au repos,
les respirations entre 50-50, la température rectale entre 37° et
37°,8 ; la pression carotidienne entre 100 et 120 mm. Il Y a M
entre 4.500.000 et 5.900.000 d'érythrocytes par mme.; 13.000 à M
18.000 leucocytes par mmc., dont 59 à 82 p. 100 de polvnucléai-
res. Hémoglobine, 72 à 75 p. 100 (au Sahli). Résistance globulaire
entre 0,36 et 0,46. Coagulation sanguine en 3-5 minutes. Les elo-
bules rouges sont très sensibles aux-araneuslysines et latrodec-
tuslvsines (Houssay).
S. Wollmann (1916) n’a pas pu provoquer le choc anaphylac-
(1) Réun. biol. de Buenos-Aires, séance du 6 avril 1922 ; Semana medica,
1922 (Buenos-Aircs).
M). . SÉANCE DU 1° Jun 689
tique aigu typique chez le Cobaye avec le sérum de Viscache,
mais quelquefois, rarement, la mort fut tardive.
Le sang artériel contient, pour 100 c.c.: glycose, 0,135 ; N non
protéique, 0,033 ; urée, 0,17 ; créatinine, 0,0017 ; créatinine to-
tale, 0,0057 ; CINa, 0,478 ; pas d'acide urique dosable (méthodes
de Folin-Wu).
Nous avons essayé sans succès de produire le choc anaphylac-
tique sur 8 Viscaches. On n'’obtint aucun résultat, même après
3 injections sensibilisantes tous les { jours (1, 3, 5 c.c.) et injec-
tion d'épreuve de 5 c.c. (intraveineuse) faite 26 jours après la
dernière injection sensibilisante.
Les localisations cérébrales motrices ressemblent beaucoup à
celles du Lapin, à l’exploration faradique unipolaire. On obtint
la rigidité de décérébration par section transversale passant de-
vant les tubercules quadrijumeaux. On observa les réflexes de
flexion et d'extension, des réflexes croisés et surtout une forte
tendance à la généralisation, avec secousses violentes et répétées
des pattes postérieures.
L'excitation des nerfs pneumogastriques, sympathique et de
Cyon produisit les effets habituels. Le vague avait un certain
tonus, quoique faible, car sa section accéléra les battements du
cœur et quelquefois éleva un peu la pression artérielle.
Les thyroïdes ont la même situation que chez les Lapins. Une
Viscache de 50 jours, née au laboratoire, subit la thyroïdectomie
totale, elle pesait 150 gr. comme sa sœur. Sa croissance fut très
ralentie, car, après 5 mois, elle ne pesait que 760 gr., tandis que
le témoin pesait 1,480 kgr. L'animal opéré était très tranquille,
son poil était moins beau et lanugineux.
On ne put observer le scorbut après 6 mois d’un régime exclu-
sif d'Avoine et d’eau ; le poids se maintint. Ce même régime dé-
termina le scorbut chez des Cobayes et la mort de plusieurs
Cobayes et Lapins.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine vétérinaire).
690 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (48)
L'INDEX RÉFRACTOMÉTRIQUE DU SÉRUM DES FEMMES ENCEINTES
ET SES VARIATIONS PENDANT LA CRISE HÉMOCLASIQUE,
par S. Mazza et D. [RAETA.
Nous avons recherché chez les Femmes enceintes l’ensemble
des symptômes décrits par Widal, Abrami et fancovesco, consé-
cutivement à l’ingestion de 200 gr. de lait, après un jeûne de
5 heures. Cette épreuve permettrait, selon ces auteurs, de révéler
la crise hémoclasique alimentaire qui s’observe quand il y a une
insuffisance protéopexique du foie. Un des symptômes signalés
est un abaissement de l'index réfractométrique.
Nous avons fait nos recherches avec le sérum veineux de 36
Femmes enceintes, la plupart à leur dernier mois de grossesse,
dont 16 primipares, 7 secundipares et 13 multipares..Les lectures
ont été faites au réfractomètre d'immersion de Pullfrich, en em-
ployant presque toujours le prisme auxiliaire. Température cons-
tante à 17°,5 et lectures après ro minutes, répétées 2 ou 3 fois,
dont nous prenions la moyenne.
On recueillait du sang r heure après l’ingestion du lait.
Chez quelques malades nous avons pu répéter l’épreuve après
l’accouchement (entre 5 et 25 jours après).
Les index réfractométriques des sérums des primipares oscil-
lèrent entre 1,3536 (99,9 p. 100 d’albumine, selon Reïss) et
1,34798 (69,8 p. 100 d’albumine), avec prédominance de chiffres
normaux. Parmi les 16 cas étudiés, 2 seulement présentèrent une
diminution de l'index réfractométrique 1 heure après l’ingestron
du lait (12,5 p. 100). Ces Femmes présentèrent la même réaction
pendant leur période puerpérale (5 cas sur 6, soit 83 p. 106).
Trois autres Femmes donnèrent aussi ce résultat à cette période. .
En général, les indices puerpéraux furent un peu plus élevés que
ceux de la grossesse. Il y eut un désaccord absolu entre la leuco-
pénie et la diminution de lindex réfractométrique. Celui-ci ne
s'abaissa pas dans les cas de leucopénie.
Sur 8 secundipares, une seule manifesta un abaissement de
l'index réfractométrique de son sérum après l'épreuve alimen-
taire (14 p. 100). Après l'accouchement, on l’observa dans un
cas sur trois observés (33 p. ro0o). L'index moyen des secundi-
pares était un peu plus élevé que celui des primipares.
Chez les multipares on ne trouva pas l’index réfractométrique
du sérum abaïissé après l'épreuve alimentaire. Il présenta un flé-
chissement dans 5o p. 100 des cas à la période puerpérale.
On ne trouva, dans les 3 catégories, aucune relation entre la
(19) SÉANCE DU 1° JUIN 691
leucopénie alimentaire observée parfois et l’abaissement de l’in-
dex réfractométrique:
(Laboratoire central de l'hôpital des cliniques
et Maternité de la Facuité).
LA LEUCOPÉNIE APRÈS L'ÉPREUVE ALIMENTAIRE
CHEZ LES FEMMES ENCEINTES,
par S. Mazza et D. IRAETA.
°
Nous avons examiné 44 Femmes enceintes, près du terme de
leur grossesse. Après un jeûne depuis la nuit précédente, on
compta, le matin, le nombre et les variétés des globules blancs.
On administra 200 gr. de lait, puis on répéta les examens chaque
20-30 minutes, jusqu'à 6 fois (2 à 3 heures) pour dépister les
réactions tardives. Nous avons répété les épreuves sur 19 de ces
mêmes Femmes à l’époque puerpérale (6 à :5 jours après l’accou-
chementi). Nous ne considérons positives que les diminutions de
2.000 globules blancs par mme. ou plus fortes.
Après l'épreuve, on trouva
Sur 24 primipares : 11 leucopénies, soit 45 p. 100
Sur 7 secondipares : 2 leucopénies, soit 28 p. 100
Sur 13 multipares : 3 leucopénies, soit 23 p. 100
Sur {4 cas au total : 16 leucopénies, soit 36 p. 100
Dans les 19 cas puerpéraux, nous avons obtenu la leucopénie
après l'épreuve alimentaire : 5 fois sur 10 primipares (6o p. 100),
1 fois sur 3 secundipares (33 p. 100), r fois sur 6 multipares
(16 p. ro0).
(Laboratoire central de l'hôpital des cliniques
et Maternité de la Faculté).
692 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (20)
,
ACTION DE L'ADRÉNALINE SUR LE SYSTÈME MUSCULAIRE STRIÉ,
par J. GUGLIELMETTI.
On sait, depuis 1890, que l’adrénaline agit sur le système mus-
culaire strié. Mais, quoiqu’un grand nombre d’expérimentateurs
se soient occupés du mécanisme de cette action, non seulement
le point essentiel n’est pas encore éclairci, mais la discussion con-
tinue encore sur quelques faits d'observation que nous résume-
rons, en même temps que nous citerons les conclusions de nos
très nombreuses expériences. è
Action sur le muscle fatigué.
I. Il est bien prouvé que l’adrénaline améliore la contraction
du muscle fatigué. Chez nos Batraciens (Leplodactylus ocellatus
et Bufo marinus), il est très facile de le vérifier, quelle que soit la
voie d'introduction du produit (sous-cutanée, veineuse ou perfu-
sion artérielle).
IT. La hauteur de la récupération est, en général, moindre que
la hauteur initiale de la courbe de fatigue ; maïs, par un choix
convenable de la dose du principe actif que l’on injecte et du
poids qui charge le muscle en expérience, on peut arriver à ob-
tenir que la récupération après la fatigue dépasse l’amplitude
initiale.
IIT. Chez nos Batraciens, et avec la technique courante en myo-
graphie, on n'avait pas pu obtenir des doubles récupérations, et
Dessy et Grandis niaient la possibilité d'arriver à ce résultat. Cela
est possible, cependant, si on injecte une seconde dose d’adré-
naline 10 fois plus forte que la première (qui doit être faible).
IV. Le graphique de récupération est modifié : a) par la quan-.
tité d’adrénaline injectée ; b) par l'intervalle plus ou moins long
entre les excitations ; €) par le poids que le muscle soulève ; d)
par la précocité avec laquelle on fait agir le produit, dès que la
fatigue est visible ; plus tard il n’agit plus.
V. Le phénomène n’est pas modifié par la forme d'action du
stimulus (excitation directe du muscle ou à travers le nerf).
Action sur le muscle non fatigué.
Boruttau, Kuno, Capobianco, Takayasu, etc., ont trouvé, en
opérant sur des Batraciens, que les solutions faibles d’adrénaline
n’ont pas d’action sur le muscle normal et, qu'en les concentrant,
la hauteur de la contraction diminue. D’autres expérimentateurs,
parmi lesquels Cannon, Gruber et Fellow, arrivent à des concelu-
sions opposées en travaillant sur des muscles de Mammifères.
Nous sommes parvenus à améliorer constamment la hauteur
de la contraction des muscles non fatigués de nos Batraciens par
(21) SÉANCE DU 1° JUIN 693
l’action de l’adrénaline injectée soit par voie sous-cutanée, soit
par voie veineuse ou par perfusion.
_ Pour arriver à ce résultat, nous avons pris soin d’exciter le
muscle au moyen d’un courant de faible intensité, de façon à lui
faire donner une contraction de hauteur moyenne. Dans ces con-
ditions, nous avons pu voir que l’adrénaline augmente toujours
la hauteur de la contraction. Ce qui ne s’observe pas si les con-
tractions étaient maximales ou submaximales.
Action sur les muscles dénervés.
Pour cette étude, nous avons travaillé sur le gastrocnémien
chez les Batraciens et sur le tibialus anticus chez le Chien. La
dénervation des muscles fut obtenue par résection de 1 cm. du
nerf correspondant et l’on prit garde, dans chaque cas, de s’as-
surer qu'il n'y avait pas de régénération. Les expériences sur les
Chiens se firent un mois après l’opération et celles sur les Batra-
ciens à peu près 3 mois après la résection du nerf.
Nous avons expérimenté, en tout, sur 5 Chiens et plus d’une
douzaine de Grenouilles. Les résultats sont analogues dans les
deux cas. L’adrénaline injectée dans la veine abdominale de la
Grenouille non seulement n’augmente pas la hauteur de la con-
traction du muscle dénervé, mais la diminue. Si l’on obtient des
graphiques simultanés des deux gastrocnémiens en prenant
comme témoin celui de la patte non opérée, l’on constate une
récupération du muscle normal, tandis que la contraction dimi-
nue du côté opéré.
Chez le Chien, nous voyons un phénomène semblable, mais
ici, l'injection doit être faite dans l’artère crurale pour empêcher
l'hypertension générale que l'injection par voie veineuse pourrait
produire ; car l’on sait que toute hypertension améliore les gra-
phiques de fatigue. |
Action du curare et des venins curarisants.
Ces expériences ont été faites seulement chez Leptodactylus
ocellatus. Nous avons constaté que, une fois la Grenouille cura-
risée, au moyen de curare ou d'un autre quelconque des curari-
sants vrais (vératrine, strychnine, spartéine, ésérine) le graphi-
que de fatigue musculaire que l’on inscrit ne peut pas être modi-
fié par l’injection d’adrénaline. Il suffit que la curarisation soit
incomplète pour que l’adrénaline produise une récupération bien
visible.
Action sur la période d’excitation latente.
Nous savons, depuis Mendelssohn, que la fatigue produit une
augmentation de la période d’excitation latente. En faisant agir
l'adrénaline sur un muscle fatigué, dont la période d’excitation
latente a augmenté, l’on voit que cette période diminue d’une
façon bien nette. Si l’animal est curarisé avant de commencer
694 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (22)
l’expérience, l’on constate que la fatigue.est capable d'augmenter
la période d’excitation latente des muscles, mais que l’adrénaline
est impuissante à la modifier. Le résultat est le même si la Gre-
nouille est seulement curarisée ou si elle est curarisée et fatiguée.
Action de l’adrénaiine sur la chronatie du muscle.
Pour déterminer la caractéristique d’excitabilité des muscles et
des nerfs nous avons employé la technique courante, décrite
dans des travaux antérieurs. Gruber constata, en utilisant les uni-
tés de Martin comme mesure d'’excitabilité, que la fatigue dé-
prime l’excitabilité des muscles et, à un moindre degré, celle des
nerfs, et que l’adrénaline leur fait atteindre de nouveau le niveau
initial. Lapicque a démontré que, pendant la fatigue, la chronaxie
du muscle augmente tandis que celle du nerf ne subit pas de mo-
dification, et dernièrement (le travail présent étant déjà sous
presse in-extenso) il affirme que l’adrénaline agit sur le muscle
et le nerf à la façon décrite par Gruber.
Les résultats obtenus par nous peuvent être résumés ainsi :
a) L’adrénaline a peu d'influence sur l’excitabilité du muscle
et du nerf d’un complexe neuro-musculaire non fatigué.
b) Elle ramène à son niveau primitif l'excitabilité du muscle
fatigué dont la chronaxie a augmenté.
c) Elle est impuissante à modifier l'excitabilité des muscles
dénervés, fatigués ou non.
d) Elle n'exerce pas d’action sur Un ie musculaire des
Batraciens curarisés au moyen de curare ou d’un autre vrai cura-
risant, le résultat étant le même si les muscles sont fatigués ou.
s'ils ne le sont pas.
Destruction du sympathique.
Pour voir si la loi d'Elliot-Langley peut s'appliquer aux cas
des graphiques de fatigue, nous avons détruit le plus complète-
ment possible le sympathique abdominal. Sur 24 animaux opérés,
il en survécut 17. Les graphiques faits avec la technique habi-
tuelle, un mois après l’opération, montrent, dans tous les cas,
que l’adrénaline produit des récupérations sensiblement pareilles
aux normales. |
Les faits que nous venons d'exposer, et surtout la constatation
de ce que la dénervation, le curare et les curarisants empêchent
l’action de l’adrénaline de modifier la contraction, l’excitabilité
ei la période d’excitation latente, nous portent à conclure que
ce corps agit sur la substance intermédiaire qui, d'après Langley
et Lucas se trouverait au point d'union du muscle avec le nerf.
(institut de physiologie de la Faculté de médecine
de Buenos-Aires).
(23) SÉANCE DU LT JUIN 695
RÔLE DE L'ADRÉNALINE DANS LES EFFEIS HYPERTENSIFS
PRODUITS PAR EXCITATION DU NERF SPLANCHNIQUE
OÙ PAR PIQÜRE BULBAIRE,
par B.-A. Houssay.
Le rôle de l’adrénaline dans l'hypertension consécutive à l’ex-
citation des nerfs splanchniques était accepté généralement de-
puis les expériences de Asher, Burton-Opitz, Anrep, etc., quand
Gley et Quinquaud nièrent cette participation.
Nous avons publié en 1919 (x), un résumé de nos expériences
desquelles il résulte que l'hypertension provoquée par excitation
du nerf splanchnique est due à 2 causes qui s'ajoutent : 1° la
vasoconstriction directe ; 2° l’action vasoconstrictive de l’adré-
naline libérée. Les graphiques démonstratifs sont sous presse
dans les « Treballs de la Societat de biologia de Barcelona ».
Récemment, Tournade et Chabrol ont donné, par une méthode
très élégante, une démonstration bien claire de la double action
de la stimulation du nerf splanchnique.
Nos expériences furent faites sur 42 Chiens chloralosés (éviter
le curare et l’éther). La technique était semblable à celle de von
Anrep. On abordait la surrénale gauche par voie postérieure re-
tropéritonéale. On disséquait bien la veine lumbocapsulaire en
aval et en avant de la glande, ce qui permettait de la pincer ou
d'ôter la pince sans rien remuer. On chargeait le nerf splanchni-
que (sectionné haut) sur un excitateur à verrou. Toute la partie
opératoire doit être faite délicatement. Il faut éviter le choc.
‘On réchauffe les Chiens. ;
On inscrivait la pression de la carotide et le pléthysmogramme
d’une patte postérieure énervée. Quelquefois, on sectionna la
moelle épinière à la hauteur de Dr2 (on le fit systématiquement
quand on piquait plus tard le bulbe).
Les résultats obtenus peuvent être résumés ainsi
Pression artérielle. Avec des excitations du nerf splanchnique
d’égale intensité on obtient presque constamment (85 p. 100 des
cas) une élévation plus marquée de la pression quand les veines
lombocapsulaires sont libres (1 et 6 de la figure) que quand elles
sont pincées (3 et 5 de la figure).
Si on excite sans discontinuer, les veines étant pincées (2 et
4 de la figure), on voit la pression arriver et se maintenir à un
certain niveau. Si alors on Ôte les pinces (flèches P) qui compri-
(x) Semana medica, 1919 : Prensa med. arg., 1959.
BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES
r.
REUNION
696
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g c en RTE
(25) SÉANCE DU 1? JUIN 697
ment la veine lumbocapsulaire, on voit la pression monter et arri-
ver au niveau observé en excitant avec les veines libres. Quelque-
fois, l'élévation de pression est précédée d’une petite descente
initiale (4 de la figure) dûe à l’adrénaline à dose faible.
_ Cette expérience peut être répétée avec succès en 5 ou 6 séries
chez le même Chien. Le graphique que nous publions le dé-
montre. Justement, nous le réproduisons parce que ce fait est
bien visible dans un court espace où l’on voit » séries. Cepen-
dant, cest un des graphiques où le volume de la patte a donné
des tracés moins beaux, mais bien démonstratifs malgré tout.
Avec les veines libres, on obtient une courte dilatation passive,
puis une constriction de la patte (1 et 6). Avec les veines pincées,
on voit une simple dilatation passive (très faible ici, en 3 et 5).
Avec les veines pincées, puis libres (2 et 4), il y a dilatation (ou
rien) de la patte, puis constriction quand on ôte les pinces.
Ces expériences démontrent que l’adrénaline ajoute son action
vasoconsirictive à l’action neurovasculaire directe.
Les phénomènes de la patte ont été vus par Anrep, Pearlmann
et Vincent, mais ces auteurs n'ont pas vu l'effet sur la pression
générale. Pour l'obtenir, il faut : 1° éviter curare et éther, 2°
choisir une excitation de moyenne intensité (faibles ou fortes,
elles ne révèlent pas l'effet de l’adrénaline, par insuffisance de
sécrétion ou par effet neuromusculaire direct trop fort).
Comme Gley, nous avons vu souvent l'échelon (step de von
Anrep) initial après pincement des veines lumbocapsulaires ou
extirpation des surrénales ; quoique l'échelon soit moins fré-
quent dans ces cas.
Dans des expériences analogues, nous avons démonliré, avec
Cervera, que la piqüre bulbaire, chez des Chiens bien préparés
(surrénale droite extirpée quelques jours avant, moelle section-
née, respiration artificielle, vagues sectionnés) produit une forte
hypertension. Elle s'accompagne de dilatation passive de la patte
dénervée, quand la veine lumbocapsulaire est pincée. Si la veine
est libre, on obtient une courte dilatation passive de la patte,
suivie d'une forte constriction très prolongée. On peut piquer le
bulbe les veines étant pincées, puis les libérer. Dans la note en-
vovée à Barcelone (1) il y a des erreurs de description que nous
corrigeons ici.
Les piqûres bulbaires ne donnant pas de résultats hyperten-
sifs constants on ne peut comparer la hauteur de l'hypertension
obtenue après ou avant le pincement des veines lumbocapsu-
laires.
Nous avons démontré récemment avec Lewis que les Chiens
(x) C. R. de la Soc. de. biol., 1920, t. LXXXIIT, p. 1287.
698 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENCS-AIRES (26
vivent bien quand on extirpe la subsianee médullaire de la sur-
rénale gauche, puis la surrénale droite entière. L’adrénaline sur-
rénale n'est donc pas nécessaire pour maintenir la vie ni le tonus
vasculaire. Mais les expériences ici rapportées démontrent que,
dans des conditions d'expérience (excitation du nerf splanchni-
que ou du nerf bulbaire), il se décharge assez d’adrénaline pour
que son effet physiologique se démontre indiscutablement. Il est
probable que cette substance peut agir, physiologiquement, de
la même façon, faiblement mais réellement.
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
(D) 699
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE
SÉANCE DU 7 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Fernanpes (M.) : L'hémoclasie
digestive par ingestion de protéi-
nes dans l'étude de l’insuffisance
hépatique... : 8
GoNÇALVES CarvALHO (M. ): “Sur
la labrocytose (mastzellose) chez
les individus soumis au traite-
Constatation dans le sang des
exanthématiques de nombreux
microorganismes ressemblant à
| des Rickettsia prowazeki....... }
MezLo (F, de), Pinto Nuxes (J.)
et Lima Risermo (Mlle J.} : Mor-
phologie et cycle évolutif de deux
|
l
|
bienne du Phtirius inguinalis, re- l’irradialion de l'ovaire de la La-
ment antirabique............. ; 3 | Bodonides ..... NE AS NE ie
Guimarais (A.) : Flore micro- SALAZAR (A.-L.) : : À ‘propos de
marque sur des éléments de na- pine : quelques doutes au sujet
turentricketisienne......:...... 13 | de la loi de radiosensibilité de
- Marques Dos Santos : Sur la Bergonié et Tribondeau........ D:
valeur des méthodes de Dungern Sousa (J. de): Présence de
et Kottmann pour le diagnostic Rickeitsia prowazeki dans le sang
sérologiquedu:cancer.......... 15 | des convalescents de Pa
MezLo(F.de)etGuimarais (A.): exanthématique. "er 10e 12
Présidence de M. A. Bettencourt.
MoRPHOLOGIE ET CYCLE ÉVOLUTIF DE DEUX BODONIDES,
par FroïiLano pe MErro, Joaoum Pinto Nues
et Mile Josina Lima RiBErRo,
Au cours de nos recherches sur les Protozoaires commencées
à la Faculté de Médecine de Porto, nous avons trouvé deux Bodo-
nides, dont le cycle évolutif nous semble assez intéressant. Le
premier est un Bodo à vie libre, que nous avons appelé Bodo por-
tuensis sp. n.; le second parasite l’intestin de la Souris grise (Mus
musculus). Comme dans la littérature que nous avons pu consul-
ter, nous n'avons trouvé aucune indication se rapportant à ces
nu dre parmi les Protozoaires intestinaux de la Souris,
nous avons appelé notre espèce Bodo muris.
_ Bodo portuénsis. Ovalaire, à extrémité postérieure recourbée
où circulaire ; mouvements de progression, petits sauts, rota-
tion sur place ; présente dans la zone post-nucléaire 3 vacuoles
circulaires ou ovalaires, de dimensions variables et, en général,
très rapprochées les unes des autres. La zone prénucléaire a une
structure purement alvéolaire, surtout apparente dans le pôle
700 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (2)
antérieur. Quelques granules épars irrégulièrement dans le corps,
plus abondants entre la membrane nucléaire et la zone des va-
cuoles. Noyau de type protokaryon, à gros caryosome, qui oc-
cupe à peu près la moitié du noyau ; pas de centriole visible. Pas
de kinétonucléus. Deux granules basaux vers son pôle antérieur,
souvent si rapprochés qu'ils simulent un diplocoque à éléments
serrés, situés même sur le pourtour du périplaste, faisant quel-
quefois hernie vers l'extérieur et donnant insertion aux deux fla-
gelles, dont l’un, dirigé en avant, est uni au noyau par un mince
rhizoplaste et l’autre, une demi fois plus long que l’antérieur, se
recourbe en arrière et constitue le gubernaculum. Pas de mem-
brane ondulante. Les dimensions de cette espèce sont : diamètre
des formes rondes, 3 à 5 u ; formes ovalaires, 5 sur 3 à 3,5 u;
diamètre du novau, 1 un; du caryosome. 0,5 à 0,75 u ; distance
entre le caryosome et le granule basal. 1 w: flagelle antérieur,
6 u; flagelle postérieur, 9 u. La multiplication du Bodo portuensis
est une mitose complète. À la prophase, le noyau grandit ; la
membrane devient plus accusée, le caryosome perd son aspect
compact et se résout en anses chromatiques remplissant la cavité
nucléaire. L'état suivant est caractérisé par la formation d'un fu-
seau à fibrilles pâles, mais nous n'avons pas pu voir les chromo-
somes se disposant en plaque équatoriale. comme dans la mitose
du Bodo lacertæ. Les chromosomes s'’acheminent vers les pôles,
où ils se concentrent en deux masses conpactes qui constituent
la télophase. Vient ensuite la division du protoplasme. On trouve
quelquefois des Protozoaires avec le noyau à l'état de repos et 4
sranules basaux indiquant que leur division a précédé la division
nucléaire. Cependant, on ne saurait dire que le granule basal
joue le rôle de centrosome, puisqu'il x a des figures mitotiques
avec l’appareil basal tout à fait comme chez le Bodo à l'état végé-
tatif. Nous n'avons pu nous rendre compte de ce que devenaient
les rhizoplastes pendant les mitoses, ni d'où provenaient les rhi-
zoplastes des cellules filles.
Bodo muris. Forme circulaire ou ovalaire, à extrémité recour-
bée, montrant aussi des stades de transition entre ces deux for-
mes. Mince périplaste. Zone prénucléaire finement alvéolaire.
Zone postérieure vacuolaire, en général avec 5 vacuoles, dont
quelques-unes fusionnées, imitent une vacuole plus grande. Plus
rarement, une de ces vacuoles est située dans la partie latérale,
à côté du noyau. Noyau rond, du tvpe protokaryvon, gros carvo-
some et membrane bien accusée. Granule basal en général diplo-
somique, situé soit en plein cytoplasme et logé dans une sorte
de vacuole, ou sur le pourtour du périplaste. Ces granules, qui
donnent issue à l'appareil flagellaire, font souvent suite à deux
petits bâtonnets sidérophiles. Le flagelle antérieur, un peu plus
(3) SÉANCE DU Ÿ JUILLET 701
petit que le gubernaculum, est uni au noyau par un mince rhi-
- zoplaste. Mouvement de progression, mouvement vibratoire sur
place et de rotation, mais ce dernier pas aussi intense que chez
l'espèce antérieure. Diamètre des formes rondes 5 nu; formes
ovalaires 7,5 u, diamètre du noyau 2 u ; flagelle antérieur 10 u ;
récurrent 12,5 u. La division du Protozoaire se fait par un véri-
table processus mitotique. À la prophase, le caryosome disparaît
et la chromatine se dispose en granules épars dans la cavité nu-
cléaire. Nous n'avons pas vu les anses en état de spirème, comme
chez l'espèce antérieure. Un fuseau avec une plaque équatoriale
nette suit, les chromosomes s'acheminent vers les pôles, les
noyaux-fils se forment et le protoplasme se divise à son tour. Le
granule basal se divise aussi, l'appareil flagellaire de la cellule-
mère semble rester attaché à l’une des cellules, tandis que l’autre
granule forme les nouveaux flagelles. La partie qui nous a inté-
ressé le plus dans le cycle évolutif de ce Bodo, est celle qui con-
cerne les modifications subies par le caryosome dans une phas?
que nous considérons préparatoire de la mitose nucléaire. Tout
d'abord le caryosome, qui était compact et qui prenait une colo-
ration uniforme par l'hématoxyline, se creuse dans sa partie cen-
trale, en même temps que la zone intermédiaire entre la mem-
brane nucléaire et lui-même ; cette zone qui, à l'état végétatif,
était tout à fait claire, sans la moindre trace de substance colo-
rable prend une teinte grisâtre : on dirait que la chromatine con-
tenue dans la partie centrale du caryosome s’est répandue dans
l’espace péricaryosomique. Deux petits granules se forment, at-
tachés d’abord à la masse caryosomique et que nous interprétons
comme des centrioles. Le reste du caryosome se divise en deux
masses dont la destinée ultérieure nous est inconnue, mais qui,
peut-être, se dissolvent dans le nucléoplasme ; celui-ci apparaît
alors uniformément gris avec les deux petits granules, à présent
tout à fait indépendants. Nous croyons donc que dans ce Boda
il Y à un centrosome contenu à l’état végétatif dans la masse du
carvosome et dont la division commande les figures mitotiques.
(Cours libre de parasitologie à la Faculté de médecine de Porto).
SUR LA LABROCYTOSE (MASTZELLOSE) CHEZ LES INDIVIDUS
SQUMIS AU TRAITEMENT ANTIRABIQUE,
par M. GonçaLves CARVALHO.
C. França a conclu de ses recherches hématologiques sur des
individus sains, soumis au traitement antirabique qu'il se pro-
duit d'ordinaire une labrocytose nette (2,4 p. 100 dans quelques
Brorocre. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 4S
702 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (4)
cas), qui s'établirait et s’accentuerait après l'injection des moel-
les les plus virulentes ; il a cru voir un rapport entre ces phéno-
mènes et les progrès de l’immunisation.
Manaças, dans le but de vérifier si ce phénomène était la con-
séquence d'une réaction cellulaire due aux injections de sub-
stance nerveuse normale, comme le pense Babes, a fait une étude
comparative sur des individus soumis au traitement antirabique
et des épileptiques traités par des injections de substance ner-
veuse normale de Lapins ; il a conclu que, chez les uns et les
autres, il y a une intense mononucléose et une diminution dans
le pourcentage des polynucléaires ; il a rencontré une labrocy-
tose, inférieure à celle de C. França, mais n’en donne pas le
pourcentage.
C. França, ayant étudié la formule hématologique dans un
cas de rage, chez un garçon qui avait présenté des symptômes au
14° jour du traitement, n'a pas vu l'augmentation des mononu-
cléaires ni des labrocytes ; il y aurait absence de mononucléose
et labrocytose, ce qui serait une formule de déchéance. Dans les
cas de morsures graves ou de traitement tardif, on devrait établir
la formule hémoleucocytaire, et tant que dans celle-ci on ne
verrait pas une augmentation des mononucléaires et des labro-
cytes ( formule de défense), il faudrait insister sur le traitement.
Les individus soumis au traitement antirabique, suivis par
Rochaix, n’ont présenté aucune augmentation du nombre des po-
lynucléaires basophiles du sang.
Nous avons procédé aussi à des recherches hématologiques sur
100 individus soumis au traitement antirabique, dont 56 traités
par la méthode actuellement en usage à l’Institut Camara Pes-
tana où l’on commence par des moelles de 4 jours, et qui com-
prend ordinairement 2r injections dont 8 de moelles de 1 jour,
5 de » jours, 5 de 3 jours et 3 de À jours, et 4 individus traités
selon la méthode appliquée à l’époque où C. França a fait ses
recherches, méthode qui commence par des moelles de 8-7-6
jours et n'arrive pas à celle de r jour. Pour chacun des 76 indi-
vidus, nous avons fait 5 formules de 500 leucocytes, la première
avant le traitement, la dernière à la fin de la dernière injection
et les autres pendant le traitement. Pour les autres 24 cas, nous
avons fait seulement trois formules comme C. França et nous
avons fait des numérations de 5oo leucocytes, comme pour les
76 autres. Nous avons trouvé que le pourcentage des leucocytes
diminue à la suite des premières injections et remonte ensuite
jusqu’à la normale ; le nombre des monocytes varie dans le
même sens ; les polynucléaires neutrophiles, au contraire, dimi-
nuent au commencement pour augmenter ensuite ; les éosino-
(5) SÉANCE DU / JUILLET 703
philes, même dans les cas où il y a éosinophilie initiale, aug-
mentent presque toujours ; les labrocytes restent normaux.
Nous n'avons pu étudier la formule hémoleucocytaire dans
aucun cas de rage, mais nous avons étudié la formule dans quel-
ques cas de morsures graves chez des personnes soumises au trai-
tement de 36 jours. Nous n'avons pas vu de modifications dans
la formule, après le traitement supplémentaire.
Nous avons profité de l’occasion pour étudier la formule d’Ar-
neth chez ces 100 individus, et nous avons vu souvent une dé-
viation à gauche, donc diminution du nombre total des noyaux.
En résumé : 1° nous n'avons pas noté de labrocytose chez
les individus soumis au traitement antirabique ; 2° l’altération
la plus constante de la formule hémoleucocytaire, c’est l’aug-
mentation des éosinophiles ; 3° l'étude de la formule hémoleuco-
cytaire ne semble pouvoir nous donner aucun renseignement qui
permette de nous guider sur l'application du traitement antira-
bique.
(Institut de bactériologie Camara Pestana).
L : I TION D ’OVA E L: IN
À PROPOS DE L'IRRADIATION DE L'OVAIRE DE LA LAPINE
QUELQUES DOUTES AU SUJET DE LA LOI DE RADIOSENSIBILITÉ
DE BERGONIÉ ET TRIBONDEAU,
par A.-L. SALAzaR.
La loi connue de Bergonié et Tribondeau repose en partie sur
les résultats expérimentaux obtenus avec l’irradiation de l'ovaire
‘de la Lapine ; or, ces résultats sont faussés par une connaissance
incomplète de la biologie de cet organe. Nous ne pouvons pas
discuter ici tous les faits observés et décrits par Îles auteurs ; nous
nous bornerons à dire que les conclusions qu'on y trouve à propos
des altérations des follicules primordiaux, de l’oocyte, des ovi-
sacs, etc., doivent être mises en doute, car on n’y voit pas avec
clarté ce qui peut être physiologique et ce qui peut être altéra-
_ tion expérimentale. Il faut remarquer que l'ovaire de la Lapine
est un organe très complexe, que ses processus histo-dynamiques
. sont encore très incomplètement connus et que son évolution est
‘encore aujourd'hui une énigme. Expérimenter sur un organe
dont on connaît si peu de chose est extrêmement imprudent ;
lirer des conclusions un peu hâtives de ces expériences est encore
plus risqué. Il nous suffira ici de faire remarquer ce qui suit. Une
partie des conclusions des auteurs en question, celle qui se rap-
porte aux mitoses de la granulosa, et qui est un des fondements
-de leur loi, est basée sur une erreur. En effet, Bergonié et Tri-
704 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (6)
bondeau écrivent (1) : « Du côté de la couche granuleuse, on
assiste à la destruction progressive de toutes les cellules épithé-
liales. À en juger par l'arrêt brusque des caryocinèses en évolu-
tion (les chromosomes des amphiasters se condensent en un amas
safranophile, d’hématéinophiles qu'ils sont normalement ; les
stries achromatiques s’émiettent), et par leur disparition rapide
et définitive (les figures mitotiques si fréquentes normalement
dans cette couche deviennent tout à fait exceptionnelles), il y à
tout lieu de croire que, conformément à la loi que nous avons
formulée, ce sont les éléments les plus spécialisés en vue de leur
multiplication qui sont les premiers détruits (et cela alors que
l’ovule lui-même semble intact). Au contraire, beaucoup d’autres
cellules de la granulosa, moins brutalement atteintes, paraissent
inaltérées, alors que l’ovule est déjà méconnaissable. La destruc-
tion de tous ces éléments se fait sur place après phénomènes pye
notiques très nets ». |
Or, toutes ces altérations sont physiologiques. Nous avons
montré en 1917 (2) que la destruction des mitoses est un fait
constant dans les ovisacs (les follicules primordiaux exceptés);
qu'une poussée de mitoses sidérées détermine l'entrée du folli-
cule dans la période chromatolytique ; que cette poussée ne dure
d'ordinaire que pendant la première phase de la période en ques-
tion, la métamorphose de la granulosa étant achevée par des
chromatolyses directes ; que cette phase mitosique est constituée
généralement par des cinèses synchrones, donc très fugace, ete.
De même, les prétendus phénomènes de phagocytose signalés
par les auteurs ne sont autre chose que notre « chromatolyse
concentrique ». En tous cas, cette prétendue phagocytose est un
phénomène normal, presque constant dans la période post-chro-
matolytique, rare pendant les autres périodes. Toutes les autres
conclusions sont analogues ; elles reposent sur des confusions
entre faits physiologiques et faits expérimentaux. Nous ne vou-
lons pas affirmer que l’irradiation ne puisse pas détruire des mi-
toses ; le fait est possible ; mais, dans l'ovaire, nous ne considé-
rons pas cette action comme démontrée. Bergonié et Tribondeau
ignoraient l'existence des poussées mitosiques sidérées dans la
oranulosa et le rôle fondamental qu'elles jouent dans la destruc-
tion atrésique des ovisacs, de sorte que leurs conclusions doivent
être mises de côté, du moins provisoirement, en attendant de
nouvelles recherches. Les mêmes critiques peuvent être formu-
lées à propos des résultats que les auteurs disent avoir obtenus
(1) Bergonié et Tribondeau. Processus involutif des follicules ovariens après
rôntgenisation de la glande génitale femelle. C. R. de la Soc. de biol., 1907,
L'AID AT: Le,
(>) A.-L. Salazar. Sur la période chromatolytique de la granulosa alrésique
de la Lapine. Mém. publ. par la Soc. port. des Sc. nat. Sér. biol., n° 2.
Lee
FRE SI
(7) SÉANCE DU 7 JUILLET 705
concernant la glande interstitielle (1). Ce qu'on y voit (loc. cit.,
p. 275, S I, IT, II et IV) ne peut être attribué d’une façon défi-
nitive à l'irradiation, car les différents aspects de l’ovaire qu'on
y trouve décrits existent dans les ovaires normaux. Si les types
d'ovaires que nous avons décrits récemment chez la Lapine (2)
représentent l’évolution de l'ovaire adulte, les modifications en
question peuvent être dues à l’irradiation (3); mais si les types
en question ne sont que des moments physiologiques d’un cycle
physiologique greffé sur le mouvement de translation de l’or-
gane, alors on ne peut rien conclure des faits signalés par les
auteurs, car ils peuvent être physiologiques. Tout ce qui vient
d'être ii à à propos des travaux de Bergonié et Triboñdeau peut
s'appliquer aux travaux de Regaud et Lacassagne (4), car ils
n ont fait que confirmer les résultats de Bergonié et Tribondeau.
L'affirmation suivante mérite seule d’être discutée. « La dégé-
nérescence des follicules ovariens frappés par les rayons X s'ef-
fectue par des processus semblables à ceux qui ont été décrits
dans l’atrésie physiologique. Mais, au lieu d’être disséminés
dans le temps et rares dans un ovaire donné, ces processus, dé-
clenchés tous ensemble au même moment, évoluent simultané-
ment dans le même organe, en un temps fort court et avec une
profusion d'images histologiques variées ». Ceci encore peut être
physiologique, car, si plusieurs ovaires présentent des ovisacs
très différents au point de vue du degré d'évolution atrésique,
d’autres, au contraire, présentent la presque totalité des follicules
à peu près au même ilesre d’atrésie. En somme, si l’on veut étu-
dier l’action de l’irradiation sur l'ovaire de la Laine il faut at-
tendre la résolution de certains problèmes, concernant cet organe.
Pour le moment, ces expériences nous semblent très risquées,
car expérimenter sur un organe si protéiforme et souvent si énig-
matique, dont on ne connaît même pas d’une manière nette
l’évolution adulte, est à peu près illusoire.
(Institut d'histologie et d'embryologie, Faculté de médecine,
Université de Porto).
(r) Bergonié et Tribondeau. Altérations de la glande interstitielle après rônt-
genisation de l’ovaire. C. R. de la Soc. de biol., 1907, t. I, p. 274.
{>) Sur l’évolution de l'ovaire adulte de la Lapine. C. R. de la Soc. de biol.,
n° 30, t. 85.
(3) Mais pour cela il faut encore considérer comme établi : que les différents
types correspondent à des âges déterminés ; que la Lapine contrôle est du
même âge que la Lapine irradiée. Or, le premier fait n’est pas encore établi ;
la seconde condition n’a pas été réalisée dans les expériences des auteurs.
L'autre ovaire de l’animal irradié ne peut pas servir de contrôle, puisqu'on
ne sait pas encore d’une manière positive si l’ovaire droit et l’ovaire gauche
évoluent de la même manière.
(4) Regaud et Lacassagne. Sur les processus de dégénérescence des follicules
dans les ovaires rôntgenisés de la Lapine. C. R. de la Soc. de biol., 1913, t. I,
p. 860.
706 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (8).
L'HÉMOCLASIE DIGESTIVE PAR INGESTION DE PROTÉINES
DANS L'ÉTUDE DE L'INSUFFISANCE HÉPATIQUE,
par MANUEL FERNANDES.
J’ai pratiqué l'épreuve de Fhémoclasie digestive chez 30 ma-
lades. Chez les 20 premiers, le foie était cliniquement touché ;
chez 7, l'insuffisance était douteuse et chez les 3 derniers, au-
cun symptôme ne permettait de suspecter leur existence. Parmi
les 20 malades porteurs de lésions du foie cliniquement avérées,
12 avaient des cirrhoses dont 11 atrophiques. Les autres cas.
étaient : 2 maladies de Banti, une atrophie jaune aiguë, un car-
cinome de l'estomac avec métastases au foie, un kala-azar, une
calculose biliaire, un ictère catarrhal et une gomme syphiktique
hépatique. Chez tous ces malades, j'ai constaté de la leucopénie,
sauf dans le cas de gomme ne, Ce malade, dont l’état
était amélioré après deux injections de néo, avait été soumis à
l'épreuve 3 jours après la dernière de ces injections.
De mon étude, je peux conclure : a) pendant la durée de
l'épreuve de Widal, le malade doit être au repos.
b) Il est tout à fait exceptionnel que lhémoclasie ne se pro-
duise pas par l’ingestion de 200 gr. de lait (Kisch donne 300 gr.).
c) L’opothérapie hépatique faite aux malades dans les jours qui
précèdent l'épreuve est une cause d'erreur (Oddo et Borie).
d) L’ingestion du lait ne doit pas se faire très lentement (Pa-
gniez et Plichet).
e) L'épreuve de Widal est toujours positive chez les hépati-
ques, sauf dans quelques cas exceptionnels.
f) La leucopénie est le signe le plus net et le plus constant de
la crise hémoclasique, provoquée par l’ingestion de protéines.
g) H ne faut pas se limiter à rechercher la leucopénie après un
délai de 4o minutes.
h) L'intensité de la leucopénie n’est pas dans une relation
constante avec la gravité des lésions (Sômjen, Holger et Schil-
lung).
i) L'absence de leucopénie n’exelut pas l'hypothèse d'une lé-
sion hépatique.
j) L'augmentation de la coagulabilité est, après la leucopénie,
le symptôme le plus évident de la crise hémoclasique (x).
k) L’ingestion de protéines produit souvent, dans les maladies
du foie, un abaissement de la pression artérielle.
l) La pression. minima n’accompagne pas toujours les oscilla-
tions de la pression maxima.
(x) Les temps de la coagulabilité ont été évalués au moyen de l’appareil de
Wright, suivant la technique de cet auteur.
A Rs ED rs É
,
|
|
À
A
LA
CSS ENT MS Me En LT CH
$
|
|
à
(9) SÉANCE DU Ÿ JUILLET 707
m) La réfractométrie est un facteur très peu évident dans l’éva-
luation de la crise hémoclasique.
Au sujet de l'interprétation, il me semble que la cause de l’hé-
moclasie digestive n'est pas exclusivement sous la dépendance des
perturbations de la fonction protéopexique du foie, comme le
prétend Widal. Les toutes récentes recherches de Giaccio sur la
leucocytose digestive nous permettent de supposer que l'acide
chlorhydrique du suc gastrique a une certaine influence sur les
variations leucocytaires post-prandiales ; il en est de même chez
les malades atteints de cancer de l'estomac. Krolunitsky, en 19135.
avait déjà émis l’opinion que la leucocytose digestive était étroi-
tement liée au travail sécréteire 4
J'ai fait une série d'expériences dans le but de rechercher si
la crise hémoclasique que certains auteurs, Kisch et Bauer,
avaient obtenue avec de l’eau pure et avec des hydrates de car-
bone, était due seulement à l'ingestion de liquide, qui pourrait
dissoudre les protéines au niveau de la muqueuse gastro-intesti-
nale, en produisant, somme toute, une crise sanguine principa-
lement par insuffisance protéopexique.
J'ai eu l’occasion d'étudier {4 malades qui avaient réagi positi-
vement à l’hémoclasie digestive. Chez tous les 4, j’ai recherché
d’abord la crise hémoclasique par de 5oo c.c. d’eau
distillée froide et ensuite par l’ingestion de 1,5 gr. de bicarbonate
de soude dissous dans 300 c.c. d’eau distillée tiède, ce qui m'a
semblé un moyen favorable pour obtenir la dissolution des albu-
minoïdes. Il m'a été donné de vérifier que la crise hémoclasique
est plus constante et plus nette après l’ingestion du bicarbonate
de soude dissous dans l’eau tiède, qu'après une quantité plus
abondante d’eau froide.
Les expériences de Ciaccio, publiées après la conclusion de
mes travaux, me permettent de supposer que la neutralisation
de l'acide chlorhvdrique par le bicarbonate de soude pourrait
tout simplement donner une explication suffisante de la leuco-
pénie observée.
(i® clinique médicale de la Faculté de médecine de Lisbonne).
CONSTATATION DANS LE SANG DES EXANTHÉMATIQUES
DE NOMBREUX MICROORGANISMES RESSEMBLANT
A Des Ricketisia prowazeki,
par Frorraxo pe MELLO et AFONSO GUIMARAIS.
En juin 1921, l’un de nous (de Mello) a pris, dans le labora-
toire du P° Brumpt, à Paris, connaissance de ces intéressants or-
708 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (40)
ganismes que l’on nomme Rickettsia (frottis d'un Pou de thy-
phique). Ayant eu l’occasion de rencontrer des malades avérés
de typhus à Porto, nous avons voulu tout d'abord étudier leur
sang, pour y chercher quelque microorganisme qui püt être
considéré comme agent de cette maladie. Cette décision a été
surtout prise parce qu'en consultant la littérature concernant les
Ricketltsia et les Poux, grâce à l’amabilité de MM. les D Bag-
shawe, de Londres, Rocha Lima, de Hambourg et Wolbach, des
Etats-Unis, nous avons vu qu'il y avait une si grande difficulté
d'interprétation au sujet du diagnostic et de l'identification des
Rickettsia des Poux, qu'il serait pour nous préférable d’entre-
prendre l’étude du typhus dans une autre voie, directement dans
le sang, cherchant alors à identifier les agents rencontrés d’après
les indications puisées dans les travaux des auteurs.
Technique. Frottis de sang par piqüre du doigt ; par scarifica-
tion au niveau des plaques d’exanthème. Coloration par le Giem-
sa-Grübler et le Giemsa R.A.L. (r goutte pour r c.c.) pendant 2 à
3 heures, après fixation du frottis par l’alcool absolu.
Résultats. Lors du premier examen, le résultat ne s’est pas fait
attendre. Les microorganismes découverts pour la première fois,
dans le sang par notre collaborateur J. Souza, étaient assez abon-
dants pour frapper l'imagination la plus exigeante. Ayant
jugé ce point d'autant plus important que l'impression jusqu’à
présent résumée dans la littérature est que cette recherche est
très difficile, sinon impossible, dans le sang des typhiques, parce
qu'elle est passible d’interprétations erronées, nous avons fait le
contrôle avec le sang, soit normal, soit typhique, employant les
plus minutieux soins d’asepsie et de nettoyage du champ opéra-
toire et des lames, aidés, dans ce contrôle, pour plus de sûreté,
par le P' Salazar et son élève Mile Adélaïde Estrada. Et nous pou-
vons assurer que les microorganismes rencontrés, dont les mi-
crophotographies seront publiées dans un travail plus complet,
ne sont pas des artifices de préparation ni des corps étrangers.
mais des agents provenant du sang des typhiques.
Les résultats de notre étude peuvent être résumés ainsi : 3 ma-
lades ont montré des Rickettsia en nombre vraiment extraordi-
naire ; 5 malades, en assez grand nombre ; 4, en petite quantité ;
6 malades ont donné des résultats négatifs. Total : 12 cas positifs
et 6 négatifs.
Morphologie et coloration des microorganismes. Si on étudie
la morphologie et la coloration de ces microorganismes, on voit:
1° Quant à la coloration : par le Giemsa, ils prennent un ton
bleuâtre. pâle comme un bleu de Loeffler, mais il y en a qui sont
plus violacés, cependant bien moins foncés que les Bactéries :
par le Giemsa R.A.L., le ton violacé est plus remarçaable ; par
ar
(41) SÉANCE DU / JUILLET 709
EE —
le panchrome, ils sont d’un violet pâle, plus ou moins colorés
les uns que les autres, mais pas aussi foncés qu'avec le Giemsa
R.A.L. et, soit par ce dernier colorant, soit par le panchrome,
nous n'avons pas vu le ton bleuâtre donné par le Giemsa alle-
mand.
IT. Quant à la forme : a) La plupart sont des colibacilles à co-
loration bipolaire, rappelant une Pasteurella (0,5, 0,9, à 1 x 0,5,
0,4 à 0,5 uw : ro cas) lorsque la coloration est intense ou les mi-
crobes très petits, presque ovoïdes,cocciformes, l’espace clair
central peut presque disparaître.
b) Viennent ensuite les formes en diplocoque (0,9 à 1,1 xo,4
à 0, u : 5 cas), soit lancéolés (2 cas), soit entourés d’un halo
clair (x cas).
c) On rencontre aussi des formes en bâtonnet, avec vacuole
centrale et les pôles fortement colorés (1,2 x 0,4 u : 3 cas).
d) Idem, avec un granule central (1,2 x 0,4 n : 4 cas).
e) Des cocci (0,3 à 0,5 u : 3 cas).
f) Des diplobacilles à espace clair central et pôles foncés
OC O,31L 13 cas):
g) De larges Bacilles bipolaires (1,5 à 1,7 x 0,4 L : 1 cas) sou-
vent réunis en paires.
h) Des formes diphtéroïdes en haltère (1 x 0,4 u : 2 cas).
i) De larges cocci en grain de café (1 x 0,9 u : 2 cas).
j) Enfin, des Bacilles droits ou légèrement courbes, avec une
des extrémités un peu dilatée (r cas).
En somme, le microorganisme que nous avons trouvé dans le
sang de quelques typhiques, et souvent en assez grande abon-
dance, est extrêmement polymorphe, mais parmi ce polymor-
. phisme prédomine la forme ovoïde. coccobacillaire à coloration
bipolaire et avec un espace clair central. Il appartient au groupe
actuellement connu sous le nom de Rickettsia et nous l’identi-
fions à R. prowazeki de da Rocha Lima. Les dimensions, la mor-
phologie, la colorabilité et la structure sont d’accord avec les
travaux de Rocha Lima et d’autres, et le fait que nous jugeons
digne d’être communiqué c'est d’avoir rencontré cet agent en si
grand nombre dans le sang de quelques malades atteints de ty-
phus exanthématique.
x
(Cours libre de parasitologie à la Faculté de médecine de Porto).
710 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (12)
PRÉSENCE DE Rickelisia prowazeki DANS LE SANG DES CONVALESCENTS
DE TYPHUS EXANTHÉMATIQUE,
par JAcINTO DE SoUsA.
La première constatation de l'existence de Rickettsia dans le
sang des convalescents a été faite par hasard. Le sang d’une ma-
lade de 18 ans, entrée à l'hôpital le 25 février, ayant eu sa chute
de température le 7 mars, et en pleine convalescence, a été exa-
miné le ro mars (trois jours après la malade est sortie de l’hô-
pital) : ce sang nous a montré des Rickettsia typiques en assez M
grand nombre. Le second cas est aussi assez intéressant. La ma-
lade est entrée à l’hôpital le 20 mars, avec le diagnostic de fièvre
typhoïde ; la réaction de Widal, faite par le P? Ramalhäo, est né-
gative ; celle de Weil-Félix est positive. On a alors piqué son
doigt pour l'examen du sang : c'était le 14° jour de la maladie ;
la température étant revenue à la normale deux jours avant, la M
malade était en pleine convalescence. Cette fois encore, on voit M
des Rickettsia en très grand nombre ; nous publierons des micro- «
photographies dans un travail plus complet. Un problème inté- M
ressant se pose : les convalescents de typhus exanthématique M
sont-ils des porteurs de Rickettsia et pendant combien de temps ? |
Problème d'autant plus important qu'il se rattachera peut-être
aux mêmes questions que celles des porteurs de germes ; nous
avons voulu tout d’abord décider ce point par une étude systé- M
matique du sang des convalescents, faite au jour le jour dès qu'ils
sont apyrétiques, ayant préalablement constaté en pleine maladie
l'existence de Rickettsia dans leur sang. Voici nos résultats
“Malade n° 1. Sang examiné 3 jours après la chute de la fièvre. \
Résultat positif. Il présente :
a) Formes coccobacillaires longues de 5 à 1,2x0,4 à 0,5 mu; M
b) Formes bacillaires longues et fines, de 1,4 x 0,3 u. |
c) Formes diplobacillaires de 1,8 x 0,8 &.
Toutes ces formes présentent la structure fondamentale des
Ricketisia. | |
Malade n° >. Sang examiné depuis le 2° jour de la convales-
cence jusqu'à la sortie de l'hôpital, 8 jours après ; jusqu'au TM
jour de la convalescence, l'examen est positif ; après, c'est-à-dire
les trois premiers jours suivants, il est négatif. L
Formes rencontrées : |
a) Formes coccobacillaires de 0,8 x 0,6 u.
b) Formes bacillaires de 1,1x0,4 u. !
c) Formes diplobacillaires de 3 x 0,3 u. È
d) Formes diphtéroïdes à trois granulations de 1,2 x 0,8
Malade n° 3. Le 1° examen du sang, en pleine maladie (39°,4
RS RER a
(15) SÉANCE DU / JUILLET 111
a montré d'innombrables Rickettsia. 2° examen au 3° jour de la
convalescence : résultat positif, mais Rickettsia très peu nom-
breuses. Les examens faits les deux jours suivants ont été néga-
tifs. Les formes trouvées sont les mêmes que dans les deux cas
antérieurs.
Malade n° 4. Le sang examiné en pleine maladie a donné un
résultat positif ; examiné le 3° jour de la convalescence, il a
donné un résultat négatif.
Malade n° 5. Le sang examiné en pleine maladie a montré
quelques éléments suspects (des Rickettsia ?). Les examens pour-
suivis jusqu à la sortie de Fhôpital ont été négatifs.
Malade n° 6. Le sang examiné à la période de déclin a mon-
tré quelques groupes de Ricketlsia ; quatre jours plus tard, le 2°
de la convalescence, l'examen est encore positif, mais le nombre
des éléments très amoindri. Les examens consécutifs n’ont rien
montré.
Malade n° 5. Malade entrée le 4 avril à l'hôpital ; la réaction
de Weill-Félix, faite pour vérifier le diagnostic clinique est posi-
tive. La température est normale depuis le 6. Connaissant le ré-
sultat de la réaction de Weill-Félix, on examine le sang le &
très peu de Ricketisia. Les examens suivants ont été négatifs.
Malade n° 8. Entrée dans les mêmes conditions que la précé-
dente ; réaction de Weill-Felix positive. Examen du sang, 3 jours
après la chute de la température : très rares éléments quelque
peu atypiques. Les examens suivants ont été négatifs.
Conclusions : Dans le sang de quelques malades convalescents
de typhus exanthématique, on rencontre quelquefois (dans notre
étude chez 55 p. 100 des cas) des Rickettsia prowazeki pendant
les 2 jours (2 cas) ou 3 jours (3 cas), exceptionnellement les =
. Jours (1 cas) qui suivent l’apyrexie.
(Cours libre de parasitologie à la Faculté de médecine de Porto).
FLORE MIGROBIENNE Du Phtirius inguinalis ;:
REMARQUE SUR DES ÉLÉMENTS DE NATURE RICKETTSIENNE,
par AroNsO GUIMARAIS.
Les études sur le typhus exanthématique à Porto, dans le ser-
vice d'investigations parasitologiques du P' Froilano de Mello,
ayant donné l’occasion de consulter un grand nombre de publi-
cations concernant les Poux et leurs parasites, ont montré que
_ la faune parasitaire du Phtirius inguinalis n'avait guère retenu
l'attention des investigateurs. J’ai donc été chargé de faire ces
observations, que je résumerai dans cette note sommaire, en y
He RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE _ (4)
exposant seulement les résultats obtenus par l'étude des frottis
du contenu intestinal du Phtirius inguinalis et réservant pour
une communication ultérieure l'étude des coupes de ces parasites,
leurs lentes et leurs œufs, afin d'observer l’habitat des microbes
rencontrés (intra ou extracellulaires), et la possibilité de leur
transmissoin héréditaire.
Matériel et technique. Les Poux ont été récoltés sur des men-
diants de Caminha, région indemne de typhus, ce qui, du reste,
est peu important, puisque le Phtirius inguinalis n’a pas été in-
criminé comme vecteur du typhus. On prend le contenu abdo-
minal par section du dernier segment, comme dans la dissection
des Moustiques pour la recherche des zygotes, et on dissocie les
éléments pour la préparation du frottis, qui est séché à l’air, fixé
à l'alcool absolu et coloré par le mélange de Giemsa (1 goutte
pour r c.c.) pendant 2 à 3 heures. J’ai employé soit le Giemsa al-
lemand, soit le Giemsa R.A.L., obtenant toujours avec celui-ci
une coloration intense et plus violette.
Résultats. Tous les Phtirius inguinalis examinés présentent des
microbes variés en plus ou moins grand nombre et souvent réu-
nis en amas, pas cependant si nombreux que chez les Poux de
corps, récoltés chez des typhiques. Leur morphologie et leurs
dimensions peuvent être résumées ainsi
a) Formes en Coccus, coloration violacée uniforme, 0,4 à 0,6 u:
h9 p. 100 des Phiirius inguinalis examinés.
b) Diplocoques avec la même coloration et constituant, chez
quelques Phtirius, l’espèce la plus abondante ; 1,r1x0,4 u :
7h p. 100.
c) Chaînettes de 3 à 4 éléments de 0,4 u, simulant des Strepto-
coques : 12 P. 100.
d) Tétrades constituées par des éléments de la même nature
24 p. 100.
e) Formes coccobacillaires, souvent isolées, souvent réunies
en amas : rickettsiennes typiques, ovoïdes et à coloration bipo-
laire violet pâle et espace clair central, 0,9 à 1,oxo,h ou
1 DUO DALENOOND O0:
f) Formes bacillaires, soit droites, soit un peu courbes, à ex-
trémités granuleuses, plus ou moins colorées, 1,0 x 0,4 à 0,5 u
et ayant la même structure que les formes rickettsiennes, notam-
ment l’espace central clair, plus ou moins apparent : 24 p. 100.
g) Bâtonnets à pôles dilatés, 1,2x0,6 u, coloration violet
foncé, soit uniforme, soit avec espace clair central : 24 p. 100.
h) Bacilles de. 9,9 à 1,oxo,4 u, coloration uniforme
D'BDAOOME
i) Idem de 1,2x0,4 u à coloration bipolaire et un granule
central plus foncé : 12 p. 100.
cn
‘
Fi
À
1
(15) SÉANCE DU Ÿ JUILLET 71
j) Grosses Bactéridies de 1,8 x 0,8 uw à coloration violette, fon-
cée, intense et uniforme : 12 P. 100.
k) Gros éléments arrondis, de 0,8 à 1,0 u de diamètre, ayant
les mêmes structure et coloration que la forme antérieure.
Ainsi familiarisé avec la morphologie de Rickeltsia prowazeki
et son polymorphisme, soit dans le sang des malades, soit dans
le contenu intestinal des Poux, je suis enclin à croire que les
formes a) à i) représentent des états polymorphes d’un même or-
ganisme, et que seules les formes j) et Æ) appartiennent à une
autre espèce. Cependant, je garderai sur ce point une prudente
réserve, pouvant dès à présent affirmer que les formes e) et f)
sont des formes rickettsiennes typiques, donnant à ce nom la si-
snification d’une classe de parasites qui, depuis les travaux de
da Rocha Lima, ont été rangés dans ce groupe, sans toutefois
vouloir rien affirmer quant à leur nature et position systémati-
que parmi les microorganismes.
Je ne veux pas non plus classer cette Rickettsia comme une
espèce exclusive du Phtirius inguinalis. Seules des études ulté-
rieures sur les coupes et une comparaison très soigneuse avec les
Ricliettsia des autres Poux me permettront de décider sur ce
point.
Conclusion. Les Phtirius inguinalis récoltés au nord du Portu-
sal, sur des personnes saines et dans une région indemne de ty-
phus exanthématique, présentent dans leur contenu intestinal
une flore microbienne parmi laquelle on trouve des formes
rickettsiennes tout à fait typiques.
(Cours libre de parasitologie à la Faculté de médecine de Porto).
SUR LA VALEUR DES MÉTHODES DE DUNGERN ET KOTTMANN
POUR LE DIAGNOSTIC SÉROLOGIQUE DU CANCER,
par MARQUES Dos SANTOs.
On a donné dernièrement, pour le diagnostic du cancer, la
préférence aux méthodes sérologiques et, parmi elles, aux réac-
tions observées avec les techniques de Dungern et de Kottmann.
Dungern, le premier, prend comme antigène du sang de para-
lytiques généraux qu'il traite par l’acétone pure et, après évapo-
ration, en prépare un extrait alcoolique. Avec cet antigène, les
sérums syphilitiques, certains sérums de tuberculeux et les sé-
rums de cancéreux non chauffés, montrent des réactions positi-
ves. Mais si on ajoute à des sérums de syphilitiques et de tuber
INPAE 3 sure
culeux 0,2 c.c. de soude 50° ils perdent leur pouvoir de réaction
114 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (16)
Les sérums de cancéreux, au contraire, chauffés à 54° et addi-
tionnés de soude, gardent leur propriété spécifique.
Kottmann se sert, pour l'examen des sérums de cancéreux, de
sa méthode des albumino-métaux qu'il avait déjà employée avec
succès pour le diagnostic sérologique de la grossesse. En effet,
quand on met du sérum de cancéreux au contact d’une combi-
naison de fer avec de l’albumine cancéreuse, mais dans laquelle
on a dissimulé le fer, on voit la ferralbumine laisser échapper
son fer plus difficilement qu'avec du sérum sanguin normal.
Pendant ces dernières années, nous avons pu étudier le sérum
de malades avec néoplasies de toute nature (1) et dans lesquelles
nous avons aussi vérifié, après intervention chirurgicale, la con-
firmation histologique de cancer ; en même temps, nous avons
examiné des sérums de malades atteints d’autres affections.
Voici le tableau résumé de nos observations
Ho Diagnostic DIRECTE Li Kobe”
LE æ mi Es ch
63 Syphilis tertiaire :........... AU 56 1 59
27 Syphilis secondaire .......... r 13 8 19
n Hphoide Arr tr er ER ER — l — k
6 Encéphalite léthargique ...... TE 5 2 n
8 Tuberculose des poumons .... 7 7 — 8
10 SATCOTDES ne Nes ele ANA 9 I 10 —
5 Cancertdenlestomact evene is] — 5 (0)
2 Cancer de l'utérus .......... à — 1 I
6 Lipomes URL I 5 3 2
18 Cancer mammaire CPE CCE 16 2 17 I
On voit dans 108 sérums de malades non cancéreux, la réac-
tion de Dungern négative 85 fois, positive 28 fois; celle de
Kottmann a été 94 fois négative, 14 fois positive.
Dans 4r sérums cancéreux, la réaction de Dungern reste 33
fois positive et 8 fois négative ; celle de Kottmann donne 36 fois
un résultat positif et 4 résultats négatifs ; soit réaction de Dunr-
gern 78 p. 100 et réaction de Kottmann 89 p. 100 de résultats
positifs.
La réaction de Dungern devient positive dans 23 p. 100 des
cas de syphilis ; celle de Kottmann seulement dans 13 p. 100 des
cas observés.
L'étude comparative de ces deux méthodes avec les techniques
de Kamirer-Freund, Bérard, Kehling, Tokeoka, Ascoli, Ransohoff,
Novoa Santos, et avec l’hyperalbuminose de Loeper, nous per-
met de dire « que pour le diagnostic sérologique du cancer, on
trouve dans les réactions de Kottmann et de Dungern le pour-
centage de spécificité le plus élevé ».
(Institut d'anatomie pathologique et de pathologie générale
de l'Université de Coimbre). -
(x) Congrès Luso-Espagnol, à Porto, 1921.
FACE
(61)
REUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE
Daniécopozu (D) et Carnior
(A.) : Action de l’adrénaline sur
l’estomac de l’'Homme.Voieintra-
veineuse et voie gastrique
Daniécopozu (D.) et CaARNIOL
(A.): Action de l’atropine sur
l’estomac de l'Homme. Voie in-
TAVOINELTÉO LS CRE AOPEODIDORUE
Danrécopozu (D.) et CarnioL
(A.) : Action de l’ésérine sur la
motilité de l’estomac chez
DanéLoPozu (D.) et CARNIOL
(A.) : Action du calcium sur l’es-
tomac de l’Homme. Voie intra-
veineuse et voie gastrique......
Danrécopozu (D.) et CARNIOL
(A.) : L'élément psychique dans
la motilité de l'estomac chez
Daxiza (P.) et STRoE (A.) : Sur
un cas de méningite cérébrospi-
nale sporadique à diplocoque de
ser-HeuDner.2 5.0...
MANICATIDE, STROE (A.) et
ConsTANTINESCU (E.): Recherches
- sur le phénomène d'extinction
Hans lascarlatine..............
MaANICATIDE, STROE (A.) et ScHA-
piRA : Sur la valeur du coefficient
calorique dans l’alimentation
des nourrissons au sein........
MaANICATIDE, STROE (A.)et Pas :
Sur les coefficients caloriques des
nourrissons hérédo-syphilitiques.
OBrEGiA (Al.). Tomesco (P.) et
Rosman (S.) : Les ponctions lom-
baires sont constamment suivies
d’une crise hémoleucocytaire...
OBreGrA (Al.) et Tomesco (P.):
SOMMAIRE
65
68
67
70
n7l
79
78
83
————. "© ——…—…—…— …—…—.—…— …"”_"—"—_——
Reflexes achill‘ens secondaires
et tertiaires, à l’état patholo-
CRC OMANS oo cond boop one
Ozescu (R.) : Le choc hémo-
clasique dans la malaria. .......
ParHON (M.) : Sur la teneur en
715
glycogène du foie et des muscles
chez les animaux châtrés........
Pertresou (C.) : Contribution à
l’étude biologique de la flore de
Moldavie. Champignons para-
sites des Crucifères ....... Dr
Perrescu (C.) : Contribution
à l’étude biologique de la flore
de Moldavie. Associations biolo-
giques avec parasitisme simple
Où complexe ee ere
Revicir (Em.) : Sur la culture
de la Bactéridie charbonneuse
dans des milieux à l’arsenic.....
Revici (Em.) : Sur les modifi-
cations morphologiques de la
Bactéridie charbonneuse cultivée
dans les milieux à l’arsenic.....
RIEcLER (Em ) : Dosage chro-
nométrique de l’iode dans l’u-
SAvVINI (E.) et GAROFEANO (M.) :
Essais de cultures microbiennes
sur milieux d’organes.........,
SAVINI (E.) : Sur un procédé de
coloration pour les lipoïdes du
sang et des organes hématopoïé-
tiges eme LR nn en Le
STROE (A.) et CONSTANTINESCU
(E.) : Sur le pouvoir extincteur
du sérum des Lapins inoculés
avec du sang de scarlatineux.. ..
Tuporan (J.) : Du choc hémo-
clasique dans l’épilepsie........
94
96
80
82
79
90
89
116 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (2)
SECTION DE BUCAREST
SÉANCES DES 14 ET 29 JUIN 1922
Présidence de M. J. Gantacuzène.
ACTION DE L'ADRÉNALINE SUR L'ESTOMAC DE L HOMME.
VOIE INTRAVEINEUSE ET VOIE GASTRIQUE,
par D. Dantécororu et À. CaRnioz.
Nous avons publié dans des travaux antérieurs (1). une série
de recherches entreprises sur les réflèxes viscéraux que nous
avons pu inscrire en appliquant à l'Homme la méthode graphi-
que basée sur le principe bien connu depuis Marey en physiolo-
gie expérimentale, des ampoules conjuguées. Noùus avons dé-
montré que l’on peut inscrire très facilement, à l’aide de cette
méthode, chez l'Homme, les contractions des viscèrés creux en
communication avec l'extérieur (estomac, intestin, vessie, etc.),
et que la méthode, très facile à appliquer, n’est nullement nui-
sible. Disons que, dans l'estomac, chez l'Homme, Morat a em-
ployé une méthode analogue chez une malade ; que Carlson s’est
servi d'une poire élastique introduite dans l’estomac du nourris-
son pour inscrire les oscillations gastriques à jeun.
Nous introduisons dans l'estomac une sonde duodénale munis
d’une ampoule en caoutchouc (un double préservatif). Nous
fixons sur cette sonde, extérieurement à l’ampoule, ur second
tube plus mince qui sert à introduire, s'il y a lieu, différentes
substances dans l'estomac pendant l'expérience ou pour retirer
de temps en temps du suc gastrique pour l’analyse chimique.
Une ampoule extérieure qui pend dans un flacon hermétique-
ment fermé et reliée à la sonde gastrique, fait la contre-pression.
Le flacon est mis en communication avec un tambour de Marey
dont l'aiguille inscrit les oscillations sur un kymographe habi-
cuel (voyez les figures des travaux sus-cités). Nous interposons
sur le tube qui relie la sonde au flacon une soufflerie de Richard-
son et. un manomètre gradué en c.c. d’eau qui nous permet de
mesurer la force des contractions gastriques (ou un manomètre
(x) Réunion roumaine de biologie, 1921 ; Annales de médecine, 1922 ; Revue
_neurologique. 1022.
(63) SÉANCES DES 14 ET 2) JUIN 717
Dion. SR
métallique gradué en c.c. d’eau comme celui qui sert dans l’ap-
pareil de Claude à la mesure de la pression du liquide céphalo-
rachidien).
ab LA DELL ES Li
Lit LL Lit
itAii 0}
=
cs
1
;
3
d’adrénaline introduite dans l'estomac provoque
une exagération nette des contractions gastriques.
mor.
I
1/3.
DUSSNNERAINENANNN
LAONENE
titittitite
FiG. 1. — Temps 6’, réduction 1/2. Une dose forte d’adrénaine injectée dans
la veine produit une inhibition passagère de l’estomac.
— Temps 6”, réduction
2"
Frc.
Nous résumerons en quelques mots les résultats obtenus avec
l’adrénaline sur l’estomac de l'Homme.
Voie intraveineuse. 1° Les très petites doses d’adrénaline (r c.c.
de la solution d’adrénaline à 1 p. 500.000) injectées chez l’'Hom-
me dans la veine produisent une exagération des contractions
gastriques. |
Brorocie. Compres RENDus. — 1922. T. LXXXVII. 49
7118 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (64)
2° Des doses plus fortes (1 p. 100.000, 1 p. 50.000 et plus)
provoquent une inhibition très nette (fig. 1), assez passagère,
suivie quelque fois d’une exagération des contractions.
3° Interprétation : nous avons démontré, pour l'appareil car-
diovasculaire, dans un travail qui doit paraître dans les Annales
de médecine, que les très petites doses d’adrénaline injectées
dans la veine, chez Homme, n’excitent pas le sympathique, mais
seulement le vague (ralentissement du rythme et hypotension).
C'est ce qui explique l’action stimulante des très petites doses
sur l'estomac. Nous avons démontré aussi que les grandes doses
excitent en même temps le vague et le sympathique, mais sur-
iout ce dernier (d’où accélération et hypertension). C'est ce qui
explique que les doses plus fortes d’adrénaline produisent une
inhibition de l'estomac.
Mais nous avons insisté encore, dans le même travail, sur un
phénomène, connu d’ailleurs en physiologie, que l’adrénaline
dans le sang se détruit très rapidement. Aussi, après une injec-
tion d’une forte dose (accélération, hypertension), nous assistons
à des signes d’excitation du vague (ralentissement, etc.), dûs à
l’action vagotrope exclusive des dernières traces d’adrénaline qui
agissent dans le sang. Cela explique pourquoi, dans certaines de
nos expériences, nous avons constaté après injection d'une forte
dose d’adrénaline dans la veine, une phase d’inhibition suivie
d'une autre d’exagération des contractions gastriques.
Voie gastrique. 1 mar. d’adrénaline introduit dans l'estomac
produit généralement une excitation intense des contractions
gastriques (fig. 2).
Si nous répétons la dose plusieurs fois (jusqu’à 7 fois dans
une expérience) nous obtenons chaque fois les mêmes résultats.
Très rarement, on obtient une légère inhibition. Nous basons
ces conclusions sur de très nombreuses recherches qui ne lais-
sent aucun doute sur cette action.
L'action stimulante de l’adrénaline sur l'estomac ne peut être,
expliquée qu’à la lumière des résultats obtenus, par la voie intra-
veineuse. La plus grande partie de l’adrénaline introduite par
voie gastrique est rapidement rendue inactive par le suc gastri-
que, et il ne reste chaque fois que de très petites quantités qui
n'ont qu'une action vagotrope.
Déductions thérapeutiques. L’adrénaline est couramment em-
ployée par voie buccale en thérapeutique pour arrêter les hémor-
ragies de l’ulcère de l'estomac, pour calmer l'estomac ou l’intes-
tin. Nos recherches démontrent que ce médicament, loin d'être
utile, est absolument contre-indiqué dans ces cas. Ces recher-
ches seront publiées en détail dans une autre revue.
(Deuxième clinique médicale de l'Université, hôpital Filantropia).
(65) SÉANCES DES 14 £r 29 JUIN 119
ACTION DE L'ATROPINE SUR L'ESTOMAC DE L IlOMME.
VOIE INTRAYEINEUSE,
par D. Dantéroporu et À. CARNioL,
Nous avons employé la même méthode pour inscrire les con-
tractions gastriques que dans les recherches sur l’action de l’adré-
naline et du calcium. Nous ne ferons que résumer les résultats
principaux
1° Les très petites doses d’atropine (1/20 de mgr.-1/4 de mgr.
de sulfate d’atropine dans la veine) exagèrent nettement les con-
tractions gastriques (fig. r).
2° Des doses plus grandes produisent une inhibition com-
plète (fig. 1).
Fc. 1. — Une petite dose d’atropine (1/20 de mgr.), injectée dans la veine,
produit une exagération énorme des contractions de l'estomac en même
temps qu’un ralentissement du rythme cardiaque. Une dose plus grande
fait disparaître les contractions. Temps 6”. Réduction 1/3,
La figure 1 représente le tracé d’un estomac normal, ayant
4 des contractions de petite intensité (2 cm. d’eau au manomètre).
Une première injection de 1/20 de mgr. d’atropine (première
flèche) a provoqué des contractions très énergiques de l'estomac
(jusqu’à 24 c.c. d’eau au manomètre), En même temps, elles
sont devenues plus fréquentes. Certaines de ces contractions ont
une durée plus longue et présentent plusieurs sommets, forme
que nous décrirons dans un autre travail comme caractéristique
d'estomac hypertonique (sténose du pylore, par exemple).
Üne injection ultérieure (deuxième flèche) d’une dose plus
grande (1/4 de mgr.) a produit une inhibition de l'estomac : les
contractions ont disparu rapidement.
Interprétation. Nous avons constaté dans de nombreuses re-
cherches antérieures que si l’on injecte, chez l'Homme, dans
720 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (66)
la veine, de très petites doses d’atropine (1/20 de mgr.) le pouls
se ralentit. Avec 0,5 mgr. ou plus, l’on obtient une accélération
du rythme. C’est que les petites doses d’atropine excitent le va-
gue, les grandes le paralysent.
Ce fait explique pourquoi les très petites doses d’'atropine ex-
citent l’estomac, les grandes le paralysent. Nous avons remarqué
d’ailleurs quelquefois en même temps que l'exagération des con-
tractions gastriques un ralentissement du pou (de 70 à 48 dans
un cas).
Mais si le phénomène cardiaque peut coïncider avec le phéno-
mène gastrique, ils sont complètement indépendants : on peut
obtenir une inhibition de l'estomac par l’atropine sans que Le
rythme se ralentisse. C’est que l’action de l’atropine est périphé-
rique et dépend d’un facteur local, variable dans chaque organe.
Tout comme pour le cœur, les doses excitantes et les doses pa-
ralysantes d’atropine sur l'estomac doivent dépendre de l’étal
du tonus de chacun des deux groupes nerveux antagonistes.
Aussi, nous trouvons des doses paralysantes pour un organe qui
sont excitantes pou un autre.
Nous avons imaginé une méthode, lépreue à l’atropine pour
l'estomac, qui nous permettra d'évaluer sur l'organe normal et
na haleine le tonus du vague et le pouvoir inhibiteur du sym-
pathique. Cette méthode est l'application à l’innervation de l'es-
tomac d’une épreuve personnelle de l’atropine que nous déceri-
rons dans un autre travail, el qui nous permet d'évaluer par des
chiffres le tonus respectif du sympathique et du vague sur Île
cœur. |
Déductions thérapeutiques. La belladone et l’atropine sont cou-
ramment employées, surtout par voie buccale, en thérapeutique
digestive pour diminuer les contractions de l’estomac ou de l’in-
testin, pour faire disparaître les spasmes, ete. Mais les résultats
obtenus sont souvent nuls ou même inversés, par le fait que les
doses administrées sont trop petites. Or, comme nous le démon-
trons plus haut, les petites doses d’atropine, loin de paralyser,
ne font qu'augmenter les contractions de l'estomac.
Nous publierons le détail de nos recherches dans un travail
ultérieur.
(Deuxième clinique médicale de l'Université, hôpital Filantropia).
(67) SÉANCES DES 14 ET 29 JUIN 7r1
ACTION DU CALCIUM SUR L'ESTOMAC DE L'HOMME.
VOIE INTRAVEINEUSE ET VOIE GASTRIQUE,
par D. Danrécoporu et A. CARNIoL.
Nous avons employé la même méthode d'inscription des con-
tractions gastriques que dans les recherches sur l’action de l’adré-
naline. Voici les conclusions que nous pouvons tirer de nos re-
cherches.
SL EE EE A GE M di Un du EU AE U sil Id ul nn au
105,20
€
Fic. 1. — Temps 6’, réduction 1/2. Une petite dose de chlorure de calcium
injeclée dans la veine produit une exagération des contractions gastriques.
Fic. 2. — Temps 6”, réduction 1/3. Une dosc plus grande produit une inhibi-
tion passagère de l’estomac.
Voie intraveineuse. 1° Les petites doses de CaCF injectées dans
la veine (10 cgr. en moyenne) produisent une exagération des con-
tractions gastriques (fig. 1).
2° Des doses plus grandes (15-25 cgr. et plus) provoquent une
inhibition nette de l’estomac (fig. 2).
Voie gastrique. 1° Les petites doses de CaCÏ° (20 cgr.) intro-
722 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (68}
duites dans l’estomac produisent une exagération des contrac-
tions gastriques.
2° Les grandes doses de CaC (5o cgr.-r gr. et plus) produi-
sent une inhibition nette et d'assez longue durée.
Interprétation. Le calcium est une substance amphotrope à
prédominance sympathique. Tout comme pour l’adrénaline, les.
résultats opposés que nous obtenons avec le CaCl sur l’estomac,
selon que nous employons une petite ou une grande dose, sont
dûüs à l’amphotropisme de cette substance.
Nous savons que, sur le cœur, le calcium a une action vago-
itrope exclusive sur un myocarde dont on a excité le vague par
la muscarine. Nous nous attendons à ce que dans différents états
anormaux de l'estomac, où l’un des deux groupes antagonistes
est excité nous obtenions, avec le calcium et d’ailleurs avec tou-
tes les substances à action végétative, des résultats différents de:
ceux obtenus sur l’estomac normal. En effet, comme toutes ces
substances ont une action amphotrope, les effets vagotropes ou
sympathicotropes seront plus marqués selon que le vague ou le
sympathique sera plus excitable.
Nous publierons dans un travail ultérieur le détail de nos
recherches.
(Deuxième clinique médicale de l'Université, hôpital Filantropia).
ACTION DE L’ÉSÉRINE SUR LA MOTILITÉ DE L ESTOMAC CHEZ L'HOMME,
par D. Daxréroporu et À. Carnioz.
L'ésérine est connue en pharmacologie comme une substance
exclusivement vagotrope. Contrairement à cette opinion, nous
avons démontré dans plusieurs notes antérieures (r) que l’ésérine
excite en même temps le sympathique et le vague.
En effet, si l’on injecte l’ésérine à une certaine dose sous la
peau ou mieux dans la veine, chez l'Homme, l’appareil cardio-
vasculaire passe par deux phases très nettes dans la plupart des
Cas : une première phase précoce et fugace, où les deux groupes
antagonistes du cœur sont excités, mais où l’action sympathico-
trope prédomine ; une seconde phase tardive et prolongée où
l’on constate l’action vagotrope, la seule admise jusqu'à nos re-
cherches.
Dans la première phase, en effet, nous constatons une accé-
(x) Réunion roumaine de biologie, 1921 et 1929, in C. R. de la Soc. de biol..
1922.
(69) SÉANCES DES 14 ET 29 JUIN 183
lération du rythme et une élévation de la tension artérielle ; dans
la seconde, un ralentissement et une hypotension artérielle.
Nous avons cru intéressant de rechercher l’action de l’ésérine,
sur l’estomac, chez l'Homme, employant la même méthode d'ins-
cription que dans les expériences sur l’action de l’adrénaline, de
l'atropine et du calcium. Il est classique d'admettre en pharma-
cologie que l’ésérine excite les contractions de l'estomac et de
Fire. 1. — L’ésérine injectée dans la veine produit en premier lieu une inhibi-
tion de l’estomac (action sympathicotrope). Temps 6”. Réduction 1/3.
Statue, Uranus Le
Frc. 2 (suite de ia figure 1). — Ce n’est que beaucoup plus tard, après presque
2 heures que l’estomac se remet à se contracter et ses contractions s’exagè-
rent (action vagotrope). Temps 6”. Réduction 1/3.
l'intestin. Il est, en effet, admis que l’ésérine excite exclusive-
ment le vague, nerf moteur de l'estomac et de l'intestin grêle.
Nos résultats nous démontrent que cette assertion est erronée.
Tout comme le cœur et les vaisseaux, l'estomac passe après l’ésé-
rine par deux phases : la première sympathicotrope pendant la-
quelle les contractions de l'estomac diminuent et disparaissent :
la seconde tardive vagotrope dans laquelle les contractions de
l’estomac recommencent progressivement et s'exagèrent dans la
suite. La figure r et 2 font partie de la même expérience (la
figure 2 est la suite de la figure 1). Elles démontrent nettement
7124 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (10)
une première phase d'inhibition suivie d'une phase assez tardive
de reprise et ensuite d'exagération des contractions de l'estomac.
Nous voyons, par conséquent, que l’ésérine, comme la plupart
des substances qui agissent sur le système végétatif, est ampho-
trope et qu à une certaine dose elle produit une longue phase
d'inhibition de l'estomac. Nous avons remarqué dans la phase
d'inhibition (sympathicotrope) une accélération du rythme, qui
disparaît pendant la phase d’exagération des contractions. La
phase sympathicotrope coïncide à l'estomac et au cœur. Nous de-
vons ajouter pourtant que l’action de l’ésérine étant périphéri-
que, chaque organe réagit à ce médicament, comme d’ailleurs
toutes les substances à action végétative, d’une manière tout à
fait indépendante.
Nous publierons dars un travail ultérieur le détail de nos re-
cherches.
[eve
(Deuxième clinique médicale de l'Université, hôpital Filantropia).
L'ÉLÉMENT PSYCHIQUE DANS LA MOTILITÉ DE L ESTOMAC
CHEZ L'HOMME,
par D. Daxiécoporu et A. CARNIOL.
Il y a longtemps que Ch. Richet avait remarqué sur le Chien
que la sécrétion du suc gastrique s’exagère quand on fait flairer
à l’animal un morceau de viande. Plus tard, Pavlow et Mme
Schoumov-Simanowski, puis Sanotzky ont démontré le même
phénomène : le simple passage des aliments dans les voies diges-
tives supérieures, empêchés d'arriver dans l’estomac (repas fic-
tif), ou simplement la vue et l’odeur des aliments suffisent pour
provoquer chez le Chien une sécrétion abondante de sue gastri-
que. Cette hypersécrétion commence dans les expériences de
Sanotzky au plus tôt 5 minutes après la vue des aliments, mais
peut tarder jusqu'à 15 minutes. L'auteur démontre encore que
la durée de la sécrétion n’est pas directement dépendante de la
durée de l'excitation.
L'estomac peut, par conséquent, sécréter sous l’action d’une
excitation psychique pure et ce facteur joue certainement un
rôle très important dans la digestion normale.
Ces auteurs n’ont étudié cette influence qu’au point de vue
de la sécrétion du sue gastrique ; nous n’avons pas trouvé dans.
la littérature de recherches concernant l'influence d’une excita-
tion psychique sur la motilité de l'estomac. Nous devons pour-
tant signaler dans la question qui nous occupe que Cannon et
125
‘V1 uononpoy *,,9 sduo], ‘onbryoÂsd uorejroxo oun red soonboaoïd 5vw0s0,j op suoroerjuo Es ee
SÉANCES DES 14 ET 29 juin
(74)
726 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (72)
Wasbarn ont montré que la sensation de faim est provoquée par
la contraction de l’estomac. Nous ne connaissons pas la méthode
que ces auteurs ont employée pour inscrire les contractions gas-
triques, mais nous croyons qu’elle est analogue à la nôtre.
Nous avons commencé une série de recherches en ce qui con-
cerne l'influence de l'excitation psychique sur les contractions.
de l'estomac chez l'Homme. Nous avons employé la méthode
graphique décrite dans les travaux antérieurs, mesurant en
même temps la force des contractions gastriques à l’aide d'un
manomètre à l’eau.
Voici, en résumé, les résultats que nous avons obtenus jus-
qu'à présent
On choisit un sujet normal à jeun depuis la veille. On in-
troduit dans l'estomac la sonde munie de l’ampoule inscriptrice
(voyez les travaux antérieurs) et on insuffle dans l’ampoule intra-
gastrique une petite quantité d'air, de facon à ne pas provoquer
de contractions gastriques spontanées. On attend un laps de temps
assez long pour s'assurer que l’estomac ne se contracte pas spon-
tanément et l’on charge une personne de s'asseoir devant le su-
jet et de manger un aliment quelconque, un verre de lait et du
pain, par exemple, durant une dizaine de minutes ou plus. L’es-
tomac reste tranquille pendant quelque temps et se met ensuite
à se contracter (fig. 1). Les contractions sont d’abord très petites,
ensuite progressivement croissantes. Elles ont continué, dans nos.
expériences, après la cessation de toute excitation psychique. Ces
contractions n’engendrèrent pas la sensation de faim dans une
de nos expériences où nous avons fait ce contrôle.
On prend un sujet dont l'estomac est en pleine période de
contractions provoquées par une insufflation énergique de l’am-
poule. On injecte dans la veine une petite quantité d’atropine
(0,25-0,5 mer.) de façon à diminuer sans abolir tout à fait les
contractions de l'estomac. On provoque la même excitation psv-
chique que dans l'expérience précédente : l'estomac se met à se
contracter avec énergie. Les contractions disparaissent après une
nouvelle injection d’atropine.
3° Tous les estomacs ne réagissent pas de la même manière.
Nous avons pris un sujet jeune, sans lésion organique appré-
ciable, mais présentant une diminution considérable de l'acidité:
totale et manque complet de HCI libre. L’estomac atone de ce:
sujet ne présentait presque pas de contractions, même après une
insufflation énergique.
L'excitation psychique produite de la même manière ne pro-
voqua que tardivement de légères contractions de l’estomac.
4° Nous injectons 0,5 mgr. d’ésérine chez un Homme dont
l'estomac est en pleine contraction. Après cette injection, l’esto-
FES
rh a
5
(73) SÉANCES DES l4 ET 29 Juin 727
mac passe par deux phases : la première sympathicotrope (d’inhi-
bition), la seconde, tardive, vagotrope. Nous attendons que la
seconde phase soit à son maximum (contractions gastriques exa-
gérées) et nous dégonflons l’ampoule inscriptive de façon à di-
minuer l'excitation stomacale et à ce que l’organe ne se con-
tracte plus. Une excitation psychique produite de la même ma-
nière que dans les expériences précédentes provoque des con-
tractions énergiques de l'estomac. Ces contractions commencent
beaucoup plus tôt sur l'estomac ésérinisé que sur l'estomac nor-
mal (action vagotrope de l’ésérine sur l'estomac).
Nous exposerons ces recherches en détail dans des travaux
ultérieurs, ainsi que les résultats obtenus dans différents états
pathologiques de l’estomac, chez les sujets dont les facultés intel-
lectuelles sont plus ou moins atteintes et chez le nourrisson.
Nous parlerons dans ces travaux aussi des modifications de la
sécrétion gastrique.
(Deuxième clinique médicale de l'Université, hôpital Filantropia).
RECHERCHES SUR LE PHÉNOMÈNE D'EXTINCTION DANS LA SCARLATINE,
par Manicarine, À Srror et E. ConsranTINEscu.
Schultz et Charlton ont démontré que le sérum des convales-
cents après 18 jours de scarlatine, ainsi que le sérum des per-
sonnes bien portantes, possèdent la propriété de produire, chez
un malade en pleine éruption de scarlatine, à la dose de 0,5 à
1 C.C., une zone d'un diamètre de 2-10 cm. de disparition de
l’'exanthème autour du point d'injection intradermique. Ils ont
appelé cette disparition de l’exanthème le phénomène d’extinc-
tion.
Nous avons répété les expériences de Schultz et Charlton.
a) Dans 31 cas, nous avons injecté à des malades en pleine
éruption du sérum d’autres malades de scarlatine en éruption.
Dans les 31 cas, le phénomène d'extinction ne s’est pas produit
(preuve négative).
b) On a fait des injections de sérum des malades scarlatineux
du 11° au 18° jour de la maladie dans 11 cas. Les résultats ont
été toujours négatifs.
c) Les injections pratiquées avec du sérum des convalescents
de la scarlatine, du 23° au 30° jour, à partir du commencement
de l’éruption, ont donné 32 résultats sur 33 expériences.
On a cherché la réaction de fixation de Bordet-Wassermann
dans tous les cas précédents, sans aucun résultat positif.
728 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (74)
Des expériences précédentes on peut tirer la conclusion que le
phénomène d'extinction est presque constant dans les circons-
tances indiquées et qu’il peut servir comme moyen de diagnostic
Nos recherches concordent avec celles de Mayer, Estorf, Busch-
mann, Reynard, Paaschen, Neumann, etc.
Le sérum normal produisant aussi l'extinction, nous avons
pensé qu'il faut voir l’action du sérum à différents âges, surtout
parce que certains auteurs avaient affirmé que le sérum des en-
fants serait moins actif.
a) Les injections faites dans 5 cas avec du sérum d'enfants
nouveau-nés de 4-7 jours, nous ont donné toujours des résul-
tats positifs.
b) Les auteurs qui ont étudié la présence des anticorps ayant
affirmé que de 5 à 8 mois les enfants perdraient les anticorps hé-
rités de leurs mères, et commenceraient à fabriquer des anti-
corps propres, nous avons cherché le pouvoir d'extinction dans
le sérum de 9 sujets âgés de 5-6 mois et 27 jours. Les résultats
ont été positifs dans 7 des 9 cas. On pouvait peut-être interpréter
cette conclusion dans le sens que l'extinction n'est pas due aux
anticorps.
c) Sur 17 épreuves de sérum d'adultes bien portants, 15 ont
donné des résultats positifs. ;
d) Les sérums de 4 vieillards au-dessus de 65 ans ont donné
des résultats positifs.
e) Nous avons essayé aussi les sérums des malades atteints de
différents exanthèmes.
1° Les sérums de 33 cas de rougeole ont produit l'extinction
dans 27 cas. Tous les sérums des autres 6 cas, qui ont donné des
résultats négatifs, provenaient des malades dont le commence-
ment de l’éruption datait de 6 à r2 jours. De nouvelles recher-
ches sont en cours pour expliquer ce fait.
2° Dans le typhus exanthématique, nous avons expérimenté
avec le sérum de 6 cas pendant l’éruption. Toutes ces expériences
ont été positives.
3° Le Streptocoque, jouant un rôle très important dans la
scarlatine, nous avons cherché l’action des sérums provenant de
10 cas d'érysipèle avec 9 résultats positifs. La fièvre puerpérale
avec le Streptocoque dans le sang, nous a donné en 5 cas tou-
jours des résultats positifs. Dans tous les cas où nous avons tra-
vaillé avec des sérums provenant des malades, nous avons préa-
lablement inactivé nos sérums.
f) Nous avons recherché aussi l’action des substances protéi-
ques telles que : le vaccin antityphique, paratyphique A et B,
ainsi que les cultures des Streptocoques tués. Nous avons obtenu
(75) SÉANCES DES 14 ET 29 JuImN 7129
toujours des résultats négatifs. La tuberculine à 1 p. 5.000 intra-
dermique n’a pas modifié l’éruption scarlatineuse,
g) Les substances albuminoïdes, l’ovalbumine, les sérums de
Cheval, de Cobaye, de Lapin, n'ont pas modifié l’exanthème.
h) Le sérum de Cheval antistreptococcique, polyvalent, expé-
rimenté dans 4 cas n’a pas modifié non plus l’éruption.
(Laboratoire de la clinique médicale infantile du D° Manicatide
et Service des maladies contagieuses du D° Mirinesco).
SUR LE POUVOIR EXTINCTEUR DU SÉRUM DES LaAPINS
INOCULÉS AVEC DU SANG DE SCARLATINEUX,
par À. Srroë et E. CONSTANTINESCU.
Après différentes expériences faites avec le sérum des animaux,
plusieurs auteurs ont vu qu'ils sont incapables de donner le phé-
nomène d'extinction décrit par Schultz et Charlton (Schultz et
Charlton, Buchmann, Marie, Manicatide, Stroe et Constanti-
nescu, etc).
Nous appuyant sur ces faits, nous nous sommes proposé d’étu-
dier les résultats fournis par des sérums des Lapins traités avec du
sang total de malades scarlatineux en pleine éruption, et prélevé
autant que possible, au commencement de la maladie. J. Canta-
cuzène a montré en 1911, que le Lapin est sensible au virus scar-
latineux (1).
Pour ces expériences, 2 Lapins reçurent 3 injections à 2 jours
d'intervalle de 2 c.c. par la voie intraveineuse et de 2 c.c. par la
voie intra-péritonéale. Les Lapins n’ont pas manifesté de fièvre
et n'ont pas présenté d’exanthème sur la peau. Six jours après
la dernière injection, nous avons prélevé aseptiquement du sang
dans le cœur et le sérum fut inoculé par voie intradermique
(0,5 c.c.) à trois enfants ayant la scarlatine en plein exanthème.
Des bulles caractéristiques apparurent immédiatement ; 5 ou 6
jours après une faible zone d'extinction de l’exanthème se fait
autour du point inoculé. Ainsi donc le sérum des Lapins inocu-
lés avec du sang des scarlatineux possède, le sixième jour après
la dernière injection la propriété d'’éteindre facilement l’exan-
thème des scarlatineux.
12 jours après la dernière injection et 18 jours après la pre-
mière, on pratique de nouvelles ponetions du cœur. Le sérum
du sang stérile recueilli, est de nouveau injecté à deux autres
(x) C. R. de la Soc. de biol., 1911. t. LXXI, p. 198.
730 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (76)
scarlatineux avec exanthème. Le phénomène d'extinction est de
beaucoup plus net qu'aux trois premiers cas et chez un malade,
la surface de la zone d'extinction fut de la grandeur d’une pièce
de 5 francs. Au niveau du point injecté, une petite tache ecchy-
motique à fait son apparition et autour de cette tache la zone
d'extinction.
Pour contrôler ces faits, trois Lapins furent traités de la même
manière, par 5 injections. Au bout d’un même temps, on saigne
les animaux et on constate que l’un des Lapins ne manifeste pas
cette propriété d’extinction, les deux autres réagissent de la
même manière que les deux premiers. Ce fait nous montre que
des animaux (Lapins) ayant été traités de la même manière, ne
donnent pas les mêmes réactions.
Il y a des malades qui, tout en recevant le sérum, ne donnent
pas le phénomène d'extinction, tandis que d’autres, injectés avec
le même sérum, ont présenté le phénomène. De même, nous
avons eu un malade qui ne montra le phénomène d'extinction
ni par les inoculations faites avec le sérum des Lapins, ni par le
sérum d’un convalescent de scarlatine au 29° jour de la maladie :
ce sérum, inoculé à d’autres malades, donna un résultat positif.
Il résulte donc que dans le sérum des Lapins traités avec du sang
scarlatineux se forment des substances qui n'existent pas avant
l’inoculation et qui produisent ce phénomène d’extinction.
Ainsi, en injectant à des Lapins du sang des scarlatineux en
pleine éruption n’ayant pas la propriété d’atténuer par inocula-
tion intradermique l’exanthème et dont le sérum a la même qua-
lité, on obtient des sérums actifs, pour mettre en évidence le
phénomène d'extinction 12-18 jours après la première injection.
Pour nous convaincre si le sérum des Lapins après une inocu-
lation du sang humain normal, ne gagne pas les mêmes pro-
priétés, deux Lapins furent préparés pour ces expériences : avec
leur sérum, nous n’avons pas pu reproduire le phénomène d’ex-
tinction. Un Lapin injecté une seule fois du sang d’un rougeo-
leux reste toujours inactif, même après 14 jours.
En dernier lieu, nous avons inoculé des Lapins avec du sérum
de convalescents scarlatineux de 20-4o jours, mais à cause de la
disparition complète de l'épidémie de scarlatine, à Bucarest, leur
sérum n'a pu être expérimenté.
(Laboratoire de la clinique médicale infantile du D° Manicatide
et Service des maladies contagieuses du D° Mirinesco).
(77) SÉANCES DES 14 ET 29 JuIN 731
SUR UN CAS DE MÉNINGITE CÉRÉBROSPINALE SPORADIQUE
A DIPLOCOQUE DE JAGER-HEUBNER,
par P. DaniLA et À. STROE. À
L'élève A... est tombé malade avec fièvre continue 38-39° et
présente tous les signes de la méningite cérébrospinale épidémi-
que. Le liquide céphalorachidien est clair et le sédiment montre
un grand nombre de lymphocytes, de très rares polynucléaires,
pas de Méningocoques, mais de très rares Diplocoques ovoïdes,
extra-cellulaires et prenant le Gram. La recherche du Bacille de
Koch est négative, de même que les réactions de Bordet-Wasser-
mann et de Vincent-Bellot. Soupçonnant le Pneumocoque nous
inoculons le sédiment dans le péritoine d’une Souris blanche.
Après 24 heures, on retire du péritoine quelques gouttes d’un
exsudat louche riche en lymphocytes et on ensemence sur le
milieu de Lubenau. Nous avons isolé de cette rnanière un Diplo-
coque dont voici les caractères : a) Morphologie : des cocci d’un
diamètre uniforme, sauf dans les cultures anciennes sur gélose
et gélose-ascite où on observe des formes d’involution, irrégu-
lières plus grosses et parfois cunéiformes. Les cocci peuvent se
grouper en Staphylocoque ou en Streptocoque, suivant les mi-
lieux de culture, mais toujours on peut dissocier l'élément pri-
mordial, le Diplocoque. Il prend la forme de Staphylocoque sur
les milieux solides et la forme de Diplocoque et de Streptocoque
dans lesmilieux liquides, tandis que dans le liquide de conden-
sation des milieux solides on trouve des formes de transition en-
tre ces deux types : Diplocoque, tétrade et Streptocoque en cour-
tes chaînes. Le Diplocoque est un ovoïde typique, mais quelque-
fois, il peut prendre l’aspect du Pneumocoque. b) Colorabilité
cultivé sur gélose, dans le bouillon simple et avec du lait, le lait,
l'œuf, il prend énergiquement le Gram, tandis qu'il est très fai-
blement Gram positif sur les milieux qui contiennent de l’acide
ou du sérum de Cheval. Pas de capsules. c) Vitalité : est très
grande : exposé à la lumière et à la température du laboratoire,
il est vivant encore après 8 mois, même quand les milieux se
sont desséchés. d) Au commencement, il s’est développé très dif-
ficilement sur les milieux sans sérum, œuf ou ascite, mais plus
tard, il s’est très bien accoutumé à tous les milieux. Il préfère
les milieux acides ou ceux qui renferment des sucres aux dé-
pens desquels il peut former des acides. Il ne pousse pas sur la
gélatine, le taurocholate de soude n’a pas d'action sur lui. Il fait
fermenter, mais sans production de gaz, la glycose, la lactose, la
galactose, la lévulose, la maltose et la saccharose et laisse intactes
:
732 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (78)
la mannite et l’inuline. On voit qu'il correspond en tout au Di-
plococcus crassus de Jäger. Le sérum du malade l’agglutine
jusqu'à 1 p. 200, le sérum humain normal et le sérum de ty-
phique ne l’agglutinent pas au-dessus de 1 p. 10, le sérum antimé-
ningococcique l’agglutine seulement à 1 p. 10 et 1 p. 20. e)
Pouvoir pathogène : nul pour la Souris et le Lapin (intrapérito.
néal et sous-cutané).
L'élève À... est guéri sans complications autres que des maux
de tête qui reviennent même à présent.
L'importance de ce cas réside dans le fait que le liquide cépha-
lorachidien (trois ponctions à l'intervalle de 3 jours) est resté
toujours clair et riche et Iymphocytes comme il est de règle dans
les méningites syphilitiques ‘et tuberculeuses.
SUR LES COEFFICIENTS CALORIQUES DES NOURRISSONS
HÉRÉDO-SYPHILITIQUES,
par Manicatine, À. SrRoE et Pas.
En cherchant le coefficient calorique dans la syphilis congé.
nitale, nous l'avons trouvé, en général, augmenté. Dans
12,5 p. 100 des cas, l'enfant possède son développement normal
en prenant 55 jusqu à 100 calories par ker.
D’autres enfants, nourris au sein, doivent prendre de 106 à
220 calories par kgr. pour pouvoir se développer normalement
(bo,1 p. 100).
Dans 31,2 p. 106 des cas, les enfants ne trouvent pas assez de
calories dans le lait de leurs mères (60-90 calories) à l’âge de 2 à
3 mois, et ils décroissent. Ces enfants se développent normale-
ment si on ajoute du sucre pour augmenter le nombre des calo-
ries de 90 à 148.
Dans 6,2 p. 100 des cas, malgré l'augmentation du nombre
des calories par kgr., les enfants se cachectisent et meurent.
#
L
f
#
479) : SÉANCES DES 14 ET 29 Jun 133
SUR LA VALEUR DU COEFFICIENT CALORIQUE DANS L'ALIMENTATION
DES NCURRISSONS AU SEIN.
par MANICATIDE, À. STROE et SCHAPIRA.
Nous avons cherché la valeur du coefficient calorique chez 19
nourrissons à partir de l’âge de 3 jours jusqu'à 174 jours. Nous
avons noté journellement les quantités de lait absorbées par les
nourrissons pendant jours au minimum et nous avons fait en-
suite l’analyse chimique du lait des mères, en prélevant des té-
moins, le matin, au commencement des têlées, à midi, au milieu
“des têtées et, le soir, à la fin des repas. En rapportant la valeur
‘«<alorique du lait absorbé au poids des enfants, nous sommes ar-
rivés aux conclusions suivantes
a) Chez les nouveau-nés, le coefficient varie de 37-56 calories
par kgr.
b) Chez les enfants âgés de 1-3 mois, il varie de 53-139, dans
la plupart des cas au-dessus de 100 calories par kgr.
c) Chez les enfants âgés de 3-6 mois, le minimum a été ro et
le maximum 120 calories.
Tous nos enfants étaient bien portants, et leur poids augmen-
tait normalement pendant nos expériences.
DosAGE CHRONOMÉTRIQUE DE L'IODE DANS L'URINE,
par Em. RIEGLER.
J'ai affirmé autrefois que la méthode chronométrique, intro:
duite dans la chimie analytique par Denigès, est susceptible de
beaucoup d'applications, surtout dans la chimie biologique et
jai montré, dans deux communications antérieures, comment
-on peut l'utiliser pour la recherche et le dosage de l'acide acétyl-
acétique et pour le dosage de l'acide urique. Conduit par la
même idée, j'ai entrepris une série d'expériences, à la suite des
«quelles je me crois aulorisé de préconiser un procédé assez sim
ple pour le dosage de l'iode dans Furine.
Les faits sur lesquels est basé ce procédé sont les suivants
1° L'acide nitreux décompose les icdures en solution avec mise
-en liberté d'iode ; 2° L'iode libre colore en bleu l’amidon soluble
à froid, et la couleur est d'autant plus intense que la quantité
d'inde adsorbé par l'amidon est plus grande : 4° Le diacétate
d'éthyle, avant la propriété de fixer l'iode. peut décolorer la so-
lution bleue d'amidon et le temps nécessaire à Ja décoloration
Brorocrxe. ComMpres RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 50
734 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (80):
varie directement avec la quantité d'iode fixé par l’amidon tou-
tes conditions égales d’ailleurs.
Connaissant ces faits, voici la technique qu'on peut utiliser:
pour le dosage de l'iode dans l'urine. On prend dans un tube à
essai 10 C.c. d'urine étendue à 10 p. 100 à laquelle on ajoute
5 gouttes d'acide sulfurique à 25 p. 100, 5 gouttes de nitrite de:
soude à 2 p. 100 et 5 gouttes d’une solution d’amidon à 1 p. 100.
Ï 2 -
On renverse 4-5 fois le tube, bouché avec le pouce, pour homo-
généiser le mélange et ensuite on y ajoute r c.c. d’une solution
de diacétate d’éthyle. À partir de ce moment, et à l’aide d'un
chronomètre, on compte le temps écoulé jusqu’à la décoloration
complète, en ayant soin toujours de renverser le tube ro fois,
dès qu'on y a ajouté le diacétate. La quantité d’iode (en milli-
grammes) contenue dans les 10 c.c. d'urine étendue est donnée
al
4 10 x 1 Z r 9 x
pariatformule "P=Æ So FT représente le temps nécessaire à. la
décoloration, compté en secondes.
SUR LA CULTURE DE LA BACYTÉRIDIE CHARBONNEUSE
DANS DES MILIEUX A L’ARSENIC,
par Eu. Revicr.
Les recherches de M. Danysz sur la Bactéridie charbonneuse
cultivée dans du sérum et des milieux arseniqués nous ont déter-
miné à reprendre l'étude de l’action de l’arsenic sur le dévelop-
pement de la Bactéridie charbonneuse ainsi que la possibilité
d’une accoutumance de cette Bactéridie au toxique.
Voici la technique générale suivie dans nos expériences
La culture dont nous nous sommes servi est conservée depuis.
longtemps dans le laboratoire. Dans notre étude; nous avons
constamment employé un bouillon de Cheval, neutre à la phénol-
phtaléine, réparti dans des tubes à essai à raison de 20 c.c. par
tube de culture. On ajoutait à chaque tube de culture la quantité né-
cessaire d'une solution d'acide arsénieux à 1 p. 100 pour établir une
échelle de concentrations décroissantes de 1 p. 100 à 1 p. 10.000.
Les milieux arseniqués sont stérilisés à l’autoclave pendant ro
minutes à 115. On ensemence chaque tube, avec la même quan-
tité de l’émulsion : une anse d’émulsion contenant approximati-
vement 15 germes.
Comme milieu solide, nous avons utilisé un bouillon gélosé
à 2 p. 100 auquel on ajoutait avant la soldification des doses
croissantes d'acide arsénieux à 1 p. 100 en calculant la dilution
St
à
(81) SÉANCES DES 4 ET 29 JUIN 135
pour établir la même échelle de concentrations que pour le bouil-
lon ci-dessus.
Le développement dans des milieux liquides était apprécié
par les repiquages faits durant quelques jours de suite dans des
milieux non arseniqués.
Voici, très succinctement, les questions que nous nous som-
mes posées et les résultats. obtenus
I. Quel est l’âge de la culture-semence le plus favorable pour
l'ädaptation en milieu arsénical ? a) Le microbe de 15 heures ne
commence à pousser qu'à partir de la dilution de 1 p. 1.750. b)
Le microbe de 24 heures à partir de la dilution à 1 p. 3.500. ©)
Les cultures plus âgées (10-12 jours) ne commencent à pousser
qu'à partir d’une dilution à r p. 5.500 et seulement après 48 heu-
HÉSAUENSÉJOUr a 37e |
Il semble donc qu'il y aurait un optimum de résistance du
microbe au toxique, en rapport avec l’âge de la culture souche.
Les cultures de 16 heures semblent donc être dans nos expérien-
ces, les plus résistantes.
IT. La viabilité de spores dans le milieu à l’arsenic. a) Les cul-
tures sporulées (24 heures) ensemencées dans le milieu à l’arse-
.nic contiennent des spores vivantes dans les dilutions d’arsenic
à 1 p. 200, 1 p. 300. Les repiquages des cultures aux dilutions
plus étendues restent stériles jusqu’à la dilution 1 p. 3.500 où
l’'ensemencement a donné des cultures positives. b) Les ense-
mencements d'une Bactéridie de ro-12 jours (constituée exclu-
sivement de spores : chauffage à 80° pendant 20°) ne contien-
nent plus des spores vivantes (repiquage après 24 heures) qu’à
partir de la dilution à r p. 4.000. Il semble, d’après ces résultats,
que les formes très jeunes sont détruites par l’action du toxique,
tandis que des spores ne germent pas dans les concentrations
fortes et ne sont pas détruites par le toxique quand elles y sont
introduites en même temps que les formes végétatives.
IT. L'influence de la concentration d'arsenic sur l'adaptation
des germes. Nous avons procédé de deux manières différentes
avec un microbe ayant poussé dans une dilution à 1 p. 3.500,
nous avons, d’une part, fait des repiquages dans un milieu con-
tenant une dilution d’arsenic à 1 p. 3.000, et, d'autre part, dans
des milieux contenant des dilutions d’arsenic régulièrement
croissantes. Le microbe repiqué constamment dans la dilution
I P. 3.000 est arrivé après quelque repiquages à pousser dans
une dilution à r p. 700 tandis qu'après le même nombre de re-
piquages nous ne sommes arrivés avec l’autre qu'à la dilution
de r p. 1.000:
IV. Le milieu à l’arsenic est modifié par le germe y ayant
poussé. Pour nous rendre compte de ces modifications, nous
736 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (82)
avons procédé de la façon suivante. Une culture arseniquée à
1 p. 1.000 de 24 heures (germe adapté) est soigneusement centri-
fugée et diluée à moitié avec du bouillon non arseniqué (il s'en-
suit que la dilution d’arsenic devrait être à 1 p. 2.000. Ce bouil-
lon (arseniqué centrifugé + bouillon simple. âà) est ensemencé
avec un microbe non adapté qui ne pousse qu'à une dilution à
1 p. 3.000. Cette fois, il se développe tandis que les tubes té-
moins (repiquages dans la dilution à 1 p. 2.000 et le même mi-
lieu centrifugé et non ensemencé) restent stériles. On obtient les
mêmes résultats en remplaçant la centrifugation par la filtration
à travers la bougie Chamberland [L*.
Il semble donc, d’après cette expérience, que la Bactérie adap-
iée provoque une modification du milieu arseniqué exprimée par
la diminution de la toxicité du milieu.
(Laboratoire de médecine expérimentale).
SUR LES MODIFICATIONS MORPHOLOGIQUES
DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE
CULTIVÉE DANS LES MILIEUX À L' ARSENIC,
par Em. Revicr.
I. Un microbe adapté, repiqué dans un milieu d'une concen-
tration arsenicale plus faible, donne des cultures semblables à
celles d'un microbe neuf sur un milieu normal.
IT. Un microbe adapté à une certaine dilution arsenicale repi-
qué dans un milieu renfermant plus d’arsenic, donne des cul-
tures semblables à celles d’un microbe neuf ensemencé sur des
milieux contenant de très petites quantités d’arsenic.
IIT. Le microbe adapté. repiqué sur gélose ordinaire, donne
des colonies beaucoup plus humides que celles d’un microbe nor-
mal. Les colonies contiennent des germes n'ayant presque pas
de spores. Les éléments microbiens sont plus grands que ceux
d'un microbe normal et les extrémités du corps bacillaire, légè-
rement incurvé, sont rondes.
Le mème microbe, repiqué dans du bouillon simple, donne
des cultures granuleuses ressemblant à celles qu'on obtient avec
un microbe neuf ensemencé dans des milieux contenant des tra-
ces d’arsenic.
IV. Le microbe adapté cultivé sur des milieux à l'arsenic dans
des dilutions fortes (à la limite de son adaptation) donne, sur
gélose arseniquée, plusieurs sortes de colonies. a) Des colonies
petites semblables à celles d'un microbe normal, n'en différant
sédius 245.70, out él sr.
(8:3) SÉANCES DES 14 ET 29 JUIN 191
que par une humidité plus prononcée des colonies ; b) de colo-
nies grandes, à bords régulièrement arrondis, très humides, sem-
blables à celles d’un Staphylocoque. Ces colonies se développent
avec un certain retard et n'apparaissent qu'après 48 heures à 37°.
V. Les repiquages de ces dernières colonies reproduisent les
deux sortes d’'aspects déjà décrits.
VI. À l'examen microscopique, ces deux sortes de colonies
montrent des microbes différant sensiblement des microbes nor-
maux.
Les colonies petites humides plus rapprochées de celles des
microbes normaux, sont tout de mème infinirnent moins sporu-
lées. Les formes microbiennes sont très variées. Des Bacilles
longs alternant avec des formes plus courtes, presque coccifor-
mes ayant une tendance prononcée à la décoloration par l’alcool-
acétone.
Les colonies plus grandes, humides, à l'aspect des colonies de
Staphylocoque, ne contiennent plus des spores.
La plus grande partie des formes microbiennes est transfor-
mée en cocci disposé en amas ou chaïneltes ; ces formes alter-
nent avec d’autres moins profondément transformées : haïtères,
massues, Bacilles en virgule, etc.
L'affinité tinctoriale pour le violet de gentiane est de moins
en moins marquée et la plupart de ces germes ne sont plus colo-
rables par la méthode de Gram.
(Laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté
de médecine).
LES PONCTIONS LOMBAIRES SONT CONSTAMMENT SUIVIES
D'UNE CRISE HÉMOLEUCOCYTAIRE,
par Ar. OsrecrA, P. Tomesco et S. Rosman.
Nous avons recherché l'influence que la ponction lombaire ha-
bituelle exerce sur le nombre des leucocytes, dans le sang circu-
lant. Les résultats obtenus par piqûre à la pulpe des doigts étant
très variables et soumis à une série d’influences collatérales, tel-
les que la température ambiante, l'état des doigts, l'humidité,
l’'émotivité de l'individu, etc., nous avons préféré ponctionner
directement une des veines du pli du coude, pour obtenir du
sang.
Nous avons fait la numération des leucocytes au mme. à l’aide
de la pipette graduée et de la lame compte-globules du type ha-
bituel. Nous citons préalablement le nombre global des leuco-
738 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (84)
cytes par mme., nous réservant de préciser, dans un travail ul-
térieur, la formule leucocytaire, d’après les différentes variétés.
La première numération est pratiquée immédiatement avant
la ponction. Gette dernière est faite le malade étant assis. On le
fait coucher immédiatement après, sans oreiller. Après un quart
d'heure, nous pratiquons un deuxième examen, que nous répé-
tons ensuite tous les quarts d'heure, et nous notons les chiffres
sur des tableaux graphiques à coordonnées et abcisses, que nous
vous présentons 1Ci.
Ces graphiques sont éloquents et d'un type presque constant.
Quel que soit le taux leucocytaire du patient avant la ponction,
nous constatons que trois quarts d'heure après il y a une baisse
considérable, de 2 à 4.000 leucocytes par mme., quelquefois bien
davantage, de facon qu'il nous est arrivé de noter par exemple
une diminution de 10.000 à 4.500.
Cette diminution se fait progressivement, de façon que, géné-
ralement, après 45 minutes le minimum est atteint. Dans le
quart d'heure suivant, nous notons une augmentation numéri-
que des leucocytes, qui reviennent au taux normal, après 30 à
60 minutes. Parfois le taux normal est dépassé de quelques cen-
taines à quelques milliers. Lentement, l’état des choses revierit
approximativement à ce qu'il était avant la ponction lombaire.
Nous nous sommes demandé si la modification de la tension
intrarachidienne, par l'extraction des ro c.c. de liquide n'était
pas le principal motif de ce phénomène.
Pour élucider ce point, nous avons pratiqué, dans une série de
cas, la ponction lombaire, mais, après la sortie des premières
gouttes de liquide, nous avons retiré l'aiguille. On élimine ainsi
toute diminution de tension. Pourtant le même phénomène se
produit, à un degré un peu moindre, il est vrai, mais tout aussi
constant. La conclusion qui nous semble s'imposer est que la
piqûre des méninges rachidiennes produit, comme un réflexe,
cette leucopénie, qui ne revient que graduellement, après plus
d'une heure, au taux antérieur à la rachicentèse et le dépasse
même parfois. En effet, la durée moyenne du temps pendant le-
quel, pour chaque malade, nous avons poursuivi l'évolution nu-
mérique est de 2 heures.
Pour compléter ces observations, nous avons pratiqué le dé-
nombrement des leucocytes dans le même temps, sur le sang
de la veine médiane céphalique, et dans la veine prémalléolaire,
du même côté chez le même malade. Le résultat fut une déuble
surprise. Tout d'abord, il y eut, presque toujours d'assez nota-
bles différences, entre le bras et le pied, ce dernier donnant des
chiffres notablement inférieurs, dans quelques cas supérieurs.
Nous allons, dans une communication ultérieure, revenir sur ces
(85) SÉANCES DES dl ET 29 JUIN 139
faits. Un second point intéressant : c'est que pendant que la
réaction leucocytaire, au bras, est une ondulalion simple, pen-
dant les deux heures qui suivent la rachicentèse, à la jambe. il
se produit un mouvement retardé d'abord, puis les choses se
précipitent et la courbe graphique est une double ondulation.
Nous avons pris toutes les précautions pour que le déterminisme
- expérimental fût à l’abri des objections.
Ce qui paraît ressortir en premier lieu de ces faits, c'est la
probabilité qu'il s’agit ici surtout d'une influence nerveuse,
d'une sorte de réflexe spino-vasculo-sanguin. Nous nous rappor-
terons surtout aux graphiques si différents des veines du bras et
-de la jambe, chez le même individu. Il est très probable que le
centre vaso-moteur de la jambe étant bien plus près du point
-spinal piqué, la réaction est plus intense et de forme différente
au, pied que celle des veines du bras.
RÉFLEXES ACHILLÉENS SECONDAIRES ET TERTIAIRES,
A L'ÉTAT PATHOLOGIQUE,
par Az. Osrecra et P. Tomesco.
Souvent, dans la paralysie générale, les réflexes rotuliens et
-achilléens sont exagérés. Nous attirons l'attention sur le fait in-
téressant que dans plusieurs cas observés par nous, l'invasion de
la paralysie générale sur un terrain tabélique ancien, fait réap-
paraître les réflexes achilléens el patellaires, disparus depuis
longtemps. Ce sont surtout ces cas qui se prêtent mieux à l'ob-
servation. Mais aussi une partie des cas de maladie de Bayle, de
forme habituelle, et parfois la tabo-paralysie, permettent de cons-
tater les phénomènes qui suivent. En percutant les tendons achil-
léens, on note qu'après la secousse caractéristique, presque im-
médiate, il se produit un peu plus tard une deuxième secousse,
notablement plus grande. On répète l'expérience avec le même
résultat. Assez souvent, le phénomène est bilatéral.
Sur le même sujet, le fait demeure constant pendant des se-
maines, pour se modifier lentement après. Soumis à la anéthode
-de Marey, ces cas donnent la série de tracés que nous présentons.
‘On ‘voit tout d’abord le vrai réflexe achilléen spinal. Il a le type
classique : la période latente à peine 3 à 4 centièmes de seconde ;
la secousse imprimée au pied est d'intensité moyenne, constante,
se décomposant en 4 oscillations, dont la première est, de beau-
coup, la plus grande, dépassant l'horizontale de deux tiers en
haut et d’un tiers en dessous ; la dernière secousse porte un pla-
740 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (SÛ):
OS PEN a ne AU A ASE EEE ER Pen RER A RE
teau, à mi-hauteur, ayant une durée constante d’approximative-
ment 4 centièmes de seconde.
Voici maintenant les graphiques des cas pathologiques. Vous
voyez, pour chaque malade, un dédoublement du phénomène
il y a d’abord une secousse, qui correspond au réflexe normal,
tout aussi rapide et constante comme forme, et puis, après d’au-
tres 4 à 6 centièmes, une seconde secousse, 2 à 3 fois plus grande
et d'aspect différent : la première ondulation ne descend jamais.
au-dessous de l'horizontale, le plateau mesure de 2 à 8 centiè-
mes, c'est-à-dire très variable en durée, et tout aussi variable
par sa ligne finale, tantôt revenant simplement à l'horizontale,
tantôt descendant au-dessous de l'horizontale, à des profondeurs
variables. Sur le même malade pourtant, ces secousses ont une
partie constante : c'est l'égalité de la ligne de début et de la pé-
riode latente, c’est-à-dire 4 à 6 centièmes après la fin du réflexe
spinal. Il nous est arrivé de trouver aussi des cas où, par suite de
tabes, le premier réflexe est absent, ef ce n'est que ce second qui
se déclenche, caractérisé non seulement par sa forme graphique,
mais surtout par le temps latent de 12 à 16 centièmes. C'est cette
dernière donnée qui indique, selon toute probabilité, le siège de
ce second réflexe : il doit être bien plus haut que l'arc réflexe
spinal inférieur (direct), c’est-à-dire dans le mésocéphale. Ce
nouveau réflexe mésocéphalique des tendons achilléens est tout
aussi peu soumis à la volonté que le premier, et paraît s'’accom-
pagner de la même sensation spéciale, que le sujet éprouve aussi
à l’occasion du premier réflexe. Sa variabilité est toutefois plus
grande, d'un malade à l’autre, tant par la forme du tracé, que
par des différences de 2 à 4 centièmes dans la période latente,
et dans la durée totale du phénomène.
Nous avons eu, enfin, l’occasion de constater, à maintes re-
prises, sur des tabétiques ou tabo-paralytiques, qu’une troisième
sorte de réflexe achilléen peut se manifester. [Il mériterait le nom
de tertiaire ou pseudo-réflexe et a tous les caractères d'une simu-
lation de réflexe. Quelques malades ont même confessé cette si-
mulation, d'autres non. En tout cas, les graphiques présentés
démontrent une variabilité bien plus grande que les précédents,
dans la période latente, qui peut dépasser 0-25 centièmes, dans
l'amplitude, dans le plateau, qui manque parfois. Il n’est même:
pas rare de noter, quand on distrait le malade, par des questions
ou autrement, de voir ce troisième soi-disant réflexe achilléen.
disparaître et puis bientôt réapparaître. Il y a bien des probabi-
lités en faveur de l'hypothèse qu'il s’agit là d’un phénomène cor-
tical.
(87) SÉANCE DU 12 pécemBre 1921 11
SECTION DE JASSY
SÉANCE CU i2 DECEMBRE 1921!
Présidence de M. C.-J. Parhon.
Ê]
SUR LA TENEUR EN GLYCOGÈNE DU FOIE ET DES MUSCIES
CHEZ LES ANIMAUX CHATRÉS,
par Mari PARHoN.
L'influence de la sécrétion interne des glandes génitales sur
le métabolisme des hydrates de carbone n'est pas encore bien
élucidée ; toutefois, les quelques données cliniques et expéri-
mentales qué nous possédons sur cette question prouvent que Îa
sécrétion interne des glandes génitales a une action modératrice
sur le métabolisme des hydrates de carbone. Ainsi Stolper trouve
que les Chiennes et les Lapines traitées avec des tablettes d'ovai-
res présentent une augmentation d'’assimilation pour le sucre ;
chez les animaux dépancréatés, traités avec des tablettes d'ovai-
res, la glycosurie résultant de l’ablation du pancréas est dimi-
nuée. Il constate, en outre, que les Lapins châtrés, s'ils reçoivent
trois jours de suite de la glycose pure sans autre nourriture,
présentent une glycosurie importante tandis que les témoins
traités de la même manière ne présentent pas de glvcosurie. Ma-
ranon, Cristofeletti, trouvent que les animaux châtrés injectés.
avec de l’adrénaline présentent une glvcosurie plus forte que les
animaux normaux recevant en injection la mème dose d'adré-
naline par kilogramme d’animal.
Maignon dose le glycogène dans les muscles des Cobayes chà-
trés. Les animaux sont sacrifiés 5 semaines après l'opération.
Dans ces conditions, il trouve une légère diminution du glyco-
gène musculaire chez les Cobayes mâles, tandis que chez les
femelles il ne trouve pas de différence appréciable, probable-
ment parce que les animaux ont vécu trop peu de temps après la
castration.
Nous avons repris cette question et nous avons constaté que
les résultats sont différents suivant que les animaux sont sacrifiés
742 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (88)
peu de temps après la castration ou après un temps plus long.
Les expériences ont été faites sur des Chiennes, les unes châtrées
à la maturité-et sacrifiées six semaines après la castration ; d’au-
irès châtrées à l’âge d’un an et sacrifiées un an après la castration.
Le glycogène a été dosé d’après la méthode de Pfluger. Les ré-
sultats sont enregistrés dans le tableau ci-joint :
Animaux normaux Animaux chàlrés
£ = Z =) 20 E lite
A En - EL = = ÉD en Æ0
à SANS 5 STE 2
= = = = rs -— = — © =
£ nt = 3 & a © = -2 =
= E 5 2 SN 2 = EN 5 à 3
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cs" S nn AAA ES TE
42 nov. 1921. 10,400 4,603 0,700 14 nov. 1921. 11.6 3,959 0,685 Sacrifiéeaprèsla
castration
26 nov. 1921. 192,300 5,100 0,668 16 nov. 1921. 1% 4,570 0,624 Sacrifiée 6 sem.
apr. la castration.
Moyennes 4,852 0,684 4,264 0.654
10 sept. 1916. 8,700 5,729 0,878 10 sept. 1916. 40,2 2.808 0.576 Sacriliée un an
: apr. la castration.
15 sept. 1916. J,950 651250; 906 15 sept. 1916. 12,03 3,204 0.650 “Sacrifiée un an
apr. la castralien.
Moyennes 5,927 0,842 3,006 0,613
Il résulte de nos expériences que si les animaux ne vivent que
six semaines après la castration on trouve une légère diminution
du glycogène hépatique tandis que la diminution du gly-
cogène musculaire est inappréciable. Ainsi de foie des
animaux châtrés sacrifiés six semaines après la castration con-
tient 6,588 gr. p. 100 moins de glycogène que le foie des té-
moins et les muscles 0,03 gr. p. 100 en moins. Mais si les ami-
maux vivent un an après la castration, on constate une diminution
importante du glycogène hépatique et musculaire. Aïnsi, le faie
des animaux châtrés ayant vécu un an après la castration con-
tient 2,921 gr. p. r00 moins de glvcogène que le foie des témoins
et les muscles 0,279 p. 100 de moins que les muscles des
témoins. Comment interpréter ces résultats ? Puisque les trou-
bles du métabolisme des hydrates de carbone ne se manifestent
pas immédiatement après l’ablation des glandes génitales, mais
après un certain temps, c'est probablement que l'insuffisance
génitale détermine un trouble des autres glanëes à sécrétion in-
terne. C'est ainsi que Schenk, Feodosief, Ciaccio, constatent l'hy-
pertrophie des surrénales chez les animaux castrés. Fischera,
Marrassini, Luciani, Tandler, constatent une hypertrophie de
l’hypophyse chez les animaux châtrés. D'autre part, un grand
nombre de faits cliniques prouvent que la thyroïde s’hypertro-
phie souvent à la ménopause ou dans l'insuffisance génitale et
*
@
{89) SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1921 143
-
l'on voit parfois apparaître dans ces cas la maladie de Basedow.
Il s’en suit que l’absence de la sécrétion interne des glandes gé-
-nitales détermine une hyperfonction des glandes auxquelles on
attribue une action accélératrice sur le métabolisme des hydrates
de carbone comme les surrénales, la thyroïde, l'hypophyse ;
d’où la diminution du glycogène hépatique et musculaire, un
certain temps après la castration. A l'état normal, l'influence
modératrice des glandes génitales sur le métabolisme des hy-
drates de carbone s'exerce en modérant l’action des glandes ac-
célératrices.
(Laboratoire de la clinique des maladies nerveuses).
Du cHoC HÉMOCLASIQUE DANS L'ÉPILEPSIE,
par J. Tuporan.
Bien des conceptions anciennes sur différentes affections se
sont trouvées modifiées ‘par les recherches de Widal, Abrami et
Tancovesco sur le choc hémoclasique ; nos idées relatives au mé-
‘canisme de l'épilepsie ont subi, entre autres, une orientation nou-
velle. C'est ainsi que l’on à vu se déclencher l'accès épileptique
à la suite de l’ingestion de chocolat ou de sucre, Marineseu, Men-
des, et Buscainio rapprochent les symptômes de l’épilepsie de
ceux du choc anaphylactique; d’autres auteurs ont constaté que
les symptômes du choc hémoclasique précèdent l'accès comitial.
J'ai pu mettre en évidence le choc hémoclasique digestif chez
les épileptiques en leur faisant ingérer du lait d’après la méthode
classique. Nos essais ont porté sur 46 malades soumis au régime
lacté; on a pratiqué préalablement chez eux l'examen hématolo-
gique; puis on a pris leur tension artérielle. L'examen du sang
“et la tension artérielle prise au moyen de l'appareil de Pachon
nous ont fourni les résultats suivants
a) Sur 16 malades examinés, 12 sont considérés par nous
“comme ayant présenté un choc provoqué; nous négligeons les
À autres ayant présenté un accès le jour même. Dans
plus de la moitié de ces cas la chute leucocytaire a été de plus
de 2.000 par mmc; alors que la tension artérielle baissait de
1 Cm.; chez les autres la chute leucocytaire a varié entre 5oo et
2.000. La baisse de la tension artérielle étant toujours de 1 em.
-de pression.
b) 23 des malades ont présenté au contraire une forte hyper-
leucocytose. La chute de la pression sanguine variant de 1 à
h cm. Parmi ces malades 10 n'avaient présenté que de rares
À
ES
=
=
accès d'épilepsie et en étaient exempts le jour même de l’expé-
rience.
c) Chez 2 malades nous avons constaté une leucopénie avec
une augmentation de la tension artérielle: dans un nombre égal
de cas l'augmentation de la pression s’accompagnait d'hyper-
leucocytose.
d) 3 malades n'ont présenté aucune variation de la tension.
Enfin l'examen de 3 malades n'ayant pas été soumis au repas
d'épreuve nous a permis de constater une leucopénie marquée
ainsi que la chute de pression quelques heures avant l'accès.
SUR UN PROCÉDÉ DE COLORATION POUR LES LIPOÏDES
DU SANG ET DES ORGANES HÉMATOPOÏÉTIQUES,
par E: Savini.
Dans deux notes préliminaires (1) nous avons exposé succinc-
tement les résultats obtenus par l'emploi d'une technique un peu
spéciale pour la coloration des lipoïdes. Nous avons pu démon-
trer la présence constante des substances lipoïdes dans les gra-
nulations leucocytaires par fixation préalable des préparations
au bichromate de cuivre et coloration ultérieure au rouge écar-
late. Depuis nous avons perfectionné notre procédé; cette nou-
velle technique histologique fait l'objet de la présente note; nous
reviendrons plus tard sur les résultats obtenus. Voici en quoi
elle consiste
Il est essentiel d’avoir des préparations très minces, bien éta-
lées, à cellules espacées, et aussi intactes que possible. On ne
peut arriver à ce résultat pour le sang qu'en se servant d'une
technique délicate telle que celle indiquée par Ehrlich ou celle
modifiée par Arneth c’est-à-dire en étalant le sang exclusivement
sur des lamelles. S'agit-il des organes hématopoïétiques, on n'en
doit jamais faire de frottis, mais toujours des préparations par
impression, sur lamelles ou sur lames, indifféremment.
Les préparations sèches sont fixées (immédiatement ou mieux
encore après les avoir laissé sécher quelques heures dans un en-
droit sec) dans un bain de bichromate de cuivre à 5 p. 100 ; la
fixation se fait à l’étuve à 37° pendant 12 à 24 heures. Laver soi-
gneusement à l’eau distillée, sécher au papier buvard et colorer
pendant 12 heures dans une solution saturée à chaud et filtrée
après refroidissement complet de soudan [IT dans de l'alcool à
(x) Archives médicales belges, 1921, n° 4 et Wiener med. Woch., 19271, n° 46.
RÉUNION ROUMAINK DE BIOLOGIE (90).
À
|
(91) SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1921 745
5o°. Ensuite lavage rapide à l’alcool à 30°, coloration très légère
des noyaux au bleu polychrome dilué, lavage à l’eau, séchage
et montage dans un sirop quelconque (lévulose, dextrose, dex-
trose ét gomme arabique) épais et neutre. Examiner à l’immer-
sion.
Comme le bichromate de cuivre est une substance déliquescente
qu on ne trouve pas communément dans le commerce on peut le
préparer soi-même très facilement en partant d'une solution
concentrée de sulfate de cuivre que l'on verse dans une solution
concentrée d'alcali (soude ou potasse caustique). Le précipité
bleu clair d’hydrate cuivrique Cu(OH)* obtenu est jeté sur un
filtre, lavé rapidement à l’eau distillée froide jusqu'à ce que
tout l'excès d’alcali ait été complètement entrainé (épreuve au
papier de tournesol) et transformé ensuite en bichromate cui-
vrique CuCr°0’ +2H°0 en ajoutant une solution forte d'acide
chromique, par petites portions et en agitant, au précipité re-
cueilli dans un petit ballon. S’arrêter avant d'avoir dissous tout
l'hydrate cuivrique pour éviter. un excès d'acide chromique, et
filtrer. Pour connaître le taux approximatif de la solution ob-
tenue on en prend une quantité déterminée, par exemple
100 c.c. et on la pèse; ce qui excède 100 gr. est du bichromate
cuivrique. On en prépare ensuite la solution désirée à 5 p. 100
par dilution convenable. Parmi les nombreux fixateurs que nous
avons essayés pour les lipüides nous nous sommes arrêté au bi-
chromate de cuivre. L’acétate neutre de cuivre s'en rapproche
mais il est bien moins bon; l'acide chromique l’est encore moins.
Grâce à ce procédé, on obtient une coloration rouge intense
très nette des granulations éosinophiles, neutrophiles, etc., d'une
manière constante et dans tous les leucocvtes qui en sont pour-
vus. Les hématies prennent une teinte rose homogène.
Si l'on omet la fixation au bichromate de cuivre on obtient
des résultats négatifs mauvais ou irréguliers. Le traitement préa-
lable des préparations par un dissolvant des lipoïdes (surtout si
celui-ci agit à 37°) empêche la réussite de la coloration et à la
place des granulations on trouve des vacuoles incolores. Même
résultat négatif si, tout en suivant notre technique, on fait la
coloration à 3-° au lieu de la faire à la température ordinaire. Le
vieillissement des préparations s'oppose aussi à la réussite de la
coloration.
Nous vovons que les substances décelables par notre procédé
sont délicates et facilement altérables. Quant à leur nature ehi-
mique (vu notamment leur colorabilité élective par un colorant
des lipoïdes et em même temps leur solubilité dans les dissol-
vants de ces mêmes corps), nous sommes enclins à admettre
qu'elles doivent appartenir au groupe des lipoïdes sans ètre tou-
7146 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (92}
tefois des graisses ordinaires. En effet on les retrouve d’une ma-
nière absolument constante dans les leucocytes à granulations
soit que l’on: pratique cet examen après un repas soit que l'or-
ganisme soit à jeun depuis longtemps ; ces substances représen-
ient donc un composant constant constitutif des granulations
leucocytaires. |
La présence de gouttelettes et de granulations soudanophiles
a été signalée depuis r907, d’abord par Césaris Demel, ensuite
par plusieurs autres auteurs italiens (Ferrata, Buttino et Quarelli,
Micheli, Crespellani, Garletti, Ciaccio), qui ont employé une
autre technique. Comme le résultat diffère sensiblement des
nôtres nous nous réservons d'exposer ceux-ci dans une prochaine
communication.
(Clinique des maladiès nerveuses de la Faculté de médecine).
ESSAIS DE CULTURES MICROBIENNES SUR MILIEUX D'ORGANES,,.
par E. Savinr et M. GAROFEANO.
Poursuivant des recherches antérieures publiées iei même (1),
et utilisant la même technique, nous avons étudié la culture de
plusieurs Bactéries (choléra, pyocyanique, Staphylocoque, diph-
térie, Proteus, colibacille, typhique, paratyphique À et B, Bacille
de Gärtner, dysentérie) sur divers milieux d’organes (thyroïde,
testicules, ovaire avec corps jaune, poumons, surrénale, foie,
rate, pancréas, glande salivaire, muscles, caillot sanguin). Ges
organes avaient été récoltés à l’abattoir sur des Bœufs.
Les cultures maintenues à 37° ne commencent généralement
à être visibles qu’au bout de 48 heures pour atteindre leur apogée
après à ou /{ jours et s'arrêter ensuite. Les cultures se présentent
sous l’aspect d’une couche d'épaisseur variable parfois extrême-
ment mince d’autres fois assez épaisse, à surface humide et lui-
sante, translucide, parfois filante, prenant d'habitude une cou-
leur voisine de celle du milieu emploxé (erisâtre sur la surré-
nale, le poumon et la rate; jaune doré sur le testicule et le corps
jaune de l'ovaire; brun foncé sur le muscle.) Dans certains cas
le développement reste limité à la strie d’ensemencement; dans
d’autres, la culture envahit toute la surface. Le pigment spécial
à certaines Bactéries (Staphylocoque doré, procyanique) n’appa-
rait qu'après 3 jours de séjour à l’étuve. L'action favorable des
milieux d'organes sur le développement des Bactéries peut être
(x) Parhon et Savini. C. R. de la Soc. de biol., 1915, t. LXXVIIT, pp. 161, 163
et 197.
(93) SÉANCE DU 12 pécemBre 1921 147
Ne 0 mn ER ee din MM", 4,"
classée, par ordre décroissant, de la manière suivante : rate, sur-
rénale, ovaire, testicule, glande salivaire, pancréas, poumon,
muscles, thyroïde, foie, caillot sanguin. Ge sont surtout ces trois
derniers milieux qui donnent les cultures les plus pauvres. En
‘effet, la thyroïde ne permet guère que le développement du Ba-
cille pyocyanique et du Vibrion cholérique ; les autres n'y don-
nent que des cultures maigres. Le foie ne permet guère la cul-
ture que du pyocyanique : les autres microbes ne sy développent
pas où presque pas. Quant au caillot sanguin aucune des Bac-
téries étudiées par nous ne s'y développe; celles même qui y ont
été déposées lors de l'ensemencement finissent par mourir. L’im-
prégnation préalable du caïllot avec du bouilon permet cepen-
dant le dévelopement de presque toutes les Bactéries étudiées
sous forme d'une couche rouge foncé, presque noire.
Parmi ces diverses espèces microbiennes c’est le Bacille diph-
térique qui pousse le plus difficilement. Sur la thyroïde, le foie,
le poumon, sa croissance est nulle; elle est extrêmement faible
sur les autres milieux. Les microbes du groupe du colibacille
.(colibacille typhique, paratyphique) ainsi que le Bacille dysen-
térique se développent difficilement et tardivement (troisième ou
quatrième jour). Ensemencé sur des tranches de poumon, le
Bacille typhique ne pousse pas. Le développement du Staphylo-
coque est faible et tardif; très faible même sur certains milieux
(foie, thyroïde).
Au point de vue morphologique ce sont les Bacilles qui pré-
sentent surtout un polymorphisme considérable non seulement
sur différents milieux mais aussi sur le même organe; on ren-
contre fréquemment dans le même champ microscopique à côté
de Bacille à forme normale d’autres présentant tous les intermé-
diaires nossible entre la forme coccobacillaire jusqu'à celle de
filaments. Le plus bel exemple de polymorphisme est offert par
le Bacille diphtérique; à côté d'un petit nombre de Bacilles nor-
maux on trouve les formes les plus variées (coccobacilles, fila-
ments, Bacrlles renflés en massue, à une ou aux deux extrémités);
le Vibrion cholérique accuse lui aussi un polymorphisme mar-
qué sur divers organes, car on trouve à côté de formes normales
des filaments longs, épais et ondulés, des formes en V, CG, L,
des formes spirillaires. Pour les autres Bacilles étudiés, les varia-
tions morphologiques sont également asez prononcées. Quant
au Staphylocoque, sa forme ne varie guère, sauf sur la thyroïde
où l’on trouve des formes coccobacillaires parmi les formes en
cocci. Les Bacilles mobiles gardent leur mobilité.
La vitalité des cultures est asez longue. Le Vibrion cholérique
par exemple cultivé sur thyroïde peut être repiqué deux.ou trois
748 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (94)
semaines plus tard sur gélose où il pousse normalement. Du
même coup le polymorphisme disparait.
En résumé, on peut dire que les divers microbes étudiés par
nous se développent très irrégulièrement sur les milieux d’orga-
nes, et que le polymorphisme y est fortement accusé. Cette action
semble bien être due à la nature physico-chimique des milieux
employés ces derniers étant soustraits à l’action du système ner-
veux et à celle de la circulation.
Il serait intéressant de poursuivre ces recherches pour voir si,
en prolongeant la culture, sur ces divers milieux, les microbes
ne subiraient pas une transformation définitive, stable, trans-
missible par hérédité; peut être ariverait-on de la sorte à obtenir
par sélection des races présentant des propriétés biologiques nou-
velles et que l’on pourrait peut être utiliser pour la fabrication
des vaccins.
(Laboratoire de pathologie et de thérapeutique générale
de la Faculté de médecine).
‘CONTRIBUTION A L'ÉTUDE BIOLOGIQUE DE LA FLORE DE MOLDAVIE.
CHAMPIGNONS PARASITES DES CRUCIFÈRES,
par C. PETRESCU.
Mes observations ont porté sur deux espèces de Champignons :
Cystopus candidus Ktze et Peronospora parasilica Tul., qui atta-
quent Capsella bursa pastoris (Moench), sous forme d’une asso-
ciation biologique tantôt avec parasitisme simple tantôt avec
parasitisme multiple. Dans ce dernier cas les mycéliums des
‘Champignons signalés ci-dessus s'entremêlent et pénètrent dans
les méats intercellulaires des feuilles, en déterminant une hyper-
trophie et une fausse hypertrophie de l’axe de l’inflorescence et
des fleurs. Fait intéressant à noter, l’évolution de ces Champi-
gnons ne se fait pas complètement. parce qu'il leur manque les
organes de conservation qui sont les œufs; le fait a été observé
par nous d’une façon constante sur les quelques milliers
d'échantillons étudiés en Moldavie de mars à novembre ; la chose
peut s'expliquer par le fait que les deux parasites qui vivent en
commun à l'intérieur de Capsella bursa pastoris meurent par ina-
nilion (après avoir détaché du thalle leurs zoosporanges) en
même temps que la plante nourricière, l'assimilation de CO?
étant tout à fait insuffisante soit par suite de la destruction
du tissu assimilateur, soit peut-être parce que la surface d’assimi-
lation est incapable de produire des quantités d’aliments suffi-
santes pour les trois associés. En conséquence, les deux parasites
(95) SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1921 749
insuffisamment alimentés ne peuvent pas terminer leur évolu-
tion par œufs; quant à la plante nourricière elle donne ses fruits,
mais ceux-ci forment des semences qui germent mal. En
échange, la reproduction par zoosporanges s’accomiplit énergique-
ment, que la plante nourricière ait été envahie par l’un des deux
parasites ou par les deux simultanément.
Dans ce dernier cas, si les conidiophores de Peronospora para-
sitica se trouvent enchevèêtrés avec ceux des taches blanches de
Cystopus candidus, les conidiophores du Peronospora se rami-
fient sous l'épiderme et s’enchevêtrent aux zoosporanges du
Champignon associé, sans cependant arriver à sortir par les sto-
mates de l’épiderme qui recouvre les taches blanches. C’est Cys-
topus candidus qui soulève l’épiderme, le fend et met en liberté
les zoosporanges en propageant la maladie ; c’est plus tard seule-
ment que les zoosporanges du Peronospora sont mises en liberté.
Sur des coupes transversales pratiquées au niveau des régions
à taches de Peronospora, on n'’aperçoit, sous l’épiderme, ni les
conidiophores ni les zoosporanges de Cystopus. Sur des coupes
transversales faites au niveau des taches blanches de Cystopus
on voit, sous l’épiderme, l’assise à conidiophores de Cystopus en-
vahie par les conidiophores de Peronospora; ces derniers se ra-
mifient entre les zoosporanges de Cystopus. Une fois l’épiderme
brisé et les zoosporanges de Cystopus disséminés, on aperçoit
même macroscopiquement, les taches caractéristiques du Pero-
nospora qui continue son évolution incomplète par Zzoospo-
ranges. l
J'ai étendu mes observations à d’autres Crucifères (1) qui pré-
sentent une grande surface d’assimilation (Sinapis nigra, S. alba,
Rapistrum perenne, etc.); ici le parasite, bien nourri, termine
son évolution complète et produit ses œufs; quant à la plante
nourricière elle nous montre encore vers l’automne ses fruits
avec des semences qui sont capables de germer.
(Laboratoire de botanique de la Faculté de médecine).
(x) C. Petrescu. Bulletin de la sect. scient. de l’Académie roumaine, 6° année,
n°% 5, 6, 1920.
Brorocre. CoMpTEs RENpUS. — 1922. T. LXXXVII. 5x
750 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (06)
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE BIOLOGIQUE DE LA FLORE DE MOLDAVIE.
ASSOCIATIONS BIOLOGIQUES AVEC PARASITISME SIMPLE OU COMPLEXE,
par OC. PEeTREscu.
Depuis 1908 j'ai réuni un certain nombre d'observations sur
l'association avec parasitisme simple entre Euphorbia gerardiana
et Uromyces lævis Kornike d’une part, puis d’autre part entre
Euphorbia gerardiana et Uromyces tinctortüicola. P. Mg. Ces ob-
servations ont été recueillies dans la région qui s'étend dans les
environs de Târgu- -Neamt, Lunca, en et Vânâtori-Neamt
(district de Neamt) à 4oo mètres d'altitude durant le printemps,
l'été et l'automne. Le mycélium avec æcidies et æcidioles se
développe pendant le printemps (mars à juin); le mycélium qui
donne les téleutospores se développe pendant l'été (juin à août)
et pendant l’automne.
P. Magnus pense qu'à l'Uromyces linctoriicola appartient aussi
le mycélium qui montre les æcidies. Trantschel (r) en doute,
parce qu'il dit : Im Sommer 1909 habe ich in Sudrussland verge-
bens nach æcidien auf E. gerardiana gesucht, wahrend ich
Uromyces lincloriicola auf dieser pflantze uberaus haufig beo-
bachten konnte. Deshalb erscheint mir die zugehorigkeit von
æcidien zu dieser Art sehr zweifelhaft.
Trantschel (1. c. p. 30) émet la même opinion au sujet de
Uromyces lævis. Les observations que j'ai faites sur le terrain
nous démontrent que le mycélium avec æcçidies se développe
pendant le printemps et non pendant l'été et l'automne. II se-
rait donc une continuation du mycélium avec æcidies qui se
trouve sur les jets stériles d'Euphorbia gerardiana et représen-
terait le mycélium avec téleutospores de l’'Uromyces lævis et:
tinctoriicola, ces derniers se trouvant habituellement sur les jets
stériles d'Euphorbia gerardiana; la sécheresse de l'été ne permet
plus le développement d’æcidies.
Je note ici que l'Uromyces lævis est un Champignon non en-
core signalé dans la flore de Moldavie.
Euphorbia gerardiana Jacq. var. tenuifolia (matrix nova) qui
est envahie par Uromyces lævis Kornicke, n’est signalée dans la
flore de Moldavie que dans la région étudiée par moi aux envi-
rons de Tärgu-Neamt.
Je n'ai pu rencontrer, jusqu’à présent, l'association biologique
avec parasitiime multiple de l’'Uromyces lincloriicola et Uro-
myces lævis sur Euphorbia gerardiana-
Depuis l’automne de 1917 j’ai poursuivi des observations sur
(1) W. Trantschel. Anales mycologici achter jarhgang, p: 28, 1910.
SÉANCE Du 12 péÉcemBre 1921 751
l’association biologique avec parasitisme simple de Tolypospo-
rium bullatium (Schrotter), qui se développe dans les ovaires de
la plante phanérogame Panicum crus-galli, et de Panicum crus-
galli avec Cintraclin crus-galli (Tracy et Earle) Magnus ; le para-
site se développe dans les feuilles, au niveau des nœuds de la
tige et dans les jeunes panieules des jets fertiles de la plante nou-
ricière. J'ai rencontré une seule fois un gonflement sur l'axe du
panicule de la plante adulte.
Pendant l'automne de :919 j'ai pu noter au même endroit
(Vanatori-Neamt, district de Neamt) l'association biologique
avec parasitisme multiple de Tolyposporium bullatium et Cin-
tractia crus-galli avec Panicum crus-galli chaque parasite étant
localisé dans des points différents. La plante nourricière produit
des fruits capables de germer.
Pendant le printemps de 1917 j'ai noté l’association biolo-
gique avec parasitisme simple de Puccinia fusca Wint. et de
l'Urocyctis anemones (Schroter) avec la plante phanérogame
Anemone nemorosa L. dans les environs de Vanatori-Neamt. Le
22 mai 1917, j ai découvert, sur la montagne Cetatea-Neamt (600
mètres d'altitude), l’association biologique avec parasitisme com-
plexe des formes suivantes : Urocystis anemones ayant envahi
la tige et les feuilles d’'Anemone nemorosa: Puccinia fusea ayant
envahi le reste de la feuille. La plante nourricière s’affaiblit et
finit par mourir.
(Laboratoire de botanique de la Faculté de médecine).
LE CHOC HÉMOCLASIQUE. DANS LA MALARIA,
par R. Orinescu.
J'ai eu l’occasion d'observer, depuis trois ans, de nombreux
cas de malaria à forme grave, avec subictère, anémie inteuse,
…_albuminurie. J'ai tâché de me rendre compte jusqu'à quel point
la cellule hépatique était intéressée dans cette affection.
D L'étude nrologique des fermes graves avait montré à Marcel
… Labbé qu'il n'existe, dans l’urine des malades, ni vrai pigment
biliaire, ni urobiline mais bien un pigment, non ferrique, dérivé
D de cine Le même auteur avait constaté un trouble très net
… du métabolisme azoté caractérisé par une forte ammoniurie.
…—. J'ai utilisé pour cette étude le choc hémoclasique préconisé
— par Widal, Abrami et Jancovesco. J’ai choisi pour ces recherches
des malades atteints de malaria diagnostiquée par l'examen du
… sang, en excluant tous ceux qui avaient présenté antérieurement
4 une maladie contagieuse grave ou un ictère infectieux, Mes ex-
12 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (98)
périences ont porté sur 4o malades : 15 atteints de fièvre tierce
bénigne, 9 de fièvre quarte et 16 atteints de fièvre estivo-autom-
nale.
L'examen urologique de ces malades n'a révélé ni pigment ni
urobiline; rarement, dans quelques cas, j'ai noté une albumi-
nurie passagère. Tous ces malades ont été soumis au traitement
quininique per os; dans les formes très graves seulement j'ai eu
recours aux injections sous-cutanées de quinine.
Je n’ai déclenché le choc hémoclasique expérimental qu'après
6-8 jours d'apyrexie. Pour cela les malades étaient tenus à jeun
la veille au soir; le matin, après avoir préalablement pris la ten-
sion artérielle et pratiqué la numération des leucocytes on faisait
ingérer aux malades 200 gr. de lait; 4o-60o minutes plus tard on
pratiquait de nouveau la numération des leucocytes et l’on pre-
nait la tension artérielle.
J’ai considéré comme positifs tous les cas dans lesquels on
trouvait une diminution de 2.000 au moins dans le nombre des
leucocytes; comme douteux tous ceux qui présentaient une di-
minution de 1.000 leucocytes au moins avec une chute de la
tension artérielle de 2 cm.
Les résultats obtenus ont été les suivants
Sur 15 cas de fièvre tierce il y en eut 4 de positifs dont l’un
avec un abaissement de 8.000 leucocytes; 3 cas douteux et 8 né-
gatifs. Sur 9 cas de fièvre quarte il y eut 3 cas intensément posi-
tifs, 2 douteux et À négatifs. Sur 16 cas de fièvre estivo-autom-
nale, il y eut 6 cas positifs dont l’une avec un abaissement de
9.000 leucocytes, un cas douteux et 9 cas négatifs. En résumé,
sur /o cas, 13 ont été positifs, soit une proportion de 32,5 p. 100
_ 6 douteux, soit 15 p. 100 et 21 négatifs, soit 52,5 p..100. Généra-
lement, les cas ayant donné un choc hémoclasique positif étaient
ceux qui, dans une atteinte antérieure de malaria n'avaient subi
qu'un traitement incomplet par la quinine.
rs = ES SES 5:
PT NA
(21) | 753
RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE
SEANCE DU 10 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Banc (F.): Démonstration ex- hémorragique, déterminée par les
périmentale d’un temps de la- rayons de Roentgen............ 27
tence dans l’éclosion des tumeurs Larsen (E.-G.) : La réglemen-
HAÏNTGTES LASER TRE 22 | tation neutralisatrice dans l’al-
Banc (F.): Processus histolo- coolisme chronique et dans ses
giques au cours de l’évolution du états secondaires... .:......1.. 0. 21
cancer du goudron chez les Sou- Vimrtrup (B.): Sur les éléments
HISDIANCRES 0 Le... 25 | contractiles dans la paroi des
Fasricrus-MôLzLer (J.) : Etudes capillaires sanguins.,.....,..... 29
expérimentales sur la diathèse
Présidence de M. Th. Madsen.
LA RÉGLEMENTATION NEUTRALISATRICE DANS L'ALCOOLISME CHRONIQUE
ET DANS SES ÉTATS SECONDAIRES,
par ERIK G. LARSEN.
Dans une série antérieure de communications aux Comptes
Rendus de la Société de biologie, nous avons exposé les anoma-
lies de réglementation qui se présentent dans l’épilepsie « au sens
propre » (1) et dans la déréglementation ammoniacale (2). Nous
avons établi alors le fait que dans l’épilepsie au sens propre, il
existait des anomalies de métabolisme constantes et caractéristi-
ques, qu'on retrouvait chez un petit groupe de dégénérés dont
les symptômes pris ensemble ont été décrits sous le nom de déré-
glementation ammoniacale.
Dans notre laboratoire, on poursuit à présent des recherches
au sujet de la réglementation dans des psychoses de toute espèce ;
au cours de ces travaux, j’ai étudié quelques cas d’alcoolisme chro-
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. 84, p. 159 et suivantes.
(2) C. R. de la Soc. de biol., t. 84, p. 1047.
154 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (22)
nique. Ce qui m'intéressait spécialement, c'étaient les rapports
entre l’épilepsie et l’alcoolisme (Gaup) et, en outre, l'existence
d'un nombre considérable d’alcooliques dans la famille des épilep-
tiques. Nous avons étudié 4 cas d’alcoolisme à progression cons-
tante, 1 cas d'alcoolisme compliqué de démence simple, 1 cas
d’alcoolisme avec imbécillité, r cas d’alcoolisme accompagné de
dégénérescence psychopathique, et enfin 4 cas de psychose de Korsa-
koff, dont un se développait en combinaison avee un delirium tre-
mens, tandis que 3 étaient caractérisés par des convulsions au cours
de la maladie. Tous ces cas montraient une réglementation nor-
male ; je dois ajouter que des expériences instituées QE Noervig
ont constaté qu'un empoisonnement alcoolique aigu n’a aucune
influence sur la réglementation.
Ces recherches me semblent indiquer que la dégénérescence
qui peut mener à l'alcoolisme chronique est d’une autre nature
que celle qui s'accompagne de déréglementation, En outre, mes
études ne sont pas propres à confirmer l’opifiion de ceux qui re-
gardent l'alcoolisme chronique comme donnant une disposition
héréditaire à l’épilepsie au sens propre, qui est accompagnée de
déréglementation. Enfin, je dois appeler l'attention sur les 3 câs
qui, malgré les convulsions, présentaient une régulation nor-
male, car on a ici de nouveaux exemples de convulsions épilep-
tiformes chez des non-épileptiques et sans troubles de la régle-
mentation (x).
(Clinique psychiâtrique du D° Bisgaard, Roskilde).
DÉMONSTRATION EXPÉRIMENTALE D'UN TEMPS DE LATENCE.
DANS L'ÉCLOSION DES TUMEURS MALIGNES,
par FRiptor BANG.
Comme suite aux recherches publiées antérieurement par Fi-
biger et moi-même, au sujet de l'effet du badigeonnage par le
goudron chez les Souris blanches, j'ai entrepris une nouvelle série
de travaux comprenant en tout 263 Souris, que j'ai classées en
15 séries d'expériences différentes. J’ai employé la même mé-
thode et le même goudron que précédemment,
Mon matériel comprend 22 carcinomes au début et 93 earei-
nomes en pleine évolution ; parmi ceux-ci, 5 étaient compliqués
de sarcome fuso-cellulaire. Parmi mes animaux, ceux qui, pen-
dant le badigeonnage, furent maintenus dans une obseurité com-
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. 85, p. 366.
(23) SÉANCE DU 10 SUIELETr 759
plète présentèreht des lésions cancéreuses aussi rapidement que
lés autres, et l’évolution fut la mêmie.
J'ai noté des métastases viscéräles et Iÿmphatiques dans
25 p. 100 des cas. L'une des ces métastases était carcino-sarcoma-
teuse. Je n'ai pas constaté de récidive après extirpation des tu-
meurs à moins qu'une partie de la peau badigeonnée ne soit lais-
sée en place. Les métastäses continuaient à se développer après
l’ablation d’un néoplasme primitif (1).
Pour 5 séries, le badigeéonnage a été continué pendant { mois
et plus. Une partie dé ces Souris, mortes avant le 6° mois, n'étaient
pas atteintes de cancer, tandis que le reste, en tout 77 Souris,
sauf 2; sont toutes devénues cancéreuses (97,4 p: 106).
J'ai observé pendant 1 an et plus des séries de Souris badi-
géonnées au goudroh pendant 1 à 4 mois.
r mois de badigéonnage : 14 Souris o Carcinoie
j mois de badigeorninäge ? 16 Souris 8 tarcinomes
3 moiïs de badigeonnage : 13 Souris O cafcinomes
k mois de badigeonnage : 12 Souris 12 carcinomes
L'importanee de la durée du temps d'application ressort nette-
ment de cè tableau.
Pour 45 Souris, soit par hécropsié, soit par biopsie, j'ai exa-
mihé la peau iHouehée à des époques variant de 4 à 180 jours
après le début du traitement.
J'ai pu constater ainsi que dés processus d’ hÿpérplasie s’instal-
läieñt dès le { jour et que l'infiltration des cellules épithéliales
én profondeur débutait foujours au niveau d’uné hyperplasie.
Sauf exception, cette infiltration ne commence qu'après {À mois
au moifs d'application continue. Dans Îles cäs exceptionnels de
dévelôppement rapide, il faut admettre une prédisposition indi-
viduellé. Si le badigeonnagé n’est continué que durant A fnôis,
du momenñt où il césse, il n'existe qu'ékééptionnellement uné iñ-
filtration en DOdudc ne Néanmoins, äu cours dés mois sui-
vants, le cancer apparaîtra fatalement. Céci ést tout à fait d’ac-
cord avec les expériences dé greffes autologues des papillomes
du goûdron efféctués par Murray et Woglom (2). Des formations
histologiquement bénignes péuvent donc être biologiquement
Malighés, ellés ne Manifesteront leur malignité qu'ultériéure-
tént par une croissänce envahissanté et destructive. De télles
formations sont des carcinomes lätents en puissatice, pourrait-on
_ dire. Pär « temps de laténce » j'entends le {emps qui s'écoule
(x) Je tiens à faire rérharquer, dès maintenant, que dans ne série d’éxpé-
riences dont il n’est pas parlé ici, j'ai pu provoquer un cancer à deux endroits
différents et à des époques différentes chez les mêmes animaux.
(2Ÿ Murray and Woglom. Imperial Cancer Research Fund, sevénih scieni.
réport; 1021:
756 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (24)
depuis le moment où le badigeonnage a rendu les cellules biolo-
giquement malignes, jusqu'au moment où commence la crois-
sance envahissante, les badigeonnages ayant été suspendus pen-
dant ce temps.
Comme les Souris badigeonnées pendant un mois seulement
échappent au cancer et que celles badigeonnées durant 4 mois
présentent fatalement une tumeur maligne, on pourrait estimer
que la durée de badigeonnage justement nécessaire pour effec-
tuer la transformation d’un tissu est d'environ 2 à 3 mois. Donc,
si je veux trouver des animaux qui ont subi le traitement pen-
dant ce temps nécessaire et suffisant pour opérer la transforma-
tion maligne de leurs cellules, je dois les chercher parmi ceux
des séries qui ont subi un badigeonnage de 2 ou de 3 mois. Chez
la plupart de ces Souris, le développement du carcinome est plus
lent à apparaître que chez celles qui ont subi un badigeonnage
de 4 mois. En effet, il ne survient que 8 à ro mois après le début,
tandis que chez ces dernières, on le voit se manifester de 6 à 7
mois après le commencement du traitement. Le plus long temps
de latence que j'ai ainsi observé est celui d’une Souris qui, badi-
geonnée pendant 2 mois, est morte 317 jours après le début des
badigeonnages : j'ai trouvé chez elle un collet de poils hyper-
plasié et kystique, présentant en plusieurs points de sa surface
des cellules en voie d'infiltration cancéreuse débutante (temps de
latence environ 8 mois). Dans certains de ces cas, les poils re
poussent sur la peau dénudée et c’est alors un fait extrèmementi
étonnant de voir apparaître un carcinome chez une Souris exté-
rieurement saine.
Comme les Souris badigeonnées pendant 4 mois et plus pré-
sentent du cancer après 6 à 7 mois (l'époque la plus longue dans
ces séries fut de 235 jours), on peut admettre que l’on peut rac-
courcir l’époque d’éclosion des carcinomes en continuant les ba-
digeonnages au delà de la transformation biologique des cel-
lules en éléments malins.
On sait, par des observations cliniques, que des ouvriers ont
présenté des cancers typiques 10 à 20 ans après avoir cessé d'être
en contact avec les produits nocifs, soit la suie, soit l’aniline ; on
peut croire que, chez l'Homme aussi, la même période de laténce
existe, seulement elle est plus longue, étant donnée la plus
grande longévité de la race humaine. Il résulte de ces observa-
tions que si l'Homme est touché par les substances cancérigènes
à l’âge adulte seulement, le cancer n’éclatera chez lui qu’à un âge
avancé. De tels faits vont à l’encontre des idées de ceux qui veu-
lent voir dans le cancer une maladie des vieillards. Moi-même,
d’ailleurs, j’ai pu provoquer ces tumeurs bénignes et malignes avec
la même fréquence et la même rapidité chez des Souris très. jeu-
'
(25) SÉANCE DU 10 JUILLET Tan
D RM, , Te A ——
nes. J'avais, dans ce but, commencé les badigeonnages 18 à 24
jours après la naissance, alors que les animaux étaient encore
allaités par leur mère.
(Institut d'anatomie pathologique de l'Université de Copenhague,
P' Fibiger).
PROCESSUS HISTOLOGIQUE AU COURS DE L’ÉVOLUTION
DU GANCER DU GOUDRON CHEZ LES SOURIS BLANCHES,
par Frintior Banc.
Le matériel de ces recherches provient des 263 Souris dont j'ai
parlé antérieurement (voir la note précédente). Outre les nécrop-
sies, j'ai fait 24 biopsies surtout parmi des Souris spécialement
réservées à cette intention ; la plupart des pièces ont été débitées
en coupes sériées.
Le goudron provoque immédiatement une prolifération in-
tense des cellules épithéliales en sorte que les deux couches d’épi-
derme normal vont donner naissance à plusieurs assises cellulai-
res. Tandis que tous les follicules pileux sont rapidement dé-
truits, le collet des poils reste ordinairement en place et devient
hyperplasique, certains plus fortement que les autres (vraisem-
blablement parce qu'ils sont remplis de goudron.
Par suite de leur croissance hyperplasique, ces collets se dila-
tent pour former un kyste ; par étranglement il se forme de
petits kystes épidermiques, inclus dans le chorion. Ceux qui
s’isolent ainsi au début des attouchements sont résorbés par un
processus macrophagique. Un peu plus tard, il se produit une
hyperplasie du chorion qui est dès lors constitué par des fibro-
blastes jeunes. Pourtant, semblable hyperplasie ne se démontre
pas nettement à moins que plusieurs collets de poils voisins et le
tissu conjonctif qui les entourent ne soient également le siège
d'hyperplasie : ce sont ces formations qui sont les points de départ
des papillomes, Si le processus hyperplasique du tissu con-
jonctif l'emporte sur celui du tissu épithélial, on assiste à la
naissance d’un papillome ordinaire refoulé vers l'extérieur ; si le
contraire arrive, il survient une formation épidermique invagi-
née qu'on pourrait considérer comme un papillome pénétrant
dans l’épaisseur du chorion (papillome « invaginé »).
Les processus continuent et la structure des papillomes devient
de plus en plus complexe. Si la kératinisation est intense, il sur-
vient des cornes cutanées ou des kystes cornés énormes. Les cel-
lules endothéliales des vaisseaux lymphatiques changent leur
758 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (26)
forme et deviennent cubiques (résorption des produits du gou-
dron ?). Tous ces processus histologiques sont accompagnés de
symptômes inflammatoires et diapédétiques. Ainsi la peau qui,
au début du traitement, est plane et lisse, présente, après avoir
subi une action pourtant uniforme du goudron, une surface ir-
régulière et papillomateuse parce qu quelques points ont été
plus influencés que d’autres.
Le plus souvent, l'invasion épithéliale débute aux dépens de
cellules appartenant aux papillomes ou aux collets des poils hy-
perplasiés ; après un badigeonnage continué pendant longtemps,
on peut la voir apparaître aussi en un endroit quelconque de la
surface de la peau. En outre, on la voit souvent partir des kystes
partiellement résorbés qui ont dû séjourner un certain temps
‘dans le chorion (« carcinome latent », voir la note précédente).
Ordinairement, les premières cellules envahissantes ont la
même affinité tinctoriale que les cellules épithéliales normales
(toutefois, je n’ai pas étudié le caractère de leurs mitoses). L’aty-
pie cellulaire caractéristique des carcinomes en pleine évolution
ne se retrouve pas iei et n’est donc probablement qu’un caractère
secondaire.
Par de multiples examens de coupes sériées, j'ai pu démontrer
que les divers processus apparaissent après le début du badigeon-
nage dans l’ordre suivant : l’épaississement épithéliaäl débute
après un ou deux badigeonnages, les kystes épithéliaux se ren-
contrent dès le 10° jour, les formations papillomateuses apparais:
sent au plus tôt le 29° jour, mais ne deviennent fréquentes qu’a-
près le 2° ou 3° mois et macroscopiquement visibles lé 4° où 5°
mois ; C'est après que commence l'invasion des cellules épithé-
liales.
Ce n’est que la démoñstration microscopique dé la formation
d’ün papillome débutant qui noûs signale sürémient [a partici-
pation du tissu conjonctif aux processus Hÿperplasiques Co) Ru
cours du preémiér mois du badigéonnäagé dans léquel l'épaisisse-
ment épithélial est en plein développemént, on n’obsérve point
d’hÿperpläsie du tissu conjônctif. Après lé bädigéonnage conti
nué pendant ce temps, il he se développe pas non plüs de cäncer.
Après le badigeonnage continué pendant 2-3 miois, des papillo-
mes débuütants évoluent dañs cértains cas ef, parfois, des carci-
només. Par éontre, après üunñ badigéonnage continué pendant
4 mois et plus, il se forme totjours des papilloimes qui, plus tard,
sont suivis à peu près constatent de cancers.
(x) Uné évélütion du tissu cohjonctif Conimentant par un état d’hypérplasie
simple; doit être admis aussi pour les sarcomes ; séulément les cas de sareomes
sont plus rares et les points de repère de leur évolution plus difficiles à préciser.
|
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|
|
FAI
(27) SÉANCE DU 10 JUILLET 759
RAR OR à D een” OR COR eee ts
Ces observations annoncent que la malignité biologique de
l'épithélium hyperplasié s'accompagne ordinairement d'une hy-
perplasie du tissu conjonctif.
Dans un mémoire précédent j'ai rapporté que, chez des Souris
badigeonnées pendant 2-3 mois, il ne s’est développé de carci-
nome que dans certains cas, Chez les Souris restantes il m'y avait
qu'une hyperplasie dont j'ai pu démontrer la régression quel-
ques mois après la cessation du badigeonnage, Cependant, chez
quelques-unes, les processus hyperplasiques ont persisté plus
longtemps que le temps de latence le plus long. Chez deux Souris
badigeonnées pendant 2 mois, on a fait une biopsie 15 jours
après la cessation du badigeonnage. Dans les jours suivants, il
se développa des papillomes qui, à la mort de l'animal (r an;
1 an 1/2 environ après le premier badigeonnage), ne présentè
rent point (par l'examen des coupes en séries) des lésions histo-
logiques malignes.
Ces observations permettent les conclusions suivantes
1° Les processus hyperplasiques peuvent tendre vers la ré-
gression.
2° Ils peuvent persister, chez les Souris, jusqu'à un âge très
avancé sans quil en résulte un cancer.
Le facteur décisif du développement d’un cancer du goudron
n’est donc pas à chercher seulement dans les hyperplasies com-
binées, épithéliales et conjonctives, même pas dans les cas où
ces hyperplasies aboutissent à la formation des papillomes visi-
bles à l'œil nu. Les processus hyperplasiques ne sont suivis de
carcinome que dans les cas où un badigeonnage plus prolongé
leur à donné la malignité biologique.
(Institut d'anatomie pathologique de l'Université de Copenhague,
| P° Fibiger).
ETUDES EXPÉRIMENTALES SUR LA DIATHÈSE HÉMORRAGIQUE
DÉTERMINÉE PAR LES RAYONS ROENTGEN,
par J. Fasricrus-MôEter.
Si un lot de Cobayes est exposé à une irradiation totale de
rayons Roœntgen, pratiquée au travers de filtres d'aluminium
d'épaisseur différente (3 à 9 mm.), tous les animaux traités à
7 H: ou plus, meurent. Les doses au-dessous de 5 H. n’ont jamais
un effet mortel, tandis que celles de 5-6 H. tantôt déterminent
la mort, tantôt ne l’amènent pas, La mort survient toujours
760 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (23)
8-13 jours après l’irradiation, indépendamment de la grandeur
de la dose.
Chez tous les animaux traités à 5 H. ou plus, j'ai pu consta-
ter constamment des hémorragies considérables dans les tissus
suivants : la peau, le péritoine, le cerveau, le poumon, le péri-
carde, l’estomac, les intestins, la vésicule biliaire, les capsules
surrénales, la vessie, l’épididyme, le tissu rétropéritonéal, l’épi-
ploon, le mésentère, les ganglions lymphatiques et les muscles.
Les suffusions sanguines observées doivent être regardées
comme les symptômes d’une diathèse hémorragique.
Au moyen de séries d'expériences, au cours desquelles les ani-
maux furent tués à des intervalles variables après lirradiation,
par l'examen des organes présentant des hémorragies, au moyen
d'épreuves journalières à la benzidine sur les fèces des Cobayes
irradiés, et enfin par la recherche du moment où un saignement
prolongé se déclare chez les animaux, j'ai pu constater que les
hémorragies mentionnées commencent toujours 7-8 jours après
l’irradiation.
Mes études sur le comportement des globules blancs dans le
sang des animaux irradiés, poursuivies suivant la technique mise
au point par Ellermann et Erlandsen, ont affirmé sur tous les
points essentiels la justesse des observations déjà faites par plu-
sieurs chercheurs (Aubertin et Beaujard, Helber et Linser, Ben-
jamin, Reuss, Sluka et Schwartz et plusieurs encore).
Par des expériences sur l’effet des rayons sur les organes hé-
matopoïétiques, j'ai également pu constater l'exactitude de la
découverte classique de Heineke.
D'autre part, j'ai observé, contrairement aux auteurs précé-
dents, que par l’irradiation aux rayons Rœntgen, aux doses men-
tionnées ci-dessus, on peut réduire le nombre des globules rou-
ges et le pourcentage d'hémoglobine du sang. Au cours de mes
recherches, j’ai réussi à démontrer que ces altérations apparais-
sent en même temps que la diathèse hémorragique qui les déter-
mine, c'est-à-dire qu’elles sont dues à l’anémie, le plus souvent
très considérable, résultant des pertes de sang.
Mes recherches prouvent que la diathèse hémorragique n'est
pas due à une réduction de la teneur du plasma en fibrine, ni à
l'effet des rayons sur les vaisseaux de l’organisme, mais elle s’ex-
plique par une diminution du nombre des plaquettes résultant
de l’irradiation,. phénomène qui, 7-8 jours après le traitement,
atteint justement le degré voulu pour que les hémorragies se
déclarent.
Chez le Cobaye normal, le nombre des plaquettes est très
grand (900.000 par mmc. de sang), et le pourcentage de fibrine
dans le plasma est considérable (0,47-0,60 p. 100), ce qui explique
(29) SÉANCE DU 10 JUILLET 761
le phénomène bien connu que le sang du Cobaye se coagule très
vite.
La réduction du nombre des globulins, qui suit l'irradiation
aux rayons Rœntgen, peut, même avec les doses dont je me suis
servi (5 et ro H. 6 mm. d’alum.), devenir tellement grande qu'on
trouve à peine 1.000 plaquettes par mme. de sang.
En comptant les mégacaryocytes de la moelle osseuse, j'ai pu
démontrer que le nombre de ces cellules diminue considérable-
ment après le traitement aux rayons Rœntgen, et au moyen
d'une numération simultanée des plaquettes et des cellules géan-
tes, j'ai pu mettre en évidence un parallélisme existant entre le
nombre de ces dernières cellules dans la moelle et celui des glo-
bulins dans le sang, fait qui milite en faveur de la théorie de
Wright. Cette théorie dit que les plaquettes sont formées par les
mégacaryocytes, et il faut donc probablement chercher la cause
de leur diminution dans l'effet des rayons Rœntgen sur les cel-
lules géantes. Le fait que le nombre de cellules géantes diminue
2 ou 3 jours avant la diminution correspondante des plaquettes
semble indiquer que ces dernières ont une « durée d'activité »
s'étendant à quelques jours.
On n’a pas expliqué jusqu'ici pourquoi les animaux de petite
taille meurent environ 10 jours après une irradiation totale aux
rayons Rœntgen, je pense pouvoir conclure de mes expériences
que la mort est causée par des hémorragies qui se produisent de
la manière décrite ci-dessus.
(Institut d'anatomie pathologique de l'Université de Copenhague,
P° Fibiger).
SUR LES ÉLÉMENTS CONTRACTILES DANS LA PAROI DES CAPILLAIRES
SANGUINS,
par Bs. Vimrrur.
Par une série de recherches, Aug. Krogh a constaté que les
capillaires de la Grenouille se contractent et se dilatent, le plus
souvent indépendamment de la pression sanguine dans les arté-
rioles afférentes ; ces mouvements se produisent spontanément,
ou bien sous l’action locale d’excitants chimiques et mécaniques,
ou à la suite d’une irritation nerveuse. L'établissement de ces
faits prête une nouvelle actualité à la question du mécanisme de
contraction en lui-même.
Deux théories divergentes ont été émises. La première, celle
qui, jusqu’à présent a été universellement reconnue, veut que les
762 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (30)
variations de lumière des capillaires dépendent de modifications
dans la paroï endothéliale (probablement dans sa tension super-
ficielle), par suite desquelles le protoplasme endothélial se gon-
flerait plus ou moins. Stricker déjà parle d'une « Heu de
la paroi endothéliale » (Dickerwerden der Endothelwandung)
comme cause de l’étranglement des capillaires. La seconde théo-
rie est celle proposée par Rouget. Dans la membrane hyaloïde
de la Grenouille, Rouget trouva des cellules péricapillaires forte-
ment ramifiées. Dans plusieurs autres tissus, il décela des noyaux
qui devaient représenter, pensait-il, des cellules analogues dans
ces tissus. Dans la queue de têtards vivants ou nouvellement tués,
ce savant observa, dans le diamètre des capillaires, des variations
— spontanées ou provoquées par voie expérimentale — où les
étranglements Sonore au siège des cellules (noyaux cel-
lulaires) susnommées ; et, s'appuyant sur ces observations, il
déclara que ces Salon devaient être contractiles et déterminer la
contraction capillaire.
Ces résultats, qui, d’ailleurs paraissent assez peu connus, ont
été vérifiés par Sigm. Mayer, qui trouva dans l'intestin de Saiu
mandra maculosa et de Rana des cellules péricapillaires analo-
gues, lesquelles se multiplient vers les artérioles et les veinules
pour se continuer ensuite dans la musculature lisse des artères et
des veines. Cependant, la constatation directe de la contractilité
des cellules en question n’a pas encore été faite, remarque faite
par plusieurs histologistes, de même que par les physiologistes
contemporains qui s'occupent de recherches sur les capillaires,
En étudiant les larves vivantes de Salamandra et de Rana, j'ai
pu constater, dans des circonstances favorables, l’existence, sur
la paroi endothéliale des capillaires, de cellules fort ramifiées,
dont le protoplasme s'étend en prolongements qui embrassent le
capillaire et déterminent un étranglement. Sur le capillaire di-
laté, ces cellules ont un noyau plat, et leur protoplasme s’étend
en une couche très mince sur la surface du capillaire et l’entoure
complètement de ses prolongements. Si le capillaire est con-
traglé, le noyau ovoïde ou presque sphérique forme une bosse
sur l’endothélinm. Le protoplasme est concentré autour du noyau
et ses prolongements plus nettement délimités embrassent le
capillaire. Dans certaines circonstances, j'ai cru observer, sur-
tout sur des capillaires à demi contractés, une structure particu-
lière du protoplasme ; on dirait qu'il contient des fibrilles dont
les faisceaux plus ou moins fournis s’entrecroisent et s£ conti-
nuent dans les prolongements. Si l’on considère un capillaire
avant la contraction, pendant celle-ci, et après, on peut voir une
même cellule prendre successivement ces différents aspects. Les
cellules en question se trouvent surtout aux angles des ramifi-
(31) SÉANCE DU 10 JUILLET 163
cations capillaires, mais aussi le long des tubes. La contraction
prend toujours naissance au niveau d’une telle cellule et se re-
pand, de là, de chaque côté.
Des phénomènes analogues se rencontrent dans la membrane
interdigitale et dans la membrane nictitante de Rana. À la suite
d'une irritation du ganglion sympathique IX ou X, on peut ob-
server pendant la contraction des capillaires les nie on
mentionnées ci-dessus sur des cellules péricapillaires dans la
membrane interdigitale. Les limites des cellules endothéliales
sont à peu près rectilignes dans le capillaire dilaté ; dans le ca-
pillaire contracté elles sont dentelées. Les noyaux changent éga-
lement de forme pendant la contraction, ils se raccourcissent et
s’arrondissent en formant des bosselures vers l’intérieur du vais-
seau, tandis que dans le capillaire dilaté ils sont plats et allongés.
En me servant du bleu de méthyle, j'ai obtenu une coloration
élective de ces cellules contractiles. Grâce à ce procédé, on les
décèle jusque sur les capillaires les plus ténus. Elles sont rangées
une à une, le noyau oblong ordinairement dirigé suivant l’axe
du capillaire, quelquefois un peu obliquement. Du protoplasme
qui entoure le noyau, partent des filaments déliés à structure
fibrillaire qui forment des anneaux autour du capillaire. Dans Ja
membrane nictitante et dans la langue de la Grenouille, les cel-
lules sont si nombreuses et si serrées que leurs prolongements se
touchent ; dans la palmure, elles sont plus clairsemées. Sur les
capillaires plus grands, rapprochés des artérioles et des veinules,
les cellules sont groupées d’une manière plus irrégulière, et elles
sont souvent obliques sur le capillaire. Les prolongements sont
plus épais et moins nombreux. En observant les artérioles et les
veinules, on trouve toutes les formes de transition jusqu'aux cel-
lules musculaires lisses qui sont ici ordonnées en anneaux plus
ou moins complets. Leur protoplasme se rapproche de la forme
fuselée, tout en présentant encore des effilochures ou des dédou-
Lemon de sorte que des fibrilles qu'on distingue dans le
corps du protoplasme se continuent en 2, 3 ou plusieurs pointes
déliées. Ces prolongements diminuent de plus en plus dans la
direction des artères ou veines proprement dites.
Dans des préparations fixées suivant les méthodes usuelles, ces
cellules contractiles se laissent également constater avec sûreté,
surtout après coloration à l’hématoxyline ferrique de Hansen ou
à la fuchsine acide-picro-indigo-carmin.
J'ai observe les cellules en question sur les capillaires de la pal-
mure des larves de la Salamandre et de la Grenouille; chez la
Grenouille adulte, dans la membrane digitale ,ainsi que dans les
membranes hyaloïde et nictitante. En l'honneur du savant qui
764 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (32)
les a observées le premier, je propose de les nommer cellules de
Fouget.
Comme résultat de ces observations, j'ai acquis la conviction
que la contractilité des capillaires est en premier lieu déterminée
par la contraction des cellules de Rouget sur la paroi extérieure
de l’endothélium : le diamètre du tube capillaire est raccourci,
le protoplasme des cellules endothéliales se porte vers le centre
de la cellule ; la cellule entière prend une forme un peu plus ar-
rondie, plus étroite et un peu raccourcie, tandis que le noyau
devenu ovoïde ou fuselé, forme une légère proéminence en
dedans ; par suite d’une très forte contraction, un plissement du
protoplasme endothélial se produira (1).
(Laboratoire de zoophysiologie de l'Université, Copenhague,
P° À. Krogh).
(x) Pour la liste complète de la littérature et la reproduction des dessins faits
d’après les préparations mêmes de l’auteur, consulter Bj. Vimtrup : Beiträge
zur Anatomie der Capillaren. Zeitschrift f. d. ges. Anatomie, I. Abteil., Bd. 65,
Seite 150.
RUE Le LEE".
*
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À
i
(23) | 765
RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUEDE
SÉANCE DU 13 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Dave (H.) Pouvoir hémolyti- Kzinc (C.), Davine (H.) et Lir-
que du sérum antifibrinogène.. 25 | JeNQUIST (F.) : Pouvoir microbi-
Davine (H.) : Préparation et cide du sérum de convalescents
propriétés générales du sérum d’encéphalite....... SALE RES A 29
AMHHDENOoSÈne. Ne... ce 23 WeuLanp (N.): Action de l’atro-
Davine (H.) : Recherches sur pine sur les effets exercés par
le sérum antifibrinogène : rôle du l’adrénaline sur les vaisseaux
HHEMOBENE EAN. DNS STUNT ee Ce eiccie 32
Présidence de M. K. Petren.
PRÉPARATION ET PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES DU SÉRUM ANTIFIBRINOGÈNE.
Note de Hans DAvipe, présentée par GC. Kzic.
En 1901, Camus (1) prépara un sérum contre la fibrine. En
1901 également, Bordet et Gengou (2), et, en 1902, Gengou (3)
seul, démontrèrent le pouvoir anticoagulant du sérum antiplas-
matique et la présence, dans un sérum antifibrinogène, de sen-
sibilisatrices contre le fibrinogène. Dans la présente note et quel-
ques autres à suivre, je me propose de résumer les recherches
que j’ai faites sur des sérums obtenus par l'injection de fibrino-
gène provenant de différentes espèces animales (4).
(x) C. R. de l’Acad. des sc., t. CXXXII, p. 4.
(2) Annales de l’Institut Pasteur, t. XV, p. 3.
(3) Annales de l’Institut Pasteur, t. XVI, p. ro.
(4) Le fibrinogène se prépare de la manière suivante : centrifuger pendant
2 à 3 heures le plasma oxalaté à 1 p. 1.000 ; le lendemain, le filtrer et centri-
fuger de nouveau le filtrat pendant 2 heures ; précipiter le fibrinogène selon la
méthode de Hammarsten.
Brorocre, COMPTES RENDUS, — 1922. T. LXXXVII. 59
766 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUËDE (24)
À. Sérum contre le fibrinogène de Cobaye. On obtient ce sé-
rum en inoculant des Lapins par la voie intraveineuse avec du
fibrinogène à doses croissantes. Pour avoir un sérum efficace, il
suffit dans la règle d’injecter le fibrinogène provenant de 100 c€.c.
de plasma. Cette dose est répartie en trois injections. Il est à
signaler que, nonobstant l'injection de doses même beaucoup
Sir considérables que celle mentionnée, plus d’un tiers des ani-
maux inoculés ne fournissent pas de sérum utilisable.
Si, sous la peau d'un Cobaye, on injecte 0,2 c.c. du sérum
en question, on provoque des altérations morbides, avant tout
une hémolyse intravitale, qui amène la mort de l'animal en 2 à
4 jours. Dès le lendemain de l'injection, un grand infiltrat se
produit et cet infiltrat s'accroît considérablement pendant les
jours suivants. Le nombre des globules rouges se réduit rapide-
ment, de sorte qu'il n’en reste plus que quelques centaines de
mille par mme. L'hémoglobinurie et l’hémoglobinémie apparais-
sent dès le 2° jour et au 3° ou au 4° l'animal succombe dans un
état d'amaigrissement très avancé. Quelques heures avant la
mort, on peut souvent observer un ictère prononcé.
Les lésions anatomo-pathologiques sont constamment les sui-
vantes : infiltrat gélatienux jaunâtre, formant le siège de quel-
ques hémorragies peu considérables ; rate augmentée et d’un
rouge sombre ; reins un peu gonflés et de couleur plus foncée
qu’à l’état normal ; vésicule biliaire fortement tendue par la bile;
moelle osseuse dr rouge vif; vessie urinaire pleine d'urine
rouge foncé.
L'examen microscopique de la rate donne les résultats que
voici. Toute la pulpe splénique est tellement inondée de globules
rouges que les follicules Iymphatiques ont disparu complète
ment ou pour la plus grande partie. Aucune multiplication ni
hypertrophie appréciable des cellules conjonctives fixes.
Une dose de 0,05 c.c. injectée par la voie intraveineuse à un
Cobaye de poids moyen provoque un choc à issue mortelle rap-
pelant un accès d’anaphylaxie.
B. Sérum contre le fibrinogène de Lapin. J'ai préparé ce sérum
en inoculant par la voie intraveineuse un Cheval avec du fibrino-
gène. Le Cheval, il est vrai, mourut avant que l’immunisation ne
fût achevée, mais le sérum prélevé avant la mort de l’animal dé-
terminait, après injection à des Lapins, des altérations paraissant
étrelde a même nature quoique moins graves que celles pro-
duites chez le Cobaye. Chez les Lapins inoculés, le nombre des
globules rouges descendait au voisinage de 1 million par mme.
et la teneur en hémoglobine à 20 (méthode de Sahli).
Enfin, je tiens à fair observer que le sérum contre le fibrino-
gène du Cobaye n’exerce aucune action sur le Lapin et que le
(25) SÉANCE DU 13 JUILLET 767
sérum contre le fibrinogène de Chevai est sans effet et sur Île
Lapin et sur le Cobaye. L'action du sérum est donc spécifique.
(Laboratoire de bactériologie de l'Etat, Stockholm, D° C. Kling).
Pouvoir HÉMOLYTIQUE DU SÉRUM ANTIFIBRINOGÈNE.
Note de Hans Davine, présentée par C. Kzinc.
Dans une note précédente, j'ai démontré que le sérum préparé
contre le fibrinogène provenant du Cobaye exerce une forte ac-
tion toxique sur cet animal. Le sérum provoque chez le Cobaye
une anémie excessivement grave. Il est donc intéressant d'en
étudier le pouvoir hémolytique. Je me propose de rendre compte
ici de quelques-unes des expériences que j'ai faites à ce sujet, ex-
périencés qui sont typiques.
Expérience I. Un Cobaye, pesant 300 gr., fut inoculé par la
voie sous-cutanée avec 0,2 c.c. du sérum 12 (âgé de 5 mois). Le
sang de l'animal fut éxaminé tous les jours ; pour les résultats,
voit le tableau I.
Tableau I.
Teneur en
Globule blancs hémoglobine
(et hématics méthode de
Dates Globules rouges nucléées) Plaquettes Sabli
DMAEVITIELN Lee eee 6.200.000 14,000 640.000 65
3 février ...... 3.400.000 5.000 580.000 —
IMRFÉVRIER Ne 1.200.000 11.000 780.000 D DE
5 février ...... 800.000 -28.000 960.000 —
Le Cobaye succomba le 5 février dans l’après-midi.
Examen microscopique du sang, 3 février : mégalocytes baso-
philes et polychromatophiles en nombre considérable, hématies
nucléées isolées ; 4 février : augmentation du nombre des méga-
locytes, hématies à ponctuations basophiles, mégaloblastes nu-
cléés isolés ; 5 février : poikilocytes isolés, nombreuses hématies
à ponctuations basophiles, hyperlymphocytose.
Expérience I. Le 3 mai 1921, un Cobaye du poids de 400 gr.
fut inoculé par la voie sous-cutanée avec 0,4 c.c. du sérum 12.
L'animal succomba le 6 mai. La ponction du cœur fournissait
chaque jour 0,5 c.c. de sang. La couleur du sérum était, après
centrifugation du sang, le 3 mai, jaune clair, le { mai, rose (hé-
moglobinémie), le 5 mai, rose foncé, le 6 mai, brun jaunûâtre.
Les 5 et 6 mai, hémagglutination prononcée.
Il ressort de ces deux expériences que, chez les animaux, une
destruction des globules rouges a eu lieu sur une grande échelle
768 RÉUNION BIGLOGIQUE DE SUÈDE (26)
et que cette destruction, combinée avec l’hémoglobinémie, est
spécialement caractérisée par la prompte apparition dé mégalo-
cytes basophiles et chromatophiles. On voit aussi que le nombre
des leucocytes et des plaquettes a subi une décroissance seule-
ment accidentelle et insignifiante. L'action du sérum antifibrino-
gène sur le sang du Cobaye rappelle donc, sous plusieurs rap-
ports, l'effet produit par des immunsérums qui ont été préparés
contre les globules rouges, les leucocytes et les plaquettes.
Or, la question suivante se pose : est-ce que cette action si
nette in vivo se reproduit in vitro ?
L'expérience III donne la réponse à cette question.
Expérience 111. Le pouvoir hémolytique de 3 sérums antifibri-
nogènes fut mis à l'épreuve sur le sang de Cobaye et sur le sang
de Mouton. Pour les résultats, voir le tableau If.
Tableau IT.
Dose de sérum (56°) dissolvant 0,05 c.c. de sang de
Cobaye Mouton Cobaye Mouton Cobaye
N° de sérum sans alexine avec alexine de Cobaye avec alexine de Lapin
cc. c.c. c.c.
HUE donc pas d’hémolyse x1/r00 1/12.800 1/1.800
CENDRES » » 1/150 1/6.400 1/800
DA real Pole » » 1/50 1/1.600 1/1.600
Le sérum frais a un pouvoir hémolytique très faible vis-à-vis
du sang de Cobaye.
Il ressort du tableau ci-dessus :
1° que le sérum ne dissout pas le sang sans la présence
d’alexine : son pouvoir hémolytique est donc complexe ;
2° que le sang de Cobaye sé dissout plus facilement après l’ad-
dition d’alexine de Lapin qu'après celle d’alexine de Cobaye ;
3° que le sérum possède un grand pouvoir hémolytique vis-
à-vis du sang de Mouton. Le fibrinogène appartient donc au
groupe des antigènes dits hétérologues de Forssman (1), fait qui
est d'intérêt, les autres éléments du sang n’appartenant pas à la
dite catégorie.
(Laboratoire de bactériologie de l'Etat, Stockholm, D° C. Kling).
(x) Biochem. Zeitschrift, 37, 1977.
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PPT ET TA
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1
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v
(27) SÉANCE DU Î3 JUILLET 169
RECHERCHES SUR LE SÉRUM ANTIFIBRINOGÈNE
RÔLE DU FIBRINOGÈNE.
Note de Hans DaAvipe, présentée par C. Kzic.
La propriété la plus caractéristique du sérum antifibrinogène,
c'est-à-dire son pouvoir hémolytique in vivo et in vitro, a aussi
été constatée chez les immunsérums préparés contre les éléments
cellulaires du sang. On se demande donc si cette propriété du
sérum antifibrinogène tient à la présence d'anticorps actifs vis-
à-vis du fibrinogène ou bien si le fibrinogène des expériences a
été modifié par des substances pouvant donner naissance à des
anticorps hémolytiques ?
Pour la solution de ce problème, il est nécessaire d'étudier avec
quels antigènes provenant du Cobaye on peut préparer des sé-
rums capables de provoquer l'hémolyse in vivo. J'ai donc pré-
paré un certain nombre de sérums contre des éléments différents
du sang et contre des organes différents. Ces sérums ont été
éprouvés sur des Cobayes et les résultats de cette épreuve sont
indiqués dans le tableau. [Il fallait effectuer l'injection intravei-
neuse avec des doses minimes afin d'éviter un choc à issue mor-
telle. L'injection sous-cutanée, par contre, a été faite avec une
dose de 1 c.c. de sérum. Les sérums où le pouvoir hémolytique
n’a pu être constaté, ont été éprouvés encore moyennant une
dose de 10 à 15 c.c.
Produisant l’hémolyse après l'injection
L TT —_
Sérum contre souscutanée intrapéritonéale intraveineuse
Globules rouges du Cobaye ....
Leucocytes du Cobaye ........
Plaquettes du Cobaye ........
Fibrinogène du Cobaye ........
Plasma du Cobaye ............
Euglobuline du Cobaye ......
Pseudoglobuline du Cobaye .. — —
Albumine du Cobaye ........ — — —
Sérum du Cobaye ............ — — —
Rendu Cobayel.::.007...... — — —
Cerveau du Cobaye .......... — — —
l+++++i
l+++++l
ll+++++)
Le tableau révèle le fait connu que les sérums contre les glo-
bules rouges, les leucocytes et les plaquettes déterminent l’hémo-
lyse in vivo. Tous les autres sérums, à l'exception de ceux contre
le fibrinogène et le plasma, sont dénués de cette propriété. A
part le fibrinogène, les trois espèces de cellules mentionnées peu-
vent donc seules intervenir pour expliquer la présence du pou-
voir hémolytique du sérum antifibrinogène. On ne peut suppo-
ser que, dans le fibrinogène employé comme antigène, il s’est
770 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (28)
trouvé de ces cellules et que, par conséquent, les anticorps four-
nis par celles-ci sont la cause du pouvoir hémolytique du sérum
antifibrinogène. Les raisons en sont les suivantes : 1° la méthode
employée pour la préparation du fibrinogène écarte à peu près
complètement les cellules, les stromas et l’hémoglobine.
° La présence dans le fibrinogène, de plaquettes en nombre
suffisant pour faire naître des anticorps hémolytiques doit aussi
donner au sérum antifibrinogène les propriétés caractéristiques
du sérum anti-plaquette. Mais ces propriétés — toxicité vis-à-vis
des plaquettes et pouvoir de provoquer l'apparition de nombreu-
ses taches hémorragiques (Leadingham) (1) — font défaut dans
le sérum antifibrinogène.
3° La présence, dans le fibrinogène, de leucocytes doit donner
au sérum des propriétés leucotoxiques. Ces propriétés font aussi
défaut dans notre sérum,
4° La présence, dans le fibrinogène, de quantités minimales
de globules rouges ne donne pas naissance à des hémolysines
agissant in vivo. Il est vrai que, selon Sachs (2), Friedberg et
Dorner (3), l'injection au Lapin de très petites doses de globules
rouges peut produire dés hémolysines, mais ces anticorps parais-
sent agir seulement in vitro. J’ai inoculé des Lapins avec des
globules rouges en beaucoup plus grandes quantités que celles
désignées par les auteurs cités et j'ai obtenu des sérums qui,
tout en provoquant l’hémolyse in vitro, sont sans effet in vivo.
En cas, qu’à cet égard, une si petite quantité de sang pût jouer
un rôle dominant, les sérums préparés contré les reïns et le cer-
veau devraient exercer une action hémolytique in vivo, ces or-
ganes ne pouvant pas être absolument dépourvus dé sang. Or,
il ressort du tableau que lesdits sérums manquent de cette Pro
priété.
Ce que je viens d'exposer parle fortement en faveur de l’hÿpo-
thèse que le pouvoir hémolvtique du sérum antifibrinogène. est
dû à la présence d'anticorps vis-à-vis du fibrinogène.
(Laboratoire de jte neue de l'Etat, Stockholm, D' où : Kio)
(1) The Lancet, June 15, 1914.
(2) Hand. d. Technik. u. Method. d. A de Rois Levadii.
(3) Cent. f. Bakt. Originale, Band 38, 1905.
(29) SÉANCE DU 13 JUILLET pe
Pouvoir MICROBICIDE DU SÉRUM DE CONVALESCENTS D'ENCÉPHALITE,
par C. Kuiwe. H. Davis et F. LiLsENQUIST.
On sait que le sérum d’un animal vacciné contre la rage a la
propriété de neutraliser in vitro le pouvoir pathogène du viurs
rabique (Babes et autres). On sait aussi que le sérum provenant
de Singes qui ont guéri d’une polimyélite expérimentale (Leva-
diti et Landsteiner) ou d'Hommes ayant supporté une infection
poliomyélitique (Levaditi et Netter, Kling et Levaditi) exerce une
action destructive sur l’agent de la maladie. On s'attend donc à
trouver aussi dans le sang du convalescent d’encéphalite un prin-
cipe microbicide. Gette question est depuis quelque temps l’objet
de nos études. Dans la présente note, nous nous proposons de ren-
dre compte des résultats que nous avons enregistrés jusqu'ici à
cet égard.
_ Dans les expériences relatées ci-dessous, nous avons examiné
le sérum provenant d’un Homme âgé de 22 ans qui, en septem-
bre 1920, était tombé malade atteint d’encéphalite typique. Ré-
tabli vers Noël de la même année, il eut, durant l'été de 1927,
une rechute se manifestant par de légers symptômes parkinso-
niens. Il fut saigné vers la fin d'octobre, soit plus d’une année
après le début de la maladie. Le sérum normal employé a été
obtenu d’un enfant de 1 an, qui, sciemment, n’avait eu aucune
maladie. Dans les deux premières expériences, l’action du sérum
a été éprouvée sur le virus d’origine cérébrale, dans la troisième
sur le virus d’origine intestinale et dans la quatrième sur le virus
d'origne naso-pharyngée. Pour préparer le virus, nous avons
procédé comme suit. La substance cérébrale, qui microscopi-
quement avait présenté des lésions typiques et qui avaïit été con-
servée à la glacière dans de la glycérine fut triturée et émulsion-
née dans l’eau salée isotonique. L’émulsion fut passée deux fois
à travers une mousseline. Une partie du virus fut mélangée avec
deux parties de sérum de convalescent et de sérum normal res-
pectivement. Le mélange fut laissé 4 à 5 heures à 37° et conservé
à la glacière péndant la nuit. Dans l'expérience Il, nous avons
filtré l’'émulsion sur une bougie Berkefeld et mélangé une partie
du filtrat avec une partie du sérum. De ces mélanges, nous avons
inoculé 0,2 c.c. à des Lapins par la voie cérébrale. Les Lapins
n° 438 et 429 furent infectés avec o,1 c.c. dans la chambre an-
térieure de l’œil.
Ayant constaté à maintes reprises que, le plus souvent, le virus
demande plusieurs mois pour provoquer des altérations encépha-
litiques prononcées, nous avons laissé les animaux d'expérience
772 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (30)
vivre 6 mois à 6 mois et demi. Le Lapin 429 fut pourtant tué déjà
au bout de 3 mois, puisqu'il présentait des symptômes cliniques
d'encéphalite (ataxie, parésie). Pour 5 des animaux d’expérience,
que comprennent les tableaux, le temps d'observation n'a été
que d’un mois, ceux-ci ayant succombé à une infection intercur-
rente. Nous les avons pourtant enregistrés ayant constaté de
temps à autre, des lésions encéphalitiques même après ce temps
relativement court. Les lésions ont été désignées aux tableaux
1° par +, 2° par + +, 3° par + + +, d’après le degré de leur
expansion dans le cerveau.
Voici les résultats obtenus par les expériences.
Expérience I.
Virus d’origine cérébrale 63 (première génération). Emulsion non filtré.
Sérum de convalesceu{s é ; Sérum normal
ee —= ET D
N°s Temps d'observation Lésions Nes Temps d'observation Lésions
h13 3 1/2 mois o) h16 1 mois O
At/ 6 1/2 5 JL h17 Obr/2 il it AL
4x5 » » JL de A19 » » SL
En voyant le résultat de l'expérience I, on serait tenté de con-
clure que le sérum de convalescents n’a aucun pouvoir de neu-
traliser in vitro le virus. Cette conclusion serait toutefois hâtive.
Si l'on prend en considération que les altérations anatomiques
produites aussi bien chez le Lapin (n° 63) fournisseur du virus,
que chez les animaux (n°° 414, 415, 417 et 4r9) infectés avec ce
_virus, étaient fort étendues, on a tout lieu de supposer qu'il s’est
agi d'un germe d’une haute virulence. On peut donc avec autant
de raison, conclure que la dose de virus employée dans cette ex-
périence a été trop élevée, pour que le pouvoir microbicide du
sérum püt se faire valoir. L'expérience IT paraît aussi parler en
faveur de cette dernière supposition.
C’est donc à dessein que dans l'expérience IT nous avons cal-
culé la quantité de virus telle qu’elle fût juste capable de provo-
quer l'infection encéphalitique. Au lieu d’une émulsion passée
à travers une mousseline, nous nous sommes servis, dans ce but,
d’un filtrat Berkefeld. La différence entre l’action du sérum de
convalescents et celle du sérum normal apparaît aussi d’une ma-
nière frappante (voir le tableau ci-après). Il est vrai que même
Expérience II.
Virus d’origine cérébrale 122 (2° génération) filtrée sur bougie Berkefeld.
Sérum de convalescents Sérum normal
CS Û RO Ne mme NRA
No: Temps d'observation Lésions NE: Temps d'observation Lésions
139 6 1/2 mois Oo L43 6 1/2 mois + +
ho » o hi » o
hhx » (o)
(31) SÉANCE DU 13 JUILLET 773
l'un des Lapins inoculé avec le mélange de virus et de sérum
normal à échappé à l'infection, mais attendu que ie filtrat Ber-
kefeld contenait, manifestement, de microbes virulents, la con-
clusion, qui se présente comme la plus plausible est que les trois
Lapins n° 439, {4o et {Ar sont restés indemnes d’encéphalite,
puisque le virus avait été détruit par le sérum de convalescents.
Cette conclusion est d’ailleurs corroborée par l'expérience TT.
Expérience III.
Virus d’origine intestinale 325 (5° génération). Emulsion non filtrée.
Sérum de convalescents Sérum pormal
% D QE CN. mé ———— à ENTER
iNos Temps d'observalion Lésions Nos Temps d'observation Lésions
450 6 mois o 453 6 mois +
452 » (e) 455 » AE dE
Dans cette expérience, le pouvoir microbicide du sérum de
convalescents apparaît aussi manifestement qu'il soit possible de
le demander. Le sérum normal, par contre, semble totalement
dépourvu de propriétés microbicides. [l est évident qu'ici on a
trouvé la juste proportion entre la dose de virus et la quantité
de sérum.
Aussi, par l'expérience IV, où nous nous sommes servis d’un
virus d'origine naso-pharyngée, le pouvoir microbicide du sé
rum de convalescents se manifeste. La différence entre le sérum
spécifique et le sérum normal est, comme il ressort du tableau,
moins prononcée ici que dans les deux expériences précédentes.
Toutefois ce fait, nous paraît-il, peut-être expliqué d’une manière
satisfaisante. Quatre des animaux d'essai succombèrent à une
infection intercurrente au bout d'un mois. S'ils étaient restés en
vie plus longtemps, il n’est pas impossible que le résultat de l’ex-
périence n'eût été plus démonstratif.
Expérience IV.
Virus d’origine naso-pharyngée 152 (première génération). Emulsion nen
filtrée.
Sérum de convalescents ___ Sérum normal ke
Nos Temps d'observation Lésiôns Nos Temps d'observation Lésions
h22 6 2/3 mois (e) h23 2 mois (à peu près) —
HDI CR)NME. 1/27") te &29 (x) Eu) Emme ++
430 PAS) o 433 buse © o
h37 TA D o 434 I » o
35 I » o
Si on fait un rapprochement des quatre expériences citées, on
trouve, le tableau ci-après le montre, que des 12 animaux inocu-
lés avec un mélange de virus encéphalitique et de sérum de con-
valescents 2 seulement, soit 16,6 p. 100, ont été atteints d'encé-
(x) Infecté dans la chambre antérieure de l’œil.
774 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (32)
phalite, tandis que du même nombre d'animaux de contrôle
(virus + sérum normal) 7, soit 58,9 p. 100 ont été infectés. Il est
donc bien vraisemblable que nous avons, dans ces chiffres, une
expression du pouvoir parasiticide du cru de Convalescente,
Grâce à une technique améliorée, on obtiendra probablement des
preuves encore plus concluantes de ce pouvoir du sérum des con-
valèscents.
Nombre des Lapins
Sérums inoculés Encéphalite chez
Sérum de convalescents... 12 2} —Nr0,0) p.100:
SÉCUrR normal PC" 12 TS O0 NP I00
Les expériences relatées donnent aussi un appui solide à la spé-
cificité des virus encéphalitiques isolés par nous ; elles inspirent
aussi l'espoir qu'à l'égard de l’encéphalite épidémique une séro-
thérapie ne sera pas sans chances de donner de bons résultats.
(Laboratoire de bactériologie de l'Etat, Stockholm).
ACTION DE L’ATROPINE SUR LES EFFETS EXERCÉS PAR L'ADRÉNALINE
SUR LES VAISSEAUX SANGUINS.
Note.de Nizs WeELAN», présentée par L. BAcHMaAN.
_ À la demande de E.-L. Bachman, j'ai examiné l'influence de
l'atropinisation sur les effets exercés par l’adrénaline sur les vais-
seaux sanguins. Pour cela, je me suis servi de la méthode de
perfusion de Trendelenburg. C'est-à-dire que, par l'aorte, où l’on
introduit une canule, on fait passer un liquide dans la moitié
postérieure d’une Grenouille, ce liquide est une solution oxydée
de sérum de Güthlin pour Grenouilles. Après ligature au niveau
de la vessie et du rectum et au-dessus des pôles inférieurs du
rein, le liquide introduit a pu couler librement de la veine ab-
demie. En ne plaçant pas de canule spéciale à cet endroït, on
a pu éviter pratiquement, d’une manière complète, l’œdème qui,
autrement, se produit rapidement avec une grande intensité. Les
gouttes qui coulent sont enregistrées. La pression de la perfusion
a toujours été constante. Le changement des liquides que l’on
introduit peut être opéré par la canule elle-même.
Si, sur une préparation de Grenouille on répand une solution
saline contenant de l’adrénaline, dans la proportion de 1/50 mil-
lions, ou à une plus forte concentration, on obtient normalement
une contraction des vaisseaux, c’est-à-dire une diminution de la
quantité de liquide qui s'écoule par unité de temps. L’atropine,
au titre de 1 p. 100.000, ne provoque qu’une insensible dilatation
des vaisseaux et même le plus souvent on né constate aucune mo-
(33) SÉANCE DU 13 JUILLET 775
ee
dification. Mais lorsque l’atropinisation a duré un certain temps
(de 3 à 15 minutes), l’adrénaline a perdu son pouvoir normal de
contracter les vaisseaux et elle possède la propriété très nette de
dilater les vaisseaux. Si l’on revient à la solution d’atropine, le
nombre de gouttes diminue par unité de temps ; lorsqu'on est
revenu à la solution normale, et après un lavage de 15 à 20 mi-
nutes, l’adrénaline a retrouvé, et d’une manière marquée, sa
propriété de contracter. L’atropine à 1 p. 200.000 réussit même
à supprimer entièrement le pouvoir de dilater qu'a une solution
d’adrénaline à 1 p. 5o millions, et de le transformer en un faible
pouvoir de dilater. Dans deux autres expériences, j'ai examiné
l’action de l’adrénaline, aux quautités respectives de 1/17 et
1/50 millions, concurremment avec l’atropinisation, la teneur en
atropine étant de 0,00006 p. 100. Dans ces deux cas, le résultat a
été une contraction des vaisseaux, provoquée par l'adrénaline
dans la solution pure, et, au contraire, une dilatation des vais-
seaux, en présence de l’atropine. C'est ainsi qu'une solution d’a-
drénaline à 1/17 millions a provoqué un resserrement des vais-
seaux amenant une réduction de 25 p. 100 de la quantité de li-
quide passant par unité de temps à travers les vaisseaux. Après
que l’on eut pratiqué l’atropinisation, une nouvelle introduction
de la même quantité d’adrénaline a provoqué une dilatation des
vaisseaux, amenant une augmentation de 23 p. 100 du liquide
passant à travers les vaisseaux. Après disparition de l’atropinisa-
tion, à la suite d’une perfusion de solution normale, l’introduc-
tion de la même quantité d’adrénaline a amené de nouveau un
resserrement des vaisseaux provoquant une diminution de
16 p. 100 de la quantité de liquide passant par minute.
Au cours d'expériences faites avec un liquide de perfusion,
privé de calcium, nous avons pu confirmer que l’adrénaline n’a
plus sa propriété de contracter, mais au contraire, un fort pou-
voir dilatateur. Après l’atropinisation, l’adrénaline, dans les ex-
périences qui ont été faites jusqu'ici, n’a provoqué aucune action
ni de contraction ni de dilatation.
Au moyen de ces expériences, il est donc montré que l’atro-
pine invertit les effets normaux de contraction que possède l’adré-
naline pour les transformer en un pouvoir bien marqué de dila-
tation. Conformément aux résultats auxquels sont parvenus
Bachman et Lundberg au sujet de l’action de l’atropine sur le
système nerveux sympathique, je vois dans mes propres. expé-
riences une preuve que l’atropine paralyse la partie motrice du
sympathique. Les nerfs sympathiques des vaisseaux sont en ef-
fet, comme on le sait, à la fois constricteurs (moteurs) et dilata-
teurs (inhibiteurs). Normalement, ce sont les effets moteurs de
l’adrénaline qui sont prépondérants. L’atropine paralyse cette
776 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (34)
partie motrice du sympathique, mais il n’agit vraisemblable-
ment pas sur la partie douée du pouvoir d’inhibition. C’est pour
cela qu'après l’atropinisation, l’adrénaline a un pouvoir normal
d’inhibition et de dilatation des vaisseaux. L’effet de constriction
du chlorure de baryum reste le même aussi pendant la perfusion
avec l’atropine. Avec la solution privée de calcium, il est vrai-
semblable que l’action de dilatation des vaisseaux exercée par
l’adrénaline tient à une excitation du parasympathique. En tous
cas, cela semble indiquer que l’irritabilité du sympathique serait
provoquée par la présence d’une quantité suffisante de calcium.
Si réellement les effets de dilatation de l’adrénaline dans une so-
lution privée de calcium sont provoqués par une action d’irrita-
tion qui se produit par ce moyen sur le parasympathique —
chose qui cependant n'est pas absolument certaine — il n’est
pas étonnant de trouver que cet effet de dilatation puisse être
complètement supprimé par l’atropine. Il pourrait très bien se
faire, dans ce cas, que ce soit l’action habituelle d’inhibition de
l’atropine sur le parasympathique qui se manifeste ici. En tous
cas, il semble que la manière différente dont se comporte l’atro-
pine à l’égard des effets de dilatation de l’adrénaline, et dans la
solution privée de calcium et dans la solution normale de sel, in-
dique que l’atropine dans les deux cas n’influence pas le même or-
gane, ou plutôt que l’adrénaline dans les deux cas n’exerce pas
son action sur les mêmes éléments de dilatation des vaisseaux.
Ces expériences pourraient, rien qu’à cause de cela, fournir aussi
une contribution expérimentale, qui ne serait pas sans impor-
tance, à la discussion sur les dilatateurs du sympathique pour
les membres inférieurs de la Grenouille.
La conclusion la plus importante doit cependant être celle-ci,
que l’atropine paralyse la partie motrice du sympathique et, à
cause de cela, conduit à une inversion des effets de l’adrénaline
sur les vaisseaux sanguins.
(Institut de physiologie de l'Université d'Upsal).
Imp. A, DAVY et FILS Aîné , 52. r. Madame, Paris. Le Gérant : A. DAVY,
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Réunion de la Société belge
de biologie.
Bessemans (A.) et LEyNEN (E.):
Valeur antigénique de certains
Spirochètes et de différentes sou-
ches de Trypanosomes pour le
diagnostic de la dourine chez les
Equidés par la réaction de Bordet-
ROAD once. te
CLars (Mie E.) : Influence du
glucose sur les effets de l’adréna-
line sur le cœur isolé du Lapin.
DAuUTREBANDE (L.): L'influence
de la respiration d'oxygène pur
sus tension artérielle.........
De Myrrenazre (F.) et Besse-
mans (A.): Le dosage de la sérine
et de la CO?-globuline dans les
sérums. Un procédé rapide et suf-
\fisamment exact...............
Jauman (D.): Autolyse micro-
bienne en tubes scellés.........
Kucezmass (1.-N.) : Etudis phy-
_ sico-chimiques sur le mécanisme
de la coagulation du sang. Le
noletdesions. 5.114.002
Le FÈvRE DE ARRIc (M. > ‘Sur
l’exaltation du virus hcrpétique
et l’évolution concomitante des
lésions histo-pathologique:.....
Le FÈèvRE DE ARRIc (M.) :
l’exaltation du virus herpétique
et l’évolution concomitante des
EMMMADÉDMES. ions « se mois in © airs de à 0,0 à
Micuezs (N. A.) : Sur l’origine
_ des granulations éosinophiles.…,
Ropxain (J.) : Sur une Filaire
parasitant letissu conjonctif soUs-
cutan éde À gama colonorum Dum.
et Bibr. au Congo belge........
Rosxam(f.): Action du chlorhy-
B:oLocre. COMPTES RENDUS.
797
783
793
890
790
802
787
785
799
S07
— 1922.
SOMMAIRE
drate de cocaïne sur l’emplaquet-
tement des particules étrangères
et sur la coagulation plasma-.
NETOgUAS SIEGE SRE Rene :
Zuwz (E.)et La Barre (J.) : Sur
les modifications physico-chimi-
ques du sang lors de l’injection
de sérum traité par l’agar......
78
805
Réunion roumaine de biologie.
Botez (M.-A.) : Adaptation mi-
crobienne par variation et sélec-
DONS SACS ne Pere
Minea (I.) : Sur l’évolution des
plaques-séumes ee nn etes
Nirzescu ([.-I.) : Le passage de
l’adrénaline du liquide céphalo-
rachidien dans la circulation gé-
UrecmiaA (C -[.) et GEoRGEscu
(P.) : Influence de la ponction
lombaire sur la formule leuco-
cytaire du sang périphérique...
UrecuiA (C.-I.) et GOoLDNErR
(A.) : Le complexe colorant thio-
nine-nigrosine en injeclions chez
ÉCRAN
Urecia (C.-[.) et Gricoriu
(Car.): L’extirpation de la glande
pinéale et son influence sur l'hy-
DOpPRMSeR ARE EST ANR rer
Réunion biologique
de Buenos-Aires.
I
Houssax (B.-A.) et NE:RETE
(3.) : Action hémolytique compa-
rative des venins des Serpents
sud-américains ..........
Houssayx (B.-A.), NEGRETE Gi.)
et Mazzocco (P.): Action des ve-
nins de Serpents sur le nerf et le
T'ON IL
ct
818
813
815
Q2
718 SOCIÉTÉ DE
HAUSCIEMISOLÉS MR CRETE 823
Houssay (B.-A.) et Pave (ODe
Action curarisante des venins des
Serpents chez la Grenouille .... 827
Novaro (V.): Action toxique du
venin de Us DRDE l’'Homme
etes animaux 00e tree cr 824
Pico (C.-E.) : ‘Al propos Gen
note de Combiesco sur le phéno-
mene de d'Herelle 6er "08820
Il
Macenra (M.-A.): Action des
venins de Serpents sur le cœur. 834
--Pico (C.-E ) : Autolyse trans-
missible du B. anthracis sans in-
tervention de l’hypothétique vi-
ns bac HOophase PPT CE 836
SORDELLI (A.) : Un anaérobie
agent de gangrène gazeuse...... 833
WipakowICEx (V.): Tumeur chez
un embryon de Bovin très jeune. 831
Réunion biologique de Marseille.
Carnot (H.) et Laucrer (H.):
Anesthésie PET injection intra
veineuse d’un mélange alcool-
chloroforme-solution physioloei-
que chez le Chien eee Tee ‘889
_ Costa (S.) et Boyer (L.) : Mi-
lieu non albumineux pour l’iso-
lement, la culture et la conser-
vation du Gonocoque..... ..:. 856
Costa ($S.)et Boxer (L.) : Sur
la présence de substances amyla-
cées dans la gomme adragante
ct de leur inutilité pour la cul-
ture du Gonocoque........ NO E
Core (J.) : Essai d’exp ‘rimen-
tation sur les hormones génitales. 842
ELzLERMANN : Communication
orale et démonstration pratique
sur la leucose expérimentale des
PONIES) RS ANR TERRA 896
GABRIEL (C.) : Adaptation à la
vie en eau salée d’une Hépatique
HOPMESRE ce dos ace 200 204000 850
GABRIEL (C.) : Sur la flore halo-
phile des sources salées de Bar-
ROIS RER EE 84
HovassE (RL) A propos ‘du
mécanisme autorégulateur du
nombre des chromosomes chez
les œufs de Batraciens, dans la
parthénogénèse par piqüre..... 399
Hovasse (R.) : Endcdinium
chattoni (nov. gen. et sp.). Son
cycle de mulliplication endogène.
Variation du nombre de ses chro-
MOSOMESS EE CT ee 845
Icarp (S.): Le Lé izard gris (La:
certa muralis) réactif physiolo-
(&2]
BIOLOGIE
gique des poisons.......... Mere
ImMBERT et JouRDAx : Commu-
nication orale et démonstrations
pratiques sur les nus osseuses
expérimentales. .... RO PRES tn
Kucezmass (I.-N.) : Modifica-
tions de la concentration ionique
pendant la coagulation du sang.
Kucezmass ([. N.): Un viscosi-
mètre à torsion pour les sols lyo-
DRITES ra ARR RER es
LEGER (M) : Ge don mor—
telle chez le Chimpanzé et alté-
rations morphologiques de son
ÉD A SR CAE ES Le Din à
Lecer (M.) et BAURY (A Ds Mo-
difications - hématologiques pro-
duites par l’insolation chez le
Cabave eee Eee -
Marmieu et Merkce : Fumée
de tabac et mémoire. Note préli-
minaire et de technique...
Marret (C.): Quelques caractè-
res des contractions agoniques du
myocarde humain observées sur
le cœur à nu de deux fœtus non
Via Dies: 2 More
MOURIQUAND, Micues (P.) et
BERTOYE : Evolution comparée de
la tuberculose chez les Cobayes
soumis à l’alimentation normale,
restreinte OU CATeEnCÉe ..
OLMER, PaAyan et BERTHIER : Do-
sage du potassium dans le sérum
SAN OMIS de se ACER
OLMER, Payan et Prannnee sale
potassium du sérum sanguin dans
l'insuffisance rénale...........
Panisser et VERGE : Anaphy-
laxie au sang homologue chez le.
Cheval een TERRE LA
DAMES ét VERCE : Sn l’exis-
tence de groupes sanguins chez
les animanxe MES CERN
Parisot et RC nANr à Modif:
cations morphologiques appor-
tées à l’appareil pulmonaire par .
le pneumothorax artificiel expé-
1imental prolongé. ,...).... Sr
PEYRON (A.): Sur la présence
degranulationsargentaffines dans
une tumeur primitive du foie
HUMAN LL CR RUE ARE
PEyYRON (A.) : Sur l’origine et
l’histogenèse de l’ épithélioma sé-
Haanioes du testicule adulte chez
l'Homme... .....
PRINGAULT : : Etude s sur la toxi-
cité des vapeurs de quelques suübs-
tances a sur les Phlébo- cut
tie
LOMeES MEME
Pet TU
s
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l'étude du Mucor racemosus. Ger-
mination de la spore....,..:,....
RayBauD (L.) : Présentation
d’un germoir automatique en
HOBCHONMNENMENE 2.06 1. 2 0.0.
Tran et CoTtE (J.) : Emploi en
biologie d’un micro-calorimètre
HE TAITE Ur ee ete
WATRIN (J.): Recherches expé-
rimentalessur la fonction érythro-
poïétique de l’hypophyse (avec
HEMOnSEaHON) PEAR Er.
WEBER (A.) : Action du milieu
“4
(2)
Qt
D
intérieur des Tritons sur leurs
ŒUTS : ere
Weser (A.): Essais de surfs-.
condation hétérogène chez les Ba- :
traciens (avec démonstration) ..
WinTREBERT (P.) : La chrono-
logie des processus de métamor-
phose effectués à la voûte pala-:
tine des Salamandridæ..... ...
Zuwz et Govaerts : Effets de la
transfusion du sang carotidien
recueilli pendant l'excitation du
SDIARCRNIQUE TES EEE EE CEE
| RÉUNION
DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 29 JUILLET
BEssemaxs (A.) et LEYNEN (E.):
Valeur antigénique de certains
Spirochètes et de différentes sou-
ches de Trypanosomes pour le
diagnostic de la dourine chez les
Equidés par la réaction de Bordet-
(CENTS, L'NASAEAANERRRS
CLars (Mile E.: : Influence du
glucose sur les effets de l’adréna-
line sur le cœur isolé du Lapin.
DAUTREBANLE (L. ): L'influence
de la respiration d'oxygène pur
sur la tension artérielle. .......
DE Myrtexauxe (F.) et BEsse-
MANS (A.): Le dosage de la sérine
et de la CO’-globuline dans les
sérums. Un procédé rapide et suf-
HE AMMEMPSÉX AC. eee sh
JAUMAIN (D.) : Autolyse micro-
bienne en tubes scellés.....,....
Kucezmass ([.-N.): Etudes phy-
- sico-chimiques sur le mécanisme
de la coagulation du sang. Le
rolefdestons .:.1..:.
99
8I
OI
98
88
1922
SOMMAIRE
Le Fèvre DE ARRIC (A.) : Sur
l’exaltation du virus herpétique
et l’évolution concomitante des
symptômes... .
Le FèvRE DE ARRIC (M) : Sur
l’exaltation du virus herpétique
ct l’évolution concomitante des
lésiins histo-pathologiques......
Micuezs (N.-A.): Sur l’origine
des granulations éosinophiles ..
Ropnain (J.): Sur une Filaire
parasitant le tissu conjonctif sous-
cutané de À gama colonorum Dum.
et Bibr. au Congo belge........
Rosxam(J.): Action du chlorhy-
drate de cocaïne sur l’emplaquet-
tement des particules étrangères
et sur la coagulation plasma-
(LG LOS bd BE Oo ET
Zuwz (E.) et La BARRE (J.) : Sur
les modifications physico-chimi-
ques du sang lors de l’injection
de sérum traité par l’agar.
….....
Présidence de M. L. Gedoelst.
ACTION
DES PARTICULES
ÉTRANGÈRES ET SUR LA COAGULATION
PLASMATIQUE,
pa JacQuEs Roskam.
781
83
85
93
105
79
DU CHLORHYDRATE DE COCAÏNE SUR L'EMPLAQUETTEMENT
En 1915, Dan cu étudiant l’action du chlorhydrate de co-
caïne sur les plaquettes sanguines et sur la coagulation, conclut
182 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (80)
de ses recherches que ce dernier phénomène est normalement
déterminé par une réaction active des plaquettes vis-à-vis de
différents stimulus, mécaniques ou chimiques : qu'au moyen
de chlorhydrate de cocaïne, on anesthésie, on paralyse — com-
plèternent où partiellement = ces éléments, qu'on les empèche
ainsi de réagir au contact des surfaces étrangères, de s’accoler
à ces surfaces, de s’agglutiner entre eux, on suspend ou retarde
la coagulation. Cette opinion était basée sur la constatation d'un
certain parallélisme entre l’action anticoagulante du chlorhy-
drale de cocaïne, d'une part, l'action inhibitrice que ce corps
exerce sur l’agglutination des globulins, d'autre part.
Mes recherches sur l’emplaquettement des particules étran-
gères mont amené, au contraire, à considérer l'aggelutination
des globulins comine étant de nature humorale ; aussi ai-je re-
pris, chez le Lapin, l’étudé de l’action du chlorhydrate de co-
caïne sur l’accolement des globulins aux surfaces étrangères et
sur la coagulation sanguine. Comme Dueceschi, j'ai observé que
cette sübstarce entrave nettement l’un et l’autre phénomène.
Mais l'analyse de cette action inhibitrice m'a fait admettre
qu'elle est semblable à l’action exercée, sur les mêmes phéno-
mènes, par les sels sodiques et le froid. |
Certes, à la concentration de 2,5 p. 100, le chlorhydrate de
cocaïne inhibe très fortement l’accolement de elobulins en sus-
pension dans leur plasma oxalaté, à des Levures de vin, des
Bacilles paratyphiques B ou des Staphylocoques non opsonisés.
Mais, ajoutons à cette suspension de globulins ces mêmes par-
ticules étrangères préalablement opsonisées, en l'absence de
toute cocaïne, par du plasma que 4 à 6 heures de centrifugation
énergique ont débarrassé de toute plaquette : à la même con-
centration, le chlorhydrate de cocaïne n'empêchera que faible-
ment l’emplaquettement immédiat des particules étrangères.
Cet emplaquette ment immédiat sera, au contraire, quasi inexis-
tant, si le contact des particules avec le plasma débarrassé de
plaquettes s’est produit en présence de cocaïne à la concentra-
OA Cle 2,5 D 100.
Comme les sels sodiques, — à suffisante concentration —
comme Île froid, le chlorhydrate de cocaïne entrave done l’em-
plaquettement des particules étrangères en s’opposant à leur
opsonisation. Contrairement à ces facteurs, il exerce pourtant
une légère inhibition sur l’accolement des globulins aux sur-
faces étrangères préalablement opsonisées : mare rien ne prouve
que cette inhibition dépende, si peu soit-il, d’une suspension de
la vie des globulins. L'étude de l’action de chlorhydrate de co-
Caïne sur la coagulation plasmatique permet Sc LAUUS de con-
cevoir que cette entrave puisse n'être qu ‘humorale : de nom-
(4) SÉANCE DU 29 JUILLET 183
breuses expériences m'ont, en effet, montré que le chlorhydrate
de cocaïne à la concentration de 2 p. roo retarde énormément
et rend incomplète la coagulation du plasma oxalaté, privé de
elobulins par six heures de centrifugation énergique et recal-
cifié secondairement ; d'autre part, à 2,5 p. 100, le chlorhydrate
de cocaïne retarde considérablement, voire suspend complète-
* ment, la coagulation du plasma dioxalaté par la thrombine du
sérum frais.
Ces différentes expériences viennent donc à l'appui de la thèse
que j'ai antérieurement soutenue, à savoir que l'ag gelutination
des globulins aux particules étrangères opsonisées est un phéno-
mène purement passif, indépendant de la vie de ces éléments.
Elles nous montrent, en outre, que l’action du chlorhydrate de
cocaïne sur le sang ne permet pas de dissocier dans le processus
de la coagulation « une phase active, vitale, due à la participa-
tion fonctionnelle d'éléments spéciaux du sang, et qui se mani-
feste à nous par l’acte de l’agglutination ».
(Laboratoire de recherches de la Clinique médicale.
Université de Liége).
INFLUENCE DU GLUCOSE SUR LES EFFETS DE L'ADRÉNALINE
SUR LE COŒUR ISOLÉ DU LAPIN.
Note de Mile E: Craes, présentée par J. DEvoon.
Méthode. Les expériences sont faites sur des cœurs de Lapins
suspendus dans une chambre à 47°, irrigués par du liquide de
Locke, et dans le système coronaire desquels on fait passer du
; liquide adrénaliné (adrénaline Parke et Davis) quand le rythme
normal est réalisé depuis quelque temps.
$ Le cœur du Lapin est très sensible à l’adrénaline. Nous avons
encore observé des réactions tout à fait caractéristiques avec
0,000.000.625 gr. d’adrénaline dissous dans r litre de Locke. Nous
utilisons pour nos recherches actuelles des solutions adrénali-
FETE!
te Sa
Le OLA
Er]
4 nées obtenues en diluant 0,4 c.c. d’une solution d’adrénaline à
% 1 p. 100 dans un litre de Locke ; cette solution produit une réac-
4 tion caractérisée par une dépression initiale, une phase d’exci-
: tation et une dépression finale.
La dépression initiale n'est pas constante. Elle est caractérisée
par une diminution nette du chrono- et de l'inotropisme. Elle
est très courte en général et suivie immédiatement par la phase
784 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOI.OGIE (82)
——————
d’excitation. Elle n'est pas due à une perturbation mécanique
résultant de la perfusion.
La seconde phase, ou phase d'excitation est plus ou moins
longue suivant les cœurs et la dose d’adrénaline employés. Elle
est caractérisée par une exagération de Fino et du chronctro-
pisme et une fréquente dissociation auriculo-ventriculaire. Elle
est l'expression de l'excitation du sympathique cardiaque par
l’adrénaline.
La phase de dépression, qui survient après un temps variable,
diffère de la dépression initiale par le fait que l'ino- et le chro-
notropisme ne sont pas altérés simultanément. Le chronotro-
pisme reste beaucoup plus longtemps normal que l’inotropisme.
Il semble bien que le fléchissement de l'inotropisme soit dû à
l'épuisement du muscle, conséquence de la diminution de }
réserve de glycogène de Ja fibre cardiaque. En effet, si l’on in-
jecte, pendant les trois jours qui précèdent l'expérience, du
sérum glucosé au Lapin, la période d’excitation persiste très
longtemps et n’est plus suivie de phase de dépression. Sans
doute, le tracé du travail du cœur fléchit peu à peu au point de
vue intensité et vitesse, mais cette diminution est semblable à
celle que l’on observe au cours de perfusions avec le Locke sim-
ple, lorsque le cœur s’achemine insensiblement vers l'arrêt com-
plet. Il suffirait donc d'augmenter la réserve de glycogène de la
fibre cardiaque pour allonger considérablement la phase d’exci-
tation due à l’adrénaline. L'hypothèse est confirmée par le fait
qu'au cours de l'irrigation du cœur isolé par le sérum de Locke
isotonique mais hyperglucosé (4,17 gr. ou 7,35 gr. de glucose,
au lieu de r gr.), la présence de la quantité exagérée de glucose
provoque une augmentation parfois considérable de l’inotro-
pisme et du chronotropisme. L’addition d’adrénaline au liquide
de Locke hyperglucosé provoque une phase d’excitation notable-
ment allongée et comparable à celle obtenue dans le cœur de
l'animal préparé.
La présence d’une quantité exagérée de glucose dans le liquide
de perfusion est donc favorable au travail cardiaque et permet
de prolonger l’action excitatrice de l’adrénaline. La fibre car-
diaque utilise en somme l'excès de glucose qui lui parvient pour
remplacer le glycogène employé au cours des ripostes à l’excita-
ton du sympathique par l’adrénaline. Il résulte de ces expérien-
ces que, lors de l’action de l’adrénaline sur le cœur, le phéno-
mène de dépression qui suit rapidement la phase d’excitation
n'est pas dû à un épuisement de l’excitabilité du système sym-
pathico-cardiaque, mais bien à la fatigue du système réaction-
nel. Ainsi se retrouvent, dans le cœur, des phénomènes analo-
(83) DPOP SENTE DE 29 JUILLET 0" 135
————
gues à ceux décrits par J. Demoor (1) et ultérieurement par
Kleefeld (2) et destinés à différencier les phénomènes d'excita-
bilité et de contractilité dans le muscle strié.
(Institut de physiologie de l'Université libre de Bruxelles).
SUR L'EXALTATION DU VIRUS HERPÉTIQUE
ET L'ÉVOLUTION CONCOMITANTE DES SYMPTÔMES,
| par Le FÈVRE DE ARRIC.
Dans une note récente, Kling, Davide et Liljenquist (3) insis-
tent sur la différence de caractère qu'ils constatent dans l'évolu-
tion de la maladie et dans les lésions qu'ils observent chez Îles
animaux inoculés de leur virus encéphalitique et d’un virus
herpétique. Dans leurs remarquables travaux, Levaditi, Harvier
et Nicolau (4) avaient déjà attiré l'attention sur le fait que les
animaux qui succombent à la suite d’une encéphalite à évolu-
tion rapide, ne présentent pas les mêmes lésions que ceux qui
meurent plus tardivement (cf. Nicolau et Poincloux) (5). Enfin, :
au moment de rédiger cette note, nous lisons celle de Levadili
et Nicolau (6) qui insistent sur l'importance du facteur virulence
dans l’allure de la maladie et les modalités des lésions qu’elle
provoque. Nous voudrions, pour notre part, rapporter les obser-
vations que nous avons faites au cours de l'étude d'un virus
herpétique isolé par nous en mars dernier.
Ce virus a été prélevé chez une Femme qui présentait, en
même temps qu'une angine herpétique discrète, une lésion her-
pétiforme, pustulo-squameuse, étendue à la lèvre supérieure
et à l'aile du nez, à droite. La sérosité, en quantité extrêmement
minime, recueillie dans cette lésion assez sèche, fut inoculée le
22 mars à la cornée d’un premier Lapin À. Comme on le verra,
les passages ultérieurs permirent de réaliser une expérience par-
faite d’exaltation de virulence. Nous rapporterons ici ce qui a
(x) J. Demcor : Dissociation des phénomènes de sensation ct de réaction dans
le muscle. Ann. Soc. royale Sc. méd. et nat. Bruæ., t. X, f. 1, 1901 ; Trav. de
laboratoire. Inst. Solvay, t. IN, f. 2, Bruxelles, r9o1.
(2) G. Klecfcid : Etude des rapports du travail musculaire avec la nutrition.
Trav. de laboraloire. Inst. Solvay, t. XUI, f. 1, Bruxelles, 1914.
(3) Kling, Davide et Liljenquist. Virus herpétique et virus encéphalitique.
Réunion biologique de Suède, 13 mai 1922, in C. R. de la Soc. de biol., 10 juin
192:. ;
4) Levaditi, Harvier ct Nicolau. Annales Institut Pasteur, n° 1, janvier 192»,
page 77-
(5) C. R. de la Soc. de biol., 8 juillet 1922.
(6) C. R. de la Soc. de biol., 15 juillet 1922.
786 RÉUNION -DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (81)
trait à l’évolution clinique, nous réservant de revenir sur les
lésions.
Le Lapin A présente, dès le 4° jour, une kérato-conjonctivite
intense. Bien que la lésion fut grave, l'animal survécut ; la cor-
née se vascularisa le 20° jour. L'animal paraissait guéri quand
nous observâämes chez lui, trois semaines plus tard, une paraly-
sie des membres du côté droit. Celle-ci s’étendit bientôt aux
quatre pattes et l'animal mourut dans un état de cachexie pro-
fonde, le 66° jour après l’inoculation.
Au moment de la kératite (10° jour), on avait fait un passage
de la cornée de À à la cornée d’un Lapin B ; celui-ci fait une
kérato-conjonctivile intense le 4° jour, est trouvé couché le 17°
jour et meurt le 18° avec des symptômes de myoclonie.
Une émulsion du cerveau de B est inoculée dans le cerveau
du Lapin C (à droite). Le matin du. 15° jour, on trouve l'animal
couché sur le flanc, présentant de la myoclonie des membres
et des muscles du dHior ax, du nystagmus spontané intense du
côté droit, à peine cle à gauche (cervelet). Il meurt douze
heures plus tard. Son cerveau sert à faire un passage intracéré-
bral sur le Lapin Q (à droite). Ge dernier présente, au 3° jour,
un élat d'excitabilité particulier. Le 5° jour, il se met à tourner
en rond du côté gauche (mouvement de manège), par crise,
porte la tête en arrière et à gauche (phénomènes pédonculaires),
orince des dents et meurt le jour même. On fait un {4° passage
intracérébral sur le Lapin U qui succombe le 4° jour avec des
symptômes semblables ; un 5° passage sur le Lapin Z, mourant
en { jours, puis un 6°, sur le À 29, mourant en 3 jours, avec les
symptômes décrits plus loin.
Depuis ce moment, tous les passages par voie cérébrale, ac-
tuellement au nombre de 21, amènent ia mort de l'animal en
trois jours exactement. Tous ces animaux meurent avec les
symptômes suivants, à peu de différence près : le matin du
deuxième jour qui suit l'inoculation, ils paraissent inquiets et
présentent les premières manifestations bulbaires : de la dvsp-
née, une respiration haletante et saccadée. Puis apparaissent des
tremblements, la tête est tremblante, le corps oscille sur les
pattes (phénomènes cérébelleux). A la fin du 2° jour ou au début
du troisième, l'animal grince des dents, salive abondamment, a
les yeux injectés, est pris de frayeur au moindre bruit ; il pré-
sente fréquemment des crises convulsives, porte la tête en ar-
rière en opisthotonos (phénomènes vestibulaires), lève les pattes
antérieures et culbute sur le des comme Blanc (1) l’a d’ailleurs
signalé ; il se secoue ensuite et paraît se remettre pour quelques
(r) G. Blanc. C. R. de l'Acad. des sc., x4 mars 3927, n° 11°
a den im chat al à
Le sis
sn
#
(85) SÉANCE DU 29 JUILLET 187
EEE ————]—]—]—"
instants. Plus souvent, l'état d’excitation est très intense ; l’ani-
mal se jette la tête contre les treillis de la cage, s'ensanglante le
museau, pousse des cris, cherche à fuir et parvient parfois à sou-
lever le couvercle et à sauter hors des cages. La mort survient
soit brusquement, soit après une courte période d’accalmie, r2
à 24 heures après l'apparition des premiers symptômes, et très
régulièrement, 70 à 80 heures après l'inoculation.
On voit que notre souche de virus herpétique a présenté, au
cours des passages, une affinité neurotrope de plus en plus ac-
cusée. Essayé sur la peau rasée du Lapin, il ne donne d’ailleurs
qu'une lésion squameuse bénigne. Au cours d’une autre série
de passages pratiqués à partir d’une souche d’herpès génital,
nous avons pu observer des phénomènes analogues mais moins
schématiques.
Conclusions. Au fur et à mesure que notre virus herpétique
s’est adapté au névraxe et que sa virulence s'est exaltée, nous
avons vu la durée de la maladie se raccourcir progressivement et
la symptomatologie se transformer profondément. Les premiers
animaux ont succombé à une infection très chronique, les der-
niers à une affection suraiguë. Notre virus, devenu d’une fixité
remarquable, tue le Lapin en trois jours avec des symptômes
mésocéphaliques prédominants ; “il manifeste peu d'affinité
cutanée.
Un même virus herpétique peut donc, suivant l’adaptation ou
la virulence qu'il acquiert, provoquer chez l’animal une maladie
à évolution clinique dissemblable. Inversement, on ne peut, «
priori, lirer argument de l'observation de maladies encéphaliti-
que ou herpétique à évolution clinique différente pour dire
qu'elles ne sont point dûes au même virus.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
SUR L'EXALTATION DU VIRUS HERPÉTIQUE
ET L'ÉVOLUTION CONCOMITANTE DES LÉSIONS HISTO-PATHOLOGIQUES,
par LE FÈvRE DE ARnic.
Dans notre note précédente, nous avons signalé combien la
svymptomatologie de l'encéphalite herpétique chez le Lapin se
modifiait avec le degré de virulence acquis par le virus étudié.
Il en est absolument de même des lésions histo-pathologiques.
Nous avons réuni dans le tableau ci-contre les données résumées
relatives à la durée de la maladie, aux symptômes et aux lésions
importantes observées chez les animaux qui nous ont permis
d'exalter notre virus de l'herpès.
783 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (86)
Durte
de la
Lapins maladie, Symplômes È
de passage en jours principaux Lésions imporlantes de l'encéplale
ger Lapin. 66 Paralysie Plaques de méningite légère à mono-
. progressive, nucléaires (purs).
marasine, Manchons périvasculaires à mononu-
cléaires (mésocéphale); légère hyper-
trophie des éléments névrogliques.
9e — 18 Myoclonie. Méningite à mononucliaires (purs),
foyer &’encéphalite discrète à mono-
nucléaires.
Périvascularite intens?,.
3€ — 15 Myocionie, : Méningite à mononvcléaires (purs).
* nystagmus. Périvascularite.
4e — 5 Trismus, Méningite aiguë (polyuucléaires et mo-
tremblements. nonucléaires en quantités égales),
Mouvements de surtout visible par plaques.
manège. Manchons,.
Torsion de la tête. Dégénérescence des cellules nerveuses
(caryolyse).
5e et 6e — 4 Dyspnée, Méningite aiguë à mononucléaires
tremblements, prédominants (quelques polynucléai-
trismus, res), manchons discrets.
grincements des dents.
S'alorrhée,
crises convulsives.
(Ph. vestibulaires).
7e — 5 Dyspnée, Méningite aiguë intense, à mononu-
tremblements, cléaires (rares polynucléaires), man-
trismus, chons discrets.
grincements des dents. Hémorragies interstitielles.
Troubles Dégénérescences.
de l'équilibre,
crises convulsives
(vasculaires).
Sialorrhée,
cris, excitation.
te au 28 — 3 14. Méningite aiguë, à mononucléaires
très prédominants, plus intense par
plaques, et surtout au mésocéphale,
aux septa.
Hémorragies méningées et iaterstitiel-
les, manchons discrets, dégénéres-
À cences inégalement marquées.
Le premier Lapin qui succomba à une affection chronique
(paralysie) montre un cerveau blanc, où l’on ne trouve qu'une
méningite tout à fait légère, à cellules mononueléaires. Mais
on voit, par contre, de beaux manchons périvasculaires Iym-
phocytiques, et surtout au niveau du mésocéphale (zone élective
de l’hippocampe). :
Le 2° et le 3° Lapins de passage présentent une méningite plus
accusée due uniquement à l'infiltration des cellules mononu-
ciéées. La périvascularite est intense dans les deux cas, et gé-
néralisée.
Chez le 4° animal, le cerveau apparaît macroscopiquement
très congestionné. Il existe une méningite intense ; on y trouve
des polÿnucléaires et des mononucléaires en nombre égal. Cette
méningite est irrégulièrement distribuée par plaques. Il existe
des manchons, surtout au-dessous des plaques de méningite. On
constate, cette fois, une dégénérescence profonde des cellules
nerveuses (caryolyse). Chez les animaux suivanis l'ouverture du
PREND LCR
"
se rl don né gi die PS
(87) SÉANCE DU 29 JUILLET 189
crâne montre un cerveau rouge, des épanchements hémorra-
giques ; souvent, le cervelet baigne dans le sang. Les lésions
microscopiques sont de même nature que précédemment, mais
la méningite devient extrêmement marquée et elle est due à
l’infiltration tout à fait prédominante de mononucléaires. Des
hémorragies apparaissent, d’abord sous la pie-mère, puis devien-
nent franchement interstitielles. En même temps, la périvascu-
larite diminue notablement. -
Ainsi donc, au fur et à mesure que s'accroît la virulence du
virus pour le névraxe, on voit les lésions anatomo-pathologiques
se modifier. Au début, elles sont celles d’une maladie chronique :
il y a peu ou pas de méningite, mais on trouve des manchons
périvasculaires très nets, surtout dans le cerveau moyen et dans
la zone de l’hippocampe. Plus tard, les lésions sont la consé-
quence d’une maladie aiguë : la méningite devient extrêmement
marquée ; d'autre part, apparaissent des dégénérescences (ca-
ryclyse), des hémorragies, en même temps que l'infiltration
périvasculaire se réduit.
Chez les animaux qui succombent au virus exalté, la ménin-
gite est due à l’afflux très prédominant de mononucléaires ; elle
est irrégulièrement intense aux différents points de l’encéphale,
et fort marquée au niveau du cerveau moyen. Parfois seulement
elle présente un certain nombre de polynucléaires.
Enfin, au cours d’autres essais sur lesquels nous reviendrons,
on constate que l’inoculation pratiquée par des voies autres que
la voie cérébrale, et notamment plus éloignées, reproduit les
lésions chroniques.
En résumé, les lésions, chez nos premiers Lapins, sont sem-
blables, sinon identiques, à celles que décrivent Kling et ses co!-
laborateurs comme caractéristiques de l’encéphalite épidémique.
Chez nos derniers animaux, les lésions rappellent celles décrites
par Levaditi et ses collaborateurs dans l’encéphalite et dans
l’herpès. 4
Nos constatations ne peuvent donc qu'illustrer la thèse défen-
due à nouveau par Levaditi et Nicolau (1) dans leur réponse à
Kling, sur l'importance primordiale du facteur virulence dans
les modalités de la maladie encéphalo-herpétique. Nous avons eu
en vue, dans cette note, les lésions importantes, comptant re-
venir ultérieurement sur les lésions plus fines.
Il paraît donc établi, toutefois, que, dans le domaine des ma-
ladies encéphalitiques ou herpétiques, on ne peut tirer argu-
ment de la diversité des lésions pour dire qu'elles ne sont point
dues à un même virus différemment virulent.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
(x) C. R. de la Soc. de biol., 15 juillet r922.
740 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (88)
AUTOLYSE MICROBIENNE EN TUBES SCELLÉS.
Note de D. JAUMmAIN, présentée par J. Borper.
Au cours d'expériences entreprises en collaboration avec A.
Gratia sur la fixation de l’alexine par le complexe principe Iv-
tique-sérum antilytique, il m'a été donné de constater que les
cultures de divers microbes, maintenues à 35°, en tubes scellés,
subissent, à un haut degré, le phénomène d’autolyse, au point
qu'une culture en bouillon bien trouble se clarifie presque com-
plètement après quelques jours. Ce fait a été observé pour la
premièré fois dans les circonstances suivantes : nous recher-
chions dans les vieilles cultures en bouillon de Staphylocoque et
de B. coli normaux la présence de l’antigène responsable des
fixations non spécifiques observées par d’Herelle et Eliava,
Bruynoghe et Maisin, lorsque ces auteurs mettaient en présence
un sérum antilytique et un principe actif hétérologue. Nous
avons cru hâter le vieillissement en laissant les cultures, une
fois développées, au thermostat ; mais afin d'éviter lFévaporation,
les tubes furent scellés. Après une dizaine de jours, les tubes
contenant les cultures de Staphylocoque furent retrouvés à peu
près limpides, sauf un seul où le trouble n'avait pas diminué ;
ce dernier tube, examiné avec soin, montrait à l'endroit où il
avait été scellé, une petite fêlure par laquelle, après agitation,
se faisait un suintement de liquide à peine perceptible. Il appa-
raissait comme évident que cette minuscule communication en-
tre l'atmosphère du tube et l’air extérieur avait suffi pour pro-
téger le Staphylocoque contre le processus d’autolyse qui s'était
manifesté dans les tubes parfaitement clos. Ce sont ces cultures
en bouillon autolysées et filtrées, ne contenant, comme nous
l'avons vérifié, aucune trace de Bactériophage qui, utilisées
comme antigènes en présence de sérum antilytique. nous ont
donné des réactions de fixation d’alexine, spécifiques ou non,
mais toujours de même ordre que celles qui étaient obtenues
avec des Iysats reproduisant le phénomène de Ivse transmis-
sible.
J'ai poursuivi l'étude de ce phénomène d’autolyse en tubes
scellés et ma première préoccupation a été de rechercher dans
les bouillons clarifiés, fillrés, la présence d’un principe lytique
donnant le phénomène de Twort-d'Herelle. Après 8 passages sur
une culture normale de Staphylocoque, il ne m'a pas été possible
de déceler dans ces filtrats la moindre activité lytique. Si l'on
‘recherche, d’autre part, le pouvoir inhibant de cet autolysat, on
constate que le filtrat ajouté à du bouillon pur, dans la propor
tion d’un quart au moins, a une influence défavorable sur le
Cp Rte)
(39) £ÉANCE DU 29 JUILLET HO
—_—————
développement du Staphylocoque ; la culture pousse avec un
très léger retard et reste toujours moins trouble que dans le
bouillon témoin. Ce fait est dù vraisemblablement à la teneur
du milieu en produits de désintégration du microbe, car, à la
dose de 5, 10 et même 20 p. 100, le filtrat ne paraît pas avoir
d'action inhibante.
Bien que parfois, dans les tubes scellés, le bouillon paraisse
tout à fait limpide, il persiste, même quatre et cinq mois après
la clarification, un certain nombre d'individus qui n'ont pas été
touchés par le phénomène d'’autolvse, car il suffit, après avoir
ouvert le tube stérilement, de le replacer pendant 24 heures à 37°
pour qu'il se trouble à nouveau, moins cependant que lors de la
culture primitive. Si on scelle une deuxième fois, le tube s’éclair-
cit encore, mais le processus n'arrive pas à une clarification totale.
On peut observer le phénomène dans les cultures sur gélose in-
clinée et l’on constate qu'une fois le tube scellé, la couche micro-
bienne semble s'amincir et perdre insensiblement sa pigmen-
tation au point de revêtir un aspect mat, grisàtre ; ces modifi-
cations sont synchrones à la clarification en bouillon. Si,
dans Ja suite, on descelle ce tube el qu'on le place
à nouveau à 37°, on voit apparaître après, { heures, disséminées
çà et là, un certain nombre de petites colonies aplaties, très
grêles, qui émergent de la couche primitive et constituent une
véritable culture secondaire. On pourrait aisément établir la
proportion d'individus qui ont échappé au processus d'’autolyse.
Je me suis demandé si ces colonies secondaires ne donneraient
pas naissance à des microbes doués d’une certaine résistance vis-
à-vis d'un principe lytique actif sur la souche en expérience ;
je n'ai pu constater une sensibilité moindre que celle du Staphy-
locoque originel.
Ce phénomène d’autolyse en tubes scellés n'atteint que les mi-
crobes vivants. En effet, si on tue une culture en bouillon par
un séjour d'une heure à 60°, on n'observe aucune clarification
ultérieure ; l’addition de filtrats d’une culture autolysée n’amène
pas la destruction des corps microbiens. Les émulsions en bouil-
lon de Staphylocoque développé sur gélose s'autolysent comme
des cultures en bouillon. Par contre, dans les émulsions en eau
physiologique, on ne constate pas de diminution du trouble ;
c’est que, dans ce milieu, la plupart des microbes meurent rapi-
dement et par conséquent ne sont plus sujets à la lyse.
En sérum de Lapin pur, je n’ai pas constaté de clarification
après un mois ; en bouillon sérum, quand la proportion de sé-
-rum atteint environ 1/2, le trouble diminue très légèrement,
mais la culture ne se clarifie pas ; avec des proportions moins
792 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (90)
4]
élevées de sérum, le phénomène se passe comme en bouillon
pur.
La réaction du milieu de culture n’a guère d'influence sur le
processus. La Iyse est aussi complète et aussi rapide, que le
Staphylocoque ait cultivé en bouillon fortement alcalin
(PH=8,2), ou en bouillon fortement acide (Pr —5,6). Cepen-
dant, les émulsions en milieux acides de Pr—6,0 à PH—5,6,
bien que subissant un certain degré d’autolyse, restent nette-
ment troubles, alors que, dans les milieux d'un Px plus élevé,
la clarification est presque complète.
Le volume d'air qui subsiste au-dessus de la culture dans le
tube scellé joue, au contraire, un rôle prédominant dans la pro-
duction du phénomène. En effet. scellons des tubes (jaugés au
préalable et contenant 5, 10, 15 et 20 c.c. de culture micro-
bienne) de telle façon que le volume d'air se trouvant au-dessus
du milieu soit approximativement égal à 5 c.c. dans tous les
tubes. Nous constatons que dans ce cas la lyse débute simultané-
ment dans tous les tubes et que la clarification arrive au même
degré après le même temps. Prenons, d'autre part, des quantités
égales de cultures (5 c.c.), mais faisons varier le volume d'air
emprisonné dans le tube ; dans ces conditions, nous ob$ervons
que, dans le tube scellé très près de la surface libre du milieu de
culture, la Iyse débute après une douzaine d'heures et arrive à
sa limite après 60 heures. Si le volume d'air est de 30 c.c., par
exemple, on n'observe un début de clarification qu'après 52 heu-
res et 8 jours sont nécessaires pour que la lyse arrive au même
degré que dans le cas précédent. Utilisant comme tests des émul-
sions de moins en moins concentrées de microbes tués, j'ai pu
suivre le phénomène et déterminer les degrés successifs de cla-
rification, pour des volumes d'air variables ; on constate ainsi
que le processus, une fois amorcé, se poursuit d’une manière
continue : pour une quantité d'air donnée, on peut le représen-
ter graphiquement par une droite, Deux faits sont encore à
noter : la clarification s'opère à la température ordinaire, mais
plus lentement. En tubes ouverts dans le vide, on constate que
le phénomène se produit, mais le trouble persiste plus long-
temps que dans une atmosphère confinée. Des expériences com-
plémentaires sont nécessaires pour pénétrer plus intimement
dans le déterminisme de ce curieux fait d’autolyse.
Tous les microbes sont-ils susceptibles de s’autolyser dans ces
“onditions ? J'ai mis en expérience un certain nombre de sou-
_ches de Staphylocoque ; deux seulement, dont l’une provenait
de l’air et l’autre avait été isolée de l'intestin d’une Mouche, n’ont
donné lieu à aucune clarification du bouillon de culture, après
un mois de séjour à 37°en tubes scellés. Toutes les autres sou-
(91) SÉANCE DU 29 JUILLET 193
oo
—_—_—_——— oo
ches isolées d’abcès, de furoncles, de folliculites, se sont lysées
à peu près dans le même temps, soit une huitaine de jours. Ger-
jaines souches de Bacille pyocyanique et de Bactéridie charbon-
neuse sont également très sensibles au séjour en tubes scellés, de
même le Vibrio metschnikovwi, le Bacillus prodigiosus. Ce phé-
nomène se marque beaucoup moins pour les dysentériques, Îles
paratyphiques ; très peu pour le typhique, Île coli, le Vibrion
cholérique ; mais il semble cependant qu'un certain degré de
clarification se manifeste dans les cultures en bouillon de ces
microbes.
Ce phénomène pourrait, dans certains cas, faciliter l'obten-
lion d'extraits microbiens dont la préparation nécessite souvent
des manipulations longues et difficiles.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
L'INFLUENCE DE LA RESPIRATION D'OXYGÈNE PUR
€ ; SUR LA TENSION ARTÉRIELLE.
Note de-Lucrex DAUTREBANDE, présentée par P. Nozr.
Dans un travail récent, Haldane et nous-même (1) avons mon-
tré que la respiration d'oxygène pur élevait le seuil de l'acide
carbonique dans le centre respiratoire, vraisemblablement par
contraction des capillaires du bulbe ; cette vaso-constriction pro-
voque un ralentissement de la circulation (prouvé par la dimi-
nution de la vitesse du pouls), une accumulation d'acide carbo-
nique dans le centre et une augmentation de la concentration en
ions FH. Cette augmentation de l'acidité implique elle-même un
accroissement de la ventilation pulmonaire et une chute consé-
cutive de la pression alvéolaire de CO? (1,5 millim. de Hg en
moyenne).
Il nous a paru intéressant de rechercher les modifications que
cette contraction des capillaires pouvait apporter dans la tension
artérielle, diastolique et systolique. Nous rapportors (tableau +)
9 observations prolongées entreprises sur 2 sujets sains (S. N.
et R. N.) et sur 3 tuberculeux pulmonaires.
Nous nous sommes servi une fois de l’oscillomètre de Pachon
et 4 fois du sphygmomanomètre de Vaquez-Laubry.
Les sujets étaient au repos complet au lit un quart d'heure
avant le début de l’expérience, et pendant toute celle-ci. La man-
chette de l'instrument était laissée en place pendant loute la
(1). Dautrebande et Haldane. Journal of Physiology, août 1927.
BIOLOGIE, COMPTES RENDUS. — 1922. T. OO 54
794 RÉUNION DE IA SOCIÉTÉ BELGÉ DE BIOLOGIE (92)
durée de l'examen. Avec l'appareil de Vaquez-Laubry, la pres-
sion maxima était inscrite au moment où le premier bruit claqué
était entendu et la minima dès qu'après la phase des souffles les
bruits claqués s’étouffaient.
L’aiguille ne redescendait que très lentement. et très régulière-
ment de façon à prendre une lecture extrêmement précise, tou-
jours faite au début de l'expiration ; en effet, l'inspiration, sur-
tout profonde, peut retarder le moment exact de l'audition de la
pression systolique ou faire cesser prématurément les bruits
claqués lorsqu'on se rapproche de la pression diastolique.
L’oxygène fut administré pur au moyen de sacs de Douglas
et d’un jeu de valves Rosling. De façon à éviter l'influence des
oscillations régulières et des variations de la pression sanguine
au cours d’une même expérience, nous détachions la valve de
la source d'oxygène 2 où 3 fois pendant l'examen et le sujet ne
respirait plus alors que de l’air atmosphérique (le jeu de valves
restant en bouche). La durée des deux périodes (avec et sans
oxygène) était chaque fois semblable.
Ces précautions sont indispensables ; en effet, chez trois sujets
(dont un sain) nous avons vu la pression sanguine monter d’une
façon appréciable à la fin de l’examen, sans doute à cause de la
fatigue provoquée par la résistance des valves respiratoires.
Chez un autre, la pression ne s’est pas modifiée pendant toute
la durée de l'expérience. Chez le dernier, enfin, elle a baissé
très légèrement. ; |
Pendant chacune des périodes, le pouls était compté plusieurs
fois.
Seule, la moyenne des moyennes de toutes nos observations
est rapportée au tableau ci-contre :
Pression
es
A —— Noabre
Sujet Appareil Co:dilions Pouls Maxima Minima d'expériences-
R. N. Pachon sans oxygène Sr 14,27 8,95 17
avec oxygène 76 13,88 9,38
SAN Vaquez-Laubry sans oxygène 65 10,97 8,76 81
‘avec oxygène Gr 10,90 9,40
Je » sans oxygène 114 10,40 8,16 4x
avec oxygène 10/4 19,91 8,55
AD} » sans oxygène 10/4 11,48 SOrMEbe
É avec oxygène 92 TI,IT 8,0.
PANIÉE » sans oxygène 58 14,73 9,63 69
avec oxygène 53 14,40 10,09 F
Comme on peut le voir par ces 265 déterminations, la tension
‘iminima s'élève pendant la respiration d'oxygène et la tension
maxima diminue (sauf une fois, où cette dernière reste pratique-
ment stable).
Dans l'expérience où nous nous sommes servi de l'appareil de
Pachon, nous avons pu constater aussi que l'index oscillomé-
£ Ai [l 1
2 0 CL or rm
See Pantera ne 2 és a
05) SÉANCE DU 29 JUILLET - 795
à
trique diminuait pendant l'administration d'oxygène, dans la
moyenne de 7 à 4.
L'élévation de la pression minima ne nécessite plus d’expli-
cations après ce que nous avons dit de la contraction des capil-
_Jlaires du bulbe sous l'influence de l'oxygène pur.
‘Juant à la cause de la chute de la tension maxima, elle doit,
vraisemblablement, être cherchée dans le mode nouveau de
respiration créé par l'oxygène.
Nous avons vu, en effet, que l'augmentation de la concentra-
tion en ions H dans le centre, provoquait de la surventilation
pendant l’administration d'oxygène pur.
Or, dans des domaines différents, et au moyen de techniques
variées, Henderson, Prince et Haggard (1), Stewart (2), Douglas
& Haldane (3), ont montré que, pendant la surventilation, le
flot veineux de retour et la quantité circulante de sang étaient
considérablement diminués et que le débit systolique était moin-
dre que normalement. Et ces phénomènes ont uniquement pour
cause l'expulsion, par la surventilation, du CO? de l’organisme.
Nous pouvons ainsi comprendre pourquoi, pendant la respi-
ration d'oxygène, qui provoque une augmentation de l’ampleur
des mouvements respiratoires et l'expulsion de l'acide carboni-
‘que, la pression maxima s’abaisse.
Conclusion. Pendant la respiration d'oxygène pur, la pression
_diastolique s'élève et la pression systolique s’abaisse.
(Service du P° Nolf).
SUR L'ORIGINE DES GRANULATIONS ÉOSINOPHILES.
Note de N.-A. Mrcuers, présentée par Cx. Néris.
L'origine des granulations éosinophiles fait encore l’objet de
nombreuses discussions.
_ Alors que la théorie classique d'Ehrlich considère les granules
éosinophiles comme des produits d'élaboration du eytoplasme,
au même titre que les autres granulations spécifiques, il s’agi-
rait simplement, d’après Weidenreich, d’hémoglobine phago-
cvtée, transformée en granules et non simplement digérée, par
suite de l’existence d’une disposition spéciale.
À Ja suite de travaux sur la moelle osseuse de plusieurs Mam-
(x) Henderson, Prince et Haggard. Journal of Pharmacology and experimental
Therapeutics, t. XI, 1918. ;
(2) Stewart. American Journal of Physiology, 1917, t. XXVIIL.
(3) Douglas et Haldane. Journal of Physiology, février 1922
756 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (94)
mifères, Maximow (1913), Downey (1914-1915), Ringœn (1915-
1921) se sont prononcés contre la nature exogène des granules
éosinophiles ; ils ont pu suivre, en effet, leur différenciation
graduelle dans le cytoplasme des myélocytes.
Les observations que nous avons faites sur la moelle osseuse
d'un Lézard américain, Phrynosoma coronatum, permettent
d'étendre cette conclusion à des Vertébrés inférieurs.
La moelle de Phrynosoma-ne contient pas de myélocytes am-
phophiles, elle ne renferme pas non plus de mastmyélocytes.
-C'est donc un objet particulièrement favorable pour l'étude du
problème qui nous intéresse, car toute possibilité de confusion
des jeunes myélocytes éosinophiles avec les mastmyélocytes et
les jeunes myélocytes amphophiles se trouve de ce fait écartée.
Nous avons traité nos frottis, après dessiccation rapide, par le
colorant de Johnson (modification du colorant de Wright).
Les mryélocytes à granulations éosinophiles proviennent de
myélocytes à protoplasme basophile chargé de granules baso-
philes. Les granules, assez nombreux, sont irrégulièrement ré-
partis dans le corps cellulaire, la basophilie est plus accentuée
chez certains, tous n’ont pas la même taille, ce qui montre que
les granules peuvent accroître leurs dimensions à l’état baso-
phile.
L'existence d'un processus de maturation granulaire aboutis-
sant au myélocyte éosinophile définitif est prouvée par de nom-
breux stades de transition. Les derniers peuvent être ramenés
à trois types.
Dans un premier type, les granules basophiles sont encore en
nombre prédominant dans un cytoplasma nettement basophile.
Dans un second type, les granules basophiles et oxyphiles sont
en nombre sensiblement égal dans un protoplasme neutre. Dans
un troisième, enfin, les granules oxyphiles sont de loin les plus
nombreux, le protoplasme étant légèrement acidophile. Dans
tous les cas, à côté de granules basophiles et de granules éosi-
nophiles, on trouve des granules de teinte intermédiaire, poly-
chromatophiles, ayant fixé à la fois l2 composant basique et le
composant acide du colorant. Le changement de réaction ne se
produit donc pas simultanément pour tous les granules. Il af-
fecte, en outre, des granules de grandeurs très diverses : cer-
tains granules basophiles deviennent oxyphiles quand leur taille
est encore petite. La plupart, toutefois, ne modifient leur com-
position chimique qu'après avoir atteint une taille considérable.
Dans le myélocyte éosinophile définitif, tous les granules sont
éosinophiles, et le protoplasme nettement oxyphile.
La différenciation granulaire n’est toutefois pas entièrement
achevée : l’examen des leucocytes éosinophiles nous montre en
(95) SÉANCE DU 29 JUILIET AA ar
effet des granules devenus ovalaires et plus volumineux que
ceux du myélocyte définitif.
Conclusion. Les granules éosinophiles subissent, dans le cas
étudié, une différenciation progressive, comportant des change-
ments de réaction, de grandeur et de forme incompatibles avec
la théorie de Weidenreich.
(Laboratoire d'hématologie, Université de Minnesota,
Minneapolis, U.S.A.).
VALEUR ANTIGÉNIQUE DE CERTAINS SPIROCHÈTES
ET DE DIFFÉRENTES SOUCHES DE TRYPANOSOMES
POUR LE DIAGNOSTIC DE LA DOURINE CHEZ LES ÉQUIDÉS
PAR LA RÉACTION DE BORDET-GENGOU,
par À. Bessemaxs et E. LEYNEN.
_ Nous avons antérieurement établi la technique générale de la
réaction (1) ainsi que la meilleure méthode de préparation de
l’antigène (2).
Depuis lors, nous avons eu l’occasion d’examiner la valeur
antigénique de quatre souches de Treponema pallidum Noguchi,
de deux souches de Spirochæla icterohemorrhagiæ et de trois
espèces de Trypanosomes, notamment : un T. rhodesiense, un
(x) C. R. de la Soc. de biol., 1921, t. LXXXV, pp. 256 et 889. Actuellement,
nous employons le procédé des gouttes, qui a l’avantage d'être très expéditif el
de ne nécessiter que de faibles masses totales de liquide. D'autre part, nous
faisons la réaction, pour chaque échantillon, avec 0,15 et 0,3 c.c. de sérum
(0,3 ct 0,6 c.c. servant de témoins respectifs) ; il est vrai que 0,6 cest parfois
aulodéviateur (ce qui enlève toute valeur à la réaction correspondante), mais
il arrive aussi que 0,3 donne seul un Bordet-Gengou positif et permet ainsi de
déceler des sérums faiblement dourinés qui, autrement, n'auraient pas été
reconnus. :
(2) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 289. Pour Ie procédé Mohler-
Reynoïis, saigner daris une grande masse de liquide et laver le culot une
première fois à l’eau citratée. Chaque fois, bien dissocier le culot ; son broyage
éventue] au mortier ne nuit pas : c’est le stroma des Trypanosomes qui fait
fonction d’antigène. Il est très important de travailler aseptiquement pour la
préparation de l’antigène ; sans cela, le pouvoir anticomplémentaire est trop
voisin du pouvoir antigénique et un nouveau lavage ne peut que particllement
remédier à la situation. Gardé à la glacière, à l’état concentré et dans un peu
de liquide conservateur (Mohler où Watson p. e.), l’antigène peut rester bon
durant 8 et même 15 jours, rarement au-delà. D’ordinaire, après 3 semaines,
le pouvoir antigénique ne dépasse plus que légèrement le pouvoir aulodéviatcur
et après r mois environ ces deux pouvoirs se confondent.
198 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (96)
T. lewisi et un Trypanosome aviaire isolé par Nieschulz de l’Eri-
thacus phæœnicurus L. (x).
Les T. pallida et les Leptospires nous les avons cultivés en mi-
lieux liquides suivant la technique des auteurs : les T. pallida
en bouillon-ascite au rein de Lapin (cultures anaérobies),
Leptospires en sérum de Lapin dilué à l’eau physiologique. Nous
avons cultivé le Trypanosome aviaire sur gélose glucosée-sang
de Cheval ââ (procédé Nüller), soit à 37° (prédominance de la
forme Trypanosoma), soit à température ordinaire (prédomi-
nance de la forme Crithidia); nous avons ensuite émulsionné
ces Flagellés dans de l’eau physiologique.
Toutes ces émulsions de Spirochètes ou de Trypanosomes,
nous les avons centrifugées 20 minutes à grande vitesse (5.000
tours); les culots furent lavés 1 ou 2 fois à l’eau distillée, éven-
tuellement mis de côté à la glacière dans un peu de liquide con-
servateur (Môhler et Watson) et, au moment de l’emploi, émul-
sionnés dans une faible quantité d’eau physiologique. Ces émul-
sions finales, très riches en Protozoaires plus ou moins déformés,
nous ont servi d’antigènes (2).
Nous avons entretenu notre T. lewisi sur Rats, notre T. rho-
desiense sur Rats ou Cobayes. Saignée des animaux, au pa-
roxysme de leur première infection, dans de l’eau citratée. Pré-
paration des extraits devant servir d'antigènes : procédés Leva-
diti- Watson ou Môüôhler-Reynolds.
Nous n'avons trouvé, ni aux fréponèmes, ni aux Leptospires,
ni à la forme crithidie ou trypanosome du Flagellé aviaire, un
pouvoir déviateur spécifique quelconque vis-à-vis de sérums de
Chevaux dourinés ; à forte dose, leurs antigènes seuls empé-
chaient l'hémolyse autant et plus qu'en présence de 0,15 ou
0,3 c.c. de sérums de Chevaux normaux ou malades (3).
Avec le T. lewisi, par contre, et surtout avec le T. rhodesiense
nous avons pu mettre nettement en évidence une déviation spé-
cifique. Le pouvoir antigénique, nul vis-à-vis de sérums nor-
maux, fut, vis-à-vis de sérums dourinés, pour le lewisi près du.
(x) Nieschulz. Tydschr. voor Diergeneeskunde, Deel 48, Afl. 18, 1922
Nous devons nos Protozoaires à la grande obligeance de Noguchi, Mn et
Pettit, Broden, Mesnil et De Blieck. Les Tréponèmes et le Flagellé aviaire nous
furent fournis en culture sur milieu solide, les Leptospires sur Cobaye ou en
culture sur milieu liquide, les autres Trypanosomes sur animaux. Le Tr. lewisi
provient de Rats de la banlieue parisienne. Le Tr. rhodesiense, originalement
déterminé par Stephens, à Liverpool; fut reçu par broder, en 1917; ct SALE
depuis lors sur Cobayes, Rats, rarement Souris. :
(2) ‘Les émulsions de Spirochètes ont été! utilisées chauffées où non.
“ Ce plus grand empêchèement par es antigènes seuls doit se comprendre
par l'absence d'action de plusicurs facteurs. C. R. de la So. dé biol., ne É
tENXXVE p. dr. RRASAUI EE LONEE JU PANNES AMP je
NO
(97) SÉANCE DU 29 JUILLET 199
double et pour le rhodesiense du double et du triple plus élevé
que le pouvoir anticomplémentaire.
Nous avons déjà décrit le pouvoir antigénique de certaines
races de Trypanosomes du surra, du nagana et de la dourine (x).
En étudiant comparativement, vis-à-vis de sérums de Chevaux
et pour une mème souche de l’un de ces Trypanosomes entrete-
nue sur Cobayes, le pouvoir déviateur spécifique des germes de ja
première infection et celui des germes apparaissant après une
ou plusieurs crises Iytiques, nous avons trouvé ce pouvoir nota-
blement diminué chez la variété devenue anticorps-résistante
dans le sens de Levaditi et Mutermilch (2). Nous sommes d'ac-
cord avec ces auteurs pour dire que la variété, qui a perdu la
faculté de fixer l'ambocepteur lytique, n’a pas perdu, pour cela,
la faculté de réagir vis-à-vis des anticorps qui président au phé-
nomène de Bordet-Gengou. Nous pensons cependant que, dans
nos conditions d'expérience, il y a réduction de cette dernière
faculté.
Pour cette étude comparative, nous avons préparé le même
jour, avec les germes à examiner, des antigènes aussi compara-
bles que possible entre eux. Nous avons ensuite dosé ces anti-
gènes vis-à-vis de fortes quantités constantes d'un mème sérum
positif ; d’autres fois, nous les avons ajoutés à doses constantes
à des quantités décroissantes de sérum.
C’est en suivant la même méthode que nous avons encore pu
établir que le pouvoir antigénique de notre rhodesiense et sur-
tout de notre lewisi est très inférieur à celui de nos souches de
surra, de nagana et de dourine.
Quant à la comparaison de ces trois dernières espèces entre
elles, nous avons toujours obtenu le plus fort antigène avec
notre race brucei ; notre race evansi venait directement après.
Si nos deux races équiperdum, d’origine américaine ou algé-
rienne, ne se sont pas montrées les plus actives, cela ne doit-il
pas faire supposer qu'elles sont assez éloignées de la race qui
sévit actuellement en Belgique et nous fournit nos sérums posi-
tifs ? Quoi qu'il en soit, il serait intéressant de pouvoir étudier
la force antigénique de l’equiperdum indigène et c’est dans ce
but que nous avons tâché de l’isoler sur des animaux de labora-
toire. Malheureusement; nous n'avons encore obtenu aucune
infection spécifique: à Ja’ suite de nombreuses inoculations de
(x) C. R. de la Soc. de biol., 1921, t. LXXXV, p. 256. Notre Tr. brucei est une
race. ugandae, reçue par: Broden, en 1914. de Mesnil et gardée depuis lors sur
Cobayes. Notre Tr. evansi nous fut fourni par De Blieck (Utrecht). Nos deux
souches de Tr. equiperdum proviennent, l’une de Mohler (Washington), l’autre
de Mesnil qui l’a lui-même reçue de Sergent (Algérie),
(2) Zeitschr. f. Immun., 1909, Bd rr, h. 6, $.:502.
8C0 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (98)
matériel morbide (1), dans lequel nous avons cependant souvent
pu déceler le germe au microscope.
Conclusions. Nos expériences prouvent que, si l'on s'adresse
au Cobaye pour préparer au moyen de sang fortement infesté un
antigène douriné, il faut, de préférence, utiliser les germes de
la première infection.
Elles montrent ensuite que les sérums de Chevaux dourinés
ne dévient pas le complément avec Treponema pallidum, ni
avec Spirochæla iclerohemorrhagiæ, mais bien avec différentes
espèces de Trypanosomes. Cette réaction est d’ailleurs une véri-
table Bordet-Gengou (2), qui n’est spécifique que pour le genre
Trypanosoma et nullement pour l'espèce equiperdum.
Nos expériences montrent enfin que T. equiperdum n’a pas
nécessairement le plus grand pouvoir antigénique, certaines de
ses races pouvant être moins actives que certaines races d'’es-
pèces voisines comme T. brucei et T. evansi Gette activité spéci-
fique diminue de plus en plus chez des espèces de parenté de
plus en plus éloignée comme T. rhodesiense et T. lewisi. Elle ne
se retrouve plus du tout chez des espèces très lointaines comme
le Trypanosome aviaire non pathogène isolé par Nieschulz d'Eri-
thacus phœnicurus L.
(Laboratoire central de l'administration de l'hygiène,
Ministère de l’intérieur et de l'hygiène, Bruxelles).
LE DOSAGE DE LA SÉRINE ET DE LA CO?-GLOBULINE DANS LES SÉRUMS.
UN PROCÉDÉ RAPIDE ET SUFFISAMMENT EXACT,
par F. De MYTrENAERE et À. BEssEMans.
Nous basant sur la technique de Liefmann et Cohn, qui nous
paraît pratique et satisfaisante, nous avons institué la méthode
suivante de dosage de la sérine et de la GO*-globuline dans le
sérum.
Nous diluons 1 partie de sérum dans 9 parties d’eau distillée et
déterminons le résidu sec ainsi que le résidu salin de cette dilu-
tion. Nous la saturons, d’autre part, d’anhydride carbonique et
pesons le résidu sec de la solulion de sérine obtenue après cen-
(1 Sang, sérosité de plaques ou muco-pus des organes génitaux de Chevaux
atteints. |
(2) Nous avons déjà signalé que les antigènes colloïdaux utilisés pour la réac-
tion de Wassermann sont dépourvus de tout pouvoir déviateur spécifique vis-à-
vis de sérums de Chevaux dourinés.
sé
tai
A
»
A
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*
5
CA
0
A
(99) SÉAaNCE DU 29 JUILLET 801
trifugation. Nous possédons ainsi les données nécessaires à la
solution du problème (x). |
Voici la technique de nos opérations lorsque nous possédons
suffisamment de sérum :-3,5 c.c. de sérum sont additionnés de
31,5 c.c. d'eau distillée stérile et convenablement mélangés.
1° 10 c.c. de ce mélange, exactement mesurés, sont évaporés
dans une capsule tarée à la balance de précision, d’abord à 4o°,
puis à r00-105°, jusqu'à poids constant. On obtient ainsi le ré-
sidu sec de x c.c. de sérum (A). 2° 20 c.c. de ce mélange sont
traités, jusqu’à saturation, par un courant lent de CO*. On cen-
trifuge, puis on décante le liquide clair ; ro c.c. de celui-ei sont
évaporés, comme au 1°, dans une capsule tarée à la balance de
précision. La différence entre la quantité de résidu obtenue
au 1° et celle obtenue au 2° (B) donne la quantité de CO*-globu-
line par e.c. de sérum. 3° Le résidu sec obtenu au 1° est addi-
tionné de 10 c.c. de solution d'acide sulfurique décinormal
(4,9 gi. par litre). On évapore à siccité, chauffe au rouge sombre
et calcine, pour finir, à cendres blanches. Le résidu, pesé à la
balance de précision, donne en sulfate sodique le résidu salin
de r c.c. de sérum. Il suffit de multiplier le chiffre obtenu par
0.8239 pour l’exprimer en chlorure sodique, puis de retrancher
la quantité ainsi déterminée (C) de la quantité de résidu sec
établie au 2° pour obtenir, en fin de compte, la quantité de
sérine par c.c. de sérum.
ÀA-C— albumines totales.
A-B —CO*-globuline.
B-C —sérines.
Nous avons, d'après ce procédé, fait une série d'essais. Nous
pensons être en droit de conclure qu'il est suffisamment exact
pour la pratique courante.
Il a, de plus, l'avantage de ne nécessiter que de petites quan-
tités de sérum. On comprend, en effet, qu'on peut partir d'un
volume moindre que 3,5 c.c.: il suffit, en conservant pour la
dilution le volume total de 35 c.c., de ramener à 1 c.c., par un
simple calcul, les résultats obtenus.
Notre technique présente encore les avantages suivants : la
dilution du sérum à un volume au moins 10 fois plus grand
diminue les causes d'erreur de mesurage au point de les rendre
négligeables.
D'autre part, le fait de doser la CO°-globuline par différence
supprime les causes d'erreur qui résulteraient de sa pesée di-
(x) Nous considérons comme pratiquement négligeables les traces de CO®Z-
globulinc qui restent dissoutes dans le liquide et les matières organiques non
albuminoïdes que contient le sérum. |
802 TÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (100):
recte : lavage insuffisant (qui laisserait le produit impur) ou
exagéré (qui dissoudrait une partie du précipité).
(Laboratoire central de l'administration de l'hygiène,
Ministère de l’intérieur et de l'hygiène, Bruxelles).
ÉTUDES PHYSICO-CHIMIQUES SUR LE MÉCANISME
DE LA COAGULATION DU SANG. LE RÔLE DES IONS.
Note de Ï. Newron KuGELMAsSS, présentée par E. Zunz.
On a étudié, au point de vue physieo-chimique, le plasma
sanguin et le sérum qui en provient. Par contre, on n'a pas en-
core procédé à des études physico-chimiques des changements
qui ont lieu au cours de la coagulation. Or, il se pourrait que
l'étude des modifications des propriétés physico-chimiques pen-
dant ce processus fournisse une base rationnelle d'investigations
physiologiques du mécanisme même de la coagulation. Nous
nous sommes donc proposé de mesurer les changements des
propriétés physico-chimiques pendant la coagulation et nous
nous sommes efforcé de les interpréter d’après les idées cou-
rantes de la chimie physique et colloïdale. Dans cette première
communication, nous nous occuperons du rôle des ions H. Les
protéines constituent des éléments dynamiques essentiels inter-
venant dans la coagulation du sang ; ce sont des ampholytes.
Elles sont, par conséquent, extrêmement sensibles à toute va-
lation de la concentration du milieu en ions H.
À. Changement de la concentration en ions H pendant la coa-
gulation.
Il importait d'étudier les modifications de cette concentration
au cours de la coagulation. Nous nous sommes servi pour cela
de la méthode potentiométrique.
Nous avons préparé une solution de thrombine peu active au
moyen de sérum vieilli, issu de plasma très limpide de Lapin,
de <ytazyme et d’eau Dhs siologique calciée. Nous avons saluré
cette solution au moyen d'hydrogène, ainsi que le plasma dioxa-
laté dilué ou la solution pure de fibrinogène. :
Les variations de la concentration en ions I] représentent un
phénomène continu. Si l’on part d'un système plasma-throm-
bine ou fibrinogène- thrombine à Pa inférieur a}, (On observe
une diminution de CH qui ressemble à un processus d' adsorp-
tion. Elle est d’abord rapide et tend vers une limite asymptote
vers la fin de la coagulation. Lee |
La fibrine formée possède une concentration en ions H moin-
(101) SÉANCE DU 29 JUILTET &0 }
————————————……—..———.—————————…—…………………_…_………—…—…——……—…—………—_—……………………_………._…_….…_—_.…—._.._._._.
dre que la concentration en ions H initiale du mélange. Ce fait
fondamental infirme sérieusement la plupart des comparaisons
faites jusqu'ici avant et après la coagulation.
B. Changement dans la concentration en ions H produit par
la coagulation dans des milieux de concentration en ions H dif-
férents.
La diminution de concentration en ions H observée pendant
la coagulation du sang amène à se demander si le même degré
de diminution de la concentration en ions H existe pour les sys-
tèmes coagulants à teneurs initiales en ions H autres que ceux
avoisinant la neutralité.
- Pour obtenir des milieux à concentration en ions H variable,
tout en maintenant constante la concentration des autres ions,
il faut employer des solutions tampons. Mais comme des réac-
tions d'ions interviennent dans la coagulation, on ne peut pas
employer de solutions tampons. On a fait varier Pr en ajoutant
N/r00 HCI ou N/100 NaOH à la solution de thrombine.
Quelle que soit la CH initiale du milieu, il v a toujours un
changement de cette concentration au cours de la coagulation.
Plus grande est la concentration initiale en ions H dans le svs-
tème, plus considérable est la différence entre cette concentra-
tion avant et après la coagulation ; le pourcentage moyen
d'ions H disparus de la solution pendant la coagulation est de plus
Où MOINS DO P. 100. |
C. Limites et oplimum de Pa pour la coagulation.
La coagulation n'a lieu qu'entre Pn 5 et Pa &.
Du côté acide de Ia neutralité, plus la concentration en ions
est élevée, plus ia formation du caïllot est lente. Du côté alcalin
de la neutralité, plus la concentration en ions H est forte, plus
la formation du caillot est lente. Une forte concentration en
ions O H retarde beaucoup plus la formation du caillot qu'une
forte concentration en ions H. Le point d’inflexion pour la coagu-
lation optimum se trouve à environ PK 7.
Du côté acide de la neutralité, au fur et a mesure que la con-
centration en ions H augmente, la continuité du réticulum ré-
sultant de la coagulation devient de moins en moins marquée,
et, à une concentration en ions H relativement grande, on n'ob-
serve plus que des fibrilles complètement séparées les unes des au-
tres: Du côté alcalin de la neutralité, au fur et à mesure que la con-
centration en ions H augmente, il se produit une disparition gra-
duelle du reticulum continu visible ; les filaments de fibrine
. montrent une texture de plus en plus fine ; les fibres décroissent
en grandeur et en nombre ; elles disparaissent du champ de vi-
sibilité ultramicroscopique lorsqu'on atteint Px &.
L'action anticoagulante d’une trop forte concentration en
80 1 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (102
ions H ou en ions OH, ne s'exerce pas sur la solution de throm-
bine, puisqu'il suffit de neutraliser cette solution pour voir le
caillot se former ; il semble donc que les milieux de concentra-
tion en ions H ou ions OH relativement élevés empêchent la for-
mation de la fibrine.
D. Points isoélectriques des protéines du sang.
La coagulation du sang ne se produisant qu'entre des concen-
trations données en ions H et présentant un optimum vers Px 7,
on doit se demander s’il n’existe pas de relation entre ce phéno-
mène et les points isoélectriques des protéines.
On mesure le point isoélectrique en se basant sur sa concor-
dance avec le point d’inflexion de beaucoup de propriétés des
ampholytes. Pour déterminer l'influence de la concentration en
ions H sur les protéines, il est indispensable de maintenir cons-
tantes les diverses concentrations en ions au moyen de solutions
tampons. On ne peut pas employer, dans ce but, d'acides ou de
bases fortes, car ces composés montrent un point isoélectrique
pour des concentrations en ions H trop faibles, par suite de la
formation des sels dans la région isoélectrique. Parmi les chan-
gements des propriétés en relations avec CT, nous avons choisi
pour déterminer les points isoélectriques des protéines : le
maximum de turbidité, le maximum de floculation, le mini-
muim de coloration par des colorants acides ou basiques.
On obtient ainsi les points isoélectriques suivants
Séroalbumine : 2,0 x 10-5=Pn 4,7. -_ Fibrinogène : 1,0 x 10-8= Pr 8.
Séroglobuline : 3,0 x 10-5=Pn 4,55. | Fibrine : 0,3 x 10-b=PH 7,2.
Le point isoélectrique de la séroalbumine correspond à celui
trouvé par Michaelis et Davidsohn (1) et par Bierry et Moquet (2);
celui de la séroglobuline correspondant à celui trouvé par Rona
et Michaelis (3) tandis que Bierry et Moquet indiquent Pa 4,4.
La coagulation du sang, ainsi qu'on l’a vu plus haut, a lieu
entre les points isoélectriques des protéines du sérum, d'une
part, et celui du fibrinogène, d'autre part, mais la coagulation
optima a lieu aux environs du point isoélectrique de la fibrine.
(Institut de thérapeutique, Université de Bruxelles).
(x) L. Michaclis et H. Davidsohn. Biochem. Zeils., 1917, t. XXXIII, p. 456-
h73-
H. Bicrry et M. Moquet. C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVII, p. 329.
(3) I. Rona et L. Michaelis. Biochem. Zeits., 1910, t. XXVIII, p. 193-199.
_ plasma.
par l’agar. Nous avons déterminé, pour chacun d'eux,
. (103) SÉANCE DU 29 JUILLET 805
SUR LES MODIFICATIONS PHYSICO-CHIMIQUES DU SANG
LORS DE L'INJECTION DE SÉRUM TRAITÉ PAR L'AGAR,
par Encarp Zuwz et JEAN LA BARRE.
Nous avons montré antérieurement (1) que si l’on injecte
0,025 à 0,25 c.c. de sérum de Cheval, dans la jugulaire, chez des
Cobayes qui ont reçu 3 ou 4 semaines auparavant une injection
intrapéritonéale préparante de ce sérum, le sang carotidien pré-
levé quelques minutes après l'injection déchaînante présente
les modifications suivantes : 1° une augmentation de la teneur
du sang en globules ; 2° un accroissement de la viscosité du sang
total sans modification de la viscosité du plasma ; 3° un abaisse-
ment de la tension superficielle du plasma ; 4° un accroisse-
ment, relativement léger, dé l'indice réfractométrique du
Nous avons examiné le sang de Cobayes neufs auxquels on a
injecté 0,5 à 3 c.c. de sérum de Cobaye, traité par l’agar selon la
méthode de Bordet (2). Nous avons procédé de la même façon
que dans nos expériences chez les Cobayes préparés, mais nous
avons prélevé, dans la majorité des cas (3), 9 c.c. de sang caro-
tidien dans r c.c. d’oxalate de soude à 1 p. 100, c'est-à-dire une
plus grande quantité de sang que dans nos premiers essais. Ceci
permet, d’une part, de déterminer la densité et la tension super-
ficielle du plasma sans devoir le diluer au préalable avec de l’eau
physiologique oxalatée, d’autre part, de HdRCner l’abaissement
du point de somedaiion du plasma.
Nous avons employé plusieurs échantillons de sérum traité
la dose
maxima sûrement mortelle. Elle a été de 2 à 3 c.c.
Nous avons alors prélevé du sang carotidien quelques minutes
après l'injection intraveineuse de cette dose sûrement mortelle,
d'une dose légèrement supérieure ou inférieure et comparé les
résultats de l'examen de ce sang à celui du sang prélevé lors du
choc anaphylactique aigu chez les Cobayes préparés au moyen
d'une injection intraveineuse de sérum de Cheval. Nous ne te-
nons compte, pour cette comparaison, que des déterminations
faites dans les deux cas avec du plasma oxalaté tel quel. Nous
avons, d'autre part, injecté à des Cobayes 1 à 3 c.c. soit de solu-
tion physiologique telle quelle ou traitée par l’agar, soit du sé-
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 286-288,
(2) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXIV, p. 225, 1978.
(3) Il n’a pas toujours été possible de recueillir cette quantité de sang
<arotidien au cours du choc.
1922
906 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (104)
rum de Cobaye porté pendant 30 minutes à 58° avant le trai-
tement par l’agar et sans effets nocifs pour des Gobayes neufs.
Nous avons examiné, chez ces trois séries de témoins, le sang
carotidien prélevé 3 à 5 minutes après l'injection intraveineuse.
L’injection intraveineuse de sérum traité par l’agar augmente
parfois la teneur du sang carotidien en globules.
La viscosité du sang total s'accroît nettement chaque fois qu'il
y à un choc net, et ceci est en relation avec l’aspect veineux du
sang, riche en acide carbonique. La viscosité reste normale
après l'injection soit de doses de sérum traité par l’agar n'en-
traïnant pas la mort, soit de sérum maintenu à 58° avant le trai-
tement par l’agar. Il en est de même après l'injection d’une dose
toxique de sérum traité par l’agar à un Cobaye ayant reçu 2 1/2
à 3 heures auparavant de l’hirudine et protégé, de cette ma-
nière, contre les effets nocifs du sérum traité par l’agar. 5
La viscosité du plasma ne subit pas de modifications appré-
ciables. ; ke
Le point de congélation du plasma s’abaisse parfois après l'injec-
tion intraveineuse de sérum traité par l’agar, sans que cet abaisse-
ment soit en relation nette avec la dose injectée et les effets de
cette injection. Get abaissement est la règle lors du choc anaphy-
lactique aigu provoqué par la réinjection de sérum de Cheval. On
ne l’observe ni chez les Cobayes ayant reçu de l’hirudine 2.1/2 à
3 heures avant l'injection de sérum traité par l’agar. Il en est de
même après l'injection de sérum de CGobave maintenu à 8° avant
le traitement par l’agar. LÉ ere
L'indice réfractométrique du plasma s'accroît dans la Sie
part des cas après l'injection intraveineuse de doses rapidement
mortelles de sérum traité par l’agar. On n'’observe pas cet ac-
croissement lorsqu'on injecte soit un sérum devenu relativement
peu toxique après le traitement par l'agar, soit un sérum porté.
à b8° avant le traitement par l’agar. On ne le constate pas non
. plus lorsqu'on injecte de l’hirudine 2 1/2 à 3 heures avant l’in-
troduction dans la jugulaire de sérum traité par l’agar et qu'on
protège ainsi le Cobaye contre les effets nocifs de ce sérum.
La tension superficielle du plasma s’abaisse, et ceci d'autant
plus que le sérum traité par l’agar paraît plus nocif. Cet abais-
sement n’est toutefois que rarement aussi intense que celui ob-
servé lors du choc anaphylactique aigu chez les Cobayes pr éparés.
- La tension superficielle du plasma ne s’abaisse pas chez les Cobayes
hirudinisés au préalable et protégés de cette manière contre les ef-
fets nocifs du sérum traité par l’agar. Elle ne subit pas non plus
de modification après l'injection de sérum chauffé à 58° avant
le traitement par l’agar. |
Dans l’ensemble, le milieu sanguin subit, après l'injection de
Lo
LPS
NS Le”
ee
| LENS
(405) SÉANCE DU 29 JUILLET £07
*
A
sérum traité par l'agar à des Cobayef neufs, des modifications
analogues à celles observées après l'injection de sérum de Che-
val à des Cobayes préparés, mais moins intenses. Elles ne se
constatent plus lorsqu on a injecté au préalable de l’hirudine
aux Cobayes et qu'on les a ainsi protégés contre les effets nocifs
du sérum traité par l'agar. Le sérum chauffé à 58° pendant 20
à 30 minutes avant le traitement par l’agar ne provoque pas nor
plus ces modifications.
(Institut de thérapeutique, Université de Bruxelles).
SUR ÜNE FILAIRE PARASITANT LE TISSU CONJONCTIF SOUS-CUTANÉ
pe Agama colonorum Dum. Er Bibr. AU CONGO BELGE
par J. Roprain.
J'ai pu obtenir récemment les formes parentales des microf-
laires que, depuis 1906, j'ai décrites dans le sang du Lacertilien
crassilingue : Agama colonorum Dum et Bibr., de l'Ubangi
belge (x):
Ces Vers, ainsi que je l'ai signalé déjà, parasitent le tissu
sous-cutané des Agames et s'\ retrouvent entre la peau et les
muscles. :
Ils se rassemblent entrelacés en peloton en-dessous de la peau,
dans l’aîne et dans les aisselles et en dessous du cou, de chaque
côté de la mâchoire inférieure.
Ces Nématodes, dont j'ai étudié les mâles et les femelles, cons-
tituent une espèce nouvelle pour laquelle je propose le nom de
Filaria agamæ n. sp. Sa description fait l’objet de la présente
note. :
Filaria agamæ. Corps filiforme, d'un blanc laiteux, atténué
près de son extrémité postérieure. Extrémité céphalique régu-
Hèrement arrondie sans papilles saillantes. Cuticule unie mon-
trant au fort grossissement une fine striation transversale sur-
tout visible chez le mâle. Bouche terminale, petite, non sail-
lante. OEsophage court, droit, à peine élargi au niveau de sa
jonction avec l'intestin, dont la partie musculaire se continue
avec la portion glandulaire sans démarcation nette, Anneau ner-
veux peu HoArues Rectum étroit, rectiligne, se prolongeant jus-
que très près de l'extrémité terminale, ouverture anale non -vi-
sible.
(x) J. Rodhain. En infectant le sano chez Agama colonorum dans 1 ‘Ubangi-
Centralblalt f. Bakt. u. Parasit. Bd XLU, 10°6, left G.
808 RÉUNION DE LA SOCIÉ1É BELGE DE HIOLOGIE (106)
PNA ET SR EE ———__—
Mâle adulte Femelle adulte (1)
Longueur totale.............. Did : 25 à 4o mm. 8h mm.
Epaisseur MAXIMA. esse. PAROI ne 300 592 u
Largeur au niveau de l’anneau nerveux. 200 5
Largeur au niveau de la queuc.. - 70 156 pu
Distance à \ du niveau de l'anneau ner-
l'extrémité AVEUXRES PACE ER CEE DEL 124
céphalique l de laure Mere RCE PPEECTTE 624 u
Longueur de l’œsophage.. ....... .-.... 550 pu - 663 m
Rapport de la longueur ‘totale à celle de
l’œsophage........ ................... 72 U 125
Embryons extra utérins................... 89 u
Spicules longs .......................... Go pu
» courts EE 0 GO PO e S DI DOC 30
Distance du point d’émergeance des spi:
cules à l’extrémité Gel de 50
Femelle. La longueur des 3 Vers femelles variait de 67 à
84 millimètres. A l'extrémité postérieure, le corps s'atténue
brusquement en une queue courte, recourbée. Celle-ci ne pré-
sente pas d'ouverture anale visible, mais porte à son extrémité
terminale deux minuscules papilles. Un repli des tubes ovari-
ques descend jusqu'au niveau où débute la queue, dont la lon-
gueur peut atteindre 546 u. L'orifice vulvaire, à peine saillant,
très antérieur, est situé immédiatement en avant ou en arrière
de l'extrémité distale de l’œsophage. L'ovéjecteur qui lui fait
suite est flexueux, décrit une ou plusieurs boucles autour du
tube intestinal et se prolonge vers l’arrière entremêlant ses replis
avec ceux de l’utérus. Oviductes grêles. Début des tubes ovari-
ques variable, un repli descendant jusque près de la naissance
de l'extrémité caudale. Ovovivipare. Embryons circulant dans
le sang de l'hôte.
Mâle. Moins long et plus grêle que la femelle, mesurant de
26 à 43 millimètres. Corps aminei dans la région postérieure qui
est recourbée sans s’enrouler en spirale. Cloaque s’ouvrant à 50 u
de l’extrémité caudale. Celle-ci porte deux ailes cuticulaires hya-
lines qui, naissant au point où l’extrémité terminale du Ver s’in-
curve, présentent leur plus grand développement (31 u) au ni-
veau de la région des papilles génitales. Ces dernières sont au
nombre de 5 paires dont les 4 antérieures préanales, la 5° para-
ou légèrement post-anale. De ces papilles, la 4°, immédiatement
préanale est la plus petite et la plus interne ; la 5° postérieure la
plus large. La première antérieure, la plus allongée, peut me-
surer 32 « du sommet à la base d'insertion. Immédiatement au-
devant du point d'émergence des spicules, la cuticule se sou-
lève en une petite proéminence. Les spicules, au nombre de
deux, sont inégaux. L'un, court, en forme de fer de lance re-
(x) Les dimensions indiquées sont celles relevées chez la plus grande des
trois femelles examinées.
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(107) SÉANCE DU 29 JUILLET 809
courbé, creusé en gouttière, est bifurqué à son extrêmité proxi-
male. Les branches de la fourche chitinisées sont inégales, l’une
dépassant l’autre de plusieurs un. Le deuxième, long et flexible,
présente une partie chitinisée et une portion membraneuse,
celle-ci distale et qui s’engaine dans la concavité du court spi-
cule. Le tube testiculaire s’avance très en avant vers l'extrémité
céphalique. Il débute immédiatement en arrière du point de
jonction de l’œsophage avec l’intestin moyen.
Fiaria agamae, n. sp. Extrémité postérieure du mâle. (Grossissement 186).
Affinités. Plusieurs espèces du genre Filaria ont été décrites
chez les Sauriens.
P. Delanoé (1) a signalé l'existence de microfilaires dans le
. sang de Agama colonorum Dum et Bibr., observés à Bouake
(Gôte d'Ivoire). Il à recueilli les formes parentales de ces em-
bryons sanguicoles dans le tissu hépatique. La description rudi-
(x) P. Delanoe. Au sujet de l’existence chez un Saurien, Agama colonorum
Dum. et Bibr. d’une Filaire et d’une microfilaire sanguines. Bull. Soc. Path.
Exot., 1914, pp. 121-128.
Biorocie. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII.- 55
do. RÉUNION DE LA SOCIÉLÉ BELGE DE BIOLOGIE (108)
LM A A RG RE
mentaire que cet auteur donne de ces parasites ne permet pas
de dire si les Vers qu'il a rencontrés sont identiques à FPilarta
agamæ. Îl est peu probable pourtant qu'il en soit ainsi, car les
embryons filariens qu'il a mensurés avaient des dimensions fort
différentes de ceux du Nématode décrit ici.
Filaria agamæ ne peut être confondu avec Filaria chlamydo-
sauri décrit par Johnston (1) du Chlamydosaurus kingii, en
Australie, d'après un unique spécimen mâle. Ce dernier, para-
site de vaisseau lymphatique, s’en distingue d'emblée par le
nombre et l’arrangement des papilles génitales.
Filaria candezi Fraipont (2) vivant dans le tissu sous-cutané
de l’Uromastix acanthinurus Bell., race nigriventris et Uromastiæ
acanthinurus, dans le Sud Oranais et le Sud Tunisien, se diffé-
rencie immédiatement de Filaria agamæ par sa taille et par la
présence d’aires latérales larges s'étendant sur toute la longueur
du corps.
Le parasite décrit ici ne peut pas non plus être confondu avec
Filaria furcata von Linstow de Chamæleo oustaleti qui se rappro-
che de la précédente, ni de Filaria tuberosa von Linstow de
Mabaia carinala Schmeid (3) dont la description manque d’ail-
leurs de détail suffisant pour permettre une comparaison défi-
nitive.
(Ecole de médecine tropicale de Bruxelles).
ERRATUM.
Nore pe N.-A. Micuers.
T. LXXXVIT, p. 116, 3° paragraphe. Au lieu de : L'action de
ces colorants aqueux, lire : L'action des colorants aqueux.
(x) Johnston. Filuria chlamydosauri. In Report Australian Institut Trop.
Med Bron “.
(2) Seurat. Sur deux Filaires des Reptiles du Nord-Africain. C. R. de la Soc.
de biol., t. LXXIX, 1916, p: 1137.
(3) Von Linstow. Helminthes from the collection of the Colombo Museum.
Spolia Zeylanica, 1906, p. 163.
à
: k
(99) 811
RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE
SECTION DE CLUJ
SÉANCE DU 24 JUIN 1922
SOMMAIRE
Botez (M.-A.): Adaptation mi- lombaire sur la formule leuco-.
crobienne par variation et sélec- cytaire du sang périphérique.... 1or
LION Le SAS ME PEER 105 Urecuia (C.-I.) et GoLpner
Mina (1.) : Sur l’évolution des (A.) : Le complexe colorant thio-
phqmessenilés 2... 0... ., 99 | nine-nigrosine en injections chez .
Nirzescu (1.-[.) : Le passage de IMPORTER EPA RES ee dE 102
l’adrénaline du liquide céphalo- UrecuiA (G.-[.) et Gricoriu
rachidien dans la circulation gé- (Car.) : L’extirpation de la glande
RÉRVENE UNE ... 106 | pinéale et son influence sur l’hy-
Urecmia (C.-I.) et GEorcescu DODINÉE eee Re 2e OS
Présidence de M. Galugareanu..
SUR L'ÉVOLUTION DES PLAQUES SÉNILES.
par L Mixea.
Les plaques séniles, dont !a constitution a été magistralement
décrite par Alzheimer, ne représentent, sous l'apparence décrite
par cet auteur, qu'un stade arrêté à une phase intermédiaire de
leur évolution. Déjà Fischer, Marinesco et nous-même et, tout
dernièrement, Laignel-Lavastine et Tinel, ont décrit des stades
qui paraissent être,. d’après leurs caractères morphologiques,
plus jeunes que ceux décrits par Alzheimer et constitués seule-
ment par de petits dépôts de cette énigmatique substance préci-
pitée de la circulation interstitielle à l’intérieur de l'écorce grise,
sans aucune réaction consécutive du tissu nerveux ou névro-
glique. Cest seulement par suite de l'apparition de la réaction
812 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (100)
dans lies fibres nerveuses et dans la névroglie adjacente que la
plaque sénile prend la forme décrite par Alzheimer et étudiée
par la plupart des auteurs. Mais il est évident que la réaction,
soit nerveuse, soit névroglique, une fois commencée, ne peut
pas rester indéfiniment à la même phase.
Il nous à paru, à Marinesco et à nous-même, que le premier
symptôme de cette transformation se manifeste par une réaction
névroglique qui aurait, d’après nous, le rôle d'arrêter la précipi-
tation, et cela par redissolution de la substance précipitée. Le
fait assez important que nous avons établi est que, dans les
plaques où la réaction névroglique est amplement développée,
le précipité est ou bien absent ou seulement en très petite quan-
tité, réduit à un petit noyau central qui semble être en voie
de dissolution. Le noyau central, à son tour, représenté soit par
une masse protoplasmique d’origine nerveuse ou névroglique,
soit par quelque chose de moins défini, n'ayant aucune connexion
anatomique ou rapport de continuité avec le reste du tissu, est
destiné aussi à disparaître. C’est ce qui se produit en effet, car
les plaques arrivées à cette phase de leur évolution ne contien-
nent que des métamorphoses neurofibrillaires et névrogliques qui
conservent des connexions certaines avec le tissu environnant,
ce qui leur permet de végéter encore pendant quelque temps,
grâce à l'action trophique de leur centre cellulaire. Les cellules
névrogliques hypertrophiées à la périphérie de la plaque se ré-
duisent aussi à leur tour, et la plaque sénile se présente alors
avec la configuration décrite antérieurement par nous-même.
Dans deux cas nouveaux que nous avons étudiés à ce point
de vue, nous avons pu confirmer les faits exposés plus haut, et
nous avons pu constater, de plus, des formes que nous consi-
dérons comme des plaques séniles encore plus avancées dans
leur évolution que celles connues jusqu’à présent. Elles se ré-
duisent à un nombre très restreint de ces formations véritable-
ment métamorphiques qu'on pourrait caractériser comme des
masses protoplasmiques de volume variable, les unes atteignant
la taille d'une des petites cellules pyramidales voisines, les autres,
plus petites, de formes très irrégulières, très rarement rondes
et plutôt lobées, en connexion visible, parfois, avec un prolon-
gement plus ou moins épais qu'on peut suivre jusqu'à quelque
distance et qui nous indique, en même temps, l'origine de ces
formations : ce ne sont, en effet, que des boules terminales de
fibres interrompues à ce niveau, agglomérées quelquefois en plus
grand nombre ; elles peuvent être aussi isolées. On ne voit pas
de fibrillation à leur intérieur, elles ont plutôt un aspect homo-
gène. Les unes sont très pâles, les autres offrent une argentophi-
lie manifeste. Autour de quelques-unes on peut constater une
(101) SÉANCE DU 24 JUIN | 813
zone étroite et claire dans laquelle les ramifications nerveuses
font défaut.
La lésion d'Alzheimer est assez répandue, surtout au niveau
de la circonvolution de l’hippocampe. On trouve quelques cel-
lules transformées dans chaque îlot de cellules polymorphes
géantes de cette dernière.
Nous croyons qu'on peut interpréter ces lésions des fibres ner-
veuses comme un reliquat des plaques séniles, ou, si l’on veut,
comme des plaques séniles arrivées au dernier terme de leur
évolution. Les petites masses protoplasmiques difformes n’au-
raient qu'à disparaître à leur tour en laissant à leur place tout
au plus un petit espace clair et personne ne pourrait recon-
naître l'emplacement d’une ancienne plaque sénile.
Si cette interprétation correspond à la réalité, il reste à savoir
si, dans les cas décrits par quelques auteurs où l’on a trouvé la
lésion neurofibrillaire d'Alzheimer en l’absence des plaques sé-
niles, il n’existerait pas de ces plaques au terme de leur évolu-
tion, plaques difficiles à reconnaître, mais qui pourraient confir-
mer l'opinion de ceux qui admettent une relation étroite entre
la présence des plaques et le développement de cette curieuse
lésion de la cellule nerveuse.
INFLUENCE DE LA PONCTION LOMBAIRE SUR LA FORMULE
LEUCOCYTAIRE DU SANG PÉRIPHÉRIQUE,
par C.-I. Urécuia et P. GEORGESCU.
Nous avons étudié ce rapport sur 20 malades en établissant
leur formule leucocytaire avant la ponction et ensuite 3 et 6
heures après.
3 heures après la ponction, nous avons trouvé une augmenta-
tion des mononucléaires (18 cas), et une diminution des poly-
nucléaires (13 fois).
Les variations des éosinophiles et des lymphocytes sont insi-
gnifiantes et ne s’observent que rarement ; les éosinophiles ont
diminué 7 fois et ont augmenté 3 fois ; les lymphocytes ont
augmenté 3 fois et ont diminué 15 fois.
Après 6 heures, nous avons trouvé une mononucléose dans
tous nos cas, de même qu'une diminution constante des poly-
nucléaires. Les variations des lymphocytes et des éosinophiles
sont insignifiantes ou nulles.
Il en résulte donc, qu'après la ponction rachidienne, la for-
mule leucocytaire du sang périphérique montre des modications
qui sont surtout appréciables après 6 heures et qui consistent
814 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (102)
dans une augmentation des mononucléaires et une diminution
des polynucléaires.
Cette modification de la formule pourrait être attribuée à un
processus de vagotonie ; elle n'était pas en rapport direct avec
les symptômes de réaction méningée qui suivent la ponction.
(Clinique psychiatrique).
LE COMPLEXE COLORANT THIONINE-NIGROSINE, EN INJECTIONS
CHEZ L'HOMME,
par C.-. Urécnra et À. GoLDNER.
Dans une communication faite à la Société de biologie (19 no-
vembre 1921), Gautrelet relate les effets que la thionine et la
nigrosine produisent sur la tension sanguine des animaux quand
elles sont injectées soit seules, soit immédiatement l’une après
l’autre. |
Nous nous sommes proposé de contrôler, chez l'Homme, les
intéressantes constatations que Gautrelet vient de faire chez le
Chien. Nous avons fait nos expériences sur 20 malades de notre
clinique. Nous avons enregistré la pression sanguine avec l’appa-
reil de Rivarocci, et employé des solutions de thionine et de
nigrosine au titre de 1-5 p. 100 dans l’eau distillée, la quantité
de substance injectée a varié de 1-3 c.c. eg
Les injections de thionine, quelles que soient la quantité et la
voie employées (musculaire, sous-cutanée ou veineuse) ont pro-
duit, dans 15 de nos cas, une chute évidente de la pression
sanguine. Nous devons cependant remarquer que la dose de
o,10 cer. est celle qui donne les meilleurs résultats. La diminu-
tion de pression se produit dans un délai de 2 à 19 minutes et,
le plus souvent, après 5 minutes. La chute de la pression se
fait progressivement et elle peut varier de 6 à 22 mm. de He. La
moyenne observée a été de 14 mm. de Kg.
Après la diminution, la pression augmente de nouveau, sans
atteindre, après 30 minutes, le niveau initial. Cette chute est
quelquefois précédée d'une petite augmentation initiale.
Il ressort donc de ces faits, que la thionine, qui, d’après les
expériences de Gautrelet, n’a pas d'influence sur la pression
sanguine du Chien, produit au contraire chez l'Homme une
baisse de la tension.
La nigrosine, injectée seule, n’a aucune influence sur la pres-
sion sanguine. Mais quand la nigrosine est injectée après la
thionine, dès que la pression vient à augmenter après sa chute,
;
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(103) SÉANCE DU 24 JUIN | 815
li se produit uuc nouvelle chute, qui est plus accentuée que fa
première, dans un délai de 3 à 15 minutes; dans ce cas, la
pression peut diminuer de 38 mm. de Hg. Après r heure, la
pression nest pas encore revenue à la normale. La chute se fait
le plus souvent progressivement et quelquefois d’une manière
brusque.
À ce point de vue, nos expériences confirment celles que Gau-
trelet vient de faire chez le Chien avec ie mélange des deux
produils. Nous ne pourrions dire si ces effets hypotensifs peu-
vent être utilisés d'une fnanière utile en pathologie.
” :
Ï'EXTIRPATION DE LA CLANDE PINÉALE ET SON INFLUENCE
| SUR L'HYPOPHYSE,
par C.-T. Urecia et Can. GRicoRiIU.
La icechnique de Paxhispation de la glande pinéale, même chez
les animaux auxquels eile est accessible sous la dure-mère, est
très difficile. Les hémorragies qui surviennent si fréquemment
produisent en moyenne, chez les Chiers ef . les Lapins, une
mortalité de 55 p. roo (Exner et Bôüse, Foa, Sarteschi, Biedl, Gri-
goriu, Dandy, etc.). À cause de cette défculté che le
nombre des animaux survivants a été très réduit chez tous les
expérimentateurs ; de plus, sur ces rares exemplaires, les rap-
ports interplandulaires n’ont été que peu étudiés. En ce qui con-
cerne lRypophyse, notamment, nous ne possédons que très per
d'observations. Les relations étroites qui existent entre la glande
pinéale et les glandes sexuelles d’une part — et celles qui exis-
tent entre les glandes sexuelles et l’hypophyse d'autre part —
permettent de supposer l'existence d'un rapport hormonal entre
l'hypophyse et la glande pinéale. Foa ne trouve aucune diffé-
rence entre l'hypophyse des animaux opérés et celle des témoins,
et il émet l'hypothèse que F'hypophyse, en même temps que la
glande pinéale, exerce une influence inhibitrice sur l'appareil
sexuel, et qu'à ce point de vue, ces deux glandes sont donc
synergiques. Kidd admet le même synergisme et pense que chez
les jeunes animaux la glande pinécle, qui est déjà en activité,
supplée l’hypophyse qui se trouve encore dans un état de fonc-
tionnement insuffisant. Le même synergisme est admis par Bab.
La majorité des auteurs, cependant, admettent un antagonisme
Œrankl-Hochwart, Marburg, Biedl, Schuller, Goldzieher, San-
dri, Pellegrini, Munzer, Hofstafdter), antagonisme basé sur des
idées théoriques non contrôlées par l'expérience. Léo Adler, en
816 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (104)
extirpant la glande pinéale chez les larves des Batraciens, n’ob-
tient aucune altération de l’hypophyse. j
Nous avons extirpé l’épiphyse chez un grand nombre de Cogs,
et nous avons réussi à maintenir.en vie deux de ces animaux.
Après l'opération, les Coqs ont présenté une involution des
organes sexuels secondaires qui a duré approximativement deux
mois ; ce temps écoulé, les animaux se sont développés rapide-
ment, et les caractères sexuels secondaires se sont très bien
accusés.
8 mois après l’extirpation de la glande, les animaux ont été
sacrifiés ; ils ne présentent aucune différence avec les témoins
de la même génération ; nous avons cependant l’impression que
la crête est un peu plus développée chez les animaux opérés. Le
poids des testicules est le même que celui des témoins, mais à
l'examen microscopique on constate un plus grand développe-
ment de la glande interstitielle chez les opérés. L’hypophyse de
nos deux Coqs opérés est beaucoup plus grande que celle des
témoins ; elle est au moins trois fois plus grosse qu’une glande
normale. À l’examen microscopique, on constate une augmenta-
tion des cellules acidophiles, de nombreux acini sont rem-
plis de colloïde acidophile, et le lobe nerveux présente une hy-
pertrophie simple.
-Il résulte de nos expériences que dans ces deux cas, 8 mois
après l’extirpation de la pinéale, l’hypophyse se trouvait énor-
mément hypertrophiée et sa structure microscopique indiquait
un état hyperfonctionnel.
(105) SÉANCE DU 24 JUIN 817
ADAPTATION MICROBIENNE PAR VARIATION ET SÉLECTION,
par M.-A. Borez.
Les essais d’ensemencement du Vibrion cholérique dans un
tube de bouillon à violet de méthyle (une anse d’une solution
alcoolique concentrée de violet de méthyle pour ro c.c. de bouil-
lon) ne réussissent pas. Les Vibrions ne végètent pas dans un
tel milieu. Il se produit une vibriolyse.
Si au contraire on introduit dans une culture en bouillon bien
développée du Vibrion cholérique la même dose de violet de
méthyle et si l’on met la culture à l’étuve, on constate les faits
suivants : les Vibrions sont colorés en violet et sont, pour la
plupart, précipités et lysés. Au-dessus du précipité, la culture
est presque limpide. Mais quelques jours après on aperçoit une
fine pellicule violette se formant à la surface du milieu de culture.
La pellicule est formée de Vibrions agglutinés et modifiés mor-
phologiquement. Les essais de transplantation des germes de
cette pellicule sur un milieu à violet de méthyle (bouillon ou gé-
lose) donnent des résultats positifs.
Le fait d'obtenir des cultures indique l’adaptation du Vibrion
cholérique aux milieux à violet de méthyle.
On peut même avoir des cultures qui poussent très activement
en se colorant en violet et qui peu à peu forment un sédiment
violet surmonté d’un liquide un peu trouble et en quelque
sorte décoloré, sur lequel nage une pellicule violet pâle formée
de Vibrions.
En ensemençant un semblable Vibrion, adapté au violet de
méthyle, sur gélose au violet de méthyle, on obtient une cul-
ture abondante qui se colore en violet en enlevant le violet de
méthyle à la gélose qui se décolore.
Voilà donc le Vibrion adapté à pousser et à vivre dans un
milieu à violet de méthyle en absorbant même ce dernier corps.
Mais il faut encore remarquer que si on examine au micros-
cope les premières cultures adaptées à la gélose-violet de mé-
thyle, on constate que la majorité des germes se présente sous
une forme globuleuse et de rares individus seulement ont une
forme grossièrement vibrionienne.
En essayant de repiquer sur des milieux habituels ces Vibrions
adaptés, on n'obtient pas toujours des résultats positifs ; mais
on obtient presque toujours des résultats positifs sur la gélose
glycérinée ou sur le sérum de Lôüffler.
Les germes transplantés sur les milieux habituels présentent
en général une forme vibronienne différente de la forme primi=
tive ; ils ont gardé leurs caractères (décoloration par la méthode
de Gram, mobilité et agglutination).
818 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (106)
J'ai commencé des recherches en vue d'étudier la virulence
de ces formes d'adaptation comparativement à la forme origi-
nelle. Les résultats seront communiqués ultérieurement.
(Institut d'Hygiène).
LE PASSAGE DE L'ADRÉNALINE DU LIQUIDE CÉPHALORACHIDIEN
DANS LA CIRCULATION GÉNÉRALE,
par I.-T. Nirzescu.
La question du passage de l’adrénaline dans la circulation san-
guine, après injection dans le liquide céphalorachidien, n’est
pas encore résolue. Les auteurs qui s’en sont occupés, bien qu'ils
aient employé la même méthode de recherches, avaient obtenu
souvent des résultats divergents et même nt. (Dixon et Haili-
burton, Stern et Gautier, eh Ces auteurs déterminaient l’ap-
parition de l’adrénaline dans la ee par l'élévation de la
pression sanguine.
Pour résoudre cette question, nous nous sommes servi d'une
autre méthode expérimentale : nous avons suivi, dans une série
d'expériences, les modifications de la glycémie et le changement
du tableau leucocytaire du sang après l'injection de l’adrénaline
dans le liquide céphalorachidien
On sait qu'une injection sous-cutanée ou intraveineuse d’adré-
naline détermine une hyperglycémie d’une très courte durée
(une demi-heure jusqu'à 2 heures), et une khvperleucocytose qui
augmente pendant les 3 prem ières heures pour diminuer ensuite
rapidement, de sorte qu'après 6 heures le nombre de leucocytes
et la formuie leucocytaire reviennent à la normale.
Nos expériences ont été faites sur le Chien. Avec une certaine
habitude, on peut lui faire l'injection assez facilement, sans
anesthésie, dans l'espace sous arachnoïdien, en traversant la
membrane atlanto-occipitale (x).
Pour éviter l'effet mécanique produit par l'introduction d’une
certaine quantité de liquide étranger, nous avons pris la pré-
caution de laisser s’écouler, avant de faire l'injection, une quan-
tité de liquide céphalorachidien égale à celle de la solution
injectée.
Voici deux expériences concernant la glycémie (2).
(x) Nous nous sommes servi de suprarénine hydrochlor. M. Lucius et Brüning,
à 1 p. 1.000 dans une solution de NaCI à 9 p. 1.000. Les animaux supportent:
sans troubles manifestes la quantité de o0,05-0,1 mgr. par kilogr.
(>) Les analyses ont porté sur le sang de la saphène et le sucre a été dosé
par la méthode de Folin et Wu et avec la modification de Fontès et Thivolle.
PT,
(07): SÉANCE DU 24 JUIN 819
Sucre, pour 1.000 c.c. de sang, exprimé en gr.
Après l'injection
Avant
Mnyject 2h th: 2 h. 3 h 4 b. 5 h. 6 h. 7 h. 8h. LOPD MP IE
À. 1.62 Hoi MO 100 1 MAO DÉMO no TO role In )
B. OO. 80 CO CAN MN TN D (149 120 10) 110 O7
A. — Chien, 13,5 kgr., injection 0,7 c.c. de suprarénine.
B. —— Chien, 7,5 kgr., injection 0,4 c.c. de suprarénine.
Ces chiffres montrent que l'injection d’adrénaline dans l’es-
pace sous-arachnoïdien produit, elle aussi, une hypergiycémie,
mais avec une évolution beaucoup plus lente ; elle devient maxi-
ma à la 4°-6° heure après l'injection. On voit que la dose de
1/2 mgr. par kgr. d’animal est active.
Dans deux cas (injection de o,1 mgr. par kgr.), l’hyperglycé-
mie a été suivie de glycosurie. Cette glycosurie — et c'est un
fait non moins important — a persisté jusqu’au 5°-7° jour. Pen-
dant tout ce temps, la glycémie — qui tendait à redevenir nor-
male 12 heures après l'injection — augmente de nouveau, per-
siste un peu élevée (1,5-2 gr.) pour redevenir normale une fois
la glycosurie disparue. |
Les deux tableaux suivants montrent les résultats de deux de
nos expériences concernant la leucocytose.
A. — Chien, 10,5 kgr., injection de o, 1 mer. de suprarénine par kger.
Nombre des Polynucléaires Mononucléaires
leucocytes p. 100 p. 100
Ales bon... 0.200 » 9.800 68 32
15 min. après l'injection ...... 8.500 62 38
Te — ne RE 9.300 70 30
Sins — — Ste s 9.900 TI 29
3 h. — SET PT PRE 11.000 — 70 30
À Bb. — NOR ERP 16.000 87 19
5 Ine —— nt ess 19.200 84 16
6 h. —— SE Mare 14.600 84 16
Sins = EN 14.000 80 20
RD Heat = OR I1.000 7è 22
24 h. — ES Se le 9.700 69 31
B. — Chien, 13,5 kor., injection de 0,05 mer. de suprarénine pur ker.
Nombres des Polynucléaires Mononuclécires
leucocyles p. 100 p. 100
Avaniolliniectiont.. neck. 9.100 73, 26,5
30 min. après l'injection ...... 10.500 72 28
ü Ie — MR EE 11.000 80 20
D In . RE 14.000 78 22
Sr — er 16.700 PRE 18
SAR = CL LE 16.600 86 16
7 h — I 17.700 88 12
oh — NOIR RE 14.200 89 II
12 h — A RE 11.000 80 20
820 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE FATAO08)
Dans l’une des expériences, le nombre des leucocytes avait
triplé et n’est revenu à la normale qu'après 24 heures.
Il est donc évident que l'injection sous-arachnoïdienne d’adré-
naline produit, elle aussi une leucocytose et que celle-ci, comme
l'hyperslycémie, a une marche lente : la leucocytose atteint son
maximum 5-7 heures après l’injection pour redevenir normale
après plus de 12 heures.
En considérant que tous ces effets ont été produits par l’adré-
naline après son passage dans la circulation générale, nous pou-
vons conclure que l’adrénaline injectée dans le liquide céphalo-
rachidien passe dans la circulation générale, mais ce passage se
produit si lentement que des effets appréciables sur la pression
artérielle peuvent ne pas en résulter.
(27) 821
RÉUNION |
BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES
SÉANCE DU 20 JUILLET 1922
SOMMAIRE
Houssay (B.-A.) et NEGRETE Action curarisante des venins des
(J.) : Action hémolytique compa- Serpents chez la Grenouille..... 27
rative des venins des Serpents Novaro (V.) : Action toxique du
sud-américains....... NE ERS 34 | venin de Crapaud pour l’Homme
Houssay (B.-A.), NEGRETE (J.) CtIeS ARMANC eee ue 30
et Mazzocco (P.) : Action des ve- Pico (C.-E.) : À propos de la
nins de Serpents sur le nerf et le note de Combiesco sur le phéno-
MAISGREMISOIÉSS eee ser onde c >ontmenedediHerelle 2e er 32
Houssayx (B.-A.) et PAvE (S.) :
Présidence de M. B.-A. Houssay.
ACTION CURATISANTE DES VENINS DE SERPENTS CHEZ LA GRENOUILLE,
par B.-A. Houssay et S. PAVvE.
Nous avons étudié comparativement le pouvoir curarisant de
15 venins injectés sous la peau de la Grenouille Leptodactylus
ocellatus (L.) Gir. Quand la paralysie était très marquée, on iso-
lait un nerf sciatique, sans blesser l’artère voisine, et l’on obser-
vait de temps en temps jusqu’à l'établissement de la curarisation.
Cette recherche est difficile, car les venins affectent le cœur
et ils produisent très souvent son arrêt avant la curarisation. Na-
turellement, l’arrèêt cardiaque empêchait la curarisation de pro-
gresser et contribuait à l’asphyxie.
En employant un très grand nombre de Grenouilles, nous
sommes arrivés, pour tous les venins, à obtenir quelquefois la
curarisation vraie avant l’arrêt cardiaque. Quelquefois, avec des
venins faibles, il fallut 24 heures et même plus pour qu’elle ap-
parut.
822 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (28)
Ces expériences ont été faites en été, à une température exté-
rieure de 26°-32°. On évita la dessiccation et l’immersion exces-
sive des Grenouilles. Fa
Après les premiers symptômes paralytiques, on observa sou-
vent (toujours, avec L. alternaius, L. neuwiedi, Cr. terrificus), .
des secousses fibrillaires des muscles, qui ne cessaient point après
la section du nerf moteur.
Au moment de la curarisation, l’excitabilité du muscle était
un peu diminuée. Aucune Grenouille ne survécut à la curarisa-
tion.
Nous avons trouvé une relation évidente entre le pouvoir toxi-
que et curarisant des venins pour la Grenouille. On observe une
relation semblable avec le pouvoir toxique pour les petits Oi-
seaux et les Pigeons. Mais le pouvoir curarisant, tout en ayant
chez ces espèces un rôle très important, n’est pas le seul facteur
qui détermine la mort. C'est surtout évident pour le venin de
Cr. terrificus, qui a une action nerveuse marquée.
Dose de venin
Er mn ne
Hemolylique
pour 1 c.c. de
glob. rouges
‘de Chien
Minima a 5 p.100
ne
Cole luteola (voie musculaire) ou de Cracn
Venin (voie sous-cut.) en2heures en?4 heures (voieveineuse) 2h. à 370
io mer. mer. mer. mer. er
Notechis scutatus ...... 0,00) 0,007D 0,001 » »
Pseudechis porphyriacus. 0,030 0,010 0.010 O,001 »
Crotalus tlerrificus .... 0,020 0,002) 0,000/4 0,003 0,25
Naja tripudians ........ 0,090 0.025 0,010 0,00) 0,004
Ancistrodon contortrix.. » 0,010 0010 » O,01
NaaMbunqunusECEre Er 0,900 0,080 0,05 0,300 0,25
Lachesis jaracussu ..... 1,000 0,020 0,010 0,020 0,007
Vipera ruse ee 1,000 0,025 0,020 0,020 0,10
Echis carinatus ........ 1,000 0,020 0,020 0,020 0,03
achesSiror e EEe a » 0,020 0,030 0,020 »
Lachesis neuwiedi ...:.. 1,000 0,040 0,010 0,015 0,008
Lachesis ammodytoides.. 2,000 0,025 0,010 0,025 0,20
Lachesis alternalus .... 3,000 0,040 0,020 0,025 0,0
Lachesis lanceolatus .... 2,000 0,040 0,030 0,030 0,50
Elaps marcgravi ...... » 0,040 0,020 » 0,05
Ancistrodon piscivorus.. 5,000 0,020 0,010 0,200 0,02
VIDE ASDIS RER ECC CRD) 0,020 0,020 O:T100 0,1)
Lachesis flavoviridis (1). 10,000 0,070 0,07D 0,300 »
Crotalus adamanteus .. 10,000 0,060 0,060 . » 0,20
Ancisirodon blomhoffi.. » 0,050 0,050 0,200 »
Bungarus ceruleus .... » 0,250 0,040 0,200 »
Les doses curarisantes qui suivent ont été trouvées très diffi-
(x) Echantillon peu actif.
(29) SÉANCE DU 20 JUILLET 823
RE ——_—_— ——_]…—" ———]————— a — a
cilement, à cause du grand nombre de morts par arrêt cardia-
que. Cette difficulté s observe surtout avec les venins peu actifs.
Dans le tableau ci-dessus, nous indiquons la plus faible dose qui
a pu curariser 2 Grenouilles sans arrêt du cœur.
Il y a des discordances très marquées entre le pouvoir curari-
sant in vivo (pour la Grenouille), et hémolytique in vitro (glo-
bules de Chien). Il paraît donc que l’action curarisante est due à
un facteur différent de l’hémolysine.
(Laboratoires de physiologie des Facultés de médecine
humaine et de médecine vétérinaire).
ACTION DES VENINS DE SERPENTS SUR LE NERF ET LE MUSCLE ISOLÉS,
par B.-A. Houssay, J. NEGRETE et P. Mazzocco.
L'action paralysante des venins est périphérique. On peut ré-
péter l'expérience de Claude Bernard avec le venin de Cobra
(Ragotzi, Arthus, etc.), et aussi avec les venins de Notechis scu-
tatus, Cr. lerrificus, Lachesis (neuwiedi ou alternalus). Avec ces
3 derniers venins il convient d'injecter 20 mgr. pour obtenir la
curarisation avant, que l'ischémie n'’altèré trop l’excitabilité
de la patte liée.
En immergeant soit le nerf, soit le muscle dans du liquide de
Ringer pur, et l’autre partie dans une solution de venin dans du
Ringer, on observe que le nerf ne modifie pas son excitabilité
dans le venin, tandis que celle du muscle faiblit, il se curarise,
puis il arrive à l’inexcitabilité. —_—
On constate que les muscles mis dans [a solution de venin
présentent une contracture et des secousses fibrillaires. L’excita-
bilité musculaire diminue également et finit par disparaître.
Il y à parallélisme complet entre l’action musculaire (contrac-
ture et inexcitabilité) sur le muscle isolé et l’action hémolytique
des venins.
Un muscie couturier de Grenouille s’imbibe beaucoup plus
fortement dans une solution de venin (x : 1.000) dans du Ringer
que l’autre couturier mais dans du liquide de Ringer pur. Cette
imbibition est d'autant plus forte que le venin est plus hémoly-
tique.
On prépara de la lysocithine avec les venins de: Naja tripudians,
de Lachesis neuwiedi et Lachesis alternatus, à partir du jaune
d'œuf, en suivant la technique de Delezenne et Fourneau.
Les lysocithines en contact avec le muscle couturier de Gre-
nouille produisirent une contracture immédiate ou rapide, des
/
824 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (30)
fibrillations, une excitabililé rapide ei augmentièrent fortement
l’imbibition des muscles. C'est-à-dire qu’on obtint exactement les
mêmes résultats qu'avec les venins. L'action de la lysocithine ne
fut pas modifiée par le sérum anti-ophidique, mais elle fut entra-
vée par la cholestérine.
On prépara avec des muscles de Grenouilles, en suivant la
technique de Delezenne et Fourneau, une faible quantité d’un
produit impur, qui produisit, quoique faiblement, les effets mus-
culaires et hémolytiques de la lysocithine.
Les venins semblent donc agir directement sur les lipoïdes
musculaires et engendrer des produits à action hémolytique. Ces
produits, ainsi que la lysocithine, augmentent fortement l’imbi-
bition du muscle, d’où la contracture, la curarisation, puis
l’inexcitabilité. [1 doit y avoir augmentation de perméabilité de
la membrane musculaire ou bien de l’hydrophilie des consti-
tuants de la fibre.
(Intitut de physiologie de la Faculté de médecine).
ACTION TOXIQUE DU VENIN DE CRAPAUD POUR L'HOMME
ET LES ANIMAUX,
par VincenT Novaro.
Le venin granuleux du Crapaud peut être toxique pour l’Hom-
me. Dans nos campagnes on a encore l'habitude d’appliquer
des Crapauds vivants sur la peau humaine pour calmer les maux
de dents et surtout pour guérir l’herpès, attribué par le vul-
gaire au passage des Serpents sur le linge, d'où le nom de
« culbrilla » et le traitement par son antagoniste le Crapaud.
J’ai observé un cas d’herpès facial sans gravité et apyrétique.
Quelques heures plus tard, appelé d'urgence, je trouvai le ma-
lade porteur d’une grande ulcération, avec une inflammation
locale énorme ; 37°8, pouls à 130, parésie des membres infé-
rieurs et rigidité de la nuque, pupilles en mydriase et réagissant
peu à la lumière. J’appris qu'on avait appliqué des Crapauds
vivants au lieu du traitement que j'avais ordonné. Le jour sui-
vant, je trouvai une paralysie des membres inférieurs, de l’opis-
thotonos, pouls à 130, des convulsions et des nausées fréquentes.
Le malade mourut 32 heures après le commencement de sa
maladie.
Quelques mois après, je vis un nouveau cas d'herpès abdomi-
nal. Il y avait une ulcération à bords irréguliers et rouges. On
m'apprit qu'on avait appliqué une chaîne de Crapauds vivants.
E
(31) SÉANCE DU 20 JUILLET 829
J'’interrogeais le malade pour savoir s’il sentait quelque parésie :
ses jambes étaient lourdes et sa nuque rigide ; cependant, il
guérit. La blessure se cicatrisa 2 mois plus tard en laissant un
chéloïde.
J'ai pratiqué des expériences sur des Chiens, sur le ventre des-
quels on fixait, avec des bandages, un ou plusieurs Crapauds
vivants appliqués par leur dos. On avait provoqué la sécrétion
de venin laiteux par l’éther ou l'électricité. On laissait les Cra-
pauds pendant 2-3 heures, puis on détachait les Chiens. Si la
peau du ventre était escharifiée, on observait la mort en 1 heure
après l’application des Crapauds. On constatait de la bradycar-
die, une mydriase intense, de la salivation et des vomissements,
des hurlements et des convulsions, la respiration s’accélérait,
puis diminuait (on observa 1 fois le Cheyne Stokes), une paraly-
sie croissante, des convulsions et la mort. Si la peau ne présen-
tait que quelques excoriations, on observait des symptômes moins
graves. Îl se produisait des ulcérations rougeâtres et suppu-
rantes, puis se manifestait un état cachectique dont l'animal
se remettait lentement. À l’autopsie, il y avait une hyperémie
des viscères abdominaux. Chez un Chien, autopsié sitôt mort,
on trouva le sang coagulé dans la veine cave inférieure et le cœur
droit ; le chien était en digestion. Chez un autre Chien, le sang
était fluide et coagulait bien.
Nous avons déterminé la toxicité du venin granuleux frais des
Crapauds. Nous avons étudié 5 échantillons de venin de Buenos-
Aires, où les Crapauds sont plus petits et verts, et de Corrientes
(x échantillon), où les Crapauds pèsent 500-600 gr. Le venin de
Buenos-Aires était laiteux, celui de Corrientes avait une couleur
orangée. La toxicité et les symptômes sont semblables pour les
deux venins.
Les venins frais furent obtenus par expression des parotides.
Ils contenaient 34-38 p. 100 de substance sèche et 1-3 p. ro00
d’adrénaline (dosée selon Cannon, Folin et Denis, méthode non
spécifique).
Les doses mortelles de venin frais sont à peu près les sui-
vantes, par ordre de sensibilité :
Pigeons. Il suffit de r mgr. par kgr. (voie endoveineuse), le
même jour.
Lapins. 15 mgr. tuent 1 kgr. d'animal dans les 24 heures (voie
sous-cutanée) ; 30 mgr. tuent 1 kgr. d'animal en quelques jours
(voie sous-cutanée) ; 0,5-5 mgr. tuent 1 kgr. d'animal dans les
24 heures (voie endoveineuse). L'ingestion de 500 mgr. ne tue
pas un Lapin.
Cobayes. 25 mgr. tuent r kgr. d'animal en quelques jours
(voie sous-cutanée) ; 100 mgr. tuent 1 kgr. d'animal dans les
_ BrocociE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVIT. 56
826 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (32)
2 heures (voie sous-cutanée) ; 2,5 mgr. tuent 1 kgr. d’animal
immédiatement (voie endoveineuse) ; 25 mgr. tuent 1 kgr. d’ani-
mal dans les 24 heures (voie péritonéale).
Grenouilles (Leptodactylus ocellatus) : 100 mgr. tuent 1 kg
dans les 24 heures (voie sous-cutanée).
Rats. 250-350 mgr. tuent 1 kgr. dans les 24 heures ire SOuUS-
cutanée ou péritonéale).
Crapauds. Ne meurent pas avec 500 mgr. (voie sous-cutanée
ou péritonéale).
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
À PROPOS DE LA NOTE DE (COMBIESCO
SUR LE PHÉNOMÈNE DE D HERELLE,
par C.-E. Prco.
Nous sommes arrivé à considérer que le principe Iytique est
contenu dans les germes, quand nous avons obtenu la lyse
transmissible au moyen de divers ferments (trypsine, papaïotine,
ferments leucocytaires), dont les deux derniers ne contenaient
point le virus supposé de d’Hérelle. Notre interprétation a été
corroborée par les recherches de ©. Baïl (1), Otto et Winkler (2),
Kraus et Marrey (3), Weïnberg et Aznar (4), Lemos Monteiro (5),
qui ont obtenu directement, de cultures de différentes espèces,
des principes bactériolytiques capables de lyser une série indé-
finie de passages. En présence de ces faits, on ne peut maintenir
l'hypothèse du virus bactériophage qu’en admettant que Îles ger-
mes bactériens sont infectés par celui-ci, de façon latente et que,
à un moment donné, son action lytique devient manifeste.
Il est plutôt difficile de concevoir un parasitisme latent et
constant des cultures. L'hypothèse de l’ubiquité du virus bacté-
riophage, qui infectait un grand nombre d'espèces microbiennes,
nous semble moins simple et moins vraisemblable que notre
hypothèse ; celle-ci s'appuie sur les faïts établis en bactériologie,
notamment l'existence de ferments endobactériens capables de
produire l’autolyse, etc.
Tout récemment, Von (6) a estimé que, dans nos expé-
(x) Wien. kl. Woch., 1921, n°5 37 et 46 ; 1922, n° 8.
(5) Deut. med. Woch., 1922,1n° x2, p. 383.
razil medico, 1922, n° 18, p. 227.
(3) Brazil medico, 19 8, p. 227
(4) GC. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 838.
(5) Brazil medico, 1922, n° 23, p. 297. -
(6) G. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVII, p. 17.
vi
(33) SÉANCE DU 20 JUILLET 827
riences, Ja stérilité des ferments n’est pas assurée de telle façon
qu'on puisse éliminer Je Bactériophage. Cette objection m'est
pas fondée. Nous avons employé des solutions de trypsine (fil-
trées au Berkefeld), de papaïotine (chauffées à 90°-100°), de fer-
ments leucocytaires extraits par CIH N/r0 (technique de Gen-
gou) (1). Combiesco ne cite pas nos expériences avec les ferments
leucocytaires. Cependant, l'extraction par CIH doit avoir détruit le
Bactériophage ; c'est au moins ce qu'on peut déduire des recher-
ches de d'Herelle (2). Quant à la trypsine, nous avions admis
déjà que la filtration n’'éliminait pas l'infection possible par le
Bactériophage (3). |
Enfin, examinons nos -expériences avec la papaïotine, aux-
quelles Combiesco n’accorde aucune importance, pour deux rai-
SORS : I° parce que nous n'aurions pas spécifié si la papaïotine
avait été chauffée en poudre ou en solution. Nous avons indiqué
que la technique était la même que pour la trypsine, en em-
ployant des solutions. D'autre part, dans la version espagnole
de notre note (4), nous indiquons que la solution a été chauf-
fée à -l'ébullition ; 2° parce que Combiesco n'a pas obtenu la
lyse transmissible au moyen de la papaïotine préalablement
traitée par de l'alcool. Sa technique n'est donc pas la nôtre, et il
faudrait connaître l'activité de sa papaïotine et l'influence pos-
sible de l’alcool.
Nous reproduisons un de nos protocoles d'expérience : solu-
tion de papaïotine Merk dans de l’eau distillée, à 1/r0, chauffée
quelques minutes à r100° ; à une culture de Bacille de Shiga-
Kruse, sur agar incliné, de 24 heures, développée à 15°-°0° (tem-
pérature de la chanibre), on ajoute 3,5 c:c. de ‘ceite solution,
puis une goutte de solution à 1/5 de CONa* pour alealiniser le
milieu ; on met ensuite le tout à l’étuve à 47°. Au bout de 6 jours,
on aspire le liquide avec une pipette et on le dilue au 1/4, avec
de l’eau distitlée. Après filtration sur bougie Berkefeld, 1 c.c. du
filtrat est ajouté à 3 c.c. d’une culture en bouillon (très faible-
ment alcalin à la phénolphtaléine) de Baciile de Shiga-Kruse,
de 24 heures de développement à 15°-20°. Après 24 heures à 37°,
on filtre. Avec le filtrat, on répète la mème technique et on fait,
toutes les 2/4 ‘heures, des passages en série. La Iyse est totale. On
fait toujours des contrôles pour la dilution.
Récemment, nous avons obtenu la lyse par la papaïotine à
(1) Ann. Inst. Pasteur, août 1921.
(2) Le Bactériophage, son rôle dans l’immunité. Paris, Masson, 1921, pp. 28
et 29. Ces ultramicrobes sont détruits dès que le:milieu est franchement acide
(3) Semana medica, 1922, n° 17, p. 675.
(4) Rev. asoc. med. argent., x923,:t. XXXV, p. 12.
828 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (34)
partir de cultures en bouillon de Bacille de Shiga-Kruse, et nous
avons produit le phénomène des plaques de lyse circonscrite (1).
(Première Chaire de séméiologie).
ACTION HÉMOLYTIQUE COMPARATIVE DES VENINS
DES SERPENTS SUD-AMÉRICAINS,
par B.-A. Houssay et J. NEGRëéTE.
Nous avons étudié comparativement l’action hémolytique d’ua
très grand nombre de venins. Les doses très fortes empêchent
l’hémolyse et rendent les globules résistants (Mitchell, Stephens,
Noguchi, etc.), mais nous n'avons pas pu confirmer l’interpré-
tation de ce fait donnée par Noguchi.
Avec les globules très sensibles (Chiens) on n’obtint l’hémo-
lyse complète en 2 heures qu'avec fort peu de venins (Naja tripu-
dians, Pseudechis porphyriacus, Notechis scutatus) ; elle est par-
tielle en 2 heures avec quelques-uns, et totale en 24 heures avec
tous les venins étudiés.
Nombre de venins agglutinèrent les globules. Cette propriété
était surtout intense chez Anc. blomhoffi, tous les Lachesis, les
Ancistrodon et Bungarus fasciatus.
Les venins des Lachesis, des Ancistrodon, de Naja bungarus
et Crotalus adamanteus, noircissent les globules non dissous ou
le liquide hémolysé.
Par addition de lécithine on obtint nent < avec tous les
venins de toute espèce de globules. En ajoutant des sérums de
Chien, Cheval, etc. aux venins, on obtint l’hémolyse de nombre
_ de globules, mais pas, en général, celle des globules résistants
(Mouton). Avec de la lécithine, le pouvoir hémolytique de nom-
bre de venins égale ou dépasse celui du Cobra, tandis que sur les
globules lavés, celui-ci est infiniment plus actif.
Nous avons fait nombre d'expériences comparatives de l’ac-
tion des venins (nous disposions en général de plusieurs échan-
tillors), seuls ou additionnés de lécithine ou de sérum de Chien
ou de Cheval, en présence de diverses espèces de globules. L'ordre
de pouvoir fut à peu près celui qu'indique une expérience où
l’on chercha la plus petite dose de venin qui hémolysa en 2 heures
à 37°, 1 c.c. de globules de Chien à 5 p. 100, en présence de 0,4 c.c.
de sérum de Chien: Pseudechis porphyriacus (0,002 mgr.) ;
Naja tripudians (0,004) ; Notechis scutatus (0,004) ; Lachesis fla-
Joviridis (0,006) ; L. jaracacussu (0,007) ; L. neuwiedi (0,008) ;
(1) Réunion biol. de Buenos-Aires, 4 juin 1922.
(35) SÉANCE DU 20 JUILLET 829
Ancistrodon contorlrix (o,o10) ; À. piscivorus (0,020) ; Echis ca-
rinatus (0,030) ; Elaps marcgravi (0,050) ; Vipera rusellii (0,100) ;
V. aspis (0,150) ; Crot. adamanteus (0,200) ; L. ammodytoïides
(0,200) ; Cr. terrificus (0,250) ; Naja bungarus (0,250) ; Bungarus
fasciatus (0,250) ; L. lanceolatus (0,500) ; Anc. blomhoffi (1/2 H
avec 1 mgr.). Dans nos résultats, V. rusellii est peut-être en
arrière de sa position (4 échantillons essayés par nous). Nous
avons trouvé de fortes variations individuelles du pouvoir hémo-
lytique du venin d'une même espèce.
L'ordre de sensibilité des globules est à peu près le suivant :
Chien, Cobaye,. puis Cheval, Poule, moins sensibles ceux de
l'Homme, peu sensibles ceux de Bœuf, Rat, Souris, résistants (en
présence de sérum de Cheval) ceux de Pigeon, Chèvre, Mouton,
Xénodon. Avec de la lécithine tous les globules sont dissous, leur
sensibilité varie suivant l’ordre indiqué.
Un excès de lécithine (5o p. 100), peut empêcher l’hémolyse.
On sait que le pouvoir activant des sérums diminue souvent
à b6° (Flexner et Noguchi), et au contraire augmente après chauf-
fage à 62° (Calmette) ou r100°. Mais les résultats ne sont pas
toujours réguliers et dépendent de l'espèce. On les trouve plus
nets avec les sérums humains ou équins. L’hémolyse put être
obtenue par addition de globules sensibles hémolysés (à 60°) au
mélange venin-globules résistants.
Nombre d'organes (œufs de Poule, d’Araignées, etc.), peuvent
donner des extrait capables de remplacer la lécithine. Mais on
obtient aussi des extraits empêchants. Nous avons obtenu des
extraits avec l’alcool méthylique qui facilitent l'hémolyse. Par
des lavages préalables à l’acétone, nous avons pu enlever ou di-
minuer fortement l’action empèchante des organes, dont le pou-
voir activant s’accrut par ce traitement.
Les agents hémolytiques et toxiques des venins des Lachesis
sud-américains sont insolubles dans l'alcool à 85°, qui, par
contre, dissout ces principes du venin de Cobra (Ledebt).
Rappelons que M. A. Catan de Houssay a démontré (1920-21)
que l’hémolyse par le venin de L. neuwiedi est due à deux
substances du venin, qui, séparées, sont inactives.
Mazzocco a préparé de la lysocithine avec les venins de Cobra,
de L. jararacussu, L. neuwiedi et L. alternatus, en suivant exacte-
ment la technique de Delezenne et Fourneau. Tous ces produits
avaient la même action. Il était indiqué de comparer la Iyso-
cithine obtenue avec L. alternatus, très puissante, agissant ins-
tantanément sur toute espèce de globules, thermostable, avec
ce venin qui n'hémolyse qu'avec beaucoup d’activateur et dont
le pouvoir se détruit à 70°.
Nous avons déterminé le pouvoir anti-hémolytique des sérums
839: RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (36)
anitivenimeux, ce qui exige des techniques très délicates. Avec:
beaucoup de venin, les sérums anti-ophidiques sud-américains
activent lhémolyse aussi bien que les sérums normaux. Le meil-
leur procédé consiste à chercher la plus faible dose minima de
sérum qui neutralise deux doses hémolyÿtiques minima de venin,
en ajoutant peu après (30 minutes) un activateur (lécithine) et
des globules de Cheval. Nous avons vérifié que le sérum anti-
ophidique de Buenos-Aïres (anti-L. alternaltus et anti-Cr. terri-
ficus) neutralisait surtout l’hémolysine de ces deux venins, mais
aussi celle des venins de L. neuwiedi, L: jararacussu, E. flavoviri-
dis et un peu: plus faiblement celle de L. ammodytoïdes, Echis
carinalus, Cr. adamanteus et Ancistrodon contortrix. IN est évident
que les hémolysines des venins ne sont pas les mêmes. D'autre:
part, le pouvoir anti-hémolytiqué des sérums, tout en ayant
- souvent une certaine spécificité de groupe, est évidemment l’ac-
tion neutralisante moins spécifique des venins (ce qui coïncide
avec des résultats semblables de Lamb, Stevenson, ete.). Mais
on ne peut pas nier la spécificité (comme le font Calmette, Rangel
Pestana, etc.).
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
pe”
(87) 831
REUNION
BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES
SÉANCE ‘DU 83 AOÛT 1929
SOMMAIRE
MacentA (M.-A.) : Action des MRUS A DAC EM OpDHASE ET Er Ee L2
venins de Serpents sur le cœur. 4o SORDELLI (A.) : Un anaérobie
|
Pico (C.-E.) : Autolyse trans- agent de gangrène gazeuse..... 44
missible du B. anthracis sans in- : Wipaxowicu(V.): Tumeur chez
lervention de l’hypothétique vi- ‘ un embryon de Bovin très jeune. 37
Présidence de M. B. A. Houssay.
TUMEUR CHEZ UN EMBRYON DE BOVIN TRÈS JEUNE,
par Vicror Wipakovicx.
Tandis que certains germes de mammifères perforent préco-
cement (1) l’épithélium utérin et s'implantent dans l'épaisseur
de la muqueuse, par contre, les germes des porcins, ruminants,
etc., se développent sous forme de filaments creux qui peuvent
atteindre une longueur de plusieurs centimètres, avant de con-
tracter des relations intimes avec la paroi utérine (fig. 1). Ces
derniers germes doivent s’alimenter pendant assez longtemps
grâce à l’embryotrophe secrété par les glandes utérines.
Dans nos études sur l’embryologie de la Vache, nous avons
réuni un matériel très abondant, dans lequel figurent des ovules
en segmentations, des blastules sphériques, des blastules allon-
gées, et un grand nombre de tubes ovulaires qui en dérivent. Sur
17 blastules allongées que nous avons pu étudier, nous en avons
trouvé une qui présentait l’anomalie intéressante que nous dé-
crivons dans cette note.
Il s’agit d’une surprenante prolifération anormale du feuillet
interne (endoderme vitellin), dont les cellules forment une masse
volumineuse, qui, à la façon d’une tumeur, remplit la majeure
partie de l’intérieur de la blastule (blastocèle).
(1) Au stade de morula chez les Rongeurs.
832 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (38)
Deux blastules, que nous montrons comme objets de compa-
raison, mesurent 1,87 et 2,84 mm., ont une paroi qui est consti-
tuée par deux assises cellulaires, qui forment deux membranes.
Sur un point de la membrane externe, il existe un nodule
formé par plusieurs couches de cellules, lequel proémine en
dehors et représente l’ébauche de l’écusson embryonnaire. La
membrane interne est l’endoderme vitellin. Dans l’écusson em-
bryonnaire se formeront plus tard la strie primitive, le prolon-
gement céphalique, et enfin l'embryon. Le reste de la membrane
externe et l’endoderme même n’ont rien à voir avec l'embryon
proprement dit, car ïils forment un appareil d’alimentation
chargé d’absorber et de transformer l’embryotrophe.
F
Tube ovulaire de Vache 77 mm. Coupe à travers une blastule de Vache
de longueur. Grandeur natu- 1,87 sur 1,10 mm. Grossie 10 fois.
relle.
Blastule pathologique 2,03 sur Coupe à travers la blastule patho.
1,05 mm. Grossie 10 fois. . logique. Grossie 5o fois.
Sitôt extraites de l’utérus, les blastules sont flétries et ridées.
Pendant la fixation, elles gonflent, prennent souvent la forme
sphérique ou ovoïde, et leur surface devient lisse.
La blastule pathologique mesure 2,03 mm. de longueur, elle
(39) SÉANCE DU 93 AOUT 833
paraît correspondre à une période intermédiaire entre les deux
blastules mentionnées. Les coupes montrèrent que l’endoderme
vitellin avait proliféré d’une façon atypique et occupait une grande
partie du blastocèle. L’écusson embryonnaire émettait des cellules
mésodermiques, qui, en certains points, formaient déjà deux cou-
ches. Ce degré de développement ne s’observe normalement que
chez les embryons plus grands, de 30 mm. La masse endodermi-
que qui forme la tumeur est composée par des cellules qui ont per-
du les caractères normaux. Ce sont en grande partie des cellules
géantes (jusqu'à 42 u de diamètre), polynucléées, avec 2 à 8 noyaux
chacune ; les noyaux mesurent entre 9 et 12 u. Les cellules nor-
males de l’endoderme vitellin sont mononucléées (noyaux de 8 à
9 u) et mesurent entre 12 et 18 u. Les cellules de la tumeur pré-
sentent en certains points des espaces creux, d’aspect glandulaire,
dus à la disposition des cellules.
En résumé : Il s’agit d’une prolifération de cellules endoder-
miques atypiques, qui constitue une véritable tumeur tendant à
envahir et à remplir la cavité du blastocèle. C’est une vraie tu-
meur monophylétique (d’un seul feuillet), qui pourrait être appe-
lée endodermome vitellin.
83% RÉUNION BIOLOGIQUE DE) BUENOS-AIRES (40)
ACTION DES VENINS DE SERPENTS SUR LE COEUR,
par M.-A. MacenrA.
Nous avons étudié comparativement l’action de 15° venins de
Serpents sur le: cœur isolé de L. ocellatus (L.) Cir. Nous avons .
employé la méthode de Straub et le liquide de Ringer-FHerlitzka.
Ees expériences'ont eu liew en été.
Quand on injecte les venins sous là peau, on observe, à un.
certain moment, que le nombre des: pulsations diminue, puis
le cœur faiblit et finit par s'arrêter en diastole, rarement (venins .
très actifs) en demi systole. L'arrêt du: cœur précède très souvent _
læ curarisation du muscle strié.
Dans les expériences sur les cœurs isolés nous avons changé:
plusieurs fois le Finger avant d'ajouter le venin. On observe.
sitôt après l'introduction: des venins, une accélération marquée.
(qui manque si le venin est très actif) ; les battements deviennent .
plus amples. Puis le ventricule se contracte plus ou moins vite,
tandis que les auricules se dilatent. Les battements se ralentis: .
sent progressivement, puis apparaît un rythme A-V dissocié, et .
le ventricule s'arrête, presque toujours en systole ou demi sys-
tole. Il peut battre de nouveau momentanément si on l’excite:
ou bien spontanément. Quelquefois on voit des contractures en.
bandes. On peut observer l'arrêt de la pointe tandis que la base -
bat encore.
À peu près tous les venins arrêtent le cœur si on emploie une:
dose assez forte et si l’on observe assez longtemps, même si le
cœur est absolument privé de sang et ne contient que du Ringer
bien pur, comme dans nos expériences.
Il y a de grandes différences de pouvoir cardiotoxique. Ainsi,
à la dose de 1 p. 1000 de venin, on observe l'arrêt du cœur dons
les temps suivants : Naja tripudians (7°), Lachesis jararacussu
(20"), L. neuwiedi (25°), Pseudechis porphyriacus (27), Ancis-
trodon piscivorus (44), L. atrox (52°), L. flavoviridis (66”), Echis
carinatus (60°), L. ammodytoïdes (63'), Vipera rusellii (65'), Cro-
talus terrificus (72°), L. alternatus (87), L. lanceolatus (95'), Vi-
rera aspis (116'), Ancistrodon blomhoñffi (117). \
Il y a une relation extrêmement nette entre les pouvoirs hémo-
lytiques et cardiotoxiques des venins, avec de petites discor-
dances.
L’excitabilité du cœur par le courant faradique augmente sou-
vent sitôt après l’action du venin. Elle diminue tardivement sur-.
tout au moment de l’arrêt ventriculaire, moment où élle est très.
souvent affaiblie. La période réfractaire s’allonge à cette période.
+
Î
(41) SÉANCE DU 3 AOÛT 835
Sur des Grenouiiles entières, on observe après 3-4 heures une
diminution de l'excitabilité du vague, puis plus tard l’inexci-
tabilité.
L’addition de sérum normal ou de lécithine augmente l’action
cardiotoxique des venins. Les effets sont plus marqués si ces
substances sont laissées r heure en contact préalable avec les
venins. Nous confirmons ici Delezenne et Lambert.
La lysocithine produit la contracture, la bradycardie et l'arrêt
rapide du cœur. Son effet: est intense et rapide. Nous confir-
mons Delezenne et Lambert.
Tous ces faits, qui ont une grande analogie avee: ceux que
Houssay, Negrete et Mazzocco ont observés en étudiant l’action
des venins sur les muscles striés, démontrent que les venins
tuent le cœur surtout par action toxique sur son muscle.
-Ghez le Chien, on observe des effets cardiaques variables.
Après Finjection veineuse des venins, on observe une tachycar-
die initiale qui accompagne l’hypotension. Puis, peu à peu, sur-
vient une bradycardie: croissante, rapidement avec le Naja tripu-
dians, tardivement avec L. neuwiedi, L. jararacussu, etc. (doses
échelonnées, faibles, puis fortes et très fortes). L’excitabilité du
pneumogastrique se maintient jusqu'au dernier moment, sauf
certain cas, avec le: Cobra; chez: lequel on observe une forte di-
minution d’excitabilité. |
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
836 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (42)
AUTOLYSE TRANSMISSIBLE DU Bacillus anthracis SANS INTERVENTION
DE L'HYPOTHÉTIQUE VIRUS BACTÉRIOPHAGE,
par C.-E. Pico.
L'hypothèse de l'existence du Bactériophage a été rudement
ébranlée par nos expériences (r et 2) et celles de Bail (3), Otto et
Winkler (4), Kraus et Marrey (5), Weïnberg et Aznar (6), Lemos
Monteiro (7), Lisbonne et Carrère (8). Elle ne peut se maintenir
qu’en supposant une contamination latente, par l’ultramicrobe,
des souches bactériennes qui, dans les conditions d’expérience
de ces auteurs, reproduisent le phénomène de d'Hérelle. Nous
avons pu éviter cette objection. à
Les travaux de Kraus et Marey et de Lemos Monteiro, démon-
trant qu'on peut obtenir le principe bactériophage dans quel-
ques souches de Bacilles charbonneux, nous ont décidé à l’auto-
lyse transmissible dans des conditions telles que la culture fut
sûrement exempte du bactériophage : ce qu'on peut obtenir grâce
à la résistance des spores de la Bactéridie charbonneuse à des
températures qui tuent le Bactériophage.
Une culture de charbon fut émulsionnée dans de la solution
physiologique et chauffée 1 heure à 83°-95°, puis on ensemença
des plaques de gélose. Avec une colonie isolée on ensemença de
nouveau des tubes de gélose inclinée, qui furent employés dans
nos recherches. On émulsionna une anse normale, pas trop
chargée, de Bacilles charbonneux dans 12 c.c. d’eau distillée
(stérilisée à l’autoclave). Après 6 jours, le liquide s'était clarifié
par autolyse, avec un léger dépôt de restes bacillaires peu colo-
rables et quelques spores.
On ajouta 2-3 c.c. de ce liquide clair à une émulsion de Ba-
cilles charbonneux fraîchement préparée de la même façon. La
clarification fut complète en 48 heures. Nous avons fait, avec la
même technique, deux passages, et le résultat fut obtenu en 24
heures. Les expériences ont été faites à la température de la
(x) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 1106.
(:) Réun. biol. Buenos-Aires, 20 juillet 1922.
(3) Wien. KI. Woch., 1921, n° 37, p. 417.
(4) Deut. med. Woch., 1922, n° 12, p. 383.
(5) Brazil Medico, 1922, n° 18, I, p. 227.
(6) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 833 ; C. R. de la Soc. de
biol., t. LXXXVII, p. 136.
(7) Brazil Medico, 1922, n° 23, I, p. 297.
(8) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 569. Discuté par d’Herelle,
in C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 663, et par Beckerich et
Hauduroy in C. R. de la Soc. de biol., 1925, t. LXXXVI, p. 887.
_(43) SÉANCE DU 3 AOÛT 837
chambre (15°-20°) ; mais en même temps que la série principale,
on fit aussi deux passages doubles à 37°.
La lyse s’obtint chaque fois plus rapidement en faisant des
passages en série ; mais pour éviter tous les doutes, des passages
par des émulsions de Bacilles dans la solution physiologique en
filtrant chaque fois sur Berkefeld, ont produit la lyse en 24
heures, à 37°. Nous avons eu la chance d'obtenir la [yse en série
avec l'unique souche de Bacilles charbonneux virulente dont nous
disposions. Lemos Monteiro a montré que toutes les souches
n’ont pas cette curieuse propriété.
La technique que nous avons employée reproduit, avec peu de
modifications, celle de Maifitano (1) pour obtenir l’autolyse de la
Bactéridie charbonneuse (1900).
Nos essais démontrent que nous étions dans le vrai en consi-
dérant Malfitano, ainsi que Emmerich et Loew (2) et Gama-
leia (3) comme précurseurs dans l'étude des phénomènes plus
tard étudiés sous le nom incorrect de bactériophagie (4).
Les faits que nous présentons nous ont permis d'observer cer-.
taines particularités des cultures en gélose et en bouillon, l’in-
fluence de la température et de certains antiseptiques. Ces faits
seront décrits ultérieurement. Nous indiquerons, cependant, que
le principe lytique est détruit à 65°-70° (30 minutes).
Nous croyons pouvoir affirmer définitivement qu’on peut obte-
nir l’autolyse transmissible du Bacillus anthracis, sans qu’on
puisse invoquer l'intervention du bactériophage. D'autre part, le
principe lytique est contenu et élaboré par les microbes mêmes.
Nous croyons que notre formule : « la bactériophagie consiste
en une activation de l’autolyse normale des Bactéries, qui se
manifeste dans certaines conditions expérimentales », a l’avan-
tage d'exprimer un fait général en biologie et surtout, qu'elle
donne une idée plus claire et simple des phénomènes.
Il n’est pas nécessaire d'accepter, comme Kabeshima, que le
principe bactériophage est un co-ferment qui activerait une pro-
diastase. D'autre part, Bordet et Ciuca considèrent ces phéno-
mènes comme une «viciation nutritive héréditaire», ce qui
oblige à préjuger sur la nécessité de ces altérations et muta-
tions bactériennes comme cause de la lyse transmissible. Il est
probable, d'accord avec notre conception, que la viciation nu-
tritive est plutôt un effet et non la cause des processus de disso-
lution des Bactéries.
(Première Chaire de Sémiologie, D' Araoz Alfaro).
(1) C. R. de l’Acad. des sc., 1900, 2, p. 295.
(2) Zeits. f. Hyg., 1899, t. XXXI, p. 1.
(GS) Centr. f. Bakt., 1899, x, p. 6617. ;
(4) Réun. biol. Buenos-Aires, séance 8 juin 1922.
838 RÉUNION BIOLOGIQUE -DE BUENOS-AIRES (44)
UN ANAÉROBIE AGENT DE GANGRÈNE GAZEUSE,
par À. SORDELLI.
Dans un service de chirurgie on observa plusieurs cas de gan-
grène que les sérums connus n’améliorèrent pas. Un cas présenta
une marche lente et grave avec un œdème considérable et finit
par la mort.
On -préleva un matériel convenable, car la plaie était peu con-
taminée. On isola, à l'élat pur, un anaérobie strict.
Le germe est Gram positif, cilié et faiblement mobile ; il me-
sure 1,2-1,5 sur 6 u. Les bords sont droits et nets, les extrémités
arrondies. Ces Bacilles sont isolés ou par paires, bout à bout ; on
observe très rarement une autre disposition. Ils ne forment
jamais des filaments dans les organes et les cultures, sauf sur
sérum coagulé. Ils sporulent très facilement dans tous les mi-
lieux et surtout si le milieu ne s’acidifie pas. Les spores sont
centrales ou subterminales, elles déforment le Bacille qui s’en
libère facilement. À
Caractères des cultures. — Le microbe pousse très bien en pro-
fondeur dans la gélose et donne de grandes colonies, qui en 24 h.
peuvent mesurer 3 mm., et atteignent plus tard 8 mm., ou plus,
de diamètre. Les colonies sont opaques et blanches, entourées
d’une couronne plus claire, le centre est plus obscur, ou bien
elles sont opaques et à bords sinueux, sans couronne. A Ia sur-
face des colonies, on voit des filaments courts et ténus. Il y a
aussi des colonies à centre obscur, d’où partent des irradiations
multiples. ‘Dans les tubes largement ensemencés, on voit de
petites colonies très ténues, à centre obscur, d'où partent de fins
filaments. Une colonie peut donner naissance à une autre d'un
type quelconque.
En surface, sur la gélose, on voit un seul type de grandes co-
Ionies isolées, qui n'ont pas tendance à confluer, et qui, après
48 heures, montrent un centre obscur entouré d'une zone plus
claire et, en dehors, d’une autre plus obscure et à bords sinueux,
irrégulièrement découpées. On n’observe pas de filaments. Dans
le corps même des colonies on ne distingue pas de structure.
Sur gélose-sang, on voit les colonies comme des points bril-
lants. Il1-y a de l’hémolyse. Dans le même milieu, glucosé, l’as-
pect des colonies est semblable ; la surface a une couleur havane
et le resteest noirâtre.
Sur le sérum coagulé (Bœuf), il y a développement, sans liqué-
faction du milieu. Sur le sérum de Cheval, coagulé à 65°-70° et
ensemencé abondamment, on observe une liquéfaction partielle
et le milieu s’obscurcit.
: (45) : SÉANCE DU 9 AOÛT 839
7
La viande du bouillon Tarozzi diminue de volume «et s’obscur-
-cit après quelques jours. En 24 heures il se forme une grande
“quantité de filaments muqueux qui englobent la viande. En
bouillon arozzi glucosé on observe la même chose, mais la
viande se conserve plus longtemps rouge.
En bouillon-cube ‘d'œuf, il y a développement abondant, en
24 1h., avec filaments muqueux. Le cube s’éclaircit et se ramollit.
Dans le lait tournesolé, la caséine précipite faiblement et elle
-se digère peu à peu. [l reste un résidu abondant au fond du tube,
puis il se peptonise (r mois).
En gélatine et en gélatine glucosée, le développement se fait
bien avec des filaments :et des flocons muqueux. La gélatine est
-digérée wite et rapidement.
Sur milieu au cerveau (von Hibler), on observe un développe-
ment abondant et le noireissement de la partie supérieure.
En bouillon simple, il y a développement abondant, avec fila-
ments muqueux. En bouillon-sang, il y a digestion rapide de la
fibrine et une hémolyse intense.
Dans tous les milieux le germe dégage ume odeur horrible-
ment nauséabonde.
Il-produit du gaz et de l’acide avec la glycose, la lévulose et
la maltose, très peu avec la saccharose.
Il ne produit ni gaz, ni acide, avec la lactose, l’arabinose,
l’inuline et là mannite.
Pouvoir pathogène. — Ce germe a un pouvoir pathogène con-
sidérable pour: le Cobaye et le Lapin. Les cultures en bouillon
de 4-5 jours, tuent en 24 heures les Lapins de 2 kgr., avec 0,1 c.c.
(voie intramusculaire, patte) et les Cobayes de 300 gr. avec o,o1
c.c. (muscle).
Les lésions sont identiques. La peau n'est pas altérée superfi-
ciellement, les poils ne tombent pas ; il n’y a ni digestion, ni
mauvaise odeur. La patte est gonflée et il y a de l’œdème cellulaire
sous-cutané très étendu. L’œdème est incolore, à peine rosé au
point d’inoculation. Les membres injectés sont congestionnés
ou pâles ; il n’y a pas de digestion. Si l’inoculation est abondante,
il se produit en ce point une petite bourse de gaz, d’odeur forte
et non putride, entourée par des muscles blancs et friables. Le
péritoine est brillant et contient quelquefois de l’exsudat ou des
parties œdémateuses.
La paroi de l’estomac est souvent friable. Il y a constamment
de la congestion intense des premières parties de l'intestin. Les
surrénales sont congestionnées. Les germes se retrouvent, en
faible quantité, dans la région injectée, et ils passent rarement
dans la circulation.
Toxine. — Le liquide obtenu en centrifugeant les cultures,
840 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (46)
ne produit aucun effet toxique quand on l'injecte par voie
veineuse (2 c.c.).
Par filtration sur la bougie Berkefeld, on obtient un liquide
stérile qui contient une toxine très active, qui tue avec 0,001 gr.
des Cobayes de 250-300 gr. en 1 jour ou 1 jour 1/2 (inoculation
sous-cutanée ou intramusculaire). Les lésions produites sont
identiques à celles que produit la culture entière. La toxine pro-
duit le même effet chez le Lapin. Chez un Cheval injecté avec
o,1 c.c. de toxine, sous la peau, on observe une réaction géné-
rale violente et un œdème considérable.
Neutralisation de la toxine par les sérums. — La toxine n'est
pas neutralisée par les sérums antigangréneux (antiperfringens,
Vibrion septique, œdématiens, hystolytique, ni avec le sérum
de Vincent, du Val-de-Grâce).
Le germe est un agent protéolytique plutôt fort, et il est faible-
ment saccharolytique. Il se développe facilement dans tous les
milieux ; il produit des filaments et donne une mauvaise odeur.
Il est pathogène à un haut degré et donne une toxine très active.
Il doit être considéré comme voisin des Bacilles de Novy, œdema-
tiens et bellonensis par l’aspect des lésions, tandis que ses carac-
tères culturaux le rapprochent du Bacille de l’œdème malin
(11 types de Fraenkel).
(Institut bactériologique du département national d'hygiène).
(1)
RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE
SÉANCE PLÉNIÈRE TENUE A MARSEILLE,
16 SEPTEMBRE
ÉES" 5 ET
1922, PAR
LA SOCIETÉ ET LES RÉUNIONS DE BIOLOGIE
_Carpor (H.) et Laucrer (H.) :
Anesthésie par injection intra-
veineuse d’un mélange alcool-
chloroforme-solution physiologi-
SOMMAIRE
pendant la coagulation du sang.
Kusezmass (1.-N.): Un \iscosi-
mètre à torsion pour les sols lyo-
DATES RASE AS RE RES
queschezhie Chien. "22.1... 59 Lecsr (M.) : Insolation mor-
Costa (S.) et Boyer (L.) : Mi- telle chez le Chimpanzé et allé.
lieu non albumineux pour l’iso- rations morphologiques de son
lement, la culture et la conser- 1 UNE do bo DOC OU Rnb Es
vation du Gonocoque.......... 26 Lecer (M.) et Baury (A.): Mo-
Costa (S.) et Boxer (L.) : Sur difications hématologiques pro-
la présence de substances amyla- duites par l’insolation chez le
cées dans la gomme adragante CODONE EAN CRS Jhrrme or
et de leur inutilité pour la cul- Maruieu et MERkLEN : Fumée
ture du Gonocaque............ 28 | de tabac et mémoire. Note préli-
Coxte (J.): Essai d’expérimen- minaire et de technique........
tation sur les hormones génitales. 12 Matte (C.): Quelques caractè-
ELLERMANN : Communication res des contractions agoniques du
orale et démonstration pratique myocarde humain observées sur
sur la leucose expérimentale des le cœur à nu de deux fœtus non
IPOTIESS PER OR EME GORE bis EE SEE AOL ER NE
GaBrieL (C.) : Adaptation à la Mouriquanr, Micuez (P.) et
vie en eau salée d’une Hépatique BERTOYE : Evolution comparée de
DOPRES RAI DATE MAO ENTER 20 | la tuberculose chez les Cobayes
Gagnez (C.): Sur la flore halo - soumis à l’alimentation normale,
phile des sources salées de Bar- restreinte ou carencée.........
DOS ne ner diet e 18 OLMER, PAyAN et BERTRHIER : Do-
Hovasse (R.) : À propos du sage du potassium dans le sérum
mécanisme autorégulateur du SAMOUIN. :.2 É nt ern
nombre des chromosomes chez OLmEr, PAyan et BERTNIER : Le
les œufs de Batraciens, dans la potassium du sérumsanguin dans
parthénogénèse par piqûre. 69 | l'insuffisance rénale...........
Hovasse (R.) Endodinium Panisser ct VERGE : Anaphy-
chattoni (nov. gen. et sp.). Son laxie au sang homologue chez le
cycle de multiplication endogène. Cheval Er ER a et
Variation du nombre de ses chro- Panisser et VERSGE : Sur l’exis-
HMHOSOMES PEU ET -e 15 | tence de groupes sanguins chez
Icarp (S.) : Le Lézard gris (La- les animaux see en ASE
certa muralis) réactif physiolo Parisor et Hermann : Modifi-
gique des poisons............. 63 | cations morphologiques appor-
- ImBerT et Jourpan : Commu-: tées à l’appareil pulmonaire par
nication orale et démonstrations le pneumothorax artificiel pro-
pratiques sur les greffes osseuses lonpé TE MEN Rae Te
CXPÉDIMENLAIES... se ce eanee 66 PEYRON (A.) : Sur la présence de
KucEezmass ([.-N.): Modifica- granulations argentaffines dans
tions de la concentration ionique une tumeur primitive du foie
Biococie. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII.
53
ñ4
66
57
842 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (12)
WATRIN (J.) : Recherches expé-
rimentales sur la fonction éry-
thropoïétique de l’hypophyse
humaine ser sien se Are re
PEyron (A.) : Sur l’origine et
l’histogenèse de l’épithélioma sé
minifère du testicule adulte chez (avec démonstration)........... 77
IHOMMENENE RSR RE WEBER (A.): Action du milieu
PRiINGAULT : Etude sur la toxi- intérieur des Tritons sur leurs
cité des vapeurs de quelques subs- ŒULS. - AE CRT ARR EE 72
WEBEr (A.): Essais de surfé-
condation hétérogène chez les Ba-
traciens (avec démonstration)... 74
WinTREBERT (P.) : La chrono-
tances chimiques sur les Phlébo-
ONES EEE EE EC Ne
RayBauUD (L.) : Contribution à
l’étude du Mucor racemosus. Ger-
mination de la spore........... logie des processus de métameor-
RayBauD (L.) : Présentation phose effectués à la voûte pala-
d’un germoir automatique en tine des Salamandridæ......... 32
nctionnement ES Zuwz et Govarrts : Effets de la
Tian et Corte (J.) : Emploi e En transfusion de sang carotidien
biologie d’un micro-calorimètre | recueilli pendant l’ excitation du
intégr LEUR ANT a COR 0 Splanchn Ne PET PEER PERETE DI
[55 SÉANCE — 15 SEPTEMBRE “19232
Présidence de M. E Zunz.
M. A. Prvyron fait une conférence avec démonstrations mi-
croscopiques : Embryologie comparée des glandes génitales,
hermaphrodisme, tumeurs.
SUR L'ORIGINE ET L'HISTOGÉNÈSE DE L'ÉPITHÉLIOMA SÉMINIFÈRE
DU TESTICULE ADULTE CHEZ L'HOMME,
par À. PEYRON (1).
ESSAI D’EXPÉRIMENTATION SUR LES HORMONES GÉNITALES,
par J. Corte.
La notion des hormones génitales semble devenue une acqui-
sition définitive de la science, malgré qu'elle soit une simple
hypothèse, que nous ne connaissions pas les hormones de ce
genre et que nous ne sachions pas les isoler. La difficulté qu'il y
a à faire vivre simultanément chez un Mammifère des glandes
génitales des deux sexes peut être donnée conime un argument
en faveur de l'existence de telles substances, mais n’en est pas
une preuve. J’ai cherché à reprendre par la voie expérimentale
l'étude de cette question.
(x) La communication sera publiée dans la prochaine séance de la Réunion
biologique de Marseille.
(13) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 843
Si c'est un conflit entre hormones qui empêche, par exemple,
un testicule de se développer quand on le greffe chez une femelle
normale, et si ces hormones sont de nature colloïdale, on peut
admettre qu'il y ait production d'anticorps sous l'influence des
hormones de la greffe. S'il y a production d'anticorps, la fe-
melle greffée sera en quelque sorte anti-mâle, et il y aura chance
ainsi pour qu'elle donne naissance à des produits uniquement
femelles, si on la fait couvrir par un mâle normal. Le succès
d'expériences dans cette voie pourrait être considéré comme un
excellent argument en faveur de la théorie des hormones géni-
tales ; leur échec toutefois ne signifie rien car plusieurs hypo-
thèses successives interviennent dans la théorie de l'expérimen-
tation indiquée et qu'un animal pourrait devenir anti-testicule
ou anti-caractères-sexuels sans devenir anti-sexe-mâle. En opé-
rant sur le Cobaye, je n’ai rien obtenu de positif. Voici le détail
de mes essais.
Cobaye I ©. Reçoit le 7 juin un testicule sous la peau. Accou-
plée, elle met bas pendant les vacances 2 petits femelles. Rernise
avec un mâle en octobre, met bas 2 femelles le r7 décembre ;
un mâle est mis dans sa cage le 14 janvier ; le 28 mars elle met
bas 2 petits : r femelle et r mâle. Pour voir s’il ÿ avait transmis-
sion héréditaire d’une aptitude à produire des femelles, qui sem-
blait probable au début de l'expérience, les deux femelles nées
le :7 décembre sont tenues avec un mâle de leur âge. Elles met-
tent bas, l’une le 16 mai et l’autre le 18 mai, chacune 3 petits
1 femelle et 2 mâles.
Cobaye 2. Greffée avec un testicule le 29 novembre, puis ac-
‘couplée ; met bas, le 20 février, 2 petits : r femelle, 1 mâle. La
première greffe avait été suivie d'une plaque de sphacèle ; de
‘crainte que la production d'anticorps n'ait été insuffisante, le
même animal est regreffé le 30 mars. Nouvelle mise bas le 17
juin : 2 mâles, 2 femelles.
Cobaye 3. Greffée le 29 novembre ; énorme sphacèle (mes pre-
mières greffes étaient faites trop en arrière et les animaux s’in-
fectaient en se mordant); accouplée le 2 janvier, il naît le
21 mars 1 femelle. Deuxième portée ultérieure : 1 femelle,
1 mâle.
Cobaye 4. Vient de mettre bas r femelle. Greffée le 16 jan-
vier ; met bas le 6 avril r femelle et 1 mâle. Remise avec un mâle
le 26 avril; deuxième portée : r femelle, 1 mâle.
Cobaye 5. Vient de mettre bas 2 femelles. Greffée le 16 janvier.
Met bas le 8 avril, 1 femelle, r mâle. Remise le 1° mai avec un
mâle, il naît le 4 août 2 femelles et r mâle.
Cobaye 6. Vient de mettre bas > mâles. Greffée le 24 février,
longue suppuration ; mise avec un mâle le 16 mars ; met bas le
28 mai 3 petits : 2 femelles, r mâle.
844 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE . (14)
Cobaye 7. Greffée le 24 février ; bataille avec d’autres femelles
le 1° mars, suppuration. Mise avec un mâle le 16 mars, met bas
le 1° juin : r femelle, 3 mâles:
Cobaye 8. Greffée le 30 mars ; mise avec un mâle le 6 avril,
il naît, le 16 juin, 1 femelle, 3 mâles.
Cela fait pour les femelles greffées un total de naissances de
19 femelles pour 16 mâles. Or, en établissant, le 18 mai de cette
année, l'inventaire du cheptel du laboratoire, je trouve 37 mâles
pour 67 femelles. Il faut tenir compte qu'il a été détruit sans
doute dans l’année un peu plus de mâles que de femelles ; il n'en
reste pas moins que dans mes élevages normaux il naît plus
de femelles que de mâles.
J'ai essayé aussi d'opérer par voie inverse, en greffant des
ovaires à un mâle, de manière à chercher à en obtenir un anti-
femelle ou un surmâle. Cobaye mâle, greffé le r9 décembre avec
les deux ovaires et un peu des trompes d’une femelle encore
Jeune et non gravide. Les ovaires restent de longues semaines
perceptibles sous la peau et mobiles. L'animal est tenu d’abord
24 heures avec une femelle, qui est jointe au troupeau. Quatre
femelles lui sont ensuite fournies. La première met bas le 4 fé-
vrier, 2 mâles ; la deuxième, le 6 février, 1 femelle, 1 mâle ; la
troisième, le 1° mars, 1 femelle, 1 mâle ; la quatrième, le 3
mars, 2 femelles. Soit un total de 4 mâles et de 4 femelles. Dans
la crainte que les deux ovaires de Cobaye trop petits, n’aierit
pas été générateurs d’une quantité suffisante d’anticorps, je
greffe à nouveau le même animal avec les deux ovaires d'une
Chienne de taille moyenne. Résorption bien plus rapide. L'ani-
mal est laissé 4 jours avec une femelle dont la descendance n’est
pas notée, et je le fais ensuite passer dans les cages de deux fe-
melles (dont l’une ayant mis bas auparavant 1 femelle et 2 mÂ-
les). Celle-ci met bas 3 petits : » femelles, r mâle ; l’autre, le
3 juin, 4 petits : 2 femelles, 2 mâles. Ces divers chiffres portent
en eux-mêmes leur conclusion. |
(Laboratoire de physiologie de l'Ecole de médecine de Marseille).
RAS mit A ge sur nd 2
nl mL
(15) SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 845
LT — —— — — — _ _ —
Endodinium chattoni (nov. gen. ET sp.).
SON CYCLE DE MULTIPLICATION ENDOGÈNE.
VARIATION DU NOMBRE DE SES CHROMOSOMES,
par R. Hovasse.
J'ai signalé dans une note récente (1) un parasite nouveau
vivant à l’intérieur même des cellules endodermiques des Vé-
lelles et se rattachant au groupe des Péridiniens. Je l'ai tout
d’abord rapproché du genre Blastodinium Chatton, des sporo-
cytes duquel il est morphologiquement très analogue. Depuis
lors, j'ai constaté une série de différences, surtout ethnologiques,
qui m'amènent à en faire, au moins provisoirement un genre
nouveau, Éndodinium, terme destiné à consacrer le parasitisme
intracellulaire du protiste. J'ai dédié l'espèce à E. Chatton au-
quel nous devons la plus grande partie des connaissances actuel-
les sur les Péridiniens parasites.
Loin de constituer dans l’évolution du protiste une forme sim-
plement transitoire comme les sporocytes de Blastodinium, En-
dodinium paraît se comporter comme un adulte ; il se multiplie,
en effet, dans les cellules de son hôte, à l’aide d’un cycle endo-
gène particulier. L’adulte forme, sans doute par bourgeonne-
ment nucléaire, des spores endogènes isolées, basophiles, qui,
rejetées hors de la cellule, donnent naissance à une petite masse
protéplasmique nucléée et douée de mouvements amiboïdes.
Passant de cellule à cellule, elle transporte l'infection à travers
les tissus de l'hôte. Une fois parvenue dans un milieu favora-
ble, cellule endodermique acidephile, elle devient immobile,
grossit, se garnit de vacuoles : un nouvel adulte est constitué, il
se multipliera par divisions simples et formera à son tour des
spores isolées.
L'infection augmente ainsi sans cesse, gagne toutes les cel-
lules endodermiques acidophiles, à l'exception de celles des dac-
tylozoïtes et des gonozoïtes qui restent toujours indemnes. Les
bourgeons sexuels portés par ces derniers ne s’infestent qu'après
avoir atteint une certaine taille, à partir de laquelle les méduses
en formation sont très rapidement transformées en une sorte de
sac ectodermique bourré de parasites. Seul, le manubrium sub-
siste intact dans l’axe de la méduse. Sa région génitale très baso-
phile résiste à l'infection, il ne m'est pas possible de savoir s’il
y a castration parasitaire. Une telle évolution, compliquée par
ce cycle de multiplication endogène, est nouvelle dans le groupe
(x) R. Hovasse. C. R. de l’Ac. des Sc., t. CLXXIV, 1922, p. 1745.
846 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE {16}
D ee LA Ca nc
des Péridiniens, sans doute parce que les parasites intracellu-
laires, peu nombreux, y sont mal connus. La propagation par
spores endogènes, naissant isolément, constitue un type de re-
production asexuée très différent de la schizogonie des Sporo-
zoaires.
Endodinium présente encore un autre intérêt au point de vue
cytologique. En décrivant sa mitose, j'ai indiqué que, dans cette
forme où les chromosomes existent en toute netteté, leur nom-
bre varie largement. Il semble osciller, en effet, entre une cin-
quantaine et un millier. Cette variation paraît conditionnée uni-
quement par une particularité de l'évolution nucléaire du pro-
tiste, signalée déjà dans le groupe : les mitoses successives ne
sont séparées par aucune phase de reconstitution nucléaire. Il
n'existe de noyau au repos, chez Endodinium tout au moins,
que lorsque la multiplication du parasite est arrêtée.
De raisonnements théoriques développés récemment (x), il
découle que la division des chromosomes, en relation ordinai-
rement avec la mitose, devient, en l’absence de reformation du
noyau, sinon impossible, tout au moins exceptionnelle. Le nom-
bre des chromosomes ne pouvant doubler à chaque division,
diminue à peu près régulièrement au cours des mitoses, de sorte
que les parasites qui ne se trouvent pas au même stade d’évolu-
tion n'ont pas le même nombre d'éléments chromatiques.
(Laboratoire Marion).
ÉTUDE SUR LA TOXICITÉ DES VAPEURS
DE QUELQUES SUBSTANCES CHIMIQUES SUR LES PHLÉBOTOMES,
par E. PrINGauULT.
De plus en plus, il semble que le Phlébotome soit un vecteur
d'une importance considérable. De nombreuses contagions lui
sont attribuées : fièvre des trois jours, bouton d'Orient, verruga.
Il nous à paru intéressant d'étudier la toxicité de quelques sub-
stances chimiques sur Phlebotomus perniciosus (Newstead), qui
est assez abondant dans notre région, en vue de la destruction
de ces Nématocères.
Mode opératoire. Nous avons utilisé pour l'étude de la toxicité des
vapeurs la méthode employée par Trillat et J. Legendre (2) pour
(1) R. Hovasse. Bulletin biologique, 1922, p. 217.
(2) Trillat et J. Legendre. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, t. I, 9 dé-
cembre 1908, p. 605-610.
|
|
i
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1
|
(17) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 847
une étude analogue sur les Moustiques. Nos essais ont eu lieu
uniquement sous des cloches de verre d’une capacité de 20 litres
environ, avec une tubulure latérale permettant l'introduction
des Phlébotomes dans la cloche après la volatilisation complète
de la substance chimique étudiée. Une résistance électrique nous
a permis de volatiliser très rapidement ces substances (sauf
l’acide cyanhydrique) et de maintenir constante (25°) la tempé-
rature des vapeurs contenues dans la cloche, de façon à éviter
la condensation de ces vapeurs.
Résultats d'expériences. 1) Anhydride sulfureux : Deux expé-
riences ont permis de constater qu'avec une dose de 50 gr. de
soufre par mètre cube les Phlébotomes étaient tués après 30 se-
condes au plus de contact.
2) L'acide cyanhydrique à l’état gazeux obtenu en faisant agir
l'acide sulfurique dilué sur du cyanure de sodium, tue en 5 se-
condes à la dose de 0,02 p. 100 d'acide cyanhydrique en joe
(de 0,2419 d'HCN par mètre cube).
3) L'alcool méthylique, l'altcool éthylique, ont exigé des doses
relativement élevées pour amener la mort de nos Nématocères.
La dose de 125 gr. par mètre cube est nécessaire pour les tuer
après ro minutes de contact.
h) L'aldéhyde formique du commerce paraît plus toxique, la
dose de 5o gr. par mètre cube entraîne la mort en 5 minutes
environ.
5) L’éther sulfurique et le chloroforme présentent une faible
toxicité : r00 gr. par mètre cube ont été insuffisants pour tuer
deux Phlébotomes après 15 minutes de contact.
6) La pyridine, à la dose de 5 gr. par mètre cube, tue les Phlé-
botomes en une ie environ.
7) La nicotine, à la même concentration, amène la mort des
Insectes en 20 re
8) Les vapeurs crésyliques, conseillées par Bouet et Roubaud
pour la destruction des Moustiques, tuent les Phlébotomes, à la
dose de r gr. par mètre cube, en ro minutes.
Conelusions. Il résulte de nos expériences que ces vapeurs
crésyliques nous paraissent seules pouvoir être utilisées. Les
hydrocarbure es, alcools, aldéhyde, éther et dérivé chloré de la
série grasse ont exigé des doses relativement élevées pour ame-
ner la mort des Insectes. Ils sont donc inutilisables dans la pra-
tique courante, de même que l'acide cyanhydrique, par suite
de sa grande toxicité. La pyridine, en raison de son pouvoir
excito-moteur de la moelle et du centre respiratoire, n’est pas à
recommander.
848 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (18)
Le petit appareil décrit par Seidelin (1) nous paraît tout indi-
qué pour la destruction à l’aide du crésyl, non seulement des
Culicidés, mais encore des Phlébotomes et d’autres Insectes pi-
queurs : Cératopogoninés et Simulidés.
SUR LA FLORE HALOPHILE DES SOURCES SALÉES DE BARJOLS,
par C. GABRIEL.
Sur le territoire de Barjols (Var), au contact des marnes irisées
et du muschelkalk, émergent trois sources salées ; en les citant
d'amont en aval, ce sont les sources : Merle, 3,74 gr. de NaCl ;
À. Mistre, 4,426 gr. sur la rive droite et N. Mistre, 3,39 gr. de
NaCI, sur la rive gauche du ruisseau de Varages, dans lequel
elles déversent leurs eaux et qui se jette dans le Fauvery, rivière
de Barjols, laquelle, à 5 kilomètres en aval, se jette dans l’Ar-
gens. Varages, Fauvery et Argens naissent dans la région, de
sources vauclusiennes à débit variable et ont des eaux non salées
et potables. Au confluent du Fauvery et de l’Argens, le lit de
celui-ci court dans une vallée marécageuse parcourue par des
ruisseaux salés issus de trous abrupts et très profonds, dont le
diamètre varie de 6 mètres à 0,70 m., nommés bouillidous
dans le langage du pays ; leur eau est salée à 1,023 gr. Il était
intéressant de savoir si la présence du chlorure de sodium a pu
modifier la flore de ces sources et des ruisselets salés. Et, en
1915, le P° Heckel (2) crut aborder ce sujet en chargeant M. Si-
méon, pharmacien de Barjols, d'herboriser, pour lui, sur les
bords du ruisseau de Varages (dont les eaux salées à 0,002 mgr.
par litre ne sauraient agir sur la flore). La mort ayant empèché
Ed. Heckel d'explorer par lui-même la région, nous avons songé
à compléter les prémières données acquises par notre vénéré
maître. Voici le résultat de nos recherches en octobre 1921,
avril, juin, juillet 1922.
La source À. Mistre est la plus abondante et la plus étendue ;
elle emplit une cuvette de 30 mètres sur 1,50 m. de large et
0,50 m. de profondeur ; son lit est envahi par Phragmites vul-
garis mêlé à Juncus tomasini, var. gallicus, sous-espèce du
Jurncus acutus L:, dont la station la plus éloignée de la côte était
(4) H. Seïdelin. Yellow fever Bur. Bull., Liverpool, t. III, n° 3, 30 septem-
bre 1914.
(2) E. Heckel. Contribution à la flore du Var. Marseille 1915 (imprimerie
Barlaticr).
aie
(19) » SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 849
jusqu’à nous Solliès-Toucas (1) dans la région toulonnaise. La
source Merle émerge dans un entonnoir irrégulier de 2 mq.,
puis, après un trajet souterrain, s'écoule sur la rive basse du
ruisseau de Varages, dont elle inonde 25 mq. En ce point, cesse
la bordure de cannes (Arundo donax), qui forme une haie épaisse
en cette région sur chaque rive du ruisseau, et parmi les vigou-
reux Scirpus holoschænus L. qui les remplacent se montre la for-
me littorale du Juncus acutus L., espèce nettement maritime.
Aux bouillidous, parmi les plantes palustres citées par Ed. Hec-
kel qui les a visitées en r915, notons l'abondance de Sonchus
maritimus L., espèce des prairies marécageuses littorales, Li-
num maritimum L., espèce qui, en Provence, remonte d’ailleurs
assez haut dans les terres, mais surtout Plantago maritima L.,
espèce peu commune dans le Var où elle ne quitte pas les sables
maritimes. Voici donc 2 végétaux, J. spinosus L. et P. maritima
L., nettement halophiles, et que nous trouvons implantés loin
de la mer sur les bords de sources chlorurées et sulfatées. Mais
l’action du sel n’a-t-elle pu modifier les végétaux banaux de la
région ? Notre attention a été attirée par Plantago coronopus,
Helosciadium nodiflorum, Chara fragilis, Pellia fabroatana et
Frullania.
Sur les bords de la source A. Mistre et jusqu'à un mètre de
celle-ci, le sol, aux jours de soleil, est couvert d’efflorescences
salines fugaces, légères, il est vrai, témoignant de la salure du
sol sur les bords (projection d’eau salée par les animaux, Chiens
et Rats, et par le vent, et alors que ce talus est couvert du Plan-
tago coronopus à feuilles épaisses, étroites et peu dentées, carac-
térisant la variété marilima halophile, à quelques décimètres au
delà, pousse la variété vulgaire xérophile à feuilles velues, à ra-
chis large et fortement dentées. Or, ce n'est pas la variété ma-
rilima qui pousse sur les bords de la source, car transplantée
dans notre jardin botanique, la plante de Barjols y reprit les
caractères de la variété genuina, et sa modification ne peut être
attribuée à l'humidité, car elle a repris la forme genuina au
Pharo, soit que nous l’ayons placée sur les bords humides d’un
bassin, soit dans les poches sèches et ensoleillées d’une rocaille :
c'est donc bien l’action du sel qui a modifié la plante ; la même
observation a pu être faite aux bouillidous.
Helosciadium nodiflorum pousse en abondance dans les eaux
douces de la région sous la forme normale s’élevant jusqu'à
0,60 m. au-dessus du niveau d’eau, mais soit aux bouillidous,
soit dans les eaux de la source Merle, cette plante revêt une forme
rabougrie aux feuilles rapprochées et souvent rouges, tiges tor-
‘1) Jahandiez et Albert. Catalogue des plantes du Var.
850 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (20}
tueuses, rampantes, fleurissant sous l’eau et y mürissant leurs
fruits ; de même Chara fragilis et Chara fetida qui forment dans
le ruisseau de Varages de longues -touffes, restent rabougries, à
entre-nœuds et à folioles courtes, dans les eaux salées. Ce sont
les modifications intéressantes dues à la vie en eau salée de plan-
tes d’eau douce, modifications dont nous aurons à étudier les.
modalités et le déterminisme.
Mais il existe dans la source A. Mistre une Marchantiacée,
Pellia fabroniana, sous sa forme flottante, que nous n’avons,
nulle autre part, observée en Provence, où cependant cette
plante abonde ; dans les bouillidous, c’est Frullania qui flotte
alors qu’elle vit fixée sur les rochers des eaux douces. Nous nous
proposons d'étudier la biologie de ces formes flottantes.
ADAPTATION A LA VIE EN EAU SALÉE D'UNE HÉPATIQUE TERRESTRE
(Pellia fabroniana RapDr),
par C. GABRIEL.
Pellia fabroniana a été trouvée flottant à la surface de la
source À. Mistre par M. Siméon, pharmacien à Barjols, et si-
gnalée, en 1915, dans le mémoire préliminaire de Ed. Heckel ;
or, cette Hépatique abonde sur les rives humides de tous les
ruisseaux, de toutes les fontaines de la région ; elle tapisse la
rive du ruisseau de Varages tout autour du canal voûté par où
s'écoule le trop plein de la source À Mistre ; mais là, comme par-
tout où nous l'avons trouvée, elle revêt sa forme terrestre, thalle
vert à frondes dichotomes, à lobes larges de 4 à 5 mm., nervure
apparente portant sur sa face ventrale de longues rhizoïdes qui
la fixent au sol.
Il arrive, lorsque Pellia vit dans des dieux très humides et
obscurs, que ses frondes deviennent encore plus étroites, 2 mm.,
et s’allongent, 25 à %3o mm. Ces lobes se dressent obliquement
dans l’air ou dans l’eau et leurs rhizoïdes perdent contact avec
le sol (forme crispa). Nous avons placé sous une ‘épaiseur d’eau
de 45 cm., dans un vase cylindrique em verre, une portion de
thalle fixée à sa petite motte de terre et prélevée non loin du
déversoir de la source A. Mistre. Ce thalle portait 3 lobes minces
et allongés ; depuis septembre 1921 jusqu’à ce jour ces lobes
se sont allongés, l’un d’eux s'est dichotomisé, ils ont 6 em. de
long et 0,5 mm. de large ; le thalle demeure fixé par ses rhi-
zoïdes. :
Or, P. fabroniana de la source A. Mistre se présente em masses.
1 re.
(24) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 891
globuleuses, de diamètre variable (0,08 m. à 0,30 m.), spongieu-
ses, dont la surface supérieure, qui émerge durant le jour, pré-
sente la structure du thalle normal, et dont la masse inférieure,
inamergée, est formée de filaments longs et étroits, enchevêtrés,
en tout semblables à ceux dont nous avons provoqué expérimen-
talement la formation. C’est donc à la vie aquatique que la Mar-
chantiacée doit l'acquisition de sa forme nouvelle ; mais pour-
quoi flotte-t-elle et ne se fixe-t-elle pas à la rive ?
D'abord, nous trouvons au fond du canal où flotte la Pellia
des amas de thalle englués dans la vase, or, ces lambeaux ne
présentent pas plus de rhizoïdes que la forme flottante, mais
seulement quelques papilles sur la surface ventrale de La mer-
vure des lobes les plus larges. Ges masses, mal fixées au fond,
ne tardent pas à être allégées par les bulles d'oxygène produites
à la lumière du jour et viennent alors flotter par le même méca-
nisme qui permet de flotter aux Algues filamenteuses vertes,
ces masses ne plongent à nouveau que tard vers la fin du jour.
Nous avons, avec M. Siméon, ensemencé les deux autres sources
salées et aussitôt la Pellia y a foisonné, mais tandis que dans
l’eau courante du déversoir de la source Merle les amas ont été
fixés au fond par des sables grossiers qui les recouvrent partiel-
lement et ont pris la forme filamenteuse aquatique, sur les bords
de la source où l’eau n’a que quelques centimètres d'épaisseur, la
Pellia revêt l'aspect normal de la plante terrestre.
Dans la source N. Mistre, l’eau est collectée en un bassin demi-
cylindrique en maçonnerie et se déverse par un canal placé près
du fond ; la surface est donc tranquille et les Pellia flottant près
du bord ont pu, à l’aide de leurs rhizoïdes très courts, s'attacher
peu solidement au mur, maïs sy attacher tout de même, et
ébaucher alors un thalle à lobes larges qui s'applique contre Île
mur sur quelques centimètres carrés, mais bientôt s'en détache
et donne naissance à de longs lobes flottants.
Voici donc rattachées les deux formes, normale (crispa) et
aquatique (fluitans), mais demeure entier le problème de l’adap-
tation au milieu salé. Nous n'avons pu élever la Pellia terrestre
dans l’eau salée à 4 p. 1.000, qui, aussitôt, plasmolyse ses cel-
bules et les tue. Pellia fluitans, de Barjols, meurt dès qu'on la
place en eau douce par éclatement des cellules sous la turges-
cence trop fortement accrue et des masses de choroleucites et
d'amidon colorent en vert le liquide extérieur. Mais nous avons
pu élever, depuis septembre 1921 jusqu'en février 1922, la Pellia
fabroniana terrestre dans de l’eau salée à 1,0 gr. et la P. fabro-
niana fluitans dans de l’eau salée à 2,40 gr. Durant nos
essais, nous avons fréquemment placé alternativement dans
l’eau douce, puis dans la solution à 1,20, dans l'eau à 4,50
852 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (22)
LE a A RE TP DR RSR
(source A. Mistre), puis dans l'eau à 2,40, la Pellia fluitans qui à
supporté sans désordre apparent ces variations qui, pourtant,
duraient plusieurs heures, ce qui ne peut se produire que par
une variation de la concentration du milieu interne analogue à
celle étudiée par Lapicque (1).
La saison chaude est peu favorable à l'élevage de P. fabro-
niana qui, même à Barjols, dépérit dans les parties ensoleillées
et chaudes (la source A. Mistre avait une température de 30°
le 16 juillet, à midi), aussi renvoyons-nous à l'automne pro-
chain l'étude de la turgescence dans ses rapports avec les chan.
gements de concentration du milieu, l'étude cryoscopique, de
la pression osmotique (2) et l'adaptation de fabroniana à des de-
grés de salure croissants et décroissants.
(Laboratoire d'histoire naturelle de l'Ecole de médecine
de Marseille).
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU Mucor racemosus.
GERMINATION DE LA SPORE,
par L. RayBaun.
La germination de la spore du Mucor racemosus, en cellule,
en goutte pendante, dans le liquide de Raulin, nous a montré
des faits très intéressants. Si nous transportons, en effet, dans
cette goutte de culture un sporange entier, la presque totalité
de ses spores donne directement naissance à de nombreuses
chlamydospores ou à des filaments dont la plupart en portent,
les autres, dans la proportion d'environ 5 p. 100, retardent leur
germination et continuent à se gonfler. Chez certaines d’entre
elles même, dont le gonflement est maximum, la germination
ne s'effectue pas.
Dans le premier cas, la spore germe d’abord par un grand
nombre de points (12 à 15), en formant directement une chla-
mydospore terminée par une pointe arrondie. L'ensemble rap-
pelle grossièrement la forme de la boule d’un casse-tête. Ces
chlamydospores sont quelquefois le point de départ de filaments
courts très cloisonnés ou d’une chaîne de chlamydospores arron-
dies. Puis, de la spore, part un filament mycélien, sans cloisons
ou peu cloisonné, sur lequel prennent naissance quelques rares
pédicelles Shore Mere. simples ou ramifiés qui sortent de la
goutte nutritive.
(x) L. Lapicque. C. R. de la Soc. de biol., 1921, p. 885.
(2) A. Dognon C. R. de la Soc. de biol., 1921, p. 947.
(23) SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 8
EU CEE
Dans le deuxième cas, la spore donne des filaments, dont le
nombre se réduit très rarement à un, et peut varier de 3 à 5.
La plupart portent de nombreuses chlamydospores, et c'est sur
ceux où on en trouve le moins, ou qui n’en possèdent pas, que
naissent les pédicelles sporangifères, simples ou ramifiés, plus
nombreux que précédemmeni.
Dans le troisième cas, nous n'observons pas de chlamydospo-
res et même presque pas de filaments mycéliens. La spore, qui
s’est fortement gonflée, et dont le diamètre devient le double
ou le triple de celles déjà décrites, pousse deux ou trois hernies,
débuts de filaments avortés, d’une longueur de 7 à 10 u, d’où
partent un, rarement deux pédicelles sporangifères simples et
courts. Fait remarquable, les sporanges qu'ils portent sont beau-
coup plus petits que la spore gonflée dont ils proviennent. Il
arrive parfois, et c’est le quatrième cas, que la spore s’hypertro-
phie encore davantage sans jamais donner aucun organe végé-
tatif ou reproducteur.
À quoi attribuer de pareilles variations dans la biologie du
Mucor racemosus ? Quoique cette Mucorinée soit très polymor-
phe, et que, dans une même goutte pendante, nous yoyions
quelquefois toutes les formes décrites, le plus souvent, suivant
les circonstances, certaines de ces formes y sont dominantes ou
existent à l'exclusion de toutes les autres. Ainsi, lorsque la goutte
de culture est exposée à l’air un peu plus longtemps que les au-
tres, c’est-à-dire qu'elle s’évapore en partie, les chlamydospores
y sont abondantes, les filaments et les sporanges peu nombreux
ou absents. Les phénomènes inverses se produisent si le liquide
de Raulin est légèrement dilué. Quant au gonflement considé-
rable de quelques spores, dont la germination est retardée ou
paralysée complètement, sans qu’il y ait toutefois arrêt dans
l'évolution du protoplasma, nous l’attribuons à l’impression de
la lumière du microscope sur elles quand nous les examinons,
car ces phénomènes ne se reproduisent pas lorsque la germina-
tion s'effectue à l'obscurité. Nous avions, d’ailleurs, observé des
faits à peu près analogues au cours de recherches antérieures
sur les Mucorinées (1). Mais la différence d'intensité lumineuse
(passage de l'obscurité au soleil ou à une très vive lumière sous
le microscope) était très puissante, et toutes les spores d’une
culture avaient alors leur germination paralysée par suite de la
contraction momentanée du protoplasma qui devenait ensuite
granuleux, tandis que dans ces récentes recherches, nous ne
comptons que quelques spores par culture dont la germination
est contrariée. Nous l’attribuons à la faiblesse de l'impression lu-
0) L. Raybaud. Thèse de sciences, Paris. 1911.
854 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (24)
EE SR ee Un
mineuse (passage d’une lumière atténuée à celle du microscope )
parce que ce ne sont probablement que les spores dont la germi-
nation est imminente qui y sont le plus sensibles. Celles qui ne
vont pas encore pousser de tube germinatif, au moment de leur
transport sous le microscope, n’en souffriraient pas. Ce sont les
plus nombreuses. Celles, au contraire, dont la formation du
tube germinatif coïnciderait plusieurs fois de suile avec leurs
observations microscopiques auraient leur germination avortée.
Elles sont évidemment très rares.
Voici, selon nous, l'explication que l’on peut donner de ces
cas anormaux. L'impression lumineuse contracte plus ou moins
le protoplasma suivant Fintensité et la nature des radiations qui
entrent en jeu. Nous avons démontré que la partie la plus con-
_tractile du protoplasma était la partie jeune, c'est-à-dire celle
qui se trouve à l’extrémité des filaments mycéliens. Il n’y a donc
rien d'étonnant que, parmi les spores mises à germer, les plus
impressionnées soient celles qui poussent ou sont sur le point
de pousser un tube germinatif. Ce qui explique le nombre res
treint de ces spores.
EVOLUTION COMPARÉE DE LA TUBERCULOSE CHEZ LES COBAYES
SOUMIS A L'ALIMENTATION NORMALE, RESTREINTE OÙ CARENCÉE,
par G. MourrQuanr, Pauz Micez et P. BERTOYE.
Les rapports de l’alimentation et de la tuberculose ont été
bien souvent étudiés tant par les cliniciens que par les expéri-
menfateurs. Nos recherches ont un but plus général : l'étude
de l’évolution d’un trouble chronique de la nutrition sous l’in-
fluence d’une infection chronique et vice versa. Le scorbut
chronique du Cobaye, tel que nous l'avons réalisé, nous a fourni
un trouble de la nutrition que nous connaissons dans son étio-
logie, ses phasés évolutives et ses manifestations.
Nous avons déterminé l'infection chronique par le Bacille de
Koch. Nous nous sommes servis pour cela de cultures âgées de
1 à ÿ mois environ. Nous en avons pris, chaque fois, 7 megr.,
que nous avons dilués dans 200 c.c. d’eau physiologique. A
chaque série nous avons injecté, à la même heure, r c.c. de la
dilution. Nous avons expérimenté sur des Cobayes, qui ont été
divisés en trois séries.
La première éorprend 15 éd Ils ont été incculés avec
un Bacille de provenance humaine, sur une culture vieille d’un
mois. Deux Cobayes ont été mis au régime éminemment scor-
ne de a ie M tbe mntuisiata tete d bts. ai: moon.
És ) 2 5
(25) SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE Rs)
Re
butigène de 30 gr. d'Orge moulue et de 10 gr. de Foin : ils sont
morts au 30° et au 34° jour avec des signes de scorbut aigu et
une tubereulose de moyenne intensité, localisée aux organes
abdominaux. Parmi les autres, 6 ont été laissés à des régimes
contenant des quantités insuffisantes de substance anti-scorbu-
tique, fournis soit par de l'herbe d'Orge desséchée 8 heures à
37°, soit par du jus de Citron stérilisé, à la dose de 5 ou ro e.c.;
- ont eu des régimes pleinement suffisants en substance anti-scor-
butique, soit ro c.c. de jus de Citron frais, soit ro gr. d'herbe
fraîche d'Orge. Sur ce nombre, 2 sont morts accidentellement
au 8° jour, ro sont morts entre 35 et 47 jours, présentant des
lésions de tuberculose identiques, quelle qu'ait été leur alimen-
tation. Enfin, 3 sont morts entre le 66° et Le 88° jour : l’un était
au jus de Citron frais, l’autre à l’herbe d’Orge fraiche, et le
troisième à l'herbe d'Orge desséchée. À l’autopsie, nous avons
trouvé des lésions analogues qui ne différaient quantitativement
qu’en raison de la survie plus ou moins grande.
La seconde série comprend 16 Cobayes. La culture employée,
la même que pour la série précédente, était âgée de 4 mois. { ani-
maux étaient au régime du chenil, 6 à l'Orge, au Foin, avec
10 c.c. de jus de Citron stérilisé, 6 à l'Orge, au Foin, avec 10 c.c.
de jus de Citron frais. Au 61° et au 63° jour, on sacrifie 3 ani-
maux de chaque série, et on constate que les lésions anatomiques
sont à peu près analogues. Les autres sont morts au 81° et au 144°
jour avec des lésions d'autant plus importantes que la survie
avait été plus longue, sans égard pour le régime alimentaire.
La troisième série comprenait 16 Cobayes. On emploie le même
Bacille qui a 9 mois de culture. Les régimes sont identiques aux
précédents, mais l’inoculation n’est faite qu’au 28° jour, afin de
créer l'infection sur un terrain déjà modifié par l'alimentation.
Les Cobayes qui recevaient du jus de Citron frais sont morts du
25° au 9b° jour, ceux qui recevaient du jus de Citron stérilisé,
du 29° au 94° jour. Quant aux animaux mis au régime du chenil,
4 ont été sacrifiés à des époques diverses pour servir de terme de
comparaison, et 2 sont morts au 166° et 169° jour de l'expérience.
Les constatations que nous avons faites nous ont amenés aux
conclusions suivantes. Le scorbut du Cobaye évolue chez l’animal
tuberculisé avec la même intensité, et dans le même laps de
temps, que chez l’animal sain. Sous l'influence du Bacille de
Koch, on ne voit pas l'organisme réclamer un taux plus élevé
de substance antiscorbutique et les régimes non scorbutigènes
chez le Cobaye sain demeurent tels chez le Cobaye tuberculisé (x).
L'évolution anatomique des lésions tuberculeuses paraît se
(1) C. R. de la Soc. de biol., 15 juillet 1922.
856 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (26)
Re RE ER
poursuivre chez Île Cobaye indépendamment de l'alimentation.
Quel que soit, en effet, le régime donné, on trouve, à l’autopsie,
des lésions à peu près identiques chez des Cobayes morts ou sa-
crifiés le même jour. Cette proposition toutefois ne reçoit pleine
confirmation qu'au cours des premiers mois de l’évolution de la
tuberculose. Passé le 5° mois, chez le Cobaye, il se produit sou-
vent un ralentissement des destructions anatomiques, qui ne
progressent plus que lentement à partir de cette date.
L'évolution clinique jugée par la survie semble, au contraire,
fonction de l'alimentation. Un régime de laboratoire, même sil
s’est montré, chez l'animal sain, capable d'assurer une bonne
nutrition, une croissance et une reproduction normales, ne per-
met qu’une survie relative et s'accompagne de déchéance et
d'amaigrissement. Le régime abondant et varié du chenil, au
contraire, assure pendant de longs jours un état général satis-
faisant. Ce n’est que très longtemps après les Cobayes du
groupe précédent que l'on voit succomber les animaux témoins.
(Laboratoire de pathologie et de thérapeutique générales
de la Faculté de médecine de Lyon).
MiLrEU NON ALBUMINEUX POUR L'ISOLEMENT, LA CULTURE
ÿ ET LA CONSERVATION DU GONOCOQUE,
pan ss Cosra et LE Boxer.
On sait combien le Gonocoque est exigeant pour ses milieux :
il ne se développe ni sur gélose ordinaire, ni sur gélose glycé-
rinée, pas plus qu'en gélatine ou sur sérum soluble ; il a besoin,
pour se multiplier, d’albumine non coagulée. Aussi l'isolement,
et, plus encore, la culture et la conservation du Gonocoque pré-
sentent-ils des difficultés connues de tous les laboratoires, et sur-
tout de ceux qui préparent des récoltes pour les vaccins.
Sans doute, Vedder (1) a montré que l'’amidon chauffé peut
remplacer les albumines. Mais le milieu gélose-amidon, que nous
avons longtemps employé, est de composition inégale, et parfai-
tement opaque, impropre, par suite, à l'isolement ; de plus,
même en améliorant, comme nous l'avons fait, le procédé, par
la filtration, le milieu subit, parfois, à la longue, des modifica-
tions qui le rendent impropre à la culture. En somme, bien que
marquant un grand progrès et susceptible de rendre de grands
G) Vedder. Journal ‘of inf. diseases, t. XVI, mai 1915, p. 385. Voir aussi
Bluizot. Arch. Inst. Pasteur de l’Afrique du Nord, t. TE, 1921, n° 2, p. ro0.
(27) SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 857
RE —————————————
services, surtout pour les récoltes, ce milieu ne nous à pas paru
remplir les conditions généralement exigées en pratique bactério-
logique. Aussi, nous sommes-nous proposé de chercher un mi-
lieu facile à préparer, stérilisable en son entier, de composition
uniforme, transparent, et pouvant servir à la fois à l'isolement,
à la culture et à l'entretien du Gonocoque.
Ce milieu a été réalisé par nous, il y a plus d’un an, et employé
depuis lors sans interruption. Il est caractérisé par l'addition, à
la gélose, de gomme adragante, qui, on le sait, est l’exsudation
concrète de l’Astragalus gummifer et de quelques espèces voisi-
nes. Voici, au surplus, la technique de la préparation du milieu
aussi bien pour l'isolement, la culture et la récolte (A) que pour
l'entretien des souches (B).
A. — Milieu solide
Méndede bœutrhachée 204.400 .. uReNeeeee Roc oo
Clilitors dE TES RE ON RAR EE RER Her.
onloné Ar Re Le... ceeescsctee.e DONC
Édiose 28 NP RER PR D ER CE 30 gr.
Gomme adragante pulvérisée .............................. 10 gr.
ee emo e à lee net e one se esters eee oo OS:
Faire macérer la viande, à l’étuve à 37°, dans 1.200 c.c. d’eau
pendant 5 à 6 heures. Passer, avec expression, à travers un linge
serré. Ajouter le chlorure de sodium et la peptone. Porter à l'ébul-
lition. Filtrer sur Chardin mouillé. Neutraliser à la soude. Le
point de neutralité au tournesol étant obtenu aussi exactement
que possible, alcaliniser avec 7 c.c. de solution normale de soude.
Compléter à r litre avec de l’eau.
Dans un mortier en verre, bien sec, d’une capacité de 1.000 c.c.
au moins, triturer la poudre de gomme adragante pour ramener
à l’état pulvérulent les particules agglomérées, puis la délayer
soigneusement dans le bouillon. Cette opération est délicate.
Pour éviter la formation de grumeaux, il est nécessaire, surtout
au début, de verser le bouillon par très petites quantités à la fois
et d'agiter, après chaque addition, par un mouvement de rotation
du pilon, jusqu'à homogénéité parfaite de la masse. Quand le
bouillon a été complètement absorbé, verser le mélange dans un
ballon de x lit. r/2 ôu 2 lit., ajouter la gélose préalablement gon-
flée dans l’eau et essorée. Chauffer à l’autoclave vers r115° pen-
dant 30 min. pour liquéfier la gélose. Filtrer à chaud, après avoir
agité, comme pour les milieux gélosés habituels. Répartir et sté-
riliser vers 115° pendant 30 min.
La transparence du milieu A est presque aussi parfaite que celle
_ de la gélose ordinaire et diminue très peu par vieillissement. Sa
surface est moins sèche, plus visqueuse, à égalité de consistance :
il est plus adhérent. Il se prête à tous les usages : en tubes ineli-
Brococrie. CoMpTESs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 5e
828 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (28)
nés, à la culture ; en. boîtes de Roux, aux récoltes abondantes ; en
boîtes de Petri, à l'isolement. Le Gonocoque s'Y conserve vivant
pendant huit jours au moins.
B. Milieu mou ou semi-liquide pour Fentretien des souches. Se
prépare comme le milieu solide, mais seulement avec 3 gr. de
gélose p. 1.000. Les culots de milieu mou gardent indéfiniment
leur transparence ; ils ne présentent jamais, à leur surface, la
couche liquide qui se collecte parfois sur les milieux à l’amidon
et qui est un: obstacle au développement du Gonocoque. En sur-
face, sur ce milieu, le Gonocoque se conserve vivant pendant un
mois et davantage. Il n’est pas besoin de dire que le milieu gé-
lose-comme adragante, si favorable à la culture du Gonocoque se
prêle aussi bien à la culture du MEME ES qui, d’ailleurs, est
habituellement moins exigeant.
(Laboratoire de bactériologie de l'Ecole de médecine de Marseille).
SUR LA PRÉSENCE DE SUBSTANCES AMYLACÉES
DANS LA GOMME ADRAGANTE
ET DE LEUR INUTILITÉ POUR LA CULTURE DU GONOCOQUE,
par S. Cosra et L. Boyer.
La gomme adragante contient toujours de l’amidon ; au eon-
tact de l’eau, elle se transforme en un mucilage insoluble ; forte-
ment étendue et filtrée, elle laisse un résidu que l’eau iodée co-
lore en bleu. Or, nous avons signalé, dans une précédente note.
l'usage que Vedder avait fait de l’amidon dans la préparation des
milieux de culture pour ke Gonocoque. Il était donc indiqué de
déterminer, dans notre milieu gélose-gomme adragante, si favo-
rable au ibrelonpenent de ce germe, le rôle joué par les substan-
ces amylacées. Tel a été l’objet des recherches dont Findication
est succinctement donnée ci-dessous.
Pour obtenir un milieu privé d’amidon, mais contenant autant
que possible tous les autres éléments de la gomme adragante,
nous avons attaqué les matières amylacées par les ferments solu-
bles de l'Orge germée. Après avoir déterminé la quantité de ma-
cération de malt nécessaire pour transformer complètement, en
maltose, l’amidon contenu dans la gomme adragante que nous
utilisons, nous avons fait agir dans les mêmes conditions de mas-
ses, de température (60°-65°) et de temps, la macération de malt
sur la gélose-adragante préparée comme nous l'avons indiqué
dans une précédente note. L'absence de matières amylacées était
constatée sur des prises d’essai, par la réaction à l’iode. Les condi-
(29) - SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 899
tions de l'expérience ont été telles que l’amylase et la dextrinase
contenues dans l'extrait de malt sont entrées en action. Le milieu
a été ensuite réparti en tubes, autoclavé pour détruire germes et
ferments, et les tubes inclinés. Ensemencées sur cette gélose-
adragante privée d’amidon et de dextrine, les diverses souches de
Gonocoque que nous possédons au laboratoire ont poussé aussi
abondamment que sur les milieux primitifs.
Pour éliminer enfin, dans la mesure du possible, les substances
solubles du malt, susceptibles peut-être de favoriser le dévelop-
pement du Gonocoque, nous avons répété la même expérience
avec les ferments solubles de l'Orge germée purifiés par précipi-
tations par l'alcool et redissolutions successives dans l'eau dis-
tillée. Comme dans la première épreuve, le Gonocoque s’est très
bien développé sur ce milieu ainsi amylolysé.
Ces expériences nous démontrent que l’action favorable de la
gomme adragante dans les milieux solides pour le développement
du Gonocoque ne tient ni à la présence de l’amidon, ni à celle des
corps voisins qui peuvent en dériver. Peut-être est-elle due sim-
plement à une plus grande humidité de surface de la gélose ou
à la viscosité particulière des pseudo-solutions de gomme-adra-
gante ; c'est-à-dire, ainsi que nous le pensions a priori, à une
modification physique du milieu.
(Laboratoire de bactériologie de l'Ecole de médecine de Marseille).
QUELQUES CARACTÈRES DES CONTRACTIONS AGONIQUES
DU MYOCARDE HUMAIN OBSERVÉES SUR LE COŒUR A NU DE DEUX FOTUS
NON VIABLES,
par CHarLes MarTrer.
Voici, brièvement résumées, quelques notes prises, en r913,
à la Clinique obstétricale de l'Ecole de médecine de Marseille,
sur les contractions agoniques du cœur fœtal chez deux fœtus
non viables, expulsés l’un au 4°, l’autre au 5° mois de la eros-
sesse, et autopsiés peu après l'avortement.
Observation I. Fœtus expulsé au 4° mois de la grossesse, le
8 août, à 20 h. 25, par une mère probablement spécifique ; lon-
gueur du fœtus, 22 em.; poids, {oo gr.; aucun signe apparent de
la vie.
Autopsie : une heure après l'expulsion. L'ouverture de l’abdo-
men montre un épanchement hématique dans la cavité abdomi-
nale. On prélève pour des recherches spéciales une tranche im-
portante de foie ; la coupe hépatique est absolument exsangue.
860 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (30)
Aucun signe net de circulation périphérique. La cavité thoraci-
que ouverte par ablation du plastron sterno-costal contient ur
épanchement hématique bilatéral et péricardique. Le cœur est
animé de battements rythmés et réguliers dont voici les carac-
tères généraux : la contraction ventriculaire attire d'abord les
regards. Née dans le ventricule gauche, elle réduit les dimensions
verticales et transversales du ventricule, porte la pointe en avant,
en dedans et un peu en haut ; la face gauche tend ainsi à devenir
antérieure ; l’onde contractile se propage ensuite au ventricule
droit. La contraction auriculaire est infiniment moins fréquente
que la contraction du ventricule et traduit ainsi une complète
dissociation auriculo-ventriculaire. Elle est très brève, comme
une courte secousse électrique, et passe rapidement de l'oreillette
droite à l'oreillette gauche, sans rien provoquer ensuite de ventri-
culaire. Les contractions ventriculaires sont trois fois plus nom-
breuses que les contractions auriculaires. À 2r h. 5o, en effet,
on note 14 contractions ventriculaires régulières par minute,
et 3 contractions auriculaires par minute seulement. De
22 à 23 heures, les contractions cardiaques toujours dissociées
persistent avec un rvthme peu modifié : 11 à 9 contractions ven-
itriculaires, 3 à 2 contractions auriculaires par minute. Elles
sont très nettement accélérées (les contractions ventriculaires
passant de q à 14, les auriculaires de 2 à 3) et apparaissent en
salves proportionnées à l'excitation lorsqu'on pince la masse in-
testinale, le nerf phrénique dans la portion thoracique supé-
rieure de son trajet. La traction rythmée de la langue n’a aucune
action sur les contractions. L'action du pneumogastrique et du
de na pu être convenablement observée.
À 23 h. 5, en faisant couler goutte à goutte sur le cœur à ru
une solution tiède de sérum physiologique, les contractions ven-
iriculaires s’accélèrent nettement, passant de 10 à 14 contractions
par minute ; contractions auriculaires peu modifiées.
Après ro minutes, malgré le sérum, les contractions ventricu-
faires deviennent plus superficielles et moins fréquentes ; elles
cessent à 23 h. 30. Les contractions auriculaires gardent leur
rythme et leur énergie et persistent jusqu à 23 h. 45. Après dix
minutes d'arrêt complet, le pincement du myocarde ventricu-
laire provoque encore quelques ébauches de contraction. À mi-
nuit, tout s'arrête définitivement, 3 h. 1/2 ip la cessation de
la vie normale.
On note à l’autopsie qui s'achève ensuite, un poumon absolu-
ment atélectasié plongeant dans l’eau, un canal artériel et un
trou de Botal très nets. Les testicules sont encore dans la fosse”
iliaque, la surface cérébrale est lisse, la lobulation rénale est très
nette : carâctères tous én rapport avec l’âge du fœtus.
(31) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 861
Observation 11. Fœtus né 160 jours après les dernières règles,
mère âgée de 15 ans et demi apparemment non spécifique. Poids
du fœtus, 630 gr., longueur 30 cm., expulsion le 11 août, à
13 h. 45. Dès l'expulsion, l'enfant fait deux inspirations ; la ré-
sion précordiale est soulevée de battements cardiaques réguliers,
au nombre de 44 par minute. Insufflation bouche à bouche, l'en-
fant étant relié par le cordon à sa mère, jusqu'à 14 h. 15. Le
cordon ne bat plus depuis l’expulsion ; après la section du cordon
bains froids, bains chauds, alternés; rythme cardiaque inchangé;
thorax absolument immobile et malgré l'insufflation, aucune
inspiration spontanée. Couveuse de 14 h. 15 à 15 h. À 15 h., les
battements cardiaques cessent d'être perceptibles à la vue et à
l’auscultation. Autopsie à 15 h. 45 ; circulation phériphérique à
peine perceptible. Le cœur est animé de contractions dont voici
les caractères. Contractions ventriculaires, très faibles, très su-
perficielles, n’arrivent pas à déplacer la pointe, assez fréquentes.
Les contractions auriculaires, bien moins fréquentes et très éner-
giques, apparaissent par série de deux, sorte de rythme couplé
auriculaire ; synchronisme net entre les contractions des oreil-
lettes. La contraction de l'oreillette même se fait brusquement en
une secousse énergique et très brève, puis la contraction se pro-
page à l’auricule qui, lentement, diminue de volume et ramène
sa pointe en avant et vers le bord du cœur. Les contractions s’ac-
célèrent quand on pince le myocarde, quand on l’humecte de
sérum physiologique ou qu’on pince la masse intestinale. L’exci-
tation du phrénique est sans action. À 15 h. 45, on note 18 con-
tractions ventriculaires pour ro auriculaires. À 16 h. 15, qua-
torze contractions ventriculaires pour 6 auriculaires. À 16 h. 30,
plus de contractions ventriculaires, 5 contractions auriculaires
par minute. Il est curieux de constater qu'à partir de 16 h. 30,
l’onde contractile visible commence par l’auricule et se propage
de bas en haut et de droite à gauche pour l'oreillette droite, de
bas en haut, et de gauche à droite pour l'orcillette gauche. A
16 h. 52, quatre contractions auriculaires par minute, à 57 h. 40,
deux contractions auriculaires par minute, de 17 h. 4o à 17 h. 45,
12 contractions auriculaires en 5 minutes, même rythme jusqu’à
18 heures. Toute contraction disparaît alors, 4 h. 15 après l’ex-
pulsion, 3 h. après la disparition de tout signe apparent de la vie.
Le caractère sommaire de ces observations et la condition des
sujets légitiment les plus grandes réserves dans l'interprétation
des faits observés et surtout dans leur comparaison avec les phé-
nomènes de la contraction cardiaque de l'adulte dont les travaux
de His, Tawara, Askoff, Keith et Flack, Thorel, Wencxebach,
Mackenzie, Vaquez, etc., ont éclairé la physiologie normale et
pathologique.
862 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (32)
EE] — —" — —
Il importe cependant de retenir quelques éléments de ces cons-
lattes tout à fait accidentelles :
° La persistance, pendant plus de 3 heures après la dispari-
tion de tout signe apparent de la vie, des propriétés d'excitation,
de contractilité, d’excitabilité du myocarde humain fœtal exposé
à l'air et abandonné à lui-même. Quant au pouvoir de conducti-
bilité, tout se passe comme s’il avait disparu avec les signes appa-
rents de la vie.
La persistance, pour un temps presque aussi long, de cer-
tains pouvoirs réflexes du système végétatif comme le démontrr
l’accélération des contractions ventriculaires et auriculaires pro-
voquée par le pincement de la masse intestinale.
3° Les caractères assez nets de l’activité myocardique obser-
vés : la marche de la contraction auriculaire que l’on a pu voir
obs. I aller de l'oreillette droite à l’oreillette gauche. La marche
de la contraction ventriculaire allant du au gauche au
ventricule droit dans l'observation r.
4° Les caractères de la dissociation auriculo-ventriculaire
avec le rythme si distinct des oreillettes et des ventricules tradui-
sent une dissociation complète. Il est intéressant de signaler, à
ce point de vue, que le rythme idio-ventriculaire était ici de beau-
coup plus rapide que le rythme auriculaire.
5° Mais malgré la lenteur des contractions auriculaires, ce sont
elles qui ont survécu à toutes les contractions myocardiques. De
toutes les localisations cardiaques, les centres de l'oreillette
droite, centres émetteurs primordiaux des ondes contractiles,
sont ceux qui conservent le plus longtemps leur pouvoir d’émis-
sion. À'leur niveau a été vraiment, chez les deux fœtus observés,
« l’ullimum moriens » de l’automatisme cardiaque.
LA CHRONOLOGIE DES PROCESSUS DE MÉTAMORPHOSE
EFFECTUÉS A LA VOUTE PALATINE DES SALAMANDRIDÆ,
par PAUL WINTREBERT.
La transformation de l'arc denté interne voméro-ptérygo-pa-
latin est liée aux changements pénéraux de la base du crâne, et
surtout au remaniement de la région ethmo-nasale en avant et
du carré, en arrière. De plus, les modifications de chacune de ses
parties constituantes ne se produisent pas au même moment, ni
de la même façon. Si l’on veut: apercevoir, dans leur ensemble,
les événements complexes qui mènent à l'édification de la forme
parfaite, il est donc nécessaire d'établir avec précision leur SuC-
cession chronologique.
O2
(33) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 86
J'ai examiné à ce point de vue les rapports que présentent
entre eux le vomer, la plaquette dentée et l'aile ptérygoïdienne
du ptérygo-palatin, le plancher nasal échancré en avant sur la
ligne médiane par le cavum internasale, percé en arrière par l’ou-
verture des choanes, le cartilage antorbital, le ptérygoïde cartila-
gineux et le carré. J’ai repéré par la dissection les dispositions
relatives de ces organes chez des larves de Salamandra maculosa
Laur, dont la métamorphose externe était, de plus, avancée. Le
procédé technique consiste à enlever d’un bloc, par une incision
transversale et horizontale, le vomer et le ptérygo-palatin, d'un
côté, avec les plans sus et sous-jacents, avec la muqueuse buccale
qui les tapisse inférieurement, le plancher nasal, le ptérygoïde
cartilagineux, le carré et les parois inférieures des loges orbitaire
et témporale placés au-dessus d'eux : on dissèque ensuite, sous
le microscope binoculaire, les éléments divers de la lame isolée.
I. À la fin de la vie larvaire, le vomer allongé et triangulaire,
long de 1,5 mm., portant en son centre 35 dents sur 2 et 3 ran-
gées longitudinales, adhère fortement en haut au cartilage nasal
et, en arrière, par des ligaments, au ptérÿgo-palatin. Gelui-ci,
reposant en avant et en dedans sur le trabécule crânien et sur la
base du cartilage antorbital, en aïrrière et en dehors sur le carti-
lage carré, traverse en pont la partie inférieure des loges orbi-
taire et temporale ; il a, dans son ensemble, l'aspect d’une ha-
chette de 3 mm. de long, dont la lame antérieure tournée en de-
dans porte 5 à 6 dents, tandis que le manche élargi, en arrière,
est dépourvu de dents. La choane s'ouvre en dehors de l’attaché
du vomer au ptérygo-palatin. Le cartilage antorbital est une lan-
guette aplatie qui passe transversalement derrière la choane et se
termine librement à distance du maxillaire. Le carré se dirige en
bas, en avant et en déhors, pour s’articuler avec la mâchoire in-
férieure. Le ptérygoïde cartilagineux, tige étroite qui émane du
carré dans la partie interne qui avoisine son milieu, se dirige
d’abord directement en avant, sur la face dorsale du ptérygo-
palatin, puis se coude en dehors, derrière le fascia prétemporal ;
il est inclus dans une gaine fibreuse que lui fournit la paroi in-
terne de la loge temporale ; son extrémité, libre dans cette gaine,
s'oriente avec le fascia prétemporal vers le maxillaire (x).
IT. Dès le début de la métamorphose externe (réduction des
branchies, diminution des limbes caudaux, accentuation mani-
feste des taches jaunes sur tout le corps), le vomer, la plaquette
dentée et la tige moyenne du ptérygo-palatin sont remaniés. Le
vomer, par un foisonnement dentaire intense, localisé à sa par-
_ ie interne et postérieure, émigre peu à peu dans la direction des
(DC: R- de l’Acad. des sc., t. CLXXV, n° 2, 1922.
864 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (34)
SE
dents nouvelles qui le forment, et régresse en sens inverse, c'est-
à-dire du côté antérieur, et externe. La plaquette dentée et la tige
ptérygo-palatines se résorbent sur place et disparaissent entière-
ment. Il ne reste bientôt du ptérygo-palatin larvaire que l'aile
postérieure ou ptérygoïde osseux. Aucune modification du sque-
lette cartilagineux n’est bien apparente à ce moment, de sorte
que la première phase de la métamorphose réside surtout dans
la transformation de l'arc osseux larvaire : la résorption de la par-
tie antérieure du ptérygo-palatin, la migration du bord vomérien
denté (x). à
LIT. La seconde phase est caractérisée surtout par les modifica-
tions du squelette cartilagineux de la base du crâne. La capsule
nasale se dilate et porte le museau en avant : le cavum internasale
s'agrandit ; l’extrémité distale du carré se déplace en arrière, en-
traïnant en même temps les ptérygoïdes osseux et cartilagineux,
attachés à sa face ventrale et à son bord antérieur. Bientôt, le
suspenseur de la mâchoire inférieure, au lieu d'être tourné en
avant, se dirige en arrière, de sorte que l'extrémité antérieure du
ptérygoïde osseux regarde non plus en dedans, mais en dehors.
Le ptérygoïde cartilagineux, précédemment coudé en dehors,
redresse sa pointe et s’allonge maintenant en ligne droite vers le
maxillaire supérieur. Vers la fin des remaniements de la boîte
cartilagineuse du crâne, les extrémités pointues antérieures des
ptérygoïdes osseux et cartilagineux, croisées depuis le temps où
la tige cartilagineuse s’était coudée en dehors chez la larve, rede-
viennent parallèles par l’effet d'un remaniement propre du pté-
rygoïde osseux, dont la branche antérieure se rapproche de la
branche postérieure. Le ptérygoïde cartilagineux prend sur le
tard un grand accroissement ; il peut suivre deux voies : la voie
juxtamaxillaire (Amblystoma punctatum, Ranodon), indiquée
par Wiedersheim (1877), ou la voie cireumtemporale (Salaman-
dra maculosa) (2). Le cartilage antorbital subit aussi une crois-
sance très vive qui le porte en avant et en dehors au contact du
naxillaire supérieur.
Pendant toute cette seconde période, où s’opèrent les princi-
paux changements du crâne cartilagineux, le bord denté du
vomer atteint progressivement sa place définitive, et le ptéry-
goïde osseux, décalcifié en partie, réduit à une lame membra-
neuse élastique et flexible, ébauche la forme qu'il réalisera chez
l'adulte parfait. Cette seconde phase de la métamorphose palatine
dure du premier tiers à la fin des transformations externes ; elle
se prolonge même au delà du temps où l’animal a revêtu sa pa-
(1) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 595, 1922. C. R. de l’Acad.
des se., t. CLXXV, p. 230.
(2) Loc. cit.
EEE me |
rure terrestre (fentes branchiales et operculaires fermées, queue
sans limbes, presque cylindrique, paupières présentes), car c'est
à ce moment que le cartilage antorbital et le ptérygoïde cartila-
gineux présentent leur plus vive croissance,
IV. La troisième phase est celle de la fixation des changements
effectués, celle de l’ossification définitive du vomer et du ptéry-
soïde. Le bord denté du premier se consolide ; c’est la seule par-
tie de la voûte palatine qui soit, chez l'adulte, d'origine dentaire :
le bouclier vomérien et tout le territoire du ptérygoïde sont cons-
titués par une ossification membraneuse directe. Cette troisième
phase, ou phase d'achèvement de la forme terrestre, est contem-
poraine des premiers temps de la vie aérienne chez l'adulte par-
fait.
(35) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 86
DosAGE DU POTASSIUM DANS LE SÉRUM SANGUIN,
par D. OruEr, L. Payan et J. BERTHIER.
La recherche du potassium dans le sang soulève un certain
nombre de problèmes théoriques et pratiques que nous ne croyons
pas épuisés par les travaux antérieurs. Il est à remarquer, en
effet, que cette recherche a été, en somme, assez rarement prati-
quée ; sans doute, les dosages auraient été plus nombreux s'ils
n’exigeaient pas des méthodes longues et délicates ; et il est re-
grettable qu’on ne puisse songer à employer dans ce cas un pro-
cédé simple, d’une application courante en clinique.
Critique des méthodes antérieures. Le dosage du potassium:
dans les liquides organiques où il se trouve, non seulement à
l’état de sels divers, mais encore en présence d’autres bases (so-
dium, calcium, magnésium), a jusqu'ici été fait par la méthode
générale de séparation du sodium et du potassium, après leur
transformation en chlorures, par l'acide chloro-platinique en
milieu alcoolique, les diverses autres bases et acides ayant été
préalablement éliminés.
Mais cette méthode nécessite des opérations chimiques nom-
breuses (précipitations, filtrations), destinées à séparer des autres.
substances le potassium et le sodium sous forme de chlorures ;
et si l’on tient compte de la dilution considérable à laquelle on
parvient à la fin de ces opérations et de la minime quantité de
potasse sur laquelle on opère, on est obligé de reconnaître qu'il
s’agit d’un procédé long et compliqué, peu compatible avec des
examens en série, pratiqués souvent sur une petite quantité de
Sérum, et susceptible enfin d'erreurs, minimes sans doute avec
866 RÉUNION BIOLOGIQUE PE MARSEILLE (36)
une bonne technique, mais dont la somme peut être assez impor-
tante en regard des faïbles résultats trouvés.
Après avoir reconnu l'impossibilité d'employer les autres pro-
cédés préconisés dans certains cas pour le dosage du potassium
(méthode au tartrate double, au perchlorate de Schlôsing-Wense,
à l’indure double de bismuth et de potassium de À. Carnot) qui
transforment le potassium en sels considérés comme insolubles
dans l'alcool, mais relativement encore trop solubles au point
de vue qui nous intéresse, nous:avons utilisé, mais non sans mo-
difications notables, la méthode au chloroplatinate de Finkener-
Neubauer.
Elle présente le double avantage : 1° de ne pas exiger la trans-
formation en chlorures ; 2° de ne pas éliminer les diverses sub-
stances minérales autres que le potassium ou le sodium du li-
quide à examiner.
Principe de la méthode. Dans la solution contenant diverses
bases avec le potassium sous forme de sels divers et débarrassée
de l’ammonium dont le chloroplatinate a tous les caractères d’in-
solubilité du chloroplatinate de potassium, on précipite tout le
potassium à l’état de chloroplatinate en présence d’alcool-éther
ou d’acétone. Les chlorures sont transformés en ehloroplatinate
par un excès de chlorure de platine; d'autre part, l'alcool préci-
pite quelques sels, notamment le sulfate de sodium. Si bien que
l’on a, après filtration, un fiftrat contenant les chloroplatinates
autres que celui de potassium €t les sels solubles dans l’alcool ou
l’acétone, et sur le filtre, le chloroplatinate de potassium «et les
sels insolubles, à l'exclusion de tout autre chloroplatinate et des
chlorures, puisque ces derniers ont été complètement transfor-
més en chloroplatinates. Il ne s’agira plus que d'évaluer le chlo-
roplatinate de potassium, qui est soluble dans l’eau ét facilement
décomposable en platine et en chlorure de potassium, pour con-
naître la quantité de potassium qui lui est combinée.
Exposé de la technique. Nous procédons de la façon suivante :
Après désalbumination par l’acide trichloracétique ou par
T’alcool comme pour le dosage de l’urée sanguine, on opère sur
un volume du filtrat correspondant à ro c.c. de sérum, que l’on
concentre par ébullition lente dans une capsule de porcelaine en
présence de 2 c.c. de soude (exempte de potasse) au r/100, pour
éliminer l'ammoniaque. Le volume est réduit à 2 ou 3 c.c. On
acidifie avec [FT gouttes d'acide chlorhydrique au tiers et l’on
ajoute à ce liquide 0,5 à 1 c.c. d’une solution aqueuse de chlorure
de platine au dixième. Après évaporation lente (bain de sable
où lampe à alcool) jusqu'à siccité et refroidissement, on traite
le résidu par environ 10 c.c. d’acétone. Le précipité est soigneu-
sement broyé dans la capsule au moyen de l'extrémité aplatie
1°
r
(37) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 867
d'un agitateur de verre. On laisse reposer une vingtaine de mi-
nutes. On filtre. On lave de filtre cinq -ou six fois à d’acétone, puis
à l’éther pour enlever l'acétone résiduel, et on chasse l’éther par
un essorage actif à la trompe.
2° Sur le filtre lui-même, on jette 20 c.c. d’eau bouïllante qui
dissout le précipité de chloroplatinate de potassium et des sels
insolubles dans l’acétone. On obtient ainsi une liqueur jaune
qu'on portera quelques minutes à l’ébullition après avoir ajouté
1 c.c. de soude au dixième et 0,5 c.c. d’une solution de formol
au dixième. Le chloroplatinate de potassium est décomposé en
platine et en chlorure de potassium.
Après filtration, on pourra soit peser le platine (asséché à
l’étuve), soit doser par la méthode de Charpentier-Vohlard de
chlorure ; et l’on en déduira le poids de potassium correspondant
‘à 10-C.C. de sérum. |
(Laboratoire de pathologie interne à l'Ecole de médecine
de Marseille).
LE POTASSIUM DU SÉRUM SANGUIN DANS L'INSUFFISANCE RÉNALE,
par D. Ormer, L. Payan et J. BERTHIER.
La toxicité des sels de potasse a été depuis longtemps établie
par les recherches des physiologistes qui ont montré leur action
paralysante sur les museles striés et sur le cœur, convulsivante
sur Je système nerveux. Elle a été confirmée par les travaux de
Bouchard, d’'Astachewski, de Rovighi, de d'Espine, de Lecorché
et Talamon, et surtout mise en évidence par Felz et Ritter qui
aitribuaient à ces sels le rôle fondamental dans la production des
accidents urémiques.
Il nous a paru intéressant de résumer les résultats obtenus par
des dosages de potassium dans le sérum sanguin en utilisant la
méthode que nous avons précédemment décrite. À l’état normal,
le sérum sanguin contient environ de 0,20 à 0,30 gr. de potas-
sium p. 1.000. Cette kaliémie physiologique peut s'exprimer en
-oxyde de potassium K°0 ( approximativement de 0,25 à 0,40 gr.
P. 1000) ou encore en chlorure de potassium (de 0,40 à 0,55
p. 1.000). Ces chiffres se rapprochent des valeurs antérieurement
‘données par Carl Schmidt (0,39 chez l'Homme, 0,254 chez la
Femme en K°0) par Gautier (0,30 à 0,50 gr. en KCÏ, Bezançon
et Labbé (0,31 à 0,33 en K°0). TU faut remarquer que les globules
rouges contiennent la majeure partie du potassium du sang
3,091 gr. sur 3,565 gr. pour le sang total (Bezançon æt Labbé),
-alors que presque tout le sodium se retrouve dans le sérum. |
868 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (38)
A l’état pathologique, les dosages ont été pratiqués chez 24 ma-
lades, qui peuvent être groupés de la façon suivante :
ie Néphrites avec prédominance d'œdèmes, sans rétention
. oo Dans deux cas, le taux du potassium a été de
0,29 et de o,41. Ici donc, ape a été minime ou nulle,
et ce fait est à rapprocher des constatations récentes de Léon Blum
et de Magnus Levy sur l’action diurétique du chlorure de potas-
sium dans certaines hydropisies récentes d’origine rénale ou car-
diaque, le chlorure de potassium traversant facilement les reins
et entraînant même avec lui une certaine quantité de chlorure
4 a
° Néphrites urémigènes avec rélention azotée, sans œdèmes
(9 Il n'y a aucun parallélisme entre le taux de
l’urée et celui du potassium, mais, d’une façon générale, il y a
rétention plus ou moins marquée du potassium dans cette variété
de néphrites. Le chiffre le plus élevé a atteint 0,85 gr. chez un
malade dont l’azotémie était de 2,95 gr. (coma urémique). Chez
un autre urémique, le taux du potassium était à peine le double:
du chiffre normal (0,53 gr. et 0,57 gr.), alors que l’urée était six
ou sept fois plus abondante (2,45 gr.). Par contre, chez un sclé-
reux hypertendu et présentant de l’arythmie cardiaque et du
bruit de galop, l’azotémie était modérée (0,70), la constante
d'Ambard légèrement élevée (0,09) et cependant la kaliémie était
relativement accentuée (0,60).
3° Néphrites avec œdèmes et rélention azotée (7 observations).
Dans tous ces cas, la rétention de potassium a été peu marquée .
parfois nulle. Nous relevons, en particulier, les chiffres suivants:
potassium, 0,36, le taux de l’urée atteignant 0,95 avec une cons-
tante à 0,4 dans un cas de néphrite chronique chez un ancien
saturnin syphilitique et alcoolique. Chez un urémique qui avait
1,70 gr. d’urée dans le sérum sanguin, le porn ne dépassait
pas 0,42 gr.
1° Affections cardio-rénales (3 cas). Le taux je plus élevé x
été de 0,61 gr. chez un malade qui avait 2,15 gr. d’urée dans le
sérum et qui succomba peu après dans le coma. Dans les deux
autres cas, le potassium se maintenait à 0,37 et à 0,39, alors que
l’azotémie atteignait 1,20 gr. et 0,05 gr.
° Dans un cas d’anurie calculeuse au troisième jour, sans phé-
nomène toxique, le potassium s'élevait à 0,50, l’urée à 1,33 gr.
6° Chez une malade atteinte d'insuffisance hépato-rénale à
la suite d'une infection post-partum, nous avons constaté à deux
reprises différentes le taux de potassium le plus élevé, 1,17 gr.,
puis 1,11 gr., l’azotémie étant de 0,99.
7° Dans un cas d’éclampsie puerpérale, le potassium a été dosé:
dans le sérum sanguin et dans le liquide céphalorachidien, et on
(39) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 869
LE LL NICE ER Me ER ete RE ee EE
a trouvé 0,39 dans le premier, 0,36 dans le second, le taux de
l’azotémie étant de 0,90.
Il résulte de cet ensemble de faits qu’on ne constate guère d'hy-
perkaliémie chez les sujets qui ont une azotémie normale et que
le taux du potassium dans le sérum sanguin ne suit pas une
courbe parallèle à celle de la rétention azotée. Il était logique de
rechercher, parmi les manifestations cliniques présentées par les
malades, dont le sérum sanguin contenait un taux élevé de potas-
sium, des symptômes en rapport avec l’action toxique des sels
de potasse, soit du côté du système nerveux, soit du côté des
muscles, du cœur ou du sang. L'examen attentif de nos observa-
tions ne nous a pas permis jusqu'à ce jour d'établir une corréla-
tion entre la forme clinique et la rétention des sels de potasse
dans le sérum des malades d'insuffisance rénale. De nos recher-
ches, et en confirmation de l'opinion classique, il ne ressort pas
que l’hyperkaliémie joue un rôle de premier plan dans la pro-
duction des accidents urémiques.
(Laboratoire de pathologie interne à l'Ecole de médecine
de Marseille).
EMPLOI EN BIOLOGIE D'UN MICROCALORIMÈTRE INTÉGRATEUR,
par À. Trax et J. COTTE.
Nous n'avons pas à rouvrir les discussions qui ont eu lieu au
sujet de la préférence qu'il faut accorder aux méthodes gazo-
métrique ou calorimétrique pour l’étude du métabolisme des
êtres vivants. Les résultats de ces deux méthodes ne sont pas tou-
jours exactement superposables ; suivant les cas, il faut avoir
recours à l’une ou à l’autre ; l'emploi parallèle de toutes les deux
est justifié. De plus, on ne peut songer à mesurer, par les mé-
thodes gazométriques, l’activité physiologique des êtres de petite
taille et les variations que lui imposent les modifications des con-
ditions extérieures, alors que, précisément, ces variations peu-
vent être très grandes dans ce cas. Un Insecte tel qu'une Mouche
domestique doit dégager moins de 1/50 c.c. de CO? par heure, et
il est presque impossible, dans la pratique, d'évaluer avec préci-
sion des volumes de cet ordre, alors surtout qu'il s’agit d’un gaz
soluble dans l’eau, comme l’est CO.
Les calorimètres actuellement employés en physiologie ne peu-
vent pas être utilisés non plus pour les animaux inférieurs. Leur
sensibilité est par trop insuffisante, et déjà pour les animaux et
pour l'Homme, ce ne sont pas des instruments d’une grande per-
810 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (40)
fection. Pour en revenir à l'exemple de tout à l'heure, remar-
quons qu'une Mouche dégage seulement quelques dixièmes au
plus de petite calorie par heure. Il a done fallu combiner un
microcalorimètre nouveau, permettant l'intégration de minimes
quantités de chaleur dégagées dans un laps de temps donné et
les mesurant avec une précision de quelques pour cent. Les expé-
riences que nous avons faites jusqu'ici, avee un appareil relative-
ment peu sensible, ont montré qu’il est déjà possible d'apprécier,
avec l'approximation indiquée, un débit calorifique de 0,5 calo-
rie à l'heure, et nous espérons accroître beaucoup encore la sen-
sibilité de cet appareil, tout en lui conservant sa précision. Le
champ de ses utilisations dans létude des êtres inférieurs et des
fragments d'organes serait alors presque indéfini. Son prineipe et
son fonctionnement seront bientôt publiés ailleurs par Fun de
nous ; nous comptons exposer aussi prochainement les premiers
résultats que donnera son application à la biologie.
SUR L'EXISTENCE DES GROUPES SANGUINS CHEZ LES ANIMAUX,
par E. Panisser et J. VERGE.
Si l'on met en contact des samgs de même espèce, mais prove-
nant d'organismes différents, il peut survenir, soit l’agglutina-
tion, soit la lyse des hématies. Ces phénomènes ont été particu-
lièrement bien étudiés chez l'Homme pendant la guerre (travaux
des auteurs américains, de Jeanbrau, de Giraud, en France, etc.).
À la lumière de ces recherches, on a classé tous les Hommes en
quatre groupes sanguins (Moss). Nous avons recherché à notre
tour, chez les Equidés et chez les Bovidés, s’il fallait opérer une
discrimination dans le choix des donneurs, avant de pratiquer
la transfusion du sang. Nous avons donc essayé de reconnaître si
ces actions réciproques d'agglutination et d'hémolyÿse pouvaient
survenir dans les organismes animaux avec la même fréquence
que dans les organismes humains.
I. Choix des donneurs chez les Equidés. Nous avons opéré sur
de nombreux sérums et de nombreux globules rouges. La récolte
du sérum se fait par les méthodes classiques ; l’obtention des hé-
maties résulte des lavages et de la centrifugation du sang défi-
briné. Les globules, ramenés au volume initial du sang, sont
dilués alors au vingtième en sérum physiologique. Dans les tubes
à agglutination, on place X gouttes de la dilution d'hématies du
donneur. On ajoute ensuite, selon les tubes, X, XX, XXX gouttes
de sérin à essayer, provenant du récepteur. On agite, laisse au
contact une demi-heure et on lit les résultats au point de vue de
(4) SÉANCE DU 15: SEPTEMBRE 811
l'agglutination. Au bout de 2 heures de contact, on peut appré-
cier l'hémolyse. Ces deux réactions : agglutination et lyse sont
done faciles à interpréter in vitro.
Ces phénomènes sont rarement observés chez le Cheval et il
est impossible d’esquisser, comme Moss le fit pour Fespèce hu-
maine, un classement des Equidés en plusieurs groupes. Les sé-
rums normaux équins agglutinent peu les globules rouges équins:
or fois seulement sur 171 essais et toujours cette floculation est
légère. Bien plus, deux sérums d'Ane et un sérumx de Mulet ne
présentèrent que rarement, dans nos expériences, la qualité ag-
glutinante à l'égard des hématies de Cheval (4 fois sur 23: essais).
Encore est-il nécessaire d'ajouter que cette hémoagglutination
fut toujours peu marquée.
Il nous apparaît, par conséquent, à peu près inutile et une
longue expérimentaion clinique avait confirmé par avance ces
recherches théoriques — de se préoccuper des actions réciproques
d’agelutination et de Iyse chez le Cheval et de pratiquer de tels
essais avant de transfuser. Cependant, il est bon de se méfier
lorsque le sujet récepteur a déjà été transfusé plusieurs fois. Nous
possédons en notre laboratoire un Cheval ayant reçu du sang
citraté homologue à maintes reprises. L'étude des pouvoirs agelu-
tinant et lJtique de son sérum, à légard d’hématies de sujets
sains, a mis en évidence des actions manifestes agglutinantes et
bémolytiques. Il semble donc qu'en ces cas — maïs en ces cas
seulement — la recherche des épreuves révélatrices soit indiquée ;
si ces essais sont impossibles, on tâtera la sensibilité du récep-
teur par la méthode de Besredka des injections subintrantes.
IT. Choix des donneurs chez les Bovidés. Nous avons appliqué
aux Bovidés les procédés qui précèdent. Mais, dans cette espèce,
aussi bien entre les individus de même race qu'entre les orga-
nismes de races différentes, on observe des manifestations typi-
ques d’agglutination et de lyse. Certains sérums agglutinent tous
les globules rouges qui leur sont présentés, même leurs propres
hématies. Ces animaux sont, dès lors, particulièrement sensibles
aux transfusions. Cette fréquence relative des actions aggluti-
nantes et lytiques chez les Bovidés expliquerait peut-être pour-
quoi les transfusions sanguines sont parfois si dangereuses ici.
Et les symptômes qui traduisent au dehors l’intoxication de l’or-
ganisme transfusé : dyspnée, œdème aigu du poumon, collapsus
cardiaque, hémoglobinurie, sont sans doute le fait des poisons
hémolytiques ?
Quoi qu'il en soit, sur 36 expériences effectuées en notre labo-
ratoire, 15 fois — soit environ 1 fois sur 2 — l’agglutination des
hématies par les sérums fut intense. Est-ce à dire qu'il faille reje-
ter la transfusion du sang citraté chez le Bœuf ? Nous ne le
812 _ RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (42)
"
croyons pas ; d’ailleurs, les observations de Desliens, de -Van Sa-
ceghem, prouvent que la méthode est souvent inoffensive. Mais.
au moment de pratiquer l'opération, on ne sera jamais assuré de
sa bénignité ; on redoutera toujours une issue fâcheuse chez le
récepteur et le praticien devra être prêt à parer à toute éventua-
lité.
En résumé, les dangers de l’agglutination et de l’hémolyse
sont peu à craindre chez le Cheval. Ils apparaissent, par contre,
beaucoup plus redoutables chez le Bœuf ; mais il sera toujours
possible de les éviter en pratiquant, avant toute transfusion, les
épreuves simples que nous venons d'indiquer.
(Ecole vétérinaire d'Alfort).
ANAPHYLAXIE AU SANG HOMOLOGUE CHEZ LE CHEVAL,
par L. Panisser et J. VERGE.
Nous prélevons à un Cheval suspect d’anémie infectieuse
100 c.c. de sang que nous injectons aussitôt dans la veine jugu-
laire d’un Cheval sain. Deux heures après cette transfusion, se
déclenche chez le sujet sain une crise anaphylactique intense. Elle
se traduit par une vive accélération des mouvements respiratoires
(45 en moyenne par minute au lieu de 12 à 15) et cardiaques (8a
pulsations au lieu de 35 et 4o). La dyspnée est profonde, le flanc
discordant, les muqueuses violemment congestionnées ;. chaque
respiration s'accompagne d'une plainte longue et répétée. Les
masses musculaires de la croupe sont soulevées par des mouve-
ments synchrones de l'expiration. Quatre heures après la trans-
fusion, le pouls demeure vite, filant, presque incomptable. Du
Jetage séro-muqueux souille l'entrée des cavités nasales. Ces phé-
nomènes de choc s’atténuent bientôt. Pour ne pas les rapporter
à une toxicité particulière du sang injecté, nous inoculâmes
20 c.c. du sérum du même donneur dans la veine auriculaire
d'un Lapin. Celui-ci ne manifesta aucun trouble immédiat ou
tardif.
. Seule donc l'idiosyncrasie était en cause. Six jours après cette
première transfusion, nous transfusons à nouveau dans la veine
jugulaire du même animal 2 litres de sang citraté à 4 p. 1.000
provenant d’une jument saine. Le choc se déclencha immédiate-
ment et non plus comme dans l'expérience primitive après une
certaine période d’incubation. Le récepteur est en proie à une
vive anxiété, cœur et respiration s’accélèrent et bientôt apparaît
une réaction cutanée intense : toutes les parties du corps, sauf
(43) SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 873
—————————__————————"".“————————— —————— —— _ —————_——_—.—..
les membres, sont recouvertes de boutons saillants avec horripi-
lation à ce niveau. L’échauboulure (urticaire équine) est surtout
marquée. au niveau de l’encolure et de la croupe. On assiste en-
suite à une sédation des phénomènes généraux et l’animal re-
prend peu à peu son aspect normal.
Est-ce de l'hémo-anaphylaxie dans ce cas ? Il semble que oui
le raccourcissement de la période d’incubation des accidents,
leur symptomatologie précise, leur disparition rapide plaident en
faveur de cette hypothèse. L'apparition de l’urticaire rappelle,
à n’en pas douter, les poussées urticariennes qui, en certains cas,
suivent les injections sériques chez l'Homme. Nous nous trou-
vons ici en présence de manifestations de même nature, dont
l'explication serait dans les réactions vaso-motrices qui accom-
pagnent chez le récepteur la pénétration du sang transfusé (Jean-
brau et Giraud).
L'expérimentation sur ce Cheval ne s’arrêta pas là. Toute trans-
fusion était immédiatement suivie de phénomènes plus ou moins
graves traduisant l'hypersensibilité du sujet. Or, il est impossible
d’incriminer la vitesse de l’acte opératoire, puisque, dans la rè-
gle, cinq minutes étaient nécessaires pour transfuser 5oo c.c. de
sang citraté. En outre, lorsque deux transfusions égales en
quantité étaient pratiquées à 24 heures d'intervalle, les symptô-
mes morbides déclenchés par la seconde étaient beaucoup plus
atténués que ceux düs à la première. Le choc initial vaccine pour
ainsi dire contre le choc du lendemain : il se produit une désen-
sibilisation marquée quoique incomplète de l'organisme. C'est,
en quelque sorte, une « immunité par épuisement ». Aussi appli-
quâmes-nous, dans la suite, à ce Cheval hypersensible, le procédé
des injections subintrantes de Besredka. Les phénomènes de choc
disparurent à peu près complètement.
Nous avons essayé de déceler expérimentalement cette isohémo-
anaphylaxie par des réactions locales. Dans le derme de la paupière
inférieure, nous injections à ce Cheval, à droite, o,r c.c. de ses
propres globules lavés, à gauche, o,1 c.c. des globules lavés de
la jument qui nous avait servi de donneur. Aucun œdème, au-
cune conjonctivite ne survinrent dans les heures consécutives à
nos essais d'intradermo-réaction. Nous avons abouti également
à un échec complet en remplaçant les injections de globules rou-
ges par des injections d'auto ou d'isosérum, faites aux mêmes
doses et dans les mêmes conditions.
En résumé, nous avons observé chez un Cheval des phénomè-
nes morbides manifestes à la suite de transfusions de sang homo-
logue citraté. Les phénomènes avaient l'allure clinique du choc
anaphylactique. L'observation est intéressante en ce sens qu’une
première transfusion peut donner naissance à ces manifestations
Biozocie. CoMPpTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 59
ST4 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (44)
SR ——
typiques d’hypersensibilité. Idiosyncrasie et anaphylaxie sont
impossibles à différencier cliniquement, niais les méthodes d’an-
ti-anaphylaxie permettent, en tous les cas, de pallier aux symp-
tômes fâcheux qui peuvent survenir au cours des transfusions
uniques ou répétées.
_ (Ecole vétérinaire d’Alfort).
INSOLATION MORTELLE CHEZ LE CHIMPANZÉ
ET ALTÉRATIONS MORPHOLOGIQUES DE SON SANG,
par Marcer LEGER,
La mort dramatique et malencontreuse, par suite d'insolation,
de 3 Troglodytes niger E. Geoffroy (3 jeunes, r adolescent), que
nous avions rapportés de la Guinée, région du bas Fouta-Djallon,
nous a permis de constater des altérations marquées de certaines
variétés de leurs globules blancs.
Les animaux sont restés attachés le 1° mârs, par iñnadvertance,
dans la cour de l’Institut de biologie de Dakar, en plein soleil,
de midi à 14 heures. Température au soleil = 40°6, Vent d'est
(qui est le vent chaud du Sénégal), contre lequel d’ailleurs ils
étaient abrités par les laboratoires. Degré hygrométrique = 20.
Les troubles pathologiques présentés rappellent beaucoup ceux
de l'Homme, frappé de coup de soleil, Agitation et cris plaintifs
entendus par l’indigène dé garde); puis crises convulsives ; enfin,
résolution musculaire et coma rapidement mortel. À notré arri-
vée, à 14 heures, les trois Chimpanzés sont agonisants. Deux réa-
gissent encore ; leurs gémissemerits sont entrecoupés par des
soubresauts épileptoïdes. Le troisième, le plus gros, est déjà
inerte. Conjonctives injectées, pupilles insensibles, visage lüi-
sant, peau du front et du cou brülänte, pouls accéléré, pas dé
relâchement des sphincters. Après une courte période de €6ma,
tous trois meurent, malgré lés soins qui leur sont donnés, bäins
frais avec compresses froides sur la tête, La température féctale,
de 4o° quinze minutes après la terminäison fatale, est encore de
38°9 au bout de deux heures, chez celui des ânimaux qui a été
suivi à ce point de vue. |
Le sang prélevé un quart d'heure après la mort, dans le ventri-
cule du cœur, est examiné sur frottis colorés au Léishmaän, au
Giemsa ou au bleu permanganaté de Stévenel. Les hématies se
montrent normales : en particulier pas de poïkilocytosé, de poly:
chrématophilie, ou d’anisocytose ; pas de granülations baséphi-
les. Absence d'éléments nucléés. Les globules blancs ne semblent
(45) séance pu 15 SEPTEMBRE 875
pas diminués de nombre, autant qu’on peut juger par l'examen
de frottis. Il y a, par contre, une certaine perturbation dans la
proportion tie des diverses variétés de leucocytes et des alté-
rations morphologiques marquées de quelques-unes de ceux-ci.
Nous avons relevé les formules leucocytaires suivantes (p. 100) :
Singe 1 Singe 2 Singe 3
Polynucléés neutrophiles .......:...... 57,5 64,7 55,7
Polynucléés éosinophiles ............... (o) (a) (o)
Polynucléés basophiles "00..." (e) (0) 0
MMDHGENÉES Lee... 0. 35,2 23,8 34,3
Grands mononucléaires ...........,..... 7,9 12,1 de)
La comparaison avec la formule établie antérieurement pour
le Singe I, indique la disparition des éosinophiles (4 p. 100),
l'augmentation des neutrophiles avec diminution corrélative des
lymphocytes (45 p. 100). Si le lymphocyte se présente avec sa
forme et sa réaction tinctoriale normales, si le grand mononu-
cléaire a tendance simplement à l’exagération de l’échancrure
de son noyau qui retient moins bien le colorant, il n’en est pas
de même du polynucléé neutrophile. Gelui-ci est parfois altéré
au point d’être méconnaissable : blocs de chromatine informes
et peu colorés, noyés dans une gangue amorphe ressemblant à
de la fibrine. À un degré moindre, la cellule est éclatée et l’on
trouve une étoile irrégulière dont les branches fusent en tous
sens sous forme de prolongements massifs ou déliés, qui s’insi-
nuent entre les hématies voisines ; le protoplasma, dans lequel
on ne reconnaît pas les granulations neutrophiles normales, se
condense en petites boules de dimensions variables. Enfin, quand
la destruction est moins prononcée, on trouve des lobes chromati-
niens biscornus, subdivisés à l’excès, à réaction tinctoriale peu
vive, au milieu d’un protoplasma qui paraît boursouflé. Les
globules blancs restés normaux sont l'exception. En somme, il
ÿ a destruction nucléaire marquée par chromatolyse (sans lésions
pycnotiques nettes) et liquéfaction du protoplasma.
Par ailleurs, l’autopsie (1) n’a montré, comme lésions macros-
copiques, qu’une congestion intense ds organes, en particuliér
des poumons, un épanchement péricardique notable, l’engorge-
ment des vaisseaux superficiels avec turgescence des sinus vei-
neux de l’encéphale. Les ressources limitées dont nous disposons
aux colonies ne nous ont permis de trouver aucune indication
(1) Notons avoir décelé, dans le contenu intestinal d’un des Chimpanzés, la
présence d’une Entamibe, à kystes de 12 u en moyenne, semblant se rapporter
à Lôschia duboscqi Mathis, 1918, du Macacus sinicus tonkinois, et d'in énôrme
Infusoire de la faïnille des Ophryoscolecidæ, ayant les caraétères de Troglodytella
abrassarti, trouvé par Brumpt et Joyeux chez le Chimpanzé du Congo.
876 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (46)
—————…—…—…— … …"… …"…"…"…" —"…"…"…"…"”—"…"—"”—"—"—"—"—"—"— _ ——
bibliographique relative à l’insolation chez les Singes anthropoï-
des. Un fait découle cependant de notre triple observation, la
sensibilité très grande au soleil des Chimpanzés. Il est certain
que les Noirs du pays travaillent souvent, et nu-tête, à des tem-
pératures aussi élevées que celle à laquelle furent soumis invo-
lontairement nos animaux, sans subir aucun trouble patholo-
gique.
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
Î
MODIFICATIONS HÉMATOLOGIQUES PRODUITES PAR L'INSOLATION
CHEZ LE COBAYE,
par Marcez Lecer et À, Bauny.
La mise en évidence d’altérations morphologiques notables
dans le sang de Chimpanzés, morts accidentellement de coups de
soleil, nous a incités à rechercher comment, à Dakar, réagissent
des Cobayes laissés au soleil à des températures de 4o à 45 degrés,
par des états hygrométriques variant de 45 à 76. Nos expériences
en appellent certes d’autres, qui multiplieront les conditions de
l’exposition aux rayons caloriques. Telles qu'elles sont, nous
croyons cependant devoir les exposer brièvement.
Le Cobaye 43, du poids de 600 gr., est placé, en plein soleil,
de midi ar heures des ro 07 16 10 nai M PO TTOS
et 43°. La température rectale, 38 à 38°5, monte à 4r°, 41°5, 4r°2
et 41°5, suivant le jour.
L'expérience est suspendue 18 jours. L'animal est réexposé au
soleil les 0er juin; ME" et lo PatiemperaturenmecRlEe
monte à 41°3, la première fois, à 39°6 la deuxième. 37 jours plus
tard, l'expérience est reprise et continuée, les 13 (T — 4o°), 17
(T = 44°), 2x juillet (T = 45°) et 2 août (T = 44°).
Le Cobaye 43 a résisté à toutes les insolations successives aux-
quelles il a été soumis. Il semble qu'il soit devenu plus résistant ;
il ne s’est certainement pas sensibilisé. Des températures de 44
et 45 degrés sont par lui, maintenant, supportées, alors que les
Cobayes témoins meurent à partir de 42 degrés.
Cobaye 61, mort en 2 heures à 42°, le 6 juin. Cobaye 62, survie
après 2 heures à 4o° le 7 juillet. Cobaye 56, survie après 2 heures
à 4o°, le 13 juillet ; mort en 1 heure 45, à 44°, le 17 juillet. Co-
baye 82, mort en 4o minutes, à 45°, le 2r juillet (température
rectale — 44°). Cobaye 84, mort en r heure 20 minutes, à 42°, le
26 juillet. Cobaye 89, mort en 2 heures 30, à 43°, le 2 août.
À l’autopsie, on constate une congestion intense des organes.
877
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878 | RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (43)
D LE RTE
et la distension à l'extrême de la vésicule biliaire. Pas d’épanche-
ments méningitique, péricardique ou pleurétique. Les mâles
meurent en érection après avoir éjaculé.
Le tableau suivant résume les formules hémato-leucocytaires
relevées chez le Cobaye 43, avant ou après les expositions au
soleil. |
Que montrent ces observations hématologiques )
1° L'insolation produit, la première fois, une diminution im-
médiate et très marquée du nombre des hématies ; les insolations
ultérieures ont une moindre action. L’abaissement du taux de
l'hémoglobine n’est pas exactement proportionnel.
2° Le déséquilibre leucocytaire est caractérisé par une polynu-
cléose neutrophile forte, au détriment des lymphocytes le nom-
bre total des éléments blancs étant presque inchangé ; il y a ten-
dance ultérieure au rétablissement de la formuie. La première
exposition au soleil entraîne l’augmentation des éosinophiles, le
maximum paraissant au bout de 24 heures ; ultérieurement, Îla
réaction acidophile s’émousse, et, peu à peu, le taux des éosino-
philes diminue.
3° L'image neutrophile du sang subit une déviation extrème
vers la droite ; celle-ci est à opposer à la déviation à gauche atitri-
buée à l’action lente du soleil dans les pays chauds, d’après les
observations de Chamberlain et Vedder aux Philippines, de
Breinl et Priestley dans le Queensland. L'image éosinophile ou
image de Sabrazès est également infléchie à droite.
4° Les: altérations morphologiques des globules blancs sont
celles que nous avons relatées chez nos Chimpanzés frappés d'’in-
solation mortelle ; chez le Cobaye 43, qui a survécu, elles sont à
un degré moindre que chez les Cobayes témoins ayant succombé.
Les polynucléés neutrophiles sont les seuls atteints : éclatement
de la cellule, liquéfaction du protoplasma, chromatolyse du
noyau.
Ces lésions du sang ressemblent, sans être identiques, à celles
obtenues par Vincent (x), qui, plaçant des Cobayes à l’étuve à 4r°,
constatait la mort de l’animal dès que sa température rectale at-
teignait 42° : diminution du nombre global des leucocytes ; di-
minution progressive du taux des polynucléés neutrophiles et des
grands mononucléés ; pourcentage inchangé des lymphocytes ;
multiplication des éosinophiles ; altérations des polynucléés neu-
trophiles et des grands mononucléés, le protoplasma se gonflant,
le noyau se colorant mal, la cellule devenant finalement un amas
vacuolaire informe à peine teinté par la thionine ou le triacide.
(Institut de biologie de l'A. O.F.).
(x) GC. R, de la Soc. de biol., 1902.
Lt
(49) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 819
9° SEANCE — 16 SEPTEMBRE 1922
Présidence de M. A. Weber.
FUMÉE DE TABAC ET MÉMOIRE. NOTE PRÉLIMINAIRE ET DE TECHNIQUE,
par Pigrre Maruieu et L. MERK&LEN.
Dans le but de reprendre l'étude d’un certain nombre de points
controversés relatifs à l’action de la fumée de tabac sur les non-
fumeurs exposés à séjourner de façon plus ou moins habituelle
et plus ou moins longtemps dans une atmosphère viciée par
cette substance hétérogène, nous avons notamment entrepris des
expériences en série sur la Souris blanche, animal qui constitue
en l'espèce un « réactif » particulièrement sensible, tant à la
fumée dans son ensemble qu’à plusieurs des éléments qui la cons-
tituent. |
Nous indiquerons brièvement, dans cette note, la technique
finalement adoptée et quelques résultats relatifs à l'influence
exercée par l'intoxication tabagique, aiguë, sur l'acquisition et
la conservation par l’animal de l'habitude de parcourir un laby-
rinthe compliqué, soit pour chercher sa nourriture, soit simple-
ment pour retrouver sa cage habituelle.
Le labyrinthe, que nous employons, est pourvu à l'entrée et
à la sortie d'un vestibule muni de portes à glissières et dont le
plancher oscillant communique avec un tambour inscripteur
monté sur un chariot automoteur. Ce tambour est, en outre,
conjugué avec un métronome. Dans les expériences rapportées
ci-dessous, tandis que l'inscription de la durée du parcours se
fait ainsi, on observe, à distance, grâce au plafond vitré du laby-
rinthe et à une glace à 4b°. Il s’agit, nous y insistons, d’un laby-
rinthe éclairé.
À part quelques exceptions individuelles, les animaux en expé-
rience arrivent plus ou moins rapidement à une grande stabilité
dans la durée du parcours qu’ils font, par exemple, en 12 à 20
secondes, suivant les individus, dans le cas d’un labyrinthe dont
la piste normale est de 124 cm.
Le dispositif pour l’intoxication comprend une cloche reliée
à un manomètre différentiel à eau et en communication, d’une
part, avec une trompe aspirante, de l’autre, par deux tubulures
830 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (50)
munies de robinets avec un fume-cigarette et avec l'air extérieur.
L’étanchéité est assurée par un joint hydraulique qui constitue
en même temps une « soupape » permettant une rentrée d'air si
la pression différentielle dépasse 15 mm. d’eau. La cloche que
nous employons est d’une capacité de ro litres ; une circulation
d'air de : litre à la minute y amène la fumée produite par une
cigarette se consumant en 10 minutes. Dans ces conditions, l’at-
mosphère de la cloche présente constamment un voile léger.
Une dérivation latérale permet les analyses.
Gette technique nous a permis l'obtention de résultats remar-
quablement constants dans leur sens et leur ordre de grandeur :
c'est ainsi qu'un séjour unique de 10-1 minutes dans la cloche
ne produit (si on a veillé à éviter une forte concentration, même
passagère, de la fumée) aucun trouble immédiat, l'animal qui,
d’ailleurs, mange ef boit volontiers aussitôt après l’intoxication,
parcourt également le labyrinthe aussi vite et parfois plus vite
que normalement. Par contre, dans les heures qui suivent cette
intoxication unique et brève, il manifeste de l’hésitation et com-
met des erreurs aux carrefours. La durée du parcours s’allonge,
par suite, pour atteindre dans un délai de 24-48 heures son maxi-
mum (50-100 secondes). Le retour à la normale se fait ensuite en
2-3 jours.
Le renouvellement quotidien de l'intoxication ne modifie pas
le sens du phénomène, la durée du parcours peut seulement
continuer à croître jusqu’à un maximum plus élevé et décroître
plus lentement (x); avec une concentration suffisamment faible,
il nous est arrivé d'observer une véritable sommation, la réaction
n'apparaissant, par exemple, qu'au 3° jour.
La mémoire d’évocation paraît, comme c’est naturel, plus
troublée que la mémoire de fixation, car un deuxième parcours,
tenté immédiatement après un parcours hésitant, se fait dans
des conditions assez voisines de la normale.
Nous indiquerons ultérieurement quels nous paraissent être
le mécanisme de ces troubles, la part du sens d'orientation, et
dans quelle mesure cette méthode peut renseigner sur les con-
_ ditions (ou le moment) de l’imprégnation maxima de l’organisme
en vue d’autres expériences.
(Laborctoire de physiologie de la Faculté de médecine de Nancy).
(1) Nous laissons volontairement de côté, dans cette.note, le cas des intoxi-
cations chroniques.
‘
a
15e à OS
D LC gl cr ES Se de ES SNS
(51) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 881
Éd RU ee M
EFFETS DE LA TRANSFUSION DE SANG CAROTIDIEN
RECUEILLI PENDANT L'EXCITATION DU SPLANCHNIQUE,
par Epcarp Zuwz et PAUL GOVAERTS.
L'adrénaline, présente dans le sang veineux surrénal, et dont
la quantité augmente notablement par l'excitation du splanchni-
que, ne se retrouve, d’après les expériences de Gley et Quin-
quaud (x), ni dans le sang de la veine cave au-dessus des veines
hépatiques, ni dans le sang du cœur. Gley (2) pense que « l’adré-
naline est, dans le trajet de la veine surrénale au cœur droit,
détruite ou diluée à un degré tel qu'elle devient inefficace. Il
n'existe donc pas, selon Gley, d’adrénalinémie physiologique.
_ Cette opinion va à l'encontre de ce qu’on admet en général.
Aussi convient-il d'apporter au débat de nouveaux faits expéri-
mentaux.
Des recherches antérieures (3) nous ont montré qu'on peut,
par transfusion croisée, mélanger le sang de deux Chiens sans
déterminer de modifications de la pression carotidienne. Nous
_avons voulu voir si l'excitation du splanchnique, pratiquée chez
l’un des animaux au cours de cette transfusion croisée, déter-
minait, chez l’autre, une élévation de la pression carotidienne.
Une telle réaction plaiderait en faveur de l’augmentation de la
_ quantité d’adrénaline dans le sang périphérique pendant l’excita-
tion du splanchnique.
On prend deux Chiens de poids sensiblement égal (ro à
15 kgr.), morphinisés. Chez l’un d'eux, À, qui servira de réactif,
on inscrit la pression carotidienne. Chez l’autre, B, on isole le
nerf splanchnique immédiatement sous le diaphragme (anesthé-
sie à l’alcool-éther-chloroforme pendant l'opération).
On introduit ensuite des canules dans la jugulaire des deux
Chiens, dans l’artère fémorale de À et dans une des carotides
de B. Puis, à l’aide de seringues, on transfuse rapidement dans
la jugulaire de B du sang prélevé à l'artère fémorale de À. En
même temps, on injecte dans la jugulaire de À du sang prélevé
à la carotide de B. On poursuit cette manœuvre jusqu'à ce que
4co c.c. de sang aient passé d’un Chien à l’autre en 6 à 15 minu-
tes, sans qu’à aucun moment la masse sanguine de ces animaux
(1) E. Gley et À. Quinquaud. Journ. de physiol, et de pathol. génér., 1918,
t. XVII, pp. 807-835.
(2) E. Gley. Quatre leçons sur les sécrétions internes, Paris, 1921, p. 60.
(3) Edgard Zunz et Paul Govaerts. Archives int. de physiol., t. XVII,
pp. 350-388. |
882 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (52)
ait été diminuée. Cette intervention est aisée si l’on dispose de
plusieurs aides et d’un jeu suffisant de seringues.
La transfusion croisée ainsi pratiquée ne détermine aucune mo-
dification de la pression carotidienne du Chien réactif (x).
On excite alors au moyen du courant faradique le splanchni-
que du Chien B et l’on répète la transfusion croisée en poursui-
vant l'excitation pendant toute la durée de cette opération. La
pression carotidienne du Chien réactif ne subit aucune modifi-
cation.
Par contre, si l’on injecte dans la jugulaire du Chien B r mgr.
d’adrénaline et qu'immédiatement après on pratique une nou-
velle transfusion croisée, la pression carotidienne du Chien réac-
tif s'élève de 4 à 6 cm. de mercure.
Nous avons vérifié la sensibilité du Chien réactif eni injectant
dans la jugulaire de cet animal du sang du Chien B additionné
de quantités connues d’adrénaline, Nous lui injections six serin-
gues de 20 c.c. et, en même temps, on prélevait à l'artère fémo-
rale de ce Chien réactif une égale quantité de sang pour ne pas
augmenter sa masse sanguine. Dans ces conditions, une dose de
0,007 mgr. d’adrénaline, répartie dans les 120 c.c. de sang in-
jectés, donne, chez le Chien réactif, une augmentation de la pres-
sion carotidienne de 3 à 4 cm. de mercure.
Il nous a donc été impossible, par ces expériences, de mettre en
évidence, dans le sang artériel prélevé au cours de l'excitation
du splanchnique, l’existence d’une quantité d’adrénaline suscep-
tible d'exercer une action hypertensive chez le Chien réactif, Ces
résultats négatifs viennent à l'appui de l’opinion défendue par
Gley.
(Institut de thérapeutique, Université de Bruxelles).
(x) Exceptionnellement (r fois sur 12) la transfusion croisée à déterminé
une chute de la pression carotidienne. Ce phénomène est transitoire. Il est vrai-
semblablement identique aux « chutes intenses » de pression que nous avons
signalées chez le Chien après la transfusion dans le collapsus circulatoire posthé-
morragique (travail cité plus haut). C'est pourquoi il est indispensable de pra-
tiquer d’abord une transfusion croisée témoin avant l'excitation du splanchnique.
Se ne :
(53) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 8383
MoDIFIGATIONS DE LA CONCENTRATION IONIQUE
PENDANT LA COAGULATION DU SANG.
Note de I. Newrox KucELMaAss, présentée par E. Zunwz.
À, Modifications de la conductibilité électrique au cours de la
coagulation. Nous avons décrit, dans une note antérieure (x), les
modifications de la teneur en ions H au cours de la coagulation.
Poursuivant nos recherches, nous avons cherché à observer l’al-
lure des changements de la concentration ionique du milieu par
des mesures directes de conductibilité en appliquant la méthode
de la lampe à trois électrodes préconisée en physiologie par Phi-
lippson (2). Nous avons observé, dans l’ensemble, une diminution
appréciable de la conductibilité, correspondant en intensité à
celle constatée lors d’une adsorption isotherme.
Si le produit de l’action de la thrombine sur le fibrinogène était
un gel réversible véritable, on ne devrait observer, lors de la coa-
gulation, qu'une diminution nulle ou extrêmement faible de la
conductibilité électrique. En effet, dans des conditions identiques
de température et de concentration, la résistance au passage des
ions est la même dans un gel transparent réversible que dans le
sol dont il provient. Au contraire, lorsqu'il s’agit d’un gel opaque
irréversible, cette résistance est considérablement modifiée, On
est donc amené à conclure que la coagulation du fibrinogène
par la thrombine ne consiste pas en une simple modification phy-
sique, |
Lors de la formation de la fibrine, des ions libres sont adsorbés.
Pour s’en rendre compte, on filtre, après la coagulation, le milieu
coagulé et on lave le caïllot à l’eau chaude. Après avoir ramené le
filtrat, y compris les eaux de lavage, au volume initial, on en me-
sure la conductibilité : celle-ci a toujours subi un accroissement
notable sans revenir néanmoins entièrement à la valeur initiale
observée dans le milieu coagulable.
B. Rôle de la concentration en ions Na et Ca dans la coagula-
tion. Pour déterminer l'influence d’une augmentation de la con-
centration en ions Na ou Ca, nous avons étudié parallèlement un
milieu coagulable et ce même milieu additionné de quantités
équimoléculaires de solutions 1/20 normales de NaCI ou de CaCP.
Pour la facilité de l'exposé, nous les appellerons : milieu normal,
milieu Na, milieu Ca. L’addition de ces électrolytes augmente Ja
conductibilité électrique et les valeurs observées dans ces condi-
(1) C. R. de la Soc. de biol., 29 juillet 1922, p. 802.
(2) M. Philippson. Bulletin de la Classe des Sciences, Acad. royale de Belgique,
pp. 76-80, 1922.
884 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (54)
tions se rangent dans l’ordre suivant : milieu Na >, milieu Ca >,
milieu normal. |
Au cours de la coagulation, la conductibilité électrique dimi-
nue dans les trois milieux. Dans le milieu Na, cette diminution
est sensiblement parallèle à celle du milieu normal. Dans le mi-
lieu Ca, on observe une diminution plus rapide et plus intense
que dans les deux autres milieux. Un excès d'ions Ca accélère
et intensifie, au cours de la coagulation, la diminution de la con-
ductibilité. :
La formation du caillot est retardée dans le milieu Na et plus
encore dans le milieu Ca. La rétraction du caillot est accélérée
par le Na et retardée par le Ca.
C. Concentration ionique avant et après la coagulation. Pour
rechercher si d’autres ions que les ions H, sont adsorbés lors de la
coagulation, nous avons déterminé, avant et après celle-ci, les
teneurs en ions Ca+ et en ions CI — du milieu coagulable.
Si l’on ajoute à une solution de CaCl?, peu à peu, des quantités
très faibles d’oxalate de Na en évitant soigneusement toute sursa-
turation, l’oxalate de Ca formé reste en solution tant que le pro-
duit (Ca) ++ x (C*0*) ne dépasse pas une valeur constante K. Mais
dès que celle-ci est dépassée, un trouble apparaît. Au moyen de
cette méthode, nous avons évalué la concentration en ions Ca,
d’une part, de l’ultrafiltrat provenant du milieu coagulable ini-
tial, d'autre part, de l’ultrafiltrat provenant du même milieu
après l'achèvement de la coagulation. On obtient très facilement
et rapidement ces ultrafiltrats en se servant d’un appareil à ultra-
filtration (1) consistant en un creuset de Gooch au fond duquel
est collée une membrane de collodion.
Pour déterminer la concentration en ions Ca++, l’ultrafiltrat
?
était ramené à Pa = 7,5 par addition de bicarbonate de Na e.
puis on y ajoutait de l’oxalate de soude a en agitant contii-
nuellement, jusqu’à production d’un trouble persistant. On dé-
montre ainsi qu'une partie des ions Ca sont adsorbés pendant la
coagulation.
La teneur en ions Cl ne varie, par contre, pratiquement pas.
D. Modifications du pouvoir protecteur spécifique des protéines
au cours de la coagulation. Nous avons suivi les modifications du
pouvoir protecteur des protéines pour l’or colloïdal, au cours de
la coagulation, par une méthode colorimétrique. Les volumes de
l’hydrosol d’or et du milieu coagulable restaient constants. On
(1) IL. Newton Kugelmass, Johns Hopkins Univ. Dissert., t. XLVII.
cond
D tt ne ER 3
1 D A as
(55) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 885
D Re ne ee et — —
déterminait la quantité de NaCI nécessaire pour obtenir la même
teinte violette que celle d’un mélange témoin.
Le pouvoir producteur du système coagulable augmente pen-
dant toute la durée de la coagulation. Il atteint son maximum
dans le sérum exsudé du caillot. Ce fait indique une diminution
continue de la teneur en ions libres et est donc d’accord avec les
résultats donnés par l'étude des modifications de fa conductibi-
lité électrique.
Au cours de la coagulation, tandis que le fibrinogène se trans-
forme en fibrine, le milieu présente un accroissement continu
de la stabilité colloïdale, du pouvoir adsorbant et du degré de
dispersion. Cet accroissement atteint son maximum dans Île
sérum.
(Institut de thérapeutique, Université de Bruxelles).
UN viSCOSIMÈTRE A TORSION POUR LES SOLS LYOPHILES.
Note de I. Newron Kucermass, présentée par E. Zuwz.
Les diverses méthodes employées pour mesurer Ia viscosité
fournissent des résultats concordants pour les systèmes homogè-
nes, mais pas pour les systèmes hétérogènes. D'après Garret (1),
les procédés basés sur la rapidité de l'écoulement à travers des
tubes capillaires donnent des chiffres inférieurs à ceux obtenus
par les appareils de torsion. La loi de Poiseuille ne se vérifie donc
pas dans ces circonstances.
Hess (2) a montré que, dans la plupart des mesures effectuées
par les procédés habituels, la vitesse de l'écoulement à travers
des tubes capillaires est si faible que l’élasticité du sol lyophile mo-
difie beaucoup la valeur de la viscosité. Mais les facteurs dépen-
dant de cette élasticité deviennent négligeables par rapport à la
forte friction interne des phases, lorsqu'on opère sous pression
constante de manière à réaliser une grande vitesse d'écoulement.
Dans ces conditions, la loi de Poiseuille se vérifie pour les sys-
tèmes lyophiles.
Hatschek (3) a trouvé que la viscosité d’un sol lyophile der
en grande partie de sa vitesse de déplacement, pour autant que
celui-ci ne dépasse pas une valeur critique donnée. Il n’en est
plus ainsi pour les solutions vraies et pour la plupart des sols
hydrophobes.
(x) F. Garret. Inaug. Dissert., Heidelberg, 1903.
(2) D. R. Hess. Kolloid-Zeits., 1920, t. XXIX, p. 154.
(3) E. Hatschck. Kolloid-Zeits., no NTI Dee:
886 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (56)
Les méthodes d'écoulement à travers des tubes capillaires im-
pliquent une vitesse considérable de déplacement et donnent, par
conséquent, des valeurs faibles de viscosité. Ces procédés exigent
un laps de temps considérable pour des sols visqueux et ne peu-
vent plus être employés lorsque la viscosité devient trop grande.
Les méthôdes de torsion impliquent une vitessé faible de dé-
placement et donnent, par conséquent, des valeurs élevées de
viscosité. Ces procédés sont rapides et s'appliquent fort bien aux
systèmes très visqueux. |
Dans ce but, M. Couette (1) à proposé une méthode de torsion
qui nécessite des cylindres et E. Vérschaffelt (2) à employé des
sphères concentriques.
(x) M. Couette. Ann. Chim. phys. 1896 (6) t. XXI, p. 433. E. Hatschék. loc. cit.
(2) E. Verschaffelt et J: Nicaisé. Proc. Ac: roy. sciéncés, Aféterdam, 1919,
t. XVIII, p. 840.
(57) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 887
On parvient aisément au même résultat en utilisant un appa-
reil beaucoup plus simple, dont le schéma ci-contre permet de se
réendré facilement compte. Get appareil comprend trois parties :
1° lé système oscillant ; 2° le système d'observation ; 3° le sys-
tème de rotation.
Le système oscillant consiste én une sphère en laiton À d’en-
viron 2 cm. de diamètre se continuant en haut par une tige en
laiton B longue de 18 centimètres et large d'environ 2,5 mm. La
sphère et la tige sont nickelées. Gétie dernière porte à sa partie
supérièure un miroir C maintenu par une vis de serrage. La tige
B est suspendue à un fil en bronze phosphoré D de 18 centièmes
de millimètre de diamètre et d'environ 70 em. de longueur. L’ex-
trémité infériéuré de ce fil est soudée au centre d’un écrou en
cuivre E qui s'adapte à l'extrémité filetée de la tige B. L’extrémité
supérieure dé ce fil est soudée au centré d'une pièce de cuivre
massivé, qui assure la stabilité du système.
On observe les déviations de la sphère À au moÿen d’un téles-
cope muni d'uñe grande échelle divisée en millimètres et éclai-
rée par une lampe électrique. Le système d’observation est placé
sur un support stable qui se trouve à un mètre et demi de dis-
tance du 6Ystème oscillant.
Le système de rotation consisté en un tube argenté de Dewar,
fixé de façon stable à l’axe d’un kÿmographe électrique de Blix
dünt on peut faire varier la vitesse de rotation (x). À une vitesse
donnée, le temps nécessaire pour une révolution reste toujours
constant.
Mode d'emploi. Le sol lÿophile dont on désiré trouver la visco-
sité est placé dans le tube de Dewar, de telle façon que la sphère
À plonge entièrement dans le liquide et soit recouverte d’une
couche de ce dernier.
On met en marche le kymographe de manière qu'il fasse un
tour complet en dix à quinze secondes, puis on détermine, au
moyen du télescope, la déviation maxima de l’image de l’échelle.
On répète à plusieurs reprises cette détermination et l’on obtient
ainsi le maximum de déviation moyenne.
Calcul des résuljats. Le temps nécessaire pour une révolution
complète du tube de Dewar {, multiplié par le maximum de la
déviation moyenne de la sphère observée par l’image de l’échelle
d, est proportionnel à la viscosité, ainsi que cela résulte de divers
travaux (2).
(x) Appareil provenant de la maison Hiiding-Sandstrôm, à Lund (Suède).
(2) M. Margules. Wien. Ber.. 1883, t. IT, p. 83, p. 588. M. Couette. loc. cit.
C. Brodmann, Ann. de phys., 1892, t. III. 45, p. 159. L. E. Sjurney. Phys. Revue
1908, t. XXVI, p. 98. E. Verschaffelt et J. Nicaise. Proc. Ac. TOY. sciences, Ams-
terdam, 1917, t. XIX, p. 1062 ; 1918, t. XX, p. 986. E. Hatschek. Loc. cit.
888 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (58)
Facteurs influençant les résultats. 1° Vélocité angulaire. Le
temps nécessaire pour une révolution du tube de Dewar ne doit
pas varier, car c’est le facteur constant de la torsion de la sphère.
La vitesse de rotation ne doit pas être trop grande, car sinon
la force centrifuge, des mouvements giratoires du liquide ou des
courants de convexion, peuvent intervenir et occasionner des
erreurs.
2° Déviation de la sphère. Celle-ci atteint une valeur maxima
après quelques secondes. Cette valeur maxima reste constante.
Des essais répétés donnent la même valeur pour une même solu-
tion lyophile.
Après chaque déviation, le zéro doit revenir à son point initial,
ce qui démontre que la limite d’élasticité du fil en bronze phos-
phoré n’est pas dépassée.
La déviation est proportionnelle à la viscosité dans certaines
limites critiques qui varient d’un liquide à l’autre et sont spéci-
fiques pour chaque système considéré. En général, les déviations
trop faibles ou trop fortes dépassent les limites d’exactitude de la
méthode.
3° Température. Elle doit rester constante. Les déterminations
ne prenant que peu de temps, il n'intervient pas, en réalité, dans
la pratique, de variations de ce facteur.
4° Rigidité de la surface des sols. Elle a pour conséquence de
constituer au bout d’un certain temps un couple. La surface du
sol acquiert ainsi un mouvement de rotation tendant à l’éloigner
de la sphère. Si ceci se produit, il suffit de briser avec soin la
surface avant de procéder aux déterminations.
(Institut de thérapeutique, Université de Bruxelles).
SENS TRUE TANT
(29) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 889
RE
ANESTIDÉSIE PAR INJECTION INTRAVEINEUSE D'UN MÉLANGE
ALCOOL-CHLOROFORME-SOLUTION PHYSIOLOGIQUE CHEZ LE CHIEN,
par Henry Carpor et HENRI LAUGIER.
Bien que l'effet anesthésique de l'injection intraveineuse de
solution d’alcool, ou d’éther, ou de chloroforme ait été maintes
fois expérimenté (Burkhardt, Hagemann, Gréhant, Honan et
Hassler, Sick, etc.), cette méthode d’anesthésie n'est, en fait,
jamais entrée dans la pratique courante. Les travaux récemment
publiés par Koshiro Nakagawa (1) et où l’on trouvera une biblio-
graphie de la question, nous engagent à décrire une technique
que nous avons utilisée à maintes reprises sur le Chien et qui
donne des résultats satisfaisants. |
Des essais divers, sur lesquels il n’est point utile d’insister, nous
ont conduits à utiliser la solution suivante :
Faure rio OO ENT ITIEC ane tieuatds 100 LT.
NACRE. dr TE MP Ne CO RS ET IN ONET 0,8 gr.
Chloroforme 24.444 vesssevs sors essences. 0,6 gr.
AlcooMa 900 ste scores cvs sida den valrinretenivve nie: 8 gr.
Comme il y a intérêt à diminuer le plus possible la quantité
de solution à injecter par voie intraveineuse, on prépare l’animal
une heure avant l’anesthésie par une injection de chlorhydrate
de morphine de 1 cgr. par kgr., comme on le fait habituellement
dans beaucoup de laboratoires avant l’anesthésie chloroformique
par voie respiratoire (méthode de Dastre).
Sur le Chien morphiné comme il vient d'être dit, une injec-
tion intraveineuse de là solution en question, à la dose de 5 c.c.
par kgr., provoque de façon extrêmement rapide, presque ins-
tantanée, une anesthésie intense, profonde, courte. L’injection
de la solution anesthésique doit être faite de façon très rapide et
sans ménagement. Dans ces conditions, le sommeil profond s’ins-
talle, avec disparition en quelques instants des réflexes cornéen,
labio-mentonnier et élévation considérable du seuil du réflexe
linguo-maxillaire. En outre, la pression artérielle baisse, la res-
piration se ralentit notablement et diminue d'amplitude. Quel-
quefois (très rarement si l’on utilise les doses indiquées, mais plus
fréquemment si l’on utilise des doses légèrement supérieures, ou
si l’on réitère les injections à de courts intervalles), on obtient
une apnée temporaire plus ou moins complète, qui se dissipe
spontanément. Avec les doses indiquées, nous n'avons jamais
eu d'accidents.
_ (x) Koshiro Nakagawa. Tohoku Journal of experimental Medicine ; t. II, n° 1,
mai 1921, p. 80-126.
BioroctE, COMPTES RENDUS, — 1922. T. LXXXVIT. 60
890 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (60)
Nous joignons à notre note deux graphiques. 1° Fig. I. Gra-
phique montrant les effets — sur la pression et la respiration —
de l'injection (2° injection) de 4o c.c. de la solution en question
(28 mars 1922). Chien de 9,700 kgr., ayant reçu une heure avant
1o cer. de chlorhydrate de morphine sous-cutané ; tracé supé-
rieur : pression carotidienne ; tracé moyen : respiration ; tracé
inférieur : temps en secondes. Avant l'injection, l'animal a tous
ses réflexes ; après l’injection, les réflexes cornéen et labio-men-
tonnier de Dastre sont abolis ; le réflexe linguo-maxillaire (ulti-
mum reflex) persiste avec seuil élevé.
2° Fig. IT. Ce graphique représente les variations de la position
du seuil du réflexe linguo-maxillaire au cours de deux anesthé-
sies successives par la solution en question. Dans de précédentes
notes, nous avons montré que le déplacement du seuil du réflexe
linguo-maxillaire permet de suivre les progrès de l’anesthésie (1).
(r) Henry Cardot et Henri Laugicr. C. R de la Soc. de biol., 1922.
(61) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 891
Exp.: 25 mars 1922. — Chien de :r kgr. ayant reçu une heure
avant l’anesthésie 11 cgr. de morphine. Deux électrodes sont pla-
cées sur la pointe de la langue et l’on recherche la position du
seuil du réflexe linguo-maxillaire au moyen de chocs d’induction
d'ouverture, en faisant des déterminations successives aussi rap-
prochées que possible, étant donnée la rapidité d'évolution du
phénomène à étudier. Cette technique, qui ne serait pas absolu-
ment correcte, s'il s'agissait de recherches électrophysiologiques
léminaites
”
Quanttes d électar cite
{
#
0eme 5 ne
Temps
fines est très suffisante dans le cas présent en raison de l’ampli-
tude considérable des déplacements du seuil du réflexe.
Seuil du réflexe
feures (Quantité d'électricité)
11 heures. 82
nn 82
— 82
= 82
een 69
11 hcures 4 minutes. Injection de ho c.c. de la solulion.
ET — 354 courte période d’apnéc, réflexes disparus.
—= 9 minutes. 332
= — 263
Se — 199
_ 10 minutes. 129,5
— — I19
— — 119
— — 96,5
— — 96,5
we]
(te)
(AN)
RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (62)
Seuil du réflexe
Heures (Quantilé d électricité)
11 heures 14 minutes. 115
— — 96,5
—- 16 minutes. 96,5 tous réflexes réapparus.
He 17 minutes. 82,0
en 18 minutes. Injection de 35 c.c. du mélange.
ne. EN h65 |
— 309
— — 17e
— — 148
— — 148
—— — 148
— — 120,9
— — 96,
— — 96,5
— — 96,
— 26 minutes. 96,5
On voit que cette méthode, assez maniable, est particulière-
ment indiquée quand on a besoin d’une anesthésie très profonde
et très courte ; elle peut rendre des services tout spéciaux quand
il s’agit d'opérer sur la face ou sur les voies pulmonaires.
(Laboratoire de physiologie de l’Institut de recherches biologiques
de Sèvres).
ne DO ON TEENES Done,
(63) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 893
Le Lézarp cris (Lacerta muralis), RÉACTIF PHYSIOLOGIQUE
DES POISONS,
par SÉVERIN camp.
La Lacerta muralis se distingue par la gracilité et l'excessive
longueur de sa queue, laquelle dépasse toujours celle du corps et
le plus souvent en atteint le double. Séparée du trone, cette
queue se roule sur le sol et se convulse comme un petit Serpent.
Ce curieux phénomène a retenu notre attention, et, durant plu-
sieurs années, nous avons étudié la vie propre de la queue el sa
survivance chez la Lacerta muralis.
Des observations nombreuses nous ont permis de constater
que la survivance de la queue dure environ 45 minutes, avec des
mouvements qui diminuent graduellement d'intensité et vont en
s'atténuant à mesure que la fin approche. Mais ce n'est pas seule-
ment en séparant la queue du tronc que nous pouvons démontrer
l'indépendance de cet organe vis-à-vis des centres nerveux. Cette
indépendance peut encore être mise en évidence de la façon la
plus nette en recherchant la contractilité propre de la queue chez
la Lacerta muralis préalablement anesthésiée à fond. Alors que
la bestiole est absolument inerte et reste insensible à toute exci-
tation, il nous suffit, avec une épingle chauffée au rouge, de pi-
quer la queue sur un point quelconque de sa surface, ou mieux,
au niveau de son point d'émergence, pour provoquer tout aussi-
tôt des mouvements très nets de l'organe. Ces mouvements sont
quelquefois si violents qu’ils entraînent la masse inerte du tronc
la déplacent et la font rouler sur elle-même. Ils se succèdent sans
arrêt pendant 3 ou 4 minutes, et sont suivis d’une pause de 2 à
3 minutes. Ces quelques minutes passées, nous n'avons qu'à pi-
quer à nouveau la queue pour voir réapparaître les mouvements.
Cet étrange phénomène est constant quel que soit l’anesthésique
employé, et il se poursuit jusqu’au réveil spontané, lequel a lieu
généralement 35 à 45 minutes après le début de l’anesthésie. Le
curare qui, chez tous les autres animaux, arrête les mouvements
de la vie de relation, n'arrive pas à paralyser les mouvements de
la queue chez la Lacerla muralis, et, pour les réveiller, il suffit
de toucher un point quelconque du tronc ou d’injecter à la La-
certa curarisée un poison excitant de la fibre musculaire (véra-
trine, chlorure de baryum).
De même, la survivance de la queue s’observe toujours, quelle
que soit la cause de la mort, à moins que celle-ci ait été déter-
minée par un poison s’attaquant directement à la fibre muscu-
laire, dont elle détruit la contractilité propre : dans ce cas, la
SOA RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (CA)
EEE EE —]…—]—— aa
mort de la queue arrive en même temps que celle du tronc ou la
suit de très près.
Pour provoquer les mouvements de la queue chez la Lacerta
anesthésiée ou morte, il ne suffit pas de l’exciter à l’aide d’un
moyen quelconque. Il est nécessaire d’avoir recours à un moyen
spécial, lequel consiste à piquer la queue avec la pointe d’une
épingle chauffée au rouge : il ne s’agit pas ici, en effet, d’une
simple excitation de la sensibilité, mais d’une irritation directe
de la fibre musculaire.
L'indépendance de la queue vis-à-vis des centres nerveux chez
la Lacerta muralis et la vie propre de cet organe sont telles que,
sans ligature et sans aucune opération sanglante, simplement en
faisant absorber certaines substances, nous pouvons, suivant la
nature de celles-ci, agir directement sur la queue sans agir sur
le restant du corps et réciproquement agir sur le corps sans agir
sur la queue. Nous devons considérer ce curieux phénomène que
présente la queue de la Lacerta muralis comme très intéressant
pour l'étude de la contractilité propre du tissu musculaire, mais
l’observation de ce phénomène présente un autre avantage très
important : celui de nous fixer sur l’action des substances toxi-
ques et de savoir, parmi ces dernières, quelles sont celles qui agis-
sent directement sur le système nerveux et celles qui agissent di-
rectement sur le système musculaire. La Lacerta muralis étant
éveillée ou anesthésiée, selon le cas, on lui fera absorber une cer-
taine dose de la substance à étudier, et on notera les signes qui se
manifesteront du côté de la queue : ces signes varieront essen-
tiellement suivant la nature du toxique, c’est-à-dire suivant que
la contractilité propre de la queue ne sera pas atteinte ou suivant
que cette contractilité sera paralysée ou excitée. Nous pouvons
résumer de la façon suivante, sous forme schématique, les diffé-
rentes réactions que présente la queue de la Lacerta muralis selon
la nature du poison et aussi selon que l’expérience est faite sur
une Lacerta muralis non anesthésiée ou sur une Lacerta probable-
ment anesthésiée.
Poisons paralysants du Système nerveux : aucun mouvement
spontané ni provoqué du tronc, aucun mouvement spontané,
mais mouvement provoqué de la queue.
Poisons paralysants du système musculaire : aucun mouve-
ment spontané ni provoqué du tronc, aucun mouvement spon-
tané ni aucun mouvement provoqué de la queue.
Poisons excitants du système nerveux : sans anesthésie, mou-
vements convulsifs et spontanés de tout le corps, cessation des
mouvements convulsifs et spontanés de la queue dès qu'on la
sépare du tronc ; avec anesthésie, aucun mouvement spontané
de la queue.
Éd ne. Site f
7
(65) SÉANGE DU 16 SEPTEMBRE 805
Poisons excitants du syslème musculaire : sans anesthésie,
mouvements convulsifs et spontanés de tout le corps, persistance
des mouvements convulsifs et spontanés de la queue après sa sépa-
ration du tronc ; avec anesthésie, mouvements convulsifs et spon-
tanés de la queue.
Nous avons répété nos expériences, toujours avec le même suc-
cès sur plusieurs variétés de Lacerla muralis et aussi sur diffé-
rents sauriens, entre autres sur le Lézard vert (Lacerta viridis)
et sur le Platydactyle des murailles (Platydactylus muralis),
896 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (66)
3° SÉANCE — 16 SEPTEMBRE 1922.
Présidence de M. Ellermann.
M. R. Hovasse fait une conférence sur les chromosomes.
Communications orales avec démonstrations
1° La leucose expérimentale des Poules, par M. V. ELLERMANN.
2° Les greffes osseuses expérimentales, par MM. ImBerr et
JOURDAN.
: SUR LA PRÉSENCE DE GRANULATIONS ARGENTAFFINES
DANS UNE TUMEUR PRIMITIVE DU FOIE HUMAIN,
par À. PEyron (1).
MODIFICATIONS MORPHOLOGIQUES
/ APPORTÉES A L'APPAREIL PULMONAIRE
PAR LE PNEUMOTHORAX ARTIFICIEL EXPÉRIMENTAL PROLONGÉ,
par J. Parisor et H. HERMANN.
Dans des notes antérieures, nous avons exposé les modifica-
tions qu'apporte le pneumothorax artificiel expérimental à la
nutrition et à la croissance, d’une part, d'autre part, à la méca-
nique et aux échanges respiratoires. L'hyperfonctionnement
intense de l'appareil pulmonaire réduit à un seul poumon, l’aug-
mentation de la circulation d’air et du volume de l’air courant
nous ont amenés à rechercher systématiquement, chez des ani-
maux jeunes et en voie de croissance, porteurs de pneumothorax
totaux et entretenus pendant 6-8 mois, les modifications mor-
phologiques du poumon collabé et du poumon opposé et, d’une
façon générale, à envisager le poids et le volume de ces poumons,
comparés à ceux d'animaux témoins de même portée, placés
dans les mêmes conditions d'habitat et d’alimentation.
À. Modifications apportées à l'appareil pulmonaire de l’animal
en expérience (Lapin). — Du côté de la cage thoracique, nous
n'avons constaté que peu de modifications, tout au plus un apla-
(1) La communication sera publiée dans la prochaine séance de la Réunion
biologique de Marseille,
897
(67) SÉANCE DU Â6 SEPTEMBRE
tissement léger et inconstant de la paroi du côté du pneumo-
thorax. La plèvre ne présente rien de particulier ; malgré l’ab-
sence absolue de précautions aseptiques et le grand nombre d'in-
sufflations pratiquées, jamais nous n'avons constaté le moindre
exsudat dans la cavité pleurale, La trachée présente une défor-
mation très nette ; elle est déviée du côté du poumon respirant
et forme une concavité assez marquée du côté du poumon collabé,
qui est appendu à cette concavité sous la forme d'un petit moi-
gnon.
B. Comparaison des poids et volumes des poumons de l'animal
en expérience et de ceux d'animaux témoins, — Nous envisageons
successivement : 1° les poids et volumes absolus de chaque pou-
mon et de l'appareil pulmonaire total ; 2° les poids et volumes
relatifs de chaque poumon et de l'appareil pulmonaire total
(soit les poids et volumes absolus ramenés à 1 kgr. d'animal).
1° Le poids absolu du poumon collabé est très nettement infé-
rieur au poids absolu du poumon de l'animal témoin (ex.: 1 gr.
contre 3,60 gr., inférieur de 70 p. 100). Au contraire, le poids
absolu du poumon, assurant à lui seul la fonction respiratoire,
est dé beaucoup supérieur au poids du poumon correspondant
de l'animal témoin (7,55 gr. contre 5,79 gr., supérieur de
30 p. 100). De cette supériorité de poids, il résulte que, malgré
la différence importante constatée du côté du pneumothorax, le
poids absolu de l'appareil pulmonaire du Lapin à respiration
unilatérale ne présente que peu d'écart avec le poids total des
poumons du témoin (8,58 gr. contre 9,45 gr.). Les volumes
absolus présentent les mêmes caractéristiques que les poids, le
poumon collabé est inférieur en volume au poumon correspon-
dant de l’animal témoin (2 c.c. contre 6 c.c., inférieur de
5o p.100), le poumon restant, au contraire, a un volume supé-
rieur .au volume du poumon homonyme témoin (11 c.c. contre
9 c.c:, supérieur de 18 p 100) et les volumes absolus totaux ne
présentent que peu de différence (13 c.c. contre 15 c.c.), si l’on
tient compte de l'importance de la différence constatée du côté
du pneumothorax (5o p. 100).
2° Les poids absolus ne nous rendent pas un compte exact des
volumes respectifs des poumons, les animaux en expérience sont,
en effet, très inférieurs comme poids et comme taille aux ani-
maux témoins, nous l’avons signalé antérieurement. Si l’on rap-
porte les poids et volumes absolus au kgr. d'animal (P ef V rela-
lifs), les différences constatées apparaissent encore plus nette-.
ment : le poumon collabé a un volume et un poids relatifs infé-.
rieurs aux poids et volume relatifs du poumon homonyme témoin
(poids 0,54 gr. contre 1,17 gr., inférieur de 53 p. 100 ; volume :
898 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (68)
D LA A PE ANS à Men er a RU RE
2,31 C.c. contre 1,06 c.c., inférieur de 53,8 p. 100). Le poumon
intact présente, au contraire, une augmentation de poids et de
volume considérable, comparativement aux poids et volume rela-
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tifs du poumon témoin correspondant (poids : 4,02 gr. contre
2,28 gr., supérieur de 80 p. 100; volume : 5,85 c.c. contre
3,47 c.c., supérieur de 68,5 p. 100). En conséquence, les poids et
volumes totaux relatifs de l'appareil pulmonaire, réduits fonction-
nellement à un seul poumon, sont supérieurs aux poids et vo-
(64) SÉANCE DU {6 SEPTEMBRE 899
lume relatifs de l’appareil pulmonaire à fonctionnement normal
(poids : 4,56 gr. contre 3,40 gr., supérieur de 34 p. 100 ; volume :
Home crcontre »,76 C.C., supérieur de 19 p. 100).
L'étude anatomo-histologique de l’appareil pulmonaire de ces
animaux à été faite par les méthodes radiographique et micros-
copique. Les constatations, ainsi établies, sont suffisamment im-
portantes pour que nous leur consacrions une étude plus détail-
lée. Disons, en résumé, qu'on trouve, d’une part, au niveau du
poumon collabé, une atélectasie complète du tissu alvéolaire
dans la majeure partie du moignon, seul un noyau central, en-
tourant les premières divisions bronchiques, présente des alvéo-
les de volume normal, quelquefois même exagéré. Le poumon
opposé présente dans presque toute son étendue une augmenta-
tion importante du volume des alvéoles qui peut atteindre 2 et
même 3 fois la surface des alvéoles normales. Ce sont là des
signes d'emphysème alvéolaire, mais sans qu'il y ait apparition
de processus de sclérose ou d'infiltration embryonnaire.
En résumé, chez l'animal en voie de croissance, la suppression
d'un poumon par pneumothorax expérimental, qui aboutit fonc-
fionnellement à une augmentation importante de la circulation
d'air et du volume d’air courant, a pour conséquence morpholo-
gique une augmentation du volume et du poids du poumon assu-
rant à lui seul la fonction respiratoire. Cette hypertrophie, con-
séquence de l’hyperfonctionnement, est telle que le poids et le
volume de l’appareil pulmonaire d’un animal ne respirant plus
qu'avec un seul poumon sont égaux et même supérieurs aux
poids et volumes de l’appareil pulmonaire d'animaux témoins de
même poids et de même âge.
(Laboratoires de physiologie et de pathologie générale
de la Faculté de médecine de Nancy).
a —— —
À PROPOS DU MÉCANISME AUTORÉGULATEUR
DU NOMBRE DES CHROMOSOMES CHEZ LES OŒUFS DE BATRACIENS,
DANS LA PARTHÉNOGÉNÈSE PAR PIQÜRE,
par R. Hovasse.
[. — Brauer (1899) a montré que chez les œufs parthénogéné-
tiques d’Ariemia le second globule polaire n’était pas émis par
l'ovotide, mais que son noyau se fusionnait avec le
Pronucleus femelle. Il en résulte ainsi un noyau diploïde aux
900 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (70)
dépens duquel s'effectue la segmentation. Plus récemment,
Buchner (1911) a reconnu un mécanisme analogue dans la par-
thénogénèse expérimentale de l'Etoile de mer. Impressionné par
ces faits, G. Hertwig (1916) suppose qu'il en est de même dans
la parthénogénèse expérimentale des Batraciens, hypothèse qui
expliquerait, en toute facilité, la présence du nombre diploïde
chez certaines ébauches parthénogénétiques de Grenouille ou de
Crapaud.
L'examen des coupes d'œufs a montré à Bataillon qu'il n'en
était rien ; le second globule polaire est émis normalement, fait
que j'ai pu confirmer. Mais ces constatations cytologiques, por-
tant sur une petit nombre d'œufs, n’ont qu'une valeur par trop
relative : on sait, en effet, que, seule, une partie des ébauches
parthénogénétiques possèdent des noyaux à nombre double de
chromosomes. Il aura pu se faire, par un hasard malencontreux,
que les œufs étudiés sur coupes aient été justement de ceux qui,
par la suite de leur développement, auraient fourni des ébau-
ches haploïdes. J'ai tâché d'éviter cette objection en cherchant
à constater directement, comme on peut le faire pour des œufs
d'Oursin, la seconde émission polaire. Avec un fort binoculaire,
c'est chose relativement facile, à condition de posséder un
puissant éclairage indirect.
Quand, après la piqûre du stylet qui les a activés, les œufs
ont tourné leur pôle apical vers le haut, on reconnaît déjà, à
l’œil nu, une petite tache blanchâtre, correspondant à une dé-
pression de la couche corticale de l'œuf et au niveau de laquelle
le pigment se trouve faire presque totalement défaut. C’est la
fovea de Schultze, . point où se trouve la figure de division du
noyau femelle, d’où proviendra le second globule polaire.
Une vingtaine de minutes après la piqûre (t—:6°), on com-
mence à voir au binoculaire ja membrane de l’œuf s'élever à
cet endroit. Progressivement, il y apparaît une petite sphère
très distincte, pendant que la tache blanchâtre disparaît. De
ho à 6o minutes après la piqûre, on ne distingue plus que le
globule polaire, de plus en plus difficile à retrouver sur le fond
noir de l'œuf. À ce moment-là, le pronucleus femelle descend
dans l'écorce de l'œuf, toute fusion avec le second glo-
bule polaire est devenue impossible. J'ai pu faire cette constata-
tion sur 180 œufs, sur 200 observés. Le faible écart entre ces
deux chiffres me paraît négligeable, étant données les difficul-
tés de l'observation.
Il est donc bien prouvé que, chez la Grenouille, le double-
ment du nombre des chrénaasemes chez Aairales larves par-
ihénogénétiques s'effectue sans aucune intervention du second
globule polaire.
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901
(71) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE
D Re ne eo
II. —— En fécondant des œufs de divers Batraciens avec des
spermatozoïdes altérés par des procédés chimiques (colorants
vitaux, par exemple), G. Hertwig est parvenu à obtenir la seg-
mentation de ses œufs, segmentation qu'il assimile à un déve-
loppement parthénogénétique. Il constate, en suivant l’évolu-
fion des œufs, que certains présentent un retard initial, de durée
notable, antérieurement au premier clivage. Il isole ces œufs
particuliers. Les larves qui en dérivent ont le nombre double de
chromosomes, alors que les autres œufs fournissent des larves
ayant le nombre réduit.
On sait, d’autre part, que Herlant a cherché à expliquer le
mécanisme morphologique du doublement du nombre des chro-
mosomes par l'intervention d'un monaäster au contact duquel,
par une division avortée, le nombre doublerait, qui se transfor-
merait ensuite en amphiaster donnant, par une division effec-
tive, cette fois, deux blastomères ayant chacun le nombre di-
ploïde de chromosomes. Cette hypothèse, qui exige un retard
au début du développement, trouverait un point d'appui dans
la constatation de G. Hertwig, et Paula Hertwig (1920) insiste
sur ce fait pour plaider en faveur de l’hypothèse du monaster.
D'après l'étude de mes œufs fixés, je n'avais constaté que tout
à fait exceptionnellement un retard de segmentation chez cer-
tains œufs, chez lesquels, du reste, le nombre des chromosomes
était aussi bien n que 2n. |
Pour trancher définitivement cette question, j'ai noté minu
tieusement pour près de 200 œufs parthénogénétiques le temps
d'apparition du premier clivage, à une température constante.
Je n'ai pas constaté entre tous ces œufs des différences de plus
de 15 minutes. Comme la valeur du retard imputable au jeu
du monaster est au moins 5 fois plus grande, je crois l’obser-
vation décisive, mes élevages m'ont, en effet, une fois de plus
donné des deux sortes d’embryons, à n ou 2n chromosomes.
: Pour ce qui est de la constatation de G. Hertwig, je me de-
mande si l'assimilation qu'il fait de tous ses développements à
des développements parthénogénétiques n'est pas un peu ris-
quée. Dans les cas où les spermatozoïdes utilisés par lui ont été
peu altérés (par le rouge neutre, par exemple), peut-être y a-t-il
une véritable amphimixie, dont le caractère anormal se tradui-
rait par un retard du premier clivage. Seule une étude cytolo-
gique précise pérmettra de résoudre ce problème.
—
902 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (72)
UM SUR ER RP ne Mg ie ue sé ie
ACTION DU MILIEU INTÉRIEUR DES TRITONS SUR LEURS OEUFS,
par À. WEBER.
J'ai décrit dans plusieurs notes les manifestations de toxicité
que présente le milieu intérieur d'Urodèles adultes vis-à-vis de
leurs œufs greffés dans la cavité péritonéale. C’est chez Triton
cristatus que ces phénomènes sont le plus accentués ; les œufs
fécondés et fraîchement pondus sont ainsi bloqués en quelques
minutes et profondément altérés au bout d'une heure. Il est
manifeste que le milieu intérieur de Triton cristaius est très
toxique pour ses œufs après la fécondation. Dans certaines con-
ditions, cette toxicité s’atténue, ainsi par la captivité et vraisem-
blablement aussi sous l'influence de causes saisonnières ou ethno-
logiques. Vers la fin de la période de ponte, il semble que la
sérosité péritonéale des mâles, fraîchement capturés, ne bloque
nourriture plus ou moins abondante semble jouer également
un rôle à ce point de vue.
La rapidité avec laquelle le milieu intérieur de Triton crista-
tus amène l’altération de ses œufs rend l’analyse de ces phéno-
mènes assez délicate. Pour essayer d’apporter un peu de lumière
sur cet ensemble de faits compliqués, je me suis adressé à Triton
alpestris. Chez ce dernier, la toxicité est beaucoup moindre. La
sérosité péritonéale des mâles, fraîchement capturés ne bloque
l’œuf fécondé de la même espèce qu’au bout d’une heure ou
plus. Il devient ainsi plus facile de graduer les effets toxiques et
d'étudier les aspects de l’altération des œufs.
On sait comment les Urodèles femelles recueillent dans leur
cloaque les spermatophores émis par le mâle. Les spermatozoïdes
s'accumulent dans les tubes de Siebold d’où ils peuvent émigrer
à travers l’oviducte. Chez les Tritons, un assez grand nombre
de ces spermies s’amasse contre l’œuf, sous sa coque. Plusieurs
spermatozoïdes, dont un seul fécondant, pénètrent dans l'œuf ;
les noyaux spermatiques accessoires, au nombre de 3 à ro, dégé-
nèrent rapidement. Habituellement, du moins à Genève, au mo-
ment de la ponte, les deux pronucléi sont accolés ; dans leur
encoche un aster est visible. Les noyaux spermatiques accessoi-
res sont aussi accompagnés d’un aster de petite dimension. La
trace de la pénétration des spermatozoïdes se retrouve dans les
trous vitellins de la surface de l’œuf et dans des traînées de pig-
ment qui disparaissent rapidement.
Si l’on greffe un œuf de Triton alpestris, immédiatement après
la ponte, dans la cavité abdominale d’un mâle adulte de même
espèce, l'œuf est tué au bout de deux ou trois heures ; il présente
des altérations de cytolyse et de caryolyse : cette dernière porte
(73) SÉANCE DU 16 SRPTEMBRE 903
également sur les pronucléi et les noyaux spermatiques acces-
soires.
Un séjour d’une heure environ bloque sans altération appa-
rente les pronucléi et les noyaux spermatiques dans l'état où ils
se trouvent au moment de l'expérience ; ils sont incapables
de récupérer leur activité et finissent par mourir et se désagré-
ger.
Lorsque la greffe de l'œuf est interrompue plus rapidement,
au bout d’une demi-heure ou de trois-quarts d'heure, il y a blo-
quage définitif des deux pronucléi dont la conjugaison est in-
hibée. Quand il s’agit d'un œuf où l’amphimixie est un fait ac-
compli, l'amphicaryon ne se divise pas. Par contre, dans ce cas,
les noyaux spermatiques accessoires ne semblent pas atteints.
Au contraire, et sans doute par suite du bloquage du noyau de
l'œuf, ils se multiplient avec une activité extraordinaire. On
obtient ainsi des aspects rappelant ceux d’un œuf abondamment
polyspermique. En réalité, il n’y a pas, comme je l'avais cru,
une véritable polyspermie. Je n’ai pas réussi à trouver la trace
d'une nouvelle pénétration de spermatozoïdes. Ceux qui sont
demeurés entre la coque et l’œuf présentent des manifestations
de dégénérescence ; leur tête gonfle, s’arrondit et se désagrège.
Lorsque la durée de la greffe est moindre encore et ne dépasse
pas un quart d'heure à vingt minutes, le bloquage des pronu-
cléi ou du noyau de l'œuf n’est que partiel ; il n’y a qu’une inhi-
bition temporaire. L’amphimixie s’accomplit ou bien le noyau
de l’œuf se divise, mais lentement, tandis que les noyaux sper-
matiques ‘accessoires présentent des cinèses multiples, moins
actives cependant que dans le cas précédent. On obtient ainsi
des œufs présentant des aspects de polyspermie peu abondante.
Si l’on opère avec Triton cristalus dont le milieu intérieur est
atténué par la captivité, on obtient des résultats identiques à
ceux que je viens de décrire chez Triton alpestris, avec la possi-
bilité de mieux graduer les effets de la sérosité péritonéale sur
l'œuf. En se servant de Triton cristalus, récemment capturé, il
est plus difficile d'obtenir l'effet désiré, la réaction étant trop
rapide.
Il est possible de résumer ainsi l’action du milieu intérieur
de Triton crislatus et de Triton alpestris sur leurs œufs : 1° Séjour
prolongé de l’œuf dans le péritoine. Cytolyse de l'œuf ; caryo-
Iyse des pronucléi et des noyaux spermatiques accessoires ;
2° Séjour moins prolongé. Bloquage des pronucléi et des
noyaux spermatiques accessoires ;
3° Séjour de moins de durée. Bloquage des pronuecléi ; activité
cinétique considérable des noyaux spermatiques accessoires.
4° Séjour de peu de durée. Inhibition temporaire des pronu-
904 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (74)
DS 4 7) 0 Le DÉPIT NE EE
cléi : faible activité cinétique des noyaux spermatiques acces-
soires. mice
Dans les deux derniers cas l'œuf se développe, mais donne
naissance à des formes tératologiques.
ESSAIS DE SURFÉCONDATION HÉTÉROGÈNE CHEZ LES BATRACIENS,
par À. WEBER.
Comme on vient de le voir, j'ai réussi à inhiber l’activité nu-
cléaire d'œufs de Tritons sans déterminer une altération appré-
ciable du cytoplasme, pas plus, du reste, que de la structure des
pronueléi. Dans ces conditions, il m’a semblé qu'il était possible
de considérer dans une certaine mesure l’œuf ainsi traité comme
privé de noyau. Il m'a paru intéressant de chercher à réaliser
une tentative de mérogonie en soumettant les œufs greffés à
l’action des spermatozoïdes étrangers. Je n'ai pas tenté de provo-
quer une surpénétration de spermies de Triton de même espèce ;
en effet, en bloquant seulement le noyau de l’œuf, il se produit
une multiplication des têtes des spermatozoïdes accessoires qui
donnent naissance à de nombreux noyaux, sans qu'il y ait seg-
mentation apparente. Aucun isolement ne semble s'établir entre
les territoires cytoplasmiques dévolus à chaque spermatozoïde.
Il n’y a pas, à proprement parler, chez le Triton, d’énergide, au
sens précis de Brachet, se manifestant par des irradiations du
protoplasme. L’œuf polyspermique est un symplaste nucléé,
formé d’énergides au sens de Sachs.
La question se posait de savoir ce que deviendraient dans un
œuf de Triton fécondé et bloqué, des spermatozoïdes étrangers
déterminant dans l'œuf de leur espèce des énergides irradiées.
De nombreuses difficultés m'ont empêché de multiplier les ex-
périences. Il faut ainsi trouver des Batraciens d'espèce différente
en maturité sexuelle à la même époque, ou bien avoir, au mo-
ment voulu, des Tritons fraîchement capturés pour pouvoir dé-
terminer facilement l’état des œufs d’après le temps qu'ils ont
passé dans le péritoine de l’adulte. Pour ces expériences, je me
suis servi d'œufs de Triton cristatus greffés dans la cavité péri-
tonéale de leurs mâles ; j'ai fait ensuite une brêche dans la co-
que très résistante de ces œufs et je les ai placés dans de l’eau
contenant du sperme de Crapaud (Bufo vulgaris), recueilli dans
les canaux déférents, . A
(75) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 905
Rep en le NN UN LR nn,
J'ai amené les œufs de Triton aux quatre stades d’altération
indiqués dans la note précédente. Les spermatozoïdes de Cra-
paud n'ont pénétré que dans un seul œuf où l’amphicaryon se
trouvait bloqué, mais dans lequel les têtes de spermatozoïdes
accessoires montraient une grande activité cinétique.
Voici, en résumé, comment se sont comportés les œufs de
Triton greffés sur adulte, puis mis au contact du sperme de Cra-
paud.
I. OŒEufs cytolysés et caryolysés. Pas de pénétration de sperma-
tozoïdes étrangers.
IT. OEufs à pronucléi et monocaryons bloqués définitivement.
Pas de pénétration.
IIT. OEufs à pronucléi bloqués définitivement, à monocaryons
actifs. Pénétration.
IV. OŒufs à pronucléi et monocaryons bloqués temporaire-
ment. Pas de pénétration.
L'’œuf surpénétré par des spermatozoïdes de Crapaud a été
conservé 24 heures dans de l’eau pure, puis fixé et coupé en
série, après photographie. Extérieurement, il présentait une
forme incomplètement ovoïde. Il reposait sur le fond du cristal-
lisoir par une face régulièrement arrondie et montrait à sa sur-
face visible une série de bosselures, séparées par de légers sillons
et tachées de gris à leur partie la plus saillante. |
En coupe, on voit que l’œuf est décomposable en trois parties;
l’une profonde qui contient l’amphicaryon, une autre plus super-
ficielle montre d’assez nombreux noyaux spermatiques acces-
soires en voie de division mitotique. Les bosselures de la surface
sont de véritables énergides, au sens de Brachet, avec une irra-
diation très nette du cytoplasme autour de noyaux volumineux.
Ces énergides sont séparées par de minces zones claires; un
certain nombre d’entre elles possèdent une cavité volumineuse
qui renfermait du liquide et se traduisait à la surface de l'œuf
par une tache sombre. Les noyaux de ces énergides sont accom-
pagnés d’un petit aster quelquefois double, aucun d’eux n’est en
phase de division. Une traînée de pigment se dirige de la surface
de l'œuf vers certains de ces noyaux. À côté de l’un d'eux on
voit un petit filament caudal. Ce sont des spermatozoïdes de
Crapaud qui ont pénétré dans l’œuf de Triton ; leur tête a donné
un corps nucléaire plus volumineux que ceux des noyaux sper-
matiques accessoires de Triton. Sous l'influence de leur centre,
le cytoplasme ovulaire s’est organisé autour d'eux en énergide.
La vésicule de ces pseudo blastomères est sans doute une réac-
tion du cytoplasme du Triton contre l’arrivée d'éléments nu-
cléaires étrangers.
La présence de l’amphicaryon indique que la fécondation
BrorociEe. COMPTES RENDUS. — 1922: T. LXXXVII. Gt
906 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (76)
normale était accomplie lorsque l'œuf a été surpénétré par les
spermatozoïdes de Crapaud.
Laissant de côté les anciennes explications sur l’impénétrabi-
lité de l'œuf à de nouveaux spermatozoïdes après l'entrée du
spermatozoïde fécondant, accompagné parfois de quelques sper-
mies accessoires (formation d’une membrane, onde de contrac-
tion, etc.), on peut dire qu'actuellement il y a deux théories
principales en présence pour expliquer ce fait général, l’une se
rattache aux phénomènes physiques, l’autre est d'ordre chimi-
que.
La théorie physique, énoncée par Brachet et Herlant (récem-
ment mise en doute par Brachet), attribue l’impénétrabilité ul-
térieure aux spermatozoïdes, à des modifications physiques du
cytoplasme qui se traduisent morphologiquement par les irra-
diations des énergides.
C'est à Lillie que l’on doit la théorie chimique : l'œuf est pé-
nétrable aux spermatozoïdes tant qu'il émet de la fertilisine.
Après la fécondation, aucune exsudation ovulaire de cette na-
ture n'est plus décelable. Dans mes expériences, la surpénétra-
tion des spermatozoïdes étrangers s’est produite après l’amphi-
mixie, à un moment où l'œuf peut être considéré comme pleine-
ment activé. Moore n’a réussi à surféconder des œufs d’Arbacia
que lorsque l'activation de l’œuf est tout au début. Il a pourtant
réussi à provoquer la pénétration de spermatozoïdes dans les
premiers blastomères obtenus par parthénogénèse. Dans le pre-
mier cas, comme dans ce dernier, les spermatozoïdes d’Arbacia
se comportent dans leur œuf comme des corps étrangers. Ils
ne forment pas de noyaux et dégénèrent presque immédiate-
ment sous l'influence du cytoplasme. Dans l’œuf que j'ai ob-
tenu, au contraire, les têtes des spermatozoïdes étrangers se
transforment en noyaux et conditionnent spécifiquement la
structure du cytoplasme ovulaire qui les entoure. C’est à ce point
de vue qu’il me paraît justifié de qualifier ce phénomène de
véritable surfécondation en attendant que de nouvelles expé-
riences me permettent de tenter d'expliquer la possibilité de la
surpénétration de ces spermatozoïdes étrangers à l'espèce de
l’œuf.
PR ee À
-
(77) SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 907
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA FONCTION ÉRYTHROPOÏÉTIQUE
DE L'HYPOPHYSE,
par J. WATRin.
La présence de foyers d’érythropoïèse dans l’hypophyse du Co-
baye au cours de la gestation nous a fait nous poser la question
suivante : d’autres états physiologiques sont-ils susceptibles de
provoquer l'apparition d’aspects semblables dans la même
glande ? Dans ce but, nous avons déterminé expérimentalement
chez le Cobaye des états anémiques plus ou moins marqués par
des saignées successives : un 1” animal a été saigné par ponc-
tion du cœur, à 4 reprises différentes, dans une période de
10 jours et a ainsi perdu 20 c.c. de sang ; un 2° a été saigné
toutes les semaines 9 fois consécutives, et il lui a été prélevé
chaque fois ro c.c. de sang ; enfin un 3° a subi 21 saignées, à
raison d'une par semaine et chaque prélèvement a fourni 10 à
12 C.c. de sang. Ces Cobayes ont été respectivement sacrifiés le
1”, 2 jours, le 2°, 4 jours, le 3°, 6 jours après la dernière prise
de sang ; les hypophyses, enlevées immédiatement, ont été fi-
xées, incluses et débitées en coupes de 5 p.
L'examen histologique a donné les résultats suivants : chez le
1” Cobaye les modifications hypophysaires ont été à peu prè
nulles ; chez le second, nous avons constaté de rares foyers
d'érythropoïèse ; seule l’hypophyse du 3° Cobaye a fourni des
images instructives : la réaction érythropoïétique existait, mais
tout à fait différente de celle que nous avons constatée au cours
de la gestation. Dans ce cas, nous l'avons signalé antérieure-
ment (1) les modifications intéressent plus spécialement le lobe
paranerveux ou chromophobe ; nous y avons signalé la présence
de plages claires au niveau desquelles les cellules subissent une
véritable plasmolyse et mettent en liberté un noyau pycnotique,
que la laque ferrique d’'Heidenhain colore énergiquement en
noir ; ce corpuscule chromatique se dépouille en tout ou partie
de sa chromatine et prend l'aspect d’une hématie. Chez le Co-
baye saigné de telles images sont rares ; nous les avons retrou-
vées sur quelques préparations et encore sous un aspect très dis-
cret et très localisé, au voisinage immédiat du lobe nerveux.
Par contre, le lobe glandulaire présente uniformément des pe-
tites cellules éosinophiles à noyau pycnotique, que nous avons
signalées également au cours de la gestation et que Collin et
Baudot ont vues dans l’hypophyse embryonnaire; ces petites
cellules sont très nombreuses et font partie intégrante de cor-
(1) GC. R. de la Soc. de biol., Nancy, mai et juillet 1922,
908 RÉUNION BIOLOGIQUE ! DE MARSEILLE (78)
dons glandulaires. Leur protoplasme est homogène et prend for-
tement l’éosine, le noyau retient très vivement l’hématoxyline
ferrique, par l'emploi de la méthode de Mann, le protoplasme
prend un belle teinte mauve foncé et le noyau devient rouge vif,
comme des hématies des capillaires voisins. De telles cellules
peuvent être considérées comme des érythrocytes, bien que nous
n’ayons pas vu de stades intermédiaires entre elles et les héma-
ties définitives’; elles offrent toutes le même aspect : petits élé-
ments arrondis, chromophiles, à cytoplasme homogène et à
noyau volumineux. Leur nombre est, avons-nous dit, très élevé,
surtout à la périphérie du lobe glandulaire ; les capillaires, par
contre, sont loin d'offrir la même richesse que dans l’hypophyse
du Cobaye gravide. Dans aucun cas nous n’avons retrouvé de
pseudo-acinis. En somme des saignées, à condition qu'elles
soient abondantes et répétées, sont susceptibles d'éveiller l’acti-
vité hématopoïétique de l’hypophyse, mais jamais d’une façon
aussi marquée qu’au cours de la gestation. |
(Laboratoire d’histologie normale de la Faculté de médecine
-de Nancy).
Imp. A. DAVY et FILS Aîné 52 r. Madame, Paris. Le Gérant : A. DAVY.
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lettres au Poe général, à l’Institut Pasteur, Paris (15°). LT
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7
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SEANCE DU
BazTeano (1.) : Recherches sur
l'élimination du Bacille d’Eberth
et des paratyphiques chez les Co-
DANCE NES EUr Ed
Doyox (M.) : Présentation de
DIR LES OSSPOIlUS. 41...
EmiLe-WeEiL (P.); Bocace et
Iscu-WaLz : Les variations du
temps de saignement expérimen-
tal chez la Femme enceinte.....
KaouviNe-DELAUNAY (Y.)
anaérobie de l'intestin humain
digérant-la cellulose: ....::....
Lecen (M.)et Bauryx (A.): Mi-
crofilaire sanguicole du Renard
africain Fennecus dorsalis Gray.
Lecer (M.) et BéDier (E.)
Hémogrégarine du Cynocéphale ;
Papio sphinx E. Geoffroy.......
Lecer (M.) et BéDrr (E.) :
Piroplasme du Renard d’Afrique;
Fennecus dorsalis Gray.....
Marie (P.); BouTrTiER (E.) et
ToRGOULESCO (N.) : Etude biocli-
Bio1octEe. COMPTES RENDUS, — 192
14 OCTOBRE
936
954
(922
SOMMAIRE
nique sur la reaction du benjoin
colloïdal dans 105 cas d’affections
HEULOIOSIQUES Se rer coeiee
NAGEOTTE (J.) : À propos de la
note de E. Laguesse intitulée :
« Le tissu conjonclif périchordal
dérive-t-il d’un réseau de fibrine
ou d’un mésostroma ? ».... ...
NAGEoTTE (J.) : Remarques sur
l’ostéo-radio-nécrose de Cl. Re-
UN OR MAR RRRAR AE S M ENAEER
Picano (C.): Germination brus-
que du pollen dans l’extrait d’o-
vule homolooue: 00:40
Ravovicr (A.) et CarnioL (A.) :
A propos de l’inexcitabilité pério-
dique réflexe. Réponse à M. Peti-
OU adtcocogsecocvoocoetovoe
REGAuD (CL.) et LacassacnE
(ANT.) : À propos des mmodifica—
tions déterminées par les rayons
X dans l'ovaire de la Lapine...
WiNTREBERT (P.) : La voûte
palatine de Lysorophus........
2. T. LXXXVIL
919
919
G 2
910 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Présidence de M. G. Bohn, vice-président.
À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL,
À PROPOS DE LA NOTE DE E. LAGUESSE INTITULÉE :
« LE TISSU CONJONCTIF PÉRICHORDAL DÉRIVE-T-IL D'UN RÉSEAU
DE FIBRINE OU D'UN MÉSOSTROMA ? Pi )
par J. No
Je supplie mon ami Laguesse de ne pas me faire dire des choses
que je n'ai jamais dites ni pensées et de ne pas m argumenter sur
des opinions absurdes qu’il me prête gratuitement. La question
de Ia substance conjonctive est déjà bien assez ardue; il
convient de ne pas la rendre incompréhensible en défigurant les
travaux dont elle a été l’objet.
Je n'ai jamais dit que « les fibres collagènes de l'embryon se
forment aux dépens d’un réseau de fibrine primitif », j'ai seule-
ment montré que, d’une façon générale, la substance conjonc-
tive est un coagulum du type fibrineux — par opposition au type
caséeux — c'est-à-dire un coagulum fibrillaire, qui a pour ori-
gine les albumines du milieu intérieur et qui se fait à l'extérieur
des cellules, sous l’action des ferments sécrétés par ces dernières ;
mais ceci ne signifie pas que ce coagulum est toujours constitué
primitivement par de la fibrine : bien au contraire, j'ai eu soin
de préciser, dès le début de mes recherches, que la formation des
fibres collagènes aux dépens d’un réseau de fibrine primitif est
un phénomène exclusivement propre aux cicatrices et à certains
processus pathologiques. Lors de ma première communication
sur ce sujet (2), je m'’exprimais dans les termes suivants, que la.
x
note de Laguesse m'oblige à rappeler
« Lorsqu'elle est arrivée au terme de son évolution, _ sub-
He collagène cicatricielle est absolument identique à la sub-
stance collagène normale. Mais, tandis que, chez l'embryon, la
substance fondamentale apparaît sans que l’on puisse saisir son
mode de formation, dans les cicatrices il existe entre elle et l’al-
bumine du milieu intérieur un intermédiaire qui trahit son ori-.
gne : la fibrine. Cela signifie-t-il que la substance fondamentale
normale a une autre origine que la « substance fondamentale
(1) C. R. de la Soc. de biol., 22 juillet 1922.
(2) J. Nageotte. Les substances conjonctives sont des coagulums albuminoïdes
du milieu intérieur. C. R. de la Soc. de biol., 21 octobre 1916.
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 911
cicatricielle ? Je ne crois pas qu'une telle supposition puisse ve-
nir à l'esprit de personne ». Et j'ajoutais, pour mieux préciser
ma pensée : « D'ailleurs un stade fibrineux pourrait exister chez
l'embryon sans qu'il apparaisse par nos techniques, si la trans-
formation se fait molécule à molécule, au moment même de la
coagulation. » Cette dernière supposition n’est pas autre chose
que celle faite par les chimistes pour expliquer qu'un corps inter-
médiaire, dont l'existence semble indispensable, n'apparaît pas
au cours d'une série de réactions.
Depuis que j'ai écrit les lignes citées, je n'ai pas changé d'opi-
nion, sauf sur un point ; je sais maintenant que la substance
fondamentale n’est pas autre chose qu'un réseau extrèmement
délicat de fibrilles, qui sont déjà de la substance collagène.
J'ajoute que, dès mes premières notes, j'ai montré la possibi-
lité, pour la substance collagène, de se faire par métamorphisme
de parties déjà concrétées sous une autre forme, par exemple
aux dépens de la membrane de Schwann primitive des fibres ner-
veuses embryonnaires, et même aux dépens du protoplasma de
cellules mortes. Mais j'ai longuement discuté toute cette question
dans un livre récent (1) et il est inutile que j y insiste de nou-
veau ici.
Par contre, il me faut entrer dans quelques explications au
sujet des préparations d’embryon de Poulet que j'ai montrées à
l'Association des anatomistes, sans donner de note, et auxquelles
Laguesse fait allusion ; j'en ai publié une figure dans le livre cité
ci-dessus (PI. IV). Le réseau périchordal, qui se continue insen-
siblement avec la gaine de la chorde, est excessivement délicat
et formé de fibrilles d’une finesse extrême ; il est coloré en bleu
grisâtre, comme le dit Laguesse, dans les points où il est ténu,
mais à mesure quil se condense pour former la gaine de la
chorde, sa couleur bleue apparaît de plus en plus intense : sim-
ple question de densité — en tout cas il se distingue d’une façon
‘extrêmement nette des arborisations protoplasmiques. qui sont
infiniment plus grossières, qui ont une autre forme et qui se
colorent en rouge ou en rouge violacé, suivant que l’on à poussé
plus ou moins loin l’action du bleu. Laguesse m'objecte la déli-
catesse du maniement de la méthode de Mallory : je le prie de
croire que je suis édifié sur ce point, particulièrement en ce qui
concerne les jeunes embryons, mais je ne vois pas bien comment
j'aurais pu tirer de mes préparations la conclusion qu'il s’agit
d’un « réseau de fibrine primitif », puisque la fibrine, comme
chacun le sait, se colore en rouge par la méthode de Mallory ; de
(1) J. Nageotte. L'organisation de la matière, dans ses rapports avec la vie,
1922.
912 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
plus, le réseau périchordal n’a nullement la morphologie carac-
téristique des réseaux de fibrine, mais bien plutôt celle des ré-
seaux dont est faite la soi-disant substance fondamentale. Je sup-
pose qu’une confusion s’est produite, dans l'esprit de Laguesse,
entre les préparations d'’embryon de Poulet et celles de cicatrices
de Lapin, que je présentais en même temps.
Il est difficile d'obtenir dans les préparations le réseau péri-
chordal en bon état ; les détails que Laguesse donne sur ses
propres coupes ne concordent pas du tout avec ce que j'ai vu, pas
plus que les descriptions et les figures de Szily. Je comprends fort
bien comment des altérations artificielles de ce réseau, dûes à la
fixation et à l'inclusion, peuvent donner les aspects observés par
les auteurs ; mais je n'arrive pas à me figurer l'inverse : je ne
saisis pas du tout comment ce réseau, tel que je l’ai mis en évi-
dence, pourrait être une déformation artificielle des objets dé-.
crits par Laguesse. J'aurai prochainement à revenir sur ce
point. ;
Pour l'instant, je m'en tiens à la conclusion de ma dernière
note (22 juillet 1922), qui vaut pour l'embryon comme pour
l'adulte
« Aucune raison anatomique n'empêche de considérer la trame
conjonctive comme un coagulum fibrillaire, très différent dans
ses particularités du caillot fibrineux, mais apparenté à ce der-
nier parce qu'il se construit suivant un processus physique de
même ordre. »
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2
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 913
A ———— ee
REMARQUES SUR L'OSTÉO-RADIO-NÉCROSE DE CL. REGAUD (1),
par J. NAGEOTTE.
Les faits observés par CI. Regaud s'accordent parfaitement
avec une notion qui résulte de mes expériences sur les greffes
mortes (2) et que j'ai exprimée ainsi qu'il suit : « la nécrose d’une
portion de tissu conjonctif est le résultat d’un processus qu'il ne
faut pas confondre avec la simple destruction aseptique des élé-
ments vivants contenus dans ce tissu. »
j'ai montré, en effet, que l’on peut déterminer à volonté l’es-
carrification et l'élimination d’une portion limitée de greffe carti-
lagineuse morte, alors que le reste du greffon persiste et se rat-
tache aux tissus de l’hôte comme un greffon vivant, sauf cer-
taines modifications dont j'ai étudié le mécanisme dans la note
que j'ai publiée à ce sujet.
La nécrose du tissu conjonctif comporte donc, en plus de la
mort des cellules, un élément surajouté qui conditionne la sec-
tion de la trame entre le mort et le vif et permét ainsi l’élimina-
tion de l’escarre ; sans être éliminée, cette escarre peut aussi être
complètement détruite sur place. Le facteur nécessaire à l’appa-
rition du syndrome nécrose peut être infectieux ou toxique ; l’ex-
périmentation montre quil agit en provoquant la phagocytose
des faisceaux conjonctifs. Tant que ces faisceaux ne sont pas
souillés ou altérés dans leur constitution par des substances no-
cives, ils n’attirent pas les leucocytes et persistent indéfiniment
intacts, malgré la destruction de tous les éléments cellulaires du
; tissu, d'où il suit que la mort d’un territoire de tissu conjonctif
peut fort bien ne s’accuser par aucun signe extérieur.
À l’appui de ces considérations, je citerai ce qui se passe dans
les injections sous-cutanées d’éther, où il ne se forme pas d’es-
carre, bien que toute cellule soit tuée dans le périmètre de diffu-
sion du liquide, qui est toxique pour les éléments vivants, mais
qui n'altère pas l’organisation de la substance conjonctive. De
- même, on trouve parfois, dans les fibromes, de grands territoires
où il n'y a plus un seul élément cellulaire : ce sont des parties
mortes et non des escarres, attendu qu'il n’y a aucune réaction
des tissus environnants et aucun phénomène de destruction de la
à (1) CI. Regaud. Sur la sensibilité du tissu osseux normal vis-à-vis des radia-
tions X et y et sur le mécanisme de l’ostéo-radio-nécrose. C. R. de la Soc. de
biol., 22 juillet 1922.
(2) J. Nageotte. Escarre par dessiccation du cartilage auriculaire vivant et des
portions dénudées de greffes cartilagineuses mortes; mode d'élimination et
‘phénomènes consécutifs. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXX, 28 juillet 1917.
Reviviscence des greffes conjonctives mortes. Jbid., 24 novembre 1917.
914 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
substance conjonctive ; ce fait est encore plus démonstratif que
le précédent, parce qu'il s’agit non pas d’un état transitoire, au-
quel la réhabitation met fin très vite, mais d’une lésion an-
cienne et définitive.
Mais si la mort du tissu conjonctif, quelle que soit la variété
à laquelle ce tissu appartient, n’est pas la nécrose, au sens précis
du mot ; par contre, l’on conçoit aisément que les territoires où
toutes les cellules sont mortes, étant démunis par cela même de
leurs moyens de défense, puissent se nécroser tout d'un coup
et dans toute leur étendue par l'effet d’une complication septique.
La connaissance de ces faits et de leurs conséquences me pa-
raît être de nature à éclairer le processus de l’ostéo-radio-nécrose.
Dans les cas que CI. Regaud a observés cliniquement avec une
grande perspicacité, les phénomènes de nécrose ont éclaté tardi-
vement et subitement à la suite d’une infection düe à une cause
secondaire ; mais ce que je viens d'exposer rend très probable, à
mon avis, que les cellules osseuses avaient été tuées au moment
même de l’irradiation.
L'auteur rapporte la vulnérabilité de l’os vis-à-vis des rayons
à une propriété inhérente à la substance fondamentale plutôt
qu'aux cellules. À cela, on peut objecter que les cellules osseuses,
à l’inverse des cellules cartilagineuses et des fibroblastes, n'’of-
frent normalement qu'une résistance très faible aux causes des-
tructives. Dans lés greffes, elles meurent presque toutes ; dans
les fractures, comme l’a montré Christophe (1) et comme je l’ai
vérifié chez le Rat, il se produit toujours de larges mortifications
de l’os. En pareil cas, les parties mortifiées, qui ne sont pas pour
cela nécrosées, se résorbent rapidement ; mais ce fait résulte
évidemment de circonstances accessoires, car l’on sait par la
pratique chirurgicale que dans certaines conditions, qui ont été
précisées plus ou moins bien, des pièces prothétiques d'os mort
peuvent persister indéfiniment.
Si, suivant la conception ingénieuse de CI. Regaud, la sub-
stance fondamentale de l’os produit, de son côté, un renforce-
ment de l’action des rayons, il devient tout à fait vraisemblable
que la mortification des cellules osseuses, si fragiles déjà par
elles-mêmes, se produit beaucoup plus fréquemment qu'on ne
le suppose : on la trouverait sans doute, même en l'absence de
lésions des parties molles et de toute nécrose de l'os, si on la re-
cherchait systématiquement par des moyens appropriés. [1 con-
viendrait d'étudier histologiquement les os des régions irradiées,
car il n’y a pas lieu de se fier aux apparences macroscopiques,
(x) Christophe. Note sur le mécanisme de l'ostéogenèse de réparation et le
processus de résorption de certains greffons osseux morts. (C. R. de la Soc. de
biol., t. LXXXV, 25 juin 1921.
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 915
qui peuvent fort bien rester indéfiniment normales, malgré la
mort des cellules, si les facteurs qui déclenchent la nécrose n'in-
terviennent pas et si, d'autre part, les vaisseaux ont résisté à
l'irradiation.
PRÉSENTATION DE PIÈCES. OS POILUS,
par M. Doxon.
1. Je pratique, en général, l’autopsie complète de tous les
Chiens sur lesquels je réalise des expériences. J’ai fait des cons-
tatations intéressantes, mème sur des sujets, en apparence en
parfaite santé. J’ai observé, notamment, que tous les Chiens un
peu âgés portent des tumeurs. J’ai aussi constaté, dans le péri-
toine normal d'un Chien, la présence d’un Ascaris long de plus
de 10 cm., libre et extrêmement mobile. Récemment, j'ai ob-
servé une Chienne dont la cavité péritonéale était remplie d'os
recouverts de poils. J'ai l'honneur de vous soumettre des os et
des photographies concernant ce cas. Je limiterai d’ailleurs mon
exposé à la présentation des pièces et aux renseignements abso-
lument indispensables.
IL. La Chienne était âgée de 6 à 7 années environ : amenée
pendant les vacances de Pâques, elle a été utilisée en vue d’une
expérience dès la rentrée. Elle paraissait bien portante, mais il
m'a été dit, l'expérience faite, que l’animal avait présenté passa-
gèrement un peu de ballonnement du ventre. Des photogra-
phies, dont une en couleur, montrent l’aspect de la cavité péri-
tonéale après l’incision médiane et l’écartement des parois abdo-
miünales. Des os de fœtus apparaissent en très grand nombre,
soit en amas, soit isolés. Il semble que ces os appartiennent à
plusieurs fœtus et représentent des squelettes complets. Les os
paraissent normaux, sauf qu'ils sont tous plus ou moins cou-
verts de poils. Ils sont soit libres (en petit nombre), soit plus ‘ou
moins adhérents aux organes voisins ; on constate, en effet, tous
les signes d’une péritonite ancienne. Les anses intestinales sont
agglomérées. En divers endroits, notamment à la surface du
foie, existe une couche fibrineuse (infiltrée de cellules inflam-
matoires) au sein de laquelle on trouve des os et des poils isolés.
La cavité péritonéale contenait une petite quantité d'un liquide
hémorragique aseptique.
IT. Un dessin demi-schématique montre les résultats de la
dissection. L’utérus présente plusieurs perforations aux bords
cicatrisés : une à la face antérieure, une à la face postérieure,
916 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ns 0 DA A
une au niveau de la corne droite. Par la large déchirure de la
corne, on aperçoit un crâne complet dont les os, bien en place,
sont maintenus par les parois utérines. Le mésentère adhérait à
la corne utérine ; quelques tractions un peu fortes ont suffi pour
décoller le mésentère et dégager l'orifice de rupture. On a pu
FIG. r.
passer une sonde à travers le vagin et l'utérus dans la cavité péri-
tonéale. À gauche, la corne utérine et les annexes manquent,
probablement par suite d’une malformation congénitale. Dans
le Douglas et le ligament large droit paraît exister une poche
volumineuse. La Chienne présentait une tumeur d’une des thy-
roïdes.
IV. Le fait capital est l'implantation des poils dans les os : je
;
|
"Ci
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 91
t
l'OSSiISsemen
vous soumettrai plus tard les résultats complets et définitifs des
recherches histologiques. Les poils sont dans les canaux de
918 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Volkmann, mais, jusqu à ce jour je n'ai pu découvrir ni bulbes,
ni gaines épithéliales ; je n’ai pas réussi encore à me rendre
compte clairement des rapports des poils avec le tissu osseux.
V. Il y a, à l'Ecole vétérinaire de Lyon, une pièce sur laquelle
on ne possède pas de renseignements précis, qui a été décrite par
L. Guinard (Précis de Tératologie, Baillière) et qui est compa-
rable aux pièces que j’ai l'honneur de vous présenter. La pièce
de l'Ecole vétérinaire de Lyon est conservée à l’état de squelette
et se compose essentiellement d'un maxillaire inférieur complet
et de plusieurs fragments appartenant aux os de la face et au
maxillaire supérieur, le tout provenant d’un fœtus de Vache.
Toutes les parties de ces os sont envahies par des poils qui sor-
tent abondamment par les conduits dentaires. Malgré l’état défa-
vorable de la pièce, M. Lesbre a pu constater que les poils se
perdent au sein de la substance médullaire. |
VI. S'agit-il, dans le cas que j’ai l'honneur de vous soumettre,
d'un fait de monstruosité, d’un kyste dermoïde P C’est possible.
Cependant, j'incline à admettre une rupture utérine, rupture
suivie de la macération et de la dissolution des fœtus libérés dans
le péritoine et finalement réduits aux os et aux poils. Mais alors,
comment expliquer l'implantation des poils dans les os ? Il est
bien osé d'admettre une sorte de greffe capillaire avec continua-
tion de la croissance des os. Mais toutes les hypothèses qu'on
peut formuler, dans un cas pareil, ne sont-elles pas nécessaire-
ment très audacieuses? J’ai tenté des expériences. Sur des Chien-
nes gravides, j'ai affaibli ou lacéré la paroi utérine pour libérer
les fœtus dans le péritoine. J’espérais reconstituer, tout au moins,
une partie du processus que je suppose. Mais, par suite sans.
doute de mon inexpérience et aussi des conditions défectueuses
de mon installation, aucun des animaux opérés n’a survécu. L’ex-
périence est à reprendre, dans de meilleures conditions, et par
des mains plus habiles.
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 919
aa ZE I a ae da di Se
ETUDE BIO-CLINIQUE SUR LA RÉACTION DU BENJOIN COLLOÏDAL
DANS IOD CAS D'AFFECTIONS NEUROLOGIQUES,
par Pierre Marre, H. Bourrisr et N. [orcouresco.
Nous avons employé dans 105 cas d’'affections diverses du sys-
tème nerveux la méthode du benjoin colloïdal, proposée par G.
Guillain, G. Laroche et P. Lechelle pour le diagnostic de la sy-
philis nerveuse.
La réaction a été positive : 8 fois sur 8 cas de paralysie géné-
rale progressive ; 2 fois sur 5 cas de tabes ; 9 fois chez des hémi-
plégiques spécifiques ; 3 fois sur 3 cas de paralysie spasmodique
d'Erb ; 1 fois sur 5 cas de syndrome pseudo-bulbaire ; 1 fois sur
3 cas de syndrome d’hypertension ; 3 fois sur 5 cas de sclérose
en plaques.
La réaction a été négative dans : 4 cas de tumeur cérébrale ;
12 fois sur 12 cas d'encéphalites dites léthargiques ; 1 cas de mal
de Pott dorsal ; 6 cas d’épilepsie ; 2 cas de troubles mentaux ;
1 cas de démence sénile ; 56 cas de diverses autres affections
parmi lesquelles des névralgies, céphalées, troubles fonctionnels,
CLIC CIC: :
Les résultats ont donc été positifs dans tous les cas où la lésio
du système nerveux était de nature syphilitique, avec cette res-
triction, toutefois, que la réaction a été négative dans 3 cas de
tabes. Ces constatations confirment, d’ailleurs, l’opinion des au-
teurs qui ont proposé la méthode et qui en ont montré l'intérêt
dans les cas où il s’agit d’une syphilis nerveuse en évolution.
La réaction a été négative dans 56 cas environ où, d’après
l'examen clinique et les autres données biologiques, il ne s’agis-
sait pas de spécificité nerveuse. Il est inutile de signaler l’impor-
tance de ces constatations négatives au point de vue de la valeur
pratique de la réaction. Celle-ci est indépendante des phéno-
mènes dûüs aux lésions méningées ; elle présente donc un grand
intérêt dans le diagnostic des processus centraux, vasculaires et
parenchymateux (hémiplégie, état pseudo-bulbaire, paraplégie
d'Erb).
Le phénomène est généralement net, brutal ; mais, quelque-
fois, il arrive qu'au niveau des tubes dont la lecture a de l’im-
portance pour constituer la courbe de spécificité, les modifica-
tions produites dans la masse du liquide ne sont pas assez frap-
pantes : dans ces cas, nous recommandons de faire une lecture
sur le fond des tubes et des parois voisines ; quand la réaction
(1) G. Guïllain, G. Laroche et P. Léchelle. La réaction du benjoin colloïdal,
1 volume, Masson, 1921.
920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
est positive, on observe un dessin formé d’une série de circon-
férences concentriques et dû à la force de dispersion du phéno-
mène ; au contraire, si la réaction a été négative, le benjoin se
dépose simplement dans le fond du tube comme tout corps dont
la chute est réglée par les lois de la pesanteur. Pour pénétrer, si
possible, l'intimité du phénomène nous avons, par 2 fois, mé-
langé, à parties égales, un liquide céphalorachidien reconnu nor-
mal et un liquide céphalorachidien de paralytique général qui
avait donné un résultat positif. En nous plaçant, ainsi, dans les
conditions d’une réaction in vivo, nous n'avons pu constater au-
cune influence réciproque des liquides en contact, décelable par
cette méthode. Le RUE © Dane égales des 2 liquides normal
et pathologique n’a déterminé qu’une modification quantitative
de la réaction, comme si le liquide avait été simplement dilué
dans un égal volume d’eau.
D'après les cas où nous avons pu faire la comparaison avec la
réaction de Bordet-Wassermann, nous pouvons conclure que la
réaction du benjoin colloïdal a une valeur sensiblement égale à
la première. Nous estimons donc qu'au point de vue pratique et
social, l'emploi de la méthode proposée par G. Guillain, G. La-
roche et P. Lechelle, pour le diagnostic de la syphilis nerveuse,
doit être généralisée.
TOUTES MALADIES A STAPHYLOCOQUES
Anthrax — Acné — Orgelets — Abcès du Sein
Danse. interne : COMPRIMÉS AMP OULES, CACHETS
Usage externe STANNOXYL LIQUIDE,BAIN POMMADE GLYCERÉ, GAZE
Préduits à vase d’étain et d'oxyde d’étain préparés d'après les travaux scientifiques de M. FROUIN
- Communications : Acad ues Sciences, 4 mai 1917 Acad, de Méd., 29 mai 1917-27 nov, 1917. nov. 1918
Soc. Méd. des Hop. : 25 mai 1917.25 oct. 1918; Soc. de Chir., 27 juin 1917; Soc. de Biol., 24 juil, 1916;
“The Laneet :19-%6 janv. 1918. 24 août 1918; Thèse Marcel PEROL, Paris19]7; Thèse A. BRIENS, aris 1919.
iMPLi Fi :
WP ANS- DANGER
RO Ja « EEE
5: Avec les :di “ROBERT & CARRIÈRE : Le
ANJECTIONS INTRA:VEINEUSES INJECTIONS INTRA- MUSCULAIRES
= oisPosiTif SELON LA TECHNIQUE GLUCO 914 (RQRMULE ve BALZER)
ou D* RAVAUT DOSES DE 0,10 à 060
3 jen AMPOULES SERINGUES AUTO-INJECTABLES
Doses de 0,15 à 0,90
avec eau bi-distillée
et Fltre ‘aspirateur
Ex
. ET
{njections indolores
aussi FACILES
et aussi
INOFFENSIVES -
qu'une injection
Li im
ALLIE 5
Filue aspirateur Eau Bi SUR N REpUSATEMEIMELIraUON de Cacodylate.
Suns à base SR ee marines fraiches
puisse succédané Naturel de l'Huile
de Foie de Morue.
NE FATIGUE PAS LESTOMAC
BISCUITS
AU CHARBON DE PEUPLIER
PEROXYDE DE MAGxÉsIE (Mg
(
ADULTES :
_ 2 à 4 par jour.
ENFANTS RECOMMANDÉS DAI |
as La THÉRAPEUTIQUE JNFANTI
suivant l'à âge.
(=)
Fermentations acides, Eructations, Aigreurs, Pyro S ik
‘Entérites - Selles fétides
ie DU CHARBON FRAUDIN, BOULOGNE PRÈS PAR
SOLUTION ORGANIQUE TITRÉE DE FER ET DE MANGANÈSE
Combinés à la Peptone & entièrement assimilables
NE DONNE PAS DE CONSTIPATION
PANÉMIE. — CHLOROSE — DÉBILITÉ — CONVALESCENCE
MA DOSES ee 5 a 20 Bouttes, pour 2 enfants ; 5 1E0 à a gouttes poux Es aautes
«5 D
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 92L
À PROPOS DE L'INEXCITABILITÉ PÉRIODIQUE RÉFLEXE.
RÉPoNnsE À M. PETITEAU,
par A. Rapovici et À. CARNIOL.
Nos rechérches sur l’inexcitabilité périodique réflexe du mus-
cle volontaire, ont été faites d’une manière indépendante de
celles de M. Petiteau. Sa note a été communiquée à la réunion
biologique de Bordeaux, le 15 janvier. Nos premières inscrip-
tions graphiques, faites au laboratoire de la 2° clinique univer-
sitaire de Bucarest portent la date du 10 février et nous avons
observé le fait bien avant d’avoir songé à l'enregistrer. Notre
communication a été faite le 27 février. Si on tient compte du
temps nécessaire pour que, dans les conditions actuelles de
transmission postale, le travail de M. Petitéau parvienne im-
primé à Bucarest, on reconnaîtra qu'il nous a été matériellement
impossible de prendre connaissance de la note en question, que
nous n'avons lue, d’ailleurs, qu’à la suite de sa récente remarque.
Nous profitons de cette occasion, pour relever le fait que, dans
leur conférence sur l’automatisme médullaire (Actualités neuro--
logiques), Ch. Foix et Strohl ont également inscrit les mouve-
ments réflexes d’automatisme de la marche. Les tracés obtenus
mettent en évidence un phénomène one à celui décrit par:
Petiteau et par nous-mêmes.
Tous ces faits sont l'expression de la même loi physiologique
de libération des centres médullaires, établie par Sherrington et
Graham Brown.
922 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
UN ANAÉROBIE DE L'INTESTIN HUMAIN DIGÉRANT LA CELLULOSE,
par YŸ. KHouvine-DELAUNAY.
Après de longues recherches, nous avons réussi à isoler de
l'intestin normal un microbe anaérobie strict qui attaque exclu-
sivement la cellulose. Il a la forme d’un bâtonnet très mince,
droit ou ondulé, sporulé ; il ne se colore pas par la méthode de
Gram ; il est immobile, ne possède pas de cils, se présente géné-
ralement en individus isolés, assez courts (2 u) s’allongeant au
moment de la sporulation (12,5 u). La spore müre est ovale
(2,5 u sur 2 u) et terminale ; elle résiste 45-50 minutes à l’ébul-
lition et germe au bout de ro jours.
Ce microbe est un anaérobie strict ; il pousse très bien dans
les milieux où l’on a fait un vide aussi parfait que possible au
moyen de la trompe à mercure, mais; par contre, ne pousse plus
lorsque la pression d'air, dans le tube ou dans le ballon de cul-
ture, dépasse 10-12 mm. de mercure. Il pousse bien de 35°-5r°,
mais non au-delà de 57°. L'attaque de la cellulose se manifeste
au bout de 3-4 jours. Il ne pousse dans aucun des milieux em-
ployés généralement en bactériologie ; nous avons essayé sans
succès le bouillon Martin glucosé à 2 p. 1.000, le bouillon Martin
non glucosé au blanc d'œuf, le bouillon à la viande, le bouillon
au foie auquel nous avons ajouté de la cellulose, le lait tourne-
solé, la gélatine à 22° et à 37°, la gélose profonde glucosée ni-
tratée, le sérum coagulé. Il ne pousse pas non plus dans les solu-
tions d’'Omeliansky additionnées ou non de gomme arabique, la
source d'azote étant de la peptone ou du sulfate d’ammoniaque.
Le milieu qui lui convient le mieux a la composition suivante :
cellulose (papier Berzélius), 10 gr.; peptone pancréatique de
Mandeé rs or Na rien PORC ar COCA Por leaude
source, 850 c.c.; extrait de matières fécales, 250 c.c. L’extrait de
matières fécales s'obtient en délayant 2 parties de matières dans
8-10 d’eau distillée ; on filtre sur filtre Laurent et on stérilise
pendant 1/4 d'heure dans l’autoclave, à r10°. Il se forme un pré-
cipité qu'on laisse déposer et on utilise le liquide clair. Si on
ensemence largement ce milieu, l'attaque de la cellulose a lieu
au bout de 3-4 jours ; si on ensemence avec une goutte de li-
quide, l'attaque ne commence qu’au bout de 3-4 semaines. La
cellulose devient jaune orange et se désagrège ; de plus, il y a
formation de gaz (CO? et H) et d’acides (acides acétique et buty-
rique). Les résultats de l’étude chimique des produits de fermen-
tation seront publiés ultérieurement. |
Le microbe vit sur les morceaux de papier, attaché à la fibre
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 925
pm hi: «9 Ai". "ER,
par l'extrémité non sporulée, le liquide restant toujours clair.
Dans ce milieu de culture favorable, nous avons remplacé sans
succès la cellulose par du glucose, du lévulose, du galactose, de
l’arabinose, du xylose, du saccharose, du maltose, du lactose, du
cellose, de l’inuline, de l’amidon soluble, de la glycérine et de la
mannite.
Nous avons aussi recherché le pouvoir pathogène : un Cobaye
de 320 gr. a été injecté dans la cuisse avec 3 c.c. d’une culture
jeune (5 jours); nous n'avons constaté qu'une légère induration
qui a disparu au bout de quelques jours.
Pour isoler ce Bacille, nous conseillons tout d’abord d’ense-
mencer largement, au moins 6 tubes du milieu de culture indi-
qué, avec des matières fécales. L'attaque a lieu en général au
bout de 3-5 semaines, le papier ne devient pas forcément jaune
orange dès le premier ensemencement. Après quiques réense-
mencements, lorsque l'attaque est assez rapide et que les micro-
bes sont nombreux, on peut chercher à le purifier. Comme il vit
sur le morceau de papier, on peut, dès que ce dernier présente
quelques taches jaunes, le laver pendant ro minutes environ
dans plusieurs boîtes de Pétri remplies d'eau physiologique sté-
rile et le mettre ensuite dans le milieu de culture. L'attaque de la
cellulose est alors un peu plus lente ; lorsque la destruction est
très avancée on réensemence ; les tubes nouvellement ensemen-
cés sont portés à l’ébullition pendant 5 minutes afin de détruire
les microbes associés possibles. En procédant ainsi à plusieurs
reprises, on peut obtenir le Bacille à l’état pur ; il est toujours
facile d'en contrôler la pureté par un essai sur les milieux de
culture ordinaires.
. Conclusion. Il existe, dans l'intestin humain normal, un Ba-
cille anaérobie strict qui digère exclusivement la cellulose. En
suivant la technique décrite dans cette note, on peut l’isoler dans
60 p. 100 des cas. C’est la première espèce digérant la cellulose
qui ait été trouvée dans l'intestin humain. Elle est différente de
celle qu'Omeliansky a isolée de la boue de la Néva.
(Institut Pasteur, Laboratoire de M. Weinberg).
924 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
GERMINATION BRUSQUE DU POLLEN DANS L'EXTRAIT D OVULE
HOMOLOGUE. :
Note de C. Picapo, présentée par M. WEINBERG.
Cn sait que les ovules de cerlains animaux secrètent des sub-
stances douées de la propriété d'aggelutiner temporairement et
d'activer les spermatozoïdes de même espèce ; ce sont les « ferti-
lisines » de Lillie qui seraient indispensables pour la féconda-
tion. Dans le but de savoir si les ovules des végétaux renferment
des substances comparables aux fertilisines des ovules d’ani-
maux, j'ai extrait par pression le jus d'ovules de Maïs, avant que
les stigmates se soient montrés au dehors des glumes (preuve que
les ovules ne sont pas encore fécondés). J'ai préparé, d'autre
part, une suspension de pollen de Maïs, venant d'être récolté à
la plantation, dans de l’eau glucosée à 5 p. 100.
Si on fait tomber une goutte de la suspension glucosée de
poilen dans un cristallisoir contenant 6 gouttes de jus d’ovules
(ou de jus de stigmates), on assiste à la germination immédiate
des grains de poilen ; on peut suivre au microscope la formation
du tube pollinique qui s'accroît avec une vitesse inattendue : en
1-2 minutes, on voit souvent des tubes dont la longueur atteint
jusqu’à cent fois le diamètre des grains de pollen. I! ne s'agit pas
ici seulement de différence de pression osmotique, car si l’on met
les grains de pollen dans un liquide ayant une pression osmo-
tique plus faible, ils éclatent simplement, tandis que, dans le jus
d’ovules, on voit le tube sortir du grain de pollen, se tordre sur
lui-même et s’accroître comme un saucisson. Le nombre des
grains de pollen qui éclatent est plus grand dans le jus de stig-
mates que dans celui d’'ovules.
Dans une autre expérience, Bcus avons mis dans chacun des
3 cristallisoirs 12 gouttes d’eau glucosée à 5 p. 100. Le premier
reçoit une goutte de jus d’ovule, le second une gcutte de jus de
stigmates, le troisième reste comme témoin. On laisse tomber
une goutte de la suspension de pollen, on porte au microscope
et on aperçoit bientôt la hernie qu'ébauche le tube pollinique,
mais celui-ci ne s'accroît pas, il éclale, les leucites restant agglu-
tinés. Le cristallisoir témoin peut recevoir plusieurs gouttes d’eau
pure sans que la hernie, ni l'éclatement ne se produisent, sauf
dans de rares cas, les leuciles restant alors épars dans le liquide.
Le jus d’ovules et le jus de stigmates de Maïs est inactif vis-à-
vis du pollen de Lis.
Sur le pollen d'une Graminée éloignée (Sorghum), l'extrait
d'ovules de Maïs ne produit aucun effet. Il en est autrement si
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 925
nous nous adressons au pollen de Coix lacryma-jobi qui appar-
tient à la même tribu que le Maïs (Phalaridées). Le jus d’ovules
de Maïs, de même que le jus de stigmates, provoque sur le pol-
len de Coix la hernie qui précède la formation du tube pollini-
que, mais celui-ci ne continue pas sa croissance ; il éclate
bientôt. Une seule goutte de jus d’ovule de Maïs, dans 6 gouttes
de suspension de pollen dans l’eau glucosée à 5 p. 100, suffit pour
provoquer le phénomène,
L'extrait alcoolique de stigmates ne produit aucun effet sur
le pollen à 1/12 ; il en est de même si l’on précipite par l'alcool
absolu et si l’on emploie le précipité redissous dans l’eau. Le
chauffage pendant une demi-heure à 56° ne rend pas le jus inac-
tif.
Conclusions. 1° Les ovules non fécondés et les stigmates du
Maïs renferment une substance (ou propriété) que l’on pourrait
appeler « pollenauxine », qui provoque la germination du pol-
len, même à faible dilution et dans des suspensions isotoniques ;
2° cette pollenauxine n’est pas strictement spécifique, mais de
oroupe ; 3° la pollenauxine du Maïs est thermostabile (56°).
(Laboratoire de l'Hôpital de San-Juan-de-Dios. San José,
Costa Rica).
LES VARIATIONS DU TEMPS DE SAIGNEMENT EXPÉRIMENTAL
CHEZ LA FEMME ENCEINTE,
par P. Emxe-Weirz, Bocace et Isca-Warz.
Nos recherches sur le temps de saignement expérimental nous
ont amenés à étudier quelles étaient ses modalités chez la Femme
enceinte. On sait que le temps de saignement est, à l’état normai,
très fixe aux différentes heures de la journée, à jeun comme
après les repas, et qu'il est de trois minutes environ avec des va-
riations d’une demi-minute, en plus ou en moins, au maximum.
Nous avons constaté que les temps de saignement, recherchés
suivant la technique de Duke, étaient presque constamment aug-
mentés, variables et arythmiques chez la Femme enceinte, com-
me le montre le tableau ci-joint.
Ce signe apparaït dès le début de la grossesse et persiste jusqu'à
terme ; peut-être, toutefois va-t-il en s’atténuant vers la fin de la
gestation. En tous cas, il diminue d'ordinaire après la délivrance,
encore qu'il reste cependant accru chez certaines Femmes ; mais
il faut se rappeler que les temps de saignement se montrent tou-
jours un peu moins fixes et plus variables dans le sexe féminin.
BioLocre. Compres RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 63
926 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Il nous a été impossible d'obtenir des Femmes examinées pen-
dant la grossesse qu'elles revinssent toutes, de façon régulière, une
fois accouchées ; nous ne pouvons donc préciser de façon nette
l’action de la lactation, du retour de couches, etc. Ce signe s’ob-
serve aussi bien chez la Femme enceinte d’apparence normale
que chez les Femmes présentant des états pathologiques conco-
mitants (tuberculose pulmonaire, pyélonéphrite, vomissements
incoercibles, etc.). Il est beaucoup plus marqué chez les Femmes.
à tendances hémorragipares antérieures. Un accroissement
moyen du temps de saignement n’a pas de valeur pronostique et
ne permet pas de prévoir des complications hémorragiques lors.
de la délivrance. Il n’en serait pas de même dans les rares cas où
l'accroissement est excessif. Les accroissements et arythmies du
temps de saignement sont constants ; mais quand ils sont lé-
gers, il faut, comme chez les hépatiques, multiplier les exa-
mens, au cours d’une même journée et les répéter plusieurs
jours de suite au besoin, pour ne pas les méconnaîïtre.
Fait important à noter, cette prolongation et cette arythmie
des saignements expérimentaux, n'ont rien à voir, chez la Femme
enceinte, avec une diminution du nombre des plaquettes. Celles-
ci sont en quantité subnormale (240.000 en moyenne sur 8 cas,
variant entre 150 et 300.000). Il y a ici un nouvel exemple de
l'indépendance possible, que nous avons déjà signalée, entre le
nombre des plaquettes et le temps de saignement.
Toutes nos Femmes présentaient de petites anomalies de la
coagulation du sang : sédimentation du cruor et coagulation plas-
matique, légère diminution de la rétractilité du caillot, émiette-
ment du coagulum. Cependant, la durée de la coagulation n’était
pas augmentée ni le sérum plus jaune que normalement. En
somme, on est en présence d’un léger syndrome d'insuffisance
hémocrasique dissociée du foie ; d’ailleurs les urines de plusieurs
de ces Femmes renfermaient de l’urobiline et leur tension super-
ficielle était anormale (x).
L'augmentation et l'arythmie des temps de saignement sont
plus fréquentes dans la grossesse (15 fois sur 16) que la sédimen-
tation des hématies, qu'on a prétendue constante et que nous
n'avons rencontrée que dans les deux tiers des cas (12 fois sur 16).
La grossesse, chez la Femme des villes tout au moins, nous
apparaît donc non comme un état physiologique, comme ce de-
vrait être, mais comme un état anormal, qui suffit pour troubler:
le fonctionnement du foie hémocrasique : l’augmentation et
(x) P. Emile-Weil, Bocage et Isch-Wall. Le temps de saignement chez les hépa-
tiques. Bull. de la Soc. méd. des hôp., 26 mai 1922. Le syndrôme de l’insuffi-
sance hémocrasique du foic. Presse médicale, 1% juillet 1922.
L' FMNTES
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 927
l’arythmie des temps de saignement extériorisent de façon pa-
tente les modifications fonctionnelles de cette glande. Il n’en est
probablement pas ainsi dans des milieux où la Femme est mieux
portante, moins surmenée. Car nous n'avons pas trouvé chez
l'animal, le Cobaye en l'espèce, de différences sensibles entre les
temps de saignement du mâle et de la femelle, et chez cette der-
nière, suivant son état de gravidité ou de non gravidité.
Age de grossesse Temps de saignement ; Hémaloblastes
DEEE 2 mois 32° 270.000
TR Re 2 mois 4? Se 280.000
où où ot
TS NERNS 3 mois D DE 05 180-000
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5° TE NE
mi 45 4°
me ee 5 mois Er à 4°
PARA 6 mois 10° 8’ 475 220.000
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GPS 6°
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HS D us
D 50875
(Eee SR - 6 mois DO 00" 260.000
PE dore 7 mois DDR DRIOR
M ere 7 MOIS GE “O6 6» 150.000
DÉCIDE
Green 7e MOIS à 8? RME 300.000
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[RES RER E ES 8 mois DÉDMRMO NN ONE)
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2 DU no
G28. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LA VOûTE PALATINE DE Lysorophus,
par P. WiINTREBERT.
Lysorophus, trouvé dans le Carbonifère supérieur et le Per-
mien de l'Illinois, du Texas et d'Oklahoma est aujourd’hui con-
sidéré corame un ancêtre des Urodèles. Les travaux récents des
paléontologistes confirment donc l'opinion que j'avais émise en
1910 (1) sur l'origine de cet ordre d’Amphibiens en m'appuyant
sur des recherches embryologiques. Les Urodèles ont, à l'état
larvaire, des caractères primitifs qui les apparentent directement
aux Poissons et ne peuvent descendre des Stégocéphales dont la
base du crâne, conformée de tout autre façon dès le jeune âge,
marque une étape plus évoluée vers le type des Vertébrés terres-
tres, spécialement en ce qui concerne l'apparition précoce de
l’are denté maxillaire. Les Urodèles et les Stégocéphales provien-
nent de deux souches différentes. L'origine des Amphibiens esi
polyphylélique.
Lysorophus possède quatre ares branchiaux. Leur présence ne
signifie pas qu'il doive être considéré comme une larve au sens
qu'on attache à ce terme dans la sériation des états de dévelop-
pement des animaux actuels ; il existe en effet des Urodèles, tels
Amphiuma, Cryptobranchus alleghaniensis, qui conservent qua-
tre arcs branchiaux à l’état parfait. On pourrait penser, d'autre
part, qu'il est pérennibranche, mais le fait de posséder des bran-
chies externes, pour un Amphibien, ne donne aucune indication
sur sa filiation et tient surtout à l'influence du milieu. L'ancien
oroupement des Pérennibranches est très hétérogène. Siren la-
cerlina perd ses branchies et les développe ensuite à nouveau
(Cope 1885). Les demi-Amblystomes que j'ai obtenus en 1906,
par le retour à l'eau d'Axolotls à moitié métamorphosés (2) régé-
nèrent des branchies, malgré que leur organisation structurale
reste intermédiaire entre celle de la larve et celle de l'adulte par-
faits | :
Cependant, la question de savoir si Lysorophus a subi ou non
une métamorphose est intéressante. À ce point de vue, l'examen
de sa voüte palatine donne des indications précieuses. Je n'en
parle que d’après les figures données par Sollas (1920) (3), mais
(1) Sur le déterminisme de la mélamorphose chez les Amphibiens, XVII.
L'origine des Urodèles. C. R. de la Soc. de biol., t. XLIX, p. 173.
(2) Les caractères analomiques du demi-Amblystome à branchies. C. R. de
la Soc. de biol., t. LXV, p. 540.
(3) Sollas. On the structure of Lysorophus as exposed by serial sections
Philos. Trans. of Royal Soc. London. Sér. B., Vol. 209, 481-527, pl. 50.
hh fig. texte, 1920.
re
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 929
ces figures (20, 21, 31, 32) sont assez explicites pour donner une
vue parfaitement nette des dispositions décrites. Un premier fail
saute aux yeux, c'est que le vomer se trouve par son bord ex-
terne très éloigné de la partie palatine du maxillaire supérieur
(fig. 3r, Bet 32); il constitue une lamelle dentée très rapprochée
en dedans de celle du côté opposé, accolée en arrière au bord
latéral de l'extrémité antérieure du parasphénoïde. De plus, les
dents, alignées en une rangée longitudinale, sont placées près
du bord externe. Ces caractères sont ceux d'un vomer de vieil
Axolotl et font présumer qu'aucune métamorphose ne s'est ac-
complie.
Si nous examinons maintenant la partie postérieure de l'arc
denté interne, nous constatons qu'elle est formée d’un seul os,
dénommé par Sollas « ptérygoïde », mais qui, à mon avis, est
l'homologue du ptérygo-palatin des Dipneustes et des larves
d'Urodèles. Il en a les rapports, la forme allongée, l'orientation
en avant et en dedans vers le vomer au contact duquel (fig. 31, B)
se place son extrémité antérieure. Il semble même, d’après la fi-
gure 32, qu'une fenestra palatinalis ou medio-palatinalis (gau-
mengrube de Boas, 1914) existe du côté droit entre cet os et le
parasphénoïde. Aïnsi, l’arc denté interne des larves d'Urodèles
est ici représenté au complet.
Mais un autre os existe, qui a été désigné par Sollas comme
le palatin (p. 506); c’est une petite lamelle plus ou moins trian-
oulaire, courbée en dehors de la base au sommet, ayant un bord
sinueux. Îl s'étend transversalement de la région de contact du
ptérygoïde et du vomer en dedans, au maxiilaire supérieur en
dehors. Goodrich le tient pour un transverse ; car il suppose le
palatin confondu avec le vomer, comme beaucoup d’anatomistes
(Wiedersheim, Parker, O. Hertwig, Gaupp, etc.) l’ont admis
jusqu'à présent chez les Urodèles adultes. J'ai montré que la
partie palatine du ptérygo-palatin des larves disparaît au cours
de la métamorphose (1); il ne peut donc s'agir de le réunir au
vomer, d'autant que celui-ci, comme nous venons de le voir,
possède tous les caractères d’un os larvaire. L’os appelé palatin
par Sollas a, du reste, la situation du palatin de la plupart des
Stégocéphales, des Apodes et des Anoures ; il présente même très
nettement une encoche antérieure (fig. 31, B) qui semble cir-
conscrire la partie postérieure de la choane. Il constitue donc
véritablement un palatin au sens que l’on attribue généralement
à ce terme dans la nomenclature des os que possèdent les Ver-
tébrés terrestres.
Mais alors, Lysorophus aurait deux palatins, un ptérygo-pa-
(x) 1910. C. R. de la Soc. de biol., t. LXVIIT, p. 178 et p. 300.
930 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
latin longitudinal et un palatin transversal ? Rien ne démontre-
rait mieux la nécessité de distinguer ces deux os par une appella-
tion différente. L'étude de la voûte palatine des Amphibiens con-
duit en effet à cette distinction. Le palatin de l'arc denté interne
des Poissons et des larves d’'Urodèles n’est pas l’homologue de
celui qui, chez les autres Vertébrés, est disposé transversalement;
il ne se tourne pas en dehors « like a railway signal » dans la
métamorphose des Urodèles, ainsi que le dit Parker (1875,
p. 266), puisque l’on peut suivre chez ceux-ci toutes les phases
de sa disparition. La confusion entre les deux os tient de ce que
l'extrémité interne du palatin transversal se place dans la région
où s'établit le contact entre le ptérygo-palatin et le vomer et de
ce que l'on a estimé jusqu à présent qu'il restait, en effet, inter-
médiaire entre ces deux os. Mais, si l’on examine attentivement
les rapports internes du palatin transversal, on voit qu'ils sont
différents de ceux du ptérygo-palatin des larves d'Urodèles. Ainsi
Sollas dit et montre nettement que le palatin de Lysorophus est
_superposé au ptérygoïde (p. 506, et fig. 3r, À, 2); il est donc
au-dessus du parasphénoïde, en contact avec l’os en ceinture ow
orbito-sphénoïde, et, chez les Anoures, il est adossé à l’ethmoïde.
En raison de sa situation transversale au devant de l'orbite, il
mérite le nom d'os antorbital.
Lysorophus possède donc à la fois un arc denté interne res-
semblant à celui des larves d'Urodèles et un os antorbital.
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 931
RECHERCHES SUR L'ÉLIMINATION DU BACILLE D EBERTH
ET DES PARATYPHIQUES CHEZ LES COBAYES,
par |. BALTEANO.
Beaucoup d'auteurs (1) ayant injecté dans les veines de Lapins
le Bacille d'Eberth ou les Bacilles paratyphiques, ont remarqué
que ces microbes, après avoir disparu assez rapidement du sang,
se retrouvent dans les organes internes et surtout dans la vési.
cule biliaire d'où ils passent dans l'intestin.
Cependant, Ribadeau-Dumas et Harvier (>) ont montré que
ces microbes peuvent atteindre l'intestin par les voies sanguines.
Nicolle, Raphaëe et Debains (3), ont trouvé souvent le Bacille
para B dans le sang, la rate et presque toujours dans la bile, et,
plus rarement, le Bacille d'Eberth et le paratyphique A. Les ex-
périences de Besredka (4) ont montré la grande affinité que les
Bacilles typho-paratyphiques possèdent pour l'intestin.
Le paratyphique B est virulent et toxique pour le Cobaye, au
contraire, le Bacille d'Eberth et le paratyphique A sont aviru-
lents et atoxiques pour cet animal. Etant donnée celte différence
importante du pouvoir pathogène, nous avons recherché l’éli-
mination de ces microbes chez le Cobaye en leur injectant de
fortes doses sous la peau.
_ À une série de 13 Cobayes, qui .pesaient entre 45o et 530 gr.,
nous avons injecté, dans le tissu cellulaire sous-cutané, 5 c.c.
d’une culture en bouillon de 24 heures de Bacille d’Eberth.
12 Cobayes, qui pesaient entre 415 et 530 gr. ont reçu 5 c.c. de
culture en bouillon de para À. 8 Cobayes de 340 à 420 gr. ont
reçu 1/20 c.c. d’une culture en bouillon de para B de 24 heures.
Ce microbe détermine, au point d’inoculation, un œdème consi-
dérable avec escarre. Le Bacille d'Eberth et le para À provoquent
une infiltration œdémateuse accentuée, avec escarre nécrotique
vers le 6° jour.
Le Bacïlle d'Eberth, inoculé sous la peau à la dose de 5 c.c.,
n’a jamais provoqué la mort du Cobaye. Par les cultures faites
à l’autopsie des Cobayes, tués par nous à des intervalles variables,
nous avons constaté que le Bacille passe dans le sang après
(1) Serotinin. Zeit. f. Hygiene. Bd. 1, 1886. Chantemesse et Widal. Arch. de
physiol. norm. et pathol., 1887. Remlinger. Ann. Inst. Pasteur, 1897, p. 829.
Sanarelli. Il Policlinico, 1903, novembre. Doerr. Cent. f. Bakt., Bd. 39, 1905.
(2) Ribadeau-Dumas et Harvier. C. R. de la Soc. de biol., 1910, p. 181.
Scordo. Cent. f. Bakt., Bd. 57, 1911.
(3) M. Nicolle. Raphaël et Debains. Ann. Inst. Pasteur, 1978.
(4) Besredka. Ann. Inst. Pasteur, 1919.
932 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
heures. On le trouve, pendant les deux premiers jours, dans
le sang, l'urine et dans les organes externes, dans la bile et l'intes-
tin. Dans la suite, le microbe disparaît du sang et n'est retrouvé ni
dans l'urine, ni dans le cerveau. Au contraire, on le décèle irré-
culièrement jusqu'à 21 jours après l’inoculation, dans le foie,
la rate, dans les matières fécales contenues par le duodénum, le
jéjunum, l’iléon et surtout le cæcum. Il est très souvent décelé
dans la hile. Au point d'inoculation, le Bacille d'Éberth est tou-
jours décelé en culture pure.
Le Bacille paratyphique À est retrouvé à peu près dns les
mêmes circonstances que le Bacille d'Eberth. Ce microbe est
détruit plus rapidement au point d’inoculation ; vers le 20° jour,
il ne peut être décelé ni à ce point, ni dans les différents organes.
Nous ne l'avons trouvé que dans la bile et le cæcum.
Le Bacille paratyphique B, virulent pour le Cobaye, se re-
trouve pendant longtemps dans le sang et dans tous les organes.
Nos animaux qui ont reçu 1/20 c.c. de culture en bouillon de
24 heures (1/20 c.c. représentant quatre doses mortelles), meu-
rent vers le 8° jour. En les sacrifiant à des intervalles variables,
nous avons toujours décelé le Bacille dans le sang, dans le cer-
veau, la rate, le foie, le rein, l’urine et dans les matières fécales
de tous les segments intestinaux. Au contraire, chez les animaux
ayant reçu, en injection sous-cutanée, des doses de paratyphi-
que B au-dessous de la dose minima mortelle (1/150 de culture
en bouillon, par exemple), et qui ont été sacrifiés après 20 jours,
le microbe ne se retrouve ni dans le sang ni dans la plupart des
organes. On le décèle seulement dans la bile, dans = duodénum
et au point d’inoculation.
En résumé, les Bacilles d'Eberth et paratyphique À, même in-
jectés à de fortes doses, ne sont pas des microbes septicémiques,
pathogènes pour les Cobayes, quoiqu’on les retrouve, même après
20 jours, irrégulièrement dans certains organes annexes du tube
digestif et dans les matières fécales de différents segments de
l'intestin.
Au contraire, le paratyphique B, virulent et pathogène pour le
Cobaye, est un microbe septicémique, qui se développe facile-
ment dans le sang de cet animal et se retrouve toujours dans Île
sang et les organes des Cobayes inoculés avec de fortes doses.
Tous ces microbes s’éliminent par l'intestin où ils sont amenés
par le flux biliaire et les voies sanguines.
(Laboratoire de microbiologie. Institut Pasteur).
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 933
HÉMOGRÉGARINE DU CYNOCÉPHALE, Papio sphinx E. GEorrroy,
par Marcez LEGER et E. BÉbiEr.
Plusieurs Hématozoaires, appartenant au genre Hæmogrega
rina, ont été décelés chez l'Homme au cours de ces dernières
années : H. hominis Krempf 1917 (x) en Extrème-Orient, H.
ineæpectata Roubaud 1919 (2) au Congo, retrouvé par Lebœuf (3)
au Gabon, H. elliptica Sergent et Parrot (4) 1922, en Corse. Chez
le Singe, les mêmes parasites n’ont été jusqu'ici rencontrés que
chez un Macacus cynomolgus, examiné au Laboratoire de parasi-
tologie de la Faculté de médecine de Paris ; ils ont été décrits
par Langeron (5), en 1919, sous le nom de H. cynomolgi. L'ob-
servation nouvelle que nous venons de faire chez un Singe de
la côte occidentale d'Afrique mérite donc d'être rapportée.
Un Papio sphinx femelle, provenant des environs de Rufisque
(Sénégal), et dans la ménagerie de l’Institut de biologie depuis
près d’un an, meurt de maladie indéterminée ; l’autopsie ne per-
met de constater aucune lésion appréciable des organes. Sur
frottis du sang du cœur, après coloration au Romanowsky (bleu
permanganaté de Stevenel), il est mis en évidence, à côté de ga-
mètes © et o' de Plasmodium kochi, des éléments d’une extrême
rareté différant absolument des précédents par leur taille, leur
forme, leur coloration, l’absencé de tout pigment.
L'Hématozoaire paraît libre dans le plasma. Il est réniforme,
sans revêtir cependant l'aspect d’un croissant. Les deux extré-
mités sont arrondies, l’une un peu plus volumineuse que l’autre.
Sa taille est de 16 u sur 5,5 u, bien supérieure, par conséquent,
à celle d’une hématie.
Le cytoplasme, vacuolaire, est d’un bleu pur ; il ne contient
aucun pigment. Le caryosome, non inclus dans une vacuole
nucléaire, se teinte en rose et non en grenat comme celui des
Plasmodium par le colorant dont nous nous servons. Il est logé
l'extrémité la plus large, obliquement par rapport aux deux côtés
du parasite. Quelques fins granules chromatoïdes se colorent à
l'extrémité opposée.
L'observation la plus attentive ne permet pas de considérer
l’Hématozoaire que nous avons vu comme un organisme vermi-
forme, replié sur lui-même.
(x) Krempf. C. R. de l’Acad. des sc., 1917, t. 164, p. 965.
(2) Roubaud. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, 1919, t. 12, p. 76.
(3) Lebœuf. Arch. méd. el pharm. col., 1921, t. 19, page 116.
(4) Et. et E. Sergent et Parrot. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, 1922.
t. 15, p. 193.
(5) Langeron. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, 1920. pp. 165 et 304.
934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
A côté de ces grosses formes, nous en avons aperçu plusieurs
autres, également non pigmentées, ne mesurant guère que 2,5 w
à À u, et que nous rattachons, avec un point de doute, au cycle
de développement de l’'Hémogrégarine. Ges petits éléments sont
arrondis ou ovalaires, avec cytoplasme compact, caryosome
central, sans vacuole nucléaire. Ils sont eux aussi extraglobu-
laires. e
L'Hématozoaire du Cynocéphale sénégalais, Papio Sphinx,
nous paraît identique à celui décrit par Langeron chez Macacus
cynomolgus et nous en faisons un Hæmagregarina cynomolgi
var. papio. Les Singes africains peuvent donc, tout comme les
Singes asiatiques, être parasités par des Hémogrégarines. Remar-
quons que des diverses Hémogrégarines humaines c’est H. ellip-
tica de la Corse qui a surtout des points de ressemblance avec les
Hémogrégarines des Singes.
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
PrroPLASME pu RENARD D'AFRIQUE, Fennecus dorsalis GRAY,
par Marcez Lecer et E. BÉDier.
Un représentant de la famille des Canidés africains, le Fenne-
cus dorsalis Gray, nous a été porté fraîchement tué à la chasse ;
ce petit Renard, très abondant au Soudan français dans la région
de Tombouctou, est rare, au contraire, sur la côte, en particulier
au Sénégal.
Sur frottis de sang, prélevé par ponction du cœur, se voient
des Hématozoaires intraglobulaires en nombre assez grand ; leur
taille, leur aspect, l'absence de tout pigment permettent de les
classer, sans conteste, parmi les Piroplasmidæ.
Pour la grande majorité, les parasites sont absolument arron-
dis et mesurent 1,25 u à 1,50 u. [ls sont constitués par une masse
cytoplasmique bleutée qu'encercle, sur une étendue plus ou
moins grande de la circonférence, un boudin de chromatine
teinté en grenat foncé par la méthode de Romanowsky (1). Il
semble que, dans quelques cas, le caryosome constitue un an-
neau complet. Il n’y a pas de vacuole nucléaire nettement déli-
mitée. Certains éléments sont ovalaires, 2 y environ sur un peu
(1) Chez un jeune Lion de Mauritanie, Felis leo, en transit à l’Institut de bio-
logic, en attendant som envoi au Muséum d'histoire naturelle de Paris, nous
avons trouvé un piroplasme ayant les mêmes caractères. Mais son excessive
rareté et le départ de l’animal ne nous ont pas permis de l’étudier plus comple-
tement. ;
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 935
moins de 1 u. Le caryosome est alors logé à l’une des extrémités
sous forme d'un petit bloc vaguement arrondi. Pas un seul élé-
ment allongé en Bacille n’a été rencontré. Les formes en division
sont exceptionnelles. Nous en avons vu pourtant chez lesquelles
la chromatine nucléaire s'était divisée en 4 granules disposés en
croix, aux extrémités des deux diamètres perpendiculaires : le
protoplasme, resté central et abondant, ne s'était pas encore
complètement condensé autour des 4 masses nucléaires. L'héma-
tie parasitée ne subit aucune augmentation de volume. Elle ne
présente non plus aucune altération protoplasmique.
Les frottis des divers organes : foie, rate, rein, poumon, ne
nous ont rien montré de plus que les frottis du sang.
Nous. rangeons ce piroplasme du Fennecus dorsalis dans le
genre Nuttallia França 1909.
Chez les Carnivores de la famille des de ont été déjà
décrits trois Piroplasmes différents. Galli-Valerio, en 1895, a fait
connaître, chez ie Chien domestique, Piroplasma canis, qui a été
retrouvé dans toutes les parties du monde (1), et infecterait éga-
lement, d’après Plimmer, le Chien sauvage de l'Inde, Cyon
dukhunensis. Le Chacal de Madras, Canis aureus, a été trouvé
par Patton (r910), porteur de Achromaticus gibsoni. Enfin, une
maladie du Chien, au Brésil, est due, comme l’a montré Rangel
Pestana (1910), à Rangelia vitali.
Le piroplasme du Fennec est tout à fait différent des 3 précé-
dents. Contrairement à ceux-ci, il est de taille exigué, et jamais
piriforme. Nous ne pouvons assurer qu'il n’est pas pathogène,
comme le sont les autres piroplasmes des Canidés, mais l'animal
que nous avons examiné était gros et gras et ne présentait à l’au-
topsie aucune lésion macroscopique.
Ce parasite de Fennecus dorsalis constitue, assurément, une
espèce nouvelle que nous proposons d’appeler Nuttallia bauryi,
du nom de notre amical collaborateur A. Baury.
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
(1) Au Sénégal, Piroplasma canis a été trouvé par E. Marchoux qui en a
donné une très bonne description (Ann. hyg. et méd. col., 1907, t. IV, p. 296).
936 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
MICROFILAIRE SANGUICOLE DU RENARD AFRICAIN
Fennecus dorsalis GRaAY,
par Marcez LEGER et A. Baury.
Le petit Renard africain, Fennecus dorsalis Gray, chez lequel
l'un de nous a signalé la présence d’un Piroplasme, était en
oulre porteur de microfilaires sanguicoles.
A l’état frais, entre lame et lamelle, l'embryon demeure actif
pendant plusieurs heures. Doué d’une très grande agilité, ül
bouscule, avec les diverses parties de son corps en contorsions
perpétuelles, les hématies qui sont à sa portée. Il possède, de
plus, un véritable pouvoir de propulsion en avant, qui le fait
sortir avec facilité du champ d'observation microscopique. Pas
de gaine. On ne distingue pas, au niveau de l'extrémité cépha-
lique, de dard rétractile. Les taches du corps sont peu visibles.
Après coloration par la méthode de Romanowsky, la microfi-
laire apparaît cylindrique dans les deux premiers tiers du corps ;
elle s’amincit ensuite rapidement, de manière à constituer, par
sa queue, une sorte de lanière de fouet. La longueur totale est
de 200 à 210 u. La largeur maxima de 4,5 nu à 5 u.
L'espace clair céphalique est très prononcé, de 5 à ro uw de
longueur suivant les spécimens. Les noyaux de la colonne cellu-
laire, de taille moyenne, sont partout compacts, quoique bien
distincts, sauf au niveau de l’extrême queue où ils manquent le
plus souvent.
Trois taches nous ont paru constantes. Les deux antérieures
sont respectivement à 45 n et à 6o u environ de la tête. La pre-
mière représente souvent une cassure oblique complète. La se-
conde est d'ordinaire en forme de lentille plan convexe ; elle peut
avoir l'aspect d’un V. Quant à la 3°, un peu moins marquée, elle
est à 165 u de l’extrén ‘6 céphalique ; c’est à partir d'elle que le
Nématode se rétrécit rapidement.
Le « central viscus » de Manson est toujours très visible, un
peu en arrière du milieu. Il s'étend généralement sur une lon-
gueur de 20 u. Sa teinte rosée contraste avec la coloration bleu
violacé du reste du corps. Les noyaux cellulaires y sont très
espacés et la cuticule d’une visibilité parfaite avec ses stries fines,
parallèles et perpendiculaires aux bords. On aperçoit parfois une
sorte de canal, resté incolore, qui s'ouvre par un pore latéral.
L’autopsie du Fennec ne nous a pas permis de découvrir de
Filaires adultes dans la cavité péritonéale. Nous comptions re-
chercher la présence possible de Nématodes dans le tissu cellu-
laire sous-cutané de l'animal, mais le zèle intempestif d’un pré-
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 037
parateur indigène nous a empèché de poursuivre nos recherches.
Parmi les Carnivores de la famille des Canidés, seul, à notre
connaissance, le Chien domestique, Canis familiaris, est para-
sité par des filaires, élisant domicile dans la cavité péritonéale ou
sous la peau. Ces filaires, à embryons sanguicoles, sont au nom-
bre de 5 : 3 du genre Dirofilaria, D. immitis Leidy, D. repens
Railliet, et D. ochmani Fülleborn ; 2 du genre Acanthocheilo-
nema, Ac. reconditum Grassi, et Ac. dracunculoides Cobbold.
Mentionnons, pour être complets, la courte microfilaire trouvée
par Foley (x) chez les Chiens du Sud-oranais.
C'est à Acanthocheilonema dracunculoides que nous rappor-
tons la microfilaire du Fennecus dorsalis. L’adulte a été rencon-
tré uniquement jusqu'ici chez des Carnivores africains (Hyæni-
dés ou Canidés), dans la cavité péritonéale de Proteles cristatus
(Cobbold), Hyæna crocuta (Raïlliet) (2), Canis familiaris (Rail-
liet). Dans ce dernier cas, il s’agit d’un Chien ramené de Tunis
à Paris par Langeron (3). Les microfilaires sanguicoles, ayant la
plus grande ressemblance ‘avec celles de Dirofilaria immilis,
étaient identiques aux embryons trouvés dans l'utérus des vers
adultes ; elles mesuraient de 195 à 230 u sur 5 à 5,5 u et mon-
traient une queue très effilée.
Une microfilaire du même type, mais sensiblement plus lon-
gue, de la taille de l'embryon de Dirofilaria repens (328 à 340 u
sur 8 u), a été décrite par André Leger (4) chez la Hyène du
Soudan, Hyæna crocuta ; c'est également sans doute un embryon
de Acanthocheilonema dracunculoides (240 à 350 u sur 9 à = u)
que Chatton (5) a vu chez le Chat domestique de Tunisie, et dont
il signale les affinités avec l’embryon de Dirofilaria immitis.
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
(1) Foley. Ann. Institut Pasleur, 1921, t. 35, p. 212.
(2) Raillict et Henry. In Discussion, communication A. Léger, Bull. de la
Soc. de pathol. exotique, 1911, p. 530.
(3) Raillict, Henry et Langeron. Bull. de la Soc. de pathol. exotique. 1972,
P. 392.
(4) A. Leger. Bull. de la Soc. de pathol. exotique, 1911, p. 629.
(6) E. Chatton. Bull. de la Soc. de pathoi. exotique, 1918, p. 571.
9358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
À PROPOS DES MODIFICATIONS DÉTERMINÉES PAR LES RAYONS X
DANS L'OVAIRE DE LA LAPINE,
par CL. Recaup et ANT. LACASSAGNE.
Une note récente de M. Salazar (1) remet en question tous les
travaux concernant l'action des radiations sur l'ovaire de la La-
pine. Cet auteur constate que les processus histologiques anor-
maux attribués à l’action des rayons X sont analogues à ceux qui
se produisent mème à l’état physiologique ; du fait (notamment)
que les caractères observés dans leur atrésie rôntgénienne accom-
pagnent aussi l’atrésie physiologique des follicules, il croit pou-
voir conclure que tes modifications provoquées par les radiations
doivent être mises en doute.
Nous ne pouvons laisser passer sans réponse de telles affirma-
tions venant d’un histologiste connu pour avoir particulièrement
étudié l'ovaire de la Lapine.
L'action destructive des rayons X et y sur les follicules ova-
riens est certaine ; il est peu de phénomènes histo-physiologiques
plus faciles à mettre en évidence et aussi incontestables. Il suffit
d'examiner au microscope une coupe transversale, faite dans un
ovaire prélevé quelques jours après une irradiation forte, pour
constater la dégénérescence (et, après une survie suffisante, la
disparition) de la presque totalité des follicules. Cette observation
a été faite par de nombreux auteurs dont les travaux ont été soi-
gneusement analysés par l’un de nous.
Dans ce travail (2) où l’ensemble de nos recherches est exposé
complètement, nous avons décrit une technique expérimentale
qui met à l'abri de toutes les causes d'erreur auxquelles Salazar
fait allusion : laparaltomie exploratrice avant l'irradiation per-
mettant de constater la similitude macroscopique des deux ovai-
res, irradiation unilatérale unique, comparaison histologique de
l'ovaire irradié avec l'ovaire Lémoin du même animal. Dans ces
conditions, nous avons trouvé, à la suite de nombreuses expé-
riences, qu'un ovaire de Lapine, quelques mois après avoir été
fortement irradié, ne pèse guère plus de 3 à 4 centigrammes, est
réduit, au point d’être devenu filiforme, ne contient plus ou
presque plus de follicules, alors que Paraine témoin pèse de
20 à 30 centigrammes, a conservé les dimensions notées à la lapa-
(x) A.-L. Salazar. À propos de l’irradiation de l’ovaire de la Lapine : quelques
doutes au sujet de la loi de radiosensibilité de Bergonié et Tribondeau. C. R. de
la Soc. de biol., 1922, t. LXXXNII, p. 703.
€) Ant. Lacassagne. Etude histologique et physiologique des effets produits
sur l’ovaire par les rayons X. Thèse, Faculté de médecine de Lyon, 1913.
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 939:
EEE EE EEE — — ————]— …—— —]— ————— ——]…—_—————————_
rotomie et contient de nombreux follicules, Ia plupart sans le
moindre signe d'atrésie.
2° Tout en confirmant les processus de régression des folli-
cules irradiés décrits par Bergonié et Tribondeau dans leurs tra-
vaux, dont nous avons loué la valeur histologique et auxquels
— quoi qu'en dise Salazar — nous avons ajouté nombre de faits,
nous m'avons pas pu adopter toutes les déductions que ces au-
teurs en ont tirées. Une des conclusions de notre travail est, en
effet, la suivante : la loi de radiosensibililé générale des cellules
formulée par Bergonié et Tribondeau ne trouve pas son applica-
tion dans l'ovaire. Nous avons toujours admis, confirmant la
découverte de Perthes, que la division cellulaire est un-moment
de particulière radiosensibilité de la cellule, ce qui concorde avec
la première des trois propositions formulées par ces auteurs.
Mais, par contre, nous avons toujours soutenu, en nous fondant
sur des faits incontestables, que les deux dernières propositions
de cette « loi » ne sont que des corollaires inconstants de la pre-
mière : un long devenir caryocinétique, d'une part, une morpho-
logie et des fonctions peu fixées, d’autre part, ne coïncidant avec
une particulière radiosensibilité de la cellule que lorsque ces
attributs accompagnent une grande activité reproductrice, ce
qui est fréquent, mais non constant.
3° Il est certain, et nous avons répété à plusieurs reprises que,
dans l’atrésie rôntgénienne, on retrouve tous les processus décrits
par les histologistes comme forme de dégénérescence physiolo-
gique des follicules. Les phénomènes cytologiques anormaux
déclenchés dans les cellules par les radiations ne sont pas spéci-
fiques ; ils sont semblables à ceux que provoquent dans les mé-
mes tissus d’autres agents physiques ou chimiques (1).
4° Salazar termine sa note en émettant l’avis que « si l’on veut
étudier l’action de l'irradiation sur l'ovaire de la Lapine, il faut
altendre la solution de certains problèmes concernant cet or-
gane, »
Nous nous permettons d'être d'un avis exactement opposé. En
modifiant expérimentalement par les radiations la structure et
(1) L'un de nous, dans un travail récent, a de nouveau soutenu cette idée
(A. Lacassagne et O. Monod. Les caryocinèses atypiques provoquées dans les
cellules cancéreuses par les rayons X et y et leur rôle dans la régression des
tumeurs malignes irradiées. Arch. franc. de pathol. gén. et expérim. et d’anat.
pathol., 1922, fase. 1). Nous regrettons de n'avoir pas cité dans cet article,
parmi beaucoup d’autres exemples de caryocinèses dégénératives spontanées,
celles observées par Salazar dans la granuleuse du follicule atrésique de la
Lapine ; de même nous avons omis Celestino da Costa, qui a observé ce
processus de régression dans la capsule surrénale du Lapin rabique, et Wini-
warter, qui l’a étudié dans la maladie de Paget du mamelon. Nous n’avons eu
connaissance de ces travaux qu'après la parution de cet article.
940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Le
les fonctions d'un organe complexe (testicule, ovaire, thy-
mus, etc.), on met en œuvre un moyen d'analyse simple et effi-
cace ; on dissocie, avec une précision et une süreté incompara-
bles, des éléments anatomiques et des phénomènes physiologi-
ques intriqués les uns dans les autres, et, par conséquent, diffi-
ciles à distinguer nettement à l’état normal. La complexité de
l'ovaire est tout le contraire d’une raison d’abstention expéri-
mentale. À vrai dire, l’expérimentation avec les radiations a fait
progresser très notablement la connaissance que l’on en avait.
Au lieu de contester cela a priori, il eût été assurément préféra-
ble, d'abord de bien connaître les faits publiés, ensuite d’avoir
cherché à les vérifier.
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SEANCE DU 2]
Bossan (E.) et Baupy (M.) : Nou-
veau procédé d'isolement du Ba-
cille tuberculeux dans les cra-
Dumas (J.) et Comgresco (D.) :
L’intoxication dysentérique dü
CORAN PR RE ere à atouts
Fagre (Px.) : Détermination
de la pression artérielle maxima
par la méthode oscillométrique.
Lecer (M ) et Béprer (E.) : Pas-
sage du Spirochæta crociduræ à
9954 !
942
99t
OCTOBRE 1922
SOMMAIRE
travers lexplacenta. 10 PRE
Pozicarp (A.) : Sur la mem-
brane des cellules adipeuses....
Rice fils (Cu.) : À propos de
la note de M. I. Baltcano......
VazTis (J.) : Pouvoir antigène
des Bacilles diphtériques dans la
réaction de fixation de la tuber-
CUIOS CRIE de Aer ee ni del
Visxes (H.) et Hermer (P.):
Sédimentalion des globules rou-
ges et gestation
Présidence de M. G. Bohn, vice-président.
Biouocre, CoMeres RENDuSs. — 1922. T. LXXXVIT.
64
942 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
a —
L'INTOXICATION DYSENTÉRIQUE DU COBAYE,
par J. Dumas et D. Comsresco.
Le Cobaye est, en général, peu sensible aux injections intra-
veineuses et sous-culanées des Bacilles de Shiga. Les lésions, que
détermine le Bacille dysentérique, provoquent ‘exceptionnelle-
ment la mort ; il est, en effet, nécessaire, pour les mettre en évi-
dence, de sacrifier les animaux dans les conditions de temps que
nous allons préciser. Nous avons injecté, tantôt sous la peau,
tantôt dans la veine jugulaire du Cobaye, une émulsion de Ba-
cilles de Shiga préparée de la façon suivante : dans 10 c.c. d'eau
physiologique, nous avons émulsionné les corps de microbes
d’un tube de gélose inclinée de Bacilles de Shiga laissé 24 heures
ASE
Parfois, l'injection intraveineuse de 1/10 de c.c. de culture
sur gélose de Bacille de Shiga amène la mort du Cobaye en
24 heures ; sur 4 Cobayes inoculés, r seul a succombé. L'autopsie
révèle les lésions suivantes : l’estomac, l’intestin grêle et le gros
intestin sont congestionnés. Le foie est dégénéré, les reins et les,
capsules surrénales hyperémiés et les ganglions mésentériques
hypertrophiés. On décèle le Bacille dysentérique dans le cerveai,
le foie, la rate, les reins, la bile, l'urine et les matières fécales du
cæcum ét du gros intestin.
L’autopsie d’un Cobaye ayant reçu la même dose, sous la peau,
mais sacrifié 24 heures après, montre des lésions siégeant au ni-
veau du gros intestin. Les parois du cæeum sont épaissies et infil-
trées, la muqueuse est saine, On isole le Bacille de Shiga des ma-
tières fécales du duodénum et du cæcum. L’ensemencement des
autres organes reste stérile.
8 heures après l'injection intraveineuse ou sous-cutanée, les
lésions du gros intestin sont plus marquées : les parois du cæcum
sont très infiltrées et la muqueuse cæcale est ecchymotique, mais
non ulcérée. Nous avons observé, chez deux animaux, sur la mu-
queuse gastrique, une ulcération irrégulière de 5 à 6 mm. de
diamètre. Le foie est dégénéré, les reins et les capsules surrénales
sont congestionnés. On retrouve le Bäcille de Shiga dans les ma-
tières fécales du duodénum, du jéjunum, du rectum du Cobaye
inoculé par voie veineuse. Les ensemencements du sang, de la
bile, du cerveau, du foie, de la rate, des reins et de l'urine sont
stériles. Chez le Cobaye injecté sous la peau, on isole le Bacille
de Shiga au niveau du point d’inoculation et dans les matières
fécales du duodénum et du jéjunum.
Les lésions anatomiques sont identiques chez les animaux sa-
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SÉANCE DU 21 OCTOBRE 943
crifiés au bout de 4 jours. Le Bacille dysentérique n’est décelé
ni dans les viscères, ni dans les matières fécales. Il persiste au
point d’inoculation chez le Cobaye inoculé dans le tissu cellulaire
sous-cutané.
Les animaux inoculés avec des doses moins fortes ne présentent
aucune lésion du gros intestin. Le Bacille de Shiga ne se re-
trouve, ni dans le sang, ni dans les viscères.
L'intoxicalion expérimentale du Cobaye détermine des lésions
histologiques qui intéressent surtout le gros intestin, le foie, le
rein et quelquefois lestomac. La musculature du gros intestin est
normale, la sous-muqueuse est épaissie, infiltrée par du liquide
d'œædème et contient une quantité considérable de cellules migra-
trices : Iymphocyles et mononucléaires rares ; les capillaires sont
distendus et gorgés de globules rouges. C'est le stade d’inflam-
mation catarrhale des lésions intestinales de la dysentérie expé:
rimentale.
Le protoplasma de la cellule hépatique est atteint de dégéné-
rescenee graisseuse et de nombreux noyaux ont un aspect pyeno-
tique. Ces phénomènes de nécrose de coagulation peuvent être
très accusés, le protoplasme et le noyau ont alors perdu leurs affi-
nités tinctoriales. Les reins sont très congestionnés ; les vaisseaux
glomérulaires sont dilatés et remplis de globules rouges. Les ca-
Pillaires des capsules surrénales sont bourrés de globules rouges
et la médullaire est en partie détruite par des extravasations san-
guines.
O44 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SUR LA MEMBRANE DES CELLULES ADIPEUSES,
par À. Poricar».
Autour des cellules adipeuses des Mammifères, on décrit clas-
siquement une membrane hyaline très mince, si mince, même,
qu'elle n’est généralement pas visible quand la cellule est rem-
plie de graisse. On la voit bien, au contraire, quand la graisse à
été dissoute ; elle est alors revenue sur elle-même. Depuis Ran-
vier, on la considère habituellement comme d'origine fran,
ce serait une condensation du protoplasma.
Au cours de recherches sur l’histologie du tissu adipeux, j'ai
pu recueillir quelques documents sur la nature et le mode de
fonctionnement de cette membrane.
I. Contrairement à l'opinion classique, cette membrane ne
semble pas de nature cellulaire, mais bien conjonctive. Elle pos-
sède les caractères histo-chimiques de la substance collagène ;
elle gonfle et diminue de consistance sous l'influence des solu-
tions acides faibles (acide acétique). Cette diminution de consis-
tance se traduit par une perte de ténacité ; sous la tension de
l'huile de la vésicule adipeuse, la membrane gonflée se rompt ;
le contenu des vésicules sort à l’extérieur. Cette membrane, d'au-
lre part, se colore par les réactifs habituels du tissu conjonctif
(picro-ponceau, picro-fuchsine).
Dans la vésicule adipeuse adulte, la graisse vient au contact
immédiat de la membrane conjonctive. La notion d’une mince
couche de protoplasma séparant graisse et membrane est pure-
ment théorique. Elle ne correspond à rien de réel. Dans un élé-
ment adipeux adulte, celte couche ne peut jamais être constatée.
On ne rencontre une couche de ce genre que dans des cellules
adipeuses non adultes, dans lesquelles la graisse est répandue en
plusieurs gouttelettes. Autour du noyau, écrasé en quelque sorle
à la périphérie, on peut rencontrer un peu de protoplasma. Mais,
bien souvent, le noyau lui-même s’est atrophié. L'observation
des anciens auteurs, que, dans la vésicule adipeuse adulte, le
noyau peut être atrophié jusqu'à disparition, est parfaitement
exacte. f
Mes observations confirment ainsi l'opinion récemment sou-
tenue par Grynfellt, au Congrès des Anatomistes, à Gand (r9%°),
el dans diverses publications. C'est en somme le relour à l'an-
cienne conception de Krause (1833) et de Valentin (1835).
IT. Dans des notes récentes (1), j'ai apporté cetle notion que
(1) Policard. Sur Je mécanisme de fonclionnement des cellules adipeuses,
G. li, de l’Acad, des $sc., séance du 4 octobre 1922,
È |
SÉANGE DU 21 OGTOBRE 945
la cellule adipeuse adulle était capable de fixer directement les
particules de graisse circulant dans le sang (hémoconies), par un
processus purement physique, sans dislocation chimique préala-
ble de la graisse, ni élaboration.
On pouvait se demander le mode de comportement de Ta mem-
brane dans ce processus. À priori, elle semble devoir constituer
une barrière pour cette prise directe. Les observations suivantes
montrent qu'il n'en est rien et qu'entre la vésicule, qui arrive au
contact même de la membrane, et le sang, séparé de celle-ci par
un endothélium extrêmement mince, une absorption directe des
particules de graisse peut se faire. Ce qui conditionne le phéno-
mène, c'est la structure colloïdale de la cellule adipeuse. Pour
que ce passage ait lieu, dans le contenu cellulaire, la matière
grasse doit constituer la phase externe et le protoplasma aqueux
la phase interne. La membrane elle-même ne semble pas jouer
de rôle essentiel.
Un fragment de tissu adipeux adulte, c'est-à-dire avec des cel-
lules renfermant une seule grosse goutte de graisse, est placé dé-
licatement sur une lame, dans une platine chauffante à 35°, pour
éviter la solidification de la graisse. Sur ce tissu, on projette du
rouge écarlate finement broyé. Au bout de quelques minutes, on
peut voir que les vésicules adipeuses absorbent peu à peu la cou-
leur. Une teinte générale rose diffuse peu à peu dans le fragment,
les cellules adipeuses se colorant de proche en proche. Malgré la
présence de la membrane collagène, l'absorption du colorant à
donc pu se faire.
Si on répète la même expérience sur un fragment de tissu adi-
peux amaigri, ou d'un type tel que ses cellules renferment, non
une seule grosse gouttelette de graisse, mais un grand nombre de
petites (done à structure colloïdale différente), on n'observe au-
cune coloration par diffusion. Les grains de couleur restent sur
place sans provoquer autour d'eux une coloration étendue.
Cette expérience montre que, dans le phénomène de prise de la
couleur par la vésicule adipeuse, la membrane conjonctive de
l'élément ne constitue pas une barrière considérable. Elle n’em-
pèche pas la diffusion des substances liposolubles. Par contre,
une couche protoplasmique, comme dans les cellules à petites
gouttelettes de graisse, représente un obstacle à l'absorption.
Le problème du mécanisme même du fonctionnement de la
membrane demeure encore indéterminé.
(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lvon).
946 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
À PROPOS DE LA NOTE DE Ï. BALTEANO (1),
par CHARLES RICHET FILS.
1. Balteano vient de donner le résumé d'expériences sur l'éli-
mination du Bacille d’'Eberth et des paratyphiques chez le Co-
baye. Ces expériences me paraissent confirmer entièrement celles
d'une série d'auteurs qui, précédemment, avaient observé ce phé-
nomène el y avaient insisté. Chiarolanza, en 1908, Ribadeau-
Dumas et Harvier, en 1910, nous-mème à diverses reprises, en
1911, avec Sainl-Girons. Toutes ces expériences ont largement
prouvé que l'élimination des microbes de la série Eberth et para-
typhiques par la paroi intestinale était précoce, survenant, d’après
nos résultats en général entre la 1° et la 2° heure, fréquente, à peu
près 6 fois sur 12, qu’elle s’accompagnait souvent de diarrhée el
qu'elle était maxima dans la région appendiculaire chez le Lapin.
Enfin, les expériences des auteurs cités, el de nous-même, ont
montré qu'elle était indépendante de l'élimination biliaire ou pan-
créatique.
_ Ge qui est démontré pour le Bacille d'Eberth, microbe entéro-
trope par excellence, l’a été également pour d’autres mierobes
banaux et spécifiques, comme le M. prodigiosus, le Streptocoque,
le Pneumocoque, le Pneumobacille, le Bacille de Shiga. Il s’agit
là d’une propriété générale de la muqueuse intestinale à laquelle
nous avons donné le nom de dientéropédèse.
Elle n’existe pas seulement pour les microbes, mais encore pour
les particules solides inanimées et, à cet égard, nous avons fait,
avec M. Lesné, en 1912, des expériences pour démontrer l’ébmi-
nalion, par la muqueuse intestinale, de particules de charbon in-
troduites sous la peau ou dans les veines. Gette élimination était
rapide et intense. La démonstration en étail particulièrement ai-
sce, il suffisait d'examiner l'intestin grêle et le gros intestin ; ils
élaient, dans tous nos cas, d’un noir d’encre quelques heures
après l'injection sous-cutanée d’encre de Chine, Gette élimination
nous à paru peut-être un peu plus forte chez les jeunes animaux
que chez les animaux adultes.
Simultanément, il y a, d’ailleurs, une élimination gastrique,
mais elle est faible, pancréatique et biliaire.
(1) 1. Balteano. Recherches sur lPélimination du Bacille d’Eberth et des
paralvphiques chez les Cobayes. C. R. de la Soc. de biol., séance du r4 oclo-
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SÉANCE DU 21 OCTOBRE 947
00 —————————
PouvoiR ANTIGÈNE DES BACILLES DIPHTÉRIQUES
DANS LA RÉACTION DE FIXATION DE LA TUBERCULOSE,
par JEAN Varris.
Nègre et Boquet (1), étudiant comparalivement la valeur anti-
oène des extraits alcooliques de Bacilles tuberculeux, et de mi-
crobes divers, en présence d’un sérum antituberculeux de Gheval,
avaient remarqué que l'extrait alcoolique de Bacilles diphtériques
avait une activité équivalente à celle des extraits alcooliques de
Bacilles tuberculeux.
Urbain et Fried (>), en employant comme antigène une émul-
sion de Bacilles diphtériques, ont fait des constatations analogues.
Avec le même antigène diphtérique, ils ont obtenu 3 réactions de
fixation positives avec 20 sérums de malades tuberculeux.
Nous avons ainsi été conduits à rechercher systématiquement
la valeur comparative des antigènes tuberculeux et diphtériques,
d'une part avec des sérums de tuberculeux avérés présentant des
Bacilles dans les crachats, et, d'autre part, avec des sérums de
malades non tuberculeux.
Nous avons employé comme antigènes luberculeux, l’antigène
méthylique de Boquet et Nègre et l’antigène à l'œuf de Besredka,
el, comme antigène diphtérique, un extrait méthylique de corps
bacillaires préalablement traités par l’acétone à raison de r cgr.
de corps microbiens pour r c.c. de solvant.
La technique que nous avons adoptée est celle de Calmette et
Massol. Nos recherches portent sur 74 malades, dont 47 tubercu-
leux avérés, pris dans le service du P' Léon Bernard, à l'hôpital
Laënnec, et 27 ne présentant aucun signe de tuberculose.
Les 47 malades tuberculeux se répartissent en 3 groupes :
_ [. 22 présentaient une réaction de fixation positive avec les an-
tisgènes tuberculeux. Le taux de leurs anticorps oscillait entre ro
el 0 unités. Ces 22 sérums positifs essayés comparativement avec
l’antigène diphtérique ont fourni les résultats suivants : 15 avaient
une réaction égale ou supérieure à la séro-réaction tuberculeuse ;
6 une réaction nettement positive, mais inférieure, en intensité,
à la séro-réaction tuberculeuse ; r seul s’est montré négatif.
Nous avons effectué la réaction de Schick sur 15 de ces 22 ma-
lades. Chez 10 d’entre eux, cette réaction a été négative (immu-
nité à la diphtérie) et positive chez les 5 autres. Parmi ces der-
niers, 4 se rapportaient à des sujets dont la réaction de fixation
était plus faible que la séro-réaction tuberculeuse.
(x) CR. de la Soc. de biol., 1. LXXXIII, p. 960.
(>) Annales de l’Institut Pasteur, t. XXXV, p. 294.
948 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
D Ru he D dm A RON ei 2 2 UNE Peer A URCRE RENE
IL. 12 malades avaient une réaction plus faiblement positive (
à 10 unités d'anticorps) avec les antigènes tuberculeux. Chez 11
d’entre eux, la réaction de fixation à l’antigène diphtérique à élé
plus positive (15 à 20 unités) qu'avec les antigènes tuberculeux.
Chez tous, la réaction de Schick était négative. Le douzième ma-
lade avait une réaction négative avec l’antigène diphtérique el
une réaction de Schick positive.
IT. 13 malades enfin avaient une réaction négative avec Îles
antigènes tuberculeux. Chez .10 d’entre eux, dont 9 avaient une
réaction de Schick négative, la réaction de fixation à l’antigène
diphtérique était positive. Aucune fixation chez les 3 autres où la
réaction de Schick a été positive dans 2 cas.
Sur les 27 malades non tuberculeux, 10 ont présenté une réac-
lion légèrement positive à l’antigène hRneque.
Il ressort de ces faits que le sérum des tuberculeux fixe | alexine
dans 72 p. 100 des cas avec les antigènes tuberculeux, et dans
89 p. 100 des cas avec l’antigène diphtérique.
Le sérum des sujets non tuberculeux ne fixe l’alexine avec l’an-
tigène diphtérique que dans 43 p. 100 des cas.
Les substances qui produisent la réaction de déviation avec l’an-
tigène diphtérique augmentent donc chez les tuberculeux.
Chez ces malades, il existe un certain parallélisme entre la réac-
tion de fixation avec l’antigène diphtérique et la réaction de
Schick. Ceux qui ont une réaction de fixation très positive ont,
le plus souvent, une réaction de Schick négative. Au contraire,
ceux dont la réaction de fixation avee le même antigène, est fai-.
blement positive ou négative, ont une réaction de Schick positive.
(Laboratoire du P' Calmetle, à l'Institut Pasteur
et Service du P' Léon Bernard, à l'hôpital Laënnec).
a — 9 —— © mr
SÉANGE DU 21 OCTOBRE 949
EEE
Passace pu Spirochæla trociduræ A TRAVERS LE PLAGENTA,
par Marcez Lecer el E. Bénien.
Spirochæla crociduræ, découvert, en 1917, par André Leger
dans le sang de la Musaraigne, Crocidura slampflit, sans être
d'une grande fréquence, à Dakar, est cependant loin d'être une
rareté. Il nous a été donné, à plusieurs reprises, depuis un an, de
retrouver le Spirochète de cet Insectivore, et nous entretenons,
actuellement, le virus au laboratoire par passages sur Muridés,
afin de chercher ses affinités possibles avec le parasite de la fièvre
récurrente d'Afrique.
Le hasard nous a fait rencontrer une Musaraigne infectée qui
élait en période de gestation. L'autopsie nous permit d’avoir 5 foœ-
tus déjà bien formés, à un âge relativement avancé de la vie
intra-utérine.
Dans le sang du cœur de ces fœtus, se trouvaient des Spiro-
chètes très nombreux, manifestement en nombre plus élevé que
chez la mère.
Ces parasites ont les mêmes caractères que ceux décrits par
André Leger (rx) chez l’adulte : 14 à 16 u de long, avec 5 ou 6 spi-
res, généralement bien régulières. Nous insistons seulement sur la
fréquence (indice d’une multiplication excessive) de deux élé-
ments accolés par leur extrémité et « sans séparation absolument
nette », contrastant avec l’absence de chaînes de 3, 4 ou 5 Héma-
lozoaires, comme on le voit parfois dans les récurrentes humai-
nes. Sur frottis colorés, les Spirochètes s’observent en quantité
plus grande au commencement de l’étalement (remarque ana-
logue a été faite par Mathis et l’un de nous (2) pour le parasite de
la fièvre récurrente tonkinoïise). Par contre, dans la portion ter-
minale du frottis, se rencontrent, et pour ainsi dire là seulement,
des formes en boucles et de petits faisceaux comprenant 3, 4, 5
ou 6 éléments enchevêtrés, mais conservant tous une direction
rectiligne.
La pénétration dans l’organisme fœtal des Spirochètes parasi-
tant la mère est'connue ; elle a été cependant rarement, à notre
connaissance, mise en évidence. À. Breinl et À. Kinghorn (3), en
1906, signalent que Spirochæta dutloni de la tick-fever peut, chez
le Rat, traverser le filtre placentaire ; mais ils relèvent la dispro-
(1) André Leger. Bull. de la Soc. de pathol. exolique, 1917, p. 280.
(2) G. Mathis et M. Leger. Recherches de Parasitologie et de Pathologie
humaines et animales au Tonkin. Masson, 1911.
(3) A. Breinl et A. Kinghorn. Lancet, 28 juillet 1906, analysé in Bull. de
l’Inst, Pasteur, t. IV, 1906, p. 992.
950 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
portion entre la pelite quantité de parasites dans le sang fœtal et
le nombre considérable décelé dans le sang placentaire.
Nattan-Larrier (1), cherchant à vérifier expérimentalement ce
qu'avaient signalé Breinl et Kinghorn, trouve toujours négatif le
sang fœtal (19 expériences) : il a opéré, sur des Rats, avec divers
Spirochètes. Mais l’inoculation du sang fœtal, en apparence sté-
rile, à des animaux sensibles reproduisit l'infection (après une
longue durée d’incubation, et avec très peu de parasites sanguins)
dans 8o p. 100 des cas environ. Il y a donc, dans les spiroché-
ioses, hérédo-contagion possible ; celle-ci peut s'opérer sans qu'il
y ait forcément lésion placentaire, ainsi que le prouve l'impré-
gnalion à l’argent des coupes histologiques. Pour Natlan-Larrier,
l'infection spirochétienne fœtale peut être importante au début
de la gestation, tandis que, pendant la seconde période de la ges-
tation, elle est des plus discrètes.
Notre constatation d’une infection massive, in ulero, des fœtus
presque à terme de la Musaraigne par Spirochæla crociduræ mé-
rilail donc d’être rapportée.
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
Q) Naltan-Larrier. Annales de l’Insl. Pasleur, 1911, p. 799.
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SÉANCE DU 21 OCTOBRE 051
Ê
DÉTERMINATION DE LA PRESSION ARTÉRIELLE MAXIMA
PAR LA MÉTHODE OSCILLOMÉTRIQUE,
par Pu. FABRE.
Si l’on utilise un manchon brachial de largeur réduite, la
courbe oscillométrique est déterminée dans sa forme, moins par
les résistances passives que par les déformations élastiques des
tissus interposés.
Au moment de l'équilibre entre une pression sanguine q el une
compression exercée Q, on a légalité
où E représente l'énergie potentielle de déformation des parois
arlérielles et des tissus interposés ; V, le volume du segment de
membre comprimé.
| dE
dv
quand le segment de membre aura atteint le volume Vo qui rend
E minimum.
Gelte circonstance se produit dans deux cas
1° à la diastole, pour une compression égale à la pression mi-
TN AE VON D
2° à la systole, pour une compression égale à la pression maxi-
Ai EN 2
Il existe une relation entre les amplitudes oscillométriques cor-
respondant à ces deux cas.
En effet, la variation volumétrique entre la diastole et la sys-
tole est :
Daäns le 1° cas, lorsque Q = p : AVn — Vmax. -— Vo
Dans le 2° cas, lorsque Q = P : AVu = Vo — Ve
(Ve — volume de collapsus artériel).
Ajoutant membre à membre
AV + AN — V max. — Ve
on oblient précisément la valeur de l'indice oscillométrique f,
exprimé en volumes. ï
En particulier sera égal à q quand —0, c'est-à-dire
2 {æ) ]
Remplaçant les variations de volume de l'air du manchon par
les rapports des oscillations aux pressions correspondantes, quan-
tités proportionnelles aux précédentes, conformément. aux lois
des gaz, celle réaction devient :
CO
Ot
(A)
SOGIÉTÉ DE BIOLOGIE
loi que lon peut énoncer brièvement ainsi :
«Si Fon rapporte les oscillations à l'unité de pression, l'indice
oscillométrique est la sonume des oscillations à fa maxima et à la
Minna ».
L'oscillation m, qui correspond à une compression égale à la
pression minima p, est facile à déterminer par la forme de la
courbe oscillométrique qui présente en ce point un petit palier
suivi d’une portion brusquement ascendante. L'indice oscillomé-
trique i et la compression correspondante O sont d'une obtention
aisée.
; M
La loi précédente fournit alors la valeur du quotient FT Il est
commode d'utiliser une abaque, formée de droites convergeant à
l’origine des axes, qui donne immédiatement la valeur des quo-
Oscillation
lients = ou, mieux, la valeur de cent fois ces quotients.
Pression
Au cours d’une compression progressive de l'air du manchon
AN
brachial, on lira successivement sur labaque les valeurs Fo
Fr . », M [2 N œ LÉ Lé
On en déduira le quotient D conformément à la loi énoncée.
Continuant la compression et lisant les quotients successive-
ment oblenus, on constatera qu'ils décroissent progressivement,
Au moment où la valeur que l’on vient de calculer est atteinte, la
compression exercée est égale à la pression maxima P cherchée,
SÉDIMENTATION DES GLOBULES ROUGES ET GESTATION,
par H. Vicnes et P. HERMET.
1° La sédimentation rapide des globules rouges ou réaction de
Fahrœus, que Ph. Pagniez a fait connaître en France, s’observe.
non seulement au cours de la gestation, mais encore après les spo-
liations sanguines, pendant le développement des tumeurs et au
cours des infections en poussée aiguë.
Presque nulle au début, elle devient d'autant plus marquée que
la gestation est plus avancée ; nous avons vérifié ce fait qui nous
semble devoir être retenu, car il suggère l'existence d’un rap-
port entre l'intensité de la sédimentation et l'intensité de la spo-
liation de substances nutritives, exercée par le fœtus au dépens
de la mère.
SÉANCE DU 21 OCTOBRE 953
Comme corollaire pratique, la réaction ne nous à donné aucun
renseignement pour les diagnostics difficiles d’une geslalion à ses
débuts.
2° La disparition de la réaction, dans le post-parlum ou le post-
aborlum, se fait proportionnellement au temps écoulé, mais avec
des varialions que nous n'avons pu interpréter.
3° On a dit que la réaction de Fahrœus était liée à une pro-
priélé des globules rouges (Bürker, Aresu) : nous n'avons pas de
faits de cet ordre. :
4° On a invoqué une diminution du poids spécifique du plas-
ma (Maccabruni) : or, l'addition d’eau distillée ou de sérum phy-
siologique, in vitro, ne nous à pas permis d'observer une accélé-
ration de la sédimentation.
5° On admet plus habituellement qu'il s'agit d’une modifica-
tion des constituants chimiques du plasma et, en particulier, des
colloïdes (luda Sakae et Tsutumi) : augmentation du fibrino-
gène, augmentation de la sérumglobuline par rapport à la sérum-
albumine.
Nous avons fait de nombreuses recherches dans une direction
analogue, par addition de diverses substances à du sang de
Femme enceinte, de Femme non enceinte et d'Homme
Accélération
par rapport aux lubes (émoins
Subslance ajoulée
Cholestérine ...... er
RAR SD ra D os ER ne nulle
écitinineMee neo Pr re SRE A Ne et. nulle
SÉRUMATCRECMMOMONTENCCINIC SE. M... see nulle
SÉRUMANHOMNEN. M... Ces... ee oo nulle
Sérum de fœtus (sang du cordon) ............ nulle
Emulsion de leucocytes de Femme enceinte .... nulle
Soninide FEMMENCNCente ee. MR TEr assez marquée
Sérum d'animal habituellement saigné (sérum
antistreptococciqne et sérum hémopoïétique)... très marquée
Sérum d’animal non saigné (Cobaye) .......... nulle
954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à
NOUVEAU PROCÉDÉ D'ISOLEMENT DU BACILLE TUBERCULEUX
DANS LES CRACITATS.
Note de E. Bossan et M. Baupy, présentée par À. GriGAuT.
On connaît la difficulté assez grande que Fon rencontre à iso-
ler, dans les crachats, le Bacille tuberculeux, par le procédé
d'Uhlenhuth, de Petroff, de Spengler, et d’autres auteurs.
_ C'est pourquoi il nous à paru intéressant de décrire un nou-
veau procédé qui nous semble plus simple el qui nous à donné
d'excellents résultats.
Le crachat est mis en contact avec une solution au 1/10 en eau
distillée d'acide sulfurique pur (66°). Cette solution, préalable-
ment stérilisée dans un vase à large col, reçoit le crachat. Agiter
à plusieurs reprises le mélange et laisser en contact ro minutes à
la température ordinaire. Suivant la nature du crachat, deux
faits se présentent : ou bien le crachat se désagrège complètement,
où bien il se divise en parcelles plus ou moins grosses.
Après 10 minutes de contact, ensemencer. L'ensemencement
est fait avec l’anse de platine sur pommes de terre glycérinées à
l p. 100. Dans le cas où le crachat est dissocié complètement, on
prend une anse du liquide dans sa partie la plus épaisse et on
l’'ensemence soigneusement et en insistant sur la surface de la
pomme de terre. Dans l’autre cas, on prend une parcelle et on
opère de la même manière, toujours de facon à bien étaler et im-
prégner la surface de la pomme de terre.
L’ensemencement terminé, faire passer à deux ou trois reprises
et avec précaution le bouillon du tube sur la surface de la pomme
de terre. Obturer avec le capuchon et porter à l’étuve à 38°.
Nous avons traité par ce procédé 15 crachats différents qui,
tous, ont été apportés au laboratoire sans précaution particulière
(crachoirs non stérilisés, plusieurs crachats conservés pendant S
jours). 13 crachats sur 15 nous ont donné des cultures pures de
Bacilles tuberculeux.
L'examen microscopique a toujours été fait, et révélait suivant
les crachats depuis 3 Bacilles par champ jusqu'à plus de 100. La
flore associée était plus ou moins abondante. Chaque crachat
était ensemencé sur plusieurs tubes de pommes de terre.
Le tableau suivant indique dans ses différentes colonnes le
nombre de Bacilles par champ, l'abondance de la flore associée,
le nombre de pommes de terre ensemencées, le nombre de pom-
mes de terre ayant donné une culture, le nombre de tubes où il
a été constaté une altération, le nombre de tubes sans culture, et
le nombre de jours au bout duquel on aperçoit les colonies.
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* physiologique
STÉRIAN (E.) : Contribution à
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 28 OCTOBRE
AzouLay (L.): La cause du rap-
prochement provoqué des feuil-
lets de Russula queletii (Fr.) Bat.
DesLiens (L.) Transfusion
sanguine et fièvre aphteuse.....
Fiscuer (R.) : Equilibre col-
. loïdal des sérums sanguins nor-
maux ou pathologiques.... ...
GueyLarp (M'e F.): Variations
de poids de l’Epinoche passant
de l’eau douce dans des solutions
de chlorure de sodium à diffé-
rentes concentrations. :
Haupuroy (P.): De l'action du
sérum . anti-dysentérique sur la
lyse du Bacille de Shiga par le
Bactériophage de d'Herelle..
Hauouroy (P.) : Sur les Iysines
du Bactériophage de d’Herelle .….
Mozrrarp (M.) : Influence de
la nature de la source d’azote sur
la production des acides organi
ques par le Sterigmatocystis ni-
gra
PRENANT (M.\: Sur les ferments
oxydants nucléaires et cytoplas-
miques, et sur leur importance
CCC CCC CC
l’étude de l'identification des sé-
rums thérapeutiques in vilro...
TancowLa (R. et MuTERMIL CHI
(S.) : Sur le syndrome humoral
de la sclérose en plaques.......
WegEr (A.): Toxicité du mi-
BioLociE. COMPTES RENDUS. — 1922.
963
976
977
974
1922
SOMMAIRE
lieu intérieur des Urodèles pour :
leurs œufs...,..
see, ee. +
Réunion de la Société belge
de biologie.
Borper (J.): Obtention de prin-
cipes de faible puissance dans
l’autolyse microbienne transmis-
SDL ee
DuesBerG (J.) : Sur l’origine
de l’axe de soutien dans la queue
régénérée des Amphibiens Uro-
GORE De AO RE CEE
Kucezmass ([.-N.) : Change-
ments de la viscosité et du degré
de transparence pendant la coa-
gulation du sang............
Kucezmass (1.-N.) : Influence
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coagulation du sang.......... %
LepLar (G.): Etude des modifi-
cations provoquées dans les deux
yeux par une contusion oculaire
unilatérale se RE AUTRE tee
Mürzer (L.) : Un nouveau prc-
cédé de différenciation des mi-
crobes des types coli et typhosus.
PerTitTsEAN (F.) : Influence de
| la coagulation sur la teneur du
_..…...
sang en azote aminé..
Van Lazr (M.-H.) et MERTEN
| (I) :
‘ fluence sur la reproduction. dés
L’acidité libre et son in-
T. LXXXVII.
987
979
. 1000
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958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
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Van SAcEGHEM (R.) : La séro- thogènes 7... ne Ne evo
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trypanosomiases............... 995 | palpébro-réaction dans Île dia-
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EQUILIBRE COLLOÏDAL DES SÉRUMS SANGUINS NORMAUX
OU PATHOLOGIQUES,
par ROGER FISCHER.
Dans une note précédente, j'ai indiqué quelles expériences
m'avaient amené à envisager l'existence d'un certain équilibre
régissant les rapports des protéines en fausse solution dans un
liquide physiologique. J'ai montré que la globuline protégeait
l’albumine, mais la proportion d’albumine protégée peut varier
par rapport à celle qui ne l’est pas. Dans le cas où la majeure
partie est sous forme d'albumine protégée, la réaction à la géla-
tine est continuellement mégative. Ce cas, particulier parmi les
équilibres protéiques possibles, est cependant celui qui corres-
pond à d'équilibre normal des sérums sanguins. On peut de bap-
tiser du nom de protection ou prostarie. Ce nom rappelle le ca-
ractère essentiel de l'état colloïdal physiologique du sérum où
l'un des éléments protéiques, l’albumine, est protégé par l'au-
tre, la globuline. J'ai retrouvé cette protection chez le Lapin et
chez l'Homme. Ce sont les cas se rapportant au sérum humain
que je veux relater ici. Pour étudier le sang ‘humain, la méthode
des pesées n'est pas applicable, elle nécessite trop de sérum. Je
lui substitue la méthode de comparaison des précipités dont les
résultats concordent avec ceux de la méthode précédente. Je fais
deux examens correspondant aux points extrêmes de la courbe
établie dans l'étude théorique primitive.
ÆXxAMEN A.
SÉCUM eU PEE PA TO re le AE DE SN SEE LOEEU HART ©,10 CC.
Gélatine ‘ou solution physiologique, témoin ............ 0,13 C.C.
AICOOI LENS ER RAA TEA ER D ODA roc Ode a loidiene 9 Bars D.12\0-C- 470,0 C-C2
SÉANCE DU 28 CCTOBRE 959
ExAMEN B.
SET nt meme cie RE TT nn Ne ne RSA ROUE ES 0,90 €.C.
NaCI 9 p. 1.000 ou cotes Do rceE 5 SSSR OO 0 CRC
ENT OO PR me PR NE fete nns ee relaie sis cle tetes Qt Oo à 0,0 CC.
Ces chiffres ne sont pas absolus. Les expériences doivent être
faites avec beaucoup de soin. Les éprouvettes sont lavées à l’al-
-cool, séchées à la flamme, puis lavées dans le sérum physiolo-
gique. Néanmoins, je prends soin de faire, si possible, deux séries
d'expériences qui se contrôlent l’une l’autre ; mise à l'étuve à 37°
un temps variable ; centrifugation. La lecture des résultats se
fait par comparaison des précipités. La dose d'alcool ne doit pas
être trop forte et l’on doit s'assurer que toutes les protéines ne
sont pas précipitées. C’est dans ces conditions que j'ai examiné
les sérums ci-dessous. Le sang qui exsudait de ces sérums était
recueilli d’une ponction intraveineuse de 10 e.c., laissé à la gla- .
cière, puis examiné après exsudation du sérum. a
_ Arthritisme. Sujet masculin. Aucune autre modification san -
guine. Réaction négative, donc normale.
Bronchite. Sujet ee de Aspect du sérum, PIROPESCentE vert
‘pâle, réaction négative.
Dégénérescence alcoolique du foie. Réaction du caillot prolon-
gée, aucune autre modification sanguine, réaction négative
Séquelle d’encéphalite léthargique. Aucune modification san-
guine, examen colloïdal normal.
La méthode est applicable à la clinique et peut donner des ré-
-sultats intéressants dans certains cas pathologiques. J'ai eu, no-
‘tamment, l’occasion d'examiner la prostaxie chez un individu
qui présentait tous les symptômes de l’hémoglobinurie paroxys-
‘tique a frigore. Le sang fut mis à l’étuve pour éviter l'hémolyse,
puis volontairement hémolysé. Le résultat fut aberrant ; avant
“et après l’hémolyse, la mesure « donnant un résultat positif, la
mesure b un résultat négatif. Plusieurs mesures donnèrent les
mêmes constatations. Pour plus de sécurité, j'ai appliqué les
méthodes des pesées sur une assez forte quantité de sérum et j'ai
-obtenu pour trois points de la ue : + I QT., — 0,021, — 0,0
avec 0, de sérum pour 0,2, — 0,5 et 7 c.c. de: ie eo DFE. C:
d'alcool.
_Aïnsi la prostaxie n'existe que pour les doses dE fortes de
gélatine. La courbe de ce sérum est la courbe que nous avons eue,
dans l'étude théorique, pour l’ovoprotéine et dans le cas de l’ovo-
protéine il y a déficit quantitatif de globuline. Il n’en est pas de
même pour l’hémoglobinurie paroxystique, mais y a-t-il déficit
‘qualitatif ? Pour résoudre la question ,j’ai appliqué l'examen à
la chaleur. La globuline protège l’albumine contre l’action de
a chaleur. La globuline de l'hémoglobinurique stabilise très mal
960 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
l’albumine de son propre sérum, alors que la globuline prove-
nant du sérum de la séquelle d’encéphalite, que nous avons vu
être normal, stabilise normalement l’albumine de l’hémoglobi-
nurique. Il faut donc bien penser que la globuline de ce malade
était dans un équilibre colloïdal pathologique et, qualitative-
ment, en déficit. Par suite de la façon particulière dont le patient
a réagi à une injection de caséine (1), j'ai été amené à examiner
l’action de la caséine sur les éléments de son sérum. La caséine,
la même qui servit à l'injection, n’a pas amené sur la globuline-
de changement que je puisse constater par ma méthode, tandis
qu'au contraire elle a provoqué une déstabilisation de l’albumine
absolument nette. Sans préjuger de la nature du principe hémo-
lysant, on doit admettre par la simple constatation des faits que,
dans ce cas d'hémoglobinurie paroxystique, la crise est provoquée
par la déstabilisation de l’albumine et cette déstabilisation n’a
lieu et n’est nocive que par l'absence d’une prostaxie efficace, due
à un déficit qualitatif de la globuline. Tout aussi intéressants et.
suggestifs sont les examens des néoplasiques.
Voici les résultats obtenus dans différents cas
Mélano-sarcome : mesure 4, + +, b, + +.
Carcinome du sein : mesure a, très positif + ++, mesure
b, + +. Nouvel examen aprés | une nouvelle ponction : mesure
dE mesure DRE.
EÉpithéliome du laryne : mesure @, + ++, 0, égalité. Mesure:
(SE À LE AT ON a
Carcinome du rectum : a et b très positif + +, trois jours.
après la ponction, la maladie se terminait par un exitus.
Carcinome de la glande sous-maxillaire : examen a saturé, un
examen D, égalité des précipités, mais négatif par l'existence
d’un louche. Un examen simultané a donné : 4, louche, égalité
des précipités, b +, le malade avait reçu un traitement spécial.
Carcinome du rectum : examen après traitement : à, + ++,
D, + + +, quelques jours après examen, exitus.
Carcinome de l’amygdale : avant tout traitement, tous les exa-
mens a et b sont très positifs + + +.
Un luélique atteint de paralysie générale avec une tumeur de
la fosse iliaque droite, à évolution rapide, me donna une réaction
négative. Ce malade était subfébrile. Deux semaines après mon
examen, il émit une forte quantité de pus avec des matières
fécales et la tumeur disparut. Celle -ci était un abcès à distance,
post-opératoire. |
Les résultats qui sont les plus positifs correspondent aux ma-
(x) Voir à ce sujet les communications du P' Roch et du D' Liengme à lx
Société Médica'e des Hôpitaux de Paris.
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 961
lades qui étaient proches de l'issue fatale. Il s’agit là d’un désé-
-quilibre qui se crée dans un sens parallèle à celui que nous avons
vu dans l'hémogilobinurie où nous allions du + au —, mais
-CE déséquilibre est accentué, soit que nous allions du + à l’éga-
lité, c'est-à-dire au o, ou que nous ayons un résultat continuelle-
ment positif, et, dans ce cas, la prostaxie n'existe plus.
D’après certaines expériences, ce parallélisme de l’hémogiobi-
nurie et des néoplasmes ne serait qu'une coïncidence, plusieurs
causes pouvant atteindre l’un ou l’autre des constituants des pro-
téines et produire le même effet visible sur l'équilibre colloïdal.
(Laboratoire d'anatomie de Genève).
ToxICITÉ DU MILIEU INTÉRIEUR DES URODÈLES POUR LEURS OEUFS,
par À. WEBER.
Les recherches que je poursuis me paraissent avoir mis en évi-
dence dans le milieu intérieur des Urodèles une propriété toxique
pour les œufs de ces Batraciens. On peut admettre, tout au moins
provisoirement, que cette propriété est le fait d'une substance,
analogue peut-être, aux oocytases extraites par T.-B. Robertson
du sang de différents animaux (1).
À la suite de greffes répétées d'œufs fécondés, cette toxicité
particulière des Urodèles adultes disparaït ou s’atténue. La sub-
stance toxique serait adsorbée par les œufs inoculés successive-
ment ; ainsi, dans le phénomène de Bordet-Danysz, les toxines
ou lalexine sont neutralisées plus complètement par les injec-
tions limitées et répétées de sérum antitoxique ou anti-alexique.
Chez Triton cristatus il faut greffer successivement { œufs, cha-
cun pendant une heure, pour faire disparaître la propriété toxique
du milieu intérieur. Si l’on inocule 4 œufs à la fois et qu'on les
laisse séjourner une heure dans la cavité péritonéale d’un Triton,
la toxicité persiste encore. Bien plus, 4-œufs introduits ensemble
pendant quatre heures consécutives n’amènent pas non plus la
disparition du pouvoir toxique de la sérosité péritonéale (2).
- Il était intéressant de savoir combien de temps durerait la
perte de cette toxicité. Cette recherche est particulièrement diffi-
.(x) À. Weber. Influence sur le développement des œufs d’un Batracien
d’une substance extraite de la fertilisine des qu d'un Poisson. C. R. de
l’Acad. des sc., t. CLXXIV, p. 1.736, 26 juin 192
(2) A. Weber. Nouvelles recherches sur les ee d'œufs de Triton cristatus
sur adultes. C. R. de l'Association des anatomistes, 17° réunion, Gand. Editions
médicales, Paris, 1922.
962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
oo
cile ; en effet, le pouvoir toxique du milieu intérieur des Urodèles-
s’atténue ou disparaît assez vite en captivité. À [a fin du mois de
mars dernier, j'ai mis en liberté, dans une petite mare où ils-
trouvaient une nourriture abondante, des Tritons crétés qui
avaient perdu leur toxicité grâce à des inoculations successives
d'œufs. J’ai capturé à nouveau quelques-uns de ces animaux, re-
connaissables à leur cicatrice abdominale, à la fin du mois
d'avril suivant, exactement 27 jours plus tard. Le pouvoir toxi-
que de leur milieu intérieur vis-à-vis des œufs de leur espèce
n'avait pas reparu. La substance toxique ne s’est pas reconstituée
en aussi peu de temps, ou bien pendant cette période de la vie
sexuelle des Tritons. :
En admettant que la toxicité du milieu intérieur des Urodèles
puisse être rapportée à une substance, la question se pose d’en
connaître la nature approximative. Je ferai remarquer, tout
d’abord, que les greffes que je pratique comportent l'inoculation
dans la cavité péritonéale de l'œuf entouré de sa coque. Cette
env eloppe rigide, muqueuse et albumineuse, peut être considé-
rée, à première vue, comme un filtre colloïdal qui laisse passer
par exemple l’eau et l'oxygène nécessaires à la vie du germe fé-
condé, mais aussi d’autres substances, celle qui a des propriétés
toxiques vis-à-vis de l’œuf entre autres. J’ai recherché comment
se comportaient dans ces conditions les œufs protégés par des-
ultra-filtres. Je me suis servi de petits sacs en collodion préparés
suivant les indications de J. Duclaux (1) par mon assistant,
M. Roger Fischer.
Je dépose un œuf de Triton cristatus au fond de ces sacs qui
sont fermés par une goutte de collodion très épais. Il faut avoir:
soin de n'enfermer avec l'œuf qu’une quantité d’eau aussi mi-
nime que possible. Dans ces conditions, la coque ovulaire est au
contact de la lamelle de collodion sur presque toute sa surface.
Les sacs de collodion sont inoculés dans la cavité générale d’adul-
tes fraichement capturés dans des conditions identiques à celles:
de mes autres expériences. Les résultats ont été particulièrement
nets.
Si les œufs sont placés dans un ultra-filtre serré à pores: très
étroits, l’action du milieu intérieur du Triton adulte sur l'œuf
est nulle. L’œuf se seomente dans la cavité péritonéale d'um Tri-
ton cristatus mâle, comme s’il était plongé dans l’eau pure. En:
employant des filtres mous, à larges pores, la toxicité pour les
œufs de la sérosité péritonéale est évidente, mais légèrement at-
ténuée. Au. bout de cinq minutes de séjour dans le péritoine d’un
Triton cristatus mâle, il y a bloquage des pronucléi accolés, mais
(r) J. Duclaux. Les colloïdes. Paris, 1920. Gauthier-Villars, éditeurs.
CV
DU dE
SÉANGE DU 28: OCTOBRE 963
on remarque une activité cinétique considérable des-noyaux sper-
matiques accessoires de l’œuf. En l'absence de filtre de collodion,
on eût observé, dans ces conditions là, le bloquage définitif de
toutes les formations nucléaires contenues dans l'œuf (x).
La substance toxique hypothétique du milieu intérieur de Tri-
ton cristalus ne passe donc pas dans les ultra-filtres serrés, mais
traverse sans difficulté les ultra-filtres mous. Dans ce dernier
cas, la légère atténuation de son action est sans doute due à
l'épaisseur plus grande des couches qui entourent l'œuf et aussi
peut-être à la petite quantité d'eau qui recouvre ce dernier et qui
peut avoir dilué la substance en question.
Henseval (2) a montré que la sérum-albumine traverse facile-
ment. les membranes de coilodion ; par contre, le passage de la
sérumr-globuline ne se ferait qu’à travers des ultra-filtres à larges.
pores. D'un mélange de sérum-albumine et de sérum-globuline,
il filtre, dans ces dernières conditions, presque uniquement de la
globuline. Il est très probable que, dans le sang de Triton cris-
tatus se trouve, comme dans celui de l’animal étudié par Hense-
val (Homme ?) un mélange de sérum-globuline et de sérum-al-
- bumine. J'ai constaté, d'autre part, que la toxicité du sang des
Tritons pour les œufs est identique à celle de la sérosité périto-
néale (3). Il est donc possible que la substance capable d’altérer
les œufs de ces Urodèles soit une globuline.
LA CAUSE DU RAPPROCHEMENT PROVOQUÉ DES FEUILLETS
pe Russula quelelii (FR.) BAT.,
par LÉON AZOULAY.
Lorsqu'on examine la face interne de feuillets que l’on vient
de toucher avec un pinceau ou une bandelette de papier et qui se
-sont aussitôt rapprochés, on y aperçoit des dépressions en sur-
faces ou en lignes sinueuses ; on voit, d'autre part, que le pin-
ceau, où la bandelette, est couvert d’un enduit glutineux, épaissi
par des spores et, sans doute, d’autres éléments. Les dépressions
(x) À. Weber. Action du milieu intérieur des Tritons sur leurs œufs, C. R.
de: la Soc. de biol., t. LXXXVIT, n° 28, septembre 1922.
(2) M. Henseval. Sur la dissémination de la sérum-albumine et de la sérum-
globuline dans les solutions aqueuses. C. R. de la Soc. de biol., t. LAXXU,
n° 25, juillet 1910.
(3) A. Weber. Recherches sur la toxicité du milieu intérieur des Batraciens
Urodèles vis-à-vis de leurs œufs. C. R. de l'Acad. des se., t. CLXXIT, page 1.249,
17 IMAi 1921.
964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
et lignes apparaissent nettement après quelques jours, grâce à
leur coloration ocre. Rarement des lames artificiellement rappro-
chées ne semblent présenter aucune lésion. L'on voit encore que
c’est la partie supérieure des lames qui s’infléchit du côté lésé,
et l'on constate que cette inflexion s'étend à toute la longueur de
la lame, même lorsque la meurtrissure paraît localisée.
Faute de matériel, nous n'avons pu examiner que deux cas de
feuillets spontanément rapprochés. Dans l’un, on voyait des dé-
pressions ponctiformes sur une partie d’une seule lame, les deux
lames étant cependant en contact par inflexion de leur partie
supérieure ; dans l’autre, les faces internes étaient rongées à leur
base, et sur une certaine longueur, par des larves ; dans ce cas,
les lames étaient inclinées l’une vers l’autre, tout d’une pièce, en
gardant leur forme habituelle, aspect très différent du premier.
Il semble donc, jusqu'à présent, que le rapprochement provo-
qué et peut-être spontané des feuillets de Russula queletii (Fr.)
Bat. et variétés, de R. emetica et citrina et, sans doute, d’autres,
soit dû à des lésions des parois ou du fond et à la rupture d’équi-
libre qu'elles déterminent dans la HUrSrSCRee ou le soutien des
deux faces de la même lame.
Quant à la rapidité du .rapprochement provoqué et à sa propa-
gation, quand il est d’abord local, c’est la structure même des
feuillets qui doit en fournir l'explication.
SUR LES LYSINES DU BACTÉRIOPHAGE DE D HERELLE,
par P. Haupurovy.
Dans son livre Le Baclériophage et dans diverses notes, d'He-
relle a essayé d'expliquer le mécanisme du phénomène qu'il a
décrit. « Il est évident, dit-il, que l’ultra-microbe bactériophage
ne peut dissoudre les Bactéries par sa seule présence : il ne peut
‘exercer son action qu'au moyen de diastases-lytiques », les lysi-
Il donne le mode d'isolement de ces Iysines. On précipite :
un volume de Bactériophage en bouillon ordinaire par 9 volumes
d'alcool à 96°. On laisse le précipité en contact avec le liquide
surnageant pendant 48 heures. On décante. On redissout le pré-
cipité dans r volume d’eau physiologique. La liqueur ainsi obte-
nue, ajoutée à parties égales à une culture jeune de Bacilles de
Shiga, par exemple (si l’on est parti de Bactériophage antidysen-
térique) arrête la culture, sans la lyser. L'action ne se continue
pas en série. Les témoins sont faits en pensant aux dilutions.
« Le précipité par l'alcool renferme done, conclut d'Herelle, une
diastase lytique libre d'ultra-microbes vivants ».
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 965
Répétons cette expérience très exactement en partant de bouil-
lon ordinaire stérilisé par la chaleur. Nous obtenons les mêmes
résultats : c’est-à-dire que le précipité formé par l'addition d'’al-
cool et redissous dans l’eau physiologique a la propriété d’arrè-
ter momentanément les cultures auxquelles on l’ajoute.
Dans toutes ces expériences, c’est l’alcool seul, accolé au pré-
cipité, qui joue un rôle. La contre-épreuve est facile à faire. On
précipite du Bactériophage par de l'alcool, suivant la technique
indiquée. Après la décantation, on met à l’étuve à 37° pendant
une heure ou deux de façon à obtenir une dessiccation complète.
On reprend alors par l’eau physiologique et on termine l'expé-
rience comme précédemment. On peut constater, ou bien que le
Bactériophage a cessé de manifester son activité (la culture est
normale) ou bien qu'il est resté actif (1) (la culture est lysable
en série). Dans aucun cas on ne constate la présence de substan-
ces [ytiques à action limitée.
Des essais de précipitation par d’autres procédés ne m'ont sis
donné de meilleurs résultats.
On n'a pas le droit de conclure de ces expériences que les Iy-
sines n'existent pas : on doit simplement dire que nous ne savons
pas les isoler. Leur existence et, par suite, l'explication du méca-
nisme du phénomène rentre tout entière dans le domaine de
l'hypothèse, aucun fait expérimental ne venant plus l’étayer.
(Laboratoires de bactériologie de la Faculté de médecine
de Strasbourg et de la Faculté de médecine de Paris).
(x) Le contact pendant 48 heures avec l’alcool n’est pas suffisant pour empé-
cher certaines souches de manifester leur activité.
966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
DE L'ACTION DU SÉRUM ANTIDYSENTÉRIQUE SUR LA LYSE
DU BACIÉLE DE SHIGA PAR LE BACTÉRIOPHAGE DE D'HERELLE,
par P. Haupuroy.
Prenons une série de tubes dans lesquels nous distribuons des
quantités égales d’une culture jeune de Bacilles: de Shiga. Met-
tons, dans chacun d'eux, une goutte de Bactériophage antidysen-
térique, quantité qui serait suffisante pour produire la lyse. Ajou-
tons, du tube 1 au tube 20, par exemple; des doses croissantes de
sérum antidysentérique de l'Institut Pasteur : le r°° tube en rece-
vra El gouttes ; le 2°, IV gouttes, etc.; le 20°, XL gouttes. Après 3
ou 4 heures d’étuve, les tubes témoins seront complètement Iysés,
les tubes 1 à 5 (c'est-à-dire contenant [IE à X gouttes de sérum
antidysentérique) seront lysés, les tubes 6 à 20o-seront encore trou-
bles. Après 7 à 8 heures, la lyse sera faite dans les tubes 6, 7, 8...
En-examinant à la ro°, 12°, 16° heure, on constate que les Bacilles
destiubes oo ee 16, 17, ont disparu. Seuls, malgré la
prolongation de l'expérience, les tubes :18, 19, 20, sont restés
troubles (x).
Aucun autre sérum thérapeutique ne possède cette propriété.
L'expérience réussit avec du sérum antidysentérique vieux ou
neuf et provenant de Chevaux différents ; avec diverses souches
de Bacilles de Shiga et avec toutes les souches de Bactériophage
antidysentérique que j’ai essayées (5). En résumé, le sérum anti-
dysentérique retarde la Iyse du Bacille de Shiga par le Bactério-
phage de d'Herelle. Avant d'essayer d'interpréter cette expé-
rience, il était nécessaire d'éliminer un certain nombre de causes
d'erreurs. Les souches de Bacilles de Shiga, dont je me suis
servi, ne sont pas Ivsogènes. La souche qui sert à l'Institut Pas-
teur à préparer les sérums antidysentériques n’est pas [vsogène.
Le sérum antidysentérique ne possède pas, par lui-même, de
propriété Iytique. Il ne possède pas non plus de propriété anti-
lytique : il aurait alors pour effet de tuer les malades auxquels
on l'injecterait.
Sur quoi, dans le mélange : Bacilles de Shiga-Bactériophage
agit le sérum antidysentérique ? Sur le Bacille de Shiga. En:
effet, si on filtre, au moment où la lyse ne s’est pas encore faite,
un des tubes de erpénence précédente, on retrouve intact le
Bactériophage qu'on a ajouté, capable de lyser immédiatement
et avec la même force.
(x) Les chiffres indiqués ici ne sont. valables que pour une souche de Bacté-
riophage. Il est nécessaire de tâtonner pour trouver les doses de sérum à
ajouter, doses variables avec l’activité du lysat employé.
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 967
L'action d'arrêt exercée par le sérum, la spécificité de cette
action, nous font penser qu'une substance que nous ne pouvons
pas définir pour le moment, secrétée par le mierobe, intervient
dans le phénomène de d’Herelle. Cette substance soluble est
à fixée » par le sérum. La [se ne peut pas se faire. Mais le mi-
crobe, se développant, en produit une quantité supérieure à celle
que le sérum peut neutraliser et la lyse finit par se faire : plus
on ajoute de sérum, plus la lyse est, en- effet, retardée. En met-
tant de grandes quantités de sérum, il faudrait 48 heures, ou
plus, par exemple, au microbe pour secréter une quantité suffi-
sante de substance soluble. Les cultures trop vieilles ne sont alors
plus lysables.
Il faut remarquer que cette expérience ne nous éclaire en rien
sur la nature du Bactériophage. Elle nous explique simplement
une partie du mécanisme du phénomène et d’une façon diffé-
rente de ce qu'avait pensé d'Herelle.
La nature même du Bactériophage reste inconnue (7).
(Laboratoires de bactériologie de la Faculté de médecine
de Strasbourg et de la Faculté de médecine de Paris).
INFLUENCE DE LA NATURE DE LA SOURCE D'AZOTE
SUR LA PRODUCTION DES ACIDES ORGANIQUES
PAR LE Slerigmalocyslis nigra,
par Marin MozLrarn.
J'ai montré antérieurement que le Séerigmatocystis nigra fa-
brique, aux dépens du saccharose qui est mis à sa disposition,
des quantités abondantes d'acides organiques (acides gluconique,
citrique, oxalique), lorsqu'on vient à diminuer d’une manière:
appréciable la dose d’un ou de plusieurs éléments indispensables:
au développement normal. La nature des corps sur lesquels porte
cet abaissement du taux optimum intervient pour déterminer la
nature ou la proportion des acides organiques, qui représentent
une combustion incomplète du sucre restant en excès ; mais il
convient de faire observer, d'autre part, que, pour un élément
donné fourni en quantité insuffisante, on peut constater des va-
riations importantes, dans le rapport des acides formés suivant
la forme sous laquelle existent les autres éléments.
Nous considérerons, comme exemple, le cas cù la dose de:
(x) L'expérience qui réussit toujours avec le sérum antidysentérique et le
Bacille de Shiga, doit réussir, croyons-nous, pour les autres microbes dont on
possède le lysat, à condition d'employer un sérum anti-toxique.
968 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
phosphore est abaissée au 1/25 de sa valeur optima ; il se consti-
tue alors de l'acide citrique et de l'acide oxalique, mais les quan-
tités de ces deux acides sont très différentes suivant que la source
d'azote est fournie par de l’azotate ou du chlorure d'ammonium.
On obtient les résultats suivants pour les deux sortes de cultures,
effectuées à 36° sur 150 c.c. de liquide nutritif, contenant 7 gr.
de saccharose ; la quantité d’azote correspond, dans les deux cas,
à celle qui réalise la production maxima de substance sèche ; :
l'acide citrique a été dosé à l’état de citrate tricalcique.
- Culture à base d’azotate d’ammonium
Durée Poids du : Acide Sucre inlerverti -
en jours mycélium Acide citrique oxalique consommé Rendement
en mer. en mer en mer. en Fe En
5 962 o ho 3597 0,267
10 1119 262 660 5637 0,199
19 11306 163 792 6653 0,170
20 1224 o) 762 350 0,158
31 099 ©) > A6 — —
ho 977 0 364 = es
Culture à base de chlorure d’ammonium
D'AE 928 74 ho 3079 0,301
10 1007 139 68 : 3896 0,208
19 1172 156 82 644 0,252
20 19552 399 102 _ 6333 0,245
30 1643 Oo 20 6903 ” 0,238
ho 1580 O (e) 59350 0,214
Le maximum de poids de substance sèche est sensiblement
plus élevé avec le chlorure d’ammonium qu'avec l’azotate d'am-
monium ; il est atteint, d'autre part, au bout de 30 jours environ
au lieu de 20 ; d'une manière générale, la vitesse de développe-
ment est moindre en présence de chlorure d’ammonium et le
sucre ne disparaît entièrement qu'au bout de 4o jours au lieu
de 20 ; c’est évidemment l'acide chlorhydrique devenu libre qui
intervient ici ; la quantité totale d'acides organiques formés est
beaucoup plus grande dans la culture à base d’azotate d'ammo-
nium et ces différents faits entraînent directement, comme con-
séquence, un rendement plus faible avec le nitrate ; ce dernier,
on le sait par ailleurs, provoque des oxydations plus intenses : il
y à plus de gaz carbonique et d’acides organiques formés pour
un même poids de sucre utilisé.
Enfin, et c’est le point sur lequel nous voulons attirer plus spé-
cialement l'attention, il y a beaucoup plus d’acide oxalique pro-
duit (762 mgr.) en présence de l’azotate d’ammonium qu'avec le
chlorure (102 mgr.) alors que l'inverse a lieu pour l'acide citri-
que, bien que dans une moindre proportion.
Ces faits constituent un nouvel exemple de la complexité que
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 969:
_
présentent les échanges d’une cellule avec la composition du mi-
lieu nutritif, qui se trouve d’ailleurs modifié lui-même à chaque
instant par l'élection opérée vis-à-vis des divers éléments qui sont
à sa disposition.
VARIATIONS DE POIDS DE L'ÉPINOCHE PASSANT DE L'EAU DOUCE
DANS DES SOLUTIONS DE CHLORURE DE SODIUM
A DIFFÉRENTES CONCENTRATIONS,
par FRANGE GUEYLARD.
Il y a quelques années (1), nous avons, dans une note présen-
tée à cette Société, en collaboration avec Paul Portier, exposé les
premiers résultats de nos recherches sur l'adaptation aux chan-
gements brusques de salinité.
Cette étude était faite sur l'Épinoche (2), Poisson qui supporte
parfaitement le passage sans transition de l’eau douce dans l’eau
de mer, et nous considérions spécialement les variations de poids
de cet animal au moment où il est transporté d'un milieu dans
un autre de salinité différente.
Rappelons brièvement que ces variations passent par deux pha-
ses ; dans la première, le poisson subit les lois de l’osmose (il
diminue de poids quand on le transporte de l’eau douce dans
l’eau de mer); dans la seconde, qui suit immédiatement, le sens
de la variation se renverse (une augmentation fait suite à la dimi-
nution dans le cas indiqué ci-dessus) et ce nouveau phénomène
semble être un mode de réaction du Poisson (3).
Nous avons repris récemment ces recherches, en remplaçant
l'eau de mer par des solutions artificielles de chlorure de sodium,
faites dans de l’eau de source, et dont la concentration varie de
1 à 30 p. 1.000 ; l'Épinoche vit dans de telles solutions aussi bien
que dans l’eau douce. Nous pesons le Poisson au sortir de l’aqua-
rium, puis nous le mettons dans la solution choisie et nous le
pesons, à partir de ce moment, de quart d'heure en quart
d'heure. Dans toutes les expériences faites, nous avons obtenu
les mêmes résultats qu'avec l’eau de mer : le poids du Poisson
diminue au début, puis augmente, jusqu'à ce qu'il ait acquis une
valeur fixe, égale, ou, souvent, supérieure à sa valeur initiale
()MG."R. de la Soc. de biol., 1917, t. LXXX; p. 538.
(2) Gasterosteus leiurus, en particulier.
(3) Dans des conditions analogues, un Poisson non adapté aux change-
ments de salinité, le Cyprin, par exemple, présente uniquement la première
phase. we FAX
970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
dans l’eau douce. Mais l'importance de ces variations diffère -sui-
vant la teneur du liquide en chlorure de sodium. Accentuées
dans les solutions faiblement concentrées, «elles s’atténuent quand
la concentration augmente et deviennent presque nulles dans les
solutions à g p. 1.000 (1). Mais lorsque le degré de salinité dé-
passe ce dernier chiffre, on observe de nouveau des variations
de poids plus marquées qui vont croissant jusqu'aux limites su-
périeures de nos expériences, sans qu'il y aït toutefois une pro-
portionnalité rigoureuse entre leur grandeur «et la concentration.
Le tableau ci-dessous résume les résultats que nous indiquons ;
les variations de poids (perte suivie d’un gain compensateur) y
sont rapportées à 100 gr.
Teneur en NaCl, en gr.p. 1000 Variations :de poids
ï RCD)
G) 2
n 2
6 I
8 0,9
9 0,4
10 I
12 I a 2
15 Aa)
20 5
25 SEM
30 6
Les concentrations de 8 et 9 p. 1.000 sont donc à considérer
‘d'une façon toute spéciale ; elles semblent placer l'Épinoche dans
un état d'équilibre remarquable vis-à-vis de son milieu.
Or, à ces concentrations, la’ solution de chlorure de sodium
doit avoir très sensiblement la même pression osmotique que le
sang du Poisson : en effet, les recherchesde Paul Portier et Mar-
cel Duval (2), nous ‘ont appris que, lorsqu'on augmente la sali-
nité du liquide dans lequel vit un Poisson d’eau douce (Carpe),
la concentration du sang croît aussi, mais plus lentement. Pour
un certain degré de salinité, il y a égalité entre les deux ; or,
cette valeur est précisément voisine de 9 p. 1.000.
Il nous paraît intéressant de rapprocher ces résultats et les
nôtres et d'admettre que la stabilité du poids observée sur les
Épinoches dans les solutions à 9 p. 1.000 est déterminée par
l'équilibre osmotique entre le sang du Poisson et le milieu ‘exté-
rieur. |
(Laboratoire de physiologie de l'Institut océanographique).
(1) Dans une solution à 9 p. 1.000, un Poisson rouge perd 6 à 7 p. 100 de
son poids initial.
(2) C. R. de l’Acad. des sc., 1922, t. CLXXIV, p. 1.366.
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 971
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'IDENTIFICATION
en
DES SÉRUMS THÉRAPEUTIQUES in Vitro,
par E. STÉRIAN.
On sait la grande importance de l'identification des sérums
spécifiques et du dosage de leur pouvoir curatif.
Pour de nombreux sérums thérapeutiques, il a été possible
d'avoir recours au titrage et à l'identification sur test vivant.
Mais, dans certains cas où la dose mortelle de toxine et de culture
microbiennes ne peut pas être déterminée avec certitude par
l'animal, on se heurte à de grosses difficultés. Dans ces derniers
£as, il est impossible, non seulement de mesurer l’activité théra-
peutique d'un sérum, mais de prouver sa qualité spécifique.
Pour le sérum antigonococcique en particulier, le seul pro-
cédé d'identification et de titrage utilisé pratiquement, jusqu à
présent, consiste uniquement dans la mesure de la déviation du
complément avec un antigène traité par la méthode de Porgès.
Nous ‘avons cherché, pour le sérum antigonococcique que
nous préparons et qui, actuellement, est essayé dans un grand
nombre de services hospitaliers, en France, un procédé d’identi-
fication reposant sur une propriété spécifique. Notre sérum, ob-
tenu en partant de Chevaux vaccinés par un antigène constitué
par du pus blennorragique devait, du fait même de la présence
de protéines humaines daus l’antigène, donner vis-à-vis des élé-
ments cellulaires humaïns ‘une réaction d’agglutination. L’expé-
rience à confirmé nos vues théoriques et cette réaction d’agglu-
nation peut s'obtenir très facilement dans les conditions sui-
vantes. Nous :employons du sang humain fraîchement recueilli,
défibriné, et trois fois lavé à l’eau physiologique, dilué dans de
l’eau physiologique à 1 p. 5, et nous procédons comme il suit.
Nous versons dans des tubes à hémolyse 3,5 c.c. du sérum à
identifier ; nous laissons ensuite tomber à la pipette VIII à X
gouttes de sang dilué et, en troisième lieu, le même nombre de
gouttes d'eau physiologique dans chaque tube. Le délai d’opéra-
tion est compris- entre 10 à 30 minutes, à la température am-
biante de 18°. Après ce temps, l’on constate, dans les tubes ren-
fermant notre sérum la précipitation du sang en gros grumeaux
floconneux, et, même, de blocs entiers, de grandeur inégale, qui
‘tombent assez rapidement au fond. Rien de semblable ne se pro-
duit en présence d’autres sérums thérapeutiques, sauf avec le sé-
rvum anticharbonneux. Toutefois, pour ce dernier, le phénomène
est encore assez différent de celui que l’on voit dans notre sérum
antigonococcique : le précipité, dans le cas du sérum antichar-
972 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
bonneux, est constitué par des grumeaux beaucoup plus fins et
plus réguliers qui tombent avec une grande lenteur au fond des
tubes.
Il est intéressant de remarquer que, dans tous les tubes où le
phénomène d’agglutination se produit, le sérum compris entre
les grumeaux reste parfaitement limpide, ce qui montre bien
qu'il s’agit là d’un phénomène d’agglutination réel et non pas
simplement d’un phénomène de lévigation.
Si l’on fait un examen microscopique du culot entre lame et
lamelle, on constate que les globules sanguins sont agglutinés
en masse. |
SUR LES FERMENTS OXYDANTS NUCLÉAIRES ET CYTOPLASMIQUES,
ET SUR LEUR IMPORTANCE PHYSIOLOGIQUE,
par MARCEL PRENANT.
Dans un travail sur les peroxydases, Fischel (1) considère que
tous les noyaux oxydent la benzidine en présence d’eau oxygénée.
_Il est cependant en désaccord avec presque tous les autres histo-
logistes qui ont étudié les peroxydases. Dans mes recherches à
travers la série animale et même chez quelques végétaux, je n'ai
trouvé qu'un petit nombre d’exceptions à l’inactivité du noyau
dans les tissus frais.
J'ai pu cependant lever la contradiction. Dans certains grou-
_pes animaux, en effet (Vertébrés et Mollusques notamment), les
noyaux, quelques heures après la mort, sont capables de bleuir
le réactif benzidine-eau oxygénée. On accélère la transformation
par l’action d'acides étendus ou par celle d’eau oxygénée. Or,
Fischel, qui étudiait des Vertébrés, se servait souvent de pièces
mortes depuis longtemps et, de plus, les plongeait quelques mi-
nutes dans le mélange de benzidine acétique et d’eau oxygénée
au lieu de n’ajouter l’eau oxygénée qu'après coup, comme on le
fait généralement. En fait, en procédant comme lui, on obtient
un résultat positif sur presque tous les noyaux de Vertébrés.
Fischel, lui-même, a d’ailleurs eu quelques résultats négatifs,
qu'il a considérés comme accidentels.
Aïlleurs, et notamment dans la plupart des tissus d’Arthro-
podes, les noyaux, même plusieurs jours après la mort, n’ont
encore aucun pouvoir de peroxydase. La modification n'est pas
Spontanée. On peut. la provoquer parfois, mais parfois seule-
(1) Fischel. Arch. f. mikr. Anat., +. EXXXIN, 1913..
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 973
ment, par macération prolongée des tissus dans des acides éten-
dus. :
Ainsi les noyaux ne sont pas tous équivalents au point de vue
du pouvoir peroxydasique. On trouve tous les intermédiaires
entre ceux qui agissent de façon presque vitale et ceux qui ny
parviennent pas même sous des actions relativement brutales. De
même au moyen du blanc de rongalite, réactif d'oxydases di-
rectes qu'a préconisé Unna, on a tous les intermédiaires entre des
noyaux qui oxydent intensément et électivement ce réactif, et
d’autres qui l’oxydent à peine. Les deux séries coïncident d’ail-
leurs en grande partie. L’activité dépend à la fois du groupe
zoologique et du tissu considérés.
De cette étude comparée résulte qu'on a eu tort (Lillie, Unna,
Fischel) d'attribuer une importance excessive à des faits de cet
ordre et de les considérer comme la matérialisation des oxyda-
tions effectuées par le noyau pendant la vie de la cellule. Outre
que les oxydations de nos réactifs ne sont pas du tout de même
type que les oxydations respiratoires (elles sont, en effet, synthé-
tiques et ne dégagent probablement pas de gaz carbonique er
quantité appréciable), leur inconstance dans les diverses cellules
semble peu en rapport avec la constance des oxydations vitales.
L'étude des ferments oxydants cytoplasmiques m'a conduit déjà
à des résultats analogues (1). J'ai été amené aussi à leur refuser
toute importance dans les oxydations essentielles : ils sont rela-
tivement exceptionnels, et il n’y a de plus, pas de rapport néces-
saire entre eux et les fonctions des cellules qui les contiennent.
D'autre part, un grand nombre de corps très variés, naturels
ou artificiels, ont des propriétés de peroxydases. Le rapproche-
ment de ces faits avec ceux énoncés plus haut me porte à penser
que la notion de peroxydase est une notion physiologiquement
artificielle, due à la réunion, par nos réactifs, de corps qui peu-
vent être extrêmement divers, mais qui se trouvent avoir tous en
commun cette propriété, d'activer l'eau oxygénée en présence
d’accepteurs appropriés. Cela revient. à dire, en somme, que les
peroxydases n'ont pas de fonction commune et que leur activité
sur l’eau oxygénée:est accidentelle. D’après Gabriel Bertrand (2),
dire que les peroxydases ont pour rôle de provoquer des oxyda-
lions dans l'organisme n’a pas plus de sens que d'admettre pour
rôle des sulfates dans l’organisme celui de précipiter le baryum.
-J'apporte à cette idée un soutien nouveau et d'ordre différeri.
L'importance physiologique des corps que nous étudions com-
me ferments oxydants peut être grande, par ailleurs, dans cer-
(:) M: Prenant. Bull. Soc: zool. France, t. XLVI, 1921, et t. XLVIT, 1922.
(2) G: Bertrand et Rozenband. Ann. Inst. Pasteur, 1909.
BiorocrEe. CoMPpTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 66
974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tains cas, mais elle est sans rapport nécessaire avec leurs proprié-
tés d'oxydases et il faut prendre garde de ne pas conclure sans-
précaution, comme certains l'ont fait, des ferments cANnt à.
des oxydations physiologiques.
(Laboratoire de zoologie de l'Ecole normale supérieure).
SUR LE SYNDROME HUMORAL DE LA SCLÉROSE EN PLAQUES,
par R. TarcowLa et S. MUTERMILCE.
L'observation résumée ci-dessous, malgré des constatations
expérimentales négatives, offre quelque intérêt au point de vue
des modifications du liquide céphalorachidien.
K..., Albert, 37 ans, présente depuis 1917 des troubles de la.
marche et de l'équilibre qui se sont aggravés progressivement,
avec deux poussées évolutives plus marquées en mars 1919 et
janvier 1920 ; au eours de cette dernière, le liquide céphalo-
rachidien examiné aurait été trouvé normal.
Actuellement, on note un tremblement généralisé de la tête-
et des membres qui s'amplifie au cours des mouvements volon-
taires, prenant les caractères du tremblement intentionnel de la
see en plaques. La scansion de la parole est très légère et le-
nystagmus n'apparaît que dans les positions extrêmes du regard.
Il n'y à ni adiadococinésie, ni dysmétrie, mais la démarche est
festonnante, ébrieuse ; la déséquilibration est très accentuée, les.
chutes équenie. la station debout à peu près impossible. Toùs
les réflexes tendineux sont vifs. La recherche du réflexe cutané
plantaire provoque l'extension inconstante du gros orteil ; les.
réflexes cutanés abdominaux supérieurs et inférieurs, les réflexes.
crémastériens sont abolis. ons cousin de K... serait atteint de la.
mème affection.
Deux ponctions lombaires ont été faites le 27 nt et le 30 sep-
tembre 1922. La première a donné les résultats suivants : ten-
sion : 5o cm. d’eau au manomètre de Claude ; 36 cgr. d’albumine:
au rachialbuminimètre de Sicard et Cantaloube et réaction de
Pandy légèrement positive (+); moins de 4 lymphocytes par:
mmc. à la cellule de Nageotte ; réaction de l’élixir parégorique
partiellement positive (+ +) et réaction du benjoin colloïdal sub-
positive (122212222000000); réaction de fixation négative avec le:
liquide céphalorachidien et le sérum sanguin.
La seconde ponction a donné les mêmes chiffres, à l'exception
de la leucocvtose qui est tombée à 2 éléments par mmc. D’autre-
part, 8 c.c. de cette prise ont été ee centrifugés et
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 07%
le culot, émulsionné dans 3 c.c. du liquide, injecté à 4 Souris
(2 injections sous-cutanées et 2 injections intra-péritonéales), 2 Co-
bayes (intracérébrales) et 2 Lapins (intracérébrale et testiculaire).
Ces essais sont restés sans résultat, de même que la recherche di-
recte du spirochète à l’ultra-microscope dans le culot de centri-
fugation. Ces données négatives s'ajoutent aux faits analogues.
antérieurement publiés, sans, du reste, infirmer les résultats po-
sitifs obtenus par ailleurs. Toutefois, ces recherches ne présen-
tent pas, actuellement, un grand intérêt clinique. Il en va diffé-
remment du « syndrome humoral » qui offre, dans la sclérose
en plaques, des caractères assez spéciaux : à la réaction de fixa-
tion constamment négative avec le liquide céphalorachidien,. à
l'absence ou à la très faible intensité habituelles de la réaction
albumino-cytologique (encore la leucocytose manque-t-elle Ie
plus souvent), s’oppose, avec une grande fréquence, la flocula-
tion accentuée des solutions colloïdales déjà signalée pour les
réactions de Lange (J.-E. Moore : 18 fois sur 20 ; Fontecilla et
Sepulveda : 50 p. r00 des cas ; etc.) et d'Emmanuel ; il en est de:
même pour la réaction du benjoin colloïdal (G. Guillain, P. Jac-
quet et P. Lechelle) et la réaction de l’élixir parégorique..
Une telle formule humorale présente, ainsi que l’a indiqué G.
Guillain à propos de la réaction du benjoin, un réel intérêt pour
le diagnostic. Dans la neuro-syphilis évolutive, en effet, la réac-
tion de Bordet-Wassermänn est positive avec le liquide céphalo-
rachidien ; dans les cas exceptionnels où elle fait temporairement
défaut on la trouve au moins avec le sérum sanguin et il existe:
toujours un certain parallélisme dans l'intensité des autres modi-
fications du liquide. Seules, certaines formes peu évolutives de
paralysie générale (rémissions) peuvent donner une réaction du
benjoin assez intense et une réaction de l'élixir parégorique
franche associées à des réactions cytochimiques dégradées, ; mais,
dans ces faits, la réaction de fixation peut être décelée à la fois
dans le sang et le liquide céphalorachidien et, lorsqu'il y a disso-
ciation albumino-cytologique, celle-ci se fait, d’après notre expé-
rience, du moins, par chute du taux de l’albumine alors que læ
sclérose en plaques donne une dissociation par acytose.
(Service de prophylaxie mentale de l'asile Sainte-Anne:
et Institut Pasteur).
upel
SOCIÉIÉ DE BIOLOGIE
S
(eù
TRANSFUSION SANGUINE ET FIÈVRE APHTEUSE.
Note de Louis DESLIENS, présentée par PAUL PorTIER.
Dans un travail publié en février 1921 (1), nous avons fait con-
naître une technique très simple de transfusion bi-veineuse, con-
tinue ou intermittente, à l’aide de sang pur ou de sang citraté,
technique ouvrant la voie à de nombreuses études expérimen-
tales et pouvant comporter une multitude d'applications. Nous
avons relaté notamment un essai très démonstratif de traitement
de la fièvre aphteuse par transfusion du sang des animaux gué-
ris effectué comparativement avec l’hémothérapie sous-cutanée.
Dans la présente note, nous rapportons les résultats de l’applica-
tion de notre méthode sur un grand nombre d'animaux traités
presque toujours dans un but préventif.
Technique. — Le sang fut généralement recueilli dans de
grands flacons ou dans de simples litres, contenant du citrate
de soude. L'injection sanguine fut effectuée à l’aide de seringues
en verre de 250 c.c. ou mieux d'une seringue métallique de
5oo c.c.. La dose fut de 500 c.c. pour les adultes et 200 ou 250 c.c.
pour les Veaux. Parfois, le sang fut injecté sans citratation.
Troubles occasionnés par la transfusion. — Sur un total de
628 transfusions, nous n'avons observé aucun accident mortel,
mais seulement des troubles passagers, presque tous bénins.
Dans un centième environ des cas de transfusion, nous avons
observé une polypnée intense, des quintes de toux avec accès de
suffocation. Signalons deux cas d’échauboulure avec plaques
d'æœdème confluentes généralisées. Tous ces troubles sont indé-
pendants de la citratation ou de l’altération du sang hors de l’or-
ganisme ; du sang en voie de coagulation avancée peut être.
transfusé impunément.
Résultats obtenus dans le traitement de la fièvre aphteuse par.
transfusion du sang des animaux guéris. — 1° La transfusion de
sang total est beaucoup plus efficace que les autres méthodes qui
font appel aux propriétés spécifiques du sang (sérothérapie, in-
jection de sang défibriné, injection sous-cutanée de sang citraté).
2° Cependant, le sang mort, c’est-à-dire le sang qui a séjourné
une ou plusieurs heures hors de l'organisme, ne confère pas ure
solide immunité ; il protège couramment les effectifs sains au
voisinage des exploitations infectées, effectifs qui ne sont pas
soumis aux modes de contagion sévères düs à la cohabitation ou
à l’abreuvement avec les malades ; mais en étable infectée, il ne
(1) Desliens. De la transfusion sanguine chez les animaux. Paris, Asselin et
Houzcau, 1921.
+ tr 7
SÉANCE DU 28 OCTOBRE 977
Re Ne à Re à RAR" et
procure qu'un résultat partiel, protégeant quelques animaux
sains et se bornant à atténuer très utilement la maladie pour les
autres sujets qu'il prémunit contre les formes graves. Parmi les
628 animaux traités, un grand nombre d’entre eux, situés en éta-
bles infectées, ont reçu préventivement du sang mort ; la morta-
lité a été nulle parmi eux.
3° Seul, le sang vivant, transfusé dans le délai de 30 à 4o mi-
nutes après la saignée, arrête couramment, d'emblée, la conta-
gion dans l’étable infectée. Dès l'apparition du premier cas ou
des premiers cas de fièvre aphteuse dans une exploitation, nous
recueillons le sang sur les animaux guéris les plus proches de
l’étable à traiter ; nous procédons par prélèvements successifs ;
après la saignée d’un seul animal, nous nous hâtons d'aller trans-
fuser le sang aux animaux indemnes. Souvent, tout le sang d’un
donneur est utilisé moins de 30 minutes après son prélèvement.
L'animal ou les quelques animaux déjà malades au moment de
l'intervention restent. alors seuls frappés parmi tout le troupeau
Parfois, sur quelques animaux traités apparaît une ébauche de
fièvre aphteuse avec signes si légers et si fugaces qu'ils peuvent
échapper à un observateur superficiel ; le bénéfice économique
recherché reste intégralement acquis.
h° Ainsi que beaucoup d'auteurs l'ont déjà constaté, les pro-
priétés immunisatrices du sang s’affaiblissent vite après guérison
de la fièvre aphteuse. Nous le prélevons de préférence du r1°-18°
jour après les premiers signes.
5° L’immunité transmise contre la fièvre aphteuse par trans-
fusion du sang des convalescents n’est pas de longue durée.
Mais elle nous a suffi pour protéger les animaux jusqu à dispa-
rition de la maladie dans les exploitations ou dans les localités
intéressées. En étable saine, nous n’avons jamais tenté de renfor-
cer l’immunité consécutive à la transfusion par un procédé
d'aphtisation buccale ou par une injection virulente ; on risque-
rait ainsi de semer la contagion en cas de défaillance ou d’insuf-
fisance immunisatrice de la transfusion.
Conclusion. — Les résultats de l’application de notre méthode
confirment les propositions que nous formulions dans notre tra-
vail sur la transfusion : 1° la transfusion du sang des animaux
guéris constitue une arme efficace contre la fièvre aphteuse ; elle
permet de préserver les exploitations menacées ; le sang vivant
enraye la contagion dans les étables infectées ; 2° d’une façon
générale, il est à prévoir que la transfusion du sang des animaux
en état d'immunité acquise prendra place à côté des vaccinations
et de la sérothérapie comme méthode générale de traitement pré-
ventif et curatif contre les maladies infectieuses.
978
ERRATUM.
Notre pe I. NewrTon KUGELMASs.
LOU D
P-
.
. 802. Dans le titre, au lieu de : Le rôle des
ions, lire : le rôle des ions H.
803, ligne 27, au lieu de : en ions, lire : en
ions H.
803, ligne 29, au lieu de : en ions H, lire
” non ons OL
. 803, ligne 32, au lieu de : en ions H, lire :
enrions Os |
s
3
{109)
REUNION
DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 14 OCTOBRE 1922
BorpEer (J.): Obtention de prin-
«ipes de faible puissance. dans
l’autolyse microbienne transmis-
SE SEL EMRERRESER
Duesserc (J.) : Sur l’origine
-de l’axe de soutien dans la queue
régénérée des Amphibiens Uro-
LES 00 07 RS eee
Kucezmass (I.-N.) :
ments de la viscosité et du degré
-de transparence pendant la coa-
ÉMHAtIOn AU San... :... 2. Ve
Kucezmass (I.-N.) : Influence
de la concentration de divers
constituants de la solution de
thrombine sur la vitesse de la
coagulation du sang...........
LePpLAT (G.) : Etude des modifi-
cations provoquées dans les deux
Yeux par une contusion oculaire
SOMMAIRE
117
109
* 128
unilatérale.... .
Müzzer (L.) : Un nouveau pro-
cédé de différenciation des mi-
crobes des types coli et {typhosus.
PeTirsEan (F.) : Influence de
la coagulation sur la teneur du
sang en azote aminé..,........
Van LaEr (M. H.) et MERTEN
(J.) : L’acidité libre et son in-
fluence sur la reproduction des
Levures et des microbes.......,
Van SAcEGHEM (R.) : La séro-
thérapie dans le traitement des
HrNpanosominses, ee. 24.0
Van SacEGHEM (R.): Les infec-
tions doubles à Trypanosomes pa-
thoseuEs DC
VAN SACEGHEM
palpébro-réaction dans le dia-
gnostic des trypanosomiases, ...
Présidence de M. Julin.
979
114
TOI
120
SUR L'ORIGINE DE L'AXE DE SOUTIEN DANS LA QUEUE RÉCGÉNÉRÉE
DES AMPHIBIENS ÜRODÈLES,
par J. DUESRERG.
S'il est certain que, chez les Anoures, la chorde dorsale s'étend
jusqu'à l'extrémité postérieure de la queue, pour les Urodèles Ja
question n'est pas tranchée. Chez ceux-ci, en effet, l'axe de soutien
de la portion distale de la queue est une tigelle cartilagineuse (H.
‘380 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (410)
Muller) (1), qui, pour cet auteur, Flesch (2), Fraisse (3, 4), est.
d’origine mésenchymatique, tandis que pour Barfurth (5),
Schmidt (6), Schauinsland (5), elle est l’homologue de la chorde. :
Dans la queue régénérée, cet axe présente les mêmes caractères
que chez l'animal normal : suivant la valeur qu'on lui attribue,
on est donc conduit à admettre ou à rejeter la possibilité de la
régénération de la chorde chez les Urodèles.
Aùü cours de recherches sur la régénération des tissus dans la
queue des Amphibiens, recherches dont certains résultats ont déjà
été publiés ailleurs (8), j'ai été amené à m'occuper de la régéné-
ration de l’axe de soutien. Je dirai tout de suite que cet organe se
forme, à mon avis, tout autrement qu'il n’avait été dit, et par un
processus tel que son homologie avec la chorde ne peut être ad-
mise. De cette conclusion ex découle une autre, à savoir : la |
chorde n'est pas régénérée dans la queue des Urodèles. 0
Comment se reforme l'organe en question? Je ne résumerai pas,
dans cette courte note, les opinions diverses qui ont été émises .
à ce sujet, notamment par Barfurth (loc. cit.) Fraisse (1885), Pro-
wazek (9) et Kollman (10), et je me bornerai à dire que tous les
auteurs, sauf peut-être Fraisse, qui ne s'exprime pas claire-:
ment (11), sont d'accord sur un point : c’est que l’axe de soutien
e forme par accroissement progressif, par prolifération au ni-
veau de l'extrémité sectionnée.
Je pense, au contraire, que l’axe de soutien se régénère par dif-
férenciation simultanée du mésenchyme dans toute l'étendue du
bourgeon caudal. Voici, selon mes observations, comment les
choses se passent. Que la section intéresse une vertèbre ossifiée ou
du cartilage, peu importe : la surface créée par le coup de ciseaux
se recouvre après quelques jours, pendant lesquels la plaie épider-
mique s'est refermée, de volumineuses cellules multinucléées.
Aéjà signalées par Weéndelstadt (12) dans son travail sur la régé-
nération des os et du cartilage des membres des Amphibiens. Ces
cellules multinucléées entourent étroitement l’os ou le cartilage,
poussent des prolongements dans des lacunes qu’elles ont peut-être
(x) Ueber die Regeneration der Wirbelsaüle...…, Francfort, 1864.
(2) Sitzungsber. d. ph.-med. Gesell. Würzburg, 1878.
(3) Zool. Anz., 1880.
(4) Die Regeneration von Geweben und Organen...…., Cassel et Berlin, 1885.
(5) Arch..f. mikr. Anat., t: XXXVIL, r89r.
(6) Anat. Hefte, vol. 2, 1893.
(7) In THertwig’s Entwicklungslehre der Wirbeltiere, vol. III, 2, 1906.
(8) C. R. Assoc. des Anatomistes, Gand, 1922.
(9) Arb. aus d. zool. Inst. Wien und Triest, t. XIII, 1902.
(10) C. R. de la Soc. de biol., 1922
(11) 1885, pp. 93-05, et plus spécialement p. 94, en bas.
{12) Arch. f. mikr. Anat., t. LXIIT, 1904.
hr
sn
(411) SÉANCE DU Â4 OCTOBRE 981
creusées et présentent des indices phagocytaires (inclusions grais-
seuses, pigmentaires et autres). Wendelstadt pense, et cela paraît
plausible, que ces cellules sont destinées à résorber les parties du
squelette qui ont été lésées par la section : elles prépareraient le
terrain à la régénération. Pendant la période suivante, qui dure
une ou deux semaines (indication approximative, car la rapidité
du processus dépend de nombreux facteurs), aucune modification
appréciable ne se produit au niveau de l'os ou du cartilage : ce-
pendant, le bourgeon caudal s’est accru et le système nerveux cen-
tral a poussé jusqu’à son extrémité. Puis, on constate tout à coup
que, dans le prolongement du squelette et dans toute l'étendue du
bourgeon, les cellules mésenchymatiques sont particulièrement
nombreuses et rapprochées : et, en même temps qu’elles conti-
nuent à proliférer et à se tasser, la direction prédominante de l’axe
des mitoses étant parallèle au grand axe de la queue, elles ten-
dent à s’aplatir perpendiculairement à cet axe. J'insiste encore
sur le point suivant : cette disposition n'apparaît pas d'abord dans
la partie proximale, elle se montre d'emblée dans toute l’étendue
du bourgeon. J'ajoute qu'entre cette zone de mésenchyme con-
densé et le squelette, il persiste une couche de cellules multinu-
cléées et, enfin, qu'on ne trouve pas d'indices d’une prolifération
particulièrement active parmi les éléments préexistants, au niveau
de la surface de section. Toutes ces considérations me paraissent
justifier les conclusions que je formulais en commençant.
L'évolution ultérieure de cet axe mésenchymatique est celle
y
qu avait indiquée Fraisse (1880) : il se transforme en vertèbres.
Après chondrification, il se segmente et pousse, d’abord du côté
dorsal, puis du côté ventral, deux prolongements qui vont consti-
, P 8
tuer respectivement l'arc neural et l’arc hémal de la vertèbre. En-
fin, il apparaît, dans le cartilage, des points d'ossification (x).
2 2
Je voudrais, en terminant, faire une remarque générale, basée
sur l'ensemble de mes observations, en partie encore inédites, sur
la régénération de la queue des Amphibiens. Il y a deux modes
de régénération : 1° un mode direct, par bourgeonnement d’orga-
nes préexistants : ainsi se reforment l’épiderme, le système ner-
veux central, les muscles, les vaisseaux, la chorde chez les Anou-
res ; 2° un mode indirect, par un processus rappelant plus ou
(1) Le processus que je viens de décrire est tout à fait analogue à celui de
la différenciation du squelette des membres chez l'embryon. D'après Glaeser
(Arch. f. mikr. Anat., t. LXXV, 1910), la régénération de cette partie du
squelette chez les Amphibîens se ferait, tantôt aux dépens du périoste, comme
l’avait dit Wendelstadt (loc. cit.), tantôt « aus dem jungen embryonalen Rege-
nerationssgewebe, wie bei der Ontogenese ». Dans ce dernier cas, il s'agit
vraisemblablement d'un processus identique à celui de la régénération du
squelette de la queue.
,
982 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (112
moins étroitement le développement embryonnaire, qui s’observe
dans la régénération du squelette, des ganglions spinaux et des
racines ventrales. Quant aux nerfs périphériques, ils sont de deux
sortes. Les premiers formés proviennent de l'accroissement de
nerfs préexistants, qui envahissent le bourgeon et sont vraisem-
blablement tous des rameaux ganglionnaires et par conséquent
sensibles (mode direct). Plus tard, il apparait d’autres troncs ner-
veux, dépendant des ganglions spinaux et des racines ventrales
de nouvelle formation (fibres sensibles et motrices, mode indirect).
ETUDE DES MODIFICATIONS PROVOQUÉES DANS LES DEUX YEUX
PAR UNE CONTUSION OCULAIRE UNILATÉRALE.
Note de GEORGES LEPLAT, présentée par HENRI FREDERICQ.
Je rappelle d’abord qu'un choc sur un œil amène ordinairement
une augmentation ou une diminution de Ia tension oculaire du
globe contus. Le fait est connu. J'ai répété cette expérience sur
des Lapins à l’état de veille et j'ai constaté régulièrement une hy-
pertension manifeste, atteignant 50 mm. de Hg, débutant très tôt
après le coup pour durer de 50 à 50 minutes. De plus, j'ai observé
une hypertension nette, quoique moindre, de l’autre œil (de 23 à
4o mm. de Hg). Les courbes sont parallèles dans leurs variations
ascendantes, les chutes plus rapides à l'œil non blessé. Chez le
Chien, après injection de morphine à faible dose, la même expé-
rience m'a montré, à côté d’une hausse nette de la pression de
l'œil contusionné, soit une hypertension très légère de l’autre œil,
soit, plus souvent, une légère diminution de la tension oculaire.
Dans un seul cas, la réaction hypertensive fut très marquée du côté
respecté ; cette exception s'explique par une vive inflammation
infectieuse de l’œil contusionné qui était, de ce fait, douloureux.
D'autre part, si le Chien est profondément anesthésié par la mor-
phine et le chloroforme, il semble bien que la réaction de l'œil
non contus soit réduite ou hypotensive, toujours maloeré une hy-
pertension nette de l'œil frappé.
Des instillations de pilocarpine, des injections sous-conjoncti-
vales d’adrénaline, bilatérales, ont, chez le Chien comme chez le
Lapin, d'une part, réduit les réactions hypertensives et, d’autre
part, augmenté la diminution de la tension-oculaire qui suit, le
plus ni nat orne. la poussée hypertensive initiale, dans l'œil
contus. De plus, l'œil respecté garde alors une pression beaucoup
plus constante, les substances vaso-constrictives y réduisant les
{113) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 983
variations de calibre des vaisseaux et, par suite, celles de l’ophtal-
motonus.
Je prélevais, à la fin de chaque expérience, l'humeur aqueuse
des deux yeux pour en doser l’albumine par la méthode de Mes-
trezat. La contusion d’un œil augmente le taux de l’albumine de
l'humeur aqueuse dans les deux yeux. Ceci de façon sensiblement
proportionnelle à la force du coup porté et à l'intensité de [a réac-
tion hypertensive, dans l'œil contus. L'autre œil présente une hy-
peralbuminose assez constante, même quand sa tension s'est peu
modifiée. Mais la narcose profonde semble supprimer cette mani-
festation; en effet, le taux de l’albumine reste normal (0,2 p. 1.000)
malgré trois chocs sur l’autre œil qui, lui, nous donne un taux
de 6 à 8 p. 1.000 d’albumine.
Les vaso-constricteurs administrés de l’un et l’autre côté, aux
mêmes doses, réduisent l'hyperalbuminose de l'humeur aqueuse,
très peu du côté contus, notablement dans l'œil opposé où nous
relevons les taux de 0,65 p. 1.000, 0,4 p. 1.000, 1,2 p. 1.000 au
lieu de 2 à 3 p. 1.000 ordinairement constatés.
J'ai aussi tâté la susceptibilité des deux yeux aux effets de l'in-
halation par l'animal de nitrite d’amyle. Comme normalement.
l'inhalation est suivie d’une augmentation nette de la tension des
deux yeux, mais la poussée hypertensive est plus marquée dans
l’œil contus que dans l’autre si, au moment de l'inhalation, sa
courbe tonométrique est ascendante, moindre où même réduite
à zéro si elle est descendante.
Les effets observés de ces substances agissant sur le calibre des.
vaisseaux oculaires démontrent l'importance de celui-ci sur les
phénomènes consécutifs aux contusions, variations de tension et
hyperalbuminose de l'humeur aqueuse. Le facteur sensibilité
semble jouer un rôle capital sur la participation de l’autre œil
à ces réactions. Ces manifestations réflexes doivent avoir un
point de départ oculaire puisqu'une coupure douloureuse d’une
région même voisine de l’œil ne les provoque pas. Enfin, la pres-
sion artérielle, mesurée dans les vaisseaux de l'iris, aux deux
veux, donne aux phases successives de l'expérience des chiffres
proportionnels à la tension oculaire.
(Laboratoire de physiologie, Université de Liége:.
98: RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (114)
UN NOUVEAU PROCÉDÉ DE DIFFÉRENCIATION DES MICROBES
DES TYPES COli ET {yphosus.
Note de Léon MüLrer, présentée par E. Marvoz.
Au cours de recherches sur la tolérance des Bactéries vis-à-vis
de substances chimiques habituellement étrangères à l’économie
normale de la vie microbienne, telles les chlorates, les hyposul-
fites, les composés cyanoferriques, certains sels organiques de
fer, j'ai constaté qu'il en était, parmi ceux-ci, qui pouvaient ser-
vir de base à un procédé de différenciation des microbes coli-
formes, à raison des transformations qu'ils subissent du fait de
l’activité biochimique de ces microbes.
Je veux parler des composés de fer qui contiennent le métal
à l’état dissimulé : les réactifs classiques tels le ferrocyanure de K
ne donnent pas avec eux les réactions caractéristiques. C’est le cas,
entre autres, pour le malate de fer, l’iodure de fer lactosé, les sac-
charate et lactosate de fer, etc. Mais, sous certaines influences,
telle l’action de certains acides, l'ion métallique se libère, don-
nant avec le ferrocyanure le précipité bien connu (bleu de
Prusse).
C'est cette réaction que j'ai mise à profit pour différencier le
colibacille d’autres microbes morphologiquement très voisins
(typhiques et paratyphiques). Voici, parmi les formules qui m'ont
réussi, une de celles que j’ai le plus employée.
Bouillon ordinaire, alcalinisé à 10 p. 1.000 NaOH normale ou
OS TEA CE RG FC Tor beEdoao sos oceocons 1.000 gr.
FACTOS pure rer Eee PR Re Un OA UE 0e Dies Du PRE CIE 0 25 MP.
ExtoitideertpommeMnéMauTALO EEE EP ECPE EEE" Piee 30 €.c.
Herrocvannre deu To RER RECCÉE CEE CEE CE CC ECTS JONC-Ce
Un tel milieu ne peut être stérilisé en masse, il faut ajouter,
au bouillon lactosé stérile, les deux autres réactifs stérilisés sépa-
rément.
Ensemençant dans ce bouillon quatre souches de B. coli, trois.
de typhosus, les para À et B et le {yphosus murium, voici ce que
j'ai invariablement constaté vingt-quatre heures après
1° B. coli : dans un liquide trouble à reflet bleuâtre, un dépôt
se forme au fond du tube, d’une nuance bleu foncé. Des flocons.
de cette même matière se déposent sur la paroi du tube. ;
2° Quant aux autres microbes (typhiques, paratyphiques À et B,
typhosus murium), ils ne modifient guère la teinte brune origi-
nelle du milieu. Un dépôt se forme pourtant au fond, de couleur
franchement brunâtre.
La réaction différentielle a son maximum de netteté après trois
(115) SÉANCE DU 14 OCTOBRRE 985
jours : elle persiste longtemps même à l’étuve. La production
d'acide joue sans doute un rôle dans sa genèse, mais ne peut
tout expliquer : car cette réaction apparaissait parfois au même
degré et avec la même rapidité pour des coli dont les pouvoirs
acidifiants différaient singulièrement. Il se peut que l'hydrogène
sulfuré produit par les Bacilles typhiques, paratyphiques, etc.,
joue aussi un rôle : soustrayant le fer à l’action du réactif ferro-
cyanique, il le transformerait en sulfure ferrique brun. Dans le
cas du coli, au contraire, quand la fonction acidifiante est portée à
son maximum, grâce à une teneur optima du milieu en lactose,
la production d’EFS se réduit souvent à très peu de chose : je l'ai
constaté pour de nombreuses souches en employant un milieu
de culture contenant, outre le lactose, de l'hydrocarbonate de
plomb qui noircissait sous l'influence de l'H?S. Je compte relater
ultérieurement ces expériences.
Avec le bouillon gélosé, la réaction différentielle est semblable
mais plus nette encore. Tandis que les cultures du Bacille typhi-
que se développent en un voile blanchâtre sur le fond brun de la
gélose, dans les tubes où le coli a poussé, le culot de gélose plus
ou moins décollé et disloqué par la production de gaz, prend, dès
la dix-huitième heure une teinte verte qui, dès le troisième jour,
atteint une extrême intensité.
La formule que j'ai donnée nécessite des substances peu offen-
sives aux microbes, d'une conservation et d'un dosage aisés. Le
ferrocyanure est très peu antiseptique pour le B. coli et le B. {y-
phosus ; j'ai constaté que la dose de 2 p. 100 n'’entravait pas no-
tablement leur prolifération, tout en gênant beaucoup le Staphy-
locoque et la plupart des saprophytes. Quant au malate de fer, il
n’est nullement antiseptique (le fer pommé officinal est rarement
stérile) et il se mêle aux milieux de culture sans en altérer la
limpidité. La souplesse du procédé est, du reste, extrème. En
réduisant au 1/10 les doses susdites de ferrocyanure et de malate,
la réaction y est encore très nette.
L'iodolactosate de fer m'a donné de bons résultats aussi, mais
il trouble fort le milieu de culture. La différenciation se marque
dès la r8° heure dans les cultures de coli, par le bleuissement du
dépôt, son brunissement dans les autres. J'ai pu me rendre
compte que ce composé iodé gênait aussi notablement la proli-
fération des microbes étrangers (Cf. milieux à l'iodure de K
d’Elsner).
J’ai particulièrement été satisfait des résultats que me donnait
un composé que j'appellerai lactosate de fer ; on l’obtient en dis-
solvant à refus de l’hydroxyde ferrique fraîchement précipité dans
une solution bouillante de lactose à 20 p. 100.
Le filtrat jaune clair, âjouté à du bouillon ferrocyanique, à une
986 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE - (116y
dose correspondant à 3 p. 100 de lactose, donne. après 24 heures
en présence du coli, un dépôt bleu pâle; dans les cultures de
typhosus, le milieu reste jaune pâle avec un léger dépôt brunâtre
au fond des tubes.
Le tartrate ferrico-potassique et le citrate de fer ammoniacal,
surtout lorsqu'ils ont subi la stérilisation par la chaleur, se com-
portent comme les composés ferriques de l’ordre minéral : mé-
langés au bouillon ou à la gélose cyanoferriques, ils donnent im-
médiatement du bleu de Prusse, et ne peuvent convenir pour la
réaction que je viens de décrire.
Mais cette gélose au bleu de Prusse, est elle-même un bon
réactif différentiel pour les microbes qui nous occupent. Coulée-
en tubes inclinés ou en boîtes de Pétri, le coli y forme, après
24 heures, un voile épais teinté fortement de bleu, et même après.
plusieurs jours, le milieu de culture reste bleuâtre. Le {yphosus
et les para ÿ poussent en blanc gris, décolorant peu à peu la gé-
lose. Après trois ou quatre jours, la teinte bleue de cette der-
nière a presque totalement disparu et est remplacée par une nuance-
brun sale, vaguement translucide (sulfuration du composé fer-
rique À).
Cette différence résulte sans doute du fait que le bleu de:
Prusse, insoluble dans l'eau, se dissout aisément dans certains
acides (sans que cette solubilité soit au reste étroitement liée à
l’activité chimique de l'acide). Le composé ainsi dissous colore-
en bleu vif le voile microbien pour lequel il a une certaine affi-
nité.
Pour le B. typhique, au contraire, la sulfuration prédomine,
d’où la teinte brune que prend le nier
À l’Institut bactériologique de Liége, l'application de cette nou-
velle méthode a déjà permis de déceler des germes coliformes non
acidifiants, à propriétés de paratyphique, plus facilement qu'avec
les éhories courantes (Endo, etc.).
(Institut bactériologique de l'Université de Liége).
(117) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 987
OBTENTION DE PRINCIPES DE FAIBLE PUISSANCE
DANS L'AUTOLYSE MICROBIENNE TRANSMISSIBLE,
par J. Borper.
J'ai montré, avec Ciuca (1), que si l’on met une quantité trop
considérable de microbes vivants (B. coli) en présence d’une
trace de principe lytique, celui-ci ne se régénère pas et même dis-
paraît définitivement. [1 ya lieu d'admettre, qu'en pareil cas, le
principe, disséminant son influence sur trop d'individus micro-
biens, ne peut impressionner chacun d'eux avec l'énergie voulue
pour que la réaction, qui régénère le principe, puisse s'effectuer.
Nous avons signalé aussi (2) que si la dose de microbes est un
peu moindre, tout en étant encore élevée, la régénération s'opère,
mais le principe nouveau qui apparaît ainsi diffère du principe
originel en ce qu'il est beaucoup moins puissant, tant pour ce
_ qui concerne le pouvoir d’enrayer la culture du B. coli normal,
qu'au point de vue de l'aptitude à Iyser une culture déjà déve-
loppée. Le principe atténué ainsi obtenu se maintient tel désor-
mais lorsqu'ensuite on le reproduit en série par passages en
bou‘llons ensemencés de B. coli.
Une technique un peu différente permet d'obtenir un prin-
cipe très faible aux dépens du fort principe originel. Il suffit de:
disposer l'expérience de façon à ce que les microbes mis en pré-
sence de celui-ci n’en subissent le contact que pendant un temps
très court, c'est-à-dire ne puissent en absorber qu'une quantité
très minime.
Diluons en bouillon, au millionième environ, le principe Iyti-
que fort. Dans 5 c.c. d’une telle dilution, introduisons IT gouttes
d'une culture fraîche en bouillon de B. coli. Immédiatement
après, étalons une goutte du liquide sur lä surface d’un tube de
gélose, et portons les deux tubes à l'étuve. Pratiquons le même
ensemencement sur gélose environ trois quarts d'heure plus tard.
Il est superflu de faire remarquer que lorsqu'on ensemence sur
gélose un liquide contenant des microbes, les germes qui s’ac-
crochent à la surface nutritive sont, par le fait même, séparés du
liquide où ils baignent. celui-ci descendant au fond du tube.
S'ils n'ont pas encore absorbé le principe, les microbes accolés à
la surface de la gélose pourront donc se développer sans subir
son influence. Or, on trouve que la première gélose fournit une
culture confluente parfaitement normale. Mais la seconde gélose,
ensemencée de microbes qui ont subi pendant 45 minutes le con-
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 295, janvier 1922.
(2) Ibidem, t. LXXXNII, p. 36, juin 1922.
988 RÉUNION DE LA SOCIÉIÉ BELGE DE BIOLOGIE (118)
———————_—
tact du principe, donne une couche microbienne continue parse-
mée de quelques taches claires, 5 ou 6 par exemple. Celles-ci
apparaissent, après 24 heures d'étuve, comme de petits cercles
dont le contour est presque transparent, mais dont la surface,
surtout vers le centre, est occupée par une ou plusieurs petites
colonies assez saillantes, évidemment constituées de microbes
résistants, lesquels, repiqués en bouillon, s’y développent vite et
très abondamment en donnant des flocons épais et non un trouble
presque homogène comme eût fait le B. coli normal. Cette cul-
ture, chauffée ensuite à 58°, se montre active, mais le principe
- ainsi obtenu présente des caractères tout à fait différents de ceux
du principe originel, et reste tel lorsqu'on le reproduit en série
en le faisant agir sur du B. coli normal. Il n'entrave la cul-
ture du B. coli en bouillon que pendant un temps très court, 2 ou
3 heures, par exemple, mais le trouble abondant qui bientôt ap-
paraît se condense en flocons. Ultérieurement, les flocons ne
subissent qu’une lyse à peine perceptible, ou seulement très éphé-
mère, le liquide se troublant de nouveau peu après.
Comment interpréter ces faits ? On sait que les microbes absor-
bent le principe lytique. Mais lorsque celui-ci est suffisamment
dilué, il est hautement probable que l'absorption n’est pas ins-
tantanée. Au bout de 45 minutes de contact, quelques microbes
seulement en ont absorbé la dose qui suffit à leur imprimer une
modification perceptible. Si à ce moment on les transplante sur
gélose, de façon à interrompre le contact, ces microbes, faible-
ment impressionnés, se multiplient en ne développant que fai-
blement le phénomène lytique et corrélativement en ne reprodui-
sant qu'un principe de faible activité, c’est-à-dire qui diffère
qualitativement, mais non quantitativement, du principe originel
dont il dérive. Il faut ajouter, en effet, que le principe atténué
en question agit encore à des dilutions extrêmes ; à cet égard, il
se comporte comme le principe fort ; mais il n’agit jamais que
faiblement, même lorsqu'il est concentré.
Reprenons le bouillon contenant du B. coli et du principe ly-
tique, et que nous avons déjà ensemencé à deux reprises sur gé-
lose. Maintenu à l’étuve, ce bouillon se trouble au bout d’une
heure et demie environ, aussi nettement qu'un bouillon témoin
exempt de principe et qui a été ensemencé au même moment.
Mais ce trouble est fugace ; une heuré plus tard, il a presque com-
plètement disparu. À ce moment, un nouveau repiquage sur gé-
lose donne lieu à l'apparition de colonies non confluentes, la plu-
part piquées de trous, lesquelles, ensemencées en bouillon, régé-
nèrent un principe puissant, très analogue au principe originel.
La reproduction de celui-ci exige done que le contact avec les mi-
crobes ait été suffisamment prolongé. À
(419) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 989
a —— ————————— ——_——
Tout cela ne se concilie guère avec la théorie du virus. Si celle-
ci était vraie, il faudrait admettre que les parasites invisibles com-
mencent déjà à se multiplier au bout de trois quarts d'heure,
puisqu'à ce moment le liquide commence à donner des taches
claires lorsqu'on le repique sur gélose, mais que, parmi ces para-
sites, ceux qui se reproduisent le plus vite sont les moins viru-
lents, puisque les taches claires obtenues précisément grâce au
repiquage pratiqué au bout de trois quarts d'heure fournissent
un principe très atténué. Il semble, au contraire, que les parasites
les plus prompts à attaquer les microbes devraient être les plus
virulents.
Un autre moyen d'obtenir un principe très faible consiste à
ensemencer de B. coli la surface entière d’un tube de gélose, puis
à déposer sur cette surface, environ une heure plus tard, une
couttelette du principe fort, qui, en descendant au fond du tube,
laisse une traînée. Maintenue 24 heures à l'étuve, la gélose se
recouvre d’une couche microbienne continue, sauf au niveau de
l’étroite trainée, où elle reste nue. Si l’on conserve ensuite le
tube quelques jours au laboratoire, on s'aperçoit bientôt qu'au
bord de la traînée le principe se diffuse lentement dans l’épaisse
couche microbienne adjacente en y faisant apparaître une zone
de clarification légère ou de lyse partielle large de 2 mm. envi-
ron. Au niveau de ce halo, les microbes sont donc soumis à l’in-
fluence d’une dose très faible de principe. On peut, en touchant
exactement cette zone avec le fil de platine, repiquer en bouillon
ces microbes très faiblement impressionnés. On obtient ainsi un
principe remarquablement faible, restant tel à travers les pas-
sages qui le régénèrent avec ses qualités spéciales. S'il s'agissait
d'un virus, on devrait admettre, pour rendre compte d'un tel
résultat, que seuls les éléments très peu virulents peuvent se pro-
pager de proche en proche.
Lorsque, sur une gélose qu’on vient d’ensemencer sur toute
sa surface de coli normal, on dépose en traînée une gouttelett:
de principe faible (stérilisé à 58°) le coli pousse sans grand retard
sur le trajet de la traînée, mais il prend des caractères particu-
liers ; la couche microbienne est un peu moins transparente, ne
s’irise pas à la lumière ; repiquée en bouillon, elle donne, non ur
trouble homogène, mais des flocons, et la le bien l'epro-
duit le principe faible. La limite séparant la traînée du restant
de la surface où le coli est normal apparaît comme un liseré
transparent.
En somme, le GHATeS faible qui semble métamorphoser la
culture et provoquer une mutation opère une sélection qui per-
met le développement d’un type microbien déterminé ; il se com-
porte comme un agent facilitant la prédominance de certaines
BioLore, CoMPTEs RENDUS. — 1922. T, LXXXVII: 6%
990 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (120)
variétés plus réfractaires. On peut d’ailleurs démontrer que cel- .
les-ci préexistent dans la culture normale.
De même qu’il existe des degrés dans la puissance du principe,
de même on peut obtenir des cultures diversement résistantes. Le
B. coli qui a poussé en présence du principe faible résiste désor-
mais à ce principe, tout en cédant à l’action du principe fort. On
sait d’ailleurs qu'on obtient assez aisément des races qui résistent
même à celui-ci. Le microbe tend à s’harmoniser au principe dont
il subit le contact. L'aspect des cultures dépend autant de la ré-
ceptivité du microbe que de la puissance du principe. Par exem-
ple, si sur une surface de gélose uniformément ensemencée de
B. coli bien sensible, on dépose une goutte de principe fort, la
trace laissée par celui-ci reste nue sur toute son étendue. Mais si
l’on a ensemencé un microbe modérément résistant, accoutumé
à un principe d'énergie moyenne, on ne voit apparaître sur la
trace laissée par le principe fort'que des taches claires arrondies,
disséminées dans un gazon microbien d'aspect normal. Elles se
produisent aux endroits où le principe a touché des microbes plus
sensibles que leurs congénères. Bien qu'en rapport évident avec
la concentration du principe actif, le nombre des taches dépend
donc également de la sensibilité moyenne de la culture employée,
notion qui s’harmonise entièrement avec les remarques expri-
mées par Gratia concernant la thèse de d’'Herelle, d’après laquelle
les taches claires représentent les colonies du virus invisible,
(Institut Pasteur de Bruxelles).
L’ACIDITÉ LIBRE ET SON INFLUENCE SUR LA REPRODUCTION
DES LEVURES ET DES MICROBES,
par Marc H. Van Laer et J. MERTEN.
Nous avons montré, dans un travail précédent (r), que la re-
production des Levures était fonction de l'acidité libre des mi-
lieux de culture. La position de l’optimum dépend aussi de la
constitution chimique du milieu.
Nous avions étudié, dans ce travail, différentes espèces de
Saccharomyces cerevisiæ couramment utilisées dans l’industrie
de la fabrication de la bière. Nos études ont porté, cette fois, sur
des Levures de caractère assez différent des précédentes, ainsi
que sur des Bactéries. Les espèces examinées sont, outre la Levure
Frohberg, prise comme terme de comparaison avec les essais pré-
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(121) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 991
cédents, une levure pure de distillerie, le Brettanomyces lambicus
(Kufferath) ainsi que le Saccharobacillus pastorianus et le Bacil-
lus viscosus bruxeliensis (H. Van Laer). La méthode suivie est la
même que celle employée pour nos premiers essais. Pour le Bacil-
lus viscosus, nous avons dû remplacer la numération des cellules
par la détermination de diverses propriétés des liquides fermen-
tés, la viscosité des milieux ne permettant pas la prise d’un
échantillon moyen. Les variations de ces diverses propriétés
(acidité totale, densité, pouvoir rotatoire) étant absolument paral-
lèles, nous nous bornerons à signaler les résultats pour une seule
d’entre elles.
Les fermentations ont été effectuées en moût de bière hou-
blonné ; elles ont duré 8 jours à 20°. Les chiffres qui suivent
indiquent le nombre de cellules par mme. Pour le Bacillus visco-
sus, ce chiffre est remplacé par la chute du pouvoir rotatoire.
Pour ces diverses espèces, comme pour celles précédemment
examinées, la position de l’optimum varie avec la nature du mi-
lieu : en moût non houblonné, la position de l’optimum est la
suivante :
Levure Brettanomyces Saccharobacillus Bacillus
Px Frohberg distillerie lambicus pastorianus viscosus
3,8 3840 hxoo 7080 O0 0,2
4,6 hhoo k24o 7290 1320 1,2
5,4 h48o A6ro 5760 2480 2,4
6,0 5180 5240 5600 36h40 Do8
6,8 720 k460 h800 4520 3,6
8,0 3940 2460 2140 3280 (a)
Levure de distillerie : 4,6.
Brettanomyces lambicus : 3,8.
Saccharobacillus pastorianus : 5,5.
Bacillus viscosus bruxellensis : 5,5.
Pour terminer cette étude, nous avons examiné si la vie en
symbiose de différentes espèces avait une influence sur la courbe
de reproduction et la position de l’optimum ; nous avons, à cet
effet, ensemencé un moût houblonné avec un même nombre de
gouttes de culture Frohberg et de Saccharobacillus pastorianus.
Les expériences ont été conduites comme précédemment.
Cellules par mme.
Saccharo TA
Px Frohberg pastorianus
3,8 584o o
A,6 6000 160
5,4 6000 1600
6,0 3680 2160
6,8 3080 4640
8,0 1960 3200
992 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (122)
Conclusions. La concentration en ions H la plus favorable à
la reproduction des Levures et des Bactéries étudiées varie, dans
une certaine mesure, avec l’espèce considérée ; la courbe de re-
production obtenue est modifiée également par la vie en sym-
biose.
L'’INTRAPALPÉBRO-RÉACTION DANS LE DIAGNOSTIC
DES TRYPANOSOMIASES,
par RENÉ VAN SACEGHEM.
Tous ceux qui ont fait des recherches sur les trypanosomiases
doivent se rappeler les difficultés qu’ils ont bien souvent éprou-
vées pour retrouver des Trypanosomes chez un Homme ou un
animal atteint de trypanosomiase. Combien de fois un trypanosé
reconnu positif à un examen microscopique ne l’est plus à un
autre. Si, dans la pratique, il n’y a pas toujours grande impor-
tance à ne pas retrouver des Trypanosomes chez un trypanosé
reconnu, il y a, par contre, une importance capitale à pouvoir
sûrement déclarer un Homme ou un animal atteint ou non de
trypanose. Puisqu'un examen négatif ne peut nous permettre
d'affirmer qu'un animal n'est pas infecté par des Trypanosomes,
j'ai recherché une.méthode plus sûre pour diagnoftiquer la ma-
ladie du sommeil et je l’ai trouvée dans l’intrapalpébro-réaction
obtenue chez les trypanosés par la trypanoléine.
La trypanoléine est un antigène spécial que j'obtiens de la fa-
çon suivante : dans des tubes à cultures contenant le milieu Pon-
selle (culture inclinée), c’est-à-dire gélose non lavée, 0 gr., dans
1.000 gr. d'eau ordinaire, j'ajoute 5 à 10 c.c. de sang fortement
itrypanosé et défibriné. Je laisse cette culture à la température du
laboratoire. Dans le milieu hypotonique de Ponselle, le sang se
transforme en une liqueur rouge foncé. Après trois jours, je
reprends le sang des cultures et je le mélange avec du sérum phy-
siologique et de la glycérine neutre. Ce mélange se fait dans les
proportions : sang, r volume; glycérine, 1/2 volume ; sérum
physiologique, r/2 volume ; j'ajoute quelques gouttes d’acide
phénique pour assurer la conservation. C’est ce produit que je
nomme trypanoléine.
Dans le milieu Ponselle auquel je n’ajoute pas de sang de
Lapin défibriné, le Trypanosome pathogène peut vivre plusieurs
jours, il distille dans le milieu toutes ses exotoxines et lors de
sa lyse nous laisse toutes ses endotoxines.
Îl arrive parfois d'obtenir des cultures de Trypanosoma theileri,
(123) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 993
—— —_—____——————————————….….….….….….….…"…"…"…"—_—_…"_…"_…"……"…—…—…—….….…—_…—…………………………………………_)_)_….—.…—.
Il est prudent d'éliminer ces cultures qui peuvent donner des
fausses réactions.
r c.c. de trypanoléine injecté dans [le derme de la paupière
donne, déjà après 2 heures, chez les trypanosés, une réaction ca-
ractéristique, qui se manifeste surtout vers la troisième heure et
peut persister plusieurs heures.
J'ai observé que cette réaction n’est pas spécifique, mais géné-
rique. La trypanoléine obtenue avec du sang infecté par Trypa-
nosoma cazalboui var. vivaxz donne une réaction chez les ani-
maux infectés par T. cazalboui var. vivax et également chez les
animaux infectés par Trypanosoma congolense-pecorum. Inver-
sement, de la trypanoléine obtenue avec du sang infecté par Try-
panosoma congolense-pecorum donne une réaction chez les ani-
maux infectés par Trypanosoma cazalboui var. viva.
Le phénomène réactionnel se caractérise par un œdème qui
s'étend sur un rayon de 5 em., cet œdème est proéminent, tendu,
chaud et sensible. On constate également du larmoiement.
La réaction obtenue avec la trypanoléine n’est pourtant jamais
aussi intense que celle obtenue avec la malléine chez les Chevaux
morveux. J'ai pu constater un grand nombre de réactions posi-
tives à la malléine et à la trypanoléine et je dois avouer qu'il
existe une différence, très appréciable, entre ces deux réactions.
La réaction à la malléine est plus intense et plus persistante.
Grâce à l’intrapalpébro-réaction, obtenue chez les trypanosés
avec la trypanoléine, on peut reconnaître en trois heures de
temps tous les animaux trypanosés qui se trouvent dans un trou-
peau infecté. Il est possible d'éliminer ainsi les malades et d’em-
pêcher la propagation de certaines trypanosomiases qui se pro-
pagent dans les troupeaux, d'animaux à animaux, par des Mou-
ches hématophages.
L'intrapalpébro-réaction s'obtient en injectant 1 c.c. de trypa-
noléine dans le derme de la paupière inférieure à quelques milli-
mètres du bord libre. Il faut utiliser une fine aiguille qu'on en-
fonce parallèlement à la fente palpébrale. On prend la précaution
d'introduire le médius de la main gauche dans le sinus conjonc-
tival de manière à fixer la paupière, ce qui facilite beaucoup l’in-
jection.
J’ai constaté qu’on obtient également une réaction en injectant
la trypanoléine entre les deux lames cutanée et muqueuse de la
paupière.
(Laboratoire vétérinaire du Ruanda-Urundi, à Kissengnie).
994 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (124)
LES INFECTIONS DOUBLES A TRYPANOSOMES PATHOGÈNES,
par RENÉ VAN SACEGHEM.
Plusieurs auteurs ont émis des doutes sur l'identité clinique
de la baleri, trypanosomiase animale due à Trypanosoma pe-
caudi. Cette trypanosomiase se caractérise par la présence, dans
le sang des animaux, de deux formes de Trypanosomes, l’une,
longue et mince, l’autre, courte et large. Cazalbou et Pécaud ont
émis l'hypothèse que la baleri pouvait bien être le résultat d’une
infection double probablement due à T. congolense et T. evansi.
Laveran n’a pas réussi à séparer les deux formes et estime, en
se basant sur des expériences d’immunité croisée, que la baleri
est bien due à T. pecaudi.
Je tiens à prouver, par des expériences que j'ai faites, que des
infections doubles sont possibles et doivent, par conséquent, se
rencontrer souvent dans la nature. Je suis parvenu à infecter fa-
cilement par T. cazalboui var. vivax des animaux infectés par
T. congolense pecorum, et, inversement, par T. congolense pe-
corum des animaux infectés par T. cazalboui var. vivax. Les deux
espèces de Trypanosomes peuvent se retrouver en même temps
dans le sang. Les deux formes sont, d’ailleurs, facilement recon-
naissables à l’état frais, l’une est mobile et se déplace rapidement
dans le champ microscopique sans présenter aucune adhérence
vis-à-vis des globules rouges, l’autre se meut sur place et pré-
sente, au contraire, de l’adhérence pour les hématies.
Une trypanosomiase pathogène n'exclut donc pas une autre.
Il semble, pourtant, que dans les infections doubles à T. cazalboui
et T. congolense pecorum, cette dernière domine nettement la
première. T. congolense pecorum est d’ailleurs bien plus virulent
que T. cazalboui variété vivax.
Je rappelle que j'ai démontré antérieurement que T. theileri
peut se retrouver dans le sang d'animaux infectés par une trypa-
nose pathogène.
N° 88, infecté par T. congolens pecorum, est inoculé le 1g mai
avec 5 c.c. de sang d’un Bovidé infecté par T. cazalboui var. vi-
vax. Le 20, T. congolense pecorum présent, très nombreux ; le
21, idem ; le 22, peu nombreux ; le 23, idem ; le 24, assez nom-
breux ; le 25, négatif ; le 26, nombreux ; le 27, idem; le 28, idem;
le 29, idem ; le 30, assez rares ; le 31, T. congolense pecorum et
T. cazalboui var. vivax dans la même préparation.
N° B, infecté par T. congolense pecorum à l’état chronique,
inoculé le 20 mai avec du sang infecté par T. cazalboui var.
vivaz, présente ie 3r mai des Trypanosoma cazalboui dans la
circulation.
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RÉ
(125) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 995
N° 52, infecté par T. cazalboui var. vivax, est inoculé le 20 mai
avec du sang d’un animal atteint de trypanosomiase due à T.
congolense pecorum. Le 24 mai, on retrouve déjà des T. congo-
lense dans la circulation périphérique.
Une Chèvre, infectée par T. cazalboui var. vivax, est inoculée
le 1” février avec du sang d’une autre Chèvre infectée par T.
congolense pecorum ; le 1r février, je constate, dans le sang de
la Chèvre en expérience, la présence de T. cazalboui var. vivax
et de T. congolense pecorum.
Nous avons retrouvé, d’ailleurs, très souvent, des Bovidés in-
fectés naturellement par une infection double due à T. congo-
lense pecorum et T. cazalboui var. vivar.
Il sera donc toujours prudent de penser à une infection double
quand, dans le sang d’un animal, on arrive à retrouver deux for-
mes bien différentes de Trypanosomes.
(Laboratoire vétérinaire du Ruanda-Urundi, à Kissengnie).
LA SÉROTHÉRAPIE DANS LE TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES,
par RENÉ VAN SACEGHEM.
Dans deux notes antérieures (1), j'ai démontré qu'on peut fa-
vorablement secor der le traitement des trypanosomiases patho-
gènes en injectant aux animaux trypanosés du sérum de sujets
récemment guéris ou infectés à l’état chronique par des Trypa-
nosomes. Dans mes expériences, les sujets infectés à l’état chro-
nique étaient des Bovidés trypanosés traités à l’émétique-atoxyl et
qui présentaient des récidives. Dans de nouvelles expériences
de sérothérapie des trypanosomiases, je me suis servi de sérum
de Moutons guéris récemment de la maladie du sommeil et hy-
perimmunisés par des injections sous la peau de doses massives
de sang trypanosé.
Dans les notes antérieures, j'ai exposé que j'avais trouvé au
Ruanda une race de Moutons (Moutons à grosse queue) qui prend
la trypanose due à Trypanosoma congolense pecorum, fait une
irypanosomiase chronique qui dure des mois, mais se termine
par la guérison. J’ai noté que ces Moutons semblent réagir à cette
irypanose de la même façon que certains animaux sauvages se
comportent vis-à-vis de trypanosomiases ; ils peuvent s'infecter,
présenter longtemps des Trypanosomes dans la circulation, seu-
(x) Sérothérapie des trypanosomiases animales ; C. R. de la Soc. de biol.,
25 février 1922. La sérothérapie dans le traitement des trypanosomiases ;
Ibidem, 29 avril 1922.
996 . RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (196
lement, la maladie semble avoir peu d'influence sur l’état général
et la guérison s'obtient après plusieurs mois.
À des Moutons récemment guéris de la trypanosomiase due à
Trypanosoma congolense pecorum, j'ai inoculé sous la peau ur:
litre de sang fortement trypanosé par le même Trypanosome.
Cette grande masse de sang trypanosé nest pas parvenue à réin-
fecter ces Moutons, ce qui prouve qu'ils avaient déjà acquis une
forte immunité. C’est le sérum pris à ces Moutons que j'utilise
actuellement dans le traitement des trypanosomiases (1).
Quelle est l’action des anticorps sur les Trypanosomes ? Les
anticorps, produits par l’animal infecté par des Trypanosomes,
ne sont pas directement trypanolytiques. Les Moutons expéri-
mentalement infectés par Trypanosoma congolense-pecorum
présentent une période d’incubation égale à celle des animaux
très réceptifs. Au commencement de l'infection, les Trypano-
somes peuvent se trouver très nombreux dans le sang. Ceci est
une preuve que les anticorps ne se trouvent pas préformés dans
le sang de ces animaux. Seulement, contrairement aux animaux
très réceptifs, ils peuvent former des anticorps spécifiques actifs
contre lesquels les Trypanosomes ne parviennent pas à se vacci-
ner complètement. Sous l’influence de l'infection, l’organisme
réagit et on constate bientôt la diminution des Trypanosomes.
J'ai déjà exposé antérieurement (2) que cette lutte de l’orga-
nisme contre le Trypanosome s'accompagne, chez le Mouton, de
polynucléose tandis que la lymphocytose s’installe chez les ani-
maux très réceptifs. Les anticorps formés n'arrivent pas à dé-
truire les Trypanosomes, mais agissent sur le pouvoir reproduc-
teur des Trypanosomes qu'ils limitent, par la formation d'un
anticorps que j'ai nommé antérieurement « pouvoir empêchant ».
Ce ne sera qu'après que l’anticorps « empêchant » aura agi pen-
dant des semaines que nous obtiendrons la guérison définitive.
L'anticorps formé par l’animal infecté est surtout un anticorps
antitoxique. Le mode de guérison qu'on observe chez les Mou-
tons du Ruanda semble prouver que l'organisme réagit par un
anticorps qui n a aucune action directe sur le Trypanosome, mais
sur ses toxines. C’est un fait avéré que les Trypanosomes élabo-
rent des toxines. Nous constatons, d’ailleurs, les effets de ces
toxines sur l'organisme infecté. L’amaigrissement, les parésies,
le larmoiement ne peuvent s'expliquer chez les trypanosés que
par l’action des toxines produites par les Trypanosomes. Trypa-
nosoma congolense-pecorum possède également de virulentes en-
(x) Les résultats obtenus par ce traitement seront publiés ultérieurement en
détail.
(2) La trypanosomiase au Ruanda. Annales de la Soc. belge de méd. trop.,
NAN LO 1 ;
(127) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 997
dotoxines. Une petite dose d'émétique, incapable par elle-même
de donner lieu à la moindre intoxication, injectée dans la veine
d’un animal fortement trypanosé peut tuer cet animal en quel-
ques minutes. Cette mort subite doit être due à la mise en liberté
de grandes quantités d’endotoxines à la suite de l’action trypa-
nolytique de l’émétique. L'existence de ces toxines est encore
démontrée par la possibilité d'obtenir, ainsi que je l'ai prouvé
récemment, une intrapalpébro-réaction avec des cultures de Try-
panosomes pathogènes. Les toxines formées par le Trypanosome
doivent avoir pour effet d'assurer la multiplication des Trypano-
somes en paralysant la défense de l’organisme. Aussi, c'est direc-
tement, et immédiatement contre ces toxines, que l'organisme
doit réagir. L’anticorps « empêchant » serait donc une antitoxine
qui, en neutralisant les toxines déversées par les Trypanosomes
dans la circulation, met obstacle à l'intoxication de l'organisme
et à une grande reproduction du 1rypanosome.
Nous avons une preuve que l’organisme ne réagit pas directe-
ment contre le Trypanosome, outre celle que nous avons déjà
fournie en exposant le mode de guérison observé chez les Mou-
tons du Ruanda. Des injections répétées d’émétique parviennent
à guérir des animaux trypanosés. Or, des expériences que j'ai
faites (1) ont prouvé qu'une forte dose d'émétique injectée 5 mi-
nutes après une transfusion sanguine de 3 litres de sang trypa-
nosé à un animal sain ne protégeait pas celui-ci contre l'infection.
L’émétique ne parvient donc pas à stériliser l'organisme et, mèê-
me avant que le Trypanosome ne se soit installé dans le liquide
cérébro-spinal, il est déjà à l’abri d'une destruction complète.
Comment expliquer alors que nous obtenons des guérisons par
le traitement à l’'émétique ? L'’injection d’émétique détruit une
énorme quantité de Trypanosomes ; cette intervention laisse un
répit à l'organisme, car la production des toxines doit diminuer.
Par contre, l'organisme continue à produire des antitoxines. Le
rapport toxine-antitoxine va donc à l'avantage des antitoxines.
À chaque injection d’émétique les antitoxines gagnent sur les
toxines et, si les interventions se répètent régulièrement, il arri-
vera un moment où les antitoxines auront un avantage tel que la
reproduction des Trypanosomes sera rendue impossible et ce mo-
ment va correspondre à la guérison. Cet état antitoxique est assez
passager et ne se maintient que peu de temps chez les Bovidés.
Quand on injecte donc, à des animaux trypanosés, le sérum
d'animaux récemment guéris et hyperimmunisés contre le Try-
panosome on leur apporte une aide précieuse. On leur fournit,
en effet, des anticorps spécifiques prêts à agir. Pourtant, le traite-
(1) Note sur le traitement des trypanosomiases animales par l’émétique.
Bull. Agric. du Congo Belge, n° 2, juin 1921.
998 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (128)
ment sérique ne doit pas exclure le traitement chimiothérapique,
il le complète. L'émétique détruit les Trypanosomes, le sérum
neutralise les toxines.
Marshall a préconisé récemment un nouveau mode de traite-
ment de la trypanomiase humaine. Dans les cas de localisation
du Trypanosome dans le liquide cérébrospinal, il conseille d’in-
jecter, par ponction lombaire, du sérum provenant de malade
traité pour la maladie du sommeil. Cette méthode de traitement
des localisations nerveuses de la maladie du sommeil a donné des
résultats inconstants. On peut expliquer les défaillances de ce
traitement quand on accepte la théorie exposée plus haut. Si le
sérum utilisé présente un pouvoir « empèchant » élevé, le traite.
ment peut être efficace. Si le sérum injecté par ponction lom-
baire n’a pas de pouvoir « empêchant » suffisant, l'intervention
ne donnera aucun résultat.
Tous ceux qui ont eu l’occasion d'observer et de soigner des
malades du sommeil ont constaté des cas où le malade, après un
traitement approprié (émétique-atoxyl), ne présente plus de Try-
panosomes dans la circulation périphérique et pourtant il va
mourir quelques temps après de méningite à Trypanosomes. Je
suis persuadé que dans ces cas, l'injection d’auto-sérum par ponc-
tion lombaire pourrait être curative. Si on emploie, pour ces in-
jections, un sérum de malades qui présentent encore des Trypa-
nosomes dans leur sang, l’action de ce sérum ne peut avoir
qu'une valeur antitoxique limitée et insuffisante pour empêcher
la multiplication des Trypanosomes dans le liquide cérébrospi-
nal.
Un sérum qui possède un pouvoir « empêchant » élevé, qu'il
provienne du malade lui-même ou qu’il soit d’origine étrangère,
est le seul remède contre les localisations du Trypanosome dans
le liquide cérébrospinal.
La sérothérapie doit donc être envisagée comme un puissant
adjuvant dans le traitement de la maladie du sommeil. Elle n'ex-
clut pas le traitement chimique, mais doit le compléter.
(Laboratoire vétérinaire du RuandaUrundi, à Kissengnie).
INFLUENCE DE LA CONCENTRATION DES DIVERS CONSTITUANTS
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(129) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 999
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cifié), vieux de deux jours, sans aucune action coagulante par
lui-même. Nous avons recherché : 1° dans quelle mesure la con-
centration de la thrombine influençait la coagulation ; 2° quel
était, parmi les constituants de la solution coagulante (calcium,
cytozyme, sérum), celui dont les variations de concentration
exerçaient l'influence la plus notable sur l'allure de la coagula-
tion.
1° Il existe une relation nette entre les variations de concen-
tration de la solution de thrombine et la durée de la coagulation.
Si l'on représente par C la concentration de la solution de throm-
bine, la durée { de la coagulation peut s'exprimer par l'équation
empirique Ckt — constante, où k représente une constante.
2° Lorsqu'on dilue la solution de thrombine, la réduction de.
concentration porte sur les trois éléments constitutifs : sérum,
calcium et cytozyme. Si l’on maintient constante la teneur en
calcium dans les milieux additionnés de quantités décroissantes
de solution de thrombine, la formule perd sa force exponentielle
et devient Ci — constante. Cette dernière relation reste la même
si l’on maintient constante, à la fois la concentration en calcium
et celle en cytozyme. Ce résultat démontre que des trois consti-
tuants de la solution de thrombine, c'est le sérum qui exerce
l'influence principale sur l'allure de la coagulation. L'action de
la thrombine dépend donc en tout premier lieu du colloïde séri-
que (sérozyme, prothrombine) qui entre dans sa composition (x).
Si l'on rapproche ces résultats de ceux ‘obtenus par Lagmuir
pour les réactions hétérogènes catalysées, on est amené à suppo-
ser que les particules de fibrinogène sont adsorbées par celles du
composé colloïdal (prothrombine sérique ou sérozyme) qui cons:
titue le facteur déterminant de la solution de thrombine. Ce phé-
nomène précéderait la coagulation proprement dite, c'est-à-dire
la transformation du fibrinogène en fibrine.
(Institut de théraneutique, Université de Bruxelles):
(x) Bien entendu, la diminution graduelle du sérozyme entraîne mécessaire-
ment une diminution des colloïdes totaux et des divers principes favorisant ou
entravant (antithrombine) la coagulation qui se trouvent renfermés dans le
sérum. Les choses sont donc, en réalité, beaucoup plus compliquées que nous
ne semblons l’admettre.
1000 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (130)
CHANGEMENTS DE LA VISCOSITÉ ET DU DEGRÉ DE TRANSPARENCE
PENDANT LA COAGULATION DU SANG.
Note de I. Newron KuGELMass, présentée par E. Zunz.
Dans une première communication (r), nous avons considéré
le rôle de la concentration en ions H pendant la coagulation du
sang. Dans une seconde communication (2), nous nous sommes
préoccupé des modifications de la concentration ionique et du
pouvoir protecteur des protéines vis-à-vis de l'or colloïdal au
cours du même processus. Nous avons ensuite (3) étudié l’in-
fluence de la concentration des divers constituants de la solution
de thrombine sur la vitesse de la coagulation. Nous envisagerons,
dans la présente communication, les changements de la viscosité
et du degré de transparence du milieu au cours de la coagulation.
I. Changements de viscosité pendant la coagulation. On a pré-
levé à divers moments au cours de la coagulation des échantillons
du même mélange coagulable. On en a mesuré la viscosité par là
méthode d'écoulement à travers un tube capillaire dans des
constantes de pression négative et de température en employant
l’appareil de Scarpa. On ne peut plus utiliser ce procédé pendant
Ja formation du caillot. On a alors recours à un appareil de tor-
sion spécialement combiné dans ce but (4).
La courbe de la viscosité pendant la coagulation nent l'allure
d’une réaction autocatalytique. Elle comporte deux portions dis-
tinctes : la période latente ou de précoagulation relativement
longue, et la période de formation du caillot relativement courte.
Pendant le premier stade, la viscosité s'accroît lentement et l’on
peut en déduire que les particules de fibrinogène s'agglomèrent
lâchement en masses sphériques autour des particules de throm-
bine proprement dite ou de « prothrombine ». Pendant le second
stade, la viscosité augmente rapidement, ce qui correspond à
l’agglomération en filaments des particules de fibrinogène for-
mées lors du stade de précoagulation et à la transformation du
fibrinogène en fibrine. Les phénomènes qui se déroulent pendant
la précoagulation sont réversibles, ceux qui constituent la forma-
tion du caillot sont, au contraire, irréversibles.
La durée de la période latente initiale ou de précoagulation est
(x) C. R. de la Soc. de biol., société belge de biologie, 29 juillet 1922.
CAC MUENIT Soc. de biol. , réunion plénière de Marseille, 15-16 septem-
bre 1922.
(3) C. R. de la Soc. de biol., société belge de biologie, séance du 14 octo-
bre 1922.
(4) C. R. de la Soc. de biol., réunion plénière de Marseille, 15-16 septem-
bre 1922.
(131) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 1001
UE ee" nn
influencée par la teneur en thrombine. Il existe un seuil de coa-
gulation minimum en dessous duquel la durée de la période de
précoagulation est pratiquement infinie, et il n'apparaît pas de
caillot.
La période latente est d’autant plus courte que la surface mouil-
lée par le milieu coagulable est plus grande : ceci tient à l'ad-
sorption des constituants de ce milieu, sans doute surtout du fi-
brinogène, par la surface mouillée, Dans cette couche d’adsorp-
tion, l'orientation des particules a lieu plus rapidement et leurs
réactions s'effectuent à une vitesse plus grande que partout ail-
leurs ; le processus qui a pris naissance à ce niveau progresse peu
à peu vers l'intérieur du milieu. Pendant la rétraction du cail-
lot, la viscosité diminue rapidement.
IT. Changements dans le degré de transparence du milieu au
cours de la coagulation. L'’allure autocatalytique de la coagula-
tion et de ses deux stades successifs peuvent être vérifiés en sui-
vant les changements macroscopiques de transparence du mi-
lieu. Pour cette mesure, nous avons utilisé le néphélectromèe-
tre (1). La courbe obtenue est continue et d’allure autocatalyti-
que. Pendant la période latente, la diminution de transparence
est faible ; dans la période de formation du caillot, la transpa-
rence diminue rapidement jusqu'à ce qu’un état d'équilibre soit
atteint. L'’agglomération d’abord lente, puis très rapide, des par-
ticules de fibrinogène, mise en évidence par la méthode optique,
revêt une allure parallèle à celle des changements de viscosité
constatés au cours de la coagulation.
(Institut de thérapeutique, Université de Bruæelles).
INFLUENCE DE LA COAGULATION SUR LA TENEUR DU SANG
EN AZOTE AMINÉ.
Note de F. Perrrsean, présentée par E. Zuwz.
Des composés chimiques définis ou des complexes colloïdaux
entre certains phosphatides et certains peptides ou acides aminés
semblent intervenir dans la coagulation du sang (2). On est, dès
iors, amené à rechercher si la teneur du sang en azote aminé ne
subit pas de modifications au cours de la coagulation.
Dans ce but, on a saigné, à la carotide, des Chiens soit à jeun,
soit un temps variable après un repas abondant de viande. Le sang
fut recueilli dans des vases paraffinés, puis réparti immédiate-
(Gr I. Newton Kugelmass. C. R. de l’Acad. des sc., 16 août 1922.
(2), E. Zunz et J! La Barre. CR. de la Soc: de biol., t. LXXXV, 1921, p. rio8:
1002 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (432)
ment, par prises de 20 c.c., dans une série de récipients non pa-
raffinés. La première prise fut soumise à l’action de l'acide tri-
chloracétique aussitôt après la fin de la saignée, les suivantes à
des intervalles de temps variables après celle-ci, la dernière prise
étant effectuée au moment de la coagulation complète. Chaque
échantillon, étant ainsi désalbuminisé après broyage au mortier,
fut traité suivant la technique exposée dans une publication an-
térieure, et le dosage de l'azote fut opéré au moyen de l'appareil
de Van Slyke (xr).
Les résultats ainsi obtenus peuvent se ramener à trois types
comme le montre le tableau ci-dessous. Les chiffres de ce tableau
représentent les moyennes de deux analyses concordantes (2),
calculées par litre de sang (à).
TABLEAU I.
Quantité d'azote aminé, exprimé en Diminution Ausmentalion
mer. par litre de sang total maxima maxima
on AT mer temps néces- FT Ole
Chien ausor- après après après sité par la en p. 100 en p. 100
en expé- tir de 8 à 10 46 à 20 coagula- coagulation en du cluffre en du chifre
rience l'artère minutes minutes lation totale en minutes megr. initial mgr. initial
TYPE 1.
De 57 5o — 56 15 7 12 6 10
2, 6o 54 — 58 14 6 10 n 6,5
3. 78 69 75 76 25 9 12 7 9
k. 85 80 — 103 15 5 6 23 27
5. 86 78 79 87 25 8 9 () 10
6. 90 84 OI 89 23 6 7 5 5,5
Ge 95 88 .89 96 30 8 9 9 8,5
8. 10/4 89 90 96 28 15 14 7 7
9. 119 112 TITI 122 25 8 7 Lo) 9
IO. 145 126 — 143 15 19 1Â 17 12
TYPE 2.
II. 56 59 — 72 15 — — 16 27
T2. 63 66 — 73 15 — — 8 13
F9: 65 80 — 89 15 — — 2À 37
14. TOT 143 —_— 149 12 == = (re 48
15. III 124 —— 125 r — — 14 13
16. 116 116 == 124 16 = == 8 7
Te 119 127 139 146 25 — — 27 21
Tyre II.
T8. 83 86 8x 84 2Â — — I 0,8
19. 85 86 85 85 25 — — o o
20. 108 III 107 TITI 29 — — 3 3
(x) F. Petitjean. Bull. Soc. chim. biol., t. IV, n° ©, r922, pp. 108-114.
(2) Les différences maxima entre deux dosages ne dépassent pas 0,0b c.c.
d’azote, soit 0,03 mgr. au maximum.
(3) Les différences entre deux dosages ne dépassent pas 4 mgr. par litre,
nn ErE
Parfaite Flranée de la Grasse RENE D complète da ERA de Chaux. D
au Corde Phonphata dé aura Te
| énticalarrhale et be |
Œupeptique ei deconstifucnie, ==
==" ME INDICATIONS : Toutes Affections des Poumons et des kl.:=
Hi Bronches, Tuberculose Brenchite Chronique, Rhumes, À He
mi Coqueluche : Convalescence des Maladies infectieuses, de la 4
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(133) SÉANCE DU 14 OCTOBRE 1005
ee ———_— ———
On voit, par l’examen de ce tableau que, dans la majorité des
cas (type D), le chiffre d'azote aminé trouvé dans la seconde prise
de sang, soit 8 à 10 minutes après la saignée, a quelque peu dimi-
nué (6 à r4 p. 100 du chiffre initial) puis quil augmente progres-
sivement dans les prises ultérieures, pour se rapprocher en géné-
ral beaucoup du taux initial après l'achèvement de la coagula-
tion, et, parfois même, le dépasser notablement (Chien 4). Dans
une seconde série d'échantillons, le taux d'azote aminé augmente
régulièrement depuis l’émission du sang jusqu à la coagulation
(type I).
Enfin, chez 3 de nos Chiens, les chiffres sont restés identiques
au cours de nos différentes prises (type Il).
On pourrait se demander si les résultats discordants des ana-
lyses faites chez les 20 Chiens examinés ne dépendent pas d'une
adsorption et d’une rétention inégales des acides aminés par les
caillots. Il était donc indispensable de déterminer la proportion
d'azote aminé ainsi retenue éventuellement à divers moments
du processus de la coagulation. Dans ce but, on a, chez cinq
Chiens, préparé une série de récipients non paraffinés renfer-
mant une quantité donnée d'acides aminés en solution. On a
versé 20 c.c. de sang dans chacun d’eux, et on a comparé la te-
neur en azote aminé de ces échantillons de sang à celle d’échan-
tillons du même sang examinés au même moment.
TABLEAU II.
Azote aminé p. 1.000 en mgr. Azote aminé p. 1.000
Chien Fans les pres AHeentes LR Quantité non retrouvé “"
en expé- sang sang additionné
rience normal d’acides aminés ajoutée retrouvée en mgr. en p. 100
15. TITI 223 118 T12 5
124 235 » TITI 7 6
125 235 » IIO 8 7
8. 10/4 225 118 III 7 6
89 198 » 107 II 10
89 199 » III 7 2
96 217 » 116 2 2
9: 78 2392 156 154 l 2,5
69 220 » 157 5 3
75 220 » 148 12 7
76 225 » 149 7 5
TO. 145 h7h 345 329 16 4,5
126 62 » 336 9 2,5
143 h76 » 333 12 3,5
5. 60 805 766 745 21 3
54 812 » 758 8 DE
58 . 709 » 7h 25 3
Le tableau IT démontre que l’adsorption des acides aminés sur-
ajoutés est, en générl très faible, tout en tendant à s’accroître
1004 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIF (134)
avec la quantité d’acide aminé ajouté au sang. Elle présente des
différences relativement considérables d'un échantillon à l’autre
du même sang. Les variations de l’adsorption des acides aminés
ne montrent aucun parallélisme avec les modifications de la te-
neur en azote aminé du sang au cours de la coagulation.
Il nous est impossible de donner une explication bien fondée
des. constatations exposées ci-dessus.
Tout au plus peut-on se demander si les modifications dans la
concentration en ions H et dans la concentration ionique totale
qui se produisent au cours de la coagulation (1), n’entraïnent pas
une désamination partielle, tandis que des agents protéoclasti-
ques mettraient des acides aminés en liberté aux dépens des poly-
peptides. Cette deuxième réaction débuterait le plus souvent plus
tard que la première ou n'acquerrait son intensité maxima
qu'après un certain laps de temps. |
L’intercurrence de ces deux réactions, dont l'effet sur la te-
neur en azote aminé est inverse, permet peut-être de comprendre
les trois allures de la teneur en azote aminé décrites plus haut.
Nous devons toutefois avouer que cet essai d'explication est, pour
le moment, purement hypothétique.
(Institut de thérapeutique. Université de Bruxelles).
(1) I. Newton Kugelmass. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVIT, pp. Ro el
883.
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Lille, Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
Athènes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
danoïse, de Suède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
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Séance du 4 novembre 1922
PARIS
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. Les comptes rendus paraissent chaque semaine sauf pendant les vacances de la Société. ;
PRIX DE L’ABONNEMENT POUR 1922 :
France : 50 fr. — Etranger : 60 fr.
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Ces conditions sont formelles.
SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ
7, rue de l'Ecole de Médecine
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samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications et
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2 100 > (4 pages). | [
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 4
AcaarD (Cn.) et Tniers (J.) :
Sur les réactions du liquide cé-
phalo-rachidien dans la sclérose
ET MATE SRE RER
Besson (A.) et EuriNcer (G.):
Sur un nouveau Bacille isolé des
Bouveyron (A.): Action de la
lumière sur la tuberculine en so-
lution colorée par l’éosine ou
L'ÉTAT ARS MINEERSE
Couraup (E.) : Action des
rayons X sur le corps thyroïde
Papin adultes... 1......
Fagre (R.)et Pexau (H.): Sur
le dosage de l’iode dans les
_ extraits thyroïdiens............
GEssarD (C.) et VAUDREMER
(A.; : Divers modes de culture
Présidence de M. G.
NOVEMBRE
1922
SOMMAIRE
1096
1017
1018
1014
1026
du Bacille tubcrculeux...... ..
Gox (P.) : Action de filtrat de
Mucor sur le développement des
cultures microbiennes..... CARTE
Herrz (J.) : De la cholestériné-
mie chez les sujets porteurs d’ar-
tétitesoblitérantett mare
Lagsé (M.) et Nepveux (F1..) :
L’excrétion azotée dans le jeûne.
LisBonxe (M.) et CARRÈRE (L.) :
Sur l'obtention du principe bac
tériophagique par antagonisme
THÉTODIEN Re PR AE DO ET
LuquET (A.) : Sur la toxicité
d’un glucoside arsenical : le di-
glucoside - dioxydiaminoarséno -
Denzol re een ne eh
Uxiz (A.) : Un anaérobie œdé-
matogène de l’appendicite:,....
Bohn, vice-président.
Biorocie, Comprres ReNDuSs. — 1922 T. LXXAVII
J0123
IOII
1006 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SUR LES RÉACTIONS DU LIQUIDE CÉPHALORACHIDIEN
DANS LA SCLÉROSE EN PLAQUES,
par Cx. Acxanp et Ji. THrers.
Dans une leçon sur un cas de sclérose en plaques (1) l’un de
nous a signalé l'intérêt diagnostique que pourrait avoir, si elle
se vérifiait dans un grand nombre de cas, une particularité du
liquide céphalorachidien, consistant dans l'association d'un ré-
sultat négatif pour la réaction de Wassermann et positif pour la
réaction du benjoin colloïdal. Ce dernier résultat, chez la malade
en question, pouvait s'écrire : 122202222000.
L'intérêt de cette particularité se trouve confirmé par la cons-
tatation semblable faite par Targowla et Mutermilch dans un
cas rapporté à la dernière séance.
D'autre part, nous avons observé deux nouveaux cas inédits.
Chez une Femme qui a succombé ensuite avec des lésions éten-
dues de sclérose en plaques, nous avons vu, dans le liquide clair,
la réaction de Wassermann manquer et la réaction du benjoin
colloïdal donner un résultat très positif : 222222222100.
Chez un Homme dont le liquide céphalorachidien était clair
et exempt de cellules, et dans lequel A. Pettit a trouvé des Spiro-
chètes, la réaction de Wassermann faisait également défaut et
la réaction du benjoin colloïdal était subpositive, en ce sens
qu'elle donnait un précipité dans les deux premiers tubes, c'est-
à-dire dans la zone syphilitique : 111000200000.
Si, comme les recherches de A. Pettit semblent le prouver,
la sclérose en plaques est une spirochétose, on ne saurait s’éton-
ner qu'elle participe de quelques réactions humorales d'une au-
tre spirochétose, la syphilis, et l’on peut aussi s'expliquer qu'on
ait quelquefois trouvé dans le liquide céphalorachidien des ma-
lades qui en sont atteints la réaction de Wassermann, sans qu'on
soit en droit d’en conclure à la nature syphilitique de la sclérose
en plaques.
(x) Ch. Achard. Soie en 1 DRAUES, Journal des praticiens, 6 et 13 mai
1922, p. 289 et 306. EE
SÉANGE BU 4 NOVEMBRE 1007
ACTION DE FILFRAT DE MüuCOr SUR LE DÉVELOPPEMENT
DES CULTURES MICROBIENNEÉS.
Note de P. Goy, présentée par M. WeInBerG.
Nous avons démontré, dans nos recherches antérieures (1),
que le filtrat stérilisé de cultures de certains Mucor (2) agit
favorablement sur le développement d'organismes inférieurs,
et, particulièrement, sur la levure de brasserie. Nous nous som-
mes rendu compte, d'autre part, que la substance active ne pou-
vait être, dans ce cas, confondue avec le facteur B, nécessaire
aux animaux supérieurs : contrairement à ce dernier, elle sup-
porte, sans aucun inconvénient, un chauffage prolongé à l’au-
toclave (r heure 30 à 130°).
Ayant étendu nos recherches aux microbes pathogènes de
l'Homme, nous avons constaté que certains d'entre eux, ense-
mencés comparativement avec ou sans extrait, donnaient plus
de résultats positifs dans les premiers milieux. De plus, l’amor-
çage des cultures était plus rapide lorsque celles-ci avaient
poussé en présence de filtrat de Mucor.
En voici un exemple : le Bacille histolytique est ensemencé
comparativement sur milieu additionné et non additionné de fil-
trat; on verse, dans chaque tube, une goutte de semence micro-
bienne et on porte le tout à l’étuve à 37°. Au bout de 14 heures,
on ne constate aucun développement dans le milieu simple, alors
que l’on trouve, en moyenne, 3r microbes par champ microsco-
pique dans la jeune culture obtenue à l’aide du filtrat; au bout de
19 heures apparaît un trouble dans le milieu témoin (bouillon
simple) où l’on compte 3r microbes par champ, alors que la cul-
ture avec filtrat en présente déjà 97. De même pour le Strepto-
coque : trois souches de ces derniers sont ensemencées simulta-
nément en boîtes de Pétri, avec et sans facteur accélérateur.
Tandis que, dans les boîtes de la première série, les cultures ap-
paraissent nettement au bout de la 17° heure, à 37°, celles de la
seconde série n'’offrent encore aucun développement. On con-
çoit facilement l'importance de pareils faits pour le diagnostic
bactériologique précoce de la flore des plaies.
Ce développement rapide a été également constaté pour d'au-
(x) C. R. de l’Acad. des sc., t. GLXXII, p. 242. Thèse doctorat (Faculté des
Sciences de Paris, 1921 ; C. R. de l’Acad. des sc., t. CLXXIV, p. 1.579.
(2) Nous préparon$ ce filtrat de la façon suivante : des cultures de Mucor,
de 12 à 15 jours, en bouillon de viande glucosé à 1 p. 100 (effectuées en
_ flacons d’Erlenmeyer), sont filtrées sur papier-filtre et stérilisées 15 minutes
à 1202.
1008 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tres microbes : Bacille diphtérique, B. perfringens, B. sporo-
genes, etc. Le Bacille diphtérique a été ensemencé soit sur gé-
lose inclinée, soit sur sérum coagulé. Pour additionner le sérum
coagulé de la substance favorisante, nous avons tout simple-
ment répandu à sa surface quelques gouttes de filtrat de Mucor.
Quant à la gélose, le filtrat a été incorporé au moment de la pré-
paration, avant la stérilisation définitive du milieu de culture.
La substance accélératrice ne favorise le développement du
Bacille de Koch sur milieu de Pétroff qu'à la condition d'y avoir
été adjointe avant la coagulation de l’albumine.
On avait émis l'hypothèse que les Bacilles protéolytiques pou-
vaient être les seuls à ne tirer aucun parti, dans leur dévelop-
pement, de substances accélératrices. Nous ne pouvons souscrire
à cette manière de voir, car, en effet, le filtrat de Mucor exerce
une action très nette sur le développement de deux espèces des
plus protéolytiques : B. sporogenes et B. histolytlicus.
Il est intéressant de remarquer que, si l’'amorçage de la cul-
ture est nettement favorisé par notre filtrat, son poids total défi-
nitif ne diffère pas sensiblement des cultures témoins parties
beaucoup plus tard.
Nous avons recherché si le filtrat de Mucor avait une action
quelconque sur le pouvoir toxigène et sur la virulence d’un mi-
crobe ; nous pouvons dire que cette action est nulle en ce qui
concerne le Bacille histolytique.
Ayant fait remarquer plus haut que le filtrat actif est très ré-
sistant à la chaleur, nous ajouterons qu'il a pu être détruit par
l'action du radium : o millicurie 305 suffirent, à cet effet, pour
5 c.c. de filtrat.
(Institut Pasteur, Laboratoire de M. Weinberg).
où ds RCE
Le et = à,
DC =
Fe
EN
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1009
UN ANAÉROBIE ODÉMATOGÈNE DE L'APPENDICITE.
Note de A. Ukiz, présentée par M. WEeinBerc.
Nous avons isolé, avec M. Weinberg, dans un cas d'appendi-
cite ulcéreuse aiguë survenue chez une Femme de /4o ans, un
anaérobie strict qui ressemble par certains caractères au B. per-
fringens et par d'autres au B. œdemaliens. Les sérums préparés
actuellement contre les anaérobies œdématogènes n’ont aucune
action sur lui. Il s’agit donc d'une espèce nouvelle. M. Wein-
berg nous a chargé de faire l'étude complète de la souche isolée.
Voici sa description
Bacille droit, quelquefois légèrement incurvé, à bords arron-
dis, de dimensions variables (2 u à 8 u sur rt u,1). Se colore par
la méthode de Gram. Donne des spores ovalaires subterminales
de : u sur o u, 8. Les spores se forment très rapidement ; on en
voit déjà dans les cultures de 8 à 10 heures ; au bout de 24 heu-
res, elles sont presque toutes libres et plus grosses (2 uw, 2 sur
1 u,2). Bacille immobile ; pas de cils.
Caractères culturaux. Le bouillon Martin, simple ou glucosé,
est rapidement et uniformément troublé, puis il s’éclairicit len-
tement ; il se forme un léger dépôt, très riche en spores libres.
La plupart des Bacilles se colorent encore par la méthode de
Gram. Pousse faiblement en eau peptonée (2 p. 100). En gélose
profonde, les colonies se développent très lentement. D'abord
punctiformes (24 heures), elles deviennent bourgeonnantes (48
heures) et enfin arborescentes et cotonneuses (5-6 jours).
Actions sur les substances protéiques. Le blanc d'œuf, la
viande et le foie ne sont pas attaqués. Dans les vieilles cultures
(15-20 jours), sur sérum de Cheval coagulé, on constate une lé-
gère digestion. La gélatine est liquéfiée ; le lait est lentement
coagulé (5 jours); la caséine incomplètement digérée en 3 se-
maines à 3 mois.
Action sur les hydrates de carbone. Fait fermenter glucose,
maltose, lévulose, action légère sur galactose et inuline. Saccha-
rose, lactose, mannite, glycérine, dulcite, arabinose non atta-
qués. |
Ce microbe ne pousse pas dans la bile, ni dans le bouillon
glycosé (2 p. 1.000) additionné d’acide lactique (0,5 p. 100). Le
milieu au rouge neutre est réduit : la fluorescence est nette au
bout de 24 heures de culture. L’indol apparaît dans les cultures
au bout de 48 heures ; pas de scatol. Les milieux de culture sont
neutres au bout de 24 heures, acides à partir de 48 heures. Les
1010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
cultures, surtout en eau peptonée (additionnée ou non de sucre),
dégagent une odeur désagréable.
La température optimum est 37°; le microbe ne pousse pas à
22°. Les spores résistent 4 minutes à l’ébullition. Les cultures
se conservent longtemps à la température du laboratoire et pen-
dant plusieurs mois à l’étuve à 37°.
On trouve, dans les cultures en bouillon simple, des hémo-
agglutinines pour les globules rouges de Cobaye et une petite
quantité d’hémolysines pour ceux de Gobaye et de Lapin.
Pouvoir pathogène. Cet anaérobie est pathogène pour le Go-
baye et la Souris. Injecté dans les muscles de la cuisse à la dose
de 5 à 10 c.c. (bouillon Martin), il provoque, chez ces animaux,
une tuméfaction œdémateuse locale considérable s’accompa-
gnant de pétéchies à la surface des muscles et d'un œdème géla-
tineux, tantôt blanc, tantôt rouge, qui s'étend à toute la paroi
abdominale. Pas d'infiltration gazeuze. Les lésions sont rare-
ment mortelles. Les lésions locales, même très étendues, dispa-
raissent gradueliement en 3 à 4 jours. Lorsque l'animal meurt,
on trouve, à l’autopsie, de la congestion des viscères abdomi-
naux. On observe des lésions analogues chez le Lapin et la Sou-
TS.
La toxine, centrifugée ou filtrée (8 c.c.), provoque, en injec-
tion sous-cutanée, un œdème rosé considérable de toute la paroï
abdominale.
Les Lapins immunisés avec des doses croissantes (r c.c., 3 c.c.,
5 c.c., 10 c.c., 20 c.c.) de microbes chauffés, ou non chauffés,
ont donné un sérum spécifique agglutinant à 1 p. 2.000 le mi-
crobe homologue. Le sérum normal de Cheval, ainsi que les sé-
rums antiperfringens, anti-Vibrion-septique, anti-æœdematiens
ne neutralisent pas la toxine de ce microbe.
L'association du B. coli, ou de l’Entérocoque, trouvés dans le
même cas d'appendicite, avec cet anaérobie, n’exalte pas la viru-
lence de ce dernier.
L'étude de ce microbe montre que nous sommes en présence
d'une espèce différente du Vibrion septique, du B. perfringens
et du B. œdematiens, mais appartenant toutefois au groupe des
microbes anaérobies œdématogènes.
L'étude histologique de l’appendice a montré l’existence pré-
pondérante de ce microbe dans la. muqueuse, la sous-muqueuse
et les vaisseaux sous-péritonéaux fortement congestionnés. Il
est donc évident que ce microbe a joué un rôle important dans
l’éclosion de l’appendicite que nous avons étudiée.
(Institut Pasteur, Laboratoire de M. Weinberg)..
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 4011
EEE ———_—aaaaZa
SUR L'OBTENTION DU PRINCIPE BACTÉRIOPHAGIQUE
PAR ANTAGONISME MICROBIEN,
par M. LisBonne et L. CARRÈRE.
Nous avons montré qu'il était facile (1) d'obtenir un principe
lytique pour le Bacille de Shiga par la mise en jeu de l’antago-
nisme microbien entre le Bacille de Shiga et le Bacillus coli.
Beckerich et Hauduroy (2) pensent que nous avons commis une
erreur d'interprétation. D'après eux, la propriété lytique, qui
apparaît dans nos expériences, n'est pas, comme nous le croyons,
créée par l'interaction microbienne, mais a été apportée, en
quelque sorte toute faite, par le Bacillus coli dont nous avons
méconnu le pouvoir lysogène spontané.
Il était simple de trancher le différend qui nous séparait.
Nous avons adressé à MM. Beckerich et Hauduroy deux souches
de Bacillus coli, désignées par nous coli n° 1 et n° 2, en leur
._demandant s'ils y trouvaient un pouvoir lysogène. Ils nous ont
répondu que la souche n° 2 était lysogène, mais que le coli n° x
ne l'était pas.
Prenant donc le coli n° r, nous l’avons mis en contact, sui-
vant notre technique, avec plusieurs souches de Bacille de Shiga
(provenant des Instituts de Lyon, Paris et Toulouse) et avons ob-
tenu l’apparition de la propriété lytique transmissible aussi ra-
pidement qu'avec les Bacillus coli d'urines ou de fèces. Ce B.
coli provient d’une eau d’alimentation. Ainsi, MM. Beckerich
et Hauduroy devront convenir que leur critique n'était pas fon-
dée. L'apparition du Bactériophage dans nos expériences n’était
pas une « prétendue formation » seulement « possible à partir
d’un germe déjà lysogène » comme l'ont écrit ces auteurs. Elle
est le résultat d’une interaction microbienne, dont nous nous
efforçcons d’élucider le mécanisme à l’aide d’autres combinaisons
microbiennes.
(x) G. R. de la Soc, de biol., 1922, t. LXXXVI, p. 560.
GNENR dela Soc de biol., 1922, LXXXNI, p.887.
1012 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
DIVERS MODES DE CULTURE DU BACILLE TUBERCULEUX,
par C. GEssARD et À. VAUDREMER.
On admet communément que le Bacille tuberculeux humain,
pour se développer en dehors de la vie parasitaire, a besoin de
milieux nutritifs complexes. Nous nous sommes proposé de cul-
tiver le Bacille dans des conditions toutes différentes, se rappro-
chant des conditions précaires auxquelles, nous semblait-il, le
développement des microbes pathogènes devait être soumis, en
dehors de la vie parasitaire. Nous avons donc employé, pour nos
essais de culture, des milieux de plus en plus pauvres en sub-
stances nutritives, ne visant qu à obtenir des cultures, sans nous
préoccuper de leur abondance. Nous envisagions cette question
seule : quel minimum nutritif suffit au Bacille tuberculeux pour
pousser à la température de 35°-35° et à quels éléments chimi-
ques ce minimum peut-il être ramené ? Nous avons fait usage
de milieux solides et de milieux liquides.
Milieux solides à support nutritif. La pomme de terre est Ja
base de ces milieux, incluse dans les tubes habituels. Mais,
pour garnir ces tubes, au lieu du bouillon ou de l’eau physio-
logique glycérinés, ordinairement employés, nous avons eu re-
cours à des milieux d’où la glycérine était systématiquement ex-
clue. Ce furent, dans trois séries d’expériences : 1° de simple
décoction de 5oo gr. de viande dans un litre d’eau ; 2° de l’eau
peptonée à 2 p. 100 ; seulement, nous avons préféré, à la pep-
tone pepsique d'usage courant, la peptone pancréatique qui re-
présente une dégradation plus avancée des matières albumi-
noïdes ; 3° aux milieux précédents, relativement riches, nous
avons substitué l’eau distillée. Tous ces milieux étaient neutres
au tournesol ou rendus neutres par addition de soude. Les en-
semencements ont été pratiqués avec un Bacille humain; la
température maintenue entre 35° et 37°. Il y a eu développe-
ment des cultures dans les trois séries d'épreuves. Le temps
moyen entre l’ensemencement et l’apparition des premières co-
lonies a été de 8 jours. Les repiquages ont été faits tous les
9 Jours environ. 10 passages ont été réalisés pendant les 3 mois
qu’a duré l’expérience.
Milieux solides à support non nutritif. La pomme de terre a pu
fournir des éléments nutritifs, en plus du support, dans les cul-
tures précédentes. Nous l’avons supprimée et remplacée par des
supports inertes : soit une mèche de lampe, soit du mouchoir
en double autour d’une tige de verre, soit, enfin, du papier bu-
vard sous quatre épaisseurs. Ces dispositifs, enfermés dans des
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SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1013
tubes de verre, plongeaient par la partie inférieure dans les li-
quides dont nous essayions la valeur nutritive. Nous avons pris
d’abord le bouillon, puis l’eau peptonée, comme dans les essais
précédents. Les résultats furent nets ; les trois supports don-
nèrent des cultures typiques du Bacille tuberculeux et telles
qu'elles apparaissent sur la pomme de terre.
Nous expérimentâmes ensuite un milieu chimique défini.
C’est le milieu synthétique employé par l’un de nous (1) dans
l'étude des microbes chromogènes et dont la composition est
la suivante
+
SUCCInate (AAMMONIAQUE ...-...... ee 0,
Bo ph MDIPOASSIQUEN EE TERRE ee 0,
SUUENEN PE OTACMÉNE ECS CC OI 0,25
Clilornre ro velo ME er 0,125
EAU ONS DC CARE EURE CR se 100 €.C.
(La potasse a paru préférable à la soude pour neutraliser le
mélange).
Avec ce milieu nouveau, la culture réussit également et fut
même abondante. de
Nous supprimâmes alors successivement le sel de chaux, puis
le sel de magnésie, enfin le phosphate, pour ne plus avoir que
le succinate d'ammoniaque, et, dans tous les cas, des colonies
apparurent sur le papier, où nous nous sommes tenus en fin de
compte, comme étant le support de l’emploi le plus facile.
Milieux synthétiques liquides. En possession de ces résultats,
il restait d'essayer le milieu synthétique liquide sans le secours
d'aucune sorte de support. Nous avons repris les solutions sa-
lines de composition variée que nous venons de décrire. Nous
avons obtenu des cultures dans toutes. Il faut noter seulement
que le développement est plus lent en l'absence de support,
mème inerte. Les cultures obtenues avec et sans support ont
toutes fourni un second passage dans les mêmes conditions.
D'autre part, l’addition de glycérine à ces milieux a exercé
l’action favorisante qu'on lui a dès longtemps reconnue dans le
développement des cultures du Bacille tuberculeux. La solution
saline intégrale, additionnée de 5 p. 100 de glycérine, a donné
en trois semaines et continue de donner, dans des ensemence-
ments en série, des cultures très abondantes.
De l’eau distillée glycérinée à 4o p. 100, de l’eau du robinet
à 5 p. 100 de glycérine, ont même suffi au développement du
Bacille tuberculeux, à condition que füt disposé le support de
papier pour fixer les germes.
(x) GC. Gessard. Microbes chromogènes. Bull. médical, t. XIIT, n° 55, p. 609,
$ juillet 1899. Annales Institut Pasteur, t. VI, 1892, p. 809, t. XV, r901, p. 818.
1014 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Aspect el réaction colorée des Bacilles. Dans nos différents
milieux, les Bacilles ont offert des aspects variés ; les uns, du
type normal, les autres, reproduisant les formes que l’un de
nous a décrites dans des communications antérieures (1). Les
formes atypiques se sont développées dans les milieux synthé-
tiques glycérinés aussi bien que dans les milieux inspirés des
formules classiques, mais exempts de glycérine. Les formes
atypiques des milieux synthétiques avaient gardé une acido-
résistance sensiblement égale à la normale. Au contraire, les
Bacilles des cultures obtenues au terme des séries de passages
sur la pomme de terre en contact avec bouillon, eau peptonée,
ou eau distillée, tous milieux sans glycérine, avaient perdu
l’acido-résistance et rappelaient, par leur disposition et leur as-
pect, les formes myco-bactériennes décrites par l’un de nous (2).
ACTION DES RAYONS X SUR LE CORPS THYROÏDE DU LAPIN ADULTE,
par E. Couraup.
Depuis plusieurs années, poursuivant des recherches sur les
glandes à sécrétion interne, j'ai soumis à l’action des rayons X
un assez grand nombre de corps thyroïdes de Lapin. Les irra-
diations ont eu lieu à l'hôpital Laënnec, dans le service du
D° Maingot, chef du laboratoire de radiologie, qui a bien voulu
me faire profiter de son expérience et de ses conseils.
Voici la technique employée : ampoule Coolidge standard ,
courant de 3 milliampères avec une étincelle équivalente entre
pointes de 0 cm.; contact tournant Gaïffe ; distance entre le
foyer d'émission de rayons et la peau : 18 em.; filtre 4o/ro.
30 Lapins ont été soumis à l’action des rayons X : 15 ont subi
des irradiations massives (20 à 5o H par séance hebdomadaire
ou mensuelle); 15 ont subi des irradiations fractionnées (5 H
par semaine). Les 30 Lapins ont été sacrifiés à des dates varia-
bles : de 15 jours à 6 mois après la dernière irradiation.
Voici le résultat de l'examen histologique de ces 30 corps
thyroïdes.
10 H (1 animal). Pas de modifications histologiques.
35 à 50 H (3 animaux). Diminution notable de la substance
colloïde.
(1) A. Vaudremer. C. R. de la Soc. de biol., 30 avril rg2r, t. LXXXIV, p.
775 ; 10 décembre 1921, t. LXXXV, p. 1.055 |
(2) À. Vaudremer. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIV, p. 259. La Médecine,
mai 1921 ; id., Mai 1922.
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1015
58 à 71 IE (to animaux). Diminution très nette du volume des
acini qui sont, les uns étirés, aplatis, les autres plissés. On ob-
serve également des modifications du côté des cellules thyÿroï-
diennes, qui sont cubiques. La substance colloïde, d'aspect nor-
mal, est peu abondante.
80 à 100 H (9 animaux). On commence à noter des modifica-
tions importantes de la structure du corps thyroïde. Des cellules
sont cubiques, d’autres cylindriques ; les follicules thyroïdiens
sont petits, très pauvres en colloïde ; quelques-uns sont en voie
de désorganisation complète, les cellules semées dans le tissu
-conjonctif normal, non hyperplasique.
140 H (4 animaux). Outre les modifications décrites ci-dessus,
on observe des altérations portant sur quelques noyaux qui ont
mal pris l’hématine. Ils sont clairs, mal limités. La substance
colloïde est pâle, peu abondante, cependant, de loin en loin un
follicule thyroïdien à épithélium aplati est distendu par un dis-
que de substance colloïde très acidophile.
160 H, 165 H, 170 H (3 animaux). On observe des désordres
plus considérables. Dans deux cas il existe très peu de substance
colloïde, celle-ci est pâle ou basophile. Les noyaux sont irrégu-
liers, de dimensions inégales, un grand nombre en voie de des-
iruction. Dans le troisième cas, même aspect des follicules thy-
roïdiens, mais les capillaires sont distendus par une substance:
colloïde très abondante.
Chez ces 30 Lapins, la chute des poils au niveau de la zone
irradiée s’est produite entre 65 et 55 H, si les doses ont été frac-
tionnées, à 45 ou 50 H, si la dose a été administrée en une seule
séance.
Les lésions légères de radiodermites (croûtes), sont apparues
entre r10 et 140 H. À partir de 160 H, se sont produites les ul-
cérations profondes et la mort est toujours survenue dans les
30 jours par broncho-pneumonie. Précédée de cornage, cette
broncho-pneumonie semble consécutive aux lésions ulcéreuses
de la muqueuse laryngo-trachéale.
Dans aucun cas je n’ai rencontré de sclérose jeune dans les
corps thyroïdes.irradiés. Dans aucun cas, la régression des folli-
cules thyroïdiens ne m'a semblé le fait d’une hyperplasie con.
jonctive. Deux fois seulement j'ai observé des corps thyroïdes
anormalement riches en tissus conjonctif adulte. Il s'agissait,
sans doute, de lésions thyroïdiennes anciennes. Les affections
septicémiques sont fréquentes chez le Lapin. Certaines parais-
sent susceptibles de léser le corps thyroïde. C'est sans doute la
raison pour laquelle les modifications thyroïdiennes consécu-
tives aux irradiations ne sont pas rigoureusement semblables, à
doses égales. L'un des facteurs de la déchéance thyroïdienne
1016 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
par irradiation est évidemment l'état préalable de l’épithélium
thyroïdien lui-même.
Les différences notables observées ne sont pas liées, en effet,
à l'importance des séances de rayons X. Elles ne sont pas liées,
non plus, aux intervalles entre les séances.
Ces différences ne sont pas le fait de modification des autres
glandes à sécrétion interne. Elles ne sont liées ni au sexe, ni à
l’âge de l’animal. #
À noter que plusieurs des corps thyroïdes irradiés présen-
taient des lésions tuberculeuses thyroïdiennes. Ces corps thy-
roïdes semblaient nettement plus riches en substance colloïde
que les corps thyroïdes non atteints par la tuberculose.
(Laboratoires du D° E. Rist, à l'hôpital Laënnec
el du P° Calmette, à l'Institut Pasteur).
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1017
SUR UN NOUVEAU BACILLE ISOLÉ DES HUITRES,
par À. Besson et G. EHRINGER.
Nous avons rencontré, dans des Huîtres saines, provenant de La
Tremblade, en culture à peu près pure, un Bacille qui ne semble
pas avoir encore été décrit et pour lequel nous proposons le nom
de Bacillus ostrei ; il est intéressant à connaître parce qu'il pré-
sente quelques caractères communs avec le Bacille d'Eberth et
qu'un examen trop superficiel pourrait amener une confusion
entre ces microbes. à
Caractères morphologiques. Bâtonnet coliforme ne prenant
pas le Gram, présentant de vifs mouvements de translation dans
les cultures jeunes en bouillon, possédant 2 à 4 cils, difficile-
ment colorables, assez longs, peu flexueux, situés au voisinage
des pôles.
Caractères des cultures. Développement rapide à la tempéra-
ture ordinaire et à 37°, nul à la glacière.
Sur gélose, culture éberthiforme, à bords dentelés, irisés,
translucides, à centre plus épais, opaque.
En bouillon, ondes moirées, puis léger anneau et dépôt blanc,
un peu glaireux, avec trouble persistant.
En eau peptonée, la culture est plus grêle surtout avec les sou-
ches récemment isolées, le trouble se produit surtout à la sur-
face et s'accompagne de ‘la production d’un voile peu épais ;
plus tard, dépôt glaireux.
La gélatine est très rapidement liquéfiée ; à 20°, la liquéfac-
tion apparaît vers la 24° heure, puis se continue en cylindre et
envahit tout le tube.
Le lait n’est pas coagulé ; le lait tournesolé prend une teinte
lilas, puis se décolore.
Sur pomme de terre, glacis peu visible, éberthiforme.
Sur sérum coagulé, culture brunâtre, épaisse, liquéfiant par-
tiellement.
Propriétés biochimiques. Sur gélose tournesolée, B. ostrei
attaque le glucose, le lévulose, la maltose, la glycérine et, plus
lentement, la mannite et le saccharose. Il ne se produit jamais
de gaz aux dépens de ces sucres. Le lactose et la dulcite ne sont
pas attaqués.
B. ostrei ne produit pas d’indol. Il produit de has
sulfuré et noircit lentement (2 à 4 jours) la gélose au plomb.
Il ne réduit pas le rouge neutre et, en tube B, donne une cou-
leur amarante sans production de gaz.
Il est nettement halophile ; il pousse dans l’eau peptonée salée
mieux que dans l’eau peptonée ordinaire et produit encore un
1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
trouble marqué après addition de 10 p. 100 de chlorure de s0-
dium, alors qu'avec les Bacilles typhique et paratyphique, la
culture est complètement arrètée aux environs de 7 à 8 p. 100.
Il pousse sur gélose vaccinée par le Bacille d'Eberth et le Coli-
bacille et, réciproquement, ces Bacilles se développent sur ses
cultures ràclées.
Inoculations. Bacillus ostrei n'est pas pathogène pour les ani-
maux de laboratoire, même quand on en injecte des émulsions
épaisses dans les péritoine (Cobaye) ou dans les veines (Lapin).
L’inoculation sous-cutanée ne produit pas d’abcès.
Diagnostic. Bacillus ostrei se différencie du Bacille d’Eberth,
avec lequel il a certains caractères morphologiques et biologi-
ques communs, par ses propriétés protéolytiques très dévelop-
pées, par ses propriétés halophiles et par sa sensibilité au vert
malachite (aucun développement sur les milieux malacbités uti-
lisés pour l'isolement du Bacille d'Eberth).
Les caractères morphologiques et culturaux, l’absence de pro-
duction de gaz dans les fermentations sucrées, l’absence de pro-
duction d'indol et d’odeur putride le distinguent du B. proteus.
Il se rapproche assez du B. halophilus décrit par Rüssel dans
l’eau du golfe de Naples, mais il ne présente pas les formes de
dégénérescence caractéristiques de ce Bacille, est beaucoup plus
protéolytique que lui et ne produit pas de bulles de gaz le long
de la piqûre en gélatine ; il se distingue de même du B. litioralis
(Rüssel) qui a des propriétés protéolytiques peu marquées el
produit un pigment brun dans les cultures en gélatine.
(Laboratoire de bactériologie de l'Hôpital Percy).
ACTION DE LA LUMIÈRE SUR LA TUBERCULINE
EN SOLUTION COLORÉE PAR L'ÉOSINE OU L'ÉRYTHROSINE,
par À. Bouveyron.
En collaboration avec le P° Gailleton, nous avons eu l’ocea-
sion, en 1904, de vérifier l’action d’un traitement qui consistait
à exposer longuement à la lumière solaire ou à la lumière di-
recte de l'arc voltaïique des lupus, préalablement badigeonnés
avec une solution à 5 p. r00 d’éosine ou d'érythrosine. Ce traite-
ment améliorait incontestablement certains symptômes des lu-
pus. Par comparaison avec les régions lupiques non badigeon-
nées, il hâtait la cicatrisation: des ulcérations et diminuait, ou
même faisait disparaître passagèrement, la rougeur inflamma-
toire et la tuméfaction des tissus lupiques, tout en laissant per-
SÉANGE DU 4 NOVEMBRE 1019
sister, même en tissus presque sains apparemment, des tuber-
cules jaunâtres isolés et réduits. Ajoutons que l’action de ce
traitement sur les tubercules était considérablement renforcée
par des scarifications ou des grattages préalables, suivis de pan-
sements humides qui favorisaient aussi la pénétration de la ma-
tière colorante et l’imprégnation des tissus lupiques.
Pour interpréter ces résultats, nous avons recherché l’action
de la lumière en milieux colorés par l’éosine ou l’érythrosine,
d’une part sur le Bacille de Koch, et d'autre part, sur la tuber-
culine. Nous ne nous occuperons ici que de l’action sur la tuber-
culine. :
Soient 4 séries de petits tubes stérilisés de verre mince et in-
colore, contenant tous une solution à r p. 100 de tuberculine
purifiée de l'Institut Pasteur avec addition d'un excès de chlo-
roforme. Les tubes de la 1° série ne contiennent que cette so-
lution incolore. Ceux de la 2° sont semblables, mais entourés,
en outre, de plusieurs épaisseurs de papier noir. Ceux de la 3°
contiennent la même solution, mais colorée avec 2 p. 100, par
exemple, d'éosine ou d’érythrosine. Ceux de la 4° contiennent
ces mêmes solutions colorées, mais mises à l’abri de la lumière
par plusieurs épaisseurs de papier noir. Or, si toutes ces séries
de tubes appliqués contre des feuilles de papier blanc, sont ex-
posées perpendiculairement à une irradiation solaire intense,
durant toute une journée de juillet, par exemple, et par un ciel
très clair, on observe que, seuls, tous les tubes de la 3° série ne
produisent plus de cutiréaction, tandis que tous les autres don-
nent des cutiréactions approximativement normales et équiva-
lentes. D'où l'on peut conclure que la tuberculine n'est détruite
seulement que par l’action conjointe de la lumière intense et de
la substance colorante : éosine ou érythrosine. Vers le 15 octo-
bre, et par un ciel très clair, il faut deux journées environ d’ex-
position à la lumière solaire pour obtenir un résultat à peu près
équivalent. Une seule journée d'insolation, en ce cas, ne fait
qu'atténuer, mais ne supprime pas la cutiréaction. Moindre
aussi est l'effet atténuant d’une irradiation de 12 heures, à une
distance de 20 cm. d’une ampoule électrique d’un pouvoir éclai-
rant de r.000 bougies.
Noguchi a observé, de même, que l’action conjointe des ra-
diations solaires et de l’éosine ou de l’érythrosine atténuait, plus
ou moins, la plupart des venins de Serpents. Cette analogie ne
saurait surprendre, car à l’égard des permanganates, des hypo-
chlorites, de la trypsine, de l'alcool et d’autres réactifs, la tuber-
culine se comporte comme ces venins.
Ajoutons qu'au point de vue pratique, il y a avantage certain
à faire précéder les séances prolongées d’héliothérapie locale,
1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
soit d'un simple badigeonnage à l’éosine ou à l’érythrosine pour
les lésions tuberculeuses ulcérées, soit de manœuvres complé-
mentaires destinées à favoriser l’imprégnation colorée des tissus,
telles que grattages ou scarifications ou injections d’éosine dans
des fistules peu profondes.
L
SUR LA TOXICITÉ D'UN GLUCOSIDE ARSENICAL
LE DIGLUCOSIDE-DIOXYDIAMINOARSÉNOBENZOL,
par À. LuQuET.
Les solutions glucosées d’arsénobenzènes sont depuis plu-
sieurs années déjà employées dans la thérapeutique de la syphi-
lis. D’après les auteurs, elles présentent, sur les solutions ordi-
naires, l’avantage d’une altérabilité moindre et d’une toxicité
diminuée, tout en possédant une efficacité thérapeutique au
moins aussi grande.
Mais les nombreuses théories émises pour justifier l'addition
du glucose (oxydation retardée, absorption favorisée par les
courants osmotiques, diminution de la douleur dans l'injection
intramusculaire, etc.), prouvent assez que si les bons effets de Ia
méthode ont été constatés, leur explication jusqu'à ce jour est
demeurée incertaine, et l'usage de la médication, en définitive,
assez empirique.
Les travaux de Kyrle et Pranter, à Vienne, et surtout les com-
munications de Janselme et Pomaret, ont orienté la question
vers une voie nouvelle. Ces derniers auteurs, en particulier, ont
établi une formule (préparation 132) qui permet. dè maintenir
en solution glucosée stable la « base du 606 ». Mais s'ils ont
soupçonné la possibilité d’une combinaison chimique définie du
glucose avec l’arsénobenzène, ils ne semblent pas être parvenus
à l’isoler.
Aubry et Dormoy viennent de combler cette lacune en pré-
sentant à l’Académie des sciences (séance du 30 octobre 1922),
un nouveau glucoside arsenical :. le diglucoside-dioxydiaminc-
arsénobenzène, obtenu en fixant deux molécules de glucose sur
le 606. Ce corps dont ils définissent les caractères possède entre
autres la propriété de dévier considérablement à gauche la lu-
mière polarisée. Son pouvoir rotatoire est, en effet, — 560° ; et
ce glucoside est, disent les auteurs «le plus lévogyre que nous
ayons eu entre les mains ». Il s’hydrolyse assez facilement en
solution aqueuse ; mais les auteurs ont pu augmenter beaucoup
(x) Kyrle. Wien. Klin. Wochenschrift, 14 avril 1921, p. 170.
(2) Pranter. Wien. Klin. Wochenschrift, 27 janvier et 21 avril 1921.
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1021
sa stabilité en le dissolvant dans une solution concentrée de glu-
cose. Quant à sa constitution moléculaire, elle n’est pas encore
établie d’une façon définitive. En prévision de l'emploi théra-
peutique, les auteurs mentionnent, en terminant, que ce nou-
veau composé a, sur le 606, l’avantage d’être soluble en milieu
neutre et beaucoup moins altérable à l’air.
L'importance de ce nouveau corps est considérable, puisqu'il
permet d'obtenir des solutions de composition définie et d’une
grande pureté. Aussi ayons-nous jugé intéressant de comparer
sa toxicité avec celle des arsénobenzènes à chaîne soufrée, en
prenant comme type le dérivé méthylène-sulfoxylate de soude.
Des expériences en série nous ont montré que les animaux
qui résistent à l'épreuve pendant ro jours ont, le plus souvent,
dans la suite, une survie en pratique indéfinie ; et nous avons,
pour cette raison, adopté cette durée de ro jours comme limite
maxima permettant de juger de la toxicité. Les essais que nous
rapportons aujourd'hui ont été faits sur le Lapin, en injection
intraveineuse, à la concentration de 1 p. 20. La vitesse d’injec-
tion était, en moyenne, de 2 c.c. 5 à 3 c.c. par minute. Le glu-
coside, en solution aqueuse simple et en solution hyperglucosée,
nous à paru toujours se comporter de la même façon.
Le tableau ci-dessous résume les expériences
Dose par kgr.
d'animal Poids en kgr. Glucoside 914
5.53 2,410 Survie Survie
2,360 » »
2,570 Mort en 7 jours
2,550 Mort en 3 jours
2,660- Survie
DE 2,475 »
2,730 »
1,070 »
1,050 »
1,180 »
035 2,785 Mort en 5 jours
? 2,950 Mort en 2 jours
3,090 Survie
2,950 »
3,409 »
25 1,370! »
1,220 DE à
1,759 Mort dans la nuit
2,400 Survie
0,55 2,300 »
1,900 »
bo 1,410 Survie
1,070 »
0,65 2,190 Mort en 8 jours
0,70 3,190 Mort en 8 jours
0,80 1,540 Mort en 2 jours
BioLociE. ComPTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 69
1022 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Les doses indiquées correspondent à une même teneur en ar-
senic dans les > cas et les résultats sont, par conséquent, compa-
rables.
Nous croyons pouvoir en conclure
1° g14. À la dose de 0,25 par kgr.. la plupart de animaux ont
supporté l'épreuve. À la dose de 0,35 par kgr., les Lapins in-
jectés sont morts. Si l'expérience n’a pas été poussée plus loin,
c'est qu'elle n'est, en réalité, qu’une confirmation des résultats
obtenus par les auteurs fixant à 0,15 (1), 0,20 (2), la dose, au
kilogramme, supportée par le Lapin ;
2° Glucoside. Avec le glucoside, par contre, nous avons pu
injecter 0,40 et 0,60 par kgr. sans incidents. À 0,65 et au delà,
nous avons eu constamment la mort.
Ce nouveau composé arsenical paraît donc être, en injection
intraveineuse, et à teneur égale en arsenic, environ 2 fois moins
toxique que le dérivé méthylène-sulfoxylate de soude.
L'EXCRÉTION AZOTÉE DANS LE JEUNE,
par Marcez LABBÉ et FLorine NEPVEUXx.
Durant un jeûne prolongé de quarante jours, nous avons dosé
quotidiennement l'azote total urinaire et nous avons apprécié
les variations de l’excrétion azotée aux diverses périodes du
jeûne.
1° Avant le jeûne, le sujet a éliminé de 10,30 gr. à 14,64 er
d'azote total, soit une moyenne de 12,36 gr.;
2° Pendant 3 jours de jeûne absolu, sans eau, l'élimination
dérMombetor no Mo 0 Tete rToRon,
3° Au {° jour, l’excrétion se relève à 12,071, et pendant la pé-
riode de 11 jours de jeûne absolu, avec eau, elle varie de 12,01
à 7,70 gr.
4° Pendant la période de 14 jours où le sujet est au jeûne,
avec une petite quantité de limonade, bière ou jus de Citron,
l’excrétion varie de 8,35 à 4,47 gr;
5° Pendant la nouvelle période de jeûne absolu, avec eau,
durant 8 jours, elle varie de 8,99 à 5,18 gr.
Comme tous les auteurs, nous avons constaté une tendance de
l’AzT à diminuer progressivement pendant le jeûne. Bien que
notre expérience ait été plus longue que toutes celles réalisées
(x) Ehrlich. Congrès international des Sc. med., Londres, 6-12 août 1918.
(2) Schreider. Munch. Med. Woch., 23 avril 1912. Kersten. Cité par Hudelo,
Montlaur et Bodineau. Soc. Fr. de Syph. et de Derm., 6 juin 1922.
SÉANCE DU À NOVEMBRE 1023
nn ie - Lo, PPS | Re
jusqu'ici, l'excrétion azotée n'a pas alteint les chiffres très fai-
bles, allant jusqu'à 2,82 gr., trouvés par certains auteurs
(Schulizen, Luciani, Freund).
Durant les premiers jours de jeûne, on voit, en général, ainsi
qu'il ressort des tableaux de Benedict, l’excrétion augmenter
pour atteindre son maximum au 3° jour et diminuer ensuite
progressivement. Chez notre jeüneur, nous avons eu un maxi-
mum au 4° jour, puis un nouveau maximum, plus élevé que le
premier, au 8° jour. On a attribué cette augmentation de l’ex-
crétion d'AzT du 3° jour à ce que la réserve de glycogène du
corps est épuisée à cette date, en sorte qu'elle n’exerce plus son
action d'épargne sur l’albumine.
Suivant Voit, la proportion d’albumine ingérée pendant les
jours qui ont précédé le jeûne influe sur la déperdition d'azote
les premiers jours du jeûne ; celle-ci est d'autant plus forte que
l’ingestion antérieure était plus élevée. Malgré tout, il y a tou-
jours diminution de l’excrétion azotée au début du jeûne ; ainsi,
chez notre Ilomme qui mangeait peu, l’excrétion d’AzT a été de
14,64 gr. à la veille et de 11,12 gr. au premier jour du jeûne.
L'absorption d’une très petite quantité de sucre pendant Îa
4° période du jeûne, a suffi pour épargner un peu la destruc-
tion azotée et diminuer l’excrétion d’AZT. Par contre, à la 5° pé-
riode où le jeûne est redevenu absolu, la quantité d'AZT s'est
élevée progressivement ; il semble que le sujet ayant épuisé ses
réserves de glycogène et de graisse, la production d'énergie se
fasse, pour une plus grande part, aux dépens des protéiques.
Ce qui le montre bien, ce sont les chiffres d'azote excrété par
rapport au kilogramme corporel. Avant le jeüne : 0,19 ; pen-
dant la 1° période sans eau, 0,18 à 0,15 ; pendant la 2° période,
0,23 à o,14 ; pendant la 3° période, avec limonade, 0,15 à 0,08 ;
pendant la 4° période de jeüne absolu, o,19 à 0,10. Ces chiffres
diminuent progressivement, l'organisme s’adaptant pour ainsi
dire au jeüne ; ils s’abaissent sous l'influence de l’ingestion de
sucre ; ils se relèvent lorsque le jeüne redevient absolu.
. L’accroissement relatif de la destruction azotée ressort de la
comparaison entre l’évolution du métabolisme azoté et celle du
métabolisme total. Tandis que le métabolisme total, jugé par
les échanges respiratoires, s’est réduit de plus de moitié, le mé-
tabolisme azoté ne s’est réduit que d’un quart.
La même conclusion ressort de la comparaison de l'énergie
empruntée à l’albumine et de l'énergie totale libérée au début
et à la fin du jeûne. On voit que l'énergie provenant de l’albu-
mine représente en moyenne 13,5 p. 100 de l'énergie totale ; or,
au début, la proportion est inférieure à 13,5 p. 100 ; à la fin,
elle est supérieure.
1024 S SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
——_—_—_——…—"—_— — — —
La proportion d’albumine métabolisée dans le jeüne par rap-
port au poids corporel varie d'une espèce animale à l’autre, d'un
sujet à l’autre, et même d'une expérience à à l’autre chez le mème
sujet (Benedict). Voit donnait le chiffre de 0,20 par kilogramme
corporel, chez l'Homme ; pour notre sujet qui à jeüné fort long-
temps, ce chiffre a varié de 0,10 à 0,23 ; il s'est maintenu, en
moyenne, aux environs de 0,17.
En somme, il ressort de notre observation que, dans le jeûne,
l'organisme humain s'adapte à une alimentation réduite ou sup-
primée, diminue progressivement ses dépenses, et vit de plus
en plus économiquement ; il se produit, chez l'Homme, quelque
chose d’analogue à ce que l'on voit, à un degré plus marqué,
chez les animaux hibernants.
DE LA CHOLESTÉRINÉMIE CHEZ LES SUJETS PORTEURS D'ARTÉRITE
OBLITÉRANTE.
Note de JEAN HErrz, présentée par Marcez LaBgé.
J ai dosé, par le procédé colorimétrique de Grigaut, la cho-
lestérine, ou plus exactement l’ensemble des lipoïdes donnant
la réaction de Liebermann, dans le sang de 22 malades non
glycosuriques, atteints d’artérite oblitérante. 20 étaient du sexe
masculin, 2 du sexe féminin. Tous présentaient cliniquement le
syndrome de claudication intermittente de Charcot, générale-
ment d’un seul côté, parfois aux deux membres inférieurs, et
une abolition ou une réduction considérable des oscillations du
Pachon au cou de pied. Dans 7 cas, les oscillations étaient abo-
lies d’un côté, et très réduites de l’autre. Dans rr cas, elles
étaient très réduites d’un côté, et moins réduites de l’autre. Dans
! cas, elles étaient très réduites d’un côté, et normales de l’autre.
La réduction des oscillations s’étendait jusqu'aux fémorales
dans les 3/4 des cas, soit d’un côté, soit même aux deux mem-
bres. Chez un de ces malades, les phénomènes d’artérite oblité-
rante s'’observaient même aux membres supérieurs.
Le taux de la cholestérinémie, chez ces 22 malades, s’est mon-
tré très nettement supérieur à la normale (qui, selon Grigaut,
serait de 1,60 gr. par litre) : la moyenne des déterminations at-
teint 2,82 gr.; un seul chiffre était inférieur à © nor y)Ichez
go malades, la cholestérinémie dépassait 3 gr. Sans qu'il y ait
proportionnalité régulière entre l’hypercholestérinémie et l’éten-
due ou l'ancienneté des lésions artérielles, les chiffres les plus
forts ont été constatés chez des sujets présentant des lésions bila-
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE CAO
térales, étendues aux fémorales, évoluant déjà depuis plusieurs.
années.
Chez aucun de ces malades, il n'existait d'antécédents syphi-
litiques, non plus qu'aucun stigmate de la maladie, et le réac-
tion de Bordet-Wassermann, recherchée dans 19 cas, s’est mon-
trée toujours négalive. Aucun d'eux n'était atteint de lithiase
biliaire ; 2 seulement présentaient un peu d'hypertrophie du
foie, mais sans ictère. Aucun ne pouvait être considéré comme
brightique : même chez ceux qui présentaient des traces d'aibu-
mine, il n'existait ni chlorurémie, ni azotémie. La majorité des.
malades (12) présentaient même une tension artérielle normale.
Parmi les 10 hypertendus, 4 seulement offraient des signes nets
d'athérome aortique. Aucun d’eux enfin n'était glycosurique.
Il est donc difficile de rattacher, chez ces malades, l’hypercho-
lestérinémie à une cause déterminée. Quoi qu'il en soit, la
coexistence de cette altération du sérum sanguin et de lésions
profondes et étendues des artères des membres inférieurs ne
peut être considéré comme un simple hasard, si l’on se rappelle
la richesse des plaques athéromateuses en cholestérine. Il n'est
donc pas illogique de croire que le trouble humoral et l’artérite
oblitérante procèdent d'une même cause, l’hypercholestériné-
mie ayant accentué et accéléré le développement des lésions ar-
térielles (1). Au point de vue thérapeutique aussi, ces constata-
tions peuvent présenter un certain intérêt.
Nous avons également recherché la cholestérinémie chez io:
diabétiques présentant, soit de l’artérite oblitérante (4 cas); soit
cette réduction de l’amplitude des oscillations données par le
Pachon au cou de pied, dont j'ai montré la fréquence (2) chez
les diabétiques à tendance artérioscléreuse (6 cas). Dans la pre-
mière série, la moyenne des chiffres obtenus a été de 2,29 gr.;
dans la deuxième, 2,46 gr. Ici encore, pas d’antécédents syphi-
litiques ; pas de signes nets d’imperméabilité rénale ; pas de
troubles hépatiques caractérisés. Chez 5 autres diabétiques ne
présentant aucun trouble de la perméabilité artérielle aux mem-
bres inférieurs, la cholestérinémie a été en moyenne de 2,09 gr.,
chiffre supérieur à la normale, et à peine inférieur à ceux obte-
nus chez les diabétiques dont les artères commençaient à s’al-
(:) Nous reviendrons sur ces différents points dans un mémoire ultérieur
qui contiendra les observations complètes de nos malades. Rappelons que Chaut-
fard, G. Laroche et Grigaut (Annales de Médecine, 1920, t. VIII, n° 3), disent
avoir toujours trouvé une cholestérinémie normale chez les athéromateux
aortiques ; mais ils ajoutent qu'il s'agissait de vieillards, et que l’hypercho-
lestérinémie a pu être chez eux un phénomène passager n'ayant pas survécu
à la phase de constitution des lésions.
(2) J. Heïtz. Fréquence des troubles de la perméabilité artérielle aux mem-
bres inférieurs chez les diabétiques. Bull. de la Soc. méd. des hôp., 13 mai 1921-
1026 Adi SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PA DIRE RP Pa Rem REP PE
térer. Chauffard, G. Laroche et Grigaut admettent que l'hyper-
cholestérinémie est fréquente chez les diabétiques gras, artério-
scléreux : peut-être faut-il voir là une cause de la fréquence avec
laquelle s’altèrent les artères des membres inférieurs chez ces
malades ? Mais les nombreux dosages de Bloor et de Zoslin ont
établi que l'hypercholestérinémie est la règle chez les diabéti-
ques et qu'elle est en rapport avec la gravité du diabète, en
sorte qu'il y aurait plutôt, chez les diabétiques, un rapport in-
verse entre le taux de la cholestérine dans le sang et la tendance
à faire des lésions artérielles.
En terminant, je tiens à remercier le P' Marcel Labbé qui ma
donné l’idée de cette étude et m'a ouvert à cet effet son sérvice ;
ainsi que F. Nepveux, qui a bien voulu m'initier à la technique
des dosages de cholestérine au laboratoire de la Charité.
SUR LE DOSAGE DE L'IODE DANS LES EXTRAITS THYROÏDIENS,
par René FABRE et HENRI PENAU.
De nombreuses techniques ont été proposées pour doser l'iode
du corps thyroïde. Les plus récentes, celles de Kendall et celle de
la Pharmacopée américaine, transforment, après destruction
convenable de la matière organique, l’iode en iodate, qui est
titré par la réaction bien connue : ’
5KI + IO°K + GCHSCOH = 61 + 6CHECO®K + 3H°0.
Bernier et Péron ont indiqué (x) une méthode très simple et très
élégante pour le dosage de petites quantités d’iode dans les liqui-
des de l'organisme. Elle est basée sur la dessiccation et la calci-
nation ménagée, en présence de potasse, suivie d’une oxydation
par le permanganate de potasse, qui transforme la totalité des
iodures en iodates, que l’on dose par la méthode habituelle.
Nous avons appliqué cette technique, dans le cas des extraits
thyroïdiens, en apportant quelques modifications permettant
d'avoir une destruction complète de la combinaison organique
iodée et d’obtenir des résultats très satisfaisants.
1,100 gr. d'extrait thyroïdien sont pesés dans un verre de
montre, puis introduits avec précaution dans un creuset de
nickel. Les dimensions optima de celui-ci sont : hauteur
60 mm.; diamètre intérieur : 45 mm.; diamètre supérieur :
60 mm. La poudre est délayée dans 4 c.c. d’alcool et le mélange
(GS R-dea Soc. debiol., SEX XE pro
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1027
est additionné de 5 c.c. d’une solution de potasse à 20 p. 100.
Après 3 ou 4 heures de contact et d’agitation au moyen d'une
spatule de nickel, pour homogénéiser par liquéfaction l'extrait
dans le mélange hydro-alcoolique, le creuset est placé sur le
bain-marie à froid, et l’on porte lentement à l’ébullition l’eau
de celui-ci pour éviter les pertes d’alcool par projection. Gette
ébullition est maintenue jusqu'à obtention, dans le creuset, d'un
vernis sirupeux. On calcine alors à la lampe à alcool avec pré-
caution au début, de façon que le boursoufflement ne soit pas
trop intense et qu’il ne dépasse pas le quart inférieur du creuset.
Quand le dégagement gazeux a cessé, l’incinération doit être
poussée plus énergiquement et la flamme de la lampe est réglée
de facon qu’elle entoure complètement le 1/3 inférieur du creu-
set. La durée de cette opération doit être de 30 minutes.
Après refroidissement, le résidu est repris par quelques c.c.
d'eau et les particules charbonneuses sont écrasées à l’aide d’un
agitateur. Le creuset est alors reporté au bain-marie bouillant
jusqu'à départ complet de l’eau, et le résidu est recalciné pen-
dant le même temps et dans les mêmes conditions que précé-
demment. |
On reprend le résidu refroidi par une solution bouillante de
NaCI à r p. 500, tandis que les particules charbonneuses sont
soigneusement divisées. La liqueur est filtrée en ayant soin d’en-
trainer le moins possible de charbon ; celui-ci est à nouveau
traité par la solution chlorurée bouillante, jusqu’à lavage com-
plet du creuset, du résidu charbonneux et obtention finale de
200 c.c. environ de filtrat. La liqueur ainsi obtenue, parfaite-
ment incolore et limpide, est additionnée de 10 c.c. de perman-
ganate de potasse à 2 p. roo et portée à l’ébullition, pendant ro
minutes, dans une fiole d’Erlenmeyer. Elle doit demeurer vio-
lette jusqu’à la fin de l'opération. À ce stade (transformation des.
iodures en iodates), l'excès de permanganate est détruit à l’ébul-
lition par addition de quelques c.c. d'alcool à 95. Après refroi-
dissement, le liquide est complété à 220 c.c. dans une fiole jau-
gée, puis filtré. ro c.c. d’acide acétique pur, puis 1 gr. de chlor-
hydrate d'ammoniaque sont ajoutés à 200 c.c. de liqueur lim-
pide qui est à nouveau portée à l’ébullition pendant ro minutes,
(destruction des nitrites). La solution refroidie et toujours lim-
pide est encore additionnée d'acide acétique (ro c.c.) et d'iodure
de potassium (1 gr.). Après 5 minutes de contact, le titrage de
l’iode libéré est effectué à l’aide d’une solution d’hyposulfite de
soude centinormale, préparée extemporanément à partir de la
solution décinormale correspondante. Le terme de la réaction
est marqué au moyen d'empois d’amidon à r p. 100, récent et
filtré. :
1028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Soit n le nombre de c.c. trouvés, la quantité d’iode est indi-
quée par la formule
n x 0,00127 = 100
6
Le taux d'humidité étant connu par une détermination préa-
lable, on ramène le chiffre trouvé au produit desséché à r105°.
Il convient d'opérer ce dosage avec des réactifs parfaitement
purs, ce dont on se sera, au préalable, assuré.
Les résultats que nous avons obtenus feront l’objet d’une nou- .
velle note, et nous nous réservons de communiquer ultérieure-
ment à la Société de biologie les observations que nous ferons
dans l'étude de divers cas pathologiques, et les variations de la
teneur en iode du corps thyroïde sous l'influence de divers fac-
teurs.
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Mope D’EmpLoi ET Doses.— La méthode doit être appliquée le plus
tôt possible dès que l’organisme est menacé par l’imprégnation bacil-
laire tuberculeuse. Elle exerce son activité dans la bacillose bactério-
logiquement confirmée. Ellene vise pas les périodes ultimes de l'infection.
1° POUR LES FORMES DE DÉBUT (mise en état de défense
du terrain contre l’imprégnation bacillaire) la dose quotidienne
suffisante et active de Cinnozyi est de 5 c.c. (une ampoule).
2 DANS LES FORMES EN ÉVOLUTION (tuberculoses bacté-
riologiquement confirmées) on doublera rapidement cette dose
pour la porter à 10 c.c., soit deux ampoules.
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Tom£ LXXXVIL 1922 a
COMPTES RENDUS
des Séances
DE LA
Société de Biologie
et de ses filiales :
les réunions de Bordeaux, Marseille, Nancy, Petrograd,
Lille, Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
Athènes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
danoïse, de Suède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
-PUBLIÉS LE VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
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Séance du 11 novembre 1922
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SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1922
Constitution d’une Commission pour le titulariat.
Présentations faites par le Conseil.
varietur, sans lectures douteuses ;
elles ne doivent pas dépasser l’étendue
réglementaire.
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À | Toutes les notes doivent être remises
sous forme de dactylographies, nel
Ces conditions sont formelles.
SIEGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ
. 7, rue de l'Ecole de Médecine.
M. A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que le
samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications et
lettres au Secrétaire général, à l’Institut Pasteur, Paris (15°).
Cotisations et Versements
Les cotisations et versements de toute nature peuvent être versés :
directement au compte du trésorier : D' J. Jorry, 56, av. de Breteuil,
Paris (7°), compte postal 44-58.
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TARIF DES TIRÉS A a
48 francs pour 50 exemplaires (4 pages).
21 — — 100 — (4 pages). à
Les demandes de tirés à part doivent être portées sur les dactylogra- ;
phies; les factures réglées directemen. à l'imprimerie. ne
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de leurs
notes, le jeudi à 10 neures, chez les imprimeurs, MM. Davy, 22 rue 4
Madame, Paris 6°. À
Pour la Publicité, s'adresser à la Société Mutuelle de Publicité,
14, rue Rougemont, Paris, 9° — Re Central 71-57
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 11 NOVEMBRE
- Vazris (J.): Pouvoir antigène
des Bacilles paratuberculeux dans
la réaction de fixation de la tu-
1922
SOMMAIRE
(A.-P.) : Nouvelles expériencessur
le rôle de l’adrénaline dans l’hy-
pertension produite en excitant
HÉROTNONE LEE ETS 1030 | le nerf splanchnique........... 1049
RES ; : : Howanrp (J.-W.) : Phagocytose,
Réunion biologique de Lisbonne. | Jyse et perte de l’acido-résistance
B ourr (A.) et Bonces du Bacille de Koch en présence
ÉETENS ne PERTE des leucocytes de Cheval immu-
(E.) : Le Planorbis metidyensis, ee on
hôte ue is PacezLa (G.) : Sur la curari-
QG OUT ia sation du Leptodactylus ocellatus. 1048
Confirmation expérimentale.... 1039 Sarmmet (0) Écran mien
Fonseca (H. DA): Influence de ere Dax 5 ed
quelques sels minéraux sur lac | Mon (hi): Hlecircdialyse
tion amylolytique de la pancréa- du sérum antidiphtérique de
DIE à d'tbse EP RREnRE 1033
Mezr.o (F. vx) : Sur la cytologie GHevalse RE eme 1041
d’un Eutrichomastix de l’intes- Nnerennen Qi) Déromee
a ec cre -olor Dsadin ment des membranes ovulaires,
Le Rose BIvth 36 | Sans ébauche embryonnaire, chez
(subspecies major Blyth)....... 1e des trijumeaux de Vache....... 1043
Réunioa biologique ” Réunion de la Société belge
de Buenos-Aires. de biologie.
BacaMmann (A.) et BARRERA (M. . BREMER (F.' : La strychnine et
pE LA): Vaccin antidiphtérique. 1044 | les phénomènes d’inhibition.... 1055
Bacamann (A.) et BicziErt(R.): ErrRront (J.): Sur l’absorption
D Varioleet vaccine :.:,...,....2 1047 | de la pepsine par les papiers à
BERGMANN (A.) : Les modifica- CRÉES Ro nn Aion PAUL 1058
tions de la pression artérielle, le EFrFroNtT (J.): Sur la teneur
pouls et la formule leucocytaire en azote de la pepsine..., .... 1059
pendant l'exercice musculaire Heymans (C.): Action de l’aré-
chez les sujets normaux ou car- coline sur les sinus-oreillettes ct
ES ee men eee ep .... 1046 | le ventricule du cœur de la Gre-
Houssay (B.-A.) et Marcont nouilles ss on Mann Hi TOO
BioLocte. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 6 70
1030 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Présidence de M. Ch. Richet.
Décès DE MM. Jozyer ET RÉNON.
Le PrÉésinenT. — J'ai le regret de signaler La mort de deux de
nos collècues, MM: Jolyet et on J'exprime à leur famille tous
les regrets que provoquent au sein de la Société ces deux décès.
Pouvoir ANTIGÈNE DES BACILLES PARATUBERCULEUX
DANS LA RÉACTION DE FIXATION DE LA TUBERCULOSE,
par J. Varms.
Boquet et Nègre (1), Urbain et Fried (2), Urbain (3), ont mon-
tré que les extraits méthyliques de différents Bacilles paratuber-
culeux et les émulsions de ces Bacilles cultivés dans le milieu
à l’œuf de Besredka se comportaient comme un antigène assez
actif avec un sérum de Cheval antituberculeux.
Nous avons recherché si les sérums des malades tuberculeux
se comportaient comme le sérum des animaux traités en pré-
sence de l’antigène paratuberculeux préparé comme l’antigène
méthylique de Nègre et Boquet, en faisant agir successivement
sur les corps microbiens (fléole) l’acétone et l'alcool méthylique.
L'extrait méthylique finalement obtenu a été employé à la dose
de 1 c.c. de la dilution au 1/20.
Nos réactions ont été effectuées suivant la technique de Cal-
mette et Massol avec des doses croissantes d’alexine au 1/15,
une dose fixe d’antigène (1 c.c. de la dilution au 1/20), et une
dose fixe de sérum, 0,2.
Nous avons cherché comparativement les anticorps tubercu-
leux de ces sérums avec l’antigène méthylique et l’antigène à
l'œuf de Besredka.
Sur {47 sérums de tuberculeux avérés, la réaction de fixation
a été positive 34 fois avec les Fnieees tubereuleux, soit
72,3 p. 100, et 0 fois avec l’antigène paratuberculeux, soit
53 p."ro0. Les réactions avec l'antigène paratuberculeux ont
LS
(1) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIIT, p. 960.
(2) Annales de l’Institut Pasteur, t. XXXV, p. 204.
(8) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, p. 308 et Annales de l’Institut Pas-
teur, t. XXXVI, p. 58. |
SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 1031
toujours été plus faibles (5 à 10 unités d'anticorps), qu'avec les
antigènes tuberculeux (5 à 4o unités d'anticorps).
Chez 24 malades, ne présentant aucune lésion de tuberculose,
la réaction de fixation a été positive 4 fois avec les antigènes tu-
berculeux, soit 16,6 p. r00. Deux seulement des sérums positifs,
ont dévié le complément avec l’antigène paratuberculeux, soit
une proportion de 8,2 p. 100.
Il résulte de ces faits que les extraits méthyliques de Baciiles
paratuberculeux (fléole) présentent vis-à-vis des sérums de tu-
berculeux un pouvoir antigène comparable, au point de vue
qualitatif à celui des antigènes tuberculeux, mais quantitative-
ment plus faible.
(Laboratoire du P° Calmelte à l’Institut Pasteur
et Service du P° Léon Bernard à l'hôpital Laënnec).
4?)
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE
BerrencourT (A.) et Bonces
[922
SOMMAIRE
tion amylolytique de la pancréa-
(1): Le Planorbis metidjensis, NOR ES onde oia e MORE E ca te pe 17
hôte intermédiaire du Schistoso- MEzLo (F. pe) : Sur la cytologie
ma h2:matobium au Portugal. d'un Eutrichomastix de l’intes-
Confirmation expérimentale.... 23 | tin de Calotes versicolor Daudin
Fonseca (H. Da) : Influence de (subspecies major Blyth)....... 20
quelques sels minéraux sur l’ac-
Présidence de M. A. Bettencourt.
INFLUENCE DE QUELQUES SELS MINÉRAUX
SUR L'ACTION AMYLOLYTIQUE DE LA PANCRÉATINE,
par H. Da Fonseca.
On sait depuis longtemps que, à côté des « co-ferments » qui
sont indispensables aux fermentations diastasiques, celles-ci
sont influencées par plusieurs agents soit physiques, soit chi-
miques. Et, selon leur action, on peut distinguer, avec Dastre,
des agents zymo-excitateurs, zymo-frénateurs et indifférents,
tout en faisant remarquer que ces divers corps n'’agissent pas
de la même facon sur toutes les diastases ; ainsi, une substance
peut arrêter une fermentation, tandis qu'elle sera adjuvante ou
indifférente vis-à-vis de l’autre. Cette question n'est pas encore
tout à fait éclaircie et il y a, entre les auteurs, des divergences
surtout notables quand il s’agit de l’influence des électrolytes.
C’est ce qui nous a conduit à rechercher l’action de plusieurs
sels minéraux sur la fermentation de la fécule de Pomme de
terre, par la pancréatine active.
Nous faisions toujours simultanément les deux expériences
suivantes. 1° Nous ajoutions un certain poids de pancréatine
1034 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (18}
x
active à une certaine quantité de fécule ; celle-ci a été toujours
employée sous la forme d’empois que nous préparions, pour
chaque expérience, en faisant bouillir pendant 10 minutes
5 gr. de fécule dans 50 c.c. d’eau distillée. L’empois de fécule
avec la pancréatine était maintenu dans une étuve chauffée à
ho° pendant une période rigoureusement fixée ; après cela, on
voyait approximativement le degré d’avancement de la diges-
tion, en faisant l’essai à l’iode ; on faisait le dosage rigoureux
du sucre réducteur du liquide où la fermentation avait eu lieu.
2° Nous répétions cette digestion en employant des quantités
égales, pendant le même espace de temps et à la même tempé-
rature, mais ajoutant à l’empois, avant la pancréatine, une cer-
taine quantité du sel minéral dont nous désirions étudier l’ac-
tion.
Parmi les différentes méthodes indiquées par les auteurs pour
le dosage du sucre réducteur, nous avons choisi celle de Fehling
modifiée par Causse-Bonnans, parce qu’elle nous a paru la plus
pratique, tout en conservant une grande rigueur.
Cette modification consiste, comme chacun sait, à empêcher
la précipitation de l’oxyde cuivreux en ajoutant à la liqueur de
Fehling une solution de ferrocyanure de potassium ; ; le liquide
où se trouve le sucre à doser est ajouté petit à petit à la liqueur,
maintenue en ébullition, et dont on voit la couleur virer lente-
ment au bleu clair, vert et jaune pâle ; ensuite, il y a un virage
au brun, dû à la transformation du 1e 00 mure en ferricya-
nure de potassium qui marque nettement la fin de la réaction.
Après avoir préparé notre liqueur, en faisant les deux solu-
tions habituelles À et B de la liqueur de Fehling et une troisième
solution C de ferrocyanure de potassium à 5 p. 100, nous avons
titré le mélange soigneusement au moyen d'une solution de glu-
cose pur à 1 p. 100, qu'on laissait tomber petit à petit d'une bu-
rette graduée sur la liqueur maïntenue en ébullition: Aussi bien
pour ce titrage que pour toutes nos expériences, nous avons
toujours employé 10 c.c. de la solution À, 10 c.c. de la solution
B et 5 c.c. de la solution C.
En répétant deux fois le titrage, nous avons obtenu les résul-
tats suivants : 4,1 c.c., 4,2 c.c. et 4,r c.c. La force de notre di-
queur était donc :
25 c.c. de la liqueur <> 4,1 c.c. de la solution de glucose à
1 D. +00.
25 c.c. de la liqueur <> 0,041 gr. de glucose pur.
Ceci fait, nous avons commencé nos expériences. Nous avons
tout d'abord effectué un certain nombre d'essais pour fixer la
technique et déterminer les quantités à employer, pour obtenir
des résultats précis. |
(19) SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1035
Les sels minéraux dont nous avons essayé l'influence furent
le chlorure de sodium, le chlorure de zinc, le sulfate de sodium,
le sulfate de zinc et le chlorure de calcium. Nous nous sommes
servi d’une fécule pure, à l'examen microscopique, et contenant
14,6 p. oo d’eau hygrométrique. Voici la technique qui nous a
paru la plus convenable : deux portions d’empois étaient mises
dans deux ballons de verre qui séjournaient dans l’étuve à 40°
jusqu’à l'équilibre de température; alors, à l’un des ballons, nous
ajoutions le sel à étudier, soit à l’état solide, soit en solution,
mais toujours en quantité bien calculée ; après un certain nom-
bre de minutes, nous versions, dans le même ballon, un poids
rigoureux de pancréatine. Dans le deuxième ballon, où allait
s’opérer la fermentation-témoin, nous ajoutions directement la
pancréatine si le sel avait été utilisé à l’état solide ; dans le cas
où celui-ci avait été employé en solution, nous ajou-
tions un volume d’eau distillée égal au volume de solution saline
additionnée. Pendant la digestion, nous préparions la liqueur
et la faisions chauffer jusqu'à l’ébullition.
Une fois le temps de digestion terminé, chaque ballon était
refroidi rapidement sous un courant d’eau froide, et son contenu
introduit dans une burette graduée ; pour l'essai à l’eau iodée,
on fait tomber, sur la liqueur en ébullition, une prise de 1 c.c.
En mesurant les volumes des liquides de digestion employés
pour obtenir la réduction totale de la liqueur de Causse-Bon-
nans, et ayant préalablement mesuré le volume total du liquide
à la fin de la fermentation, nous sommes arrivé aux conclusions
suivantes
a) Le chlorure de sodium et le chlorure de calcium exercent
sur la fermentation de la fécule de Pomme de terre par la pan-
créatine, une action zymo-excitatrice bien évidente.
_b) Le chlorure et le sulfate de zinc se sont montrés zymo-
frénateurs.
c) Le sulfate de sodium est un agent à peu près indifférent.
(Institut de physiologie, Faculté de médecine de Lisbonne).
1036 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (20)
SUR LA CYTOLOGIE D'UN Eutrichomaslix DE L'INTESTIN
5e Calotes versicolor Daupin (subspecies major BLYTH),
par FrRoiLaxo pe MELLo.
La présente communication a trait à la structure des formes.
actives d’un Eutrichomastix parasite de Calotes versicolor. Le
contenu intestinal du Lézard a été examiné en goutte pendante,
en solution physiologique ou après addition de Lugol, de Van
Gieson et de colorants vitaux : cette méthode ne permet de
voir que le noyau, l’axostyle et les flagelles. Les préparations
obtenues après fixation humide par l’hématoxyline au fer de
Heidenhain laissent voir les détails de sa structure, difficile à
étudier, à cause de l'aire très limitée dans laquelle se trouvent
les organelles que nous allons décrire. La désignation Eutriche-
mastix est ici employée parce que Kofoid et Olive Swezy ont
montré que l'expression Trichomastix, Blochmann 1884, était
préoccupée par un Hyménoptère et la nomenclature que nous
avons suivie est empruntée à leur mémoire sur la structure du
Chilomastix mesnili. ;
Le parasite est piriforme, entouré d'un périplaste, l'extrémité
antérieure est arrondie, la postérieure plus mince, angulaire,
devenant pointue à cause de ja terminaison de l’axostyle qui en
sort comme une queue effilée, excédant d'un quart environ la
longueur totale. Le cytoplasme est alvéolaire, limité à deux
étroites zones latérales, la zone moyenne est occupée par l’axostyle
et par la formation paraxostylaire à bords fortement sidérophi-
les ; noyau caryosomique, sous-marginal, possédant un centriole
entouré d’un mince halo. Sur le bord droit, à côté des flagelles
antérieurs, une fente ovalaire, occupant un tiers ou mème plus
du rebord, le cytostome. Quatre flagelles s’insérant sur quatre
-granules basaux disposés de la façon suivante : deux gros gra-
nules basaux (primaires) unis entre eux par une fibrille trans-
versale (rhizoplaste transverse) dont l’un donne le flagelle récur-
rent et l’autre un des flagelles antérieurs. Celui-là est uni au
“centriole par un rhizoplaste propremient dit ou rhizoplaste nu-
cléaire, l’autre donne par son côté inférieur l’axostyle qui, à
peine visible à ce niveau, devient bien accusé à partir de la face
inférieure du noyau et traverse le corps en présentant une direc-
tion légèrement courbe. Deux autres granules basaux (secon-
daire et tertiaire) souvent très rapprochés l’un de l’autre, de fa-
çon à se confondre dans une masse unique, sont attachés entre
eux et au granule primaire respectif par des fibrilles, faisant
dans l’ensemble une sorte de triangle, mais’ souvent disposés sur
ES
dl
(21) SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1037
une ligne, à la file l’un de l’autre. Du granule secondaire part
une fibrille qui limite le pourtour du cytostome dans la plus
grande partie de son étendue (fibrille péristomiale).
L’axostyle est entouré d’une gaîne paraxostylaire qui a la cons-
titution suivante : à côté du noyau, deux granules para-basaux,
_ souvent cachés derrière deux larges masses arrondies, sidéro-
philes, et si pressées contre le noyau que l’on serait tenté de les
croire des masses de chromatine nucléaire. Les granules para-
basaux sont unis par une forte fibrille transverse (fibrille para-
basale) et donnent naissance à deux faisceaux sidérophiles qui
-
descendent jusqu'au pôle inférieur, et se rencontrent l’un avec
l’autre, formant un cône à vertex inférieur, chargé aussi de ma-
tière sidérophile qui ne prend pas cependant une forme définie.
Quelquefois, les deux faisceaux s'arrêtent à mi-chemin dans le
quart inférieur du protozoaire et se terminent dans deux masses
sidérophiles, ovalaires, que nous appellerons postérieures, tan-
dis que celles qui sont situées auprès des granules parabasaux
devraient être nommées antérieures.
La division du flagellé offre deux phases intéréssantes : la
division commence par l'appareil baso-flagellaire. Le granule
primaire antérieur se divise le premier et les deux granules-fils
sont unis par une longue baso-desmose oblique ; le granule pri-
maire du flagelle récurrent se divise ensuite, et les granules qui
en résultent sont unis entre eux par une petite baso-desmose
transverse et au centriole nucléaire par un nouveau rhizoplaste.
Le nouveau granule secondaire provient du primaire néoformé ;
nous n'avons pu voir si le tertiaire venait directement du pri-
maire ou d’une division ultérieure du secondaire. Un nouveau
1038 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (2)
rhizoplaste transverse se forme mais nous ne saurions dire du-
quel des deux granules primaires néoformés. Le nouvel axostyle
et l'appareil flagellaire proviennent des granules respectifs, et
tandis que les anciennes organelles restent dans un des proto-
zoaires fils, l'appareil de néoformation appartient à l’autre. La
division nucléaire est une mitose qui passe par les stades sui-
vants : dédoublement du centriole et formation de centro-des-
mose, prophase avec anses chromatiques incomptables, fuseau
et plaque équatoriale, dédoublement de la plaque équatoriale et
marche des chromosomes vers les pôles, télophase, étranglement
au milieu du faisceau d'union des noyaux télophasiques, divi-
sion de la membrane nucléaire. Le noyau prend d’abord une
direction oblique et plus tard transversale, quelquefois à l’état
de prophase.
Nous n'avons pu suivre l’évolution de la gaïîne paraxostylaire
et des masses sidérophiles. Nous les avons vues à l’état normal
jusque pendant les premiers stades de télophase ; soudainement,
lorsque la division du cytoplasme commence, on les voit reje-
tées à la périphérie, la fibrille parabasale disparaît, et on assiste.
à la formation de nouveaux appareils un peu rudimentaires. De
nouvelles études sont nécessaires pour éclaircir ce point.
Dimensions du parasite : du pôle antérieur au pôle postérieur
6 à ro w ; du granule basal à la pointe libre de l’axostyle, 8 à 16 u;
largeur maxima, 4 à 6 nu; distance maxima entre la membrane
nucléaire et la ligne des granules basaux, 1,5 u ; distance maxi-
ma entre les deux granules primaires, 2,5 u ; flagelles antérieurs,
17 à 22 n chaque ; flagelle récurrent, 1 1/3 à 1 1/4 u, plus long
que les antérieurs ; noyau 3,5 sur 2 nu (ovalaire), 1,5 à 2,5 u de
diamètre (circulaire).
(Laboratoire de bactériologie, Ecole de médecine de Nova-Goa,
Inde portugaise). |
(23) SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1039
Le Planorbis metidjensis, HÔTE INTERMÉDIAIRE
DU Schistosoma hæmatobium AU PoRTUGAL.
CONFIRMATION EXPÉRIMENTALE,
par À. Berrencourr el Ï. BorcGes.
Dans une communication présentée à la Réunion biologique
de Lisbonne, en collaboration avec À. de Seabra, nous écrivions:
Nous sommes donc convaincus que c’est en effet le Planor-
bis corneus var. metidjensis (Forbes) l’hôte intermédiaire du
Schistosoma hæmatobium au Portugal. Nous rendrons compte
plus tard des expériences en cours ayant pour but d'infester les
animaux de laboratoire au moyen des cercaires sorties des Pla-
norbes, recueillies sur place ». |
C’est le résultat de quelques-unes de ces expériences que nous
allons rapporter dans la présente note.
Après plusieurs tentatives d'infestation, qui n'ont pas réussi,
sans doute à cause du petit nombre de cercaires dont on dispo-
sait, nous avons commencé une nouvelle série d'expériences sur
des Souris et des Cobayes. Les animaux, rasés sur une grande
partie de l’abdomen, étaient mis dans des vases de terre cylin-
driques, contenant de l’eau avec beaucoup de cercaires, provenant
toujours de plusieurs exemplaires de Planorbis metidjensis. La
forme des récipients obligeait les animaux à se tenir debout ;
ils plongeaient dans l’eau jusqu'au cou, offrant ainsi aux cer-
caires une grande surface de pénétration.
Les animaux furent soumis à l’infestation pendant plusieurs
jours suivis ou alternés, et chaque fois ils demeuraient dans l’eau
ho à bo minutes. 3 Souris sont mortes parmi celles qui ont subi
ce traitement. La première avait été exposée à l’infestation pendant
7 séances, du 25 au 18 mai et mourut le 2 août. La seconde et
la troisième furent infestées en 4 séances et moururent
respectivement le 16 et le 25 août. Les Cobayes, ainsi que quel-
ques Souris, sont encore vivants.
À émis de ces 3 Souris, nous avons trouvé, dans la veine
porte et ses ramifications, des Schistosomes séries. déjà accou-
plés. Des frottis du foie révèlent l'existence de nombreux œufs
typiques et de quelques parasites.
Les Schistosomes présentent les caractères morphologiques et
les dimensions attribués au Schistosoma hæmatobium : mâle et
femelle de taille normale, présentant la disposition caractéris-
tique de l'intestin. Les testicules sont typiques quant au nombre
et à la localisation, l’utérus allongé contient environ deux dou-
zaines d'œufs à éperon terminal, toujours dirigé en arrière.
1040 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE - Nos
L'expérimentation sur les animaux confirme donc entière-
ment que le Planorbis metidjensis est, ainsi que nous l'avons
toujours pensé, l'hôte intermédiaire du Schistosoma hæmato-
bium à Tavira.
Ce travail paraîtra avec les figures dans les Archives de l’Ins-
titut Camara Pestana, tome V.
(Mission de l’Institut Camara Pestana
pour l'étude de la bilharziose dans l’Algarve).
(47) 104F
RÉUNION
BIOLOGIQUE DE BUENOS-ATRES
SÉ2NCE DÙU°8 SEPTEMBRE 1929
SOMMAIRE
BaAcHMann (A.) et BARRERA Howarp (J. W.): Phagocytose,
(M. pe La) : Vaccin antidiphté- lyse et perte de l’acido-résistance
PADUOE T0 VOST RME RS 5o | du Bacille de Koch en présence
Bacamanx (A.) et Biciert (R.) : | des leucocytes de Cheval immu-
NAMOleeHMaecEne Lee ni DORA MIS ES ee elaete dite or rate 60
BERGMANN (À.): Les modifica- PaceLLa (G.): Sur la curarisa-
tions de la pression artérielle, le tion du Leptodactylus ocellatus. 54
pouls et la formule leucocytaire SORDELLI (A.) : Sérum antigan-
pendant l'exercice musculaire ERÉTENUNo de oa Léo 0 ie ride Ci COR 58
chez les sujets normaux ou car- WERnioKE (R.): Electrodialyse
RATES METRE 52 | du sérum antidiphtérique de
Houssay (B.-A.) et Marconi CHE VAI APRES LONRRE No er 47
(A.-P.) : Nouvelles expériencessur \\ipaxowicx (V.): Développe-
le rôle de l’adrénaline dans l’hy- ment des membranes ovulaires,
pertension produite en excitant sans ébauche embryonnaire ; chez
le nerf splanchnique........ . : 55 | des trijumeaux üe Vache....... 49.
Présidence de M. B. A. Houssay.
ÉLECTRODIALYSE DU SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE DE CHEVAL,
par R. WERNICKE.
En pratiquant l’électrodialyse du sérum antidiphtérique de
Cheval, en vue d'obtenir une séparation économique, rapide et
sûre de ses protéines, nous avons pu faire des observations inté-
ressantes.
L'électrodialyse présente de grands avantages sur la dialyse
commune, car elle permet d'accélérer énormément la Sp
des sels, sans dilution du sérum.
Le sérum était introduit dans une cellule ne De dont
les deux parois les plus larges étaient constituées par du collo-
dion. Sur chacune de celles-ci on appliquait un récipient dans
lequel circulait de l’eau distillée, qui contenait: un électrode sub-
mergé inattaquable. L’épaisseur de la couche de sérum ne dé-
1042 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (48)
passait pas 15 mm. Les électrodes étaient appliqués à quelques
centimètres de la membrane et on établissait entre eux une dif-
férence de potentiel de 220 volts.
L’électrodialyse enlevait les sels beaucoup plus vite que la
dialyse et plus parfaitement. L'électrodialyse est d'autant plus
efficace que le liquide contient moins de sels, c'est le contraire
de ce que l’on observe dans la dialyse.
En électrodialysant le sérum de Cheval, on observe qu'en
quelques minutes il devient acide au tournesol ; si on le neu-
tralise il redevient vite acide. La réaction acide du sérum élec-
trodialysé est vraisemblablement déterminée par les globulines.
L'électrodialyse produit une abondante précipitation en flo-
cons jaunâtres, diaphanes, incomplètement solubles dans les
solutions de CINa, mais parfaitement solubles en présence de
petites quantités d’alcalis. Dans quelques cas, les précipités
étaient complètement solubles dans la solution saline. Nous igno-
rons la cause de ces différences.
Quelquefois, il se produit, sur la membrane qui est du côté
de la cathode, un précipité membraneux transparent, de faible
épaisseur, qui se sépare facilement en lames.
Nous avons étudié la distribution des protéines du précipité
et du liquide surnageant, et nous avons comparé la a
du sérum avant et après l’électrodialyse.
Les protéines furent précipitées et lavées par du sulfate d’ammo-
niaque à 33 p. 100 et 5o p. 100. Les précipités redissous des euglo-
bulines et des pseudoglobulines ainsi que les albumines dis-
soutes furent précipités par le réactif d’Esbach dans des tubes
gradués, qu'on centrifugea. La méthode, quoique n'étant pas
rigoureusement exacte, donne des résultats comparables, ainsi
que nous avons pu le vérifier. Pour cette raison, nous avons tou-
jours comparé, en même temps, le sérum primitif avec l’élec-
trodialyse. Le précipité était constitué par des globulines et ne
renfermait que très peu d'albumine ou même n’en montrait pas,
mais il contenait plus d’euglobulines que le liquide surnageant,
La précipitation des globulines n’est pas quantitative. Elle l’est
plus pour les euglobulines. Tous ces faits concordent avec ce que
nous savons sur la solubilité des protéines des sérums.
Nous avons trouvé un fait remarquable : le sérum électrodia-
lysé contenait, sans variation de la quantité totale de protéine,
plus de globuline et moins d’albumine que le sérum non élec-
trodialysé. C'est-à-dire que l’électrodialyse modifia les séro-albu-
mines en leur donnant des caractères de globulines (en ce qui a
trait à la précipitation par le sulfate d’anmonium). Dans le
sérum électrodialysé, il y avait augmentation simultanée des
cuglobulines et des pseudoglobulines. |
»
(49) SÉANCE DU S SEPTEMBRE 1043
S'agit-il d'une transformation d'albumines en globulines ?
Moll dit qu'il a pu obtenir cette transformation, par chauffage
à 56° pendant une demi-heure, en solution faiblement alcaline.
Nous n'avons pas vérifié ces résultats que d’autres chercheurs
n'ont pas pu confirmer.
La solubilité des globulines diminue dans les solutions salines.
Quels changements ont donc éprouvé les protéines ? Il est diffi-
cile d'admettre leur transformation en alcali-albuminates, car
l'électrodialyse est acide. On peut supposer qu'il y a mise en
liberté d’anions globulines, insolubles, lesquels peuvent être
redissous par les alcalis en formant des globulines-sels solubles.
Des problèmes très intéressants se posent ainsi dont l'étude
Jettera peut-être quelque lumière sur la nature, peu connue, des
protéines des sérums.
L'électrodialyse n'altère pas sensiblement le pouvoir antitoxi-
que du sérum, mais ne sépare pas bien ses parties actives et
inactives. La portion la plus active est, comme d'habitude, celle
qui est plus riche en pseudo-globulines.
(Institut bactériologique du département national d'hygiène).
DÉVELOPPEMENT DES MEMBRANES OVULAIRES,
SANS ÉBAUCHE EMBRYONNAIRE, CHEZ DES TRIJUMEAUX DE VACHE,
par V. Wipakowicx.
Les jeunes blastules de Vache, de 0,2 à 0,4 mm. de diamètre,
ont l’aspect de vésicules sphériques ou ovoïdes, à paroi flacide.
Sur un point de la surface on trouve une proéminence bien déli-
mitée : le nodule embryonnaire. | -
Pendant son évolution ultérieure, la blastule se développe seu-
lement en longueur et prend la forme d’un tube (tube ovulaire)
à extrémités un peu élargies et à surface plus ou moins rugueuse.
Ce tube atteint une longueur considérable avant d’entrer en re-
lation intime avec la muqueuse utérine. Pendant ce temps, le
nodule embryonnaire se développe et constitue l’écusson em-
bryonnaire dans lequel apparaîtra la ligne primitive, le prolon-
gement céphalique, etc.
Dans une corne utérine d’une Vache dont l'ovaire présentait
un seulécorps jaune, nous avons trouvé 3 tubes ovulaires de lon-
gueur différente (2 cm., 3,8 cm. et 6,8 cem.). Cette trouvaille
nous surprit, Car sur plusieurs milliers de grossesses de Vaches
nous n'avons jamais trouvé des trijumeaux et seulement deux
fois des bijumeaux.
1044 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (20)
. Un examen plus attentif des 3 germes, qui paraissaient ma-
croscopiquement normaux, nous montra qu'aucun d'eux n'était
pourvu du nodule embryonnaire. D’après la longueur des tubes,
on aurait dû trouver ces nodules sous forme de proéminences
de 0,3 à 0,5 mm. de diamètre, c’est-à-dire des formations par-
faitement visibles à la loupe. Ces formations embryonnaires ne
contenaient donc que le trophoblaste et il manquait l’ébauche
de l'embryon. Pour l'interprétation de ce fait surprenant, on
pourrait recourir à l'hypothèse de Hubrecht, d’après laquelle un
des deux premiers blastomères contiendrait l’ébauche du tropho-
blaste, tandis que l’autre formerait le nodule embryonnaire. Par
suppression de cette dernière cellule dans les trois germes, il ne
se serait formé que le trophoblaste. Resterait à expliquer pour-
quoi il manquerait une de ces deux cellules.
On s’expliquerait le fait que des ovules humains peuvent ne
pas contenir d’embryon. Il ne serait pas indispensable que tou-
jours l’embryon eût été formé puis réabsorbé. Il se pourrait que,
dans ces cas, l’ébauche seule du trophoblaste ait existé.
VACCIN ANTIDIPHTÉRIQUE,
par À. Bacamanx et M. DE LA BARRERA.
Behring proposa la vaccination antidiphtérique comme un
moyen prophylactique. capable de faire disparaître la maladie ;
son idée a fait beaucoup de chemin et 3 méthodes ont été propo-
sées, entre lesquelles l’expérience ne s’est pas encore décidée.
Avec ces 3 procédés, on s'efforce d'obtenir une immunisation
antitoxique active, conférant au sang o,o1 d'unité antitoxique
par c.c. La première méthode consiste à injecter des mélanges
toxine-antitoxine légèrement toxiques (Behring, les Américains
Park, Zingher, Heinemann et les Anglais, etc.). La seconde mé-
thode utilise des mélanges neutres (Lœwenstein, Opitz, Kaso-
witz, Renault et Levy, Busson). La troisième, moins suivie, em-
ploie la toxine pure (Opitz). Dans notre pays, Elizade et Sordelli
ont pratiqué des vaccinations avec un mélange type Zingher.
Nous avons abordé ce problème prophylactique si important.
Nous avons préféré les mélanges légèrement toxiques, qui ont
donné de bons résultats aux Allemands, aux nord-Américains et
aux Anglais sur des dizaines de milliers d'enfants. Behring et
ses collaborateurs soutiennent que la voie intradermique est
avantageuse et qu'il convient de préparer des mélanges permet-
tant d’éprouver la sensibilité du sujet avant de le vacciner.
Nous avons préparé des mélanges semblables. à ceux que délivre
(61) SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1045
a ——————————
(suivant une méthode gardée secrète) la maison Behring-Werke.
Nous avons employé un mélange fixe, contenant 3 Lo par c.c.
(Lo = 0,19) auquel on ajouta suffisamment de toxine pour que
o,1 c.c. contint une dose nécrosante limite (Ln). Nous avons
préféré Lo à L+ car, avec la première dose, il était plus facile
de préparer iles mélanges réunissant les propriétés voulues.
Nous avons mis, dans plusieurs tubes, le mélange Lo, puis,
nous avons ajouté des doses croissantes de toxine (à partir de
0,01 c.c.), laissées en contact pour que la combinaison se pro-
duise ; puis, on déterminait le titre, par voie intradermique chez
le Cobaye.
Dans notre mélange, cette limite s'obtenait avec 0,22
(L+ = 0,25). Le type, qui provoquait la nécrose recherchée, fut
employé ultérieurement. Nous considérons cette mesure comme
étant plus sensible que celle usitée dans l’Amérique du Nord, qui
exige que 1 c.c. ne tue pas et ne provoque qu'une légère indu-
ration locale, tandis que 5 c.c. développent des paralysies tar-
dives (pas avant ro jours) et des morts non aiguës (avant 35
jours). Ces limites nous semblent trop larges et peu précises.
Dans notre mélange, Ln est égal à 0,0136, donc, plus grand
que la dose de nécrose minima (0,00002). Cette différence, que
nous appelons d, paraît garder certaine relation avec le pouvoir
immunisant du mélange. À la dose utilisée chez l'Homme, le
mélange ainsi préparé ne produit pas de paralysie chez le Co-
baye et la dose mortelle est à peu près 4 fois la dose maxima
humaine. Son pouvoir immunisant est assez intense ; ainsi, sur
des Chevaux, on obtint jusqu'à ro unités antitoxiques par c.c.,
avec une augmentation atteignant 5o fois le pouvoir initial du
sérum. En ce qui concerne le Cobayÿe, nous l’avons sensibilisé
par une première injection, puis, 8 semaines après, avec une se-
conde. Nous avons obtenu de bons résultats, car la valeur anti-
toxique du sérum atteignait 20 fois la valeur observée après la
première injection, chez des Cobayes dépourvus d’antitoxine
normale. * |
Pour l'emploi chez l’'Homme, nous avons suivi la technique
adoptée pour la T A VII de Behrings-Werke, car notre mélange
a, pour le Cobaye, le même pouvoir nécrosant local et les mêmes
propriétés de toxicité générale.
_ Nos mélanges sont titrés fréquemment pour déceler les modi-
fications possibles de toxicité ou de pouvoir nécrosant.
(Institut bactériologique du département national d'hygiène).
BioLociE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. LB
1046 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (2)
EEE
LES MODIFICATIONS DE LA PRESSION ARTÉRIELLE, LE POULS
ET LA FORMULE LEUGOCYTAIRE PENDANT L'’EXERCICE MUSCULAIRE
CHEZ LES SUJETS NORMAUX OU CARDIAQUES,
par À. BERGMAN.
Nous avons fait des observations chez des sujets à jeun et au
repos au lit depuis une demi-heure. Ils ont pratiqué l'élévation
alternative des deux membres inférieurs à 30 cm., 45 fois par
minute pendant 2-4 minutes. F:
On détermina la pression au Pachon ; on compta le pouls et
on recueillit une goutte de sang à la pulpe digitale. Ces déter-
minations furent faites avant, pendant et après l'exercice.
Chez les sujets à cœur Fo on observa les faits suivants :
diminution initiale de la pression maxima suivie d'une augmen-
tation ; 30 minutes plus tard elle était au-dessous de la hauteur
eue La pression minima augmenta pendant le travail et des-
cendit pendant le repos. Le pouls augmenta (pas plus de ro pul-
sations par minute), Peu de variation ou faible diminution (400)
des leucocytes, puis hyperleucocytose pendant le repos.
Chez les cardiaques graves en hyposystolie, on observa une
élévation de la pression maxima qui diminua pendant le repos ;
la minima tomba pendant le repos. Le pouls s’accéléra pendant
l'exercice (jusqu'à 100 p. 100 dans un cas), en moyenne de 20
pulsations par minute ; pendant le repos, le pouls revint au chif-
Îre normal. L'exercice produisit une diminution leucocytaire (à
peu près de 1.000) qui s’accentua pendant la demi-heure sui-
vante ; on n'observa pas l’hyperleucocytose habituelle. La leu-
copénie affecta les polynucléaires dont le nombre diminua,
tandis qu'au contraire les lymphocytes augmentèrent. Ces va-
riations leucocytaires sont d'autant plus marquées que l’insuffi-
sance cardiaque est plus nette.
Chez ces mêmes cardiaques, on obtint, après digitalisation, des.
modifications semblables mais moins intenses. Le chiffre de:
leucocytes remontait, en général, à la normale dans la demi-
heure suivante, mais sans qu'on observât l’hyperleucocytose des
sujets à cœur nor riais
Chez des tuberculeux à pneumothorax unilatéral, on observa
que la pression artérielle maxima augmenta Dropornionnelle.
ment au travail, puis diminua pendant le repos. La minima ne
varia pas uniformément. Le pouls s’éleva beaucoup (par exemple
de 8o avant, à 102 en 4 minutes, à rro en 6 minutes),
moyenne de 30 pulsations par minute, avec descente en 30 mi-
nutes, sans arriver au chiffre normal. On observa une leuco-
(53) SÉANGE DU $ SEPTEMERE 1047
pénie nette après l'exercice, qui s’atténuait, ou même disparais-
sait, en 30 minutes. Les poylnucléaires fléchissaient pendant
l'hypotension, les lymphocytes variaient en sens inverse.
VARIOLE ET VACCINE,
par À. BAcamanx et R. BicLrenr.
On a soutenu souvent que la vaccination ne préserve pas les
animaux contre la variolisation. Wurtz et Huen ont défendu
cette opinion, conséquence de leurs observations sur des Singes
et des Veaux, d’ailleurs réfutées par Gauducheau et Beclère.
Dans l'espèce humaine, Moravetz a observé un infirmier qui,
après la variole, résista à la vaccination et fut réceptif à la vario-
lisation (qui resta localisée). Il observa des nourrissons résistants
à la vaccination et qui contractèrent la variole. Ces faits tendent
à démontrer que l’immunisation par un des deux virus n’amène
pas toujours une protection absolue pour l'autre. C'est aussi ce
que nous ont démontré nos expériences sur.le Lapin.
Avec ,un virus de variole (Cordoba), nous avons pu infecter
facilement des Lapins, par voie cérébrale et testiculaire, tandis
que l'infection cutanée donna des résultats médiocres dans les
premiers passages.
Les Lapins inoculés dans le cerveau avec le virus variolique
ne meurent pas toujours. Chez 6 de ces animaux survivants,
après 3-6 mois, on pratiqua l'inoculation cutanée du virus vac-
cinal (Milan), qui fut positive, avec apparition de 2 à 8 pustules,
tandis que chez les témoins il se produisait une éruption plus in-
tense et un plastron. Par contre, les Lapins survivant à l’inocu-
lation cérébrale de vaccine (Milan), furent réfractaires à l’ino-
culation cutanée du mème virus. |
D'autre part, les Lapins qui survécurent à l'inoculation testi-
culaire de variole eurent quelques pustules typiques après une
inoculation vaccinale à la peau, tandis qu'un Lapin injecté (tes-
_ticule) préalablement ayec succès, avec de la vaceine, ne se réin-
fecta pas quand celle-ci fut inoculée sous la peau.
_ D'autres résultats furent encore plus intéressants. Les Lapins
_variolisés avec succès par voie cutanée, purent contracter, 4o et
ro jours plus tard, l'infection vaccinale, tandis que d'autres,
vaccinés 45 jours avant, ne contractèrent pas une seconde fois
Ja vaccine. L'état
Des résultats identiques furent obtenus par inoculation cor-
néenne. Des Lapins ayant subi une inoculation variolique posi-
1018 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (54)
tive, furent réinoculés avec succès 2 mois plus tard sur la même
cornée avec du virus vaccinal.
On voit donc bien que le virus variolique (Cordoba), introduit
par une voie quelconque, ne protège pas contre le virus vacci-
nal. Ces faits démontrent done que les deux virus ne sont pas
identiques, car le premier n'immunise que partiellement contre
le second.
(Institut bactériologique du département national d'hygiène).
SUR LA CURARISATION DE Leplodactylus ocellatus,
par G. PAGELLA (x).
L. et M. Lapicque (2) ont ajouté quelques observations nou-
velles aux faits nombreux et très précis que nous possédons sur
la curarisation de Leptodactylus ocellatus. Ils ont pu curariser
cette Grenouille après Aluralde, Señorans, Houssay et Hug,
Guglielmetti et Pacella, Chagas Leite, Leite et Souza, Cervera,
Ed: EUCE ; ,
Chronazxie. L. et M. Lapicque ont trouvé (3) pour 3 L. ocellatus
une chronaxie de 0,27-0,22-0,45. Ces chiffres coïncident avec
ceux de Guglielmetti et Pacella qui (sur plusieurs centaines d'ob-
servations) ont trouvé des valeurs comprises entre 0,15 et 0,40,
avec 0,28 comme moyenne (entre 15° et 18°). Comparativement
Rana esculenta a donné à L. et M. Lapicque des valeurs de 0,042-
0,048-0,078-0,099.
Sensibilité comparative. M. et L. eine" trouvent qu'à poids
égal d’animal il faut, environ, 4 fois plus de curare pour cura-
riser L. ocellatus que pour R. esculenta. La dose de L. ocellatus
serait sensiblement la même que pour Bufo vulgaris. Mais ces
auteurs ne mentionnent pas les déterminations de Cervera et
Guglielmetti faites sur un grand nombre d'animaux. Ces au-
teurs trouvent qu'il faut une dose 15 à 2b fois plus grande pour
curariser L. ocellatus que pour R. esculenta. On pourrait croire
que les différences n'étaient pas les mêmes avec les curares de
ces auteurs. Mais le nombre beaucoup plus grand de détermina-
lions faites par Guglielmetti et Cervera rend plus exacts leurs
résultats (Lapicque n’a expérimenté qu'avec 3 L. ocellatus).
Chronaxie et curarisation. Houssay et Hug, Guglielmetti et
(1) Nos recherches ont été faites avec feu Guglielmetti, que nous venons
d’avoir la doulcur de perdre le 28 juillet.
(2 ) C. R, de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVII, p. 42r.
(3) Tous les chiffres qui Do sont en millièmes de secondes.
(5) SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1049
Cervera ont observé qu'il faut, à peu près, 10 fois plus de curare
pour curariser L.ocellalus que pour Bufo marinus. Selon la loi
générale de Lapicque, Bufo marinus devrait avoir une chronaxie
plus petite que L. ocellatus. Tel n’est pas le cas, car la chronaxie
de ce Crapaud oscille entre 0,20 et 0,50, en moyenne, 0,36.
Hétérochronisme. Guglielmetti et Pacella (1) ont étudié la
chronaxie pendant la curarisation de plusieurs dizaines de L.
ocellatus et Bufo marinus. La curarisation a été obtenue pour
L. ocellaius 39 fois au moment où la chronaxie a doublé, 6r fois
après avoir atteint une valeur plus haute, mais 18 fois la cura-
risation se produisit avant que la chronaxie ne doublât. Nous
avons donc observé la curarisation sans hétérochronisme. Nous
avons vu, comme Lapicque, que la chronaxie nerveuse ne va-
riait pas.
Nous avons d’ailleurs observé que la chronaxie n’augmente
pas indéfiniment comme le décrit Lapicque. À un moment
donné, pour énorme que soit la dose de curare (même par voie
veineuse ou perfusion) la chronaxie se stabilise et n’augmente
plus. |
Ces faits, et d’autres, nous portent à considérer comme plus
explicite l'hypothèse de Lucas sur la curarisation. La chronaxie
augmenterait pendant que les substances & (qui sont affectées
par le curare) et y perdent leur action sur le muscle, mais l’ex-
citabilité fondamentale du muscie (4) n’augmenterait pas.
NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR LE RÔLE DE L'ADRÉNALINE
DANS L'HYPERTENSION PRODUITE EN EXCITANT LE NERF SPLANCHNIQUE,
par B.-A. Houssay et A.-P. Marconr.
Il a été bien démontré que, quand on excite le grand splanch-
nique, il se produit une décharge d’adrénaline des cap-
sules surrénales, qui passe dans le sang et produit l’accélération
du cœur dénervé (v. Anrep, 1912), la dilatation de la pupille dé-
nervée (Elliot r9r2, Stewart, Rogoff et Gibson :916), la cons-
triction de rein dénervé (v. Anrep, 1912) ou d'une patte posté-
rieure dénervée (Lehndorff, v. Anrep, 1912 ; Pearlmann et Vin-
cent, 1919 ; Houssay, 1919).
Houssay démontra, en 1919, que l'élévation de la pression
artérielle, qu’on observe en excitant le nerf splanchnique, est
la somme de la vasoconstriction directe (facteur principal) et de
la constriction produite par l’adrénaline (facteur complémen-
(x) Prensa medica arg., 1927, t. VII,n% 24, 25, 26, 97, 29, 32 et 33.
1050 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (56)
taire). Ces résultats n'avaient point été obtenus avec la même
méthode, par d’autres expérimentateurs à cause de l'emploi de
l’éther, morphine ou curare, substances qui entravent, à la fois,
la sécrétion d’adrénaline et la sensibilité réactionnelle des vais-.
seaux. at
Tournade et Chabrol (oz), donnèrent la même preuve, avec
un procédé très élégant et ingénieux.
Maïs Stewart et Rogoff ont soulevé une en Soie ap-
plicable aux expériences de Anrep et de Houssaÿ. Ces auteurs
Fic. 1. — Chien de 14 kgr., recevant une injection endoveineuse: continue de:
0,00025 mgr. d’adrénaline par kgr. et par minute. Entre 8 et ro (2 minutes),
on ‘excite le nerf splanchnique gauche. En 9, on ôte les pinces posées sur.
la veine lombocapsulaire gauche ; on voit la pression artérielle monter ef
la patte dénervée diminuer de volume. à
soutiennent qu'on pourrait attribuer la vasoconstriction de la
patte à une circulation locale plus rapide d’un sang où l’adréna-
linémie est normale; d’autre part, la circulation veineuse pourrait .
se ralentir dans la veine cave et, conséquemment, son sang ac-
querrait une concentration plus élevée en adrénaline. Cette
« rédistribution du sang » n'est pas vraisemblable, et la circula-
tion de la veine cave n'est pas ralentie (Burton-Opitz). Mais,
cependant, nous avons jugé convenable d'étudier expérimenta-
lement la question.
Nous avons employé des Chiens chloralosés, dont on nsenivaitl
la pression artérielle (crurale ou carotide) avec un manomètre à :
mercure et dont on enregistrait le volume d’une patte dénervée
(section du sciatique et du crural) au moyen d’un pléthysmo- :
e de Dale et Richards.
° Pour éliminer toute possibilité. de redistribution du sang
. à l’action vasomotrice viscérale du nerf splanchnique, nous
avons réduit la circulation de l'animal au moyen de ligatures
successives du cardia et vaisseaux accompagnants, des paquets
vasculaires mésentériques, rénaux (hile), spermatiques, crural
d'un côté. La cireulation réduite comprenait donc la tête, le tho-
(87) SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1051
rax et les membres antérieurs, les capsules surrénales et une
patte postérieure. Dans ces conditions, on constata que l'excita-
tion tétanisante du nerf splanchnique gauche (sectionné à sa
sortie diaphragmatique) produisait une élévation de la pression
artérielle, en même temps que la patte dénervée diminuait for-
tement de volume.
2° Si l’on pinçait la veine lombo-capsulaire en aval et en
avant de la capsule surrénale, puis si l'on excitait le nerf
splanchnique, on n’observait aucun changement de pression et
de volume de la patte.
Fic. 2. — Chien de 20 kgr. Entre 1-2, on excita 1 minute le splanchnique
gauche : la pression s'élève et la patte se contracte. Après pincement des.
veines. lombocapsulaires, une nouvelle excitation entre 3-4 fut sans effet. En
cessant de pincer, on obtint de nouveau les premiers résultats.
3° Après avoir Ôté la pince, l'excitation du nerf splanchnique
reproduisait l'hypertension et la yasoconstriction de la patte dé-
nervée.
4° Si on excite le nerf tandis que la pince est sur la veine,
puis si l’on ôte la pince sans cesser l’excitation, on voit se pro-
duire alors l'élévation de pression et la constriction de la patte.
5° On pourrait objecter que, quand on pince une veine lom-
bocapsulaire, on réduit la sécrétion d’adrénaline à peu près
de moitié. Pour compenser ce déficit nous avons injecté, de fa-
ÇOn continue, 0,0003 mer. d’adrénaline par kgr. et par minute.
Dans ces conditions, nous avons répété toutes les expériences
précédentes (1°, 2°, 3°, 4°) qui ont donné exactement les mêmes
résultats.
Nos expériences reproduisent à peu près celles d’Asher et sur-
tout celles de Burton Opitz et Edwards, en ce qui a trait à l'effet
sur la pression sanguine. Mais elles ajoutent la preuve que la
1052 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES HAE.
vasoconstriction de la patte, qui l'accompagne, est due à l’action
d'une sécrétion réelle d’adrénaline.
Nous n'avons pas observé l'hypertension et la constriction de
la patte en excitant les splanchniques gauche ou droit après pin-
cement des veines de la capsule du même côté. Ce qui démontre
que d’autres organes (foie, etc.) n’ont aucune intervention dans
les effets décrits, ce qu'on pouvait déduire des expériences de
Anrep, Pearlmann et Vincent, Houssay.
En conclusion : l'excitation du nerf splanchnique produit une
décharge d’adrénaline qui élève la pression artérielle et produit
la vasoconstriction d’une patte dénervée. Ces effets se produi-
sent chez un animal à circulation réduite à la tête, au thorax,
aux surrénales et à une patte. Ils ne s’observent pas si on a pincé
préalablement la veine lombocapsulaire. [ls réapparaissent si
l’on Ôte les pinces. On observe les mêmes résultats quand les
x
Chiens sont soumis à une injection continuelle d’adrénaline.
(Institut de physiologie de la Faculté de médecine).
SÉRUM ANTIGANGRÉNEUX,
par À. SORDELLI.
Dans notre dernière réunion, nous avons décrit brièvement un
microbe que ses caractères culturaux rapprochent des germes
de la putréfaction et qui produit une toxine très active douée
de propriétés rappelant celles des B. œdematiens, bellonensis
et du Bacille de Novy II. Nous ne prétendons pas encore le clas-
ser, car on pourra soutenir qu'il s’agit d’un Bacille impur, tant
qu'on n'isolera pas un seul individu. Mais nous étudierons la
question au point de vue pratique.
La toxine produite par culture en bouillon (Pa 8), avec pep-
tone Parke Davis à 2 p. r0o0 de 2 à 6 jours, et filtrée par bougie,
est assez active, car sa dose mortelle minima pour des Cobayes
de 250 gr. est un peu supérieure à 0,001 c.c., par voie intra-
musculaire. Par voie sous-cutanée, la valeur de la dose mortelle
est un peu supérieure. Quand les Cobayes ne meurent pas dans
les 2-3 jours, ils survivent longtemps, avec un œdème qui de-
vient énorme, puis disparaît. |
Avec cette toxine, on immunisa un Cheval en 1 mois 1/2, en
injectant : 17, JOUr :10,0F CC.719200-0910 0: 0,407 CACHE
O1 CCM OL ANC:C: 24907 HOLD (CIC OO IC CORP ENDTEIC2 DD
10!:C/C:: 1380 BONC.C:3 tir 2ooncic.1145410000ecTtAvec) Car ect
100 c.c. et 300 c.c., on observa une réaction locale considérable
Dr fr
(59; SÉANCE DU 8 SEPTEMBRE 1053-
€
et la température monta à 39°. Six jours après la dernière injec-
tion, on saigna l’animal. On mesura le pouvoir neutralisant du
sérum à l'égard de la toxine et des cultures.
Il suffit de 0,007 c.c. du sérum pour neutraliser 0,5 c.c. de
toxine (filtrat d’une culture de 5 jours), c’est-à-dire un peu plus
de 5o doses mortelles (dose mortelle minima : o,or c.c.). Avec
0,0003 c.c. de sérum, la mort fut retardée de ro jours.
La toxine est neutralisée dans la proportion de plus de 50.000
doses et moins de 150.000 doses mortelles minima par c.c.
La loi des multiples se vérifie, avec 10 doses de toxine il faut
10 fois plus de sérum. La toxine s’atténue par la chaleur (destruc-
tion complète en ro minutes à 60°). Ce produit a donc les pro-
priétés essentielles d'une exotoxine vraie.
La même culture qui servit à préparer la toxine fut neutrali-
sée (pouvoir toxique et infectieux) à la dose de 0,5 c.c. (boo doses.
mortelles minima) par o,o1 c.c. de sérum et non par 0,003 c.c.
On veit que la dose mortelle minima de toxine, ou de culture.
est neutralisée à peu près par la même dose de sérum. On
vérifie aussi la loi des multiples.
Le sérum neutralise fortement les pouvoirs toxiques et infec-
tieux du germe. On doit conseiller son emploi dans nos gan-
grènes où ce Bacille paraît être fréquent.
Le sérum n'’eût aucun pouvoir neutralisant envers le B. per-
fringens, le Vibrion septique, les B. œdematiens et histolyticus.
(Institut bactériologique du département national d'hygiène).
054 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BUENOS-AIRES (60)
PHAGOCYTOSE, LYSE ET PERTE DE L'ACIDO-RÉSISTANCE
DU BACILLE DE Kocx EN PRÉSENCE DES LEUCOCYTES DE CHEVAL
IMMUNISÉ,
par J.-W. Howar».
Un grand nombre de chercheurs, parmi lesquels Metchnikoff,
Borrel, Weil, Gengou, Patterson, Bachmann, ont démontré le
pouvoir bactériolytique des extraits de leucocytes d'animaux
normaux ou immunisés envers divers germes. Avec le Bacille de
Koch, les expériences ne démontrent pas bien ce pouvoir leuco-
cytaire.
Dans une communication récente (1) nous avons présenté
des préparations qui démontrent le très fort pouvoir qu'acquè-
rent les Jleucocytes des Chevaux immunisés selon notre
technique (2) et fournisseurs de sérum antituberculeux. On
constatait dans ces lames colorées : a) tendance des Bacilles de
Koch et des leucocytes à s’agglutiner (véritable affinité); b) ten-
dance à la désagrégation bacillaire avec perte de l’acido-résis-
tance ; c) présence, entre les granulations, de corpuscules gon-
Îlés plus larges que le corps bacillaire et à apparence de spores
ou de corpuscules de Müch.
En continuant ces recherches, nous avons pu obtenir avec
sécurité et précision la désagrégation bacillaire avec perte de
l’acido-résistance.
Pour l’immunisation, nous avons ajouté à notre ancien anti-
gène (Bacilles vivants et tuberculine) du pus caséeux d’abcès pot-
tique. Les Chevaux ont supporté des doses hebdomadaires, crois-.
santes de 1 à ro c.c. de pus, plus la tuberculine et les Bacilles.
En mettant en contact une suspension bien contrôlée de Ba-
cille de Koch avec des leucocytes des animaux ainsi préparée,
on observe (voir les préparations présentées) qu’une grande
quantité des Bacilles se décolorent en présence de l’acide nitri-
que au tiers, et l’on observe, dans les leucocytes, un grand nom-
bre de petits points ou corpuscules sans ordre, ni forme, en
bâton, et qui sont dépourvus d’acido-résistance. On voit autour
des leucocytes des corpuscules, des Bacilles en voie de désagré-
gation et qui ont toute une gamme de colorations depuis le
rouge vif jusqu’au bleu.
Dans des notes prochaines, nous rendrons compte des diver-
ses réactions obtenues in vitro et in vivo avec ce produit.
(x) Rev. Asoc. Med. arg., 19271, t. XXXIV, n° 204.
(2) Bull. de l’Acad. de médecine, 1920, t. LXXXIY, n° 55.
1059
(135)
D ee et
RÉUNION
DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1922
SOMMAIRE
BREMER (F.): La strychnine et en azote de la pepsine........ È 139
les phénomènes d’inhibition.... 135 Heymans(C.): Action de l’aré-
Errronr (J.):Sur l’absorplion coline sur les sinus-oreillettes et
de la pepsine par les papiers à le ventricule du cœur de la Gre-
HIER AQU. AL. 1984) noufille. 44.7:L2. IST ISO AT 142
Errront (J.) : Sur la teneur
Présidence de M. Julin.
LA STRYCHNINE ET LES PHÉNOMÈNES D'INHIBITION,
par FRÉDÉRIC BREMER.
Les réponses réflexes dans lesquelles interviennent des mus-
cles antagonistes, comportent toujours un élément inhibiteur;
c'est ainsi que, dans un réflexe spinal, certains muscles se con-
tractent tandis que leurs antagonistes se relâchent. Sherring-
ton (r) a montré qu’une faible dose de strychnine détruit cette
harmonie fonctionnelle et transforme, dans la riposte, les inhi-
bitions en excitations. La toxine tétanique agit de la même ma:
nière. Bayliss (2) a signalé le même fait à propos de l'inhibition
du centre vaso-constricteur par le nerf dépresseur et Seeman (3)
à propos des réflexes respiratoires.
Les inhibitions éveillées par les excitations du cortex cérébral
peuvent, elles aussi, être inversées (Sherrington), quoique diffi:
(x) Sherrington. The integrative Action of the nervous System, p. 105, 1906.
(2) Bayliss. Proc. Roy. Soc., t. 80, B., p. 339, 1908.
(3) Seeman. Zs. Biol., t: 54, p. 153, 1910.
1056 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (136)
cilement ; par contre, celles qui font partie des réflexes vesti-
bulaires statiques ne sont pas influencées, même par de très for-
tes doses de strychnine (Magnus et Wolf) (x).
En quoi consiste cette action de la strychnine ? S'agit-il, com-
me l'avait d’abord pensé Sherrington, d’une véritable inversion
du processus inhibiteur lui-même ; ou bien, les nerfs périphé-
riques et le faisceau pyramidal étant composés de fibres fonc-
tionnellement différentes, les unes motrices, les autres inhibi-
trices, pour le même groupe de muscies, la strychnine favorise-t-
elle l’action des premières aux dépens des secondes ? Dans son
dernier travail, Sherrington (2) dit que la question ne pourra
être résolue que lorsqu'on disposera d’un moyen d'’éveiller, chez
l’animal normal, de l’inhibition pure et constante, ce que ne
permet pas l'excitation d’un nerf périphérique ou du faisceau
pyramidal.
Dans un travail Hiécédent (3), j'ai étudié les inhibitions des
extenseurs que provoque l'excitation de l’écorce du lobe anté-
rieur du cervelet sur le Chat décérébré et j'ai montré que ces
inhibitions, différentes en cela de celles que l’on obtient par
l'excitation d’un nerf périphérique, sont toujours pures de tout
élément moteur. Par ailleurs, elles ne semblent pas différer qua-
litativement de celles-ci, car elles agissent aussi à la fois sur le
tonus et sur l’activité réflexe des extenseurs. Il était donc inté-
ressant d'étudier l’action de la strychnine sur ces poto cé-
rébelleuses.
L'expérience sur le Chat décérébré a donné un résultat tout
à fait concluant. Les réponses cérébelleuses de l’animal strychni-
nisé restent purement inhibitrices, même quand les réponses à
l'excitation du sciatique poplité externe sont complètement in-
versées. Ainsi, tandis que le moindre attouchement déclenche
des spasmes d’extension violents et généralisés, l’excitation du
cervelet entraîne, comme chez l'animal non intoxiqué, le relà-
chement musculaire complet du côté excité. À la simple inspec-
tion, le phénomène est déjà très frappant, mais l'étude myogra-
phique du gastrocnémien isolé est particulièrement intéressante:
la courbe parfaitement lisse de l’inhibition cérébelleuse contraste
avec celle de la contraction saccadée du réflexe spinal. La seule
particularité à signaler au sujet de la réponse cérébelleuse est
relative au rebound qui est à la fois plus brusque et plus ample
qu'à l’état normal, fait représentant un argument de plus en
faveur de l’origine réflexe de ce phénomène.
(1) Magnus et Wolf. Pflüg. Arch., t. 149, 1913, p. 447.
(>) Owen et Sherrington. Journ. of Physiol., t. 43, 1911, p. 232.
(3) EF. Bremer. Arch. Int. de Physiol., t. 19, 1922, p. 180.
#21
É i
(137) SÉANCE DU À NOVEMBRE 1057
D'autre part, il est utile de remarquer que le seuil d’excita-
bilité de la zone inhibitrice n’est pas influencé.
La conclusion à tirer de ces faits me paraît être que la strych-
nine n'inverse pas le processus central de l’inhibition. Dans le
système nerveux strychninisé, les fibres conservent leur fonc-
tion spéciale dépendant sans doute de leurs connexions termi-
nales. L'excitabilité des arcs moteurs est énormément azxgmen-
tée, probablement par suite de l’abaissement de leurs chronaxies
(Lapicque); par contre, les arcs inhibiteurs ne paraissent pas
altérés, comme le montre l’invariabilité du seuil d’excitation de
l'écorce cérébelleuse. Les nerfs périphériques ne sont que des
unités anatomiques et contiennent des milliers de fibres hétéro-
clites ; l'effet global de leur excitation qui était, pour certairis
muscles, inhibiteur chez l’animal normal, devient excitateur
chez l’animal intoxiqué. Par contre, chez le même sujet, les ré-
ponses émanant de centres inhibiteurs spécialisés comme l’est
sans doute l'écorce du palæo-cerebellum conservent leur qualité
inhibitrice parce que ces réponses sont, à l’état normal, pure-
ment inhibitrices. La même explication s'applique à la compo-
sante inhibitrice des réflexes vestibulaires qui reste aussi inchan-
gée. D'autre part, on conçoit aisément que les réponses du cor-
tex cérébral aux excitations électriques doivent pouvoir s’inver-
ser sous l'influence de la strychnine. En effet, étant donnée la
grande proximité des centres de flexion et des centres d’exten-
sion sur cette écorce, il doit être difficile d’exciter l’un de ces
centres sans influencer quelques fibres du centre antagoniste
voisin. Aussi les réponses corticales, même de l'animal normal,
sont-elles fort complexes (Sherrington) : elles peuvent compor-
ter la contraction ou l’inhibition simultanées des fléchisseurs ou
des extenseurs. Dans ce cas encore, il semble que la strychnine
favorise électivement l’action des fibres motrices sans qu'il y ait
une véritable inversion de la réponse.
(Laboratoire de physiologie de l'Université de Bruxelles).
1058 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (138)
SUR L'ABSORPTION DE LA PEPSINE PAR LES PAPIERS À FILTRER,
par JEAN EFFRONT.
Dans des notes précédentes (1), il à été signalé que le papier
à filtrer absorbe les amylases de différentes provenances. ! Des
essais analogues ont été faits avec la pepsine de la manière sui-
vante : 10 gr. de papier réduit en poudré sont introduits dans
100 c.c. d'une solution de pepsine à 6,5 p. 1.000 ; le mélange est
abandonné pendant 12 heures, et ensuite filtré dans le vide.
On détermine la teneur du filtrat en pepsine par la méthode
de Fuld, en prenant pour unité de pepsine la quantité de süb-
stance active qui transforme r mgr. d’ édestine en une 1/2 heure
et à la température de 20°
‘Unité de pepsihe Degré LS
absorbée .:. d'absorptren-
Provenance du papier par gramme de papier p- 100
r0--Lotürent 2.217. opinion [o) Oo
DOTE Sooscoocooogonvoodeeure oe SO “TO
3° Schleicher et Schulle n° 589 Sa e 108 33
HAT ob ET EE TA LCL aS 128 {15180
5° Dreverhoffs n° 417 ...... ithsndai ge 165. . bo.
ODreverhortfs n2//021 2... +... à 207 90.
FONDTeVerNOTIS EN OMS CE RER ER à 330 100
=
Les papiers de différentes porc Ras se comportent donc
très différemment ; tandis qu'avec le n° UE l'absorption est com-
“plète (lé liquide qui. contenait 3.300 unités de pepsine, se montre
.complètément inactif et à chaque gramme de papier correspon- :
dent 330 unités de pepsine), le papier de Berzélius n’absorbe que
:33 unités, et le HA PEER de Laurent est AÉPOUEA de pouvoir d’'ab-
»orption. :
Le pouvo ir abcothant est indépendant dela UE de la sie
lose, mais il se trouve en relation directe avec sa structure phy-
sique.
_ L'intensité de l’absorption dépend de la concentration de la
pepsine, ainsi qu'il résulte du tableau suivant résumant les essais
faits avec du papier Dreverhoffs n° 811 :
Influence de la concentration de la pepsine sur l'absorption.
É Unité de pepsine Degré
Concentralion absorbée d'absorption
de la solution de pepsine par gramme de papier p. 100
1) LMD ROM Ce -creccecer 330 100
2) Ho SOC aan ho ps a 330 100
3 ÉD POON Ter cer - 260 70
n) DE EE DOC EE à do 05 900 0 re) o)
(NC Nde la Socwde biol. Njanvier=1922; C-VR.fde l'Acadedes Scene
P. 18.
(139) SÉANCE DÜ À NOVEMBRE 1059
Des résultats du même ordre ont été constatés avéé dés pep-
sines de différentes provenances ainsi qu'avec des papiers difté-
rents.
La vitesse de l’absorption dépend de la températüre : avec le
papier Dreverhoffs n° 311, on arrive à l’absorption totale à 20°,
en 4 heures. À 35°, l'absorption se fait en 2 heures ; et, à 4o°, en
1 heure 1/4; avec lé papier n° 417, on arrive à l'absorption
maximum, à la température de 20°, en 12 heures seulement. À
ho°, on arrive au même point en 4 heures. Mais la pepsine perd
très sensiblément son activité lorsqu'on la maintient longtèmps
à 4o°. Il est donc préférable d'employer la température de 20°,
ou d'exposer le liquide à 40° pendant une 1/2 heure seulement,
et d'achever la concentration à la température de 20°.
La réaction du milieu ne parait point exercer üne influence
sur l'absorption : dans un milieu neutre, ainsi qu'en présence
de 1 p. r.00o d'acide chlorhydrique, on aboutit sensiblement au
même résultat. La’ présence de chlorure de sodium active l’ab-
sorption du papier n° 4r7 déjà à la température de 20°. Avec
le papier n° 589, l'effet se manifeste seulement à 40°.
La constatation que certaines cellules agissent très activement
sur les pepsines nous ont amené à étudier l’action des fruits,
salades, légumes sur le suc gastrique. Cette étude fait l’objet
d'une autre communication.
En résumé, certaines celluloses absorbent très activement les.
pepsines. L'absorption se fait beaucoup plus rapidement à 40°
qu'à 20°. Le maximum d'effet s'obtient avec les pepsines à
1 p. 1.000. Dans les solutions à 1 p. 300, le pouvoir absorbant
se trouve considérablement réduit. Dans les solutions contenant
0,9 p. 100 de pepsine, la cellulose est sans action,
SUR LA TENEUR EN AZOTE DE LA PEPSINE,
par JEAN EFFRoNr.
Pour s'éclairer sur la composition chimique de la pepsine, il
est nécessaire de la débarrasser le plus possible de toutes impu-
retés.
D'après Devise et H. Merker (1), la purification de la pepsine
par précipitation fractionnée et dialyse, donne des produits
d'une très grande pureté et dont la teneur en cendres ne s'élève
qu’à 0,1 p. 100. En effet, dans le produit ainsi purifié, le chlore
(:) Amer. Journal Pharmac., 93-254.
40€0 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (140)
et le phosphore sont éliminés, mais la teneur en azote du pro-
duit n’a pas subi de diminution sensible.
La méthode proposée par Wood pour la purification de la tryp-
sine (1), appliquée à la pepsine ne donne pas de résultats favo-
rables. |
Mais des résultats ont été obtenus par une méthode décrite
ci-dessous, et basée sur les pouvoirs d'absorption de la cellulose
exposés dans une note précédente (2).
Il est à remarquer, en passant, que les résultats obtenus ainsi
le sont d’une manière diamétralement opposée à ceux obtenus
par Wood, en ceci que, par la méthode de Wood, ce sont les
impuretés et spécialement les matières azotées qui sont retenues
par le papier, et la trypsine qui entre en solution, tandis que
par la méthode ci-dessous, c’est la pepsine qui est retenue par
le papier.
Méthode : dans r litre d’eau physiologique contenant r gr. de
pepsine, on introduit 5o gr. de papier Dreverhoffs n° 402 réduit
en poudre. On laisse ce mélange pendant 17 heures à une tem-
pérature de 20°, puis 1/4 d'heure à 4o°. On filtre ensuite sur
toile, à la trompe. On lave la pâte de papier avec Lo c.c. d’eau,
puis on la dilue dans r litre d’eau distillée. Après > heures, on
filtre à nouveau dans le vide. On détermine enfin, dans les deux
liquides de lavage, l’azote et, par la méthode de Fuld, la teneur
æn pepsine. |
On obtient ainsi une pepsine d’une très faible teneur en azote
‘et ce résultat apporte un appui à l'hypothèse d’après laquelle la
pepsine est complètement exempte de substances protéiques.
Le résultat de cette méthode est consigné dans le tableau sui-
vant, dans lequel l’unité de pepsine est représentée par la quan-
tité de substance active capable de transformer r mgr. d’edes-
tine en 1/2 heure à la température de 20° C.
Azote correspondant
Azote, aux 6.600 }
Unité de pepsine en millier. unilés de pepsine
1° 1 gr. de pepsine contient .... 6.600 133 133
2° Eau du 1% filtrat — .... 1.104 126 ù)
3° Eau du 2° filtrat — .... 1.272 6 RO
4° Papier après épuisement con-
Dentiste Lee Boon 280 1 23
(x) Journal Soc. of Chem. Industr., 1908, t. 313, p. 37. Cette méthode est
la suivante : du papier suédois est imprégné d’une solution de trypsine. puis
desséché rapidement dans un courant d’air tiède, et ensuite macéré dans l'eau.
La substance active (trypsine) rentre alors en solution et les impuretés (matières
protéiques et autres) restent adhérentes au papier.
(2) Voir dans le même numéro la note concernant : « L’absorption de la
x
pepsine par les papiers à filtrer », p.. 1058.
(LA) SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1061
——_—_—_—_—_—_—_—_—_—…—…—…—…————————————
Dans le premier filtrat, on retrouve 1.104 unités de pepsine
sur les 6.600 contenues dans 1 gr. de ce produit. Le papier a
donc absorbé 5.496 unités, ou 83,2 p. 100 de la pepsine totale.
L'on retrouve aussi, dans ce filtrat, 126 mgr. d'azote sur 133 ;
7 mgr. d'azote seulement sont donc retenus par le papier. La
teneur en azote de la pepsine retenue par le papier serait donc de
8 mer. pour 6.600 unités de pepsine. Cette pepsine ne contient
donc que 0,8 p. 100 d'azote. Dans le deuxième filtrat, on re-
trouve 1.272 unités de pepsine (19,3 p. 100 de la quantité ini-
tiale) et 6 mgr. d'azote. À 6.600 unités de pepsine correspondent
donc 3r mer. d’azote. Après les deux épuisements, il reste dans
le papier 280 unités de pepsine et r mgr. d'azote, soit 23 mgr.
d'azote pour 6.600 unités.
La teneur en azote de la pepsine aux divers stades du traite-
ment varie donc de 3,1 à 0,8 p. 100.
On arrive à des résultats totalement différents avec le papier
n° 311. Dans les deux filtrats on retrouve au total 93,03 p. 100
de l’azote initial, mais le liquide, ainsi que le papier, ne con-
tiennent plus de substances actives.
Nous avons tenté également d'isoler la pepsine.
On utilise à cette fin du papier Dreverhoffs n° {o2, en pou-
dre. L'opération a été faite sur 30 gr. de pepsine dissous dans
15 litres d’eau distillée. La pâte à papier, débarrassée du liquide,
est diluée avec 3 litres d’eau et de nouveau filtrée dans le vide.
Après ces lavages, la pâte est diluée dans ro litres d’eau pendant
4 heures. On filtre ensuite, et on évapore le liquide dans le vide
jusqu’à un volume de :roo c.c. Le liquide restant, devenu trou-
ble, est filtré, évaporé à nouveau dans le vide et desséché ensuite
sur l'acide phosphorique anhydre.
Nous avons obtenu ainsi 1,6 gr. d’une substance jaune hy-
droscopique qui a donné, à l’analyse, les chiffres suivants :
Azote : 0,4
Cendres : 1,6
Activité : 32.000 unités par gramme.
On a toute raison d'espérer aboutir par cette méthode à dé-
barrasser complètement la pepsine des substances azotéés qui
l’'accompagnent normalement.
_ Conclusions. La cellulose: absorbe très activement les substan-
ces actives d’une solution de pepsine. Les substances protéiques
adhérentes restent presque totalement en solution.
L'activité de la pepsine ne se trouve pas en relation avec sa
_ teneur en azote : la pepsine traitée et retirée de la cellulose a,
à poids égal, un pouvoir au moins 5 fois plus grand, et sa te-
neur en azote n’est plus que de 0,4.
BIOLOGIE. COMPTES. RENDUS. — 1922. T, LXXXVII. 72
1062 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (442)
ACTION DE L'ARÉCOLINE SUR LES SINUS-OREILLETTES
ET LE VENTRICULE DU COUR DE GRENOUILLE,
par GC. HEyMans.
L'arécoline, un des alcaloïdes extraits du Semen arex, produit,
en injection sous-cutanée ou intraveineuse chez la Grenouille,
le Chien, le Lapin, etc., un ensemble de symptômes qui permet-
tent de ranger cette substance parmi les excitants du système
autonome parasympathique ; le cœur s'arrête ou se ralentit, la
pupille se dilate, des contractions intestinales, vésicales, etc.
apparaissent ; tous ces phénomènes sont supprimés par l’atro-
pine. Ces faits ont été établis par plusieurs expérimentateurs.
Nous avons examiné de plus près l’action de cet alcaloïde sur le
cœur de la Grenouille et mis en évidence quil agit différem-
ment sur les sinus-oreillettes et le ventricule, ensuite que son
action sur le ventricule peut être intervertie par un changement
dans la composition ionique du liquide nourricier.
Technique. Le cœur isolé de Grenouille est suspendu d’après
la méthode de Straub ; à cet effet, une canule en entonnoir est
introduite par l'aorte dans le ventricule, les vaisseaux caves et
pulmonaires sont ligaturés. L’entonnoir de la canule renferme
environ 3 c.c. de Ringer oxygéné. Les contractions auriculaires
et veniricuiaires sont enregistrées séparément au moyen d'un
levier double.
1° Action de l’arécoline sur les contractions cardiaques. Lors-
qu'on ajoute au liquide de Ringer de la canule 0,06 c.c. d’aré-
coline à 1 p. 1.000 (1), on observe que le cœur, sinus-oreillettes
et ventricule, s'arrête aussitôt en diastole ; cet arrêt est pro-
longé, le cœur ne reprendra ses contractions qu'après des lava-
ges répétés avec du Ringer pur, tandis que l'addition d’une trace
d’atropine fait disparaître instantanément cette action excitante
de l’arécoline sur le pneumogastrique et le cœur se remet à
battre. Maïs si on ajoute au Ringer 0,03 c.c. d’arécoline à
I P. 1.000, on assiste au phénomène suivant : le sinus et l’oreil-
lette s’arrêtent après quelques secondes, tandis que le ventricule
continue à se contracter avec la même fréquence, mais un peu
plus faiblement. Si on pratique sur ce cœur se trouvant ainsi
sous l’action d’une faible dose d’arécoline la ligature de Stan-
nius [ ou IT, on observe qu’elle n’entraîne plus l'arrêt ventricu-
laire comme elle le ferait sür un cœur normal. Cette absence de
l’arrêt ventriculaire après les ligatures de Stannius a été signalée
déjà par Frôhlich et Pick (2) pour deux autres excitants para-
(x) Nous nous sommes servi du bromhydrate d’arécoline (Hoffmann-Laroche).
{2) Arch. f. exp. Pathol. u. Pharm., t. 84, p. 267, 1918.
(142) SÉANCE DU À NOVEMBRE 1063
sympathiques, à savoir l’acétylcholine et la muscarine. Ces au-
teurs interprèteni ce fait par une action stimulante de ces deux
substances sur l’automatisme ventriculaire. Nous ne pouvons
admettre pareille interprétation pour l'arécoline, car, d’après
nos expériences, celle-ci ne stimule nullement l’automatisme du
ventricule isolé.
2° Interversion de l'action de l’arécoline. Les travaux de
Dale (r) et Amsler (2) ont montré la réaction inverse que peut
présenter l’adrénaline après paralysie des terminaisons sympa-
thiques. Kolm et Pick (3) ont, de mème, démontré l’inversion
de l’action de l’acétylcholine et de celle de la muscarine sur le
cœur de Grenouille lorsque celui-ci se trouve dans un état d'hy-
perexcitabilité sympathique par la présence d’un excès d’ions Ca
dans le Ringer. D’après ces auteurs, l’adrénaline, l’acétylcholine
et la muscarine sont des substances amphotropes, elles agissent
sur le système sympathique et sur le système parasympathique.
Normalement, l’action sur un système prédomine à cause de sa
réceptivité plus grande pour une substance déterminée, mais,
lorsqu'on modifie l’excitabilité ou réceptivité d’un de ces deux
systèmes, l’action physiologique de ces substances peut être in-
tervertie.
Nous avons examiné si ce phénomène s’observait également
avec l’arécoline. Comme déjà dit plus haut, son action normale
se caractérise par une excitation du pneumogastrique produi-
sant, à doses adéquates, l’arrêt diastolique. D'autre part, on sait
que la présence d’un excès de Ca dans le Ringer détermine une
sensibilité plus grande des terminaisons sympathiques. Or, des
expériences ont montré que l'arécoline peut produire sur un
cœur de Grenouille, se trouvant en état d'hypersensibilité sym-
pathique, non pas l'arrêt diastolique mais une contracture ven-
iriculaire pouvant atteindre l'arrêt systolique ; il y a donc inver-
sion de l’action de l’arécoline. Celle-ci est donc également une
substance à action amphotrope, l’action vagotonique est celle
_qui prédomine normalement, mais une exagération de la récep-
tivité d’une fonction ; et, dans le cas présent, de la réceptivité
sympathique du cœur, permet de transformer l’action vagoto-
nique en action sympathicotonique. Cette interversion expéri-
mentale de la réaction d’un organe à la suite d’un changement
de sa réceptivité nous paraît intéressante au point de vue de
l’étude expérimentale de l’action d’une substance sur un élément
normal, et plus encore sur un élément pathologique.
(x) Journal -of Physiology, t. 34, p. 163, 1906.
(2) Pflügers’ Arch., t. 185, p. 86, 1920.
(3) Pflügers’ Arch., t. 190, p. 108, 1921.
1064 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (144)
Conclusions. 1° L’arécoline, à forte dose, produit, par exci-
tation du pneumogastrique, l'arrêt du sinus, de l'oreillette et du
ventricule du cœur isolé de Grenouille. 2° A faibles doses, elle
détermine l'arrêt du sinus et de l’oreillette, tandis que le ventri-
cule continue à battre dans le rythme normal. 3° L’arécoline
supprime les effets des ligatures de Stannius I et IT sur le ventri-
cule, tout en n'étant pas un stimulant de l’automatisme ventri-
culaire. 4° L'action excitante parasympathique de l’arécoline sur
le cœur peut être intervertie par la présence d’un excès de cal-
cium qui met les terminaisons sympathiques en état d'hyper-
excitabilité ; l’arécoline, comme l’adrénaline, la muscarine et
l’acétylcholine, est donc amphotrope.
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU
Bru (P.): Sérums antisurré-
naux corticaux et antisurrénaux
18 NOVEMBRE
1922
SOMMAIRE
Le rôle de la leucogénèse intra-
gastrique dans la digestion des
M NIAIRES RE Eee) dues ste à ICS ANENOUNTUNER SL OEM CAMEROUN RE 1083
CLenc (A.) et Pezzi (C.) : Le Recaunr (CL.) et LAcassAGnE
mécanisme de l’accélération car- (AnrT.) : À propos des mastocytes
diaque par la quinine et les au- des épithéliomas. Importance de
tres alcaloïdes dérivés du quin- la fixation pour la coloration des
CDR A ed den der re see se 1075 | granulations des mastocytes.... 1084
Couraup (E.) : Influence de VEeRNE (J.): Les granulations
l’irradiation du corps thyroïde chromaffines des glandes salivai-
sur les surrénales du Lapin... . 1072 | res postérieures des Céphalopo-
DeBucquer (L.) : Lithiase paro- GÉRÉE NL PRE RARES SRE 1077
tidienne chez l’Homme. Examen = Wozrr (L.-K.) et JaNZEN (J.-
chimique qualitatif d’un calcul W.): Action de divers antisep-
évacué spontanément par le canal tiques sur le Bactériophage de
de Stenon ..... SOUPE MERE 10700 dtHerellen A een RS 1087
Faure (Cu.-L.): Note sur une EE : :
anomalie ie de la veine Réunion biologique de Bordeaux.
coronaire chez l’Homme....... 1079 Creyx et VinzeNT : Fréquence
GÉrARD (P.) et MoirssonnEr comparative et déterminisme du
(S.) : Méthode de dosage de l’uro- signe du sou de Pitres dans di-
tropine. Recherche sur sa dé- vers épanchements de la plèvre
composition dans le sang in vi- et diverses modifications du pa-
RON OT ARS NC Se 1073 | renchyme pulmonuire, réalisés
Haupuroy (P.): Influence du expérimentalement.%"#%2712 1094
chauffage sur le Bactériophage Deraunay (H.): L’augmenta-
derdéHerellener een nu 1089 | tion de l’activité autoprotéoly-
Launoy (L.) et Mencuyx (B.) : tique et aminoacidogène du foie
Documents numériques sur les pendant le jeûne; ses rapports
adrénalines droite, gauche et sur avec l’origine endogène des
ARAGTÉNAIGNER ME MAN le reee se 1066 | amino-acides du Sans AP UE 1091
LoPEer (M.) et Marcuaz (G.) :
La He Ja Fons Réunion biologique de Lille.
intragastrique après ingestion de Doumer (E».) : Action du chlo-
bouillon. ein. mr se, 1081 | rure de soûiuin sur la solubilité
LoœpEr (M.) et MARCHAE (G.) : du glycocholute de soude....... 1097
BroLocie. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 73
1066 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Desorz (P.) et DELHAYE (R.): de Calliphorées aux agents physi-
Contribution à la pathogénie des ques et chimiques intervenant
Myases intestinales par l'étude dans le tube digestif..,...... . 1098.
de la résistance des œufs et larves
Présidence de M. Ch. Richet.
Décès DE M. ToURNEUXx.
Le Président annonce le décès de M. Tourneux et exprime les.
regrets que provoque cette mort au sein de la Société.
DOCUMENTS NUMÉRIQUES SUR LES ADRÉNALINES, DROITE,
GAUCHE ET SUR L'ADRÉNALONE,
par L. Launoy et B. Mexcuy.
Dans une note antérieure (1) nous avons défini les constantes
de toxicité et d'action cardio-vasculaire caractéristiques d’une
adrénaline naturelle préparée par G. Bertrand.
Les définitions données à cette occasion nous ont servi de bases
dans la détermination des constantes de toxicité et d'action:
cardio-vasculaire de l’adrénaline synthétique lévogyre. Les ta- .
bleaux ci-dessous montrent que les constantes de l’adrénaline
synthétique lévogyre sont identiques à celles de l’adrénaline na-
turelle, de même pouvoir rotatoire (— 53,3) ce qui était attendu.
Lorsqu'il s'agit de comparer des adrénalines de nature phy-
sique et de nature chimique différentes (adrénalines lévogyre et
dextrogyre), à plus forte raison quand on veut comparer l’action
d'une adrénaline à celle d’une substance hypertensive, de tout
autre nature chimique (adrénalone), nous ne pouvons plus nous
servir simultanément des deux termes de comparaison : valeur
maxima d'hypertension et durée, au moyen desquels nous avons
établi nos définitions. En effet, la quantité x d’adrénaline droite
qui donne la même hypertension maxima que la quantité y
d’adrénaline gauche, détermine, par contre, un état d’hyperten-
sion de durée très différente dans les deux cas. C’est donc au
premier facteur : hypertension maxima, que nous donnons la
(1) C. R. de la Soc. de biol., k décembre 1920, t. LXXXIIT, p. 1510.
SÉANCE DU LS NOYEMBRE 1067
En San TE eo
prépondérance et que nous choisissons comme terme de compa-
raison. Jointe à la constante de toxicité, la valeur maxima d'hy-
pertension vasculaire suffit à définir, du point de vue thérapeu-
tique, un échantillon d’adrénaline ou de prétendue adrénaline
Les résultats des nombreux examens exécutés par nous sur des
échantillons d’'adrénalines gauches à pouvoir rotatoire — 53,3,
d'adrénalines droites à pouvoir rotatoire + 53,3 et d’adrénalone,
sont les suivants
I. Constantes de toxicité.
‘Adrénaline lévogyre naturelle (— 53,3) — 0,00025-0,0003 gr.
par kgr.
Adrénaline synthétique lévogyre (— 53,3) —=0,00025-0,0003 gr.
par ker.
Adrénaline synthétique dexirogyre (53,3) —0,0065-0,00"7 gr.
par kgr.
Adrénalone = 0,03 gr. par kgr.
Comparaison de ces résultats. Si nous donnons à la toxicité de
l’adrénaline naturelle le coefficient 100, l’adrénaline synthétique
lévogyre a le même coefficient ; l’adrénaline synthétique dextro-
gyre aura pour coefficient de toxicité : 5 et l’adrénalone : 1.
L’adrénaline naturelle, ainsi que l’adrénaline lévogyre synthé-
tique sont donc 1oo fois plus toxiques que l’adrénalone et 20
fois plus toxiques que l’adrénaline droite.
II. Constantes d'action cardio-vasculuire.
Le tableau I donne les valeurs numériques de ces constantes.
Dans ce tableau, les abréviations : NH, HM, HMA veulent dire :
NH : dose minimum nettement hypertensive ;
HM : dose d’hypertension moyenne ;
HMA : dose d’hypertension maximum approchée. :
Nous laissons momentanément de côté la dose d’hypertension
maximum absolue. Les doses ci-dessous sont pus un kilogramme
de Lapin (voir ÎI) :
Tableau I.
. Adrénaline naturelle Adrénaline
Action oblenue et adrénaline lévosyre dextrogyre Adrénalone
ND FRS SM EMER ES 0,000001 0,0000 0,000
EN Soccer ce 0,000005 0,00015 0,0019
HMEN 2... «his selle ss 15 0000015 0,001 0,0050
Comparaison de ces résultats. Les chiffres ci-dessus nous mon-
trent que si nous prenons la dose NH de l’adrénaline gauche
comme unité, les différentes valeurs seront représentées :
‘Pour cette adrénaline lévogyre, par 1-5-15 ; RARE
Pour cette adrénaline dextrogyre, par 50- Fe 1.000 ; |
Pour l’adrénalone, par 500-1.500-5.000.
Disposons ces series sous forme de tableau.
1068 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Tableau II.
(1=0,000001 gr.)
Adrénaline
Pression nalurelle
maximum et adrénaline Adréaaline
Action obienue en c c. de Hg lévogyre dextrogyre Adrénalone
NE Rene 3 I 5o 5oo
AIM Rene ele 6 5 150 1500
HMARS ET nue do 9 15 1000 booo
L'examen de ce tableau donne de suggestives indications : la
lecture verticale de chaque colonne permet d'établir, pour cha-
que substance, le rapport des différentes doses à injecter pour
passer d’une constante aux deux autres, la lecture horizontale
permet d'établir le rapport des doses injectées avec les différentes
substances pour obtenir la même hypertension maxima.
SÉRUMS ANTISURRÉNAUX CORTICAUX ET ANTISURRÉNAUX
MÉDULLAIRES,
par P. Br.
Pour étudier les fonctions respectives des deux substances
constituantes des capsules surrénales : tissu cortical d’une part,
et tissu médullaire ou chromaffine, d’autre part, nous avons eu
recours à la préparation d’antisérums correspondants : chez des
Chiens sacrifiés par hémorragie, on récolte séparément, avec le
plus grand soin, en rejetant les zones intermédiaires, la sub-
stance médullaire et la substance corticale des capsules surré-
nales. Les tissus ainsi obtenus sont broyés au mortier avec du
sable stérilisé, dans de l’eau salée à 8 p. 1.000, et filtrés sur
amiante avant d’être injectés dans le péritoine des Lapins des-
tinés à fournir l’antisérum. Deux Lapins (C) reçoivent à 3 re-
prises, à 8 jours d'intervalle, une injection de pulpe corticale
(0,30 gr., 0,40 gr., 0,60 gr.); 2 autres Lapins (M) reçoivent, dans
les mêmes conditions, de la pulpe médullaire (0,10 gr., 0,25 gr.,
0,10 gr.).
Les réactions consécutives à ces injections de tissu surrénal
consistèrent, chez les Lapins M, en un œdème abdominal débu-
tant vers la 12° heure, persistant pendant 48 heures, et de moins
en moins marqué à chaque nouvelle injection. Les Lapins C
présentèrent simplement une petite escarre locale après la 2°
injection (phénomène d’Arthus).
Chaque Lapin, saigné le 8° jour après la dernière inoculation,
fournit 60-80 gr. de sang.
4
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1069
Le sang des Lapins C se coagule rapidement et la rétraction
du caillot est complète dès la 36° heure. Dans le sang des La-
pins M, le caillot se rétracte lentement et difficilement : au 4°
jour, le caillot occupe encore les 9/10 du volume total ; le sérum
-n'a pu être obtenu que par décantations répétées du 4°-8° jour.
Ces constatations posent la question de l'intervention possible
des surrénales parmi les facteurs de la rétractilité du caillot san-
guin.
L'examen histologique des surrénales permet de constater
dans les cellules chromaffines des Lapins M, et dans la zone
externe de la corticale surrénale des Lapins C, de la vacuolisa-
tion protoplasmique ainsi que de l’hypertrophie nucléaire,
qu'on peut rattacher à une suractivité réactionnelle de ces cel-
- Jules.
Les propriétés des antisérums obtenus sont étudiées à l’aide
de la méthode graphique. Ces sérums sont injectés, par la veine
saphène, à 3 Chiens chloralosés, dont on enregistre la pression
artérielle. Les effets ne sont pas immédiats et apparaissent net-
tement vers la 5° minute seulement.
Une injection de ro c.c. de sérum antisurréno-cortical fait
descendre la pression artérielle moyenne de 17,5-16 em. Hg; la
pression s’abaisse jusqu’à 13 cm. après 2 nouvelles injections,
à 15 minutes d'intervalle, soit en tout 30 c.c. Les systoles ac-
quièrent une amplitude moindre et s'inscrivent sur le tracé sous
forme de faibles ondulations. Le cœur est accéléré : le nombre
des battements par minute passe de 96 à ro8 après la 1° injec-
tion et à 168 après les 2 autres. Le rythme respiratoire, invaria-
ble avec des doses légères (12 mouvements par minute), est ra-
lenti (7 mouvements par minute) après l’injection des 30 c.c.
Les sérums antisurréno-médullaires relèvent la pression arté-
rielle, qui monte de 17-19 cm. Hg et accélèrent faiblement le
cœur. L'amplitude des pulsations cardiaques et le rythme res-
piratoire ne sont pas modifiés.
Sur un même animal, l'injection successive des 2 sérums, à 15
minutes d'intervalle, confirme ces résultats. La pression abaissée
par le sérum anticortical est ramenée à son niveau initial par
une injection de sérum antimédullaire ; la pression accrue par
l'effet du sérum antimédullaire descend ensuite au-dessous de sa
valeur normale, sous l'influence d’une injection de sérum anti-
cortical. En outre, chacun des 2 sérums réduit, de 1/3-r1/5 envi-
ron, sur le tracé de la pression artérielle, l’amplitude des oscil-
lations dites de second ordre, en relation avec les mouvements
respiratoires.
Les 2 antisérums, dont l’action sur l'appareil circulatoire
axige un délai de plusieurs minutes, peuvent sans dôute agir
1070 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
directement sur l'appareil circulatoire mais nous paraissent de-
voir provoquer l'activité réactionnelle du tissu cortical ou du
tissu médullaire surrénal ; on enregistrerait ainsi les résultats
de cet hyperfonctionnement.
Quoi qu'il en soit, ces sérums nous permettent de dissocier le
rôle physiologique des deux parties de la capsule surrénale : la
substance corticale ayant un rôle hypotenseur, tandis que la
substance médullaire provoque l'élévation de a pression arté-
rielle.
(Ecole vétérinaire de Toulouse).
NOTE SUR UNE ANOMALIE DE STRUCTURE DE LA VEINE CORONAIRE
CHEZ L HOMME,
par Ca Le FAURE.
J'ai eu l’occasion d'observer une structure particulière de la
veine coronaire sur des coupes de ce vaisseau chez un vieillard
de 69 ans. Les descriptions des classiques ne portent que sur la
situation des valvules et restent muettes sur la disposition des
éléments qui entrent dans la constitution de cette veine.
Cependant, la veine coronaire n’est pas une veine semblable
aux autres veines de l’économie : elle est adossée à un plan mus-
culaire puissant, perpétuellement animé de contractions rythmi-
ques qui y activent singulièrement la circulation du sang. Il
n'est donc pas surprenant de constater une diminution notable
des éléments musculaires lisses qui entrent habituellement dans
la constitution des veines ; la structure de la veine que j'ai obser-
vée est un cas particulier de ce fait poussé jusqu'à son extrême
limite, puisque, comme on va le voir, les éléments musculaires
lisses ont entièrement disparu dans une région étendue de a
veine.
Sur une coupe transversale (cf. fig.) de la veine, vide de son
contenu, et, par conséquent, aplatie, on peut distinguer deux
faces : 1° une face en rapport avec le muscle cardiaque ou face
myocardique ; 2° une face en rapport avec le péricarde ou face
péricardique et deux bords latéraux.
La face péricardique présente à considérer trois tuniques : une
tunique interne (intima) caractérisée par son endothélium, une
tunique moyenne (media) où se rencontrent des éléments mus-
culaires lisses à direction transversale et de nombreuses fibres
élastiques très grêles, à direction oblique, et enfin une tunique
externe (externa), confondue avec le feuillet viscéral du péricarde
ÉD TIR = APRES. AE AL DS FC
es
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1071
qui le recouvre, très mince, et où on note quelques rares élé-
ments musculaires lisses à direction longitudinale, L'ensemble
formé par ces trois tuniques mesure une épaisseur de 190 k.
La face myocardique, au contraire, est extrèmement mince ;
elle est réduite à l'endothélium qui repose sur les fibres muscu-
laires striées du myocarde, dont il n'est séparé que par une très
mince atmosphère conjonctive où abondent de fines fibres élas-
tiques d'une extrême gracilité et à direction oblique ; les fibres
musculaires cardiaques ont une direction perpendiculaire à l’axe
de la veine et jouent donc ainsi le rôle d’une couche musculaire
transversale.
La transition entre la structure de chacune de ces deux faces se
fait insensiblement au niveau des bords latéraux : dans cette
région, en effet, la media, limitée en dehors par du tissu adi-
peux, contourne la lumière du vaisseau et vient se terminer par
une extrémité taillée en biseau.
J'ai pensé qu'il n’était pas sans intérêt de signaler cette dispo-
sition anatomique de la veine coronaire, car c'est là un cas parti-
culier d’« économie de substance », les fibres musculaires car-
diaques ayant rendu superflues les fibres musculaires lisses de la
tunique moyenne de la veine. Il_eût été intéressant de retrouver
systématiquement cette structure; j'ai étudié par la suite la veine
coronaire chez huit sujets d'âge et de sexe différents et n’ai point
retrouvé la structure décrite ci-dessus. [1 y a donc lieu de con-
clure à un cas d’anomalie.
(Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Toulouse).
1072 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
INFLUENCE DE L'IRRADIATION DU CORPS THYROÏDE
SUR LES SURRÉNALES DU LAPIN,
par E. Couraup.
J'ai étudié d’une façon systématique les surrénales de 30 La-
pins dont la région thyroïdienne avait été soumise à l’action des
rayons X (1). |
Ces 30 Lapins ont été sacrifiés à des âges variant de 270 à 610
jours.
Le poids moyen des surrénales, chez 21 Lapins mâles dont le
corps thyroïde a été irradié, atteint 0,63 gr. Chez 9 femelles, le
poids moyen est de 0,76 gr. Le poids moyen des surrénales chez
‘21 témoins mâles est de 0,51 gr. Le poids moyen des surrénales
chez 9 témoins femelles est de 0,58 gr.
Ce n’est qu'à partir de 70 H environ que les irradiations sem-
blent déterminer une augmentation de poids des surrénales.
L'augmentation de volume porte surtout sur la corticale sur-
rénale (fasciculée et réticulée). L'hyperplasie se traduit, dans un
grand nombre de cas, par la formation d’adénomes qui se ren-
contrent dans 72 p. 100 des cas. Ces adénomes s’extériorisent peu
à peu et finissent, dans 27 p. 100 des cas, par se transformer en
surrénales accessoires. Tous les stades de transition sont observés.
L'existence des adénomes et des surrénales accessoires est surtout
fréquente à droite.
Chez les témoins, on observe aussi des adénomes mais dans
25 p. 100 des cas seulèément et on ne note l'existence de surré-
nales accessoires que dans 6 p. 100 des cas.
L'augmentation de poids des surrénales n’est pas rigoureuse-
ment proportionnelle à la dose de l’irradiation. Le poids des sur-
rénales varie d’ailleurs dans une assez large mesure chez le Lapin
neuf. En général, on ne connaît pas exactement la date de nais-
sance des Lapins et on a tendance à rapporter à cette inconnue
les différences individuelles observées.
N'utilisant que des animaux dont je connais l’âge et les anté-
cédents héréditaires, j'ai pu déterminer les points suivants :
l’âge exact du Lapin adulte n’explique pas les différences qui
existent d'un individu à l’autre dans le poids des surrénales. Il
en est de même du poids de l’animal.
En réalité, le facteur qui intervient est d'ordre familial. II
existe des familles de Lapins à surrénales plus ou moins volu-
mineuses et, pour être rigoureux, il ne faudrait comparer à ce
(x) E. Coulaud. Action des rayons X sur le corps HAE du Lapin. C. R. de
la Soc. de biol., 4 novembre 1922.
ane Nr
D 4 ER NE
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1073
point de vue que des Lapins de même sexe et de même famille.
Les Lapins de même sexe et de même famille ont, au même âge,
des surrénales de même poids, à r ou 2 cgr. près. Les différences
atteignant, dans ces conditions, 3 cgr., sont rares. J’ai pu con-
trôler cette identité de poids sur des animaux de 18 mois. Mais,
d’une famille à l’autre, il existe par contre, des différences im-
portantes, pouvant atteindre o,10 gr. et plus.
L'augmentation de volume des surrénales est-elle due vrai-
ment à l’irradiation du corps thyroïde ? J'ai irradié 4 animaux
sur les cuisses (60 à r00 EH). Le poids des surrénales est demeuré
normal. D'autre part, sachant l'influence de l'ovariotomie sur
les surrénales, j'ai soumis à l’action des rayons X les ovaires de
5 Lapines (60 à go H). Le poids moyen des surrénales de ces
5 animaux a atteint 0,80.
En résumé, l’irradiation du corps thyroïde, à des doses capa-
bles de produire au niveau de la glande des modifications histo-
logiques notables, détermine une hyperplasie corticale des sur-
rénales avec augmentation de volume et de poids. L’irradiation
des cuisses, chez le Lapin, ne produit pas d'augmentation de
volume des surrénales. L'irradiation du corps thyroïde tout en
déterminant une augmentation du poids des surrénales ne sem-
ble pas avoir, à ce point de vue, une action aussi marquée que
l’irradiation des ovaires.
(Laboratoire du D° E. Rist, à l'hôpital Laënnec
et laboratoire du P° Calmette, à l'Institut Pasteur).
MÉTHODE DE DOSAGE DE L'UROTROPINE.
RECHERCHE SUR SA DÉCOMPOSITION DANS LE SANG in Uüro,
par P. GÉRARD et S. MoIssONNIER.
I. La méthode de dosage de l’ammoniaque dans le sang, que
l’un de nous a publiée en 1919 (x), nous a conduits à une nou-
velle méthode de dosage de l’urotropine.
On sait que l’urotropine est dédoublée par les acides en formol
et ammoniac.
Nous avons pensé que la méthode de dosage de l'NH°, dans le
sang déféqué par l'acide trichloracétique, pourrait également
servir au dosage de l’urotropine : l’acide trichloracétique pro-
voquant la décomposition de cette dernière, il serait, en effet,
facile de calculer, d’après l’ammoniac libéré, la quantité d’uro-
tropine génératrice de cet ammoniac.
(x) P. Gérard. C. R. de la Soc. de biol., novembre 1919.
1074 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Nous nous sommes assurés, tout d’abord, que le simple bar-
bottage de l'air dans une solution d’urotropine additionnée de
2 gr. de CO*Na* (quantité employée pour le dosage Folin), ne
provoquait aucune décomposition et ne donnait lieu à aucune
formation d'NH°. Nous avons alors: effectué une série de dosages
d'’ammoniac sur des solutions contenant 0,025 gr. d'urotropine
et 5 c.c. d'acide trichloracétique à 20 p. 100, en laissant l’uro-
tropine et l'acide en contact pendant 24 heures à l’étuve à 37°.
L'acide trichloracétique était insuffisant à provoquer une dé-
composition totale de l’urotropine. Nous avons recommencé les
expériences précédentes, en ajoutant à l’urotropine et à l'acide
trichloracétique, 1 c.c. d'acide chlorhydrique pur, en laissant
toujours en contact pendant 24 heures à 37°.
Avec cette façon de procéder, nous avons encore eu des erreurs
de 10 à 1 p. 100.
Nous avons recommencé l'expérience en mettant au bain-ma-
rie bouillant pendant une demi-heure après l'addition d'acide
chlorhydrique. La décomposition de l’urotropine fut plus com-
plète et accélérée de ce fait, et nous avons obtenu cette fois des
chiffres qui ne comportaient plus qu’une erreur de 2 à 4 p. roo.
Urotropine ajoutée Azote de l'NH3 Urotropine retrouvée
0,0020 0,00096 0,002/
0,0025 0,00098 0,002/45
Les dosages sur solutions aqueuses nous ayant donné de bons
résultats, nous avons recommencé ces dosages sur des solutions
d'urotropine dans le sang in vitro. Il suffit de déféquer celui-ci à
parties égales par de l’acide trichloracétique à 20 p. 100 et d'ajou-
ter au filtrat 1 c.c. d'HCI pur ; puis de mettre au bain-marie
pendant une demi-heure. On pratique ensuite un dosage de
V'NH° par la méthode Folin modifiée, en ayant soin de neutraliser
par de la soude l'acide ajouté, avant d'introduire le CO°Na? qui
déplace l'ammoniac lors du barbottage d'air.
Les résultats trouvés furent aussi bons qu'avec les solutions
aqueuses.
IT. Nous avons appliqué la méthode de dosage de l'NH° à
l’étude de la décomposition de l’urotropine dans le sang in
vitro, les méthodes de recherche sur ce sujet par le dosage du
formol, ne permettant pas d'apprécier cette décomposition d'une
façon précise.
Dans ce cas, bien entendu, le sang ne doit être ni déféqué, ni
acidifié.
Nous avons procédé à l’expérience suivante
100 c.c. de sang furent divisés en 4 parties égales : le sang
1 et le sang 3 nous ont servi de témoins pour le dosage de P'NH°
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1075
normal contenu dans le sang. Le sang 2 et le sang 4 furent addi-
tionnés d'urotropine à raison de 5 gr. par litre.
Nous avons fait les dosages 24 heures après, le sang x et le
sang 2 étant restés à la température du laboratoire, le sang 8 et
le sang 4, à l’étuve à 37°.
Déduction faite de l’ammoniac dosé dans les témoins (sangs
1 et 3), nous avons trouvé les quantités d'ammoniac suivantes
rapportées au litre de sang.
Teripéralure du laboratoire à 370
Sang 2 Sang
0,0096 gr. d'NNH° 0,0826 gr. d'NNH®
0,024 gr. d’urotropine. 0,328 gr. d’urotropine.
La décomposition de l’urotropine in vitro paraît donc pour
ainsi dire nulle. Îl serait intéressant de poursuivre cette étude
in vivo.
Conclusions. 1° La méthode de dosage de l’urotropine dans les
milieux organiques par le dosage de l'NH° provenant de sa dé-
composition donne des résultats pour ainsi dire théoriques, de
beaucoup supérieurs à toutes les autres méthodes de dosage exis-
tant actuellement.
2° La méthode de dosage de l'NH° appliquée à l’étude de la
décomposition de l’urotropine permet d'apprécier cette décom-
position d'une façon précise.
3° L'urotropine en présence de sang, in vitro à 37° pendant
24 heures, ne subit qu'une décomposition très partielle, égale
environ au quinzième de son poids.
LE MÉCANISME DE L'ACCÉLÉRATION CARDIAQUE PAR LA QUININE
ET LES AUTRES ALCALOÏDES DÉRIVÉS DU QUINQUINA,
PA A CLR Ce CPE
Dans nos recherches antérieures sur l’action cardiaque de la
uinine (1), nous, avons montré que cet alcaloïde, à certaines
doses, exerce une action dépressive sur toutes les propriétés de
la fibre myocardique. Néanmoins, à petites doses, et c'est là un
fait bien connu, la quinine détermine un certain degré d’accélé-
ration cardiaque. On a proposé, concernant ce phénomène, des
explications différentes ; nous avons constaté les premiers (2)
(x) A. Clerc et C. Pezzi. C. R. de la Soc. de biol., 8 novembre 1919, t. LXXXIT,
Dre 0:
(2) AP UCIerc et MC. Pezzi CG) R-nde l'Acad. des, Se1180 décembre 1970;
LENOIR UE
1076 SOCIÉTÉ DE BIOLÜGIE
que la quinine, à doses relativement faibles (1 à 2 cgr. par kgr.
d'animal d’une solution à 1/10 de chlorhydrate en injection
intraveineuse), paralyse, chez le Chien, le centre bulbaire du
vague, car elle supprime complètement l’action si particulière
de l’adrénaline sur le centre en question.
Cette constatation nous fit admettre (1) que l’accélération car-
diaque par les faibles doses de quinine ne pouvait être que la
conséquence d’une abolition du tonus central du pneumogas-
trique, abolition consécutive à la paralysie du centre bulbaire
et déclanchant, à son tour, indirectement, l’action antagoniste
des accélérateurs.
Winterberg (2) avait invoqué d'abord une excitation directe
et exclusive des accélérateurs centraux, mais dans un travail plus
récent (3) il admet à la fois une action excitante directe du cen-
tre accélérateur et une action indirecte consécutive à la LR
du centre bulbaire pneumogastrique.
Pour résoudre le problème, nous avons réalisé les expériences
suivantes : sur le Chien chloralosé, nous enregistrions l’électro-
cardiogramme en 2° dérivation (patte antérieure droite, patte
postérieure gauche), à l’état de repos, puis, pendant la compres-
sion des globes oculaires, qui détermine, comme on le sait, un
arrêt ou un ralentissement cardiaque, par excitation du pneu-
mogastrique au niveau de son centre bulbaire. Puis nous déter-
minions la quantité minima de quinine (chlorhydrate) capable
de supprimer, après injection endoveineuse, le réflexe oculo-
cardiaque. D’après nos expériences, ce seuil correspond, en gé-
néral, à la dose de 1 cgr. de quinine (chlorhydrate) en solution
à 1/10 par kgr. d'animal. C’est d’ailleurs à peu près la même
quantité d’alcaloïde qu’il faut employer pour supprimer l’action
de l’adrénaline. Nous nous sommes alors demandé si des doses
de quinine inférieures ne détermineraient pas une accélération
cardiaque, tout en laissant intact le réflexe en question. C’est ce
que nous avons constaté avec des doses de 1/2 cgr. de chlorhy-
drate de quinine à 1/10 par kgr. d'animal injecté dans les veines
du Chien. L’accélération se produit encore, maïs, cette fois, le
réflexe oculo-cardiaque persiste. Cette expérience nous permet
donc d'affirmer que l'accélération cardiaque, obtenue dans les
conditions précitées, ne traduit nullement une paralysie du cen-
tre bulbaire du vague qui déclancherait indirectement l’action
antagoniste des accélérateurs, mais est bien due à une Sec
directe de ces derniers.
(1) GC. Pezzi et A. Clerc. Malattie del cuore, novembre et décembre 1921, n°
11 et 12.
(2) Actes du Congrès de Nauheiïm, 1920.
(3) Singer et Winterberg. Wiener Archiv. fur klin. med., 1922, Bd. II.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1077
Nos recherches laissent toutefois en suspens la question de
savoir si cette action porte sur ie système accélérateur central ou
périphérique.
Des expériences récentes faites avec Noël Deschamps nous ont
montré que, contrairement à notre première impression et com-
me l'avaient admis déjà certains auteurs (x), les nerfs accéléra-
teurs (ganglion étoilé, anse de Vieussens), restent excitables chez
le Chien soumis à l’action de la quinine et de la quinidine. Pour-
tant, dans les mêmes circonstances, l’accélération due à la nico-
tine ou au chlorure de strontium s’atténue considérablement ou
peut même disparaître. Cette contradiction tient probablement à
ce que les deux drogues ci-dessus agissent sur la portion du sys-
tème accélérateur située en aval du ganglion étoilé ; on admet,
en effet, depuis Langley, que la nicotine excite les fibres ner-_
veuses terminales au point où elles se mettent en rapport avec les
cellules ganglionnaires intracardiaques. C'est là, d’ailleurs, une
question sur laquelle nous nous proposons de revenir ultérieure-
ment.
Nous ajouterons, pour terminer, que le phénomène étudié
dans la présente note à propos de la quinine, se reproduit quand
on utilise les autres alcaloïdes voisins (quinidine, cinchonine,
cinchonidine), à des doses sensiblement égales à celles indiquées
plus haut.
LES GRANULATIONS CHROMAFFINES
DES GLANDES SALIVAIRES POSTÉRIEURES DES CÉPHALOPODES,
par J. VERNE.
Au dernier congrès de [Association des Anatomistes (Gand
1922), j'ai signalé l'existence de granulations chromaffines dans
la glande salivaire postérieure des Céphalopodes. Ce sont les
caractères de ces granulations que je veux ici exposer.
À la constitution complexe du liquide sécrété par la glande en
question correspond un aspect histologique très hétérogène.
Les tubes sécréteurs dont se compose la glande sont constitués
principalement par des cellules du type séreux; quelques cellules
de type muqueux existent en faible proportion. Dans un certain
nombre d'éléments séreux apparaissent les granulations que dis-
tingue l’action du chrome et qui disparaissent au cours de l’ex-
crétion. Seuls les fixateurs à base de bichromates alcalins, tels
que le liquide de Regaud, de Müller, etc., produisent la réaction.
(x) Arillaga, Waldorp et Guglielmstti. C. R. de la Soc. de biol., 1921, 2° se-
mestre, p. 683 ; Prensa medica argentina, 1922, t. VIII.
1078 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L’acide chromique ne permet pas de l'obtenir: Ce fait avait ét£
noté pour les grains chromaffines de la surrénale (Grynfeltt,
Mulon). La coloration des granulations est absolument spéci-
fique et localisée. Les tissus environnants se montrent incolores
et la coloration résiste au lavage à l’eau. Elle est d'une teinte va-
riant du jaune brun au jaune rouge. Il s’agit donc d’une chro-
maffinité vraie au sens de Grynfeltt et non d’une coloration ba-
nale par le chrome commie en prennent d’autres éléments.
Si les bichromates mettent électivement en évidence ces gra-
nulations, on peut cependant les observer après des fixations par
d'autres réactifs. Seul l’alcool les fait complètement disparaître.
Le liquide de Bouin, les fixateurs à base de formol les conser-
vent. Dans ces conditions, en l'absence de la coloration due au
chrome, on reconnaît ces granulations grâce à leur réfringence
plus grande que celle des autres grains et à leur taille inégale
et souvent plus petite. Après action d’un bichromate, aucun réac-
tif colorant ne prend plus sur elles. En revanche, après fixation
par un autre réactif capable de les conserver, les nantes se
montrent safraninophiles et sidérophiles (par l’hématoxyline fer-
rique). Ciaccio donne des grains de la médullaire surrénale une
description analogue.
D'autres réactions accentuent ce rapprochement. J’ai pu ob:
tenir à l’aide du perchlorure de fer une teinte brune tournant au
bleu-verdâtre non seulement localisée sur les grains, mais située
autour et au delà d'eux, dans la portion de la cellule en contact
avec la lumière du tube. Enfin, ces granulations s’oxydent faci-
lement en prenant une teinte jaune sale ; cette réaction est à
rapprocher de celle décrite par Mulon pour la médullaire surré-
nale. Je n'ai cependant pu observer de passage par une teinte
rose. Le contact prolongé avec OsO* amène un noircissement par
dépôt d’osmium.
De l’ensemble de ces caractères, il apparaît que ces granula-
tions sont à rapprocher de celles de la médullaire surrénale. IE
est établi (Mulon) que là elles doivent leurs caractères à la pro-
duction d'adrénaline. L'adrénaline n'existe pas dans le produit
de sécrétion de la glande salivaire postérieure des Céphalopodes,
mais on trouve, en quantité variable comme du reste la quantité
des grains diromelitines parmi ses éléments constituants (Bot-
tazzi) un composé que (É chimie et la physiologie rapprochent
de l’adrénaline (Henze) : c'est la tyramine ou p.hydroxyphényl-
amine, qui présente précisément in vitro la réaction du perchlo-
rüre de rériet le jaunissement par oxydation, Ce corps offre de
plus en commun avec d’autres composés la réaction de Millon.
Je l'ai essayée sur des coupes par congélation ; en chauffant très
progressivement, on observe tout. d'abord un.jaunissement dû.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1079
vraisemblablement à une oxydation, puis la coloration rouge
caractéristique apparaît surtout autour des grains et dans le pôle
apical de la cellule qui les contient.
Ces nouvelles observations me paraissent donc confirmer l'hy-
pothèse d’après laquelle les grains décrits par moi sont le sup-
port de la tyramine ou du moins le substratum de son élabora-
tion ; le produit formé diffuserait autour d'eux comme le prou-
veraient les résultats fournis par la réaction de Vulpian, celle de
Millon et l’absence des granulations chromaffines dans le pro-
duit sécrété.
(Laboratoire d'histologie de la Facullé de médecine de Paris).
LITHIASE PAROTIDIENNE CHEZ L'HOMME.
EXAMEN CHIMIQUE QUALITATIF D'UN CALCUL ÉVACUÉ SPONTANÉMENT
PAR LE CANAL DE STENON,
par L. DEBUCQUET.
Les cas de lithiase salivaire chez l'Homme ne sont pas rares.
Thomes de Glosmadeuc (1), Morestin et Billet (2), Brin (3), Guil-
loteau (4), Perrone (5), Scheffer (6), Schwartz (7), Boncour et
Delval (8), Guibe (9), Eschbach (10), Bouquet et Grenier (rx),
Mouve et Soupault (12), en relatent des observations détail-
lées (13). La description des faits, les analyses pratiquées, tant
au point de vue chimique que bactériologique, se rapportent à
des calculs extraits ou évacués spontanément des core SOUS-
maxillaires par les canaux de Wharton.
Les calculs de la glande parotide chez l'Homme être
moins fréquents. Morestin (14) en signale un cas. J.-P. Tour-
(x) Thèse de Paris, 1855. .
(2) Bull. Soc. anat., 1903.
(8) Bull. Soc. anat., 1904.
(4) Thèse de Paris, 1904.
(5) Arch. de médecine, 1904.
(6) Thèse de Paris, 1905. ©
(7) Gaz. des hôpitaux, 1907.
(8) Bull. Soc. anat., 1908.
- (9) Bull. Soc. anat., 1910.
(10) Bull, Soc. anat., 1912.
(11) Bull. Soc. anat., 1920.
(r2) Bull. Soc. änat., 1920. e
(13) Voir aussi Brouardel et Gilbert. Traité de Médecine et Thérapeutique
édition 1908. Ë
(14) Idem.
1089 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
——
neux et Bernardbeig (1) en décrivent un autre, mais sans ana-
lyse chimique du calcul.
Cette rareté m'incite à publier les résultats de l'examen chi-
mique qualitatif d’un calcul de cette glande évacué spontané-
ment par le canal de Stenon.
Le calcul est de très petites dimensions. J'évalue approxima-
tivement son volume à celui de trois têtes d'épingle ordinaire
réunies. Le calcul est sensiblement sphérique, sa surface est lisse,
sa consistance dure et sa couleur est jaunâtre ; le calcul pèse
douze milligrammes (0,012 gr.).
Une section pratiquée vers le centre laisse apercevoir une cou-
che externe jaune cireuse, d'épaisseur presque uniforme, enro-
bant un noyau blanchâtre, craquelé suivant quelques lignes di-
rigées du centre à la périphérie. Le calcul pulvérisé présente l’as-
pect d’une fine poussière de pollen.
Sur de faibles quantités de cette poudre, j'ai pratiqué succes-.
sivement les recherches de la cholestérine par la réaction de
Salkowski, de l'acide urique par celle de la murexide. Toutes
deux ont été négatives. J’ai traité une autre fraction de la poudre
par deux ou trois gouttes d’acide azotique fumant. Après évapo-
ration douce, la coloration jaune de la poudre, avant traitement,
s'est accentuée jusqu'au jaune d'or, indiquant ainsi la présence
de xantho-protéiques. La recherche de la chaux par précipita-
tion de l’oxalate de calcium en milieu acétique, a démontré que
le calcium était l’élément prédominant. L'aspect du noyau, ses
dimensions par rapport à la couche qui l’enveloppait, le volume
du précipité d’oxalate calcique, en tenant compte de la faible
quantité de substance mise en œuvre dans la réaction, permet
d'admettre l'hypothèse que le noyau doit être presque unique-
ment constitué par de la chaux, recouvert par des matériaux
protéiques. La calcination sur lame de platine n’a laissé qu'un
résidu minime, blanc sale dans lequel je n’ai pu identifier que Ha
chaux comme ci-dessus. $
Il est intéressant de rapprocher la composition minérale qua-
litative de ce calcul de celle des calculs extraits des glandes sous-
maxillaires par les canaux de Wharton.
De Demorey, de Blas, de Hardy, Daunay, de Magnier de la
Source (2) et d’autres ont pu donner des résultats quantitatifs
d'analyses chimiques des calculs sous-maxillaires grâce à leur
nombre et à leurs dimensions (leur poids variait de 1,50 gr. à
10 gr. et plus). Tous font ressortir une forte proportion de sels
(1) Bull. Soc. anat., 1921.
(2) Guilloteau. Thèse Paris, 1904.
F4
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1081
calciques. Dans le cas d'Alexandre (1), le calcium, à l'état de
carbonate et de phosphate, constitue 70 p. 100 du calcul.
Le calcul sur lequel nos investigations ont porté diffère des
précédents par son origine et ses dimensions. Sa petitesse n'a pas
permis autant de précision, mais ainsi que nous l'avons fait re-
marquer, le calcium reste toujours l'élément principal.
Nous devons également noter un point de rapprochement en-
tre le calcul que nous avons examiné et celui extrait par Tour-
neux et Bernardbeig. Les calculs décrits par ces auteurs pesaient
l’un douze centigrammes (0,12 gr.), l’autre trois centigrammes
(0,03 gr.). Le nôtre n'’atteignait qu'une fraction de ces poids. De
même, les couleurs observées dans l’un et l’autre cas varient du
jaune brun au jaune pâle.
Ces particularités, ces liens de parenté chimique entre les cal-
culs des glandes salivaires méritent d’être signalés.
LA CONSTANCE DE LA LEUCOGÉNÈSE INTRAGASTRIQUE
APRÈS INGESTION DE BOUILLON,
par M. LoePper et G. Marcxar.
Dans une précédente note (2), nous avons étudié la cytologie
des liquides de digestion gastrique et montré avec quelle constance
se manifestait la leucogénèse intrastomacale. Cette leucogénèse
n'a rien de commun avec les phénomènes de décapage que pro-
duit l'absorption de solutions irritantes ou hypertoniques. C’est
une réaction physiologique. Elle apparaît avec toutes les solu-
tions d'albumine, de sucre, de peptones et même, ainsi que nous
venons de le constater, avec l'huile et l’amidon. Elle est particu-
lièrement nette et appréciable avec le bouillon.
En administrant à différents sujets un volume identique de
bouillon de viande exactement salé et peptoné et en pratiquant
des tubages à des heures variables, on peut juger de l’impor-
tance et de l’évolution de cette leucogénèse.
Voici, appréciés à la cellule de Nageotte, les résultats obtenus :
Minutes: 10 13 20 30 45 Go 90 120 150 180
D D Ro de a gboët ic Le Re
Dee 0 —— 390 = == 875 — 1880 — = =
3) .. — — 560 — 700 — 1700 — 1200 —
1) RE ONRS — + fin = = RS AR se ss En
L'afflux leucocytaire est donc constant et considérable puis-
(x) Voir Traité de Brouardel et Gilbert (1908).
(2) Lœper et G. Marchal. C. R. de la Soc. de biol., 22 juillet 1922.
Biorocie. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. jh
1082 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
qu'il se chiffre par plus d'un millier de leucocytes par milli-
mètre cube. La courbe en est ascendante jusqu’à go minutes où
elle atteint 1.700 à 1.800 et S’abaisse ensuite. Elle est sensible-
ment identique dans les 4 cas considérés qui appartiennent ce-
pendant à des estomacs différents.
Ces leucocytes viennent sans aucun doute de la sous-muqueuse
que l'examen histologique pratiqué au cours d'un repas montre
plus riche que nofmalement en éléments lymphatiques.
La léucogénèse paraît plus précoce que la sécrétion chlorhy-
dropeptique. Ellé la précède toujours et l’acmé de la réaction
sécrétoire est un peu plus tardif que l’acmé de la réaction leu-
cocytaire, ce qui ne veut pas dire qu'elle lui soit proportionnelle.
En effet, la leucocvtose est aussi accentuée dans les estomacs
M lo dtiqu ee que dans les estomacs normaux ou hyper-
chlorhydriques.
Les résultats suivants le prouvent surabondamment :
Minutes Leucogénèse H A F
1) 19 390 (e) 0, O,I
45 875 Co) 0,5 0,2
90 1880 (e) 0,6 0,9
2) 20 56o 0,6 1,7 0,4
45 700 2,4 3,9 0,5
Ru 80 ne 1700 2,8 3,5 0,2
4 LR 0 600 . ©. 0,5 O.I
La réaction leucogénique est donc autonome et indépendante
des autres réactions.
Mais si la quantité de leucocytes varie peu avec les états dys-
peptiques, il semble que la qualité puisse présenter des diffé-
rences. NS Are dot
Normalement, il s'agit d'une polynucléose où l'élément pluri-
lobé atteint 80 à 90 p. 100.
Chez les hyperchlorhydriques, c'est encore Île polynucléaire
qui domine. Chez l’hypochlorhydrique, le lymphocyte est plus
abondant et atteint le polynucléaire ou le dépasse.
Cette inversion de formule est surtout accentuée dans la gas-
trite chronique et le cancer. Nous verrons ultérieurement le
parti que le diagnostic peut tirer de ces variations.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1083
LE RÔLE DE LA LÉUCOGÉNÈSE INTRAGASTRIQUE
DANS LA DIGESTION DES ALBUMINES,
par M. EosPper et G. MARCHAL.
La leucogénèse intragastrique provoquée par certains aliments
et, en particulier par le bouillon, sur laquelle nous venons d’at-
tirer l'attention, est une réaction trop constante et {trop intense
pour ne point répondre 4 une nécessité physiologique.
Aussi est-il intéressant d'étudier le rôle des feucocytes dans a
digestion des aliments. Nous envisagerons aujourd'hui la diges-
tion des substances albumineuses.
On sait depuis longtemps que les leucocytes, et spécialement
les polynucléaires, exercent une action protéolvtique. A eux
seuls ils digèrent une proportion notable d’albumines. Dans le
suc gastrique, milieu chlorhydropeptique, ils renforcent l’action
de la sécrétion et leur action propre est renforcée par elle.
Nous avons mis en présence pendant plusieurs heures d’'étuve
à 37° un mélange composé de IT gouttes d'HCI, de 1/40 de c.c.
de pepsine Chaix et de: IT gouttes d bouillie de leucocytes lavés
2 fois dans 20 c.c. de solution d’ovalbumine.
Voici les résultats
Poids enretine
lransformée, après à heures
PCPSMEL I SEMIE SAT dense estate irate 11:
Lencocytesr-senise etats. ie eat int : le
ÉÉPSINeRCLMIEUCOCM TEST MERE Te l
Bepoineme RACINE PRES sépopoocetoene 13
ILÉMCEN TES NEC TRIQIS és oder 44
Pepsine et’ leucocytes et ACT .....4..... L 35
Les résultats obtenus avec le tube de Mett sont absolument su-
perposables.
Les leucocytes, dont l’action protéolytique est inférieure à
celle de la pepsine, renforcent donc très notablement l'activité
du mélange pepsine et acide chlorhydrique. Bien plus, ils peu-
vent, dans le complexe chlorhydropeptique, se substituer à la
pepsine et jouer un: rôle égal ou supérieur. Leur action s’épuise
après. 3 heures, car ils subissent eux-mêmes la digestion chlor-
hydropeptique.
Si, d'autre part, on énre le borilhionr extrait du l'estomac avant
-et après filtration, on se rend: compte que le bouillon filtré agit
moins énergiquement sur les albumines que: le: bouillon: non fil-
tré. Or, le bouillon non filtré contient des leucocytes que le
do. filtré ne contient plus. LRn
Si l’on place les tubes de Mett dans le bouillon extrait de l'es-
1084 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tomac, chargé par conséquent de pepsine et qu'on l’additionne:
d’une même proportion d'HCI, on obtient les chiffres suivants :
Albumine transformée (en milliar.)
45 minutes ’ 4 heure
Liquide total+ HCI ..... NES à ions 11,9 15,15
Liquide filtré +HCI ...... pe 3,3 6,7
Il apparaît donc bien que les leucocytes apportent leur con-
cours à la sécrétion peptique. Et la nécessité dans laquelle on se
trouve de filtrer les repas d'épreuve usuels, fait disparaître du
milieu examiné une proportion notable de ferments protéoly-
tiques.
L’acide lactique et l'acide acétique sont susceptibles de jouer,
à l'égard de la pepsine, un rôle adjuvant analogue à celui que
joue l'HCI.
Nous avons donc étudié l’action de l’acide lactique et de l'acide:
acétique vis-à-vis des leucocytes et réciproquement. De même
que l'extrait leucocytaire peut remplacer la pepsine dans le
complexe chlorhydropeptique, de même l'acide lactique et
l'acide acétique peuvent remplacer, dans une certaine mesure,
l’acide chlorhydropeptique : le mélange lactoleucocytaire agit
sur les albumines mieux que les leucocytes ou la pepsine seule,
mais son action est de 2 à 3 fois inférieure à celle d’une solution
chlorhydropeptique ou leucochlorhydrique.
Ces faits sont intéressants pour l'étude de la digestion albu-
mineuse dans les estomacs hypopeptiques et hypochlorhydri-
ques et surtout dans les estomacs cancéreux.
À PROPOS DES MASTOCYTES DES ÉPITHÉLIOMAS.
IMPORTANCE DE LA FIXATION POUR LA COLORATION DES GRANULATIONS
DES MASTOCYTES,
par CL. REGaun et ANT. LACASSAGNE.
Dans le tissu conjonctif de beaucoup d'épithéliomas on ren-
contre, en plus ou moins grand nombre, des cellules qui, après
fixation par les mélanges de Tellyesniczky, de Zenker ou de
Bouin et coloration par l’hémalun-éosine, c’est-à-dire après em-
ploi des techniques couramment usitées, correspondent à la des-
cription suivante.
Ce sont de grosses cellules, dont le volume atteint le double
de celui d’un leucocyte ordinaire, munies d’un noyau toujours
central, relativement petit, rond ou légèrement ovoïde, en gé-
néral fortement chromatique. Le cytoplasma, rempli de grains,
se coloré nettement par l’éosine.
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1085
Ces cellules sont saisies tantôt au repos (elles sont alors de
contour arrondi), tantôt en mouvement (et leur forme est va-
riable ; elles sont allongées ou même très étirées). On les ren-
contre habituellement dans le tissu conjonctif intermédiaire aux
cordons ou amas de cellules épithéliomateuses ; plus rarement
dans ces cordons ou ces amas où elles ont manifestement émigré.
L’éosinophilie des ces éléments granuleux les fait considérer
communément comme des leucocytes éosinophiles ; et, comme
ils diffèrent nettement des éosinophiles du sang, sortis des vais-
seaux par diapédèse et circulant dans les tissus, on est tenté d’en
faire une espèce distincte, de les qualifier d’éosinophiles locaux,
d’éosinophiles de tissus (ou histiogènes).
Ces éléments ne sont pas particuliers aux tissus néoplasiques ;
on les rencontre dans divers tissus pathologiques, et l’un de
nous (1), avec Crémieu (1913), avait signalé leur abondance
dans le tissu conjonctif du thymus de Chat irradié, les interpré-
tant comme des « éosinophiles à noyau rond ».
Une étude plus approfondie des conditions de fixation et de
coloration de ces cellules leur fait restituer leur signification
exacte. Ce sont des mastzellen ou mastocytes, c'est-à-dire des
éléments mobiles du tissu conjonctif, à granulations basophiles.
Ils diffèrent de toutes les variétés d’éosinophiles parce que leurs
granulations se montrent basophiles dans des conditions de fixa-
tion appropriées ; ils diffèrent des leucocytes à granulations ba-
sophiles du sang par leur grandeur, la forme et les dimensions
de leur noyau. :
Ce sont des mastocytes propres au tissu conjonctif ; leur pré-
sence dans le stroma de certains cancers a été signalée presque
dès leur identification par Ehrlich, et Ramon y Cajal (2) les a
longuement décrits en 1896, leur attribuant un rôle dans la dé-
fense de l'organisme contre le cancer.
Il nous a paru intéressant, à ce sujet, de préciser l'influence
de la fixation sur les variations de colorabilité des granulations
des mastocytes. À cet effet, nous nous sommes adressés à l’épi-
ploon du Rat, objet d'étude de choix comme on sait, en raison
de l’abondance de ces cellules dans cette espèce animale.
Nous avons obtenu sur les mastocytes de nombreux cancers
humains des résultats analogues à ceux que nous allons briève-
ment donner ci-dessous. Toutefois, ces éléments sont plus fra-
giles chez l'Homme que chez le Rat ; c’est ainsi que leurs granu-
(x) CI. Regaud et R. Crémieu. Sur la formation temnoraire de tissu myéloïde
dans le thymus nendant l’involution de cet organe, consécutive à l’action des
rayons X. C. R. de la Soc. de bioi., 3 mai 1913, t. LXXIV, p. GGo.
(2) Ramon y Cajal. Las defenses organicas en el cpitclioma y carcinoma.
Boletin official del Colegio de Medicos de Madrid, 1806.
1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE :
De assez sn conservées de le Rat par fixateurs
comme le mélange de Bouin, sont, dans les mêmes conditions,
altérées dans les mastocytes de l'Homme.
Fixation. Le formol et l’acide osmique sont, l’un et l’autre,
des fixateurs excellents des granulations des mastocytes. Les
réactifs dans la composition desquels rentrent l’une ou l'autre
de ces substances assurent généralement la bonne fixation de ces
grains et permettent sans dommage le passage ultérieur dans les
réactifs usuels. Au contraire, la fixation par l’alcool absolu ne
donne qu'une conservation très instable des grains des masto-
cytes. L'alcool dilué les dissout ; le sublimé, l'acide picrique, les
mélanges chromo-acétiques les conservent mal.
L’acidité ou l'alcalinité des réactifs ne paraissent jouer qu'un
rôle secondaire dans ces actions de fixation ou d’altération.
Coloration à l’éosine orange et bleu de toluidine (Technique
de Dominici). Après action des bons fixateurs des mastocytes,
c'est-à-dire ceux qui contiennent soit du formol, soit de l'acide
osmique, les granulations sont colorées en bleu foncé par le bleu
de toluidine. La métachromasie, les halos colorés péricellulaires,
les gouttelettes extracellulaires, ne s’observent qu'en cas de fixa-
tion défectueuse. Après action des réactifs qui altèrent les grains
des mastocyles, par exemple, le mélange de bichromate de po-
tasse et d'acide acétique, ces grains ne sont pas détruits, mais ils
cessent d'être colorables par le bleu, et le cytoplasme des masto-
cytes qui les contient se teint vivement par l’éosine.
Coloration à l’hémalun-éosine. Après fixation par un réactif
qui associe le formol au bichromate de potasse (Helly, Zenker-
Helly, Tellyesniezky-formol, bichromate-formol, etc.), les gra-
nulations des mastocytes, remarquablement conservées, se co-
lorent par l’hémalun, et ceci d'autant mieux que le mordançage
par le bichromate de potasse est plus poussé.
Au contraire, après fixation par d’autres réactifs, à base de for-
mol ou d’acide osmique (formol salé, Flemming, Bouin, Domi-
nici, etc.), les granulations des mastocvtes retiennent de préfé-
rence l’éosine.
(Laboratoire Pasteur de l'Institut du radium).
HT A
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1087
ACTION DE DIVERS ANTISEPTIQUES SUR LE BACTÉRIOPHAGE
DE D'HERELLE,
par L.-K. Wozrr et J.-W. JANzen.
Depuis la publication de l'ouvrage de d’Herelle plusieurs au-
teurs ont publié des mémoires tendant à prouver qu'on pouvait
isoler de la Bactérie elle-même un principe provoquant la lyse
transmissible en série, et cela au moyen de manipulations diver-
ses : filirations répétées, séjour dans l’eau distillée, ou par ad-
jonction de différentes substances, telle que trypsine, entéro-
kinase, etc.
D'Herelle a objecté que, dans tous les cas décrits jusqu'ici, les
auteurs ne donnaient pas la preuve que les matériaux dont ils
s'étaient servis, n'étaient pas contaminés d'avance par un Bacté-
riophage « latent ». Il a indiqué qu'il suffisait d’ailleurs de puri-
fier les souches bactériennes par colonies isolées, technique ha-
bituelle de purification, pour faire disparaître l'aptitude à Ja
production du principe lytique par la Bactérie elle-même. D’un
autre côté, Combiesco a montré que, dans le cas des enzymes,
le Bactériophage constituait bien une impureté.
Nous nous étions proposé de rechercher un antiseptique ca-
pable de détruire le Bactériophage sans que la Bactérie soit
tuée : avec un tel antiseptique on aurait pu purifier les souches
bactériennes avant de les employer pour les expériences ci-des-
sus, réalisant ainsi une purification chimique. Disons de suite
qu'il ne nous à pas été possible, jusqu’à présent, de découvrir
un tel antiseptique. Nous avons toutefois fait, au cours de ces
recherches, quelques observations assez curieuses sur les pro-
priétés des Bactériophages.
Nous avons expérimenté avec les antiseptiques suivants : opto-
chine, eucupine, vucine (dérivés de la quinine), chinosol, ya-
iren, trypaflavine, rivanol, vert de malachite, agissant sur des
Baciériophages spin. anticoli, antidysentérique et anti-
staphylococcique.
Si, à une culture de l’une de ces Bactéries, additionnée de Bac-
tériophage correspondant, on ajoute une certaine quantité de
l’un des antiseptiques mentionnés ci-dessus, on constate que fes
étalements sur gélose faits après 24 heures ne présentent aucune
plage. Les témoins sans antiseptiques présentent par contre les
plages caractéristiques du Bactériophage. Pourtant, dans tous les
cas, le Bactériophage n'était pas mort, il était présent à l’état
« latent », comme il nous a été facile de nous en convaincre en
ajoutant à une émulsion fraîche de Bacilles en bouillon une
{=
1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
goutte du mélange Bacilles-Bactériophage-antiseptique : un éta-
lement sur gélose, après 24 heures d'incubation, présentait les
plages caractéristiques du Bactériophage. L’antiseptique n'avait
donc pas tué le Bactériophage, mais, sous l’action de cet anti-
septique sa présence passait inaperçue : il se trouvait à l’état
latent.
Les expériences d’autoproduction du Bactériophage par la Bac-
térie elle-même auxquelles il a été fait allusion au début de cette
note, ayant été effectuées avec des Bacilles isolés de déjections,
à côté des objections de d'Herelle, il y aurait, nous semble-t-il,
à considérer le fait que les déjections contiennent assurément
des substances antiseptiques, qui pourraient, comme dans nos
expériences, masquer la présence d’un Bactériophage « latent »,
faussant, en cela, le résultat des expériences. Il n'y aurait pas,
en réalité, « autoproduction » du Bactériophage, mais revivis-
cence d’un Bactériophage latent.
Nous avons, de plus, constaté que de très faibles quantités
d’une substance antiseptique (par exemple chinosol 1/4.000) pou-
vait activer l’action du Bactériophage : en présence de l’antisep-
tique les plages étaient plus nombreuses et plus étendues sur les
étalements sur gélose effectués après 24 heures d’incubation.
D'Herelle a montré que le Bactériophage pouvait s’accoutumer
à la glycérine, Prausnitz a fait la même constatation en ce qui
concerne l'action inhibitrice du sérum antibactériophage, ce
fait constituant, pour lui, une des preuves principales en faveur
de la conception de d’Herelle. Nous avons, de notre côté, fait des
constatations semblables en ce qui concerne les antiseptiques sur
lesquels nous avons expérimenté. Par exemple, avec le chinosol
à 1/600, l'étalement après 24 heures d’incubation ne présente
aucune plage, même en opérant avec une émulsion de Bacilles
frais ; tandis qu'après neuf jours, les Bacilles étant morts, une
goutte du mélange ajoutée à une émulsion de Bacilles frais
donne, à l’étalement, un grand nombre de plages.
En résumé, avec les antiseptiques employés, le Bactériophage
est rapidement inhibé par des quantités qui n’ont que peu d’ac-
tion sur les Bactéries ; dans ces conditions, les Bactériophages ne
sont pas détruits, ils sont à l’état de vie latente, et, sous cet état,
offrent une résistance plus grande que celle de la Bactérie. Une
très faible quantité d’antiseptique peut favoriser l’action du Bac-
tériophage. Le Bactériophage est susceptible de s’accoutumer à
l’action des antiseptiques.
(Laboratoire d'hygiène de l'Université d'Amsterdam).
\
[SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1089
INFLUENCE DU CHAUFFAGE SUR LE BACTÉRIOPHAGE DE D HERELLE,
par P. Haupuror.
D'Herelle, dans son livre Le Bactériophage, dit que c'est aux
environs d'une température de 65° que le principe qu'il a décou-
vert cesse de manifester son activité. Divers auteurs (Gratia, de
Necker), ont indiqué des températures différentes. J'ai repris
systématiquement cette étude. J'ai examiné 15 souches diffé-
rentes agissant sur le Bacille de Shiga, sur les Bacilles typhiques
et paratyphiques, sur l’Entérocoque, sur le coli-bacille, sur le
Bacille de Gärtner. Elles ont toutes été chauffées au bain-marie,
en tube ouvert, pendant b minutes à des températures variant
entre 4o° et r10°, en augmentant à chaque fois la température
de 5°. Après le chauffage, j'ajoute à une émulsion du microbe
lysable une quantité de Bactériophage suffisanté pour produire
la lyse (x). Voici les résultats de ces expériences.
a) La température où le Bactériophage cesse de manifester son
activité est TRES avec chaque souche (Exemple : 3 souches
d’anti-Shiga : la 1° cesse de [yser après 5 minutes à go°, la 2°
après b minutes à 60°, la 3° après 5 minutes à 70°).
b) La température de cessation d'activité d’une souche de Bac-
tériophage est en rapport avec sa puissance.
Plus une souche est active (l’activité étant mesurée par la vi-
tesse de lyse d’une émulsion donnée, par la rapidité d’appari-
tion de cultures secondaires, par les titrages sur gélose), plus la
température à laquelle elle cesse de lyser est élevée, Ces résultats
sont d’ailleurs confirmés par les recherches de Weinberg : en
augmentant la virulence d’un Bactériophage par des passages,
dit-il, on augmente pere sa résistance à la tempéra-
ture ii
c) La température de cessation d’ d'une souche de Bac-
tériophage n'a aucun rapport avec la température de mort du
microbe Iysable.
d) Le Bactériophage chauffé, abandonné à lui-même, ne ré-
cupère jamais son pouvoir lytique. -
On peut se demander si le chauffage détruit complètement le
Bactériophage comme l’ont pensé les auteurs qui ont étudié la
question. Le problème est facile à résoudre : après en avoir
chauffé de telle sorte qu'on n'obtienne plus de lyse en bouillon
et plus de plages claires sur gélose, remettons-le en présence de
(x) Les témoins sont faits avec la même émulsion et du Bactériophage non
chauffé. Le transport sur gélose a toujours confirmé les résultats obtenus en
milieu liquide.
(2) Weïinberg et Aznar. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVITI, p. 137.
1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
-
“
microbes lysables et faisons une série de MESSE avec, entre
chacun d’eux, une filtration.
AUD RUe passage, suivant la souche employée, on s’aper-
çoit que le pouvoir lytique reparaît bientôt aussi fort qu'avant.
Le Bactériophage chauffé n'était pas tué. Quelle est donc la
température mortelle ? Elle est, en milieu humide, au-dessus
de 100°, aux environs de 102°. A l’état sec (précipitation du Bac-
tériophage par l'alcool, décantation immédiate chauffage au
four) elle est aux environs de 135°. À ce moment, en effet, mal-
gré la répétition des passages (ro et 15) on n’observe plus aucune
apparence de lyse. Fait excessivement important : la tempéra-
ture mortelle est la même pour toutes les souches que j'ai étu-
diées à ce point de vue.
Nous montrerons dans une prochaine note que ces expériences
rapprochées de celles que nous avons apportées dernièrement
les confirment.
(Laboratoire de bactériologie de la Faculté de médecine
de Strasbourg et de la Faculté de médecine de Paris).
ÉLECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE.
Liste de présentation.
Première ligne : M. Harvier.
Deuxième ligne : M. CHampy.
Troisième ligne : MM. Biner, Busquer, GAUTRELET, H. Vienes.
VOTE.
Votants : A9.
M. Harvier obtient : 34 voix. Elu.
M. CHamey — 8 voix.
. M. Vicnes — 3 Voix.
M. GAUTRELET - — 2 VOIX.
M. FABRE —- TJ VOIX.
M. Biver — Vo
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1087
ACTION DE DIVERS ANTISEPTIQUES SUR LE BACTÉRIOPHAGE
DE D HERELLE,
par Be WoLrr et JW. JANZEN,
Depuis la publication de l'ouvrage de d’Herelle plusieurs au-
teurs ont publié des mémoires tendant à prouver qu'on pouvait
isoler de la Bactérie elle-même un principe provoquant la Jyse
transmissible en série, et cela au moyen de manipulations diver-
ses : filrations répétées, séjour. dans l'eau distillée, ou par ad-
jonction de différentes substances, telle que trypsine, entéro-
kinase, etc.
. D'Herelle a objecté que, dans tous les cas décrits jusqu'ici, les
auteurs ne donnaient pas la preuve que les matériaux dont ils
s'étaient servis, n'étaient pas contaminés d'avance par un Bacté-
riophage « latent ». Il a indiqué qu'il suffisait d’ailleurs de puri-
fier les souches bactériennes par colonies isolées, technique ‘ha-
bituelle de purification, pour faire disparaître l'aptitude à la
production du principe lytique par la Bactérie elle-même. D'un
autre côté, Combiesco a montré que, dans le cas des enzymes,
le Bactériophage constituait bien une impureté.
Nous nous étions proposé de rechercher un antiseptique ca-
pable de détruire le Bactériophage sans que la Bactérie soit
tuée : avec un tel antiseptique on aurait pu purifier les souches
bactériennes avant de les employer pour les expériences ci-des-
sus, réalisant ainsi une purification chimique. Disons de suite
qu'il ne nous a pas été possible, jusqu'à présent, de découvrir
un tel antiseptique. Nous avons toutefois fait, au cours de ces
recherches, quelques observations assez curieuses sur les pro-
priétés des Bactériophages.
Nous avons expérimenté avec les antiseptiques suivants : opto-
chine, eucupine, vucine (dérivés de la quinine), chinosol, ya-
tren, trypaflavine, rivanol, vert de malachite, agissant sur des
Bactériophages antityphique, anticoli, antidysentérique et anti-
staphylococcique.
Si, à une culture de l’une de ces Bactéri ies, additionnée de Bac-
His correspondant, on ajoute une certaine quantité de
l’un des antiseptiques mentionnés ci-dessus, on constate que fes
étalements sur gélose faits après 24 heures ne présentent aucune
plage. Les témoins sans antiseptiques présentent par contre les
plages caractéristiques du Bactériophage. Pourtant, dans tous les
cas, le Bactériophage n'était pas mort, il était présent à l’état
« latent », comme il nous a été facile de nous en convaincre en
ajoutant à une émulsion fraiche de Bacilles en bouillon une
1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
—— ro
goutte du mélange Bacilles-Bactériophage-antiseptique : un éta-
lement sur gélose, après 24 heures d’incubation, présentait les
plages caractéristiques du Bactériophage. L’antiseptique n'avait
donc pas tué le Bactériophage, mais, sous l’action de cet anti-
septique sa présence passait inaperçue : il se trouvait à l’état
latent.
Les expériences d’autoproduction du Bactériophage par la Bac-
térie elle-même auxquelles il a été fait allusion au début de cette
note, ayant été effectuées avec des Bacilles isolés de déjections,
à côté des objections de d’Herelle, il y aurait, nous semble-t-il,
à considérer le fait que les déjections contiennent assurément
des substances antiseptiques, qui pourraient, comme dans nos
expériences, masquer la présence d’un Bactériophage « latent »,
faussant, en cela, le résultat des expériences. Il n’y aurait pas,
en réalité, « autoproduction » du Bactériophage, mais revivis-
cence d'un Bactériophage latent.
Nous avons, de plus, constaté que de très faibles quantités
d'une substance antiseptique (par exemple chinosol r1/4.000) pou-
vait activer l’action du Bactériophage : en présence de l’antisep-
tique les plages étaient plus nombreuses et plus étendues sur les
étalements sur gélose effectués après 24 heures d’incubation.
D'Herelle a montré que le Bactériophage pouvait s’accoutumer
à la glycérine, Prausnitz a fait la même constatation en ce qui
concerne l’action inhibitrice du sérum antibactériophage, ce
fait constituant, pour lui, une des preuves principales en faveur
de la conception de d'Herelle. Nous avons, de notre côté, fait des
constatations semblables en ce qui concerne les antiseptiques sur
lesquels nous avons expérimenté. Par exemple, avec le chinosol
à 1/600, l’étalement après 24 heures d’incubation ne présente
aucune plage, même en opérant avec une émulsion de Baciiles
frais ; tandis qu'après neuf jours, les Bacilles étant morts, une
goutte du mélange ajoutée à une émulsion de Bacilles frais
donne, à l’étalement, un grand nombre de plages.
En résumé, avec les antiseptiques employés, le Bactériophage
est rapidement inhibé par des quantités qui n’ont que peu d’ac-
tion sur les Bactéries ; dans ces conditions, les Bactériophages ne
sont pas détruits, ils sont à l’état de vie latente, et, sous cet état,
offrent une résistance plus grande que celle de la Bactérie. Une
très faible quantité d’antiseptique peut favoriser l’action du Bac-
tériophage. Le Bactériophage est susceptible de s’accoutumer à
l’action des antiseptiques.
(Laboratoire d'hygiène de l'Université d'Amsterdam).
SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 1089
INFLUENCE DU CHAUFFAGE SUR LE BACTÉRIOPHAGE DE D'HERELLE,
par P. Haupuroy.
D'Herelle, dans son livre Le Bactériophage, dit que c'est aux
environs d'une température de 65° que le principe qu'il a décou-
vert cesse de manifester son activité. Divers auteurs (Gratia, de
Necker), ont indiqué des températures différentes. J'ai repris
systématiquement cette étude. J'ai examiné 15 souches diffé-
rentes agissant sur le Bacille de Shiga, sur les Bacilles typhiques
et paratyphiques, sur l'Entérocoque, sur le coli-bacille, sur le
Bacille de Gärtner. Elles ont toutes été chauffées au bain-marie,
en tube ouvert, pendant à minutes à des températures variant
entre 4o° et r10°, en augmentant à chaque fois la température
de 5°. Après le chauffage, j'ajoute à une émulsion du microbe
lysable une quantité de Bactériophage suffisante pour produire
la lyse (x). Voici les résultats de ces expériences.
a) La température où le Bactériophage cesse de manifester son
activité est variable avec chaque souche (Exemple : 3 souches
d'anti-Shiga : lat rcesse de lyser après 5 minutes à go°, la 2°
après 5 minutes à 60°, la 3° après 5 minutes à 70°).
b) La température de cessation d'activité d’une souche de Bac-
tériophage est en rapport avec sa puissance.
Plus une souche est active (l’activité étant mesurée par la vi-
-tesse de lyse d’une émulsion donnée, par la rapidité d’appari-
tion de cultures secondaires, par les titrages sur gélose), plus la
température à laquelle elle cesse de lyser est élevée. Ces résultats
sont d’ailleurs confirmés par les recherches de Weinberg : en
augmentant la virulence d’un Bactériophage par des passages,
dit-il, on augmente parallèlement sa résistance à la tempéra-
ture (2).
c) La température de cessation d'activité d’une souche de Bac-
_tériophage n’a aucun rapport avec la température de mort du
microbe lysable. ë
d) Le Bactériophage chauffé, abandonné à lui-même, ne ré-
_cupère jamais son pouvoir lytique.
On peut se demander si le chauffage détruit complètement le
Bactériophage comme l'ont pensé les auteurs qui ont étudié la
question. Le problème est facile à résoudre : après en avoir
chauffé de telle sorte qu’on n'obtienne plus de lyse en bouillon
et plus de plages claires sur gélose, remettons-le en présence de
(1) Les témoins sont faits avec la même émulsion et du Bactériophage non
chauffé. Le transnort sur gélose à toujours confirmé les résultats obtenus en
milieu liquide.
(2) Weinberg et Aznar. C. R..de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 135.
1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGHE
microbes lysables et faisons une série de Dessus avec, entre-
chacun d'eux, une fiftration.
Au 3°, 4°, 5° passage, suivant la souche employée, on se
çoit que le pouvoir lactique reparaît bientôt aussi fort qu'avant.
Le Bactériophage chauffé n'était pas tué. Quelle est donc la
température mortelle ? Elle est, en milieu humide, au-dessus.
de 100°, aux environs de 102°. À l’état sec (précipitation du Bac-
tériophage par l'alcool, décantation immédiate chauffage au
four) elle est aux environs de 135°. À ce moment, en effet, mal-
gré la répétition des passages (ro et 15) on n’observe plus aucune
apparence de lyse. Fait excessivement important : la tempéra-
ture mortelle est la même pour toutes les souches que j'ai étu-
diées à ce point de vue.
Nous montrerons dans une prochaine note que ces expériences:
rapprochées de celles que nous ayons apportées dernièrement.
les confirment.
(Laboratoire de bactériologie de la Faculté de médecine
de Strasbourg el de la Faculté de médecine de Paris).
ELECTION D'UN MEMBRE TITULAIRE.
Liste de présentation:
Première ligne : M. HARvIER.
Deuxième ligne : M. Crampy.
Troisième ligne : MM. Biner, Busquer, GaurreLer, H. Vicnes.
VOTE.
°
Votants : 49.
M. Harvrer obtient : 34 voix. Elu.
M. CHampy — 8 voix.
M. Vicnes É — SAVOIE
M. GAUTRELET — 2 VOIX.
M. Fagre — T VOIX.
T VOIX.
M. Brer —
(39)
1091
RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX
I Loc ee
(re en
SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1922
Creyx et Vinzenr : Fréquence
comparative et déterminisme du
signe du sou de Pitres dans di-
vers épanchements de la plèvre
et diverses modifications du pa-
renchyme pulmonaire, réalisés
expérimentalement....... Aer
SOMMAIRE
Deraunay (H.) : L’augmenta-
tion de l’activité autoprotéoly-
tique et aminoacidogène du foie
pendant le jeûne; ses rapports
avec l’origine endogène des
amino-acides du sang........,.
Présidence de M. G. Dubreuil.
L'AUGMENTATION DE L'ACTIVITÉ AUTOPROTÉOLYTIQUE
ET AMINOACIDOGÈNE DU FOIE PENDANT LE JEUNE ;
SES RAPPORTS AVEC L'ORIGINE ENDOGÈNE DES AMINO-ACIDES
DU SANG,
par H. DELAUNAy.
Les recherches récentes sur le mécanisme des échanges azotés
ont eu pour résultat de substituer, à l’ancienne théorie de l’albu-.
mine circulante, la conception de l’amino-acide nourriture az0-
tée des tissus, et, aussi, de faire admettre que l'intestin ne forme
pas des albumines -sériques aux dépens des produits azotés de la
digestion, suivant la théorie soutenue, jusqu’en 1912, par Abder-
halden, mais laisse simplement passer dans le sang porte les
acides aminés, comme il laisse passer Les hexoses.
Ces données, actuellement classiques, sont basées en particu-
lier sur les recherches de Van Slyke (1913) et sur celles dont j'ai
fait connaître les résultats en 1910, car j'avais alors démontré,
par la méthode de Sôrensen, la présence constante d’amino- :
acides dans le sang et les tissus, ainsi que l'augmentation du
/
1092 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (40)
taux de ces corps dans le sang porte et le sang de la circulation
générale, au cours de la digestion d’un repas de viande.
Pendant le jeûne, l’aminoacidémie reste constante comme la
glycémie. Dans ces conditions, la question se pose de savoir s'il
existe dans l’économie des organes chargés de fournir aux au-
tres, par l'intermédiaire du sang, les acides aminés nécessaires
à leur fonctionnement, ou si au contraire, comme le pense Van
Slyke, chaque organe fonctionne avec les acides aminés qu'il est
capable de former sur place aux dépens de ses albumines pro-
pres, par autoprotéolyse. À vrai dire, les deux processus ne s’ex-
cluent pas ; ils peuvent coexister avec un coefficient lui-même
variable suivant le moment de l’inanition, de telle sorte que le
problème apparaît comme très délicat à résoudre. Il se rattache,
d’ailleurs, étroitement à une question encore controversée, celle
de l'existence dans le foie d’une réserve protéique analogue à la
réserve glycogénique.
Au cours de recherches sur les modifications de la répartition
de l'azote non protéique dans les organes soumis à l’autolyse,
j'ai observé des faits qui me paraissent en faveur de l'existence
d’une fonction aminoacidogène du foie, s’exerçant pendant le
jeûne.
1° Le coefficient d'autoprotéolyse renseigne exactement sur
l’activité de la dégradation des protéiques, qui s'effectue dans
un organe, lorsque celui-ci, prélevé et pesé aseptiquement, est
soumis à l’autodigestion à l’étuve à 38°, en présence de chloro-
forme et de toluène. Pour établir le coefficient, il suffit de déter-
miner l'azote total et l’azote non protéique du tissu frais ainsi
que l'azote non protéique du tissu autolysé. On calcule par diffé-
rence : 1° l’azote protéique du tissu frais (N.P.); 2° l'azote non
N.A.
protéique libéré par autolyse (N.A.). Un calcul simple [==
—| donne la proportion pour cent d'azote protéique dégradé
pendant l’autolyse, c'est-à-dire le coefficient que nous avons dé-
terminé comparativement, après 24 heures à 38°, pour les prin-
cipaux organes de Chien, soit à jeun depuis 48 heures, soit en
digestion de viande. Dans ces conditions, on ne constate de
variation importante du coefficient que pour le foie. Chez les
animaux en digestion, le coefficient est faible (20 p. 100), alors
que, chez les animaux à jeun, il atteint 4o à 50 p. 100. Tout se
passe comme si le foie, par un pouvoir d’autodigestion plus élevé M
pendant le jeüne, libérait les corps azotés que fournit l'intestin
pendant la digestion.
2° L'étude comparée du rapport de l'azote aminé libéré pen-
dant l’autolyse à l’azole non protéique total libéré dans les mé-
(41) SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1093
mes conditions, que j'ai désigné sous le num de coefficient
d’aminoacidogenèse autolytique met en évidence un autre fait,
qui s'accorde avec le précédent. Le pouvoir aminoacidogène du
foie est considérable, 60-70 p. 100 de l’N non protéique libéré
se retrouve sous forme d'azote aminé, alors que, pour beaucoup
d’autres organes (pancréas, estomac, poumon, cerveau, muscle),
le même coefficient affecte une valeur beaucoup plus faible
(40-50 p. 100). L’intestin grêle et la rate ont un coefficient élevé,
qui se rapproche de celui du foie.
Coefficient d'aminoacidogénèse
Coefticient d'autoprotéolyse autolylique
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Organes (48 heures). viande (1€ h.). (46 heures). viande (12e h.)
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De la suractivité autoprotéolytique du foie, consécutive au
jeûne et du taux élevé de son coefficient d’aminocidogénèse au-
tolytique, est-il possible de conclure à une fonction normale ?
Nous le pensons, en considérant que la formation dans le foie,
en dehors de l'organisme, de glucose (CI. Bernard) et d'urée
(Ch. Richet), reste parmi les meilleures preuves de l'évidence
des fonctions glycogénique et uréopoiïétique.
S'il en est ainsi, il est remarquable de constater que l'organe
qui, pendant la digestion, a surtout pour rôle, ainsi que je l'ai
montré, de débarrasser le milieu intérieur de l'excès des acides
aminés qui lui arrivent de l'intestin, devienne, au contraire,
pendant le jeûne un centre d’aminoacidogénèse.
‘Transformateur ou néoformateur d'acides aminés, suivant
l’état de la nutrition, le foie paraît bien jouer, en définitive,
vis-à-vis des protéiques, un rôle analogue à celui qu'il exerce
dans le métabolisme des hydrates de carbone .
1094 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (42)
FRÉQUENCE COMPARATIVE ET DÉTERMINISME DU SIGNE DU SOU
DE PITRES DANS DIVERS ÉPANCHEMENTS DE LA PLÈVRE,
ET DIVERSES MODIFICATIONS DU PARENCHYME PULMONAIRE,
| RÉALISÉS EXPÉRIMENTALEMENT,
par Creyx et ViNzenr.
Les résultats consignés dans la présente note complètent ceux
qui ont fait l'objet de noire communication de mai dernier.
Nous avons, en partie, confirmé depuis nos données, au sujet
des injections intrapleurales d'émulsions. En préparant une
émulsion d'eau, d'huile d'olive et de borate de soude (D 0,995),
nous obtenons un enduit blanchâtre, semi-fluide, offrant Fas-
pect d’une mayonnaise mal liée et surmontant une petite couche
d’eau qui, au cours du brassage, n’a pu lui être incorporée. La
portion surnageante est injectée dans la plèvre : le signe du sou
est négatif. Dans la même plèvre, on injecte de l'eau pure ; le
signe du sou devient positif à la base (couche aqueuse) et reste
négatif au-dessus (couche de l’'émulsion qui surnage). Par con-
ire, Finjection intrapleurale de lait (émulsion extrêmement fine)
permet de provoquer un caractère légèrement argentin du bruit.
_Dans une deuxième série d'expériences, nous avons réalisé, à
l'aide d’injections d'eau colorée (bleu de méthylène), l’infiltra-
tion œdématleuse du parenchyme pulmonaire, véritable épan-
chement intra-pulmonaire. Quelles soient faites directement par
la trachée ou indirectement par les bronches (après ouverture
du. thorax), ces injections pénètrent très aisément. L’injection
par la trachée infiltre irrégulièrement les deux poumons. L’in-
jection par. une bronche infiltre inégalement les divers terri-
ioires de chaque poumon. Cette absence d’uniformité se re-
trouve à propos de la coloration (portions corticales non colorées
ou beaucoup moins colorées que les parties centrales voisines du
hile). Enfin, l'injection interstitielle du poumon à travers la
paroi est facile, surtout après insufflation. Elle n'infiltre jamais
une très Srande étendue de parenchyme. Le signe du sou a pu
être constaté au niveau des zones œdématiées. Nous l'avons mé-
me trouvé le plus nettement positif sur un sujet à thorax ouvert,
dont les 2 poumons ont été séparément injectés par la trachée
sectionnée (on pinçait alternativement chacune des bronches
pendant l'injection du côté opposé. On liait ensuite).
Dans une troisième série d'expériences, nous avons réalisé la
formation en pleins poumons de blocs solides, topographique-
ment comparables aux foyers d’hépatisation pathologiques. Tou-
tefois, les conditions de densité étaient différentes : le paren-
(43) . SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1095
chyme hépatisé plonge dans l’eau alors que la substance er-
ployée, paraffine pure ou mélangée à une très minime quantité
de minium surnage (D—o,862 pour la paraffine fusible à 48°;
D—o,S4r pour la paraffine fusible à 26°). Les injections sont
malaisées, car la solidification du produit, très rapide dans
l’ajustage de la seringue, est très lente au contraire dans l'organe
injecté. Nous avons pratiqué ces injections par diverses voies
trachée, bronches, artère pulmonaire, ou bien directement dans
le parenchyme après insufflation. Par la trachée, on obtient une
pénétration très inégale dans chaque poumon. Par une bronche
ou une branche de bifurcation de l'artère pulmonaire, les aivers
territoires d’un même poumon sont inégalement injectés. Une
notable portion de l'organe peut être respectée. Dans un de nos
cas, l'injection, faite par la branche gauche de l'artère pulmo-
naire, ne pénétra bien que le lobe supérieur du même côté. Il
y avait quelques traces de paraffine dans le lobe inférieur gauche
ainsi que dans le poumon droit ; l'artère pulmonaire droite
était pincée, l’aorte sectionnée entre deux ligatures. Et, cepen-
dant, le ventricule gauche et le segment aortique attenant au
cœur se trouvaient complètement remplis de matière injectée.
Au niveau des portions de poumon ainsi transformées en blocs
solides, nous avons, dans plusieurs cas, constaté plus ou moins
nettement le phénomène de transsonnance métallique à condi-
tion que le bloc occupât la totalité d’une tranche horizontale de
parenchyme. Toutefois, nous l’avons aussi rencontré lorsqu'une
bande de tissu non injectée était aplatie, coincée, par 2 masses
importantes de paraffine, l’une pleurale, l’autre intrapulmo-
naire. Exceptionnellement, nous avons vu la solidification com-
plète, totale d'un poumon, ne point entraîner le bruit du sou ;
il faut dire qu’en l'espèce, l'organe était très adhérent à la paroi :
il y a peut-être là un facteur qui n’est pas à négliger.
Dans la solution de ce problème complexe, la dominante
semble être la question d’homogénéité, ou de non homogénéité
du milieu traversé par les vibrations sonores, mais il y a des de-
orés dans l’homogénéité. De plus, certaines variables nous
échappent encore, dont la réalisation expérimentale reste à trou-
ver.
(17) 1097
REUNION BIOLOGIQUE DE LILLE
SEANCE OÙ 13 NOVEMBRE 1922
SOMMAIRE
Desoiz (P.) et Dezuaye (R.): ques et chimiques intervenant
Contribution à la pathogénie des | dans le tube-digestif... 7... 18
Myases intestinales par l'étude Doumer (Er. : Action du chlo-
de la résistance des œufs et larves | rure de sodium sur la solubilité
de Calliphorées aux agents physi- du glycocholate de soude....... ET
Présidence de M. Malaquin.
ACTION DU CHLORURE DE SODIUM SUR LA SOLUBILITÉ
DU GLYCOCHOLATE DE SOUDE,
par Epmonp Doumer.
Lorsqu'on mélange, en certaines proportions, une solution
parfaitement limpide de glycocholate de soude ‘pur, à
1 gr. p. 1.000, et une solution concentrée de chlorure de sodium
pur dans l’eau distillée, on voit aussitôt le liquide devenir opa-
lescent, puis un précipité nuageux se former qui s’amasse lente-
ment au fond du vase.
Le chlorure de sodium a précipité de sa solution aqueuse le
glycocholate de soude, qui est beaucoup moins soluble en solu-
tions chlorurées sodiques que dans l’eau distillée.
Pour étudier l’action de NaCI sur la solubilité du glycocholate
de soude, nous avons utilisé le procédé que voici : un volume
donné d’une solution de glycocholate de soude pur dans de l’eau
distillée, dont on connaît le titre, est placé dans un certain nom-
bre de tubes à essais ; on lui ajoute un volume donné, variable
pour chacun de ces tubes et progressivement croissant, d’une.
solution concentrée de chlorure de sodium pur, dont le titre est
connu.
On note le 1” tube dans lequel le mélange est opalescent 5 mi-
nutes après le mélange. La concentration en glycocholate de
soude du mélange donne la concentration pour laquelle se
BiocociE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 75
1098 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE | (18)
trouve saturé de ce produit la solution chlorurée sodique de ce
tube, dont on trouve facilement le titre.
Une série d'expériences analogues, faites à partir de solutions
de glycocholate de soude et de NaGl de titres différents, donne,
pour toute une série de concentrations en NaCI, la concentration
en glycocholate de soude pour laquelle le liquide est saturé de
ce produit.
Ce procédé est évidemment grossier; les chiffres qu'il donne
ne peuvent être considérés comme les chiffres exacts de solubilité
du glycocholate de soude en solutions chlorurées sodiques. Mais
il est suffisant pour permettre d’apprécier l’ordre de grandeur
et la courbe des variations de cette solubilité.
Voici nos résultats
Solubilité du glycocho-
Concentration de NaCIl : . colate de soude
(en gr. p. 1000) (en gr. p. 1000)
19
D
Et nr Ds Lo nus 0,90
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©
I
SE 03 03 0
OS IL HO
=
On voit que la solubilité du glycocholate de soude diminue
très rapidement en même temps qu’augmente la concentration
en NaCI de la solution, et baisse suivant une courbe régulière
dont l’allüre est sensiblement celle d’une hyperbole.
Ce fait est peut-être intéressant à rapprocher de l’action cu-
rieuse de NaCI sur la tension superficielle des solutions aqueuses
de glvcocholate de soude, action dont nous avons donné la loi
dans une note antérieure. ;
CONTRIBUTION A LA PATHOGÉNIE DES MYASES INTESTINALES
PAR L'ÉTUDE DE LA RÉSISTANCE DES OŒUFS ET LARVES
DE CALLIPHORÉES AUX AGENTS PHYSIQUES ET CHIMIQUES
INTERVENANT DANS LE TUBE DIGESTIF,
par P. Desoir et R. DELHAYE.
Les faits souvent observés dans nos régions, de myase intesti-
nale accidentelle par des larves de Calliphorées, Muscidés et
Syrphidés, nous ont suggéré l’idée de rechercher in vitro et
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(19) SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1099
in vivo quelles sont les conditions biologiques qui rendent pos-
sibles ces myases. Nos expériences ont été faites sur C. vomiloria.
1° Œufs. Action de la chaleur. La température de 30° à 37°
favorise et hâte l’éclosion. De 2 lots d'œufs de même ponte, l’un
éclot, à 37°, en 6 heures, l’autre, à 15°, en 24 heures. À 45°,
on observe encore des éclosions. À partir de 48° et 50°, les œufs
sont détruits. Sucs gastriques humains, provenant de repas
d'Ewald, filtrés. À 37°, un séjour de 3-8 heures, même dans les
sucs les plus hyperchlorhydriques, ne compromet pas l'éclosion.
Après ro heures, plus d’éclosion. Acide chlorhydrique. À 37°,
les œufs peuvent résister 3 à 5 heures à des solutions concentrées
jusque 5 p. 100 et 2 heures à la solution à 10 p. 100. Ferments
digestifs. Dans les solutions de pepsine et pancréatine chlorhy-
driques, à des titres variant de 2-10 p. 100, les œufs, après 2 à
7 heures de séjour à 37°, ont donné des éclosions.
Conclusions. Les œufs de Calliphorées peuvent résister mo-
mentanément à des actions plus nocives que celles qui s’exercent
dans le chimisme gastrique de l'Homme, même le plus hyper-
chlorhydrique ; par conséquent la traversée de l'estomac pen-
dant la digestion d’un repas et, notamment, la traversée rapide
avec les eaux de boisson et les liquides, pourrait ne pas entraver
leur capacité d’éclosion.
2° Larves. Résistance extrêmement variable : les plus jeunes
et plus petites sont, en général, plus vulnérables. Dans chaque
expérience, nous cotons le coefficient de résistance R depuis le
moment des premiers décès jusqu'à la mortalité de tout le lot.
Température. Froid : à o° pas d’action. Chaleur : la tempé-
rature de 37° ies rend plus agiles et active leur évolution : en 2
ou 3 jours les jeunes larves écloses arrivent à leur taille. Elles
supportent 38° à {o° pendant 24 heures, sans paraître souffrir,
si l’aération et l'humidité du milieu de culture (foie et viscères
abdominaux) sont assurés. À partir de 48° à 50° elles souffrent
et meurent entre 15 et 20 minutes.
Immersions, résistance à l’asphyæie. Dans l’eau de source à 10°
vivent plusieurs jours (retirées, continuent à évoluer). Dans
l’eau de source à 37° vivent de 3-17 heures. Dans eau privée d'air
par ébullition prolongée vivent de 35 minutes à 3 heures. Gaz
d'éclairage : R varie de 1 heure 1/2-5 heures. Lait : 2-3 heures,
à 37°. Pétrole lampant : 16-20 minutes (retirées vivantes elles
meurent le lendemain). Huile d’Olives : 1 heure à 37° ; 5-6 heu-
res à 15°.
Produits divers. Alcool à 95°, R varie de 2-7 minutes pour des
larves de 5 mm.; de 20-34 minutes pour des larves de 12 mm.
Ether sulfurique : 1-2 minutes. Acide chlorhydrique ordinaire :
4-6 minutes ; à do p. 100, 16 minutes ; à 1 p. 100, plus de 24
4100 RÉUMON BIOLOGIQUE DE LILLE (20}
heures. Acide lactique : 30-4o minutes ; à 10 p. 100, 7-20 heu-
res (toutes ces expériences sont faites à ro°; à 37° dans les mêmes
solutions acides, les larves résistent beaucoup moins).
Liquides organiques : Urines normales, urines ammoniacales,
matières fécales de l'Homme ; bile et chyme intestinal de Chien :
larves baignées non immergées vivent normalement à 15°; plus
péniblement à 37°.
Sucs gastriques de repas d'Ewald à divers chimismes. À 37°,
R varie de 2-5 heures pour les larves immergées et de 5-12 heu-
res pour les larves baignées. Milieux digestifs artificiels chlorhy-
driques (titrés jusque 1 p. 100), R varie de 3-17 heures.
Aclion mécanique. Larves comprimées par entassement, dans
un segment d'’intestin et d'estomac de Chien sitôt sa mort (seg-
ment suturé en poche et maintenu à 37° avec orifice d'aération).
Mort au bout de 2-3 heures.
Conclusions : In vitro, à 37°, les larves à cuticule intacte pa-
raissent capables de résister à des actions plus nocives ou plus
prolongées d'acides et de ferments que celles qui s’exercent dans
les divers chimismes gastriques de l'Homme. À ce point de vue,
les expériences ne contredisent pas la possibilité de l’infestation
myasique par ingestion de larves. surtout dans des cas d'hypo-
pepsie et hypochlorhydrie. Mais d'autres facteurs entrent en jeu
dans les fonctions digestives. Nos expériences montrent que vis-
à-vis de la privation d’air respirable, de l’obstruction mécanique
des stigmates, et des traumatismes compressifs, les larves de C.
vomtitoria sont très vulnérables et ne peuvent continuer à vivre.
Les myases par ces larves non adaptées ne seraient donc possi-
bles que dans des cas de grande atonie gastro-intestinale, avee
aérophagie.
Dans une prochaine note, nous verrons les faits observés dans
l'ingestion d'œufs et larves à divers animaux, et les conclusions
que l’on peut en tirer.
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danoise, de Suède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
PUBLIÉS LE VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
Séance du 25 novembre 1922
.. PARIS
MASSON ET Ci, ÉDITEURS
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Te
LEE
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À
24
| CENTENAIRE DE PASTEUR
La séance du 23 décembre sera tenue en commémoration de. pa LT
teur. — Allocution de M. Ch: Richet. — Lecture d’un manuscrit inédit w
de Pasteur.
: SEANGE DU 2 DECEMBRE 1922 |
Comité secret : 1° Présentation pour le titre de correspondants,
associés et honoraires : 2° Rapport sur le titulariat ; 3 HenPo sur.
des prix. :
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des pages 1087, 1088, 1089 et 1090 est (ous avec ce numéro.
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE
BEauvy (A.) : Chauffage mé-
nagé du sérum dans la réaction
de Wassermann, variante Hecht.
Becuericu (A.) et Haupuroy
(P.): Sur l'obtention de Bacté-
riophage par antagonisme micro-
bien. Réponse à MM. Lisbonne
Gi (CERTES EPA CE ERRE
Bierry (H.) : Amylase pancréa-
tique et ion Cl
Borrez (A.), Coucon (A. DE)
et Borz (L.) : Action de différents
métaux (spécialement du plomb)
sur les tumeurs greffées de Rats
1922
SOMMAIRE
1125
1124
IIII
L'indice différentiel de dissocia-
tion des acides organiques. Son
application aux jus de fruits ct
boissons; son interprétation...
Levaprri (C.) et Nicorau (S.):
Herpès et encéphalite..........
Weirz (R.) et BouLray (A.) :
Essai pharmacologique d’un glu-
coside cardiotonique extrait du
Thevelia neriifolia.............
1109
1102
110)
Réunion biologique de Lyon.-
_ CouvreEur (E.) et CLÉMENT
(H.) : Sur les effets de la réten-
padiaonofhérapie #2 ..,. 1... 1118 | tion de la soie chez les larves de
Busquer (H.) et Viscaniac ISeRLCUTEGATION Tee Ne ae
(Cx.) : Présence d’un principe GAuTIER (CL.) : Action mydria-
vaso-constricteur puissant dans tique du sulfate d’ésérine à haute
IEGenétar palais. 1116 | dose sur l’œil énucléé de Gre-
CLzaupE (H.), Tinez (J.) et Sax- nouilles. De CR ON Te CE
TENOISE (D.) : Etude comparée NoËëz (R.) et MancenoT (G.):
du réflexe solaire et du réflexe Le formol fixateur nucléaire...
OCMID-CARLAQUE : sé seenes 1114 PerRiN (L.J.): Sur l’emploi
CLaupEe (H.), Te (J.) et San- du trichloréthylène en histologie
TENOISE (D.) : Influence du repas comme liquide intermédiaire des
sur les réflexes oculo-cardiaque inclusions à la paraffine........
et solaire..... RS ne pee pe I112 Poricarp (A.) et Lr Koue
FeissLy (R.) : Pathogénie des Tenanc : Action de la chaleur
troubles de la coagulation du sur le fonctionnement du sys-
sang hémophilique... ........ 1121 | tèmelymphoïde. Modifications de
Gorrron (R.) et Nepveux (F.): la teneur du sang en lympho-
Appréciation comparative de la cytes sous l'influence de la cha-
concentration des acides organi- JEURESCORE PRE A EE
ques forts ou faibles dans une Trircuxowircx (Y.) : Docu-
SON RES APR RTEUR .. 1107 | ments concernant l’action de
Gorrron (R.) et NePveux (F.) : l’autolyse sur le tissu élastique...
_ Brorocie. ComprTes RENDUSs. — 1922. T. LXXXVII.
1127
1129
1130
1132
1193
1135
76
1102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Présidence de M. G. Bohn,
puis de M. Ch. Richet.
en HERPÈS ET ENCÉPHALITE,
par CC. Tsvinicr et S Nico
Les virus de l’herpès et de l’encéphalite offrent deux affinités
tissulairés distinctes : l’une pour le segment extérieur de l’ecto-
derme : cornée et peau (affinité ectodermotrope proprement
dite), l’autre pour le segment invaginé du même ectoderme
système nerveux (affinité neurotrope). Une question se pose
ces deux affinités sont-elles inséparables, constantes, ou bien
peuvent-elles être dissociées ? En d'autres termes, le germe peut-il
manifester l’une de ces affinités à l'exclusion de l’autre ?
Nous avons montré qu'une certaine opposition existe entre
l’affinité ectodermotrope proprement dite des ultravirus neuro-
‘tropes et leur affinité :neurotrope. En général, plus un germe
Offre d’affinité pour la cornée et le revêtement cutané, moins il
est apte à s'attaquer au névraxe, et inversement. ‘C’est ainsi que
les virus de la vaccine et de l'herpès, qui déterminent des lésions
cornéennes et cutanées intenses, n'ont, à l’origine, qu'une affi-
nité inconstante, non obligatoire, pour Je système nerveux, tan-
dis que le virus rabique, neurotrope par ‘excellence, me provoque
pas de kératite, quoiqu'il cultive dans l'épithélium cornéen et
confère la rage ‘par inoculation à la cornée (Feran, Levaditi,
Harvier et Nicolau). Le germe encéphalitique occupe, à ce point
de vue, une place intermédiaire entre le virus ‘herpétique, d’une
part, ceux de la rageet de la poliomyélite d'autre part. (voir notre
classification des ultravirus neurotropes).
Tout porte à croire que le segment externe .de l’ectoderme
joue, vis-à-vis du névraxe, un rôle de protection (comparable à
celui d'un paratonnerre) (1). Rien de surprenant d’ailleurs, puis-
‘que la lésion provoquée par le germe an niveau de la cornée ou
de la peau, n’est, en dernière analyse, qu’une réaction de défense,
comparable à un abcès de fixation. Plus cette réaction ectoder-
mique est intense, moins il y a de-chance qu'un:wiruside viru-
lence moyenne, fixé et détruit sur place, s’achemine le long des
nerfs vers le centre nerveux. Seuls, les germes hypervirulents
(x) Nos nouvelles expériences sur l’inoculation sous-cutanée de la neuro-
vaccine confirment cette conceplion.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1103
réussissent à franchir cette barrière et à provoquer l’encéphalite.
Cette opposition ‘entre les deux ordres d'affinités envisagées
ci-dessus, ressort des observations suivantes :
I. Virus herpétique. Nous avons comparé les diverses souches
de virus herpétique en notre possession, au point de vue de leurs
affinités pour la cornée et le névraxe. Les expériences ont montré
que ce virus comporte un grand nombre de variétés, depuis
celles ne provoquant ni kératite, ni encéphalite chez le Lapin
(souches avirulentes), jusqu'aux variétés fortement kératogènes
et assez fréquemment encéphalitogènes. ?
a. Type avirulent. Malades Hes... et Guill..., atteints d'herpès
génital datant de 4 et 15 jours. Inoculation à la cornée des La-
pins 32 T et 50 T : aucune réaction locale, absence d'encéphalite.
b. Type kératogène, non encéphalitogène (affinité ectodermo-
‘trope forte, affinité neurotrope nulle). Mme Lasb..…., herpès réci-
-divant de la lèvre inférieure, datant de 6 jours. Inoculation à la
cornée du Lapin 62 F : kérato-conjonctivite intense, absence
d’encéphalite. !
c. Type kératogène et faiblement encéphalitogène (affinité
ectodermotrope forte, affinité neurotrope faible). Mile Cut.
L'observation de cette malade, atteinte d’herpès récidivant du
doigt, a été relatée par Nicolau et Poincloux (1). La souche de
virus isolée s’est montrée fortement kératogène, tout en étant
peu pathogène pour le névraxe.
d. Type à la fois kératogène et encéphalitogène (affinité ecto-
dermotrope très forte, affinité neurotrope marquée, quoique in-
termittente) : 1° virus herpélique de passage Blanc, dont les
propriétés ont été décrites antérieurement ; 2° observation : R...,
herpès récidivant de la région lombaire. Ces souches produisent
une forte kératite et tuent l’animal par encéphalite aiguë, d’une
manière plus constante que la souche précédente.
Le virus herpétique est donc, avant tout, un germe à affinité
marquée pour le segment externe de l’ectoderme ; son affinité
pour le segment invaginé du même ectoderme (névraxe) semble
se surajouter à l’affinité ectodermotrope : elle peut manquer to-
talement ou n'être qu’à peine ébauchée.
IT. Virus encéphalitique. I1 n’en est pas de même du germe
<encéphalitique qui, à en juger d’après les caractères des souches
isolées jusqu'à ce jour, jouit d'une virulence neurotrope cons-
tante, pour ainsi dire obligatoire (souches Strauss, Mac Iniosh,
Levaditi et Harvier, Doerr et Schnabel, Doerr et Berger, Schna-
bel, Berger). Des he he antérieures Gmmunité croisée, com-
paraison de la virulence) nous ont autorisés à considérer le virus
{1) Nicolau et Poincloux. €. R. de la Soc. de biol., 1922, t. 87, p. 457.
1104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
de l’herpès comme une variété moins pathogène pour le névraxe,
du germe de l’encéphalite léthargique. De nouvelles expériences
confirment cette manière de voir :
Expérience. Deux séries de Lapins sont inoculées à la cornée,
l'une avec du virus encéphalitique frais, l’autre avec du virus.
herpétique (souche Blanc, également frais). Les résultats obtenus
sont consignés ci-dessous
Virus herpétique.
Lapins Kératile Début de la kéralite Mort A Lésions cérébrales
52-J....... ++++ 3° jour 16° jour Aspect chronique.
58-J....... ++++ 5e — 13° — Aspect aigu.
EEE ES ++++ 3° — 129 — Idem.
Green es +++ 4 — 119 — —
GRETA EURE + ++ 6e — 11° — Aspect aigu.
64-J..... Jo ao UNS 34° — (1) Lésions chroniques cica-
tricielles.
Virus encéphalitique.
DOTE CT 2 2 3° jour 108 jour Aspectpresquechronique.
SIM ne ao +++ 5e — 12 — Lésions hémorragiques.
RON PO +++ 5e — 8° — Aspect aigu.
D HE EDR ONE + + + 5e — 19% — Idem.
Ces données montrent que, parmi les animaux inoculés avec
le virus herpétique, 2 ont survécu 16 et 34 jours ; les autres sont
morts entre le 11° et le 13° jours. Par contre, aucun des Lapins
infectés avec le virus encéphalitique n’a vécu au delà de 12 jours.
La durée de la maladie a été, avec le germe herpétique, de 11-34
jours, soit, en moyenne, 16 jours ; avec le virus encéphalitique,
de 8-12 jours, soit, en moyenne, de ro jours. D'un autre côté, la
kératite provoquée par le virus herpétique a été sensiblement
plus intense que les lésions similaires déterminées par le germe
encéphalitique.
Ajoutons que les lésions constatées chez le Lapin 64-J (mort
le 3/4° jour) montrent que si l’animal, inoculé d’herpès, survit à
la période +iguë de l’encéphalite, le cerveau n'offre plus les al-
térations inflammatoires à polynucléaires que l’on décèle habi-
tuellement chez les Lapins qui succombent pendant l’acmé de la
maladie. Ces lésions revêtent un aspect cicatriciel qui rappelle
celui observé par Kling (2) chez les animaux inoculés avec le
virus encéphalitique suédois. Le même germe peut donc déter-
miner les deux types d’altérations cérébrales, suivant que l’ani-
mal résiste plus ou moins bien à l'infection.
Conclusions. 1° le virus herpétique comporte un grand nom-
bre de variétés à affinités ectodermotropes et neurotropes diver-
(x) Ce Lapin avait été malade. Les passages, faits-avec le cerveau des Lapins
52-J et 64-J, sont restés négatifs.
(2) Kling. C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. 84, pp. 75, 77 et 70.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1105
ses ; 2° ce virus doit être considéré comme une variété générale-
ment moins virulente, au point de vue neurotrope, du germe de
l’encéphalite léthargique ; 3° il n’y a pas de rapport entre l’affi-
nité ectodermotrope et neurotrope du virus herpétique, l’une de
ces affinités (kératotrope) pouvant exister en l’absence de l’autre
(neurotrope). Ces deux affinités sont donc dissociables.
ESSAI PHARMACOLOGIQUE D'UN GLUCOSIDE CARDIOTONIQUE
EXTRAIT DU Thevelia neriifolia,
par RENÉ WErrz et ANDRÉ BOULAY.
Le Thevetia neriifolia Juss. (Cerbera thevetia L.) est une Apo-
cynacée originaire de l'Amérique tropicale, acclimatée de longue
date dans l’Indo-Malaisie et introduite, depuis peu, en Afrique
occidentale. Son fruit est une drupe de forme trigone, étudiée
pour la première fois, en 1863, par De Vry, qui retira des aman-
des de ce fruit un glucoside amorphe, la thévétine, et la thévé-
résine, produit de dédoublement du corps précédent. Warden,
en 1881, caractérisa un chromogène, qui donne naissance au
pseudo-indican ou bleu de thévétine, ainsi qu’un autre principe,
toxique, amorphe et très soluble.
Récemment, nous avons pu isoler, en partant des amandes
déshuilées, un glucoside amorphe, très peu soluble dans l’eau, à
point de fusion fixe (r9r° au bloc Maquenne), lévogyre. L'étude
chimique de ce glucoside fera l’objet d’une note spéciale ; les
différences observées dans les points de fusion et les caractères
de solubilité suffisent, dès à présent, à le distinguer des autres
corps précédemment décrits dans le même végétal ; c’est ce glu-
coside dont nous avons entrepris l’étude pharmacologique.
Chez le Cobaye, l'injection de 0,5 mgr. de produit ne provo-
que aucune manifestation extérieure. Une injection sous-cutanée
de 2 mgr., chez un Cobaye pesant {go gr., amène, au bout de
cinq minutes, un hoquet persistant, puis du tremblement. A la
20° minute, l'animal frappe le menton par terre à plusieurs re-
prises, puis s'étend sur le sol. Au bout de 27 minutes, disparition
du réflexe oculo-palpébral, arrêt respiratoire, mort. Pendant une
demi-heure, on observe encore quelques faibles contractions des
oreillettes et des ventricules, avec une persistance plus marquée
des contractions du sinus veineux. Un autre animal, pesant
575 gr., traité de la même façon, a présenté des phénomènes de
parésie et de tremblement analogues, puis, au cours de la
RE
2° heure, de la tachycardie (200 pulsations à la minute) et de la
1106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
polypnée ; cet animal a survécu. La dose mortelle, chez le Co-
baye; par voie sous-cutanée, paraît donc très voisine de 4 mgr.
par kger.
Chez le Chien chloralosé, on: obtient déjà avec 0,25 megr., par
voie intraveineuse, une hausse passagère (atteignant 2 cm.) de la
pression carotidienne. Avec 2 mgr., l’action produite est compa-
rable à celle fournie par une dose moitié moindre d'ouabaïne :
hausse de la pression carotidienne, diminution oncographique
du volume du rein. Lorsque l’animal est atropinisé, le glucoside
(à dose égale) conserve son action sur la pression carotidienne,
mais non sur le rein. L'augmentation de pression atteint de 3
à 6 cm. de mercure et se maintient pendant plusieurs minutes.
Chez une Chienne de 7 kgr., chloralosée, qui avait reçu par voie
intraveineuse 2 mger., le cœur était resté régulier et le pneumo-
gastrique normalement excitable ; une phase de ralentissement
fut suivie d’un retour au: rythme normal ; une nouvelle injection
équivalente, pratiquée 20 minutes plus tard, a produit de l’aryth-
mie,, la paralysie du: pneumogastrique, et amené rapidement la
mort. Chez des Chiens de 8 à ro kgr., chloralosés, et sur lesquels
on pratique la respiration artificielle, jusqu’à la dose de r mgr.
on n observe guère que l'augmentation déjà-signalée de la pression:
artérielle, parfois un renforcement des contractions auriculaires
et ventriculaires ; à 2 mgr., les mêmes phénomènes s’accentuent
tout d’abord, mais au bout de 5 à 7 minutes, on peut noter une
légère arythmie, une diminution d'amplitude des contractions
de l'oreillette, parfois: une dissociation du: type 3/4; lorsqu'on
atteint 3 mgr., le pneumogastrique devient inexcitable et l’oreil-
lette accuse bientôt des fibrillations intermittentes puis conti-
nuelles. ro minutes plus tard, le ventricule fibrille à son tour —
dans un cas, une 4° injection a été nécessaire. — Mort brusque ;
cœur arrêté en diastole, très dilaté.
D'autres essais, répétés dans des conditions analogues, ont
confirmé. les résultats obtenus ; la dose totale injectée a varié de
0,34 mgr. à 0,48 mgr. par kgr. C’est donc la dose qui, par voie
intraveineuse, chez le Chien chloralosé, provoque en moins
d'une heure la mort du cœur.
Ces résultats peuvent être, dans une certaine mesure, comparés
à ceux obtenus par M. Tiffeneau dans l'étude de l’ouabaïne (x).
Hs sont d'un grand intérêt pour nous, car, sans préjuger des
relations qui peuvent exister entre la thévétine décrite par De
Vry et notre produit, ils permettent en tout cas de ranger ce glu-
coside dans le groupe pharmacologique de la strophantine et de
l’ouabaïne et d’avoir une idée assez précise du degré de son acti-
(1) M. Tiffeneau. Bull. des Sc. pharmacol., t. XXIX, n°5 2 à.5, 1922.
SÉANCE DU 23: NOVEMBRE 1107
vité et de sa toxicité, qui, chez le Chien et chez le Cobayÿe, se-
raiemt un peu moindres que celles de l’ouabaïne retirée du S{ro-
phanthus gratus et de l'Acocanthera ouabao.
(Laboratoire de physiologie de la Facullé de médecine).
APPRÉCIATION. COMPARATIVE DE LA CONCENTRATION
DES ACIDES ORGANIQUES FORTS: OU FAIBLES DANS UNE SOLUTION,
par R. Gorrron et F. NePveux.
Dans une communication précédente (r), nous avons signalé
les différences que donnent la titration des acides organiques de
Furine par la méthode de Van Slyke et Palmer, selon la nature
des indicateurs employés (orangé IV, bromophénol bleu, dimé-
thylamidoazobenzol, méthylorange) dont le virage se produit à
des acidités différentes.
Nous avons pensé, conformément à la théorie de la titration
des solutions tampons, que ces différences, exactement mesurées,
doivent varier selon que Facide dosé:est plus fort ou plus faible,
ou selon que le mélange étudié comprend une plus grande pro-
portion d’acides organiques forts ou faibles. Dans ces conditions,
ce dosage fractionné pourrait fournir un indice caractéristique
de la composition de ce mélange.
Cette hypothèse se justifie pleinement en théorie. On: sait qu'il
existe de fortes différences dans la puissance de dissociation ioni-
que des acides organiques. Cette capacité est caractéristique de
chacun d'eux, et s'exprime par une constante, dite de dissocia-
tion ou d’ionisation (K). Connaissant cette constantes établie ex-
périmentalement une fois pour toutes, il est facile de calculer, à
chaque concentration en: ions H de la solution de cet acide, la
proportion qui existe entre les quantités de cet acide et de son
sel. En effet, la dissociation d’un acide faible est réfrénée par la
présence de: ses sels dans une proportion définie par la loï des
masses. Par exemple, pour l'acide lactique, dont K — 1,4 x ro,
nous aurons, à CIE — ro“, où P* :
10-# Æ 1 (acide libre) 1 (acide libre)
DAXION om (acide salifié) “5 1+1,4 (acide total)
c'est-à-dire que sur 100 parties d'acide total, il n'y a que 41,6
parties de libres.
Par conséquent, si à 100 c.c. d'une solution normale d’acide
organique, nous sommes obligés d'ajouter 100-41,6 ou 58,4 de
(x) C. R. de la Soc. de biol., 27 mai 1922.
1108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
solution N de soude pour obtenir une concentration d'ions H
de 10‘ (ou PH 4), nous pourrons en conclure que cet acide orga-
nique a la même constante de dissociation que l'acide lacti-
que (x).
Supposons un mélange complexe d'acides organiques, libres
ou salifiés. Nous pouvons, en utilisant la méthode de Van Slyke
et Palmer, mesurer la presque totalité des acides organiques
qu'il contient, dans une proportion allant de 93 p. 100 pour
l'acide lactique à 99 p. 100 des acides moins forts tels que l’acide
acétique. Nous rappelons que ce procédé consiste, en partant
d’une solution neutre de sels calciques de ces acides, à mettre
ces derniers en liberté par une quantité suffisante d'HCI décime
pour obtenir une acidité ionique égale à Pau 2,7. Nous appellerons
ce volume V (Pu 2,7).
Si nous pratiquons la même opération sur un autre échantillon
en arrêtant cette fois les affusions d'HCI décime jusqu'à P«x 4,
nous n’aurons mis en liberté qu'une portion des acides organi-
ques. Or, nous venons de voir que cette portion, mesurée par le
volume d’HCI décime utilisé, ou V (Px 4) est caractéristique,
pour chaque acide, par rapport à leur quantité totale. Elle sera
d'autant plus forte que l’acide sera plus faible, c’est-à-dire que
sa constante de dissociation sera moins élevée. Dans un mélange,
NV (Pa 4)
N (Pa 2,1)
acides qu'il contient, mais constituera un indice qualitatif pré-
cieux. D'ailleurs, nous retrouvons ces mêmes avantages et ces
mêmes inconvénients dans la méthode de distillation fractionnée
de Duclaux, qui a rendu tant de services.
On pourrait, grâce à la méthode des indicateurs ou au poten-
tiomètre, déterminer, pour chaque concentration en H+, la pro-
portion d'acides mis en liberté et établir une véritable courbe
de titration du liquide. Mais nous nous contenterons, par sim-
plification pratique, de déterminer un seul point de cette courbe,
à Px 4, que nous considérons comme le plus intéressant.
Dans une prochaine communication, nous apporterons une
justification expérimentale et quelques exemples d'utilisation de
cet indice différentiel de dissociation des acides organiques.
ce rapport ne pourra pas permettre d'identifier les
(Laboratoire de chimie de la clinique de thérapeutique
chirurgicale, P° P. Duval).
(1) Nous utilisons de même ce calcul pour préparer extemporanément des
soiutions tampons à Pa déterminé, en employant une solution quelconque
d’un solide dont le K soit placé aux environs du Pa cherché. On dose à la
soude, avec la phénolphtaléine comme indicateur, sur un premier échantillon,
sur un deuxième on ne verse que la quantité de soude, calculée d’après la
formule donnée, pour obtenir le Pa cherché.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1109
L'INDICE DIFFÉRENTIEL DE DISSOCIATION DES ACIDES ORGANIQUES.
SON APPLICATION AUX JUS DE FRUITS ET BOISSONS ;
SON INTERPRÉTATION,
par R. Gorrron et F. NEPvEux.
Dans une précédente communication, nous avons montré la
possibilité d'établir un indice qualitatif des acides organiques en
solution, en appréciant le rapport existant entre leur masse mise
en liberté à Px 2,7 et celle qu'on libère de leurs sels à Px 4.
Voici la technique générale proposée
Dans un premier échantillon de volume déterminé, on mesure
les acides organiques d’après la méthode de Van Slyke et Pal-
mer (1) que nous rappelons. 100 c.c. de liquide à examiner (2)
sont traités par de la chaux éteinte pulvérisée, et on filtre au bout
de 15 minutes. 25 c.c. du filtrat sont neutralisés au rose phénol-
phtaléine, par HCI. Puis, on laisse tomber de l'HCI décime, après
avoir ajouté 5 c.c. de solution à 0,02 p. 100 d’orangé IV. On
pousse l’acidification jusqu’à une teinte identique à celle d’une
solution d’eau disüllée contenant 5 c.c. du même indicateur, avec
1,2 C.c. d'HCI décime, les 2 volumes étant amenés à 60 c.c. C'est
ce volume d’acide décinormal, dont on soustrait 1,2 e.c. que nous
appellerons V (PH 2,7).
Avec un deuxième échantillon, nous reproduisons la même
opération, mais en utilisant comme indicateur 2 c.c. de méthyl-
orange à 0,02 p. 100 dont le virage se fait vers Pa 4. L’étalon
coloré sera constitué par une solution tampon à Pn 4 (obtenue
par la formule de Clark, de Sôrensen, ou par le procédé que nous
indiquons dans notre précédente communication en note). Nous
appellerons le nouveau volume d’HCI utilisé V (Pu 4).
Nous avons comparé, sur quelques solutions titrées d’acides
organiques les chiffres théoriques et les volumes trouvés par
dosage. 5
Constante Acide libre Quanlilé d'acide Acide libre
. de p. 101 à PH£ employé en solu- N/10 à Paz p- 100
dissociation (théorique) tion N/1f,enc.c. trouvé trouvé
Acide lactique .... 1,4 x 10-4 A1,6 15 6,4 42,6
Acide acétique .... 1,8 x 10 84,7 17 14,3 84,1
Acide butyrique .. 2 xiro -. 83,3 29,3 18,4 82,6
Jus de fruits. Pour caractériser acidimétriquement un jus de
fruit, il sera bon de prendre : 1° son acidité actuelle, en PK:
(x) Van S!ÿke et Palmer. Journ. of biological Chemistry, t. XLI, p- 467.
(2) Il est bon de diluer pour éviter de fortes concentrations qui pourraient
dépasser les limites de solubilité des sels de chaux correspondants.
LEO SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
2° son acidité de titration à la phénolphtaléine ; 3° teneur en
acides organiques totaux ; 4° son indice différentiel de: dissocia-
tion (Pour clarifier les jus de fruits troubles, il suffit d'ajouter au
mélange [ goutte d’acide phosphorique avant d’agiter avec la
chaux).
Melon très mür: Rx : 7,2: Acides organiques totaux : 129 c.c.
dans 100 gr. de jus. Dosage à Pau 4 : 5o c.c. Indice différentiel :
39 P. 100.
Donc, acidilé organique assez forte, totalement neutralisée,
composée d'acides relativement forts.
Tomates müûres. Pæ : 4,6. Acidité apparente : 39 c.c. d'acide
N/10 pour 100 gr. de jus. Acidité organique totale : 120 c.c.
Dosage à Px. 4 : 72 c.c. Indice : 60 p. 100.
Donc, acidité assez forte peu neutralisée, acide assez peu fort.
Citrons gros: et mürs. Px : 2,3. Acidité apparente : 855 cc.
pour 100 gr. de jus. Acides organiques totaux : 805 c.e. Dosage
à Pa 4 : 670 c.c. Indice ::83 p. 100.
Raisin non doré, mais müûr. Pa : 4,2. Acidité apparente : 70.
Acides organiques : 160. Dosage à Px 4 : 50 c.c. Indice : 48 p. 100.
Donc, acides organiques plutôt forts.
Vins blancs. Pour roo c.c.
Aridité apparente Ac. organiques Docage Indice
en acide N/10 tolaux È à Pa 4 p. 100
19 — Vin aigri ....… Ro 140 167 ON be
29 — LE DER OREE UE TOS T12 68 6x
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4° — A nee rs T10 110 60 5x
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de l’Ass. publique. 1/ 2 17 ni
de la: Meuse..." 25 ho 29 Hz
Cidre léacr 6o 02 52 56
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(Laboratoire de chimie de la clinique de thérapeutique
Chirurgienle "RP MDuv ae
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE ILE
AMYLASE PANCRÉATIQUE ET ION CL,
par H. Brrry.
H. Da Fonseca (r), publiant des recherches entreprises pour
démontrer l'influence de certains sels minéraux sur l’action amy-
lolytique de la pancréatine, arrive à cette conclusion que « Île
chlorure de sodium et le chlorure de calcium exercent sur la
fermentation de la fécule de pomme de terre par la pancréatine,
une action zymo-excitatrice bien évidente ».
Je tiens à faire remarquer que, dès 1906, avee Victor Henri et
Giaja (2), j'ai montré que le sue pancréatique perdait facilement,
par dialyse sur sac de collodion contre l’eau distiilée, la plus
grande partie de son pouvoir saccharifiant vis-à-vis de l’amidon,
et qu'il suffisait d'ajouter du chlorure de sodium pour renforcer
considérablement l’action de ce suc dialysé:
Nous avons réussi, par la suite, à obtenir un suc pancréatique
complètement inactif sur lempois d’amidon; nous avons indiqué
les électrolytes qui étaient capables de réactiver ce suc devenu
inerte par dialyse (3). La maltase pancréatique, l'amylase intes-
tinale, la sucrase intestinale, ont été également étudiées à ce
point de vue (4).
Ces recherches ont abouti aux conclusions suivantes : 1° les
amylases pancréatique et intestinale, privées de sels par dialyse,
sont inactives sur l’amidon et le glycogène ;
2° La présence de l’ion CI ou Br est indispensable pour que
Famylase puisse exercer son action ;
3° La sucrase intestinale et la maltase pancréatique, devenues
inactives par dialyse, récupèrent par addition de chlorures une
partie de leur pouvoir hydrolysant.
Ces recherches, confirmées par Preti (5), Kendall et Scherman,
ont été reprises et étendues par Lisbonne (6), puis Ambard (7).
(r) Da Fonseca. C. R. de la Soc. de biol., 4 novembre 1922.
(2) Bierry, V. Henri et Giaja. C. R. de la Soc. de: biol., t. LVITE, p: 473, 1906.
(3) Bierry ct Giaja. C. R. de l’Acad. des sc., t.. CLXITIT, p. 30r, 1906.
(4) Voir, pour les détails, H Bierry. Journal de physiologie et de pathologie
générale, t. XIV, p. 4o2, 1912 et Recherches sur les diastases qui concourent
à la digestion des hydrates de carbone. Thèse Paris, rorr.
(5) Preti.. Biochem. Zeitsch., t. IV, p. r, r907.
(6) Marcel Lisbonne. Sur deux conditions de milieu néeessaires à la saccha-
rification de l’amidon par les amylases salivaire et pancréatique. Thèse Paris,
IOII.
(7) L. Ambard, Pelbois et Bricka. Bull. de la Soc. de chimie biologique,
t. I, p. 42, 1920 et L. Ambard. 1d., t. IIT, n° 2, mars 1921.
4 ka lé 122 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
INFLUENCE DU REPAS SUR LES RÉFLEXES OCULO-CARDIAQUE
ET SOLAIRE,
par HENRI CLAUDE, J. TINEL et D. SANTENOISE.
Parmi les procédés d'investigation du tonus neuro-végétatif,
il en est deux que nous avons particulièrement employés
l'épreuve de la compression des globes oculaires et celle de la
compression du plexus solaire.
Les deux réflexes constituent, sans aucun doute, de précieux
moyens d'interroger le tonus vago-sympathique.
Milheureusement, ces procédés comportent un certain nom-
bre de causes d’erreurs, tenant au défaut de mesures précises, à
l'intervention possible de facteurs étrangers et surtout aux varia-
tions des réflexes suivant les conditions où l’on se place pour les
rechercher. Ces causes d'erreurs nous ont paru importantes à
déterminer, afin de les éliminer autant que. passible, ou au
moins d'en tenir compte dans la comparaison des résultats. La
principale et la plus importante, celle qui semble avoir échappé
à presque tous les observateurs, réside dans les variations du ré-
flexe oculo-cardiaque et du réflexe solaire déterminées par le
repas. Nous avons, en effet, remarqué que les réponses à la com-
pression oculaire ou abdominale, sont très différentes, chez le
mème sujet, à jeun et après le repas. Nous avons pu, à te du
polygeraphe, étudier avec précision les caractères de ces réflexes.
En pratiquant nos examens le matin à jeun et dans les mêmes
conditions, nous avons toujours trouvé chez les individus nor-
maux, des résultats semblables à eux-mêmes. Par contre, nous
avons, en particulier chez les déséquiilbrés du système neuro-
végétatif, constaté que, sous l’influence du repas, les réponses
étaient presque toujours inverses de celles obtenues à jeun.
En effet, chez les sujets dits vagotoniques, c’est-à-dire présen-
tant une réponse cardio-vasculaire rapide à la compression ocu-
laire, avec ralentissement intense et durable du rythme cardia-
que, nous avons toujours observé, à la suite du repas, une dimi-
nution considérable dans la rapidité de la réponse, et surtout un
ralentissement du pouls beaucoup moins marqué. Nous avons
même plusieurs fois constaté une véritable inversion du rythme
avec accélération, au moins pendant la première partie de la
compression oculaire.
Par contre, chez les sujets dits hypovagotoniques, &’est-à-dire
présentant à la suite de la compression des globes oculaires une
modification du rythme cardiaque tardive et peu marquée ou
même quelquefois un réflexe oculo- cardiaque inversé, nous
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE sb HE
avons remarqué que le repas faisait apparaître un réflexe oculo-
cardiaque net, souvent intense, avec ralentissement marqué, du-
rable, se produisant rapidement.
Le réflexe solaire est, lui aussi, très nettement modifié dans
son intensité et ses caractères sous l'influence du repas. À jeun,
chez la majorité des sujets (30 p. 100), la compression de la ré-
gion épigastrique n’amène pas de modification de l'amplitude
des pulsations. Il suffit d’un repas, même léger, pour faire appa-
raître la diminution d'amplitude des oscillations à la suite de la
compression abdominale. Inversement, nous avons vu dispa-
raître et même s'inverser ce réflexe solaire à la suite d’un repas,
chez un sujet à réflexe solaire antérieurement très net.
En recherchant de ro minutes en 10 minutes ces deux réflexes
après le repas, nous avons constaté que la modification de l’état
neuro-végétatif est assez passagère. On voit, en effet, au bout
d'un temps variable suivant les sujets, un retour à l’état de tonus
neuro-végétatif antérieur. La rapidité de ce retour nous semble
en relation étroite avec le déséquilibre, c’est-à-dire avec l’inten-
sité du tonus parasympathique, d’une part, et sympathique, d’au-
tre part. Ainsi, chez des sujets à réflexe oculo-cardiaque très
marqué, ‘avons-nous constaté un maximum de modifications
30 minutes après un repas et un retour à l’état d'équilibre anté-
rieur une heure après.
En étudiant parallèlement les modifications de la formule leu-
cocytaire du sang prélevé à la périphérie, nous avons observé un
certain parallélisme entre les modifications du réflexe oculo-
cardiaque et les modifications de la formule leucocytaire. Le
maximum de la leucopénie nous a paru en particulier coïncider
avec les réflexes oculo-cardiaques maxima et nous avons de
même observé que le choc hémoclasique digestif est d'autant
plus rapide que les sujets sont plus vagotoniques ; dans ce cas
encore, le retour à l’état antérieur semble d'autant plus rapide
que le déséquilibre vago-sympathique est plus marqué. Toutes
ces variations, tant de la formule leucocytaire que du tonus
vago-sympathique, se retrouvent à la suite des injections intra-
veineuses de peptone.
De ces faits, il résulte que les résultats obtenus par l’explora-
tion du système neuro-végétatif après un repas (même peu im-
portant, une simple tasse de lait), sont extrêmement délicats à
interpréter. Aussi le réflexe solaire et le réflexe oculo-cardiaque
doivent-ils toujours être recherchés à jeun, si on veut connaître
l'état d'équilibre vago-sympathique d’un individu.
Aussi, dans toute la série de recherches que nous avons entre-
prises sur les états du système neuro-végétatif, avons-nous établi
la formule vago-sympathique normale de nos sujets, en les exa-
111% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
minant le matin, à jeun depuis la veille au soir. Ainsi, nous
avons pu obtenir des résultats comparables entre eux, qui seront
l’objet d'une série de communications. ;
(Laboratoire de la clinique des maladies me BIEN
ETUDE COMPARÉE DU RÉFLEXE SOLAIRE ET DU RÉFLEXE
OCULO-CARPIAQUE,
par H. CLraups, J. Tinez et D. SANrENOISE.
Nous avons entrepris l'étude systématique du réflexe solaire
signalé d’abord par À. Thomas et J.-Ch. Roux et décrit depuis
par l’un de nous. Ge réflexe, provoqué par la compression pro-
fonde du creux épigastrique, se caractérise, lorsqu'il existe, par
une diminution, souvent considérable, de l'amplitude des oscil-
lations à l’oscillographe de Pachon dans quelques cas on peut
même observer leur suppression presque complète.
On peut également rechercher ce réflexe par le sphygmo-ten-
siophone de Vaquez-Laubry, il se caractérise alors par la dispa-
rition de la vibrance artérielle, qui disparaît d’abord au niveau
de la maxima ; on ne peut la retrouver qu’en diminuant la com-
pression de r, 2, 3 cm. de mercure, comme s’il existait une chute
de la tension artérielle - parfois même on observe une dispari-
tion complète de la bare alors que le pouls reste, bien que
diminué d'amplitude, perceptible à l'artère radiale. Il semble
donc bien exister, en même temps que dla diminution d'ampli-
tude des oscillations et la disparition relative ou complète de la
vVibrance, une légère chute de tension, mais qui n'’est-certaine-
ment pas aussi marquée qu'on pourrait le supposer.
Le réflexe n’est généralement obtenu que par une compres-
sion profonde et énergique de la région solaire. Maïs dans quel-
ques cas on l’obtient par une pression légère, et nous l'avons
même observé par un simple chatouillement du creux épigastri-
que. Il ne saurait donc être question d’un simple phénomène
hydraulique, provoqué par la compression de d’aorte, ainsi qu'on
l'avait prétendu. Les variations que l’on peut observer ou pro-
voquer à volonté chez un même malade, démontrent bien, du
reste, quil s’agit d’un véritable réflexe, à point de départ solaire,
et lié à un certain état du tonus organo-végétatif. Tout en étant
énergique, la compression doit être progressive, et non brusque,
car on provoque dans ce cas, un véritable réflexe de Goltz, avec
inhibition cardiaque. Enfin, il faut veiller à ce que le de
continue à respirer d’une facon normale, car l’immobilisation
,
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE {115
du thorax et surtout sa mise en tension, suffisent à provoquer
une diminution considérable des oscillations, que l’on jen
confondre avec le véritable réflexe solaire.
+ D'une façon générale, le réflexe solaire est en raison inverse
du réflexe oculo-cardiaque. Dans la plupart des cas, en effet, il
n’est véritablement marqué que si le réflexe oculo-cardiaque est
faible, nul ou inversé. Tl manque presque toujours chez les su-
jets à réflexe oculo-cardiaque fortement accentué. Chez un même
sujet, il apparaît ou s’accentue si le réflexe oculo-cardiaque dimi-
nue d'intensité ; il fait complètement défaut dans les périodes où
le réflexe oculo-cardiaque est exalté. C’est ainsi que nous avons
pu enregistrer des variations inverses du réflexe oculo-cardiaque
sous diverses influences physiologiques ou pathologiques.
1° Nous avons déjà signalé les variations de l'équilibre vago-
sympathique qui se produisent à j'occasion des repas. Chez un
sujet dit vagotonique, à réflexe oculo-cardiaque positif, le repas
provoque un certain degré d'hypovagotonie ou même une sym-
pathicotonie relative. Le réflexe oculo-cardiaque diminue, tandis
. qu'apparaît ou s’exagère le réflexe solaire.
Chez les intermittents maniaques ou anxieux, de même que
chez les épileptiques à manifestations paroxystiques, nous avons
signalé l’exagération de la vagotonie qui préeède et accompagne
les crises, ainsi que la sympathicotonie relative qui caractérise les
périodes intercalaires. On voit, dans ces cas, le réflexe solaire
apparaître dans les périodes interparoxystiques, tandis que dis-
paraît ou s'inverse le réflexe oculo-cardiaque.. Au contraire, la
disparition du réflexe solaire accompagne l'exagération du ré-
flexe oculo-cardiaque qui annonce et accompagne Îles crises.
On voit, par ces exemples, que, si le réflexe ocule-cardiaque
permet d'interroger tout, particulièrement le parasympathique,
le réflexe solaire semble permettre, au contraire, d'explorer le
tonus sympathique. T1 paraît traduire, en somme, un certain
degré d’excitabilité du sympathique abdominal.
, Si l’on constate, en général, entre le réflexe solaire et le ré-
flexe oculo-cardiaque, chez la plupart des sujets, un antagonisme
qui permet d'établir la prépondérance habituelle, ou momenta-
née, du tonus sympathique ou du vague, de différencier ces su-
jets en sympathicotoniques ou vagotoniques, il n’en est pas tou-
jours ainsi: On trouve, chez certains sujets, une exagération si-
multanée des deux réflexes, comme dans certains cas de maladie
de Basedow, par exemple, les malades sont à la fois vagotoniques
et sympathicotoniques ; ce sont des hyperneurotoniques, et les
symptômes qu'ils présentent démontrent en effet l’exaltation si-
multanée des deux grands systèmes antagonistes.
Dans d’autres cas, au contraire, le réflexe oculo-cardiaque
1116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
comme le réflexe solaire sont également faibles ou nuls (en de-
hors naturellement des causes qui suppriment le réflexe par at-
teinte des voies sensitives, comme chez les tabétiques ou les para-
lytiques généraux). Ge sont des hyponeurotoniques, dont on re-
trouve fréquemment le type parmi les déprimés et les asthéni-
ques.
On voit par ces exemples que l'étude du réflexe solaire doit
être associée systématiquement à celle du réflexe oculo-cardiaque,
dans l'exploration du tonus organo-végétatif. Il fournit sur l’ex-
citabilité du système sympathique des renseignements compa-
rables à ceux que le réflexe oculo-cardiaque permet d'obtenir sur
l’excitabilité du vague.
(Laboratoire de la clinique des maladies mentales).
PRÉSENCE D'UN PRINCIPE VASOCONSTRICTEUR PUISSANT
DANS LE GENÊT A BALAI,
par H. Busquer et Cx. Viscaniac.
On connaît la présence de certains principes actifs dans le
Genêt à balai : spartéine (1), sarothamnine (2), genistéine (3),
et scoparine (4). À ces produits, on attribue deux ordres d'actions
physiologiques : une action cardiotonique (spartéine) et une ac-
tion diurétique (scoparine). Mais aucune de ces substances n'’agit
sur le système vasculaire. Nous avons cherché dans le Genêt des
principes actifs autres que ceux cités plus haut et nous avons
réussi à y déceler une substance nouvelle possédant une action
vasoconstrictive extrêmement puissante. |
Extraction du principe vasoconsitricteur. La plante est récoltée
au moment de la pleine floraison et desséchée dans un courant
d'air chaud, ne dépassant pas 4o°. La tige privée de ses fleurs et
concassée est épuisée par du chloroforme et ensuite par l’éther et.
exposée à un courant d'air pour éliminer les dernières traces du
solvant. On pulvérise de nouveau la plante de manière à la trans-
former en une poudre impalpable, et on l’épuise à l’eau dans un
appareil genre Soxhlet. On suit la marche de l'épuisement par
des essais physiologiques fréquents et on l’arrête lorsque la va-
peur d'eau n’entraîne pratiquement plus de principe actif. Le
liquide recueilli est concentré dans le vide (à 10-15 cm. de pres-
(1) Stenhouse. Philos, Trans.. 1857, t..2, A2.
(2) A. Valeur. C. R. de l’Acad. des se., 1 juillet 1918.
(8) À. Valeur. C. R. de l’Acad. des sc., 1978, t. TOP D MTS
(4) Stenhouse. Loc. cit. Es
Sr”
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE DAME
ee
sion environ) de manière à obtenir une préparation suffisam-
ment chargée en substance vasoconstrictive, La préparation
ainsi obtenue a servi à nos essais physiologiques.
Réalité de l’action vasoconsitriclive. 1° Chez un Chien chlora-
losé, on prend simultanément le tracé de la pression artérielle et
celui des variations volumétriques du rein. On injecte, par voie
intraveineuse et par kgr. d'animal, une quantité de solution
correspondant à o,o1 gr. de plante. On constate une élévation
de la pression et une diminution simultanée du. volume rénal.
L'élévation de pression est donc le résultat d’une vasoconstric-
tion. Ce résultat s'obtient également en administrant la prépa-
ration par voie sous-cutanée, mais à une dose 15 fois plus élevée.
ILE Lapin est beaucoup moins sensible à cette substance que le
Chien : mème à forte dose, on n'obtient chez lui que des effets
hypertenseurs très fugaces. Par contre, le Coq se comporte com-
me le Chien.
2° La vasoconsiriction produite par le Genèêt se retrouve sur les
organes entretenus en survie par une circulation artificielle.
Bien que chez le Lapin in vivo on ne constate qu'une action pas-
sagère, on trouve sur le cœur isolé de cet animal un effet vaso-
constricteur net. Si on fait successivement une circulation coro-
naire de liquide de Ringer-Locke normal et ensuite de ce même
Hquide additionné de la préparation ci-dessus (à une dose cor-
respondant à 0,75 de plante par litre), on constate que, dans ce
dernier cas, le débit coronaire se ralentit dans la proportion de
25 p. 100. Les vaisseaux se sont donc contractés sous l'influence
de la préparation.
3° Cette constatation est, d’ailleurs, tellement buses qu'on
peut la constater de visu sur l'oreille du Lapin, la crête du Coq
et la peau de l'Homme, après l'injection de’ quelques gouttes du
produit en question. Les tissus sont absolument exsangues à l'en-
droit injecté et se différencient très nettement des régions voi-
sines où la circulation est normale.
Enfin, une preuve indirecte de l'action vasoconstrictive de
notre solution est fournie par son action dans les hémorragies
une application locale sur un tissu qui saigne diminue ou arrête
l'écoulement sanguin.
Grandeur de l’action vasoconstriclive du Genét. Nous avons
comparé l’action du Genêt à ceile de deux drogues vasoconstric-
tives considérées comme les plus puissantes : l’ergot de Seigle
et la capsule surrénale. Le seuil de la réaction est obtenu avec
une dose de notre préparation correspondant à o,o1 gr. de Genêt
(tiges) par ker. d'animal. Pour obtenir le même effet, il faut
de 0,01 gr. à 0,015 gr. de tissu surrénal ou 0,05 gr. d’ergot de
Seigle.. Le Genêt possède donc un pouvoir vasoconstricteur au
BioLocte. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. DT
1
ALIS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
moins égal à celui du tissu surrénal et 5 fois supérieur à celui
de l’ergot.
Mécanisme de la réaction vasoconstrictive. L'action locale du
Genêt et nos expériences de circulation artificielle permettaient
déjà de supposer que l'effet vasoconstricteur de cette plante est
d'origine périphérique. Pour en acquérir la certitude, nous avons
eu recours au procédé de Nolf (x) qui a pleinement confirmé
notre manière de voir.
Résumé. En soumettant le Genêt à un traitement particulier,
on obtient une préparation possédant un pouvoir vasoconstric-
{eur très puissant, supérieur à celui du tissu surrénal et de l'ergot
de Seigle. Cette substance agit directement sur les muscles vas-
culaires sans intervention du système nerveux central.
ACTION DE DIFFÉRENTS MÉTAUX (SPÉCIALEMENT DU PLOMB)
SUR LES TUMEURS GREFFÉES DE RATS PAR L'IONOTHÉRAPIE,
par À. Borrez, À. pe CouLon et L. Boez.
Nous avions envisagé, dès 1910, l'influence du régime alimen-
taire sur le développement de la tumeur Jansen greffée sous la
peau de la Souris ; puisque des Souris d'origines diverses : da-
noises, berlinoises, parisiennes, etc., donnaient des pourcentages
très variés de réussite de greffe, il nous avait semblé que des
modifications insignifiantes de l’organisme de la Souris, dues
peut-être à un régime alimentaire varié, pouvaient expliquer un
pareil résultat. Les expériences faites avee Nègre ont montré le
bien fondé de cette hypothèse et nous avions mis en évidence
certains points, en particulier l’action remarquable du potassium
sur la croissance des tumeurs et les diverses adaptations, tumeur
sodium, tumeur potassium, etc.
Nous avons songé à reprendre cette question en employant
une méthode différente ; au lieu de donner par la voie digestive
les substances à étudier, nous avons pensé à employer la mé-
thode de l’ionothérapie électrique.
À l’aide d’un courant électrique, il est possible d'introduire,
au niveau de la tumeur développée, les cations dont on veut ex-
périmenter l’action sur la croissance de la tumeur greffée. En
connaissant l'équivalent électrochimique d’un corps, le temps
de passage du courant, l'intensité du courant, on peut calculer
le poids de la substance étudiée, chassée de l’anode vers la ca-
thode à travers les cellules de l’animal. |
Nous nous sommes adressés au sarcome du Rat, facilement
(x) P. Nolf. Bull. Acad. roy. Belgique, 1902, p. 8095.
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1119
greffable et. qui donne 100 p. 100 de succès, sans régression
spontanée. Le traitement étant commencé 15 jours environ après
la greffe, la tumeur était déjà très développée. Entre l’électrode
positive au charbon et la tumeur, était disposée une compresse
de coton imbibée d’une solution de l’électrolyte choisi (chimi-
quement pur); la cathode se trouvait à un endroit opposé du
corps de l’animal. Il faut avoir bien soin d’épiler l’animal et de
dégraisser la peau avec l'alcool.
Voici le dispositif de l'appareil : une batterie d'éléments Le-
clanché groupés en série, une boîte de résistance permettant de
faire varier l'intensité du courant, et un ampèremètre pouvant
le mesurer.
Hiacute il
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|
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RE Rs ru LUN Fr
er rrrsrersrmnienemensiss
D ù
al
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NE
Nous avons essayé, avec la même technique, différents électro-
lytes et voici un tableau qui résume les expériences faites, ave
autant de témoins, depuis novembre 1927.
Nombre de Rats chez lesquels
Jonothérapie Nombre de Nombre de le traitement n'a pas influencé
e Sels à l'anode - Rats traités Rats guéris le développement de [a tumeur
K KCI o — 3
Na NaCI 6 — 6
Ca CaCl2 3 — 3
Ba BaCI2 3 2 I
Ag AgNO* 3 I 2
Cu CuSo‘ 3 2 1
Pb Pb(NO3 2 10 8 2
Fe. FeSo‘ 3 — 3
UO? UO2(N0:)2 3 — 3
SeOs Na2SeO° 3
— après la première séance les
rats sont morts intoxiqués.
——
4o 13 24
cathode
1120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
On voit que, toutes choses égales, le plomb a une action tout
à fait évidente et qui mérite d’être mise en relief.
Voici, à titre d'exemple, quelques protocoles d'expériences
pour le plomb. | |
1) Rat greffé le 1° novembre 1921 : le 19, la tumeur est de
la grosseur d’une petite Noix, on fait passer un courant de 3
milli-ampères, durant 305, 4 coulombs.
25 novembre : fait passer un courant de 3 milli-ampères du-
rant 305, 4 cmb., 5.788 mgr. plomb.
27 novembre : fait passer un courant de 4 milli-ampères du-
rant 305, 4 cmb., 5,788 mgr. plomb.
1 décembre : fait passer un courant de 4 milli-ampères du-
rant 45/10, 8 cmb., 11,577 mgr. plomb.
Somme totale de plomb supposé introduit — 26,594 mer.
Le 2 décembre, la tumeur a complètement disparu, résorbée
sans laisser de traces. Le Rat témoin meurt avec une tumeur (le
7 décembre) pesant 38 gr.
2) Rat noir greffé le 15 décembre ; le g janvier 1922, tumeur
grosse comme une Noix; on introduit, en trois séances,
24,12 mgr. de plomb. Le 23 janvier, la tumeur a disparu sans
laisser de traces.
3) Rat greffé le 15 décembre 1921, le 9 janvier, tumeur grosse
comme une Noix ; on introduit, en 2 séances, 16,08 mgr. de
plomb ; le 21 janvier, la tumeur a disparu sans ulcération.
4) Rat greffé le 9 janvier ; le 1* février, tumeur grosse com-
me une Noix ; on introduit, en 5 séances, 46,60 mor. de plomb,
le 21 février, la tumeur a complètement disparu sans ulcérations.
Sur {o Rats traités, il y a eu 13 régressions et 24 tumeurs non
influencées par l’ionothérapie et 3 Rats intoxiqués dès la pre-
mière séance par le séléniate de soude, or, ro Rats traités par le
plomb donnent 8 régressions.
Il nous semble qu'il y a là un fait intéressant à signaler et qui
encourage à continuer les recherches dans cette voie. Nous signa-
lerons aussi que les Rats ayant résorbé leur tumeur se sont mon-
trés réfractaires à une nouvelle inoculation et à plusieurs inocu-
lations.
Nous ferons remarquer que le sarcome du Rat, dont il est ques-
tion dans ces expériences, est un type de tumeur greffée qui pré-
sente souvent une zone importante de nécrose centrale et l’exten-
sion de la tumeur se fait par multiplication dans la zone périphé-
rique. Chez certains Rats témoins, elle atteint la dimension d’un
œuf de Poule et nous n'avons jamais constaté de régression
spontanée.
Il faudra voir ce que donne la méthode sur les autres types de
tumeurs greffées, sur les tumeurs spontanées du Rat et, peut-
SÉANCE DU 2D NOVEMBRE 1121
être, étant donné l’innocuité de la méthode, sur certaines tumeurs
localisées de l'Homme.
Les tumeurs de Rats spontanées sont rares. D'autre part, cette
méthode est difficilement applicable à la Souris chez laquelle les
tumeurs spontanées sont beaucoup plus fréquentes : la petitesse
de l'animal et la difficulté de localiser l’action favorisent Îles
courts-circuits et rendent pratiquement l'expérience impossible.
«
PATHOGÉNIE DES TROUBLES DE LA COAGULATION DU SANG
HÉMOPHILIQUE.
Note de R. Ferssiy, présentée par GC. DELEZENNE.
- Les grands retards de coagulation qui caractérisent l’héro-
philie, ont été expliqués par des causes diverses : on à invoqué
successivement un excès d’antithrombine ; l'insuffisance des éié-
ments cellulaires, des plaquettes en particulier, producteurs du
cytozyme ; l'insuffisance de la thrombozyme de Nolf, puis enfin
l'insuffisance du sérozyme ou une anomalie de sa constitution.
Ayant repris l'étude de la question, j'ai constaté les faits sui-
vants
1. Le plasma d’hémophile se comporte à l'égard d'une solution
de venin de Crotalus terrificus, douée de propriétés thrombini-
ques, comme une plasma normal : il n'y a donc pas d’excès d’an-
tithrombine.
2. La puissance cytozymique des éléments figurés du sang
hémophilique est égale à celle des éléments figurés du sang nor-
mal.
3. L’adjonction au plasma hémophilique, de la substance dési-
gnée sous le nom de thrombozyme ne corrige pas le retard de
coagulation.
h. Le sérum d’hémophile est souvent très riche en thrombine.
Ce fait s'accorde mal avec l'hypothèse d’une déficience des élé-
ments thrombinoformateurs, du sérozyme en particulier.
‘Il paraissait plus logique d'admettre un ralentissement dans
les réactions qui aboutissent à la formation thrombinique, ce
ralentissement pouvant être attribué à une anomalie de la cons-
titution du sérozyme (théorie Herzfeld-Klinger) ou à la présence
d’un stabilisateur antithrombinogénique (type venin de Cobra).
Pour résoudre ce problème, j'ai eu recours à l'analyse du
plasma hémophilique, en séparant le prosérozyme par adsorp-
tion sur le phosphate tricalcique et redissolution du précipité.
J'ai observé alors que cette solution de prosérozyme possède la
1122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
propriété d'empêcher la coagulation d’un plasma citraté normal
recalcifié (Cheval), alors que le plasma phosphaté d’hémophile
n’exerce aucun effet de ce genre. La solution de prosérozyme
normal et le plasma phosphaté correspondant sont également
dépourvus de cette propriété.
ProTocoLe lÎ.
Effets comparalifs du prosérozyme hémophilique et du prosérozyne normal
sur la coagulation d’un plasma citraté.
Plasma cilraté >
No de Cheval Prosérozyme Na C1 Ca Ci2 Minutes Nole
DORT CCE ENTREE Nora —- IT gouttes 10.
D ASIN CAE D) VI » Hi souttes” Lun» 10
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7 ARDICSC ANTON) .VI DS Il » IEP) tineoaeule | Obs.
SEC CHR IV » IV » 112%) incoagul. \ He
D TNIC:0: NI II » VI » ii 05) incoagul.
Effets comparatifs du plasma phosphaté hémophilique et du plasma phosphaté
normal sur la coagulation d’un plasma citraté.
Plasma cilraté
No de Cheval Plasma phosphalé Na CI Ca C2 Minutes Note
ON C IC OL EE N III ot Eté mM — Il gouttes 7 1/2
2 PRICE C: » VI » Iwsoutles ITS) 7 1/4
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DORTACIC* De — NIET O » I 7 1/4
TO CC: » V ges Norm. < — il » 20
D 1 Cote » — V gouttes I » 20
- J'ai observé, d’autre part, que les plasmas normaux rendus in-
coagulables par les venins qui s'opposent à la formation de la
thrombine (type Cobra) ou les plasmas riches en antithrombine
« naturelle » (type plasma de peptone) se comportent à l'analyse
d'une façon semblable. Le stabilisateur est lié aux précipités de
phosphate tricalcique et les plasmas ph DRE correspondants
en sont dépourvus.
PROTOCOLE Ie
Sang cobraïsé in vilro. — 2 e.c. venin de Code ‘à I P; 1.000+20 c.c. de
sang; le mélange incoagulable est centrifugé ;. ie, plasma recueilli est.traité par
le- phosphate it
Exp. n° 1. — Effet du prosérozyn me pro enant du sang cobraisé sur le .COagu-
lation d’un ‘plasma citraté. |
-Plasma cifrats | PEUSX EUR ATEN ECTS ERTIEENR EE ARR TS
CE EN de
Ne. de Cheval , À | HE Xe CL éractet Ca ce, 5, a1cMinutes: 11 Nole
L,,1,0f Ce dil, JF: Es ogoulle VI gouttes In gouttes! {3 fé MDN RE TE Lo)
2hvcs L ue nn gouttes. VI. D: sb a D corse BEI Di tree i:
3° ri) ne CA AE LEA A LIN 5 » 10 MER ARS
4) 10e: 0 SE MEEDEGESI . Co OLIS re HUE incoagul. “Obs. rh.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1123
Exp. n° 2. — Effet du plasma phosphaté provenant du sang cobraïsé sur
la coagulation d'un plasma citraté.
Plasma cilralé Plasma :
N° de Ch2val phosphaté Na CI Ca C2 Minutes Note
UGC CIE NON MOULE VII gouttes II gouttes tr
DONC Ce 1) Ter outes ENT » TE) 15
PCs Ce D IV » IV » LEE) 1Ô
DRAC EE SL 0) MIRE) () » He 16
Prorocoze III.
Sang de Lapin crotalisé (adamanteus) in vivo. — Injection intra-veineuse de
2,5 c.c. de solution de venin de Crot. adamanteus, à 1 p. 1.000. Le sang est
centrifugé; le plasma recueilli est traité par le phosphate tricalcique.
Exp. n° 1. — Effet du prosérozyme provenant du sang crotalisé sur la
coagulation d’un plasma citraté.
Plasma cilralé
N° de Cheval Prosérozyme Na CI Ca CI2 Minutes Note
cc dir rom soutte WII Ecouttes "Isouttes 22
DRE C 0) Il gouttes VI » IL » 80
SPC CODE) IV » IV » LS) incoagul. Obs.2h.
Nec ie » MIIL.…. » () » DEAD) incoagul. DR
Exp. n° 2. — Effet du plasma phosphaté provenant du sang crotalisé sur
la coagulation d’un plasma citraté.
Plasma citraté Plasma
No de Cheval phosphaié Na CI Ca CI2 Minutes Note
RC Cd nr IT routtes NVIMrouttes MIT Souttes T9
DNA LC NCE DEAD) IV » IV » IT » 22
2 ADS CE CEE) VITE) — IT » 22
RSC LC A) e) » VITE) IL » 22
Il me parait résulter de ces expériences que la stabilité du
plasma hémophilique peut être attribuée à la présence d'un sta-
bilisateur doué de propriétés antithrombinogéniques. On peut,
du reste, préparer par le chauffage à 56° une solution phospha-
tique privée de toute propriété sérozymique, qui ne possède plus
que des propriétés stabilisantes.
J'ai observé enfin que ce stabilisateur exerce ses effets sur la
phase initiale de la coagulation, en retardant l'établissement de
la « fonction sérozymique ». C'est la raison pour laquelle l’ad-
jonction d'un peu de sérum riche en sérozyme, même dépourvu
d'activité thrombinique, suffit à corriger le retard de coagulation
du plasma hémophilique.
1124 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SUR L'OBTENTION DE BACTÉRIOPHAGE PAR ANTAGONISME MICROBIEN.
Réponse À MM. LISBONNE ET CARRÈRE,
par À. Becuericu ei P. Haupuroy.
Dans une note récente (1), Lisbonne et Carrère reviennent sur
des expériences antérieurement publiées par eux (2), dans les-
quelles ils auraient obtenu le principe bactériophage de d'Herelle
par le simple jeu d’un antagonisme microbien (entre Bacille de
Shiga et Bacterium coli). Nous y avons répondu (3) par d'autres
expériences qui nous faisaient considérer, comme probable, l'in-
tervention d’une cause d'erreur : l'existence de microbes lysogènes
fréquemment isolables (par nous comme par d’autres) au sortir
de l'organisme.
Lisbonne et Carrère nous ont fait parvenir depuis in coli-
bacilles : nous avons reconnu comme Iysogène la souche n° 2,:
comme non lysogène la souche n° r. C’est celle-ci qu'ils mettent
en contact avec le Bacille de Shiga quand « ils réussissent à pro-
duire » le principe bactériophage.
Il faudrait cependant convenir, qu’en dehors de l'interaction
invoquée, deux facteurs au moins sont encore à envisager
a) le colibacille déjà éliminé parce que non lysogène ;
_b) le Bacille de Shiga lui-même sur lequel nous ne possédons
aucun renseignement quant à l'éventualité d’un pouvoir lyso-
gène.
Bien que les circonstances (rareté de la dysentérie en Alsace)
ne nous aient pas permis d'isoler du Bacille de Shiga modifié,
nous rappelons la fréquence, notée par d'Herelle, du Bactério-
phage dans les selles de convalescents et, par conséquent, de
Bacilles modifiés : aussi nos critiques ne nous semblent-elles
point encore dénuées de fondement.
(Institut bactériologique de Metz et laboratoire de bactériologie
de la Faculté de médecine de Paris).
(CR detar Socle bio Mo2 MANS AD erore
(2) C. R. de la Soc. de biol.. 1922, t. 86, p. 569.
(3) C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. 86. p. 887.
SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1425
CHAUFFAGE MÉNAGÉ DU SÉRUM DANS LA RÉACTION DE WASSERMANN,
VARIANTE HECHT,
par ARMAND BEAUVY.
Le pouvoir hémolytique intense de certains sérums rend dou-
teux le résultat négatif de la réaction de Wassermann, variante
Hecht. En effet, on peut craindre, dans ces cas, que l’'hémolyse
qui se produit en présence de l'antigène soit le résultat d'un
grand excès d’alexine, et on peut supposer que le même sérum,
doué d’un pouvoir complémentaire moins actif, donnerait une
réaction positive au moins ébauchée.
De nombreuses méthodes ont été proposées pour rendre utili-
sables de tels sérums. Levaditi fait plusieurs tubes à doses crois-
santes d’antigène. Cette méthode suppose un antigène parfait,
dénué de tout pouvoir anticomplémentaire. La méthode à Îa-
quelle nous nous étions depuis longtemps arrêté, et qui a été
décrite par Rubinstein (1) additionne une série de tubes de doses
croissantes d’hématies. Enfin, Telmon (2) a préconisé le vieillis-
sement à l’étuve. Cette méthode semble théoriquement la plus
parfaite, mais elle se heurte, dans la pratique, à l'imperfection
de l’asepsie du sang prélevé, et, d'autre part, Renaux (3) a cons-
taté la disparition de la réaction dans certains sérums conservés.
Nous avons essayé d'arriver au même résultat par un chauffage
ménagé du sérum ; une mise au thermostat à 50°, pendant 10
minutes réduit à moitié au moins le pouvoir hémolytique des
sérums. Cette baisse est constante, mais n’est pas égale pour tous
les échantillons.
Il ne reste plus qu'à recommencer la réaction avec le sérum
traité pour la fairé dans de meilleures conditions de sensibilité.
Un de nos derniers cas nous semble particulièrement démons-
tratif. [Il s’agit d’une Femme, adressée à nous par le D' Peskine,,
contaminée vers l’âge de 20 ans par un mari mort depuis de pa-
ralysie générale, elle présente, à 47 ans, un sang dont le sérum
donne les réactions suivantes
Avant chauffage : o,1 c.c. hémolyse 0,15 c.c. hématies de
Mouton à 1/20. Retard douteux d’hémolyse.
Après chauffage à 5o° : o,1 c.c. hémolyse 0,05 hématies de
Mouton à 1/0. Retard bien net.
Après chauffage à 55° : 0,2 c.c. traité par méthode Calmette.
Aucun retard.
(1) Rubinstein. Presse médicale, 7 juillet 1910.
(2) Telmon. Presse médicale, 19 juillet 1917.
(3) Renaux. C. R. de la Soc. de biol., 9 octobre 1920, p. 1298.
1126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Ce cas montre donc que le chauffage ménagé peut mettre en
évidence une réaction légère et que la substance qui donne la
réaction de Wassermann peut résister dans ces conditions alors
même qu'elle ne résiste pas au chauffage à 55° de la méthode
classique.
Mais nous n'’oserions pas prétendre qu'il en soit ainsi dans
tous les cas. |
Nous avons employé aussi cette méthode dans la réaction de la
tuberculose à l’antigène de Besredka.
(Laboratoire de la clinique chirurgicale de l'hôpital Cochin,
Ia DS Doiber). |
20 Pa
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1922
SOMMAIRE
Couvreur (E.) et CLÉMENT comme liquide intermédiaire des
(H.): Sur les effets de la réten- inclusions à la paraffine........ 34
tion de la soie chez les larves de Poricarn (A.) et Tr Kour
BSCRCORTANNLONLE Eee Ce 29 | Toanc : Action de la chaleur
Gaurier (Cz..) : Action mydria - sur le fonctionnement du sys-
tique du sulfate d’ésérine à haute tème lymphoïde.Modifications de
dose sur l’œil énucléé de Gre- — | la teneur du sang en lympho-
Dome MERE? 31 | cytes sous l'influence de la cha-
Noëz (R.) et MancenoT (G.): EURE SÈCHEN CEE MARRERE ere 35
Le formol fixateur nucléaire.... 32 Trircmrowiron (Y.) : Docu-
Perrin (L.-J.) : Sur l’emploi ments concernant l’action de
du irichloréthylène en histologie ! l’autolyse sur le tissu élastique... 37
Présidence de M. Porcher.
SUR LES EFFETS DE LA RÉTENTION DE LA SOIE CHEZ LES LARVES
DE Sericaria mori,
par E. Couvreur et-H.- CLÉMENT.
Dans plusieurs notes antérieures (1-2-3), nous avons déjà mis
en évidence combien il était difficile de supprimer le rejet de
la soie chez le S. mori, et émis l'hypothèse (l'absence de cocon ne
troublant en rien l’évolution des larves), que la soie devait être
éliminée, sa rétention étant peut-être nuisible. Nos nouvelles ex-
périences ont confirmé cette manière de voir et montré que la
non élimination dela soie entraîne toujours la mort.
Aux -essais. précédemment. tentés pour. empêcher les vers: de
. (obturation. de la:filière, cautérisation: de son: sHpEntELe mise
G) di Men n. action de. la ie ennene « sur Le res Fe B. he
ce R. de la Soc. de biol., t. LXXXIII, p. 1045, 20 juillet 1920.
(2) Couvréur ‘ét Clément. Difficulté de produire a rétention dé la Soie chez
le ‘B: mori. Ci R: de la Soc. de biot., & LXXXHIT,; p: 1430,-15 novembre 1920:
(3); Couvreur. et Glément. Essais -de coloration de la soie du. B. mori avant le
filage du cocon. G. R., de. la Soc. de bicl.,.t. LXXXHI, p. 1430, 15 novembre
1920.
1128: RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (30)
PE
des larves dans des tubes de plus en plus étroits, centrifugation,
injection de certains colorants), nous avons ajouté
1° La pendaison des larves par la dernière fausse patte au bout
de longs fils, ce qui les contraint à une agitation vaine dans le
vide, sans pouvoir trouver aucun point où fixer le fil de soie.
2° Leur attachage sur des surfaces horizontales, par l'intermé-
diaire de nœuds coulants diversement placés et progressivement
tendus (ce qui empêche tout déplacement de Ia tête), déplace-
ment nécessaire à l’étirage du fil de soie.
3° Leur mise en tubes préalablement vaselinés pour supprimer
toute adhérence du fil aux parois, adhérence indispensable à
l’étirage.
Quel que soit le procédé mis en œuvre, nous avons vu les su-
jets se livrer aux efforts les plus violents pour chercher à se dé-
barrasser de leur soie, et tous arrivèrent à en éliminer des quan-
tités, d’ailleurs infimes. Aussi, pour obtenir un résultat complet,
avons-nous ligaturé la tête d’un certain nombre de vers prêts à
filer. L'opération ne produisit d’abord aucun accident. Huit
jours après, en effet, les animaux étaient en parfait état, mais ils
moururent ensuite successivement tous dans un délai de 48 heu-
res. Chacun d'eux présentait un aspect bien particulier caractérisé
par un étranglement entre les vraies et les fausses pattes, puis
une coloration considérable des téguments semblant presque
noirs. Nous disons semblant, car les téguments n'étaient pas en
réalité teintés, mais le paraissaient par suite de la présence d’un
liquide sous-jacent très foncé. De la série de nos expériences, il
résulte que les sujets n'ayant pas éliminé complètement leur soie
sont retardés dans leur évolution, deviennent tératologiques et
offrent à leur mort un aspect plus ou moins noirâtre. Leur colo-
ration est d'autant plus foncée que la quantité de soie retenue est
plus considérable et que, par conséquent, la quantité de soie éli-
minée en filant a été plus faible. Les dissections pratiquées indi-
quent, en outre, une relation étroite entre l’état des réservoirs
et l'aspect des téguments. Lorsque l’on empêche les Vers de filer,
l’histolyse qui accompagne les premiers stades de la vie nym-
phale s'attaque à l’appareil séricigène et, aux réservoirs très his-
tolysés, correspondent des Vers très pigmentés.
Comment interpréter cette pigmentation et la mort qui est !a
suite fatale d’une rétention totale, ou même simplement consi-
dérable, de la soie ? Nous avons pensé que tel devait être le méca-
nisme du phénomène : la soie, matière albuminoïde à noyau
aromatique, doit donner, parmi ses produits de désintégration,
lors de l’histolyse, des acides aminés, particulièrement de la ty-
rosine (elle présente, en effet, la réaction xantho-protéique et
celle de Millon). Cette substance, en s’accumulant, provoquerait
(31) SÉANCE. DU 20 NOVEMBRE 1129
nn —— — ————— —
Ja mort de l'animal. En même temps, sous l'influence du fer-
ment oxydant que renferme le sang de la larve, cette tyrosine
s’oxyderait, d’où la coloration noire qui apparaît. Il est un fait,
c’est que lorsque l’on injecte de la tyrosine à des Vers qui ont
achevé de filer, ces Vers meurent et présentent la même colora-
tion noire que ceux que l’on a empêché de filer. C'est là une
assez forte présomption pour admettre l'exactitude de l’explica-
tion que nous proposons de la mort produite par la rétention de
la soie et de la couleur noire, qui accompagne cette mort.
(Laboratoire de physiologie générale et comparée
de la Faculté des sciences).
ACTION MYDRIATIQUE DU SULFATE D 'ÉSÉRINE A HAUTE DOSE
SUR L'ŒIL ÉNUCLÉÉ DE GRENOUILLE.
Note de Cr. GAUTIER, présentée par S. Boxxamour.
L'ésérine ou physostigmine est employée par les ophtaimolo-
gistes, dans diverses affections, pour provoquer le resserrement
de la pupille. Ce myosis est dû, d’après Nothnagel et Rossbach, à
une contraction spasmodique du sphincter pupillaire et du mus-
cle ciliaire déterminée par l'excitation du nerf moteur oculaire
commun. Rossbach a observé que les instillations prolongées de
très hautes doses d’ésérine entre les paupières, chez le Lapin,
amènent de la mydriase au lieu de myosis. Dans les pages qu’il
a consacrées à la réaction d'Ehrmann (mydriase provoquée par
l’adrénaline sur l'œil énucléé de Grenouille), N.-C. Borberg (x)
dit que le sulfate de physostigmine à 1 p. 1.000 ne provoque pas
la dilatation de la pupille de l'œil énucléé de Grenouille.
J'ai constaté qu’en solution à 2 p. 100, 1 p .100, le sulfate
d'ésérine détermine une mydriase marquée dans l'œil énucléé
de Grenouille.
On sait que la pupille de l'œil énucléé de Grenouille
peut présenter des mouvements de resserrement ou de dilatation
(Brown-Séquard 1846) (2). Dans le but d'éviter ces dilatations
spontanées, et afin de permettre une évaluation correcte de la
réaction d'Ehrmann, R.-H. Kahn a décrit un procédé (1909).
Borberg conseille la méthode suivante : l'œil énucléé est observé
pendant 1, >, 3 heures, et lorsqu'on a noté, par des mesures fré-
quentes, un resserrement de la pupille, il peut être employé
comme réactif. Trois ans avant l’auteur danois, j'ai, moi-
même (3), décrit un procédé destiné à mettre à l'abri des dilata-
(x) N. C. Borberg. Skand. arch. f. physiol., 1912, p. 34r.
(2) E. Brown-Séquard. Journal de physiol., 1899, p. 28.
(3) CI. Gautier. C. R. de la Soc. de biol., t. LXVII, 1909, p. 426.
1130 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (32)
tions spontanées de la pupille, et je continue de l'appliquer rigou-
reusement. Il est très rare, avec son aide, d'observer une dila-
tation spontanée, et, si le fait se produit, il est facile de rejeter,
avant usage, l’œil qui la présente. ;
Expérience. On prélève les yeux de deux Grenouilles tuées par
section du bulbe et destruction du cerveau et de la moelle. Les
yeux sont mis 45 minutes à l'obscurité, dans un peu d’eau ordi-
naire. On les irradie alors fortement pendant 30 minutes, et on
mesure, à ce moment, les grands diamètres horizontaux et ver-
ticaux de la pupille de trois d’entre eux.
1 2 3
CDI RER Er 2,70 AM. 2,70 mm. 2,70 mm.
CAD EN Eee 1,5 mm. 1, mm. 1,70 mm.
L'œil r est alors immergé pendant r heure 30 dans r c.c. d’eau
ordinaire ; l’œil 2 dans 1 c.c. de solution de sulfate d’ésérine à
2 p. 100 d’eau distillée, l'œil 3 dans r c..c de solution de sulfate
d’'ésérine à 1 p. 100. Au bout de cè temps, les yeux sont à nou-
veau irradiés peudant une demi-heure et leurs diamètres me-
surés.
1 2 Sd.
G.D.I SAS SA UE 2,79 mm. h mm. 3,25 mm.
(CID SES Somblbeito Eee 1, mm. {4 mm. 2,75 mm.
La dilatation pupillaire est déjà très marquée 5o minuies après
le début de l’expérience. La mydriase par les hautes doses d’ésé-
rine est plus lente à produire que la mydriase par l’adrénaline.
Elle est aussi généralement moins marquée.
LE FORMOL, FIXATEUR NUCLÉAIRE,
par À. Noëz et G. MANGENOT.
L'emploi du formol non mêlé à d’autres agents fixateurs est
très restreint en technique cytologique. Et les quelques techni-
ciens partisans de ce réactif à l’état pur ont eu soin de préeiser
qu'il s’agit d’un fixateur cytoplasmique incapable de conserver
la structure réelle du noyau. Diverses considérations nous ont
conduits à contrôler l’exactitude de cette conception.
Dans ce but, nous avons d’abord voulu acquérir des notions
précises sur la structure du noyau vivant. Nos observations ont
porté sur de nombreuses variétés de cellules, animales (cellules
hépatiques en particulier) et végétales. Il est naturellement im-
possible de décrire un type nucléaire pour d'aussi diverses caté-
gories cellulaires ; on peut cependant synthétiser, de la manière
(33) SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1131
suivante, col des résultats acquis : le noyau, facilement
visible, grâce à sa réfringence, au sein de la cellule vivante, ne
renferme d’une manière constante, qu'un seul corps figuré : le
nucléole (ou les nucléoles, suivant les cas). À côté de cet élément,
un examen attentif révèle souvent des petits grumeaux irrégu-
liers, d'une réfringence peu différente de celle de la partie fon-
damentale du noyau, grumeaux dont le nombre et les dimen-
sions varient à l'infini ; ce sont, sans aucun doute, des condensa-
tions de chromatine. Leur caractère essentiel est d’être contin-
gentes : elles existent ou n'existent pas, sans qu'aucune règle
générale puisse être formulée à cet égard,
En possession de ces données, il ea possible de préciser,
avec sécurité, les qualités du formol en tant que fixateur nu-
cléaire.
Hot di abord, notre expérience des fixateurs cytoplasmiques
dans lesquels Paie fixatrice est tout entière dévolue au formol,
liquides de Regaud, de Tupa, mélange de Cajal et de Da Fano,
pour la conservation de l’« apparato reticolare », nous permet de
conclure que ces formules sont parfaitement adaptées à la bonne
conservation du noyau. L’examen de nombreuses préparations,
diversement colorées, d'objets fixés par ces méthodes est abso-
lument onu at Les noyaux quiescents et interphasiques
sont figés dans l'aspect qu'ils possèdent sur le vivant. Les figures
mitotiques (cinèses de méristèmes radiculaires d’Orge, Pois,
Haricot, etc.), ne sont pas moins bien rendues ; le fuseau est fort
net et les attitudes variées des chromosomes se manifestent avec
la plus extrème finesse.
Mais les fixateurs énumérés plus haut, par suite de la solution
saline qui, dans chacun d'eux, véhicule le formol (bichromate
de K, nitrate d’urane) sont des mélanges complexes ; à l’action
fixatrice de la formaline se superpose celle, plus ou moins pré-
cise, des sels dissous. Et cela peut présenter des désavantages ;
un tissu chromé par la méthode de Regaud ne se prête plus à
l’infinie variété des épreuves histochimiques que l’on pourrait
tenter sur lui. D'où l'utilité d’un liquide uniquement fixateur.
Nous avons pensé que le formol salé (sérum physiologique
1.000 ; formol : 80) dont l’usage est actuellement très restreint
(pour la conservation globale des pièces d’histologie et d’anato-
mie pathologique) pourrait, d’après les considérations précédentes
constituer un excellent fixateur cytologique ; pour les êtres ma-
rins (animaux de petite taille et Aloues) le sérum physiologique
a été remplacé par de l’eau de mer ; et pour les tissus des végé-
taux supérieurs par une solution aqueuse isotonique de saccha-
rose (7, D. 100).
L'emploi de la formaline pure a été rejeté ; notre expérience
antérieure nous ayant appris que ce réactif, toujours fortement
1182 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (34)
acide, altère presque constamment la morphologie cellulaire. Les
résultats obtenus par l'emploi du formol salé (animaux) et sucré
(végétaux) ont entièrement répondu à nos prévisions. Ces mé-
langes conservent, d’une manière remarquablement fidèle, toute
l'architecture du noyau ; cet organe apparaît, après coloration à
l'hématoxyline ferrique, exactement avec les mêmes caractères
que sur le vivant : nucléoles nets ; aire nucléaire homogène ou
semée de grumeaux chromatiques inconstants ; dans la mitose,
les aspects des chromosomes sont parfaitement détaillés. Mais
ces solutions formolées présentent encore d’autres avantages
elles constituent des fixateurs indifférenciés, c’est-à-dire conser-
vant purement la cellule sans la modifier chimiquement d’une
manière appréciable ; d’où possibilité de pratiquer, sur des tissus
fixés par cette méthode, toutes les réactions histochimiques dé-
sirables. En outre, ces mélanges sont aptes à garder, sans alté-
rations, les cellules qu'ils fixent ; il est donc inutile d’assigner des
limites quelconques, dans le temps, à leur action : au bout de
plusieurs mois, de plusieurs années, les tissus qu'on leur a con-
fiés sont aussi parfaitement conservés qu'au début : débités en
coupes minces ils-prennent les colorants avec la même finesse.
Nous conclurons que le formol, en solution diluée, est un excel-
lent fixateur du noyau. On savait déjà que les liquides formolés
sont très recommandables pour la conservation du cytoplasme.
Leur action favorable se révèle ainsi d’une grande généralité : ce
sont des fixateurs cellulaires très fidèles. Il semble bien que les
mélanges très complexes proposés pour la conservation du
noyau (Flemming, Bouin, Zenker, Lenhossek, Carnoy), devraient
désormais leur faire place : ces mélanges donnent, de cet organe,
une image considérablement plus tranchée, mais aussi beaucoup
plus éloignée de la réalité vivante (x).
SUR L'EMPLOI DU TRICHLORÉTHYLÈNE EN HISTOLOGIE
COMME LIQUIDE INTERMÉDIAIRE DES INCLUSIONS A LA PARAFFINE,
par L.-J. PERRIN.
Nous avons eu l’occasion d'essayer, comme solvant de la paraf-
fine, divers dérivés polychlorés de l’éthylène, parmi lesquels
nous retenons aujourd'hui le trichloréthylène : C*HCF. |
Un liquide intermédiaire, dit « Langeron », doit être soluble
en toute proportion dans l'alcool qui le précède et dans la paraf-
fine qui le suit.
(1) Rappelons ici que, dans un remarquable travail récemment paru, de la
Litardière insiste sur les altérations nucléaires que provoquent les fixateurs
habituels, toujours assez riches en acide acétique, et préconise, à leur place,
des fixateurs cytoplasmiques dépourvus de cet acide.
(35) SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1133
Le trichloréthylène est miscible, d’une part, non seulement
avec de l’alcool absolu, mais aussi avec l'alcool à 95° (en tout cas
pas avec l'alcool à 30°); d'autre part, de nos essais comparatifs
faits à froid avec de la paraffine à 52°, il résulte que son pouvoir
solvant est du même ordre que ceux du chloroforme ou du té-
trachlorure de carbone parmi les solvants plus lourds que la
paraffine, et du toluène, du xylol et du benzol, parmi les solvants
plus légers.
Apathy dit, qu'en l'espèce, les meilleurs solvants de la paraf-
fine sont ceux « qui dissolvent le mieux la paraffine à froid, qui
ont le point d’ébullition le plus bas et qui ont une densité supé-
rieure à celle de la paraffine ». Or, le trichloréthylène est un li-
quide qui réalise à un haut degré ces 3 qualités : 1 gr. de paraf-
fine à 52° se dissout bien dans ro c.c. de trichloréthylène. Son
point d’ébullition est 88° et la paraffine y flotte.
Le trichloréthylène est miscible à tous les solvants précités
ainsi que, le cas échéant, à l’acétone et aux alcools méthylique,
butylique et amylique, mais il n’est pas miscible à l’eau, il dis-
sout les graisses et est non inflammable. Les divers essais que
nous avons faits avec ce liquide, comme intermédiaire, nous per-
mettent de l’employer dans la technique d’inclusion à la paraf-
fine, à la place du chloroforme, avec suppression de l’alcool
absolu puisqu'il est miscible à l’alcool à 95°. Les temps de pas-
sage en alcool à 95°, tri.r, tri.2, tri-paraffine varient avec la na-
ture et la grosseur des pièces ; dans le cas où ces dernières sont
susceptibles d’être cassantes, on peut facilement utiliser un mé-
lange de trichloréthylène et d’essence de Cèdre avec laquelle il
est miscible.
Pour les techniciens qui ont l'habitude de mélanger un peu
de cire à la paraffine, je puis ajouter que le trichloréthylène est
susceptible de dissoudre un peu la cire.
(Laboratoire de zoologie de la Faculté des sciences de Grenoble)
ACTION DE LA CHALEUR
SUR LE FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME LYMPHOÏDE.
MODIFICATIONS DE LA TENEUR DU SANG EN LYMPHOCYTES
SOUS L'INFLUENCE DE LA CHALEUR SÈCHE,
par À. Poricanp et Lr Koue TcHanc.
Les intéressants travaux de Murphy et de ses collaborateurs
ont montré récemment l'intensité de l’action, sur le comporte-
ment des lymphocytes du sang, d’un séjour à l’étuve sèche à 57°.
Ces faits conduisent à des déductions du plus haut intérêt au
point de vue de la défense des tissus contre les agents infectieux
eble cancer
Brozocie. ComPTEs RENDUS, — 1922. T. LXXXVII.
s]
(we)
1134 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (36):
Nous avons entrepris de préciser le mode d'action de la chaleur
sur les organes lymphoïdes, producteurs de lymphocytes, en.
étudiant, chez la Souris blanche, les modifications apportées par
un séjour dans une étuve sèche à 38°, chauffée électriquement.
La présente note préliminaire résume le résultat de nos re-
cherches sur l'influence d'un séjour à l’étuve, pendant 16: à
2/, heures environ, sur la figure sanguine de la Souris blanche.
On peut penser examiner le sang d’une Souris avant, puis:
après un séjour à l’étuve. Ce procédé, en apparence simple et
excellent, entraîne en réalité une cause d'erreur profonde liée à
l’action de la saignée. D'après nos appréciations, la perte de
sang résultant de la prise est, au minimum, de r/50 de c.c., soit
2 cgr. environ pour une Souris de 15 à 20 gr. Cela correspond,
pour un Homme de 60 kgr. à une perte de sang de 60 à 75 gr.
Une telle saignée doit amener une modification des organes hé-
matopoïétiques susceptible de fausser complètement les résul-
tats de l'expérience. Ce procédé est done mauvais et doit être:
rejeté
ÏF nous à paru beaucoup plus physiologique d'établir, d’une
part, la formule sanguine de Souris normales témoins et, d’autre
part, de Souris provenant du même élevage, soumises au même
régime mais ayant séjourné dans une étuve sèche pendant 16
à 24 heures environ, non pas toutes ensemble bien entendu,
mais par groupe de 2 à 5. On peut remarquer, en effet, que le
séjour dans une étuve à 38° pendant ce laps de temps est bien
toléré en général quand les Souris sont peu nombreuses, mais
mal toléré quand leur nombre dépasse 5 à 6. La question d’as-
phyxie ne semble pas devoir intervenir ici, l’étuve utilisée ayant
un volume d’un tiers de mètre cube. La résistance des Souris
à un séjour à l’étuve nous a paru, du reste, assez variable. Cer-
taines Souris sont mortes avant la 15° heure. Nous n'avons pu
saisir les raisons de ces différences de résistance.
Voici les résultats observés en ce qui concerne les variations
du nombre des globules blancs en général, de celui des polynu-
cléaires (neutrophiles et éosinophiles), des mononucléaires (Iym-
phocytes et grands mononucléaires) (par mme. de sang).
I. Souris témoins. N° r : GB. 22.000 ; P. 3.540 ; M. 18.260. —
N° 2 : GB. {2.000 ; P. 18.480 ;: M. 23.520. — N° 3 : GB. 32 000:
P. 8.320 ; M. 23.480. — N° 4 : GB. 24.000 ; P. 7.440; M. 16.560.
— N° 5 : GB. 20.000 ; P. 5.400 ; M. 14.600. — N° 6 : GB. 34.000:
P. 14.000 ; M. 20.000. — N° 7 : GB. 24.000 ; P. 8.880 ; M. 15x20.
— N°8 : GB. 26.000 ; P. 3.900 ; M. 22.100. — N° 9 : GB. 24.000 ;
P. 5.520 ; M. 18.480. — N° ro : GB. 26.000 : P. 1.820 ; M. 24.180.
N°. re" GB abro00 PP 2 00 Me 00 ee NE
GB. 16.000; P. 10.400 : M. 560.
(37) SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1135
Moyenne par mmec.: globules blancs 25.416 ; polynuecléaires
6.708 ; mononucléaires 18.708.
Il. Souris examinées immédialement après un séjour de 15 à
1heures à l'étuve sèche. N° x : GB: 10.000:; P. 2:r00:; M. 7.900:
— N° 2 :GB. 10.800 ; P. 5.824 ; M. 4.986. — N° 3 : GB. 11.000 ;
PR SOON So ON Gb: ré 20027. 3616; ME. 6-876:
N° 5 : GB. 13.000 ; P. 3.000 ; M. ro.000. — N° 6 : GB. 2.000 ;
BMbGOs Mn So. — N°7: GB: ro-000; P. 2100: M 7900. —
N° 8 : GB. 8.000 ; P. 2080 ; M. 5.920. — N° 9 : GB. 6.000; P. 960:
MAD oo. — N° ro : GB: 000 : P: r60:;: M. 5.8/0.
Moyenne, par mmce.: globules blancs r0.700 ; polynucléaires
3.940 ; mononucléaires 6.760.
De l'examen de ces chiffres, et avec les réserves qui s'imposent
dans toute recherche de ce genre, on peut tirer les conclusions
suivantes.
Un séjour de 16 à 24 heures à l’étuve amène au niveau du
sang :
1° une diminution de plus de moitié du nombre total des glo-
bules blancs :
2° une diminution de moitié des polynucléaires ;
3° une diminution des deux tiers de la quantité totale des
éléments mononucléaires.
Comme on peut le constater, le fait le plus net consiste dans
une chute considérable du nombre des mononucléaires. L'étude
de la formule sanguine dans chaque cas montre qu'il s’agit d’une
diminution des lymphocytes.
Ces observations sont à rapprocher de celles de H. Vincent (1)
et des faits signalés plus récemment par Leger et Baury (2) sur
l’insolation chez le Cobaye.
Nous préciserons, dans une note ultérieure, les modifications
sanguines réparatrices observées dans les jours qui suivent le sé-
jour à l’étuve.
(Laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine),
DOCUMENTS . CONCERNANT L'ACTION DE L'AUTOLYSE
SUR LE TISSU ÉLASTIQUE,
par Ÿ. Tlrircuxowrrcu.
Il est de connaissance élémentaire que le tissu élastique offre
(x) H. Vincent. Sur la leucolyse produite par l’hyperthermie expérimentale.
C. R. de la Soc. de bLiol., t. LIV, p. 1085, 1902.
(2) Leger et Baury. Modifications hématologiques produites par l’insolation
chez le Cobaye. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 876, 15 septembre
1922.
1136 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (38)
une grande résistance vis-à-vis des ferments d'origine autoly-
tique. Les documents exposés ci-dessous peuvent contribuer à
préciser ce phénomène,
J'ai suivi les modificatoins be par le tissu élastique, étudié
par la méthode classique de Weigert à la fuchsine ferrique, au
cours d’une autolyse aseptique à la température de 38° et au
niveau des gros vaisseaux du cou et des voies respiratoires supé-
rieures chez le Rat blanc adulte. Des extrémités céphaliques de
ces animaux, tués par le gaz d'éclairage, étaient placés à l’étuve
38°, sous chloroforme, pendant un temps variant de 1 à 11
jours. Le paquet formé par la trachée, l’œsophage et les gros
vaisseaux était enlevé en masse, fixé au formol salé et coloré
par la fuchsine ferrique, dans des conditions identiques pour
toutes les expériences.
J'ai pu noter les points suivants.
Au niveau des formations élastiques des vaisseaux et des voies
respiratoires, après une autolyse de r1 jours, on ne relève au-
cune modification notable. Peut-être les fibrilles les plus fines
ne sont-elles plus aussi visibles. Quelques fines fibrilles sont éga-
lement revenues sur elles-mêmes. Il est difficile de dire s’il s’agit
ici d’une rupture ou tout simplement s’il y a diminution de la
tension des tissus ambiants, conséquence de leur autolyse. Ces
Ussus ont tendance à devenir diffluents ; ils n'ont plus de résis-
tance ; on conçoit que les. fibres élastiques ne restent pas ten-
dues dans ces conditions.
On sait que la substance fondamentale du cartilage prend sou-
vent intensément la coloration de Weigert. C’est le cas du carti-
lage de la trachée. Contrairement à la teinture des fibres élas-
tiques ; cette coloration résiste beaucoup moins à l’autolyse. On
la voit se modifier assez rapidement. Dès le quatrième jour, la
capsule des cellules, au début fortement colorée, ne l’est plus
dans la grande majorité des cellules. La partie centrale des tra-
vées de substance fondamentale cartilagineuse est seule colorée
par la fuchsine de Weigert. Cette coloration même diminue pro-
gressivement, sans aller cependant jusqu’à son effacement com-
plet, du moins dans la limite de nos expériences.
Ces constatations seraient, s’il en était besoin, un argument
pour montrer que la coloration prise par le cartilage par la mé-
thode de Weigert n'indique pas du tout la nature élastique de
ce tissu.
(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine).
Imp. À. DAVY et FILS Aîné, 52, r. Madame, Paris. Le Gérant : A. DAVY.
PRÉPARATIONS COLLOÏDALES À
Métaux colloïdèux électriques à petits grains.
Colloïdes électriques et chimiques de métalloïdes.
D << — à
T Cancer,
ELEC RARGOL ELECTROCUPROL (a) ÿ Tuberculose,
Toutes les mpoules de 5 ce par: botte Maladies
Ampoules de 10 cc. (3 par: boite).
(argent) maladies Collyre en amp. compte-gouttes. infectieuses.
AEo ue de 5 cc. (6 par boîte). | infectieuses
Ampoules de {0 cc. (3 jar bole). sans . ELECTROSÉLÉNIUM Tranemant
RARE nc par boîte). spécificité (Se)
acons de e cc. oules de 5
Collyre en amp compte-gouttes.f Pour l'agent ADP 8.360: Gupee Bone). Cancer.
hogène. *
Pommade (tube de40 grammes). | "5% | 'ELECTROMARTIOL.,
RAR Tree Ampoules de 2 cc. (12 par boîte).
ELECTRAUROL (Or) Ampoules de 5 cc. (6 par: botte). Syndrome
7, anemique.
Ales de dec Lie Dar Dole ARRHÉNOMARTIOL 5
Ampoules de 5 ec. 6 par botte). (Fer col'oldal + Arsenice organique)
Ampoules de 10 cc. (3 par boîte). N. B. — L | Amp.delcc.12p"bolte et Gouttes
ELECTROPLATINOL (pr) \ELECTRARGOL. , Toutes les
CRT (PE) st égaiement | COLLOTHIOL (sure) linreteneiie
P IOL
ELEC TRO ALLAD (Pd) employé dans | Elixir - Ampoules de 2 cc. la Médication
Armpoules de 5 ce. nee jee le EUR | (6 par boite). — Pommade. sulfurée.
mpoulés de ar
; à nombreuses JOGLYSOL (Complexe Cures iodée
| ELEGTRORHODIOL (Rd) affections iode-glycogène) ? : et iodurée.
res. 0 de5c F7 septiques. Ampoules de 2 cc. (12 par boîte).
» (Boîtes de 3 et F ampou es
sd roues | ELECTROMANGANOL ? Actor
EN —MG (Wercure) formes de la (Manganèse) À Cocei pas
Syphilis. . Ampoules de? cc. qu par boîte). ? q
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Tome LXXXVII. | 1922 : N° 36
COMPTES RENDUS
des Séances
Société de Biologie
| et de ses filiales :
les réunions de Bordeaux, Marseille, Nancy, Petrograd,
Lille, Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
Athènes :; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
danoise, de Süède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
PUBLIÉS LE VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
Séance du .2 décembre 1922
PARIS
MASSON ET Ci, ÉDITEURS
LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (Vic)
Les comptes rendus paraissent chaque semaine sauf pendant les vacances de la Société.
PRIX DE L’ABONNEMENT POUR 1922 : :
France : 50 fr. — Etranger : 60 fr.
Prix Du NUMÉRO : 3 FRANCS
Les abonnements sont reçus por MM. MASSON et Ci Editeurs
120, Boulevard Saint-Germain Paris
CENTENAIRE DE PASTEUR
La séance du 23 décembre sera tenue en commémoration de Pas-
teur. — Allocution de M. Ch. Richet. — Lecture d’un manuscrit inédit
de Pasteur.
SEANCE DU 9 DECEMBRE 1922
En Comité secret, la Société statuera sur la question d'une élection
pour le titulariat, actuellement en suspens.
Toutes les notes doivent être remises
sous forme de dactylographies, ne
varietur, Sans tie douteuses ;
elles ne doivent pas dépasièe l’étendue
| réglementaire. |
Ces conditions sont formelles.
SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ
7, rue de l'Ecole de Médecine
M.A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que le «
samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications et
lettres au Secrétaire général, à l’Institut Pasteur, Paris (15°).
Cotisations et Versements
Les cotisations et versements de toute nature peuvent être versés
directement au compte du trésorier : D° J. JoLLy, 56, av. de Breteuil,
Paris (7°), compte postal 44-58.
TARIF DES TIRES A PART
48 francs pour 50 exemplaires (4 pages).
24 — — 100 — (4 pages). «4
Les demandes de tirés à part doivent être portées sur les dactylogra-
phies; les factures réglées directemen. à l'imprimerie.
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de leurs
notes, le jeudi à 10 neures, chez les imprimeurs, MM. Davy, 52, rue
Madame, Paris 6°. te
Pour la Publicité, s'adresser à la Société Mutuelle de Publicité,
14, rue Rougemont, Paris, 9° — Téléph. Central 71-57 4
#i
., 'HEOIRT
ER
7: à
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 2 DECEMBRE
AnLomG (F.), Guizzemin (Mie
A.) et Laxceron(L.): Action sus-
pensive du réflexe solaire sympa-
thicotonique sur les snanifesta-
tions convulsives du choc vago-
1922
SOMMAIRE
Luquer(A.): Action sur le sang
du diglucosidedioxydiaminoarsé-
NOPDENENE AT EME IE LE ne
Mayenowna (Z.): La glande
j thyroïde des Amphibiens au mo-
tonique chez l’animal.......... 1152 | ment de la métamorphose......
. CANTAGUzÈNE (J.) et ViÈs (F.): Nècre (L.) et Boquer (A.) :
Sur les facteurs électriques dans Effets des injections de l’extrait
les réactions des éléments du sang méthylique de Bacilles de Koch
chez Sipunculus nudus......... 1155 | sur l’évolulion de la tuberculose
Dévé (F.) : La désobstruction expérimentale du Cobaye et du
spontanée du cholédoque au cours Pape ur
de l’obstruction bilivire ne PaGniez (Pu.), RAvina (A) et
CNE: DÉPARTS 1149 | Socomon (I.) : Recherches sur la
Dopter (Cx.), Dumas Cp ) ‘et coagulabilité du sang après irra-
Comgiesco : Sur la nature de la AONS MAO EEE re
loxime-dysentérique. "0.0. 1140 PorTier (P.) et LoPrrz-LomBa
Faure (Cu.-L.) : Note sur un (J.) : Utilisation des Poissons de
cas d’ectopie testiculaire chez la petite taille pour la découverte
Chauve-souris (Vesperugo pipis- de faibles quantités de substan-
FTGUC) MORE EE ERA PTIT MCESNIOXIQUES M PEN PME
Conan (R.) et NePvEux (F. >: Pozersxi(E.) et Lévy (Max-M.):
Mesure des acides organiques à Sur l’excrélion de composés phos-
sels calciques solubles; dans les phorés par les microbes........
SAS dscemaleenue 0 1170 SoxoLorr (B.): Le noyau est il
Levant: (C.) et Nicorau (S.): indispensable à la régénération
Affinités du virus encéphaliti- des Proioz0aines 52 00e
TUE 155 0 TRES SANS 1141 Tournane (A.) et CHaBroL
LOEPER (M.) et MarcHaAL (G.) : (M.) : Réalité de l’hyperadrénali-
La leucopédèse gastrique après némie par excitation du nerf
inseshon/d'amidon.;. ......:..: 1172 | splanchnique.Réponse à MM. Zunz
LoPez-LomBa (J.) : Poissons CHGOVAGEIS ET ER Dee Ter
réactifs des alcaloïdes. Recherche VazTis (J.): Sur les anticorps
des conditions optima de réac- du sérum des Lapins traités par
tion, de tension superficielle et le sérum antidiphtérique.......
Hestempératnees ce ee 0, c. 1168 Woman (E ), Unsain (A) ct
BroLociE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII.
1103
1170
1162
1179
1105
1197
1144
1138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Ostrowsxy (J.): Application de ponts ravecrlastoxine eee EEE 1177
la technique au B. coli à l’étude Kunwe (C.), Davine (H.) et Lin-—
du pouvoir protéolytique des JENQUIST (F.) : Nouvelles investi-
SOC eo ouuvoodocopon 1138 | gations sur la pese relation
- . - : entre le virus encéphalitique et
Réunion biologique de Suède. le virus ne dre see ' Re Me
Derney (K.-G.) et Siwe (S.): OuLsson (E.): Sur l'existence
Les enzymes protéolytiques du de deux ferments amylolytiques
Bacille diphtérique et leurs rap- dans la diastase du malt........ 1183
Présidence de M. Richet.
*
Don D'UN PORTRAIT DE M. LAVERAN.
Madame Laveran offre à la Société un portrait de M. A. Lave-
ran. La Société adresse ses remerciments à Madame Laveran.
APPLICATION DE LA TECHNIQUE AU B. coli
A L'ÉTUDE DU POUVOIR PROTÉOLYTIQUE DES STREPTOCOQUES,
par E. Worrman, À. URrBain et J. OsTRowsKy.
Tissier et ses collaborateurs de Coulon et de Trévise ont mon-
tré que le Streptocoque, classé jusqu'ici parmi les germes non
protéolytiques, possède en réalité une action prononcée sur les
protéines ; il attaque la caséine et, dans certaines conditions,
liquéfie la gélatine (1). [1 y aurait même parallélisme entre ce
pouvoir protéolytique et l’action pathogène.
Il nous a paru intéressant de reprendre cette étude. à l’aide de
la technique décrite par l’un de nous (2). L'action protéolytique
d'un germe donné en milieu protéique liquide peut être, en
effet, mise en évidence facilement par l’ensemencement successif
de ce germe et du B. coli : celui-ci ne produisant de l’indol que
lorsqu'il y a eu attaque préalable de l’albumine par celui-là.
Nous avons examiné à l’aide de ce procédé l’action de diffé-
rents germes et, en particulier, de 14 souches de Streptocoques
provenant d’affections humaines ou équines ainsi qu'un Strepto-
coque de la mammite contagieuse de la Vache, un Streptocoque
lactique et un Streptocoque humain de la salive (3).
(IC MR delarSoc denbiol ete Mp-turoret 127
SOC Te ManSoc Ne NDIOlE NE RE 2 p EEE LOS
(3) Un certain nombre des souches de Streptocoques étudiés ont été mises
obligeamment à notre disposition par MM. Rieux, Zoeller et Truche, les autres
proviennent de la collection de l’Institut Pasteur.
=
SÉANCE DU © DÉCEMBRE 1139
Les milieux employés ont été : l’albuminate et le caséinate de
soude, le blanc d'œuf prélevé stérilement, le liquide d’ascite.
Le sérum de Cheval chauffé, que nous avons employé au dé-
but de nos recherches, a été remplacé par la suite par du sérum
x
humain prélevé à jeun ; une certaine proportion de sérums de
Cheval donnaient en effet la réaction de l'indol après l’ensemen-
cement du B. coli (présence de peptone). 4-5 jours après la mise
en culture des Streptocoques sur les divers milieux, on y ense-
mençait un B. coli fortement indologène ; 48 heures plus tard,
on recherchait l'indol à l’aide du réactif d'Ehrlich.
_ Dans ces conditions, les divers Streptocoques étudiés ont tous
montré une action protéolytique plus ou moins prononcée sans
qu'il fût possible de constater une différence marquée entre les
souches pathogènes ou nca. Le Streptocoque lactique notam-
ment, de même que celui de la salive, se sont montrés en sérum
humain tout aussi protéolytiques que les autres souches étudiées.
Le tableau ci-joint résume les résultats que nous avons obte-
nus.
: Sérum
Caséinate au 1/4
Nature ct origine Albuni- Albumine RON Cheval Humain
des nate de d’œuf Ordi- Grü- non
germes étudiés soude au1/5 naire bler chauffé chauffé Ascile
Bactéridie charbonneuse ...... G HLL HALL LL LL » »
Staphylocoque blanc (humain)... » o Li d LUL LAR » »
BMDUORDRLCUSEe ae See e + se min elele à à Se Rire 0 DES artae » + +,
Streptocoque :
Humain pneumonie ........... + (e) Je » » HAL Hu
» pleure norte. + + () + + » » re O
» ÉTASDÈNE cet cec one RH ++ +++ » D OO+++ +++
» de le Me MPEr 2008 Oo Oo ++ » D +++ o)
» hémoculture .......... + ++ D + » » + + o
» ostéomyélite .......... PSE 26 de + » D» +++ +
» broncho-pneumonie .... ++ (e) (o » D 2 << O
» DIEUTÉSIennOE RER. H+H+E +++ +++ » D OO+++ +++
AD RULONELE .. 2e 20 2 = Lioben ab Ad Li » ) id Lux
» GS ooomadotecoobande +++ +++ +++ » DU Mama REnr er ae 2e
HOMIA SOUFMEUX Le tee +++ (e) re » » 3e à à
D MAUCES SOUTIMENN Va - 20.0 HAE ER ARE CT » » »
GI TS UnIeNtE RC ee ae cols D +++ » »
D ANASAÏQUE .......essoes a le » » + or
> abcès du poumon ...... Hoi Cu eN aper ot » Das te LED
Streptocoque lactique ........ + D + » D à SR +
Streptocoque de la mammite
contagieuse, de la Vache .... +++ +++ +++ » D dE Rd À Se
Nota. — La réaction très forte est indiquée par +++, la réaction forte
est indiquée par ++, la réaction faible est indiquée par +, l’absence d’indol
est indiquée par 0.
(Institut Pasteur et Laboratoire militaire des recherches
| vétérinaires),
f140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
EEE
SUR LA NATURE DE LA TOXINE DYSENTÉRIQUE,
par Cu. Dorter, J. Dumas et CoMBresco.
Deux bactériologistes américains, Olitsky et Klieger, affirment
que le Bacille de Shiga ensemencé dans des ballons largement
aérés contenant un bouillon-albumine d'œuf, secrète deux toxi-
nes. L'une, l’exotoxine, est mise en évidence dans les filtrats de
5 jours. Elle est thermolabile et détruite par un chauffage d’une
heure à 75°. Injectée dans les veines d’un Lapin, elle détermine
des paralysies des extrémités antérieures et postérieures sans
symptômes intestinaux. L’endotoxine, au contraire, apparait
dans les baïlons de bouillon après un séjour prolongé à l’étuve
(22 à 25 jours). Elle est thermostabile et résiste à un chauffage
d'une heure à go°. Pour la séparer de l’exotoxine il suffit de
chauffer le filtrat de 22 jours une heure à 80°. L’inoculation de
ce filtrat chauffé provoque chez les Lapins des symptômes intes-
tinaux sans phénomènes nerveux. Un sérum antitoxique neutra-
lise l’exotoxine, mais ne neutralise pas l’endotoxine. Un sérum
anti- emaioique protège l'animal contre plusieurs doses mor-
telles d’endotoxine.
Ces données nouveiles comportaient un certain intérêt prati-
que, car elles étaient de nature à imposer la nécessité de prépa-
rer, pour les besoins de la thérapeutique, un sérum à la fois
anti-endotoxique et anti-exotoxique. Avant de nous lancer dans
cette voie, nous avons cherché à les confirmer. Voici nos consta-
tations.
Le bouillon-albumine d'œuf des auteurs américains ensemencé
avec une origine toxique de Bacille de Shiga est filtré après un
séjour de 5 jours d’étuve à 37°. Le filtrat, injecté à des Lapins
sous la peau ou dans les veines, détermine notamment des symp-
tômes nerveux, paralysie des membres antérieurs et postérieurs.
Les symptômes intestinaux font défaut. Mais l’autopsie des ani-
maux qui ont succombé révèle toujours un œdème marqué du
cæcum sans suffusions hémorragiques ni ulcération de la mu-
queuse.
Des toxines dysentériques préparées différemment détermi-
nent-eiles, chez le Lapin, des symptômes nerveux sans phénomè-
nes intestinaux ? Nous avons injecté à des Lapins des toxines
dysentériques liquides et des corps de microbes vivants et tués.
D'après Kolle, pour avoir une toxine dysentérique très active il
suffit d’ensemencer le Bacille de Shiga dans des ballons de bouil-
lon laissés à l’étuve à 37° pendant 22 jours. On ajoute ensuite
une certaine quantité de toluol pour tuer les microbes. Après
quelques jours le Bacille de Shiga se dépose au fond du ballon
dr.
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1141
et la culture s’éclaircit. On recueille la partie supérieure du bouii-
lon écilairei et on chauffe une heure à 80° de façon à détruire
J’exotoxine. Cette toxine, injectée dans les veines d'un Lapin à
la dose de 5 à ro c.c. détermine, après 5-6 jours, des paralysies
du train antérieur et postérieur-sans symptômes intestinaux. Les
parois du cæcum sont cependant œdematiées, la muqueuse intes-
tinale a un aspect normal.
Il est facile de provoquer chez le Lapin des paralysies des
membres avec ou sans phénomènes intestinaux en injectant sous
la peau ou dans les veines de l'animal la toxine-sulfate de soude
. et des corps de microbes vivants ou tués. Les symptômes clini-
ques et les lésions anatomiques sont identiques.
Enfin, l’ingestion de Bacilles de Shiga, vivants où tués par
chauffage d'une heure à 60° et à 95°, fait apparaître chez le
Lapin le même syndrome clinique : paralysie des membres anté-
rieurs et postérieurs avec ou sans diarrhée.
Il nous paraît donc difficile d'admettre que le Bacille de Shiga
possède deux toxines ; une exotoxine et une endotoxine déter-
minant chacun un processus anatomo-ciinique distinct. L’exo-
toxine n'a pas seule la propriété de déterminer des symptômes
nerveux. En effet, la toxine dysentérique de Kolle, les corps de
microbes vivants ou tués, et la toxine-sulfate de soude engen-
drent fréquemment, chez le Lapin, des paralysies des membres
avec ou sans symptômes intestinaux.
AFFINITÉS DU VIRUS ENCÉPHALITIQUE,
par C. Levaprrt et S. Nicorau.
Nous avons montré dans une note antérieure (1) que les deux
affinités tissulaires des ultravirus herpétique et encéphalitique
[ectodermotrope, proprement dite (cornée et peau) et neurotrope
(névraxe)] sont indépendantes et, jusqu’à un certain point, dis-
sociables. Certaines souches de virus herpétique peuvent, en ef-
fet, manifester l’une de ces affinités, à l'exclusion de l’autre.
De nouvelles expériences nous ont montré que la conservation:
du germe encéphalitique dans la glycérine, pendant un temps
assez prolongé, permet de dissocier les deux affinités cornéo-
irope et neurotrope dont jouit ce virus à l’état frais. Ces expé-
riences ont été faites avec le virus de l’herpès (souche Blanc, de
passage) et le virus de l’encéphalite (souche Carnot).
(x) Levaditi et Nicolau. C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. 87, séance du
25 novembre. ques
1142 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Les voici en détail :
I. Virus herpétique. Des fragments de cerveau ont été placés
dans la glycérine pure stérilisée et conservés pendant 83 jours à
la température de la glacière. Le 21 septembre 1922, on prépare
des émulsions épaisses que l’on inocule, par scarification, à la
cornée des Lapins suivants :
Début de Caractères des
Lapins Kératite la kéralite Mort le lésions cérébrales
31-J. +++ + 28 jour 9° jour Aspect aigu.
30-dere + +++ 7° jour 12° jour Aspect presque chronique
BEL Stone CCE 3° jour 10° jour ——
HORS Fr 2e SF 7° jour sacrifié le
hoe jour (1) Aspect chronique
Gienile Sade Zéro — sacrifié le
39° jour Absence de lésion
Le même virus glycériné, inoculé dans le cerveau des Lapins
33-J et 30-J, a provoqué la mort par encéphalite aiguë, le 6° jour.
Cette expérience montre que la conservation du virus herpé-
tique dans la glycérine pendant 83 jours, ne détruit pas l’affinité
ectodermotrope et neurotrope de ce virus. 4 animaux sur 5 ont
présenté une kératite intense ; 3 sont morts d'encéphalite du 9°
au 12° jour ; un a été malade et présentait des lésions chroniques
cicatricielles intenses le 49° jour ; un seul a complètement
échappé à l'infection.
Tout autre est le résultat d’une expérience semblable réalisée
avec le virus encéphalitique.
IL. Virus encéphalilique. Mème dispositif expérimental. Virus
encéphalitique conservé pendant 89 jours dans la glycérine. Ino-
culations cornéennes aux Lapins suivants :
Début de
Lapins Kératite la lésion | Mort le Caraclères des lésions
To -c Petite tache
cornéenne 10° jour 11° jour Aspect chronique
TOR Légère blé
pharite, ab-
sence de
kératite 12€ jour 17 » Lésions mixtes (ai-
k guës et chroniques)
à Bof MeRENre Absence de
kératite — LE) Aspect chronique
LE RSA S PE ZÉTO — sacrifié le
24° jour Absence de lésions
TN RES ZÉrO — sacrifié le ;
24° jour idem
TOP Zéro — sacrifié le
24° jour idem
L'examen histologique des cornées des Lapins 13, 16 et 17-T
montre ce qui suit :
Me Ce Lapin, malade le ro° jour, s’est remis par la suite.
P 2 J , P
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1143
1° Lapin 13-T : l’épithélium est presque intact. Kératite inters-
titielle discrète (à mononucléaires et rares polynucléaires).
2° Lapin 16-T : absence totale de lésions de kératite ; rares
figures mitotiques dans l’épithélium cornéen.
3° Lapin 17-T : absence totale de lésions de kératite.
Des passages effectués avec le cerveau des Lapins 13, 16 et
17-T, sur d’autres Lapins neufs, ont donné des résultats positifs
(mort par encéphalite le 4° jour).
Il résulte de cette expérience que le virus encéphalitique, con-
servé dans la glycérine pendant 89 jours, perd, en grande par-
tie, ses affinités cornéennes (ectodermotropes proprement dites),
cependant qu'il conserve mieux ses affinités pour le névraxe
(neurotropes). Il se comporte, à ce point de vue, d’une manière
sensiblement différente du virus herpétique, qui, placé dans les
mêmes conditions, garde presque intactes ses affinités cornéotro-
pes. Cette différence s'explique, si l’on admet, avee nous, que
le germe de l’herpès est, à l’origine, un ultravirus mieux adapté
à l’ectoderme proprement dit qu'au système nerveux, alors que
le virus de l’encéphalite est, dès le début, plus neurotrope qu'’ec-
todermotrope. L’atténuation provoquée par la glycérine s'exerce
plus facilement sur l’affinité la moins marquée, à savoir, pour
le germe encéphalitique, l’affinité cornéotrope.
Un autre fait, non moins intéressant, se dégage de ces expé-
riences : deux des animaux inoculés, les Lapins 16-T et 13-T,
n’ont présenté aucune réaction cornéenne décelable microscopi-
quement, et cependant ils sont morts le 17° jour, après avoir
présenté des signes nets d’encéphalite. L'examen histologique du
cerveau a révélé des lésions chroniques : manchons périvascu-
laires et méningite à mononucléaires. L’encéphale contenait du
virus (passages positifs, voir plus haut). Ces données montrent
que le virus encéphalitique, modifié dans sa virulence par la
conservation dans la glycérine et inoculé à la cornée du Lapin,
peut envahir le névraxe le long du nerf optique, sans produire
des modifications cornéennes appréciables. Tout se passe comme
si la glycérine détruisait l’affinité cornéotrope du germe, tout en
respectant son affinité neurotrope. Le virus encéphalitique ainsi
modifié se rapproche donc du virus rabique, lequel, ainsi que
nous l’avons montré, est neurotrope par excellence et ne pro-
voque pas de kératite, quoiqu'il cultive sur l’épithélium cornéen
et confère la rage par inoculation à la cornée (Féran).
Dans notre classification des ultravirus neurotropes (Leva-
diti) (x), nous avons situé le virus encéphalitique entre le germe
de l’herpès et celui de la rage ; les faits énoncés ci-dessus confir-
(1) Levaditi. C. R. de la Soc. de biol., 1927, t. 85, p. 425.
41144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ment notre manière de voir. Ils concordent avec les données pu-
bliées par Kling, Davide et Liljenquist (1), lesquels rapprochent
le virus encéphalitique suédois du virus rabique.
Quoi qu'il en soit, le fait qu'un ultravirus d’origine encéphali-
tique (mais dont la nature est mal déterminée), inoculé à la cor-
née, provoque l’encéphalite en l’absence de toute kératite, ne
saurait motiver la séparation entre un tel virus et les souches
encéphalitiques isolées jusqu'à présent, lesquelles sont à la fois
kératogènes et encéphalitogènes. Nous venons de voir, en effet,
que la simple conservation dans la glycérine peut transformer
une variété kératotrope et neurotrope, en une variété presque
exclusivement neurotrope. |
Conclusion. L’affinité ectodermotrope proprement dite et l'af-
finité neurotrope de l’ultravirus encéphalitique peuvent être dis-
sociées par la conservation prolongée du germe dans la glycé-
rine. Le virus de l’encéphalite est une modification neurotrope
du virus herpétique ; il occupe, à ce point de vue, une place in-
termédiaire entre le germe de l’herpès et celui de la rage, tout
en étant plus proche du premier que du second.
LE NOYAU EST-IL INDISPENSABLE À LA RÉGÉNÉRATION
DES PROTOZOAIRES ?
par BORIS SOKOLOFF.
: Les travaux classiques de Balbiani et de Verworn ont établi
que la présence du noyau était indispensable pour la régénéra-
tion des Protozoaires. Mais, plus tard, quelques auteurs (Ischi-
kawa, Prowazek) ont signalé des cas exceptionnels de la régé-
nération des fragments de Protozoaires privés de noyau.
J'ai entrepris toute une série de recherches dans cette voie.
J'ai pris, comme matériel d'expérience, des exemplaires de Di-
leptus, de Spirostomum et de Bursaria, les mêmes que dans mes
recherches ultérieures sur la régénération des Protozoaires (B.
Sokoloff, 1913, 1915, 1921). J'ai déjà décrit la technique suivie.
Les expériences ont été faites à un triple point de vue.
I. Quand le Dileptus était traité de telle façon que son frag-
ment postérieur, privé du noyau soit suffisamment grand, ce
dernier très vite, après l'opération, regagnait les contours du.
corps caractéristiques de l’animal adulte. Mais au bout de peu
de temps, dans l’Infusoire régénéré, privé du noyau, commence
(1) Kling, Davide et Liljenquist. C. R. de la Soc. de biol., 1922, t: 87,
P. 79, 77, 79 | rie
CIS CU NS DT CNRS 1145
une dépression du cytoplasme et la mort survient. Si on prend
la partie antérieure du Dileplus, munie de la trompe, mais pri-
vée du noyau, les résultats sont les mêmes.
En tout cas, on remarque ce fait intéressant que, malgré l’ab-
sence du noyau, le processus de la régénération de la forme de
l'animal a lieu et que les forces formatrices se localisent dans
l’ectoplasme de l'animal. Ces expériences réussissent surtout si
au milieu avec lequel on opère on ajoute une petite quantité
de CaCF, ce dernier se montrant favorable à la cicatrisation des
ÿ
ê Lys
LA PA
Re DT 74
blessures produites pendant l'opération. Dans un tel milieu,
même les fragments de l’animal qui sont relativement très petits
réussissent à reformer les contours de l'animal adulte. L'étude
cytologique de ces fragments nous montre que nous avons ici
plutôt une nouvelle formation du corps qu'une régénération de
la partie enlevée. Il est évident que plus la blessure est grande,
plus ce processus est difficile à observer. Il faut ajouter que les
fragments privés du noyau, capables souvent de régénérer la
forme de l’animal adulte, ne sont pas quand même viables, d’où
on peut conclure que pour la continuation de la vie le noyau est
indispensable.
Comment expliquer ces faits ?
J. Loeb affirme que l’absence du noyau abolit les processus
d’assimilation du cytoplasme. Toute une série d'auteurs ont con.
firmé récemment cette hypothèse (Stolc et autres).
1146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
If. La mérotomie réitérée de l'Infusoire, faite soigneusement,
même dans les cas exceptionnels, ne m'a jamais donné de régé-
nération des fragments privés du noyau (Prowazek dans son tra-
vail a décrit des cas pareils).
III. La troisième série des expériences était faite avec des Infu-
soires provenant tantôt d'une culture légèrement chauffée, tan-
tôt additionnée de CO°. Dans le premier cas, la culture entière
était chauffée et refroïdie à plusieurs reprises, ou bien certains
individus, placés dans une chambre humide ont été chauffés
isolément.
En même temps, je veillais à ce que la coupure post-opératoire
soit aussi petite que possible. Au bout de quelques heures (5-10),
un certain nombre des fragments reformaient des petites Bur-
saria, plus ou moins normales. Mais leur régénération n'était
jamais complète : le cystotome était peu prononcé, les cils man-
quaient par places sur le corps et, en général, ils couvraient l’ani-
mal d’une façon irrégulière. En ce qui concerne l’appareil nu-
cléaire, le noyau, comme tel, manquait. À sa place, dans le cy-
toplasme de l'animal, étaient disséminés de petits fragments
d’origine chromatique, se colorant d’une manière intensive par
l’hématoxyline ferrique (voir la figure : fixation par le mélange
de Mewes). Ë
Ces [nfusoires régénérés ne vivaient pas longtemps. D'habi-
tude déjà, au deuxième jour, parfois au troisième, leur activité
vitale s’abaissait, l'animal perdait sa forme normale, son cyto-
plasme se vacuolisait et finalement il périssait. Leur mort ne
provenait nullement du jeûne. Parfois, je parvenais à nourrir les
Bursaria avec les Colpidium, mais la nourriture que l'animal
avait absorbée n’était pas digérée. L'étude cytologique des Infu-
soires non opérés pris dans une culture chauffée à plusieurs re-
prises montrait que, souvent, dans leurs corps, existaient des
formations chromidiales, tantôt en forme de bâtonnets, grands
et massifs, tantôt en morceaux de forme irrégulière. On peut
considérer toutes ces formations comme des chromidies typiques
sorties du noyau par suite de la dépression cellulaire. Il est dif-
ficile de les regarder comme les mitochondries, décrites par Fauré-
Fremiet chez les Protozoaires.
Résumé. Pour le rétablissement de la forme du corps et pour
la régénération partielle, le noyau n’est pas nécessaire. L'élément
le plus actif dans ce processus c’est l’ectoplasme, dont les plus
petits morceaux possèdent cette force créatrice. Le noyau est ,sim-
plement indispensable pour l’activité vitale de la cellule. Son
absence ‘abolit l’assimilation et provoque la désagrégation du
cytoplasme. À ce point de vue, le noyau ne peut être remplacé
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1 2
par les formations chromidiales, lesquelles probablement ne pos-
sèdent pas cette capacité.
(Station zoologique, Villefranche-sur-Mer).
NOTE SUR UN CAS D'ECTOPIE TESTICULAIRE
cuez LA CHAUVE-sOURIS (Vesperugo pipistrella),
Mpar Cn.-L.VFAURE.
En pratiquant des coupes sériées sur des testicules de Chauves-
souris (Vesperugo pipistrella) capturées dans les cours de la Fa-
-culté de médecine au printemps, pour étudier la spermatogénèse
chez cet animal, j'ai été amené à observer une anomalie assez
rare pour mériter d'être signalée.
Un testicule tout entier se compose de tubes shine dont
la lumière est oblitérée par des cellules. Les cellules qui remplis-
sent les tubes sont de deux sortes : 1° les unes sont d'énormes
cellules pourvues d'un volumineux noyau sphérique où sub-sphé-
rique, au centre duquel est un très gros nucléole ; la chromatine
-est à peine colorée et, dans la plupart des noyaux, fait complète- *
ment défaut (même sur des coupes colorées à l’hématoxyline au
fer et à peine différenciées); le cytoplasme, à contours bien déli-
mités, présente une structure finement réticulée et montre, ça
-et là, quelques grains sidérophiles ; ces cellules, relativement peu
nombreuses, occupent, dans le tube séminifère, une situation
marginale, ce sont manifestement des ovules mâles ; 2° les au-
tres, au contraire, sont de petits éléments dont le noyau est en
_général allongé, la chromatine y est très abondante et se présente
-sous la forme de croûtelles adhérant à la face interne de la mem-
brane nucléaire, le cytoplasme, très peu abondant et à contours
mal définis, contient de fines granulations acidophiles ; il s’agit
-de cellules folliculeuses (cellules-mères de spermatogonies).
Je n'ai observé aucun phénomène de dégénérescence cellulaire.
Les rapports réciproques des deux variétés de cellules sont assez
variables : dans certains tubes, les ovules mâles sont abondants
et forment un revêtement presque continu qui tapisse la paroi
propre des tubes ; dans d’autres tubes, au contraire, les ovules
mâles sont moins nombreux, ils laissent entre eux des espaces
-où s'insinuent les cellules folliculeuses, dans d’autres tubes enfin,
les ovules mâles sont rares, voire même totalement absents.
La paroi propre ne présente aucune particularité de structure
digne de remarque. Les cellules interstitielles très rares, sont
réduites à quelques flots de 3 à 8 cellules d'aspect normal. Le
1148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
tissu conjonctif interposé entre les tubes est fort peu abondant et
l’ensemble de l'organe présente un caractère embryonnaire très
accentué.
Cet aspect permet de conclure à l'existence d’un testicule
aspermatogène jeune au stade de dualisme cellulaire, fait qui
pourrait s'expliquer par le jeune âge (individu impubère), mais
cette hypothèse est à rejeter, car, et c'est Là le fait curieux qui
mérite de retenir l'attention, le canal de l’épididyme coiffant le
testicule que je viens de décrire, est bourré de spermatozoïdes
en tous points comparables à ceux qu'on observe dans les épi-
didymes d'individus normaux. D'autre part, les vésicules sémi-
nales tapissées par un épithélium dont les cellules regorgent de
grains de sécrétion témoignent d’une activité sécrétoire intense.
Ces dernières constatations imposent celte conclusion qu'il s’agit
d’un individu adulte en pleine activité sexuelle. D'ailleurs, la date
de la capture de l’animal (premiers jours d'avril) est en concor-
dance avec ce dernier fait, car si l’accouplement a lieu habituelle-
ment au début de l'hiver avant la période d’hibernation (van Be-
neden) « de nouveaux rapprochements peuvent se produire.
au printemps après le sommeil hibernal » (Robin). Ce fait a été
également observé par van Beneden qui note, chez la plupart des
Murins qu'il a étudiés au mois d’avril, « des testicules remplis
de zoospermes parfaitement agiles ». [Il y a donc lieu de se de-
mander quelle est la signification des faits que je viens de rap-
porter : un individu adulte en période d'activité génitale présente
un testicule, qui se compose, dans sa totalité, de tubes sémini-
fères de type embryonnaire et, malgré cela, l’épididyme de ce
testicule est rempli de spermatozoïdes.
I ne me paraît pas possible d'expliquer la structure du testi-
cule autrement qu'en admettant qu'il s’agit d’un cas d’ectopie ;
l’aspect de mes préparations rappelle, en effet, en tous points, les
descriptions données par Félizet et Branca de testicules ectopi-
ques provenant de jeunes sujets. Plu: délicate est la question de
connaître la provenance des spermatozoïdes observés dans l’épi-
didyme ; ii me paraît qu'en l’absence de testicule supplémentaire
ils ne peuvent provenir que du testicule du côté opposé, lequel
a subi une évolution normale. |
(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Toulouse).
Ant: À
jus
SÉANCE DU ©? DÉCEMBRE FE49
LA DÉSOBSTRUCTION SPONTANÉE DU CHOLÉDOQUE
AU COURS DE L'OBSTRUCTION BILIAIRE HYDATIQUE,
par F. DÉvé.
L'élimination des kystes hydatiques du foie dans les voies bi-
liaires comporte un temps particulier dont l'importance n'a pas
été suffisamment mise en valeur : nous voulons parler de la
désobstruction spontanée du goulot cholédoco-vatérien encombré
par les membranes hydatiques. Le processus en question mérite
d'être opposé à la rétention indéfinie des gros calculs du cholé-
doque, lesquels « n'ont aucune chance d'être éliminés spontané-
ment » (Chauffard).
La raison de ce contraste est aisée à comprendre. C'est qu'on
a ici affaire à une masse molle, lisse, glissante, élastique, capable
de s’étirer, et qui n'est, par elle-même, ni traumatisante ni irri-
tante. De plus, aussi volumineuse soit-elle, l'embâcle hydatique
cholédocienne est presque toujours dissociable, constituée qu’elle
est, ordinairement, par une accumulation d’hydatides plus ou
moins flétries pouvant s'éliminer séparément. Il convient d’ajou-
ter que, sous l'influence des fermentations bilio-intestinales, les
débris cuticulaires subissent parfois, à la longue, une sorte de
digestion qui peut les amener à un état déliquescent.
Chassée par l'hypertension biliaire qu’elle provoque au-dessus
d'elle, la masse parasitaire malléable épouse la forme du canal
muqueux et elle le dilate régulièrement, lentement, progressi-
vement, de haut en bas. Cette dilatation douce du conduit cho-
lédocien réussit à faire passer par le sphincter vatérien élargi
des hydatides ou des lambeaux de membrane de taille relative-
ment considérable. Dans un cas inédit observé par nous, un gar-
çon de 18 ans a rendu, en une fois, par hydatidentérie d’origine
nettement cholédoco-vatérienne, toute la membrane-mère d’un
kyste univésiculaire dont plusieurs morceaux enroulés mesuraient
10 centimètres de long, sur 6 et 7 de large et r ou 2 d'épaisseur.
Les conditions que nous venons d’analyser font comprendre
la possibilité de la guérison spontanée « médicale » de certains
kystes du foie, à la suite d’une ou plusieurs débâcles hydatiques
biliaires (1). Elles expliquent de même certaines « guérisons
spontanées chirurgicales ».
Sous ce terme un peu paradoxal, nous visons une série de faits
dans lesquels la guérison est survenue, indépendamment de l’in-
tervention chirurgicale, du fait de la désobstruction cholédo-
co-vatérienne spontanée. On a vu des malades guérir, par hydati-
(1) F. Dévé. C. R. de la Soc. de biol., 13 novembre 1920.
1150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
dentéries post-opératoires plus ou moins tardives, après une lapa-
rotomie exploratrice demeurée négative (4 observations). De
même, une débâcle cholédocienne libératrice s’est produite, plus.
ou moins tardivement, à la suite d'interventions aussi indirectes.
et insuffisantes qu’une cholécystostomie ou une cholécystectomie:
(8 observations).
Il est d’autres cas où le processus curatif naturel vient heureu-
sement compléter l’acte chirurgical. C'est ainsi que dans 15 ob-
servations, à notre connaissance, la guérison a été obtenue après.
simple kystotomie, c’est-à-dire après ouverture et marsupialisa-
tion du kyste hépatique, sans qu'aucune manœuvre ait porté sur:
le conduit biliaire principal obstrué par les membranes hydati-
ques. Les cas traités par la cholédocotomie suivie de drainage de-
l’hépatique bénéficient souvent, eux-mêmes, de la désobstruction
spontanée du segment inférieur du cholédoque.
Malheureusement, la débâcle hydatique est loin de pouvoir
toujours se réaliser et se poursuivre jusqu’au bout : une centaine
d'observations contrôlées par l’autopsie le démontrent suffisam-
ment. C’est que la rétention biliaire plus ou moins septique, eau-
sée par le bouchon parasitaire ne tarde généralement pas à pro-
voquer des complications infectieuses et une insuffisance hépa-
tique qui entrainent trop souvent la mort.
Ce serait, à l'heure actuelle, une grave imprudence que de
s’en remettre, en semblable occurrence, aux efforts de la nature
médicatrice (1). Aussi estimons-nous qu'en cas d'évacuation
avérée d'un kyste hépatique dans les voies biliaires, le chirurgien
ne doit pas, dans l'ignorance où il se trouve toujours de l’impor-
tance de l’embâcle hydatique cholédocienne, se borner au seul
drainage de la poche originelle — suivant la règle de conduite
que R. Finochietto vient de défendre dans son rapport du Con-
grès de Buenos-Aires (octobre 1922). Bien loin de constituer un
« excès de zèle », comme le dit ce chirurgien, l’ouverture et le
drainage de la voie biliaire principale représentent, en pareille
circonstance, le premier temps du traitement rationnel. Aussi
bien, une vingtaine de cas de mort, opposables aux 15 cas de
guérison saoul nous avons fait rmsron plus haut, démon-
trent que la kystotomie reste souvent insuffisante.
Mais d’un autre côté, en dépit d’un petit nombre de cas heu-
reux, que nous avions tenu à signaler tout le premier (2), dans
(1) Une exception est peut-être à faire pour les cas, d’ailleurs tout à fait
rares, où la membrane-mère d’un kyste univésiculaire a été intégralement
évacuée par les voies naturelles. Nous avons déconseillé l'opération, dans un
cas de ce genre, et notre malade paraît guéri.
(2) F. Dévé. Bull. de l’Acad. de médecine, 11 movembre 1919, et C. R. de
la Soc. de biol., 15 octobre ro2r.
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1115)
lesquels la cholédocotomie suivie de drainage biliaire a permis
l'évacuation complète d’un kyste profond et amené la guérison
définitive, nous estimons qu'il ne faut pas trop compter sur le
seul drainage temporaire des voies biliaires. Car, en cas de
poches multivésiculaires — c’est-à-dire dans 93 p. 100 des cas,
d’après nos recherches statistiques, — l’opéré reste sous la me-
I ;
nace de migrations vésiculaires ultérieures. C'est pourquoi nous
persistons à penser, contrairement à l'opinion exprimée derniè-
rement à la Société de chirurgie par Lapointe, que l’opérateur
devra, en principe, s'attacher à compléter le drainage de l’hépa-
tique par l'évacuation directe de la poche originelle. « Du mo-
ment qu'on n’a pas vu le kyste, il n’y a pas lieu de s’en préoc-
cuper », déclare Lapointe. Ce n'est pas notre avis. Au lieu de se
désintéresser désormais du kyste caché qui aura échappé à son
exploration opératoire, le chirurgien devra, croyons-nous, s’ef-
forcer d'en préciser ultérieurement le siège et l'ouvrir lorsqu'il
aura pu le repérer. Une exploration radiologique soignée, com-
binée au besoin avec la pratique du pneumopéritoine, rendra de
précieux services, à cet égard.
152 SOCIÉTÉ PE BIOLOGIE
ACTION SUSPENSIVE DU RÉFLEXE SOLAIRE SYMPATHICOTONIQUE
SUR LES MANIFESTATIONS CONVULSIVES DU CHOC VAGOTONIQUE
CHEZ L'ANIMAL,
par F. Arcorc, Mlle A. GuicLemiN et L. LANGERON.
Les intéressantes communications sur l'étude comparée des
réflexes oculo-cardiaque et solaire présentées à la dernière séance
de la Société de biologie (25 novembre 1022) par H. Claude, J.
Tinel et D. Santenoise, nous engagent à signaler sans retard un
fait expérimental qui nous avait vivement frappés au mois de
juillet dernier au cours de nos recherches sur les leucopénies ex-
périmentales en dehors de l’anaphylaxie (1). Nous en avions re-
tardé la publication en vue d’une étude plus approfondie que
nous poursuivons, mais en voici dès aujourd hui la description :
la pression manuelle profonde, large et soutenue, appliquée sur
la ligne médiane au niveau de la région abdominale supérieure
chez un Lapin en proie à des crises convulsives strychniques,
donc provoquées par une substance à la fois convulsivante et leu-
copénisante agissant par choc vagosympathique, suspend tem-
porairement les convulsions.
La compression du plexus solaire à travers la paroi abdominale
et les viscères mettant en jeu la sympathicotonie, peut done,
dans une certaine mesure, exercer une action inhibitrice et sus-
pensive sur des manifestations convulsives à tendance vagoto-
nique dues au brusque déséquilibre vagosympathique par action
d’un toxique approprié.
De ce fait précis, nous pouvons décrire quelques modalités.
L'effet suspensif disparaît en général 20 à 30 secondes après ces-
sation de la compression. Les secousses convulsives reprennent
d’abord lentes et faibles, puis de plus en plus rapides pour arriver
à leur rythme primitif. La pression bien appliquée est efficace
une première fois. Si on la répète à plusieurs reprises, à quelques
minutes d'intervalle, la manœuvre voit son efficacité disparaître
progressivement, plus ou moins complètement suivant les su-
jets. Chez certains la compression solaire supprime, seulement
au moment de son application, les secousses convulsives qui ne
tardent pas à réapparaître malgré que la pression continue à
s'exercer.
Il convient de remarquer que le Lapin, animal naturellement
peu sensible aux excitations vagotoniques, est peut-être plus sen-
(1) F. Arloing et L. Langeron. Bull. de l’Acad. de médecine, 17 octobre
1922, et Mémoire in Archives françaises de pathologie générale et expérimen-
tale et d’anulomie pathologique (en cours de publication).
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1153
sible qu'un autre à l'excitation sympathicotonique suspensive et
plus apte à fournir une démonstration du phénomène.
Reproduit régulièrement par nous chez le Lapin dans les con-
ditions indiquées et mème chez des Lapins atteints de convul-
sions au cours de l’intoxication expérimentale consécutive à l'in-
jection intraveineuse d’uréase, nous avons pu le constater éga-
lement chez le Chien. Sur un Chien chloralosé en proie à des
convulsions strychniques, nous sommes allés comprimer entre
deux doigts, après laparatomie, l’aorte abdominale après sa tra-
versée du diaphragme, l’origine du tronc cœliaque, des vaisseaux
mésentériques et la région solaire. Cette compression directe et
localisée, de même que la pression large transabdominale, arrête
temporairement les convulsions.
Dans une prochaine note, nous étudierons les effets de la com-
pression solaire sur la Éucopee.
Mais il paraît intéressant de rapprocher, dès maintenant, du
_ phénomène expérimental observé par nous les constatations cli-
niques de Claude, Tinel et Santenoise. Nul doute que la pathole-
gie nerveuse, en particulier, ne fournisse de multiples observa-
tions de même ordre, et n'est-ce pas à un mécanisme analogue
qu'il faut rattacher l’action d’arrêt de certaines crises convulsi-
ves par la compression large et profonde des hypocondres, de
l'épigastre, ou la ligature serrée d’un membre ?
(Laboratoire de médecine expérimentale et comparée
et de bactériologie de la Faculté de médecine de Lyon).
à]
SUR LES ANTICORPS DU SÉRUM DES LAPINS TRAITÉS PAR LE
on
3]
ÉRUM
ANTIDIPHTÉRIQUE,
par JEAN VALTIs.
Massol et Grysez (1), Urbain et Fried (2) ont observé que le
sérum des diphtériques dévie le complément en présence des
antigènes tuberculeux. Ces derniers auteurs ont attribué cette
fixation non spécifique à la présence, dans la circulation, de sé-
rum antidiphtérique administré aux malades, sérum qui dévie
fortement l’alexine aussi bien avec les antigènes tuberculeux
qu'avec les antigènes diphtériques.
_ Nous avons été ainsi conduit à rechercher, par les expériences
suivantes, comment le sérum des animaux Deallennen traités
(x) G. R. de la Soc. de biol., 25 juillet 1914.
(2) Annales -de l’Institut Pasteur, t. XXXV, p. 297.
Brococie. CoMPTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 8o
4154 SGCIÉTÉ DE BIiOLOSIE
avec du sérum antidiphtérique se comporte avec l’antigène tu-
berculeux-méthylique de Nègre et Boquet, l’antigène à l'œuf de
Besredka et un extrait méthylique de Bacilles diphtériques, préa-
lablement traités par l'acétone.
1° expérience : le Lapin o.41 est saigné le 26 septembre 1922.
Son sérum, en présence des antigènes tuberculeux, ne dévie pas
le complément. En présence de lantigène diphtérique, il fixe
3 doses d’alexine, soit 15 unités (méthode de titrage de Calmette
et Massol). Le 27 septembre 1922, il reçoit sous la peau 20 c.c. de
sérum antidiphtérique antitoxique. Les essais de titrage effectués
<ensuite, de jour en jour, du 27 septembre au 9 octobre ont donné
les résultats suivants : réaction de fixation négative avec les anti-
gènes tuberculeux,méthyliques et à l’œuf ; positive à 15, 15, 15,
20, 25, 25, 15, 20, 15 unités avec l’antigène diphtérique.
2° expérience : le Lapin 0.82 est saigné le 2 octobre 1922. Son
sérum ne fixe aucune dose d’alexine avec les antigènes tubereu-
leux, mais fixe 4 doses d’alexine (20 unités d'anticorps) avec l’an-
tisène diphtérique. Le 3 octobre 1922, il reçoit sous la peau
10 €c.c. de sérum antidiphtérique antitoxique.
Résultats des titrages ultérieurs effectués quotidiennement du
4 octobre au 13 octobre 1922 : réaction de fixation négative avec
les antigènes tuberculeux méthylique et à l’œuf ; positive à ro,
10, D, 19, 15, 15, 15, 10 unités avec l’antigène diphtérique.
3° expérience : le Lapin 0.84 est saigné le 23 octobre 1922. Son
sérum ne contient pas de sensibilisatrices décelables par les anti-
gènes tuberculeux, mais il fixe 10 unités d’alexine avec l’antigène
diphtérique. Le 24 octobre 1922, injection sous-cutanée de
20 c.c. de sérum antidiphtérique antimicrobien.
Résultat des titrages ultérieurs effectués quotidiennement du
25 octobre au 30 oétobre 1922 : réaction de fixation négative avec
les antigènes tuberculeux ; positive à 5, 5, 5, 5, 5 unités avec
l’antigène diphtérique.
4° expérience : le Lapin 0.83 est saigné le.2 octobre 1922. Réac-
tion de fixation négative avec les antigènes tuberculeux, positive
(20 unités d'anticorps) avec l’antigène diphtérique.
_ Le 3 octobre, Den sous-cutanée de 20 c.c. de sérum nor-
mal de Cheval.
Résultats des titrages quotidiens du 4 octobre au 13 octobre
1922 : réaction de fixation négative avec les antigènes tubercu-
lux positive 40,05 010,110, 10 DD ee avec l’antigène die
térique.
Il ressort de ces faits que le sérum normal de Lapin dévie le
complément avec l’antigène ue mais non avec les anti-
gènes tuberculeux.
L'injection de fortes doses de sérum à phiesuees antitoxi-
nt
n à. » :
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SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1155
‘que ou antimicrobien, à des Lapins, n’augmente que faiblement
leurs anticorps diphtériques normaux.
Elle ne confère pas au sérum de ces animaux la propriété de
fixer l’alexine avec les antigènes tuberculeux.
(Laboratoire du P° Calmette, à l'Institut Pasteur).
SUR LES FACTEURS ÉLECTRIQUES DANS LES RÉACTIONS
DES ÉLÉMENTS DU SANG CHEZ Sipunculus nudus,
par J. CANTACUZÈNE et F. VLEs.
L'action agglutinante exercée chez Sipuneculus nudus par les
urnes sur les particules étrangères mélangées in vivo ou in vitro
au liquide cavitaire, a été analysée par l’un de nous dans une
série de notes antérieures (1). Deux circonstances frappent l’ob-
servateur qui étudie sous le microscope ce curieux processus
d'abord le fait que les hémaiies propres de l'animal, loin d’être
entrainées avec les particules étrangères dans ie tourbillon pro-
voqué par le jeu des cils de l'urne, sont au contraire brutalement
rejetées sur le côté, et là tourbillonnent sur place sans jamais
s'approcher de l’urne, comme maintenues à distance par une
force répulsive ; l’autre fait, non moins remarquable, est que la
masse des particules agglutinées que l’urne traine derrière elle,
bien que dépassant souvent de beaucoup par sa longueur la zone
«d'action des cils, n’en continue pas moins à être le siège d’une
puissante action attractive vis-à-vis des particules libres rencon-
tirées : avec une étonnante rapidité, celles-ci viennent se préci-
piter sur les côtés ou l'extrémité de l'’amas déjà formé et y
adhèrent fortement. Dans l'un et l'autre cas, ies phénomènes
“observés suggèrent l’idée de facteurs électriques en jeu, dont la
résultante est une sélection entre les hématies propres de l’orga-
nisme et les particules étrangères, sans que l’action des phago-
cytes qui envahissent l’amas agglutiné soit le moins du monde
“entravé. SR :
Dans l'intention de contrôler la valeur de cette hypothèse,
. nous avons déterminé par cataphorèse, d’une part, le signe de la
charge électrique des éléments du sang chez le Siponclé, et,
d'autre part, celui de particules étrangères introduites expéri-
mentalement dans cet organisme et répondant à la réaction ci-
dessus (dans le cas présent des globules rouges de Mouton lavés).
Nous avons efféctué la cataphorèse dans des tubes en U du type
(1) GC. R. de la Soc. de biol., 1922.
1156 SOCIÉTÉ DE REC E
!
du dispositif de Michælis (mais renversés, les extrémités de l'U
en bas), réalisant la chaîne ci-dessous à électrodes impolarisa-
bles, dans laquelle le sang de Siponcle pouvait éventuellement
être isolé entre deux robinets : (+) bâton de Zn; solution de
ZnCF ; tampon de coton mouillé d’eau de mer ; eau de mer (ro-
binet); sang de Siponcle ; (robinet), eau de mer ; coton mouillé
d’eau de mer ; solution de CuCF ; bâton de cuivre (— ).
Il importe que le sang à examiner ne soit pas trop riche en
éléments cellulaires ; il faut, avant l'expérience, laisser une par-
tie de ces derniers se déposer en tube par sédimentation naturelle
et recueillir la partie supérieure de la colonne liquide. Une chute
de potentiel de 2 volts/centimètre environ s’est montrée la plus
efficace au point de vue du transport ; des valeurs plus fortes
s’accompagnent d'un échauffement rapide du système très con-
ducteur, et laissent apparaître des phénomènes de [yse intenses ;
les champs plus faibles, en raison de la lenteur avec laquelle
s'opère alors le transport, permettent une sédimentation spon-
tanée des éléments lourds indistinctement aux deux pôles. Un tel
phénomène est, d’ailleurs impossible à éviter complètement,
même avec le meilleur voltage, pendant le temps relativement
court de l'expérience : il est bon de ne pas prolonger celle-ci
plus d’une heure, en raison de phénomènes tardifs de lyse. Les
résultats observés, au cours d'expériences renouvelées en fai-
sant varier les conditions expérimentales, ont été les suivants :
a) Eléments normaux du sang du Siponcle : 1° Les hématies
de Siponcle se rassemblent à la cathode et ont donc une charge
positive.
2° Il en est de même des urnes libres ; on ne trouve jamais
trace de celles-ci à l’anode.
3° Les amibocytes hyalins, ainsi que ceux à fines granulations
éosinophiles (c'est-à-dire les phagocytes) se comportent comme
pratiquement neutres ; on les trouve indifféremment aux deux
pôles. Quant aux amibocytes à très grosses granulations ampho-
philes, qui semblent avoir perdu toute fonction phagocytaire,
ils sont transportés comme les hématies et les urnes au pôle néga-
tif. Nous n'avons pas d'observations nettes en ce qui concerne
les vésicules énigmatiques.
4° La substance protéique dissoute en petite quantité dans le
plasma cavitaire (Cuénot) flocule rapidement à la cathode.
b) Eléments étrangers. Contrairement aux hématies de Sipon-
cle, les globules rouges de Mouton en suspension dans l’eau de
mer sont négatifs et vont à l’anode, comme ils le font d'ordinaire
. dans les solutions physiologiques isotoniques (Gérard, etc.). Ces
propriétés inverses peuvent donc expliquer, en milieu normal et
en présence des hématies propres du Siponcle, la captation sé-
SÉANCE DU © DÉCEMBRE 1154
lective des globules rouges de Mouton par les urnes de signe in-
verse.
c) Mélange de sang de Siponcle et de globules rouges de Mou-
ton. Dans le mélange, les globules de Mouton libres vont à
l'anode ; les hématies de Siponcle, à la cathode. Quant aux urnes,
on ne les décèle à aucun pôle, mais on. les retrouve dans la bran-
che horizontale médiane intermédiaire, non transportées, et
supportant toutes une masse compacte de globules de Mouton.
Le point intéressant est que, dans cette masse, le nombre des
hématies accolées est sensiblement constant : 98, 84, 94, 91, 93,
87, 93, 85, 88, 99. Îl est donc probable que les urnes positives
ont été quantitativement neutralisées par les globules de Mouton
négatifs.
Ces observations suggèrent, si tant est que l’on soit en droit de
généraliser, un point de vue intéressant relativement aux pro-
cessus de défense cellulaire de l'organisme. En fonction des fac-
teurs électriques, les urnes captent les particules exogènes, éloi-
gnent d'elles les éléments normaux du sang, sauf les seuls ami-
bocytes doués de ‘propriétés phagocytaires, dont la neutralité
électrique apparente ne met pas obstacle à la pénétration au sein
de l’amas agglutiné. Tout cela constitue un système défensif de
premier ordre.
SUR L'EXCRÉTION DE COMPOSÉS PHOSPHORÉS PAR LES MICROBES,
par E. Pozerski et Max M. Lévy.
Des microbes mis en suspension dans l’eau distillée abandon-
nent, d’une façon continue, des produits phosphorés. Il suffit.
pour le démontrer, de soumettre à la centrifugation le liquide
de lavage à l’eau distillée d’une boîte de gélose ensemencée de-
puis 24 heures. Le liquide clair obtenu après cette centrifugation
contient une quantité énorme de produits phosphorés provenant
du milieu de culture. Après une dizaine de décantations, d’addi-
tions d’eau distillée et de centrifugations successives, on arrive à
obtenir un dépôt de microbes situés au fond d’un tube contenant
un liquide clair dans lequel il est impossible de déceler, par les
méthodes que nous exposerons plus loin, des traces de phos-
phore. Dot Ne
_ Si on porte un pareil tube à l'étuve à 35°, pour 24 heures, on
trouve, après centrifugation, dans le liquide elair, des quantités
notables de composés phosphorés. Ceux-ci peuvent provenir soit
des cadavres microbiens qui laisseraient passer par dialyse des
produits de décomposition de leur propre substance, soit des
1158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
TE ———_——"——"———————————" ———— ————
Ve ue
microbes restés vivants qui auraient la propriété d'excréter ces
composés phosphorés.
Si on laisse se continuer l'expérience pendant ro à 15 jours,
en tenant de pareils tubes à l’étuve à 37° et en les soumettant
chaque matin à un nombre de centrifugations suffisant pour
aboutir toujours à des liquides clairs privés de phosphore, on
peut constater que le lendemain et tant qu'il existe des microbes.
vivants, on retrouve des produits phosphorés dans le liquide.
Lorsque tous les microbes sont morts (ce qui est constaté par
des ensemencements journaliers), le liquide de centrifugation ne
s'enrichit plus en produits phosphorés, cependant que les cada-
vres microbiens contiennent encore une quantité très importante
de phosphore que l’on peut déceler après leur incinération ou
leur hydrolyse. Cet enrichissement du liquide en produits phos-
phorés est donc un résultat de la vie du microbe.
Pour mettre ces faits en évidence, nous nous sommes adressés:
à deux microbes : le Bacille de Shiga et le Proteus vulgaris. Dans.
les deux cas nous sommes arrivés à des résultats analogues.
Pour montrer la présence de produits phosphorés dans les li-
‘quides et doser ceux-ci d’une façon approximative, nous nous
sommes servis de la méthode colorimétrique précisée par
Borde (1).
On prélève 5 c.c. du liquide à examiner et on y ajoute IV gout-
tes de réactif sulfomolybdique, puis IT gouttes de chlorure stan-
neux préparé le jour même. L'apparition d'une teinte bleue ac-
cuse la présence de produits phosphorés. L’intensité de la cou-
leur permet de doser ces produits approximativement, en les
comparant à une échelle de solutions graduées pondéralement
et colorées par l'addition des mêmes quantités de réactifs. ;
La technique ainsi employée est d’une grande sensibilité puis-
qu'on arrive à déceler une quantité de composés phosphorés cor-
respondant à un demi-centième de milligramme de phosphate
d’ammoniaque et de soude en solution dans 5 c.c. d’eau dis-
tillée.
Du fait même de la sensibilité de la méthode, l’expérimenta-
tion est rendue très difficile. Il faut éviter les traces infimes de
éd qui peuvent se trouver :
° dans l’eau distillée (il faut redistiller l’eau sur un serpentin
en “argent
° dans les réactifs employés (les vérifier soigneusement);
° dans la masse même du verre employé pour conserver les
réactifs. Il faut utiliser des fioles de verre paraffinées et employer
autant que possible des ustensiles en verre pyrex.
(x) Bulletin de la Société de pharmacie de Bordeaux, n° 1, 1921.
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NU A ue te ana AAA Av
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 115%
=—
La durée de nos expériences fut variable suivant la plus ou
moins grande longévité des différentes souches de microbes ;
nous avions, en effet, des Bacilles de Shiga qui mouraient après
o jours, tandis que d’autres pouvaient être réensemencés après
15 jours. Nous n'avons jamais observé la mort du Bacille de
Shiga après 24 à 48 heures comme le relatent les auteurs clas-
siques.
Pour démontrer que l’apparition des produits phosphorés dans.
l’eau était bien facteur de la vie du microbe, nous avons divisé:
une émulsion de Bacilles de Shiga en deux lots ; le premier fut
traité comme il a été indiqué précédemment ; le deuxième fut
chauffé une heure à 70°, après avoir été au préalable, centrifugé:
plusieurs fois pour éliminer le phosphore provenant de la gélose.
Les microbes tués par la chaleur (ce qui a été vérifié par des
ensemencements) n’excrètent plus de produits phosphorés dans
l’eau distillée, tandis que le témoin non chauffé continue à ex-
créter des produits phosphorés jusqu'au moment de la mort des
microbes.
Ces résultats, obtenus avec le Bacille de Shiga et le Proteus,
nous permettent de conclure que ces microbes abandonnent au
liquide ambiant des quantités notables de composés phosphorés
et que ce fait se produit durant toute la vie des microbes, puis
ne peut plus être mis en évidence après leur mort.
(Laboratoire de physiologie de l’Institut Pasteur).
RÉALITÉ DE L'HYPERADRÉNALINÉMIE PAR EXCITATION
DU NERF SPLANCHNIQUE.
Réponse À MM. Zuwz et GOVAERTS.
Note de À. TourNnane et M. CHaABrRor, présentée par HALLTON.
Dans une note récente, Ed. Zunz et P. Govaerts (1), après avoir
rappelé que Gley et Quinquaud ont échoué dans leurs tentatives
de démonstration de l’adrénalinémie, résument les recherches
qu'ils ont entreprises sur ce sujet.
Il s’agit toujours de résoudre la question suivante : du sang
artériel, prélevé chez un Chien B dont on excite le splanchnique,
est-il capable, ou non, en injection intraveineuse, d'élever la
pression d’un autre Chien réactif À ? Mais le mode expérimental
est quelque peu différent : ce ne sont plus 20 à 4o c.c. de sang,
que l’on pousse en 12 à 15 secondes dans la jugulaire du témoin,
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 881-882.
HLCUPE SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
mais bien 4oo c.c., en 6 à 15 minutes. D'autre part, pour éviter
l'anémie de l’un, la pléthore de l’autre, chacun de ces animaux
est en même temps donneur ét récepteur. Cette saignée-transfu-
sion croisée se réalise à l’aide d’un jeu de seringues : le sang,
prélevé à l'artère fémorale (ou carotide) de chaque sujet, est im-
médiatement réinjecté dans la veine jugulaire du congénère.
Or, du fait d’un tel échange, la pression artérielle chez le Chien
réactif À ne subit aucune modification, bien que la moitié ap-
proximativement de sa masse sanguine (400 gr. chez un Chien
de 10 à 15 kgr.) ait été finalement remplacée par du sang soi-
disant adrénaliné. | :
_ L'échec ne s'explique guère que de deux manières : ou la mé-
thode manque de sensibilité ; ou Ie sang artériel du sujet B, dont
on excite le splanchnique, ne contient pas l’adrénaline qu ‘on lui
‘ête communément.
ne sensibilité de la méthode est vérifiée par l'épreuve suivante:
si on injecte dans la jugulaire du Chien B 1 mgr. d’adrénaline
et qu'immédiatement après on pratique ure nouvelle transfusion
éroisée, la pression carotidienne du Chien réactif A s'élève de
h à à 6 cm. de Hg. |
- C'est donc à la seconde hypothèse que se rallient les auteurs.
fs concluent : « 11 nous a été impossible, par ces expériences, de
« mettre en évidence dans le sang artériel prélevé au cours de
« Fexcitation du splanchnique l'existence d’une quantité d’adré-
« naline susceptible d'exercer une action hypertensive chez le
« Chien réactif. Ces résultats viennent à l'appui de
« l'opinion défendue par Gley. »
Nous ne pouvons souscrire à . conclusion, pour la raison
que, sur le terrain expérimental, l’insuccès d'une épreuve ne
saurait infirmer un résultat positif antérieurement et correcte-
ment acquis. Rappelons donc les faits : l’anastomose veineuse
surrénalo-jugulaire ou surrénalo-fémorale, que nous avons réa-
lisée entre deux Chiens, permet d'assurer chez le transfusé À —
dans des conditions autrement physiologiques que ne le fait
toute injection à la seringue de sang artériel, — l’apport total
de l’adrénaline éventuellement sécrétée par la capsule surrénale
droite du donneur B. Or, l'excitation, chez ce Chien B, de son
splanchnique droit, suscite, chez le transfusé À, non seulement
de l’hypertension avec ralentissement cardiaque, mais encore
de l'hyperglycémie et même de la dilatation pupillaire du côté
où le ganglion cervical supérieur a été, quelques jours aupara-
vant, arraché. Tous ces effets témoignent unanimement et clai-
rement qu'à l’occasion de l'excitation du splanchnique l’adréna-
line, sécrétée en plus grande abondance, parvient bien jusque
dans le sang artériel puisque nous voyons entrer en jeu les divers
=
=
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1161
a NU NE
appareils qu’elle sait actionner électivement, et qu'elle n'a pu
atteindre que par voie vasculaire.
Le problème de l'hyperadrénalinémie par excitation du
splanchnique nous paraît désormais résolu.
Reste à expliquer pourquoi, dans les expériences de Zunz et
Govaerts, le remplacement de la moitié environ de la masse san-
guine par du sang certainement hyperadrénaliné n'entraine pas
d'hypertension appréciable chez le Chien qui est l'objet de cette
transfusion substitutrice.
Ici se découvre d’abord, croyons-nous, l'importance du facteur
temps. Sans doute, la quantité d’adrénaline contenue dans les
hoo c.c. de sang artériel soustrait au Chien B, à splanchnique
excité, produirait-elle chez le sujet réactif l’hypertension révéla-
trice qu'on attend si l'apport en était réalisé d'emblée, massive-
ment. Mais la transfusion en est fractionnée et, surtout, elle se
répartit sur un délai beaucoup trop long de 6 à 15 minutes. Il en
résulte, vraisemblablement, que les premières doses d’adrénaline
ont déjà disparu de la circulation quand les suivantes sont à leur
tour offertes, si bien que le taux minimum, à partir duquei l’hor-
mone se rivales ait efficace, ne peut être atteint.
L'expérience de sonréie nous enseigne qu’on obtient une hy-
pertension appréciable chez le Chien réactif À, par la méthode
des transfusions croisées de sang carotidien, none la quantité
d'adrénaline injectée au donneur B atteint 1 mgr. À coup sûr,
l'hyperadrénalinémie contemporaine de l'excitation du splanch-
nique reste très inférieure à ce taux et c'est encore pourquoi elle
échappe au procédé d'investigation mis en œuvre par Zunz et
Govaerts.
(Laboratoire de physiolagie de la Faculté de médecine d'Alger).
1462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
EFFETS DES INJECTIONS DE L'EXTRAIT MÉTHYLIQUE
DE BACILLES DE KOCH SUR L'ÉVOLUTION
DE LA TUBERCULOSE EXPÉRIMENTALE DU COBAYE ET DU LaAPIN.
par L. Nècre et À. BoqQuer.
Dans une note précédente (1), nous avons montré que l’injec-
tion intraveineuse de l'extrait méthylique de Bacilles de Koch
préalablement traités par l’acétone provoque, chez les Lapins
sains, l'apparition de sensibilisatrices spécifiques et augmente,
chez les Lapins tuberculeux, les anticorps développés au cours.
de l'infection. Deux Lapins tuberculeux, traités par 5 injections.
intraveineuses de 1 c.c. de cet extrait ont survécu 1 mois et 3
mois aux témoins.
Nous avons répété ces essais sur des Che et de Lapins in-
fectés depuis 8 ou 10 jours par la voie oculaire ou par la voie
veineuse. L’extrait bacillaire, préparé suivant la technique que
nous avons publiée (2), était débarrassé de l'alcool méthylique:
par évaporation et conservé dans un même volume d'eau distil-
lée: |
1° lot de Cobayes : 6 Cobayes, infectés le 26 avril 1922 par dou-
ble instillation oculaire de 0,5 mgr. de Bacilles virulents, ont
reçu tous les À jours, du 5 au 20 mai, 1 c.c. de l'extrait précédent
dans la cavité péritonéale. Après un repos de ro jours, nouvelle
série de 6 injections aux mêmes intervalles. Le traitement a été:
suspendu le 27 juin.
3 Cobayes témoins meurent de tuberculose généralisée dans le-
délai habituel, les 92°, 100° et 101° jour après l'infection.
Les animaux traités meurent d'infections intercurrentes du
115° au 167° jour avec des lésions localisées soit aux poumons,
soit à la rate.
2° lot de Cobayes : 8 Cobayes, également infectés par la voie
oculaire et traités aux mêmes dates que les précédents, reçoivent
les mêmes doses d'extrait bacillaire, non par la voie péritonéale,
mais par la voie sous-cutanée.
Ces animaux meurent du 73° jour au 195° jour, 4 avec des
lésions localisées et 4 avec une tuberculose généralisée.
Lapins : 4 Lapins sont infectés le 3 mars par une injection in-
traveineuse de 1/500 de mgr. de Bacilles bovins virulents. Ils re-
çoivent, du 7 mars au 2 juin, 21 injections sous-cutanées de
2 c.c. d'extrait bacillaire. 2 Lapins témoins meurent de tubercu-
lose généralisée en 2 mois (délai habituel).
(x) GC. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVI, 18 mars 1922.
(2) GC. R. de la Soc. de biol., t. LXXXIV, 15 janvier 1921.
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SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1163
Les Lapins traités survivent de 1 à 2 mois aux témoins, avec
des lésions limitées aux poumons.
Les injections d'extrait de Bacilles de Koch, obtenu par l’action
de l'alcool méthylique sur des Baciiles préalablement traités par
l'acétone, exercent donc une action favorable sur l’évolution de
la tuberculose expérimentale du Gobaye et du Lapin. Cette action
se manifeste par une tendance à la localisation des lésions qui,
chez les témoins non traités, évoluent plus rapidement et se gé-
néralisent dans tous les organes.
Cet extrait n'a aucune action irritante locale. Injecté dans les
veines ou dans le péritoine même à la dose de ro c.c., il est bien
toléré et ne détermine, chez les animaux tuberculeux, qu'une
élévation insignifiante et passagère de la température.
L’extrait éthéré de Baciiles de Koch préalablement traités par
l'acétone, essayé dans les mêmes conditions, a l'inconvénient de
provoquer des indurations au point de l'injection.
(Laboratoire du P° Calmette, à l’Institut Pasteur).
ACTION SUR LE SANG DU DIGLUCOSIDEDIOXYDIAMINOARSÉNOBENZÈNE,
par À. Luouer.
Dans une note précédente, nous avons étudié la toxicité en in-
jection intraveineuse du « diglucosidedioxydiaminoarsénoben-
zène ».
Nous examinons aujourd'hui l’action de ce nouveau corps sur
les globules sanguins, comparativement avec celle du dérivé
« méthylène sulfoxylate de soude ».
Il existe dans la littérature, un assez grand nombre d'observa-
tions concernant l’action sur le sang des arsénobenzènes, mais
les conelusions ne sont pas toujours concordantes. En ce qui con-
cerne le 606, Sicard et Marcel Bloch (1) constatent une hyper-
globulie se manifestant rapidement, et durant plusieurs jours,
alors que l'équilibre leucocytaire se maintient sans variations
appréciables. D’après Levy-Bing, Dureux et Dogny (2) il y a
diminution passagère des hématies, avec retour aux taux habi-
tuel de la période secondaire ; leucocytose modérée avec formule
variable : généralement polynucléose ou éosinophilie aussitôt
après l'injection, et, plus tard, mononucléose avec myélocytes.
Dans une revue d'ensemble sur ce sujet, Mathieu Pierre Weill et
(x) G. R. de la Soc. de biol., 24 décembre 1920.
(2) Annales des maladies vénériennes, t. VIT, n° 5, mars ro?
1164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Guénot (1), après avoir rappelé les opinions divergentes des au-
teurs, concluent à une diminution des globules rouges dans les
premiers quarts d'heure qui suivent l'injection, avec retour à la
normale une heure après, et souvent polyglobulie dès la troi-
sième heure. Toutefois, d’après eux, aux doses thérapeutiques, le
salvarsan ne serait pas hémolytique.
Dans une communication à l’Académie des sciences (séance
du 24 février 1913), Dalimier signalait, par contre, que le néo-
salvarsan (qui nous a servi dans cette étude de terme de compa-
raison) possédait une action hémolysante très nette, dont il
semblait rendre responsable la chaïne latérale « sulfoxyle ».
Cet abaissement du nombre des hématies a été maintes fois
signalé depuis. En particulier, Langevin, Brüûlé et André Pierre-
Marie (2) ont publié à ce sujet, leurs résultats portant sur un
très grand nombre d'examens. Ils concluent à une action ané-
‘miante transitoire « à laquelle bien peu de malades échappent »,
mais le nombre des globules rouges qui s’abaissait fréquemment
de r million après l'injection, revenait sensiblement à & normale
dans l’espace de 6 jours ; et, à la fin du traitement, il avait, le
plus souvent augmenté.
Nous avons pensé qu'il serait intéressant de voir comment se
comporterait, à cet égard, le nouveau composé résultant d’une
combinaison de glucose et de « 606 ». Nos essais ont été faits sur
le Lapin, pour la commodité des examens en série, après injec-
tion intraveineuse, à dose thérapeutique (0,015 gr. par ker.
d'animal) et à dose subtoxique (0,15 gr. par kgr.). En voiei les
résultats
I. 914. 1° À dose thérapeutique, il se produit, une demi-heure
après l'injection, une diminution des hématies qui, dans un cas,
a dépassé 1 million.
Cet état s’est maintenu pendant plus de 12 heures, puis le
nombre des globules a augmenté progressivement, et 3 jours
après il avait sensiblement doublé ; mais pour retomber bien vite
à un taux notablement inférieur au point de départ (4.128.000
au lieu de 5.424.000).
. 3° Pendant toute la durée des essais (1 mois environ), le nom-
bre des hématies s’est maintenu à ce taux inférieur ; chaque nou-.
velle injection (une par semaine) étant suivie d'une hyperglobu-
lie transitoire, de plus en plus faible, du reste.
II. Diglucosidedioxydiaminoarsénobenzène. Avec ce corps,
dans les mêmes conditions d'expérience, l’allure générale de la
courbe a été la même que pour le 914, mais l’abaissement du
(x) Presse médicale, 11 janvier 1914.
(2) Bull. de la Soc. méd. des hôpitaux, 22 décembre doué.
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1165:
———_—_——————
nombre des globules rouges n’a été que de {00.000 (au lieu de
1.200.000).
L'hyperglobulie compensatrice a commencé presque aussitôt.
et, fait remarquable, pendant toute la durée des essais, le taux
s’est maintenu à un niveau égal et même supérieur à celui du
point de départ.
À dose subtoxique (0,15 gr. par kgr.), les mêmes phénomènes
se sont répétés pour les deux corps, mais la diminution des hé-
maties a été moindre qu’à dose médicamenteuse ; ce qui montre
bien, ainsi que l'ont constaté les auteurs (1), que l’action n'est
nullement proportionnelle à la dose injectée.
Les globules blancs ont paru, dans tous les cas, peu influencés
par la médication. Leurs variations sont, toutes choses égales,
infiniment plus faibles que celles des hématies. À noter cepen-
dant, 4 heures après l'injection de 914 à dose subtoxique, une
leucocytose assez nette mais peu durable (16.600 au lieu de
7.200 au départ) et une inversion de la formule leucocytaire qui
ont complètement fait défaut dans le cas du glucoside.
Enfin, signalons que des examens de sang faits d'une part,
avant, et, d'autre part, une demi-heure, une heure et 24 heures
après l'injection intraveineuse au Lapin, à la dose de 0,015 gr.
par kgr., ont montré que la coagulation sanguine ne paraissait
nullement influencée dans ces conditions, ni par le 914, ni par
le nouveau composé.
UTILISATION DES POISSONS DE PETIIE TAILLE
POUR LA DÉCOUVERTE DE FAIBLES QUANTITÉS
DE SUBSTANCES TOXIQUES,
par Pauz Porrtier et J. Lopez-LompBa.
Généralités. C’est un fait classique établi par Cl. Bernard que
la « voie d'introduction » des poisons a une grande importance
sur l'intensité de leur action.
On sait, par exemple, que l’hydrogène sulfuré (2) est inoffen-
sif lorsqu'il est introduit dans l’estomac, sous la peau ou dans le
rectum ; dans ces conditions, en effet, il passe directement dans
le sang veineux et il est éliminé au niveau du poumon avec les
gaz expirés. |
Ce même gaz devient un poison redoutable lorsqu'il pénètre
(x) Langevin, Brulé et Marie, loc. cit.
(2) CL Bernard. Leçons sur les effets des substances toxiques et médica-
menteuses (p. 57). $
1166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
dans l'économie au niveau de la muqueuse pulmonaire ; dans ce
cas, en effet, il passe dans le sang artériel, ce qui lui permet
d'atteindre directement les éléments anatomiques.
À une époque récente, H. Roger (1) a renouvelé et confirmé
cette doctrine en fournissant de nouvelles preuves expérimen-
tales. Il a montré, en particulier ,que le foie et ie poumon pos-
sédaient un pouvoir d'arrêt et de transformation pour un grand
nombre de poisons.
Celui qui utilise les animaux comme réactifs biologiques des
substances toxiques, ne devra donc jamais oublier que le maxi-
mum d'effet sera obtenu quand la substance toxique arrivera
d'emblée dans le système des capillaires artériels, région de l'éco-
nomie qui constitue le « champ d'action des poisons ».
Or, envisagés de ce point de vue, les Poissons présentent des
dispositions anatomiques très favorables à la réalisation de la
notion que nous venons d'exposer. L’oreillette unique du cœur
collecte le sang veineux de tous les organes ; elle chasse ce sang
dans le ventricule qui, à son tour, l’envoie dans les capillaires
de la branchie où il s’artérialise avant de gagner les différents
organes.
Si la substance toxique dissoute dans l’eau pénètre à travers la
branchie, elle sera donc transportée directement aux éléments
anatomiques par les capillaires artériels, et le poison exercera
son action dans les conditions les plus efficaces.
Le problème revient donc à favoriser le passage du poison à
travers l’épithélium branchial. Voyons donc quels sont les fac-
teurs qui peuvent intervenir dans ce processus.
Pression osmotique. On sait que les plasmas des Poissons d'eau
douce ont une pression osmotique très supérieure à celle du mi-
lieu ambiant, et que cependant la branchie, malgré la délicatesse
de sa structure, maintient à un niveau invariable la différence
de pression osmotique entre le milieu extérieur et le milieu inté-
rieur de l’animal. Il semble donc que des échanges osmotiques
importants ne pourraient être obtenus qu’en apportant des chan-
gements considérables dans la salinité de milieu extérieur ; aussi,
laissant provisoirement de côté ce facteur de la pression osmo-
tique, nous en avons envisagé deux autres qu’il est facile de mo-
difier.
Tension superficielle. Le premier est la tension superficielle
qui joue un rôle si important dans l'absorption au niveau de la
on nn On sait, en effet, que chez ls Vertébrés, lès
G) H. Roc Thèse de on Fe. Action des organes sur la strychnine,
Presse médicale, 15 août 1898. Action du poumon sur quelques substances
. toxiques, Presse médicale, 7. juin 1899. Les fonctions du poumon, Presse mé-
dicale, 5 octobre 1921.
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SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1167
sels biliaires produisent un abaissement marqué de la tension
superficielle et que chez les Invertébrés, des substances dont il
faudrait préciser la nature chimique jouent le même rôle (x). Il
faudra donc d’abord s’efforcer d’abaisser la tension superficielle
de la solution à étudier dans laquelle on placera le Poisson.
Mucine de la branchie. Le second est l’état de la mucine de la
branchie. Des recherches déjà anciennes ont montré en effet à
CI. Bernard que la mucine s’opposait, chez la Grenouille, à l’ab-
sorption des poisons par la peau.
Paul Bert a vu aussi que la peau de l’Anguille intervenait effi-
cacement pour permettre à ces Poissons d'échapper aux effets
nocifs du passage brusque de l’eau douce dans l’eau de mer.
On devra donc placer les Poissons d'expérience dans des condi-
tions telles que la viscosité de la mucine soit diminuée autant que
possible. à
En résumé : les Poissons présentent des dispositions anatomi-
ques de leurs appareils respiratoire et circulatoire qui semblent
les rendre très propres à déceler de petites quantités de poisons.
Il paraît probable qu'on obtiendra le maximum d'effet de ces
agents en abaissant la tension superficielle de l’eau ambiante et
en diminuant la viscosité de la mucine par une alcalinisation
convenable de cette eau.
(x) M. et Mme Chauchard ct P. Portier. Du rôle de la tension superficielle
dans le mécanisme des phénomènes d’absorption. C. R. de la Soc. de biol.,
“Æ. 7, 19193, p. 114. Sur la tension superficielle des liquides digestifs d'Inver-
Mer CSL UeNa SCC. de) DiOL. t- 17 F919,0p: 110.
“
1168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PoISsONS RÉACTIFS DES ALCALOÏDES.
RECHERCHES DES CONDITIONS OPTIMA DE RÉACTION,
DE TENSION SUPERFICIELLE ET DE TEMPÉRATURE,
par J. LOTS 20e.
Nous allons examiner comment on peut » réaliser les conditions
ous dans la note précédente.
° Choix des Poissons. Dans le but de pouvoir aile aie
D idcédé pour les recherches de médecine légale, nous avons
choisi des Poissons de petite taille qui ne nécessitent qu’une
faible quantité de liquide. Les Vairons, les petits Cyprins dorés,
les Epinoches peuvent servir. C’est à cette dernière espèce que
nous nous sommes finalement arrêté parce qu'on peut se la pro-
curer facilement en toute saison, qu on peut facilement répartir
les animaux en lots composés d'individus de poids égaux et
qu'enfin ces Poissons présentent des réactions nettes, caractéris-
ue et variables d'un alcaloïde à l’autre.
° Réaction. Nous avons toujours envisagé la réaction comme
ie par la concentration des ions H et nous avons
adopté la notation de Sôrensen dans laquelle la neutralité est re-
présentée par PH = 7,1
Les déterminations ont été faites par la méthode colorimétri-
que en utilisant surtout le rouge de crésol et le bleu de thymol.
Nous avons d’abord déterminé les points extrêmes d’acidité et
d’alcalinité qui permettent la survie de nos Poissons placés dans
de l’eau ordinaire et sans addition d'aucune substance toxique.
Nous avons vu qu'ils étaient représentés par P#—4,5 et Pa—09,5.
En dehors de ces points, les Poissons meurent rapidement par
suite de‘l’exagération de l’acidité ou de l’alcalinité.
Des recherches méthodiques nous ont montré ensuite que,
pour une concentration déterminée du poison, le maximum de
toxicité était obtenu avec des solutions alcalines. Dans ces condi-
tions, la mucine diminue de viscosité ou même entre en solution
et la pénétration à travers l’épithélium branchial est grandement
facilitée.
x
Solution de sulfate de strychnine à 1 p. 100.000.
Valeur du Pa Durée de survie des Epinoches
6,0 r heure 26 minutes
7,7 43 minutes
9, 16 minules
Cependant, afin d'éviter sûrement la toxicité propre de l’alcali,
nous n'avons jamais dépassé une alcalinité supérieure à PH —9,0
1169
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE
3° Tl'ension superficielle. Divers agents chimiques ajoutés à
l’eau abaissent sa tension superficielle. Citons l'alcool, l’éther, la
saponine, la peptone, les sels biliaires. Nous avons éliminé les
trois premiers en raison de leur toxicité propre. Le savon n'est
pas utilisable non plus, car il donne avec l’eau ordinaire un pré-
cipité de savon calcique qui rend difficile la mesure colorimé-
trique de la réaction. Nous avons finalement donné la préférence
aux sels biliaires qui sont environ cinquante fois plus efficaces
que les peptones (x).
Voici un exemple de l’action de la tension superficielle (2) sur
la toxicité des alcaloïdes.
Durée de survie des Poissons
SRE:
Titre des solutions
sans sels biliaires
avec sels biliares
Cocaïne à 1 p. 50.000 ... 59 heures 13 heures
— à I Pp. 100.000 77 — 26 —
Digitaline à 1 p. 200.000. 20 — 3 —
Picrotoxine à 1 p. 100.000. 3 — S minutes 1 — 52 minutes
Strychnine à 1 p. 100.000. 57 minutes 14 minutes
— à I p. 200.000, 1 heure 54 minutes 50 —
— à 1 p. 500.000. 10 heures 5 heures
° Température. C’est un facteur important. Une différence de
température de 3 degrés peut faire varier la toxicité d’un alca-
loïde du simple au double. C’est ainsi que des Vairons placés
dans des solutions de sulfate de strychnine à 1 p. 100.000 aux
températures de 18, 19, 0 et 21 degrés meurent respectivement
en 62, 57, 47 et 30 minutes.
De. recherches méthodiques nous ont montré que, pour V'Epi-
noche, la température optima était vers 25 degrés.
Nos Poissons étaient placés dans des petits ballons de 8o centi-
mètres cubes de capacité contenant 25 centimètres cubes de
liquide. Ils plongeaient dans l’eau d’un thermostat chauffé par
un bec Bunsen relié à nn régulateur au xylol.
(x) Sels biliaires de Peulenc.
- (2) La tension superficielle a été déterminée par le nombre de gouttes pour
5 c.c. au compte-gouttes de Duclaux.
Brorocre., CoMPTES RENDUS, — 1922. T. LXXXVII. 81
1170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
REGHERCHES SUR LA COAGULABILITÉ DU SANG
APRÈS IRRADIATIONS in UÙro,
par Pu. Pacnrez, À. RAvina et I. Soromon.
Nous avons, dans une note antérieure, apporté les premiers
résultats de recherches que nous avons entreprises sur l'effet de
l'irradiation de certains territoires, en particulier de la région
splénique sur la coagulation du sang (x).
Poursuivant nos expériences, nous avons voulu, après d’autres
auteurs qui se sont déjà occupés de cette question, préciser le
mécanisme par lequel l'irradiation produit l'accélération de la
coagulation.
Cette accélération pourrait être le fait d’une action directe des
rayons sur le sang et on est immédiatement amené à se deman-
der si l’irradiation directe du sang in vilro, n’est pas susceptible
d'amener une diminution du temps de coagulation analogue à
celle qu'on observe après irradiation de certains territoires de
l'organisme. Cette action in vitro a déjà fait l’objet de recherches
de la part de R. Feissly (2), recherches dont nous avons eu con-
naissance seulement depuis notre première publication. R.
Feissly ayant soumis un segment de jugulaire de Cheval à l'ir-
radiation a vu le sang extrait de ce segment coaguler beaucoup
plus vite que le sang extrait d’un segment témoin non irradié.
Il a, d'autre part, constaté qu’un échantillon de sang de Lapin
citraté, soumis à l'irradiation, se coagule plus vite que l'échan-
tillon témoin lorsqu'on provoque leur coagulation par addition
d’une même quantité de chlorure de calcium,
Les recherches que nous avons effectuées suivant cette der-
nière technique ne nous ont pas permis d'observer cette accéléra-
tion du temps de coagulation.
Nous avons d’abord expérimenté avec le sang de Lapin. Le
sang était recueilli dans la carotide et citraté à 5 p. 1.000. Après
avoir longuement et soigneusement mélangé sang et citrate,
deux échantillons étaient prélevés : l’un était soumis à l’irradia-
tion, l’autre servait de témoin. Le sang irradié dans ces condi-
tions et avec des intensités différentes [500 À (2 H, 5) rayonne-
ment filtré sur 5 mm. en 6’; 1.000 R (5 H) sans filtre en 3 ]n’a
montré, après recalcification par une quantité de CaCP? appropriée,
F
(x) Ph. Pagniez, À. Ravina ct I. Solomon. Influence de l’irradiation de Ja
rate sur le temps de coagulation du sang. C. R. de la Soc. de biol., 1% juil-
Ict 1922. à
(2) R. Feissly. Bcitrâge zur Blutgerinnungsbeshleunignung mittels Roftgen:
strahten, Münchner Mediz, Wochens., ïg21, t. 44, p. 1418
SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE ILBGU
aucune différence dans la rapidité du temps de coagulation par
rapport au témoin, qu'on fit l'expérience à 37° ou qu'on la fit à
la température du laboratoire, soit environ 18°. Dans une série
d'expériences pour des temps de coagulation de 5 à ro’ les quel-
ques écarts observés n'ont pas dépassé quelques secondes et se
sont produits tantôt au bénéfice du tube irradié, tantôt au béné-
fice du tube témoin,
Avec le sang humain recueilli par ponction de la veine et ci-
traté dans la seringue même, nous avons obtenu les mêmes ré-
sultats. Mêmes résultats encore avec le sang humain oxalaté.
Dans ces diverses expériences, le sang a été soumis, soit immé-
diatement après la prise, soit 30° après celle-ci, à des irradiations
variant de 100 à 500 R (2 H, 5) sans qu'on ait vu une accélération
de la coagulation se manifester après recalcification par rapport
aux tubes témoins. Ces doses de rayonnement sont, rappelons-le,
susceptibles, par application sur la région splénique, de donner
une forte accélération du temps de coagulation.
Voulant éviter toute cause d'erreur qui pourrait être due à
l'addition au sang d’un anticoagulant, et bien que celle-ci appa-
raisse comme absolument improbable, nous avons complété nos
recherches en faisant une expérience analogue-sur du sang re-
cueilli en tubes paraffinés. Le sang, dans ces conditions, coagule
assez lentement pour qu'on ait tout le temps de le soumettre à
l'irradiation. Un Lapin est saigné par la carotide avec une canule
paraffinée et le sang recueilli dans deux tubes paraffinés. L’un
est soumis à une irradiation de 500 R (2 H, 5) sans filtre, l’autre
conservé à la température du laboratoire. Un échantillon de cha-
cun de ces sangs est transvasé dans un tube à hémolyse. La coa-
gulation des deux échantillons, maintenus à 37°, se fait dans le
même temps soit en 5’. Deux autres échantillons maintenus à la
température du laboratoire coagulent en 9’. Enfin le sang qui
est resté dans les tubes paraffinés coagule en 20’30 et le caillot
est irrétractile. Dans les quatre autres tubes, la rétraction s’est
faite en même temps.
L'ensemble de nos recherches nous amène donc à conclure
que le sang d’'Homme ou de Lapin n’est pas modifié dans ses ap-
titudes à la coagulation par l'irradiation in vitro et que l’accé-
lération observée après irradiation de la région splénique ne doit
pas être la conséquence d’une action immédiate des rayons sur
le sang lui-même,
1172 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
LA LEUCOPÉDÈSE GASTRIQUE APRÈS INGESTION D'AMIDON,
par M. Logper et G. Marcuar.
Nous avons montré récemment combien l’afflux des leuco-
cytes dans l'estomac après ingestion de bouillon peptoné était
constant et considérable. Nous avons désigné cette leucocytose
sous le nom de leucogénèse. Mais, comme il ne semble point
‘s'agir d’une formation sur place, mais d’un apport, d’une exsu-
dation, nous croyons devoir lui substituer aujourd'hui celui de
leucopédèse, qui est plus exact et tout aussi expressif.
La leucopédèse gastrique ne paraît nullement proportionnelle
à l’activité sécrétoire de l'estomac bien que les leucocytes exer-
cent sur le milieu digérant une influence nettement favorisante.
Avec l’amidon, les mêmes phénomènes se produisent comme
avec le bouillon et souvent plus accusés encore.
Nous avons administré à nos sujets 125 gr. d'empois d’amidon
à 1 p. 100 et procédé à l'extraction du liquide à des moments
variables depuis 20 minutes jusqu’à 2 heures 112
Voici les résultats obtenus
Minules 120 30 45 60 75 90 120
Maladies
Re Noces 405 me 575 — 2295 — — — 2300
L'ACANCCE CEE — 14590 — — —— — —
VAAUICUS PRES PPRERE — 1900 — — — 2780 —
PasTabes tes Mae 1150 — — _— — _
M'AUIcus eee DORE | — —: — 2780 _— —
HAGRETANIEPSS RER EE — —— — 3700 —— — —
ÉAUIouS RE RERSS NRER — — 2200 — _— —
PACS tree — 14795 — — — — _—
Sint lines — — —— ,: 2000 — — _
F. Polyglobulie .... — — — TÉCONNNREES — —
S. Angine aigue ..... — —— — 1500 — — -—
La leucopéaèse est donc extrêmement énergique.
Elle est un peu plus précoce qu'avec le bouillon, elle atteint
aussi des sommets plus élevés et se maintient pendant un temps
à peu près égal. Elle est déjà à b75 éléments par mmc. après 20
minutes ; elle s'élève jusqu'à 2.780 et 3.700 après 1 heure et se
retrouve encore à 2.300 après 2 heures. |
Comme on devait s’y attendre, il n'existe aucun rapport précis
entre cette leucopédèse de aaniden et l’activité sécrétoire de l’or-
gane. Les chiffres les plus élevés se rapportent en effet à un éthy-
lique apeptique et achlorhydrique et les chiffres les plus bas à
un polyglobulique à sécrétion plutôt excessive.
Les éléments leucocytaires appartiennent en majorité au type
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1173
polynucléaire. Les mononueléaires ne dépassent guère le chiffre
de 30 p. 100. Les éosinophiles sont représentés par 5 à 6 éléments
pour 100 leucocytes. La qualité des éléments varie peu avec le
moment de l'extraction. Peut-être varie-t-elle avec l’état patholo-
gique du sujet ou les lésions de sa muqueuse. Ces éléments jouent
vis-à-vis de l’'amidon un rôle phagocytaire sur lequel nous revien-
drons. Ils jouissent aussi d’une activité fermentaire. On ne peut
se rendre compte de cette activité par l'examen du liquide ex-
trait, car il contient de la salive et souvent du suc pancréatique.
IL faut recourir à des digestions artificielles. Après 60 minutes
d'étuve, on constate déjà dans un empois stérilisé et thymolé,
additionné de III gouttes de bouillon leucocytaire, une réduc-
on qui ne peut être le fait des microbes. L'action des leucocyles
sur l'amidon est entrayée par l'acide chlorhydrique ainsi qu'on
peut s'en rendre compte en ajoutant au mélange IT gouttes
d'acide.
Les leucocytes favorisent donc la digestion des albumines,
mais ils sont gênés par le suc gastrique dans leur effort ni
vis-à-vis des amylacés.
Nous verrons ultérieurement qu'ils activent la bile et le sue
pancréatique, ou sont activés par eux.
MESURE DES ACIDES ORGANIQUES À SELS CALCIQUES SOLUBLES,
DANS LES SELLES,
par R. Goirrox et F. NEebveux.
Dans une note antérieure (1), nous avons montré les avantages
du procédé de Van Slyke et Palmer pour le dosage des acides
organiques de l'urine. Nous nous en sommes inspirés pour me-
surer directement, dans les selles, les acides organiques de fer-
mentation. Le principe est le même, avec quelques modifications
pratiques.
Technique. On prépare au mortier une dilution des fèces à
10 p. 100. À 5o cc. de cette dilution bien homogène, on ajoute
X gouttes de solution concentrée de sulfate d’alumine., On agite,
on ajoute quelques gouttes de phénolphtaléine, puis une solu-
tion concentrée de sucrate de chaux (saccharose 20 gr., eau dis-
tillée r00, chaux hydratée 5 gr., agiter, laisser déposer, filtrer)
jusqu’à alcalinité nette. On complète le volume par l’eau distillée
jusqu’à 60 ou 7o c.c. On filtre la moitié.
Le filtrat, auquel on ajoute V gouttes de phénolphtaléine à
(x) CG. R. de la Soc. de biol., 27 mai 1922, p. 113.
1174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
0,50 p. 100 est neutralisé exactement au rose pâle dans une
éprouvette. On y ajoute 5 c.c. de solution d'orangé IV à
0,02 p. 100, puis on laisse tomber HCI décime jusqu'à virage
orangé, le volume total étant amené à 60 c.c. (Cette teinte doit
être exactement celle qu'on obtient en versant, dans une éprou-
vette de même diamètre, 5 c.c. de la solution d’orangé IV, r,2 c.c.
d'HCI décime et eau distillée q. s. pour 60 c.c.). On soustrait
du volume d'HCI décime employé 1,2 c.c. et on multiplie par 4
pour avoir la quantité d'acides organiques contenus dans 10 gr.
de selles, en volume de solution décinormale.
Justification. La totalité des acides de fermentations qu'on
trouve dans les selles forme avec la chaux des sels solubles dans
l’eau ; ils passent dans le filtrat. Sont retenus : les acides carbo-
nique et phosphorique, les acides gras supérieurs, l’acide oxali-
que, dont les sels de chaux sont insolubles. Nous ne mesurons
donc que les acides de fermentation.
La difficulté de filtration d’une dilution fécale nous a obligés
à un collage à l’hydrate d’alumine.
La Henri ana de cette méthode est impossible, puisqu'il n’en
existe pas d'autre de dosage de la totalité des acides de fermen-
tation, volatils et non volatils. Nous avons cependant pratiqué
dans une centaine de cas le dosage simultané des acides volatils
par distillation et des acides organiques par la méthode décrite
plus haut, les chiffres obtenus avaient des variations de même
amplitude. D'autre part, nous avons constaté que nous pouvons,
par cette méthode, retrouver intégralement différents acides or-
ganiques, ajoutés en quantité connue à une dilution fécale (acides
lactique, butyrique, succinique, acétique).
Ce procédé donne des valeurs deux ou trois fois plus élevées
que le dosage des acides volatils par la méthode de Larue et
Labbé, ce qui était à prévoir, car la distillation des acides volatils
est incomplète et laisse de côté les acides lactique et succinique
qui pourraient être contenus dans les selles.
Nous avons trouvé dans les selles normales, après régime mixte,
des chiffres évoluant autour de 15 e.c.; dans des selles de fer-
mentations, des valeurs de 25 à 4o c.c. us des selles de putré-
faction, de 6 à xo c.c.
(Laboratoire de chimie de la clinique de ACrapennque
chirurgicale. P° P. Duval).
SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1
LA GLANDE THYROÏDE DES AMPHIBIENS
AU MOMENT DE LA MÉTAMORPHOSE,
Note de Zorsa MAyÿERoWwNA, présentée par M. CauLLERY.
La glande thyroïde des Amphibiens au temps de leur métamor-
phose normale n'a été étudiée jusqu'à présent que par Adler ;
cet auteur, toutefois, ne faisant que des observations fortuites,
a remarqué seulement des changements insignifiants dans cet
organe.
Comme les larves des Amphibiens nourries avec de la glande
thyroïde des Mammifères subissaient une influence spéciale et
très caractéristique pendant leur métamorphose, on pouvait sup-
poser que le rôle de leurs propres organes de sécrétion interne,
et surtout celui de la glande thyroïde, devait être aussi considé-
rable.
Pour constater celte influence, je me suis mis à étudier la
glande thyroïde de Rana esculenta en commençant par calculer
son volume aux différentes phases de la métamorphose. J'ai cons-
taté que ce volume augmente beaucoup plus pendant la méta-
morphose et que la glande atteint le maximum de son accroisse-
ment au moment culminant de la métamorphose, laquelle se ma-
nifeste par la réduction des intestins et de la queue. Ensuite le rap-
port de la glande à la dimension de tout le corps diminue. Puis,
la glande devient plus petite et sa conformation intérieure change
aussi. Chez les Têtards, les vésicules sphériques tapissées d'épithé-
lium plat, sont remplies de colloïde ; à mesure de l'approche de la
métamorphose, le nombre des vésicules augmente, elles s’allon-
gent et se transforment en canaux très étroits ; en même temps,
l’épithélium devient de plus en plus haut, même cylindrique,
quelquefois, il a plusieurs couches. La colloïde change aussi,
elle devient moins consistante et ne se colore pas. Ces change-
ments sont les plus frappants pendant la métamorphose, car c’est
alors qu'augmente la fonction de la glande. Puis, le tissu
s'abaisse, la colloïde redevient plus compacte, dense, mais la
structure des cellules reste la même assez longtemps et ce n’est
que chez la Grenouille adulte que la glande prend l’apparence
d'un organe inactif. La glande, au temps de la métamorphose
normale, ressemble tout à fait à celle de l'Homme atteint de
maladie de Basedow.
On peut observer les mêmes phénomènes chez Rana tempora-
ria, Hyla arborea, Bufo vulgaris, Bombinator igneus et Triton
crislatus, mais les changements de la glande sont moins consi-
dérables que chez Rana esculenta, dont la métamorphose dure
plus longtemps que celle des autres espèces.
1176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE :
Ces faits nous permettent de conclure que la glande thyroïde
joue un rôle important au moment de la métamorphose.
Comme les projections de rayons de Roentgen sont générale-
ment appliquées au traitement de la maladie de Basedow, j'ai
voulu essayer quelle était leur influence sur la glande thyroïde
des Têtards. Mes observations m'ont permis de constater qu’à la
projection de 22 Holzknecht apparaissent sur la glande les mêmes
symptômes que lors d'une faible projection sur un tissu orga-
nique quelconque : c’est-à-dire l’exhaussement excessif de l’épi-
thélium, l'augmentation du volume des noyaux, l'apparition de
nombreuses mitoses, une diminution notable de la colloïde. A
cette hyperfonction se joint sans doute une petite accélération
de la métamorphose. Pendant l’action des rayons sur tout l’orga-
nisme, on pouvait maintes fois constater une forte hypofonction
de la glande ; les animaux se développaient très lentement et le
plus souvent périssaient sans atteindre la métamorphose. Le fait
que, dans le premier cas, l’action des rayons était trop faible, et
qu'elle a donné, dans les autres expériences (action sur tout l’or-
ganisme), un résultat considérable prouve la dépendance de la
glande des autres organes à sécrétion interne et son peu d’auto-
nomie. Dans la glande thyroïde des Têtards de Bombinator
igneus, nourris de glande de Mammifère et en voie de méta-
morphose, je n’ai pas pu observer la dégénérescence décrite par
les autres auteurs. L’apparence était celle de la glande d’un
Têtard peu avant la métamorphose ; la glande tâchait de remplir
sa fonction par l’épaississement du tissu et la preduction de mi-
toses nombreuses, mais, d'autre part, ses vésicules rondes et la
colloïde compacte prouvent que son influence sur la métamor-
phose n’est que très peu considérable.
(Institut zoologique de l'Université Jan Kazimierz,
Lwow. Pologne).
(35) 1177
RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUEDE
SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1922
SOMMAIRE
Dernsy (K.-G.) et SIwE (S.): gations sur la prétendue relation
Les enzymes protéolytiques du entre le virus encéphalitique et ;
Bacille diphtérique et leurs rap- le virus herpétique..... te 37
ports avec la toxine........ 35 Ouzsson (E.): Sur l'existence
Krinc (C.), Davine (H.) et Li- de deux ferments amylolytiques
3ENQUIST (F.): Nouvelles investi- dans la diastase du malt........ hx
Présidence de M. K. Petrén.
LES ENZYMES PROTÉOLYTIQUES DU BACILLE DIPHTÉRIQUE
ET LEURS RAPPORTS AVEC LA TOXINE,
par K.-G. DERNBY et S. SIWE.
Quand les Bacilles diphtériques poussent dans un bouillon ap-
proprié, la toxicité augmente de jour en jour jusqu'à ce que le
maximum soit atteint, au bout de 6-11 jours, époque après la-
quelle le pouvoir toxique s’abaisse, d’abord lentement, puis de
plus en plus rapidement. Pendant tout le laps de temps antérieur
et postérieur aux 6-11 jours sus-indiqués, l’alcalinité du bouillon
croit. Quelques auteurs ont considéré cet accroissement comme
un indicateur de la toxicité ; avant que Px n'ait atteint 8, la toxi-
ne serait stable; au-dessus de 8, elle serait détruite et, cela, par les
ions OH. D’autres expérimentateurs, critiquant cette théorie,
prétendent que Px ne joue aucun rôle important.
Des travaux exécutés dans notre laboratoire ont démontré que
les ions OH, seuls, ne peuvent pas provoquer la destruction rela-
livement rapide, qui se produit dans les cultures, lorsque Pa>&8.
Si Px est plus grand que 8, la toxine, à la vérité, se détruit,
mais lentement. Ce n’est que dans le cas où PH — 9-10, qu’une
destruction plus rapide se manifeste.
Si l'accroissement de l’alcalinité n’est pas la cause de la des-
truction, il faut chercher celle-ci ailleurs. L'augmentation de Pu:
1178 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (36)
au cours de la pullulation des Bacilles diphtériques pourrait être
due à la désintégration de l’albumine du bouillon. Le tableau [I
montre que cette désintégration se produit et que l'alcalinité aug-
mente proportionnellement au développement de celle-là.
Tableau I.
Azote aminé libéré en c.e. n/[0
Jours PH NaOH p. 10 c.c. de bouillon
Ce] 752 h,6 c.c.
2 TL2 4,6 c.c.
l ver s l,7 C.C.
6 27 HPACACe
ô ô HESLC-C:
10 8,2 6.5 c.c.
12 8,9 6,6 c.c.
10 8,2 6,7 c-c.
20 8,2 6,8 c.c.
Il ressort de cette expérience qu'un dédoublement de lalbu-
nine se produit dans les cultures diphtériques, en même temps
que Pa subit une augmentation. Mais, à quoi tient ce dédouble-
ment ? ; |
Une culture en bouillon filtrée n’exerce aucune action protéo-
lytique manifeste sur la gélatine, ni sur la peptone. Les Bacilles
diphtériques ne renferment done pas d’enzymes extracellulaires
comme certaines autres Bactéries. Mais, existe-t-il des enzymes
intracellulaires ? Des Bacilles diphtériques broyés et autolysés
ne liquéfient la gélatine que faiblement. Par contre, ils dédou-
blent très facilement la peptone à loptimum du P#x, un peu au-
dessus du point neutre. Ces Bacilles renferment, par conséquent,
des enzymes de caractère tryptique. Quand, dans les cultures, la
réaction atteint un certain degré d’alcalinité, ne conviendrait-il
pas de rechercher dans cette condition la cause de destruction
de la toxine ? Nos expériences confirment cette hypothèse.
La trypsine pancréatique, on le sait, détruit très vite la toxine
diphtérique.
Tableau IT.
Toxine 186 Pa Azole aminé libre Dose min. mortelle
LONDeEUTES 070 RENNES A SO HABICLC: 0,004 C.c.
+0,00 gr. de trypsine par c.c., :
16 heures, à 37° ......... RUES 10,2 C.C. 5 0.020 C.C.
Le Bacille diphtérique renferme des substances destructives,
exerçant la même action que la trypsine pancréatique. Nous
avons additionné la toxine de Bacilles diphtériques bien broyés
et conservés sous couche de toluol ou de chloroforme. Après un
laps de temps déterminé, nous avons éprouvé la toxine sur le
Cobaye, Nous résumons ici une observation, à titre d'exemple :
3 «
(37) SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1179
Tableau IIT.
20 c.c. de toxine 186 ont été additionnés de Bacilles diphtéri-
ques broyés. Ce mélange a été conservé, pendant 36 heures, à la
température de 37°, après quoi il a été filtré. A titre de témoins,
nous avons inoculé deux Cobayes (n°* 5 et 6) avec la toxine 186,
conservée pendant 36 heures à 37°.
Animaux Pa Dose inoculée Résullals
1 7,0 O,001 C.C.
> » 0,002 C.C. Survie au delà de 10 jours.
3 » 0,003 C.c.
À » 0,004 C.c.
5 8,2 O,001 C.C. Mort en 72 heures.
6 » 0,002 C.C. Mort en 36 heures.
- Ainsi, dans l'expérience ci-dessus, un affaiblissement manifeste
de la toxicité s’est produit en peu de temps.
Conclusions : 1° le Bacille diphtérique renferme des substances
protéolytiques, à caractère tryptique ; 2° la trypsine pancréati-
que détruit rapidement la toxine diphtérique ; 3° les Bacilles au-
tolysés exercent une action destructrice sur la toxine.
_ Dans ces conditions, n’est-on pas autorisé à supposer que la
destruction, qui se produit dans la culture diphtérique, est due
à l’action protéolytique du Bacille diphtérique ?
(Laboraloire bactériologique de l'Etat, Stockholm).
NOUVELLES 1NVESTIGATIONS SUR LA PRÉTENDUE RELATION
ENTRE LE VIRUS ENCÉPHALITIQUE EF-LE VIRUS HERPÉTIQUE,
par OC Kie, A: Davine et F, LiLJENQUIST.
Dans plusieurs notes présentées à la Société de biologie (r),
nous avons aitiré l'attention sur les différences importantes qui,
à plusieurs égards, existent entre le virus encéphalitique, isolé
par nous en Suède, et le virus herpétique. En dépit de ces diffé-
rences, on pourrait cependant, supposer une certaine parenté
entre les deux germes (2). Pour éclaircir cette question, nous
avons, ces derniers temps, éludié les rapports de ces deux ger-
mes, au point de vue de l’immunité.
@) C. R. de la Soc. de biol., x922, t. LXXXVII, pp. 77, 79, 486 et 7x.
(2) Levaditi et Nicolau, qui, de même que Doerr et ses collaborateurs, insis-
tent sur l'identité du virus encéphalitique et du virus herpétique (C. R. de la
Soc. de biol., 1922, t. LXXXVIT, p. 496), viennent de faire une supposition ana-
logue, quant à nos deux germes. En ce qui concerne les autres assertions
émises à ce sujet, nous y reviendrons en temps opportun.
1180 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (38)
L'encéphalite épidémique expérimentale, nous l'avons déjà
remarqué, évolue, en général, chez le Lapin comme une infec-
tion latente ; en effet, si on tue l’animal au bout de 3-4-5 mois
après l’inoculation, le cerveau offre des altérations encéphaliti-
ques typiques. :
D'abord, nous nous sommes demandé si de pareils animaux
d'expérience sont réfractaires au virus herpétique ou non. Pour
répondre à cette question, nous avons choisi 3 Lapins, n°° 584,
537 et 499, qui, 6 1/2-7 mois plus tôt, avaient été inoculés, par
la voie cérébrale, avec du virus encéphalitique de passage, d’ori-
gine différente, et un autre Lapin, n° 629, qui, 4 mois 1/2 aupa-
ravant, avait guéri d'une kératite herpétique expérimentale. Un
animal neuf, n° 709, servait de témoin. À ces 5 animaux, nous
avons inoculé, par voies cérébrale et cornéenne, du virus herpé-
tique (souche S). Le résultat de l'expérience ressort du tableau I.
Tableau I.
Epreuve d'immu-
Lapin Infection avec nilé au bout de Symplômes Résullats Lésions cérchrales -
584 virusencépha- 6 1/3 mois kérato-con).; mort encéphalitiques
litique H. d’o- convulsions 3 jours 1/2 épid., herpé-
rigine céré- typiques. après tiques.
- brale
537 virusencépha- 61/2 — kérato-conj.; mork encéphalitiques
litique L. d’o- convulsions 3 jours 1/2 épid., herpé-
rigine naso- typiques après tiques
pharyngée
h9g virus encépha- 7 — kérato-conj.; mort encéphalitiques
litique H. d’o- convulsions 3 jours 1/2 épid., herpé-
rigine intest. typiques après tiques
629 virusherpé- 41/2 — Co) survie
tique
799 témoin — kérato-conj. ; mort herpétiques
convulsions 3 jours
typiques après
L'immunité, on le voit, n’a pu ètre constatée chez aucun des
3 Lapins, infectés antérieurement avec le virus encéphalitique.
L'animal, par contre, qui avait eu une kératite herpétique, se
montrait absolument réfractaire, les symptômes cornéens et céré-
braux faisant également défaut.
Mais, objectera-t-on, l'infection encéphalitique ne s’est peut-
être pas développée, malgré l’inoculation de 3 animaux d’expé-
rience. Or, cette objection ne tient pas, car, en se multipliant,
le virus a provoqué des lésions typiques du cerveau. Voici com-
ent nous avons pu constater ce fait : l’encéphalite épidémique
expérimentale chez le Lapin est caractérisée non seulement par
la périvasculite, mais aussi par des foyers chroniques, d’aspect
typique quoique non spécifique. Ces foyers montrent souvent un
noyau nécrotique entouré de cellules qui, épithélioïdes au centre,
(30) Eee SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1181
EEE
présentent à la périphérie les caractères des lymphocytes (voir
microph. Î). :
Microphotographie r.
_ On ne constate jamais de formations de ce genre dans l’encé-
phalite herpétique aiguë. Par contre, les 3 Lapins en question
présentaient tous ces lésions. On peut donc conclure que le virus
encéphalitique a exercé son action pathogène sur ces animaux.
Malgré cette circonstance et bien qu’un laps de temps de 6 1/2-7
mois se fût écoulé après l'inoculation, ces Lapins succombèrent
au virus herpétique aussi rapidement qu'un animal neuf. Il est
évident que l'infection herpétique les avait tués, car, en dehors
des altérations encéphalitiques, ils présentaient des lésions her-
pétiques typiques (encéphalite parenchymateuse dans la « zone
élective », leucocytes polynucléaires dans les méninges). On
pouvait, en outre, constater la présence du virus herpétique dans
— la substance cérébrale, en inoculant celle-ci à des animaux neufs,
“ qui présentaient les symptômes, la marche et les lésions carac-
- téristiques de l'infection herpétique.
On dira peut-être que les animaux, objets de la discussion,
avaient possédé un certain degré d’immunité, insuffisant toute-
fois pour résister à l’inoculation cornéenne et à l’inoculation céré-
| brale d’un virus herpétique aussi virulent que celui qui a été
_ employé. En réalité, cette supposition est inacceptable. Voici
pourquoi : nous avons fait une autre expérience, dans laquélle
1182 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUËDE (40)
nous n'avons introduit le virus herpétique que dans la cornée.
Comme le montre le tableau IT, le résultat de cette expérience
fut le même que précédemment : pas d'immunité chez l'animal
infecté antérieurement avec le virus encéphalitique ; immunité
totale, par contre, chez le Lapin dont, 6 mois 1/3 auparavant,
la cornée avait été le siège d'une inflammation herpétique.
Tableau IT,
Epreuve d'immu-
Lapin nfeclion avec nité au bout de Symplômes RéGsullats Lésions cérébrales
55o virusencépha- 61/2mois kérato-conj.; Mort au encéphalitiques
litique B. d’o- convulsions bout de épid. herpé-
rigine céré- typiques 16 jours tiques
brale
548 virus herpé- 61/3 — () SUEVTÉ —
tique :
710 témoin — kérato-conÿ. ; Mort au herpétiques
convulsions bout de :
typiques 12 jours
Pour atténuer encore la valeur de l’objection éventuelle que
les altérations cérébrales chez les Lapins, n° 584, 537 et 499 de
la première expérience et n° 550 de la deuxième, n'ont été pro-
voquées que par le virus herpétique, nous avons effectué une
troisième expérience (voir tableau IT), où nous avons fait usage
d'un autre virus herpétique (souche M.), possédant un pouvoir
kératogène prononcé, sans toutefois présenter les propriétés for-
tement neurotropes de l’autre (souche herpétique S). Ici, il est
donc hors de doute que les lésions ont été engendrées par l’infec-
tion encéphalitique antérieure. Néanmoins, la cornée des 2 ani-
maux était aussi sensible au virus herpétique que celle d’un La-
pin neuf.
Tableau IIT.
Inoculation avec le virus herpétique M. par voie cornéenne.
Epreuve d'immu-
Lapin Infection avec nité au bout de Symplômes Mort au bout de Lésions cérébrales
375 virusencépha- 4 mois kérato-conj. ; 5 jours encéphalitiques
litique H. d’o- épid.
rigine céré-
brale
371 virusencépha- 41/2 — kérato-conÿ.; -5 — encéphalitiques
litique H. d’o- épid.
ricgine intest.
790 témoin — kérato-conj. ; 5 —
Conclusions. L’encéphalite provoquée par notre virus encépha-
litique ne crée pas d’immunité contre l'infection herpétique. Le
Lapin, guéri d’une kératite herpétique, résiste à la réinocula-
tion cornéenne avec le virus herpétique aussi bien qu'à l'infec--
(41) SÉANCE DU 20 NOVEMBRE 1183
RE RENE RGO
tion par la voie cérébrale. Il ne semble donc pas exister de pa-
renté entre notre virus encéphalitique et le virus herpétique (r).
(Laboraloire de baclériologie de l'Etat, Stockholm),
SUR L'EXISTENCE DE DEUX FERMENTS AMYLOLYTIQUES
DANS LA DIASTASE DU MAL,
par Er Onrsson,
Lorsqu'on examine l’hydrolyse de l’amidon sous l'action de
la‘ diastase, on peut observer le progrès de la réaction de deux
manières différentes. On peut, d'une part, examiner comment
se modifient, au cours de l’hydrolyse, les rapports de l’amidon
et de l’iode. Au début, on obtient une couleur bleue avec l’iode,
mais, au bout d'un certain temps, cette couleur devient violette.
Dans ce cas, le produit de l’hydrolyse de l’amidon est composé
par de la dextrine et de la maltose. On peut aussi examiner com-
ment se modifie le pouvoir réducteur de la solution, en mesu-
rant la quantité de sucre formée. On a pensé que la formation de
ces deux produits d'hydrolyse, dextrine et maltose, tient à la pré:
sence de deux ferments différents. L'un de ces ferments, l’amy-
lase formant la dextrine (ou dextrinogénase), hydrolyse l’amidon
en dextrine sans former du sucre. L'autre ferment, l’amylase
formant du sucre (ou saccharogénase), hydrolyse l’amidon ou
la dextrine, en formant de la maltose.
On peut provoquer la séparation de la diastase en ces deux fer-
ments de la manière suivante : à un extrait de malt on ajoute des
quantités variables d'acide chlorhydrique ou de solution de
soude. On obtient ainsi une série de solutions de concentration
différente en ions hydrogène. Si on conserve ces solutions à une
température d'environ 5°, le ferment est à peu près détruit, mais
la vitesse avec laquelle s'opère cette destructoin dépend essentiel-
lement du degré de concentration des ions hydrogène. Dans de
certaines limites, la stabilité est la plus grande, maïs quand la
concentration va en croissant ou en décroissant, la destruction
se fait plus vite. Cependant, les limites de stabilité ne sont pas
les mêmes pour les deux ferments. À une concentration de
Px — 4 environ, la dextrinogènase est détruite beaucoup plus
vite que la saccharogènase. On peut mener l’expérience de telle
(1) Pour nous prononcer définitivement sur ce point, il faudra examiner «si
une infection herpétique antérieure produit l’immunité contre le virus encé-
phalitique. Nous sommes en train de faire des recherches sur ce sujet,
1184 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (42).
—— ————
manière que la dextrinogénase se trouve pratiquement détruite,
tandis ‘que la saccharogènase reste presque sans modifications.
De cette manière, on a une préparation de saccharogènase ex-
trêmement active et qui, pratiquement, est exempte de dextri-
nogènase. : =
Dans une réaction alcaline, PH — 10 environ, la situation est
renversée. La saccharogènase est détruite plus vite que la dextri-
nogènase, mais, dans ce cas, la différence n'est plus aussi mar-
quée. Pour obtenir une préparation de dextrinogènase extrème-
ment active, et pure de saccharogènase, il est pré-
férable d'employer une méthode fondée sur les expériences de
Bourquelot relativement à la stabilité de la diastase aux tempé-
ralures élevées. Un extrait de malt, où Px est à peu près égal à 6,
est porté à la température de 70°, pendant environ 20 minutes.
La saccharogènase est ainsi détruite presque complètement,
tandis que la dextrinogènase n'est détruite que d’une manière
relativement insignifiante.
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contiennent qu'une quantité infinitésimale d'acide cacodylique et ne
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; 0 és : des Séances
DE LA
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les réunions de Bordeaux, Marseille, Nancy, Petrograd,
le, Barcelone, Strasbourg, Lyon, Buenos-Aires, Lisbonne,
ènes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
noise, de Suède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
PUBLIÉS LE VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
Séance du 9 décembre 1922
PARIS.
MASSON ET Ci, ÉDITEURS
LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
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comptes rendus paraissent chaque semaine sauf pendant les vacances de la Société.
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France : 50 îr. — Etranger : 60 fr.
Prix pu NuMÉRO : 53 FRANCS
Les abonnements sont reçrs por MM. MASSON et Ci Editeurs
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CENTENAIRE DE PASTEUR
“La séance du 23 décembre sera tenue en commémoration de Pas ;
teur. — Allocution de M. Ch. Richet. — Lecture d’un manuscrit inédhe 5
de Pasteur.
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VACANCES DE LA SOCIETE .
La Société vaquera les 30 décembre 1922 et 6 janvier 1993: elle
Te prendra le cours régulier de ses séances le 13 Janvier 1923.
Toutes les notes doivent être remises
sous forme de dactylographies, ne
varietur, sans den ; douteuses ;
elles ne doivent pas dépasser l'étendue
réglementaire.
_ Ces conditions sont formelles.
- SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÈTÉ
7, rue de l'Ecole de Médecine
M. A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que le
samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications et 4
lettres au Secrétaire général, à l’Enstitut Pasteur, Paris (15°).
Cotisations et Versements
Les cotisations et versements de toute nature peuvent ce versés 4
directement au compte du trésorier : D'J. JDE, 96, av. de Breteuil, ‘2
Paris (7°), compte postal 44-58.
Shi fu
Pour la Publicité, s'adresser à la Société Mutuelle de Publicité,
14, rue Rougemont, Paris, 9° — Téléph. Central 71-57
Le
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 9
DECEMBRE 1922
SOMMAIRE
Carpor (H.): Réaction du cœur
isolé de l’Escargot à une aug-
mentation du taux du potassium.
DorzencourTt (H.) et LEMAIRE
(H.): Lésions glandulaires gas-
triques dans l’intoxication expé-
rimentale par la pilocarpine et
l’atropine-pilocarpine
FourneAu(E.) et Navarro-Man-
TIN (A.): Traitement des trypa-
nosomiases expérimentales par
les acides oxyaminophényl-arsi-
TITRES a DNS Rae re
Izquierno (J.-J): Réalité de
l’hyperglobulie des hautes alti-
ROUES ES RARES RE RER
RETTERER (En. et VORONOrF
(S.): De l’involution sénile de la
muqueuse utérine.............
SoKoLoFF (B.): Mitochondries
de la cellule maligne..........
SokoLorr (B.) : Relations entre
le noyau et le cytoplasme dans
la cellule maligne... ..........
Trias (A.) et DorcEencourr
(H-) : Conditions optima d’ab-
sorption de l’adrénaline par voie
ES DVE Se een eu ne. . 1189
Réunion Done de Nancy.
A8EL (E.) : Remarques à propos
de quelques expériences d’avita-
1193
1186
ee.
1197
1195
I1QT
1200
1213
Coerix (R. ): Sur la fonte holo-
crine des cellules repasse
chez L'Homme :.:..5.,......
Biorocre. ComPrss RENDUS. — 19
1202
Ga (E.): Sur les plantules
carencées issues de graines de
Grand-Soleil. chauffées de 100 à
NO A D D LRO la EP RE NA
LIENHART (R.) : Présence de
l’Orthoptère Gampsocleis glabra
Herbst, aux environs de Fontai-
nebleau ; répartition de l'espèce
CNNBRANCE ee nan
Murtez (M.) : Les stries olfac-
tives chez les Mammifères......
Parisot (J.) et Hermann (H.):
Action de la décompression lente
du pneumothorax expérimental
prolongé sur la nutrition géné-
rale, la ventilation et les échanges
pulmonaires DAT CA Su En
PERRIN (M.) et Hanns (A.) : Mé-
thode pratique d'appréciation du
début macroscopique de la coa-
gulation du sang......,..,.... 121:
1208
Réunion danoise de biologie
EGE (R.): Une modification de
la méthode de Fuld pour la dé-
termination de la pepsine...... Lo DS
HenriQues (0.-M.) : Sur la dé-
terminalion de la concentration
en ions hydrogène dans des mi-
lieux de culture gélosés........ 1220
Krocn (M.): Sur l'application,
en clinique, de la détermination
des échanges gazeux de l'Homme. 1222
WazBum (L.-E.): Sur la pro-
duction de la toxine diphtérique. 1224
22... LXXXVII. 3
T186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
TR"
Réunion roumaine de biologie. LIMNES CA ere 2 ue CL EE 1257
De Necker (J.): De l’adsorp-
tion du principe bactériophage
par leSICOlOideS PP PEAR 1247
Dusrinx (A.-P.) : Les phéno-
mènes d’accoutumance, de ciné-
phylaxie et d’épuisement dans
l’allure des ondes de cinèses obte-
nues par injections répétées de
protéines étrangères... ,..,..... 1235
Gepogzsr (L.) et Lréceors (E.):
Note sur le Sfreptocara pectini-
Tera NeUMANR) PMR RER 1237,
Le Fèvre DE Arnic (M.) : Sur
la symptomatologie générale de
Bazzir (L.) : Contribution à
l’étude de la pression artérielle
pendant [a digestion........... 1239
Nrrzuresco (V.) : Contribution
à l'étude des anomalies des Ces- -
todes. L’inversion des organes
génitaux chez le Tænia saginata
SEULE 1-8 PRE PRE Te A à 10
- Paruon (C.-I.) et Parmon (Mme
€.) : Sur l’involution estivale des
caractères sexuels secondaires du
plumage chez le Canard mâle et
sur les modifications parallèles
du testicule chez le même animal. M : FE F
FE encéphalite herpétique........ 1259
Réunion de la Société belge Müzzer (L.) : Un nouveau pro-
de biologie. cédé de différenciation des mi-
ApPELMANS (R.) : Le rôle de la crobes des types coli el typhosus. 1251
glande thyroïde dans le phéno- noue ae . ue.
mène de l’anaphylaxie......... 1242 on (a) 8 Le Fe EE 2 53
Borssevain (C.-H.): Agglutina- er ul “ nes ‘sujet de 12 fe
son CURE a fes nes constitution du Bactériophage... 1244
chargés d'anticorps normaux... 1255 :
BOSSER MC AD eee .WiNIWARTER (H. DE): Histolo-
ports entre 16 A du Se CURE Met lors
Tee humain -.,.. AR RE Gino da € 2 TOO
sérum, neuf et les immunagolu—
Présidence de M. Ch. Richet.
LÉSIONS GLANDULAIRES GASTRIQUES
DANS L'INTOXICATION EXPÉRIMENTALE
PAR LA PILOCARPINE ET L'ATROPINE-PILOCARPINE,
par H. DorcencourrT et H. LEMAIRE.
L'étude des modifications histologiques liées à l’action des al-
caloïdes, poursuivie conjointement avec l'étude physiologique,
devrait souvent permettre de déterminer de façon plus précise
le mode d'action de ces substances. Nous avons étudié les modi-
fications cellulaires des glandes de l'estomac déterminées par la
pilocarpine injectée seule, ou lorsque l'action d'hypersécrétion
de la pilocarpine à été supprimée par une injection préalable
d’atropine. se NAS
Pilocarpine. Yapin, 2,850 kgr. Injection intraveineuse : ni-
rate de pilocarpine, 0,07 gr. Symptomatologie habituelle. Sa-
crificé de l’animal, 1,45’ après l'injection. Etude de la muqueuse
gastrique. Technique histologique : 1° technique de Kopseh
SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1187
(9)
(mitochondries et dégénérescence graisseuse); 2° mucicarmin
de Masson ; 3° hématéine au fer de Heidenhain.
A. Grande courbure : a) Epithélium de revêtement desquamé.
Calices abrasés au niveau de leur fond, Rares éléments épithé-
Baux persistants ne contenant pas de mucus et réduits de vo-
lume. Tissu conjonctif très net, gonflé, sans congestion, ni
inflammation. b) Collet des glandes : membrane basale intacte,
cellules bordantes seules, ou à peu près, persistent. Cellules prin-
cipales ont presque toutes disparu ; celles qui restent sont en
plasmolyse avec nucléolyse, protoplasma altéré.; pas de réaction
du mucus. Réduction de volume des cellules bordantes, granu-
lations graissenses abondantes envahissant toute la cellule, mas-
quant le noyau également altéré, aucune mitochondrie. Tissu
conjonctif interglandulaire très apparent, sans congestion, ni in-
filtration. ec) Fond des glandes : cellules principales volumineu-
ses, tassées, comblant toute la lumière glandulaire, à protoplasma
spongieux, bourré de fines granulations ne prenant pas l'acide
osmique. Protoplasma et granulations ne se colorent pas par les
réactifs de la mucine. Noyaux gonflés, pas de nucléolyse. Cel-
lules bordantes légèrement réduites de volume, bourrées de gra-
nulations prennent fortement DES osmique, en dégénéres-
cence graisseuse.
B. Région pylorique. Altérations très discrètes. Simple réduc-
tion de volume des glandes et de l’épithélium, espaces interglan-
dulaires plus apparents. Région des calices a perdu son carac-
tère arborescent. Orifices glandulaires séparés par d’épaisses
travées.
Afin de différencier, parmi les lésions observées, celles liées à
l’hypersécrétion düe à la pilocarpine, des lésions par action di-
recte du toxique, les mêmes examens sont effectués sur des ani-
maux préalablement atropinés, les modifications cellulaires sus-
ceptibles d'être déterminées par l’atropine seule ont été préala-
blement étudiées.
Atropine. Lapin, 2,500 kgr. Injection intraveineuse. Sulfate
d’atropine, 0,01 gr. Sacrifice 45° après l'injection. Mêmes techni-
ques.
Grande courbure : cellules principales intactes. Dégénéres-
cence des cellules bordantes. Epithélium de revêtement desqua-
mé ; hyperplasie apparente du tissu conjonctif.
Région pylorique : intacte.
Atropine-pilocarpine. Lapin, 2,600 kgr. 1° Injection intravei-
neuse, sulfate d’atropine, o,o1 gr. 2° ro’ après, injection intra-
veineuse, nitrate de pilocarpine, 0,052 gr. Absence de symptô-
mes Loxiques Pas de salivation. Sacrifice 45° après l'injection.
Mèêmes techniques.
1188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE -
Grande courbure : aspect général normal. Cellules bordantes
normales, Conservation des mitochondries. Cellules ne
normales. Couche mucipare normale.
Région pylorique : normale.
En résumé, la pilocarpine à doses relativement faibles déter-
mine rapidement des lésions glandulaires : a) dégénérescence:
oraisseuse très accentuée des cellules bordantes ; b) plasmolyse:
des cellules principales succédant à une hyperplasie initiale ;
) fonte et abrasement de l'épithélium de revêtement et des élé-
ments mucipares.
La pilocarpine semble donc exercer deux actions différentes
1° une action toxique provoquant une dégénérescence grais-
seuse rapide de la cellule bordante avec disparition des mito-
chondries ; 2° une action d’excitation excessive sur les cellules:
principales avec hyperplasie, puis fonte cellulaire réalisant ce
fait très particulier de transformer, en quelque sorte, une glande:
à fonctionnement normalement mécrorine en glande de type
holocrine.
L'étude de l’action antagoniste de l’atropine montre que tou-
tes les lésions observées relèvent de l’action élective que la pilo-
carpine exerce sur la substance unissante, reliant les extrémités
nerveuses aux éléments anatomiques, et pour aucune des lé
sions, d’une action cellulaire directe.
3/10 de mmgr.
SÉANCE DU Ÿ DÉCEMBRE 41189
CONDITIONS OPTIMA D'ABSORPTION DE L'ADRÉNALINE
PAR VOIE DIGESTIVE,
par ALFroNxs Trias et H. DorLENCOURT.
Nous avons démontré (1), que, contrairement à l'opinion sou-
vent admise, l’adrénaline est absorbée par voie digestive. Si
par cette voie l'adrénaline ne peut, quelle que soit la dose, dé-
terminer de modifications de la pression artérielle, par contre,
elle provoque, comme par voie d'injection, ainsi que nous
l'avons prouvé, une hyperglycémie transitoire, preuve de sa pé-
nétration dans l’économie. En raison de la valeur thérapeutique
de cette substance nous nous sommes proposé de déterminer
l'ensemble des conditions à réaliser pour favoriser au maximum
son absorption digestive et effectuer l’action thérapeutique la
plus efficace. Les variations de la glycémie ont servi de critère,
la preuve étant faite que l'hyperglycémie est sensiblement pro-
portionnelle à la quantité d'adrénaline introduite dans l’orga-
nisme. L'action vasoconstrictive exercée par l’adrénaline pou-
vant créer un obstacle à l'absorption, le titre de la dilution au-
quel elle devra être ingérée paraît des plus importants à déter-
miner. Les élévations du taux glycémique, déterminées chez le
Chien par une même dose d’adrénaline donnée à des dilutions
différentes dans l’eau distillée, varient ainsi qu'il suit
Délai d'apparition
Quantité d'adrénaline Quantité d'eau de Augmentalion maxima du maxima hyper-
ingérée dissolution de l'hyperglvcémie glycémique
DARK ON Een ere 200 61€ = 0,35 gr. 30!
» SO 100 C.C 0,6 gr. 30!
» ES DEC 5o c.c 0,67 gr. 30"
SEAT PE PAR ERA 30 c.c 6,79 gr. 30"
D le SR TUR OP 20 C.C 0,82 gr. TDR
Det RSR ARE TOC GC 1,59 gr. Go”
L'hyperglycémie est donc d'autant plus élevée que la solution
est plus concentrée : pour une concentration 20 fois plus forte,
le taux de l'hyperglycémie est 5 fois plus élevé. Fait assez im-
prévu, car il était légitime de supposer que l’augmentation de
la concentration exagérerait le pouvoir vasoconstricteur local
et entraverait d'autant l'absorption. La concentration favorise,
au contraire, cette dernière (2). Par contre, le délai entre le mo-
(1) H. Dorlencourt, A. Trias et A: Paychère. C. R. de la Soc. de biol.,
t. LXXXVI, pp. 1129 et 1078.
(2) Faits expérimentaux légitimant la pratique indiquée par A. Netter, à
l’occasion de l’une de nos communications antérieures, faites devant cette
société, le 27 mai 1922.
4190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ment de l’ingestion et celui où est réalisé le maxima hypergly-
cémique se trouve très augmenté pour les solutions de concen-
tration élevée. L’absorption des solutions concentrées s'effectue
donc plus complètement, mais aussi plus lentement.
L'étude comparative de l’absorption de l’adrénaline donnée à
ingérer, en solution dans l’eau distillée, dans le sérum physio-
logique ou dans le liquide de Ringer, montre que l'absorption
de l’adrénaline ingérée en solution isotonique est beaucoup plus
active qu’en solution dans l’eau distillée ; en plus, ces recher-
ches ont démontré que la composition du liquide isotonique
utilisé influe grandement aussi sur l'intensité de labsorption.
Les rapports qui mesurent les grandeurs comparatives de ces
phénomènes sont exprimés par les chiffres suivants
Ingestion 3/10 rmgr. d’adrénaline par kgr. en solution dans :
20 €.c. eau dist. : Maximum hyperglycémique ...... 062 ar ten he ra
20 c.c. sérum physiol. à 7,5 0/00 : Maximum hyperglyc. 0,93 gr. en . 30”
20 c.c. lig. Ringer : Maximum hyperglyeémique ...... 1,46 gr. en 5
L'isotonisation de la solution d’adrénaline favorise donc son
absorption (1). Lorsque la solution est effectuée avec du liquide
de Finger, l’absorption subit un accroissement considérable,
l'hyperglycémie est doublée par rapport à celle qu’une même
dose d’adrénaline détermine en solution dans l’eau distillée.
D'autre part, la maxima hyperglycémique survient dans un
délai beaucoup plus court.
Ces recherches comportent quelques conclusions d’ordre thé-
rapeutique : la médication adrénalinique par voie digestive est
légitime, cette substance étant absorbable. L’absorption est dé-
montrée par la glycémie adrénalinique qui suit l’ingestion. Il y
a lieu pour réaliser une absorption maxima de faire prendre le
médicament à jeun, à doses relativement élevées, 5-10 fois les
doses d'injection (2), en solution très concentrée (au maximum
10 c.c. de solvant), en solution isotonique dans le liquide de
Ringer ou, à défaut, dans le sérum physiologique.
(Laboratoire de la chaire d'hygiène et de clinique
de la première enfance).
(x) Les solutions isotoniques passent plus rapidement de l'estomac dans
l'intestin que les solutions non isotoniques (P' Carnot).
(2) La toxicité de l’adrénaline peut être considérée par cette voie comme nulle
(Lesné et Dreyfus).
Lai
SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE AL9L
DE L'INVOLUTION SÉNILE DE LA MUQUEUSE UTÉRINE.
par En. RETTERER et $S. Voronorr.
Dans nos recherches expérimentales sur les organes génitaux,
nous avons rencontré quelques Chiennes très âgées ; nous avons
profité de l’occasion pour étudier l'utérus sénile et, en poire
lier, la muqueuse utérine.
On a fait un certain nombre d'études sur l'utérus des Femmes
âgées, mais nous n'avons pas connaissance qu'on ait examiné, à
cet égard, le même organe sur d’autres Mammifères.
On décrit l'involution sénile de l’utérus de façons diverses :
quelques-uns ont trouvé la muqueuse plus molle, plus lâche;
la plupart admettent sa transformation fibreuse : les cellules du
stroma ou fibroblastes proliféreraient et produiraient une trame
plus dense qui comprimerait les glandes utérines. À la suite
de cette constriction, l’épithélium se rapetisserait et dégénére-
rait pour finir par disparaître par atrophie. Il ne resterait dans
le stroma que quelques dilatations glandulaires simulant des
kystes.
Exposé des faits. Sur les Chiennes vieilles, le processus de
l'involution est autre. Pour le comprendre, il faut se rappeler
la structure de la muqueuse utérine des Chiennes jeunes adul-
tes. Sur celles-ci, la muqueuse des cornes utérines est épaissé
de 1,2 mm. à 1,6 mm. Il y existe des glandes longues, dont le
fond atteint la tunique musculaire, et des glandes courtes, où
cryptes, qui n'occupent que là portion superficielle de la mu-
queuse. Le diamètre des glandes est de 15 à 0 u, vers le fond
de la muqueuse, et de 25 à 35 u du côté superficiel. Quant au
derme (tunique propre ou stroma de la muqueuse), il forme un
tout unique, mais dont la structure est quelque peu différenté
de la surface vers la profondeur.
L'épithélium superficiel, privé de cils vibratiles, repose sur
une très mince couche des cellules à grand axe parallèle à la
surface de la muqueuse, En dessous, et sans transition, se trou-
vent des couches d'autant moins riches en éléments cellulaires
qu'elles s’éloignent davantage de la surface. Les noyaux arron-
dis ou ovalaires, de 5 à 7 u, sont séparés les uns des autres par
une masse protoplasmique (syneytium) dont l'étendue est égale
ou supérieure à celle des noyaux. Ce synecytium est réticulé sans
trace des fibres collagènes. Les fibres conjonctives ou collagènes
n'apparaissent que dans la couche la plus profonde du stromä,
à la jonction de celui-ci avec le tissu interstitiel de la muscula-
ture.
1192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PE QU
La muqueuse utérine des vieilles Chiennes a une épaisseur qui
varie entre 0,4 mm. et o,; mm. Les glandes y sont réparties de
facon uniforme pour ce qui concerne les portions épaisses ; mais
elles font à peu près défaut dans les portions minces. Dans les
premières, leur diamètre est de 0,05 mm. à 0,07: mm. Les unes,
surtout vers leur extrémité profonde, sont entourées d'une mem-
brane propre de 2 à 3 u, constituée par des noyaux aplatis à
grand axe perpendiculaire au tube glandulaire et séparés par un
protoplasma homogène. En dedans de la membrane propre se
trouve une assise des cellules cubiques, hautes de 6 à 7 u seule-
ment et limitant la lumière de la glande. Les autres, et surtout
dans leur portion superficielle, présentent, en dedans de la mem-
brane propre, complètement close, un amas de petites cellules
transformant la glande en un cordon, et sur la coupe, en un no-
dule plein. Get amas cellulaire a une structure réticulée : autour
du noyau existe une mince zone de eytoplasma granuleux et
basophile d'où partent des ramuscules s’anastomosant avec ceux
des cellules voisines. Sur ces nodules pleins, il est impossible de
distinguer le tissu réticulé du nodule d’avec la membrane pro-
pre.
Dans les régions amincies de la muqueuse (0,4 mm.), il
n'existe plus de glandes, au moins dans les couches superficielle
et moyenne du derme qui ont une apparence et une structure
compactes. Mais du côté de la musculature, il persiste quelques
restes glandulaires.
Par l'étude attentive des zones de transition entre les régions.
épaisses et minces, il est relativement facile de constater que
l’amincissement est dû à la transformation des cellules épithé-
liales en tissu réticulé. Dans ce dernier, qui constitue les cou-
ches compactes, les cellules sont et restent petites : les noyaux
de 4 à 5 w ne sont distants les uns des autres que de r ou 2 u,
espace occupé par un fin réticulum granuleux dont les mailles
étroites contiennent fort peu d’hyalo-plasma, avec absence to-
tale de fibrilles collagènes.
Dans l'intervalle des cordens ou nodules, le tissu interstitiel,
primitivement interglandulaire. devient plus dense et montre
quelques fibrilles collagènes. Nous n’en avons pas vu dans les
nodules mêmes, qui sont restés au stade réliculé.
Résultats. Avec les progrès de l’âge, l’épithélium superficiel
et glandulaire devient bas. Petit à petit, les glandes disparais-
sent, à commencer par leur segment superficiel. Mais, loin
d'être due à l’atrophie des cellules épithéliales, cette disparition
des glandes est déterminée par la transformation des cellules
épithéliales en tissu réticulé, tissu persistant qui est dépourvu
de -fibres collagènes. Développement d’un rare protoplasma et
SÉANCE DU Ÿ DÉCEMBRE 1193
a ne ns nu. ee
sa transformation en fibrilles granuleuses et anastomotiques,.
telles sont les causes de l'amincissement de la muqueuse sénile.
À l’époque du rut et de la fixation de l'œuf (r), ou après la
greffe de l'ovaire sur la muqueuse utérine (2), les cellules de la
muqueuse utérine offrent l'évolution inverse : elles s’hypertro-
phient pour former les cellules déciduales.
Dans l’involution sénile, on n'est pas en présence d'une atro-
phie fibreuse ; il s’agit tout simplement d’un moindre dévelop-
pement cellulaire, d’une hypotrophie (amoindrissement de nu-
trition et déviation évolutive).
RÉACTION DU CŒUR ISOLÉ DE L'ESCARGOT A UNE AUGMENTATION
DU TAUX DU POTASSIUM,
par H. CaRpor.
Dans une précédente communication (3), nous avons indiqué
que le ventricule isolé de l'Escargot passant de l’hémolymphe
dans une solution de Ringer hypertonique présente une modi-
fication très caractéristique du rythme.
De nouvelles expériences nous ont montré que ce phénomène
était lié à l'augmentation du taux du potassium dans la solution
qui irrigue le ventricule, plutôt qu'à l'augmentation de la con-
centration moléculaire globale. De plus, il nous a paru que cette
réaction n'était pas sans rapport avec le paradoxe cardiaque mis
en évidence par Libbrecht sur le cœur de la Grenouille et re-
trouvé par Busquet (4) sur le cœur du Lapin.
Nous remarquerons seulement que sur le ventricule de l’'Es-
cargot, les phénomènes que nous allons décrire n'apparaissent
bien nettement qu'avec des solutions plus ou moins hypertoni-
ques. Dans ces cas, toute augmentation du potassium au-dessus
d'un certain taux dans le liquide de perfusion, soit qu’on aug-
mente la concentration globale du liquide, le rapport Na/K res-
tant constant, soit qu'on maintienne la même concentration glo-
bale et qu'on diminue la valeur du rapport Na/K, détermine
une modification très nette de l’activité cardiaque : le ventri-
cule arrive à un régime régulier, à rvthme lent et à contractions
amples. Et le passage du rythme initial à ce rythme lent s’effec-
tue par l’un ou l'autre des processus ci-dessous décrits.
(x) Retterer et Lelièvre. L'Obstétrique, tort.
(2) Retterer et Voronoff. Gynécologie et Obstétrique. t. IT. P- 309, 1921.
13) H. Cardot. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, p. 813, 5 novembre T921.
4) H° Busquet. Loc. cit., t. LXXXVI, p. 1006 ct 1010, 1922.
1194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
1° Quant à un liquide pauvre en potassium ou sans potassium, .
succède un liquide renfermant une notable quantité de ce mé-
tal, les systoles, de deux en deux, diminuent graduellement
d'amplitude jusqu'à leur complète disparition ; et l’amplitude
des systoles intercalaires augmente au contraire peu à peu. Ge
phénomène qui s'observe sur le ventricule isolé, sans reste de
lambeau auriculaire, amène à un rythme d'abord deux fois plus.
lent, puis qui continue à se ralentir de façon graduelle, mais.
sans irrégularités. Parfois cependant, le rythme lent ne s’éta-
blit qu'après une série d’alternances avec le rythme rapide. Plus
rarement, le changement de solution ne parvient pas à modifier:
le rythme, surtout lorsque le ventricule a été soumis antérieu-
rement à des passages répétés d’une solution à l’autre : on peut
alors remarquer, lorsque la solution potassique succède à la s0-
lution sans potassium, qu'il y a seulement une modification de:
l'amplitude et un bloquage fugace d’une systole sur deux.
2° Le deuxième type de réaction vis-à-vis d’un accroissement
du taux du potassium montre la brusque cessation du rythme
rapide initial et, après une pause diastolique plus ou moins lon-
gue, une soudaine reprise de l’activité, selon le mode lent et:
ample.
Cet arrêt momentané nous semble bien devoir être rapproché
du paradoxe signalé sur le cœur des Vertébrés ; il se retrouve-
rait donc chez les Mollusques. Mais nous sommes, de plus, ame-
nés à considérer que cet arrêt paradoxal et le bloquage graduel'
d'une systole sur deux, qui conduisent tous deux au rythme lent
et ample caractérisant les solutions riches en potassium, ne
sont que deux modalités d’un même processus déclanché par
l’augmentation du taux du potassium dans le liquide de perfu-
sion.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine).
LE
SÉANCE DU Ÿ DÉCEMBRE 1195
RÉALITÉ DE L'HYPERGLOBULIE DES HAUTES ALTITUDES,
Note de J.-J. IzQuIERDO, présentée par E. Grey.
L'augmentation du nombre des globules rouges dans les orga-
nismes vivant à de grandes altitudes a été niée par plusieurs
observateurs, exagérée par d’autres et considérée comme appa-
rente seulement par ceux qui ont constaté l’inégale distribution
des hématies dans le sang du cœur et des vaisseaux périphéri-
ques. Je me propose, dans cette note, d'apporter une contribu-
tion à la discussion du problème, en présentant les résultats d’une
série d'observations recueillies sur des animaux acclimatés à
Mexico (2.040 m. d'altitude). j
Tout d'abord, les observateurs ont trouvé, pour l'Homme ha-
bitant la ville de Mexico, des chiffres supérieurs (6.000.000 envi-
ron, c'est-à-dire 20 p. 100 de plus) à ceux trouvés aux basses
altitudes et la relation du volume des hématies au plasma paraît
proportionnellement augmentée puisque dans une série d’obser-
vations j'ai trouvé qu'elle était de 43 p. 100 à 58 p. 100, au lieu
de rester entre 30 p. 100 et 5o p. 100, comme aux basses alti-
tudes. Egale constatation a été faite pour les animaux acclimatés
dans la même ville (tableau n° I).
Nombre d'hématies de quelques espèces animales
acclimatées à la ville de Mexico uemen.
Nombre tation
Nombre d'hématies d'obs- moyenne
Espèces trouvé aux serva- p. 100 à
animales basses altitudes Année Observateurs tions Moyenne Maximum Minimum Mexico
-Cobaye.. 3.800.090 (Viault et k
Jollyet, Arthus).. 1899 Vergara Lope. 7? 6.411.490 9.531.000 4.725.000 10,5
5.700.000 (Cecil Pri-
ce Jones}... 1918 Ocaranza . . ... 27 6.20S.000 7.072.000 5.400.000 70
Rivero Borrel
y Cervera... 13 6.720.000 8.100.000 5.100.000 15,8
1922 Izquierdo..... 20: 6.081.000 7.504.000 4.288.000 5,0
Lapin ..: 6.400.000 (Viault). 4918 Ocaranza..... 32 7.220.000 9.544.000 5.840.000 9,3
6.800.000 (Burton
Opitaher. rase 1922 Izquierdo..... 26 7.517.000 9.472.000 6.344.000 10,8
6.000.000 (P. Jones)
Mouton. 10.300.000 (Burton
Ci) se cote tes 1922 Izquierdo..... 6 10.968.000 12.990.000 9.832.600 6,4
Macçacus : 5 : 0
rhesus.. 4.500.000(P;,Jones) 1922 Jzquierdo ...., 14 6.338.000 7.568.000 5.048.000 11,0
Rat blanc 8.800.600(Chisolm) 1921 Varela y
Vergara 19 9.320.000 9.600.000 7.900.000 9,5
8.180.000 (Rivas).. 1922 Izquierdo..... 20 9.659.000 12.584.000 7.768.000 14,9
Grenouil. 400.000 (Viault). 1922 Izquierdo..... 17 4x5 .000 598.000 364:000 11
404.000 (Müller)
Mais cette constatation étant insuffisante pour résoudre la
question, puisque plusieurs auteurs admettent que l’hyperglobu-
lie, loin d’être réelle, est due à l'accumulation de globules rouges
à la périphérie, j'ai entrepris une série d'observations simulta-
1196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
nées du sang du cœur et des vaisseaux périphériques, dont voici
les résultats
Nombre dinbe ie Nombre de globules rouges par mme.
Espèces animales servations Moyenne aximum Minimum
Lapin.
San il CŒUL Re e-0e 20 7.505.500 8.664.000 6.832 ,000
Sang de la veine margi-.
Made de lorelletenee 20 7.097,000 9.452.000 6.344.000
Cobaye. -
SAN URGENT UE 20 6.013.600 5.384 ,000 4.496 ,000
Sang de l'oreille ...... 20 6.081 ,000 7.504.000 4.28B,000
Macacus rhesus.
SEITEL CUT, GMT pond ace 14 6.338 ,000 7.968.000 . B.048,000
Sang de lorcille ..-::: 14 6.391.000 7.768.000 5.112,000
Rat blanc. de
ane TC EUTI EC CEE 5 #20 9-659,000 12.58/,000 7.768 ,000
Sang. de la queue ...- 20 9.287.000 11.82/.000 7.232.000
On voit clairement que le nombre des hématies dans le sang
du cœur des animaux vivant à Mexico est également augmenté
par rapport aux chiffres des basses altitudes, et que l'hyperglo-
bulie périphérique, tout en restant légèrement supérieure, ne.
présente avec la centrale que des différences bien plus faibles
que celles trouvées par certains auteurs dans des séries d’obser-
vations plus réduites et qu’on doit rapporter plus justement aux
modifications qui suivent les premiers jours de l’arrivée à l’alti-
tude. Les moyennes trouvées pour le cœur et la périphérie ne
diffèrent que de 100.000 hématies.
On peut donc conclure que l’augmentation des globules rou-
ges chez les animaux vivant dans la ville de Mexico (2.240 m.
d'altitude) est réelle puisqu'on peut la constater dans le sang du
cœur de même qu'à la périphérie.
Il faut rappeler le grand intérêt qu'il y à de oies l'existence
d'une augmentation de la masse sanguine chez les sujets accli-
matés aux hautes altitudes pour constater s’il y a seulement aug-
mentation du nombre d'hématies dans l'unité de volume. Mal-
heureusement, nous ne possédons pie de procédé suffisamment
exact pour celte vérification.
(Laboratoire de physiologie, Ecole de er Mexico).
;; 28
SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1197
———————_—_—_—_—_—_—_—…—…— …"…"…" —"—" —…—…—"— ———
TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES EXPÉRIMENTALES
PAR LES. ACIDES OXYAMINOPHÉNYLARSINIQUES,
par E. Fourneau et A. Navarro-Manrin.
Dans une note à la Société de biologie, l'un de nous a donné
les premiers résultats des recherches effectuées dans le labora-
toire de chimiothérapie de l’Institut Pasteur sur quelques acides
_arylarsiniques (1). Grâce à la collaboration de M. et Mme Tré-
fouël qui ont préparé un grand nombre de ces acides (2), les
recherches ont pu être étendues. Il s'agissait avant tout : 1° de
xoir s'il était possible de trouver des dérivés à fonction acide ar-
sinique ne donnant pas de troubles nerveux ; 2° de trouver des
substances encore plus actives sur les tr'panosomiases que le 189
(acide amino-oxyphénylarsinique); 3° d'établir la part qui re-
vient aux modifications d'ordre chimique (soit l'introduction de-
nouvelles fonctions, soit le déplacement des fonctions essentiel-
les) dans le coefficient chimiothérapeutique. Ê
Parmi les dérivés arsenicaux essayés par nous, la plupart ont
déjà été décrits et plusieurs expérimentés sur les animaux.
Comme on le verra, nous ne sommes pas toujours d'accord avec
ceux qui nous ont précédés quant à la valeur thérapeutique des
acides arsenicaux. C'est ainsi, pour nen-citer qu'un exemple,
que l'acide p-oxyphénylarsinique qui, d'après Nierenstein (3),
n'a pas d'action, nous a paru, au contraire assez actif ; dans tous.
les cas, il ne paraît pas, sur les petits animaux, inférieur à
l’atoxyl.
Nous avons tout d'abord expérimenté quelques isomères de:
l'acide p-0xy-m-aminophénylarsinique (189) et de son dérivé
acétylé (190) pour voir l'influence exercée par le changement de
place des fonctions. Il existe q isomères possibles du 189, soit,
en tout, ro acides oxyaminophénylarsiniques.
Jusqu'ici nous en avons essayé 5 (sans compter le 189); tous
sont connus, mais aucun n'a été étudié sous sa forme acide ar-
sinique mais seulement sous celle de ses arsénoïques, les recher-
ches d’Ehrlieh ayant fait systématiquement écarter l'étude des
dérivés de l’arsenic pentavalent. Les isomères du 189 sont : les
acides 3-oxy-2-aminophénylarsinique (218), 3-oxy-4-aminophé-
nylarsinique (248), 3-oxy-6-aminophénylarsinique (242), 2-oxy-
5-aminophénylarsinique (224), 4-oxv-2-aminophénylarsinique
(x) C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, r92r, p. 976. 3
(2) Un travail d'ensemble, comprenant la partie chimique, paraîtra aux
Annales de l’Institut Pasteur.
(3) Ann. trop. med., p. 395, 1909.
1198 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE e
(28). Rappelons que le 189 est le A
que.
En second lieu, prenant le 189 comme point de départ, nous
ÿ avons sous une fonction aminée de façon à obtenir un acide
3-5-diamino-{4-phénolarsinique (227) dont nous avons acétylé
successivement les 2 fonctions aminées [monoacétylé (225), di-
acétylé (226)]. La nouvelle fonction aminée ne pouvait —
d’après l'opinion généralement admise — que renforcer lacti-
vité me mais, comme on le verra, le résultat est plu-
tôt inattendu.
En 3° lieu, nous sommes partis de l'acide phénylarsinique el
nous avons étudié l'influence d'une fonction aminée [acides
ortho- (254); méta- (2/40); p-aminophénylarsinique (atoxyl) |;
2 fonctions aminées [diamino-3-4- (209); diamino-3-6- (244)];
de 3 fonctions aminées {acide 3-/4-5-triaminophénylarsinique .
(210)]; d’une fonction phénolique {[p-oxy- (253)]; de 2 fonctions
phénoliques [acide résorcine arsinique (259)].
Tous ces produits, sauf peut-être le 227 et le 210, ont une
action plus ou moins accentuée sur les nerfs des Souris ; ces
animaux deviennent choréiques (Souris danseuses) quand on
leur injecte des doses suffisantes. Par contre, il semble que l'in-
troduction de certaines fonctions supprime complètement l’ac-
tion sur les nerfs ; c’est le cas, en particulier, pour les dérivés
aminobenzoylés de l'acide 3-amino-{-oxyphénylarsinique (189)
même aux doses toxiques, les Souris injectées ne manifestent
jamais de troubles nerveux.
La 4° série de nos recherches porte sur des corps de ce type,
en particulier les acides p-benzoyluréthane-3-amino-4-oxyphé-
nylarsinique (228), A-aminobenzoyl-3-amino-oxyphénylarsini-
que (229), m-benzoyluréthane-amino-oxyphénylarsinique (231),
m-aminobenzoylamino-oxyphénylarsinique (232).
I. Isomères du 189 (acides oxyaminophénylarsiniques). Les
essais ont été faits sur le nagana (race du laboratoire de M. F.
Mesnil, tuant les Souris en 4 jours). Nous donnerons seulement,
en général, pour chaque produit, la dose maxima tolérée
(D. M. T.) et la dose curative ainsi que le coefficient chimiothé-
rapeutique (C/T).
218. Di. MARIE er ane 2-01 000720:
Dose curative ........ LENO Vo:
CT = :/2,5.
DDASS Ne D MAT ARE ECURIES 0,009 (environ).
Pour dt une action sur les Trypanosomes, il faut in-
jecter des doses presque mortelles ; aïnsi, une Souris ayant reçu
6,005 est morte 3 jours après l'injection sans Trypanosomes. La
dose de 0,002 n’a aucune action. F
mère le 189.
SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 4199
CJT = 1/7,
242. Ge produit est sensiblement plus toxique que son iso-
DNA TERRES 6 0bo; (environ).
À la dose de o,o1o, une Souris naganée est guérie définitive-
ment ; à la dose de 0,005, elle est guérie pendant 4 jours.
C/T = 1/2
218. Isomère du 189 particulièrement intéressant, car il ne
se distingue de ce dérnies que par l’inversion des fonctions, la
fonction aminée se trouve dans la même position que dans
l’atoxyl. Ce produit est moins actif que le 180.
15H LIT RES EMERS Enr e 10020:
À la dose de 0,005, une Souris reste 2 jours sans Trypanoso-
mes ; à la dose de o,o10, une Souris reste 7 jours sans Trypano-
somes. La dose de 0,020 guérit définitivement , mais laisse la
Souris choréique pendant un certain temps. Il faut donc se rap-
procher de la dose tolérée pour observer sans doute une action
définitive. C/T = 1/1,7.
258. TDR ANSE MRC E 0,02 à 0,030.
À 0,003, action nulle ; 0,006, diminution du nombre des
Trypanosomes ; 0,020, guérison, mais rechute après ‘1 jour.
Même à la dose de 0,025 (dose presque toujours mortelle),
n'agit pas. Par contre, il ne semble pas déterminer d'accidents
nerveux.
En résumé, nous avons essayé six acides oxyaminés phényl-
arsiniques (sur 10 isomères possibles). Le plus actif de beaucoup
est le 189 qui possède une fonction phénolique en para au voisi-
nage d’une fonction aminée (en meta). Les acides les a ac-
fs sont le 3-oxy-2-aminophénylarsinique (218) et le 4-oxy-2-
aminophénylarsinique (258).
L'isomère dont la constitution se rapproche le plus de celle
du 189 : l'acide 4-amino-3- ee est à la fois plus
toxique et moins actif que le 189. On constate en définitive une
spécificité remarquable dans l’action de ces dérivés arsenicaux
elle apparaîtra nettement à la fin de ces recherches.
(1) Nous considérons comme dose tolérée celle qui me donne pas d'accidents
nerveux,
1200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
RELATIONS ENTRE LE NOYAU ET LE CYTOPLASME
DANS LA CELLULE MALIGNE,
par Boris SokoLorr.
Une cellule maligne, qu'est-elle biologiquement ?
Est-ce une cellule rajeunie, qui a acquis, par des voies incon-
nues, une vitalité toute particulière ? Est-ce une cellule dont le
Re est vicié, une cellule dans un état de Ses
sion i
7. . que l’hyperirophie et, par conséquent, la transgres-
sion des relations entre le noyau et le cytoplasme, provoque un
abaissement de la vitalité cellulaire a été confirmé par plusieurs
auteurs (Gerassimoff, Galkins, Popoff). Le tableau de la dépres-
sion de la cellule qu'on peut remarquer si souvent chez les Pro-
tozoaires et qui provoque leur mort, a été décrit comme un état
provisoire chez les organismes pluricellulaires das Marcus,
Frischholtz, Reichenov).
La dépression de la cellule est caractérisée Rd
par la modification morphologique du noyau. Celui-ci est hy-
pertrophié, polylobé, vacuolisé et présente un accroissement du
nombre des nucléoles. Cela ne veut pas dire que l'augmentation
de volume du noyau soit toujours le signe de la dépression. Lx
cellule embryonnaire (Beresovski, pour les tissus épithéliaux de
la Souris ; B. Sokoloff pour la Cystobia intestinalis) tout en
ayant un noyau volumineux est néanmoins privé des symptômes
de dépression.
Ainsi, que représente la te cancéreuse au point de vue
des relations entre le noyau et le cytoplasme ? L'étude la plus
superficielle de l'élément des tumeurs malignes nous démontre:
déjà que, dans ces dernières, il existe deux sortes de cellules
les unes montrent un noyau polylobulé, fortement hypertrophié;
de forme souvent modifiée, dans un état de dépression certaine ;
les autres — et ordinairement ce sont elles qui sont en majorité
— ont le noyau d’une forme régulière, peu changé. Les recher-
ches que j'ai faites sur les relations qui existent entre le noyau
et le cytoplasme du tissu cancéreux de l'Homme et de la Souris.
permettent d'avancer un certain nombre d’hypothèses (r).
(x) Voici quelques renseignements sur le matériel et la technique des expé-
riences. Mes recherches ont porté sur l’épithélioma humain et le cancer des.
Souris blanches. Grâce à l’amabilité du Pr Dustin, de Bruxelles, et du PT A.
Prat, de Nice, j'ai disposé de plusieurs préparations de tumeurs, environ de:
cinquante épithéliomas et de dix cancers de la Souris. Le matériel était fixé
Rd de un nb 7 jo 4
Enbad
TEE
SÉANCE DU Ÿ DÉCEMBRE 1201
D LUE Ge M ep © SP ve =
J'ai effectué ainsi dix mesures de cancer des Souris blanches
et j'ai obtenu les chiffres suivants, représentant des surfaces
moyennes en b°. |
Fous dlemmoyau 16,2% 270 :M10,9 120 0) F0,1,; 16,0, 17,21;
DOI 21,2;
Pour la CNTSS MOD CO ATOM MO NO. 2 00, MAO RO):
MS 1101.39 ; 80,9 ;
Coctficient des relations cellule MONA OI IC LU
HOMO 50 O0), 107;
C'est-à-dire que nous . en moyenne, 1/4,3.
Si nous comparons ces chiffres avec les coefficients obtenus
par Beresovski pour une Souris blanche adulte (de 4 à 5 mois
1/6,6-1/6,4) nous constaterons un agrandissement relatif du
noyau de la cellule cancéreuse de 1 fois et demi. En même
temps, nos chiffres se rapprochent beaucoup des chiffres du
. tissu en voie de croissance d’une Souris blanche (dé ro jours
1/4,6). En étudiant les tumeurs de différents âges chez la Sou-
ris, nous obtenons
Pour une tumeur de 8 jours : 1/4,4; de 15 : 1/4,5 ; de 30 :
TA, Le
En passant vers l’épithélioma humain, nous constatons une
srande variation des coefficients qui fixent les rapports entre Île
noyau et la cellule.
Dans quelques épithéliomas (larynx, langue, etc.), ce coeffi-
cient est de 1/3,2-1/3,6, dans toute une série d’autres épithélio-
mas (perlé de la peau, oreille), il est un peu plus élevé, 1/3,9-
1/4,3. Dans une des tumeurs, il était :/4,9. Mais en comparant
avec le coefficient d’une cellule normale humaine (r/8-1/ro0),
nous avons, malgré tout, pour le tissu cancéreux humain, une
plus grande modification du rapport noyau-cellule que pour le
tissu cancéreux des Souris. D’autre part, le rapport qui existe
entre le noyau et le cytoplasme de la cellule embryonnaire hu-
maine (par exemple épithélioma d’un embryon de quatre mois
1/3,8) se rapproche de la cellule cancéreuse.
Résumé. Les recherches sur les tumeurs malignes faites au
point de vue des relations qui existent entre le noyau et le cyto-
plasme permettent de trouver deux types de cellules dans ces
dernières. Les unes présentent une forte modification de ces
relations et se trouvent dans un état de dépression qui paraît
être le résultat de la désagrégation. Les autres, dont le coefficient
est élevé, ne sont pas en état de dépression et se rapprochent
au formol, par le Benda, ou bien par le mélange de Bouin-Hollande, et coloré
par l’hématoxyline ferrique. J’ai étudié, dans chaque tumeur, 100 cellules.
J'ai dû renoncer à mesurer le volume et à appliquer la formule 4/3xr$. J'ai
employé, pour la cellule comme pour le noyau. la formule des surfaces.
Brocoate. CoMPTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVIL. 83
1202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
davantage des éléments du tissu normal embryonnaire. Ce sont
probablement ces dernières qui sont les porteurs de l’activité
vitale des tumeurs malignes. Ainsi, la théorie qui considère les
tumeurs malignes comme le développement du tissu embryon-
naire se confirme par l’analyse cytologique des cellules mali-
gnes (1).
MITOCHONDRIES DE LA CELLULE MALIGNE,
par Boris SoKkoLorr.
J’ai étudié un certain nombre d'’épithéliomas humains et le
cancer de la Souris blanche. Parmi les épithéliomas spino-cellu-
laires, j'ai observé des cancroïdes ulcérants, des muqueuses la-
biales, l’épithélioma du nez, l’épithélioma des glandes. J'ai eu
l’occasion particulière d'étudier le carcinome de la mamelle
chez la Femme (8 cas), les épithéliomas perlés de la peau (5 cas)
et les épithéliomas du larynx (6 cas). J’ai examiné en tout
22 carcinomes humains et 8 cancers de la Souris blanche.
J’ai employé des techniques assez variées : fixation des frag-
ments dans le mélange de formol et de Phone de potasse,
ou par le liquide de Bouin-Hollande, mais, le plus souvent, je
me suis servi de mélange de Mewes. Cette dernière fixation don-
nait les résultats les plus favorables. Les coupes étaient colorées
par l’hématoxyline ferrique. |
J'ai observé dans le cancer humain des mitochondriies de for-
mes diverses : granuleuses, filamenteuses, en bâtonnets, tantôt
sous l'aspect de granulations très fines, tantôt formant parfois
des amas de grosseur très variée.
Les formations mitochondriales des cellulés malignes ont été
soigneusement étudiées par Favre et Cl. Regaud (1911, 1913).
J'ai obtenu des résultats qui, dans leur ensemble, confirment les
conclusions de ces auteurs. Je me suis intéressé spécialement à
la question du rôle des mitochondries dans l’activité vitale de la
cellule maligne. La morphologie et le caractère des formations
mitochondriales dépend de l’état dans lequel se trouve la cellule
maligne, Les jeunes cellules sont, dans la règle, dépourvues de
mitochondries. Si ces dernières existent quand même, elles sont
très fines et en forme de filaments courts. Dans les cellules plus
âgées, les diverses formes des. mitochondries sont souvent pré-
(x) À. Beresovski. Arch. f. Zellf., 1912. Hansemann. Virchow’s Archiv, 18go.
M. Popoff. Arch. f. Zellf., 1909. H. Marcus. Arch. f. Anat., 1906. Gerassimoff.
Zeitsch. f. allg. Physiol., t. I, 1902. B. Sokoloff, Arch, Protist., 1913 et
Bull. de labor. biol, Petrograde, 1914, 1921. | |
4
SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1203
sentes : les bâtonnets sont pêle-mêle avec les grains et les fila-
ments. Mais dans Îes cellules non déprimées, ils sont ordinaire-
ment disséminés dans le corps cellulaire, plus ou moins régu-
lièrement. Dans les cellules vieillies qui ont un noyau polylobé
et hypertrophié, on peut souvent observer des grains volumi-
neux et massifs, qui diffèrent nettement des mitochondries or-
dinaires et qui sont parfois en rapport avee la chromatine nu-
(B): D,
Cellules malignes jeunes et vieilles. À, et B, carcinome du larynx. C. et D,
carcinome de la mamelle.
cléaire. Dans ce cas, on doit considérer ces formations mito-
chondriales comme résultant de la dépression et de la désagré-
gation du noyau.
Sur la figure, nous voyons deux types de cellules qui diffè-
rent par la forme de leurs noyaux, ainsi que par le caractère de
la chromatine.
Dans la cellule très dégénérée, on ne trouve plus les chromi-
_ dies ordinaires, leur place est occupée par les grains volumineux
mentionnés ci-dessus.
Si on étudie méthodiquement des cellules renfermant des
“noyaux de différentes dimensions, il est facile de se rendre
compte qu'on ne trouve ces grains que dans les cellules ayant
un noyau fortement agrandi.
1204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
7
La coloration elle-même de ces deux types de formations mi-
tochondriales diffère également. Les grains se colorent plus in-
tensément et ne montrent pas leur structure intérieure.
L'analyse cytologique des formations mitochondriales des cel-
lules malignes nous permet de constater qu'il existe une diffé-
rence physiologique dans ces deux types de formations. Les
unes — les filaments et les bâtonnets — qu'on peut considérer
comme des mitochondries typiques, sont propres aux cellules
actives. Elles semblent jouer un rôle dans la multiplication.
Ainsi, dans les cellules en caryocinèse, les mitochondries sont
parfois groupées autour des pôles. Les autres — les grains volu-
mineux, — apparaissent comme résultant de la dépression de
la cellule et probablement contiennent les produits de désagré-
gation cellulaire.
Résumé. Les formations mitochondriales des cellules mali-
gnes sont en rapport avec l’activité et la vitalité de ces dernières.
Dans les cellules actives on trouve des mitochondries différen-
tes de celles qu’on observe dans les cellules déprimées. Ces der-
nières ne peuvent pas être considérées comme des mitochon-
dries typiques (x).
(x) Favre et Regaud. C. R. de la Soc. de biol., 1911, p. 658, 1913, p. 608, 655.
Veratti. Bollett. Soc. med. chir. di Pavia, 1909. Savagnore. Virchow’s Arch.,
1910. B. Sokoloff. Bull. Inst. sc., 1922, Pétrograde.
(25) : 1205
RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY
SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1922
SOMMAIRE
ABeL (E.): Remarques à propos ENARLANCER ee dre 30
de quelques expériences d’avita- Murez (M.): Les stries olfac-
HOLTORE à VOB RETS MPOPAÉTOTRE 33 | tives chez les Mammifères...... 31
Corn (R.): Sur la fonte holo- Parisor (J.) et HerManNN (H.) :
crine des cellules hypophysaires Action de la décompression lente
chez MEoGmme tt ir se 26 | du pneumothorax expérimental
Ga (E.) : Sur les plantules prolongé sur la nutrition géné-
carencées issues de graines de rale, la ventilation et les échanges
Grand-Soleil, chauffées de 100 à pulmonaires RCA AN A AE 28
On Liens ve men Sie 25 Perrin (M.) et Hans (A.): Mé-
LtENHART (R.) : Présence de thode pratique d’appréciation du
l’Orthoptère Gampsocleis glabra début macroscopique de la coa-
Herbst, aux environs de Fontai- sulahontdussans ren PRE 35
nebleau; répartition de l’espèce
Présidence de M. Haushalter.
SUR LES PLANTULES CARENCÉES ISSUES DE GRAINES DE GRAND-SOLEIL
CHAUFFÉES DE 100° A 1DO°,
par EnMonp Gain.
Nous avons indiqué antérieurement que les graines de Grand-
Soleil, soumises à des chauffages en paliers, jusqu'à 150°, peu-
vent garder leur faculté germinative (1), et que les divers points
végétatifs ne sont pas tous également sensibles aux hautes tem-
pératures (2).
Les plantules qui résultent de ces germinations de graines
chauffées ne sont pas normales. Elles ont une énergie germina-
tive qui est retardée et diminuée, elles sont manifestement dans
un état de carence. L'aspect morphologique est différent de
celui des germes qui proviennent de graines non chauffées. Ce
sont des germes anormaux ou monstrueux. Les photographies
présentées ici montrent les faits suivants :
(x) C. R. de l’Acad. des sc., 11 avril 1922.
(2) R. de l’Acad. des sc., 12 juin 1922.
1206 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (26)
I. La caractéristique des germinations carencées c’est de pré-
senter un germe hypocotylé à aspect en chapelet. L’axe végétatif
présente habituellement une inertie terminale de la radicule et
du cône gemmulaire. Entre ces deux points, la déformation
comporte une série de rétrécissements dans le sens perpendicu-
laire à l’axe. Il se produit aussi des sillons dans le sens de l'axe,
de sorte que certains germes présentent des lobes arrondis. Tou-
tes les parties isolées par des sillons tendent plus ou moins à se
séparer. |
Il. Parfois on obtient des germinations tuméfiées et à aspect
hypertrophique et à morphologie désordonnée,
IT. Dans des cas très rares, toute l’activité organique et multi-
plicative se trouve réfugiée en un point localisé de l’axe hypo-
cotylé, et il jaillit de ce point une tumeur qui prolifère en une
masse saillante et proéminente à la surface.
IV. Dans les conditions habituelles, l’axe hypocotylé différen-
cie des anneaux et des lobes qui tendent à s’autotomiser des voi-
sins. Des ruptures se produisent et chacune des parties séparées
est douée d’une survie qui peut durer plusieurs semaines. Ce
sont les cotylédons qui ont la survie la plus prolongée. Îls ver-
dissent des bords vers le centre.
V. L’autotomie de la partie terminale de la radicule, avec ad-
jonction de 2 à 5 anneaux ou lobes, peut commencer une res-
tauration consécutive à l’autotomie. Placée en solution de Knop,
ce qui prolonge sa survie, une telle partie de plantule peut cica-
triser sa blessure et développer de l’anthocyane et de la chloro-
phylle. Nous avons pu prolonger la survie plus de 4o jours pour
des parties autotomisées issues d’embryons chauffées à 145°.
VI. La renaissance de la plantule carencée dépend ordinaire-
ment de la production de tissus nouveaux en une région bul-
beuse qui naît à la base des cotylédons. Là naissent des radicelles
neuves et actives, alors que les parties en chapelets ou lobées
sous-jacentes périclitent et se putréfient.
Une nourriture minéralisée, à l’aide d'une solution de Knop,
semble diminuer beaucoup l’état de carence des plantules. Après
1-2 semaines, il est plus facile de faire passer la plantule en
pleine terre, où elle peut aller jusqu’à fructification.
SUR LA FONTE HOLOCRINE DES CELLULES HYPOPHYSAIRES
CHEZ L'HOMME,
par R. GCoxran.
L'activité glandulaire de l'hypophyse s'exerce, à l’état normal,
Suivant des modes histologiques variés qui coexistent dans la
(27) SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1207
même glande, d’où l'incertitude qui continue à régner en ce
qui concerne l’histophysiologie de cet organe. L'aspect chaoti-
que de l’hypophyse est dû à l’enchevêtrement de plusieurs va-
riétés morphologiques de cycles sécrétoires au milieu desquels
l'histologiste éprouve la plus grande difficulté à se retrouver.
J'ai pu cependant, sur la portion glandulaire de l’hypophyse,
chez l'Homme normal (supplicié) suivre entièrement les phases
d'un cycle sécrétoire aboutissant d’ailleurs à la formation de
substance colloïde.
Le point de départ de ce cycle est une cellule granuleuse qui
prend électivement l’éosine du colorant de Mann. Dans ces con-
_ ditions techniques, elle présente une fine membrane colorée en
bleu, un cytoplasme franchement éosinophile, renferment un
noyau bleu et une sphère juxtanucléaire bleu pâle. Elle corres-
pond rigoureusement à la cellule sidérophile de la méthode
d'Heidenhain, à la cellule entièrement bourrée de mitochondries
de la méthode de Regaud. En outre, elle se charge d’or colloïdal
au moyen de la méthode iode-iodure de potassium, chlorure
d'or, résorcine. Un tel élément est donc parfaitement individua-
lisé. [Il se transforme, au cours de son fonctionnement en une
cellule granuleuse teintée en bleu par la méthode de Mann,
donc cyanophile au sens éthymologique du mot. Cet élément,
d’une taille égale ou supérieure à la ceilule éosinophile, est en-
touré d’une membrane bleue ; son cytoplasma est bleu foncé
avec granulations bleues plus grosses et moins serrées que celles
des cellules éosinophiles ; il renferme souvent des vacuoles et
quelquefois des grains rouges inclus dans une vacuole claire ;
le noyau est d’un bleu plus clair que le cytoplasma. Cette cel-
lule cyanophile correspond à une cellule hématéinophile par la
double coloration glychémalun-éosine. Si la préparation a été
traitée par l’hématoxyline ferrique, la cellule cyanophile se dé-
colore à la différenciation, laissant apparaître un cytoplasma
trouble — qui prend le vert lumière dans la coloration de Pre-
nant — et des granulations faiblement colorées par la laque fer-
rique. On observe d’ailleurs, sur de telles préparations, des
stades intermédiaires entre la cellule éosinophile et l'élément
que nous appelons cyanophile.
La cellule cyanophile type, telle que je viens de la désigner,
est susceptible de se transformer, soit en une cellule cyanophile
plus claire, hypocyanophile, dont je n’étudierai pas l’évolution
ultérieure dans cette note, soit en une cellule hypercyanophile,
La cellule hypercyanophile est d’une taille égale ou inférieure
aux précédentes. Son cytoplasma, qui renferme quelques vacuo-
les, est dense, bourré de granulations très serrées, bleu très
foncé, qui se détachent mal sur le fond intensément coloré du
4
1208 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (28)
corps cellulaire. La forme générale de la cellule n’est plus glo-
buleuse, mais prismatique avec des angles aigus. Elle a donc
subi un certain degré de rétraction. Le noyau est excentrique,
homogène, rouge vif et rétracté. La cellule hypercyanophile
correspond à des éléments non sidérophiles par la méthode
d'Heidenhain, à protoplasma trouble, semé de granulations gri-
sâtres et renfermant un noyau rétracté et fortement pycnotique.
Ces caractères morphologiques sont ceux des éléments histolo-
giques en état de nécrobiose granuleuse.
On rencontre des cordons hypophysaires composés presque
exclusivement d'éléments hypercyanophiles où l’on assiste à la
fonte granuleuse par plasmorrhexis et caryorrhexis des cellules
les plus centrales. Dans la colloïde formée de cette manière,
on reconnaît, avec la plus grande netteté, les débris de cellules
hypercyanophiles arrivées au terme de leur évolution reliées à
leurs congénères moins dégénérées par de nombreuses formes
de passage. Un des mécanismes de la production de la substance
colloïde consiste donc dans la fonte holocrine et massive de
groupes entiers de cellules hypophysaires. Il ne m'échappe pas
que ce phénomène n'ait été envisagé par les auteurs qui m'ont
précédé, Ch. Soyer, en particulier. La présente note ajoute à sa
description des données nouvelles sur la nature histologique
exacte et la filiation des cellules qui participent à cette curieuse
nécrobiose.
(Laboratoire d’'histologie de la Faculté de médecine).
ACTION DE LA DÉCOMPRESSION LENTE
DU PNEUMOTHORAX EXPÉRIMENTAL PROLONGÉ
SUR LA NUTRITION GÉNÉRALE, LA VENTILATION
ET LES ÉCHANGES PULMONAIRES,
par J. Parisor et H. HERMANN.
Dans des notes antérieures, nous avons montré que le pneu-
mothorax artificiel prolongé troublait la nutrition générale et
modifiait la ventilation et les échanges pulmonaires : chez un
animal sain soumis au pneumothorax expérimental prolongé,
on constate (1) un amaigrissement important ; le collapsus pul-
monaire unilatéral complet a pour conséquence (2) une aug-
mentation importante de la circulation d'air dans l'appareil res-
piratoire réduit à un seul poumon ; parallèlement à cette aug-
(x) C- R. de la Soc. de biol., 1922, p. 177.
(2) GC. R. de la Soc. de biol., 1922, p. 560.
(29) SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1209
mentation de la ventilation, il se produit (1) une exagération
marquée des échanges respiratoires.
Que deviennent, nutrition générale, ventilation pulmonaire
et échanges respiratoires, lorsque le pneumothorax prolongé est
abandonné à lui-même, en d'autres termes lorsque le fonction-
nement de l'appareil respiratoire, resté longtemps unilatéral,
redevient progressivement bilatéral ? Les constatations que nous
avons faites sur des Lapins adultes ou en voie de croissance, por-
teurs de collapsus pulmonaires complets entretenus pendant 8
mois, puis abandonnés à eux-mêmes et surveillés pendant 4 mois
nous permettent de répondre à cette question.
Action sur la nutrition générale. Dès que le collapsus pulmo-
naire n’est plus entretenu, le poids de l’animal augmente ; chez
l’animal en voie de croissance, comparé à des témoins de même
portée placés dans les mêmes conditions d'habitat et d’alimenta-
tion, les différences de poids et de taille diminuent.
Action sur la mécanique respiratoire. La fréquence respiratoire
ne varie pas. Augmentée au début du pneumothorax, elle est,
par la suite, revenue à la normale et s’y fixe définitivement. Le
volume de l'air courant, devenu, du fait du collapsus pulmo-
naire, supérieur au volume d’air courant normal, diminue dès
la cessation des réinsufflations pleurales : il retrouve sa valeur
normale au bout de six semaines environ. Comme conséquence
de cette diminution de l’air courant, la circulation d’air diminue
également : en 6 semaines approximativement, elle est de retour
à la normale.
Action sur les échanges respiratoires. Très exagérés au cours
du collapsus, les échanges diminuent brusquement dans les
Jours qui suivent la dernière insufflation : au bout de 20 jours
en moyenne, ils atteignent le taux normal.
Ainsi donc, la suppression lente d’un pneumothorax expéri-
mental complet ramène assez rapidement le fonctionnement
respiratoire au statu quo ante. La modification de la nutrition
générale disparaît, le poids de l'animal augmente, les échanges
pulmonaires diminuent et reviennent à leur taux normal. Toutes
ces modifications sont effectuées en 6 semaines.
Ces modifications présentent, en outre, l'intérêt d’une véri-
fication expérimentale des faits signalés dans nos précédentes
notes : la suppression du pneumothorax artificiel, en suppri-
mant la cause de ces modifications (le collapsus pulmonaire uni-
latéral), rétablit le fonctionnement normal de la respiration
bilatérale,
(Laboratoires de physiologie et de pathologie générale
de la Faculté de médecine).
(x) C. R. de la Soc. de biol., 1022 MD 0007.
1210 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (30)
PRÉSENCE DE L'ORTuHOoPrÈRE Gampsocleis glabra HERrgsr.
AUX ENVIRONS DE FONTAINEBLEAU ; RÉPARTITION DE L'ESPÈCE
EN FRANCE,
par R. Liennanr.
En août 1922, au cours d’une chasse aux Orthoptères en forêt
de Fontainebleau, j'explorais une lande toute proche du carre-
four de la mare d’Episy quand mon attention fut attirée par une
puissante stridulation qui ne m'était pas inconnue. Tout près
de moi devait se trouver le rare Orthoptère Gampsocleis glabra
dont j'avais appris à connaître le chant au cours de chasses aux
Orthoptères aux environs d'Arcachon. Désireux de prendre cet
Insecte je m'approchais de lui guidé par son chant ; je dus par-
courir environ 100 mètres avant de l’apercevoir campé sur Île
sommet d’un chaume de Graminée. Alors, sans bouger, pour ne
pas effrayer l’Insecte, je pus voir tout à mon aise les mouve-
ments vertigineux des élytres faisant résonner leur puissant ap-
pareil sonore, qui, à cette faible distance, m'assourdissait litté-
ralement. On ne saurait mieux comparer le chant du Gampsocleis
qu'au son aigu d'un réveil-matin et l’Insecte le produit, sans
discontinuité, pendant un temps très long. Avant pris ce mâle
de Gampsocleis, j'en entendais bientôt striduler d’autres dans
cette même lande ; le temps me manquait pour les chercher. Je
n'ai pas vu de femelles, elles se tiennent habituellement sur le
sol, cachées dans les hautes herbes et sont, de ce . d'une prise
Das difficile que les mâles.
La capture de Gampsocleis glabra aux environs de Fontaine-
bleau mérite d’être signalée, l’espèce n'ayant jamais été prise en
Seine-et-Marne ni aux environs de Paris, c’est un appoint nou-
veau pour l'étude de la répartition géographique de cet Insecte,
dont la distribution en France est fort curieuse. En effet, il n’a
été signalé jusqu ici que dans 9 de nos départements ; ce sont,
du sud au nord : le Var, le Gard, la Charente hp les
Deux-Sèvres, la Vendée, la Done lines le Maive-et-Loir,
le Cher et les Vosges, Un simple coup d'œil jeté sur la carte de
France, montre combien cette répartition est étrange. Sur les
9 départements où l'espèce est connue, 4 : le Var, le Gard, le
Cher et les Vosges, forment des points isolés, les 5 autres conti-
ous forment, au contraire, à l’ouest, un îlot assez vaste. Une
distribution aussi discontinue ne peut être comprise qu’en ad-
mettant les hypothèses suivantes
Gampsocleis glabra doit exister dans presque toute la France,
hôte de stations analogues à celles de la Mante religieuse et de
:
(31) SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1211
OU UN A A ARE ne PAM PUR dre
l’'Ephippigère de la Vigne, son aire de dispersion doit très vrai-
semblablement se superposer avec celle de ces espèces. Le fait
d’avoir trouvé Gampsocleis glabra aux environs d'Arcachon et
en forêt de Fontainebleau est à l’appui de cette hypothèse, ces
deux stations nouvelles font véritablement pont avec une partie
de celles anciennement connues,
D'autre part, si Gampsocleis glabra n’a pas, jusqu'ici, été
signalé davantage en France, c’est que, comme beaucoup d’es-
pèces d’Orthoptères, il est toujours localisé dans des territoires
réstreints, et qu'il est, de ce fait, difficile à trouver ; il faut, pour
le recueillir, connaître son chant et avoir la pratique de sa
chasse. Il n’a été trouvé en France que par un petit nombre d’en-
tomologistes : Pierrat, Azam, Gélin et moi. Cherché systémati-
quement avec la connaissance précise de son chant et de son
habitat, je ne doute pas que Gampsocleis glabra soit bientôt si-
gnalé en France dans toute l’aire géographique que j'ai indiquée.
(Laboratoire de zoologie de la Faculté des sciences).
LES STRIES OLFACTIVES CHEZ LES MAMMIFÈRES,
par M. Murez.
L'étude des stries olfactives sur une cinquantaine de cerveaux
humains nous a montré que leur disposition était loin de ré-
pondre à la description des classiques, de Van Gehuchten, Déje-
rine, Testut, Poirier. Elles présentent un nombre de variations
considérables ; ce fait a attiré l’attention de Beccari qui en a fait
une étude assez récente (1) et complète ; mais il a abouti à des
conclusions différentes de celles que nous donnerons ultérieu-
rement.
La complexité de nos observations sur le cerveau humain nous
a poussé à rechercher la topographie des stries olfactives de
Mammifères osmatiques où l’observation en est plus facile parce
qu'elles n’y sont pas frappées d’atrophie.
Nous en avons d’abord déterminé le mode d’origine dans le
sillon limite qui sépare le bulbe de la bandelette olfactive. Des
deux bords externe et interne du sillon limite se détachent deux
sortes de fibres : 1° les unes viennent de la portion antérieure
et dorsale et forment un faisceau que nous appellerons : strie
accessoire ; il y en a une interne et une externe, par rapport à
l’axe de la bandelette ; 2° les autres viennent de la portion posté-
(x) Beccari. Les stries olfactives dans le cerveau humain. Monit. zool., ital.
Ann., 1922, n° ro.
1212 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (32)
rieure et ventrale et forment un faisceau que nous appellerons :
strie principale, il y en a une interne et une externe.
La strie accessoire croise la strie principale correspondante et
vient se placer le long de son bord interne par rapport à l’axe
de la bandelette olfactive, elles descendent ainsi jusqu’au niveau
du trigone et à partir de là présentent un trajet variable suivant
les espèces envisagées. Nous en donnons ci-dessous un court
aperçu
Insectivores : la strie accessoire externe est formée de 2 ou 3
faisceaux qui s'enfoncent dans le sommet du tubercule olfactif ;
la strie principale externe descend le long de la circonvolution
olfactive externe vers l’hippocampe ; les stries internes sont très
atrophiées ;
Rongeurs : les stries externes accessoires et principale se réu-
nissent et forment un seul tractus qui descend jusqu’au tuber-
cule intermédiaire ;
Carnivores : les deux stries accessoires externe et interne se
réunissent en un faisceau commun qui s'enfonce dans le sommet
du tubercule olfactif; les stries principales longent le sillon
arqué correspondant ;
Artiodactyles : la strie accessoire interne descend sur le som-
met du tubercule olfactif ; la strie accessoire externe descend le
long du sillon arqué externe ; elle détache le long de son trajet
une série de fibres qui pénètrent le lobe olfactif en donnant une
formation pectinée. Les stries principales suivent la surface de
leur circonvolution respective ;
Périssodactyles : la strie accessoire interne rejoint l’externe
pour former un tractus qui descend tout le long du sillon arqué
externe ; les stries externes suivent leur circonvolution.
Nous avons pu tirer de ces observations les conclusions sui-
vantes, qui nous faciliteront ultérieurement une classification
des nombreuses variations des stries olfactives chez l'Homme
1° Il faut décrire, dans ces différentes classes de Mammifères,
la possibilité de 4 stries olfactives, dont 2 pour chaque circon-
volution olfactive ; l’une principale, l’autre accessoire ;
2° la strie principale sort du bord correspondant du sillon
limite dans sa portion postérieure et ventrale ; la strie accessoire
sort du bord correspondant du sillon limite dans sa portion an-
térieure et dorsale : |
3° la strie accessoire croise la strie principale et vient se porter
le long de son bord interne par rapport à l’axe de la bandelette ;
Au niveau des circonvolutions olfactives
4° les stries principales acheminent sur leur surface parallèle-
ment à leur direction ;
5° les stries accessoires peuvent : type 1, ou bien descendre
(33) SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1213
directement vers le sommet du tubercule olfactif ; elles corres-
pondent ainsi à ce que, chez l'Homme, on a décrit sous le nom
de racine ou strie moyenne ; type 11, ou bien, la strie accessoire
interne, devenant hétéro-latérale, passe sur la circonvolution
olfactive externe et se fusionne avec la strie accessoire externe
en un faisceau unique, qui descend le long du sillon arqué ex-
terne.
(Laboratoire d'anatomie normale de la Faculté de médecine).
REMARQUES A PROPOS DE QUELQUES EXPÉRIENCES D AVITAMINOSE,
par E. ABEL.
La carence expérimentale par stérilisation a surtout été obte-
nue, jusqu ici, chez les sujets adultes, ou plus ou moins jeunes,
mais en tout cas nourris, avant la mise en expérience, dans les
conditions normales. Dans les recherches que je viens exposer
ici, jai expérimenté chez des Oiseaux nouveau-nés, et de telle
sorte que la carence de vitamines s’exerçât dès la sortie de l'œuf.
Une première série d'expériences a trait à des Poussins de
race très pure, dont les produits, remarquablement identiques
les uns aux autres, se prêtent au mieux à des examens compa-
ratifs. Ces Poussins reçoivent des rations égales de mie de pain
et de graines de millet, additionnées plus tard d’un peu de
viande et de salade hachées. Sur 7 Poussins, 4 sont mis, dès
l’éclosion, au régime stérilisé : aliments, eau, sable de la cage
ont subi deux stérilisations à 125° de r heure chacune. Les 3
autres servent de témoins, 2 en cage, l’autre en liberté avec la
mère. Les 4 Poussins en expérience meurent respectivement les
12°, 15°, 20° et 21° jours, après avoir présenté, au bout d’un
délai de 4 à 7 jours, les accidents classiques de la polynévrite
aviaire, et une croissance presque nulle, avec troubles conco-
mitants de la digestion et de la nutrition cutanée. Le témoin en
liberté est mis, à l’âge de 24 jours, aux aliments stérilisés : sa
santé générale commence à péricliter le 15° jour de l'expérience,
il meurt de polynévrite le 27° jour. Les 2 autres témoins, bien
que séquestrés, se développent normalement. J'ajoute qu'au-
cune lésion osseuse ou gastro-intestinale n’est relevée aux au-
topsies.
Ces résultats confirment ceux qu'a déjà fournis le Pigeon, à
savoir que les Gallinacés réagissent à la carence par stérilisation,
comme au régime exclusif des graines décortiquées, par un
syndrome polynévritique ; autrement dit, la vitamine B semble
primer chez eux le besoin des autres vitamines.
1214 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (34)
Deuxième série d'expériences : 8 œufs de Canard couvés par
une Poule jusqu’à la veille de l’éclosion, sont mis à l’étuve à
38°. Trois d'entre eux sont alors ouverts et les Canetons extraits
de la coquille ; les 5 autres éclosent spontanément 12 à 55 heu-
res après. Ces 8 Canelons reçoivent des aliments variés, pain et
son trempés, déchets de légumes et de viande, additionnés, pour
augmenter le taux du lest, de papier filtre où d'agar-agar. Cette
nourriture est la même pour tous, mais elle est stérilisée pour 5
d’entre eux (3 nés à terme et 2 prématurés), non stérilisée pour
les 3 autres (2 nés à terme, 1 prématuré). Sur les 5 Canetons en
expérience, 2 succombent dès les 17° et 19° jours, ce sont les 2
prématurés qui, après une incubation de 10 à 11 jours, présen-
tent de la paralysie des pattes, sans troubles digestifs, ni chute
du poids; autopsie négative, Les autres Canetons résistent
mieux : l’un, bien portant jusqu'au 29° jour, contracte soudain
de la paralysie flasque des pattes, compliquée de tuméfaction
osseuse profonde ; il meurt le 32° jour, et l’autopsie révèle une
congestion intense de la moelle osseuse des fémurs et des tibias.
Mêmes phénomènes, encore plus nets, chez un autre, qui pré-
sente, à partir du 23° jour, de la paralysie d’une patte avec
gonflement épiphysaire, et des ecchymoses sous-cutanées sur le
dos ; l’animal meurt le 34° jour, et l’autopsie montre une moelle
osseuse très congestive avec suffusions sanguines le long du
périoste tibial. Chez le dernier Caneton de la série, la paralysie
s'installe au 33° jour ; elle régresse, puis disparaît après vingt
jours de régime non stérilisé, pour réapparaître après la reprise
du régime carencé, accompagnée d'accidents scorbutiques ana-
logues aux précédents ; survient le 56° jour une fracture spon-
tanée du fémur droit ; mort le lendemain, Quant aux 3 témoins,
ils se développent régulièrement, sans aucun symptôme anor-
mal, le prématuré comme les deux autres. L'un d’eux est sacri-
fié pour examen de contrôle des os : on n'y retrouve aucune des
lésions scorbutiques observées chez les Canards carencés, L'au-
tre est mis, à l’âge de 53 jours, aux aliments stérilisés : après
60 jours de ce régime, coupés par une seule interruption de
10 jours, il présente de l’impotence des pattes et des accidents
scorbutiques qui évoluent nettement vers la chronicité ; puis
il dépérit lentement et finit par mourir au r02° jour de l'expé-
rience ; l’autopsie montre, aux deux pattes, un périoste ecchy-
motique et une moelle osseuse très rouge et diffluente, sans au-
cune lésion viscérale. |
Ces résultats montrent que des espèces pourtant voisines,
comme les (Gallinacés et les Palmipèdes, réagissent différem-
ment à la carence par stérilisation, les premiers en faisant des
accidents polynévritiques purs, auxquels s'associent secondaire-
(35) SÉANCE DU 28 NOVEMBRE 1215
ment, chez les seconds, des accidents scorbutiques ; le scorbut
expérimental, qui semble être surtout l'apanage des Mammifè-
res, peut donc néanmoins se rencontrer chez certains Oiseaux.
Ils montrent, en outre, que les animaux soumis dès leur nais-
sance au régime stérilisé résistent moins longtemps à la carence
de vitamines que les sujets qui ont reçu, avant leur mise en
expérience, une nourriture ordinaire. Ils confirment enfin l’opi-
nion émise par Linossier au dernier Congrès de médecine et
basée sur ses études des Champignons inférieurs (r) : le besoin
de vitamines varie suivant le terrain, augmente quand l’orga-
nisme a été soumis antérieurement à des conditions capables
de porter atteinte à sa vitalité. C’est ce qui s’est produit chez
les > Canetons extraits prématurément de l'œuf, qui ont suc-
combé plus vite que les autres, éclos spontanément. A la notion
de carence se lie donc celle de sensibilité à la carence, comme,
en matière d'infection, à la notion de virulence du germe se lie
celle de réceptivité du terrain.
(Laboratoire de clinique médicale infantile de la Faculté
de médecine).
MÉTHODE PRATIQUE D'APPRÉCIATION DU DÉBUT MACROSCOPIQUE
DE LA COAGULATION DU SANG,
par Maurice PERRIN et ALrRer Hanns,
Au cours de recherches sur le rôle antihémorragique de l’ex-
trait d'hypophyse (1), nous avons déterminé la vitesse de coa-
gulation du sang par le procédé des lames (Milian), dont les ré-
sultats sont pratiquement suffisants et assez constants lorsqu'on
prend la précaution de placer les lames sous une cloche pour
éviter la dessiccation.
Il est admis que, par ce procédé, la coagulation du sang des
Sujets normaux est complète en 15 minutes environ, c'est-à-dire
qu'on n'observe plus de déformation de la goutte en inclinant
la lame, Ce chiffre est exact lorsqu'on examine le sang qui
s’écoule d’une piqüre de la peau, mais ce sang est influencé par
des substances contenues dans les cellules constitutives des té-
: (x) G. R. de la Soc, de biol., t. LXXXII, p. 381, r919, et t. LXXXIII, p. 347,
1920. :
(2) Du rôle antihémorrhagique de l'extrait d'hypophyse. XVIe Congrès
français de médecine, Paris, 12-14 octobre 1922. Thèse de Milan Stéfanovitch
(en préparation), Strasbourg, 1922.
1216 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (36)
guments (1). Si le sang est retiré par ponction veineuse, la coa-
gulation n'est complète qu'au bout de 25 à 5o minutes.
En sus de cetie constatation, nous avons déterminé le début
macroscopique de la gçcoagulation du sang, afin d’avoir un
deuxième point de repère.
Nous apprécions ce début en recherchant l'apparition des
premiers filaments de fibrine dans les gouttes, que nous étalons
à l’aide d’un fin stylet. Ce procédé est très simple et nous le
croyons, d'après nos constatations, assez précis. Il nécessite une
quinzaine de gouttes de sang disposées sur des lames, à raison
de I ou II gouttes par lame ; les gouttes sont recueillies directe-
ment au sortir de l'aiguille à ponction veineuse, qui doit être
d’un calibre assez fin ; suivant le degré de serremert du garrot,
les gouttes s’écoulent plus ou moins grosses. Les lames sont
placées sous une cloche ; on en retire une toutes les minutes à
partir de la 10° ou de la 15° minute suivant les cas ; on étale et
dissocie la goutte à l’aide du stylet et on l’examine attentive-
ment, en ayant soin de ne pas se laisser induire en erreur par le
cercle fin de sang desséché qui se produit à la périphérie ; aus-
sitôt qu'un fin filament non dissociable apparaît, la coagulation
est considérée comme commencée.
Il faut toujours, autant que possible, opérer à la température
de 15°, ou tout au moins à une température constante ; car le
froid ralentit nettement la durée de la coagulation, que la cha-
leur accélère.
Nous avons vérifié dans des expériences préliminaires que ja
ponction réitérée des veines, l'extraction de quelques gouttes de
sang, les petites injections intraveineuses, ne constituent pas
des causes d’erreur.
Par ce procédé, le début macroscopique de la coagulation du
sang retiré par ponction veineuse, se montre d'ordinaire entre
la quinzième et la vingtième minute ; exceptionnellement, nous
l'avons trouvé à la 32° minute chez un Homme atteint de bron-
chite chronique, dont la coagulation n'était complète qu'à la
51° minute ; 2 heures après injection intraveineuse de x c.c.
d'extrait de post-hypophyse, la coagulation de ce sujet a débuté
à la 17° minute pour être complète en 31 minutes.
(Laboratoire de thérapeutique de la Faculté de médecine
‘de Nancy et Laboratoire de la clinique du P° L. Bard,
à Strasbourg).
(1) Nous avons résumé la littérature de cette question et discuté la signif-
cation des observations faites in chapitre « Peau » de notre ouvrage : « Les
sécrétions internes, leur influence sur le sang ». Préface par le Pr Gilbert
(J.-B. Baillière, éditeur).
ee
(23) 1217
— —
RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1922
SOMMAIRE
Ece (R.): Une modification de “lieux de culture gélosés........ 36
dla méthode de Fuld pour la dé- Krocu (M.) : Sur l’application,
termination de la pepsine...... 33 | en clinique, de la détermination |
Henriques (O.-M.) : Sur la dé- des échanges gazeux de l'Homme. 38
termination de la concentration Wazsum (L.-E.) : Sur la pro-
> en ions hydrogène dans des mi- duction de la toxine diphtérique. 4o
Présidence de M. Th. Madsen.
UNE MODIFICATION DE LA MÉTHODE DE FULD POUR LA DÉTERMINATION
DE LA PEPSINE,
par Ricu. Eces.
Un grand nombre de méthodes ont été proposées pour les dé-
i terminations de pepsine, mais aucune n'a encore une technique
; à la fois facile et rapide, fournissant des résultats exacts.
Au double point de vue théorique et pratique, il est avanta-
-geux de travailler avec une solution homogène d’albumine
capable d’être précipitée par l'addition d’un précipitant conve-
nable, mais se laissant dédoubler, au moyen de la pepsine, en
dies composants sur lesquels le même précipitant n'agisse pas
au même taux. Ce principe se retrouve dans plusieurs méthodes
dont la plus connue est la méthode à l’édestine, indiquée par
Fuld (x). Cette méthode, comme la plupart de celles qui ont été
publiées dernièrement, demande des expériences en séries.
On mesure, dans un certain nombre de tubes, une quantité
fixée d’albumine liquide à laquelle on ajoute, à des dilutions:
eroissantes, un même volume de l'échantillon dont on veut dé-
terminer l'activité. pepsique. Après un temps convenable de
(x) Fuld et Levison. Biochem. Zeitschr.. 1907.
BIoLoctE. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 8!
à
1218 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (34)
en nt
digestion, on ajoute à tous les échantillons un volume égal de
précipitant, et l’on observe dans quel tube le liquide, transpa-
rent encore, est sur le point de devenir trouble par suite de l’ad-
dition du précipitant.: Pour obtenir une seule détermination, il
faut donc instituer un très grand nombre d'expériences (10 à
20 tubes).
Dans le but d'éviter cet inconvénient, j'ai modifié cette mé-
thode de manière à en faire un simple procédé de titrage. On
mesure 10 c.c. d’édestine, on y ajoute x c.c. d'un échantillon
de pepsine convenablement étendue (suc gastrique, contenu
ventriculaire filtré, urine, etc.). On abandonne l'échantillon à
ho° (en général pendant 30 minutes), puis on interrompé la di-
gestion en mettant le tube au bain-marie à r00° (5 minutes). Au
moyen de la burette, on verse la solution saline qui doit servir
de précipitant, jusqu'à obtention d'une précipitation encore
assez limpide pour permettre la lecture d’une feuille imprimée
placée derrière le tube. Plus la digestion par la pepsine a été
active, plus il faut ajouter de sel. En employant une préparation
pepsinée connue et constante, on peut déterminer une courbe de
manière à obtenir, au moyen d'une expérience unique, des va-
leurs relatives pour l’activité digestive de l'échantillon inconnu.
Le tableau de dosage et la courbe se rapportent à la pepsine d’Ar-
mour. Comme précipitants, j'ai utilisé, soit le NaCI à 20 p. 100,
soit le sulfate d’ammonium saturé (une solution à 70 gr. de sel
pour 100 €.c. d’eau est préférable).
La solution d’édestine se prépare de la manière suivante :
agiter 2 gr. d’édestine dans 300 à 4oo c.c. d’eau ; dissoudre,
dans environ 500 c.c. d’eau, 75 gr. de tartre + 10,5 gr. de set
Seignette ; chauffer cette solution jusqu'à ébullition et verser
dans l’émulsion d’édestine, après quoi, l’édestine se dissout im-
médiatement ; puis ajouter 10 c.c. de solution sublimée à
1 p. 100, et étendre avec de l’eau jusqu’à x litre ; filtrer.
On emploie comme dissolvant de l’édestine le tartre et le sel
de seïgnette qui permettent d'obtenir une solution dont
la réaction est optima pour la digestion à la pepsine, et qui a
en même temps une bonne propriété tampon. La solution est
très durable et sa digestibilité ne paraît pas être altérée par la
conservation.
Si l’on veut des déterminations très exactes, on ajoute, avant
la solution saline, r c.c. de gomme arabique en solution
(0,5 p. r00o de gomme, o,o1 p. 100 de sublimé), qui agit comme
colloïde protecteur.
Le titrage se fait dans des tubes à essai d’un calibre constant
(21 mm. de diamètre à l'extérieur), la lumière doit être cons-
tante, et nous avons fait construire une « chambre claire » spé-
(35) _SÉANCE DU 29 NOVEMBRE : 1218
ciale, dans laquelle on place l'échantillon après chaque addition
de sel, vers la fin du titrage. Il est préférable d’avoir soin de
terminer le titrage en 3 minutes.
Courbe de dosage pour une période de digestion d’une demi-
heure avec de l’édestine (1) à 6,2 p. 100, à 4o°.
Pepsine d'Armour en NaCI (NH+#)2 SO:
millièmes de mgr.(J) (20 p. 100) (70 gr. ar 100 cc. H20)
(0) 1,50 c.c.
5o TO CCE
100 2 DONC CA
200 HR DOLC:C-
200 3,00 c:C. + 0,40 c.c.
300 3,00 €.C + 1,19 C.C.
400 3,00 C.C. + 1,90 C.c.
500 DAOUNC:.C- Er 2,20 10.0
600 3,00 c.c. + 2,05 c-c-
700 DADOPC CRE DONC: C-
_ 800 3,00 c.c. + 3,50 ce.
900 6 3,00 c.c. + 3,7O1C.C-
1000 PROD CC À ,ho c.c.
1400 DNOOIC. Ce 7,40 €.c-
2:00 C.C. 10,00,€-C*
-
1800
Le titrage pouvant être effectué avec précision, à Î goutte
près, pour les faibles activités de pepsine et pour les activités
plus grandes à HI gouttes près ; l'exactitude de cette méthode
est considérable.
S'il s’agit de titrer des quantités de pepsine encore plus pe-
tites, on peut prolonger la période de digestion.
Courbe de dosage pour des expériences digestives de 22 hew
res.
Pepsine en millièmes NaCI k (NH4)2 SO
de mer, (20 p, 100) (70 + 100 H20
A 9.DO CCE O>TIC Ca
20 BIGDIC-C AOC Ce
Lo D OO CE 10,2 C.C.
L'utilité de la méthode sera mise en lumière par une série
d'expériences sur l'adsorption de pepsine et sur la détermina-
tion de la teneur en pepsine dans des contenus en Le
publication de ces études se fera d'ici peu.
(Laboratoire de physiologie, P° V. Henriques).
(x) Dans cette expérience, l’édestine était dissoute dans du tartre sans add
tion de sel de Seignette. ï
1220 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (36)
SUR LA DÉTERMINATION DE LA CONCENTRATION EN IONS HYDROGÈNE
DANS LES MILIEUX DE CULTURE GÉLOSÉS,
par O.-M. HENRIQUES.
Depuis que l’on connaît les indicateurs de Clark, la méthode
colorimétrique a presque complètement remplacé la méthode
électrométrique pour déterminer la concentration en ions hy-
drogène dans les milieux de culture liquides. Si le milieu est
très coloré ou trouble, la lecture colorimétrique directe peut
devenir irréalisable, on peut alors se tirer d'affaire en dialysant
le milieu au travers d’un sac de collodion, préparé sur un tube
à essai (procédé Soerensen) : dans le dialysat limpide, les cou-
leurs se distinguent aisément.
Il en est autrement pour les milieux gélosés ; pour détermi-
ner leur concentration en ions hydrogène, on a, jusqu'ici, du
faire fondre le milieu et faire la lecture à 4o° dans un bain-
marie à parois de verre ; mais, alors, les indicateurs polychro-
mes donnent souvent des nuances lilas et violettes qu'il n’est pas
possible de comparer. Aussi, l’idée m'est venue d'employer la
gélose comme membrane dialysante ; il y aurait seulement ceci
de particulier que le milieu de culture à mesurer se trouverait
dans la membrane même. 3 portions de bouillon ont été ajustées
respectivement au Px 5,5-7,0 et 8,5 ; après addition de 2 p. 100
de gélose pure, liquide, on a mélangé et fait solidifier en posi-
tion inclinée dans des tubes à essai. Sur la gélose solidifiée, on a
versé 5 à 10 c.c. d’eau distillée, privée d’acide carbonique. Dans
une série d'échantillons la gélose était coupée en bandes, dans
une autre, la surface solide inclinée restait intacte ; après
3 quarts d'heure de repos, la mensuration tant électrométrique
que colorimétrique, a permis de constater précisément les va-
leurs ci-dessus indiquées.
Dans le but de trouver et la « concentration propre » en ions
hydrogène de la gélose et sa faculté de fixer respectivement les
acides, et les bases, nous avons institué les expériences sui-
vantes : une quantité de gélose pesée d'avance fut enfermée
dans un sac de gaze et laissée pendant 2 jours et nuits à l’eau
courante ; la gélose était maintenant complètement pure et de
couleur gris blanc ; elle fut placée sous le pressoir, puis lavée
à 5 reprises dans de l’eau distillée, exempte d’acide carbonique :
ensuite, elle a servi à préparer, dans l’autoclave, une gelée à
h p. 100, qui fut filtrée à chaud, dans le vide, au travers d’ouate
hydrophile placée sur une mince toile en fils d’ archal, suspendue
dans un entonnoir ordinaire en fer émaillé. La gélose passa
(37) SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1221
vite, tout à fait limpide, et fut répartie, par portions de 25 c.c.
dans de petits ballons. À chaque ballon de gélose liquide, on
ajouta 25 c.c. des « mélanges du standard de S.P.L. Sôerensen »
ajustés aux concentrations en ions hydrogène suivantes : Pa —
0 2 2 00 ee 2, CO le Je ee D Or
Co 000 07 590-001 0,01
GDS 0078 — 7,09 — 7,917 — 8,14 8,60 8,97 — 9,01 —
0,76. Enfin 2 ballons reçurent 25 c.c. d’eau distillée privée
_d’acide carbonique (P#H—57,14). Une fois les mélanges de gélose
solidifiés, on versa dans chaque ballon ro c.c. d’eau distillée,
exempte d'acide carbonique. Après 3/4 d'heure de repos, on dé-
- termina le Px dans les dialysats et dans les solutions primitives
. de Sôerensen colorimétrique par un double procédé électromé-
(5) ee
7
%œ
op PIvpue]s np SUOTnos SO] SUPP HJ
Soerensen.
ue 4 3 # d c 7 3 5 /2
Pu dans les dialysants.
trique et colorimétrique. Comme l'indique la courbe, la gélose
(agar ; hydrate de carbone) se comporte tout autrement que la
gélatine (matière protéique) (cf. Michaelis, Paulli et d’autres);
entre Pa 4,15 et Pa 0,76, la gélose ne fixe ni acide ni base;
dans les mélanges plus acides une certaine quantité d’acide est
« fixée » (destruction de la gélose ?, fixation réelle ?, effet de
Donnan ?). Je n'ose encore affirmer s'il est possible, dans tous
les cas, de se servir de la courbe pour corriger ces valeurs très
basses. |
Cette méthode put, du reste, être suivie aussi pour la mensu-
‘ration de milieux liquides très colorés ou troubles, ou bien de
cultures bactériennes, quand on veut éviter la contamination
des capuchons de collodion. On a alors un nombre de tubes à
essai contenant environ 5 c.c. de gélose solidifiée et inclinée,
pure (voir plus haut) et stérile, à 4 p .100, qu'il faut conserver
à l'abri de l'acide carbonique de l'atmosphère ; on procède à la
1222 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE (38)
détermination en versant 5 à 10 c.c. de bouillon nutritif dans
un tel tube à essai; on abandonne une heure, puis on laisse
écouler le bouillon nutritif, on lave la gélose rapidement une
fois avec de l'eau distillée exempte d'acide carbonique et on
abandonne une heure avec 5 c.c. d’eau ; le « dialysat » aura
maintenant la même concentration en ions hydrogène que le
milieu primitif et il se laisse facilement mesurer.
La gélose que l’on vend couramment est le plus souvent blan-
chie au chlore et renferme donc tant d'acide que sa « concen-
ration propre » en ‘ions hydrogène est d'environ Pa = 6 ;
voilà pourquoi il est d'une grande importance de l’épurer avec
soin. Les « dialysats » contenant en général très peu de « tam-
pon », il est extrêmement important que l'eau employée pour
la dialyse et pour le lavage soit dépourvue d’acide carbonique.
- ({nstitut sérothérapique de l'Etat danois. D° Th. Madsen).
SUR L'APPLICATION, EN CLINIQUE, DE LA DÉTERMINATION
DES ÉCHANGES GAZEUX DE L'HOMME,
par Mari Krocx.
Pendant ces dernières années, on a de plus en plus reconnu
Fimportance que pourrait avoir en clinique la détermination
des échanges respiratoires, tant pour le diagnostic que comme
moyen de contrôle pendant le traitement des malades; j'ai
donc jugé opportun de publier une série de ces déterminations
que j'ai effectuées sur 34 malades. En voiei la liste
1° 9 malades présentant des symptômes prononcés de la ma-
ladie de Basedow. Dans des conditions normales, du reste, leur
absorption d'oxygène (métabolisme fondamental) était fort
augmentée, s'élevant de {o à 8o p. 100 au-dessus du chiffre nor-
mal. Parmi ces malades, deux furent soumis à la radiothérapie ;
chez un de ceux-ci, les échanges baissèrent de + 42 p. 100 à
+ 17 p.100, au cours du traitement qui se prolongea pendant
plusieurs mois ; chez l’autre, les échanges montèrent — après
la première série d'irradiations — de + 34 à + 95 p. 100.
2° 15 malades porteurs d’un goître, mais chez qui les autres
symptômes de la maladie de Basedow étaient peu prononcés ou
faisaient absolument défaut. Chez 8 d’entre ces 15, le métabo-
lisme fondamental était augmenté de ro à 20 p. 100; fait qui
venait confirmer le diagnostic clinique. Un de ces malades fut
soumis à Ja radiothérapie ; les échanges diminuèrent de
+ 20 p. 100 païr rapport au chiffre normal. Chez les 7 autres, le
“La
JR
(39) SÉANCE DU 2D NOVEMBRE 1223
uen, “OR PES tt dar de 7"!
métabolisme fondamental était normal. Pour quelques-uns de
ces malades, l’affection était probablement de nature neuras-
thénique. 2 cas étaient d’un intérêt spécial en ce qu'ils présen-
taient et le goître et l’exophtalmie ; cependant, plusieurs déter-
minations prouvèrent que leur métabolisme était tout à fait nor-
mal. Le diagnostic de maladie de Basedow ne put done pas être
maintenu.
3° rx malades, qui, à une seule exception près, avaient un
poids du corps excessif. Parmi ces derniers, 5 présentaient une
diminution dés échanges de 12 à 35 p. 100. 3 furent traités à
la thyroïdine, après quoi le métabolisme fondamental montait,
chez un individu de +35 p. 100 par rapport à l’état normal ;
chez un autre, après des doses très fortes, de +38 à +24 p. 100,
chez un troisième de +17 à +4 p. 100. Dans les 6 autres cas,
les échanges furent trouvés normaux, d’où il faut conclure que
l’adiposité n'était pas due à un hypofonctionnement de la glande
thyroïde.
La détermination du métabolisme fondamental peut donc
être d'une grande utilité en clinique, surtout pour le diagnostic
de cas peu nets d'hypo- ou d'hyper-thyroïdisme (1}, mais aussi
quand il s’agit de juger de la gravité de cas sûrs, ou de contrô-
ler l'effet du traitement. Ainsi, au moyen des déterminations
du métabolisme, il est possible de fixer la dose exacte de thyroï-
dine qui fait monter au point normal les échanges du malade,
ou bien, au cours d’une radiothérapie appliquée à un base-
dowien, de décider si ce traitement doit cesser parce que les
échanges sont devenus normaux.
Les recherches mentionnées ci-dessus ont été effectuées selon
une méthode d'analyse des gaz, c’est-à-dire par mensuration et
analyse de l'air expiré. Cependant, cette méthode demande trop
de temps et une pratique trop spéciale pour être généralement
applicable en clinique.
Dans des expériences plus récentes, instituées au double point
de vue du diagnostic et du contrôle, sur le métabolisme de ma-
lades (2), je me suis servi d’un appareil respiratoire enregis-
treur construit par À. Krogh (3); cet appareil permet de déter-
miner les échanges gazeux avec la même précision que l'analyse
des gaz. La technique est tellement simple que les détermina-
tions du métabolisme pourront facilement se faire dans n'’im-
(1) Boothy (publ. from the Sections on clinical Metabolism, Mayo Clinic)
trouve que 95 p. 100 des cas d’augmentation pathologique du métabolisme
fondamental sont dus à l’hyperthyroïdisme.
(2) Ces recherches seront publiées plus tard.
(3) A. Krogh. Sur un appareil respiratoire enregistreur servant à déterminer
l'absorption d’oxygène et les échanges caloriques chez l’Homme.
1224 RÉUNION DANOISE DE BIOLOGIE . (40}
porte quel hôpital, et entreront ainsi dans l’ensemble des exa-
mens cliniques usuels.
(Laboratoire de zoophysiologie de l'Université, Copenhague).
SUR LA PRODUCTION DE LA TOXINE DIPHTÉRIQUE,
par L.-E. WazBum.
Il est de notion courante que la production des toxines bac-
tériennes est un phénomène intracellulaire, résultat de l'activité:
des cellules, dont elles se dégagent pendant la croissance par
une sorte de sécrétion, ou ne se libèrent qu'à la destruction de
la cellule par les processus autolytiques. Dans beaucoup de cas,
les toxines restent pourtant tellement adhérentes au protoplasma
de la cellule qu'elles ne se retrouvent pas dans les fillrats des
cultures, ou seulement en faible quantité. |
Les résultats d’une série d'expériences, publiées en 1909 (1),
ont cependant indiqué que la staphylolysine, en tout cas, se
forme d'une autre manière. D'après mes expériences, il faut
supposer que cette toxine se forme dans le milieu de culture en
dehors de la cellule, qu'elle est donc d'origine extracellulaire.
Certaines considérations d'ordre théorique m'ont conduit à
émettre l'opinion que, pendant sa croissance, la cellule bacté-
rienne secrète une substance, inactive au point de vue physio-
logique, qui est le premier stade de la toxine, c'est-à-dire une
« protoxine »; en se combinant avec les substances contenues
dans le milieu (albumoses), celle-ci s'active de manière à former
la toxine définitive.
Bien que cette conception diffère complètement de celle géné-
ralement adoptée, elle ne paraît pas avoir incité d'autres cher-
cheurs à expérimenter.
Ce n’est qu'en 1921 que P. Moloney et L. Hanna (2) publië-
rent les résultats de quelques expériences indiquant que ces au-
teurs se sont fait une idée analogue sur la formation des toxi-
nes : ils ont étudié la toxine diphtérique, et ils pensent, comme
moi, que, pendant la croissance des Bacilles, est sécrétée une
substance non toxique, dont l’action est comparable à celle de
mes prototoxines.
Dans l'étude indiquée ei- dessus, j'ai également mentionné
(tx) L.ÆE. Walbum. Zeitschr. f. Immun., t. IL, 1909.
(2) P. Moloney et L. Hanna. Scientif. Proceedings. 1. XX nr ro2r eNew—
York. > :
(41) SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 1225
des expériences faites sur les toxines diphtérique et tétanique,
au sujet desquelles j ai observé des phénomènes analogues.
En connexion avec d’autres recherches concernant les toxines
et leur formation (1), j'ai consacré quelques séries d’expérien-
ces à cet ancien problème, spécialement au point de vue de lx
toxine diphtérique.
Comme autrefois, j'ai étudié les toxines définitives, filtrées ;
mais, en outre, j'ai tâché, par broyage et lavage des Bacilles
diphtériques, de dégager la protoxine hypothétique. La toxine
utilisée était préparée suivant le procédé usuel : culture du Ba-
cille n° 8 de Park-William dans du bouillon à la peptone de
Witte. Les extraits bactériens étaient obtenus de la manière sui-
vante : des Bacilles de cultures âgées d'environ ro jours étaient
retenus par filtration, lavés 3-4 fois par centrifugation, triturés
avec du quarz réduit en poudre, et extraits au moyen d'une so-
lution éclaircie de phosphate, de PH —8 environ, pendant
6 heures à SU
Le Px voisin de 8 paraît indiquer la concentration en ions
hydrogène la plus favorable pour l'extraction de ces substances.
Je cite 2 expériences. r volume de toxine filtrée est mélangé
avec r volume de bouillon à la peptone et r volume d'extrait
bactérien, avec 3 volumes de bouillon à la peptone. Les mélan-
ges sont abandonnés à 37°, et, aux intervalles indiqués dans
les tableaux ci-contre, je prélève des échantillons, dans lesquels
j'ai déterminé la dose minima mortelle pour des Cobayes de
OO OT. :
Toxine filtrée + bouillon.
Dose minima mortelle
OX MENT UN ue A RENE SC 0,003/
OLIS TS DA LR RU RAR LR AP re ane 0,006
FRERES ANS RS CA PR EAN AS A O,001
SE LIRE SN Se ESS Ne ane ae) D SE ee ed a ie 0,008
SE LUE SRE Ne EE Ten Ee Se an US O,OI
Extrait bactérien + bouillon.
Dose minima mortelle
DCR AT TO AE ni EE EE NON R CEE ER 0,52
Ge NA SIN PRE PRE AU RSA e Een et Oo,
D AINATRES LS MUST Eee ES TS RAT ee Q,4
THOMHEUTES Ne Dane EUR LL ATEN ete 0,16
RÉ INEUTES LME DE ne APT ARRETE >>1,0
Les recherches mentionnées ici et d'autres encore permettent
de conclure que la toxine définitive et filtrée, ainsi que les ex-
traits bactériens, acquièrent une toxicité plus grande en réa-
(x) L.-E. Walbum. Biochemische Zeitschr., t. CXXXIX ct CXXX, 1922.
4226 RÉUNION DANGISE DE BIOLOGIE (42)
gissant sur le bouillon à la peptone ; ce fait est en faveur de ma
théorie sur la protoxine.
Ce rôle d’« activant » se retrouve aussi, bien qu'à un degré
moins prononcé, dans une solution de la peptone de Witte.
L'accroissement de toxicité est dü à la formation de toxine
diphtérique, car les mélanges se laissent parfaitement neutra-
liser par une quantité minime d’antitoxine diphtérique, tandis
qu'une dose environ 10 fois plus Rose de sérum de Cheval
reste inefficace.
Au cours de recherches antérieures, j'ai aussi envisagé
l'hypothèse que ces « processus activants » pourraient être de
nature enzymatique. Quant à la staphylolysine, cette supposi-
tion était exclue, car la réaction entre la prolysine de cette sub-
stance et Îles albumoses progressait avec une rapidité considé-
rable, même à o°. Pour ce qui est de la toxine diphtérique, ce
processus s’accomplit bien plus lentement, et il est donc possi-
ble que cette réaction extracellulaire soit de nature enzymati-
que.
Les faits précédents semblent indiquer + y a une diffé-.
rence fondamentale entre les modes de formation de la staphy-
lolysine et de la toxine diphtérique. Il reste à décider si cette
formation extracellulaire de la toxine diphtérique doit être ca-
ractérisée comme une décomposition, comme une synthèse, ou
autrement.
(109) 1227
REUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE
SECTION DE JASSY
SÉANCES DES 12 MARS ET 12 JUIN 1922
SOMMAIRE
Bazzir (L.) : Contribution à (Core Mot dt ee out Tee 1/4
l'étude de la pression artérielle Paruon (C.-I.) et Parmon (Mme
pendant la digestion.......,... 112 | C.) : Sur l’involution estivale des
NiTzuLESco ne )E Contribution caractères sexuels secondaires du
à l’étude des anomalies des Ces- plumage chez le Canard mâle et
todes. L’inversion des organes sur les modifications parallèles
génitaux chez le Tænia saginata du testicule chez le même animal. 109
Présidence de M. C.-I. Parhon.
SUR L’INVOLUTION ESTIVALE DES CARACTÈRES SEXUELS
SECONDAIRES DU PLUMAGE CHEZ LE CANARD MALE
ET SUR LES MODIFICATIONS PARALLÈLES DU TESTICULE
CHEZ LE MÈME ANIMAI,
par G.-L. Parxon et M°° CoNsrANCE PARHON..
Chez le Canard d'une certaine race (race Rouen), les deux
sexes se distinguent, d’une façon très nette, surtout par la cou-
leur du plumage. .
En effet, la tête verte du mâle, délimitée le plus souvent par
un cercle blanc, la poitrine rouge-marron, le gris pur de la plus
grande surface du corps, le laissent facilement distinguer de la
femelle. Chez cette dernière, en effet, la tête ne diffère pas, par
ses plumes, du reste du corps couvert par des plumes de couleur
beige parsemées de noir. Seul, le bout des ailes peut être bleu
foncé, comme chez le mâle, du reste. Cette différence, nette
pendant l'automne, Fhiver et le printemps diminue pendant la
1228 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (110)
— es
fin de ce dernier ou le commencement de l'été, de sorte que
vers la fin de juillet ou le commencement d'août, le plumage
du mâle perd en grande partie ses caractères différentiels. En
effet, les plumes vertes de la tête tombent pour la plupart, pour
être remplacées par des plumes grises tachées de noir, l’anneau
blanc cervical disparaît, de même que les plumes rouge-mar-
ron du ventre et sur le fond gris, moins pur que pendant le
reste de l’année, apparaissent des plumes noires, de sorte que
l'individu n'est plus reconnaissable. Il prend, en effet, un as-
pect intermédiaire entre le mâle bien caractérisé et la femelle.
Parallèlement à ces transformations du plumage, on observe
des modifications des testicules : ces derniers diminuent de vo-
lume (longueur de 7 cm., circonférence de 9 à 10 cm. en avril
pouvant arriver, en octobre, à 3 em. de longueur sur 4,5 em. de
circonférence); leur couleur blanc grisâtre pendant le printemps.
devient progressivement jaune ocre ou plus ou moins foncée
pendant les mois de juillet, août, septembre et octobre. Au
point de vue microscopique, on observe que la spermatogénèse
devient moins abondante en même temps que les cellules des
tubes séminifères se chargent de granulations graisseuses et les:
cellules interstitielles se comportent de même. Pourtant, il ne
semble pas exister un parallélisme étroit entre la richesse en
granulations lipoïdes des cellules de la glande diasthématique
et les cellules des tubes séminipares. La glande interstitielle
est d’ailleurs aussi plus développée que pendant le printemps.
La richesse en substance lipoïde peut être telle que les cellules
des tubes séminifères ne représentent plus que des gouttes grais-
seuses qui fondent entre elles et occupent la lumière du tube
qui ne reste tapissé que par les cellules de Sertoli.
Plus tard, vers les mois de septembre-octobre, les caractères
sexuels secondaires reviennent.
Il est difficile d'établir un rapport précis entre les modifica-
tions testiculaires que nous venons de noter et l'involution esti-
vale des caractères sexuels secondaires. On peut affirmer que ce
dernier phénomène n'est pas en relation avec l'insuffisance de
la sécrétion interne des testicules. Car les caractères sexuels
secondaires du mâle ne se modifient pas après la castration de
ce dernier et la femelle châtrée pendant la jeunesse prend,
au contraire, l'aspect caractéristique du sexe masculin (Goo-
dale). D'après ce même auteur, l’involution estivale n'a- plus
lieu après la castration, ce qui semble démontrer la nécessité
des testicules dans le déterminisme de ce phénomène.
On peut penser à la formation, dans les testicules, pendant
l'été, de substances analogues aux « lutéines » des ovaires, d’au-
tant plus que de pareilles substances semblent exister normale-
(111) SÉANCES DES 12 MARS ET 12 JUIN 1229
ment chez les mäles de certains Gallinacées, dont le plumage
ne prend l’aspect caractéristique chez le Coq qu'après la castra-
tion. La couleur jaune des testicules pendant l'involution sem-
ble appuyer cette manière de voir ; il serait intéressant d'essayer
de provoquer l’'involution dont nous venons de parler par des
injections des testicules enlevés aux animaux qui présentent ce
phénomène. Il faut pourtant ajouter que, d’après Poll, la cas-
tration n'empêche pas l'involution estivale, mais Lipschütz,
d’après lequel nous citons ces observations, ainsi que celles de
‘Goodale, prétend que cela n'a lieu que lorsque la castration a
été incomplète.
La question reste donc encore à l'étude.
On devra envisager aussi les variations possibles de la struc-
ture et la fonction des autres glandes endocrines et on doit ac-
corder surtout une attention spéciale aux capsules surrénales
dont la substance corticale semble avoir des rapports étroits
avec le système. pileux ou le plumage. Quant aux raisons des
modifications testiculaires, elles restent à déterminer. Eiles res-
semblent en tout cas à certaines modifications séniles et on
peut penser à une sorte de vieillesse cellulaire en rapport, peut-
être, avec l'accumulation de produits du métabolisme cellulaire,
à l'intérieur des tubes séminifères.
Ajoutons encore que, d’après Kollman, la régression des ca-
ractères sexuels secondaires qui a lieu chez le Triton tenu en
captivité, peut être empêchée par le traitement thyroïdien. Chez
un Canard soumis au même traitement pendant les mois de
amai et juin (25 mer. de poudre thyroïdienne par jour), l'invo-
lution estivale eut lieu comme chez les témoins. Peut-être
qu'avec d'autres doses, on arrivera à des résultats différents.
1253) RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (112)
—
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA PRESSION ARTÉRIELLE
; PENDANT LA DIGESTION,
par LÉON BALLIF.
L'épreuve de l’hémoclasie digestive, proposée par Widal,
Abrami et Ilancovesco (1) dans l’étude de l'insuffisance hépa-
tique, admise presque sans discussion et employée par un grand
nombre de cliniciens dans les affections les plus diverses, nous
paraît susceptible de sérieuses critiques.
D'abord, nous voulons révéler une légère contradiction lo-
gique.
Les auteurs sus-cités considèrent l’hémoclasie digestive cor-
me « la réaction biologique » des peptones et c’est, justement,
pour montrer la présence des peptones dans le sang des mala-
des dont le foie est en état d'insuffisance protéopexique qu'ils uti-
lisent cette épreuve ; mais deux pages plus loin, ils nous disent
que le sucre peut aussi déterminer la même réaction » chez les
diabétiques, nous avons fait une autre constatation dont l’inté-
rêt mérite d'être souligné ; c’est que la crise hémoclasique peut
être provoquée par l'absorption des différents sucres, ingérés
à doses relativement minimes. » Pour pouvoir expliquer ce der-
nier fait (l'hémoclasie digestive avec le sucre) il faudrait émet-
tre encore d’autres hypothèses. Ensuite, nous révélons la contra-
diction qui existe entre quelques-unes de leurs données et celles
considérées comme classiques en physiologie : selon eux, la
pression artérielle s'élève pendant la digestion, tandis que, se-
lon les physiologistes (2), elle s’abaisse. Gallavardin dans son
traité « la tension artérielle en clinique » — 1920 — donne des
citations dans le mème sens d’après Potain et Loeper.
Ces contradictions nous ont porté à faire des recherches pour
contrôler le choc hémoclasique à l’état normal après les repas
habituels et après l'absorption d’un verre de lait selon les indi-
cations de Widal.
Dans cette note, nous ne donnons que les recherches sur la
pression artérielle, bien que les auteurs sus-cités donnent une
plus grande importance aux variations du nombre des leuco-
cytes.
Nous avons expérimenté sur 15 sujets considérés comme nor-
maux et chez lesquels les autres épreuves sur l'insuffisance hé-
patique ont été négatives. Chez eux, et après le même repas,
nous avons constaté 9 fois une élévation de la pression maxima
(x) Presse médicale, n° 91, 11 décembre 1920.
(2) Morat et Doyon. Traité de physiologie, t. I, p. 146. 6
(113) SÉANCES DES 12 Mars ET 12 JUIN 1234
de 1-3 cm. (oscillomètre Pachon), trois fois un léger abaisse-
ment et trois fois aucun changement de la pression artérielle.
La pression minima reste toujours invariable.
L'épreuve faite avec un verre de lait (seulement chez ro per-
sonnes) nous a donné : deux fois une élévation de la pression
artérielle, trois fois un léger abaissement et cinq fois pas de
changement. Nous avons répété l'épreuve avec le lait plusieurs
fois chez la même personne à différentes époques pendant un
mois et, la personne étant toujours à jeun, les résultats ont été
différents ; sur 6 épreuves faites dans ces conditions, nous avons.
obtenu : 2 fois une élévation, 2 fois un léger abaissement et
2 fois aucun changement de la pression artérielle. Un fait que
nous avons constamment observé et qui mérite d'être signalé,
cest le parallélisme, contraire à la loi de Marey, entre la pres-
sion artérielle et le nombre des pulsations (à mesure que la pres-
sion s'élève après le repas, le nombre des pulsations augmente
et à mesure que la pression s’abaisse, le nombre des pulsations
diminue).
D'après ces premières recherches, nous pouvons conclure
que la variation de la pression pendant la digestion, chez les
sujets sains, est soumise à de grandes fluctuations et que « rien
n'est plus difficile que de fixer exactement l'influence de la di-
gestion sur la tension artérielle » (r). La pression artérielle va-
rie, non seulement d’après la quantité des aliments, mais elle
dépend aussi de la constitution (sympathicotonique ou vagoto-
nique) de l'individu. Il nous paraît intéressant de remarquer
que la courbe graphique, donnée par Loeper (2) comme repré-
sentant les variations de la pression artérielle pendant la diges-
tion chez l'Homme normal, ressemble parfaitement à la courbe
graphique donnée par différents cliniciens comme représentant
les variations de la pression artérielle pendant le choc hémo-
clasique chez les malades en insuffisance hépatique.
(Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine).
(1) Gallavardin. Loc. cit., p. 236.
(2) Loeper. La tension artérielle pendant la digestion. Archives des maladies
du Cœur, T912, p. 224.
1232 RÉUNION ROUMAINE DE BIOLOGIE (114)
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES ANOMALIES DES CESTODES.
L'INVERSION DES ORGANES GÉNITAUX
CHEZ LE Jlænia saginala GOETZE,
par VIRGILE NTrrZULESCO.
Au point de vue de la tératologie de Cestodes, les segments
dont je vais vous entretenir, présentent un intérêt tout particu-
lier. Ils présentent l’anomalie désignée sous le nom de « coales-
cence des anneaux », anomalie doublée d'une inversion des or-
ganes génitaux.
Le premier segment présente 5 pores génitaux, dont 4 sur
l'un des côtés et un sur le côté opposé; ce qui veut dire quil
résulte de la fusion de 5 segments. Il ne s’agit pas d'une simpie
absence de la segmentation, car cet anneau est bien loin d’avoir
la longueur des 5 segments respectifs. La meilleure dénomina-
tion que nous pourrions lui donner, ne serait pas — croyons-
nous — celle de segment fusionné : Tænia fusa, mais de seg-
ment « polyvalent »; cela parce qu'il se comporte comme un
tout, avec une individualité à part, au lieu d’être un groupe-
ment de 5 segments, dont les septums séparateurs manqueraient
tout simplement.
C'est pourquoi les 5 appareils sexuels qu'il devrait présenter
— correspondant aux 5 pores génitaux que nous voyons — ne
fonctionnent pas de même, mais deux d’entre eux, ceux de la
région « distale » serre suppléer par leur fonctionnement
aux trois autres. Ceux-ci seraient superflus pour un segment
dont la longueur — comme nous l'avons fait remarquer — ne
correspond pas à celle que nous étions en tout droit d'attendre.
C'est ainsi que des trois pores génitaux « médians », au premier
correspond un simple vaisseau déférent, et des restes, à peine
distincts, de la glande coquillière ; au deuxième correspond un
fragment de vaisseau déférent, de sa portion moyenne, et des
iraces de la glande coquillière et au troisième correspond :un
appareil sexuel mieux développé, mais dont les glandes germi-
gènes semblent avoir pris, à ce qu'il nous est loisible de distin-
guer une forme anormale de rosette.
Cette atrophie des organes sexuels paraît s'être opérée sui-
vant un processus différent de celui de l’involution sénile nor-
malé, à juger d’après ce que nous voyons. Quant aux appareils
sexuels des pores génitaux de la région distale, ils sont arrangés
de telle manière qu'ils regardent différemment, chacun du côté
vers lequel il est orienté. C'est-à-dire, qu'ils présentent une in-
version réciproque.
Late
’
(115) SÉANCES DES 12 MARS ET 12 JUIN 1233
La seconde pièce que nous présentons est une strobile du
même Tænia, formé de 4 segments. Le premier paraît normal.
Le deuxième, triangulaire, tend vers la forme intercalaire. Le
troisième est complètement exempt d'organes femelles. Le qua-
trième résulte de la fusion, suivant une ligne oblique, de deux
segments primitifs. Il importe de remarquer, ici encore, la
même inversion des organes sexuels et la forme spéciale acquise
par les ramifications utérines ‘aonsécutivement à la soudure
oblique. Notre premier anneau est bien loin de la figure décrite
par R. Blanchard (r) sous le nom d’« inversion des organes gé-
nitaux » et en diffère justement par sa complexité. Le second,
plus simple, diffère à son tour en ce que, dans notre cas, la
soudure s’est opérée suivant une ligne oblique, qui a été à même
d’influencer la forme des ramifications utérines. Nous rappro-
chons cette pièce de celle de Leuckart (2), à cause de l'absence
des organes femelles dans le segment précédant celui qui pré-
sente l'inversion des organes génitaux. L'inversion des organes
génitaux est une des plus curieuses anomalies des Cestodes.
C’est une anomalie rare. On ne saurait lui donner une explica-
tion satisfaisante que lorsqu'on aura fait connaître un plus
grand nombre de pareils cas.
Nous ajoutons encore que le Tænia chez lequel nous avons
trouvé ces pièces abondait en toute sorte d'anomalies (segmen-
tation incomplète, anneaux intercalaires, solutions de conti-
nuité de la cuticule, etc..….).
(Laboratoire de parasilologie de la Faculté de médrcine,
EN -Econ):
(x) R. Blanchard. Bull. de la Soc. zool. de France, t. XN, 22 juillet 1890,
p. 166.
(2) R. Leuckart. Die Parasiten des Menschen und die von ihnen herrührenden
Krankheïten, 2 Aufl., Bd. T, 1879-1886, p. 504 « situs inversus ».
Brococie. CoMPrES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 85
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1 :
‘
- OBTENUES PAR
RÉUNION
DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE
SÉANCE DU 2 DECEMBRE
| 922
APPELMANS (R.) : Le rôle de la
glande thyroïde dans le phéno-
mène de l’anaphylaxie.........
Borssevaix (C.-H.): Agglutina-
tion spécifique par des antigènes
chargés d’anticorps normaux.
BoissevaIn (C.-H.) : Les rap-
ports entre les agglutinines du
sérum neuf et les immunagglu-
SDLRER à due RL REAREEnE
De Necer (J.) : De l'adsorp-
tion du principe bactériophage
pardlesscalloines.%2..0... li.
Dustin (A.-P.
mènes dico de ciné-
phylaxie et d’épuisement dans
l’allure des ondes de cinèses obte-
nues par injections répétées de
Les phéno:
152
167
197
SOMMAIRE
protéines étrangères...... .
GEnogLsr (L. ) et Lrécsors (E.)
Note sur le Are >
en (Near ERA"
Le FÈvRE DE Arnric (M.) : Sur
la symptomatologie générale de
l’encéphalite herpétique.......
Müzzer (L.) : Un nouveau pro-
cédé de différenciation des mi-
crobes des types coli et {yphosus.
Toxaxce Kouo NGen et Wace-
MANS (J.): Résistance du Bacté-
Tiophage à la chaleur. 07
WacEemans (J.): Au sujet de la
constitution du Bactéricphage.
Wiiwarter (H. DE) : Histolo-
gie du corps jaune de l'ovaire
humain: ... SA PE de ES UE 2
Présidence de M. Ch. Julin.
LES PHÉNOMÈNES D'ACCOUTUMANCE, DE CINÉPHYLAXIE
ET DÉPUISEMENT DANS L'ALLURE DES ONDES DE CINÈSES
par AP: Dusrin.
Dans diverses notes antérieures,
nous avons démontré :
145
147
INJECTIONS RÉPÉTÉES DE PROTÉINES ÉTRANGÈRES,
Le)
ï
qu'une injection intrapéritonéale de solution de peptone faite
à la Souris provoque une onde de caryocinèse dans divers -or-
ganes (thymus, plaques de Pever,
on
rate, ganglion lymphatique);
que si l’on pratique tous les 4 jours pareille injection, les
ondes de cimèse vont en diminuant d'intensité, Après la ro° in-
jection (soit 4o jours après le début de l'expérience) les chiffres
1236 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (146)
oo
de mitoses, observés dans les divers organes, ne s’éloignent plus
guère des chiffres normaux.
Nous nous sommes demandé s’il s'agissait là, ou bien d'un
phénomène d’épuisement simple, les potentialités mitotiques des
diverses zones germinatives ne trouvant plus, pour se manifes-
ter, de réserves utilisables, ou bien d'un véritable mécanisme
régulateur de défense, spécifique pour un albuminoïde donné,
mécanisme que nous proposions d'appeler « cinéphylaxie »,
c'est-à-dire défense spontanée contre les actions mitogènes dues
à l’intrusion de protéines étrangères. Afin de résoudre, ou tout
au moins d'éclairer la question, nous avons entrepris, avec la l
collaboration de Mile J. Chapeauville, les deux séries d'expé-
riences suivantes
1° Un lot de Souris choisies autant que possible du même
âge, a été soumis tous les 4 jours à une injection intrapérito-
néale de peptone. 4 jours après la 10° injection, les animaux
reçoivent une injection de 2 ce c. de sérum de Cheval, puis sont
sacrifiés respectivement le 1”, le 2° et le 4° jour suivant. Les
divers témoins nécessaires sont sacrifiés auparavant.
Les résultats obtenus sont les suivants. Après la 10° injection
de peptone, comme dans nos expériences précédentes, le chiffre
des mitoses est voisin de la normale. Après l'injection de sérunx
de Cheval, le chiffre des mitoses remonte fortement dès le 2°
jour, pour rediminuer légèrement au 4° jour. Cette expérience
démontre qu’il n'y a pas d’épuisement des cellules souches,
mais bien accoutumance ou cinéphylaxie pour une substance
donnée. L'injection d’une nouvelle substance provoque l’appa-
rition d'une nouvelle onde cinétique. Seul, le temps de latence
paraît légèrement raccourci.
Il importait alors de se demander si les animaux préparés par
10 injections de peptone conservaient longtemps leur indiffé-
rence à cette substance. La solution exacte de ce problème né-
cessite des recherches de longue durée. Nous ne voulons vous
apporter aujourd'hui qu’un premier résultat nous paraissant
intéressant.
2° Un lot de Souris préalablement préparées par 10 injections
intrapéritonéales de peptone, faites à 4 jours d'intervalle, est
laissé 5 semaines au repos. Ce laps de temps écoulé, les animaux
reçoivent une nouvelle injection de peptone, puis sont sacrifiés
le 1”, le 2° et le 4° jour.
L'élévation du chiffre des mitoses n’est guère appréciable
dans les formations lymphoïdes spléniques, ganglionnaires et
intestinales. Pour ces organes, l’accoutumance cinéphylactique
persiste. Le thymus, au contraire, — et le fait est des plus inté-
ressants pour la physiologie si particulière de cet organe —--
(147) | SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1237
———————————Z—ZZ
réagit énergiquement et nous donne des chiffres 3 fois plus
élevés que ceux observés chez les témoins.
Il nous semble que nous sommes, dès à présent, autorisé à
conclure : 1° que l'arrêt de production de l'onde cinétique, en
cas de répétition des injections provoquantes, n'est en tous cas
pas dû à l'épuisement cellulaire ; 2° qu'il s’agit d'un phénomène
de défense ou d’accoutumance cinéphylactique ; 3° que ce phé-
nomène persiste plusieurs semaines pour les organes Iympho-
poïétiques, mais s’efface plus rapidement pour le thymus.
Le nombre des pyenoses trouvées dans les plaques de Peyer
notamment, nous amène, une fois de plus, à attirer l'attention
sur le rôle cyto-régulateur important de ce processus.
Nore sur LE Streplocara pectinifera (NEUMANN),
par L. GEporistT et E. Liéceors.
Récemment, un aviculteur des environs d'Ottignies (Brabant)
remettait à l’un de nous des Poules, aux fins de déterminer la
nature du mal auquel les Oiseaux avaient succombé. La ques-
tion offrait d'autant plus d'intérêt que la même affection régnait
depuis des années dans 5 élevages de la même région, sans occa-
sionner de grandes mortalités, mais non sans affecter le ren-
dement économique des exploitations:
À l’autopsie, l’attention est attirée immédiatement sur des lé-
sions du gésier, dont la muqueuse montre des ulcérations éten-
dues, au niveau desquelles la cuticule est peu adhérente. Sous
celle-ci, on remarque la présence de petits Nématodes particuliè-
rement nombreux : dans un cas, nous en avons recueilli non
moins de 236, dont 144 femelles et 92 mâles. Ces parasites pré-
sentent les caractères suivants
Vers blancs à corps cylindroïde, atténué longuement en avant,
faiblement en arrière. Le tégument possède une striation trans-
versale très nette, dont l’écartement est de 3 u, mais celui-ci
atteint 4 à 4,9 u dans la moitié postérieure du corps chez la
femelle. Tête petite, mesurant 24 u de diamètre ; bouche termi-
nale limitée par deux lèvres latérales ; celles-ci sont triangu-
laires, terminées par un processus dentiforme et portent deux
petites papilles latérales ; elles sont limitées à 9 u en arrière par
une collerette à bord finement denticulée. Plus en arrière, on
observe sur les côtés deux papilles cervicales volumineuses en
forme de croissant, à bord postérieur concave découpé en 5 à
6 dents ; ces papilles mesurent 15 u de large ; elles sont légère-
ment dissymétriques, la gauche étant à 42 nu, la droite à 36 u de
1233 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (L48)
l'extrémité céphalique. La bouche donne accès dans une cavité
cyathiforme, profonde de 21 u, cavité buccale ou vestibule, à
parois minces, au fond de laquelle s’ouvre l’œsophage ; celui-ci
est long et cylindroïde et se termine en arrière sans former de
bulbe ; son diamètre augmente insensiblement du simple au
triple chez la femelle, du simple au quadruple chez le mâle. À
150-130 u de l'extrémité céphalique, il est entouré par le collier
nerveux.
| cg Q
Ponéueur totale "0.00 PARA airs senc oi. 9.8-9.6 mm.
Épaisseur maximum ,..-2..1.00% RTE Cet 176 u 280
Ditice alone du collier nerveux. --. 7201 150
= e de June 0 cc oodcto 5,47 mm.
céphalique : . 2 : 9
des papilles cervicales .. 42et36u 42et36u
Eongeur de l’œsophage ............ I OODe 2 mm. DO ENTTIe
Rapport de la longueur totale à celle de l’œsophage 4,5 : 2 ki
Dimensions “du grand Spicule "en nn ee * 300 u
Dimensions ‘du petit spicule ..2....0.... .. 80-88 u
Dimensions RUES SŒuS EPP ER Eee Ce PET TEEN CE 37-39 X 20-21
A
Mâle. L'extrémité caudale est conique, à sommet mousse et
munie de deux ailes latérales, longues de 200 u, qui se terminent
en s’unissant au sommet et forment une bourse cordiforme ;
cette extrémité est contournée et décrit un quart de tour de
spire ; l’orifice cloacal est situé à 65 u de la pointe caudale. Les
ailes sont soutenues par 9 paires de papilles disposées en deux
groupes : un groupe préanal de 4 paires et un groupe postanal
de 5 paires ; toutes ces papilles sont costiformes ; dans le groupe
postanal, leur longueur diminue régulièrement de La 1° à la 5°;
dans le groupe préanal, la 2° et la 4° sont plus longues que les
deux autres. Le tube génital s'étend jusque 144 u en arrière de
l'œsophage. Les deux spicules sont dissemblables et inégaux ;
le grand est grêle, cylindroïde, épais de 7 u, à extrémité proxi-
male évasée en entonnoir ouvert obliquement en avant et ven-
tralement, à extrémité distale terminée en pointe aiguë, précé-
dée d’une dent récurrente en forme de hameçon ; le petit spicule
est de forme ramassée, épais de 24 u, à extrémité distale mousse,
à extrémité proximale légèrement renflée et ouverte en ayant ;
à sa face ventrale, il présente près de sa terminaison un léger
ressaut en forme de crochet.
Femelle. L'extrémité caudale est à peine atténuée et brusque-
ment arrondie ; l’anus est subterminal. La vulve s'ouvre un peu
en arrière du milieu du corps et subdivise celui-ci dans le rap-
port de 7,5 : 6. L’ovéjecteur est rétrograde et comporte un seg-
ment long de {8o , qui se divise en deux utérus ; ceux-ci se
dirigent de conserve en arrière ; l’utérus antérieur arrivé à
3 mm. de l'extrémité postérieure s’incurve en avant et s'étend
(149) SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1239
par son ovaire jusque 400o-44o w en avant de l'extrémité de l'œ-
sophage ; tandis que l'utérus postérieur se poursuit directement
en arrière jusqu à 160 uw de l’extrémité caudale, où il décrit une
anse antérograde. Les œufs sont nombreux, de forme ellipsoïde,
à coque lisse à contenu embryonné avant la ponte.
À l’examen des caractères de ce parasite, nous avions cru tout
d'abord nous trouver en présence d’une forme nouvelle appar-
tenant au genre Yseria. Nous avions toutefois été frappés par
les caractères de l'extrémité caudale du mâle, qui concordaient
exactement avec ceux que Neumann a décrits pour le Sirepto-
cara pectinifera. Si nous avons hésité à reconnaitre l'identité
des deux parasites, c'est à raison des caractères de l'œsophage,
sur lequel Neumann est peu explicite ; dans sa publication ori-
ginale de 1900, il parle d'une « partie antérieure de l’œsophage
deux fois aussi longue que large, dilatée en arrière, striée ou
comme spiralée » et ne nous dit rien de la partie postérieure ;
en 1909, il est .encore plus bref et se borne à signaler « qu'à
environ trois fois la longueur de l’œsophage se trouve une pa-
pille en croissant, dont le bord concave est découpé en six ou
sept dents », ce qui donne à l'œsophage une longueur très ré-
duite.
Aussi Skrjabin, en 1916, en formulant la diagnose du genre
Sireptocara, dit : « OEsophage court, renflé, musculeux ». L’as-
similation de notre parasite à l'espèce de Neumann était ainsi
impossible. Mais nous avons eu l’occasion d'examiner une pré-
paration de Streptocara pectinifera, que nous a soumise notre
estimé collègue d’Alfort, le P' Henry, et nous avons pu recon-
naître l’inexactitude de la description de Neumann et la parfaite
identité des deux parasites. Dans ces conditions, le genre Yseria
tombe en synonymie et la diagnose du genre Streptocara doit
être modifiée comme suit :
Bouche à deux lèvres coniques, saillantes, suivies par une
collerette à bord denticulé ou festonné ; œsophage long, cylin-
droïde, deux papilles cervicales en forme de croissant pectiné ;
mâle pourvu de deux ailes caudales, soutenues par 4 papilles
préanales et 5 (ou 6) papilles postanales, toutes costiformes ;
deux spicules très inégaux, le plus long pourvu à son extrémité
d'un ou deux crochets rétrogrades, femelle à vulve située peu
en arrière du milieu du corps et à extrémité caudale arrondie
et à peine atténuée ; œufs embryonnés au moment de la ponte.
Parasites des Oiseaux sous la cuticule du gésier. Espèce-type
Sireptocara pectinifera (Neumann, 1900), de la Poule. Neuf au-
tres espèces de ce genre sont actuellement connues.
1240 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE. DE BIOLOGIE (150)
HiSTOLOGIE DU CORPS JAUNE DE L'OVAIRE HUMAIN,
par H. DE WiNIWARTER.
‘ L'étude de la transformation partielle de follicules de de Graaf,
non rompus, en corps jaunes (1), me paraissait démontrer défi-
nitivement l'origine épithéliale des cellules lutéines, aux dépens
de la granuleuse. Néanmoins, l’origine interstitielle de ces été-
ments possède encore des défenseurs, surtout parmi les gyné-
cologues qui accordent peu d'attention aux recherches des his-
rologistes. Les inexactitudes et la confusion qui en résulte, se
reflètent dans les manuels, notamment de physiologie, ceux-ci
x
continuant à enregistrer des observations reconnues inexactes
depuis longtemps. C'est ce qui m'engage à publier quelques do-
_cuments relatifs à l’espèce humaine et particulièrement démons-
tratifs.
Pour comprendre les images de début du corps jaune, il faut
avant tout étudier la structure du follicule de de Graaf avant la
rupture. L'espèce humaine se distingue des autres Mammifères
_par deux particularités importantes : dans tous les follicules
moyens (quelques millimètres de diamètre) et plus encore aux
stades avancés, on est frappé par la minceur de la granuleuse.
Elle ne comprend, dans la plupart des cas, que deux, au maxi-
mum trois, assises de cellules surbaissées, parfois un peu char-
gées de petites enclaves lipoïdes. Au contraire, la thèque interne
est sinon plus riche en cellules, tout au moins plus importante
en épaisseur : ce sont les grosses cellules interstitielles qui la
composent que l’on aperçoit, en premier lieu, à faible grossisse-
ment. Si la distinction entre les deux couches est aisée lors-
qu'on utilise le liquide de Flemming et la triple coloration uité-
rieure, il faut recourir à des points de repère tels que la dispo-
sition des capillaires contre la basale, dans toutes les autres mé-
thodes, ou bien lorsque la fixation laisse à désirer; ceci
explique, jusqu'à un certain point, que la disparition de la gra-
nuleuse ait été décrite par divers auteurs (je fais abstraction des
follicules atrétiques).
La couronne épaisse et continue de cellules interstitielles aug-
mente avec l’accroissement en diamètre du follicule de de Graaf;
la granuleuse s'amincit au contraire. La vascularisation pro-
gresse, mais il n’y a jamais d’extravasations sanguines. Enfin,
Ja granuleuse reste toujours régulièrement appliquée contre la
membrane propre. Si un décollement survient, il s'accompagne
toujours d’un ensemble d’autres signes, permettant d’invoquer
(x) Arch. biol., t. XXIV.
(151) SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1211
un défaut de fixation. Je ne puis donc, contrairement à A.-T.
Thomson (r) considérer ce décollement ni comme normal, ni
comme destiné à favoriser l'expulsion de l'ovule.
Follicule fraîchement rompu. Les ovaires d'une Femme opé-
- rée (2) le lendemain de la cessation des règles, présentent : l’un
un volumineux corps jaune qui ne paraît pas en rapport avec la
menstruation qui vient de finir ; l’autre deux follicules proémi-
nents, intacts, et un follicule rompu depuis 12 à 15 heures au
maximum, à en juger par le caillot sanguin peu solide et la
minceur de la paroï. Cette observation s'ajoute à quantité d’au-
tres prouvant que l'ovulation ne précède pas nécessairement la
menstruation. J’ai fait à plusieurs reprises, et depuis longtemps,
_ ressortir la faiblesse des arguments de Frænkel à ce sujet èt les
travaux parus dans ces dernières années se chargent de me con-
firmer.
L’affaissement des parois du follicule à la suite de l’évacua-
tion du liquor, entraîne un remaniement complet de la granu-
leuse qui se plisse et dont les cellules glissent les unes sur les
autres : cette couche s’épaissit notablement en certaines places,
moins à d'autres ; mais partout il y a plusieurs rangées de cel-
lules. Peu de globules sanguins dans l'épithélium; le caillot s’est
surtout formé au niveau de la déchirure. Les cellules de la gra-
nuleuse renferment des grains lipoïdes en plus grande quantité.
La thèque interne s’est peu modifiée, si ce n’est au niveau des
angles rentrants de la granuleuse, où les cellules interstitielles
ont trouvé place pour s’accumuler lors de la dislocation géné-
rale. Les traces d’hémorragies et de fibrine sont abondantes
dans cette couche ; tous les vaisseaux sont d'ailleurs dilatés et
injectés.
La granuleuse ne disparaît donc nullement ; néanmoins quel-
ques ilots de cellules épithéliales flottent librement dans la ca-
vité réduite du follicule, et par conséquent il est fort possible
que des groupes de cellules granuleuses puissent être expulsés
lors de la rupture. En tous cas, il ne s’agit là que d'une minime
partie de la granuleuse et ce phénomène ne retentit en rien sur
la continuité du revêtement épithélial de l'ancienne cavité folli-
culaire.
Corps jaune à la période d'état. La distinction entre cellules
interstitielles et cellules granuleuses hypertrophiées et transfor-
mées en cellules lutéines est aussi aisée qu'au début. Il n'existe
aucune interprétation entre ces deux éléments et si, dans une
coupe, un groupe interstitiel semble inclus dans une masse de
cellules à lutéine, cette image résulte d’une coupe entamant
(x) Jourr. of Anat., t. LIV.
(2) Pièces que je dois à l’obligeanes du Pr Fraipont.
1242 RÉUNION DË EA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (452)
l'épaisseur d'un pli de la paroi folliculeuse. L'étude des coupes
en série le démontre facilement. Il se produit souvent (comme
c'est la règle chez la Chauve-souris) un bouchon de tissu lutéi-
nique faisant saillie par l'orifice de rupture et dépassant parfois
d’une manière notable la surface libre de l'ovaire.
Au moment de la régression du corps jaune, les cellules in-
terstitielles subissent nettement l’involution avant les cellules
lutéiniques. Elles se comportent donc ici comme dans l’évolu-
tion de toutes les autres parties de l'ovaire, ce qui confirme, à
mon avis, leur rôle trophique. s PE
Par contre, le rôle d’organe à sécrétion interne ou le rôle
nourricier que l’on déduit de leur présence autour de d’ovule,
ne me parait prouvé par aucun argument sérieux. Ce que l’on
sait de positif, c'est l'extrême sensibilité de la cellule-œuf en-
vers les substances les plus diverses (toxines, poisons, sels mi-
néraux, etc.) et d’ailleurs la physiologie toute spéciale de, cette
cellule, incapable d'évoluer sans fécondation, permet d’entre-
voir les causes de cette sensibilité. Dès lors, on comprend la pré-
sence d'éléments protecteurs, tels que les cellules interstitielles,
opérant un véritable filtrage des substances apportées à lerrie.
se développant lorsque l'organe qu’ils entourent progresse, et
entrant en régression dès que leur rôle est devenu superflu. On
peut aussi concevoir l'importance plus grande des éléments in-
terstitiels dans l’espèce humaine où les ovules issus de la troi-
sième et dernière prolifération, doivent fournir tous les ovules
de la période sexuelle de la Femme, c’est-à-dire pendant une
période relativement beaucoup plus longue que chez la plupart
des autres Mammifères.
(Université de Liége).
LE RÔLE DE LA GLANDE THYROÏDE DANS LE PHÉNOMÈNE
DE L'ANAPHYLAXIE.
Note de R. AppELMANs, présentée par KR. BruyNnocue.
Dans une note récente, Képinow (1) communique des expé-
riences concernant l’anaphylactisation des animaux thyroïdecto-
misés et il arrive à la conclusion que, chez ceux-ci, l'injection
déchaînante ne provoque aucun choc. Il croit pouvoir attribuer
ce phénomène au fait que la glande thyroïde joue un rôle dans
l’anaphylaxie. Toutefois, il déclare que la production des anti-
(1) Kepinow. C. R. de la Soc. de biol., 15 juillet 1922. ë
453) SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1243
corps n’est guère influencée par cette ablation. Cette mo.
donnée confirme la communication d’Ecker et Goldblatt (x).
Il nous semblait que si les recherches de Kepinow se répé-
taient systématiquement, elles allaient diriger l'étude du phéno-
mène anaphylactique vers des voies nouvelles et tenté par cette
perspective, nous avons vérifié ces expériences sur une série de
Cobayes..
Voici comment nous avons opéré
Nous faisions à une série d'animaux une injection sensibili-
sante de 1/25 c.c. de sérum humain, sous la peau ; certains de
ceux-ci avaient subi l’ablation du corps thyroïde avant cette
injection, d’autres étaient opérés au moment de linjection,
d’autres subissaient l'opération plusieurs jours après l'injection
et quelques animaux non opérés servaient de témoins.
Nous signalons quelques résultats dans le tableau ci-dessous.
Injection déchaînante
Date de l'injection
RE
sensibilisante Pate Quantité Résultat
A. Hypersensibilisalion d'animaux thyroïdectomisées
1- 2 jours après l’opé- 18 jours après 1 c.c. dans le Choc ansphylactique et mort au bout
ralion. cœur. de 5 m'nutes.
2. 7 jours après l'opé- 17 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphylaclique et morlau bout
ration. péritoine. de 4 h. 20 minutes.
3. 11 jours après l’opé- 17 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphylactique et mort au bout
ration. péritoine. de 1 h. 30 minutes.
B. Hypersensibilisation et thyroïdectom'salion simultenément
4. _ — 20 jours après 1 c.c. dans le Choc anaphylactique et mort au l'out.
: cœur. de 7 minüles.
5, — — 20 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphylactique el mort au bout
péritome. de 1 heure.
C- Thyroïdeclomisation après l'injection sensibilisan'e
6. 2 jours avant l'opé- 20 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphylactique, pas suivi de
ralion. péritoine. mort.
7. 2 jours avant l'opé- 20 jours sprès 0,5 c.c. dansle Choc anaphylactique et mort au bout
ration, cœur. de 10 mimules. LA
8. 7 jours avant l'opé- 24 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphylactique, pas suivi de
ration. péritoime. mort.
9. 6 jours ayant l'opé- 24 jours après 3 c.e. dans le Choc anaphylactique et mort au bout
ration. périloine. de 40 minutes.
D. Animaux témouns
10. 20 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphyla:tique, pas suivi de
périloine. mort.
11. 24 jours après 3 c.c. dans le Choc anaphylactique et mort au bout
péritoine. de 1 h. 30 minutes.
Nous avons autopsié tous nos animaux et n'avons plus trouvé
de vestiges du corps pue chez ceux qui avaient subi l’abla-
tion, sauf chez le Cobaye n° 3, où il était resté un petit fragment
de clndes L'opération consistait dans l'enlèvement des deux
lobes thyroïdiens situés latéralement de chaque côté des pre-
miers arcs trachéaux. Il n’est toutefois pas impossible que ces
animaux possèdent des corps thyroïdes aberrants dans la gaine
des gros vaisseaux ou-en d’autres endroits non signalés.
Il résulte de ces expériences, que les animaux opérés, quelle
@ Eckers et Goldblatt (Univ. Cleveland). Journ. of exp. medic., t. XXXIV,
#2 3, p. 275-294 2 r927.
1244 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (154)
que soit la date de la thyroïdectomisation, avant, en même
temps ou après l'injection sensibilisante, subissent le choc ana-
phylactique lors de l'injection déchaînante comme les témoins.
Il semble donc que la glande thyroïde ne joue aucun rôle
dans le phénomène de l’anaphylaxie.
(Institut de bactériologie de l'Université de Louvain).
AU SUJET DE LA CONSTITUTION DU BACTÉRIOPHAGE.
Note de J. WacEemanws, présentée par R. BRUYNOGHE.
Les opinions concernant la nature du Bactériophage varient
d’après les auteurs. D’après les uns, il s’agit d’un ferment,
d’après les autres, d’un virus parasitant les microbes. Quelle
que soit la nature du principe nocif, les présentes recherches
tendent à établir la complexité de sa constitution. ,
Avant d'aborder celles-ci, nous rappelons que nous avons
établi, en collaboration avec R. Appelmans (x), que les microbes .
devenus résistants à un Bactériophage donné, peuvent être in-
hibés dans leur développement par l’action d’un principe Ivti-
_ que d’une provenance autre. Etant donné que cette action inhi-
bitive sur le développement des résistants est réciproque, on ne
peut expliquer ce fait que par la diversité des Bactériophages
utilisés.
Cette explication a été confirmée par les résultats obtenus
dans des essais de neutralisation. En effet, ainsi qu'il résulte
des recherches de Bruynoghe et Appelmans (2), l’action du
sérum anti-Bactériophage est spécifique en ce sens qu'il ne neu-
tralise que le Bactériophage qui a servi à sa préparation, que
ce dernier lui ait été ajouté comme tel ou après adaptation à
une culture différente.
La constitution complexe du Bactériophage résulte des cons-
tatations suivantes
I. Quand on fait agir sur un principe lytique donné un sérum
anti-Bactériophage, trois éventualités peuvent se présenter
a) Le Bactériophage n’est pas influencé par le sérum et il
exerce son action comme antérieurement.
b) L'action du Bactériophage est inhibée dans les premières
heures et le microbe se développe dans le bouillon additionné
du mélange de sérum et de Bactériophage, comme si ce dernier
(1) R. Appelmans et J. Wagemans. C. R. de la Soc. de ‘biol., t. LXXXVI,
P. 738, 1922.
(2) R. Bruynoghe et Appelmans. C. R. de la Soc. de biol., ; Arch. internat.
de pharmacodynamie et de thérapie, 1922.
155) SÉANCE DU 2 DÉCEMBXE 1245-
y était neutralisé. Toutefois, après un certain laps de temps, les
microbes subissent une lyse et l’on peut alors isoler de ce mé-
lange un principe lytique parfaitement apte à la culture en
série. ,
c) Le Bactériophage peut être définitivement et complète-
ment neutralisé.
Les tableaux I et II nous montrent ces trois éventualités :
TABLEAU I.
d'Herélle cullure
se
Sérum anti-Bactériophage Herelle Poule 3
ee
Développement : = SE
après - Bact. + + + Bact. Bac.
heures seule Puule 1 Bact. P2 Bact. P3 Bact. P5 Louvain Porc
CE suce + + + ou AE e NE 4
D eee + + + + Pr a ge JL ie
2 nes ++ +++ +++ D a Monet Es
Ce tableau montre
1° que l’anti-Bactériophage Poule 3 neutralise complètement
les Bactériophages Poule 1, Poule 2 et Louvain.
2° qu'il exerce une action temporaire sur le Bactériophage
Poule 3 suivie de lyse (x).
3° qu'il n'exerce qu'une action minime ou nulle sur les Bac-
tériophages Poule 5 et Porc.
TABLEAU II.
d'Herelle culture
Sérum anti-Bactériophage Herelle Louvain
Développement -
Se sin Lin
après Bact. + + + Bact. Bact.
heures seule Poule 1 Bact. P2 Bact.P3 Bact. P5 Louvain Porc
CREER. = © ++ — + + + + de pe
DR Te ete le ms 35 2 — — + 3e dE 3e L
DLL ER EURE HET Æ En = +++ +++ ++
Ce tableau montre
1°que l’anti-Bactériophage Louvain neutralise complètement
le Bactériophage Poule 5 et son propre Bactériophage Louvain.
2° qu'il neutralise temporairement le Bactériophage Porc.
3° qu’il exerce une action minime ou nulle sur les Bactério-
phages P2 et P3.
Dans le cas de neutralisation temporaire on obtient, après
quelques heures, un Bactériophage à action lytique plus limitée
que la souche originelle. Au début, ce Bactériophage n'’exerce
son action inhibitive sur le développement microbien que du-
rant quelques heures, mais par un certain nombre de repiqua-
(1) L'influence minime que l’anti-sérum Poule 3 exerce sur son propre
Bactériophage forme l’objet d’une communication ultérieure.
1246 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (156)
ges on arrive à lui donner la nine voulue pour exercer une
action inhibitive plus durable.
Quelle que soit l’activité de ce dernier, les microbes devenus
résistants à son action peuvent toujours être inhibés dans leur
développement par le Bactériophage originel actif.
TABLEAU III.
Cette même culture
Développement Culture Herelle devenue résistante à laquelle on
microbien après résistante au Bact. P5 : ajoute du Baci. Pa
heures trailé par le sérum anti-P3 originel
Ge e ce ercortee +. —
9) lba 010 0 0 00/0 po 0 at 0/0 00.6 016 + —
DO ete ere PEU NE HSE LE EU SL Le > Es
Ce fait s'explique aisément en admettant que l’anti-Bactério-
phäge a neutralisé certains éléments du principe Iytique, tout
en laissant persister certains autres. Les microbes devenus ré-
sistants à ces derniers ne sont pas réfractaires aux éléments Iy-
tiques qui ont été neutralisés par l’anti-sérum, et c'est ce qui
-explique l’action inhibitive sur le développement microbien du
Bactériophage originel total.
Il n’en est évidemment pas ainsi quand le sérum n'a opéré
aucune neutralisation. Les microbes devenus résistants au Bac-
tériophage isolé de ce mélange résistent également à l'action du
Bactériophage qui n’a pas reçu l'addition de sérum.
II. Quand on injecte à des animaux des Bactériophages de
diverses provenances, l'on peut observer que parmi les sérums
obtenus dans ces conditions, un sérum donné, spécifions le
sérum anti-Poule 3, peut neutraliser les Bactériophages Poule 1,
Poule 2 ét Louvain, alors que l’anti-Bactériophage Louvain est
‘sans action sur les deux premiers Bactériophages.
Ce fait, apparemment paradoxal, s'explique aisément quand
-on admet que le Bactériophage Poule 3 renferme entre autres
des éléments spécifiques et des éléments contenus dans le Bac-
tériophage Louvain alors que, dans ce dernier, les éléments
spéciaux du Bactériophage Poule 3 font défaut.
III. Cette constitution complexe n’a rien d'étonnant quand on
tient compte de la méthode d'isolement des Bactériophages. On
ajoute, en effet, aux cultures réceptives plusieurs gouttes de
filtrat et il est bien possible qu’en agissant de la sorte on intro-
duise auprès des microbes réceptifs plusieurs Bactériophages
qu'on cultive ultérieurement avec le microbe en question.
Il est possible que cette constitution complexe fournisse une
explication à l'observation faite par Bordet (1) concernant l’ac-
tivité des Bactériophages isolés par la méthode des dilutions.
(x) Bordet. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII, p. 987, octobre. 1922.
er:
(157) SDF 1 SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 22 1247
Il suffit, en effet, pour expliquer les faits observés d'admettre
que le Bactériophage- complexe utilisé en l'occurrence contienne
plus de virus ou ferment, suivant la théorie, à action lytique
réduite, que des Bactériophages de forte virulence.
(Laboratoire de bactériologie de l'Université de Louvain).
DE L'ADSORPTION DU PRINCIPE BACTÉRIOPHAGE PAR LES COLLOÏDES.
Note de J, De Neoker, présentée par R. BRUYNOGHE.
Afin de serrer de plus en plus le problème de la nature du
Bactériophage, il nous a paru intéressant d'examiner l’action
exercée sur lui:par les solutions colloïdales. Nos premières ex-
périences ont été faites avec les métaux colloïdaux no
employés en clinique.
Technique. Dans un tube à essai contenant 8 e.c. de boillon
clrne.cde principe bactériophage (obtenu par filtration et pro-
venant de la même souche dans tous les essais), nous ajoutons
1 c.c. de la solution colloïdale ; des tubes témoins servent à con-
trôler la stérilité de chacun des produits employés, Bactério-
phage et solution colloïdale. Ces témoins, ainsi que les tubes
contenant ‘le bouillon + Bactériophage + colloïde, sont mis à
l’étuve ; après 24 heures de contact, nous filtrons sur filtre
Chamberland n° L. et suivant la méthode des dilutions progres-
sives nous ensemençons avec le Bacille d'Herelle le filtrat re-
cueilli. Signalons, d'abord, que l'addition de 1 ou 2c.c. de so-
lution colloïdale à 8 c.c. de bouillon ensemencé avec du Bacille
d'Herelle n'empêche, d'aucune façon, le développement de
celui-ci. Les résultats de nos expériences avec des métaux col-
loïdaux sont résumés dans le tableau suivant :
(2 Q
(e) G- on
(e] © © =
® © © Q =
CAO OlMMOnMIe ss
[e) © ®) © © © e)
(e) (e] © © © © © (2) ES
© © Q © € © © Gr Et "Ko
OS On Nr OMR TONI RARE
1Q 10 le) 1Q 1 le) le) 10 1Q 1Q — ©
=, = == == LE = =, = = EE = (x!
A H = H H ba H H Ci ee ee Ka]
ÉRUISMONILE QT CC —
losaraol, 565600 DER RS CR ee
Electromanganol . 24h. — — — + + + + + + + + —
Electroselemiumn. 2 24h, = — — — + + ù + + + + —
Hlechocaproliee 00h es QU UE Le NP Rp 7 pue
Electrarcol =... 24 D — — — + + + + + + + + —
HiÉcieonhoceutnn ee EAN NE EL EN ES CR EE NE NS
Ce tableau démontre queples colloïdes, à des concentrations
de 1/10, diminuent à peu près de 1.000 fois l’activité du Bacté-
1218 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIF (158)
riophage et que les différentes solutions colloïdales agissent sen-
siblement au même degré. Ajoutons qu'en maintenant le con-
tact entre la solution colloïdale et le Bactériophage, non pas
pendant 24 heures, mais pendant 2 jours, 4 jours, 8 jours, la
diminution de l’action inhibitive du Bactériophage sur le. déve-
loppement du Bacille d'Herelle n'a pas augmentée par ce con-
tact prolongé. :
D'autre part, lorsqu'on augmente la quantité de solution col-
loïdale mise en contact avec une même quantité de Bactério-
phage l’activité de celui-ci s’atténue de plus en plus comme
le montre le tableau suivant :
eo
) ëv
:
(®) à à a ee
CHLORE) a Où
ue
HR Re A Sue Sin
Re PSP ee 2
en + ei . e eù mn 1 ERes “A
ao) Que OU = = — + + + —
0,5 c.c. électrargol .. 24h — — — — — — + + + + —
VTAC-C: » > D he re ee PA RER
D C:C. » D SN NE Re + + & —
HRCACS » ne ne nm 0 M 0 —
Ces mêmes expériences reprises avec de la limaille d'argent
“et de cuivre préalablement stérilisée ne nous ont donné aucune
diminution du pouvoir d'inhibition du Bactériophage sur le
développement du Bacille d'Herelle. Par contre, le noir animal
a un pouvoir inhibitif très prononcé sur l’activité du Bactério-
phage ainsi que l’avaient déjà signalé De Poorter et Maisin (x).
D'après nos expériences, le pouvoir inhibitif du noir animal sur
le Bactériophage est à peu près égal à celui des métaux colloiï-
daux.
Devant ces faits, la question se pose immédiatement : com-
ment le noir animal et les métaux colloïdaux agissent-ils ? est-ce
par la destruction d’une certaine quantité de principe bactério-
phage ou par une action physique d’adsorption. Afin d’élucider
cette question, nous avons repris la même série d'expériences
en nous servant d'hydroxyde d'aluminium, colloïde dont le pou-
voir adsorbant est considérable. L’hydroxyde a été obtenu en
partant d'une solution de sulfate d'aluminium précipité par ad-
dition, goutte à goutte, d'ammoniaque diluée ; le précipité est
soigneusement lavé à l’eau distillée jusqu'à disparition de toute
réaction alcaline. r c.c. de ce précipité gélatineux est délayé
dans 8 c.c. de bouillon et stérilisé, Le y ajoute ensuite 1 c.c. de
Bactériophage et on porte le tout 21 heures à l’étuve. Le tableau
(1) De Poorter et Maisin. Arch. inter. de pharm. et de thérap., 1920, t. XXV,
P- 479.
dre,
1
(159) SÉANCE DU 2 DÉCEMBKE 1249
suivant met en évidence l’actiqn inhibitive de l’hydroxyde d’alu-
minium.
à
© €
Q =
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OMMEMMEAIME Ru
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CHOMNI OR CIO MN CNT NES)
Q © SNE) Gt+ 0) Si EE
QERIOEEr © SMS WAREMTÉES) CARD
1Q 1 219 19 19 19 219 19 1Q 5 Q
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m H M H h H HA H H Fo [a«|
Baciénionnane 0e EE ed Du
Bactériophage + Hydroxyde d’a-
luminium ........ DORE DE ER RER Re
Il en résulte donc que l'hydroxyde d'aluminium est encore
10 fois plus actif que les métaux colloïdaux.
Comme l’hydroxyde d’aluminium se dissout par addition
d'acide acétique qui le transforme en acétate d'aluminium, il
est évident que si le Bactériophage est simplement adsorbé, il
sera de nouveau libéré par cette réaction. Nous avons recherché
s'il en est effectivement ainsi de la manière suivante. On filtre
à fond sur filtre Chamberland un tube de bouillon contenant
l'hydroxyde d'aluminium et le Bactériophage préparé, comme
il a été décrit plus haut, en ayant soin de conserver le bouillon
filtré parfaitement stérile. On recueille le filtrat dont on recher-
che l’activité suivant la méthode des dilutions progressives.
. Quant au résidu de la filtration, il est constitué par l’hydroxyae
d'aluminium qui adhère à la paroi externe du filtre; on y
‘ajoute 8 c.c. de bouillon stérile et on agite pendant 1/2 heure
jusqu à ce que le bouillon soit devenu complètement trouble,
par l’hydroxyde d'aluminium en suspension. On prélève r c.c.
de ce dernier bouillon et par la méthode des dilutions progres-
sives on constate s'il contient encore du Bactériophage et son
degré d'activité.
On ajoute ensuite au bouillon restant, contenant l’hydroxyde
en suspension, goutte à goutte, de lacide acétique dilué et sté-
rilisé jusqu’à dissolution complète de l’hydroxyde d'aluminium
tout en évitant d’acidifier le milieu. De la solution ainsi obtenue,
on prélève alors également 1 c.c. et on recherche la présence et
l'activité du Bactériophage après avoir préalablement contrôlé
que l’acétate d'aluminium pur n'empêche pas le développement
du Bacille d'Herelle. Ces résultats sont consignés dans le tableau
suivant :
[°b]
2 En
© &
© © © =
© © © ©
CNE NES © © =
© © © © (e) © k ©
© © CMS © e ORNE
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© © © © O © © © © D =
LS MENU O7 ENST MS SEE SUR SRI
== = = — — È= = = == TZ E< =
Ll Hi Cl CS] Hi mi = = ee = ru E
Bactériophage pur. 24h — — — — + HD + + —
Eitrat recueilli et hi SE = —) pe po pe Ep pra gt ee
BioLociEe. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 86
1250 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (160)
Résidu non éclairci (hy-
droxyde d’aluminium)
De dcr eR So le SO HO HO + OHO4 + + + RE —
Résidu éclairci par l’acide
acétique (acétate d’alu-
minium) ....... AIRE EE AT D 7 dE ER PAP de
Comme on voit, le résidu du filtrat n’a aucune action lytique,
le Bactériophage retenu par l’hydroxyde d'aluminium est com-
plètement inactif. Par contre, ce même résidu d’hydroxyde
d'aluminium, transformé en acétate, récupère un pouvoir inhi-
bitif sur le développement du Bacille d'Herelle presque égal à
celui du filtrat. D'où il faut conclure que le’ Bactériophage re-
tenu par l’hydroxyde n’est pas détruit, mais simplement rendu
impuissant à exercer son action lytique. Nous croyons donc
pouvoir en conclure que le Bactériophage a été simplement
adsorbé par l'hydroxyde d'aluminium.
Nous avons étendu ces expériences en employant des solu-
tions colloïdales d’origine animale et plus particulièrement des
sérums sanguins, tels le sérum frais de Chien, le sérum antive-
nimeux, ansi que l'hémostyl.
Voici les résultats obtenus
]
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H h Hi h Hi H H a H FAN
Bactériophage pur. DA EN ER RER SE NE Re
Sénnens de Cinien ce mi = = = CD NE CE GRL se
SA CT NET CU Re CLIN EEE SCENE CT LENS D E, —
HÉMOSEyI ER CCTE OS PEN EUR NE OMAN A UNIS ven
Ce tableau montre que les sérums sanguins ont une action
inhibitrice non spécifique sur l’activité du Bactériophage, action
analogue à celle des solutions colloïdales minérales.
En résumé : 1° l’activité du principe bactériophage sur le
Bacille d’'Herelle est fortement inhibée par le noir animal et les
colloïdes minéraux ;
2° d’après le résultat obtenu avec l’hydroxyde d'aluminium
cette diminution d'activité serait due à un phénomène d’adsorp-
tion ;
3° le sérum sanguin possède une action inhibitrice sur le
principe bactériophage (1) ;
(1) Les expériences sur l’action inhibitrice des sérums sanguins étaient faites
lorsque nous primes connaissance de la note communiquée par P. Hauduroÿ
à la séance de la Société de biologie du 28 octobre dernier ; nos conclusions
sont différentes comme le sont nos conditions expérimentales, aussi, avant
de généraliser, ces expériences sont à reprendre dans des conditions absolu-
ment identiques. û
(161) SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1251
4° d’après ce phénomène d'adsorption, le principe lytique se
comporte plutôt, nous semble-t-il, comme un ferment non or-
ganisé.
(Institut de pharmacodynamie de l'Université de Gand).
UN NOUVEAU PROCÉDÉ DE DIFFÉRENCIATION DES MICROBES
DES TYPES-COli ET typhosus,
Note de Léon MUzLLER, présentée par E. Marvoz
Dans la 2° partie d'une note présentée à la séance d'octobre
de la Société de biologie, j'ai décrit sommairement un milieu
différentiel à base de gélose lactosée, ferrocyanure potassique et
tartrate ferrico-potassique. Quelques modifications de formule,
entre autres l’addition d'une minime quantité de certaines ma-
tières colorantes, m'ont permis de rendre la méthode encore
plus démonstrative.
La préparation de ce milieu exige
a) une solution de gélose lactosée (bouillon ordinaire, ou
bouillon Liebig, x litre ; gélose, 30 gr.; lactose pur, 25 gr.).
Alcalinité de 10-12 p. 1.000 NaOH Nr.
b) une solution aqueuse de tartrate ferrico-potassique à
10 P. 100.
c) une solution aqueuse de ferrocyanure de K, à 10 p. 100;
d) une solution aqueuse de matière colnanie DAS DIN OO:
soit de la fuchsine, de la safranine, du rouge neutre, du brun
Bismarck (1) ou de l’orangé III ou G.
La gélose lactosée peut être stérilisée à l’autoclave de la ma-
nière habituelle (2). Pour les autres réactifs, il vaut mieux se
contenter d’un chauffage à 100° pendant 1/2 heure. A r litre
_ de bouillon gélosé et lactosé, on ajoute 5o c.c. de la solution de
tartrate ferrico-potassique ; puis, après avoir bien mélangé,
bo c.c. de la solution de ferrocyanure ; enfin, la solution colo-
Fate TD: 100, Soit : 10 C.c: de fuchsine, ouvro! c:c2de:safrar
nine, ou bo c.c. de brun Bismarck, ou 60 c.c. d'orangé G, ou
mème quantité de rouge neutre. |
Le mélange est plus ou moins opaque, selon la température à
(x) Produit identique à la vésuvine, d’après les traités de chimie. Cepen-
dant, les deux échantillons dont je vois n’avaient pas la même nuance
ni le même pouvoir colorant.
(2) Le danger d’hydrolyser le lactose par un chauffage sous pression est
plutôt théorique. L’on peut, au reste, ajouter le lactose, stérilisé séparément
à 100° (solution à 4o p. 100, 60 c.c. par litre de gélose-bouillon).
1:52 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE 4162)
laquelle on opère : dans de la gélose presque bouillante, le ferro-
cyanure et le tartrate réagissent rapidement, et le milieu devient
vert foncé et opaque (bleu de Prusse). Mais avec de la gélose
refroidie à 60°, la réaction est plus ou moins enrayée, par la
consistance visqueuse de l’excipient, et le mélange reste limpide
et de teinte brune. J’appellerai milieu au bleu préformé celui
dans lequel les 2 réactifs ayant été mélangés au préalable, la for-
mation du pigment bleu a été immédiate et complète. Le milieu
est coulé en tubes ou plaques de Pétri qui serviront à l’'ense-
mencement en stries.
À 37°, les cultures montrent, dès la 24° heure, un développe-
ment luxuriant des Bactéries coliformes avec une différencia-
tion frappante des deux groupes
a) Milieu à la fuchsine ou à la safranine : les colonies de coli
sont teintées en bleu, celles de {yphosus et para en rouge
(fuchsine) ou orangé (safranine).
b) Milieu au brun Bismarck ou à l’orangé G. Colonies de coli
vert vif; {yphosus et para, brun clair. S'agit-il de mettre spé-
cialement en évidence les para et les typhiques, c’est la formule
au brun Bismarck et bleu préformé qui convient le mieux. Re-
gardées par transparence, les colonies de coli paraissent extrème-
ment foncées et les taches bleuâtres qu'elles dessinent ne tar-
dent pas à se marquer au dos de la plaque. Les colonies de {hy-
phosus et para, au contraire, détruisent peu à peu l'opacité ori-
ginelle du milieu qui montre à leur niveau des aires de décolo-
ration.
La différenciation me paraït résulter de 2 réactions opposées
1° les coli dissolvent le bleu de Prusse (après en avoir accéléré
la formation, dans les milieux où il n'existe pas préformé), et
le fixent. Les {yphosus et para détruisent le pigment bleu, lais-
sant à sa place des composés peu colorés, tels que FeS, d'où les
aires de transparence.
2° Les typhiques et para fixent fortement le colorant d’aniline
tandis que les coli le détruisent (ceci est vrai, tout au moins,
pour le brun Bismarck et le rouge neutre).
La différenciation sera évidemment plus frappante si les deux
colorations sont bien tranchées et, si possible, complémentaires.
C'est pour ce motif que les milieux à la safranine ou au brun B.
méritent la préférence. ;
Le milieu que je viens de décrire présente, sur les milieux
classiques pour la différenciation des Bactéries du type coli et
typhosus, des avantages dont il est aisé de se rendre compte, en
faisant des essais comparatifs.
À la différence de l’'Endo et du Drigalsky, il utilise comme
principal réactif différentiel, un produit insoluble, le bleu de
(163) SÉANCE DU 2 DÉCEMB:E 1253
—
Prusse, et les produits de réaction sont, ou insolubles eux-mè-
mes (FeS), ou fixés fortemnt par les Bactéries. Les colonies aci-
difiantes et non acidifiantes peuvent proliférer en un voisinage
étroit, sans que les aires de diffusion autour d'elles, ne viennent
mêler les colorations différentielles.
Comme la différenciation résulte du concours de plusieurs
réactions biochimiques, elle risque moins d'être en défaut, lors-
que l’une de ces propriétés (production de HS, d'acides, virage
de coloration), est plus ou moins déficiente.
Le dosage des réactifs n'exige aucune précision. J'ai préparé
d'excellents milieux, en mêlant les constituants au hasard,
sans pesées ni mesures précises.
Le milieu se conserve bien (vieux de deux mois, il me donnait
encore de bons résultats). La formule se prête à des variantes
multiples : la gélatine à 15 p. roo peut remplacer la gélose ; au
lieu de bouillon lactosé, on peut employer la même quantité de
bile (lactosée à 25 p. 1.000), ou de lait, ou un mélange de lait et
bouillon, ajouter de l’ascite, phéniquer le mélange (cf. Chante-
messe), etc.
Enfin, avantage inattendu, le milieu a, par lui-même, une
électivité marquée : le Staphylo s'y développe faiblement, les
Sporogènes, Levures, microbes banaux de l'air, n'y poussent
guère qu'après 72 heures d’étuve.
C'est ce que jai pu constater de façon frappante, lorsque
voulant préparer des cultures particulièrement démonstratives
pour la reproduction par autochromie, je traçais sur des plaques
de Pétri de grand format, au moyen d’un stylet chargé de pro-
duit de culture, des inscriptions figurant le nom et l’origine des
souches microbiennes. Quoique, durant ces ensemencements,
les plaques fussent largement exposées aux contaminations par
les poussières, après 24 heures d’étuve, le développement des
germes banaux restait négligeable, comparé à la luxuriante pro-
lifération des Bactéries coliformes.
(Institut bactériologique de l'Université de Liége).
RÉSISTANCE DES BACTÉRIOPHAGES A LA CHALEUR (1).
Note de TcHaxc Kouo N&En et J. WaAGEMmaANs,
présentée par R. BRUYNOGKE.
Comme il a été rappelé dans la communication précédente,
(x) Ce travail était achevé quand nous avons pris connaissance du travail
récent d'Hauduroy (C. R. de la Soc. de biol., 18 novembre 1922), mentionnant
des résultats identiques aux nôtres.
RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (164)
il est établi qu'il existe dans la nature plusieurs Bactériophages.
L'un de nous a démontré dans cette même note que les Bacté-
riophages tels qu'on les obtient en ajoutant aux cultures Iysa-
bles quelques gouttes de filtrat approprié, peuvent avoir une
constitution complexe et éventuellement contenir plusieurs prin-
cipes lytiques distincts. C’est en tenant compte de ces données
que nous avons voulu reprendre la question de la résistance des
Bactériophages à la chaleur. En effet, les résultats obtenus par
les auteurs (1) dans une question aussi simple présentaient des
écarts tels qu'il y avait lieu de se demander si ces différences ne
provenaient éventuellement pas du Bactériophage utilisé.
En effet, s’il est établi qu'il existe plusieurs espèces de Bacté-
riophages, rien ne prouve-qu'ils doivent tous présenter la même
sensibilité à la chaleur. C'est dans le but de vérifier ce fait que
nous avons soumis à cette épreuve une série de Bactériophages
de provenances différentes. Nous les avons chauffés en ampoule
fermée au bain-marie à des températures progressivement crois-
santes de 4 degrés depuis 60° à 92°. Nous donnons dans le ta-
bleau ci-dessous la température limite à laquelle leur activité se
manifestait encore. :
=
2)
Ce
EE
B:ctériophage Baclériophage Bactériophage
Origine flerelle Shiga Typhus
ROUE TN, 6000 late Ron one 68 72 —
POULE BP ARE Re MU n à Jodoe 68 72 —
PO ER LS PRET RAP NE Eee AC 68 76* (2) —
Poules PRE PRE RNA 68 — —
Poule Mb AS Res D RTE ete er ae tee 72 —— —
Pouvainerree SUR AS A AE LE PA ES 72 ma 68
Eau de l'étang de l’Institut ........ 2 72 —
Eau de la Dyle (entrée en ville) .... — 72 06
Eau de la Dyle (sortie de ville m2 m2 80
Ces recherches établissent À
1. Que tous les Bactériophages ne résistent pas d’une façon
égale à la chaleur.
>. Que cette résistance différente dépend non de la culture,
mais de la provenance du Bactériophage.
5. Que des filtrats de Bactériophages de même provenance
additionnés à des cultures différentes et cultivés en série peu-
vent se comporter différemment dans l'essai de chauffage. Ce
résultat. semble indiquer que les Bactériophages peuvent être
distincts entre eux. Ce fait corrobore certains résultats, non
(:) -Twort, Lancet, 1915. D’Herelle. Le Bactériophage (Masson, 1921). De
Nécker. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXVII. Weinberg et Aznar, C. R. de la
Soc. dé biol.,t LXXXVII. RSC
(2) _L'astérisque indique que nous n’ayons pas fait d'essais à températures
plus élevées pour ces souches. ; | 2
(165) + SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1:55
publiés, obtenus dans des essais de neutralisation. En effet, un
antibactériophage coli Ch. apte à neutraliser son propre Bacté-
riophage à la dose de 1/800 de c.c. est: sans action ou n’exerce
qu'une action limitée sur ces Bactériophages de même prove-
nance mais cultivés en présence d’autres germes.
Quant à l’action de la chaleur sur la constitution complexe
du Bactériophage, nos recherches à ce sujet ne sont pas encore
tout à fait achevées. Nous pouvons toutefois certifier
1° Que par le chauffage on ne produit pas une sélection d'élé-
ments résistants, car nous n'avons pas constaté que le Bactério-
phage resté actif après chauffage à une température relative-
ment élevée, supportait mieux, après culture, un nouveau chauf-
fage, que le Bactériophage originel. Même il nous est arrivé que
ce second chauffage le détruisait.….
2° Le chauffage élimine vraisemblablement du Bactério-
phage certains principes lytiques. Le fait que les microbes deve-
nus résistants au Bactériophage chauffé peuvent êter inhibés
dans leur développement par le Bactériophage originel semble
le démontrer.
(Laboratoire de bactériologie de l'Université de Louvain).
AGGLUTINATION SPÉCIFIQUE PAR DES ANTIGÈNES
CHARGÉS D'ANTICORPS NORMAUX. .
Note de G.-H. BorssEvAIN, présentée par J. Bonper.
Bordet (1) a, le premier, attiré l’atténtion sur le fait que le
sérum de Cheval neuf, après avoir agglutiné des Vibrions cho-
lériques a perdu son pouvoir agglutinant vis-à-vis de ces micro-
bes, mais est encore parfaitement capable d'agelutiner des Ba-
cilles typhiques ; et réciproquement un sérum dont on a épuisé
le pouvoir agelutinant pour le Bacille typhique se montre en-
core agglutinant pour le Vibrion cholérique. Malkoff (2), em-
ployant ce même procédé d'absorption spécifique à l'égard de
globules rouges, trouva, dans le sérum de Chèvre, autant d’ag-
glutinines différentes qu’il y avait d'espèces de sang agglutina-
bles par le sérum. Landsteiner (3) enfin, observa que si l’on
chauffe un complexe de globules rouges et d'agglutinines ror-
males que ces globules, mis én présence de sérum neuf, ont élec-
tivement absorbées, le complexe se dissocie et que, chose cu-
. (1) Annales Pasteur, 1899, Fos,
(2) D: med. Wochenschr., IQ00,P. 229.
… G) Münch. med. Wochensehr., 1902, n° 46.
1256 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (166)
rieuse, l'agglutinine ainsi remise en liberté n'est pourtant pas
spécifique.
Il résulte au contraire, de nos recherches, que les agglutini-
nes normales sont rigoureusement spécifiques tant qu'elles res-
tent unies à leur antigène. Nous avons observé, en effet, que
tout complexe antigène-agglutinine normal, soigneusement
lavé et ne laissant pas diffuser d’agglutinine libre, est capable
d'agglutiner de nouvelles quantités du même antigène, mais
n’agit pas sur un antigène différent.
Laissons des stromas de Lapin (provenant de r c.c. de sang)
pendant une semaine dans la glacière en contact avec 100 c.c.
de sérum de Cheval neuf ; centrifugeons ensuite pour éliminer
les dernières traces de sérum adhérent, et vérifions que, mainte-
nus à la température ordinaire pendant plusieurs heures, ils ne
laissent diffuser aucune trace d’agglutinine. Nous constatons
néanmoins qu'une goutte d’une suspension de ces stromas est
capable d’agglutiner 1 c.c. de globules rouges de Lapin ; aucun
effet ne s’observe si les stromas sont mélangés à des globules
d'Homme, de Bœuf et de Cobaye.
Ce phénomène d’agglutination par les stromas s’observe aisé-
ment sous \e microscope ; on voit les globules rouges se coller
aux stromas et finir par les recouvrir entièrement.
En employant des stromas humains, on trouve qu'ils acquiè-
rent un pouvoir agglutinant vis-à-vis des globules humains,
mais qu'ils restent sans action sur les globules des espèces diffé-
rentes. En répétant cette expérience avec des stromas de plu-
sieurs espèces, on constate que le pouvoir agglutinant est stric-
tement spécifique. Les mêmes expériences peuvent être réalisées
x
avec le sérum d’Homme, de Lapin, de Cobaye, etc., à condition
que le sérum employé soit agglutinant pour les globules en
cause.
Les constatations que j'ai faites, en utilisant commnre sérum
agolutinant le sérum de Poule, sont quelque peu différentes.
Le sérum de Poule agglutine fortement (à r/r00) les globules de
Lapin et moins fortement (à 1/5) les globules de Bœuf. Quand
on laisse des globules de Bœuf en contact avec du sérum de
Poule on trouve qu'ils devitnnent agglutinants non seulement
pour les globules de Bœuf, mais aussi pour ceux du Lapin ;
mais le contact avec les globules de Bœuf n’enlève pas complète-.
ment au sérum de Poule son pouvoir agglutinant pour les glo-M
bules de Lapin. Les stromas de Lapin, par contre, même après
un contact prolongé avec le sérum de Poule, n’agglutinent que
les globules de Lapin ct non les globules de Bœuf, mais le con-
tact avec les globules de Lapin enlève au sérum toutes ses agglu-
tinines, aussi bien anti-Lapin qu'anti-Bœuf. Il semble donc que
eee me eee TU
(167) | SÉANCE DU 2 DÉGEMBRE 1257
ae st NN sr. ti mn
les agglutinines anti-Bœuf du sérum de Poule sont, en même
temps, des agglutinines anti-Lapin, puisque absorbées sur des
stromas de Bœuf elles confèrent à ceux-ci la faculté d'agglutiner
les globules de Lapin, tandis que les agglutinines anti-Bœuf
absorbées par des stromas de Lapin ont perdu leur pouvoir d'ag-
glutiner les globules de Bœuf.
On peut faire des constatations analogues en utilisant des mi-
crobes au lieu de stromas de globules rouges. On introduit X
couttes d’une culture en bouillon de Vibrions cholériques ou
de Bacilles typhiques dans 5o c.c. de sérum de Cheval neuf et
laisse le contact se prolonger pendant une semaine. Les micro-
bes sont ensuite centrifugés et lavés, puis émulsionnés dans de
l'eau distillée. Une goutte de cette émulsion introduite dans
XX gouttes d’une culture en bouillon du microbe correspondant
en provoque l’agglutination complète. Introduite dans r c.c.
d'une culture en bouillon de microbes d'une autre espèce,
l’'émulsion n’y produit pas d’agglutination ; tout au plus on voit
quelques petits flocons qui proviennent des microbes de l’émul-
sion qui s’agglutinent sous l'influence du sel contenu dans le
bouillon. C'est avec les Vibrions (V. metchnikovi) que le phéno-
mène est le plus facile à observer ; une goutte de ces Vibrions,
traités par le sérum de Cheval et émulsionnés dans de l’eau dis-
tillée peut agglutiner 5 c.c. d’une culture en bouillon de ce mi-
crobe, tout en restant sans action sur les Bacilles typhiques.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
LES RAPPORTS ENTRE LES AGGLUTININES DU SÉRUM NEUF
ET LES IMMUNAGGLUTININES.
Note de C.-H. Boissevain, présentée par J. Borper.
On sait que les agglutinines normales ne sont pas spécifiques,
or, nous venons de montrer, dans la note précédente, que lors-
qu un antigène, globule ou microbe, est chargé de ces aggluti-
nines normales, il acquiert la propriété d’agglutiner, de façon
spécifique, de nouvelles quantités du même antigène, c'est-à-
dire qu’il se comporte tout à fait comme une immunageglutinine.
Ce fait nous a amené à nous demander si un tel complexe, anti-
gène-agolutinine normale, ne représente pas en réalité une véri-
table immunagglutinine , en d’autres termes, si un immunag-
glutinine n’est pas tout simplement un noyau d’antigène chargé
d’agglutinines normales. Cette conception explique très aisé-
ment la spécificité des immunagglutinines : ce serait l’antigène
lui-même qui y introduirait l’élément spécifique. Cette théorie en-
1258 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (168)
traine des déductions qui, si elle est exacte, doivent se vérifier
expérimentalement. Cest ainsi, notamment, que dans le cas où
des globules ne se chargent pas d’agglutinines normales lors-
qu ils sont mis en contact avec le sérum neuf d’une espèce don-
née, il est à prévoir qu'injectés dans la circulation d'animaux
de cette espèce, ces globules ne seront pas non plus capables de
provoquer l'apparition d’immunagglutinines. Or, c’est précisé-
ment le cas pour les globules de Bœuf et le sérum de Lapin. Ce
dernier, en effet, ne confère aucune propriété agglutinante à
des globules de Bœuf et, corrélativement, le sérum de Lapin
anti-Bœuf, lui non plus, n'est pas agglutinant, comme on sait,
pour les globules de Bœuf.
Nous avons montré que, mis en contact avec du sérum de
Poule, les globules de Bœuf acquièrent des propriétés aggluti-
nantes, non seulement pour les globules de Bœuf, mais aussi
pour les globules de Lapin ; les globules de Lapin, par contre,
n’acquièrent des propriétés agglutinantes que pour les globules
de Lapin. Si notre théorie est exacte, il est à prévoir que l’injec-
tion chez la Poule, de globules de Bœuf, déterminera l’augmen-
tation du pouvoir agglutinant non seulement pour les globules
de Bœuf, mais aussi pour les globules de Lapin, tandis que l’in-
jection de globules de Lapin ne devra entrainer l’augmentation
que des seules agglutinines anti-Lapin. Or, c’est dans ce sens que
l'expérience répond. Alors que le titre du pouvoir agglutinant
d’une Poule, avant immunisation, était de 1/2 pour les globules
de Bœuf et de 1/100 pour les globules de Lapin, après 2 injec-
tions intraveineuses de 5 c.c. de globules de Bœuf, le titre s’éle-
vait respectivement à 1/50 pour les globules de Bœuf et 1/3.000
pour les globules de Lapin. Si, au contraire, on immunise une
Poule avec des globules de Lapin, seules les agglutinines anti-
Lapin augmentent, la quantité d’agglutinines anti-Bœuf restant
la même. L'expérience vérifie donc de façon rigoureuse les con-
séquences logiques de notre théorie.
Celle-ci explique d’ailleurs très facilement toutes les propriétés
caractéristiques des immunagglutinines et les qualités qui les
distinguent des agglutinines normales, notamment leur spéci-
ficité, leur activité beaucoup plus grande, et, enfin, l'énergie
toute spéciale de leur affinité pour l’antigène correspondant. On
sait qu'un antigène est capable d’absorber une quantité considé-
rable d’immunagglutinines, jusqu’à 20.000 fois la dose suffisante
à leur agglutination dans le cas des Bacilles tpyhiques par
exemple (1). Nous avons constaté, au contraire, que lorsqu'il
s'agit d’agglutinines normales, cette absorption est d’un ordre
de grandeur infiniment moindre ; mis en présence de sérum de
(x) Eisenber et Volk. Zs. f. Hygiene, t. XV.
(169) &ÉANCE DU 2 DÉCEMBRE , 1259
Cheval, des Bacilles typhiques ou des globules rouges n’absor-
bent guère que ro à 20 fois la dose d'anticorps normaux néces-
saire à leur agglutination.
Toutes ces différences trouvent, dans one théorie, des expli-
cations très plausibles mais dont l'exposé dépasserait le cadre
de cette note. Nous comptons y revenir un jour.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
SUR LA SYMPTOMATOLOGIE GÉNÉRALE DE L ENCÉPHALITE
HERPÉTIQUE,
par M. Le FÈvVRE DE Arric.
Les symptômes nerveux occupent la première place parmi les
signes visibles de la maladie herpétique. [ls ont été décrits par
les auteurs qui ont étudié le virus de l’encéphalite ou de l’her-
pès (Doerr, Strauss, Levaditi, Blanc, Kling et leurs divers colla-
borateurs). Nous avons rapporté nous-mêmes dans notre der-
nière note (r) les caractères principaux de la maladie produite
par l’inoculation au Lapin de notre virus fixe. Nous aurons donc
peu de chose à ajouter au point de vue nerveux.
Le réflexe cornéen se maintient jusqu'à une période assez
avancée, pour disparaître à la période terminale de la maladie.
Des troubles sphinctériens s’observent, maïs ils sont inconstants;
il faut d’ailleurs faire une réserve sur la part qu'il faut attribuer
aux troubles digestifs. Toutefois, la rétention urinaire paraît
notoire dans le cas de paralysie débutant par l’arrière-train (ino-
culation à la peau). Mais nous voudrions surtout rassembler iei
les signes cliniques généraux apparaissant en dehors du do-
maine purement nerveux.
_ Perte de poids. L'amaigrissement s’observe Sd at
teint aisément 10 p. 100 du poids initial, Den au cours de
cette maladie de 3 jours seulement.
Fièvre. À été signalée par Blanc pour le virus he ee La
courbe Chernr qe à été relevée par Levaditi, Harvier et Nicolau
chez un certain nombre d'animaux inoculés de leur virus de
l’encéphalite. Ils la désignent comme fièvre prémonitoire. Dans
nos essais (virus fixe), la fièvre apparaît le 2° jour de linocula-
tion en moyenne, atteint aisément 4o° où 41° et descend pro-
oressivement dès le troisième jour pour faire place à l’hypother-
mie pré-agonique. On peut l’appeler fièvre prémonitoiré si l’on
considère qu’elle précède toujours les signes nerveux et les
annonce 12 à 24 heures à l’avance. Elle ne constitue cependant
(x) C. R, de la Soc. de biol., Réunion belge, juillet .. H'EXXXVIL
1260 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE (10)
pas la véritable fièvre prémonitoire rabique (Babès). Elle se
confond ici avec la fièvre terminale, la male étant d’ ailes
de trop courte durée. - ue
Troubles digestifs. Le. refus de la nourriture est précoce. ee
diarrhée apparaît presque régulièrement dès les premières ma-
nifestations.
Troubles respiratoires. Ils se montrent dès le deuxième jour
et s'installent d'ordinaire avec l'élévation de la température. Il
s’agit, d’abord, d'une simple accélération. Plus tard, les trou-
bles deviennent marqués et de modalités diverses. La respiration
est irrégulière et inégale. Des périodes de tachypnée alternent
avec des périodes où le rythme redevient normal. Dans un cas,
par exemple, le rythme passait brusquement de 60 à 300 inspi-
rations par minute et ces alternances se reproduisaient très ra-
pidement. Quelquefois, la tachypnée est entrecoupée d'inspira-
tions lentes et profondes. Nous avons observé exceptionnelle-,
ment le type renversé, pos devenant plus brève que
l'inspiration. ANT
Troubles circulatoires. La tachycardie paraît en rapport avec
les phénomènes thermiques. À une période avancée (crises con-
vulsives), la congestion céphalique est portée à son maximum ;
les yeux sont injectés, les vaisseaux des oreilles turgescents. On
peut alors relever parfois une température Rennes plus haute
dans la bouche que dans le rectum où elle est déjà en déclin
(exemple : t. buccale 39°6, t. rectale 37°1); à la période termi-
nale la circulation se ralentit.
Troubles oculaires. Nous avons parlé de réflexe cornéen. En
“dehors du cas de l'inoculation cor néenne (où le réflexe disparaît
et où la pupille demeure contractée du côté malade seulement),
on peut observer du myosis. Enfin, dans quelques cas plus ra-
res, On voit apparaitre une conjonctivite intense, séreuse, puis.
séropurulente (cf. conjonctivite rabique).
Modifications humorales. On observe dans l’encéphalite her-
pétique des modifications profondes du sang et des urines. L'al-
buminurie est un signe constant. Nous consacrerons d’ailleurs
une note spéciale à l’étude de ces troubles et notamment de la
néphrite herpétique. En résumé, si l’encéphalite herpétique se
caractérise surtout par des signes nerveux très spéciaux, elle
s'accompagne de tout un cortège de signes secondaires. Certains
d’entre eux, comme la rétention urinaire, les troubles digestifs,
les troubles respiratoires surtout, présentent un intérêt particu-
lier du fait de leur ressemblance avec ceux qui ont été décrits
dans l’encéphalite épidémique chez l'Homme.
(Institut Pasteur de Bruxelles).
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4 les réunions de Bordeaux, Marcoille. Nancy: Petrograd,
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Athènes ; les réunions roumaine (Bucarest, Cluj et Jassy),
danoise, de Suède et de Lettonie; la Société belge de biologie.
Î ST 5 é : 4 ;
PUBLIÉS LE VENDREDI DE CHAQUE SEMAINE
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… Les comptes rendus paraissent chaque semaine sauf pendant les vacances de la Société.
PRIX DE L’ABONNEMENT POUR 1922 :
France : 50 fr. — Etranger : 60 fr.
PRIX DU NuMÉRO : 3 FRANCS
: Le bbahéments : sont reçus por MM. MASSON et Cie Editeurs
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GENTENAIRE DE PASTEUR
La séance du 23 décembre sera tenue en commémoration de Pas-
teur. — Allocution de M. Ch. Richet. — Lecture d’un manuscrit inédit
de Pasteur.
| VACANCES DE LA SOCIETE
La Société vaquera les 30 décembre 1922 et 6 janvier 1923; elle
reprendra le cours régulier de ses séances le 13 janvier 1923.
Toutes les notes doivent être remises
| sous forme de dactylographies,
varietur, sans lectures douteuses ;
elles ne doivent pas dépasser l’é tendue
rés be
4
Ces conditions sont formelles.
SIÈGE SOCIAL DE LA SOCIÉTÉ
7, rue de l'Ecole de Médecine
M. A. PETTIT, secrétaire général, ne se trouve au siège social que le
samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications et
lettres au Secrétaire général, à l’Institut Pasteur, Paris (15°).
as)
Cotisations et Versements
Les cotisations et versements de toute nature peuvent être versés
directement au compte du trésorier : D° J. Joczy, 56, av. de Breteuil,
Paris (7°), compte postal 44-58.
Pour la Publicité, s nent à la Société Mutuelle de Publicité,
14, rue Rougemont, Paris, 9° — Téléph. Central 71-57
COMPTES RENDUS
_ HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SÉANCE DU
CuABANIER (H.\, LEBERT (MARG.)
et LoBo-Onezz (C.): De l’état de
l’acide urique dans le sérum san-
ED 2 400 00 0 6 00000000
Forx (Cx.) et Nicoresco (L.): A
propos des connexions du locus
niger de Soemmering. Sa voieeffé-
rente principale : voie du pied.
La voie de la calotte peut être
COMIMUSSNEATE SE 0 Lee den .e 0e
GÉRAUDEL (E.) : Le phénomène
majeur de l’inflammation est
une lyse des substances intercel-
IAE PME
LOEPER (M. ) et MarcæaL (G.) :
Comment s'exerce le pouvoir
amylolytique des leucocytes que
la leucopédèse fait affluer dans
ÉESOMAG Re er sn,
LoPez-Lomsa : Poissons réactifs
des alcaloïdes. Sensibilité maxi-
ma et réactions spécifiques à
quelques alcaloïdes.. .........
_ ParaT (M.) : Contribution à
l'histo-physiologie des organes
digestifs de l’embryon.........
* RecAauD (CL.) et MuTERMILCH
-(S.) : Influence de l’infection mi-
crobiennesecondairesur les résul-
tats de la radiothérapie des can-
cers, notamment du cancer cer-
MOULE RUN Ne Te Ne des cree
ScmiFF (Pauz): La mononu-
-cléosé hémoclasique...
16 DECEMBRE
1922
SOMMAIRE
1269
3262
1268
1279
1264
Re 0T26 08
Réunion biologique de Bordeaux.
Bonnin (H.) : Formations lym-
phadénoïdes et lymphoplastiques
dans la lymphocytose tissulaire.
Bonn (H.): Origine histio-
gène de la plupart des lympho-
cytes tissulaires et caractère spé-
cifique des lymphocytes vrais...
Denicès (G.): Dosage très ra-
pide du sucre du sang par ré-
HCEMEUPIEN ER ere
Ficuez (A.), AUBERTIN (E.) et
Fontan (A.): Injections sous-cu-
tanées de doses fortes de tuber-
culine oxydée et non oxydée chez
des Cobayes normaux : variations
du taux des éosinophiles ADP TRE
1290
1291
1283
1280
Massras (Cx.).: Le séro-diagnos- :
tic de la tuberculose avec l’anti-
gène méthylique Nègre et Bo-
quet par le procédé du sérum
TON CHANT S reed ete
Mauriac (P.) et GazrAcy (J.):
L'action du benzol (benzène
CSHŸ) sur les leucocytes et-la
fragilité leucocytaire..
NASA (PS); ee (F. ) et
1279
1287
PrINCETEAU (R.): Mesure de la :
valeur du facteur interstitiel par.
le temps d’apparition de la phé-
nol-sulfone-phtaléine , dans le
sang,aprèsinjectionsous-cutanée.
SABRAZES (J.) : Bacilles de Koch _
des crachats tuberculeux autoly-
sés en vase clos........... Love
BroLoete, COMPTES RENDUS. — 1992. T. LXXXVIT.
1262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Réunion biologique de Lisbonne. DEHORNE (A.) : Les néphrocytes
smaragdifères de Lanice conchy-
Pergira pa Siva (E.): Appa- letter MIN eRnee 1307
reil simple pour l’ensemence- Desoiz (P.) et DAS (R. ):
ment des plaques de gélatine en Essais d’infestation expérimen-
SURACE Creer Eee MIE 1208 | tale du tube digestif par œufs et
Simors Raposo (L.-R.) : Sur la larves de Calliphora vomitoria . 1303
régénération du système nerveux- Hocouerte (M.) : Observations
central et périphérique de la sur le nombre des chromosomes
queue chez les Urodèles adultes chez quelques Renonculacées... 1801
(Molge waltlii Michah;......... 1295 Marc (A.): Influence de la nu
Réunion AL dé Lille. trition organique sur Île noyau
k des cellules végétales. .....,.... 1297
DEeuorne (A.): Destruction et Miet (J.) et Benorr (A.): Sur
phagocytose des fibres musculai- la formule bactériologique des
res à la fin de la maturation des vaccins à utiliser dans les affec-
one chez Hediste diversico- . tions de l’appareil respiratoire.. 1300
Déco os osuos nd Re ss ds, TOO
Présidence de M. Mesnil.
COMMENT S'’EXERCE LE POUVOIR AMYLOLYTIQUE DES LEUCOCYTES
QUE LA LEUCOPÉDÈSE FAIT AFFLUER DANS L'ESTOMAC,
par M. Lorrer et G. Marcnar.
Les leucocytes polynucléaires qui affluent dans l'estomac après
ingestion de bouillon et d’amidon, sont doués, à la fois, d’une
action protéolytique et amylolytique. Maïs si leur action sur les
albumines est favorisée par le suc gastrique, leur action sur
l’amidon semble être entravée par lui.
Le glucose trouvé dans l'estomac 1/2 heure ou 1 heure après
absorption d’amidon, les glucosazones et maltosazones semble-
raient donc difficilement attribuables aux ferments leucocytaires.
Les expériences que nous avons instituées, nous permettent
cependant d'affirmer que les leucocytes jouent dans leur forma-
tion un rôle fort important.
Tout estomac contient de la salive. D’ autre part, le métie re-
flux duodénal que certains auteurs ont signalé après absorption «
d'huile, se produit dans l'estomac après ingestion d'amidon. Il
existe donc dans l'estomac de quoi faire du sucre. Maïs on peut
se demander si les leucocytes n’exercent pas sur ces ferments sa-
Livaires et pancréatiques une action activante, même 6'ils n’y
trouvent pas de quoi réveiller leur activité.
Vis-à-vis de la salive et de la bile, les résultats sont tous à peu
près négatifs. La salivé n'éxcite guère les leucocytes et n’est guère
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1263
—
activée par eux. La bile ne semble ni activer ni exciter les leuco-
cytes.
Il n'en est pas de même du suc pancréatique, et les mélanges
de leucocytes et de suc pancréatique donnent des résultats inté-
ressants. Nous avons préparé trois séries de tubes contenant la
même quantité : 10 c.c. d'empois d’amidon homogène et X gout-
tes de thymol à 5 p. 100. Les uns étaient additionnés de r c.c.
d'extrait pancréatique Chaix ; les autres de X gouttes de bouillie
leucocytaire, les troisièmes d'extrait pancréatique et de leucocy-
tes. Les premiers donnent une réduction très faible, les seconds
une réduction moyenne, les troisièmes une réduction forte et une
proportion d’osazone considérable. Les leucocytes activent donc
le pouvoir amylolytique du suc pancréatique ainsi, d’ailleurs, que
certains auteurs l'avaient déjà avancé. La réciproque est vraie :
le suc pancréatique semble activer le pouvoir amylolytique des
leucocytes. Tout d’abord, les leucocytes contenus dans les liqui-
des gastriques, imprégnés par conséquent de sécrétion bilio-pan-
créatique, même après trois lavages à l’eau, sont plus actifs que
les leucocytes du sang. En second lieu, les leucocytes extraits de
liquides riches en suc pancréatique, recueillis le plus souvent
après une heure, et soigneusement lavés sont plus actifs que les
leucocytes extraits de liquides pauvres en suc pancréatique et
souvent recueillis après 1/2 heure seulement. Or, les leucocytes
extraits de ces différents liquides, imprégnés ou non de suc pan-
créatique, présentent, après lavages soigneux et répétés, une ac-
tivité très différente. Dans les cas où le reflux de suc pancréatique
a été nul ou léger, l’activité anylolytique des leucocytes est infi-
niment rte que dans les cas où ce reflux a été notable ou
considérable.
Voici le résumé de ces expériences
Extrait pancréatique seul............. ; R. légère
Liquide gastrique .,.....,..,,..... FT R. massive Osazone
ER EE R. nulle
SAVE MR este sance RERO PORT A PR. forte Osazone
Leucocytes gastriques Javés .....,...... R. forte Osazone
Leucocytestbile .,..,.,,,..,............ R. forte
Leucocytes+salive ...:..... TR Er, R. forte ._ Osazone
Leucocytes +extrait oo SELS R. massive Osazone
4 croyons donc pouvoir conclure
° que les leucocytes exsudés dans l'estomac sont susceptibles
Be malgré l'acidité défavorable du suc gastrique, de jouer
un rôle vis-à-vis des amylacés ;
3° qu'ils ne semblent guère influencés par les ferments sali-
vaires ou par la bile ;
3° qu'ils activent e sécrétion pañcréatique et sont activés par
elle,
e
modifient pas les résultats. Dans de tels cas, qui correspondent
presque toujours à des cancers relativement récents, peu étendus
à-vis des cancers infectés ne nous est pas connu. Nous inclinons à
to)
©)
ds
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE :
INFLUENCE DE L'INFECTION MIGROBIENNE SECONDAIRE
SUR LES RÉSULTATS DE LA RADIOTHÉRAPIE DES CANCERS,
NOTAMMENT DU CANCER CERVICO-UTÉRIN,
par Cr. RecauD et S. MurermiL CH.
On sait que les cancers, lorsqu'une ulcération les met en com-
munication avec le milieu extérieur septique (surface du corps,
tube digestif, etc.), sont tôt ou tard envahis par des microbes
pathogènes, qui y déterminent des processus infectieux variés.
Les bactériologistes ont étudié cette flore microbienne. Les clini-
ciens, d'autre part, connaissent bien les complications septiques
par lesquelles fréquemment se termine l'existence des cancéreux.
Or, ces infections secondaires ont, au point de vue du traitement
-des néoplasmes par les radiations, une importance considérable.
L'observation de nombreux cancers en état d'infection micro-
bienne secondaire, traités par les rayons X ou par le radium, nous
a permis de dégager les faits suivants, qui ont un car actère géné-
ral.
a) Les infections qui ne a pas les limites du néoplasme
primaire, qui ne s'accompagent ni des symptômes classiques de
l’inflammation locale, ni de réaction générale, celles dont, en dé-
finitive, le seul signe est une minime suppuration de surface, ne
sont ordinairément pas influencées par la radiothérapie et n’en
en profondeur et convenablement pansés, la régression et la
cicatrisation du néoplasme par la radiothér apie font disparaître
du même coup l'infection microbienne.
b) Lorsque l'infection, au contraire, a pénétré dans le: néo-
plasme primaire, a fortiori lorsqu'elle l’a dépassé, provoquant
dans le tissu conjonctif ambiant et dans les territoires ganglion-
naires correspondants les signes habituels de l’inflammation ou
la suppuration, avec réactions générales de l'organisme, l’action
des radiations est beaucoup moins efficace, comparativement avec
ce que l’on observe dans des néoplasmes de même structure, mais
non infectés.
Le mécanisme de la diminution d'efficacité des radiations vis-
le considérer comme un phénomène local.
€) Dans ces mêmes cas, l’irradiation favorise nettement l’ex-
tension de l'infection, et Paseonre, Le mécanisme de cet effet
est à chercher non pas dans une action directe des radiations sur
les microbes (on sait, en effet, que les propriétés des microbes
À
Te
A
SÉANCE DU 16 DÉGEMBRE 1265
sont peu modifiées par les radiations), mais dans la création d'un
terrain favorable, ou dans l’affaiblissement des moyens de dé-
fense que possèdent contre eux les tissus.
La diminution d'efficacité de l’irradiation, conjuguée avec l’ag-
gravation de l'infection, déterminent souvent l'échec du traite-
ment.
Ces conséquences, que l’observation nous a fait vérifier dpi
longtemps dans des espèces et des localisations diverses de can-
cers, sont particulièrement graves dans les épithéliomas du col
de l'utérus. ë
Ces cancers, en effet, se compliquent toujours d'infection se-
condaire lorsqu'il existe une surface vaginale ulcérée (1). On sait
fort bien qu'abandonnés à leur évolution naturelle, ils donnent
tôt ou tard des symptômes de suppuration putride ; fréquemment,
quelquefois de très bonne heure, il se forme des collections pu
rulentes dans la trompe, le tissu canon ci péri-utérin ou le péri-
toine pelvien.
Pratiquée dans des cancers ainsi compliqués d'infection, la
curiethérapie comporte naturellement les conséquences énoncées
plus haut : diminution de l'efficacité, extension et aggravation de
l’infection ; celle-ci s’exacerbe tantôt sous la forme de péritonite,
tantôt sous la forme de cellulite pelvienne aiguë, comparable à un
érysipèle interne. Dans beaucoup de cas, la cellulite pelvienne
guérit spontanément ; mais assez souvent elle s'accompagne de
septicémie subaiguë ou chronique, qui amène la mort des ma-
lades.
Dans l’immense majorité des cas, les cancers du col utérin ré-
fractaires à la curiethérapie, malgré une technique d’ application
correcte, étaient préalablement infectés. :
: Tandis que dans les cancers de la cavité buccale l'infection fuso-
spirillaire est la plus fréquente, nos recherches nous ont montré
que parmi les nombreux hôtes microbiens des cancers du col de
l'utérus, le Streptocoque est l’agent le plus habituel et le plus
dangereux des complications septiques déclenchées par la radio-
thérapie. On le trouve dans la plaie cancéreuse, dans le sang (en
cas de septicémie), dans le pus. On ne doit entreprendre le trai-
tement qu'après avoir vérifié son absence.
Ces faits importent à la thérapeutique, et nous ne faisons que
signaler ici (ayant l'intention de les développer ailleurs) les con-
séquences pratiques qui en découlent : discrimination soigneuse
(x) Nous avons recueilli un certain nombre d'observations dans lesquelles,
le cancer étant encore localisé dans le canal cervico-utérin, des prélèvements
de tissus cancéreux faits à la curetle n'ont pas fourni de culture micro-
bienne.
!
AR
1266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
des cas en vue du traitement, nécessité d’un examen bactériolo-
gique préalable, désinfection ou vaccination préradiothérapiques,
etc., etc. Ils ont aussi un intérêt au point de vue biologique, et
nous attirons encore une fois l’attention sur l’interdépendance
remarquable (quoique de signification encore obscure) qui existe
entre : d'une part, l'infection microbienne secondaire des néo-
plasmes, d'autre part, les effets produits sur eux et sur le proces-
sus infectieux par les rayons X et les rayons du radium.
(Laboratoire Pasteur de l’Intitut du radium).
LA MONONUCLÉOSE HÉMOCLASIQUE,
par PauLz Scxrrr.
Dans deux notes précédentes (1), nous avions attiré l'attention
sur les variations que présente, au cours du choc hémoclasique,
le bilan des leucocytes polynucléaires : augmentation des formes
jeunes paucinucléées, augmentation transitoire des éosinophiles.
Il est d’autres modifications de la formule sanguine qui portent
sur les leucocytes mononueléaires : outre l’inversion de la for-
mule signalée par Widal, on peut constater, en effet, au cours du
choc, une mononucléose très nette à grands monos qui, elle aussi,
est passagère.
Sur 30 séries de frottis, effectués dans des chocs très divers, «
nous avons noté dans les 4/5 des cas l’apparition ou une augmen-
tation notable de ces mononucléaires de grande taille. Le fait
doit nous arrêter d'autant plus que dans les 3/5 de nos cas, cette
augmentation est non seulement relative, mais encore absolue.
Le diamètre de ces cellules est au moins deux fois celui des lym-
phocytes ; leur noyau est excentrique et relativement peu coloré ;
leur protoplasme est abondant, homogène, basophile, avec, le
plus souvent, une surcharge de fines granulations azurophiles.
On doit donc considérer ces cellules non comme des lymphocytes
de grande taille, mais comme de grands mononueléaires typiques,
et à leur total nous ajoutons, selon l’usage, les formes dites de
transition,
Cette mononucléose est sans rapport avec l’intensité de la réac-
tion hémoclasique : dans des chocs intenses, l'augmentation des,
grands mononucléaires par rapport à leur chiffre initial a parfois
été d'un tiers seulement, mais dans des chocs plus légers, cette
(1) L'éosinophilie hémoclasique. C, R. de la Soc. de biol., t. EXXXY, p. 48.
La polynucléose hémoclasique. La « déviation à gauche » du schéma d’Arneth
au cours du choc. C. R. de la Soc. de biol., t. XXXVI, p. 566.
st
*
ue
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1267
augmentation a pu aller jusqu'au triple. La durée de cette mono-
nucléose ne nous paraît pas non plus soumise à des règles cons-
tantes : tantôt fugace, elle peut aussi durer plus de deux heures.
Cette mononucléose nous paraît intéressante à deux points de
vue. Tout d’abord, il faut noter que dans les 3/5 de nos cas, le pour-
centage maximum de ces cellules a coëncidé avec une phase de
forte leucopénie. Dans 1/5 des cas, la mononucléose maxima a
même coïncidé avec l’inversion maxima de la formule. Ces deux
faits ne concordent pas avec certaines interprétations de Tinel et
Santenoise (1). Pour ces auteurs, la leucopénie du choc et l’inver-
sion de la formule seraient dues purement et simplemnt à des
phénomènes de vaso-constriction périphérique : à cause de leur
diamètre réduit, les lymphocytes seraient, à un moment donné,
les seuls éléments capables de passer dans la lumière rétrécie des
vaisseaux. Mais si les variations de la formule leucocytaire étaient
vraiment d'ordre purement mécanique, comment pourrions-nous
observer dans nos cas l'apparition simultanée des petits lympho-
cytes et des plus grosses parmi les cellules que le sang contient
normalement ? Les divergences de nos résultats peuvent s’expli-
quer par les différences des conditions expérimentales : les réac-
tions organiques du choc hémoclasique influencent sans doute la
formule sanguine de façon autre que les réactions mécaniques du
choe sympathique étudié par Tinel et Santenoise.
Comme les phénomènes sanguins d'ordre physico-chimique
(modifications de l’hémolyse, de l'index réfractométrique, de la
coagulabilité, etc...) observés par Widal et ses élèves, comme les
variations rappelées plus haut de la polynucléose hémoclasique,
la mononucléose à grands monos peut constituer, -et c’est là le
second point qui nous paraît intéressant, un témoin des réactions
organiques profondes entraînées par le choc.
Les grands mononucléaires à granulations, en effet, sont au-
jourd'hui considérés par beaucoup d'auteurs comme d’origine
endothéliale ; pour Aschoff, entre autres, et pour des auteurs amé-
ricains (Mallory), ils naîtraient d'un système hématopoïétique spé-
cial, l'appareil « réticulo-endothélial », constitué principalement
par les cellules grillagées du foie et de la rate, et par les endothé-
liums vasculaires du système porte. Cette théorie est appuyée par
des arguments expérimentaux sérieux et nous paraît digne d’être
rappelée ici, puisqu'on sait le rôle important joué par le foie et la
rate dans la production du choc.
Notons encore que dans trois séries de lames nous avons vu
apparaître de rares mononucléaires à type embryonnaire : myé-
locyÿtes vraïs ou métamyélocytes d’Arneth. La présence transitoire
(x) Journal médical français, mars 1922,
1268 : SOCIÉTÉ DÉ BIOLOGIE
de tels éléments témoignerait à son tour du travail intense que
‘ tous les appareils hématopoïétiques peuvent être appelés à four-
nir au cours du choc hémoclasique.
(Clinique médicale du P° Widal, hôpital Re
PoissoNs RÉACTIFS DÉS ALCALOÏDES. SENSIBILITÉ MAXIMA :
ET RÉACTIONS SPÉGIFIQUES A QUELQUES ALGALOÏDES.
Note de J. LoPez-LomsA, présentée par P. PORTIER.
Après avoir élaboré la technique qui assure aux alcaloïdes le
maximum d'action sur les Poissons (1), nous avons fait une étude
détaillée de quelques-uns de ces composés chimiques pris parmi
les plus importants au point de vue . recherches de médecine
légale.
Le tableau ci-dessous résume nos principaux résultats.
Sensibilité maxima en milligrammes :
ki
Réaclifs
chimiques Réactifs biologiques Symplômes présentés
généraux couranls Poissons par les Poissons
Strychnine, 31/1000 1/8 1/2000 Convulsions tétaniques
(Mandelin) (Grenouille) généralisées. Colora-
tion ocre jaune pâle
pendant la vie et fon-
céc après la mort.
Aconitine, 1/2 1/40 1/8000 Période de mort appa-
: (Cobaye) rente, Décoloration
légère. Plages décolo-
rées après la mort.
Digitalinc, 1/2 L 1/400 Respiration très accélé-
| (Grenouille) : rée. Dos foncé. Iris
décoloré. Décolora-
lion des deux tiers
postérieurs du corps
après la mort.
Atropine, 1/100 1/200 1/20 Noircissement intense
(Pupille animaux à du dos et de l'iris.
sang chaud.)
Cocaïne, I /40o DR 1 [8 _Décoloration intense
. (Grenouille) presque immédiate.
, voil que la sensibilité des Epinoches aux alcaloïdes varie
dans des limites étendues.
Elle est seulement de 1/8 de mgr. pour la cocaïne, mais atteint
i/8.000 de mer. pour l’aconitine. Ce dernier résultat est particu-
#
(x) C. R. de la Soc. de biol., 2 dééémbre 1922. 0. 1168.
r ra r 1960
SÉANCE DU [0 DÉCEMBRE 1269 .
ee UE
lièrement intéressant, car, jusqu'à présent, les toxicologues se
trouvaient assez désarmés vis-à-vis de cet alcaloïde.
D'autre part, les symptômes présentés par les Poissons varient
beaucoup d’un alcaloïde à l’autre, et sont souvent très frappants.
Ils seront souvent suffisants pour orienter d'une manière précise
les recherches qui ont trait à l'identification de ces poisons.
Nous nous somines enfin assuré que les Epinoches sont relati-
vement peu sensibles à l’action des ptomaïnes, ce qui écarte une
cause d'erreur importante dans la recherche des alcaloïdes.
(Laboraloire de physiologie de l'Institut océanographique).
DE L'ÉTAT DE L'ACIDE URIQUE DANS LE SÉRUM SANGUIN.
Note de IT. CHaBanier, Marc. LEBERT et LoBo-ON\ELL,
présentée par P. Porrtier.
On sait que certains auteurs admettent qu'une partie de l'acide
urique du sérum n'est pas libre, mais est adsorbé par les colloïdes
qu'il renferme. C’est ainsi que Guillaumin, notamment, inter-
prète la différence qu’il observe entre la titration directe par Île
réactif phosphotungstique et la litration après séparalion de
l'acide urique sous la forme d'urate d'argent.
La dialyse du sérum sanguin contre une solulion saline isolo-
nique ne saurait être utilisée pour étudier la forme sous laquelle
l'acide urique existe dans le sérum : à supposer qu'il existe à la
fois sous la forme libre et sous la forme adsorbée, on doit admet-
tre, en effet, qu’il y a entre ces deux formes un état d'équilibre.
Dès que l'acide urique libre commencera à diffuser, l'équilibre
va être rompu, et de l’acide urique adsorbé va se libérer et devenir
diffusible. De cette façon, la totalité de l'acide urique lié va appa-
raitre en définitive comme diffusible.
La méthode générale de dialyse de compensation proposée par
Michaelis et Rona, permet d'éviter cette objection et conduit à
une solution élégante de la question. Elle consiste dans son prin-
cipe à dialyser des échantillons d’un même sérum contre des so-
lutions salines isotoniques par rapport au sérum et contenant des
laux de la substance dont on veut étudier l’état dans le sérum qui
sont supérieurs et inférieurs au taux absolu de cette substance
dans le sérum déterminé directement.
Nous avons appliqué cette méthode à l'étude de l'acide urique :
dans une série de dialyseurs en collodion soigneusement éprou-
vés auparavant, on dispose des quantités égales d’un sérum
10 c.c. Ou dialyse contre des solutions de chlorure de sodium à
1270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
9, p. 1.000 contenant des taux d'acide urique supérieurs et infé-
rieurs à celui du sérum étudié déterminé directement par colori-
métrie. On laisse diffuser pendant une dizaine d'heures. Après
ce temps, on détermine par comparaison colorimétrique avec les
solutions initiales la teneur en acide urique des solutions chlo-
rurées soumises à la dialyse. On constate que certaines de ces so-
lutions ont une concentration plus forte qu'avant dialyse, tandis
que d’autres ont une concentration moins forte.
Le taux d'acide urique qui correspond au changement de sens
des variations de concentration en cette substance des liquides ex-
térieurs représente le taux de l’acide urique libre du plasma. Si
tout l’acide urique du sérum étudié est libre, le taux ainsi déter-
miné est identique à la teneur totale en acide urique de ce sérum
obtenue par colorimétrie.
Voici, à titre d'exemple, le tableau d’une dialyse de compensa-
tion effectuée sur un sérum normal qui contenait 0,048 gr. au
litre (dosage colorimétrique). Voici Les teneurs avant et après dia-
lyse des solutions uriques opposées au sérum :
Série des dialyseurs 1 2 3 1
5
Teneur avant dialyse ........ 0,057 0,090 0,045 0,040 0,030
Heneur apres dial. tee 0,048 0,048 0,049 0,097 0,056
Variation absolue 72024000 ——0,009 —-0,002 +0,004 “+6,0F7 +0,01
Variation relative, p. 100 ..., 715 —l +8 +42 + bo
D'après ces résultats, la teneur du sérum en acide urique libre
est de 0,0484 : donc identique à la teneur totale du sérum déter-
minée directement.
Les déterminations que nous avons effectuées chez divers sujets
nous ont donné les résultats suivants
Teneur absolue Acide urique libre d'après
en acide urique la dialyse de compensation
10 Sujet normal me. 0,048 0,0484 :
2SUjeMONNANEEEA--ee-eree 0,040 0,042
3° Grand néphritique chronique (3 er.
HAGIÉNE)N 50 2000 000900000000 0,096 0,099
4° Grand néphritique chronique (1,50
Ge C'EADÉNE)N Soococtenovbsoueoc 0,092 0,094
5° Grand néphritique chronique (2 gr.
d'arotémie)er Co e cer 0,086 0,086
6° Goutteux chronique (avec tophi
multiples) ..... PR Se UT CEE 0,075 0,071
Régime sans nucléoprotéides ........ 0,105 0,098
Régime riche en nucléoprotéides .... 0,109 0,108
Régime riche en nucléoprotéides .... 0,124 0,117
Il ressort de ces faits que l'acide urique du sérum est libre,
même chez les goutteux. |
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1021701
À PROPOS DES CONNEXIONS DU LOCUS NIGER DE SOEMMERING.
SA VOIE EFFÉRENTE PRINCIPALE : VOIE DU PIED.
LA VOIE DE LA CALOTTE PEUT ÊTRE COMMISSURALE,
par Cu. Foix et [. Nicoresco.
Les connexions du locus niger de Soemmering sont encore, à
l'heure actuelle, fort mal connues. Sa disposition elle-même est
assez variable, Chez les petits animaux et notamment chez la Sou-
ris, on retrouve assez aisément la subdivision en deux plans dé-
crite par Cajal : un plan dorsal compact formé d'éléments volu-
mineux, un plan ventral à cellules un peu plus petites, éparses et
séparées par un riche lacis. Mais chez l'Homme, il n’en va pas de
même, et si l’on retrouve sur les coupes verticales une tendance
à la division en deux plans dorso-externe, ventro-interne, il est
difficile de la caractériser sur les coupes habituelles, horizontales
ou inclinées. I n’y a plus là qu’une large bande d’ilots cellulaires
arrondis, étendue de dedans en dehors et comportant des îlots
internes, moyens, externes, ces derniers formés d'éléments plus
clairsemés et plus petits. Au-dessus et au-dessous de cette bande
principale se trouvent des éléments ou des groupes épars, plus
nombreux en arrière qu’en avant. Quelques cellules aberrantes
présentent un intérêt particulier au point de vue des connexions.
Un groupe cellulaire constant mérite le nom de groupe mé-
dial et se retrouve aussi bien sur les coupes verticales que sur les
coupes horizontales. Accolé à l’'homologue du côté opposé et assez
loin de la bande principale, il est formé d'éléments cellulaires
plus petits, mais présentant la forme et le pigment caractéris-
tiques.
L'étude des voies efférentes permet de distinguer deux courants
principaux : courant du pied, courant de la calotte. Nous croyons
que le premier est le plus important et constitue la véritable voie
efférente du locus niger.
Courant du pied. 11 est particulièrement facile à étudier chez
l'Homme sur les coupes imprégnées à l’argent. On voit alors un
certain nombre de cellules des divers groupes envoyer leurs axo-
nes vers le pied de la façon suivante :
L’axone naît ordinairement au niveau du pôle cellulaire le plus
riche en pigment et se dirige par un trajet plus ou moins direct
vers le pied du pédoncule à travers les fibres du stratum interme-
dium. Assez souvent, des cellules aberrantes situées sur le trajet
des paquets de cylindraxes, jalonnent leur route et joignent leurs
axones aux précédents.
Parvenues à la face profonde du faisceau pyramidal propre-
1272 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ment dit, ces fibres s'arrêtent et sans doute se recourbent car elles
ne DÉTe Ten pas dans sa profondeur. Sans doute, cette disposition
contribue à donner au stratum intermedium sa disposition fasci-
culée et constitue un reliquat de la topographie des cellules nigé-
riennes du groupe ventral mêlées chez la Souris aux fibres pro-
fondes du pied.
Cette disposition se voit aussi bien sur les coupes horizontales
ou inclinées que sur les coupes verticales du locus niger et ap-
partient aux cellules externes comime aux cellules moyennes et
internes. Elle est cependant surtout nette au niveau des groupes
internes où les axones efférents forment un groupe de fibres, visi-
bles par les méthodes myéliniques, qui contourne [a partie interne
du stratum intermedium. ;
Que devient ultérieurement cette voie, courant efférent prin-
cipal ? Nous avons des raisons de penser, sans pouvoir l’affirmer.
de façon absolue, que les fibres qui la constituent, cheminant à la
face profonde du faisceau pyramidal, descendent pour s’entre-
croiser dans la protubérance, au-dessous de la décussation de.
Forel. Il ÿ aurait ainsi analogie entre la voie nigérienne Deser-
dante et le faisceau rubro-spinal. |
Sur l’aboutissement terminal de ce courant, nous sommes ré-
duits aux hypothèses. |
Courant de la calolte. Signalé par Déjerine, il constitue pour
Gajal la voie efférente principale, On le voit 2er chez l'Homme
comme chez la Souris. |
Il constitue un pinceau de fibres bouclées, en mèche de che-
veux qui se rassemble et progresse de dedans en dehors, sort par
le pôle externe du locus niger, se recourbe pour traverser le ru-
ban de Reil médian parallèlement au pédoncule du tubercule-
mamillaire accessoire et en dehors de lui. Il se perd alors, chez
l'Homme, dans le faisceau de la commissure postérieure.
Chez la Souris, il fait partie d’un double éventail de fibres dont
le sommet commun se trouve au niveau de la commissure posté-
rieure et dont les fibres vont : les plus externes au tubercule qua-
drijumeau antérieur, les moyennes au locus niger, les internes
au noyau interstitiel et à la formation réticulée, Dans l’ensemble,
le trajet de ces fibres, sensiblement horizontal, est plutôt ascen-
dant. 2 re
Quelle est leur destinée ultérieure ? Faut:il y voir, avec Cajal,
la voie efférente principale ? Le fait qu'ayant traversé la commis-
sure elles paraissent rester horizontales ou bien monter ne plaide
guère en faveur de cette hypothèse. Certains auteurs tendent à
les faire entrer en connexion avec les noyaux gris du côté opposé,
, tout ce que nous savons de la pathologie du locus niger nous
le montre en relation principale avec le cerveau du même côté.
(AS)
1
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1
SPP
Nous pensons que ce faisceau auquel ne fait suite aucune voie
descendante appréciable constitue très vraisemblablement une
voie commissurale entre les deux loeus niger, peut-être avec les
noyaux gris du côté opposé. Il jouerait ainsi le rôle de Ia come
missure de Meynert, et son passage par la commissure postérieure
rentrerait dans le plan général de l'architecture des voies com-
missurales du cerveau,
CONTRIBUTION A L'HISTO-PHYSIOLOGIE DES ORGANES DIGESTIFS
DE L'EMBRYON,
par M. PARAT.
ÏJ. Sur l'absorption inteslinale chez le fœlus humain.
Dans une précédente communication (1), je signalais l'aspect
très spécial de la cellule intestinale du fœtus entre le 3° et le 8 mois
de la vie intra-utérine. Cette cellule, rappelons-le, manifeste alors
une activité aussi considérable qu'inattendue. Deux hypothèses
étaient en présence : sécrétion ou absorption. Je puis aujourd’hui,
grâce à des recherches cytologiques plus précises, conclure à une
absorption. :
Topographiquement déjà, la localisation exclusive du maxi-
mum d'activité cellulaire au sommet des villosités, la présence, à
ce niveau, d’un sinus sanguin volumineux et d'un chylifère très
dilaté sont des manifestations morphologiques considérées par
Mingazzini et ses élèves comme caractéristiques de l'absorption,
mais qui sont plutôt des signes de probabilité en sa faveur.
Cytologiquement, j'ai pu constater la présence d’un plateau
strié, d’une « zone sous-basale » libre de toute enclave, d'un chon-
driome fort nettement bipolarisé évoluant, dans la zone supranu-
cléaire et de haut en bas, en plastes, puis en boules souvent énor-
mes contenues dans des vacuoles ; tous ces phénomènes sont su-
perposables à ceux décrits par Champy chez les Batraciens.
Il y a donc, chez le fœtus humain, du 3° au 8° mois de la vie
intra-utérine, une résorption par l’épithélium intestinal de maté-
riaux spécifiques contenus dans ce que l’on à coutume d'appeler
le meconium et qui est bien plutôt, pendant cette période, un
embryotrophe. J’ai donné déjà des indications sur la colorabilité
spéciale de ces matériaux. D'où viennent-ils ? Quelle est leur na-
ture exacte ? Des recherches histochimiques et chimiques en
cours viendront. peut-être donner à ces questions des réponses
satisfaisantes.
(x) CG, R, de la Soc. de biol,, t, L,XXXIV, p. 9n, robi,
1274 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
D 06 Eee PRE IE SRE Res
Ii. Sur les corrélations fonctionnelles des organes digestifs du
fœtus.
Je crois nécessaire de signaler l'intérêt que présente la confron-
tation de mes résultats sur l'intestin avec ceux d’Aron sur le foie
et de Giroud sur le pancréas, car la comparaison histologique des
différents organes digestifs du fœtus nous fournit une notion
physiologique nouvelle, celle de l'absorption intestinale précoce
chez le fœtus humain, et nous fait assister au déclenchement si-
multané des sécrétions biliaire, duodénale et pancréatique.
Aron (1) montre en effet que la fonction biliaire s'établit au
début du 3° mois dans le voisinage des branches portes afférentes;
il se demande si l’évolution dans le sens exocrine de la glande hé-
patique, jusque là endocrine pure, n’est point due à ce moment
à « une incitation d'ordre chimique émanée du sang porte ». Il
rapproche les faits qu'il a observés de ceux que j'ai signalés dans
l'intestin, Mais, comme au début de mes recherches je n'avais
pas résolu le dilemme : sécrétion ou absorption, Aron n'a pu
saisir le sens réel de cette incitation. Il signale, en outre, l’appa-
rition, à la même époque, de la fonction zymogénique du pan-
créas,
Giroud (2) conclut de ses recherches sur le pancréas fœtal que
cette glande, pendant la vie intra-utérine, est non seulement
prête à fonctionner, mais qu’elle le fait déjà à « une petite
échelle ». Il s'appuie sur l'existence d’un produit de sécrétion
hors des acini, et sur la « limitation de mise en charge » cellu-
laire. Ces arguments tirés d'examens effectués sur le Mouton et
l’'Opossum me paraissent entraîner une conclusion dont la portée
est à la fois trop restreinte et trop générale ; de plus, elle ne met
point en évidence les corrélations fonctionnelles fœtales bien au-
trement importantes que le problématique « stimulus d’origine
maternelle » invoqué par Giroud.
Du fait même que l’auteur s’est adressé au fœtus de Mouton
chez lequel — ainsi que j'ai pu m'en assurer — il n’y a pas d’ab-
sorption intestinale, sa conclusion est trop limitée ; n’ayant rien à
digérer, le pancréas reste à peu près inactif, d’où limitation de
mise en charge, c’est-à-dire en réalité, développement cellulaire
incomplet. Sa conclusion est d’autre part trop générale parce que,
chez le fœtus humain où existe au contraire, un abondant maté-
riel nutritif, le pancréas présente une réelle utilité fonctionnelle.
Aussi, chez un fœtus de 5 mois, ai-je pu observer des cellules en
activité, d’autres au repos ; il est impossible de constater dans
ces dernières une limitation de mise en charge : elles sont bour-
() GC. R. de la Soc. de biol., t, LXXXVI, pp. 110-712.
(2) Journ. de physiol. et de pathol. génér., & XX, n°
RATES
=
Flo
SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1275
rées de grains de CI. Bernard, de l’apex à la base, sans trace de zone
claire interne. D'ailleurs, Hallion et Lequeux (1) ont trouvé de la
sécrétine dans le duodénum d’un fœtus humain de 5 mois, mais
ils en ont conclu que « la fonction duodénale était préétablie
avant toute ingestion d'aliments ».
Quant au jeune Didelphys, des examens systématiques Diet
qués sur des pancréas bien fixés doivent a priori montrer, comme
chez le fœtus humain, des zones d'activité et de repos, car dès
l'arrivée dans la poche marsupiale, il y a ingestion d'aliments et
par suite fonctionnement du tube digestif et de ses glandes. Ches-
ter H. Heuser (2) a observé dans l'intestin des phénomènes abso-
lument superposables à ceux du fœtus humain, mais n’a pas su
les interpréter ; ce sont cependant, sans nul doute, des manifesta-
tions d'absorption dans des cellules encore incomplètement diffé-
renciées, comme elles le sont aussi chez le fœtus humain. Il est
regrettable que Heuser, disposant d’un matériel plus favorable
que celui dont s’est servi Giroud, n’ait point examiné corrélative-
ment le pancréas et le foie du jeune Opossum.
Conclusion. Selon l'espèce de Mammifère envisagée, on cons-
tate ou non, chez le fœtus, une activité du tube digestif et des
glandes annexes, vraiment digne de l’épithète de fonctionnelle.
C’est l'existence de matériel nutritif qui la met en œuvre: les
conditions d'apparition ou d'absence de ce matériel, selon les
espèces, restent à déterminer.
(Laboratoires d’'histologie de la Faculté de médecine
et d'anatomie et physiologie comparées de la Sorbonne).
COR dENIANSOc AE bio LE TOOL Rp 00
(2) Amer. Journ. of Anatomy, 15 janvier 1927, t. VIII, n° >.
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
es
(A)
=
(æx]
LE PHÉNOMÈNE MAJEUR DE L "INFLAMMATION EST, UNE LYSE
DES SUBSTANCES INTERCELLULAIRES,
par E: GÉRAUDEL.
Des trois processus principaux isolés dans l'inflammation, dia-
pédèse, phagocytose, multiplication cellulaire, seule la multipli-
cation cellulaire apparaît commé assez constante pour caractéri-
ser l’inflammation. Il m'a semblé que cette multiplication des
. cellules n’était elle-même que la conséquence d’un processus plus
général, véritable phénomène majeur, permettant de synthétiser
toutes les lésions observées, quelle que soit l’intenstié du raptus
inflammatoire. Ce phénomène majeur, c'est la lyse des substan-
ces intercellulaires.
De notre analyse, nous éliminons les inflammations brutales,
où sont altérés conjointement cellules et substances intercellu-
laires, el qui aboutissent à une mutilation du tissu frappé, à une
cicatrice. Elles sont d’un type qu'on pourrait nommer inflamma-
tion mutilante. Les foyers suppurés, les foyers caséeux appartien-
nent à ce type.
Ce type éliminé, nous distinguerons deux types principaux
d’inflammation : Ga premier répond à une * irritation forte ; le
second, à une on faible 4e
L'irritation forte détermine essentiellement une liquéfaction,
une lyse complète des substances intercellulaires. Il en résulte
une désunion des cellules épithéliales qui se séparent les unes des
autres d’une part, et, d'autre part, du chorion sous-jacent. De
mème, il y a désunion des cellules chorionales ou fibroblastes, qui
tendent à prendre une forme arrondie (cellules rondes, cellules
embryonnaires) par Iyse des substances collagènes intermédiaires
(fibrilles conjonctives, gitterfasern du foie), les fibrilles élastiques
résistant le plus. Pour les capillaires, mêmes lésions, d’où la dia-
pédèse active des globules blancs et, ensuite, la sortie passive des.
globules rouges. C’est cette désunion des cellules, consécutive à
la lyse des substances intercellulaires qui nous semble entraîner,
comme conséquence, leur multiplication. L’aspect normal d’un
tissu apparaît en effet comme la traduction d’un état d'équilibre
entre les tendances des cellules constituantes à se nourrir, à gros-
sir et à se diviser, chacune pour son compte. C'est par une inhi-
bition réciproque du pouvoir d'accroissement de toutes ses cellu-
les qu’un tissu garde la norme. Que disparaisse ou se relâche le
lien qui unit une cellule à sa voisine, par modification des pro-
priétés de la substance unissante, l’inhibition ne s'exerce plus ;
les tendances individuelles cessent de se contrebalancer, chaque
ÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1277
(42)
cellule s’hypertrophie et se multiplie, épuisant toutes ses possibi-
lités. Quand cesse l’irritation forte, une partie des cellules fibérées
est éliminée ou se résorbe. À partir des cellules peu altérées ou
indemnes, les tissus se régénèrent. Finalement, la substance in-
tercellulaire se reconstitue, l'équilibre tissulaire se rétablit, il y a
« restitutio in integro ».
L'irritation faible détermine essentiellement une Iyse imparfaite
des substances intercellulaires, n'allant pas jusqu'à leur liqué-
faction complète, et réalisant seulement une sorte de ramoilisse-
ment et de gonflement. La modification, peu appréciable directe-
ment, au niveau des épithéliums, est, par contre, très manifeste
au niveau du chorion où on la nomme sclérose ou cirrhose. Mais
cette modification se traduit indirectement, tant au niveau des
épithéliums qu'au niveau du chorion, par une libération relative
des cellules, donnant à celles-ci un jeu suffisant pour permettre
leur multiplication, sans entrainer leur désunion. Pour les épi-
théliums, le fait est net dans l'hépatite, où il donne naissance aux
formations dites adénomes. De mème au niveau du rein (granu-
lations de Bright) et au niveau du poumon (plages d'emphysème).
Pour le chorion, la formation de nouveaux fibroblastes, celle de
nouveaux capillaires sont des constatations bien connues. Il y a,
au total, néoformation de tissu. Quand cesse l’irritation faible,
persiste néanmoins le tissu néoformé. Ici, l’inflammation est plas-
tique.
. En résumé, qu'il s'agisse d’inflammation forte ou faible, le
phénomène essentiel apparaît comme étant une lyse des substan-
ces intercellulaires. Lyse complète dans l’inflammation forte, im-
parfaite dans l’inflammation faible, d'où libération totale ou in-
complète des cellules permettant leur multiplication désordon-
née dans le premier cas, à demi ordonnée dans le second. Quand
cesse l'inflammation, il y a rétablissement des connexions cellu-
laires. Un équilibre nouveau s'établit entre les cellules ressoudées:
équilibre très analogue à l'équilibre antérieur dans les inflamma-
tions à Iyse complète (inflammations lysantes) équilibre différent,
comportant des modifications morphologiques et fonctionnelles.
dans les inflammations à lyse incomplète (inflammations plas-
tiques).
BIOLOGIE. Gumirres mexrUs, —. 192. T. LAXNXVIL
(w2]
#2)
1278 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ELECTION D'UN MEMBRE TITULAIRÉ.
Liste de présentation.
Première ligne : M. CHampy.
Deuxième ligne : M. GAUTRELET.
Troisième ligne : MM. Biner, BusqueT, VERNE et Vicnes.
VOTE.
Votants : 35.
M. CHaupy obtient : 28 voix. Elu.
M2° DÉéJERINE = 4: Vive.
M. WoLLzMan — ; I Voix.
M. Bruré Er ven
M. Vicxes — ; x voix.
ÉLEcrron pu BurREAG Er DU CONSEIL.
Vor£.
Votants : 34.
Sont élus à l'unanimité :
Vice-Présidents : MM. Hérissey et Josué.
Archiviste : M. Laucrer.
Trésorier : M. Jocrx. |
Secrétaires annuels : MM. Bagonweix, Broco-Rousseu, GrI-
GAUT, RIGHET Fixs.
Membres du Conseil : MM. Box et TEISSIER.
(45) 1279
REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX
SEANCE DU 5 DECEMBRE 1922
- SOMMAIRE
Boxxx (H.): Formations lym- tic de la tuberculose avec l’anti-
phadénoïdes et lymphoplastiques gène méthylique Nègre et Bo-
dans la lymphocytose tissulaire. 56 | quet par le procédé du sérum
Box (E.) : Origine histiogène HOMENAUME ee. AC PR RARE
de la plupart des lymphocytes Maurrac (P.) et Gazracx (J.) :
tissulaires et caractère spécifique L'action du benzol (benzène
des lymphocytes vrais...,.,... 57 | C°H6) sur les leucocytes et la
DensÈs (G.): Dosage très ra- fragilité leucocytaire........... 53
pide du suere du sang par réduc- | Mauriac (P.), Precaau» (F.) et
HRÉINISS sSRSTONSRRRRRe ho | Peinceteau (R.): Mesure de la
Ficuez (A.), AUBERTIN (E.) et valeur du facteur interstitiel par
Foxtax (A.):Injections sous-cu- le temps d'apparition de Ia phé-
tanées de doses fortes de tuber- nol-sulfone-phtaléine, dans le
culine oxydée et non oxydée chez sangaprèsinjection sous-cutanée. Dr
des Cobayes normaux : variations : SaBrazËs (J.):Bacilles de Koch
du taux des éosinophiles...,... 46 | des crachats tuberculeux autoly-
Massras (Cx.) : Le séro-diagnos- HPSCSeR VASE CIOS re RU Le 4L
Présidence de M. Denigès.
LE SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA TUBERCULOSE
AVEC L'ANTIGÈNE MÉTHYLIQUE NÈGRE Eï BOQUET
PAR LE PROCÉDÉ DU SÉRUM NON CHAUFFÉ,
par CHaRLes Massras,
Nous avons déjà, à deux reprises (1), montré les avan-
tages de la technique au sérum non chauffé pour le séro-dia-
gnostic de la tuberculose avec l’antigène de Besredka.
Nous avons, depuis plusieurs mois, appliqué la même mé-
thode en employant l'antigène méthylique de Nègre «et Bo-
(x) C. R. de la Soc. de biol., 5 juillet r921, t. LXXXN, p. 356, et idem,
13 juin 1922, t. LXXXVII, p. 198.
4280 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (46)
Rd D A ds dj ee
quet (1) qui est un extrait dans l'alcool méthylique pur de cul-
tures de Bacilles tuberculeux sur bouillon glycériné stérilisés,
lavés, desséchés et traités par l’acétone.
Nous avons réduit la dose d’antigène employée dans la tech-
nique avec sérum chauffé, procédé de Calmette et Massol
(o,5 c.c. d’une dilution de l’antigène à 1/10), cette dose nous
ayant paru trop élevée.
Nous employons, après de nombreux essais sur plusieurs an-
tigènes, une dilution à 1/20 dans l’eau physiologique. Nous ré-
partissons cette dilution aux doses de 0,1 C.c., 0,2 C.c., 0 3 C-Cr
le sérum humain non chauffé à la dose de 0,1 et de l’eau physio-
logique q. s. pour 0,4 c.c.; après une heure et demie d'étuve,
nous ajoutons la quantité de globules de Mouton à 1/10 suscep-
tibles d'être hémolysés. par le sérum suivant le titrage préalable
de son pouvoir hémolytique. La lecture est faite après 30 mi-
nutes à 37° et centrifugation.
Les sérums sont ainsi étudiés avec l’antigène de Besredka et
Fantigène méthylique, et aussi au point de vue de la syphilis.
Certains sérums syphilitiques donnent, dans ces conditions, une
réaction positive avec l’antigène méthylique.
La réaction peut être faite sur le liquide céphalorachidien,
employé à la dose de 0,8 e.c., le complément étant emprunté
à un sérum reconnu négatif et à pouvoir hémolytique connu.
Les résultats obtenus avec les deux antigènes tuberculeux
sont comparables, l’antigène méthylique nous ayant paru par-
fois un peu plus sensible. |
(Laboratoire d'anatomie pathologique et de microscopie clinique
de: la Faculté de médecine).
[INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE DOSES FORTES DE TUBERCULINE
OXYDÉE ET NON OXYDÉE CHEZ DES COBAYES NORMAUX
VARIATIONS DU TAUX DES ÉOSINOPHILES,
par À. Ficuez, E. AUBERTIN et A. Fonran.
Âu cours de nos recherches sur les procédés d’inoculation au
Cobaye, nous avons pu suivre les variations de la formule leuco-
cytaire chez les Cobayes normaux à la suite des injections sous-
cutanées de tuberculine. Les modifications du taux des éosino-
philes nous ont paru intéressantes à signaler. Les injections de
(1) Nègre et Boquet. C. R. de la Soc. de biol., 15 janvier 1921, p. 56, et
ännales de l’Institut Pasteur, mai 1921, p. 303. He
_
(AT) SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1281
0,001 à 0,005 mm.c. de tuberculine diluée dans r c.c. d’eau dis-
tillée ne déterminent aucune variation.
À Ja suite d’injections fortes (o,or à 0,03) voici ce que nous
avons constaté. Un lot de 5 animaux neufs, de poids et d’âges
sensiblement égaux, dont le taux des éosinophiles oscillait entre
2,5 et 3,1 présentait, le lendemain de l'injection, une élévation
de ce chiffre à 7,9 et 11 p. 100. Le maximum de l'éosinophilie
(x7 et 23 p. 100) fut constaté au 3° jour. Dans un temps varia-
ble de 5 à 7 jours, le taux était descendu au chiffre normal.
Avec cette éosinophilie, nous avons constaté une réelle aug-
mentation de polynucléés neutrophiles (60 p. 100) et un abais-
sement des lymphocytes (17 p. 100). Brüsamlen et Barlocco (r}
ont fait les mêmes constatations chez l'Homme.
Mais ce qui nous paraît plus intéressant à signaler, c'est que
l’oxydation de la tuberculine annihile son pouvoir éosinophilt
que. En effet, nous avons injecté, à 3 animaux semblables aux
précédents, des doses fortes de tuberculine neutralisée : dans un
cas, par exposition à l’air libre pendant 48 heures ; dans un au-
tre, par addition de IT gouttes d’une solution de permanganate
de potasse à 1 p. 1.000 ; et dans le troisième cas, par addition
de IT gouttes de l’eau oxygénée du laboratoire. A la suite de ces
injections, nous n'avons pas observé de modifications sanguines
si ce n'est une polynucléose neutrophile de courte durée.
La disparition du pouvoir éosinophilique de la tuberculine
à la suite de son oxydation nous incite à conclure que la réaction
d'un organisme à cette substance est dé nature toxique plutôt
qu'anaphylactique, ainsi que l’avaient pensé, pour d'autres rai
sons, Ménard, Bruyant, Weinberg, Seguin et Leger.
Nota. — Nous avons employé pour nos expériences la solution
mère de tuberculine précipitée et purifiée à 1 p. 100 (Tuberculis-
test, Poulenc).
BaciLces DE KOCH DES CRACHATS TUBERCULEUX AUTOLYSÉS
EN VASE CLOS,
par J. SABRAZES.
On a, de divers côtés, étudié l'homogénéisation des crachats
tuberculeux par autodigestion spontanée.
Citons les recherches de Favre et Devuns (2), qui opèrent à
la température ambiante et aussi à 37°, celles de Bezançon, Mæ
thieu et Philibert, qui accélèrent l’autolyse à 5o°.
(x) Gaz. des Hôépit., Milan, 1918.
(2) C: R. de la Soc. de biol., 1921.
1282 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (48)
La recherche du Bacille de Koch dans les crachats est singu-
lièrement facilitée par ces procédés.
Nous avons nous-même indiqué, en 1go3, dans les Annales
de l'Institut Pasteur, que les crachats bacillifères abandonnés
dans un flacon bouché, à la température du laboratoire, sy
fluidifient par putréfaction et autodigestion, mais montrent tou-
jours les Bacilles de Koch, accumulés en très grand nombre, au
fond du flacon, Bacilles facilement décelables à l’aide des pro-
cédés classiques de coloration.
Poursuivant cette étude, nous vimes (r), que ces crachats ba-
cillifères en vase clos, s'ils laissent toujours constater leurs Ba-
cilles perdent leur virulence au bout d'environ six mois. Ces
crachats contenant un grand nombre de Bacilles de Koch ne tu-
berculisent plus le Cr après ce laps de temps. Les animaux
ayant reçu une dose unique, mais forte, augmentent régulière-
ment de poids.
Ces animaux sont-ils devenus réfractaires à une inoeulation
virulente de tuberculose ? En procédant par comparaison avec
des témoins, nous constalämes que les animaux injectés préa-
lablement d’autolysat avec ses germes, résistaient quelques mois
de plus que les témoins et présentaient, dans leurs lésions,
moins de Bacilles de Koch que ces témoins. Ces expériences
furent interrompues. Elles mériteraient d'être reprises.
J'ai conservé des crachats autolysés depuis 15 ans. A la lon-
gue, ils acquièrent cette odeur fade, nullement désagréable,
qu'exhalent les cultures de Bacilles de Koch. Les Bacilles sont
agelutinés en gros amas au fond du flacon. Hs sont plus grêles
et plus courts. Ils ont conservé leur alcoolo-acido-résistance.
Dans les préparations de ce dépôt, on ne voit que des nappes de
Bacilles très tassés et des cristaux d'acides gras agglomérés en
boules. |
C'est là un procédé, signalé par nous depuis près de 20 ans,
d'obtention de Bacilles de Koch en gros amas dans les expecto-
rations. [l est facile de recueillir ces amas — qui sont les résidus
avec les grumeaux d'acides gras et avec quelques Bactéries as-
sociées encore cultivables, mais avirulentes pour les animaux —
de l’autolyse des crachats tuberculeux.
Nous les avons utilisés comme vaccins expérimentaux ; on
pourrait en faire facilement des autovaccins en accélérant l’au-
tolyse des .crachats.
(1) Rapports scientifiques, Paris, 1906, p. 245, ét 1907, p. 318 ; Expos
des titres et travaux, Bordeaux, 1912, p. 47.
"he
(49) SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1283
DosAGE TRÈS RAPIDE DU SUCRE DU SANG PAR RÉDUCTIMÉTRIE,
par G. Denicës.
Nous avons récemment indiqué (r) un procédé clinique de
dosage du sucre hématique fondé sur la coloration donnée par
la glucosazone, maintenue dissoute dans certaines conditions,
en utilisant, pour l'obtenir, le sang déféqué par l'acide trichlor-
aeétique suivant la méthode de Desgrez et Moos.
Cet acide apportant des perturbations profondes sur le pou-
voir rédueteur des sueres, le sérum trichloracétique ne peut
être utilisé pour une détermination quantitative du glucose qu'il
renferme par les liqueurs cupro-tartriques alcalines. Par con-
tre, le mode de défécation du sang récemment préconisé par
Jonescu (2) nous a permis de ramener à une technique extrème-
ment simple le dosage, par réductrimérie, du sucre hématique
et de le rendre, ainsi, absolument applicable en clinique.
Le réactif déféquant de Joneseu se prépare, d'après son au-
teur (loc. cit.), en ajoutant 10 p. 100 d'acide acétique concentré
à une solution à 4o p. 100 de chlorure de sodium. Or, une telle
formule conduit à un mélange très instable précipitant bien
vite le quart environ de son poids du CINa initial. Nous l'avons
donc modifiée comme suit
Cnionurende Sodium... ea Pr Reis
Eénedishlléenq. Sp. faire... LL sers de O0 Car
Après agitation et dissolution, ajouter 10 c.e. d'acide acétique
cristallisable et mélanger. |
Pour la défécation, on mélange, dans un tube à essai d'assez
large diamètre, un certain volume de sang, où mieux de son
sérum, conservé, s’il y a lieu, à la glacière, avec un égal volume
de réactif ; on agite et on porte le tube dans un bain d’eau en
pleine ébullition en l'y maintenant exactement 3 minutes. Nous
préférons cette pratique à celle de Jonescu qui porte le mélange
jusqu’à commencement d’ébullition, ce qui peut provoquer des
projections ou une surchauffe, en tout cas une plus grande irré
gularité d'action. On porte ensuite ke tube dans de l'eau froide
jusqu’à complet refroidissement de son contenu, on agite encore
et on filtre ou, mieux, on centrifuge, puis on recueille le liquide
clair dans une éprouvette graduée en dixièmes de c.c. Au filtrat,
on ajoute le dixième, exactement, de son volume de lessive de
(x) Gazette hebdomaduire des sciences médicales de Bordeaux, 29 octobre,
HO 0U D. DE7:
(2) AI. Joneseu. Sur la défécation du sang en vue du dosage de l'urée,
Bull. Soc. chim. Romania, t. IV, pp.13-17, 1922.
1284 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (50)
EE LR vie ON 0 a GO ae LES OS DTA RUE APE ER RS GR ess
soude, pour le neutraliser et on agite. Cela fait, on met, dans
un tube à essai, 1 c.c. de liqueur de Felhing ferrocyanurée (for-
mule de Bonnañs) (x), on porte à l’ébullition et, avec une pi-
pette graduée en 1/10 de c.c. on verse par IV gouttes à la fois,
du sérum chloruro-acétique neutralisé, dans le réactif cuivrique
en ramenant à l’ébullition après chaque addition et la mainte-
nant, pendant 2 à 3 secondes dans l’air chaud surmontant la
flamme d’un brûleur. Dès que l’on aperçoit un affaiblissement
très marqué de la teinte bleue, on ne procède plus que par gout-
tes après chaque interruption, puis retour d’ébullition : le con-
tenu du tube devient peu à peu incolore, puis, à un moment
donné, prend presque brusquement une teinte légèrement bru-
nâtre. On s'arrête à ce point et l’on note le nombre n de c.c. de
sérum chloruro-acétique employés. La quantité, x de glucose,
en grammes, contenue dans 1 litre du sang ou du sérum san-
guin soumis à l’analyse est, toutes corrections faites, donnée par
l'expression
Si la quantité de sérum déféqué, dont on dispose, est insuffi-
sante pour amener la réduction, on achèvera cette dernière à
l’aide d’une solution glucosée titrée auxiliaire ajoutée toujours
par gouttes isolées et après ébullition chaque fois rétablie. Cette
solution dont on aura toujours une provision à l’avance devra
réduire son volume de liqueur de Bonnans et sera préparée en
dissolvant 0,36 gr. de glucose pur et anhydre dans 10 c.c. d’eau,
puis en ajoutant, au liquide résultant, 100 c.c. d’une solution
de CINa à 14,50 p. 100 (2). Supposons dans ce dernier cas, qu'on
ait versé pour compléter la réaction, m dixièmes de c.c. de cette
solution auxiliaire. On aura alors
3,60 gr. 10— 0,36 gr
n
Exemple : n — 2 c.c. et m — 6.
(x) La liqueur de Bonnans se prépare en mélangeant, au moment de l’em-
ploi : 1°, ro c.c. de solution tartrique alcaline (sel de Seignette : 150 gr. :
lessive des savonniers : 300 c.c. ; eau distillée : Q.s.p. 1.000 c.c.) ; 2°, ro c.c.
de solution de sulfate de cuivre cristallisé, pur, à 35 gr. par litre ; 3°, 5 c.c.
d’une solution à 5 p. 100 de ferrocyanure de potassium.
(2) Si on ne possède pas de glucose chimiquement pur, on prendra 0,40 gr.
du produit réputé pur du commerce pour faire la liqueur titrée auxiliaire
qu’on ajustera par addition d’eau, si c'est nécessaire, pour qu'elle réduise
son volume de liqueur de Bonnans. Il est d’ailleurs bon que chaque expéri-
mentateur établisse, pour cette liqueur, son coefficient personnel, qui peut
varier, d’ailleurs très faiblement, suivant la façon d'opérer.
(51) SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1285
= or Se "80 074 02 Sr.
2 10
Même si l'on dispose de suffisamment de sérum, mais si ce
dernier est particulièrement pauvre en sucre il sera bon, pour
éviter une trop grande dilution rendant malaisée la perception
nette de la fin de la réaction, lorsque après en avoir versé 4 c.c.
on n'aura pas encore atteint la réduction complète, de l’achever
à l’aide de la solution auxiliaire ; dans ce cas n — 4 et la formule
précédente deviendra
3,60 gr. 10—m»
ea 10
Nota. Le sérum chloro-acétique se trouble généraiement, après
sa neutralisation par insolubilisation de phosphate calcique. Ce
précipité qu'on peut d’ailleurs éliminer par filtration ou centri-
X
x — 0,9 gr >< (10 -m)
_ fugation, ne gêne nullement la réaction.
MESURE DE LA VALEUR DU FACTEUR INTERSTITIET.
PAR LE TEMPS D'APPARITION DE LA PHÉNOL-SULFONE-PHTALÉINE
| DANS LE SANG APRÈS INJECTION SOUS-CUTANÉE,
par P. MaAurrac, F. PrecauD et R. PRINCETEAU.
Au cours des états cardio-vasculaires et des affections ré-
nales, le facteur capillaire et interstitiel est trop souvent négligé
en clinique. À vrai dire, l'importance de cette notion tend ac-
tuellement à s'imposer et les recherches sur la capillaroscopie ef
sur la diffusibilité dialvtique des principaux constituants de nos
humeurs ont apporté des éléments nouveaux, aptes à faire pro-
gresser nos connaissances sur ce point.
Il nous a semblé que le pouvoir d'élimination des tissus in-
terstitiels devait être interrogé d’une façon aussi fructueuse que
celle du rein, dans nombre d’affections chroniques tendant à {a
sclérose. Nous avons donc étudié le passage de la phénol-sul
fone-phtaléine dans le sang veineux, après son injection dans le
tissu cellulaire sous-cutané qui lui est tributaire.
Technique. La région de l’avant-bras, face antérieure de pré
- férence, est préalablement étudiée, quant à la disposition de son
lacis veineux. On fait au besoin saillir ces vaisseaux superficiels
par compression sus-jacente. En un point rigoureusement privé
de veines collatérales, on a injecté doucement, sous la peau, en
plein tissu cellulaire, au-dessus de l’aponévrose, le contenu d’une
1286 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (52)
demi-ampoule de 7 sulfone-phtaléine ; on prélève au bout
de > minutes exactement comptées, le sang de la veine médiane
basilique du pli du coude correspondant, après légère compres-
sion sus-jacente à l’aide d'un lien de caoutchouc, La compres-
sion est supprimée aussitôt que la veine est perforée, et que le
sang coule dans la seringue, afin d'éviter tout trouble dans la
diffusion tissulaire normale de l'agent colorant, entraîné par la
compression établie.
On recueille, dans une série de tubes de 7 ee. au bout de la
3°, 5°, 7°, 9° minute, 2 c.c. de sang chaque fois. Les tubes
sont numérotés. Afin d'éviter Finconvénient qu'entraînerait la
répétition des ponctions veineuses nécessitées par la coagulation
du sang dans la seringue, ou l'aiguille, il est nécessaire d'oindre
l'aiguille et le corps de pompe préalablement avec de Fhuile
d'elive stérilisée, dont on purge ensuite le plus possible la se;
ringue.
Au bout de 24 heures, on peut rechercher le colorant dans le
sérum de chaque tube ; il nous paraît cependant plus sùür, de
mettre, au fond de chacun d'eux, V-VI gouttes d’une solution de
citrate de soude à 5 p. 100 dans du sérum physiologique à.
9 p. 1.000. Après le prélèvement du sang dans chaque tube, on
agite le sang qui se mélange au sérum citraté et l’on empêche
ainsi la coagulation. On centrifuge alors et l’on prélève dans de
petits tubes à hémolvse numérotés, comme les premiers tubes,
le sérum surnageant. Lorsque l'élimination de la phénol-sul-
fone-phtaléine est facile et rapide, le sérum est déjà teinté en
rose et l’on voit que cette teinte augmente à mesure que le nom-
bre de minutes marquant chaque tube grossit. Nous exprimons,
par exemple, les résultats. G. R., 19 ans (tumeur blanche du
genou)
2 minutes ge 5e
+ + + on +
+ la
+
Mais il arrive que le sérum dhns un, deux, ou même tous les
tubes n'est pas teinté du tout. Comme dans l’urine, on peuf
alors révéler le colorant par l'addition d’une goutte de lessive
de soude. Le tube ayant auparavant été privé de toute trace de
culot hématique après centrifugation afin d'éviter le facteur
hémolyse que pourrait entraîner l’addition de soude au sérum,
la coloration apparaît brusquement par agitation et devient
plus intense au cours de la minute qui suit.
Il arrive que malgré l'addition de lessive de soude, aucune
coloration ne se produise dans les premiers tubes. On admet M
alors que l'élimination de la phénol-sulfone-phtaléine est retar-
ASE RS ES
(53) SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1287
RUN air Pet nn pol nenr re, Çie tee
dée. Quelquefois même, au bout de la 9° minute, aucune trace
de colorant n'est décelée,
Temps, en minutes
2 3 5 9
K., 55 ans, artériosciérose généralisée o o ù +++
C. G., 25 ans, néphrite albumineuse .... 0 () + +++
L., 56 ans (neph. mixte, œdèmes disparus) o e) o) + très faible
B., 4o ans, péricardite rhumatismale "= AO e)
F. P., 32 ans, scarlatine récente ........ (0 HO ++ +++ ++
AI0a 8 AE ROLL OC US OIOER EH ÈREC (®) Ho ++ +
FE. F,, maladie d’ Hogdson D RATE ESS D MO TEEN OC +
L'intermittence dans l'élimination du colorant fut retrouvée
plusieurs fois. Devons-nous attribuer cette intermittence ou cette
rapide diminution de l'élimination à quelques spasmes vascu-
laires dûs à l’émotivité du sujet, ou bien à quelque influence phy-
sique, froid, par exemple ? On sait, en effet, l’importance de
ces facteurs au cours de la mesure de la tension artérielle à
l’aide de l’appareil de Pachon par exemple.
Nous voulons aujourd'hui signaler seulement le principe et la
technique de cette épreuve. Les résultats que nous avons déjà
recueillis nous permettent de soupeonner un large champ d'ex-
ploration où surgissent des problèmes nombreux que nous nous
efforcerons de résoudre.
L'ACTION DU BENZOL (BENZÈNE C°H°) SUR LES LEUCOCYTES
ET LA FRAGILITÉ LEUCOCYITAIRE,
par PIERRE MAURIAC et JEAN GaLrAGy.
L'observation et l’expérimentation s'accordent pour recon-
naître au benzol le pouvoir de faire baisser le chiffre des globules
blancs du sang. Mais, à lire de près les nombreux protocoles
d'expériences faites sur ce sujet, on se rend compte que, dans
les résultats obtenus, la dose de benzol administrée intervient
pour une part importante : Selling, Bianchi, injectent aux La-
pins 1 c.c. de benzol par ker. d'animal, et répètent les injections
plusieurs jours consécutifs ; nous sommes loin des doses que
peuvent supporter l'Homme et l'animal sans danger immédiat.
Quand on use de quantités moindres de benzol et quand on les
introduit par la voie digestive ou par inhalations (1), la leuco-
pénie est obfenue de façon très irrégulière : les courbes r et »
montrent que le Cobaye auquel on fait ingérer des petites doses
(1) Pajaud. Thèse, Bordeaux, 1906-1907, n° 119. Contribution à l'étude
pharmacologique des benzines.
1288 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (54)
croissantes de benzol, comparables à celles que l’on donne à
l'Homme, n'accuse pas toujours une leucopénie nette. Par con-
tre, si, en même temps, on étudie la fragilité leucocytaire, on
eee et Se cr ES DS US mn
Fic. 1. — Cobaye traité par le benzol en ingestion.
note que cette fragilité diminue sous l'influence du benzol : il
semble que tous les globules fragiles soient détruits et que seuls M
persistent les globules résistants ; ainsi s'explique la diminution M
Fi. 2. — Cobaye traité par le benzol en ingestion.
de la fragilité leucocytaire. Même lorsque les doses de benzol ne ;
sont pas suffisantes pour provoquer l’aplasie des centres leuco=M
poïétiques (les oscillations du nombre des leucocytes prouvent
(55) SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1289
les décharges leucocytaires), la destruction des globules circu-
lant demeure très nette, et est jugée par l'augmentation de ja
résistance leucocytaire.
Une certaine dose de benzol est nécessaire même pour aboutir
à cette leucolyse partielle ; et quand on donne au Cobaye de
toutes petites doses de façon très progressive, on n'obtient que
difficilement cette diminution de la fragilité leucocytaire ; une
Fic. 3. — Leucémie myéloïde traitée par le benzol.
même dose de benzol longtemps répétée finit par être sans action
sur les leucocytes, et ce n’est qu’en augmentant la dose qu'on ob-
tient une hyper-résistance passagère. Nous avons pu suivre un
Cobaye pendant > mois et demi, en faisant des numérations quo-
tidiennes, auquel on donna de façon très lentement progressive
de HI à X gouttes de benzol tous les jours. Or, jamais la leuco-
pénie ne se produisit, et ce n'est que dans les 15 derniers jours
que la fragilité leucocytaire diminua ; il semblait exister une
sorte d'accoutumance des leucocytes vis-à-vis du benzol. Et l’ani-
mal mourut intoxiqué, sans que le tissu sanguin fût évidem-
ment touché.
La diminution de la fragilité leucocytaire au cours du traite-
ment des leucémies par le benzol fut particulièrement nette dans
un cas que nous avons pu suivre longtemps et qui se termina
‘par la mort sans que nous ayions réalisé la leucopénie (fig. 3).
De nos expériences il ressort que, même en l'absence de leu-
«copénie, l’action leucolytique du benzol peut être affirmée par
1290 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (26)
EEE rar
l'étude de la fragilité leucocytaire, qui diminue au cours de la
médication benzolique, parce que seuls persistent Les globules
résistants. Les doses employées en clinique sont bien done
insuffisantes pour stériliser les sources leucopoïétiques, et agis-
sent cependant sur le sang ciculant.
Enfin, dans les empoisonnements lentement la toxicité
du benzol ne s'exerce pas uniquement sur le sang, et les animaux
peuvent mourir d'intoxication sans avoir crésondé de leucopé-
nie, ni de modifications de la fragilité leucocytaire.
FORMATIONS LYMPHADÉNOÏDES ET LYMPHOPLASTIQUES
DANS LA LYMPHOCYTOSE TISSULAIRE,
par Hexrr Box.
‘ Les masses de lymphocytes rencontrées dans les tissus au
cours des réactions. aux inflammations et aux irritations chroni.
ques montrent, surtout, quand elles sont étudiées par des mé-
thodes de coloration panoptiques (type éosine-orange bleu de
toluidine de Dominici, May-Grünwald-Giemsa), une grande va-
riété d'éléments : lymphocytes à différents stades : microlym-
phocytes ou prolymphocytes du type périfolliculaire, à noyau
quasi nu, mésolymphocytes des cordons folliculaires, Iympho-
cytes adultes à bords cytoplasmiques plus larges, Iymphocytes
vieillis à noyau aplati ou incisuré ; plasmocytes et formes déri-
vées ; lymphoblastes et cellules à caractères plus jeunes encore.
Les rapports de ces cellules entre elles permettent de rétablir la
cytogénèse des lymphocytes dans les tissus
On en trouve disposées en organes lymphadénoïdes par-
faits : tels les follicules de néoformation que l’on rencontre assez
fréquemment dans les foyers lymphocytiques péricancéreux,
abondants dans les tumeurs du sein où ils ont déjà été signalés
par Fage ; nous les avons trouvés en maintes autres régions, en
particulier dans les tumeurs et métastases cutanées, loin de
toute région ganglionnaire ; telles encore, les formations lym-
phadénoïdes fertiles, pourvues d'éléments en caryocinèse (Sa-
brazès), qui peuyent éclore un peu partout au cours des leucé-
mies lymphogènes et, dans ce dernier cas, en telle abondance
qu'un courant anormal de lymphocytes s'établit : des lympho
cvtes histiogènes passent dans le sang.
2° Des formations Ivmphadéneïdes plus frustes, ébauches
folliculaires ou nappes lymphadénoïdes inorganisées tendant à
réaliser l’aspect folliculaire sont plus fréquentes encore. De telles «
(57) SÉANCE DU D DÉCEMBRE 1294
formations ont été décrites à l’état normal un peu partout en
petite quantité (points Iymphatiques de Ribbert et Renaut, for-
mations lymphadénoïdes des sous-séreuses et du chorion des mu-
queuses, formations lymphadénoïdes diffuses dans certains or-
ganes, poumon, Guieyesse-Pelissier). On les retrouve couram-
ment dans les nappes lymphocytiques.
3° Outre ces ébauches folliculaires, parfaites ou frustes, il
existe autour des vaisseaux capillaires, des foyers Iymphadénoï-
des fertiles. Ils ressemblent parfois grossièrement à des follicules
de Malpighi et sont constitués, en allant de la périphérie de la
masse vers le vaisseau central, par des plasmocytes et des Ixvm-
phocytes s’essaimant, des lymphocytes à petit noyau quasi nu,
des cellules du type lymphoblastique et des formes cellulaires
plus jeunes encore : grandes cellules Iymphoïdes très volumi-
neuses, à noyau également volumineux et clair, à chromatine
peu abondante disposée en linéaments très déliés, très visibles,
à cytoplasme tantôt étalé, tantôt restreint, à bords arrondis, plus
souvent mal délimités, cellules qui paraissent avoir les carac-
tères de.transition entre les cellules conjonctives souches et les
lymphoblastes ; on les trouve au voisinage de la paroi vasculaire,
siège des cellules « en sommeil » de Marchand.
4° Enfin, à un état d'organisation moins poussé, on trouve
ou des :amorces de nappes lymphadénoïdes ou des lymphocytes
disséminés sans aucun groupement, parsemés d'éléments ayant
les caractères des lymphoblastes.
Ces images, qui, en maints points, groupent les lymphocytes
selon des formations lymphoplastiques plus ou moins organi-
sées, témoignent de l'existence d’une lymphocytopoïèse locale,
histiogène, au cours des lymphocytoses tissulaires,
(Laboratoire d'anatomie pathologique ‘et de microscopie clinique
de la Faculté de médecine).
ORIGINE HISTIOGÈNE DE LA PLUPART DES LYMPHOCYTES TISSULAIRES
ÊT CARACTÈRE SPÉCIFIQUE DES LYMPHOCYTES VRAIS,
par Henrr Bonn.
Un bon nombre d'auteurs admettent que les masses lympho-
cytiques rencontrées dans les réactions inflammatoires ou irri-
tatives chroniques sont d’origine hématogène, soit pas diapé-
dèse, puis envahissement des espaces conjonctifs, soit par dia-
pédèse, envahissement conjonctif, puis pullulation avec (Do-
minici) ou sans élaboration lymphadénoïde ultérieure. De plus,
1292 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (D8)
une aptitude conjonctivo-formatrice est couramment attribuée
par la plupart des histologistes à fout ce qui se présente comme
lymphocyte dans le tissu conjonctif (Renaut et Dubreuï, Mar-
chand, Maximoff, Goldmann, etc...).
L'existence dans les tissus et l'apparition sous diverses ineita-
tions de formations Iymphadénoïdes plus ou moins organisées,
la génération de lymphocytes dans des segments de tissus avas-
culaires (Grawitz, Busse) témoignent de l'aptitude Iymphoeyto-
poïétique occasionnelle des tissus. La lymphocytose tissulaire est
donc pour une part d'importation hématogène, mais elle est
aussi pour une très grande part d'origine locale. Les lymphocv-
tes rencontrés dans les tissus pathologiques, parfois et surtout
au début, hématogènes, naissent plus généralement dans le tissu
même, soit aux dépens d'ilots Iymphadénoïdes frustes, soit au
dépens d'éléments souches de nature conjonctive incités à une
lymphoeytoplastie, simple ou complexe (néo-follicules), soit par
la multiplication directe des lymphocytes jeunes.
Les lymphocytes, ceilules définitivement différenciées au
point de vue morphologique et fonctionnel, semblent devoir
ètre distingués des aspects lymphoïdes sous lesquels se présen-
tent parfois les cellules conjonctives souches (cellules Iymphocy-
tiformes). Histiogènes ou hématogènes, les lymphocytes des tis-
sus sont, comme ceux du sang, des éléments qui ont déjà subi
une différenciation progressive dans la lignée Iymphocytique,
comme d'autres l’ont subie dans la voie myéloïde. Pas plus que
ceux-ci, ils ne sauraient être susceptibles de mutations ni d’évo-
lutions ultérieures autres que le vieillissement.
Ainsi compris, les Iymphocytes vrais qui constituent la majo-
rité des éléments Iymphoïdes des réactions inflammatoires, pa-
raissenf inaptes comme les autres cellules de souche hémato-
poïétique, à muer en éléments de la série connective, fibroblas- «
tes, etc. Ce rôle fibrogénétique reste dévolu à des cellules matri-
cielles conjonctives qui peuvent avoir un caractère lymphoïde,
et qui sont aptes à engendrer aussi bien des cellules sanguines,
par exemple des lymphocytes, que d'autres variétés conjonc-
tives. Aïnsi, dans les processus de défense locale, prolifération …
lymphocytique et fibroblastique peuvent être des réactions con-
temporaines, mais l’une ne doit pas engendrer l’autre : ces faits
se vérifient particulièrement bien dans l’évolution des réactions «
conjonctives péricancéreuses. À
(Laboraloire d'anatomie pathologique et de microscopie clinique «
de la Faculté de médecine).
(25) 1293
REUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE
SÉANCEVDU, 2 DECEMBRE: 1922
SOMMAIRE
.PererrA pa SiLvA (E.): Appa- régénération du système nerveux
reil simple pour l’encemence- central et périphérique de la
ment des plaques de gélatine en queue chez des Urodèles adultes
SUR Re mn nte ei ceales si à 25 |, (Molge waltlii Michah)......... 27
Simoes Raposo (L.-R.): Sur la
Présidence de M. A. Bettencourt.
Décès ne M. A. DA Costa FERREIRA.
Le Président annonce le décès de M. A. Da Costa Ferreira,
Assistant à la Faculté de médecine de Lisbonne, et exprime les
. APPAREIL SIMPLE POUR L'ENSEMENCEMENT DES PLAQUES DE GÉLATINE
EN SURFACE,
par E. PEREIRA DA SILVA.
Le procédé décrit dans les ouvrages de technique microbiolo-
Sique pour l'isolement des germes sur plaques de gélatine con-
siste, comme l’on sait, à faire la dissémination des Bactéries,
préalablement, dans trois tubes de gélatine liquéfiée, on coule
ensuite respectivement dans trois boîtes de Pétri, puis on laisse
refroidir. De cette façon, on obtient des colonies microbiennes
en profondeur et en surface. L’isolement sur plaques de gélatine,
en surface (procédé classique pour l'isolement des germes sur
plaques de gélose) n'est pas recommandable, entre autres rai-
sons, parce que la répartition des germes à la surface de la géla-
tine n'est pas une opération aussi facile que sur la gélose par les
moyens habituels (anse de platine, baguette de verre coudée,
etc.), surtout pour les étudiants. Depuis nombre d'années, au
BiorocE. Compres RENDUS. — 1922. T. LXXNVII. 8g
1294 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (26)
cours de bactériologie de notre Institut, quand nous voulons ob-
tenir sur des plaques de gélatine des colonies en surface, nous
procédons à l’ensemencement en surface, avec la même facilité
que sur gélose, de la façon suivante. Nous liquéfions trois tubes
de gélatine que nous coulons dans trois boîtes de Pétri ; nous
laissons refroidir le milieu jusqu’à ce qu'il soit solidifié. Sur la
première plaque, nous déposons une goutte du produit dont
nous voulons isoler les germes et, avec un petit rouleau en verre,
nous faisons l’ensemencement sur celle-ci et ensuite, sans re-
charger, sur les autres. Ce petit rouleau est d’une construction
très facile. On plie par le milieu, à angle aïgu, un fil d’alumi-
nium, de fer ou de cuivre, de 10 à 15 em. de long et de 2 mm.
de diamètre environ ; on fait ensuite un coude à ro ou 15 mm.
de chacune des extrémités, et on introduit un tube de verre de
2 cm. de long sur 5 mm. de diamètre (tubes dont on fait les pi-
pettes Pasteur) à extrémités mousses, entre les branches pliées,
comme le montre la figure. Le tube roule doucement sur la sur-
face de la gélatine, sans l’égratigner.
Ce petit appareil, qui peut être stérilisé aisément par flam-
bage, et dont le tube peut être remplacé par un autre au besoin,
est toujours prêt à servir.
(Institut Camara Peslana, Lisbonne).
nt, ee | nn | Ve pa en |
è
4
:
(27) SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1295
SUR LA RÉGÉNÉRATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
ET PÉRIPHÉRIQUE DE LA QUEUE, CHEZ DES URODÈLES ADULTES
(Molge waltli Micuan.),
par L.-R. Smors Raposo.
Lorsqu'on ampute transversalement, d'un coup de ciseaux,
le bout (2-4 em.) de la queue d'un Pleurodèle adulte, le moignon
médullaire se rétracte au milieu des tissus environnants, en
même temps qu'un exsudat et, de très bonne heure, les ménin-
ges, viennent le recouvrir entièrement.
Les fibres et les cellules nerveuses les plus proches de la sur-
face de section, en voie de dégénérescence, se disposent d'une
manière désordonnée autour des cellules épendymaires, dont
plusieurs entrent en mitose. De la prolifération très active de ces
éléments résulte une dilatation de la portion terminale du canal
-de l’épendyme et son accroissement en longueur, au fur et à
mesure que tous les autres tissus de la queue se régénèrent éga-
lement. D'autres fois, le canal de l’épendyme, très dilaté, se
divise bientôt, par étranglement, en deux conduits : l’un dorsal,
entouré des débris de l’ancienne moelle, et un autre ventral,
limité par une seule couche de cellules épendymairés. Les mé-
ninges qui enveloppaient ces formations s'insinuent entre les
deux conduits, les séparent et engaïnent chacun d'eux de tous
côtés. Quoi qu'il en soit, le nouveau canal, ébauche de la moelle
‘en voie de régénérescence, fait suite à la portion crâniale de
l'ancien ; seul, il se développe. La prolifération de ses cellules
donne naissance à plusieurs couches d'éléments, encore peu dif-
—férenciés, dont le noyau est arrondi et bien plus pauvre en chro-
matine que celui des cellules primitives. Ces éléments, plus ex-
ternes, sont plus nombreux vers la face dorsale et sur les côtés.
‘On observe souvent, de ce côté-ci, quelque chose qui ressemble
à une crête ganglionnaire ; cependant, aucun élément ne tra-
verse les méninges à ce niveau.
La portion motrice du nouveau nerf est constitué par les ex-
pansions des cellules latérales qui ont traversé les méninges du
côté ventral. Quelques-unes de ces cellules ainsi que des élé-
ments de la crête dorsale émigrent vers la périphérie de la
moelle et entourent la racine nerveuse à sa sortie ; il en est qui
suivent, en dehors de la moelle, le trajet des fibres, mais ne for-
ment pas uniquement leurs gaines de Schwann ; certaines d’en-
tre elles se rassemblent sous forme d'un amas bien défini, cons-
ütuant l’ébauche d’un ganglion, où l’on peut voir souvent des
mitoses. Des cellules conjonctives, qui entourent la noto-
1296 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LISBONNE (28)
chorde (?) néoformée, émigrent pour constituer la capsule de
ce ganglion. Quelquefois une partie de cette ébauche se sépare
et, comme l’a vu Harrison (1), un certain nombre de ses cellules.
va suivre la route des fibres périphériques.
Dans un travail récent sur la régénération du système ner-
veux central et des ganglions spinaux de la queue de Diemic-
tylus viridescens (2), espèce du même genre que celle que nous
avons étudiée, Duesberg affirme que, sur les dernières coupes
transversales de la portion régénérée de la moelle, celle-ci « n’est
plus un tube, mais une gouttière ouverte du côté dorsal comme
chez l'embryon ». Nous n'avons jamais observé ce fait. Au sujet
de la nouvelle formation de ganglions spinaux, il fait remar-
quer que « l’'ébauche ganglionnaire est réunie à la partie dorsale
de la moelle par une traïnée de cellules ». Il se hâte d'ajouter
que les images de la sortie cellulaire dorsale « ne sont pas com-
munes ». Sur nos préparations nous n'avons jamais vu ni la
traînée d'éléments, ni l'émigration dorsale des cellules; par
contre, l'émigration ventrale est de règle et se voit aisément.
C'est aussi l'avis de Harrison : « In Pleurodeles the ganglia are
regenerated from the ventral side of the spinal cord ». Cet au-
teur a vu cependant la formation d'une seule paire de nouveaux
ganglions. Nous avons vu bien plus d’ébauches, mais non par
paires, les ganglions n'étant pas toujours symétriques. Nous.
n'avons observé aucun rapport entre les ganglions anciens et.
ceux de la queue régénérée. Harrison l’a noté due utetes, Dues-
berg point.
(Institut d'histologie el d'embryologie, Faculté de médecine).
(x) Arch. f. entw-mech. d. Org., t. VII, 1898.
(2) C. R. de l’Assoc. des anat., 17° réunion, Gand, 1922.
(1) 1297
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE
SÉANCE DU 11 DECEMBRE 1922
SOMMAIRE
Denonne (À.): Destruction et larves de Calliphora vomiloriu. 27
phagocytosc des fibres musculai- Hocquerre (M.): Observations
res à la fin de la maturation des sur le nombre des chromosomes
ovocytes chez Hedisle diversico- chez quelques Renonculacées... 25
RO... ...: 29 MaicE (A.) : Influence de la nu-
Denorxe (A.) : Les néphrocytes trition organique sur le noyau
eo de Lanice conchy- des cellules végétales. .......... 21
ÉTIEE RSE CO CONTRER POP IE 31 Mixer (J.) et Benoit (A.): Sur
Dion (BP) et DELHAYE (R.) : la formule bactériologique des
Essais d'’infestation expérimen- vaccins à utiliser dans les affec-
tale du tube digestif par œufs et tions de l’appareil respiratoire.. 24
Présidence de M. Malaquin.
INFLUENCE DE LA NUTRITION ORGANIQUE
SUR LE NOYAU DES CELLULES VÉGÉTALES,
par À. Marcs.
Au cours de mes recherches sur la formation de l’amidon dans
les cellules cultivées sur des solutions sucrées de concentration
diverses, j'ai été frappé par les dimensions très différentes que
présentent les noyaux et leurs nucléoles, et j’ai été amené ainsi à
entreprendre au sujet de l'influence de la nutrition organique sur
ces éléments de la cellule un ensemble d'expériences dont je vais
exposer les premiers résultats.
J'ai utilisé surtout comme matériel les embryons de Haricot
privés de leurs cotylédons et cultivés sur l’eau distillée jusqu’à
épuisement de leurs réserves d’ amidon, mais j'ai opéré également
sur des fragments de tiges étiolées de Pois et de Fève. Les diamè-
tres du noyau et du nucléole ont été évalués sur le vivant ou sur
des coupes traitées par une solution iodo-iodurée, vérification
faite que cette solution n'’altérait pas les dimensions des objets à
mesurer. Les valeurs moyennes de ces diamètres aux différentes
1298 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (22}
phases de chaque expérience ont été établies sur des noyaux de-
nombre au moins égal à ro prélevés dans des cellules compara-
bles appartenant à des coupes immédiatement voisines du frag-
ment d'embryon ou de tige étiolée en expérience. Lorsque la sec-
tion d'un noyau ou d'un nucléole n'était pas circulaire, on pre-
nait comme diamètre la moyenne des deux dimensions extrêmes.
Mes expériences se répartissent en plusieurs séries :
a) Dans une première, J'ai étudié l'influence de l'absence de
autrition sur le noyau et le nueléole
Voici les résultats de l’une de ces expériences sur le Haricot.
Température 2/°.
Noyau Nucléo!e
Aussitôt après la digestion de l’amidon ........ 10,9 SL
Après 65 heures sur l’eau distillée ............ 8,8 u DU
Après 6 jours sur l’eau distillée ........... , 6,6 uw EUR
Le Pois et la Fève m'ont donné des résultats analogues, ainsi
le Pois m'a fourni dans une expérieneée les chiffres ci-dessous.
Température 24°. l
Noyau Nucléole
Aussitôt après le sectionnement de Ja tige .... 19.4 5,8 pu
Après 2 jours sur l’eau distillée .............. 16,3 u 3,8 u
Après 4 jours sur l'eau MeMNéS, 356500000000 12,9 DU
Il y a nettement décroissance du volume du noyau et la dimi-
nution présente une marche encore plus accentuée pour le nu-
cléole.
b) Dans une deuxième série d'expériences, j'ai étudié les va-
riations que subissent les noyaux quand on transporte les cellules
qui les renferment sur une solution de saccharose à 5 p. 100.
Voici les résultats obtenus en partant des noyaux de Haricot.
réduits par le jeûne de l'expérience citée ci-dessus (Tempéra-
ture 24°) :
Noyau Nucléole:
AUNEDUTE del e DETENTE. Ar PRE He 6,6 u Le PIAUE
Après 2 jours sur le saccharose ............, : 12,1 p D, TE
Le Pois et la Fève m'ont donné des résultats analogues ; ainsi
pour le Pois j'ai obtenu dans une expérience (Température 12°-18°
du laboratoire). :
Noyau Nucléole:
Aussitôt après le sectionnement de la tige .... 15,8 pu 2.8 pu
Après 5 jours sur le saccharose ...... Sberse 20,7 W 3,700
Il y a accroissement notable de volume pour le noyau et aug-.
mentation d'allure encore plus rapide pour le nucléole.
(23) SÉANCE DU {1 DÉCEMBRE 1299
c) Une troisième série d'expériences portant uniquement sur le
Haricot a consisté à coucher des embryons sur du papier buvard
imbibé d'une solution de saccharose à 5 p. 100 et placé à la tem-
_pérature de rr° où la lenteur de la pénétration détermine dans tes
cellules des faces immergées et émergées de l'embryon des te-
neurs en sucre différentes. IL en résulte un contraste parfois ac-
centué entre les noyaux des cellules de l'écorce de ces deux faces.
Voici les résultats d’une expérience où l'embryon est resté
65 heures sur la solution :
1
Noyau Nucléole ,
Face inférieure immergée ................, 3 14,2 Gr
HaceMsuperieure émergée :......,...........e 99 mu 2,5 u
: d) Je mentionnerai également, parce qu'elles ont été l’origine
de ce travail, les expériences que j'ai faites à l’aide de solutions de
concentrations croissantes et dont les résultats concordent entiè-
rement avec ceux des précédentes, bien qu'ils relèvent d’une in-
terprétation plus complexe sur laquelle je reviendrai ultérieure-
ment. Dans une de ces expériences où les embryons ont séjourné
7 jours sur les solutions de saccharose à 25°, les résultats ont été
les suivants :
Noyau Nucléole
SOON D. TOO. ...u. +. dar lscaceod pen 1,5 u
Sclution à S5MD COMMON NR OCR PRO ec 10,2 u D ALUS
Solution à 5 p. 100 A AN M A MS 11,9 3,7 U
SOAO M MAUEEl pi TOO... 2.2. eee RTS 12,6 w 4,2 u
e) Enfin, dans une dernière série d'expériences, j'ai étudié
l'influence des sucres autres que le saccharose et de diverses sub-
stances organiques : glycérine, asparagine, urée. Ces expériences,
qui ont porté uniquement sur le Haricot ont été conduites comme
celles de la deuxième série en partant de cellules à noyaux réduits
par le jeûne que l’on transportait ensuite sur une solution orga-
nique déterminée.
J'ai obtenu ainsi des accroissements divers mais très nets de
volume du noyau et du nucléole avec les maltose, lactose, glu-
cose, lévulose, galactose. L'augmentation a été douteuse pour le
mannose et nulle avec la glycérine, l'asparagine, l'urée.
L'observation sur le vivant (ou après traitement à l’acide chlor-
hydrique à 0,r-0,3 p. 100 qui rend le réseau nucléaire plus net
sans l’altérer) des noyaux au cours des variations, parfois consi-
dérables, que je viens de signaler, met hors de doute ce fait que
leurs différences de volume correspondent à des différences de
masse des constituants nucléaires (réseau nucléaire, suc nucléaire,
nucléole). La décroissance du noyau par inanition doit donc être
{3900 : RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (24)
interprétée comme une diminution quantitative de tous ses élé-
ments qui résulte évidemment d'une désassimilation nucléaire
dominant une assimilation très affaiblie, peut-être mème anni-
hilée, par l’absence de sucre done Dudis peu DIE de la molécule
des nucléoprotéides.
L'accroissement de volume provoqué par la nutrition sucrée
correspond au contraire à une augmentaion, parfois très notable,
de la masse des divers constituants du noyau, conséquence de la
reconstitution de ses protéines qui résulte de synthèses assimila-
trices actives prédominant nettement sur les processus de désas-
similation.
SUR LA FORMULE BACTÉRIOLOGIQUE DES VACCINS A UTILISER
DANS LES AFFECTIONS DE L APPAREIL RESPIRATOIRE,
par JEAN Mixer et À. Benorr.
Dans une note antérieure (12 février 1921) nous avons préconi-
sé, pour le traitement des affections de l'appareil respiratoire, l'em-
ploi de vaccins « adaptés » à la formule mierobienne des crachats:
nous numérions les microbes de l’expectoration ; nous établis-
sions ainsi la proportion pour cent de chacune des espèces exis-
tantes ; puis, à l’aide d'émulsions mères provenant de souches
diverses, nous fabriquions des ampoules contenant en moyenne
500 millions de microbes par centimètre cube, dans des propor-
tions qui représentaient celles de la numération pratiquée dans
les crachats.
La préparation des vaccins « adaptés » demandant un certain
temps, il n’était guère possible de les employer dans les pneumo-
nies, congestions pulmonaires, etc... Nous mous sommes alors
servi de stock-vaccins contenant les principaux microbes susecp-
tibles d’infecter les voies respiratoires, La formule de ces stock-
vaccins, après de multiples tâtonnements, a été arrêtée par nous
de ne: con suivante
° Affections pulmonaires aiguës
Pneumocoques ...... Re 0 POULE 100 millions
SITepIOcOqueS ee crc san er dan 5o millions
StabIMIOcOqUE ME PEER RENE ER de 350 millions
2° Affections pulmonaires chroniques
Pneumocoquestte ee rte A 20 millions
Létlagenes La NRA SES ANNE fo millions
Micrococcus catacrhalis APP NE REARRRee ho millions
Staphylocoques ..... hide me He SSs hoo millions
CH) - - sÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1301
Avec ces deux variétés de stock-vaccins, nos résultats ont été
au moins égaux à ceux que nous avions obtenus à l’aide de vac-
cins adaptés, et nombre de malades, peu ou pas améliorés par un
vaccin adapté, se sont vus grandement soulagés par les injections
de stock-vaccin.
Depuis un certain temps, aux deux formules ci-dessus, nous
avons ajouté du Bacille pyocyanique (environ 100 millions par
c.c.). L'action thérapeutique, aussi bien dans les affections pul-
monaires chroniques que dans les affections pulmonaires aiguës,
s'est montrée notablement renforcée, comme le prouvent nos sta-
tistiques.
Le mécanisme de la vaccinothérapie est trop obscur encore, et
les faits que nous apportons touchent de trop près au grand pro-
blème de la spécificité vaccinale, pour que nous nous croyions
autorisés à y ajouter un commentaire, quel qu'il soit.
OBSERVATIONS SUR LE NOMBRE DES CHROMOSOMES
CHEZ QUELQUES RENONCULACÉES,
par Maurice HOCQUETTE.
Dans un récent mémoire, Hovasse (1) attire l'attention sur ce
fait qu'il y a bien peu d'espèces qui n'aient été étudiées en ce qui
concerne le nombre de leurs chromosomes. En consultant les
listes données par Tischler (2) et par Marchal (3), on constate au
contraire que dans toute la série végétale il reste encore une quan-
tité considérable de plantes à examiner à ce point de vue.
D'après ces derniers auteurs, pour la famille des Renonculacées
en particulier, le nombre des chromosomes ne serait connu que
chez 11 espèces sur les 700 environ répandues dans le monde en-
tier.
Le tableau suivant donne, pour chacune des plantes que j'ai
étudiées, leur chiffre diploïdique.
Les chromosomes ont été comptés à la métaphase sur des figu-
res très nettes et jugées complètes après examen des coupes pré-
cédentes et suivantes.
(1) R. Hovasse. Contribution à l'étude des chromosomes. Variation du
nombre et régulation en parthénogénèse ; Bull. biol. Fr. et Belg., t. LNI, 1922.
(2) G. Tischler. Chromosomenzahl. Form. und Individualität im Pflanzen-
reiche, Progressus Rei Botonicae, t. V, 1916.
(3) E. Marchal, Recherches sur les variations numériques des chromo-
somes dans la série végétale, Mémoires Acad, roy. Belg., 2° série, t. IV, 1920.
1302 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (26):
2n
Caltha Sradicans POSER SN A Re RER Ie AREAS fs
Nigella d'antaseenaE van NgenuinaNbe eee eee CCE er 12
Nidella sation APM AE ERA EE CRE RAR De DC EI NOENS EC Ce ANS 12
GONG Groansis, Le ion sad soosooaceno nou» Doobcccecebe 12
Nigella nigellastrum Wäüllk. (Garidella nigellastrum L. fe Cobnodorocos m2,
Delphiniumaconso done re Eee ECC DECO PTE ECC 16.
DelpiinuromissanmaNalds ee EIRE PERRET CE CC CEE 32
Delphiniem stéphysagriar LES RS ME ee etre 3 16
Myosurus minimus E. ..... TOLEDO CAO TEE do Ho toe tie A do 16.
Ranunculus ficaria, L subsp: /eu-ficarit Brig. Pre 32
Ranunculus flammula L. var. erectus Neïlr. ....................... : 32
PanuneulustrepensAb var DICUSMBECRME EEE EEE EEE TE CT TEE 22
Ranunculus acris L. subsp, boreauanus (Jord.) Rouy et Foue. ...... 16:
Ranunculus bulbosus L. subsp. eu-bulbosus Briq. var. bulbifer (Jord.)
Briq. TETE N enedetets otemetenare ele neitetetieNeiiete ere tete cree Voter den elle teens Catane en nf Ne de 10:
R. bulbosus subsp. eu-bulbosus var. bulbifer fa foliis albo D LE DE 10
Thalictrum minus L. subsp. dunense (Dumort.) Rouy et Fouc. ...... 48.
Bien que Hovasse conteste la fixité du nombre des chromoso-
mes, les différentes formes systématiques que j'ai envisagées (je:
me suis tout spécialement attaché à l'étude de nombreuses méta-
phases chez les Nigella damascena (1), Ranunculus bulbosus et R.
flammula) m'ont toujours montré dans leurs racines un nombre-
constant de chromosomes.
Le Ranunculus repens, pour lequel j'ai trouvé 32 chromosomes.
diploïdiques est signalé par Marchal comme en possédant 12 dans
les noyaux haploïdiques. Cette contradiction tient sans doute à
ce fait que j'ai pris des racines de Ranunculus repens var. typicus,.
alors que le savant professeur de Gembloux a peut-être eu sous les.
yeux des préparations d’une autre variété.
On rencontre un cas analogue chez le Thalictrum minus qui à,
suivant Overton (2), 12 chromosomes haploïdiques, tandis que:
jai compté 48 chromosomes diploïdiques chez le Th. minus
subsp. dunense. Le cytologiste américain ne précisant pas la va-
riété qu'il a observée et l'espèce considérée étant extrêmement po-
Iymorphe, il est fort probable qu'il n'a pas étudié la même forme.
(x) Les figures métaphasiques des Nigella sont particulièrement remarqua-
bles par l'écartement très marqué que présentent les chromosomes-filles,
ainsi que par la présence de tractus souvent bien nets reliant ces éléments.
J'ai acquis la conviction, en suivant l’évolution des chromosomes somatiques
L
chez ces plantes, qu'il était impossible de nier ici l’autonomie des chromo-
somes, comme du reste dans les autres Phanérogames que j'ai pu examiner
jusqu'à maintenant.
(2) J.-B. Overton. On the organization of the nuelei in the pollen mother
cells of certain plants, witlr especial reference to the permanence of the
chromosomes. Annals of Bot., t. XXIIL, 1909.
(27) SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1303:
Dans cet ordre d'idée, de Litardière (r) a déjà fait remarquer à
plusieurs reprises les divergences entre les constatations qu'il a
faites sur certaines espèces (notamment les Pteris {remula, Salvi-
nia natans, Podophyllum peltatum, Senecio vulgaris) et les ré-
sultats donnés par des auteurs ayant étudié ces mêmes espèces ;
il conclut à l'existence de races caractérisées par des nombres
chromosomiques différents ; plusieurs exemples indubitables en
sont d’ailleurs maintenant connus chez d'autres végétaux. Ces
races pourraïent mème ne pas présenter entre elles de dissem-
blance morphologique, ainsi que cela a lieu chez lAscaris mega-
locephala.
(Laboratoire de botanique de la Faculté des sciences de Lille).
ESssAIS D’INFESTATION EXPÉRIMENTALE DU TUBE DIGESTIF
PAR OEUFS ET LARVES DE Calliphora vomitoria,
par P. Desoriz et R. DELHAYE.
Nous avons complété nos expériences in vitro (publiées dans le
précédent bulletin) par des essais d'infestation expérimentale par
la voie buccale et anale, sur de petits Vertébrés à sang froid et à
sang chaud. OEufs et larves ont été introduits vivants, à la sonde,
chez des animaux à jeun et en période digestive.
Œufs. a) Grenouille : les œufs traversent tout le tube diges-
tif sans perdre leur capacité d’éclosion. Introduits dans l'estomac
par la voie œsophagienne on peut en retrouver quelques heures
plus tard dans le rectum et le lendemain, dans les excréments,
capables d'éclore normalement. Par contre, nous n'avons cons-
taté aucune éelosion spontanée dans le tube digestif.
b) Oiseaux : les œufs sont rapidement détruits dans le jabot ou
le gésier.
€) Cobaye : nous avons fait ingérer plusieurs jours de suite,
des pontes à des Cobayes à jeun ou en période digestive, Une fois
seulement, nous avons vu 2 œufs éclos dans les défécations. Dans
les autres cas, les œufs que lon peut retrouver sont sans vitalité
Ou réduits à une coque vide.’
() R. de Litardière. Recherches sur l'élément chromosomique dans la
caryocinèse somatique des Filicinées ; La Cellule, t. XXXI, 1921 : Remar-
- ques au sujet de quelques processus chromosomiques dans les noyaux di-
ploïdiques du Podophyllum pellatum L. : C. R. de l’Acad. des se. Paris,
t. CLXXXIT, 19271 ; Note à Be du nombre des chromosomes chez le Senecio
vulgaris L., Bull, Soc. Lot. Fr., t. LXIX, 1922.
1304. RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE (28)
d) Chien : les œufs, introduits à jeun ou avec un repas à la
viande, sont vite désagrégés et ne peuvent plus être identifiés.
En résumé, chez les Vertébrés à sang froid, et exceptionneile-
ment chez les Mammifères, les œufs de C. vomiloria peuvent ré-
sister à la traversée du tube digestif sans cependant éclore dans
l'intestin.
2° Larves. a) Grenouille : les petites larves de 5 à 7 mm. imtro-
duites isolément ou en petit nombre dans l'estomac, peuvent être
retrouvées vivantes dans un laps de temps qui varie de 3 à 24 heu-
res soit dans l'estomac, soit dans le rectum. Elles sont plus ou
moins engourdies et englobées dans un épais mucus strié de sang.
Elles n'ont aucune tendance à se fixer dans une portion du tube
digestif et passivement sont rejetées avec les excréments, les unes
vivantes, les autres mortes. Les larves plus âgées et de grosse
taille (10 à 15 mm.), introduites plusieurs ensemble de façon à
distendre l'estomac et à y être comprimées, meurent en moins de
3 heures sans avoir subi sensiblement l'attaque du suc gastrique.
b) Oiseaux : chez le Pigeon et la Poule, mort rapide dans le
jabot en moins d'une heure. Nous avons fait aussi des essais d'in-
festation par la voie anale en suturant le cloaque pour empècher
la sortie des larves. Sauf une expérience chez le Pigeon où 2 lar-
ves ont été retrouvées vivantes au bout de 3 heures dans l'intestin
à quelques centimètres du cloaque, dans les autres cas les larves
meurent rapidement dans les matières fécales semi-solides du
rectum.
c) Rongeurs (Cobaye, Lapin) : mort rapide dans l'estomac en
45 minutes environ. Le temps de séjour dans l'estomac varie sui-
vant la réplétion de l'organe. Chez le Cobaye à jeun, on trouve
déjà des larves dans les scybales 5 heures après l’ingestion. Chez
le Lapin dont l’estomac n'est pas vidé mème après plusieurs jours
de jeûne, la rétention gastrique est plus longue. Les larves se pré-
sentent dans les divers segnrents de l'intestin sous des états diffé-
rents : les unes simplement mortes, les autres plus ou moins di-
gérées ou laminées quelquefois réduites à leur cuticule. Par la
voie anale : résultats négatifs. :
d) Chien : mort dans l'estomac en un temps qui ne dépasse pas
1 heure. Les larves ne sont pas digérées comme la boulette de
viande avec laquelle elles ont été introduites et séjournent plus
longtemps. On peut encore en retrouver dans l'estomac 6 à 8
heures après l’ingestion, et dans les premières portions de l’intes-
tin, intactés en apparence, mais ayant perdu la transparence
aérienne de leurs trachées et présentant une teinte jaune mat
opaque. Elles ont été tuées bien plus par les traumatismes divers
et l’asphyxie que par l’action des sucs digestifs. |
Infestation par voie anale : échecs. Les larves n’ont aucune ten-
L 4
(29) SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1305-
dance à remonter le côlon et s'y adapter. Très agiles, elles cher-
chent à s'évader par l'anus qu'elles franchissent d’ailleurs très ai-
sément malgré la contraction du sphincter.-Si l'on obture l'anus
par des points de suture, elles ne tardent pas à mourir asphyxiées
ou écrasées par la compression des matières fécales.
Conclusions : les conditions biologiques ne sont évidemment
pas les mêmes chez ces petits animaux que chez l'Homme et les.
grands animaux atteints de myases intestinales, par conséquent,
il n'y a pas à faire état de l’insuccès de ces expériences. Par con-
tre, elles permettent de dégager les faits suivants : 1° les larves
ingérées vivantes peuvent, même après un séjour de 8 à 10 heu-
res dans un estomac à suc gastrique hyperacide, être retrouvées
dans l'estomac ou l'intestin, mortes mais non attaquées par les
sucs digestifs grâce à leur enveloppe cuticulaire ; 2° les petites
larves, très agiles, peuvent facilement vaincre la résistance du
Sphincter anal pour pénétrer dans le rectum ou s’en évader ; 3°
les œufs peuvent traverser un tube digestif de Batracien et de
Mammifère sans être altérés et éclore ensuite.
(Laboratoire de zoologie médicale et pharmaceutique de Lille).
DESTRUCTION ET PHAGOCYTOSE DES FIBRES MUSCULAIRES
A LA FIN DE LA MATURATION DES OVOCYTES CHEZ Hediste diversicolor,
par ARMAND DEHORNE.
Ces observations ont été faites sur deux femelles à maturité
sexuelle complète, mais ne manifestant aucune épitoquie.
Le « tissu graisseux » a subi une forte diminution, néanmoins -
le cœlome renferme encore un nombre considérable d'amibocv-
tes. Dorsalement et ventralement, à la face interne des muscles
longitudinaux, on trouve une couche irrégulière, parfois épaisse,
d'éléments libres, parmi lesquels dominent les éléocytes. Beau-
coup de ceux-ci renferment un ou deux de ces corps ovoïdes de
constitution fibrillaire que j'ai interprétés (1) comme étant d'ori-
gine musculaire.
Mes recherches sur Hediste apportent des résultats qui parlent
encore nettement en faveur de cette interprétation. En effet, au
contact même des fibres musculaires longitudinales, aussi bien
dorsales que ventrales, on remarque que certains phagocytes con-.
tiennent, non pas des corps ovoïdes, arrondis à leurs extrémités,
mais des bottes de fibrilles, formant des fuseaux pointus, plus:
_volumineux, tordus ou même recourbés en croissant.
(x) GC. R. de l’Acad. des sc, Paris, 1922.
1306 RÉUMON BIOLOGIQUE DE LILLE (30)
20 LU EIRE PE CE RE APRES
Dans les endroits où l’on découvre de telles formes, la muscu-
lature longitudinale montre un dérangement dans la disposition
de ses fibres. Là s’est faite une brèche dans le muscle et jy 1
reconnu la phagocytose de portions de fibres. Les coupes longi-
tudinales pratiquées tangentiellement à la limite interne des mus-
cles montrent le mieux les degrés successifs de cette opération.
‘On constate tout d’abord la rupture des fibres et les bouts non
attaqués, ramenés sur eux-mêmes, présentent de grandes ondu-
lations, alors que les éléments musculaires voisins, intacts, sont
encore tendus, rectilignes. Les phagocytes appliqués sur le trajet
des fibres en morcellent la portion intermédiaire isolée. Tandis
que la fibre normale laisse difficilement voir, ou même pas du
tout, ses fibrilles constituantes, celle qui cède à l'attaque phago-
Cytaire subit un gonflement qui rend les siennes évidentes.
semble qu’une transformation intime de la substance contractile
a précédé cette attaque. Puis, les fragments sont incorporés aux
phagocytes où ils prennent l'aspect de bottes de fibrilles bientôt
transformées en ces fuseaux volumineux, plus ou moins tordus
ou recourbés, dont je parle plus haut.
Au stade suivant, le phagocyte ainsi chargé s’est légèrement
écarté de la musculature, sans toutefois sortir de la couche d'élé-
ments libres qui la tapisse. Déjà l'inclusion fuselée est contractée,
sa fibrillation devient moins visible, et la digestion intracytoplas-
mique, qui sera longue, en est commencée. Ensuite, le phagoeyte
s'éloigne encore de la musculature et il peut même tomber dans
la cavité générale. |
Cette destruction des muscles longitudinaux s'opère avec len- M
teur, elle n’a rien d’une attaque brusque et décisive, et ses effets,
comme du reste ses manifestations, ne sont pas considérables.
Toutefois, elle conduit à un délabrement appréciable du tégu-
ment. Parallèlement, a lieu l’histolyse, en quelque sorte ména-
gée, elle aussi, des muscles annulaires, laquelle met en œuvre de
nombreux amibocytes, aux formes allongées, différents de ceux
qui prélèvent les morceaux de fibres longitudinales. Les sarco-
lytes à l’intérieur de ces éléments sont en forme de longs lacets
avec une ou deux boucles ; ils s'y détruisent peu à peu sans se
raccourcir, en montrant seulement une dissociation de plus en
plus poussée de leurs fibrilles.
Ainsi, chez Hediste diversicolor à maturité sexuelle, comme
chez les autres Néréides, on constate la destruction et la phago-
cytose de fibres musculaires, et les sarcolytes des fibres longitu-
nales prennent l'aspect de fuseaux striés à l’intérieur des myopha-
ges. L'observation est intéressante du fait que cette Néréis est
réputée pour ne présenter jamais d’épitoquie. Les phénomènes
d'histolyse musculaire que j'ai décrits sur les Néréides à maturité
F
(31) SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1307
sexuelle seraient donc à considérer, au moins provisoirement,
comme indépendants des processus d’hétéronéréidation,
LES NÉPHROCYTES SMARAGDIFÈRES DE Lanice conchylega,
par ARMAND DEHORXNE.
Cette espèce montre une fonction urique ‘particulièrement ac-
tive qui s'exerce par les trois catégories d'éléments suivants :
I. Eléments libres dans le cœlome, fuselés, contenant des grains
nombreux vert pâle, formés de granules agglomérés, et mêlés à
d’autres grains vert émeraude ; parfois il s'y ajoute une ou plu-
sieurs concrétions plus volumineuses brun rougeâtre. Malgré l’im-
portance de leurs produits de sécrétion, ils pratiquent encore la
phagocytose, et l’on trouve souvent à leur intérieur des formes
jeunes de cellules adipo-sphéruleuses, ainsi que de grandes va-
cuoles digestives à contenu indéterminé. En outre, ils excitent
‘ positivement les leucocytes cælomiques, avec lesquels ils consti-
tuent d'importantes masses syncytiales dont la signification n’est
pas connue. Ces éléments smaragdifères sont des néphro-phago-
Cytes.
IT. Eléments de l’épithélium néphridien. Toutes les cellules de
l'énorme néphridie secrètent des granules d’un beau vert éme-
raude, qui s'accumulent dans chacune, en formant une rnasse
-ovoïde souvent considérable. Le volume de cette masse verte finit
par être si grand que l’épithélium, d’abord cylindrique, se dé-
forme passagèrement jusqu'à ressembler à une sorte de mésen-
chyme. Le sort réservé à ces enclaves excrétrices est encore incer-
tain ; mais la présence, dans l’épithélium déformé à allure mésen-
chymateuse, du côté de la lumière de la néphridie, de vacuoles
géantes vides optiquement, me fait croire que les masses vert éme-
raude ne tombent pas telles quelles dans la cavité néphridienne.
Leurs granules subiraient une solubilisation avec perte de la pig-
mentation, et la substance liquide résultant de leur dissolution
provoquerait la naissance des grandes vacuoles en s Y accumu-
lant. L’excrétion se ferait en fin de compte sous la forme liquide.
IIT. Cellules du corps cardiaque. Elles ont été décrites récem-
ment (1) et renferment des grains vert pâle ou d'un brun vert.
Mais, parmi eux, on en trouve fréquemment qui sont de couleur
émeraude. Il n’y a pas de cellules dans le corps cardiaque qui ren-
ferment uniquement de ces derniers ; toutefois, dans certaines ré-
gions, ils dominent.
) M. Romieu. C. R. de l’Assoc. des anat., 1922.
1308 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE
Etant donné que les cellules néphridiennes renferment seule-
ment des granules vert émeraude, et que ces derniers paraissent
bien se dissoudre au terme ultime de l’excrétion, j'ai pensé qu'ils
sont la forme solubilisable des autres granules différemment
pigmentés. Tant que les granules des néphrophagocytes et des
cellules du corps cardiaque se présentent en vert pâle ou en
brun vert, ils ne seraient pas solubilisables, mais tous les
granules passer aient par le stade de penenauc FRASUEE © à la
fin de leur existence.
Je me propose de vérifier cette supposition. de me propose. aussi
de rechercher si les trois catégories de néphrocytes smaragdifères
présentent toute l’année, et toujours en même temps, les granu-.
lations qui leur ont valu le nom que je leur donne.
imp A. DAVY et FILS Aîné 52 r. Madame, Paris Le Gérant : A. DAVY
TRAITEMENT ORGANOTHÉRAPIQUE
ï de la DIATHÈSE URIQUE
Essentiellement différent
des solvants chimiques de l'acide urique
qui sont des substances étrangères à l’économie,
» 1e | à
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restitue < Forgenisme soumis ['éliminateur naturel
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Paris. — Typ. A Navy, 52, rue Madame. — Téléphone Saxe-04.19
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des Séances
DE Le
6 de Biologie
et de ses filiales :
; réunions de Bordeaux, Marseille, Nancy, Petrograd,
Barc 1 n e, ne re, Lyon, dr Ad
La Société reprendra le cours régulier de ses séances le 13 1
vier 1923. .
Toutes les notes doivent être remises
sous forme de dactylographies, ne
varietur, sans lectures douteuses ;
Î
elles ne doivent pas dépasser l'étendue
Ÿ
réglementaire.
Ces conditions sont formelles.
1
SIEGE SOCIAL DE LA SOCIETE
7, rue de l'Ecole de Médecine
M A. PETTIT, secrétaire cs ne se trouve au siège social que
samedi de 4 à 6 heures. Les autres jours, adresser communications
lettres au Secrétaire général, à l’Institut Pasteur, Paris (15°).
Cotisations et Versements
Les cotisations et versements de He nature peuvent être nu
directement au compte du trésorier : D' J. PT 56, av. de Breteuil
Paris (a) compte postal 44-58. ;
TARIF DES TIRES À PART
18 francs pour 50 exemplaires (4 pages).
21 — — 100 — . (4 pages).
Les demandes de tirés à part doivent être portées sur les dacty c
phies; les factures réglées directemen. à l'imprimerie. ,
Les auteurs peuvent contrôler la correction typographique de
notes, le jeudi à 10 neures, chez les imprimeurs, MM: Dar 5
Madame, Paris 6°. k
Pour la bte s'adresser à la Société Mutuelle de Publici
14, rue Rougemont, Paris, 9° — Téléph. COS no k
2%
N 1
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
EEE Re
SÉANCE DU 23 DECEMBRE 1922
CENTENAIRE DE PASTEUR
Présidence de M. Ch. Richet.
: Le Président présente à la Société les deux premiers tomes
à des œuvres (1) de Pasteur, offerts par le D' PasrEurR VALLERY-
é Rapor, et, en termes émus, fait revivre l’œuvre de Pasteur.
È M. Pasreur Varrery-R4apor donne ensuite lecture des pages
inédites de Pasteur, reproduites ci-après :
(x) Les travaux de Pasteur n'avaient jamais été réunis. Ils étaient épars
dans les Comptes Rendus de l’Académie des sciences et de l’Académie de mé-
decine, dans des revues, dans des journaux scientifiques. Le D' Pasteur Val-
lery-Radot a rassemblé et classé ces travaux. Les deux premiers tomes vien-
nent de paraître ; ce sont ceux offerts à la Société de biologie.
BroLocie, Comptes RENDUuS, — 1922. T, LXXXVII. 90
1310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ST Ra ra ne nt ie à
CE QUI CARAC'TÉRISE UNE FERMENTATION,
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SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
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SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1313
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e— bpéein phasre vers tu s) :
à
Le Président lit enfin une poésie intitulée : Pasteur.
SOMMAIRE
Asnesnov ([.-N.) : L’accoutu- ainsi que les textes et les dessins
mance du Bactériophage....... 1343 | tracés à la main (projections à
AsHEesHOV ([.-N.) : Sur les par- AD DU) ARE ER 1326
ticularités de quelques souches Cairay (M.) et Tnéonoresco
dépbactériophage.. ei 1341 | Le titrage clinique des ferments
ATHANASIU ([.): Sur l'énergie digestifs du liquide duodénal par
nerveuse motrice: Réponse à la IMatdiftus nee ARE 1320
note de M. L. Lapicque. Cadence
de l’influx moteur volontaire... 1356
CaBALLERO (R.-V.) : Etude expé- | ques agents pharmacodynami-
rimentale de la fermeture de j ques sur le réflexe oculo-cardia-
|
I
| CLauUDE (H.), Tivez (J.) et San-
l
i
|
l’extrémité inférieure de l’œso- que etrlerrétlexe solaire. reren 1347
Il
l
TENOISE (D.) : Influence de quel-
phage (epicardia et cardia)..... 1309 Doyox (M ) : Action comparée
CHAPPELLIER (A.): Un moyen de l’extrait de Sangsues et des
de projeter à l’écran une épreuve acides nucléiques chez la Gre-
directe des clichés typographi- nouille. Supériorité des acides
ques au traitet en similigravure, nucléiques sur les autres agents
1514
anti=-CcoasulantsEe ee ere.
Doyow (M.) : Mode d'action de
certaines toxines microbiennes..
FAURE (J.): Sur un mode de
défense de Brassica oleracea (L.)
contre les larves mineuses de
Baris...
GÉRAUDEL (E.) :
tion du foie.
GLEY (E.): Action des extraits
de pancréas sclérosé sur les
Chiens diabétiques (par extirpa-
HontdUIPAnCTEs) ANNEE EN :
Juster (E.): Technique de la
recherche des réactions vaso-mo-
trices cutanées locales..........
Lecer (M.) et Beprer (E.) : Plas-
modium du Lérot, Myoxzus muri-
US RDeMATENNE ACER ere
Losper et MArcHAL (G.) : Ac-
tion de certaines substances irri-
tantes sur la leucopédèse gas-
trique.
MAUBERT, JALOUSTRE et LEMAY :
Application de la méthode à
l’hydroquinone de P. Lemay à
l’étude de l’activité oxydasique
du sérum sanguin.............
Nicoras (E.) et (G.) : L’in-
fluence de l’aldéhyde formique
sur les végétaux supérieurs et la
synthèse chlorophyllienne..,...
Prcapo (C.) : L’arsenic engrais
CatalNtIquen ere nl 1990
Porsson (R.) : Spermatogénèse
chez Plea minultissima L.
VEerGe (J.): Sur la résistance
à la chaleur des spores charbon-
1352
See Le PRE NA AIT VA ART 1332
L'inflamma-
1349
1322
1929
13306
1350
en
1927
1319
1354
...........
WEesEer (A.): Altérations des
noyaux et des formations asté-
riennes dans les œufs de Triton
greffés sur adultes...
WILBOUCHEVITCH (A.) : Sur un
nouveau procédé de séro-diagnos-
tic du cancer
..,...e.
1339
Réunion biologique de Strasbourg.
AmBARD (L.) et CAILLET (A.):
De l’anesthésie au protoxyde
AZ OL SANTE RENE DA
AmgarD (L.) et Scamin (F.):
Présentation d’un micro-uréo-
ENS dal des 40 0 oo 0 de Hot D 1974
Benoit (J.): Sur les cellules
interstitielles du testicule du Coq
domestique. Evolution et struc-
ETES EMEA EN ME Dee 1382
Benorr (J.): Sur les rapports
quantitatifs entre le tissu inters-
titiel testiculaire, le tissu séminal
et la masse du corps chez les
. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Oiseaux et quelques Mammifères.
Benorr (J.) : Sur une méthode
permettant de mesurer la masse
absolue du tissu interstitiel tes-
liculairer are
Courrier (R.): Le ‘cycle géni-
tal de la femelle chez certains
Mammifères hibernants........
Courrier (R.) et GERLINGER
(H.): Le cycle glandulaire de
l’épithélium de l’oviducte chez
EME eo Lee oc oe
Ferry (G.) : Secrétion lactée et
développement anormal du tissu
adipeux après cure d’éventra-
tion et appendicectomie chez une
DULDATE RER PA NEE
Scnmin (F.) : Comparaison des
dosages de l’urée dans le sang et
dans l'urine par l'hypobromite
de soude et le xanthydrol......
Scxmip (F.): Teneur comparée
en glycose du plasma et du sang
total
SIMON (H.): Recherches sur la
destinée des transplants osseux
chez la Souris. .... :
CPC ECC ECC
1987
1389
1305
1303
1379
1309
. 1307
1377
Réunion biclogique de Lyon.
Courmonr (P.) et Dumas (A.):
Résultats comparés des séro-réac-
tions tuberculeuses (agglutina-
tion du Bacille tuberculeux et
réaction de déviation du complé-
ment) au cours et dans la conva-
lescence de la fièvre typhoïde...
EMBERGER (L.) : À propos des
résultats de Sapehin sur la cyto-
logie des Lycopodinées homos-
porées
EmserGer (L.) : Nouvelle con-
tribution à l’étude cytologique
des Sélaginelles..... -
EMBErGER (L.): Sur la cytolo-
gie des Lycopodinées homospo-
cernes eee
ee
GAUTIER (CL.): Actions succes-
sives de l’ésérine et de l’adréna-
line sur la pupille de l’œil de
Grenouille, än vivo........ re
GAUTIER (CL.) : Section du
splanchnique et glycosurie adré-
nalinique chez la Grenouille...
MouriQuanr (G.) et Miouez
(P.) : Adjuvants non antiscorbu-
tiques de la substance antiscor-
butiqueses Er ECM ete
Mouriquan» (G.) et Mricumer
(P.) : Sur la valeur antiscorbu-
tique du jus de Citron stérilisé et
sur la question des doses d'’anti-
scorbutique nécessaires au mé-
1391
1990
1398
1304
1402
1400
1404
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE : 1915
HERO 1403 | déshydrogénases...,,........... 1409
Papacostas (G.) et Busapoux Liuncpauz (\.): Sur la désa-
(A.) : Un cas d’adaptation micro- grégution de l’urée et des autres
bienne clinique et expérimen- éléments azotés de l'urine dans
CERN .. 1407 | la distitlation au moyen d’un
GAME ; à 5 Conte VAIDEUT ETES 1411
Réunion biologique de Suède. LiunGDAHL (M): Une méthode
AHLGREN (G.) : Contribution à de détermination de l’ammonia-
la question de la spécificité des querde urines Herr 2
M. J. Sercrer, membre correspondant, assisté à la séance.
L'INFLUENCE DE L’ALDÉHYDE FORMIQUEÉ SUR LES VÉGÉTAUX
SUPÉRIEURS ET LA SYNTHÈSE CHLOROPHYLLIENNE,
par ÊMIiLe et GUSTAVE Nicoras.
Au cours de recherches sur le rôle nutritif de l’hexaméthylène-
tétramine chez le Haricot (1), nous avons été amenés, en raison
de la nature chimique de ce composé, qui se dede si facile-
ment, en milieu acide notamment, en ammoniaque et aldéhyde
Front à étudier comparativement l'influence qu'exerce ce
dernier corps, employé sous sa forme habituelle, le formol, sur la
même plante.
On sait que la formaldéhyde libre est très toxique pour la plu-
part des végétaux, quoique certaines Algues, certaines plantes
aquatiques (Elodées) puissent vivre dans une solution à
I p. 100.000 de cette substance.
Mais, depuis que l'on a émis l'hypothèse (Berthelot, Baevyer),
que le méthanal constituait le premier degré dans la fixation
photosynthétique du carbone atmosphérique (2), différents au-
teurs, Bokorny, Bouilhac, entre autres, ont observé que, dans
certaines conditions, ce corps pouvait être utilisé par les organis-
mes inférieurs (Bactéries, Champignons, Algues); ainsi, des Al-
gues, désamidonnées après un séjour à l'obscurité, reconstituaient
_de l’amidon à l’aide de l’aldéhyde formique qui leur était fourni
artificiellement sous diverses formes (combinaison bisulffhique,
méthylal).
En outre, d’autres expérimentateurs ont montré que l’alcool
méthylique, susceptible de s oxyder dans les cellules en méthanai,
activait à la dose de 4,5 p. 1.000, à la lumière, le seems
Gi) E. et G. Nicolas. L'influence de l’hexaméthylènetétramine sur les végétaux
supérieurs. C. R: de l’Acad. des sc., p.: 836-838, t. 17b, 1922.
(2) Cette hypothèse est étayée aujourd’hui sur une série de faits bien établis.
1318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE *
—————
du Maïs (x) et favorisait la végétation du Pois, du Haricot (2). À
ce sujet, les Champignons sembleraient tolérer des doses d'alcool -
méthylique plus élevées (2-5 p. 100) que les autres organismes
(0,5-1 ou 2 p. 100 pour le Haricot et le Pois); nous avons fait la
mème remarque au sujet de l’hexaméthylènetétramine (3); il y
a peut-être là une observation d'ordre général à retenir en ce qui
concerne l’action des substances toxiques sur les végétaux.
Voici un tableau récapitulatif des résultats que nous avons ob-
tenus dans un essai de culture de Haricot, variété souvenir de
Dreuil, en solution de Knop formolée et non formolée ; les chif:
fres indiquent les dimensions des organes en centimètres ou
leurs poids en grammes :
9 avril Knop+0,321 gr. Knop+0,803 gr. Knop+1,606gr
20 juin 1921 Témoin (Knop) de formol J de formol de formol
Racines.
16 avril. Principale = 16; ra- Principale = 0,5 ; Principale = 56; aucun-
dicelles nombreu- quelques radicel- quelques radicel- dévelop-
ses, blanches, les les, brunes, cour- les, brunes, cour- pement
plus grandes 10. tes=0o,b à 0,6 LES 10 à C0: dose déjà
27 avril. Principale = 21 ; Principale — 2;ra- Principale = 1,6; toxique
radicelles pres- dicelles = 1,2 radicelles = 0,8
qu'aussi longues. :
16 mar. Principale=P0 Principale #5 #Principale reste
radicelles —2 courte ; radicelles
=D
20 juin. Principale = 31 ; Principale=15; ra- Principale = 1,6;
radicelles pres- dicelles=5 radicelles, brunes
qu'aussi longues. — 9,5, quelques-
unes sur la tigeile.
Tigelle.
16avril. 7 0,8 0,7
o7avril. 8 Cotylédons tom- x 0,9
bés.
16 mai.. 8 4,8, encore les co- 1, encore les coty-
tylédons, charnus lédons, charnus,
verts. verts
29 juin. 8 5,5 I
iTige.
16 avril. 1,4 Presque nulle, en- Presque nulle
core incluse dans
les cotylédons.
27avril. 4 0,4 I
16 mai... 4,5 0,8, cotylédons éta- 5, cotylédons étalés
lés, charnus, verts charnus, verts
20 juin. 6, épaisse (diamè- 10,5, grêle, à allure 11,5, grêle, à allure
tres à la base) : grimpante (dia- légèrement grim-
(0,5 0,55). mètres à la base pante
= 0) 1) ENS)
(1) Mazé et Perrier. Recherche sur l'assimilation de quelques substances
ternaires par les végétaux à chlorophylle. Ann. Inst. Pasteur, t. XNIII, 1904.
(2) Bokorny. Uber die Einwirkung von Methylalkohol und anderen Alkoholen
auf grüne Pflanzen und Mikroorganismen. Centralblatt für Bakteriologie,
IT Abteilung, t. XXX, rorr.
(5) Loc. cit.
ñ Li.
oo
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE
_ sito SPP CORRE PT TNT PT TE ER PI NE PCT AE ST OT EU DONNER PTS ES, ARE VO PENTIER AD n
LE
Feuilles.
16 avril. Feuilles primordia- Feuilles primordia- Feuilles primordia-
les = Xe les encore incluses les encore incluses
dans les cotylé- dans les cotylé-
dons. dons.
27 avril. Feuilles primordia- Idem. Idem
les — 3 X 3,5; les
autres encore à
l’état de bourgeon
16 mai.. rfeuilleprimordia- Feuilles primordia- Feuilles primordia-
le est tombée.l’au- les commencent à les étalées = 1,4 X
tre — 3,8 X 4; les s’étaler 1,0
autres se déve-
loppent ;
20 juin.. Feuilles primordia- Feuilles primordia- Feuilles primordia-
les tombées ; les les tombées; les les tombées; les
autres sontencore autres sont encore autres sont encore
É vertes, quelques- vertes, quelques- vertes, les plus
unes jaunissent, unes jaunissent, grandes=4 X5
les plus grandes les plus grandes
= 0 =E KO
Poids
des ra-
cines.... 1,370 1,290 0,620
Poids de
la [partie
aérienne 4,740 6,480 4,150
Poids
total... 6,110 7,770 4,770
Il ressort de ce tableau que le formol, tout au moins à la dose
de 32r mgr. par litre de solution nutritive, quantité qui contient
125 mer. environ d'alhédyde, constitue un aliment pour le Hari-
cot, puisqu'à la fin de l'expérience, la plante, cultivée en pré-
sence de cette substance, accuse un poids supérieur à celui du
témoin ; la dose de 803 mgr. permet encore un certain dévelop-
pement, tandis que celle de 1,606 gr. est nettement toxique et
s'oppose à toute végétation. Mais, le formol, même à la dose favo-
rable précitée, retarde le développement du Haricot, principale-
ment la digestion des cotylédons. Ceux-ci qui, dans le témoin,
sont complètement digérés, le 27 avril, existent encore, charnus,
bien verts, le 16 mai et ce n’est qu'à partir de ce moment, alors
que les feuilles commencent à s’étaler, à jouer leur rôle photo-
synthétique, que l'action toxique du formol cesse et que le déve-
loppement s'accélère. En d’autres termes, tant qu'il n’y a pas ou
qu'il y a insuffisamment de chlorophylle, l'aldéhyde formique
exerce une aclion loxique ; dès que la chlorophylle peut jouer
son rôle pholocatalyseur, l'influence de cet aldéhyde devient fa-
vorable (pour la dose indiquée = 321 mgr. de formol par litre
de liquide nutritif).
Il y a là, croyons-nous, un fait d'ordre expérimental des plus
intéressants, à ajouter à ceux déjà connus, en ce qui concerne le
-1318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
mécanisme de l'assimilation du carbone, fait qui expliquerait«
pourquoi, dans les conditions normales, chez les plantes vertes, «
CH°O, dont la synthèse est, cependant, continue, n'existe pas à
l'état libre et ne peut, par suite, exercer son pouvoir toxique SUI
les celluies. L'aldéhyde formique, qui pénètre du liquide exté-
rieur dans la plante, à laquelle il est fourni artificiellement, mani=
feste sa toxicité en retardant le développement de celle-ci, mais,
dès que la chlorophylle apparaît en quantité suffisante, cet des |
hyde libre est, en quelque sorte, photocatalysé, activé ; ainsi MO
difié, ce corps se polymérise en hexoses, comme le fait, d'une ma-
nière ininterrompue, celui qui prend naissance dans la photosyn-"
thèse et qui est actif d'emblée, et même, s’il est permis de faire
intervenir une réaction entre le méthanal activé et les composés
azotés minéraux absorbés, nitrates ou ammoniaque, on peut SUp-«
poser que l’aldéhyde dont il s’agit contribue à la synthèse des
substances quaternaires (1). Il est aisé de comprendre, dans ces ;
conditions, que, jusqu'à une certaine dose, assez faible naturel=.
lement, étant donnée la toxicité du produit, le formol puisse
jouer le rôle d’un aliment pour les plantes à chlorophylie. …
L'hypothèse d’une activation de l’aidéhyde formique dans les
circonstances expérimentales précises n’a rien d'invraisemblabic
si l'on se rappelle que cet aldéhyde à l’état gazeux est utilisé par m
les plantes vertes supérieures (Bokorny) et que, d’autre part, des
Haricots cultivés en présence d’une atmosphère contenant. jus- «
qu'à 1,3 p. 100 de méthanal, mais dont les parties non ou peu
chlorophyiliennes (racines et bourgeons terminaux) sont proté
gées contre l’action toxique des vapeurs, accroissent la propor- «
tion de leurs sucres réducteurs.
SUR LA RÉSISTANCE A LA CHALEUR DES SPORES CHARBONNEUSES.
Note de J. VERGE, présentée par E. Nicoras.
La résistance à la chaleur de la Bactéridie charbonneuse (Ba-
cillus anthracis), varie avec la nature de l’élément microbien et le
mode d'action de l’agent physique.
Pour Nocard et Loterie les spores charbonneuses bien for-
mées résistent, en milieu drame. à une température de 95° pen-
dant plus de ro minutes tandis qu’elles sont tuées, en moins de
5 minutes, à 100°. Suivant E. Roux (2), la eue adulte est. Ë
(1) V. l’article du P' Baly : Photosynthèse et assimilation chlorophyllienre,
in Revue scientifique, n° 18, 23 septembre 1922.
(2) Roux, Annales de l’Institut Pasteur, 1887, p. 892.
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1319
a ee
tuée en quelques minutes par la chaleur humide de 55-58°. Dans
des conditions identiques, les spores résistent plus de 10 minutes
à 95°; elles périssent en moins de 5 minutes, si celte température
est portée à 100°. Les auteurs des traités classiques étrangers
émettent une opinion quelque peu différente. Hutyra et Marek,
Kolle et Wassermann indiquent que les spores charbonneusés
— sont détruites par l’eau bouillante en 5 minutes ; mais ils préci-
— sent, à la suite de Geppert, que, dans certains cas, elles sont en-
core capables de développement après 5 minutes d'ébullition.
Gedoelst montre qu'il faut une température humide de 107°
pendant cinq minutes pour tuer les spores.
4 Lehmann et Neumann (traduction française de Philibert) con-
… firment les données précédentes : « les spores charbonneuses
… meurent, dans l’eau bouillante ou la vapeur d’eau à 100°, en 2 à
5 minutes ; parfois même seulement au bout de 7 à r2 minutes.
Les différences de résistance paraissent être en partie fonction
- d’un caractère de race. »
L'observation qui suit appuie en tous points les réserves for-
mulées par Gedoelst et par Lehmann et Neumann. Une culture de
24 heures, sur gélose, de Bactéridie charbonneuse, est émulsion-
née dans 5 c.c. de sérum physiologique stérile et inoculée, à par-
ties égales, sous la peau de deux Cobayes, le 15 novembre, à
16 heures. à
Seringue et aiguille sont alors stérilisées par ébullition dans
l’eau distillée, en ayant soin de les y tenir dix minutes très exac-
tement à partir du moment où l’eau bout. Les instruments sont
ensuite séchés.
Le 20 novembre à 15 heures, seringue et aiguille, stérilisées à
- nouveau par une ébullition de durée imprécise, mais certaine-
ment supérieure à 2 minutes, servent à inoculer deux Cobayes
avec le produit de broyage des lésions pulmonaires d’un Chien
atteint de tuberculose. |
…. Ces deux derniers Cobayes meurent dans la nuit du 22 au 23
- novembre, L’autopsie, effectuée dans la matinée du 23, révèle les
- lésions caractéristiques de l'infection charbonneuse : œdème
translucide, gélatineux, légèrement rosé au niveau du point d’ino-
culation ; rate hypertrophiée, ramollie, à pulpe diffluente ; urine
hémorragique ; sang noir, mal coagulé, ne rougissant pas à l'air.
- La pulpe splénique, examinée au microscope après coloration par
- la méthode de Gram, montre le feutrage classique et univoque
… de Bactéridies charbonneuses. Le sang du cœur, ensemencé en
… bouillon peptoné et sur gélose, donne naissance à une culture
pure de Bacillus anthracis. |
…. En résumé, les spores charbonneuses, que renfermait notre
4 matériel d’inoculation, ont résisté à une ébullition d'au moins
een "4 jé
1
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4
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:
-
:
|
1320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
PP ES nt nue d'OS
dix minutes. La virulence du germe n’a nuiiement été atténuée
du fait de l’ébullition. Bien plus, le chauffage discontinu (ébui-
litions successives des 18 et 0 novembre) n’a provoqué aucun
amendement dans la virulence des spores.
Ces constatations — que le P' Vallée eut l'occasion de faire une
fois aussi au laboratoire — incitent à une extrême prudence en
matière de stérilisation d'objets ou d'instruments souillés de
spores charbonneuses, Les pistons et les rondelles d'amiante, les
pistons de cuir ou de caoutchouc qui composent les seringues de
Pravaz, les rainures des sondes représentent en quelque sorte des
« gîtes microbiens ». On ne saurait trop, en tous ces Cas, recom-.
mander la stérilisation par la vapeur humide sous pression ;
l'ébullition constitue une méthode condamnable et qui doit être
radicalement abandonnée.
(Ecole vétérinaire d'Alfort. Laboratoire du P° Panisset).
LE TITRAGE CLINIQUE DES FERMENTS DIGESTIFS DU LIQUIDE DUODÉNAL
PAR LA DIFFUSIMÉTRIE,
par M. Cuiray et B. THéoDoREsco.
De jour en jour, prend plus d'importance en clinique l'examen
du liquide duodénal prélevé à l’aide de la sonde de Einhorn. Ce
liquide, mélange sensibilisé de suc pancréatique, de bile, de suc
duodénal et du suc gastrique qui, après avoir franchi le pylore, a
été neutralisé, représente l'élément fondamental de la digestion
intestinale. Malheureusement, si son examen cytologique est rela-«
tivement facile, il n’en est pas de même de son étude biochimi-
que et surtout de la mesure quantitative des ferments qu'il con-
tient. Les méthodes intéressantes employées par Einhorn, par
Carnot et Mauban (1) ainsi que par d’autres auteurs, ne nous ont
pas donné entière satisfaction, surtout à cause de la difficulté
d'appréciation des résultats obtenus. Aïnsi, avons-nous été ame-
nés à chercher la solution du problème dans une autre voie, la
diffusimétrie, à l’aide de l'appareil pratique et précis qu'ont étu- É.
dié, et progressivement perfectionné, A. Baudouin et H. Be-
nard (2).
Le principe de notre méthode est de faire agir une certaine
quantité de liquide duodénal sur trois solutions troubles consti-
d'hges
(x) Carnot et Mauban. C. R. de la Soc. de biol., 26 janvier 1918; 7 février #
1920; 19 février 1927.
(2) À. Baudouin et H. Benard. Un nouvel appareil (colorimètre néphélemètre,
spectroscope différentiel). Bull. et Mém. de la Soc. des hôp., 17 février 1922.
PT POS
sc
à i
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1321
EN = CO I Re CE LR,
tuées de façon à correspondre, chacune, à l’un des fermenis fon-
damentaux du suc pancréatique. Après un certain temps d'ac-
tion, on mesure le degré d'éclaircissement produit par l’action
digestive et on peut supposer que, toutes choses égales d’ailleurs,
celui-ci est proportionnel à la valeur de l’action diastasique exa-
minée.
La réalisation de ce principe expérimental n’a pas été sans d’as-
sez nombreuses difficultés. Il faut tout d'abord un liquide duo-
dénal de limpidité parfaite, tout trouble primitif ou secondaire
faussant fatalement Îles résultats. Dans la majorité des cas, on
obtient, après tubage, un liquide très clair par la centrifugation
à 3.000 tours pendant 1/4 d'heure. Mais, si l’on n'y prend garde,
ce liquide primitivement irréprochable est rapidement modifié
par un trouble secondaire qui, se. produisant pendant la diges-
tion, ne permet plus la mesure diffusimétrique. Get accident ne
nous parait pas dû au développement des Bactéries qui, cepen-
dant, pullulent dans le liquide duodénal. En effet, il n’a jamais
été empêché par l'addition de diverses substances antiseptiques
usitées en pareil cas (chloroforme, xylol, essence de girofle, es-
sence de moutarde). Nous croyons devoir plutôt incriminer un
précipité salin qui, très souvent, mais non toujours, se fait spon-
tanément dans certains liquides duodénaux quelque temps après
leur extraction et comme conséquence de leur séjour à l'air libre.
En tous cas, après de nombreux essais, nous sommes parvenus à
éviter cette précipitation en faisant les digestions de façon rapide
et à température relativement élevée (au-dessus de 40°).
Le choix des solutions à digérer a nécessité également de longs
tâätonnements. Nous nous sommes arrêtés à une solution de po
dre d’ovalbumine à 1 p. 100, une solution de glycogène à 1 p. 50
et une solution d'huile d'olive colloïdale que la Maison Dausse a
bien voulu fabriquer à notre intention. Toutes ces solutions sont
rigoureusement neutres et présentent un trouble assez important.
En employant x c.c. de liquide duodénal très clair pour 9 c.c. de
liquides à digérer, nous avons obtenu dans tous les cas, après un
séjour de r heure à l’étuve, un éclaireissement extrêmement
marqué et facilement appréciable à l'œil nu.
Il reste à chiffrer ce trouble par la diffusimétrie et à apprécier
ainsi les pouvoirs protéolytique, amylolvtique et lipolytique du
liquide duodénal normal. C’est ce que nous préciserons dans une
note ultérieure. L’échelle diffusimétrique normale ainsi établie
permettra sans doute la comparaison avec des liquides patholo-
giques.
1322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
‘ACTION DES EXTRAITS DE PANCRÉAS SCLÉROSÉ
SUR DES CHIENS DIABÉTIQUES
(PAR EXTIRPATION DU PANCRÉAS)
par E. GLey.
Il résulte d’une série de publications récentes que J.-J.-R.
Macleod (de Toronto) a démontré, avec plusieurs collaborateurs,
. la présence « in exträcts of degenerated and fetal pancreas »
d’une substance qui a la propriété de diminuer l’hyperglycémie
des Chiens auxquels on a enlevé le pancréas et d'augmenter la
tolérance de ces animaux pour les hydrates de carbone ; les mêè-
mes extraits, injectés sous la peau, diminuent le sucre du sang
chez le Lapin normal (r) et, sur le même animal, diminuent, l'hy-
perglycémie expérimentale, que celle-ci ait été provoquée par la
piqüre du 4° ventricule ou par l’adrénaline ou par l’asphyxie (2).
Au cours des recherches que j’ai poursuivies autrefois sur le
diabète pancréatique du Chien (3), j'ai essayé contre ce diabète
l’action de divers extraits préparés avec le pancréas ou de sang
défibriné ayant circulé dans le pancréas et recueilli par une veine
pancréatique (4). Le peu d'effet de ces préparations m'avait ra-
tionnellement amené à l'emploi d’un extrait provenant d’un pan-
créas réduit à sa partie endocrine. Comme j'ai eu l’occasion de le
dire à la Société en 1906, « dans un pli cacheté déposé à la Société
de biologie en février 1905, j'ai donné le principe de cette mé-
thode et indiqué les résultats généraux obtenus par son applica-
tion sur le Chien. » C’est de ce pli cacheté que je demande l’ou-
verture et la publication.
=
SUR LA SÉCRÉTION INTERNE DU PANCRÉAS
ET SON UTILISATION THÉRAPEUTIQUE,
par E. Grey.
Par le procédé que j'ai décrit en 18gr (5) de destruction du
(1) F.-G. Banting, C.-H. Best, J.-B. Collip, J.-J.-R. Macleod and E.-C. Noble :
The effect of pancreatic extract (insulin) on normal Rabbits.Amer, J. of physiot.
1922, t. LXIT, p. 165-176. Les auteurs avaient publié auparavant leurs premiers
résultats dans deux recueils que je n'ai pas trouvé à consulter : Trans. Roy. Soc.
Canada; 1922; p. 18 et J. Labor and clin. Med., ig22, t. VII; p: 257:
(2) F.-G. Banting, C.-H. Best, J.-B. Collip, J.-J.-R. Macleod and E.-C: Noble :
The effects of insulin on experimental hyperglycemia in Rabbits. Amer. J. of
Physiol., 1922, t. LXII, p. 559-580.
(3) E. Gley. C. R. de la Soc. de biol., 1897 et 1892.
(4) E. Giey. Diabète pancréatique expérimental. Essais de traitement. Ann.
de la Soc. de méd. de Gand, 1900.
(5) C. R. de l’Acad, des sc., 6 avril; C, R. de la Soc. de biol., 1x avril.
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1323
pancréas in situ, on n'arrive à supprimer que le pancréas diges-
tif. Les animaux opérés ne deviennent pas diabétiques; c'est donc
que la glande continue à exercer son influence sur les matériaux
sucrés de l'organisme.
On sait que la glande dans laquelle il à été injecté une matière
étrangère, graisse ou autre, comme je l'ai fait à la suite de CI.
Bernard, ét comme d’autres l'ont fait après moi, s’atrophie rapi-
dément et se sclérose ; elle est bientôt réduite à une sorte de cor-
don fibreux. Néanmoins des éléments cellulaires ÿ persistent et
déversent régulièrement dans le sang le principe grâce auquel se
fait d’une façon normale l’utilisation de la glycose. On peut pen-
ser, depuis les recherches de Laguesse surtout, que ce sont Îles
îlots de Langerhans qui fonctionnent ainsi.
D'autre part, les essais, pratiqués jusqu'à présent, de traite-
ment du diabète pancréatique expérimental par diverses prépara-
… tions ou extraits de pancréas, n'ont donné que des résultats nuls
ou incertains. Ces insuccès peuvent tenir à bien des causes, mais
il est permis de supposer que l'injection à un animal diabétique
de l'extrait de toute une glande complexe ne saurait donner les
résultats de l'injection de la partie seule de la glande qui régit le
métabolisme de la glycose.
J'ai cherché si le pancréas sclérosé, mais fonctionnant néan-
moins encore, préparé dans les conditions ci-dessus rappelées,
ne fournirait pas le principe actif qu'il continue à produire. En
effet, l’extrait, injecté à des Chiens rendus préalablement diabé-
tiques par l’extirpation totale du pancréas, diminue considérable-
. ment la quantité de sucre éliminée par ces animaux. En même
temps s amendent tous les caractères du diabète. Des recherches
- plus complètes me permettront sans doute de déterminer les con-
ditions d'action de ces extraits.
D'autre part, il importera d'essayer d'isoler le principe actif
- de ces extraits, c’est-à-dire de la sécrétion interne du pancréas et
…_ d'en étudier le mode d'action.
… J'ai pratiqué l'injection de ces extraits pancréatiques dans les
- veites de la circulation générale et dans la veine porte. Il faudra
… rechercher, surtout en vue des applications à l'Homme, si les
injections sous-cutanées ou l'administration par la voie buccale
- né donneraient pas lé inême résultat.
… Ces expéfieñces avaient été conçues il y à plus de 1° ans ; elles
n'ont pu être corimencées à cause des autres travaux ans les-
quels j'étais engagé, que dans ces dernières années, particulière-
ment en 1900-1901, époque à laquelle j'ai dû de nouveau les
—._ abandonner.
;
Paris, 20 février 1905.
1324 5 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
J'ai voulu plus d'une fois compléter les recherches dont le
principe est présenté ci-dessus, mais elles exigeaient un grand
nombre d'animaux en ‘expérience à la fois et, faute de moyens
matériels pour loger et entretenir ces animaux, j ai dû chaque
fois les abandonner. Aujourd'hui que Macleod a fait connaître
les résultats si intéressants de ses expériences, je ne songerai
certes pas à les reprendre. Et il n’est que juste, pour quiconque
connaît les difficultés et les mécomptes inhérents à cette recher-
che, de le féliciter de l'avoir menée à bien.
Ce n'est pas que soient d'ores et déjà résolues toutes les ques-
tions que pose l'étude du diabète pancréatique. Macleod et ses
collaborateurs travaillent avec un extrait de pancréas. La sécré-
tion interne de cet organe ne peut-elle donc pas être isolée ? À ce
point de vue cependant, l'importance des recherches de Hédon
est manifeste ; Hédon est parvenu, entre autres résultats, avec du
sérum obtenu du sang veineux pancréatique, à réduire la glyco-
surie des Chiens diabétiques (1). D'autre part, quel est le mode
d'action de ce produit de sécrétion interne ? [ei je rappellerai la
théorie que Lafon (de Toulouse) et moi nous avons émise (2), à
savoir que la sécrétion interne du pancréas rend au foie le pou-
voir de fixer le sucre sous forme de glycogène. Dans quelques ex-
périences, faites en 1910, j'ai constaté, à la suite d’une injection
d'extrait pancréatique préparé comme il est dit ci-dessus (3),
injection pratiquée sur un Chien privé de son pancréas, une aug-
mentation du glycogène du foie de 20 gr. pour roo gr. de foie :
l’animai était au début de son diabète et son foie contenait encore
du glycogène ; l'injection était faite dans une veine du mésen-
tère ; la quantité d'extrait injecté ne correspondait qu'a une très
petite portion du pancréas sclérosé. P. Heger et J. de Meyer ont
obtenu (4) une augmentation du glycogène du foie beaucoup
plus considérable (jusqu'à {oo p. 100) par circulation, dans un
foie de Chien diabétique, de sang additionné d’extrait pancréa
tique ; il est clair que les conditions étaient ici bien meilleures
(1) E. Hédon. Sur la sécrétion interne du pancréas. C. R. de la Soc. de biol.,
8 juillet roxr, t. LXXI, p. 124-127. J'ai montré toute la signification des expé-
riences de Hédon dans mon Rapport au 17° Congrès intern. de Médecine, à
Londres, en 1913, et dans mon livre : Les sécrétions internes, Paris, 1914, p. 39.
(2) J. Lafon. Recherches expérimentales sur le diabète et sur la glycogénie.…
Thèse de doctorat en médecine, Toulouse, 1906. — E. Gley. À propos du diabète
pancréatique. C. R. de la Soc. de biol., 29 décembre 1906, t. LVIIT, p. 915-7x7.
(3) Il n’est pas sans intérêt de noter ici que ces extraits avaient conservé leur
pouvoir amylolytique et lipolytique, mais que leur pouvoir protéolytique était
extrêmement réduit (expériences faites avec Choay).
(4) Cf. Archivio di fisiologia, 1911, t. IX, p. 230 (Compte rendu du 8 Congrès
intern. de physiologie, à Vienne, en 1910) et J. de Meyer : Sur les relations
entre la sécrétion interne du pancréas et la fonction glycogénique du foie,
Arch, intern. de physiol., 1910, t, IX, p. 1-roo,
Rarz
Le &-
\ SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1325
1 que celles dans lesquelles avait été réalisée mon expérience. Dans
…— d’autres expériences, faites en 1909 et 1910, j'ai pu, par des in-.
jections intra-péritonéales d'un semblable extrait, réduire, sur
—. des Chiens diabétiques, la quantité de sucre éliminée par les
urines de 15 à 23 gr. p. 1.000, c'est-à-dire de près d’un quart ;
— dans ces cas-là aussi, je n’avais pu injecter que des doses trop
faibles d'extrait. D'ailleurs, pour obtenir des résultats dans les
conditions de ces expériences, il fallait évidemment renouveler
fréquemment les injections d'extrait afin de maintenir leur effet.
Et, faute d’une abondante réserve d'animaux pouvant fournir des
pancréas en vue de la préparation des extraits, j'ai été forcé de
renoncer à mes expériences.
Reste en effet cette question, d’ordre pratique, plus importante
encore pour l’application de la méthode au traitement du diabète
humain. Macleod s’est trouvé en face de la même difficulté. f]
semble l'avoir heureusement tournée, ayant réussi à obtenir des
extraits actifs, quoique provenant de pancréas d'animaux qui
n'ont subi aucune opération préalable. C’est une grande simpli-
fication. |
BioLocre, Comptes RENpUS, — 1922. T. LXXXVIT, gt
1326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
UN MOYEN DE PROJETER A L'ÉCRAN UNE ÉPREUVE DIRECTE
DES CLICHÉS TYPOGRAPHIQUES AU TRAIT ET EN SIMILIGRAVURE,
AINSI QUE LES TEXTES ET LES DESSINS TRACÉS A LA MAÏN
(PROJECTIONS A L’APPUI),
par À. CHAPPELLIER,
L’illustration des cours ét conférences à l’aide de projections
photographiques tend à se généraliser et il paraît intéressant de
signaler tout moyen qui permette de perfectionner ou de com-
pléter cé mode de démonstration par l’image.
C'est à ce titre que j'indiquerai l'emploi que j'ai fait, avec suc-
cès, de la cellulosé en feuilles fiinces (cellophane).
L’ encre d'imprimerie, l’encré à écrire (encre de Chine, éncre
ordinaire, encre de couleur), prennent bien sur la cellophane,
même la plus mince (j'emploie le n° {oo qui a environ 0,03 mm.
d'épaisseur). On n’éprouve aucune difficulté à y tracer, à la
plume et au pinceau, les dessins les plus fins ou des textes dispo-
sés à volonté : tableaux, diagrammes, statistiques, etc.
La transparence et la maniabilité de la cellophane permettent,
soit de copier des publications existantes, soit d'établir, au
crayon, sur papier, un croquis, une mise en place de dessin ou
de texte que l’on met ensuite au net, en se guidant par décalque.
Pour la projection des clichés typographiques — clichés au
trait, clichés en similigravure — on tire directement sur cello-
phane une épreuve aux encres grasses. Après quelques essais, il me
paraît quil soit possible d'obtenir soi-même ces épreuves en utili-
sant une presse à copier de bureau : le délicat est d’arriver à un en-
crage convenable du cliché. Si l’on demande ce travail au photo-
graveur, On lui remettra la cellophane en même temps que l’ori-
ginal à reproduire afin qu'il puisse tirer l’épreuve avant le mon-
tage du bloc ; lui recommander aussi d'éviter tout frottement à
la surface des épreuves jusqu’à ce qu’elles soient sèches, ce qui
demande un peu plus de temps qu’avec le papier. Les tirages de
clichés au trait, encrés et séchés avec soin, fournissent une excel-
lente projection ; la similigravure vient très suffisamment, elle
aussi, même en trame un peu grosse (trame 100).
Da vue de permettre leur passage à la lanterne, les épreuves
sur cellophane sont montées entre deux verres, puis bordées e!
étiquetées comme il est d'habitude pour les projections photogra-
phiques. On peut encadrer les images avec des « caches » cou-
rants du commerce ou grouper, sur un seul cliché, différentes
figures qu’on sépare au moyen de bandes de papier noir, conve-
* S . 3 >
à du née hi 1e
SES CN Obs QC ES dé he à 2
Adams st) et 23
À or RÉ DE Le
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1327
nablement découpées et disposées ; les fragments de cellophane
sont maintenus en place par quelques points de colle.
Les tirages sur cellophane, surtout les dessins et les textes,
présentent, en éclairage oblique, de nombreuses ondulations ;
elles s’effacent à l’œil, par transparence et ne gênent nullement
la projection. ;
Cette technique est des plus simples dans son emploi, et la
seule limite à l’utilisation de la cellophane pour projections est
celle que lui impose le format courant de lanternes dont les
passe-vues admettent les clichés 8,5 cm. x ro cm. Pratiquement,
l’image ne doit pas beaucoup dépasser 70 mm. x 85 mm.
APPLICATION DE LA MÉTHODE A L'HYDROQUINONE DE P. LEMAY
A L'ÉTUDE DE L'ACTIVITÉ OXYDASIQUE DU SÉRUM SANGUIN,
par MAUBERT, JALOUSTRE et LEMAY.
Quand on fait agir du sérum sanguin sur une solution aqueuse
d'hydroquinone, il se développe insensiblement, sous l'influence
des oxydases du sérum, une coloration due à la transformation
de l’hydroquinone en ses produits d’oxydation. Cette coloration,
qui débute par une teinte jaune rosé très faible, passe successive-
ment par toutes les teintes intermédiaires jusqu’au brun acajou
foncé. Cette dernière teinte constitue le maximum de coloration
qué l’on puissé obtenir dans ces conditions, et sa vitesse d’appa-
rition varie avec la nature du sérum — humain ou animal —
normal ou pathologique (r). Cette méthode, inaugurée par l’un de
nous, nous avons voulu la mettre au point. Pour cela, il conve-
nait de déterminer les meilleures conditions de concentration en
hydroquinone, de température et de durée de réaction. Il conve-
nait également de dresser une échelle colorimétrique plus adé-
quate que celle de l’hémoglobinimètre du praticien.
Voici la technique à laquelle nous nous sommes arrêtés :
Préparer au moment de l'emploi une solution d'hydroquinone
à 2 p. 100 dans l’eau distillée. Disposer sur un support autant de
tubes à hémolyse que l’on a de sérums à examiner, ajouter un
tube supplémentaire qui servira de témoin. Introduire dans cha-
que tube, 1 c.c. de sérum centrifugé et non laqué, avec 2 c.c. de
solution d’'hydroquinone. Le dernier tube. qui servira de témoin
contiendra 2 c.c. de solution d’hydroquinone et r c.c. d’eau dis-
tillée. Agiter et porter à l’étuve à 37° pendant 4 heures. Dans ces
(x) P. Lemay. Nouveau procédé de dosage des oxydases du sang. La vie médi-
cale, 23 septembre 1927.
1328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
conditions, nous avons obtenu une coloration variable avec la
nature du sérum en expérience. Afin d'apprécier l'intensité de
cette coloration, nous avons institué une échelle colorimétrique
préparée de la manière suivante :
Solution mère : solution de nigrosine R. À. L. à r p. 100 dans
l’eau distillée : 1 c.c.
Solution de fuchsine acide R. A. L. à 1 p. 100 dans l’eau dis-
He tt CCE AE
Solution saturée à froid d'acide picrique dans l’eau distillée
D'ONCECEEN "4
Diluer cette solution au dixième dans l’eau distillée, mettre les
quantités suivantes de la dilution
o,1 pour le type o — 0,3 pour le type 1 — 0,6 pour le type 2
— 10.C pourrie Npes = 15 pour le per» "HcomdleMBEs
Ajouter dans chaque tube 3 c.c. d’eau distillée. Prendre 0,5 de
solution mère pour le type 6. 1 c.c. pour le type 7. Ajouter dans
chaque tube 3 c.c. d’eau distillée. Mettre dans chaque tube IT à
IIT gouttes de formol à 4o p. 100. Boucher soigneusement et éti-
queter. Avoir soin d'agiter chaque tube avant la lecture.
Résultats. Voici le tableau résumant les réactions pratiquées
et les résultats obtenus avec divers sérums :
Solution d'hydro- Sérum à
quinone à 2p. 100 examiner Eau distillée _ Résultat
Sérum humain ......... 2 DC: I C.C. 0. 5.
: Sérum de Mouton ........ 2 C.C. TICC UN. 0. 4.
Sérum de Cobaye ........ DIGG. CCR o. k.
Tube témoin 1... 4 2 CC: 0. I C.C. ©.
Nous avons observé sur 60 échantillons de sérum normal hu
main une activité oxydasique constante, correspondant très sen-
siblement à la teinte 5 de notre échelle.
Sur 5o échantillons de sérum normal de Mouton et 5o échan-
tillons du sérum normal de Cobaye, nous avons noté constam-
mentielchifire "tt 4
Nous nous proposons de publier prochainement les résultats
d’une étude que nous poursuivons actuellement sur les variations «
de l’activité oxydasique du sérum sanguin humain, dans divers E
états pathologiques notamment dans la syphilis et la tuberculose.
4 SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1329
TECHNIQUE DE LA RECHERCHE DES RÉACTIONS VASOMOTRICES
CUTANÉES LOCALES.
De Note de E. Juster, présentée par P. Emire-Weix.
« Les nerfs vasomoteurs peuvent être considérés, d’une façon
générale, comme appartenant au système du grand sympathi-
que ». Cette constatation de Vulpian a été confirmée par tous les
_ travaux modernes. Observer les réactions des nerfs vasocutanés
équivaut à faire l'examen du système sympathique de la région
examinée. Pour cette étude, notre but a été de rechercher des tests
simples qui donnent, par des épreuves faciles à réaliser en cli-
nique, des résultats nets et précis. Aussi avons-nous utilisé uni-
quement les réactions vasomotrices cutanées locales, c’est-à-dire
les réactions de rougeur ou de pâleur de la peau et les réactions.
. pilo-motrices qui les accompagnent souvent, réactions que l'on
obtient en excitant les nerfs vasomoteurs cutanés soit mécanique-
ment, soit par des substances à électivité sympathique. Mais pour
toutes ces recherches, une technique précise nous a paru indis-
pensable. Son exposé fera l’objet de ce travail.
1° Raie faite avec l'extrémité de l’épingle ordinaire. Il suffit de
—_ tracer légèrement sur la région examinée une raie avec l’extré-
… mité pointue d'une épingle. On obtient ainsi d'ordinaire une
raie fine, blanche, qui rougit ensuite et s’entoure d’un halo plus
ou moins large et plus ou moins coloré. Gette raie peut se suré-
lever et même devenir urticarienne, elle peut s'accompagner
d’excoriations de la peau.
2° Raie faite avec l'extrémité obtuse de l’épingle. Cette raie est
plus large que la précédente et passe par les mêmes phases. Le
halo est souvent plus prononcé. Cette raie devient souvent plus
urticarienne et ne s'accompagne pas d’excoriations. Elle peut, par
contre, produire un réflexe pilomoteur plus où moins étendu.
3° Raie faite en frottant très légèrement avec le doigt ou un
… objet mousse. C’est la méthode de choix pour rechercher la raie
_ dite surrénalienne. Par le frottement léger de la peau avec le
« doigt on obtient le plus souvent une raie blanche, sans que,
comme l’a vu Sezary, l'on soit en présence obligatoire d’une in-
suffisance surrénale.
4° Raie faite en frottant fortement la peau avec l'extrémité de
l'index. Sous le passage et la pression forte de l'index la peau
… devient d’abord blanche et la chair de poule apparaît sur les ré-
gions pourvues de fibres pilomotrices. Après la vasoconstriction
plus ou moins longue, apparaît une vasodilatation, c'est-à-dire
une rougeur plus ou moins accentuée, qui peut dépasser la zone
Led nd uté dan planté 6 cbr idssaus 5
nés daniel din dt ds + EN à
1830 ‘ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
excitée, en présentant un caractère d’érythème (dermographie
réfiexe des auteurs allemands).
5° Réactions obtenues par le grattage méthodique (Brocq, Clé-
ment-Simon). En répétant sans arrêt le grattage fait très légère-
ment avec l’ongle de l'index et sans utiliser la force du poignet,
on produit, d'ordinaire, de la rougeur, puis du purpura, puis une
hémorragie cutanée, Au début, on a toujours plus ou moins de
desquamation et quelquefois une raie blanche sans que l’insuffi-
sance surrénale soit en cause, Le nombre de coups d’ongle né-
cessaire pour la production de ces différents phénomènes est va-
riable avec les régions et les individus. Cette méthode a surtout
une valeur comparative de la région malade à la région saine
symétrique.
6° Intradermoréactions. L’injection dans l'épaisseur du derme
d'une très faible quantité d’une substance à électivité sympathi-
que permet de se rendre compte de l’état des nerfs qui innervent
les muscles à fibres lisses que contient la peau et, par suite, de
connaître l’état du système sympathique de la région examinée.
Pour cette recherche, nous avons surtout utilisé l’adrénaline et la
pilocarpine, Normalement, l'intradermoréaction faite avec
1 mmc. de la solution d’adrénaline au 1/1.000 produit, après
quelques minutes, la réaction suivante, nette après 1/4 d'heure
au centre, une zone blanche d’anémie avec peau ansérine de la - @
largeur d’une pièce de 1 à 5 francs et, à la périphérie, un halo
plus ou moins rouge et plus ou moins large (de 0,5 em, à plu-
sieurs), Quelquefois, il peut apparaître à l’endroit de l'injection
une petile zone rouge. Au bout d’une heure, la réaction com-
mence à s'atténuer pour disparaître après 1 heure 1/2 environ.
La pilocarpine (solution de chlorhydrate à o,o1 pour tr e.c.)
donne une réaction assez analogue. La zone blanche avec peau
ansérine nous à paru souvent moins étendue et moins intense,
et la zone rouge plus accusée, que dans l’intradermoréaction à
l’adrénaline. Nous avons utilisé ces réactions pour le diagnostic
des étais vagotoniques et sympathicotoniques. L’atropine, l’ésé-
rine, ainsi que d’autres médicaments sympathicotropes sont éga-
lement à utiliser. La méthode des scarifications suivies d’un badi-
geonnage de la région avec ces substances donne également des
résultats intéressants.
7° Il y a lieu de rechercher enfin l’action que produit le pas-
sage d'un tube contenant de l’eau chaude ou froide sur le tégu-
ment à examiner. La friction de la peau avec un coton imbibé
d'éther peut donner en plus de la chair de poule un érythème
plus ou moins accentué. Enfin, la tache blanche d’'Hallion et Lai-
gnel-Lavastine, l'épreuve de la raie blanche de Tinel sont à re-
chercher.
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SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 14331
Il est une remarque très importante à faire au sujet de la sé-
méiologie du système vasomoteur : les réactions vasomotrices ont
des caractères particuliers et différents suivant les régions du
corps ; aussi doivent-elles être recherchées comparativement
dans la région malade et dans la région saine symétrique. Pour
l'étude du tonus du système sympathique, certaines régions nous
ont paru être plus indiquées : ce sont le thorax au-dessus des
seins pour les raies. vasomotrices, la face postéro-latérale des bras
et la face antéro-latérale de l'abdomen pour les intradermo-
réactions. Dans le dos et à la nuque, les raies faites avec l’épingle
ont normalement une tendance à devenir urticariennes. Pour
l’étude des réactions des membres inférieurs, le sujet doit être
couché. Les réactions vasomotrices que nous venons d'étudier
sont, en définitive, les effets réflexes des nerfs vasomoteurs de là
peau. En effet, soit mécaniquement, soit par l’intermédiaire des
substances sympathicotropes, nous avons excité ces nerfs vaso-
moteurs pour observer leur action sur les muscles lisses des vais-
seaux ou sur les arrectores pilorum. La chair de poule, la cons-
triction ou la dilatation des vaisseaux cutanés, la blancheur ou la
rougeur réflexe de la peau nous permettent donc de connaître
l’état du système nerveux sympathique de la région examinée.
Ces réactions vasomotrices cutanées nous donnent, de plus, en
utilisant la technique que nous venons de décrire, des renseigne-
ments précieux sur le tonus du système sympathique, comme
nous le montrerons dans un prochain travail.
1382 ._ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE .
———————————————————…—…—…—…—…—…………—…—…—……………—.…—.…………—…—…—…—…—…—…—…—……——…—…—…—…—…—…—…—…—_…——_———_—_———…û “0 “000
SUR UN MODE DE DÉFENSE DE Brassica oleracea (L.)
CONTRE LES LARVES MINEUSES DE Baris.
Note de Jean FAURE, présentée par P. Marcæar.
Aux points de blessures, les végétaux émettent très souvent des
racines : le phénomène est très onu sur les parties externes
au contact du sol ; plus rare sous l’action d’un traumatisme in-
terne. Chez le éhou (Brassica oleracea L.), on trouve normale-
ment de ces racines internes naissant dans les tiges et les racines
minées par des larves de Baris, et envahissant leurs galeries. Ces
racines, par un mécanisme spécial, contribuent dans une cer-
taine mesure à enrayer le développement des Insectes qui les
provoquent.
Dans la région lyonnaise, au cours d'une forte invasion des
diverses variétés de Choux, on trouvait dans les tiges, localisées
dans la moelle, près du bois, des larves de Baris cuprirostris Fab.
et de B. chlorizans Germ..; dans les racines et dans le bois du bas
de la tige, des larves de B. laticollis Marsh..
La biologie de ces Insectes se résume ainsi : ponte du 15 mai
au 15 juillet, époque où disparaissent les adultes. Les larves en-
vahissent les tissus de la plante, creusent des galeries générale-
ment descendantes (B. cuprirostris et B. chlorizans). La nym-
phose s'opère dans une loge que se fait la larve dans sa galerie
par tassement de ses excréments et de débris (les trois Baris).
L'intérieur de cette loge est lisse et les produits tassés sont agglu-
tinés par un liquide visqueux. Les quelques adultes sortis fin août
et début septembre donnent une deuxième génération partielle.
Par la suite, les adultes descendent en terre pour hiverner. Du-
rant tout l'hiver on trouve dans les Choux des larves et des nym-
phes.
Les racines se développent abondamment aux points blessés
par les larves : les unes, externes, s’enfoncent dans le sol, contri-
buant à réparer les dégâts en améliorant la nutrition ; d’autres
prennent naissance à l’intérieur de la tige ou de la racine, dans
les galeries. Tant que l’Insecte est à l’état larvaire, il n’a rien à
craindre de ces racines entre lesquelles il évolue. C’est la nym-
phe, immobilisée dans sa loge, qui en subira les attaques.
L'extérieur de la loge de nymphose est rugueux ; une ou plu-
sieurs racines peuvent pénétrer facilement dans cet alvéole. Pour
sortir, l'extrémité de la racine rencontre la paroi interne, surface
courbe et lisse ; elle est déviée et continue son dévelpopement
glissant sur la face interne. La racine peut ainsi s’enrouler trois.
ou quatre fois sur elle-même. En même temps, son diamètre aug-
rade
SÉANCE DU 83 DÉCEMBRE 1333
nue Ne Re ele Nr ne
mente ; l’espace libre entre la nymphe et la paroi diminue. La
nymphe comme ligotée, sent ses liens se resserrer.
Si ces phénomènes sont assez rapides et que la pression soit
suffisante par suite de l’épaississement et de l'allongement d’une
ou plusieurs racines, la nymphe est arrêtée dans son évolution.
D'autres fois, la pénétration trop tardive de la racine, ou son trop
faible développement, permettent à la nympñe de continuer sa
transformation ; mais gênés par ces corps étrangers, les divers
organes de l’adulte et en particulier les ailes, prennent mal leur
position définitive : alors l’adulte n’est qu’un être informe, mal
venu, qui périt dans sa loge. Enfin, le plus souvent, malgré cette
attaque des racines, l’évolution normale de l’Insecte se poursuit ;
l’adulte sort de sa loge, traversant le réseau que lui avait tendu
son hôte.
Il ne semble pas que ce mode de réaction du végétal entraîne
une mortalité supérieure à 4 p. 100. Je n’ai pas relevé de telles
observations chez les plantes sauvages fréquentées par les Baris
(Raphanus, Sisymbrium).
L'existence de racines naissant à l’intérieur des tissus de la
plante est un phénomène déjà observé chez d’autres végétaux ;
leur rôle physiologique reste inexplicable, puisqu'elles n'arrivent
que très rarement au contact du sol. Il était donc intéressant de
_ constater que, dans certains cas, elles peuvent être pour la plante
un organe de défense, sans doute un peu tardif, mais d’une effi-
cacité pourtant appréciable.
AÂLTÉRATIONS DES NOYAUX ET DES FORMATIONS ASTÉRIENNES
DANS LES OEUFS DE TRITON GREFFÉS SUR ADULTES,
par À. WEeser.
Les phénomènes de toxicité du milieu intérieur des Urodèles
pour leurs œufs se traduisent par des altérations de leurs diffé-
rentes parties consiituantes. [l se produit notamment une véri-
table plasmolyse de l'œuf et un effritement de sa surface qui cor-
respond à un début de cytolyse. Dans cette note, je désire attirer
l'attention sur les modifications des noyaux et des asters qui ap-
paraissent dans les œufs de Trion cristatus, lorsqu'ils ont sé-
journé peu de temps dans le péritoine de l'adulte.
Pour apprécier les altérations précoces et très légères, il est
nécessaire d'examiner des stades identiques, fixés et colorés de la
même façon: Je me sers ainsi d'œufs de Triton recueillis dans
un aquarium, immédiatement après la ponte. À ce moment, les
1334 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
pronucléi sont accolés ; ce sont des noyaux volumineux dont la
membrane est claire et mince. On y trouve des cordons chroma-
tiques épais et crénelés, anastomosés à la surface d’une mince
charpente à peine teintée par l’éosine. Dans l’encoche entre les
deux pronucléi se remarque l’aster spermatique ; c’est une forma-
tion irradiée, extraordinairement délicate, assez fortement teintée
par l'éosine et dont les filaments granuleux, d’une finesse ex-
trême, rayonnent autour d'une masse centrale plus dense. Cette
sorte de sphère est égalemert formée de petits grains, parmi les-
quels il est impossible de reconnaître un centrosome ou des cen-
trioles.
Si l’on introduit pendant cinq minutes un œuf ainsi constitué
dans la cavité péritonéale d’un Triton cristatus mâle, il est bloqué
dans son développement sans altération extérieure apparente. Eu
examinant les coupes de cet œuf, on ne trouve aucune modifica-
tion d’aspect des pronucléi ; ces noyaux sont restés figés l’un à
côté de l’autre. L’aster n’a pas changé de place, mais il est légè-
rement altéré. La masse centraie finement granuleuse et homo-
gène a fait place à une sphère de contenu clair, dont la surface
est occupée par des granulations plus volumineuses et mieux
teintées par l’hématoxyline ; les filaments irradiés tout autour
sont plus épais, plus imprégnés aussi par le colorant basique.
En somme, la première altération que l’on remarque dans
l'œuf, après la greffe, est celle de l’aster, alors que les noyaux
paraissent encore parfaitement intacts. Il est intéressant de consta-
ter que cette légère modification de la formation astérienne coïn-
cide avec l’immobilisation définitive des pronucléi ; ce fait ten-
drait à démontrer que l’aster est le siège des phénomènes princi-
paux dans la mise en train de la division nucléaire indirecte.
* En laissant séjourner dans l’eau pure pendant quelques heures
un œuf ainsi bloqué, on observe, après fixation et coupe, que le
cytoplasme n’est pas modifié dans son aspect, tandis que les pro-
nucléi et les noyaux spermatiques accessoires sont profondément
altérés : la membrane nucléaire a disparu ; la chromatine n'est
plus représentée que par des granulations très fines, rangées en
chaînettes comme des mitochondries, dans un caryoplasma inco-
lore. À la suite de la disparition de la membrane nucléaire, l’aster
s'est plus ou moins encastré dans ce qui reste des pronucléi. La
formation astérienne bien que très altérée est encore facile à re-
connaître ; elle se caractérise par un amas de filaments enchevé-
trés, fortement colorés par l’hématoxyline ferrique ; ils entourent
des vacuoles inégales, dont une plus volumineuse semble corres-
pondre à une sphère attractive et renfermer des fragments forte-
ment colorés, en forme de grains ou de bâtonnets qui figureraient
des centrioles.
Méca éd hi à: de
1 St sil à, à CRÉÉE
11 ?
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1335
D'une façon générale, l’action prolongée du milieu intérieur
des Tritons adultes sur les noyaux de leurs œufs peut se résumer
de la façon suivante : les pronucléi aussi bien que les noyaux
spermatiques accessoires se ratatinent comme s'ils étaient plas-
molysés. Leur chromatine se fragmente en biocs d'abord volu-
mineux qui se réduisent en fines granulations avant de disparai-
tre complètement. L'’aster altéré au début dans son centre, ac-
quiert une capacité tinctoriale par l’hématoxyline qui s’accroït au
fur et à mesure de la disparition de cette propriété dans le noyau.
Les filaments astériens se fragmentent en granules fortement co-
lorés ou se résolvent en un amas spongieux d’aspect irrégulier.
Abandonnés à eux-mêmes dans de l'eau pure après les greffes
sur adultes, ces œufs présentent au bout de quelques heures des
phénomènes de désintégration qui se traduisent par la dispari-
tion de la membrane nucléaire et le mélange du plasma astérier
au caryoplasma.
Comment s'expliquer pareils phénomènes ? Il s'agit en somme
d'une propriété altérante de la lymphe péritonéale des Tritons
pour leurs œufs fécondés. Diverses hypothèses sont possibles
on sait que récemment F. Viès et J. Dragoiu ont réussi à bloquer
la division cytoplasmique et secondairement la division des
noyaux d'œufs d'Oursin, grâce à des pressions osmotiques exter-
nes considérables. D'autre part, Backmann, Runnstrôm et Bie-
laszewiez ont constaté que, chez les Amphibiens, la pression os-
motique du sang de l’adulte est notablement plus forte que celle
de l’œuf fécondé ; la différence indiquée par ces auteurs n’est ce-
pendant pas de l’ordre des pressions osmotiques très élevées re-
connues nécessaires par Vlès et Dragoiu pour bloquer la segmen-
tation de l’œuf d'Oursin.
Il me semble plus simple d'admettre que la sérosité péritonéale
du Triton adulte possède une substance analogue aux oocytases
trouvées dans le sang de nombreux animaux par T.-B. Robert-
son. Getie substance agit peut-être en se combinant aux acides
gras non saturés de l'œuf qui seraient inhibiteurs des enzymes
nécessaires à la mise en marche du développement, suivant l'hy-
pothèse de Miss Woodward. Les phénomènes d’altérations des
noyaux ou des asters sont-ils dûs à l’action exagérée de ces en-
zymes ? Mes expériences antérieures montrent que la propriété
cytolysante et caryolysante pour leurs œufs du milieu intérieur
des Tritons paraît être le fait d’une substance adsorbable par des
greffes successives d'œufs ou par des injections d’émulsion col-
loïdale de lécithine.
1336 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
a à
Plasmodium pu Léror, Myoxzus murinus DESMAREST,
par Marcez Lecer et E. BeDieR.
Nous avons eu à examiner pour des raisons diverses une
vingtaine de Lérots du Sénégal, Myoxus murinus Desmarest. Le
sang de l’un d'eux contenait des Hématozoaires non rares. Tout
d’abord, le parasite nous a paru être un Piropiasme ; les examens
ultérieurs nous ont DOS à le ranger dans le genre Plasmo-
dium. |
L’hématie infectée ne subit aucune déformation ni hypertro-
phie ; elle ne subit non plus aucune altération : pas de modifi-
cation de la coloration, pas de granulations de Schüffner ou de
mouchetures de Maurer.
L'Hématozoaire se présente le plus souvent sous l’aspect d'un
mince et parfait anneau bleuté de 1,25 u à 1,60 a, qu interrompt
en une partie quelconque de la circonférence un granule volu-
mineux, ou une baguette incurvée, de chromatine fortement
teintée ; sa vacuole nutritive centrale est des plus nettes. Parfois
il est moins minuscule et mesure 2 pu à 2,25 Lu ; tout en demeurant
annulaire, son protoplasme s’épaissit dans la partie opposée au
caryosome. Plus rarement il est ovalaire, 2,50 u sur 1 u ; le ca-
ryosome arrondi se loge à une extrémité et le protoplasme paraît
refoulé à l’autre. Dans aucune de ces formes on ne décèle le moin-
dre grain de pigment. Malgré l’absence absolue d'éléments piri-
formes et de formes bigéminées ou à multiplication en croix, il
y avait lieu de rapprocher le parasite de notre Lérot d’un des
petits Piroplasmes déjà décrits chez des Rongeurs, par exemple
Nuitalia sp.? de Bruce chez le « Rat comestible » du Nyassaland,
Nultalia microti de Coles chez le Campagnol, Nuttalia decumani
de Macfie chez le Rat gris en Gold Coast, ou Theileria rossica de
Yakimoff chez le Campagnol de Russie.
Mais, examiné les jours suivants, le Lérot a présenté dans son
sang certains autres éléments parasitaires très assimilables à des
plasmodies. D'abord des formes annulaires à caryosome double
situé côte à côte. Puis des formes voisinant ou dépassant 3 u, à
protoplasma relativement abondant, et dont la bordure périphé-
rique ondulée, frangée, accuse un certain degré d’amiboïsme.
Enfin, et surtout, des formes atypiques, identiques à celles de
Plasmodium tenue : protoplasme trabéculaire à fines ramifica-
tions amiboïdes, caryosome allongé, étiré, fragmenté, contourné,
comme s'il s'était laissé entraîner par le mouvement du proto-
plasme. Jamais cependant, dans ces divers Hématozoaires, -la
moindre pigmentation, et aucun élément n’a été preu pouvant
ètre considéré comme un gamète.
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1337
Le Lérot a été sacrifié le 8° jour de l'observation ; sur frottis de
ses différents organes il n'a rien été vu de plus que dans le sang
_ périphérique.
Pour être complet, il convient de mentionner la présence, sur
les frottis, d'un certain nombre de globules rouges hébergeant
des Grahamella, identiques comme aspect aux Grahamella des
Muridés du Sénégal souvent parasités : Mus decumanus, Mus
alexandrinus, Mus concha, Golundu campanæ Crycelomys gam:.
bianus. D'autres éléments rouges, d'ordinaire des macrocytes,
sont polychromatcphiles et montrent vers leur centre un granule
chromatoïde anguleux pouvant, au premier abord, faire croire à
un parasite. Des éléments tout pareils ont été vus (r) et bien figu-
rés par Vassal dans le sang des Chéiroptères d’Annam, Vesperugo
abramus, porteurs de Plasmodium melaniferum.
Le Lérot avait une formule leucocytaire à lymphocytose très
marquée, malgré des lésions suppuratives étendues de la queue.
Deux Plasmodium ont été déjà, à notre connaissance, signalés
chez les Rongeurs. Vassal, en Annam, a trouvé (2) une proportion
sensible tone Sciurus griseimanus, parasités par un Hé-
matozoaire que averan a dénommé Plasmodium vassali, et Do-
novan, dans l'Inde, a décrit (3) un PL. ratufæ chez Ratufa indigu
_ malabarica. Ces deux parasites sont pigmentés et ont des points
de ressemblance avec PI. vivax de l'Homme ; les gamètes coexis-
tent dans le sang périphérique avec les Lente et sont même
plus nombreux que ces derniers.
Le parasite de Myoxus murinus n'est jamais pigmenté et nous
n'avons mis en évidence ni gamèles ni formes schizogoniques. Il
offre donc une certaine similitude avec PI. præcox, dont la seg-
mentation ne s'opère pas dans la circulation périphérique, et sur-
tout avec la variété de PI. præcox, communément rencontrée sur
la côte occidentale d'Afrique, dont les gamètes en croissants ne
se voient que très exceptionnellement. Nous proposons d'appeler
ce Plasmodium du Myoxus murinus Plasmodium rigolleti en
l'honneur du médecin-inspecteur Rigollet qui ne nous à jamais
ménagé son bienveillant appui.
(Institut de biologie de l'A. O. F.).
(x) J. Vassal. Ann. Inst. Pasteur, 1907, t. XXI, p. 226.
(2) J. Vassal. C. R. de la Soc. de biol., 1905, t. LVIII, p. 350.
(3) Donovan. Indian J. of. med. Res., 1920, t. VIE, p. 717.
1338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
L’ARSENIC, ENGRAIS CATALYTIQUE.
Note de C. Picano, présentée par M. WEINBERG.
Une question à l’ordre du jour est celle de la stérilisation par-
tielle du sol ; parmi les substances que l’on a préconisées pour
détruire dans la terre les Protozoaires nuisibles, se trouvent les
composés arsenicaux : l’addition à la terre de petites quantités
d’arsenic fait obtenir des récoltes supérieures à celles que l’on
obtient, dans la même terre, sans addition d’arsenic. Le fait est
exact ; il a été confirmé par plusieurs expérimentateurs. Mais
l’arsenic joue-t-il, en réalité, seulement le rôle de substance mi-
crobicide P
Au cours d’une série d'expériences que j’ai entreprises sur les
engrais catalytiques, j'ai été amené à croire que l’arsenic ajouté
à la terre joue surtout le rôle d'engrais catalytique.
Je vais résumer ces expériences :
a) 200 kgr. de terre homogène sont divisés en deux parties
égales ; l’une reçoit o,10 gr. de As°O* en poudre qui y est inti-
imement mélangée ; l’autre moitié sert de témoin. On répand ces
terres sur 1 mq. de surface et on y sème du Maïs. Deux mois après,
on obtient une récolte de fourrage de 4.117 gr. pour 100 plantes
dans la terre naturelle et de 8.000 gr. dans la terre qui avait reçu
As°O*, soit une augmentation de 77 p. 100 (dans d’autres expé-
riences il y a toujours eu une augmentation, mais beaucoup
moins grande : 17, 20, {o p. 100).
On voit que, dans ces expériences, la proportion de AS?0* mé-
langé à la terre était égale à 1/1.000.000 en poids, soit r kgr. à
l'héctare.
b) Dans d’autres expériences, j'ai augmenté progressivement
les doses de As°O° et j'ai constaté qu'il était inutile dé dépasser
la proportion de 1/130.000 (8 kgr. à l’hectare à peu près).
c) Voyant la petite quantité de As°0° qui favorise la végétation
et comme, d'autre part, As°0O° ne se dissout que très lentement,
je me suis demandé si ces petites doses pouvaient nuire aux Pro-
tozoaires du sol. Pour m'en rendre compte, j'ai fait une série de
solutions (de 1/1.000.000 à 1/10.000) du même AsC° que j'avais
employé.
Dans chaque flacon j'ai mis une même quantité dé terre et
j'ai pu constater que, même au 1/100.000,les Ciliés, les Flagellés
et les Amibes continuaient encore à vivre au bout de plusieurs
jours. À plus forte raison, la terre renfermant 1/1.000.000 de
As°O° non solubilisé ne doit pas être microbicide.
d) Pour savoir si le As°0° pouvait influencer la végétation en
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SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1339
milieu stérile, j'ai autoclavé des flacons bouchés à l’ouate qui con-
tenaient soit de la terre naturelle, soit cette même terre addition-
née de As°O*. Les graines ont été stérilisées au formol (immersion
sous cloche à vide et contact avec les vapeurs de formol en at-
mosphère confinée). Dans ces conditions, on obtient encore, pour
les graines semées en terre arséniée, une augmentation de récolte.
Il n’est pas inutile de dire que les graines employées prove-
naient d’un même épi de Maïs.
Comme nous savons que l’arsenic se trouve, quoique à l’état
de traces, chez toutes les plantes, il semble bien évident que,
dans nos expériences, l’arsenic a joué un rôle de facteur cataly-
tique et non pas celui de substance microbicide.
Il reste à démontrer si l’arsenic est aussi un élément indispen-
sable pour lés plantes, comme l’est le manganèse dont le rôle
n'était même pas soupçonné avant les recherches de G. Bertrand.
(Laboratoire de l'hôpital de San-José de Costa Rica).
SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ DE SÉRO-DIAGNOSTIC DU CANCER,
Note de A. Wirsoucuevrren, présentée par M. Weingerc.
Botelho a étudié dans le service du P° Hartmann, à l'Hôtel-
Dieu, un procédé nouveau de séro-diagnostic du cancer basé
sur là propriété que possède le sérum humain de donner un pré-
cipité sous l’action d’une solution iodo-iodurée én présence
d'acide citrique. Cette propriété est plus marquée pout le sérum
cancéreux, dont la précipitation apparaît avéc une quantité beau-
coup plus petite de solution iodée.
Technique de Botelho. Solutions employées :
1) Sérum à examiner dilué de moitié en eau physiologique à
7, D. 1.000 ; 2) solution d'acide citrique à 5 p. 100 additionnée
de 1 p. 100 de formol ; 8) solution iodo-iodurée : iode tr gr.; io-
duré de potassium 2 gr.; eau distillée 210 c.c.
À 2 c.c. de la solution d'acide citrique formoléé, on ajoute
0,5 c.c. de sérum dilué de moitié, puis d'emblée 0,7 c.c. de solu-
tion 1odo-iodurée. Un précipité apparaît, se dissolvant rapide-
ment dans le cas d’un sérum normal, mais persistant, même
après forte agitation, s’il s’agit d’un sérum cancéreux. Si le sé-
rum s’éclaircit, on ajoute encore 0,2 c.c. de solution iodo-iodu-
rée, un nouveau précipité se forme, qui persiste seulement dans
le cas de cancer. Pour obtenir un précipité persistant avec un sé-
rum normal, il faut employer au moins r c.c, de la solution io-
dée,
1340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Nous avons essayé le procédé de Botelho sur 52 sérums cancé-
reux, provenant de malades du ser vice du P° Gosset; 107 sérums
pris dans la série des sérums envoyés à l’Institut Pasteur pour la
réaction de Bordet-Wässermann ont été étudiés comme témoins.
Résultats obtenus : sur ces 52 cas, nous avons constaté 39 réac-
tions nettement positives (75 p. 100), 5 réactions douteuses
(9,6 p. 100) et 8 réactions négatives (15,8 p. r00). Les cas positifs
ont donné une réaction très nette 20 fois avec 627 et 11 fois avec
0,9 de solution iodée.
En groupant les résultats obtenus d’après le siège du cancer,
nous notons : cancer du col utérin, 20 cas (17 réactions positives,
2 douteuses, 1 négative); cancer du corps utérin, 7 cas (4 ‘réac-
tions positives, 3 négatives); cancer du rectum, 8 cas (4 réactions
positives, 2 négatives); cancer du sein, 5 cas (5 réactions positi-
ves); cancer de l’ovaire, 2 cas (r réaction négative, r douteuse);
cancer du plancher de ia bouche, 2 cas (2 réactions positives);
épithélioma de la face, r cas (réaction douteuse): cancer de la ves-
sie, 1 cas (réaction positive); un cancer du maxillaire (réaction
positive); cancer de la langue, 1 cas (réaction positive); cancer
de l’œsophage, r cas (réaction positive); cancer du pylore, r cas
(réaction positive); cancer de l'intestin, r cas (réaction EME
goître néoplasique, r cas (réaction négative).
Sur 107 témoins, un seul sérum a donné une réaction positive,
un autre une réaction douteuse. Il nous a été impossible d’obtenir
des renseignements utiles sur le sujet dont le sérum a donné la
réaction positive.
Parmi les cancéreux dont nous avons étudié le sérum, un cer-
tain nombre ont été traités par le radium, quelques-uns par les
rayons X. Le pourcentage des réactions positives ne nous a pas
semblé être influencé par ce fait.
Nous avons comparé les renseignements donnés par le procédé
de Botelho avec ceux obtenus par la recherche des indices hémo-
lytique et antitryptique. Il se trouve que la plupart des sérums
cancéreux étudiés ont donné un indice hémolytique (globules de
Mouton) très faible : 7 fois — o; ro fois — 1; 2 fois — 2; 14 fois
— 3; 4 fois — 4; ro fois — 5; dans 5 cas, le sérum complètement
privé d’hémolysines a donné une réaction de Botelho fortement
positive.
La recherche de l’indice antitryptique a donné des résultats
meilleurs que celle de l'indice hémolytique. Presque tous les
sérums cancéreux avaient un indice antitryptique très élevé, al-
lant jusqu’à 1,6-r,8 et 2,0. En général, la réaction de Bothelho
positive coïncide avec un indice antitryptique élevé. Dans quel-
ques cas rares, on trouve tantôt la réaction de Botelho négative
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1341
avec l'indice antitryptique assez élevé (0,8 et 1,0), tantôt celte
réaction positive avec un indice très faible (0,3-0,4).
Conclusions. 1) Le procédé de Botelho est le plus simple et le
plus rapide ; 2) le séro-diagnostic du cancer pratiqué par ce pro-
— cédé nous a donné une réaction positive très nette dans 75 p. 100
—._ des cas étudiés. Ce procédé donne des renseignements certaine-
ment supérieurs à ceux obtenus par la recherche de l'indice hé-
—. molytique et, en général, conformes à ceux fournis par l'indice
— antitryptique ; 3) lorsqu'on se trouve en présence d'un cas dou-
…. teux, il serait utile d'étudier le sérum par ces deux procédés ; /)
—…. le renseignement apporté par le procédé de Botelho sera très pré-
— cieux dans tous les cas où l'indice antitryptique perdrait de sa
valeur du fait des lésions secondaires (suppuration, cachexie,
4
etc., etc.).
1 (Laboratoire de M. Weinberg, Institut Pasteur,
et service du P' Gosset, Salpétrière).
Ê
:
SUR LES PARTICULARITÉS DE QUELQUES SOUCHES DE BACTÉKIOPFRAGE,
par Icor N. Asnesxov.
I. Ayant constaté au cours de mes expériences l’affaiblissement
lent et graduel d’une de mes souches de Bactériophage (anti-
Flexner, « B5FIIL »), à la suite de nombreux passages, j'ai attri-
bué cet affaiblissement à l'accroissement de l'acidité du milieu
sous l'influence du Bacille dysentérique.
Pour toutes mes recherches, j'emploie le bouillon tryptaminé :
1 Kkgr. de viande dans 2 litres d’eau est mis à digérer pendant
24 heures avec la pepsine (2,0), ensuite 6-10 jours avec le pan-
creatinum activum Merck (5,0), puis acidifié, bouilli et filtré.
Pour lusage ordinaire, on dilue à ro litres. La réaction initiale
est ajustée à PH — 8,0. Les Bacilles dysentériques acidifient ce
bouillon assez vite (quoiqu'on n’y ait pas constaté la présence de
traces de sucre) jusqu'à Pa — 7,5-7,2 en 24 heures.
En essayant différentes méthodes de stabilisation de la réaction
du bouillon : addition de sels insolubles de magnésium, augmen-
tation de la quantité des régulateurs (buffers), emploi d’un mi-
lieu dont la réaction ne change pas, comme l'eau peptonée, je
suis arrivé à des résultats tout à fait inattendus. La vitesse de la
lyse et du changement de la réaction variaient de concert : plus
lentement changeait la réaction, plus lentement s'effectuait la
lyse. J'ai commencé alors à faire des essais dans une voie opposée,
en accélérant l’acidification du milieu par l'addition de glycose.
BioLocre. CoMPpTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. , 02
1522 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Le résultat fut qu'en présence de glycose, c'est-à-dire dans um
milieu capable de s’acidifier, la lyse était complète après 2 heu-
res 15°, tandis que sans glycose, même après 7 heures, la Ivse
n était pas encore terminée.
J'ai examiné quelques autres souches de Bactériophage anti-ty-
phique, anti-Sigha et autres. Aucun ne possédait cette faculté
de produire la lyse dans un milieu d’acidité croissante.
Restait à démontrer si la particularité de produire la [se dans
un milieu s’acidifiant était la propriété des Bacilles (ce qui concor-
derait avec la théorie de Bordet et Ciuea), ou bien si cette partieu-.
larité ne dépendrait pas des Bacilles mais serait la propriété d'un
être indépendant, le Bactériophage de d'Herelle.
À défaut d’une autre souche de Bactériophage active contre le
Bacille dysentérique Flexner « Il », je me suis servi de l’activité
de la souche « B5FIIE » contre le Bacille de Shiga, le Bacille ty-
phique, etc. J’ai constaté que seule la souche « B5FIIT » produit
la lvse plus vite dans un milieu s'acidifiant que dans un milieu
stable. Tous les autres Bactériophages dont l’activité contre les
Bacilles expérimentés s'est effectuée normalement, ne lysaient
point les mêmes Bacilles dans les conditions de l'expérience
tandis qu'avec « B5FIIT », après 5 heures, la lyÿse était fort appré-
ciable ; avec les autres Bactériophages, la turbidité de l'émulsion
augmentait toujours.
IT. Bail et Watanabel (r) ont noté que d’une culture mixte de
Bactériophages, c'est-à-dire d’une culture contenant deux souches
diverses de Bactériophage, on peut séparer les deux espèces et
les cultiver séparément. J’ai isolé des déjections d’un Porc deux
espèces de,’ Bactériophage, l’un donnant de grandes plages
(15 mm.) qui s'entouraient rapidement d’une zone de corrosion,
l'autre à petites plages (0,9-1,2 mm.) avec des bords nets. Après
plusieurs ensemencements sur gélose et repiquages de chaque
type dans une émulsion séparée, j'ai obtenu deux différentes sou «
ches de Bactériophage : l’une à grandes plages « B. mac », l’au-
tre à petites.« B. mie ». On peut répéter cette expérience avec en-
core plus de netteté en mêlant deux différentes souches de Bac:
tériophage et les séparant ensuite par repiquage de chaque type
de plages de la gélose, dans des émulsions bactériennes séparées.
Conclusion. Une souche de Bactériophage possédait la pro-
priété de ÎYser dans un milieu s’acidifiant. Aucune autre. des
souches à ma disposition ne la possédait. Cette propriété dépend
de la souche de Bactériophage et non pas des Bactéries. Deux sou-
ches différentes de Bactériophage peuvent être mêlées et ensuite
séparées en repiquant les plages de ps gélose dans les émulsions …
bactériennes séparées,
.….(@) Wien: Klin. Woch:,\199. Ps RE : 13
eo à “Ont sa pété, Le. D à SES SC
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1343
RE en mt Pr EN RES EL
Si, tout en acceptant ces deux faits, on admet quand même
l'existence d'un « principe » qui serait le produit des Bactéries
elles-mêmes, on est alors obligé d'admettre la présence d’un nom-
bre infini de « principes » provenant de la même Bactérie et agis-
sant dans la même direction, mais doués de propriétés différen-
tes ; par exemple : des principes agissant dans un milieu acide,
des principes agissant seulement dans un milieu alcalin, des
principes à grandes plages, à petites plages, avec et sans zones de
corrosion, etc... Nous ne pouvons pas alors limiter le nombre
de ces « principes ».
Par contre, tout s'explique facilement en admettant la présence
d'un être vivant et l'existence de différentes souches de Bactério-
phage qui ont acquis pendant la vie précédente telle ou telle pro-
priété particulière.
(Laboratoire bactériologique de l'Etat, à Dubrovnik,
Yougoslavie).
ÿS
L’ACCOUTUMANCE DU BACTÉRIOPHAGE,
par Icon N. Asnesnov.
D'Herelle a montré que « le Bactériophage cesse de se multi-
plier dès que le milieu présente la plus minime acidité au tourne-
sol ». J'ai exposé dans la note précédente la curieuse propriété
d'une souche de Bactériophage (B5FIIT) de produire la Ivse plus
ite dans un milieu dont l'acidité augmente au cours de l'expé-
rience, que dans un milieu alcalin.
D'Herelle a montré aussi que le « Bactériophage est susceptible
de s'accoutumer à l’action nocive de la glycérine ». L’accoutu-
- mance du Bactériophage à l’action de sérum antibactériophage
était constatée par Prausnitz et à l'action de quelques antisepti-
ques (quoique pas assez nettement) par Wolff et Janzen (1).
Supposant que ma souche « B5FITT », pendant les nombreux
(quelques centaines) passages dans le bouillon qui changeait de
réaction sous l'influence de Bacilles dysentériques (voir la note
précédente), ait acquis par accoutumance la propriété de se déve-
lopper dans un milieu s’acidifiant, j'ai essayé, d’après les consta-
tations que je viens de rapporter, d'accoutumer une autre souche
de Bactériophage à l’action nocive de l'acide, par des passages
dans des milieux d’une acidité croissante.
Avant l'expérience, la souche de Bactériophage choisie,
(NC: R de la Soc. de biol., rg22, 4 EXXXVIT, p. 1087.
1344 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
« B. 2015 » active contre l’auto-souche Flexner « 2015 », produi-
sait la lyse très faiblement dans le milieu d'une neutralité stricte
PH = 7,0) et était complètement inactive dans le milieu s’acidi-
fiant (glycose) :
0 b. 4 h. 30 8 h.
0 Re OR) =
Px T Pa T Pa T
Bouillon glycosé à 1 p. 100 .. 8,0 250 6,6 5oo <6,6 >>500
Bouillon ordinaire ......... BNC NO 52e) 75 pi) 25
= EN PE CC EAN PUS 7,0 250 6,6 300 6,6 200
T=Trouble du liquide représenté en millions de Bactéries par c.c., d’après
l’échelle.
Après sepl passages dans du bouillon à réaction intiale PH =7,0,
le «B. 2015 » produisant la Iyse dans le bouillon Px = 6,6 pres-
que aussi bien que dans le milieu alcalin. Au moment du neu-
vième passage, j’ai essayé de le cultiver dans du bouillon glycosé.
J'ai obtenu une lyse assez complète. Voici le résultat obtenu après
le douzième passage : |
0 b. 3 h. 30 5 b. 24 h.
Te CR. RS 2 ES
Te Pa îl PH T Pa L'
Bouillon g'ycosé à 1 p. 100 . 8,0 250 6,6 6,6,MOoM<<6:61> 500
— — — . 7,0 2bo COM GOOM A NET" soù
— ordinaire ........ 8,0 2bo Dog To
— SN Te 6,6 250 6,6 6,6
On voit donc qu'après douze passages, le Bactériophage était
accoutumé à l'action nocive du milieu et de l'acide in statu nas-
cendi. Le développement. successif des Bacilles dysentériques
dans le bouillon glycosé doit être attribué aux Bacilles résistants
qui ont tellement acidifié le milieu que même cette souche de
Bactériophage accoutumée ne pouvait pas les supprimer.
Il faut noter cependant que l’activité du Bactériophage s’affai-
blissait, quoique bien lentement, au cours de ces passages dans
le milieu acide : le nombre de Bactériophages par c.c., à la fin
de l'expérience, était comparativement moindre, ainsi que la
virulence.
Conclusion. Le Bactériophage, tout en perdant de sa virulence,
peut être accoutumé à l’action nocive de l'acide.
Après ce fait, il est bien difficile d'accepter la comparaison de
la lyse transmissible avec le feu ou bien, exemple encore plus
frappant, avec la coagulation du plasma (r). On ne peut pas ac-
coutumer le feu à brüler dans CO? ni le plasma à se coaguler en
présence de citrate de potassium.
(1) Gratia. Brit. med. Journ. August 19, 1922.
pa FN D
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1345
Nous ne pouvons que répéter les paroles de d’'Herelle « l’accou-
tumance est l’apanage exclusif des êtres vivants. »
(Laboratoire bactériologique de l'Etat, à Dobrovnik,
Yougoslavie).
L'INFLAMMATION DU FOIE,
par E. GÉRAUDEL.
La présente communication a pour objet l'application au foie
des données générales sur l'inflammation exposées précédem-
ment.
Le foie, dérivé de l'intestin moyen, ne lui ressemble que dans
sa partie proximale ou bourgeon biliaire. Il en diffère dans sa
partie distale ou parenchyme hépatique.
Le bourgeon biliaire comporte : 1° une bordure épithéliale Hi-
mitant une cavité permanente ; 2° un chorion bien développé,
artérialisé et logeant des lymphatiques: Au bourgeon est acco-
lée la veine porte. Le parenchyme hépatique comporte : 1° des
cellules métathéliales (1), formant réticulum continu, drainé tem-
porairement par des espaces intercellulaires (capillicules biliai-
res) ; 2° un chorion très réduit (fibrilles en treillis et cellules de
Kupffer) veinalisé et ne logeant pas de lymphatiques. Bourgeon
et parenchyme sont entourés d'une enveloppe mésenchymateuse
artérialisée (capsule de Glisson) dont les prolongements accom-
pagnent les veines sus-hépatiques. :
L'inflammation du foie est mutilante, Iysante ou plastique.
Dans l'hépaiite à type mutilant les parties mortifiées, cellules
et substances intercellulaires, disparaissent lentement par ré-
sorption, sauf dans l'inflammatlion tuberculeuse où les parties
caséifiées ne s'éliminent que si elles confinent à un canal biliaire
resté perméable (cavernes biliaires). À un second stade, il y a
symphyse de toutes les parties du chorion voisines de la zone de
mutilation, il y a cicatrice. Les cavités limitées par la bordure
cellulaire décapée disparaissent : canal biliaire, d’où rétention
biliaire locale, lumières vasculaires (artère hépatique et veine
porte), cavité péritonéale (adhérences de la capsule de Glisson).
La lyse complète qui caractérise l'hépatite à type lysant en-
traîne au niveau du bourgeon biliaire la disjonction et la multi-
plication des cellules épithéliales qui tombent dans la lumière du
- canal biliaire ; même phénomène pour l’endothélium des vais-
(1) Je nommerai métathéliales ces cellules hépatiques pour souligner à la
fois leur filiation et Icur différenciation, relativement! aux cellules homo'ogres
épithéliales du bourgeon biliaire.
1346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
seaux. On note encore la production de nodules de :cellules ron-
des dites embryonnaires, auxquels peuvent s'ajouter, comme
dans le type précédent d’ailleurs, les foyers diapédétiques déter-
minés par la présence d'agents figurés (inflammations micro-
biennes) et enfin la fonte des fibrilles fuchsinophiles du chorion.
Au niveau du parenchyme hépatique, c’est la fonte des fibrilles
argentophiles et la dislocation trabéculaire avec multiplication
anarchique des cellules désunies, d’où l’hypermégalie et la mol-
lesse du foie.
Le stade ultérieur de ces lésions nous échappe puisque, par dé-
finition, xl y :a restilutio in integro. Tout :au plus peut-on se de-
mander si cette restitution m'est pas moins intégrale dans le foie
que dans le poumon. Dans le foie, certaines cellules néoformées
pourraient :persister en excédent définitif, du faït d’une élimina-
tion moins aisée que dans le poumon, organe creusé de cavités
permanentes ouvertes à l'extérieur.
L'hépalite à type plastique (Iÿse incomplète) se traduit pour le
bourgeon biliaire par une prolifération cohérente de la bordure
épithéliale du canal avec parfois diverticules d'aspect pseudo-
glandulaire. Dans le chorion mésenchymateux, les fibroblastes se
multiplient, les néocapillaires se forment. Au niveau du paren-
chyme hépatique, il y a prolifération des cellules métathéliales
îlots” à type pseudo-adénomateux), épaisissement des fibrilles
-en treillis et multiplication des cellules de Kupffer.
Du fait de sa prolifération, le tissu néoformé tend à refouler
les parties voisines à tonus moindre (modelage des régions en
bordure des zones parenchymateuses hyperplasiées, aplatisse-
ment en croissant-et parfois effacement de la veine porte par le
bourgeon biliaire hyperplasié).
Mais le tissu mésenchymateux enflammé agit en outre par in-
filtration. Dans la gaîne glissonienne, il tend à infiltrer la veine
porte ; néanmoins, la pyléphlébite oblitérante est rare et mini-
me. Par contre, on observe à un degré très prononcé l’envahisse-
ment du parenchyme par le mésenchyme, ‘préliférant à partir
de ses régions d'origine, gaine glissonienne (ou espace porte),
capsule de Glisson et ses prolongements périveineux sus-hépati-
ques. D'où deux conséquences : 1° pour le réseau métathélial hé-
patique qui prend par métaplasie le caractère épithélial (néoca-
nälicules biliaires); 2° pour le réseau capillaire et les veines sus-
hépatiques : effacement des capillaires, envahissement des veines.
sus-hépatiques que repère la limitante élastique. Corrélativement
à cette prolifération mésenchymateuse, s’observe un aorandisse-
ment du domaine de l'artère hépatique aux dépens de celui de la
circulation porte.
Cette revue analytique terminée des divers modes de l'hépatite,
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1347
il faut remarquer quil nv a pas séparation absolue entre les
types mutilant, lysant et plastique. De plus, ces types peuvent se
combiner. D'où il résulte qu'aucun d'eux ne peut être élevé à la
dignité.d‘espèce. I n'y à pas d'hépatites. L'hépatite est une.
INFLUENCE DE QUELQUES AGENTS PHARMACODYNAMIQUES
SUR LE RÉFLEXE OGULO-CARDIAQUE,
ET LE RÉFLEXE SOIAIRE,
par H. Craune, J. Tinez et D. SANTENOISE.
Nous avons récemment signalé l’'antagonisme habituel du ré-
flexe oculo-cardiaque et du réflexe solaire, nous avons étudié
leurs variations, se produisant généralement en sens inverse,
dans différents états physiologiques, et, en particulier, sous l'in-
fluence du repas.
L'étude de quelques agents pharmacodynamiques confirme cet
antagonisme relatif, en nous montrant des variations de ces ré-
flexes, généralement en sens inverse l'un de l’autre, sous l'in-
fluence des principaux modificateurs du système neuro-végétatif,
tels que l’adrénaline, l’atropine, la pilocarpine, l’ésérine, la mor-
phine.
Une injection sous-cutanée de 1 mgr. d’atropine modifie au
bout de quelques minutes les réactions vago-sympathiques, chez
un sujet présentant un réflexe oculo-cardiaque positif assez mar-
qué et au réflexe solaire nul, on voit le réflexe oculo-cardiaque
diminuer d'intensité et parfois même disparaitre complètement (le
fait avait été déjà signalé par Mougeot). Mais en même temps, on
peut voir assez souvent apparaître le réflexe solaire qui se marque
légèrement à mesure que s’efface le réflexe oculo-cardiaque.
De mème, une injection sous-cutanée de 1 mgr. d’adrénaline
fait apparaître très nettement en 15 ou 30 minutes un réflexe
solaire positif, chez un sujet qui ne présentait aucune réponse à
la compression abdominale. L'accentuation du réflexe solaire est
en ce cas beaucoup plus nette qu'avec l’atropine tandis que la di-
minution souvent observée du réflexe oculo-cardiaque est tou-
jours assez faible. Son action prépondérante paraît donc être une
excitation du système sympathique.
La morphine semble, comme l’atropine, diminuer surtout la
sensibilité parasympathique. Chez un sujet normal, légèrement
vagotonique, l'injection sous-cutanée de r egr. de chlorhydrate
de morphine fait rapidement diminuer la réponse du réflexe
_
1348. © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Co
oculo-cardiaque et provoque souvent, Par contre, l'apparition
d'un léger réflexe solaire.
L'action de l’ésérine et de la pilocarpine est un peu plus com-
plexe en raison sans doute d'une certaine action amphotrope.
L'ésérine possède surtout une action vagotonique, très énergique
et prolongée ; après l'injection de 2,5 mgr. de salicylate d'ésé-
rine, le réflexe oculo-cardiaque s’exalte immédiatement d’une fa-
çon considérable et progressivement croissante. C’est au bout de
20 ou 30 minutes qu'il atteint sa plus grande intensité, il reste
ainsi exagéré pendant 1 à 2 heures. Mais on observe également,
pendant les 5 ou 10 premières minutes, une légère apparition du
réflexe solaire, suivie, au contraire, d’une diminution marquée
de ce réflexe, dont nous avons même pu constater quelquefois
l’inversion, c'est-à-dire une amplitude plus grande des oscilla-
tions, au moment du maximum vagotonique. D'une façon plus
manifeste encore, la pilocarpine, dont l’action d’excitation sur le
parasympathique est bien connue, nous est apparue comme exci-
tant successivement les deux systèmes vague et sympathique.
Une injection sous-cutanée de r cgr. de chlorhydrate de pilocar-
pine, chez un sujet normal à jeun, c’est-à-dire légèrement vago-
tonique et à réflexe solaire faible ou nul détermine successive-
ment les phénomènes suivants. Pendant une première phase, qui
semble d'autant plus courte que le sujet est plus vagotonique, il
se produit une exagération nette du réflexe oculo-cardiaque,
avec disparition complète du réflexe solaire, s’il en existait un.
C'est en même temps que se produisent les modifications du
rythme cardiaque et la salivation. Puis, au bout de quelques mi-
nutes (parfois très vite, après 5 ou 6 minutes chez les hypervago-
toniques, plus lentement chez les sujets normaux), on voit se
produire la phase inverse. Le réflexe oculo-cardiaque diminue
d'intensité et par contre apparaît et s’exalte le réflexe solaire. En
même temps apparaissent la sudation et la chair de poule. Cette
seconde phase d’excitation pannes semble généralement
plus longue que la première.
Les actions différentes de la pilocarpine en apparences contra-
dictoires et paradoxales semblent donc bien correspondre à une
double activité ; la pilocarpine se comportant successivement
comme un excitant du vague, puis du sympathique.
On voit par ces exemples que les agents pharmacodynamiques
exercent sur le réflexe solaire et le réflexe oculo-cardiaque une M
influence généralement antagoniste. ë
Mais il nous faut distinguer ici deux ordres de faits. Certains
de ces agents, comme l'atropine et l’adrénaline, paraissent agir
presque exclusivement sur l’un des deux réflexes traduisant ainsi
une action directe sur lun des systèmes sympathique ou para-
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1349
sympathique. Si l’atropine laisse apparaître parfois le réflexe
solaire, c'est que la paralysie du vague et la suppression du ré-
flexe oculo-cardiaque a permis, sembie-t-il, une libération de
l’activité sympathique. Si l’adrénaline diminue le réflexe oculo-
cardiaque, c’est inversement sans doute parce que l'exaltation
du tonus sympathique que traduit l'apparition du réflexe solaire
a provoqué l'inhibilion relative du vague.
À ces actions de libération ou d’inhibition déterminées sur l’un
des systèmes par l'excitation directe ou la paralysie du système
antagoniste il faut opposer les actions inverses, mais générale-
ment successives, produites par l'ésérine et la pilocarpine.
L'ésérine semble activer légèrement et passagèrement le sym-
pathique, puis fortement, et d’une façon durable le parasympa-
thique. La pilocarpine paraît provoquer également une excita-
tion du vague forte, immédiate et plus ou moins passagère, puis
une excitation plus durable du sympathique.
C'est à ces faits seuls qu’on doit, semble-t-il, réserver le nom
d'actions amphotropes.
Enfin, ces excitations successives de deux systèmes différents
coivent être distingués des actions réactionnelles, qui rempla-
cent l'excitation momentanée d’un système par son inhibition
secondaire permettant alors la libération du système antagoniste.
Ainsi se confirme ja valeur séméiologique de ces deux réflexes
pour l'exploration respective des systèmes antagonistes parasym-
pathique et sympathique.
1350 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
ACTION DE CERTAINES SUBSTANCES IRRITANTES
SUR LA LEUCOPÉDÈSE GASTRIQUE,
par Loërer ét G. MARCHAL.
Les leucopédèses produites par l’ingestion d’aliments solubles,
comme le bouillon, le sucre, l’amidon, sont à la fois élevées et
persistantes. Elles vont, ainsi que nous l'avons indiqué, jusqu'à
3.000 leucocytes et plus par millimètre cube (x) atteignent leur
acmé au milieu de la deuxième heure et se maintiennent jusqu'à
2 heures 1/2. |
La leucopédèse produite par certaines substances, moins
franchement alimentaires, d'action plus excitante ou irritante
que nutritive est assez différente tant par sa précocité que par son
intensité et sa durée.
Nous avons étudié successivement, toutes les 20 ou 30 minutes,
souvent chez le même sujet, grâce au tube de Einhorn, la leu-
copédèse gastrique après absorption d'apéritif, de thé, de vinaï-
one’
Voici les résultats obtenus
Temps en minutes Vinaigre Apérilif pur Ap‘ritif dilué Thé
DORE Re es 380 T.100 600 1.000
SO SRE 190 1.000 300
DM NAS Pts re 150 h90 970 850
DO SERRES 580 — — 930
79 nee eee DO — — —
TO DR te ces » — — I.110
TOO LINE Ce » — == =
Les chiffres expriment le nombre de leucocytes par millimè-
tre cube. +
Ainsi, la leucopédèse se montre, de façon générale, plus pré-
coce, moins élevée et plus fugace qu'elle ne l’est avec les aliments
déjà étudiés.
Vraiment faible avec le vinaigre, elle est plus forte avec l’apé-
ritif pur, à peine estompé avec l'apéritif dilué, assez considéra-
ble et tenace avec le thé.
Si l'on étudie comparativement la sécrétion gastrique, on se
rend compte que la courbe qu’elle dessine est assez parallèle mais
nullement identique.
L'activité sécrétoire peut atteindre des chiffres très élevés,
comme cela se produit avec l'apéritif, et la leucopédèse être très
discrète, et inversement.
(1) C. R. de la Soc. de biol., 16-30 novembre et 16 décembre 1922.
OS
ot
Pa
SÉANGE ‘DU 253 :RÉCEMBRE 1:
L'adjonction de sucre accentue ce contraste entre Îles deux
réactions et modifie, dans un sens opposé, la leucopédèse et la
sécrétion.
Les mêmes quantités de thé sucré et non sucré donnent chez
un même sujet les résultats suivants
Thé non sucré ins Thé sucré
Temps en minules Teuvopédèse — Chlorhydrie Peche
SON E APRES T.000 18 760 1,2
15.24 PSS 850 se 170 La.
Ho: AÉRERSEE 990 2,7 1.00 0,7
LCD vod eue LE re T.110 2,7 — =
HDOMNEE- Chris erereiere te = En 2470 T2
4 Ainsi, le sucre excite la leucopédèse et inhibe la sécrétion gas-
trique.
L'épreuve des excitants gastriques montre avec netteté la disso-
ciation des deux réactions.
ACTION COMPARÉE DE L'EXTRAIT DE SANGSUES
ET DES ACIDES NUCLÉIQUES CHEZ LA GRENOUILTE.
SUPÉRIORITÉ DES ACIDES NUCLÉIQUES SUR LES AUTRES AGENIS
ANTICOAGULANTS,
par M. Doxon.
Je pense actuellement que les acides nucléiques sont les agents
anticoagulants les plus actifs et les moins nocifs. La démonstra-
tion est particulièrement évidente chez la Grenouille.
I. In vitro, les acides nucléiques agissent aux doses inférieures
à 1 p. 1.000 de sang. Dans le sac INmphatique dorsal, 6,005 gr.
suffisent à provoquer, pendant plusieurs heures, l'incoagulabilité
du sang cireulant. Après injection de o,o7 gr. à ©,04 gr., la phase
pendant laquelle le sang circulant est incoagulable dure 3 à 4
jours, si les Grenouilles sont à la température du laboraloire,
2h heures si elles sont à l’étuve (+ 30° à + 38°). Dans tous les
cas, les animaux injectés survivent et sont parfaitement vivaces.
IL. L'extrait de Sangsues, injecté dans le sac lymphatique dor-
sal, ne modifie pas la coagulabilité du sang, mais peut provoquer
la mort.
Exemple : 5o têtes de Sangsues sont jetées dans l'alcool à 95°
(renouvelé plusieurs jours de suite), coupées, séchées, moulues
au moyen d’un moulin à poivre, additionnées de 20 e.c. d’eau
salée à 9 p. 1.000. Après 3 jours de macération, on recueille, au
1352 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
moyen d’une presse de CI. Bernard, 9 c.c. de liquide. On injecte
3 Grenouilles ; chacune reçoit, dans le sac lymphatique, 2 e.c.
Une première Grenouille est sacrifiée une heure après l'injection,
une seconde 19 heures plus tard ; dans les deux cas, le sang re-
cueilli, par section d’une paite, s’est coagulé en moins de 15 mi-
nutes. La troisième Grenouille a été trouvée morte le troisième
jour. L’extrait de Sangsues est, d’ailleurs, absorbé avec une très
grande lenteur. <
I goutte de l'extrait suffisait à amener in vitro la coagula
tion de XX gouttes (au moins) de sang.
III. Injectés, dans des conditions ne à la Grenouille,
l’oxalate de potasse, le fluorure de sodium, ne provoquent pas
l’incoagulabilité du sang. Moins d’une demi-heure après l’injec-
tion d'oxalate, les Grenouilles deviennent inertes ; après quelques
heures le cœur ne bat plus ; il est impossible d'obtenir du sang.
Le fluorure est moins nocif ; les Grenouilles résistent à la tempé-
rature ordinaire, à 0,02 gr.; placées à l’étuve elles meurent en
moins d'une rdheune. Le citrate de soude est très peu toxique
contractures. L'antithrombine extraite du plasma de peptone est
active in vivo.
Mop£ D'ACTION DE CERTAINES TOXINES MICROBIENNES,
par M. Doxox.
Ï. Dans une note récente, Walbum émet l'opinion suivarie : le
Bacilie de la diphtérie sécrète une substance dénuée d'action phx-
P |
siologique; cette substance constitue le premier stade de la toxine; m
en se combinant, en dehors de la cellule bactérienne, avec les
substances contenues dans ie milieu de culture, la protoxine s'ac-.
tive et se transforme, par un processus probablement fermenta-
tif, en toxine de É
Il. Je prie Î M. Walbum et la Société de me permettre de T'APPE= M
ler des expériences, très différemment conçues, qui m on CON-
duit à des conclusions identiques, dès 1892. :
J’ai démontré, avec J. on que les toxines télanique et
diphtérique appartiennent à une classe particulière de produits
solubles caractérisée par deux propriétés capitales : 1° les effets M
physiologiques de l'injection de ces toxines apparaissent après
une période d'incubation que l'augmentation des doses et le
choix dé la porte d'entrée ne peuvent ni supprimer ni raccourcir
au delà d’une certaine limite ;
> 0
mais très sensiblement moins actif sur le sang circulant que les.
acides nucléiques ; on observe des trémulations fibrillaires et des
|
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SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1353
EE — — "_"_ "|" " "|" "| -—"—"—— — —
°° pour rendre la Grenouille sensible aux toxines tétanique et
diphtérique, il faut des conditions de température qui rappellent
celles indispensables à l’action des ferments solubles.
a) La Grenouille d'été est sensible au tétanos ; la Grenouille
d'hiver est réfractaire.
b) Soient deux lots de Grenouilles injectées sous la peau de la
cuisse, chacune avec 1 c.c. de toxine. On place un des lots dans
une chambre étuve chauffée à 30° ou 39°, l’autre est maintenu
à des températures inférieures à +20°, +10° ou même au-des-
sous. Les Grenouilles du premier lot deviennent tétaniques vers
le 6° jour et meurent, après 8 ou 15 jours, de tétanos. Celles du
second lot restent indéfiniment indemnes.
c) À 25°, la Grenouille devient encore tétanique, mais après
une incubation assez longue de 8 à 12 jours. À +20°, des Gre-
nouilles ayant reçu jusqu’à 8 doses mortelles, n'ont présenté au-
cun symptôme. À 37°, l’incubation minima, qu'on ne peut rac-
courcir, est de 4 jours.
La toxine tétanique se conserve longtemps dans l'organisme
de la Grenouille froide et ne commence à agir qu'à partir du mo-
ment où la température de la Grenouille s'élève suffisamment.
On injecte des Grenouilles avec une ou deux doses mortelles de
toxine tétanique et on les maintient à + 10°. Au bout d'un mois
ou plus, alors que les Grenouilles témoins, mises à l’étuve, sont
mortes tétaniques depuis longtemps, les Grenouilles maintenues
au froid sont transportées de +10° à +37° à l’étuve. Après un
nombre de jours égal à celui de l’incubation nécessaire aux Gre-
nouilles chauffées, les Grenouilles sont atteintes de tétanos mor-
tel. L'expérience peut réussir plusieurs mois après l'injection, si
la dose de toxine était un peu forte. Nos expériences ont été con-
firmées par un grand nombre d'auteurs, notamment par Metch-
nikoff.
d) Il faut chauffer les Grenouilles à +38° pour les rendre sen-
sibles à la toxine diphtérique. Nous avons observé des névrites et
de la myosite parenchymateuse interstitielle.
UT. Nous avons conclu de nos constatations que les Bacilles de
Nicolaïer et de Lœæffler ne fabriquent pas directement les toxines
tétanique et diphtérique. La culture filtrée, communément ap-
pelée toxine, ne contient, en réalité, qu’une substance soluble
non toxique d'emblée, mais capable d’engendrer la toxine aux
dépens de l'organisme récepteur. C’est l'organisme qui, sous l'in-
fluence des produits solubles du Bacille, est le véritable généra-
teur des toxines tétanique et diphtérique. Les produits sécrétés
par les Bacilles du tétanos et de la diphtérie sont pathogènes par
leur action fermentative et non par leurs propriétés toxiques.
L'incubation, chez l'animal injecté, correspond à une véritable
1394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
phase chimique, intermédiaire entre l'introduction des produits
microbiens et l'apparition des symptômes morbides (x).
SPERMATOGÉNÈSE CHEZ Plea minutissima L.,
par Raymoxp Poisson
Dans les mitoses spermatogoniales de Plea minutissima L., on
compte 23 chromosomes ; ce nombre représente le complexe di-
ploïde mâle de l’espèce.
Pendant la période d'accroissement le noyau passe par le stade
synapsis de Moore (1890) caractérisé par une grande contraction M
de la substance nucléaire. Un nucléole chromatique reste accolé
à la membrane du noyau. Gette phase est ensuite suivie par la
constitution d’un long spirème double, lequel présente un ou
plusieurs points de contact avec le nucléole chromatique. La fin
de la période d’accroissement est marquée par la segmentation
du spirème double. Chaque fragment évolue ensuite pour consti-
tuer une tétrade. Les principales phases de leur formation sont
représentées de gauche à droite (fig. x).
À la ones de la première division de neo on
compte 11 autosomes et 1 monosome (fig. 2, m); celui-ci se di-
vise à la première mitose maturalive ; mais il est souvent difficile
de le différencier des autosomes, car sa taille est sensiblement Ja
(1) C. R. de la Soc. de biol., 1893, p. 98; Archives de physiologie, 1895, p. 96:
T. de phys. et de pathol. gén, 1899; Revue de médecine, 1894.
?
+
L
32
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 135>
A _
même, Dans cette mitose 1 (fig. 3), les composants des létrades
se séparent.
À la mitose 2 on remarque que le monosome reste en dehors
de la couronne équatoriale (fig. 4 im) et passe indivis dans l’une
des spermatides tandis que les autosomes subissent une division
transversale.
Le genre Plea (constituant avec le genre Notonecta Ia famille
des Notonectidæ) présente donc un hétérochromosome ne possé-
dant pas de partenaire à la synapse (—hétérochromosome im-
pair), il diffère ainsi du genre Notonecta qui possède (Brown,
1920) (1), deux idiochromosomes, X, Y, se divisant séparément à
la mitose r et formant une dyade à la mitose 2, dont les composants
se séparent de telle sorte que la moitié des spermatides possèdent
X et l'autre: Y.
Un fait semblable s’observe Ron dans la famille des
Nepidæ : le genre Ranalra possède en effet un couple X, Y (Chic-
kering, 1918), et Nepa un hétérochromosome impair (Spaul,
1922).
Parmi les autres Hémipières aquatiques, j'ai constaté la pré-
sence d'un hétérochromosome impair chez Naucoris et Velia ; en
outre, Wilke (r907) a étudié le comportement d’un hétérochro-
mosome semblable chez Gerris lacustris, que j'ai retrouvé et étu-
dié chez G. thoracicus, argentata, najus, gibbifera.
Mes observations m'ont permis de vérifier que chez Plea, Velia,
Gerris, Naucoris, l'hétérochromosome se divise régulièrement à
la milose r et qu'il passe généralement (2) indivis dans l’une des
spermatides à la mitose 2 ; par contre, chez Nepa, c'est à la mi-
tose r qu'il passe indivis à l’un des spermatocytes de 2° ordre.
(Laboratoire de zoologie, Caen).
(1) Brown (r920) a étudié ces idiochromosomes chez N. glauca L.; je les ai
retrouvés chez N. maculaix Fab., furcata Fab., et viridis Delc.
(2) Certains faits anormaux observés chez Naucoris maculatus Fab. seront,
en effet, décrits ultéricurement.
1356 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
SUR L'ÉNERGIE NERVEUSE MOTRICE.
RÉPONSE A LA NOTE DE M. L. LApPicQuE : CADENCE
DE L'INFLUX MOTEUR VOLONTAIRE (1),
par Î. ATHANASIU.
Les conclusions de notre travail sur l'énergie nerveuse motrice,
présenté à la séance du 24 juin 1922, et surtout les fréquences.
vibratoires de 306 à 3oo par seconde, que nous avons attribuées
au système nerveux moteur, n'ont pas été admises par L. Lapie-
que. Les tracés que nous avions présentés représenteraient,
d'après ce physiologiste, non le rythme propre de l'influx ner-
veux moteur volontaire, mais l'inlrication d’une série d’influx,
rythimés à la cadence de quelques dizaines seulement par seconde.
Les recherches de Gotch (2), Keith Lucas (3), Pratt (4) et
Adrian (5), ont servi de base à L. Lapicque, non seulement pour
donner cette interprétation de nos tracés, mais aussi pour formu-
ler une nouvelle théorie de la mécanique musculaire. D’après
cette théorie, les faisceaux de fibres dont un muscle est composé, :
n'entreraient pas tous en action simultanément pour accomplir
un iravail donné, mais, au contraire, les uns après les autres,
comme les cylindres d'un moteur d'automobile, l’auteur considé-
rant ce décalage comme ayant une portée générale en mécanique.
Nous allons examiner les arguments apportés par L. Lapicque.
Î. Arguments d'ordre physiologique.
a) L. Lapicque considère comme démontré par les recherches
de Keith Lucas, et surtout par celles de Pratt, que la loi du tout
ou rien, formulée par Marey pour le myocarde, s'applique aussi
bien aux muscles du squelette. Qu'il nous soit permis de faire des
réserves formelles sur le bien-fondé de cette manière de voir,
car ni Keith Lucas, ni Pratt, n'ont tenu aucun compte, dans l'in-
terprétation de leurs expériences de la structure du muscle strié.
Ïls ont considéré les faisceaux (Keith Lucas) et les fibres muscu-
laires (Pratt) comme pouvant glisser librement les uns par rap-
port aux autres et dès lors ils ont cru que leurs tracés exprimaient
en grandeur réelle les contractions maxima de ces éléments,
comme s'ils eussent été libres. Or, les choses ne peuvent se pas-
ser ainsi Car les faisceaux et les fibres musculaires sont réunis
&
(1) L. Lapicque. C. R. de la Soc. de biol., 1922, t. LXXXVII, p- 424.
(2) Gotch. Journ. cf Physiol., 1902, t. XXVIII, p. 395.
(3) Keith Lucas, Journ. of Physiol., 1909, t. XXXVII, P. 116.
(4) Fr. Pratt. American Jeurn. of Physiol., 1917, t. XLIIT, p. 159 et t. XLIW,
Do TOO EEE pre
(5) Adrian. Journ. oj Paysiol., 1501, 1. LV, Rec
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Ms: Lu. LS: > où
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)
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1357
ie Ut AR N TDR seen et eee
entre eux par du tissu conjonctif très abondant et très serré. Avec
Dragoiu, nous avons pu démontrer il y a plus de dix ans, au
moyen de l’imprégnation par le nitrate d'argent réduit (méthode
de Cajal), que ce tissu conjonctif enveloppe chaque fibre muscu-
laire (sarcolemme) et qu'il pénètre même par son élément élasti-
que à l'intérieur de cette fibre pour constituer les disques clairs.
Si l’on ajoute à cela que chaque fibre musculaire est reliée de part
et d'autre au squelette par un tendon, on voit facilement que le
mouvement individuel d’une fibre, et même d'un faisceau de
fibres, ne peut être qu'infiniment petit ou nul. Dès lors, les con-
tractions que Lucas et Pratt ont enregistrées ne sont nullement
maximales mais, au contraire, limitées dans leur amplitude par
des conditions d'ordre mécanique.
Puisque la contraction partielle des faisceaux et des fibres mus-
culaires ne peut pas être maximale tant que ces éléments font par-
tie du muscle et puisque tout essai de dissociation les altère profon-
dément, il faut expérimenter sur le muscle entier et au lieu de
l’exciter par l'intermédiaire de son nerf moteur, appliquer les
électrodes humides de d’Arsonval à ses deux extrémités section:
nées. Nous pensons que, de cette manière, toutes les fibres mus-
culaires seront excitées à leurs extrémités par l'intermédiaire de
la solution physiologique, même si elles ne viennent pas en con-
tact immédiat avec les électrodes. En procédant ainsi et en par-
tant de l’excitant minimal on peut se convaincre que l'amplitude
de la contraction croît proportionnellement à l'intensité de l’ex-
citant, entre certaines limites. Les muscles du squelette n’obéis-
sent pas à la loi du tout ou rien qui régit le fonctionnement du
cœur. Contrairement au myocarde dont les fibres contractiles
forment un vaste réseau par leurs anastomoses et dont le travail
reste à peu près constant, chaque faisceau et chaque fibre des
muscles du squelette agissent individuellement sur la résistance
à vaincre ; l'effort produit résulte de la totalisation des efforts
élémentaires synchrones.
b) Le second argument de L. Lapicque c’est que le courant
d'action du muscle en contraction volontaire est incapable d’ex-
citer le nerf d’une patte galvanoscopique. Cela prouverait que les
actions des fibres musculaires ne seraient pas simultanées comme
dans le cas de l’excitation artificielle, mais au contraire se suc-
céderaient à de très petits intervalles. Nous avons cherché dans
quelles conditions le courant d'action d’une patte galvanoscopi-
que (P) pourrait provoquer la contraction d’une seconde patte (S)
(contraction induite). Nous avons inscrit dans ce-but : a) les rac-
courcissements des deux muscles ; b) leurs courants d'action :
c) les vibrations du trembleur de la bobine d’excitation.
Nos tracés montrent que si le courant d’excitation est très faible
Brorocte, COMPTES RENDUS. — 1992, T. LXXXVII. 03
1358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
(sous-minimal) il n’y a, dans les deux muscles, que des réponses
électriques, dont le rythme est exactement celui du trembleur de
la bobine. Dans ce cas, le courant d’excitation se propage dans
les deux pattes galvanoscopiques sans provoquer de contraction
musculaire, En augmentant l'intensité de ce courant, il vient un
moment où le muscle de la patte P, que nous appelons primaire,
se contracte, Sa réponse électrique représente son courant d'ac-
tion, Pour provoquer la contraction de la patte $, que nous appe-
lons secondaire, il faut augmenter de beaucoup l'intensité Gi
courant d'action de la patte primaire. |
Si nous mettons maintenant le nerf d’une patte galvanoscopi-
que sur un muscle de Grenouille vivante et si nous faisons les
mêmes enregistrements que dans l'expérience précédente, nous
voyons que le courant d'action du muscle en contraction volon-
taire se propage dans la patte galvanoscopique sans provoquer
sa contraction. Le cas est identique à celui mentionné plus haut
et dans lequel il y a contraction du muscle primaire seulement,
à cause de la faible intensité de l’excitant. Donc le courant d'’ac-
tion du muscle en contraction volontaire n'excite pas Île nerf
d'une patte galvanoscopique parce que son intensité est sous-
minimale, la force électromotrice de ce courant étant très faible,
c) La période réfractaire du nerf a été aussi invoquée par L,
Lapicque pour réfuter nos conclusions. Cette période aurait une
durée de 0”’,0025 à 0,003, suivant Adrian, ce qui rendrait à
peine possible la circulation dans le nerf moteur d'une énergie
nerveuse ayant de 300 à 5oo oscillations par seconde, Les déter-
minations que nous avons faites au moyen du galvanomètre à
corde, nous montrent que le nerf cherche à garder un rythme
propre quand il reçoit des excitations d'intensité uniforme, mais
de fréquence variable. Aïnsi, les réponses électriques du nerf scia-
tique du Cobaye et du Chien oscillent entre {oo et 800 fois par
seconde indifféremment, que le nombre d'excitations soit plus
petit (100 à 250) ou plus grand (1.000 à 2.500). Ces chiffres çon-
cordent avec ceux de Charpentier (1) qui a trouvé que les oscilla-
tions nerveuses engendrées par la faradisation unipolaire du nerf
avaient une fréquence voisine de 750 par seconde,
IT. Arguments d'ordre mécanique.
L. Lapicque trouve dans le moteur à plusieurs cylindres, une
image qu'il croit pouvoir appliquer aux muscles du squelette.
Nous estimons qu’un pareil, rapprochement n’est guère possible,
vu les conditions tout à fait différentes dans lesquelles travaillent
ces deux appareils. L'introduction de plusieurs cylindres et le dé-
calage de leurs explosions, dans le moteur de l’automobile répon-
(1) Charpentier. C. R. de l’Acad. des sc., 1899, t. CXXIX, p. 38.
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE _ 1359
dent à des besoins particuliers, à savoir : a) transformation du
mouvement rectiligne alternatif des pistons en mouvement cir-
culaire continu ; b) réduction au minimum de la masse du vo-
lant ; c) équilibrage des forces autour de l'axe du vilbrequin,
donc réduction au minimum des vibrations de l’automobile. De
plus, le travail de chaque cylindre est emmagasiné dans le volant,
qui fait ainsi office de collecteur de travail. Rien de tout cela
dans la machine animale ; elle utilise directement le mouvement
des muscles du squelette sans transformation autre que celle de
l’amplification par l'intermédiaire des leviers osseux. L’effort de
chaque muscle, de chaque faisceau et de chaque fibre musculaire,
est communiqué directement à ces leviers sans autre intermé-
diaire que leurs tendons respectifs qui ne sont que des cordes de
transmission inextensibles. Dès lors, le synchronisme est une
condition essentielle de leur travail, comme elle est essentielle
pour qu'une équipe de dix Hommes, par exemple, arrive à dépla-
cer un fardeau, au moyen d’un câble sur lequel ils tirent.
En résumé, les arguments de L. Lapicque ne modifient pas nos
conclusions sur l’énergie nerveuse motrice,
(Institut Marey).
ETUDE EXPÉRIMENTALE DE LA FERMETURE DE L'EXTRÉMITÉ
INFÉRIEURE DE L'OESOPHAGE (EPICARDIA ET CARDIA).
Note de R.-V. CABALLERO, présentée par E. GLey.
Résultats de l'examen œsophagoscopique. Epicardia. Les au-
teurs sont loin d'être d'accord sur le mécanisme de la fermeture
du cardia, ou, du moins, sur la manière dont le conduit æsopha-
gien est isolé de l'estomac. Même divergence d'opinions en ce
qui concerne les influences nerveuses, réglant l'ouverture et la
fermeture de cette partie du tube digestif (r).
Ces considérations nous ont sollicité à demander quelques pré-
cisions à l’examen œsophagoscopique et à l’expérimentation phy-
siologique. Nous résumons ici les premiers résultats de nos re-
cherches portant sur une vingtaine de Chiens, dont la taille va-
riait de 17-24 kgr.; ces animaux étaient à jeun depuis 24 heures.
Nous nous sommes servis de l'œsophagoscope de Brunning sim-
ple ou fermé avec une lame de verre ; l'instrument était introduit
(:) Cf. Chevalier-Jackson. Bronchoscopy and Esophagoscopy, Philadelphia.
p. 60, 1922. — Hill. Proceed of the roy. Soc. of med., 1919. — Hyrit. Lehrb.
d. Anat. d. Mensch., 1863. — Keith. Quarterly, Journ. Of Med Tor EE
baroff. Arch. für Anat., 1886. — Gottstein. Habilitationschrift, Breslau, 1902.
— Sappey. Traité d’anat., 1889. — Aufschneiter. Akad. d. Wissensch., Wien,
1894. — Jefferson. Journ. of Anat. and Physiol., 1915, — Strecker. Archiv.
f. Anat., suppl., 1905:
1360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
D NE APR Ce RER ER We ee ee
sous la narcose chloralosique, par une boutonnière pratiquée au
niveau de la région cervicale de l’œsophage. Dans un certain
nombre de cas, nous avons pratiqué l’œsophagoscopie rétro-
grade, c’est-à-dire par la voie gastrique. Dès que le tube pénètre
dans la portion thoracique de l’œsophage, on peut observer,
comme on le sait, un canal largement béant, dont les parois ne
s’accolent qu’au niveau de la traversée diaphragmatique. L'image
endoscopique rappelle, par sa forme et son aspect, l'orifice ex-
terne du col utérin (museau de tanche). Parfois, l’image est celle
d’une fente oblique dirigée de droite à gauche et d'avant en ar-
rière, ou celle d’une fente dirigée dans le sens antéro-postérieur.
Cette image varie, d’ailleurs, suivant les mouvements imprimés
à l’endoscope, l’amplitude des mouvements respiratoires, la po-
sition d'examen et l'irritabilité locale de la muqueuse. Il en est
de même en ce qui concerne l’état apparent de fermeture de cet
orifice, qui représente, d’après les auteurs américains, non pas le
cardia, mais l’orifice d’entrée de « l’épicardia », c’est-à-dire de ce
canal qui s'étend de l’hiatus diaphragmatique au cardia lui-même.
a) L'introduction du tube endoscopique, fermé par un disque
de verre, ne modifie en rien la béance du canal œsophagien, ni M
l’image de l’hiatus. Il ne peut donc être question d’accès d’air en.
dedans du conduit œsophagien, comme le prétendait Nadal (1).
b) Dès qu’on ouvre la cavité thoracique, ou qu'on incise de
chaque côté un espace interscostal, de manière à faire communi-
quer les cavités pleurales avec Peéienr. on voit l'æsophage se
« collaber » et l’image caractéristique en col utérin disparaître.
x
c) L’élargissement du canal diaphragmatique à travers lequel
passe le conduit œsophagien fait disparaître cette image.
d) L’excitation du phrénique gauche au cou ou dans son trajet
intrathoracique, aussi bien sur le Chien à thorax intact que tho-,
racotomisé, ne produit aucun rétrécissement pps de l’ori-
fice some sien du diaphragme.
e) L’excitation du bout central du vague, l’autre étant intact
sur le Chien à thorax intact, ne provoque des effets apparents
d'ouverture ou de fermeture de l'orifice diaphragmatique que
suivant l’action connue de ce nerf sur la respiration. De même,
l'excitation du bout périphérique ne provoque des effets analo-
gues sur le Chien à thorax intact, qu’en tant que l’action du va
gue sur le cœur et les muscles bronchiques retentissent sur la
pression négative. La section des deux vagues, à son tour, ne
provoque de changements endoscopiques de la fente que sous
l'influence des mouvements respiratoires. Aucun de ces effets ne
(x) Revue hebd. de laryng., 1909.
SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1361
se montre plus sur le Chien à thorax ouvert et à respiration arti-
ficielle.
f) L’excitation du bout périphérique des deux splanchniques
n'a d'effets appréciables qu'en tant que le thorax est intact. C'est
donc encore un effet indirect consécutif peut-être à son action sur
le tonus du diaphragme signalé par quelques auteurs (Kure, Hira-
__ matsu et Naiïto) (x).
g) Le curare n’a aucun effet sur l’image endoscopique normale
de l’hiatus sur le Chien à thorax fermé.
h) L’excitation des nerfs sensibles (récurrent, sciatique) ne mo-
difie l'image de l’hiatus qu'en vertu de son action réflexe sur la
respiration. Il en est de même pour le soi-disant réflexe oculo-
œsophagien (Pirazzoli) (2).
En un mot, tous ces effets disparaissent sur le Chien thoraco-
tonisé.
Ainsi, l'image endoscopique en col utérin de l’hiatus, ne dé-
pend ni de l’état de contraction sphinctérienne, ni des tuniques
œsophagiennes elles-mêmes, ni du canal diaphragmatique et
n'est pas sous la dépendance directe du système nerveux : il faut
en chercher la cause dans le fait que, les parois œsophagiennes
étant soumises à la pression négative intrathoracique qui s'exerce
sur sa face externe, l’œsophage est gêné dans son expansion par
la place restreinte que lui laissent les fibres du diaphragme à tra-
vers lesquelles passe le conduit. Ce qui paraît confirmer cette hy-
pothèse, c'est qu'au moment de l'inspiration, la fente de l’hiatus
s'éloigne de l'extrémité du tube endoscopique et ses lèvres s’écar-
tent l’une de l’autre. En s’abaissant, le diaphragme tire sur l’œso-
phage dont la courbure terminale se trouve redressée en même
temps que l’hiatus se déplisse. On voit, par contre, au moment
où le diaphragme remonte, la fente se rapprocher de l’endoscope;
les lèvres sont alors éversées et la fermeture paraît plus complète.
En somme, l’œsophage semble s’allonger et se raccourcir suivant
les mouvements du diaphragme. Au moment où le diaphragme
s’abaisse, il y a un appel d’air de l’estomac vers l’œsophage, ce
qui laisse sourdre des bulles d’air et de mucus provenant de la
cavité stomacale. On conçoit que c’est bien le recul du dia-
phragme lors de la déglutition qui doit favoriser la dilatation ou
le déplissement de l’entrée de l’épicardia. Tel serait le sens réel
de l’aspiration thoracique d’Arloing (3), ou du mouvement dit
respiratoire de la déglutition de Zwaardemaker et Kinder-
(x) Centralbl. f. Physiol., 1914.
(2) Radiologia medica, juillet 1921.
(3) Dictionnaire encyclopéd. des sciences méd., 1881 et C. R. de la Soc. de
biol., décembre 1883.
1362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
mann (1). Par conséquent, le bol alimentaire ne pourrait subir
un arrêt momentané dans sa progression (correspondant au
« temps cardiaque de Ranvier » (2) que devant l’épicardia et non.
devant le cardia, ainsi que nous le montre d’ailleurs la radiociné-
matographie (Schreiber) (3). C’est l’épicardia, voire la situation
élevée du diaphragme, qui est encore en cause dans la production
du deuxième bruit de la déglutition, bruit dit « d'expression »,
entendu parfois chez l'Homme, quelques secondes après le com-
mencement de la déglutition. On peut, en effet, suivant la posi-
tion donnée au diaphragme, provoquer, soît l’apparition, soit la
disparition ou l’atténuation de ce phénomène. Or, suivant
Meltzer (4), l'existence de ce phénomène prouverait que le cardia
reste normalement fermé et ne s'ouvre que lorsqu'il est atteint
par la contraction péristaltique ; son absence, par contre, dépen-
drait d’une insuffisance sphinctérienne. Ce ne saurait donc être
qu'une erreur d'interprétation. À
(Laboratoire de biologie générale du Collège de France).
(x) Ned. Tydschr. f. Geneesh., IF, n° 21, r908.
(2) Arch. f. Verdauungs-Krankh., 1911.
(3) Leçons d'anat. gén., 1880.
(4) Centr. f. Mediz. Wissensch., 1883.
#7
(38) 1363
sn
RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG
SEANCE DU 8 DECEMBRE 1922
SOMMAIRE
AmBarD (L.) et Caizzer (A.) : Mammifères hibernants....... JE)
De l’anesthésie au protoxyde CourRRER (R.) et GERLINSER
GO AeN Ll.:, 4x | (H.): Le cycle glandulaire de
AmBaARD (L.) et Scamn (F.): l’épithélium de l’oviducte chez la
Présentation d’un micro-uréo- Éener Essen dial 0 59
MÈUTO, cr cures cssecees sos 44 Fenny (G.): Secrétion lactée et
Benorr ie) : Sur les cellules développement anormal du tissu
interstitiellés du testicule du Coq adipeux après curé d'éventra-
domestique, Evolution et struc- tion et äppenditectomie chez une
BULB Ressources see 53 | nullipare esse res mme 49
Benoit (J.): Sur les rapports Scamip (F.): Comparaison des
quantitatifs entre le tissu inters- dosages de l’urée dans le sang et
titiel testiculaire, le tissu séminal dans l'urine par l’hypobromite
et la masse du corps chez les de soude et le xanthydrol,.,..., 39
Oiseaux et quelques Mammifèrés. 57 Scami (F.): Teneur comparée
Bexort (J.): Sur une méthode en glycose du plasma et du sang
* permettant de mesurer la masse AT TE A OT Een PR
absolue du tissu interstitiel testi- Simon (H.)$Recherches sur la
culaire::,5::::,.: HO TO ID ODA 55 destinée des transplants osseux
Cournisr (R.) : Le cycle géni- chez la Souris, ss ssésssssesses 47
talj de la femelle chez certains
Présidence de M. G. Weiss.
LE CYCLE GLANDULAIRE DE L'ÉPITHÉLIUM DE L'OVIDUOTE
CHÉZ LA CHIENNE,
par À. CoùRRiIER et H, GERLINGER.
L’'histophysiologie génitale des Mammifères révèle que diffé-
rentes parties de l'organisme femelle sont capables de présenter
certains processus cycliques conditionnés par l'ovaire, De telles
ycnq
modifications ont été décrites au niveau de la glande mammaire,
de l’utérus, du vagin, etc...
Les recherches de quelques auteurs ont montré que l’oviduete
1364 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (34)
PT ae A Ce D A à
n’est pas seulement un conduit vecteur permettant à l’œui issu
de l’ovaire de gagner l'utérus, mais que cet organe possède égale M
ment une fonction glandulaire. R. Moreaux (1) découvrit, il y am
quelques années, qu’il existe, chez la Lapine, un rapport étroit
entre des périodes bien définies de la vie génitale et les diverses M
phases du cycle glandulaire dont l’épithélium de la trompe est le
siège. Quand l'ovaire ne renferme ni follicule mûr, ni corps
jaune, les cellules tubaires sont ciliées et ne secrètent pas. La
phase d'élaboration des grains de sécrétion coïncide avec la pré-
sence de follicules mürs ; la phase d’excrétion débute après la
ponte ovarique alors que les corps jaunes se développent. D’après
l’auteur nancéien, les phénomènes glandulaires de l’oviducte de
la Lapine sont sous la dépendance de l'ovaire.
La trompe fait donc partie de l’ensemble anatomique qui réagit
aux hormones ovariennes.
L'étude de l’oviducte de la Chienne nous a montré que les cel.
lules qui en constituent l’épithélium présentent un cycle sécré
toire plus net encore que chez la Lapine. Ce cycle est en rapport:
avec l’état de l’ovaire, aussi nous jugeons bon de le faire connaî-
tre d'autant plus que chez certains animaux de laboratoire,
comme la Souris (2) ou le Cobaye, il est difficile de mettre un tel M
cycle en évidence. ‘4
Les observations de Bischoff (3), de Bouin et Ancel (4) et de «
Van der Stricht (5) ont montré que le corps jaune commence déjà
à se constituer avant la rupture folliculaire chez la Chienne ; la.
granulosa se vascularise et se transforme en tissu lutéinique. d
Si l’on examine la trompe d’une Chienne dont les ovaires ren-
ferment des follicules mürs, on voit que l’épithélium tubaire est
constitué de cellules très hautes se présentant sous des apsects di-
vers. Les unes sont munies d’une garniture ciliée et possèdent
dans leur cytoplasme de longs chodriocontes très grêles ; d’autres
ont un chondriome granuleux ; d’autres enfin ont perdu la gar-
niture vibratile, leur pôle apical fait hernie dans la lumière du
canal et renferme des granulations sécrétoires.
Si l’on étudie ensuite l’oviducte d’une Chienne dont l'ovaire
possède des corps jaunes en période d'état, on constate que les
cellules entrent dans une phase de repos. Elles n’ont plus de gar-
niture ciliée, elles ne renferment plus de grains de sécrétion; leur
chondriome est représenté par des granulations qui se gonflent.
(x) Archives d'anatomie microscopique, février 1913.
(2) Dans un travail sur la Souris (Am. Journ. of Anatomy, mai 1922), E. AI:
lea rend compte qu'il lui fut impossible de trouver une corrélation entre la
sécrétion tubaire_ et une phase de 1? « œstrous-cycle ». AT . <
(8) Entwicklungsgeschichte des Hunde-Eies, Braunschweig, 1845.
(4) C. R. de la Soc. de biol., p. 315, 1908.
(5) C. R. de l’Ass. des anatomistes, 1908.
_… dei id sbasit
(35) _SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1365
6 UP MR as 2
et se vacuolisent. On voit apparaître dans leur cytoplasme quel-
ques gouttelettes osmiophiles qui prennent sans doute naissance
au dépens des mitochondries en dégénérescence.
Examinant enfin la trompe d’une Chienne ayant des corps jau-
nes en régression, on trouve un épithélium constitué de cellules
excessivement basses, sans garniture vibratile ; le protoplasme
très peu abondant contient des grosses boules de graisse osmio-
phile et un chondriome réduit à quelques mitochondries. La cel-
lule a nettement l'aspect d’un élément au repos ; les granulations
sraisseuses ne sont donc pas le produit d'élaboration d'une acti-
_ vité glandulaire.
Conclusions. L’épithélium tubaire de la Chienne présente un
cycle glandulaire d’une netteté remarquable qui est en relation
chronologique avec les processus ovariens : période d'activité
glandulaire quand l'ovaire renferme des follicules mûrs, phase
de repos qui débute au moment où le corps jaune est en période
d'état (x). La sécrétion de l’oviducte existe donc au moment où les
produits sexuels parcourent ce conduit.
L'étude de ce cycle apporte des données cytologiques intéres-
santes. La cellule qui entre en repos n’a pas de garniture vibra-
tile, son chondriome dégénère en grande partie ; dans son cyto-
plasme apparaissent des enclaves osmiophiles qu'il ne faudrait
pas prendre pour le produit d’une activité sécrétrice. Elles repré-
sentent probablement un processus de dégénérescence du chon-
driome au sein d’un élément ayant terminé son cycle sécré-
toire (2).
(Institut d’histologie de la Faculté de médecine).
LE CYCLE GÉNITAL DE LA FEMELLE CHEZ CERTAINS MAMMIFÈRES
HIBERNANTS,
par R. Courrier.
Dans ces dernières années, la physiologie génitale femelle fut
étudiée surtout par des chercheurs américains parmi lesquels
nous citerons Stockard, Papanicolaou, R. Selle, pour le Cobaye ;
Long, Evans, Bishop, Ishïi pour le Rat; Allen pour la Souris.
(:) L'un de nous (Gerlinger, C. R. de la Soc. de biol., juillet 1922) a décrit
récemment un cycle glandulaire au niveau de l’épithélium utérin de la Chienne.
(2) Ce processus est à rapprocher de celui que l’on remarque au niveau du
corps jaune et de la glande interstitielle de l’ovaire ou du testicule. Il est en
effet fort probable que les gouttelettes graisseuses qui se forment à un mo-
ment donné dans ces éléments ne représentent pas le produit actif, mais
indiquent plutôt la fin d’un cycle glandulairc.
1366 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG | (36)
Tous sont d'accord pour conclure qu'il existe, chéz les animaux
envisagés, un cycle sexuel en dehors dé la gestation, Cet « oes-
trous-cycle » se divise en plusieurs phases, caractérisées chacune
par un ensemble de modifications siégeant au niveau de l'ovaire,
dé l’oviducte, de l’utérus et du vagin. C’est ainsi que chez le Rat
ou la Souris le cycle sexuel évolue en 4 ou 5 jours, chacune des
périodes qui le constituent ne durant pas plus dé quelques heures.
L'étude de modifications se succédant aussi rapidement n’est pas
toujours commode ; elle fut facilitée le jour où Evans et Bishop
bloquèrent l’œstrous-cycle en traitant les animaux par un régime
pauvre en vitamine À liposoluble. Les ovaires des Rats soumis à
une telle alimentation ont des follicules qui se développent, mais
qui sont incapables de se rompre ; il y a donc absence totale
d'ovulation.
La Chauve-souris (Vesperugo pipistrellus) est intéressante à
étudier à ce point de vue, car son éycle sexuel n'évolue pas en …
quelques jours, mais en une année entière et l'une des phases qui
composent ce cycle annuel a üñe durée qui n’est pas inférieure à
7 mois ; l'analyse des modifications qui caractérisent cette période
est donc rendue très facile, La Pipistrelle a une seule ponte ova-
rique par an ; elle a lieu vers mars-avril ; la gestation se termine
en juillet-août. Entre le mois de septembre et l’époque de la ponté
s'écoule un long intervalle caractérisé par les phénomènes qué
nous allons décrire.
Au cours de toute cette période la femelle est en rut; on sait
en effet, depuis les observations de A. Robin, qu'il y a des acéou-
plements successifs en automne, pendant les beaux jours de l’hi-
ver et au printemps (1). À la même époque, l'utérus et la trompe
secrètent très activement. Nous avons montré déjà qu'il existe
des processus glandulaires très nets au niveau des épithéliums
utérin et tubaire de la Chauve-souris hibernante. Ces sécrétions
servent de matériel nourricier aux spermatozoïdes qui séjournent
plusieurs mois dans les organes femelles (2). Enfin, on note, pen-
dant l’automne et l'hiver, une forte hyperplasie suivie de kérati-
nisation au niveau de l’épithélium vaginal, de sorte que le vagin
est bientôt complètement oblitéré par un véritable bouchon cor-
né. Ceci est l’exagération d’un processus qui se passe normale-
ment chez les Rongeurs ; mais cette phase étant très courte chez
ces animaux, l’oblitération vaginale ne peut se faire puisque la
phase suivante du cycle amène une forte desquamation.
En résumé, la Chauve-souris présente pendant une durée de
(x) Pendant l’hibernation, la glande séminale du mâle est au repos, mais
il possède uïñe résérve de sperme dans l’épididÿme et une slande intersti-
telle testiculaire en activité.
(2) C. R. de la Soc. de biol., janvier 1950, février 1920, mars 1921.
(37) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1367
7 mois environ les phénomènes suivants : rut, sécrétion de l’uté-
rus et de l’oviducte, hyperplasie et kératinisation de l’épithélium
vaginal. Or, ces différents processus ont été signalés au cours de
la première phase de l’œstrous-cycle ; on peut dire qu'ils carac-
térisent ce que Heape avait appelé le pré-œstrum. Il est intéres-
sant de noter que cette phase, qui ne dure que quelques heures
. chez le Cobaye, la Souris et le Rat, subsiste pendant de longs mois
chez la Pipistrelle. Chez les animaux étudiés jusqu'ici, le pré-
œstrum apparaît au moment où l'ovaire renferme des follicules
mürs, et, d’après plusieurs auteurs, ces derniers joueraient un
rôle essentiel dans le conditionnement de cette phase du cycle
sexuel. Le follicule müûr n'est certainement pas en cause chez la
Chauve-souris ; l’ovisac qui effectuera sa rupture au printemps
peut déjà, à partir des mois de septembre ou octobre, se distin-
guer des follicules voisins grâce à ses dimensions plus considéra-
bles, cependant, il n’a pas atteint sa maturité, car il est plus petit
qu'un follicule mür et ne renferme pas encore de liquide follicu-
laire. Nous avons d’ailleurs trouvé des Chauves-souris, en no-
vembre, qui avaient un utérus gorgé de sperme ; elles avaient
donc subi déjà des rapprochements sexuels ; l'examen des ovaires
montra des ovisacs de taille moyenne, aucun d'eux ne ge distin-
guait par un volume plus considérable, Le follicule mûr ne con-
_ ditionne donc pas les chaleurs ni le pre-æstrum puisqu'il n'existe
pas à ce mornent.
Au contraire de ce quise passe chez les Mammifères non hiber-
nants, où le rut semble toujours coïncider avec la présence dans
l’ovaire de follicules mürs, les chaleurs chez la Chauve-souris
n'ont rien à voir au point de vue de leur conditionnement avec
l'existence d’ovisacs mürs dans l'ovaire. Selon toute hypothèse, il
faut attribuer la cause du rut non pas à la réplétion du follicule,
ni aux cellules germinatives qu’il renferme, mais à un autre fac-
teur qui apparaîtrait dans les ovaires plusieurs mois avant la ma-
turité des follicules chez la Pipistrelle et juste au moment de cette
maturité chez les autres Mammifères.
(Institut d'histologie de la Faculté de médecine).
TENEUR COMPARÉE EN GLYCOSE DU PLASMA ET DU SANG TOTAL,
par F. Scamir.
A
L'accord est loin d'être fait sur la valeur comparée du sucré
dans le plasma et dans le sang total, et ces divergences provien-
nent de ce que, selon les auteurs, la quantité de glycose contenu
dans les globules rouges pourrait être très différente de celle du
1368 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (38)
plasma. À notre avis, au moins dans les conditions courantes
d'examen, la concentration de glycose est la même dans le plasma … |
et dans le sang total et, par conséquent aussi dans les globules
rouges. Dans cette question, le seul point important est, comme.
nous allons le voir, le fait qu'on hémolyse ou qu'on n’hémolyse
pas les globules rouges avant de pratiquer le dosage. Rona et
Michaelis ont déjà insisté sur l'importance de l’hémolyse, mais
leurs travaux ne semblent pas avoir été pris en considération dans
{a plupart des recherches récentes (x).
Toutes les méthodes de dosage du sucre exigent une défécation
préalable du sang. Cette défécation se fait soit par précipitation
de l’albumine à l’aide d’un réactif, comme par exemple le réactif
de Patein dans la méthode de dosage de Bertrand, soit, et c'est le
cas pour la micro-méthode de Bang, à l’aide d’une solution qui
extrait le sucre tout en fixant les albumines sur un papier.
Ce que nous voulons faire remarquer, c'est que dans toutes les
méthodes, les albumines sont coagulées. Or, si on met les globu-
les rouges au contact d’un déféquant, les albumines sont coagu-
lées à la surface des globules de sorte que leur contenu se trouve
englobé dans une coque épaisse ; c'est ce qu'ont vu récemment
Etienne et Vérain sur des préparations microscopiques de globu-
les rouges mis en contact avec de l’acide trichloracétique (2). On
comprend que, dans ces conditions, le sucre contenu à l'intérieur
des globules ne diffuse que très lentement et que, si on élimine
ces globules coagulés comme on le fait en pratique, soit par fil-
tration ou centrifugation, soit par fixation sur un bout de papier,
on élimine en même temps le glycose contenu dans les globules.
Dans ce cas, le dosage portera, non pas sur le sucre du sang total,
mais uniquement sur le sucre contenu dans la partie liquide du
sang. |
Nous avons pratiqué une série de dosages comparatifs sur plas-
ma fluoré et sur sang total en ayant soin de réaliser une hémolyse
parfaite avant de coaguler les albumines. Notre procédé de do-
sage, qui est celui de Fontès et Thivolle (3), avec quelques modi-
fications, et qui utilise la défécation par l’acide tungstique, per-
met aisément d'obtenir une hémolyse complète. 1 c.c. de sang
est dilué par 17 c.c. d’eau distillée; puis on ajoute r c.c.
H?S0* 2/3 N, qui hémolyse presque instantanément ; ce n’est
qu'en dernier lieu qu'on ajoute le tungstate de soude (r c.c.),
pour ne précipiter les albumines qu'après laquage complet. En
pratiquant ainsi les dosages sur le sang parfaitement hémolysé,
nous avons toujours obtenu des résultats concordänt rigoureu-
(1) Biochem. Zeitschr., 1909, le XVI, pp. 60 à 67. Ce travail nous a été
signalé par le Pr Léon Ecr
6) G: R. de la-Soc. de biol., t. LXXXVI, n° 7, 1922, p. 394 et 395.
(3) C. R. de la Soc. de Éibi t. LXXXIV, n° 13, pp. 669 à 672.
REA TS
(39) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1369
sement avec ceux que nous avaient donnés les dosages sur le
plasma débarrassé préalablement des globules. Les dosages ont
été faits en double.
Plasma p. 1000 _Sang total p: 1000
HOPATÉDAIES SLAVE, Lee eee ee 1,08 1,08 1,04 1,08
DAS MIELRROEMOl A eereu-ce + e 1,04 1,04 1,00 1,04
3° Tuberculose pulmonaire ........ 0,92 0,92 0,92 0,92
4° Diabète sucré ...... Elo robe 1,85 1,85 1,80 1,80
DSP ENOnMal et Messiaen e 0,88 0,88 0,88 0,88
6° Tuberculose généralisée ........ 1:22 1,26 1,22 1,26
AE ROMA ue cc ce 0,96 0,96 0,92 0,96
AOMDIADÉLERSUCTÉ re mepeue se se 2,05 1,09
Il va sans dire que lorsque, chez un sujet, la glycémie subit des
variations brusques dans le sens d'une augmentation ou d’une
chute rapide, il puisse se faire que la teneur en sucre des glo-
bules et du plasma présente des variations passagères. Mais
comme nous ne savons rien sur la vitesse avec laquelle se fait
l'équilibre entre plasma et globules, nous ne sommes pas en état
de nous prononcer sur l'intérêt pratique de ce fait. Tout ce que
nous pouvons affirmer pour le moment, c’est que chez un sujet
dont la glycémie est stable — et c’est le cas lorsqu'on fait la prise
de sang le matin à jeun, — la teneur en sucre est identique dans
les globules et dans le plasma.
(Institut de médecine expérimentale We la Faculté de médecine).
COMPARAISON DES DOSAGES DE L'URÉE DANS LE SANG ET DANS L'URINE
PAR L'HYPOBROMITE DE SOUDE ET LE XANTHYDROL,
par F. Scamm.
Plusieurs objections ont été faites à la méthode par l’hypobro-
mite, à savoir que, d’une part, le volume gazeux dégagé dans la
réaction est influencé par la température, la pression baromé-
trique, etc., et que, d'autre part, l'hypobromite décompose des
substances azotées autres que l’urée.
Pour lever la première de ces objections, nous en sommes re-
venu au procédé classique qui consiste à doubler le dosage de re-
cherche d’un dosage immédiatement consécutif qui est effectué
sur une quantité daninée d’une solution titrée d’urée (1), quan-
tité qu'on choisit telle que le volume gazeux dégagé se rapproche
(1) La solution d’urée URL de thymol conserve son titre invariable
pendant plusieurs mois.
1370 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (40)
autant que possible de celui qui avait été constaté dans le dosage
de recherche. Les mêmes facteurs intervenant dans les deux do-
sages, il n’y a plus lieu d’en tenir compte et voici la manière dont
nous interprétons les résultats : : |
5'çc.c. d'urine dégagent ......., Fer Te 4,05
5.e,c. de solution d’urée à 1,95 p. 1000 dégagent ...,.. 3,95
Donc : 3,98 de gaz correspondent à ..... ..... 5 X 1,95 = 9,75 megr, d’uréen
5 X 4,05 :
et 4,05 de gaz correspondent à ..,........ : er = 10 mgr. d’urée
ù l
Pour connaître la valeur de la seconde objection, nous avons
soumis un certain nombre de substances azotées à l’action de
l’hypobromite et nous avons observé le dégagement gazeux au
point de vue quantité et rapidité de dégagement,
____ Quantité de gaz dégagé en
5 mm. _ 10 min. ° 15 min.
Solution d’urée pure à 2 p. 1000 ...... ME ,x
Oxalate d’ammoniaque n/100 ............ mL D
Solution d'alanine À 1 p. 1000 ......-. <<o,05 0,1
Acide hippurique à 1 p. 1000 ,......,.... a,0 0,0
Acide urique à 0,8 p. 1000 ..,,... DH odor 0,0 0,29 0,45
De ces expériences, il ressort que si pour l’urée et l’'ammonia-
que le dégagement se fait presque instantanément, la décompo-
sition complète étant terminée au bout de 5 minutes, par contre,
la décomposition des autres substances azotées examinées est une
réaction lente. Ces constatations nous ont conduit à penser qu’en
défalquant des résultats globaux donnés par l’hypobromite la
valeur d’ammoniaque trouvé dans le liquide nous devions obtenir
la valeur exacte de l’urée seule contenue dans le liquide organi-
que (r). Les expériences que nous allons relater montrent qu'il en
est bien ainsi ; dans ces expériences, nous donnons comparative-
ment les quantités d’urée dosée directement par le xanthydrol,
méthode réputée rigoureusement exacte, et les quantités d’urée
calculées d’après le dégagement d'azote total dont nous défal-
quons l’'ammoniaque. Notons expressément que la durée d’agita-
tion a été de 5 minutes, suffisante pour décomposer totalement
l'urée et NH° et insuffisante pour décomposer notablement les
autres substances,
(x) C’est à une conclusion analogue qu'est arrivé J. Philibert. Dosage exact
de l’urée, de l’ammoniaque et des amino-acides urinaïres, après précipita-
tion de l’ammoniaque (Journal de pharmacie et de chimie, XXIV, t. I,
pp. 5 à 12, et t, IT, pp. 49 à 58, rg2r).
(41) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1371
_—__ "Co — —
Gaz tolal
exprimé en NH4 exprimé Hypobro-
urée en urée mite Xanthydrol
HN AIG DEC. resrsomser ve nel ot 23,40 1,44 21,96 22,28
Urine de 24 heures .............. DR UD 0,60 0,19 9,07
Demeniraiche ............,....,:,. 11,08 0,60 10,98 11,09
Ünne ATOS MERS RER EE 20,88 0,72 20,16 20,56
Haine fraîche .:..,...,..,... HD onUr 18,60 0,645 17,95 17,89
DÉemamnAIM éusius eee ne niiey 0044 0,010 0,334 0,330
Sérum datant de quelques heures ..,. 0,314 0,007 . 0,3065 0,918
Sérum conservé 16 h. à la glacière .. 0,376 0,0135 0,3625 0,3b/4
Sérum conservé 24 h. au laboratoire. 0,39 0,033 0,357 0,308
Sérum conservé 24 h. au laboratoire. 0,4136 o0,0285 a,3851 0,337
Plasma frais ........,,...,,.,,.,.., 2.408 : o,o10 2,395 2,860
PIS DA ae dore aie eo dune» 0,246 0,0075 0,338) 0,364
Nous voyons ainsi qu'en dosant par l'hypobromite l'azote d'un
liquide organique débarrassé de ses albumines et en en défal-
quant simplement l’azote ammoniacal, on obtient des résultats
très sensiblement identiques à ceux du xanthydrol, Seuls font
exception les dosages pratiqués sur de vieux sérums, ce qui nous
montre l'importance qu’il y a d'utiliser du matériel frais.
Le taux de l’ammoniaque sanguine étant remarquablement
constant (5 à 6 mer. par litre), on peut, en pratique, se passer
d'un dosage d'ammoniaque dans le sang; pour avoir une approxi-
mation suffisante il suffit de retrancher 10 mgr. du taux de l'urée
trouvé par l'hypobromite. Comme le taux de l’'ammoniaque uri-
naire est loin d'être aussi constant que pour le sang, on peut
pour l'urine difficilement se passer du dosage d'ammoniaque si
on tient à des résultats précis.
(Institut de médecine expérimentale et de pharmacologie
de la Faculté de médecine),
DE L’ANESTHÉSIE AU PROTOXYDE D'AZOTE,
par L. AmBarnn et À, CAILLET,
L'étude précise de l’anesthésie à l'air libre exige qu’on distin-
gue avec Lorain deux périodes, d'installation et de stabilisation
du sommeil, Dans la phase d'installation les phénomènes se dé-
roulent ainsi,
On commence par sidérer le sujet par du protoxyde pur, puis,
dès que la cyanose s’acouse, on donne un mélange de protoxyde
et d'oxygène, mélange qui doit être assez pauvre en oxygène pour
qu'une cyanose marquée soit maintenue. Une ou deux minutes
après la pose du masque la conscience du sujet et sa sensibilité
A
sont déjà amoindries ; mais à ce moment il n’y a pas encore de
1372 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (42)
véritable sommeil ; le sujet qui ne réagit pas à la pression du
lobule de l’oreille par une pince, réagit à la section de la peau
par le bistouri, de plus tous ses réflexes sont encore vifs. Ce n’est
qu’au bout de 10 à 15 minutes d'administration de protoxyde et
de maintien de la cyanose que le sommeil est profond. Alors
commence la seconde phase : celle de la stabilisation.
Une fois le sommeil nettement installé, l’anesthésie peut être
maintenue sans cyanose, sans administration de protoxyde, uni-
quement avec de l’oxygène. Etant donné que l’appareil, où res-
pire le sujet, est incomplètement étanche et laisse perdre cons-
tamment le protoxyde éliminé par l’organisme et que l'oxygène
inhalé est rendu sous forme de CO?, on conçoit que, très rapide-
ment, dans cette seconde période, c’est. l’acide carbonique qui
doit être l’agent anesthésique essentiel. On pourrait penser, il
est vrai, que le sujet ne continue alors à dormir que par les effets
prolongés de la narcose antérieure ; mais on se rend compte qu'il
n’en est rien en enlevant le masque : dès que le sujet respire à
l'air libre il ne tarde pas à se réveiller, tandis qu'avec le masque
le sommeil peut se prolonger longtemps, 1 heure et plus.
À première vue, il semble donc que l’anesthésie à l’air libre
s'établisse par le protoxyde, l’anoxhémie et peut-être CO?, et
qu’elle soit entretenue par CO?.
Nous allons maintenant essayer de nous rendre compte du rôle
qu’on peut attribuer à chacun de ces divers agents dans les deux
phases de l’anesthésie. Dans la première phase, il est difficile de
faire des dosages tout à fait significatifs de la composition de l’at- M
mosphère inhalée par le sujet, car on la fait varier constamment
pour les besoins d’une prompte anesthésie. Ce qui nous a frappés
cependant, c’est la forte teneur en acide carbonique et la teneur
relativement faible en protoxyde du mélange inhalé, malgré l’ad-
ministration fréquente de ce dernier gaz. C’est ainsi que les do-
sages faits entre la 3° et la 12° minutes nous ont donné, dans plu-
sieurs anesthésies, les résultats suivants (+) :
C02 de pe N20
33 30 37
6x £ (EE 30
bo 12 ; 38
à _ 56 É 23 21
GTA 20 19 ‘
Si nous rappelons que le protoxyde n’est anesthésique qu’à la.
(x) Le protoxyde N20 a été estimé par différence entre le volume du
mélange gazeux et sa teneur en O2+COZ2. Nous ferons remarquer que l’oxygène
commercial contenant une proportion d’azote sensible, les proportions de
protoxyde indiquées par nous sont des valeurs maxima ear c’est nécessaire:
ment N+N20. e
La
“æ,
(43) (SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1373
pression partielle d'au moins 76 cm. de Hg., on voit que le pro-
toxyde ne peut pas être considéré ici comme l'agent unique du
sommeil. Si nous remarquons d'autre part, comme l'ont vu d’ail-
leurs tous les anesthésistes, qu'il faut nécessairement cyanoser le
sujet pour l’endormir, on est amené à penser que, dans la pre-
mière phase de l’anesthésie, l’anoxhémie joue un rôle capital.
Quant au rôle de l’acide carbonique, on doit le considérer comme
important, étant donné sa concentration ; il est vraisemblable
qu'il surajoute ses effets à ceux produits par N°0. et l’anoxhémie.
Examinons maintenant comment les effets particuliers de ces
divers agents concourent à l'installation de l’anesthésie.
À notre avis, le rôle capital doit être dévolu à l’anoxhémie.
C’est elle qui détermine une modification durable et profonde du
système nerveux telle qu’ensuite, dans la seconde période, l'acide
carbonique suffise à entretenir l’anesthésie. Pour ce qui est du
protoxyde son rôle se bornerait à être celui d'un sédatif du sys-
tème nerveux. Il permettrait au sujet de supporter sans souf-
france l’anoxhémie prolongée nécessaire à l'installation du som-
meil. Enfin, peut-être déjà à cette période le CO? agirait-il comme
narcotique. Mais, pour ce dernier gaz, nous croyons qu'il joue
encore cet autre rôle très important, d’exciter les centres respira-
toires et de s'opposer à l’action paralysante exercée sur le proces-
sus mis en jeu pour amener le sommeil. Nous ne pouvons étayer
cette dernière supposition que sur une seule observation, mais
celle-ci à été si saisissante que nous devons en faire état. Alors
qu'au cours de près de trois cents anesthésies au protoxyde con-
duites toujours par le même anesthésiste (M. Lorain), celui-ci
n'avait jamais eu d'accidents respiratoires, il a suffi d’absorber
CO? dans le ballon de l'appareil pour que, dès le début de l’anes-
thésie, le rytme de la respiration se ralentisse considérablement
et que dès la 6° minute le sujet tombât en apnée complète.
Pour ce qui est de la seconde phase, il y a tout lieu de croire
que le protoxyde est hors de cause, puisqu'on n’en donne plus.
L’acide carbonique paraît être l’agent efficace. Mais peut-être, ici
encore, l’acide carbonique est-il aidé par une anoxhémie relative,
car bien qu'il ne s'agisse plus, dans cette période, de la cyanose
marquée du début, il nous a paru que les téguments n'avaient
pas leur teinte naturelle. Dans cette seconde phase, les dosages
faits au cours de différentes anesthésies nous ont donné les résul-
tats suivants (Tr).
: (x) Pour les valeurs de N20 indiquées ici, nous ferons les mêmes réserves
que dans la note précédentes. en ajouiant, de plus, qu’elles comprennent
certainement des valeurs encore plus élevées en azote, provenant de ce que.
dans les mouvements d’inspirations, de l’air entrait sous les bords du masque.
Biococte. Cov--—- rENnus. — 1922. T. LXXXVIT. 94
15 14 | RÉUNION BIOLOGIQUE BE STRASBOURG (443
(GC2 "AD : 220
Après 6 minutes de O? pur :....... dede DT Ho: 18
Après 20 minutes de G? pur ............ 43 43 14
Après 10 minutes de O? pur ……...…......… 49 25 26
Après 35 minutes de O? pur ............ 46 __# 26
x
En résumé, à notre avis, l’anesthésie au protoxyde d’azote à
l'air libre serait réalisée de la manière suivante : dans la première
phase, l’action sédative du protoxyde permet d’anoxhémier le su-"
jet et de lui faire respirer GO? à fortes concentrations. Une fois
le système nerveux modifié d'une manière durable par ces der-
niers agents, le protoxyde est inutile, l'anoxhémie, ou du moins «
l’anoxhémie marquée, est ‘également inutile et le sommeïl est
entretenu uniquement par CO? (x).
(Hôpital Saint-Joseph, Paris).
PRÉSENTATION D'UN MICRO-URÉOMÈTRE,
par L. AmBaRp et F. ScHMin.
L'appareil que nous présentons est du type avec calotte en
caoutchouc présenté il y a plusieurs années par Hallion et d'un
de nous, mais très réduit de capacité. La figure ei-jointe le mon-
tre en Érandeur réelle (2).
On Dulise de la manière suivante. He d’abord ‘par une char-
se convenable en billes de verre, on réduit sa capacité à 6 ou |
6, c.c. Ensuite, on y introduit 4 c.c. du liquide à «examiner et
on lave la cupule supérieure avec 0,5 c.c. d’eau. Gn vide soi
gneusement l'appareil de Pair qu'il contient en refoulant le Hi
quide vers le haut par une pression sur la ealotte de caoutchouc.
Pour éviter que des bulles d'air ne restent adhérentes aux billes
de verre on secoue l'appareil et l’on chasse, s'il y a lieu, au moyen
de la manœuvre précédemment indiquée, les bulles d’air qui sem
sont détachées des billes de verre. On ajoute 1 e.c. d'hypobromiteh
de soude de la formule Yvon. À la fin de ces opérations, la calotte. .
(1) Nous-avons essayé d’endormir d'emblée deux sujets par (CO? et l’anoxhè
mie. Ils se sont plaints de gêne xespiratoire «et -ont présenté une agitation
telle, qu'il a fallu donner du protoxyde. Dans une autre tentative, mous
avons essayé de LHpase l’action du protoxyde par celle de 1/4 de amgr. de .
scopolamine ct de 1/2 cgr. de morphine et d’endormir le Sujet d'emblée \
par CO? et l’anoxhémie, cet essai à également échoué,
L'anesthésie directe au protoxyde d’azote est cependant possible chez les
Mammifères supérieurs : elle a :été souvent utilisée par Grehant et Nicloux
pour anesthésier le Chien, Voir J. Banes. Inhalations prolongées -d'acide car
bonique. Thèse de la Facutté de médecine de Paris, 1897. Les auteurs prévités,
signalent que l’anesthésie directe au CO? débute par une phase convulsive
et est parfois suivie d'accidents.
(2) Leune. Constructeur, 28 bis, rue du Cardinal-Lemoine, Paris.
_ (45) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1379
A ——
ne doit être qu'incomplètement relächée de manière à permettre
le libre dégagement des gaz. On agite d'une manière presque
continue pendant 5 minutes et on recueille les gaz sous la cuve
à eau dans un tube mensurateur. Le tube est évasé inférieure-
ment en entonnoir et gradué en demi-dixièmes de c.c. En rai-
son de sa capillarité, les gaz n'y pénètrent pas spontanément ; on
les y fait entrer en usant de l’artifice suivant, déjà utilisé par Ni-
cloux en pareil cas. On introduit dans le tube un fil d'argent ou
de cuivre et sans tarder les gaz s'engagent le long du fil. Le tube
mensurateur doit être nettoyé intérieurement pour éviter les
gouttes adhérentes et les erreurs de lecture. L'usage de la cuve
à eau pour lire le volume des gaz est inutile, du fait que sous
l'influence des effets de capillarité l'eau sous-jacente au gaz ne
sort pas du tube. De plus, si l’on désire diminuer la hauteur de
cette petite colonne d’eau, il suffit d'introduire dans le tube men-
surateur une petite plume mouillée et par des mouvements de va
et vient on réduira la colonne d’eau à la hauteur voulue, par
exemple r cm. Finalement, on refroidit l'appareil sous un jet
d’eau froide et l’on fait la lecture à l’air libre.
On fait, avec cet appareil, de bons dosages à partir d’un déga-
gement gazeux de ©,r c.c.
Il s'ensuit que si l’on pratique, avec cet appareïl, des dosages
d’urée dans le sang, il suffira d’avoir à sa disposition 8 c.c., au
1376 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (46)
maxima, d'un sang pauvre en urée, d'une teneur de 0,15 p. 1.000"
par exemple. En effet, 8 c.c. de sang donnent 4 c.c. de plasmia
lesquels, déféqués à parties égales avec une solution d'acide tri
chloracétique, donnent aisément 4 c.c. de filtrat représentant
2 c.c. de plasma. Or, 2 c.c. d’un liquide contenant 0,15 p. 1.000
d’urée donnent un dégagement de o,12 d'azote. 4
Les résultats que nous allons donner maintenant concernent
les dégagements gazeux obtenus avec une solution d'urée à
0,195 mgr. par c.c. (titration faite au xanthydrol). Dans les co
lonnes (a) nous donnons les dégagements gazeux lus directe
ment après la réaction à l'hypobromite, dans les colonnes (b
nous donnons le volume gazeux après absorption de O° par l'hy
drosulfite de soude.
Dé:azement lhé6ort-
\ que pour la pression
Quantité de baromélrique de 76"
solution : el la lempéralure de
d'urée em- Dégazemeunts £azeux obten:s 120 obse vés dans «
ployée - en e.c. Moy:nne les expésienccs
no) 0,085 0,085 0,085 0,089
b) 0,08 0,08 0,089 0,070 0,080 0,780
29 «) 0,17 0,17 0,17 où 0,170
b) 0,16 0,16 0,160 0,156
“49 va) 0,33 0,329 Co 20 0.327
b) 0,319 | 0,508 0,912 c.én2
Dans l’utilisation de notre appareil, on peut procéder de trois.
manières différentes.
1° Après la réaction à l'hypobromite on absorbera l’oxygères
dégagé au cours de la réaction, au moyen d'hydrosulfite des
soude (1). Les volumes alone trouvés correspondent aux dé”
gagements théoriques de l'azote. ;
2° Etant donné la régularité des dégagements d'oxygène dans
la réaction on peut éviter d'absorber O?. On défalquera, pou
l'oxygène, 7 millièmes de c.c. pour des dégagements allant jus”
qu'à o,1 c.c. et 15 millièmes pour des dégagements compris en
tre 0,15 et 0,35. Le calcul appliqué à nos expériences donne less
valeurs de 0,078, 0,156 et 0,312, c'est-à-dire exactement les résul=
_tats théoriques. 4
{1) L’absorption de l'oxygène se réalise de la manière suivante. Une fois
la réaction de l’hypobromite achevée, on plonge tout l’appareil dans la cuve
à cau et on l’y retourne, de manière que la cupule de caoutchouc soit pia
en haut. On ouvre le robinet, et par des pressions successives on réalise
flux et un reflux du contenu de l'appareil. La solution d’hypobromite €6s
ainsi remplacée par de l’eau ne renfermant plus que des traces d’hypobron
mite. Finalement, om déprime la calotte de caoutchouc, on ferme le robinet,
et l’on sort l'appareil de l’eau, On y introduit une solution saturée d’hydro-
sulfite, on agite l’appareil quelques instants. L’absorption de l'oxygène est
. réalisée. | : 4
"0 A *
S à 4
À
(47) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1377
3° On peut recourir à la méthode classique : on fait suivre le
. dosage de l’urée dans le liquide organique d’un dosage effectué
sur une quantité durée qui sera choisie telle que le dégagement
gazeux soit voisin du premier résultat et l'on fait un calcul pro-
portionnel.
Pour terminer, faisons une remarque pratique importante.
Lorsque les dégagements gazeux dépassent 0,50 c.c. ils ne sont
plus proportionnels à la quantité d’urée. Dans ces cas, un dosage
rigoureux exige en principe l’application de la technique n° 3.
En pratique, on peut cependant s’en dispenser et se borner à un
dosage simple, sans dosage témoin. L'expérience montre en effet
que, dans cette zone, le dégagement d'oxygène compense, à peu
de chose près, le léger déficit d'azote. C'est ainsi qu'avec
1,56 mgr. d'urée nous avons eu des dégagements gazeux de
0,617 c.c. et 0,618 alors que la valeur théorique était 0,624.
RECHERCHES SUR LA DESTINÉE DES TRANSPLANTS OSSEUX
CHEZ LA SOURIS,
par R. Smmox.
Poursuivant nos études sur la greffe osseuse (1) nous avons
voulu vérifier, chez la Souris (2), le fait, mis en évidence par
Baschkirzew et Pétrow chez le Lapin, de la régénération des
transplants par le tissu conjonctif de l'hôte.
À 35 animaux adultes, nous avons greffé dans le den cellu-
laire sous-cutané ou dans les masses musculaires de la fesse deux
ou trois métatarsiens, auto ou homeplastiques. Malheureuse-
ment, une grande partie de nos Souris succomba au cours d’une
petite épidémie et nous n'avons pu étudier histologiquement que
13 groupes de transplants différents : les constatations que nous
avons faites à leur sujet sont suffisamment nettes pour que nous
estimions utile de les rapporter.
(x) Aron et Simon. C. R. de la Soc. de biol., t. LXXXV, r921, pp. 943 à
945, 5 fig., et t. LXXXVI, 1922, pp. 267 à 269. — Id. Démonstration au Con-
grès des anatomistes, Gand, 1922. Id. Revue de chirurgiet. LX, 1922, pp. 207 à
286 et 368 à 45o, 38 fig. — Id. Recherches expérimentales sur les greffes
osseuses cmbryonnaires, Archives franco-belges de chirurgie, 25° année, n° 10,
juillet 1922, pp. 869 à 883, 15 fig., 4 pl. — Id. Gazette médicale de Strasbourg,
80° année, 30 septembre 1922, pp.ho4 à 4og. — Id. Gazette médicale de
Strasbourg, 15 octobre 1922, pp. 433 à 435.
(2) Les Souris ont été aimablement mises à notre disposition par le PT Bouin,
à qui nous adressons ici tous nos remerciements.
1578 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG {AB}
Très rapidement après leur transplantation, les greffons.
manifestent des signes nets de souffrance. La dégénérescence est.
infiniment plus rapide dans les homo que dans les autogreffes.
et, d'autre part, elle paraît plus lente dans les greffes faites dans
le tissu cellulaire sous- cutané que dans celles en milieu museu-.
laire.
Au niveau du tissu osseux, celte dégénérescence se tiaduit par
des phénomènes de mortification des ostéoblastes qui régressent.
et laissent les ostéoplastes entièrement déshabités. Gette évolu-
tion est plus tardive dans les parties superficielles. La substance:
fondamentale semble, elle-même, être le siège d'allérations, mar-.
quées surtout par l'apparition de lacunes de désintégration.
Au niveau de la moelle osseuse, on constate une disparition
progressive de ses divers éléments. On ne trouve bientôt plus
qu'un tissu fibrillaire, pauvre en cellules, d’ailleurs elles aussi
altérées. Ga et là, quelques îlots de tissu médullaire accusent une
survie plus durable.
Au niveau du cartilage articulaire, on constate des signes nets
de survie. |
Les processus de mortification atteignent la totalité du trans-
plant au bout de r mois en moyenne dans le cas des greffes ho=.
moplastiques et après 3 mois seulement dans le cas de greffes:
autoplastiques.
2° Au bout d’un délai variable suivant le:siège de la transplan-
tation (en milieu musculaire ou conjonctif) et la nature auto où M
homoplastique des transplants, variable aussi suivant des cir-
constances individuelles que nous n'avons pu déterminer, il y à
constamment remaniement des greffons par le conjonctif am-
biant. Celui-ci manifeste une vive réaction: ik se forme tout autour
de los étranger un tissu riche en cellules conjonctives jeunes et
en vaisseaux de nouvelle formation. Ce tissu érode en nombreux
points les transplants ; des bourgeons conjénctivo-vasculaires
creusent dans leur épaisseur des tunnels, des galeries ramifiées et
viennent faire ivruption dans l'ancienme cavité médullaire. Quel-
ques ostéoclastes participent à ce processus d’érosion.
Tout contre la paroi osseuse des lacunes, des galeries, des sur-
faces périostique et médullaire du greffon, s’alignent des cellules
conjonclives jeunes qui s’enveloppent d'un nuage de substance
fondamentale prenant peu à peu les caractères du tissu osseux.
Il y a reconstruction osseuse.
Mais en même temps se reconstitue le tissu médullaire : on y
observe dé nouveau des myélocytes typiques, des éléments de la
lignée érvthropoïétique, des cellules géantes (mégacarvocvtes et
polycarvocvtes).
Peu à peu, le transplant se trouve entièrement régénéré par un
Ce
eu SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1379
tissu osseux d'architecture spongieuse dont la moelle jeune a
récupéré toutes ses fonctions.
Nos recherches n’ont pu être suivies plus de 5 mois.
Conclusions. a) Ces expériences établissent qu'un greffon os-
seux placé dans les parties molles est le siège, après mortifica-
tion, de processus de reconstruction ; maïs elles ne permettent
pas de préciser si cette reconstruction est l'œuvre du tissu con-
jonctif du porteur ou de la réactivation des éléments médullaires
survivants.
b) Elles montrent, d'autre part, et ceci nous paraît important
à noter, que corrélativement à la reconstruction osseuse, il y «
régénéralion du tissu médullaire, comme les expériences que
nous avons faites antérieurement avec Aron sur les greffes em-
bryonnaires le laissaient pressentir ; mais pas plus que celle de
los, l’origine de cette moelle ne peut être élucidée par nos re-
cherches.
c) Elles établissent qu’en tous cas, la pénétration du transplant
par des bourgeons conjonctivo-vasculaires issus du porteur est
le point de départ des processus de régénération. <
(Laboratoire de chirurgie expérimentale. Clinique chirurgicale À).
k
SÉCRÉTION. LACTÉE ET DÉVELOPPEMENT ANORMAL DU TISSU ADIPEUX
APRÈS CURE D'ÉVENTRATION- ET APPENDICECTOMIE
CHEZ UNE NULLIPARE,
par G. FERRY,
Les cas ne sont pas nombreux où, chez la Femme, à la suite
d'une opération abdominale intéressant ou, surtout, n'intéres-
sant pas les organes génitaux internes, l’on à pu observer, d’une
part, lhyperplasie de la glande mammaire avec sécrétion lactée,
d'autre part, le développement anormal du tissu adipeux. C'est
parce que la question du déterminisme de la sécrétion lactée
reste expérimentalement à l’étude parmi les biologistes et les his-
tologistes que nous croyons utile d'attirer l'attention sur le cas
suivant :
Observation. Louise Sch., 24 ans, est de constitution forte sans
antécédents spéciaux. En février 1917, on lui a incisé un abcès
appendiculaire, sans appendicectomie. Guérie après trois mois
de suppuration mais douleurs abdominales vagues, 18 mois du-
rant. Une éventration se produit ; elle en sollicite Fopération en
février 1922.
Premières règles à 15 ans suivies d'aménorrhée pendant 2 ans
1380 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (50)
puis de règles normales, 3 à 4 jours, d’abord toutes les 3 puis
toutes les 4 semaines depuis son opération et aussi depuis son
mariage (février 1921). Dernières règles : 25 janvier 1922.
Le 21 février 1922, sous narcose à l’éther, cure de l’éventra-
tion. Excision de la cicatrice cutanée-musculaire et de l’épiploon
adhérent. Rte de l’appendice libre, d'aspect normal. Suture
de la paroi en 4 plans. Guérison per primam.
Le lendemain seulement, flux menstruel, d’abondance …
moyenne. Découvrant la malade, nous sommes frappés, vu le
régime restreint post-opératoire, du développement du pannicule
adipeux abdominal et des cuisses, de l’augmentation du volume
des seins, le gauche plus que le droit, recouverts dé veines dila-
tées. Du lait s'échappe spontanément du mamelon, ou en jet par
l'expression. Le traitement abortif de cette montée laïteuse anor-
male échoue. Le 11 mars, chaque sein donne 60 à 8o c..c par.
jour malgré l'absence d’excitation mécanique du mamelon.
L'analyse de ce lait pratiquée par le D° Fontès indique
I. Analyse qualitative. Albuminoïdes : présence de caséine,
lactoglobuline, lactalbumine. — Hydrates de carbone : présence
de lactose (identifié par osazone). — Sels : présence de Ca et
d'acide phosphorique, de fer et d’acide citrique (réaction d'Umi-
koff faiblement mais nettement positive). Donc lait qualitative-
ment normal.
IT. Analyse quantitative : beurre, 77,6 gr. par litre au lieu de
30 gr. p. 1.000 ; lactose, 19,25 gr. par litre au lieu de 60 gr.
p. 1.000. Donc, lait quantitativement anormal ; près de deux
fois plus de substances grasses que normalement ; par contre,
2 fois moins d'hydrates de carbone.
Il y a donc corrélation entre cette richesse graisseuse du lait
et le développement du tissu adipeux.
Le 23 mars, règles à peine moins abondantes que d'habitude.
Les jours suivants, la sécrétion diminue faiblement, les seins
sont moins gonflés, le tissu adipeux reste aussi développé. Cette
Femme a, depuis, quitté Strasbourg sans laisser d'adresse.
Pratiquant l'opération de Porro (ablation d'utérus et ovaires)
sur des Lapines au repos sexuel, sur des Lapines ayant subi un
coït fécondant ou un coït infécond avant le 14° jour, Ancel et
Bouin n'ont provoqué aucune réaction mammaire. Ils l'ont, par
contre, provoquée avec sécrétion lactée chez ces dernières Lapi-
nes, opérées après le 14° jour ; également chez d’autres, avant le
14° jour, à la suite d’hystérectomie sans ovariectomie. Ils en dé-.
duisent l'importance de la glande ee et surtout du
corps jaune, gestatif en particulier.
Selon eux, l’action humorale d’origine fœtale ou placentaire,
invoquée bo puis abandonnée par Lane Claypon: et Star-
TAG
(51) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1381
ling, pour expliquer le mécanisme de la sécrétion lactée n'existe
pas, les coïts inféconds de leurs Lapins n’ayant pu produire ni
fœtus, ni placenta.
Le corps jaune gestatif, selon eux, sensibiliserait la cellule
mammaire, durant sa phase sécrétoire, c'est-à-dire durant la pre-
mière moitié de la grossesse. Après cette sensibilisation qui pa-
rait indispensable, un traumatisme opératoire est-il produit dans
la sphère utérine (traction sur l'insertion mésentérique des cor-
nes utérines ou des nerfs utérins, opération sur les cornes uté-
rines) ou même para-utérine ? la sécrétion lactée pourrait se ma-
nifester.
Ces faits rendent peu démonstratif le rôle des cellules myomé-
triales apparues dans les cornes utérines traumatisées. Et le ré-
flexe nerveux d'origine mécanique, à point de départ utérin,
peut, à son tour, être difficilement invoqué, puisqu'une destruc-
tion étendue du système nerveux n'empêche pas cette sécrétion
de se produire, puisque des nouveau-nés peuvent la présenter
(lait de sorcier), puisque Athias l’a obtenue dans la glande mam-
maire de femelles vierges ou nullipares, transplantée sur un
mâle castré.
« Tout porte à croire, disent Ancel et Bouin, que le déclenche-
ment est provoqué par une excitation non pas de nature méca-
nique, mais de nature chimique, autrement dit par une hor-
mone spécifique. Dans certaines conditions expérimentales ce-
pendant, l'excitation mécanique utérine ou para-utérine peut
provoquer la même action que l'hormone spécifique. La mamelle
ne réagit toutefois par une sécrétion à cette action traumatique
qu'à la condition d’avoir reçu du corps jaune une sensibilisation
suffisante ».
Ces faits aident à expliquer la montée laiteuse observée 1°
après traumatisme opératoire local : hystérectomie (Vignoli, r
cas), myomectomie et ovariocystectomie (Ebeler, 2 cas), Alexan-
der (Ebeler, 1 cas); 2° après traumatisme opératoire distal (cure
de sinusite maxillaire, Ebeler, 1 cas).
Quant à l'hormone susceptible de déclencher la sécrétion, sa
nature reste inconnue. Elle pourrait se produire et agir :
1°_.à la suite d’excitations nerveuses réflexes liées à l'existence
de rétroflexion, de dysménorrhée, de kyste ovarien, de hernie
(Ebeler, 2 cas), après chaque coîït (Ebeler, r cas): ou à l'infection
d'un organe voisin : appendicite, gonorrhée, bartholinite, an-
nexite, tuberculose péritonéale (Ebeler, 2 cas):
2° à la suite d'infection générale, les toxines agissant sur le
sein directement ou d’abord sur l'ovaire dont la fonction provo-
que la sécrétion lactée (Lindig) : tuberculose (Ebeler, 2 cas),
oreillons (ovarite et orchite ourliennes).
1382 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (52)
———_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—_—…—…—…—…————i
3° à la suite d'actions toxiques générales, diététiques mécon-
nues ou anesthésiques. Les modifications apportées par les anes-
thésiques ou le métabolisme des graisses, par Serbe sont en
effet bien connues.
Pourquoi ne pas songer, dans notre cas, à une excitation de ce
genre puisqu'il n'existait aucune affection cliniquement décela-
ble, ni vice de position des organes génitaux : puisqu'il ne per-
sistait autour de l’appendice libre aueune trace de l'infection an-
cienne à part une adhérence épiploïque n’ayant rien occasionné
antérieurement, puisque du fait de l'apparition ultérieure des rè-
gles, il semble ne pas y avoir lieu de soupçonner l'existence d’une .
grossesse : puisque enfin le développement du tissu adipeux cor-
respond bien à la trop grande richesse en graisse du lait excrété,
en même temps qu'à la réduction du taux des hydrates de car-
bone (Gley).
Contre cette simple hypothèse, il y a évidemment la rareté de
semblables phénomènes comparée à la multitude des opérations
gynécologiques et des anesthésies pratiquées. Notre malade pré-
sentait-eHe une sensibilité particulière ? Il est impossible de
l'établir.
Le mécanisme du déclenchement de cet hormone entraînant
sécrétion lactée et poussée graisseuse nous échappe done (x).
SUR LES CELLULES INFERSTITIELLES DU TESTICULE.
Du COQ DOMESTIQUE. EVOLUTION ET STRUCTURE,
par J. BENorr.
Les auteurs qui ont étudié les. cellules interstitielles du. testi-
cule des Oiseaux, et, notamment, du Coq domestique, recon-
naissent leur existence chez l'Oiseau impubère, mais proclament
généralement leur absence totale chez l'adulte (Loisel, Boring
ct Pearl, Pézard, Firket, Nonidez). Reeves, Mazetti et surtout
Massaglia les ont cependant décrites chez le Coq pubère. Malgré
cela, il est presque généralement admis aujourd'hui que le testi-
_cule du Coq adulte est complètement dépourvu de cellules inters-
titielles. Dans le but d’éclaireir cette question controversée, je
me suis adressé au Coq Leghorn blanc. Persuadé de l'erreur tech-
(x), Ancel et Bouin. C. R. de la Soc. de biol., 1914, 1° semestre, p. 150. —
Athias. C. R. de la Soc. de biol. 17 juin 1916, pp. 553 à 558. — Ebeler.
Medizinische Klinik, 1915, pp. 1070-1074, et Jahresbericht der Geburtshülfe
und Gynäkologie, 29° année, p. 257. — Vignoli. Marseille médical, voor, t. LVIIE,
n° 16, pp. 727-730, et Journal de chirurgie, t. XIX, n° 3, p. 333.
out à
©
93) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1383
nique des auteurs précités qui, tous, sauf Massaglia, utilisèrent,
pour étudier des cellules présumées glandulaires, des fixateurs
insuffisants, j'ai employé la seule méthode capable, à mon avis,
de donner une image fidèle du travail sécrétoire Free
mique, la fixation mitochondriale (x).
Les cellules interstitielles se constituent chez le Poulet vers la
fin de l'incubation, aux dépens du tissu mésenchymateux inter-
tubulaire. Le chondriome des cellules conjonctives qui subissent
ceite transformation devient plus riche, et l'on voit apparaître
dans: la cellule des graïns fuehsinophiles vraisemblablement de
nalure lipoïdienne et des vacuoles.
Ces dernières, très nombreuses, se pressent les unes contre les
autres et remplissent bientôt toute la cellule. La cellule intersti-
tielle présente alors un aspect alvéolaire (fig. 1). Üne graisse os-
miophile très soluble dans le baume de Canada occupe les alvéo-
les. Ces cavités sont limitées par des travées protoplasmiques
fort minces, renfermant un chondriome très peu abondant. Les
cellules interstitielles du testicule conserveront cette structure
pendant les 2 où 3 premiers mois de la vie du jeune Coq.
Au moment où s'installe la préspermatogénèse, les cellules
interstitielles présentent des modifications de leur structure cyto-
logique, qui vont aller en s’accentuant au fur et à mesure que ce
processus évolue. Les vacuoles à parois fuchsinophiles devien-
nent plus nombreuses, plus petites, et disparaissent. La graisse
osmiophile disparaît également. En même temps, le cytoplasme
proprement dit et le chondriome se développent considérable-
ment. Les chondriocontes, d’abord courts et massifs, augmen-
tent de longueur et de nombre. Les mitochondries et les grains
fuchsinophiles deviennent aussi très nombreux. La cellule inters-
titielle acquiert ainsi la physionomie d'une cellule glandulaire
tvpique (fig. 2). Pendant ce temps, la spermatogénèse s’est ins-
tallée, et le testicule continue son développement rapide. Les
tubes séminifères deviennent très volumineux. Les carrefours
intertubulaires sont plus rares dans le champ du microscope,
mais plus nombreux dans toute la masse testiculaire, et la quan-
tité de cellules interstitielles, malgré les apparences, va toujours
en augmentant.
La richesse et la labilité du chondriome et des lipoïdes de la
cellule interstitielle expliquent aisément sa profonde altération
par les fixateurs ordinaires. Chez les Mammifères, la cellule in-
terstitielle fixée par le formol-picrique, par exemple, conserve
sa forme polvgonale, son aspect épithélioïde qui, à eux seuls,
(1) Les détails de la technique employée ont été publiés à la Société de-
biclogie, le 12 mai 1922. Les coupes furent colorées à la fuchsine d'Altmann.
1581 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (94)
permettent le diagnostic. De plus, son cytoplasme est beaucoup
plus dense, et contient certaines enclaves caractéristiques que
l'acide acétique n'’altère pas. Rien de semblable chez le Coq. La
cellule interstitielle n’est reconnaissable que par son protoplasme
élaborateur et son matériel élaboré, et lorsque ceux-ci sont très
bien conservés. Dans le cas contraire, elle ressemble à une cel-
lule conjonctive banale, le plus souvent encore bien endom-
magée. NE
La cellule interstitielle du Coq domestique subit donc, vers la
fin de la vie impubère, des modifications cytologiques profondes
et définitives. Dans le testicule impubère, elle contenait une fai-
_ ble quantité de protoplasme fonctionnel, et beaucoup de graisse:
osmioréductrice. Dans le testicule en préspermatogénèse, les en-
claves disparaissent peu à peu et la cellule interstitielle prend
l’aspect d’une cellule glandulaire typique avec chondriome riche
et produit de sécrétion fuchsinophile. Elle possède alors sa struc-
ture définitive, qu'elle conservera pendant toute la vie sexuelle
de l’animal.
(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine).
—_——
(55) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1385
SUR UNE MÉTHODE PERMETTANI DE MESURER
LA MASSE ABSOLUE DU TISSU INTERSTITIEL TESTICULAIRE,
par J. BENOIT.
Il est impossible de chercher à apprécier, par la simple obser-
vation des coupes microscopiques, la quantité du tissu intersti-
tiel contenu dans le testicule, surtout au cours du développement
de cet organe : dans ce cas, en effet, les tubes séminifères crois-
sent, à un certain moment, dans de telles proportions que la
masse totale du tissu interstitiel paraît décroître considérable-
ment, alors qu'elle augmente en valeur absolue. Il faut donc se
défier de l’appréciation subjective, et ne croire qu'aux résultats
d'une méthode précise.
Considérons une coupe très mince d’un testicule passant par
une région quelconque de l'organe. Les tubes séminifères et les
amas du tissu interstitiel glandulaire qui y sont contenus peu-
vent être assimilés, grâce à l'extrême minceur de la coupe, à des
corps cylindriques, tous de même hauteur. Leurs volumes y sont
donc entre eux dans le même rapport que leurs surfaces de sec-
tion droite. Pour passer des volumes aux masses, il faudrait con-
naître le rapport des masses spécifiques des deux éléments à
comparer. J’admettrai, par hypothèse, que ce rapport est assi-
milable à l’unité, c'est-à-dire que la masse de l'unité de volume
du tissu interstitiel équivaut à celle de l'unité de volume du
tissu séminal. Cette convention, dans une première approxima-
tion, simplifiera beaucoup les calculs et permettra de raisonner
sur des masses et non sur des volumes, ce qui, on le verra plus
loin, est très avantageux. Quant à l'erreur que cette hypothèse
peut introduire, elle paraît peu considérable et je la négligerai
en première approximation, car elle est certainement inférieure
à une autre erreur, inévitable, que je nommerai plus loin. Re-
produisons donc fidèlement l’image de cette coupe, par le moyen
de la projection, sur une grande feuille de papier d'épaisseur
_ homogène, et découpons les tubes séminifères et les îlots de tissu
interstitiel. Pesons les deux groupes ainsi séparés et faisons le
rapport des masses trouvées. Soit 1/9. C’est, nous l’avons vu, le
rapport de masse qui existe dans la coupe mince entre le tissu
interstitiel et le tissu séminal. Pratiquons la même opération sur
d’autres coupes, prélevées dans d’autres régions du testicule, ou
même dans l’autre organe de l’animal. Nous trouvons à peu de
chose près les mêmes chiffres (la répartition de l’interstitielle
dans le testicule est donc, normalement, à peu près homogène) :
l’erreur maximum entre deux coupes peut être de 1/4, mais elle
se réduit notablement si l’on prend la moyenne des chiffres ob-
- A
1285 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (56)
—
tenus d'après plusieurs coupes. Nous admettrons donc que ce
rapport 1,9 représente la moyenne statistique de toutes les ;cou-
pes faites à divers niveaux du testicule. Nous pouvons donc ex-
- trapoler au testicule entier la valeur trouvée pour le rapport des
masses des deux tissus. En envisageant le cas tout à fait schéma-
tique que nous avons supposé, si la masse des deux testicules
était de 1o gr., nous pourrions en conclure que ces deux organes
contiennent 9 gr. de tissu séminal et r gr. de tissu interstitiel.
En réalité, j'ai dessiné également les lumières des tubes sénui-
nifères et le tissu interstitiel non glandulaire (x). J'ai complété
ensuite mon dessin sous le contrôle de l'objectif à immersion, en
dessinant exacternent, dans les espaces et les cloisons intertubu-
laires, les capillaires et le tissu conjonctif banal, et je n'ai re-
présenté, comme tissu interstitiel glandulaire, que les cellules
ou groupes cellulaires qui en possédaient incontestablement la
structure histologique. J’obtiens ainsi, après découpage et pesée,
quatre nombres qui me permettent, par une simple règle de trois,
de calculer, dans les deux testicules, dont la masse m'est connue,
combien il y a, avec les approximations introduites, de tissu <é-
minal, de tissu interstitiel glandulaire et de tissu interstitiel non
2landulaire.
J'ai exposé cette méthode avec détails, car elle diffère notable-
ment de celle employée récemment par Wagner (2). Get auteur
estime qu'on n’a pas le droit de passer directement des chiffres
obtenus par la pesée des fragments de papier à ceux concernant
les volumes réels dans le testicule ; il faudrait prendre, dit-il, la
racine carrée puis élever au cube. Considérons la figure À, qui
représente la coupe équatoriale d’un testicule supposé sphérique.
(1) On ne peut, évidemment, se servir que de coupes où les rapports nor-
maux des éléments sont conservés. On n’utilisera pas -celles où, par suite de
sétractions inégales, il «existe :des lacunes artificielles.
(2) Archiv für Entwicklungsm. der Organ. «922, «p. 424.
(97) SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE, 1387
En blanc, le tissu séminal, en noir le tissu interstitiel. Le rap-
port est, par hypothèse, de 1/9. Le rapport des volumes serait,
d'après Wagner, de pr — 1/27. Ceci serait vrai si l’on consi-
dérait que le cerele (a) représente la section diamétrale d'une
sphère (b). Mais j'ai montré que la répartition de l'interstitielle
dans le testicule était homogène. La masse du tissu interstitiel
doit donc être assimilée, non à une sphère, mais à un cylindre,
si le testicule est supposé cylindrique (ce), ou à un ellipsoïde de
révolution si le testicule est sphérique (d). Dans ces deux cas,
une coupe horizontale quelconque donnera, comme rapport des
surfaces, 1/9, et le rapport des volumes correspondants, dans
c et d, sera aussi 1/0.
Stieve s’est également servi d'une méthode permettant d'ap-
précier les rapports du tissu interstitiel au tissu séminal. IL cal-
cule des volumes : on verra qu'il est plus avantageux de raison-
ner avec des masses. Mais Stieve mérite une sérieuse critique:
d'ordre histologique : il considère tout ce qui est compris entre
les tubes comme du « tissu interstitiel ». Du tissu intertubulaire,
soit, mais non toujours du tissu glandulaire interstitiel au sens
physiologique du mot. J’estime qu’il est indispensable de tenir
compte des vaisseaux, et surtout du tissu conjonctif banal, car,
dans certains où le tissu intertubulaire est très abondant (en
quantité égale ou supérieure au tissu séminal) les cellules inters-
titielles glandulaires peuvent faire défaut, et tout ce tissu situé
entre les tubes n’est que du tissu conjonctif sans différenciation
fonctionnelle.
(Laboratoire d’histologie de la Facullé de médecine).
SUR LES RAPPORTS QUANTITATIFS
ENTRE LE TISSU INTERSTITIEL TESTICULAIRE, LE TISSU SÉMINAL
ET LA MASSE DU CORPS CHEZ LES OISEAUX ET QUELQUES MAMMIFÈRES,
par J. Bexorr.
La méthode exposée dans l’article précédent permet de caleu-
ler approximativement les masses totales du tissu séminal et des
tissus interstitiels glandulaire et non glandulaire dans les deux
testicules d’un animal quelconque. Elle rend possible l’établisse-
ment de rapports intéressants entre chacun de ces tissus et la
masse du corps; et entre ces tissus eux-mêmes. Le tableau ci-
(:) Archiv für Entwicklungsm. der Organ., 1919, p. 454.
13838 RÉUNION BIOLOGIQUE DE S1RASBOURG -D8) 0
joint résume les résultats acquis par la méthode des pesées (P,
1, S, Ig, Ing, sont les masses exprimées en grammes, du corps,
D : 7 ? 4 4
EE > 4 F4 CA
m2 car [are [are (leon (ré
2152 fe
| sie 2 HR PSE
7 T
PACA AE AE AE
interstitiel glandulaire et interstitiel non glandulaire).
1° Ce tableau nous permet, par exemple, de nous rendre
un compte exact des variations de volume du tissu interstitiel
glandulaire au cours du développement du testicule, chez le. À
Coq. Pézard (thèse 1918) a écrit que ce tissu, abondant chez le 1
jeune Poulet, diminuait progressivement à partir de l’âge de 2
mois, et disparaissait presque complètement chez l'adulte. La
courbe (a), que j'ai tracée d’après les chiffres calculés chez des
Coqs d’âges différents, s'éloigne nettement de celle publiée par
Pézard (b). L'interprétation de cet auteur s'explique de deux".
manières : nous savons qu'il est presque impossible, à partir
d’un certain moment, d'identifier la glande interstitielle du Coq «
fixée par les méthodes usuelles. En second lieu, le développe
ment du tissu interstitiel est masqué par celui. beaucoup plus …
considérable, du tissu séminal : chez le Poulet de r5 jours, le
tissu interstitiel glandulaire « paraît » très abondant, parce que
le tissu séminal est encore peu développé(Æ ="). Chez le jeune
des deux testicules, et les masses calculées des tissus sémiaal, N
?
Coq de 6 mois 20 jours, le tissu interstitiel « paraît » avoir beau-
Es fe en
coup diminué. En effet Sa Sa masse est cependant deve- e.
nue 24 fois plus considérable. Mais cette augmentation a été
va
(59) SÉANCE D7] 8 DÉCEMBRE 1389
transformée, pour l'observateur, en une diminution apparente
(de 6 fois) par l’accroissement formidable du tissu séminal (153
fois). Chez le Coq de ro mois, les apparences sont plus trom-
peuses encore : la glande interstitielle « paraît » avoir diminué
de moitié, par comparaison avec le stade précédent. Elle est ce-
pendant passée de 122 à 430 mgr. Il y a donc, en valeur absolue,
86 fois plus de tissu interstitiel glandulaire chez ce Coq de 10
mois que chez le Poulet de 15 jours. En valeur relative, ce tissu
a aussi augmenté de masse : si nous rapportons à la masse du
mg
400
300
200
30
he ane mmemmm=mmp-———msm— de mm ——mammmmmm—
153 Znt Ô 6n20} 10
a) Courbe approximative du développement de la glande interstitielle du Coq
(en valeur absolue) ; b) Courbe correspondante publiée par Pézard (Thèse
1918).
corps (ce qui est indispensable pour comparer entre eux des ani-
maux différents), nous constatons que, à 15 jours et à 2 mois et
Lol à
demi : = = 1/16.000; à 10 mois : 1/4.900. Le Coq adulte pos-
sède donc, relativement, 3 fois plus d'interstitielle glandulaire
que le Poulet impubère.
ae : Il In
2° Si l'on fait le rapport ETS , On constate que sa valeur
ne varie pas beaucoup au cours da développement du Coq.
L] I x Q
D'autre part, _. , augmente très progressivement de 1/3,4 à
D
1,1. Le tissu ïintertubulaire croît donc approximativement
-
Brococre. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 99
0
1 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG (60ÿ
15
(DE)
È
comme la masse du corps, mais ii se différencie de plus en pie
en tissu glandulaire.
3° On a l'habitude de considérer que l'Homme, le Chat. ont
une glande interstitielle abondante et que, au contraire, na. 4
Taureau, des Rongeurs... est très peu développée. Ceci n'est
qu'une apparence, et j'arrive précisément au résultat inverse, en
ramenant toujours les chiffres trouvés au poids du corps. Je:
trouve, pour eu , les valeurs suivantes : chez une Souris :
1/3.000 ; un Rat de quinze mois : 1/3.800; un Taureau (x) :
1/9.700 ; chez l'Homme, au contraire : 1/28.000, et enfin chez un
Chat de x an : 1/44.000. Il y a donc, relativement, 1x fois plus
de glande interstitielle chez le Rat que chez le Chat examinés (2).
Ce résultat, pour surprenant qu'il soit, doit cependant être ad-
mis, Car les chiffres le démontrent : dans le champ du micros-
cope on aperçoit moins d'’interstitielle chez le Rat (de plus, cette
interstitielle est plus difficilement visible, cytologiquement, que
celle du Chat), mais ce Rat possède une masse testiculaire 16 fois:
supérieure, relativement, à celle du Chat.
En somme, on voit combien il est facile de se tromper dans
l'appréciation, par la simple observation microscopique, de ce
qu'on pourrait appeler les quantités spécifiques de tissu inters-
titiel glandulaire, autrement dit des quantités ou masses de tissu
cytologiquement actif par unité de masse du corps. Ce sont sou-
vent les animaux qui paraissent avoir le plus de glande intersti--
tielle, qui en réalité en ont le moins. Ainsi, l'Homme, qui jouit
de la réputation d’être bien pourvu à cet égard, se trouve être
5,7 fois moins riche qu’un Coq de ro mois, mais ce dernier pos-
sède une masse testiculaire 27,5 fois plus grande que celle de.
l'Homme, cette augmentation étant due à l'énorme développe-
ment du tissu séminal. Si l'Homme avait, relativement, autant
de masse testiculaire que le Coq étudié, ses 2 glandes génitales.
pèseraient donc 88o gr. au lieu de 32. Dans ces conditions, on
se rend compte que les cellules interstitielles seraient tellement
disséminées et aplaties entre les tubes séminifères qu’elles appa-
raitraient à peine.
«
(Laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine).
(1) La masse de cet animal n'ayant pu être déterminée avec exactitude, les:
rapports où entre P doivent être donnés sous une certaine réserve. Ÿ
(2) Ceci ne veut nullement dire que la glande interstitielle du Rat soit 1x
fois plus active. On sait que le rapport de certaines glandes endocrines au
poids du corps varie considérablement d’une espèce à l’autre.
LS
1391
RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON
SÉANCE DU
18 DECEMBRE
[922
CourMont (P.) et Dumas (A.) :
Résultats comparés des séro-réac-
tions tuberculeuses (agglutina-
tion du Bacille tuberculeux et
réaction de déviation du complé-
ment) au cours et dans la conva-
lescence de la fièvre typhoïde...
EMBERGER (L.): À propos des
résultats de Sapehin sur la cyto-
logie des Lycopodinées RP
EmBerGer (L.): Nouvelle con-
tribution à l’étude cytologique
dehoclaomrelles...,:..,......
EmBerGer (L.): Sur la cytolo-
gie des Lycopodinées homospo-
RECENSE.
GAUTIER (CL. ): Actions succes-
sives de l’ésérine et de l’adréna-
SOMMAIRE
line sur la pupille de l’œil de
Grenouille, in vivo. ..,........
GauTiER (CL.) : Section du
splanchnique et glycosurie adré-
nalinique chez la Grenouille. ...
Mouriquan» (G.) et; Micuez
(P.): Adjuvants non antiscorbu-
tiques de la substance antiscor-
ONE ENS 20e SR ane
Mouriquaxp (G.) et MiceL
(P.) : Sur la valeur antiscorbu-
tique du jus de Citron stérilisé et
sur la question des doses d’anti-
scorbutique nécessaires au mé-
Labo lise ee te ete
Papacostas (G.) ct Buzapoux
(A.): Un cas d’adaptation micro-
bienne clinique et expérimen-
DÉC MT CEE
der de M. Porcher.
RÉSULTATS COMPARÉS DES SÉRO-RÉACTIONS TUBERCULEUSES
bo
5 :
(AGGLUTINATION DU BACILLE TUBERCULEUX ET RÉACTION DE DÉVIATION
DU COMPLÉMENT ) AU COURS ET DANS LA CONVALESCENCE
DE LA FIÈVRE TYPHOÏDE,
par Pau CourMonr et À. Dümas.
Les réactions humorales ne sont pas aussi spécifiques qu'on l'a
cru tout d’abord, au moins en apparence. Ainsi,
la déviation du
complément en présence de l’antigène tuberculeux se produit
non seulement avec le sérum des tuberculeux,
rum antidiphtérique, avec le sérum des
Grysez, Urbain et Fried).
mais avec le sé-
diphtériques (Massol et
. 1392 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (40)
MDN ea ot ES ET RES se se
Arloing et Paul Courmont ont montré que, dans la fièvre ty.
phoïde la séro-agglutination du Bacille tuberculeux est presque
constante (1) mais sans rapport avec le taux de l’agglutination
spécifique du Bacille d’'Eberth par ces sérums.
Il est probable que l’agglutination du Bacille de Koch n'est pas
sous la dépendance dé l’agglutinine du Bacille d'Eberth, mais cor-
respond à des lésions tuberculeuses latentes, coexistantes avec la
fièvre typhoïde ; le pouvoir agglutinant spécifique tuberculeux
serait exalté par un processus fébrile non spécifique.
Nous avons étudié les réactions humorales vis-à-vis du Bacille
de Koch, liées aux manifestations tuberculeuses plus ou moins
frustes, telles qu'on peut les rencontrer associées aux différentes
phases de la fièvre typhoïde ; et, par comparaison, les mêmes
réactions dans les fièvres typhoïdes exemptes de toute manifesta-
- tion tuberculeuse.
Pour cela, nous avons mis en œuvre comparativement les deux
méthodes : la méthode de fixation du complément par l’antigène
tuberculeux (technique Calmette et Massol et antigène de Bes-
redka) et la méthode de l’agglutination du Bacille tuberculeux
(séro-diagnostic d’Arloing et Courmont). Nous les avons appli-
quées drague fois que cela nous a été possible à la période d'état,
puis à la période de convalescence, chez les mêmes malades.
Nous avons choisi les cas plus particulièrement entachés de
complications ou de stigmates pouvant relever de la tuberculose.
Tous ces cas se sont terminés par la guérison ; nous nous som-
mes efforcés de les suivre le plus longtemps possible afin d’être
éclairés sur l’évolution ultérieure des lésions.bacillaires que pou-
vaient presenter ces malades. Il s’est agi de sujets, la plupart des
Femmes, non antérieurement vaccinés contre la fièvre typhoïde.
Résultat des réactions humorales. — I. Cas dans lesquels la
déviation fut positive pendant la phase aiguë et négative, ou très
faible, pendant la convalescence. Il s'agissait de fièvres typhoïdes
classiques, sans complication, pouvant faire penser à la tubercu-
lose. L’agglutination fut négative ou faiblement positive.
IT. Cas dans lesquels la dévialion. fut positive pendant la phase
aiguë et resta positive ou s’accentua pendant la convalescence.
4 cas de fièvre typhoïde compliquée d'accidents paraissant tuber-
culeux (adénites, foyers de congestion, lésions pleurales ancien-
nes). Dans les 4 cas, l’agglutination fut franchement positive et,
souvent, plus forte à la convalescence ; dans un cas elle fut néga-
tive Den nt la maladie et très positive à la convalescence.
TT. Cas dans lesquels la déviation fut négative ou très faible et
… (x) Les sérums agglutinant le Bacille d’Eberth ont-ils la même action sur le
Bacille de Koch. Journ. de physio. et pathologie générale, juillet 1903.
(41) SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1393
ne Ne a en te te re
l'agglutination franchement positive. 5 cas très suspects de tuber-
culose (double épanchement pleural, induration des sommets,
bronchites persistantes).
IV. Cas dans lesquels déviation et agglutinalion furent néga-
lives. 4 cas de fièvre typhoïde classique sans accidents paraissant
tuberculeux.
Conclusions. Si l’on envisage seulement les rapports des réac-
tions humorales tuberculewses entre elles et avec la séro-aggluti-
nation des Bacilles typhiques, on peut dire : a) il n'y a pas de
rapport entre l’agglutination des Bacilles typhiques et les réac-
tions humorales tuberculeuses; b) il n’y a pas de rapport constant
entre les séro-réactions tuberculeuses (séro-agglutination et dé-
viation du complément) ; la présence, l'élévation ou les varia-.
tions de ces deux ordres de réactions ne sont pas soumises aux.
mêmes conditions : dans la moitié des cas, les deux réactions
eurent une marche parallèle ; dans les autres cas, elles montrè-
rent des divergences très nettes, qu’il s'agisse de cas de fièvre
typhoïde pure ou compliquée de tuberculose.
Si l’on groupe les résultats d’après la présence ou l'absence
probables de tuberculose coexistant avec la fièvre typhoïde, on.
peut dire : 1° dans 9 cas de fièvre typhoïde où la tuberculose
coexistante semblait certaine : a) l’agglutination fut toujours
positive et à des taux presque toujours élevés, et ordinairement
plus élevés à la convalescence ; dans 2 cas, l’agglutination ne
devint positive qu'à la convalescence. b) La réaction tuberculeuse
de déviation du complément ne fut nettement positive que dans
4 cas, très faible dans 2 cas et complètement négative dans 3 cas.
2° Dans 8 cas de fièvre typhoïde où la tuberculose ne semblait
pas en cause, les deux séro-réactions (déviation et agglutination)
furent toutes deux négatives ou extrèmement faibles dans 4 cas ;
elles furent toutes deux positives dans 4 cas. Dans ces À derniers
cas, la réaction de déviation, très forte pendant la phase aiguë,
devint très faible à la convalescence ; l’agglutination ne suivit
pas cette marche : dans 3 cas, le pouvoir agglutinant resta
moyennement élevé, mais stable.
La conclusion générale est que l’agglutination indique, d’une
façon plus sensible que la réaction de déviation, les lésions tuber-
culeuses atténuées, notamment pendant la convalescence de la
fièvre typhoïde. En effet, quand la réaction de déviation fut trou-
vée positive, l’agglutination l'était toujours très nettement ; mais
cette dernière s’est montrée constante dans des cas de suspicion
de tuberculose, alors que la déviation était négative.
(Institut bactériologique).
1394 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (42)
SUR LA CYTOLOGIE DES LYCOPODINÉES HOMOSPORÉES,.
par Louis EMBERGER.
La cytologie des Lycopodinées homosporées n’a pas encore été
étudiée jusqu'à présent. Sapehin seul a examiné, dit-il, certains
stades du sporange de ces végétaux. Le problème est donc resté
presque entier. ;
Nos recherches ont porté sur diverses espèces du genre Lyco-
podium (L. selago L., L. alpinum L., L. clavatum L.).
À. Observations vitales. L'observation vitale des points végéta-
tifs permet de distinguer, dans les cellules de la tige, des petits
chloroplastes allongés, lenticulaires, en fuseaux ou en bâtonnets,
groupés autour d’un volumineux noyau. Ces petits plastes crois-
sent normalement dans les tissus plus profonds et se divisent. Is
élaborent de Famidon. Les cellules de la racine contiennent des
plastes amylogènes.
Le sporange naît dans le bourgeon froctiere quand les tissus
sont encore à l’état de méristème. Quand il est très jeune, avant
que les cellules-mères primordiales ne soient formées, ses cel-
lules ne diffèrent aucunement de celles aux dépens desquelles il
s'édifie. L'étude vitale montre donc les petits chloroplastes que
l’on observe dans la tige. Cet état de chose ne dure pas long-
temps. Aussitôt que les cellules centrales sont formées, ces petits
chloroplastes disparaissent. D’après tout ce que nous savons par
ailleurs sur l’évolution de ces organites, nous pouvons affirmer
que cette disparition n'est pas le résultat d’une autolyse, d’une
destruction des plastes, mais qu’elle est due à la résorption du
pigment chlorophyllien. La couleur verte permettait de les voir,
les plastes sont devenus invisibles, lorsque la chlorophylle est
résorbée. Les cellules-mères primordiales des spores sont donc
incolores. Pendant toute la génèse des spores, on n’y constate
aucune élaboration de chlorophylle : les plastes restent à l’état
de repos. Les spores libérées sont, elles aussi, incolores. Il n’y a
pas de plastes en activité : celle-ci se manifesterait, et par la cou-
leur verte, et par la présence d’amidon. Or, les pharmaciens sa-
vent que la poudre de Lycopodes ne doit pas bleuir par l’iode.
Dans les cellules qui forment le pédicelle et la future assise mé-
canique, par contre, les plastes continuent à croître, en particu-
lier au pôle libre. Dans les pédicelles, ils restent toujours un peu
plus petits et toujours plus ou moins allongés. Ils sont tous ré-
sorbés au cours de la maturation du sporange. La deuxième li-
gnée des chondriosomes (chondriosomes qui n’évoluent pas en
chloroplastes) n’est pas visible in vivo. Ces derniers éléments
45) SÉANCE DU ÎS PBÉCEMBRE 1395
ont la même réfringence que le cytoplasme ; pour les étudier, ii
faut avoir recours aux méthodes spéciales. Celle de Regaud donne
les meilleurs résultats.
Lycopodium selago L.
Fig. 1. — Cellule de la région apicale de la tige.
Fig. 1 a. — Cellules de la pointe d’une jeune feuille.
Fig. 2. — Cellule d’une jeune stèle de tige.
Fig. 3. — Jeune cellule-mère primordiale de spores.
Fig. 4. — Cellule-mère de spores.
(Les chondriosomes de la deuxième lignée ne sont pas figurés.)
B. Observation après firalion. Une coupe, à travers un méris-
‘ème caulinaire montre très nettement les détails du chondriome
(fig. 1 et ra). On retrouve les chloroplastes dans les ceilules api-
cales. [ls sont maintenant fortement colorés en noir. Tandis que
dans le parenchyme cortical, ils continuent à évoluer, ils subis-
sent dans la future stèle une régression progressive qui les trans-
forme en filaments très fins (fig. 2). Ce chondriome ne tarde pas
à disparaître dans ces cellules conductrices. La feuille se prête
également excellemment à l'étude de la formation des chloro-
plastes et à leur évolution dans ses différents tissus.
Mais, parmi tous les organes, le sporange est celui dont l'étude
est la plus intéressante et instructive. Les faits que l’on peut déjà
constater vitalement sont précisés par l'emploi de fixations ap-
propriées. Au stade cellules-mères primordiales (fig. 3), les plas-
tes qui ont perdu leur pigment (voir observations vitales) se sont
beaucoup allongés : ils sont devenus de gros chondriocontes qui
ntourent le noyau comme le feraient les mailles d’un filet. C'est
à cet état de repos que ces plastes sont transmis à la spore (fig. 1),
pour ne reprendre leur activité qu'au cours de la germination.
1396 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (44)
Les autres chondriosomes, ceux de la lignée non chlorophyl-
lienne, sont représentés par des filaments, des grains et des bâ-
tonnets. Nous les avons observés particulièrement dans les cellu-
les de la périphérie et du pédicelle du jeune sporange.
On voit donc qu’au point de vue du chondriome, on retrouve
chez les Lycopodinées homosporées les deux lignées de chondrio-
somes des végétaux verts. La catégorie des plastes se caractérise
par ses attitudes visibles, alternativement actives et passives, ou
d'activité ou de repos, comme nous l'avons déjà fait ressortir à
propos de nos recherches sur les autres embranchements des Pté-
ridophytes. Ces états physiologiques des plastes se traduisent par
des variations importantes de leurs formes et de leurs propriétés
physico-chimiques sur lesquélles il est inutile d’insister ici. On
sait aussi que c'est par la connaissance exacte de l’évolution des
plastes des végétaux que leur véritable nature a pu être précisée.
Nous apportons, avec l'étude des Lycopodinées homosporées, une
nouvelle confirmation à ce que nous avons toujours constaté au
cours de nos recherches.
Le système vacuolaire des Lycopodinées homosporées ne sem-
ble pas présenter de particularités saillantes. Dans certaines cel-
lules, nous avons constaté que le réactif iodo-ioduré provoque
une coloration brun-acajou à la façon du glycogène. Nous
n'avons pas encore approfondi la nature de ce composé.
Enfin, les granulations initie sont abondantes chez les Lyco-
podes.
À PROPOS DES RÉSULTATS DE SAPEHIN
- SUR LA CYTOLOGIE DES LYCOPODINÉES HOMOSPORÉES,
par Louis EMBERGER.
Les résultats des recherches sur les Lycopodinées que nous
avons présentés dans une précédente note, sont en désaccord avec
les travaux de Sapehin sur le même dhAet.
Cet auteur a abordé l’étude de ces végétaux pour y rechercher
un nouvel appui à sa théorie sur l’origine des plastes. Sapehin,
lors de la découverte de l’origine mitochondriale des plastes, es-
saya de démontrer l’individualité de ces formations, leur autono-
mie ontogénique. Pour l’établir, il s’adressa, entre autres, aux
Lycopodes.
Sapehin a observé certains stades de la formation des-spores
dans L. inundatum. D'après les figures 1 et 2 de notre planche
reproduisant exactement celles de Sapehin, on voit que cet obser-
vateur a décelé dans ces cellules la présence d’un ou de deux.
LA LA QT
(45) SÉANCE DU [8 DÉCEMBRE 1397
plastes allongés, filamenteux, parfois pelotonnés, situés en géné-
ral à proximité du noyau. Dans le cytoplasme, il put, en outre,
mettre en évidence des granulations graisseuses.
Fig. r et 2. — Cellules du tissu sporogène de Lycopodium inundalum (d’après
Sapehin.)
Fig. 3. — Cellule de la région apicale de tige de L. selago.
Fig. 4. — Cellule-mère de spores de L. selago.
Fig. 5. — Jeune spore de L. selago.
Fig. 6. — Oosphère d’Anthoceros (d’après Scherrer).
(Figures réduites de 1/4.)
Les figures représentant nos préparations sont, on s'en aper-
çoit, bien différentes (fig. 3 à 5). Elles montrent, dans chaque
cellule, un grand nombre de plastes allongés, en bâtonnets ou en
grains (les autres chondricsomes ne sont pas représentés); ces
plastes sont visibles quelquefois in vivo par exemple dans les cel-
lules du point végétatif de la tige, grâce à la présence de chloro-
DC:
phylle. Dans les cellules formatrices de spores, les plastes re
sont pas visibles à l’état vivant ; ils ont la même réfringence que
le cytoplasme, mais les méthodes mitochondriales permettent de
les étudier en détail.
On peut expliquer cette divergence entre les résultats de Sape-
hin et des nôtres par les deux sortes de causes suivantes :
1° Fixation. Sapehin a fixé les tissus qu'il étudiait à l’aide du
liquide « fort » de Flemming. Celui-ci contient de l'acide acéti-
que. Or, tous les cytologistes ayant étudié le chondriome ont in-
sisté sur la sensibilité des chondriosomes à l'influence de cet acide
qui les détruit très rapidement, surtout lorsqu'ils ne sont pas
imprégnés de chlorophylle pouvant fonctionner comme écran
1398 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (46) M
protecteur. On a souvent insisté sur le faït que pour fixer le chon-
driome, il falfait user de liquides spéciaux, et, en particulier, de
fixateurs privés d’alcool ou d’acide acétique. Nous-mêmes, avone
employé comparativement un fixateur renfermant de l’acide:acé-
tique, le liquide de Bouin, et nous avons remarqué que l'acide
détruisait sans exception tous les éléments mitochondriaux.
Peut-être les figures fournies par Sapehin représentent-elles des
artifices : le cytoplasme, sous l'influence du fixateur, se seraii
contracté et aurait aggloméré les plastes ou aurait formé des amas
chromatiques dont les formes rappelleraient des plastes. La fi-
gure Î suggère cette idée. Cependant, nous avons constaté que
l'acide acétique détruit certainement le chondriome très rapide-
ment sans en laisser subsister de résidu visible et nous pensons
qu'il y a lieu de rechercher ailleurs l’erreur de Sapehin.
° Espèce végélale. [1 est évident que le Lycopodium inunda-
tum étudié par Sapehin ne peut différer aussi profondément des.
‘espèces que nous avons eu l’occasion d'étudier (L. selago L.
L. clavatum E.). ÿs
Les figures que Sapehin publie se rapprochent plutôt de ce que
nous savons des Mousses sur ce point (fig. 6 ; P : plaste ; M : les
autres mitochondries). Cette confusion nous paraît d'autant plus
probable qu'il nous a été donné de rectifier une autre erreur du
mème ordre. En ce qui concerne les Selaginelles, Sapehin disait
avoir étudié S. emelliana L. Or, on sait que le genre Selaginella
n'est pas linnéen. En outre, l'espèce S. emelliana n'existe pas,
que nous sachions, et l’auteur, en la citant, veut sans doute par-
ler de S. emilliana des jardiniers.
Nous pensons donc que la différence dans les résultats de nos
©bservations est due à une confusion de plantes commise par
Pauteur russe. Il nous a paru utile d'en parler.
NOUVELLE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CYTOLOGIQUE DES SÉLAGINELLES,
par Louis EMBERGER.
Le protoplasme des Sélaginelles n’a été étudié, jusqu'à présent,
que par Dangeard et nous-mêmes. Sapehin a, en outre, étudié
certains tissus de ces végétaux en vue d'y observer les plastes. Cet M
auteur a employé dans ses investigations le liquide de fixation dit
« Flemming fort ». Enfin, Haberlandt a étudié le polymorphisme
des grains de chloroplyile des Sélapinelles.
Nous apportons “eus hui une nouvelle contribution à cette
étude.
JE observ ation vitale d’un point végétatif de la tige montre des
(47) ; SÉANCE DU Î8 DÉCEMBRE 1399
——_—_—_——] ]———————@—@—@—@—p—@——a—aaE—EaEa—————————————
cellules très petites, incolores. Par un examen très attentif, on
voit, dans chacune d'elles, un filament onduleux, fin, plus ou
moins étroitement accolé au noyau. Ce filament présente tous Les
caractères des chondriosomes (sensibilité vis-à-vis des actions os-
motiques, colorabilité, fixation) et doit être considéré comme tel.
Il représente ici, à lui seul, les nombreux chondriosomes évoluant
-n chloroplastes des autres végétaux ; il élabore en effet rapide-
ment de la chlorophylle, puis ïl devient extrèmement polymor-
_phe. Peut-être peut-on attribuer sa visibilité, avant qu'il ne se pig-
mente, à la présence de protochlorophylile qui lui conférerait une
réfringence un peu supérieure à celle du cytoplasme. Les autres
-chondriosomes, ceux qui n'élaborent jamais de chlorophylle, ne
sont pas visibles dans les cellules vivantes ; ils ont la même ré-
fringence que le cytoplasme.
On peut suivre avec la plus grande précision la formation des
‘chloroplastes. Contrairement aux observations d'Haberlandt, les
‘chloroplastes les plus jeunes ne sont pas arrondis, mais allongés,
comme le filament qui leur donne naissance. L’erreur d'observa-
tion commise par cet auteur est très compréhensible, puisqu'il
observait sans doute les tissus dans de l’eau, sans tenir compte
des attirations de#chondriome sous l'influence des milieux hypo-
toniques. On sait que ceux-ci transforment les éléments mito.
chondriaux en boules.
Les chloroplastes acquièrent, dans les tissus, les formes les plus
bizarres. Dans le cylindre central, ils se dépigmentent : dans le
péricyele, ils s'allongent beaucoup et présentent des formes très
diverses : beaux plastes rubanés, serpentiformes, ete. Enfin,
‘dans le parenchyme cortical, les grains de chlorophylle sont ha-
bituellement en forme de chaînes. de
Les méthodes de fixation préconisées pour conserver le chon-
driome donnent d'excellents résultats ; il faut pourtant avouer
-qu’il n’est. pas aisé de les appliquer avec succès aux Sélaginelles.
Elles permettent d'observer les chondriosomes qui n’évoluent
pas en plastes.
Le chomdriome des cellules de la tige se présente sous forme
d'un ensemble de filaments, de bâtonnets et de grains parmi les-
quels il est le plus souvent impossible de distinguer l’élément qui
évoluera en chloroplaste dans les cellules plus âgées. Nous le
reconnaissions, à l’état vivant, grâce à sa réfringence ; il est
après fixation et coloration, identique à tous les autres Do due.
somes. Dans les tissus plus profonds, on peut le distinguer de
nouveau gräce à sa taille.
Nous insistons, en outre, sur le fait qu’aueune confusion n'est
possible entre les éléments du chondriome et le système vacuo-
laire ou d’autres formations de la cellule.
1400 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (48)
Nous retrouvons donc chez les Sélaginelles avec la plus grande
précision les deux lignées de chondriosomes. L'une de ces lignées
n'est représentée que par un seul organite assurant la photosyn-
thèse : il peut se diviser et très souvent les articles qui en résul-
tent restent soudés. Les autres chondriosomes sont en nombre
DRE SF ; on ne les avait pas encore vus.
SECTION DU SPLANCHNIQUE ET GLYCOSURIE ADRÉNALINIQUE
CHEZ LA GRENOUILLE.
Note de CL. GAUTIER, présentée par CH. PORCHER.
Les expériences d’'Ivanow, Masing, Pechstein, I. Bang, Früh-
lich et Pollak, montrant que l’adrénaline fait sécréter du sucre
au foie en circulation artificielle ou in vitro, ne peuvent prouver
que, dans l’organisme entier, un mécanisme aussi simple suffise
à réaliser la glycogénolyse et, par suite, l'hyperglycémie et la
glycosurie adrénaliniques. Le système nerveux peut intervenir.
De fait, nous ne possédons sur ce sujet que deux expériences :
l’une de Pollak (1909), qui observe la glycosurie adrénalinique
après section des splanchniques chez le Lapin, l’autre de Bierry
et Morel (1910) qui voient la section intrathoracique des splanch-
niques empêcher la glycosurie par l'adrénaline chez les Chiens
âgés, mais non chez les Chiens jeunes. Je me suis demandé si la
section des splanchniques empêcherait la glycosurie Fer l’adré-
naline chez la Grenouille.
Chez la Grenouille mâle, depuis août (à cause de la consti-
tution de la réserve glycogénique) jusque vers la mi-novembre
(à cause du développement des vaisseaux qui se rendent aux cor-
puscules de Morat), l'expérience est des plus faciles. Chez la fe-
melle, elle est beaucoup moins réalisable, à cause des ligaments
qui se trouvent vers l'origine du splanchnique et de l'artère in-
testinale commune. Chez le mâle, on rencontrera constamment,
avec rarement quelques filets supplémentaires, la disposition
schématique du sympathique, telle que la figurent Ecker et Wie-
dersheim, dont nous avons suivi la numérotation des nerfs eb
ganglions. L'opération pouvant être utilisée pour maintes recher-
ches physiologiques, nous ne décrirons ici, mais dans tous ses
détails, qu’une de nos expériences.
17 Honemone. Grenouille & de 39 or. L'animal anesthésié à
l’éther, les poumons bien vidés d’air est couché sur le côté droit.
Incision de la peau, en dedans du sac dorsal, à 2 mm. du bourre-
let cutané latéral gauche, depuis le milieu de l’ilion jusqu’à la.
hauteur du membre antérieur. Incision de même longueur des
T4
(49) SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1401
muscles oblique externe et transverse, le long du tractus externe
blanc que l’on aperçoit dans cette région. Si l’on a soin de pren-
dre une Grenouille non baignée depuis 48 h., il n'y a pas d’hé-
morragie. En écartant les lèvres de la plaie, on aperçoit la chaîne,
les ganglions et les nerfs sympathiques, le long des arcs aorti-
ques, de l'aorte abdominale et de la colonne vertébrale. Le
splanchnique est bien visible avec les ganglions V, VI, et VII qui
sont ses origines dans la chaîne. Ablation successive des gan-
glions VII, V et VI, après décollement des filets interganglion-
naires et section des communicants. On a soin aussi de décoller
un peu les filets initiaux du splanchnique avant de les sectionner.
Par la même incision, en écartant l’aorte, on fait la même opé-
ration sur la droite. Finalement, toute la chaîne et les ganglions
sont enlevés depuis le milieu du filet ganglionnaire IV-V jusques
et y compris le ganglion VIII à droite et jusqu'au contact du gan-
glion VIIT à gauche, qu’on ne peut enlever à cause d'une petite
artère.
L'animal est ensuite mis dans un récipient avec un peu d’eau,
comme je l’ai souvent décrit. Le 17, à 21 heures, on récolte
0, c.c. d'urine réduisant V gouttes de liqueur de Fehling (anes-
thésie à l’éther, suspension de la respiration). Le 18, à 8 h., 2 c.c.
d'urine ne donnent pas trace de réduction. L'animal est lavé et
sondé à 10 h. 30. Par des sondages à 14 h. 15, 19 h., 19 h. 15,
22 h., et le 19 à 8 h. et à ro h. 30, on récolte 6 c.c. d'urine ne
donnant pas trace de réduction. L’urine récoltée le 19 et le 20 au
matin (4 c.c.) n’est pas davantage réductrice. Le 20, à 9 h., après
sondage, l’animal reçoit, dans le sac dorsal, r c.c. d’une solution
d'adrénaline à 1 p. 1.000. Par sondages à 12 h. 30, 16 h. 20, 19 h.,
25h" 15 et le 21 à 7 h. 15, on obtient 9 c.c. d'urine dont » c.c.
réduisent complètement XXX gouttes de Fehling (sans qu’on
cherche d’ailleurs la limite de réduction). Réaction extrêmement
marquée avec l’a-naphtol. Le 21, à 17 heures, on récolte 2 c.c.
d'urine ne réduisant qu’en partie XV gouttes de Fehling. Le 2»,
à 8 heures, 1,8 c.c. d'urine ne donne plus trace de réduction.
Conclusion. La destruction des ganglions et des filets du
splanchnique chez la Grenouille n'empêche pas la glycosurie par
l’adrénaline.
1462 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (50} «
ACTIONS SUCCESSIVES DE L'ÉSÉRINE ET DE L'ABRÉNALINE
SUR LA PUPILLE DE L'OŒIL DE GRENOUILLE, in VIVO.
Note de Cr. GAUTIER, présentée par Ca. POrRCHER.
L'ésérine, injectée à dose convenable dans un sac Ivmphatique
détermine, chez la Grenouille d'hiver, un myosis assez serré,
dont il est aisé de se rendre compte par comparaison avec la pu-
pille d’une Grenouille normale. Ce myosis dure plusieurs heures.
H est assez fréquemment un peu plus prononcé d’un côté que de
l’autre. Tous les animaux ne sont pas également sensibles au poi-
son ; chez certains on voit survenir, en les remuant, un état con-
vulsif, et la pupille se dilater brusquement.
J'ai constaté qu'in vivo l’adrénaline dilate au maximum la pu-
pille de la Grenouille mise en myosis par l’ésérine. L’ésérine est
sans action sur la pupille préalablement dilatée par l’adrénaline.
J'ai employé le sulfate d’ésérine de la Pharmacie centrale de
France, physiologiquement éprouvé. Seuls ont été utilisés, dans
les expériences de la deuxième catégorie, les animaux chez les-
quels le poison détermine un myosis bien évident. Pour les expé- |
riences de la troisième catégorie, la constance des résultats im-
pose la conclusion. Après l’injection, les animaux étaient isolés
dans des récipients de verre placés à 5o centimètres d’une lampe
électrique de 25 bougies. Je ne donnerai ici que quelques résul- «
tats. Toutes les solutions ont été préparées immédiatement avant
l'expérience. era
Expérience I. Grenouille & de 35 gr. Injection, à 15 h. 55,
dans le sac dorsal, de 1,3 c.c. d’une solution de sulfate d’ésérine
à 1 gr. p. 100 d'eau. À 17 h., on mesure le grand diamètre hori-
zontal et le grand diamètre vertical de la pupille.. On trouve
G.D.H. 3,5 mm., G.D.V. 2 mm., de chaque côté. À 17 h. 30, on
trouve G.D.H. 3,5 mm., G.D.V. 2 mm., de chaque côté. À 18 h.,
G.D.H. 4 mm., G.D.V. 2,75 mm., à droite et à gauche.
Expérience 11. Grenouille 5 de 38 gr. À 16 h., injection de
1,4 c.c. d'une solution de sulfate d’ésérine à 1 p. 100 dans le sac
dorsal. À 17 h., les diamètres pupillaires mesurent, à gauche :
CODES 22 mm CDN mm.; à droite: G-D'H°3 "mare
G.D.V. > mm. A 17 h. 15, on injecte, dans le sac crural, de façon
à ce que l’ésérine continue de s’absorber à la même dilution dans
le sac dorsal, 1 c.c. d’une solution aqueuse d’adrénaline (r) à
T p. 1.000. À 17 h. 25, les diamètres pupillaires à droite et à
gauche mesurent : G.D.H. 4,5 mm., G.D.V. 4 mm.
(1) Adrénaline extractive Aguettant, dont on faisait extemporanément le
chlorhydrate.
(51) SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1403
Expérience III. Grenouille g de 4o gr. À 15 h. 20, injection,
dans le sac crural, de 1 c.c. d’une solution à 1 p. 1.000 d’adréna-
line. 20 minutes après, la dilatation pupillaire est déjà.maximale.
À 17 h., les diamètres pupillaires à droite et à gauche mesurent :
GD'H%,5 mm., G.D.V. 4 mm. À 17 h. 5, injection, dans le sac
dorsal, de 1,5 c.c. de la solution de sulfate d’ésérine à 1 p. 100.
À 17 h., 18 h., 22 h., les pupilles sont toujours dilatées au maxi-
mum, les dramètres pupillaires ont conservé les mêmes dimen-
sions.
SUR LA VALEUR ANTISCORBUTIQUE DU JUS DE CITRON STÉRILISÉ
ET SUR LA QUESTION DES DOSES D'ANTISCORBUTIQUE
NÉCESSAIRES AU MÉTABOLISME,
par G. MouriQuanD et P. Micuer.
L'action de la stérilisation sur le pouvoir antiscorbutique du
jus de Citron a donné lieu à des divergences d'opinion. Néan-
moins, jusqu à ces derniers temps, la plupart des auteurs admet-
taient sa thermostabilité, au moins relative, à cet égard (x).
Nous avons montré (2) que cette opinion semblait découler
d'expériences insuffisamment prolongées et que, si l’expérience
dure 80, 100 jours et plus, les animaux soumis au régime Orge
+ Foin + jus de Citron stérilisé r heure 1/2 à 120° finissent par:
présenter les accidents ostéo-articulaires et hémorragiques carac-
téristiques du scorbut chronique, même avec une ration quoti-
dienne de ro c.c. de jus de Citron stérilisé.
Cette apparition retardée du scorbut (50 jours au lieu de 20:
jours environ) implique nécessairement la persistance d’un cer-
lain pouvoir A nuque du jus de Gitron survivant à la sté-
rilisation.
Nous avons essayé de doser biologiquement ce pouvoir antiscor-
butique restant, en donnant à des Cobayes, recevant par ailleurs
4o gr. d'Orge (3) (régime entraînant, vers le 20° ou le 25° jour, le:
scorbut aigu du type Holst et Frühlich) des doses respectives sui-
vant les groupes de 5, 10, 20, 4o c.c. de jus de Citron stérilisé
1 Heure 1/2 à 120%.
(x) Holst et Frôhlich. J. Hyg., 1912, t. LXXIT, p. 1. — Hess et Unger. J. biol.
Chem., 1918, t. XXXV, p. 487. — Delf. Biochem. Journ. AO CRUE KI, D. Div
(2) C. R. de ln Soc. de biol., 23 juillet rg21.
13) Nous avons, dans ces cas, écarté l’adjonction du foin, car celle-ci soulève
des problèmes plus Fes sur lesquels nous reviendrons dans la note sui-
vante.
{404 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (92)
Avec 5 et 10 c.c., comme l'ont montré à la fois les constata-
lions cliniques et anatomiques (nos sujets étaient sacrifiés à inter-
salles réguliers), le scorbut est apparu vers le 24° jour. Avec
50 c.c. le début s'est fait entre le 31° et le 36° jour. Avec 4o c.c.
l'intégrité anatomique persistait au 63° jour. Il existait donc,
dans nos cas (24 Cobayes), un parallélisme étroit entre la dose
de jus de Citron stérilisé consommée et la date d'apparition du,
scorbut.
Ces données nous semblent avoir une importance pratique.
Des recherches antérieures portant sur l'aliment cru [jus
d'Orange, jus de Citron (Mouriquand et Michel), lait (EHess)]
avaient montré la nécessité d’un minimum d’aliment antiscorbu-
lique, minimum variable avec chaque aliment, pour assurer la
protection, tant clinique qu'expérimentale contre le scorbut.
Les expériences relatées ci-dessus présentent un intérêt plus
immédiat encore pour la diététique. La cuisson, et, plus encore,
la stérilisation, en atténuant le pouvoir antiscorbutique d’un ali-
ment, nécessite, comme Hess l’a montré pour le lait, et comme
nos expériences le prouvent pour le jus de Citron, l'emploi d’une
dose plus forte de l'aliment partiellement carencé, pour qu'il
introduise la quantité d’antiscorbutique nécessaire à la nutrition.
En ce qui concerne le jus de Citron, on savait que 2 à 3 c.c. sont
nécessaires pour empêcher l'apparition du scorbut expérimental.
Or, il faut 30 à /o c.c. de jus de’ Citron stérilisé, dans les condi-
tions indiquées, pour obtenir le même effet (au moins pendant
$o jours).
Ces faits semblent indiquer que, contrairement à l'opinion
couramment répandue, la substance antiscorbutique (apportée ici
par le jus de Citron) n’agit pas par sa seule présence à la manière
d'un catalyseur ordinaire, mais que, comme pour un aliment
simple, se pose pour elle la question des doses.
ADJUVANTS NON ANTISCORBUTIQUES DE LA SUBSTANCE
ANTISCORBUTIQUE,
par G. MouriQuanp et P. Micuer.
L'étude du scorbut expérimental permet de préciser certains
faits importants relatifs à l'alimentation et à la nutrition géné-
rales. Ce scorbut peut être obtenu, comme on le sait, avec diffé
rents régimes, soit qu'on désire avoir du scorbut aigü (Holst ct
Frôhlich) ou du scorbut chronique (Mouriquand et Michel).
L'étude de ce dernier nous a fourni des indications concernant
(53) SÉANCE DU 18 DÉCEMBRE 1405
le rôle adjuvant, vis-à-vis de la substance antiscorbutique, de
certains aliments manquant pourtant, eux-mêmes, du pouvoir
antiscorbutique.
La connaissance de ces aliments adjuvants (dont le Foin sec est
le type pour le Cobaye) nous a permis, par les expériences sui-
vantes, de préciser certaines conditions d'action de la substance
antiscorbutique.
Si l’on donne (Th. Smith, Holst et Frôhlich, etc...) des grains
de céréales au Cobaye (dans nos cas, Orge complète), on obtient
vers le 19° jour, environ (1) un scorbut caractérisé, avec mort
vers le 31° jour. Si l’on ajoute à ce régime 10 gr. de Foin sec (2),
là date d'apparition du scorbut n'est pas nettement reculée, mais
ce scorbut évolue sur un organisme à nutrition meilleure que
dans le cas précédent (équilibre pondéral longtemps conservé).
La mort survient pourtant au 32° jour, c’est-à-dire à un moment
très voisin de celui du groupe précédent.
Ces expériences semblent bien démontrer que si le Foin intro-
duit dans le régime des substances utiles à la nutrition, il n’ap-
porte pas (à condition d’être bien desséché) de substance antiscor-
butique. :
Des expériences récentes tendant à effectuer le dosage biolo-
gique de la valeur antiscorbutique du jus de Citron stérilisé (voir
note précédente) nous ont donné les renseignements suivants
avec un régime contenant 4o gr. d'Orge + 5 ou ro c.c. de jus
de Citron stérilisé, le scorbut apparaît au 25° jour. Avec un ré-
gime contenant 4o gr. d'Orge et 20 c.c. de jus de Citron stérilisé,
le scorbut apparaît vers le 31° jour ; en ajoutant à l’Orge 4o c.c.
de jus de Citron stérilisé on n’a pas de scorbut au 63° jour (3).
Au régime ci-dessus ajoutons 10 gr. de ce Foin sec qui n'est,
comme on l’a vu, doué d'aucun pouvoir antiscorbutique. Nous
obtenons les résultats suivants : avec le régime Orge 30 gr.+Foin
10 gr.+5 c.c. de jus de Citron stérilisé, le scorbut apparaît au
77° jour au lieu du 24° (4). Avec le même régime, additionné de
20 ou de ho c.c. de jus de Citron stérilisé, les animaux sacrifiés
au 63° jour sont cliniquement et anatomiquement indemnes de
troubles osseux ou hémorragiques.
(x) Tous ces chiffres constituent une moyenne observée chez une cinquantaine
d’animaux.
(2) Le foin dont nous nous sommes servis au cours de nos expériences est du
foin tel qu’on le trouve dans le commerce, c’est-à-dire de l’herbe fauchée et
desséchée depuis plusieurs mois. Pour plus de précautions, nous conservons au
sec, dans le laboratoire, plusieurs mois avant de l’employer, le foin qui nous
est vendu. Nous vérifions d’ailleurs toujours systématiquement son absence de
pouvoir antiscorbutique.
(3) Chacun de ces groupes comportait de 6 à ro sujets.
(4) Résultats moyens obtenus de l'observation d’une quarantaine d'animaux.
Biococre. CoMPTEs RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 96
: 4406 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON : (54)
Comment interpréter de pareils faits ? Il paraît tout d’abord
_certain que le régime consistant en grain d'Orge est (d’après les
données de Me. Collum et de Steenbock) insuffisant en amino-
acides, en substances minérales, en liposoluble et privé de pou-
voir antiscorbutique (Holst). Aussi entraine-t-il, même avant l’ap-
parition du scorbut, une déchéance organique rapide des ani-
maux.
La preuve que cette carence n’est pas uniquement antiscorbu-
tique est donnée par nos expériences antérieures (1) qui ont mon-
tré que l’adjonction d'antiscorbutique (jus de Citron cru) à ‘ee
régime, si elle écarte lé scorbut, n’empêche pas, le plus souvent,
une déchéance progressive de la nutrition aboutissant à la mort,
mais sans aucune manifestation ostéo-hémorragique. La seule
adjonction de Foin apportant d'importants éléments à la nutri-
tion permet plus longtemps, comme nous l’avons vu, l'équilibre
pondéral, mais ne retarde ni le moment d'apparition du scorbut,
ni même notablement celui de la mort, comme si le complément
alimentaire qu'il fournit était de nulle efficacité à ces derniers
points de vue. |
Le régime Orge + Foin parait bien être le type du régime uni-
earencé ou oligo-carencé tous les éléments indispensables au
métabolisme y semblent présents, sauf l’antiscorbutique. La
preuve en est donnée par le fait que, si cet antiscorbutique est
ajouté à dose suffisante (10 c.c. de jus de Citron cru), les ani-
maux ont une survie presque indéfinie et une croissance et une
reproduction voisines de la normale,
Les expériences que nous apportons Rasa: hui montrent que
le Foin, non antiscorbutique par lui-même paraît augmenter l’ac-
tion de faibles doses d’antiscorbutique restant dans le jus de Ci-
tron stérilisé probablement en transformant le régime pluri-ca-
rencé (Orge) en régime uni-carencé (Orge+Foïin). On sait que,
dans une certaine mesure. les aliments (aussi bien les aliments
simples que les aliments minimaux) se prêtent un mutuel appui.
Lorsque l'équilibre alimentaire est profondément troublé par
l'absence de plusieurs substances indispensables (dans nos cas,
probablement amino-acides, sels minéraux, liposoluble) la ca-
rence partielle d’une substance à action aussi spécifique que l’an-
tiscorbutique se fait rapidement sentir. Par contre, lorsque les
dites substances indispensables sont ajoutées au régime, cette ca-
rence partielle d’antiscorbutique se fait sentir à échéance beau-
coup plus lointaine, comme si l’antiscorbutique restant trouvait
dans l'équilibre alimentaire réalisé en dehors de lui des conditions
(1) Mouriquand et Michel. C, R. de la Soc. de biol., 27 mai 1922.
pa
165) SÉANCE DU 18. DÉCEMBRE 1407
- favorisant son activité, ou diminuant les besoins de l'or ganisme
en cette substance (1),
Un cas D'ADAPTATION MICROBIENNE CLINIQUE ET EXPÉRIMENTALE,
par G. Papacosras et À, Büpayoux.
Nous avons eu a l’occasion d'observer un liquide
-céphalorachidien de méningite à Pneumocoques. L'aspect eyto-
Jogique y montrait de ie polynucléaires prenant bien le
colorant et des dipiocoques encapsulés, Gram positifs, en nombre
considérable sans association microbienne. Pour €<n faire T'iden-
tification, nous avons eu recours aux procédés usuels de culture
-sur les milieux habituels et inoculation à la Souris blanche. Les
cultures après 24 heures d'étuve nous ont donné des Pneumoco-
ques typiques alors que la Souris inoculée a continué à vivre sans
présenter aucun trouble, même au bout de plusieurs jours.
Nous ne pouvions pas douter de la virulence du microbe, étant
donné que, d’après les renseignements fournis, la méningite a
eu une évolution particulièrement grave et a emporté la malade
au bout de quatre jours.
Nous avons eu l’idée d’inoculer le Pneumocoque en question,
non plus sous la peau, mais en plein canal rachidien de la Sou-
ris. Le Pneumocoque avait été entretenu virulent par des repi-
quages quotidiens sur gélose T ascite. Une émulsion en fut faite
en eau physiologique. Comme il ne fallait pas songer, chez un
animal aussi petit que la Souris, à atteindre les espaces sous-
arachnoïdiens, nous avons cherché à atteindre la moelle en nous
basant sur la paralysie produite par l'injection faite au niveau
de la région sacro-lombaire, et, en effet, nous avons obtenu une
paralysie partielle de la patte droite postérieure. Les deux Souris
inoculées moururent en 24 heures.
La recherche du Pneumocoque fut de nouveau pratiquée par
culture avec le sang du cœur et avec les centres nerveux (cerveau
et moelle cervicale). Les cultures examinées 24 heures après mon-
trèrent du Pneumocoque dans les tubes ensemencés avec le cer-
(x) Ces faits relatifs à l’action de la substance antiscorbutique peuvent être
rapprochés d'observations de Me. Collum, faites sur le Rat, touchant le lipo-
soluble et les substances minimales en général. Cet auteur, en effet, indique que,
pour juger des effets d’un régime sur l’animal, il faut tenir compte du fait
que ce régime est quelque chose de complexe et que s'il‘est normalement cons-
titué par tous les facteurs sauf un, un animal peut le tolérer longtemps sans
troubles apparents, même si le manque réside dans l’un ou l’autre des éléments
“essentiels (Voir Rathery. Rapp. au xvi° Congr. franc. de médecine, 1922, p. 253).
veau et la moelle, mais celles ensemencées avec le sang du cœur
restèrent négatives. Ces nouvelles cultures furent réinjectées.
alors, à deux Souris, par voie hypodermique : les animaux res-
tèrent absolument indemnes d'aucun trouble et survécurent à
l’inoculation. .
Nous avons donc là un cas d'adaptation très curieuse du Pneu-
mocoque aux centres nerveux qu'il nous a paru intéressant de
signaler. Nous savons que l’inoculation à la Souris d’un produit
pneumococcique virulent détermine généralement la mort de
l'animal. |
Les conclusions de notre étude montreraient que, dans la pra-
tique, il ne faut pas se fier à ce critérium pour affirmer ou nier
la virulence d’un tel produit, et que, si un Pneumocoque de mé-
ningite, injecté sous la peau de la Souris, ne tue pas l’animal,
peut-être l’injection intrarachidienne permettra-t-elle de tran-
cher la question. Ce fait est à rapprocher des cas d’adaptations
x
microbiennes signalés à propos d’autres microbes, tel, par exem-
ple, le cas d’adaptation ganglionnaire du Bacille de Koch, rap—
porté par Courmont, Tixier et Dor.
(Institut bactériologique).
1408 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LYON (56)
+0
(43) 1409
: RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUEDE
SEANCE DU 10 DECEMBRE 1922
SOMMAIRE
ABLGREN (G.) : Contribution à la distillation au moyen d’un
la question de la spécificité des courant de vapeur............. 45
déshydrogénases ........,..... 43 LiuncpasL (M.): Une méthode
Lsuxcrau (M.): Sur la désa- de détermination de l’ammonia-
grégation de l’urée et des autres | que de lune ere CEE 48
£léments azotés de l’urine dans
Présidence de M. K. Petrén.
CONTRIBUTION A LA QUESTION DE LA SPÉCIFICITÉ
DES DÉSHYDROGÉNASES.
Note de GUNNAR AHLGREN, présentée par ERIK WipMARK.
L'oxydation (déshydrogénisation) des tissus se fait, selon Thun-
berg (1), par l'intermédiaire d'enzymes nommées déshydrogéna-
ses. Se basant sur leur résistance différente au lavage des tissus el
sur leur comportement par rapport à la température, Thunberg
a émis une hypothèse sur la pluralité des déshydrogénases diffé-
rentes chacune étant portée spécifiquement par son substratum.
Avec des hydratases et des décarboxylases, elles constitueraient
une série de ferments métaboliques, dont chacun modifie le pro-
duit formé par l’action de l’enzyme qui le précède directement
dans la série.
Nous décrirons plus loin quelques expériences qui renforcent
la conception de la spécificité des déshydrogénases, sans qu'on
doive, toutefois, la considérer comme absolue. Nous avons laissé
de côté la question de savoir lesquelles, parmi les nombreuses
substances organiques sujettes à être déshydrogénées par le tissu
musculaire, par exemple, peuvent être considérées comme des
produits métaboliques intermédiaires. (
Ce n’est qu’en lavant avec le plus grand soin le tissu muscu-
laire qu’on peut, par la méthode au bleu de méthylène, en cons-
tater le pouvoir déshydrogénant, par exemple, l’éthyl-alcool et le
(1) Skandinav. Arch. f. Physiol., t. 40, p. 1, 1920.
(2) Voir ma note dans Acta medica Scandinavica.
1410 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (44ÿ :
méthyl-alcoof, l’acétone et les acides sébaciques d'ordre inférieur.
Il faut donc que les enzymes agissant à cet effet soient, ou faciles
à extraire, ou très labiles Entre autres enzymes légèrement plus
résistantes au lavage, citons les enzymes qui oxydent les acides
citronique, malique, tartrique, exalacétique et pyroracémique.
Après un nouveau lavage, le tissu. musculaire voit disparaître son
pouvoir d’oxydation vis-à-vis de ces acides, tandis que l'acide lac-
tique et l’acide r-«-oxyglutarique continuent à activer la réduc-
tion (bleu de méthylène). À un lavage tel que toute réduction
spontanée disparaît, ne: résistent que es enzymes par lPintermé- :
diaire desquels les acides suctinique, glycérophosphorique et.
œ- cétoglutarique s’hydrogénisent. Nous trouvons done, à ce: point
de vue, au moins quatre groupes de déshydrogénases.
En triturant le tissu musculaire au mortier, on observe encore
dans les enzymes une résistance, —ou labilité — variable, qui
peut servir de critérium pour les classer.
L'acide succinique et l'acide glycéro-phosphorique sont des ac-
tivateurs très puissants vis-à-vis du système tissu musculaire-bleu
de méthylène. On peut constater de plusieurs façons qu'il s’agit
de deux enzymes différents. À l’extraction du tissu musculaire
(Cheval) avec une solution N/15 de biphosphate de potassium, la
succinodéshydrogénase entre en solution, cé qui ne se produit
pas avec l’autre. La glycérophosphorodéshydrogénase conserve,
à un degré de beaucoup supérieur à celui de la succinodéshydro-
génase, son. action à la réaction acide (muscle de Cobaye). Une :
autre méthode par laquelle on peut, encore en ce cas (muscle de
Cobaye), prouver la présence des deux enzymes précédentes à
été employée pour la première fois par Rosling (1). À partir d’une
certaine concentration, l’action d’une substance réduetrice est
optimale. Or, si on mesure la réduction (bleu de méthylène), em |
présence d'acide succinique et d'acide glycérophosphorique en.
concentrations optimales, d’abord à part, puis simultanément,
le temps de réduction devra, dans le second cas, être considéra-
blement plus court, si nous avons affaire à de enzymes, que
lorsqu un corps est seul présent ; s’il n'y a qu’un seul enzyme,
cette diminution du temps de réduction n'aura pas lieu. Une
preuve de la spécificité des deux enzymes est encore fournie par
le fait que je peux eonstater la production par l'acide glycéro-
phosphorique, dans le cristallin du Veau, d’une activation que ne.
détermine pas l'acide succinique.
La question de savoir si l'acide succinique et l'acide 2-cétoglu-
larique sont attaqués par différentes enzymes n'a pas encore été .
résolue. La déshydrogénisation de l'acide méthyl- succinique
(1) Recherches encore res de Pen iut de ion de l'Université de
und. È 4
141
(45) SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE
(acide pyrotartrique) qui, à la différence 1 LEA cu sue-,
cinique, de l'acide diéthyl-succinique et des acides méthyl-éthyl-.
succiniques, présente un effet d'activation, n'est, ps: réalisée sûre-
ment par la succinodéshydrogénase. ral d
La présence d’une citricodéshydrogénase sr éoies et de une ma“
licodéshydrogénase spéciale ressort du fait que l'acide malique .
active le système : bleu de méthylène- -cristallin (Veau) et qué.
l'acide citrique ne l'influence pas. Batelli et Stern attribuent à
leur citricoxydone le pouvoir d'oxyder (en. acide carbonique et.
eau) aussi bien. l’acide citrique que les acides malique et fumari-
que. L’acide ue semble n'être attaqué par la malicodéshy-
drogénäse qu'après avoir été, par une hydratase, transformé en,
acide r-malique.
(Institut de physiologie de l'Université de nu
SUR LA DÉSAGRÉGATION DE L'URÉE ET DES AUTRES ÉLÉMENTS AZOTÉS
DE L'URINE DANS LA DISTILLATION AU MOYEN D'UN COURANT .
DE VAPEUR,
par MALTE LIüNGDAnT..
L'importance sans cesse accrue, tant au point de vue pratique
qu'au point de vue théorique, qu’a prise, ces dernières années,
la détermination quantitative des différents éléments azotés de
l'urine a, comme on le sait, provoqué l'élaboration de nombreu-
ses méthodes nouvelles de détermination ou des modifications :
d'anciennes méthodes, toutes ayant pour but de rendre ces déter-
minations aussi courtes que possible, et assez simples pour qu'el-
les puissent être utilisées dans les recherches posts - Ja
clinique. ne
Pour la détermination de l’ammoniaque, nous avons rècherché
une méthode de ce genre, provoquée par le besoin de simplificac
tion, et qui à consisté à introduire le titrage par le formol. Mais,
. d'une part, la réaction, dans ce titrage, est loin d’être nette, et,
d'autre part, il y a des acides aminés dans les quantités trouvées.
Les méthodes basées sur ce principe n’ont done pas autant d’exac-
titude que de simplicité. En tous cas elles ne peuvent pas, au
point de vue de l’exactitude, être comparées avéc celles où l’am- :
moniaque est isolée au moyen du vide ou d’un courant d'air. Ces”
dernières méthodes, de leur côté, exigent beaucoup de temps : la
méthode de Folin, par exemple, qui est très souvent employée,
exige, pour chaque détermination, r heure r/2. La raison de cette
perte de temps, dans la méthode de Folin comme dans les autres
1412 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUËDE (46)
méthodes qui sont fondées sur le même principe, est que, pour
éviter la formation d’ammoniaque provenant de l’urée ou des
autres éléments azotés constitutifs de l’urine, il faut isoler l’am-
moniaque à une température relativement basse.
Dans quelques travaux antérieurs (r), j'ai montré qu'il y a
intérêt à se servir de la distillation par la vapeur d’eau pour la
détermination de la quantité totale de l’azote de l'urine, ainsi que
pour la teneur de l'urine en acétone et en acide diacétique.
Comme dans cette méthode il n’y a aucune concentration du li-
quide que l’on veut examiner, on peut très sensiblement dimi-
nuer les quantités, ce qui provoque une économie notable du
temps nécessaire et une économie de réactifs. Pendant 5 ans,
nous nous sommes servi régulièrement, à notre clinique de Lund,
de cette méthode, en connexion avec les appareils indiqués par
Bang pour ses déterminations microbiennes de l’azote, et ce pro-
cédé m’a semblé répondre à toutes les exigences possibles, tant
au point de vue de l'exactitude que de la rapidité ; à ce dernier
point de vue, notamment, elle est supérieure à toutes les métho-
des employées pour ces déterminations dont j'ai trouvé l’indica-
tion dans la littérature médicale.
Il m’a semblé nécessaire de chercher à isoler lammoniaque de
J’urine par la vapeur d’eau. Assurément, dans cette méthode,
l'urine est chauffée jusqu'à l’ébullition, ce qui risque de provo-
quer une désagrégation de l’urée. Mais, d’autre part, dans cette
distillation par la vapeur d’eau, ce risque est diminué par le fait
que, avec de forts courants de vapeur, le passage de l’ammonia-
que se fait en un temps incomparablement plus court. Et, en
outre, on pourrait concevoir que la dilution de l'urine, qui se
produit au cours de la distillation, compense la désagrégation de.
l’urée.
Dans la détermination de la quantité totale de l'azote de l'urine,
faite selon la technique que nous avons indiquée, on emploie,
pour chaque détermination, 1 c.c. d'urine. L’ammoniaque qui
sy forme, lors de la combustion par l’acide sulfurique concen- .
tré est distillée au moyen de la vapeur d’eau pendant 5 minutes .
environ : pratiquement, ce temps ne dépasse jamais 10 minutes.
Il était évident, par avance, que la simple distillation de l’ammo-
niaque préexistante demanderait un temps moindre. Ce fait s’est
trouvé vérifié. Les expériences ont été faites avec différentes sor-.
tes de solutions de sel d'ammonium, de concentration connue.
Pour chaque détermination, on s'est servi de r c.c. d’une solu-
tion de ce genre. Pour l’alcalinisation, on a employé de 3 à 4 c.c.
d'une solution de carbonate de soude de 10 à 15 p. 100. Les quan-
(:) Biochem. Zeitschrifl, t. 85, p. 103 ct 106.
(41) SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1413
tités d'ammoniaque de ces solutions n’ont pas dépassé de 0,5 à
1,5 p. 1.000, concentration correspondant à celle de l’urine de
l'Homme. Dans toutes les expériences, la distilletion a été termi-
née en moins de 5 minutes. Ainsi, par exemple, une solution de
sulfate d'ammonium contenant une quantité de NH° de 1,20 mer.
par c.c. a donné, dans quatre déterminations différentes, 1,18 —
1,18 — 1,17 — 1,18 mgr., cela pendant une distillation de 4 mi-
nutes. En continuant la distillation pendant 5 minutes de plus, il
ne passait plus du tout d'ammoniaque. ;
Nous avons aussi examiné la résistance de l’urée dans des con-
ditions tout à fait analogues. Pour les expériences, nous nous
sommes servi de 1 c.c. d’une solution d’urée à 1 p. 100. L’alcali-
nisation a été faite avec 3 à 4 c.c. d’une solution de soude de 10 à
15 p. 100.
Certaines des solutions d’urée que nous avons employées ont
dégagé de l’ammoniaque pendant les premières minutes de la
distillation. L’'ammoniaque a ensuite disparu. Ce fait, ainsi que
la constatation que d’autres préparations d’urée n'ont pas laissé
voir de traces d’ammoniaque, confirme cette conclusion, que
jai eu à faire à des impuretés préalables. En aucun cas cette
ammoniaque initiale ne peut avoir d'importance pratique. Car,
en règle générale, cette quantité n'était que de 0,02 mgr., et sou-
vent l’ammoniaque n’a pu être déterminée que d’une manière
qualitative. Jamais la quantité d’ammoniaque n’a dépassé
0,042 mer. Au cours de nombreuses expériences, la distillation a
été poursuivie jusqu'à 10 minutes sans qu'on püt observer un
passage ultérieur d’ammoniaque. Lorsqu'on poussait la distilla-
tion jusqu'à 15 minutes et même davantage, on pouvait consta-
ter parfois une augmentation de o,o1 mgr. à 0,02 mgr.
Par analogie, dans les expériences faites avec des solutions
connues de sel ammonium et avec addition d’urée, on a obtenu
une augmentation insensible dans quelques cas, tandis que dans
d’autres cas l’addition d’urée n’influait nullement sur la valeur.
Une solution de sulfate d'ammonium avec une quantité calculée
de 1,50 mgr. de NH° par c.c. a donné ainsi dans 5 déterminations
différentes : 1,445 — 1,445 — 1,452 — :,445 — 1,445 mgr. Après
addition d’urée, on obtenait, par c.c., pour la même solution
1,467 — 1,450 — 1,467 — 1,467 — 1,467 mgr. La durée de la
distillation pour toutes ces déterminations a été de 5 minutes.
De même que sur l’urée, nous avons expérimenté sur l'acide
urique et le glycocolle. Nous n'avons pu constater aucune forma-
tion d'ammoniaque dans ces expériences faites suivant la mé-
thode que nous avons indiquée.
(Clinique médicale de Lund).
(48)
414 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE
. UNE MÉTHODE DE DÉTERMINATION DE L'AMMONIAQUE DE L'URINE,
par MALTE LIUNGDAuL.
Comme on le voit d’après les expériences rapportées dans la
mote précédente, la distillation par la vapeur d’eau demande au
maximum b minutes pour faire passer dans le récipient une quan-
tité d'ammoniaque correspondant à celle qui se trouve d'ordinaire
dans 1 c.c. d'urine humaine. En se servant de carbonate de
soude pour faire dégager l’ammoniaque, il semble qu'il ne se
produise, pendant ce temps, aucune désagrégation de l’urée, non
plus que de quelques autres des éléments azotés de l'urine, ou,
-en tout cas, cette désagrégation est si insignifiante qu'elle n’a au-
cune importance pour la détermination de l’ammoniaque préala-
ble. Si l'on poursuit la distillation plus longtemps, il se produit,
du moins souvent, une désagrégation progressive. C’est seule-
ment après 15 minutes environ que cette désagrégation a atteint
un degré tel qu'on peut la déterminer quantitativement.
. Des expériences analogues faites avec l'urine ont montré que,
pendant les premières minutes de la distillation, l’ammoniaque
passe en quantité appréciable. Elle s'arrête cependant bien vite, er
règle générale après 3 à 4 minutes, et, au bout de 5 minutes, on
ne peut plus trouver trace d’ammoniaque, au moyen du pa-
pier de tournesol, dans le résidu de la distillation. La détermina-
ton quantitative, d'accord avec ce fait, donne, au bout de 4 à 5
minutes de-distillation, des quantités constantes. C’est seulement
-dans le cas où la distillation est prolongée de 5 à ro minutes que
l’on peut constater quantitativement une augmentation. Presque
toujours, j'ai trouvé cette augmentation un peu plus grande dans
les expériences faites avec l’urine que dans celles où je n’ai em-
ployé que des solutions pures de sel et d’urée. Une prolongation
de da distillation de 5 à ro minutes a ainsi donné, dans certains
cas, une augmentation de 0,05 à 0,09 mgr., tandis que, dans
d’autres cas, il n’y avait que des traces.
- Ge résultat, si on l’examine à la lumière des résultats qui .ont
“été trouvés au cours des expériences relatées dans l’article précé-
dent est de nature à nous montrer manifestement que l’ammo-
niaque de l’urine se laisse, de cette façon, isoler et déterminer.
La seule condition c’est que la durée de la distillation ne soit pes
trop supérieure à 5 minutes. Si l’on s’en tient à ce principe, la
méthode donne des quantités qui sont singulièrement constantes.
*£ est ainsi que j'ai obtenu dans une série de 5 déterminations,
faites sur une seule et.même urine, 0,336 mer. dans toutes les
a La durée de la distillation a varié entre 4 et 6 mi-
nues, rent |
(49) SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE 1415
Cette méthode donne pratiquement des quantités identiques à
_celles qui sont trouvées par la méthode de Folin. Ainsi, par
exemple, une double détermination par la méthode de Folin
donne des quantités de 0,098 et de 0,097 p. 100 ; la méthode que
nous venons d'indiquer donne les quantités respectives de 0,094
et de:0,095 p. r00 d’ammoniaque. Si l’on se sert pour l’alcalinisa-
tion d’hydrate de baryte au lieu de carbonate de soude, on ob-
tient les mêmes quantités, ce qui prouve bien qu'aucun phos-
phate ammoniaco-magnésien n’agit comme agent perturbateur.
Bien que la disposition des appareils de distillation de Bang
soit universellement connue, j'en donne une description som-
maire pour plus de commodité.
La cornue À est d’une capacité de r litre. On évite les à-coups
en introduisant dans la cornue quelques petits fragments d’un cy-
lindre en argile, ou, mieux encore, en introduisant, à travers le
bouchon un mince tube de verre de 50 em. de longeur environ,
<e telle manière qu'il touche presque le fond de la cornue. La
hauteur de l’eau de ce tube donne en même temps des indications
sur la force de la pression de la vapeur .La vapeur d’eau est ame-
mée au moyen du-tube X à la cornue-de distillation B, une cor-
1416 RÉUNION BIOLOGIQUE DE SUÈDE (50)
nue de Kjeldahl de 5o c.c. Ce tube, dont l’orifice inférieur touche
presque au fond de la cornue de distillation, se divise en deux
parties, réunies en a au moyen d’un tube de caoutchouc. Grâce
à ce dispositif, on peut supprimer à tout moment la communica-
tion. Ce résultat d’ailleurs est atteint encore plus facilement si
la première branche fixée à la cornue 4 est faite d’un tube en T
muni de robinets de telle manière que la vapeur puisse être mise
en communication, suivant les besoins, soit avec l’appareil, soit
avec l’air extérieur. Au tube X est en outre adapté, à une tubu-
lure et par un petit tuyau de caoutchouc, un entonnoir qui peut
être fermé par une pince. Ÿ est un dispositif de süreté à la ma-
nière de Hopkin et c est un petit refroidisseur d'argent. Comme
récipient, on peut très bien se servir d’une coupe de verre ordi-
naire au lieu du vase qui est indiqué sur la figure.
La détermination de l’ammoniaque se fait de la manière très
simple que voici :
Dans le récipient on met, avec une pipette, 2 c.c. d'acide sul-
furique N o,r. À l’aide du support on place le récipient de telle
manière que l’orifice du refroidisseur se trouve au-dessous de la
surface du liquide.
L'eau de la cornue est portée à l’ébullition. On couge en a la
communication. Dans la cornue de distillation B on introduit
1 C.c. d'urine, puis la cornue est adaptée à l’appareil comme le
montre la figure. Dans l’entonnoir on verse 2 c.c. de solution de
carbonate de soude de 10 à 15 p. 100. En faisant fonctionner la
pince, on fait couler cette solution dans la cornue de distillation,
puis, aussitôt après, la communication en a est fermée. Au bout
de 1° à 1” 1/2, l’urine entre en ébullition et 3 minutes après, en
règle générale, toute l’'ammoniaque a disparu, ce qu’on peu con-
trôler par le papier de tournesol.
Pour le titrage, on se sert d’une solution d’hydrate de soude
N o,r avec le rouge de méthyle comme indicateur. Les burettes
appropriées sont celles qui ont été proposées par Bang pour ses
déterminations du sucre du sang. En tout cas, elles doivent être
graduées de telle manière qu’elles permettent de constater des
différences de o,or1 c.c. La différence entre les quantités d’acide
et d'hydrate de soude N 0,1, multipliée par 1,7 donne par consé-
quent la quantité d’ammoniaque en mgr. par c.c. d'urine.
Cette méthode a été élaborée il y a environ un an. Depuis que
cette note a été rédigée, j’ai appris, par un de mes collègues, que
la même méthode est employée à la clinique du P° Mohr.
(Clinique médicaie de Lund).
Fin pes Compres RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉ'IÉ DE BIOLOGIE.
RE PET CR EEE SI TRES NS UE EN PRE SNS DIRE ENT ETC EE STE PSS SE
Imp. A. DAVY et FILS Aîné 5 r. Madame, Paris. Le Gérant : A. DAVY.
TABLE DES MATIÈRES
PAR NOMS
ANNÉE 1922.
A
Abei (E.). Remarques à propos de
quelques expériences d’avitaminose,
TAde
Achard (Gh.) et Binet (L.). Recher-
che clinique de l'insuffisance glycolyti-
que par les échanges respiratoires, 52.
Achard (Gh.) et Thiers (J.). Sur les
réactions du liquide céphalo-rachidien
dans la sclérose en plaques, 1006.
Adserseñ (V.).Recherches expérimen-
tales sur le sérum anti-gourmeux, 470.
Ahlgren (G.). Contribution à la
question de la spécificité des déshydro-
génases, 1409. :
Alezais et Peyron. Sur les disposi-
tifs de soutien du tissu chordal dans les
tumeurs et sur leurs homologies, 307.
Ambard (L.) et Gaïllet (A.). D:
l’anesthésie au protoxyde d’azote, 1371.
Ambard (L.) et Schmid (F.). Pré-
sentation d’un micro-uréomètre, 1374.
Appelmans (R.). Le rôle de la glande
thyroïde dans le phénomène de l’ana-
phylaxie, 1242. Voir Braynoghe.
Argaud (H.). Terminaisons nerveuses
dans les artères du cordon ombilical,
673.
Arloing (F.), Guillemin (A.) et Lan-
geron (L.). Action suspensive du ré-
Îlexe solaire sympathicotonique sur les
manifestations convulsives du choc va-
gotonique chez l’animal, 1152.
Arloing (F.) et Lanzeron ‘L.). L'an:-
phylaxie dans la série animale. Batra-
ciens et Poissons, 634. — L'’anaphy-
laxie dans la série animale. Choc ana-
phylactique expérimental chez le Pigeon,
632.
Arloing (F.) et Thvenot (L.). Essais
sur l’anaphylaxie chez les Bactéries. Mo-
BioLocrE. COMPTES RENDUS. — 1922
+ T. LXXXVII.
D'AUTEURS f
— DEUXIÈME SEMESTRE
difications produites par passages brus-
ques dans des milieux de cultures bouil-
lon-sérum à des taux différents, 12. Voir
Weill (E.).
Arnaud (R.). La réaction du benjoin
colloïdal dans le sang, 324.
Aron (M.). Condition de formation et
d’action de l’harmozone testiculaire chez
les Urodèles, 248. — Définition et clas-
sification des caractères sexuels des Uro-
dèles, 246.
Asheshov (I-N.). L’accoutumance
du Bactériophage, 1343. — Sur les par-
ticularités de quelques souches de Bac-
tériophage, 134r.
Athanasiu (I.). Présentation de do-
cuments concernant l'énergie nerveuse
motrice, 223. — Sur l’énergie nerveuse
motrice. Réponse à la note de M. L.
Lapicque. Cadence de l’influx moteur
volontaire, 1356.
Athanasiu et Barry. Irrigation des
centres nerveux par le sang défibriné
d’une préparation cardio-pulmonaire
d’un autre animal, 341.
Aubertin (E.). Voir Fichez (A.).
Auguste. Voir Polonovski.
Auriat (G.). Voir Verger (H.).
Aznar (P.). Voir Weinberg.
Azoulay (L.). La cause du rappro-
chement provoqué des feuillets de Rus-
sula queletii (Fr.) Bat., 963.
B
Babonneix (L.). De certaines hétéro-
topies observées dans les encéphalopa-
thies infantiles, 504. — Lésions inflam-
matoires des méninges dans l’idiotie
mongolienne, 419.
Bachmann (A.) et Barrera (M. de
la). Vaccin antidiphtérique, 1044.
97
1418
Bachmann (A.) et Biglieri- (R.).
Variole et vaccine, 1047.
Backman (E.-L.) et Lundberg (H...
Action de l’atropine sur les effets pro-
voqués par l’adrénaline sur la pression
du sang, 481. — Importance de l’atro-
pine pour les effets de l’adrénaline sur
les vaisseaux et sur le cœur, 479.
L'action de l’atropine sur les effets pro-
voqués par l’adrénaline sur l'utérus,
475.
Bailly (P.). Voir Sartory (A.).
Ballit (L.. Contribution à l’étude de
la pression artérielle pendant la diges-
tion, 1230.
Balteano (I). Recherches sur l’éli-
mination du Bacille d’Eberth et des
paratyphiques chez les Cobayes, 931. —
Sur la cuti-immunisation anticharbon-
neuse chez les Cobayes, 655. — Sur la
cuti-infection charbonneuse chez les
Lapins et les Cobayes, 653.
Bang (F.). Démonstration expéri-
mentale d’un temps de latence dans
l’éelosion des tumeurs malignes, 754. —
Processus histologiques au cours de
l’évolution du cancer du goudron chez
les Souris blanches, 757.
Bardier (E.) et Stillmunkès (A.). De
la mort par l’adrénaline au cours de
l’anesthésie chloroformique. Syncope
cardiaque, 321.
. Barrera (M. de la). Voir Bach-
mann (A.).
Barry. Voir Athanasiu.
Battelli (F.) et Martin (J.). La pro-
duction du liquide des vésicules sémi-
nales en rapport avec la secrétion interne
des testicules. 429. Voir Stern (L.).
Baudy (M.). Voir Bossan (E.).
Baury (A.). Voir Leger (M.).
Beauvy (A.). Chauffage ménagé du
sérum dans la réaction de Wassermann,
variante Hecht, 1125.
Beckerich (A.) et Ferry (G.). À
propos du procès verbal, 24x.
Beckerich (A.) et Hauduroy (P.).
Sur l'o btention de Bactériophage par
antagonisme microbien, Réponse à
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BACIHMANN — BINÉT
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— Influence de la dilution sur le .
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la muqueuse intestinale, 18r. — Note
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1420
CARLES — CREYX
EEE
pléance de la muqueuse intestinale dans
l'élimination des médicaments, 524.
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des médicaments injectés dans l’orga-
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— Recherches sur la gélification du sé-
rum par l’aldéhyde formique chez les.
animaux en état d’anaphylaxie, 416. —
Sur la gélification des sérums par l’al-
déhyde formique, 155. — Sur le phéno-
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1421
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veineuse, 719. — Action de l’ésérine sur
la motilité de l estomac chez l'Homme,
722. — Action du calcium sur l’estomac
de l'Homme. Voie intraveineuse et voie
gastrique, 721. — L'élément psychique
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1422 DRAGOIU
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— Il n’y a pas de « substance amorphe »
dans la trame conjonctive, 147. — La
boule d’œdème de Ranvier et la dispo-
sition de la trame dans le tissu conjonc-
tif sous-cutané, 439. — La structure du
faisceau conjonctif, étudiée particuliè-
rement dans le tendon, 598. — Remar-
ques sur l’ostéo-radio-nécrose de CI, Re-
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du citrate de soude chez les animaux,
224. — Les injections de lait dans le
traitement des maladies des animaux,
68. — Le traïtement des localisations
nerveuses de la maladie des Chiens par
la formine (urotropine), 4rr. — Sur :
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artificiel expérimental sur les échanges
respiratoires, 56r. — Modifications ap-
portées à la ventilation pulmonaire par
la suppression artificielle d’un pou-
mon, 560. — Modifications morpholo-
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Le principe Iytique est-il contenu dans
les Bactéries? 687. — Précédents histo-
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lieu de Pétroff des Bacilles tuberculeux
provenant d’abcès froids, 22.
Eu
Ukil (A.). Un anaérobie œdémato-
gène de l’appendicite, 1009.
Urbain. Voir Brocq-Rousseu, Woli-
man (E.).
Ürechia (G.-I.) et Georgescu (P.).
Influence de la ponction lombaire sur |
la formule leucocyiaire du sang péri-|
phérique, 815.
Urechia (G.-I.) et Goldner (A.). Le
complexe colorant thionine-nigrosine
en injections chez l'Homme, 8r4.
UÜrechia (G.-I.) et Grigoriu (Ghr.).
L’extirpation de la glande pinéale et son
influence sur l’hypophyse, 815,
LN
Vailtis (J.). Pouvoir antigène des
Bacilles diphtériques dans la réaction
de fixation de la tuberculose, 947.
Pouvoir antigène des Bacilles paratu-
berculeux dans la réaction de fixation
de la tuberculose, 1030. — Sur les anti-
corps du sérum des Lapins traités par le
sérum antidiphtérique, 1153.
Van Laer (M.-H). et Merten (J.).
L’acidité libre et son influence sur la
reproduction des Levures et des mi-
crobes, 990.
Van Saceghem (R.). La sérothérapie
dans le traitement des trypanosomiases,
995. — Les infections doubles à Trypa-
nosomes pathogènes, 994. — L'intra-
palpébro-réaction dans le diagnostic des
trypanosomiases, 092.
Vaudremer (A.). Voir Gessard (Q.).
Vérain (M.). Voir Etienne (G.).
Verge (J.). Sur la résistance à la
chaleur des spores charbonneuses, 1318,
Voir Panisset (L.). 4
Verger (H.), Massias (Ch.) et Au-
riat (G.). Exagération de la tolérance
aux hydrates de carbone et absence de
réaction à l’extrait de lobe postérieur de
l'hypophyse chez une acromégalique,
DO
Verne (J.). Les cranulations chro-
“maffines des glandes salivaires posté.
rieures des Céphalopodes, 1073.
Vignes (H.). Lécithine et gestation,
Ar 7.
Vignes (H.) ei Hermet (P.). Sédi-
mentation des globules rouges et gesta-
tion, ch2.
Vimtrup (B.). Sur les clément con-
iractiles dans la paroi des capillaires :
sanguins, 767.
Vincent (E.). Sur le processus infec-
tieux rénal dans la colibacillurie, 646.
Vinzent. Voir Creyx.
Vischniac (Gh.). Voir Busquet Œ. )e
Vlès (F.). Voir Cantacuzène (J.).
Voronofïf (S.). Voir Retterer (Ed.)
w
Wagemans (J.). Au sujet de la cons-.
ülution du Bactériophage, 1244. Voir
Tchang Kouo Ngen.
Wagner (Ch.). Voir Lipschutz (A.).
Walbum (L.-E.). Sur la production
de la toxine diphtérique, 1924. 3
Watrin (J.). Foyers d’érythropoièse M
dans l’hypophyse de Cobaye gravide,
998. — Recherclies expérimentales sur «
la fonction érythropoïétique de l’hypo- …
physe (avec démonstration), 07.
Weber (A.). Action du milieu inté- …
rieur des Tritons sur leurs œufs, 902.
— Altérations des noyaux et des forma- «
tions astériennes dans les œufs de Triton
greffés sur adultes, 1333. — Essais de
surfécondation hétérogène chez les Ba
traciens (avec démonstration), 904. —
Toxicité du milieu intérieur des Uro-
dèles pour leurs œufs, 961. (
Wehland (N.). Action de l’atropine
sur les effets exercés par l’adrénaline sur.
Îles vaisseaux sanguins, 774. k.
Weill (Ed.), Arloing (F.) et Dufourt
(A.). À propos du rôle de l’inanition
dans la carence des Pigeons soumis au …
régime du Riz décortiqué. 169. — Essai
de traitement de la carence du Pigeon.
WEINBERG — ZUNZ
par des cultures mortes ou vivantes de
microbes intestinaux, 50.
Weinberg et Aznar (P.). Quelques
faits nouveaux sur les autobactérioly-
sines. 130.
Weissmann (Ch.). Voir Brulé (M.).
Weitz (R.) et Boulay (A.). Essai
pharmacologique d’un glucoside cardio-
tonique extrait du Thevelia neriifolia,
1105.
Welter (G.). Voir Fontès (G.), Ni-
cloux (M.).
Wernicke (R.). Electrodialyse du
sérum antidiphtérique de Cheval, 1041.
Wertheimer (E.) et Dubois (Ch.).
Surrénales et épilepsie corticale, 3or.
Widakowich (V.). Développement
des membranes ovulaires, sans ébauche
embryonnaire chez des trijumeaux de
Vache, 1043. — Tumeur chez un em-
_ bryon de Bovin très jeune, 83r.
Wilbouchevitch (A.). Sur un nou--
xeau procédé de séro-diagnostic du can-
Let 1990.
Winiwarter (H. de). Histologie du
corps jaune de l'ovaire humain, 12/0.
Wintrebert (P.). La chronologie des
processus de métamorphose effectués à
la voûte palatine des Salamandridæ, 862.
— La formation du ptérygoïde osseux
définitif pendant la métamorphose des
Salamandridæ (Salamandra maculosa
Laur., Amblystoma tigrinum Green),
595. — La voûte palatine de Lysorophus,
928. — Le stade K de Balfour chez les
embryons de Sélaciens (Scylliorhinus
canicula L. Gill.). Sa division néces-
saire aux points de vue anatomique et
. physiologique, 351.
Wohlers (H.). Modifications des li-
poïdes figurés de la cellule hépatique
9 2
1433
vivante sous l'influence des solutions
éthérées, 637.
Wolf (M.).
Troisier (J.).
Wolff (L.-K.) et Janzen (J.-W.).
Action de divers antiseptiques sur le
Bactériophage de d’Herelle, 1083.
Wollman (E.), Urbain (A.) et Os-
trowsky (J.). Application de la tech-
nique au B. coli à l’étude du pouvoir
protéolytique des Streptocoques, 1138.
Worinjer (P.). La perméabilité in--
testinale pour le nn influence
de la concentration, 244. — -
Voir Fiessinger (N.),
À
Zimmern (A.). et Gottenot (P.). Sur
l’électromyographie, 644.
Zizine (P.).Voir Ramond (F.).
Zotta (G.). Les leucocytes du sang de
Carausius morosus. Les mastocytes, 208.
— Les leucocytes du sang de Carausius
morosus. Leucocytes fusiformes et cel-
lules apparentées, 269. — Leucocytes du
sang de Carausius morosus. Proleuco-
cyte et cellules qui en dérivent. Filia-
tion, 279
Zunz (E.). À propos de l’action flocu-
loagglutinante du cytozyme et de la
cytozymine vis-à-vis du fibrinogène et
du plasma, 585.
Zunz et Govaerts. Effets de la trans-
fusion du sang carotidien recueilli pen-
dant l’excitation du splanchnique, 881.
Zunz (E.) et La Barre (J.). Sur les
modifications physico-chimiques du sang
lors de l’injection du sérum traité par
l’agar, 805.
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
ANNÉE 1922. — DEUXIÈME SEMESTRE
— suivi d'un mot commencant par une minuscule implique que le mot
souche est sous-entendu.
Lorsqu'une page débute par —, le mot souche est encore sous-entendu,
le lecteur le trouvera au titre-courant de la page visée.
| ALDEHYDE FORMIQUE. Voir FOR-
| MOL, PIGMENTS, SANG.
A
ABSORPTION DIGESTIVE. Salicyli-
mie après ingestion de salicylate de
soude.
336. Voir EMBRYON.
ACIDE. Appréciation de la concentra -
tion dans une solution. GotFron (R.)
et Nepveux (F.), 1107, 1109.
— AGETYLACETIQUE. RIEGLER
(Em.), 287.
— ARSINIQUE. Voir TRYPANOSO-
MIASES.
— NUCLEIQUE. Voir SANG.
— SALICYLIQUE. Voir SANG.
— URIQUE. Voir REIN.
AGIDES AMINES. Voir GŒUR, FOIE,
VAISSEAUX.
— GRAS totaux et insaponifiables des
tissus et humeurs. LemELAND (P.), 5oo.
— ORGANIQUES. Voir GHAMPI-
GNONS, URINE.
AGIDOSE. Voir REIN.
- AGROMEGALIE. Voir HYPOPHYSE.
ADRENALINE. Voir ESTOMAC,
ŒIL, SURRENALES.
ADRENALONE. Voir SURRENALES.
AGAMA. Voir VERS.
AGRAPHIE. Voir SYSTEME NER-
VEUX.
ALBUMINOIDES. Hyperglycémie.
LaBBé (M.) et Nepveux (F.), 346.
— Injections répétées et caryocinèses,
Dustin (A.-P.), 391, 1235. Voir DIAS-
TASES, ESTOMAC, SANG.
ALGALOIDES. Voir POISSONS.
ALCOOLISME. Réglementation neu-
tralisatrice. LARSEN (E.-G.), 753.
FIESSINGER (N.) et DeBray (J.), |
ALGUES. Voir PIGMENTS.
ALIMENTATION et tuberculose du
Cobaye. MouriQuanD (G.), Micuez (P.)
et Berroye (P.), 854.
— Avitaminose chez le Poussin et le
Caneton. ABEz (E.), 1213.
— Avitaminose et insuffisances
tionnelles. Marcnon (E.), 165.
— Carence du Pigeon et cultures de
microbes intestinaux. Weizz (E.),
ARLOING (F.) et D5rourt (A.), 50.
— Doses d’antiscorbutique et métabo-
lisme. MouriQuanp (G.)et Mrcuez (P.),
1403.
— Graisse hépatique et alimentalion
exclusive de caséine ou de fibrine.
Marcnon (F.), 547. Marenon (F.) et
June (L.), 545. Porrcanp (A.), 547.
— Hémoclasie, protéines et insuffisance
hépatique. FERNANDES (M.), 705.
— Jeûne prolongé. LaBré (M.) ct Nee-
VEUX (F.), 602, 605. Lass : (M.) et Sté.
VENIN (H.), 607.
— Nutrition azotée et acidité des plan-
tes. Morrraro (M.), 221.
fonc-
— Nutrition organique et noyau
des cellules végétales. Maise (A.),
1297.
— Polynévrite et inanition. Mourr-
QuAND (G.), Micnez (P.) et Nicopté-
viron, 168. WeiLz (E.), ArLonG (F.)
et Durourt (A.), 169.
— Substance antiscorbutique et adju-
vants non antiscorbutiques. Mourr-
QuAND (G.) et Micuez (P.), 1404.
— Xérophtalmie du Rat. Horm (E.),
463. Voir THERMOGENESE.
ALTITUDE. Voir SANG.
1158
AMIDON — BACTÉRIOPIAGE
AMIDON. Voir GELLULE, DIASTA--
SES, ESTOMAC.
AMMONIAQUE. Voir ALCOOLISME.
AMPHIBIENS. Voir BATRAGIENS.
AMYLASE. Voir DIASTASES.
ANAEROBIES, Action du B. histolyli-
cus sur les tissus. NasrA (M.), 279.
— Bacille œdématogène de l’appendi-
cite. Uxiz (A.), 1009.
— Bacillus trichoïdes d’une cholécys-
tite suppurée. Portez (G.) et Compa-
aNoN (A.), 339.
— Digestion de la cellulose dans l’intes-
tin. Kaouvins-DELAUNAY (Y.), 922.
— Gangrène gazeuse. SORDELLI (A.),
838.
— $Sérumantigangréneux.SoRDELLI(A.),
1052.
ANAPHYLAXIE. Thyroïde. APPELMANS
(R.), 1242. Képinow (L.), 409, 494.
— Bectéries. ArLoInc (F.) et TuÉveNoT
(LS); ne:
— Batraciens et Poissons. ArLoING (EF.)
et Lanceron E.), 634.
— Choc chez le Pigeon. Arzorne (F.) et
LANGERON (L.), 632.
— Concentration en ions H du sérum
de l’animal vacciné. Menperezrr (P.),
391, 393.
— Formolgélification. Comgresco (D.),
h16.
— Sang homologue chez le Cheval. Pa-
NISSET (L.) et VERGE (J.), 872.
— Sérum anaphylatoxique et concen.
centration en ions H. MENDezezrr (P.),
394.
— Surrénales. Képnow (L.), 327.
*«ANESTHESIE chloroformique et adré-
naline. Barnær (E.) et Srremunrès
(A) 027:
— Alcool-chloroforme-solution physio-
logique. Carpor (H.) et Laucrer (H.),
889.
— Protoxyde d'azote.
CAILLET (A.), 1371.
— Réflexe linguo-maxillaire.
(H.) et Laucrer (H.), 215.
ANTISEPTIQUES. Voir BACTERIO-
PHAGE.
ANUS. Voir TUMEURS.
APHASIE. Voir SYSTEME NER-
VEUX.
AmBarD (L.) et
CARDOT
LAIT.
ARECGOLINE. Voir GŒUR.
ARSENIC. Engrais catalytique. Picapo
(C.), 1338. Voir ARSENOBENZE-
NES, INTESTIN, MIGROBIOLO-
GIE, REIN.
ARSENOBENZENES et echinococcose.
Dévé (F.) et Payennevizce (J.), 129.
1
. — TYPHIQUE. Voir
— Glucoside arsenical. Luquer (A), =
1020, 1103. F.
ATROPINE. Voir ESTOMAC, SUR-
RENALES, VAISSEAUX.
AUTOLYSE. Voir TISSU GONJONC-
TIF, TUMEURS.
AUTOLYSE MIGROBIENNE. Voir.
BACTERIOPHAGE. ‘4
AVITAMINOSE. Voir ALIMENTA-
TION.
AZOTE aminé du sang et coagulation. M
Perirsean (F.), roor. Voir ALIMEN-
. TATION, CHAMPIGNONS.
3
BACILLE COLI modifié. Fapn (P.),
T13. É
— Classification. Durnorr (A.) et GEr-
NEZ (Cx.), 305.
— Différenciation. Muzzer (L.), 994
— Hydrate de carbone et indol. Boxpo
(E.), 472. Voir REIN, STREPTO-
COQUE. <
BACILLE DE KOCH. Voir TUBER-
CULOSE. R
__DE EŒFFLER. Voir DIPHTE-
RIE.
FIEVRE TY-
PHOIDE. - 4e
BACILLES PARATYPHIQUES. Voir M
FIEVRE TYPHOIDE. 52
BACILLUS HISTOLYTICUS. Voir :
ANAEROBIES. 4
BACTERIDIE CHARBONNEUSE.
Voir GHARBON. “1
BACTERIOPHAGE. Absorption du …
principe lytique par les microbes tués. M
JaAUMAIN (D.) et Meureman (M.). 362. M
— Accoutumance. Asxesxow (I.-N.),
FOIS L
— Adsorption par les colloïdes. DE Nec-
KER (J.), 1247. 4
— needs. Wozrr (L.-K.) et Jan
ZEN (J.-W.), 1087.
— Autobactériolysines. WEINBERG ct Az: M
NAR (P.), 136. 4
— Autolyse du B. anthracis. Pico (OC.
E.), 836. 2
! — Autolyse microbienne en tubes sccl2
APPENDICITE. Voir ANAEROBIES, |
lés. JAumaIN (D.), 790.
— Autolyse microbienne par antago-
nisme microbien. FaBry (P.), 569.
— Autolyse microbienne transmissible.
Borper (J.) et Cruca (M. ), 366. |
— Cause d'erreur dans l’étude. HERELLE
: (FE. »°), 665.
— Chaleur. Fenanc Kouo Nerx et WAGE=
MANS (J.), 1293. |
BACTÉRIOPHAGE — CHAMPIGNONS
— Chauffage. Haupuroy (P.), 1089.
— Constitution. Wa3Emans (J.), 1244.
— Fixation de l’alexine et spécificité
antigénique. GRATIA (A.) ct JAUmaIX
(D.), 99.
— Individualité des principes lytiques
staphylococciques. GraTIA (A.) et DE
Namur (M.), 364.
— Lyse au moyen de ferments. ComBres-
co (D.}, 17. Pico (C.-E.), 826.
_— Lyse microbienne transmissible. Prco
(C.-E.), 685.
— Lysines. Action du sérum antidysen-
térique. Haupuroy (P.), 964, 966.
— Neutralisation. Bruyxocue (R.) et
APPELMANS (R.), 96. GRATIA (A.), 99.
— Obtention par antagonisme micro-
bien. Beckericu (A.) et Haunuroy (P..),
1124. Lissonne (M.) et CarnèrE (L.),
IOII.
— Particularités de quelques souches.
ASHESHOV (I.-N.), 1541.
— Principes de faible puissance dans
l’autolyse microbienne transmissible.
Borper (J.), 987.
— Principe lytique des Bactéries. Prco
(C.-E.), 687.
BARIS. Voir INSECTES.
BATRACIENS. Chromosome des œufs
dans Ia parthénogénèse par piqüre.
Hovasse (R.), 899.
— Curare et Leplodactylus ocellatus.
LapPicQuE (L. et M.), 427.
: — Régénération. DuesBerG (J.), 970.
SiMoEs RapPoso (L.-R.), 1295.
— Sexe des Urodèles. Aron (M.), 246,
248.
—- Surfécondation hétérogène.
(A.). 904.
— Voûte palatine de Lysorophus. Win-
TREBERT (P.), 928.
— Voüte palatine des Salamandridæ.
WINTREBERT (P.), 862. Voir ANA-
PHYLAXIE, CŒUR, ŒUF, VE-
_NINS.
BENZOL. Voir SANG.
BLEU DE METHYLENE. Pouvoir
pharmacodynamique. Lunpserc (H.),
WEBER
483. Voir SANG, SYSTEME NER-
VEUX.
BOISSONS. Acidité. Gotrrron (R.) et
NePveux (F.), 1107, 1109.
BOUCHE. Voir SPIROCHETES.
BOVIDES. Voir GŒUR, TUMEURS.
C
GACGODYLATES. Voir INTESTIN,
REIN.
GAFEINE. Voir INTESTIN.
1439
GALGIUM. Voir ESTOMACG. TU-
MEURS.
CALLIPHOREES. Voir MYASES.
GALORIMETRIE. Voir THERMO-
GENESE.
CANARD. Voir ALIMENTATION,
TESTICULE.
GAPILLAIRES. Voir SANG, VAIS-
SEAUX.
GARAUSIUS. Voir SANG.
GARDIA. Voir GHEVAL. =
GARENCE. Voir ALIMENTATION.
GASEINE. Voir ALIMENTATION. _
GASTRATION. Voir TESTIQULE.
CELLOPHAANE. Voir PROJECTIONS.
CELLULE. Amidon chez les végétaux.
Maice (A.), 308.
— Cellule adipeuse. Pozrcarp (A.), 944.
— Cellule hépatique vivante et solu-
tions éthérées. Wou£ers (H.), 657.
— Chondriome. Draçoru (J.), 331. Ma-
RINESCO (G.) et Tupa (A.), 292.
— Chromosomes des Renonculacées.
Hocquerre (M.), 1301.
— Cytologie des Lycopodinées homos-
porées et des Sélaginelles. EMBERGER
(L.), 1394, 1396, 1398.
— Ferments oxydants nucléaires et cy-
toplasmiques. Prenanr (M.), 072.
— Formol, fixateur nucléaire. Noëe (R.)
et ManGenoT (G.), 1180.
— Hétérochromosome et chromosome
de Gryllus domesticus. Hovas:ss (R.),
316.
— Noyau et nutrition organique chez
les végétaux. Marce (A.), 1297.
— Noyau et régénération des Protozoai-
res. SokoLorF (B.), 1144.
— Perméabilité aux ions. Grrarp (P.) et
Mestrezar (W.), 356, 448. GirarD(P.),
Mssrrezat (W.)et Li Saou-Houa, 358.
GirarD (P.), Mesrrezar (W.) et Morax
(V.), 69. Mesrrezat (W.), GrraRD (P.)
et Morax (V.), 144, 227.
-— Trichloréthylène pour inclusions à la
paraffine. Perrin (L.-J.), 1132. Voir
ESTOMAC, HYPOPHYSE, IiN-
FLAMMATION,ŒUF, TUMEURS.
CELLULOSE. Voir ANAFEROBIES.
CEPHALOPODES. Granulations chro-
maffines des glandes salivaires postés
rieures. VERNE (on 7-
CGESTODES. Voir VERS.
CHALEUR. Voir GRAINES, MICRO -
BIOLOGIE.
CHAMPIGNONS. Aspergillus, agita-
tion et sulfate de thorium. SARTORY
(A.) et Barzzy (P.), 242.
— Aspergillus et sulfate
RayBaup (L.), 310.
— ÂAzote et production des acides orga-
de calcium,
1440
CHAMPIGNONS — CYTOZYMINE
niques par le Sterigmatocystis nigra.
Mozzrarp (M.), 967.
— Cultures de Pholiota squarrosa. Boyer
(G.), 186.
— Mucor racemosus. RayBaup (L.), 852.
— Parasites des Crucifères. PETRESCU
(G.), 748
— Périsporiacés. Lanceron (M.), 543.
— Rapprochement des feuillets de Rus-
sula queletii. AzouLay (L.), 963. Voir
CALORIMETRIE, MICROBIOLO-
GIE, PARASITISME.
CHARBON. Cuti-infection et cuti-im-
munisation. BALTEANO (I.), 653, 655.
— Milieux à l’arsenic. Revicr (Em.),
734, 736.
— Résistance des spores à la chaleur.
Verce (J.), 1318. Voir BACTERIO-
PHAGE, LAIT.
CHAUVE-SOURIS. Voir ORGANES
GENITAUX, TESTICULE.
CHEVAL. ODcclusion du cardia.
Gb)
— Sérum antigourmeux. ADSERSEN (V.),
h70o. Voir ANAPHYLAXIF, TRY-
PANOSOMIASES.
CHIEN. Localisations nerveuses de la
maladie et Hnotrepine. Panisser (L.)
et VERGE (J.), Art.
CHIMIOTHERAPIE. Voir SYPHILIS,
Jun
TRYPANOSOMIASES.
CHLOROFORME. Voir ANESTHE-
SIE.
CHLOROPHYLLE. Voir PIGMENTS.
GHLORURE DE SODIUM et solubilité
du glycocholate de soude. DoumEer
(Ep.), 1097. Voir EAU.
CHOG. Agents anti-choc.
()-r50;
_— Choc peptonique du Lapin. GARRE-
LON, éme
(R.), Sanrenoise (D.) et Tauiccanr (R.),
230. Voir SYSTEME NERVEUX.
CHOLESTERINE. Voir VAISSEAUX.
GHOLINE. Voir GHOC.
CHONDRIOME. Voir CELLULE.
GHORDE. Voir TUMEURS.
CGHOU. Voir INSECTES.
CGHRONAXIE. Voir MUSCLES.
CIRCULATION du retour sous le gar-
rot. Harrion (L.) et CLÉMENx (R.),
592.
— Irrigation des centres nerveux par le
GAUTRELET
sang défibriné cardio-pulmonaire d’un !
autre animal.
347.
— Polygraphe. FABRE (R.), 2o1.
— Sueurs locales. GuiLLaume (A.-C.),
658.
CITRATE DE SOUDE. Toxicité. Panis-
SET (L.) et VERGE (J.), 224.
ATHANASIU et Barry,
GOCAINE. Voir SANG.
GŒUR. Accélération par les alcaloïdes
dérivés du quinquina. CLerc (A.) ef
Pezzi (C.), 1075.
— Acides aminés.
370.
— Arécoline. Heymans (C.), 1062.
— Atropine et adrénaline, BAckman (E.-
L.) et Lunpserc (H.), 470.
— Contractions agoniques chez le fœtus.
Marrei (Cx.), 859.
— Digitaliques chez Leplodactylus ocel-
latus. Pico (O.-M.), 568.
— Ectopie chez un Bovin. Giusri (L.)et
Huc (E.), 572.
— Extrasystole auriculaire négative,
pouls bigéminé continu et troubles de
conduction des branches hisiennes.
GALLAVARDIN (L.) et Dumas (A.), 538,
540.
— Glucose et adrénaline.
TO
— Glycoside cardiotonique du Thevelia
neriifolia. Weirz (R ) et Bouzay (A.),
1105.
— Rayons y. Lavepan (J.)et Moon (O.),
109%
— Réflexes oculo-cardiaque et solaire et.
repas. CLAUDE (H.), Tinez (J.) et San-
TENOISE (D.), 1112, 1114, 1347.
— Rythme et potassium chez l’Escargot.
CarpoT (Ï.), 1193.
— Sulfate de quinidine.
Descaamps (N.), 662.
— Symphyse du péricarde. Pacxon (V.)
et FABRE (R.), 530. Voir ANESTHE.-
SIE, BLEU DE METHYLENE,
CIRCULATION, PRESSION AR-
TERIELLE, VENINS.
GOLLOIDES. Voir BACTERIOPHA-
GE, SANG.
GOLORATIONS. Lipoïdes du sang et
des nn hématopoïétiques. SAVINI
(E.), 7
GORDON ‘OMBILICAL. Voir VAIS-
SEAUX.
GORNEE. Voir ENCEPHALITE.
GRACGHATS. Voir TUBERCULOSE.
CRANE. Augmentation des rayons de
courbure. Lacoste (A.), 190. Voir
SQUELETTE.
CRAPAUD. Voir VENINS.
CROISSANCE. Voir PNEUMOTHO-
RAX.
FrenericQ (H.),
Cars (E.),
CLerc (A.) et
CRUCIFERES. Voir CHAMPIGNONS.
GURARE. Voir BATRACIENS, MUS-
CLES.
CGURIETHERAPIE. Voir TUMEURS.
GYTOPLASME. Voir CELLULE.
GYTOZYME. Voir SANG.
GYTOZYMINE. Voir SANG.
DÉCÈS — ÉPITHÉLIUM
D
DECES de MM. Da Costa Ferreira,
1293; JoLyeT, 1030; RÉNON, 1030; Tour-
NEUX, 1066.
DIABETE. Voir PANCREAS, REIN.
DIASTASES. Absorption de pepsine
par les papiers à filtrer. Errronr (J.),
1058, 1059.
— Activité oxydasique du sérum san-
guin, par l’hydroquinone. Mauserr,
JaALOUSTRE et LEMAY, 1327.
— Amylase pancréatique et CI. Brerry
CE) rErr:
— Amylase salivaire et glycérine. Dou-
MER (E.), 678.
— Azote de la pepsine. ErFronr (J.),
1059.
— Déshydrogénases. AHLGREN (G.),
1/09.
— Ferments amylolytiques de la dias-
tase du malt. Onzsson (E.), 1183.
— Pepsine. Dosage. Ece (R.), 1217.
— Présures microbiennes. CATFoLIS
(Em.), 381.
— Sels minéraux et action amylolyti-
que de la pancréatine. Fonseca (H.
DA), 1033. Voir BACTERIOPHAGE,
DIPHTERIE.
DIGESTION. Ferments du liquide duo-
dénal titrés par diffusimétrie. Cniray
(M.) et Tueonoresco (B.), 1320. Voir
EMBRYON, ESTOMACG, PRES-
SION ARTERIELLE.
DIGITALE. Voir GŒUR.
DIPHTERIE. Anticorps chez les Lapins
traités par le sérum. Vazris (J.), 1153.
— Diphtérie aviaire. Sraug (A.) et Tru-
cas (C-), 27.
— Electrodialyse du
(R.), 1041.
— Enzymes protéolytiques et toxine.
Dewey (K.-G.) et SIWE (S.), 1177.
— Pouvoir antigène des Bacilles dans la
réaction de fixation de la tuberculose.
Vazris (J.), 947.
— Réaction de Schick. Béeuer (M.) et
PARROT (L.), 132. PAvez ([.), 38.
— Toxine. Warvum (L:-E.), 1224.
— Vaccin. BAcamann (A.) et BARRERA
(M. DE LA), 1044.
DOURINE. Voir TRYPANOSOMIA-
SES.
DYSENTERIE BACILLAIRE. Co-
baye. Dumas (J.) et Comgresco (D.),
942.
— Toxine dysentérique. Dopter (Cx.),
Dumas (J.) et Comgresco (D.), 1140.
Voir BACTERIOPHAGE.
sérum. WERNICKE
ï
|
1441
E
EAU. Flore halophile des sources sa-
lées. GABRIEL (C.), 848, 850.
— Poids de l’Epinoche passant dans
l’eau salée. GueyLarp (F.), 969.
— Réaction et assimilation chlorophyl-
lienne. Duvaz (M.) et PorTIER (P.),
617.
— Réaction et présence de plantes aqua-
tiques. Lapicoue (L.) et KEercomarp
(E.), 512.
ECHINOGOCCGOSE. Dévé (F.), 7,54,
1149. DÉVÉ (F.) et Biccrarp (A.), 127.
Dévé (F.) et PAyenneviLLE (J.), 129.
LaErMITTE (J.) et DÉvÉ (F.), 226.
ECGUREUIL. Voir TRYPANOSOMIA-
SES.
ELECTRICITE. Voir SYSTEME
NERVEUX.
ELECGTROPHYSIOLOGIE. Voir
GŒUR, MUSCLES, SYSTEME
NERVEUX.
EMBRYON. Absorption intestinale et
fonction des organes digestifs. PARAT
QUI2) ra7e
— Membranes ovulaires sans ébauche
embryonnaire. Winakowicx(V.), 1043.
— Sélaciens. WiINTREBERT (P.), 351.
Voir TUMEURS.
EMMENAGOGUES. Voir UTERUS.
ENCEPHALITE et herpès. Kzins (C.),
Davipe (H.) et LirsenquisT (F.), 79,
1170. Levapiti(C.) et Nicozau (S.), 496,
1102.
— Affinités du virus. Kzine (C.), Davine
(H.) et Lizsenquist (F.), 486. Levaprrt
(G.) et Nicorau (S.), 1141.
— Encéphalite expérimentale. Kzinc
(G.), Davine (H.) et Lisenouisr (EF.),
QUE
— Encéphalite herpétique. Le Fèvre DE
ArRiIC (M.). 1250.
— Pouvoir du sérum de convalescents.
KzinG (C.), Davine (H.) et Lizsen-
QUISEN (ER) TTL
— Virus d’origine intestinale. KciwG (C.),
Davine (H.) et Lrrsenquist (F.), 75.
ENFANT. Voir OREILLE, SYS-
TEME NERVEUX.
ENGRAIS. Marc de café. RayBaup (L.),
311. Voir ARSENIC.
EOSINE. Voir TUBERCULOSE.
EPILEPSIE. Voir SYSTEME NER-
VEUX.
EPINOCHE. Voir EAU.
EPIPHYSE. Voir HYPOPHYSE.
EPITHELIUM. Voir ORGANES GE-
NITAUX.
144?
ERYTIHROSINE — FORMOL
ERYTHROSINE. Voir TUBERCU-
LOSE.
ESCARGOT. Voir GŒUR.
ESERINE. Voir ESTOMAGC, ŒIL.
ESTOMAC. Absorption de l’adrénaline.
Trras (A.) et Dorcencourr (H.), 1189.
— Acide carbonique, motricité et pas-
sage pylorique. CArwoT (P.) et Kos-
KOWSKI (W.), Gr5.
— Acidité et bicarbonate de soude par
voie rectale. LE No, RICHET Fics
(Cx.) et Fosse (M. pe), 517.
— Adrénaline, atropine, calcium, ésé-
rine et motilité gastrique. DanréLo-
POLU (D.) et Carnior (A.), 716, 719,
PR 720
— Cytologie des liquides de digestion
gastrique. Losper (M.) et Marcrar
(G.}, 64o. ;
— Digestion gastrique. Ramonp (F.) et
Zrzine (P.), 506.
— Excitation psychique et motilité. Da-
NIÉLOPOLU (D.) et CARNI9L (A.), 724.
— Lésion dans l’intoxication par Là pi-
locarpine et l’atropine-pilocarpine.
DorcencourT (H.) et luna (EL.),
1196.
— Leucopédèse gastrique, alimenté et
substances irritantes. Lorper (M.) et
MarcHaL (G.), 1087, 1083, 1172, 1350.
— Pouvoir amylolytique des leucocy-
tes. Losper (M.) et Mancraz (G.),
1262. Voir DIASTASES.
ETHANE. Voir FOIE.
ETHER. Voir FOIE.
F
FERMENTS digestifs. Carray (M.) et
Tréoporesco (B.), 1320.
— Ferments oxydants. Maninesco (G.),
9É, 90
— Oxydases des leucocytes. Popper (M.),
41. Voir CELLULE, SANG.
FIBRINE. Voir ALIMENTATION.
FIEVRE APHTEUSE. Transfusion
sanguine. Descrens (L.), 976.
— SCARLATINE. Extinction. Manica-
TIDE, STROE (A.) et CONSTANTINESCU
(E.), 727. STROE (A.) et CONSTANTINESCU
(He) 0
— TYPHOIDE.Différenciation du Ba-
cille. Müczer (L.), 984, 1251.
— Elimination du B. d’Eberth et des
Reese ie les Cobayes. Baz-
TEANO ([.), 9 Ricuer ris (Ch.),
946. Voir race
FILAIRES. Voir VERS.
FLAGELLES.Bodonides.MELLo (F. DE).
Pro, Nunes (J.) et Lima Riggiro (J.),
699.
— Æulrichomastlix de l'intestin de
Caloles versicolor. Mezzo (F. DE), 1036.
— Formes crithidiennes chez Lyperosia
thirouxi. Lecer (M.), 134. Voir TRY-
PANOSOMIASES.
FLEURS Hétaphrodites devenues
| mâles. Wrzpeman (E. DE), r13.
FLOCGULATION. Eclairage sur fond
noir pour cxamen. JAUBERT (A.) ct
Larapie, 14. Voir SYPHILIS.
FLUORURE DE SODIUM. Voir
SANG.
FŒTUS. Voir GŒUR.
FOIE
Physiologie normale
et pathologique
— Acide glycuronique et fonction gly-
cogénique. Benecu (J.), 345.
— Activité autoprotéolytique et amino-
acidogène pendant le jeûne. Derau-
NAy (H.), 1091.
— Adrénaline et glycogène. Doxox (M.),
598.
— Adrénaline, glycogène, poids et vo-
! lume de l'organe. Gaurier (CL.),
| 197.
— Cholécystite sappurée à Bacille anaé-
robie, Portez (G.) et Compacnon (A.),
299.
— Coagulation du sang. Ewire- Wir
| (P.), Bocace et Ison-Waz, r4o.
— Globulins. Emie-Waïc (P.), Bocace
| et Isc-WaLL, 143.
— Ca cogène et castration. PArHoN (M. )
7hr.
— Graisse et alimentation. Marenox (F.),
547. Maïcwon (F.) et June (L.), 545.
Porrcarp (A.), 5457.
— Hématopoïèse intrahépatique chez
l’embryon.Jozzy (J.)et SARA3EA(Tu.),
154.
— Hémoclasie digestive et ingestion
de protéines. FERNANDES (M.), 706.
— Hépatite et inhalation de tétrachlo-
rure d’éthane. FiessinGer (N.) et Wozr
(M.), 627. Fssinéer (N.), Wozr (M.)
et BLum (G.), 19.
— [Inflammation. GÉRAUDEL (E.), 1545.
— Lipoïdes de la cellule vivante et so-
lutions éthérées. Worners (Il.), 657.
— Sympatheciomie de vaisseaux. KixG- .
Li-Pin, 163. .
__ Urobiline.. BRULÉ (M.) et WEIssMANN
(Cx.), 138, GRiIGAUT (A.), 140.
Parasitologie
— Echinococcose. DÉVÉ (F.), 1149.
FORMOL. Voir CELLULE, PIG-
MENTS.
DL UE >
FORMOL-GÉLI ICATION — IMMUN:TÉ 41143
FORMOL-GELIFICATION. Besse- | HEMATOZOAIRES. Voir SANG.
MANS (A.), 1o1, 398, 4or. Bessemans | HEPATIQUES. Voir MORPHOLO-
(A) et: Leynen (E.), 104. CousIsse0 GIE EXPERIMENTALE.
(D) T5; te GATÉ (J,) et Papacos-
fEAS (Gr), 240:
— Plasmas. Nicoras (E,), 669.
— Sérum des Bovidés tuberculeux. Pa-
nISSET (L.) et VErGce (J.), 667.
FOURMIS. Voir TEMPERATURE.
2]
G
GANGRENE. Voir ANAEROBIES.
GENET. Voir VAISSEAUX.
CERBOISE. Voir PROSTATE.
GESTATION et lécithine. Vienss (H.),
417. Voir SANG.
GLANDE PINEALE. Voir HYPO-
PHYSE.
GLANDES DE COOPER. Voir SYS-
TEME NERVEUX.
— GENITALES. Voir HORMONES.
— SALIVAIRES. Lithiase paroti-
dienne. DeBucquet (L.), 1079. Voir
GEPHALOPODES.
— SUDORIPARES. Voir TUMEURS.
GLYGERINE. Voir DIASTASES.
GLYGOGHOLATE DE SOUDE. Voir
CHLORURE DE SODIUM.
GLYCOGENE. Voir FOIE, MUS-
CLES.
GLYGOLYSE. Voir SUGRES.
GLYGOSE. Voir SUCRES.
GONOGOQUE. Culture. Cosra (S.) et
Boyer (L.), 856, 858.
— Sérum. STÉRIAN (E.), 971.
GOUDRON. Voir TUMEURS.
GOURME. Voir CHEVAL.
GRAÏNES. Cytozyme. Sumner (J.-B.),
108.
— Plantules après chauffage. Gain (E.),
1205.
— Résistance à la chaleur. Srcacas (R.)
et Mannerre (H.), 193.
GRAISSES. Voir ACIDES GRAS, CEL.-
LULE, LAIT, POUMONS.
GRAND SOLEIL. Voir GRAINES.
GRAVIDITE. Voir HYPOPHYSE.
GREFFE. Voir ŒUFS, OS.
GRIPPE. Voir HERPES.
GROSSESSE. Voir SANG.
GRYLLUS. Voir CELLULE.
H
HÆMANTHEUS. Voir FLEURS.
HEDISTE. Voir MUSCLES.
- BELIANTHUS. Voir GRAINES.
HEMOGREGARINE. Voir SANG.
HERPES grippal. Isaïcu (L.) et Trira
(L.), 57. |
— Exaltation du virus. Le FÈvREe D
ARRIC, 700, 787.
— Herpès et encéphalite. Kzc (C:.),
Davine (H.) et Licsenquist (F.), 79,
1179. Levapit! (C.) et Nicorau (S.);
A96, 1102.
— Néoplasmes épithéliaux.
(G.) et Nrcorau (S.) 498.
Levaprrt
— Virus. Nicorau (S.), et Pomcroux
CHA)
— Virus kératoogène dans les lésions.
Tessier (P.), GASTINEL (P:) et Reiney
(J.), 648. Voir ENCGEPHALITE.
HORMONES génitales. Corte (J.), 512.
HUITRES. Voir MICROBIOLOGIE.
HYDROQUINONE. Voir DIASTA-
SES.
HYPERURICEMIE. Voir REIN.
HYPOPHYSE et extirpalion de la
glande pinéale. Urecura (C.-I.) et Gri-
GORIU (CuR.), 819.
— Appareil de Golgi. Reiss (P.), 255.
— Cycle secrétoire de la cellule. Corrin
(R.), 549.
— Dysfonctionnement et acromégalie.
Vercer (il.), Massras (Cn.) et AuRIAT
(G.), 197.
— Erythropoïèse et gravidité. \ ATRIN
(J.), 558, 907.
— Fonte holocrine des cellules. CoLzLin
(R.), 1206. Voir VAISSEAUX.
I
IDIOTIE. Voir MENINGES.
IMMUNITE. Bacille tuberculeux et leu-
cocytes de Cheval immunisé. Howarp
(J.-W.), 1004.
— Cuti-immunisation anticharbonneuse.
BazTEANO (1.), 655,
— Extinction dans la scarlatine. Mawr-
CATIDE, STROE (A.) et CONSTANTINESGU
(E.), 727. Srro (A.) et Consranri-
NESCU (E.), 729-
— Globulins et agglutination de parti-
cules étrangères. Rosxkam (J.), 375.
— Phagocytose et virulence des micro-
bes. Méraïnixow (S.) et Erunussi
(B°);,605°
— Sérum des convalescents d’encépha-
lite. Krinc (C.), Dave (H.) ct Lrr-
JENQUIST (F.), 771.
— Tuberculose et inoculations de déri-
vation. ComBiesco (D.), 650, 652,
— Urnes du Sipunculus nudus. CANra=
14% 1
cuzÈNE (J.), 259, 264, 283. Canracu-
zèNE (J.) et VLEs (F.) 1155. Voir TU-
BERCULOSE.
INANITION. Voir ALIMENTATION.
INFLAMMATION par lyse des subs-
tances intercellulaires. GérRAuDEL (E.),
1270.
— Foie. GÉRAUDEL (E.), 1345.
INSECTES. Barbitistes serricauda.
LrENHART (R.), 553.
— Défense de Brassica oleracea contre
les larves mineuses de Baris. FAURE
(J:); 1332.
— Gampsocleis glabra. LienaarT (R.),
1210,
— Orthoptère nouveau en Lorraine.
LiENHART (R.), 170.
INSOLATION. Chimpanzé. Lecer
(M.), 874.
— Cobaye. LESER (M) et Baury (A.),
876.
INTESTIN. Bicarbonate de soude par
voie rectale et acidité gastrique. LE
Norr, Ricuer rizs (Cu.) et Fossey (M.
DE), D17.
— Caféinz et adrénaline.
(H.) et MéLon (L.), 92.
— Elimination de l’arsenic des cacody-
lates. Marmieu (L.), 191. 3
— Elimination des médicaments. Car-
LES (J.), Banc (H.) et Leurer (Fr.),
1Sx, Dor, 524. Canres (J.), LEURET
(E.) et Bzanwc (H.), 184.
— Microbes et carence. Were (E.), Ar-
LOING (F.) et Durourt (A.), 50.
— Papavérine et motilité. Le FÈvVRE DE
_ Arric (M.), 94.
— Perméabilité pour le saccharose.
WôRiNcer (P.), 244. Voir ALIMEN-
TION, ANAEROBIES, BLEU DE
METHYLENE, ENCEPHALITE,
DYSENTERIE, MYASES, SEL-
LES.
INTRAPALPEBRO-REACTION. Voir
TRYPANOSOMIASES.
IODE. Voir REIN, THYROIDE.
IONOTHERAPIE. Voir TUMEURS.
IONS. Voir CELLULE.
IRIDOCGYTES. Voir PIGMENTS.
FREDERICQ
J
JEUNE. Lassé (M.) et STÉvEnIN (H.),
607. Voir FOIE, REIN.
L
LAGSRTILIENS. Voir VERS.
L&IT et tissu adipeux après cure d’éven-
=
|
l
INANITION — MICROBIOLOGIE
tration et appendicectomie. Ferry (G.),
1379.
— Injections dans le traitement des ma-
ladies. Panisser (L.) et Vence (J,), 68.
LECITHINE. Voir GESTATION.
LEPTODACTYLUS. Voir BATRA-
CIENS, GŒUR, VENINS.
LEROT. Voir SANG.
LEZARD. Voir FLAGELLES, POI-
SONS.
LIPOIDES. Voir COLORATIONS.
LUCERNAIRES. Fixation. Micor (A.),
TOI:
LUMIERE. Voir TUBERCULOSE.
LYCOPODINEES. Voir CELLULE.
LYSOROPHUS. Voir BATRACIENS,
M
MALT. Voir DIASTASES. .
MEMBRE. Voir VAISSEAUX.
MENINGES. Lésions inflammatoires
dans l’idiotie mongolienne. BAsonneix
(L.), 419.
MENINGITE cérébro-spinale à D. cras-
sus. DaniLa (P.) et STROE (A.), 737.
METASOLISME BASAL en clinique.
Krocx (M.), 1222.
METAMORPHOSES. Voir SQUE-
LETTE, THYROIDE. :
MICGROBIOLOGIE
Milieux de culture
— Acidité libre et reproduction des Le-
vures et des microbes. Van Laer (M.-H.)
et MERTEN (J.), 990.
—_ Filtrat de Mucor et cultures micro-
biennes. Gox-:(P.), 1007.
— Gonocoq ‘e. Cosra (S.) et Boyer (L.),
856, 858.
— Ions H des milieux gélosés. HENRIQUES
(O.-M.), 1220.
— Milieux d'organes.
GAROFEANO (M.), 746.
SAVINI (E.) et
: — Modification du milieu de Pétroff,
DespeiGnes (V.), 119.
| — Sels de terres rares. SarToRY (A.) et
|
Baizzy (P.), 242.
! — Sérums thérapeutiques. Ficuer (M.),
209.
Isolements et identifications
— Ensemencement des plaques de géla-
tine en surface. PEREIRA DA SILVA (E.),
1203.
— Types coli et typhosus. Muzrer (L. }r-
984, 1251.
MICROBIOLOGIE
Physiologie
— Adaptation microbienne. PapaAcosrTas
(G.) et Busapoux (A.), 1407. BoTez
(M.-A.), 817.
— Anaphylaxie chez les Bactéries. ARr-
LOINS (F.) et THÉVENOT (L.), 12.
— Arsenic et Bactéridie charbonneuse.
Revicr (Em.), 7934, 736.
— B2cille des Huîtres. Besson (A.) et
EHRINGER (G.), 1017.
— Bacille tuberculeux. GEssarp (C.) et
VAUDREMER (A.), 1012.
— Coli modifié. Fasry (P.), 1135.
— Excrétion de composés phosphorés.
Pozersxi (E.) et Lévy (M.), 1157.
— Hydrates de carbone et indol. Bonno
(E.), 472.
— Présures. Cartrozis (Em.), 381.
— Production de para-crésol. Ruein (M.),
DEDe
— Quinosol et microbes des cultures.
Penez(J.-R.) ct OriverrA (M. DE), 414.
— Spores charbonneuses. VERGE (J.),
1318.
— Virulence et phagocytose. METAL-
nxow (S.) et Eparusst (B.), 65. Voir
BACTERIOPHAGE,CHAMEPI-
GNONS.
MITOCHONDRIES. Voir GELULLE.
MORPHOLOGIE EXPERIMEN-
TALE. Hépatique terrestre en eau
salée. GABRIEL (C.), 850.
MOUSTIQUES. Destruction.
GAULT (E.), 846.
MUSCLES striés etadrénaline. GusLIEL.-
METTI (J.), 692.
— Chronaxie et variations expérimen-
Pris-
tales du voltage rhéobasique. Bour- |
GUISNON (G.), Gro.
— Contractures par décharges élec-
triques. STERN (L.) et Bartezzi (F.),5,
— Courants à échelons. SrrogL (A.),
DOTE
— Curarisation de Leptodactylus ocel-
latus. PAGELLA (G)., 1048.
— Electromyographie. ZimmEerx (A.) et
CortTenotT (P.), 644:
— Encrgie nerveuse motrice. Influx
moteur volontaire. ATxanasiu (L.),
223, 1300. Lapicque (L.), 424.
— Exercice, pression artérielle et for-
mule leucocytaire. BERGmAN (A.),
1046.
— Glycogène et castration. Parxon (M.),
QUE
— Inexcitabilité périodique réflexe. Ra-
povici (A.) et Cannioz (A.), 45, 921.
— Myogrammes de gonflement. Pacxon
(V.) et PeriTeau (C.), 4or, 526.
— Phagocylose à la fin de la matura-
|
|
|
|
|
|
— OISEAUX 12445
tion des ovocytes chez Hediste diver-
sicolor. DEUORNE (A.), 1305.
— Stylo-glosse et ligament stylo-maxil-
laire. Rouvière (H.) et Orivier (E.),
337. Voir SYSTEME NERVEUX,
VENINS.
MYASES. OŒufs et larves de Callipho-
rées dans le tube digestif. Desoir (P.)
et DELHAYE (R.), 1098, 1303.
N
NEMATODES. Voir VERS.
NEPHROCYTES. Voir REIN.
NIGROSINE. Voir PRESSION ARTE-
RIELLE.
NOURRISSON. Voir THERMOGE-
NESE.
NOYAU. Voir CELLULE.
O
ŒIL. Contusion unilatérale.
(G.), 982.
— Décoloration du pourpre visuel. Hozw
(E.), 465.
— Esérine, adrénaline et pupille. Gau-
TIER (CL.), 1402.
Membrane pupillaire persistante.
Mawas (J.) et TERRIEN (F.), 73.
— Mydriase par le sulfate d’ésérine.
GAUTIER (CL.), 1120.
— Ophtalmotonus. BoNNEFoN, 203.
— Perméabilité de la cornée. MESTREZAT
(W.), GinanD (P.) et Morax (V.), 144,
22m
— Réflexes oculo-cardiaque et solaire et
repas. CLAUDE ‘H.), TineLz (J.) et San-
TENOISE (D.), 1112, 1114, 134.
— Tension après ponction de la cham-
bre antérieure. BoNNEFOoN, 533.
— Xérophtalmie du Rat. Horn (E.), 463.
Voir TRYPANOSOMIASES.
ŒSOPHAGE. Epicardia. CABALLERO
ŒV)-1090:
ŒUF. Activation parthénogénétique en
milieu hypotonique.Hovasse (R.), 313.
— Chondriome des cellules sexuelles
chez la Truite. Draçoiu (J.), 331.
— Milieu intérieur des Batraciens. We-
BER (À }). 902, 96.
— Noyaux et asters des œufs de Triton
greflés sur adultes. WesEr (A.), 1333.
OISEAUX. Carence du Pigeon. Weicz -
(E.), ArzoxG (F.) et Durourr (A.), 5o.
— Diphtérie aviaire. Sraus (A.) et Tru-
cu (C.), 21. Voir ANAPHYLAXIE,
TUMEURS.
LEPLAT
41446
OLFACTION — PLEXUS CHOROÏDES
OLFACTION. Voir SYSTEME NER-
VEUX.
OREILLE. Aqueducs du limaçon et du
vestibule chez l’enfant. BeL1.00Q (Pu.).
DTA
Canaux ne cles BezcLoco
(Pa.), 250. .
— Labyrinthe osseux du Chien BerL0cQ
(Pu:)b70°
— Pli du sillon auriculo-mastoïdien.
Jacques (P.), 17
ORGANES GENITAUX. Castration,
slycogène du foie et des muscles.
PARHON (M) ire
— Cycle énital chez les Mammifères
banale Courrier (R.), 1305.
— Épithélium de ïi’oviducte chez la
Chienne. Courrier (R.\ et GERLIN:ER
(H.), 1363. Voir OVAIRE, TESTI-
QGULE.
ORTHOPTERES. Voir INSECTES.
OS poilus. Doxon (M.), 915.
— Greffe, Simon (R.), 1377.
— Ostéo radio-nécrose. NaceortTe (J.),
913. RecauD (CL.), 427, Go. Voir
- SQUELETTE, TUMEURS.
COUVRAGES OFFERTS. Faune de
France. Orthoptères et Dermaptères,
par Caoparp (L.), 318.
— Faune des eaux continentales de la
Berbérie, par SEuRAT (L.-G.), 207.
— OEuvres de Pasteur, 1309.
OVAIRE. Corps jaune humain. Waini-
WARTER (Il. DE), 12/0.
= Irradiation. SALzazaR (A.-L.), 7035.
— Rayons X. Recau»p (CL.) et Bts
SAGNE (A.), 038.
OVIDUCTE. Voir ORGANES GENT-
TAUX.
CVOGYTES. Voir MUSCLES.
OVULE. Voir POLLEN.
OXYDASES. Voir GELLULE, FER-
MENTS, SANG.
OXYGENE. Voir RESPIRATION.
E
PALUDISME. Voir SANG.
.PANCGREAS. Extraits chez les Chiens
dépancréatés. GLey (E.), 1322. Voir
DIASTASES.
PAPAVERINE. Voir INTESTIN.
PAPIO. Voir SANG.
PARASITISME simple ou multiple et
association biologique. Perrescu (C.),
700.
— Endodinium. Hovasse (R.), 845. Voir
INSECTES.
PAROTIDES. Voir ne SALI-
VAIRES.
PARTHENOGENESE. Voir BATRA-
GIENS.
PASTEUR. Centenaire, 1309.
PASTEURELLA pathogène pour les
Rats. Gueorcuit ([.), 285.
PEAU. Voir VAISSEAUX.
PEPSINE. Voir DIASTASES.
PEPTONF. Voir ALBUMINOIDES,
CHOC.
PERICARDE. Voir CŒUR.
PERIDINIENS. Zndodinium chaltoni.
Hovasse (R.), 845.
PERISPORIACES. Voir
GNONS.
CHAMEPI-
PESTE. Vaccination par voie buccale.
Lecer (M.
(F.), 498.
PHENOL.- SULFONE - PHTALEINE.
Voir SANG.
PHLEBOTOMES. Voir MO US-
TIQUES. ;
PHOLIOTA. Voir CHAMPIGNONS.
PHOSPHORE. Voir MIGROBIO-
LOGIE.
PHTIRIUS INGUINALIS. Voir TY-
PHUS EXANTHEMATIQUE. x
PIGMENTS. Chromatophores des Spi-
rogyres. Lapicoue (L. et M.), 5o7.
— Iridocytes chez les Batraciens. Miz-
LOT (J.), 20:
— Pigment purique chez les Vertébrés
inférieurs. Mirror (J.), 68.
— Réaction de l’eau et présence de plan-
tes vertes. Duvaz (M.) et PorTIER (P.);
617. Laricoue (L.) et Kercomann (Tx.).
— Synthèse chlorophyllienne ctaldéhyde
formique. Nicoras (E. ct G.), 1315.
PILOGARPINE. Voir ESTOMAC. -
PIROPLASME. Voir SANG.
PLAGENTA. Passage de Spirochæta
crociduræ. Lecer (M.) et BÉDrer (E.),
949.
PLANORBE. Voir VERS.
PLANTULES. Voir GRAINES.
PLEA. Voir TESTIQULE.
PLEVRE. Signe du sou de Pitres.
Creyx et VinzenT, 1094. Voir PNEU-
MOTHORAX, POUMON.
PLEXUS CHOROIDES. Equilibre hé-
morachidien de l’urée. Poronovsri (M.)
et AucustE (C.), 683.
— Hyperglycorachie et hyperglycémie
adrénaliniques.PorLonowski(M.),Dusor
(E.) et Morez, 079.
— Passage de l’adrénaline dans le sang.
Nrrzescu (I[.-I.), 818.
— Ponctions lombaires et formule leu-
cocytaire. Osrecra (AL.), Tomesco (P.)
et Rosman (S.), 737.
— Urecuia (G.-[.) et GErorcescu (P.),
813,
et Baury (A.), 444. Noc
PLUMAGE
— Ürés du liquide céphalo-raclidien.
Niccoux (M.) et WEiTEr (G.), 584.
Voir SCLEROSE EN PLAQUES.
PLUMAGE. Voir TESTICULE.
PNEUMOGOQUE. Adaptation. Papa-
cosras (G.) et Busapoux (A.), 1407.
— Infection chez le Cobaye. Vaccination.
Gasoronu (1.), 30.
PNEUMOTHORAX. Croissance et
pneumothorax. Parisot (J.) et Her-
MANN (H.), 177.
— Décompression, nutrition, ventila-
tion et échanges pulmonaires. PARISOT
(J.) et Hermanx (H.), 1208.
— Pneumothorax artificiel. Parisor J.)
et HERMANN (H.), 1797.
— Pneumothorax et morphologie de
l'appareil pulmonaire. Parisot {J.) et
Hermann (H.), 896.
POISONS. Lézird gris, réactif. Icarp
(S.), 893. Voir POISSONS.
POISSONS. Labrocytes,
(N.-A.), 115 810.
— Recherche ;des substances toxiques.
Lopez-Lomsa (J.), 1168, 1268. Porrtier
(P.) et LoPez-LomBA (J.), 1165. Voir
ANAPHYLAXIE, EAU.
POLLEN. Germination dans l'extrait
d’ovule homologue. Prcano (C.), 924.
POLYGRAPHE. Voir GIRGULATION.
Micurts
POLYNEVRITE. Voir SYSTEME
NERVEUX.
POTASSIUM. Voir CŒUR, SANG.
TUMEURS.
POULS. Voir PRESSION ARTE-
RIELLE.
POUMON. Lipopexie et lipodiérèse pul-
maires. Rocer (H.) et Biner (L.), 24.
— Ventilation pulmonaire et suppres-
sion d’un poumon. Parisot (J.) ct
Hermann (H.), 560. Voir GIRCGULA-
TION, VAGCINS.
POUSSIN. Voir ALIMENTATION.
PRESSION ARTERIELLE et diges-
tion. Bazzi1r (L.), 1230,
— Pouls pendant l'exercice musculaire.
BErGman (A.), 1246.
— Adrénaline et excitation du splan-
chnique. Houssay (B.-A.) et Marcont
(A.-P.), 1049.
— Atropine et adrénaline.
(E.-L.) et Lunpgerc ‘H.), 487.
— Méthode oscillométrique. FABRE (Pu.),
91.
— Pouls bigeminé. GazLavarnix (L.) et
Dumas (A), 538,
— Pouls et sine cardiaque.
(L.) et Huc (E. ), 5 572.
‘: — Respiration d'oxygène pur. DauTRE-
BANDE (L.), 798.
— Thionine-nigrosine
BackMan
GiusTi
en injections
Re Re on Re ER NE ET RES ee GET en en | es
— REIN
UrecuirA (C.-[.) et Gozpner (A), 814.
Voir SYSTEME NERVEUX.
PRESURES. Voir DIASTASES.
PROJECTIONS. Emploi de la cello-
phane. CnaAPPELLIER (A.), 1326.
PROSTATE. Coagulation du contenu
des vésicules séminales. Camus (L.)
et Gex (E.), 207, 320.
PROTEOLYSE. Voir FOIE, STREP.
TOCOQUE.
PROTOXYDE D’AZOTE. Voir ANES-
THESIE.
PROTOZOAIRES. Voir CELLULE.
PYLORE. Voir ESTOMAC.
Q
QUEUE. Voir BATRACIENS.
QUINIDINE. Voir CŒUR.
QUININE. Voir CŒUR.
QUINOSOL. Voir MIGROBIOLOGIE,
SANG.
QUINQUINA. Voir CŒUR.
R
RADIOTHERAPIE. Voir ECHINO-
COCCOSE, OVAIRE, SANG, THY-
ROIDE, TUMEURS.
RAGE. Traitement et labrocytose. Gox-
GALVES CARVALHO (M.), 707.
RATE. Voir SANG.
RATS. Voir SPIROCHETOSE.
REACTION DE BORDET-GENGOU.
Voir TRYPANOSOMIASES, TÜ-
BERCULOSE.
REACTION DE BORDET-WASSER-
MANN. BeEauvy (A.), 1125, Voir FOR-
MOL-GELIFIGATION.
REACTION DU BENJOIN COLLOI-
DAL. ArvauD (R.),324. Guirzain (G.),
Larocme (G.) et Kupezskr (CH), Gor.
Mar (P.), Bourrier (H.) et lorcou-
LESCO (N.) 919., Tarcowra (R.), 661.
REIN.
Physiologie comparée
— Néphrocytes smaragdifères de Lanice
conchylega. DEHRORNE (A.), 1307.
Physiologie normale et pathologique.
— Corps acétoniques dans le jeûne pro-
longé. LaBsé (M.) et Nerveux (F.),
6o2, 6o5.
— Elimination des médicaments. Car-
LES (J.), BLanc (H.) et LeurEer (FR.),
1448
REIN — SANG
a
521, 524. CaRLES (J.), Leurer (Fr.) et
Banc (H.), 523.
— Elimination du salicylate. Hérissey
(H.), Fressincer (N.) et DEeBray (J.),
625.
— Glycosurie adrénalinique. GAUTIER
(GL.), 1400.
— Glycosurie bénigne et diabète. Diag-
nostic. JOERGENSEN (S.) et PLum (T.),
455.
— Hyperuricémie,hyperfonctionnement
et constantes uréo-sécrétoires. ÉTIENNE
(G.) et VERAIN (M.), 173.
— Insuffisance et potassium du sérum.
OLmErR (D.), Payan (L.) et BERTHIER
(J.) 867.
— Insuffisance glycolytique et échan-
ges respiratoires. AcuarD (Cx.) et Br-
NE (L.);.52:
— Processus infectieux dans la coliba-
cillurie. Vincent (H.), 646.
— Urée du sang et du liquide céphalo-
rachidien. Poconowsxr (M.) et Au-
GUSTE (C.), 681, 683.
— Urée, NaCI et glucose dans les per-
fusions. CArRNOT (P.) et RATHERY (F.),
293.
— Urobiline du sang et de la bile.
BruLÉ (M.) et WeissMaAnn (Ci.), 138.
— Acides organiques chez les diabéti-
ques acidosiques. LABBÉ (M.), Biru (E.)
et Nepveux (F.), 446.
Urine
— Ammoniaque. LiunepauL (M.), 1414.
— Dosage chronométrique de l’acide
urique et de l'iode. RrcrEer (Em.),
291, 793.
— Elimination de l’arsenic des cacody-
lates. MatTareu (L.), 171.
— Excrétion azotée dans le jeûne, LABBÉ
(M.) et NEPVEUXx (F.), 1022.
— Micro-uréomètre. AmBarp (L.)
Scxmip (F.), 1374.
— Sang. Fonres (G.), 253.
— Sucre et acide glycuronique. BÉNECH
RG) Ao DE
— Urée et éléments azotés dans la dis-
tillation par un courant de vapeur.
LiuncpaLz (M.), 1411.
— Urée par l’hÿpobromite et le xanthy-
drol. Scamip (F.), 1360.
RENONCULACEES. Voir GELLULE.
RESPIRATION. Absorption d'oxygène
et échanges caloriques. Appareil en-
registreur. Krocx (A.), 458.
— Débit maximum aux hautes altitudes
- IzourerDo (J.-J.), 630.
— Echangeset insuffisance glycolytique.
AcxaRD (Cu.) et Biner (L.), 52.
_— Echanges et métabolisme basal au
et
cours du jeûne. LABBÉ (M.) et Sréys-
ni (H.), 607. :
— Oxygène pur et tension artérielle.
DAUTREBANDE (L.,) 703. M :
— Pneumothorax artificiel. Parisor (J.)
et HERMANN (H.), 561. Voir CALORI-
METRIE, FOIE, PNEUMOTHO-
RAX, POUMON.
RŒNTGENTHERAPIE. Voir TU-.
MEURS.
ROUGET. Voir LAIT.
RUSSULE. Voir CHAMPIGNONS.
RÜT. Voir UTERUS.
S
SALAMANDRES. Voir SQUELETTE.
SALIGYLATE. Voir REIN, SANG.
SANG
Embryologie
— Ebauches intra-hépatiques. Jorry (J.)
et SARAGEA (Tu.), 434.
Chimie
— Acide salicylique. Hérissey (H.), 333.
— Albumines et azote du plasma. Berry
(H.) et Moquer (L.), 329.
— Acide urique du sérum. CHABANIER
(H.), Lesert (M.) et LoBo-Onezz, 1269.
— Cholestérinémie. Herrz (J.), 1024.
— Glucose du plasma et du sang total.
ScMip (F.), 1367.
— Potassium du sérum. Omer (D.),
Payan (L.) et BerTRER (J.), 865, 867.
— a dans l’urine. Fontës (G.),
253.
— Répartition de l’urée. Poronovskr (M.)
et AUGUSTE (C.), 681,683.
— Sucre par réductimétric. Denrcàs (G.),
1283.
— Urée. MARIE (A.), 10.
— Urée du plasma et de la lymphe. Ac-
tion du cyanure mercurique. NicLoux
(M) et Wezrer (G.), 584, 586.
— Urée par l’hypobromite et le xanthy-
drol. Semi (F.), 1369.
— Urobiline. Bruzé (M.) et Weissaranx
(C.), 138.
— Uroctropine. Gérarp (P.) et Morssox-
NIER (S.), 1073.
Viscosité
— Coagulation. Kucezmass (I. N.), 1000.
Pigments
— Valeur antigénique de
bine, Depca (H.), 383.
l’hémoglo-
SANG — SANG 1449
EEE)
adrénaliniques.Poronovski(M.), Dunor
Hématies _ (E.) et Morez, 670. |
— Diamètre globulaire et privation ? — Identification in vitro. STÉRIAN (E.),
. d’eau. SARAGEA (Tu.), 623. 971.
— Hautes altitudes. Izquierno (J.-J.), | — Index réfractométrique. Mazza (S.) et
1195. IRAETA (D.), 690.
— Sédimentation. Peyre (E.), 406. — Injection de sérum traité par l’agar.
— Sédimentation et gestation. VIcnes Zunwz (E.) et La BARRE (J.), 805.
(H.) et Hermer (P.), 952. — Ions H et anaphylaxie. MENDELEEFF
: : (P.), 397, 393, 394.
Hémorragies — Phénol-sulfone phtaléine après injec-
— Purpuriques. Roskam (J.), 90. tion sous-cutanée. Maurtac (P.), Pre-
— Rayons Rœntgen. FaBricrus-MôLLER cHAUD (F.) et PRINCETEAU (R.), 1285.
(J.), 759. k En (M. de) et PEREZ
.-R.), 413.
Plasma | — Réaction du benjoin colloïdal. Ar-
— Agglutination des globulins. Rosxam NAUD (R.), 324. Guicran (G.), LaRocHE
(J.), 88. (G:) et Kunezski (Cu.), 621, FrEssiNGER
À (N.) et DeBray (J.), 336.
Transfusion — S$Sérine et CO?-globuline. DE MyTTE-
— Excitation du splanchnique. Zuwz (E.) NAERE (F.) et Bessemans (A.), 800.
ct GovAERTS (P.), 881.
— Fièvre aphteuse. Descrens (L.), 976. Coagulation
— Groupes sanguins ehez les animaux.
PanisseT (L.) et VERSE (J.), 870. — Aldéhyde formique et solutions de
— (Coagulation, emplaquettement des fibrinogène. Nicoras (E.), 671.
particules étrangères et chlorhydrate | — Azote aminé. PETITIEAN (F.), root.
de cocaïne. Rosxam (J.), 781. — Concentration des constituants de la
— Cytozyme, cytozymine et floculo-ag- solution de thrombine. KucrzLMass
glutination. Zuwnz (E.), 385. (L.-N.), 998.
— Formol-gélification. Nicocas(E.), 669. ! — Concentration ionique. KucerLmass
Globuli (I. N.), 883, 885.
DURS — Cytozyme ; cytozymine et floculo-ag-
— Affections hépatiques. Emire-WEir glutination. Zuwz (E.), 385.
. (P.), Bocace et Isca-Wazz, 143. — Cytozyme des graines de Canavalia
— Agglutinationet plasma. Roskam (J.), ensiformis. SUMNER (J. B.), 108. .
88. — Début macroscopique. PERRIN (M.)
— Chlorhydrate de cocaïne. Rosxam et Hanns (A.), 1215.
GE Terre — Emiettement et redissolution chezles
: — Englobement des particules étran- : hépatiques, Emize-Weiz (P.), Bocace
gères. Roskam (J.), 377. et Iscx-Wazr, 140.
— Régénération. Firer (J.), 84, 86. — Extait de Sangsue et acides nucléi-
— Temps de saignement chez la Femme ques chez la Grenouille. Doyon (M.),
enceinte. Emice- Weïz (P.), Bocace et 13D1.
Isca-WaLL, 925. — Fluorure de sodium fixateur physio-
: logique. PorrTier (P.) et Duvaz (M.),
Sérum 618.
— Activité oxydasique. MauBerT, Ja- | — Hémophiliques. Feisscy (R.), 1127.
LOUSTRE €t LEMAY, 1327. ; — Ions. Kucezmass (I.-N.), 802, 0978.
_— Anticorps et traitement par le sérum ! — Irradiation de la rate. Pacnrez (P.),
antidiphtérique. Vaztis (J.), 1:53, RavinA (A.) et Sozomon (1.), 349.
— Dosage du bleu de méthylène. Scaur- ! — Irradiation in vitro. Pacntez (Pu.),
MANN (E.). et Jusrin-BEsancon (L.), Ravina (A.) et Soromon (I.), 1170.
Ed: i — Purification des solutions de fibrino-
— Encéphalite. KzwnG (C.). Davine (H.) | gène et adsorption du cytozyme, du
et LiLJENQUIST (F.), 771. | sérozyme et de la thrombine. SUMNER
— Equilibre colloïdal. Fiscner (R.), 124, (J.-B.), 388.
958. — Sérum antifibrinogène. Davine (H.),
— Formol-gélification chez les animaux. 765, 767, 769.
Bessemans (A.) et LEYNEN (E.), 105. i — Viscosité et degré de transparence.
— Hyperglycémie et hyperglycorachie KucEezmass (I.-N.), 1000,
BroLocie. COMPTES RENDUS. — 1922. T. LXXXVII. 09
1450
Hémolyse
— Autohémolyse du Chien. Nozr (P.),
378.
__ Quinosol et sérum hémolytique. Our-
vEIRA (M. de) et PEREZ (J.-R.), 413.
— Venins de Serpents. Houssay (B.-A.)
- CE NEGRETE (J.), 828.
Leucocytes et Leucocytose
— Bacillestuberculeux. How (J.-W.),
1054.
— Carausius morosus.
277; 298.
— Chaleuretlymphocytes. Poricarp (A.)
et Li-Koue-TcHanc, 1133.
— Eosinophilie et tuberculine, Ficxez
(A); PUSEREN (E.) et FoNTAN (A.), |
1280.
— Fragilité coca et benzol. Mau-
RIAC (P.) et GALIAGY (J.), 1287.
— Granulations éosinophiles.
CN. 7h » 799.
— Labrocytes. Micaezs (N.-A), 111,115,
810.
— Labrocytose et traitement antirabi-
que. GonçALVES-CARVALHO (M.), 791.
— Leucopédèse gastrique. Losper et
ManrcHaL (G.), 640, 1081, 1083, 1172,
1262, 1350.
— Mégacaryocytes. Firger (J.), 84, 86.
— Mononucléose hémoclasique. Scmirr
(P.), 1266.
— Oxydases. Popper (M.), 41.
— Périsympathectomie des vaisseaux du
foie. Kixc-Li-Pn, 163.
— Sang des capillaires
Minonesco (Tx.), 42.
ZOTTA (G.), 269,
Micuezs
et des veines
Formule hémoleucocytaire
Hémoclasie
— Crise hémoleucocytaire et ponctions
lombaires. OBreGiA (Az.), Tomesco (P.)
et Rosman (S.), 737. Urecnra (C.-L.) et
GEORGESOU (P.), 813.
— Epilepsie Tuporan (J.), 743.
— Exercice musculaire. BERGMAN (A.),
1046.
— Index réfractométrique et leucopénie
des Femmes enceintes. Mazza (S.) et
IrazTA (D.), 690, 6gr.
— Ingestion de protéines et insuffisance
hépatique. FERNANDES (M.}, 706.
— lnsolation. Lecer (M.), 874. Lecer
(M.) et Baury, 876.
— Malaria. OLINESCU (Ron
— Rayons X et 7 sur les tumeurs.
Roussy (G.), Lasomne ($.), Leroux
(R.) et PEYRE (Ep.), 215.
SANG — SEROZYME
Agglutination
— Agglutinines et immunagglutinines.
Boissevain (C.-H.), 1257. ;
— Antigènes chargés d’anticorps nor-
maux. BoISSEVAIN (C.-H.), 1255. ,
— Urnes du Siponcle. CANTAGuzÈNE (J.),.
259, 264, 283.CanTAcuzÈNE (J.) et VLES, É
1155.
Séro-diagnostics
— Cancer. MarQUEs pos Santos, 713.
WILBOUCHEVITCH (A.), 1339.
Sérothérapie
— Electrodialyse du sérum antidiphté-
rique. WERNICKE (R.), 1041.
— Gangrène. SorpeLLr (A.), 1052,
— Sérum antigourmeux. ADSERSEN (V.),
470.
— Trypanosomiases. Van SAcEGHEM (R.),
995.
Tissu hémolymphatique
— Chaleur et fonctionnement. Porrcarp
A.) et Lr-Koue-TonanG, 1133.
— Coloration pour les lipoïdes. SAVINI
(E.), 744.
— Hypophyse. WaATriIN (1). 907.
— Lymphocytose tissulaire. Bonnin (H.),
1200, 1291.
Parasitologie
— Hémogrégarine de Papiosphinæ. Le-
cer (M.) et Béprer (E.), 933.
— Microfilaire de Fennecus dorsalis.
Lecer (M.) et Baury (A.), 930.
— Piroplasme de Fennecus dorsalis.
Lecer (M.) et BéDrer (E.), 934.
— Plasmodium du Lérot. Lecer (M.) et
Bépier ‘E.), 1336.
— Typhus. Guimarais (À.), 711. MezLo
(F. DE) et Guimanais (À.), 707. SousA
(J. pa), 719. Voir ANAPHYLAXIF,
CIRCOULATION, ESTOMAC, IM-
MUNITE, SUCRES, VERS.
SCLEROSE EN PLAQUES. Réactions
du liquide céphalo-rachidien. AcHARD
(CGu.) et Tiers (J.), 1006. lArcowLzA
(R.) et Murermiccu (S.), 974. 4
SGORBUÜT. Voir ALIMENTATION,
TUBERCULOSE. -*
SEL. Voir EAU. È
SELLES. Acides organiques à sels cal
ciques solubles. Go1Fron (R.) et Ner- …
VEUX (F.), 1173.
SELACIENS. Voir EMBRYON. À
SEPTICEMIE et intervention chirur-
gicale. PairxserT (A.), 348.
SEROZYME. Voir SANG.
SERPENTS + SYSTÈME NERVEUX
1451
SERPENTS. Voir VENINS.
SEXE. Voir BATRACIENS.
SINGE. Voir SANG.
SIPONCLE. Voir IMMUNITE.
SOIF .Rétention chez les larves deS.mori,
Couvreur (E.) et CLÉMENT (H.), 1127.
SPERMATOGENESE. Voir TESTI-
CULE.
SPIROCHETES. Spirochæte dentium.
MassrA (G.) et Gricoraxis (L.), 547.
Voir PLACENTA.
SPIROCHETOSE ICTEROHEMOR:-
RAGIQUE. Rais. SrGaLas (R.) et PrRoT
(R2);:195. ;
SPIROGYRES. Voir PIGMENTS.
SPORES. Voir MIGROBIOLOGIE.
SQUELETTIE. Ptérygoïde osseux défi-
nitif et métamorphoses des Salaman-
dridæ. WinTREBERT (P.), 595.
— Travées osseuses du corps vertébral.
Murez et Remy (P.), 555.
STAPHYLOGOQUE. Voir BACTE-
RIOPHAGE.
STREPTOCOQUE. Infection expéri-
mentale, MEnDEL (J.), 131.
— Milieu et morphologie. KERMORGANT
OTHER
— Pouvoir protéolylique. WorLMan
(E.), Ungaix (A.) et OsTrowsxyx (J.),
‘HiBles
STRYCHNINE. Voir SYSTEME NER-
VEUX.
SUGRE et acide glycuronique. Beneca
(Hope se
— Glycolyse, alcalinité et concentration
en glucose. Maurrac (P.) et SERVANTIE
(L.), 200. 6
— Hyperglycémie et ingestions d’albu-
mines. LaBBé (M.) et Nepveux (F.),
3406.
— Sang et liquide céphalo-rachidien.
Poronovskr(M.), Dunor(E.) et Morez,
679.Voir HYPOPHYSE,INTESTIN,
REIN. SANG.
SUEUR. Voir CIRGÜULATION.
SURRENALES. Adrénaline dans l’or-
ganisme après
(Cz.), 159.
— Adrénaline du liquide céphalo-rachi-
dien dans la circulation. Nirzescu
(L.-I.), 818.
— Adrénaline et anesthésie chlorofor-
- mique. Barnier (E.) et STILLMUNKÈS
(A.), 321.
— Adrénaline et caféine sur l'intestin
isolé.FrenEertcQ (H.) et MÉLon (L.), 92.
— Adrénaline et glycogène. Doxon (M.),
598. GAUTIER (CL.), 157.
— ÂAdrénaline par la voie digestive.
Trias (A.) et DorrencourT (H.),
1180.
injection. GAUTIER |
Adrénalines et adrénalone. LAunoy
(L.) et Mencuy (B.), 1066.
— Anaphylaxie. Kepinow (L.), 327.
— Atropine et adrénaline sur les vais-
seaux et le cœur. Backmann (E.-L.) et
LunpBerG (H.), 479, A8r.
— Atropine et adrénaline sur l’utérus.
Backmann (E.-L.) et LunpBerc (H.),
h75. 4 s
— Epilepsie corticale. WERTHEIMER (E.)
et Dugors (Cx.), 307.
— Fonction des Chiens privés de médul-
laire. Houssay (B.-A.)et Lewis (J.-T.),
565. 5
— Irradiation du corps thyroïde. Cou-
LAUD (E.), 1572.
— Section du splanchnique et glycosu-
l rié adrénalinique. GAuTIER (Cr.), 1400.
— Sérums antisurrénaux.Bru(P.),1068.
Voir GŒUR,ESTOMAC,MUSCLES,
PRESSION ARTERIELLE, SYS-
TEME NERVEUX, VAISSEAUX.
SYMPATHIQUE. Voir SYSTEME
NERVEUX.
SYPHILIS. Hallucinations dans la pa-
ralysie générale. OBreGrA (A.), 296.
— Réaction du benjoin colloïdal dans
le sang. ARNAUD (R.), 324.
— Vanadium. Fournier (L.), Levapiti
(G.) et ScxwarrTz (A.), 231. Vorr AR-
SENOBENZENES, FLOGULA-
TION, THERMOGENESE.
SYSTEME NERVEUX
É Anatomie
— Connexions du locus niger. Foix (Cx.)
et Nicoresco (I.), 1271. Le
— Stries olfactives chez les Mammifères,
Murez (M.), 1211.
Histologe normale et pathologique
{ — Plaques séniles. Mnga (1L.), 8rr.
j — Régénération dans la queue des Uro-
dèles. Simors Raposo (L.-R.), 1205.
— Sclérose collagène sous-épendymaire
et échinococcose cérébrale. LHERMITTE
(J.) et DÉVÉ(F.), 226.
— Terminaisons dans les artères du cor-
don ombilical. Arcaup (R.), 673.
— Gaîne de Schwann et endonèvre.
Cozzin (R.) et MEerLAND (A.). 551.
Physiologie normale et pathologique
— Adrénaline, effets hypertensifs par
excitation du splanchnique ou piqûre
bulbaire. Houssay(B.-A.), 695.
— Agraphie chez l’aphasique sensoriel.
Norca, 274.
— Apraxie. Norca, 288.
— Bleu de méthylène antagoniste des
1452
excitants parasympathiques. HEymans
(G.), 396.
— Energie nerveuse motrice. ATHANASIU
(I.), 223, 1356. Lapicoue (L.), 424.
— Epilepsie corticale etsurrénales. Wer-
THEIMER (E.) et Dugors (Cx.), 301.
— Epilepsie et hémoclasie. Tuporan
(J.), 743.
— Excitation du splanchnique, adréna-
naline et pression artérielle. Houssay
(B.-A.) et Marcont (A.-P.), 1049.
— Hétérotopies dans les encéphalopa-
thies infantiles. BaBonneix (L.), 5o4.
— Hyperadrénalinémie et excitation du
nerf splanchnique. TourNane (A.) et
CaBroL (M.), 1159. Zunwz (E.) et Go-
VAERTS (P.), 881.
— Inhibition par l'électricité. Srern (L.)
et BATELLI (F.), 432.
— Mémoire et fumée de tabac.
(P.) et MERKLEN (L.), 879.
— Nerf sécréteur des glandes de Cooper.
Camus (L.) et GLey :E.), 319.
— Onomatopées et langage des enfants.
Norca, 286.
— Oxydases. Manriesco (G.), 31, 35.
— Perception auditive et perception vi-
suelle. Norca, 272.
— Périsympathectomie des vaisseaux du
foie, pression artérielle et leucocytes
Kinc-Li-Pin. 163.
— Polynévrite et inanition. MourIQuAND
(G.), Micuez (P.) et Niconreviren, 168.
Weicz (E.), ArLonc (F.) et Durourt
(A9) 100:
— Réflexe linguo-maxillaire.
(H.) et Laucrer (H.), 215.
— Réflexe naso-facial et système sympa-
thique. Emixe-Weiz (P.), Lévy-Fran-
KEL et JUSTER, 28.
— Réflexe solaire sympathicotonique et
manifestations du choc vagotonique.
ARLOING (F.), GUILLEMIN (A.) et Lan-
GERON (L.), 1152.
— Rélexes achilléens secondaires et
tertiaires. OBrecGiA (AL. et TomEsco
(P.), 739.
— Réflexes périodiques.Perireau(C.),403.
— Repas, réflexes oculo-cardiaque et
solaire. CLaupe (H.), Tinez (J.) et
SANTENOISE (D.), 1112, 1114, 1347.
— Splanchnique et glycosurie adrénali-
nique. GAUTIER ‘CL.), 1400.
— Strychnine et phénomènes d’inhibi-
tion. BREMER (F.), 1055.
— Vagotomie bilatérale.
Houssay (B.-A.), 569.
— Vaso-moteurs dans l’épilepsie. Guir-
LAUME(A.-(:.), 516. Voir GHIEN,CIR-
GULATION, MENINGES, MUS-
CLES, SYPHILIS, VENINS.
MATHIEU
CARDOT
Grusri (L.) et
SYSTÈME NERVEUX — TISSU CONJONCTIF
T
TABAC. Voir SYSTEME NERVEUX.
TÆNIA. Voir VERS.
TEMPERATURE et activité des Four-
mis. STUMPER (R.), 9
TENDON. Voir TISSU CONJONCTIF.
TESTICULE. Caractères sexuels secon-
daires du plumage du Canard. PARHON
(G.-I.) et Parxon (G.), 1227.
— Castration unilatérale et hypertro-
phie. Lirscaürtz (A.), 60.
— Cellules interstitielles du Coq. Benorr
(I); 7382 1585/1387:
— Ectopie chez la Chauve-souris. FAURE
(Gu.-L.), 1147.
— Harmozone chez les Urodèles. ARON
(M.), 248.
— Hypertrophie des cellules intersti- :
tielles. LirscauTz(A.)et Wa3ner (Cu.), .
moe
— Masse absolue du tissu interstitiel.
Benoit (J.), 1385, 1387.
— Quantité minimale et masculinisa-
tion. Lirscautz (A.), Wacner (Cx.) et
KROPMAN, 122.
— Spermatogénèse chez Plea minutis-
sima. Poisson (R.), 1354.
TETRACHLORETHANE. Voir FOIE.
THERMOGENESE. Coefficient calori-
que dans l’alimentation des nourris-
sons au sein. MANICATIDE, STROE (A.)
- et SCHAPIRA, 793.
— Coefficients caloriques des nourris-
sons hérédo-syphilitiques. ManicATIDE,
STROE (A.) et Pais, 732.
— Energie respiratoire chez Sterigma-
tocystis nigra. Mozrrarp (M.), 219.
— Microcalorimètre intégrateur. Tran
(A.) et Corre (J.), 869. Voir RES
RATION.
THEVETIA. Voir CŒUR.
THIONINE. Voir PRESSION ARTE-
RIELLE.
THROMBINE. Voir SANG.
THYROIDE. Dosage d’iode. FABRE (R.)
et Penau (H.), 1026.
— Irradiation. Couraup (E.), 1014, 1072.
— Métamorphose des Amphibiens. MAYE-
ROWNA (Z.), 1175.
— Tuberculose et sensibilité à la tuber-
culine. Kepisow (L.) et Méraznixow
(S.), 210. Voir ANAPHYLAXIE.
TISSU GONJONCTIF périchordal.
Lacuesse (E.), 675. Naceorre (J. 2
910.
— Absence de substance amorphe. Na-
GEOTTE (J.), 147.
WiTCE (Y.), 1135. 3e
__ Autolyse et tissu élastique. Tarrcnxo-
TISSU CONJONCTIF — TUMEURS
— Mastocytes, fixation et coloration.
Recaup (Cr.) et LAGASSAGNE (A.), 1084.
— Structure du faisceau conjonctif dans
- le tendon. NaGeoTTE (J.), 598.
— a du tissu sous-cutané. NaGEOTTE
J.), 439. Voir VERS.
TOXINES. Mode d'action. Doyon (M), |
1352. Voir
TEÉRIE.
TREMATODES. Voir VERS.
DIPHTERIE, DYSEN-
TRITON. Voir BATRACIENS, ŒUF. |
TRUITE. Voir ŒUF.
TRYPANOSOMIASES. Acides oxya-- |
minophénylarsiniques. Fourneau (E.) !
et NavarRo-MaARTIN (A.), 1197.
action de Bordet-Gengou. BEssEmANS !
(A.) et Leynen (E.), 797.
— Infections le . VAN SACEGHEM
(R.); 994.
— Intrapalpébro-réaction. Van SAcEGHEM
(RL), 902.
— Sérothérapie. VAN SACE3HEM (R.),
995.
— Trypanosome de Xerus erythropus.
Lecer (M.) et Baury (A.), 133.
TUBERCULOSE et alimentation chez
les Cobayes. Mouriquanp (G.), Micuer
(P.) et Bertoye (P.), 854.
— Agolutination, réaction de déviation
- et fièvre typhoïde. CourMonr (P.) et
Dumas (A.), 1397.
— Autolyse des crachats. BEZANGON (F.),
Mararu (G.) et PatziBerRT (A.), 62.
SABRAZES (J.), 1281.
— Culture du Bacille. Gessarp (C.) et
VAUDREMER (A.), 1012.
— Culture du Bacille d’abcès froids.
Leraud(l)t22
— Etat allergique et surinfection. DEBRÉ
(R.) et Bonnet (H.), 449.
— Formol-gélification des sérums de
Bovidés. PANISSET (L.) et VERGE (J.),
66
— Mo ccalion des crachats. FAVRE
(M.), 535.
— Extrait méthylique de Bacilles et in-
fection expérimentale. Nè3re (L.) et
Boquer (A.), 1162.
— Inoculations de dérivation. ComBresco
(D.), 650, 652.
__ Isolemert du Bacille des crachats.
Bossan (E.) et Baupy (M.), 954.
— Lumière sur la tuberculine colorée
par l’éosine ou l’érythrosine. Bouvey-
RON (A.), 1018.
— Méningite et milieu de Pétroff. Des-
PEIGNES (V.), 121.
— Modifications du Bacille et leucocytes
de Cheval immunisé. Howanrp (J.-W.),
1054.
1453
ro a dE on ST em ù
— Pouvoir antigène des Bacilles para=”
tuberculeux. Vauris (J 1000.
| — Réactifs précipitants et tuberculine.
Bouveyron (A.), 236. ER
1 — Réaction de déviation ‘chez les Bovi-
dés. Broco-Rousseu, URBAIN et CaAu-”
CHEMEZ, DO2.
{ — Réaction de fixation et pouvoir anti-
gène des Bacilles diphtériques. Varris
À (J.), 947.
— Scorbut du Cobaye. MouriquanD, Mr-
{ cueL et BERTOYE, 537.
| — Séro-diagnostic avec sérum non
chauffé. Massras (Cn.), 1279.
t — Serodiagnostic dans le sang et le
— Diagnostic de la dourine par la ré- |
liquide céphalo-rachidien. Massras
(Ca.), 198.
— Thyroïde et réaction à la tubercu-
line. Képinow (L.) et Méraznixow (S.),
210.
— Tuberculine et oxydants. Bouveyrow
(A.), 58.
— Tuberculine oxydée et non oxydée
sous-cutanée. Eosinophiles. Ficxez (A.),
AUBERTIN (E.) et Fonran (A.), 1280.
— Voies urinaires et milieu de Petroff.
DesPeiGnes (V.), 110.
TÜUMEURS. Adénome kystiquedes glan-.
des sudoripares circum-anales. LouBAT
(E.) et Fcve Sainte-Marie (P.-E.), 188.
— Autolyse chez les cancéreux. Ramon»
(F.) et Zrzine (P.), 657.
— Cancer du goudron. Banc (F.), 754
757. SEEDORFF (J.), 466.
— Cellule cancéreuse, calcium et po-
tassium. Trotster (J.) et Wozr (M.),
h37.
— Chondriome. SoxoLorr (B.). 1202.
— Début pluricentrique. Lanreyr (F.),
238.
—- Diagnostic sérologique. Marques Dos
SANTOS, 713. WILBOUCHEVITCH (A.),
1330.
_ — Embryon de Bovin. Wipaxovicx (V.),
831.
— ‘Epithélioma des Oiseaux et vaccine.
Levapirti (C.) et Nicozau (S.), 2
— Infection microbienne secondaire et
radiothérapie des cancers.Recaup (Cr.)
et Murermirou (S.), 1264.
— Mastocytes des épithéliomas. REsaup
(GL.) et LacassaGne (A.), 1084.
— Noyau et cytoplasme de la cellule,
SOKOLOFF (B.), 1200.
— Ostéo-radio nécrose. Naceorte (J.),
913 Recaup (Cr.), 427, 629.
— Plomb et tumeurs greffées. Ilonothé-
rapie. BorREL (A.), Couron (A. DE) et
Boz (L.), 1118.
— Rayons y et troubles cardio-vascu-
laires. Lavepan (J.) et Monon (O.), 153.
3
HSE
TUMEURS —: VITAMINES
I CE
— Sang, rayons X et +. Roussy (G.). La-
BORDE (S.), Leroux (R.) et PEYRE (E.),
215.
— Tissu chordal.
307.
— is herpétique et néoplasmes épi-
théliaux. Levaprrr(C.) et Nicozau (S.),
498. à
TYPHUS |EXANTHEMATIQUE.
Rickettsia prowazeki. Gurmarais (A.),
711. Mezco (F.pe) et Gurmarais (A.),
707. SousA (J. DA), 710. _ 4
ALEZAIS el PEYRON,
U
ULTRA-VIRUS. Voir TUMEURS.
UREE. Voir REIN, SANG. :
UROBILINE. Voir REIN.
URODELES. Voir BATRACIENS.
UROTROPINE. Décomposition dans le
sang in vitro. GÉRARD (P.) et Mots-
SONNIER (S.), 1073. Voir GHIEN.
UTERUS. Action des emménagogues.
Mazponano Moreno (S.-F.), 563.
— Involution sénile de la muqueuse.
ReTTerer (Ep.) et VoRoNOFF (S.). 1191.
— Rut et cycle secrétoire dans les cor-
nes utérines. GERLINGER (H.), 582. Voir
BLEU DE METHYLENE, SUR-
RENALES, TUMEURS.
V
VAGCINATION antipneumococcique
chez le Cobaye. Garorcmiu (I.), 39.
— Affections de l’appareil respiratoire.
Miner (J.) et Benorr (A.), 1300.
— Diphtérie. BAcamann (A.) et BARRERA
(M. pe La), 1044. Voir ANAPHY-
LAXIE, PESTE.
VAGCINE et épithélioma des Oiseaux.
Levapiri (C.) et Nicozau (S.), 2.
— Variole et vaccine. BAcamann (A.) et
Brszrert (R.), 1047.
VAISSEAUX. Acides aminés et vaso-
dilatation. FrepericQ (H.), 373.
— Anomalie de structure de la veine
coronaire. FauRE (Cu.-L.), 1070.
— Artérite oblitérante et cholestériné-
mie. Herrz (J.), 1024.
— Atropine etadrénaline Bacxman (E.-
L.) et Lunpsers (H.), 479. WeuLann
(No) ygie
— Eléments contractiles de la paroï des
capillaires. Vimrrup (B.), 761.
— Pression veineuse maximale d’un
|
membre comprimé à sa base. Hazzion
(L.) et CLémenr (R.), 592.
— Principe vasoconstricteur
à balai.
(Cx.), 1116.
— Rayons y. Lavepan (J.) et Moon (0. ÿ
HER A
— Réactions cutanées locales.
(E:), 1329.
— Terminaisons nerveuses des artères
du cordon ombilical. Arcaur (R.),
673.
— Tonicité des capillaires et hypophyse.
Krocx (A.) et RumBerc CP. -B.), 467.
— Vaso-motricité dans l'attaque d'’épi-
lepsie. GuizLaume (A.-C.), 516. Voir
SYSTEME NERVEUX.
VANADIUM. Voir SYPHILIS.
VARIOLE. Voir VAGGINE.
VEGETAUX. Voir ALIMENTATION,
CELLULE, PIGMENTS.
VEINES. Voir SANG.
VENINS. Action curarisante chez la
Grenouille, Houssax (B.-A.) et Pave
(S.), 827.
— Action hémolytique. Houssay (B.- A. )
et NEGRETE (J.), 828.
— Action sur le cœur. MAGENTA (M.-A.),
834.
— Action sur le nerf et le muscle isolés.
Houssay (B.-A), NeGRETE (J.) et Maz-
zocco (P.), 823.
— Crapaud. Novaro (V.), 824.
VERS. nn de l'Homme. LÉON
(N.) et CrurEA (I.), 262.
— Filaire du tissu conjonctif chez Aga-
ma colonorum. Ropxain (J.), 807.
— Inversion des organes génitaux du
Tœnia saginata. Nirzuzesco (V.), 1232.
— Larve de Cestode parasitée par une
Microsporidie. Guyenor (E.), NaviLze
(A.) et Pose (K.), 635.
— Schisiosoma hæmatobium et Planor-
bis metidjensis. Berrencourt (A.) et
Borces (I.), 1030.
— Streptocara peclinifera.
(L.) et Lréceois (E), 1237.
— Trématodes du Renard et du Chat
sauvage. CIUREA (I.), 268. Voir MOSS
CLES.
VERTEBRES. Voir SQUELETTE.
VESIOULES SEMINALES et sécré-
tion interne des testicules. BATTezri
(F.) et MARTIN (J.), 429.
VISGACHE. Giusri (LS et Huc (E.),
688. Voir PROSTATE.
VISCOSIMETRE. Kucermass (L.-N.),
885.
VITAMINES. Voir ALIMENTATION.
du Gen .
JUSTER
GEDOELST
Busquer (H.) et Viscaniac |
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